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REVUE

DE

LINGUISTIQUE

ET DE

PHILOLOGIE COMPARÉE

TOME XLVI

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REVUE

LINGUISTIQUE

PHILOLOGIE GOMPARÉE

RECUEIL TRIMESTRIEL

PUBLIE PAR

JULIEN VINSON

PROFESSEUR A L'ÉCOLE NATIONALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES INSPECTEUR DES EAUX ET FORÊTS

Avec la collaboration de divers savants français et étrangers

TOME QUARANTE-SIXIÈME

CHALON-SUR-SAONE

IMPRIMERIE FR.VNÇ\ISE ET ORIENTALE

E. BERTRAND

5, Rue des Tonneliers, â U^ I Ui

1913

LA LINGUISTIQUE

(Observations sur un discours récent)

La France, quoi qu'on en ait dit, est au premier rang des puissances colonisatrices; partout elle s'est établie, partout elle a passé, elle a laissé une trace ineffaçable. Sa langue et son esprit vivent encore à Maurice, que nous appelont l'île de France, au Canada, à S'-Domingue ; ils ne sont point encore oubliés à la Louisiane et, chose plus surprenante, les noirs de la Trinité, qui n'a jamais appartenu à la France, parlent un patois créole français. Mais c'est au Canada que notre langue a le plus de vigueur. Il s'est formé à Québec une Société du parler fran- çais qui travaille énergiquement pour la propaga- tion et la conservation des traditions et du lansrasre de leurs ancêtres. Le dernier Bulletin de cette So- ciété (vol. X, no 9-iO, mai-aoùt 1912. Québec, Uni- versité Laval, in-8°, p. 321-394) est d'un intérêt exceptionnel. Il est consacré uniquement au Con- grès de la langue française qui s'est tenu, pour la première fois, à Québec, du 24 au 29 juin dernier, dans les salles de l'Université Laval, ornées de dra- peaux aux couleurs « papales, anglaises, françaises et américaines ». Le premier acte du Congrès a été

1

l'envoi de trois télégrammes au Pape, au Roi d'An- gleterre et à l'Académie française et rien de tout cela ne saurait nous étonner, car le Congrès a été organisé surtout par des prêtres catholiques.

L'œuvre en tout en est excellente, elle a toutes nos sympathies et doit être vivement encouragée.

Le principal discours est celui qui a été pro- noncé le 25 juin, dans la séance solennelle du soir, par M. Etienne Lamy, délégué de l'Académie fran- çaise. C'est un beau morceau d'éloquence écrite, une belle amplification de rhétorique ; certains passages sont d'une superbe envolée, ceux notamment relatifs à la langue française, à son développement, à son rôle dans le monde. 11 y a même une pointe spiri- tuelle contre les « innocents » fabricateurs de langues artificielles.

Ce discours est naturellement réactionnaire et clérical. 11 finit par des félicitations aux Canadiens qui ont gardé les vieilles traditions chrétiennes de la France. 11 commence par une attaque, inattendue, contre les philosophes du XYIIP siècle qui, par leurs relations avec la grande Catherine et avec Frédéric II, étaient devenus antipatriotes. M. Lamy n'a garde d'oublier les arpents de neige qu'on a tant reprochés à Voltaire quoique ce soit seulement une boutade qu'il mit dans la bouche de Martin, dans Candide^ ;

1. Cf. Voltaire. Candide ou l'optimisme, Chap. XXIII : a Vous connaissez l'Angleterre. Y est-on aussi fou qu'en France ? C'est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux grandes nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, qu'elles dépensent pour cette belle' guerre beaucoup plus que le Canada ne vaut. »

il suffit de se reporter au texte pour voir qu'il n'y a rien d'antipatriotique ni même d'anticolonial. Le philosophe y déplore seulement les maux de la guerre et les causes futiles qui les font naître souvent. \o\- taire d'ailleurs a écrit qu'il valait mieux avoir des rentes sur la France que sur la Prusse et il a l'un des premiers déploré la perte de Pondichéry.

Au point de vue philosophique et au point de vue scientifique, il faut reconnaître que le discours de M. Lamy est assez médiocre, Xous y constatons une fois de plus la suffisance ignorante de certains catholiques, clercs ou laïques, libéraux ou ortho- doxes absolus : ils ne savent rien des mœurs, des religions, de la mentalité des divers peuples du globe, mais ils affirment, gourmandent, condamnent avec une imperturbable assurance. Ils ne connaissent que l'Europe et rapportent tout à cette plus petite partie du monde. Ainsi ^I. Lamv nomme seulement, comme pouvant prétendre à l'universalité, cinq lan- gues européennes, l'allemand, l'anglais, l'espagnol, le français et le russe^ et il n'a pas pensé à l'arabe qui s'est étendu sur une si grande partie de la terre et qui se répand de plus en plus en Afrique de nos jours. M. Lamy ne comprendrait peut-être pas que l'islamisme est la religion la plus adéquate à l'esprit des Africains pour qui elle sera un puissant instru- ment de progrès et de civilisation.

M. Lamy, du reste, est un érudit distingué, un littérateur éminent, ce n'est point un homme de science. Pour en être convaincu, il suffit de lire ce qu'il écrit sur les langues, sur leur formation, leur

développement, leurs variations, et sur les voyelles et les consonnes. Mais tout cela est si confus et si peu précis que la discussion est à peu près impos- sible. Je relève cependant un passage, moins vague, qu'il peut être utile d'examiner scientifiquement.

Page 348, M. Lamy dit en effet : « Les langues sont, comme les hommes eux-mêmes, esprit et ma- tière. La matière, c'est la dimension des mots, leur poli ou leur rudesse, leur légèreté ou leur pesan- teur, la netteté de leurs arêtes ou l'incertitude de leurs contours. L'esprit est l'ordre selon lequel les mots s'attirent, se groupent et se hiérarchisent pour exprimer et associer les idées. La matière des langues leur semble impérieusement fournie par le sol, le climat, la place du monde naissent les races. Les épais brouillards du septentrion, la muette matité de la neige, l'anarchie hurlante des vents, se retrouvent dans les sons rauques, sifflants, confus, assourdis, indistincts de certains dialectes. Ceux des contrées torrides sont brefs, gutturaux, hale- tants, comme brûlés dans la bouche des hommes. Seuls, les pays tempérés le soleil est douceur, l'atmosphère pureté et le sol richesse, produisent comme les plus belles fleurs les langues harmo- nieuses. L'esprit des langues ne varie pas moins. 11 y a des races à Tintelligence lente, leur conver- sation épaisse et comme engourdie leur ressemble. Certaines cherchent leurs pensées dans les mêmes brumes s'effacent leurs paysages. Certaines ont des idées plus nettes, mais s'inqiiiétant peu de les ordonner, les battant comme des cartes dont la

place ne diminue pas la valeur, pourvu que le jeu soit complet. Certaines ont le goût des contourne- ments, des inversions, des surcharges, des inci- dences imbriquées, toléreraient qu'un discours formât un bloc d'une seule phrase et attendent, pour comprendre le sens de cette phrase, son dernier mot. D'autres races au contraire sont avides de clarté, soucieuses de précision, promptes d'intelli- gence. Plus elles le sont, plus elles portent ces dons dans leur langage, plus il devient donc rapide, logique et lumineux. »

J'ai cité ce passage en entier, non parce qu'il est plein d'éloquence et de poésie, mais parce qu'il contient toute une théorie. Pour M. Lamy, la science du langage s'occupe des langues formées, dans leur fonctionnement et leur rôle social. A ce point de vue, la matière en est bien les mots et la phrase peut représenter l'esprit; c'est de la grammaire réduite à l'étude des formes, ce que nous appelons morphologie (matière) et à la syntaxe (esprit) ; cette étude constitue une science sociale, philosophique ou historique. Par suite de cette conception, l'aca- démicien délégué à Québec a bien vu l'influence du climat, du sol et des races, c'est-à-dire des mœurs, mais il s'est trompé dans l'application qu'il en a faite, il a pris l'effet pour la cause et a confondu les mots avec les éléments qui les composent. La syn- taxe et les formes grammaticales ne sont pas in- fluencées de la même manière, et les noms qui constituent le squelette des mots le sont encore d'une autre manière. Ce n'est pas à dessein ou par

- G -

une sorte d'imitation instinctive que les langues correspondent aux climats, ce sont les climats qui, agissant sur les organes vocaux, modifient les sons et les bruits qui en sont les produits naturels. Les indications de M. Lamy ne sont pas des observa- tions de fait, ce sont des hypothèses issues dans le silence du cabinet, de considérations et de réflexions métaphysiques. Elles ne supportent pas Texamen : on ne comprend comment le brouillard et la neige,, les tempêtes peuvent produire à la fois des sons rauques, sifflants et indistincts, car un son sifllant est parfaitement distin(;t, et pour être rauque un son n'est nullement assourdi; d'autre part, si les régions torrides produisent des sons gutturaux, pourquoi n'est-ce pas le cas de toutes les langues de l'Afrique et de l'Asie méridionale ? Il n'est pas vrai au surplus que les langues des zones tempérées soient harmonieuses et douces. La vérité est que le froid, la chaleur, l'humidité ou la densité de l'air, l'altitude, la végétation, et bien d'autres agents ex- térieurs interviennent dans le développement de la parole humaine. Cette action est très complexe et nous ne pouvons guère que la constater. Pourquoi le li mouillé latin est-il devenu la jota de l'Espagne orientale ? pourquoi les explosives gutturales pures sont-elles la caractéristique de l'arabe et de ses congénères ? pourquoi les cérébrales du sud et de l'ouest de l'Inde se retrouvent-elles, moins afiirmées, en Angleterre ?

Mais, pour nous, la linguistique est une science naturelle, qui ne doit avoir d'autres méthodes que

celle des sciences naturelles, celle de l'observa- tion et de l'expérience. Une langue est pour M. Lamy, ce qu'une plante est pour un horticulteur, un fleu- riste, un forestier, un pharmacien, un industriel spécialiste; pour nous, c'est comme la même plante entre les mains d'un naturaliste. Il ne l'étu- dié pas en vue de son emploi et de ses qualités extérieures, mais il cherche à en déterminer la nature intime et les éléments primordiaux.

Ainsi faisons-nous des langues ; nous les analy- sons, nous les décomposons, nous les disséquons jusqu'à l'extrême limite. Le langage est l'expression sonore de la pensée, mais tandis que les littérateurs, les historiens, les philologues s'occupent surtout de la pensée et de la forme qu'elle revêt, les linguistes étudient principalement l'expression matérielle en elle-même ; or, la pensée se manifeste par des pro- positions, et chaque proposition est formée de mots. La signification de ces mots n'est point absolue, elle est toujours relative et elle varie suivant les phrases et suivant la complexité plus ou moins grande du mot lui-même. En comparant les mots entre eux, il est aisé de voir qu'ils ont des parties communes et que leur signification varie en raison de leurs ressemblances ou de leurs différences par- tielles. En séparantceséléments communs, nous arri- vons à réduire les mots à des monosyllabes et nous voyons la signification devenir de moins en moins pré- cise. Dans les langues que j'ai spécialement étudiées, ces monosyllabes ultimes, ces racines, sont composés d'une voyelle, ou d'une voyelle et d'une ou plusieurs

consonnes, sous ces formes : «, ba^ ai\ har^ abr, bra ; elles se classent en trois catégories, les ono' matopées, imitation subjective ou objective des bruits extérieurs, et les racines significatives dont les unes expriment une idée d'action, de mouve- ment, d'expansion, d'énergie et les autres au con- traire une idée d'état , de repos, d'immobilité, d'inertie. Bien entendu, nous avons exclu de cette analyse des mots empruntés à d'autres idiomes. En remontant des racines aux mots, on peut se rendre compte de la mentalité primitive des peuples qui parlaient la langue étudiée et de leur degré relatif de civilisation. Je crois pouvoir établir ainsi que les Basques et les Dravidiens primitifs n'avaient ni religions, ni lois, ni industries. La famille basque n'était problablement à l'origine qu'une polyandrie collective par habitation. Les Dravidiens ne connais- saient guère que trois ou quatre métaux : le brillant (or), le blanc (argent), le rouge (cuivre) et le noir (fer). Chez ces derniers, le temps passé s'indiquait par une racine impliquant état, immobilité et qui servait à déterminer des substantifs ; le présent aoristique par une particule servant au datif et exprimant un mouvement. Les Basques marquaient leur passé par le même signe que le locatif f/<2«/" ou le génitif de, et ils formaient des causatifs je fais venir par la particule vers.

On sait que, dans toutes les langues, la conju- gaison primitive se réduit à deux temps, le passé qui indique un état ou une action accomplis, certains, connus, déterminés et un présent aoristique corres-

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pondant à un état ou à une action en voie d'accom- plissement et par suite indéfinis, vagues, incertains, 11 est donc naturel que le premier temps soit exprimé par les racines de repos, d'immobilité, de stabilité et le second par des syllabes d'action et de mouve- ment. Les mêmes observations s'appliquent aux idées de personne, de genre et de nombre. En dra- vidien, la première personne, postulatum nécessaire, s'indique par le démonstratif éloigné /z, vague, imprécis, inobservable, et la seconde par i, démons- tratif prochain qui tombe sous l'observation directe : la première est repos, la seconde veut un mouve- ment. En basque, la première est n, locatif et génitif, position; la seconde/?, identique à la pluralité, c'est- à-dire à l'extériorisation, au mouvement. Le nombre procède de la distinction entre celui qui parle, l'unité fondamentale, et la masse objective qui attire son attention et sur laquelle il peut exercer son activité ; puis le collectif a formé des catégories et s'est développé en duel et pluriels inclusifs et exclu- sifs. Quant au genre, il rentre probablement dans le nombre, car il procède primitivement de la distinc- tion physique : si l'on observe la sexualité, comme chez les Dravidiens, il n'y a pas d'expressions géné- rales, chaque mâle et chaque femelle a son nom particulier; si l'on constate seulement la différence de conformation^ on fait comme les Basques qui distinguent les genres seulement à la seconde personne du verbe et indiquent le masculin par A", signe de pluralité, de mouvement, d'énergie, peut- être de virilité et le féminin par w, signe d'état, de

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repos, de passivité. Remarquons en passant que ridentification des racines est parfois fort difficile, parce que les sons et les bruits qui les composent sont soumis non seulement aux influences climaté- riques, mais encore aux accidents ordinaires de la vie, affaiblissement, renforcement, harmonisation, construction, suppression partielle, etc.

On pourrait se demander quelle relation il existe entre le son et la signification,, ou, en d'autres termes, pourquoi telle racine a tel ou tel son. Cette question est-elle vraiment utile? Elle se rapporte en tout cas à celle de l'origine du langage. Les amateurs des causes finales ou des causes premières ont proposé beaucoup de solutions ; les plus naïfs dirent que le langage est de révélation divine, explication qui n'explique rien, car elle a juste autant de valeur que la vertu dormitive du Malade imaginaire. L'origine du langage doit être cherchée, selon moi, dans le cri spontané de l'animal, exprimant une sensation, une impression, une douleur, un plaisir plus ou moins vif, devenu, par l'observation, un cri d'appel, un moyen de commimication. L'homme, dont les organes vocaux sont plus parfaits, peut disposer d'un nombre plus considérable et plus varié de sons articulés dont les combinaisons diverses forment des racines primitives. La signification des racines a été d'abord précisée par le geste, comme fait l'enfant, puis le geste a été remplacé par d'autres racines secondaires, et voilà les idiomes monosyllabiques. Par l'usage, ces racines secondaires ont perdu leur indépendance, se sont altérées plus vite que les

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autres, et ont fini par se souder à elles, ce qui a produit les langues agglutinantes. Mais la complexité de la pensée, formulée en signification et relation, a été mieux rendue plus tard par la flexion, simple modification phonétique des voyelles, et même parfois des consonnes, radicales. Il y a d'ailleurs deux périodes dans la vie d'une langue, celle elle reste isolée et progresse librement, la période du développement formel^ et celle où, mise en contact avec d'autres idiomes, elle est sujette à la concur- rence vitale, subit des influences plus ou- moins actives, s'augmente par voie de pénétration et d em- prunt, ne reconnaît plus ses racines et ne se déve- loppe que par la composition, période historique ou de décadence formelle, car les mots, n'étant plus considérés que comme un tout indivisible, sont moins résitants aux actions extérieures. C'est, je crois, tout ce que la science peut dire aujourd'hui.

La science a banni de son domaine le merveil- leux, le surnaturel, l'absolu; elle ne connaît plus la crédulité, le dogmatisme, \a priori. Elle ne se propose plus de justifier des hypothèses aventu- reuses ; elle ne cherche plus à vérifier des théories préconçues. Elle laisse les romanesques, les théolo- giens, les philosophes, s'enivrer de la splendeur de leurs rêves, s'égarer dans les fantaisies illimitées de leur imagination aventureuse, se perdre dans la métaphysique et dans l'idéal, et elle poursuit sa route, patiente, inflexible, jamais lasse, vers l'hori- zon, de plus en plus élargi, brille incessamment, sans tache, sans éclipse, sans nuage, l'astre éclatant de la vérité. Julien Vinson.

PETITE GRAMMAIRE

DE LA

LANGUE JUDÉO-ALLEMANDE (JARGON)

fSuitc)

VIL Verbe

§ 1. Infinitif

La terminaison ordinaire de l'infinitif est -en.

Mais les mots hébreux forment régulièrement des verbes en 'n (Ex. : MMIT 'n, tuer), sauf \k le radical se termine en une des lettres /, m, n. Ex. : TUBL 'en, HLUM 'en, âDKN 'en.

La finale -enen est exceptionnelle. Ex. : IIRG 'enen, GNB 'enen, liTM 'enen, HNP 'enen. Il importe de noter que ce sont de véritables verbes, sans rien de commun avec la périphrase verbale, d'ailleurs très commune^ formée d'un mot hébreu employé attributi- vement avec l'auxiliaire sein : Ex. er hot sich MUSR gewen, il s'est livré.

L'infinitif jargon peut aussi éventuellement remplir les fonctions d'un nomen actionis, mais son complé- ment, au lieu d'être au génitif, se met à l'accusatif : Ex. beim efenen di thir, et non beim efenen [un der thir.

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§ 2. Indicatif présent

I

ich glaub du glauhsst

er fjlaubt niir glauben ihr glaubt set glauben

II ich PU+L du PU+L 'sst er PU+L 't mir PU + L 'n ihr PU+L 7 sei PU + L'n

III

ich ratewe du ratewesst er rateœet mir ratewen ihr ratewet sei ratewen

IV ich GNB 'e du GNB 'esst er GNB 'et mir GNB 'enen ihr GNB 'et sei GNB 'enen

Le I donne la flexion d'un verbe régulier ail. ; le n" II, celle d'un verbe régulier hébreu.

Le III concerne les verbes en -ewen, ainsi que ceux empruntés au slave {blonjen, hulien, etc.). Dans ce cas, V-en final de l'infinitif se prononce dis- tinctement comme syllabe à part, et Ve est maintenu à toutes les personnes à l'indicatif présent.

Les verbes hébreux en -enen {n.° IV) se conjuguent de même, sauf l'emploi de la désinence -enen aux 1''* et personnes du pluriel.

Enfin, certains verbes ont un présent irrégulier. Ce sont :

Les verbes en -len précédé d'une consonne, qui font, par exemple, pour handlen : ich handel, du handelsst, er handelt, mi?' handlen, ihr handelt, sei handlen.

Les verbes en -sen ou -ssen, qui ne prennent qu'un -t à la personne du sing. : Ex. blosen, ich blos, du blost; beissen, ich beiss, du beisst.

Mais ceux en -schen {-tschen) et -^en conservent la finale -sst à cette même personne : Ex. si^en, ich sis, du sissst ; ich wasch, du wa^chsst ; patschen, ich patsch, du patschsift.

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Les verbes en -ten, qui ne prennent aucune dé- sinence à la 3^ personne du sing. ni à la personne du pi. : Ex. beten, er bet, ilir bet.

Les verbes en -deii se conjuguent régulièrement. Toutefois, quelques emprunts allemands en -den et -teti^ non complètement encore naturalisés en jargon, conservent leur forme originale : Ex. bllden, du bil- desst, er bildet, ihr bildet ; heiraten, du Jieiratesst, er heirûiêt, ihr hêiratèt.

Les neuf verbes suivants, qui ne prennent pas le -t k la 3*" personne du sing., savoir : darfen, kenen (ou konen), megeti (mais on dit erfermegt), inusen, solen, welen, wissen, taugen, toren, donc er darf, er ken, etc. Mais la personne du pi. suit la règle générale : ihr darft , ihr kent , etc.

Les verbes gehn, séhn, schtehn, qui prennent -en aux 1"^*^ et personnes du pi. : mir ou sei gehen, sehen, schtehen.

Les verbes welen, wissen, geben, thon, dont le présent de l'indicatif se conjugue :

ich wil ich weiss ich gib ich thu

du wilsst du weisst du gibsst du thusst

er wil er weiss er git er thut

mir wilen mir weissen mir giben mir thuen

ihr wilt ihr weisst ihr git ihr thut

sei wilen sei weissen sei giben sei thuen

•Finissons par une remarque d'application générale. Quand le pronom du suit le verbe, à la forme interro- gative, une contraction s'opère nécessairement : Ex. woss machsstu ? \Dour woss machsst du?

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§ 3. Impératif

La personne du sing. de l'impératif reproduit la l""^ personne du sing. du présent de l'indicatif, et la 2^ personne du pi. la personne correspondante de ce même temps.

Les 3®^ personnes se forment avec solen {sol er gehn, solen sei gehn), et cet auxiliaire est parfois aussi employé aux autres personnes : solsst gehn, ilir soit gehn, etc.

La l*"* personne du pi. est régulièrement formée au moyen de lomir : lomir gehn, allons !

§ 4. Auxiliaires et Participes

Les autres temps étant des composés d'auxiliaires et de participes, il y a lieu d'étudier au préalable la conjugaison des uns et la formation des autres.

Sein (être)

Ind. présent

Parfait

Futur

ich bin

ichbingewe{se)n .

ich wel sein

du bisst

. du bisst gewe{se)n

du icesst sein

er is

etc.

er icet sein

mir senen

mir welen sein

ihr sent

ihr v:)et sein

sei senen

sei welen sein

Impératif

Conditiôhn&l' -

Infinitif

ich wolt sein

sein

sei

du loolsst sein

Part, présent

sol er sein

er wolt sein senei

id{ig) owseiend{ig)

16- -

lomir sein mir wolten sein sent (ou sett) ihr woU sein solen set sein sei wolten sein

Hoben (avoir)

Part, passé

gewesen ou (jewen

Ind. présent

Parfait

Futur

ich hob

ich hob gehat

ich wel hoben

du liosst

du hosst gehat

du

wesst hoben

er hot

etc.

etc.

mir hoben

ihr hot

sei hoben

Impératif

Conditionnel

Infinitif

ich wolt hoben

hoben

hob

du wolsst hoben

Part, présent

sol er hoben

etc.

hobend{ig)

lomir hoben

Part, passé

hot

gehat

solen sei hoben

Le participe présent se forme en ajoutant •d{ig) à l'infinitif, sauf que la forme en -dig peut en supprimer l'-;i final : Ex. schweigen,schweigend{ig), schweige- dig.

Toutefois, les verbes gehn, schtehn, sehn ont comme participes gehend{ig), schtehend{ig), sehend{ig) ; thon fait thueiid{ig), et welen, welend{ig) ou wilend(ig).

Employé comme adjectif ou substantif, le part. prés, se termine le plus ordinairement en -d, tandis que la. forme en -dig est la seule employée au gérondif (part, prés, adverbial).

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Le participe passé reproduit, en principe, la per- sonne sing. de l'ind. prés., avec ge- préfixé (sauf pour les verbes en -iren) : Ex. er glaubt,geglaubt ; er aress- tirt, aresstirt. Mais les verbes qui ne prennent pas le -t à la personne l'ajoutent ici : gedarft, gekent, etc.

En outre, il existe un certain nombre de formations irrégulières, dont la plupart répondent à l'ail. En voici les principales :

gebaken (aussi gebakt) gebaugên (aussi gebaugt) gebeten (de beten, prier,

mais gebet, de beten,

étendre) gebissen

gebiten (de beiten) gebliben geblosen

geboden (de boden) geboren ferborgen geborschten geboten gebracht gebrochen gebroten gebulen (aussi gebilt, de

bileri) gebunden ferdorben

gedroschen

ferdrossen

gedrungen

gedungen

gefaleii

gefangen

befaulen

gefelen

gejlaugen

gejlochten

gejïossen

gefohren

gejressen

gefroren

erfunden

gefunen

gegangen

gegeben

fergessen

geglichen{siussigegleicht)

gegolten

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gegossen

gegrifen (aussi gegreift)

gegroben

fer g une n

gehalten

gehangen

gehauben

geheissen

geholfen

gehunken

gekliben

geklungen

geknipen {âuss'i gekneipt)

geknoten

gekrigen{aussigekrogen, de krigen, mais krigen sich fait gekpêit sich)

gekrochen \^'iis ^^\ *'

gekumen

gekwolen

eingeladen

gelai{chten

gelegen

gelesen (aussi gelest)

gelihen

geliten

geloden

gelofen

ferloren

geloschen

gelosen (aussi gelost)

gelungen

gelunken

gemiten (aussi gemeidt)

gemohlen{8iUssi gemohlt)

gemolden (aussi gemel-

det) gemolken (aussi gemelkt) gemossten genossen genumen geraten (aussi gerat, de

vaten) geriben gerissen geriten geroten gerujen gerunen

gesalzen (aussi gesalzt) gesaufen (aussi gesauft) gesaugen (aussi gesaugt) geschafen (de schafen,

créer, mais geschajt,

de schafen, fournir) gescheh{é)n erschinen (aussi er-

scheint) geschlifen (aussi ge~

schleift) geschlojen

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geschlogen

geschlossen

geschlungen

geschmissen

geschmohen

geschniten

geschoben

geschochten (de schech-

ten, abattre) gescholten geschonken (aussi ge-

schenkt) geschoren geschossen geschoten geschpigen (aussi ge-

schpeit) geschpunen (aussi ge-

schpint) geschpolten geschproken geschprungen geschriben geschrien geschroken geschtanen geschtaussen geschtigen (aussi ge-

schteigt) geschtochen geschtorben

geschtrichen (aussi ge- schtreicht)

geschtriten

geschunden

geschwigen

geschwolen

geschworen

geschwumen

ferschwunden

geseh{é)n

gesessen

gesungen

gesunken

gethon la forme dé- terminée gethonener, -e, etc.)

getriben

getrqfen

getrogen

getroten

getrunken

ongewahren (de onweh- reu)

gewaksseii

gewaschen

gewaten

gewaugen (aussi gewegt)

bewaugen (de bewegen, pousser, mais bewegt, de bewegen, remuer)

gewisen * '

t>Q -

gewolt (de wilen)

geworbeîi

geworen

geworfen

geworgeri

gewunen

gewunken

gewunschen gewusst gezaugen gezunden gezwungen etc., etc.

§ 5. Parfait et Plus-que-Parfait

Le parfait jargon tient lieu à la fois de l'imparfait- aoriste, du parfait et du plus-que-parf. ail.

Il se forme au moyen du part, passé et d'un des deux auxiliaires. Le choix de ces auxiliaires, en prin- cipe, se règle comme en ail. Notons cependant que, dans certains verbes neutres, on les emploie concur- remment pour désigner soit l'état, soit l'action : er is geschtigen, il est monté, il se trouve en haut ; er hot geschteigt, il a monté, il a posé cet acte. Comme on le constate, à ce double emploi des auxiliaires correspond une forme participiale différente.

Le plus-que-parfait peut encore se rendre explicite- ment, en intercalant un second participe {gehat ou gewe[se]n, selon les cas) entre celui du verbe et l'auxi- liaire : Ex. as ich liob gehat bekumen dein brnf, hob icii ihm gleichawekgetrngen zu deine eltern ; er is schaun gewen aufgeschtanen, nor er hot sich wider gelegt.

§ 6. Futur et Futur antérieur

Le futur se forme avec l'auxiliaire ïcA tce/, etc.. et l'infinitif. Le futur antérieur procède de la même façon

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que le plus-que-parfait : Ex. as ich wel hoben bekumen dein brif, wel ich ihm awcktrogen zu deine eltern.

§ 7. Conditionnel, présent et passé

Ce temps est formé de ich wolt, etc., et de l'infinitif ou du participe passe, selon que l'on désire exprimer le présent ou le passé : Ex. wen ich wolt hoben zeit, wolt ich dir onschreiben a genauern brif; wen ich wolt gehat zeit, wolt ich dir ongeschriben a genauern brif.

Solen, avec l'infinitif, exprime également le condi- tionnel présent, tandis que, par l'insertion de gewe- {se)n, on obtient le conditionnel passé : Ex. as DWD HMLK sol gewen wissen (pour wolt gewusst) zu we- men indi hend sein'IYilAM 7 wet areinjalen, wolt er ess, ganz sicher, nit gemacht.

On peut encore rattacher ici certaines expressions idiomatiques, telles que hait ich fohren (est-ce que je partirais ? ou : que ne suis-je parti !), etc.

§ 8. Passif

On le compose au moyen de weren, devenir, et du participe passé. Par exemple, pour ferkaufen : ich werferkauft, etc. ich bin geworenferkauft, etc. ich wel ferkauft weren, etc. ich wolt ferkauft weren, etc. ich wolt ferkauft geworen, Qic. wer ferkauft, sol er ferkauft weren, etc.

22

fcrhauft weren ferkauft werendig ferkauft geworen

§ 9. Préfixes verbaux

Les préfixes inséparables sont : ant, be, der, ent, er, fer, ge, -S'w (correspondant à l'ail, ser). Les sépa- rables sont : anider, arauf, arauss, arein, ariber, arob, arum, auf, auss, awek, bei,durcli, ein,for,funander, iber, mit, noch, ob, on, um, unter, ^u (ail. *w), :^un- auf, 3urik, susamen.

Toutefois, iber et unter, comme en ail., sont insé- parables dans un certain nombre de compositions ver- bales : Ex. iberraschen, ich iberrasch, iberrascht, unter scheiden, ich unterscheid, unterscheidt, etc.

Vin. Mots invariables

Nous n'avons à parler ici que de l'adverbe et de la préposition.

Pour l'adverbe, signalons l'emploi fort généralisé des compositions avec -weis : Ex. bisslichweis (par petits morceaux), einzigœeis (isolément), etc.

Le jargon forme encore des adverbes en ajoutant -erheid à l'adjectif : Ex. schtilerheid, weinendigerheid, etc.

Dune manière générale, toutes les prépositions ré- gissent le datif.

23 -

Sont exceptées fun tcegen et ^lUieb wegen, qui veulent au génitif le nom de la personne, tandis que le nom de la chose reste invariable : Ex. fun [sulieh) dess tatenss wegen ; fun [zulieh) grausskeit wegen. Fun meinetwegen, fun deinetwegen, etc., sont ici idiomatiques, comme en ail.

In, auf, far, durch, wegen, gegen peuvent aussi régir un accusatif, surtout quand il s'agit d'un neutre ou d'un nom avec l'article a. En voici des exemples : areingehn in doss kalte schtibele, entfern auf di fer- gebene frage, sich onnehmen far doss orime kind, kuken durch doss kleinefensster, reiden wegen a nau- tige sach, gehn gegen a grausse mehrheit, etc.

Auf, iber, unter, ausser, mit, noch;bis,far, durch, laut, B-j-T, BS-f-T, peuvent opérer une contrac- tion de l'article déterminé masc. ou neutre qui les suit ; on obtient alors : auf 'n, iber 'n, etc.

Zu, bei, in, fun peuvent produire, dans le même cas, zum, beim, in 'm, fun 'm.

Enfin, l'article déterminé disparaît souvent totale- ment après une préposition : Ex. in hausfun Got (dans la maison de Dieu).

Signalons aussi le redoublement de su et noch dans certaines expressions : zum fensster ::u, noch mein meinung noch, etc.

Auf, mit, zu,far, fun, bei, in, noch, combinés avec deni (cela) produisent : derauf, dermit, der^su, der- far, derfun, derbei, derin {derinen, derein), dernoch.

(A suivre.)

H. Bourgeois.

DIE INDO-GERMANISCHEN LEHNWORTER IM GEORGISCHEN

Dieser Aufsatz enthàlt eine Vorarbeit zu einem historischen Lexikon der georgischen Spraclie und bezweckt hier zunâchst die Feststellung der in dieser Sprache auftretenden indogermanischen Lehnwôrter, in der Zeit vom Erscheinen der âltesten Schriftdenk- màler bis etwa zum Jahre 1850.

Der Gegenstand der Untersuchung ist nicht neu., denn fast jeder, der sicli eingehender mit dem Ar- menischen beschàftigt batte, war gezwungen auf dièse Frage, freilich vom entgegengesetzten Standpunkte aus, einzugehen ohne im Stande zu sein, sie ausrei- chend zu beurteilen, weil dazu, die nôtigen Kenntnisse des Georgischen fehlten bez. der kaukasischen Spra- chen iiberhaupt. Hùbschman u. a. haben die Frage wiederholt gestreift. Vom Standpunkte des Georgi- schen bat sie zuerst in Angriff genommen : David Tsubinov in seinem dictionnaire géorgien-russe- fran- çais, St. Petersburg, 1840 ff.Er bat sich der Aufgabe in der Weise entledigt, dass er hinter den in Frage komraenden georgischen Wôrtern jedesmai die ent- sprechenden aus den anderen Sprachen in Klammern

-25

dahinter setzte. Ob er mm selbst aller der in Frage kommenden Sprachen mâchtig gewesen ist, oder ob er in der einen oder in dér anderen seine Gewàhrs- leute gehabt hat, habe ich nicht ermittelri kônnen, jedenfalls sind seine Ergebnisse mit Vorsicht zu be- nutzen und zwar besonders was desLateinische, Grie- chische und Armenische anbelangt ; denn wenn man nur allein, die griechischen Ausdrûcke in Betracht zieht, so muss man au.ch gegen die aus anderen Spra- chen grosse Bedenken haben. Wo dièse Irrtùmer seine Versehen sind, habe ich sie stillschweigend berichtigt ; sonst habe ich seine Schreibung in a ( ) » dahinter- gesetzt. Sodann enthàlt sein Lexicon eine Reihe von Ziisammenstellungen von Wôrtern, die absolut nichts mit einander zu tun haben, und ich glaube, dass es hier dem Verfasser mehr darauf angekommen ist, sein Wissen in das gehôrige Licht zu stellen, anstatt brauchbares zu liefern, denn es ist klar, dass dadurch leicht Irrefûhrungen entstehen kônnen, namentlich bei Sprachen, die nicht zum sog. c eisernen Bestand » gehoren.

Zu Arbeit selbst bemerke ich, dass ich im Gegen- satz zu Tsubinov die Lehnworte stets bei derjenigen Sprache aufgefiihrt habe, aus der das Wort entlehnt ist und nicht bei der, aus der es eigentlich stammt. Auf dièses Herkunftsverhâltnis bin ich nur beim Ar- menischen nàher eingegangen. Ist der Ursprung nicht mit Sicherheit zu ermitteln, so habe ich es auch unter der anderen môglichen Sprache aufgefùhrt mit einem Verweis beiderseits. Die persischen Lehn- wôrter habe ich in diesem Telle meiner Untersuchiing

26

imberiicksichtigt gelassen, weil sie fast doppelt so zahlreich sind, als die anderen zusammen genommen.

Im ùbrigen handelt es sich auch bei dieser Arbeit nur um einen ersteii Versuch, das an Tageliegende und leicht Greifbare zusammen zu fassen, um zu sehen, wohin die Frage geht, denn sie ist gerade auf diesem Gebiete eine recht schwierige, und wenn man einmal indogermanische Wôrter untersucht, deren Etymo- logie dunkel ist, so kann man Jiier und da dièse mit Hilfe der Georgischen oder einer anderen kaukasi- schen Sprache aufklàren. Freilich Sicheres ist zur Zeit kaum zu ermitteln. Nun enthâlt das Georgische eine Menge Lehnworter vermutlich aus dem Armenischen, die Tsubinov nicht aufgefûhrt hat. Der Grund dieser Unterlassung ist gleichfalls nicht klar einzuselien, denn dass er die entsprechenden armenischen Ausdriicke nicht gekannt hat, ist kaum anzunehmen. Den zwei- ten Nachteil, den die Tsubinov'sche Arbeit hat, ist der, dass er selten die Belegstellen angiebt, wo das betreffende Wort sich findet, so dass die Frage, wann treten die einzelnen Lehnworte in die neue Sprache ein, absolut nicht zu beantworten ist, und damit ist eine Unterscheidung der zeitlich auf einander folgen- den Schichten auch nicht lôsbar. Diesen Nachteil habe ich wegen der Schwierigkeit der Litteraturbe- schaffung nicht ausfùllen kônnen ; so dass ich mich zunâchst darauf beschrànken musste, das von Tsubi- nov beigebrachte Material zu sichten und an und fiir sich richtig zu stellen.

Zur Transcription ist zu bemerken 1) Georgisch : Ich habe fiir dièse Arbeit die Transcription von Dirr,

27

georg. Grammatik, Wien [1906], p. 5 f. ûbernommen, die mit der von Fr. Millier im « Grundriss der verglei- chender Sprachwissenschaften » 3. 2. bis auf einige nebensâchliche Dinge ûbereinstimmt, Diphthonge kom- men nicht vor. y ist ein Laut zwischen h und ch, ailes andere ergiebt sich von selbst. 2) Russisch : b=^v, r = g, 3 = z, ^=z, H=j, c = s, x = ch, n=c, ^ = c, m = s, m^sc, !> = ', M = y, B=:', 'fe = ë, 3 = è, io = ju, a = ja, {|) = f, v=:y; der Rest ist mit den lateinischen Buchstaben lautlich gleicb.

1. iideutsche)) Lehnworte.

russ.

kamloti

kamlot

étoffe (!) de poil de chèvre

kartop'eli

kartofel

pomme de terre

mast'abi,

mastab

échelle

mast'ari

p'otsta,

pocta

poste

p'osta

falda

falda

plie

feldiegiri

fel'd'eger

courrier du cabinet

feldmarsali

fel'dmarsal

maréchal d'armée

feldfebeli

fel'dfebel

sergent-major

feldtsel.imeiteri

fel'dzejgmejster

maître d'artillerie

flangi

flang

flanc

fligel-adiutanti

fligel-ad'jutant

aide de camp

fligeli

fligel

aile d'un édifice, forte-piano

fortka,

fortka, fortocka

vasistas, guichet de

fenêtre

- 28 -

fortotska '

forstati forstad faubourg

f urstati

fraki frak froc

freilena frejlina demoiselle...

Die (( deutschen » Lehnworte erweisen sich also fast aile als aus dem Russichen stammend mit Ausnahme der beiden folgenden, von denen das erstere allerdings zweifelhaft ist :

strik'oni stroka, strocka ligne d'écriture d. Strich trik'oni sulta(gziri) juge de village, député d. Schulze, Dorf-

schulze

Auf welchem Wege indessen dièse beiden Worte in das Georgische gelangt sind, vermag ich nicht anzugeben.

Fast aile Worte sind modem und dûrften kaum liber das 17. Jahrhundert hinausgehen.

Da es fur die weitere Untersuchung von Wichtig- keit ist, so will ich hiergleich die Tabelle zusammen- stellen, aus der ersichtlich ist, wie sich die einzelnen Laute in den beiden Sprachen entsprechen.

russ. :

a b vg

d

e,ë,e

z

z i,j k

georg. russ. :

:a b,r g,h n,ll m n

d,f

0

a,e,i P

dz,z r

z,ts i,- k s t u

georg. russ. :

: 1 m n

f ch c

o,u c

P.P'

s

r

se

s t,t' u ju ja

georg. : p',f ts,s,ds s i,iu a

russ. : f(2r) y ' y .

georg. : - i

29

Béfnerkenswert ist hieran, dass im WortmUera das russ. p durch p' wiedergegeben wird. Hier und da finden sich auch Auslassungen einzelner Buchstaben im Wortinnern, am Wortende geht " relgelmâssig verloren und wird durcli das georgisch i ersetzt. Im Allgemeinen ist die Wiedergabe der russichen Laute genau, und die Abweichungen erklâren sich wohl zum grossen Teil, durch die dialectischen Differenzen im Russischen selbst. Der eigentûmliche Zug des Georgischen, fast sàmmtliclie Worte auf -i ausgehen zu lassen, wird auch auf die Fremdworte ausgedehnt.

2. englische.

angl.

[suli

soûl 3. frarusôsinche.

esprit, âme]

brilianti

russ.

brilliant

brillant

but'ilka

butylka

bouteille

grizeti

grizet .

g risette (étoffe)

lazareti

lazaret

lazaret

paketi

paket

paquet

faetoni

faeton

phaéton

fanfaroni

fanfaron

fanfaron

fasoni

fason

façon

favori:! \

favorit

favori

fortep'iani

fortepiano

forte-piano .

Bei einzelnen

der angefuhrten

Worten kan man

allerdings

in Zw^ifel sein, ob das

1. eine oder andere

niclitdoch.

franzosisciien Upsprungs

ist, mit^^icbfeçheit

30 -

lâsst sich indessen das nicht nachweisen, da die Worte âusserlich zu wenig verschieden sind. Folgende Worte sind indessen franzosischen Ursprungs,

fr.

1. bugri; Ezech. 32,12, Hosea 7,7. bougre. Wiedas Wort in die Bibelubersetzung gekommen ist, vermag ich nicht zu erklàren, vielleicht handeltes sich auch um einen blossen Zufall.

2. gandiduri (auch gan-di-duri ^ von von Tours), fr. gros de Tours (StofE), russ. grodetur; das Wort ist otîenbar auch unabhângig vom Franzosischen, weil das Wort gros darin fehlt.

4. indische.

Davon zàhlt Tsubinov drei auf, die ich beiden persischen Lehnwôrtern besprechen will.

5. hollàndische.

russ.

flagi flag drapeau d'un navire

flugeri fljuger girouette

Beide Worte sind russischer Herkunft.

6. italienische.

russ.

karantini

karantin

quarantaine

flaneli

flanel

flanelle

floti

flot

flotte

flotilia

flotilija

flottille

fregati

fregat

frégate

Dièse stammen nâturlich aile aus dem Russischen, nur die folgenden zwei sind italienisch :

31 -

t'ambako'

tabacco

spada

spada

7.

, russische.

niis.

bedsedi

pecat

bague^ anneau

botska

bocka

tonneau

gube

guba

marc, étanST

gora

gora. gorka colline, tas

g«:>raka

t'alat'ina

teljatina

peau de veau

mid'na

meza

borne

sazeni

sazen

ukazi

ukaz

put'i

pud

8.

lateinîsche.

tabac épée

a. arm.

s. a. pers.

Schwieriger wird die Beinteilung dieser Lehnwôr- ter. Es lassen sich folgende Gruppen auistellen :

a. solohe Worte. die oichts mit einander zu tirn haben, sondern lediglich ziisammenges relit sind :

lat. ^:-

arona arainim aiur

ak'lemi camelus

valani vallum

st.

t'ela

-t'j

tilia capitâtus

pie. a -TïXîa

1 Der Einschub des m deatet auf eine ziemlieh frâhe Zeit der Entlehnong, doch kann man onter das 16.Jahrhimdertnatârlieh

nieht heruotergehen.

32

puri

panis

upe

umbilicLis

p'udzi

fundainentum

dsigni

signum

6. russische Wf

irter :

russ.

ampuli

ainpuli

anti'moni

antimonij

ap'itsari

oficar

boiki

byk

globusi

globus

gradusi

gradiis

dinari

dinarija

direktori

direktor

doktori

doktor

keiia

kel'ja s. a. gr.

konsuli

konsul

legati

légat

legioni

légion s. arm.

manat'i

moneta s. latein

orbita .

orbita

planeta

planeta

plani

plan

polusi

polus

prelati

prélat

pretoria

pretorija

primasi

primas

primatsi

proba

proba

satiri

satiri

skami

skam'ja

^

33

Linki

unsija s. lat.

pa'kel

fakel

yiibernia

gubernija

fabrika

fabrika

faktori

faktor

falsi

fal's

mensonge

familia

familija

fasadi

fasad

fatalizma

fatalizm

figura

figura

fokusi

fokus

fokusniki

fokusnik

charlatan

forma

forma

fortifikatsia

fortifikazija

fronti

front

frunti

funti

funt

p'unti

Das gesamte

Material ist ohne Interesse.

c. italienische Worte :

duka

ducn

L (Ts. : dux.)

tilo

tilo

1. tela

d. griechische Worte:

gr.

russ.

duk'si

doù^

S. a. arm.

kalandari

y.7.\ÔLvdoLi

kalendar

katapelta

/aTa-éXT'rj

katapulta

keleoni

yiekXiov

kel'ja

kodrante

y.o^pÔLvrqz

k'vadrant

SLidari

Goudàpiov

stomak'i

CTTOuiay oc

34

tiara

Ttapa

e. neugriechiscbe Worte

fanatikosi

'pavaTUoç

/'. die lateinischen Wôrter :

aman

ampidsi

ankvira

astaki

astami

ap'sint'i

baliozi

lat.

amarus

ambitiosus

anchora(!)

astacus

ascia

absinthus

balivus, das georgische Wort ist eher lateinischen als armenischen (pail) Ursprungs, Hubschmann, arm. Gr., 1, p. 390. afrz. bail.

i

batoni

patronus

bondi

pons

kalendi

calendae

kalendoba

kohorta

kohorta

kerasi

cera

kudi

kauda

venaki

vinea

gali

cella

galia

cavea

galiaki

grgoli

circulus

lagvieni

lagena

lagvienari

manat'i

moneta, s.

russ. ?

mandaturi

mandator

35

marsi

Mars

melsapepo

melopepon; s. a. arm.

melaspepo

palo

palus

pelta

pelta

sigeli

sigillum

stomak'i

stomachus, s. a gr.

unki

uncia, s. russ.

p'ardi

pars ?

p'urne

furnum

p'ore

forum

pori

hune

hunnus

one

Dazu kommen dann iioch die Monatsnamen

ianvari

t'ebervali

marti

aprili

maisi

iunisi

iulisi

agvisto

sekdemberi

D^ Klu

Berlin

fA suivre)

ADDITIONS

TO

FATHKR BESCHI'S BIBLIOGRAPIIY

J'ai donné ici même une biographie et une bibliographie du P. Beschi, aussi complète que possible. M. H. Hosten, de la Compagnie de Jésus, professeur au Collège Saint- François-Xavier, de Calcutta, m'adresse la notice suivante, qui contient des détails nouveaux et indique les éditions qui m'ont échappé. Je me réserve de la faire suivre de quelques observations. J. V.

As a tribute to the memory of Beschi's great lite- rary labours in the field of Tamil literature, we hâve collected some particulars, which, had tliey been known to our bibliographers, would probably bave been inserted in Bibliothèque de la Compagnie de Jésus.

First, no notice bas been taken of A hrlef sketch of the life and writings of Reo. C. J. Beschi, or Viramainuni, translated from the original Tanùl hy A. Muttusami Pillai, Manager of the Collège of Fort St. George, Madras, J. H. Pharaoh, 1840. It bas appeared at first in Madras Literary Journal (Apr. 1840), whence it was reproduced by the Madras Ca- tholic Expositor (1841?) and the Bengal Catholic

Herald, 1841, vol. I, pp. 75-6, 94-7, 107-10. It is a translation made, at the désire of Walter Elliot, Esq., by A. M. Pillai of his Tamil life of Beschi. He tells us that for this Tamil life he availed himself in 1822 of the mss. \Yhich in 1798 had been prepared by Vi- dwan Saminada Pillei, an excellent Tamil poet, and the author of many Tamil works. In addition to the assistance derived from this source, I was in posses- sion of many interesting and important facts regard- ing Father Beschi, which I gleaned during a tour through the South, from traditionary accounts, still preserved among the people. To my knowledge, this Tamil life, which probably hns seen many éditions by this time, has never been prôperly described.

Muttusami had likewise in ms. a life of Fr. de No- bili. The editor of the Madras Catholic Expositor intended giving it in English to his readers. I do not know whether it was ever done.

Next, turning to Beschi's works, we review them in the order in which they appear in Fr. C. Sommer- vogel's (S. J.) Biblioth. de la Comp. de Jésus' and bring together facts of some interest to the biblio- phile.

1. Tëm-bdv-aiu (The Unfading Garland), Father Beschi's most voluminous work, was produeed in 1726. It is a poem in honour of St. Joseph and embodies much of what was written by Mary de Agreda. It contains 3615 quatrains divided into 30 cantos. In 1729 Beschi added to each verse an interprétation in prose.

1. Vol. I, Coll.1402-1409, andApp.,p.xi; vol. VIIl.Col. 1829.

38

During his journey in the South, A.Muttusami Pil- lai found at Aour Beschi's original ms. in the posses- sion of one Luz Naig, son of Bangaroo Naig, Beschi's disciple. « In compliance with my request, Luz Naig brought the book to Madras for the inspection of Mr. Ellis, who purchased the work for 300 rupees. After taking a copy of it for his own use, that gen- tleman kindly presented it to me\ Mr. Josiah Hud- dleston purchased Mr. Ellis' Tëm-bâv-ani, when his efïects were sold by auction\ o A copy of Tëm- bâo-ani in 2 vols, folio was taken to England by Mr. B. Babington, on his return home. Another copy was made in 1817 under Mr. Ellis' supervision for Sir John Malcolm, who intended presenting it to Lord Spencer'sLibrary. This copy was made in cad- jans {olas), the two boards being ornamented with silver and gold.

The Pondicherry édition printed by the Abbé Louis Savinien Dupuis between 1850-53 consists of 3 vo- lumes, 8°. The British Muséum lias an édition edit- ed with interprétation and commentary by A. S. Jaga-râu Mudaliyâr, vol. L pp- 80, Madras, 1901; also a Pondicherry édition with commentary, 1866, 8". The copy of the British Muséum contains Bks I-IV, and partof Bk V, and breaks olï at p. 160. The last section of the Tëm-bâv-ani, i. e. Hymns to the Bl.

1. It was still in A. Muttusami Pillai's possession when he wpote. He died shortly after, in 1841. Does it still exist?

2. For a translation of some extracts, cf. Eliyah Hoole. Madras, Mysore and the South ofindia.., London, Longman,.., 1844, pp. 201-205.

