HARVARD UNIVERSITY OF THE MUSEUM OF PE nt ZOOLOGY. I, O ODD REVUE SCIENCES NATURELLES MONTPELLIER. -— {YPOGRAPHIE DOEHM ET FILS. x " 4 || éHTIRAUTAMIE r* «+ > + REVUE DES SCIENCES NATURELLES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. E. DUBRUEIL, Membre de plusieurs Sociétés savantes. AVEC LA COLLABORATION DE MM. Andouard, — Baillon,. — Barthélemy , — Baudelot , — Baudon, — Bavay , — Bleicher , — Boreau , — Boyer , — Cazalis de Fondouce (P.), — Collot, — Contejean, — Corre (A.), — Dieulafait, — Doûmet-Adanson, — Drouët, — Durand, — Duval-Jouve, — Estor, — Fabre (G.), — Faure (4.), — Genevier,— Gervais (P.),— Giard (A.), — Godron,— Grenier, — Heckel, — Hesse, — Jobert,— Joly, — Jordan, — Jourdain, — Leymerie, — Lichtenstein (J.), — Loret, — Malinowski, — Marchand (Léon), — Marès ({P.), — Martins (Ch.), — Matheron , —Miergues, — Paladilhe, — Peccadeau de l'Isle, — Périer, — Planchon (G.)— Planchon (J.-E.), — Robin, — De Rouville, — Sabatier, — De Saint-Simon, — De Saporta, — De Seynes, — Sicard (H.), — Vaillant (L.), — Vieillard, — Vézian. OMR CINE = "NOT 15 JUIN 1875. > MONTPELLIER G. COULET , LIBRAIRE-ÉDITEUR , GRAND RUE, D. PARIS F. SAVY, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE HAUTEFEUILLE, 24 de 4 nl AU TEA RARE mr: RPAAOMETE UE LES 42, Joan: 2 ÉQu PAL STE RREES «FRE cp LT LL : SRRREBN TE 0 2e : GRIS 7: RS RE + LT Gr: WE castor PS RUE 43 rase cel ŒATEvUU DORÉ à ÉD |: dar street . v RARE OPEN — Ce. rm Ie ES "% ion tr onto v LUCE Siabngoh 5 MyAme 2. GIE Ha déi rares te ME 4 MAO —- Néras g" ’ be nb + Dr Jr GT LE F3 A nu À ds RER AE 4 ALERT UE. Gé PET dé TEGD Er) Me |: sn TE La 12 00 NA = AE HO Pr Le Pr Vu u LATINA | M Le < IN'TVON ; PAL RREE EL LE ee ddr) CAL DU TAIBTES ER TRS AMOR D TASER ÿ * Ti ñ o ar 1 A ‘ # REVUE | DES SCIENCES NATURELLES = = MÉMOIRES ORIGINAUX. DES DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE LEÇON faite à l'ouverture du Cours de Zoologie de la Faculté des Sciences de Nancy 1874-75 (Suite et fin.), Par E. BAUDELOT. Parmi les connexions dont l’anatomiste peut avoir à s'occuper, nous en distinguerons d’abord de deux ordres: 1° Les connexions existant entre les différentes parties d’un même système ou d’un même appareil physiologique (connexions intrinsèques); 2° Les connexions existant entre des appareils ou des systèmes de nature différente (connexions extrinsèques). La première question (connexions entre parties d’un même système ou d’un même appareil) peut se subdiviser naturelle- ment en autant de questions secondaires qu’il y a de systèmes ou d'appareils fondamentaux. Pour traiter cette question d’une façon méthodique, il nous faudrait donc étudier successivement les connexions dans: a. Le système squelettique (squelette intérieur des Vertébrés, squelette extérieur des Invertébrés". b. Le système musculaire. c. Le syslème nerveux. d. Les appareils des sens. 1 Voir le numéro de mars 1875. IV. Il 2 MÉMOIRES ORIGINAUX. e.. Les appareils de la digestion, de la circulation, de la respi- ration, de la reproduction, etc. La seconde question (connexions entre appareils ou systèmes de nature différente) se subdivise également en un certain nombre de questions secondaires. Pour connaître ces questions, il faudrait combiner deux à deux les différents systèmes ou appareils indiqués ci-dessus. On obtiendrait de cette façon un nombre considérable de relations dont les suivantes seulement seront examinées ‘ : a’. Connexions du système squelettique et du système muscu- laire. b'. Connexions du système squelettique et du système nerveux. c'. Connexions du système musculaire el du système nerveux. {° COoNNEXIONS ENTRE LES DIFFÉRENTES PARTIES D'UN MÊME SYSTÈME OU D'UN MÊME APPAREIL PHYSIOLOGIQUE. a. Système squelettique. — C’est surtout dans l’étude du sque- lette que le principe des connexions a été employé comme moyen de détermination. Il importe donc d’en bien fixer ici la valeur. Nul doute que l’emploi des connexions n’ait rendu de véritables services dans la détermination des différentes pièces du sque- lette. Rappellerai-je d'abord que c’est en s'appuyant sur le prin- cipe des connexions que les anatomistes sont arrivés à reconnaitre que l'os en V des Oiseaux est formé par les clavicules réunies ; que chez l'Homme, chacun des os du membre supérieur a son homologue parmi ceux du membre inférieur ; que chez les Gy- prins, les osselets de Weber ne sont autre chose que des élé- ments vertébraux modifiés; que chez les Silures, l’apophyse interne du scapulum est un ligament ossifié, etc., etc. ? L'emploi des connexions n’a pas été moins utile dans la déter- 4 Nous ne pouvons évidemment reproduire ici toutes ces combinaisons, et encore moins les examiner. Nous nous bornerons à faire remarquer que dans un traité de Zoologie générale il serait nécessaire cependant que les diverses ques- tions que soulève l'étude de ces rapports fussent largement abordées. DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE, 3 mination des parties du squelette extérieur des animaux articulés. On sait que c’est en prenant pour guide les connexions, que de Savigny est parvenu à établir d’une façon évidente l’homologie des pièces buccales dans les différents ordres d'Insectes, et que d'autres anatomistes ont pu déterminer la nature de chacune des pièces qui composent le thorax chez les animaux de ce groupe. Ainsi donc, point de doute quant à la valeur réelle des con- nexions considérées comme moyen de détermination du système squelettique. Mais celte valeur est-elle sans limite? Et, s’il yen a une, quelle est-elle? Voilà ce qu'il est plusdifficile d'établir. Tout d’abord, nous ferons remarquer qu'il ne manque point d'exemples, en ostéologie, où le principe des connexions semble faire défaut. K Ainsi, chez les Poissons osseux, l’arc scapulo-huméral se trouve en rapport avec la vertèbre occipitale; dans les Anguilles, les Congres, ces connexions disparaissent, et l'insertion de la cein- ture osseuse qui supporte le membre antérieur se trouve reportée assez loin en arrière du crâne. Chez les Poissons, les côtes sont en rapport avec les arc verté- braux inférieurs (hémapophyses) ou avec le corps des vertèbres. Dans les Uranoscopes, les Vives, etc., on voit les côtes dela pre- mière vertebre s’insérer, non plus sur l’arc inférieur ou sur le corps vertébral, mais sur la base des arcs supérieurs (neurapo physes). Chez les Poissons encore, le membre postérieur (son squelette par conséquent) peut se trouver situé lantôt en arrière, tantôten avant du membre antérieur; il peut même arriver, comme chez l’'Ophidium barbatwm, qu’l s'insère sous la mâchoire inférieure etoffre des rapports avec l’os hyoïde. Chez les Chéloniens, enfin, l’omoplate est située en dedans des côtes et non plus en dehors, comme dans le reste des Vertébrés. Non seulement le principe des connexions, appliqué au sque- lette, n’est point absolu et ne saurait constituer un critérium cer- tain de détermination, mais dans un grand nombre de cas même où il n'est point en contradiction directe avec les faits, il peut 4 MÉMOIRES ORIGINAUX. arriver qu'il se trouve masqué par tant de causes secondaires, que l'application en devient extrêmement difficile. Je liens à signaler ici quelques-unes de ces causes. Un premier groupe consiste dans les atrophies, les arrêts et les inégalités de développement, dans les soudures et les dédouble- ments des différentes pièces du squelette. Il n’est point difficile de concevoir comment l’action de ces causes peut avoir pour effet de masquer les connexions. Je vais essayer, du reste, d’en fournir la démonstration. {er cas. — Soit d’abord, pour procéder du simple au com- posé, deux pièces A,B, normalement en rapport l’une avec l’au- tre. Que l’une de ces pièces, B par exemple, vienne à subir une réduction de volume considérable, il pourra en résulter que les deux pièces A,B, au lieu de se trouver en contact immédiat, resteront écartées et à une certaine distance l’une de l’autre. On observe un cas de cette sorte chez les Catostomes (poissons voisins des cyprinoïdes), où l’arc supérieur de la seconde vertèbre (incus de Weber) se trouve atrophié et représenté par un petit nodule osseux isolé du corps vertébral et situé dans l'épaisseur d’un ligament voisin allant du malleus au stapes. 2%e cas. — Soit, en second lieu, trois pièces A,B,C disposées en séries, Il est clair que si B, qui se trouve interposé entre A et C, venait à disparaître ou à perdre de son volume, la pièce A pour- rait entrer en connexion avec C. Il en serait de même si, B con- servant son volume, À et G acquéraient un surcroît de déve- loppement. Des faits de cette nature se manifestent dans la colonne verté- brale des Poissons. Chez certains Squales (Sg. Squatina), les arceaux supérieurs et inférieurs des vertébres sont formés par une série de pièces osseuses disposées par paires, les pièces crurales et les pièces intercrurales. Sur certains points où elles sont également dévelop- pées, ces pièces forment une série régulière. Sur d'autres points, les pièces intercrurales acquièrent un développement considé- rable et vont se rejoindre au-dessus des pièces crurales. — Dans a DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE. 2 la colonne vertébrale de la plupart des Poissons osseux, les pièces intercrurales disparaissent complétement et les pièces cru- rales entrent en contact immédiat. Ce que nous venons de voir s'effectuer dans le sens longitu- dinal se reproduit également dans le sens transversal. Ainsi, chez les Gyprins, les arcs vertébraux supérieurs sont formés dans toute l'étendue du tronc par deux pièces (les neurapophyses) dont les extrémités viennent se meltre en contact sur la ligne médiane. Au niveau des (rois ou quatre premières vertèbres, on voit une pièce nouvelle impaire (la neurépine) venir s'intercaler entre les extrémités supérieures des neurapophyses ; plus en avant, au niveau de la première vertèbre, la neurépine se partage en deux pour former deux petites pièces (les claustrum de Weber). Enfin, dans la vertèbre occipitale, la neurépine redevient simple pour constituer l’occipital supérieur. 3° gas. — Soit maintenant deux séries de pièces superpo- sées Le Supposons B atrophié et disparu, B' très-réduit, A’ et C très-développés. Il pourrait résulter de cet ensemble de circonstances que, A entrant directement en connexion avec C, A’ avec C’, le rudiment B’ constituât, au point de réunion des quatre pièces À, C, A’, C’, une petite pièce intermédiaire qu’il serait pos- sible de prendre aussi bien pour un reste de B que pour un reste de B’. Il pourrait même se faire que B’ se trouvât refoulé plus loin, entre À et CO, ce qui conduirait à le faire regarder comme étant la pièce B. TS p/Cp'" SUP- posons B’,C’ soudés ensemble et réduits de volume, de telle sorte que la pièce issue de leur réunion simulât une pièce unique de la même série : il en résulterait un couple B'C’ supportant deux éléments, B, G à côté de pièces simples, telles que A’ et D’ sup- portant un seul élément. En admettant des changements simul- 4° cas. — Soit encore deux séries parallèles ce 6 tanés survenus dans la forme des parties, on comprend quels embarras il pourrait en résulter pour la détermination. 6 MÉMOIRES ORIGINAUX. Un cas de cette nature se rencontre chez la Carpe. Le corps de la deuxième vertébre et celui de la troisième sont soudés ensem- ble et réduits au volume d’un seul corps de vertébre. Celui-ci, par suite de sa double origine, supporte un nombre de pièces double de celui d'une vertèbre ordinaire, disposition qui a em- pêché fort longtemps les analomistes de pouvoir établir la signi- fication véritable de chacun des osselets de Weber. 5me cas. — Enfin, au lieu de deux séries de pièces parallèles, on peut en supposer trois, quatre ou davantage. Or, en pareil cas, en admettant des inégalités de développement, des atrophies, des soudures, etc., combinées de diverses manières dans le sens longitudinal et dans le sens transversal, et compliquées d'alté- rations dans les formes et dans la structure, on conçoit quelles perturbations il pourrait en résulter dans les rapports et combien les connexions réelles risqueraient de disparaitre, perdues dans la foule des connexions secondaires. C’est ce qui a lieu précisément dans la région du crâne : les éléments vertébraux y subissent de telles varialions, les séries élémentaires y sont tellement enchevé- trées, qu'il devient presque impossible d'y démêler pour chaque pièce prise en particulier, ses connexions essentielles. L'exemple suivant le prouve jusqu'à l'évidence. Soit donc cet os du crâne des Poissons désigné par Cuvier sous le nom d'os pétreux. Chez les Gades, où il est extrêmement développé, il recouvre non- seulement une grande partie du temporal, mais encore une partie du sphénoïde basilaire, de l’occipital basilaire, de l'eccipital externe et du mastoïdien. Chez les Cyprins, où il est moins étendu, il reste généralement en rapport avec l’occipital latéral et avec le mastoïdien. Chez le Brochet, il n’est plus en rapport qu'avec l’occipital latéral. Il y a des types enfin (Silures) chez lesquels on ne l’a point encore découvert jusqu'à présent. Je me borne ici à ces quelques types et je fais abstraction des autres Vertébrés. Or, je vous le demande, où retrouver les connexions essentielles, celles qui peuvent conduire à une détermination, parmi tous ces rapports variables ? Une autre cause à mentionner encore, et qui peut avoir pour r£ { DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE. effet de dissimuler les connexions, est l'introduction, dans le système osseux, d’un élément étranger. L'état d'ossification n’ap- partient pas seulement au système osseux, il est également l’apanage de tout tissu conjonctif. On comprend donc que des élé- ments étrangers au squelette puissent, en s’ossifiant et en se mélant à ceux du squelette véritable, apporter de nouvelles causes d'erreurs dans les déterminations. Ainsi, chez les Pois- sons, l’adjonction aux vertèbres céphaliques d'un certain nombre d'éléments du dermo-squelette, l’ossification de divers tendons, peuvent, en modifiant certaines connexions, engendrer de vé- ritables difficultés d'interprétation. Les Silures nous en offrent un exemple. Chez ces Poissons, on voit une longue apophyse se porter du scapulum vers le corps de la première vertèbre, auquel elle se fixe au moyen de tissu tendineux. Cette apophyse n’est autre chose qu’un ligament ossifié. On sait aussi combien il est difficile de décider si telle ou telle des pièces qui composent l’ap- pareil operculaire des Poissons appartient au squelelle inté- rieur ou au squelette extérieur ‘. Connexions intrinsèques du système musculaire. — Lorsque l’on considère les connexions des muscles entre eux, on recon- nait que ces connexions, bien qu'offrant une constance marquée, sont loin cependant d’êtreinvariables. Tel muscle, par exemple, qui dans une espèce recouvre un muscle voisin, peut cesser de le recouvrir dans une autre espèce. On comprend même qu'il ne serait pas impossible qu'il en fût recouvert, ces rapports de situa- 1 Toutes ces difficultés suffisent pour expliquer les divergences d'opinions qui se sont produites parmi les naturalistes au sujet de l'interprétation des nombreux éléments qui composent le squelette céphalique des Poissons. Quand on s'est bien rendu compte de la nature du problème, on comprend qu'il ne pouvait en être autrement; on pourrait même douter de la possibilité d'une solution, vu le nombre presque illimité des combinaisons à épuiser pour l'obtenir. Si ce résultat négatif ne donne point à l'esprit satisfaction complète, du moins il lui apporte ce calme qu'engendre le sentiment d'une difficulté bien comprise. C'est beaucoup déjà de pouvoir conserver intacte sa foi dans l'unité des lois qui régissent la formation des systèmes organiques ! 8 MÉMOIRES ORIGINAUX. tion dépendant du volume relatif de ces organes, volume qui varie, comme on le sait, avec la fonction. Commeexemples de variations dans les rapports musculaires, je citerai ici les muscles Soléaire et Plantaire grêle. Chez l'Homme, le Soléaire se trouve représenté par un muscle puissant très-large, recouvert en arrière par les muscles Jumeaux. Chez le Cheval, le Soléaire est un muscle grêle et rudimen- taire situé au côté externe des Jumeaux, immédiatement au- dessous de l’aponévrose jambière. — Ce même muscle dispa- rait complétement chez les Carnassiers. Le Plantaire grêle présente chez l'Homme les rapports sui- vauts : à son extrémité supérieure, il naît du fémur, quelque- fois de la capsule fibreuse articulaire ; réduit presque aussitôt à un tendon très-grèêle, il descend entre les Jumeaux et le Soléaire. Inférieurement il va s'insérer, soit au côté interne du tendon d'Achille, soit au calcanéum, soit à l'aponévrose qui revêt les muscles profonds de la jambe. Dans la plupart des Mammifères, le Cheval par exemple, le Plantaire grêle se soude bout à bout avec le court fléchisseur com- mun des orteils, pour ne former avec lui qu’un seul muscle, désigné sous le nom de fléchisseur superficiel des phalanges ou perforé. Chez les Carnassiers, le corps charnu du perforé, lequel cor- respond au corps charnu du Plantaire grêle, devient prisma- tique, volumineux, et se confond tout à fait, dans ses deux tiers supérieurs au moins, avec le Jumeau externe. Connexions intrinsèques du système nerveux.— Cette question se partage en plusieurs autres qui demandent à être traitées séparément. Nous aurons, en effet, à examiner ici : «. Les connexions des parties composantes du système ner- veux central. B. Les connexions des partiescomposantes du système nerveux périphérique. 7. Les connexions du système nerveux périphérique et du système nerveux central. DÉTERMINATIONS EY ANATOMIE COMPARÉE. 9 «. Parmi les connexions que le système nerveux central peut offrir à considérer, il importe de distinguer celles qui consistent dans l’ordre relatif des parties de celles que l’on pourrait appeler de simple contact ou de contiguïté. Les premières seuies parais- sent offrir un haut degré de fixité ; les secondes, au contraire, sont sujettes à présenter de très-nombreuses variations. Il nous sera facile de fournir les preuves de cette distinction. Chez les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons, les divers lobes qui constituent l’encéphale conservent toujours, comme on le sait, le même ordre relatif; dans l’un quelconque de ces types, on trouvera toujours, en allant d’arrière en avant, les lobes du quatrième ventricule, le cervelet, les lobes optiques (tubercules bijumeaux ou quadrijumeaux), les lobes antérieurs (hémisphères), et enfin les lobes ou tubercules olfactifs. Les rapports de contiguïté de ces mêmes lobes présentent, au contraire, des variations nombreuses, dépendant de leur gran- deur relative ou de celle des parties qui servent à les unir. Aiusi, le cervelet pourra recouvrir plus ou moins le quatrième ventricule en arrière et les lobes optiques en avant; les hémi- sphères pourront s'étendre sur les tubercules oifactifs, sur les lobes optiques et sur le cervelet ; les tubercules olfactifs pourront siéger, soit immédiatement au-devant des lobes antérieurs, soit à l'extrémité des nerfs olfactifs, au contact même de la cavité olfactive. Des faits du même ordre que ceux que je viens de signaler chez les Vertébrés se manifestent également chez les Inver- tébrés. Ainsi, dans la classe des Mollusques, les Acéphales présentent plusieurs paires de ganglions très-espacés. Chez les Gastéropodes, ces mêmes ganglions se montrent réunis en un groupe très-serré autour de l’æsophage ; mais dans les deux cas, l’ordre relatif des noyaux ganglionnaires reste le même". 1 Peut-être cette distinction que j'établis ici entre les relations basées sur l'ordre et les relations de contiguïté est-elle de nature à jeter la lumière sur cer- 10 MÉMOIRES ORIGINAUX. Dans la division des animaux articulés, l’écartement ou la concentration des centres nerveux peut se manifester aussi à des degrés très-différents, sans que l’ordre relatif de ces centres se trouve modifié. | Les connexions dites de contiguïté étant le plus souvent des con- nexions acquises avec l’âge et un simple effet du mode de crois- sance, il en résulte que, pour obtenir les connexions vraies et retrouver l’ordre pr'mordial, il faudra remonter jusqu'à l’état em- bryonnaire. La question de détermination des centres nerveux par les connexions se trouve donc ici ramenée, comme on le voit, à une question de détermination par l’'embryogénie. G. Les connexions des nerfs entre eux ne paraissent jouir que d’un faible degré de fixité. Ce fait, que l'on n'a point suffisam- ment remarqué peut-être, est susceptible, si l'on n’y prend garde, de créer parfois de grands embarras dans les détermina- tions. Je crois donc nécessaire de m'arrêter quelques instants sur ce sujet. - Soit, comme premier exemple, les nerfs optiques. Chez les Poissons, les deux nerfs optiques présentent l’un par rapport à l’autre des rapporls extrêmement variables , rapports que l’on peut exprimer ainsi qu'il suit : Les nerfs optiques ne s’entrecroisent point ; Le nerf du côté droit passe au-dessus du nerf du côté gauche ; tains faits particuliers. Ainsi, chez divers Gastéropodes (Lymnée, Physe, etc.), on rencontre dans l'épaisseur du manteau, à une distance considérable du groupe nerveux central, un renflement ganglionnaire qui se trouve en rapport avec un organe vibratile particulier (organe découvert par M. de Lacaze-Duthiers et qui est peut-être un organe de l'olfection). Conjointement avec l'apparition de ce ganglion, on constate que la symétrie cesse d'exister dans la masse ganglionnaire sous-æs0- phagienne; il manque un ganglion du côté où se montre le ganglion palléal. Sa- chant donc que les connexions de contiguité sont d’une importance tout à fait se- condaire, ne serait-il point possible d'admettre que l'un des ganglions centraux n'a point participé à la concentration qu'ont subie les autre ganglions ? Ce gan- glion serait resté eu rapport avec l'organe vibratile, absolument comme chez cer- tains Poissons on voit les tubercules olfactifs demeurer en contact avec la cavité olfactive et à distance des lobes cérébraux. DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE. 11 Le nerf du côté gauche passe au-dessus du nerf du côté droit ; Le nerf droit ou le nerf gauche forme une sorte de boulon- nière à travers laquelle passe l’autre nerf ; Les deux nerfs se décomposent en plusieurs faisceaux qui s’entrecroisent alternativement ; Les deux nerfs s’entrecroisent fibre à fibre, de manière à for- mer un tissu inextricable. Les connexions réciproques des deux nerfs optiques ne pa- raissent pas moins variables dans les autres types de Vertébrés que chez les Poissons. Soit, comme second exemple, le nerf récurrent du trijumeau chez les Poissons. | Les connexions de ce nerf avec le nerf acoustique et avec le uerf pneumogastrique offrent des variations remarquables. Chez le Nase, on voit le nerf récurrent passer tout entier en dedans des branches du nerf acoustique, sans contracter avec celles-ci aucune anastomose. Après avoir donné une forte branche à la racine antérieure du pneumogastrique, il passeen dedans de la racine postérieure de ce même nerf, pour aller se terminer dans le premier nerf spinal. Dans la Brême, le nerf récurrent se comporte comme chez le Nase dans la première portion de son trajet; mais au moment d'atteindre la racine postérieure du pneumogastrique, 1l se partage en deux faisceaux secondaires : l’un très-grêle, qui passe en de- dans de cette racine ; l’autre beaucoup plus volumineux, qui passe en dehors. La racine postérieure du pneumogastrique se tcouve donc ici enfermée dans une boutonnière du nerf récurrent. Dans Le Barbeau, le nerf récurrent acquiert un volume énorme ; un peu après son origine, il se décompose en un certain nombre de faisceaux secondaires qui s'entrelacent avec les branches du nerf acoustique, de telle sorte que ces branches se trouvent si- tuées, les unes en dehors, les autres en dedans des faisceaux du nerf récurrent. Ces derniers faisceaux se réunissent ensuite pour constituer deux troncs de volume inégal, dont l’un se porte vers la racine antérieure du pneumogastrique et l’autre vers le pre- 12 MÉMOIRES ORIGINAUX. mier nerf spinal, en passant en dedans de la racine postérieure du pneumogastrique. Chez le Merlan, le nerf récurrent passe en dehors du nerf acous- tique, envoie à ce dernier plusieurs filets anastomotiques, et va se terminer en totalité dans la racine antérieure du pneumogas- trique. Dans la Tanche, enfin, le nerf récurrent disparaît compléte- ment. Soit, comme troisième exemple, le rameau operculaire du nerf latéral du pneumogastrique chez les Poissons. Ce rameau peut avoir des origines multiples; en outre de ses fibres issues du pneumogastrique, il peut également recevoir un faisceau de nerfs trijumeaux. Dans le Goujon, j'ai vu ce dernier faisceau, tantôt passer au devant de la racine postérieure du pneumogastrique, tantôt passer au travers de celte même racine comme à travers une boutonnière. Ces exemples, que je pourrais multiplier à volonté, suffiront, je pense, pour montrer combien sont instables les connexions qui se manifestent entre les divisions du système nerveux périphé- rique. Les éléments qui composent un même tronc nerveux peuvent rester unis ou séparés, rapprochés ou écartés ; ils peu- vent, à diverses reprises, se joindre et se disjoindre. Considéré par rapport à un nerf voisin, un nerf peut passer à droite ou à gauche, au-dessus ou au- dessous ; il peut le traverser de part en part, l’enfermer dans une sorte d’anneau, ou enfin se décom- poser et s’entrelacer un instant avec lui, pour reparaître un peu plus loin à l’état simple. Des connexions aussi variables ne sauraient offrir évidemment que des avantages fort incertains au point de vue de la détermi- nalion. 7. Connexions du système nerveux périphérique et du système nerveux central. Les connexions du système nerveux périphéri- que avec le système nerveux central montrent en général beaucoup plus de fixité que celles qui se mantfestent entre les divisions du système nerveux périphérique. On sait combien les nerfs encé- DÉTERMINATIONS EN ANATOMIE COMPARÉE. 13 phaliques offrent de similitude, au point de vue des origines, dans toute la série des Vertébrés.— Cette fixité de connexions est loin cependant d’être absolue. Ainsi, tandis que dans toute l'étendue du tronc les nerfs moteurs naissent en avant de la moelle et les nerfs sensitifs en arrière, dans la région du bulbe on voit un cerlain nombre de nerfs moteurs et de nerfs sensitifs abandonner leur station normale pour venir s'implanter, à la même hauteur, sur le côté de la moelle; tels sont : les nerfs de la 7" paire (N. facial), de la 8%° (N. acoustique), de la 9% (N. glossopha- ryngien), de la 10% (N. pneumogastrique), de la 11% (N. spi- nal) et de la 12% (N. hypoglosse). Ces différents nerfs étant in- sérés à la suite les uns des autres, il serait impossible, par le fait seul des connexions avec l'axe nerveux et sans la connaissance, soit de leur mode de terminaison, soit d’autres caractères ana- tomiques ou physiologiques, de décider si tel ou tel d’entre eux appartient à la catégorie des nerfs moteurs ou à celle des nerfs sensitifs. | Il serait bien difficile également de déterminer, à l’aide des seules connexions médullaires, si le nerf pathétique est un nerf moteur ou un nerf sensitif. Rappellerai-je enfin que chez un certain nombre de Vertébrés inférieurs, les nerfs moteurs de l’œil ne naissent plus directement de l’encéphale, mais du tronc ou des branches de la cinquième paire ? Je sais bien qu’à propos de ces divers exemples on pourrait m'objecter qu'il ne s’agit point des connexions apparentes, mois seulement des connexions réelles, et qu’en remontant jusqu’à l'origine première de chaque nerf il serait possible de détermi- ner sa véritable nature par ses connexions avec les éléments de la substance grise. Ainsi l'ont fait, d’une part O. Dicters pour les nerfs du bulbe rachidien, en montrant que les nerfs sensitifs nais sent des cornes postérieures de la substance grise, et les nerfs moteurs des cornes antérieures ; d'autre part M. de Lacaze-Du- thiers pour les nerfs de l’Otocyste des Mollusques Gastéropodes, en établissant que ces nerfs émergent constamment des ganglions 14 MÉMOIRES ORIGINAUX.. cérébroïdes, lors même qu'ils paraissent s'implanter sur les gan- glions pédieux. Mais alors, qui ne voit que la question de détermination par les connexions se trouve ramenée à une question de délermina- tion par la structure ! question des plus délicates dans le cas actuel, et dont toutes les incertitudes rejailliront nécessairement sur la première. Connexions intrinsèques de l'appareil circulatoire. — Si, pour beaucoup de vaisseaux, les connexions peuvent offrir une certaine fixité et devenir par conséquent un moyen de détermination, il y a un grand nombre de cas où les rapports vasculaires se trouvent tellement modifiés par le fait de coalescence ou d’atrophie, quil peut devenir fort difficile d'établir les homologies de telle ou telle branche en s’en tenant à la seule considération de son point d'implantation. Le système aortique des Vertébrés pourrait fournir des preu- ves multiples à l'appui de cette assertion. Ce systèmeoffre, comme on le sait, une extrême similitude dans tous les représentants de la classe lorsqu'on les compare entre eux dans leur état em- bryonnaire. Plus tard, la différenciation entre les divers types est portée à tel point que, sans la connaissance des états transitoires, la détermination des branches qui persistent chez l’adulle serait à peu près impossible. Ici donc encore, le principe des connexions se trouve subordonné au fait embryogénique. 5.4.4, ..... CCC 8... 0... 0 0. sc... 0 0 2. © ee Ici s'arrête cette Leçon, que la mort n’a pas permis à son auteur de poursuivre. Sentant qu'il ne lui serait pas donné de la finir, E. Baudelot «a tracé les quelques lignes qui suivent peu d'in- stants avant d'eæpirer : c’est l'esquisse à grands traits des dernières idées qui devaient présider à la fin de son travail... .....,.... esse sense 00 0000 "ee ee + DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. 15 Les connexions ne suffiraient pas, non plus que les autres moyens anatomiques et physiologiques ; ils doivent être remplacés par la déduction basée sur les grandes lois naturelles connues : division du travail, unité, variété, etc., etc. DU DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES, Par le Professeur A. KOWALEVSKY {. (Extrait des Observations sur l'Embryogénie des CŒLENTERÉES) Traduit du Russe, par M. A.-P. MARION. ms M. Hermann Fol a publié récemment, dans les Archives de Zoologie expérimentale, une remarquable analyse de ses études sur le développement du GERYONIA FUNGIFORMIS. Le savant naturaliste attribue à tous les types de Cœlentérés le processus de formation entodermique qu’il déclare avoir observé chez les Cténophores ct chez la PELAGIA, aussi nettement que chez le GERYONIA FUNGI- FORMIS. Pour lui, le refoulement de l'ectoderme signalé par Kowalevsky dans les larves d’Actinies ne se rapporterait pas à la formation de l’entoderme, mais seulement à celle de l'estomac. Nous trouvons dans le Mémoire méme de Kowalevsky l’erpli- cation des divergences d'opinions qui semblent séparer un grand nombre de naturalistes, à propos du mode d'apparition des deur feuillets primitifs. Cette formation dépend certainement des pre- mières phases de segmentation, qui peuvent varier chez des étres appartenant au même type zoologique. C'est ainsi que le professeur d'Odessa a reconnu chez l'Euaxes * que le feuillet interne prend naissance d'une manière indépendante, tandis que chez les Lum- BRIGUS, dont les œufs présentent une segmentation totale à peu près régulière, l’entoderme dérive d'un véritable refoulement du feuillet externe. 1 Moscou, 1873. pa° NCBRCTIA UMAER. ORTILECTEA 2 Tom, X, Bb]. 2 Embryologische studien an Wurmern und Arthropoden. - 16 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les études du D' Bobretzky sur l’embryogénie des Crustacés, ont la même signification .On verra que Kowalevsky admet ces deux processus dans le seul groupe des Actinies. Ces résuitats peuvent étre invoqués en faveur de l'homologie des deux feuillets blasto- dermiques des divers animaux, puisqu'ils diminuent l'importance de leur mode d'apparition. CONTRIBUTIONS A L' HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. J'ai eu plus d’une fois l’occasion d’étudier le développement des Actinies, mais, malheureusement, toujours d’une manière incomplète. Tantôt, dans une circonstance, les matériaux me firent défaut; tantôt, une autre fois, les ovules étaient tellement opa- ques qu'ils ne laissaient absolument rien observer; tantôt, enfin, les embryons ne se montrèrent qu’à un seul stade. Toutefois, malgré cet insuecès, à la suite de mes visites réitérées sur les rivages de la Méditerranée, j'ai réussi à me faire une idée sufli- samment précise du développement des Actinies, ou tout au moins de quelques-unes d’entre elles. Ce sont ces résultats que j'ai l'intention d’exposer dans la présente esquisse. \'es principales recherches, que je décris d’abord, furent faites sur une Actinie que je regrette de n’avoir pu exactement déter- miner, et qui vit en très-grande quantité aux environs de Messine, dans les lacs salés près du Faro, d’où on la porte sur le marché aux poissons, où on la vend comme comestible. C’est, à ma con- naissance, la seule Actinie que l’on emploie comme nourriture sur presque tous les rivages européens. Cette Actinie, ornée de couleurs vert sale, vit sur et sous les pierres, souvent franchement dans le sable, à une profondeur variant de quelques pouces jusqu’à un pied et peut-être même plus profondément. Il me semble que le genre dont on peut le plus la rapprocher est le genre Actinia, forme Mesembryanthe- mum, seulement quelque peu modifiée par suite des conditions particulières d'existence dans un lac de peu d’étendue, fermé et salé. LÉÈVELOPPEMENT DES ACTINIES. 17 J'ai étudié le développement de celte Actinie pendant la fin d’avril et le commencement de mai, et j'ai trouvé dans la cavité de son corps des embryons à des états très-différents de déve- loppement. [t ne m'est pas arrivé une seule fois d'observer les stades de segmentation, mais j'ai réussi à voir un œuf probable- ment immédiatement après ce phénomène (fig. 1). Il montrait déjà le stade si souvent décrit, dans lequel le blastoderme se compose d’une seule rangée de petites cellules cylindriques, amincies à leur extrémité tournée vers le centre et délimitant la cavité de segmentation. Toutes les cellules sont munies d’un noyau nettement visible, et elles sont couvertes à la surface extérieure de cils vibratiles très-courts. Elles possèdent un contenu granuleux dans leur por- tion externe, et elles sont pleines d’une grande quantité de glo- bules graisseux dans la partie voisine de la cavité de segmenta- tion. L’embryon, à ce stade, nage librement entre les cloisons mésentériques de la mére. Au stade subséquent, l'embryon s’est montré à moi tel qu'il est représenté dans la fig. ?, sur laquelle nous voyons qu'une moitié du blastoderme s'invagine dans l’autre, et que toute la larve s’est accrue dans ses dimensions. Le stade qui suit est représenté par la fig. 3. Ici, le refoulement du blastoderme est déjà depuis longtemps achevé; l'embryon s'amincit un peu en arrière, et il est composé déjà de deux couches (endoderme et ectoderme) passant immédiatement de l’une à l’autre près de l'ouverture o, et se rapprochant tout près. La cavité de segmen- tation a complétement disparu, et à sa place il ne reste qu'une petite fente ou une ligne indiquant la séparation des deux mem- branes. L’endoderme est un peu plus épais que l'ectoderme, el ils sont tous deux couverts de cils vibratiles à leurs faces libres ; l'ouverture laissée par le refoulement est encore très-large. En comparant celte larve avec celles d’autres animaux au stade correspondant, nous trouvons une très-grande ressemblance avec la structure des embryons du Cerianthus et de l’Aurelia, avec plusieurs larves de vers (Sagitta, Phoronis), avec celle de l’Am- IV. ÿ. 18 , MÉMOIRES ORIGINAUX. phioæus et avec les embryons de beaucoup d’autres animaux que je n’énumère pas ici. Chez tous ces êtres, la cavité du canal digestif se forme par un refoulement du blastoderme. Il en est exactement de même chez les Actinies ; mais, malgré cela, la cavité qui s’est formée d’une facon absolument identique (par refoulement), et qui présente les mêmes fonctions, est regardée chez les Actinies, non pas comme un tube digestif, mais comme une cavité du corps. Du reste, je reviens sur les opinions théoriques relatives à ces questions, dans la partie générale de mon Ouvrage. Jusqu'à présent, le développement de la larve de l’Actinie a concordé entièrenent avec celui de plusieurs êtres pris dans les classes les plus diverses du règne animal; mais maintenant se manifestent des processus observés seulement chez les Cælentérés, et, autant que je le sais, seulement chez les Polypes (Actinies, Cérianthes, et vraisemblablement chez beaucoup d'Edwarsia ). Ces processus embryogéniques se rapportent à la formaüon des deux importantes parties intégrantes du corps des Polypes, c’est- à-dire de l’estomac et des cloisons mésentériques. L'une et l’autre se forment presque en même temps. Le premier changement que l’on observe dans la larve, représenté par la fig. 3, consiste dans le rapprochement des bords prés de l'ouverture o, puis dans l’ac- croissement des dimensions de la larve et dans l’amincissement des deux membranes qui résulte de cet accroissement. Ensuite, le long du corps de la larve, à la face intérieure, c’est-à-dire sur la paroi de la cavilé interne, on remarque primitivement deux minces lignes ou bandes allant de l'ouverture buccale elle-même jusqu’à la moitié inférieure du corps (fig. 4, f). L'examen plus attentif de cette bande démontre qu'elle ne représente qu’un simple pli de l’'endoderme. Ces plis augmentent graduellement, et, s’avancçant de plus en plus dans la cavilé centrale, deviennent deux véritables cloisons séparant cette cavité en deux moitiés. Les bords de ces plis se rapprochent quelquefois tellement (fg. 5) que sur une coupe les DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. 19 deux moitiés de la cavité centrale semblent communiquer seule- ment par une étroite fente. Pendant la formation de ces cloisons, les bords entourant l'ouverture o commencent à s’enfoncer, comme cela est repré- senté sur la fig. 4. À cet enfoncement participent également l’en- doderme et l’ectoderme, c’est-à-dire que les deux enveloppes du corps s’enfoncent conjointement. À la suite de ce refoulement il existe déjà à ce stade un tube très-court, s’enfonçant quelque peu dans la cavité centrale. Ce canal n'est rien autre chose que l'estomac de l res en voie de formation. Un semblable refoulement du corps de la larve destiné à la formation de l'estomac a été déjà décrit par Bush! avec une complète exactitude ; il est également question de ce stade dans ma communication préliminaire ?. En étudiant la larve à ce stade d'après une coupe transverse (fig. 5), nous observons que son corps consiste seulement en un ectoderme el en un endoderme couverts de cils vibratiles à leurs surfaces libres; qu'entre les deux membranes existe une fente assez mince et nettement circonscrite; enfin, que l’endoderme forme deux saillies se dirigeant vers la cavité centrale divisée ainsi en deux moitiés communiquant assurément entre elles. Les cloisons constituées par les plis de l'endoderme ne parviennent pas jusqu à l'extrémité inférieure de la cavité générale. Elles ne représentent pas autre chose que les deux premières cloisons mé- sentériques de la jeune Actinie. Ainsi que nous le verrons plus loin, on remarque chez le Cerianthus un semblable Fan es des cloisons par paires. Quant à leur structure, ces cloisons ne représentent pas autre chose que de simples plis de l’endoderme ; l’ectoderme ne parti- cipe jamais à leur formation, comme l’a admis inexactement de Lacaze-Duthiers pour le Corail*. 1 Bronn's-Thierreich, Band. IL. ? Nachrichten der Gottingener nalurforscher Gesellschaft, nov. 1868. * Histoire naturelle du Corail, pl. XV, fig. 83. 20 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il est déjà visible à ce stade que le bord interne des deux cloi- sons mésentériques s’est quelque peu épaissi dans leur partie moyenne (fig. 4, f). Bientôt cette région épaissie, s’accroissant beaucoup plus rapidement que le reste de la cloison, dépasse son contour général; elle s’avance dans la cavité générale, et, conti- nuant à croître, elle donne naissance à quelques sinuosités. Cette même partie des cloisons donne naissance à ce bord longuement frangé, constitué par une multitude de plis, et que l’on observe chez beaucoup d’Actinies aussi bien que chez beaucoup d’autres Polypes. Chez le Cerianthus, un pareil épaississement se forme primi- tivement; mais on le voit, chez les larves de cet animal, s’ac- croître avec assez de rapidité pour donner naissance à ces corps filamentaires, plusieurs fois décrits, qui restaient énigmatiques, et que déjà, dès 1851, avaient observé Jean Muller et même Busch. Chez les Actinies, ces épaississements du bord des cloisons mésentériques se différencient quelque peu de ces mêmes bords, avec lesquels ils restent cependant toujours unis par une très-large base. Ils ne revêtent donc jamais la forme des corps filamentaires du Cerianthus, mais ils sont tout à fait homologues avec eux. Le développement ultérieur des larves d’Actinie consiste en un plus grand accroissement de volume des organes qui ont déjà commencé à se former dans le stade représenté par la fig. 4. Ce qui se manifeste d’abord, c’est un refoulement de plus en plus profond des parois du corps autour de l’ouverture buccale. Il en résulte bientôt un tube assez étroit, à parois épaisses, qui n’est autre chose que l’estomac de la jeune Actinie. En même temps que se forme l'estomac, croissent de nouvelles -cloisons, tandis que les anciennes s’augmentent. Ces nouvelles cloisons se montrent sous forme de simples plis de l'endoderme, non pas isolément, mais deux par deux. Chaque paire apparait dans l’une des deux moitiés de la cavité générale formée par les deux cloisons primitives. | Les cloisons b b( fig. 7) paraissent tout d’abord, et ainsi se DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. 21 trouve réalisé le stade caractérisé par six cloisons mésenté- riques. Elles atteignent dans la partie supérieure du corps jusqu’à la paroi de l’estomac, tandis que dans la partie inférieure elles divisent la cavité générale en six compartiments. Les bords des nouvelles cloisons deviennent dans certains points quelque peu plus épais, et ces épaississements donnent naissance à des franges. Aux anciennes cloisons, ces bords s'étant accrus beaucoup plus tôt qu'aux autres, on ne voit, aux premiers stades (quand la larve porte six ou huit cloisons), que deux bords frangés qui soient fortement sinueux. Très-fréquemment, sur les larves à ce stade, on constate déjà l'apparition de cloisons nouvelles. Sur la coupe transverse déjà citée, on voit qu'entre bet b, et d’un seul côté du corps, commence à faire saillie un nouveau pli; quelque temps après, un pli correspondant se forme de l’autre côté, de sorte que la jeune Actinie compte huit cloisons mésen- tériques. | Plus tard, les cloisous et les compartiments se multiplient gra- duellement. Sur la coupe transverse de la larve à cet âge, on voit entre l’endoderme et l'ectoderme, aussi bien qu'entre les parois de chaque pli mésentérique, apparaitre une couche de substance amorphe, que l'indigo et le carmin teignent complétement en une couleur beaucoup plus foncée que tous les autres tissus. Ne trouvant dans cette couche aucun indice de structure, je suis disposé à la considérer comme une membrana propria apparte- nant, soit à l'ectoderme, soit à l’endoderme. Me basant sur ce qu’elle s’avance jusque dans les cloisons mésentériques, je crois qu’elle appartient probablement à l’endoderme. Du reste, cette couche ne paraît complétement amorphe que chez les larves d’Ac- tinies qui nagent encore; chez les jeunes individus déjà munis de tentacules et d’un disque pédieux, j'ai vu dans cette couche ou immédiatement au-dessous d'elle des raies qu’on pourrait rap- porter à des muscles circulaires se développant en ce point. Chez les Actinies adultes, j'ai trouvé que cette couche consistait en 22 MÉMOIRES ORIGINAUX. muscles circulaires ou horizontaux. Au-dessus d’elle, on ren- contre aussi toujours une couche de substance amorphe et trans- parente dans le genre de la membrana propria. Après la formation de la huitième cloison, la larve s'étant un peu allongée devient oblongue, et s’aplatit ensuite aussi bien à son extrémité postérieure qu'à son extrémité antérieure. Les cils vibratiles disparaissent de l’extrémilé postérieure, tandis que de . fortes couches musculaires se développent. Cette région de la larve devient le pied de l’Actinie. A cette période du développe- ment, le nombre des cloisons augmente, mais ces organes sont loin de naître aussi régulièrement qu’on le croit d'ordinaire. La présence de huit cloisons chez les jeunes Actinies établit, quoique certainement d’une manière passagère, un rapproche- ment avec la section des Octactinies, ce qui jette quelque doute sur la valeur de la subdivision en Octactinies et Polyactinies. Il me resie encore à indiquer les changements généraux de forme dans le corps de la larve, avant sa transformation en Actinie. Aprés que le pied s’est développé et que le corps de la larve s’est aplati, les tentacules commencent à se former sur l’extré- mité antérieure, où existe un bourrelet peu élevé, enveloppant la dépression centrale au milieu de laquelle est disposée l’ouverture buccale. L'examen de la larve d’Actinie par sa face supérieure, c’esl- à-dire du côté de l’ouverture buccale, montre facilement que le disque circulaire, ou plutôt que le bord extérieur de ce disque se décompose en quelques saillies, à la suite de l'apparition de la rangée de cannelures correspondant aux cloisons qui se trou- vent au-dessous. Les cloisons atteignant la paroi de l'estomac divisent toute la partie antérieure du corps de l’Actinie en un assez grand nombre de compartiments recouverts en haut par les deux couches. Au- dessus de ces compartiments, les parois du corps, vues d'en haut, font quelque peu saillie et présentent de petits renflements verruqueux formant les tentacules de l’Actinie. Le nombre des ten- tacules est primitivement assez restreint; on en compte huit, cor DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. 23 respondant aux compartiments primitifs. À ce stade, les larves atteignent déjà des dimensions considérables (deux ou trois lignes). Ces dimensions augmentent encore avec le nombre des cloisons et des tentacules. Il me reste encore quelques mots à dire à propos du dévelop- pement des muscles. Sur la jeune Actinie munie de huit cloisons mésentériques, c’est-à-dire de huit cloisons atteignant l'estomac, portant un nombre égal de tentacules et possédant un plus grand nombre de cloisons nouvellement formées, sur cette jeune Actinie, la relation des couches du corps et des muscles se montre telle qu’elle est représentée dans la fig. 8. A l'extérieur, nous trouvons un épithélium hyalin avec noyaux disposés comme en plusieurs couches. On remarque dans cet épithélium l’organisation habi- tuelle des enveloppes des Polypes, dont les parties extérieures des cellules sont granuleuses, tandis que leurs extrémités tournées en dedans (&\ ont un contenu entièrement transparent et forment ainsi comme une couche hyaline ectodermique. Sous l’ectoderme est disposée une couche de substance com-— plétement anhiste, que l’on pourrait prendre pour une fente ou pour une cavité au milieu des tissus, si cette couche ne se tei- gnait plus vivement que les autres parties par l’indigo et le carmin, et si elle ne rappelait cette couche hyaline du corps de la larve que j'ai appelée membrana propria, dénomination que je crois encore pouvoir employer ici. Immédiatement au- dessous de la membrana propria est disposée une couche presque aussi transparente, présentant des raies circulaires parfaitement nettes (m) el se continuant dans les cloisons mésentériques. Je la considère comme la couche des muscles circulaires d’où par- tent les fibres horizontales des cloisons mésentériques. Chez les Actinies adultes, cette couche prend d'ordinaire un grand déve- loppement et conslitue la plaque intérieure des cloisons mésen- tériques. Je n’ai point trouvé de muscles transverses dans les paroïs du corps. Ils se trouvent selon moi seulement dans les cloisons mésentériques (fig. 8, lim), d’où ils s'étendent aussi en partie sur la paroi extérieure de l’ectoderme. En existe-t-il partout 24 MÉMOIRES ORIGINAUX. ailleurs? C’est ce que je n'ai pu décider. On trouve dans la plupart des Actinies et des Coraux que j'ai observés une semblable disposition des fibres, circulaires à la partie externe (m), longi- tudinales à la partie interne (/m); dans les cloisons, les fibres lon- gitudinales existent surtout immédiatement au-dessous de l’épi- thélium. On observe nettement cette disposition des muscles, particulièrement dans le tronc des Polypes des genres Xenia, Alcyoniuwm, etc. Outre cette Actinie, dont j'ai suivi tout le développement d’une manière plus ou moins complète, surtout pendant les premiers stades, j'ai fait quelques recherches sur l’embryogénie de quel- ques autres espèces et notamment de l’Act. aurantiaca Grube et de l’Act. parasitica. Mais, soit à cause de l'insuffisance des maté- riaux, soit à cause de leur mauvais état, je n'ai pu obtenir uné série entière d'observations et j'ai dû me borner à des remarques sur quelques stades. Je présente ici ces observations comme établissant que maintes Actinies se développent d’une façon dif- férente de celle que j'ai décrite plus haut. J’ai eu l’occasion d'observer le développement de l’Act. para- sitica à Messine, au commencement de mai. Les organes sexuels des mâles et des femelles étaient entièrement remplis de produits sexuels mürs, qui s’échappaient au dehors en grande abondance. Quelque temps après la fécondation, qui se passe hors du corps de l’animal, commença la segmentation des œufs. Ce phénomène est tout à fait régulier, c’est-à-dire que l'œuf se partage en deux sphères de segmentation, puis en quatre, et ainsi de suite. Il résulte d'une telle segmentation l'apparition d'un amas de cellules sans formation de cette cavité centrale, que l’on appelle cavité de segmentation. Après que la segmentation est achevée, l'embryon se couvre de cils vibratiles et commence à nager. Il apparaît ensuite à l’une des extrémités un petit refou- lement en forme de fossette. Quant aux stades ullérieurs, je n'ai jamais pu les suivre, parce que l'œuf est complétement opaque et tellement plein de glcbules graisseux que, même par le moyen des coupes, l’on ne saurait rien obtenir de bon. DÉVELOPPEMENT DES ACTINIES. 25 Ces recherches, quoique tout à fait inachevées, présentaient au moins quelque intérêt sous un certain rapport. J'ai en effet rencontré là, pour la première fois, une segmentation nette et indiscutable de l’œuf des Actinies. De plus, la structure des em- bryons, quoiqu'ils fussent encore fort jeunes, m'a montré que le développement ne procède pas ici du refoulement du blastoderme, c’est-à-dire que l’endoderme ne se forme pas par refoulement, mais selon toutes probabilités par scission des cellules du blastoderme, comme chez la plus grande partie des Polypes, ainsi que nous le verrons plus bas‘. D'après les observations faites sur ces deux Actinies, nous voyons déjà que le développement de ces animaux suit en général deux types : l’endoderme se forme, soit par refoulement du blas- toderme, soit par son dédoublement. En juin 1868, j'ai eu aussi l’occasion de faire quelques obser- vations sur l’embryogénie d’autres Actinies vivipares, notam- ment del'Act. awrantiaca Grube. Les embryons de cette Aclinie se développent dans la cavité du corps de la mère, et c'est seule- ment quand ils ont atteint un degré très-avancé qu'ils s’échappent en dehors, sous forme de jeunes Actinies. Je n'ai pu obtenir des embryons de cette espèce au premier stade ; je n'ai eu que des larves nageant déjà, chez lesquelles la bouche et les cloisons mésentériques étaient formées. Sur des coupes de ces embryons, j'ai constaté l'existence d'un ectoderme et d’un endoderme bien développés, de huit cloisons mésentériques et d’un estomac encore très-court. Toute la cavité centrale était remplie d’un épais vitellus de nutrition, de sorte qu'évidemment l’endoderme ne s'était pas formé par refoulement, mais par un autre procédé, dans le genre de celui que l’on voit chez les Alcyons ou les Astrées. ! Kowalevsky démontre cependant que le feuillet interne provient d'un véri- table refoulement de l'ectoderme chez le CassioPEA BoRBONICA, chez l’AURELIA AURITA, Chez le CERIANTHUS, chez le PELAGIA NocTiLucA et méme chez les CTÉNo- PHORES. 26 MÉMOIRES ORIGINAUX. Mes observations sur les Actinies se bornent à ces données incomplètes. Elles ne me semblent substantielles que sous quel- ques rapports. Elles montrent que les Aclinies se développent d’après deux types; que la formalion de l’endoderme s'effectue différemment chez les divers représentants de ce groupe ; enfin qu'il se forme chez les jeunes individus, d’abord deux, puis huit cloisons mésentériques, et que ce nombre n’augmente que par la Suile. EXPLICATION DES FIGURES (PL. I). F16. 1. Œuf d’Actinie après la segmentation. F1G. 2. Refoulement du blastoderme. FiG. 8. Le refoulement est accompli; en endoderme, ec ectoderme. F16. 4. o ouverture buccale, f cloison mésentérique. Fi@. 5. Coupe transverse de l'embryon représenté dans la figure 4: f cloisons mésentériques, en endoderme, ec ectoderme. Fic. 6. Stade plus avancé , m estomac. Fic. 7. Coupe transverse de l'embryon à ce même stade; bb deuxième série de cloisons mésentériques; #9 membrana propria. Fi16. 8. Portion de coupe de la jeune Actinie ; ec ectoderme; e» endo- derme; #”p membrana propria; # muscles circulaires ; Im muscles longitudinaux et couche inférieure de l’ectoderme. NOUVELLES RECHERCHES | TENDANT À ÉTABLIR QUE LE PRÉTENDU Crustacé DÉCRIT PAR LATREILLE sous le nom de PROSORPISTOMA ÉST UN VÉRITABLE INSECTE DE LA TRIBU DES ÉPHÉMÉRINES; Par le Professeur N. JOLY, Correspondant de l'Institut, et par le Dr É. JOLY, Médecin-major du 7° bataillon de chasseurs à pied, Dans un Mémoire que publiaient, il y a près de trois ans, les Annales des Sciences Naturelles", nous faisions connaître la grave erreur que Latreille a commise en rangeant parmi les Crustacés le singulier Entomozoaire qu'il avait reçu de Madagascar, et qu'il désignait sous le nom de Prosopisroma. Nous avons prouvé, nous croyons pouvoir dire de la manière la plus irréfutable, que le prétendu Cruslacé décrit par l’illustre auteur de la Philosophie zoologique n’est rien autre chose qu'un véritable Insecte hexa- pode, ayant en France une espèce congénère, décrite pour la première fois par Geoffroy * (1752), retrouvée depuis par Du- méril (en 1815), aux environs de Paris, et plus récemment (en 1869), par nous, à Toulouse, dans le bassin de la Garonne. C'est le Prosopistoma punctifrons. Rappelons d’abord en peu de mots la description que nous avons donnée de cet Insecte : 1 Septembre 1872. ? A l'époque où M. Milne-Edwards publia son importante Histoire des Crustacés. les affinités zoologiques du genre Prosopistoma, créé par Latreille, étaient si peu connues, que le savant doyen de la Faculté des Sciences de Paris crut devoir le placer dans un appendice faisant suite à l'ouvrage cité. M. Milne-Edwards s'ex- primait ainsi : «Dans le système de classification précédente, j'ai à dessein omis de parler d'un petit crustacé dont Latreille a formé le genre Prosopistoma, nos connais- sances relatives à cet animal étant si imparfaites, qu'il me semble impossible de déterminer la place qu'il doit occuper.» (Milne-Ewards ; Histoire des Crustacés, tom. III, pag. 552.) # 28 MÉMOIRES ORIGINAUX, Corps ovoïde, coupé en deux parties symélriques par un plan vertical dirigé dans le sens du grand diamètre, et recouvert presque en entier par une sorte de bouclier ou de carapace divisée en deux segments, l’un céphalique, l’autre thoraco-abdo- minal. * Segment céphalique tHrant deux yeux latéraux, très-écartés l’un de l’autre (à cornée lisse, et non pas à réseau", du moins chez les individus que nous avons pu examiner jusqn'à ce jour), et trois ocelles disposés en triangle. Deux antennes courtes et séta- cées, de cinq articles chacune, Bouche composée : 1° D'un labre de forme à peu près demi- circulaire, fixé par sa base à la partie antérieure du bouclier cé- phalique ; 2° De deux mandibules formées d’une plaque quadrangulaire demi-transparente, et surmontées de trois épines cornées, brunes, rapprochées en faisceaux ; 3° De deux maxilles aplalies, garnies aussi de trois crochets épineux, écartés à leur sommet ; plus, d’une sorte d’épine bifur- quée et de quelques soies raides, qu’on observe aussi à la base des crochets épineux mandibulaires ; 4 D'une lèvre inférieure à deux palpes, représentée par cette espèce de lame cornée que Latreille compare à un masque, et qui l’a engagé à donner le nom de Prosopistoma * au genre dont nous nous occupons en ce moment. Cette pièce ou masque, fixée seu- lement par sa base et mobile de haut en bas et d’avant en arrière, nous semble l’analogue du masque des Libellulines ou plutôt du labium, si développé chez certains Orthoptères. Bouclier thoraco-abdominal échancré antérieurement, pour recevoir le bouclier céphalique ; postérieurement, pour s'adapter à cette partie de l'abdomen qu’on nomme improprement la queue, et qui jouit en effet d’une grande mobilité. 1 Latreille indique «deux yeux à réseau, écartés», chez le Prosopistoma de Madagascar. ? De rporwmtov, petit masque, et toux, bouche. PROSOPISTOMA. 29 Caréné dans son milieu, ce bouclier est solidement fixé par ses bords latéraux avec ceux du thorax, ainsi qu'avec ceux de l’ar- ceau ventral de chacun des cinq premiers anneaux de l'abdomen, qu'il dépasse sensiblement. Les quatre derniers segments abdominaux, totalement libres et à découvert, rétractiles, pouvant s’'emboîler successivement l’un dans l’autre ; le dernier, muni de trois soies longues et finement ciliées sur les bords ‘. Sternum large, aplati, terminé en pointe et logeant, dans des fosseltes ou échancrures assez profondes, l’article basilaire de trois paires de pattes constituées absolument comme celles des Insectes. Quelque raccourcie qu’elle soit, cette description suffirait, à elle seule, pour prouver que le prétendu Crustacé de Latreille est bien réellement un /nsecte hexapode. Division du corps en têle, thorax et abdomen; pattes au nom- 1 Ces cils sont plus raides et plus largement espacés que chez toutes les au- tres larves, jusqu'à présent connues, d'Éphémérines. Latreille, se reportant aux figures de Geoffroy, que nous reproduisons ici, dit dans son Mémoire, au sujet des filets barbus abdominaux de notre petit Insecte : «Tous les individus de l'espèce de Madagascar qui ont été l’objet de mes recher- ches en étaient dépourvus. Cependant, au lémoignage de M. Audouin, ils exis- tent, mais retirés dans cette partie dn co-ps (la queue)». Eu égard au nombre des soies caudales, Geoffroy commet, dans son texte, uue erreur évidente, lorsqu'il dit que le Binocle à queue en plumet ne possède à l'extrémité caudale que «deux appendices barbus comme des plumes, que l'in- secte étale en courant dans l'eau». D'un autre côté, dans les figures qu'il donne de cet animal, Geoffroy a représenté quatre de ces appendices. La contradiction et la méprise sont donc flagrantes. Ajoutons que les trois soies caudales sont rétractiles. Nous avons en effet constaté maintes fois, sur l'animal vivant, que ce dernier fait rentrer en totalité, dans l'intérieur du corps, ces délicats organes au moyen de trois faisceaux musculaires (un pour chaque soie) à fibres rayées, qui s'atta-hent au cinquième anneau abdominal, et qui, dans leurs mouvements de contraction, se rapprochent très-fortement les uns des autres. Ces soies nous ont paru faire issue de l'abdomen, c'est-à-dire sortir des espèces de fourreaux où la volonté de l'animal les invagine, à la façon de tubes de lorgnettes, toutes les fois qu'il éprouve le besoin de renouveler l’eau nécessaire à sa respiration, en vertu seulement de la tonicité musculaire et de la remarquable élasticité des quatre derniers anneaux abdominaux, 30 MÉMOIRES ORIGINAUX. bre de trois paires seulement; structure buccale tout à fait analogue à celle de la bouche d’un Insecte broyeur : tous ces caractères réunis, et même pris isolément, indiquent clairement que notre Prosopistoma n'est pas un Crustacé. Une dernière preuve, et celle-ci est péremptoire, tranche définitivement la question. En effet, nos dissections nous ont appris qu'il existe, sous la carapace ou bouclier thoraco-abdominal, au-dessus des cinq pre- miers segments de l’abdomen, cinq paires de fausses branchies, très-analogues à celles de plusieurs larves d’Éphémérines, et notamment du genre Cœnis ‘. Ces fausses branchies constituent des espèces de houppes, elles-mêmes formées d’un plus ou moins grand nombre de cœcums, ordinairement bifurquées, et suspen- dues à un pédicule qui n’est rien autre chose qu'une branche émanée d’une grosse trachée située de chaque côté de l'abdomen, branche subdivisée elle-même en rameaux et en ramuscules de plus en plus déliés, qui se répandent dans les cœcums respira- toires. Enfin, ceux-ci sont recouverts par une lamelle très-mince, de forme un peu variable, suivant la place des houppes qu’elle recouvre, finement frangée et dentelée sur ses bords, et d’une transparence si parfaite qu’elle avait d’abord échappé à notre observation. Quant aux mouvements de ces houppes, on les aperçoit très- distinctement, même à travers la carapace. Elles s'élèvent et s'abaissent alternativement toutes ensemble et d’une manière rhythmique. Inutile de dire que la lamelle qui accompagne cha- cune d'elles la suit dans ce mouvement respiratoire. Nous avons vainement cherché des stigmates. Du reste, ils ne son! pas indispensables pour une respiration exclusivement aqua- tique, et ils n'existent pas chez les Hydropsychés. { Voyez, pour plus de détails, dans le Bulletin de la Société d'histoire natu- relle de Toulouse, tom. IV, pag. 142 et suivantes, le Mémoire publié par l’un de nous (Ë. Joly), et intitulé: Contributions pour servir à l'histoire naturelle des Ephémérines, n° 1 (Genre Cænis). PROSOPISTOMA. 31 Taille du Prosopistoma punctifrons de la Garonne : 5 mill.; largeur : 3 mill.; longueur des soies caudales : 1 mill. 5°. __ Par l’ensemble de son organisation (nombre, disposition et struclure des yeux et des ocelles, des pattes, des anneaux de l'abdomen ; appareil buccal ; branchies à trachées ; soies caudales au nombre de trois), le Prosopistoma se rapproche donc beau- coup des Insectes de la tribu des Éphémérines, dans laquelle il faudra très-probablement le ranger, lorsque l’on connaïtra sa dernière morphose. Dans tous les cas, il sert en quelque sorte de trail d'union entre la classe des Ixsecres et celle des CRUSTACÉS ? ; mais il n’est pas lui-même un Crustacé, dans le sens vrai de cetle appel- lation. Cette dernière conclusion, à laquelle nous ont conduits nos observations sur les quelques exemplaires de Prosopistoma punctifrons trouvés par nous dans la Garonne, paraît avoir été 1 Les Prosopistomes de Madagascar étudiés par Latreille étaient évidemment plus âgés que les types français qui ont servi de base à la description de Geoffroy, ainsi qu'à nos propres recherches. C'est ce qui résulte, à notre sens, des deux taits suivants : — a. (Augmentation de la taille) presque six millimètres de lon- gueur, dit Latreille, au lieu de deux lignes (= 4 millim.) mesurées par Geoffroy, et des cinq millimètres trouvés par nous ; — b. (Yeux à faceltes ou à réseau), ca- ractère très-tranché dont il est fait mention, non pas une seule fois, mais jusqu'à quatre fois, dans l'important Mémoire dont nous donnons les extraits ci-dessus. 2 C'est ce que Latreille, dont le tact entomologique était si exercé, sentait bien lui-même, lorsqu'il écrivait (voir son Mémoire) : « Il est évident que le Binocle à queue en plumet, de même que l'espèce analogue de Madagascar, ne peut rentrer dans aucune coupe générique établie par eux (Linné et Müller). Il n'est pas moins manifeste que, de tous les Entomostracés ou Branchiopodes, la coupe qui doit les comprendre est, par la composition de la tête offrant deux antennes, deux yeux à réseau, quatre appendices maxillaires représentant les mandibules et les mû- choires, et une lame mentonnière, la plus rapprochée des Insectes proprement dits. » «A en juger par analogie, on peut admetire comme à peu près certain que le mäle doit avoir de longues pattes antérieures, une queue plus courte et un abdo- men moins robuste que ces parties ne le sont chez la femelle; très-probablement, les expansions latérales de l'abdomen plus développées chez celle-ci ; enfin les crochets copulateurs de l'anus comme à l'ordinaire. Vraisemblablement les yeux sont simples, comme dans les genres Éphemera, etc.» (Mac Lachlan). Je MÉMOIRES ORIGINAUX. généralement adoptée sans conteste depuis la publication de notre Mémoire; sur le genre dont il s’agit, dans les Annales des Sciences naturelles. Ë Il n’en a pas été tout à fait de même quant à la place que nous avons été logiquement induits à assigner d'emblée à notre Insecte, en le rapportant à la tribu des Éphémérines. Tout d’abord, un des entomologistes les plus distingués de l'Angleterre, M. Westwood, émit des doutes contre cette idée, qu'il jugeait préconçue ". M. Mac Lachlan ne l’admettait pas non plus en 1872, c'est-à- dire l’année même où nous livrions notre travail à la publicité. Mais, dés le mois d'octobre 1873, sa manière de voir commencait à se modifier sensiblement, et en 1874 il se montrait entière- ment convaincu de la justesse de nos asserlions. On en jugera par les extraits suivants, que nous empruntons, l'un au Entomologist's monthly Magazine (n° 113, octobre 1873, pag. 108); l’autre au Linnean Society's Journal Zoology, vol. XH. Le premier de ces travaux a pour objet l’Oniscigaster Wake- fieldi, nouveau genre et espèce nouvelle de la Nouvelle-Zélande. Nous en donnonsici la traduction : —— ‘ « Le professeur Westwood présente des spécimens de ces êtres au sujet des- quels Latreille a fondé ie genre de Crustacés qu'il a désigné sous le nom de Pro- sopistoma, ainsi que des dessins amplifiés de ces animaux, et il rappelle que, au dire du Dr É. Joly, d'après ce qui a été déjà mentionné à cet égard dans la séance précédente, ces créatures { qui sont originaires de Madagascar) et le Binocle de Geoffroy, des environs de Paris, ne seraient autre chose que des Éphémérines à l'état d'immaturilé. Ces bestioles n'ont pas d'organes buccaux perceptibles, et sous ce rapport il est impossible de les rapprocher en aucune manière des états primordiaux de quelque Éphémérine que ce soit. Il en est de même de la structure des pattes, bien que ces organes aient une forme différente de tout ce qui est actueilement gonnu parmi les Crustacés. Quant au tégument externe, principale- ment en ce qui touche à la carapace si largement développée, on pourrait trouver quelque analogie avec la nymphe du Baelisca obesa Say, décrite et figurée par B.-D. Walsh; mais là se bornerait toute ressemblance entre les deux formes. » « M. Mac Lachlan dit qu'il ne saurait concilier la structure de ces types de Prosopistoma avec l'idée qu'ils appartiennent à des Éphémérines. » (Extrait et traduit des Proceedings of the entomnlogical Society of London, i9 février 1872.) PROSOPISTOMA. 33 «Si la Faune moderne de la Nouvelle-Zélande n’est pas riche en espèces et a une tendance naturelle à s’éteindre et à être rem- placée par des éléments étrangers qui trouvent là des conditions plus favorables que celles auxquelles ils étaient soumis dans leurs lieux d'origine, du moins elle nous fournit de temps en temps des formes extrêmement remarquables, appartenant à toutes les Classes. Au nombre des plus singulières, il faut ranger l’Éphémé- rine (Hay-Fly, Mouche de mai) que m'a envoyée récemment mon ami C.-M. Wakefield, Æ£sg. of Christchurch, Canterbury settlement. N.-Z. Elle appartient au genre Oniscigaster, dont voici la diagnose : Genre Oniscigaster. «(® Imago.) Corpus elongatum, valde robustum. Alæ qua- »tuor ; posticæ sat laltæ, ovales; omnes venulis transversalibus »ubique(anticæ apicem versus minus densé) regulariter reticulatæ. »Pedes antici reliquis vix longiores ; tarsi omnes 5 articulati, »subæqualiter biunguiculati, posticorum arliculo 4° brevi, sed »valde distincto. Abdomen valde elongatum et robustum; seg- »mentis 60—9° utrinque conspicue corneo-alatis, acute productis; pultimo parvo, elongato, obtuso-conicali : ovivalvula nulla : »caudæ tres elongatæ, sed mediana cæteris gracilior et brevior. »(a Imago.) Oculi ut in & integri. Pedes antici valde longiores. »Cauda mediana paulo brevior. Abdomen infra segmentum no- »num appendicibus forcipatis 5 articulatis instructum ". » «L’abdomen extraordinaire de ce genre, si on le considère sans avoir égard au reste du corps, pourrait, par une méprise bien pardonnable, être pris pour celui de quelque Myriapode (sans les paites), ou de quelque Crustacé. En l'absence du mâle, les affi- nités doivent demeurer quelque peu incertaines. Mais, en somme, je pense que le genre Ephemera, tel qu’il est restreint aujour- 1 Cette diagnose générique, où se trouvent indiqués pour la première fois les caractères du mâle, ainsi que la description détaillée de la nouvelle espèce, est rigoureusement reproduite d'après le second Mémoire de M. Mac Lachlan, dont il va être bientôt question, sur l'Oniscigaster Wakefieldi,. IV. 3 34 MÉMOIRES ORIGINAUX. d’hui, et le genre Pentagenia peuvent être regardés comme étant les alliés les plus voisins de l’Oniscigaster, dont ils diffèrent tous deux {les caractères tirés de l’abdomen mis à part), en ce qu'ils ont quatre articles aux tarses postérieurs. M. Eaton a fait voir, dans sa Monographie des Ephemeridæ, qu’une tendance à une pro- duction latérale des segments terminaux de l'abdomen se montre dans divers genres. Mais le degré d'expansion jusqu'à présent connu est infinitésimal, en comparaison de ce qui a lieu dans l'Oniscigaster. Sous ce rapport, pour nous rendre compte des aff- nilés actuelles, nous devons tourner nos regards vers les phases aquatiques de certaines espèces; etsi, ainsi que le disent MM. Joly, le soi-disant genre de Crustacés branchiopodes nommé Prosopis- toma par Latreille n’est, en réalité, comme il semble trts-probable, que l’état aquatique d'un Éphémérinien, nous avons, dans le Binocle à queue en plumet, en ce qui concerne la structure abdo- minale, l’allié le plus voisin de l’Oniscigaster. Et cette structure abdominale est répétée, jusqu'à un certain point, dans la forme aquatique du Baetisca obesa, qui présente plusieurs des traits caractéristiques du Prosopistoma. » Oniscigaster Wakefieldi. « ($ Imago.) O. supra nigro-fusca; thorace nitido ; abdomine »indistincte pallido; ovario, infra flavido, nigro-punctato, segmen- »tis singulatim macula magna nigra utrinque signatis : caudæ fla- »voalbidæ. Pedes flavi, late nigro annulati, Alæ vitreæ, anticarum »dimidio basali et posticis omnino læte fuliginosis : venæ venu- »læque nigræ ; his ad antlicarum marginem costalem valdé »incrassatis, nigro-marginatis et suffusis : humeris nigris vel »nigro-fuscis. Long. corp. (sine caudis) 10” (= 21 mill.); cap. malaté 19% (—=:40-mill;): » (@ Subimago.) Corpus griseum vel fusco-griseum. Alæ sub. »opacæ, griseo infumatæ (anticæ ad basim pallidiores); venis ut »in imago coloratis. » ('Imago.) Corpus paulo minus robustam ; appendicibus PROSOPISTOMA. 3 ot »albis, articulo primo robusto, paulo fusco-tincto, 2° parvo, »3° valde elongato, grar ti, curvato, 49 et 5° brevissimis, æqua- »libus; peni elongato triangulari, fusco, ad apicem exciso. Long, »corp. (sine caudis) 9 1/4” (— 19 mil.) ; long. caud. extern. scirca 8° (= 17 mill.); medianæ ? 1/2" (—5 mill.); exp. palar. (16 1/2" (—35 mill.).» Dans le second mémoire de M. Mac Lachlan ( voir le Journal de la Société Linnéenne de Londres, tom, XII, pag. 145), on lit ce qui suit, toujours à propos des genres Oniscigaster et Proso- pistoma. Nous traduisons : « La grande expansion latérale des segments abdominaux est sans analogue dans aucun Insecle connu du groupe {des Éphémé- rines). On en trouve pourtant quelques indications pendant la phase aquatique de certaius d’entre eux, notamment chez l’ex- traordinaire Baetisca obesa de Say, espèce de l'Amérique sep- tentrionale dont la nymphe a été décrite par feu B.-D. Walsh, d’après des spécimens trouvés dans l'Illinois. » Mais, chez cette espèce, il y a un énorme développement de la surface thoracique, cette partie du corps formant une sorte de carapace qui le recouvre tout entier, à l’exception des segments terminaux, et qui cache les rudiments des ailes. Il est à noter que les expansions des segments abdominaux du Baetisca dis- paraissent dans les états d’imago et de subimago, lesquels se font remarquer seulement par la grande obésité du thorax. » La formalion des expansions de l’abdomen se voit encore dans les segments terminaux de ces animaux extraordinaires que Latreille a décrits comme constituant un genre de Crustacés branchiopodes, sous le nom de Prosopisitoma, mais qui, d’après les preuves suffisantes, je crois, qui ont élé données par les entomologistes français N. et É. Joly ( père et fils), ne sont rien autre chose que les conditions aquatiques de quelque espèce inconnue d'Éphémérine, bien que, je l'avoue, au moment où ils exprimerent pour la première fois celte idée, je l’aie accueillie avec beaucoup de scepticisme, 36 MÉMOIRES ORIGINAUX. » Les exemplaires types du Prosopistoma peuvent être regardés comme appartenant à un Insecte qui habite Madagascar, et sont maintenant à Oxford, dans la collection Hope, sous la direction du professeur Westwood. l'ais cette forme se rencontre aussi en France, etelle a été figurée et décrite par Geoffroy dans l'Histoire abrégée des Insectes de Paris, sous le nom de « Binocle à queue en plumet ». Elle fut retrouvée quelques années après par Du- méril, au Bois de Boulogne, mais elle disparut de nouveau, jus- qu’au moment où les messieurs Joly la rencontrérent à leur tour dans la Garonne, à Toulouse. Cet animal, comme le Baetisca (de l'Illinois), a aussi nne énorme carapace, mais d’une forme plus arrondie. Latreille l’a décrit sous le nom de Prosopistoma punctifrons, le plaçant, comme nous l'avons déjà dit, parmi les Crustacés branchiopodes. » Mais, bien que tous les auteurs qui l’ont suivi aient copié sa description, la position du Prosopistoma parmi les Crustacés ne fut jamais admise entièrement. Je pense que nous devons accorder aux messieurs Joly le mérite d’avoir découvert sa véritable place. » Mais il est difficile d'imaginer ce que peut être l’Insecte par- fait, car aucune espèce européenne jusqu’à présent connue ne montre une tendance vers les caractères si prononcés de ces créa- tures aqualiques- » Que ce ne sont pas des Crustacés, la chose est suffisamment prouvée par ce fait que messieurs Joly ont fini par découvrir cinq paires de branchies trachéennes sur les cinq premiers seg- ments abdominaux, cachées sous la carapace thoraco-abdominale, et qu'ils ont acquis ainsi la preuve péremptoire que les Prosopis- ioma sont des Insectes, et que leurs organes respiratoires sont tout à fait analogues aux lamelles branchiales des Éphémérines. »A yant mentionné incidemment le Prosopistoma, j'ai cru devoir entrer dans la question de ses relations d’après les recherches des deux entomologistes français, surtout parce que, à une cer- taine époque, j'avais exprimé des doutes sur l'exactitude de leurs déductions.» PROSOPISTOMA. 37 “ Ainsi, avec une loyauté qui fait honneur à son caractère, M. Mac Lachlan reconnaît aujourd’hui que nos déductions sont exactes, c’est-à-dire que le Prosopistoma trouvé dans la Garonne et le prétendu Crustacé de Madagascar sont de véritables Insectes. Des observations récentes faites par ce savant et par le professeur Westwood, son compatriote, il résulte encore que, presque en tout semblable au Prosopistoma de Madagascar (P. variegatum, Latreille), notre Insecte de la Garonne offre aussi des analo- gies très-marquées avec le Baetiscea obesa de l'Illinois, et avec l’Oniscigaster Wakefieldi de la Nouvelle-Zélande. Très-proba- blement ce dernier, à l’état d’imago, nous donne une idée approximative de la forme que le Prosopistoma punctifrons doit prendre à l’état parfait; à moins pourtant, ce qui pourrait bien êlre, et comme semble incliner à le penser M. Mac Lachlan', que notre Insecte ne soit aptère dans toutes les phases de son existence, et qu'il ne passe sous l’eau sa vie tout entière. C'est là ua problème de physiologie entomologique que nous cherche- rons à élucider cette année même, si les circonstances nous sont favorables et si Dieu nous prête encore assez de vie pour mener à bien ce travail en projet. Un mot encore, et nous terminons, sur les grandes analogies que, maloré la diversité des formes, le naturaliste philosophe saura trouver entre notre Larve à basques où à opercules (larve du genre Cœnus), fig. 4, et le Prosopistoma punctifrons. Ainsi que l’a très-bien dit M. Milne Edwards : «lorsque, dans une série d'animaux, une fonction commence à se perfectionner par la division du travail physiologique, ou que l’organisme s’a- 1 «On est tenté, dit M. Mac Lachlan, de s'adresser cette question : Peut-il y avoir des Éphémérines aptères ? et l'imago du Prosopistoma peut-elle être dans cette condition? La chose n’est pas absolument impossible: des exceptions aptères (aplerous exceptions) existent dans presque tous les groupes d'Insectes ailés. S'il en était réellement ainsi, on se rendrait compte de l'absence d'ailes mêmes rudimentaires chez tous les individus disséqués par les Joly. La solution du mystère qui environne le Prosopistoma est attendue avec impatience par tous les entomologistes qui s'intéressent à la philosophie de la science.» 38 MÉMOIRES ORIGINAUX. dapte à des conditions d’existence différentes, c'est d'abord à l'aide de modifications imprimées aux parties déjà eæistantes dans un appareil, ou empruntées à quelque autre système, pour y êlre adjoint, que le nouvel instrument se constitue. » Et plus loin : «Un des moyens les plus puissants mis en œuvre pour modifier la disposition d’un appareil ou d’un organe complexe consiste dans l'union tantôt plus, tantôt moins intime d'éléments anato- miques indépendants ". » Cela posé, comparons notre Larve à opercules au Prosopistoma punctifrons. Assurément, il y a entre ces deux êtres de notables différences. Au premier coup d'œil, des différences aussi grandes semblent dénoter des modes de constitution essentiellement distincts, l’exis- tence de deux plans de structure, et l'emploi de matériaux parti- culiers pour la formation de l'organisme de l’un et l’autre de ces Insectes ; mais en étudiant avec plus de soin l'anatomie de ces animaux, on voit que la dissemblance entre la Larve du genre Cæœnis et le Prosopistoma punctifrons résulte essentiellement d'une simple inégalité dans le degré d’agrégation d’un seul et même ensemble de matériaux organiques, et que c’est par l'union intime de parties analogues aux opercules et aux anneaux mobiles de la Larve du Cœnis que se constitue le corps massif et rigide du Prosopistona. Nous le demandons, l'esprit n'est-il pas vivement frappé de celle similitude parfaite de procédés à l’aide desquels la nature a passé, d’une façon si merveilleuse et cependant si simple: l° en ce qui concerne les Crustacés, dans le cas choisi par M. Milne Edwards, du type Crevette au type Crabe ; et ?° en ce qui concerne les Insectes hexapodes proprement dits, dans la tribu particulière des Éphémérines, qui fait actuellement l’objet de nos études, du type Cœnis au lype Prosopistoma *? { H. Milne Edwards ; /nitroduclion à la zoologie générale, ou considérations sur les tendances de la nature dans la constitution du règne animal, pag. 129, 130. 2 Fronti nulla fides, est un précepte sage, même lorsqu'il est question d'ento- PROSOPISTOMA. 39 EXPLICATION DES FIGURES PL. II. F1G. I. Prosopistoma punctifrons, de la Garonne. e’ L'animal de grandeur naturelle. f’ Le même, grossi, vu par la face dorsale. g” Le même, très-erossi, vu par la face ventrale. On a, à dessein, supprimé la partie inférieure des dernières pattes, pour montrer, en vv, les espèces de ventouses à l'aide desquelles l'animal adhère fortement aux gros blocs de maçonnerie tombés dans l'eau où nous l'avons recueilli. Fic. II. (Reproduite d’après les dessins de M, Mac Lachlan). Oniscr- gaster Wakeñfieldi. a. Mâle imago. b. Face inférieure de la portion terminale de l’abdomen. ce. Crochets copulateurs et pénis vus en dessous. Fi. III. (Reproduite d’après Geoffroy). Binocle à queue en plumet. e. L'animal de grandeur naturelle. f. Le même, grossi et vu en dessus. g. Le même, vu en dessous. Fic. IV. Nymphe de Cœnis maxæima ? 00”, Opercules ou organes mobiles protecteurs des lamelles respi- ratoires. mologie. On vient de voir que, trompé par ies apparences, Latreille a pris un Insecte pour un Crustacé. Cette grave méprise du prince des entomologistes ne peut-elle pas, jusqu'à un certain point, trouver une excuse dans la ressemblance, grande cette fois, entre le Prosopisltoma et certains animaux assez inférieurs de la série des Crustacés ? On connaît le bouclier caréné qui, chez l'Apus cancriformis, recouvre non-seulement la tête, mais encore le thorax et une partie de l'abdomen. Or, à une certaine période de son existence, ce bouclier ressemble assez bien à celui du Prosopistoma pour qu'on puisse être tenté de prendre celui-ci pour un Apus en miniature. (Voyez Zanpacx : De Apodis cancriformis anatome et historia evolulionis, tab. IV, fig. 5, 9, 10 et 14.) Le coquille bivalve et membraneuse de l’/saura cycladoïdes, dont l’un de nous a expliqué la singulière formation (Voyez N. Jocy; Recherches zoologiques, anu- tomiques et physiologiques sur l'Isaura cycladoïdes, nouveau genre de Crustacés à test bivalve, découvert aux environs de Toulouse. Ann. des sciences nat. ?e série, tom. XVI, PI. IX. fig. 41 et 42), représente aussi chez l'animal, encore en voie d'évolution, un large bouclier qui rappelle celui du Prosopistoma. Toutes ces ressemblances, et nous pourrions en citer d'autres, nous paraissent constituer autant de traits d'u 1ion entre les Crustacés et notre Insecte aquatique. 40 MÉMOIRES ORIGINAUX. OBSERVATIONS CRITIQUES SOMMATRES SUR PLUSIEURS PLANTES MONTPELLIÉRAINES, (Suilet.) Par M. H. LORET. Primula officinali-vulgaris....; P. officinali-grandiflora Gren. et Godr. Cet hybride, trouvé à Saint-Pons par M. Barthés et à Lodève par M. Aubouy, est muni d’un long pédoncule multiflore comme le P. officinalis Jacq. et a des fleurs semblables à celles du P. vulgaris Fuds., quoique plus petites. Certaines formes plus voisines du P. vulgaris sont probablement dues à l’action du pollen de cette espèce, et devraient en ce cas recevoir le nom de P. vulgari-officinalis ; mais il nous paraît impossible en beau- coup de cas d’en acquérir la certitude, tant l'influence des parents est souvent inégale, même dans les hybrides qui ont eu le même père et la même mère*. Cyclamen repandum Smith in Sibth.; Prodr., F1. græc., pag. 128;;:8: stenopetalum Nob.; C. europæum Gouan, part. (non L.). — Fleurs pelites, à divisions étroites, presque linéaires. Cette curieuse plante, indiquée par Magnol dès 1676, aux Capouladoux et aux Cambrettes, sous le nom de Cyclamen bisan- tinum Clus., a été retrouvée aux mêmes lieux par Dunal, sur les indications de Jacques Gay, extraites de Magnol (Gay in Lüt. ad 1 Voir les numéros de décembre 1874 et mars 1875. 2 Nous publiâmes en 1855, dans les Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, sous le nom de Primula grandifloro-elatior, un hybride d'Orthez (B.-Py- rén.) qui doit être désigné aujourd'hui sous le nom de P. vulgari-elatior, puisque le nom de P. grandifloraæ Lam. (1778) devient, comme l'a établi M. Gras dans le Bulletin de la Société botanique de France, un synonyme de P. vul- garis Huds. (1762). Le même nom doit être donné au P. acauli-elatior Muret in Cal. de Reuter, p.144, hybride, publié cinq ou six ans après notre P. grandifloro- elatior et dont il partage le sort, en devenant, comme lui, un P. vulgari-elatior. PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 41 clariss. Desmoulins). Quoique Magnol, confondant son espèce avec celle du Pinax de Bauhin, lui ait donné un tubercule de la grosseur d’une châtaigne, ce qui est exagéré, la localité des Cam- brettes indiquée par lui ne laisse aucun doute sur la plante qu'il avait en vue. Gouan lui donnait le nom de C. euwropæum L., et on à continué à l’appeler ainsi à Montpellier longtemps encore après l’époque où, lorsqu'on trouvait un Cyclamen en France, on se serait fait brûler vif, selon l'expression de M. Desmoulins, plu- tôt que de ne pas l'appeler C. ewropæum. Je ne connais aucune espèce avec laquelle celle des Capouladoux ait plus de rapports qu'avec le €. repandum Sm et Sibth., nom que lui donnent MM. Grenier et Godrov (F7. de Fr., II. pag. 460). Toutefois, le Cyclamen que j'ai recueilli près de Rome, en 1848, et qui m'a paru être le vrai C. repandwm, diffère beaucoup par la dimension et la forme de ses fleurs de la plante montpelliéraine. J’ai commu- niqué notre Cyclamen des Capouladoux à l’auteur des Cyclamen de la Gironde et à un autre savant botaniste bordelais, M. Lespi- nasse, et il a été trouvé très-différent, en effet, du €. repandum par ses fleurs plus petites, à lobes beaucoup plus étroits et linéaires-lancéolés. Il y a probablement là une espèce nouvelle, voisine du C. repanduim, dont elle a les feuilles et le tubercule, mais dont elle diffère notablement par la fleur. Nous engageons les bota- nistes de Montpellier à cultiver cette plante avec le C. repandum Sm. et Sibth., et à les étudier comparativement pour s'assurer si, outre la petitesse de la fleur et l’étroitesse de ses lohes, notre Cyclamen n'offrirait point quelque caractère constant qui permette de l’élever au rang d'espèce. Nous ne voulons point, dans un étroit intérêt personnel, faire mystère de ce fait curieux. L’amour de la science nous touche avant tout, et nous espérons que per- sonne ne s’exposera à lui nuire en se hâtant de donner à notre plante, avant une étude approfondie, un nom éphémère destiné à tomber immédiatement dans les bas-fonds de la synonymie. Vinca acutiflora Bert.; V. media Gren. et Godr.(non Link et Hoffm. F1. Port., t. 70), 42 MÉMOIRES ORIGINAUX. Outre la petite pervenche, Vinca minor L., nous avons à Mont- pellier deux autres espèces qu’on a longtemps confondues sous le nom de V. major L. L'une a les lobes de la corolle cunéiformes, élargis au sommet et obliquement tronqués, les feuilles ovales, souvent un peu en cœur, ciliées aux bords ainsi que les calices; c'est le V, major de Linné. L'autre a les lobes de la corolle subrhomboïdaux, élargis vers leur parlie moyenne et obliquement acuminés ; les feuilles ovales-lancéolées, jamais en cœur, non ciliées, mais complétement glabres ainsi que les calices. Cette dernière espèce, moins commune que sa congénère, quoiqu'elle compte aujourd hui dans l'Hérault une dizaine de localités, a été prise dans le Prodrome de De Candolle et dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, pour le Vinca media d'Hoffmansess et Link, On la considère aujourd'hui comme différente du V. media de la Flore de Portugal, et Moris y a reconnu une espèce ilalienne, le V. acutiflora de Bertoloni. Delile, Gans un de ses discours d'ouverture, nomme en passant la grande pervenche et une autre espèce qu'il appelle « la pervenche de Magnol, Vinca media Nobis ». Quelle est cette pervenche de Magnol et ce V. media de Delile? Ce savant botaniste faisait allusion sans doute ici à la plante que Magnol (Bot., pag. 71) dit avoir rencontrée à Monteils (Montels, ferme voisine de Montpellier). Celte plante de Montels se rapporte eu effet à notre V. acutiflora ; mais Delile fait à Ma- guol l'honneur d'une distinction que ce grand botaniste n'avait point soupçonnée. L'auteur du Botanicon monspeliense ne sépare point, en effet, la plante de Montels de celles des autres localités mentionnées par lui, et il la désigne avec celles qu'il avait rén- contrées autour de Montpellier, ainsi que J. Bauhin, sous le nom de Clematis daphnoides major flore cæruleo et albo, qui compre- nait, pour lui comme pour J. Bauhin, les deux espèces dontnuus venons de parler. Hyoscyamus albus L.; Gouan ot Æ. albus B. pseudo-aureus Nob. [(Æ. major Mill.) #. aureus Gouan ? (non L.).] Ces deux plantes ont été l’objet d’une intéressante notice his- PLANTES CRITIQUES DE MON®FPELLIER. 43 torique de la part de M. Clos (Bull. Soc. bot. de France, tom. XVI, p. 64) (session de Mont-Louis). Les uns ont vu là deux espèces, les autres une seule. Danal, qui les distinguait spécifiquement, les a décrites aans le Prodrome avec leurs caractères différentiels, el il a été imité en cela par MM. Grenier et Godron, qui y ont vu, comme lui, deux espèces. Avant d’avoir étudié longtemps ces deux plantes dans des pays divers, je croyais aussi à deux espèces. Surpris bientôt de rencontrer souvent péle-méle dans un étroit espace, à Cannes, à Nice, à Hyères, à Rome, à Mont- pellier, deux formes réputées assez rares, à corolles toujours différentes, je fus porté à les examiner de plus près. Les carac- tères. différentiels indiqués dans la Flore de France ne tardèrent pas à me paraître variables, sauf pourtant la couleur de la gorge corolline, couleur verdàtre dans la forme nommée spécialement H. albus, et d'un pourpre noirâtre dans celle appelée impropre- ment par Miller /. major. En effet, les bractées sont entières ou dentées et plus ou moins larges dans l’une et l’autre forme, selon l’âge de la plante ét la place qu’elles occupent sur l’épi. La durée de l’une et de l’autre varie également : elles sont ordinairement annuelles ou bisannuelles en pleine terre et dans les décombres un peu humides ; vivaces au contraire et indurées à la base partout où le sol est fortement tassé, entre les pierres des pavés et principalement sur les vieilles murailles. Les deux caractères que je viens de menticnner furent les pre- miers à perdre pour moi lear valeur spécifique ; mais un autre caraclère ordinairement fugace et auquel les botanistes sérieux attachent peu de prix, m'inquiétait par sa constance: j'étais frappé, en regardant dans toutes les corolles, de voir toujours le fond du tube verdâtre dans l'A. albus, et d’un pourpre noir, au contraire, dans l’7. major. Je finis par voir ce caractère varier par la culture ; mais ce qui m'intéressa bien davantage, ce fut la rencontre que je fis à Montpellier d’un pied sauvage ma- guifique portant quatre rameaux, dont deux ne présentaient que des fleurs d'A. albus et les deux autres des fleurs d’Æ. major nettement caractérisées. Cet individu si original m'intéressa vive- 44 MÉMOIRES ORIGINAUX. ment et acheva de me convaincre qu’il n’y a dans les deux formes qui font l’objet de cette note qu’une seule et unique espèce, l'A. albus L., dont l’auteur du Species a eu raison de dire : « Variat corollæ fauce atroourpured et viridi». Magnol et Gouan, outre leur 7. albus qu'ils disent commun à Montpellier, ont une autre espèce qu’ils désignent, Magnol par le nom que Bauhin donnait à un Ayoscyamus d'Orient, Gouan par le nom d'A. cureus, que Linné avait créé pour la même espèce orientale. Les deux botanistes de Montpellier avaient-ils en vue le vrai 4. aureus d'Orient échappé des jardins, et qui aurait dis- paru aujourd’hui, ou bien la forme del’Æ. albus qu'on a désignée plus tard sous le nom d'A. major? Nous ne traiterons point ici ce sujet, car une longue dissertation ne pourrait l’élucider suffi- samment et nous vaudrait, avec raison, le reproche infligé par Boileau aux écrivains prolixes el qui ne savent se borner. Genre Verbascum. Le Verbascum Thapsus, chez nous, offre différentes formes sus- ceptibles d’induire en erreur. Le type du Nord à corolle concave, petite ( 15-20 millim. de diamètre), a été rencontré par moi dans les montagnes de l’Espinouse, et je ne lui connais point d’aulres localités dans l'Hérault. La forme de la région chaude est la variété australe de M. Franchet, qui a élucidé ce genre d’une manière si remarquable. Cette variété a la corolle grande (20-30 millim. de diamètre), et parfois des feuilles à décurrence incom- plète (V. inontanum Auct.). Lorsque cette dernière forme, au lieu d’avoir les ailes de la lige atténuées, les a élargies et arrondies à la base, ce qui se présente chez nous assez souvent, on la con- fond parfois avec le V. phlomoides L., qui est rare dans l'Hérault; mais celte dernière espèce se distingue toujours du V. Thapsus, pour peu qu'on observe le style, le stigmate et les anthères. Dans le V. Thapsus en effet, et sa varialion V. montanum, le style est filiforme, le stigmate capité et les anthères 3-4 fois plus courtes que leur filet; tandis que dans le V. phlomoides le style est élargi en spatule au sommet, le stigmate plus long que large et décur- PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER, 45 rent, les anthères des élamines inférieures allongées. adnées et 1 à ? fois seulement plus courtes que leur filet. On sait avec quelle facilité se forment les hybrides de Verbas- cum, et nous en avons un certain nombre chez nous. J’ai rencontré à Soubés, près de Lodève, au milieu de nombreux V. Thapsus, et non loin du V. sinualum, un hybride de ces deux espèces qui m'a paru être le V. sinuato-Thapsus, que personne, je crois, n’a signalé jusqu'à présent. Son plus proche voisin, le V. Thapso-sinuatum, décrit dans la Flore de France, s’est présenté à moi autrefois, au Bousquet d'Orb. Celui-ci, représenté par un individu gigantesque de deux mètres, sur lequel j'ai compté une cinquantaine de rameaux, croissait au pied du V. sinuwatum et à une certaine dis- tance du V. Thapsus. Dans l'impossibilité où l’on est parfois de deviner par les seuls caractères le rôle des parents, leur situation respective par rapport à l’hybride offre, à cet égard, ies plus grandes présomptions, sinon une certitude absolue. Les deux hybrides en question, quoique intermédiaires entre les parenis, ressemblent néanmoins davantage au V. sinuatum, surtout par leur inflorescence en large panicule à rameaux grêles et écalés. Le V. sinuato-Thapsus a le calice un peu plus grand que celui de son congénère, la corolle au contraire plus petite, la tige moins angu- leuse et presque ronde, les feuilles moins largement décurrentes. On a indiqué le V. Zychnitidi-Blattaria à Montpellier, où le V. Lychnitis n'existe point et est relégué dans la région monta- gneuse, et le V. phlomo-Blattaria, plante qui s’est produite dans un jardin où l’on cultivait spécialement de nombreux Verbascum. Antirrhinum majus L. Il existe peu d’espèces, on le sait, dont la corolle soit plus variable tant par les dimensions que par les teintes qu’elle affecte souvent entre le blanc, le jaune et le rouge. Les feuilles de cette espèce ne varient pas moins en largeur, et lorsqu'on pense que ce sont là les éléments principaux sur lesquels repose l’Antirrhi- num latifolium DC., on comprend que quelques auteurs n'aient vu, comme Linné, dans ces deux formes, qu'une seule et même 46 MÉMOIRES ORIGINAUX. espèce. L’4. majus L. varie dans l'Hérault relativement à la lar- geur des feuilles et à la grandeur de la corolle ; mais notre plante n'offre point une corolle jaune, avec les feuilles lancéolées et atté- nuées de l'A. #najus, double caractère attribué à l’A. uetii Reut. (4. intermedium, Debeaux, in Bull. Soc. bot. Fr., XX, pag. 12). M. Debeaux donne pour synonyme avec io signe du doute à l’An- tirrhinum qu'il vient de décrire sous le nom d’A, intermedium, l'A. majus B. fallax Loret(in Bull. Soc. bot. Fr., VI, pag. 407). Le signe du doute doit disparaître, car ma plante est exactement l'A. intermedium dont j'ai sous les yeux des exemplaires recueillis par M. Debeaux lui-même. Cette plante n’est pour moi toujours qu'une forme de l’A. majus, détermination qui fut confirmée, il y à plus de vingt ans, par le savant auteur des Scrofulariacées de la Flore de France. Que ce soit là aussi l'A. Juetii de Reuter, le doute n’est pas possible, puisque ja l’ai recueilli au lieu même où l'avait trouvé M. Huet, à Villefranche, près de Perpignan, et que M. Reuter, à qui j'adressai, comme étant son A. Huetii, tout ce que j'avais recueilli dans les Pyrénées, à Belcaire, à Axat, à Mi- janés, à Villefranche, me dit alors dans une lettre que j'ai con- servée : « Votre Antirrhinum est parfaitement la plante que j'ai décrite sous le nom d'A. Huetii». On ne peut donc pas dire, comme l’a cru M. Debeaux, que l'A. Huetii des montagnes de la Vieille-Castille n’a jamais été trouvé sur le versant français des Pyrénées. C'est même dans la partie orientale de la chaîne et du côté de l’A. intermedium que se trouve la localité authentique de l'espèce, puisque l’Auteur de l’A. /luetii dit de sa plante (4n- nales Sc. nat., 3e série, tom. II, pag. 380) : « propè Villefranche (Pyr.