39

Virgin, appeared at Pondicherry in 1856, under the title of Tiru-pâc-ani, (pp. 46, 12°). Finally, there is an édition of Pondicherry, 1865?, the Têm-bâ- malai, containing devotional poems from the Tëm- bâv-âni with commentary, and other hymns by Bes- chi. separately published in the Tint - pâv - ani (pp. IV + 224, 8°)\

The Abbé L. S. Dupuis is the author of Notice sur la Poésie Tamoule, le R. P. Beschi, et le Tembavani, par un membre de la Conr/régation des Missions- Etrangères, Pondichéry, 1851, pp. 81, 8°.

3-6. Among Beschi 's poems on Our Lady,\ve note one mentioned by B. Babington and unknown to C. Sommervogel, at least under its Tamil title : Ameyajungal Andàdi, i. e. Andàdi on the Lamenta- tions of Our Lady. In the Andàdi, the ending [andam) of each stanza is repeated at the beginning (âdi) of the next stanza \ It belongs probably to Sommervogel's No. 6 : « Diverse Poems on the Passion of Our Lord and the seven Dolours of His Holy Mother. »

7. One of Beschi's most popular works is his amu- sing story of Paramarta Guru, a clever skit on the Brahmans, which many Tamil Christians hâve read so often that they freely interlard their conversation with its maxims. We believe that, if a systematic search were made in Southern India, it would bring

1. Cf. A Catalogue of the Ta mil Books in the Librari/ of the Britis/i Muséum, composed by L. D. Barnett, M. A., & the Late G. U. Pope, D. D.. London, 1909.

2. Cf. B. Babington, The Adcentures of the Gooroo Para- inartan, London, Richardson, 1822, p. iv.

40

to light a great many éditions, not only in Tamil, but in theneighbouring vernaculars as well, especially Telugu and Malayalam. « It is translated into many native languages », wrote Rev. G. M, Pope.

There is an édition of Pondicherry, 1859, pp. 34, 12"; also, it seems, an édition from the same place in 1862, 12° (Cf. Brit. Mas., Cat. Op. cit.). Tliree édi- tions were printed by Father Bareille at Bangalore.

a. *' Paramarta j Giwu. | Fabula \ de quodam Ethnicorum magistro, \ a celeberrimo Pâtre Bescht

I Tamulico idiomate primitus exarata, \ modo in Canaricam linguam translata; \ eut addita est la- tina versio, \ eadem, paucis mutatis, quœ a P. Bes- cht conscripta est, \ Opus curante Rev. J. Bareille edituni. | Bangalori, \ E typographia Catholicœ Mis- sionis, I 1877. \ Superioruw. perniissu. \ Registered copy-right. \ pp. 142 + 2(17x105). Price : 8 as.

b. * Paramarta \ G tira. \ A Taie \ originally tcritten in Tamil \ by the celebrated Father Beschi,

I noio translated into Canarese, \ and accompanied by an English translation. \ Edited by Rev. J. Ba- reille. I With the approbation of the Superiors. \ Bangalore, \ Printed at the Catholic Mission Press.

I 1877 1 Registered copy-right. \ pp. 179 (18x105). Price : 8 as.

The English translation is not a reproduction of Ba- bington's. Father Bareille calls the Guru's five disci- ples : Booby, Crazy, Shortwit, NumskuU, and Lack- brain.

c. * Paramarta \ Guruvina \ kathe. \ Edited

1. The asterisk means that we describe the book de visu.

41

by Rev. J. Bareille. [FoUow seven lines inCanarese.] 1887. I pp. 63 (18 X 105). Canarese characters.

Another Kanada version, Nage-Gadalu, by R. Na- rasimhâchâr appeared in The Karnataka Grantha- mala séries, a Mj'sore-periodical, 1903, pp. 85, 8°.

Little could Father Beschi hâve suspected that his Paramarta Giirii would find so much faveur with European scholars. We know of several éditions in European languages, unknown to Father Sommervo- gel.

o. * [Two lines in Tamil.] The Adoentures of the I Gooroo Paramartan : \ a taie in the Tamul lan- guage : \ accompanied \ by a translation and voca- bulary, \ together with an analysis of the fîrst story . I By Benjamin Babington, \ of the Madras Civil Service. \ London : | J. M. Richardson, 23, Corn- hill, I MDCCCXXII. | pp. xii + 2 + 1-48 : Text ; + 51-107 : Translation; -f- 111 -195 : Vocabulary; -1-199-248 : Analysis.

The Guru is dubbed Noodle. His 5 disciples are : Blockhead, Idiot, Simpleton, Dunce and Fool.

b. * Strange surprising adventures \ of the Vénérable Gooroo Simple, \ and hisfive disciples, \ Noodle, Doodle, Wiseacre, Zani \ and Foo:^le. \ Adorned with Fifty illustrations drawn on wood : I by Alfred Croirquill : \ London | Trïibner & Co.. j Pater noster Row, | 1861. | pp. 223, 8".

Alfred Crowquill is a nom-de-plume for Alfred Henry Forrester. Many of the illustrations are not particularly suggestive.

c. * [1 Une in Tamil.] The Adventures \ ofthe

42

Gooroo Paramartan : a talc in the Tamil languagc :

I accompanied by a \ Translation and Vocabulari/ ,

I together with an analysis \ of the \ First story .

I By Benjamin Babington, \ of the Madras Civil

Service. \ Published and sold by P. Singarapelavan-

dram Pillay, | Thacker's Street No. 12, Pursevaukum.

I Madras: | Re-printed by W. Pushparatha Chetty-

I Kalaratnakaram Press, ] 103, Armenian Street. |

1871. I pp. XII 4- 1-4 : list of subscribers; -h 1-71 :

text and translation, in 2 coll.; -j- 73-140 : Vocabu-

lary; -f 141-180 : Analysis.

d. The Abbé J.-A. Dubois translation of Pa- raniarta Guru is at pp. 231-338 of his Le Pancha- Tantra... Paris, 1826. (Cf. Sommervogel, vol. 1, App. p. xi).

c. There is anotlier édition of Paris (1872, 8") ty- pographically identical with the above and illustra- ted with I3engravings by Léonce Petit.

/. A Dentures du Gourou Parainarta. Conte drôla- ticiuc Indien. Orné de nombreuses eaux-fortes par Bernay ^ Cattelain, Paris 1877, pp. \x-\- 188, 8°, 8 plates. Préface by F. Sarcey. It is Dubois transla- tion re-edited.

g. Fahrten und Abenteuer Gimpels und Com- pagnie. Ein Tainulischcn Reise- und Scherz-mâr- chen. Nacherzâhlt von Dr. Johann Georg Theodor Grasse. Mit 6 coloriricn Bildern. Dresden [1856], pp. 81, 12".

/(. - W. A. Clouston, The Book of Noodles, 1888, 12°. [Stories of the Guru Paramartan, the four simple Brahmans, drolleries from the Ramavana, the Jatakas,

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and otlier Hindoo, Kashmirian and Sinlialese books.]

Imperfectly described from one of Francis Edwards' Catalogues, London, 1906 (?).

The folloving work by Will. Alex. Clouston seems to be a différent work : A group of Eastern Ro- mances and stories, from the Persian, Tamil and Urdu, with introduction, notes and appendix, Glas- gow, 1889, pp. XI + 586, 8^

8. The Nânar-unarttudal published at Pondi- cherry in 1842 is a 12° édition of pp. vi, 99.

A Kanada translation Jncina-bodhakavu was pu- blished at Bangalore in 1864 (pp. 99, 12«)\

10. Vêdiyar-ojukkani or Rules for Catechists. Rev, G. M. Pope calls this an « admirable work ». « It is the best model I know for the student of Tamil prose. )) Rev. Eliyah Hoole translates the headings of the 20 chapters. (Cf. Op. cit., pp. 195-196.)

We hâve met a Protestant Tamil édition of this work. It is described as reprinted with some changes from the origmal work and « containing excellent ad- vice ». Ist Ed., 1898, Methodist Tract Society, Ma- dras, pp. 168,12°*.

The British Muséum mentions, however, Protestant adaptations : oneprinted at Madras, 1844 (pp. xiii4-91, 8''), in 20 chapters, Mith an appendix of 8 chapters; preceded by a biography of Beschi in English and

1. Cf. A Catalogue of the Kanada, Badai/a, and Kurg Books in the Library of the British Musetint, compiled by L. D. Barnett, London, 1910.

2. Cf. Classifîed Catal. of Tamil Christ. Liter., Christ. Liter. Soc, Madras, 1901.

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Tamil; another, with the biography in Tamil only, Madras, 1849 (pp. vii + 232, 12").

Sommervogel does not mention, eitlier, a Pondi- cherry édition of 1858 (pp. viii-h 199, 12°).

11. Vêda-Vilakkam amis written against the Danish Missionaries of Tranquebar and their Tamil translation of the Gospel. Tiie book closes with par- ticulars of the place, date, quantity of the composition, and the author's name. It bears date : 1728.

The spirit and style of Beschi's writings may be appreciated from the following extract, translated by Rev. Eliyah Hoole, a Wesleyan Missionary\ It is the 33rd pura. of the book, or the 6th of Ch. IV. After commenting on the answer of Our Lord to the woman who exclaimed : « Blesser! is the womb that bare thee)) (St. Luke, XI, 27, 28), Beschi proceeds thus.

« If what has been advanced be considered, the well-informed will neither think nor afhrm that the Lord Jésus disapproved of the praise ascribed by the woman to the divine motlier, or forbade that she should be worshipped and praised, but rather that he approved and commended it ; though to a person who has lost his sensés it may appear the contrary. Let us, therefore, unité with that spiritually-enlighten- ed woman, is praising the heavenly divine mother. that we may turn back the darts which those adver- saries, the heretics, hâve hurled at the divine mother, and that we may pain the wounded minds of those who hâve already suffered a, defeat. Let us say,

1. Cl. Op. cil., pp. 197-198.

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Hail, womb that bare the God-man! Hail, womb that gave fruit not destructive of the flowers of viginity ! Hail, breasts that poured nectar to the Instructor of every soûl 1 Hail, thou who didst embody the Imma- terial, to rejoice our eyes! Hail, thou who didst supply the blood that was shed for oursalvation ! Hail, Queen of the inhabitants of heaven ! Hail, Strength to the weak ! Hail, beauty of the heavenly world ! Hail, Life of the earthly world ! Hail, Mistress of the fiery world ! Hail, Splendour, displaying Religion ! Hail, sea of grâce, preserving the soûl! Hail, Mcdi- cine, healing disease ! Light, dispelling darkness ! Joy, assuaging grief ! Shore of heaven ! Help of earth ! Diamond of grâce ! Life ! Nectar ! Grâce ! Hail! Motheruniversallypraised! Hail,Mother, wor- thy ofuniversalpraise ! Hail, Mother,heavenlyand di- vine ! Hail, Heroine, feared by heretics ! Hail, oBoun- tiful, hated by heretics ! Hail, Queen, who shalt des- troy heretics ! Hail ! »

The édition printed at Pondicherry in 1842 is a 12° one, containing pp. v, 324, ii. Another édition of the same place, dated 1868, contains pp. iv, 1, 281, 12°.

12. Bhêdaka-maruttal was an answer to Tira- Sabhaiyin Charitra Postakam, a Tamil Church history, by Christoph Theodosius Walther, printed a second time by the Missionaries of Tranquebar in 1799 (pp. 316, XXXIV, 8°).

The British Muséum possesses a copy of the Pondi- cherry éditions of 1842 (pp. 139, 12"), and 1868 (pp. 121, 12°).

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13. Besides the Pondicherry éd. of 1842 of Luttêrin att'-iyal pu (pp. 38, 12"), the Brit. Mus. Cat. (1909) mentions too other éditions from the same place, one of 1847 (pp. 32, 12°) and another of 1868 (pp. 33, 12°).

14. Tonnul Vilakkam is a grammatical treatise on the Higher Tamil, comprising sections on ortho- graphy, etymology, composition, prosody and rhe- toric.

(( The Tonnul Vilacam )), wrote A. Muttusami Pillei, (( was lately printed at Pondicherry by one of the native Tamil Christians, but I am extremely sorry to say it is qui te incorrectly donc, because the proof- sheets of the work were examined by an illiterate Hindoo, who, without understanding the plan of Father Beschi, made several omissions and useless additions to the work.

The Brit. Mus. Catal. {Op. cit.) quotes : [Ton-nûl- vilakkam. A Grammar, ascribed to Beschi, and founded on older native works. Edited by Srlnivasa Râghavâchâriyar, with a life of the author in Tamil by G. Mackenzie Cobban. Second Ed.] pp. viii, 268, 6. [Madras, 1891] 8".

15. The Tranquebar édition of Beschi's Clavis... subUmioris TamuUci idiomatis is dated 1876. The full title is :

* Clavis I HuTïianiorum litteimrum \ subltmioris TamuUci Idiomatis \ Auctore \ R. P. Constantio Josepho Beschio \ Societatis Jesu [ In Madurensi Regno Missionario. \ Tranquebar. | Printed for

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A. Burnell, | By the Evangelical Lutheran Mission Press. I 1876. | pp. viii + 171 (205 X 13).

In the préface (p. m) we read : aBeschi's treatise on the so-called High Tamil and on Tamil Poetry and Rhetoric is hère printed for the first time from a manuscript corrected by the Author himself. The Rev. K. Ihlefeldhas undertaken the laborious task of editing it precisely as it stands in the manuscript, for correction could hardly be allowed in this case... This manuscript was purchased on the sale of Dr. Babington's Library, and he got it from Mr. J. W. Ellis, who had a search made, about the beginning of this century, for Beschi's manuscripts. The Tran- quebar Mission, wich printed the first édition of Beschi's Kodun Tamil Grammar in 1738, now also publishes the fîrst édition of his more important work. Tanjore. 1876. A. B. »

Besides the Toiinul Vilakkani and the Clavis... Sublimions Tamulici Idiomatis, B. G. Babington mentioned in 1822 a Tamil Grammar of the Higher Dialect written in Latin, of which he made a transla- tion in 1814, «which, having become the property of the Madras Government, is now, as I learn, under course of publication at their Collège Press' ». This, we suppose, is Babington's A Grammar of the High Dialect of the Tamil Language termed S hem Tamil... Madras, Collège Press, 1822, erroneously placed by Sommervogel under No. 15.

1. Cf. Babington's Adventures of the Gooroo Paramartan, London, 1822, Op. cit.

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Babington refers still to anotlier Grammatical Trea- tise in Latin relating to the Higher Dialect.

16. (( The very faiilty translation » made of Beschi's Grammar of the Low Tamil must be one printed at Vepery. Muttusami Pillei spoke of it in 1840 as « recently » published. Babington, on the contrary, stated in 1822 that it had been long before the public. It can hardly be any other than that of Chr. H. Horst printed at Vepery in 1808.

To the éditions of Beschi's Grammar of the Low Dialect must be added : A Grammar of the Common Dialect of the Tamulian Language, translated by G. W. Mahon, Madras, 1848. A fuller description is wanted.

We complète Father Sommervogel's description of the Madras Collège édition of 1813.

* Grammatica \ Lalino-Tamulica | in qua de \ Vulgari Tamulicœ Linguœ Idiomate \ Kodun Tamil [transcription of the Tamil] | dicto \ fusias tractatur. I Auctore \ P. Constantio Josepho Beschio, \ E So- cietate Jesu, et in Regione Madurensi, \ apud Indos Orientales, \ Missionario. | Apud Madraspatnam, ] E Typographeo [sic] Collegii, 1813. |

At verso : « R. P. Constantii Josephi Beschii Vul- garis Linguse Tamulicœ Idiomatis Grammatical nova hsec Editio, primœ Editionis Exemplari, cum Ms. eodem fere tempore exarato, diligenter collata, et Paradigmatibus quibusdam aucta, studiosorum in usum, nunc tandem in lucem prodiit, cura atque opéra Collegii Madraspatnensis Prsepositorum ».

Fol low the names of eight of the Directors of Fort

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St. George's Collège, the first three being : J. W. Ellis, F. Babington, and A. D. Campbell.

PP. iii-vi. Beschi's préface, datecl : « E Missione Madurensi, 4 Kal. Jan. 1758» -f~151 + 4 unnumbered, containing index + 2 of errata.

17. Chatiu^ Afjarcidi consists of four distinct dictionaries. Tins work was printed by the Board of Superintendence of Fort St. George, at the Collège Press, in 1824, and reprinted by Rev. J. Smith, of the London Missionary Society, at the Church ^Mission Press, Madras, 1835.

The British Muséum Catalogue describes the Madras édition of 18.24, Madras, as edited by Tan- dava-râya Mudaliyâr and Râma-chandra Kâvi-ràyar (pp. I, II, 179, 33, 20, 86, 31, 36, ii, 139, ii, vi, 4°).

There is an édition printed at Madras in 1880 (pp. 416, 3°). Edited by T. Kuppusâmi Mudaliyâr.

Father David's édition of Pondicherry (1875) is alone fully described by Sommervogel.

18. Beschi's Tamil-Latin Dictionary has pro- bably gone through several éditions. The same might be supposed about his other lexicons. Leaving to others, better situated and equipped than ourselves, the task of noticing them, we describe an édition of Trichinopoly.

* A. AI. D. G. I Vidgaris Tamulicœ Linguœ \ Dictionariuin TainuUco-Latinutn \ additis in prœj'a- tione aUqiiot regidis \ necessario prœlegendis. \ Auctore P. Constantio Josepho Besc/uo \ Societatis Jesu Misssionario. \ Trichinopoly. | Excudebat Pakkiam Pilley, | Filius Vethanayagam Pilley, |

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Typis u South India Times » dictis. | 1888. | 12", pp. 1-16 : Beschi's préface; + 1-590 + 1 errata + v ad- denda -h XVIII appendix.

A. M. D. G. I [The 3 first lines correspond tolinesS, 3, 6 of the above. Then : ] (Supplementum) | Tri- chinopoly. | [as above] | 1884. | 12", pp. 247 -f- v of errata and omissa.

Babington, writing in 1822, stated that he had ms. copies of Beschi's Tamil-French and French-Tamil Dictionaries, and that the Latin Dictionary', «a most valuable work » of Beschi's was being printed at the Collège Press at Madras*.

Among the Mackenzie mss.. Madras, there is a ms. copy of Beschi's Tamil-French Dictionary (1 vol., 4°) dated 1774; also a French-Tamil Dictionary (1 vol., small 4°), the compiler of which is not known.

MS. E. Whether Father Beschi is the author or not of a Tamil and Latin Commentary of Tiruvaliuva's Kurral reim^ins to be decided. Eug. de Sicé, writing about the same time as Muttusami Pillei (1841) said that Beschi's Tamil commentary existed, but what was wanted for European scholars was the Latin commentary.

Muttusami Pillei gives the foUowing interesting particulars on his discovery of a Latin translation of the first two « parts» [r^ead : books], Arrapal and Po- riUpal of the Kurral. a In 1816, I was sent by the late

1. Tamil-Latin.

2. Cf. Babington's Tlie Adronturcs of tho Gooroo Puvainar' iun, Op. cit., pp. IX and 67.

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Mr. EUis aud A. D. Campbell, Esq., to the South to procure useful works for the Collège. In mj' search of books of that description, I found araongst several Works of raerit a Latin translation of the Curai, which I forwarded along with other manuscripts to Mr. Ellis... I further beg to add some particulars which I learned from the sons of Beschi's Catechist ' regarding the original copy of the Latin translation of the Cu- rai. There were two original copies of that work, one without, another with the Tamil text of Tiru- valluver. It was uncertain who wrote the former, but it was supposed to hâve been written by Beschi. It is well known to the sons of Beschi's Catechist that the latter was written by the Révérend Father Julius Caesar Potensa [Potenza, S.J.], the immédiate successor of Beschi, under whom the said persons were disciples at the Church situated in Porthacoody, in the district of Trichinopoly, and they were présent when the said work was executed by Father Po- tensa. Thèse persons also gave me a small book which is with me still, written by Father Potensa. On my comparing the little book with the Latin translation of the Curai, I found that both had been written by Potensa himself. On my producing both the ori- ginals to Mr. Ellis, he was unable to ascertain whether Beschi or Potensa was the translater, as

1. Dayriyam Pillei and Amirda Pillei, who were the sons of « Chowrimootoo Pillei», Beschi's Catechist. a They gave me much information respecting the life of Beschi, as well as his valuable works. I met them at Cariyan Putti, a village which is about midway between Tanjore and Trichinopoly ». A. M. P.

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there was no title-page to either of the copies; but lie was inclined to décide in favour of Potensa, be- cause the manuscript was in his handwriting. He lias therefore merely alluded to his translation as the work of the « Latin Commentator » and intended to enter more fully into the subject in the préface to his own translation, whicli unhappily he did not live to hnish. The portion translated by Mr. Ellis himself was intended to comprehend the fist part only, called Arappal on virtue, containing twenty four chapters.

« In pursuance of this resolution, eighteen chapters of the Curai were translated and exemplilied with quotations from the best Tamil authors : of thèse chapters whicli he translated, thirteen only were printed and the rest are with me still in manuscript, as Mr. Ellis died before he could complète the task he had undertaken. »

In Mr. Ellis translation an analysis of the construc- tion of each distich is given. Babington stated in 1822 that 777 pages [of Ellis ms. ?] were already printed', and expressed the hope that this curions work would be carried on to its conclusion by some- one of the many Oriental scholars in Madras'.

We notice next Dr. Graul's édition of the Kurral.

* Kural of Tiruvalluver. j High- Tamil text |

1. «Mr. F. W. Ellis... printed a small portion ot the Kurral, with copions notes and illustrations. The sheets of this unfi- nished work (304 pages) can still be had». Cf. Rev. G. U. Pope in , The Sacred Kurral', London, 1886, p. v.

Published without titie page or date, with translation and commentary in English (Madras, 1816? pp. 304, 4°). Cf. Biit. Mus. Cal., Op. cit.

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witli j Translation into Comraon Tamil and Latin, | Notes and Glossary. | By | Charles Graul, D.D. | Late Director of the Leipzig Evangelical-Lutheran Missionary Institution | Published after the author's death | by | William Germann, | Evang.-Luth. Mis- sionary, I Leipzig : | F. A. Brockhaus, | 1865. | Tranquebar Mission Press. | pp. x -1-335, 8°.

It forms vol. IV of Graul's Bibliotheca TamuUca, printed at Tranquebar and published at Leipzig (1854- 1865).

At pp. v-viwe read : <( The Tamil text of the Ru- ral, which I hère give, is principally based on the printed éditions of Vethagirimutheliar, Saravanape- rumaleijer, and Kuppeijar, and also on the old Com- mentary of Perimelazhacher, as well as on the text which Beschi followed in his own translation of the hrst books both in manuseript.

(( The Latin translation is as faithful as possible. It is due to the Rev, Brotherton,.. . and to Mr. Clarke... that for the first 2 books. I hâve been able always to consult the Latin translation by the famous Beschi... which hitherto existed only in manucript. Beschi's translation is rather paraphrastic and gives the Ta- mil conceptions a more or less Christian» colouring, I had intended to subjoin the whole of it, but... I hâve confined myself tomentioningamong the « notes » such déviation from my own translation as seeraed important or interesting. »

Dr. Pope remarks : a Dr. Graul published an editicni in Leipzig and London, in 1856, witli German and Latin translations. Valuable, thougli incomplète,

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owing to his lamentable death. It lias serions mis- prints. » (Cf. Op. cit., p. IV.)

In 1886 appeared' The Sacred Kurral of Tiruval- luva~Nô,yanâr. With Introdaction,Grammar , Trans- lation, Notes {in which are reprinted Fr. C. J. Bes- chi's and F. \V. Ellis' Versions), Leœicon, and Con- cordance. By the Rev. G. U. Pope, M. A., D. D... London : W. H. Allen & Co., ..., 1886.

(( The Ms. from which I hâve edited the Latin translation of the Kurra] (generally attributed to Beschi) belongs to the India office Library, and is supposed to be the only one in existence. It seems to hâve been written at least a century ago. This copy (not quite perfect) belonged to Francis Whyte Ellis. Some missing chapters hâve been supplied by Thomas Brotherton of the S. P. G., I know not from what copy. One sheet of the India office Ms. is in thehandwritingof William Henry Drew '. Dr. Graul used this Ms. for his work. Sir Walter Elliot pre- sented it to the Library in 1877. It was evidently transcribed by a native, and mistakes occur'. The Latin, it will be seen, is tinged with Tamil, but will help the student more than a more strictly classical version. The Editer bas had to amend the text occa-

1. "The Rev. "W. H. Drew, a raissionary of the London Society in Madras, pubHshed himself an édition of the Kurral of 63 chapters, with English translation, and additional notes by Râmânuja Kavirâyar... » Cf. G. U. Pope, Op. cit., p. v, and Ca(al. of Tamil books in Brit. Mas., 1909, s. v. Drew (W. H.).

2. If the transcription is by a native, what then has become of tlie copy discovered by A. Muttusami Piliei, which was either in Beschi's or Potenza's writing?

sionally, but bas generally allowed doubtful tbingsto appear as in tbe Ms. »

It will be found tbat tbe Latin text bas been edited almost completely by Rev. Dr. Pope. He refers to it as Bescbi's. Tbese translations do not extend, bowever, beyond Bk II of tbe Kurral. In wbose favour, Bescbi's or Potenza's, sbould tbe question of autborship be settled ? Such a feat as the translation and tbe Tamil commentary of tbe Kurral could not bave been acbieved except by a first-rate scbolar. Sucb a man was Bescbi. Fr. J. Bertrand attributes to him tbe Latin and Tamil cominentaries of tbe KurraV . On tbe otber hand, even tbougb we know notbing of Fatber Potenza's linguistic attainraents, and bis name is not even mentioned in Sommervogel, tbe fact tbat it was in Potenza's writing, and tbe empbatic déclaration of tbe sons of Bescbi's catecbist, who bad known Fatber Potenza writing it, oblige us to pause.

Concerning tbe présent wbereabouts of Mr. Ellis' Mss. of the Kurral, Dr. Pope says tbat tbey were left to himself by tbe eminent orientalist Sir Walter Elliot, and deposited in the Bodleian Library . « There are in them some unpublisbed translations. His texts are often incorrect, and bis translations in gênerai bave not bad tbe benefit of careful revision*. »

1. Cf. J. Bertrand, S. J., La Mission du Maduré... T. W, Paris, 1854, pp. 366-367.

2. Cf. Rev. G. U. Pope, The Nàladiijâr or Foui- kundrcd Quatrains... Oxford, Clarendon Press, 1893, pp. xl-xii. See also Burneirs South-Indian Pnlœo<jrapliij, p. 35.

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Ms. copies of tlie Caturakarâdi, Torinulurai , aild Vediijarolukkam are mentioned in Alpliab. Index of ■Mss. in the Gooernment Oriental Mss. Lihrary, Madras, 1893, pp. 5, 9, 13, of Tamil Mss.

Finally, we may refer the reader to H. H. Wil- son's Descriptive Catalogue qf the Mackenj^ie Mss., Madras, 1882, p. 224 (No. 30), p. 230 (ko. 66), pp. 239-242 (Nos. 1, 2, 3, 5, 9, 10).

One of the best authorities on the sabjèct of Beschi's bibliography and that of the Madura Missionaries generally, was the Rev. Marcellinus Turlan, S. J., of the Madura Mission. In 1909 we submitted thèse notes to him, and received some useful hints. They suggested to him to undertake wilhout delay a work which hehadoften contemphKed, that of collecting, descril)- ing, collating and pubhshing the best éditions and Mss. of Beschi's writings ; but the prématuré death in 1909 of this promising young Missionary frustrated tliis project.

H. HOSTEN (S. J.), Calcutta.

KÀDAMANJARI

LE BOUQUET DES HISTOIRES

Contes tcunouls traduits pour la première fois en français

(Suite)

LXVI

Dans la ville nommée Sandânataru, le roi, nommé Yogasiltan, gouvernait avec excellence. Aussi chacun dans ce pays se conduisait en faisant le bien et ja- mais le mal. Les nommés Madiyogy et Adiyugy vinrent faire une visite au roi. Avec quels hommes, leur demanda celui-ci, est-il possible de se lier d'amilié? et avec quels hommes l'amitié est-elle impossible? Ma- divûgi dit au roi : dans un village nommé Àt't'ur un cultivateur, nommé Tarumajilan, élevait un chien et ne s'en séparait jamais. Un jour le cultivateur se dit : il faut que j'aille me baigner. Il se dirigea vers l'é- tang. Mais le chien, qui avait précédé son maître, ayant apeiçu dans l'eau un crocodile, revint vers son maître en courant et en aboyant, et il l'empêchait d'avancer. Le maître chassa le chien, mais, au mo- mentoùil allait descendre dans l'eau, le chien le sai- sit avec les dents par ses vêtements, et le tira, et l'arrêta de nouveau. Mais le maître, ayant frappé l'ani-

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mal d'un coup de pied, descendit dans l'eau. Alors le chien eut celte pensée : si le crocodile, qui se trouve dans l'eau, l'ayant saisi, mâche et dévore pour sa nour- riture mon maître qui me nourrit, quels sont ceux qui me feront manger? Il est nécessaire de défendre celui qui vous aime. Alors il tomba le premier dans l'eau. Le crocodile le saisit, l'entraîna, et, comme il partait avec sa proie, le cultivateur l'aperçut et dit : ce chien a pour moi sacrifié son corps, et, en disant ces paroles, il fut affligé. Il faut donc aimer, dit Madiyagi, celui qui est semblable à ce chien. Adiyugy s'exprima à son tour en ces termes : un roi avait placé un bon cornac auprès de son éléphant. Tous les jours ce cor- nac allait le faire baigner dans la rivière et lui donnait la quantité de riz cuit nécessaire pour sa nourriture. Un jour il prii pour son usage une boule de riz qu'il avaitcachée. Il a volé du riz, se dit l'éléphant, et, sans songer à celui qui chaque jour s'occupait de son entre- tien, il le tua. Ainsi il n'est pas convenable de se lier d'amitié avec un homme semblable à cet éléphant. Le roi, ayant écouté (ces deux conteurs), manifesta une grande joie et rendit hommage à tous deux.

C'est pourquoi, il ne faut contracter d'amitié qu'avec une personne, dont on a auparavant étudié à fond le Caractère.

LXVII

Un pauvre brahmane, dans le désir d'obtenir des richesses, faisait pénitence pour son seigneur sur le

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côté Ouest d'un étang. Voyant cela, un brahmane, qui vivait dans une maison auprès de ce pénitent, fit pénitence pour ce seigneur sur le côté Est de cet étang. Quelques jours après, le seigneur vint auprès de l'un deux et lui dit : que te faudrait-il, à toi ? Celui qui fait pénitence de ce côté-ci, que vous deman- dera-t-il ? Il me faut le double de ce que vous lui don- nerez. Le seigneur se rendit auprès de l'autre brahmane et lui dit : quelle chose te serait nécessaire? Que vous a demandé, répond ce pénitent, celui qui se trouve de ce côté-là de l'étang? Il m'a fait savoir que le double de ce qui te serait donné lui était néces- saire, dit le roi. Alors ce brahmane, poussé par la ja- lousie, pensa : est-ce que celui-là aura des richesses en abondance? et il s'écria : ô maître! la perte d'un œil m'est nécessaire. Le roi dit en plaisantant : c'est bien. Lorsque ce brahmane eut perdu son œil, les deux yeux de l'autre furent aussitôt crevés.

Ainsi l'homme, doué d'un caractère jaloux, pen- sera toujours que le malheur d'un autre est pour lui une bonne fortune, et dans ce cas il ne verra pas son propre malheur,

LXVIII

L'épouse du roi de Maduré, ayant regardé un jour le roi, lui dit: vous donnez mille pagodes de traite- ment à votre ministre, dont le travail sans fatigue con- siste à converser avec vous, tandis que vous ne don- nez en moyenne que le traitement mesquin de deux

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à trois pagodes aux autres serviteurs qui en tout temps se donnent de la peine et sont occupés nuit et jour : cela ne me semble pas juste. C'est bien, dit le roi. Regarde bien (ce qui va se passer), et je te ferai clairement connaître la raison (de celte différence). Il prend alors deux cassettes qui se trouvaient près de lui, y met de la cendre et des cheveux, et appose son sceau sur le couvercle ; puis, ayant fait venir son ministre et un serviteur désigné par sa femme, il remet à chacun d'eux une des deux cassettes, en leur disant : allez tous les deux séparément auprès des deux rois, don- nez-leur une de ces cassettes et revenez aussitôt. Ils partent d'après cet ordre royal. Le ministre, en voyant le roi Siren, lui dit : le roi de Maduré m'a ordonné de me retirer après t'avoir remis cette cassette ; en même temps il la lui donna en le priant de la garder comme sa propriété. Le roi Siren l'ouvre, et, à la vue de la cendre et des cheveux qui s'y trouvaient: ah ! qu'est- ce que cela? dit-il avec colère. Alors, dès que le minis- tre voit par lui-même ces objets de la cassette, voici ce qu'il dit au roi : hélas I notre roi a fait un sacrifice, d'où s'est formé un démon, dont il vous envoie en pe- tite quantité la cendre des dents et les poils de la che- velure. Ce sera pour vous la cause d'un grand bon- heur et conservez avec soin ces choses précieuses. Dès que le roi de Siren entend ces paroles, il est au comble de la joie et décerne au ministre de grands honneurs, puis au roi de Maduré, qui avait envoyé

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la cassette, il adresse de nombreuses et précieuses ri- chesses. Quant au serviteur, qui avait accepté d'aller chez le roi de Sôjen, après avoir salué respectueuse- ment ce dernier, il lui remet la cassette. Alors le roi ouvre et aperçoit les cheveux et la cendre. Qu'est- ce que cela? dit-il. Le serviteur, ayant regardé le con- tenu de la cassette, ne put dire même un seul mot. Aussi le roi s'écria avec colère : est-il possible que l'on m'inflige un tel afl"ront ? En disant ces mots, il saisit le serviteur, le frappe et le chasse. Au retour chez le roi de Maduré du serviteur et du ministre, le roi fait connaître à sa femme tout ce qui s'était passé, et lui dit: à qui convient-il de donner un gros traitement? dis- le moi. La reine, toute honteuse, ne trouva rien à dire.

LXIX

Dans un certain pays un roi nommé iVêrandira, étant parvenu à l'âge viril, ne demandait qu'une chose aux poètes qui venaient le visiter : connaissez-vous des histoires ? Quand il avait écouté toutes les histoires connues de ces poètes : n'en connaissez-vous point d'autres ? leur disait-il d'un ton méprisant ; partez donc. Un poète, ayantcomprispourquoiceuxquivenaient dans ce pays étaient ainsi congédiés d'un ton de mé- pris, va trouver le roi, qui lui dit : quel est ton nom "> Océan des histoires, répond en plaisantant le poète. Mais combien connais-tu d'histoires? Le nom d'Océan des histoires me convient très bien à cause

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du nombre infini d'histoires qui me sont connues. Alors raconte-moi une iiistoire, dit le roi. Le poète parla en ces termes : ô prince ! dans un étang long de six mille yojanas et large de quatre mille, serrés étroitement des nénuphars s'épanouissaient. Cent trillions de cygnes aux ailes d'or descendirent dans cestleurs, et à ce moment la pluie avec le vent commença de les frapper. Alors les oiseaux ne purent supporter cette souffrance et se glissèrent dans l'in- térieur de la caverne d'une montagne, qui était tout près de là. Ensuite qu'arriva-t-il ? dit le roi. Un cygne se détacha de la foule qui l'entourait. El puis qu'arriva-t-il ? Un autre cygne s'en alla. . . . Ainsi, toutes les fois que le roi l'interrogeait, un autre cygne sortait de la même manière. Le prince eut honte et, reconnaissant qu'il était difficile de vaincre ce poète, il le congédia, après l'avoir complimenté et lui avoir fait de riches présents.

LXX

Un roi, poussé par le désir des richesses, imposa aux habitants des impôts nouveaux sur une grande partie des récolles des rizières en pleine production, des champs de terre à menus grains. . . etc., sur les moissons desséchées en herbe, sur les terres labourées, mais abandonnées après le labour, sur les arbres qui ne donnent pas de fruit. Far la perception des impôts et par les amendes importantes il acquit des richesses,

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mais, de plus en plus l'argent manquant aux habitants, il leur infligea de si nombreuses punitions que son gouvernement devint tyrannique. Leshabitants, affligés, cessèrent de boire même de l'eau de riz et de s'habiller même de haillons ; aussi ils éprouvèrent pour leur roi de l'aversion et souhaitèrent la venue d'un prince étran- ger. Le ministre à cette nouvelle, réfléchit et se dit en lui-même : il va arriver malheur à mon roi. Lorsque par ignorance le roi en arrive à commettre des fautes, un ministre, n'est-ce pas? doit parler en sa faveur et le défendre, fût-ce même au péril de sa vie. Après avoir fait ces réflexions, il parla au roi en ces termes: hélas ! un objet placé sur une boule de pierre qui roule n'y est pas plus en sûreté que les familles placées sur la tête d'un roi qui n'a plus l'afîection de ses su- jets. Aussi, comme les habitants de ce royaume n'orit plus de tranquillité, vous perdrez votre royauté et vous prendrez la fuite. C'est avant la rupture de l'étang que vous devez construire une digue ; il faut vous proléger avant l'arrivée du mal : il y a pour cela divers moyens. Mais de quelle manière l'accord se fera-t-il avec les habitants ? dit le roi. A des habitants lassés, dit le ministre, il faut avancer de l'argent, et percevoir des impôts raisonnables sur tout ce que les laboureurs ont fait pousser par les semailles et les labourages; il faut traiter avec égalité les indigents et les puissants; il faut mettre un terme aux grandes punitions et aux grosses amendes. Si vos sujets sont ainsi protégés, vous recou-

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vrerez votre royaume avec tous ses avantages. Le posses- seur de champ, étant protégé, d'abord fournira aux rejetons de l'engi'ais, arrachera les mauvaises herbes, arrosera abondamment et entourera ses terres de haies ; ensuite, n'est-ce pas? il jouira d'excellents avantages. Le roi, en écoutant ces conseils, apprit la vérité et il s'efforça de suivre ces prescriptions. Ainsi le roi, qui n'a pas le bonheur de posséder l'amitié d'un bon mi- nistre, est comme un voyageur sans yeux.

{A suivre.)

Gérard Devèze.

LES MOTS

ARABES ET HISPANO-MORISQUES

DU « DON QUICHOTTE »

{Suite)

(63-67.) Bogiganga, (Moganga, Mogicon, Mogato, Mojate).

« Quisô la suerte que llegase uno de la compa- hia, que venta vestido de bogiganga con muchos cas- cabeles... » (2® p''', ch. XI). « Le hasard vouhil qu'un membre de la troupe se présentât vêtu de son cos- tume de théâtre 2lwx nombreux grelots. »

Viardot traduit bogiganga par « costume de fou de cour ». Ce n'est pas le sens qui convient ici; les cascabeles l'ont trompé. Le véritable sens est « dé- guisement »; de là, par extension, « troupe ambu- lante de comédiens ».

On comptait du temps de Cervantes huit divisions professionnelles dans le monde des acteurs. Au dernier degré de l'échelle, il y avait, d'après le picaresque Viaje entretenido (Lerida 1611, 48) de Agostin Rojas de Yillandrando', le bululû, qui allait

1. On trouve de curieux détails pour l'histoire du théâtre espagnol dans le tableau plein de verve, d'originalité et de li- cence qu'il a tracé de la vie des comédiens. Scarron s'en est certainement inspiré.

5

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seul, à pied, de village en village, et déclamait de courts morceaux devant un auditoire composé de quelques oisifs. Venait ensuite le naque, réunion de deux acteurs capables de jouer un intermède et deux ou trois prologues ; ils disposaient d'une barbe de laine et d'un tambourin. La gangarilla était l'association de trois ou quatre personnes au moins, y compris un bouffon et un jeune garçon pour les rôles de femmes. Le cambaleo était plus complet, car il comprenait une femme encadrée de cinq hommes, capables de représenter des pièces régulières et même de chanter, c'est-à-dire de hurler. La garnacha élevait plus haut ses prétentions ; cinq ou six hommes, une femme pour les premières amoureuses, un jeune garçon pour les secondes et les ingénues composaient cette troupe qui était à la tète de quatre comédies, de trois autos ou pièces en un acte et d'autant d'intermèdes. Venait ensuite la bogigaiiga dont les membres n'étaient déjà plus de vulgaires baladins, mais de véritables acteurs, jouant en nombre, possédant une certaine organi- sation, un répertoire plus varié et quelque matériel. La farandula approchait d'une troupe complète, voyageait à cheval ou en chariot, menait une cer- taine aisance avec elle, trouvait partout accueil et succès. Enfin, au sommet de l'institution, était la compania^ qui comptait seize acteurs ou actrices, un caissier, un personnel de trente employés, voya- geait en litière, en carrosse, à cheval, sur des mules, mais pas en chariot, et qu'un bagage pesant accom-

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pagnait. La plupart du temps un directeur de comé- die faisait fonction d'acteur et d'auteur '.

Bogiganga résulte d^me altération phonétique, très légère et très simple en soi, de mogiganga, le vrai mot, dont le sens « mascarade nocturne avec têtes d'animaux », tout en étant moins général, n'offre cependant pas la précision de l'original arabe. M s'est changé en 6, comme il est arrivé pour bandi- bula = mandibula, bandurria = (ilal.) mandora, canamo = cannabis, Jaynie = Jacobus, jabalon (charpente de toiture) = (ar.) djamaloitn, (pg.) ba- raçon = (ar.) maras.

Mogiganga ne s'en est pas tenu là. En vertu du principe du moindre effort, ce mot s'est syncopé en MOGANGA. Or moganga, portugais moganguice, mo- CANQUicE, s'est réservé la signification de « geste » et de « visage », très intéressante parce qu'elle est restée de tout point conforme à ce que va nous apprendre Tétymologie.

Les glossaires de Dozy et d'Eguilaz semblent Ignorer l'existence de mogiganga et de sa variante bogiganga; il n'y a de mention que pour mogangas (plur.), qui représente, suivant Dozy, le mot arabe GHOUNDJ, emprunté du persan ghondj. On désigne par ces mille jeux de physionomie, ces gestes, ces attitudes qui constituent la « mimique particu- lière aux amants ». Il eût été bien surprenant qu'un terme aussi usité ne trouvât pas d'écho et ne se fixât pas dans la péninsule. Burton ne prononce pas le

iq07 ^^' ^^^^^^^'^^^'^^^^^'^^^P^^^^^^J-Dieulafoy.dansleJ". U.A.,

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mot, mais c'est tout comme s'il le faisait : « Yet even on this solemn occasion \ there is, they say, not a little flirtation and love-making... The men swaggered, the women minced their steps, rolled their eyes, and were eternally arranging, and co- quettingwith their head-veils » [Pilgrimage to Mecca, I, p. 108). Le voile, qu'on ne lève pas, est un obs- tacle dont on tire parti. Dans la rue, une femme agite cette étoffe mystérieuse d'un mouvement sac- cadé que lui impriment ses doigts dissimulés à la hauteur des joues : ce signal d'initiée, cette mimique clandestine tout ce qu'il est possible à une mu- sulmane voilée de faire en public sans causer de scandale s'appelle ghoundj, l'acte lui-même taghannoudj .

Justifiée de la sorte, l'identification de mogangas est parfaite, mais encore faut-il expliquer la présence insolite du préfixe mo. Il y a une difficulté que Dozy résout ainsi : « La syllabe ino ou mu est de trop ; mais comme une foule de mots arabes com- mence par elle, il n'est pas étonnant que les Espa- gnols l'aient parfois ajoutée elle ne convenait pas » [Gl. sous MOHARRA, p. 316). Et Dozy de citer comme preuves à l'appui moharra et moheda, dont l'origine est beaucoup plus claire qu'il ne le pense, ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le montrer^ et même borcegui, à l'étude duquel nous passerons tout à l'heure. Partant d'une idée préconçue, il a

1 . La fête de la rupture du Jeûne, 'Id el-Fitr, au Caire, l'on prononce ghoung.

2. Tome XLl, p. 127.

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complètement négligé mogiganga pour n'interroger que mogangas, qui en est l'abrégé. Il n'est guère admissible pourtant que, de quatre syllabes dont un mot est composé, la première soit un préfixe de fortune, inutile, arbitraire, et la seconde une épen- thèse sans valeur, bonne à supprimer au cas échéant. S'il y a ghouiidj dans ganga, il y a dans mogi le mot arabe, mohîya. « visage, joues » (litt. « siège de la pudeur »), prononcé mohi à cause de Vùnâla, et qui devait être d'un usage courant parmi les Mores, puisqu'on le trouve chez R. Martin, s. v. facies\ Mogiganga ou Mouhi{yâ l-)Ghoundj signifie donc « visage à mimique expressive ». De là, par exten- sion, (( masque, déguisement, troupe de comédiens ambulants ». Point de bogiganga sans un gracioso, point d'emploi de ce nom sans mogangas.

Aussi bien mogiganga n'est pas unique en son genre. Sous mogicon et mogi qui ont même sens, savoir : « coup donné sur la tête ou la face », perce sans aucun doute l'arabe Mouhiya. Ces deux mots sont passés inaperçus ; de même inogigato, mais non mogato, cette syllabe ^o^i paraissant toujours suspecte. A l'égard de mogato l'erreur date de loin : après Cobar- ruvias, Marina puis Miiller s'imaginèrent que mogato ^ « hypocrite » et mogate « vernis qui couvre la faïence, émail » étaient un seul et même mot formé de l'a-

1 . On ne peut faire état de Wadjh, le vrai mot pour « visage », parce que l'esp. aurait dit guexiganga. Cf. Alcalà, s. v. cara que se muda.

2. « Bano ô barniz que cubre una cosa como el del vidriado basto ». (Acad.)

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rabe moghattâ « qui recouvre ». Cette opinion a été admise comme plausible par Dozy, mais sous la réserve que lui même n'a trouvé nulle part en arabe des mots dérivés du verbe gfiattà signifiant « hypocrite » ou « vernis ».

Cette identification de mogate, un terme de métier, doit être la bonne. Mais mogato, c'est-à-dire mo- gigato attend quelque chose de mieux, par exemple Mojihi[yâl-) Qatt^ proprement « visage de chat ». Si môme on osait songer à supprimer la première syllabe de mogato, ce qui resterait du mot suffirait encore pour rejeter la comparaison entre une couche de vernis et un hypocrite. On conçoit d'ailleurs sans peine que l'espagnol, qui agato (catus) pour « chat », se soit incorporé un complexe exprimant une idée commune à tous au moyen d'un mot commun à plusieurs idiomes'.

(68-70.) Borcegui, Alfanje, Tahali.

« Traia unos borceguîes datilados y un alfanje morisco puesto en un tahali que le atravesaha el pecho » (l'e p'% ch. XXXVIl). « Il portait des brode- quins de maroquin fauve et un khandjar arabe passé dans un baudrier qui lui barrait la poitrine. »

« Los borceguies eran datilados y encerados Los zapatos » (2® p'®, ch. xviii). «Les brodequins étaient de maroquin jaune et les souliers noircis au cirage. »

Les contradictions auxquelles on se heurte, quand on consulte tel glossaire spécial ou tel dictionnaire

1. Qlit., vulg, Qati provient du latin par l'intermédiaire du syriaque. Cf. Frœnkel, l. c, p. 113.

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général sur l'origine de borcegui, port, rorzeguim, et de ses succédanés l'ital. borzacchino. le fr. rrois- SEQUIN, puis BRODEQUIN, et le fl. RROSEKEN, montrent trop bien que la question est délicate et qu'elle mé- rite « du retour ».

Après Millier qui se fourvoie en proposant brou- sawy (= de Brousse), Dozy découvre une piste sérieuse, la vraie, pour tout dire, mais qui ne le mène pas encore au but. Grâce à sa sagacité d'orien- taliste, un résultat très appréciable cependant est acquis. Malgré cela, pas un de ceux qu'intéresse rhistoire des mots, sauf Devic, n'a l'air de s'en douter. Le premier qui s'avise de le corriger s'en- fonce très à la légère dans la plus lourde des er- reurs, laquelle est malheureusement admise par le suivant comme l'opinion la mieux fondée.

« Le borcegui^ dit Cobarruvias, est une botte mo- risque à semelle mince, par dessus laquelle on chausse des mules ou des souliers. C'est la chaussure en usage parmi les Ginetes (transcr. de Zenâta) et surtout des Mores. Or les borceguies de Marrakech jouissaient autrefois d'une grande renommée, à preuve cette vieille chanson :

« Voilà, voilà par il vient, Le More, par la chaussée !

Brodequin

Marocain, Eperon d'or rehaussé !

On le voit, le mot borcegui, sinon l'objet qu'il désigne, est positivement originaire d'Afrique. En outre, on n'a pas de peine à reconnaître ici soit le

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Khouff des anciens Arabes, qui se recouvrait du DJarmoûq , pantoufle sans quartier postérieur munie d'une forte semelle, ou du Moûq, botte forte, le sermoûzè et le mouzè des Persans, soit le mest turc, Best en Algérie, Mezd ou Mezz en Egypte, soit le Temeg maghrébin, qui n'est autre que l'ancien tou- jnaq des Turcs (Cf. Dozy, Vêt. ar.). « Leurs chausses, dit Jean Thenaud parlant des habitants du Caire, sont de toilles clouses comme chausses de mari- niers, et telles les portent leurs femmes avecques brodequins et patins ou souliers paincts et dorez, » [Voyage d outremer, p. 56). Marmol dit également qu' « elles ont de petits brodequins ou des bottines à la turque très propres » (Descr, de Affrica, trad. par Perrot d'Ablancourt, III, p, 290). En résumé, le borcegui marocain n'était pas autre chose qu'une espèce de bas de cuir souple et large. Ce genre de chaussure présente plus d'une commodité : par exemple le musulman, qui a pour devoir de se dé- chausser avant défouler du pied son tapis de prière, peut garder ses tenieg, comme un autre sa paire de bas.

{A suivre.) Paul Ravaisse.

BIBLIOGRAPHIE

Verbi vascoiiici... in Novo Teslaniento adhihiti formulas composuil E.S. DoDGSON.Oxoniae,MCMXII, in-8°, (ij)-200 p. (Saint-Luc).