-Or.) invenit Huet». Pour ce qui concerne l'A. ruscinonense Debeaux desremparts de. Perpignan, où je le recueillis en 1857, M. Grenier, à qui je l’adres- sai alors sous le nom d’A. siculum Guss., confirma cette déter- mination. La plante de Fréjus que j'ai reçue sons les noms d'A. tortuosum Bosc. et d'A. romanum Seb. et Maur., qui ne sont peut-être que des synonymes d'A. siculum, me parait la même espèce. Quant au nom de l’A. siculum, que M. Debeaux considère PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 47 ‘eomme collectif, s’il y avaiteu prise là pour une ou plusieurs dis- tinctions spécifiques, Gussone n’élait pas homme, on le sait, à en laisser échapper l’occasion. Orobanche ramosa L.; 0. Nicotianæ glaucæ Delile mss.; O. albiflora Godr. mss.; Phelipæa ramosa et P. albiflora Gren. et Godr. (F1. de Fr., II, 627-628), Delile trouva en 1839 au Jardin des semis, sur le Vicotiana glauca, puis sur le Cochlearia Armoracia, une Orobanche qu’il fit dessiner avec soin et à laquelle il donna dans ses manuscrits le nom d’Orobanche Nicotianæ glaucæ. U'est ia plante que MM. Gre- nier et Godron ont décrite depuis dans la Flore de France, sous le nom de Phelipæa albiflora. Nous l'aons vue au même Jardin en quantité considérable, à fleurs blanches et à fleurs bleues, non- seulement sur le Cochlearia Armoracia, mais dans son voisinage immédiat, sur le Conium maculatum, le Pastinaca sativa, le So- lanum jasminoides et divers Trigonella. On sait que les floristes signalent l'O. ramosa non-seulement surle chanvre, mais sur le ta- bac, et l’'Orobanche signalée par Delile sur le Wicotiana glauca, puis sur le Cochlearia, où M. Godron l'indique également, n’est pour nous que l'espèce linaéenne dont nous venons de parler. Nous avons étudié sur le frais l’Orob. ramosa du chanvre et l'O. albi- flora du Cochlearia sans savoir y reconnaitre les différences men- tionnées dans la Flore de France, différences qui, du reste, nous paraissent avoir peu d'iraportance. L’O. ramosu du chanvre dans nos montagnes à les filets des étamines à peine pubescents et . parfois presque glabres comme ceux de l’O0. albiflora ; la lèvre inférieure de la corolle est aussi pourvue de plis à sa base dans les deux formes, quoiqu'ils soient souvent un peu moins pro- noncés dans le parasite du chanvre. L’0. albifiora offre un peu plus de duvet et des cils un peu plus longs sur la corolle ; mais il nous a été impossible de voir là un caractère spécifique. L'Orobanche Muteli Schultz (0. raimosa Mautel) n’est pour nous également qu’une variété de l” O0. ramosa de Linné. L’0. Muteli est souvent un peu trapu et plus court que le type, mais ce fait 48 MÉMOIRES ORIGINAUX. s'explique par une cause très-naturelle : c'est que, dans le chan- vre, la plante s’allonge pour trouver l'air et la lumière qui lui manquent, et paraît par suite plus grêle et comme étiolée. La plante que Mutel rapportait justement, selon nous, à l'O. ramosa L., a la lèvre inférieure munie en dedans de plis velus mieux mar- qués généralement que dans le type, où ils sont parfois à peine visibles; mais, si l’on pouvait fonder une espèce là-dessus, i serait facile de doubler, au même titre, le nombre des espèces de pres- que toutes nos Flores. | Orobanche hederæ Duby; Gren. et Godr. #1. de Fr., I, 640, et 0. laurina Gren. et Godr. (op. cit.), p. 639. On peut voir dans l’herbier Delile une Orobanche parfaitement | préparée, recueillie, dit Delile sur son étiquette, sous les lauriers du tombeau de Narcisse. Cette plante est celle qui a été décrite dans la Flore de France sous le nom d’0. laurina Ch. Bonaparte ap. Bertol, F1. Ttal., V, p. 124, et qui croît encore au Jardin des plantes de Montpellier, dans le lieu indiqué par Delile. Nous l’y avons étudiée à loisir, et nous avons pu constater que cette Oro- banche adhère, non aux racines du laurier, mais aux racines du lierre qui tapisse des rocailles aux pieds du laurier. Peut-être M. Godron, alors recteur à Montpellier, a-t-il été induit en erreur par les beaux échantillons que Delile dit avoir recueillis sous des lauriers ; mais j'ai goûté la racine à laquelle adhèrent encore ces échantillons, et l’on peut s'assurer comme moi que cette racine appartient au lierre et non au laurier, dont la racine a un goût entièrement différent. L'erreur que nous nous permettons de. signaler pouvait échapper à tout le monde et élait d'autant plus facile que les 0. hederæ et 0. laurina sont deux espèces très-voi- sines, sinon trop voisines. Les étamines, que les auteurs de la Flore de France disent exsertes dans l'O. laurina, caractère dont Bertoloni ne fait nulle mention dans la longue description de son espèce, sont aussi quelquefois lrès-saillantes dans l’0. Aederæ. PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 49 Orobanche minor Sutt.; 0. minor et O0. Crithmi Gren. et Godr.., F1. de Fr., U, p. 640 et 641. L'Orobanche minor Suit. est une des Orobanches les moins difficiles sur le choix de leur mère nourricière, et toutes les plantes lui sont bonnes. Qu'on aille de Palavas à Maguelone vers le commencement de juin, et on le trouvera attaché à beaucoup d'espèces sur lesquelles on ne se serait pas attendu à le rencon- trer. Je l’ai vu, durant ce trajet, adhérent à une dizaine de plantes, notamment à l’Aypochæris radicata, \'Urospermum Dalechampii, au Plantago Coronopus, etc., et, sur le toit de l’église de Maguelone, il s’est encore présenté à moi sur une ou deux autres espèces, à côté du Crithinum maritimum, auquel il adhérait également. Ce dernier étant sans nul doute l'O. Crithmi de la Flore de France que M. Godron a bien voulu me communiquer, j'ai cru devoir l’étudier d’une manière particulière ; mais je n'ai su y voir autre chose que l'O. minor que je venais de recueillir le long de la plage, et qui trouvait bon de s'attacher là au Crüthmum maritimum comme aux autres espèces. J’ai pu obtenir par mon ami M. Ardoïno, auteur de la Flore des Alpes-Maritimes, un échantillon du vrai O0. Crithmi de Savone, localité authenti- que de Vaucher et de Bertoloni. Cette plante m’a paru être un peu différente de mes ©. minor, y compris l'O. Crithmi Gren. et Godr. ; mais on sait le peu de ressources qu'offre pour l'étude un échantillon sec et imparfait d'Orobanche. Je me suis mieux trouvé de la comparaison de mes O0. minor frais avec l’0. Crithmi de M. Godron, que je dois, comme je l'ai dit, à l’obligeance de ce savant botaniste, et surtout avec ceux que j'ai recueillis moi- même sur l’église de Maguelone et analysés avant la dessiccation. Le résultat a été pour moi, malgré mon désir d'y découvrir autre chose, la conviction qu'il n’y a là qu’un 0. minor ordinaire. Lamium Purpureum L.; Gouan, 8 exanulatum Nob. Nous aurions identifié notre variété avec la variété decipiens de Sonder et de Koch, si la nôtre n’était pas dépourvue de l'an- neau de poils dont M. Dumortier a fait dans les Lamiuwm un carac- IV. 4 50 . MÉMOIRES ORIGINAUX. ière de section. Nous avons rencontré une fois à Montpellier la vraie variété decipiens de Sonder, à tube floral pourvu d’un anneau de poils comme dans le type, mais à feuilles plus allon- gées, plus fortement dentées et presque incisées, décurrentes sur le pétiole ; mais cette forme, due à une année exceptionnellement humide chez nous, a repris, l'année suivante, en se ressemant au même lieu, les feuilles crénelées et cordiformes du type. Les pétioles supérieurs, moins courts et moins élargis que ceux du Z.intermedium Fries, distinguent à peu près seuls notre variété exanulatum de la plante de Suède, que quelques auteurs réunis- sent au L. purpureum L. Statice Dodartii Gir. Dodart, il y a environ deux siècles, a décrit et figuré (in Mésm. Acad. Sc., IV, pag. 287) un Statice auquel de Girard a donné le nom de S. Dodartii. Getle espèce, que nous avons retrouvée, M. Barrandon et moi, l’un aux Onglous, près de Cette, l’autre à Sérignan, n’était mentionnée dans nos Flores que sur les bords de l'Océan. Dodart, ilest vrai, l'avait indiquée sur les côtes du Languedoc, et Girard, dans sa monographie des Séatice, avait prédit, par suite, qu’on l'y retrouverait quelque jour. Dodart donne à sa plante le nom de Limonium parvum Bellidis minoris folio. Bauh., Pin., p. 197.Je crois que c’est en effet cette espèce, ou mieux probablement sa voisine, le S. Girardiana Guss., que Bauhin désigne par la phrase du Pinaæ que je viens de citer, et dont les termes « Bellidis minoris folio» sont surtout applicables à ces deux espèces. Toutefois, pour éviter un changement fâcheux de nomenclature, il vaut mieux sans doute, avec les floristes les plus accrédités, continuer à nommer S. bellidifolia celui de Gouan, quoique ses feuilles ressemblent moins à celles des Bellis que les feuilles des espèces dont nous venons de parler. L'auteur d’un compte-rendu d’une herborisation (in Annales Soc. hort. et Sc. nat. de l'Hérault, VI, pag. 77) applique au S. Do- dartii ce qu’a dit M. Barrandon « d’un très-grand Sfatice à pani- cules très-fournies , etc. »; mais l’auteur du compte-rendu tombe PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 51 à dans une grave erreur que M. Barrandon n’a point commise, car le passage cité de mon collaborateur se rapporte à une grande forme du $. bellidifolia de Gouan et non pas au S, Dodartii, qui ne lui ressemble nullement. Genre Tulipa. Les Tulipes des lieux cultivés redoutent beaucoup chez nons les viticulteurs, qui, en défonçant le sol, font la guerre à leurs bulbes. Toutefois, quoiqu'on ait dit que «la transformation des champs en vignes nous à fait perdre le Tulipa Oculus-Solis, confiné jadis dans un champ du mas de Manse », cette observation manque heureusement d’exactitude, et nous retrouvons encore cette belle espèce, quoique moins abondamment qu’autrefois, à une petite distance de la localité dont nous venons de parler. Les botanistes indiscrets, dont l’avidité est plus nuisible aux plantes parfois que la pioche des agriculteurs, l'ont arrachée autrefois par centaines au mas de Manse, comme le témoigne aujourd’hui encore l’her- bier Girard ; mais, nous le répétons, on ne l’a point détruite, et nous espérons la conserver longtemps encore. Il n’en est pas moins vrai que les viticulteurs la menacent toujours, ainsi que le T. præcozx de Tenore, qui devient aussi de moins en moins abon- dant. Le T. gallica Lois., qui est le plus répandu chez nous depuis des siècles, est beaucoup moins exposé, car il n’est nullement difficile sur les conditions physiques du sol et végète dans les prairies et dans les lieux vagues aussi bien que dans les vignes. C'est là le T. sylvestris de Gouan et la plante que Linné indique également à Montpellier sous le même nom. Nous n’y pouvons voir aussi qu'une variété méridionale du T. sylvestris, qui est un peu moins développé dans la région chaude et à divisions florales souvent un peu moins inégales, quoique celui des prés d’Arène, près de Montpellier, reproduise presque exactement, sous tous les rapports, l'espèce des montagnes. Le T. Celsiana Redouté, Liliac., tom. I, tab. 38 ; Gren et Godr. (part.), dont nous tenons surtout à parler ici, ne croît chez nous L 52 MÉMOIRES ORIGINAUX. J£ que dans les montagnes de l’Espinouse et sur le plateau élevé et glacial du Larzac, Son habitat a été méconnu malheureusement en partie par De Candolle et d’autres floristes, qui l’indiquent à tort près de la Méditerranée, avec la forme nommée par Loiseleur T,. gallica dont nous venons de parler. M. Périer de la Bathie (Bull. Soc. bot. Fr., XIV, pag. 96) exprime, à cette occasion, sa surprise de ce que le 7. Celsiana des pacages élevés de la Savoie semble échapper à une loi bien connue en géographie bota- nique, loi par laquelle l’altitude d’une espèce va en augmentant à mesure que cette espèce s’avance davantage vers le Midi, et vice versa. Gette observation généralement vraie, mais à laquelle nous demandons de faire quelques réserves, repose, dans le cas dont il s’agit, sur une confusion et sur l'habitat méditerranéen attribué à tort au 7. Celsiana vrai, qui ne croît que dans les mon- tagnes el ne doit pas être identifié avec le T. gallica des bords de la Méditerranée. __ L'observation incomplète de quelques caractères a pu nuire à une distinction exacte des espèces dans le genre Tulipa. C'est ainsi qu'on attribue aux unes des stolons refusés à d’autres, et que la fleur du Zulipa gallica est dite penchée dans la Flore de France, quoique l’auteur même de l'espèce, Loiseleur, la dise dressée «corolla erecta». — Quelle cause assigner à ces appré- ciations opposées d’un même phénomène? Nous avons vu la fleur en boutons du T. gallica penchée et comme hameconnée dix à quinze jours avant son épanouissement, mais elle se dresse peu de jours avant de s'ouvrir, et la contradiction des auteurs à ce sujet paraît provenir de ce que les espèces dont ils parlent n'ont pas été observées par eux aux mêmes périodes d'évolution. Quant aux prétendus stolons dont il est question dans les Flores, le peu d'accord des auteurs sur ce point tient sans doute à ce que ces organes ne peuvent être vus que dans la jeunesse de la plante, car ils ne tardent pas à disparaitre. Je dois dire ici que ce mode de végétation me semble avoir été mal compris dans les Tulipes, notamment dans le 7. sylvestris L., où on peut l’étudier facile- ment sur la plante jeune et bien arrachée. Après avoir enlevé PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 03 avec soin les tuniques des jeunes bulbes, on remarque avec sur- prise l’origine de l’organe stoloniforme auquel on a donné des noms divers, mais que nous ne pouvons appeler d’un nom connu, puisqu'il s’agit ici d’un phénomène mal observé, selon nous, jus- qu'à présent, et d’un organe dépourvu d’un nom convenable. Les prétendus stolons dont il s’agit percent les tuniques, s’allongent et descendent obliquement ou perpendiculairement en terre, pour se renfler en bulbilles à une distance plus ou moins grande du bulbe mére. Mais comment se forment les organes dont il s’agit ? M. Teissonnier, dans les Annales de la Société botanique de Lyon, deuxième année, n° 5, pag. 85, dit, à propos du Tulipa sylvestris: « Les radicules des bulbes, qui ne sontautre chose que lesrameaux souterrains d’une tige également souterraine, portent à leur ex- trémité des bourgeons ou bulbilles qui, devenus bulbes parfaits, produisent de nouvelles plantes et de nouvelles racines ou ra- meaux qui, s’'enfonçant de plus en plus en terre, arrivent, de bulbe en racine et de racine en bulbe, à un mètre et plus de profondeur.» Nous ne pouvons, on le voit, accepter les termes de cette appré- ciation ; mais on pourrait, selon nous, en changeant les derniers mots, dire avec plus de vérité, quelque surprenant que cela paraisse: «arrivent, de feuille en bulbe et de bulbe en feuille, à une grande profondeur». En effet, ces prétendus rameaux, ces stolons des floristes qui manquent d’un nom convenable jusqu'à présent, ne sont autre chose, on peut le voir, que la continuation d'une feuille dont l’étroite gaîne s’atténue brusquement en pointe du côté inférieur pour percer la terre, et se rétrécit supérieure- ment avant de s'épanouir en limbe. Qu'on enlève la tunique des jeunes bulbes pour mettre la feuille à nu dans toute son étendue, et l’on verra. comme nous que la feuille se prolonge sans solution de continuité depuis son extrémité supérieure jusqu'aux bulbes les plus profonds et les plus éloignés du bulbe mère, et que les prétendus stolons des floristes forment une partie intégrante de celle feuille. Ici, des bulbes hypogés sont formés par l'extrémité inférieure de la feuille, tandis que dans certains A/lium, notam- ment dans V4. nigrum, c’est la partie supérieure d’une feuille 54 MÉMOIRES ORIGINAUX. intérieure enroulée et comme avortée qui produit des bulbilles souvent aériens. Nous n'avons vu mentionné nulle part ce sin- oulier mode de végétation, c’est-à-dire la continuité qui existe entre la partie supérieure et la partie souterraine d’une même . feuille de Tulipe, et nous nous contentons de signaler ce phéno- mène aux botanistes physiologistes, persuadé qu'ils pourront en faire une étude utile à la science et pleine d'intérêt pour eux. Ornithogalum divergens. Por. (0. pater-familias Godr. et 0. proliferum Jord.) ; 0. umbellatum Gouan (non L.). La forme dont le bulbe est muni de bulbilles très-nombreux, libres ou enfermés dans la tunique et en partie foliifères (0. pater- familias Godr.) 7? est mêlée au type et se confond avec lui souvent par des nuances intermédiaires, dans les terrains vagues, près de Cette. Nous avons toujours vu ses feuilles discolores comme celles du type, et la souche nous a paru être plus ou moins bulbillifère selon le degré de compacité du sol, Nous avons en outre expé- rimenté qu'or peut dans tous les terrains, en coupant la plante rez terre pendant quelques années, lui faire produire à volonté de nombreux bulbilles foliifères et la transformer ainsi en Q. pater- familias. Le bulbe de l'O. winbellatum L. dont nous allons par- ler, varie également sous ce rapport selon l’état physique du sol, et ses caieux sont souvent irès-peu nombreux, parfois même pres- que nuls. 0. umbellatum L. Cette espèce, qui appartient presque exclusivement chez nous à la région montagneuse, est généralement représentée dans l’Hé- rault par la forme à feuilles étroites qui passe de l'O. angustifo- lium Bor. à l'O. affine Bor., que l’auteur de ce nom distingue de son 0. angustifolium par les feuilles toujours couchées, les brac- tées un peu plus courtes et sa floraison un peu plus tardive. Nous ne pouvons nous décider à donner ces formes, même comme variétés, faute de savoir y constater autre chose que des varia- tions peu importantes. MM. Jordan et Fourreau ont publié seize nouvelles espèces de ce groupe dansles Zcones ad Floram europæam PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. » 05 (1867), et M. Timbal y en a joint une couple encore dans le Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Toulouse (1870). Ce morcellement indéfini peut avoir son utilité, en faisant connaître à fond toutes les variations dont une espèce est susceptible ; mais les caractères minutieux et souvent très-instables sur lesquels re- posent ces distinctions ne sont pas loin peut-être de donner gain de cause aux botanistes qui seraient portés à identifier spécifique- ment tout le groupe dont il s’agit ici, y compris l'O. divergens. Narcissus biflorus Curt. | __ Je crois avoir prouvé suffisamment (Bull. Soc. bot. Fr., XVI, pag. 153) que le prétendu Warcissus biflorus signalé par Hénon à Delile el Dunal dans les prairies de Lattes n’était que le N. poe- tico-Tazetta qu'on y trouve encore. Le vrai V. biflorus est tou- jours introuvable à Lattes; mais, depuis ma lettre au président de la Société botanique de France (loc. cit.), cette espèce a été dé- couverte par M. Duval-Jouve dans des prairies éloignées de Lattes, vers Mauguio, et par M. André à.Gramenet. Hénon, qui écrivait à M. Grenier, à propos du faux W. biflorus de Lattes, que l'espèce du midi dela France lui paraissait trés-distincte de celle d'Écosse et de l’ouest de la France, n’eût point parlé ainsi sans doute de celle dont il s’agit ici; car c’est là, selon nous, l’espèce de l'Ouest que nous avons recueillie à Pau, c’est-à-dire le véritable W. biflorus. Cette espèce se distingue de l’hybride avec lequel on l’a long- temps confondue à Montpellier, principalement par les divisions de la corolle d’an blanc terne et moins longues relativement à leur largeur; par le bord de la couronne qui perd promptement sa couleur jaune pour devenir blanchâtre et comme écailleux ; par sa tige très-comprimée, ancipitée et simplement striée, tandis que celle de l’hybride est cylindrique, comprimée, à deux angles saillants, et fortement sillonnée. Orchis Morio L. B picta Rchb. fil. Fleurs plus petites que celles du type; feuilles mucronées, souvent un peu moins obtuses ; bractées ordinaire- ment un peu plus aiguës; éperon un peu plus long. 0. picto 56 MÉMOIRES ORIGINAUX. Lois., Fl. gall., IT, p. 263 (description et figure inexactes), Nous n'avons dans la région de l'olivier que la variété picta, que nous considérons comme une forme méridionale de l’O. Morio L. Les formes de la montagne sont comme intermédiaires entre le type et la variété, et l’on trouve parfois la variation insignifiante à éperon élargi à la base et subémarginé, comme dans l'O. fallax Timb., Exsice. Les caractères invoqués pour distinguer spécifique- ment les 0. Morio L., O. picta Lois. et O0. Champagneuxii Bar- néoud, nesont nullement concomitants et passent indifféremment parfois d'une forme à l’autre. La petitesse de la fleur des ©. picta et O0. Champagneuxii, caractère le moins inconstant, se présente souvent dans d’autres espèces du Midi comparées à celles du Nord. Les bulbes de l'O. picta sont le plus souvent subsessiles et moins longuement pédicellés que dans l’0. Champagneuæii, toutefois à Hyères même, localité authentique, j'ai rencontré des formes exactement intermédiaires, au moment où je venais d'étudier ces deux plantes dans l’herbier légué par Champagneux à la ville d'Hyères. Pour ceux qui persisteraient à séparer spécifiquement ici ce que la nature a lié par des intermédiaires nombreux, gra- duellement nuancés, il existe chez nous, comme à Hyères et ailleurs, des variations embarrassantes et qui plaident éloquem- ment pour la réunion de toutes ces plantes en une seule espèce. Juncus Duvalii Nob.; J. lagenarius Gay ; Gren. et Godr. ; J, Fcntanesii Gay (secund. Duval, non secund. Gren. et Godr.); J, repens Req. (non Michx.). On connait le savant travail que M. Duval-Jouve a publié . récemment dans la Revue des Sciences naturelles (septembre 1872) sur quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier sur les J. lagenarius et Fontanesii Gay et le J. striatus Schousb. L'auteur de ce beau Mémoire fait observer avec raison que le uom de J. lagenarius est impropre et doit disparaître, puisque la forme particulière attribuée par Gay au fruit de son espèce n’est que le résultat d’une piqûre d’insecte, et que, par suite, le nom de la plante repose sur une déformation accidentelle - prise PLANTES CRITIQUES DE MONTPELLIER. 57 pour une forme permanente. Un nouveau nom étant devenu né- cessaire, M. Duval-Jouve propose de substituer au nom inac- ceptable J. lagenarius celui de J. Fontanesii Gay, qui n’est, selon lui, que le J. lagenarius à l’état normal. Toutefois, l’auteur laisse percer un vrai regret de ne pouvoir admettre le nom princeps J. repens, imposé par Requien à cette espèce, mais employé antérieurement par Michaux, ni celui de J. Requienii, consacré à un autre Juncus par M. Parlatore, ni enfin le nom de J. Gayanus, dont Steudel s’est servi pour dédier à Claude Gay un Juncus du Chili. M. Duval avait prouvé à Jacques Gay, en coupant devant lui un fruit du J. lagenarius, qu'il n’y avait dans cette prétendue espèce qu'une monstruosité à débaptiser. Toutefois, en proposant plus tard de substituer au nom de cette espèce infortunée un autre nom créé par le même auteur, il ne pouvait songer à lui donner une sorte de fiche de consolation, puisque ce regretté botaniste venait de mourir. L'auteur du Mémoire dont nous parlons n’osait pas cependant faire disparaître entièrement le nom de Gay, et il voulait faire acte de justice en reprenant, malgré quelques légers inconvénients, comme il l'avoue lui- même, le nom de Gay, J. Fontanesii. Nous le regrettons; mais ce nom de J. Fontanesii, dont M. Duval-Jouve connaissait bien le faible, ne pourrait être accepté selon nous sans une dérogation aux règles de la nomenclature et sans d’autres graves inconvé- nients, On sait en effet que le nom de J. Fontanesii a été adopté -par beaucoup d’auteurs comme synonyme de J. striatus Schousb. ; et comme il figure, à ce titre, dans la Flore de MM. Grenier et Godron, qui est aujourd’hui chez nous le vade-mecum de tousles botanistes, ce nom deviendrait inévitablement pour longtemps la cause de regrettables malentendus. Jacques Gay, ce qui est plus grave encore, a oublié, en créant ce malheureux nom J. Fontanesii, que Desfontaines, M. Duval le fait observer lui-même, avait com- pris sous lenom collectif de J, articulatus plusieurs espèces, comme le prouvent les plantes qu'il a distribuées, ainsi que la synonymie et les figures qu'il cite. En présence detant d’inconvénients et pour rester fidèle aux règles de la nomenclature, nous n’hésitons point b8 MÉMOIRES ORIGINAUX. à proposer pour l'espèce en question le nom du savant botaniste qui s'applique depuis de longues années à l’étude des Glumacées, et nous espérons que le nom de J. Duvalii, qui n’entraîne aucune méprise et coupe court à toutes les difficultés, sera accepté des botanistes. Sur la Découverte d'un CÆCILIANELLA FOSSILE Dans une Brèche osseuse de la GARDÉOLE, près de FRONTIGNAN (Héraurr), Par le D' À. PALADILHE. Notre ami M. À. Munier, bien connu par ses travaux archéo- logiques et minéralogiques dans la Gardéole et le bassin de Fron- tignan, nous apporta, le 22 mars dernier, un fragment de brèche osseuse détaché par le marteau à la partie supérieure de la roche de la petite chaîne de la Gardéole, et présentant, dans une pâte calcaire et ferrugineuse assez dure, des nodules irréguliers de phosphate de chaux de couleur verdâtre disséminés dans sa sub- stance. Ce qui avait surlout frappé son attention, cétait une petite coquille fossile éburnée, à test parfaitement conservé, et qui, bien quesolidement adhérente, par une de ses moitiés, à la brèche au milieu du dépôt de laquelle elle s'était fossilisée, pré- sentait, grâce à l’heureuse direction que la fracture avait prise sous le choc du marteau, toute son autre moitié en plein relief et bien en évidence. Jamais jusqu'ici M. Munier n'avait rencontré trace de coquille fossile dans les brèches osseuses de Frontignan ; et pourtant, ces dépôts sont depuis quelque temps l’objet de ses études et de ses recherches assidues, par suite de l’importarte découverte qu'il vient d’y faire de gisements de phosphorites ana- logues à ceux du Quercy. I s'empressa donc de venir lui-même nous porter ce fragment de brèche, ne doutant pas du plaisir que nous causerait cette petite trouvaille paléontologique et du soin avec lequel nous nous mettrions à l’élude. Croyant tout d’abord, sans bien pouvoir nous en rendre compte, DÉCOUVERTE D'UN CÆCILIANELLA FOSSILE. 59 que nous avions ici affaire à une gangue de formation marine et à une coquille marine, nous nous creusâmes la tête, après ‘le dé- part de M. Munier, et nous livrämes à des recherches multipliées pour découvrir à quel genre marin, vivant ou fossile, nous de- vions rapporter la petite coquille en question. Enfin, découragé de tous nos efforts pour arriver à un résultat, ne fût-ce qu'ap- proximalif, et d'autant plus vexé de cet insuccès que la forme que nous avions sous les yeux semblait nous être parfaitement fami- lière, nous abandonnâmes cette étude, bien décidé, non sans dê- pit, à ne plus nous en occuper. Mais, comme on le dit, la nuit porte conseil, et nous nous levâmes le lendemain avec la ferme et sage résolution d'examiner notre netite coquille en elle-même, en dehors de toute idée pré- conçue, en un mot comme si, dégagée de toutes ses adhérences, elle nous apparaissait fortuitement et pour la première fois sur notre table de travail. Grâce à ces précautions, la vérité, que nous avions vainement poursuivie la veille, se fit jour à l'instant. Nous avions bien incontestablement sous les yeux une espèce terrestre du genre Cæcilianella, et il avait fallu, certes, que nous, y eussions mis plus que de la mauvaise volonté, pour ne pas nous en ètre apercu au premier coup d'œil. , Très-voisin des espèces vivantes de ce genre (Cæcilianella acicula), Müll. (Buccinum), C. eburnea, Risso (Acicula), C. Lies- villei, Bourg., etc., le Cæcilianella de la Gardéole se rapproche surtout, par l’ensemble de ses formes, du C. uniplicata, Bourg., espèce vivante. Il en diffère pourtant par ses dimensions sensi- blement plus fortes, ses Lours comme imbriqués, son sommet plus obtus, son ensemble plus cylindrique. On le distinguera aussi facilement du C. Grateloupi, Bourg., autre espèce fossile de France, par sa forme moins effilée et son dernier tour moins renflé. Nous le décrivons donc comme espèce nouvelle et nous le dédie- rons à notre ami M, Munier, qui nous a mis à même de le dé- couvrir. 60 MÉMOIRES ORIGINAUX. u CÆCILIANELLA Munierit, Paladilhe. Testa elongato-turrita, lacteo-eburnea, polita, nitidula, passim sub lente vix striatula ; spira cylindraceo-subattenuata, apice obtusulo, submamillato ; anfrac- tibus 6, lateraliter planulatis, velut imbricatis, rapide nec non regulariter cres- centibus, sutura lineari, sat profunda separatis ; ultimo magno, convexiore, bis quintam testæ longitudinem a tergo adæquante. Coquille allongée-turriculée, d’un blanc laiteux éburné, lisse, polie, assez brillante, présentant à peine quelques siries d’accrois- sement très-fines, irrégulièrement disséminées et seulement visi- bles à la loupe. Spire cylindroïde, un peu atténuée vers le sommet qui est obtus, comme mamelonné. Tours au nombre de six, aplatis latéralement, comme imbriqués l’un daus l’autre, présentant un accroissement très-rapide mais régulier, séparés par une suture linéaire bien marquée. Dernier tour très-grand, un peu plus convexe, égalant (vu par derrière) les 2/5 de la hauteur totale de la coquille". Hauteur 6 millim. ; diamètre du dernier tour { millim. 3/4. Les brèches à ossements et à phosphorites de la Gardéole sont enchâssées dans les fentes du calcaire jurassique, qui con- stitue le massif de cette petite chaîne, et situées à une altitude d'environ 120 mètres au-dessus du niveau de la mer. La pâte calcaire qui en forme la base est parfaitement identique, comme nous l’a fait observer M. Munier, avec celle qui agglutine les cailloux roulés, oxfordiens, du diluvium quaternaire des pentes des coteaux couverts de vignes qui dominent Frontignan. Cette pâte rougeâtre que présentent les brèches à ossements qui nous occupent est concrétionnée en rognons ou plaquettes contenant près de la surface du sol des débris fossiles de divers Mammifères d'une conservation remarquable et d'une fossilation complète. Ces rognons ou plaquettes renferment une quantité notable de phosphate de chaux et recouvrent habituellement les gisements 1 L'ouverture n'a pas pu être décrite, attendu que c’est par sa face antérieure que cette petite coquille fossile adhère à sa gangue. DÉCOUVERTE D'UN CÆCILIANELLA FOSSILE. GI à phosphorites dont M. Munier vient de découvrir et de signaler l'existence dans la Gardéole. Trois de ces brèches osseuses ont été explorées au point de vue paléontologique, et, lors de la visite de la Société géologique de France, en 1866, M. Gaudry y reconnut les espèces suivantes : Brèche n° 1.— Rat en très-grande abondance, Lapin, os et incisives nombreuses, deux molaires ( point de gros ossements ). Brèche n° 2.— Humérus d’Échassier (probablement de Héron), Lapin, os, incisives et molaire (point de gros ossements). Brèche n° 3.— Cheval, Mouton ou Chèvre ? (point de petits osse- ments). C’est dans cette dernière brèche que M. Munier a trouvé la petite coquille qu’il nous a soumise, que nous avons reconnue pour un Gæcilianella et que nous venons de décrire. Elle y était située à une soixantaine de centimêtres de profondeur dans la brèche, et à 10 centim. environ en dessous des dalles de 10 à 15 centim. d'épaisseur formant à peu près un ensemble de 50 centim. et empâtant des ossements de cheval et de mouton ou chèvre. La région où s'était fossilisé le Cæcilianella Munieri se composait de plaquettes minces et de rognons à nodules de phosphorite, et c’est dans un de ces rognons qu'il a été découvert. Des exemples de brèches osseuses (dont la formation paraît bien évidemment le résultat de phénomènes de transport et de déplacement plus ou moins considérables, de grandes masses d'eaux qui ont laissé dans les fentes des roches calcaires pré- existantes une portion de leur sédiment et des restes organiques qu’elles entraïnaient avec elles) sont fréquents sur les côtes de la Méditerranée, à Gibraltar, Cette, Antibes, en Ligurie, en Corse, en Sardaigne, en Sicile, en Dalmatie, en Afrique, etc. Bien que, d’une manière générale, on doive rapporter leur production à une des phases de la grande ère glaciaire comprise entre l’époque des terrains diluviens anciens et celle des alluvions modernes, il ne s'ensuit pas pour cela que toutes ces brèches osseuses doivent être rattachées précisément à la même date géologique, Ainsi (pour n’en citer qu’un exemple), tandis que la brèche de 62 MÉMOIRES ORIGINAUX, Cette présente, d’après Marcel de Serres ', des ossements appar- tenant à des Mammifères, Oiseaux, Reptiles, au moins très-voisins des espèces actuelles, et queiques coquilles terrestres vivant encore aujourd’hui *, celle de la Capra Zoppa, dans la Ligurie occidentale, a fourni à notre ami le Professeur A. Issel, de Gênes’, des débris d’Ursus spelæus, derares coquilles terrestres, quelques- unes appartenant à des espèces éteintes, et aussi des fossiles pliocènes remaniés (Coquilles marines, Échinodermes, dents de Poissons, eic.). Toutes ces circonstances assignent incontestable- ment à cette dernière une origine plus ancienne et la rapprochent, comme âge, de la brèche de Nice et de la caverne de Cassana. D'un autre côté, la nature des eaux en mouvement, dont le transport a donné lieu à la formation des brèches osseuses, peut fort bien ne pas avoir été la même dans tous les cas ; car, bien que l’on trouve plus ordinairement des coquilles terrestres (plus rarement fluviatiles) fossilisées dans ces dépôts, il en est aussi qui renferment uniquement des coquilles marines #. Pour ce qui est des brèches osseuses de Frontignan, nous ne pensons pas que l’on soit en droit de conclure, de la nature ter- restre de l'unique coquille fossile qui y ait encore été rencontrée, qu’elles doivent être considérées comme des formations d'eaux douces. La présence du Cæcilianella Munieri s’expliquerait tout aussi bien dans le cas contraire, c’est-à-dire dans celui d’une for- mation marine. Les Cæcilianelles, en effet, sont de petits Mollusques aveugles vivant sous terre el se nourrissant de détritus organiques, végé- taux et animaux. Il n’est pas rare d’en rencontrer dans de vieux 1 Formation des Brèches osseuses de Cette; M. de Serr., 1824, dans la Statistique du département de l'Hérault, par Creusé de Lesser, pag. 175. 2 Marcel de Serres, 0p. cit., élève, et peut-être aussi avec juste raison, des doutes sur la contemporanéité de ces coquilles terrestres avec les ossements fossiles de la brèche de Cette. 3 A. Issel; Delle Conchiglie raccolte nelle Breccie e nelle Caverne ossifere della Liguria occidentale, pag. 3. 1867. (Atti dell’ Accademia Reale delle Seienze di Torino, série II, tom. XXIV.) 4 F.-S. Beudant ; Cours élémentaire de Géologie, pag. 258, XIIe édition. 1869, DÉCOUVERTE D'UN CÆCILIANELLA FOSSILE, 63 débris d’ossements, enfouis même assez profondément. On en trouva, dans de semblables conditions, en mettant au jour des restes d’ossements humains d'une sépulture Danoise extrêmement ancienne. Or, voici comment ont dû se passer les choses à la Gardéole : des ossements enfouis dans la terre de manière ou d'autre, depuis un temps plus ou moins long, et renfermant quelques Cæcilianelles vivantes, ont, par suite de débordements ou d’inondations quelconques, été entraînés par les eaux dans les fentes et les crevasses de la roche jurassique de la Gardéole. Les Cæcilianelles, mollusques terrestres pulmonés, renfermées dans le canal médullaire de ces os ou dans leurs portions spon- gieuses, ont pu peut-être y vivre encore pendant un temps plus ou moins court, en utilisant pour leur respiration l'air atmosphé- rique emprisonné dans ces cavités. Quoi qu'il en soit, ces petits Mollusques ont dû bientôt, sinon immédiatement, songer à aban- donner un milieu si peu adapté à leurs conditions normales d'existence, etont trouvé presque instantanément la mort, englués dans la matière visqueuse des dépôts de sédiments où leurs co- quilles se sont fossilisées, par la suite, aussi bien que les ossements dans lesquels ils avaient été entraînés par les eaux. Cette explication, qui nous paraît d'accord avec les faits, peut s'appliquer, comme on le voit, tout aussi bien dans le cas d’une formation d’eau douce que dans celui d’une formation marine. Et voilà pourquoi nous nous abstenons de nous prononcer sur l’origine de la brèche osseuse de la Gardéole, tout en faisant des vœux pour que les obstacles suscités par l'ignorance ou le mau- vais vouloir, à l'exploitation régulière de ce nouveau gisement de phosphorites, disparaissent au plus tôt. Outre les avantages maté- riels que l’agriculture ne peut manquer de retirer de cette exploi- tation, la science, elle aussi, y trouvera bien certainement son compte, et nous espérons bien que la découverte de coquilles fossiles (seul criterium irrécusable en pareil cas) nous permettra bientôt d'affirmer, avec connaissance de cause, l’origine précise de ces brèches. Montpellier, 8 avril 1875. 64 REVUE SCIENTIFIQUE. REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANÇAIS. — Zoologie. — M. de Quatrefages a admis que la phosphorescence de certaines Annélides privées d’élytres s'effectuait dans les muscles, toutes les fois que ceux-ci se contractaient. [l présente ( Compt. rend. Acad., 25 janvier 1875) aujourd'hui un ouvrage de M. Panceri, qui a con- staté la production de lumière dans des organes complétement dé- pourvus de muscles et qui rapporte cet effet aux nerfs. Il y aurait donc lieu de se demander si les manifestations lumineuses, même au milieu des masses musculaires, ne seraient pas dues aux nerfs qui se distribuent à celles-ci. Tout nous porte à croire que la phosphorescence est sous la dépendance du système nerveux. — La Revue a déjà rendu compte d'une Note de M. Vulpian, sur l'influence vaso-dilatatrice que les fibres de la corde du tympan, unies au nerf lingual par anastomose, exerceut sur la muqueuse des parties antérieures de la langue. Des recherches récentes ont appris au même savant que le nerf glosso-pharyngien exerce une influence toute semblable sur les vaisseaux dela membrane muqueuse de la base du même organe. — Dans une rectification à une communication précédente con- cernant l'espèce de Phylloxera observée à Vienne par Kollar (Compt. rend. Acad., 8 février 1875), M. Lichtenstein porte à cinq les espèces francaises ou européennes de ce genre : P. vastatrix, syn. vihifohæ ; vitisana (Asa Fitch et Westwood.); — P. quercus, B. de Fonscolombe; coccinea (Heyden.);—P. Rileyi, Licht.; corticalis, Kollar; Lichtensteinii (Balbiani.) ; — P. Balbiani, Licht ; — P. acanthodermes, Kollar (syn. suclifera Signoret). — Les orgaues enlevés sur un animal ne peuvent se régénérer que dans le ‘cas où leur ablation n'a pas eu lieu d'une facon complète. Cette conclusion découle de plusieurs Notes publiées par M. Phili- peaux sur la reproduction, soit des membres chez la Salamandre et Nous ne donnons ici que l'analyse des Comptes-rendus de l’Académie, et nous consacrons le présent Fascicule à l'analyse des travaux des Sociétés étrangères. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 65 l'Axolotl, soit de nageoires chez les Poissons, soit de la rate sur les Surmulots et les Rats. À l'appui de ce fait, le même auteur signale à l’Académie (Compt. rend. Acad., 8 février 1875) le résultat d'expériences prouvant que ‘les mamelons extirpés chezde jeunes Cochons d'Inde ne se régénèrent pas. — Lesystème nerveux périphérique des Nématoïdes marins fait l'objet d’une communication de M. A. Villot. Ces Nématoïdes pos- sèdent des organes du tact et de la vision bien caractérisés, mais les rapports de ces organes avec le système nerveux sont restés jusqu'ici fort obscurs. Les auteurs qui se sont occupés de la question n'ont pas vu, suivant lui, le système nerveux périphérique de ces petits êtres. (Compt.-rend. Acau., 8 février 1875.) En faisant macérer des Vers entiers dans un mélange d'acide acé- tique, d'alcool, de glycérine et d'eau, mélange dont il a donné la formule dans sa Monographie des Dragonneaux, M. Villot a pu con- stater que la couche sous-cutanée des animaux en question « contient un véritable réseau de cellules ganglionnaires qui fournissent des filets nerveux, soit aux orgares du tact, soit aux organes de la vision. Ce réseau périphérique est en relation avec le système nerveux cen- tral au moyen d'un plexus qui traverse la couche musculaire et rattache le nerf ventral à la couche sous-cutanée...... Cette dispo- sition en réseau nerveux des cellules ganglionnaires est certainement, chez les Invertébrés, moins rare qu'on ne l'a cru jusqu'ici, et il est probable qu'elle représente à elle seule tout le système nerveux des types les plus inférieurs». —D'après M. Albert Bergeron (Compt. rend. Acad., 15 février 1875), les Vibrions se rencontrent dans le pus des abcès, sans qu'on puisse admettre que dans ce cas ils puissent pénétrer dans le foyer de l’abcès par le système lymphatique ou le système circulatoire, tous deux absolument intacts. — Parvenus au terme de leur développement individuel, les Gré- garines s'enkystent, et aux dépens de leur contenu se forme un nom- bre considérable de corps reproducteurs appelés pseudonavicelles et psorcspermies, et désignés, à raison de leur nature, sous le nom de spores, par M. A. Schneïder, dans une communication sur un appu- reil de dissémination des Gregarina et des Stylorynchus (Compt. rend. Acad., 15 février 1875). IV, D 66 REVUE SCIENTIFIQUE. D'après les données acquises jusqu'à ce jour, et d’après les faits constatés par M. A. Schneider sur une trentaine de genres très-étroi- tement liés aux deux genres précités, le kyste à maturité s'ouvre par rupture du tégument, et met les spores en liberté. Les Gregarina et les Stylorynchus font exception à la règle générale. Voici comment se forme chez ces deux genres l’appareil de la dissé- mination :«le kyste montre de bonne heure, dans sa zone marginale éclaircie, l'apparition de tubes en nombre variable, dirigés chacun suivant le sens d'un rayon du kyste. D'abord sans counexion avec la paroi, ilss'y rattachentensuite en vertu du développement centrifuge, et s’y soudent enfin par leur extrémité périphérique, tandis que, par l'extrémité opposée, ils convergent vers le centre du kyste». Chacun de ces tubes ou sporoductes, constitué par une membrane anhyste, «offre, à l’état de complète individualisation, un article basilaire courtet large, par lequel il s'insère à la face interne de la paroi du kyste, et un article terminal grêle et plus ou moins long, dont l'ex- trémité correspond au centre du kyste». Se dégageant avec une extrême rapidité, à l'époque de la maturité, les sporoductes se dres- sent au dehors de toute leur longueur, en vertu d’une véritable éva- gination : l’article basilaire paraît en premier lieu et l'extrémité du tube en dernier, après avoir traversé toute la portion déjà sortie. Des phénomènes plus intéressants encore nous sont offerts par le genre Stylorynchus. « Le kyste, dérivant d'un enkystement solitaire, présente un contenu d'abord entier, puis divisé en deux masses par un plan équatorial. En même temps que les traces de cette première division s’effacent et que la portion granuleuse du contenu se con- dense sur elle-même, on voit apparaître un grand nombre de sillons très-peu profonds qui subdivisent en lobes et lobules la couche la plus externe du contenu granuleux. De la surface de chacun de ces lobes et lobules on voit perler maintenant les spores naissantes ; d'abord complétement homogènes et transparentes, elles recoivent ensuite quelques granulations avant leur complète individualisation et sépa- ration des lobules. » Quittant alors la forme régulièrement sphérique qu'elle avait d’a- bord, chaque masse sporigène s’allonge suivant le sens d'un rayon du kyste, et toutes, «sous forme de bâtonnets fusiformes, effilés aux extrémités et relativement très-renflés au milieu, se mettent à exé- cuter une série non interrompue de mouvements rapides et énergi- ques, par lesquels leur extrémité périphérique s'infléchit tour à tour dans un sens et dans l’autre, à peu près comme le bras dans la me- sure à deux temps, en même temps que le corpuscule se raccourcit et TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 67 s’allonge, et que les granulations qu'il renferme sont brassées en tous sens à son intérieur». Puis, après une certaine période, on observe une cessation subite dans le grouillement de toutes les masses sporigènes. Revenant à la forme sphérique, chaque corpuscule, par la formation d'une épaisse paroi à sa surface, se convertit en une spore définitive. Une paroi. propre entoure aussi le volumineux amas de granulations qui se con- vertit en une vésicule incluse dans le kyste et de toutes parts libre d'adhérences : il forme ainsi un pseudo-kyste qui est, pour M. Schnei- der, par l'effet de son accroissement ultérieur, un nouvel agent de la dissémination des spores. —I] résulte des observations de M. A.-F, Marion (Compt.rend.Acad., 22 février 1875) sur les espèces méditerranéennes du genre Eusyllis, que ce genre est représenté, sur les côtes de Marseille, par deux formes bien distinctes. L'une, qui n'a été signalée dans aucune autre mer, est peut-être spéciale à la Méditerranée. L'autre, au contraire, appar- tient à un type répandu jusque dans les régions arctiques. Ces faits viennent s'ajouter à ceux présentés récemment à l’Académie par M. Marion pour prouver les liens qui unissent les Faunes méditerra- néenne et océanique, bien que l'autonomie de ces Faunes soit, du reste, indiscutable. —Le même auteur (Compt. rend. Acad., 22 février 1875) signale la dé- couverte dans le golfe de Marseille d'une espèce d'Annélide qui n avait été trouvée jusqu'ici qu'au Spitzherg, et, dans une Note rectifica- tive, concernant uniquement la systématique des Nématoïdes du même golfe, nous fait remarquer que plusieurs de ces Nématoïdes habitent à la fois l'Océan et la Méditerranée. ILa constaté la présence fréquente dans les eaux profondes du golfe en question des Symplocostoma longi- collis, Phanoderma Cocksi, Enoplus conmunis, Leptosomatum figura- tum, indiqués par Bastien sur les rivages des îles Britanniques. Cette grande extension géographique est encore plus surprenante à propos des Nématoïdes des eaux douces: M. Marion a pu récolter dans la mare de la Torse, aux environs d'Aix en Provence, le Dorylaimus stagnalis Du.; et le Trilobus pellucidus Bast. des étangs de l'Angleterre. — C'est aussi dans le golfe de Marseille que M. Marion a recueilli un Némertien (Compt.rend. Acad., 5 avril 1875) désigné par M. de Qua- trefages sous le nom de Cerebratulus spectabilis, découverte qui lui a permis de mettre hors de doute la description de cet auteur. La struc- 68 REVUE SCIENTIFIQUE. ture spéciale de la trompe de ce Ver, munie, suivant le savant qui l'a le premier décrite, d'une plaque denticulée, nécessite l'établissement d’un genre particulier dansla section des Némertiens armés, pourlequel M. Marion adopte le nom de Drapanophorus, proposé par Hubrecht. Mais, contrairement à l'avis de ce dernier, il ne voit parmi les Vers de Marseille, malgré quelques différences de coloration dépendant de l’âge, qu'une forme bien caractérisée à laquelle il convient de con- server le nom spécifique donné par de Quatrefages. M. Marion signale la surprenante particularité qu'offre l'appareil vasculaire de ce Némertien de contenir, au milieu d'un liquide inco- lore dans le sein duquel ils flottent sans direction constante, des glo- bules elliptiques, légèrement aplatis et d'une couleur rouge identique à celle du sang de l'homme. Leur grand diamètre est égal à Om®,01. À leur centre on voit une portion plus foncée, sans qu'il soit possible toutefois de distinguer les éléments d'une véritable cellule. — D'une Étude comparative sur l'homme et sur les animaux, au point de vue des signes ophthalmoscopiques de la mort (Compt. rend. Acad., 22 février 1875), M. Gayat est amené à conclure que les phénomènes oculaires invoqués jusqu'ici comme signes de la mort récente lui paraissent, tous, être soumis à l’action des causes extérieures, telles que la température de la salle de dépôt, la saison de l’année et le genre de mort. Aucun ne paraît assez constant, soit sous le rapport de la fréquence, soit relativement à l'époque de son apparition à partir du décès, pour pouvoir être regardé d’une facon utile comme un signe essentiellement certain de la cessation de la vie. — Une Note sur les Microzymas et les Bactéries (Compt. rend. Acad., 22 février 1875), à propos d'une remarque de M. Balard, est adressée par M. A. Béchamp. Le savant Professeur expose dans cette communication que, dès 1865, il a décrit. un nouvel organisme, passé inaperçu, quant à sa fonction, des chimistes et des physiologistes, et rappelle qu’à partir de cette époque, et même de 1857, il a le premier posé en principe que certaines granulations moléculaires, les micrOzymas, sont orga- nisées, vivantes et douées de toute l'activité des ferments figurés. Or, depuis 1868, MM. Béchamp et Estor s'efforcent de démontrer que le seul élément de l’organisation dont la vie persiste après la mort, est le microzyma, de même que pendant la vie c'est lui qui apparaît le premier, lorsqu'une cellule ou un tissu doit naître. Non-seulement ils ont prouvé que les microzymas peuvent évoluer en bactéries, TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 69 mais aussi que la transformation inverse peut se produire. Toute cellule animale peut se résoudre en microzymas, et ceux-ci, lés milieux étant convenables, évoluer en bactéries, pour revenir au microzyma. On parle de mort de vibrions, de bactéries : dans la réa- lité, il y a simplement régression. Pour M. Balard, d'après M. Pas- teur, les bactéries ne naissent dans un milieu que parce que l'air en a apporté les germes. Pour MM. Béchamp et Estor, ils peuvent avoir une autre origine. Nous rappellerons à cette occasion le Mémoire sur les microzymas, publié par notre ami le professeur Estor dans le premier volume de cette Revue (pag. 525). —M. de Lacaze-Duthiers (Compt. rend. Acad.,8 mars1875)démontre que la présence d'un rameau sanguin dans la tunique des Ascidies simples ne présente aucun obstacle au rapprochement de l'Acéphale et du Tunicier. On sait que ce rapprochement est contesté par les partisans de théories qui ont trouvé dans l'éminent zoologiste un de leurs adversaires les plus savants et les plus convaincus. C'est sur une Molgulide, présentant cette double exception que l'embryon est privé de queue et est aveugle, qu'ont porté les recher- ches que M. de Lacaze-Duthiers communique à l'Académie. La pro- digieuse facilité d'adhérence acquise par l'animal, en retour des orga- nes qu'il a perdus, permet d'étudier l'accroissement de la tunique et des vaisseaux sans qu'il soit masqué par les métamorphoses ordinai- res, dans le cas où les larves de Molgulides sont urodèles. Deux couches bien distinctes sont offertes par la larve lorsqu'elle va sortir de l'œuf : la couche ectodermique, représentant déjà le man- teau, et une masse blastémique interne, destinée, par l'évolution ulté- rieure, à produire les viscères. Après l'éclosion, on aperçoit, grandissant autour de l'embryon, une couche transparente, hyaline, qui «est la tunique, dont l'origine semble être une sorte d’excrétion à la surface des cellules du man- teau, qu'on voit toujours, qui ne changent pas de place pendant l'évolution, et cela absolument comme à la face interne de certains conduits excréteurs on voit se déposer une couche chitineuse, sans qu'on puisse rapporter la formation à une autre cause qu'à une sécré- tion, à une exsudation». Quelle que puisse être l'opinion des auteurs qui ont longuement discuté sur la nature histologique de cette matière, on doit recon- naître que les vaisseaux ont une origine très-spécialement distincte de la tunique elle-même, ; | 7Ù REVUE SCIENTIFIQUE. Le corps de la jeune Molgulide, au sortir de sa coque, d'ovoïde qu'il était, ne tarde pas à prendre une forme anguleuse et à présenter, dans certaines positions, la forme d'un tricorne analogue à celle de cer- tains grains de pollen. Si l’on suit le développement de l'embryon, on observe que les prolongements produits par chacun des angles qui semblent formés par la couche ectodermique du globe embryonnaire, refoulant devant eux la couche hyaline de matière cellulosique, sont l'origine des innombrables villosités qui couvriront l'adulte; «et, chose fort remar- quable et qui prouve bien la réalité de l'opinion soutenue ici, sur beaucoup d'individus on remarque que les villosités, après avoir pris un certain degré de développement, en dehors de la ligne de contour, se vident, c'est-à-dire que la partie centrale, celle qui dé- pend du manteau, celle qui les a produites, rentre et abandonne le revêtement qu'elle s'était fait avec la tunique qui reste saillante, et qui n’est plus alors une villosité complète.... Bien que la tunique soit produite par l'ectoderme ou mantean, il n'en est pas moins certain que l'indépendance de l'un et de l’autre est facile à con- stater ». Il en est de même des vaisseaux qui pénètrent la couche externe cartilagineuse, et, à l'aide de certaines préparations, on peut voir «que les parois des vaisseaux capillaires se sont rapprochées du centre de la cavité où elles sont logées, et se sont séparées de la tunique tout comme le manteau». « Or, c’est dans la partie centrale de ces prolongements de la cou- che cellulaire du manteau formant les villosités, comme il vient d’être dit, que se développent les capillaires, par un travail histo- génésique, auquel est due en même temps la production des globules du sang. Enfin, il résulte des recherches de M. de Lacaze-Duthiers que la couche palléale est distincte de la couche de la tunique, histologi- quement et génésiquement parlant, aussi bien chez l'adulte que chez l'embryon. IL « paraît donc tout naturel de considérer la tunique comme tout à fait distincte des vaisseaux qui la parcourent, de même qu'il faut considérer les vaisseaux comme des prolongements du manteau ayant pénétré dans la couche cellulosique primitive externe»; et dès-lors le rapprochement de l'Acéphale et du Tunicier ne semble plus irréalisable. — En offrant à l'Académie (Compt.rend. Acad., 26 avril 1875) le troi- sième volume de ses Archives de Zoologie expérimentule, M. de Lacaze- TRAVAUX FRANCAIS, —— ZOOLOGIE. : 71 Duthiers signale un fait curieux d’histologie observé chez la Molgu- lide, qui a été de sa part l’objet de remarquables études que nous ana- lyserons dans le prochain numéro de la Revue. La larve de la Molgulide en question «n’est point vagabonde : en sortant elle s'attache à tout; sa mère, vivant dans le sable, la rejette à la surface de la grève, et elle, qui n'est pas aussi grosse qu'une tête d'épingle, s'attache et reste ainsi sur le lieu de sa naissance. La mère meurt et disparaît brusquement vers la fin d'août ou le commentce- ment de septembre; c'est une destruction générale, on ne la retrouve plus dans les localités où quelque temps auparavant elle abondait », et jamais on n'aurait songé, si l'étude de cette espèce n'avait été suivie aussi assidûment qu'elle l’a été, à rechercher la larve dans de vastes étendues de grève. — M. Bocourt nous donne des détails sur les mœurs de l’Helo- derma horridum (Compt. rend. Acad., 15 mars 1875). L'Héloderme est un animal terrestre, dans toute l'acception du mot; aussi faut-il le chercher dans des endroits secs, à la lisière des bois ou dans les an- ciens défrichements, dont le sol est couvert de débris végétaux, de troncs pourris et de Graminées. Ce Reptile ne se laisse voir avec quelque fréquence que dans les temps de pluie. Son corps exhale ordinairement une odeur forte et nauséabonde, dont l'intensité aug- mente à l'époque où les deux sexes se recherchent pour l'accouple- ment. Quand l'animal est irrité, il s'échappe de sa gueule une bave gluante et blanchâtre. Les indigènes redoutent la morsure de l’Héloderme comme celle des Serpents les plus venimeux. Sans donner le moindre crédit aux récits qu'il a recueillis des naturels du pays, M. Bocourt n’est pas éloigné de croire que la bave visqueuse qui s'écoule de la gueule de l'animal, dans les moments d'excitation, ne soit douée d'une âcreté telle qu’elle ait pu, introduite dans l'économie, y occasionner des désordres dont la gravité aura été sans doute fort exagérée. M. F. Sumichrast, qui a fait des expériences sur la morsure d'un jeune Héloderme, admet que cette morsure est véritablement veni- meuse et cause de très-profonds et rapides désordres chez les ani- maux qui en sont l'objet. « La cannelure que l’on observe aux dents de ce Reptile n'offrirait-elle pas une analogie réelle avec le système dentaire des Ophidiens veuimeux ? » — C'est une question de savoir si, dans toutes les régions du globe, le même parasite a toujours le même hôte ou la même série 72 REVUE SCIENTIFIQUE. d'hôtes (Compt. rend. Acad., 15 mars 1875). M. A. Villot ne craint pas d'affirmer que, dans la plupart des cas, il ne saurait en être ainsi. Parmi les causes qui tendent constamment à modifier l'habitat des Vers parasites, se placent en première ligne les migrations que peu- vent effectuer les animaux qui les nourrissent. Or, ces migrations ne sont pas seulement de merveilleux agents de dissémination ; elles ont encore pour résultat de donner lieu à des mutations d'espèces, de genres ou même de familles. L'embryon qui sortira de l'œuf déposé dans les divers pays par un Oiseau voyageur, mêlé à ses excréments, pourra vivre et se développer dans une série d'hôtes différents. L'in- térêt qui s'attache à une faune helminthologique d'une contrée se comprend dès-lors suffisamment. M. Villot a entrepris une série de recherches sur les Helminthes libres ou parasites des côtes de Bretagne. Ses observations, en 1874, ont porté principalement sur les Nématoïdes marins et les Vers parasites des Oiseaux de rivage. Il ne donne d'abord que la liste des premiers, dont il a pu récueillir vingt etune espèces, parmi lesquelles dix connues et onze nouvelles pour la science. Sur ce nombre total, cinq se trouvent aussi dans la Méditerranée, deux vivent à la fois dans la Méditerranée, dans la Manche et dans la Baltique.Ges chiffres «ue doivent pas certainement être considérés comme l'expression exacte de la réalité ; mais ils suffisent pour nous montrer que chaque mer est caractérisée par une forte proportion d'espèces qui lui sont propres, et que les espèces dont l'habitat est pius étendu sont en même temps les espèces les plus communes, conformément à la règle générale». — Une seconde communication (Compt. rend. Acad., 26 avril 1875) est consacrée à compléter la première. Les Oiseaux de rivage qui vi- vent sur les plages de Roscoff nourrissent une foule d'Helminthes. L'auteur énumère d'abord trois espèces de Nématoïdes: Ascaris specu- ligera Rudolphi, A. hæteroura Creplia, Spiroptera aculeata Creplin, et, au nombre des Échinorynques, Echinorynchus linearis Wastrum, E. infiatus Creplin, Æ. polymorphus Bremser, £. strialus Goeze; le Sanderling des sables et le Tourne-Pierre vulgaire lui ont fourni deux espèces de ce groupe probablement inconnues. Le nombre des Cestoïdes aussi parasites des Oiseaux de rivage est considérable. On compte parmi eux, dans le genre Tænia: T. cras- sirostris Krabbe, T. filum Goeze, T. rectirostris Krabbe, T. nym- phæa Schrank, T. ericetorum Krabbe,T. inversa Rudolphi, T. lœvigata Rudolphi; et dans le genre Ophrycotyle, établi par Früs, en 1869, TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 73 0. proteus Früs, et une espèce nouvelle vivant dans l'intestin de la Barge rousse. Les parasites des Cétacés, sous-ordre des Cétodontes, ont été dans ces derniers temps recueillis avec soin, mais il est probable que l'on est encore bien loin de les connaître tous. M. Villot se propose de nous donner prochainement la description d'un singulier Ver trouvé dans un Dauphin ordinaire. Enfin il signale, en terminant, deux Cercaires inédites, dont les Rédies habitent dans les Mollusques marins. —1°« L'approvisionnement en oxygène du sang d'un individu placé sous une faible pression dépend à la fois de l'insuffisance du brasse- ment aéro-sanguin intra-pulmonaire et de la moindre capacité du sang pour l'oxygène; 2° au-dessus de la saturation par une atmos- phère d'air, l'oxygène en surcroît que la pression peut introduire dans le sang s y trouve exclusivement à l'état de dissolution dans le plasma et suit la loi de Dalton.» Ces deux propositions, démontrées par M. P. Bert dans ses Recherches sur la quantité d'oxygène que peut contenir le sang aux diverses pres- sions, sont accompagnées de la conclusion suivante (Compt.rend.Acad., 22 mars 1875): « Ilexiste une combinaison de l'oxygène avec l'hémo- globine qu'on obtient par l'agitation du sang et de l'air à la pression normale, et à laquelle un excès de pression ne peut rien ajouter. Cette combinaison reste stable à la température de 16°, sous des pres- sions croissantes jusqu'à un huitième d'atmosphère environ ; mais, à la température du corps des Mammifères, elle se dissout progressive- ment au fur et à mesure que la pression diminue.» — Aux travaux récents relatifs à l’'embryogénie des Gastéropodes, M. A. Giard (Compt.-rend. Acad., 22 mars 1875) ajoute l'étude du développement du groupe des Sigaretidæ. Aux Sigaretidæ appartient le Lamellaria perspicua, qui pond à Vimereux pendant les mois de février et mars, et qui creuse son nid dans les colonies d’Ascidies composées, dont il fait sa nourriture. «L'œuf ovarien présente une membrane vitelline; l'œuf pondu en est complétement dépourvu. Son contenu est formé surtout de globules graisseux qui ne laissent plus apercevoir la vésicule germinative. Au moment où le fractionnement va commencer, une tache d'un blanc mat apparaît sur la surface de l'œuf, pour disparaître bientôt après.» Deux parties résultent de ce fractionnement; la plus grosse se divise‘à son tour en deux, puis en trois. Entre les points de contact de ces quatre sphères, disposées en tétraèdre, prend naissance une IV. 6 74 REVUE SCIENTIFIQUE. petite cellule à protoplasma finement granuleux. La séparation du vitellus plastique et du vitellus nutritif ainsi opérée, les sphérules plastiques, qui se multiplient bien plus rapidement que les sphères nutritives, envahissent et recouvrent tout le vitellus nutritif, pour constituer l'exoderme; l'endoderme est formé par les sphères nu- tritives. Un épaississement de l’exoderme, qui se couvre de cils vibratils et se creuse d'une cavité (vésicule céphalique), est la première modi- fication qu'on observe après la segmentation. Bientôt l'ouverture buccale définitive se constitue par une invagination de l'exoderme, et le renflement céphalique ne tarde pas à se diviser en trois lobes, l’un médian et deux latéraux. L'embryon, absorbant les œufs rudimen- taires, tourne rapidement sur lui-même, tandis que des cellules, se détachant du feuillet exodermique, dans le lobe médian, et envoyant des prolongements qui les relient, d’une part à ce feuillet, d'autre part à l'invagination œsophagienne, forment le premier rudiment du feuillet moyen qui produira le système vasculaire. « Le pied dérive d'un épaississement de l'exoderme situé sous la bouche ;.... le système nerveux apparaît sous forme d'un renflement de l’exoderme situé de chaque côté, au point de jonction des lobes latéraux avec la vésicule céphalique». Les yeux naissent aux dépens de l’exoderme, à l'angle inférieur de ces renflements. Quant aux oto- cystes, ils apparaissent à la base du pied, au moment de la formation de celui-ci et avant l'existence de tout organe nerveux. Puis se montre l'estomac, qui se différencie aux dépens de l’endo- derme, et le rein, représenté par un amas de grosses cellules ; le reste des sphères endodermiques non différenciées donnera naissance pro- bablement aux organes génitaux. La cavité du manteau se forme par un développement fort rapide du bourrelet supérieur de la coquille. On remarque, au-dessous du tube digestif et le long de la partie in- férieure du pied, des sinus contractiles, première indication du sys- tème circulatoire. L'invagination préconchylienne n'est pas aussi accentuée chez le Lamellaria que chez certains Nudibranches où M. Giard a eu occa- sion de l’observer. Le rudiment de la première coquille, de forme nautiloïde, est constitué par une mince cuticule laissée libre par l'exoderme, qui se creuse légèrement. A la partie inférieure de l'em- bryon, tandis que les cellules exodermiques continuent leur sécrétion, se forme une seconde coquille, rappelant par son aspect celle de la Carinaire, intimement appliquée contre le corps de l'embryon: Une membrane très-mince réunit ces deux coquilles par leur ouverture. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 45 L'auteur ne pense pas que la seconde soit l'origine de la coquille cal- caire du Lamellaria adulte. Deux ou trois semaines sont nécessaires à l'accomplissement de l'embryogénie de ce dernier. — M. E. Faivre (Compt.-rend. Acad., 22? mars 1875) a repris, depuis quelques années, ses recherches sur l'Influence du système nerveux sur ia respiration du Dytiscus marginalis. Dans un travail présenté à l'Académie, Le 1* octobre 1860, l’auteur avait pour but de démontrer que, chez le Dytisque à l’état parfait, le ganglion métathoracique pré- side à l'excitation et à l'entretien les mouvements respiratoires que les ganglions abdominaux sont incapables par eux-mêmes d'entretenir. Un résultat contraire a été obtenu par Baudelot sur des larves de Libelluies. D'après ce savant, les mouvements respiratoires ne sont pas abolis par la séparation du ganglion métathoracique d'avec les ganglions abdominaux. M. Faivre, renouvelant ses expériences, persiste dans son opinion : des faits expérimentaux ne lui permettent pas de méconnaître le rôle du ganglion métathoracique dans la production et le maintien des mouvements respiratoires. Ce même résultat, selon lui, semble d’ail- leurs indiqué par l'intime association de l'acte respiratoire avec le vol et la natation, d'autre part par l'origine commune, sur la méta- thoracique, des nerfs des ailes inférieures et des pattes natatoires. . Les résultats obtenus par Baudelot sur les larves de Libellules prouvent, toujours d’après M. Faivre, que chez les Insectes placés, en ce qui concerne l'appareil et le mécanisme respiratoire, dans de tout autres conditions physiologiques, l'action des centres nerveux sur cette importante fonction peut s'exercer d'une manière différente. Ce moyen de conciliation entre les deux opinions appelle, selon nous, de nouvelles recherches confirmatives. — M. J.-D. Catta fait connaître (Compt.-rend. Acad., 29 mai 1875) que « des Amphipodes normaux sont déjà représentés, dans le golfe de Marseille, par une trentaine de genres, dont un au moins nouveau, et par soixante-dix à soixante-quinze espèces différentes. » Six espèces nouvelles et deux variétés, de formes surtout adria- tiques, donnent pour ainsi dire la physionomie de la faune locale. » Quant aux espèces déjà connues, deux appartiennent exclusive- ment à la mer Noire, une à l'Adriatique ; trois autres se retrouvent en Angleterre et en Scandinavie, cinq à Naples et dans l’Adriatique ; deux seulement existent à la fois dans ces deux dernières stations et dans les mers du Nord. Nul doute que, si la faune italienne était 76 REVUE SCIENTIFIQUE. mieux connue, ses liens ne parussent beaucoup plus nombreux avec celle du golfe de Marseille. » — «Les bruits du cœur (Compt.-rend. Acad., 5 avril 1875) sont pro- duits par la contraction rapide, violente des ventricules, toute contrac- tion rapide et violente produisant un bruit. — C'est un bruit à priori et non pas à posteriori, si l'on peut s'exprimer ainsi, primitif et non pas consécutif, comme on le croit. — La structure des oreillettes ne peut permettre la contraction. D'ailleurs, la contraction des oreillettes n'est pas nécessaire : le sang descend naturellement dans les ventri- cules par son propre poids. La contraction des oreillettes serait dan- gereuse en ce qu'elle pourrait refouler le sang dans les veines caves et dans les veines pulmonaires. — Le second temps est produit par la contraction du ventricule droit. » Telle est, d'après M. Dezantière, la manière la plus simple de se rendre compte des bruits du cœur et d'expliquer la cause qui les produit. —M. Edm. Perrier (Compt.-rend. Acad., 26 avril 1875) a eu la bonne fortune de trouver, à Roscoff, dans les produits des dragages orga- nisés d'une manière spéciale par M. de Lacaze-Duthiers, un nouveau type intermédiaire du sous-embranchement des Vers. Ce type se rapproche du genre Polygordius de Schneider, et est désigné par l’au- teur sous le nom de Polygordius Villoti. 7, La région moyenne du corps de cet animal, qui se distingue par sa taille des espèces voisines, n'a qu'un millimètre de diamètre; la région antérieure, allant en s'amincissant, donne naissance, par sa bifurcation, à deux petites cornes ; tandis que la région postérieure, s’amincissant également, est terminée en pointe dépourvue de papilles. Les sexes sont séparés, comme chez la plupart des Némertiens et des Annélides. Enfin, l'extrême agilité de ce Ver ne LeREERS pas d’être un des animaux les plus fragiles. « Extérieurement, le corps ne paraît pas annelé, la bouche est infère, un peu éloignée de l'extrémité antérieure du corps et de forme triangulaire ; on peut considérer comme un lobe céphalique la partie du corps qui se prolonge au-devant d'elle. Les yeux manquent, mais il existe de chaque côté, à peu près à la hauteur de la bouche, une fossette vibratile de forme ovale et dont le grand axe est vertical. Ces fossettes, le voisinage immédiat de la bouche et une petite partie de l'extrémité postérieure, sont les seules parties du corps qui présentent des cils vibratiles.....» TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. dr M. Perrier continue en nous donnantdes détails sur la cuticule, qui offre, comme chez la plupart des Annélides, un double système de stries notablement inclinées l’une sur l’autre. A l’entre-croisement d’un assez grand nombre de ces deux systèmes, on aperçoit l'orifice excréteur de petites glandes situées sous la couche sous-jacente, qui correspond à l’hypoderme des Annélides, au-dessous de laquelle est placée une couche de muscies transverses dont les fibres annulaires sont sur un seul plan. Quant aux muscles longitudinaux, disposés plus intérieurement en minces couches rayonrantes, ils ne ressem- blent en rien aux faisceaux musculaires de la plupart des Annélides et des Lombrics, et se rapprochent de ce que l’on voit chez les Néma- toïdes. « Mais c'est là le seul point de rapprochement qu’il soit pos- sible de trouver entre les animaux qui nous occupent et les Vers parasites. » L'auteur regarde comme le système nerveux un épaississement, le long de la ligne médiane ventrale, qui paraît au premier abord con- tinu avec l'hypoderme, mais qu'une analyse plus minutieuse montre avoir une constitution plus complexe. La cavité générale, primitive- ment partagée en quatre chambres longitudinales par deux cloisons partant du système nerveux, et une cloison verticale reliant l'in- testin aux téguments de la ligne que ndus venons d'indiquer, est, en second lieu, décomposée par des cloisons verticales, transversales, en anneaux identiques aux anneaux des Annélides. Nous n insisterons pas sur la conformation du tube digestif, ni sur celle de l'appareil vasculaire, qui semble plus compliqué que celui des congénères de l'espèce dont il s’agit. « Les éléments génitaux se développent sur les parois du corps et des cloisons longitudinales dans tous les anneaux qui suivent les quatre ou cinq premiers. Ils sont libres dans la cavité générale, où l'on voit chez les mâles flotter et s’agiter les queues des spermato- zoïdes comme une sorte de revêtement vibratile, alors que les têtes sont encore réunies en un même groupe soudé lui-même aux parois de la cavité. Les têtes des spermatozoïdes sont pointues à leur pôle opposé à la queue ; elles se renflent ensuite en sphère, puis s’élar- gissent un peu, de manière à former une sorte de disque du centre duquel part la queue. Des spermatozoïdes de cette forme ont été figurés chez quelques Annélides. Les œufs ont un vitellus de couleur orangée et souvent plusieurs taches germinatives. L'évacuation des produits de la génération se fait par l'intermédiaire d'organes segmentaires peu repliés sur eux-mêmes et vibratiles dans toute leur étendue .» Le Polygordius Villoti, par les caractères que nous avons indiqués, 78 REVUE SCIENTIFIQUE, se rapproche beaucoup des Annélides; d'autre part, « l'absence de soies locomotrices, la présence de fossettes vibratiles de chaque côté de la tête, tendraient à la faire rapprocher des Némertiens, d’où l’ex- clut à leur tour l'absence de cils vibratils sur les téguments et la net- teté du cloisonnement ». M. Perrier ne voit aucun caractère qui per- mette de le rapprocher d’une manière quelque peu nette des Néma- toïdes. — Enfin, nous mentionnerons, en terminant, une communication de MM. G. Hayem et A. Nachet, sur un nouveau procédé pour compter les globules du sang (Compt.-rend. Acad., 26 avril 1875), et une Note de M. Woillez (Jbid.), sur le spiroscope, appareil destiné à l'étude de l’auscultation, de l'anatomie et de la physiologie du poumon. E. DUBRUEIL. Botanique. M. Van Tieghem présente à l'Académie un résumé de ses observa- tions sur la fécondation des Basidiomycètest. Les espèces choisies comme sujet d'études sont le Coprinus epheme- roïides et radiatus du crottin de cheval. Faisant usage comme liquide nutritif de la décoction de crottin, l’auteur a employé la méthode des cultures cellulaires pures et monospermes, méthode qui lui est propre et qui, dit-il, ne comporte guère de causes d'erreur. Ces recherches, soumises à de nombreuses vérifications, ont démontré l'existence des organes mâles et femelles; et, la fécondation ayant été réalisée expéri- mentalement, M. Van Tieghem a pu observer les premières phases du développement du fruit. « Placée en cellule dans unegoutte de décoction de crottin, une spore fraîche de Coprinus ephemeroïdes germe bientôt et produit un mycélium rameux, cloisonné, anastomosé non-seulement de branche en branche, mais encore de cellule à cellule le long de chaque bran- che, et dont les tubes ont environ 0"",003 de diamètre.» Dans le plus grand nombre des cultures, quatre ou cinq jours après le semis, on voitles tubes du mycélium produire d’étroites baguettes insérées en bouquetau sommetd un rameau. Chaque baguettese divise { Compt.-rend. de l'Acad. des Sc., tom. LXXX. pag. 373, 8 février 1875. TRAVAUX FRANCAIS, -— BOTANIQUE. 79 nettement en deux articles ; la partie supérieure se détache, l'inférieure s'accroît par la base et reforme un article supérieur qui se sépare de nouveau. Enfin arrive un moment où l'article inférieur du bâtonnet se détache à son tour. Ces bâtonnets blancs, longs de 0"%,004 à 0,005, larges de 0,015, semés dans une décoction de crottin, u’ont pas germé. Il estimportant de remarquer qu'un même mycélium, issu d’une culture cellulaire et qui a donné naissance à des bâtonnets, n’ajamais produit autre chose, Dans certaines cultures moins nombreuses que les premières et faites simultanément, des résultats différents ont été observés: Du septième au huitième jour, certains rameaux latéraux se renflent en forme d'ampoule, séparée par une cloison du pédicelle. Ces renfle- ments sont pleins d'un protoplasma très-dense et sont souvent dis- posés en rosettes lâches; ils sont terminés par une papille homogène très-réfringente : on voit ces ampoules persister quelque temps, puis dépérir. M. Van Tieghem, ayant ainsi constaté deux sortes de culture à produits différents et stériles, eut l’idée de mettre en présence les bâtonnets issus de l’une d'elles, avec les ampoules produites par une culture contemporaine. Voici ce quil observa : Quand un seul bâtonnet est en contact avec une ampoule, il s’insère exactement sur la papille et se vide dans celle-ci. Quand, au contraire, il ya plusieurs bâtonnets, celui-là seul qui s'applique sur le bouton réfringent déverse son contenu dans la papille ; les autres restent pleins. À ce moment, on voit l’ampoule changer d'aspect, les vacuoles que l'on observait disparaissent, son protoplasma devient granuleux, trois cloisons se forment, et l'ampoule se trouve divisée en trois cellules, superposées en forme de tonneau. « La cellule basilaire, qui est aussi la plus étroite et la plus longue, suivie bientôt de la cellule médiane, pousse ensuite latéralement de gros rameaux arqués eux-mêmes, cloisonnés et rameux, qui se pressent l'un contre l’autre, de manière à former un petit tubercule blanc, commencement du fruit.» Ces expériences répétées ont toujours donné les mêmes résultats ; on a même pu produire une fécondation croisée, en saupoudrant les ampoules du Coprinus ephemeroïdes avec les bâtonnets du C. radiatus. «Ainsi donc, les bâtonnets sont des cellules mâles, des pollinides, au sens que M. Sirodot a donné à ce mot chez les Floridées ; le bou- quet de baguettes, avec le pédicelle qui les produit et les porte, est une anthéridie. Les ampoules sont des cellules femelles, des carpo- gones, et la courte papille qui les termine est une trichogyne rudi- mentaire. La fécondation s'opère par la conjugaison du pollinide avec 80 REVUE SCIENTIFIQUE. la papille du carpogone, à travers laquelle le pollinide déverse son protoplasma dans celui du carpogone. Le fruit provient et paraît pro- venir tout entier du développement immédiat du carpogone, fécondé par le poilinide. Enfin, dans mes cultures cellulaires, le mycélium des Coprinus ephemeroïdes et radiatus s'est montré dioïque, et cette circonstance a beaucoup contribué à la rigueur de la démonstra- tion. » — M. L. Lérolle‘, dans une Note sur la place à donner aux Gymno- spermes dans la classification naturelle, résume comme il suit les caractères d'infériorité de ce groupe, comparé à celui des Angio- spermes. «1° Manque de vaisseaux dans les couches d’accroissement de la tige ; 2° Feuilles remplacées par des productions appendiculaires géné- ralement contractées ou écailleuses ; 3° Manque de délimitation pré- cise entre les fleurs et l’inflorescence ; 4° Manque constant et dans les deux sexes d'enveloppes florales ; 5° Manque constant dans les fleurs femelles d’un péricarpe protégeant les graines ; 6° Multiplicité des embryons dans les graines ; 7° Enfin, manque de fixité dans le nombre des cotylédons, même chez les individus d'un même genre naturel.» D'après ces raisons, l’auteur croit devoir se ranger à l'opinion qui, confirmée par la paléontologie, tend à prévaloir dans la science, et assigne aux Gymnospermes une place eutre les Cryptogames et les Phanérogames Angiospermes monocotylédones et dicotvlédones. — M. H. Baillon?, revenant sur les expériences relatives à l'absor- ption par les plantes des liquides colorés, expose ses expériences sur l'absorption par les racines du Phytolacca decandra. La coloration de ce suc est due à une matière dissoute et non suspendue, laquelle, d'a- près le savant Professeur, n'est jamais absorbée directement par les racines non altérées. Il est probable que dans les expériences de Biot sur les Jacinthes, l'absorption se produisait jusque dansles sépales, vu qu'il employait des fleurs coupées. Cependant on peut encore obtenir une coloration de la fleur si on a soin de laisser le bulbe en contact par sa base avec le liquide. Mais c'est alors par la surface du plateau et non par les racines que l’absorption a lieu ; car, dans les expériences où celles-ci plongent seules dans le liquide suffisamment renouvelé, 1 Compl,-rend. de l'Acad. des Sc., tom: LXXX, pag. 384. 2 Jbid.,pag. 426. TRAYAUX FRANÇAIS. — BOTANIQUE. Re: pour empêcher toute altération, on voit les Jacinthes développer leurs feuilles et des fleurs incolores. C'est par la cicatrice du bulbe que peut se faire l'absorption et quand elle a déjà subi, sous l'influence du liquide, une altération plus ou moins grande de ses tissus, car dans quelques expériences la cicatrice elle-même n'a pas absorbé la matière colorante. Les expériences d'Unger ne prouvent pas l'absorption par les racines à l’état normal. En effet, il employait un vase planté de Jacinthes fleuries placé sur un plat creux qu'il remplissait de suc de Phyto- lacca: or dans ces conditions on réussit toujours, car le liquide coloré monte à travers la terre jusqu'à la cicatrice du plateau ; et d'ailleurs les racines, trop nombreuses dans la partie inférieure du vase, Sy altèrent rapidement au contact du liquide. | « Les racines ne sont donc pas seulement des organes d'absorption , ce sont encore des instruments dialyseurs, et l'on peut déjà prévoir le rôle que joueront les faits qui précèdent dans l'explication des phénomènes physiologiques dont ces organes sont le siége et peut-être aussi dans les applications industrielles. » — M. Kjellman! envoie à l'Académie une Note sur la végétation h1- vernale des Algues à Mosselbay (Spitzberg), d'après les observations faites pendant l'expédition polaire suédoise en 1872-73. Ces observations ont été faites à une époque de l’année où les ré- gions polaires sont plongées dans une obscurité continue et où la tem- pérature de la mer est inférieure à zéro. Le savant suédois a montré que la végétation hivernale des Algues se composait, à Mosselbay, des mêmes espèces que celles d'été ou d'automne. Les formes hivernales ne présentent pas en général des différences essentielles avec celles de ces dernières saisons ; chez une seule Floridée, l’Halosaccion ramentaceum, il existe une différence. Les individus pris en été et en automne présentent des prolifications qui manquent à ceux recueillis en hiver; chez les premiers, des tétra- spores se forment aux dépens de ces prolifications. On a pa recueillir des Algues en pleine activité vitale, en germi- nation ou à des phases diverses de développement, soit parmi les Flo- ridées ou les Fucacées. Un certain nombre d'espèces présentaient des organes reproducteurs variés, l'Eluchista lubrica en a même eu tout l'hiver, ainsi que quelques autres. On peut donc conclure que rien n'est changé dans la végétation et la reproduction des Algues en 1 Compt-rend. de l'Acad. des Sc., tom. LXXX, pag. 474. 82 REVUE SCIENTIFIQUE. hiver dans cesrégions, et mêmes certaines Phæozoosporacées, comme le Chœtopteris plumosa, ne possèdent de zoosporanges que du mois de novembre au mois d'avril. — Un nouveau Mémoire destiné à combattre la théorie des feuilles modifiées, est présenté par M. Trécul!. Il a pour titre : De la théorie carpellaire d'apres les Tiliacées. Nous trouvons dans ce travail une des- cription détaillée de la structure des organes floraux, enveloppes, étamines, carpelles, ainsi que le développement du fruit dans un cer- tain nombre d'espèces de la famille des Tiliacées. Le savant Académi- cien fait remarquer que la structure du fruit del’Entelea arborescens (qui a la plus grande ressemblance avec celui du Sparmannia) , ainsi que de ceux des Tilia, ne concorde par du tout avec la structure des feuilles. De l'étude de l'insertion de la nervure médiane des carpelles, surtout dans les Sparmannia, Entelea et la Grewia occidentalis, M. Trécul conclut que «cetteinsertion fournit une objection puissante contréla théorie des feuilles modifiées. D'après cette théorie, le carpelle étant une feuille, les faisceaux placentaires n’en seraient que les nervures latérales. Cette opinion ne saurait s'appliquer aux plantes que je viens de nommer, car en elles les faisceaux placentaires sont dans la prolongation de l'axe, tandis que les nervures médianes ne sont que rarement insérées sur cet axe». Rien, d'après l'auteur, ne prouve mieux la vanité de la distinction des axes et des appendices que «les faisceaux basilaires, supports des sépales, des pétales et des étamines, qui ont la constitution de petits axes ligneux avec rayons médullaires, et dont tous les éléments sont symé- triquement rangés autoar d'une ligne droite». Les parties de la fleur et les feuilles ne seraient donc que des formes particulières de rami- fication destinées à remplir diverses fonctions. — M. Eug. Fournier ? a observé un fait nouveau de Dimorphisme dans la famille des Graminées. | Les Paspalum diffèrent des Punicum en ce que, chez les premiers, la glume inférieure avorte. Chez certaines Graminées à épillets géminés, l'inférieur conserve seul le caractère des Panicum, et le supérieur, possédant une glume inférieure, rudimentaire ou nulle, se rapproche de l'épillet des Paspalum. 1 Compt.-rend. de l'Acad. des Sc. tom. LXXX, pag. 519. 2 Jbid., pag. 440. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 83 M. Fournier attribue ce dimorphisme à une fécondation croisée, et - propose de faire rentrer les espèces sur lesquelles on l observe dans un genre nouveau auquel il donne le nom de Dimorphostachys. Dans ce genre, rentrent les espèces connues : Panicum monosta- chyum, H BK, Paspalum pilosum, Lam., Paspalum Oajacense, Steud. et P. pedunculatum Poir., ainsi qu'un certain nombre d'espèces nouvelles provenant, comme les autres, de l'Amérique tropicale. Le genre Dimorphostachys établit un lien naturel entre la tribu des Panicées et celle des Andropogonées. — M. Prillieux envoie une Note sur les tumeurs produites dans le bois des Pommiers par le Puceron lanigère!. On voit souvent dépérir des Pommiers dont les branches portent des tumeurs volumineuses produites par les piqüres réitérées de cet nsecte. C'est généralement à la base et sur la face tournée vers le sol que le Puceron attaque les branches, et c'est à travers l'écorce jusque dans le cambium qu'il enfonce sa trompe. On peut constater ce fait en tuant avec de l’éther les Pucerons fixés, et en examinant des coupes des rameaux atteints. Il résulte des observations de l'habile botaniste qu'en compa- rant une tige non attaquée à un rameau atteint par le Puceron, on trouve des modifications profondes de la structure normale. L’écorce n’est pas ou est peu modifiée, mais le bois est compléte- ment altéré, quelquefois jusqu'à la moelle. Les couches ligneuses ont pris un aspect verdâtre; au lieu de fibres à paroïs épaisses, on y trouve des cellules à enveloppes minces, disposées en files rayonnantes allant du bois non altéré à l'écorce. La masse de la tumeur offre un aspect transparent, comme pulpeux. Dans les parties voisines, les fibres opaques sont remplacées aussi par des cellules à parois peu épaisses, remplies de fécule, mais les vaisseaux ne présentent aucune alté- ration. M. Prillieux trouve une grande analogie entre l’état de la tumeur, à cette première phase de son développement, etles foyers gommeux, qu'il a si bien étudiés dans les arbres fruitiers à noyaux. (Compt.- rend., tom. LXX VIII, janvier 1874.) Dans une deuxième phase d’altération des tissus, les vaisseaux eux-mêmes sont détruits; bientôt on ne peut distinguer les cellules ! Compt.-rend. de l’Acad. des Sc., tom. LXXX, pag. 896. 84 REVUE SCIENTIFIQUE. provenant des fibres transformées de celles appartenant aux rayons médullaires. Il y a comme une véritable dissection de tous les élé- ments anatomiques, qui présentent alors tous le même aspect. A la périphérie, près de l'écorce, on trouve des faisceaux vasculaires intacts, l'altération siégeant dans le bois ; quelquefois cependant la zone d’accroissement, irritée par les piqûres de l'Insecte, pourra pro- duire une tumeur superposée à la première. Mais, en général, le développement excessif de la tumeur profonde provoque le déchire- ment de l'écorce. Quand le froid survient, la végétation s'arrête, le tissu lâche de la tumeur se dessèche, et il se forme ainsi des crevasses dans lesquelles se réfugient les Pucerons, Mais au printemps, « du Jeune tissu se forme à la portée des Pu- cerons qui ont passé l'hiver dans les fentes des vieilles tumeurs et dans les crevasses de l'écorce; ils y enfoncent leur trompe, y font naître de nouvelles tumeurs qui, en se développant et se pressant les unes contre les autres, mais sans se confondre , produisent en somme ces gros renflements mamelonnés à l'intérieur desquels les Pucerons trouvent un abri assuré, tandis que les tumeurs élémen- taires, renaissant d'année en année, fournissent constamment aux générations successives de Pucerons une pâture toujours nouvelle.» — La Revue a déjà inséré, dans son numéro de mars, le travail du professeur Ch. Martins, sur un mode particulier d'exerétion de la gomme arabique par l'Acacia Verek du Sénégal, travail communiqué à l'Académie, à la séance du 15 mars 18751. — Sur l'ornementation des fibres ligneuses striées et leur association aux fibres ponctuées ordinaires dans le bois de certains genres de Conifères, tel est le titre d'une Note de M. de Saporta?. On avait depuis long- temps admis que la présence de fibres striées annulaires ou spi- ralées, associées aux fibres ponctuées, caractérisait le bois des Taxées. Mais M. Gœppert, dans son ouvrage sur les Conifères fossiles, a mon- tré que ce caractère existait aussi chez certaines Conifères proprement dites. M. de Saporta, recherchant les caractères propres à distinguer les bois fossiles, a repris cette question en employant des grossisse- ments de 400 fois ; voisi les intéressants résultats de ses recherches. Dans le groupe des Taxées, les fibres ligneuses striées présentent 1 Compt.-rend. de l'Acad. des Sciences, tom. LXXX, pag. 607. 2 Jbid., pag. 1105. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 8) à peu près le même aspect dans les genres Tazus et Cephalotaxzus, mais chez les Torreya les stries sont en forme de bandelettes trans- versales plus ou moins sinueuses ou comme plissées. Chez les autres Conifères, ces fibres n'existent que d’une facon irrégulière, sauf chez la plupart des Abiétinées. On n'a pas pu en découvrir dans les Podocarpus , les Araucariées , dans le bois des Sequoiées et Taxodiées. Chez les Cuprescinées elles sont très-rares ; M. de Saporta a décou- vert seulement quelques fibres striées en spirale, mais à ponctuations irrégulières dans le bois du Chamaæcyparis Lawsoniana Parl., ainsi que dans une tige de Sciadopytis verticillata. Le bois de deux ans du Cuninghamia sinensis R.B. contient des fibres striées qui rappellent sensiblement celles des Abiétinées, et notamment de l'Abies pinsapo Boiss. Sous ce rapport, ainsi que sous celui de la structure du liber et de la position des canaux résineux, les Cuninghamia se rapprochent des Abiétinées et s’éloignent des Sequoiées, tandis qu'au point de vue des organes reproducteurs les affinités sont inverses, Observées dans le bois des Abiétinées, les fibres striées ont paru très-rares et comme déformées chez les Tsuga; chez les Abies et les Pseudo-Tsuga, au contraire, les fibres rayées ou mouchetées sont très- fréquentes et présentent de curieuses variétés dans le Pseudo-Tsuga Donglasii Garr. Chez les genres Cedrus, Larix et Picea on trouve des fibres striées assoctées aux fibres ponctuées et présentant des aspects différents qui ne sont pas caractéristiques pour chaque genre, mais qui varient d'une espèce à une autre. Le bois des Pinus de la section des Strobus, P. excelsa. Wall., offre les fibres striées, mais à peine visibles. Dans les Pinus de la section des Taeda, P. sabiniana. Dougl., les cellules fibreuses sont sillonnées obliquement et présentent des rides tuberculeuses. Alfred FAURE. RG Géologie. — M.Milne-Edwards (Compt.-rend. Acad., 15 février 1875) présente à l’Académie l'extrait d'une Note de M. E. Rivière, sur le dépôt qua- ternaire supérieur à la brèche osseuse de Nice, ow brèche supérieure de Cuvier. La colline du Mont-du-Château, de Nice, avant sa destruc- tion partielle par suite des travaux qui y ont eu lieu, présentait des 86 : REVUE SCIENTIFIQUE. fissures de dimensions variables et des cavernes naturelles de 3 à 4 mètres d'ouverture. Les dépôts d'ossements qu'on y avait rencontrés autrefois appartiennent, suivant Cuvier, à deux brèches osseuses :. l'une, inférieure, rouge, compacte, très-dure, dans laquelle étaient cimentés les ossements de certains animaux et des coquilles de Mol- lusques terrestres ; l'autre, supérieure, brunâtre ou noirâtre, plus friable, renfermait des os parfois « aussi noirs que s'ils avaient été brûlés», et des coquilles marines. C’est dans celle-ci que Cuvier re- connut un fragment de max'llaire supérieur humain, des ossements de deux espèces de Cerf, qu'il ne crut pas européennes, et d’un Bœuf de forte taille, probablement le Bos primigenius. Le musée d'Histoire naturelle de Nice renferme en outre, prove- nant de ce dépôt supérieur, un fragment de défense d’Hippopotame, quatre dents molaires de Rhinoceros tichorhinus, des défenses d'Élé- phant, un maxillaire inférieur brisé et de nombreuses molaires de Sus, des dents de Cheval, de Bœuf, de Cerf, d'Antilope, avec quelques osse- ments brisés de quelques-uns de ces animaux, quelques ossements de petits Rongeurs et un grand nombre d’autres non encore détermi- nés. Les coquilles marines appartiennent aux genres Triton, Trochus, Haliotis, Patella, Pecten et Mytilus ; elles sont toutes méditerranéennes. D'après l'étude de ces ossements brisés ou fendus longitudinale- ment, quelques-uns agglutinés de matières terreuses brunes ou de cendres et de charbon, tous happant fortement à la langue, et ce fait que M. Ph. Gény a trouvé, dans ce même dépôt, plusieurs silex taillés, et entre autres un fragment ouvré comme ceux des grottes de Men- ton, M. Rivière conclut que l'on doit considérer le dépôt inférieur rouge comme la véritable brèche osseuse, et le dépôt supérieur comme formé par des accumulations de détritus dues à des peuplades quaternaires, analogues à celles de Menton et contemporaines des ossements et des coquilles de ce même gisement. — Sur la découverte de Batraciens proprement dits dans le terrain Primaire. Note de M. A. Gaupry, présentée par M. P. Gervais (Compt.- rend, 15 février 1875). Suivant M. Gaudry, ces petits Batraciens uro- dèles, très-voisins de nos Salamandres actuelles et trouvés dans le département de Saône-et-Loire, à Igornay et à Müillery, dans les schistes bitumineux de l'étage permien, appartiennent à la même espèce nouvelle, pour laquelle il propose le nom de Salamandrella Petrolei. Leur longueur ne dépasse par 30 ou 35 millim., bien qu'ils paraissent adultes. La tête est plus large que longue; elle est trian- gulaire et très-aplatie. Les orbites sont grandes et allongées ; on ne TRAVAUX FRANCAIS, — GÉOLOGIE. 87 voit pas de place pour les post-orbitaires et les sur-squameux, si déve- loppés chez les Ganocéphales. La vertèbre occipitale paraît avoir été bien formée. Les vertèbres (dont le centrum est ossitié) sont au nom- bre de 3 cervicales, 10 dorsales, 8 lombaires et 8 caudales; les cervicales et dorsales ont des côtes arquées, bien plus courtes que chez les Gano- céphales ; les caudales sont très-réduites. Membres égaux, munis de quatre doigts. Nul indice de l'entosternum et des épisternum des Ganocéphales et des Labyrinthodontes. Ce nouveau Batracien, de l’époque permienne, diffère sensiblement des Salamandres, auxquelles pourtant il ressemble beaucoup, par sa tête plus large, ses os à extrémités moins bien définies, ses membres postérieurs dirigés en arrière comme chez les animaux nageurs, ses vertèbres dorsales et lombaires plus courtes et plus nombreuses, ses vertèbres lombaires dépourvues de côtes, sa queue ne représentant que le 1/5 de la longueur totale de l'animal, tandis que dans les Sala- mandres elle en égale presque la moitié. M. Gaudry pense que l’Apateon pedestris décrit par Hermann de Meyer, en 1844, d’après une empreinte trouvée dans le terrain houil- ler de Münster-Appel, appartient à un groupe des Salamandres, et il ne serait pas éloigné de le croire identique à son Salamandrella Petrolei. Les schistes bitumineux d'Igornay et de Millery contiennent aussi des restes de Plantes, de nombreux Coprolithes et des Poissons (Palæo- niscus), un petit Crustacé, des vertèbres d'un Reptile inconnu et un morceau d’humérus ou de fémur dont la taille s'accorde avec cellede l'Actinodon Frossardi, Reptile Ganocéphale que M. Gaudry présenta à l’Académie en 1866, et qui provenait de Muse, dans le voisinage d'Igornay et de Millery. — M. P. Gervais (Compt.-rend. Acad., 15 février 1875) communi- que à l'Académie des détails recus de M. Taowas, vétérinaire de l’ar- mée, sur un grand Bœuf, le Bubalus antiquus, de Duvernoy, dont on vient de découvrir des ossements fossiles près de Djelfa (Algérie). Le B. antiquus n'était connu jusqu'ici que par une portion de crâne trouvée dans les environs de Sétif. — M.P, Gervais (Compt.-rend. Acad., 15 févier 1875) présente ensuite des figures de pierres taillées dans la forme des haches d’'4b- beville et de Saint-Acheul, et provenant des grottes d'Ousidan près de Tlemcen (Algérie). Ces figures lui ont été adressées par le D' Bleicher. 88 REVUE SCIENTIFIQUE. — M. DAuBréE communique à l'Académie (Comp.-rend., 22 février 1875) un Mémoire fort intéressant sur la formalion contemporaine, dans la source thermale de Bourbonne-les-Bains, de diverses espèces mi- nérales cristallisées. Au fond d’un ancien puisard, dit puisard romain, mis à sec pour y pratiquer des opérations de sondage, on a rencontré d'abord, dans une boue argileuse noirâtre, des végétaux, morceaux de bois, noyaux de fruits, etc.; puis plus bas, toujours dans la même boue, une quantité considérable de médailles romaines (4600), dont 4 en or, 256 en argent et le reste en bronze et en cuivre, des bagues, épingles, statuettes. Enfin, en dessous de ce niveau, des fragments de pierres, surtout de grès, cimentés par des substances d'un éclat métallique et parfaitement cristallisés, Ces minéraux métalliques qui ont incrusté et enveloppé un certain nombre de médailles auxquelles ils sont associés, se sont bien évidemment produits après l’'enfouisse- ment de celles-ci. M. Daubrée a reconnu parmi les échantillous qui lui ont été soumis : lo la chalkosine (cuivre sulfuré), en tables hexa- gonales, recouverte d'un enduit bleuâtre qui renferme de la covelline, sulfure naturel de cuivre, plus riche en soufre; 2° la chalcopyrite (cuivre pyriteux) en octaèdres ; 3° la philippsite (cuivre panaché) for- tement irisée, présentant des octaèdres réguliers et des tubes un peu courbes; enfin, 4° la fétraëdrite (cuivre gris antimonial) en tétraèdres réguliers. Il convient encore de signaler la présence de nombreux grains de quartz arrondis, à surface hérissée de cristaux et agglu- tinés par les sulfures ; d'autres consistent en cristaux bipyramidaux complets et isolés. Quelques-uns de ces grains de quartz pouvaient préexister ; mais d'autres, suivant M. Daubrée, paraissent plutôt dus à une cristallisation relativement récente. Voici comment M. Daubrée se rend compte de ces imitations con- temporaines des anciens gîtes métallifères. On sait que les sources thermales de Bourbonne-les-Bains jaillis- sent du grès bigarré. La température de l’eau, à son émergence dans le puisard romain, est de 60°. Elle contient en dissolution surtout des chlorures et des sulfates de chaux et de magnésie, des bromures et des carbonates de fer et de chaux, du silicate alcalin et des traces d'arsenic et de manganèse. Pour expliquer la formation {des miné- raux métalliques au milieu de la boue et aux dépens de l’eau miné- rale qui la traverse sans cesse, on est amené à admettre que, sous l'influence des matières végétales en présence, les sulfates en dissolu- tion se sont réduits en partie à l’état de sulfures L'antimoine de la tétraédrite, étranger du moins jusqu'ici aux eaux de Bourbonne, a dû très-vraisemblablement être emprunté aux objets enfouis dans TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 89 le puisard. Toutes les causes d'actions électro-chimiques étaient d'ail- leurs réunies dans les nombreuses pièces de métaux différents qui étaient enfouies dans l'argile et soumises à des eaux chargées de dis- solutions salines. — La continuation des travaux de captage dans le puisard de Bour- bonne-les-Bains a fourni à M. DauBrée (Compt.-rend., 16 mars 1875) les matériaux d'un nouveau Mémoire qui complète celui dont nous venons de donner l'analyse. Un fragment de plomb retiré du fond du puisard y était associé à du sulfate de plomb parsemé cà et là de cristaux octaédriques d’anglésite (plomb sulfaté) et à de la galène (plomb sulfuré). Des morceaux de fer et de chaînes qui garnissaient des pieux ont été entièrement changés en limonite parfois mamelon- née. M. Daubrée a, de plus, constati de la calcile (chaux carbonatée) tapissant des géodes avoisinant une pièce de bois, et de la pyrite (bisulfure de fer), à un niveau inférieur, au fond du bassin, dans les argiles supérieures du grès bigarré que traverse le sondage. Ici l'oxyde de fer, naturellement associé aux argiles, a dû passer à l'état de sul- fure, par suite de la réduction des sulfates en dissolution dans les eaux minérales. Dans les boursouflures causées par la cuisson des briques, qui, disséminées dans la chaux, constituent le béton formant le radier des galeries romaines, M. Daubrée a constaté un revêtement intérieur de chabasie ; ces cavités sont d'autres fois tapissées, ou même remplies d'un silicate hydraté. Enfin, dans la chaux même du béton se rencontrent de petits cristaux que M. Daubrée rapproche des cris- taux d'harmotome à base de chaux, ou christianile de Plombières. — Observations critiques sur la classification des Polypiers paléozot- ques de MM. Milne-Edwards et de Haiman, par M. G. Dozzrus (Compt.-rend. Acad., 15 mars 1875). L'auteur de ce Mémoire propose de diviser les Polypiers Rugueux (Actinozoaires) en deux classes :: 1° Espèces à système cloisonnaire irrégulier, toujours libres, spéciales aux anciens terrains, avec ou sans planchers (Zaphrentitiens et Cya- thaxoniens) ; 2° Espèces à système cloisonnaire régulier ( Cyatho- phylliens), à mode de groupement variable (Monoastrées, Disastrées, Polyastrées). Elles ne diffèrent des Zoanthaires Apores que par la pré- sence des planchers. Très-répandues dans les terrains anciens, ces espèces ne leur sont pas spéciales. Parmi les Tabulés , le groupe des Héliotitiens à cœnenchyme cellulaire et à planchers et cloisons rudimentaires est bien évi- demment le représentant ancien des Milléporiens actuels, en passant IV. 7 90 REVUE SCIENTIFIQUE. par l’intermédiaire des Pocilloporiens; et l'on sait queles Milléporiens doivent être considérés comme des Hydrozoaires. Le groupe des Tubuleux dressés, ou Syringoporiens, auquel il faut joindre les Thé- costégitiens encroûtants (Thecostegites-Conastegites) et les Aulopo- riens rampants, qui constituent les Zoanthaires tubulés, peut corres- pondre, jusqu'à un certaiy point, ou aux Bryozoaires du groupe des Hippothoa et des Idmonea, où aux Alcyonaires tubuliporides (Actino- zoaires), ou bien à l’une et à l’autre de ces formes, suivant ja présence ou l'absence des planchers. Le groupe des Chœætétiniens à murailles perforées, à planchers horizontaux, sans cloisons, se rallie étroitement aux Bryozoaires jurassiques des groupes des Heteropora, et aux Bryozaires crétacés nommés Radiopara, chez lesquels la présence de vrais planchers a été reconnue. Le groupe des Favositiens possède, quant aux planchers et à la dis- position générale, les mêmes rapports que le groupe précédent avec les Bryozoaires tubulinés (Cyclosiomata). Le groupe des Dendroporiens pourrait peut-être se placer dans le voisinage des Bryozoaires du type Hornera. Les Fénestrelliens, seuls Bryozoaires anciens reconnus jusqu'ici, ne se trouvent donc plus isolés. Si l’on ajoute à ces données l'opinion, généralement adoptée, qui consiste à regarder les Graptolites comme des Sertulariens (Hydrozoaires) et les Réceptaculites comme des Spongiaires, voisins des Ventriculites, on verra que les divers ordres des animaux inférieurs actuels ont eu leurs représentants normaux avant les périodes crétacée et jurassique. — Sur les puits naturels du calcaire grossier, par M. Stan. MEUNIER (Compt.-rend. Acad., 29 mars 1875). Contrairement à l'opinion énon- cée en 1842 (Bull. Soc. Géol.) par M. L. Blanc, opinion qui est aussi partagée par M. Melleville et plusieurs autres géologues, M. Meunier pense que ces puits, des portes mêmes de Paris, ne doivent pas être considérés comme des canaux d’éjection qui ont émis successivement les éléments des terrains parisiens, et qui sont plus tard devenus absorbants. Au contraire, il les regarde, avec d’Archiac, de Sénar- mont et bon nombre d'observateurs anglais, comme creusés par les eaux ruisselant à la surface. Les études qu'il a faites à ce sujet sur le petit coteau du fort d'Ivry et entre Valmondois et l'Isle-Adam (corroborées par des expériences faites sur des blocs de calcaire soumis à l’action de l'eau acidulée à divers degrés et arrivant sous des pres- TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 91 sions inégales, tantôt par-dessus, tantôt par-dessous), ne lui laissent aucun doute à ce sujet. Quant au remplissage, l'auteur du Mémoire admet pour les graviers, les sables et l'argile rouge qui le constituent, trois origines différentes : 1° Les graviers proviennent du diluvium. 20 Le sable présente nettement, dans une foule de points, le résidu même de la dissolution du calcaire ; ce qui engage l’auteur à le con- sidérer comme un simple produit de dénudation. M. Meunier fait observer qu'une bonne partie au moins des sables moyens doit résulter de la dénudation du calcaire grossier, à laquelle certains fossiles eux-mêmes ont pu résister. Dans les expériences, citées plus haut, de puits artificiellement forés dans le calcaire par l’eau arrivant par- dessus, ces puits étaient toujours remplis, à la partie inférieure, d'un sable quartzeux très-pur, analogue à celui des puits naturels d'Ivry: 3° Quant à l'argile rouge, qui paraît fournir à l’analyse les mêmes résultats que l'argile rouge nettement geysérienne qui accompagne la phosphorite, M. Meunier réserve la question de son origine pour une étude spéciale. — Dépôts salins des luves de la derniére éruption de Santorin. Note de M. F. Fouqué (Compt.-rend. Acad., 29 mars 1875). Au milieu des laves de cette dernière éruption, particulièrement sur celles qui appartiennent à l'un des centres éruptifs apparu sous la forme d’un ilot distinct (Aphroëssa), on trouvait, en 1867, des accumulations considérables de dépôts salins , le plus souvent d'une blancheur éblouissante. D'après M. Fouqué, une infiltration de l'eau de mer dans les pro- fondeurs du volcan une altération au contact de la lave incandes- cente éprouvée par les sels en dissolution dans cette eau , une modi- fication des sels volatilisés ou entraînés par les vapeurs après leur retour au contact de l'atmosphère : telles sont les actions successives qui peuvent servir à rendre compte des phénomènes observés. En présentant à l'Académie cette Note de M. Fouqué, M. Ch. Sainte- Claire Deville fait remarquer que le principal argument en faveur de l'ancienne théorie des infiltrations des eaux de la mer, rajeunie par Gay-Lussac et adoptée par MM. Abich, Fouqué et plusieurs autres vulcanistes distingués, se trouvait dans les analogies de nature et de proportion que l'on observait entre les acides et les bases des produits volcaniques et les sels contenus dans l'eau de la mer. Mais si, pour 92 REVUE SCIENTIFIQUE. expliquer la présence d’une quantité considérable de carbomate de maguésie (22 pour 100), de sulfate d'alumine et de fer, en même temps que la disparition de la potasse, il faut avoir recours, comme le fait M. Fouqué, à une série de transformations successives des éléments primitifs de l'eau de mer, M. Sainte-Claire se demande où sont les avantages de cette hypothèse. On peut se demander, comme le font d'autres géologues, si l'eau de mer n'est pas, au contraire , le résidu, l’eau-mère de toutes les réactions engendrées, sur la substance des roches éruptives, par les émanations que ces roches entraînent et amènent avec elles des profondeurs. D'ailleurs, si l'hypothèse de l'in- filtration des eaux de la mer présente déjà des difficultés au point de vue chimique, elle rencontre, pour certains volcans très-éloignés des rivages, des objections plus fortes encore. — Sur les fouilles exécutées à Mont-Dol ({le-et-Vilaine),par M. Siropor (Compt.-rend. Acad., 3 avril 1873). L'auteur de cette Note a déjà com- muniqué à l'Académie les résultats de ces fouilles faites dans un gisement quaternaire qui offre tous les caractères d'une station humaine préhistorique remontant à l'époque de l'Elephas primigenius. Les débris de Mammouth s'y trouvent en quantité prodigieuse. Les échantillons les plus remarquables composant, aux différents âges, le système complet des molaires, ont été réunis et assortis par le savant Professeur. L'émail plissé de quelques-unes de ces dents rappelle si exactement cette disposition, caractéristique chez l'Elephas Indicus, qu'il faut admettre, d'après M. Sirodot, que cette espèce vivante est déjà représentée à Mont-Dol. — Observations faites aux îles Saint-Paul et Amsterdam, par M Ch. V£LaiN (Compt.-rend. Acad., 19 avril 1875). L'île Saint-Paul est entiè- rement volcanique. C'estun. vaste cratère large de 1,200 à 1 300 mètres, dans lequel, par une large brèche, conséquence d’un effondrement de sa paroi vers l'est, la mer s'est introduite pour former ainsi un véritable lac intérieur. Dans la première période de l'histoire de ce volcan, les produits éruptifs, acides et vitreux, se composent de tufs ponceux, de ponces et d’obsidiennes. Ces éruptions sous-marines ont été accompagnées et suivies d'émission de roches trachytiques parti- culières. Dans la seconde, l'île prend la forme actuelle, et les produits (dolérites, basaltes et laves) sont cristallisés et basiques. Le pyroxène, l'olivine et le feldspath (triclinique et d'autant plus développé que la roche est relativement plus récente) y sont en cristaux plus ou moins apparents, noyés dans une pâte compacte, Enfin la troisième période TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 93 (époque actuelle) est marquée d'abord par des phénomènes geysériens intenses qui ont amené des masses considérables de silice et ont singulièrement modifié les roches préexistantes, et ensuite par un ralentissement graduel de l’activité volcanique. Celle-ci ne se révèle plus aujourd'hui que par des sources thermales et des dégagements gazeux abondants, qui se manifestent surtout dans la paroi inté- rieure de la partie nord du cratère, et qu'on ne peut observer facile- ment qu'à la marée basse. Ces phénomènes manquent absolument dans le sud. L'île d'Amsterdam, à vingt lieues au nord de Saint-Paul, est égale- ment d'origine volcanique , mais sa forme est toute différente. C'est une terre haute, dont la forme générale est rectangulaire. La seule- pointe saïillante qu elle présente est celle de la Recherche, au nord- ouest, qui se compose de coulées de laves compactes, disposées en gradins successifs. Dans l'ouest, un ébouiement a séparé de l'île un rocher abrupte formé de grandes colonnades basaltiques. Des falaises à pic, de 25 à 30 mètres, entourent l’île de toute part, sauf 300 ou 400 mètres au nord-est. Elles sont formées de coulées basaltiques, puis de laves alternant avec des scories. Dans toute la partie est, les pentes sont formées de grandes coulées de laves denses, très-feldspa - thiques, qui se creusent de longues galeries, quelques-unes effondrées el donnant lieu à des successions de cavernes. Par de larges fissures dirigées vers le nord-est, les laves se sont épanchées sur les flancs du volcan. Souvent des cônes de scories, produits secondaires des érup- tions, sont venus s’aligner sur ces fentes. Au sommet d'Amsterdam, se trouvent trois grandes chaussées ba- saltiques formant autant de plateaux. Toute activité volcanique est éteinte dans cette île. On n'y trouve ni traces de phénomènes geysériens, ni de sources thermales, ni de dégagements gazeux. Pourtant M. Vélain croit cette île plus récente que l’île Saint-Paul, dont les éruptions sous-marines et la masse tra- chytique s'étaient déjà fait jour, selon lui, quand les laves basaltiques d'Amsterdam sont apparues. — Sur la découverte de deux types nouveaux de Conifères dans les schistes permiens de Lodève (Hérault), par M. G. de Saporra (Compt.- rend. Acaid., 19 avril 1875). Le premier de ces types présente dans ses feuilles une analogie frappante avec le Ginkgo biloba S., type très-isolé dans la nature actuelle, mais qui, d'après les recherches récentes du professeur Heer, paraît avoir eu des représentants en Europe et à l'intérieur du cercle polaire arctique dès l'époque juras- 94 REVUE SCIENTIFIQUE. sique. M. de Saporta propose poar le type de Lodève, voisin du Ginkgo par ses feuilles, le nom de Ginkgophyllum Grasseli. Ces feuilles présentent aussi une ressemblance évidente avec les empreintes juras- siques du Jeanpaulia Münsteriana Pres]. (Baiera dichotoma, F. Braun) des schistes rhétiens de Franconie. Elles diffèrent des feuilles du Ginkgo, auquel elles confinent évidemment, par leur forme allongée et l'insertion des pétioles sur des coussinets décurrents. Le second spécimen de Lodève est bien plus étrange. Les feuilles, subdivisées en segments étroits, à l'aide de dichotomies successives, rappellent à l'esprit, au premier abord, celles de certaines Protéacées des genres Petrophila, Isopogon et Hakea. A l'aisselle de plusieurs de ces feuilles, on distingue des pédoncules supportant un bourgeon écailleux obtus, représentant probablement des inflorescences en voie de développement. (es dermers organes ressembleraient à ceux des Phyllocladus. Ges feuilles, que l’on ne peut rapprocher de celles d'au- cune Conifère vivante, présentent des analogies étroites avec les em- . preintes problématiques du Jeanpaulia Lindleyana, Schimp., de Scar- borough. M. de Saporta est disposé à considérer le second des deux spécimens de Lodève comme dénotant un type de Conifères depuis longtemps éteint, bien plus éloigné de notre Ginkgo que le premier, mais s’en rapprochant cependant encore par le mode de partition de ses feuilles, et ayant fait partie, à titre de genre distinct, de la même tribu, celle des Salisburiées. [Il propose de le nommer Tricopitys heteromorpha. — À l’occasion de la communication précédente, M. Brongniart fait connaître à l'Académie des observations de M. Grand Eury sur des plantes fossiles du terrain houiller de Saint-Étienne, fort analogues à celles de M. de Saporta, bien qu'en différant génériquement. Ces empreintes de tiges présentent des feuilles deux fois bifurquées ; M. Grand'Eury les range à la suite des Cordailes, avant les Walchia, parmi les Phanérogames gymnospernes, sous la nouvelle appellation générique de Dicranophyllum, à laquelle il a fini par substituer celle de Æotaxites. — Sur les dépôts glaciaires de la vallée inférieure du Tech (Compt.- rend. Acad., 26 avril 1875). M.E. Trutat, l’auteur de cette Note, apporte une nouvelle preuve à l'appui de l'opinion de certains géologues qu'il y aurait eu deux périodes glaciaires dans les Pyrénées, la plus an- cienne remontant à l'époque tertiaire. D' PALADILHE. 