La Revue s'est occupée plusieurs fois déjà des ou- vrages de M. Dodgson. La présente brochure est la continuation d'un travail d'analyse minutieuse sur les formes verbales du Nouveau Testament basque de 1571. On y trouve les mêmes défauts que dans les précédentes publications : abréviations trop multipliées et confuses, ordre alphabétique un peu arbitraire, réflexions inattendues. Mais M. Dodgson est un de ces hommes qui ne sont pas faciles à con- vaincre de leur erreur et qui s'obstinent envers et contre tous dans les fantaisies de leur esprit. Il persiste à appeler Leizarraga le traducteur du XVP siècle, ancien prêtre catholique que tout le monde appelait et a toujours appelé Liçarrague comme il signait lui-même. Il faudrait donc dire Omeros, Virgilius, Wien, il Tasso, par exemple, et non Homère, Virgile, Vienne, le Tasse. M. D. s'avise aujourd'hui d'une autre proposition inattendue; on a constaté entre les divers exemplaires connus du Liçarrague deux petites différences, et cela suffît au basquisant amateur pour supposer qu'il y a eu deux

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éditions du livre dans la même année ; outre l'im- possibilité qu'il y avait à la fin du XVI® siècle de publier en 4 mois 2 éditions d'un volume de plus de 1.100 pages, il n'est même pas nécessaire de con- naître les choses de l'imprimerie pour voir que les différences signalées sont des changements faits par l'auteur lui-même, les composant au cours de l'impression, ou des accidents survenus pendant le tirage.

Le volume, d'ailleurs très bien imprimé, contient, comme d'ordinaire^ dans ses dernières pages un certain nombre de notes et de documents tout à fait étrangers à Liçarrague, au Nouveau Testament, au basque et à la science. Il est revêtu d'une couver- ture d'un rouge éclatant qui fatigue le regard et est

d'un goût douteux.

Julien ViNSON.

Sentence connection illustrated chiefly froni Livy^ by Irène Rye. 1912, s. 1. (Yale), in-8°, x-14 p.

Cette dissertation est une thèse soutenue devant la Faculté de Yale pour l'obtention du grade de docteur en philosophie. Elle n'intéresse donc la linguistique que dans une mesure assez restreinte ; c'est surtout de la philologie et l'étude de plu- sieurs passages de Tite-Live (Livres I, XXI, XXII et XXIIl). Elle est précédée d'une table systématique très détaillée l'esprit philosophique, si j'ose m'exprimer ainsi, apparaît dans toute sa rigueur.

J. V.

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Ueber die Entwickelung des litauischen conjuga- lioiial Saetze, von Ed. Hermann. lena^ 1912, in-8°j 98 p. et 1 tableau.

Contribution très intéressante à l'étude d'une branche très importante de l'Indo-Européen et qui se trouve en même temps avoir été l'objet des tra- vaux les moins nombreux.

J. V.

Catalogue des livres chinois de la Bibliothèque Nationale. Paris, 1912, in-S" Huitième fascicule, n°' 6690 à 9080, par Maurice Courant.

Bibliothèque Nationale. Catalogue des manuscrits, indien, indo-chinois, malayo-polynésien, par A. Ca- BATON. Paris, 1912, in-8°, (iv)-320 p.

Le premier de ces deux volumes est la continua- tion d'un travail consciencieux et difficile de M. Mau- rice Courant. Le second intéresse surtout les lin- guistes orientaux qui y trouveront réunis des ou- vrages dispersés dans plusieurs fonds. Ce n'est d'ailleurs qu'un inventaire sommaire, qu'une réca- pitulation des fiches établies par des bibliographes plus ou moins compétents. Il ne faudrait donc pas rendre M. Cabaton responsable des erreurs, des inexactitudes ou des fantaisies qui pourront s'y rencontrer, comme ce mot « vernaculaire » qui n'a aucun sens en français et n'est qu'une adaptation commode mais maladroite de l'anglais vernacular « local, original, indigène ».

J. V.

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Smithsonian Institution. Bureau of American Eth- nology. Bulletin n" 92. Washington, 1912, in-8", xvj-405 p.

Contient, avec 51 illustrations, un très important

travail de M. Aies Hrdlicka : Early man in South

America.

J. V.

The hundred and eighth report of the British and foreign Bible Society. London, 1912, in-S", (xvj)- 548-336-32 p., 8 cartes.

Rapport au moins aussi intéressant que ses de- vanciers, fait avec foi, soin et méthode. Dans Tan- née, on a publié des textes en huit langues nouvelles, ce qui porte à 440 le total des spécimens linguis- tiques. Les idiomes nouveaux sont le limba à Sierra- Leone et le dabila dans l'Afrique orientale anglaise; le bala chez les Dayalu et le lakhu dans les collines Lushai; le ki^vai dans la Nouvelle Guinée; le Jar- gon chinouk au nord de l'Amérique et deux dialectes bohémiens, le romany oriental parlé en Bulgarie et le romany de l'Allemagne du Sud.

Pour l'année écoulée, le budget s'est élevé en recettes à 258.010 liv. st. (6.450.250 fr.) et en dé- penses à 275.141 liv. st. 0 sh. 8 d. (6.853.500 fr. 80).

J. V.

VARIA

I. La lecture à haute voix

Il n'y a rien de pire qu'une conférence lue ou qu'une leçon faite sur un manuscrit ; aussi beaucoup de professeurs et de sa- vants se sont-ils appliqués à apprendre à lire si bien et si rapide- ment que le public ne puisse s'en apercevoir. Le grand chimiste Wurtz le faisait avec un art merveilleux. J'ai eu souvent occa- sion, dans mes visites, comme délégué cantonal, aux Ecoles de mon arrondissement, de constater que la lecture est généralement mal apprise. On ne sait pas lire à haute voix et j'ai vu les enfants les plus intelligents prononcer mal, hésiter, se re- prendre, s'arrêter mal à propos et ne pas donner aux phrases qu'ils lisaient le ton convenable ; et je leur ai souvent expliqué que pour bien lire, il fallait que les yeux fussent en avance sur les lèvres et autant que possible ne prononeer un mot que lors- qu'on avait pu se rendre compte du sens général du contexte. Le pianiste qui joue à première vue ne fait pas autre chose.

Un autre talent, fort utile au récit, et moins difBcile à acqué- rir qu'on ne pourrait le croire est celui de traduire en lisant, d'im- proviser une traduction, c'est-à-dire de lire en français un texte écrit dans une langue étrangère. La condition indispensable est de lire vite et bien. Si l'on rencontre un mot inconnu ou si le sens d'un passage échappe, on peut toujours tourner la diËBculté en supprimant le mot ou en arrangeant la phrase grâce au con- texte. Ce n'est pas cette trahison qu'on reproche volontiers aux traducteur; c'est un cas exceptionnel et tout à fait spontané. En 1880, Emile Castelar était venu passer quelques jours chez un de ses amis en villégiature à Biarritz. J'eus occasion de lui envoyer

un exemplaire des Études de linguistique et d'ethnographie que j'avais publiées deux ans auparavant en collaboration avec Abel Hovelacque. Le volume lui avait été remis au sortir de table et il l'avait posé sur une console dans le salon. La conversation tomba sur les langues étrangères et Castelar, prenant le livre et lisant au hasard en espagnol une de nos pages, fît voir qu'il n'é- tait pas bien difficile de traduire à Tinstant même dans sa propie langue ce qu'on lit dans une autre. Un effort de ce genre est celui de M. Fauche, le traducteur du Ràinûgana : par économie, il composait lui-même, typographiquement, sa traduction, et il la faisait le composteur à la main en ayant seulement sous les yeux le texte sanscrit.

Mais, à propos de ces vieux souvenirs, je ne puis m'empêcherde pensera cette charmante petite fille, que Castelar aimait beau- coup, et qui était une des filleules de la reine Isabelle ; elle fut un peu vertement tancée par sa mère pour avoir entonné à pleine voix dans le salon une chanson des corps de garde espagnoles, la camisa de la Lola, un soldado se la Ikwô, qu'elle avait sans doute apprise de quelque domestique- race détestable s'il en fut. Mais sont les neiges d'antan ?

J. V. II. logue, -logien, logiste.

On lisait dans le Paris-Journal du mardi 27 février 1912 :

« A propos de V Anthologie des jeunes poètes, parue naguère, un de nos abonnés nous pose ce petit problème embarrassant :

» Comment dire en parlant de l'auteur d'une anthologie? Faut-il l'appeler anthologiste ou faut-il dire anthologue, comme Barrés [Amori et Dolori sacrum, p. 269).

» Les gens qui pratiquent les diverses -logies, s'ils ne sont pas théologiens, sont anthropologisles, biologistes, minéralogistes ou même étymologistes. ils peuvent aussi être astrologues, géo- logues, graphologues, assyriologues onsinaj^lement philologues. Ils peuvent même être indifféremment météorologistes, phréno- logistes, zoologistes ou météorologues, phrénologues, ;zoologues.

» Celui qui trouverait le néologisme convenable en l'espèce

79

qui nous occupe pourrait être à volonté néologtste ou nèoiocjue. 11 pourrait aussi n'être ni l'un ui l'autre, comme ces êtres sans nom qui s'occupent de terminolofjtes ou de nécrologies.

» Les auteurs d'anthologies doivent-ils également rester sans nom ? »

Lors du dernier Congrès des Sociétés savantes du Sud-Ouest tenu à Biarritz en août dernier, un journal de Bayonne a parlé des a Archéologiens » qui ont visité la ville.

J. V.

Dans son n" du 3 mars, le Paris-Journal a publié la note complémentaire suivante : « C'est un de nos abonnés, M. Théo- dore Suran, professeur au lycée de Marseille, qui nous a adressé l'intéressant écho : Problème de linguistique, paru à la première page, 4' colonne, de Paris- Journal, le 27 février. »

IIL Nourriture des baleines.

« Elles vivent aussi d'un petit insecte que les Basques nomment gueld (qui est le psillus marineus ou la puce de mer) qui se trouve dans le Nord » (Supplément Morini, Paris, MDCCXIV, in-fol., p. 171).

IV. Le langage des avocats.

Le Palais, journal des corporations judiciaires : Bouquet cueilli dans le Journal des tribunaux, de Bruxelles et ailleurs :

L'adversaire a revêtu tout cela d'un vêtement juridique qui amplifie son système.

Celte pauvre femme n'a, pour tout potage, que sa chemise.

M. le président : Maître... le tribunal compte sur votre vi- gueur pour lui porter le dossier eu chambre du conseil.

Cet homme est un paratonnerre... que l'on traîne en laisse avec un verre de vin.

La demanderesse touchait à l'âge de virilité.

Les cheminées ne sont, en somme, que des tuyaux verti- caux...

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Le prévenu était accompagné d'une bicyclette et de deux autres messieurs.

Je ne veux pas me fatiguer à lire cette pièce; le tribunal la lira pour moi.

Le tramway arrivait ventre à terre.

La veuve Rousseau n'était qu'un homme de paille.

Oui, c'est de la folie, de la folie méchante, de la folie voulue, de la folie consciente.

V. Langage d'Universitaire.

M. Edouard Petit est inspecteur général de l'Instruction pu- blique. Et il écrit des articles sur les choses de son métier. Mais son métier n'est pas, apparemment, de cultiver la langue française.

Dans un article paru, hier, sous la signature de cet éducateur national nous lisons, par exemple :

(( Les anormaux sont enrégimentés dans cette attristante divi- sion des analphabets militaires. . . »

Le mot est neuf, laid et grammaticalement absurde. Mais poursuivons :

« On doit observer que la paucinatalité.. »

Comment un esprit normal ou qui devrait l'être peut-il parvenir à fabriquer des mots hurle un latin sans syntaxe ? Et ceci :

« La sédentarité. . . la multinatalité... absentéisme scolaire... »

Ah ! que voilà notre pauvre langue française enrichie de mots précieux I Comment pouviez- vous écrire. Racine, La Fontaine, Voltaire, Beaumarchais, avec un répertoire aussi réduit (M. Petit dirait paucialphabétique). Et vous n'auriez pas trouvé cette autre expression de M. Petit :

« Initions l'enfant à la classe itinérante. »

M. Petit aime à ce point les mots nouveaux que parfois, assure- t-on, il signe Klein.— Le Gil Blas du 30 janvier 19n.

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

Chalon-sur-Saône, Inaprimerie E. Bertrand. 764

-CI- BIBLIOGRAPHIE DU PÈRE RESCIII

Observations sur l'article de M. Hosten

J'ai publié intégralement le travail de M. Hosten, parce qu'il est consciencieusement fait et qu'il con- tient des choses intéressantes, mais il est évident que l'auteur n'est pas au courant; mes articles lui auraient appris bien des détails qu'il ignore.

Tout d'abord, je trouve ses transcriptions fort défectueuses ; elles ne sont que l'application du sys- tème anglais basé sur l'écriture. Mais ce système ne saurait être appliqué au tamoul : les lettres de cet alphabet ont chacune deux ou trois prononcia- tions différentes, déterminées et précises; il n'y a donc aucune raison pour que tel signe soit Je plutôt que o, c plutôt que tcJi, par exemple. Une seule transcription peut être incertaine, celle de la con- sonne qui était probablement un /• cérébral et qu'on prononce j français à Pondichéry, signe que j'ai adopté. Il faut donc écrire Têmbàvani, Vêdiyarojiik- ka/n, An' Il eiyajiingala ndàdi, Védagumar'utlal., Gnà- naviinarltudal , etc. Suivant l'orthographe officielle de

1. Cf. Reçue de Linguistique, t. XXXII, 1899, p. 101-116; XXXIII, 190), p. 1-48; XLI, 1908, p. 225-237; XLII, 1909, p. 37-98; XXXIX, 1906, p. 198-200.

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rinde française, je dis/?OM//e pourrappellation d'une division de la carte vaUâja que les Anglais écrivent pillai mais qui est plutôt /?i7/e/.

Sur la vie du P. Beschi, M. Hosten cite la bro- chure publiée en France en 1841 par M. E. « de Sicé ». M. Eugène Sicé, commissaire de la marine, n'a jamais mis un de quelconque devant son nom. Je l'ai beaucoup connu et ses enfants ont été mes camarades de jeux et d'études. Il avait été « enfant de langues »; c'était une création, faite parle gou- verneur M. Desbassains, de Richemond, à l'instar des Jeunes de langues de Paris pour former des fonctionnaires locaux. M. Sicé qui savait le tamoul, le télinga etl'hindoustani, et qui connaissait le sans- crit, le persan et l'arabe, a écrit un assez grand nombre d'ouvrages. Le moins important et le plus insignifiant est sa notice sur Beschi qu'il avait com- posée un peu par complaisance et par acquit de conscience, en s'inspirant surtout de la Vîrainâma- nivar çarittiram « histoire de Beschi » par Moultous- samyppoullé. Mais cette histoire est le document le plus fantaisiste que l'on connaisse. 11 est plein de détails extravagants et absurdes. Ainsi, les PP. Ca- hour et Bertrand ont fait voir combien il était im- possible que Beschi ait jamais été ministre de Tchadâ-Çâhib ; et, grâce au P. Sommervogel nous savons aujourd'hui qu'il est mort le 4 février 1747 au Séminaire d'Ambalacatle ils'élait retiré depuis quelques années, « viribus fractis ». Les Indiens ont l'imagination audacieuse et manquent tout à fait de sens historique.

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Mouttoussamy avait-il pris ses renseignements ? Dans une notice, prétend-il, écrite en tamoul en 1798 par un prêtre, SàminâdappouUé, et dans les nombreux détails traditionnels qu'il avait recueillis lui-même sur place en 1816, notamment de la bouche des deux fils du catéchiste de Beschi, Saverinouttou. Mais en 1816, il y avait près de quatre-vingts ans que Beschi avait quitté le pays et les deux fils de son catéchiste devaient être bien âgés.

Mouttoussamy, à cette époque, avait été envoyé dans le pays tamoul par le Bureau du Collège de Madras, pour y former une collection de livres et de documents tamouls. Le Bureau était composé de MM. F.-W. Ellis, doyen ;E.-C. Greenway ; W.Wayts ; J. Mourley; W. Olivier; J. Babington; J. Mac-Ker- rell et A.-D. Campbell. Je prends ces noms en tête de la seconde édition de la grammaire vulgaire de Beschi publiée à Madras en 1813. Ils se sont tous plus ou moins occupés des langues dravi- diennes : Campbell a composé une grammaire té- linga avec préface d'Ellis; Mac-Kerrell a fait une grammaire canara; Ellis et Babington ont spécia- lement étudié le tamoul. Babington a fait imprimer à Madras en 1822 une traduction anglaise de la grammaire supérieure de Beschi et, de retour en Europe, à Londres le conte de Paramârta ; tou- tefois, dans la liste ci-dessus son nom est précédé d'un J. et, dans les deux publications que je viens de rappeler, il a pour prénoms Benjamin-Guy (ou B.-G.). Ne serait-ce pas le même personnage ? Se- rait-ce deux frères ou le père et le fils ? Ellis, mort

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en 1819 pendant un voyage, empoisonné, dit-on, par une erreur de son cuisinier, avait appris le tamoul à fond et avait eu pour maître Mouttoussamy; il a laissé de belles poésies tamoules. Après lui, je ne connais que trois Européens qui aient composé des vers tamouls, le P. Dupuis, le Rev. G.-U. Pope et moi.

Ellis et Babington paraissent s'être partagé les manuscrits découverts en 181G; du moins, j'en ai acheté plusieurs à Londres qui doivent leur avoir appartenu, par exemple le Dictionnaire /rt/;?o«Z latin avec le ParamâriaQi une copie plus moderne, de la traduction des Kural (livres I et II).

Cette copie ne porte aucun nom d'auteur, comme toutes les autres d'ailleurs, qui au surplus diffèrent visiblement les unes des autres; la mienne notam- ment est tout à fait particulière. J'ai fait voir que la même strophe, citée plusieurs fois par Beschi ou dans des ouvrages qui lui sont attribués, est traduite de plusieurs façons. J'ai montré aussi que dans ces manuscrits, il y a des erreurs et des inexactitudes que Beschi n'aurait pu commettre. Enfin^, des deux copies qui se trouvaient parmi les mss. rapportés par Mout- toussamy, il y en avait une que les deux fils de Sa- vêrimouttou avaient vu écrire au père Jules-César Potensa, successeur immédiat de Beschi dans sa mission. Ce témoignage me paraît fort suspect, car le P. Potensa n'a pu rester en fonctions que jusqu'à la suppression des Jésuites; or, il y avait plus de cinquante ans en 1816, et il est difficile d'admettre qu'après un si grand nombre d'années, les fils du catéchiste aient eu la mémoire assez précise et assez

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sûre pour se rappeler une chose qui, à l'époque, ne devait avoir pour eux aucune importance. De tout cela, je conclus que la traduction latine des Kur'al n'est pas de Beschi, mais d'un ou plusieurs mission- naires moins expérimentés, ou que c'est de sa part une œuvre de jeunesse, une sorte de cahier d'études qui n'avait qu'une valeur assez minime à ses yeux.

11 en est autrement du Têmbâvani. Ici nous avons affaire à une œuvre véritablement originale, que Bes- chi regardait comme son monumentum, comme le summum de ses études, le résumé de ses longs et patients travaux. Mais la question qui se pose est la suivante : le manuscrit qu'on prétend être auto- graphe l'est-il vraiment? Je ne le crois pas : il a un titre dont la rédaction ne s'applique guère à un ma- nuscrit fait par l'auteur pour lui-même. L'écriture, semblable à celle du Dictionnaire tamoul-latin, est bien celle d'un Européen, mais plutôt d'un Espagnol ou d'un Portugais que d'un Italien, et le manuscrit se présente surtout comme une copie soignée. Est- il admissible d'ailleurs que Beschi, quittant le service actif des missions pour se retirer définitivement à Ambalacatte, n'ait pas emporté avec lui son ouvrage le plus important, auquel il devait tenir particu- lièrement, etl'ait laissé non pas à son successeur, mais à son catéchiste, un Indien relativement isrnorant et vulgaire sans doute ? Ce n'était pas un livre d'usage courant, un ouvrage d'enseignement ou de propa- gande.

Ce mariuscril, acheté |>ar sir William Taylor en 1847, après la mort de Mouttoussamyppoullé, a été

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donné par lui à la Bibliothèque de l'India Office je l'ai vu en août 1908. Son plus grand intérêt pour moi est dans un feuillet qu'il contient et qui provient d'une copie antérieure. Ce feuillet, qui donne pour la fin d'un cliant, un texte différent de celui qui a été définitivement adopté, nous apprend deux choses : d'abord que Beschi a longtemps et longuement travaillé son poème, qu'il en a fait et refait plusieurs fois les diverses parties. De plus, dans ce feuillet comme dans le manuscrit complet, chaque strophe estaccompagnée de son commentaire, c'est-à-dire de son explication en prose. Ainsi tombe l'histoire racontée par le biographe tamoul. L'ou- vrage terminé, sans commentaire, Beschi l'aurait soumis au jugement d'une assemblée de savants et de poètes qui n'auraient pas été assez instruits pour le comprendre, et c'est alors que l'auteur aurait écrit le commentaire, qui aurait provoqué l'en- thousiasme et l'admiration de tous. Cette histoire est de tous points inadmissible et invraisemblable ; la poésie de FJeschi est parl'aitement compréhensible quoiqu'il ait eu recours à toutes les ressources de la |irosodie, à tous les artifices de la grammaire, et (|uoique son style soit affecté et exagéré au pos- sible. Ce que les Indiens ne pouvaient comprendre, et le commentaire ne pouvait leur en donner la connaissance, c'est l'esprit chrétien du livre, ce sont les discussions philosoj)hiques et religieuses, ce sont les légendes bibliques et autres ; celles-ci encore pou- vaient leur paraître bien imaginées comme l'épisode emprunté au Tasse, Renaud dans la forêt enchantée.

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Une cause de confusion, mais elle est accidentelle, est dans l'emploi que fail Beschi, à l'exemple des mis- sionnaires ses prédécesseurs, de mots pris dans un sens nouveau ; ainsi, ils rendent « religion » par vêda auquel les Tamouls donnent pour synonyme marei « secret, chose cachée ». Dans l'excellent Dic- tionnaire tanioul-français de la Mission Pondichér}^ ces acceptions spéciales sont données à tort comme normales et naturelles. Il y a d'ailleurs, dans ce Dic- tionnaire, outre des réflexions puériles et niaises, des choses singulières, par exemple cette énumération : Nava Vânor Kanan « les neuf chœurs des habitants du ciel », c'est-à-dire « des Anges », séraphin, ché- rubins, trônes, dominations, puissances, vertus, prin- cipautés, archanges et anges, dont chacun a son nom tamoul inventé de toute pièce \

Le Tonnai vilakkan est sûrement aussi de Beschi, mais la Clavis, qui en est une adaptation latine, ne l'est pas, à mon avis du moins. Ce doit être l'œuvre d'un missionnaire qui, ne connaissant pas la gram- maire du haut tamoul, a voulu donner un pendant

1. Un exemple rendra l'abus évident. Ellisa composé une lort belle pièce de vers, un hymne religieux en cinq strophes qu'il dit être une ardente profession de foi chrétienne. Or, le dernier vers de la première strophe signifie proprement : « ayant quitté mon ancienne divinité, je dirai avec un rite uniforme : hommage à Çiva »; dans la seconde, il est parlé des hommes et des suras et la troisième commence par : « Quand viendra Yama ». L'au- teur traduit: « I quit ail other deities and say with entire dévo- tion : révérence to the holy God!», « the immortals» et « when death approcheth », tous les Indiens verront une déclaration certaine de conversion au Çivaïsme.

à celle du tamoul vulgaire, laquelle était dans toutes les mains. Mais je n'y reconnais ni le style ni les habitudes du P. Beschi, et elle est faite sur un plan qui, bon pour les Indiens, ne convient nulle- ment aux Européens; elle ne donne guère que des exemples tirés du Têmhàvani\ enfin elle n'est pas da- tée et n'a pas de préface, contrairement aux autres ou- vrages d'enseignement du savant jésuite. La gram- maire du haut tamoul, qui est le complément exact de l'autre, nous est connue par la traduction an- glaise que Babington en a publiée en 1822 et par plusieurs copies manuscrites : la Bibliothèque Na- tionale en a deux. La lettre-préface est datée des Ides de septembre 1730; les exemples extraits du Tèmhàvaiii y sont assez rares ; le livre est arrangé et ordonné à l'européenne. Aussi je ne comprends pas l'erreur de Burnell, lorquil fit imprimer la Clavis à Tranquebar en 1876. On ne s'expliquerait guère du reste que Beschi ait, à peu d'intervalle, composé deux ouvrages faisant à peu près double emploi. Il avait fait son plan et le suivait ; c'est pourquoi il livra à la circulation en 1732 son çadiiragaradi « quadruple (dictionnaire) alphabétique » (mots, synonymes, énu- mérations, consonnances) dont nous avons à la Bi- bliothèque Nationale une copie originale et authen- tique, qu'elle a reçue de l'Inde en 1739 avec d'autres manuscrits. En comparant cette copie avec les édi- tions imprimées, on voit que beaucoup d'additions y ont été faites depuis, surtout à la troisième partie. Mais dans cette vieille copie, il y a un titre latin Thé- saurus lingux taniulicœ avec la date MDCCXXXIl,

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et une lettre-préface que j'ai publiée en 1889 et qui devrait être rétablie en tète de toutes les réimpres- sions futures.

Le çadiiragarâdi est tout en lamoul, ce qui ravi- rait d'aise aujourd'hui les partisans du soi-disant enseignement direct: mais il n'était destiné, dans la pensée de son auteur, qu'à ceux qui, sachant déjà le tamoul, voulaient en approfondir l'étude et lire les vieux poèmes. Pour les autres et surtout pour les dé- butants, il eut ridée de composer un Dictionnaire lanioul-latin , une indication très précise nous fait voir qu'il a été compilé en 1743 (l'auteur y avait joint ((uelques mots portugais), et un Dictionnaire /)o/7«- gais-latin-tanioul ; on sait que le portugais était en- core à cette époque la lingna franca du sud de rinde. Du dernier je n'ai (jue le titre et la préface, mais l'ouvrage existe. Quant au premier, j'en possède , une ancienne copie, il n'y a d'ailleurs que peu de mois portugais ; on Ta imprimé à Trichenapally, sans les mots portugais qui n'avaient plus d'intérêt. C'est d'après ce livre qu'ont été faits, a Pondichéry sans doute, les deux dictionnaires tamoul- français et français-tanioul qui portent le nom de Beschi mais qui ne sauraient être de lui, car il n'auraient eu qu'une utilité très restreinte et rien ne prouve qu'il sût le français. On avait aussi traduit sa jjrammaire du ta- moul vulgaire et il y a une copie de cette traduc- tion à la Bibliothèque Nationale.

A ces dictionnaires est annexé le petit traité sur le calendrier hindou, que j'ai publié en 1887 dans la Revue de Linguistique et qui avait été inséré, revu

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par J. Lalande, dans les Lettres sur Constantinople de l'abbé Sevin [Paris, an X), L'original lalin se trouve dans mon manuscrit (3^ appendice), il est précédé de Vliisloire de Vàina, rédaction en prose très élégante d'un passage du Tèmhàvani auquel l'auteur attachait une grande importance, une discus- sion religieuse entre saint Joseph et un prêtre égyptien, avec traduction latine en regard, 11 fait partie, comme le Paraïuàrta, du second appendice. aussi se trouve la foime originale du Conte de Paramârta, l'ouvrage de Beschi qui a eu le plus de succès, qui a été le plus souvent traduit, édité, commenté et illustré. Il a aussi sa traduction latine en regard et a été écrit spécialement pour servir de texte d'étude et d'application. C'est un vrai mo- dèle de style et de correction; aussi comprend-on que les Indiens se soient avisés, un peu tard, d'en réclamer la paternité pour un des leurs; ils en ont fait des éditions ils ont simplement changé les noms des personnages, mais la mystification est trop évidente et la ruse trop grossière, et je ne com- prends guère que Graul ait été assez naïf pour ad- mettre la réclamation. Beschi dit bien qu'il a arrangé une histoire connue, mais ce n'était évidemment qu'un artifice j)our donner à son texte plus d'auto- rité, et l'abbé Dubois s'avance un peu trop (|uand il affirme que ces contes sont [)opulaires dans les ré- gions oii l'on ignore le nom et les œuvres du P. Bes- chie [sic). Il n'y a qu'à lire l'ouvrage pour se convaincre que son auteur est un Euro[)éen, familier avec le folk-lore méridional : cf. les épisodes de l'âne chargé

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de sel, du chien qui lâche sa proie pour l'ombre, de Tœuf de jument, du cheval péché à la ligne, de Ti- tus et Fimpôt sur les urines, entre autres. L'allure générale du récit n'est pas indienne et l'arrière- pensée du missionnaire apparaît dans le ridicule jeté sur les religieux hindous et le soin d'éviter tout ce qui impliquerait une croyance possible au brah- manisme. Le P. Bareille qui a traduit ou fait tra- duire ce conte en canara est-il le missionnaire de ce nom qui a été mon professeur d'algèbre au Col- lège de Pondichéry ? Il était, si je ne me trompe, originaire de la Savoie, parlait italien et jouait re- marquablement de l'harmonium.

Je n'ai rien à dire ici des autres ouvrages, en prose et en vers, de l'auteur du Têmbâvani. Peut-être ne sont-ils pas tous de lui; il en est de singuliers, comme celui sur une sainte fort peu connue^ Sainte- Quiterie, un des nombreux céphalophores de l'ha- giographie chrétienne. 11 est probable qu'après la période de désorganisation et de désarroi qui a suivi la suppression des Jésuites, on avait inter- rompu les traditions, oublié les personnes, et on a attribué au nom principal qui avait surnagé tous les écrits chrétiens qu'on a trouvés. Aussi serait-il gran- dement à désirer que quelque jeune membre de la Compagnie de Jésus reprit l'histoire des Missions de rinde, surtout depuis 1765. Que sont devenues les Archives et la Bibliothèque du Séminaire d'Amba- lacatte ? On y trouverait évidemment beaucoup de choses sur le savant jésuite italien.

La vie littéraire de Beschi se partage très exac-

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tement en deux périodes distinctes, la première qui va depuis son arrivée dans Tlnde en 1710 jusqu'à 1726, pendant laquelle il étudia les langues du pays et composa la plupart de ses ouvrages religieux; la seconde il écrivit surtout pour les Européens : sa grammaire vulgaire en 1728, sa grammaire su- périeure en 1730, son Thésaurus (quadruple diction- naire) en 1732, son dictionnaire latin-lamoul et son Paramârta en 1743. Beschi d'ailleurs n'était pas le missionnaire impétueux, le convertisseur ardent, le polémiste voyageur que nous représente son bio- graphe indigène. Autant que nous pouvons en juger par des témoignages plus authentiques et notam- ment par les lettres du P. de Bourzs, il vivait dou- cement, partageant son temps entre ses ouailles, ses éludes et ses fleurs, un peu vif cependant et suscep- tible. Il avait kl presque tous les vieux livres du pays et devait connaître à fond les théories philoso- phiques hindous. Or, certains passages de ses ou- vrages ou de ceux qu'on lui a attribués supposent une ignorance générale, tout à fait inadmissible, (jue j'ai retrouvée, plus tard chez le P. Dupuis, mais le P. Dupuis n'avait pas la haute culture et l'intelligence supérieure de Beschi. En voici un exemple caracté- ristique. Une strophe célèbre, vraiment fortbelle, est souvent citée dans les vieilles grammaires. « Xous(|ui voyons le résidu misérable sont tombées, réduites en poussière, flétries en un jour, les fleurs superbes, pleines de miel, ((ui répandaient un parfum délicieux lorsfju'elles s'épanouissaient comme les astres du ciel après s'être ouvertes en boutons comparables

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à des pierres précieuses ; comment pouvons-nous, soufTrant du mal de la naissance, dire que nous vivrons éternellement ? » Le P. Dupuis, au lieu du « mal de la naissance », dit « des maladies innées », ce (|ui est plus qu'un contre-sens. Il ne comprenait évidemment rien à la doctrine antique de la métem- psycose, de la transmigration, ou plus exactement de la renaissance, théorie pourtant bien simple et qui peut être exposée en quelques lignes.

L'âme humaine n'est qu'une parcelle accidentel- lement détachée de l'âme universelle à laquelle elle aspire par conséquent toujours à se réunir. Mais l'âme individuelle existe, pense, agit et chacune de ses actions, bonne ou mauvaise, ne peut que per- pétuer sa personnalité et faire obstacle à son retour au grand Tout. Car chacune de ses actions comporte une punition ou une récompense adéquate qui la compense et la détruit; et la personnalité ne peut finir que par la cessation de l'activité, quand l'équilibre est complet entre les punitions et les récompenses. C'est la fin dernière, le but suprême, la libération définitive.

Cette théorie, je l'avoue au risque de choquer les esprits religieux, m'a toujours paru supérieure à la doctrine chrétienne de la damnation éternelle, si contraire au sentiment naturel de l'humanité. L'impi- toyal^ilité de la répression, égale d'ailleurs pour des fautes inégales, a conduit il est vrai à l'admirable conception du repentirabsolu qui anéantit les fautes, conception bien supérieure à la justification par la foi et qui est résumée par l'affirmation bien con-

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nue : il y a plus de joie au ciel par la conversion d'un pécheur que par la persévérance d'un juste. Mais je ne saurais m'aventurer sur un terrain je me heurterais vite aux amplifications métaphysiques 1 sur la grâce et les indulgences, la pénitence et le repentir, le mérite et le démérite... L'épisode le plus triste de l'histoire du christianisme dans l'Inde est peut-être la querelle, dans le Tanjaour, au premier tiers (lu dix-huitième siècle, entre les protestants et les catholiques. Les Missionnaires luthériens de Tranquebar et les Jésuites de la Province écrivaient les uns contre les autres en tamoul de violents pamphlets auxquels la masse du peuple ne compre- nait rien et qui devaient faire sourire les philo- sophes et les lettrés du pays. « Eh quoi ! devaient dire ces sages, voilà des docteurs étrangers qui viennent nous annoncer la bonne nouvelle, la doc- trine supérieure, et ils ne sont pas d'accord sur le sens des mots ou les vertus des personnalités divines; ils renaîtront peut-être un jour sous la forme de brahmanes comme nous ou de parias comme ceux dont ils se disputent les âmes ! » Et, allant s'asseoir au bord d'un étang sacré, à l'ombre des multipliants séculaires ils reprenaient leurs vieux livres ils apprenaient que, si la vie est une illu- sion, si la naissance est un mal, l'homme au moins est le maître de ses destinées; il peut assurer son bonheur futur en vivant simplement, modestement, pacifiquement, en pratiquant la justice, la bien- veillance, la charité, le renoncement. Le mort d'aujourd'hui est le vivant de demain. Julien Vinson.

Anciens documents sur le Pays-Basque

M. le chanoine Daranatz, le savant et distingué secrétaire de l'Évêché de Rayonne, me communique les documents suivants qui intéresseront tous nos lec- teurs ; les sources auxquelles ils ont été empruntés sont les suivantes :

Giraldi Cambrensis opéra | Scilicet : | Spéculum ecclesia?, De Vita Golfredi, Archiepiscopi Eboracen- sis Sive certamina Golfredi Eboracensis Episcopi Edited by | J.-S. Brewer M, A. | professor of En- glish littérature Kings collège London [ And preacher of the rolls | Published by the Authority of tlie Lords Commissioners of lier Majestys-treasury under the direction of the Master of the Rolls | London' | Longraan & Co Paternoster Row | 1873.

P^ document

SPECULUM ECCLESIA

De monacho ad inonstruosam belluam inspicièndum accurrente et turpiter nimis appropinquando cadente.

Item in remotioribus Gasconiœ fuiibus apud Bas- doniœ maritimam ubi fréquenter cete grandia capi soient, contigit balenam nimiœ quantitatis et valde monstruosse magnitudinis applicuisse ad quam spec-

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tandum, ut moris est, et admirandum perque frusta secandum et asportandum, cum undique populus catervatim occurrisset, totumque ljellu;e illius corpus tam prodigiosuni, singulasque ipsius partes cum admi-

ratione

pietende. . . cunctis obsti. . . inspecta, verum

monachus quidam qui cum (caiteris ad) hoc spectacu- lum accederat plus omnibus aliis approximans et appro- pinquans partem illam immo portam inspiciendo et obstupendo saturari non poterat, qui demum nimis appropians nec verens quicquam ant verecundans, in proclivi arena) lubricœ et ex vapore pinguedinis monstri illius lubrica^ magis effectue, lapsis pedibus utrisque rétro cadens, subito totus in apertionem illam resupinus intravit; a qua cum funibus et perticis longis fcrro aduncatis vix tandem extractus emersit. Curialis igitur hostis ille et insidiator antiquus fuit qui lapsum illum tam ridiculosum et tam opprobiosum fieri sic procuravit. Talibus namque modis amicos de- mum beare consuevit lapsusque prières ejusdem fer- san in animam lapsum

2^ document

DISTINCTION III, CAP. VIII

De Gurguntw Britonum rege^ qui Basclenses in Hiberniam iransmisit et eamdem ipsis inliabitandam concessit.

The lieacling in R. b. F ends w ith rege.

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(En marge :) Girguint King of Britain and the Basque Colony.

Sicut Britannica refert liistoria^ rex Britonuni Gur- guntius, nobilis illius Belini filius et Brennii famo- sissimi nepos, redicus a Dacia, quam olim a pâtre suo subactam et sibi jam rebellera iterum subjugaverat apud insLilas Orcadum classera invenit quœ Basclenses de Hispaniaruin partibus illuc advectaverat, Cuin ergo duces eorum ad regem accessissent et unde hue adve- nerint, causamque adventus ut aliquam scilicet terram in occidentis partibus inhabitarent ei proposuissent; cum etiara summopere jam tlagitassent ut aliquam terram eis inhabitandam concederet rex tandem de suorura consilio insulara istam quse nunc Hibernia Yocatur et quœ tune vel vacua prorsus fuerat vel per ipsum habitata, eis inhabitandam concessit. De suis etiara navigationis duces ipsis adhibuit.

Ex quo patet nonuUo jure, licet antiquo, Britannise reges Hiberniam contingere.

Legitur quoque famosum illum Britonum regem Arturum Hiberniœ reges tributarios habuisse et ad magnam etiam urbis Legioruracuriara quosdara eorura accessisse.

CAP. IX

De triplici novo jure

Prœterea urbs Baonensis Gasconiie terrainus est et sub eodem dominio continetur. Eadem quoque

1. Geoffrey of Monmouth, iii, 12. There is nothing of this in Irish bistory.

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Bascloni?p caput est, unde Hibernienses provenerant. Hodie vero Gasconia et Aquitannia tota eodem quo et Britannia regimine gaudet.

Duplici quoque (praeter id) novo jure Britanni^c reges ad hoc funguntur; cum enim liberum sit cuilibet juri suo renunciaret am principum terr?e illius spon- tanea deditione et ultronea fidelitatis exhibitione, quLim etiam privilegiata summi pontificis confirma- tione. In occiduis enim Oceani finibus Jove tenante et Henrico rege Anglorum secundo ibidem expeditio- nem agente, occidentales reguli, tonitruis ejus attoniti, pacis adeptre beneficio fulminis ictum prœvenerunt. De his autem suo in loco plenius dicetur.

CAP. X

Degentis istius natura movibus et cultu

Degentis igitur hujus tam corporum quam mentium compositione, de utroque videlicet tam interiore quam exteriore cultu, pauca proponere non superfluum duxi.

Homines igitur isti cum nascuntur non accurate ut assolet nutriuntur. Nam praeter alimenta quibus ne penitus deficiant, duris a parentibus sustentantur, per cetera fere cuncta naturce relinquuntur. Non in cuna- bulis aptantur; non fasciis ailigantur non frequenti- bus in balneis tenera membra vel foventur vel artis juvamine componuntur. Non enim obstetrices aquœ calentis beneficio vel nares erigunt vel faciem depri- munt vel tibias extendunt. Sola natura quos edi- dit artus praîter artis cujuslibet adminicula pro sui arbitrio et componit et disponit.

PETITE GRAMMAIRE

DE LA

LANGUE JUDÉO-ALLEMANDE (JARGON)

(Suite)

ADDITIONS ET CORRECTIONS

(1) P. 170 (1912), in fine, elle est la première. . . Il y a lieu, toutefois, de s'entendre sur ce point. Deux publi- cations pourraient prétendre à ce titre : la première est l'étude de Gerson (cf. p. 3, en note), la seconde est un article de Léo Wiener, dans \ American Journal of Philology (vol. XIV, pp. 41-67 et 456-482). Mais Gerson se cantonne sur un terrain spécial, celui des éléments vieux-allemands du langage, dont il vise à faire ressortir la filiation. Moins scientifique, mais beaucoup plus pratique est l'œuvre de Wiener qui, cependant, de par son plan, ne saurait à proprement parler s'intituler a grammaire ». Notre petit travail se présente comme une œuvre absolument autonome et indépendante des deux publications susnommées ; c'est sciemment et de propos délibéré que nous lui avons maintenu ce caractère, mais c'est dire aussi qu'elle n'en infirme en rien la valeur. Bien au contraire, nous sommes le premier à en recommander l'étude, comme un complément nécessaire à notre grammaire.

(2) P. 171, inprinc, tel qu'il est en usage chez les

juifs de Galicie Il est assez malaisé de déterminer

l'aire exacte de l'emploi du jargon. Il est évident, d'ail- leurs, qu'il est plutôt en recul et que, il est en concurrence avec l'allemand littéraire, il ne pourra, à la longue, se maintenir. Il a cédé pied déjà en Bu-

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kovine. En Galicie même, la langue écrite est sou- vent un idiome mixte, l'influence de l'allemand littéraire est très sensible. Il en est de même pour la Roumaniç. Bref, c'est en Russie seulement que les destinées du jargon pourront s'accomplir, et, indépen- damment de la collaboration des colonies américaines, c'est que doit se concentrer de plus en plus la pro- duction littéraire.

(3) P. 173, m princ, bien que, en réalité, il soit plutôt rare de rencontrer des textes elles ne soient

point représentées Cela doit s'entendre de la

langue mixte visée dans la note précédente. Cette langue germanisée est, aujourd'hui encore, fort em- ployée dans certains genres extra-littéraires, et no- tamment dans la presse périodique.

(4) P. 174, in medioy Comme conclusion de notre pré- face, deux mots sur l'évolution historique du judéo- allemand. C'est essentiellement une langue convention- nelle, une langue artificielle, produit de la littérature : de même que, par dessus le fouillis des dialectes locaux, la version luthérienne de la Bible produisit insensible- ment l'allemand moderne, de même la littérature reli- gieuse juive en langue allemande dut nécessairement créer, avec le temps, un type linguistique plus ou moins unitaire. L'évolution de ce type n'était pas achevée lorsque la réforme de Mendelssohn (1729- 1786) lui porta le coup de mort en Allemagne ; mais l'ancienne langue littéraire commune continua à vivre dans les pays slaves, sauf que, privée désormais d'ap- pui du côté de l'Ouest, elle dut se dialectaliser dans le sens oriental et tendre de plus en plus à reproduire

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la langue effectivement parlée en Pologne et en Rus- sie. Quant à la littérature profane, issue du mouve- ment « maskilite » (la « haskala )), ou Aufklârung juive, ne fut introduite chez les Juifs orientaux qu'en 1828), elle adopta naturellement l'idiome parlé, mais en le teintant fortement d'allemand. Enfin, la littérature con- temporaine a définitivement adopté la langue parlée pure.

Quant aux Juifs de l'Allemagne proprement dite, la langue qu'ils parlent aujourd'hui est avant tout celle des populations qui les entourent immédiate- ment, mais non sans réminiscences de leur ancienne langue littéraire, le judéo-allemand. Ainsi, la langue des Juifs d'Alsace, par exemple, sera le dialecte alsa- cien plus ou moins mêlé de mots et d'expressions em- pruntés au vieux judéo-allemand. C'est dire que cette étude ne peut offrir qu'un intérêt linguistique fort mince, l'élément différenciateur relevant de l'étude philologique des textes judéo-allemands.

Il faut noter aussi que l'école de Mendelssohn, en adoptant l'allemand littéraire en remplacement du judéo-allemand, crut devoir recourir, dans l'écriture, à une transcription hébraïque perfectionnée. Ce n'est que peu à peu que l'alphabet coura.nt s'imposa chez les Juifs allemands ; il y a quelque trente ans, la transcription en lettres hébraïques (Judisch-deutsch, opposé à iwri-deutsch, qui est le jargon) était encore de règle en Autriche, et, aujourd'hui même, elle n'a pas cessé d'être usitée chez les Juifs orthodoxes de Hongrie.

5) P. 174, in priiic. . . d'Allemagne et de Hol-

102

lande. Il n'existe pas jusqu'ici de dictionnaire jar- gon bien complet. Les éléments vieux- allemands pourront être interprétés au moyen des ouvrages sui- vants : J. et W. Grimm : Deutsches Wôrterbiicli. Leipzig, 1854...; Benecke-Mûller-Zarucke-Lexer : M ittelhoch deutsches WôrterbucJi. Leipzig, 1854... Quant aux mots d'emprunt hébreux, on les retrouvera presque tous dans le lexique d'Avé-Lallemant {Das deutsche Gaunertum. Leipzig, 1858-62).

(6) P. 174, m medio. L'alphabet jargon est une adap- tation de l'alphabet hébreu Quelques mots sur ses

origines. La graphie de l'ancien judéo-allemand, telle quelle est aujourd'hui encore usitée dans les publica- tions religieuses, n'était qu'une application du système généralement suivi par les Juifs médiévaux dans la transcription des langues européennes. Pour montrer jusqu'à quel point elle était informe et inconséquente, notons simplement que le mot Finger pouvait se rendre de trois façons : finger (ny), fingir (-i-), etjingr (n). Notre graphie moderne, assez uniformément adop- tée désormais dans la littérature profane, est une adap- tation de la graphie réformée allemande. Elle est, pratiquement, excellente, et ne donne lieu à aucune difficulté d'application ; le malheur est que les auteurs perdent parfois de vue son caractère strictement pho- nétique, pour se laisser dominer par le spectre de l'or- thographe allemande.

(7) P. 174, injine. Les diphtongues sont deux : ''i, au

{oi dans certains dialectes) Notre système de

transcription, certainement le plus rationnel et le plus pratique, est essentiellement le même que celui de

103

Bernstein (Jûdische Sprichwôrter und Redensarten. Varsovie, 1908). Nous aurions sans doute l'imiter quand il rend ""i par oj (oi), de préférence à au; si nous ne l'avons pas fait, c'est uniquement pour ne pas nous écarter, sans absolue nécessité, de l'orthographe suivie en allemand.

Nous avions cru d'abord donner un tableau compa- ratif des sons du jargon (par dialectes) et de l'alle- mand ; mais nous avons pensé que le lecteur ferait aisément lui-même une grande partie de ce travail, ne fût-ce qu'en analysant, à ce point de vue spécial, le texte qui clôture notre grammaire.

(8) P. 177, in princ. Selon l'usage constant des ou- vrages de l'espèce Cf. notamment la Jïidisch-

deutsche Chrestomathie de Grûnbaum (Leipzig, 1882).

(9) P. 178, in princ. Gén. dess dess (et par- tout, dans la suite, la même erreur est reproduite). Le génitif n'est pas dess, mais bien dem, comme au datif.

Concernant l'emploi du génitif lui-même, on peut dire que c'est un cas d'exception en jargon. La forme ordinaire est f un et le datif.

(10) P. 252, in princ. Au paradigme du pronom per- sonnel, il faut ajouter le neutre, ess.

(11) P. 254, in princ. La tournure avec woss peut pro- venir de l'hébreu aussi bien que du slave : en slave, elle est plutôt du style courant, tandis que, en hébreu, elle est l'unique façon d'exprimer le relatif. Enfin, la répétition tant du complément direct que du sujet est purement facultative.

104

MEIN (HASSID) '

Esquisse littéraire, par Scholem-Aleichem ^ (S. Rabinovitch)

N.-B. Les mots en italiques sont slaves ; la traduction des mots hébreux est donnée entre parenthèses.

Ein'' mol in a scheinem frili-morgen, efent sich bei mir di tir un ess kumt arein a mensch, auf^'n auss- sehn sehr'' a feiner, a leitischer^ un ein eideler, a kleinschtedtldiger inteligent', tut auss dem auberrok, hengt ihm auf auf'n flekl', sucht a rein ort auf'n

1. Les Hassids (d'un mot hélDreu qui signifie «pieux») sont une secte mystique et fanatique fort répandue chez les Juifs orientaux. La littérature moderne, voyant en eux un danger social redoutable, se fait en général un devoir de les ridiculiser.

2. Ce pseudonyme est la formule de salut hébraïque, la même qu'en arabe, signifiant littéralement : « La paix soit sur vous ». S. Rabinovitch est un des nouvellistes et romanciers judéo-alle- mands les plus estimés (cf. M. Fines, op. cit., p. 409 et ssqq.).

3. Notre auteur écrit d'une façon presque constante ein pour an. L'emploi de ein peut être ici considéré comme irrégulier; en règle, ein est le numéral, a {an) l'article indéfini.

4. L'emploi des prépositions, comme d'ailleurs celui des préfixes verbaux, se règle sur l'usage slave bien plus que sur l'usage alle- mand. C'est le cas, entre autres, pour auf, qui rend presque toujours le na slave (là il n'a pas pour fonction de traduire le -|-L hébreu). On ne peut nier que ce ne soit une dilliculté considérable pour qui ignore les langues slaves; en effet, des expressions telles que/ar dem leben sont parfaitement inintelligibles pour quiconque ne sait les réduire à l'original, dans l'espèce le polonais sa sycoota (durant la vie).

5. Les déterminatifs seh/-, gor, etc., précèdent l'article indéfini et, éventuellement, la préposition elle-même : Ex. sehr in a schenem ijorten, in sehr a schenem goi'ten (dans un très beau jardin).

6. Adj. formé de leit (ail. Leute).

7. Se dit, comme en ail., de celui qui exerce une profession libé- rale.

8. Diminutif dejlok (ail. PJlock], ici « porte-manteau ».

I

105

kapelusch^ un kon nischt' gefinen', (vu que)ss*'is bei mir, farschteht ihr, ongeworfen mit papiren, bicher un gaseten", un deriber' dreht er sich a bissel arum iber'n schtub', bis er gefint ein ort auf dem karnis^ funder hrube ' ; nor '" (vu que) der karnis is a schmoler karnis, wil dort der kapelusch nit ligen, schpringt er ' ' arop ' ' wi ein (impudent) un kaukelt ' ' sich auf der erd, un mein gasst hot ein arbeit : nochjogen sich

1. Chapeau.

2. Nischt et nit signifient « ne pas » et « ne rien ».

3. Gcftnen est l'ail, finden. Ge- (aussi parfois -be) s'ajoute à un cer- tain nombre de thèmes verbaux ail. sans en modifier le sens.