95 Réunion annuelle des Membres des Sociétés savantes _ départementales. Cette année, comme les années précédentes, a eu lieu à la Sorbonne la réunion des délégués des Sociétés savantes. M. Leverrier présidait la séance d'ouverture, le mercredi 31 mars. Après cette séance générale, MM. les délégués des différentes Sec- tions se rendent dans les salles qui leur sont réservées, afin de pro- céder à l’élection d'un président, d'un vice-président et d’un secré- taire. Dans la Section des Sciences naturelles, sont élus : Président, M. P. de Rouville ; Vice-président, M. Raulin ; Secrétaire, M. À. Barthélemy. La première séance de lectures a eu lieu sous la présidence de M. le Ministre de l'Instruction publique, qui, attendu pour le lendemain, arriva presque sans être annoncé. M. Wallon témoigna en quelques mots la satisfaction qu'il éprouvait à présider une aussi nombreuse réunion de savants. Cependant la minutieuse rigueur des précautions prises par certaines lignes de chemins de fer avaient justement blessé plusieurs membres des Sociétés des départements, et la réunion était un peu moins nombreuse que par le passé. M. J. Duval-Jouve, de Montpellier, présente une Étude sur l'histo- taxie de la feuille des Graminées, dans laquelle il s'attache à montrer le rapport des dispositions avec le besoin de la fonction, et en parti- culier le rapport des cellules bulliformes avec le mode de vernation et avec les mouvements du limbe. Cette communication est appuyée de dessins, de préparations microscopiques et de projections photo- graphiques avec clichés préparés par M. E. Guinard. M. Léon Vidal, de Marseille, entretient la Section d'un procédé au moyen duquel il reproduit mécaniquement et sans l'emploi du pinceau des épreuves photographiques en couleur. L'inventeur ex- pose des spécimens de toutes les phases de l'opération et déclare que la confection ne dépasse pas trois centimes l’exemplaire. M. le D’ Turrel, de Toulon, expose l'État actuel des Jardins d'accli- matation du Var. À ce sujet, il mentionne un nouvel Eucalyptus qui, outre ses effets fébrifuges bien connus, jouerait en quelque sorte le rôle de « repoussoir » du Phylloxera. L'orateur soutient, malgré quel- ques contradictions, que cet Insecte n’est qu'un effet et non une cause 96 REVUE SCIENTIFIQUE. de la maladie de la vigne, eLappuie son dire sur le conseil donné par l'Académie d'employer les engrais concurremment avec un insecti- cide. M. Doûmet-Adanson, de Cette, fait connaître ses vues sur la for- mation de certains lacs salés de la Tunisie. Get observateur repousse absolument l'idée qui attribue ces lacs salés à un mouvement géolo- gique qui aurait abaissé les terres vers la Méditerranée et exhaussé les contrées Sahariennes ; d'après lui, ces schotts seraient dus à la dissolution par les eaux et à l’accumulation dans leurs bassins de masses de sel provenant des gisements de sel gemme que renferment les montagnes environnantes. M. Garreau, membre de la Société des Sciences, d'Agriculture et des Arts, de Lille, traite de la rotation de l'oxygène et de l'acide car- bonique chez les animaux et les plantes. M. Ladrey, professeur de chimie à la Faculté des Sciences de Dijon, s'étend sur les mesures à prendre dès maintenant pour préserver du Phylloxera les départements dont les vignes ne sont pas encore atteintes par cet Insecte. D'après ses observations, il croit pouvoir affirmer que la cendre déposée au pied de la vigne est à la fois un préservatif et un remède. Il a constaté que, dans une vigne atteinte par ce fléau, les plants au pied desquels on avait déposé cette matière avaient été complétement préservés. M. E. Guinard, de Montpellier, communique à la Section de très- curieuses observations sur des cas tératologiques que présentent certaines Diatomacées. Des dessins élégants appuient cette commu- nication. M. Marion, chargé du cours de Zoologie à la Faculté des Sciences de Marseille, présente un remarquable travail sur les Némertiens inarmés et Les Némertiens armés, dont la différence anatomique consiste dans la structure de la trompe. Ils ont beaucoup de rapport avec un Cerebratulus décrit dans les ouvrages de M. de Quatrefages. M. Dalmas, membre de la Société des Sciences naturelles de l'Ar- dèche, établissant un parallèle entre l'organisation des Animaux et celle des Végétaux, expose que les cellules des uns et des autres ont entre elles beaucoup d'analogie, car le suc chez les uns et le sang chez les autres étant nécessaires à leur nutrition personnelle, il s'ensuit que, bien qu'ayant des caractères différents, ils jouissent néanmoins de propriétés identiques. M. de Rouville, Professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, en présentant les quatre Cartes géologiques des arrondissements du RÉUNION DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 97 département de l'Hérault, fait part du résultat de ses observations sur les nombreuses formations géologiques qui composent ce département. Cette communication est complétée par un exposé des essais de cartes communales et cantonales dressées avec le concours des instituteurs, et devant servir, d'une part, à l'enseignement de la géographie, de l'autre, à l'établissement d'une statistique départementale, incessam- ment tenue au courant des modifications nouvelles. M. le D' Sicard, vice-président du Comité médical des Bouches-du- Rhône, expose les résultats de dix années d’études pratiques sur l’eau de la Méditerranée conservée à domicile, sur les plantes qui peuvent y vivre et qu il a pu ainsi étudier chez lui. M. Raulin entretient la réunion sur le régime des pluies à la sur- face des Alpes. M. Sirodot mentionne les résultats généraux de fouilles exécutées à Mont-Dol (Ille-et-Vilaine). M. Sabatier, professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, communique un travail sur la partie du cerveau des Mammifères nommée à tort circonvolut:on de l’hippocampe. M. Barthélemy fait connaître les résultats de ses études sur la respiration des plantes. M. Gos-elet indique ses recherches et ses opinions sur le devonien des environs de Maubeuge. , M. Collot expose ses observations sur la partie inférieure des ter- rains Jurassiques dans les environs de Saint-Chinian et dans ceux de Lodève, où une lacune existe entre l'infrà-lias et les couches les plus récentes du lias moyen. M. Gachassin-Lafite fait connaître qu'en greffant des racines des cépages américains sur des plants de vignes françaises, on combattrait efficacement les attaques du Phyllotera. Cette communication pro- voue quelques questions de la part de M. Doûmet-Adanson. M. Dollfus, en son nom et en celui de M. Vieillard, communique une Étule géologique sur les terrains crélacés et tertiaires du Cotentin. M. Chanel expose un prorédé de conservation des collections d'In- sectes, avec pièces à l'appui. M. Valéry-Ma yet? litun intéressant Mémoire sur les métamorphoses 1 Voir Compt.-rend. de l'Acad. Géolog. 2 Ce Mémoire sera prochainement publié dans la Revue, ainsi que la commu- nication de MM. N. Doùmet et E. Guinard. E. DuBRuEIL. IV. 8 98 REVUE SCIENTIFIQUE. du Sitaris Colletis. Cette espèce a été découverte par lui, auprès de Montpellier, dans les cellules d’une Abeille pionnière, le Colletes succinclus. M.Delfortrie'signale la découverte d’un squelette entierde Rytiodus, à Saint-Morillon (Gironde). M. Deloye est l’auteur d’une Étude du devonien dans le nord du dé- partement d'Ille-et-Vilaine. M. G. Fabre, en présentant une carte géologique du canton de Mende, donne un apercu de la constitution géologique et agrono- mique de ce canton. M. Filhol entretient la réunion de la différence que présentent les propriétés physiques de la chlorophylle, suivant qu’elle est extraite des Monocotylédonnés ou des Dicotylédonnés. Enfin, M. Truchot traite du rôle de la désagrégation des roches d'Au- vergne dans la formation des terres arables. Tel est le compte rendu très-succinct des communications ayant irait aux Sciences Naturelles, qui ont été faites à la réunion des Sociétés savantes. P::5: Paris, le 11 avril 1875. TS TRAVAUX ÉTRANGERS. SOCIÉTÉS D'HISTOIRE NATURELLE DE LONDRES : (1875). I. ZOOLOGIE. 1. SOCIÉTÉ ROYALE. Séance du 21 janvier. — Sur l'anatomie des tissus connectifs, par le D' G. Thin. — Des tissus animaux transparents mis à tremper, tout frais, dans du sérum de sang, dans un flacon dont le bouchon de verre est scellé avec du noir de Bruuswick, subissent une série de changements lents par suite desquels (dans un espace de temps qui peut varier de deux à cinq jours) des éléments anatomiques, sans cela invisibles, deviennent distincts. Le D" Thin décrit les résul- tats de l’application de son procédé à des sections de la cornée où l'on 1 Nous donnons, dans cette Revue, le compte-rendu des Communications faites à la Société pendant le premier trimestre de l’année 1875. TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 99 voit, au bout d'environ vingt-quatre heures, que les cellules à bran- ches étoilées consistent en masses de protoplasma très-nettement limi- tées. Il a soumis au même traitement le névrilemme des tendons, et tissu fibrillaire, des faisceaux nerveux, de la fibre musculaire, et compare les résultats avec ceux que l'on a obtenus par les autres méthodes. Séance du 4 février. — M. William B. Carpenter présente des Remarques sur les Notes préliminaires du professeur Wyville Thomson, relatives à la nature des fonds de mer rapportés par les sondages du Challenger. Contrairement à l'opinion émise par le professeur Thom- son au sujet des Globigérines, il établit, en s'appuyant sur des faits, que, tandis que ces petits animaux sont pélagiques à une certaine époque de leur existence et fréquentent les couches supérieures de l'Océan, ils tombent au fond à une période plus avancée de leur vie, par suite de l'augmentation d'épaisseur de leurs coquilles calcaires, etque non-seulement ils continuent à y vivre, mais probablement qu'ils y multiplient , et que peut-être ce n'est que là, exclusivement, que leur multiplication a lieu. Cette propagation s’effectue-t-elle par gemmation ou par génération sexuelle? On n’en sait rien encore. Toujours est-il que, lors de la troisième croisière du Porcupine, en 1869, M. Carpenter a pu observer que l'eau rapportée, par la bouteille, des profondeurs immédiatement supérieures à la boue à Globigérines était complétement trouble, et que, par la filtration, on obtenait une eau parfaitement limpide, tandis que ce qui restait sur le filtre n'était autre chose qu'une multitude innombrable de très-jeunes Globigérines bien évidemment destinées à s'élever plus tard vers les couches supé- rieures de l'Océan et à y passer une partie de leur vie. D'un autre côté, les conditions normales et physiologiques du sarcode contenu dans les coquilles épaissies de Globigérines rapportées du fond par la drague ou les appareils de sondage, ne permettent pas de douter que ces ani- maux, tombés au fond, continuent à y vivre jusqu'au terme de leur existence. M. Carpenter prouve ensuite que la relation entre la faune de la surface et le dépôt du fond des mers est loin d'être aussi constante que l’affirment le professeur Thomson et M. Murray. Il est démontré qu'il existe des Foraminifères dans la Méditerranée. Les Globigérines abondent, suivant Hæckel, à la surface de ses eaux près de Messine. D'un autre côté, il faut tenir compte de l'influx si considérable des eaux de l'Atlantique entrant constamment par le détroit de Gibraltar et se répandant dans toute la Méditerranée. Si donc la doctrine sou- 100 REVUE SCIENTIFIQUE. tenue par le professeur Thomson était correcte, on devrait s'attendre à y trouver la boue à Globigérines aussi abondamment que dans l’At- lantique sous des latitudes correspondantes. [l n'en est rien pourtant; et, à 300 brasses et en dessous, l’auteur, aussi bien qu'Oscar Smith, a toujours trouvé le fond de la Méditerranée dépourvu de Globigérines ainsi que des formes plus élevées de la vie animale. M. Carpenter attribue ce fait: {eo au dépôt graduel de sédiment fin formant la couche de boue inorganique qui recouvre partout le lit de cette mer à ces profondeurs; et 2° au défaut d'oxygène et à l'excès d'acide carbonique dans ses eaux profondes , ce qui lui donne, à ces points de vue, les caractères d’un étang. Comment se rendre compte aussi, d'après les idées du professeur Thomson, de ce qu'on observe entre le nord de l'Écosse et les îles Faéroé, savoir: conditions partout identiques à la surface de la mer, et pourtant absence complète de boue à Globigérines dans la portion froide du fond, tandis que cette boue présente une épaisseur si considérable dans la portion chaude ? M. Carpenter termine en émettant l'opinion que si (comme il est disposé à le croire) l'argile rouge dérive de la boue à Globigérines, sa production est plus probablement due à un dépôt effectué, après la mort de l’animal, dans les chambres des coquilles de ces Foramini- fères, qu à une appropriation que s’ex seraient faite ces animaux p2ni- dant leur vie dans la formation de leurs tests. Ce dépôt aurait pu présenter en premier lieu les caractères des silicates d’alumine et de fer, vert ou ochracé, et, plus tard, avoir perdu ces caractères par une action métamorphique. La présence d'un excès d'acide carbonique jouerait un grand rôle dans cette mélamorphose, et le même agent, surtout opérant sous une grande pression, peut parfaitement rendre compte de la disparition du test calcaire, vu que, à de grandes pro- fondeurs, il n y a pas possibilité d’'invoquer des causes mécaniques. Mais dans des eaux moins profondes, où ne se présente pas cet excès d'acide carbonique et où la pression est bien moins considérable, où les marées et les courants produisent un mouvement continuel sur le fond de la mer, M. Carpenter est plutôt disposé à regarder la dispa- rition des coquilles comme le résultat d'une abrasion mécanique. Séance du 11 février. — Struciure et développement des Myrio- thela, par le professeur Allman. Suivant le savant Professeur, l'endo- derme du corps se compose de couches nombreuses de grandes cellules sphériques de protoplasma; il se continue à l'extérieur, avec des altérations de forme, pour constituer les tentacules, tandis que, TRAVAUX ÉTRANGERS, — ZOOLOGIE. 101 à l'intérieur, il donne naissance à des processus villiformes au se projettent dans la cavité du corps. Entre l'endoderme et l'ectoderme, on trouve la couche fibrillaire, qui consiste en fibrilles musculaires longitudinales, adhérant d'une mauière intime à la surface extérieure de la membrane hyaline anhiste (Stützlamelle, de Reichert). L'ectoderme se compose de petites cellules rondes renfermant des granules jaunâtres. On peut voir, parmi celles-ci, les cellules fili- formes rapprochées surtout de la surface extérieure du corps. Les couches les plus profondes de l'ectoderme consistent en cellules prolongées en un processus caudiforme, qui les fait ressembler à une massue. Les sporosacs, mâles et femelles, sont portés par le trophosome. Les éléments générateurs, soit mâles, soit femelles, sont engendrés dans une cavité spéciale (chambre gonogénétique) formée dans la substance de l'endoderme du sporosac. Immédiatement après son expulsion, elle est saisie par les extrémités en suçoir de certains or- ganes fort remarquables (claspers) qui se développent parmi les blastostyles et ressemblent à de longs tentacules filiformes et très- contractiles. L'actinuloïde, au moment où il s'échappe de sa capsule, est pourvu non-seulement de longs bras, mais encore çà et là de courts tentacules claviformes. Ceux-ci deviennent les tentacules permanents de l'Hy- droïde complétement développé. Les longs bras ne sont qu'embryon- naires et transitoires ; ils s’engendrent dans la Planula sphéroïdale. Ils sout formés par une véritable invagiuation, et se développent d'abord en dedans vers l'intérieur de la cavité du corps de la Planula. Ce n'est qu'au moment où l'actinuloïde va s'échapper de sa capsule, qu'ils s'évaginent et deviennent extérieurs. Après avoir joui deux ou trois jours d'une existence libre, se servant, comme moyen de locomotion, de ses longs bras, l'embryon se fixe par son extrémité, les longs bras disparaissent peu à peu, les courts tentacules permanents augmentent en nombre, et l'animal acquiert bientôt la forme caractéristique de l’état adulte. Séance du 18 février.— Sur la nature et l'action physiologiques du venin du Crotale comparé avec celui du Naja tripudians et d’autres serpents venimeux de l'Inde, par T. Lauder Bruntonet le D'J. Fayrer. Suivant ces auteurs il y a, d’une manière générale, peu de différence entre les effets physiologiques du venin crotalin ou vipérin et ceux du venin colubrin. Le venin du Cobra, du Daboia et d'Hydrophis cause 102 REVUE SCIENTIFIQUE. la mort par son action sur le centre nerveux cérébro-spinal, plus particulièrement sur la moelle épinière, ce qui amène une paralysie de la respiration; ou 2° dans quelques cas où le poison a pénétré plus abondamment dans le système circulatoire et est arrivé plus directement au cœur, par l'arrêt de l'action cardiaque, arrêt produit d’une manière tétanique pendant la systole, par suite sans doute d’une action exercée sur les ganglions cardiaques ; 3° par l'action combinée de ces deux causes ; 4° par une condition septique, de nature secondaire, qui, plus essentiellement pathologique, a dû être mise de côté par les auteurs du Mémoire. : Il est probable que la mort est causée de la même manière par le venin du Crotale, et qu'il en est de même de celui du Pseudechis por- phyriacus où Serpent-noir, et de l'Hoplocephalus curtus ou Serpent- tigre, d'Australie. Mais quoique la cause réelle de la mort soit essentiellement la même dans tous ces cas, les phénomènes qui la précèdent ou qui la suivent diffèrent suivant la nature du venin. Ainsi, dans les cas d ino- culation du venin du Serpent à sonnettes, on observe une plus grande tendance aux hémorrhagies locales et générales et à une extravasation du sang et de sa matière colorante dans le péritoine, les intestins et le mésentère, etc., et une action plus directe sur la moelle allongée que dans les cas d’empoisonnement par le virus du Cobra ou de la Vipère. Le poison du Cobra paraît surpasser en énergie active celui du Crotale. Un gastrocnémien de Grenouille plongé dans une solution aqueuse de venin de Cobra, se contracte immédiatement et perd son irrita- bilité bien plus vite qu'un même muscle plongé dans de l'eau pure. Ce venin à paru stimuler d'abord, puis paralyser les mouvements des cils de la bouche d'une Grenouille. Il arrête presque instantanément les mouvements des Infusoires et de leurs cils vibratiles; mais les cils du manteau d'un Mollusque fluviatile ont continué à se mouvoir pendant plusieurs heures dans une solution très-concentrée de ce poison. On n'a observé aucune action distincte sur les globules blancs du sang, et presque aucune sur les mouvements des granules de l'in- térieur des cellules de la Vallisneria spiralis, qui se sont continués pendant deux heures. Séance du 18 mars. — Le D' Michael Foster et M. A.-G. Dew Smith présentent des considérations fort intéressantes sur les Effets des courants électriques sur le cœur des Mollusques. Teurs observations ont été faites principalement sur le cœur de l'Hehix aspersa. Ils ont Lé TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 103 corroboré les principaux résultats qu'ils ont aussi obtenus par des études faites sur le cœur de la Seiche et celui de l’Aplysie. Dans leur conclusion, les auteurs, regardant le battement rhythmique du cœur de l'Escargot (qu'ils ne croient pas contenir de structures nerveuses différentielles) comme un mouvement purement protoplasmique, appellent l'attention sur ce qu'on peut désigner sous le nom de prin- cipe de continuité physiologique, et offrent des aperçus fort ingénieux pour définir d'une manière exacte la fonction des ganglions intrin- sèques du cœur des Vertébrés et d'autres organes doués de battements spontanés. 2. SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE. Séance du 3 janvier. — Lecture d’une lettre du D: George Ben- nett, de Sydney, sur un Coléoptère indien (Chrysocroa ocellata) récolté vivant dans le golfe du Bengale, à quatre-vingt-onze lieues de la terre la plus voisine, par le capitaine Payne. — Lettre de M. Ander- son, de Futteyghur {Indes-Orientales), sur les œufs et le jeune âge du Gavial (Gavialis Gangeticus). — Le Secrétaire de la Société lit une lettre du marquis de Normanby, gouverneur de Queensland, qui an- nonce quil a confié aux soins du capitaine Carter, du vaisseau Le Ramsay, un magnifique exemplaire de Casoar australien (Casuarius Australis) dont il fait don à la collection de la Société. — Lecture d'une communication de M. A.-G. Butler, dans laquelle il donne les descriptions de 33 nouvelles espèces de Sphyngidæ de la col- lection du Muséum Britannique. — Communication de M. Andrew Anderson, de Futteyghur, contenant des corrections et des additions à son Mémoire sur les Oiseaux de proie du nord-ouest de l'Inde. — Communication de M. E.-L. Layard, consul pour les îles Fidgi et Tonga, renfermant des observations ornithologiques faites dans les îles Fidgi, et les descriptions de quelques espèces supposées nou- velles. Séance du 19 janvier. — Un correspondant de Ternate (Molu- ques) écrit à la Société qu'il possède des spécimens vivants de quatre Oiseaux du Paradis (Paradisea Papuana, Seleucides alba, Diphyllodes speciosa et Ptilorhis magnifica). — Lecture d'une communication de M. J. Brazier, de Sydney (N.-Galles du Sud). Il décrit dix espèces nouvelles de Mollusques Australiens de la collection de M. A. Coxen, de Brisbane, Queensland. — Description de quatre nouvelles espè- ces de Papillons du genre Protogonius, de la collection de M. H. Druce. — Communication de Messrs. P.-L. Sclater et O. Salvin, con- tenant la description de trois nouvelles espèces d'Oiseaux, de l’Amé- 104 REVUE SCIENTIFIQUE. rique du Sud, pour lesquelles ils proposent les noms de Microcerculus squammulailus, Automolus strialiceps, et Tigrisoma Salmoni. — Le pro- fesscur Newton donne des détails sur un manuscrit qui se trouve, en France, dans les Archives de la Marine. Ce manuscrit renferme quel- ques matériaux de plus sur la faune primitive de l'île Rodrigue, et des renseignements sur les Oiseaux terrestres de cette île, sur le Soli- taire (£rythromachus Lequati, À. Miln. Edw.) et quelques autres for- mes éteintes. — M. van Musschenbrock, résident hollandais à Ter- nate, a envoyé au D' A -B. Meyer, Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle de Dresde, les peaux d’une nouvelle espèce d'Oiseau du Paradis pour laqrelle on propose le nom de Diphyllodes Gulielmi 111. Cette espèce habite les montagnes intérieures de l’est de Waigiou.— Communication du Major H.-H. Godwin Austen, contenant un Sup- plément à son Mémoire sur les espèces d'Helicidæ du sous-genre Plec- topylis. Séance du 2 février. — M. Sclater présente à la Société une belle peau et un crâne d'une femelle d'Huemul (Cervus Chilensis) et les cor- nes d'un mâle adulte, objets qu'il a reças de M. Edwyn-C. Reed, du Musée National de Santiago (Chili), — sur la Déformation de quelques sternums de volailles, par le D'E. Hamilton. — Le professeur A.-H, Garrod lit un Mémoire sur le Kanguroo nommé par d’Albertis Halma- turus lucluosus, et ses affinités. I] fait voir, par la forme des prémolaires et des molaires, la nature de la fourrure et quelques autres détails, que cette espèce doit être placée dans le genre Dorcopsis, avec la seule au- tre espèce connue de ce genre (D. Brunii, Müll., ou mieux D. Mülleri, Schlegsel), sous le nom de Dorcopsis luctuosa. Ce genre Dorcopsis con- stitue, avec le genre Dendrolaqus,un groupe indépendant, bien carac- térisé, des Marsupiaux Macropoïdes. — Notes de M. Sclater sur quelques espèces rares de Perroquets vivant actuellement dans les Jardins de la Société, plus particulièrement sur des spécimens du Cacatoës de Goffin (Cacalua Goffini) et du Perroquet de Bouquet {Chrysotis Bouqueti).— Lecture d'une communication de M. Edward Bartlett, conservateur du Muséum et de la Bibliothèque publiques de Maidstone, avec une liste des Mammifères et Oiseaux recueillis par M. Waters dans l’île de Madagascar. Parmi les premiers, figure un bel exemplaire adulte du Cochon-de-Rivière de Madagascar (Pota- mochærus Edwardsi).— Communication de M. E.-P. Ramsay, conte- nant des remarques sur une peau de Piilonorhynchus Rawnsleyi, Oiseau qu'il regarde comme un hybride du Ptilonorhynchus holosericeus et du Sericulus chrysocephalus.—Contributions à l’Ornithologie de Madagascar, TRAVAUX ÉTRANGERS.— ZO0O0LOGIE. 105 quatrième communication faite à ce sujet par M. R.-Bowdler Sharpe. Ge dernier Mémoire renferme la description d’une nouvelle forme d'Accipitre pour laquelle l'auteur propose le nom de Eutriorchis astur, d'une espèce nouvelle d’Atelornis (A. Crossleyi) et d’une forme de Nectariniidæ qu'il désigne par le nom de Neodrepanis coruscans. — Le D'Günther donne lecture d'un Mémoire sur quelques Mammifères récemment récoltés à Madagascar par M. Crossley, parmi lesquels se trouvent un nouveau Lemur (Chirogaleus trichotis) et une nouvelle forme de Rongeur de la famille des Muridées ( Brachytarsomys albi- cauda ). Séance du 16 février. — Le D' Sclater présente à la Société un dessin d’une espèce de Rhinocéros originaire du Terai de Bhootan et supposée nouvelle. Ce dessin lui a été expédié, de Calcutta, par M. W. Jamrach, qui possède l'animal en question et se propose de le con- duire en Angleterre. — M. Sclater fait quelques remarques sur le Toupaye de Pégu (Tupaca Pequana) présenté à la Société par l'Hon. Ashley Eden, commissaire en chef à Rangoon (Burmah anglais). Il pense que c'est la première espèce de ce genre qui ait été apportée en Europe. — Lecture par M. A.-H. Garrod sur un point relatif au mécanisme de l'aile des Oiseaux, et qui fait qu'elle est si bien adaptée pour le vol. — M. Sclater lit des remarques sur les Casoars des Jar- dins de la Société, parmi lesquels se trouvent des représentants de cinq espèces. Une de celles-ci, venant du sud dela Nouvelle-Guinée, est réputée nouvelle pour la science, et le nom de Casuarius picticollis est proposé pour la désigner. M. Sclater fait aussi connaître un nou- veau Casoar récolté dans les îles Aroo par Beccari, et envoyé au Musée Civique de Gênes, pour lequel il propose le nom de C. Beccarii. — Le professeur Owen lit une Note sur la découverte de restes de différentes espèces de Dinornis dans la Nouvelle-Zélande, province d Otago. — Mémoire de M. Edward-R. Alston sur le genre Anoma- lurus, ses caractères, sa place dans la classification. L'auteur conclut que cette forme particulière de Rongeurs doit ou être rattachée au groupe des Ecureuils dans une sous-famille distincte, ou placée à côté dans une famille séparée (Anomaluridæ). — M. H.-E. Dresser lit quelques Notes sur les nids et les œufs de l'Hypolais caligata, sur les œufs du Charadrius Asiaticus, avec quelques remarques sur cette espèce ainsi que sur le Charadrius veredus. — Communica- üon par M. R. Bowdler-Sharpe d'un Mémoire sur les Oiseaux de Lahuan, avec des détails sur une collection recueillie dans cette île, par M. John Low. 106 REVUE SCIENTIFIQUE. Séance du 2 mars. — Extrait d’une lettre du D' W. Peters, où l'on fait remarquer que le Sternothœus figuré par le D' Gray, en 1873, dans les Proceedings de la Société, sans nom spécifique et sans indication de localité, est le St. niger des Cameroons, d'où le D' Peters en a recu des spécimens. — Note de M. H.-E. Dresser sur le Falco Labradorus, Audub., le F. sacer, Forst. et le F. spadiceus du même auteur. — Liste monographique, par M. A. Boucard, des Coléoptères du genre Plusiotis de l'Amérique du Nord, et description de plusieurs espèces nouvelles. — Lecture d'une communication de M. E.-P. Ramsay, où se trouve la description de quelques œufs rares d'Oiseaux Australiens. — M. G.-B. Sowerby jeune communique les descriptions de dix coquilles nouvelles de diverses provenances. — Le D' A. Günther présente, de la part du D'T. Thorell, d'Upsal, la description d'une collection d'Araignées, faite par le D' Vinson à la Nouvelle-Calédonie, à Madagascar et dans l'Ile de la Réunion, et renfermant quelques espèces nouvelles. — Lecture d'une communi- cation de M. E.-L. Layard, administrateur du gouvernement britan- nique à Fidgi, où se trouve la description de quelques espèces d’Oi- seaux des îles Fidgi, supposées nouvelles. — M. Garrod lit un Mé- moire qui renferme la description du larynx inférieur de quelques espèces rares d'Oiseaux de la famille des Anatidæ. On y trouve des détails sur l'arrangement trachéal chez le Platalea ajaja. I1 diffère beaucoup de celui de la Spatule ordinaire. M. Garrod parle aussi, dans ce Mémoire, de la frange trachéale des Oiseaux de la famille de Cracidæ qui sont morts dernièrement dans les Jardins de la So- ciété. Séance du 46 mars. — M. Howard Saunders présente à la So- ciété un spécimen de Mouette envoyé par M. Gervaise Mathew, de la Baie Madelaine (Basse-Californie), et qui ressemble beaucoup au Larus fuscus, espèce non encore signalée dans le Nouveau Monde. — Lettre du Capt. John Biddulph, contenant des remarques sur les Moutons sauvages qu'il a rencontrés dans son récent voyage à Yar- kand. — Lettre du Rév. J.-S. Whitmee, de Samoa (Pacifique aus- tral), dans laquelle il donne des détails sur la rencontre qu'il fit, en 1874, du Palola viridis, sur les côtes de cette île. — Lecture d'un Mémoire du professeur W.-H. Flower sur l'anatomie et les affinités de l'animal Porte-musc (Moschus moschiferus). Après une étude approfondie de l’organisation de ce Ruminant, étude basée sur l'exa- men d'un individu qui vient de mourir dans les Jardins de la Société, le professeur Flower en arrive à cette conclusion que cet animal se ; TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 107 rattache très-étroitement à la Famille des Cervidæ, et pourrait être placé dans les limites de cette famille. — Lecture d'une communi- cation du Rév. O. Pickard-Cambridge, dans laquelle se trouve la description de vingt-quatre espèces nouvelles d'Araignées (du genre Erigone), de France, Corse, Sicile, Espagne, du Maroc et d'Algérie.— Le D' A. Günther litun second Rapport sur les collections de Reptiles indiens acquises par le Muséum Britannique, et décrit plusieurs espèces nouvelles pour la science. — Mémoire lu par MM. Sclater et Salvin sur les Oiseaux récoltés sur la sierra Nevada de Merida et à San Cristoval, dans le Venezuela, en 1874. — Lecture d'une communication de M. L. Taczanowski, contenant la description d'une nouvelle espèce de Grouse des montagnes de la Géorgie, voi- sine de la Grouse noire. Il propose pour cette nouvelle espèce le nom de Lyrurus Mokosiewiczi.— Description, par M. A.-G. Builer, d'un grand nombre de nouvelles espèces de Sphyngidæ. — Notice de sir Victor Brooke sur un Daim des jungles qui bordent la vallée de l'Eu- phrate. Des spécimens viennent de lui en être envoyés par M. P.-J. Robertson, vice-consul anglais à Bassorah. Sir V. Brooke propose pour cette espèce le nom de Cervus mesopotamicus. 3. SOCIÉTÉ LINNÉENNE. Séance du 18 février. — Sur la structure anatomique, les affinités et l'origine probable du Disroma crassum, Busk, de l'Homme, par le D" T.-S. Cobbold. Ce parasite a été découvert par le Professeur Busk, et trente ans se sont écoulés depuis que les premiers exemplaires ont été signalés à la science. C'est au D' George Johnson que M. Cobbold est redevable de l'étude qu'il a pu faire de ces singuliers animaux. Les malades aux dépens desquels ils vivaient étaient un Missionnaire et sa femme, résidant en Chine depuis quatre ans, et avant passé la plus grande partie de ce temps à Ningpo, où ils mangeaïent beaucoup de poissons, d'huîtres et de salade. L'auteur du Mémoire a eu en sa possession sept exemplaires, deux provenant de la femme et cinq de son mari. Il trouva chez ce parasite les glandes vitelligènes très-déve- loppées, et il pense que, au lieu d’y avoir deux testicules, comme on l’a supposé jusqu'ici, il n'y a qu'une seule grosse glande complexe, avec des conduits séminaux grands et très-apparents. Ce qu'on croyait jusqu'ici un testicule supérieur, se trouve être l'ovaire, et il y a, en avant de cet ovaire, un organe spécial plus petit, que M. Cobbold regarde comme une shell-gland extraordinairement développée. Les tubes intestinaux sont simples et sans ramifications ; mais, d'un autre 108 REVUE SCIENTIFIQUE. côté, l'organe utérin ne paraît pas consister en un tube unique et continu, mais être en partie branchu, comme chez le D. lanceolatum et quelques autres Vers intestinaux moins connus. L'auteur ajoute des remarques sur les affinités de ce parasite, et un court résumé des faits de développement trématode connus jusqu'ici, en tant qu'ils peuvent contribuer à jeter du jour sur l'origine du Distoma crassum ; il cite les travaux de M. Moseley relatifs aux Planariens terrestres de Ceylan, de Giard, Claparède, Pagenstecher et autres sur le Buce- phalus, et les découvertes, encore plus récentes, du D' Ernst sur le Leucochlororidium. Enfin, il attribue la présence du D. crassum, dans le cas présent, à l’ingestion, par le missionnaire et sa femme, des huîtres de Ningpo ou de poisson cuit d'une manière incomplète. Après la lecture de ce Mémoire, M. G. Busk et le D' Johnson ajou- tent quelques faits de plus relatifs à ce parasite. — Sur l'anatomie externe du Tanaïis viltatus, par le D' Mac-Donald. Séance du 18 mars. — Sur trente et une nouvelles espèces de Pla- nariens marins des Mers Orientales, par le D' Collingwood. — Sur les ressemblances des os d'Ichthyosaure avec ceux d'autres animaux, par M. H.-G. Seeley. 4. SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE. Séance du 4 janvier. — M. Stevens présente à la Société des va- riétés de Diloba cæruleocephala et Hibernia defoliaria élevés de larves recueillies près de Brighton. — M. Smith présente une boîte d'Insectes Hyménoptères recueillis par M. Rothney dans les environs de Cal- cutta. Elle renferme plusieurs espèces rares de Formicidæ et de Fossores, ainsi qu'un grand nombre d'Apidæ, parmi lesquelles deux espèces du genre Nomia, dont une est très-remarquable parses antennes capitées. — M. Mac-Lachlan fait quelques remarques sur la Cheimatobia bru- mata (December Moth) qu'il a observée par une des dernières fortes gelées, attirée en grand nombre par les réverbères à gaz, dans le voi- sinage de Lewisham. M. Weir fait observer qu'il serait important de savoir si ce pipillon nosturne avait hiverné, ou si c’étaient des échantillons nouvellement éclos sous une température si rigoureuse. — Le Secrétaire de la Sociéte présente un flacon des spécimens d’un Mantis qui Ini ont été expédiés de Sarawak, par M. de Crespigny. Il raconte que, tandis qu'il était assis devant sa table, son attention fut attirée par l'apparition extraordinaire de Fourmis qui la traversaiert. Un examen plus attentif lui prouva que ce n'étaient pas des Fourmis, mais une espèce du genre Mantis. Il pense que ces insectes sont CS TRAVAUX ÉTRANGERS, — ZOOLOGIE. 109 adultes, mais aptères. M. Mac-Lachlan fait observer néanmoins que quelques-uns présentent des ailes rudimentaires ; et le Président de la Société, ainsi que d'autres membres, pensent qu'on aurait affaire à des larves et non à des insectes parfaits. Séance du 1° février. — M. Stevens présente à la Société une variété de Noctua glureosa, et M. Champion quelques exemplaires d'Amara continua, espèce récemment cécouverte en Angleterre. — M. Herbert Druce montre une belle collection de Rhopalocères de Santarem. — Le Président sir Sidney Smith Saunders met sous les yeux de la Société un nid de Polistes gallica dont les cellules sont en partie construites avec du papier de couleur emprunté à des affi- ches de théâtre, placardées dans le voisinage.— M. Smith fait remar- quer qu on a trouvé le Colletes cunicularia dans l'île de Wight et à Liverpool, il y a peu d'années. En 1873, il transporta de cette der- nière localité quelques exemplaires à Shirley Common, et il a quel- ques raisons de croire qu'il a réussi à y établir une colonie, cet insecte ayant été recueilli sur ce point en 1873 par M.d’Arcy Power. — Com- munication par M. A.-G. Butler d'une Note sur les Rhopalocères d'Australie. — Lecture d'un Mémoire de M. Arnold Lewis, sur la Nomenclature Entomologique et la Loi de priorité. Séance du 15 février. — M. Phipson présente une singulière variété de Strenia clathrata récoltée à Basingstoke, dont les ailes sont incolores.— M. F. Smith met sous les yeux de la Société une seconde collection d'Hyménopières, envoyée par M. Rothney, de Calcutta, contenant 1573 échantillons, tous dans le plus bel état de conserva- tion. Il n'y a là probablement guère plus de 25 espèces non encore décrites ; mais une trentaine d'espèces dont le Muséum Britannique ne possède qu'un seul sexe, y sont représentées par des individus mâles et des individus femelles. — M. Verrall présente des Puces vivantes extraites l'avant-veille de l'intérieur de l'oreille d'un Lapin capturé aux environs de Lewes. Ces parasites y étaient en grande quantité et placés de telle manière que l'animal ne pouvait pas s'en débarrasser en se grattant., M. Verrall cite unecommunication qui lui a été faite par M. Mac-Lachlarn, relativement à une espèce de Puce, de Ceylan, groupée en très-grande quantité sur un très-petit espace du cou d'une volaille, qui a été présentée à une des dernières séances de la Société Microscopique Ces parasites étaient attachés à la peau par leurs trompes, de manière qu'on ne pouvait apercevoir que la partie postérieure de leur corps. M. Cole dit qu'il a trouvé des Puces 110 REVUE SCIENTIFIQUE. sur le Hérisson, et M. W. Arnold Lewis qu'il en a observé une espèce sur une Marmotte, en Suisse. — M. Dunning appelle l'attention sur un extrait d'un journal francais, où il est dit qu'on pouvait extraire du Hanneton une matière colorante. Séance du 41% mars.— M. F.-H. Ward présente des échantillons vivants d'un Lepisma (voisin du L. Saccharina) qu'il n'avait jamais encore observé en Angleterre. Ces échantillons ont été recueillis dans une boulangerie des environs de Londres, dans la maconnerie du four et autres parties chaudes des bâtiments de cette boulangerie. M. Mac-Lachlan se demande s'ils n'auraient pas été introduits en Angleterre dans la farine américaine, M. Packard ayant publié ré- cemment des détails sur une espèce, très-voisine du L. saccharina, qui pourrait bien se trouver identique avec l'espèce présentée par M. Ward.— M. Ward présente aussi des préparations pour le mi- croscope, qui montrent les sexes des Chigoe et des portions de peau humaine sur lesquelles l'insecte est attaché.— M. Champion montre des larves d'Empusa pauperata, de Corfou. — Notes recues de M. W.-C. Boyd, dans lesquelles il constate que l’on trouve fréquem- ment des Puces en dedans ( jamais en dehors) des oreilles de Lapins sauvages, notamment à cette époque de l’année, et que son frère a vu un de ces Lapins qui en portait bien ainsi trois cents dans ses deux oreilles. Il pense que les Lapins ne sont pas fort incommodés de la présence de ces parasites, et il n'a jamais remarqué que, quel que fût leur nombre, ils provoquassent jamais d’inflammation.— Le Rév. M. Gorham donne communication d’un Mémoire contenant les des- criptions de dix-huit espèces nouvelles d'Endomycicus, de diverses con- trées tropicales.— M. Dunning appelle l'attention sur un intéressant Mémoire du D' Leconte (sur la Nomenclature Entomologique et les Types Génériques), qui a paru dans le numéro de décembre de l’Ento- mologiste Canadien. Séance du 145 mars. — M. Sealy présente à la Société des échan- tillons d'un Ornithoptera élevés de larves recueillies au Malabar, en grande abondance, sur l'Aristolochia indica. — Le professeur West- wood fait voir des dessins de plusieurs Coléoptères de formes très- remarquables et non encore décrits, dont il a l’intention de commu- niquer les descriptions. Parmi eux se trouve un Insecte de la collec- tion de M. Mniszech, qui ressemble fort à un ÆRhysodes, et qu'il a nommé Rhyzodina Mniszechii, mais qui est, en réalité, un Insecte Hétéromère. — M. Mac-Lachlan fait remarquer qu'il s'est convaincu TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 111 par un examen attentif que l'espèce de Lepisma présenté à la dernière séance par M. Ward, ne correspond pas à la description du L. domes- tica des Etats-Unis, ni à celle d'aucune autre espèce qui lui soit con- nue. — M. Butler communique quelques remarques critiques sur l’ouvrage qui vient d'être publié sur les Sphyngidæ, par le D’ Boisduval. — Le Rév. R.-P. Murray lit quelques observations sur les espèces de Terias formant le groupe Hecube. Il paraîtrait que les Insectes qui ont été jusqu'ici considérés comme des espèces distinctes sous les noms d’Æsiope, Mén., Brenda, Doubl. et Hew., et Sari, Horsf., sont presque tous, sinon tous, des variétés du Terias Hecabe, Linn. Le pro- fesseur Westwood pense qu'il pourrait fort bien en être de ces espèces comme de certaines espèces de Pieris, dont quelques-unes (P. napææ Esp., et P. Sabellicæ, Steph.) sont aujourd'hui universellement re- gardées comme des variétés du P. Napi. Le professeur Westwooû ajoute que l’on devrait accorder une attention toute spéciale à l'époque de l'apparition des diverses formes, et tenir note de l'espace de temps pendant lequel elles restent à l’état de chrysalide. M. Butler fait remarquer que cette dernière circonstance a une grande portée pour le cas du Papilio Ajax, Linn. — M. J.-S. Baly communique les des- criptions de nouveaux genres et de nouvelles espèces de Coléoptères Phytophages. — M. C.-0. Waterhouse donne lecture d'un Mémoire sur les Coléoptères Lamellicornes du Japon. — M. F. Smith lit les descriptions de nouvelles espèces d'Hyménoptères indiens, pourvus d’aiguillons, récoltés par M. G.-R. James Rothney, et de nouvelles espèces d'Abeilles, du genre Nomia, Latr. 5. INSTITUT ANTHROPOLOGIQUE. Séance du 23 mars. — Lecture d'un Mémoire du Rév. Dunbar J. Heath, ayant pour titre : Molécules et Vie Potentielle. L'objet de ce travail est de fournir des arguments pour démontrer que la mensu- ration de la vitalité repose sur des bases physiques. Il résulte des travaux du Dr Lionel Beale que l’on peut évaluer à 15 livres le poids du protoplasma, ou matière vivante qui existe dans le corps humain. Chaque action vitale, de quelque sorte, de quelque genre qu'elle soit, amène la mort d'une portion de cette matière , et l'auteur décrit, anatomiquement et physiologiquement, la manière dont cette mort est compensée par la vitalisation de nouveaux matériaux D'où il ré- sulte que chaque unité d'action physique correspond à la mort d'une unité de protoplasma, et en même temps à la révélation d'une unité d'action vitale. Le Rév. Dunbar S. Heath considère la mort du 112 REVUE SCIENTIFIQUE. protoplasma à l'extérieur d’une cellule comme diminuant la vélocité, et, par suite, la pression des atomes extérieurs dissociés; la consé- quence en est le dépôt des principes voisins, tels que la fibrine etc., et l’irruption d'un nouvel aliment à l’intérieur de la cellule. II. BOTANIQUE. {. SOCIÉTÉ LINNÉENNE. Séance du 21 janvier.—Mémoire du D' Hollis sur la Pathologie des Galles. Ces excroissances peuvent se diviser en deux classes: 1° Galles uniloculaires, qui comprennent les galles ligueuses et celles des feuil- les de Groseillier; et ?° Galles multiloculaires, comprenant les galles spongieuses des bois et des feuilles. L'auteur entre dans quelques dé- tails sur la structure et le développement de ces diverses formes, citant quelques exemples de chacune d'elles. A l'exception des o4k-spangles, toutes ces galles paraissent être formées pendant la croissance de la feuille. L'évolution pathologique diffère de l'évolution physiologique par le dévelonpement plus rapide et plus considérable de ses éléments cellulaires. Elle a lieu aux dépens de la différenciation de la matrice du bourgeon. Le D' Hollis rapporte l'origine des différentes couches des galles aux différentes couches des feuilles au détriment desquelles elles sont produites. La lecture de ce Mémoire donne lieu à une dis- cussion à laquelle le président D' Allman, M. Murray, M. Howard, le professeur Dyer et autres membres prennent part. — Lecture des Mémoires suivants: Rapports sur l'expédition du Challenger : Lichens, plus particulièrement de Tristan d'Acunha, par le Rév. D’ Stirton, sur la Flore des Lichens de la Nouvelle-Zélande et de l'Ile Chathami. Séance du 4 février. — Notice de M.J. Gammie sur l'Arisæna speciosum. L'auteur pense que l'appendice remarquable du spadice de cette plante pourrait bien selier avec un arrangement favorable à la fécondation croisée; mais il n'a pourtant jamais pu découvrir que cette fleur fût visitée par des Insectes. — Sur les Algues de la baie Simon, et les Champignons récoltés pendant l'expédition du Challenger, par le Rév. M.-J. Berkeley. — Sur les Plantes etles [Insectes de la Terre de Kerguelen, par M. H.-N. Moseley. Excepté un Moucheron ailé, on n'y a trouvé que des Insectes Aptères. Une espèce rampait en très- grande aboudance le long des tiges non fleuries de Pringleu. — Sur les différents systèmes de Phyllotaxis, par le Rév. G. Henslow. Dans ce Mémoire, fort soigneusement élaboré, l'auteur semble dis- TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 113 posé à rapporier tous les systèmes connus à des modifications de l'ordre décussé, comme étant le plus simple. La lecture de ce Mémoire provoque une discussion à laquelle prennent part M. Hiern, le Pro- fesseur Dyer, M. A.-W. Bennett, le D' Masters. Séance du 4 mars. — M. Hanbury présente à la Société un Cham- pignon de l'Amérique du Sud, espèce de Phallus assez voisin du Phallus impudicus. — M. J.-G. Baker fait voir des spécimens de deux espèces de Platane (Platanus occidentalis et orientalis) et de la variété de ce dernier connue sous le nom d'arerifolia. Il montre aussi une modification intéressante de la forme bulbeuse dans une espèce de Drimia. — M. J.-R.Jaekson comm nique un Mémoire sur les Plantes dans lesquelles les Fourmis établissent leur domicile, et fait voir des spécimens de deux des, plus remarquables (Myrmecodia et Hydno- phyllum)..- Le professeur Thiselton Dyer lit une courte Notice sur la structure de la prétendue membrana nuclei dans les graines de Cycas. Heinzel la décrit comme une structure cellulaire dont les loges ont des parois épaisses pénétrées par des tubes quis'y ramifient. [l y a pour- tant lieu de croire que cette membrane représente seulement la paroi d'une cellule unique et n'est probablement en réalité que le sac em- bryonnaire primitif considérablement agrandi. Ce qu'Heinzel a pris pour des tubes semble être véritablement solide. Ces tubes sont arran- gés sur toute la membrane, à la manière de ce que les fabricants de tapis appellent une imitation de mousse. Ils sont peut-être les débris des parois épaissies des cellules du nucléus détruites par l'agrandisse- ment du sac embryonnaire primitif. — Le professeur Dickson pré- sente des préparations microscopiques pour montrer l'accroissement du Tropæolum speciosum. — Mémoire de M. Bentham sur la classifi- cation des Campanulacées et des Oléacées. Séance du 18 mars. — M. Rothery est l’auteur d'un appareil fort ingénieux pour sécher les plantes en herborisant. 2, SOCIÉTÉ ROYALE D HORTICULTURE. Séance du 20 janvier. — Comité scientifique. — Le Rév. M. J. Berkeley montre au Comité des exemplaires de tige de vigne offrant de grosses excroissances lobuleuses qu'il croit être dues à un Champignon, comme l'Exobasidium. — M. Worthington Smith fait voir un dessin, fait au microscope, des renflements des racines de Concombre, con- firmant l'exactitude des observations faites depuis longtemps par le Rév. M. J. Berkeley, qui rattache ces renflements à la présence de LV. 9 114 REVUE SCIENTIFIQUE. Vers nématoïdes, et probablement d’une espèce de Tylenchus non encore décrite. — Le professeur Thiselton Dyer appelle l'attention sur une communication faite à la Société entomologique par le pro- fesseur Forel, et dans laquelle il donne des preuves que le Phylloxera avait été introduit, d'Angleterre, dans les vignobles appartenant au baron Rothschild, dans la corumune de Prégny (canton de Genève). Le Phyiloxera a été découvert en Angleterre, 1863, par le prof, Westwood. — Le professeur Thiselton Dyer attire aussi l'attention sur l'article du Daily News (19 janvier) où il est fait mention d'une ordonnance présentée le 18 janvier au Conseil fédéral de Berlin par le Chancelier Impérial. Cette ordonnance prohibe l'importation des Pommes de terre et des matériaux de rebut et d'emballage de ces tubercules, venant des Etats-Unis, dans le but de s'opposer à l'introduction en Allemagne du Coléoptère du Colorado. Le‘ Gouvernement anglais, d'après cet article, a refusé de prohiber l'importation des Pommes de terre américaines, parce qu il ne paraît pas que les œufs ou les larves de cet Insecte soient déposés ou vivent sur ce tubercule. M. Andrew Murray décrit, d'après ses propres observations, les ravages causés dans le Canada par ce Coléoptère ; M. Mac-Lachlan fait remarquer que Je point de départ de ce fléau de la Pomue de terre est le Mexique. — Le professeur Thiselton Dyer fait voir, relativement à la fructifica- tion de l’Hibiscus rosasinensis (qui n’a pas lieu, suivant l'autorité du D° Cleghorn, même dans l'Inde), que l'on a obtenu des capsules mûres, après une fécondation artificielle, à Mauldslie Castle, Carluke, en 1871 et 1872, et qu'on y a élevé des plantes provenant de ces graines. — Le D' Masters présente des spécimens qu'il tient de M. Corderoy, de Didcot, et dans lesquels le Gui vit en parasite sur le Gui lui-même. Réunion générale. — Le Rév. M.J. Berkeley fait des commentaires sur les objets exposés. — M. Bull montre une belle collection de Cycadées.— M. Parker a envoyé à la Société des échantillons d'Apo- nogelon distachion qui ont fleuri à l'air libre à Tooting, dans un étang alimenté par une source dont la température ne s’abaisse jamais à 4° cent. au-dessous de zéro. Séance du 17 février. — Comité scientifique. — Le D' Masters pré- sente au Comité le fruit du Fuchsia procumbens. — Le Rév. M. J. Berkeley appelle l’attention sur des feuilles de Thea Bohea, du Jardin Botanique de Natal, attaquées par un Lichen (Strigula Feei, Mont.). M. Keit, conservateur de ce Jardin, dit que ce Lichen apparaît sous la forme d'une petite tache brune, qui peu à peu s'agrandit en circon- férence jusqu’à la fin de la saison, où le bord prend une couleur vert- TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 115 pâle et où l'accroissement s'arrête. M. Berkeley pense que cette substance brune se compose d’une espèce de Cephaleuros. Elle con- siste en filaments articulés décumbents, dont chacun présente à son sommet un sporange gloïuleux. Elle se rapproche beaucoup du Chroolepus, et si quelques Lichens sont parasites sur le Chroolepus, le Caphalewros peut en présenter aussi. — Le professeur Thiselton Dyer montre des spécimens de Baridius aterrimus, Insecte qui est un véri- table fléau pour les Orchidées de Singapore. Il appelle aussi l'attention sur la formation accidentelle de tubercules à l'intérieur même des Pommes de terre. Il attribue cette formation au développement de bourgeons dérivant des æils, et ayant poussé en dedans. — Lecture partielle d'une lettre venant de Santarem, et adressée par M. Trail au D' Hooker, dans laquelle on trouve une description des bulles des feuilles de quelques Mélastomacées , bulles habitées par des Fourmis. Après les études les plus attentives, M. Trail n’a pas pu déterminer les rapports exacts qui unissent ces bulles à ces Fourmis, au nombre d'au moins trois espèces. Réunion générale. — Le Rév. M. J. Berkeley fait remarquer qu'il a placé de très-vieux spécimens de Wicrococcus prodigiosus (Pluie de sang) sur de la pâte de Riz; 1lss y sont mis à se développer et se sont étendus autant qu'on pouvait s’y attendre d'après l'état du temps. Suivant M. Stephens, cette plante conserve ses facultés végétatives après avoir passé quarante-huit heures dans un four. Séance du 3 mars. — Comité scientifique. — Le Rév. M. J. Ber- keley lit une lettre de M. Moseley, naturaliste à bord du Challenger, relative à un Champignon (Sphæria sinensis) qui se développe sur une chenille, et qui est regardé comme un mets exquis par les Chinois. — Le professeur Thiselton Dyer montre un corps arrondi formé par l'action de la mer sur des fragments de Caulinia, recueilli sur le rivage à Menton, par feu M. Moggridge. — Une discussion s'élève sur les effets des Lichens sur les arbres, à propos de l'espèce de Strigula des feuilles du Thé, et du tort qui résulte pour les tiges de Cinchona dans l'Inde si des Lichens se trouvent mêlés à la mousse avec laquelle on empaquette les tiges après avoir enlevé l'écorce. Le Rév. M. J. Ber- keley pense que tout semble s'accorder pour prouver que les hypha des Lichens ne pénètrent pas dans les tissus sous-jacents des plantes sur lesquelles les Lichens végètent. Ces parasites ne sont nuisibles qu'en s'opposant à l'accès de l'air et de la lumière. En en débarrassant les branches des pommiers qui en sont infectées et bien lavant la sur- face, l'arbre reprend bientôt sa vigueur; ce qui n'arriverait pas si les 116 : REVUE SCIENTIFIQUE. hypha du Lichen avaient pénétré dans les tissus. — Le D' Bastian dit qu'il a examiné quelques-uns des Vers nématoïdes trouvés dans les no- dosités des racines de Concombre, mais qu'ils n'étaient pas assez développés pour pouvoir déterminer à quel genre ils appartiennent. — Le D' Masters dit, à propos d'une Primevère de Chine dont les feuil- les, la tige et l'inflorescence présentent une séparation de couleur bien marquées, qu'il pense que c'est là un exemple de désassociation des caractères hybrides. Une semblable séparation latérale de colora- tion s'observe pourtant quelquefois sur des plantes élevées de bouture. et dans ce cas il n’y a naturellement pas possibilité d'appliquer l’ex- plication donnée ci-dessus. Réunion générale. — Le Rév. M. J. Berkeley appelle l'attention sur la Patate gigantesque (Convolvulus Batatas) de Madère, pesant plus de quinze livres, exposée par le D' Hooker, sur une branche de Kum- quat (Citrus Japonica) portant cinquante-six fruits, et sur une char- mante miniature d'Orchidée (Masdevallia melanopus). Séance du 17 mars. — Comité scientifique. — Des échantillons en fleurs de Bambusa gracilis Hort., des Jardins de Trentham, ont été envoyés par M. Stevens. — M: Grote a adressé quelques extraits des Proceedings de la Société Agri-Horticulturale de l'Inde, relatifs au développement d'un Champignon dans l'intérieur de fourmilières. Sui- vant le D' Cunningham, cette espèce est un Agaric de la section des Lepiota. Ces Champignons proviennent d'une certaine substance que l’on trouve dans ces fourmilières, et qui consiste probablementen débris végétaux imprégnés de mycélium. Suivant Belt, on trouve une sub- stance semblable dans les demeures des Fourmis coupe-feuilles de Nicaragua, et il paraît que ces Fourmis, en faisant dans leurs maga- sins des provisions de feuilles, ont en vue les Champignons qui se développent plus tard sur ces débris et dont elles font leur nourriture. — Le professeur Thiselton Dyer montre, sous le microscope, les as- cospores du ferment (Yeast). Il les avait obtenus en cultivant un fer- ment sur des plaqueshumides de plâtre de Paris dans une atmosphère humide. Après dix jours environ, les cellules du ferment, qui avaient été affamées par ce traitement, développèrent de deux à quatre spores dans leur intérieur. Celles-ci, placées dans des conditions convenables, se sont trouvées susceptibles de germination, et de reproduire ainsi activement du ferment en voie de développement. De Seynes avait observé ces ascospores dans le Mycoderma vini en 1868, mais elles ont été décrites pour la première fois par Max Reess,en 1870, dans le levain. — Descopies du rapport de la Société Météorologique sur les Observa- TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 117 tions des phénomènes phénologiques sont déposées sur le bureau. — Le D' Masters appelle l'attention sur un magnifique spécimen d'Hedy- chium Gardnerianum envoyé de Hatfield par M. Bennett. Cette plante ne paraît pas avoir fleuri jusqu'ici en domesticité. Réunion générale. — Le Rév. M. J. Berkeley montre à la Société les objets les plus intéressants parmi ceux qui ont été présentés au Comité scientifique. III. GÉOLOGIE. 1. SOCIÉTÉ ROYALE. Séance du 21 janvier. — Sur l'Origine et le Mécanisme de Produc- tion de la Structure Prismatique (ou à colonnes) du Basalte, par Robert Mallet. L'auteur de ce Mémoire, dont nous n'indiquerons ici qu un petit nombre des points principaux, prouve, jusqu'à l'évidence, que l'on peut se rendre compte de tous les phénomènes saillants qui se rattachent au basalte prismatique, en les considérant comme les résultats de la contraction, par le refroidissement, d'un corps homo- gène possédant les propriétés de cette roche éruptive. Il suit de cette démonstration que les théories avancées depuis le Mémoire de M. Gregory Watts (Phil. trans. 1704) jusqu'à nos jours et reproduites dans tous les ouvrages de Géologie, au sujet de la for- mation des prismes de basalte, sont aussi insoutenables qu'impuis- santes à rendre compte des faits. Examinons, avec M. Mallet, comment les choses se passent dans le cas du refroidissement lent d'une masse horizontale et tubulaire de basalte homogène. La contraction, tant que la masse sera encore à l’état plastique, produira nécessairement des mouvements intérieurs dans les molécules qui la constituent ; mais quand, à une température entre 900° et 600° du thermomètre de Farenheit, la masse aura acquis une certaine solidité, des fissures, des déchirements auront lieu à la surface extérieure, qui commencera à se diviser en figures géométriques semblables (des hexagones par ‘une conséquence des lois mécaniques). Ces figures auront toutes une étendue égale, etleur diamètre dépen- dra de la relation qui existe entre les coefficients de l’extensibilité de la matière et de sa contraction par suite du refroidissement arrivé au point d'amener des solutions de continuité à la surface. Les hexa- goues ainsi produits représentent les extrémités du prisme, qui se produiront peu à peu dans la masse, à mesure que le refroidissement y fera des progrès, et ce refroidissement, une fois que la formation des prismes aura commencé à s'effectuer, aura lieu non-seulement 118 REVUE SCIENTIFIQUE. par l'extrémité des prismes en voie de formation, mais encore par les parties latérales de ces mêmes prismes. On comprend facilement que chaque prisme est plus froid à son extrémité, moins froid aux points où le déchirement s'opère, plus chaud le long de l’axe qu à l'exté- rieur. De là résulteront, par suite de la contraction, différents efforts produits dans chaque .prisme, tant parallèlement que transversale- ment à son axe, et ces efforts de retrait amèneront nécessairement des fractures, en travers de la longueur du prisme, à des intervalles dont l’auteur fixe la distance. Ces fractures commencent à se produire sur la couche extérieure du prisme basaltique, dans un plan dont la direction doit être donnée par la résultante des efforts de contraction agissant en même temps et parallèlement et transversalement à l'axe, c'est-à-dire dans une direction oblique à cet axe. Cette obliquité diminue en même temps que la force transversale de contraction diminue elle-même, à mesure que la couche périphérique de refroidissement se rapproche de l'axe du prisme. De là vient que, lorsque la fracture transversale est complète, elle présente uñe forme lenticulaire dont la convexité indique toujours le sens dans lecuel se sont opérés les progrès du refroidissement dans la masse. M. Mallet explique dans son Mémoire la formation des prismes basaltiques verticaux et obliques par l'horizontalité où l'inclinai- son de la surface en voie de refroidissement. Il donne la raison de la courbure des axes dans certains ensembles de prismes, etc., ete., et exprime la conviction que son travail est le premier qui rende compte d'une manière complète et parfaitement logique de tous les phénomènes observés à propos du Basalte prismatique. 2. SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE. Séance du 7 janvier. — Sur la Composition Géologique et l’Age d'Arthur's Seat à Edimbourg, par M. John W. Judd. L'étude de cette station volcanique a donné lieu à de longues et vives discussions parmi les Géologues Anglais. Elle a fourni à Charles Maclaren une magnifique occasion de prouver, d'une manière magistrale, l'identité qui existe entre ce qui a eu lieu dans les anciennes périodes géolo- giques et ce qui se produit encore de nos jours. Mais M. Judd rejette, comme insoutenable, l'opinion d'une seconde éruption qui se serait produite sur le même point et qui a été rapportée par les uns à l’épo- que tertiaire, et à l’époque secondaire par d’autres. Les invraisem- blances de cette hypothèse d'une seconde éruption sont telles que TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 119 Maclaren lui-même y avait renoncé avant sa mort. Les prétendues preuves de cette seconde période d'éruption tirées de la position de la colonne centrale de laves, de la nature et des relations des maté- riaux fragmentaires suivant qu'ils occupent le haut ou le bas de la colline, de la position de certaines roches dans le Lion’s Haunch, ne résistent pas à un nouvel examen attentif. D'un autre côté, un rap- prochement fait entre les terrains volcaniques d’'Arthur's Seat et les roches volcaniques contemporaines de Forfar, de Fife et des Lothians démontre, suivant M. Judd, qu'à Arthur's Seat l'on a affaire aux restes d’un volcan qui, d’abord sous-marin, s'est élevé peu à peu au- dessus du niveau de la mer Garbonifère, et aux produits d'une série unique et presque continue d'éruptions. —Sur la Glaciation de la partie sud du District des Lacs (Lake-district) et l'Origine glaciaire des bassins des Lacs du Cumberland et du Westmore- land (21 Mémoire), par M. J. Clifton Ward. Dans la première partie de ce Travail, l'auteur indique la direction des érosions glaciaires dans les différentes vallées, la marche de plusieurs des principaux glaciers, la manière dont ils sont nécessairement devenus confluents formant, dans les parties les plus basses, une nappe de glace plus ou moins étendue, après avoir franchi le plus grand nombre des séparations (les moins considérables } des vallées, et s'être frayé souvent un che- min qui les traverse en diagonale. Il décrit la position de certains sillons glaciaires présentant une direction anormale traversant des séparations (de dimensions imposantes), perpendiculairement à la direction de celles-ci, et serait disposé, quoique ne se prononçant à ce sujet qu'avec une certaine réserve, à attribuer ces traces anormales à l'effet produit par de la glace flottante pendant la grande période d'inondation interglaciaire. Il pense que les moraines appartiennent toutes à ce dernier ordre de glaciers. Dans la seconde partie de son Mémoire, M. Ward présente des diagrammes levés à l’échelle , et indiquant les profondeurs des lacs, les reliefs des montagnes et l'épais- seur de la glace. Il étudie ainsi les lacs suivants: Wastwater, Gras- mere, Easdale, Windermere, Coniston et Esthwaite, et adopte com- plétement les idées du professeur Ramsay sur l’érosion glaciaire, idées qui s'appliquent parfaitement aux lacs qui fontles sujets de son étude, et sont confirmées par cette étude elle-même. Séance du 10 février.— Sur les dépôts de Phosphorites du Pays de Galles du Nord, par M.D.-C. Davies. Ces dépôts formentune couchequi varie de 10 à 13 pouces d'épaisseur et occupe, en dessus du calcaire de Bala, une étendue considérable depuis Llanfyllin jusqu'aux collines au nord 120 REVUE SCIENTIFIQUE. et à l'ouest de Dinas Mawdy. Ils paraissent consister en concrétions de différentes tailles cimentées dans une pâte qui doit sa couleur noire à la graphite. C’est peut-être un ancien fond de mer sur lequel s’est* longtemps accumulé le phosphate de chaux des Mollusques. et des Crustacés, auquel des végétations marines ont aussi pu apporter leur contingent, et qui représente les restes d'une ancienne zone Lami- naire. L'auteur serait fort disposé à croire que les nodules phosphati- ques des couches appelées couches à coprolithes, qu'on rencontre sur d'autres points de l'Angleterre, pourraient fort bien être le résultat de la dénudation de semblables dépôts. — Sur les Cavernes à ossements des environs de Castlelon, Derbyshire, par Rooke Pennington (communication faite à la Société par le pro- fesseur W. Boyd Dawkins). L'auteur décrit comme préhistorique la caverne située à Cave Dale, juste en dessous du donjon de Peveril Castle. D’après les restes de poterie, les ossements, les ustensiles et les silex taillés, etc., trouvés dans cette caverne, l'auteur pense qu'elle a été occupée par l'homme à diverses reprises pendant un espace de temps fort long, à partir probablement de l'époque Néolithique, et à travers les âges du bronze et du fer. Une autre caverne à Gellv ou Hartle Dale contient, dans une gangue noirâtre, avec des os de Chè- vre, Cochon, Renard et Lapin, des débris de poteries préhistoriques très-grossières. M. Pennington décrit plusieurs cavernes et fissures Pleistocènes. — Dans un Mémoire présenté immédiatement après la lecture de la précédente communication, le professeur W. Boyd Dawkins donne une Énumérution des Mammifères trouvés dans la brèche de Windy Knoll décrite par M. Pennington. Cette brèche renfermait de grandes quantités d'ossements et de dents. Le professeur Dawkins évalue à peu près leur nombre par les chiffres suivants: de 40 à 60 Bisons, de 20 à 30 Rennes, de 4-5 Ours, 7 Loups. On y a rencontré aussi des res- tes de Renards, Lièvres, Lies Rats d'eau. La prédominance des formes herbivores et la position de cette brèche font supposer que la fissure dans laquelle elle s'est formée se trouvait sur le trajet des mi- grations annuelles du Bison et du Renne, pendant lesquelles quelques- uns de ces animaux pouvaient y tomber. La présence des Carnassiers s’y expliquerait par cette circonstance que ces derniers suivaient pro- bablement les colonnes des émigrants pour faire leur proie de ceux qui pouvaient s'en écarter, ainsi que les choses ont lieu aujourd’hui pour le Renne en Sibérie et pour le Bison dans l'Amérique du Nord. De l'examen des dents de jeunes Bisons et de jeunes Rennes trouvées parmi lesautres restes de Mammifères, l'auteur conclut que ces ani- TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 121 maux ont dû suivre cette route à différentes époques de l'année. Il considère ce dépôt comme appartenant à la période Pleistocène. Au- Yait-il eu lieu à l'époque pré-glaciaire ou post-glaciaire ? C'est ce qu'on ue peut: pas préciser encore. Séance du 24 février. — Sur les couches à Murchisonite de l'es- tuaire d'Ex, et un essai de classification des étages du Trias basée sur l'étude de ces couches, par M. G. Wareing Ormerod. Ce Mémoire peut être regardé comme la continuation de celui que l'auteur pré- senta à la Société en 1868. Après avoir fait ressortir les caractères minéralogiques de la Murchisonite, M. Ormerod décrit d’abord les «couches de grès rouge des bords de la mer. A l’est d'Exmouth, il les considère comme appartenant au «Keuper », qui s'étendait en dedans des terres jusqu'à une faille dirigée sur le sud de Lympstone. Un conglomérat, au phare d'Exmouth, représente probablement les couches supérieures du « Bunter», et l'auteur le considère comme identique avec celui de Cockwood, sur la rive droite de l’Ex. Il recouvre une roche rouge peu compacte, renfermant quelquefois des fragments de diverses roches et de légères traces de Murchisonite à sa partie supérieure. À Dawlish, on rencontre un conglomérat mou, très-riche en Murchisonite et s'étendant à deux milles vers l'inté- rieur. À l'ouest de Dawlish, les couches de conglomérat renferment des fragments de roches granitiques et porphyritiques, de quartz, de lydienne, et cest là que, pour la première fois, on a rencontré des restes d'animaux dans des fragments de calcaire. Du tunnel de Par- son-and-Clerck jusqu'à Teignmouth, les conglomérats disparaissent, et les falaises sont formées d'assises tendres. Après Teignmouth, réapparition des conglomérats et des calcaires jusqu'à Saint-Mary- Church, où ils alternent avec des couches de sable et d'argile. Au nord de la faille de Lympstone, on ne retrouve plus le Keuper près de l’Ex et on ny a pas pu découvrir le conglomérat avec le cal- caire, qui y sont peut-être recouverts par le Greensand de Haldon. Au nord de ce point, des deux côtés de l’Ex, on rencontre le grès rouge tendre avec des traces de Murchisonite et les conglomérats inférieurs à Murchisonite, et, près de Haldon-House, se présen- tent des couches qui pourraient bien être identiques avec celles de l'ouest de Dawlish. Ces couches sont coupées par différentes failles dirigées du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. Dansle champ d'études exploité par M. Ormerod, les couches sableuses tendres avec de fai- bles traces de Murchisonite et la couche inférieure de conglomérat à Murchisonite reviennent souvent, et de telle manière qu’il n'est guère 122 REVUE SCIENTIFIQUE. possible de douter de leur identité. L'auteur les considère comme marquant une division nette du grès rouge. —Sur quelques coupes des Couches de Woolwich et de Reading nouvel- lement mises au jour près de Reading Berks, par le professeur T. Rupert Jones et M.C.Cooper King. Les auteurs décrivent cette section de Ter- rains tertiaires inférieurs, et la comparent à d'autres sections du voisinage étudiées par Buckland, Rolfe, Prestwich et Whitaker. — Sur l’origine de Slickensides, avec des Remarques sur des spécimens provenant des formations Cambrienne, Silurienne, Carbonifère et Tria- sique, par M. D. Mackintosh, L'auteur croit que les véritables Sticken- sides (Roches polies) sont produites par le mouvement d'une face de la roche contre une autre, mouvement accompagné d'une fusion par tielle. Il fait remarquer que bien souvent les surfaces qui ont été soumises à cette action sont non-seulement polies et striées, mais encore durcies, et qu'il y a un passage insensible de cette pellicule endurcie à la structure normale de la roche. Séance du 10 mars. -- Roches des localités où se trouvent les mines du Comité de Cornouailles et leurs relations avec les dépôts métallifères, par M. John Arthur Philips. L'auteur de ce Mémoire présente des faits nombreux qu'il a observés en étudiant les roches que nous venons de nommer ; ces faits l'ont conduit aux conclusions suivantes : Les ar- doises argileuses de Cornouailles diffèrent matériellement dans leur composition, mais aucun remaniement de leurs éléments constituants ne pourrait aboutir à la production du granite. Quelques-uns des « Greenstones» de la Carte du Comité Géologique sont des roches volcaniques contemporaines des ardoises, parmi lesquelles on les ren- contre, tandis que les autres sont des ardoises hornblendiques, des diorites, etc. Les fissures de la roche ont été remplies par des filons métalliques déposés, en vertu d’une action chimique, par les eaux et les vapeurs d'eau circulant dans ces fissures, sans pourtant qu'une haute température ait été nécessaire pour cela. Il n’est pas possible de bien préciser si ces dépôts ont été produits par de l'eau venant d'en bas ou influencés par des infiltrations latérales ; pourtant les effets produits sur les contenus des veines par la nature de la roche am- biante, et la circonstance de dépôts de minerai parallèles à la ligne de profondeur des localités circonvoisines, conduiraient à cette conclu- sion, que : des infiltrations latérales ont exercé sur les résultats une influence matérielle. Des dépôts de contact et des « Stockwerks » ont été formés, par une action chimique analogue, dans des fentes résul- tant de la jonction de roches dissimilaires ou des fractures produites TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 123 pendant le soulèvement des roches éruptives en partie solidifiées. L'altération produite dans les dépôts stratifiés du voisinage des ro- ches éruptives est probablement due à de semblables infiltrations. Le quartz peut, ce qui n'est pas improbable, conserver quelquefois un certain degré de plasticité après avoir pris une forme cristalline. Séance du 24 mars. — Sur la présence de Phosphates dans les Ro- ches Cambriennes, par Henry Hicks. Dans ce Mémoire, l'auteur prouve par des expériences que les couches Cambriennes du pays de Galles contiennent une bien plus grande quantité de phosphate et de carbo- nate de chaux qu'on ne l'a supposé jusqu'ici. Contrairement à l'opi- nion émise par M. Daubeny, il démontre que les mers dans lesquel- les se sont accumulés ces dépôts étaient loin d'être pauvres en vie animale. En effet, la présence de proportions si considérables de phosphate et de carbonate de chaux (constatées par les analyses de M. Hudleston, M. Hughes et de l'auteur lui-même) dans des séries d'une épaisseur notable, des groupes Longmynd, Menevian et Tre- madoc, prouvent irréfutablement que la vie animale abondait dans ces anciennes mers et qu'on n'en était pas alors aux débuts de l’exis- tence organique. La quantité du phosphate de chaux s'élevait dans quelques-unes de ces couches à la proportion de 10 p. 100, et celle du carbonate de chaux à plus de 40 p. 100. Comme on le voit, le phosphate de chaux y est plus abondant que dans quelques-unes des formations récentes considérées comme les plus riches. La quantité d'acide phosphorique (P, O,) augmente en proportion de la richesse des dépôts en restes organiques. Toute vie animale ou végétale en a contenu depuis l’origine ; mais il est évident que dans les anciennes mers les Crustacés, et plus particulièrement parmi eux les Trilobites, ont produit cet acide phosphorique. Leur présence s'est toujours ré- vélée dans ces gisements cambriens de phosphates, et la carapace de quelques-uns des plus grands Trilobites ne fournit pas moins de 40 ou 50 p. 100 de phosphate de chaux à l'analyse. Nos Crustacés actuellement vivants renferment aussi des proportions considérables d'acide phosphorique. D'après lés analyses faites par M. Hudleston, à la demande de M. Hicks, il a été reconnu qu'an fragment de roche cambrienne schisteuse noirâtre, pris dans le voisinage d'un fossile, contenait 1,62 p. 100 d'acide phosphorique anhydre ; qu'un fragment d'ardoise noire renfermant des Trilobites, mais en contact avec du trap, n'en contenait que 0,11 p. 100 ; qu'ure portion de carapace d'un Trilobite en contenait 17,05 p. 100, tandis que le trap mentionné plus haut n'en contenait que 0,323 p. 100. L'analyse de la carapace 124 REVUE SCIENTIFIQUE. de Trilobite paraît présenter un grand excès d'acide phosphorique, que M. Hudleston pense dû à la substitution. — Notesur la structure des nodules de phosphates de la partie supérieure du calcaire de Bala, dans le pays de Galles du Nord, par M. Hawkins Johnson. L'auteur de cette Note décrit l'aspect présenté par de minces sections de nodules et de gousses phosphatiques. Dans les deux cas, 1l trouve une structure qu'il est disposé à considérer comme identique avec celle d'une éponge ; mais la masse contient aussi une grande quantité de corps étrangers, surtout des fragments de co- quilles de Mollusques et de Crustacés, plusieurs corps irrégulière- ment ovoïdes qui rappellent les Coscinopora, et quelques autres qui pourraient bien être des spicules d’éponges. M. Johnson énumère quatorze formations nodulaires, de diverses localités et de composi- tion différente, dans lesquelles il a découvert une structure organique et auxquelles il attribue, en conséquence, une origine organique. El proteste donc contre le nom de concrétion appliqué à des corps sem- blables. —Sur le maxillaire d'un nouveau Dinosaure (Priodontognathus Phil- lipsii) contenu dans le Musée Woodward de l'Université de Cambridge, par M. Harry Govier Seeley. L'auteur avait d’abord appliqué à ce fossile le nom d’Iguanodon Phillipsüi; mais un examen postérieur et la découverte de dents ressemblant à celles du Scelidosaurus et à celles rapportées par le professeur Huxley à l’Acanthopholis, l'ont engagé à voir dans cette espèce le représentant d'un nouveau genre voisin des Hylæosaurus. Le spécimen eu question se compose principalement de la portion extérieure et alvéolaire de l'os maxillaire gauche (4r07/8, dont 4° {/2 occupés par la partie alvéolaire, et le reste par l'épe- ron postérieur destiné à la réunion du maxillaire avec l'os de la pom- mette). Du milieu du bord supérieur s'élève une apophyse montante qui sépare l'orbite de l'ouverture nasale. La présence de l'éperon postérieur ou zygomatique semble indiquer une affinité avec les fguanodontidées, malgré la ressemblance des dents avec celles des Scelidosaurus. Les dents que l'on voit dans leurs alvéoles ressemblent à celles rapportées aux genres Echinodon, Scelidosaurus, Acanthopholis, plus particulièrement à ces dernières; elles en diffèrent surtout parce qu'elles sont plus étroites, n'ont que de 5 à 7 denticulations de chaque côté, ne présentent pas d'épaississement à leur base, et se terminent en pointe aiguë. Cet échantillon doit probablement être rapporté à l'époque de la grande Oolite. On a trouvé avec lui un spécimen de Pecten vagans. — Description d'une nouvelle espèce de Hemipatagus, Desor, des roches TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 125 tertiaires de Victoria, Australie, par M. R. Etheridge. Dans ce Mémoire, l'auteur décrit un nouvel Hémipatagus ( Hemipatagus Woodsii), et ajoute à sa description quelques remarques sur les caractères du Psammochinus Woodsii, Laub., du Micraster brevistella Laub. et du Monostychia Australis, Laub. Il donne aussi un tableau synoptique de tous les Echinodermes tertiaires d'Australie qui ont été décrits jusqu'ici. 3.-ASSOCIATION DES GÉOLOGUES. Séance du 5 février. — Sur la Géologie volcanique de l'Islande, par W.-L. Waits. L'Islande est située à l'extrême limite de la grande ligne volcanique à l’ouest de l’Ancien Monde, ligne qui a existé bien certainement depuis la période Crétacée, tandis que les points d'éruption ont cheminé vers le Nord. Comme toutes les roches de l'Islande sont ignées ou des dérivés de roches ignées, il est impossible d'y découvrir aucun arrangement stratigraphique. Des coulées de lave basaltique sont communes dans les environs de Reykjavik, bien qu'il n'existe aucun volcan en activité dans cette partie te l’île, qui en est à sa seconde période volcanique, celle des solfatares et sources chaudes. Ces solfatares sont de simples trous de boue sili- ceuse d'un blanc bleuâtre, résultat de la décomposition du tufa contigu. Les vapeurs gazeuses qui s’en exhalent sont surtout d'hy- drogène sulfuré. Leur position change. Lessources chaudes travaillent à leur propre destruction par l'accumulation de matériaux qui varient dans des sources seulement éloignées de quelques pas les unes des autres. Watts attribue les larges rigoles des anciennes laves de Thingvalla à l'écoulement du courant de lave inférieur dans une dépression encore plus profonde, laissant ainsi la lave du courant supérieur, sans soutien, s'affaisser au milieu. Toutes les laves de l'Hécla que l'auteur a observées sont basaltiques et renferment des cristaux de feldspath et d'olivine. Le sommet de la montagne est formé par un cône de cendres et de scories. Il y avait quatre cratères: le plus étendu en longueur est une dépression elliptique de 250 pieds de profondeur, dont le fond est rempli de neige, quoique des cendres et de l'argile y soient encore chauds. Le district de Mydals, où se trouve le terrible volcan de Kotlujia, est remarquable par le mélange confus d'éjections aqueuses et ignées qui produisent des aggloméra- tions et des tufas. Du sable et de l’eau chaude sont les principales productions du Kotlujia lui-même, qui n'est pas connu pour avoir rejeté de la lave, bien qu’on en trouve d'anciennes à sa base. Ces éruptions sont dues à la fonte du Jokull et, de plus, au déchirement 126 REVUE SCIENTIFIQUE. de vastes cavités dans lesquelles l'eau s'est accumulée pendant des années. L'auteur a constaté un réservoir de ce genre dans un petit cratère du voisinage, au fond duquel se trouvait un étang profond d'eau trouble dans lequel se vidaient plusieurs petits cours d'eau, mais dont il n’en ressortait aucun. Les principales forces volcaniques de l Islande semblents’être concentrées à Vatna Jokull, vaste étendue de neige et de glace qui repose sur un nid de volcans dont plusieurs ont été en éruption pendant les temps historiques. Le Vatna s'élève sur une série de plate-formes basaltiques. Watts regarde comme assez probable l'existence de volcans en activité permanente à l'intérieur inconnu de cette masse. Séance du 5 mars. — Sur l'âge relatif de quelques vallées du nord et du sud de l'Angleterre et des divers dépôts glaciaires et post-glaciaires qu'on y rencontre, par G.-E. De Rance. Dans le Lancashire, les dépôts de transports glaciaires (Glacial Drift deposits) atteignent une épais- seur de 200 pieds, et, dans un cas particulier, de 400, et les vallées de la Ribble, de l'Irwell et de la Mersey ont été creusées par l'action dénudatrice de ces rivières, dans les temps post-glaciaires. Leurs eaux, à mesure quelles creusaient de plus en plus profondément leur lit, ont laissé de larges terrasses fort étendues de graviers fluviatiles sur les pentes supérieures. Manchester et les villages com- pris entre cette ville et Altrincham sont bâtis sur une de ces terrasses. La plaine alluviale qui se trouve en dessous de ces terrasses, et qui se compose de marne, de tourbe et de gravier fluviatile, est de date encore plus récente. La tourbe, toujours d'après l'auteur dont nous analysons le Mé- moire, se rallie avec celle des grandes tourbières de West-Lancashire, où elle atteint une épaisseur de 30 pieds, et est en corrélation avec les couches de tourbe et les forêts submergées que l'on trouve, en dessous du niveau de la mer, sur la ligne entière des côtes des Iles Britanniques et du nord de la France. Sous la tourbe, dans les plaines du West-Lancashire, on rencontre le gravier marin de Presall, dont l’auteur étudie la corrélation avec les couches de Burth du Somersetshire, les plages soulevées de Sussex, des îles de Wight et de Portland, et de Cornouailles. L'affaissement marqué par les couches marines, le soulèvement subséquent qui se produisit pendant l'ère continentale des forêts et fut suivi d'un affaissement conduisant aux niveaux actuels, eurent lieu après que les rivières dont nous avons parlé eurent creusé leurs vallées aux profondeurs actuelles, à peu d'exceptions près, l'occupation de l’homme Néolithique remontant TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 127 à l’ère des forêts. M. De Rance compare ensuite les terrasses, bien ‘plus anciennes, qui existent sur les pentes des vallées, aux graviers contenant des silex taillés de la vallée post-glaciaire de l'Ouse à Bedfort, et à de semblables anciens graviers de hauts niveaux de la Tamise, du Hampshire, de la Somme et de la Seine, près de Paris, toutes localités où ne se rencontrent pas de dépôts glaciaires. Il conclut de ce rapprochement (en tenant compte de la profondeur sem- blable des vallées creusées, de l'aire du drainage et de la position des graviers de hauts niveaux contenant des silex taillés) que ceux-ci, comme les terrasses de graviers du Lancashire, sans silex taillés, et ceux des Bedforshire, avec silex taillés, appartiennent également à l'époque post-glaciaire. Pendant l'ère continentale pré-glaciaire, la Tamise coulait dans une direction semblable à celle dans laquelle elle soule aujourd'hui, mais 100 pieds en dessus de son niveau actuel, son cours formant à peu près la limite méridionale de la mer gla- ciaire, qui viut ensuite, et sous laquelle le Weald de Kent et de Sussex ne fut jamais submergé. Dans les temps post-glaciaires, la Tamise peut fort bien avoir dénudé le bord méridional des dépôts glaciaires, quand elle commença à se creuser sa vallée actuelle et à déposer ses graviers fluviatiles les plus anciens et les plus élevés, qui sont immédiatement surplombés par les couches glaciaires. Il paraît que cette vallée a atteint sa profondeur la plus considérable pendant l'ère qui précéda immédiatement l'affaissément antérieur à la grande pé- riode de la tourbe et des forêts, le fond de la vallée à l’est de Londres étant bien plus bas que le lit de son cours actuel. Toutefois ce niveau n'est pas assez bas pour porter à croire qu'aucun des cours d'eau qui peuvent avoir coulé des pentes de Weald, à travers ce qui est aujourd'hui le Pas-de-Calais, jusqu'à la prolongation de la Tamise, aient creusé assez profondément pour avoir produit des fissures qui pourraient être fatales à l’un ou à l’autre des projets proposés pour le percement du tunnel de la Manche. 3. INSTITUTION DES INGÉNIEURS CIVILS. Séance du 2 février.— Lecture d'un Mémoire sur l'origine du Banc de Chesil et la relation des plages actuelles avec les changements géo- logiques passés, indépendamment de l'action présente des côtes, par le professeur Joseph Prescwich. Ce banc remarquable de cailloux, qui s'étend de Portland à Abbotsbury, distance d'environ 11 milles, a été décrit avec soin, en 1853, par sir John Coode. Il avait alors 43 pieds d'épaisseur, 600 de largeur à son extrémité sud, et n'avait plus à son 128 REVUE SCIENTIFIQUE. extrémité nord que 23 pieds d'épaisseur sur 510 de longueur. Le volume des cailloux diminue en allant de Portland à Abbotsbary. Sir John Coode constat: également que ce banc consistait surtout en cailloux de silex des terrains crétacés, avec une gelite quantité de cailloux de grès, de porphyre et de jaspe dont aucun ne pouvait pro- venir des roches locales. Il rapporta les silex aux falaises crétacées qui se trouvent entre Axmouth et Lyme, et le grès rouge, le porphyre et le jaspe au nouveau grès rouge de Budleigh Salterton et autres loca- lités du Devonshire; d'où il concluait que la seule source d’où avait pu dériver le cailloutis du banc du Ghesil existait entre Lyme Regis et Budleigh, et que les éléments de ce cailloutis avaient été poussés à l'Est le long de la côte vers le Banc de Chesil par les ondées de vent si communes dans ces parages. L'espace nous manque pour donner une analyse un peu détaillée du savant et intéressant Mémoire présenté par le professeur Prestwich. Nous nous bornerons à en signaler les conclusions: {1° Les cailloux des couches du Devonshire et du Dorsetshire, qui forment le cailloutis de la plage soulevée, constituent aussi la masse du banc de Chesil ; 20 Ce banc contient aussi des fragments des roches et de la silice de Portland lui-même ; 3 Les cailloux les plus volumineux se trouvent à l'extrémité qui correspond à Portland, tandis qu ils diminuent gra- duellement de taille à mesure qu'on avance vers Abbosthury. Le pro- fesseur Prestwich attribue les dimensions considérables de ce banc à la grande action accumulatrice des vagues et à leur faible action locale. Il discute ensuite les questions qui se rattachent aux galets de la côte Sud en général, et démontre que la majeure partie provient indirectement des couches de graviers de débris quaternaires et de la destruction de la plage soulevée, et en partie des couches crétacées et d'autres falaises, et non entièrement ou directement des falaises actuelles. Il fait remarquer que le mouvement, vers l'Ouest, du cail- loutis entre Ludworth et Weymouth, est dû à l'intervention de l’île de Portland et de la force des ondées de vent S. $. W; que rien de la plage de galets du Devon et du Dorset occidental ne dépasse aujour- d'hui le Bill de Portland, et que de pareilles interruptions peuvent se présenter du côté de l'Est toutes les fois que de semblables conditions se reproduisent, etc., etc. Ce Mémoire est accompagné de coupes et de diagrammes qui montrent la position et l’étendue de la plage soulevée le long des côtes du Dorset et du Devonshire. D' PALADILHE. TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZUGLOGIE. 129 Revue Allemande et Italienne. ZooLoGi1E. — Comme continuation des Instructions scientifiques pour les voyageurs (Rev. Marit., no I et II, 1875), nous trouvons l’énuméra- tion et les figures fournies par le D' Manzoni des diverses espèces de son- des et de dragues employées dans les différentes explorations qui ont donné des résultats d’une haute importance. — Le professeur Strobel a publié l'hiver dernier (Journ. de Parme) une de ses lecons qui avait vivement attiré l’attention du public. Cette lecon roule sur les transformations et la diffusion de l’homme et des animaux. Il pense que les émigrations, les changements de la croûte ter- restre et l’influenee de la souche, pour le nouvel individu qui se déve- loppe, sont la cause des modifications des animaux et des nouvelles for- mes qu’ils acquièrent (cause généalogique). — Le D' A. Mayer, aujourd'hui directeur du Musée Zoologique de Dresde, fait connaître une nouvelle espèce d’Oiseau du Paradis (Diphyl- lodes Gulielmi, III) décrite par van Muschenbroek et découverte dans les pays montagneux de Waigiou. Rosenberg ajoute à cette notice que la place de cet Oiseau se trouve entre le D. speciosa et le D. Wilsoni, et fait remarquer en même temps que le Paradisea Vaggiana n’est qu'un produit artificiel (Zoo!. Garten, 1875). — Dans la séance de février (Soc. Bot. Zool. de Vienne) Pelzeln parle des rapports de la faune ornithologique de l’Éthiopie avec celle de l’Indo-Chine. Il ajoute qu'on a observé à Marchfeld, près de Vienne, un Otis tetrax. — La publication d’une Herpétologie Européenne a été faite par le D' E. Schreiber (die Amphibien und Reptilien Europa ; Braunschwie, 1875). Cet ouvrage forme le troisième volume des Animaux vertébrés Européens. — Les Chromides du fleuve des Amazones ont fait le sujet d’un Mémoire présenté à l’Académie Impériale de Vienne par le D' Sleindachner : il fait observer qu’on doitréunir dans le genre À cara les genres À cara, He-: ros et Hara, et danslegenre Gerphagus, les genres Mesops, Satanoperca et Gerphagus ; il démontre qu’il faut rapporter les Acara tetramerus etcompressus àl'Acara (Hydrogonus)ocellata,\ Ac.(Harus) obscura IV. 10 130 REVUE SCIENTIFIQUE. à l'Ac. amphiacanthoïdes; il décrit ensuite quelques espèces des sous- genres Acara, Petenia et Heros, deux espèces de Chælobranchus, etc. Dans un second Mémoire, le même auteur fait connaître quatre nou- veaux Siluroïdes du Brésil, des genres Oxidoras, Doras et Rhinodoras. _— Un travail du professeur Schenk sur le développement des bran- chies du Mustelus vulgaris, Squalus acanthias et Torpedo marmo- rata, est aussi présenté à la même Académie. — Le professeur Todaro (Acad. roy. des Nouveaux Linceï, Rome) entretient de l'anatomie des Salpes (Boops Salpa Lin.), et soutient que dans la Salpa pinnata les cellules jaunes, les cellules sanguines et les cellules oviformes se forment aux dépens du placenta. — Le professeur Rollet parle, dans une séance de la Société des Sciences naturelles de Gratz (Act., 1874), de la propriété qu'ont certains animaux d'émettre une lueur dans l'obscurité ; il mentionne les organes des Lampyres et des Cucujos du Mexique, et cite des observations microscopiques de M. Schulze. — Le professeur Graber (Acad. Soc. Sc. Natur. de Gratz, 1874) nous donne le résultat de ses longues et patientes études sur l'organe de l'ouie des Orthoptères, mais seulement comme un essai préparatoire, ayant encore à constater d’autres faits morphologiques et physiolo- giques. — Dans la séance de février de la Soc. bot. zool. de Vienne, le pro- fesseur Auserer parle de la distribution géographique des Mygali- dées, et le D' Dybowsky de quelques Crustacés du groupe des Gama- rides. — En malacologie, nous avons à enregistrer une publication du pro- fesseur Stalio (Act. Inst. Venet. Sc.; Venise, 1874-1875), dans laquelle ilentre dans un aperçu historique des études faites sur les Mollusques de l’Adriatique depuis 1553 jusqu’à nos jours, en y joignant la nomencla- ture actuelle et la synonymie correspondante. — Le professeur Lunger a lu à l’Académie des Sciences de Vienne (février 1875) un Mémoire très-intéressant sur le développement des Naïadées. — F. Muser publie la liste des Mollusques observés par lui en Alsace (Act. Soc. malacol. de Francfort, 1874). Selon lui, l’Zelix nididula FRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 131 Drap. n’est autre chose qu'un ZZ. nitens non adulte ; les Æ. fruticum et arbustorum manquent à cette faune ; le Lymnæa auricularia y est représenté par le L. ampullacea. — Dans les mêmes écrits se trouve aussi l’énumération des Mollusques des environs de Misdroy, dans l'île de Wollen, faite par Wiegmann. — Le professeur Claus communique à la Soc. zol. botan. de Vienne un Mémoire, inséré dans ses Actes, sur la structure des cellules muscu- laires et la forme du corps du Mnestra parasites, Acalèphe qui vit sur un Mollusque marin. — Les Chélopodes recueillis dans l’Atlantique, lors de l'expédition scientifique du Porcuwpine, ont été étudiés par E. Ehlers, qui nous fournit des renseignements exacts sur les localités, la profondeur et la tempéra- ture à laquelle ont été récoltés ces Annélides, renseignements qui lui ont permis de constater des résultats intéressants sur leur distribution à dif- férentes altitudes. (Zeëtsch. f. Wissensch. Zoologie, XXV.) — Un célèbre entomologiste de Vienne, M. Miller, nous apprend (N. Fr. Pr., 16 mars 1875) que l’Insecte du Colorado qui dévaste les planta- tions de Pommes de terre, et qui est mentionné dans tous les journaux et ouvrages sous le nom générique de Doryphora, n'appartient en aucune manière à ce genre, mais bien au genre Polygramma. Il a pu constater ce fait sur des exemplaires du Musée impérial d'histoire naturelle de Vienne. Le genre Doryphora se distingue, au premier coup d'œil, des autres genres de la famille des Chrysomélinées par l’appendice en forme de lance tourné en avant de son sternum, par sa forme arrondie, sa cou- leur uniforme et son éclat métallique présentant quelquefois des taches, mais n’offrant jamais sur les élytres de stries longitudinales. Les larves de ces deux genres, comme toutes celles des Chrysomélinées, sont très- voraces ; elles mangent les feuilles des plantes sur lesquelles elles vi- vent et n’en laissent subsister que les nervures. Le Coléoptère du Colo- rado ne doit donc plus s'appeler Doryphora decemlineata, mais bien Polygramma decemlineata, nom sous lequel il figure déjà dans le Cata- logue de Déjean (3*° édit, 1837). Cet Insecte se trouve non-seulement sur les Pommes de terre et les Tomates, mais aussi sur les plantes d'agrément appartenant à la famille des Solanées. On doit prendre toutes les précautions possibles pour qu'il ne soit pas introduit en Europe. Les entomologistes pensent que cette introduction pourrait avoir lieu d’une manière ou d’une autre, et les gouvernements ont cru devoir en avertir les agriculteurs. Pourtant le professeur Rondani, de Parme, pense (Bull. com. agr.; Parme, janvier 1875) que son importation en Europe ne 132 REVUE SCIENTIFIQUE. saurait avoir lieu et n'offre aucun danger, et, à supposer que la chose s’accomplit, on aura toujours assez de temps pour le combattre. Au moment de clore cette lettre, nous trouvons dans le Journal de la Société d'agriculture du Brabant-Hainaut, 28 février 1875, un article de M. E. Blanchard, dont nous extrayons les lignes suivantes : « La pré- occupation que fait naître, en Europe, le fléau dont souffre l’agriculture américaine, vient de la crainte de voir l’Insecte nuisible, apporté par des navires, se propager dans nos champs de Pommes de terre. En réalité, l'invasion du Doryphora est peu probable ; nul zoologiste cependant ne voudrait la déclarer impossible. Les Insectes qui se fixent sur les plantes sortes de parasites transportés avec le végétal qui les nourrit, se natu- ralisent aisément partout où le végétal prospère. Au contraire, ne s’ac- commodent pas d'un changement de patrie les espèces ayant une vie plus indépendante. Jetées sur une terre étrangère, où les conditions néces- saires à leur existence semblent réalisées, elles meurent néanmoins sans postérité.» BoTANIQUE. — Les tubes cribreux sont des organes d’une grande im- portance dans la vie des végétaux supérieurs; déjà Hanstein, Hartig, Sachs ét autres ont écrit sur ce sujet. G. Briosi donne (N.Jowrn. bot. Îtalien., 1875) les résultats de ses observations sur cent quarante-six espèces de plantes dont il donne la liste. Dans les tubes cribreux des feuilles, tiges, rhizomes, racines, on a trouvé de l’amidon ; ce dernier, dans teus les états de développement de la plante, est enveloppé dans le plasma, sous formedegranules très-petits, etn’est jamais en solution. Des coupes de diverses plantes, pour montrer les granules amylacés, sont figurées dans une planche. Briosi cite encore ses observations sur la formation normale de sub- stance grasse dans la Chlorophylle : dans la Chlorophylle du Strelitzia et dans celle du Bananier, il ne se forme pas de granules d’amidon, mais une matière huileuse qui se trouve entre les nucléoles du protoplasma de la Chlorophylle. Des figures exactes donnent des éclaircissements sur le texte. — Le professeur Delpino publie un cas rare de dimorphisme, observé dans le Juglans regia; tandis que le professeur Parlatore (loc. cit.) décrit deux nouvelles espèces de plantes : un Viola Eugenia Parl., des Apennins, et un Cerastiwm Apuanuin Parl. des Alpes Apuenes qui a été confondu bien souvent avec le Cer. alpinum L. et avec le Cer. arvense L. — Quelques observations sur les Rafllésiacées, faites dans les lieux où TRAVAUX ÉTRANGERS. —— BOTANIQUE. 132 vivent ces plantes, sont présentées (/oc. cit.) par le D’ Beccari : elles tendent à rectifier ou à faire connaître quelques espèces omises par Hooker dans le Prodrome de De Candolle, comme l’Zydnora abyssi- nica À. Br., Raflesia Tuan Mudæ Becc.; l’auteur caractérise la Brug- mansia Zippolii B1., et identifie l'Æydnora Johannis avec l'Hyd. abyssinica, etc. — Le comte Trévisan décrit (loc. cit.) une Fougère du Brésil, Physematium eurolepis, qui au premier abord ressemble au Polypo- dium lepidopteris; il cite ensuite ses observations sur les Woodsiæ auxquels pourrait se comparer la nouvelle espèce pour ses feuilles sim- plement pinnées. Il termine en donnant un projet de groupement des Woodsia (sous-tribu I Peranemecæ, 11 Euwoodsicæ). —Les Lichens recueillis par Beccari à Bornéo et à Singapore, en 1866, ont été étudiés par le D' Krempelbuber et décrits dans le Nouveau Journ. botan. ital. de Caruel, 1875. De Bornéo, il énumère 140 espèces, dont 96 nouvelles; les Graphidés (28 espèces), les Verrucariés (22), les Ascidiés (10), les Thélotrématés (11) y dominent surtout, tandis que les Parméliacés y manquent presque complétement. Des 24 espèces recueil- lires à Singapore, 9 manquent à la flore de Bornéo. — À. Borzi s’est proposé d'étendre les recherches connues de Rees sur le Collema glaucescens aux autres Lichens, et d'étudier les effets du parasitisme des hypha sur les gonidies. Les résultats de ses études prouvent que les gonidies sont des organismes autonomes, et les Lichens des Champignons ascomycètes parasites des Algues représentées par les gonidies. — Le D' Beccari a recueilli en Abyssinie un certain nombre de Cham- pignons que nous trouvons décrits par le professeur Passerini dans le Nouv. Journ. 1873. Parmi les 39 espèces et variétés qu’il énumère, on compte 29 espèces nouvelles. — Le professeur Haszlinzski envoie à la Société botanico-zoologique de Vienne une liste descriptive des Champignons de la Hongrie. — À l'occasion du Congrès botanique de Florence, dans une excur- sion à Fiésol, sur le trajet d'un suintement d’eau dans le théâtre antique qui s’y trouve, le D' Lanzi a recueilli, l’année dernière, quelques Dia- tomés dont il cite la liste (N. Giorn. botan. del Caruel, 1873). Nous remarquons entre autres le Surinella ovalis, dont le gros bout, corres- pondant au pôle supérieur, est un peu obtus et arrondi; le Pinnularia 134 REVUÉ SCIENTIFIQUE. stauroneiforrmis : Lanzi observe qu’il faut encore’attendre avant de se prononcer sur l'opinion de Scott Donkin, de réunir les Pinnularia et les Stauroneis aux Navicula. —- Le même Lanzi a parlé au même Congrès botanique, de l’origine et de la nature des Bactéries, à propos des observations du D" Cokhn, con- cernant ce sujet. Il tire de ses propres expériences la conviction que l'air constitue le principal moyen de dissémination, parle de la vie des Bactéries, de leur propriété de se mouvoir, et émet enfin l'avis de changer le nom de Schizospores, de Cohn, en celui de Schizophytes, déjà adopté par le professeur Caruel. Le D' Lanzi avait déjà publié, en 1871, un Mémoire sur la Pouws- sière aérienne (Archiv. de méd., chirurg., hygiène, V), dans lequel il parle des moyens de recueillir cette poussière, et donne la liste des plantes et des animaux infusoires qui ont été récoltés en 1870. M. Lanzi a aussi, en 1873, déterminé un nouveau Champignon, Agaricus ferulæ, qui naît surles racines mortes de la Ferula communis et qui est employé comme aliment. ; GéoLoGre. — Le professeur Neumayr ( Znstit. géol. Vienne, séance de février 1875) donne des éclaircissements intéressants sur la Terre rouge que l’on trouve plus particulièrement en Istrie, en Dalmatie, sur le Carso, etc., ete. Suivant lui, des Globigérines nageant pendant leur vie à la surface, et, après leur mort, tombant au fond de la mer, en forment la boue rouge. l e — Des renseignements nus sont fournis par le même professeur (Loc. cit., séance de mars 1875) sur le calcaire de l’Acropole d'Athènes. On y rencontre une Nérinée qui sert à constater l’âge mésozoïque de ce cal- caire, rapporté par l’auteur au dépôt des terrains jurassiques supérieurs, comme le calcaire à Nérinées du Péloponèse. Toutefois, un calcaire à Nérinées appartenant à la période crétacée, se trouve aussi sur la plage occidentale de l’Adriatique. ; — Dans le Voyage géologique fait en ltalie par M. Fuchs, par ordre de l’Académie Impériale de Vienne (/oc. cit., séance de janvier 1875), nous remarquons des observations sur la formation éocène des environs de Bologne. Cette formation se divise en deux étages méditer- ranéens, exactement comme dans le bassin de Vienne. Ce livre renferme aussi des aperçus sur la formation pliocène de Syracuse et de Lentini. — Quelques considérations géologiques sur les terrains de Savigna- nesse (Annuaire Soc. des Natural. de Modène, Disp. I, 1875) sont 72 = 3 TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 139 présentées par M. Crespellanni, qui nous donne en mème temps la liste des fossiles recueillis par lui dans les marnes bleues et les sables jaunes. — M. C. de Stefani (Act. Soc. Sc. nat. Pise, Disp. I, 1875), dans des remarques sur la condition géologique des terrains sub-apennins de S.Miniato Altedescho, en Toscane, constate que les sables et les argiles alternent entre eux en couches plus ou moins puissantes. Cà et là se montrent des fragments de bois carbonisé, de restes de Mammifères, de Poissons, de Crustacés, etc., etc. — M. Grattarola publie une Revue des travaux géologiques, minéralo- giques et paléontologiques faits en Italie dans le courant de l’année 1874 (Annuaire Sc. indust.; Milan, 1875). Cette Revue, sur l'importance de laquelle il est inutile d’insister, est imprimée dans l'Annuaire, embrassant toutes les sciences, édité, depuis près de onze ans, au prix des plus grands sacrifices, par les frères Trèves et rédigé avec la collaboration de savants distingués, tels que Schiaparelli, Denza, Pigorini, del Pino, etc. — Les glaciers des plateaux de la Bavière sont étudiés par le professeur Zittel (Act. Acad. Se. de Monaco, 1875); il distingue les formations diluviales en période préglaciaire, période glaciaire et période postgla- ciaire. Dans une lettre adressée à l’Institut géologique de Vienne, le même savant mentionne la découverte de restes fossiles de Cheval, faite dans la Nagelflue préglaciaire de Berg. — À propos de glaciers, nous citerons les travaux à ce sujet du D° G. Bianconi, publiés dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Bologne : Le Sahara et les anciens glaciers, 1ST0; La mer méditer- ranéenne à l'époque glaciaire, 1871; Sur le climat de l'Europe à l’époque glaciaire, 1872. — Le professeur Suess présente à l’Académie Impériale des Sciences de Vienne (janvier 1875) un Mémoire où il démontre que dans les éruptions latérales des grands volcans, il doit se former des canaux verticaux qui irradient vers l'axe du cône; de sorte qu'un tel volcan, après une dénudation continuée, doit laisser un système de canaux en forme de rayons dont le centre correspond à la position du cratère. Arrivant au sujet spécial de son Mémoire, Suess prouve que la limite la plus septentrionale du volcan Venda, dans la chaîne des monts Euganés, près de Padoue, est le point central d’un semblable groupe de grands canaux radiés, et fait connaitre l'axe d’un volean duquel est sortie la majeure partie des trachytes Euganéens. | + 156 REVUE SCIENTIFIQUE — Nous devons indiquer le Mémoire du professeur Issel sur la Théorie des volcans (N. Antolog.; Florence, janvier 1875). L'auteur admet, avec tous les vulcanistes modernes, que le globe est, dans sa plus grande par- tie, solide, et que vers sa périphérie existent de vastes méats pleins de matières inflammables, probablement semi-liquides, qui se refroidissent lentement. Les volcans seraient autant de soupiraux situés le long des lignes de fracture de l'écorce terrestre, par le moyen desquels ces méats pourraient facilement communiquer avec l'extérieur. Le professeur développe tous les points de sa théorie, Fu laquelle il propose le nom de Néo-Plutonique. — Les tremblements de terre sont en d’étroites relations avec les volcans ; aussi devons-nous attirer l'attention des lecteurs sur le Bulletin du vulcanisme Italien publié par le professeur St. de Rossi. — Nous devons aussi mentionner un travail du professeur Favaro, dans lequel, après avoir indiqué les moyens employés par les anciens pour diminuer les conséquences désastreuses des tremblements de terre, il établit des considérations sur la théorie de ces tremblements. Puis il donne quelques détails sur les puits d'Udine. — Le D' Doeller, dans une séance de l’Académie Impériale des Scien- ces de Vienne de janvier dernier, parle sur la formation géologique des iles Pontines. Ces îles se divisent en un groupe oriental (iles Ventolene et S. Stefano) et un groupe occidental (Ponza, Palmarola, Zannone). Le premier groupe ressemble beaucoup aux volcans des champs Phlegréens et de Procida ; le second groupe consiste en roches acides trachytiques, et sa conformation est celle d’un volcan à forme radiée. — Dans une autre séance de Institut géologique de Vienne, M. F. Posepuy parle de deux roches éruptives mésozoïques appartenant à deux époques géologiques, rencontrées près de Boitza (Transylvanie), et il indique comme un fait caractéristique la différence de l'or renfermé dans ces roches: en effet, dans l’une d’elles, la Dacite, le minerai d’or contient 37 p. cent d'argent, et dans l’autre, ou Porphyre pyroxénique, 30 p. cent. | — En fait de roches éruptives, celles du Mont-Monzona (Tyrol) sont signalées par le D' Dolter. La masse principale consiste en roches syéni- tiques, dioritiques et pyroxéniques, dans lesquelles on reconnait deux types: l'orniblende et le pyroxène, auxquels l’auteur donne les noms de” Monzonite pyroxénique et de Monzonite orniblendique. TRAVAUX ÉTRANGERS. — PALÉONTOLOGIE. 137 PALÉONTOLOGIE. — Forsyth Major (Act. Soc. Sc. Nat. de Pise, fase. 1, 1875) offre une esquisse historique des études faites sur la faune des Mammifères pliocènes et post-pliocènes de la Toscane ; il donne la liste des Mammifères du val d’Arno avec des observations critiques. — Le baron de Zigno, dans des considérations historiques sur les Poissons fossiles du Mont-Bolca, décrit quelques nouvelles espèces, entre autres : lo un Odonteus pygmœus qui se rapproche de l’Od. sparotr- des, Ag. À cette dernière espèce, l’auteur rapporte le Chælodon Orbü, qu'Agassiz indiquait comme synonyme de son Achantonemus filamen- tosus ; 2 Semiphorus Masalongianus, qui par son aspect général se rapproche du Sem. Velicani Ag.; 3° Alexandrinum Molini, déjà décrit par le professeur Molini, en 1860, mais non figuré. De Zigno indique ensuite comme trouvés récemment au Mont-Bolca, des restes de Chélo- niens et deux squelettes de Crocodiles, dont l’un se trouve dans le Musée civique de Vienne, l’autre dans celui de l'Université de Padoue. — Une liste des Poissons fossiles recueillis à Oriano (Toscane) (A cé. Soc. Sc. de Pise) est dressée par Rob. Lawley. Les dents et quelques mâchoires de ces Poissons appartiennent aux genres Oxyrrhina, Lana, Carcharodon, Corax, ete., ete. — Dans la séance de janvier de la même Société, le même savant pré- sente une Ichthyodorulite gigantesque, des plaques de Trionix, etc. — Le professeur Meneghini (loc. cit.) traite des Crinoïdes tertiaires ; il dit un mot des explorations récentes qui ont amené du fond de la mer des types génériques que l’on croyait éteints; il discute leur synonymie et expose les caractères des quatre genres et des quinze espèces de Cri- noïdes tertiaires que l’on connaît aujourd'hui. — Le professeur d’Achiardi (Act. de Pise) décrit et donne la figure de quelques Coraux éocènes du Frioul, parmi lesquels diverses espèces nouvelles, comme, par exemple, Trococyathus Taramellii, qui se rapprochent du Zroch.cupula, une Placosmilia elliptica, qui ressem- ble en partie à la Plac. exarata, etc. — Un Mémoire de Brusina, orné de sept planches, sur les Mollus- ques fossiles de la Croatie, de la Slavonie et de la Dalmatie, a été publié en langue Slave dans les Actes de l’Académie des Sciences de Zagra- bia. Cette langue étant peu connue ou presque inconnue hors de son propre pays, l’auteur æ fait une édition de ce travail en langue alle- mande. Ce livre, renfermant des détails sur des contrées qui n’ont pas 138 REVUE SCIENTIFIQUE. été encore complétement étudiées (excepté, en partie, par l'Institut zoologique de Vienne), est accueilli par les savants avec une grande fa- veur. Les fossiles décrits par Brusina se trouvent dans le Musée de Za- grabia et ont été récoltés dans les couches pliocènes d’eau douce, dans les couches pliocènes à Congéries, etc. Après nous avoir donné des notices bibliographiques et des observations critiques, il établit une comparaison de la faune fossile de ces pays avec la faune actuelle, et arrive à ce résul- tat que vingt-trois, parmi les espèces qu’il énumère, offrent un type qui leur est entièrement propre et que l’on pourrait considérer comme éteint, tandis que les autres présentent l’aspect des espèces qui vivent aujour- d’hui dans la région méditerranéenne, les unes en Afrique, les autres en Arménie. — Au nombre des Mémoires de l'Institut géologique Hongrois de Bucharest, 1874, figure un article du D' Pavay sur les Oursins fossiles de la marne de Bude, écrit en langues hongroise et allemande. Il en men- tionne plusieurs espèces nouvelles appartenant aux genres Deakia, Cenoclypus, Periaster, etc. — Le professeur Fritsch (Act. de la Soc. nat. de Prague, 1874) dé- crit un nouveau Ceratodus Barrandii dont il fait connaître trois dents. Cette espèce, découverte dans le terrain houiller de Rakonitz (Bohème), est très-voisine du Cer. serratus Ag. — À une séance de l’Institut géologique de Vienne (mars 1875), Hôrnes montre certains fossiles des couches de Sotzka, sur le mont Kalmik, en Croatie, entre autres Melanopsis Hantkeni, Panopæa Heberti, Cyrena semistriata, etune Congérie, probablement C. Brardr. L'étude de ces couches de Sotzka n’a pas encore toute la précision dési- rable, relativement à la partie supérieure de l’étage miocène. En Styrie, lesdites couches sont divisées, par Stur, en étage lacustre et en étage saumâtre marin ; la première, plus ancienne et carbonifère, est recouverte par la seconde. Dans le Vicentin, le dépôt lacustre carboni- fère se voit dans les couches de Zovencedo, tandis que le dépôt marin se rencontre dans les couches à Scutella de Schio. — À la même séance, le professeur Toula présente une Notice sur la faune du calcaire carbonifère de l’île Barentz, et, dans un appendice, dé- crit les Coraux du cap Nassaw. — Il résulte d'un Mémoire de Bittnersur les Brachyures de Vicentin, que la faune des Crustacés européens de la période éocène offre, comme celle des Poissons du Mont-Bolca, un caractère tout à fait asiatique. TRAVAUX ÉTRANGERS. — PALÉOETHNOLOGIE. 139 — Le professeur O. Heer vient de publier le troisième volume de sa Flore arctique. Cet ouvrage renferme des observations très-impor- tantes jointes aux descriptions des diverses espèces. — L'Annuaire de l'Institut géologique Hongrois de Bude, 1875, contient une monographie des Foraminifères des couches à Clavulina Szaboi (oligocène hongrois). Cette monographie est l’œuvre du direc- teur Hantken. — Le deuxième congrès des Savants Italiens aura lieu à Palerme, le 29 août prochain. PALÉOETHNOLOGIE. — Quoique cette science n’appartienne pas entière- ment, dans le sens rigoureux du mot, à la géologie, ou, d’une manière générale, aux sciences naturelles, il y à tant de circonstances où elle se trouve en corrélation avec ces dernières, que je tiens à indiquer ici les plus récentes publications dont elle a été l’objet. En Italie, les découvertes préhistoriques sont si nombreuses et les études qui s’y rattachent prennent une telle extension, que l’on est sur- pris de voir que ce n’est que dans ces dernières années que les savants se soient occupés de recherches ethnologiques. On n’a qu’à prendre l'Annuaire scientifique et industriel, dont nous avons déjà dit un mot, pour y trouver la Revue des études préhisto- riques faites en Italie, présentée par le D' Pigorini; on y voit tout ce qui a été découvert dans les diverses régions de ce pays, etflguré dans les ouvrages avec des observations critiques, une citation des autorités, etc. — Les professeurs Chierici, Pigorini et Strobel, de Parme, ont, au commencement de l’année courante, fondé un journal mensuel sous le nom de Bulettin de Paléoethnologie Italien. Les deux premiers numé- ros renferment des articles d’un haut intérêt, comme celui du professeur Strobel sur un manche de bois, à la partie courte et fendue duquel on apercoit encore les vestiges des courroies de peau servant à assujétir l’in- strument emmanché. Nous indiquerons aussi le travail du professeur Chierici sur les Silex taillés rhomboïdaux, et celui du professeur Castel- franco sur une nouvelle station du premier âge du fe’, située à la droite du Tésin, et sur la nécropole de Rovio. Dans le troisième numéro dudit Bulletin, nous trouvons, racontée par le professeur Mantovani, la découverte d’une station de l’âge de pierre à Sassari (Sardaigne). Il attire l'attention sur diverses éminences du tuf calcaire pliocène, que l’on considère comme les sépulcres des premiers habitants de l'ile, Le professeur Boni décrit un fragment de micashisté 140 REVUE SCIENTIFIQUE. talqueux, de couleur verte, trouvé dans la {erramara de Cassinalbo, sur une des faces duquel est gravée en creux la figure d'une sorte de lance; et Chierici quelques tumulus de Bismantava (Reggio). — Dans les deux premiers fascicules des Actes de la Société anthro- pologique de Vienne, le D' Wankelei donne une esquisse de l'exposition préhistorique tenue, l’an dernier, à Kraw, et indique quelques tumulus des environs de cette ville; tandis que le professeur Much entre dans des considérations sur les habitations et les monuments des Germains dans l'Autriche inférieure, etc. SENONER. (Vienne, 14 avril 1875.) La Botanique aux Pays-Bas. HuGo DE VRIES. Over den inoler der bastdruhkking op den bouco der jaarringen. Maandblad voor natuurcoet. 26 juin 1874, p. 97-1022. Quand le cambium de nos arbres est en voie d'opérer une augmenta- tion des éléments libériens et ligneux, cet accroissement détermine une tension assez forte entre le liber et le bois, tension qui va en augmen- tant jusqu'à ce que l’activité du cambium cesse. La prolongation de cette tension en hiver et la grande perte d’eau cau- sée par la transpiration des jeunes feuilles, fait que, lorsque le cambium reprend son activité au printemps, la pression du liber sur le bois est beaucoup moindre qu’en automne. Ces considérations ont conduit M. de Vries à se demander si la consti- tution des couches annuelles ne dépend pas de cette différence de pres- sion exercée sur le bois à différentes époques. Les résultats d’un grand nombre d'expériences sont venus confirmer cette opinion. Son travail ter- miné, M. de Vries donne ici un aperçu de ces résultats, en réservant pour plus tard sa publication définitive. La méthode suivie dans ces expé- riences est assez simple : elle ne consiste qu’à augmenter ou diminuer artificiellement la pression du liber sur le bois. La diminution de pression se fait au moyen d’incisions verticales dans le liber, tandis que l’augmen- tation est obtenue en serrant fortement une ficelle autour d’une branche. Les résultats constatés se résument dans les trois propositions suivantes: 1 Cet aperçu s'étend à tout ce qui a paru cette année aux Pays-Bas. 2 Voir Flora, 1872, pag. 141; et Sachs, Traité de botanique; traduction fran- caise, pag. 752. TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 141 1° Plus la pression du liber est grande, plus, dans les mêmes circon- stances, le diamètre radial des fibres ligneuses est petit; 20 Plus la pression du liber est grande, plus, dans les mêmes circon- stances, le nombre et le diamètre des vaisseaux sont petits ; 3° Le fait que le diamètre radial des fibres ligneuses et le nombre et le diamètre des vaisseaux diminuent dans les couches annuelles du bois, de l’intérieur à l'extérieur, s'explique suffisamment par l'augmentation continuelle de la pression du liber. L'auteur tire en outre de son travail cette conclusion intéressante : /a chance qu'a une cellule du cambium de former une fibre ligneuse, dw parenchyme ligneux, ow une cellule vasculaire, dépend entre autres de la pression du liber. M. de Vries ajoute que les autres causes dont dépend cette chance sont probablement aussi de nature physique. — M. Burck a publié un travail sur la nature et l’évolution de l’in- dusie dans les Fougères (W. Burcx. Over de ontroikkelingsgeschiede- nis en den aard van het indusium der varens; Haarlem, 1874, 80p. et 2 planches). L'’aperçu suivant prouve que les belles recherches de l’auteur vien- nent combler une lacune dans notre connaissance du développement de ces plantes. De meilleures données sur l’évolution de l’indusie sont en outre intéressantes, parce que cet organe joue, comme on le sait, un rôle important dans la classification des Fougères. L’indusie, dans sa forme la plus simple, provient de l’épiderme, de la partie inférieure de la feuille, en ce que quelques-unes de ces cellules se divisent par des cloisons parallèles à une de leurs parois ; de sorte qu’à l’état complet une coupe de l’indusie ne présente qu’une rangée de cel- lules, dont quelquefois les plus âgées sont divisées par une cloison per- pendiculaire à la première. M. Burck a vu se former de cette manière l’indusie qu’on trouve le long du réceptacle dans le Asplenium hetero- don, le Blechnum glandulosum et le Woodwardia radicans. Dans les Scolopendriées, il y a deux zones parallèles séparées par une raie de cellules (pseudo-réceptacle) provenant pour la plus grande partie des cellules de l’épiderme ; les deux indusies formées chacune à côté de l’un des sores, se développent de la même manière. Souvent l'indusie est placée sur le réceptacle ; elle est bivalvée (Di- plarium, Digrammaria, Callipteris, etc.), ou réniforme, cordiforme, ouen forme de croissant dans les Aspidiées (Aspidium propinguum, A. heracleifolia, Oleandra nertifolia). Abstraction faite de l'influence qu'exerce la forme du réceptacle, le développement de l’indusie répond dans tous ces cas au type précédent. Il en est de même pour les Néphro- 142 REVUE SCIENTIFIQUE. lepidées et pour l’indusie peltiforme qu’on trouve dans les Polystichum, Cyclodium, Cystomium et Didymochaldena. Dans les Cyathea etles Cystopteris entre autres, les cellules épidermi- ques à la base du réceptacle se chargent de la formation de l’indusie, qui s'élève en forme urcéolée autour du sore. Quoique dans la formation de ces indusies on retrouve de nouveau le même type, il doit naturellement, outre les cloisons horizontales, s’en trouver de verticales et d’obliques ; du reste, la même chose à quelquefois lieu dans les cas précédents. Avant de passer aux groupes de Fougères où l’indusie se forme diffé- remment, M. Bruck fixe l'attention sur le mode decroissance de feuilles. Cette croissance est périphérique et s’opère par une rangée de cellules équivalentes qui se trouvent au bord des jeunes feuilles et qui produisent des segments en deux directions. Les divisions des segments eux-mêmes sont déterminées par la forme que prennent les feuilles. Dans le second groupe, c’est au bord de la feuille qu'est placée l’indusie; l’auteur commence par en décrire l’évolution dans les Davallia et les Microlepia, où l’indusie, en forme tubuleuse, entoure le réceptacle muni de sporanges. En suivant le développement de la jeune feuille, on trouve dans les deux genres, à l'endroit où plus tard la nervure se termine par un gonflement, un élargissement occasionné par des divisions répétées dans les cellules placées au-dessus et au-dessous de la cellule périphé- rique, tandis que celle-ci cesse de produire ces deux séries de segments. Dans les Davallia, les cellules placées au-dessus de ja cellule périphéri- que produisent des segments en deux directions, comme dans les cellules qui bordent les jeunes feuilles, et celles qui sont au-dessous ne donnent qu'une série de segments, comme dans la formation de l’indusie dans l'Asplenium heterodon. Ainsi, les indusies tubuleuses au bord des feuilles adultes ont une paroi dont les deux moitiés ont un développe- ment différent. Dans les Microlepia, le développement des deux moitiés de la paroi offre beaucoup plus d’analogie. Dans les genres Dicksonia, Cibotium et Balantium, l'évolution de l'indusie revient au même type que dans les deux genres précédents ; ce- pendant elle prend dans la partie inférieure, de plus en plus, une nature foliacée. Comme il est impossible d'entrer dans tous les détails, je me borne à dire que les recherches de l’auteur prouvent que l'essentiel est le même pour l’indusie des Hyménophyllacées. Tout ce qui vient d’être dit jusqu'ici se rapporte à l’indusie vraie. L'étude de la fausse indusie avait pour but de découvrir jusqu’à quel point elle mérite en général le nom d’indusie, et en particulier celui d’indusie foliacée. Adiantum. Dans ce genre, où l’on a vu jusqu'ici une fausse indusie TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 143 typique, le développement de la feuille montre ce qui suit: Les feuilles croissent aussi par les cellules du bord; la partie où se trouvent plus tard les sporanges croît plus longtemps que les parties non fertiles et se re- courbe une ou deux fois ; à la fin, ses cellules terminales ne forment plus que des segments dans une seule direction, de sorte que, dans les feuilles fertiles, la partie terminale est trichomacée et mérite complétement le nom d'indusie vraie. Le bord recourbé de la feuille porte les spo- ranges. Pteris aquilina. On y trouve, outre une indusie vraie très-petite qui d'en bas couvre les sporanges, une fausse indusie qui s'étend et sur les sporanges et sur l’indusie vraie. Cette fausse indusie n’est pas le bord recourbé dela feuille, comme on l’a cru jusqu'ici, mais elle dérive d’une ou deux cellules de l’épiderme de la partie supérieure de la feuille, cel- lules placées, il va sans dire, non loin du bord. Pteris elata, P. semi-pinnata, P. longifolia, Cheilanthes mi- crophylla, Doryopteris hastala, Allosorus atro-purpureus. Dans ces genres, la formation de l’indusie est entièrement différente de ce qu’elle est dans le Pteris aquilina et ressemble beaucoup plus à celle de l'A diantum. La partie fertile de la feuille se recourbe et croît d’abord comme à l'ordinaire, produisant des segments en deux directions; plus tard le bord produit une indusie trichomacée. Lomaria. Dans les jeunes feuilles, le tronc se recourbe ; au-dessus de cet endroit, les jeunes cellules se multiplient par divisions intercalaires et forment ainsi une continuation du limbe; de cette manière, la partie recourbée semble à la fin être implantée sur la face inférieure de la feuille et passait autrefois, à cause de cela, pour indusie vraie. L'indusie est, dans les Lomaria, pour la plus grande partie foliacée. L'indusie se forme dans l’'Onychiuwm japonicum à peu près de la même manière que dans les Lomaria. Dans le Ceratodactylis osmun- doides, il n’y a pas d’indusie du tout. ( Toutes ces recherches ont amené M. Burck à la conclusion gw'on n'a pas le droitde diviser les indusies en vraies et en fausses. Jemepermets d'ajouter que ce travail montre que l’indusie, ayant d’ailleurs une fonc- tion absolument physiologique, peut tout aussi bien être produite parle concours du tissu fondamental que par le tissu tégumentaire seul. — Bijdrage over een geval vantorsie bij den stengel van Valeriana officinalis, door W.-R.Suringar. Nederl. Kruidk. Archief, 2& serie, 1° deel., p. 319-329, PI. XVII. M. Suringar donne ici la description détaillée et accompagnée d’une planche de la monstruosité de la Valé- riane officinale qui a été l’objet antérieurement d’une communication à 144 REVUE SCIENTIFIQUE. l’Académie des sciences d'Amsterdam. Ayant déjà rendu compte de cette communicationt, je me borne à indiquer cette publication. — Bijdrage over een geval van Synanthie bij Orobanche Gal (Duby) door W.-F.-R. Suringar. Nederl. Kruidk. Archief, 24 serie, 1° deel, p. 330-335, PI. XVIIT. Dans cet article, M. Suringar fait con- naître la description d’une monstruosité intéressante, une synanthie, dans l'Orobanche Galii, monstruosité qu'il a eu occasion d'observer quel- quefois. Elle était remarquable surtout dans une fleur placée au sommet de l'axe floral ; cette fleur, provenant probablement de l’union de trois fleurs latérales, avait au milieu un pistil dont le stigmate avait cinq lobes et dont l’ovaire contenait cinq placentas pariétaux, douze étamines rangées quatre à quatre en trois groupes et insérées sur la corolle campanulée régulière; celle-ci avait neuf lobes correspondant aux trois lobes des lèvres inférieures des trois fleurs. Autour de la corolle se trouvaient en cycle les parties detrois calices, diminuées en nombre, mais restées in- tactes quant à la forme. Outre ces anomalies, il y avait, entre le calice et la corolle, cinq fleurs simples et normales; M. Suringar a encore remar- qué au dedans de la corolle une fleur presque libre. Une autre plante de la même espèce présentait une fleur anomale paraissant provenir de l'union de deux fleurs latérales. Celle-ci avait, tout comme l’autre, cinq fleurs encore au dedans de celle-ci. M. Suringar fait remarquer, en terminant son Mémoire, qu'il faut con- sidérer cette synanthie comme causée par le développement opprimé de l’axe floral. Les parties qui viennent de se former sont resserrées près du sommet et finissent par s'unir plus ou moins. La formation de nou- veaux bourgeons floraux dans l’aisselle des sépales serait une consé- quence d’un accroissement renouvelé. — Anatomisch onderzoek van Japansche houtsoorten, door D" L. Posthumus. Goes, 1874. Dans sa Thèse de doctorat, M. Posthumus donne, comme contribution à l'anatomie comparée du bois, les résultats de ses recherches sur soixante-dix espèces de bois japonais. Ces résultats ayant été publiés en forme de table, il est impossible d'en donner un aperçu. — Treug. Sets over het Chlorophyll, Maandbl. voor natuurcoet, 19 Febr. 1874, p. 67-69. Dans ce petit article ?, j'ai publié le résultat de 1 Rev. des Sc. natur., tom. INT, no 1, pag. 129. 2 Voir aussi: Flora, 1874, pag. 55. Zur Chlorophyllphrage, Notiz von Dr M. Treub. TRAVAUX ÉTRANGERS. 145 quelques expériences dont j'ai cru pouvoir déduire que l’assertion de M. Konrad sur le traitement de la Chlorophylle par l'alcool très-étendu, n’est pas juste!. Quoi qu'on pense de l’opinion de M. Kraus, il me semble que M. Konrad n’a pas le droit de dire que les principes colorants la Xanthophylle et la Cyanophylle, que le Professeur Allemand considère comme éléments de la Chlorophylle, n’en proviennent que par une décomposition chimique causée par l'emploi d'alcool étendu. Il est vrai que, dans une solution de Chlorophylle dans l'alcool pur ou presque pur, on ne saurait séparer la Xanthophylle et la Cyanophylle ; mais, dans la même solution, cette division s'opére aw moyen de sul- fure de carbone. M. Konrad à de même raison en disant que, d'un résidu d’une solution de Chlorophylle dans l'alcool étendu, l’eau peut extraire une matière colo- rante jaune, tandis qu'il n’est pas possible d'extraire une matière colorante quelconque du résidu d’une solution de Chlorophylle dans l'alcool pur. M. Konrad admet que cette matière jaune provient de l’action désorga- nisatrice qu’exerce l'alcool étendu sur la Chlorophylle. L'expérience m'a prouvé au contraire que dans les feuilles de l'Æedera helix, et probable- ment dans beaucoup d’autres feuilles, il se trouve un principe gommeux de couleur jaune qui n’est pas soluble dans l'alcool pur, mais bien dans l'alcool étendu. C’est cette matière qui entre en même temps que la Chlo- rophylle en solution quand on traite des feuilles par l’alcool étendu. C’est aussi elle qui peut de nouveau être dissoute au moyen d'eau du résidu de pareilles solutions. TREUR. Voorschoten, près Leyde, novembre 1874. EEE one nn ere 1 Voir Rev. des Sc. natur., tom. I, n° 3, pag. 394 et 395. Ft 146 BULLETIN. BULLETIN. BTBE TOGR A PEME": Embryogénie de l’Esturgeon et de la Lamproie, par À. KOWALEWSKY, Owssannrxow et N. Wacner!, Analyse par M. J. BARROIS , Préparateur à la Faculté des Sciences de Lille. Le haut intérêt qui s'attache àlaconnaissance des Vertébrés inférieurs a de tout temps excité l’attention des observateurs assez heureux pour pouvoir se livrer à ce genre d’études. Il n’ést personne qui n’ait entendu parler des belles monographies de J. Müller sur l'Amphiomus et les Myxinoïdes. Aujourd'hui que les recherches récentes nous ont ouvert de nouvelles voies, des travaux anatomiques, quelque parfaits qu'ils soient, ne peuvent plus nous suffire : c’est à l’embryogénie seule qu'il appartient de résoudre les grandes et difficiles questions qui se présentent à n0S yeux. Mais on conçoit sans peine toutes les difficultés inhérentes à un pareil sujet. Il n’est que très-peu d’observateurs qui soient en état d’aller faire sur place une étude suivie des rares représentants qui nous restent encore de ces groupes aujourd’hui presque entièrement éteints; néan- moins, grâce à quelques observateurs éminents, nous possédons déjà des renseignements précis sur le développement de quelques-unes de ces formes intéressantes. À ces documents viennent de s'ajouter deux travaux d'une grande importance sur l'embryogénie du Petromyzon fluviatilis et surtout de l’Esturgeon, dus, le premier à Owsjannikow, le second à Kowalesky, Owsjannikow et N.Wagner, et dont les auteurs n’ont encore fait qu'énoncer les principaux résultats. 1° Developpement de l'Esturgeon. L'embryogénie de l'Esturgeon se rattache, pour les phénomènes d'en- semble, au type si commun parmi tous les Vertébrés inférieurs, et que nous trouvons exprimé de la manière la plus nette chez les Batraciens : le fractionnement est total, les premières sphères de segmentation qui en résultent se disposent, dès le début, en deux masses vitellines super- posées qui suivront chacune leur évolution particulière. L'une d’elles, 1 Voir Bulletin de l'Académie de Pélersbourg, tom. XIV, pag. 317. - BIBIIOGRAPHIE. 147 celle qui occupe la majeure partie de l'œuf, demeure à l'état de simple masse vitelline qui continue à se segmenter sans subird’autre modification; la seconde, placée au pôle supérieur,se convertit bientôt, à la suite d’une seementation beaucoup plus rapide, en une masse de petites cellules embryonnaires, qui s’étale pour constituer une membrane superficielle, pour former une espèce de blastoderme qui entoure et finit par englober . complétement la masse vitelline sous-jacente. De bonne heure, nous arrivons à un état dans lequel l’œuf est constitué par une vésicule blasto- dermique formée d’un seul rang de petites cellules embryconnaires, qui entoure une masse vitelline compacte composée de grosses cellules grais- seuses; la membrane blastodermique est destinée à produire le feuillet épidermique avec le système nerveux et les organes des sens; la masse vitelline incluse donnera naissance au feuillet moteur, au feuillet gastro- glandulaire et au vitellus nutritif proprement dit. Si l’on examine un œuf d'Esturgeon à l'époque où les petites sphères de seomentation de la partie supérieure commencent à s’étaler sur les grosses sphères de la partie inférieure pour les entourer, on voit que les premières forment un disque épais qui ne repose sur la masse constituée par les secondes que par ses bords; entre sa portion médiane et la masse de grosses cellules, s'est formée une cavité (cavité de segmentation ou de Baër) qui, ainsi qu'on le voit, prend naissance dès le début du fraction- nement. j Plus tard, quand les petites cellules ont envahi la moitié de la surface de l'œuf, ce dernier a pris la forme d’une ellipse’ à grand axe transversal, le disque blastodermique s’est transformé en une espèce de calotte qui occupe tout le pôle supérieur de l'œuf et dont les bords sont renflés en un épais bourrelet marginal reposant sur la masse vitelline sous-jacente. Au-dessus du bourrelet marginal qui forme la limite du blastoderme, on voit le noyau vitellin qui fait au dehors une saillie considérable occupant, encore à cette époque, tout le pôle inférieur de l’œuf. Mais là ne se bornent pas les modifications produites pendant cette se- conde phase du développement. Tandis que la membrane superficielle envahissait la moitié de la membrane de l’œuf, d’autres changements se sont produits : le plus important est l'apparition des premiers linéaments de l'embryon ; au début, le bourrelet marginal se trouve légèrement épaissi en un point dé la périphérie ; bientôt, sous cet épaississement, en- tre le bourrelet et le vitellus, se forme une fente semi-circulaire, et en même temps un sillon apparaît sur sa lèvre supérieure. Ce sillon est le premier rudiment du système nerveux; il s’allonge rapidement à la sur- face du feuillet blastodermique et ne tarde pas à prendre la forme carac- téristique d’une gouttière limitée par deux soulèvements du feuillet blas- 148 BULLETIN. todermique (lames médullaires). Si, à cette époque, on fait des coupes dans l'œuf, on constate que la fente semi-circulaire, située sous l’épais- sissement, s’est prolongée dans l’intérieur de la masse vitelline dela même manière que le sillon nerveux à la surface de la membrane blastodermi- que. La nouvelle cavité ainsi formée est la cavité digestive ou de Rus- coni; elle sépare de la masse vitelline une couche de cellules qui demeure accolée à la membrane blastodermique. C’est la couche ainsi formée qui, en se divisant en deux lames superposées, donnera naissance aux feuillets moyen et inférieur. En résumé, il semble que de la fente semi-circulaire primitive partent simultanément deux sillons dirigés dans le même sens et situés l’un sous l’autre : le premier à la surface du blastoderme, le second dans l’inté- rieur du vitellus nutritif. C’est par ce seul processus, à la fois très-simple et très-significatif, que se trouve effectuée la formation de toutes les par- ties les plus essentielles de l'embryon : système nerveux et tube digestif, feuillets blastodermiques supérieur, moyen et inférieur, ensemble dont la réunion constitue la première ébauche du jeune animal, ou l'aire em- bryonnaire. | Les deux sillons à la formation desquels nous venons d’assister ne se prolongent pas indéfiniment vers le pôle supérieur de l'œuf; la fente qui produit la cavité digestive ne s'étend jamais au-delà du plancher de Ja cavité de segmentation ; ces deux cavités demeurent toujours distinctes et séparées l’une de l’autre par une lamelle de vitellus. Tout l’accroïisse- ment ultérieur se fait par une simple extension des parties maintenant formées. C’est cet accroissement général de toutes les parties de l'embryon qui caractérise la seconde période du développement. Jusqu'ici, l'aire em- bryonnaire est restée limitée à la partie inférieure de l'œuf, le pôle supé- rieur est toujours occupé par la cavité de segmentation, dont les carac- tères n’ont pas changé; mais bientôt l'aire embryonnaire s'étend rapide- ment à la surface du blastoderme, -elle forme une tache arrondie qui s'étale dans tous les sens, aussi bien vers le pôle supérieur que sur les parties latérales. Le tube digestif, qui n’en est qu'une dépendance immé- diate, suit cet accroissement ; il envahit peu à peu la cavité de segmenta- tion, qui finit par être obstruée et par disparaitre en tant que cavité distincte. A l’époque même où l’aire embryonnaire occupe le pôle supé- rieur de l’œuf, l’envahissement de la cavité de segmentation par le tube digestif se trouve aussi complétement achevé. En même temps que cette extension de l’aire embryonnaire, ont aussi lieu d'autres phénomènes : les plus importants sont l’englobement com- BIBLIOGRAPHIE, 149 plet du vitellus par le blastoderme, l’occlusion du sillon nerveux et la segmentation du feuillet moteur. Au moment où l’enveloppement complet de la masse vitelline se trouve effectué, l'œuf a pris la forme d’un ovale allongé à grand axe longitudi- nal, le bourrelet marginal n’entoure plus qu'une petite ouverture placée au pôle inférieur (anus de Rusconi), et par laquelle le vitellus ne fait plus qu’une légère saillie (bouchon de Ecker); l’aire embryonnaire oc- eupe toute la hauteur de l'œuf et la cavité de segmentation a compléte- ment disparu. La segmentation du feuillet moteur s'effectue suivant le processus ordinaire: la première division en corde dorsale et lames latérales est suivie du partage de ces dernières en masses dorsales ( protovertébrales ) et lames ventrales ( latérales de second ordre). Viennent ensuite l’appa- rition de la cavité pleuropéritonéale et la division des lames ventrales en feuillets intestinal et cutané, la naissance des conduits rénaux aux dé- pens de la partie interne du feuillet cutané, enfin la segmentation en protovertèbres. En un mot, on retrouve tous les processus qui existent chez les Vertébrés supérieurs, et l'Esturgeon ne présente à cet égard au- cune particularité bien digne de remarque. L’occlusion du système nerveux est accompagnée de grands change- ments dans la forme générale de l'embryon. La soudure des lames médul- laires s'effectue d’abord vers la portion médiane, gagne l'extrémité pos- térieure et ne s'étend qu'en dernier lieu vers l'extrémité antérieure fortement renflée. Le rapprochement des lames médullaires dans la partie moyenne est accompagné d'un resserrement de toute la partie corres- pondante de l'œuf: l'embryon prend la forme d’un huit; l’étranglement médian correspond à la partie cervicale, où apparaîtront en premier lieu les protovertèbres. La boucle postérieure, qui porte les deux conduits ré- naux sous forme de deux tubes disposés obliquement par rapport à la ligne médiane, répond à la partie rachidienne; enfin, la boucle antérieure représente la partie céphalique. Peu après l'occlusion de la partie posté- rieure de la gouttière, la portion rachidienne s’allonge et perd sa forme arrondie, l'embryon prend la forme d’une poire et commence à acquérir l'aspect caractéristique de Poisson. Ces divers phénomènes de différenciation sont accompagnés d’une par- ticularité importante qui mérite de fixer quelque temps notre attention : lors de l'achèvement du processus d’enveloppement de la masse vitelline par le blastoderme, à la ste de l'extension de l'aire embryonnaire et du rétrécissement de l'ouverture interceptée par le bourrelet marginal, les parties latérales des lames médullaires tendent à contourner cette ouver- ture et à venir se rejoindre du côté opposé: l'anus de Rusconi ne tarde [50 BULLETIN. pas à être englobé dans l’intérieur de l’aire embryonnaire; dès-lors, il fait partie de la gouttière nerveuse, et, au moment de l'occlusion de‘cette dernière, se trouve enfermé dansle canal de la moelle, qu'il fait commu- niquer, au moyen de la fente qui en occupe le fond, avec la cavité diges- tive. La fente d’où sont partis, à l’origine, les deux sillons primitifs ne cesse dont jamais de servir de poirit de passage entreces deux parties si importantes, et conserve, jusqu’à sa disparition et la formation de l’anus définitif, ses relations premières. Ce fait singulier, de la çommunication temporaire des cavités digestive et médullaire, avait déjà été décrit par Baër chez différents Vertébrés, mais on n’y avait pas ajouté foi. Aujour- d'hui, l'exactitude de ces observations anciennes ne neut plus être révo- quée en doute. | La troisième période, importante surtout au point de vue de la phy- logénie du groupe, est relative au développement des organes. Le premier phénomène qui se produit a rapport à la différenciation de la partie antérieure du canal médullaire; d'abord renflée en forme de poire, cette partie présente bientôt, vers son milieu, un étranglement qui divise la vésicule primitive en deux vésicules secondaires réunies par une partie plus mince, étranglée. La première division constitue le cerveau antérieur; c'est à ses dépens que se formeront les lobes olfactifs et les vésicules oculaires, remarqua- bles, dès le début, par leur grosseur. La seconde, qui correspond à l’étranglement, devient le cerveau moyen. La troisième représente le cerveau postérieur. Dans sa paroi se forment deux échancrures, premières traces du quatrième ventricule; le cervelet résulte de l'allongement de la partie placée au-devant, suspendue comme un pont entre les deux échancrures. Les fentes pharyngiennes apparaissent sous forme de cercles réguliers disposés autour de la vésicule cérébrale antérieure. Il se forme ainsi quatre ares concentriques qui occupent toute la partie céphalique et pro- duisent un aspect des plus caractéristiques. Les auteurs ne donnent lenom d’arcs branchiaux qu'aux trois derniers arcs séparés par de véritables fentes branchiales, et semblent plutôt considérer le premier, étroitement appliqué contre la vésicule cérébrale, comme une dépendance de la tête, Dans la même région, le feuillet externe donne naissance aux vésicules auditive et olfactive, situées : la première, entre le deuxième etle troi- sième arc branchial; la seconde, à la partie antérieure de la tête. Le feuillet corné ne fournit pas de vésicules oculaires; cependant on voit se former sur les côtés du premier arc, directement appliqués contre la vési- ” BIBLIOGRAPHIE. 151 cule cérébrale, deux petites invaginations de l’épiderme qui disparaissent plus tard et en sont peut-être les représentants. Dans la partie rachidienne, les conduits rénaux, qui étaient d'abord placés obliquement par rapport au canal nerveux, viennent maintenant se placer parallèlement à lui. En même temps, leur extrémité antérieure se divise en deux branches dont les auteurs ne nous apprennent mal- heureusement pas la destinée ultérieure: l’une, courte, qui serpente contre la colonne vertébrale : la seconde, externe, et qui acquiert une longueur considérable. En même temps que s'opère l'achèvement de toutes ces différentes parties, s'effectue la formation des organes de la circulation. Le péricarde apparait sous forme d’un sac clos placé sous les arcs branchiaux et dont les parois donnent naissance au cœur, sous forme d’un bourgeon d’abord solide. Tous les vaisseaux de l'embryon prennent naissance d’un réseau de cordons pleins qui ne tardent pas à se différencier; les cellules internes se changent en globules sanguins ; celles de la périphérie constituent les parois du vaisseau. Les canaux ainsi formés charrient d’abord toutes sortes de matériaux. On y trouve, disséminés au milieu de globules sanguins, des cellules pigmentaires et des îlots de globules vitellins. Les vaisseaux du vitellus et ceux du corps de l'embryon se rassemblent chacun en un eros canal, et ces deux veines principales viennent déborder dans le cœur. Enfin ce dernier, par son extrémité antérieure, donne naissance à l'aorte. Tels sont tous les faits saillants qui s’accomplissent pendant cette der-- nière période : beaucoup ne sont qu'une simple répétition des processus qu'on retrouve chez tous les autres Vertébrés, mais quelques-uns sont spéciaux à l'Esturgeon, et présentent par cela même un grand intérêt. L'aspect si caractéristique qu'offre la partie céphalique à l’époque de l'apparition des fentes branchiales constitue certainement le trait le plus caractéristique de l’évolution particulière de l’Esturgeon : c’est lui qui devra servir de base à l’anatomie comparée et à la phylogénie du groupe. 2° Développement du Petromyzon. Les différents faits que nous avors passés en revue dans l’'embryogénie de l’Esturgeon se groupent assez bien, comme on vient de le voir, en trois périodes : une de formation, une de différenciation et une d’ache- vement. C’est pendant la première que s’opère la formation de l'embryon; pendant la seconde, s'effectue l’évolution de tous les principaux systèmes d'organes ; la trcisième est surtout une période d'achèvement : c'est 152 BULLETIN. ' pendant sa durée que l'Esturgeon acquiert toutes ses particularités ca- ractéristiques et que se forment les organes de la circulation. Le développement général du Petromyzon suit la même marche. La première période est une répétition exacte de ce que nous ayons décrit chez l’Esturgeon : d’une fente située sous le bourrelet marginal partent deux sillons qui déterminent la stratification des feuillets blasto- dermiques. L'évolution de ces feuillets ne présente aucun phénomène anormal : l'enveloppement complet de la masse vitelline, la segmentation du feuillet moteur et l’occlusion du sillon nerveux s'effectuent d’après les pro- cessus les plus généralement en usage, et il ne nous paraît pas utile de nous appesantir davantage sur ce sujet. Le fait le plus saillant consiste en ce que le feuillet supérieur a deux couches de cellules, ce qui semble constituer un rapprochement vers le cas où le feuillet sensoriel est com- posé de deux parties (feuillet carré et nerveux). La formation des organes des sens se rapproche assez de ce qui existe chez l'Esturgeon : les fos- settes olfactive et auditive sont aussi les seules que produit directement le feuillet supérieur ; les vésicules oculaires prennent naissance dans deux groupes de cellules situées sur les côtés du système nerveux. Les seules particularités dignes de remarque qu’il reste à signaler sont relatives: la première à la destinée ultérieure de la fente pri ritive, la seconde à l'accroissement général de l'embryon. Nous avons vu que, chez l’Esturgeon, la fente semi-circulaire d’où partent, à l’origine, les cavités médullaire et digestive, conserve pen- dant tout le cours du développement les mêmes relations ; jamais elle ne cesse de constituer un orifice de communication entre les tubes ner- veux et digestif, et finit par disparaître, tandis qu'à sa place s'établit sous la colonne vertébrale une nouvelle communication de l'intestin avec l'extérieur, qui forme l’anus définitif. Chez le Petromyzon, il en serait autrement. D’après Owsjannikow, d'accord en cela avec Max Schultze , l’occlusion du sillon nerveux se ferait avant l’englobement de la fente semi-circulaire; cette dernière ne cesserait jamais d’être en libre communication avec l’extérieur, et ce serait elle qui finalement constituerait l'anus définitif. L’accroissement général de l'embryon est remarquable par sa simpli- cité ; point de changement de forme ni de division, comme chez l’Estur_ geon , en partie rachidien…ne et céphalique; le cerveau est ici très-peu développé, et le tube nerveux est remarquable par l'uniformité de son calibre. L'embryon se présente dès le début comme une saillie mince et allongée, et ses caractères restent les mêmes pendant tout le cours du développement; la seule modification consiste dans le volume res- BIBLIOGRAPHIE. 153 pectif de l'embryon et du sac vitellin sur lequel il repose : à l'origine, ce dernier constitue la partie essentielle de l'œuf, mais l'embryon s'accroît et le sac vitellin ne semble plus qu'un simple appendice ; le jeune animal a à cette époque un aspect vermiforme, il ressemble, selon l'expression de l’auteur, à une Trichine enroulée dans son kyste. CONCLUSIONS, Outre des renseignements précieux pour l’étude spéciale et la morpho- logie des Myxinoïdes et des Esturgeons, ces recherches nous fournissent encore des faits d’une très-grande portée. Si nous rapprochons les pre- miers processus du développement précédemment décrit de ce que nous apprennent les divers travaux d’embryogénie publiés pendant ces der- nières années, nous ne pouvons nous empêcher d'être frappés de la orande généralité des premiers processus de développement dans tout l’embranchement des Vertébrés. Partout, depuis les Ascidies jusqu'aux types les plus différenciés, nous retrouvons cette même dépendance pri- mitive des tubes médullaire et digestif ; partout nous voyons, d'une fente primitive spéciale, partir deux dépressions qui déterminent l’arrange- ment général des feuillets blastodermiques et la formation de l'em- bryon. Souvent, et c’est peut-être le cas général, cette disposition primitive persiste pendant la différenciation et demeure à peu près jusqu'à léclo- sion. L'ouverture primitive est englobée dans le sillon médullaire; elle devient un orifice de communication entre l'intestin et letube médullaire, et s’atrophie pendant que se développe un anus définitif. Mais ce dernier point n’est pas encore bien établi. La question de l'anus primordial, déjà longuement débattue en 1870 par Claparède, dans sa remarquable analyse des travaux récents d'embryogénie, n’est pas encore aujourd’hui complétement résolue. Les nouvelles observations d'Owsjan- nikow, confirmant celles de Max Schultze sur la Lamproie, tendraient à montrer que l'ouverture primitive, la fente semi-cireulaire passent direc- tement à l’anus permanent; d'autre part, le cas si explicite de l'Esturgeon plaide fortement pour l'opinion contraire. En faveur de cette opinion viennent encore s'ajouter les observations de Baër, aujourd’hui d'autant plus significatives qu’elles datent d’une époque antérieure à la naissance de la question qui nous occupe, et ne peuvent par conséquent être soup- connées de partialité. Enfin, il reste à citer les nouvelles découvertes de : Kowalewsky; cet observateur, qui naguère était l’un des partisans de la théorie de l’anus primordial, vient, dans un Mémoire complémentaire de l’embryogénie de l'Amphioæus, de porter une atteinte terrible à cette 154 BULLETIN. même.théorie dont il constituait le meilleur appui. Reprenant ses pre- mières observations, il a montré que, chez l’Amphiormus aussi, la cavité d’invagination primitive, la bouche de la Gastræa, est englobée dans le. sillon nerveux et devient un orifice de communication entre le tube diges- tif et le tube médullaire. En résumé, si dans ces dernières années la théorie de l’anus primor- dial à acquis quelques adhésions nouvelles, elle a, d’autre part, subi de terribles échecs : aux observations contraires de Baër, Vogt, Lereboul- let, Van Bambeke et Kuppfer, viennent aujourd’hui s'ajouter celles de Owsjannikow, Kowalewsky et Wagner sur l’Esturgeon, et de Kowa- lewsky sur l’'Amphiomus ; le fait qui paraissait le plus en sa faveur se trouve être maintenant son obstacle le plus formidable, et elle ne conserve plus pour elle que les observations de Gôtte sur le Bombinator, de Max Schultzeet d'Owsjannikow sur la Lamproie. Il ne faut du reste pas perdre de vue que cette question de l'anus primor- dial n’est encore, après tout, qu'une question accessoire, à côté de celle que nous avons signalée en commençant. Cette dernière est loin d’être sous la dépendance immédiate et nécessaire de la première ; quels que soient les phénomènes ultérieurs, les faits primordiaux n’en restent pas moins les faits dominants et conservent toute leur valeur. A la rigueur, il est possible que l'extension variable de la gouttière nerveuse vers la partie postérieure soit suffisante pour expliquer les divergences qu’on rencontre au sujet de l’anus primordial. Le fait fondamental consiste toujours, à nos yeux, dans cette apparition d’une fente d’où partent deux sillons primitifs. À ce point dé vue, les nou- veaux travaux de Kowalewsky acquièrent une importance considérable : ils montrent que cette forme primitive n’est autre chose que l'ouverture de la Gastræa, donnant naissance au tube digestif et portant sur sa lèvre, comme chez les Ascidies, le sillon nerveux primitif. Le processus qui vient d’être revu une fois de plus chez l'Esturgeon et chez le Petromyzon avait déjà été décrit par de nombreux observateurs, chez différents grou- pes de Vertébrés: Kuppfer l'avait indiqué chez les Poissons osseux; Gott et Van Bambeke chez les Batraciens ; Dursy chez les Oiseaux, et on sait que, danstous les cas, le premier rudiment de l'embryon procède tou- jours du bord de l’anus de Rusconi. Ilne reste guère que les Mammifères, chez lesquels ce processus n’ait pas été signalé, et pouvons-nous nous en étonner sinous songeons à l'extrême disette, à l'absence presque totale de travaux embryogéniques récents sur les premières phases du dévelop- pement dans ce dernier groupe ? L'apparition d'une ouverture primitive d'où partent le tube digestif et lesystème nerveux se rencontre donc depuis les Ascidies jusqu'aux Ver- BIBLIOGRAPHIE. 155: tébrés les plus élevés. Nous avons là un processus des plus caractéristi- ques en connexion intime avec la forme Gastræa, d'une généralité incon- testable dans tout l’embranchement des Vertébrés, et qui se trouve en parfait accord avec toutes les données fondamentales de l'anatomie com- parée. Aussi ne peut-on plus se refuser aujourd’hui à y voir le trait do- minant de toute l’'embryogénie des Vertébrés; c’est lui qui devra servir désormais de base et de point de départ pour l’étude de l’embranchement tout entier. Sur la Vésicule germinative de Vértébrés, par le professeur OELLACHER, "d'INSPRUCK !. Analyse par M. H. LELOIR, Étudiant à la Faculté des Sciences de Lille. L'histoire de la vésicule germinative a toujours offert le plus haut in- térêt embryogénique. On crut d'abord que dans une grande partie des œufs la vésicule germinative disparaissait, dissoute dans le vitellus, et cela avant la fécondation. Vinrent les travaux de Remak et de Kôlliker, qui reconnurent sur un grand nombre d'œufs que la segmentation de l’œnf n’était que la simple division cellulaire d’une cellule dont le noyau était la vésicule germinative, et le protoplasma le vitellus. On admettait alors que la segmentation du noyau devait précéder la segmentation du vitellus ; mais cette opinion était singulièrement. en désaccord avec les observations qui affirmaient la disparition de la vésicule germinative ou noyau de la cellule avant la segmentation. En 1872, Johannes Müller ayant étudié les œufs de l Entoconcha mi- rabilis, ce curieux Mollusque parasite des Holothuries, affirma que la vésicule germinative, loin de disparaître, formait, par sa division, les noyaux des deux premières sphères de segmentation.— Les observations de Leydig sur les Rotifères, et d’autres nombreuses sur les œufs d'In- vertébrés, vinrent confirmer le dire de Johannes Müller. Au contraire, tous les embryogénistes qui ont étudié les œufs de Ver- tébrés admettent l’opinion de Purkinge: disparition de la vésicule ger- minative. Mais tout nouvellemeut parut un ouvrage de M. Van Beneden, dans lequel ce savant, en se fondant sur l'étude d'œufs de nombreux In- vertébrés et sur celle des Mammifères, croit pouvoir affirmer que chez tous les animaux la vésicule germinative est la mère de tous les { Beilräge zur Geschichte des Keimbläschen und Wirbelthiere (Archiv. für mikroskopische Analomie, Bd., 8, pag. 1.) 156. BULLETIN. noyaux de toutes les sphères de segmentation. M. Van Beneden explique le semblant de disparition de la vésicule germinative par la concentra- tion du vitellus. Il ajoute que le noyau qui n'apparaît que quelque temps après la disparition de la vésicule germinative est tout à fait semblable à cette vésicule germinative, tandis qu'un noyau de nouvelle formation devrait être plus petit. Œllacher trouve que ces raisons sont peu convaincantes. Quant à cette opinion de M. Van Beneden, qui consiste à dire que la vésicule germina- tive se comporte de même chez tous les animaux, il l’admet compléte- ment. La disparition de la vésicule germinative lui paraît. prouvée, au moins chez les Vertébrés, par des études qu'il à faites sur des œufs de Truites. En novembre 1870, il se mit à étudier les œufs de ce Poisson. Sur des œufs examinés quelques heures après leur fécondation et sur des œufs non fécondés (ce qui prouve que les phénomènes suivants ne sont pas le résultat de la fécondation), il vit que l’aire germinative, convexe, bom- bée, reposant dans une excavation du vitellus nutritif, était sillonnée en tout sens par des lignes transversales. Sur un certain nombre d'œufs, il observa au centre de l’aire germinative une sorte de petite tache grisâtre, pointillée parfois de macules verdâtres qui semblaient situées dans son épaisseur même. Cette tache grisâtre recouvrait l'aire germinative comme un voile et en suivait toutes les anfractuosités (comme la pie-mère céré- brale suit toutes les circonvolutions du cerveau). Des coupes fines, prati- quées au centre de l’aire germinative, lui permirent de constater qu’effec- tivement cette tache grise était un petit voile situé au milieu de l’aire germinative, dont il suivait toutes les anfractuosités. Ce petit voile était situé par places. Ces stries ne seraient autre chose que des tubes dont les ouvertures correspondraient aux taches verdâtres vues sur la surface du voile. Œllacher ne pouvait s'expliquer ce qu'était ce voile, quand, en étudiant un œuf non fécondé, il vit dans l’aire germinative une invagina- tion contenant une ampoule qui s’ouvrait à l'extérieur par un petit or1- fice circulaire. La membrane de cette ampoule avait tout à fait l'aspect histologique du petit voile ; elle était striée, contenait des macules verdà- tres. Cet aspect et la position de cette ampoule lui firent penser qu'elle pourrait bien être la vésicule germinative : c'est ce que l'étude d'œufs ova- riens durcis dans l’acide chromique lui permit de constater. Restait à voir comment le petit voile qui recouvre l’aire germinative dérivait de la membrane de la vésicule germinative. Il découvrit que dans un certain nombre d'œufs l’aire germinative faisait saillie sur le vitellus nutritif, offrant à son centre une ouverture par laquelle on pou- vait pénétrer dans une ampoule dont les parois avaient la même struc- ture que celle du petit voile; dans le fond de l’ampoule se trouvait un BIBLIOGRAPHIE. 157 globe granuleux, divisé en globules dans quelques œufs. Cette ampoule était la vésicule germinative. Voici ce qu’il put conclure de l’étude d’autres œufs: la vésicule germi- tive se trouve, à une époque où l’œuf est très-près de sa maturité com- plète, tout contre la surface de l’aire germinative; là elle s'ouvre dans un espace compris entre la membrane vitelline et l'aire germinative; son ouverture va toujours en s’élargissant, sa membrane se sépare peu à peu de son contenu, qui forme finalement une boule dans le fond de la cavité. Cette cavité de la vésicule germinative va toujours en s’aplatissant, en diminuant de profondeur, en sorte que son contenu est de plus en plus soulevé hors de l’aire germinative. Quand enfin la cavité n'existe plus et qu'il s’est même formé une dévagination, la membrane de la vésicule germinative prend sur l'œuf l’aspect du petit voile que nous avons étudié. Ainsi done, le contenu de la vésicule germinative de la Truite est expulsé avant la fécondation. Mais comment la vésicule germinative, qui, comme on le sait, est une vésicule fermée, s’ouvre-t-elle et se dévagine-t-elle même ensuite ? Quelle est la force qui produit cet effet ? Cette force, cette action sur la vésicule germinative proviennent des contractions de l'aire germinative, qui, comme nous l'avons vu, fait sail- lie en un point de l'œuf. Œllacher rappelle à ce propos ce qu’il a constaté sur l’œuf de la Poule. On voit dans cet œufla vésicule germinative, d’abord entourée de tous côtés par l'aire germinative, soulevée hors de celle-ci par les contractions de cette aire germinative et aplatie ensuite entre elle et la membrane vitelline. Ainsi, et dans l’œuf de la Poule, et dans l’œuf de la Truite, la vésicule germinative est expulsée par les con- tractions de l'aire germinative. Baër avait d’ailleurs bien constaté que la vésicule germinative part du centre pour se rapprocher de plus en plus de la périphérie, où elle se trouve comprimée entre l’aire germinative et la membrane vitelline. Là elle se liquéfierait, d’après lui, car il n'aurait pu voir les passages que nous venons d'étudier. Des observations de Bischoff sembleraient prouver que cela se passe de la même facon chez les Mammifères (Chiens, Lapins). Van Beneden, en étudiant des œufs de Mammifères, distingua nettement dans un point où le vitellus était plus écarté de la membrane vitelline, une ou plusieurs petites vésicules avec des noyaux (vésicules polaires) sorties complétement de l'œuf. En même temps on voyait dans l’intérieur de l'œuf deux vésicules à noyau que Van Beneden considère comme les noyaux des deux premières sphères de segmentation. Pour lui, ces noyaux proviendraient de la division de la vésicule germinative. 158 BULLETIN. Œllacher pense que très-probablement ces vésicules polaires ne sont autre chose que le contenu expulsé de la vésicule germinative; il faut remarquer que cette expulsion de la vésicule germinative précède le fractionnement ; il paraît peu probable que la vésicule germinative joue plus tard n rôle comme partie intégrante de l'œuf 1. Ce n'est pas de la vésicule germinative que proviennent les noyaux des deux premières sphères de segmentation. L'observation de Van Beneden prouve bien que l'œuf contient deux noyaux avant la première segmentation, et que les deux premières sphè- res de seomentation possèdent aussi chacune un noyau ; mais cela ne prouve pas du tout (on peut même ajouter au contraire) que ces deux noyaux proviennent de la division de la vésicule germinative, car à cette époque les corps provenant du contenu de la vésicule germinative, les corpuseules polaires, existent déjà et existeront encore pendant quelque temps. d La division en deux du contenu de la vésieule germinative de la Truite ne doit pas être considérée comme une segmentation véritable. Ainsi donc, voici ce qu'on peut conclure des précédentes observa- tions : 1° La vésicule germinative des œufs de tous les Vertébrés se rappro- che de plus en plus de la surface de l'aire germinative pendant que les œufs se rapprochent davantage de la maturité complète ; 2° Tôtou tard, avant la fécondation, la yésicule germinative de tous les Vertébrés est expulsée de l'œuf etse trouve contenue entre l'aire ger- minative et la membrane vitelline ; 3° Cette-expulsion de la vésicule germinative est produite, très-proba- blement, par les contractions du vitellus plasmatique ; 4° Ja vésicule germinative se divise chez les Mammifères pendant son ‘ expulsion, ou peu de temps après; il en est de même dans l'œuf de la Truite. Pour les autres Vertébrés, les observations font défaut ; 5°. Dans l’œuf de la Truite, l'ouverture de la membrane de la vésicule germinative précède son expulsion, Quand le contenu de la vésicule a été expulsé desa:membrane,celle-ci: demeureétendue pendant quelquetemps sous l'aspect d’un petit voile surle vitellus plasmatique, puis elle disparaît aussi finalement ; | A —— ———— —————————————"" —— ————— ——————————— 3 1! Je rappelerai ici l'opinion de Baibiani, qui tend à prouver que les corpuseules polaires se placent là où se formeront les organes génitaux de l'embryon, et l'autre opinion prétendant que c'est par le point de sortie des corpuscules polaires - que-passe la première ligne de fractionnement. BIBLIOGRAPHIE. 159 6° Les noyaux des sphères de segmentation se forment tout à fait indé- pendamment de la vésicule germinative. Il est très-probable, et un certain nombre d'observations tendent à le prouver, que cela se passe de même chez les Invertébrés. Il fant d’ail- leurs remarquer que dans certains œufs il s'écoule un temps très-court entre la disparition de la vésicule germinative et la première apparition du nouveau noyau, qui n'a pas besoin d’être plus petit au commence-. ment. Ce temps si court explique que l’on ait pu ne pas voir tous les phénomènes de l'expulsion de la vésicule germinative. Le Directeur : E. DuBruiL. Montpellier. — Typographie Borum et Fizs, s | Val Tom. IV. pl. Pa f « See Sosdeeees ST ER 0 RE 5 HP RE LE re se É: o À o! 6. : 1] , à RE > > v o fr X Zik Breèr &2E, Moroeller De 4 “he sde - - es À : PRE mn T vT Er je CORRE ; Pr», ee 4) d s FX 4 6 ? rs L op KA: n CEA NAN % t fa [4 . " J . « . 1 LS + LIFE F A RÉ à + | * ul { x . y £ L- 4 L2 Li - k AE 4 E LE = « ] . ÿ A à l , NE u . | L: U ' s + : & \ « Ne mit Ha ANR ALAN Pat À uw ‘ . Lu P Mu" # Revue des Sciences Naturelles Tom.IV. pl. II. I. Morlot del. Lie Boeñn BIS Moeïpeller date Lt nn 7 Mr Tir: MÉMOIRES ORIGINAUX. ———— —_—_—— NOTE POUR SERVIR À L'HISTOIRE DES AMPHIPODES du Golfe de Marseille, Par J.-D. CATTA, Professeur d'Histoire Naturelle au Lycée de Marseille. Par une Note publiée récemment dans les Comptes-rendus" de l'Académie, j'ai annoncé quelques résultats nouveaux obtenus en étudiant les Crustacés inférieurs du golfe de Marseille. J'ai pu me livrer à ces recherches dans le laboratoire des Haules-Études qui est annexé à la Faculté des sciences et que dirige M. Marion. Le détail de ces observations fera l’objet d’une publication ulté- rieure; qu il me soit permis de consigner seulement ici le résumé succinct des principaux faits relatifs aux Amphipodes normaux. Voici quelles sont les espèces qui ont le plus directement attiré mon altention. IcRiIDIUM RISSOANUM. Un intérêt tout particulier s'attache à ce petit Édriophthalme, dont un individu a été pris dans les fonds corallisènes de Mont- redon. En effet, par son aspect général et par la forme de ses pléo- podes, il rappelle si bien les Isopodes, qu'on ne saurait le regarder autrement que comme un type synthétique réunissant ce dernier groupe aux Amphipcdes, parmi lesquels il doit être toutefois classé de préférence. Aussi me paraît-il indispensable de bien établir sa synonymie. Grube, qui l’a rencontré sur les bords de l’île Lussin, le décrit comme un genre et une espèce nouvelle sous le nom d'Z. fuscum (Sützung.der Schl, gess. von 18 febre 1863 ; et Arch. fur Naturg., LV, Compl.-rend. de l'Acad. du 19 mars 1875, pag. 831. IV. 1? 162 MÉMOIRES ORIGINAUX. 1864, zweites heft, pag. 209, taf. V, /ig. 3). Ne l'ayant pas vu de profil, il n'a pas songé à le rapprocher du Phlias Rissoanus que Sp. Bate (Cat. of Amph. Brit. Mus., 1862, pag.88, pl. XIV a, fig. 3) avait découvert sur les côtes d'Italie (très-probablement dans le golfe de Gênes). Or, en comparant ia description et la figure données par ce dernier auleur avec le petit Crustacé de nos eaux, il est impossible de ne pas reconnaître une identité absolue. Z. fus- cuin (Grube) el Phlias Rissoanus (Sp. Bate) sont donc synonymes. Mais d'autre part l’éminent careinclogue anglais avoue n'avoir pu étudier le Pléon de son Amphipode, et, ne connaissant rien de plus analogue que le Phlias serratus de Guérin de Menneville, il l'a rangé dans ce genre. Or, si on ne met pas en doute la descrip- tion de Guérin de Menneville, le genre PAlias doit rester pour ne renfermer uniquement que le P. serratus, dont le Pléon serait tout à fait normal. La désignation générique d'/cridium subsiste donc, mais la dénomivation spécifique de fuscum doit faire place à celle de Rissoanum, plus ancienne. Reste ane autre difficulté : à peu près en même temps que Grabe publiait son Zeridium, Sp. Bate et Westwood créaient pour l’Oniscus testudo de Owen le genre Pereïonotus (Brit. Sess.-eyed. crust., pag. 227, fig. 1 et.2). Or Pereïonotus testudo ne saurait se distinguer d’Z. Rissoanum que par la petitesse de ses yeux et par les dents qui garnissent le bord interne de son antenne supérieure. Ce sont là fout au plus des différences spécifiques; les deux Amphipodes appartiennent donc au même genre, et, comme la publication de Grube est de quelques mois antéricure à celle des auteurs anglais, Pereïonotus testudo doit devenir aussi /cridiuwm testudo. PELTocoxA MARIONI (n. g.). Ce nouveau Crustacé a été trouvé dans les fonds coralligènes de la calangue de Podesta. Sa longueur, du bout des antennes à l’ex- trémité du pléon, n’atteint pas 1 millim. Deux de ses coxas sont énormément développés et forment par leur réunion un véritable bouclier rond, large et bombé. Comme cette disposition se répète des deux côtés du corps, l'animal peut se rouler complétement AMPHIPODES DU GOLFE DE MARSEILLE. 163 entre ces deux armures et ne plus offrir dans cette position que l'aspect d’une lentille microscopique. L’antenne supérieure, courte el trapue, est terminée par un singulier flagellum dont les articles décroissent très-brusquement et très-inégalement de dia- mètre. Je ne connais rien, chez les Amphipodes, d'analogue à cette antenne; aussi est-ce avec quelques réserves que je rapproche ce nouveau genre de la famille des Stégocéphalides, Je dédie cette espèce typique à M. Marion. PHOXUS ERYTHROPHTHALMUS (n S.), Fonds coralligènes de Montredon. — Ce nouvel Édriophthalme trouve sa place naturelle à côté de P. Holbôlli de Krüyer. Il en diffère par plus d'un caractère anatomique, mais surtoat par la présence d'un œil très parfait de chaque côté de la tête. Get œil consiste en uue masse hémisphérique jauuâlre, parsemée de taches pigmentaires rouges, recouvertes chacune par un corps réfringent. Il ne disparait point, cornme on l’a dit pour quelques Phoxus, par un séjour prolongé de l’animal dans l'alcool. Jusqu'à présent, ce genre ne comptait dans nos contrées que des espèces dépourvues d’yeux; celles du Japon seules étaient connues comme munies d'un appareil visuel. ANONYx BrocGuix (n. s.). Ce charmant petit Amphipode vivait sur la tunique d'un Ascidia microcosmum dragué dans les graviers vaseux, en dehors du château d'If, par 25 à 30 mètres de profondeur. Il doit être classé à côté de l'A. Edwardsii (Krôüver), dont il se distingue par la forme plus ramassée de l'antenne supérieure, par quelques parlicularités caractéristiques du cinquième siagonopode et par le telson, dont chaque moilié se termine par un poinçon très- aigu. [l est dédié à mon excellent ami le D' Brocchi. ET [er ris MÉMOIRES ORIGINAUX, MELITA OXYURA (n.8.). Ce Gammaride nouveau se rapproche assez de W. gladiosa (Sp. Bate). Les caractères différentiels résident dans le pédon- cule de l’antenne supérieure, dont le premier article porte à son bout une forte épine, dans quelques particularités du bord pal- maire du cinquième siagonopode, et surtout dans les fortes den- telures qui garnissent le bord postéro-inférieur des anneaux du pléon. Les derniers Uropodes sont grèles et courts, de sorte que toute la région caudale se trouve réduite et amincie. [L'animal habite les prairies de zoslères par le travers de Ratoneau, dans la profondeur de 10 à 13 brasses. AMPHITHONOTUS BOBRETZKH (n. S.). Dans les fonds coralligènes de la calangue de Podesta. — Quoiqu'il ait le corps tout à fait inerme, je suis obligé de faire rentrer cet Amphipode dans le genre Amohithonolus, en adoptant pour ce groupe, créé par M. Costa, la caractéristique donnée par Sp. Bate (Cat. of Amph. Brit. Mus., pag. 150). Il n’est pas dou- teux qu’en présence de matériaux nouveaux, il faudra modifier les rapports des Amphithono!us avec les genres voisins. L'espèce actuelle est dédiée à mon ami le D° Bobretzki, de Kief. IPHIMEDIA CORALLINA (n. 3.). Fonds coralligènes de la calangue de Podesta. — Toutes les formes de ce groupe sont remarquables par les saillies aiguës des différentes pièces de leur carapace et par leurs brillantes couleurs Celle que je publie ici offre un aspect entièrement rouge, grace auquel elle mime complétement les débris de coraux et d'algues encroûtées au milieu desquels elle vit. Outre quelques autres particularités de structure, elle porte sur tout le corps d'innombrables petiles pointes excessivement fines, toutes légère- ment inclinées en arrière. AMPHIPODES DU GOLFE DE MARSEILLE. 165 GruBiA TauricA, Var. Massiliensis. Je trouve à 14 brasses de profondeur, dans les prairies de zoslères , par le travers de l'île Ratoneau et dans les mêmes conditions d'habitat, sur la côte de l'Estaque, une variété de l'espèce qui a servi à Cernjavski à fonder son genre Grubia. Elle se distingue par de très-longues antennes supérieures et par une petite pointe mousse implantée sur le telson. PROTOMEDEIA HIRSUTIMANUS, Var, Massiliensis. Ce Crustacé, qui vit sur les côtes d'Angleterre (Sp. Bate) et dans l’Adriatique {Grube), parait quelque peu modifié dans les fonds coralligènes de la calangue de Ratonneau. J'ai pu garder vivante, pendant plusieurs jours, une femelie de grande taille dont la coloration générale était d’un beau jaune, tandis que l'œil était complétement noir. ISÆa MoxrtaGur (H. Miln.-Edw.). Sp. Bate avait déjà constaté que sur les côtes anglaises le Maïa squinado portaitsur son corps des individus de cette espèce. Ceux que je possède élaient cachés entre les appendices buccaux du même Brachyure. Au contraire, Heller, qui en a vu dans l’A- driatique, et M. Milne-Edwards aux iles Chaussay, ne font pas mention d’un fait semblable. Le premier affirme même qu'ils sont errants. Une pareille variabilité dans les mœurs est d’ailleurs assez fréquente parmi les Amphipodes normaux. Je dois ici rendre hommage à l'exactitude avec laquelle est représenté l'Z. Montagui dans l'Histoire naturelle des Crustacés de M. Milne-Edwards. Cette figure, malgré l’époque à laquelle elle a été publiée, est beaucoup plus fidèle que celles qui ont été données depuis par les auteurs modernes. 166 MÉMOIRES ORIGINAUX, NiceA Ponrica (Rathke sp.). Très-abondantes sur les algues qui garnissent les rochers de la côte et spécialement dans la calangue de la Fausse-Monnaic. Jusqu'à présent l'animal n’élait connu que de la mer Noire. Ratiske lui avait donné le nom d’Æyale Pontica, maïs il avait cru le dernier Uropode bifurqué, et, cette erreur étant reconnue, il a fallu rapporter les Æyale au genre MNicea. Cerniavski (Mat. ad. zoog. Pont., p. 98) admet cette synonymie, mais en même lemps il crée une variété de Wicea Pereiri sous le nom de Pontica, va- riété qu'il ne faut pas confondre avec N. Pontica de Rathke. Je connais peu d'Édriophthalmes qui miment d’une façon plus complète que ce Wicea la couleur des végétaux sur lesquels ils se liennent. Autant d'algues différentes, autant de variétés de coloration de l’animal pris sur elles. Nicea PRevosrir (H. Miln.-Edw.). Dans les algues du Pharo et de la jetée de la Joliette.—M. Milne- Edwards a décrit et figuré Ann. des Sc. Nat., 1853, t. IIL, pl. xiw) sous le nom d'Amphithoë Prevostii, cette espèce recucillie sur les côtes de Naples. Heller, de son côté, trouve dans l’Adriatique un Nicea qu’il désigne sous le nom de YWacronyæ; mais la figure et la description de l’auteur autrichien conviennent entièrement aux Crustacés de Marseille, tandis qu’il est impossible de ne pas re- connaitre une identité complète entre eux etl'Amphithoë Prevostii représenté par M. Milne-Edwards. Nicea (Amphithoë) Prevostii (Miln.-Edw.) et Nicea Macronyx (Heller) sont donc synonymes. LiLJEBORGIA PALLIDA (Sp. Bate). Cet Amphipode est assez commun dans les fonds coralligènes par le travers de Montredon et dans les mêmes fonds de la calan- gue de Podesta. J'ai pu constater, comme Sp. Pate l'avait déjà soupçonné, que le telson est non-seulement fendu, mais double. La caractéristique du genre doit donc êlre modifiée dans ce sens, AMPHILODES DU GOLFE DE MARSEILLE. 167 MICRODEUTOPUS ANOMALUS (Rathke). La drague, jetée à 30 ou 40 mètres de profondeur dans les graviers vaseux qui sont au large de Mourepiane, a ramené un individu femelle de cette forme que Rathke avait découverte sur les côtes de Norwége, et que Sp. Bate a retrouvée sur celles d'Angleterre. Ces deux zoologues n’ont vu eux-mêmes que des feme:les. L'hypothèse assez vraisemblable, déjà émise par Sp. Bate, d'après laquelle H. anomalus ne serait que la femelle de M. gryllotalpa, parait se confirmer encore. EURYSTHEUS ERYTHROPHTHALMUS. Sur une coquille de Pinna nobilis pêchée à 10 ou 12 metres de profondeur, au nord-est de Planiers. IpHIMEDIA oBEsA (Rathke). Ce petit Amphipode, très-abondant dans les fonds coralli- gènes de Podesta, possède une aire de dispersion des plus éten- dues. On le rencontre en effet depuis les côtes de Norwége jusque dans l’Adrialique. AMPELISCA BELLIANA (Sp. Bate). Cetle espèce remarquable est citée comme trés-rare par Sp. Bate, sur les rivages de l'Angleterre. Elle est très-fréquente dans les fonds coralligènes de Montredon et de Podesta. LEUCOTHOE DENTICULATA (Costa). Trés-répandu dans nos eaux, cet animal avait été déjà depuis longtemps rencontré par M. Marion, dans l’intérieur de la tuni- que des Ascidies simples et dans les oscules du Suberites domun- cula(laPiade). Je l'ai moi-même observésur la coquille de la mème Pinne qui m'a fourni l'Eurystheus erythrophthalmus, puis dans les cloaques des Ascidies composées qui se moulent sur le dos des Dromies, Heller, qui l’a très-bien décrit de l’Adriatique, le 168 MÉMOIRES ORIGINAUX., cite comme vivant tantôt en liberté, tantôt dans les Ascidies. Enfin M. Costa l'a découvert, très-probablement à l’élat errant, dans les eaux du golfe de Naples. LEUCOTHOE ARTICULOSA (Montagu). Cette seconde forme du genre L. n'avait été vue jusqu'iei que sur les rivages septentrionaux de l'Europe. Elle est très-rare dans les fonds coralligènes de Podesta. MoERA TRUNCATIPES (Spinola). Elle fourmille dans tous les fonds coralligènes explorés. Quel- ques individus ont même été ramenés par le même coup de drague que le Wicrodeutopus anomalus. Le marquis de Spinola d'abord, puis M. Costa, qui l'a décrite sous le nom de G. scisci- manus, l'ont chservée sur les côtes d'Italie. Heller l’a revue dans l'Adriatique , mais il à distingué sous le nom de W. sciscimana une nouvelle forme qui, à mon avis, ne saurait se séparer de M. truncatipes. C'est donc là un type essentiellement propre aux eaux méditerranéeunes. MoErA INTEGRIMANA (Heller). Il est toujours associé au précédent; il est plus petit de taille, êt n'avait été vu jusqu'à présent que dans l’Adriatique. LyYSrANASSA AUDOUINIANA (Sp. Bate). Les fonds coralligènes de Podesta et de Montredon renferment quelques individus de cetle espèce, qui n’était jusqu'ici connue que des côtes d'Angleterre. LYSIANASSA SPINIGORNIS (Costa). Ce remarquable Amphipode peut atteindre une taille de plus de 15 millim. Il n'avait été observé que dans le golfe de Naples et l'Adriatique; il vilici dans les fonds coralligènes de Podesta et de l'ile de Ratoneau. De nombreuses espèces sur le compte desquelles je ne suis pas AMPHIPODES DU GOLFE DE MARSEILLE. 169 encore suffisamment fixé et qui appartiennent aux genres Dera- mine, Gammarus, Orchestia, Allorchestes, Amphithoë, Anonyr, Cratippus, Corophion, ete., ont pu être recueillies, étudiées et conservées en collection. [l est à remarquer que daus le golfe de Marseille, et surtout dans les fonds corallisènes, les différents genres d'Amphipodes sont fort nombreux, tandis que les espèces qui les représentent ne sont pas fréquemment très-riches en in- dividus. Quant aux rapports de cette faune locale avec celles des autres contrées, ils ne sauraient encore être bien précisés ; mais il est facile de prévoir que tout ce que l’on a découvert en divers points de la Méditerranée se retrouvera dans nos fonds. Au con- traire, des divergences très-nolables avec ce qui existe dans les résions septentrionales de l'Océan commencent à surgir déjà. Ces divergences conservent toute leur valeur, quoique les {rails de ressemblance soient excessivement nombreux. Nulle part en effet les côtes n'ont été plus consciencieusement fouillées qu'en Angleterre pour l'étude des Amphipodes. MÉMOIRE SUR LES MOEURS ET LES MÉTAMORPHOSES D UNE Nouvelle espèce de Coléoptère de la famille des Vésicants le SITARIS COLLETIS Par M. VALÉRY-MAYET!.. Les belles observations de Newport et de Fabre ont été trop bien accueillies du monde entomologique pour que je ne me fasse 1 Nous sommes heureux de reproduire ce Mémoire, dont un résumé a été lu à la Réunion des Sociétés savantes des départements, et que nous avons en portefeuille depuis le 20 avril dernier. L'auteur a cru devoir aussi communiquer ce travail à la Société entomologique de France. E. DGoBRuEIL. 170 MÉMOIRES ORIGINAUX. pas un devoir de publier celles que j'ai faites sur une nouvelle espèce de Sitaris des environs de Montpellier. Il est utile, je crois, avant de commencer mon récit, de dire en quelques mots ce que l’on connait des habitudes et des mœurs des Vésicants. Tous ceux dont on a étudié les métamorphoses vivent en para- sites dans les nids des Hyménoptères Mellifères. L'espèce inédite qui nous occupe habite les cellules d'une Abeille du genre Col- letes. Les Coléoptères n'apparaissent d'ordinaire que sous qualre états : l'œuf, la larve, la nymphe et l'insecte parfait. Les Vési- cants revêtent sept formes différentes : l'œuf; la première larve, qui mange l'œuf de l'Hyménoptère ; la seconde larve, qui se nourrit du miel amassé dans la cellule ; la pseudonymphe, forme étrange qui tient de la larve et de la chrysalide ; la troisième larve, la nymphe, et enfin l'insecte parfail. Ces diverses transformations, sauf l’éclosion de l'œuf, s’opérent toutes dans l’intérieur de la loge de l'Hyménoptère. Gœdart, le premier, en 1700, fit éciore des œufs de Metoe, mais il ne put les élever. Frisch observa ces larves sur divers Mellifères el les prit pour des Poux particuliers à ces Hyméno- ptères. Notre vieux Réaumur tomba dans la même erreur. En 1738, il figura l’une d'elles dans le tomeIV de ses Mémoires, et lui consacra quelques lignes". De Géer, en 1775, avait trouvé les mêmes parasites sur des Hyménopteres, et avait remarqué qu'ils n’y prenaient pas d'accroissement. Linné en fit le Pediculus apis. lepeletier de Saint-Fargeau et Latreille soupconnèrent les pre- miers la vérité. Léon Dufour, le sagace observateur, persista {'« La fig. xvis de la PI. 31 représente. vu au travers d'une très-forte loupe.un insecte que j'ai trouvé attaché à une Mouche de forme d'Abeille ou de Ver à queue de rat. Il fourait (sic) sa têle, plus voloatiers qu'ailleurs, dans l'endroit où une des ailes s'incère (sic) dans le corselet. Il semblait chercher à sucer là la Mouche. S'il quittait quelquefois cette place, c'était pour y revenir bientôt. Il est de couleur café clair ; ses trois premiers anneaux sont plus grands que les autres et lui font comme trois corselets ou comme un corselet divisé en trois. » (Mémoires de Réau- mur, 1738, tom. IV, pag. 490.) MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 17! pourtant dans l'erreur de Linné, et, les classant dans l’ordre des Aptères, en fit le genre Triongulinus. Enfin, l'Anglais Newport et M. Fabre (d'Avignon) sont venus lever tous les doutes, le premier par ses observations sur le Heloe cicatricosus, le second par son important Mémoire sur le Sitaris humeralis. La colline sur laquelle est bâtie la ville de Montpellier, et qui ne dépasse pas 92? mètres au-dessus du niveau de la mer, est formée, ainsi que plusieurs des hauteurs qui séparent cette ville de la côte, d’un amas de sables marins appartenant à l'épo- que tertiaire. Dans l'épaisseur de ces sables, en grande partie siliceux, se sont produits des bancs de grès sous forme, tantôt de couches régulières, tantôt de concrétions affectant l'aspect de l'ognons. Ces sables sont exploités depuis un temps immémorial. Toutes les carrières d’exploitalion ont produit de grandes murailles à pic, qui, grâce à l’adhérence des molécules, peuvent être verticales et même excavées à leur base, quand les couches de grès offrent une certaine continuité. C'est dans un de ces murs surplombants que j'ai rencontré, au mois de septembre 187?, une nombreuse colonie d’Abeilles pion- nières. Mon attention fut bientôt attirée par plusieurs Vésicants du genre Sitaris que je voyais circuler d’une galerie à l’autre, et que je ne sus à quelle espèce rapporter. Je supposai sans peine que j'avais affaire au parasite de l’Hyménoptère auteur des trous dont le sable était eriblé. Je recueillis, séance tenante, une dizaine de ces Sitaris, et le lendemain, aidé d’une pioche, je parvins à extraire plusieurs cellules renfermant, les unes leur légitime propriétaire, un Melli- fère du genre Colletes, les autres des Sitaris encore enfermés dans leur pupe transparente. Ces deux insectes m'étaient inconnus. La collection de mon ami Lichtenstein, riche en Coléoptères et en Hyménoptéres de nos régions, ne put, pas plus que la mienne, me fournir de renseignements : j'envoyai alors l'Hyménoptère aux deux spécialistes, MM. Giraud et Perez. L’un et l’autre me le nommérent Colletes succinctus. Quant au Vésicant, ce n'était pas 172 MÉMOIRES ORIGINAUX, la Stenoria apicalis, assez commune dans nos dunes, sur les fleurs de l’£ryngium maritimum ; ce n'était pas non plus le Sifaris melanura Küst. La description de cet auteur, consultée, ne me laissait aucun doute à cet égard. Je m'adressai alors à mon maître et ami, M. Mulsant, qui me répondit qu’à son avis j'avais mis la main sur une nouveauté. Je devais, disait-il, la ranger dans les Sitaris vrais, à cause de ses élytres à sulure sinueuse et de ses mandibules coudées à angle droit. Comme plusieurs certitudes valent mieux qu’une, je profitai d'un voyage à Paris de M. Lichtenstein pour lui remettre une vinglaine de mes Vésicants, afin qu'il les distribuât à la Société entomologique, ce qui fut fait à la séance du 11 janvier 1873. L'insecte était inconnu à tous les membres présents. Je poussai plus loin l'expérience ; j'en adressai des exemplaires à mes cor- respondants : MM. Perris, de Marseul, Rey, Marquet, Tournier, Desbrochers des Loges, Fauvel, Rozioroviez et Kraatz. l’un me les compara au melanura Küst., l’autre au lativentris, un troi- sième au splendidus, un autre au rufipennis, et deux enfin à la Stenoria analis Schaum. C’est en effel avec cette dernière espèce que mon insecte a le plus de rapports; mais le Vésicant de M. Schaum, originaire de Silésie, est une Sfenoria et non un Sitaris. Je pouvais donc songer à décrire mon insecte, et, pen- dant que j'achevais mes observations, j'en publiai, sous le nom de Sitaris colletis, une diagnose sommaire dans le Bulletin de la Société entomologique, séance du 22 octobre 1873. Je viens aujourd hui donner, non-seulement une description plus détail- lée, mais raconter les mœurs si curieuses que j'observe depuis deux ans. J'ai suivi les évolutions de mes deux insectes, je ne dirai pas tous les mois, mais toutes les semaines. Dès que mes nombreuses oceupations me laissaient une heure, je la consacrais à l'extraction des cellules, dont j'ai recueilli environ 600, que j'ai emportées dans mon cabinet. Je passerai rapidement sur les observations qui sont commu nes aux Sitaris humeralis et colletis. M. Fabre a trop bien écrit l'histoire du premier pour qu'il soit nécessaire d’v revenir. Je MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS, 175 dirai tout d'abord que son Mémoire ma été trés-utile; il m'a permis d'approfondir mes recherches sur les points peu observés et sur ceux où les mœurs des Colletes s'éloignent de celles des Anthophores, J'ai vu beaucoup de nouveau, mais je n'ai rien trouvé à rectifier, convaincu que si je ne me suis pas trouvé d'accord avec l’auteur dont je parle, c'est que les mœurs des Colletes diffèrent de celles des Anthophores. Vie évolutive du SITARIS COLLETIS. J'adoplerai, pour la commodité du récit, le nom de éréongulin donné par Dufour aux premières larves des Vésicants. Ces pre- mières larves jouent un rôle si important dans l'histoire des Mellifères, j'aurai à les rommer si souvent, qu'elles méritent bien un nom spécial. M. Fabre nous apprend que les lriongulins du Séfaris humera- lis, sortis de l'œuf en septembre, après l'achèvement et la clôture des cellules d’Anthophores, passent l'hiver dans les galeries ouvertes à tous les vents. Pelotonnés en boule et abrités seule- ment par les dépouilles de leurs œufs, ils attendent, sept à huit mois sans manger, que, le soleil d'avril ayant éveillé les Abeilles, ils puissent enfin trouver le vivre et le couvert dans leurs cellules. Chez le Sitaris colletis, il n’en est pas ainsi. Du 1% au 15 septembre, la femelle pond ses œufs indifféremment dans les galeries occupées ou abandonnées. Ces œufs éclosent quatorze à quinze jours après, c'est-à-dire du 15 au 30 septembre. Les iriongulins, après être restés cinq à six jours pelotonnés les uns aux autres, sans doute pour donner un peu de consistance à leurs téguments, se mettent en campagne du 20 septembre au 5 octobre. Les galeries sont envahies de leur armée microscopique, de sorte que les Abeilles, qui n’ont commencé leurs travaux d’exca- vation que vers le 18 septembre, se trouvent dès les premiers jours atlaquées par eux. Elles sont assaillies surtout la nuit, quand, les travaux du jour terminés, elles viennent s’abriter dans la première galerie qui 174 MÉMOIRES ORIGINAUX. s offre à elles. Aucan instinct ne les guide pour éviter ces des- tructeurs acharnés de leur race. J'ai mis souvent dans une boîte une Abeille et quelques triongulins. Au bout d’une minute à peine, tous ceux-ci étaient accrochés aux pattes de l'Hyméno- ptère. Des pattes, ils passent prestementsur le dos et vont se loger, comme le dit très-bien Réaumur, à la naissance des ailes, entre le corselet et l'abdomen. Un certain nombre, n’y trouvant plus de place, se réfugient dans les plus longs poils du corselet. La lête en bas, ils se tiennent cramponnés à la racine du poil par leurs mandibules, comme s'ils voulaient sucer l’insecte, et l’on com- prend très-bien que Linné les ait pris pour des Pediculus. L’Abeille se débat tant qu'elle peut, passe et repasse ses pattes sur son dos et surtout sous ses ailes; mais le triongulin est hors de portée, ou, quand il est atteint, paraît fort peu s'inquiéter de celte caresse qui glisse sur ses téguments cornés. Il est en effet admirable- ment construit pour cette existence toute d’audace et de danger. L’adhérence du triongulin est si forte que le poil de l’Abeille vient souvent avec lui quand on l’arrache avec des pinces. Une Abeille, mise dans une boîte avec une centaine de ces ennemis, est bientôt couverte au point d'être paralysée dans tous ses mouve- ments et de disparaitre sous la masse. Celles sur lesquelles j'ai fait cette expérience sont mortes huit ou dix heures après, mortes de fureur et d'efforts impuissants sans doute, car leur épiderme coriace est à l'abri de toute morsure. Les triongulins envahissent les Colletes mâles et femelles indifféremment. Des premiers sans doute ils passent sur les secondes, au moment de l’accouplement; mais je n'ai pu m'en assurer. Une fois bien établis, ils attendent patiemment, voiturés du matin au soir, que l'heure de la ponte de l’Abeille soit arrivée. Cette dernière met un jour à peu près pour creuser sa galerie et préparer la cellule, qui est une loge en forme de dé à coudre très-allongé et tapissée d’une couche de matière blanche et transparente. Le jour suivant, la provision de miel est achevée. Au moment sans doute où l'œuf qui vient d’être pondu est fixé par une sécrétion visqueuse aux parois de la cellule, un el souvent plusieurs triongulins quittent le dos de MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 175 l'Abeille pour sauter sur l’œuf ou contre la paroi de la loge. La ponte de son œuf terminée, l’Abeille, confiante, ferme sa cellule et va recommencer son travail un nombre de fois égal à celui des œufs qu’elle a à déposer. Voici donc notre ennemi introduit dans la place. Il a pris enfin possession de l’œuf qu'il a mission de détruire; il s’y cramponne solidement au moyen des crochets robustes dont ses pieds sont armés el surtout au moyen de l'appareil spécial dont le huitième segment abdominal est pourvu, appareil qui distille sans cesse une matière visqueuse analogue à la soie, et dont nous aurons à parler plus au long. Nous allons voir comment, de larve carnassière, le triongulin va devenir larve mellivore; mais auparavant j'ai à parler d’une observation fort intéressante dont je ne vois aucune trace dans les mémoires de Newport et de Fabre. Sur les 600 cellules environ que j'ai emportées et observées dans mon cabinet, cellules recueillies en octobre, novembre, dé- cembre, janvier, février, mars, avril, mai, juin et juillet, j'en ai trouvé 30 ou 40 qui n'étaient habitées ni par des Colletes ni par des Sitaris. J'ai ouvert toutes ces cellules. Dans toutes j'ai trouvé la provision de miel intacte, et à la surface de ce miel ou immer- gés dans cette substance, de deux à cinq triongulins morts. Sans doute, me suis-je dit, ou l'œuf a été insuffisant pour nour- rir plusieurs convives, ou une lutte acharnée, fatale à tous les combattants, s’est livrée sur cette arène d’un nouveau genre. Mais ce u’élait là qu’une hypothèse ; il me restait à la confirmer par l'observation. Désireux d'approfondir ce côté intéressant, j'ai attendu le mois de septembre avec impatience. Je me suis appliqué à observer un grand nombre d’Abeilles en train d’approvisionner leurs cel- lules. Avec un petit carré de papier blanc fixé dans le talus au moyen d’une épingle, je marquais le matin les galeries où j'avais vu entrer les Abeilles chargées de pollen, et si le soir l’approvi- sionnement était terminé, je m'emparais de la cellule, sinon je remettais au lendemain. 176 MÉMOIRES ORIGINAUX. J'ai transporté ainsi dans mon cabinet environ 40 de ces cel- lules closes du jour ou de la veille. Au moyen de ciseaux bien affilés, je les ai coupées à { millim. au-dessous de l’oper- cule, de manière à avoir une section b'en nette, et, les ayant fixées au fond d’une boîte avec une goulle de gomme, j'ai pu observer l'intérieur tout à mon aise. Dans toutes, l'œuf de l’Abeille était, non pas posé sur le miel, comme chez les Anthophores et la plupart des Mellifères, mais collé horizontalement par un de ses bouts à la paroi latérale, à ? milim. au-dessus du miel, la partie convexe tournée vers le haut. Huit renfermaient chacune un triongulin occupé, soit à essayer d'entamer la peau de l'œuf, soit, y avant réussi, à s'abreuver du liquide albu:uineux qu'il contient; quatre enfin renfermaient plusieurs triongulins qui, dans une agitation extrême, se livraient sur l’œuf ou contre les parois de la cellule, à une lutte acharnée qui parfois durait vingt-quatre heures. | J'avais en ce moment-là quatre ou cinq pontes de Sitaris écloses dans des tubes, c’est-à-dire plus de 2,000 triongulins quine demandaient que le combat. J'en mis un ou deux dans chacune des cellules qui n’en renfermoient qu'un seul, et j'eus ainsi une douzaine de champs de bataille à observer. La lumière ne paraît nullement gêner les combattants. Tantôt ils se préci- pitent l’un contre l’autre, les mandibules ouvertes; tantôt ils se poursuivent sur les parois de leur étroit domaine, au risque de tomber dans le miel. Chacun des champions cherche à saisir son ennemi entre les plaques écailleuses qui recouvrent les anneaux. Quand le plus vigoureux ou le plus habile a réussi à introduire ses crocs dans le défaut de la cuirasse, il soulève son adver- saire à la force des mandibules et le met ainsi dans l’impuis- sance la plus complète. Le cou tendu, fortement cramponné au moyen des crochets de ses tarses et de l’appareil fixateur dont j'ai parlé plus haut, le vainqueur reste ainsi immobile des heures entières, abaissant seulement de temps en temps son ennemi pour le mieux saisir etle mieux transpercer. Quand le vaincu, épuisé MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 177 par ses blessures, est jugé hors de combat, il est précipité dans le miel, où, bientôt englué, il achève de mourir. Pendant ce temps-là, il arrive souvent qu un troisième larron profite de la bataille pour s'emparer de l'œuf et y plonger la lète. Quand Je vainqueur vient prendre possession du prix de sa vic- toire, il trouve ainsi la place occupée. Alors c'est une nouvelle lutte qui commence; mais elle ne ressemble en rien à la première: la ruse seule est employée. Le triongulin occupé à sucer l'œuf ne se dérange jamais, il est passif sous les coups de son ennemi! ; se faisant le plus petit possible, il resserre tan: qu'il peut les anneaux de son abdomen; mais, en général, s'il n'est pas vaincu le premier jour, il l'estle second. Son appareil digestif, gonflé par les sucs nourrrissants qu'il absorbe, ne tarde pas à distendre les anneaux de son abdomen, et alors l'ennemi, qui veiile, a bientôt fait de le blesser à mort. Il est à son tour précipilé dans le miel. Débarrassé de tout concurrent, notre triongulin peut enfin ar- river à cette nourriture tant désirée. Il a bientôt trouvé l'ouver- ture pratiquée à l'œuf par sa dernière victime, et il y p'onge la tête avec ardeur ; mais il n’est pas au bout de ses peines. L’œuf de l’Abeille est juste suffisant pour un triongulin. Au bout de quatre à cinq jours, notre affamé est, la lête en bas, au niveau du miel, sur la dépouille fanée de l'œuf qui, détendue, s’est af- faissée le long des parois de Ja cellule. I lui manque toute la nourriture animale que son dernier ennemi a absorbée avant de mourir, et, incapable de subir sa première mue qui ferait de lui une larve mellivore, il meurt à son tour, reste suspendu à la peau de l'œuf, ou va augmenter, dans le liquide sucré, le nombre des noyés. Ce qui s'est passé là, sous mes yeux, dans mon cabinet, se passe évidemment dans les cellules enfoncées dans les parois du talus, et c’est ce qui explique ce nombre relativement considé- rable de cellules pleines de miel et qui ne renferment que des triongulins englués et la dépouille flétrie de l’œuf de Colletes. Parfois pourtant le triongulin victorieux doit arriver à opérer sa première mue, car J ai rencontré quatre ou cinq fois, à côté de IV. 13 178 MÉMOIRES ORIGINAUX. deux ou trois triongulins noyés, une petite larve inellivore ; mais elle était morte : elle n'avait pu résister sans doute à la crise occa- sionnée par une mueopérée dans de si mauvaises conditions. Enfin, de loin en loin, peut-être une fois sur cent, la larve victorieuse, qui a passé par loutes ces péripéties, arrive à franchir celte crise de la première mue; mais elle met longtemps à reprendre le dessus. Six mois après, alors que ses congénères qui n'ont pas eu d'ennemis à vaincre sont prêtes à se transformer en pseudo- nymphes, elle n’a que la grosseur d’une larve de deux ou trois mois et n'arrive à son élat de pseudonymphe qu'en octobre ou novembre. Le Sitaris met alors deux années au lieu d’une pour subir toutes ses métamorphoses, et achève de se transformer au mois d'août, comme ceux qui n’ont qu'un an d'existence. C'est ainsi que j'explique une pseudonymphe unique que j'ai trouvée dans une cellule, au mois de janvier 1873, et deux larves très-petites, quoique bien portantes, trouvées en avril et juin de la même année, alors qu'aucun Sitaris n’élait encore éclos. Mais revenons au triongulin qui a été assez heureux pour se trouver seul possesseur d’une cellule, ou qui, s'étant prompte- ment débarrassé de ses ennemis, a trouvé l'œuf intact. Nous l'avons laissé cramponné sur l'œuf, la tête tournée vers l'extrémité qui s’'avance au-dessus du miel. I] a fini, non sans peine, par entamer l’épiderme luisant qui n'offrait aucune prise à ses mandi- bules. Par l'ouverture qu'il a pratiquée, 1l boit avec tant d’avi- dité que parfois sa tête disparait jusqu'à la hauteur des yeux, placés pourtant fort en arrière. Le premier jour, l'œuf, encore peu détendu, conserve sa position horizontale, l’insecte a peu augmenté de volume ; le second et le troisième jour, l'œuf s’est un peu affaissé etles plaques du triongulin se dessinent en noir sur le blanc de sa peau fortement tendue; le quatrième jour, l'inclinaison de l’œuf est de 45 degrés, et l’insecte est encore plus gonflé. Enfin le septième jour l'enveloppe de l'œuf, compléte- ment vidée, pend inerte au niveau du miel. Le triongulin, à l’état de véritable boudin, y est accroché, la tête en bas et incapable d'aucun mouvement. Mais bientôt une fente se produit sur son MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 179 corselet et sur ses deux autres anneaux thoraciques, et le huitième jour ne se passe pas d'ordinaire sans qu’une nouvelle larve, d’un blanc immaculé, nesoitsortie de la dépouille du triongulin et nese soit mise à la nage dans le miel, dont elle fera désormais sa nour- riture. Avant de suivre notre Sitaris dans sa nouvelle existence, Île lecteur me permettra ici quelques réflexions comparatives entre la manière dont les Anthophores placent leurs œufs et celle dont les Colletes placent les leurs. Le Mémoire de Fabre révèle tant d'observations conscien- cieuses, que je ne puis mettre en doute l’exaclitude de cet auteur quand il dit que l’Anthophore pose son œuf au milieu du miel. Du reste, elle a cela de commun avec beaucoup de Mellifères. Ce n’est même qu'après avoir vu vingt fois mes œufs de Colletes fixés par un bout aux parois de la cellule, que j'ai pu croire à tant d’imprévoyance de la part de la mére. En effet, tous les triongulins qui ont réussi à atteindre l’intérieur de la cellule sont ainsi assurés d'arriver à l’œuf désiré; tandis que lorsque celui-ci est au milieu du miel, si le parasite n’est pas assez habile pour en prendre possession au moment même de la ponte, il risque fort de n'y jamais atteindre. La minime étendue qui l’en sépare est pour lui un obstacle infranchissable. Si cette manière de placer les œufs est préjudiciable à la pos- térité du Colletes, elle l’est également à celle de son parasite. Le nombre de ceux qui succombent dans les combats dont j'ai parlé est en effet considérable, et ces combats seraient évités sil’œuf, placé au milieu du miel, n'avait, comme chez les Anthophores, reçu qu’un seul parasite. Le mal fait par cette imprévoyance de l'Abeille trouve donc en lui-même sa compensation. Nous avons laissé notre seconde larve venant de se mettre à la nage dans le miel. Longue, au début, de ? millimètres à peine, elle atteindra, au terme de sa croissance, c’est-à-dire en avril ou mai, une longueur de sept à neuf millimètres. La seconde larve du Sitaris humeralis est absolument aveugle. J'ai cru un instant celle de notre espèce munie d’ocelles bien conformés ; 180 MÉMOIRES ORIGINAUX. mais, vus au microscope, les nombreux points bruns qu'on aperçoit à la base des antennes ne me sont apparus que comme des taches pigmentaires. Il est fort probable que ce sont des rudi- . : ments d’ocelles. Quoi qu’il en soit, ces organes de la vision ten- dent à disparaître. Je supposais d’abord qu'une mue était néces- saire pour cela; mais je n'ai jamais trouvé dans le miel trace d'une dépouille qui pût appuyer mon hypothèse. L'observation m'a montré toutes les larves naissantes munies de ces ocelles rudimentaires, des larves de deux mois à peine ne les ayant plus, el des larves de trois et quatre mois les ayant encore. Il est tou- jours certain que ces organes, inutiles dans un milieu absolument privé de lumière, disparaissent absorbés par l'organisme. Notre larve, aux trois quarts plongée dans le miel et bien leslée par son volumineux abdomen qui la maintient en équilibre, s’abreuve de temps en temps du liquide sucré. Elle avale à la façon des oiseaux, c’est-à-dire qu'elle relève la tête après chaque gorgée. Ses mandibules, seuls organes solides de sa bouche, font l'office de cuillers pour prendre le miel et le pousser dans son œsophage, par un mouvement alternatif assez semblable à celui des pattes antérieures des Crabes. Les larves mâles cessent de manger du 15 au 30 avril ; les femelles, du 1% au 15 mai. Il ne reste plus alors sur les parois et au fond des cellules que du miel trop épaissi pour servir de nourriture. Dés que nos parasites ont cessé de manger, ils restent immobiles, comme retirés sur eux-mêmes. Au bout de huit ou dix jours, on aperçoit à travers leur peau, devenue transparente et qui s’est, sans se rompre, détachée de leur corps, une nouvelle forme qui est la pseudonymphe. De tous les états par lesquels passent les Vésicants, celui-ci est certainement le plus extraordinaire. C'est en réalité une nouvelle forme de la larve; mais son immobilité, sa couleur de chrysalide, lui donnent une fausse apparence de nymphe ou plutôt de pupe de Diptère, qui lui a valu, de la part de Newport, le nom de pseudonymphe, que je n'hésite nullement à adopter. Catte quatrième forme dure environ deux mois et demi, c’est- MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 181 à-dire jusqu'à fin juillet pour les mâles et au milieu d’août pour les femelles. À ces époques, quand on a eu le soin d'enlever délicatement la dépouille de la seconde larve, dans laquelle la pseudonymphe est enfermée, on aperçoit à travers l’épiderme de celle-ci une cinquième forme ressemblant beaucoup à la seconde larve, et qui n’est autre que la troisième. Dans ce nouvel état, notre Sitaris ne mange rien, ne crève pas la peau de la pseudo- nymphe qui lui sert de coque. Au bout de huit jours environ, apparait la nymphe, lu véritable nymphe, qui est blanche comme la larve qui l’a précédée, et qui reproduit, ébauchées, toutes les formes de l'insecte parfait. L'état de nymphe ne dure guère que dix jours, au bout des- quels on aperçoit enfin la forme parfaite. Après être resté immobile cinq à six jours pour laisser raffer- mir ses téguments, notre parasite, revêtu de sa livrée jaune et noire, songe à quitter la cellule d'emprunt où pendant onze mois se sont déroulées tant d'étranges métamorphoses. Il déchire avec ses mandibules la coque résistante de la pseudonymphe, arrache sans peine l'opercule feuilleté de la cellule, opercule formé de plusieurs lames de la même matière qui tapisse les parois de la loge; puis, se frayant un passage à travers le bouchon de sable, qu'il refoule au-dessous de lui, il arrive dans le corridor. Le Sitaris gagne alors la lumière. Les mâles prennent leur essor pour aller à la recherche des femelles. Celles-ci, embar- rassées par le poids excessif de leur abdomen déjà rempli d'œufs avant la sortie de la cellule, ne s’écartent guère de l’orifice des galeries. Elles vont de l’une à l’autre, et, quand elles veulent pren- dre leur vol, tombent lourdement au pied du talus, où elles ont souvent beaucoup depeine à remonter. Elles ont bientôt attiré l’at- tention des mâles. Ceux-ci, dans les beaux jours, volent surtout le matin et le soir ; mais, quand le temps est sombre et humide, ils circulent indifféremment à toutes les heures de la journée. Le 5 septembre dernier, à deux heures après-midi, par un temps som- bre et légèrement pluvieux, j'en vis une dizaine qui s'étaient écartés de huit à dix mètres du talus. Ils volaient d’une tige de 182 MÉMOIRES ORIGINAUX. Graminée à une autre ; j’en pris même un posé contre une fleur de Scabieuse, mais je ne puis pas dire que je l’aie vu plonger sa tête entre les pétales. Il est élonnant que des insectes aussi voisins des Zonitis, communes ici sur les fleurs, si voisins surtout des Stenoria apicalis, fréquentes dans nos dunes sur l’Eryngium mari- timum, ne paraissent pas prendre plus de souci de leur nourriture. Tant ilest vrai que l’accouplement est l'acte capital de l’insecte parfait ! Cette dernière forme n’est, en réalité, destinée qu’à assu- rer la perpétuité de la race. C’est sous la forme embryonnaire, qu'on appelle larve, que l’insecte accomplit le plus souvent le mandat qui lui a été tracé. Que sont en effet les vingt ou trente jours de forme parfaite pour les deux espèces de Cigales américaines observées par notre ami Riley, de Saint-Louis ( Missouri ) ? L’une, la Cicada tre- decim, passerait treize ans à l’état de larve, et l’autre, la Cicada septemdecim, dix-sept ans dans le même état. En Europe, un grand nombre de Lépidoptères s’accouplent et meurent sans avoir mangé. Bien plus, les récentes observations de MM. Bal- biani, Cornu et Lichtenstein nous ont montré, sous leur dernière forme sexuée, les Paylloxera privés de trompe et d'appareil digestif, Naissant côte à côte pour s’accoupler de suite, ils n'ont plus qu’à mourir une fois cet acte accompli. Mais revenons à notre Vésicant. Du 25 août au 12 ou 15 sep- tembre, tous les accouplements et les pontes sont terminés, et on ne rencontre plus que des individus morts au pied du talus ou suspendus aux toiles d’Araignées. Avant de mettre le lecteur au courant des mœurs de notre Colletes, je dois dire quelques mots de plus sur l’accouplement et la ponte des Sitaris. Accouplement. J'ai maintes fois observé des Sitaris accouplés ; mais mes noles offrent entre elles tant d’analogie que je me contenterai de rele- ver celles que j'ai recueillies le 10 septembre dernier. Elles résu- ment assez bien loutes les autres. MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 183 Il était midi, la femelle était posée sur un des blocs de sable aggloméré entassés au pied du talus. Un mâle arriva en volant. L’accouplement dura de dix-neuf à vingt minutes seulement. Pendant tout le temps, le mâle fut d’une agitation extrême, balan- çant le devant de son corps à droite et à gauche, puis s’arrétant pour mordiller de ses mandibules les anteanes et la tête de sa compagne. Celle-ci, au contraire, occupée à maintenir son équi- libre compromis par les mouvements du mâle, gardait l’immo- bilité la plus absolue. À midi vingt minutes,le mâle se sépara et s’envola. J'enfermai la femelle dans une boîte vitrée, et, l'ayant rapportée dans mon cabinet, je l'observai pour savoir à quel moment elle commenceraitsa ponte. Cette opération ne se fit pas attendre. À une heure quinze minutes elle commenca, et sans s arrêter continua jusqu’à deux heures. Deux cent cinquante œufs environ avaient été pondus contre les parois de la boite, en deux las séparés. Comme j'avais, à plusieurs reprises, observé des pontes de quatre à cinq cents œufs qui avaient duré de une heure et demie à deux heures, je crus que celle-ci n’était pas terminée ; mais vers six heures du soir l'insecte élait mort, l’abdomen complétement . détendu. Le nombre des œufs est donc loin d’être régulier. Comme on vient de le voir, deux heures avaient sufli pour l’accouplement et la ponte. Je me demandai si la fécondation avaït bien pu s’opérer. Au bout de six ou sept jours, l'embryon, qui se dessinait à l’intérieur de la coque sous la forme d’une tache verdâtre très-allongée, m'indiqua que mes œufs, à peu d’excep- tions près, étaient en bonne voie, et le 24 au soir, c’est-à-dire quatorze jours aprés la ponte, j’aperçus les premiers triongulins qui avaient percé leur enveloppe. Le 25 à midi tous étaient éclos, et, sans s'éloigner du petit tas formé par les dépouilles des œufs montant les uns sur les autres, ils formaient l’amas le plus grouil- lant qu'il soit possible d'imaginer. 184 MÉMOIRES ORIGINAUX. Mœurs du COLLETES SUCCINCTUS. Du 1? au 18 septembre à peu près, les falaises de sables sont déser- tes. Les derniers Sitfaris sont morts, les triongulins n’ont pas com- mencé leurs excursions, et les premières Abeilles qui sont écloses sont restées dans leurs galeries, immobiles et comme endormies. Du 18 au 20, si le temps est beau, les allées et les venues com- mencent. Les Colletes parcourent d'un vol rapide les parois des murs de sable. Les quatre ou cinq premiers jours on ne voit que des mâles volant à la recherche des femelles. Une fois fécondées, celles-ci explorent , les unes les anciennes galeries qu’elles utilisent en leur donnant plus de longueur, ies autres les parois unies de la falaise qu'elles attaquent, dédaignant les travaux de leurs devancières. Un grand nombre placent de deux à quatre cellules dans le même corridor, ce qui abrége beaucoup l'ouvrage. Notre Abeille va assez vite dans cetravail. Elle délache les grains de sable avec ses mandibules, rejette avec ses pieds ceux qui tom- bent, jusque derrière elle, et, repliant l'abdomen sous le thorax pour lui donner plus de surface, pousse à reculons le déblai jus- qu'à l'ouverture extérieure. Le sable une fois expulsé, elle recom- mence l'opéralion jusqu'à ce qu'elle ait atteint une profondeur de 25 à 30 centim. Le corridor, qui jusque-là a été creusé en ligne horizontale, plonge alors brusquement, afin que la cellule qui le termine se trouve placée verticalement et maintienne ainsi, comme un verre, le miel liquide que l’Abeille va y dégorger. Cette cellule a la forme d’un dé à coudre très-allongé, d’une longueur de 1? à 15 millim. sur 1n diamètre de 7 à 8. Elle est tapissée d’une matière blanche, transparente, que j'ai eru de prime abord analogue à la cire, mais qui doit être plutôt regardée comme une substance organique spéciale. Cette matière est en effet insoluble dans l'alcool; mise au feu, elle répand une odeur analogue à celle de la soie brülée. Serait-ce de la soie qui, non filée, aurait cet aspect de tissu de baudruche ? Je laisse à ceux qui s'occupent de chimie organique le soin de décider. L'anato- mie nous dira aussi un jour quelle est la glande qui sécrète cette MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 185 matière; pour le moment, je me contente de signaler qu'elle est parfaitement imperméable au miel liquide qu'elle doit contenir. La cellule qui en est tapissée est tellement bien close, que, presséc entre les doigts, elle éclate avec un bruit analogue à celui des gousses de Baguenaudier. Que de fois, en faisant mes fouilles, je me suis aperçu, au bruit, que le fer de ma pioche ou de mon couteau venait de pénétrer dans une cellule. La constructicn complète de la galerie et de la loge demande une journée entière; mais quel- ques heures suffisent si un ancien corridor est utilisé. Une fois ce travail accompli, l’Abeille va butiner au loin dans la campagne et termine en huit ou dix voyages son approvisionnement, L'œuf est alors déposé contre la paroi de la cellule, à 2 millim. au- dessus du miel, comme je l'ai déjà dit quand j'ai parlé des com- bats des triongulins. La cellule est close avec de nombreuses cou- ches de la matière transparente dont elle-même est tapissée, etune couche de sable d’un centimètre ou deux est tassée par-dessus. Une fois cet ouvrage terminé, notre Colletes va recommencer une autre galerie, une nouvelle loge et une nouvelle ponte. La flore d'automne n'est pas très-riche; maisle Lierre, la Roquette et sur- tout le Smiiax, si abondant en Languedoc, fournissent assez de nectar pour approvisionner les cellules. Notre Abeille dégorge son miel avec une force extraordinaire. Pour m'en assurer, j'en ai saisi qui arrivaient de la récolte, je les ai enfermées dans des tubes de verre, et j'ai vu sortir de leur bouche un jet de miel si vigoureux qu'il était lancé avec bruit contre le fond du tube. Cha- que fois qu'elles ont dégorgé, elles mélangent sans doute au miel un peu du pollen dont leurs pieds sont chargés, car elles ressor- tent de la galerie avec les tibias parfaitement reltoyés. Gette addition de pollen fait que le miel des cellules est loin d’être aussi liquide que celui que j'ai obtenu en faisant dégorger l’insecte dans un tube. Il a, au début, un parfum délicieux, analogue au miel le plus parfumé de nus coteaux des Corbières; mais au bout de huit jours à peine, il a commencé à aigrir. Quand l’œuf de l’Abeille éclot, la jeune larve n'a plus à sa disposition qu'une pâtée aigre- lette rappelant le goût de la cire et de l’acide acétique. Cette larve, 186 MÉMOIRES ORIGINAUX. du reste, s'accommode fort bien de cette nourriture. Pliée en demi-cerele et posée sur le miel, elle épuise peu à peu et fort lentement, pour une larve d’Abeille, la provision qui lui est dévo- lue. Si nous voyons en effet la plupart des larves de Mellifères atteindre en dix ou vingtjours leur entier développement, il y a lieu de s'étonner de voir la nôtre, éclose les premiers jours d'octobre, n'avoir épuisé sa pâtée et atteint sa taille définitive qu’aux der- niers jours d'avril. À cette époque, il ne reste plus au fond des cellules que du miel tellement épaissi qu’il ne peut servir de nourriture. Notre larve cesse de manger, et, chose qu’elle n’avait pas faite depuis sa sortie de l'œuf, elle commence à produire des déjections. À me- sure que l'estomac et l'intestin se débarrassent, elle change d’as- pect, c'est-à-dire que, d’une larve gonflée et informe qu’elle était avant, elle devient telle que je la représente fig. 11. Les an- neaux sont alors parfaitement distincts les uns des autres. Versles premiers jours ou le milieu d'août, la nymphe apparait. Cet état dure environ quinze jours, après lesquels l’insecte parfait sort de ses langes, sans toutefois quitter encore sa cellule. Il reste immobile dans sa prison pendant dix jours environ; puis un beau malin il crève l'enveloppe qui le sépare de la couche de sable, refoule celle-ci dans la cellule et vient se blottir dans le corridor qui communique avec l’air extérieur. Là, il reste encore dix à douze jours à altendre immobile que l'heure du travail ait sonné. Comme on vient de le voir, le Colletes succinctus est automnal à Montpellier. MM. Perris (de Mont-de-Marsan), et Perez, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, m'ont affirmé avoir pris des mäles au mois de juin et des femelles en juillet, dans le départe- ment des Landes. Ils se sont demandé s’il n’y avait pas dans l’année deux éclosions de cette espèce. L’ayant observée sans discontinuer, depuis l’œuf jusqu'à l’insecte parfait, je puis affirmer que, dans les deux sablières où je l'ai rencontrée à Montpellier, il n’y à qu'une seule éclosion. Je crois fort qu'il en est ainsi dans les autres parties de la France. Mais à ces apparitions précoces MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 187 signalées par mes amis, je puis donner une explication plausible. Mes deux colonies d'ici sont l’une et l’autre situées dans des murs de sable exposés au nord et qui ne voient jamais le soleil. Les parois voisines, exposées au sud et à l’ouest, n’ont pas une seule galerie de Colletes; de plus, le sable esttrès-compact. On peut bien supposer que dans des terrains plus perméables à la chaleur, dans des localités où les colonies habitent des falaises exposées au soleil, les éclosions puissent être plus précoces et se produire en juin oujuillet; mais le fait n’en reste pas moins extraordinaire pour un pays chaud comme le nôtre, et c’est ce qui, de prime abord, m'avait fait croire à une espèce nouvelle. La variété à bande de poils non interrompuesurle premier segmentabdominal, que j'avais rencontrée dès le début, m'avait confirmé dans cette opinion. Cette variété, non décrite, je crois, est rare. Je la repré- sente fig. 9. Elle est dans les proportions de un ou deux sur cent individus; les autres rentrent dans le type connu du suc- cinclus. Hyménopière parasite du COLLETES SUGCINCTUS. Sur cent cellules construites par nos Colletes, soixante et dix environ sont occupées par leurs larves, vingt par les Sifaris, cinq ne renferment que des triongulins noyés dans le miel, cinq enfin sont occupées par un parasite Hyménoptère. Ce parasite est l’Epeo- lus tristis Smith, fort jolie espèce qui jusqu'a ce jour passait pour être étrangère à la France et n’était signalée que de Russie. Ce nouvel intrus, ne sachant ni construire une cellule ni amas- ser du miel, trouve commode de profiter des travaux de notre Abeille pour fournir le vivre et le couvert à la larve qui naîtra de son œui. Comment parvient-il à s'emparer de la loge du Colletes? Je l’ignore. Toujours est-il qu’il paraît faire bon ménage avec ce dernier. Il est probable qu'il visite les galeries les unes après les autres, et, sans doute, quand il en trouve une dont la provision est achevée, mais qui n’est pas encore close, il profite des der- nières allées et venues de l’Abeïille pour détruire son œuf et placer le sien sur le miel. Bien souvent les deux ennemis se rencontrent 188 MÉMOIRES ORIGINAUX, à l'entrée d'une galerie, mais aucune lutte nes’engage; bien plus, le Colletes cède toujours le pas à l’Epeolus. Si l’Abeille voit entrer le parasite dans son corridor, elle attend patiemment qu'il res- sorte; l'instinct ne lui dit pas qu'elle a devant elle un destruc- teur de sa race. Fabre à du reste fait des observations analogues sur la Welecta armata, parasite des Anthophores. J'ai dessiné, (fig. 12 à 14) les transformations de l’£peolus tristis, dont la synonymie peut s'établir comme suit : Epeolus tristis Smith. — luciuosus Eversmann. — speciosus Gersläcker. J'adopte l’épithète de tristis, bien qu'elle soit plus récente que celle de luctuosus, à cause d’un ÆEpeolus luctuosus, espèce du Chili décrite antérieurement par Spinola. La larve de l’Epeolus tristis (fig. 13) a achevé le miel vers le milieu de mars, peut-être avant. Elle prend à ce moment une apparence un peu pupiforme, sans pourtant subir de mue, et vers le milieu d'août seulement, c’est-à-dire quatre mois apres, elle se transforme en nymphe (fig. 14). Les trois larves que j'ai laissées se transformer en nymphes dans mon cabinet ont subi cette métamorphose les 11, 18 et 21 août. Cet état a duré qua- torze Jours. DESCRIPTION DES DIVERS ÉTATS DU Sitaris colletis. Œufs. D'un blanc tirant sur le jauuâlre, atténués à un des bouts et renflés à l’autre; longs de 3/4 de millim. à 1 millim., larges de 1/4 dans la plus grande épaisseur; entassés les uns sur les autres en deux ou trois couches disposées en éventail, mais parfois aussi en désordre ou à peine côte à côte, reliés entre eux par une matière glutineuse. MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 189 Triongulin ou première larve. Long de 1 à 1 1/4 de millim., large de 1/4 à 1/5 de millim. Corps glabre, quelques poils seulement entre les parties de la bouche, aux pieds et au bas des plaques qui protégent les anneaux; d’un brun verdâtre tirant parfois sur le jaune; aessous du corps et intervalles des plaques d'un blanc laiteux; allongé, pisciforme, c'est-à-dire légèrement atténué vers la tèle, dilaté dans la partie médiane, fortement et graduellement atténué dans la partie postérieure; composé de treize segments, y compris la tête. Stigmates invisibles aux plus forts grossissements, placés sans doute dans les replis de la peau au bord des plaques dorsales. Tère d'un jaune verdâtre assez clair, aussi large que longue, aplaiie, arrondie par devant et coupée carrément à ses angles postérieurs, ocelles noirs, placés latéralement fort en arrière, au nombre de quatre, deux de chaque côté, accouplés et semblant au premier abord n'en former qu'un de grande dimension; mandibules grandes, recourbées, cachées sous l'épistome qui forme chaperon arrondi, armées chacune de sept dents mdchoi- res n'ayant qu’un lobe, sans consistance cornée; palpes maxil- laires assez longs, composés de quatre articles : le premier large et court, le second, plus étroit, ayant deux fois la longueur du premier, le troisième une fois et demie aussi long que les deux autres réunis, cylindrique, parallèle et coupé brusquement comme pour recevoir le quatrième, qui est très-court et très-délié; palpes labiaux très-petits (j'ai dû employer, pour les voir, un grossisse- ment de 1,300 diamètres) composés de deux articles : le premier court et large, l’autre trois fois plus long et irès-effilé; antennes longues, fortement et graduellement atténuées de la naissance à l'extrémité, de quatre articles : le premier large et court, le second d’un diamètre moitié moindre et d’une longueur double, le troisième aussi long que les deux premiers réunis, le quatrième très-long, très-grêle et si aminci à son extrémité qu'il est difficile d'en déterminer la longueur. 