4. Les pronoms personnels se contractent aisément. Ess, devant une consonne, devient même parfois sse.

5. Il faudrait régulièrement gasetess. Notre auteur confond les deux terminaisons, ou plutôt il accorde une préférence marquée à la finale allemande.

6. Iber exprime fréquemment la cause en jargon ; deriber a ici le sens de l'ail, darum.

7. Schtub est ici masc. Les genres sont très irréguliers en jargon; les normes formulées dans la grammaire sont bien loin d'être univer- sellement appliquées et doivent être considérées dans leur ensemble comme pia desiderata. Les dialectes diffèrent entre eux dans la conception même des genres ; de sorte que, s'il existe des règles re- connues, on ne pourra jamais en constater l'application constante qu'au sein d'un seul et même dialecte.

8. Corniche.

9. Poêle.

10. Seulement, mais. A noter l'emploi constant de cette particule.

11. L'ordre inverse se rencontre fréquemment en jargon, même il ne serait pas usité en ail. La façon la plus naturelle de l'expli- quer, c'est de sous-entendre un « so n ail. reliant deux propositions et faisant de la seconde comme une conséquence de la première. Cette explication trouve une confirmation dans le fait que ce so, si fréquent en ail., est, à proprement parler, inusité en jargon.

12. Arop correspond à l'ail, herab. .\ noter que, dans le système actuel de transcription phonétique, les con.sonnes finales devraient toujours s'écrire dures (dans l'espèce p, pour b).

13. Kauklen sich, « se rouler ».

106

noch'n (impudent) un gefinen fun seinetwegen a besser ort.

(( Pardon' ! » sogt er zu mir, « hot kein faribel' nit*, ich schter eicli (peut-être) fun der arbeit? Ich bin alein '' fun weit », er ruft mir on di schtodt fun wanen er is, doss (visage) (pendant ce temps) is ihm raut un sse schwizt, « alein bin ich a (négo- ciant), handel mit liolz, mit wald, a jud fun ' wald, wi asau' heisst doss bei eich? A liak' a baum, a pliuch in wasser, chi-chi-cJii! » un er farschtelt " doss (visage) mit beide hent un ess fait on auf ihm a (ter-

1. C'est le mot français internationalisé. Nous l'avons rencontré dans toute l'Europe orientale, chez des peuples parlant les idiomes les plus divers.

2. Cette expression correspond à l'ail. Nehmen Sie es n'icht ilbel. Faribcl est composé de far et ibcl, far ayant ici le sens de « pour, comme » (russe 3a, polonais sa).

3. Le redoublement de la négation, comme en slave (et en fran- çais), est un trait caractéristique du jargon; toutefois, il n'est point à proprement parler obligatoire.

4. Alein remplace l'ail, selbst.

5. Fun, pour/a/i'm [fun dem), avec suppression de l'article défini. Cette suppression est autorisée même avec un adj. : Ex./un'm sr/nr nom wald, ou bien/«n schanein wald (de la belle forêt).

6. Ai-au est une espèce de répétition enclitique fort usitée. Elle trouve un parallèle dans la répétition du pronom sujet après u'Of</< relatif.

7. En sous-entendant Qcben (derlangen, thun), on obtient une ex- pression très ordinaire en jargon, laquelle a pour objet de rendre la momentanéité de l'aclion telle qu'elle est exprimée par l'une des deux grandes classes du verbe slave. Le nom verbal s'obtient en retran- chant 1' -en final de tous les verbes. A noter que le complément reste à l'accusatif (dans l'espèce a baum).

8. Barboter (se dit de la chute d'un corps lourd dans l'eau ou la vase). 'Verbe slave traité de la même façon que haken; mais ici, comme il n'a pas de complément direct, on peut y voir, si on le pré- fère, un simple nom verbal indépendant.

9. Cacher.

I

107

reur) 'diger' gelechter, un woss mehr' er wil sich einhalten, asau melir lacht er.

(( Wcss-je ' eigentlich hot ihr ge\Yolt sogen un mit woss kon ich eich dienen ? »

« Gor nit! Gole' gor nit! » sogt er, « ich bin areingegangen zu eich ohn a (ombre)' gescheft, nor ghit' asau sich mit eich bekenen', chotsch^ onkuken eich, worum^ ich bin eierer a (hassid), soit ihr wissen, a heisser (hassid) ! ober gor a heisser (hassid) ! Noch as" ich bin araussgefohren fun der heim hob ich mir gesogt : Ess sol mich kossten (qui sait) wifil mus ich eich sehn! worum woss heisst.ich wer^' sein in Jehu- pet un wel eich nit sehn? Ich hob awekgeworfen aie gescheften un bin gegangen aher, ss'is episs'' a(pré-

1. Le substantif hébreu, avec la terminaison adjectivale 'diij, pro- duit naturellement l'adj. « terrible ».

2. Wo^■s mehr asau mehr, plus plus.

3. Enclitique slave, à peu près comme s'il y avait woss clen.

4. Ce mot, litléralement « nu », n'a pour but que de renforcer la signification de gor.

5. Proprement « ail ». Expression très usitée, que nous avons ren- due par ce qui nous a paru être son meilleur équivalent français.

6. Entièrement, absolument. L'usage de cet adverbe est beaucoup plus étendu qu'en ail.

7. On remarquera la suppression de ..-w. Elle est fréquente devant un verbe en jargon.

8. Signifie ici « au moins )'. .Ailleurs, il peut vouloir dire « quoique ».

9. Car.

10. Particule pouvant signifier « si, lorsque, que ». Ici «quand».

11. La forme icer est empruntée à iceren (ail. œcrden), qui, en jar- gon, exprime le passif et non le futur. C'est donc iccl qu'il faudrait. Nous avons tenu à reproduire le texte tel quel, avec toutes ses irré- gularités.

12. .Ali. dialectal, correspondant à l'ail, littéraire eta-as [otwa). II s'orthographie régulièrement epass (comme nous le trouverons écrit plus bas) ; mais dans ce mot et quelques autres, probablement par

- 108 - .

texte) ! Un as ich sol ' wissen, as doss ganze gescheft geht zu grund, wel ich sich den opschtelën^ ? Worum T3ei uns in der heim leienen'' mir eich (régulièrement), mir losen eich nit arauss fun'm maur. Ihr sent bei uns itlichen^ teier, megt* ihr mir glauben, (littérale- ment) eingebaken in harzen wi epess ein eiginer'. As sse macht sich", ess geht awek a schtikl zeit un ihr sent iiito" aul'n blat, benken^" mir nocli eich, gehen arum ohn kep". Worum keiner farschteht eich nit asau wi mir farschtehen eich, un iberhaupt ich. Ihr soit mich horchen, glaubt mir, wi ich leien eiere (contes), wolt ihr alein gesogt, as noch asa (hassid) wi ich hot ihr nit gehat un wet nit hoben ».

suite de l'influence de l'ancienne graphie, l'e non accentué alterne avec i.

1. Le conditionnel, nous l'avons vu, est fréquemment rendu par rind. prés, de solen, lequel correspond alors k l'imp. icoli.

2. Ail. abstellen.

3. Lire.

4. Bouche, pour Muncl, en ail.

5. Datif, à chacun.

6. Megen, en jargon, rend le dur/en ail. au positif; au négatif on emploie toren. Quanta darfen {bedarjên], il signifie «avoir be- soin de» (ail. bedûrfen) et s'emploie souvent l'ail, recourt à miissen.

7. Pour e///ene/- (c'est même cas que episs).

8. La conjonction «que» est souvent omise. C'est même régulière- ment le cas dans une proposition dépendante avec sot.

9. Nito ou nisc/itoest une contraction pour nit do, nischt do (pas ici). Avec l'auxiliaire, cela signifie «exister, se trouver, y avoir». Cette expression, très fréquente en jargon, exclut les allemandes cor-j respondantes.

10. Répond à l'ail, sie/i sehiien.

11. PI. de kop (ail. Kopf).

(A suivre)

PI. Bourgeois.

PIGEON ENGLISH

ou

BICHELAMAR

Parlé universellement dans le Paciflque, recueilli par un Missionnaire Mariste et mis en ordre par le P. A. C, s, m.

I. Noms les plus usités.

EXPRESSIONS RELIGIEUSES

Baptême : Mi batise y ou, moi baptiser vous ; ou :

Mi ouashème hèd bilong y ou, moi laver lui

tête de vous. Diable, démon : Devèl.

Dieu : God ou Big fala masta, grand espèce maître. Enfer : Daoune long f a, en bas dans feu. Esprit : Bêle, ventre. Esprit heureux : Bêle bilong hème i goud, âme

appartenant à lui (=: âme de lui) qui bon. Esprit malheureux : Bêle bilong hème i no goud,

âme de lui qui non bon. Fils : Pikinini, San, enfant. Marie : Méry. Mère : Maman.

110

Mort : Man i dèd, homme qui mort. Paradis : Onetap, en haut. PÈRE : Papa.

Personne (de la Sainte-Trinité) : Fala. Saint-Esprit : Holy Gost.

Trinité : Tri fala ia i strèt, trois personnes elles qui unies.

2" les éléments

La brise : Smôlfala oidne, petite espèce de vent..

Le ciel : Claoud.

Le courant : Taïte.

L'eau : Ouata.

L'ÉcuEiL : Rive.

L'écume : Solouara ouaïte, mer blanche.

La lune : Moune.

La mer : Solouara.

Les pierres : Stone.

La pluie : Rêne.

Les poissons : Fiche.

Le rivage : Long sane, Choi'e.

Le soleil : Sône.

La tempête : Arkine.

La terre : Graounde.

Le vent : Ouine.

La mer est haute : Solouara i came chore, mer elle venir rivage.

La mer est basse : Solouara i traïlle, mer, elle

La mer monte : Solouara i came, mer elle venir.

La mer descend : Solouara i go daounc, mer elle ve- nir en bas.

111

La mer est profonde ici : Solouara i go daoune long ouay long ta, mer elle venir en bas long chemin (loin) dans là.

Le vent souffle : Ouine i Jlo, vent lui souffler.

Il pleut : Rêne icame daoune, ^\mQ elle venir en bas.

La mer est grosse : Big fala si, grosse espèce mer.

TEMPS

Après demain : Af tou moro (mora).

Aujourd'hui : Téteille.

Bientôt : Banbaïlle.

Demain : Tou morô (tou mora).

Une heure : Ouane clok.

Deux heures : Tou clok.

Une heure après midi : Ouane clok after tina.

Trois heures du matin : Tri clok long niorné.

Hier : Hiesteday.

Le matin : Long morné.

Le midi : Tina.

Minuit : Mil naïte

Le soir : Sara,

Temps : Tatme.

Toujours : 01 taïme.

Dimanche : Sanday.

Lundi : Monday.

Mardi : Tiousday.

Mercredi : Ouanesday .

Jeudi : Tousday.

Vendredi : Forarailleray .

Samedi : Sareray.

- 112

Mois : Ouane moune (Ouane maniche).

Année : Ouane iame.

Il fait noir : Toufake.

Il fait chaud : Ton liât.

Il fait beau : / goud taïme.

Il fait du vent : / got ouine (I care oidne).

Il fait froid : / col.

Il fait grand froid : I col ion mach.

Il pleut : Rêne i came, pluie elle venir.

Il ne pleut plus, il ne tombe plus d'eau : Rêne i

finish, pluie elle finir. Le soleil se couche : Sane daoune, soleil en bas. Le soleil se lève : Sane crap, soleil monter.

1

4" HOMME, vêtements

Ami : Mète.

Barbe : Ouaskite.

Bas : Stokine.

Bouche : Maoute.

Chemise : Chot.

Cheveux : Crass bilong hède, gazon de tête.

Dents : Ti.

Doigts : Fineguers.

Enfants (en général) : Pikinini:

Esprit : Bêle.

Femme : Oumane.

Femme mariée : Oumane i marit.

Fièvre : Fiver.

Fille : Kèle.

Frère : Brata.

113

Garçon : Pi ki ni ni.

Homme : Mane.

Jambe : Lègue.

Sa main : And bilomj hènie, main de lui.

Malade : i sik.

Mari : ? marat.

Mère : Maman.

Mouchoir : Aneguisip.

Nez : No use.

Nom : Nème.

Oreille : Ja.

Paletot : Côt.

Pantalon : Traoussis.

Père : Papa.

Plaie : Soa.

Sang : Blad.

Sœur : Sista.

Souliers : Bout.

Tète : Hède.

Œil, yeux : Aè.

J'ai mal à la tête : Hède bilong mi i soa, tête de

moi elle malade. J'ai mal à la bouche : Maoute bilong mi i soa.

ANIMAUX

Canard : Dak. Chat : Pouce. Chèvre : Nanni. Chien : Do g. Mouche : F! aille. Poule : Paoule.

114

Rat : Rate.

Truie : Pig ouamène, cochon femelle.

Verrat : Pig marte, cochon mâle.

ARMES

Arc : Banara.

Canon : Hole hiloiig hème.

Capsule : Cap.

Casse-tête : Malalale.

Chien : Nèvel bilong hème.

Flèche : Ara.

Fusil : Mousket.

Tirer du fusil : Chout.

Plomb : Shot.

Poudre : Paour.

T outils, métaux

Bêche, pelle : Cherèl. Ciseau : Ci sis. Couteau, Naïf. Marteau : Hama. Pioche : Oou. Pointe : Nil. Tôle : Care.

Monnaie d'argent : un franc, Chelin; cinq francs, Dolar.

navigation Aviron : Ro. Baleinière : Bôt. Bateau : Cliip.

115

Bateau a vapeur : Sitima.

Gouvernail : SU a.

Pirogue : Kinou.

Rame : Rolok.

Voile : Seule.

Monte dans la baleinière : You kème long bot.

Descends de la baleinière : You kème bak long

chore. Prends la rame : You tèkème ro. Regarde s'il y a un rocher là-bas : You louk stone

long ouay . Il n'y en a pas : / no got. Rame : Poul. Arrête : Siop.

cuisine

Assiette : Plète.

Banc : Séa.

Bœuf : Boulouk.

Bœuf bouilli : Koukine boulouk.

Bois : Oude.

Boîte : Bokis.

Bouteille : Botèle.

Caisse à eau : Tangue bilong ouata.

Canard : Dak.

Canne à sucre : Soukakène.

Cendre : Assice faïa.

Chaise : Séa.

Couteau : Naïfe.

Couvercle : Cave.

Cuillère : Soupoune.

116

Eau : Ouata.

Feu : Faïa.

Fourchette : Forke.

Graisse : Guirisse.

Maison : Haouse.

Marmite : Sospène.

Morceau de pain : Hafbrède.

Œuf : En' guis.

Orange : Oranige.

Pain : Brède.

Plat : Plète.

Poêle, Brabane.

Poivre : Saulpèpe.

Pomme de terre : Boïtète.

Pot : Tine.

Poule : Paoul.

Petit poulet : Smol paoul.

Queue : Tèle.

Riz : Raïce.

Sel : Saul.

Serviette : Calicot.

Soupe : Soupa.

Sucre : Souka.

Table : Tèble.

Tasse : Baskine.

Verre : G lasse.

Verre de vin : Glasse bilong ouaïne.

Viande : Mite.

Vin : Ouaïne.

Fais cuire des œufs : You koukime en'guisse.

Fais la soupe : You mèkème soupa.

- 117

Fais cuire le riz avec de la graisse : You kou-

kime raïce long g ni risse. Mets du pain dans la soupe : You catème brède

long soupa. Fais du feu : Mèke faïa.

Mets du bois dans le feu : Lerim oude long faïa. Ton feu est mort : Faïa bilong you i dède. Fais bouillir de l'eau : Koukinie ouata l hot. Remplis la bouteille de vin : Kapsaïlle botèle ouaïne

plinti. Emporte l'assiette : Tèke plète, i go. Apporte l'assiette : Tékème plète, i kème.

10° jardin

Ananas : Baïnap.

Arbre : Oude.

Banane : Banana.

Barrière : Baniche.

Branche : Hand bilong hènie.

Choux : Cabiche.

Epine : N'il bilong hème.

Feuille : Cvas.

Germe : / crou bilowj hème.

Herbe : Cras.

Igname : lame.

Jardin : Carène.

(A suivre)

P. A. C.

DIE INDO-GËRMANISCHEN LEHNWORTER IM GEORGISCHEN

(Suite)

okdoberi

noemberi

dekemberi

g. die armenischen Wôrter : drakoni a. arm. : drakon, gr. : i^paxcov. H., p. 347.

duk'si a. arm, duk's. H., p. 346. s. gr.

komsi a. arm. : koms, gr. : x6[i-7]ç, 1. : cornes.

H., p. 359. melsapepo ' a. arm. melr-a-pop, gr. : [xeXoiréuov melaspepo

Apfelpfebe « unsicher ». H., p. 373.

a. arm. : palat

a. arm. : patrik, gr.: Traxpixtoç. H., p. 371.

a. arm. : pretori?

a. arm. : sudar, lat. : sudarium. Auch dièse > Zusammenstellung zeigt, dass das meiste von dem, was im Lexikon an lateinischen Lehnwôrtern umlâuft anderer Herkunft ist. Es ist sogar leicht moglich, dass sich der Vorrat an echtla- teinischen Wôrtern wie, er hier mitgeteilt ist, nocli vermindern wird. Die einzelnen Laute entspreclien sich in folgender Weise.

lat. : a b c d e f g h i l m n georg. : a b,p,p' g,k d vie,e,a p' g h a,e 1 m n lat. : o p r s t , u V ch th

georg. : a,o,u p,p',b r s t,ds u v k, k,kv t'

palati patriki pretori sudari

119

Die Uebersicht zeigt, dass dieselben Laute, abge- sehen von den Vocalen und p und b, kaum merkliche Verânderungen erlitten haben, sodass hieran nichts auffàlliges weiter ist. Grôsser sind die Differenzen in den Endungen, wie an dem folgenden hervorgelit. lat. : -er -or -is -us -a -um

georg. : -eri -uri -i -e,-i,-o, tait ans. -à,-i -e,-i

Woher dièse lateinischen Wôrter stammen ist mir nicht gelungen festzustellen, vermutlich wird der grossere Teil von ihmen auf dem Wege der Ueberset- zimg lateinisclier Schriftsteller in das Georgisclie gelangt sein. Beachtenswert ist immerhin die directe Entlehnung der Wôrter ans dem lateinischen aucli der Monatsnamen obne Vermittlung desarmenischen.oder grieebischen, sodass directe Beziehungen vorausgesetzt verden mùssen.

Wôrter deren Herkunft ich nicht ermitteln konnte sind folgende :

ayvistali, agvistali «augustal » russ. : avgiistal

yubernia russ. : gubernija

9. f/riechische Lehnwôrter.

Folgende Worte haben nichts mit einander gemein und sind lediglich Zusammenstellungen.

ampas « à peine, presque » è'fXTraç

amp'^soni « compagnon » c|^co(xôç

andeburi, anebduri « marché au foin » £vÔ7j[jloc

ank'vit'i « onyx » 6v\j\

bebia « grand'mère » PajSà

ek'usi « six » sH

120

kcleptari a bougie, torche »

lomi (( léon »

nvini « un moment »

up'ro, up'rose, up'rosad, up'ros a plutôt »

uyeli (( joug »

p'idsvi (( pin «

k'ona, k'oneba « avoir »

svidi « sept »

dsveni « bouillon, suc »

jayadeba a clameur »

hvastagi a bétail »

x£pt, Kspaxt

Xécov

vùv

ùirèp ^uyoç

TCSÙX7]

é'xco

STTTa

xXayyy]

h. russische Lelinwôrter.

Eine ganze Anzahl « griechischer » Lelinwôrter sind russischen Ursprungs ; freilich der Unterschied zwi- schen dem neugriechischen und russichen Wort ist oft so geringfûgig, dass sich die Frage des Ur- sprungs hier und da kaum mit Sicherheit entscheiden lâsst.

russ.

gr-

adamanti

adamant

akat'isto

akathist

ànàBiGioç?

akrostihi

akrostich

ànpÔG^iy^oç?

aml)oni, ambioni

ambon ?

à(j.pwv

amet'isto

ametist

âfJiéGucjTOç ;

analoyia s. nalo

anap'ora

anafora

ant'raki

anthraks

àvGpaH

antifoni

antifon

antlia

antlija

121

apokalipsi

arit'metika

iirhidiaconi

arhieri

arhimandriti

arhinotari s. prot'onotari

atmosp'era

ap't'ek'i

baia

barometri

biblia

bibliot'eka

bumba

delp'ini

demoni

diadima

diakvani, diakoni

diplomi

disko, diskosi

dogmati

drama, drak'ma, drahraa

et'eri

ektenia

epitafia

epitrak'ili

erodia

ep'iidi

vasilisko

zodiak'o

t'ermometri

iaspi

rjiss. grec.

apokalipsis? à.Tioy.àXv'^iç

arithmetika

archidiakon

archierej

archimandrit

at m os fera

apteka

baia

barometr

biblija

biblioteka

bomba

del'fin

démon

diadema ôiàôr|[xa?

diakon

diplom

diskos

dogmat

drachma

éther

èktenija éxTévsca?

epitafija

epitrachil

erodija

epud, heb. TiBK é(pâô, i(^0Ù8

vasilisk |3a(7tX(,aKOç

zodiak vcoôia/.ôç

termometr

jaspis ÎOLaniç

122

russ.

grec.

ibako, ipako

ipako]

ÙTTaXOTj

idea

ideja

iàéoL

idoli

idol

ierarhi

ierarch

ierodiakoni

ierodiakon

ieromonahi

ieromonach

ieroglipi, hierogliti

ieroglif? neugr?

ikonimi

ékonom

iota

iota

iCùTOL

istoria

istorija

ikosi

ikos

ik'idha

échidna

kat'edri

kathedra

xaGéâpa

kat'olikozi

katholikos ?

xaGoXtxoç

kamilavka

kamilavka

kanoni

kanon ?

xavcbv

kasia

kassija ?

KOLUaioL

katavasia

katavasija

kidari

kidar

kinamo

kinamon, liebr. : P'^P.

KÎva(jt,ov, xtvâ(jt,covo

klimata

klimat

kolio, aus kolivo

koliba? y.ôXi[6oL, xoXupav

xoXjSa

kometi

kometa

X0[JLrjT7]Ç

kondaki

kondak .

korkodilo

krokodil

xpoxô(5£iXoç

kuratpalati

kuropalat

xoupOT:aXàT7]ç

ladani

la don

Xàôavov

lagani

lochan

XsxàvTj

kivra

lavra

I

123

lavirint'o

hibirint

XaêùptvGoç

lendi

lentie

XevTÎov

lek'sikoni

leksikon

Xé^KOv

mandragori

mandragor

mantia

mantija

mastagi

mastika

mayniti

magnit

metalli

metall

metap'izika

metafizika

metap'ora

metafora

metap'rasi

metafrazis

(JL£Tâ'ppa(7tÇ

mitra

mitra

[jLÎTpa

mitropoliti

mitropolis

nalô

naloj.analogij

nektari

nektar

vé/Tap

okeane

okean

omp'ori '

omofor

oryano

organ? neugr.

ôpyavov

ohra

ochra, vochra

wxpa

papiri

papir

perifrazi

perifraz

piramida

piramida

planeta

pkmeta

pleadi, pliadi

pleady

poezia

poézia

politika

politika

politsia

policija

poema

poéma

porp'iri

porfira

TlÔp'fUpOV

problema

problema

prosodia

prosodia

124

russ

gr.

protodiakoni

protodiakon

protopopi

protopop

protoieri

protoierij

rétine

retina

p7]TÎVY]

ritori

ritor

ritorika

ritorika

sandali

sandalij

aavi^àXtov

sardonik'si

sardoniks

aàp(5ovuH

sapp'iri, sapp'irioni

sapfir

GOLTÏ'^cipOV

sapvieroni

samviki

samvik

sata

sata

svielogizmo

silogizm

svienak'sari, svinak'sari

svinaksarij

svienodi

sinod

svientak'si

sintaksis

cûvTa^iç

sinodi

sinod

sinonimi

sinonim

sintak'si

sintaksis

fjùvTa^iç

sirini, sirinozi

cirin (aetpTjv) (jeip-qveioç

sistema

sistema

simvolo

simvol

aufxêoXov

stereometria

stereometrija

stik'ari

sticharij

stihi

sticli

sp'era

s fera

sholastika

scliolastika

talanti

talant

teleskopi

teleskop

terevint'o

terebint

TspéêivÔoç

timpani

timpan

I

125

russ.

gr-

tirani

tiran

tomi

tom

trapeza

trapeza

trihapton

trichapton

tropi

trop

tropiki, tropikosi

tropik

■xpoTiinôç

panduri

pan dura

Travôoûpa

p'elgami.p'elyami;

, balyami flegma

p'izika

fizika

p'iloni, peloni

félon

p'ilosop'ia

filosofija

p'iniki

finiks

p'inik'si

feniks

p'ori

pory

ÛOpOÇ

k'ameleoni

chameleon

k'iamidi

cblamida

k'Lit'i

kut

viedra

gidra

ùôpa

viedravlika^

gidravlika

viedroyraf'ia

gidrografija

vieperbola

iperbola

viepodiakoni

ipodiakon

viepostasî

ipostas

viepohondria

ipochondria

viesterika

isterika

yrammatika

grammatika

? neugr.

hrisolit'o

chrisolith

ypi)(76XtO(

p'antaziafs/c/j

fantasija

farfori

far for

fenik'si

feniks

fenomeni

fenomen

126

russ.

fizionomia

fizionomija

filantropi

filantrop

filosofia

filosofija

fizika

fizika

flegma

flegma

florini

florin

fosfori

fosfor

grec.

An dem ganzen Muterial ist nichts bemerkenswertes.

Einzelne der unter dieser Gruppe aufgefûhrten Worte kommen bereits im altarmenischen vor. Ob- gleich um die Moglichkeit^ dass dièse ans dem russi- schen entlelmt sind, hiergegen eine geringe Wahr- scheinlichkeit hat, so ist eine sichere Entscheidung ans dem Grunde nicht môglich, weil die lautliche Diffe- renz der Worte eine zu geringe ist. DieLehnworter, deren Herkunft ans dem Griechischen môglich ist, sind im Folgenden nicht noch mit einmàl aufgefiihrt.

c. griechische Wôrter.

Die eigentlichen griechischen Lehnworte habe ich in drei Gruppen eingeteilt : 1) in altgriechische oder classische; 2) in gemeingriechische nach dem Lexikon von Sophokles : Greek Lexicon of the Roman and Bizantin period, 1904 ; 3) in neugriechische ; danach verbleibt noch ein Rest, den ich mit den mir zu Gebotc stehenden Mitteln nirgendwo unterbringen und auch nicht identificieren konnte.

(A suivre)

B' Kluge.

Berlin.

KADAMANJARI

LE BOUQUET DES HISTOIRES

Contes tcanouls traduits pour la première fois en français (Suite et fin)

LXXI

Un roi avait chaque jour l'habitude de faire des lar- gesses aux brahmanes. Deux brahmanes, qui se trou- vaient un jour dans le voisinage du palais du roi, vinrent auprès de lui pour la quête. L'un était instruit et l'autre ignorant. Ils reçurent tous deux pour leur part une pagode. Alors le lettré s'écria : moi, j'ai beau- coup étudié et je connais les règles décentes de la danse et de la musique ; mais cette moitié de brah- mane n'a pas la même renommée ([ue moi; de plus il entretient une courtisane. Est-il posible de faire le même don moi et à lui ? Il y a un vieux dicton qui dit : donne ta fille en mariage, après avoir connu la famille du prétendant ; fais l'aumône en connaissant le vase. Alors le roi, qui était habile, ayant bien examiné ce qu'on venait de lui dire et en outre ayant appris que l'autre brahmane était marié et que c'était à ce titre qu'il avait chez lui une femme, donna une autre pa-

128

gode à cel ignorant. L'autre brahmane envieux dit au à roi : pourquoi agissez-vous de cette sorte? Je n'ai pas, lui répondit le roi, à examiner ici l'instruction de chacun ; je donne une assistance aux hommes mariés. Aussi, comme tu as dit que ce brahmane était marié, je dois lui donner le double et de beaucoup. Le brahmane instruit tout honteux s'en alla.

LXXII

Un lettré, étant arrivé dans une ville, apprit qu'un des habitants, doué de générosité, donnait aux étran- gers des festins. S'étant revêtu de guenilles, il se rendit chez lui et il attendit avec espoir. Cet homme géné- reux non seulement ne lui fit aucune largesse, mais il ne lui offrit pas même une place pour s'asseoir. Le lettré affligé partit. Un autre jour, il adopta une mé- thode différente et revint, après s'être revêtu d'un vê- tement magnifique, qu'il avait emprunté. L'homme gé- néreux, dès qu'il l'eut aperçu, le traita avec poli- tesse et le pria de venir s'asseoir auprès de lui. Le lettré s'étant assis pour le repas, prit aussitôt une bouchée de riz, qu'il répandit sur son vêtement. Le maître de mai- son, à cette vue, lui dit : pour quel motif agis-tu ainsi ? Alors le lettré répondit en ces termes : il y a quelques jours, m'étant revêtu de guenilles, j'étais venu vous voir, mais je n'avais reçu aucune nouriture. Aujourd'hui je suis venu après m'être habillé riche-

129

ment, et voilà que le repas a été fastueux. Ainsi ce repas n-l-ilété donné à mon costume ou à moi-même? Alors ce maître de maison, rempli de honte, donna de fausses excuses.

LXXIll

Un roi avait mis un imp(jt même sur tous les objets non imposables. Alors un jardinier vint trouver le roi et lui dit : hélas ! je suis très pauvre ; aussi ne puis-je payer toutes les taxes établies par vous. Je vous de- mande donc avec prière de vouloir bien, en ayant pitié de moi, me pardonner si je n'ai pu acquitter quelques taxes. Le roi, sans éprouver la moindre compassion pour le jardinier, le regarde et lui dit : il faut que tu t'acquittes de toutes les taxes. Hélas ! il n'y a pas moyen. S'il ne te convient pas d'habiter mon pays, dis-le. Désormais, dit le jardinier, vais-je m'en aller ? Tu peux aller, dit le roi, dans tout autre pays, si telle est ta volonté. Si vous me donnez votre consentement, j'irai dans le pays qui me sera désigné par vous-même, dit le jardinier. Va à la ville deSîrenga. Je ne puis aller dans ce lieu, dit le jardinier, car c'est votre frère qui le gou- verne. — Va à la ville de Tanjour. Je n'irai pas, dit notre homme, car c'est votre oncle qui s'y trouve. Va à Bander, dit le roi. C'est votre oncle maternel qui en a le gouvernement ; je ne veux donc pas y aller. Le roi se met alors en colère, regarde le jardinier et,

9

130

poussant un cri violent, lui crie : va-l'en dansl'Enfer du diable! Alors le jardinier, ayant poussé un grand cri : hélas! dit-il, je ne puis même pas y aller; car votre père, qui est mort, y a fixé sa demeure. Alors le roi, couvert de honte, pardonna à tous ceux qui ne pou- vaient payer les taxes injustes.

LXXIV

Voici ce qu'apprit un individu : celui qui, après avoir dormi, s'étant levé à l'aube du jour, verra une paire de corbeaux, jouira ce jour même d'un grand avantage. Cet individu tit venir son serviteur et lui dit : au point du jour, quand lu verras une paire de corbeaux, viens me réveiller. Le serviteur, comme on le lui avait prescrit, vint après avoir vu la paire de corbeaux, réveiller son maître. Celui-ci se réveille, se lève, mais, lorsqu'il regarde, il ne voit qu'un seul cor- beau, car l'autre était déjà parti à tire-d'aile. Alors le maître s'écrie : pourquoi n'es-tu pas venu me réveiller avant le départ d'un des corbeaux ? et, en disant cela, il h'appe avec colère son serviteur et le chasse. Celui-ci dit alors : hélas ! voilà le profit que j'ai tiré de la vue des deux corbeaux ; ne le vois-tu pas? Le maître, en entendant ces paroles, fut honteux.

LXXV

Un individu avait épousé deux femmes. A sa mort,

131

celles-ci avaient deux enfants. Un de ces enfants mou- rut et, sans désaccord, au seul qui restait elles conti- nuèrent de donner du lait, chacune à leur tour, et de l'élever. Les choses étant ainsi, une haine éclata entre les deux femmes, et elles en vinrent à se disputer au sujet de cet enfant, en criant : c'est moi qui l'ai en- fanté ! c'est moi qui l'ai enfanté ! Elles se rendirent toutes deux chez le juge. Mais devant l'impossibilité d'avoir une preuve par des témoins pouvant dire : c'est telle femme qui a enfanté, voici Tarlifice auquel le juge eut recours. Il regarda les deux femmes et leur dit : je vais couper cet enfant en deux et vous en donner h chacune un morceau. Alors l'une d'elles consentit et dit : c'est juste. Mais l'autre s'écria : hélas! ne coupez pas l'enfant; il ne m'est pas nécessaire; permettez qu'il soit laissé h cette femme. Et elle pleurait, et elle frissonnait. Le juge prononça la sentence : celle qui a été tourmentée pour son enfant est la vraie mère; mais l'autre, celle qui avait dit un mensonge, sera punie.

LXXVI

Un homme, fécond en ruses , alla trouver un grand roi qui, en le voyant, lui demanda : d'où viens-tu? en quoi es-tu habile? que faut-il te donner? Je viens, dit cet homme, de la ville de Kâsi : je suis assez fort pour boire en une seule fois toutes les eaux de la mer, et, si vous désirez voir cette merveille, vous devez

132

me donner mille pagodes pour les frais des sacrifices divins que, pour l'exéculion de ces dessins, je dois accomplir. Le roi, désirant voir ce qui allait arriver, lui donna trois mille cent roupies. Le lendemain, le roi, accompagné de tout le peuple de la ville, va sur le bord de l'océan, et, regardant cet homme rusé, lui dit : allons! bois l'océan. Alors notre homme dit : si au- cune eau, sauf celle qui s'y trouve maintenant, n'ar- rive dans la mer, en bouchant fortement l'énorme quantité d'orifices par les rivières tombent dans l'océan, je bois le tout dans un clin d'œil : cela n'est pour moi d'aucune importance. Le roi, en entendant ces paroles, se trouva dans l'impossibilité de dire un seul mot et garda le silence.

LXXVII

Un roi, nommé Râjakêsari, ne réclamait de ses sujets qu'un impôt sur le sixième des revenus; et, sans s'écarter de la justice, il gouvernait comme un père ses sujets, et l'on voyait la vache et le tigre boire ensemble à la rivière. Ce roi, se voyant atteint par la vieillesse, le monde supérieur l'emporta dans sa pensée (sur les choses d'ici-bas) et il jugea qu'il ne lui convenait plus de garder la royauté. Aussitôt il envoya à son fils un messager, chargé de le faire venir. Dès son arrivée, il le serre dans ses bras, l'embrasse, le fait asseoir à ses côtés et, le visage tout frissonnant, il le regarde et lui

133

parle en ces termes : hélas ! mon enf;int, je suis vaincu par la vieillesse. Aussi maintenant je veux décharger de mes épaules le fardeau lourd de la royauté, pour en charger tes épaules : je compte ainsi me reposer. Si tu approuves cette décision, c'est toi qui m'auras fait obtenir l'avantage du monde supérieur. Je te prie donc de m'accorder cette faveur qui me sera fort utile. Ensuite le roi, voyant que son dessein était approuvé par le jeune homme, qui avait réfléchi et s'était dit qu'il ne convenait pas de rejeter les paroles de son père, éprouva de la joie et s'écria : ô mon fils 1 il n'est pas aisé de gouverner. En tout temps, sans paresse, tu dois appliquer ton esprit à l'art de gouverner. Il faut arriver par les meilleurs moyens connaître toutes les nouvelles, au moyen de bons ambassadeurs, dési- gnés comme tels après diveres épreuves. Aux armées, aux généralissimes et autres chefs, il faut rendre la justice qui convient à chacun et leur causer ainsi de la joie. Sache que le ministre est la force principale des rois, quelle que soitcelle dont ils puissent disposer. En outre, il est mauvais de fairedes actions devant faire pleurer les pauvres qui sont affligés : et ne pense pas, quand ils pleurent, que ces larmes ne sont que de l'eau, mais songe qu'elles sont des armes, des scies, coupant et tranchant la royauté jusqu'à la racine. Marche avec cette confiance que le sceptre est l'arme qui donnera aux rois la victoire. Ainsi, par des for- mules diverses, ayant enseigné les règles de morale, et

134 ~

ayant versé l'onction royale, le roi s'en alla pour faire pénitence.

LXXVIII

Quatre frères s'en allèrent dans un pays étranger, ils apprirent d'un précepteur toutes les sciences; seul, le quatrième frère eut une instruction insuffisante. Les choses étant ainsi, voici la délibération qu'un jour ils eurent entre eux. Le premier frère dit : allons auprès d'un roi qui se trouve dans un pays lointain et montrons-lui toute l'habileté dont nous sommes ca- pables. Nous recevrons alors de grands présents que nous partagerons entre nous quatre, et nous retour- nerons chez nous. Le second frère dit à son tour : c'est entre nous trois qu'il faut partager les fanons que nous aurons gagnés grâce aux sciences acquises par notre travail. Il n'est pas juste de donner une part de cet argent à celui d'entre nous qui n'a pas étudié et qui est resté ignorant. Le troisième frère dit : ô mes frères ! notre quatrième frère, qui n'a pas étudié, est un homme habile dans. les affaires du monde. Or, ceux qui connaissent les affaires du monde connaissent les affaires des rois. Aussi les rois donnent-ils à ces hommes la gloire. Il ne faut donc pas abandonner notre frère, mais l'emmener avec nous et même lui donner une part de notre fortune. Parlons. Etant d'ac- cord sur ce point, ils partirent ensemble. Comme ils traversaient une forêt, ils aperçurent un tigre qui était étendu blessé.

135

Voici ce que dirent les trois frères qui avaient étudié : nous allons essayer sur ce tigre la science qui fait revivre les morts. A.lors l'ignorant : il n'est pas bon, dit-il, de faire cet essai sur un tigre. Si celui-ci revient à la vie, par cela même il causera notre perte; et par ces paroles il s'opposa à leur dessins. Le troi- sième frère dit : il faut croire ce qu'il vient de dire. Les autres, pleins d'orgueil pour leur science, lui dirent : pourquoi es-tu ignorant ? et, dédaigneux, ils commencèrent à faire relever le tigre. Mais deux des frères ayant dit : il faut, n'est-ce pas? se trouver à une grande distance, lorsqu'on voit des hommes mé- chants, s'en allèrent en courant et grimpèrent sur un arbre élevé. Les autres firent de nombreux efforts pour faire lever le tigre au moyen de formules magi- ques. Comme ils poussaient des cris, le tigre, qui était étendu évanoui, revint à lui, se redressa, et aussitôt il les avala et les dévora.

LXXIX

Un soldat ignorant avait l'habitude de battre sa femme tous les jours. Elle pensa : il faut que j'in- culque un bon esprit à ce sot, qui me bat sans raison, sans que nous commettions la moindre faute. Un jour que, selon sa coutume, il la battait, elle lui dit : pourquoi me battre ainsi ? Quelle (juc soit la chose que je te demande, tu no l'exécutes jamais comme je

136

l'cnleiids ; c'estpour cela que je te bats, lui dit-il. Elle lui fit faire ce serment : ma femme m'a dit que désor- mais elle exécuterait tout selon mon désir ; si elle agit ainsi, je serai plein d'affection pour elle, je ne l'inju- rierai pas et ne la battrai point. Or, un jour il l'appelle : eh donc ! vas-tu ? La femme vient en courant et le frappe avec un bâton. Que fais-tu ? lui dit-il. Elle le bat encore une fois, en disant : j'ai fait comme lu me l'avais dit. Un autre jour, comme elle donnait à son mari un plat de riz, il lui dit : Allons ! il y a une paille sur ma tête. La femme alors, l'ayant frappé une fois, lance un crachat sur sa tête. Un jour il lui dit : place ce fanon à l'intérieur de notre maison. Alors elle le bat une fois et ne cesse de l'injurier par ces mots : ô argent d'obstiné ! argent d'idiot I argent d'imbécile ! Le mari comprend enfin, et dans sa honte sa colère s'étant calmée, il traite sa femme avec respect, et, devenu un homme bon, il demande toujours son avis. Ainsi celui qui n'a pas étudié sera inférieur même aux yeux des femmes.

LXXX

Un marchand qui voyageait vint la nuit dans une chauderie, se coucha et s'endormit. Alors, parmi ceux qui étaient couchés, l'un d'eux vola un joyau qui était caché dans le çôman du voyageur. Quand le marchand se réveilla et qu'il ne vit plus son joyau, voici

1

\

137

quelles furent ses réllexions : là, parmi ceux qui sont couchés, je vais observer et palper les poitrines ; dans celle de l'homme qui aura volé, le cœur palpitera de crainte, par ce moyen il me sera possible de connaître le voleur. Alors il procède à son examen et palpe les poitrines : dans une seule il sent des palpitations et, pour lui servir de preuve, il coupe la toufïe de che- veux de cet homme et va se coucher. Alors le voleur, qui feignait de dormir, se lève et avec ses ciseaux coupe toutes les touffes de cheveux des dormeurs; puis il coupe avec ses ciseaux sa propre touffe de che- veux, coupée déjà avec plus ou moins de précision (par le marchand) ; ensuite il se couche.

Le marchand n'avait rien vu de tout cela. Dès que le surveillant de la chauderie se fut levé avant le lever du soleil, le marchand lui dit : j'ai reconnu un voleur, et, pour me servir d'indice, je lui ai coupé sa touffe de cheveux. Voyez-le donc, empoignez-le, prenez le joyau et rendez-le moi. Le surveillant fait lever tous ceux qui étaient couchés, examine leur tête, et, en constatant que toutes les touffes de cheveux avaient été coupées, ne peut reconnaître le voleur. Alors le surveillant les conduit tous avec lui chez le juge, auquel on raconte ce qui était arrivé. Le juge pensa : comme les touffes de cheveux de ces hommes ont toutes été coupées d'une seule manière, le voleur doit être un tailleur ou un barbier. Il s'informe alors des castes de tous ces hommes, et voit qu'il y a parmi eux un tailleur.

138

Il s'en saisit, le châtie et, lui ayant pris le joyau, il le remet au marchand. Kniin il les congédie.

LXXXl

Un poète, étant allé à la cour d'un roi, reçut un beau présent, une pierre précieuse d'un grand i>rix. Enapprenantcela, une servante du palais dit à son mari avec violence : il faut que tu enlèves adroitement ce bijou. Il suit donc la route de la forêt, arrête le poète et lui dit avec menaces : donne la pierre précjeuse. L'autre la met rapidement dans sa bouche, l'avale et dit : quelle pierre précieuse? Le mari de la servante lui dit alors : tu viens de l'avaler ; crache-la. Un chas- seur entend la querelle de ces deux hommes, se rap- proche d'eux vivement et leur dit : crachez tous deux la pierre précieuse, ou bien je vais vous tuer tous les deux. Alors le mari de la servante, qui de sa nature était bon, se dit en lui-même : hélas! nous avons écouté les conseils d'une femme, et, grâce à nous, ce poète est sur le point de perdre injustement la vie; aussi nous allons le faire échapper. Hélas! ô chasseur ! s'écrie-l-il, étant cousins germains, nous avons joué et plaisanté : nous n'avons nullement songé à avaler une pierre précieuse. Si tu as le moindre doute, fends- moi le ventre et examine-le : si lu y trouves le joyau, crois que celui-là aussi l'a avalé; sinon, laisse celui-là

139

en liberté. Alors le chasseur déchire le ventre de celui qui vient de lui parler, et, comme il n'y trouve pas de pierre précieuse, il laisse le poète comme un être sans valeur, et s'en va.

Ainsi les gens de bien, quoiqu'il soient ennemis, se rendent un bon service.

Gérard Devèze.

LES MOTS

ARABES ET HISPANO-MORISQUES

DU « DOxN QUICHOTTE »

(Suite)

Pedro de Alcalâ rend borcegui par iltimàq, qui est le mot ture accompagné de l'article arabe et passé tel quel en berbère (Cf. Cid Caoui, Dict.touareg-fr. : etlemegii bottes ».Le dire de Haedo ne fait que confir- mer cette interprétation : « Les Algériens appellent leurs borceguies du nom de tumaques » (f° 20 v"); et encoj'e : « Parmi les Juifs, quelques-uns seule- ment portent des tumaques ou borceguies ou bottes » (f" 23 v"). Mais chez Budget t Meakin, c'est « legging », de même chez Belot : « guêtres », avec une variante locale tournas.

Est-ce à dire qu'au XV-XVI" siècle le mot ma- ghrébin, dont borcegui est la transcription, était tombé en désuétude dans son propre pays d'ori- gine ? Bekry (XI® s.), chez qui on s'attendrait à le trouver, n'y fait pas la moindre allusion. Il ne figure ni dans l'Anonyme, ni dans R. Martin; mais tout cela ne prouve pas grand'chose. Ce qui est certain, c'est que l'exotisme de son allure, pourtant bien caractérisée^ ne frappe nullement Cobarruvias, qui

141

ne voit qu'un dérivé de bursa « parce que c'est comme une bourse nous enfermons le pied et la jambe ! » Cette dérivation trop facile, on la lui par- donne d'autant plus volontiers que Diez et Scheler eux-mêmes plaident pour ^ùpaa « peau de bœuf apprêtée, cuir », dont le flamand broos, dim. bro- seken, serait une déformation (Cf. Littré, Hatzfeld). 11 ne sait rien de l'origine du mot et ne doute pas de celle de l'objet : borcegid marroqui, dit la chanson.

Même en présence des deux seuls textes arabes dont il est possible de tirer parti et des trois ou quatre autres renseignements de source européenne qui viennent par bonheur les corroborer, on reste avec l'impression que ce mot maghrébin mocherky d'après Dozy, bou-cherky comme je vais essayer de le démontrer n'a laissé aucune trace derrière lui du jour il a franchi le détroit, probablement avec les Almoravides (XII' siècle), pour devenir bor- cegui et signifier simplement « brodequin ».

IVous savons que cherky désignait autrefois une espèce de cuir apprêté d'une certaine façon et, con- séquemment, une espèce de chaussure faite avec ce cuir.

Voici, en effet, ce qu'on lit dans la Descripcion de Affrica àe Marmol (1, 31 «, trad. de Perrot d'A- blancourt, I, p. 64) : « Dans le royaume des Abyssins, près du Nil, il y a quantité de chèvres sauvages... De la peau on fait les cuirs si estimés qu'on nomme Charequies, que l'on courroie en poil avec la racine à'alhegna dont il y a abondance dans ce pays et de très bonne. »

142

Dans la ReUition des Chérifs (Irad. p. 384) de Diego de Torres : « Dans la province de Tafilet... on cour- roie aussi les cordouans de datiles qu'on nomme Xerquis, qui sont de moutons, lesquels on courroie avec les coques de dattes ».

Dans la Top. de Argel (f° 26 b) de Diego de Haedo : o Certaines [femmes d'Alger], les Moresques principalement, portent des pantoufles à la moresque en cuir de couleur, très reluisantes, et qu'on appelle xerecLiillas (pour xerequillas =^ cherkiya). »

Ce n'est pas dans un qâmoûs de la langue clas- sique qu'il faut s'attendre à trouver le mot dont il est ici question, cherky. Dozy, à qui nous devons le dépouillement de tant de textes arabes, l'ayant ren- contré deux fois au cours de ses lectures, a eu garde de l'omettre dans son Supplément. Idrîsy notam- ment, à propos du costume du roi nègre de Ghana, dit : « Il porte aux pieds des Na^âl cherky », ce que Dozy traduit dans son Gl. esp. par « des sandales en cuir cherky », jugeant mauvaises les deux interpré- tations qu'il a données de ces mots, l'une dans son Commentaire sur Idrîsy : « des sandales faites de roseau cherky », l'autre dans sa traduction (p. 8, texte p. 7) : « des souliers garnis de courroies (?) », sur laquelle il est inutile d'insister'. La première cependant est sujette à caution, parce que l'auteur dit en toutes lettres quelques lignes plus haut (p. 5) que : « sur les bords du fleuve croît le roseau cherky ». S'il s'agissait nommément de cuir cherky,

1. De Goeje et Dozy, Descr. de l'Afrique et de l'Espagne par Edrisî.

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il ne semble pas douteux qu'Idrîsy eût pris le soin d'en avertir le lecteur, pour lui éviter de faire une confusion dont la gravité n'échappera à personne. Rien de plus ordinaire que des sandales de sparterie, et d'ailleurs le NaH n'est pas un Khouff. La seconde de ces trois interprétations serait donc la seule bonne.

A l'appui de sa thèse, Dozy cite en outre un pas- sage de VHist. des Berbères dans lequel Ibn Khal- doiin nomme, parmi les présents que le sultan Mé- rinide de Fez, Aboù Yoùsef Ya'qoùb, envoie à son voisin de Tlemcen Yaghmorasen, en 1270', « plu- sieurs ballots de cette sorte de cuir qu'on appelle cherky ». Mais le texte porte : « Ahmalân min el- Adim el-ma^roùf Dibâgh-ho bich-cherky » ce que de Slane a traduit avec toute l'exactitude désirable par : « plusieurs ballots de cuirs apprêtés de la ma- nière dite cherky^ ». Le sens est différent : le tannage [Dibâghj s'appelle cherky.

D'où vient ce relatif cherky ? De quel substantif est-il formé et que désigne ce substantif ?

Pour Dozy, cherky dérive â^ un certain mot acherk, auquel il attribue le sens de « espèce de mouton » [Gloss. et Suppl.) d'après un texte unique, un pas- sage de Maqqary, (11, p. 711, 1. 13; il serait ques- tion de trente peaux de cet animal que le sultan

1. Dozy ne donne ni le nom de ces sultans- ni la date, très utiles à connaître pourtant pour l'historique du mot.

2, De Slane, Hisî. des Berbères, trad.,IV, p. 84-85, texte, II, p. 283; éd. de Boûlâq, VII, p. 195, 1. 21, on lit bien cherky au lieu de cherkest/ dans Slane corrigé par Dozy.

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Mérinide Aboû 1-Hasan 'Aly expédia, .entre autres donatives, à Mohammed ben Qalâwoûn, sultan d'E- gypte, A'ers 1335.