190 MÉMOIRES ORIGINAUX. ProrHorRAx développé, plus étroit antérieurement qu’à la base, subarrondi latéralement, très-peu échancré pour recevoir la tête, protégé en dessus par une large plaque solide d’un brun verdä- tre, sans plaque protectrice en dessous, marqué dans son milieu d’un léger sillon ou plutôt d'une couture de teinte plus claire qui indique l’endroit où la plaque doit se fendre au moment de la mue. MésorHorax et MÉTaATHoRAx également très-développés, un peu moins longs que le prathorax, mais plus larges, protégés comme lui par une plaque dorsale, mais ayant de plus que lui deux petites plaques latérales placées entre les pieds; marqués, comme le prothorax, du sillon indiquant la fente de la première métamorphose ; partie ventrale sans plaque protectrice. SEGMENTS ABDOMINAUX au nombre de neuf, protégés par deux plaques, l’une dorsale, l'autre ventrale, laissant apercevoir les intervalles blancs quiles séparent. Preps robustes, au nombre de six, placés deux sous chacun des segments thoraciques, armés de longs poils roides formant épines, composés d’un trochanter, d’une cuisse, d’un tibia et d’un tarse; ce dernier est réduit à un long crochet divisé en trois pointes, dont l'intermédiaire, plus longue que les autres, est aplatie en lame. APPAREIL FIXATEUR implanté sur la face dorsale, à la naissance du huitième segment abdominal, qu'il recouvre presque en entier. Cet appareil compliqué est composé de deux filières qui produi- sent de la soie ou une substance analogue, et de deux appendices cornus, couchés en temps de repos et relevés quand l’insecte veut marcher ou se fixer à quelque aspérité (/ig. 3). J'ai examiné les filières à un très-fort grossissement : je les ai vues émettre une soie d’un blanc jaunàtre; j'ai aperçu les deux vaisseaux qui y amènent cette soie, j'ai même vu que la tunique de ces vaisseaux était formée d’une spirale analogue à celle d’un ressort à bou- din , mais les glandes qui sécrètent la soie m'ont échappé. Elles sont sans nul doute tellement incolores, que sous la lentille du microscope elles disparaissent dans la transparence du corps. MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 191 Quand le triongulin veut marcher ou se fixer une fois arrêté, il replie l’extrémité de son abdomeu à la façon de la queue de l'Écrevisse. L'appareil fixateur se trouve ainsi sur le plan de pro- gression, les filières lancent leur soie et les appendices cornus se dressent ; ceux-ci font alors l'office de pinces charnues qui saisis- sent les moindres aspérités ( /i9. 3 ). Quand l'insecte est fixé à un poil de l’Abeille, par exemple, il le tient par la base avec ses mandibules, par le milieu avec les crochets de ses tarses, et par l'extrémité avec son appareil fixateur. Aïnsi cramponné, il est à même d'affronter toutes les secousses, de recevoir tous les chocs dont l’Abeille ne fera rien pour le préserver. Tout en étudiant au microscope le rôle des filières et des appendices cornus, j'ai jeté un coup d'œil sur l'appareil digestif du triongulin. Desliné à ne recevoir qu’une nourriture albumi- neuse, c’est-à-dire essentiellement assimilable, il est d’une simplicité extrême. De la bouche à l'estomac, qui est placé dans les deux premiers segments abdominaux, la ligne de l’œsonhage est directe: je n’ai vu ni jabot, ni gésier. De la poche stomacale à l’anus, la partie intestinale a un diamètre moindre que celui de l'œsophage, mais elle est: également droite ou à peine. sinueuse. Quand l'animal n’a pas mangé, l'estomac est rempli d’un liquide jaune clair, qu'il est facile, par la moindre pression, de faire sortir à la fois par la bouche et par l'anus. J'ai aperçu, mais confusément, les vaisseaux hépatiques . 1 J'ai tenu à parler au long du triongulin de mon Sitaris, parce que, jusqu’à présent, les descriptions de cette première larve des Vésicants laissent beaucoup à désirer. Dufour, Newport, Mulsant et Fabre sont ceux qui en ont parlé le plus longue- ment; mais ni les uns ni les autres ne paraissent avoir compris le mécanisme de l'appareil fixateur, ou du moins celui des triongulins observés par eux semblerait différer de celui du mien. Ils ont vu deux poils ou cirrhes, là où le microscope m'a montré deux filières ; ils ont vu deux tentacules rétractiles, là où j'ai aperçu deux appendices relevés en croissant et ayant un mouvement de bascule. Mulsant et Fabre ne parlent pas des trois grands ongles, qui font l'office de tarse. Le triongulin du Silaris humeralis observé par eux n'en aurait-il qu’un seul ? 192 MÉMOIRES ORIGINAUX. Seconde larve. Longue, à l’état adulte, de 6 à 9 millim., large de 3 et demi à 5 millim. Corps d'un blanc laiteux, légèrement transparent dans les par- ties latérales, composé de treize segments, y compris la tête, en forme d’esquif, c'est-à dire atténué aux deux extrémités et élargi au centre. Tère petite, plus large que longue ; antennes courtes, allant brusquement en décroissaut de la base au sommet, composée de trois pelits articles charnus : ocelles réduits à des taches pig- mentaires dans les premiers mois de l'existence, nuls quand la larve approche de sa laille définitive ; mandibules assez longues, les seules parties de la bouche qui soient bien développées, larges à la base et très-effilées à l'extrémité, terminées en pointe acérée, fortement évidées en dedans pour faire l'office de cuiller à miel, d’un jaune clair à la base, d'un brun jaune à l'extrémité ; lèvre, mächoires et labre réduits à des mamelons charnus ; pal- pes maæxillaires très-petits, composés de trois articles courts et charnus ; palpes labiaux nuls ou seulement vestigiaires. Prorxorax étroit par devant, dilaté par derrière. MÉésorxorax et MÉTATHORAX suivant la même progression. ABDOMEN bombé, volumineux en dessous, destiné à maintenir par son poids l'équilibre du corps, qui est plongé dans le miel ; partie dorsale (rès-plane au contraire ; stigmates arrondis, placés sur le dos, où ils sont à l’abri du contact du miel, portés chacun par un renflement de l’anneau qui forme bourrelet à cet endroit; au nombre de neuf de chaque côté : la nremière paire dans l'in- tervalle qui sépare le prothorax du mésothorax, les sept sui- vantes sur les sept premiers segments abdominaux, le neuvième enfin sur le huitième. Cette dernière paire de stigmates est mi- croscopique et semble rudimentaire. Le nom de {riongulinus lui-mëéme indiquerait pourtant que Dufour avait fait de ces trois ongles le caractère essentiel de ces premières larves. MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 193 Preps placés latéralement sous le prothorax, le mésothorax el le métathorax, composés de trois articles charnus et transparents, impropres à la marche, organes absolument inutiles du reste, puis- que le corps est plongé dans le miel et que l'épaisseur du ventre dépasse de beaucoup leur longueur. Pseudonymphe. Longue de 7 à {1 millim., large de 3 et demi à 5 millim. Corps ayant la forme d’une pupe de Diptère, nlus convexe pourlant sur le dos, plus aplati sur la face ventrale, composé de treize segments, y compris la tête. Ces segments sont peu dis- tincts les uns des autres et seulement dessinés sur l’épiderme, qui est de couleur de peau d'amande ou de juiube clair. Stigmates au nombre de neuf paires, placées dans la partie déclive du dos: la première à la base du segment prothoracique, les huit sui- vantes dans la partie antérieure des huit segments abdominaux, la neuvième microscopique et cemme atrophiée. Ces stigmates font saillie au-dessus de l’épiderme. Vues à la loupe, elles ont, par leur col rétréci et leur base renflée, l'aspect de petites urnes. Tère très-petite ; parties de la bouche ébauchées seulement et représentées chacune par un mamelon. Preps à peine visibles, renrésentés également par six petits renflements placés latéralement sous les trois anneaux thoraci- ques. Troisième larve. Cette troisième forme a la plus grande analogie d'organes avec la deuxième larve. Elle a la même taille, la même couleur blanche, :es mêmes parties de la bouche, les mêmes pieds, les mêmes sligmates ; mais la forme générale est différente. Le corps n'étant plus appelé à flotter sur le miel, la tête s’est abaissée, le dos s’est cambré, le ventre a diminué de volume, les stigma- tes et les mamelons qui les supportent sont descendus au milieu des parties latérales. IŸ. 14 194 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nymphe. Blanche comme la deuxième et la troisième larve, de même taille, montrant ébauchées toutes les parties de l’insecte parfait. Tête inclinée et appliquée sur la poitrine; antennes repliées en arrière et passant derrière les deux paires de pieds antérieures; ailes et élytres appliquées sur les côtés du corps, passant entre les pieds intermédiaires et les postérieurs. Les ailes, longues et lar- ges, atteignent le troisième segment abdominal; les élytres, au contraire, courtes et étroites, ne vont pas au-delà du milieu du deuxième. Pieds repliés et appliqués contre le corps. Abdomen volumineux. Insecte parfait. SITARIS COLLETIS. Nigra, elongata, parum nitida, breviter et sat dense flavo-pu- bescens. Capite, thorace, scutello et pectore nigris; palpis nigris vel fuscis; antennis nigris,in mare elytrorum apicem vix altingentibus, in femina vix dimidiwum, alis infuscatis; pedibus nigris, numnquam pallidis; abdomine omnino rubro vel rubro-testaceo; elytris fuluis, apice nigris, dehiscentibus, sutura et margine sinuatis; capite et thorace dense penitusque cribratis; pectore et pedibus leviter punc- tulatis; scutello ad basin et marginem rugoso, in medio et ad apicem lævi. Variatelytris omnino nigris et primis abdominis segmentis fuscis vel nigris. Habitat Monspessulo in cellis Colletis succincti. Longueur : 7 à 11 millim.; largeur : 2 1/2 à 4 millim. Corps ailongé, subparallèle, noir, peu brillant, couvert de poils fauves courts et nombreux. TÊTE noire, grande chez le mâle, plus petite chez la femelle, dilatée à la base, dont les angles arrondis sont plus avancés laté- ralement que la saillie des yeux et les bords du prothorax, mar- MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 195 quée de gros points rapprochés, plus nombreux sur les côtés, plus rares sur la carène frontale et le vertex, celui-ci presque lisse ; cou noir et ponctué; dessous de la tête à ponctuation plus fine que le dessus, creusé d’un sillon profond, et dans ce sillon d’un trou arrondi plus profond encore. Antennes noires chez le mâle, atteignant ou atteignant presque la longueur des élytres, beaucoup: plus épaisses à la base qu'au sommet, composées de onze arti- cles: premier assez court, deuxième très-court et transverse, parfois globuleux; troisième presque aussi long que les deux précédents réunis ; quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième égaux entre eux; neuvième et dixième plus allongés ; onzième plus allongé encore el se terminant en pointe fusiforme ; antennes noires chez la femelle, atteignant à peine le milieu des élytres, filiformes ou peu atténuées de la base au sommet; le pre- mier arlicle assez court; le deuxième très-court et transverse; le troisième presque aussi long que les deux premiers réunis; les sept suivants à peu près égaux entre eux; le onzième un peu plus long et légèrement fusiforme. Yeux peu échancrés par là naissance des antennes; mandibules d’un brun noir à la base et à l’extré- mité, rouges ou d’un brun rouge au milieu, évidées intérieure- ment et en dessous, fortes, saillantes, coudées, presque à angle droit, la gauche parfois un peu plus grande que la droite, mais souvent égales entre elles, armées d’une pointe aiguë etrecourbée à l'extrémité, et, sur le tranchant intérieur, d’une dent aiguisée en lame. Mächoires aplaties, composées de deux lobes: l’interne plus court, l’externe allongé en lame étroite, garnis l’un et l’autre sur le rebord intérieur de poils longs et touffus. £pistome distinct, transverse, presque en forme de rectangle allongé. Labre volumi- neux, transverse, avancçant entre les mandibules, garni à son bord antérieur de poils longs et serrés; l'épistome et le labre ponctués comme le reste de la tête, le premier parfois plus lisse. Lèvre d’un roux ferrugineux, demi-cornée, composée d’un menton non échancré et d’une languette bilobée en forme de cœur tronqué par le bas. Palpes maxillaires d’un brun noir tirant sur le rouge, plus clair à l'extrémité des articles, composés de quatre articles : 196 MÉMOIRES ORIGINAUX. le premier court el coupé en biseau, les deuxième et troisième plus longs, égaux entre eux, le quatrième plus long encore, en forme de hache de l’âge de pierre tronquée à l'extrémité. Palpes labiaux de même couleur que les maxillaires, de trois articles : le premier court, le deuxième trois fois plus long que le premier, grêle à la base, dilaté au sommet; le troisième deux fois plus long que le premier et fusiforme. ProrHorax noir, subpentagonal ; pronotum fortement ponctué, plus faiblement sur les parties saillantes, beaucoup plus étroit aux angles postérieurs qu'aux antérieurs, chargé en avant de trois élévations : l’une sur le milieu de son rebord, les deux autres placées aux angles antérieurs; chargé en outre dans son milieu d’une arête centrale lisse et à sa base de deux grosses g1b- bosités séparées par un sillon. Cette arête centrale et ces deux gibbosités forment entre elles deux dépressions ou fosseltes qui reviennent sur les parties latérales. Ces diverses élévatious ou dépressions du pronotum sont parfois peu visibles. Écusson noir, sub-oblong, à sommet en forme de spatule et relevé, chargé d’une carène centrale et de chaque côté d’uneet même de deux carènes longitudinales parfois effacées ; non ponc- tué, mais rugueux à la base et dans ses parties latérales, lisse au milieu et au sommet. ÉLyrTres d’un jaune fauve, avec le dernier quart noir, trois fois aussi longues que le prothorax, variant légèrement en plus long chez les femelles, en plus court chez les mâles, déhiscentes, à sulure sinueusement échancrée dans son milieu, à bords exté- rieurs plus échancrés encore aux trois quarts de leur longueur, divergentes au sommet. AïLEs dépassant d’un tiers la longueur des élytres, irisées et enfumées, surtout sur les nervures, qui sont saillantes. Dessous pu corps plus finement ponctué que le dessus, à pubescence moins serrée, noir sur la poitrine, rouge orange plus ou moins clair sur le ventre. Tergum, ou partie dorsale du méso- sternum, impressionné en forme de lyre ou d’U très-allongé, avec les bords divergents. MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 197 Preps noirs ; éperons des tibias minces et effilés dans les deux paires antérieures, ceux des postérieurs plus obtus. Tarses par- fois d’un brun roux plus clair à l’extrémité des articles ; premier et dernier articles plus longs que les autres. Ongles des larses pectinés à leurs deux branches supérieures. Var. «. Élytres complétement noires ou brunes. Var. B. Totalité ou partie des anneaux de l’abdomen noirs. Var. y. Prothorax orné de deux taches rougeâtres à sa partie postérieure, et pieds d’un brun uniforme ou veinés de brun plus clair. Ce prothorax à taches rougeä- tres et ces pieds bruns se rencontrent surtout chez des femelles qui sont souvent immatures. Ces diverses variétés sont dans les proportions de 10 sur 100 individus ; 90 sur 100, par conséquent, rentrent dans le type dont j'ai donné la description. Larve du COLLETES SUCCINCTUS. Comme je l'ai dit dans la partie historique de ce Mémoire, celte larve, quand elle est adulte, a un aspect tout autre que dans son jeune âge. Sans subir de modifications anatomiques notables, sa forme change. Les intervalles des anneaux, peu distincts d’a- bord, se creusent profondément à mesure que l'intestin se dé- barrasse des matières digérées. Il me semble plus naturel de faire ma descriplion sur cette forme définitive, qui ne change qu'au moment dela transformation en nymphe. Longueur : 7 à 9 millim. quand le corps est courbé en croissant, 9 à 13 millim. quand il est développé; largeur : 3 1/2 à 4 millim. Corps composé de quatorze anneaux, y compris la tète ; assez brusquement atténué à ses extrémités, d'un blanc pur dans les parties musculeuses, d’un blanc jaunâtre dans les parties latérales du dos elgris dans la partie qui correspond au vaisseau dorsal ; tissu adipeux sous forme de cellules blanches visibles à travers la peau sur toutes les parties du corps. 198 MÉMOIRES ORIGINAUX. Tère petite, un peu plus longue que large, creusée sur le front et le vertex d’un sillon qui la divise en deux parties bombées. Front marqué de deux petits disques charnus légèrement saillants et disposés comme des ocelles. Épistome peu distinct. Labre divisé en deux protubérances terminées par une pointe obtuse. Mandi- bules charnues, terminées par une pointe cornée d’un brun roux. Mächoires obtuses, à un seul lobe, charnues, ainsi que la lèvre, qui est composée d’un menton arrondi et d’une languette trans- verse. Palpes maxillaires et labiaux très-pelits, composés les uns et les autres de deux articles. Preps nuls. ProrTHoRAx assez volumineux, coupé transversalement par un repli profond. MésoTHoRAx et MéraTHOoRAx de même forme que les segments abdominaux, qui sont au nombre üe dix. Ces derniers sont gra- duellement rétrécis de la base au sommet de l’abdomen. STIGMATES au nombre de dix paires, placées : les trois pre- mières dans l'intervalle des trois segments thoraciques et du pre- mier abdominal ; les sept autres sur le devant des deuxième, troi- sième, quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième abdominaux. Segment anal pelit, mais saillant, terminé par deux lèvres : la supérieure plus courte que l'inférieure, qui est légè- rement bilobée. Nymphe. Cet état ne présente rien de particulier (fig. 12). Toutes les parties de l’insecte parfait sont bien visibles. Les antennes sont repliées entre les parties de la bouche et les pieds antérieurs ; les ailes passent entre les deux pieds postérieurs et sont remarqua- blement courtes, eu égard au développement qu'elles offrent dans l’insecte parfait. Larve de l'EPEOLUS TRISTIS. Cette larve, quand elle est adulte, est, comme je l’ai déjà dit, un peu pupiforme (/ig. 13) et doit, dans son jeune äge, ressem- MÉTAMORPHOSES DU SITARIS COLLETIS. 199 bler beaucoup à celle du Colletes succinctus. Ge n’est en effet que vers le mois de mars que, la forme se modifiant, j'ai pu distin- guer l’une de l’autre. Longueur : 9 à 10 millim. ; largeur : 4 à 5 millim. Corps courbé, la tête et les anneaux thoraciques plus infléchis que la partie inférieure, qui parfois est presque droite ; élargi du premier au cinquième segment abdominal, légèrement atténué vers la tête, fortement et graduellement vers les derniers an- neaux de l'abdomen; composé de quatorze segments, y compris la tête, d’un blanc jaunâtre, un peu transparent sur les bords qui forment arêle saillante sur les anneaux thoraciques et abdomi- naux. TèTE petite, assez plane ; deux petits disques sur le bas du front, ressemblant à des ocelles ; labre à deux tubercules. Man- dibules fortes, triangulaires, d’un jaune brun à la base, d’un brun roux à l'extrémité, inclinées vers le menton et terminées par une pointe cornée plus inclinée encore. Mdchoires réduites à un lobe charnu. Lèvre large et transverse, parfois bordée de brun. Palpes maæxillaires petits, réduits à un tubercule ; palpes labiaux plus petits encore et de même forme. ProTHoRAx volumineux, dilaté dans sa partie postérieure, chargé dans son milieu, ainsi que les autres anneaux thoraciques, d’une carène ou plutôt d’une soudure qui indique la fente qui doit livrer passage à la nymphe. Mésornorax et MÉTATHORAX presque égaux entre eux, le se- cond un peu plus large pourtant que le premier. SEGMENTS ABDOMINAUX au nombre de dix : les premiers larges el relativement longs, les derniers graduellement courts et étroits. STIGMATES ressemblant fort, par leur saillie et leur col évasé, à ceux de la pseudonymphe du Sitaris colletis, au nombre de dix paires placées sur le mésothorax, le métathorax et les huit pre- miers segments abdominaux. 200 MÉMOIRES ORIGINAUX. Nymple. Blanche, reproduisant, ébauchées, toutes les parties de l’insecte parfait (/ig. 14). Antennes et ailes disposées comme dans la nym- phe du Colletes succinctus. Explication des Figures de la Planche III. Fig. 1. Galerie de Colletes succinctus à trois cellules : la première renferme une larve de Sitaris; la deuxième, un œuf de Col- letes ; la troisième, une larve du même Insecte. . Triongulin ou première larve du Sitaris collelis. . Appareil fixateur en fonction. ? 3 4. Deuxième larve mellivore du Sitaris colletis, vue de profil. 5. Pseudonymphe du Sitaris colletis. 6. Troisième larve du Sitaris colletis. 7. Nymphe du Sitaris colletis. 8. Sitaris colletis mâle. 9. Colletes succinctus femelle. 10. Tête du Colletes succinctus femelle. 11. Larve du même. 12. Nymphe du même. 13. Larve de l'Epeolus tristis. 14. Nymphe du même. 201 EE SUR LE POUVOIR D'ADAPTATION DES MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE. Par le Prof. Von SIEBOLD, Traduit par le Dr' Henri SICARD!i. 1. Dans ces derniers temps, à la suite des résultats si inté- ressants qu'ont donnés les recherches faites en haute mer sur la Faune des eaux profondes, l'attention s’est portée aussi sur la Faune des grands fonds des lacs. M. F.-A. Forel en particulier s’est appliqué, depuis quelques années, à explorer la Faune des 1 Note du Traducteur.— La faculté que possèdent les Limnéens de respirer indif- féremment dans l'air ou dans l’eau a été déjà signalée en France depuis longtemps. Cette particularité physiologique est regardée par Moquin-Tandon comme en rap- port avec certaines modifications anatomiques de l'organe respiratoire qui lui ont fait désigner celui-ci sous le nom de Poche pulmobranche. C’est à tort, selon lui, que les auteurs « l'ont confondu avec la poche pulmonaire proprement dite et cou- sidéré comme un organe uniquement approprié à la respiration aérienne ». « Dans cet organe, dit-il, le réseau vasculaire est très-obscur. On distingue même difficilement la veine cave. On voit mieux la pulmonaire ou pulmobranche, qui se trouve un peu forte et qui rampe le long du bord antérieur de la glande précordiale (Cuvier). Le reste de la voûte en avant parait légèrement renflé et spongieux. On y remarque des vaisseaux très-sinueux, ramifiés surtout du côté du collier. Stiebel a signalé ces ramifications dans la Limnée stagnale. On observe de plus chez la même espèce, vers le fond, des lamelles très-allongées, ohblongues, étroites, disposées presque à angle droit par rapport à la glande précordiale. Ce sont là sans doute les parties destinées à la respiration aquatique.» Quant au mode respiratoire de ces animaux, le même auteur dit plus loin : « Les Mollusques à poche pulmobranche habitent dans les eaux. Ordinairement, ils viennent humer l'air à la surface du liquide ; ils sortent de leur élément, tantôt en dilatant l'appareil de la respiration, lequel agit alors comme une vessie nata- toire, tantôt en nageant ou en rampant. Ce genre de respiration ne diffère en rien de celui des Pulmonés proprement dits. Mais lorsque l’animal, par une circonstance quelconque, se trouve retenu au fond d'un marais ou d’un bassin, ilse sert de sa poche respiratoire comme d'une vraie branchie; il s'empare alors de l'air dissous dans l’eau. 202 MÉMOIRES ORIGINAUX, eaux profondes des lacs suisses! ; l’on doit déjà à ses efforts la connaissance de faits très-curieux relativement à l'extension du monde animal dans les profondeurs du lac de Genève. Ce qui m'a particulièrement intéressé dans les Communications que M. Forel a faites sur la Faune profonde de ce lac?, c’est la remarque qu'il se trouvail parmi les Gastéropodes ramenés des plus grandes profondeurs, deux espèces de Pulmonés, c'est-à-dire les Limnæa stagnalis Müll. et L. abyssicola Br., dont la poche pulmonaire, dit M. Forel, ne renferme pas de l’air mais bien de l’eau, et par conséquent s’est transformée par adaptaiion en chambre bran- chiale *, » Il est probable que le Mollusque submergé absorbe aussi de l'air par la sur- face de la peau, comme cela a lieu chez plusieurs Invertébrés aquatiques. Quoi qu'il en soit, les Limnéens peuvent vivre également et dans l'air et dans l’eau. Le fait est bien démontré aujourd'hui, c’est une erreur de croire qu’ils ont absolu- ment besoin de venir respirer à la surface du liquide ». (Moquin-Tandon. Hist. nat. des Mollusques, tom. I, pag. 75 et pag. 81.) Les Limnéens représentent done une forme de passage entre les Gastéropodes branchifères et les Gastéropodes pulmonés. HS: 1 V. F.-A. Forel; Introduction à l'étude de la Faune profonde du lac Léman, dans le Bulletin de la Sociélé Vaudoise des Sciences naturelles. Lausanne, 1869, tom. X, n° 6?, pag. 217 ; et du même auteur: Matériaux pour servir à l'étude de la Faune profonde du lac Léman. Ibid. Lausanne, 1874, tom, XIII, n° 72. 2 V. Forel; Matériaux, etc., pag. 112, où l'on trouve cette nouvelle espèce décrite par le Dr A. Brot. $ V. Forel; Matériaux, etc., pag. 53. « L'existence de ces Gastéropodes pul- monés dans des profondeurs où ils ne peuvent plus avoir de relations avec l'atmosphère, est intéressante à plus d’un titre. Les poumons sont vides d'air et remplis d'eau, ce qui se démontre facilement en ouvrant cette cavité sous l’eau: les poumons se sont donc transformés en une chambre branchiale. Mais l’on peut se demander si cette modification n'est pas seulement accidentelle, si ce ne sont pas quelques individus égarés loin de la surface qui, privés de la respiration aérienne, se sont accommodés à la respiration aquatique. Nous croyons pouvoir affirmer que cette espèce (nous ne parlons ici que du Limnée abyssicole, le seul qui se trouve fréquemment dans ces régions) est bien acclimatée aux: grandes profondeurs et y vit normalement. Nous nous fondons pour cela sur la fréquence relative de ces animaux, qui nous prouve que leur existence n'y est point acci- dentelle; sur la trouvaille que nous avons faite à plusieurs reprises de paquets d'œufs vivants que nous avons pu une fois faire développer dans notre aquarium: MOLLUSQUES D'EAU DOUCE À RESPIRATION PULMONAIRE. 203 2. Cette observation ne me surprit du reste nullement, at- tendu que déjà, depuis l’année 1857, la présence de Limnées à de grandes profondeurs dans le lac de Constance m'était connue. En effet, lorsqu'au mois d'octobre de cette année-là je faisais recher- cher dans ce lac, près de Langenargen, le curieux Coregonus (C. hiemalis ou acronius), il fallait, pour s'emparer de ces Salmonées qui se tiennent dans les grands fonds, que le filet descendit jus- qu'à 70 mètres environ '. Ce qui servait aux pêcheurs de preuve que le filet était réellement arrivé au fond du lac à une semblable profondeur, c’esl qu’aves les poissons qui avaient été pris on ramenait de la vase dans laquelle se trouvaient beaucoup de Lim- nées. J'avais gardé jusqu’à présent dans ma collection quelques coquilles de ces Limnées ramenés de ces grands fonds, de sorte que M. Clessin, le meilleur connaisseur de nos coquilles indi- gènes, a pu les déterminer comme appartenant au Limnæa auri- cularia L. Quoique la présence de Gastéropodes pulmonés à une telle profondeur m’eût déjà frappé à cette époque, d'autant plus qu’en ce même endroit je n'avais jamais vu ce Limnée respirer à la surface de l’eau, j'étais trop occupé de la prise du Coregonus pour faire grande attention aux autres animaux qui avaient été ramenés en même temps de la profondeur du lac. 3. Ce n’est que deux ans plus tard, pendant un séjour que je fis dans les montagnes à Reit, dans le Winkel, au mois d'août 1859, que je me rappelai la présence des ces Pulmonés dans le fond du lac de Constance. De Reit, j'allai visiter le lac de Ferchen, qui est près de Seehaus et n’est ni très-profond ni très-grand, mais qui est remarquable par la limpidité de ses eaux d’une cou- leur vert de mer et dont le fond est partout couvert de gros cailloux roulés. De tous côtés, sur ces pierres rampaient d’innom- enfin sur la trouvaille, dans un dragage d'un litre de limon, de 15 jeunes Limnées de trois à quatre jours de développement, provenant évidemment d'un même paquet d'œufs et développés dans ces grands fonds. » 1 V. Mes Communications sur le Coregonus (C. acronius) du lac de Constance, dans le Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, tom. IX, 1858, pag. 295. 204 MÉMOIRES ORIGINAUX. brables Limnées que M. Clessin, par l'examen qu'’ilen a fait plus tard, a reconnus aussi pour des Limnæa auricularia; parmi eux, iln'y en avait aucun qui cherchât à remonter à la surface de l’eau pour renouveler l'air de sa poche pulmonaire. Je m'’arrêtai à dessein quelque temps auprès de ce lac; mais, malgré la plus grande persévérance et la plus grande attention de ma part, mal- gré la limpidité peu commune de l’eau, je ne pus réussir à voir un seul de ces nombreux Pulmonés se rendre à la surface de l’eau pour y respirer. Ce séjour permanent sous l’eau de Gastéro- podes à respiration pulmonaire me frappa d’autant plus que, dans les eaux stagnantes des plaines de Berlin, de Kænigsberg et de Dantzick, où j'avais fait mes observations antérieures, j'avais pu remarquer assez souvent, de la manière la plus nette, les Lim- nées et les Planorbes monter et descendre pour puiser de l'air. Ce manque absolu de respiration aérienne tel que je le constatai d’une façon si positive et si constante chez les Limnées dans le lac de Ferchen, rappela à mon souvenir ces Limnées du lac de Genève qui se passaient également de venir respirer à la surface de l’eau. 4. Je mis alors encore à profit pour mes observations une autre localité située dans le voisinage de Reit, dans le Winkel, où se trouvait un torrent au cours très-rapide, qui servait à mettre en mouvement une scierie mécanique. Au-dessus de la scierie, ce ruisseau était resserré dans un long aqueduc de bois dont les parois étaient couvertes d'une grande quantité de petits Limnées (vraisemblablement le Limnæa mucronata Held.). Sur une assez grande longueur, cet aqueduc était placé de telle sorte que je pou- vais observer el suivre parfaitement l’eau, qui y courait très-vite, aussi bien que les Limnées fixés ou rampant çà et là sur les parois de l’aqueduc ; mais, de même que dans le cas précédent, je ne vis jamais ces Limnées remonter sur les parois de ce canal pour venir puiser de l’air au-dessus du niveau de l’eau. 5. Pour me convaincre de ce singulier phénomène d’absence de respiration aérienne chez des Gastéropodes pulmonés vivant MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE. 205 dans l’eau, je visitai plusieurs fois, pendant mon dernier séjour à Berchtesgaden, au mois de septembre 1874, le lac du Roi (Kô- nigsee), et là j'observai pendant longtemps, depuis le bord jusqu’à la partie la plus basse du lac, dans le voisinage de son embou- chure, au fond de l’eau transparente, des Gastéropodes pulmonés rampant de toutes parts sur les pierres. Pendant que je tenais les yeux constamment fixés sur eux, je ne remarquai pas une seule fois que ces Gastéropodes eussent besoin de venir à la surface de l’eau remplir d’air frais leur chambre pulmonaire, quoi- qu'il leur fût facile de respirer de cette façon, quand les pierres où je les voyais ramper se trouvaient à des endroits où le lac n'avait au- cune profondeur. Je dois ajouter que ces Pulmonés qui se sont présentés à mon observation dans le lac du Roi appartenaient aux espèces suivantes: Limnæa mucronata Held., Planorbis carina- tus Müll. et lævis Held. Par conséquent, dans ces différentes loca- lités, dans le lac profond de Constance, dans le lac sans profon- deur de Ferchen, dans les endroits peu profonds du lac du Roi et dans le cours d’eau rapide d’un aqueduc près de Reit, dans le Winkel, les Gastéropodes pulmonés des Genres Limnæa et Pla- norbis avaient complétement perdu l'habitude de se servir de leurs poumons comme organes de respiration aérienne et n’avaient pas besoin de les remplir d’air frais. 6. Je ne puis passer sous silence une autre observation que j'ai eu l’occasion de faire l’automne dernier, car elle a aussi rapport à la suppression de la respiration aérienne chez des Gastéropodes pulmonés, sans que les animaux dont il s’agit en eussent aucunement souffert. Au mois d'octobre dernier, comme je visitais souvent l'Exposition agronomique organisée dans le Palais de Cristal de Munich, mon attention se porta, entre autres choses, sur les Poissons indigènes exposés dans des aquariums très-bien installés et sur quelques autres animaux aquatiques, à vie amphibie. Parmi ceux-ci il y avait, dans un aquarium, plu- sieurs Gasléropodes pulmonés parfaitement développés et que je reconnus appartenir à l'espèce Limnæa stagnalis. Is attirérent 206 MÉMOIRES ORIGINAUX. mes regards d'une manière toute spéciale : en effet, ils demeu- raient continuellement au fond de l’aquarium, sans venir jamais à la surface de l’eau pour y respirer. Je m'’arrêtai longtemps devant cet aquarium, et souvent encore, pendant plusieurs jours, j'ob- servai ces Limnées qui se tenaient constamment au fond de l’eau : je ne les vis jamais aspirer de l’air. Vu l'attention avec laquelle j'examinais cet aquarium et ce qu'il renfermait, je ne pouvais manquer de faire la remarque qu’il était, comme les autres, fort bien disposé pour que les Gastéropodes pulmonés pussent sup- porter sans danger l’arrêt de leur respiration aérienne. En effet, il arrivait de haut en bas dans l’aquarium un très-fort courant d'eau qui, par sa chute, entraînait dans l’eau une grande quantité d’air, de sorte que l’eau de l’aquarium était toujours mélangée d’une proportion considérable d'air atmosphérique frais. 7. Je crois pouvoir expliquer l’absence, chez ces Limnées, de respiration aérienne telle que je l'ai remarquée dans les diffé- rentes circonstances que je viens de rapporter, de la façon sui- vante : Les Limnées qui restaient constamment au fond de l’aquarium étaient entourés d’une eau si riche en air atmos- phérique, qu’ils pouvaient la faire servir au lieu d’air à la respiration, pour fournir au sang de l'oxygène frais, de sorte que leur cavité pulmonaire devait se remplir d’eau au lieu d’air, et jouait par conséquent le rôle d’une chambre branchiale ‘. On peut expliquer exactement, de même que pour ces Limnées, le manque de respiration aérienne chez les Gastéropodes pulmonés que j'aiobservés dans le lac peu profond de Ferchen et dans les parties sans profondeur du lac du Roi?; j'ai pu m’assurer égale- ment que ces lacs contenaient de l’air atmosphérique en grande 1 Je dois faire remarquer que ces Limnées ont été tirés, pour être exposés, peu de temps après l'installation des aquariums de l'Exposition, par un pêcheur de Munich, nommé Kuffer, d'un fossé situé dans le voisinage de cette ville et plein d'eau stagnante. 2 V. ci-dessus, pag. 203, no 3, et pag. 204 n° 5. MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE. 207 quantité, soit que les flots s’y précipitentavec violence ou que l’eau y pénètre par le fond. Justement l’eau qui y arrive de cette der- nière façon apporte beaucoup d’air atmosphérique, car elle pro- vient des pluies qui tombent dans les environs du lac. Cette eau, s’infiltrant dans le sol, dans les fentes des rochers, non-seulement contient mais entraine de l'air atmosphérique, et cela en si grande quantité que, quand elle arrive dans le fond du lac sous forme de petites sources souterraines, elle laisse très-souvent dégager l’air en excès. Aussi voit-on des bulles d’air plus où moins grosses traverser l’eau et retourner en partie dans l'atmosphère, tandis qu’une autre partie est absorbée en route par l’eau elle- même. Aux endroits de ces lacs où il y a peu de profondeur et où le fond est couvert de vase ou de sable, la présence de ces petites sources souterraines se révèle assez souvent par le déga- sement de ces bulles d’air qui montent ainsi à la surface. L'air atmosphérique qui s’est ainsi mélangé à l’eau des lacs fait naîlre certainement, chez les Gastéropodes pulmonés qui y habitent, la tendance à remplacer la respiration aérienne, incommode, et qui exige à la fois du temps et de la peine pour se faire à la surface de l’eau, par larespiration aquatique, beaucoup plus facile. Dans le cas où, par un événement quelconque, des Gastéropodes pulmonés arrivent dans la profondeur des lacs, ces animaux doivent aussitôt renoncer à la respiration aérienne pour l’échanger contre la respiration aquatique. En effet, le parcours d’un trajet aussi long que celui du fond à la surface de l’eau leur crée une insurmontable difficulté pour satisfaire, d’une façon régulière et suffisante, le besoin de respirer, tandis que les eaux profondes où ils sont plongés contienneut une assez grande quantité d'air atmosphérique, pour les inviter en quelque sorte à la respiration aquatique. Ces observations modifient en divers points les idées d’après lesquelles on regardait jusqu'ici comme bien établi : {o que les Gastéropodes pulmonés ont l’habitude de ne se tenir qu’à une petite profondeur sous l’eau, pour pouvoir, sans peine et sans perte de temps, se mettre en communication avec l'air atmo- 208 3 MÉMOIRES ORIGINAUX. sphérique; 2° qu’il ne peut exister de Gastéropodes pulmonés au- delà de 20 pieds de profondeur ‘. 8. Si nous envisageons maintenant la faculté qu'ont ces Gastéro- podes pulmonés, quand les conditions extérieures sont changées, de se comporter comme des Gastéropodes branchifères pour pouvoir continuer à vivre, nous devons ranger cette faculté parmi les phénomènes qu’on a observés dans le mode animal et groupés sous le nom de Pouvoir d'adaptation. On peut même, dans les cas relatés, trouver réalisées les deux formes de l’adap- tation qui ont élé établies par Hæckel*, c’est-à dire celle de l'adaptation directe ou immédiate, et celle de l'adaptation indi- recte ou médiale. On devra regarder comme un cas d'adaptation directe celui que nous avons rapporté ci-dessus au n° 6°, où les Limnées entièrement développés , dès qu'ils étaient transportés de l’eau stagnante , leur séjour ordinaire, dans un aquarium pourvu au moyen d’un courant continu d’une eau très-aérée, étaient amenés en très-peu de temps à changer leur respira- tion aérienne contre la respiration aquatique. C'est tout autre chose dans les cas que j'ai mentionnés sous les n° 3, 4 et 5. L'adaptation ici doit être regardée comme indirecte, car la respiration aquatique, qui a remplacé la respiration aérienne, avait été déjà réalisée certainement par beaucoup de générations successives et avait acquis, par l’hérédité, un caractère absolu de permanence*. 1 V. les observations de Weissmaun qui ont rapport à cela, dans son travail: Ucber den Einfluss der Isolirung auf die Artbildung. Leipzig, 1872, pag. 11. 2 V. Hæckel; Natürliche Schüpfungsgeschichte. 4 Auflage, 1873, pag. 200. Et la traduction française de cet ouvrage: Histoire de la création des Ëtres orga- nisés d'après les lois naturelles, par le Dr Ch. Letourneau, précédée d'une Intro- duction par Charles Martins. Paris, 1874, pag. 199. 3 V. ci-dessus, pag. 205. 4 V. ci-dessus, pag. 203, 204. $ Quelle est d'ailleurs la part que prend le système aquifère à l'adaptation des Gastéropodes pulmonés dont il s’agit ? C'est ce qu'il faudrait déterminer par des expériences et des recherches, bien qu’une pareille étude doive présenter de grandes difficultés. En effet, la nature et le rôle du système aquifère des Mollusques sont MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE. 209 Ce qui prouve encore combien le pouvoir d'adaptation est déve- loppé chez ces Gastéropodes pulmonés, c’est que ceux dont la respiration est aquatique peuvent de nouveau s’habituer promp- tement, même après un temps très-long, à la respiration aérienne, comme le montrent des recherches faites à Genève sur des Lim- nées par Forel' et A. Blot*. Forel n’a pas pu à ce sujet cacher son étonnement de ce que des Limnées qui étaient retirés d’une si grande profondeur (de 25 jusqu'à 250 mètres et au-delà), une fois transportés dans un aquarium, reprissent aussitôt la respira- tion aérienne. 9. On pourrait demander si la simple cavité pulmonaire d’un Gastéropode d’eau douce peut réellement remplir le rôle de cham- bre branchiale. A cela, il est facile de répondre que la chambre branchiale des Prosobranches, par exemple des Paludines qui vivent dans l’eau douce, occupe absolument la même place que la cavité pulmonaire des Gastéropodes terrestres et aquatiques ; de plus, chez les Gastéropodes dont la respiration s'effectue dans une cavité pulmonaire ou branchiale, l’orifice respiratoire s’ouvre en dehors à la même place ; aussi n’y a-t-il aucun obstacle à ce que celte cavité puisse se remplir d’air ou d’eau. Chez les Gastéropodes pulmonés, les vaisseaux sanguins se encore, il faut l'avouer, bien imparfaitement connus. Le système aquifère a été observé d'abord par Delle Chiaje, daus le pied de beaucoup de Gastéropodes marins, mais il existe aussi chez les Mollusques d’eau douce. J'ai vu souvent sur des Limnées retirés de l'eau vivement, le pied en prôtraction gonflé et comme œdéma- teux, et, lors du retrait de ce pied, l'eau s'en échapper par jets. 1 Loc. cit., pag. 54. 2 Jbid., pag. 113. 3 Forel s'exprime ainsi à ce sujet : « Mais ce qu'il y a peut-être de plus frap- pant dans ce Limnée amphibie, c'est la facilité avec laquelle il reprend le mode de respiration normale aux autres espèces de son genre, aussitôt qu'on le met au contact de l'air. Dès le premier jour où nous le plaçons dans un aquarium, nous le voyons venir ouvrir à la surface l'orifice de sa cavité respiratoire et La remplir d'air, comme le fait tout Limnée normal. Et, chose curieuse au point de vüe physiologique, l'animal ne semble point souffrir de cette révolution violente, et nous avons pu en conserver vivants pendant des mois, après ce changement de régime respiratoire. » IV. 15 210 MÉMOIRES ORIGINAUX. répandent sur les parois de la cavité pulmonaire ; chez les Gas- téropodes qui ont une chambre branchiale, des prolongements lamelleux parcourus par des vaisseaux sanguins font saillie à l’in- térieur de cette chambre. Dans ces deux formes d'organes respi- ratoires, la respiration s’accomplit de la même manière; en effet, l’air ou l’eau chargée d'air est en contact sur tous les points avec les parois à cils vibratiles de la chambre respiratoire. Étant don- née une pareille ressemblance dans la disposition des deux orga- “nes respiratoires, poumons et branchies, il n’est pas étonnant qu'un appareil pulmonaire puisse remplacer un appareil bran- chial, comme c’est effectivement le cas pour les Gastéropodes aquatiques mentionnés ci-dessus, qui respirentavec des poumons". On trouve du reste, à l'inverse de ce que nous venons de voir, l’appareil branchial fonctionnant comme appareil pulmonaire dans un autre groupe d’animaux, c’est-à-dire parmiles Crustacés, et cela assez fréquemment. Je me souviens du grand nombre de Crabes terrestres qui se tenaient pendant plusieurs mois de suite éloignés de l’eau dans les îles de la mer des Indes, et ne rega- gnaient la mer qu'à l'époque de la reproduction. La manière d’être du Birgus Latro, dans les iles de la Sonde, est plus extraor- dinaire encore. Ce Crustacé, à ce qu’on raconte, ne va jamais dans l’eau ; il se tient caché dans des trous creusés en terre, grimpe sur les palmiers pour y chercher sa nourriture, et même ne tarde pas à périr s’il est porté dans de l'eau salée ou de l’eau douce *. 1 Il faut rectifier, d'après ces faits, une assertion de Keferstein, qui s'exprime ainsi: Les Pulmonés terrestres et d’eau douce «respirent l’air libre au moyen d'organes sacciformes comparables à des poumons; et quoique ceux-ci ne diffèrent guère des branchies par leur structure, ils ne paraissent pas avoir néanmoins le pouvoir de séparer l'air dissous dans l'eau, de sorte que ces animaux ne peuvent vivre que dans l'air, ou, s'ils vivent dans l'eau, c’est à la condition de s'élever fré- quemment à sa surface, pour venir, à la manière de quelques insectes, y puiser une certaine quantité d'air ». V. Keferstein, in Bronn's Classen u. Ordnungen der Weichthiere, tom. III, 2me partie, 1862-66, pag. 1261. 2 D'Amboinsche Rariläten-Kammer door Rumphius, 1705, pag. 9; et Natur- geschichte der Krabben und Krebse von Herbst., tom. IT, 1796, pag. 36. MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE. 211 Chez ces Cruslacés donc, grâce au pouvoir d'adaptation, il se serait fait, sous l'influence des conditions extérieures, un si grand changement dans leur manière de vivre, que, l'hérédité aidant, des animaux à respiration complétement aérienne sont provenus d'animaux à respiration aquatique. Ces Crustacés ont aussi des chambres branchiales très-vastes qui peuvent contenir une grande provision d’eau, provision qui ne sert qu'à maintenir humides les minces lamelles branchiales. La dessiccation arrêterait en effet le cours du sang dans cet appareil respiratoire, tandis que, le sang continuant à y circuler, la respiration peut être entretenue au moyen de l’entrée et de la sortie de l’air atmosphérique dans celte cavité branchiale jouant le rôle de cavité pulmonaire. Un exemple tout aussi remarquable d'adaptation nous est offert chezles Poissons par les différentes espèces de Cobites, qui, comme on sait, accomplissent de tout temps et d’une façon instantanée, suivant que les conditions extérieures où ils se trouvent viennent à changer, cette indispensable fonction de la respiration, tantôt par leurs branchies, tantôt par leur tube digestif, et font alors fonc- tionner celui-ci à la façon d’un poumon. Il y a là, en vérité, un pouvoir d'adaptation qui doit surprendre au plus haut point. Que chez les Cobites le tube intestinal puisse remplir effectivement les fonctions de branchies, cela n’est pas prouvé seulement par l’exa- men anatomique de l'intestin de ces poissons, quand ceux-ci ont respiré de l’air pendant un certain temps; mais cela est aussi netlement démontré par les recherches eudiométriques très- rigoureuses que le D° Baumert a entreprises, il y a plusieurs an- nées, d’après mes conseils, sur la respiration du Cobitis fossilis'. Depuis que ces recherches ont mis en lumièrele pouvoir d’adap- tation de ce Cobite, nous comprenons pourquoi, quand les eaux 1 Ces recherches eudiométriques ont été poursuivies d'après la méthode de Bunsen par le D' Baumert, mort malheureusement depuis, pendant l’année 1851- 1852, dans l'Institut physiologique placé alors sous ma direction, à Breslau. Elles ont été rapportées, avec. les résultats obtenus, dans un travail spécial intitulé : Ghemische Untersuchungen uber die Respiration des Schlammpeizgers (Gobitis fossilis). Heidelberg. 1852. 2187 MÉMOIRES ORIGINAUX. stagnantes où habitent les Cobites se dessèchent pendant la saison chaude de l’année, ceux-ci ne périssent pas, mais peuvent pro- longer leur vie en s’enfouissant plus profondément dans le fond vaseux de leur demeure, et en se servant de leur intestin, lequel pendant ce temps est devenu entièrement vide par suite du manque de nourriture et peut ainsi se remplir par la bouche d’air atmo- sphérique, comme d’un organe respiratoire analogue au poumon. 10. Si je résume maintenant les différents cas d'adaptation rap- portés plus haut, et si je me demande pourquoi il serait si facile à ces Gastéropodes pulmonés, quand les conditions de milieu où ils se trouvent changent, de s'adapter à ces variations, je devrai, pour pouvoir répondre à cette question, recourir à la théorie de la descendance et de la transformation, cette doctrine réduite au silence et oubliée pendant tant d'années, remise en honneur dans ces derniers temps. Les plus anciens Mollusques des temps passés ont élé évidemment des animaux respirant par des branchies; puis, lorsque petit à petit des terres émergèrent des flots, diffé- rentes formes de Mollusques branchifères, demeurées sur ces parties ainsi mises à sec, s’accommodèrent, à la suite du retrait des eaux, à ces nouvelles conditions du milieu ambiant et em- pioyèrent l'air atmosphérique qui s’offrait à elles pour remplacer l’eau disparue, dans l’accomplissement du travail respiratoire nécessaire à leur existence. Cette hypothèse s'appuie sur les considérations d'après les- quelles, il y a deux années déjà, deux zoologistes et paléontolo- gistes distingués, Bronn et Rütimeyer, ont expliqué le développe- ment des organismes à la surface de la terre, selon des lois tout à fait naturelles. Bronn désigne le développement des animaux terrestres qui sont dérivés des animaux aquatiques comme «dé- veloppement à marche terripète et progressive '», et Rütimeyer a fait dériver les deux séries d’animaux aquatiques et terrestres de 1 V. Bronn,; Untlersuchungen über die Entwicklungs-Gesctze der organischen Well während der Bildungszeit unserer Erd. Oberfläche, 1858, pag. 112 et 351; et du même auteur: Die Entwicklung der organischen Schüpfung, 1858, pag 14. MOLLUSQUES D'EAU DOUCE A RESPIRATION PULMONAIRE, 213 cette tendance terripète ‘. Ce dernier fait en outre la remarque suivante : «Je ne saurais, dit-il, citer des cas d'ordre inverse, des exemples de tendance halipète. I] y a des animaux à respira- tion aérienne qui sont forcés de chercher leur nourriture dans l’eau ; mais nous voyons la respiration aérienne, une fois acquise, n'être jamais abandonnée, et même le passage de l’eau salée dans l’eau douce paraît se faire plus facilement que le passage inverse*.» La première partie de cette assertion doit maintenant être modi- fiée, puisque les observations faites par Forel et par moi sur des Gastéropodes aquatiques respirant au moyen de poumons mon- trent que ces animaux peuvent abandonner de nouveau, dans certaines conditions de milieu, leur respiration aérienne et rappel- lent ainsi leurs ancêtres primitifs. De pareilles transformations s’'accomplissant maintenant encore sousnos yeux sont regardées, d’après la nouvelle doctrine, comme un retour en arrière, une ré- miniscence du passé, et sont désignées sous le nom d’Atavisme. Quant à la seconde moitié de la remarque de Rütimeyer rap- portée plus haut, on trouve, si l'on passe en revue les différentes manières de vivre des animaux de l’époque actuelle, des exem- ples de tendance halipète, et on voit que certains animaux aquatiques, sous l’influence d’un retour atavique, reviennent de l’eau douce dans l’eau de mer. Sans parler des jeunes Estur- geons, Saumons et autres poissons de mer qui, même après avoir pris naissance dans l'eau douce, s’y être développés et y avoir passé leur premier âge, vont ensuite chercher l’eau de mer, j'invoquerai la curieuse manière de vivre des Anguilles, qui gran- dissent dans les eaux douces, souvent très-loin de la mer, et qui, quand l'instinct dela reproduction se fait sentir en elles pour la première fois, descendent vers la mer pour y frayer comme leurs ancêtres. À peine les petites Anguilles ont-elles acquis un peu de force, que l'habitude héréditaire les pousse de la mer dans l’eau douce, pour y rester jusqu'à ce que l'instinct de la reproduction 1 V. Rütimeyer ; Ueber die Herkunft unserer Thierwelt, 1867, pag. 17. 2 Jbid., pag. 18. 214 MÉMOIRES ORIGINAUX. les détermine à passer de nouveau de l’eau douce dans l’eau salée, d'où ensuite elles ne reviennent jamais dans l’eau doucet, 11. Je tiens à faire remarquer, en terminant, que la pêche dans les eaux profondes a ouvert maintenantaux recherches un champ nouveau et à coup sûr très-riche. Bien que je me réjouisse au plus haut point de ce progrès, je ne puis m'empêcher d'exprimer un vœu : puissent les zoologistes s'engager dans cette voie nouvelle, car ils ajouteront certainement ainsi davantage à nos connaissan- cessur l’extension de la vie animale, que par la récolte et la simple description d'espèces nouvelles ! L'examen et la comparaison les plus attentifs ne montrent en elles aucun caractère spécifique pro- pre; elles ne sont pas autre chose que des variations secondaires d'espèces depuis longtemps connues, qui, soumises à de nouvelles conditions de milieu, grâce à leur pouvoir d'adaptation et sous l'influence de l’hérédité, ont subi un changement plus ou moins grand. Bien que dans cette courte Note je sente combien j'ai du laisser de lacunes, j'espère avoir réussi du moins à appeler l'attention sur un champ de recherches encore peu connu. Munich, 1° février 1875. 1 Bronn parle aussi de cet instinct migrateur des Anguilles; cependant il insister davantage sur leur montée de la mer dans l'eau douce que sur leur retour à la mer. V. Bronn; Ueber den Slufengang des organischen Lebens von den Inselfel- sen des Oceans an bis auf die Festländer. Heidelberg, 1859, pag. 11. NOTE SUR QUELQUES FORMES ANOMALES ET TÉRATOLOGIQUES Chez les DIATOMACÉES, Par M. E. GUINARD. Quel est le micrographe qui, en examinant une préparation renfermant des Diatomacées, n’est pas frappé du nombre considé- rable d'individus qu’elle renferme ? Combien pourtant ce nombre parait minime pour le collecteur de ce genre d’Algues. Porte-t-il sous le microscope une partie bien infime de cette matière brun jaunâtre qu’il a récoltée au fond de quelque mare ou de quelque ruisseau , ce n’est plus par centaines mais par millions que l’ob- jectif les lui montrera. Voilà bientôt dix ans que nous nous occupons à recueillir les Diatomacées marines et. des eaux douces du département de l'Hérault, et en particulier des environs de Montpellier. Il nous est arrivé bien des fois de revenir avec ample provision d'espèces assez pures et très-peu mélangées. Des journées entières ont été passées à examiner, à dessiner, voire même à photographier ces Algues microscopiques. Nous avons été arrêté quelquefois dans notre travail par des formes tout à fait anomales ; elles se rapprochaient de l’espèce domi- nante, mais en différaient pourtant, soit dans leurs formes géné- rales un peu modifiées, soit par les dispositions des stries, soit enfin par l'inégalité des valves, qui devenaient tout à fait asymé- triques. Comparant alors nos dessins avec ceux des auteurs con- aus, et surtout enfin en les soumettant à l'examen de M. Alphonse de Brébisson, algologue connu par sa haute science en cette ma- tiére, et de la bienveillance extrême duquel chacun se souvient, nous étions alors convaincu que nous avions sous les yeux, sinon quelque cas tératologique, du moins une anomalie bien évidente. M. de Brébisson nous a bien souvent encouragé à poursuivre 216 MÉMOIRES ORIGINAUX. nos recherches. Lui-même avait aussi de son côté quelques notes et dessins sur ce sujet. Dans une de ses lettres, il nous offrait obligeamment de nous les communiquer pour compléter nos simples chservations. Sa mort est venue mettre à néant tous ces projets ; et ce n’est que dans une de ses dernières publications sur les Diatomacées de la Mousse de Corse‘, et dans une planche accompagnant son Mémoire, que nous avons donné une figure (fig. T) d’un Ardissonia robusta présentant un cas tératologique remarquable par la disposition des stries rayonnantes sur un point de la valve. Nos remarques se bornent à bien peu d'espèces et ne se rappor- tent qu’aux genres Synedra, Niützschia, Navicula et Amphitetras. Toutes les fois qu’il a été possible de les conserver en prépara- tions, nous n'avons pas manqué de le faire, comme témoignage de notre véracité ; dans maintes occasions cependant, un simple dessin est tout ce qui nous reste de nos longues et patientes ob- servalions. Le genre Synedra est celui qui nous a fourni le plus de maté- riaux pour nosétudes. On trouve généralement ces espèces, d’une manière relativement assez pure, toujours réunies en grand nom- bre et formant des houppes attachées aux plantes submergées. Dans la fig. 1, nous donnons une forme qui, quoique en appa- rence normale, est pourtant un cas de développement extraordi- naire de la matière siliceuse. Tout, dans cette Diatomacée, s’est pour ainsi dire ramassé, l'allongement du frustule est bien dimi- nué, et, par contre, le diamètre transversal a pris plus d’étendue; le nodule central a participé à cette augmentation et présente une dimension plus considérable. Cette espèce, soumise à l'appréciation de M. de Brébisson, nous confirma dans notre première opinion, car pour lui elle n’était qu’une forme anomale du Synedra ulna. En moyenne, la longueur du Synedra ulna est de 0®*,200 et la largeur de 0,006. Notre frustule anomal est de moitié 4 Revue des Sciences naturelles, tom. I, pag. 198. FORMES ANOMALES DES DIATOMACÉES. 217 moins long, soit 0m®,100 ; et quant à la largeur, on voit par la dimension de 0"%,01 combien il a pris d'extension transversa- lement. Le nombre destries dans un centième de millimètre est aussi moins considérable. Cette intéressante Diatomée a été recueillie par nous en 1869, sur les Mousses qui tapissent la muraille du réservoir de la source des fontaines du Vigan, à Rochebelle (Gard) : nous possédons cet échantillon en préparalion. Une espèce assez commune dans nos eaux douces des environs de Montpellier est le Vitzschia sigmoïdea, une des plus grandes du genre. Vue de face, elle est sigmoïde, tronquée; vue de côté, elle est linéaire, avec les extrémités subitement aiguës, ayant en plus une carène d’une seule ligne de points. Dans une préparation que nous avons conservée, nous avons reconnu un frustule anomal de cette espèce (7ig. ?). Notre frus- tule, au lieu d’être linéaire, présente un renflement bien accusé au centre de la valve ; de plus, les extrémités, au lieu de setermi- ner subitement en pointe, offrent un prolongement en forme de bec arrondi et passablement relevé du côté opposé de la carène, qui existe de même ici avec sa ligne de points. Nous avons aussi remarqué un cas remarquable de courbure dans un autre Synedra, le Synedra luñaris. Bien souvent il nous a été donné de voir combien la courbure de cette Diatomacée variait. Nous n’yaurions pas ajouté grande importance si, dans un de nos examens, nous n'avions eu la bonne fortune de rencontrer une forme dont la courbure représentait au moins les deux tiers de la circonférence d’un cercle (fig. 3). Plusieurs anomalies pareil- les ont passé sous nos yeux. Nous n'avons malheureusement conservé qu’un dessin de cette curieuse forme. Enfin, pour terminer avec ces formes Bacillaires, je citerai le cas tératologique signalé par M. de Brébisson chez un Ardisso- nia robusta, et dont nous donnons une figure d’après une pho- tographie (fig. 4). Voici comment M. de Brébisson s’exprimait: «J’ai trouvé dans la Mousse de Corse un fragment de carapace présentant une ano- 218 MÉMOIRES ORIGINAUX. malie assez curieuse. Au milieu des fines stries transversales qui couvrent les valves, on remarque un petit espace circulaire où les stries sont rayonnantes et divergent jusque sur les faces voi- sines des valves, et leur extrémité, en se coudant, finit par repren- dre la position transversale et parallèle des stries dans leur état normal.» Je citerai ici un cas d’asymétrie de la valve d’un Diatomacée naviculaire. C'était au mois de mai 1867 ; je classais les, pro- duits d’une excursion faite à Villeneuve, près Montpellier, La récolte, sinon fructueuse en espèces nouvelles pour nous, avait été très-abondante. Nous examinions attentivement un mucus. de couleur rougeûtre, recueilli sur l’eau des fossés environnants la rivière de la Mosson. Ce mucus contenait des Siauroneis phœni- centeron mélangés à quelques Æimantidium arcus et Pinnularia viridis. Après trois ou quatre examens nous allions rejeter le tout, quand nos yeux se portèrent sur un Séauroneis dont les valves offraient une asymétrie assez forte pour attirer notre attention. Ne pensant, à cette époque, qu'à recueillir de nouvelles espèces pour notre collection, nous nous contentämes d’en jeter le des- sin sur le papier. On verra, par la figure que nous en donnons (fig. 5), combien il y a eu arrêt de développement dans la partie située à droite de la ligne médiane. Enfin, une espèce marine dont plusieurs auteurs ont fait un senre, le genre Amphipentas, serait, pour M. de Brébisson et pour nous, une modification, une anomalie de l’Amphitetras ante- diluviana. Voici comment ce savant algologue s’exprimait (loc. cit.) : « Le nombre des angles ne peut fournir un caractère géné- rique dans le groupe dont fait partie le genre. Je pourrais rappeler ici que j'ai vu un frustule dont une valve était bien celle d’un Amphitetras, mais la valve opposée n'avait que trois lobes et appartenait au genre Triceratium». Nous sommes parfaitement de l’avis du Maitre. Pendant deux fois, il nous a été donné de rencontrer l’Amphipentas mélangé à l’'Amphitetras antediluviana. C'était le 29 septembre 1867, dans l'étang de Thau, près du petit port de Balaruc-les-Bains. La FORMES ANOMALES: DES : DIATOMACÉES. 219 seconde fois, le 27 mai 1873, preuve plus probante pour nous, nous le trouvâmes fixé sur un pedicelle d’Acetabulum mediterra- neum que nous avait rapporté notre excellent ami M. Duval- Jouve, du port même de Balaruc. Ils étaient mélangés avec le genre Amphitetras, et nous avons trouvé presque tous les passages de la forme typique de l’Amphitetras jusqu’à celle de l’Amphi- pentas. Nous avons rencontré même des sujets dont les dépres- sions étaient si considérables, qu'ils représentaient une étoile par- faite (fig. 6). Pour nous, il n’est pas douteux que le genre Amphipentas ne soit qu’un cas tératologique du genre Amphi- tetras. Bien des observations restent à faire chez les Diatomacées de forme naviculaire et discoïde; nous ne doutons pas qu'un exa- men attentif ne dévoile de nouveaux cas à ajouter à ces quelques notes fugitives. Montpellier, 24 février 1875. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. Fic. !. Synedra ulna. Fic. 2. Nitzschia sigmoïdea. Fig. 3. Synedra lunaris. (a) courbure normale, (b) courbures ano- males. TG. Æ> Ardissonia robusta montrant les stries rayonnantes, d'après une photographie. Fi. 5. Stauroneis phœnicenteron. Valves asymétriques. Fi. 6. Amphipentas. Anomalie de l'Amphitetras antediluviana; deux formes plus ou moins échancrées. 220 MÉMOIRES ORIGINAUX. NOTE SUR LA PANOPÆA ALDROVANDI DÉCOUVERTE A L'ÉTAT SUBFOSSILE DANS L'ANCIEN CORDON LITTORAL DE LA MÉDITERRANÉE, Par Émilien DUMAS. (Planche V.) Nous devons à la complaisance de M. Lombard-Dumas, gendre d’Émilien Dumas (de Sommières). la communication suivante , extraite des papiers de son beau-père, dont il a entrepris avec un soin pieux la publication. L'auteur des Cartes géologiques du Gard a placé à côté d'un fait de distribution géographique relatif à un Mollusque, un résumé de ses vues sur la formation de notre cordon littoral dont on trouvera le développement dans sa description géologique du Gard. Les quelques lignes qu'il y consacre dans la Note que nous publions suffisent pour montrer que dès 185?, dans sa feuille de Nimes, et dès 1861, dans sa rédaction, l'éminent géologue avait reconnu et établi les points fon- damentaux de l'histoire de ces dépôts : la multiplicité des cordons littoraux, leur établissement successif, la différence dans la nature de leurs matériaux, caillou- teux d'abord, puis sablonneux, l'intervention pour leur formation du Rhône, du Drac et de la Durance... La coupe que nous insérons montre très-nettement l'état de choses actuel et les différentes phases de son établissement. La Carte que nous reproduisons est un spécimen choisi entre beaucoup d'autres qu'Émilien Dumas avait réunis par des achats successifs ou des copies patientes de sa main, pour éclairer la question si intéressante des embouchures du Rhône. Nous remercions M. Lombard-Dumas de nous avoir mis à même de rendre à notre savant compatriote cet hommage de nos regrets et de notre considération, faible écho des regrets et de la ronsidération de tous. E. DuBruEIL. C’est en compagnie du jeune François Forel (de Morges), étudiant en médecine à Montpellier', que nous avons rencontré, vers la fin de juillet 1861, de nombreux fragments de la Pano- pæa Aldrovandi sur le littoral de la Méditerranée, au grau de Pa- lavas, et jusqu’à Maguelone. Quelques jours après, M. Paul Gervais, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, à qui 1 M. Forel est aujourd'hui professeur à Lausanne. E. DuBruEIL. PANOPÆA SUBFOSSILE. 221 nous faisions part de cette découverte, nous montra un pelit frag- ment de test ramassé par lui sur la même plage, qu'il suppo- sait appartenir aussi à cette espèce, et que nous reconnümes en effet. Cette découverte, déjà intéressante par elle-même, le devient encore plus si l’on considère les conditions du gisement dans lequel se trouvent ces débris. Mais avant de parler de ce gise- ment, nous allons jeter un coup d'œil rapide sur l’histoire du genre Panopée, sur les régions où se rencontre ce Mollusque et sur les travaux auxquels il a donné lieu. La Panopée de la Méditerranée est connue depuis longtemps dans les collections, et a été considérée jusqu'ici par tous les con- chyliologistes comme une espèce trés-rare. Aldrovande, qui publiait à Bologne, vers le milieu du xvi°siè- cle, sa grande Histoire des animaux, des végétaux et des minéraux, est le premier qui ait figuré cette belle coquille, l’une des plus grandes bivalves connues, sous le nom de Chama glycimeris, la regardant mal à propos comme la Glycimère des anciens. Après lui, Bonanni en 1681, Lister en 1685 et Gualtieri en 1742, ont figuré et cité la même coquille sous le nom que lui avait donné Aldrovande. Born, en 1780, la fit encore mieux connaître par une excellente figure coloriée d’après un individu du cabinet de Vienne ; mais cet auteur, ne tenant aucun compte de la posilion du ligament, la plaça dans le genre Mye, sous le nom de Mya glycimeris. Enfin elle est encore reproduite sous ce dernier nom dans les ouvrages de Chemnitz, de Schrot, de Gmelin, de Donovan, de Spengler, etc. C'est en 1807 seulement que Ménard de la Groye (Annales du Mus., vol. 9, pag. 131) établit le genre Panopée, qui se distin- gue des Glycimères par sa charnière munie de dents et par le ligament situé sur le côté allongé. Mais ilest à remarquer que ce n'est point sur l’examen de la Panopée méditerranéenne que Ménard établit ce genre nouveau, mais bien sur une espèce fos- sile rapportée de la province de Parme par Faujas de Saint-Fond. À cette époque, la Panopée vivante ne se trouvait ni dans la col- 222 MÉMOIRES ORIGINAUX. lection du Muséum d'histoire naturelle, ni dans les plus riches collections particulières de Paris. Aussi Ménard nous dit-il que la comparaison qu'il fait de l'espèce fossile avec l’espèce vivante n’a lieu que d’après les souvenirs de M. Puech, qui en avait pos- sédé dansletemps un exemplaire provenant de la collection de l'abbé Nolin. dont le cabinet avait été vendu depuis quelques an- nées à l’empereur d'Autriche. Ménard désigne l’espèce vivante sous le nom de Panopæa. Aldro- vandi, et l’espèce fossile sous celui de P. Faujasi. Quelques années plus tard, Lamarck, dans sa Philosophie’z00- logique, adopte aussi le genre Panopée et le place parmi ceux de la famille des Solénacées. | Pendant longtemps on n’a connu dela Panopée quela coquille, de sorte que les rapports du genre pouvaient encore, à certains égards, être contestés; mais il y a quelques années que les offi- ciers de la frégate l’Héroïne, commandée par le capitaine Cécile, en croisière dans les mers de la pointe australe de l'Afrique, découvrirent dans les sables de la baie des Tigres, sur la côte Natale, les siphons d’un Mollasque qu'ils parvinrent à capturer en fouillant le sable. Ces siphons étaient ceux d’une belle et grande Panopée dont ils rapportérent plusieurs individus conser- vés dans l'alcool. M. Valenciennes en décrivit un acheté par le Muséum d'histoire naturelle, et donna, à la suite de son travail anatomique, une bonne monographie du genre. M. de Blainville publia aussi, vers la même époque, la figure d'un individu de même espèce qui lui avait été communiqué par M. Quoy. On connaît aujourd’hui cinq espèces vivantes de Panopée; ce sont : les Panopæa Aldrovandi, dont l’animal, encore inconnu, n’a pas été décrit; P. Zelandica, provenant des mers australes, que MM. Quoy et Gaymard firent connaître; P. Norvegica (Mya Norvegica, Spengler); P.. Australis Sow., espèce dont l'animal a été décrit par M. Valenciennes, et P. Abbreviata, rapportée par M. d’Orbigny des côtes de Patagonie. 1 Arch. d'Hist. nat., tom. I. ” PANOPÆA SUBFOSSILE. 223 Enfin, à ces einq espèces vivantes il convient d'ajouter les nombreuses espèces fossiles du terrain jurassique, décrites dans ces derniers temps par Romer et par Alcide d'Orbigny. Maintenant, si nous avons recours aux divers auteurs que nous venons de citer pour obtenir des indications précises sur l’habi- tat de la Panopée qui nous occupe, ils nous renseignent vague- ment à cel égard. Aldrovande se contente de dire qu’on la trouve dans la Méditerranée, sur les côtes d'Espagne; les auteurs qui en ont parlé après lui, Lister entre autres, répètent la même chose ; Lamarck, dans sa première édition des An. sans vert., dit simplement qu’elle habite la Méditerranée, sans préciser le point où on la rencontre; Blainville, dans son Manuel de Malacologie, publié en 1825, la cite également dans la Méditerranée, sans autre indication, et M. Deshayes, dans son Traité de Conchylio- logie, se contente d'ajouter, comme Aldrovande, qu’elle habite, dit-on, les côtes d'Espagne. Après cela, si l’on consulte les monographies locales du bassin méditerranéen, on n’est guère plus avancé. Peyraudeau, dans son Catalogue des Annélides et des Mollusques de l'ile de Corse, publié en 1826, n'y signale pas cette coquille; il en est de même de Requien, dans le Catalogue des coquilles de l’île de Corse, pu- blié en 1848; Risso ne le mentionne pas non plus sur le littoral des environs de Nice, si riches en Mollusques'; Vérany, dans son Catalogue des animaux invertébrés marins du golfe de Génes et de Nice, n'en fait pas mention (Extrait du Guide de Génes, 1846). La seule indication d'apparence positive sur cet habitat se lit dans Philippi, Enumeratio Molluscorum Siciliæ, édition de 1838, qui l'indique «in litore Siciliæ uNIcE inter la Trezza et Aci-reale»; mais dans sa seconde édition (1846, pag. 6), cet auteur se contredit en écrivant : «occurrit UNICE prope Aci-cas- tello ». Oril résulte d’une Note sur l'habitat de la Panopæa Aldrovandi 1 Hist. nat. des principales productions de l'Europe méridionale, et parlicu- lièrement de celles des environs de Nice et des Alpes-Maritimes (Voir tom. IV, 1826). 224 MÉMOIRES ORIGINAUX. de Sicile, publiée par M. H. Crosse dans le Journal de Conchyliolo- gie de Petit de la Saussaye (tom. IT, pag. 120, 1851), que les deux localités citées par le naturaliste prussien, couvertes de ter- rains volcaniques qui s’étendent jusqu’à la mer, sont, de tous les poirts du littoral de la Sicile, les moins propres à l’existence de ce Mollusque, qui ne peut vivre que sur les côtes sablonneuses. M. Crosse affirme que la Panopéene setrouve pas dans ces loca- lités et que tous les exemplaires qu’il en a vus dans les musées ou dans les collections particulières de la Sicile provenaient de la mer de Taormina, nom que donnent les Siciliens à la partie du littoral dont la petite ville de Giardini est le centre. Là se trou- vent en effet de vastes étendues de plages sablonneuses où se rencontrent assez communément des valves de la Panopée con- nues parmi les pêcheurs sous lenomde coquille sandale. M. Crosse dit qu'il put même s’en procurer un certain nombre d’exemplai- res complets, mais qu'ilne put voir l’animal vivant, la nullité presque totale du flux et du reflux de la Méditerranée rendant sa recherche presque impossible. Il est certain, d’après cette Note, que la Panopée vit sur les côtes sablonneuses de la Sicile, principalement, si ce n’est unique- ment, à Giardini, dans la mer dite de Taormina. Elle vivrait aussi sur les côtes d’Espagne, d’après Aldrovande et les auteurs qui l’ont copié ; mais elle doit y être bien rare, car un de nos correspondants espagnols, M. Francisco Uoronado, na- turaliste à Barcelone, nous assure qu'il n’en possède qu’une valve unique pêchée dans le port de cette ville, et qu'il n’en a jamais rencontré ailleurs, ni sur les côtes de Catalogne ou de Valence, ni aux îles Baléares, où elle est inconnue des pêcheurs. Quant aux côtes de France, on peut presque affirmer qu’elle ne s’y trouve plus aujourd’hui vivante : depuis près de trente ans que nous nous occupons de conchyliologie, nous n'avons jamais appris qu’un seul exemplaire de cette espèce ait été trouvé sur nos côtes, de Toulon à Port-Vendres. Aussi n'est-ce pas sans un grand étonnement que nous avons . rencontré de nombreux débris de cette coquille au grau de Pa- PANOPÆA SUBFOSSILE. 225 lavas, et pour ainsi dire aux portes de Montpellier. Ces débris, mêlés aux sables et au gravier qui composent l’étroile levée de sable qui sépare l'étang de la mer, ne se trouvent pas sur la plage : ils font parlie de l’ancien cordon littoral, et leur histoire paraît se relier d’une manière intime à celle des cordons liltoraux et du delta du Rhône. Quelques explications sur cette formation deviennent donc nécessaires ici pour faire bien comprendre toute la portée de cette découverte. Nous allons les donner aussi suc- cinctes que possible, nous réservant de consigner avec le plus grand détail, dans notre texte explicatif de la Carte géologique du Gard *, le résultat de plusieurs années d'observations sur les cor- dons liltoraux et les variations du cours du Rhône dans le delta qui lui doit son origine. On sait que M. Élie de Beaumont, dans ses explications sur la formation des deltas, a nomme cordon ou appareil littoral les grandes levées de sables et de gravier que la mer rejette sur ses - bords «comme pour clore son domaine ». Ces sables et ces gra- viers proviennent, pour le delta du Rhône, des 54 millions de mètres cubes d'eau chargée de 21 millions de mètres cubes de limon que ce fleuve déverse annuellement dans la Méditerranée, où ce limon subit, en arrivant, une espèce de lavage : les parties les plus légères ou argileuses, tenues un moment en suspension, sont entraînées au large, où elles finissent par se déposer, tandis que les parties les plus pesantes ou sablonneuses se précipitent bientôt, et, poussées à l’ouest par l'effet du courant de l’est à l’ouest qui règne dans le golfe du Lion, sont peu à peu rejetées sur le rivage. Le cordon littoral que nous observons aujourd’hui sur nos côtes longe la mer depuis le golfe de Fos jusqu'à la montagne volcanique d'Agde. Mais ce cordon littoral n’est pas unique : en consultant notre Carte géologique de l’arrondisse- ment de Nimes (1852), on pourra voir en effet que dans le delta du Rhône et en arrière de ce premier cordon, nous en avons 1 Cet ouvrage, qui a pour titre: Statistique géologique, minéralogique, métal- lurgique et paléontologique du département du Gard, est en ce moment sous presse. A. L.-Dumas. IV, 16 226 MÉMOIRES ORIGINAUX. signalé plusieurs autres que les alluvions charriées par les débor- dements du fleuve n’ont pas pu complétement recouvrir. Ces cordons sont d'autant plus anciens qu’ils sont situés plus en avant dans l’intérieur des terres. Le dernier qu’on observe dans cette direction est formé par une large levée de sable qui part de la rive gauche du bras principal du Rhône, en s'appuyant sur les buttes néocomiennes dites de la Roque, dans le voisinage de Fos ; traverse l'étang du Valcarès au sud ; constitue, sur la rive droite du Petit-Rhône, la plaine sablonneuse désignée sous le nom de Sylve-sodesque, dont l'altitude moyenne est de 5 à 6 mètres au-dessus du niveau de la mer ; passe au nord d’Aiïgues- Mortes, suit l’ancien chemin de Pataquière' et vient se rattacher au cordon unique qui sépare l'étang de Mauguio de la mer. C’est là le cordon principal, qu'on peut considérer, à partir de ce point, comme le cordon originaire; les autres, plus rapprochés de la mer, sont des cordons supplémentaires. Mais en avant de celui-ci, le dernier visible, il en existe plusieurs autres cachés sous les alluvions du fleuve. En certains points, comme au hameau des Iscles, leur présence se devine par l'élévation et la forme allongée du sol; ailleurs, comme autour du domaine d’Auricet, du mas du Rey et du grand mas d’Argence, ce sont les eaux du Rhône qui, en se précipitant du haut de leurs digues, les ont mis à nu pendant l’inondation du 3 novembre 1840. C'est évidemment à la présence du premier de ces cordons, qui attei- gnait le sommet du delta, et à la résistance qu'il opposait au fleuve, qu'est due la première bifurcation du Rhône * et la for- mation de celte branche qui portait ses eaux jusques auprès de 1 Au nord d'Aïgues-Mortes, cette levée de sables et de graviers supporte une an- cienne route, désignée sous le nom de Pataquière, sans doute parce que les voya- geurs devaient y être soumis à payer, comme droit de péage, le Patac, ancienne monnaie valant à peu près deux deniers tournois, qui avait cours dans le Comtat Venaissin lorsqu'il était sous la domination des papes, ou peut-être aussi, simplement parce que les petits galets aplatis qui composent le sol de cette route rappellent la forme du Patac. Ces cailloux sont pour la plupart des débris de por- phyre, de quartzites, de schistes et de variolites. É. Dumas. 2 Émilien Dumas, dans sa Statistique géologique du Gard, tom. II, établit avec PANOPÆA SUBFOSSILE. 707 Maguelone, ainsi que le témoignent le nom d'Ostium hispaniense que donnait Pline à l’une des bouches du fleuve, et une Carte dite Mappemonde, des frères Pizigani, de l’an 1367, dont l'original sur vélin est conservé à la Bibliothèque ducale de Parme". (Voir fig. 1.) Maintenant, si l'on étudie la composition intime du premier cordon littoral, on arrivera avec certitude à la même conclu- sion : la base de cette longue levée est toute composée de cail- loux d'autant plus gros qu'ils occupent les parties les plus infé- rieures ; au-dessus viennent les sables couronnés par des dunes plus ou moins hautes. Ces dunes, fort éloignées de la mer dans l'intérieur du delta, ont conservé néanmoins l'aspect d’un littoral récent, grâce à la végétation qui les a fixées et en a empêché la dispersion par les vents. Les cailloux qui occupent la base du cordon originaire proviennent des mêmes roches dont le Rhône etla Durance roulaient encore de nosjoursles débris : les variolites arrachées au mont Genêvre par la Durance, dominent en effet sur toutes les autres natures de quartzite ou de calcaire plus ou moins anciens. Si l’on observe la forme de tous ces cailloux, on remar- que aisément qu'ils sont très-aplatis, résultat certain du mouve- ment de va-et-vient que leur ont imprimé les vagues pour les rejeter sur la côte après que le Rhône les avait déchargés dans la mer. L'origine de ces cailloux est incontestable, et c’est en vain qu'on voudrait les faire provenir du Diluvium alpin qui recou- vre la vaste pläine de la Crau et les collines de la Costière, sur les deux côtés du delta : nous avons étudié avec soin la nature de ce dépôt diluvien, et jamais nous n’y avons rencontré ni une seule variolite de la Durance ou du Drac, ni un seul caillou de la même nature que ceux du cordon littoral, identiques d’ailleurs à ceux que charrie encore le Rhône. une précision remarquable qu'à chaque formation nouvelle d'un cordon littoral correspond une nouvelle diramation du Rhône. A. L.-Domas. ! Un fac-simile frès-exact de cette Carte se trouve à Paris, à la Bibliothèque nationale, CG. n° 8039. Nous en avons pris une copie, que nous reproduisons à la suite de ce travail. É. Dumas. 228 MÉMOIRES ORIGINAUX. Mais aujourd’hui les eaux du Rhône n'entrainent plus de cail- loux à la mer, même à l’époque des plus grandes crues : ils s'arrêtent tous un peu au-dessous de Beaucair2, parce que, depuis les temps historiques, le lit du Rhône s’est sensiblement relevé par l'allongement de ses embouchures, en sorte qu'il ne peut plus apporter à la mer que ses alluvions argileuses plus ou moins chargées de sables. C'est donc au commencement de la période actuelle que les cailloux de la base du cordon littoral en voie de formation ont été entraînés à la mer, et de là rejetés à la côte. Les cordons supplémentaires, postérieurs à la formation du cordon originaire, sont uniquement composés de sable fin, et si accidentellement, sur les plages de Palavas et de Maguelone, on rencontre encore quelques cailloux, c’est qu'ils ont été arrachés par les grosses mers à l’ancien cordon littoral. Ces cordons sup- plémentaires, quoique plus modernes, ont la même origine que le cordon primitif : ils se sont formés successivement en avant les uns des autres à mesure que les dépôts du Rhône, exhaussant le lit de la mer, ont créé peu à peu les étangs qu’un bourrelet de sable à fini par séparer du rivage. Le phénomène qui leur donna naissance se continue sous nos yeux. (Voir fig. 2.) Nous terminerons cette rapide étude des cordons littoraux en disant quelques mots des galets de grès qu'on trouve sur les bords de la mer, de Palavas à Maguelone. Ces galets, formés de sa- bles agglutinés, empâtent le plus souvent des débris de coquilles aujourd'hui vivantes dans la Méditerranée. MM. Marcel de Serres et Louis Figuier ont décrit cette formation récente ‘ et l’ont con- sidérée, à tort selon nous, comme ayant pris naissance dans les eaux de la mer. Nous pensons au contraire que ces masses len- liculaires de sables et de coquilles se sont formées dans le cor- don littoral lui-même et doivent leur origine au lavage des sables supérieurs par les eaux pluviales entraînant avec elles, dans les ? Observ. sur les pétrific. des coq. dans la Méditerranée. (Extrait de la Revue scientifique et industr. du D" Quesneville, 1847.) PANOPÆA SUBFOSSILE. 229 couches inférieures, une certaine proportion de carbonate de chaux dissous par l’acide carbonique qu'elles renferment. Et en effet, lorsque ces agglutinations sont en place et n’ont pas été remaniées par les vagues qui les ont arrachées lors des grosses mers au cordon littoral, elles présentent des surfaces mamelonnées qui écartent toute icée de transport. La Panopée d’Aldrovande se trouve en fragments nombreux au grau de Palavas'et jusqu'à Maguelone, dans les sables de l’ap- pareil littoral, qui n’a pas subi, sur cette partie de nos côtes, les modifications qu'on observe plus à l'Est dans le delta et autour des embouchures du Rhône. Plusieurs de ces fragments sont adhérents au grès moderne dont nous venons de parler. Parmi ceux que nous avons rapportés, il y én a de tout âge : une valve, assez complète, appartient à un individu de 0”,23° de longueur sur 0®,13° de hauteur. (Voir jig. 3.) Il reste donc parfaitement établi que la Panopée, aujourd'hui très-rare dans le bassin méditerranéen, a été très-commune dans cette parlie du golfe du Lion au commencement de la période actuelle. C’est un fait qui intéresse au plus haut degré la géo- logie et la paléontologie, puisqu'il aous apprend qu’au commen- cement de celte période il vivait avec abondance sur notre littoral un grand Mollusque acéphale qui a complétement disparu de cette région, et qu'on ne retrouve plus aujourd'hui, même assez rare- ment, que sur les côtes de Sicile. Un fait analogue est en voie de se produire aux mêmes lieux pour le Pecten maximus, très-commun dans les sables du cordon littoral et très-rare sur nos côles, où il a été remplacé par une espèce voisine, le Pecten Jacobæus, qui s’y rencontre en abon- dance. La disparition et la diminulion évidentes de ces deux espèces se rattachent, ce nous semble, à plusieurs questions qui ont été soulevées dans ces derniers temps, sans être complétement réso- lues, entre autres à celle de la contemporanéité de l'Homme et de certains grands Mammifères dont on retrouve les restes dans les cavernes, intimement mélés à des débris de l’industrie humaine. 230 MÉMOIRES ORIGINAUX. La Panopée serait alors aux autres Mollusques ce que le Bison et l'Aurochs sont aux Mammifères aujourd'hui vivants, sans qu’on puisse toutefois faire intervenir, pour l'extinction de la Panopée comme pour celle des Mammifères, des raisons de civilisation. Et n'est-on pas en droit de conclure que ces animaux ont pu disparaître depuis l’ordre de choses actuel, non par le seul fait de l'extension de la race humaine, mais en vertu de cette grande loi si bien mise en relief dans l'étude paléontologique des terrains tant anciens que modernes, de celte loi qui semble mettre un terme au genre et à l'espèce comme elle met un terme à lindi- vidu, tout en les remplacant par des êtres nouveaux? Enfin, ne peut-on pas se demander aussi, en -vertu de la continuation pro- bable de la même loi, et le fait de l'extinction des espèces étant parfaitement constaté, s’il n’y a pas eu, depuis l’arrivée de l'Homme sur la terre, de nouvelles créations ? Une étude minutieuse ayant pour but de comparer les débris des espèces qu'on retrouve dans l’ancien cordon littoral avec les espèces qui vivent sur la côte, jetterait peul-être un certain jour sur cette question. Sommières, août 1861. NOTE SUR L'ORIGINE DES CHOTTS DU SUD DE LA TUNISIE‘ Par M. DOUMET-ADANSON. . Les nombreuses communications failes à l’Académie des sciences dans ces derniers temps sur la possibilité de submerger une partie du désert saharien ayant mis à l’ordre du jour l’origine marine des chotts ou lacs salés, il ne sera peut-être pas sans intérêt de faire connaître quelques observations faites sur le même 1 Lue à la réunion des délégués des Sociétés savantes, en avril 1875. CHOTTS DU SUD DE LA TUNISIE. 231 sujet, au cours de mon récent voyage dans le sud de la Tunisie. Je dois dire tout d’abord que n’ayant pu, faute de temps, pous- ser mon exploration jusqu'au chott el Faraoun (le lac Triton des anciens), et que d’autre part, ne connaissant pas les bords du grand chott Melghig ou Mel Rhir, dont il a été surtout question dans les Notes et Mémoires de MM, Roudaire, Fuchs, Cosson et autres, je laisserai prudemment de côté l'hypothèse d’une mer saharienne existant à des époques, soit historiques, soit préhistori- ques, mais en tout cas postérieures à l’époque tertiaire et tout au moins contemporaines de la formation quaternaire. Encore moins aurai-je la prétention de discuter la possibilité ou même l'opportunité de refaire du Sahara une mer intérieure, bien que le peu de connaissances que j'ai pu, dans mes quelques explora- tions, acquérir sur les contrées du Sud-Algérien et du Sud-Tuni- sien, me portent à partager les craintes exprimées avec une grande autorité par M. Cosson. Mes observations et les conjectures qui en découlent ne por- teront donc que sur la formation des chotts de moindre im- portance que l’on rencontre dans le sud de la Tunisie, tels que le chott ou lac salé de Kérouan (sebk’ha el Hani), et plus particu- lièrement la sebk'ha Naïl, située au sud et au sud-est des monta- gnes de Bou-Hedma, dont elle reçoit les eaux. Avant derisquer une hypothèse sur la formation probable de ces chotts, il est nécessaire, pour éviter toule confusion, d’éta- blir que les nombreuses nappes d’eau que l’on rencontre en Tuni- sie doivent être réparties dans deux catégories. Les unes, peu éloignées de la mer, tantôt douces, tantôt salées, résultent unique- ment de la formation relativement récente d’un bourrelet ou cordon littoral de sable, qui, retenant les eaux d'écoulement de l’intérieur grossies du contingent fourni directement par les pluies d’hiver, donnent naissance à de vrais marais ou étangs tels que ceux que l'on voit sur les côtes de bien d’autres pays. Les autres, situées à une distance souvent considérable de la mer, sont séparées de la bande de terres basses du littoral par de véritables chaines de collines assez élevées, parfois d’une grande largeur, le plus 232 MÉMOIRES ORIGINAUX. souvent de nature argileuse, et ne permettant aucune communi- cation de la mer vers l'intérieur. A cette catégorie appartiennent les chotts cités plus haüt; ce sont de véritables lacs ou bassins inté- rieurs, dont le fond peul être indifféremment au-dessus ou au- dessous du niveau de la mer, la puissance d’évaporation d’une part, d'autre part la diminution, sinon le desséchement complet, pendant l'été, des petits cours d’eau qu'ils reçoivent ne permettant pas que leur niveau s'élève jamais au point d'amener un déver- sement vers la mer. Les lacs de cette catégorie, que l’on rencontre en Tunisie et qui se rattachent au système des cholts intérieurs de la régence montagneuse de l'Algérie, sont plus ou moins salés, ce qui à fait supposer que ces nappes d’eau pourraient bien n'être que des dépressions dans lesquelles les eaux de la mer seraient restées, faute d'écoulement, lors de l’émersion de cette portion du con- tinent africain, par suite d’un cataclysme auquel seraient dus, à la fois et contradictoirement, la formation de la Méditerranée occidentale et l’exhaussemeni du fond de la mer saharienne. Bien que cette supposition soit contestable à plusieurs titres et que notamment elle ne me paraisse pas suffisamment élayée sur des faits géologiques probants, tels que la présence de terrains fossilifères marins de récente formation, l'hypothèse est trop in- génieuse pour que je me permelte de la discuter à fond et sans avoir à ma disposition un contingent de documents et de preuves contraires. Mon but aujourd’hui est seulement d'établir, par des observa- tions faites sur place, qu’il n’est pas besoin de recourir à une cause aussi violente et aussi étendue pour expliquer la forma- tion contemporaine de certains de ces lacs salés. Le chott ou sebk’ha Naïl qui me servira plus particulièrement d'exemple s’étend sur un espace de plusieurs kilomètres en lon- gueur et en largeur, presque au pied de la chaine des montagnes de Bou-Hedma. C’est une dépression relativement peu profonde, remplie durant l’hiver par des eaux salées qui laissent à leur place, pendant la saison chaude, une couche de sel cristallisé, CHOTTS DU SUD DE LA TUNISIE. 233 laquelle pourrait bien, comme on le verra lout à l'heure, aug- menter d'épaisseur chaque année. Sur les bords du lac, on ne trouve aucun débris d'animaux marins, aucune coquille marine vivante ou subfossile, ni même aucune trace de couches calcaires de formation marine quaternaire ; seules, les plantes de la flore des terrains maritimes révèlent par leur présence et leur vigou- reuse végétation la nature saline du terrain. Ces mêmes espèces, parmi lesquelles on peut citer plusieurs Salicornes et des Statices de la région maritime, suivent même les bords de l’Oued jusque dans les marais de la gorge de Bow-Hedma, où il prend naissance; cela n’a rien de surprenant, car les eaux Ge cet Oued sont elles- mèmes saumâtres. Du reste, ces eaux, loin d’être stagnantes, sont au contraire douées d’une certaine rapidité d'écoulement ; ce sont donc de vraies sources salées qui donnent naissance à l'Oued, lequel reçoit en outre les eaux de plusieurs autres sour- ces, dont l’une ferrugineuse, l’autre fortement sulfureuse, sour- dent dans le ravin à quelques mètres de distance, près d’un escar- pement de rochers. Or, l’origine probable de la salure de ces eaux trouve son explication dans la nature des couches qui constituent les mon- tagnes de Bou-Hedma, couches dont la stratification et la superpo- sition ont été mises à nu par le chaos qui a produit le principal ravin de cette petite chaine. Qu'y voit-on en effet? A la partie inférieure, des couches hori- zontales puissantes de sulfale de chaux et de magnésie, allerna- tivement compactes et de nature sableuse, se distinguant les unes des autres par des teintes différentes, tantôt jaunâtres, tan- tôt gris clair, tantôt gris foncé, ce qui a fait donner par les indi- gènes à cet endroit la dénomination de gorge du Boa.Ges couches paraissent relevées du N.-N.-0. vers le S.-S.-E., c'est-à-dire que leur rupture fait face à la sebk’ha ; au-dessus des gypses se trouvent des banes de calcaire compacte grisâtre, renfermant quelques coquilles et quelques oursins fossiles d'époque géolo- gique ancienne; les unes et les autres, horizontalement superpo- sées dans l’ensemble de la chaine, sont brusquement interrompues 234 MÉMOIRES ORIGINAUX. par la gorge du Bou-Hedmw, et, tandis que les deux escarpements opposés de la montagne font voir des couches analogues et cor- respondantes qui ne laissent aucun doute sur leur continuité primitive, l'intervalle est rempli en partie par les mêmes couches à peu près verticalement placées. Il est donc bien évident que l’on a sous les yeux une rupture des couches horizontales et que c'est la portion écroulée qui forme aujourd'hui le dos d’äne qui sépare en deux la vallée du Boa. Un esprit tant soit peu investigateur, en présence d’une per- turbation aussi remarquable, cherche à se rendre compte de la cause qui a pu amener ce cataclysme. Or, j'ai dit plus haut que les couches inférieures mises à nu se composaient de sulfate de chaux et de magnésie da contexture diverse, mais souvent sa- bleuses, et que l’eau qui s'écoule par le ruisseau est sensiblement saumâtre, d'où cette supposition, qui vient naturellement à l'idée, que sous les strates de gypse se trouvaient et existent encore des couches puissantes de sel gemme qui, mis en dissolution par les eaux, a été entraîné par elles et a laissé peu à peu un vide consi- dérable dans lequel se sont effondrées les couches de gypse et de calcaire restées suspendues au-dessus, tout comme le ferait une arche de pont qui viendrait à se rompre par le milieu, En ce qui concerne le cas particulier des montagnes et de la gorge de Bou- Hedma, l'explication ne parait pas douteuse. Si l’on veut admettre maintenant que ces amas de sel gemme s’étendaient en avant des montagnes précitées et que leur dis- solution s'opère depuis de nombreux siècles, on arrivera à expli- quer, par l’affaissement des couches qui les recouvraient, la forma- tion de ces vastes bassins aujourd’hui sans issue pour les eaux qui les remplissent en hiver et s’évaporent en été, et l’on pourra facilement admettre que la présence du sel dans ces eaux sta- gnantes n'a pas pour origine un séjour de la mer à des époques peu reculées el qu’elle est tout simplement le produit de la disso- lution insensible, mais constante, des amas de sel gemme recélés par les flancs des montagnes d’où descendent les cours d’eau qui déversent dans les chotts ou sebk’has de cette nature. CHOTTS DU SUD DE LA TUNISIE. 235 En admettant cette hypothèse, on s'explique en outre que le degré de salure des chotts aille toujours en augmentant par l’ap- port constant de nouvelles quantités de sel enlevées aux terrains voisins, ces contingents de sel s’accumulant toujours, tandis que la quantité des eaux reste la mêrne en raison de l’évaporation et tendrait même plutôt à diminuer, par suite du desséchement général et insensible de la contrée, desséchement dont on trouve la preuve dans les nombreux débris d'anciennes oasis que l’on rencontre sur divers points, dans le tarissement d’un grand nombre de puits et dans l’étendue surprenante du lit de cerlains Oueds (cours d’eau), eu égard au débit minime de leurs eaux, même en hiver. L'absence complète de coquilles ou de débris de coquilles marines telles que les Nasses, les Cérites, les Tellines et surtout les Cardium edule, soit dans le lit et les bords du chott, soit dans les terrains environnants, même à l’état subfossile, vient encore combattre l'origine marine récente de ces nappes d’eau salée intérieures et faire admettre que leur salure provient d’une tout autre cause que du séjour de l’eau de ia mer à une époque peu reculée. Quant aux espèces végétales appartenant à la flore maritime, leur présence s'explique sans effort par la na- ture salée du terrain, la saturation de l'atmosphère autour des eaux salées, et le transport de graines qui, trouvant un milieu à leur gré, se sont développées comme si elles étaient au bord même de la mer. Telle est, à mon sens, l'explication claire et simple de la for- mation des chotts de la nature de ceux qui existent dans le sud de la Tunisie. J'ai pris celui des montagnes de Bou-Hedma pour exemple, parce que je le connais mieux d’abord, et ensuite parce que le cataclysme de la gorge du Boa est comme la figure démon- strative du théorème. Le chott el Hani ou lac de Kérouan, vaste bassin sans issue dans lequel le sel est si abondant que les indigènes l’exploitent lors- qu'il est cristallisé, est dans les mêmes conditions. Plusieurs cours d’eau salée qui y déversent et dont le courant est d’une certaine rapidité, remplissent le rôte du ruisseau de Bou-Hedma 236 MÉMOIRES ORIGINAUX, et viennent encore à l'appui de mon hypothèse, bien que dans le cas présent les montagnes en soient assez éloignées. L'exis- tence d’un petit lac d'eau douce situé à peu de distance des bords de la sebk’ha, mais sur un point assez élevé pour que les eaux qui s’y rendent ne traversent pas de couches salines, est encore une preuve de cette non-intervention des mers actuelles dans la formation des chotts. 237 REVUE NCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANCAIS. — Zoologie. — Recherches anatomiques et histologiques sur le Zonites algirus, tel est le titre de la Thèse de Zoologie de notre ami et collaborateur le D' H. Sicard, présentée pour le doctorat ès sciences naturelles ?, travail reproduit dans les n° 2 à 4 du tom. I (VI"° série) des An- naies. La coupe générique en question, créée par Montfort, sur des carac- tères conchyliologiques tout à fait insignifiants, s'est trouvée une des meilleures et des plus rationnelles, pour des raisons tirées des caractères anatomiques, raisons dont il n'est pas nécessaire de faire ressortir la prépondérance sur des signes distinctifs pris dans le simple examen de la coquille. Chose singulière , ces caractères si frappants et si faciles à constater n'ont été indiqués par aucun des maîtres éminents qui ont étudié l'organisation du Zonites algirus: Cuvier, van Beneden, Moquin-Tandon, nous font connaître des particularités secondaires, mais ils restent muets quant aux principales. Suivons le D' Sicard dans la description des systèmes ou appa- reils qui entrent dans la composition de l'espèce en question. La peau du Zonite dont il s'agitest constituée comme celle des autres Gastéropodes terrestres. Elle est recouverte d'une membrane épithéliale au-dessous de laquelle se trouve située une couche de tissu conjonctif appelée couche glandulaire, à cause des glandes qu'elle renferme. C’est intérieurement à cette membrane glandulaire que se remarquent, par places, des amas de corpuscules pigmentaires qui forment les taches polygonales disposées en séries sur le corps de l'animal. Enfin, un treillis musculaire aussi placé sous la couche conjonctive et composé de fibres lisses, unies par du tissu conjonctif, comme le reste des tissus du système musculaire, soigneusement décrit par l'auteur (Voir Rev. Sc. Natur., tom. I, pag. 358), représente la partie la plus importante du tegment externe. M. Sicard a pu suivre chez le Zonites algirus le trajet des nerfs cutanés, et en détermi- ner les éléments. L'appareil digestif de cette espèce offre le même mode général de rh . . © G. Masson. Paris, 1874. L 2 238 REVUE SCIENTIFIQUE. conformation que celui du Colimacon, si bien décrit par Cuvier. Notons toutefois les particularités fournies par la mâchoire, ainsi que par la langue, qui a servi à quelques naturalistes de caractère de classification ; par les glandes salivaires, qui sont constituées comme celles du genre Helix, mais dont les éléments sont plus agglomérés et qui embrassent l'œsophage sans s'étendre plus bas; enfin, par le foie, dont les différents canaux se réunissent en deux troncs, disposi- tion qui s'éloigne de celle qu'on remarque chez le Colimacçon, pour se rapprocher de celle qu'on rencontre chez la Limace. On sait que pour M. Milne-Edwards, chez les Mollusques en gé- néral, le sang porté dans les diverses parties du corps par les deux branches de l'aorte va se répandre dans des lacunes interorganiques. Passant à l'examen du cœur du Zonite peson et des vaisseaux péri- phériques, M. Sicard embrasse cette opinion, contraire à celle soute- nue par Gratiolet et par Moquin-Tandon, qui voient dans le système circulatoire, non pas des lacunes, mais des sinus d'une ténuité extrême. « Or, l'examen histologique montre qu'il n'en est pas ainsi : là où l’on ne peut distinguer de paroi propre, limitant la cavité qui contient le sang, on est autorisé à regarder celle-ci, non comme un vaisseau, mais comme une lacune interorganique.» Les parties constituantes du sang du Zoniles algirus sont les mêmes que celles du sang des espèces du genre Helix. Quant à ces globules de forme dentelée, signalés pour la première fois dans le liquide nourricier de la Paludine vivipare, l’auteur, confirmant l'opinion de Carl Semper, les regarde comme un produit accidentel, dù peut-être à l’action de l'air. Si la description anatomique du poumon du Zonite algérien a été faite avec exactitude par divers naturalistes, il n'en est pas de même pour son étude histologique. Williams est le premier qui s'en soit occupé avec détail. M. Sicard, complétant ses recherches, nous indi- que que la membrane pulmonaire, sillonnée par de nombreux vais- seaux, comprend dans sa structure, comme la peau, du tissu lami- neux et des fibres musculaires. Un épithélium à cellules prismati- ques devenant ciliaires par places, et notamment sur le trajet des gros vaisseaux, revêt la face inférieure de la cavité aérienne. Cuvier avait soupconné que le renouvellement de l'air dans le pou- mon était lié non-seulement au mouvement d'élévation et d'abaisse- ment du plancher de la chambre pulmonaire, mais encore à la faculté qu'a la poche de se dilater et de se contracter : la contractilité de la membrane respiratoire, dont la structure est essentiellement muscu- lare, vient justifier la manière de voir de l'immortel zoologiste. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 239 Au nombre des glandes dont on a déjà constaté l'existence dans l'épaisseur de la membrane pulmonaire, un nouvel organe glandu- laire assez volumineux, débouchant au bord du paeumostome, est, pour la première fois, signalé par M. Sicard. Le liquide sécrété par cet organe sert sans doute à lubréfier l'orifice respiratoire. Nous n’insisterons pas sur la description faite par l’auteur, chez le Zonite dont il analyse l'organisation, de la glande analogue à la glande de Bojanus des Acéphales, qu'il considère, avec presque tous les zoologistes, comme une sorte de rein, et nous reproduirons les con- clusions formulées sur le système nerveux et sur les organes des sens, étude dont M. Sicard s'est, à bon droit, spécialement occupé. « Dans les ganglions cérébroïdes du Zonites algirus, il existe des lobes dont l’un, placé en avant, donne naïssance aux trois nerfs ten- taculaire, optique et acoustique. C’est l'analogue du lobule de la sen- sibilité spéciale indiqué par M. de Lacaze-Duthiers dans les ganglions cérébroïdes des Gastéropodes pulmonés aquatiques. » Les éléments nerveux qui entrent dans la composition de ce lobule se différencient de ceux qui constituent les autres parties des centres nerveux. » Des cordons latéraux qui unissent les ganglions sus-æsopha- giens aux ganglions sous-æsophagiens, on voit se détacher un filet nerveux extrêmement fin, destiné aux muscles rétracteurs de la masse buccale, fait qui infirme la règle, donnée comme générale, que jamais aucun filet ne part de ces cordons latéraux. » Le système nerveux est enveloppé dun névrilème musculaire qui forme autour des nerfs une gaîne rétractile ; de plus, le collier æsophagien s'unit à des muscles particuliers (muscle rétracteur com- mun des tentacules et du système nerveux), grâce auxquels il est entrainé par les déplacements qui résultent: du retrait ou du déploie- ment de l’animal, » Les organes servant au toucher sont les tentacules, les lobes labiaux, le mufle, et, d'une manière générale, la surface de la peau, où l'on observe de fines ramifications nerveuses. L'origine et le - mode de distribution du nerf tentaculaire viennent à l'appui de l'opi- nion qui voit en lui un nerf olfactif, sans que cette question puisse toutefois être considérée comme résolue. » L'œil possède une membrane rétinienne composée d'éléments celluleux, et au-devant d'elle se trouve la choroïde pigmen tée, mais dont le pigment n’est pas uniformément répandu et est disposé par places. 240 4 REVUE SCIENTIFIQUE. » Le nerf optique n'est pas une branche du nerf tentaculaire, mais il a une origine distincte de celui-ci. » Les vésicules auditives, ou otocystes, reposent sur les ganglions pédieux, à leur partie postérieure. Elles renferment un nombre con- sidérable d'otolithes de petite dimension. » Le nerf acoustique tire son origine du lobule de la sensibilité spéciale. » Enfin, passant à la description de l'appareil générateur, M. Sicard nous fait connaître que le pénis et le vagin aboutissent à des orifices dis- tincts enveloppés par un sphincter commun ,et veut bien signaler les résultats nouveaux auxquels nous sommes arrivés dans l'étude du système reproducteur du Zonites algirus. Ces résultats peuvent s’énoncer de la manière suivante : le canal déférent, de 6 à 7 centim. de long, ne présente pas le même calibre dans toute son étendue; dans la partie renflée située du côté de la verge, car dans cette espèce c'est de cet organe proprement dit qu'il s agit et non pas de son four- reau, sont placées des lamelles disposées comme la spiricule des tra- chées végétales. Le capréolus est sécrété dans cette portion du conduit efférent, car il n'existe pas, daus cette espèce, de flagellum, même rudimentaire. Dans l'acte de la copulation, une des extrémités du ca- préolus, inséré dans le canal de Ja vésicule copulatrice offrant une for- me si caractéristique, se recourbe et va se loger dans le col de l'ovi- ducte, dépourvu de muscle transverse. Qu'il nous soit permis, en finissant cette analyse, de féliciter vive- ment le D' Sicard du sujet qu'il a choisi pour sa Thèse et des faits entièrement neufs qu'il a signalés. Tout en prouvant que, même dans les animaux les plus répandus, bien des points d'organisation restent encore inconnus, il a, le premier, complétement énoncéles véritables caractères du Zoniles algirus, caractères qui, selon nous, devront être les seuls du genre Zonite. — M. Joannes Chatin fait connaître quelques Helminthes nou- veaux ou peu connus (Ann. Sc. Natur., VI" sér., tom. I, n° ? à 4). Le Nématoïde qu'il décrit d'abord sous le nom de Cyathostoma Tadornæ, a été trouvé dans la trachée artère d'un Tadorne (Anas Tadorna L.). Après avoir résumé les caractères des individus mâles et femelles, très-éloignés les uns des autres, il examine quelle place z00- logique il convient d'assigner à ce type, et justifie ainsi le nom sous lequel il le désigne. La famille dans laquelle l'Helminthe en act doit être rangé, est sans contredit celle des Strongyliens, Mais, tout en admettant TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 241 que ce groupe ne saurait se réduire à un seul genre, M. J. Chatin est d'avis que, pour établir des subdivisions dans cette famille, il faut avoir égard à des caractères plus tranchés et d'une constatation plus facile que ceux indiqués par certains auteurs: la bourse caudale, chez le mâle, peut en fournir les éléments. Rudolphi et plusieurs helminthologistes moderues on! groupé séparément les Strongyliens possédant une capsule pharyngienne globuleuse et de nature cornée, donnant à cette section le nom de Sclérostomiens. Cette tribu comprend, entre autres, le genre Cyathostoma, créé par Blanchard pour un Ver qui habite les cavités nasales ou sous-orbitai- res de la Mouëtte (Larus ridibundus), et auquel se rapporte l'espèce dont M.J. Chatin nous donne la diagnose : CYATHOSTOMA TADORNÆ J. Chatin : Corpus subcylindricum, rectum, purpureum. Caput subglo- bosum. Os cupiliforme, subcorneum, duabus dentibus pharyngiis. Bursa maris integra, decem radiata. Extremitas caudalis feminæ acute conica angulataque. — Long. maris... "M: Long. feminæ.….. 23%", Le second Helminthe mentionné dans ce Mémoire, par l'examen de son tube digestif et par sa bouche, se rapporte aux Nématoïdes, offrant des dents autour de l'orifice buccal. La forme de l'œsophage et la position de la vulve, située dans l'animal adulte vers le point d'union des deux parties antérieures du corps avec le tiers postérieur, le rapprochent des Sclérostomes. Enfin, comme caractère spécifique qui sépare du Scleroderma armatum l'espèce de Scléroderme trouvée en faisant l’autopsie d’un Pélican (Pelecanus Onocrotalus), sont indi- quées les glandes salivaires, aussi tubuliformes, mais consistant en trois paires de tubes d'inégale grandeur. Voici sa description: SCLERODERMA PELECANT J. Chatin: Corpus postice mucronatum. Capili dentes mullæ. Tractus intestinalis pauce flezuosus. Vulva lateralis. — Longueur... 37m, Une particularité curieuse, mais non pas sans précédents, est offerte par ce dernier: il se montre agame dans une région de son hôte, tandis qu'ilexiste ailleurs à l’état sexué; ces deux états ont été observés chez l'animal enkysté dans le tissu cellulaire sous-cutané et dans le sac respiratoire du même Oiseau. Enfin, c'est à l'ordre des Trématodes, fort difficile à distinguer des Hirudinées et des Cestoïdes, qu'appartient l'Helminthe recueilli sur les branchies d'une Torpille (Torpedo marmorata), et, en raison de son habitat, appelé Amphibdella Torpedinis par M. J. Chatin. La forme du corps, la constitution du tube digestif et celle de l'appareil femelle, ne permettent pas de le séparer de cet ordre ; mais si l'on a égard à certaines dispositions spéciales, et surtout à la forme des crochets IV. 47 242 REVUE SCIENTIFIQUE. ainsi qu à l'absence des ventouses, on constatera qu'aucun genre de ce groupe ne peut renfermer le parasite pour lequel M. 3. Chatin propose les noms générique et spécifique susmentionnés, et qu’il décrit de la manière suivante : AMPHiBDELLA Torpepinis : Corpus elon- gatum, depressum antice attenuatum. Caput corpori continuum. Os parvum et glandulæ duæ laterales. Tractus intestinalis bifurcatus Aperturæ genitalium antrorsum sitæ, approæimalæ. Penis cordiformis.. Testes multi, laterales. Ovaria duo, ramosa ac lateralia. Bursa termi- nalis cum quatuor uncis. — Long... 4%m 05. — Les Observations de M. À. Vayssières sur l'anatomie du Glaucus (Ann. Sc. Natur., VI sér., tom. I, n° 2 à 4) ont été faites, au labo- ratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Marseille, sur des individus récoltés dans les régions du Cap. Nous renverrons le lec- teur à ce travail, en regrettant qu'un séjour de ces échantillons de plus de dix mois dans l'alcool n'ait pas permis à l'auteur d'entre- prendre une anatomie complète de ce Mollusque. — Le cri de l'Indris de Madagascar ( Ann. Sc. Natur., VI" sér., tom. I, n° 2 à 4), que tous les Zoologistes s'accordent à placer à côté du Propithèque et de l’Avahis, malgré des particularités anatomiques très-distinctes, est bien différent de celui de ces derniers. C'est, d'après M. Alph. Milne-Edwards, une sorte d'aboiement qui a valu à cet animal le surnom populaire de Chien de forêt. Chez aucun autre Mammifère il n'existe de disposition semblable de l'appareil vocal. Cuvier a cependant signalé chez l'Atèle coiata (Ateles paniscus) un réservoir qui, par sa position, rappelle un peu celui de l’Indris. L'exactitude de cette observation, révoquée en doute par Mayer dans son travail sur les organes de la voix, est confirmée, dans la présente Note, chez une autre espèce du même genre, l'Ateles melanocher. — Notre zélé collaborateur et ami le D' Paladilhe a pu, grâce a un envoi fait par le D' Bleicher, étudier quelques espèces de coquilles terrestres et fluviales du Maroc (Rev. et Mag., de Zoolog.. 1875, III" sér., 3% vol., n°2 à 3). Nous disons : quelques coquilles, le nombre des échantillons qui lui sont parvenus étant peu consi- dérable ; toutefois ces espèces sont précieuses, car nos connaissances de la faune malacologique du pays dont il s’agit se bornent, en défi- nitive, jusqu à présent à quelques parties voisines des frontières africaines et à quelques points isolés du littoral, visités à la hâte et accidentellement explorés. M. le D' Paladilhe, dans les 40 espèces TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 243 qui lui ont été adressées, a découvert 27 espèces déjà enregistrées dans la faune du Maroc, 6 espèces déjà connues, mais non encore trouvées dans cette contrée ; enfin 7 espèces nouvelles. En additionnant ces diverses données, nous trouvons, dans l'état actuel de la science, un total de 100 pour les espèces connues de ce grand Empire, chiffre notablement inférieur à celui des espèces algériennes, qui, d’après les travaux de nos naturalistes, s'élèvent aujourd'hui au nombre de plus de 329. diaxe* L'auteur insiste sur certaine conformité que la faune du Maroc présente avec celle de la Syrie, conformité résultant, suivant lui, des conditions presque identiques des milieux d'après lesquels les espè- ces se seraient sélecté, pour leur test, certaines formes particulières. E. DUBRUEIL. — M. le D' Georges a présenté à la Faculté des Sciences de Paris, pour obtenir le grade de docteur ès sciences naturelles, une Thèse de zoologie ayant pour titre: Monographie anatomique des Mammifères du genre Daman. Après une revue bibliographique des auteurs anciens et modernes qui ont parlé de ces animaux, l’auteur nous apprend qu'il a envisagé son sujet au triple point de vue anatomique, zoologique et zootaxique. Ses dissections ont porté sur trois Damans appartenant à l'espèce du Cap. La première partie de son Mémoire contient des détails anatomi- ques très-circonstanciés et très-complets sur les différents systèmes organiques. Au uombre des résultats les plus nouveaux, bornons-nous à men- tionner d'abord ceux qui concernent le système nerveux central, sur lequel on ne possédait jusqu ici que des données insuffisantes. Il si- gnale le grand développement du lobe moyen du cervelet et le faible volume des lobes latéraux. Il fait connaître encore les subdivisions de la glande pinéale à sa face inférieure, la saillie médiane inférieure de la voûte à trois piliers et la forme triangulaire du tuber cinereum, enclavée dans l'éminence mamillaire., Comparant le cerveau du Daman à celui des autres Mammifères, il montre qu'il se rapproche du type réalisé par les Carnivores. À propos des nerfs crâniens, il appelle l'attention sur cette excep- tion inattendue présentée par les trois avant-dernières paires, qui, au lieu de sortir par le trou déchiré postérieur, passent par un orifice spécial pratiqué beaucoup plus en arrière. L'étude de l'appareil génital a fourni également quelques remar- 244 REVUE SCIENTIFIQUE. ques intéressantes. Ainsi, les organes considérés comme des vési- cules séminales ne sont en réalité que des glandes de Cowper. Enfin le canal de l'’urèthre, au lieu de déboucher en avant du vagin, s'ouvre vers le milieu de ce conduit. Dans la deuxième partie, l’auteur traite des mœurs, des habitudes, de la chasse, de la captivité et de l'utilité des Damans. Certaines espèces habitent les montagnes, les anfractuosités des rochers et les cavernes. D'autres, exclusivement africaines, demeurent dans les forêts et se tiennent dans les troncs d'arbres creux. Le Daman des rochers est un animal peureux, qui vit par bandes de quatre à douze individus, dont l’un, un vieux mâle, fait sentinelle, de manière à donner l’alarme à l'approche de l'ennemi. Leur démar- che assez lente et même lourde ne les empêche pas de déployer une grande agilité et de sauter de rocher en rocher, lorsqu'ils sont inquié- tés. Leur voix ressemble à celle du Cochon. Ils sont très-gloutons et se nourrissent de matières végétales ; mais, bien qu imprimant à leurs mäâchoires des mouvements analogues à ceux des Ruminanits, ils ne ruminent pas en réalité. Les Damans des arbres, qui vivent sur les côtes de Guinée, ont un genre de vie différent. Ce sont des animaux nocturnes, se tenant dans les grandes forêts et faisant entendre continuellement un cri aigu quisignale leur approche au chasseur. L'Hyrax dorsalis de Fernando-Po paraît avoir des habitudes ana- logues. Les espèces arboricoles sont peu ou point sociables. M. Georges a réuni les diverses observations qui ont été faites sur les Damans rapportés en Europe et tenus en captivité. Il traite en- suite de quelques cas pathologiques signalés chez ces Mammifères. Il recherche encore l’origine et la nature d'un produit qui sous le nom d'hyraceum a été introduit dans la pharmacopée anglaise et allemande comme succédané du castoréum, produit qui ne paraît être autre chose que les excréments desséchés du Daman. Dans la troisième et dernière partie, l’auteur s'attache à rechercher les affinités du genre Hyrax, dont la place dans la classification a été si diversement assignée par les zoologistes. Sans rappeler les diffé- rentes opinions émises cet égard, il résulte du travail monographique que nous analysons que le Daman présente des traits de ressem- blance avec plusieurs groupes de Mammifères, sans qu'il soit ration- nellement possible de le faire rentrer dans aucun. M. Georges se range à l'opinion de M. Milne-Edwards, qui a créé pour ce genre une coupe à part, la phalange des Hyraciens. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 245 Nous trouvons ensuite un examen critique des diverses classifica- tions qui ont été proposées pour ce groupe et des diverses espèces ad- mises par les zoologistes, tels que Hemprich et Erhenberg, de Blain- ville, le D' Gray, William Blanford. Il propose provisoirement d'ad- mettre, en se fondant surtout sur les caractères du crâne, deux grands genres, Hyrax et Dendrohyrax. Le premier contient trois espèces : Hyrax capensis, H. habessinus, H. syriacus. Quant aux formes spé- cifiques du genre Dendrohyrax, dans l'état actuel de la science, il lui paraît impossible de les déterminer avec une rigueur suffisante. La monographie de M. Georges, accompagnée de sept planches lithographiées, est une étude consciencieuse, qui nous paraît mieux servir les intérêts de la science que certains travaux où l'on s'élève d'emblée à des idées dogmatiques et à des généralisations préma- turées.… — Le Cahier des Annales des Sciences naturelles (VI"* sér., tom. I, n° 5 et 6), dans lequel a paru la thèse de M. Georges, contient une Note sur les appendices Wébériens du Castor, par M. Joannes Chatin. A la partie supérieure de l'urèthre, chez l'homme, existe un petit sac membraneux (utricule prostatique) qui représente, à l'état rudi- mentaire, deux appendices pairs et symétriques, bien développés chez certains Mammifères. Ces appendices sont dils Wébériens, du nom de l'anatomiste qui les a particulièrement signalés à l’attention, en les considérant comme les analogues de l'utérus. Ils présentent de grandes dimensions chez le Castor, mais ils y sont incomplétement connus dans leur ensemble et leurs détails. M. J. Chatin les a étudiés à nouveau dans le Castor du Rhône (Castor gallicus). Il a constaté que ces organes ne se terminent pas par une crosse recourbée, comme on l'admet, mais se prolongent au- delà en un canal fort étroit, qui, après s'être infléchi à angle droit, vient former un peloton dans le voisinage même du testicule, mode de terminaison et rapports qui sont un argument en faveur de l’ana- logie qu’on a voulu reconnaître entre ces appendices et l'utérus. — M. A-L. Donnadieu, Professeur au Lycée de Lyon, a soutenu devant la Faculté des Sciences de cette ville une Thèse de doctorat ès sciences naturelles, intitulée : Recherches pour servir à l'histoire des Tétranyques. Dans une courte Introduction, l'auteur rappelle le nom et les tra- vaux des principaux naturalistes qui se sont occupés du groupe des Acariens auquel appartiennent les Tétranyques. Il montre combien 246 REVUE SCIENTIFIQUE, peu sont avancées nos connaissances relatives à ces Arachnides, et il fait pressentir les résultats nouveaux et intéressants que donnerait sur cette matière l'emploi des moyens d'investigation plus se et plus variés que fournit la science moderne. Il démontre l'insuffisance etretrace l'instabilité des classifications proposées pour le groupe des Acariens. Puis il indique le mode de groupement suivant, que nous reproduisons ici; après quoi il entre dans quelques détails sur chacune des coupes dont ilest question. à téguments ( enentier.... Oribalidés. endurcis. en partie...{ Jxodidés. | Gamasidés. { Trombidionidés. Sciridés. Tétranycidés. Tyroglyphidés. ongulifères..........., . Trichodactylidés. cupulifères ............. Sarcoplidés. Hydrarachnidés.… | homopodes...…. aériens. à téguments mous ....... hétéropodes .. ACGARIENS LHANTNOS e asmo-dn le cn das Rs TE daéidis Les Tétranyques, qui font l'objetspécial du Mémoire de M. Donna- dieu, ont pour type le plus anciennement connu l'Acarus telarius de Linné. C'est Léon Dufour qui a créé le genre Tetranychus pour des Acariens placés par Hermann dans le genre Trombidion, et dont un des caractères les plus saillants est d'avoir chaque patte pourvue de quatre ongles terminaux supportés par une tige commune. M. Donnadieu relève quelques erreurs commises par le laborieux naturaliste de Saint-Sever, puis passe en revue les travaux subsé- quents de Dugès, Weber et Claparède. Envisageant ensuite une autre phase de l’histoire des Tétranyques, celle de la période larvaire, re- connue en premier lieu par un naturaliste normand, Turpin, sur le Tétranyque du Tilleul, rapporté à tort par cet auteur aux Sarcoptes, il se livre à un examen des travaux de Dugès, Siebold, Dujardin; ce dernier commet une grave erreur en prétendant que les Tétranyques à moins de huit pieds, décrits comme des larves par ses prédécesseurs, étaient de véritables adultes pour lesquels il créa le genre Phytoptus. Il fut contredit par Scheuten, mais le genre fictif du naturaliste de Rennes n'en fut pas moins conservé par Landoiïs et par Thomas, qui en firent l’objet d'une étude spéciale. A la suite de cette revue historique, l'auteur consacre un chapitre à la récolte des Tétran yques et aux moyens d'investigation auxquelsil TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 247 convient d'avoir recours pour en pénétrer la structure; puis, dans le chapitre qui suit, il aborde l’étude anatomique de ces Acariens. La peau chitineuse est uniformément mince et molle, ne présen- tant pas de ces épaississements en forme de plaques qu'on rencontre chez les Oribates et chez les Gamases. Elle est incolore et transpa- rente par elle-même et parcourue par de nombreuses stries dont la disposition offre une certaine régularité. L'un de ces plis, plus pro- fond et plus accusé que les autres, semble limiter un céphalothorax : c'est la ligne suivant laquelle le tégument se fend au moment de la mue, le sillon de la mue, comme le nomme l'auteur. L’enveloppe chi- tineuse présente des prolongements en {forme de poils dont la confi- guration varie, non-seulement avec les espèces, mais encore aux différentes phases de la vie dans une même forme spécifique. Les pieds sont constamment au nombre de quatre paires chez l'adulte. Ils sont distribués en deux groupes : un antérieur, compre- nant deux paires de membres ; un postérieur, formé de deux autres paires. Un intervalle plus ou moins long sépare Jes deux groupes. Chaque pied est composé de cinq segments, en y comprenant la portion basilaire qui appartient au tronc. Le tarse est la partie qui a été le pius diversement comprise. Il est, d'après M. Donnadieu, formé, non de deux pièces, mais d'un article unique, terminé par deux cro- chets arqués et bifides, accompagnés de quatre ou quelquefois de six soies élargies en cupule à leur extrémité, comme de véritables am- bulacres. Le rostre, qui proémine en avant, est d'une étude assez difficile; aussi la signification des pièces qui entrent dans sa composition n'a pas été comprise de la même facon par tous les observateurs. La lèvre supérieure fait défaut chez les Tétranyques : il n'existe qu'un épistome formé par la partie la plus avancée du corps. Vien- nent ensuite deux mandibules assez grosses munies d'un crochet mo- bile. Au-dessous et dans l'intervalle des mâchoires existent deux lon- gues soies, connues sous le nom d acicules, que l'auteur assimile à de véritables mâchoires. Elles sont doublées à leur base d'une sorte d'épe- ron allongé et dentelé à son bord interne, que Claparède appelle la ligule. Enfin, on découvre une lèvre inférieure, composée de deux moitiés soudées à leur base et s'écartant légèrement à leur extrémité. Cette pièce porte à son origine deux appendices, très-variables de forme, que l’auteur regarde comme des palpes. Avec Pagenstecher, M. Donnadieu croit à l'existence d'un caral digestif limité par une paroi propre. A l’æsophage succède un renfle- ment stomacal, lequel envoie des prolongements de dimensions varia- 248 REVUE SCIENTIFIQUE. bles, dont les uns ne franchissent pas les limites de la masse du corps, tandis que les autres se prolongentdans les pattes, disposition qui rappelle celle qui est bien connue chez les Pycnogonides. L'estomac est suivi d'un intestin qui se termine par un anus très-petit, caché entre les plis supérieurs de la fente cloacale. Les globules colorés qui entourent le canal digestif et dans lesquels on a voulu voir un organe hépatique, réclament un examen plus approfondi. Les Tétranyques sont phytophages. Ils attaquent généralement les feuilles des végétaux, dont ils entament l’épiderme avec leurs mâchoi- res ; puis, élargissant l'ouverture à l’aide de leurs palpes, les mandi- bules se fixent par leurs crochets et la lèvre inférieure forme avec la base de ces organes un tube par lequel les matières alimentaires pas- sent dans le canal digestif. Les aliments pénètrent dans les diverti- culums stomacaux et y éprouvent un mouvement de transport très- régulier, en vertu duquel les particules nutritives montent le long des parois internes et redescendent suivant une ligne qui correspond à l'axe de ces appendices. L'appareil circulatoire fait complétement défaut. L'appareil respiratoire était assez mal connu; il n'avait été étudié que chez les Tetranychus telarius, par Claparède. La position et le nombre des stigmates n'ont aucune fixité dans cha- cune des familles. Certains possèdent deux petits stigmates latéraux et un stigmate médian. Ce dernier peut parfois être remplacé par plusieurs ouvertures stigmatiques rejetées sur les côtés. On peut en- core rencontrer deux paires de stigmates, une antérieure et une pos- térieure. De ces orifices partent des troncs trachéens qui se subdi- visent et se répandent dans toutes les parties du corps. L'élément musculaire ne paraît se rencont:er que dansles membres et dans les parties mobiles de l'appareil buccal. L'étude histologique qu'en a faite M. Donnadieu nous paraît insuf- fisante. Il en est de même des notions qu'il fournit sur l'appareil nerveux. Il n'a pu reconnaître qu’un seul ganglion, sus-æsophagien, en rela- tion avec l'organe de la vision. La sensibilité tactile paraît étre très-développée chez les Tétrany- ques ; les poils en particulier semblent transmettre cet ordre d'impres- sion de la manière la plus exquise. Les yeux sont au nombre de deux : ils paraissent pourvus d'un corps réfringent. Chez tous ces Acariens, il existe dans les deux sexes une paire de glandes variables quant à leur forme et leur structure, mais dont la TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 249 position est constante. Il existe une deces glandes de chaque côté du corps, avec un canal excréteur unique qui va s'ouvrir dans la cavité buccale, à la base des mandibules. Cet appareil a peu d'importance chez les Tétranyques que l’auteur nomme erratils. Chez les phytocoptes, ilest plus développé et fournit un liquide qui détermine la proliféra- tion ou l’hypertrophie des cellules végétales ; d'où résulte la produc- tion des galles à érinéums. Chez les tisserands, il acquiert son maxi- mum d'importance et sécrète une matière qui s'étire et se solidifie en forme de fils. Ce sont surtout les mâles qui s'occupent à tisser et à contenir une toile dont les fils sont entre-croisés de mille manières, où la femelle pond ses œufs et qui sert d'abri à sa jeune postérité. Dans la cinquième partie, l’auteur traite des appareils de la repro- duction, de l'évolution embryogénique et des différentes phases de la période larvaire. Le testicule se compose d'une masse glandulaire à lobes plus ou moins séparés, et pourvue d'une enveloppe anhiste. On y trouve un certain nombre de cellules sphériques renfermant d'autres cellules de même forme, lesquelles se transformeraient en spermatozoïdes à flagellum très-court. Empressons-nous de dire que tout ce qui touche à la formation de l'élément mâle réclame, de la part de l’auteur, des investigations plus approfondies. Les organes externes des mâles consistent en un pénis, saillant ou non, que M. Donnadieu ne considère pas comme destiné à porter le sperme dans l'intérieur des voies génitales femelles, mais comme pro- duisant mécaniquement l'effet d'un coin dilatant l'entrée de l'orifice femelle. Quelquefois le pénis est accompagné d'appendices coniques qui paraissent jouer le même rôle. L'appareil femelle se compose d'un ovaire pair présentant un déve- loppement très-inégal dans chacune de ses moitiés, l'une étant disten- due par un œuf mûr, l'autre ne contenant que de très-jeunes ovules. L'organe femelle est, comme l'organe mâle, accompagné de diverticulums qui nous paraissent correspondre à des glandes acces- soires. L'oviducte vient s'ouvrir au fond de la dépression cloacale. L'auteur, exposant le résultat de ses observations sur le développe- ment de l'œuf, admet que le contenu de l'élément femelle s'épaissit de la périphérie au centre, lequel reste clair : c'est cette partie cen- trale qui aurait été prise pour une vésicule à parois propre, la vésicule germinative. Si cette manière de voir est vraie pour les Tétranyques, elle est inadmissible dans l'immense majorité des cas, où la vésicule 250 REVUE SCIENTIFIQUE. germinative possède évidemment une enveloppe distincte. L'œuf, dont le contenu a fini par devenir granuleux dans toute sa masse, est expulsé au dehors. Son volume relatif est assez considérable, sa forme est sujette à varier, et il est revêtu d’une matière gélatineuse qui lui permet d'adhérer à la surface des corps et qui, en s’étirant, lui con- stitue une sorte de support. Il se forme de la sorte une coque qui, à un moment donné, s'ouvre pour laisser sortir l'œuf avec sa mem- brane propre. ) M. Donnadieu esquisse ensuite rapidement le développement em- bryonnaire à l'intérieur de l'œuf. L'embrvon une fois formé, l'œuf s'ouvre à son tourcomme une pyxide, et le jeuneanimal en sort à reculons. La larve ainsi éclose éprouve des transformations avec interposition ou non de générations agames. Dans le cas le plus simple, la larve née avec trois paires de pieds en acquiert une quatrième après la première mue ; dans certains cas, cette première mue est accompagnée de quelques modifications dans la forme générale et dans les proportions des parties. Chez les phytocoptes, les faits sont plus complexes. Au printemps, à la face inférieure des feuilles en voie de développement, on rencon- tre des Acariens qui s'accouplent. Avant de procéder à la ponte, la femelle pique une feuille et détermine le développement de ces pro- ductions connues sous le nom d'érinéums, qui servent d'abri à la larve naissante. Cette dernière est d'abord tétrapode et de forme très- allongée : elle produit parthénogénétiquement des œufs. Vers la fin de l'été, les larves s'enkystent dans une enveloppe formée par les tégu- ments, eux-mêmes modifiés. Elles passent l'hiver dans cet abri et y acquièrent une paire de membres postérieurs et les rudiments des orga- nes reproducteurs. Au printemps suivant, le kyste s'ouvre circulaire- ment, et la larve hexapode qui en sort se comporte comme celle d'un Tétranyque ordinaire. Dans le sixième chapitre, l'auteur donne la caractéristique de la famille des Tétranycidés, qu’il subdivise ainsi : TRAVAUX FRANCAIS. — ZO0OOLOGIE. 251 Tenuipalpus palmalus. TT Spinosus. | erratils ...... PART — glaber. | Brevipalpus obovalus. — pereger. , Distigmatus pilosus. | Telranychus major. — piger. — minor. — longitarsis. — plumistoma. MÉTRANVOIDÉS ae ee ee À TISSCTANS : « 0 5 «1 0 + oo — telarius. \ — rubescens. Phytocoples epidermi. gallacares......s...e — gallarum. — TLer'vOT UM. Le Mémoire de M. Donnadieu, qui donnerait matière à plus d'une observation critique, sera lu néanmoins avec intérêt par les natura- listes. Il est accompagné de douze planches dues au crayon habile et exercé de l’auteur. — Les Archives de Zoologie expérimentale et générale (tom. LIT, 1874) publient un travail important de M. le professeur de Lacaze-Duthiers sur les Ascidies simples des côles de France. Dans la première partie, l’auteur étudie avec sa supériorité habi- tuelle un type pris dans le groupe des Molgulidés. Il commence par exposer les raisons qui l’ont déterminé à entre- prendre une histoire des Ascidies, puis il rappelle les noms des prin- cipaux naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, relativement auxquels nos connaissances présentent encore tant de lacunes. Il indique ensuite le triple point de vue zoologique, anatomique et embryologique sous lequel il se propose d'envisager les Ascidies. L'espèce étudiée par le savant anatomiste lui paraît se rapporter à la Molgula arenosa (Eugyra arenosa de Hancock). Elle se rencontre très-abondamment sur certains points des côtes de Bretagne, dans le voisinage de Roscoff. Il fournit des données intéressantes sur les mœurs de cette Ascidie, et, à ce propos, il se livre à des réflexions critiques sur le mimétisme, auquel on a fait jouer dans plus d'un cas un rôle à coup sûr excessif et souvent imaginaire. L'animal, quand il est contracté, présente la forme d'un ovoïde de couleur variable, mesurant dans sa plus grande longueur 4 à 5 centi- 252 REVUE SCIENTIFIQUE. metres. Cet ovoiïde possède deux orifices, l'un oral ou branchial, l'au- tre anal, qui ne deviennent bien apparents qu'au moment où l'animal s'épanouit. Onremarquealorsquele premier est garni de six festonset le second de quatre seulement. Au fond des échancrures qui séparent ces festons se voient des taches colorées, qu’on a nommées points oculi- formes. Les téguments, quand ils ont été dépouillés du sable qui adhère àleurs prolongements, ont assez de translucidité pour laisser entre- voir la plupart des organes intérieurs. L'auteur traite une question importante. Comment doit-on placer l'Ascidie que l'on se propose de décrire ? Des deux orifices qui ontété signalés, l'un, celui qui correspond à l'entrée des voies respiratoires et digestives, occupe l'une des extré- mités du grand axe; l'autre, auquel aboutit l’anus, est rejeté sur le côté. Le scalpel, opérant une section passant tout à la fois par l'axe et par les deux ouvertures, diviserait trois sacs emboîtés : 1° la tunique, pourvue extérieurement de filaments auxquels adhèrent les grains de sable et percée de deux ouvertures ; 2° le manteau, qui renferme les principaux viscères et s'ouvre à l'extérieur par l'orifice médian ou anal; 3e enfin le sac branchial, dont l'orifice extérieur correspond à l'ouverture rejetée à l'un des pôles. La section intéresserait dans sa lon- gueur un raphé qui divise le sac respiratoire, raphé que M. de Lacaze- Duthiers nomme antérieur, et qui est l'endostyle des auteurs récents. Effectivement, ce raphé est placé en avant; car si l'on veut comparer typiquement l'Ascidie à l'Acéphale lamellibranche, il faut placer la première les deux orifices en bas, l'anal en arrière, l'oral ou branchial, avec l'endostyle, en avant, position contraire à celle qu'ont adoptée les auteurs, qui dirigent généralement l'ouverture orale en haut. M. de Lacaze-Duthiers entre alors dans l'étude anatomique et phy- siologique du type qu'il a choisi. Il parle en premier lieu, pour se conforme) à l'usage, des organes de la digestion. L'orifice qui occupe l’une des extrémités de l'ovoïde sert tout à la fois à l'entrée de l’eau pour le service de la respiration, et à l'intro- duction des matières alimentaires dont cette eau est chargée. Il est pratiqué à l'extrémité d'un tube extensible portant, comme on l'a vu, trois paires de festons; il est formé particulièrement par la tunique et par le manteau. Les points colorés placés dans l'échancrure des festons ont été éle- vés par van Beneden à la dignité d'un appareil de vision, mais ce ne sont en réalité que des taches pigmentaires, impressionnables à la lumière au même titre que les tissus généraux uon spécialisés. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 253 L'appareil digestif se compose d’un tube à deux ouvertures, avec une dilatation stomacale et une glande hépatique annexée. L’orifice buccal est circulaire et fermé par deux lèvres ou replis membraneux en forme de croissant, s’enlacant réciproquement en spirale par leur concavité. Cette disposition rend compte de la forma- tion ou plutôt de la régularisation de ces cordons de matières fécales en forme de vermicelles, qu'on rencontre chez ces Ascidies. Le sac branchial possède des replis méridiens, dont l'auteur décrit avec un soin particulier l'agencement au voisinage de l'orifice buccal, particularité dont il y a à Lenir compte dans les caractères spécifi- ques. L'æsophage est court, il se porte à gauche en remontant en arrière de la masse hépatique, et conduit dans un estomac vaste et partagé en cavités secondaires. La cavité stomacale est entourée d'un tissu d'un jaune bistre : c'est le foie, qui dans la Molgule commence à se présenter comme une glande distincte et tend à se séparer des parois du tube digestif. Pour se rendre compte de la disposition de la glande hépatique, il faut se représenter la cavité stomacale tapissée de ban- des longitudinales, alternativement minces et épaisses, de substance hépatique et parcourue par trois ouquatre zones non colorées, peu ex- tensibles, qui n'ont pas suivi le sac stomacal dans son boursouflement ; d'où la formation de plusieurs diverticulums et arrière-cavités. Sur les bandes épaissies et par suite plus fortement colorées, on dis- tingue, avec difficulté, des cils vibratiles qui deviennent plus rares vers leur partie moyenne. La glande hépatique se compose de cellules empilées, formant cinq ou six rangées, et d'autant plus grandes qu’elles sont plus voi- sines de la surface. En grandissant, ces éléments acquièrent un noyau qui devient le centre d’un dépôt graduel d'une matière vivement colorée. L'intestin se recourbe et aboutit à un rectum qui lui-même se ter- mine par le bulbe anal, dont l'orifice externe est coupé obliquement en bec de flûte. Après avoir terminé la description du tube digestif, M. de Lacaze- Duthiers se préoccupe d'établir quelques points de morphologie qui lui permettent de mettre en évidence les homologies frappantes qui existent entre l’organisation de l’Ascidie et celle de l'Acéphale. I critique aussi l'expression de cloaque, usitée pour désigner la chambre anale, qu il préfère nommer chambre péribranchiale. I1 discute encore, pour la repousser, l'opinion de M. Hancock, qui dans certains genres d'Ascidies veut trouver le représentant de la 254 RÉVUE SCIENTIFIQUE. glande hépatique dans un ensemble de tubes ramifiés appliqués sur le canal digestif. Les Molgules se nourrissent de particules fort ténues que l’eau tient en suspension. L'auteur examine longuement le mécanisme de la for- mation des cordons en forme de vermicelles, dont nous avons parlé. Il ne croit pas qu'on puisse en attribuer exclusivement la formation à l’endostyle ou gouttière du raphé antérieur, non plus qu'au raphé pos- térieur. La paroi branchiale tout entière doit contribuer à la prépa- ration de ces boyaux, formés de particules agglutinées par la matière muqueuse qu'elle exsude, boyaux qui sont dirigés ensuite vers l'ou- verture anale par le même mouvement de transport qui fait sortir le liquide par les boutonnières de la branchie. Mais, pour rendre compte de la régularité de leur calibre, on doit faire intervenir une action directe des replis buccaux, ainsi que des sillons stomacaux. La branchie joue un rôle prépondérant dans l'économie des. Asci- dies, et sa vaste cavité détermine, pour ainsi dire, la forme générale de l'animal tout entier. À la naissance de la branchie, au fond du tube branchial, on voit la couronne tentaculaire composée d'appendices arborescents, dont la forme varie suivan: les genres. [ls sont disposés comme les rayons d'une roue, et constituent un grillage délicat et compliqué. Leur nombre total change avec la taille des individus. En résumé, on en remarque six plus grands, alternant avec les dents des festons de l’oscule, et opposés par conséquent aux taches oculiformes. Entre ces six appendices de première grandeur s'en intercalent d’autres, en même nombre, plus petits, qui vont en grandissant à mesure qu'on s'approche de la partie postérieure. Puis, comme dans les intervalles de ces douze prolongements on en trouve d'autres plus petits et rudi- mentaires, la couronne tentaculaire se montre, en définitive, com- posée dans sa totalité de vingt-quatre tentacules de trois ordres. M. de Lacaze-Duthiers décrit en outre un revêtement intérieur du tube inspirateur formé par la tunique, se réfléchissant à ce niveau à l'intérieur de ce tube. Ce revêtement a une limite supérieure parfai- tement nette et tranchée. Il signale enfin un repli qu'il appelle péricoronal, lequel semble constitué par la lame du raphé postérieur descendant de la bouche à l'orifice respiratoire, lame qui se bifurquerait au niveau du gan- glion nerveux, pour donner naissance à un repli circulaire délimitant supérieurement une zone lisse située immédiatement au-dessous de la couronne tentaculaire. De plus, à l'angle postérieur formé par l’écartement des deux moitiés TRAVAUX FRANCAIS, — ZOOLOGIE. 255 du repli péricoronal, on découvre un organe énigmatique , déjà si- gnalé par Savigny, formé d'un double repli contourné à ses deux extrémités du côté du sommet de l'angle et convexe du côté de la couronne. La branchie, relativement à laquelle l’auteur entre dans les détails descriptifs les plus minutieux, est divisée en deux moitiés sembla- bles et symétriques. Cette division est indiquée par un sillon longi- tudinal, le raphé antérieur ou endostyle ; en arrière, par une lame mince, le raphé postérieur. Elle paraît composée d'un assemblage de quadrilatères disposés en séries longitudinales. L’aire de chacun de ces quadrilatères est finement striée par de petites fentes parallèles et concentriques aux côtés, et déprimée vers l'axe en une cavité infun- dibuliforme. L'intérieur du sac branchial est parcouru par des plis saillants, au nombre de sept de chaque côté des raphés, et disposés suivant des lignes méridiennes. Ces plis constituent des angles diè- dres dont les sommets s'enfoncent dans la cavité respiratoire. Avant de passer à l'étude de la structure intime de la branchie et après avoir établi les rapports de cet organe avec les parties voisines, l’auteur détermine, question controversée, le trajet suivi par l'eau qui entre par l'orifice branchial. Il démontre que le liquide passe à travers les fentes branchiales, qui sont de véritables orifices et ne sont pas fermés par une membrane , comme quelques auteurs l'ont admis. Elle sort, en définitive, par le tube anal. On ne peut parler de la structure de la branchie sans s'occuper des vaisseaux sanguins qui la traversent en nombre très-considérable. Ces vaisseaux sont alternalivement efférents et afférents, puisque la direction des pulsations du cœur change incessamment. Pour les dé- nommer, on suppose le courant sanguin conservant une direction invariable: c'est ainsi qu'on a des canaux splanchno-branchiaux ou afférents et des canaux branchio-cardiaques ou efférents, avec un lacis vasculaire intermédiaire. On peut considérer la partie fondamentale de l'organe respiratoire comme formée par une toile mince résultant de l'assemblage de tubes fins, cylindriques, fréquemment anastomosés, dont les intervalles, en forme de boutonnières nommées stigmates par MM. Milne-Edwards et van Beneden, livrent passage à l’eau qui pénètre dans la branchie. Relativement à la disposition de ces tubes et de ces fentes, l’auteur entre dans des détails descriptifs très-complets, qu'il faut lire dans le Mémoire original. Nous ne pouvons non plus suivre M. de Lacaze- Duthiers dans la longue description qu'il donne des vaisseaux bran- chio-cardiaques. Nous rappellerons seulement que leur ensemble 256 REVUE SCIENTIFIQUE. représente un réseau parallélogrammique, sorte de «grillage à mailles régulières dans lequel est suspendue la membrane fondamentale, formant les infundibulums principaux et secondaires, et c’est dans les points de contact nombreux que ce grillage contracte avec la membrane fondamentale, que se trouvent les communications des capillaires branchiaux avec les extrémités des canaux efférents. » De chacun des troncs principaux passant dans l'intervalle des in- fundibulums on voit se détacher une branche ascendante et une branche descendante, dont les ramifications se répandent sur la por- tion des quadrilatères restée en dehors de l'infundibulum, autre- ment dit sur la partie intermédiaire aux replis méridiens Le vaisseau splanchno-branchial ou afférent «apporte le sang, qui se distribue aux quatre angles dièdres adossés de quatre infundibu- lums voisins, de sorte que le sang qui arrive à un infundibulum ou en part n'est pas porté par un seul vaisseau ou tronc, mais bien par deux canaux, l'un afférent, l'autre efférent, commun à quatre infnndi- bulums voisins ». Les tubes fins qui constituent la membrane fondamentale de Ia branchie ne sont autre chose que des capillaires que traverse le sang qui doit shématoser. Leur face interne est revêtue par une couche d'éléments dont l'examen offre de l'intérêt. Les uns sont des globules incolores, nucléés; les autres, plus volumineux, se montrent d'un noir verdâtre à la lumière transmise. Il en sera de nouveau question à propos du sang. Les cils vibratiles ne sont pas apparents sur les stigmates du côté de la cavité palléale péribranchiale. Du côté opposé on aperçoit, régulièrement espacés sur le bord des fentes, une série de mamelons dont les cellules constituantes portent des cils groupés en houquets. La membrane branchiale est le siége de l’hématose ; si dans l'os- mose respiratoire une part est faite à la couronne tentaculaire, cette part est très-secondaire. Les appendices de la couronne sont avant tout des sentinelles vigilantes placées à l'entrée de la chambre bran- chiale. Elles avertissent l'animal de la présence des corps étrangers, mais sont quelquefois impuissantes à en empêcher l'introduction . comme le démontre la présence de parasites ou commensaux dans l'organe respiratoire. Ces appendices ont aussi pour effet de partager en une infinité de courants secondaires la colonne d'eau qui se pré- cipite dans l’orifice branchial, et de répartir le liquide chargé d'oxy- gène à la surface du sac respirateur. En terminant l’histoire de l'organe de la respiration, l'auteur criti- que, en passant, cette opinion mise en avant par l'École transformiste, TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE,. 247 que les Ascidies sont la souche des Vertébrés et s'éloignent par con- séquent des Mollusques et des Lamellibranches en particulier. L'un des interprètes les plus autorisés de cette doctrine, comparant les Tuniciers aux Lamellibranches, pose en principe que ces deux grou- pes ne peuvent pas être rapprochés et avoir la même phylogénie, à cause des différences qu'ils présentent à l'état embryonnaire, spécia- lement en ce qui touche la formation de l'organe respiratoire. M. de Lacaze-Duthiers montre qu’en appliquant ces principes au type Dentale, et en admettant, ce qui est logique, que la non-produc- tion d'un organe a plus d'importance qu'une différence dans le mode de formation, on arriverait à conclure que ces animaux ne sont point des Mollusques. Il déclare aussi très-hasardée la ressemblance qu'on a voulu trou- ver entre le pharynx respiratoire de l'Amphioxæus et la cavité bran- . chiale de l'Ascidie. L'auteur voudrait qu'en zoologie on revint aux idées de Blainville sur la dégradation des types, idées trop oubliées à son gré, et qui pour- tant facilitent à un si haut degré les généralisations et les compa- raisons. Nous avons déjà parlé de l’endostyle ou raphé antérieur, ligne saillante bilobée s'étendant de la bouche à la couronne tentaculaire. Cette partie, dont M. de Lacaze-Duthiers donne une description détail- lée, peut être considérée comme une dépression longitudinale du ranteau, dent les bords sont prolongés sous forme de lèvres, termi- née en cul-de-sac à ses extrémités et tapissée par une couche d'élé- ments glandulaires. L'auteur fait connaître l’histologie de cette partie et la répartition des cils vibratiles à sa surface, cils qui ne se montrent que sur les lames margino-latérales. Il résulte de cette description qu'il n'y a pas d'endostyle proprement dit, c'est-à-dire de tige cylin- drique servant de support à la gouttière branchiale. On ne peut pas non plus voir dans ce raphé un organe nerveux. Son rôle paraît con- sister à sécréter des matières muqueuses, sous forme de filaments, qui agglutinent les substances alimentaires. (4 suivre.) S. JOURDAIN. IV, 18 258 REVUE SCIENTIFIQUE. Botanique. Letom. XX des Annales des Sciences naturelles (Botanique) contient un remarquable travail de M. Ed. Janczewski ayant pour titre : « Recherches sur l'accroissement terminal des racines dans les Phanéro- games.» Un grand nombre de travaux sur l'histologie des racines ont vu le jour dans ces dernières années, surtout en Allemagne. MM. Haus- tein, Strasburger, Reinke, Nägeli, etc.., ont entrepris des recherches diverses dans les différents groupes végétaux, la structure des racines a été parfaitement étudiée dans toutes les classes du règne végétal ; mais au point de vue de l'accroissement terminal, aucun travail aussi étendu que celui de M. Janczewski n'avait paru jusqu'à ce jour. Les recherches de ce savant botaniste ont porté sur un grand nom- bre d'espèces, et d'excellentes figures annexées à son travail donnent une intelligence parfaite du texte. Dans ce premier Mémoire, tous les résultats sont dus à la méthode anatomique qui consiste à examiner le sommet végétatif des racines des radicelles développées par des coupes transversales, mais surtout par des sections longitudinales. M. Janczewski a trouvé cinq types de racines différentes quant à leur structure. I. Le sommet de la racine est constitué par quatre tissus primaires, indépendants l’un de l'autre : la coiffe, l'épiderme, l'écorce et le cy- lindre central. II. On trouve, au sommet seulement, trois tissus primaires indépen- dants : la coiffe, l'écorce et le cylindre central; l'épiderme n'est alors que la couche la plus extérieure et la plus vieillie de l'écorce. III. Les trois tissus primaires sont les mêmes que dans le deuxième type; mais c'est la couche calyptrogène, engendrant la coiffe, qui se transforme ensuite en épiderme. IV. Les tissus primaires confluent au sommet en une assise géné- ratrice transverse, et se définissent seulement dans son voisinage. V. La racine contient seulement deux tissus primaires : le cy-. lindre central, et l'écorce ; celle-ci remplit les fonctions de coiffe. Dans le premier type, les racines de l'Hydrocharis morsus ranæ possèdent une coiffe fugace; les radicelles du Piotia stratiotes de même, mais l’origine de la coiffe, celle de l'épiderme, sont communes; toutes deux proviennent de la couche corticale intérieure de la racine mère. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 259 Dans le deuxième type, £e trouvent les pivots de l'Allium odorum, À. glaucum,; le pivot et les racines latérales de l'embryon de l'Hordeum vulgare, Triticum sativum, Zea mays; les racines adventives de l'Acorus calamus, de l'Alisma plantago et d'autres Monocotylédones, qui toutes, on le voit, rentrent dans le premier et le deuxième type. Dans le troisième type et dans le quatrième, sont les Dicotylédones augiospermes (Helianthus annuus, Ruphanus sativus, Salix alba, etc , pour le troisième, et Cicer arietinum, Cucurbitas maxima, C. pepo, etc., pour le quatrième type). Le cinquième type renferme les Gymnospermes (Taæus baccata, Thuia occidentalis, Pinus stroleus, Abies balsamea, etc.). La coiffe n'existe pas, l'épiderme fait souvent défaut, le sommet de l'écorce est très-volumineux et remplace la coiffe ; le sommet du cylindre est homogène, le faisceau central ne se distingue pas du tissu péri- phérique. Tels sont les faits constatés; voyons quelles en sont les conséquences théoriques. Les belles recherches de Nägeli et Leitgeb sur l'accroissement terminal des racines des Archégoniates vasculaires ont montré que, chez ces végétaux (sauf le Lycopodium), les tissus proviennent tous de la segmentation d'une cellule terminale génératrice unique (Scheitelzelle), Nous voyons au contraire que dans les Phanérogames étudiés par M. Janczewski, l'individualité des tissus primaires existe déjà dans le sommet végétatif. Mais si l’on compare les racines du Stratiotes et celles des Archégoniates vasculaires, on voit une grande analogie de structure et de mode de développement des zones corti- cales. Dans les Phanérogames, l'individualité du péricambium est toujours évidente de bonne heure et au sommet, ou tout près du som- met dans les Gymnospermes, chez lesquels, comme nous l'avons vu, la structure du sommet est homogène. Ces recherches nous montrent en outre que, contrairement à l'avis de M. Haustein et surtout de M. Reinke, la coiffe des Angiospermes ne dérive pas toujours de l'épiderme (dermatogène). Nous avons vu, en effet, que dans les quatre premiers types la coiffe était indépendante de l'épiderme, et qu'elle provenait, dans le Pistia par exemple, de la même couche que l’épiderme ou d'une couche calyptrogène quis’ex- folie (2" type) ou se transforme en épiderme (3% et 4° types). — Dans un autre Mémoire ‘, M. Janczewski étudie ie « développc- 1 Ann. Sc. natur., tom. XX, pag. 208. 260 REVUE SCIENTIFIQUE. ment des radicelles dans les Phanérogames » pour les cinq types établis précédemment. I1 résulte de ses observations que le mode de développement des radicelles varie d’un type à l'autre, et même présente des différences dans des plantes appartenant au même type. Le rôle du péricambium de la racine mère est très-important dans la plupart des Monocotylédones et Dicotylédones; il produit le cylin- dre central, l'écorce, la couche calyptrogène. Chez les Gymnospermes et le Pistia, il produit le cylindre central et l'écorce de la radicelle, tandis que chez les Cucurbitacées, les Papilionacées, il ne se trans- forme qu’en cylindre central. On voit que toujours, chez les Phanéro- games, le cylindre central des radicelles provient du péricambium de la racine mère. Dans les Archégoniates vasculaires, ce rôle essentiel appartient au contraire à la couche corticale intérieure de la racine mère, dans la- quelle la cellule génératrice terminale prend naissance. Et c'est de cette cellule génératrice (Scheitelzelle) que dérivent ensuite tous les tissus de la radicelle. — M. Isidore Pierre a entrepris des recherches sur l'accumulation progressive de l'amidon dans le grain de Bléf. Un grain de Blé se compose d'une enveloppe corticale et d'un con- tenu renfermant de l'amidon, des matières azotées, une petite quan- tité de matières sucrées, quelque peu de matières grasses, des sub- stances saliues, surtout des phosphates et autres sels potassiques. Des nombreuses observations de M. Pierre sur les variations en poids que subissent ces principes pendant la maturation du grain, on peut tirer les conséquences suivantes : « 1° L'accumulation de l’amidon se fait d'une manière continue et presque uniforme pendant les trois dernières semaines de développe- ment du grain de Blé. » 20 Cet accroissement peut être estimé à 57 kilog. par hectare et par jour, se totalisant par un chiffre de 160 p.°/, du poids primitif observé au commencement des expériences. »3° L'accroissement du poids total de la matière azotée du grain, comparé au poids primitif de cette matière au commencement des observatious, est constamment plus rapide que celui des matières organiques en général et de l'amidon en particulier. » 4° Le phosphore ou l'acide phosphorique atteint dans le grain son 1 Ann, Sc. natur., tom. XX, pag. 208. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 261 maximum de poids bien plus tôt que l'amidon ; d'où il semble permis de croire qu'il peut exercer uue influence spéciale sur le développe- ment de cette dernière substance. »50 La potasse, au contraire, s'accumule dans le grain moins vite que l’amidon, ce qui semble faire croire que son rôle actif, s'il existe, doit probablement s'exercer en grande partie en dehors du grain sur l’amidon. » : — Nous trouvons dans le même fascicule des Annales un Mémoire de M. Contejean, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers : De l'influence du terrain sur la végétation. La distribtæion des végétaux sur le sol a été tantôt attribuée à l'in- fluence de sa composition chimique exclusivement, tantôt au con- traire à la nature physique de ses éléments. Thurmann, naturaliste suisse, a laissé un ouvrage remarquable écrit surtout en faveur de la dernière opinion. Dans sa Phyllostatique, il considérait l'action de la nature physique du sol comme prépondé- rante. M. Contejean cherche à établir le contraire; il dit: « Ayant peu vu, je croyais à l'influence physique du terrain; ayant observé davantage, je suis devenu partisan de l'opinion contraire ». D'après Thurmann, si les espèces de la silice accompagnent obstiné- ment les terrains quartzeux et feldspathiques, c'est qu’en se désagré- geant les terrains produisent un sol meuble, humide et profond. De même, si les roches calcaires supportent une végétation spéciale, il faudrait l’attribuer à ce que ces roches se modifient peu et n'of- frent à la végétation qu’un sol superficiel, maigre, desséché. En effet, quand le sol siliceux est massif, on y voit la flore du calcaire ; et si les roches calcaires deviennent sableuses, elles nourrissent la flore de la silice. Thurmann créa toute une nomenclature pour les différentes sortes de roches qui se désagrégent de manières diverses. Les roches dont la désagrégation ne s'effectue que lentement pro- duisent une substance terreuse, ténue, mêlée de débris anguleux. Ge sont les roches pélogènes, dont les débris sont péliques, oligopéliques, hemipéliques, perpéliques, suivant les cas. Les roches dont la division fragmentaire profonde finit par for- mer des parcelles grenues, solides, sont les roches psammogènes ; leurs détritus sont appelés psammiques où hémipsammiques, oligopsammiques ou pépsammiques. Les roches qui se désagrégent facilement sont appelées euogènes, et celles qui résistent dysgéogènes. Il y a des roches à désagrégation 262 REVUE SCIENTIFIQUE. mixte : ce sont les pélopsammogènes dontles débris sont pélopsammiques., La flore des terrains euogènes présente les espèces vivant dans les lieux frais ombragés; elle a un caractère boréal et échappe davantage à l'influence de l'altitude et de la station. Sur les roches dysgéogènes, la flore est plus méridionale ; les espèces vivaces y abondent. Thurmann nomme hygrophiles les plantes des terrains euogè- nes, et æérophiles celles qui croissent sur les terrains dysgéogènes. On peut résumer comme il suit les faits qui semblent plaider en faveur de l'hypothèse de Thurmann : 1° Dans le centre, dans le midi de la France surtout, des espèces con- sidérées comme caractéristiques du calcaire se trouvent dans les roches siliceusés, granites, grès, sables quartzeux; elles semblent chercher plutôt la sécheresse que le carbonate de chaux. 2° La flore des tourbes qui ne contiennent pas trace de silice est cependant celle des terrains siliceux. 3° Sur le plateau du calcaire oolithique du Jura, les plantes du calcaire se trouvent sur les parties où ce dernier reste compact, et partout où il se désagrége on trouve des plantes de la silice (Lons-le- Saulnier, Saint-Amour). 4 Les calcaires magnésiens des montagnes jurassiques de Wur- temberg, partout où ils sont désagrégés, nourrissent le Luzula albida, Arnica montana, quelquefois même le Digüitalis purpurea, caractéristi- ques du terrain siliceux. Le Betula nana surtout est caractéristique des calcaires saccharoïdes magnanifères ou non, et disparaît sur les calcaires compacts. | À Chagey (Haute-Saône), on trouve sur un affleurement de por- phyre des plantes du calcaire. L'exemple le plus frappant est fourni par le Kaiserstuhl, groupe de collines situées entre le Rhin et la forêt Noire. La roche qui constitue ce massif est une dolérite plus ou moins porphyroïde composée de feldspath labrador, de pyroxène et de fer titané: elle est donc sili- ceuse ; cependant la flore est calcaire. Voyons comment M. Contejean interprète ces six exemples. Il commence par faire l'hypothèse «que Les plantes du calcaire exigent impérieusement le carbonate de chaux, et que les plantes dela silice le repoussent avec non moins d'énergie, sans avoir un besoin particulier de silice..…; que les plantes indifférentes sur la nature du terrain s'accommodent ou se privent de calcaire sans inconvénients». 1° Dans le premier cas cité tout à l'heure, on a considéré à tort des plantes comme caractéristiques absolues du calcaire, alors qu'elles étaient indifférentes. TRAYAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 263 2° Dans la tourbeil n'y a pas de calcaire; les plantes qui le fuient s'y trouvent. 3° Il résulterait des observations de MM. Michalet et Jouffroy que cen’est pas sur du calcaire désagrégé, mais sur un diluvium argilo- sableux, que croissent les plantes de Saint-Amour et Lons-le-Saulnier. 4° Pour le pays Wurtembergeois, M.Contejean dit que l'Arnica mon- tana, le Betula, ne sont pas exclusivement des plantes de la silice, et que quant au Digitalis purpurea, il doit y avoir des conditions de gise- ment qui ont échappé à Thurmann, comme dans le cas précédent. 9° Le porphyre de Chagey contient des veines de calcaire spathique. D'ailleurs la décomposition des éléments de ce porphyre, qui sont le feldspath labrador et le pyroxène, donne du carbonate de chaux. Il y a donc du calcaire. 6° M. Parisot a trouvé que la dolérite du Kaiïserstuhl est composée de labrador et de pyroxène qui sous l'influence de l'eau et de l'air donnent des carbonates; et en effet, la terre végétale du Kaiserstuhl fait effervescence avec les acides. On constate la présence de plantes du calcaire surtout là où la roche est désagrégée, c'est-à-dire là où, décomposée, elle a donné du carbonate de chaux. Les preuves de l'influence physique du sol sont donc réduites à néant, et les faits suivants semblent venir à l'appui de l'hypothèse contraire. A Ligugé, près de Poitiers, la roche granitique n’a subi aucune désa- grégation, et cependant on y trouve les espèces de lasilice, Digitalis purpurea, Potentilla argentea, etc, et, là où la roche devient détritique, des espèces indifférentes ou même du calcaire. Il est très-difficile du cultiver les plantes caractéristiques de la silice, sur les terrains renfermant du calcaire. Sur des roches oolithiques désagrégées du Plateau central, à Lus- sac et Lhommaizé (Vienne), M. Contejean n'a rencontré que des espè- ces du calcaire ou indifférentes (Dianthus prolifer, etc.), mais jamais des espèces caractéristiques de la silice ; et à côté, au contraire, il ya des points recouverts d'un diluvium siliceux occupé par des plantes de la silice. Sur les quartzites de la montagne Blanche, qui sont très-compacts, on trouve la végétation siliceuse (Sarothamnus scoparius, Digitalis pur- purea, etc.). La phonolite, qui résiste à la désagrégation superficielle et ne peut retenir l'eau dela pluie, possède cependant la flore siliceuse (Auver- gne) (Sarothamnus). \ 264 REVUE SCIENTIFIQUE. Sur les basaltes de l'Auvergne, on trouve un mélangede plantes de la silice, du calcaire, et des indifférentes. Les plantes de la silice se trou- vent surtout là où il n'y a pas de calcaire, là où le basalte est intact (carrière de Volvic).Mais dans les points où le basalte est altéré, comme pour la dolérite, qui a la même composition, il ; a formation de carbo- nate de chaux; d'où la présence de plantes du calcaire. Dans la vallée de l’Allan et celle de la Savoureuse (près Montbéliard ), on trouve des alluvions sablonneuses et caillouteuses venant des Vosges, formées de débris quartzeux ou feldspathiques. A quelques kilomètres de là, dans la vallée du Doubs, on trouve des alluvions sablonneuses et caillou- teuses provenant du Jura, c'est-à-dire calcaires. Voilà deux terrains de nature physique identique, et cependant on constate sur le pre- mier, quartzeux, les plantes de la silice, et sur le deuxième les espè- ces du calcaire. Il en est de même pour lesalluvions du Doubs et de la Bresse : les premières sont calcaires et les secondes ne le sont pas; l'état physique est le même, et cependant le contraste de la végétation est frappant et parfaitement évident dans deux champs contigus (Mi- chalet). Tout ce qui précède semblerait venir à l'appui de l'influence de la composition chimique du sol. L'action répulsive qu'exerce le calcaire sur un certain nombre de plantes peut être comparée à celle du chlorure de sodium sur les plantes terrestres, qui ne peuvent végèter dans les conditions normales alors que le sol renferme ce composé. De même, le Sarothamnus ne peut être cultivé dans les terrains qui contiennent la plus légère quantité de carbonate de chaux. Il y a évidemment répulsion aussi dans les cas des plantes des tourbières, qui sont siliceuses, quoique cependant il n’y ait qu'une petite quantité de silice. Sur les sables de nos côtes, là où la mer n'at- teint pas les dunes, et partout où l'on ne trouve pas de plantes de la silice, le sol contient de grandes quantités de fragments de coquilles, c'est-à-dire de carbonate de chaux qui repousse la flore de la silice. Dans le Kaiserstuhl, il y a dans le sol beaucoup plus de silice que de calcaire produit par la dolérite décomposée, mais cependant la flore de la silice ne s'y trouve pas : elle est repoussée énergiquement. Les plantes du calcaire, moins exclusives que celles de la silice, s’ac- commodent de la plus faible quantité de carbonate de chaux; aussi les voit-on sur des roches diverses, et il est souvent fort difficile de dis- tinguer une plante qui recherche le calcaire, d'une indifférente. L'argile, qui ne renferme pas de calcaire, supporte la flore de la silice ; dans les marnes, au contraire, on trouve les plantes du cal- caire ou des indifférentes qui recherchent un sol imperméable. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 269 M. Contejean établit donc les groupes suivants : 1° Flore maritime fixée par le chlorure de sodium ; 20 Flore terrestre repoussée par cet élément. La flore terrestre à son tour se divise en : a, plantes fixées par le calcaire calcicole ; b, plantes repoussées par ce minéral calcifuge (anciennes silicoles) ; c, plantes indifférentes vivant s ur tous les sols. On peut objecter qu'il est difficile de comprendre comment le car- bonate de chaux éloigne les plantes moins exclusives que l’on cul- tive cependant sur le calcaire. M. Contejean répond qu'il ne nie pas l'action attractive de la silice d'une manière absolue, mais que les espèces calcifuges, même choisies parmi les plus accommodantes, ren- contrent dans le sol calcaire des conditions moins favorables que les véritables calcicoles et les indifférentes; il y a là à tenir compte de la concurrence vitale du combat pour l'existence. Le tableau suivant résume toutes les théories de M. Contejean : I. PLANTES MARITIMES. XÉRoOPHILES,. Crithmum maritimum, Statice ovalifolia, Asplenium marinum... péliques. — Statice limonium, Atriplex portulacoïdes, Spartina stricta. Hycropuices. € pélopsammiques. — Arenaria marginata, Aster tripolium, Sal- sola soda. psammiques. — Cakile maritima, Salsola kali, Psamma arenaria. II. PLANTES CALCICOLES. XÉROPHILES., Helleborus fœtidus, Orobus vernus, Athamanta cretensis. péliques. — Tussilago farfara, Carex glauca, Equisetum ebur- neum. HycroPrxices. 4 pélopsammiques. — Mœbhringia muscosa ? psammiques. — Eryngium campestre ? Myosotis hispida ? Poly- chnemum majus ? III. PLANTES CALCIFUGES. Xéropxices., Silene rupestris, Cotyledon umbilicus, Asplenium septentrionale. péliques. — Cirsium anglicum, Limosella aquatica, Scirpus acicularis. ie pélopsammiques. — Hypericum humifusum, Pulicaria vulgaris, Juncus tenageia. psammiques. — Teestalia nudicaulis, Scleranthus perennis , Nardurus Lachenalii. 266 REVUE SCIENTIFIQUE. IV. PLANTES INDIFFÉRENTES. XéRroPHILES, Helianthemum vulgare, Dianthus carthusianorum, Asperula cynanchica. péliques. — Trifolium elegans, Pulicaria dyssenterica, Juncus glaucus. pélopsammiques. — Erythræa pulchella, Salix aurita, Juncus HYGROPHILES. s bufonius. psammiques. — Silene conica, Herniaria glabra, Scleranthus annuus. On voit, d'après ce tableau, que, dans les subdivisions de chaque groupe établi précédemment, M. Contejean tient compte de l'action de la nature physique du sol. [l admet l'existence de plantes xérophiles, hygrophiles, comme Thurmann, mais comme divisions secondaires seulement. Il faut remarquer cependant que les végétaux sont plus accommo- dants, quant à l'état physique que quant à la nature chimique du sol; c'est donc à l’action chimique que nous devons attribuer la plus grande influence. — Bryologie comparée de la Sarthe et de la Mayenne, telest le titre d'un Mémoire de M. L. Criét. La floredu Maine renferme deux flores distinctes; la première, celle de la Mayenne, correspond à une région renfermant des terrains de transition. La province du Maine se divise naturellement en deux régions géologiques : la première, correspondant à la Mayenne, est formée de terrains de transition (silurien inférieur, silurien moyen); on y trouve des roches diverses, granitiques, porphyritiques, des quartzeurites et les phyllades de la Mayenne; la seconde région secondaire, la Sarthe, est calcaire. Il résulte des observations de l’auteur que la flore de ces deux contrées est essentiellement différente au point de vue bryologique. Dans la Mayenne se rencontrent les Muscinées silicicoles; de même, dansla partie supérieure de la vallée de la-Sarthe, qui est granitique, les Mousses sont abondantes; mais la flore devient de plus en plus pauvre à mesure qu'apparaissent sur les calcaires de la Sarthe les Muscinées calcicoles. La forêt de Perseigne, plantée sur le terrain de transition et tout 1 Ann. Sc. nat., tom. XX, pag. 305. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 267 entourée de roches calcaires secondaires, offre une végétation silici- cole au milieu de Mousses calcicoles qui croissent tout autour sur ce calcaire. — M, Ph. Van Tieghem a inséré dans les Annales des Nouvelles recherches sur les Mucorinées!. La méthode employée par M. Van Tieghem est celle des cultures cellulaires monospermes. Cultivée ainsi en cellules, une spore se développe à l'abri des spo- res de l'air, et il est facile de suivre toutes les phases de son développe- ment. D'après les résultats de nombreuses cultures, jamais on n'a vu une Mucorinée se transformer en une autre, malgré les modifications du milieu. Le polymorphisme n’existe pas chez ces végétaux, comme on l’a dit, mais il peut arriver que le même appareil végétatif d’une espèce produise des corps reproducteurs divers : des œufs ou zygo- spores, des sporangiospores, des stylospores et des chlamydospores. Dans certains cas, il est utile de réaliser des cultures cellulaires dispermes. On a pu voir ainsi que les deux mycéliums issus de deux spores d'une même espèce se soudent pour ne plus former qu'un mycélium unique; et cela est vrai non-seulement pour les Mucori- nées, mais aussi pour les Ascomycètes (Penicillium, etc.), et les Basidiomycètes (Coprinus, etc.). Si, au lieu de mettre dans une même cellule deux spores d'une même espèce, on y place au contraire deux spores d'espèces différentes, on réalise ainsi une cellule disperme double. Jamais, dans ce cas, on na pu observer d'anastomose entre les deux mycéliums, qui demeu- rent indépendants. L'expérience a été faite sur plusieurs Mucorinées (Mortiellera strangula et M. tuberosa, etc.), sur des Ascomycètes, (Penicillium glaucum et P. discolor) sur des Basidiomycètes, avec des Coprinus ephemeroïdes et C. radiatus. On aurait donc là un criterium de l'espèce. Les spores, dont les my- céllums sont susceptibles de s’anastomoser, appartiendraient à la même espèce; au contraire, deux spores dont les mycéliums ne se souderaient jamais, seraient d'espèces différentes. Nous ferons remarquer que pour le Coprinus ephemeroïdes et C. ra- diatus, qui sont d'espèces différentes, dont les mycéliums restent dis- tincts en culture cellulaire double, M. Van Tieghem * a pu pratiquer des fécondations croisées. [l serait dès-lors fort intéressant de savoir si 1 Ann. Sc. nat., tom. I, 4me sér, 2 Voyez Rev. Sc. nal., tom. IV, n°1, pag. 79. 268 REVUE SCIENTIFIQUE. les produits de ces fécondations donneraient un mycélium susceptible de s’anastomoser avec ceux des deux espèces ephemeroïdes ou radiatus. Dans le cas où l’on a affaire à une espèce parasite d'une autre, on cultive ces deux plantes en cellule, et, par comparaison, on établit une culture simple de la plante nourricière. On peut ainsi distinguer deux sortes de parasitisme, l'un facultatif, l'autre nécessaire. Quand en culture simple le parasite se développe comme en culture double, le parasitisme est facullatif; si au contraire, en culture simple, la spore du parasite se développe incomplétement, le parasitisme est néces- saire. Par cette comparaison, on peut apprécier l'influence exercée par la plante qui nourrit le parasite. Dans les cultures doubles, on voit les tubes du mycélium du parasite s’allonger du côté de la plante nour- ricière, comme si celle-ci produisait une excrétion favorisant leur développement et tendant à attirer à elle le parasite. Ce fait peut être rapproché de la digestion produite par les excrétions des racines et aussi par les sucs de certaines feuilles. En pratiquant des cultures triples ou quadruples avec des spores de genres différents, on peut constater le parasitisme de second et même de troisième degré. La fusion des mycéliums différents portant des fructifications diverses, appartenant aux germes distincts parasites, a pu faire croire à un polymorphisme. On peut se demander si, dans tous ces cas de parasitisme, le profit appartient exclusivement à la plante qui vient se fixer sur l’espèce nourricière, et si cette dernière ne retire pas quelque avantage de cet échange de principes nutritifs. Il faut, pour que cela soit possible, que les mycéliums des deux plan- tes puisent dans le liquide une partie de leur nourriture, et sous la forme de principes différents; alors seulement la réciprocitéest possible. IL est évident que la chose se présentera d'autant plus facilement qu'on aura affaire à des espèces de groupes plus éloignés. Un exemple remarquable de cette réciprocité est offert par les Lichens, qui, d'après les admirables travaux de MM. Bornet et Schwendener, sont formés d'un Champignon parasite sur une Algue. Si le Cham- pignon ( Physcia paridina) de l'ordre des Ascomycètes est parasite nécessaire de l'Algue (Protococcus viridis), il y a aussi réciprocité ; car si l’Algue peut se développer indépendamment du Champignon, néanmoins elle se développe moins bien que quand elle nourrit celui-ci. Le mode de nutrition des Algues et des Champignons étant in- verse, on comprend très-hien qu'un échange puisse avoir lieu sans nuire à l'une ou à l’autre plante. L'Algue produit des hydrocarbures, TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 269 qui puisés par le Champignon sont organisés en albuminoïdes, les- quels à leur tour sont puisés par l’Algue, qui en manque. Il y a parasitisme réciproque. Après ces considérations générales d’une grande importance, M. Van Tieghem, dans une première partie de son Mémoire, étudie quelques propriétés générales des Mucorinées : le mouvement du pro- toplasma, sa cicatrisation, la formation des cristalloïdes et des spores. Si l’on étudie les filaments du mycélium à un fort grossissement, on observe des mouvements des granulations du protoplasma pariétal enveloppant le suc cellulaire: toutes les parties de la cellule rameusequi constituent les mycéliums sont parcourues par le courant. Plus tard, il se forme des cloisons, et le mouvement persiste tantqu'il y a du pro- toplasma, jusqu'au moment où la cellule morte ne renferme plus qu'un liquide inerte; c'est entre 15 à 20 degrés que le mouvement du pro- toplasma atteint la plus grande vitesse. Si l'on pratique une section des tubes près de leurs sommets végé- tatifs, on observe une prompte cicatrisation. Le protoplasma du tube se contracte, se sépare de celui qui est au niveau de la section, et bien- tôt il forme une cloison de cellulose qui l’isole de l'extérieur. Le mou- vement, un instant interrompu, reparaît une fois la cicatrisation faite, et le tube continue son développement généralement par une branche latérale. En pratiquant les sectionsdu tube de facon que la portion séparée soit assez étendue, on obtient une cicatrisation des deux côtés, et bientôt chaque fragment vit isolément et forme ainsi un nouvel indi- vidu indépendant. On peut ainsi, par des sectionnements successifs d'une spore de Phycomyces nitens, par exemple, obtenir six pieds isolés. La cicatrisation a lieu de la même manière pour les tubes fructi- fères. Cette formation d'unecloisonetle retrait du protoplasma s’observent aussi à l'état normal, quand, le moment de la fructification arrivé, le protoplasma se retire des tubes du mycélium pour s’accumuler dans les filaments sporangifères. [1 laisse alors derrière lui des cloisons qui divisent les tubes. On voit que la même cavse générale agit dans tous les cas, à savoir: «la tendance du protoplasma vivant à se maintenir fermé vis-à-vis du milieu inorganique, où rentrent incessamment, à me- sure qu il les abandonne, les parties mortes du corps de la plante». On peut rattacher à une cause analogue la formation des cloisons qui séparent la plante des corps reproducteurs qu’elle produit. Cette cicatrisation par formation de cloisons s’observerait proba- 270 REVUE SCIENTIFIQUE. blement chez tous les mycéliums unicellulaires, comme celui des Mucorinées. Mais quand il s’agit des mycéliums pluricellulaires, la blessure n’intéressant qu'une cellule isolée des autres par son enve- loppe, la cicatrisation ne se remarque pas. M. Haustein a observé le même mode de circulation chez les Vau- cheria, Algues dont l'appareil végétatif unicellulaire est analogue à celui des Mucorinées. Gest donc bien là une propriété générale du protoplasma vivant. Quand la formation des sporanges a lieu, on observe en dessus de la cloison, dans le filet sporangifère, une formation de matière albu- minoïde qui prend la forme cristalline. M. Van Tieghem la considère comme faisant partie du groupe des cristalloïdes, et lui donne le nom de Mucorine. Jusqu'à présent l'existence de ces corps n'avait été signalée que chez les Pilobolus, par Klein. M. Van Tieghem les a observés chez toutes les Mucorinées. Les cristaux de mucorine se présentent sous deux formes distinctes dérivant toutes deux du système régulier ou cubique. Les Pilobolus offrent des cristaux octaëdriques ; chez les Mucor, les cristaux sont en tables triangulaires tronquées aux trois sommets ; mais ce n'est là qu'une modification du type des Pilobolus. Ces cristaux de mucorine, qu’il ne faut pas confondre avec ceux d'oxalate de chaux qui brillent dans le protoplasma pariétal, ne dé- passent pas 0®*,001 à 0%® 002. Leur nombre diminue peu à peu à mesure que la fructification avance, et bientôt ils se dissolvent dans le suc cellulaire, qui seul persiste, et servent à la nutrition de la plante dans la dernière période de son existence. On a pu observer ces cristalloïdes dans les zygospores de Mucor mucedo, Phycomices nitens, Sporodinia grandis ; 11 s'en forme pendant la germination de la zygospore. Il s’en trouve aussi quelquefois daus les tubes du mycélium, au voisinage des filets sporangifères. L'apparition de ces cristalloïdes est un phénomène général lié à la reproduction, dans la famille des Mucorinées ; la mucorine, inutile ou nuisible à la formation des corps reproducteurs, est un produit d'élimination qui est repoussé avec l'acide oxalique. C'est un tout autre rôle que jouent les cristalloïdes dans les Pha- nérogames ; là, ce sont des produits destinés à l’alimentation de la plante, mis en réserve dans les graines et les tubercules. Avant de former les spores, le protoplasma se débarrasse de la mu- corine, puis il s’accumule dans le sporange. Chezles Mucorinées en général, les sporanges sontsphériques (Mucorées, Pilobolées, Mortiel- TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 211 lerées), et les spores s’y forment librement et non par division; il s'y produit aussi une matière intersporaire agglutinant les spores. Cette substance favorise la dissémination, par la propriété qu'elle possède de se gonfler dans l’eau. Quand la membrane du sporange persiste autour des spores, comme dans les Thamnidium, Helicostylum, Chæœtostylum, la matière inter- sporaire est résorbée, les spores sont disséminées par la rupture de la membrane. Dans certains cas fréquents chez les Thamnidium , constants chez les Chœtocladium, il ne se forme dans la sporange qu'une seule spore qui s'applique contre les parois du sporange et se confond avec, si bien quedes auteurs (Berkerley, Broome, Fresenius, etc...) avaient pris cela pour des spores nues comme celles des Botrytis. Or, si on observe avec soin le Chætocladium Sonessi, on distingue un anneau brun clair, qui est la sporange. Dans la tribu des Syncéphalidées, les sporanges se présentent sous forme de longues baguettes dans lesquelles se forment une ran- gée de spores. Dans ces tubes, le protoplasme se sépare en deux: une substance granuleuse qui va former les spores douées d’une mem- brane enveloppe; l'autre partie, comme mucilagineuse, forme des sor- tes de disques séparant les sporesles unes des autres. À la maturité, les membranes du sporange disparaissent, les spores sont réunies par la substance embryonnaire, qui dans l'eau se gonfle, et la dissémination se produit. Cependant, dans les Syncephalis intermedia, S.ramosa, S. no- dosa, la membrane persiste fréquemment; la substance qui unissait les spores disparaît alors. Les mêmes auteurs cités ci-dessus avaient, en observant les Pipto- cephalis, cru à la formation exogène des spores, comme dans les Peni- cillium, par cloisonnement de la baguette. Mais M. Van Tieghem, en étudiant les Piptocephalis sphorespora et fusispora et les Syncephalis, a parfaitement constaté, avec M. Le Monnier, la présence d’une mem- brane du sporange. En résumé, chez toutes les Mucorinées, Les spores se forment dans l'intérieur d'un sporange par genèse libre et non par division ; il y a toujours formation d’une substance interstitielle, sauf le cas où le sporange ne produit qu'une spore unique. Après ce premier chapitre, plein de résultats nouveaux et offrant le plus grand intérêt au point de vue de la physiologie végétale, M. Van Tieghem étudie successivement les différents groupes des Mucorinées, et dans chacun d'eux il expose avec détail les diverses phases de la végétation des espèces déjà connues, ainsi que des nombreuses espè- A8 0 REVUE SCIENTIFIQUE. ces nouvelles qu il a découvertes. Plusieurs tableaux de détails et un tableau d'ensemble résument la classification établie par l’auteur. Pour cette partie du Mémoire, qui se prête peu à l'analyse, nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur au texte original. En étudiant ainsi successivement les nombreuses espèces de la famille des Mucorinées, M. Van Tieghem a constaté que plusieurs d’entre elles étaient parasites nécessaires (Piptocephalis) où facul- tatives (Chætocladium, Syncephalis, Mortierella) sur d'autres Mucori- nées. Il a montré aussi qu'il ÿ ades Champignons qui vivent en para- sites nécessaires sur les mycélium des Mucorinées. Ces végétaux, ou certains de ces végétaux, avaient été considérés à tort comme des Mucorinées ; ils doivent être rapprochés plutôt des Ascomycètes. On distingue parmi eux quatre types différents ( Kickæxella, Cœæmansia, Martensella(?) Dimargaris, Dispira). Alfred FAURE, Aide-Botaniste à la Faculté de médecine. — TC Se — Géologie. — Note sur des gisements de gypse dans le terrain jurassique de l'ar- rondissement de Gap, par M. Lory (Bull. Soc. géol., 3° sér., tom. II, n° {). — Les découvertes de fossiles de la zone à Avicula contorta ont conduit à affirmer l'existence du trias et à rapporter à ce terrain la plupart des gypses de la première zone alpine, depuis la Suisse jus- qu'aux Basses-Alpes. M. Lory, dont tous les géologues reconnaissent l’autorité en ces matières, croit qu’il convient de ne pas trop généra- liser cette conclusion. Il a rencontré, dans l'arrondissement de Gap, des localités où des gisements de gypse se présentent comme appar- tenant incontestablement au terrain jurassique. Ces gypses diffèrent à plusieurs égards des gypses triasiques de la même région: ils sont plus cristallins, largement lamellaires et non grenus ou saccha- roïdes ; ils ne sont pas associés à de l'anhydrite ou à des spilites, comme le sont la plupart des gypses triasiques du Dauphiné. — Note sur les étages oxfordiens et calloviens de la Haute-Marne, par M. Tombeck (Bull. Soc. géol., 3"e sér., tom. II, n° 1). — L'auteur conclut que dans la Haute-Marne (au moins dans le nord de l'arron- dissement de Chaumont) l’oxfordien proprement dit et le callovien présentent, à partir du haut, les zones suivantes : TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. AE | to Argile à Ammonites pyriteuses, À. cordatus, À. plicalitis, À. Oxfordien..... Babeanus, A. crenatus, etc. ; 20 Marne à À. perarmalus ; 30 Calcaire marneux fissile à À. Lamberti et À. athlæta ; : 4o Calcaire marneux à À. Jason ; Callovien .... 90 Marnes ferrugiueuses à À. coronatus et À. anceps; 6° Marnes ferrugineuses à À. macrocephalus. — Histoire des terrains stratifiés de l'Italie centrale se référant aux périodes primaire, paléozoïque, triasique, rhétienne et jurassique, par M. H. Coquand (Bull. Soc. géol., 3° sér., tom, If, n° 1). — Selon M. Coquand, les cinq modifications introduites par lui, en 18%, dans la classification des terrainsstratifiés de la Toscane, sont concé- dées aujourd'hui par ses anciens adversaires. Il veut parler : 1° des marbres statuaires placés par lui dans un des termes du terrain pa- léozoïque et admis de nos jours comme carbonifères ou comme devo- niens; 2 de l'âge du calcaire rosso, qui ne peut plus être considéré comme faisant partie du jurassique supérieur, mais bien comme le représentant autorisé du lias à Gryphées arquées et du lias moyen ; 3° de la sigmification de lias supérieur que la découverte de la Posidonomya Bronni donne aux schistes bariolés et aux jaspes s'ra- tifiés qui avant étaient placés dans le terrain de craie; 4° de l'existence du trias en Toscane; 5° enfin, de l’indépendance des schistes cris- tallins par rapport à tous les terrains stratifiés, d'où la nécessité de les considérer comme primaires et non point d'en faire l'équivalent métamorphique de la craie, de l'oolithe, du trias, du carbouifère ou bien d'un des termes du devonien ou du silurien. — Sur l’agglutination par la mer de certains sables et cailloux de quartz des environs de Bône, par M. A. Papier (Bull. Soc. géol., 2" sér., tom. LIT, n° 1). — L'auteur conclut, avec M. Vélain, que l'agglutina- tion des sables, des cailloux et des blocs, dans certaines petites baies très-circonscrites, et l'espèce de lustre dont ils sont presque toujours revêtus, sont dus à une sorte de vernis, sans dotte silicaté, déposé par la mer ou l'embrundes vagues, sous l'influence d'une évaporation très-rapide. L'action de la mer n'est donc pas de détruire toujours, mais de construire aussi quelquefois. — Découverte d'une Belemnitella dans le campanien moyen de la Charente, par M. Arnaud (Bull. Soc. géol., 3m sér., tom. ILT, n° 1).— « Düt-on rattacher cette espèce à la plus inférieure de celles qui exis: tent dans le bassin parisien, elle atteste une identité d'origine con- IV. 19 274 REVUE SCIENTIFIQUE. testée par quelques géologues parisiens; quand on considère d'ailleurs qu’au-dessus du niveau où elle a été recueillie existe tout le cam- panien supérieur à Echinocorys, la zone à Orbitolites media, et par-dessus le dordonien, on saisit l'importance de sa présence pour les assimi- lations à établir entre les terrains du sud-ouest et ceux du nord de la France.» E. DuBRuEIL. — Observations sur les Oiseaux fossiles des faluns de Saucats et de la mollasse de Léognan, par M. Alph. Milne-Edwards (Ann. des Sc. géol., tom. VI, n° {). — La mollasse marine de l'Armagnac contient un certain nombre de débris de grauds Oiseaux, parmi lesquels on peut reconnaître une espèce intermédiaire entre les Albatros et les Pro- cellaires (Pétrels). Cette nouvelle espèce diffère cependant de ces Oiseaux par quelques particularités assez importantes pour qu'il soit nécessaire de la ranger dans une autre division générique, d'où le nom de Plotornis Delfortrii qui lui a été imposé par le savant professeur. Ce Voilier devait dépasser la taille des plus grands Goëlands connus, sans cependant atteindre celle des Albatros. Les faluns de Saucats ont également fourni des débris de deux espèces de vrais Procellaires, et dans les faluns de Léognan on a découvert un humérus d’une petite espèce de Fou (Sula). Les coquilles des dépôts miocènes qui contiennent ces ossements fossiles indiquent une température assez élevée et voisine de celle des côtes sénéga- liennes. Ces conditions climatériques s'accordent mal avec ce que l'on sait de la distribution géographique actuelle des Albatros, des Pétrels, des Fous. Ces Oiseaux ne dépassent guère le 30**° degré de latitude sud et abondent du 30%° au 55e degré. Une seule espèce d'Albatros fréquente les parages de la Chine, du Japon, au-delà du 30° degré de latitude nord. Il ne faut pas cependant se hâter de conclure qu'à l'époque miocène la distribution géographique de ces Voiliers était différente de celle de l'époque actuelle, car on sait que le vent ou les hasards de la pêche entraînent les espèces actuelles d'Albatros, de Fous et de Pétrels bien loin de leur aire habituelle de dispersion. — Matériaux pour servir à la description du terrain crétacé supérieur en France, par M. Hébert (Ann. des Sc. géol., tom. VI, n° 1). — Un résumé de ces matériaux, publié dans le Bulletin de la Société géo- logique, a déjà été analysé dans la Revue des Sciences naturelles (mars 1875, pag. 639); mais l'importance de ce travail, reproduit in TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 275 extenso dans les Annales, exige que nous y revenions avec plus de détail. Le bassin d'Uchaux date de la fin de la période néocomienne. Il a eu pour limites les régions voisines du mont Ventoux et d'Orange, formées des couches néocomiennes qui venaient d’être émergées. Des dépôts marins et d'eau saumâtre ont successivement rempli les dé- pressions de ce bassin, en se disposanten retrait iesunes sur lesautres. Cette disposition en retrait démontre que des mouvements lents ont amené peu à peu l'affaissement de ses parties centrales, où l'on retrouve en effet les horizons crétacés les plus récents (grès de Mor- nas, lignites de Piolenc). Plus tard, un plissement qui s'est produit vers le milieu du bassin d'Uchaux est venu changer cette disposition vénérale de convergence des couches vers le centre. Il en est résulté une ride puissante qui l'a partagé en deux bassins secondaires : l’un méridional, l’autre septentrional. Le bassin méridional seul a reçu quelques sédiments de l'époque crétacée supérieure; le bassin septen- trional est resté émergé jusqu à la période miocène. Il y a donc eu dans le bassin d'Uchaux des mouvements lents de deux sortes : mouvements généraux d’approfondissement des parties centrales, auxquels le bassin tout entier a été soumis; mouvements locaux déterminant une flexion lente, avec formation d'un pli dans ces mêmes parties centrales. Ces deux sortes de mouvements ont abouti à l'exhaussement général du bassin, suivant une loi commune à toutes les dépressions peu considérables comblées par des dépôts récents et enclavées au milieu de grandes et anciennes saillies. Le bassin d'Uchaux à été étudié par le savant professeur de la Sor- bonne, au moyen de coupes détaillées qui complètent celles qui ont déjà été données par MM. Gras, Coquand, Lory, Toucas. Ces coupes lui ont permis d'établir exactement l'ordre de super- position des couches crétacées qui y affleurent, de limiter exactement les faunes qui les caractérisent. L'étude de ces faunes est d'une grande importance, car jusqu'ici on n'avait pu établir d'une manière définitive la correspondance des couches fossilifères dans les bassins crétacés du Nord, de la Touraine, de l’Aquitaine et de la Provence. Or on sait aujourd hui, grâce aux travaux de MM. Hébert et Toucas, que dans les trois bassins de l’Aquitaine, de la Touraine et de la Provence, les horizons de l'Anorthopyqus orbicularis et de l'Ostrea biau- riculata se correspondent exactement, que la craie glauconieuse du bassin d'Uchaux contient un grand nombre de fossiles de la craie de Rouen. Ces fossiles sont, dans certains points de la Provence, mélangés à 276 REVUE SCIENTIFIQUE. ceux du gault, etce mélange a donné à certains géologues l’idée d'un passage du gault à la craie glauconieuse , d'un étage intermédiaire contenant à la fois les fossiles des deux étages, non par voie de rema- niement, mais par suite de leur existence simultanée. M. le professeur Hébert s'élève contre cette opinion et établit qu'entre le gault et la craie glauconieuse il y a une ligne de démarcation très-nette, sans horizon de passage ou étage vraconien (Renevier). Les grès à Trigo- nies de l'assise moyenne de la craie glauconieuse du bassin d'Uchaux ont égalemeut un certain nombre de fossiles communs avec les grès : du Maine, Trigonia sulcatoria , Cardium hillanum, Janira æquiecosta, Ostrea lingularis. Quant aux lignites de Saint-Pculet et de Mondra- gou, ils forment un accident particulier à ce bassin et n'ont pas d'im- portance au point de vue de la comparaison avec les autres bassins crétacés de la France. L'Inoceramus labiatus, qui caractérise si exacte- ment la base du turonien du Nord et de la Touraine, se retrouve à la base des grès d'Uchaux; les fossiles communs entre ces grès et la craie d'Aquitaine sont enfin très-nombreux. Un tableau résume les résultats de la comparaison du groupe inférieur du terrain crétacé su- périeur du bassin d'Uchaux aux groupes équivalents dans les autres bassins de la France. Le savant professeur y revient aux étages turo- nien et cénomanien de d Orbigny, en les subdivisant chacun en deux sous-étages qui correspondent dans chacun des bassins étudiés, Pro- vence méridionale, Aquitaine, Touraine , bassin d'Uchaux, bassin du Nord, à une série de formations souvent caractérisées par les mêmes fossiles : zone à Anorthopygus orbcularis (Provence, Aquitaine, Touraine); zone à /noc. labiatus (Touraine, bassin d'Uchaux, du Nord, etc. — Sur la géologie de la partie centrale de la chaîne du Caucase, par M. E. Favre (Bull. Soc. géol., 3" sér., tom. III, ne 2). — La con- stitution géologique de la chaîne du Caucase est d'une grande sim- plicité. Les roches cristallines, le granite, le gueiss, les micaschistes, les schistes cristallins, y affleurent sur de grandes étendues dans sa partie centrale. Ces roches forment deux massifs, dont l'un, orienté O. N. O.-E. S. E., sous le méridien de l'Elbrouz, constitue l'axe même de la chaîne, et dont l'autre, moins considérable, dirigé N. E.-S. O., sépare, au sud du précédent, le bassin de la mer Caspienne du bassin de la mer Noire. Ces deux massifs cristallins anciens sont flanqués de schistes gris et noirs, souvent ardoisiers, que l'auteur, contrairement à M. Abich, rauge dans leterrain de transition. Il y a en effet trouvé des traces de TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 277 fossiles correspondant à cette période géologique ; de plus, ces schistes sont recouverts, en discordance de stratification, par le terrain ju- rassique, que l'on peut diviser en deux groupes distincts: {° terrain jurassique, inférieur, du lias au bathonien, formé de dépôts littoraux, lacustres et terrestres, riches en combustible et contenant en certains points des fossiles caractéristiques des formations contemporaines d Europe; 2 terrain jurassique supérieur, du bathonien au calcaire à Ptérocères, avec faunes très-riches de l'oxforlo-callovien, du coral- lien et de l’astartien. Le terrain crétacé n’a pas le même faciès sur les deux versants de la chaîne. Sur le versant Nord, le calcaire à Caprotines manque complétement et le grès vert (gault) est immédia- tement surmonté de la craie blanche à Inoceramus Cripsii et Ananchytes. Sur le versant Sud, des marnes et des grès sans f5ssiles représentent le terrain néocomien et supportent: {° les couches à Caprotines ; 2° les couches à Ostrea Couloni, que M. Favre range dans l'aptien ou le gault ; 3° la craie à Micraster cor anguinum et Ananchytes ovata. Les formations tertiaires les plus intéressantes de la chaîne du Cau- case sout les formations miocènes (sarmatiques), riches en fossiles marins identiques à ceux des steppes du sud-est de la Russie. Les hauteurs les plus considérables de la chaîne n’appartiernent pas aux roches cristallines anciennes. Le cône de l'Elbrouz, 5,646 mè- tres, formé d'une andésite quartzifère, date de la fin de la période tertiaire ou du commencement de la période quaternaire. Les érup- tions de dolérite, de basalte, d'andésité pyroxénique du versant Sud sont probablement de la même époque. Selon M. Favre, le versant Nord n'a subi, depuis l'époque jurassique, que : 1° des oscillations lentes du sol qui ont influé sur l’horizontalité des couches sans accidenter le relief; 2° un soulèvement qui a déterminé l’exondation définitive de ces régions et la production d'énormes re- liefs. Le revers méridional, au contraire, pénétré de roches éruptives, porte des traces évidentes d'oscillations, de plissements, de fractures nombreuses qui lui ont donné une grande irrégularité. Les derniers soulèvements que l'on y observe sont évidemment postérieurs au dépôt des couches miocènes, qui sont ici fortement redressées et plissées. L'étude des glaciers du Caucase démontre enfin que cette chaîne n'est pas dépourvue de glaciers de premier ordre, dont le pied des- cend plus bas sur le versant Nord que sur le versant Sud. Leur limite inférieure est généralement de 2,015 à 2,200 mètres. Ces glaciers etles courants diluviens ont laissé de nombreux dépôts dans les vallées de la chaîne. 278 REVUE SCIENTIFIQUE. — Sur les grès de Taviglianaz dans les Alpes Bernoises, par M. de Tri- bolet (Bull. Soc. géol., 5"° sér., tom. [TT, n° 2). — Les géologues suisses sont loin d’être d'accord sur la position précise de l'étage connu sous le nom de grès de Taviglianaz. En certains points (rive nord du lac de Thoun), il paraît contenir des fossiles qui ont une grande ana- logie avec les fossiles rhétiens ou infraliasiques. Partout ailleurs il est bien supérieur à ce niveau et se trouve, soit intercalé dans le flysch à fucoïdes, soit intercalé entre le flysch et le nummulitique. Il y aurait donc deux niveaux de ce grès, et l'auteur pense que les déterminations douteuses des fossiles rhétiens ne suffi- sent pas pour faire admettre qu'il y en a un troisième niveau plus ancien encore. — Sur les caractères dela Faune erpétologique du Boulonnais à l'époque jurassique (Bull. Soc. géol., 3% sér., tom. [IT, n° ?). — Les formations jurassiques supérieures du Boulonnais, déposées non loin des côtes, sont riches en Reptiles de haute mer, en Reptiles et Tortues d'eau douce, en Reptiles terrestres et aériens. C'est à l’époque kimméridgienne surtout que ces animaux ont atteint dans ces régions le maximum de leur développement. En effet, la haute mer contenait alors 5 Plésiosaures, 3 Pliosaures, 3 Ichthyosaures. Plus près des côtes vivaient deux Tortues du genre Chelone, tandis que les lagunes d'eau saumâtre étaient habitées par deux Plesiochelys, et les eaux douces par une espèce de Trionyæx. De nombreux Crocodiliens à museau allongé ou museau court ont laissé leurs débris dans ce même terrain. Deux Dinosauriens, dont un voisin des Iguanodon, un Mégalosaure et un Ptérodactyle, complètent la série des Reptiles de cet étage. Note sur la partie moyenne du terrain jurassique dans le Berry, par MM. Douvillé et Jourdy (Bull. Soc. géol., 3% sér., tom. IX. n°2). — Les formations jurassiques intermédiaires entre les couches de marne et de lumachelles à Ostrea virgqula et les couches à Ammonites coronatus de l’oxfordien font l'objet de cette Note, destinée à établir le parallélisme des horizons géologiques compris entre ces limites dans les départements de l'Indre, du Cher, de la Nièvre, de l'Yonne et de la Haute-Marne. Aux environs de Bourges, qui ont été plus particulièrement étudiés par les auteurs de cette Note, on voit affleurer sous les couches à £xo- gyra virgula le calcaire à Astartes riche en fossiles. Il se divise en marnes et calcaires noduleux et marnes et calcaires à fucoïdes, que TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 279 l'on rencontre également dans les vallées de la Loire, de l'Indre et de l'Yonne. Les calcaires lithographiques supérieurs, le calcaire crayeux, à Spongiaires, composent la série des couches intermédiaires entre le calcaire à Astartes etles marnes à Ammonites pyriteuses. Dans cette série, le calcaire crayeux a un faciès corallien et contient des Polypiers, des Crinoïdes, des Echinides, qui ne se retrouvent pas dans les couches inférieures. Parmi celles-ci, les marnes et calcaires à Spongiaires rappellent par leur faune les couches à Spongiaires signalées depuis longtemps à différents niveaux dans le Jura blanc de l'est de la France, de la Suisse et de l'Allemagne. Dans la vallée de la Loire, la même série se retrouve, mais les cal- caires lithographiques inférieurs deviennent oolithiques ou schisteux blanchätres, tout en contenant à peu près les mêmes fossiles qu aux environs de Bourges. Dans la vallée de l'Yonne, les calcaires lithographiques supérieurs sontreprésentés par les calcaires crayeux de Tonnerre, et contiennent une faune différente de celle des calcaires crayeux de Bourges. Dans la vallée de l'Indre, enfin, les calcaires crayeux paraissent man- quer, et les marnes à Spongiaires s’atténuent beaucoup. En résumé, l'oolithe moyenne et supérieure de ces régions pourrait se diviser de la manière suivante : {° oxfordien ; 2° argovien (Z. à À. cordatus); 3° co- rallien subdivisé en trois étages; 4° kimméridgien. — Note sur l'étage oolithique inférieur dans le département des Ardennes, par À. de Lapparent (Bull. Soc. géol., 3"° sér., tom. III, n° 3). — L'oolithe inférieure du département des Ardennes a une épaisseur considérable et contient une faune très-remarquable, qui permet d'y reconnaître plus nettement que dans la Nièvre et le Calvados les divisions que Les géologues anglais, et plus tard les géologues français, ont admises pour cette partie du terrain jurassique. Le fullers earth y est particulièrement développé et consiste en alternances de calcaires jaunes à grains fins, d'argiles et de marnes oolithiques.On y trouve un certain nombre de fossiles essentiellement bajociens, tels que : Ammonites Parkinsoni, Belemnites giganteus, d'où l'utilité, selon M. de Lapparent, de relier cet horizon au bajocien plutôt qu'au bathonien. Cette solution a d’ailleurs l'avantage, dans le bassin de Paris, d'équilibrer les deux étages; sans cela, le batho- nien aurait toujours, relativement au bajocien, une épaisseur déme- surée. 280 REVUE SCIENTIFIQUE. — Note sur les puils naturels du terrainportlandien de la Haute-Marne, par M. Tombeck (Bull. Soc. géol., 3%sér., tom. LIT, n° 3).—Le terrain portlandien de la Haute-Marne est creusé de nombreux puits naturels, ordinairement évasés à leur partie supérieure, en forme d’en‘onnoir, et dont la profondeur va quelque fois jusqu'à 150 et même 200 mètres. Ils sont tantôt vides, tantôt pleins de limon diluvien ou de minerai de fer erratique. Plusieurs opinions sont en présence pour expliquer le creusement de ces puits; M. Tombeck propose la suivante : le mine- rai de fer qui remplit certains de ces puits n'a pas toujours été à l'état de limonite. Primitivement, c'était du sullure de fer, comme on l'observe encore dans certains minerais des environs de Wassy. Ce sulfure de fer, par oxydation, s'est transformé en sulfate de protoxyde de fer, qui, à son tour, passe à l’état de sulfate de sesquioxyde, qui lui- même se décomposant a laissé, d'un côté de l'acide sulfurique libre qui a creusé les puits dans le calcaire, d'un autre côté le minerai de fer, sous forme de limonite, qui s'est déposé. Ces actions épigéni- ques se seraient produites à divers intervalles et auraient amené à la longue le remplissage de certains de ces puits. L'époque quaternaire paraît surtout avoir été favorable à cette action épigénique, car le minerai de fer des puits contient des ossements d'Aurochs. — Sur le cubitus du Coryphodon Oweni, par M. G. Vasseur (Bull. Soc. géol., 3% sér., tom. IIT, ne 3). — De nouvelles recherches faites dans le conglomérat ossifère des Moulineaux, près de Meudon, ont mis l'auteur de cette Note en possession d'un cubitus presque entier du Coryphodon Oweni. L'étude de cet os démontre que dans l’avant-bras de ce Pachyderme le radius était presque indépendant du cubitus, d'où une certaine liberté de mouvements de ce membre. Cette liberté de mouvement, plus restreinte que chez les Carnassiers, -était proba- blement en rapport avec le régime omnivore et l'habitat des régions marécageuses que l'on attribue ordinairement au Coryphodon. — Note sur la géologie des environs d'Oran, par M. Bleicher (Bull. Sac. géol., 3m sér., tom. IIT, n° 3 et 4). — Dans cette Note résumée de la géologie des environs d'Oran, nous avons cherché à démontrer que les terrains les plus anciens qui affleurent autour de cette ville appartien- nent non au terrain de transition, comine on l'avait cru jusqu'ici, mais au terrain jurassique oxfordocallovien disloqué, métamorphisé, mais néanmoins fossilifère. L'étude des terrains tertiaires qui s'ap- puient directement sur le massif jurassique moyen et supérieur nous a amené à admettre qu'il y a eu dans ces régions des oscillations len- TRAVAUX FRANCAIS.— GÉOLOGIE. 281 tes qui ont fini par en amener l’exondation définitive. Les formations quaternaires terminent la série des terrains qui affleurent aux envi- rons d'Oran. Elles ont surtout le caractère détritique, soit qu'on les étudie sur le bord de la mer ou dans l'intérieur des terres. Les mou- vements oscillatoires paraissent alors avoir été très-fréquents, mais sous la forme de tremblements de terre. La faune et la flore enfin se sont considérablement modifiées dans la transition del'époque tertiaire supérieure à l'époque quaternaire ; de nombreuses espèces de coquil- les ont disparu, d'autres ont émigré vers le Sud. — Sur un Pycnodus nouveau du néocomien moyen, par M. Didelot. (Bull. Soc. géol., 3" sér.,tom. LIL, n° 4). — C'est dans une couche très- fossilifère du néocomien moyen des environs de la Grande-Char- treuse que l’auteur de cette Note a trouvé une mâchoire supérieure presque entière d'un Pycnodus (Poissons ganoïdes) de grande taille qu'il appelle P. heterodon. Grâce au bon état de conservation de cette pièce importante, il a pu étudier dans tous ses détails la dentition de ces Poissons, remarquables par leurs rangées de dents disposées en séries régulières. Les caractères spécifiques du P. heterodon le dis- tinguent nettement de ses congénères du néocomien et du portlandien. En effet, la rangée dentaire vomérienne principale, composée de grosses dents à couronne aplatie et allongée en forme de fèves à con- cavité tournée vers le museau, estinterrompue dans cette espèce, après la sixième dent, par quatre dents sphéroïdales tenant la place de deux dents allongées ordinaires et dont la largeur est égale à celle des dents ordinaires principales. Gette composition anomale de la rangée den- taire vomérienne principale a fait donner à cette espèce le nom de heterodon. — L'aachénien et la limite entre le jurassique et le crétacé dans l'Aisne et les Ardennes, par M. Ch. Barrois (Bull. Soc. géol., 3e sér., tom. ITT, n° 4).— A la base du terrain crétacé cénomanien de la Belgique etde la partie septentrionale de la France, se trouve une formation terrestre, l'aachénien, argilo-sableux, contenant des lignites et des bancs de cailloux roulés. C'est à l'action des agents atmosphériques qu'il faut attribuer la formation de ce terrain, mais on ignore quand il a com- mencé à se déposer, les couches supérieures de ce terrain étant seules fossilifères. Une partie de l'aachénien des auteurs belges est connue sous le nom de cendres (argile violacée pyriteuse); mais selon M. Bar- rois, ces cendres ne sont pas partout de la même époque, certaines d'entre elles sont jurassiques et non crétacées (départements de l’Aisne et des Ardennes). 