Ces chèvres d'Abyssinie, ces moutons du Tafîialet, dont parlent Marmol et Torres, et qui fournissaient le cuir tanné dit ckerky, auraient donc été désignés sous l'appellation générique (ïacherk ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, il n'en va plus de même à présent. Bien au contraire, Cherk (= acherk?) dé- signe le cuir_, et cherky l'animal. En effet, Cherk, d'après Beaussier, se dit en Algérie d'une « espèce de cuir passé en couleur», et plus particulièrement, d'après diverses communications verbales qui me sont faites, de la « basane ». Ces significations sont pleinement confirmées par les extraits précités de nos trois auteurs espagnols. Si la couleur n'importe guère, il n'en faut pas moins remarquer que l'on employait autrefois dans l'apprêt cherky les coques de dattes ou encore la racine d'alhena, c'est-à-dire de hiiinâ (lawsonia inermis, vulg. heniié)\ et que, grâce à ce procédé, le cuir passait aux mains du corroyeur déjà tout teinté de la plus belle rutilance fauve qui fût. Alors, avec ces « cordouans de da- tiles » si estimés et qui, semble-t-il, prenaient le nom de cherky quand une fois ils étaient ainsi ap- prêtés', on fabriquait des ^eme^pour les uns, et pour

1. Cf. les glossaires de Dozy et d'Eguilaz, s. v...

2. L'art de préparer les peaux devait être dans l'Occident mu- sulman sensiblement le même qu'en Orient. On trouvera à ce sujet une excellente notice dans le t. XVIII, p'% pp. 71-84, de la Descv. de l'Egypte.

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les autres des brodequins dont la vogue, avec le nom, s'étendit jusque dans la péninsule voisine, et de en Italie, en France et dans les Flandres. Rabelais y fait certainement allusion dans ce passage du Gargantua (I, 16) : « Son père luy feit faire des bottes fauves : Babin les appelle brodequins ».

Quant à cherky, c'est le nom que les indigènes de la région des Ksours donnent pour l'instant à un ruminant qui habite la limite entre les plateaux et les sables et vit en troupes de deux ou trois au plus. « J'appris, dit le C^ de Colomb {op. cit., p. 43), que les Arabes reconnaissent quatre espèces de ga- zelles qu'ils désignent par des noms différents. Le nom de genre est el ghouzel. Les noms d'espèce sont el ede mi, elsin, elrim, el cherqui... »

C'est, à ma connaissance, la première fois depuis le XVl' siècle cju'on trouve relaté le mot cherky. Mais, sous l'influence du principe général de l'ana- logie, ce mot a subi dans l'intervalle un changement de signification : d'abord nom d'apprêt, puis de cuir, il est devenu nom d'animal, passant de la chèvre et du mouton à la gazelle. Par compensation, on a aujourd'hui cherk pour désigner le cuir du mouton seulement, non la bète ; cherh, logiquement plus ancien que cherky, puisque celui-ci est une nisba ou adjectif relatif dérivé de celui-là.

Un animal quelconque dont la peau tannée aura reçu le nom de cherk, sera naturellement dénommé cherky. Nous avons sous les yeux une rigoureuse contre-partie de cette dérivation dans le terme e'démi^ littéralement âdamy, appliqué à l'une des quatre

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espèces de gazelles de la région des Ksoursiû dam y est le relatif de Adi'm, qui signifie « (uiir » en gé- néral.

De ce fait, on est déjà en droit d'inférer que acherh\ ou par aphérèse cherk, ne désigne pas un animal, comme le croit Dozy. Celte conclusion s'im- pose d'autant mieux que Vacherk, tout au rebours de cet autre animal protée, le fanek, dont il a été parlé quelques pages plus haut, est complètement ignoré des naturalistes arabes. En sorte qu'on devra entendre par le « çalâçiii Djild aclierk » de Maqqary non pas « trente peaux à'acJierk », mais « trente peaux [dites ou du genre] adierk ».

[A suivre.) Paul Ravaisse.

B1BL[0GRAPHII<:

Les vingt-cinq récits du mauvais génie, traduits de l'hindi, par Mathilde Deromps, élève diplômée de l'Ecole des langues orientales vivantes. Paris, Paul Geuthner, 1912, pet. in-8°, (vj)-233 p.

L'auteur de ce joli livre, traduction complète du livre indien ipopul'dire Bâitâl patchîsî, a été mon élève; je serais donc suspect de partialité à son égard, si de pareils ouvrages ne portaient en eux-mêmes leur con- trôle. Ceux qui ont l'habitude des choses littéraires et qui connaissent en outre un peu l'Orient verront par la lecture de ces récits combien la traduction doit être en général exacte et fidèle. C'est la première fois que le vieux recueil hindou est présenté aux Français d'une façon continue et dans son ensemble, et la traductrice en a considérablement augmenté la valeur en y ajou- tant ce qu'elle appelle un commentaire, c'est-à-dire des notes explicatives intéressantes et utiles, dont quelques-unes cependant donneraient lieu à certaines observations; il y aurait à relever quelques petites erreurs de détail.

On admir(^ra une fois de plus dans ces contes l'abon- dante fantaisie et la subtilité ingénieuse de l'imagina- tion indienne; je citerai notamment le gourmet qui, en goûtant du riz, reconnaît (|u'il a pourri dans un ter-

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rain il y avait eu jadis un cimetière ; l'amoureux qui, en embrassant une courtisane, reconnaît qu'elle a été accidentellement allaitée par une chèvre pendant son enfance ; l'épouse infidèle dénoncée par le voleur ; les trois prétendants qui conservent les restes de la jeune fille et les rappellent à la vie, etc.

Julien ViNSON.

Vocabulaire franrais-anglais-tamoul, par J. Boy et S. SwAMiNÂTHADiKCHiTAR. Imprimerie moderne, Pondichéry, 1912, m-12, 32 p.

Simple recueil de notes et d'expressions formé par le sous-directeur et par un professeur du collège Calvé-Louprayaclietty ; ne parait pas d'ailleurs pouvoir être d'une bien grande utilité.

J. V.

Sinithsonian Institution. Bureau of American Etli- nology ; Bulletin n"52. Eaiiy man in Soutli Ame- rica, by Aies Hrdlicka. Washington, 1912, in-8°, 405 p. et 52 pi.

Publication du plus haut intérêt, faite avec le soin et l'exactitude qui caractérisent les précédentes du même auteur. Impression admirable. Planches su- perbes.

J. V.

Histoire légendaire de la Nouvelle-Espagne, par le comte H. de Charencey. Paris, C. Klincksieck, 1912, gr. in-8", 119 p.

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Dans cet intéressant travail, le savant auteur, si au courant des choses américaines, compare les légendes du nouveau et de l'ancien monde dans le but d'arri- ver à établir l'origine de la civilisation de la Nouvelle- Espagne.

J. V.

L'année linguistique, publiée par la Société de S* Jérôme. Tome IV, 1908-1910. Paris, Klincksieck, 1912, pet. in-8°, 245 p.

C'est à notre collaborateur, M. de Charencey, que revient l'honneur et l'initiative de cette publication, importante et utile au premier chef. Le présent vo- lume n'est point inférieur à ses devanciers. Il com- prend, outre une Introduction de M. de Charencey, huit notices sur des groupes linguistiques spéciaux : K.-J. Barmasjian, L'étude de l'arménien; Ignacio Guidi, Langue et littérature arméniennes; H, Guérin, Les langues égyptienne et copte; J. Vinson, Les lan- gues kol ou mundan ; D"" Rivot, Les familles linguis- tiques du nord-ouest de l'Amérique du Sud ; J. Vin- son, Les langues artificielles; et H. de Charencey, Comptes-rendus bibliographiques.

J. V.

Union des Sociétés historiques et archéologiques du Sud-Ouest. IV" Congrès Biarritz-Bayonne, du 30 juil- let au 3 août 1911. Biarritz, imp. E. Soulé, 1912, in-8", 283 p., fig.

J'ai déjà parlé de ce Congrès, l'on s'est occupé

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particulièrement de la langue et du pays basques. Le compte -rendu complet qui vient de paraître et qui con- tient le texte même des communications, ne peut donc qu'intéresser vivement nos lecteurs. Ce volume montre, de plus, l'importance et la nécessité de ces grands groupements provinciaux ; la collaboration des efforts et des bonnes volontés doit aboutir à des résultats considérables.

Les communications intéressant la linguislique sont les suivantes : M. L. Batcave, Fables de La Fontaine, en gascon {p. 220); J. Bergez, Étymologie des noms de lieux de la vallée d'Aspe (p. 197) ; Albert Léon, Le verbe basque (p. 35) ; Sarrieu, Latin et gascon (p. 217) ; J. Vinson, Le Nouveau Testament basque de 1571 (p. 157) et discours à la séance publique (p. 33) ; et surtout le rapport de M. J. de Urquijo sur Les études basques (p. 88).

Ce volume se présente bien et est imprimé avec beaucoup de soins ; j'aurais cependant quelques desi- derata à formuler. Il aurait été bon, par exemple, que chaque page ait son titre courant, car les recher- ches sont ainsi singulièrement facilitées.

J. V.

J

VARIA

I. Éloquence révolutionnaire

On sait ce que vaut aujourd'hui l'éloquence politique au sein des comités démocratiques. Sous la Révolution, le Jargon des discoureurs, non pire peut-être, était différent et s'ampoulait le plus souvent de souvenirs antiques. Parmi les plus belles « perles » recueillies par M. Gustave Dupin dans son intéressant et teriible article de la Nouvelle Reçue, citons cette déclaration anticléricale de François de Nantes : « J'ai vu dans les campagnes les flambeau.x de l'hyménée ne jeter plus qu'une lueur pâle et sombre, et le squelette de la superstition s'asseoir jusque dans la couche nuptiale. . . »

D'une députation, cette autre belle phrase : «... Le peuple le veut ainsi, et sa tête vaut bien celle des despotes couronnés. Cette tête est l'arbre généalogique de la nation, et devant cette tête robuste, le faible roseau doit plier. »

Voici qui est mieux encore : « Il y a ici une grande vérité à proclamer, c'est que l'homme qui a tramé contre l'intérêt national, et dont la tête tombe sous le glaive de la loi, est forcé lui-même, au moment le couteau fatal tranche le cours de sa vie, de rendre hommage aux grands principes. . . » (Thuriot.)

Et voilà qui est tout à fait bien. Un orateur de section, dans un superbe mouvement d'enthousiasme, s'écria un jour : « Oui, je prendrais ma tête par les cheveux, je la couperais, et, l'offrant au despote, je lui dirais : « Tyran, voici l'action d'un homme libre. » Saint Denis, lui-même, n'aurait pas mieux fait.

II. Poésie et Judicature

On a appliqué la poésie aux choses les moins poétiques. Il s'est

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trouvé un receveur de l'enregistrement pour chanter en vers les louanges de sa profession :

L'administration de l'enregistrement Poursuit avec ardeur son fonctionnement Et classe avec grand soin dans ses bibliothèques Les dossiers relatifs aux purges d'hypothèques. Le Code civil lui-même a été mis en vers. J'en ai sous les yeux deux versions différentes :

Quand le premier Consul a promulgué les loix,

Elles ont force exécutoire, Et l'on doit, dans ce cas, obéir à leur voix, Des Français dans le territoire ; Elles auront leur exécution Sur chaque point de notre République, Dès que la promulgation En sera connue et publique. Code civil des Français, avec le texte en regard. Livre premier. Par T.-H. F. B. A Paris, chez Sh. Le Clerc, 1805 2' de l'Em- pire. In-18, 484 p.

Quand le Prince en a fait la promulgation. Dans chaque lieu français la loi sera connue, Dès que la voix du Prince y sera parvenue. Cette voix est censée acquérir sa valeur Dans le département sera l'Empereur, Un jour après celui qu'elle s'est fait entendre. Dans les autres il faut, après un jour, attendre Autant de fois un jour que le département, A partir du chef-lieu, sera de fois distant Du siège impérial, de dix myriamètres, (Vingt fois la lieue ancienne, aux yeux des géomètres). Code Napoléon mis en ccts par D... ex-Législateur. A Paris, chez Clament frères, 1811 ; in-8", (vij)-viij-666-(ii) p.

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

Chalon-sur-Saône, Imprimerie E. Bektrand. 77.">

é

LA SORCELLERIE DANS LE LABOURD

AU SEIZIÈME SIÈCLE

Dans tout le clergé français, les prêtres basques se distinguent par leur instruction, leur valeur person- nelle, leur dignité et leur haute moralité. Il m'en coûte pas de leur rendre ce témoignage, car je les ai beaucoup étudié et fréquenté quand je poursuivais mes études basques et je ne suis pas suspect de par- tialité. Mais il faut reconnaitre qu'il n'en a pas été toujours ainsi et il est puéril de nier des faits existants. Au seizième et au dix-septième siècle, les prêtres basques, des deux côtés de la frontière, menaient une vie fort peu édifiante. Sans remonter jusqu'à ces déli- bérations des Juntes de Biscaye, plus ou moins au- thentiques, qui autorisaient les prêtres du pays à entretenir des concubines, barraganas, afin que les honnêtes femmes soient à l'abri de leurs attaques, nous avons des témoignages plus probants, celui par exemple que rapportait M. G. Lacombe dans un de nos derniers numéros.

En 1545 parut à Bordeaux un recueil de poésies basques composé par le curé de St-Michel-le-Vieux, Bernard Dechepare. Ces poésies sont pour moitié reli- gieuses et pour moitié amoureuses : dans cette dernière

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partie, sont des morceaux assez hasardés ; il y a même une strophe que M. l'abbé Dubarat a pu à bon droit qualifier d'infâme. C'est qu'est le vers célèbre : « je ne voudrais pas être au paradis, s'il n'y avait pas de femmes ». Ce petit livre a été imprimé aux frais d'un ami de l'auteur, avocat au parlement de Bor- deaux. La bonne société n'était donc point choquée de ces poésies et cela nous permet de constater à la fois et la tolérance générale et l'état des mœurs dans le pays.

Pierre de Lancre, Conseiller au Parlement de Bor- deaux, a rendu compte, dans son ouvrage sur Vin- constance des mauvais anges et démons, de la procé- dure qu'il a dirigée en 1609, en compagnie du Pré- sident d'Espaguet, contre les sorciers du Labourd. Il y représente les prêtres basques comme généralement peu recommandables : débauchés, joueurs, courant les marchés en compagnie de belles filles, entretenant des maîtresses dont ils avaient des enfants, etc., et en outre adonnés ardemment à la sorcellerie.

En 1643, dans son Gvero, le curé de Sare, Axular, insiste sur lès péchés commis contre les sixième et neuvième commandements de Dieu commis par les hommes d'Église; on a supprimé ces passages, dans une édition de 1864 maladroitement retouchée, mais les faits n'en subsistent pas moins.

A qui attribuer cette démoralisation? De Lancre n'hésite pas à en chercher les causes dans la sorcellerie alors générale dans le Labourd ; le digne magistrat croit d'ailleurs que cette situation était le résultat indirect des missions catholiques en extrême-orient.

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Chassés de la Chine et du Japon par les jésuites, les démons se seraient réfugiés dans le pays basque la nature du sol, le climat, le caractère et les habitudes des habitants leur offraient un terrain extrêmement favorable.

Je ne prétends pas traiter ici de la sorcellerie en elle-même, au moins, je renverrais à Michelet, mais je dois faire observer que son origine est beau- coup plus ancienne et beaucoup plus compliquée que ne le suppose le magistrat bordelais. C'est évidemment d'Espagne qu'elle est venue au Labourd et elle avait passé auparavant de France en Espagne pour la Catalogne sans doute. Quant à l'époque de son organisation, les noms que nous trouvons dans certaines formules Philippe, Pierre d'Aragon^ Jean de Castille, Valence l'indiquent suffisam- ment. En retranchant de l'exposé de de Lancre les extravagances, les fantaisies, les inventions que la peur inspira aux témoins et aux accusés, il reste non moins des faits précis qui permettraient de s'en faire une idée. C'était comme une société secrète, une sorte de franc-maçonnerie avec ses signes et ses formules; on se réunissait, les soirs ou la nuit, surtout du samedi au dimanche, dans un lieu écart et désert. C'était en quelque sorte la revanche des misérables, les protesta- tions contre les lois injustes, contre la société orga- nisée, la révolte des opprimés contre les oppresseurs, des serfs contre les maîtres, des pauvres contre les riches. L'assemblée était aussi présidée par un bouc, animal immonde, personitiant les puissants de la terre et c'est de que vient le nom basque du lieu du

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sabbat, agualarra, « bande de boucs ». On adorait le diable, on blasphémait Dieu, on disait une messe grotesque, on simulait des repas étranges^ on fabri- quait même des choses innommables, des philtres et des poudres magiques, on se livrait sans vergogne à des accouplements incestueux ou adultérins, suivant le caprice du moment.

Un détail intéressant à relever, c'est l'existence d'un petit objet en crin qu'on mettait au cou des enfants pour les préserver des maléfices ; on l'appelait le higo et il représentait l'index croisé sur le pouce : « faire la figue » est un geste de mépris bien connu ; il serait intéressant de rechercher dans le pays si l'on ne retrouverait pas quelque part un de ces petits objets qui devaient être assez communs.

Le sentiment qu'inspire la lecture du livre des sentences est à la fois une horreur invincible pour la férocité stupide des juges et une pitié profonde pour les victimes ; les magistrats impitoyables ont fait périr plus de soixante infortunés dont sept prêtres.

Il m'a paru intéressant de relever, dans l'édition de 1613, les noms de ces victimes et ceux des témoins ; les registres juridiques de cette époque existent encore pour la plupart et on y pourra retrouver les noms de ces « sorciers » plus ou moins repentis.

Abanstena (Catherine d'), p. 363. Abbadie (Jeannette d'), de Ciboure, seize ans, pp. 6,2, 68, 72, 90-91, 130, 132, 198, 212, 223, 363, 462, 464. Adamechoren (Marie Martin, dame d'), 128. Aguerre (Pétri d'), 12, 124.

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Anduitse, de Ciboure, 91, 134.

Ansogarlo, de Hendaye, 128.

Ansuperoma, 212.

Armor^es (Augenot d'), Ustaritz, 101-102.

Arterouague (Catherine), d'Ascain, 92.

Atsoua, 128, 242.

aveugle (petit), de Ciboure, 90.

Aspilcueta (Marie d'), 19 à 20 ans, 68, 225.

Aspilcueta, 109, 198,

Balcoin (Maria), 199.

Barrandiguy (Catlierine de), dite Cattalin de Bar- dos, de Hatsou, 146, 416.

Belloc (Etiennette de), dite Atsoua, 24 ans, 128.

Biscar (Jeannette), 142.

Bidaguaray (Pierre de), prêtre, de Ciboure, 133.

Biscar ay a (Jeanne), 145.

Bocal (Pierre), prêtre, de Cibours, 27 ans, 36, 133, 427 et 92, 463 et ss.

Bonne d'Annotte (Marie), St-Jean-de-Luz, 146.

Bourherry (Estebanot de), 145.

Bi'olic (Corneille), 12 ans, St-Jean-de-Luz.

Carricart, 146.

Chatnocorenat (dame de), 91-92, 181.

Chorropinue (Marie de), maison lanetobarta, Us- taritz (1576), 101.

Detcheguaray, prêtre, 465.

Detcheto, 144.

Detsail, Ciboure, 86, 87, 129.

Dlbasson (Jeanne), 125.

Dichinique (Joannes), 144.

Diadarte (Marie), Sare, 17 ans, 110.

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Doihangaray (Marie), St-Jean-de-Luz, 147. Dojartzabal (fille), Ascain, 15 à 16 ans, 96. Du Hard (Jeanne), Urturitz, 56 ans (1576), 101, 130. Ercola, prêtre, 465.

Gastagnalde (Marie de), Sare, 14 ans, 87, 109, 136. Gratianne, Ciboure, 90, 134. Handnich (Bertrand de), Sare, 10 ans, 73. Harrousteguy (Jean de), prison de Soubernous. 128. Hanzy (Marie de), 145. Hirigoyen, prêtre, vicaire de lasso, 145. Hirigoien, dame de Sornans, Ustaritz, 102. Hostilopits (Jeanne de), Sare, 14 ans, 73. La Garralda (Christoval de), 15 à 16 ans. Landalde (Catherine de), Ustaritz, 30 ans, 101. La Rai de (Marie de), 28 ans, 89, 125. Linarre (Pétri de), 126. Linalde (fille), Sare, 142. Lisalde (Pétri de), 145. Laurencena (dame de), 144. Mandibouro (fille), 316. Marguerite, de St-Pée, 125. Marguerite, de Sare, 16 à 17 ans, 92, 142. Marier chiquer a de Machinna, 67. Marigrane (Marie de), 15 ans, Biarritz, 101, 140, 218, 225.

Molares (Mariecho de), Hendaye, 110, 126-127. Martin (Marie), St-Jean-de-Luz, 146. Martibalsarena (la dame de), 212. Massirrans, de Tartas, 89, 109. Menioin, Ustaritz (1576), 102. Miguelechorena, 91.

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Miquelechorena (Marticot de), Ciboure, 91, 134.

Migalena, prêtre, Ciboure, 60 ans, 133, 427 et ss.

Morguy (fille), 27 ans, 364.

Nagidlla (Catherine de), Ustaritz, 11 ans, 62.

Nag ailla (Marie de), Ustaritz, 16 ans, 110.

Necato, Urrugne, 86, 87, 109.

Olgaray (Joannes), 145.

Oylarchachar, 123.

Salboutouria (femme), 145.

Sandoteguy (fille), 20 à 25 ans, 109.

Sansinena (St- de). 460, 42.

Souhardibels (Jean), prêtre, 469.

Subiette (Saubadine de), Ustaritz, 111.

Telechea (Jeanne de), 396.

Tureteguia (Marie de), de Zugarramurdi, 396.

Mais, quand on lit les dissertations et les déposi- tions dont le livre de de Lancre est rempli, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, de la sottise et de la naïveté, de la férocité froide et de l'assurance des uns et des autres. . . Le Labourd était en proie à une sorte d'épidémie contagieuse, une crise de folie mystique qui se traduirait par des hallucinations et des rêves. Et remarquons que les témoins et les victimes, en 1609, étaient surtout des femmes, particulièrement des jeunes filles de douze à seize ans. On n'y trouve que fort peu d'hommes dont la plupart étaient des prêtres.

Je ne sais si les détails qui précèdent intéresseront les lecteurs de la Reoae, il y a pourtant des choses q^ui touchent à la fois à l'histoire et au développement

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de la pensée humaine. D'ailleurs, celui qui se livre à des études spéciales et qui est absorbé par une idée subite qui lui est venue au cours de ses travaux, ne se rend pas toujours un compte exact de l'impor- tance du sujet qui le préoccupe.

I

Julien ViNSON.

NOMS DE NOMBRE EN TURC ET EN SAMOYÈDE

En raison de leurs affinités de formation, affinités de nature à permettre d'utiles comparaisons expli- catives, il ne nous a pas semblé possible d'élucider la constitution des noms de nombre, dans le groupe turc, sans rapprocher ceux-ci des expressions numé- rales usitées dans le groupe Samoyède,

En effet le turc a pour défaut principal, dans la constitution de ses mots, de laisser tomber, très souvent, la consonne initiale. De plus, quand il consent à commencer un mot par une consonne, il est rarement sans lui faire subir une permutation, car il répugne à mettre, en tète de ses mots, nombre de consonnes. Il n'est donc guère possible d'utiliser, pour un examen quelconque, des formes turques, en particulier celles de l'osmanli, souvent fort usées et modifiées, sans remonter à celles que le groupe turc a transformées pour les mettre a l'unisson de ses habitudes.

Ces motifs nous ont porté spécialement en ce qui concerne les noms de nombre, à rechercher les anté- riorités des formes rencontrés dans les dialectes turcs, dans les formes samoyèdes, les aspects anciens sont d'ordinaire mieux conservés.

162

Pour nous, tous les éléments vocaliques utilisés dans la formation des noms de nombre sont issus d'une valeur « doigt «, dont la forme aînée est kw, suivie d'une voyelle, par exemple « a »/ d'où kwa. Cette forme, réduite à />«, a subi tous les affaiblis- sements dont « k » est susceptible, tout en conser- vant d'ordinaire sa valeur « doigt » ou son équiva- lence « un » ; elle a pris toutefois, assez souvent, la valeur « seul ». De kwa, par moindre effort, sont issus les aspects wa, ha, la, etc., dont la valeur est également « doigt », laquelle, toutefois, s'est volon- tiers spécialisée à celle de v pouce ». Quand wa se réduit à « u » ou bien encore à « o », il ne s'agit plus d'ordinaire que de la valeur « un », sans spécia- lisation.

Une autre dégénérescence de « est « r», issue de la séquence k = t = l = r. L'aspect en «r» a sou- vent le sens spécial de «sorti» «dépassant», «mis à part». Avec la valeur « dépassant » l'aspect « r » désigne, le plus souvent le doigt majeur, c'est-à- dire celui qui dépasse les autres.

Notons, de plus, que les noms de nombre, quand on analyse leurs éléments formatifs, ne sont, le plus souvent, que l'expression, la traduction vocalique, des gestes du comput manuel par lesquels les nombres sont indiqués quand l'on compte sur ses doigts.

Gela dit, passons à l'analyse des noms de nombre turcs, en nous aidant des éléments comparatifs fournis par les dialectes samoyèdes.

163

Un

Un premier groupe de formes pour exprimer « un » est le suivant; constitué par des aspects samoyèdes :

o-boi jurak

o-b jurak et kamassine

o-ai tavgi

(o-m) o-n kamassine

L'on a, dans « o » initial, la valeur « un » ; puis, dans boi, dans sa dégénérescence ai, dans « b » et dans « m », la valeur « pouce ». Les aspects ci-dessus de « un », en samoyède, se traduisent donc par : un pouce. Cette formation est en parfait accord avec le comput sur les doigts.

Un second groupe, pour exprimer « un » est cons- titué par :

o-ker samoyède-ostiak

o-kur samoyède-ostiak

ter forme hypothétique

per turc-tchouwache

ber turc-kobail et turc-jacoute

bira turc-karagassi

bir turc-kobail et turc-osmanli

Dans « o » initial de o-ker et de o-kur, on a la valeur «un», comme ci-dessus.

Dans ku et ke, équivalences de k<>v, puis dans les affaiblissements de ke : te, pe be et bi. Ton a la valeur « pouce ».

164

Enfin, dans « r » finale, Ton a la valeur « mis à part ».

Les aspects de l'ostiak, avec début en « o », se traduisent donc par : un pouce mis à part; les autres aspects, dépourvus de « o », se traduisent donc par : le pouce mis à part.

On est donc, ici encore, en parfait accord avec le comput sur les doigts.

Deux

Pour exprimer ce nombre, nécessairement consti- tué par deux unités. Ton a :

Samoyède

si-te

ostiak

si-tte

ostiak

si-ti

tavgi

sidea

jurak

si-d

jurak

si-de

jénisséi et kamassine

se-de

ostiak

si-re

jénisséi

Turc

i-ke

kobail el jacoute

i-kke

tchouwache

i-ki

kobail et osmanli

i-hi

karagassi

D'après les aspects fournis par les dialectes turcs, il est permis de supposer, à l'ensemble des aspects qui viennent d'être relevés, une antériorité ti-ke.

La première syllabe de ces formes diverses : ti hypothétique, si des dialectes samoyèdes ; « i »,

165

après chute de « s » dans les dialectes turcs, a la valeur « doigt ».

La seconde syllabe : ke égalant kwa. pouce, et les dégénérescences de he par : te, de, re, avec le hypo- thétique entre de et re, a la valeur pouce.

Les deux syllabes constitutives de deux se tra- duisent donc par : doigt et pouce, soit : un doigt et le pouce.

Cette formation de deux s'accorde avec le comput manuel, deux s'indique en dressant l'index et le pouce et en pliant les autres doigts sur la paume de la main.

Trois

Dans les dialectes samoyèdes ce nombre est exprimé par les formes ci-après :

na-gu-r ostiak, tavgi et kamassine

na-ha-r jurak

no-ha-r ostiak

n-a-r ostiak et jurak

ne-hu jénisséi

Ces formes ont pour type na-gu-r, dont les autres sont d'évidentes dégénérescences.

Dans na-gu-r on rencontre : na, pour ma, pouce; gu, pour ku, doigt : enfin « r », le sortant, ce qui s'applique ici au doigt majeur.

Ainsi trois est constitué, en samoyède par : le pouce, un doigt et le majeur, ce qui correspond au geste du comput manuel pour indiquer trois : dresser

166

le pouce, l'index et le majeur, replier les deux autres doigts.

Quand Ton compte sur ses doigts, que l'on com- mence par le pouce ou par l'auriculaire, le nombre trois se rencontre nécessairement sur le majeur, qui devient ainsi la caractéristique du nombre trois.

Dans les dialectes turcs, les formes pour trois sont les suivantes :

o-l osmanli, jacoute et kobail, dans trente

u-d karagassi, dans trente

u-lch osmanli, trois isolé

ui-ts kobail et jacoute, trois isolé

wi-sse tchouwache, trois isolé.

Ces aspects sont en relation directe avec : c-t, le dessus, ce qui dépasse, en osmanli : o-^-maq, avoir le dessus; u-tch, lin, bout, extrémité (ce qui dé- passe), en osmanli; ii-s-t, le dessus, en osmanli avec us, pour dessus, ce qui dépasse et « t » pour « d », signe du commoratif, valeur « dans ». Remarquons, en passant, la relation entre wi-sse^ tchouvache, trois et b-ach, tête, ce qui dépasse, en osmanli. Cela donne à penser que les diverses formes pour : « ce qui dépasse », ont eu, originairement, un début en « b » ou en « w ».

On le voit, dans leur constitution de trois, les dia- lectes turcs n'indiquent plus que la caractéristique de ce nombre : le dépassant, c'est à dire le doigt majeur, du moins en apparence.

Ainsi, en examinant le trois tchouwache : wi-sse, on trouve, en comparant cette forme à o-t, que « s »

167

de la seconde syllabe de wi-sse peut se rétablir en «t», d'où, pour i,vi-sse, une équivalence wi-te. Or, constamment « i » cache un primitif « k » et « w » a pour équivalent (c m ». L'on peut donc rétablir m, de wi-sse en mek et l'on obtient pour trois, une forme me-k-te, à comparer avec na-gu-r, du samoyède, avec, dans la forme turque ; « ma » pour « na » ; « k » pour gu et te pour «r». Or « t » se rattache à « r » par la séquence : T=L=R. Il semble donc possible que les formes pour trois en samoyède et en turc, aient plus de relation entre elles qu'elles ne le paraissent tout d'abord.

Quatre

Quand l'on indique quatre, par le geste naturel, on plie le pouce sur la paume et l'on dresse les quatre autres doigts. Cela répond à une opération soustrac- tive, à une soustraction : retirer un (doigt) de la main, autrement dit d' «une» main. Aussi, d'ordi- naire, les formes de quatre décèlent elles un élément «un» qui est celui à soustraire. Un autre élément est également exprimé dans quatre, mais il varie : tantôt il s'agit de «un», ce qui veut dire «une» (main) ; tantôt il s'agit d'une forme de main rendue par un pluriel de doigt, ce qui donne, à ce pluriel, de doigt, ce qui donne, à ce pluriel, la double valeur « main » et cinq. Alors quatre se traduit par : un de la main, un de cinq.

Dans le samoyède et le turc quatre est constitué par « un » et « un » : soit « un » d' « une », un à ôter d'une main.

168

Voici, dans ces deux groupes, quelles sont les formes de quatre :

Turc teu-r-t Kobail

deu-r-t Osmanli

to-r-t Kobail, karagassi et jacoiite.

do-r-t Karagassi Samoyède te-...-t Jurak

tie-...-t Jurak et ostiak

tie-...-tta Ostiak

ta-.,. -ta Tavgi

te-...-to Jénisséi

the-,..-de Kamassine

Dans les formes turques le premier élément, avec valeur « un » est rendue par une forme composée de « un » soit te doigt et « r», mis à part, seul. Com- parer, à ce propos, kei\ un de Fostiak ; joe/', un du tchouwache; bir, des autres dialectes turcs. Or, entre ker etper, l'existence d'un intermédiaire te-r, préci- sément la forme rencontrée dans la composition de quatre, est logiquement supposable. On a donc, dans les deux premières syllabes rencontrées dans la com- position de quatre, dans les dialectes turcs, une valeur « un ».

Dans les dialectes samoyèdes, la première syllabe formative de quatre : te^ tie, ta, te et the a la valeur « un » ; la seconde syllabe te, est formative de deux, car te est, en effet, une équivalence immédiate de ke, « doigt » et « un ».

De même le «t» de la dernière syllabe constitutive de quatre a la valeur «un».

I

169

Par suite, quatre, en turc comme en samoyède, est constitué par deux valeurs « un ». La première veut dire : un (doigt), la seconde veut dire « une (main) ». Quatre se traduit donc par: un doigt d'une main; un doigt à retrancher d'une main, ces deux valeurs « un » exprimées, dans l'un et l'autre groupe, par des formes, soit extrêment parentes, soit même iden- tiques, comme c'est le cas pour la syllabe finale.

Cinq

Dans les dialectes samoyèdes les formes pour ex- primer cinq sont les suivantes :

sa-n-fa-...-la-n-ka Tavgi

sa-n-bi-...-la-n-k Jurak

sa-m-...-..,-la-n Jurak et ostiak

so-m-b-...-le Ostiak "

ho-m-p--...-la-...-h Ostiak

so-...'bo-r-le-...-go Jénisséi

so-...-bo-r-re-...-go Jénisséi

so-...-bo-r-...-,,.-ga Jénisséi

su-m-u-...-la Kamassine

su-)n-...-...-na Kamassine

Si l'on réunit ensemble san-bi-lan-k et so-bor- le-go, l'on obtient une forme complétée som-bor- lan-ka. Nous voyons :

\P- dans sa-m, une unité doigt, exprimée par sa, plus une autre unité, exprimée par « m ». En ajou- tant, à la première unité v doigt » le signe d'unité indicatif du pluriel, on a, pour sa-m : les doigts;

2" - Dans bor, l'unité composée ber, signifiant un,

12

170

équivalent de ker, un de l'ostiak, de per, du tchou- wache, comme de hir des dialectes turcs ;

- Dans la-n, égalant ta-n et sa-m, un pluriel : les doigts, constitué, comme sa-m, par une unité doigt sufFixée à une unité doigt.

4" - Dans ka, l'unité avec valeur: seul, seulement.

Par suite, som-hor-lan-ka (et les autres formes ne sont que des affaiblissements de celle-ci) se traduit par : les doigts, une fois seulement, les doigts : ce qui est conforme au geste manuel pour exprimer cinq, lequel consiste à dresser tous les doigts d'une main.

Citons, tout d'abord, dans les dialectes turcs, l'aspect pi-li-k, cinq, du tchouwache, lequel est l'é- quivalent de la finale de cinq, de Tostiak, laquelle est pour pi-lan-ka et se traduit par : une (fois) les doigts seulement. La forme de cinq, en tchouwache se relie donc, directement, aux aspects de cinq en samoyède.

Dans les dialectes turcs autres que le tchouwache, on a, pour cinq : bis, be-cs, bi-ch et bc-ch. Ce serait simplement l'unité en « b », de doigts, suivie d'un signe de pluriel, ces aspects se traduiraient donc par : « les doigts », pour cinq, ce qui serait en accord avec le comput manuel.

Dans le dialecte turc-karagassi, la forme de cinq isolé est bei-ch, mais dans cinquante : be-d-on, avec on pour dix, l'aspect de cinq devient be-d. Ce « d » final, équivalent de « t », indique que la forme aînée de cinq, dans les dialectes turcs, était be-t et qu'elle a, par adoucissement, été tranformée en bi-s, be-ch,

171

etc., par mutation de « t » en une sifflante « s » ou en une chuintante « ch ».

Cela donne à penser que les aspects de cinq, dans les dialectes turcs, n'ont point été constitués par Tadjonction, à une valeur « doigt », exprimée par « b », d'un indice pluriel, valant également « doigt », exprimée par « t », par « d », par « s » ou par « ch », mais que les aspects de cinq, dans les dialectes turcs, sont issus des aspects samoyèdes pour expri- mer le même nombre.

Les aspects samoyèdes, rappelons-le, doublent, dans leurs aspects de cinq, très-composés, la valeur cinq. Ils la donnent, une première fois, par un plu- riel de doigt, dont le type est sa-n ou sa-m. (Is l'expriment, une seconde fois, par un composé qui se traduit par : une (fois) les doigts seulement.

Si, pour comparer le cinq samoyède au cinq turc, nous prenons pour type cette seconde façon sa- moyède d'indiquer cinq, il en résulte le relevé sui- vant :

bi-la-n-k Samoyède-jurak

pi-la-»-h Samoyède-jurak

pi-li-»-k Turc-tchouvache

b -le Samoyède-ostiak

be-d Turc-karagassi, dans cinquante.

be-s Turc-kobail

be-ch Turc-osmanli.

De ce relevé il résulte, à notre avis, que les aspects turcs de cinq sont issus des formes de cinq sa- moyède, seconde manière, et non point d'une for- mation indépendante, par un pluriel de doigt.

172

Cinquante

En samoyède-jurak cinquante est constitué régu- lièrement par la simple adjonction de la forme isolée de dix à Taspect de cinq : samlan-ju^ avec samlan, forme de cinq jurak déjà citée et jw, forme de dix isolé en jurak.

La constitution est la même en samoyède-tavgi. A bi, le dix isolé tavgi, est jointe une forme de cinq : sanfa-bi, cinquante, cinq est rendu par sanfa, abrégé de sanfa-lanka^ cinq du tavgi. Dans san-fa l'on a san, les doigts, et fa, une, ce qui se traduit par : les doigts, une (fois).

En samoyède-ostiak on a, pour cinquante sombla- sarm^ expression composée de sombla pour somble^ l'une des formes de cinq de Fostiak, plus de sarm, aspect de dix en ostiak, dans les décades de vingt à quatre-vingt-dix.

En samoyède-jénisséi on a, pour cinquante, sobor- leggou, quand cinq est soborleggo. Comme « u )) est un équivalent de « m », Ton peut donc remplacer soborleggou par soborleggo-m. Cette dernière forme est donc un pluriel de la forme pour cinq, pluriel constitué par l'adjonction d'une unité « m », dissi- mulée sous l'apparence « u », a une forme de cinq. Le jénisséi constitue donc cinquante par : les cinq.

En samoyède-kamassine cinquante est i-li-k. Or, le kamassine exprime cinq par sum-u-la. Dans cet aspect de cinq on a sum^ les doigts; u, pour bu, une (fois); /rt, les doigts, pour lan^ avec chute de « n »

173

finale de la-n. Par suite, dans la seconde partie u-la de siim-u-la cinq, soit une (fois) les doigts, est rendu par u-la. A cette forme de cinq le kamassine a ajouté l'unité « k », indice de pluriel et il a constitué son cinquante par i-li-k pour u-la-k, forme de cinquante qui se traduit par : les cinq, comme le cinquante du samoyède-jénisséi.

11 est à remarquer que dans i-li-k, cinquante du kamassine, l-li revêt la valeur « cinq », autrement dit celle de « main ». Selon toute apparence il y a lieu de trouver, dans cette forme ili, l'origine de l'expres- sion el, la main, dans les dialectes turcs.

La forme i-li-k, pour cinquante, du samoyède- kamassine, fournit l'explication des aspects de cin- quante dans les dialectes turcs. Ainsi Ton a :

i-li -k Samoyède-kamassine

i-li -k Turc-kobail

e-Ui Turc-jacoute et turc-osmanli

o-lla Turc-tchouwache.

Or, il est évident que e-lli et o-lla sont des aspects issus de la chute de la finale « k » de i-li-k. Les formes de cinquante, dans les dialectes turcs, se relient donc à celles samoyèdes pour exprimer le même nombre. Il s'agit, dans cinquante du sa- moyède-kamassine et des dialectes turcs, d'un pluriel de cinq, comme en samoyède-jénisséi.

174

Six

Pour six, les formes rencontrées dans les deux groupes sont celles ci-après :

Samoyède mu-k-te-t mu-k-te-n mu-k-tu-n mu-k-te ma-(t)-tu mo-(t)-tu ma-(t)-t a-l-te

Turc

o-l-ta

Ostiak

Ostiak

Kamassine

Ostiak

Tavgi

Jénisséi

Jurak

Kobail, karagassi, jacoute,

osmanli Tchouwache

Le « t », placé entre parenthèses, a été réintégré par hypothèse. 11 nous est apparu que le «k », auquel ce «t» correspond, avait mué en «t» et que ce «t» avait été absorbé dans celui initial de la syllabe im- médiatement suivante.

Pour nous, ces aspects de six sont constitués par un premier élément me~k et ses équivalents, dont la valeur est a un » suivi d'un second élément dont la valeur est « les doigts », c'est à dire la main.

Cette formation de six, par : un et une main, est en concordance avec les procédés du comput manuel six est indiqué par un doigt de la seconde main et la première main tout entière.

La forme composée pour la valeur « un », dont l'aspect le plus complet est mu-k devenu ma-t et mo-t par affaiblissement en « t » du « k » final de mu-k,

175

puis devenu a-l et o-l par chute de « m » initiale de mi^-^' et adoucissement en «1» du «t» final de ma-t et mo-t^ se décompose en mu, le pouce et « k » doigt. On a donc, dans mii-k, pouce-doigt, ce qui exprime la valeur « un » par : le doigt pouce. Cela est également conforme au comput sur les doigts.

Cette forme mu-h., pour exprimer « un », est à rap- procher de celle de bo-i, un en samoyède-jurak, laquelle devient bo-k, si l'on admet, pour «i» final de bo-i, l'équivalence ordinaire entre « i » et « k ». La même forme mii-k est également à rapprocher de Tia-gUy pour na-ku, forme de deux contenue dans la composition de trois, Jia veut dire pouce et gu exprime doigt, ce qui constitue deux par : le pouce et un doigt, comme « un » contenu dans inu-k est constitué par : pouce-doigt, c'est-à-dire avec les mêmes éléments que le deux formatif de trois.

Dans les aspects de six, la valeur «main » est ex- primée par la juxtaposition de deux éléments dont chacun a la valeur « doigt» c'est le procédé déjà cons- taté à propos de la formation de « cinq » le second élément doigt, ajouté au premier élément de même signification devient un indice de pluriel, ce qui fait : « les doigts » pour vouloir dire, tout à la fois, une main et cinq.

Dans la formation de six nous avons « les doigts» dans les aspects te-t, tu-d, tu-n et te-n, réduits à tu^ te, ta ou « t » par chute de la consonne finale. Or, ces aspects de la valeur « les doigts » sont des équi- valents évidents de ceux : sa~n, sa-m et su-in, sauf affaiblissement en « de l'initiale « t » de tu-n, ren-

176

contrés lors de l'analyse des formes de cinq, en sa- nioyède. De môme, les formes réduites de cinq, dans six, soit lu, te, ta ou « t », sont exactement iden- tiques à celles tta, ta, to, de et « t », valant cinq dans la formation de quatre.

Les aspects de six, en samoyède et en turc_, sont donc bien constitués par une valeur « un », préposée à une valeur « cinq ».

I

J. Decourdemanche,

PETITE GRAMMAIRE

DE LA

LANGUE JUDÉO-ALLEMANDE (JARGON)

(Suite et fin)

Ich kuk (pendant ce temps) auf mein (bassid) un seh wi doss (visage) bei ihm laucht ' un di augen bre- nen, un bin sich (qui avoue) far' eicb, ess kumt mir zu a schtik gesund' un icb los ihm reden weiter.

(( Alz* heisst' a (bassid) ; a (bassid) zu a (bassid) is nit gleicb. Ibr bot (bassids) genug, woss gor nit (d'où viens- tu?) ' sei kwelen (certes) on ' fun eicb, nor aselcbe woss solen sicb (qui abandonne, sacrifie) sein, (litté- ralement) (qui abandonne, sacrifie) sein wi a (bas- sid) far'n (rabbin)'n " bot ibr gor einem ! un

1. Briller (ail. leuchten).

2. A noter que /ar tient lieu du /tir et du oor ail.

3. Substantif, comme le Gesundheit ail.

4. Toujours.

5. Il y a lieu d'intercaler ici un ess. Cette suppression de Vcss est fort fréquente en jargon (on en rencontrera encore plus d'un cas) ; mais, si la cause disparait, l'effet n'en subsiste pas moins. C'est ainsi que l'on doit interpréter, entre autres, le rejet du sujet tout â la fin des phrases de construction inverse.

6. Formule talniudique, dont nous avons maintenu la traduction littérale. C'est, à peu près, en français : « Tu n'y penses pas? Tu re- viens donc de Pontoise?» Toute cette phrase, le sujet sei n'est pas contigu au relatif icoss, peut nous donner une idée de la liberté d'allures de la construction en jargon.

7. Se réjouir.

8. La domination des rabbins hassids sur l'esprit de leurs ouailles rappelle assez bien celle que la légende attribue au Vieux de la Mon- tagne sur ses aftidés.

178

der einer doss bin ich! » er tut sich a sez^ in harzen, «a kleinigkeit% (Scholem-Aleichem) ! A schteiger', ihr soit mir sogen, ich sol gehn zulieb eich zehn wersst^ zu fuss, is far mir nit schwer, abi^ ich sol eich sehn is gor kein (objection) nit! Fun geld schmuesst* men nit! Ich bin (Dieu soit béni!) asa jud, woss geld schpielt bei mir di lezte rôle, Worum woss is geld? Geld is bloiQ\ wer kukt auf geld? (surtout) dort wu

ess gehet sich on' zu der literatur, is bei mir » (en

même temps) tut er a mach^ mit der hand hin un zurik wi a mensch woss warft mit tausenter^", zehner tausenter kerblech^', a worum ich hob, kein (mauvais œil) ^' , gute gescheften un fardien, kein (mauvais œil), a (quanti té) geld un ess geht bei mir awek a (quantité) geld, un ich zeteil'^ a (quantité) geld, un di kinder

1. Cette expression a été étudiée plus haut. « II met la main sur le cœur», telle est, nous semble-t-il, la traduction française la plus littérale.

2. Il semble que ce mot « une bagatelle ■) doive se rapporter au geste décrit.

3. Par exemple.

4. Verste, mesure itinéraire russe.

5. Pourvu que.

6. Parler. Schmuessen vient de l'hébreu SMU + H (nouvelle); il signifie donc, littéralement, a se dire des nouvelles ».

7. Boue.

8. AU. angehen, regarder, intéresser.

9. Geste (proprement, c'est le substantif verbal de machen).

10. Tausent avec un Z, tandis que, plus loin, nous le trouverons écrit avec un d. La première orthographe est la plus phonétique, la consonne finale étant dure en jargon.

11. PI. de kx'fbel, forme diminutivale, signifie « rouble ».

12. Formule déprécatoire, destinée à prévenir le malheur que, selon la superstition populaire, la mention d'un bonheur propre serait ca- pable de provoquer chez autrui.

13. Le préfixe ail. ^cr peut devenir, dans tous les cas, se au lieu de su.

179

lehrnen kosst micli u (quantité) geld, un kinder hob ich aselche, woss ss'is nit (convenable) zu sogen, nischt

(parce que) ss'is meine kinder »

Un er rechent mir auss di (qualités) fun seine kin- der, wi schen un klug un fein sein senen, wi gut sei lernen, un farentfert sicli etliche ' mol, as nit weil ss'is seine kinder laubt er sei asau. Aie welen doss mir sogen, worum seine kinder hoben a (réputa- tion) auf der welt, aselche kinder wi bei ilim is nichta ^ bei keinem, worum er hot nit gejaleccet" auf sei kein geld, worum woss is geld? Geld is bei ilim, sogt er, blotef Wer kukt auf geld? Un aie mol, as ess kumt zum wort geld, seht men, as doss is a mentsch* woss warft mit geld! Un ich weiss nit wi asau doss hot. sich getrofen, gor pluzlung' fait mir ein a (pensée) in kop, a glikliche idée, eine fun di ideen, wos kumen ein mol in zwanzig johr, (c'est-à-dire) : asau wi ich hait izt" bei araussgeben^ aie meine werk, wil icii mich' lialten

1. A noter l'usage de ce mot, beaucoup plus fréquent qu'en ail.

2. Variante pour nischto, nito. Du reste, il importe de remarquer que la graphie jargon favorise la confusion de l'a et de l'o, le second ne se distinguant du premier que par un point-voyelle, lequel reste facilement en souffrance.

3. Epargner.

4. Tandis que, jusqu'ici, l'auteur a écrit rnensrh, il orthographie maintenant meiitscli. Cette seconde graphie doit être considérée comme plus phonétique que la première, car, à moins de nasaliser \'n comme en français (ce dont, naturellement, il ne saurait être ques- tion),il est impossible de nepointfaire entendre un < entre l'n et \esch.

5. AU. plôtsUcli.

6. Ail. JL'tst.

7. A remarquer cette tournure, ordinaire en jargon : araussgeben est verbe, puisqu'il a un complément direct, et, en même temps, il est employé comme nom verbal avec bri (heim serait tout aussi ad- missible).

8. Midi pour mir. Le contexte exige évidemment un datif et non

180

mit ihm ein (conseil), un icli derzeihl ^ ihm fun'm plan, geweihnlich ' friher mit a (préface), un mach a (cal- cul) woss ess bedarf kossten un woss kon men derfun hoben, aub' ess welen sich gefinen auf meine werk

episs (amateurs)

Di ganze zeit (pendant que) ich hob geredt fun'm plan mit'n (calcul) is mein parschaun^ gesessen un gekukt' auf mir, woss sog ich, gekukt? er bot mich

gegessen mit di augen ot, ot^ schpringt er mir

arein in maul arein ', un as ich hob aussgeredt" di wer-

un accusatif; or, si mir, dans certains dialectes, s'emploie aux deux cas, l'inverse n'est point vrai.

1. Der^echh'n corresiDond à l'ail, erzàhlen. Deux graphies se pré- sentent : dersehlen. et une autre derzeilen. Dans ce second cas, Yci est destiné à prendre la place de \'e long [t'h]. Eih doit donc être considéré comme une tautologie.

2. Geiceiknlick (ail. geicôhnlich), n ordinairement», à sous-entendre œi, «comme d'ordinaire ». A noter le style quasi télégraphique du judéo-allemand.

3. Aub (si) est non seulement Vob, c'est encore le ivenn de l'ail.

4. Individu, ail. Person.

5. Tandis que, en allemand et en français, un participe ne peut être employé qu'avec l'auxiliaire qui lui est propre, il n'en est point de même en jargon : dans l'espèce, gesessen veut comme auxiliaire «être», mais gekukt exigerait normalement «avoir», ce qui n'em- pêche que « is », employé une fois pour toutes, ne fasse fonction d'auxiliaire pour tous les participes qui suivent. Si gekukt avait précédé, ce serait hot qui eût joué ce rôle.

6. Voici, voilà. Cette particule reparaît souvent en jargon. On la trouve notamment accolée au démonstratif f/er, di, doss, dont elle renforce le sens.

7. Le premier a/vin est le préfixe verbal. Le second rentre dans une tournure fixe, par laquelle on traduit Vin et l'accusatif de l'ail. : in maul arein correspond à l'ail, in den Mund (hinein). Si l'on ne prétend renforcer, in den Mund se rendra simplement par in ('m) maul.

8. La particule auss- exprime souvent, à l'imitation du russe BH, du polonais wg, le parachèvement de l'action. La phrase doit se tra- duire : « lorsque j'eus fini de prononcer ces paroles »

181

ter : « Aub ess welen sich gefinen auf meine bicher episs (amateurs) », hot er sich anigechapt^ wi ein opge- brihter un is^ ongefalen auf mir mit beide kulakess^ :

(Amateurs)? Woss redt ihr? Woss redt ihr? Men wet sei farzukernM Tausend, bundert tausend, wos sog ich, hundert tausend? far a milion bin ich eich (garant) ! Ich bin eich (garant) far zwei milion !1

(( Tie. . . tie. . . tie »' mach ich zu ihm un

bet ihm, er sol sich zurik* anidersezen un beruhigen, un gib ihm zu farschtehn pawolinke' , as ss' is nit asau di (conte) wi er meint, er is nischt klor in'm (sujet) fun (livres), (d'où viens-tu?), a gescheft kon ess sein, nor nit fun milionen, un dreh mich asau lang bis ich katsche'^ mich arauf gleich' auf jenem (sujet), woss mir'" is (relatif) zum gescheft, doss heisst, as aub^' araussgeben di werk bedarf men hoben geld, un

1. Chapen, proprement « saisir». Sich aufchapen signifie « se lever brusquement ».

2. Notons ici l'emploi de l'auxiliaire propre avec ongefalen, hot n'étant pas appelé à le régir, par le fait de l'intervention de sich.

3. Poing.

4. Déchirer. Plus ordinairement, /arsuAe».

5. Polonais çie toi, toi, dat. et ace). Exclamation de légère ironie.

6. L'ail, demanderait plutôt œieder. Une telle confusion n'est pas rare en jargon.

7. Tout doucement.

8. Agiter, balancer.

9. Justement, précisément. Les acceptions de gleich sont plus nom- breuses en jargon qu'en ail., et son usage y est par le fait même plus étendu.

10. Datif d'avantage, très ordinaire en jargon. Relativement à sa place dans la proposition (il précède is au lieu de le suivre), il faut y voir un reste de l'inversion telle qu'elle existe en ail. et telle qu'elle existait encore dans l'ancien judéo-allemand.

11. L'ail, um heraussugeben se rend par auf ou aub arauss (su)

182

asau wi er is asa libhaber fun der literatur, un doss gescheft is docli a gut gescheft, un geld is bei ihm

blote, tomer' wolt gewen a (idée) ihr farschteht^?

(Pendant) reden^ kuk ich mir auf di negel, un as icli haub^ auf di augen un wil a kuk thun auf mein par- sciiaun, mein lieissen (hassid), vvoss far an eindrukess hoben gemacht auf ihm meine werter (et l'en- fant n'est plus)', nischto* er auf'n benkl ! doss heisst auf'n benkl sizt episs a parschaun, gor nischt der parschaun woss' friher, ein anderer sizt auf sein ort, mit ein ander (visage) gor'; di nos liot sich bei ihm episs wi aussgezaugen, geworen lenger, un di augen hoben bei ihm mit amol ongeworen * dem glanz un

geben. Auf s'explique aisément, c'est le na intentionnel du slave; aub peut s'interpréter à peu près de la sorte : aub (men wil] arauss- geben.

1. Hébreu jargonisé, peut-être.

2. Cette phrase nous donne un modèle de la licence du jargon en

matière de syntaxe. Mach ich un bet und gib und

dreh, un même sujet servira pour tous ces verbes, bien qu'ils soient séparés par des incidentes plus ou moins longues, et, en dépit de la longueur de la phrase et des deux discours indirects qu'elle contient, on ne saurait y mettre autre chose que des virgules.

3. Reden est ici. un nom verbal au datif, dépendant de la préposi- tion hébraïque.

4. AU. hebeii. La transformation du phonétisme s'explique par les dialectes : heben est devenu d'abord heiben, lequel, en passant d'un dialecte à l'autre, s'est ensuite conformé à une règle générale ; en sens inverse, par exemple, braut (B/ot, pain), en jargon polonais devient, en lithuanien, breit.

5. Citation biblique.

6. Is est sous-entendu, ce qu'autorise la rapidité du récit.

7. Sous-entendu, is gescssen.

8. On remarquera le grand usage qui est fait de cet enclitique.

9. Perdu. Nous croyons pouvoir interpréter ce verbe de la sorte : ohn weren, devenir sans. La longueur de Vo ne fait guère un obs- tacle à cette interprétation, car la graphie jargon a toujours été et est encore fort peu scrupuleuse à cet égard.

183

doss (langue) is bei ihm geworen gor ein ander (langue), (la voix) (même) hot sicli bei ihm ibergebi- ten ' . Episs hot er geschtamelt mit episs modne * wer-

ter : « Ossien ^-zeit floten Dniepr

ssplaw^ rasplat ' rabotschess \ . . . . wekss-

len ssroken ' »

Doss gesegnen sich* is far uns beiden gewen a (en- fer) ; a grub sol sich efenen ', wolten mir, dacht mir^",

beide areingefalen Wi fun a schtark ongeheizter

schwiz-bod is araussgeschprungen mein parschaun, mein heisser (hassid), un a ganzerbarg^' fun mir arop, as ich hob derhert, as er lauft fun di trep arop fun jener seit'* tir.

1. Changer. Le préfixe iber- a ici pour fonction de traduire le nepe- russe, le prze- polonais.

2. A la mode, de pure convenance.

3. Automne.

4. Flottage.

5. Règlement de comptes.

6. Travail.

7. Terme.

8. Prendre congé.

9. Cette proposition conditionnelle, avec sol et sans conjonction qui l'introduise, est ordinaire en jargon.

10. Il me semble.

11. A sous-entendre is geschpi-ungen, comme dans le membre de phrase précédent.

12. Fun jener seit est ici une préposition (ail. Jensoits) régissant le datif. D'ailleurs, il se présente aussi parfois qu'un génitif s'emploie comme apposé, à la façon de l'italien ou même du français (p. ex. boulevard Gambetta); c'est ainsi que l'on dira, di ek welt, le bout du monde, pour di ekfun der welt.

PIGEON ENGLISH

ou

BICHELAMAR

(Suite et fin)

Parlé universellement dans le Pacipque, recueilli par un Missionnaire Mariste et mis en ordre par le P. A. C, s, m.

Plante : Planème.

Taro : Taro.

Terre : Gi^aoune.

Tête de l'arbre : Hède bilong hème.

Tronc : Oude bilong hème.

Trou : Lole.

Arrache : Tèke maout.

Arrose les choux : Mèke ouara long choux (cabègé).

Il Y A UN TROU DANS LA BARRIÈRE ! / stOp OUaUC hole

bilong baniche. Bouche le trou de la barrière : Kavremap hole bi- long baniche.

II. Adjectifs les plus usités.

Adroit : / scwe ouok, qui savoir travailler.

Autre : Nor fala.

Aveugle : 7 no louk, qui ne pas voir.

1 I

185

Beau : Goud bilong louk, bon quant à voir.

Blanc : Ouaïie.

Boiteux : / no save ouabâk, qui ne pas savoir marcher.

Bon : Goud.

Courageux : Cariaf.

Défendu : Tabou.

Droit : Strèt.

Égal : Strèt.

Fainéant : I lès.

Fou : / kvangai.

Gras : Bigfala.

Mauvais : No goud.

Menteur : l kiamane.

Mûr : Frout rap.

Paralysé : Leg bilong hème i dèd., jambe de lui qui

morte. Percé : / brok. Peureux : I frède. Pas peureux : / no frède. Rouge : Rède. Sourd : / no arème. Tout : 01 ligne, toute chose. Voleur : / sitil, qui voler.

ADJECTIFS démonstratifs

Ce, cette, se rendent par la. Exemple: Ces hommes, Man ia, hommes ceux-là.

adjectifs POSSESSIFS

Mon. ma, mes : Bilong mi, qui appartient à moi, de moi. Ex. : Mon chapeau, Hat hilong mi.

13

186

Ton, ta. tes : Bilong you. Son, sa, ses : Bilong hèm. Notre, nos : de 2 personnes, Bilong you mi, de vous

moi ; de 3 personnes, Bilong you mi tri fala, trois

personne.'^ ; de tous, Bilong olguita. Votre, vos : Bilong you. Leur, leurs : de 2 personnes, Bilong tou fala ia, de

deux ; de 3 personnes, Bilong tri fala ia; de tous,

Bilong olguita fala ia.

DEGRÉS de comparaison

L'égalité se rend par ol sèm, tout même. Ex. : Mon chapeau est aussi bon que le vôtre, Hat bi- long mi i goud ol sèm hat hilong you.

La supériorité ou l'infériorité se rend par no ol sèm, employé comme il suit : Mon chapeau est meil- leur que le vôtre, Hat bilong mi i goud, chapeau de moi lui bon ; Hat bilong you i no goud ol sème, cha- peau de vous lui non bon tout même; mon chapeau est moins bon que le vôtre, Hat bilong you i goud, hat bilong mi i no goud ol sème ;

Le superlatif s'exprime par tou meutche, beau- coup, précédé de l'adjectif. Ex. : Mon chapeau est très bon, Hat bilong mi i goud tou meus, chapeau de moi lui bon beaucoup.

NOMS ET ADJECTIFS DE NOMBRE

Un, 1 : Ouane. Deux, 2 : Tou. Trois, 3 : Tri.

187

Quatre, 4 : For.

Cinq, 5 : Faïve.

Six, 6 : Sikis.

Sept, 7 : Sévène.

Huit, 8 : Haïte.

Neuf, 9 : Naïne.

Dix, 10 : Tène.

Vingt, 20 : Touaneté.

Cent, 100 : Ouane onedré.

Mille, 1000 : Ouane taoucé.

Le premier, Pastaïme ; le premier plat, Pastciïme plète ; l'autre, Norfala.

III. Pronoms.

1" PRONOMS PERSONNELS

Je, me, moi : Mi.

Tu, te, toi : You.

Lui, le : Hème.

Elle, la : Oumane ia, femme celle-là, ou /, qui s'em- ploie à chaque instant devant les adjectifs et les verbes.

Nous : S'il s'agit de 2 personnes, You mi ; s'il s'agit de 3 personnes, You mi tri fala ; s'il s'agit d'un plus grand nombre, Olguita.

Vous : You.

Ils, eux : S'il s'agit de 2 personnes, Toufala ia, deux personnes ces ; s'il s'agit de 3 personnes, Tri fala ia; s'il s'agit de plus de 3 personnes, Olguita fala ia.

188

2" PRONOMS DÉMONSTRATIFS

Plus rapprochés : Celui-ci, Hème ta; celle-ci, Ou- mane hème m; ceux-ci, Olguitahème m /celles- ci, Olguita oumane hème ta.

Plus éloignés : Celui-là, la; celle-là, Oumane ia; ceux-là, Olguita ia; celles-là, Olguita ou- mane ia.

3" PRONOMS POSSESSIFS

Les pronoms possessifs s'expriment comme les ad- jectifs possessifs : Bilong mi, y ou, etc..

4" PRONOMS INTERROGATIFS

Qui? Quel? se rendent par Ou, quand il s'agit de personnes. Ex. : Quel est cet homme, Ou mania? quel homme cet.

Ils se rendent par ouanème, quand il s'agit de choses. Ex. : Quel est cet arbre, Ouanème oude ia?

IV. Verbe.

PRÉSENT

Je vais, je MARCHE '. Mi go, moi aller.

Tu VAS, TU MARCHES : You go.

Il va, il MARCHE : Hi go.

Nous ALLONS, NOUS MARCHONS : S'il s'agit de 2 per- sonnes, You mi go; s'il s'agit de 3 personnes, You mi trifala go; s'il s'agit déplus de 3 per- sonnes (tous), Olguita go.

189

Vous ALLEZ, VOUS MARCHEZ l YoU go.

Ils vont, ils marchent : S'il s'agit de 2 personnes, Toufala go; s'il s'agit de 3 personnes, Trifala go; s'il s'agit de plus de 3 personnes (tous), 01- guita go.

FUTUR

J'irai : Banbaïlle (bg and by) mi go, ensuite moi

aller. Tu iras : Banbaïlle y ou go. Il ira : Banbaïlle ht go. Nous irons : S'il s'agit de 2 personnes, Banbaïlle

y ou mi go; s'il s'agit de 3 personnes, Banbaïlle

you mi trifala go ; plus de trois personnes (tous),

Banbaïlle olguita go.

PASSÉ

Je SUIS allé : Mi go finiche.

Tu ES ALLÉ : You go finiche.

Il est allé : Hi go finiche.

Nous sommes allés : S'il s'agit de 2 personnes, You mi go finish; s'il s'agit de 3 personnes, You mi trifala gofnish; s'il s'agit de plus de trois per- sonnes (tous), Olguita go finish.

Vous êtes allés : You gofnish.

Ils sont allés : S'il s'agit de 2 personnes, Toufala go finish; s'il s'agit de 3 personnes, Trifala go finish; s'il s'agit de plus de 3 personnes (tous), Olguita go finish .

190

Impératif J

Va : You go, ou simplement Go.

Allons : S'il s'agit de 2 personnes, You mi go ; s'il s'agit de 3 personnes, Youmi tri fala go;^'\\ s'agit de plus de trois personnes (tous),yow mi olguita go, ou Olguita go.

LISTE DES VERBES LES PLUS USITÉS

Acheter : Palme, payer ; achète, Païme biloiig mi.

S'agenouiller : Lète daoune.

Aimer : Ouanedème.

Aller : Go.

Arracher : Tèke maoui.

Arrêter : Stop.

S'asseoir : Staoune.

Attacher : Make fau; attache fort : Make [au

stron. Avaler : Kaïkaïlle. Avoir: Got; y ai : Mi got. Boire : Drink. Caresser : Suème. Connaître : Saoé. Être content : Ar^è/ne (anedème) goud; je suis

content : Mi arème (anedème) goud. Couper : Catèm,e. Couvrir : Cavi^emaout. Cuire : Koukime. Descendre : Go daoune. Détacher : Tèke maoute. Détester : No ouanedème.

1

191

Donner : Guire (give).

Dormir : Slipe.

Écouter : Harème.

Écrire : Rétine pépe (Writinu paper).

Entendre : Harème.

Éplucher : Tèke maout, Louk août no goud.

Être : Anedème; je suis : Mi ariedème. -

Faire : Mékème.

Avoir faim : Angérè.

Fermer : Sarème ; ferme la porte : Sarème dore.

Frapper : Faïtim.

Griller : Erousime.

Lire : Louke bouke, voir livre.

Manger : KaïkaïUe.

Mettre : Livime.

Monter : Go af onetap .

Pa-rler : Tôt, Tôke.

Payer : Païme.

Peler : Stikinime.

Planter : Planéme.

Porter : Tèkème.

Prendre : Tékème.

Regarder : Louke.

Revenir : Kème.

Rire : Lave (Lq/ anglais).

Sentir : Sémèle (Smell).

Avoir soif : Ouandétrê; d'eau, ouarà ; de vin, ouaïne.

Tirer le fusil : Choule (shot).

Tourner : Teurnème (Turn).

Travailler : Forke ( Work).

Tuer : Kilime (Kill).

192

Verser : Kapsaille.

Vouloir : Ouane, Ouanedème (Want).

V. Adverbes, Conjonctions, Prépositions qu'on emploie le plus souvent.

Autour : Igoraoune.

Avec : Long.

En bas : Daoune.

Beaucoup : Plinti.

Bientôt : Bambaïlle.

Comme cela : 01 same.

Dans, dedans, en : Long.

Davantage, plus : More.

Derrière : Biaïne (Behind).

Dessous, en bas : Daoune.

Dessus, en haut : Oneiap (On top).

Devant : Pastatme (Past time).

Fort, fortement : Strongue.

Faiblement, pas fort : Smole (Small).

Loin : Long ouay.

Pas loin, près : A^o long ouay.

Maintenant : Naouia.

Dans tous les pays : Olfriaïlend.

Partout : Olpaout.

Peu : No plinti.

Pourquoi : Ouanème.

Quand? : Ouèt taïme (Wliat time).

Quoi ? : Ouanème ( What name).

Seulement : Notingne (Nothing).

Si : Suppose.

à

19a

Toujours : 01 taïmc.

Vite : Quike.

Pas vite, lentement : No quike.

Le Bichelamar, que les Indigènes de la côte com-- prennent le plus souvent dans les lies de l'Océanie (le P. Pionnier s'en est servi à Mallicolo (Nouvelles- Hébrides), 1894-1900).

Préparation au Baptême.

DIEU, ÉTERNITÉ

Harèmê! y ou no fvaid! Écoutez, vous non avoir peur (effrayés).

1 . / stap onetap Big fala Masta : Lui demeurer en haut, grand espèce Maitre. / mèkèm ol tigne : Claound, Sane,Moune, Solouara, graoun,... ol tigne: Lui avoir fait toute chose : ciel, soleil, lune, salée eau (mer), terre, . . . toute chose. Big fala Masta ia, Masta bilong ol man, ol oumane : Grand espèce Maitre lui, Maitre de tout homme, toute femme. / louk ol tigne, man i mèkeni : Lui voir toute chose, homme lui avoir fait. I pèïllme ol tigne i goud; i kilini ol tigne i no goud : Lui payer toute chose qui bonne ; lui frapper toute chose qui non bonne. You savé man no ol sème dog ; man i got bel bilong hènie : Vous savoir homme non tout semblable chien; homme lui avoir âme de lui. When sikine bilong hem i dèd, bel bilong hème i go onetap, goud pièce long Big fala Masta, goud pièce long goud man i ded : Quand ma- ladie de lui lui mourir, àme de lui elle aller en haut,

194

bonne place à côté grand espèce Maître, bonne place pour bon homme qui mort. Bel i goud,very goud, long ol taïme no fînisli : Ame qui bonne, très bonne, pour tout temps ne pas finir. When m an i mèkètn no goud, suppose inan ia i dèd, bel bilong hème i kapsaïll daoune, pièce i no goud: Quand homme lui avoir fait non bon, si homme lui qui mourir, âme de lui qui tomber en bas, place qui non bonne. Big fala Mas ta i koukime bel bilong hèm long faia, long ol taïme no Jinish : Grand espèce Maître lui brûler l'âme de lui dans feu, pour tout temps non finir. You ouandème i go pièce i goud, long man i goud, long big fala Masta ? R. Yes : Vous désirer (vouloir) qui aller place qui bonne, à côté homme qui bon, au- près grand espèce Maître? R. Oui. 01 raight : Tout juste (très bien), Harème.naoa : Écoute main- tenant (encore).

TRINITÉ, INCARNATION, RÉDEMPTION

2. Long Big J'ai a Masta ia, i stap tri fala : Avec côté) grand espèce Maître celui-là, il y a (demeure) trois espèces. Nème bilong tri fala ia : Fada (Papa), San (Pikinini), Hoiy Gost ."Nom pour trois espèces (personnes) celles-ci : Père, Fils (enfant). Saint- 1 Esprit. Tri fala ia i strèt : Trois espèces ces qui unis] (réunis ensemble). / no mèkème tri fala Masta ;| Elles ne pas faire trois espèces Maîtres. / stap one- tap ouane Masta no more : Lui demeurer en haut uaj Maître pas plus. Nème long Big fala Masta ia God :i Nom pour grand espèce Maître lui Dieu. Harème^ goud more : Écoute bien davantage (plus).

195

3. San (Pikinini) i. ouandcine ol man tou meus : Fils enfant lui aimer tout homme beaucoup. I kème daoun long graoun : Lui vint en bas (descendit) sur la terre. Oumane i very goud, maman bilong hème: Femme elle très bonne, mère de lui. Nème bilong hème, Marie : Nom de elle, Marie. I no got Papa bilong hème long graoun : Lui ne pas avoir père de lui sur la terre. I no ol sème you mi : Lui non tout même que vous et moi (nous). Nème bilong San bilong God, Jésus : Nom du Fils de Dieu, Jésus. Jésus God-man i tok ol tigne i goud ; i mèkème ol ligne i goud : Jésus Dieu-homme lui parler toute chose qui bonne ; lui faire toute chose qui bonne. Man i no goud i no ouandème him : Homme qui non bon lui ne pas avoir aimé lui. / kasèm hèm, i m,èkfas long oud ol sème : Lui avoir pris lui, lui avoir attaché sur bois tout-à-fait de même (comme cela) (attaché sur la croix). Jésus Big fala Masta i dèd long oud ia bilong you mi ; i kapsaïll blad bilong him bilong you mi : Jésus grand espèce maître lui être mort sur bois, celui-là pour vous et moi; lui être tombé sang de lui pour vous et moi. Blad ia i ijoud, i ouach ol tigne man i mèkèm no goud : Sang celui-là qui bon, qui laver toute chose, homme lui avoir fait non bonne (mauvaise faite par l'homme).

DÉSIR DU BAPTÊME

4. Suppose missionary i ouach naou hèd bilong you long ouata, blad long Jésus i ouach quouik bêle bilong you : Si missionnaire lui laver maintenant tête de vous avec eau, sang de Jésus lui laver vite (de

196

suite) âme de vous. Bêle hilong y ou i kililcm goud : Ame de vous elle devenir bonne. 01 tigne y ou mèkem Jînish i no goud, i kème bak : Toute chose vous avoir fait finir elle non bonne, elle aller en ar- rière (s'en aller, disparaître), Big fala Masta i no cross you : Grand espèce Maître lui ne pas punir vous. Suppose you dèd banbaïU, bêle bilong you i go onetap pièce i goud ton. ineuich : Si vous mourir bientôt, âme de vous elle aller en haut, place qui bonne beaucoup. You no f raid ! Vous ne pas avoir peur ! You. ouandème mi ouach hèd bilong you ? Vous désirer (vouloir) moi laver tête de vous ? Tok... Parlez. . . Ouata bilong you ouat pièce ?. . . .• Eau pour vous quelle place ? (où est-elle?) Banbaïlle bêle bilong you i kililim goud : Bientôt âme de vous elle devenir bonne. You cra'ill naou ol tigne i no goud you mèkêm bifore (kiaman, sitil, kil, etc.j ol tigne i no goud : Vous détester maintenant toute chose qui non bonne vous avoir fait avant, mentir, voler, tuer, toute chose qui non bonne. Mèke hèd bilong you ol sème : Mettre tète de vous tout à fait de même (comme cela). (On l'aide à bien tourner sa tète... Et on le baptisa alors..,)

APRÈS LE BAPTÊME

5. 01 raigtf... : Tout à fait bien. You mèkèrrq naou ol tigne i goud, no more : Vous faire mainte- nant toute chose qui bonne, pas plus, You Jraïlle naou ol taïmc ol tigne i no goud : Vous avoir peui (craindre) maintenant, tout temps (toujours), toutej chose qui non bonne. Big fala Masta i ouandème youi

197

naou ton meus : Grand espèce Maître lui aimer vous maintenant beaucoup. On lui passe une mé- daille au cou. Yoû mèkèm médaille ol sème : Vous faire avec médaille tout pareil (comme cela) (en lui apprenant à la baiser) naou, long saoura, long mor- ney , ol taïnie ol sème, maintenant, le soir, le matin, tout temps (toujours), comme cela. You tok ol sème ol taïme : Mi ouandème naou tou meus Jésus, Bigfala Masta : Vous dire comme cela toujours : Moi aimer maintenant beaucoup Jésus, grand espèce Maître. / mèkèm ol tigne i goud bilong mi : Lui avoir fait toute chose qui bonne pour moi.

PRÉPARATION PLUS COURTE

Harème ! Écoute !

1 . Bigfala Masta i stap onetap : G rand espèce Maître lui demeurer en haut (au sommet). / mèkèm ol tigne : Lui avoir fait toute chose. / louk ol tigne : Lui voir toute chose. I pèïme bêle long man i mè- kèm goud, long pièce i very goud onetap : Lui récom- penser âme de homme qui avoir fait bien dans place qui très bonne là-haut. / kapsaUl hèle bilonçi man i no mèkèm, goud long pièce, i no goud, longfaïa, ol taïme, no fînisJi : Lui faire tomber âme de homme qui ne pas avoir fait bien dans place qui non bonne, dans feu, tout temps (toujours), pas finir (sans fin).

2. Long Big fala Masta ia i stap tri fala: Avec grand espèce Maître celui-là il y a trois espèces (per- sonnes, individus). Fada (Papa), San (Pikinini), Holy-Gost : Père, Fils (enfant), Saint-Esprit. Tri fala Masta ia i strët : Trois personnes Maîtres ces qui

198

unies. I no mèkèm tri Big fala Masta : Elles ne faire pas trois grands espèces Maîtres. I stap onetap ouane Big fala Masta, no more : Lui demeurer en haut un gros espèce Maître, non plus (davantage).

3. San long Big fala Masta ia i kème daoune long graoun : Fils de grand espèce Maître lui qui venir en bas sur terre. Oumane i goud toumeutch maman bilong him, Papa bilong hème no long graoun : Femme qui bonne beaucoup mère de lui, Père de lui pas sur terre. I no oi sème y ou mi, olfala man : Lui ne pas tout comme nous, toute espèce d'homme. / dèd bilong you mi, bilong olfala man, oumane : Lui mourir pour vous et moi, pour toute espèce homme, femme.

4. Suppose missionary bilong hème i ouach naou hède bilong you, bêle bilong you i kililin goud kouik : Si missionnaire de lui lui laver maintenant tête de vous, âme de vous elle devenir bonne vite (tout de suite). Suppose you dède banbaïlle, bêle bilong you i go onetap pièce ver y goud, long Big fala Masta ia, long ol man i goud : Si vous mourir bientôt, âme de vous elle aller en haut, place très bonne, auprès grand espèce Maître- celui-là, avec tout homme qui bon.

5. You ouandème mi ouach hède bilong you!,.. Vous vouloir moi laver tête de vous !...

6. You /raille naou ol ligne you mèkèm i no goud bifore : kiaman, sitil, ol tigne i no goud : Vous craindre maintenant toute chose vous avoir fait qui non bonne auparavant : mentir, voler, toute chose qui

non bonne.

LES MOTS

ARABES ET HISPANO-MORISQUES

DU « DON QUICHOTTE »

(Suite)

L'origine de ce mot n'a encore fait l'objet d'aucune recherche. Les dictionnaires arabes ne contiennent rien qui puisse nous renseigner à ce sujet. En dépit de sa forme et de sa signification, cherk ne salirait être rattaché à la racine ChRK, qui exprime une idée d'association, d'où charraka « garnir une chaussure de courroies, de lacets^ Chiràk (R. Martin : Chorka), pi. ClioLirouk et Aclirouk », proprement « associer le pied et la chaussure ». 11 n'y a de même aucun parti à tirer du verbe charadja « fermer une bourse en serrant les cordons », qui tient de cette racine, non plus que de barchaka « couper en morceaux (en lanières ?) », barchaqa, même sens et « donner des coups d'étrivières, sangler o, probablement du persan barchak « sangle, sous-ventrière ». Les ressemblances, en linguistique, n'impliquent pas des rapports.

Acherk, cherk, cherky sont sans aucun doute des mots de terroir. On induit forcément de l'assertion de Cobarruvias qu'ils faisaient partie du vocabulaire des Berbères Zénâta, expression géographique et

- 200

ethnographique devenue restrictive avec le temps \ mais que nous devons prendre dans son acception la plus large, comme avaient encore droit de le faire Tauteur du Tesoro et les Espagnols ses contempo- rains. En effet, un dialecte au moins, celui des Touareg Izeqmaren qui nomadisent entre Ghadamès et Tafi- lalet, emploient le terme icerkewen, relevé par Ha- noleau, avec le sens de a peau v ^««wee^ pour tentes de voyage et autres objets^ ». Entre ce pluriel icer- kewen et le singulier acJierk"" [= acerkew) de Maq- qary, il existe, quant à la signification, une relation indéniable, et, quant à la prononciation, la différence ne repose que sur une altération de son fréquente, d'ailleurs bien connue, et dont l'arabe offre pour sa part quelques exemples intéressants.

Le berbère acerkew (dont la racine peut être SERK mais aussi ERK « gâter, moisir », d'où le dérivé sei'k « faire gâter » et, par extension,» tanner »), vicMit ex- pliquer d'une façon aussi satisfaisante que possible ce qu'il faut entendre par le Dihâgh ou tan cJierkij _ dont parle Ibn Khaldoùn et auquel Maqqary fait allu- sion. 11 confirme en outre l'opinion que le prétendu mouton acherk de Dozy est une peau d'animal quel- conque tannée au moyen d'ingrédients et suivant des

1. Les Zénâta, qu'on a proposé d'identifier aux anciens Mas- syles, peuplaient les territoires actuels de la Tunisie et de l'Al- gérie avant d'être refoulés vers la Moulouya par l'invasion des Arabes de Hilâl. Ils s'étendent encore au N. de Ghadamès jus- qu'au Sous et la Chaouya, au Maroc, ils sont complètement arabisés.

2. Voyez Cid Caoui, Diçl. touareg- français, p. 303.

201

procédés spéciaux. Ainsi donc c'est au désert et dans les grandes oasis sahariennes que se conserve la notion de ces mots étrangers à Tarabe vulgaire oriental, inconnus de l'arabe classique, et qui rap- pellent à peine le souvenir d'une industrie indigène fameuse autrefois dans le Maghreb et plusieurs fois séculaire.

Revenons maintenant à borcegui = mocherhy par métathèse. La syllabe initiale constituerait, suivant Dozy, un élément purement adventice; le reste serait seul à retenir. Comment expliquer la présence des deux premières lettres ? Dozy nous éclaire en ces termes : « L'ancien portugais nous permet de ré- pondre à cette question. Dans un document de 1418 cité par Santa Rosa le mot est écrit morsequill, et dans un autre de 1359 mosequin. Ajoutant mal à propos un ino comme ils l'ont fait aussi dans d'autres termes empruntés à l'arabe, les Chrétiens ont dit, au lieu de cherqui, mocherqui^ par transposition mor- chequi, morsequi, et, par le changement ordinaire de m en h, borcegui. » Mosequin, disons-le en pas- sant, est une correction apportée par Dozy au texte de Santa Rosa on lit huuns /nosequinrs. « L'/', pense-t-il, est de trop, ou bien il faut lire mosequims qui serait pour inosequins. » A mon avis, la faute d'impression consiste simplement dans la transpo- sition de cette lettre : il devrait y avoir morsequins, si ce n'est moserquins, mais cette leçon, si conforme à l'étymologie, et qui d'ailleurs a pu avoir cours à l'origine, demanderait à être attestée.

En ce qui concerne le soi-disant préfixe mo, il

14

202

serait superflu de revenir sur ce qui a été dit à pro- pos de moga/iga : on se trouve en présence d'une règle inventée par Dozy qui compte autant d'excep- tions que d'exemples. Borcegui, port, borzegiiim dont morsequill, etc. est une altération que l'espagnol n'a peut-être jamais connue, en fournissent une der- nière preuve. 11 y a en effet un moyen beaucoup moins compliqué de résoudre le problème. Ce moyen consiste à conserver le mot tel qu'il est, à prendre bo pour ce qu'il paraît être, c'est-à dire pour l'arabe aboû, vulg. boû et bô, véritable préfixe à l'aide du- quel il est loisible de former à l'infini des noms complexes. Il suffit qu'un individu ou une chose se singularise par une particularité extérieure pour qu'aussitôt apparaisse un sobriquet, une kounya le mot est resté en espagnol: alcuha^ dont le premier terme sera boû {= père de), le second quel- que substantif caractéristique. L'andalou prononçait bo (ex. : Boabdil := AboiVAbd Allah) comme encore le tangérois. L'épithète hô-acerkew, d'où bô-cerky, puis bô-cherky , était toute indiquée pour désigner la botte molle des Berbères faite d'un cuir aussi réputé que l'était le Djild acherk ou Adîm cherky, d'après la prononciation que nous enseignent les données les plus récentes. « Dans la plupart des cas dit W. Marçais au sujet des divers parlers maghré- bins, il ne semble pas douteux que les formations avec soient de véritables kounya d'origine arabe; mais il est possible que certaines d'entre elles soient

1. Cf. le n" d'Avril 1908, p. 129 sq.

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à attribuer à une influence berbère, le préfixe bu se rencontre dans un emploi analogue (cf. Stumme, Handbuch des Schilhischeii von Tazenwalt, §. 37)... 11 semble bien que dans de nombreux cas, il soit apparu par analogie il n'avait étymologique- ment rien à faire; il semble aussi que la préfixation de bit ait élé parfois un moyen d'arabiser des em- prunts au berbère » [Textes arabes de Tanger\ p. 239). C'est évidemment ce qui s'est passé pour aboû cherky = bô-cerky, d'où borcegui, etc.

Loin d'admettre l'étymologie proposée par Dozy, laquelle, en somme, ne pèche que par un point, le Dicc. de la Acad. esp. (éd. de 1884) se rallie à l'opi- nion de Diez et Scheler et fait de borcegui un mol issu du grec par l'intermédiaire du flamand. De son côté, le Dict. gcn. de la langue fr. donne également brodequin comme emprunté du néerlandais brosekin ajoutant que la forme actuelle,, qui se montre à la fin du XY® siècle, paraît due à Tinfluenre de broder. Rien cependant ne saurait justifier celte origine gréco-ger- manique attribuée à des mots étrangers qui ne se sont implantés qu'en roman, à une exception près, et dont le prototype, pour cette seule raison, doit avoir de grandes chances d'être découvert dans une langue orientale.

Il est une autre étymologie plus malheureuse en- core, si possible, qu'on ne relèvera ici que parce qu'elle constitue une erreur dangereuse, capable de tromper la religion la mieux avertie, celle du P. Lammens, entre autres. Elle résulte d'une mé- prise d'Eguilaz, méprise qu'on laissera au savant

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professeur de l'Université catholique de Beyrouth le soin de qualifier comme bon lui semblera. La thèse soutenue avec une absolue conviction par Eguilaz se résume en ceci : Baldaquin^ baudequin^ esp. bai- daqiti (de Farabe baghdâdy)^ nom par lequel notre moyen âge désigna les célèbres brocarts de Baldac, c'est-à-dire de Bagdad, aurait revêtu à un moment donné une forme nouvelle en prenant un sens nou- veau,, celui de « cuir fin ». « C'est ce que démontre le mot beldraquiq qu'on trouve dans Pedro de Al- calâ avec le sens de « cuero delicado », et c'est, conclut Eguilaz, ce qui confirme pleinement mon étymologie», savoir : que baghdâdy, moyennant une série d'altérations successives (ci-après énumérées), s'est transformé en beldraquiq et de en borcegui. Le P. Lammens s'appuie sur cette thèse, qu'il ap- prouve sans réserve, pour démontrer à son tour que brodequin et baldaquin sont en deux mots un seul et même mot. [op. cit., p. 57.)

Heureusement, il faut en rabattre. On sait que le Vocabulista est entièrement imprimé en caractères gothiques; le b et le g se ressemblent donc au point de se confondre quand ils sont renversés. Par l'é- tourderie d'un typographe, les mots arabes Geld\ioy\v Djild raqîq « peau fine », se présentent à nos yeux sous l'aspect de cet incompréhensible beldraquiq. Voilà comment il se fait qu'Eguilaz, pris au piège, qualifie l'étymologie de Dozy de « purement fantas- tique ».

L'espagnol tahali, auquel correspond en portugais LTAYM et TALi plus ancien, apparaît à l'origine avec un

205 --

sens très particulier qui s'éloigne peu de celui du mot arabe qu'il représente ; avant de signifier « baudrier », il désigna un porte-reliques, un sachet à amulettes- C'est un contemporain d'Isabelle la Catholique et du dernier des « Abencérages » qui s'est chargé de nous l'apprendre. Hernando de Baeza, après avoir pris sa part dans la lutte pour la conquête de Grenade, rédi- gea à propos de cet événement fameux une relation intitulée Las cosas que pasai'on entre los Rreyes de xGvanada etc.. Au cours de son récit il est amené à parler de l'objet que les Mores appellent « un taheli », qui est un petit étui de cuir orné de houppes de soie, qu'ils portent suspendu [en écharpe], et dans lequel ils ont coutume d'enfermer un Coran ; de vient que les Chrétiens se sont mis à porter à la guerre de ces taheli, y serrant des reliques et de bonnes prières »\

Baeza est le seul jusqu'à présent qui nous fasse con- naître ce dernier détail, très intéressant pour l'histoire du mot. S'il a voulu, comme il le semble bien, faire acte d'informateur, c'est que, à l'époque il écri- vait, l'usage du taheli n'avait pénétré que depuis peu parmi les Chrétiens. Nous n'avons en tout cas pas d'autre témoignage pour prouver que l'adoption de ce mot par le castillan est antérieur à cette date.

On imagine sans peine que ce terme étranger, mis à la mode en des circonstances exceptionnelles, fit rapidement fortune. Toutefois du jour la vogue des scapulaires à la musulmane fut tombée elle ne

1. Voir Mûller, Die letzlcn Zciton von Granada, p. 90 et 96-99, l'étymologie de tahali est clairement mise en lu- mière. Ct. Dozy et Eguilaz, Glossaires,

206

pouvait pas survivre indéfiniment à la ruine des Mores le taheli^ c'est-à-dire l'étui avec, comme de juste, son cordon de bandoulière^ ne tarda guère à passer a Tétat de relique inutile et encombrante. Mais le mot tint bon, et il resta appliqué pour toujours au baudrier porte-épée, supplantant du même coup le vieux mot très expressif /?>rtc«e/Zo « tire-col ».

De l'origine du tahali on ne conservait déjà plus qu'un souvenir obscur cent ans après Baeza. Pour le mot lui-même, si l'on se doutait de sa provenance, on hésitait entre l'arabe ta^Uq « suspendre » et une dérivation de l'hébreu beaucoup moins vraisemblable . Telle est la perplexité de Cobarruvias ; pour le sur- plus, il s'exprime ainsi : « Le tahali est une courroie ou bien une échappe allant par dessus l'épaule droite jusqu'au bas du bras gauche et à laquelle les Turcs

d'aujourd'hui suspendent leurs alfanges Les

Zénâta de la côte [du Maroc] en font également usage, et de même les brigands, qui y suspendent leurs trom- blons », Cobarruvias est imparfaitement renseigné. A l'en croire, le baudrier dit tahali serait un emprunt fait aux Orientaux, comme l'alfange. Baeza ne lui a donc rien appris et Marmol pas davantage.

L'auteur de la Descripcion de Affrica est pourtant bien explicite : « Du côté opposé (sur la hanche droite] les Mores portent, comme une relique, un étui d'or ou d'argent ouvré contenant certains papiers ou par- chemins sur lesquels ils tiennent inscrites leurs pri- ères et formules magiques qu'ils appellent tahelil et qu'ils suspendent semblablement à un autre « tira- cuello ». (ll,f°97è).

207

Baeza et Marmol se complètent heureusement l'un l'autre à un siècle de distance. En les rapprochant, l'origine du mot ne laisse plus la moindre place au doute. TAHELiL, hispanisé au moment de l'emprunt en taheli, puis à l'usage en tahali, est une transcription, de l'arabe TAHLÎL absolument conforme aux principes de l'articulation espagnole (cf. Tremecen = Tlemcen, et les mots précédemment étudiés tameji, bngarino pasamaque hadulaqiic, etc.). Le sens propre de tah- lîl est « prononcer la formule sacramentelle ilâha iW Allah «il n'y a pas d'autre dieu que Dieu». Cou- chée par écrit, suivant certains rites pour être efficace, cette formule réalise un talisman de premier ordre, un tehlil magique ; l'étui ou l'on serrait cette formule conjuratoire fut aussi, par un abus naturel de la méto- nymie, un tahlil. L'idée abstraite devint chose con- crète.

Tahlil ne parait pas avoir été employé dans cette double acception concrète autre part qu'en Occident, En effet, on ne le rencontre guère que chez un Ibn Batoùta (III, p. 387) ou dans le Raud el-Qartas d'Ibn Abî Zar' ( p. 236). Indépendamment des écrivains indi- gènes, on a Hœst qui, en plus d'une reproduction de l'objet, appelle celui-ci tàhalîl, montrant par que la valeur phonétique et sémantique du mot lui a échappé [Nachrichten von Marocos uiid Fes, p. 238 et pi. 17, fig, 6.). Il est vrai qu'on trouve dans Beaussier le terme

1. (( Un tahlil d'or incrusté de pierreries»; c'est-à-dire «un étui à amulettes » et non «un croissant», comme dit la traduc- tion, tahlil signifiant 'aussi «donner à quelque chose la forme d'un hilâl, d'un croissant de lune » ; mais c'est ici un faux sens.

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tehltl avec le sens non classique de « conjuration, prières », dans lequel on devine une façon vicieuse de prononcer ta/iUl. La confusion entre les deux aspirées n'est pas sans exemples (cf. classique qahqaha » rire aux éclats », tangerois kahkah ; v. Marçais l.c. p. 446).

Talilil a donc cessé d'être entendu dans le sens d'amulette et d'étui à amulette, jadis en faveur parmi les Arabes du Maghreb et d'Andalousie. Ce qui en subsiste en atteste l'usure. Le terme qui le remplace est d'ailleurs universellement employé en Islam, con- sacré qu'il est par la coutume religieuse : \e Hamâïly ou Hamâïl fait partie du bagage de tout pieux pèlerin qui se rend à la Mekke (cf. Burton, Pllgr. I, p. 233). Hamâïl, de la racine HML « porter une charge » est le pluriel d'un mot Himâla ou Hamila désignant par définition tout ce qui peut servir de bandoulière : cordon, bretelle, écharpe, courroie ou baudrier, à laquelle une chose à porter est suspendue. En tant que mot pluriel, Hamâil^pèc'x^ieAa. bandoulière composée de « plusieurs cordons réunis ». A l'ancienne signifi- cation de « baudrier », l'arabe moderne a ajouté celle 0 d'étui à amulettes » ; par extension progressive, Hamâïl a fini par s'appliquer à l'amulette môme, au (( charme^ ». G est par un même abus métonymique, mais inversement, que l'arabe lahlîl en est arrivé à passer en espagnol avec le sens de « baudrier ».

L'amulette porte également le nom de Tilsam d'où nous vient « talisman », mais plus particulièrement de Hirz en Occident et de Hadjâb en Egypte. Lane entre

1, Cf. Dozy, p. 34*5 et Suppl. aux dict. arabes.

209

dans de longs détails au sujet des phylactères en usage dans ce dernier pays (I, ch. xi). « The mushaf{\e Coran) and others hegàbs are still worn by many women ; generally enclosed in cases of gold or of gilt or plain silver. , . » Il accompagne son texte de dessins repré- sentant de ces étuis à amulettes. Ce qu'en ont dit autre- fois Chardin, le P. Raphaël, voire Haedo (Top. f"' 22 v'' et 26 v") n'est pas moins intéressant. La superstition du musulman n'a guère évolué dans cet ordre d'idées ; les conjuration s'en tiennent encore aux vieux abraca- dabras : sentences tirées du Livre saint, quand ce n'est pas le Livre tout entier, incantations au moyen des 99 noms d'AUâh, cryptogrammes cabalistiques [Khanqa- tiryat), carrés magiques [Wiqf], etc. Toutes ces « béa- tilles », comme les appelle le P. Raphaël, continuent à être soigneusement enlermées dans de riches étuis ou de crasseuses pochettes portées soit en sautoir, soit en bracelet, soit en écharpe et toujours de gauche à droite comparer avec ce que dit Marmol) par ceux que la peur des maux ou du mauvais œil, l'amour ou les dénions empêchent de dormir, la simîa (magie blanche) et sihr (sorcellerie) étant leur . suprême ressource '.

Les mots tahnlï et alfanje marchent presque tou- jours de pair dans le Don Quichotte, p. ex : « Traia un alfanje morisco pendiente de un ancho (large) tnhali » (2« p., XVI. Voir encore ch. XXXVI).

1. Consulter Maijie et Religion dans l'Afrique du Nord par Ed. Doutté, Alger 1909 (références nombreuses).

210

Il en est de même dans les vieilles chansons du Romancero .

« yponrae en el taheli De diez el mejor alfange «

« Et passe à mon baudrier le meilleur sabre parmi dix »• [Rom. de Gazai, IV, dans Bibl. de Aiitores espaholes, t, X, p. 14.)

L'alfange était un sabre court et à lame courbe, un badelaire, arme empruntée aux Orientaux et dont le nom est une altération reconnue du mol Khaiidjar.

Le valencien a alfang et alfanig, le portugais ALFANGE et même alfageme. Par un curieux effet du principe de l'analogie, ce dernier mot signifie aussi, en portugais comme en espagnol, « barbier chirur- gien », mais il répond alors à Tarabe al-Hadjam^ qui a ce sens. (cf. R. Martin, Alcalâ, et surtout Eguilas s.v.., non Dozy.) D'autre part alfange dési- gne dans le dialecte andalou « la meule de dessous ou meule gisante du pressoir à huile ». Eguilaz voit avec raison dans ce mot une déformation de l'esp. Alfarge^ qui représente l'arabe al-Hadjar « la pierre », ainsi que Dozy Ta démontré [Gl. p. 110),

Alfange a eu quelque succès en France dans la première moitié du XVII® siècle, alors que le goût se portait vers la patrie de Galderon et de Cervantes. Il y fut popularisé par un vers du Cid (IV, III, 1596) qui est encore dans toutes les mémoires.

[A suivre.) Paul Ravaisse.

DIE INDO-GERMANISCHEN LEHNWORTER *IM GEORGISCHEN

CSuUe)

1. altgrlechische Worte.

Die altgriechischen Worte unterscheiden sich von den anderen durch eine grôssere lautliche Abwei- chimg; es sind folgend.

abano

agari

akara, akra

akinaki « lance »

ala, alata « caisse du moulin »

alkuni ankesi asatari

bisoni

it'ika

inohi « cavalier »

ieroli

j3aXav£Ïov ? aypôç s. a. arm. àxpa

âxtvàxTjç [pers] àXéco, àXeTpeuco, s. a.

arm. àXxucbv s. a. arm. àyxtaTpov (7TàT7)p, àcaàpiov, as-

sarium ?

TÎpOÇ

212

kanonî

xavcbv s. russ. u.arm.

kapilioni

xaTrrjXsîov

kasia

xaata (Ts. Kaaata)

kastrioni

Ka(7C7tT£po; [pers. kas-

tira}

konk'uti, korihilio

y,oy\ù\iov

lagani

XsxàvT], XsKavLov

lendi « serviette »

XévTtov [linteum]

logini

Xéxoç

mna, mnasi

[Jiva hébr. kîû s. arm.

papa

TCàiraç, Tuàinraç

perikm-ebi « bottes »

7T£pt/vV7][JLLÇ

sardioni

aàpôtov (Ts.:aàpôtoç)

skiptra

ax'^uTpov

p'alangia

çpaXay^

viemnosi

U[JLVO;

yvino

ol'vo^

yramme « ligne »

Ypa[Ji[JLr] ? s. ngr.

heli

X^^P

Nicht aile hier aufgefùhrten Wôrter scheinen mir griechiscbe Lehnwôrter zu sein, es kann sich da vielleicht um einen rein zufàlligen Gleichklang han- deln, wie er in jeder Sprache vorkommt und die Worter sind trotzdem selbststândig. Im einzelnen ist zu bemerken : agari agri wie akara akra. Im einzel- nen entsprechen sich die Laute in folgender weise :

a = a

7]=i

v = n

T = t, d

P=b

X = l

0 = 0 7r=:p

L>r=i, vie

p

213

£ = a, 0 (x = m a = s £t = i, e

Die Endungen sind in folgender Weise umgestallet :

gr. :

-a = a -a^=a

-ta = ia

-oç:=om, oli, i, osi -ov = oni, 0, i

-7j = e, anderen consonantischen Ausgângen wird ein -i angefûgt oder-ia.

2. gemeingriechische Worte.

azima a azyme » à^upioç S. a azymus unleavened »

aiazma « bénédiction de Teau » àyiacypiôç S. « consécra- tion » akaki « acacia » àxa/'.a « acacia »

akat'isto « office en l'honneur de la Sainte- Vierge gr. : â/.à6icrT0ç (Ts. àxaGicriôç) ô àxàOicTTO^ ujjlvoç the office of the Vigin. akolot'ia «office divin» àxoXouGîa 4. office akrostihi (( acrostiche » ày.pOGTi-y^iç « acrostic » (Ts.

aupÔGiy^oç) alioni « l'aurore » 'qXioç « the sun »

aloe « aloès » àXoT] « aloès »

ambioni s. amboni

amboni « ambon » à[j.êwv a pulpil, stage » s.arm.

amet'isto « améthyste )) âfxéGuaxoç, àfjLsOucroç « ame-

thustus » amiantes « amiante » à^LÎavTOç « amiantus »

214

angelozi s. angelosi

angelosi « ange » àyyekoç S. « angel »

ant'viepati « proconsul » àvOÙTraxoç « proconsularis » anisuli «anis» àviaov « anisum, anise»

antikr-ad « vis-à-vis » àvTixpù a opposite » antifoni, a antiphone » avTt'pcovovlTs. àvTirpcov/]) «an-

tiphon 1) apokalipsi o apocalyse » à-Koy.aku^iç S. « Apocalypse » aromani s. araoni

araoni « arrhes » àppaêcov a arrhabo » bebr. jinny

area s. areas

areas « Mars^ planète » "Ap7]ç « Ares. » art'roni « article » àpGpov « articuler, joint »

artosi s. artos

artos « pain bénit » àpTOç S. « bread. » s. russ.

arhidiakoni « archidiacre » àp)(tôiàxovoç «archidiaco-

nus », s. arm. arhiepiskopozi «archevêque )) àpytSTrbxoîroç «archie-

piscopus. )) arhieri a évêque » àpy^iepevç S. « chief-priest »

arhimandriti (( archimandrite àp)(t(jLavôpÎT7]ç a archi-

mandrita » astrolabi « astrolabe » àGipoXàSiov a astrolabe » ap'roditi « Vénus » (planète) 'ArppoôÎTT] ayapi « agape » àyàTrr) S. « Agape » s. arm.

baia « palme » êatov S. a palm-leaf » s. russ.

balyami s. p'elgami

barbarosi « barbare » jSàpêapoç « barbarus » bemi s. bemoni bemoni a amphithéâtre » (STjpLa « pace » s. arm.