282 REVUE SCIENTIFIQUE. En résumé, ce terrain, dû en grande partie à l’action des agents atmosphériques, s’est formé pendant de longues périodes sur le pla- teau des Ardennes, dans des conditions analogues à celles qui, dans les mêmes régions, déterminent actuellement la formation de dépôts tourbeux des Hautes-Fagnes. A l'époque du gault seulement, ce pla- teau a écoulé ses eaux vers le bassin crétacé parisien, d'où le mélange des éléments détritiques aachéniens avec les dépôts albiens et aptiens supérieurs. — Comparaison des divisions adoptées par M. Hébert pour la craie du midi de la France, avec celles adoptées par M. Coquand, par H. Coquand, (Bull. Soc. géol., 3%° sér., tom. ILT, n° 4). — On a vu plus haut (Maté- riaux pour servir à l'histoire de la craie supérieure...) que le savant professeur de la Sorbonne a, dans un travail d'ensemble sur les formations crétacées supérieures du midi de la France, démontré qu'il est possible, dans certaines limites, de la paralléliser avec la craie supérieure de la Touraine et du Nord. M. Coquand, qui successivement a étudié, de 1856 à 1860, La craie des Charentes et de la Provence, et créé pour les types spéciaux d'étages qu'on y rencontre les noms de provencéen, gardonien, campanien , angoumien, ligerien, cherche à démontrer «que M. Hébert est arrivé à des divisions identiques aux siennes, en excep- tant toutefois les grès d'Uchaux (mornasien, Coquand), qu'il a fait monter trop haut dans la série». Il constate cependant la valeur des divisions de M. le professeur Hébert, en maintenant que chacun des étages qu’il a créés a réelle- ment la valeur d’un étage et non d'un sous-étage, en raison de l'ab- sence de fossiles communs à chacun d'eux. « Il existe certainement, dit-il, bien plus de différence entre les faunes du rhotomagien et du carentonien qu'entre celles du callovien et de l'oxfordien : ces der- niers devraient descendre, à ce compte, de leur rang d'étage à celui de sous-étage. Suivant ma manière de voir, les épaisseurs n'ont aucune valeur en géologie; les faunes seules en possèdent une, que ces faunes soient réparties dans 10 ou 100 mètres de couches.» D' BLEICHER. SOCIÉTÉS DE PROVINCE, 283 Sociétés des Sciences naturelles de Province. — Decades plantarum novarum præsertim ad floram Europæ spectantes, par M. Michel Grandoger (Soc. agric., scientif. et littér. des Pyrénées- Orientales, vol. XXI, 1874). — 116 espèces de plantes nouvelles, dont 20 appartenant au genre Rosa, sont décrites dans ce travail. D'après une considération contenue dans la préface, il est facile de juger à quelle école botanique se rattache M. Grandoger. La même con- sidération avait du reste été énoncée, en 1847, par l'abbé Dupuy, dans son Histoire des Mollusques de France, qu'on pourrait, à plus juste titre, appeler Histoire des Coquilles. Déjà il avait dit que, lorsqu'on a rassemblé un groupe d'individus qui se ressemblent à peu près, il est assez indifférent de lui donner le nom d'espèce ou celui de variété, pourvu que l'on sépare assez nettement cette forme des formes voisines. On sait dans quelle multiplication malheureuse d'espèces 1l est tombé, et pourtant il avait eu le soin d'ajouter, comme condition essentielle, quil fallait que ces individus reproduisissent des individus à peu près semblables. — Ce Mémoire est précédé de la Description, par M. A. Debeaux, d'une nouvelle espèce de Rose des Pyrénées-Orientales, description dont la Revue a déjà rendu compte. — Glossaire mycologique, étymologie et concordance des noms vulgaires ou patois avec les noms français et scientifiques des principaux Champi- gnons alimentaires et vénéneux du midi de la France, par M. Casimir Roumeguère (Soc. agr., scientif. et littér. des Pyrénées-Orientales, Id). — L'auteur avait souvent constaté que le même nom, usité dans des localités assez voisines l’une de l'autre, s'adressait à des espèces bota- niques différentes. C'est à combler cette lacune qu'est destiné le glossaire en question. — Faune entomologique du département des Pyrénées-Orientales, par M. Paul Pellet (14. — Id.). — Dans cette partie de ce Catalogue des- criptif, sont énumérées 60 espèces de Carabides, dont aucune n'est nouvelle pour la science, appartenant aux genres Omophron, Notio- philus, Elaphrus, Loricera, Cychrus, Procrustes, Carabus, Calosoma, Nebria, Leistus, Odocantha, Drypta, Zuphium, Polystichus, Aptinus, Brachinus. Dans cette liste, figurent certaines espèces de Cychrus et de Carabus, de Zuphium et de Polystichus qui n’ont pas encore été trou- [AS] 284 REVUE SCIENTIFIQUE, vées dans les Pyrénées-Orientales, mais que l'on y rencontrera pro- bablement, puisqu'elles habitent les départements limitrophes. — Catalogue de Mollusques marins du Gard, par M. C. Clément (Soc. d'Étud. scientif. de Nimes, 1875). — Le littoral du Gard n’a pas une trop grande étendue. Le Rhône mort le borne à l'Est, et il est limité à l'Ouest par une ligne qui va de l'extrémité de l’étang du Re- pausset à la mer, un peu avant l'emplacement de ce qui fut le Grau Louis. IL est bordé vers l’intérieur par une ligne à peu près ininter- rompue d'étangs salés, dont les principaux sont l'étang du Repaus- set et du Repau. Cet aperçu géographique suffit pour justifier le nombre peu consi- dérable de Mollusques ui se trouvent sur le littoral du Gard. En effet, l’auteur se borne à en énumérer 173 formes différentes, toutes connues des malacologistes, en nous faisant remarquer que ces for- mes marines atteignent le chiffre de 532 pour la Corse, d'après Re- quien; de 481 pour les Alpes-Maritimes, d'après Risso ; de 326 pour le Var, d’après Doublier. — Note sur la Parthénogénèse, par M. Clément (Soc. d'Étud. scientif. de Nimes, 1875).—«.... D'après l'hypothèse de M, de Quatrefages, con- firmée par les récentes recherches de M. Balbiani, cette infraction à la loi de sexualité ne doit être considérée que comme une exagération de l'activité propre de l'œuf. À un moment donné, la vésicule ger- minative ou de Purkinge, formée à l'un des pôles de l'ovule, se con- Juguerait avec la cellule embryogène ou cellule de Balbiani, après s être détachée des parois du follicule ovarique. C'est cette conjugai- son qui produirait la préfécondation. » — Notice sur la zone à Avicula contorta de Boiscommun, près d'Alais (Gard), par M. L. de Sarran (Soc. d'Étud. scientif. de Nimes, 1875).— M. Garreau de Dombasle a découvert, non loin d'Alais, une monta- gne où cet horizon géognostique se montre bien accusé et très-fossi- lifère. — Note sur le Tænia de l'Algérie, par M. Cauvet (Bull. Soc. algérienne de climatol. etc., 1874). — Le Bulletin emprunte à la Gazette médicale de Paris (13 août 1874) l'analyse suivante d'une Note de M. Cauvet : « La Note de M. Cauvet a trait à deux points de l'histoire Cu Tænia. En premier lieu, il a constaté que sur quatorze cas de Tænia obser- vés par lui en Algérie, il n’a trouvé qu'une fois le Tænia solium ou le Bothriocéphale, et que, contrairement à l'assertion des médecins mili- | SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 285 taires français, il a trouvé le Tænia mediocanellata. La description détaillée qu'il donne du parasite observé par lui n'offre du reste aucun doute. »La deuxième question, bien autrement importante, est celle-ci, qui est relative à l'étiologie de l'infection. »L'auteur ayant interrogé des Israélites, des Européens, des Arabes, etc., avait recu de toutes ces personnes la même réponse. Chez toutes, la présence du Tænia était dénotée par la sortie de cucurbitains isolés, et l'on sait que chez le Tænia inerme les seg- ments se détachent, en général, isolément. »Il était donc à supposer que chez toutes, le parasite était de la même espèce. Or, si quelques-unes mangent parfois du Porc, leur religion défend aux autres d’en manger, et il fallait chercher ailleurs que dans le Porc la cause de l'infection. » Les ouvrages spéciaux abondent en faits qui semblent prouver que le Tænia inerme provient du Bœuf, et les expériences de Leukart ne laissent aucun doute sur ce sujet. Mais personne n'avait pu trouver chez le Bœuf le cysticerque du Tænia inerme. L'auteur croit l'avoir trouvé dans le diaphragme de cet animal. »Le cysticerque se présente sous la forme d’une vésicule ovoïde, longue de un centimètre. Cette vésicule, ouverte et examinée à la loupe, présente une membrane amorphe , à laquelle adhère une deuxième vésicule de la dimension d'un grain de chènevis. Cette der- nière présente dans son intérieur un corps allongé, adhérant à sa paroi interne par une de ses extrémités, tandis que l’autre extrémité, munie de quatre ventouses et privée de crochets, paraît constituée d’une manière analogue à la tête du Tænia mediocanellata.» — L'Acarus urticans, nouveau parasite de l'Homme, découvert par M. le D' Nouffert (Bull. Soc. climatol. algérienne, 1874). — Cet Aca- rien, qui s'était multiplié en quantité innombrable dans une vingtaine de sacs d'orge, est muni d'un sucçoir court el très-fin. L'auteur n’a pu reconnaître si ce suçoir est composé d'un ou de deux acicules. Un léger resserrement distingue le thorax de la tête, qui présente deux yeux latéraux. Le corps, couvert de papilles soyeuses allongées dans l'axe du corps et régulièrement cloisonnées, se termine par quatre soies, dont deux plus longues. Cet animal, d'une extrême vivacité, se meutpar petits bonds favori - sés par les longues soies élastiques dont sont munies les extrémités de la première et de la dernière paire de pattes, et parles crochets très- fins ges pattes antérieures ; il est remarquable par l'éloignement des 286 REVUE SCIENTIFIQUE. deux paires de pattes postérieures des deux paires antérieures, et, selon l’auteur, paraît se rapprocher des Mégamères ou des Tetranychus de Dugès, et appartenir à la famille des Acarides de Latreille. M. Nouffert se demande si l'on ne devrait point attribuer à cet Aca- rien, dont la présence produit chez l'Homme une éruption accompa- gnée d'une cuisson insupportable, ou à un Acarien du même genre, la gale des Chevaux, des Mulets, des grands Ruminants? « Ces dé- mangeaisons qui les portent à se frotter à tous les corps durs à leur portée, et quise produisent au moment du battage des grains et lors- que ces animaux couchent dans le voisinage des meules de teben, ne sont point accompagnées de vésicules ou de pustules qui caractéri- sent la vraie gale, celle du sarcopte, et se dissipent à la fin des tra- vaux de la moisson, lorsque ces auxiliaires de l'Homme sont rendus à la liberté du pacage.» — Nous croyons utile de compléter la Communication de M. P. Ger- vais à l'Académie (15 février 1875.— Voir Rev. des Sc. Natur.), en repro- duisant les renseignements que nous donne M. Thomas (Bull. de la Soc. des Sc. phys., natur. et climatol. d'Alger, 1875, 1# trim.) sur les lieux et la nature des terrains où a élé faite la découverte des dé- bris fossiles de Bubalus antiquus Duvernoy. « La position même du plateau de Djelfa au centre d'une ceinture rocheuse presque complétement fermée au Nord, à l'Est et à l'Ouest, sa pente régulièrement inclinée vers le Nord, la nature de son sol tout entier formé de terres alluviales profondes, tout prouve que le pla- teau actuel de Djelfa a été occupé autrefois par un lac servant de récipient aux eaux qui forment aujourd'hui l'Oued Djelfa. Peu à peu ces eaux, rompant l'étroite digue rocheuse qu'elles rencontraient au Nord-Ouest, vers la maison du bach-agha, se sont pratiqué un écou- lement régulier dans cette direction, et alors le niveau du lac, baissant progressivement, à mesure que seseaux trouvaientune voie d'échappe- ment plus profonde et plus large, a fini par se réduire au thalweg actuel de l'Oued-Djelfa supérieur. Maisle tarissement du lac ne s'est point fait sans une perte considérable des alluvions qu'il avait accu- mulées dans son lit; aussi ces alluvions remplissent-elles aujourd'hui la grotte profonde et très-inclinée qui au-dessous de la maison du bach-agha sert de lit à l'Oued-Djelfa inférieur et de passage à la route d'Alger à Laghouat. » C’est dans les alluvions les plus anciennes de ce lit inférieur que gisent aujourd hui les débris de fossiles de Bos antiquus dont la tête est en ce moment déposée à l'Exposition permanente d'Ajger. SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 287 Les alluvions sont de deux sortes : tourbeuses et marneuses. Les pre- mières sont enfoncées profondément sous les secondes, et elles af- fleurent au niveau actuel de la rivière, à une profondeur qui varie avec la hauteur des berges, laquelle atteint en quelques endroits 15 à 20 mètres. Les marnes, plus ou moins encaissantes et anciennes, qui constituent les berges actuelles de l'Oued-Djelfa au-dessous de la maison du bach-agha, ont une puissance considérable... Elles re- posent sur un lit de tourbe de 1 mètre de puissance en moyenne... A sa base, cette tourbe est noire, compacte, liante, fétide et remplie de détritus végétaux , de coquilles entières de Mollusques terrestres (Hélices, Bulimes, petits Bivalves, etc.). C'est dans cette partie sur- tout que l’on rencontre les ossements fossiles. » — Anomalies par hypergénèse dans divers verticilles de l'Érable syco- more (Acar pseudoplatanus), par M. Ch. Musset (Mémoires de l'Acad. des Sc.,Inscript. et Belles-Lettres de Toulouse, 1874). — Ces anomalies con- sistent dans l'augmentation des organes de plusieurs verticilles que l'on rencontre échelonnés depuis la graine jusqu’à la fleur, en passant par les feuilles. Parmi les hypothèses qui se présentent pour donner la raison de ces faits tératologiques, celle de la multiplication des organes, appelée dédoublement par Moquin-Tandon, et chorise par Dunal, paraît devoir être adoptée. Toutefois, le mot chorise ne rend pas complétement compte du phénomène dont il est question ; ce mot signifie en effet division, et division d'un organe composé, tandis que pour M. Musset il peut bien y avoir augmentation par chorise enten- due dans le sens précédent , mais il y a aussi une augmentation du nombre des organes indépendante de toute division d’un organe simple; c'est une formation propre, per se, qui n’a rien emprunté aux organes voisins et similaires, restés entiers, sans un élément en plus nien moins. Dans ce cas, il y a eu dans les tissus d'où ces orga- nes nouveaux et adventifs sont sortis, une augmentation de cellules formées par une accumulation surabondante«du protoplasma, que l’auteur désigne sous le mot significatif d'hypergenèse, déjà depuis quelque temps employé par les anatomistes de la nouvelle école ; car c'est bien en réalité à un excès d'éléments anatomiques dans un tissu que nous avons à demander la solution du problème proposé. — Étude sur la caverne de l'Herm, particulièrement au point de vue del’âge des restes humains qui en ont étéretirés, par M. J.-B. Noulet(Jd.). — Cette caverne, qui a déjà fait l'objet de plusieurs travaux, a été explorée avec un très-grand soin par M. Noulet, en 1862 et les années suivantes. 288 REVUE SCIENTIFIQUE. La caverne, dont l'entrée se trouve dans la direction du N.-E. est creusée dans un calcaire siliceux, d’un gris sale, dur et com- pact; ilest d'origine marine et appartient au terrain crétacé. Les strates qu'il présente, et dont l’ensemble offre une épaisseur d'une centaine de mètres, sont un exemple à ajouter à tant d’autres, dans nos Pyrénées, de ces plissements, dislocations et fractures qui doivent être considérés comme la cause première des vides souvent spacieux que l’on rencontre dans la profondeur des massifs calcaires de ces montagnes. Après avoir donné une idée sommaire de la disposition de ce vaste souterrain, M. Noulet nous fait connaître les restes d'ani- maux qu'il y a trouvés, en les répartissant de la manière suivante : 1° Animaux éteints, n'existant plus dans la nature actuelle et ayant vécu aux temps quaternaires : Ursus spelæus, Hyæna spelæa, Felis spelæa, Felis antiqua, Felis servaloïides, Rhinoceros tichorinus. — 2° Animaux encore vivants, mais anéantis dans les Pyrénées francaises : Bos priscus, Cervus elaphus, Cervus tarandus. — 3° Animaux appartenant à la faune sauvage actuelle des Pyrénées : Ursus arclos, Canis lupus, Canis vulpes, _Lutra vulgaris. — 4° Animaux tenus actuellement à l'état de domesticité, et, ce titre, utilisés par l'Homme : Canis familiaris, Equus caballus, Sus domesticus, Bos Taurus, Capra hircus, Ovis aries. A cette liste viennent s'ajouter de nombreux débris d’ossements humains, recueillissurtout dans la partie de la caverne ditele Vestibule, et dont la présence avait été déjà constatée par MM. Rames, Garrigou et Filhol. Parmi ces débris, très-peu de fragments de la tête ontété trouvés, et aucun d’eux n'est suffisant pour permettre d'apprécier, même approximativement, la forme du crâne et le caractère de la face. L'auteur attribue à l'action d'un petit Rongeur les impressions offer- tes par trois portions de corps d'humérus, et repousse ainsi l'accusa- tion d'anthropophagie portée contre les anciennes peuplades ayant fréquenté les cavernes des Pyrénées. C'est dans une couche de terreau noir et gras, souvent creusée de cendres et de charbon, et superposée à une zone d'argile jaune, que ces débris humains ont été rencontrés ; ils étaient accompagnés de restes de l'industrie humaine, consistant en tessons ou tets de poterie, en os ouvrés, en pierres également façonnées de main d'homme, et en un seul anneau de bronze. Le rapport de ces objets avec d'autres déjà connus conduit M. Noulet à considérer le Vesti- bule comme un lieu de sépulture. — Une excursion botanique à Cascaltel, Durban et Villeneuve, dans les Corbières, par M. E. Timbal-Lagrave (1d.). — Depuis Pourret, qui SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 289 herborisait dans les Corbières en 1781, cette partie des Pyrénées semble être abandonnée des botanistes. On ne trouve de renseigne- ments sur les végétaux de cette contrée que dans le Catalogue des plan- tes pyrénéennes publié par Bentham en 1825. Grenier et Godron, dans la Flore de France, ont signalé une grande partie des plantes de Pourret. C'est cette portion de la chaîne des Pyrénées que M. Tim- bal-Lagrave a parcourue et qu'il a entrepris de faire connaître aux botanistes. — Études sur un pygopage humain né à Mazières (Ariége), par MM. Joly et Peyrat (Wémm. de l’Acad. de Toulouse, 1874). — Plus heu- reux que Geoffroy Saint-Hilaire, qui n'avait vu ce genre de monstres établi par lui dans la famille des monstres doubles eusomphaliens, MM. Joly et Peyrat ont pu observer un pygopage humain bifemelle, né à Mazières en 1869, et n'ayant vécu pas plus de trente heures. Ge monstre réunit en lui toutes les particularités essentielles qui distin- guaient la double fille hongroise qui vers le commencement du xviue siècle attira si fortement l'attention générale, et ressemble aussi presque traits pour traits à la double fille américaine dont nous ont entretenu, il y a peu de mois, les journaux de la capitale. Il à deux têtes, quatre bras, quatre jambes, deux ombilics bien distincts, et appartient au sexe féminin. « Donc, rien d'anormal en réalité, si l'on excepte la soudure qui réunit les deux sujets l'un à l’autre dans la région fessière, et les conséquences qui en résultent relativement à la conformation de l'appareil sexuel.» Les auteurs du Mémoire se sont vus dans l'impossibilité de livrer au scalpel le double monstre de Mazières; cependant ils ont pu recon- naître, à n'en pas douter, que les organes sexuels se composaient d'une vulve unique bien conformée, mais ils ignorent complétement si le vagin, unique à son orifice extérieur, se bifurquait pour se rendre à deux utérus distincts. Un seul anus existait pour les deux individus. Aucun renseignement n'a pu être donné sur le système vasculaire. Tout porte à croire que les deux bassins étaient soudés à partir de la première ou de la deuxième pièce du sacrum, et terminés par un CocCyx unique. MM. Joly et Peyrat, après une savante discussion, concluent que la diploptérie, chez les monstres eusomphaliens, résulte de la présence de deux embryons complets dans un même œuf enveloppés dans un même amnios, et réunis l’un à l'autre à une époque plus où moins rapprochée des premiers temps de leur évolution embryonnaire. Dans un nouveau Mémoire sur le même sujet, nous trouvons con- IV. 20 290 REVUE SCIENTIFIQUE. fismées, par l'examen des débris du squelette du pygopageen question, les appréciations citées plus haut, ainsi que d intéressants détails sur Christine Millie. — Sur le gault et sur les couches entre lesquelles il est compris dans le bassin de Paris, par M. Ch. Barrois (Ann. de la Soc. géol. du Nord, novembre 1874). — On sait que l'étage du gault, reconnu par Wil- liam Smith comme horizon géologique distinct, est continu sur pres- que tout le pourtour du bassin de Paris. C'est sur cet étage et sur les couches entre lesquelles il est compris que roule le travail très-remar- quable de M. Ch. Barrois. Il établit que dans le bassin de Paris la zone à Ammonites inflalus est très-distincte du gault, et que cette zone, premier dépôt de la mer glauconieuse, en diffère par son exten- sion géographique, par les conditions où elle s'est effectuée, et par sa faune. La zone à Ammonites inflatus est le commencement d'un étage nouveau, celui de la craie glauconieuse ; mais entre la craie olaucouieuse et le gault il y a une limite importante et réelle, facile- ment reconnaissable non-seulement dans le bassin de Paris, mais encore dans tout le nord de l'Europe. Pour M. Ch. Barrois, l’étage dans le bassin parisien est l'ensemble des dépôts formés entre deux oscillations ascendantes successives, oscillations ayant fait sentir leur effet dans le bassin entier. A ce titre, le gault n'a pas la valeur d'un étage : il correspond à une oscil- lation ascendante ou demi-oscillation. L'aptien ne forme pas non plus un étage, et on est conduit, par l'étude des mouvements du sol, à considérer l'étage du gault comme formé par l'aptien et l'albien réunis. Compris ainsi, le gault s'est formé dans le bassin de Paris pendant une oscillation complète; pendant le gault inférieur (aptien), les couches s'étendent de plus en plus; pendant le gault supérieur (albien), les couches sont en retrait les unes sur les autres. Après l'oscillation ascendante du gault supérieur, s’est produite l'invasion de la mer de la craie glauconieuse (cénomanien). M. Ch. Barrois a pu suivre pas à pas l'étage du gault dans le bas- sin de Paris et mettre ainsi en lumière certains détails qui avaient échappé aux auteurs de monographies publiées sur le même étage. — Les Reptiles du terrain crétacé du N.-E. du bassin de Paris, par M. Ch. Barrois (Bull. stient., histor. el littér. du Nord, avril 1875).— L'auteur a constaté la présence, dans cette partie du bassin parisien, des Reptiles suivants : Plesiosaurus pachyomus Owen, P. latispinus Owen, Poly- ptychodon interruplus Owen, Ichthyosaurus campylodon Owen, Chelone, SOCIÉTÉS DE PROVINCE. 291 voisine de la Chelone Benstedi Owen, Mosasaurus Camperi V. Mayer, Megalosaurus, Hylæosaurus armatus Mant., Plerodactylus giganteus , PI. Sedgwichir Owen. Trois dents de Plésiosaures, s'éloignant de tous les genres jurassiques par leur taille incomparablement plus petite, ont été recueillies à Granpré, dans les sables à Amm. mamillaris : les Plésiosaures n'avaient pas encore été signalés dans le terrain cré- tacé. Enfin, M. Ch. Barroiïis a eu la bonne fortune de rencontrer parmi une belle série de dents de Mosasaurus Camperi provenant de Ciply, une dent qu'il rapporte au M. Mazimiliani Gold., espèce qui n'avait pas encore été trouvée en Europe. Ilest à remarquer que dans le même bassin, des assises entières du terrain crétacé n’ont pas fourni un seul reste de Reptile. E. DuBruEzIL. BULLETIN. BIBEIOCGEAPETE.. Étude des premiers phénomènes de développement de l'œuf de l’'Anodonte!, par le Professeur W. FLemmiwe (de Prague), Analysé par H. LELOIR, Étudiant à la Faculté des Sciences de Lille.: — L'œuf ovarien mûr de l’Ancdonte présente à peu près 0,""250 de diamètre et se compose d'une fine membrane, d’un contenu liquide albumineux et d’un vitellus opaque et globuleux comprenant à peine le quart de la cavité qu’entoure la membrane. Un des pôles du vitellus (que dès à présent, pour plus de clarté, nous appellerons pôle supérieur,) est attaché à la membrane de l'œuf; ce pôle correspond au micropyle. La vésicule germinative se trouve au pôle dont nous venons de parler. La tache germinative (nucléole) a, même dans les plus jeunes œufs, Ja forme de deux sphères appliquées l’une contre l’autre; ces sphères sont souvent d’un volume inégal. On ne peut dire, avec Hessling et Keber, que la tache germinative s'est augmentée, car on la trouve sous cet aspect même dans les jeunes œufs; la segmentation devrait donc durer plus d'un an. Dans la plupart des œufs ovariens observés au commencement du sors ce, 1 Uber die ersten Entwislungserscheinungen an Ei der Teiswuschel-Archive de Max Schecltage, Bd. 10, p. 257, +9 292 BULLETIN. printemps, on trouve une ou plusieurs vésicules étudiées d'abord par Hessling, qui erut à tort pouvoir les comparer aux corpuscules polaires. Pour Flemming, ces corps ne sont que des portions du vitellus expulsées de son intérieur. Le vitellus, comme l’a très-bien reconnu Hessling, n’est pas pourvu d'une membrane : la seule membrare existant est la membrane de l'œuf dont nous avons parlé. Cette membrane de l’œuf d’Anodonte, comme celle de beaucoup de Mollusques, au contraire des autres animaux, est, même chez les œufs ovariens, gonflée par un liquide albumineux qui la sépare de l’œnf proprement dit. C’est ure membrane vitelline, au sens de M. E. van Beneden. M. de Lacaze-Duthiers aprelle cette membrane, wne enveloppe qui ne fait pas partie des éléments de l'œuf; d'après lui, l'œuf se développe dans ure cellule épithéliale des culs-de-sac ovariens et fait saillie dans la lumière de ces tubes glandulaires. Il laisse indécise la question de savoir si la membrane vitelline est un reste de la cellule mère, ousi elle est formée parune couche spéciale tapis- sant les parois de l’épithélium. M. de Lacaze-Duthiers dessine (PI. VIH, fig. 13) une coupe théorique d’un cul-de-sac ovarien de l’Unio dans laquelle ne figure pas de cuticule épithéliale, mais bien une membrane de l'œuf dont le pédoncule se confond avec la substance de l’épithélium. De semblables rapports seraient entièrement incompréhensibles au point de ue de l’histologie. La coupe est en effet théorique, car il est impossible de voir in na- turà l'épithé:ium à plusieurs couches dessiné de profil sur la #g. VIT etde face sur la /ig. V, malheureusement reproduite dans l'ouvrage de Bronn. La paroi interne des lobules de l’ovaire est tapissée par une couche uni- que qui est bien l’homologue d’un épithéliun ovarien, mais dans laquelle on ne peut distinguer des ce:lules nettement séparées. On ne peut mieux la dépeindre que par cette expression de E. van Beneden, wn protoplasma commun à noyauæ. Outre ces noyaux, on y voit aussi une masse énorme de corpuscules brillants et de sphères granuleuses dont M. de Lacaze- Duthiers ne dit pas un mot, bien qu'elles aient été antérieurement décrites avec soin par Hessling. Flenming se range à l’avis d'Hessling, qui consi- dère l'œuf comme dérivant de l’un des noyaux dont nous venons de parler, et il insiste principalement sur ce fait que la membrane se mon- tre déjà sur les plus jeunes œufs sous forme d'un bord délicat entourant la substance cellulaire. Que cette membrane soit un produit de la sub- stance cellulaire ou qu’elle résulte d’un dépôt du plasma ambiant, c'est ce qu'on re peut dire; mais en tout cas, les dessins de M. de Lacaze- Datliers ne concordent avec aucune de cesdeux explications. BIBLIOGRAPHIE. 293 Quant au micropyle, il apparaît comme un prolongement, en forme de cheminée, de lamembranede l'œuf. Il contient souvent un corps lenti- eulaire que Keber a pris à tort pour une tête de spermatozoïde. Ce corps est probablement en rapport avec la nutrition de l'œuf. Quelques mots sur la fécondation de l'œuf d'Anodonte. La fécondation ne se fait pas librement dans l’eau, mais très-proba- b'ement dans les branchies, comme l'avait si bien fait remarquer Baér. Les œufs d’un animal pénètrent dans les branchies de cet animal, et là rencontrent les spermatozoïdes. Passons maintenant à l’étude des premiers phénomènes de dévelop- pement de l'œuf. Le vitellus, sombre et globuleux, tout à fait semblable à celii de l'œuf ovarien, est, dans tous les œufs, suspendu à la membrane de l'œuf, au pôle correspondant au micropyle. Au pôle opposé à celui-ci (pôle inférieur), on trouve dans beaucoup d'œufs un appendice hyalin qui sem- ble attaché au vitellus. Ayant placé ces œufs dans une chambre humide, Flemming put suivre les phénomènes suivants: un grand nombre de vite!- lus offraient à leur pôle inférieur une sorte de mamelon hyalin. Au milieu de ce mamelon se trouvaient souvent des corpuscules analogues aux petits corpuseules vitellins. Dans aucun œuf on ne rencontrait un noyau, mais dans beaucoup d'œufs, à leur partie inférieure, on voyait une place plus claire. Le mamelon (Richtungshorper, corpuseule de direction) se teint, beaucoup plus que le reste du vitellus par la fuchsine: il est la partie la plus résistante de l’œuf, possède dans son intérieur de petits corpuscules qui ne sont par des vacuoles, et n’est pas entouré d’une membrane. Au bout d'un certain temps, avant la segmentation du vitellus, nous voyons deux corps directeurs. Ces derx corps proviennent-ils de la sez- mentation du mamelon primitif ou de l'expulsion d’un nouveau corps hors du vitellus ? Flemming croit que la tache blanche observée au pôle inférieur du vitellus n’est autre que ce dernier corps. Après un certain laps de temps, ces deux corps se détachent compléte- ment du vitellus, se séparent, passent à l’état sphéroïdal, possèdent sou- vent une enveloppe et contiennent des corpuscules brillants, ronds ou polygonaux. Puis, ils disparaissent complétement. Ces deux corps (Richtungshkorper) ne sont que des produits trans- formés de la vésicule germinative. Je rappellerai à ce sujet que dans son beau travail sur l’'embryogénie de la Truite, Œllacher prouve que les corpuscules expulsés (corpuscules polaires de Robin) ne sont autre chose que le contenu de la vésicule 294 BULLETIN. germinative. Ainsi donc, les observations de Flemming sur les œufs d’Anodonte concordent avec celles d'Œllacher; elles concordent aussi avec celles de Lowen. Étudions maintenant les phénomènes de segmentation de l'œuf. En observant les œufs peu après l'apparition du mamelon dont nous venons de parler, Flemming vit attachée à la sphère vitelline, à côté du mamelon, une deuxième sphère dont le diamètre était de moitié plus petit que celui du globe vitellin primitif. Chacune de ces sphères conte- nait un noyau que l’on pouvait apercevoir par pression; ces noyaux con- tenaient un ou deux nucléoles. Puis la deuxième cellule prend la forme d’une demi-lune attachée par sa base à la grosse cellule, dont elle était séparée par un espace clair. On voit ensuite l'œuf sewmenté en quatre cellules, abstraction faite des corpuscules polaires, qui sont expulsés et ne tardent pas à dispa- raitre. Les trois cellules inférieures proviennent de la division de la deuxième cellule, car Flemming a trouvé des œufs dans lesquels cette cellule, non encore divisée, contenait trois noyaux. Ceci prouve de plus que la for- mation des noyaux précède la division. Des trois cellules provenant de la division de la deuxième cellule, la première est la plus grande; puis vient la deuxième, et enfin la troi- sième. Elles forment, par leur juxtaposition, une sorte de croissant divisé en trois parties égales. L’embryon est dès-lors orienté suivant son axe dorso-ventral. On trouve parfois, dans ces embryons à quatre cellules, l’une ou l’autre des cellules dépourvue de noyau. Puis les trois petites cellules se divisent et se subdivisent, et forment une partie claire inférieure. La grande cellule se segmente aussi, mais beaucoup plus lentement. Ce mode de développement ne nous rappelle pas du tout la segmenta- tion en cellules égales observée par Hessling sur l'Ostrea margaritana, et s’écarte aussi des résultats obtenus par Lowen pour l'embryogénie du Cardium et de la Modiola. Un des faits les plus intéressants du travail de Filemming est le #70de de formation du nouveau noyau. C'est en employant la compression que Fiemming est arrivé à un résultat inespéré sur la connaissance du mode de reformation du noyau. Nous avons dit que souvent, dans les embryons composés de quatre cellules, il s'en trouvait ure sans noyau. Mais chez un grand nombre de ces cytodes, Flemming vit au centre deux taches claires, sans granula- BIBLIOGRAPHIE. 295 tions, d’où partaient vers la périphérie des rayons de substance claire également sans granulations. Jamais il ne rencontra queique chose de pareil chez les ceilules pourvues de noyaux. A cet état en succède un autre, dans lequel la cellule contient deux noyaux. On a tantôt affirmé, tantôt nié que les noyaux des cellules disparais- saient complétement. Van Beneden affirme que si la vésicule germinative semble disparaître un certain temps, c’est qu'elle devient centrale, de périphérique qu'elle était. _ Œlacher, au contraire, prouve que la vésicule germinative disparaît pour de bon, expulsée de l’intérieur du vitellus. Les faits observés par Flemming nous montrent que les cellules de sezmentation de l’œuf de l’Anodonte passent vraiment par des états dans lesquels elles n’ont pas de noyau. Ils nous montrent de plus un état dans lequel on voit le protoplasma de la cellule s’amasser autour de deux centres, qui, comme tout le monde le pensera bien, sont les centres de formation de deux nouveaux noyaux. Pour Fiemming, le noyau doit disparaître non-seulement dans les ce!- lules de segmentation, mais dans l’œuf lui-même. Il est encore en cela d'accord avec Œllacher. Quant à l'opinion d'Œllacher et de van Beneden, qui prétendent que la vésicule germinative se comporte de même chez tous les animaux, elle ne lui paraît pas encore établie, car rien ne prouve que certains animaux ne puissent commencer leur vie par l’état de simples cytodes, et d'autres par l’état de cellules véritables. Résumons en quelques mots les principaux résultats de ce travail. 1° L’œuf de l’Anodonte (œuf proprement dit) passe, avant sa première segmentation, par un stade dans lequel il est dépourvu de noyau. 2° Pendant ce stade, on voit expulsé du vitellus un corps (Richtungs- blaschen, corpuscule polaire de Robin) qui n’est autre qu’une portion ou Ja totalité du noyau modifié. La membrane du noyau a disparu ; le cor- puseule polaire apparaît au pôle de l’œuf opposé au micropyle, se dé- double et disparaît. 3° On voit apparaître ensuite, à côté du corpuscule polaire, une deuxième cellule plus petite et plus claire que la première, qui s'attache à cette première cellule. Toutes deux possèdent maintenant un noyau. 49 Cette deuxième cellule se divise ensuite en trois cellules qui se subdivisent après elles-mêmes et forment la grande masse claire infé- rieure de l'embryon, pendant que la grande cellule se divise aussi, mais plus lentement. 296 BULLETIN. 5° Pendant cette division, le noyau a disparu. On voit apparaître alors deux noyaux dans chaque cellule, qui se divise alors seulementque ces noyaux sont apparus. On ne voit jamais des noyaux se diviser véri- tablement. 6° Pendant le temps écoulé entre la disparition d’un noyau et l'appa- rition de deux autres noyaux, on voit se former dans le milieu de la cel- lule deux centres composés d’une substance dépourvue de granulations, d'où partent des rayons également dépourvus de granulations. 79 La fécondation chez l’Anodonte se fait dans les conduits branchiaux ou dans les branchies. 8° Le corps étudié par Hessling dans l'œuf ovarien se trouve au printemps dans l'œuf de l’Anodonte, et ne doit pas être confondu avec le corpuscule polaire. 9 Le corps étudié par Keber dans le micropyle n’a aucun rapport avec les phénomènes de fécondation, mais joue peut-être un certain rôle danë la nutrition de l’œuf. - Études sur la position stratigraphique des tufs de Meximieux, de Perouge et de Montluel, par M. A. Fazsawi, Nous extrayons les lignes suivantes de ces savantes Études: «M. le D' Paladilhe? a cherché récemment à prouver que les marnes de Hau- terives étalent parfaitement synchroniques des couches à Potamides Basteroti de Montpellier. Mais, dans sa Note sur Les terrains tertiai- res supérieurs de Théziers?, M. Tournouer hésite à adopter cette con- clusion. D’après ses recherches, celles de M. de Saporta et les miennes, il admet que les marnes de Hauterives sont de l’âge des sables de Trévoux et des travertins de Meximieux. Mais la flore de Meximieux ayant été rangée par M. de Saporta sur l'horizon d’Asti ou du pliocène moyen du val d’Arno, il faudrait par conséquent rajeunir les marnes de Montpellier, ce qui serait en contradiction avec les appréciations de MM. Gervais et Gaudry. » Cette difficulté peut disparaître, car ayant communiqué à M. de Sa- porta les résultats de mes dernières recherches stratigraphiques entre- prises à Hauterives même, et qui ont confirmé les rapports que j'avais déjà aperçus entre T'évoux, Meximieux et Hauterives, mon savant con- 1 Lyon, Genève, Bâle. H. Georg, libraire-éditeur, 1875. 2 Études sur les coquilles fossiles contenues dans les marnes pliocènes lacustres des environs de Montpellier (Rev. des Sc. natur., 1873, tom. IT, pag. 38). 3 Bul. Soc, géol., 3ne sér., tom. II, pag. 294. À BIBLIOGRAPHIE. 297 frère d'Aix m'a répondu qu'il approuvait les conclusions que j'avais adop- tées en dernier lieu pour le classement de Meximieux. Les horizons que marquent les plantes, m'écrivit-il, sont généralement exacts, mais toujours un peu flottants, par la raison que la végétation s'est tou- jours modifiée plus irrégulièrement et moins brusquement que le monde des animaux. Je ne vois donc aucune anomalie & ranger Meximieux dans le pliocène inférieur. > L'’obstacle présenté par la classification des travertins de Meximieux ayant disparu, les conclusions de M. le D' Paladilhe peuvent être revar- dées comme l'expression de la vérité. Il devient donc possible d'établir, dans la partie supérieure des terrains tertiaires, un niveau défini qui apparaît dans tout le bassin du Rhône, depuis la rivière d’Aix jusqu’à Montpellier. » La stratigraphie, la paléontologie animale et même la paléontologie végétale s'accordent pour permettre de réunir dans le même ensemble les marnes d'Hauterives, les sables ferrugineux qui les recouvrent, ainsi que les travertins de Meximieux, contre lesquels ils s'appuient, etde clas- ser ces divers terrains (au niveau des marnes à Potamides Basteroti de Visan (Vaucluse), des couches de Théziers (Gard), des sables de Mont- pellier et des marnes lacustres décrites par M. Marcel de Serres et par M. Paladilhe) dans le #nessinien de M. Charles Mayer, en dessous de son étage aptien et au-dessus de son fortonien.» L E. DuBRUEIL. * La THÉORIE DARWINIENNE ET LA CRÉATION DITE INDÉPENDANTE!. Lettre à Darwin, par Giuseppe Bianconi, ancien professeur à l'Université de Bologne. — Édition française, Bologne, 1874; édition italienne revue et augmentée, par le D' Antonio BranconI, de l'Académie des Sciences, Bologne 1875?. — La théorie Darwinienne a attiré l'attention 1 Nous nous faisons un devoir d'admettre l'expression de toutes les opinions sur l’importante question de l'origine des espèces, question dont, 1] faut le dire, la solution est bien loin d'être trouvée. Aussi insérons-nous la lettre suivante, en laissant toute la responsabilité à son auteur. E. DuBruEzIz. 2 Le professeur Bianconi a publié, en 1864, la Théorie de l’Homme-singe exa- miné sous le rapport de l'organisation (Bologne, 1864). — Contre la théorie de Darwin ont aussi écrit Grimelli Geminiano (Divine origine de l'humanité en opposition avec l'origine bestiale supposée de l'espèce humaine. Modène, 1866) ; Tommaseo Nicolo (!’Æomme et le Singe; dix lettres avec une dissertation sur les hurlements bestiaux considérés comme origine de la parole. Milan, 1869). LA 293 BULLETIN. et agité les esprits de tous les savants: elle compte autant de partisans que d’adversaires ; de nombreux écrits pour et contre ont été publiés, mais la question restera pendante longtemps encore. Parmi les auteurs qui ont combattu cette théorie, on doit ranger le professeur Bianconi, qui a su imprimer un cachet rigoureux d'analyse au parallèle établi par lui entre la doctrine de la descendance et de la trans- formation des espèces et la doctrine opposée, qui est la sienne, c’est-à-dire la création indépendante des êtres, sans transformation ni passage de l'un à l’autre. Darwin a dit que, dans cette dernière doctrine, il est impossible d’ex- pliquer sur un dessin commun la conformation de la main d'Homme, de la patte du Chien, de l’aile de la Chauve-souris et du membre antérieur du Phoque, et en conclut que la ressemblance de ces parties ne peut être attribuée qu'au principe de la descendance d’une espèce à une autre plus ou moins modifiée par la sélection naturelle. Bianconi affirme qu’en cela la théorie de Darwin manque de base, et en donne des raisons fondées sur l'anatomie et la mécanique animale. Sans mettre en question l'unité de plan, puisqu'une certaine unité existe entre les Vertébrés, l’auteur nie que la loi de cette dernière soit partout et toujours maintenue. Selon lui, cette unité invoquée par les Darwinistes se résout en une rigoureuse néces- sité mécanique. Dans le cas où une partie quelconque est inutile au mé- canisme d’un animal, la loi d'unité de plan est oubliée et la partie man- que. Celle-ci, au contraire, si l'introduction d’un nouveau mécanisme est opportune, est adoptée pour un seul ordre, pour un seul genre, et même pour une seule espèce. Établissant sur une nécessité mécanique et dynamique un examen mi- nutieux des membres cités plus haut, le professeur de Bologne fait voir dans son travail, par une analyse anatomique très-approfondie, que cha- que partie du squelette qui compose ces membres est nécessitée par les fonctions qu'ils ont à exécuter. On ne pourrait imaginer des différences en plus ou en moins sans que la main, la patte, l’aile, le membre anté- rieur des animaux sus-indiqués, ne souffrissent dans leurs fonctions. Diseutant j'assertion que quelquefois un animal présente des parties rudimentaires ou des sortes de restes d'organismes précédents, ainsi que de parties superflues et inutiles, Bianconi entreprend de prouver que l'on ne trouve que des organismes parfaitement appropriés aux fonctions que a— Quoique on compte d'autres adversaires de la doctrine de Darwin, le plus grand nombre des naturalistes italiens : Strobel, Lessona, Capellini, Canestrini, Bonizzi, etc., sont favorables à cette théorie. (Note de l'Auteur.) € BIBLIOGRAPHIE. 299 lesdites parties ont à remplir. Les preuves sont tirées du prétendu rudi- ment de pouce chez le Cochon et des petits sabots de celui-ci, ainsi que de ceux du Bœuf, qui, quoique inutiles en apparence, forment une portion intégrante et complémentaire du pied de ces animaux. 1l n'y à ni parties inutiles ni rudimentaires, mais toutes sont exigées par la néces- sité mécanique. d Pour le passage et les transformations supposées des espèces, et cela au moyen de transitions lentes, constantes et graduées, l'attention ne s’est probablement pas portée sur ce fait que la transition d’une partie à une autre, tandis que leur fonctionnement est présent et actuel, est abso- lument impossible. Tel est le passage du pied du Gorille au pied de l'Homme : l’un sert pour la préhension, l’autre pour la marche; quand ce pied serait arrivé à mi-chemin de sa transformation, il n'aurait pu servir à aucun de ces deux usages. On trouverait des exemples semblables dans le passage d’un animal non ruminant à un animal ruminant. Toujours d’après le même auteur, quant aux variations, comme une chose qui en améliorant les races les disposerait à se changer en d’au- tres races ou espèces supérieures, on pourrait accepter cette preuve, si ces medifications ou variations étaient d'une telle nature qu’on pût les appeler de véritables améliorations. Mais la conviction résultera d’un examen un peu attentif que ces variations ne sont autre chose que des dégradations et des détériorations par lesquelles l'espèce arrive à son extinction. Dans tous les cas, ce sont des modifications désordonnées qui portent seulementsur certaines parties de l’iräividu et non uniformément sur l'individu tout entier. Dans un appendice très-remarquable, sont décrits quelques mouve- ments de la main de l'Homme. Cette nouvelle édition est accompagnée de nombreux détails sur les ani- maux Articulés et sur la doctrine téléologique. Bianconi y développe avec une très-grande précision les arguments contre la théorie Darwinienne; il fait voir que les Articulés (Insectes, Arachnides et Crustacés) non-seule- ment révèlent d'une manière incontestable une origine indépendante de celle des autres animaux, mais qu’ils prouvent aussi que la construction de leur squelette extérieur ou dermatoïdal, par opposition au squelette interne des Vertébrés, à été nécessairement adoptée pour permettre ces changements de développement si rapides auxquels ils sont soumis pen- dant la durée de leur courte existence. Grossissant d’une facon déme- surée en peu de semaines ou peu de mois, ils ont besoin de se dépouiller de leur cuirasse solide, qui, comme le dit l’auteur, n’est plus capable de contenir leur corps. En effet, grâce à cette structure externe, ils peuvent accomplir leur développement et leurs métamorphoses, ce qui leur serait 300 BULLETIN. tout à fait impossible avec un squelette intérieur asservi à une colonne vertébrale fixe. L'ouvrage du professeur Bianconi sera lu avec intérêt, non-seulement par les adversaires de Darwin, mais encore par ses partisans, à cause des arguments et des faits nombreux qu'il renferme. Vienne, le 22 mars 1875. SENONER.. Ês Le Directeur : E. DUBRUEIL. Montpellier, — Typogr. BOEHM et FILS. V Mayet del Zrp. Boëkm # Fils Moripélier L.@mbes Wtk. Au RSS Dmmmamemamrrmerre RUN | | Tor IV. pl. TT Eve nn IT IT] DO ONG cu Guinard. del. LI Le) si UE hs se DS, 24 ee 2 LI E d ere S$ 5 F4 nr Eu 7 rt 2 5 cs QUE TÉ Le . A Sr 3 ua L] [EX ls Le] E Le] a Eh S a Oo no) k [+] [æ] 74 Yosp. doeñm # fs, réf. L.Collot Ad Nat Del. ppignia \ : = MU. U El ilauuc or ange Le feel ociy a! je 6. AAA CNE Tec éciou nr Pr xxmudlian Ferano# fera œ L 4 ES Een audi Diag 3 : ; : Le Ge C08 :N 9 AP du NbNONQE D D SUD] D PANO.1? 28 7IPXD-S01} AJUUISID] U/} PULOT 2P AU MNT V) D 24108009 Ur? Ans FONDU) LAXTODO "IA VEL2P ee: . INV9IZId S34141 S10 1ONOW 3ddVU A td Aug S9I[2AN YEN SADUSTOS SAP ANAIY MÉMOIRES ORIGINAUX. SUR LES ANNÉLIDES DE MARSEILLE, Par A.-F, MARION. M. de Marenzeller a bien voulu m'adresser récemment, avec ses Mémoires sur les Annélides de l’Adriatique‘, d’intéressantes remarques relatives aux espèces que nous avons décrites tous deux presque en même temps, et dont ilconvient de fixer la synony- mie. La publication tardive de mes études *, faites en collabo- ration avec Bobretzky, me force à faire cette révision. Jesuis heu- reux du reste de rendre hommage à l'exactitude de mon excellent confrère de Vienne et de le remercier publiquement de l’amabi- lité avec laquelle il s'est prêté à cette comparaison. Les observations de M. de Marenzeller possèdent, à mon avis, une réelle importance. Elles nous renseignent sur plusieurs es- pèces imparfaitement caractérisées autrefois par le professeur Grube et sigualées depuis sous de nouveaux noms. Ces travaux de synonymie et de pénibles recherches bibliographiques s'imposent actuellement. Il est heureux qu'un zoologiste consciencieux ait entrepris une nouvelle exploration des côtes célèbres de Trieste et de l’île Lussin. Là seulement il était possible de déterminer avec certitude la nature de ces types indécis que nous devons exclure des traités systématiques. — Je n'hésite plus à admettre aujour- d’hui quele Syllis aurita de Claparède n’est rien autre chose que { E. von Marenzeller; Zur Kenniniss der adriatischen Anneliden, 1°e partie (avril 1874); 2e partie (juillet 1875). .Sitzb. der k. Akad. der Wissensch., vol. 69 et 72. ? Marion; Sur les Annélides du golfe de Marseille (Compt.-rend., août 1874). — Marion ; Espèces médilerranéennes du genre Eusyllis (C.-R. février 1875). — Marion et Bobretzky ; Étude des Annélides de Marseille (Annal. des Sc. natur., VIe série, tom. IL). IV. 21 302 MÉMOIRES ORIGINAUX. le Syllis vittata de Grube', et que le Pterosyllis lineolata Costa est identique avec le Pterosyllis (Amblyosyllis) lineata Grube*. Je crois également, avec M. de Marenzeller, que le Trypanosyllis Khroni n’est probablement pas distinct du Sylhs zebra de Grube, dont il devra prendre le nom spécifique. L'auteur autrichien accepte le genre Orydromus, caractérisé d’après les seules espèces américaines (0. flaccidus et O. longi- setis). Notre genre Gyptis rentre dès-lors dans cette section, qui ne nous paraissait pas sûrement établie d’après les descriptions con- tradictoires de Grube. Je reconnais de plus que l’Orydromus fuscescens (Marenzeller) présente de grandes analogies avec notre Annélide marseillaise (Gyptis propinqua)*. Peut-être les deux es- pèces pourront-elles être conservées, car leurs cirres ventraux semblent bien différents. M. de Marenzeller a retrouvé le Podarke agilis (Ehlers), mais muni de deux paires de cirres tentaculaires sur le troisième seg- ment. Le genre Mania, établi par M. de Quatrefages d’après l'animal des Borstenwürmer, ne peut donc subsister. Cette intéressante rectification est un nouvel exemple des difficultés qui s'offrent à chaque instant dans des recherches de cette nature. Fréquem- ment, devant une description imparfaite, deux naturalisies diffè- rent complétement d'avis suivant le degré de confiance que leur inspire l’auteur dont ils consultent les travaux. C’est ainsi que nous n'avons pas distingué del’Odontosyllis ctenostoma (Claparède), l’'Annélide de Marseille que M. de Marenzeller retrouve dans l’Adriatique et qu’il désigne sous le nom d'Odontosyllis virescens. Nous avons supposé que les dissemblances que nous constatons 1 Étude des Annélides de Marseille, pag. 17, et Marenzeller; Loc. cit., 1e partie, pag. 35. 2 Étude des Annélides de Marseille, pag. 43, et Marenzeller; Loc. cit., pag. 44. 3 Je crois devoir faire remarquer ici que le graveur a omis de représenter le cirre tentaculaire ventral de la 4e paire sur la figure 15 de la Planche VI, du Mémoire des Annales. Cet organe existe du reste sur la figure 15 A. ANNÉLIDES DE MARSEILLE. 303 entre l’Odontosyllis de Naples et les individus des côtes de Pro- vence pouvaient s'expliquer par le jeune àge des Vers observés par Claparède. M. de Marenzeller n’admet pas aussi facilement cette identité. Il est bien certain toutefois que notre Od. ctenostoma — Od. virescens Marenzeller, et qu'il devrait être mis en synony- mie dans le cas où les naluralistes de Naples retrouveraient des individus reproduisant plus exactement le type de Claparède. Par contre, le Syllis ochracea (Marenz.) se confond avec notre Anoplosyllis fulva, dont les soies sont en réalité birosirées. M. de Marenzeller m’apprend que les légères différences qui existent entre nos deux figures dépendent sans doute de cette particu- larité que ses exemplaires étaient morts au fond d’un vase rem- pli d’Algues. De même, le Syllis brevicornis' de Grube se montre identique avec l’Odontosyllis de Marseille, que nous réunissons à l'Odontosyllis gibba de Claparède. Ces rapides corrections sufliront pour établir l’accord entre notre Mémoire et ceux de M. de Marenzeller. Je dois cependant ejouter quelques observations à propos de deux intéressants Syl- lidiens, le Pseudosyllis brevipennis (Grube) et l'Eusyllis assimi- lis (Marenz.). M. de Marenzeller, en décrivant le Pseudosyllis bre- vipennis, suppose que ce curieux animal ne diffère pas du Syllis scabra d'Ehlers. J'avoue avcir partagé un instant cette opinion, alors que je ne connaissais que le Syllis scabra, pour lequel j'ai créé le genre Xenosyllis; aujourd'hui, après avoir comparé les deux Vers, je ne puis douter qu'ils constituent deux types bien distincts. Ehlers a donné une figure suffisamment exacte du Xeno- syllis scabra, dont la trompe est inerme et dont la face dorsale disparait sous de grands tubercules framboisés que j'ai reconnus facilement sur l'individu du golfe de Marseille”. M. de Marenzeller attribue aux Pseudosyllis brevipennis de l’Adriatique une organi- sation bien différente que je retrouve dans une Annélide de Pro- 1 Marenzeller; 2e partie, pl. IV, fig. 1.—Marion et Bobretzky; pag. 98, fig. 10, pl, 3 et 4. 2 Marion et Bobretzky ; loc. cit., pag. 26. 304 . MÉMOIRES ORIGINAUX. vence. Tandis que la trompe du Xenosyllis scabra est inerme, celle du Pseudosyllis est munie d’une sorte de stylet médian très- large, différent de celui des vrais Syllis. L'ouverture elle-même de la trompe me semble échancrée ré- gulièrement, mais toutes ces parlies ne se montrent pas avec des contours bien arrêtés. Les papilles molles de la gaine sont cepen- dant bien appréciables. J'ai cru devoir donner une nouvelle figure’ de cette Annélide, que le dessin de Grube ne représente que d’une manière très-incomplète. Le Pseudosyllis brevipennis des régions coralligènes du golfe de Marseille atteignait à peine une longueur de 3%, et il comptait 50 anneaux sétigères ; il était dépourvu d'éléments sexuels. Les observations de Grube nous montrent que ce Ver est stolonifère. La face dorsale est parfaitement lisse ; le lobe céphalique présente une forme normale, il porte quatre taches oculaires disposées en trapèze. Je vois en outre deux petits yeux en dessous des deux antennes latérales. Les palpes sont très-apparents et disjoints ; tous les appendices sont courts, épais et composés d'articles pleins de corpuscules d’un beau jaune. Les cirres ventraux sont cependant très-réduils, et ils dé- passent à peine les mamelons pédieux, que soutiennent deux aci- cules assez forts. Les soies sont excessivement minces et leurs serpes ne se montrent bidentées que sous les plus forts grossis- sements. La trompe s'étend jusqu'au sixième segment sétigère : et le proventricule occupe quatre anneaux. fl est suivi par une région à parois musculaires épaisses. L'intestin est coloré en jaune citron, et ses cœcums latéraux rappellent ceux de l'Eurysyllis. Enfin le dernier segment porte deux longs cirres pleins de cor- puscules jaunes et composés de six articles. Il suffit de comparer cette brève description du Pseudosyllis brevipennis à celle du Syllis scabra des Borstenwürmer, pour reconnaître que les deux Vers ne peuvent être confondus. Tous les détails que je viens de donner concordent du reste entière- ment avec ceux du Mémoire de M. de Marenzeller. 1 Fig 4et 5. ANNÉLIDES DE MARSEILLE. 305 Mais si jesuis bien fixé sur la valeur spécifique du Pseudosyllis brevipennis, j'avoue au contraire que de nouvelles observations me semblent nécessaires pour déterminer le genre auquel cet animal doit être rapporté. L'aspect général n’est pas celui des vrais Syllis ; le stylet de la trompe n’est pas disposé d’après le type habituel. Je voudrais enfin pouvoir examiner de nouveau, sous de forts grossissements, les échancrures de l'ouverture de la trompe. Je n'ai pas non plus l'intention de prononcer un arrêt définitif sur l'Eusyllis assimilis (Marenz.), dans lequel je reconnais l’Anné- lide que j'ai désignée sous lenom d’Eusyllis monilicornis' (Malmg). Tandis que mon animal présentait des appendices irréguliérement segmentés, les cirres de l'individu figuré par M. de Marenzeller ne montraient pas trace d’articulations. Cependant les organes de mon £usyllis n'étaient pasréellement moniliformes (fig. 1 et ?). Je suppose que la distinction établie par Malmgren entre l’£Eu- syllis Blomstrandi et l'E: monilicornis n’est basée que sur une particularité aussi peu importante. On ne peut se défendre de re- marquer, du reste, que l’£usyllis Blomstrandi a été décrit d’après un animal conservé dans l’alcool, alors que l’£Eusyllis monilicornis a été étudié vivant. Ces deux espèces de Malmgren, que les obser- vations futures réuniront sans doute, restent indécises. Les figu- res elles-mêmes sont insuffisantes. Il est par conséquent difficile de se prononcer sur la valeur de l’Eusyllis de Marseille et de l’Adriatique. Cependant, tandis que l’Eusyllis lamelligera (Mar, et Bobr.) est très-nettement caractérisé par le grand développe- ment des cirres ventraux de la première paire, aucun détail impor- tant d'organisation n'éloigne l’Æusyllis assimilis (Marenz.) des Eusyllis de Malmgren. Il convient toutefois d'attendre une nou- velle étude des Eusyllis des mers septentrionales. Mais je tiens à bier élablir que ma seconde espèce de Marseille ne diffère pas de celle de mon confrère de Vienne. Les figures que je donne ici mon- 1 Marion, Sur les espèces méditerranéennes du genre Eusyllis (Compt.-rend., février 1875). 306 MÉMOIRES ORIGINAUX. irent cette identité (/ig. 1 et 2). Les soies portent des serpes biros- trées plus ou moins longues ; le bord antérieur de l’apophyse articulaire de ces organes apparaît sous les plus forts grossisse- ments nettement denticulé , à la manière des soies de l’£usyllis Blomstrandi (fig. 3cete). Les mamelons pédieux sont soutenus par un ou deux forts acicules assistés par une pelite tige filiforme (fig. 3a et b). On trouve enfin au milieu des soies falcigères une petite soie aciculiforme birostrée (fig. 34). Il me paraît inutile de reproduire tous les autres détails ana- tomiques déjà signalés dans la description de M. de Marenzeller, mais il convient d'attirer l'attention sur les faits nouveaux que les travaux de cet auteur fournissent à l’hisloire de la disper- sion des espèces. Le naturaliste de Vienne dresse avec soin la synonymie de quelques Polynoë, et il affirme que le P. Grubiana de Claparède n’est que le P. clypeata (Grube), ou le P. scutellata (Risso), ou bien encore le P. squamata (Sav.), et que tous ces noms doivent être subordonnés à celui de Lepidonotus clava' (Mont.). Le Polynoë Grubiana prendra donc place parmi les Annélides communes à l’Océan et à la Méditerranée. Du reste, le nombre de ces espèces augmente tous les jours. M. de Marenzeller cile dans l’Adrialique le Polynoë scolopendrina de Savigny, le Leanira Yhleni de Malmgren, le Wereis diversicolor Müller, le Marphysa Bellii Aud. et Edw., et le Lagos Koreni Malmgr. (Pectin. neapolitana Clap.). Mes récentes études dans le golfe de Mar- seille viennent ajouter plusieurs noms à celte liste*. Qu'il me soit permis d'indiquer ici les principaux résultats de ces dernières recherches, destinées à compléter le Mémoire que j'ai publié avec Bobretzky. Je ne veux insister du reste que sur les types nouveaux. oo 1 Marenzeller; loc. cit., 2e partie, pag. 1. Le Polynoë dorsalis (Quatrefages) est probablement synonyme de Lepidonotus clava. 2 Notophyllum polynoïdes, OErsted; — Petta pusilla, Malmg.; — Amphicteis Gunneri, Sars ; — Pista cristata, Müller ; — Dasychone Dalyelli, Külliker; — Salella pavonia, Savigny; — Praxilla prælermissa, Malmgren. ANNÉLIDES DE MARSEILLE. 307 AMPHARÉTIENS. Nous ne connaissons encore que très-imparfaitement les Am- pharétiens méditerranéens. Cette lacune est d'autant plus regret- table que la classification de Malmgren n’est établie que d’après les types des mers septentrionales. Il serait donc important de rechercher si les diverses espèces de nos côtes confirment les divisions génériques des Nordiska Hafs Annulater. M. de Marenzeller a décrit récemment un YMelinna adriatica très-voisin, quoique spécifiquement différent, du Melinna cris- tata de Sars, et j'ai pu recueillir dans les prairies littorales de Posidonies un Amphicteis en tout identique avec l’Amphicteis Gunneri Sars, des côtes de Suède. Ce sont là, à ma connais- sance, les deux seuls Ampharétiens méditerranéens rentrant exac- tement dans les groupes de Malmgren. On ne nt guère se faire une opinion arrêtée sur l’Amphicteis curvipalea de Claparède. Son aspect général rappelle bien celui de l’Ampharétien de Mar- seille à branchies zonées, que je rapporte à l’Amphicteis Gun- neri; mais l’auteur génevois, tout en déclarant que le nombre des segments est d’une détermination difficile, attribue à son An- nélide seize faisceaux thoraciques et quatorze paires de pinnules abdominales. Faut-il admettre que Claparède n'a pas su recon- naître le premier faisceau capillaire ni le dernier tore uncinigère; ou bien devons-nous placer son animal dans le genre Lysippe? La première hypothèse me semble la plus probable, car l’uncinus dessiné dans le Supplément aux Annélides de Naples est bien une plaque d’Amphicieis Gunneri et ne peut être comparé aux orga- nes correspondants du Lysippe labiata Malmgren. S'il était dé- montré cependant, par des recherches futures, que la succession des anneaux sétigères de l’Amphicteis de Naples est bien telle que Claparède la décrit, il faudrait reconnaître que cette espèce réunit les caractères des Amphicteis à ceux des Lysippe. Je puis encore citer, parmi les Ampharétiens de Marseille munis de palmules et à tentacules simples, une Annélide assez fréquente dans les régions vaseuses profondes et habitant un tube mince J08 MÉMOIRES ORIGINAUX. et assez long. Ce Ver porte huit branchies, longues comme celles de l’Ampharete gracilis Malmgr., mais ses tentacules ne sont nullement pennés. Il est donc naturel de le rapprocher des Am- phicleis. D'autre part, je ne trouve sur lui que quatorze paires de faisceaux capillaires, et les premières pinnules existent sur le troi- sième segment séligère. Il faut ajouter que l’abdomen n'est com- posé, comme celui de l'Ampharete Grubei Malmgr., que des douze anneaux uncinigères. Les paléoles sont longues et aiguës ; les -uncini peuvent êlre comparés à ceux des Ampharete, mais ils ne sont en réalité identiques avec ceux d’aucune espèce. On voit que cet animal présente à la fois les caractères de plusieurs sec- tions : Ampharete par les branchies et par les faisceaux capillai- res, il est Amphicteis par ses tentacules simples. Je le désignerai sous le nom d’Amphicteis intermedia. Les Ampharéliens sans palmules ne sont point rares sur les côtes de Provence. Je retrouve au large du phare flottant de Mar- seille le Sabellides adspersa de Grube, dont les tentacules sont simples, mais dont les branchies sont en réalité au nombre de quatre paires. Je place donc cette Annélide dans le genre Amage de Malmgren, bien qu'elle possède dix-sept faisceaux capillaires comme les Samytha. Nous retrouvons encore ici la réunion des caractères de deux genres. La combinaison inverse s'offre dans un autre Ampharétien sans palmules, d'espèce nouvelle, l’'Amage Gallasi. Tandis que l'Amage adspersa est Amage par les branchies et Samytha par les soies, l’Amage Gallasi possède six branchies comme les Samytha et quatorze faisceaux capillaires comme les Amage. Ges observations me paraissent concluantes, et je n'hésite pas à restreindre la classification de Malmgren aux genres Am- pharete, Amphicteis, Sabellides, Amage et Melinna, en n’accordant qu’une importance secondaire au nombre des branchies ou des seg- ments séligères. ANNÉLIDES DE MARSEILLE. 309 TÉRÉBELLIENS. TRIGHOBRANCHUS Massiliensis nov. sp. — Cette Annélide ne constitue peut-être qu’une race méditerranéenne du Trichobran- chus glacialis Malmgr. Elle en diffère cependant par ses uncini abdominaux munis de trois dents bien distinctes. Les tores uncini- gères thoraciques débutent sur le sixième zoonite en même temps que les soies capillaires. Il n'existe que quinze paires de faisceaux, mais les crochets à long manubrium persistent sur le seizième anneau sétigère. Je dois signaler encore parmi les Térébelliens de Marseille le Pista cristata Müller, si fréquent sur les côtes de Norwége, et auquel il faut réunir peut-être le Terebella turrita de Grube (4rchiv für Naturg., 1860, vol. 96, pl. IV, fig. 6). ÉRIOGRAPHIDES. Indépendamment du Leptochone œsthetica Clap., que j'ai men- tionné dans un travail précédent, j'ai observé dans le golfe de Marseille deux Ériographides dont les caractères sont d'autant plus difficiles à apprécier que nous n’avons encore que des ren- seignements anatomiques très-incomplets sur les vers de cette famille. Claparède réserve le nom de Myxicola infundibulum aux Ériographides de la Méditerranée dépourvus d’uncini dans la région thoracique, mais dont tous les anneaux portent des faisceaux de soies capillaires. D'après Malmgren, les Myvicola du type M. Steenstrupi ne possèdent au contraire des soies capillaires que dans la partie antérieure du corps, tandis qu'il existe dans cette région des uncini à long manubrium bien différents des crochets birostrés abdominaux. Ce second type n'est pas sans analogie avec les Leptochone de Claparède. Il en diffère cependänt par la localisation des soies capillaires, qui persistent sur tous les anneaux du Leptochone œsthetica. Aussi faudrait-il peut-être accepter l’opinion de Clapa- 310 MÉMOIRES ORIGINAUX. rède et créer un genre nouveau pour le Myxicola Steenstrupi de Krüyer. Je trouve dans les anfractuosités des Coralliaires et des Algues encroûtées, à trente mètres de profondeur, un Ériographide d’une belle couleur rouge vermillon, atteignant quelquefois une lon- gueur de 35 millim. et présentant quelques caractères du Myxicola Steenstrupi. Il ne porte comme lui des soies capillaires que sur les huit anneaux thoraciques. Les tores uncinigères commencent sur le deuxième segment sétigère et contiennent dans le thorax: 8-14 crochets à long manubrium. Les zoonites de l’abdomen sont entièrement dépourvus de soies capillaires ; leurs crochets sont des uncini birostrés. Ces Vers semblent diffé- rer cependant du #Myxicola Steenstrupi par les taches oculaires dorsales du premier anneau et par les ocelles latéraux des autres segments. De plus, il est facile de remarquer que la dent supé- rieure des crochets abdominaux est plus forte que l’inférieure, tandis que l’on observe la disposition inverse dans les organes du Myxicola Steenstrupi. Il existe parmi les Spongiaires (le la jetée intérieure du bassin national un Ériographide long de 16 millim., d’une belle couleur mauve et très-différent du précédent. Ge Ver est muni de trois paires d’otocystes disposées sur le premier segment sétigère. Du reste, les taches oculaires ne font pas défaut. Le thorax n’est com- posé que de deux anneaux sétigères ne portant que des soies capillaires. Les faisceaux de soies bordées persistent sur tous les anneaux abdominaux à côté des crochets birostrés. Cette Annélide se rapproche donc du Myxicola infundibulum de Claparède, puis- qu’elle est dépourvue de crochets thoraciques à long manubrium; mais la brièveté de son thorax rappelle le Leptochone æsthetica du même auteur. SERPULIENS. J'ai recueilli récemment dans les prairies de Zostères et dans les régions:coralligènes de nombreux tubes d’£upormatus, les uns presque droits, les autres enroulés à la manière des Spirorbis. ANNÉLIDES DE MARSEILLE, Bi M Une étude attentive des Vers contenus dans ces tubes me prouve que l’Eupomatus trypanon de Claparède ne peut être distingué de l’Eupomatus pectinatus de Philippi. Les soies offrent toujours les mêmes détails de structure, mais les épines de l’opercule portent tantôt 4, tantôt 6 denticules latéraux. Les branchies sont tantôt incolores, tantôt zébrées de rouge, mais elles ne sont mu- nies dans aucun cas d'organes visuels. Je crois au contraire de- voir distinguer de l'Ewpomatus pectinatus un Ver dont les soies diffèrent notablement de celles des espèces de Philippi. Son premier segment thoracique est garni de soies à trois pointes et de soies capillaires très-minces, rappelant un peu les organes de l'Eupomatus pectinatus, mais bien distinctes de ceux de l’ÆZuwpo- matus uncinatus, que je figure ici pour la première fois (fig. 6a, 6b, 6c, 6d, 6e). Les soies bordées des autres anneaux thoraciques possèdent un limbe très-large. Les soies en étrille de l'abdomen présentent un fort crochet soutenant la lame pectinée, et elles ne peuvent être confondues avec les soies abdominales des deux autres espèces. Les uncini thoraciques ont six denticules. Cet Eupomatus,que je désigne sous le nom d’£. affinis, portait deux opercules. L’opercule de remplacement, le plus régulier, est surmonté par une sorte de cupule à six pointes. Les Vermilies abondent sur les côtes de Marseille et elles sem- blent se rapporter à deux types principaux, celui du Vermilia polytrema Ph., et celui du V. infundibulum, autour duquel vien- nent se grouper comme races les variétés appelées V. clavigera Ph.; V. calyptrata Ph., V. galeata Grube, V. emarginata Ph. Le Pomatoceros triquetroïdesne peut être considéré d'autre part que comme une forme de Vermilies qui n’est pas sans analogie avec le V. polytrema Ph. L'appareil sétigère de ces Serpuliens méritait d’être décrit avec détails. J’espère pouvoir en donner bientôt. de nombreuses figures comparatives. MALDANIENS. Les Vers de cette famille sont rares dans notre golfe; on ytrouve cependant le Praxilla collaris Claparède, le Praxilla prætermissa 312 MÉMOIRES ORIGINAUX. Malmer., et le Maldane crista-galli C'ap., qui est un Michomache. De plus, les régions vaseuses profondes sont habitées par un Mal- dane (Maldane consobrina nov. sp.), très-voisin du #. biceps Sars, mais dont les digitations céphaliques sont très-longues. Le lobe membraneux du segment anal est aussi très-développé. Les soies n'’offrent rien de particulier, mais la coloration de la région antérieure est bien différente de celle de toutes les autres espèces du genre. Les premiers anneaux du corps portent d’épais amas de granulations pigmentaires d’un jaune brun intense, dis- posés d’une manière assez régulière et dessinant sur les flancs des quadrilatères inégaux. Le groupe des AMMOCHARIENS est représenté par l'Owenia bra- chycera nov. sp., dont les appendices céphaliques sont bien plus courts que ceux de l’Owenia filiformis. L'Owenia brachycera porte trois paires de faisceaux sétigères en avant de la première cein- ture uncinigère. Je dois ajouter enfin que les Sternaspis scutata des côtes de Provence ne diffèrent pas des individus dragués par M. de Folin dans le golfe de Gascogne. EXPLICATION DES FIGURES. FiG, 1. Eusyllis du golfe de Marseille. Région antérieure du corps vue par la face dorsale (Æusyllis assiünilis Marenz.). FiG. 2. Région antérieure du même animal vue par la face ventrale. FiG. 3. Soies de l'Ewsyllis. — (a et b, acicules du mamelon pédieux. — d soie simple aciculiforme birostrée. — c et e soies falcigères des diverses régions du corps). Fic. 4. Pseudosyllis brevipennis Grube. Fic. 5. Soie à serpe bidentée du Pseuwdosyllis. Fic. 6. Ewpomatus wuncinatus Philippi, des sables vaseux de Tiboulen. — Profondeur 40 mètres. A. Soie à trois pointes du premier segment thoracique. B. Soie simple du premier segment thoracique. — 6 C. Soie bordée des autres anneaux thoraciques. D. Plaque onciale des tores thoraciques. E. Soie en étrille de l'abdomen. 313 DU MALE PLANARIFORME DE LA BONÉLIE, Par ALEx. KOWALEWSKY. Traduit du Russe, par J.-D. CATTA, Professeur d'Histoire Naturelle au Lycée de Marseille. La plupart des faits consignés dans le Mémoire de Kowalewsky ont été confirmés au laboratoire des Hautes-Études de Marseille. J'ai ouvert quelques Bonélies de très-grande taille qui contenaient chacune de 5 à 6 mdûles parusiles. J'ai trouvé des œufs dans la matrice, mais ls n'étaient point fécondés, quoique les petits mâles fussent en pleine maturité seæuelle. Enfin, M. Marion a recueilli une Bonélie de très-petite taille qui contenait aussi des mâles para- sites ; mais ceux-ci portaient vers l'extrémité antérieure et du côté ventral deux longs crochets calcaires qui se recourbaient brusque- ment pour se diriger en arrière. Ces particularités viennent encore ajouter à la complication du problème zoologique posé par l'éminent naturaliste russe. Pour des raisons identiques à celles qu'il donne lui-méme à la fin de son travail, à sera utile de porter à la connaissance de tous les obser- valeurs tous les résultats acquis pour la solution de cette intéres- sante question. Dans le courant des quelques années du séjour que j'ai fait sur les rivages de la Méditerranée, j'ai sans cesse cherché la Bonélie pour suivre son développement. Plusieurs données plai- daienten faveur de l’intérêtcapital que devaient offrir les processus embryogéniques de la Bonélie. Gel intérêt résulte spécialement de la place que l'animal occupe dans la systématique et de son carac- tère de viviparité, grâce auquel on pourrait obtenir sur quelques individus tous les stades du développement. Tous mes efforts pour me procurer des Bonélies demeurèrent infructueux jusqu'au mois d'août 1868, et c’est non loin de Trieste, à l’île Cherso, que j'en ai trouvé le plus grand nombre. La première fois j'arrivai là au 314 MÉMOIRES ORIGINAUX. commencement du mois d’août, et je rencontrai des individus por- tant beaucoup de produits sexuels développés ; mais l’évolution de l'embryon n'avait pas encore commencé qu'il m’arriva de partir. Environ huit semaines après, vers la fin du mois de septembre, je débarquai de nouveau à Cherso. Je trouvai les choses dans le même état, la matrice contenait seulement nn nombre d’œufs beaucoup plus considérable. Maïs, dans ce second voyage, j'eus l’occasion d’observer un fait touchant de très-près à l’histoire naturelle de la Bonélie, et c’est ce même fait qui constitue l’objet de la présente Note. Les premières observations bien détaillées que nous possédions sur la Bonélie sont d’abord celles de Smarda' et ensuite celles de Lacaze-Duthiers’. Nous devons à ce dernier une excellente description très-détaillée de l’animal. Il a passé entre ses mains jusqu’à cent individus, parmi lesquels cependant il ne s’est pas rencontré un seul mâle. Smarda eut aussi des femelles. Durant mon premier séjour à Cherso, en août, j'étudiai jusqu’à cinquante Bonélies, mais toutes femelles. Lors de ma seconde visite, tout en examinant la partie extérieure® Au canal déférent de la matrice, entre l’entonnoir et l'ouverture génitale externe (fig. v), j'y trouvai des Planaires parasites auxquelles tout d’abord je ne prêtai aucune attention; mais bientôt il me sauta pour ainsi dire aux yeux une bande blanche courant dans l'intérieur du corps de ces petits êtres. Étudiant cet organe de plus près, je reconnus que c'était un sac plein de filaments sper- matiques ; de plus, toute l’organisation de la Planaire me parut quelque peu bizarre. Je pris deux, trois, puis quatre individus, et je les trouvai tous mâles. Le nombre de ces parasites dans le corps de chaque Bonélie varie, selon la taille de cette dernière, entre deux et sept. Jamais je n’ai vu ces deux limites dépassées ni en 1 Smarda ; Zur Naturg. der Adria: Sitsungsberichte der Mathematischna- iurwissenschaft. Class der Acad. zu Vien., tom. IT, 1852. 2 Lacaze-Duthiers: Recherches sur la Bonélie. Annal. des Sc. nat. Zool. 4me série, vol. X, pag. 49. $ Le texte russe porte en effet : extérieur; lo sens paraïtrait exiger inférieur. MALE PLANARIFORME DE LA BONÉLIE. 315 plus ni en moins. La seconde Bonélie que j’observai contenait six Planaires, toutes mâles aussi ; la troisième, qui était très-grande et dont la matrice était remplie d’une forte quantité d'œufs, en contenait quatre, avec leur sac plein de filaments spermatiques très-large et s’étendant presque jusqu’à l'extrémité postérieure du corps. Étudiant ensuite de plus près l’organisation de ce mâle singu- lier, je découvris en lui quelques traits rappelant la Bonélie ordi- naire et qui me conduisirent à admettre que mes Planaires para- sites n'étaient autre chose que les mâles de cette dernière. J’ouvris encore par la suite jusqu’à trente Bonélies, et j'observai plus de cent de ces Planaires. Il se trouva que toutes furent des mâles. En outre, le développement de leur sac spermatique se montra toujours en rapport avec le plus ou moins grand nombre d'œufs renfermés dans la matrice de la femelle. L'organisation du mâle Planariforme est de la plus complète simplicité (/ig.3);, sa longueur est de 1"Mm 1/2 à 27% ; {out son corps est d’une couleur vert-clair et uniformément recouvert de cils vibratiles. Dans l’axe du corps s’étend le tube digestif. Il com- mence à l'ouverture buccale, du côté ventral et non loin de l’ex- trémité antérieure. Il se continue dans la cavité générale, qui est clairement délimitée, jusqu’à l’extrémité postérieure, qu’il n’at- teint pas cependant. Dans la partie antérieure du corps, à côté du tube digestif, se montre un autre organe tubulaire dont l’ou- verture externe se trouve aussi à l'extrémité antérieure, dont l'intérieur est rempli de corpuscules séminaux et dont l’extrémité postérieure communique directement avec la cavité générale par le moyen d’un entonnoir vibratile particulier. Quant au système nerveux, je n’en ai trouvé nulle trace. Par la même extrémité qui porte l'ouverture du réservoir spermatique, la Planaire avan- çait, décrivant ordinairement dans l’eau des mouvements circu- laires grâce aux battements des cils vibratiles qui la recouvrent. Occupons-nous maintenant de décrire avec plus de détail chacun des organes en particulier, et commencons par examiner la structure des parois du corps. Il est, comme nous l’avons dit, 316 MÉMOIRES ORIGINAUX. entièrement couvert de cils vibratiles peu longs, mais tellement serrés les uns contre les autres que, sous un faible grossissement, ils paraissent comme une claire bordure tout autour du corps de la Planaire. Ces organes sont répandus sur une très-mince cuticule qui recouvre l’épithélium. Cette dernière couche est formée par de petites vésicules à contours très-vagues et quel- que peu stratifiées (fig. 5e); elle s’amincit beaucoup vers l’extré- mité postérieure, par suite de l’aplatissement très-considérable de cette région. Sous l’épithélium on aperçoit très-distinctement les muscles longitudinaux, et au-dessous d’eux une couche à aspect granuleux qui consiste en une masse de noyaux irrégu- lièrement groupés et entourés de leur protoplasma. Le tube digestif n’est autre chose qu'un canal aminci aux deux bouts. Il est tapissé intérieurement de cellules vibratiles très- aplaties. Cet épithélium est enveloppé extérieurement par la cou- che des muscles transverses, puis par celle des muscles longitu- dinaux. Par-dessus ces derniers, sur toute la région moyenne du tube, sont répandues de grandes cellules glandulaires, remplies d’une substance jaune et ressemblant à celle qui entoure l'estomac de la Bonélie femelle. Le canal alimentaire est orné d’une colora- tion fauve-jaunûâtre ; il est ordinairement rempli d’une glaire blan- châtre et il éprouve d’incessantes contractions péristaltiques et antipéristaltiques. Existe-t-il un orifice anal? Je n’ai pu le constater assez clairement ;: mais l’amincissement si considérable du tube digestif vers la région postérieure m’oblige à supposer cette exis- tence. L'ouverture buccale elle-même, ayant la forms d’une fente longitudinale, ne se laisse pas toujours voir, tant s’en faut. En fait d'organes intérieurs, nous ne trouvons plus que le réser- voir séminal (fig. 3rs). Il se termine en avant en un tube très- nettement délimité quoique très-mince, et vers sa partie moyenne il consiste en un sac assez long et assez large. Tantôt il est situé entre la paroi droite du corps et le tube digestif; tantôt, lorsqu'il contient beaucoup de filaments spermatiques, il occupe toute la partie latérale et dorsale du corps, et il déprime entièrement le canal alimentaire. Ses parois sont constituées par une couche MALE PLANARIFORME DE LA BONÉLIE. 317 musculaire et une couche épithéliale capables de se contracter considérablement. A l’extrémilé inférieure de ce sac se montre un bourrelet assez important limitant un organe infandibuliforme . (fig. 4), dont l’orifice étroit communique avec la cavité du réser- voir séminal. Toute la surface interne de l’entonnoir est couverte de cils vibratils très-serrés qui produisent là un continuel mou- vement de rotation. La cavité du réservoir est remplie de fila- ments séminaux consistant en une tête oblongue et en une queue allongée (7ig. 7.) Quant aux glandes spermatiques, elles ne sont pas indépendantes. Les produits sexuels se développent en effet aux dépens de cette couche de sécrétion qui tapisse les parois du corps. Comme nous l'avons déjà dit, cette couche n’est qu'un amas de noyaux quelque peu disposés en couches et en- tourés de leur protoplasma. Il s’en détache des masses consistant en une vésicule centrale hyaline (7ig. Ga) que d’autres vésicules entourent. Ces dernières sont tout d'abord assez grandes, puis elles commencent toutes à devenir plus petites, s'étendent en- suite quelque peu en longueur jusqu'à donner naissance aux fila- ments caudaux et se transforment en corpuscules spermatiques qui restent atiachés par la tête à la vésicule centrale hyaline, la- quelle s'est agrandie (/ig. 6c). Sous cette forme, ces produits rappellent complétement des stades tout à fait semblables du développement des filaments spermaliques chez les Lombrics. Dans cet état d’agrégation, les filaments spermatiques nagent dans la cavité du corps. Quand ils s’approchent du tourbillon causé par les cils vibratiles de l’entonnoir, ils sont entraînés dans le réservoir séminal après avoir été arrachés de la vésicule hyaline. Celle-ci se dissout lrès-probablement, de sorte qu’elle ne pénètre jamais dans le réservoir, el que ce dernier n’est jamais rempli que de filaments séminaux complétement formés et mûrs. Telle est l’organisation du mâle de Bonélie que nous venons de décrire. Malgré sa taille infime, son corps est très-résistant, très-dur, et il ne peut changer que très-peu ses contours. Il lui est complétement impossible de se rétrécir. Avec son extrémilé anté- rieure il exécute un continuel mouvement de vrille, ou bien il IV. 2e 318 MÉMOIRES ORIGINAUX. essaie d’avancer en rampant. Si on le place sur le porte-objets du microscope et si on le recouvre avec une lame de verre mince, munie de bandes latérales en carton pour le protéger, on le verra pour sûr se mettre sous ces bandes. S'il y a beaucoup d’eau sur le porte-objets, on le verra sortir de dessous la lame de verre, puis retourner immédiatement et tâcher de passer encore dessous en rampant. Si sous la même lame mince on a placé des morceaux du corps de la Bonélie femelle, il s’efforcera de s’introduire sous eux. En général, on remarque en lui la tendance à se cacher dans toutes les fentes, sans doute à cause de sa façon de vivre au milieu des plis du canal conducteur de la matrice. En comparant les données obtenues par nous sur l'organisation desmäâles et des femelles de Bonélies, nous ne trouvons de ressem- blance entre les unes et les autres que dans la structure des organes reproducteurs. Dans tout le reste, on reconnaît une telle différence qu’on n’hésiterait pas à regarder le mâle comme une forme assez originale de Turbellarié, forme qui représenterait quelque chose d’intermédiaire entre les Planaires el les Némertes, comme par exemple ie genre Dinophilus". Pour établir la comparaison des organes génitaux du mâle et de la femelle, je joindrai lafigure de la matrice. Ici l’entonnoir est beaucoup plus développé et beaucoup plus indépendant, mais il représente indubitablement le même type organique que chez le male. Il y a déjà plus d’un an que j'ai fait cette observation. Je crois avoir amassé passablement de faits pour confirmer l’assertion que j’avance aujourd’hui sur la nature de ces parasites; cepen- dant je ne puis moi-même, en dernière analyse, me dépouiller de quelques doutes. Si je me décide à présent à publier ce que déjà j'ai communiqué par écrit à tant de personnes, c'est pour provoquer l'attention de ceux à qui le rivage de la mer est accessible, sur ce fait, qu’ils confirmeront ou qu’ils improuveront par de nouvelles recherches. En outre, je n’ai pas voulu garder = 1 RgRRis mo nu dee DER SFR EEE Ne { Van Beneden; Bull. de l’Acad. de Belg., tom. XVIII. MALE PLANARIFORME DE LA BONÉLIE. 319 plus longtemps une observation dont la confirmation définitive- ment reconnue nous fournirait ce fait remarquable d’une même espèce animale dont les formes sexuelles représenteraient des classes différentes. En retournant de Cherso à Trieste, j’apportai quelques Bonélies vivantes, et, quoiqu’elles fussent très-près de mourir, je pus cependant en montrer une au professeur Babouchine, qui se trou- vait alors à Trieste. Je l’ouvris devant lui, et dans la matrice se trouvèrent deux Planaires, toutes deux mâles. Déjà la question du dimorphisme s'était présentée plus d’une fois aux naturalistes, principalement à propos de la différence morphologique des formes parasites de Crustacés et de Némato- des. Mais dans la plupart de ces cas on avait affaire à des formes normales ne présentant des différences ni de familles ni de sections. C’étaient de simples déviations de l’organisme, soit dans un sens, soit dans un autre, déviations dépendant des con- ditions du parasitisme. La Bonélie étant au nombre des {ypes peu connus de ceux qui ne sont point spécialistes, je n’ai pas cru inutile de joindre le dessin de la femelle sous l’aspect représenté par Lacaze-Duthiers'. J'ai joint aussi le dessin de ses organes génitaux; de la sorte, ceux- à mêmes qui n'ont point de publications spéciales sous la main, pourront faire la comparaison. | ! Lacaze-Duthiers; loc. eit. 320 MÉMOIRES ORIGINAUX. ———————_—_——————— ———" " —— ——…— ——— ———————— —————— Fi. Fc. Fi. Fic. Fire. Fic. Fic. EXPLICATION DES FIGURES. 1. Petite Bonélie telle qu’elle se montre par un temps très-calme : a la trompe épanouie à son extrémité supérieure ; b le corps enfermé dans un trou de la pierre; o ouverture buccale. 2. Bonélie ouverte par le dos; tousles organes, excepté ceux de la 4. 5. 6. génération, ont été enlevés : g les œufs flottant librement dans la cavité du corps; > rectum; ” matrice; p organe infundi- buliforme par le moyen duquel les œufs tombent dans la ma- trice ; v vagin ou partie de la matrice dans laquelle vivent les mâles. Mâle de Bonélie grossi 70 fois ; le réservoir spermatique pré- sente un développement moyen:7rs réservoir spermatique ; t entonnoir; d tube digestif; masse granuleuse tapissant la cavité du corps, il commence à s’en détacher les futurs filaments spermatiques ; s pelotes de corps spermatiques flot- tant librement dans la cavité du corps. Réservoir spermatique : £ entonnoir couvert en dedans de cils vibratiles. Parois du corps: z cils vibratiles; e couche externe de la peau consistant en noyaux entourés de leur protoplasma; # couche des muscles longitudinaux. Corpuscules spermatiques se développant dans la cavité du corps et flottant en liberté : a cellules enveloppant de toutes parts une vésicule hyaline; b cette vésicule centrale s’est agrandie et les cellules qui l'entourent ont considérablement diminué de volume par suite de leur multiplication; c vésicule hyaline centrale sur laquelle sont attachés par la tête les corpuscules spermatiques ayant déjà subi presque tout leur développe- ment. Corpuscules spermatiques grossis 650 fois. 321 NOTES MALACOLOGIQUES Par E. DUBRUEIL. S L. Du CAPREOLUS. Chez les Gastéropodes pulmonés, qui possèdent un sperma- tophore ou capreolus, ce corps est, en général, formé dans le flagellum ou dans une partie du fourreau de la verge. Mais il n’en est pas ainsi dans tous les Mollusques de ce groupe, et, par exception, le capreolus est créé dans d’autres organes que ceux que nous venons d'indiquer. Dans ce cas, des caractères tranchés se manifestent dans cer- taines parties de l'appareil générateur. Ce sont ces caractères que nous nous proposons de faire connaître en recherchant, chez quelques Zonites, le lieu de forma- tion et la structure du spermatophore. Des auteurs, sans tenir compte de données anatomiques, ont fait rentrer dans le genre sus-mentionné certaines espèces qui ne doivent pas lui être rapportées. Nous étudierons la constitution de ces espèces au point de vue de l'appareil générateur. Enfin, nous examinerons si les mêmes dispositions de ce der- uier système que l'on remarque chez le genre Zonites ne se rencontrent pas dans quelque genre voisin. ZoniTES ALGIREUS Monet. (Helix algira Linn®?.). Construit sur un plan analogue à celui du genre Æelir, l'appareil générateur du Zonites algireus s’en distingue par des différences qu’il importe de noter. La première est tirée de la situation bien connue et la seconde de la disposition de l'orifice génital. Notre collaborateur et ami le 1 Conch. syst., tom. IT, pag. 283, 1810. 2 Syst. nat., édit. X, tom. I, pag. 769, 1758. 322 MÉMOIRES ORIGINAUX. D' H. Sicard a démontré dans un Mémoire récemment inséré dans les Annales des Sciences naturelles", que l’appareil mâle et l'appareil femelle de la génération viennent déboucher au dehors par un orifice distinct, possédant chacun un petit muscle propre, et enveloppés tous les deux par un sphincter commun : iln’y a pas de bourse commune. De même que tous les Androgynes à orifices confondus, parmi lesquels il est rangé, le Zonite en question possède une poche copulatrice. Cette poche arrondie, d’une couleur rosée, n’est pas terminale en tout temps autre que celui du coït'. Elle est portée inférieurement par un canal de 1 1/2 cent. de long et sur- montée par un canal d’une longueur à peu près égale. Ce dernier va s'insérer sur l’oviducte, en s’atténuant jusqu’à son extrémité supérieure, qui est aveugle et arrondie, et du sommet médian de laquelle part un muscle d’attache de très-faible diamètre et d’une longueur de 9°*. Les deux parties de ce canal sont composées des mêmes mem- branes que celles qui entrent dans la conslitulion du même organe dans le genre //elix. Nous ferons remarquer la nature musculaire manifeste de la tunique médiane de ce conduit et nous tirerons parti de ce fait pour expliquer chez cette espèce le phénomène de la fécondation. Comme tous les organes semblables, la poche copulatrice, dont la base du canal est légèrement évasée, nait du sommet du vagin. Celui-ci est entouré d’une couche prostatique qui disparait à sa partie tout à fait inférieure”. C’est aussi à la paroi supérieure médiane du vagin, en contact immédiat avec le conduit de la —— 1 Moquin-Tandon, ne se rendant pas compte du mouvement de transport de la vessie copulatrice, se contente de dire, au sujet du Z. algireus, «que plus rarement l'extrémité du même conduit semble s'amiacir au lieu de se dilater en ampoule». (Hist. Moll. de France, 1855, tom. I, pag. 200.) De Siebold, dont nous ne saurions partager la manière de voir, assimile la même partie du conduit à la branche copulatrice. 2 Longueur de cette prostate, 8 1/2mm; largeur, 5mm; longueur de la partie inférieure du vagin qu'elle laisse à nu, 3m. - . DU CAPREOLUS. 323 vessie séminale, que vient s’insérer le col de l’oviducte dépourvu de muscle transverse. Le vagin est susceptible d’une grande extension. La verge du Zonite algérien est construite d’après un mode spécial'. Nous disons la verge, car, suivant la juste observation du D' Sicard, c’est de cet organe proprement dit qu'il s’agit; ce que l’on peut appeler son fourreau, et cette remarque doit s'appliquer aux espèces suivantes, ne s'étend pas à plus du tiers inférieur du pénis et en est facilement isolable. Cette même par- tie, ainsi que l’a le premier signalé Draparnaud, est hérissée de nombreuses papilles ou plutôt de petites arêtes situées à l’in- térieur, la pointe tournée vers le haut, lorsque la verge est à l’élat de repos. L’extrémité supérieure du pénis, sensiblement atténuée et où les arêtes sont remplacées par des éminences obliquement longitu- dinales, est arrondie et aveugle. C’est à tort que l’on regarderait, avec Moquin-Tandon, cette portion de l’organe mäle proprement dit comme un flagellum rudimentaire, car, dans l’acte du coït, elle sort avec la verge du corps du sujet auquel elle appartient?. D'autre part, vers son tiers inférieur, le même organe éprouve un rétrécissement marqué où ses membranes constituantes sont un peu moins accusées. À partir de ce dernier point, les arêtes deviennent moins fortes et finissent même par disparaître. Enfin, à la paroi extérieure de la verge, toujours à l’état de repos, on trouve une couche d’épithélium à cils vibratils qui occupe toute la longueur de l'organe et surtout son extrémité 5. Où commence le corps de la verge, où finit son pied? La ques- tion nous semble impossible à résoudre, car, excepté à sa nais- sance, le pénis n'offre aucun repli qui puisse servir à établir cette délimitation. ! Longueur de la verge, ? et 1/2mm, 2 Suivant Moquin-Tandon lui-même, le flagellum ne se renverse pas et ne change pas même de place pendant l'arcouplement. De plus, on sait que cet organe fait toujours partie du fourreau de la verge et non de la verge elle-même. 3 Ann. des Sc. nalur., loc. cit. 324 MÉMOIRES ORIGINAUX. Le canal déférent inférieur prend son origine un peu au-dessous de ce que l’on peut appeler le sommet de la verge!, du même côté et à peu de distance d’un muscle rétracteur dont la forme est bien décrite par Moquin-Tandon. Un petit musele rond, inté- rieurement placé, entoure aussi, au point où il débouche dans le pénis, l'extrémité du conduit; par l'effet d’une faible courbe for- mée par celui-ci, son orifice est situé en un point un peu supérieur au reste de son trajet. Enfin, loujours au même lieu d'insertion, la verge est enveloppée d’une couche de tissu fibreux s'étendant, surtout inférieurement, à une assez grande distance ?. Dans son parcours, le canal peut être divisé en deux parties distinctes. À partir de son point de jonction avec la gouttière déférente jusqu'à une distance de 31%", son diamètre est de 1/3 et tout au plus de 1 1/2mm chez quelques sujets; tandis que dans la deuxième partie de son parcours, qui va se terminer à la verge et qui est de 19 à 20m, il est égal à 1®® et quelquefois à 1 1/42 de largeur. La partie étroite est pellucide; la partie dilatée, d’un blanc opa- que, se compose des mêmes couches qu'on observe dans le flagel- lum des /elir. Sous une membrane cellulaire externe on trouve une membrane musculaire très-prononcée, suivie elle-même d’une couche glanduleuse qui n'existe pas dans la portion étroite du même conduit. : De plus, les canuelures longitudinales qu’on remarque dans la partie supérieure du fourreau et dans le flagellam des Hélices sont remplacées, dans la partie large du canal déférent du Zonite en question, par de nombreuses cannelures disposées comme la spi- ricule des trachées végétales, s'étendant en spirale oblique entre ses deux bords; leur obliquité augmentant vers le point de jonction des deux portions du conduit, elles deviennent à peu près longi- 1 À 2 1/2mm de l'extrémité supérieure de la verge. 2 Les détails dans lesquels nous sommes entré sur l'appareil générateur du Zoniles algireus nous paraissent indispensables pour expliquer chez cette espèce la fécondation. Pour une plus complète description de cet appareil, uous renvoyons au Mémoire cité plus haut. DU CAPREOLUS. 325 tudinales au voisinage de cet endroit. Elles sont ordinairement recouvertes de particules solides, de couleur blanche, donnant effervescence avec l'acide chlorhydrique. Cette structure si curieuse, analogue à celle qu'offrent chez un grand nombre d’espèces d’Aelix la deuxième partie du fourreau de la verge et le flagellum, trouve sa raison d’être en ce que, comme ces derniers organes, c’est lui seul qui est chargé de sécréter le capreolus". Le spermatophore existe en effet chez cette espèce, et, dans le courant des mois de septembre et d'octobre, on le rencontre fréquemment situé dans le canal°, ou, chez des sujets dont l’accou- plement a cessé depuis peu, inséré en partie dans l'appareil copu- lateur. Ce corps, qui a 26% de long et 1°* de largeur moyenne, est de forme tubulaire allant en diminuant de volume des deux côtés à partir de son tiers inférieur. C’est un canal complet garni de nombreuses cannelures spirales. Une coupe transversale a l'apparence d'une roue d'engrenage garnie de 12 à 14 petites dents. Son extrémité supérieure se termine par un tube à ouver- ture capillaire où les lamelles disparaissent, tandis que l’autre, formée dans la parlie large du canal la plus dislante de la verge, où elles sont plus prononcées, est moins longue, moins effilée et présente un orifice plus large. Il est recouvert d'une membrane albuminoïde. Dans le corps de l'animal, il offre une consistance très-résistante; exposé à l'air, il devient vitreux, transparent et friable. Comment chez le Zonites algireus s'opère la fécondation ? Au 1 L'opinion de Moquin-Tandon est trop générale. «Le capreolus, dit-il (Hisé. Moll. de France, tom. I, pag. 229, 1855), est sécrété par la partie étroite du fourreau de la verge et par son flagellum; ou bien, quand ce dernier manque, par la partie étroite du fourreau seulement». En ce qui concerne le genre Zonites, la manière de voir du D. Fischer sur le lieu de production du spermatophore se trouve confirmée par les faits. 2 C'est une preuve évidente que le capreolus se forme avant l'accouplement. Nous avons bien des fois, du reste, retrouvé ce corps dans le flagellum de l'Aelix aspersa, avant tout rapprochement. 326 MÉMOIRES ORIGINAUX. moment du coït, la verge commence à opérer son mouvement de rétroversion pour s’introduire par l'ouverture vaginale dans le corps de l'individu jouant le rôle de femelle ; le canal déférent la suit; on voit en effet ce conduit occuper la majeure partie de la cavité formée par les parois de l’organe mâle. Le capreolus est poussé par les contractions de la portion de l’organe où il a été formé etpar celles de la verge, mais son insertion ne commence qu'après que la rétroversion du pénis est terminée. C’est directement de l'ouverture d'insertion du canal déférent inférieur et non d'un orifice particulier de la verge que le capreolus est introduit dans les parties femelles*. Le coït continuant, le Sos arrive, à travers l'ouver- ture génitale femelle, au canal copulateur. Pour s’y introduire, repoussant devant lui la poche copulatrice, qui souvent de mé- diane qu’elle était devient terminale, le capreolus dilate les deux portions de ce conduit. Son extrémité supérieure englobe le con- tenu de la vessie séminale, ou bien elle se replie d’un seul côté de ce contenu. Quant à l’extrémité inférieure, se recourbant en arc de cercle, elle va s'insérer de 3, 4 et même 5mm dans le col de l’oviducte, qui, ainsi que nous l'avons déjà dit, est dé- pourvu, chez cetle espèce, de muscle transverse. Elle est enve- loppée d’une substance visqueuse, semi-fluide, blanchâtre, dont la quantité augmente quand on exerce une pression sur le capreo- lus. C’est de l’intérieur de ce corps que s’échappe cette substance. Portée sur le champ du microscope, elle renferme une infinité de spermatozoïdes qui ont des caractères identiques à ceux 1 L'extrémité tout à fait supérieure de celle-ci se replie et se pelotonne dans le vagin. 2 La grande faculté d'extension longitudinale du vagin pourra nous servir à expliquer la disproportion qui existe, dans les Zonites en général, entre ce dernier et l'organe mâle, car nous ne saurions accepter l'opinion que la verge pénètre dans l'appareil copulateur; elle est uniquement coiffée par la base du conduit. En outre, si chez le Z. algireus, par exemple, le pénis pénétrait par son extrémité dans le canal de la vessie séminale, il s’opposerait à l'introduction du capreolus, formé, comme nous venons de le dire, dans un organe dont l'insertion n'est pas terminale : cette extrémité se replie et se pelotonne sur elle-même. DU CAPREOLUS. 327 qu'on observe dans la glande hermaphrodite. Notons que cet effet se produit avant que la dissolution du capreolus ait com- mencé. Ainsi, ce n’est point par la destruction du spermatophore que les spermatozoïdes sont mis en liberté, et ce n’est pas dans une portion de l'appareil copulateur que ce fait se produit. La membrane musculaire de cetappareil, en se contractant, comprime le capreolus et force l’élément mâle qu’il contient à s'échapper par l'orifice de l’extrémité de ce corps insérée dans le col de l’oviducte. Cependant nous devons dire, ainsi que nous l'avons déjà fait observer dans ce Recueil (tom. I, pag. 312), qu'aux endroits où la dissolution du capreolus a commencé, on rencontre aussi des spermatozoïdes. Enfin, l'introduction du spermatophore une fois terminée, la verge vient reprendre sa position primitive en opérant un mou- vement de rétroversion en sens contraire du premier; par leur forme et leur posilion, les arêtes dont elle est garnie ne peuvent mettre aucun obstacle à ce mouvement. De l'exposé des faits qui précèdent, nous sommes donc autorisé à conclure que, chezle Zonites algireus, il existe un capreolus ; que ce capreolus est construit suivaat un mode difiérent de celui du genre AHelix; enfin que, dans l’espèce en question, le sperma- tophore est formé dans une partie du canal déférent inférieur. ZoniTes Ourverorum Gmelt. (Helixincerta Drap.) et Z. Lucipus Moq?. (Æ. lucida, et H. nitida Drap). Le fait si remarquable de la formation du capreolus dans une portion du canal déférent inférieur du Z. algérien se produit en- _core chez ces deux espèces; aussi la fécondation s’opère-t-elle d’une façon analogue. Le conduit déférent du Z. olivetorum, qui aboutit terminale- ment à une verge courte el volumineuse*, présente deux parties 4 Syst. natur., pag. 3639, 1788: 2 Hist. Moll. de France, tom. II, pag. 75, 1855, 3 Longueur de la verge, 7 1/2mm, 328 MÉMOIRES ORIGINAUX. d’une longueur à peu près égale, mais d’un diamètre différent. La portion se rattachant à l'organe mâle', et dans laquelle se forme le capreolus, est d’une grosseur bien supérieure à celle qui la précède et d’une composition manifeste. On y distingue, comme chez l'espèce précédente, une membrane cellulaire re- couvrant elle-même une couche musculaire à laquelle est inté- rieurement superposée une couche glandulaire. À la surface de cette dernière se remarquent des cannelures ou mieux des côtes, qui, au lieu des’étendre en spirale oblique, comme dans l’espèce précédente, sont placées transversalement. Chacune d'elles est séparée des autres et n’embrasse pas toute la largeur du canal, dont pourtant elle parcourt plus de la moitié. Ces côtes sont disposées d’une manière alterne à la surface interne, c’est-à- dire que, la première naissant du bord droit, la seconde nait, un peu plus loin, du bord gauche. Leur configuration est toujours à peu près la même : elles débutent, à leur origine, par une por- tion trés-mince, se continuent. par une portion arrondie, d’un diamètre sensiblement plus fort, et finissent en s’atténuant de nouveau. De petits tubercules sont situés entre ces cannelures. Le capreolus*, de la forme générale de celui du Z. algireus, débarrassé de la couche albumineuse qui l'entoure, est garni de nombreuses stries longitudinales, légèrement sinueuses et d’un diamètre irrégulier. Ces stries, coupées à d'assez longs inter- valles par d’autres stries transversales, s’observent à la partie médiane du spermatophore et à son extrémité la plus grosse, tandis qu’à l’autre elles s’atténuent et disparaissent. Le vagin du Z. olivelorum ne possède pas de couche prostatique et sa disposition réfute par conséquent l'opinion de Siebold, qui voit dans les glandules inuqueuses qui garnissent la base de ce dernier, dans le genre Æelix, des organes destinés à sécréter le spermatophore. . ! Longueur de la partie large du canal, 15mm, 2 Longueur du capreolus, 16mm. [] DU CAPREOLUS. 329 Quant aux autres parties du système générateur, elles soat construites sur un type identique à celles du Z. algireus. Ce type est modifié dans la conformation de l’appareil copula- teur du Z. lucidus, dont la vessie séminale est loujours terminale. Le canal copulaleur naït du sommet du vagin, embrassé, ainsi que la base de ce conduit et celle du col de l’oviducte, sinueux el très-court', par une couche prostatique. La poche présente une forme à peu près ovoïde, avec un léger angle à son sommet, du côté où elle est rattachée par un petit muscle à l'oviducte. Sa longueur est de 2? 1/2mm et sa plus grande largeur de 1 1/2mm. Le canal qui la porte mesure 5mm de long ; la membrane muscu- laire accusée vers la parlie inférieure de ce conduit s’atténue insensiblement vers la poche : on sait que, dans certaines espèces du genre Helix, elle est si peu prononcée que sa nature est vive- ment discutée. Comme dans le Z. algireus, l'extrémité tout à fait inférieure du vagin qui n’est pas entourée par la prostate peut, dans son état d'extension, mesurer Jusqu'à 4mm delong. La partie large” du canal déférent inférieur présente aussi dans sa forme quelques dispositions spéciales peu importantes. Au lieu de se joindre à la partie étroite en ligne droite, son extrémité, se repliant inférieuréement sur elle-même et rattachée par du tissu cellulaire, se réunit à celle-ci en formant une sorte d’S dont la courbure supérieure esttrès-prononcée. Au voisinage de son point d'insertion se manifeste la plus grande dilatation du conduit, qui diminue insensiblement de volume dans son trajet vers la verge”, garnie intérieurement de gros tubercules. Cette insertion a lieu de la manière suivante, existant chez quelques espèces, mais d’une façon moins marquée : À une faible distance du pénis, le OR ETS DE DO ER DCE D RD — CG { Longueur, 1 1/2mm. ? Longueur de la partie large, 9 1/2; largeur, 8/10mm; jongueur de la partie étroite, 11mm, $ Longueur du pénis, Tmm; longueur de son fourreau, 2mm. L’extrémité supé- rieure de la verge est arrondie; de son sommet presque médian, offrant une très- légère dépression, part le muscle rétracteur. 330 MÉMOIRES ORIGINAUX. canal décrit une courbe dont la convexité est tournée vers le sommet de cette partie ; puis, relevant son extrémité en sens inverse de la première courbe, il va opérer sa jonction avec la verge, en formant un angle aigu avecle corps de celle-ci. Le spermatophore, construit sur le même mode que celui des Zonites précédents, est muni de cannelures longitudinales for- mées par des sortes de côtes qui existent le long de la partie large du canal déférent. (4 continuer.) EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fi. I. Zonites algireus avant l’accouplement (gr. nat.). A Poche copulatrice, B son canal inférieur, C son canal su- périeur, D son muscle d'attache, E vagin recouvert par une prostate vaginale, F oviducte proprement dit, G col de l’ovi- ducte, H gouttière déférente, I canal déférent inférieur (ori- gine). Fi. Il. Z. algireus après l’accouplement (gr. natur.). D, E, F. H, I, comme dans la figure précédente. B, C, canal inférieur et canal supérieur de la poche copulatrice dilaté par l’introduction du capreolus qui a fait remonter le con- tenu de cette poche. Fic. III. Z. algireus (gross. 2 diamètres). A partie dilatée du canal déférent inférieur pour montrer les lamelles, B partie étroite du même canal. Fic. IV. Z, algireus, À capreolus, extrémité située vers le fond de la poche copulatrice, B capreolus, extrémité tournée vers le col de l’oviducte. Fic. V. Z. algireus. Coupe transversale du capreolus en C D (#g. 4) (gross. 9 diamètres). Fic. VI. Z. olivetorum. Partie large du canal déférent inférieur. Fic. VII. Z. Olivetorum., Portion de capreolus (très-grossie). 331 DE L'INTERVENTION A DISTANCE DES HYMÉNOPTÈRES DANS LA FÉCONDATION DES VÉGÉTAUX, Par D.-A. GODRON. On sait aujourd’hui qu’en butinant sur les fleurs, les Abeilles et les Bourdons mêlent les pollens des fleurs d’une même espèce et favorisent ainsi leur fécondité ; on n’ignore pas non plus que, si deux espèces d’un même genre croissent pêle-mêle ou dans le voisinage l’une de l’autre et n’opèrent pas leur fécondation dans le bouton floral encore clos, mais seulement après l'épanouissement de la corolle, il peut en résulter des croisements réciproques et la formation d’hybrides. Nous étudions, depuis de longues années, au bois de Malzéville, près de Nancy, le rôle que ces Insectes jouent dans les féconda- tions croisées entre les Primula grandiflora Lam. et officinalis L. et, dès 1844, nous avons reconnu que leurs hybrides, dans cette localité, résultent de la fécondation du premier par le pollen du second". J. Gay a aussi constaté sur les nombreux échantillons de son herbier, provenant de diverses localités éloignées les unes des autres, que cet hybride a pour père le Primula officinalis et pour mère le Primula grandiflora*. Nous avons établi depuis, par voie expérimentale, la confirmation de cette attribution dans le rôle des parents. En 1863, nous avons fécondé artificiellement le Primula grandiflora par le pollen du: Primula officinalis, et nous avons obtenu absolument la même forme que celle des hybrides de première génération qui se produisent à Malzéville. Pourquoi donc le croisement ne se fait-il pas aussi en sens 1 Godron ; De l'hybridité dans les végétaux. Nancy, 1844, in-4o, pag. 21. 