I I

215

^bibliot'eka « bibliothèque » JBiêXtoGYjXT] S. « biblio-

theka » bivrili, bivriti, berilosi, beriloni, berilvieni, biroli,

birilosi, broli « béryl » jS'/rjpùXXoç S. « beryllus » borea s. boreasi

boreasi « borée » (Bopsaç

dap'na « laurier » âà'f^vT] « laurus »

dekanozi « premier prêtre » ôsxavoç « decanus » (Ts

Ô£/.ap)(oç demoni a démon, diable» Ôaîpiwv o daemon » diat'ika « testament » ôtaGïjXT] S. « f œdus » s. arm. diakvani, diakoni « diacre » èiàxavoç « diaconus » didrak'mi o didrachme » ôîÔpa)((JLOv disco s. discosi discosi «patènecycle, globe» âîaxoç « discus, salver,

tray, waiter » dromoni « vaisseau, navire » Ôpô[JLOJv a dromo, dromon»

cursoria a kind of light vessel. evlogia « bénédiction » sùXoyta S. « blessing » ekklesia « église » éxxXYjcia S. « ecclesia »

ektenia a prière lue par le prêtre» éxTsvta, éxTSVcca

S. « earnestness » embari « cuve pour laver » Î[l6olgiç « bath » emplastro « emplâtre » £[X7rXaaTpov « plaster » enkenia « consécration d'une église » éyxaîvia S. « con- sécration » eparhia « diocèse » é'n;ap)(ta « province »

eparhosi a préfet éparque» êizapy^oç S. apraefectus» epivati a passager sur un navire £7rtêàT7)ç «passenger

on a vessel »

216

epistole « épître, lettre » ÊTTiaToX'/] « letter » episcopozi « évêque » è'KÎoy.oTzoç « bishop » epitropozi «curateur » STrupOTroç « procurator » epip'ania a surface, superficie» éTctrpàvsia « appea-

rence » erelikosi « hérétique » alpsTtxdç « haereticus » s.arm. ermi ((Mercure» (planète) 'EppLTJç ek'sarhosi « exarque » £^ap)(oç « exarchus » ek'soria (( exil » h^opia exile, (( banishment »

zevsi (( Jupiter » (planète ) Zsuç te'atro, t'eatri (( théâtre » OéaTpov « spectacle » t'emi (( province, district» Gépia 8 (( military district » t'eristro (( étoffe mince » GéptcjTpov (Ts Gspcapov) S.

(( theristrum ligt sammer

gorment » iakint'i, vakint'i (( hyacinthe » ùàxtvGoç (( hyacinthus » iarabiko (( iambe » Eapiêtxoç (( iambicus »

iazma s. aiazma

ikonomosi ((économe» o ïxovopioç ((oeconomus » ipodiakoni (( sous-diacre » vizo^iâKOvoç (( under-ser-

vant » ipokentavri ((centaure» iTiTrxsvTaùpoç kat'agmeli (( catéchoumène » xaT£)(oi»[JL£voç (( catechu-

menus » kat'edri (( chaire » xaGéôpa (( cathedra »

kat'olikos (( catholique » xaGoXtxoç «gênerai, univer-

sal » kat'olikozi « patriarche géorgien » xaGoXixôç « theca-

tholicos » kandela « lampe » xavÔ'^Xa « candela »

217

kankeli a balustrade » xàvxsXXo^ (Ts xàxeXov) « can-

cellus )) s. arm. kanonarhi « celui qui entonne un chant d'église » xavo- vàpyjiç {( the leader of the church service » kariofila « œillet » xapuô'puXXov « clove »

kastrioni « pierre de niveau » xaaaÎTEpoç a tin » kedari « cèdre » xsôpta a cedria » (Ts xsôpoç)

keisari « César » xatcap « Cœsar »

kelari a sommelier » XcXXàptoç « cellarius kvira s. kvirake

kvirake « dimanche » xuptax'/j ; t] (jLsyàXr] xupiax'/] a the

great Sunday » (Ts xupiaxôç) kinklosi a cycle » xûxXoç S. « cycle »

klemak'si « Climax » xXïpLa^ « Climax » kollurio « kollyre » xoXXûptov « coUyrium »

lampari a lampe » XàfXTrâ; « torch »

lek'si « mot » Xé^tç « word »

liti « sortie dans le parvis pour prier » Xir/) « religions,

procession »

litania « procession o XcTavsîa S, «supplication » litra « poids » Xîxpa « libra »

lip'va (( cikr » âXsKpa) « to smear »

marmenio, imarmeni « destin » £l[jLap[j.£V7] a fate » marmari, marmarilo, marmarilos k' ua « marbre » {J-âp-

[jLapoç « marble » martvieri « martyr » (xàpTup « martyr » monazoni « moine » [jLovà^cov « monk » (a. arm.

monozon) meprore « pilot » irpwpoç, irpcopy]

mepratake « tanneur, peaussier » TCpoêaxdjv « sheep-

fold »

15

218

nevri, nerovie, nervi vsûpov « sinew » olari (( étole » copàpiov « oaarium »

opioni, op'ioni « opium » ôtciov a opium » panduk' si oui ((auberge» Tiavdoy^eïov (( â tavern » paraklisi (( prière en actions de grâce » TzapàyXriaiç

S. (( prayer » paraskevi (( vendredi (saint) » Tzapaaazwri « 3 Paras-

ceue » pask'a, pasha, pasek'i (( Pâques » iz^aya. S. noe (( pas-

cha )) s. a. arm. pashalia (( jour des Pâques » izaayJCkioç (Ts. izcLGyJfXio.)

paschalis » pak'simadi ((biscuit » ua^tfjiàôtv, Tra^afxàôtov, Tra^a-

(jLÔcç (( hard biscuit » periodi ((période» ueptoôoç (( period (of time) »

peripatœli (( péripateticien » u£pt7:aTir]Tix(3ç (( walking

about » pit'ika « singe » 'n:^Ô7]K0(7

pit'oni (( sibylle python » uùGwv (( 2 Python » pinak'si (( précis » irtva^

protasia (( protasis (( avant-propos » irpc^Tactç (( pro-

tasi, proposition » psihi (1 bâme » ^^X''^ ^•

revma (( flux » p£Û(j.a (( flux »

ripidioni (( éventail » çtmihiov (( fon » salpingi, salpini ((planche sur laquelle on frappait pour

appeler à l'église » (sàX^Y^ " sonnding-board » sa ta (( mesun » aàTOV hébr. : .ikd aram. : Kn«D

sviendisi (( conscience » (juvsî^'/jatç (( conscientia » svinidisi, svienidisi, s. sviendisi

219

svienkliti « sénat» aûyxXriTOç « 2 sénat »

svinkliti s. svienkliti

simiat'-mdserali «qui écrit des mémoires» (7'/j(/.£twÔr|^

« marked » sinkliti s. svienkliti

(A suivre)

D' Kluge. Berlin.

BIBLIOGRAPHIE

Le parler tourangeau (région de Loches), par Jacques Rougé. Paris, Em. Lechevalier, 1912, in-12, 137 p.

Voilà un excellent petit livre qui se présente sans aucune prétention scientifique ; c'est un simple recueil de mots, pour ainsi dire un carnet d'observations recueillies du langage de l'arrondissement de Loches par un érudit curieux et sagace ; ce sont de ces mono- graphies locales comme il en faudrait pour toutes les régions de la France et qui permettraient de connaître aussi complètement que possible l'histoire et le déve- loppement de notre langue.

On remarquera des particularités de prononciation : ar pour er; les métathèses ber pour bar^ ban; les acceptions spéciales; les mots nouveaux; les composés] ingénieux, etc.

J. V.

Governement of Madras. Publié 28 juillet 1912. Report on Epigraphy for the year 1911-1912. Madras, in-fol., 93-(lv) p., fig.

M. V. Vankayya ayant obtenu un congé, la com-j mission se composait cette année d'un adjoint, d'un

221

étudiant diplômé et de leur employé. Ils ont parcouru notamment les régions se parle le canara, de Ban- galore à Vijayanagar. Ils ont rassemblé 97 documents, fait 47 estampes et une douzaine de dessins.

Le rapport expose sommairement l'exploration des cavernes, Tétat des inscriptions archaïques et résume les faits exposés dans les documents. Il sont fort im- portants pour riiistoire des dynasties Ganga, Pallava, Pandya et Soja. Certaines dates sont fixées par les contemporanéité, si ce mot et permis, des personnages. Nous apprenons ainsi que le poète Çêkkija, l'auteur de la célèbre vie des 63 saints civaïstes, Péryiapurânam, vivait au douzième siècle.

tJniversity of Virginia. (School of latin). Indo- syrischen rhytmes by Thomas. Fitzbrugh. Charlotte- ville, Andrew, 1912, in-8", 201 p.

Cette lecture est la répétition d'une série d'études physiologico-linguistiques sur ce qu'on pourrait appe- 1-er l'allure extérieure du langage, le mouvement de la proposition, la relation entre les mots et la pensée. L'auteur distingue les éléments du langage en impudia qui se classaient par tripudia, trois syllabes formant un rhythme, une sorte de douce mécanique avec ses temps forts, faibles et moyens.

État politique de l'Inde en 1777, par Law de Lau- RiSTON, gouverneur des Établissements français dans l'Inde. Paris, H. Champion, 1913, 187 p.

C'est la première publication de la nouvelle Société de l'histoire des Colonies françaises dont le président

222

est M. Martineau, directeur de l'Office Colonial, qui a gouverné l'Inde française il y a quelques années déjà. Il a mis en tête du volume une intéressante introduc- tion, écrite avec une netteté et une précision admirable et qui est elle-même un document historique de pre- mier ordre.

M. Martineau résume la mission de Law. Il avait pour but d'indiquer la politique à suivre pour chasser les Anglais de l'Inde et pour y installer l'inlluence française. Le pivot du système était l'usurpation de Maïnon, Haïderata, autour duquel on aurait groupé les princes indiens. Mais en France, on ne comprenait pas les colonies et on ne s'y intéressait pas.

Pierre Suau S. J. L'Inde tamoule ; Paris, s. d. (1900), 245 p.

Ce livre, illustré de nombreuses gravures, ne répond pas à son titre. Il s'occupe à peu près uniquement des provinces du Maduré et des Chrétiens-catholiques ; il donne mie idée peu exacte et très tendancieuse des mœurs, des coutumes et de la littérature du pays.

VARIA

I. Néologisme

Un journal du matin, parlant récemment de M. G. Leiiotre, le collaborateur bien connu du Temps, l'appelait un « faitdiversier approximatif »; le mot est ingénieux et n'avait jamais, je crois, été employé jusqu'ici.

II. Poésie et enseignement

Pour faire suite au Code en vers dont j'ai donné des spécimens dans le dernier numéro, je citerai aujonrd'hui deux ouvrages singuliers qui me sont tombés dernièrement sous les j^eux ;

1" Nouvelle Arithmétique appliquée au commerce et à la ma- rine, par L. Chavignard. 4' édition... Toulouse, impr. Debiol, 1865; in-8", 92 p.

On y lit, par exemple, à la p. 15 : de la numération :

A l'aide d'un principe, une convention Explique, avec clarté, la Numération, A la gauche d'un autre un chiffre à l'avantage; Sa valeur est décuple, ainsi le veut l'usage. Ainsi, quand cinq est placé à la gauche de huit. Il vaut cinquante, plus le chiffre qui le suit, Cinquante huit; admirez combien cet art utile Abrège le calcul en le rendant facile.

Noucclle Grammaire française en vers, par Pierre-Léon Chavignard, ancien maître de pension. 2* édition. Paris, Palais-

224

Royal, et Bordeaux, P. Farge, 1841, pet. in-8", 138 p. Je citerai un passage, p. 24, du rerho :

Le verbe, utile mot, marque affirmation

F.t de chaque sujet marqne l'intention

Sept verbes sont reçus et je dois vous les dire; Ils sont ainsi classés : sachez donc les écrire : On distingue d'abord ceux qu'on appelle actifs, Neutres et réfléchis, réciproques, passifs, Les unipersonnels qu'on voit partout paraître Et les pronominaux qu'on doit aussi connaître

M. Chevignard, que les continuateurs de Quérard appellent Chavignauld, a, paraît-il, composé aussi en vers une Oraison Dominicale, en 1875, et une Grammaire française des demoi- selles.

L' Imprimeur- G èi ant :

E. Bertrand.

Chalon-sur-Saône, Imprimerie E. Bertrand. 775

21 V

SUR LES INOMS DE NOMBRE EN BASQUE

Bien des recherches ont été entreprises en vue d'expliquer l'origine ou la composition des noms de nombre en basque.

En examinant avec attention la liste de ces expres- sions numérales, nous avons été frappe de la ressnm- blance de certaines d'entre elles avec des formes appartenant à des langues africaines.

Il nous paraît bien difficile, en effet, de ne pas trouver un air de famille entre les noms de nombre basques et ceux du feloup, dialecte africain allié au bantou lui-même. Ainsi l'on a :

Un Basque bat bul Feloup

Deux biga biji Bantou

Trois hirur ar Feloup

Quatre laur hiol

Cinq bost mat

Comme le bantou joue, à l'égard des langues de l'Afrique, le rôle de prototype dévolu au sanscrit par rapport aux idiomes indo-européens, nous allons prendre le bantou pour base de nos rapprochements entre les formes basques et celles africaines.

16

226

Un

Pour exprimer un, le basque présente la forme ba-t.

En bantou et dans les dialectes alliés, l'expression pour un est constituée par deux éléments dont le pre- mier a la valeur pouce et le second la valeur doigt. Ainsi, un, bantou, se dit pouce-doigt, le doigt pouce.

De l'emploi de ce procédé résultent, pour vouloir dire un, les formes ci-après :

3uce

1 doigt

ke

- tai

Baghirmi mosgou

kie

- t

Egba

ke

- do

Baghirmi propre

ki

-

Mandé propre

hi

- la

wai et mandé toma

ki

- na

toma

ta

- ni

bérésé

pe

- le

Feloup kiri

pi

- n

temné

pe

- ra

Bantou

nïo

- ri

Bantou

bu

- li

Bantou

bu

- 1

Feloup

ba

-

Soninké

bo

- si

Bantou

mo

- si

Bantou

Dans ba-t, un, du basque, on a pouce rendu par ba avec une initiale b, comme dans bu-li, bu-l et ba-ne du feloup, du bantou et du soninké; l'on a doigt ex- primé par t, comme dans ke-tai du baghirmi mosgou

227 -

et dans kie-t de Tegba. En fait bu-t, un, du basque, est aussi rapproché que possible de bu-li bantou et de bu-l feJoup. On ne saurait guère, en effet, rencontrer d'équivalence plus rapprochée que celle de t et de /.

Deux

Pour deux, le basque a bi et bi-ga, cette dernière forme la plus complète.

En bantou, deux est constitué |):ir les mêmes élé- ments : ponce et doigt que un, mais, dans un l'on a : pouce-doigt, le doigt pouce et, dans deux, l'addition : le pouce et un doigt.

Le deux basque : bi-ga, est. l'équivalent direct de formes de deux en bantou. Il est possible d'établir, comme suit, la généalogie de bi-ga :

pouce doigt

bo - si un, bantou

mo - si

bo - ja deux

mo - nga un

mo - ka

bi - ga deux basque

On voit ainsi que bi-ga, deux du basque, est, tout à la fois, l'équivalent de bo-Ja et de mo-ka, bantou.

Trois

S'exprime, en basque, par hi-ru et hiru-r. Dans hi-ru, le /' final de hi-ru-r est tombé.

Dans le groupe bantou, le nombre trois est exprimé

228 -

par la forme dominante ta-la, la-lu, ta-ru, etc., com- posée d'un premier élément <( doigt » et d'un second élément « doigt », lequel prend le sens de séparé, sorti, dépassant. Trois bantou se traduit donc par : doigt dépassant.

Cette forme s'explique par le geste bantou pour ex- primer trois : dresser l'index et plier le pouce et les autres doigts. Dans ce geste un seul doigt est donc dépassant.

Mais, même dans des dialectes alliés au bantou, la forme pour trois est différente. Elle reflète, en effet, un autre geste. Pour deux, même en bantou, le pouce et l'index son! dressés et les autres doigts repliés. Pour trois, par un geste différent de celui bantou, le pouce, l'index et le médius sont dressés, les autres doigts repliés. Un doigt est donc ajouté aux deux premiers; c'est un procédé d'addition.

Le nombre écrit correspond au geste. Par exemple en sérère, dialecte allié au bantou, on a dak pour deux et ta-dak poui- (rois, avec une nouvelle unité ta pré- fixée à la forme de deux.

Dans le basque, trois est également formé par adjonction de un à deux. Dans hi-ru-r, trois du bas- que, l'on a deux représenté par hi-ru, plus une nou- velle unité suffixée à hi-im, une unité r, d'où : hi-ru-r, trois.

En basque, nous l'avons vu, deux isolé est bi-ga. Mais ce n'est point la forme unique pour deux, en basque. Ainsi vingt est ogei et quarante se dit ber- ogei. L'on a, évidemment, dans cette forme composée, la valeur « deux » représentée sous l'aspect ber.

pouce

doigt

go -

- r

0 -

ri

hi -

la

be -

r

be -

r

hi -

hi -

229

Les formes basques pour deux : be-r et hi-r s'ex- pliquent par la généalogie suivante :

deux, baghirmi-bagha

haut-Nil un Mandé-toma et mandé wei deux bantou

baghirmi-abaka

Mandé-bérésé

(dans raé-hiré)

On voit ainsi que les formes basques pour deux : be-r et hi-ru se relient directement : la première a be-r du bantou et du baghirmi, la seconde a go-r, o-ri hi-la et hi-ré du baghirmi, du haut-Nil, du mandé.

Observons que, à lui seul, le baghirmi offre le pa- rallèle des deux formes pour deux du basque : be-r et hi-ru. En effet, il fournit le parallèle de be-r par une forme exactement semblable et le parallèle de hi-ru dans go-r, dont hi-ru ne diffère que par l'adoucisse- ment en A de ^ de go-r.

Quatre

Ce nombre s'exprime, en basque, par la-u et la-ur, cette dernière la plus complète.

Dans toutes les langues (ou bien peu s'en faut) quatre est constitué au moyen d'une soustraction : un à re- tirer de la main, soit de cinq. Comme, d'autre part, main s'exprime par un, soit une (main), cette dernière valeur le plus souvent sous-entendue, la forme ordi-

230

naire de quatre est celle de deux valeurs accolées de l'uiiilë, pour vouloir dire : un (doigt) à retirer de une (main).

Notons que, en basque, main, soit cinq, est préci- sément rendu par bo-r, également pe~ra et mo-ri, deux formes de un, en bantou. Dans u-r, syllabe finale de quatre, en basque, nous voyons une équivalence de bu-t\ égalant bo-r, par un intermédiaire hypothé- tique wu-r. La syllabe wu devenue u, dans u-r.

Quant à l'élément la, préfixé à ur, nous y voyons l'unité préfixée à cinq, l'unité à retrancher de cinq pour constituer quatre par le procédé courant de la soustraction. Lors de l'examen de la composition de un et trois, nous avons déjà rencontré cette forme la pour doigt, c'est-à-dire, comme expression de l'unité.

Quatre, du basque, est donc constitué par un (doigt, à retrancher) d'une main, soit de cinq, et ce, au moyen d'éléments fournis par le bantou et dialectes alliés à ce groupe.

Généralement le bantou exprime simplement quatre par ni, un; l'unité à retrancher de la main, en sous- entendant tout le surplus. Mais le wolof, dialecte allié au bantou, fait quatre par ni-ar, soit ni, un et ar une, sous-entendu : main.

Or, la forme basque la-ur est exactement parallèle à celle du wolof : ni-ar. Le début basque / au lieu de n, mais l'équivalence de / de /z est constante. Il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter à l'échelle établie à propos de la formation de « un », pe-le égale pe-^.

231

Cinq

Pour ce nombre, le basque offre deux aspects : bor et bo-st.

Nous avons déjà expliqué la forme 60-7' à propos de l'examen de la composition de l'expression pour quatre.

Toujours main, soit cinq, est donné par une forme dont la signification intrinsèque est a une », pour vouloir dire : main.

Or, à propos de « un », nous avons cité les formes :

ke-tai

pe-le

pe-ra mo-ri mo-si

bo-si

De même que bo-r est l'équivalent de pe-ra et de mo-ri, bo-s, de bo-s-t, est l'équivalent de mo-si et de bo-si.

Ainsi, bo-s veut dire « une » soit main, de même que bo-r. Le t final de bo-s-t est une unité t (doigt) identique au t de ke-tai. Par suite bo-s-t s'analyse en : main-une, soit une main.

Cette formation de main : bos-t, par bos «une » et t, me donne à penser que 60s a pris le sens de main et non plus de une. Ce sens serait résulté du fait que bo, qui signifie « doigt » aurait constitué son pluriel par l'adjonction, à bo^ d'un élément d'unité s, qui serait devenu un indice de pluriel. Ainsi bo, doigt,

232

accru d'un indice de pluralité s, aurait pris la valeur : doigts, les doigts, d'où le sens : la main.

Il est à noter que le procédé de constitution du pluriel par l'adjonction, à la forme du singulier, d'un indice unitaire, d'une valeur d'unité, est, tout à la fois extrêmement fréquent et absolument logique. C'est une addition au moj^en et par suite de laquelle le sin- gulier, augmenté d'une unité, devient une pluralité.

Six, Sept et Huit

Toujours, les expressions pour six, sept, huit et neuf sont composées ; autrement dit, sont constitués par l'emploi, le plus ordinairement au moyen du procédé de la juxtaposition, des formes déjà établies pour ex- primer les valeurs de un à cinq.

Constatons, tout d'abord, que les vocables basques pour indiquer les valeurs six, sept et huit, ont un seul et même début par « s ». Ainsi l'on a :

se-i six sa-s-pi sept so-r-tsi huit.

Les bisyllabes : set, sas et so-r nous apparaissent comme exprimant, toutes trois, une même valeur deux, celle de deuxième main. 11 est, en effet, d'accord avec le procédé de comput sur les doigts d'entamer la deuxième main, quand il s'agit des nombres supé- rieurs à cinq, à la première main.

Essayons de mettre en lumière cette valeur « deux », dans les formations se-i, sa-s et so-r et ce, au moyen des ra[)prochements suivants :

1

233

pouce doi;

gt

Premier échelon :

ngo - r

deux,

Baghirmi-bonga

ki - ri

un

Mandé-susu

fi - ri

deux

be - ri

Bantou

pi - li

ta - ni

un

Mandé-bérésé

tsi - n

deux

Feloup

si - b

Baghirmi-sara

sa - 1

propre

si - la

mosgou

Deuxième échelon

: mo - si

un

Bantou

be - ji

deux

ma - »

Egba-honny

i-ba - »

efik

a-buo - »

Ibo

pa - »

akra (dans six)

e-fa - ))

yoruba (d. six)

e-we - »

ewe

e-nu - »

odchi

en - jo

akra

e - yi

yebu

e - zi

yoruba

De cette échelle il ressort que :

La forme de deux avec début en « s », soit par une sifflante, est usitée dans le groupe bantou et dé- rivés. Citons : ts-in feloup, si-b, sa-l et si-la du baghirmi ;

La forme deux avec finale en « y », comme dans se-ij six basque, se rencontre dans l'egba-yebu :

2.^4

e-yi, en relation avec be-ji, bantou, avec en-jo de l'egba-akkra, comme avec e~"-yi de l'egba-yebu ;

La forme de deux avec finale en « s », comme dans sa~s-(p?), sept basque, a pour équivalences celle zi de Tegba-yoruba, celle si de mo-si, un bantou. Rappelons, à ce propos, que la constitution de « un » et celle de « deux » est identiquement la même dans le groupe bantou ;

4" La forme de deux avec finale en « r », comme dans so-r de so-7^-{tsi), huit basque, est donnée par go-r, ki-ri, fi-ri et he-ri, aspects relevés dans l'échelle ci-dessus. Au surplus, pour cinq, en bantou, existe une forme so-ru, identique à so-r de deux dans huit basque. Or, cinq est constitué, rappelons-le, au moyen des mêmes éléments que un et que deux.

Il semble ainsi démontré que se-i, sas et so-?^, bi- syllabes rencontrées comme débuts de six, sept et huit en basque, ont bien la valeur deux.

Pour en revenir spécialement à se-i, six en basque, on remarquera que ce vocable exprime seulement la valeur deux, soit deuxième main, de la deuxième main.

La réduction de six à un simple élément deux, pour vouloir dire un doigt de deuxième main ou bien encore : sur la deuxième main, est fréquente dans les parlers africains, notamment dans ceux mandés, très proches parents du groupe bantou.

Ainsi l'on a, en mandé propre, pour six, (quand l'une des formes de deux mandé est,/e-ra), la forme wo-ro équivalence directe àefe-ra.

Pour sept, le mandé propre a vo-von-wu-la, soit

235

deux formes juxtaposées de deux. On trouve, en effet, pour deux, en mandé :/e-m ai fa-la. Dans wo-ron- wu-la on a donc, de toute évidence, wo-ron pour fe- ra et wu-la pour fu-la.

En mandé-susu on a, pour six, se-ni, équivalent direct de si-lu et si-b, deux formes de deux du baghir- mi citées dans l'échelle établie plus haut. Six est donc exprimé, en mandé-susu, simplement par une forme de deux, comme en basque et par une forme avec début en « s », encore comme en basque. Pour sept, le mandé-susu offre su-li-firin, soit su-li deux et/?- rin encore deux, puisque deux isolé est firui en mandé-susu.

* *

Passons à l'examen de sept basque : sa-s-{pi). Le dernier élément : « pi » a, d; toute évidence, la valeur deux. C'est, en effet, le bi, deux, du basque, à peine modifié. Cette forme en pi, pour deux, notons-le, est une équivalence de celles : ba, biio, pa,fa et we rele- vées dans l'échelle comme appartenant à l'egba. La forme de deux basque est donc en relation directe avec des formes africaines de deux, alliées à celles du bantou.

Or, si pi, de sa-s-{pi) veut dire deux, il devient in- contestable que sas est un équivalent de main, comme nous l'avons avancé. La valeur main rencontrée ici avec une nuance de : deuxième (main).

* * Pour huit, le basque présente sor-{tsi). Nous voyons, dans cette forme de huit, un premier élément deux,

236

pour deuxième main, puis un second élément trois, rendu par tsi. Ainsi l'on aurait, pour les nombres six, sept et huit, une graduation : un de la deuxième main : six; deux de la deuxième main : sept; trois de la deuxième main : huit.

Comparons entre elles les formes de trois, en vue d'établir la généalogie de celle tsi de sor-tsi, huit, du basque :

se-kun Mandé

se-kko

se-gui (huit rendu par trois)

sa-tu Bantou

ta-tu

e-to Egba (huit rendu par trois)

ta-ru Bantou

te-ra Egba-bonny

e-sa -odchi

a-sa -ibo (huit rendu par trois)

e-dzo -yoruba (huit rendu par trois)

dzi -yebu (quinze rendu par trois)

On voit ainsi que la forme tsi, pour trois, rencontrée dans huit du basque : sor^-tsi, correspond directement à celle d^o et d^i, pour trois, des dialectes de l'egba, formes alliées à celles usitées dans le système bantou.

Neuf

Est, en basque, berasti et bederatsi, cette dernière forme la plus complète.

Deux procédés ont été mis en œuvre, dans. le sys-

t

237

tème bantou, pour constituer neuf : l'addition quatre et cinq ; la soustraction un de dix.

Dix est toujours représenté, notons-le, par une forme de deux, pour : deux mains, en raison du comput sur les doigts.

Bien rarement la forme pour dix, contenue dans neuf, est identique à celle de dix isolé, sans doute en vue de difïérencier neuf de dix, dans la prononciation.

Rapprochons les éléments constitutifs de neuf, en basque, des particules employées, en feloup, pour la formation des expressions numérales. Nous avons déjà vu que le feloup présente des affinités spéciales avec les numératifs basques.

Le cinq feloup est composé de une des deux, sous- entendu : main.

On rencontre donc, dans cinq feloup, l'élément deux et l'élément un.

Le feloup-sérère a, pour cinq : beta-k, soit beta, deux et /c, une. Des deux, (de la paire), une. Cette forme beta, pour deux, ne difîère de celle bi-ga, deux du basque, que par la mutation en t du g, pour k, de bi-ga. La mutation de /c en ^ est trop fréquente pour qu'il soit besoin d'insister. Il est évident que be-ta, deux du feloup-sérère, est l'équivalence absolue de bi-ga, deux basque.

Le feloup-temmé a, pour cinq : tsa-mat et ira-mat. Ici l'on a tsa et tra, un et mat, égalant beta du feloup- sérère, pour paire. Cinq est donc, encore "ici, rendu par : une (main) de la paire, étant observé que la va- leur un est exprimée par tra et tsa.

Toujours en feloup-temmé, on a, pour huit : tsa-

238

mat-ra-sas et pour neuf : tsa-mat-ra-anle . Soit, dans huit : tsa-mat, un de la paire, soit cinq, plus rasas, composé de va, un et de sas, trois isolé, en feloup- temnié. Dans neuf la composition est la même, sauf que, à sas, trois, et substitué anlé, forme isolée de quatre, en feloup-temmé.

Ainsi, dans ce dialecte, liuit est exprimé par cinq, une (fois) trois soit : cinq et une fois trois et neuf par : cinq, une (l'ois) quatre, cinq et une fois quatre, la va- leur « un » rendue par va, égalant tra de tra-mat.

Or, neuf basque est composé de :

bede, paire, égalant beta et mat, paire, du feloup- sérère et du feloup-temmé ;

ra, un (une fois), égalant va, une (fois) du feloup- temmé, dans huit et neuf;

tsi, un, égalant iJsa, un ou une, du feloup-temmé dans tsa-mat, tsa signifie « une « (main) de la paire : mat.

Tout compte fait, neuf basque est donc constitué par: paire, une, un. Soit : d'une paire (de dix) a ôté un. C'est le procédé de la soustraction un de dix.

Dix du feloup-témmé est : tso-fat, une {tso) paire ifat) cette dernière forme égalant beta, paire, du fe- loup-sérère et mat, paire, du feloup-temmé, dans cinq. Une fois de plus, on voit que tsi, finale de neuf basque, vaut bien a un », puisque tso, dans dix du feloup- temmé, veut dire « une ».

Dix

Est, en basque : ha-mar.

239

Ici, comme toujours, dix est constitué par une forme de deux, pour dire : deux mains.

Dans ha-mar, nous avons ha pour une et mar pour deux, soit paire. Dix est donc rendu, en basque, par : une paire.

Si dix est ha-mar, onze est hamai-ka, soit hamai pour hamar, dix et ka pour un, égalant ha, une, dans ha-mar.

Paire (soit deux) est représentée par mar, équivalent direct de ber, deux du bantou et du baghirmi, comme de ber, deux basque dans ber-ogei, quarante, soit deux-vingt, puisque vingt se dit ogei, en basque.

Vingt

Ce nombre est exprimé, en basque, par o-gei, un homme, la valeur un donnée par o et celle homme fournie par gei. Exprimer vingt par homme ou un homme est un procédé extrêmement fréquent dans le système bantou; il s'explique par le fait que l'homme a vingt doigts, en comptant ceux des pieds.

Logique avec lui-même, basque exprime :

Soixante par hiru-o-gei, soit hiru trois (fois) o-gei, un homme.

Quarante par ber-o-gei, deux (fois) un homme, etc.

Citons deux exemples du même procédé dans le sys- tème bantou :

En mandé-wei l'on a :

nio-bandé, un homme : vingt, mo-bandé-ako-tan, soit : mo-bandé, un homme; ako, et; tan, dix : trente.

240

mo-fera-bandé, soit jno, nw, fera deux ou paire; bandé homme. Une paire d'hommes : quarante.

En egba-yoruba l'on a :

o-gun, un homme : vingt.

o-go-bon, un homme et dix : trente.

o-go-dz; o-go, un homme; dze, deux; deux (fois) un homme : quarante.

o-go-ta: o-go, un homme; ta, trois; trois (fois) un honune : soixante.

o-go-run ; o-go, un homme; run, cinq; cinq (fois) un homme : cent.

Il est à remarquer que, dans les composés, la valeur homme est rendue par : o-go, forme singulièrement rapprochée de celle basque : o-gei, pour dire un homme, dans vingt et ses multiples.

Cent

En basque ce nombre se présente sous la forme e-hun.

Dans ham-ar, dix basque, nous avons paire rendu par ham et une rendu par a7\

Dans e-hun, nous avons paire rendu par hun, équi- valent de ham de ham-ar. Mais à hun, est préposé un élément e, dont la valeur est un. Une fois de plus, nous nous trouvons en présence de l'application du procédé qui consiste à ajouter une unité au singulier, pour constituer le pluriel. Par suite, dans hun, cent basque, nous avons le pluriel : les paires, les dizaines, puisque hun signifie paire et dizaine.

2il

MiUe

Est en basque mila.

De suite^ un rapprochement s'opère, dans l'esprit, avec mille du latin.

Il est bon d'observer, cependant, que les dialectes africains fournissent mil pour vouloir dire cent, soit une collectivité numérique élevée et il n'est aucune- ment rare de voir confondues des valeurs multiples.

Dans les dialectes africains auxquels nous venons de faire allusion, Texpression pour cent est dérivée de dix.

Ainsi l'on a :

dix cent

Haut-Nil baréa madé mot

Nubien-bari meré meryé

Haut-Nil dongola di-mini i-mil

Haut-Nil propre di-mer i-mil

Haut-Nil kuftan di-miri i-mil.

Ainsi, dans ces dialectes, a ce, dix est, comme tou- jours, une forme de deux par : une paire; cent est un pluriel de dix par : les paires, pluriel dont la forme la plus courante est : i-mil. soit: les paires. Or, la valeur : les paires peut, tout aussi bien, désigner la valeur cent que la valeur : mille, puisqu'il s'agit d'un pluriel de paires.

CONCLUSION

Si, au lieu de rencontrer le basque dans les Pyré- nées, on l'avait trouvé en Afrique, l'on n'aurait pas

17

242

hésité, tout au moins au regard de ses noms de nom- bre, à le classer dans le système bantou, aux environs du feloup, du mandé et de l'egba.

Mais aucune origine européenne n'a pu être attribuée au basque. Force est donc de rechercher cette origine hors d'Europe et l'Afrique, en raison de sa proximité de l'Espagne, doit soulever moins d'objections que l'Asie, comme habitat possible antérieur des popu- lations basques.

NOTE SUR L'ARTICLE PRÉCÉDENT

La publication d'un article dans la Revue de Lin- guistique n'implique point une approbation des con- clusions ou des propositions de cet article. C'est pourquoi, je liens à déclarer ici qu'à mon avis le basque n'a rien et ne saurait rien avoir à faire avec les langues africaines. En bonne méthode d'ailleurs, c'est dans la langue elle-même et non dans des comparai- sons qu'il faut chercher l'explication des mots d'une langue.

En ce qui concerne les noms de nombre basques, j'ai publié ici-même (t. XLI, p. 87) une étude j'ai fait voir que « mille » est emprunté au latin; que « cent », ehun se rattache au radical eho « moudre » comme le drnviden nûr'u est apparenté à nîr'u « cendre )), ce qui implique l'idée de « poussière, quan- tité infinie, nombre inappréciable»; que «neuf» bederatM doit être « un retranché (de dix) » et que ^ort^i est probablement 20i^eratzi «deux retranchés », ce qui donne pour « deux » une expression antique 2or ;

^

243

que les ordinaux n'étaient organiquement pas en ganes, mais en en : cf. hères « tiers » {herensuge « tiers-serpent, serpent à trois têtes »), iauren, laur- den « quart » {laurembut, larumbut « samedi », c'est- à-dire « quart (de la lunaison) » ; amarren « dîme »;

que la forme primitive le «trois» était probable- ment ker; etc.

Le nom du samedi montre que le mois et l'année basques étaient lunaires; du reste, « mois » se dit hilabethe, ilabete qui peut se traduire seulement (( pleine lune ». Il est donc mauvais d'expliquer ilargi par « lumière morte »; d'ailleurs, « soleil » se dit iliuki et on ne sait pas ce qu'il y aurait de mort, et equzki avec equa « jour ». Ilargi me paraît être plutôt « clair de lune ». Le composant uzki prêterait à des étymologies extravagantes, car, dans le dialecte sou- letin, c'est le nom de la partie du corps dont le dé- mon de Dante avait fait une trompette (immonde et fé- tide, ajoute Artaud de Montor). Un évêque de Bayonne prêchant un jour en basque, eut le malheur de pro- noncer uzkia pour iluzkia.

J. V.

DIE INDO-GERMANISCHEN LEHNWORTER IM GEORGISCHEN

(Suite)

sinori a borne, limite » stéréos « solide » stigma (( virgule » stihioni « élément »

stratilati, stratilosi a chef

d'armée » skema « forme » skesi

shola ((école)) tabla a table )) tartarosi (( enfer )) terevint'o (( térébintbe » tropari (( paroles sacrées en

usupi « hysope »

p'isi (( poix )) p'ori (( porc» p'salmuni (( psaume »

aùvopov (( limit »

G':epeôç^(( firm ))

aTtyfJia (( stigma »

GTOiyeïov (( élément, rudi- ment ))

aTpaT7]XàT7]ç (( commander ofan arving »

oyji [j.a (( figure »

(7y^£crtç-(7)("^[JLa

(7)(oX7] (( 2. school ))

TàéXa (( tabula » TapTapoç (( tartarus » TspÉêtvGoç (( terebintus » musique )> TpoTiàptov (( mo- dula tio )) ÙC7C7COUOÇ S. hyssopum ^^'^

TziGûoi « tar » TTopa « porc )) cpàXfJLOç S. (( psalm. »

245

k'arti, carte a rouleau de papier » yàpTr^ç « charta » k'ap'uri «camphre» xau.'popâ « camphor »

yXajJLÛÔcv a little yXa{JLuç » cràêêaTOv n^\à

G^OLy.TÔç « 2 a. stakta » ÙTcaTOç (( consul »

ù'Ko8lOLGTok'^^ 2. Comma »

klamidi « chlamyde » sabat'i « samedi » skola s. shola stahsi « stacte » viepatosi « consul » viepatosoba. viepodiastoli « virgule w viepot'etika « conditionnel » ù-oOcTixoç a hypotheti-

cal »

horo « chœur d'église » /op^C " choir » hrizmos «oracle» ypr^a[j.ôz «oracle»

hrisolit'o « chrysolithe » ypuaôXiGoç S. « chrysoli-

thus » hrisoprazos « chrysophrase » ypuaoKpaaoç « chryso-

prasus » hronos « temps » XP°^°Ç '^- ^* ^^^Q '>

hronikos s. hronos. hronograp'ia «annales» ypovoypa^îa « annals »

haerovani « beau, joli » haeri « atmosphère »

filoloyosi « philologue frasi, frazi « phrase »

ôjpaToç « beaatiful » [S.] àVip « air»

'^tXÔAoyoç « literary man » cppâatç « spech, diction »

Im einzelum entsprichen sich die Laute in der fol- genden Weise.

a = a TT = p, p'

P = b, V p = r

Y = g, Y a = z,s,s

246

B = d

T = t

£ = e, a Ç = z

U = i, vie, u

Y] = a, e, i

X = h,k',g,k's,k'

Ô = t'

^ = ps, p's

t = i, e

W = 0, u

X = k, h

at = e, ei

X = l

£1 = i

[j. = m

au— av

V = n

eu = eu

^ = k's

ou = a,

0 = 0, u

01 = i

Was den Lautstand dieser Tabelle von der Armeni- schen bei Hûbschmanii p. 326 scheidet. ist, dass die griechischen Laute im georgischen viel variabler sind, besonders, was die Vocale anbelangt. Es folgt daraus dass die griechischen Lehnvôrter unmittelbar ent- lehnt sind und nicht durch das Armenische hindurch- gegangen sind, denn sonst wtirden sie deren Verânde- rungen mitgemacht haben. Und auch sonst mùsste man an den griechischen Worten Verânderungen wahr- nehmen, die denen im. Arraenischen entsprechen.

Die Llmgestaltung der Endungen geht in folgender Weise vor sich :

-oç geht liber in -a, -o, -oni, -os, -osi, -ozi -i, -uni

-ov

-oni, -uli,

-i,

-0,

-a

-toç

-ia

-lOV

-io, -i

-ElOV

-ioni

--n

-e, -a, -i

247 -

-y)ç -i

-a -i, -a

-aç -asi

-iç -i

-ta -i, -ia

Im Verhàltnis zum Altgriechischen ist eine Ànde- rang nicht bemerkbar.

Von weiteren Verânderungen, die die griechischen Lehnwôrter erlitten iiaben, sind noch die folgenden zu erwâhnen.

1. Ausstossung von Konsonanten : y ? aiazma -àytaa-

Ausstossung von Vokalen : si marmenio -slfxapjxévT]

2. Einschub von Konsonanten : -n kinklosi xû/.Xoç wie auch im Altarmenischen H. p. 331 Einschub von Vokalen : a areas "A.p'qz

Sonst sind fast kaum Verânderungen zuverzeichnen.

3. neugriechische Worte.

agennitos âyÉvviTO^ non engendré

adamasi âôàpiaç diamant

aedoni àrjôcov rossignol

avili aûXo? « flûte »

avtomat-oba « autocrasie » aÛT6[j,aTY]ç (aÙTÔfJiaTOs)

sans maître

alabastri àXâêaaxpov abâtre

amboni, a'mbioni àijiêcov chaire

amet'isto àpLéGucTo; améthyste

amvioploba « myopsie » (xûco^ « short-sighed »

248

ant'raki

àvGpa^

ankistra

àyxLaTpt, àyxt(7Tpov

apokalipsi

àiroxàXuTTCTtç

apot'iki

à7ro0'/]X7]

argani

dpyavov

asp'altosi

à(7(paXT0ç

as'podelos

àa'^ô^oXoç (Ts. àa(p6Ô£Xoç)

ak'ati, ayati

ayâvqç

ayalma

àyaXpia

balanti

j3aXàvTiov

barbit'i

pàpêiTOç, (BàpêtTOv

gnomi

yvcôjJiT]

gomizi, gomp'isi

X6[X(JLI

gumizi

da-na-mastagi

(j-aaTiX"^

daso

ôaaùç boisé

dikastiri

(5tKa(7T7]p!,ov tribunal

elata

éXocTT] sapin

e'kini

£)(ïv(,ç oursin (Ts. éx^voç)

ek'si

è'^tç habitude

vasilisko

paaîXicTKo;

zep'irosi

Cé^^poç

zmirini

afJLÙpva parfum tiré du ar-

brisseau

zodiak'o

^coôtaxôç

zoster

^03(7T7]p ceinturon

iadoni s. aedoni

ielati s. elata

ikonomosi

oJxOVÔfJLOÇ

ilektri, ilektrioni

TÎXsxTpov (Ts. ■q'kEXTpoç)

249

irise

tptç arc-en-ciel

istoria

laTOpta

ik'idna

£)(tôva

kat'edri

xaOéôpa

kat'olikosi

xaGoXtxoç

kalat'a

KaXâOt (vulg.) (xaXâOa)

kalapoti (forme)

xaXaTioôi forme de bois pour

bottes

kamara

xapiàpa voûte

karapi

xapàêi

kardari « seau »

xapÔâpa, xapôàpi «an ear-

then pan or wooden

vessel (for milking) »

karkino

xapxtvoç s. arm.

kentavro

KèviT.VpOÇ

kentro

xévTpov

kvipari, kvieparosi

y.UTlOLpiGGOÇ

kvira

xupiaxY] dimanche

kit'ari

x!,Oàpa guitare

kili

XY]Xlç

kondahi

xovxaxi crosse de fusil

(koni) konosi

xwvo.; s. arm.

korkodilo

xpoxoôsiXoc

kramiti « tuile »

xspapLtTiç terre à potier

(Ts. xspajxîpLç)

krkali

xpixéXXa vulg. anneau

kunkula « capuchon »

xouxoOXa hood (pLovaxcov)

kutali

xovTàXi (Ts. xovTàXa)

ladani

Xàôavov ladanum

kivirint'o

XaêùptvGo^

250

larnaki

Xàpva?

lahana

Xâ)(avov

lek'sikoni

Xé^ixôv

limeni

Xt(X7)V

mandili

(xavôi^Xiov, (jiavTiXi (Ts.

[xavôîiXtov)

mangana « presse »

pLayyavî^d), [xayyâvt serrer,

presser (Ts. pLayyàvaç)

marmari

[j.àp[j.apov

mastagi

li.OG'xi)(ri

mayi

(xàyoç

melani

[jLÉXaç (Ts. [xéXav)

metania

fjieTâvota pénitence

metok'i

(jl£t6)(c terre d'un couvent

monasteri

(JLOVaCTT7]ptOV

morp'e

[XOpçpT]

musiki

(JLOUaUT)

mûri « résine odoriférante >

) [xuppa myrthe

murtari

[JL0UpÔàp7]Ç

murti

(jLupTtà myrthe (Ts. (JLUpTÔç)

oie

uXt) bois

ostrakoni

ôaTpaxov coquille

ostria, ostriadi huître

ôatpsov oyster (Ts. ôaTptôt,

CKTTtÔe)

paraklitoni

TuapàKX7]T0ç le Paraclet

parop'sidi

Trapocjilç assiette

pelagoni

iréXayoç

pentekoste

irsvTTjxocTTT] S. arm.

pidalo

TTSÔàXtOV

pina, pinaki

îitvaxtç (Ts. TTivàxt, iriva-

xàKi)

251

plaka

prasa

prori

rétine

roka, royau

sandali

sapp'iri

sviendikosi

svienak'sari

svienodi

svientak'se

simvoli

skara

skupia « calotte »

stadioni

stamni

stik'aroni

stoa

stola

stratioti

sp'iridi

sk'ema

timoni

p'alangia « espèce

p'anosi

p'iuri

p'rt'a, p t'a a aile

p'ukini

p'une

uXàKa salle irXà^

Trpàaov poireau

TTOcbpa

p7)TÎvrj s. a. arm.

ptbya (Ts. pôya) zu 2)?

(javôâXiov

CTàTÏ'fS'-pOÇ

cTuvaçàpiov (Ts. auvàçapi)

aùfJL^oXov

ax.âpa (ea/apa) « réchaud »

axoù'f la « cap, bonnet »

(7Tâ[Jivoç (Ts. cTTâjJLva)

a-ziyoç

(TTOà

CTTÔXoç « armée navale » aTpaTt(î)TYj^ (j-upi « panier» (jy Tj [Jia

TtfJLOVl VUlg. (TTTjÔàXlOv)

« gouvernail » d'araignée » 'faXayyt « tarantula »

'f àvoç (( lampe o

cpXoupl « ducat î) » TTTspov « wing »

rpcôxT], Ts. (pcôxatva

jBouvtà, ^ouaxî « bouse »

252

pustuyi « pistache » •kigtolkIol « pistachio tree »

k'albani, k'arbani ycikôàvt] «galbanumos.arm

k'arti XàpTiov (Ts. xapTi) X'^P'^'^

k'erk'i xopa vulg. « croate »

k'iamidi X^^H-'^Ç

k'ustara « rabot » ^uaiapa « scraper »

yori « cochon » y.olpoç youpwvt «pig, swme»

yrammatikosi ypa(j.[j-aTixoç

hopi, hop'i Kw-rr-/] «rame»

fantazma çpàvTaafxa

Ob nun aile dièse Ausdriicke aus dem neugriechi- schen stammen, oder ob einige von ihnen nicht doch âlteren Urspimgs sind, ist ebenso môglich wie wahr- scheinlich, zumal da das Lexikon von Sophokles nicht vollstândig ist, wie ich aus dem Fehlen mehrerer in der Septuaginta vorkommender Wôrter festellen konnte, Das neugriechische Material selbst ist ohne Interesse.

4, nicht identifinerbai^e Worte.

Hieran schliessen sich ein Reihe von Worten, die ich 1. v^eder Ihrer Bedeutung nach und 2. nirgendwo mit den mir zu Gebote stehenden Mitteln feststellen konnte :

aok'soni « écrivain » au^cov

arni « mouton sauvage » àpç (àpvl)

anap'ora « habit religieux » àvoLf^opcL andrianti « idole, statue » àvdpiavâov endalma « patente, diplôme » évôaXr/iptov dia « (planète) » Seùç

253

enkratisi « moinesse » éyxpaTTjç

epirria o flux de la mer » éirtppsov

vartsli « auge, bac » ^OL-ç^ekl (Batzen?)

kardari « seau » xapôapl

katarrakti « billot que l'on met au pied des crimi- nels » xaTappTjXTÔç

keraseuli « coupe » xepaaovaXl

kviriake « semaine » xuptaxoç

korkoti a gruau cuit » /.copxoÛTV

lesi « cadavre » \eçi = Xsaxi

mantia « manteau » fjiavTÏo s. russ.

meani « sage-femme » (xaîa, [jLatvàç «bacchante»?

ononimia « homonyme » ôvovupioç

one « cheval » ôvvo:;

opikali,op'ikalosi « officier » 6'ptxîaXoç

ok'ro « or » œ)(poç

pamplavaki a qui se mêle de tout )) ?

panasvidi « messe de requiem » iravu/Jt;

pahta « impôt, redevance annuelle » éiraxTÔç

payuri (( écre visse de mer » irayopt

provatak-is sanebeli « lavoir appelé en hébreu Be- therda » Joh. 5, 2. 7rpô|BaT0v

protonotari a protonotaire » " TcpOTOvoxâpco;

solinari « tyeau, tube, conduit » ^coXyjv, çcoX7]vâpt

stap'ili « carotte » (jTà'fvXov

strolabi a astrolabe » à|3poXà(7tov(àaTpôXa|3ov)

tetik'.4 « espèce de paon de mer » tsttuo^

p'rt'ila, p't'il a « mèche d'une lumière »

k'aragma « titre » )(àpay(j.a

k'eri « orge » xspî

k'isti (! gourmand » )(aaoùxi, )(aaoi)xta

254

k'ut'i « cri dont on se sert pour

appeler les chiens » xoutHi

dsirpli « chassie » T^t{j.7rXaa(j,a

viepomnematosi « écrivain

de mémoires » ù'jT0p//](j.aTî.K6ç

5. armenische Lehnwôrter

Hier haben eine Reihe vpn « griechischen » Lehn- wôrten Platz, die zweifellos ans dem Armenischen stammen, die aber von den russischen oder griechi- schen Wortbildern sich wenig oder garnicht unter- scheiden.

ala, alata aarm : alam -aXéto H. p. 339, 414?

alabastri narm : alabastr.

alkuni aarm : alkion H. p. 340, s. gr.

amboni aarm : ambon H. p. 340, s. russ.

ambioni narm : ampion s. gr.

arhidiakoni aarm : ark'idiakon H. p. 342, s. gr.

aarm : ayap H. p. 338, s. gr. aarm : bem H. p. 343, s. gr. aarm : delp'in H. p. 345, s. russ. aarm : diat'ik H. p. 327, s. gr. aarm : diakon H. p. 346, s. russ. aarm : drakon H. p. 347, s. russ. drama, drak'ma, drahma : aarm drak'me H. p. 347, s. russ. aarm ; et'er H. p. 347, s. russ. narm : heretikos s. gr. aarm : ep'ud H. p. 349, s. russ., s. gr. aarm : t'em H. p. 350, s. ngr.

ayapi

bemi

delp'in

diat'ika

diakoni

drakoni

et'eri eretikosi ep'udi t'emi

255

t'ermoni aarm : t'ermon H. p. 350 « Glûhwein » kat'olikosi aarm : kat'olikos H. p. 353, s. russ. kankeli aarm : kankel H. p. 354, s. gr.

kanoni aarm : kanon H. p. 355, s. russ.

karakini aarm? : karakn H. p. 355. karkino aarm : karkinos H. p. 354, s. gr.

kinamo aarm : kinamon, kinamonon H. p. 356,

s. russ. komiti aarm : komit H. p. 359.

koni, konosi aarm : kon, konos H. p. 359, s. ngr. legeoni aarm : legëon H. p. 352.

navi aarm : nav H. p. 201.

mank'ana aarm : menk'enay H. p. 365. mogvi aarm : mog H. 195, aus ap : magu gr.

[xâyoç , das Wort ist entlebnt vor Be-

ginn des schriftlichen Gebrauches

des Armenischen. mayniti aarm : magnit H. p. 362.

monazoni aarm : monazn, monozon H. p. 366. mnasi aarm : mnas H. p. 367.

patriark'i aarm : patriark' H. p. 370. pentekoste aarm : pentekoste, pentakoste H. p. 372,

s. ngr. rétine aarm : retin H. p. 376, p7]Ttv7] s. ngr.,

u, russ. k'albani, karbani aarm : k'alban H. p. 387, s. ngr.

10. armenische.

Die armenischen Lehnwôrter lassen sicb in folgende Gruppen einteilen :

256

a) Wôrter die von Tsubinof zusammeugestellt sind, aber nichts miteinander zu tun haben : 1. abutsi

arm

apsus

abutsagi

2.

aldati [Jer. 17, 0]

arm

al tait

3.

abtapoti apohti

arm

apaaxt

4.

angaareba

arm

agali

5.

aba « ehbion » apa «donc, or» (conj.)

6.

ardzakela ardzioka

arm :

arjndel

7.

bodisi

arm :

patcar

8.

daladsi

arm

dah

9.

dye tiv

10.

t'argami

arm

solgam

11.

t'ap'i

arm

tak'

12.

t'ek'a

arm

ta'lik'

13.

t'ma

arm

: cam

14.

iakari

arm :

avar

15.

lotsva

arm

alot'

16.

inadzvene .

arm :

ay

17.

rvina

arm

erkat'

18.

saso

arm

holis

19.

trabahoba

arm

mak'onatr

20.

ubnoba

arm

: bah

21.

uro

arm

: surin

22.

p'rustuni

arm

: atnsiun

23.

yanusoba

arm

: kans'uk

24.

heli

arm

: xelk'

25.

k'visa xic

arm

: két

gr. XTjTO;

arra :

maneak

gr. [j.aviâ/.'/]ç

arm :

: tomar, tuma

gr. TO[xàptOV, TÔ(JLO

257

26. k'sova hivsel

6) altarmenische Lehnworte.

1. griechischer Herkunft :

bemi arm : bem gr. p'Tjfxa

bemoni

keti

maniaki

tomari

tomaraki

2. syrischer Herkunft :

gube « mare, bourbier, étang » arm : gub russ : guba syr : gubbâ « fossa, fovea », H. p. 302.

gubi fossée (Sulhan) wahrscheinlich dasselbe Wort wie gub. Das Wort ist weder armenischen, noch syriscben Ursprungs, es ist viel âlter ; es kommt zunàchst im Lykischen vor : kupa = Grabhôhle, das ich in einer Arbeit ûber die lykischen Inschriften aus dem Georgischen hergeleitet habe aus k'ua-Stein, k'uabi (k'vabi), das, was aus Stein ist « caverne, grotte )), auf dièses Wort gehen auch die beiden eben- genannten zurùcck. Deecke bat, an anderen Orten, damit auch das etr. capi. u. a zusammengestellt, ebenso gehoren hierher die gr. Wôrtes/wû[j!.|3rj , kûtïsXXov u. s. w., deren Etymologie dunkel ist. dari « bon temps », arm : dar 'Zeitalter, Génération.

Geschlecht', syr : dârâ aetas, saeculum. H. p. 302. mangali, namgali « faux, faucille », arm : mangal (Ts.

mangal) 'Sicliel', syr : maggola 'SicheF. H. p. 311. k'alak'i « ville », arm : k'alak (Ts. k'alak) 'Stadf,

syr? karyâ Stadt.

18

258

kosiki (( bouc d'un an », arm : k'os = k'aus 'Ziegen- bock', syr : kewsâ 'verrex'. H. p. 320.

srosani « lis », arm : susan 'Lilie', syr : sôsannâ 'Lilie', gr. govgov. H. p. 314.

c) persischer Herkunft. aguri « brique », arm : agur (Ts. alius), np. âgûrassyr.

agurru. H. p. 91. avaza « panthère », arm : yovaz 'Panther', np. yôz

'Jagdleopard'. H. p. 199. avazana « bassin », arm : avazan 'Wasserbehàlter', np. âbzan cisterna parva' es scheint mir fraglich, ob das Wort aus dem Armenischen stammt wegen des syrischen avzana, auch das Armenische Wort stammt vermutlich daher. H. p. 111 f. avar a butin, pillage », arm : avar 'Beute', phi. âvâr

'Raub'. H. p. 112. avadza « récitatif », arm : avac oder avaj 'Stimme, Mé- lodie', np. âvâz 'Stimme'. H. p. 112. alizi s. aguri.

ambori « baiseï », arm : hamboir. H. p. 176. ampartavani <( orgueilleux », arm : hambartavan 'ho- chmùtig?' aus am-part-a-van, np. anbârda, 'ange- fûllt, voir. H. p. 178. artio (( abondant », arm : arat 'reichlich, np. freigebig.

H. p. 107. bagini « autel », arm : bagin 'Altar' zd. baya, ap. baga

Gott. H. p. 113 f. batoni « seigneur, maître », arm : pet 'Oberhaupt, Chef, phi. pat. pi. patan. np.-bad? s. patroni. H. p. 2^9.

I

259

gamesi « bufïle », arm : gomês 'Bûffel', np. gâvmës

'BùfEel'. H. p. 128.

kambesi, kambetsi o buffle », arm : gomës (Ts.). ganzanaki [Klingelbeutel], arm : ganj 'Schatz', np.

ganj 'Schatz', arm : ganjanak' 'Schatzkammer'. H.

p. 126. gimda (( boulé », arm : gund oder gunt 'Kuger zd.

gunda 'etwa Teigklumpen' georg. tsomis guda. H.

p. 130. gundi (( armée », arm : gund 'Schar, Heerschar', phi.

gund 'army force'. H. p. 130 f. gundruki o racine, aromatique », arm : kndruk 'Wei-

hrauch'. np. kundur 'VVeihrauch'. H. p. 172. gundrugi s. gundruki. dandali « degré, marche d'un escalier; mors » 4. Reg

19, 28, arm : dandanavand 'Gebiss, Zaum', np. dan-

dân. np. phi. band 'Zahn-band', H. p. 134. dastani « hémorragie, perte de sang ». arm : da.stan

'Menstruation', np. dastan 'menstruation'. H. p. 135. doraki a mesure », arm : dorakdesgl., np. dora pocu-

lum vini. H. p. 144. drosa « bannière, diocèse », arm : draus (T.s. drosm)

'Fahne Banner', np. dirafs 'Banner, phi. drafs. H.

p. 146. evadi « humilie, méprisé », arm : vat 'schlecht, mûs-

sig, faul, feig', np. bad 'bose, schlimm, schlecht'.

H. p. 243 f. varsamangi a tiare, mitre », u. s. w., arm : varsamak

'Schweisstuch', np. bâsama, vâsama. H. p. 245. vadsari « marchand », arm : vacar (Ts. vajar), np.

bâzâr 'Markt, Handei'. H. p. 242.

:i60

vesapi « baleine, serpent ailé, monstre », arm : vesap

'Drache' zd. visâpa. H. p. 247. vigri (( nom d'animal (tigre?) », arm : vagr. Tiger, per.

Lw. H. p. 242. zorva (( sacrifice », arm : zoh 'Opfer' zd : zaodrâ- phi.

zôhr. H. p. 151. iataki « plancher, pavé d'un édifice », arm : atak 'gew.'

yatak 'Boden, Fussboden, Erdboden, np.?'H.p.llO. igri s. vigri. kabidsi « ancienne mesure pour le blé », arm : kapic

'ein Maas fur Getreide', phi. kapic. H. p. 165. kapoeti « aigue-marine », arm : kapoit 'dunkelblau »,

np. kabûd 'blau, blaugrau, bleifarben'. H. p. 166. kiri « chaux », arm : kir 'Kalk' 'Woher'. H. p. 172. marzapani « satrape », arm : marzpan, Statthalter.

H. p. 193. paemani « terme, époque fixé », arm : paiman, 'Bes-

timmung, Grenze' ect., np. : paimân 'Vertrag,

Bund', u. s. w. H. p. 220. pavasaki « sac », arm : payusak 'BeuteF, syr. payûsag,

paivasag, np. payûza, paivaza? H. p. 220. parakad « par violence » -ad ist Suffix also parak-

arm : pahak 'Wâchter', u. s. w., np. pahra [zv^in-

gen]. H. p. 217 f. patruki « mèche pour allumer », arm : patroik oder,

patroig 'Docht' zd paitiraoka. H. p. 227. zami « temps » ect, arm : zamanak (Ts. zam). 'Zeit,

Alter, Gelegenheit', np. zamâna. H. p. 156. roartagi « édit donné par le souverain en personne »,

arm : hrovartak 'Brief, Schreiben, Erlass', phi. fra-

vartak 'Brief, Schreiben'. H. p. 184.

261

samani « borne, limite )), arm : sahman 'Grenze', np, sâmân '... Grenze". Das Wort stammt also cher aus dem ,np. als aus dem arm. H. p. 235.

tagani « cuve sous le pressoir », arm : takar Tonne, np. tayâr 'Krug'. H. p. 251.

seni « village », sën 'Dorf zd sayana Wohnung. H. p. 213f.

sno 0 beauté, agrément, plaisir », arm : snork 'Gnade, Gunst, Gnadengabe, Wohlgefâleigkeit, Dank' zd. xsnaodra.

d) echtarmenischer Herkunft.

akap'i « bâillon », arm : kap. 'Band, Fessel' unsicher.

H. p. 457 f. akapi s. akap'i. ardi «en ce moment, toutde suite», arm : ard, 'soeben

jetzt nun'. H. p. 423. ardsivi « aigle », arm : arcvi seltener und spâter arciv

'Adler'. H. p. 424. bari « 'bêche, pioche' », arm : bah 'Spaten', gr. '^àpoç

Unsicher. H. p. 427. gomi, gomuri « étable à bœufs », arm : gom 'Stall. H.

p. 436. gomuri s. gomi.

kalo « aire », arm : kal 'Tenue'. H. p. 367. kapardsi « carquois », arm : kaparjk' (H. kaparc-k').

H. p. 306. keloba « boiter », arm : kal 'lahm, hinkend (Stamm

kel-). H. p. 457. mehi « coup de tonnerre », arm : mëg 'Nebel', np. mëy

Wolke. H. p. 474.

262

mundzi « muet ». arm : munj 'stumm. H. p. 476. obloba (obi-) : « orphelinage », arm : orb. 'Waise'.

H. p. 482. p'oni « gué, bas fond », arm : hun 'Furt, Uebergang'.

H. p. 397, 468. p'uk'si (( soufflet, instrument pour souffler », arm :

p'uk' (Ts. p'uk'k-). H. p. 256, 502. k'ark'abi : « cygne », arm : karap 'Schwan'. H. p. 458. k'visli (( mari de la sœur de la femme », arm : k'oir,

'Schwester'. H. p. 504. k'viesli s. k'visli. sant'i « fer rougi », arm : sant', sand 'Funke, Blitz

glùhendes Eisen'. H. p. 479. sto : « rameau, branche », arm : ost 'Zweig'. H. p. 482. suk'i (( rayon, lumière, beauté, élégance », arm : suk'

'... Ehre, Pracht ...' H. p. 480. tsisk'i teigne », arm : çeç 'Motte'. H. p. 317. hani « aieux », arm : lian 'Grossmutter. H. p. 463. hasaki « âge, stature », arm : hasak 'Alter . . . Statur'.

H. p. 464.

f) Hieran schliessen sich eine Reihe von Wôrtern, die ebenfalls aus dem Armenischen stammen, und auch bereits im Altarmenischen vorkommen, die aber abensogu auch Neuarmenisch sein kômmen, da sich nicht festellen lâsst (aus den oben angefùhrten Grùn- den), wann sie in das Georgische eingedrungen sind. agaraki « champ, Champagne, village », aarm : garak

narm : agarak, village, champ, Champagne, avazaki « brigand », avazak « brigand ». avazakoba « brigandage ». .

avazauri « de brigand ».

- 263

aznauri « magnat, noble », aarm : azniv narm : azniv (( noble, honnête » .

aznaureba, aznauroba « liberté, noblesse ».

aznaurobiti' « de gentilhomme ».

aznaursvili « noble ».

aznaursviloba a noblesse ».

alk'ati « mendiant », aarm : alk'atarm : alk'at « men- diant ».

amao « vain, inutile, superflu », aarm : amayi narm : amayi « désert, un habited ...»

ambavi s. hambavi.

araki « fable, conte », aarm : arak; narm : arak, pro- verbe, fable morale.

ardzaspi « vitriol », aarm : arjasp narm : arjasp « vi- triol ».

badeni « vêtement de lin », aarm : badean narm : badean « vêtement sacerdotal, hebr. »

bakt'i « mauvaise nouvelle », aarm : bot' narm : bot' « triste nouvelle ».

baki « parc, enclos », aarm : bak ; narm : bak « porche, parvis ».

bali 0 guigne », aarm : bal narm : bal « guigne ».

banak « retranchement militaire, régiment, corps de soldats», aarm : banak, narm : banak acamp.army... »

bevri « plusieurs, beaucoup », aarm : bivr narm : bivr (( beaucoup ».

bildsi s. pildsi.

blardzi « pain azyme », aarm : balarj narm : balarj « du pain azyme ».

bozi « prostitué », aarm : boz narm : boz « prostitué ».

boroti « malin », aarm : borot narm : borot « lépreux ».

264

brdzola « guerre, combat », narm : mrçel, mroil (Ts. mrçnel) « combat, guerre ».

gemo s. gemovneba.

gemovneba « goût », aarm : ham, narm : ham « goût ».

galatozi « maçon », aarm : galatos narm : galatos « tailleur de pierres ».

gangasi « bruit, trouble, alarme », aarm : gangiun narm : gangat « querelle », gangiun « cri ... »

gvini s. guni.

guni (( pâleur, jaunisse», aarm : goin,narm : goin « cou- leur, teint, teinture », barnal zgoinn « décolorer ».

gvirabi « cratère», aarm : virap, narm : virap « creux profond ».

giseri a pierre noire », narm : giser « nuit». H. p. 435, aarm : giser.

goni (( raison, esprit »,aarm : gun, narm : gun a effort ».

dadarneba a embuscade », aarm : daran, narm : daran « embuscade ».

danaki «couteau, glaive», aarm : danak, narm : danak « couteau ».

dasi « corps », aarm : das, narm : das « corps ».

drtvinvi « murmure, plainte », aarm : trtnjem, narm : trtnjel « murmurer, se plaindre ».

ebr s. ebriv.

ebriv « comme », aarm : ibr, narm : ibr « selon, comme, ainsi que ».

vani (( maison, asile », aarm : vank', narm : ank' « cou- vent, maison ».

vardzisi, vardzisi, vardzisoba « occupation, exercice », aarm : vardz narm : varz u. varzk' « exercice, ins- truction ».

265

varvari « brûler avec une flamme claire » « aarm : varim, narm : varim to take fire, to be kindled ...»

vegi « osselet du pied des animaux avec lequel jouent les enfants », aarm : vêg narm : vëg «... knuckle- bones ».

veragi « insidieux », aarm : virag, narm : virag « ad- versaire, ennemi ».

zadiki, zatiki « Pâques », aarm : zatik, narm : zatik « Pâques ».

zeg « après-demain ». aarm : zaigoy, narm : zaigoy (( demain matin ».

zit'evi « dot », arm : ozit narm : ozit « don, présent », pers.

t'ati « main », aarm : t'at', narm : t'at' « poing, main».

kakabi «perdrix », aarm : kak'av, narm : kak'av « per- drix ».

kakaneba, kakani « glousser », aarm : kakan, narm : kakan « to lament ...»

kapani «place remplie de pierres», aarm : kapank^ narm : kapank' «... pass, de file ...»

kapi « nœud dans le bois », aarm : kap narm : kap « nœud ».

kargi « ordre », aarm : karg, narm : karg « ordre ».

kera, keraki, kerakani « brasier », aarm : krakaran, narm : krakaran « brasier ».

kereoni « flambeau, torche », aarm : këron narm : këron « wax- taper ; wax-light » .

kerva «coudre », aarm : karem, narm : karel « coudre ».

kerpi « idole », aarm : kerp, narm : kerp « forme, figure » ; aarm : kerp zd, kahrp-Leib, Kôrper, Ges- talt.

266

kolop'i « petit coffre», aarm : kolop', narm : kolop', kolov « corbeille, cofRn ».

kordi «prairie», aarm : kord, narm : kord « dur, in- culte ».

kotori (( fragment, morceau de pain « aarm : kotor, narm : kotor a morceau ».

kodsaki « crampon », aarm : kocak. narm : kocak (( heel-bone ».

kodsi « osselet », aarm : koc, narm : koc « cheville de pied ».

kodsoba, kodsobi « pot de terre », aarm : kuz, narm:

kuz (( earthen-pitcher ». kupri «bitume», aarm : kupr, narm : kupr «bitumen,

asphalt, pitch tar. . . » lalva «discorde, querelle, contention», aarm : laliun,

narm : laliun ... « lamentation ...»

(A saivve)

D-" Kluge. Berlin.

LA PROVENANCE

DE

QUATRE MOTS GEORGIENS

I. Dans la Reçue de Linguistique, yiLYl, 24-35, 118- 126, M. le Dr Kluge présente les mots empruntés de la langue géorgienne, tant qu'ils proviennent des lan- gues indo-européennes, et les range en classes par les langues d'origine. 11 parait par ses études que la plu- part sont arrivés en géorgien par l'intermédiaire de la l.ingue russe; mais parmi les mots italiens, il en reste encore deux (p. 31) lesquels sont empruntés directe- ment de l'italien : fambako = tabacco,spada = spada « épée ».

On ne peut nier la probabilité de contact des Géor- giens avec les matelots italiens sur les côtes de la Mer Noire ; mais le premier de ces deux mots porte dans le nasal des signes manifestes d'influence grecque.

Dans tout cas, on ne peut guère attribuer \'m de fambako à l'action du géorgien ; car on trouve dans les listes de M. Kluge, géorgien ^w6e, pris du russe guba, p. 31

globusi globus, p. 32

proba proba, p. 32

fabrika fabrika, p. 32

/)'e6er{?a/?", emprunté du latin Februdrius,p.3'D^

1. par erreur paraît Veberoali.

268

Il s'entend que dans quelques-unes de ces comparai- sons, le russe ne puisse être que langue intermédiaire. On voit ici que le géorgien emprunte le b entre voyelles, sans insérer aucune nasale. Il faut donc cher- cher ailleurs l'origine de Vm dans fambako.

Or, c'est une des particularités du grec moderne que les muettes sonnantes de la langue ancienne sont deve- nues spirantes, tandis que les muettes sourdes précé- dées d'une nasale sont devenues sonnantes ainsi, ^ioç ôe^toç yXuKÛç avec (3 = y presque comme en fran- çais, mais bilabial \ ^ =z th comme en anglais then « donc /) ; y =^ g comme dans la prononciation dialec- tique de sagen « dire », dans l'allemand du nord. On trouve aussi 'AfxêpaKÎa en antiquité même, au lieu du plus ancien 'AfJLTcpaKia. Seulement, y dans yy se sonne toujours comme g dans gare ou guère, et 6 après v se sonne souvent, dans la langue populaire, comme le d français. Quant aux sourdes : î\Lv:opoç évToç âvàyxY] sont aujourd'hui êm-bo-ros en-dôs a-nàn-gi {g comme dans guise). De cette façon il résulte qu'il y a des difficultés quand on veut représenter par l'alphabet grec les mots étrangers que le grec moderne a emprun- tés, s'ils contiennent les sons b, d, g, les muettes sonnantes. 11 faut écrire [xtt vt yx : baiser devient (JLTre^éç (au nominatif) ; ga^ devient yxà^ ; je ne trouve pas d'exemple de vt, lequel serait facile à recon- naître.

Mais, cette nasale inorganique, qu'on écrit pour indiquer la muette sonnante, devient organique parfois, dans l'intérieur des mots : j'ai entendu dire, dans la

269

langue des paysans, fam-biH-ca (pa[j.up txa, le repré- sentant grec de V\i?i\\QuJabbrica, Il senible que la dif- ficulté, dans la position non-initiale, ne se restreigne pas à la graphie, mais se trouve aussi dans l'opération des organes vocaux.

Voilà précisément ce qui a eu lieu dans le géorgien fambako. L'italien tabacco devient d'abord le grec Tafxirà/.oç, l'on emploie (/.ir pour exprimer le 6, faute de représentant du son 6, indépendant dans la langue écrite ; on prononce tam-bd-cos, faute du son b indé- pendant entre voyelles dans la langue parlée. De là, le mot est arrivé au géorgien, moins Vs final, naturelle- ment ; c;ir le grec moderne donne toujours les mots dans l'accusatif, s'il n'y a pas de raison pour les expri- mer au nominatif ou au génitif ; et l'v final de l'accu- satif tombe d'ordinaire, dans la langue populaire.

L'm du géorgien t'ambako trahit donc son histoire ; le mot italien tabacco fut emprunté par le grec, qui inséra la nasale pour conserver l'intégrité du b ; le grec Ta[X7Tâ/.o fut donc emprunté par la langue géorgienne. L'emprunt direct de l'italien serait exclu.

IL Le géorgien kombosto a chou », à côté duquel se trouve (p. 31) le latin capitatus, a tout l'air d'être plutôt le latin compositum, âxec syncope de Vi; emprunté par le grec, il a subi le changement régulier de jo en 6 après nasale, qu'on a déjà mentionné plus haut. Mais je n'ai pu tracer une telle signification du mot latin' ; et cette explication doit rester purement conjecturale.

III. A la fin des mots latins en géorgien, M. Kluge

1. En « caput » compositum, peut-être ?

270

donne sous la caption « Worter deren Herkunft ich nicht ermitteln konnte » (p. 119) :

ayvistali, agvistali « augustal » russ. : avgustal

Ce mot laisse voir le latin Augustàlis, passé dans le grec, le second élément de la diphtongue initiale devient la spirante bilabiale, sonnante à cause de la sonnante qui suit ; en même temps, le g devient spiran- tique. Ou directement du grec, ou après l'emprunt par le russe, le mot est arrivé en géorgien avec transpo- sition des deux sons vg (ou cy) Qugv ou yc». La trans- position parait aussi dans agvisto, le nom du mois août, latin Augustus (p. 35).

IV. Sous la même caption, on trouve (p. 119) :

yubernia russ. : gubernija

C'est ici le grec xuêspvàv « gouverner », lequel comme emprunt latin prend la forme gubernàre, avec l'amollissement de la consonne sourde (v. Sommer, Handbuck d. lat. Laut- u. Formenlehre, § 158. 2). Mais * Kupspvca, * gubernia, qui est la forme d'origine des mots russe et géoi-gien, ne se trouve pas dans les langues classiques,

Roland G. Kent.

University of Pennsylvania, Philadelphia, U, S. A.

LES QUATRE SORTES DE FEMMES

SUIVANT LES INDIENS

La Société d'Anthropologie possédait, depuis long- temps déjà, un manuscrit persan accompagné de dessins en couleurs, écrit dans l'Inde à la fin du XVIP siècle et intitulé La:szatun-ni:^d « le plaisir des femmes », C'était simplement une traduction ou plutôt un arran- gement d'un manuel erotique sanscrit, bien connu : Ratirahasya. La Société a cru bien faire en se dé- barrassant de ce volume au profit de la Bibliothèque nationale.

Il me parait intéressant de traduire ici le premier chapitre de cet ouvrage qui est, pour ainsi dire^, clas- sique dans l'Inde, il est connu sous le nom de « livre de Kok ». Il a été traduit dans toutes les lan- gues du pays et notamment en tamoul; je connais de cette œuvre deux éditions différentes. C'est d'après la plus récente que je traduis les strophes relatives aux quatre espèces de femmes distinguées par les Indiens.

1 . Parmi les quatre espèces de femmes, \-àpadminî, la citriiiî, la çunkhini louée et la hastini dont on parle, la padminî est supérieure ; les trois autres sont suc- cessivement inférieures les unes aux autres;

2. Celle dont le corps est rose comme la fleur du campaku, qui a la parole douce, qui ne profère ja-

- 272

mais de mensonges, dont toute la personne exhale un parfum qui se répand dans les airs, qui se montre pareille à la gazelle timide des bois ;

3. dont les beaux cheveux délicats s'étalent comme des fleurs, dont les seins ressemblent à deux fruits de vilva, qui verse incessamment une liqueur fécondante en répandant le parfum du lotus aux pétales pures;

4. dont le corps brille comme le nénuphar, qui res- pecte et révère les grands superbes, les religieux pleins de vertus et les nombreuses divinités ; dont le réduit mystérieux est semblable au pétale du lotus éblouis- sant ;

5. dont le nez brille ainsi qu'une jeune fleur de sésame, dont la démarche est celle du cygne blanc gracieux, qui aime les vêtements blancs et les blan- ches fleurs, qui se nourrit d'une petite quantité d'ali- ments aux saveurs délicieuses ;

6. dont la pensée se plait à la pudeur et à la di- gnité, qui promène son beau corps en l'ornant de bi- joux, dont les yeux sont parsemés de petits traits rouges agréables à voir, dont le front est brillant c'est la femme qu'on appelle la padminî.

7. Celle qui a la démarche d'un éléphant femelle, qui a les grandes qualités féminines, dont le beau corps se balance comme une branche d'arbre, qui a des seins jeunes mûris, dont la cuisse a la couleur de l'or, dont l'eau d'amour est suave et parfumée ;

8. dont le cou est un coquillage arrondi, dont la voix est agréable comme celle de la perdrix rouge adulte, qui aime la danse et le chant, qui ne paraît ni trop

273

grande ni trop petite ; dont les lèvres sont entr'ou- vertes ;

9. dont le réduit mystérieux superbe, arrondi, large, grand, délicat, abondamment arrosé de l'eau d'amour, est bellement orné d'une toison semblable à de l'herbe bien disposée sur un plateau ; dont le regard est affec- tueux ;

10. dont les soins s'appliquent à la science des tra- vaux extérieurs, qui mange peu et ne prend que de douces choses, qui se met des vêtements ornés de des- sins de couleurs ; c'est la femme qu'on appelle la vaillante citrini.

11. Celle dont le corps brillant a de belles propor- tions et se tient sans excès de grandeur ou de gros- seur ; qui marche en laissant sur le sol la trace bien marquée de ses pieds; et qui plait avec ses muscles sans trop de finesse ;

12. dont le plateau secret est couvert de poils noirs pressés ; qui verse une eau d'amour sentant l'aigre et peu abondante ; dont le corps est cons- tamment chaud ; qui prend de la nourriture ordinaire dans de bonnes proportions ;

13. qui prend pour elle des guirlandes de fleurs rouges et des rouges vêtements ; qui a des colères ex- cessives ; qui aime à donner des coups d'ongle cui- sants ; dont la langue profère habituellement le men- songe et l'injure ;

14. dont l'esprit est plein de fausseté, dont l'hu- meur devient de plus en plus bilieuse, dont la voix éclate comme celle d'un âne en colère, dont la pensée

19

274

n'a pas une hésitation, qui ne pratique pas la charité, c'est la femme qu'on appelle la çunkhini en qui on ne peut se confier.

15. Celle qui marche par secousses, dont les pieds ont des doigts longs, tordus et redressés, qui parle par saccades, dont le cou est court et dont la tête est couverte de cheveux rouges épars ;

16. dont tous les actes consistent à accomplir toutes les actions du mal, dont le corps a la mauvaise odeur de l'aloès, dont la langue a de la chaleur et de l'âcreté, qui mange d'une telle façon qu'elle épouvante les femmes ;

17. dont le réduit secret, large et long comme le Mêru aux joyaux précieux, répand une eau d'amour qui a l'odeur du rut de l'éléphant, et s'enfonce au mi- lieu d'une épaisse toison de poils épars, dont le corps produit partout des poils longs et cotonneux ;

18. dont les lèvres se redressent et tremblent, qui a perdu effrontément toute pudeur, qui, toutes les fois qu'elle s'unit à des hommes, leur fait soufïrir toutes les souffrances possibles, c'est la femme qu'on ap- pelle la hastini menaçante.

BIBLIOGRAPHIE

Luis de Eleizalde. Morfologia de la conjugation vasca sintetica. Tomo I. Bilbao, Elexpuru hermanos, 1913. In-8» (iv)-262-(iij)p.

Cet intéressant volume m'est arrivé pendant un dé- ménagement, qui a dérangé toute ma bibliothèque. On sait ce que sont en général ces déplacements de livres, et quels désagréments ils entraînent : Di talem suertite casum ! ^

Je n'ai donc pu lire ce volume avec toute l'attention qu'il mérite ; mais je puis toutefois en rendre compte et le recommander aux travailleurs. C'est une étude consciencieuse et appliquée, représentant un efiort considérable. Malheureusement, l'auteur n'est pas lin- guiste ; il est plutôt grammairien et il semble que son esprit soit porté plutôt aux mathématiques qu'aux sciences d'observations. Déplus, il ne paraît pas s'être préoccupé de ce qui a été fait avant lui, ce qui est évi- demment un grave défaut. On sera d'ailleurs un peu effrayé de ce que ces 262 pages ne forment qu'un premier volume, ne s'occupant que d'un seul dialecte

1. L'amour des livres est peut-être la plus noble passion que l'homme puisse éprouver. Je me souviendrai toujours avec plai- sir du compliment que me fit à Madrid, en 1881, le Directeur de la Bibliothèque nationale, quand j'ouvris devant lui l'exem- plaire de Liçarrague, que possède cette Bibliothèque : « qa sic ve que se conoces vm. en libres ! »

276

(le guipuzcoan) et ne traitant que d'une seule forme personnelle, celle de la seconde singulière courtoise, c'est-à-dire vous adressé à une seule personne, qui est en réalité un pluriel.

C'est en effet une erreur trop générale chez les gram- mairiens basques de regarder les formes en ^u comme des singulières et de les donner comme correspondants à notre tu; ce sont proprement, morphologiquement, des pluriels. Pour être exacts et complets, les para digmes doivent comprendre sept formes, huit même, si la seconde personne du singulier est sutïixée : dut « je l'ai », duk « tu l'as, ô homme », dun a tu l'as, ô f. », du (( il l'a », dugu « nous l'avons », du^u « vous l'avez », du^ue « vous pi. l'avez », dute « ils l'ont»

M.'Eleizalde ne recherche pas, ce qui serait le plus intéressant, quelle était la forme primitive et originale du verbe ; il veut surtout établir la forme théorique du verbe actuel, c'est pourquoi il trouve cinq modes, douze temps et dix-huit variations pour les six formes personnelles normales. C'est trop ou trop peu. Il re- connaît cependant que tous ces temps se réduisent à deux : le présent et un temps hypothétique qu'il ap- pelle X ou y, dont la . signification imprécise serait plutôt celle du passé défini. M. Eleizalde n'a pas vu que le n final de l'imparfait est'^jnoderne, inorganique et adventice.

Néanmoins, ce travail marque un progrès évident dans les travaux des grammairiens locaux. Nous n'en sommes plus â l'affirmation que le verbe basque est essentiellement périphrastique et que les verbes sim- ples sont des contractions; daquit, par exemple, étant

277

contracté de yakiten dut, contraction du reste maté- riellement inexplicable.

Le prince L. L. Bonaparte, dont la méthode était détestable et dont les études sont décidément médiocres, avait adopté cette thèse et il l'avait amplifiée, pour ainsi dire, en donnant au basque un verbe unique formé d'une agglomération de pronoms sans radical verbal. J'ai plusieurs fois discuté ses propositions et j'ai montré combien elles étaient invraisemblables, inadmissibles et absurdes.

Mais depuis une cinquantaine d'années, Mahn, Van Eys, Schuchardt et d'autres ont remis les choses au point et fait voir que le verbe basque ne diffère pas de celui des autres langues et qu'il peut être étudié de la même façon : dakit, par exemple, c'est d, « le», aki « savoir » et t « je » : « je le sais ».

Tous ces auteurs, linguistes, grammairiens ou ama- teurs admettent deux voix ou plutôt deux espèces de verbes, le transitif et l'intransitif, quoique Stempf ait essayé de prouver que le verbe transitif est un intran- sitif et que a je le sais », par exemple, est proprement (( il est su par moi, il est connu de moi ».

J'avais naturellement adopté la manière de voir des hommes de science positive ; mais, depuis quelques années, il me parait qu'il ne convient plus de conser- ver la distinction des verbes transitifs et intransitifs et qu'il vaut mieux, comme pour les langues ougro- finnoises, prendre la classification en déterminé et indéterminé; le premier terme s'applique aux formes incorporant le régime direct : je le vois ; le second à celles qui ne l'ont pas : je marche^ je vois. Il en résul-

278

terait que le basque primitif pouvait, à la façon du mag- gyar, dire : je tiens, je donne, sans exprimer un objet, ce qu'il ne peut pas faire aujourd'hui. Comment suis-je arrivé à cette conclusion ?

lui cherchant à me rendre compte des irrégularités que présente hi formation des imparfaits détermina- tifs. Tandis, en effet, que l'indéfini est composé^ comme le présent, du signe pronominal sujet et du radical verbal : nago «je demeure », *neiigo, *nindago « je demeurais », l'imparfait transitif ressemble à Tin- transitif : '*naki «je le savais», rien ne représente le régime direct, alors que le présent est d-aki-t «le sais-je, je le sais », le régime est préfixé et le sujet suffixe ; mais quand le régime est de première ou de seconde personne, la forme est normale : zitut, zaitid «j'ai vous » et ^zintu, * jsindut «j'avais vous» : pour- quoi cette différence?

Le verbe transitif basque avait quatre formes, deux déterminées: dakit «je le sais», *dinkit «je le sa- vais », et deux indéterminées * naki « je sais », * ninaki «je savais». La première est encore en usage; de la seconde, on ne connaît que les expressions est in- corporé le régime de première et de seconde personne ; les fi^rmes indéterminées se sont confondues et ont pris le sens de l'imparfait déterminé avec régime de troisième personne ; probablement après que, sous l'influence du néo-latinisme, le verbe périphrastique s'est déve- loppé et est devenu d'usage courant, ce qui a amené l'oubli et la signification précise des formes simples ; le déterminé^ d'ailleurs, était beaucoup plus en usage

- 279

que l'indéterminé, et le présent plus souvent employé que le passé.

M. de Eleizalde compte pour chaque forme person- nelle six variations comprenant le régime indirect pour rintransitif, et dix-huit, dont six avec régime direct seul pour le transitif; mais cette énumération est in- suffisante, et le nombre total doit être de trente-trois au moins pour le transitif, car il faut, d'une part, tenir compte du pluriel pléonastique de la seconde personne, et même distinguer à la seconde singulière le masculin du féminin ; et d'autre part ajouter les formes à régime indirect avec objet de première ou de seconde per- sonne, que le basque a possédé, car Liçarrague en ofifre des exemples : garau^cac a tu nous a à lui »> aidante {harauté) «ils t'ont à moi». Le nombre de variantes serait encore plus considérable, si l'on y comprenait les datifs éthiques, si nombreux notamment dans Liçarrague.

Espérons que nous n'attendrons pas trop longtemps la suite de ce travail ; l'auteur, quelque opinion à la- quelle il se heurte, a fait une étude consciencieuse et intéressante, et les observations qu'il soulève n'ôtent rien au mérite et à la compétence spéciale de l'écri- vain. Julien ViNsoN.

M. de Eleizalde donne pour la forme transitive la formule a b c d e, oi\ a est le régime direct, 6 le radi- cal verbal, c le pluriel du régime direct, d le régime indirect, e le sujet. On a vu que cette formule n'est pas absolue ; il ne faudrait pas oublier entre c et c? le ki qui est le signe du datif.

280

Le n, en, in, préfixés au radical, forme l'imparfait. Faut-il y voir le suffixe du génitif et du locatif? Le suffixe 0 à, vers », ra, forme de la même façon des causatifs : ebil a marcher », erabil a faire marcher, conduire»; yoan «aller», eroan « faire aller, tirer» et même yarri a se placer» et ezarri «mettre». Oihenart donne derahaUa « il les fait oublier » et deragotsa « il les fait jeter ».

VARIA

I. La linguistique des Romans

J'ai cité plusieurs fois le passage d'Alexandre Dumas relatif à l'étude ou à la pratique du basque. Le suivant, dans Monte- Christo , me paraît avoir une saveur particulière :

Quand Edmond Dan tes, échappé du château d'If et recueilli sur le point de se noyer, reprend ses sens sur le pont de la tartane, le patron de ce bâtiment lui demande, en mauvais français : « qui ètes-vous ? »

Par quelle phrase de mauvais français peut-on remplacer cette question si simple et si précise.

II. D'où vient le mot « recrutement » ?

Parmi les thèses qui ont été soutenues récemment à l'École deS chartes (janvier 1913) par les élèves de la promotion sortante, en vue du diplôme d'archiviste paléographe, le jury a particulière- ment remarqué celle de M. Georges Girard, intitulée : « Le recru- tement des troupes réglées pendant la guerre de la succession d'Espagne ». Le titre a quelque chose de paradoxal. En effet, pendant la période historique étudiée par l'auteur (1701-1714), il ne semble pas que le mot même de recrutement ait été en usage. Littré ne lui donne pas d'historique ; le Dictionnaire général de Hatzfeld et Darmesteter ne le signale qu'à la date de 1790, dans le Journal militaire; l'Académie française ne l'a accueilli dans son Dictionnaire de l'usage qu'en 1835. Recruteur paraît un peu plus ancien : l'Académie l'a admis dès 1798, et le Dictionnaire des Pères de Trévoux^ en 1771, lui consacre un article qui se termine par cette remarque bonne à retenir : « Il ne faut pas confondre les

282

recruteurs avec les racoleurs, quoiqu'ils jouent souvent le même rôle ».

Le verbe recrïiî'er, d'où dérivent indépendamment l'un de l'autre les substantifs recruteur et recrutement, est obscurément dans la seconde moitié du dix-septième siècle, loin de la cour de Louis XIV, probablement dans les camps et parmi des gens qui ne se piquaient pas de beau langage, ce qui explique qu'il ait eu de la peine à faire son chemin. François de Callières, homme de cour, diplomate, voire académicien par la faveur royale (1689), le trouvait « dur et barbare », e(, le « tendre » Racine morigénait son fils Jean-Baptiste pour l'avoir employé (mais quoi ! Jean- Baptiste avait à peine treize ans, et, comme tous les jeunes, il prêtait plus d'attention à la littérature des gazettes qu'à celle de feu M. de Vaugelas). « Mon cher fils, lui écrivait-il de Fontaine- bleau, le 24 septembre 1691, vous me faites plaisir de me mander des nouvelles ; mais prenez garde de ne les pas prendre dans les gazettes de Hollande, car, outre que nous les avons, comme vous, vous y pourriez apprendre certains termes qui ne valent rien, comme celui de recruter, dont vous vous servez, au lieu de quoi il faut dire/atVe des recrues ». Il était de bon ton à Paris de trouver mauvais ce qui venait de la Hollande ; mais Bayle, qui préférait Rotterdam à Paris, et pour cause, ne partage pas la répugnance de Racine et de Callières. « Vous me permettrez de vous dire » écrit-il à l'abbé Dubos, le 3 janvier 1697, que le mot de recruter est depuis longtemps fort en usage dans les pays étrangers quand on y écrit ou que l'on y parle français : Lafont, qui a mis les gazettes de Hollande françaises dans la plus haute réputation elles aient été et qui vivait quelques années avant la guerre de 1672, se servait souvent de ce mot. » Au dix-huitième siècle, recruter a pris pied dans notre langue : Voltaire l'emploie dans son Charles XII (1731) et l'Académie l'admet dans son diction- naire en 1762.

Quelle est l'étymologie de reci-uter f Dès le seizième siècle, on donne le nom de recrue à tout groupe de soldats enrôlés pour combler les vides d'un régiment. Recrue est manifestement un substantif participial tiré du verbe recroître : le régiment croît,

283 -

s'augmente de nouveau grâce aux recrues. Nos premiers étymo- logistes pensaient que le verbe recruter avait été fait de recrue avec addition d'un t euphonique analogue à celui qui s'est inséré dans bijoutier (de bijou), biseauter(de biseau), tuyauter (de tuyau), etc. Gaston Paris a combattu cette manière de voir. Ayant exhumé de l'ancien français un verbe recluter « rapiécer », il croit que recruter n'a eu d'autre action que de modifier recluter en recruter, à une date relativement récente. Voici ses propres paro- les ! « Recluter ou recruter un régiment, c'est le rapiécer, lui » remettre les morceaux qui manquent ; c'est une métaphore )) populaire : aussi les dictionnaires du dix-septième siècle aver- » tissent-ils que ce mot n'est pas de bel usage. De recruter un » régiment, on en est venu, mais tard, à dire recruter des hommes )) pour un régiment ; on avait alors perdu tout à fait le sentiment » de la signification primitive. »

L'opinion de Gaston Paris paraît très solidement appuyée par le fait que l'italien dit reclutare et l'espagnol reclutar dans le sens de « recruter », et que ces mots correspondent exactement au point de vue de la forme, à l'ancien français recluter. Sous l'influence de Gaston Paris, Littré et Scheler ont abjuré recrue et le latin crescore pour se convertir à recluter et au mot germanique dut (pièce, morceau). Bracbet et Hatzfel l-Darmesteter tiennent cepen- dant pour l'ancienne étymologie, et je crois qu'ils ont raison, malgré les apparences. Quand recruter est né, le vieux verbe recluter avait depuis longtemps disparu de l'usage. En revanche, le participe recru, originairement recreû (en trois syllabes), avait un concurrent dans la forme recrut, au féminin recrute, qu'on trouve déjà en usage, pour le simple crut, crute (au lieu crcïi, creïie) au douzième siècle. Aussi le terme militaire recrue se pré- sente-t-il au seizième siècle sous la forme recrute, spécialement dans les Pays-Bas. Voici, par exemple, ce qu'on lit, à la date de 1592, dans un acte des États de Hainaut : « Puis est survenu le régiment du comte de Boussu avec ses recrutes. » Ce que nous savons des débuts de recruter dans la langue française nous amène à penser que ce verbe a naître dans la région même l'on disait recrute au lieu de recrue : le t n'est pas euphonique

^ 284

dans le rerbe, il vient du substantif recrute, tiré du participe recrut, il s'explique par le jeu de la morphologie. Les formes italienne et espagnole, l remplace r, ne remontent pas à l'an- cien français recluter, mais elles sont dues à un phénomène de dissimilation spontanée : IV intial a amené le changement en / de Vr intérieure de recrute, recruter. 11 est remarquable, en effet, que le dictionnaire italien-fraiiçais d'Antoine Oudin, paru en 1640, ne donne que le substantif, sous la forme plurielle reclute, qu'il traduit en français par recrilcs et ne connaît pas le verbe italien rcclutare. Cette constatation déboute définitivement l'ancien français recluter de toute prétention sur notre verbe recruter et ses dérivés. {Le Temps, août 1913.)

Antoine Thomas,

membre de l'Institut.

CORRIGENDA

Mon article sur la Sorcellerie dans le Labourd a été assez mal corrigé; j'indique ici quelques erreurs importantes : p. 153, 1. 4, coûte peu; 1. 8, les faits émdents; 1. 14, barraganac ; p. 154, 1. 22 péchés contre ; 1. 27, A quoi ; p. 155. 1. 7, au be- soin ; 1. 14, par la Catalogne; 1. 20-21, pour moins ; 1. 24, le soir ; 1. 25, écarté ; p. 156, I, 1, aquelarre « bande de boucs » ; 1. 9, en cuir; 1. 16-17, livre du sévère enquêteur; 1. 24, les re- gistres paroissiaux de baptême, etc.

Je ne relève pas les erreurs de l'orthographe des noms propres.

J. V.

TABLE DU TOME QUARAWTE-SIXIÈME

I— SUJETS

La Linguistique (Observations sur un discours récent), par

Julien ViNsoN 1

Petite grammaire de la langue judéo-allemande, par

H. Bourgeois 12, 99, 177

Die indo-germanischen Lehnworterim Georgischen, par le

Dr Kldge 23, 113, 211, 244

Additions to Father Beschi's Bibliography, par H. Hosten 36 A'ocZâma/yarî. Contes traduits du tamoul, par G. Devèze 57. 127 Les mots arabes et hispano-morisques du « Don Quichotte »,

par P. Ravaisse 65, 140, 199

Bibliographie du Père Beschi, par Julien Vinson 81

Anciens documents sur le Pays Basque, par J.-B. Dara-

NATZ 95

Pigeon English ou Bichelamar, par le P. Colomb. . . . 109, 184 La sorcellerie dans le Labourd au seizième siècle, par

Julien ViNSON 153

Noms de nombre en Turc et en Samoyède, par J. Decour-

DEMAXCHE 161

Les noms de nombre en basque, par J. Decourdemanche. . 225

Note à propos de l'article précédent, par Julien Vinson. . . 242 Sur les provenances de quelques mots géorgiens, par

Roland G. Kent 267

Les quatre espèces de femmes suivant les Indiens 271

- 286

Corrigenda 284

Varia. La lecture à hante voix 77

-logue, -logien , -logiste 78

Nourriture des baleines 79

Le langage des avocats 79

Langage d'Universitaire 80

Eloquence révolutionnaire 151

Poésie et Judicature 151

Néologisme 223

Poésie et enseignement 223

La linguistique des romans 281

D'où vient le mot recrutement (Antoine Thomas) 281

IL- BIBLIOGRAPHIE

D.-S. DoDGSON. Verbi, vasconici... formulas, etc. (S' Luc,

de Liçarrague) 73

Irène Rye. Sentence connection 74

Ed. Hermann. Ueber die Entvtfickelung des litauischen

conjugational Saetze 75

M. Courant. Catalogue des livres chinois de la Biblio- thèque nationale (8^ fascicule) 75

A. Cabaton. Catalogue des manuscrits indiens, indo- chinois, malavo-polynésiens 75

British and foreign Bible Societi/. 108 th. report 76

Mathilde Deromps. Les vingt-cinq récits du mauvais génie,

traduits de l'hindi 147

J. Boy et S. Svv^aminâthadikchitar. Vocabulaire français-

anglais-tamoul 148

Smithsonian Institution. Bureau of Ethnology. Bulletin

n" 92 148

H. de Charencey. Histoire légendaire de la Nouvelle- Espagne 148

Société de S'-Jérôme. L'année linguistique. Tome IV 149

Union des Sociétés historiques et archéologiques du Sud- Ouest. Compte rendu du Congrès de 1912 149

287

Jacques Rougé. Le parler tourangeau 220

Gocernement of Madras. Epigraphy for the year 1911-1912 220

Thomas Fitzbrugh,. Indo-syrischen rhytmes 221

Law de Lauriston. Etat politique de l'Inde en 1777 (publié

. par M. Martineau) 221

P. SuAU S. J. L'Inde taraoule ' 222

Luis de Eleizalde. Morfologia de la conjugation vasca sin-

tética 275

III.- LANGUES ETUDIEES

Linguistique générale. 1, 74, 76, 77, 148, 221

Chinois 75

Samoyède 161

Tamoul 36, 57, 81, 127, 148, 220, 222, 271

Géorgien 24, 113, 211, 244, 267

Basque 73, 79, 144, 153, 226, 242, 275, 284

Bantou 226

(Langues) Américaines 148

Malais 75

Pigeon English (Océanie) 100, 184

Arabe 65, 140, 199

Judéo-Allemand 12, 99, 177

Indiennes (langues) •-. 75

Hindi 149

Lituanien 75

Français 78, 79, 80, 151, 220, 221, 223, 281

Gascon 149

Espagnol 65, 140, 199

IV.- AUTEURS

H. Bourgeois 12, 99, 177

Le P. Colomb 100, 174

J.-B. Daranatz 95

288

J. Decourdemanche 161, 225

G. Devèze 58, 127

H. Hosten 36

R.-G. Kent 267

Dr Kluge 24, 113,211, 244

P. Ravaisse 65, 140, 199

J. Vinson. . 1, 73-76, 77-80, 81, 147, 140, 151, 153, 221-222, 224, 242, 275, 281, 284.

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

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