2 J. Gay; Bull. de la Soc. bot. de France, tom. VII, pag. 307. 1860. $# Godron; De l'origine hybride du Primula variabilis (Bull. de la Soc. bot. de France, tom. X, pag. 182. 1863). 332 MÉMOIRES ORIGINAUX. inverse entre les deux espèces vivant mêlées dans une même localité ? Nous en avons antérieurement donné l'explication dans les termes suivants : « Cette fécondation inverse doit se produire rarement, si toutefois elle se produit spontanément, par la raison bien simple que la floraison ne commence pas à la même époque chez les parents de cet hybride : le Primula grandiflora est plus précoce et sa floraison est déjà très-avancée lorsque le Primula offi- cinalis est en pleine floraison. Il y a donc beaucoup de chances pour que le Primula grandiflora, dont le nombre des fleurs nubiles a beaucoup diminué, soit fécondé parle Primula officinalis! ». La fécondation artificielle du Primula grandiflora par le pollen du Primula offivinalis, dont j'ai parlé plus haut, avait été facilitée par cette circonstance que J'avais, à l’automne précédent, planté au soleil, dans mon jardin, le Primula officinalis, et à l'ombre le Primula grandiflora. Ils ont ainsi donné, l’un des fleurs plus précoces, et l’autre des fleurs plus tardives. C’est en précaution inverse qu'il m'a élé facile d'opérer, en 1866, la fécondation artificielle du Primula officinalis par le pollen du Primula grandiflora®. J'ai actuellement sous mes yeux (8 avril 1875) les sept pieds primiiifs que j'ai obtenus et toute leur descendance jusqu’à aujourd’hui. Je rappellerai que les deux hybrides de première génération produits par des croisements inverses se distinguent parfaitement l’un de l’autre par des caractères tranchés, et notamment par les suivants : Le Primula officinalis-grandiflora a ses fleurs dressées un peu élalées, ses corolles à limbe plan, comme dans le Primula grandiflora. Le Primula grandifora-officinalis montre des fleurs toutes inclinées du même côté, des corolles à limbe disposé en coupe, comme dans le Primula officinalis, mais bien plus grand. J'avais 4 Godron; Vouvelles études sur les hybrides des Primula grandiflora et officinalis (Mém. de l'Acad. de Stanislas pour 1873, pag. 70). 2 Godron; Jbid., pag. 20. 3 Les pieds nombreux qui se sont développés autour des pieds hybrides pri mitifs ont fourni beaucoup de variétés et beaucoup de retours aux parents, surtout au Primula officinalis. FÉCONDATION DES VÉGÉTAUX. 333 ‘ donc à ma disposition, comme termes de comparaison, les deux hybrides à l’état de vie, pour juger en toute connaissance de cause un fait complétement inattendu qu'il me reste à faire connaitre. M. le D' Humbert, obligé de quitter Metz pour conserver sa nationalité, est venu se fixer à Nancy et explore avec une vive ardeur la flore des environs de cette ville. Il m'a apporté, à la fin de mars 1874, deux pieds vivants hybrides de nos deux Primula, recueillis par lui vers la partiesupérieure des pentes boisées (à l’état de jeunes taillis) d'un promontoire de notre chaine jurassique qui s’avance à peu près perpendieulairement au cours de la rivière de la Meurthe, au-delà de Maxéville, à droite et à gauche du lieu connu sous le nom de Chapelle des trois Colas'. Il a retrouvé de nouveaux pieds de la même forme, les jours suivants ; malgré des recherches minutieuses et répétées, il n’a pu découvrir aucun pied de Primula grandiflora sur ce coteau situé sur la rive gau- che de la Meurthe, et qui nourrit des pieds nombreux de Primula officinalis. Il resta convaincu que la fécondation n'avait pu être opérée que par le pollen du Primula grandiflora apporté par les Abeilles ou les Bourdons du coteau de Malzéville, situé vis-à-vis, sur la rive droite du même cours d’eau. Les deux points sont éloignés l’un de l’autre d’un peu plus de deux kilomètres à vol d'oiseau. À raison de la distance, ma première impression ne fut pas favorable à cette manière de voir. Mon étonnement augmenta en examinant les échantillons frais déposés entre mes mains. Ce n'était pas le Primula officinalis-grandiflora, si fréquent au bois de Malzéville, mais l’'hybride inverse, le Primula grandiflora- officinalis, dont je ne connaissais l'existence que par mes échan- tillons obtenus par la fécondation artificielle et auxquels j'ai pu le comparer dans mon jardin. Les caractères sont identiques. A trois reprises, jai visité moi-même les lieux; j'ai fouillé ces bois dans tous les sens ; j'ai trouvé dans le taillis deux nouveaux 1 C'est là qu'étaient situées, au siècle dernier, les fourches patibulaires de Maxéville. (H. Lepage; Dict. topog. du département de la Meurthe, in-40, pag. 72. Paris, 1862.) IV, 33 334 MÉMOIRES ORIGINAUX. pieds du même hybride, mais aucune trace du Primula grandifiora. Comment s'expliquer que cet hybride, qu'on n’a pas rencontré à Malzéville, se trouve à Maxéville, où le type maternel fait défaut ? Nous constaterons bientôt que la disposition topographique, et surtout l’exposition, sont bien différentes dans ces deux localités. Mais je dois tout d’abord rappeler que les Primula officinalis et grandiflora, comme le Viola alba Bess. et plusieurs autres plantes qui croissent dans les bois de nos coteaux jurassiques, ne se rencontrent abondamment que dans les jeunes taillis et périssent lorsque le bois devient plus fourré et plus élevé, ce qui les prive d’air et surtout de soleil, pour ne reparaitre qu'après une nouvelle exploitation. C’est là un fait que j'ai constaté depuis plus de quarante années que j’herborise sur ces coteaux. Actuellement, les seules parties boisées du coteau de Malzéville qui soient à l’état de jeunes taillis et présentent une grande quantité de nos deux Primula et de leurs hybrides, sont deux pentes assez abruptes qui regardent, l’une le Nord, l’autre l'Ouest, expositions défavorables aux floraisons précoces, par la raison qu'elles reçoivent très-obliquement les rayons solaires pendant la plus grande partie de la journée. Il n'en est pas de même des pentes du coteau de Maxéville, sur lesquelles le D° Humbert a découvert le nouvel hybride; elles regardent le Sud et le Sud-Est, recoivent presque perpendiculai- rement à la surface déclive du sol les rayons du soleil dans le milieu de la journée, alors que cet astre est le plus élevé sur l'horizon. J’ajoulerai qu’au-dessus de ces pentes le plateau est couvert d’un bois élevé et touffu qui les préserve du vent du Nord. Aussi le Primula officinalis, dans les conditions actuelles, fleurit-il plus tôt dans le jeune taillis de Maxéville que sur les pentes opposées du coteau de Malzéville. Au premier printemps, les fleurs sur lesquelles les Abeilles et les Bourdons butinent sontencore bien peu nombreuses, ce qui les force à exécuter de longs trajets pour recueillir leur nourriture. Or, ces Insectes, atlirés par la lumière vive qui éclaire les pentes du FÉCONDATION DES VÉGÉTAUX. 339 coteau de Maxéville, doivent se rendre d’un point à l’autre en transportant avec eux du pollen du Primula grandiflora sur les organes floraux du Primula officinalis, à floraison précoce. On dit que les Abeilles butinent à une lieue à la ronde ;\le fait que nous venons d'étudier précise assez nettement une distance, un peu plus de deux kilomètres, qui n’est peut-être pas la dis- tance maxima ; il nous a paru assez remarquable pour être consigné dans les annales de la science. SUR LES PROGRÈS RÉCENTS ET L'ÉTAT PRÉSENT DE LA BOTANIQUE SYSTEMATIQUE Par G. BENTHAM. (Extrait du Report of the British Association for the Advancement of Science for 1874, p. 28 à 54.) La publication dans laquelle a paru ce remarquable discours ne se trouve en France que dans un très-petit nombre de biblio- thèques. C'est pourquoi il nous a semblé qu’il serait utile et agréa- ble à nos lecteurs de trouver ici le résumé et la traduction des principaux passages de ce document; la longue expérience de son auteur et ses profondes connaissances en botanique systématique ajoutent une très-grande valeur aux conseils qu’il donne et aux opinions qu’il émet ou qu’il appuie. Au début, M. G. Bentham rappelle que depuis plus d’un demi- siècle il s’est livré à l’étude de la botanique systématique, deve- nue même, pendant les quarante dernières années, la principale occupation de sa vie, et que pendant une si longue période cette science a subi bien des vicissitudes. Regardée d’abord comme constituant toute ou presque toute la botanique, elle a été plus tard qualifiée de simple catalogue de noms; et, surtout parmi les physiologistes, qui revendiquaient exclusivement pour eux le titre de botanistes scientifiques, il a été de bon goût d’en rire comme d'un amusement trivial. Mais les longues relations de 336 MÉMOIRES ORIGINAUX. l’auteur avec les botanistes systématiques du xix° siècle, avec des correspondants de Linné, avec Ant.-L. de Jussieu, De Can- dolle, Robert Brown, Endlicher, J. Lindley, avec les adversaires aussi bien qu'avec les partisans de la méthode de Jussieu, lui ont permis d'apprécier toute l'importance de cette partie de la science. Avant Linné, les efforts tentés furent nombreux, mais vagues et sans succès, malgré le mérite éminent des Ray, des Tournefort, des Allione et autres; et il était réservé au génie de l’immortel Suédois de poser les bases solides de l'établissement des genres et des espèces. Sans doute ses principes ne répondaient pas à tous les besoins de la science, mais les connaissances possédées à son époque sur le règne végélal ne permettaient pas d'aller plus avant. En effet, huit à dix mille espèces de plantes seulement, presque toutes de l'hémisphère boréal ou du cap de Bonne-Espé- rance, furent connues de Linné; et, si ce nombre lui permit de fixer les relations des genres et des espèces, il ne pouvait en faire autant pour les groupes supérieurs, c’est-à-dire pour les ordres et les familles naturelles, dont une trop grande partie restait encore à découvrir. Mais la publication de son immortel système sexuel, avec les vingt-quatre classes et ses divisions, d’un usage si facile, fut le point de départ de progrès admira- blement rapides. En peu d’années, le nombre des plantes connues fut doublé, et au commencement de ce siècle les découvertes et les études se multiplièrent dans d'énormes proportions. Déjà, peu de temps après la mort de Linné, A.-L. de Jussieu, suivant les traces de son oncle Bernard, avec un esprit méthodique fécond, mais non comparable à celui du grand maître suédois, mit à profit les résultats obtenus par ses prédécesseurs et les riches matériaux dont il disposait, et ouvrit grandement la route vers un classement méthodique. Son Genera plantarum, commencé en 1778 et publié seulement en 1789, contenait des principes qui furent accueillis avec enthousiasme, d’abord en France, ensuite en Angleterre, puis en Allemagne, mais avec moins d’ardeur. Robert, PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. 337 Brown et De Candolle père contribuëèrent puissamment à les ré- pandre et à les perfectionner. L'auteur prend l’année 1832 pour point de départ de ses com- paraisons ultérieures; à ce moment, la méthode naturelle se sub- stituait graduellement aux systèmes artificiels et donnait une forte impulsion à l’étude scientifique des plantes. En France, sous les auspices de De Candolle, Ad. Brongniart, Adr. de Jussieu et autres professeurs de Paris, elle était adoptée dans l’enseigne- ment. L'Organographie végétale, la Physiologie végétale de De Can- dolle, les nombreuses éditions des Éléments de Richard, l’admi- rable Flore française de De Candolle, le Synopsis de Duby, en avaient répandu la connaissance et contribué puissamment à faire délaisser les Traités et les Flores rédigés d’après le système linnéen. En Angleterre, la même substitution se faisait aussi, mais seu- lement chez les botanistes les plus élevés dans la science. L’in- fluence personnelle et les grands travaux de Smith, possesseur des collections de Linné et longtemps président de la Société linnéenne, avaient fait prévaloir dans l’enseignement et dans les Flores le système des vingt-quatre classes; mais ce ne fut pas pour longtemps. Les travaux de Robert Brown, l’enseignement de sir W. Hooker, ses publications, et surtout la série de celles de Lindley, assurèérentdéfinitivement à la méthode naturelle le succès qu'elle avait déjà obtenu en France. Les monographies qui y furent exécutées, comme l'avait recommandé De Candolle, par Hooker, Greville, Arnott et autres, contribuërent aussi à ce progrès. QIl fut plus lent en Allemagne. Ce pays abonde en rêveurs qui se plaisent aux minuties de détail, et, pour arriver à leur but, se contentent de tout système artificiel, sexuel, alphabétique ou autre, et aussi en purs spéculateurs, qui, pour le développement de leurs imaginations, ne veulent être gênés par aucun système. Les avantages de la méthode naturelle eurent donc besoin d’un long temps pour vaincre la force de l'habitude, maintenue intacte dans ces ouvrages nombreux qui sortaient de la presse allemande 338 MÉMOIRES ORIGINAUX, pour l'usage des collectionneurs ou des botanistes pratiques.» Les nouvelles éditions du Systema vegetabilium et du Species plantarum de Linné, publiées par Sprengel, Rœmer et Schultes, furent long- temps d’un usage général, malgré leurs nombreuses imperfec- tions. Bartling fut le premier à rompre avec la tradition allemande en publiant ses Ordinesnaturales plantaruim (1830), qui n'étaient au fond qu’un remaniement des Familles de Jussieu et de De Can- dolle ; mais aucune Flore d'Allemagne ni aucun Traité pratique n’était encore rédigé en vue de mettre la méthode naturelle ou scientifique à la portée des commençants. Les autres pays plus éloignés paraissaient moins encore dispo- sés à adopter l’enseignement philosophique de la botanique, qui, après tout, grâce à l'influence des ouvrages français, gagnait graduellement du terrain en Suède, en Russie comme dans l’'Amé- rique septentrionale, tandis que, au sud de l’Europe, l'Espagne et l'Italie, qui au siècle dernier avaient produit tant d’éminents bota- nistes dans toutes les branches de la science, semblaient disposées à se cantonner dans les Flores locales et le système sexuel. Pendant la seconde période, de 183? à 1859, les progrès dela botanique systématique furent merveilleux. Partout il était admis et enseigné que les plantes doivent être groupées d’après une étude philosophique de leurs affinités morphologiques, anatomi- ques, physiologiques. L'exposition de la méthode naturelle était conquise dans les admirables ouvrages des De Candolle père ot fils, Adr. de Jussieu, Lindley, Endlicher, Kunth, Hooker, Mobl, Mettenius, Montagne, Fries, Tulasne, Berkeley, Agardh père et fils, Harvey, Thuret, Kützing el autres. Mais à ce moment se présentait un obstacle formidable, et qui à plusieurs paraissait même insurmontable. « Qu'est-ce qu'une espèce, et d’après quelles affinités naturelles doit-on classer les espèces? Voilà des questions dont la discussion pa- raissait vaine en 1859; et c’étaitun sacrilége de douter des ré- ponses qu'y faisait l'enseignement doctrinal. On enseignait, et quelques-uns peuvent encore le croire, que chaque espèce, telle que nous la voyons, était une création originale, se per- PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE, 339 pétuant à chaque génération dans des formes limitées à jamais infranchissables. Partout on faisait intervenir l'impénétrable volonté du Créateur, on faisait des espèces, on établissait des variétés, mais sans moyen de déterminer quel degré de variation ou de persistance distinguait l’espèce de la variété. Le botaniste qui, d’un côté, affirmait que le Rubus fruticosus, le Draba verna ou le Sphagnum palustre n'étaient chacun qu’une espèce très- variable, et celui qui, de l’autre, soutenait que sous ces noms collectifs il y avait quatre cents, au moins deux cents, ou vingt espèces créées séparément et se propageant sans varier, produi- saient chacun en faveur de leurs opinions des arguments auxquels nulle réponse positive ne pouvait être faite ; et ainsi la botanique systémalique en était arrivée à mériter dans bien des cas le re- proche que lui faisaient les physiologistes allemands, d’être dégé- nérée en une multiplication arbitraire ‘et en un simple catalogue de noms et de spécimens à l’usage des botanistes collecteurs, constituant un obstacle plutôt qu’un secours à l'extension de notre connaissance scientifique de la végétation du globe.» Antérieurement à cette époque, il avait bien été donné quel- ques indications pour la solution de ces questions, et la théorie de la descendance des espèces avait bien été indiquée ; mais le tout était trop vague et trop peu étayé de faits pour s'impo- ser à l’attention. « Il était réservé à la publication de l’Origine des espèces, en 1859, de marquer le sentier conduisant aux points les plus élevés de la science. La doctrine de l’évolution de l’es- pèce d’après des lois immuables, au lieu d’une intervention arbi- traire dans chaque occasion, fut dans ce remarquable travail exposée avec clarté, appuyée de fortes preuves et basée sur des faits et des observations dont l’exactitude ne pouvait être mise en doute. Aussi fut-elle reçue immédiatement et bien comprise par les plus éminents naturalistes anglais, accoutumés aux déduc- tions philosophiques tirées de faits bien certains. En Allemagne et en Italie, elle fut accueillie aveuglément, et mal employée par quelques esprits spéculatifs, qui, dans leur empressement à adop- ter le darwinisme avant de l’avoir bien compris, dans leur ardeur 340 MÉMOIRES ORIGINAUX. à dépasser la route sûre tracée par l’auteur ou à s'approcher des précipices, alarmèrent les timides et la firent repousser et dénon- cer comme très-dangereuse par la grande majorité des hommes accoutumés à placer la tradition au-dessus du raisonnement. Nous, les classificateurs, nous hésitämes d’abord à marcher dans une direction si contraire à celle que nous avions suivie si long- temps ; mais après une étude attentive des faits et des preuves servant de base à la nouvelle théorie, nous cessâmes de douter et comprimes que seule elle pouvait nous faire vaincre des dif- ficultés que nous avions toujours réputées insurmontables, seule nous conduire dans un champ d’observation vaste et entièrement neuf, seule enfin capable de donner aux résultats de nos travaux une stabilité dont jusqu'alors nous ne nous étions fait aucune idée. Le dernier des éminents observateurs persistant à mainte- nir la création indépendante et la fixité absolue de chaque espèce, le grand professeur Agassiz, nous a été enlevé, et maintenant on peut considérer comme généralement admise la doctrine que toutes les méthodes naturelles doivent être basées sur des affini- tés dues à la consanguinité. Quinze ans ont suffi pour l’établis- sement d’une théorie dont les points principaux, en ce qui con- cerne la botanique systémalique, peuvent se résumer comme il suit : « Quoique tous les nombreux descendants d’un individu végé- tal ressemblent à celui-ci par tous leurs principaux caractères, il y à cependant entre eux de légères différences individuelles. » Parmi le petit nombre de ceux qui survivent pour la propa- gation ultérieure, la grande majorité, dans les circonstances ordi- naires, se compose de ceux qui ressemblent le plus à leur parent, et ainsi l’espèce se continue sans variation essentielle. » Néanmoins, il y a des cas où certains individus présentant des caractères légèrement divergents peuvent survivre et produire des races dans lesquelles ces divergences se continuent, même en augmentant d’inlensité, et ainsi ils produisent les variétés. » Dans le cours d’un nombre indéfini de générations, des cir- constances peuvent amener dans ces divergences une augmenta- PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. 341 tion telle que quelques-unes de ces nouvelles races ne se reprodui- sent plus aisément entre elles, et alors les variétés deviennent des espèces nouvelles, d'autant plus tranchées que les races inaltérées ou peu altérées, descendant du parent commun, seraient venues à s’éteindre. » Ces espèces, à leur tour, deviennent les parents de groupes d’espèces, c’est-à-dire de genres, de familles, etc., d’un degré de plus en plus élevé selon l'éloignement du parent commun, et plus ou moins tranchés selon l'extinction ou la conservation des formes primaires inaltérées ou des intermédiaires moins altérées. » Comme il n’y a qu'une différence de degré entre une variétéet une espèce, entre une espèce et un genre, entre un genre et une famille, toute discussion sur le grade précis auquel un. groupe appartient réellement est vaine; ceci est laissé en grande mesure à l'appréciation personnelle et dépend de la manière dont le classi- ficateur établit ses divisions, et de la nomenclature qu’il adopte. Dans la délimitation des familles, genres, espèces, etc., il doit soi- gneusement observer les cas où l’extinction des races a nettement isolé les groupes ayant une descendance commune ; et dans les autres cas, où la conservation des formes intermédiaires n’a pas laissé de tels vides, il est obligé de tracer des lignes arbitraires de distinction, là où cela semble le plus propre pour l’usage. » Dans l’appréciation de la valeur comparative des caractères se présente la difficulté qu'il y a à distinguer les deux classes de ceux auxquels le professeur Flower a très-justement appliqué les noms de caractères essentiels et caractères adaptifs, les premiers résultant d’une transmission héréditaire , les seconds n'étant que des effets plus récents des influences extérieures... En somme, le plus grand changement que l’adoption de la nouvelle doctrine a apporté dans l’étude méthodique des plantes est d’avoir rendu nécessaire, pour l'établissement de chaque genre ou de tout autre groupe, que l’on tienne compte et qu’on estime la valeur de tous les caractères observés ; — aucun ne pouvant être tenu comme tellement absolu qu'il dispense de prendre les autres en considération ; aucun ne pouvant être omis comme théoriquement 342 MÉMOIRES ORIGINAUX. sans valeur. Sans doute cela ajoute immensément au travail du botaniste classificateur et à l'intervention de son jugement, mais aussi cela augmente dans la même proportion la valeur des résul- tats obtenus». M. Bentham entre ensuite dans de savantes considérations sur les langues à employer dans les ouvrages de botanique. Le latin est généralement enseigné et compris; le français, à cause de sa clarté parfaite, l’anglais, le plus répandu de tous, l’allemand, malgré ses obscurités et son extrême difficulté, doivent être connus de tous ceux qui s'occupent de botanique générale. «Les principaux ouvrages dans lesquels les botanistes sys- tématiques contribuent à l'étude scientifique du règne végétal, sont : » 1° Des traités généraux sur les familles (Ordines plantarum) ; »2° L'énumération méthodique et la description des genres (Genera plantarum) ; »3° L'énumération méthodique et la description des espèces (Species plantarum) ; » 4° Les monographies ; »5° Les flores régionales ou locales ; » 6° Les descriptions spécifiques détachées. » En s’expliquant sur la manière dont il conçoit l’exécution de ces divers travaux, et en exposant des vues très-élevées et des conseils très-précieux, M. Bentham entre dans des détails que les limites à nous imposées ne nous permettent pas, à notre grand regret, de reproduire en entier. Nous nous bornerons donc à une rapide analyse. 1° Ordines plantarum. — On est en droit d’espérer qu’un tableau général du règne végétal puisse être publié en un volume, par un seul auteur, ce qui n’est plus guère possible pour les gen- res, et à fortiori pour les espèces. Il faudrait se limiter aux groupes les plus élevés, sans parler de genres ni d’espèces. Deux ouvra- ges bien connus remplissent actuellement les conditions exigées : le Vegetable Kingdom de Lindley et le Traité de botanique de Le Maout et Decaisne, Malheureusement le premier, publié en 1845, PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. 343 est devenu suranné, par suite des progrès de la science ; le second, d’une grande et incontestable valeur, est, pour le moment, la meilleure Histoire des plantes que l’on possède. L'édition anglaise; traduite par M*° Hooker, a été enrichie des Notes du D' Hooker. Toutefois ce livre paraît à certains égards avoir besoin d’être réédité. Indépendamment de quelques erreurs accidentelles, il y a des vues partielles qui plus ou moins ne sont plus de saison, attendu que les principes suivis sont essentiellement pré-darwiniens. 2° Genera plantarum.—{Un tel ouvrage composé par un seul au- teur est maintenant la dernière limite du possible, attendu qu'il doit comprendre huit mille genres de Phanérogames et de Cryp- togames vasculaires, et au moins mille de Cryptogames cellulai- res. Les règles que M. Bentham impose à la rédaction d’un tra- vail de cette nature sont celles qu'il a suivies et exposées dans le Genera qu’il publie en collaboration avec le D° Hooker ; comme cet ouvrage est très-répandu, il devient inutile de les reproduire ici. 30 Species plantarum.— Le grand ouvrage des temps moder- nes est le Prodromus de De Candolle, dont le dix-septième et dernier volume a paru vers la fin de 1873. Commencé par De Candolle père, il a été continué et conduit à fin par son fils, Alph. De Candolle, qui a ainsi donné au monde botanique un splendide monument de travail et de persévérance destiné à rester bien longtemps encore d’une utilité pratique. Il n’est complet que pour les Dicotylédones ; les premiers volumes sont maintenant suran- nés et le botaniste doit les compléter par le Repertorium et les Annales de Walper. Pour les Monocotylédones, on n’a que l’Enu- meratio de Kunth, interrompu par la mort de l’auteur en 1830, et qui n’en comprend guère que la moitié ; le reste, ainsi que les Cryptogames, est épars dans les Monographies et dans les Flores. Dans ses «Réflexions», M. Alph. De Candolle a émis l'opinion qu'iln’yaplus guère à espérer de voir arriver à bonne fin un Species plantarum conçu et rédigé sur un plaa uniforme ; M. Ben- tham croit au contraire qu’une pareille entreprise est encore réa- lisable, Un ouvrage de cette nature devrait comprendre ; 344 MÉMOIRES ORIGINAUX. Une brève diagnose de chaque famille et de chaque genre; Le nom de chaque espèce ; Une courte diagnose spécifique, en latin; L'indication de la source qui a fourni cette diagnose ; L’habitat de l’espèce ; Et, à l’occasion, une courte Note sur l’histoire de l’espèce. Aucune espèce nouvelle ne devrait y être décrite, afin d'éviter la confusion que produit la publication d’une espèce nouvelle ou réputée telle, renfermée dans une courte diagnose. Les plantes-races, les espèces au sens linnéen, auraient seules droit à un nom et à une diagnose; «les variétés les plus tranchées pourraient être indiquées, mais les innombrables formes quali- fiées sous-espèces, espèces critiques, devraient être rigoureusement passées sous silence. L’énumération des formes variées du Bras- sica oleracea ou du Viola tricolor peuvent servir aux agriculteurs ou aux jardiniers; celles des formes du Rubus fruticosus peut offrir de l'intérêt à un collecteur local, mais elles ne sont qu’un embar- ras dans un ouvrage général, et les noms et les diagnoses de deux cents formes de Draba verna ne seraient qu'une incommodlité, puisible à tous, sans utilité pour qui que ce fût ». « 4° Monographies. — Les monographies sont, de nos jours, au nombre des travaux botaniques les plus importants; elles sont indispensables au botaniste systématique pour déterminer les espèces, et à tout naturaliste, comme source où il puise des données sur les espèces au point de vue théorique, géographique, physiologique et de l'application. Elles constituent le meilleur exercice pour les jeunes botanistes. » On doit exiger d’une monographie complète: une classification méthodique, des diagnoses et des descriptions techniques, l’indi- cation de la distribution géographique, celle des propriétés et des usages, des remarques sur les affinités et les limites systé- matiques, enfin l’énumération de la synonymie et des meilleures figures. Les diagnoses et les descriptions doivent être invaria- blement en latin; le reste peut être plus avantageusement rédigé dans une des trois principales langues modernes. PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. 345 Dans les premiers ouvrages sur la classification des plantes, on croyait nécessaire de donner pour chaque espèce : d’abord une diagnose, à l’ablatif absolu, renfermant les caractères suppo- sés invariables, à l’aide desquels l’espèce pouvait être distinguée; ensuite une description détaillée admeltant toutes les classes de caractères. Cette manière de faire entraînait des répétitions et des complications. «Maintenant qu’il est bien établi qu'il n’y a pas plus de fixité absolue dans une espèce que dans une famille ou un genre, cette complication n’est plus nécessaire, et on n’a pas plus besoin d'un critérium absolu dans un cas que dans l’autre. Ce qui est réclamé comme absolument indispensable, c’est la brève indication des caractères les plus saillants, permettant une détermination approchée ou préliminaire: elle doit précéder la description détaillée servant à la vérification ultérieure. » Ces caractères abrégés peuvent être donnés sous trois formes différentes : en clé dichotomique, en tableaux ou conspectus, enfin en brève diagnose.» Dans les monographies détaillées, où les descriptions sont longues, le conspectus est probablement la forme à préférer ; dans celles où les descriptions sont courtes, la clé dichotomique est plus commode; enfin dans les synopsis, où les descriptions sont très -brèves ou réduites aux espèces nouvelles, la diagnose doit constituer le corps du travail, sauf à être com- plétée au besoin par des Notes ou des descriptions. « Le monographe ne doit jamais oublier que le meilleur travail descriptif sereconnaît toujours à la brièveté des descriptions, dia- gnoses, conspectus ou clés analytiques. Tout débutant, avec un peu de pratique, peut faire une longue description, en énumérant minu- tieusement tous les caractères de ses spécimens ; mais le choix des caractères nécessaires pour donner une idée exacte d’une espèce au moyen d'une brève description exige une connaissance appro- fondie du sujet et un esprit méthodique. Il est encore plus difficile de préparer une bonne clé analytique; après un demi-siècle d'expériences dans l'usage et dans la confection de ces clés, je trouve que je me suis lrompé dans quelques-unes de celles qui avaient exigé le plus de peine, et dans quelques Flores j'en ai: 346 MÉMOIRES ORIGINAUX. trouvé qui étaient plutôt un obstacle qu’un aide pour la détermi- nation des plantes. | » Les monographies vraiment bonnes ne sont pas nombreuses ; les meilleures et les plus complèles nous viennent de l'École française, et l’on peut citer comme modèles celles des Conifères par Richard, des Malpighiacées par Adr. de Jussieu, du Guy et des Lardizabalées par Decaisne, des Urticées par Weddel, etc. » Les familles qui réclament le plus impérieusement de bonnes monographies sont celles de l’embranchement des Monocotylé- donées et celles des Dicotylédonées contenues dans les premiers volumes du Prodromus. Enfin les monographies des espèces varia- bles ou mal définies ont aussi une très-grande importance, surtout si elles sont exécutées en vue de fixer les limites dans lesquelles l’espèce varie ou s’unit à une autre, et si elles font bien connaitre dans quelle circonstance ces variations se manifestent, Il serait au contraire difficile de leur reconnaître quelque utilité si elles n’a- vaient pour objet que la division et la subdivision d’une espèce ou race d’un degré inférieur auxquelles on appliquerait la même no- menclature binominale qu'aux espèces normales ou composées.» « La monographie d’une espèce devrait comprendre : l’histoire de l’espèce dans toute son aire de dispersion ; la recherche des modifications que subit chacun de ses organes dans des localités différentes; celle de l’étendue que les circonstances donnent aux divergences, et celle du nombre relatif de ces divergences; l’indi- cation des circonstances étrangères, telles que le voisinage d’es- pèces affines, qui peuvent être supposées avoir influé sur ces variations; en un mot, elle doit mentionner tout ce qui peut contribuer à établir clairement si la variabilité est le signe de la différenciation progressive d’une race en voie de développement, ou le résultat temporaire d’une fertilisation hybride, ou bien l'effet immédiat de conditions climatologiques ou autres affec- tant l'individu plutôt que la race elle-même. Exécutée ainsi sur une ou deux espèces, une monographie serait trés-instructive et les données qu'elle fournirait seraient certainement de nature à servir de base solide à des spéculations plus générales. » PROGRÈS RÉCENTS DE LA BOTANIQUE SYSTÉMATIQUE. 347 « 5° Flores. — Ce sont, comme les monographies, des his- toires de plantes assez restreintes pour que l’auteur puisse des- cendre aux espèces; mais là les limites sont imposées par la géographie et non par la classification. Si la contrée qu’elles con- cernent est vaste et relativement peu civilisée, les plantes, devant dans ce cas moins servir aux indigènes qu’aux botanistes en géné- ral, doivent être écrites en latin. Mais pour les régions moins élen- dues et où la science estgénéralement cultivée parmi les habitants, la description et l’histoire des espèces comporte plus de dévelop- pements, et la langue locale peut être admise ou préférée, selon les circonstances. La distribution géographique des espèces, aussi bien au-delà qu’en decà de l'aire de la Flore, est un point essen- tiel au premier chef. Les mentions de cette nature sont les don- nées qui permettent de reconnaître les plantes rares, et en même temps elles élargissent les idées du botaniste local et lui font voir combien sont répandues au loin ces espèces que tacitement ou ouvertement il s’était habitué à considérer comme de rares créa- tions locales.» Malgré le nombre des Flores déjà achevées ou en voie d’exécu- tion, les desiderata sont encore très-grands dans cette partie de la botanique. Le nord de l’Europe en est pourvu convenablement ; l'Espagne et l'Italie attendent l'achèvement de leurs Flores ; le vaste empire Russe, l'Amérique du Nord et les autres contrées manquent encore d'ouvrages rédigés d’après les principes moder- nes, que l’auteur rappelle en exposant la marche à suivre pour mener à bonne fin des travaux de cette nature. « 6° Descriptions spécifiques détachées. — Si je n'avais à parler que des progrès de la science, je devrais m'arrêter ici, car dans la grande majorité des cas les descriptions isolées font obsta- cle plutôt qu'elles ne servent à ses progrès. Mais le mal continue; les horticulleurs veulent des noms pour leurs importations nou- velles, et en même temps il y a convenance et justice à faire connaître le plus tôt possible les résultats des recherches pénibles et dangereuses des voyageurs. Mais il n’en est pas ainsi de ces stériles diaguoses publiées dans des catalogues de jardins, faites 348 MÉMOIRES ORIGINAUX. à la hâte dans le but futile de s'assurer la priorité d’un nom. » Des descriptions d'espèces nouvelles ne peuvent être rédigées que dans le cas où l’auteur dispose de toutes les ressources néces- saires pour étudier le groupe auquel elles appartiennent, sans quoi il ne lui est pas possible d'affirmer que ces espèces sont inédites, et, le fussent-elles réellement, il ne peut en faire connaître exactement les affinités. Elles doivent être complètes, comparatives, accompagnées de la discussion de leurs affinités et de leur place dans legenre ; enfin une figure de la plante nouvelle doit tou;ours être donnée à l’appui des détails analytiques. » En conclusion, dit l’auteur, sijene me suis pas trompé dans les desiderata que j'ai signalés sur les six points ci-dessus indi- qués, on peut voir que la partie systématique de la botanique n’est pas un plaisir d’enfant et un simple amusement de collec- tionneur, et que, malgré les progrès récemment réalisés dans cette branche, il y a encore à faire, car une connaissance approfondie des plantes ne peut s’acquérir ou se communiquer sans une méthode scientifique qui exige elle-même une étude approfondie et bien conduite. » 3, DAT ——— HEC SES — Nous avons reçu de M. le professeur Clos la lettre suivante, que nous nous empressons d'insérer. Toulouse, le 22 novembre 1875. MONSIEUR , Vous avez donné, dans le tom. ITI dela Revue des Sciences naturelles, p. 327-340, une longue analyse d’un important ouvrage de M. J. Tra- herne-Moggridge sur les mœurs et les habitations des Fourmis em- magasineuses et des Araignées mineuses. [1 ne peut plus désormais rester de doute sur la question si longtemps débattue de savoir si les Fourmis font ou ngn des provisions pour l'hiver. Ici, comme toujours, la vérité est entre les deux opinions extrêmes et les concilie, et c'estla conclusionqu'ajudicieusement adoptée M. Ch. Lespès, admettant avec Huber que les espèces de Fourmis observées par ce dernier ne font jamais de provisions , mais que les Myrmica domestica, structor et bar- MÉMOIRES ORIGINAUX. 349 bara ne tombent que rarement en léthargie, remplissant pendant l'été et l'automne leurs galeries de graines que l'on y trouve en hiver (in Diction. univers. d'Hist. nat. de d'Orbigny (2° édit.), 1872, tom. VI, pag. 190). Les recherches de M. Moggridge sur les mœurs de la Fourmi noire ont incontestablement démontré que cette espèce emmagasine des grains pour l'hiver. Au mois de septembre dernier, j'ai profondément ouvert deux fourmilières de Fourmi rouge, l’une dans un bois, l’autre dans une vigne, et je n’ai pu y découvrir la moindre graine de céréale. Le sort des graines enfouies dans les fourmilières intéresse sur- tout la physiologie végétale. M. Lespès n'hésite pas à déclarer que «sous l'influence de l'humidité, ces graines subissent un commence- went de germination qui les rend molles et transforme en sucre une partie de la fécule ; les Fourmis les rompent alors et les mangent» (loc. cül.). D'un autre côté, on lit dans votre analyse de l'ouvrage de M. Mog- gridge, pag. 334: «Sur des milliers de graines, on n'en trouva que vingt-sept (dans sept des nids ouverts de novembre à février) qui présentaient des traces de germination, et sur ce petit nombre, onze avaient été mutilées par les Fourmis pour arrêter son développement. Rien de semblable dans les nids ouverts en octobre, mars, avril et mai, circonstance digne de remarque. 1! jaut donc admettre que les Fourmis possèdent un procédé mystérieux pour arrêter chez Les germes la tendance à la germination, puisque des graines extraites de leurs ma- gasins et semées germent constamment et se développent à merveille. Une chose à noter, c’est qu'il n y a d'ordinaire que les graines emma- gasinées les dernières et depuis peu qui soient exposées à germer après la pluie». Je ne crois pas au procédé mystérieux des Fourmis : M. Moggridge a eu le soin de prévenir que ces insectes enfouissent parfois très-pro- fondément les graines : rapprochez la dernière observation citée dans la Note précédente de cette loi, si connue de tout horticulteur, que l'accès de l’air ou de l'oxygène est indispensable à la germination, et qu'une graine trop profondément plongée dans le sol reste inerte, et vous aurez, si je ne m'abuse, l'explication la plus simple d’un ré- sultat qui à paru si étrange au savant anglais. Veut-on plus de pré- cision ? « Les semences très-fines...., a écrit Thouin, doivent être recouvertes d’une ligne de terre ; les graines de la grosseur d’un pois ont besoin d'être recouvertes de terre de lrois quarts de pouce....; les graines les plus fines enterrées à un pouce ne germent pas.» (Nouv. cours d'Agric., nouv. édit., tom. XIII, pag. 519-520.) IV. 24 350 MÉMOIRES ORIGINAUX. Déjà, dès le rn° siècle, Élien constatait ce défaut de germination des graines enfouies par les Fourmis, et l’attribuait à ce que ces ani- maux les perforent dans leur milieu, et se nourrissent de ce qui tombe. «Xure)fovres des td olxeiu Ta opérepa où yevvolor, aui mhnpoTavtes Tobs êv TO HLUYO GLTL LpoUs RUPÉOY TE Hu pu, ÉXATTOU CTÉPUUTOS DLAT PATUVTES To péTov, To év éxmerdy Osimvoy Jivetau TO pÜpuart v TO Téws, To Ôë Jouroy Gyovoy ÉGTL. D Voici la traduction latine du passage d’Elien (De Natura animalium, lib. 1, édit. Hercher, pag. 29 : «Eximiæ autem illæ in cavernas suas reversæ scrobibus frumentum et hordeum condunt in abdito loco, sin- gula semina in medio exterebrantes : quod excidit, formicis tum est pro prandio, reliquum sterile est. » Y a-t-il quelque chose de vrai dans cette assertion de l’auteur grec, qui n'est pas sans rapport avec celle qu'a exprimée M. Lespès? C'est ce que de nouvelles observations nous apprendront sans doute. Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de mes sentiments les plus distingués. D. GLos. 351 a REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANCAIS. — Zoologie. — On sait que le système nerveux des Insectes fait, déjà depuis plus de vingt ans, l'objet des études de M. E. Faivre. Ce savant com- munique à l'Académie, dans sa séance du 3 mai 1875, le résultat d'Études expérimentales sur les mouvements rotatoires de manége chez un Insecte (le Dytiscus marginalis) et le rôle, dans leur production, des cen- tres nerveux encéphaliques. L'analyse lui a montré ces mouvements liés aux lésions de l’encéphale; les mouvements rotatoires attractifs se rattachent spécialement aux lésions du ganglion sus-æsopha- gien. Des manifestations rotatoires déterminées ont pu être provo- quées à volonté. Pour le ganglion frontal, petit centre nerveux situé à la région pharyngienne (Compt. rend. Acad., 31 mai 1875), il préside spéciale- ment aux mouvements de déglutition, détermine non-seulement la contraction mais la dilatation du sphincter pharyngien, et réagit en même temps par le récurrent sur le sphincter cardiaque. Le pouvoir propre de ce centre peut être mis en jeu par des impressions trans- mises, soit d'arrière en avant, soit en sens inverse; il associe par l'in- termédiaire de Jl'encéphale, auquel le rattachent les connectifs, les actes de préhension et de mastication à la déglutition pharyngienne et à l'ingestion des aliments jusqu'aux estomacs et à l'intestin. En définitive, le ganglion frontal, distinct par son rôle spécial des autres centres nerveux de la chaîne ganglionnaire, s'en rapproche par ses propriétés essentielles, et, comme M. Faivre s'en est assuré, par sa structure elle-même. — Les chlorures alcalins, notamment le chlorure de sodium, agis- sent d’une manière remarquable sur la nutrition, puisqu'ils augmen- tent considérablement la production et l'élimination de l’urée. I1 a paru intéressant à M. Rabuteau (Compt. rend. Acad., 3 mai 1875) de faire des recherches du même ordre sur les effets du protochlorure de fer. D'expériences faites sur lui-même, il a été amené aux conclusions suivantes: {2 centigram. de ce chlorure, pris pendant cinq jours, n'ont eu sur l’excrétion urinaire qu'une influence très-peu notable. Cependant la quantité des urines a été un peu moindre, leur acidité 32 REVUE SCIENTIFIQUE. s’est notablement accrue, le poids des matériaux solides a été un peu plus considérable, et l’urée a augmenté de plus de 10 p. cent. Le pro- tochlorure de fer active par conséquent la nutrition, lors même qu'il est pris à des doses très-modérées. — M. Alph. Milne-Edwards fait part à l'Académie ( Compt. rend., 10 mai 1875) de la découverte au Ministère de la marine d'un docu- ment manuscrit confirmant ses observations sur la faune ancienne de l’île Rodrigues. Cette communication offre peu d'intérêt au point de vue de la zoologie proprement dite. Ce manuscrit avait du reste été déjà signalé par le professeur Newton à la Société zoologique de Londres (Rev. des Sc. nat., tom. HI, pag. 104). — L'Erythroplhæum quineense, de la famille des Légumineuses, dela sous-famille des Césalpinées et de la série des Dimorphandrées, four- nit l'écorce de Mancône, qui est employée par diverses peuplades de l'Afrique tropicale à empoisonner les flèches et à préparer des liqueurs d'épreuve qui sont administrées aux criminels. Cette écorce, réduite en poudre, provoque de violents éternuments. MM. Gallois et Hardy (Compt. rend. Acad., 10 mai 1875) font connaître le résultat de quelques expériences physiologiques tentées avec la matière active de cette dernière, concentrée sous un très-petit volume. Ils ont injecté la so- lution toxique sous la peau de Grenouilles, de Cobayes et de jeunes Chats, et chez tous ces animaux ils ont observé, au bout de quelques minutes, le ralentissement, puis la cessation des battements du cœur, qui s'arrête en systole; enfin la mort a lieu. Dès que le cœur a cessé de battre, sion l'arrose directement avec une solution de sulfate d’atro- pine ou bien qu’on injecte cette même solution sous la peau, on ne réussit pas à réveiller ses battements. — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l’Académie (Compt. rend. Acad., 10 mai 1875) une lettre de M. Lanen qui contient, sur la faune et la flore de l'île Kerguélen, des renseignements intéressants dus au D' Kidder, naturaliste attaché à l'expédition américaine chargée d'observer, de cette île, le passage de Vénus sur le Soleil. Il résulte des recherches de ce dernier qu'il n’existe sur l'ile de Kerguélen qu'un seul Oiseau qui n'ait pas les pattes palmées, c'est le Chionis alba. En revanche, les Oiseaux aquatiques et de mer y sont fort abondants. Les Insectes sont très-peu nombreux; diverses espèces d’Escarbots sont les seuls Invertébrés pourvus d'ailes trouvés sur cette terre, On ne voit ni Reptiles ni Batraciens, mais beaucoup de Crustacés et de Gastéropodes. Un seul Poisson de petite dimension, semblant TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 353 appartenir à la famille des Morues, a été découvert dans les lacs de Kerguélen. Le seul Mammifère non amphibie qui s'y rencontre est la Souris ordinaire. Quant aux Mammifères amphibies, qui y abon- daient autrefois, ils ont été tellement chassés par les baleiniers amé- ricains, qu'ils sont devenus fort rares. Nous avons déjà signalé une communication de M. Moseley sur les Plantes et les Insectes de Kerguélen, faite à la Société Linnéenne de Londres, à sa séance du 4 février 1875. (Rev. des Sc. nat., tom. IV, pag. 112.) — Continuant ses études sur la vessie natatoire des Poissons, M. Moreau (Compt. rend. Acad., 17 mai 1875) fait connaître une dispo- sition anatomique propre au Poisson nommé Caranx trachurus (Sin- chard, sur la côte ouest de Bretagne). «Un canal existe dans l'épaisseur de la paroi dorsale de la vessie natatoire du Caranx et fait communi- quer la cavité de cet organe avec l'extérieur. L'ouverture vésicale en est située, sur la ligne médiane du corps, au niveau de la septième côte; elle a l’aspect d'un croissant dont le bord libre et concave regarde en arrière, est légèrement épaissi et constitué par un tissu cellulo- fibreux. Cette sorte de valvule ferme l'entrée d'un canal aux parois délicates qui longe le côté droit de l'aorte jusqu au niveau de la partie antérieure de la vessie natatoire ; là, il forme un coude et s'ouvre aussitôt à l'extérieur dans une fente que présente la muqueuse de la cavité branchiale. Le point précis de cette ouverture est donné par la rencontre d'une droite parallèle à l’axe du corps passant par le centre de la pupille, et d'un plan perpendiculaire à l’axe et passant par l'angle supérieur que forme l'opercule avec la peau du dos -» Cette disposition fait du Caranx le représentant d'un type de Pois- sons dont la vessie natatoire constitue un appareil hydrostatique per- fectionné. En effet, il possède des corps rouges très-développés, et M. Moreau a constaté que la formation de l'air se faisait très-rapide- ment chez lui, il est muni d’un canal de sûreté, lui servant à conjurer le danger des ascensions rapides et à suppléer à la lenteur de l’absor- ption des gaz de la vessie natatoire. Enfin, il est privé du canal aérien, vestige d'une partie essentielle de l'organe pulmonaire. — Sous l'influence de certains tissus normaux et pathologiques colorés avec le violet de méthylaniline pur ou avec le violet de Paris, on voit se produire une dissociation du violet en deux couleurs : l’une violet rouge, l’autre bleu violet. Chacune de ces couleurs se fixe avec une constance remarquable sur certains éléments. M. Cornil (Compt. 354 REVUE SCIENTIFIQUE. rend. Acad., 24 mai 1875) pense qu'en vertu de cette propriété parti- culière le violet de méthylaniline est appelé à rendre de grands ser- vices en histologie, et, dans certains cas, à remplacer l'iode. — M. Lichtenstein apporte des expériences, selon luiconfirmatives (Compt. rend. Acad., 24 mai 1875), du fait déjà précédemment énoncé et vivement contesté, de migrations des Phylloxeras de la Vigne sur le Chêne Kermès; un Insecte, exemple unique en entomologie, com- mencerait donc sa vie sur un végétal et la finirait sur un autre. — Par une heureuse application de la méthode graphique à l'étude du mécanisme de la déglutition, M. S. Arloing (Compt. rend. Acad., 24 mai 1875) démontre que dans les déglutitions isolées le bol s’in- troduit dans l'œsophage et ne peut refluer vers le pharynx, grâce à la disposition des muscles de cette région qui ferment l'œsophage au- dessus du bol et le poussent de haut en bas. La tension qu'impriment à l'œsophage le déplacement du larynx et les mouvements du dia- phragme facilitent sa descente. Dans les déglutitions associées se remarque une différence inat- tendue : la tunique charnue de la partie rouge, se bornant à jouer le rôle d'un tube élastique, est inerte pendant la déglutition des boissons à gorgées précipitées. Au fur et à mesure que l'animal boit, la partie blanche de l’æsophage se relâche peu à peu, puis se resserre graduel- lement quand il cesse de boire. Ce resserrement est accompagné de contractions péristaltiques qui ont pour but de vider l’œsophage de haut en bas. Les boissons sont donc injectées dans cette partie par les organes de la déglutition pharyngienne. En terminant, M. Arloing a soin de faire observer que l'inertie de la partie rouge et la dilatation de la partie blanche (quand celle-ci existe) sont indispensables à la descente des boissons. — M. Mégnin (Compt. rend. Acad., 31 mai 1875) communique à l'Académie une Note extraite d'un Mémoire, presque terminé, sur la famille des Gamasides. Le nom de Gamase a été donné pour la première fois par Latreille, dans son Genera Crustaceorum, à un groupe parti- culier d'Acariens parasites distraits du genre Acarus, de Linné, et dont il créa un genre distinct. Le Mémoire de Dugès (1834), qui fit de ce dernier genre la famille des Gamasés, et dont on trouve la substance dans tous les ouvrages publiés depuis sur l’histoire naturelle des Aca- riens, est encore le dernier travail original écrit sur ce sujet; cepen- dant, il laisseibeaucoup à désirer. Des mâles ou des femelles, ou même de simples nymphes, ont été décrits comme types spécifiques et TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 355 quelquefois génériques. «Ainsi, la plus ancienne espèce connue de cette famille, le Gamasus coleopteratorum de Latreille et de Dugès, l’ancien Acarus coleopteratorum de Linné, n'est qu'une nymphe, c’est- à-dire un individu non sexué et impubère, et la division en deux parties de son plastron dorsal, que l'on a pris comme principal caractère du genre Gamase, disparaît lorsque l'individu devient adulte. Le Gamasus crassipes et le Gamasus testudinarius sont, le pre- mier le mäle, le second la femelle de l'espèce dont le Gamasus coleopteratorum est la nymphe. » Ces remarques sont suivies d'une classification des genres (Gama- sus, Uropoda, Dermanyssus, Pteroptes, divisé en 3 sections) et des es- pèces, au nombre de seize, admises par M. Mégnin dans la famille des Gamasides. — «Le sang ayant passé par toutes les périodes de la putréfaction jusqu’à sa dessiccation en plein air, déterminant toujours, au bout d'un certain temps d'incubation, les accidents de la septicémie, nous sommes en droit d'admettre qu'il reste toujours dans nos ma- tières inoculées des germes qui, introduits dans le sang normal, y développent le travail septique dont les infiniment petits sont l’in- dice le plus certain. » Telle est la conclusion (Compt. rend. Acad., 31 mai 1875) d'une Étude expérimentale de M. V. Feltz sur le principe toxique du sang pulréfié. — Pour M. A. Gautier (Compt. rend. Acad., 31 mai 1875), la coagu- lation du sang n’est pas un phénomène vital ; elle n'est point due à l'union d'une matière albuminoïde aux éléments gazeux du sang, puisqu'on peut, sans détruire sa coagulabilité, sécher le plasma dans le vide, et même à 110 degrés. — M.de Vibraye signale à l’Académie (Compt. rend. Acad., 7 juin 1875) l'apparition, dansles vignobles du Loir-et-Cher, d'un Hémiptère voisin du Phytocoris gothicus, qui a depuis un mois sérieusement compromis la récolte. L'Insecte attaque la grappe et en provoque rapi- dement l’atrophie en se portant sur les pédicelles et les boutons. — Dans son Mémoire sur l'Influence de l'air comprimé sur les fermen- tations (Compt. rend. Acad., 28 juin 1875), M. P. Bert est arrivé à des résultats nouveaux et qui appellent le contrôle. Le Professeur a d’a- bord étudié la fermentation proprement dite, et particulièrement la putréfaction, due, d'après M. Pasteur, à l’action d’animalcules du groupe des Vibrions. Dans cet ordre de fermentations, M. Bert pose en principe que l'air comprimé, suivant la pression à laquelle on l'em- 356 REVUE SCIENTIFIQUE. ploie, ralentit ou arrête et la putréfaction et les oxydations qui l’ac- compagnent. Soumise à l'air comprimé, la viande a conservé son aspect, sa fermeté, sa nature histologique ; la couleur seule a changé et est devenue d’un jaune ambré. En effet, l'oxygène à forte tension arrête les fermentations proprement dites, qui ne reparaissent plus quand on rétablit la pression normale : il tue les êtres ferments. Le’ même fait serait vrai de toutes les matières organisées, l’acide, le lait, le vin. Les études de l’auteur sur les fermentations diastasiques ont porté sur la salive, le suc pancréatique, la diastase végétale, la pepsine, la myrosine, l’'émulsine, le ferment inversif de la levüre de bière. Ces substances continuent à agir pendant la compression ; au sortir de l'air comprimé, elles ont conservé tout leur pouvoir. L'action de l'oxygène à forte tension sur les ferments diastasiques est inappré- ciable. Ÿ Toujours d'après M. Bert, «on comprend que cette méthode nouvelle d'analyse pourra être utilement appliquée à l'étude des problèmes qui divisent encore les physiologistes. Le sang charbonneux, le sang des maladies infectieuses, les liquides pathologiques, les virus, les venins, doivent-ils leur action à des corpuscules analogues aux vrais férments ou à une altération des liquides agissant à la manière des ferments diastasiques ?.. Les résultats constatés après le séjour dans l'air comprimé devraient apporter sur cette question des lumières nouvelles ». Nous ajouterons que M. Trémaux adresse une Note (Compt. rend. Acad., 5 juillet 1875) dans laquelle il suppose que la pression à laquelle M. Bert soumet les corps organiques empêche le carbone de se déga- ger pour entrer dans de nouvelles combinaisons. — Il résulte des observations de notre collaborateur M. Heckel! (Compt. rend. Acad., 28 juin 1875) que chez les animaux réfractaires aux Solanées vireuses la quantité d’alcaloïde introduit, toujours assez fai- ble, est détruite dans le torrent circulatoire à mesure qu'elle est absorbée, et est éliminée sous un état que l'on ne connaît pas ; que l'élimination de l’alcaloïde par les reins ne commence qu'après que la quantité introduite d'un coup dans la circulation dépasse 05,45 : à cette dose, l'agent destructeur est vraisemblablement insuffisant, et l’alcaloïde, après avoir manifesté sa présence par la mydriase, ‘est 4 C'est par erreur que le journal l'Instilut attribue cette communication à M. Prunier. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 357 éliminé rapidement et en nature par les organes d’excrétion ; que les animaux vertébrés sont d'autant plus sensibles aux Solanées vireuses que leur système nerveux est plus perfectionné. — Nous renverrons le lecteur à la description des appareils schéma- tiques nouveaux relatifs à la respiration, imaginés par M. G. Carlet. Ces divers appareils ont rapport à la respiration des Mammifères, à celle de la Grenouille, à celle des Poissons osseux et à celle des Crustacés décapodes. — M. F. Glénard (Compt. rend. Acad., 12 juillet 1875) a tenté de démontrer, par des expériences relatées dans une communication sur les causes de la coagulation spontanée du sang à son issue de l'orga- nisme, que le sang renfermé dans une portion de tube vasculaire, artère ou veine, enlevée sur l'animal vivant et conservée au contact de l'air, ne se coagule pas. Au bout d’un temps qui varie suivant le volume du vaisseau et la quantité de sang emprisonné, le segment se sèche, et le sang, qui a pris une consistance cireuse ou pulvérulente, se désagrêge dans l'eau, s’y dissout. Cette solution est susceptible, même après filtration, de se coaguler spontanément, cet effet est en raison inverse de la concentration du sang, et est dû à la présence des corps étrangers, dont l'influence est d'autant moins grande que par leur structure physique ils se rapprochent davantage de la structure physique des vaisseaux ; c'est là la seule cause capable d'entraîner la coagulation du sang conservé dans son segment. Le sang est revivi- fiant tant qu'il est fluide et peut servir à la transfusion. Répondant à cette communication (Compt. rend. Acad., 27 septem- bre 1875), MM. Mathieu et Urbain persistent dans leurs conclusions (Ibid., 14 septembre 1874), à savoir : que l’acide carbonique est l'agent de la coagulabilité spontanée du sang. — À l'occasion d'un Mémoire de M. Chevreul présenté à l'Académie et ayant pour titre: Exposé des sources d'où découlent les facultés instinctives et intellectuelles des animaux et de l'homme, M. Bouillaud (Compt. rend. Acad., 19 juillet 1875) communique des Considérations cliniques et expérimentales sur le système nerveux, sous le rapport de son rôle dans les actes régis par les facultés sensitives, instinctives et intellectuelles, ainsi que dans les actes locomoteurs dits volontaires. Ses observations cliniques et ses expériences sur les animaux n'ont pas permis au savant Professeur d'adopter certaines doctrines, à la place desquelles il propose les suivantes : {° le cerveau et le cervelet constituent une double condition absolument nécessaire (mais pure- IV. 25 358 ; REVUE SCIENTIFIQUE. ment physiologique et non psychologique) de tous les actes auxquels président les facultés diverses de l'esprit ou de l'intelligence ; 2° le cervelet étant le siége du principe coordinateur des mouvements de la marche et des divers exercices qui s'y rattachent, ainsi le cerveau lui-même, sans préjudice de ses autres usages, est Le siége des centres coordinateurs des mouvements nécessaires à l'exécution d'un grand nombre d'actes intellectuels et de l'acte de la parole en particulier. — L'étude du développement des spinules dans les écailles du Gobius niger a conduit M. L. Vaillant (Compt. rend. Acad., 19 juillet 1875) à cette conclusion que, «chez ces animaux, les spinules et la lamelle se développent d'une manière indépendante; et si l'on a égard au rapport des tissus environnants, les premières appartiennent à l’épiderme, la seconde à la partie profonde des téguments, c'est-à- dire au derme. Secondement, si l'on considère ces organes dans l’ensemble de la classe des Poissons, on est conduit à regarder les écailles de ces Cténoïdes comme une sorte de type intermédiaire. Chez l'Anguille, les Rypticus, les Grammistes, certains Blénioïdes, l’écaille réduite à la lamelle est sous-épidermique et privée de spi- nules. Chez les Squales et les Raïes, les portions dures des tégu- ments ont une autre origine, ils sont épidermiques. Il serait donc légitime, chez le Gobius et les Poissons analogues, de comparer la lamelle à l’écaille profonde de l’Anguille, et les spinules libres aux scutelles des Plagiostomes. » — Le fonctionnement du diaphragme constitue certainement un des problèmes les plus difficiles de la mécanique animale. Il résulte des observations (Compt. rend. Acad., 19 juillet 1875) de M. Carlet : 1° que les piliers et la voûte du diaphragme secontractent simultané- ment; 2 que les piliers sont des agents directs de l'inspiration. — On sait que la reproduction des Anguilles est une question qui a occupé l'attention d'un grand nombre de naturalistes, et qui cepen- dant n'est point encore complétenent résolue. M. Dareste (Compt. rend. Acad., 19 juillet 1875) vient aujourd'hui confirmer l’exactitude des faits signalés l'année dernière par M. Syrski, à savoir: qu'il existe dans certaines Anguilles, à la place des organes reproducteurs femelles, des organes ayant une tout autre forme et une tout autre structure. Quoiqu'il n'ait pu constater dans ces derniers l'existence des sperma- tozoïdes, M. Syrski les considère comme étant les organes repro- ducteurs mâles. Les individus qui en sont doués diffèrent des autres par plusieurs caractères, et particulièrement par la petitesse de TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 359 la taille et par le grand volume des yeux. Ils appartiennent tous à cette variété de l'Anguilla vulgaris désignée sous le nom d’Anguille Pimperneau, qui ne remonte pas les rivières et séjourne toujours au- près de leur embouchure. Toutefois, M. Dareste a observé que toutes les petites Anguilles de la variété dite Pimperneau ne sont pas exclu- sivement du sexe mâle; dans un certain nombre de sujets il a pu constater la présence d'ovaires parfaitement caractérisés. Les variétés dites Latirosties et Anétirosties, quiremontent lesrivières, ne présentent, au contraire, que des individus femelles, mais chez lesquels les œufs n'arrivent point à maturité, et qui par conséquent restent toujours stériles. Ce fait remarquable que l’Anguille commune présenterait une forme sexuée et des formes stériles n'est pas d'ailleurs isolé chez les Poissons, puisque l'on rencontre des faits analogues dans l'espèce de la Carpe. — M. de Sinéty a annoncé à l'Académie (Compt. rend., 8 février 1874) qu'il avait extirpé sur quatre jeunes Cochons d'Inde les ma- melles avec leurs mamelons et qu'elles s'étaient régénérées. Combat- tant ces données (Compt. rend., 26 juillet 1875), contraires au principe posé par lui dansune Note précédente (Rev. des Sc. nat., tom IV ,pag.65), M. Philippeaux se croit autorisé à conclure de nouvelles expériences que la régénération des mamelles extirpées n’a pas plus lieu chez le jeune que chez l’animal adulte, pourvu que l'extirpation soit com- plète. Pour M. de Sinéty (Compt. rend. Acad.,? août 1875), la question est plus complexe et plus difficile à résoudre qu'elle ne semble l'être au premier abord. La glande mammairedes jeunes Cobayes est en effet très-développée, et il ne serait pas impossible que dans ses opérations précédentes quelques portions de la glande fussent restées dans la plaie. En conséquence il propose, pour obtenir un résultat certain, l'ablation de toute la région mammaire. — MM. Dujardin-Beaumetz et Aubigné (Compt. rend., 26 juillet 1875) ont étudié les propriétés toxiques des alcools par fermentation, et spécialement des alcools éthylique, propylique, butylique et amy- lique. 11 résulte de leurs expériences que : « {°les propriétés toxiques dans la série de ces alcools suivent d’une façon mathématique, pour ainsi dire, leur composition atomique; plus celle-ci est représentée par des éhiffres élevés, plus l’action toxique est considérable , et cela, aussi bien lorsqu'on les introduit par la peau que par l'estomac; — 2° pour le même alcool, l'action toxique est plus considérable lors- qu'on l'introduit par la voie gastrique que lorsqu'on l'administre par 360 REVUE SCIENTIFIQUE. la peau ; dans ce dernier cas, la dilution de cet alcool dans un véhi- cule étranger augmente ses propriétés toxiques ; — 3° les phénomènes toxiques observés paraissent en général les mêmes, sauf le degré d'intensité, quel que soit l'alcool dont on fasse usage». Les mêmes auteurs ont observé qu'avec le même alcool la congestion et l’apo- plexie pulmonaire étaient plus fréquentes lorsque l'alcool avait été administré par l'estomac. — Une Note de M. le professeur Joly fait connaître un cas très-rare de tératologie (Compt. rend. Acad., ? août 1875) et lui permet, en éta- blissant avec certitude le genre Iléadelphe, de confirmer les prévisions d'Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le sujet de l'observation de notre savant collaborateur est un Chat nouveau-né dont voici la caractéristique: « une seule tête, un tronc unique muni de deux pattes antérieures et s'élargissant à partir de la région lombaire, pour se diviser en deux arrière-trains à peu près normaux, latéralement accolés et munis chacun d’une paire de pattes plus ou moins bizarrement contournées; deux ombilics contigus mais distincts, et par suite deux cordons ombilicaux.» Soumis au scalpel, le monstre dont s’agit a révélé plusieurs parti- cularités intéressantes, parmi lesquelles inous signalerons l'unité (apparente) du canal digestif à partir du pharynx jusqu'au gros intes- tin, l'absence de la rate et celle du pancréas et la structure du foie ) 4 2 f 27 LT Pcekre & Fil : Mori ke Tom. IV. pl. VIII MÉMOIRES ORIGINAUX. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE L'ANCÉE DU CONGRE, ANCEUS CONGERI EAITELSUR DES INDIVIDUSAVIVANTS,, Par M. HESSE. Au mois de février dernier, j’adressai aux Annales des Sciences naturelles " un Mémoire dans lequel je décrivais quatre nouveaux Ancées que j'avais découverts, et qui, joints à onze que j'avais fait connaître précédemment, en porlaient le nombre à quinze. Je viens aujourd’hui y ajouter une nouvelle espèce que j'ai trouvée, chose singulière ! sur un Congre, qui est un des poissons les plus communs de nos côtes, et conséquemment sur leque] j'aurais dû l’apercevoir depuis longtemps; ce qui prouve qu’en fait d'investigations il ne faut rien négliger, car il arrive souvent que l'on va chercher bien loin ce que l’on a très-près de soi. Je ne serais pasrevenu si promptement sur un sujet que j'avais traité il y a peu de temps, si la découverte que j'ai faite de la transformation des Pranizes en Ancées ne m'avait été contestée ; et comme je tiens à ne laisser aucun doute sur la réalité de cette méta orphose, j'ai voulu rassembler de nouvelles preuves pour les donner à ceux qui pourraient encore être dans l’incerlitude. Je ne puis cependant m'empêcher de faire remarquer que si cette question, qui est déjà ancienne, peut encore présenter quel- ques doutes, cela tient à ce que très-peu de naturalistes se don- nent la peine ou ont la possibilité d'aller eux-mêmes faire leurs observations au bord de la mer et de se procurer des objets d’études. J’ai en effet la conviction que si, comme cela m'est arrivé si souvent, ils avaient eu à leur disposition le nombre con- 1 Annales des Sciences naturelles, févr. 1874, tom. XIX, Mémoire 23, pag. 3, PI. XXI et XXII. IV. 5 à 446 MÉMOIRES ORIGINAUX. sidérable de Pranizes que je me suis procuré, et s’ils avaient été aussi fréquemment témoins de leurs transformations en Ancées que je l’ai été, ils seraient depuis longtemps fixés à cet égard. C’est donc avec une grande satisfaction que je vois, pour faci- liter les études de ce genre, créer, sur notre littoral, des labora- toires zoologiques ‘. Ils seront, pour les travailleurs consciencieux, un encouragement et un stimulant, et les savants qui viendront y continuer leurs recherches pourront, en examinant les mêmes objets, arriver aux mêmes résultats et confirmer ainsi la validité et l'importance des découvertes qui y ont été faites. @ 1. — HISTORIQUE. Le 10 septembre 1875, en visitant l’intérieur de la bouche et les branchies d’un Congre commun (Conger vulgaris), j'eus la satisfaction d’y découvrir sept Pranizes d'âge différent, mais qui cependant ne me paraissaient pas assez avancées dans leurs transformations pour me donner la certitude qu’elles se métamor- phoseraient en Ancées. Cependant il y en avait une qui par sa taille, atteignant à peu près 3 millim., pouvait me faire con- cevoir quelque espérance. Aussi m'’empressai-je de la mettre à part, afin d'éviter qu’elle fût tourmentée par ses compagnes de captivité. Encouragé par cette découverte, je me procurai, le 30 du même mois, un autre Congre qui était un peu plus petit que le précédent (il n’avait que 1? centim. de circonférence), et je fus encore plus heureux que la première fois, puisque je découvris sur sa tête, à l’intérieur, et surtout dans la bouche et sur les branchies, cinquante et quelques Pranizes ; mais malheu- reusemeni elles étaient presque toutes d’assez faibles dimensions. J'opérai néanmoins comme je l’avais déjà fait, en séparant les 1 Je viens de visiter le laboratoire de zoologie expérimentale créé à Roscoff, département du Finistère, par M. le professeur de Lacaze-Duthiers. Je ne saurais donner trop d'éloges aux dispositions intelligentes et économiques qui ont présidé à l'installation de cet élablissement exciusivement scientifique, qui sous tous les rapports mérite d'être cité très-avantageusement. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 447 plus grandes des autres, afin de leur donner plus de facilité pour se transformer. À partir de cette époque, je les visitai régulièrement une fois par jour, et, dans l’impossibilité de les nourrir comme elles l’étaient avant leur captivité, je me contentai de les placer dans un vase clos, de la dimension à peu près d’une tasse à café, dans lequel je mis de l’eau de mer bien pure et quelques brins d’une plante marine, le Zoospermée cladophore. J’eus aussi l’at- tention, ce qui est une chose essentielle, de les placer à l’ombre, dans un endroit frais. Parmi les sept Pranizes que j'avais recueillies le 10 septem- bre, je n'en avais lrouvé qu'une seule qui me parût, à raison de sa taille, pouvoir se métamorphoser en Ancée; et effectivement elle réalisa mes prévisions, car le 25 septembre elle se trans- forma en Ancée femelle, après quarante jours de captivité. Les autres moururent successivement de faim, au bout d’un mois et quelques jours de captivité ; celte femelle eut aussi le même sort et succomba le 3 octobre. Quant aux autres que j'avais trouvées le 30 septembre, elles étaient toutes si petites que je n'avais pu mettre de côlé, comme pouvant se changer en Ancées, que deux Pranizes, dont l’une se transforma en Ancée mâle, le 12 octobre, après treize jours de captivité, et l’autre en Ancée femelle, le 23 du même mois, c’est- à-dire au bout de vingt-quatre jours. Toutes les autres ne purent pas atteindre cette période de transformation, et elles moururent successivement de faim ; de telle sorte que, dans les premiers jours de décembre, elles avaient toutes succombhé. @ I. — PHysioLoGie. J’ai déjà, dans les Mémoires que j'ai publiés en 1864 et 1874", donné des descriptions très-détaillées, et aussi complètes que 1 Mémoire sur les Pranizes et les Ancées, présenté à l’Académie des Sciences et inséré dans les Mémoires des savants étrangers, tom. XVIII de 1864. Mémoires sur les Crustacés rares ou nouveaux des côtes-de-France, 239 article; 448 MÉMOIRES ORIGINAUX. é possible, des différents organes des Pranizes et des Ancées. Je devais donc me borner à inviter à y recourir; mais, comme de- puis cette époque j'ai acquis des faits nouveaux, et que, relati- vement à certaines choses, j'aurai quelques modifications à faire ou d’autres détails à ajouter, je vais tâcher, en évitant de me répéter, de faire connaître les particularités nouvelles que j'ai découvertes. La prédestination sexuelle, chez les larves d’Ancées, peut se con- stater assez facilement, lorsqu'elles ne sont encore qu’à l’état de Pranizes. Celles de ces larves qui doivent produire des femel- les sont bien plus longues et plus élancées", tandis que celles des mâles sont plus trapues. Il arrive même, comme le montre le dessin de notre Planche”, que chez elles la partie inférieure du thorax a de la ressemblance avec celle du mâle adulte *. Une chose qui est très-remarquable et qui a pu induire en erreur, c’est l’apparition prématurée des œufs dans le corps des Ancées, lorsqu'ils ne sont encore qu’à l’état de Pranize *. Gette par- ticularité est d'autant plus facile à constater que, la peau de ces Crustacés étant extrêmement mince, elle est facilement appré- ciable, à raison de sa transparence ; et comme ils conservent très- longtemps, même lorsqu'ils sont déformés par la quantité d'œufs que contient le corps, la téte de Pranizes, on pourrait croire qu'ils sont arrivés à la dernière phase de leur transformation. Mais les métamorphoses auxquelles sont soumises les femelles sont tou- tes aussi complètes que celles des mâles: avec un peu de patience, on voit tomber cette tête caduque de Pranize, qui est allongée et pointue, pour être remplacée par une petite tête, courte et arrondie, dont le bord frontal est obtus. J'ai profilé des circonstances qui se sont présentées pour tà- Pranises et Ancées nouveaux, pag. 3-29. (Annales des Sciences naturelles, tom. XIX de 1874.) , 1 Fig. 3et 4. — 2 Fig. 2. —3 Fig. 5. # Voir notre Mémoire déjà cité de 1874. (Annales des Sciences, tom. XIX, pag. 23. Ancée platyrhynque, PI. XXII, fig. 12.) 5 Fig. 9. — 6 Fig. 1 et 12. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 449 cher de savoir si la fécondation des femelles, à raison de la pré- sence précoce des œufs, avait lieu durant leur état de Pranizes, ou si elle ne s’accomplissait que lorsqu'elles avaient subi leur métamorphose en Ancées. | A cet effet, je plaçai dans un vase à part la femelle d’Ancée que j'avais trouvée sur le premier Congre, et, comme à cet instant je n’avais pas encore pu me procurer de mäle, elle resta isolée jus- qu’au moment de sa mort. Elle vécut dans cette position plus d’un mois, et ses œufs acquirent, quoiqu’elle fût depuis long- temps privée de nourriture, tout leur développement normal. Mais peu à peu ils perdirent de leur transparence, et, la fermen- tation putride s’en emparant, augmenta leur volume ; puis ils tombèrent tous, successivement, de l’enceinte incubatoire. La femelle, ainsi débarrassée de ses œufs, continua néanmoins à vivre comme si de rien n’était; elle était pourtant réduite simple- ment à son enveloppe tégumentaire, à travers laquelle on aperce- vait facilement ses viscères et leur fonctionnement. Je la conser- vai ainsi jusqu’au moment où, n'ayant plus d'intérêt à prolonger son existence, je la plongeai dans l'alcool. On voit donc, par ce qui précède, que, bien que les œufs exis- tent chez les Pranizes avant leur transformation en Ancées, il ne s'ensuit pas qu'ils puissent être fécondés à celte époque, mais qu’au contraire cet actene doit avoir lieu que chez les individus adultes. Voici du reste une autre expérience qui viendrait confirmer cette manière de voir. Parmi les cinquante Pranizes que je trouvai le 30 septembre dernier sur le deuxième Congre, je ne pus obtenir, comme je l’ai déjà dit, qu'un mâle qui se transforma le 12 octobre, et une femelle quise métamorphosa également en 4ncée femelle, le 28 du même mois. Je m’'empressai de réunir celle-ci au mâle, etje constatai, en les visitant fréquemment, qu'ils étaient souvent en contact. Au bout de trente à trente-cinq jours de cohabitation, il me sembla apercevoir chez la femelle, à travers les lames de l’en- 450 MÉMOIRES ORIGINAUX. ceinte incubatoire et de l’enveloppe des œufs, les points oculaires des embryons ; mais celle-ci me paraissait exténuée, par suite de la longue abstinence qu’elle avait supportée. Cependant elle accomplit avec peine sa tâche jusqu’au bout, et elle mourut à la fin de novembre, très-probablement d’inanition. Dans cette circonstance, comme on le voit, les choses se sont passées régulièrement : le mâle et la femelle adulte, mis ensem- ble, ont produit les résultats auxquels on devait nécessairement s'attendre ; on est donc autorisé à en conclure que la féconda- tion n’a lieu qu'à l’éfat adulte, et que c’est très-probablement aussi dans ce but que ces Crustacés, parvenus à cette phase de leur transformation, quittent les poissons sur lesquels ils vivent, pour éviter les dangers auxquels ils sont continuellement ex- posés et pour vaquer paisiblement à terre, dans un lieu favorable, à l'acte important de la reproduction. Les embryons contenus dans l'enceinte ovifère en sortent successivement, dès qu'ils sont en état de l’abandonner. Mais lorsque, comme cela arrive pour ceux-ci, la mort de la mère les a surpris avant qu'ils soient en état de pourvoir eux-mêmes à leur existence, ils ne l’abandonnent que forcément. Aussi trouvai-je, le 3 décembre, gisant sur le fond du vase où ils étaient conservés, les individus qui étaient tombés de la poche incubatoire. Ils étaient alors presque privés de mouvement ; celui qui les agitait ne se faisait sentir que dans l’ensemble du corps, qui se courbait et se redressait dans son entier, mais son action ne se transmettait que faiblement aux membres, qui paraissaient presque immobiles. Je remarquai que niles pattes, ni les antennes, ni même les lames branchiales, ne recevaient d'’impulsion. Toutes les parties du corps étaient déjà au complet et occu- paient la place qui leur était destinée. Les points oculaires étaient d’une grandeur relativement remarquable; ils se faisaient aussi distinguer par leur peu d'épaisseur et l’absence de tout fractionnement indiquant la place que chaque cornéule devait occuper postérieurement. LA DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 451 Je les visitai de nouveau onze jours après, et je constalai, malgré la position anormale dans laquelle ils se trouvaient, des progrès sensibles dans leur développement. Les membres étaient moins tuméfiés et les articulations plus distinctes ; leurs mouve- ments étaient très-apparents. Les fausses pattes branchiales sur- tout, qui avant étaient immobiles, appuyées l’une contre l’autre, s’écartaient et se rapprochaient avec facilité ; les yeux, qui étaient si plats et si larges, avaient perdu en étendue ce qu'ils avaient gagné en épaisseur. Enfin, on apercevait déjà les pre- miers linéaments des dessins dendritiques dont leur carapace est ornée à un âge plus avancé. L’estomac, dont la capacité est relativement très-grande, était encore abondamment pourvu des globules vitellins qui n'avaient point été consommés. Tout donc faisait prévoir la phase, un peu plus avancée, dans laquelle les embryons auraient acquis assez de force pour se suffire à. eux- mêmes. Le peu d’épaisseur, et par suite la transparence de l’enveloppe tégumentaire de ces Crustacés, m'ont permis de pénétrer assez intimement dans l'intérieur de leur organisme pour que j'aie pu en suivre le fonctionnement. Mais comme j'ai déjà plusieurs fois traité ce sujet, je ne parlerai que des choses nouvelles ou sur les- quelles il y a lieu de revenir, afin de ne pas me répéter. Je n’ai rien à dire de nouveau des organes extérieurs, dont j'ai déjà donné ailleurs" la description détaillée, si ce n’est cependant à signaler encore à l'attention la présence de la petite cavité qui se trouve placée en dessous de la tête, à la base des mandibules et des antennes du mâle, et proche de l’œil?. Cet orifice cireu- laire est, très-vraisemblablement, celui de l'appareil auditif, et c'est pour cela qu'il se trouve près des antennes, qui, étant des organes de tact, sont disposées de manière à lui transmettre les vibrations qu’elles perçoivent. 1 Voir le Mémoire que j'ai présenté sur les Pranizes et les Ancées, à l'Académie des Sciences en 1864, et qui a été inséré dans les Mémoires des savants étrangers, tom. XVIII, et les Planches qui l'accompagnent,. 2 Fig. 6 et 11, et 4, PI. II du Mémoire précité. : 452 MÉMOIRES ORIGINAUX. Je dois aussi faire remarquer que les pattes-mächoires de la deuxième paire, chez le mâle de ces Ancées, ne sont formées que de deux articulations, au, lieu de l'être de trois ou de quatre, comme dans les autres espèces. Les pattes-mdchoires operculaires externes, dans cette espèce comme dans les autres, n’ont d’articulation qu’à leur base ex- terne; de sorte que par cette disposition elles peuvent s’ouvrir largement, comme des portes à deux battants, de manière à lais- ser découvert l’orifice buccal, qui se trouve au centre de cette partie du dessous de la tête. | Lorsque ces pattes-mâchoires sont ainsi écartées, on voit s’agiter à leur base, avec une grande vivacité, des palpes très-minces et foliacées, s’entre-croisant et se superposant ; elles sont bordées de nombreux cils. Le pénis', que j'ai déjà décrit en parlant des autres espèces, n’est composé que d’une seule articulation. Il est placé, comme tous les organes simples, sur la ligne médiane du corps, et il est protégé en dessus par une membrane en forme de cupule, qui en s’abaïssant peut le recouvrir, et en dessous par les fausses pattes branchiales, qui en se relevant peuvent aussi le protéger de la même manière. Le système nerveux * se compose de deux cordons noduleux, juxtaposés et étendus d’un bout du corps à l’autre, dont les gan- glions sont également espacés et présentent un développement uniforme pour chaque anneau du corps, à partir du ganglion céphalique jusqu'au dernier ganglion abdominal; ces ganglions 1 Fig. 6 et 13; et du Mémoire de l'Académie, PI. XI, fig. 30 et 34, PI. IV, fig. . 3 et 8; et de mon Mémoire des Annales des Sciences, tom. XIX de 1874, PI. XXI, fig. 18. Je crois être le premier qui ait signalé la présence de ce singulier organe chez ces Crustacés, les seuls peut-être qui présentent cette disposition particulière, qui sous ce rapport les rapproche des Aranéides, chez lesquels je l'ai aussi rencontré très-développé dans une position identique, mais formé d'une dizaine d'anneaux qui paraissent s'invaginer les uns dans les autres et faciliter sa contraction ou son extension. 2 Fig. 3; et du Mémoire de l'Académie, PI. I, fig. 11. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 453 émettent à chaque articulation servant de point d’attache à une patte, et de chaque côté, un nerf extrêmement délié qui se rend à l'extrémité de cette patte. On aperçoit aussi très-visiblement le foie, qui acquiert un très- grand développement et a la forme d’un fer à cheval, et en dessous, au milieu du corps, l'estomac, dont la capacité est d’un volume non moins considérable. Le sysième circulatoire! se compose d’un cœur aortique formé d’un long vaisseau placé au centre et sur la ligne médiane du corps, qu'il parcourt dans toute son étendue ; mais il se rétrécit considérablement à son extrémité inférieure, lorsqu'il a dépassé la limite du thorax. Les pulsationsse manifestent précisément à cet endroit, et sont provoquées par des contractions rhythmiques qui sesuccèdent tous les quarts de seconde. Le sang, qui est parfaitement incolore, est chassé avec force de bas en haut, et, après avoir parcouru toute l'étendue du tube aortique, retombe lentement en pluie de tous les côtés du corps, comme le fait l’eau lancée par un jetd’eau qui, n’obéissant plus à l’impulsion qui lui avait été imprimée, est soumise à l’action de la pesanteur spécifique et revient à son point de départ. Cette évo- lution échapperait facilement à l'observation, à raison de l’absence complète de couleur du sang, si ce n'étaient les molécules qui le composent, dont le volume, quoique très-petit, est encore néan- moins assez visible pour que l’on puisse en suivre la direction. Le sang, après avoir parcouru les diverses parties du corps vers lesquelles il avait été chassé, retourne de nouveau au cœur, pour y recevoir une nouvelle impulsion. | à III. — Brorocre. On n'avait, je crois, pas remarqué, avant que je l’aie signalée, la double existence à laquelle sont soumis les Ancées lorsqu'ils sont à l’état de larve et à l’état d’adulte. 1 Fig. 4. 454 MÉMOIRES ORIGINAUX. Les modifications importantes que subissent ces Crustacés semblent suffisantes pour indiquer un changement de vie qui entraîne nécessairement avec lui la modification des organes qui doivent être appropriés au nouvel usage qu’ils en doivent faire. Il suffit en effet d'examiner la tête des Pranises et celle des Ancées pour en être convaincu. A l’état de Pranizes ‘, on voit que la tête, terminée en pointe aigüe et recourbée, armée de mâchoires denticulées et de stylets acérés, est destinée à perforer et à pénétrer dans les chairs après y avoir fait des blessures; et si l’on remarque aussi les pattes courtes mais robustes, armées d’une griffe puissante, qui sont placées à la base et de chaque côté de la tête ?, on ne peut qu'être persuadé que toutes ces combinaisons n’ont d'autre but que de procurer au Crustacé qui en est doté les moyens de s'appliquer et de se maintenir solidement sur sa proie. Si, d’un autre côté, on considère avec le même soin la tête des Ancées, on remarque, par des dispositions toutes différentes, que leur nouveau genre de vie ne doit avoir aucun rapport avec l’au- tre*. Chez l’Ancée mâle, en effet, les formidables màächoires qui arment sa têle monstrueuse recouverte d’un test solide, et la faci- lité qu’a celle-ci de se mouvoir sur un col étroit en forme de pivot, qui la réunit aux autres anneaux du thorax, n’annonce pas que celui qui les porte soit destiné à mener, comme antérieurement, une existence timide et pacifique ; ces mächoires semblent, au contraire, données, si ce n’est pour favoriser les agressions, du moins pour aider à repousser les attaques. D'ailleurs, les larges fausses pattes-mâchoires externes qui recouvrent entièrement le cadre buccal * se prêteraient peu au genre de vie antérieur. Il faut donc penser que le changement survenu dans ces organes a aussi profondément modifié les mœurs de ces Crustacés. C’est probablement pour ce motif que l’on ne rencontre jamais sur les poissons des Ancées, mais seulement des Pranizes *. 1 Fia. 9. — ? Fig. 10. —% Fig. 5. — 4 Fig. 6 et 11. * Je n’ai effectivement jamais rencontré sur les poissons que des Pranizes et jamais d’Ancées. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 455 Pour en revenir à ces dernières, leur taille svelte et élancée qui les fait ressembler à des Insectes du genre des Carabiques, leurs pattes longues et propres à la marche, leur agilité, les moyens de natation assez puissants dont elles disposent, les ren- dent parfaitement propres au genre de vie qu’elles mênent. Con- tinuellement aux aguets, elles attendent au passage les poissons sur lesquels elles veulent se fixer. J'ai déjà dit, dans un autre Mémoire, que tous ne leur sont pas bons; elles ont des préférences qui indiquent un discerne- ment que l’on est surpris de rencontrer dans des êtres aussi infimes'; chaque Ancée paraît en effet adopter une espèce de poisson sur lequel il vit exclusivement. Les Pranizes que j'ai rencontrées sur le Congre étaient placées sur la têle de ce poisson, les unes à l’intérieur, les autres à l’extérieur, mais ces dernières étaient beaucoup moins nom- breuses que les premières, probablement parce qu’elles n’y étaient pas dans une aussi grande sécurité, et parce qu’elles n’y trouvaient pas une nourriture aussi abondante. Il est même vrai- semblable qu’elles n’y étaient qu’accidentellement et parce qu’elles se préparaient à fuir ce poisson, dont les convulsions les avaient effrayées. En attendant, elles s'étaient cachées dans les plis de la peau, sous la gorge, qui chez ce poisson est très-large en cet endroit. Celles qui se trouvaient dans l’intérieur de la bouche s'étaient placées dans les parties les plus reculées et dans les- quelles elles ne pouvaient être ni atteintes, ni froissées par le passage des aliments. Jen trouvai cependant qui, négligeant ces précautions, s'étaient logées dans les intervalles que laissent entre elles les dents inter-maxillaires; les pointes élevées de ces dents les garantissaient contre la pression. Je remarquai que leurs têtes étaient fortement appliquées contre les parois de la bouche, et que les griffes des deux pattes qui sont de chaque côté étaient profondément enfoncées dans les chairs, de manière à assurer leur adhérence à leur proie ?. La tea 'ettA. ? L'existence de ces deux pattes supplémentaires constitue ce fait, sinon excep- 456 MÉMOIRES ORIGINAUX. Il est à présumer que lorsque la Pranize a rencontré une place qui lui paraît convenable, elle fait une plaie avec les stylets aigus dont l'extrémité de sa tête est armée, et que, appliquant alors son orifice buccal sur la blessure, elle aspire le sang qui en provient pour en faire sa nourriture. Il est probable qu’elles se repaissent aussi des abondantes sécrétions que produisent ces poissons. Toutefois, toujours est-il que le sang en fait surtout partie, car, grâce à sa coloration et à la transparence des tégu- ments et des viscères, on peut facilement constater sa présence dans l’intérieur de l'estomac. Ce sang, paraît-il, subit, soit par l’action de la digestion, soit par toute autre cause, une altération assez prompte, qui change sa couleur en violet et même en noir assez foncé ‘. L’estomac, chez ces Crustacés, est relativement très-spacieux, et leur permet, à raison de sa capacité, de conserver longtemps des provisions qui prolongent leur existence pendant des mois entiers, et les mettent même en mesure de subir prématurément et avec peine leur dernière transformation *. C'est ainsi que j'ai pu conserver du 10 septembre au 18 octobre des Pranizes, dont trois seulement se sont transformées en Ancées et dont les autres sont toutes mortes successivement, faute de nourriture convenable. = J'ai pourtant essayé de remédier à cet état de choses; mais pour y parvenir il aurait fallu pouvoir conserver vivant le poisson sur lequel elles étaient, et attendre qu’elles eussent le temps voulu pour opérer leur transformation, chose si difficile, que je crains bien qu’elle soit presque impossible à obtenir. À défaut de cela, je me suis procuré du sang très-frais d’un Congre, et j'en ai mis de petits caillots dans un vase où j'ai intro- duit trois Pranises de différentes tailles. Ces caillots, au bout d’un LT certain temps, ont commencé à se dissoudre et à colorer l’eau. tionnel, du moins très-singulier, que ces Crustacés sont dodécapodes lorqu'ils sont à l’état de larve, et décapodes lorsqu'ils sont parvenus à l'état adulte. Voir le Mémoire publié dansles Annales des Sciences, tom. XIX, pag. 8, 1874. L Fig. 5 et 6. — 2 Fig. 3. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 457 Les Pranizes n'ont pas paru d’abord s’émouvoir de ce change- ment, et ont continué comme auparavant à parcourir le vase dans lequel elles étaient renfermées. Je m'attendais cependant, à raison de l’odorat, qui, je crois, est très-developpé chez ces Crustacés, et de l’abstinence assez rigoureuse à laquelle elles étaient sou- mises depuis quelque temps , à les voir se diriger vers ces caillots : il n en fut rien, ou du moins je ne m’en aperçus pas. Je ne sais si en nageant elles attrapaient au passage quelques débris; ce qu'il y a de certain, c’est qu’au bout de deux à trois heures l’eau était devenue trouble et menaçait de se corrompre. Je crus alors prudent d'en retirer ces Crustacés, qui auraient infaillible- ment péri dans ce liquide vicié. J'ai donc été contraint de renon- cer à cette expérience, qui aurait peut-être pu réussir dans d’autres conditions, devant dans tous les cas se rapprocher le plus possible de celles où ces animaux se trouvent lorsqu'ils sont en liberté. Par suite des faits qui précèdent et d’autres que j'ai eu occasion d'observer en diverses circonstances, et qui m'ont permis de prendre pour ainsi dire la nature sur le fait, il n’y a pas d’hési- tation possible sur la manière de vivre des Pranizes qui sont fixées sur les poissons. Non-seulement je les ai vues à l’œuvre, suçant le sang de ceux-ci, mais j'ai pu encore constater facilement, comme je l’ai dit, la présence de ce liquide dans la capacité de . l'estomac, qui en est quelquefois tellement gorgé que tout le corps en est déformé et pour ainsi dire ballonné. De quoi vivent les Pranizes lorsqu'elles sont arrivées à l’élat d’Ancée ? Ici la question est plus difficile à résoudre. On a dit, avec raison, que la conformation de la bouche indi- quait facilement la manière de vivre; mais ici précisément la difficulté est grande, par suite de la forme exceptionnelle de cet organe, qui peut être approprié à diverses fonctions, et dont la structure intime n’est d’ailleurs pas suffisamment connue. Dans l’Ancée mâle, le cadre buccal est recouvert d’une large paire de pattes externes ‘ sous laquelle on aperçoit la deuxième 1 Fig. 6 et 11. 458 MÉMOIRES ORIGINAUX. paire de pattes-mâchoires; j’ai également aperçu des lames plates et triangulaires, qui, placées en dessous de ses pattes, sont arti- culées en bas, et en se relevant du côté de l’orifice buccal, ‘par un mouvement vif et d’éventail, viennent recouvrir cet orifice. J'ai même vu au milieu, des deux côtés de cet orifice, de petites mächoires mandibulaires ; mais, on le conçoit, plus on s’enfonce dans cette cavité, et plus les difficultés d’y voir aug- mentent. D’après donc ce que je connais des habitudes et des mœurs de ces Crustacés, je crois que le mâle se retire dans une petite cavité qu’il trouve dans les rochers, ou sous les pierres , ou dans les alvéoles abandonnées des Balanes; qu’il s’y cache, ne laissant paraître que ses mandibules, qui lui servent à re- pousser les agressions du dehors et à saisir au passage les objets qui conviennent à sa nourriture ; qu'il se sert aussi de ses larges fausses pattes-mâchoires externes, foliacées et bordées de nombreux cils : il ouvre et il ferme celles-ci comme une porte à deux battants, et s’en sert comme d’un filet, pour saisir les objets et les amener à sa bouche, où ils sont broyés par les mà- choires. Sous ce rapport, le fonctionnement de ces pattes-mâchoires, bordées de nombreux cils et des lames plates, qui viennent se rabattre et forment une enceinte dont la bouche occupe le cen- tre, pourrait être comparé à l’action des pieds des Cirrhipèdes, qui saisissent aussi au passage les objets se trouvant à leur portée. Cette manière de procéder n’est du reste pas exceptionnelle chez ces Crustacés; on la voit mise en usage, avec de légères modifications, chez plusieurs autres, au nombre desquels je citerai l’Arcture longicorne, qui, à l’aide de ses antennes pédi- formes et de ses trois premières paires de pattes thoraciques, plates et garnies de nombreux cirrhes, saisit au passage, comme avec un filet, tous les objets qui passent à sa portée, pour les conduire à sa bouche. D’autres, tels que les Galathées et les Porcellanes, ont leurs pattes-mâchoires tellement bien garnies de * DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 459 poils, elles sont si longues et se reploient avec tant de facilité vers l'ouverture de la bouche, qu’elles y conduisent tous les objets qu’elles atteignent. Ces Crustacés sont très-vivaces et supportent des épreuves qui sembleraient devoir leur être funestes, sans y succomber. Voulant examiner avec plus de facilité l’Ancée mâle, dont je donnerai bientôt la description, et modérer ses mouvements continuels, j'eus recours à un moyen contentif que j'emploie souvent en pareille circonstance. J’additionnai d’une goutte d'alcool l’eau de mer contenue dans le verre de montre où je l'avais placée sur le porte-objet de mon microscope. À peine ce mélange eut-il lieu, que l’animal s’arrêta subitement, surpris de ce changement immédiat ; à partir de ce moment, il fut infini- ment plus calme, et, renversé sur le dos, il resta dans cette po- sition tout le temps que je voulus l’y maintenir. Enfin, après environ une demi-heure que je passai à l’examiner, je me décidai à le réintégrer dans le vase, où je le conservai dans l’eau de mer; et quel ne fut pas mon étonnement, le lendemain, lorsque je l’examinai de nouveau, de le voir marcher et nager comme si de rien n'était. Bien plus , je le conservai plus de quinze jours après, tout aussi bien portant, et il est probable que je l'aurais encore si, dans la crainte de le perdre, je n’eusse pris le parti de le plonger dans l’alcool. Pendant que je l’examinai, je m’aperçus de l’effet que ce liquide opérait sur ce Crustacé : le fonctionnement des branchies paraissait suspendu; l'abdomen était relevé du côté du thorax, et le pénis, au lieu d’être exubérant, était invaginé. Les Pranizes vivent en famille, et il est rare que, lorsqu'on en rencontre une, elle ne soit accompagnée de plusieurs autres. Leur apparition sur les poissons ne paraît pas être collective, mais successive, car il y en a toujours de grandeurs différentes de taille entre elles. Elles se fixent de préférence dans l’in- térieur de la bouche des poissons, où elles sont plus à l’abri, rarement sur les branchies ; elles préfèrent probablement, afin de se fixer plus solidement, les parois de l’intérieur de la bouche 460 MÉMOIRES ORIGINAUX. dans lesquelles elles enfoncent les ongles de leurs pattes; ces Crustacés ont toujours la tête dirigée du côté de l’ouverture buc- cale, parce que de cette manière ils résistent davantage au courant de l’eau qui entre dans cette cavité, et au frottement des objets qui y sont introduits. C’est aussi pour ce motif qu'on les rencontre moins fréquemment sur le corps des poissons, et particulièrement sur les parties saillantes : ils se réfugient géné- ralement dans les plis que forme la peau, à la base des nageoires et contre les rayons de celles-ci; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, comme ils sont alertes et très-timides, ils se laissent volontiers tomber et quittent le poisson aussitôt qu'ils prévoient quelque danger. Les Pranizes que j'ai trouvées sur le Congre, placées dans la bouche, étaient plus à l’abri que celles qui vivent sur d’autres poissons, car chez ceux-ci l’ouverture branchiale est extrême- ment petite et peut facilement, à l’aide de contraction musecu- laire, se fermer hermétiquement : celles donc que j'ai rencontrées sur la tête n'étaient que des individus effrayés, qui se préparaient à le quitter et à se sauver. Il y aurait du reste pour elles un danger réel et permanent à vivre extérieurement sur un poisson qui, comme le Congre, vit à la manière des serpents, se glissant au milieu des pierres et des fucus, et qui se tient en embuscade dans les fentes ou les trous des rochers, où il est exposé à des frottements continuels. Aussi la fragilité de l’enveloppe de ces Crustacés ne leur permet pas d'affronter de tels dangers, et il en est de même lorsqu'ils sont arrivés à l’état d’Ancée; aussi suffit- il de voir combien la peau qui recouvre leur corps est vulnéra- ble, pour comprendre qu'ils ont évidemment de toute nécessité l'obligation de se mettre en lieu de sûreté. C’est pour ce motif que la tête, qui est destinée à rester exposée en dehors, est au contraire recouverte d'un test solide qui peut supporter, sans se rompre, une forte pression. Dans la transformation qui s’opère lors de la métamorphose des Pranizes en Ancées, le changement brusque et imprévu de forme n’est pas seulement une chose remarquable; l’accroisse- DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 461 ment considérable de volume qui survient n’est pas moins sur- prenant : aussi, avant cette transformation, la peau doit être tellement tendue que la pression qu’elle a à supporter doit en faciliter la rupture, Le corps ne se dépouille pas d’une seule pièce, mais en deux parties qui sont indiquées par une déhiscence qui est très-visible au milieu du thorax. On retrouve du reste habituellement la peau des parties antérieures et inférieures du corps séparées. Toutes subissent ce changement, sans en excepter même celle qui recouvre les yeux. Les Pranises du Congre sont, parmi toutes celles que j'ai pu étudier, les plus agiles, et cette particularité ne les abandonne pas aussi complétement que dans les autres espèces, lorsqu'elles sont arrivées à l’état d’Ancée : l’on voit en effet le mâle, à l’aide de ses fausses pattes branchiales, effleurer rapidement le sol et parcourir ainsi en peu de temps une certaine distance. Mais, comme je l’ai déjà dit, ce ne doit être que dans des cas exception- nels, car ce mâle est destiné à vivre sédentaire, et même renfermé dans une cachette. On doit, si l’on veut, conserver quelque Lemps des Pranizes ou des Ancées, les mettre dans de l’eau très-pure et les tenir dans l’obscurité et dans un endroit frais, à l’abri des variations de la température. Il faut aussi que le vase dans lequel on les renferme soit d’une grandeur suffisante, et qu’il scit clos ; car sans cela ces Crustacés s’échapperaient facilement et profiteraient de l’agglutination que leur procure l’eau qu'ils entraînent avec eux pour grimper verticalement sur les parois de ce vase et se déro- ber ainsi, soit à la chaleur qui les incommode, soit à l’altération délétère de l’eau. 1 Fig. 7. IVe 5 #7 462 MÉMOIRES ORIGINAUX. à IV. — DESCRIPTION. Ancée du Congre. — Anceus Congeri (Nobis). Mandibules du mâ'e falciformes à bord interne uni, mais offrant des impressions de dentelures ; bord externe avec un contre-fort formant bourrelet. Le jeune, à la sortie de l’œuf, n’a guère plus d’un millimètre de longueur. Sa tête, relativement un peu grosse, est suivie de trois articles thoraciques, de longueur à peu près égale, mais plus étroits que la tête, à laquelle ils forment une sorte de col. Le reste du thorax est beaucoup plus large et est formé d’anneaux qui ne sont pas assez distincts pour que l’on puisse bien les dé- limiter. L’abdomen est comparativement très-fort; les cinq anneaux dont il est formé sont très-tuméfiés, et les fausses pattes bran- chiales auxquelles ils donnent attache sont aussi très-gonflées, appliquées l’une contre l’autre, et semblent, faute d’espace, ne pouvoir s’agiter. Les antennes sont assez fortes, et l’on peut eompter avec peine les articles dont elles sont formées et qui sont en nombre égal à celui des adultes. Il en est de même des pattes-mâchoires et des mandibules, ainsi que des pattes thoraciques. La présence des yeux se manifeste par une large tache rouge, très-mince, qui ne présente encore aucune division cornéulaire. L’estomac est extrêmement volumineux et contient en abon- dance les globules vitellins, qui sont destinés, en attendant que l'embryon puisse prendre directement sa nourriture, à former une réserve pour les besoins ultérieurs. J'ai eu l’occasion de les examiner onze jours après leurs pre- : mières évolutions, et déjà les mouvements étaient devenus plus actifs et les yeux commencaient à s'organiser : ils avaient perdu en diamètre ce qu'ils avaient gagné en épaisseur, et les délimi- tations des cornéules étaient indiquées. 2 Le jeune, à un âge plus avancé, lorsqu'il est en état de nager DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 463 et d’aller chercher sa nourriture, a le corps court et largeï. Il mesure alors ? millim. de longueur sur 1 de large. Sa tête est un peu plus forte qu'elle ne le sera dans la phase suivante; le thorax, divisé en cinq articles, est de la même largeur dans toute son étendue, et aussi relativement plus large qu'il ne l’est dans les autres phases de la transformation. Les fausses pattes natatoires, qui sont à l’extrémité de cette partie du corps, sont également plus fortes et plus larges qu’elles ne le sont chez les adultes. La larve qui succède, par suite d’accroissement et de transfor- mation, à celle que je viens de décrire, se rapproche davantage de la forme habiluelle des Pranizes * ; elle en a la tête et les trois premiers anneaux du thorax ; les autres ressemblent à ceux de l’Ancée mâle”, ce qui, comme je l'ai déjà dit, paraîtrait annon- cer que déjà à cette époque de la métamorphose le sexe serait indiqué. Son abdomen est court et assez large; il en est de même des fausses pattes natatoires qui le terminent, qui sont aussi plus fortes que dans l'adulte. Sa taille atteint près de 3 millim. La larve, qui est généralement connue sous le nom de Pranixe, et que je figure aux n° 3 et 4 de ma Planche, a 3 millim. de longueur sur 1*”,5 de largeur. Elle se fait remarquer par sa taille svelte et gracieuse. Sa tête est petite, terminée par une sorte de pointe aiguë. Son thorax est divisé en cinq articles, dont les trois premiers sont les plus courts et les plus étroits, tandis que les deux derniers sont les plus longs et les plus larges. 5 J'ai figuré en dessus" un individu qui, par suite d’un manque prolongé de nourriture, était devenu d’une transparence extrême et laissait apercevoir, à travers son enveloppe, la forme et la position de ses viscères. On aperçoit d’abord le système nerveux, qui, comme je l'ai déjà dit, occupe le milieu du corps, qu’il parcourt verticalement d’un bout à l’autre, et se compose de deux cordons noduleux oo 1 Fig. 1.— 2 Fig. 2. — 3 Fig. 5. — #4 Fig. 3, 464 MÉMOIRES ORIGINAUX. juxtaposés, présentant, à partir du ganglion céphalique, d’autres ganglions qui émettent à chaque articulation et de chaque côté des nerfs extrêmement ténus se rendant à l'extrémité des paltes. Enfin se montre l'estomac, qui est vide, mais dont la capacité est relativement considérable. Au dessus se trouve le foie, qui est également très-volumineux et a la forme d’un tube en fer à cheval ; ce viscère est susceptible de mouvement, car on le voit s’agiter dans divers sens. L'autre dessin placé à droite du premier ‘ représente la même Pranize vue en dessous, pour que l’on puisse voir avec plus de facilité son système circulatoire. On aperçoit d’abord, au milieu du corps et sur une ligne verticale, le tube aortique qui le parcourt dans toute son étendue, mais se rétrécit considérablement à partir de la base de l’ab- domen, Les pulsations se manifestent à cet endroit et font refluer le sang jusqu'à l'extrémité supérieure du corps; après quoi il retombe de chaque côté du corps, et après en avoir parcouru toute l’étendue revient au point de départ, où il est soumis à de nouvelles impulsions. Afin de rendre plus visible le trajet que parcourent les molécules du sang durant cette évolution, j’ai indiqué ce trajet par des pointes de flèches qui font connaître la direction qu’il suit. L’Ancée mäle adulte * acquiert environ 4 millim. de longueur sur ? de largeur. La têle est forte, carrée, surmontée de deux mandibules fal- ciformes dont le bord intérieur est uni, mais qui offre néanmoins des impressions de dentelure ; leur bord extérieur est consolidé par un contre-fort en forme de bourrelet. Les antennes n’offrent rien de particulier. Le dessus de la tête présente, au milieu, une forte dépression frontale en forme de gouttière, de chaque côté de laquelle on aperçoit deux proéminences arrondies qui sont séparées entre elles par une ligne verticale et horizontale. 1 Fig. 4. -— 2 Fig. 5. - DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 465 La tête est suivie de deux anneaux thoraciques très-étroits, qui lui sont soudés; ceux-ci sont séparés des trois autres, à peu près égaux entre eux, et qui complètent cette partie du corps par une distance assez grande et une sorte de pivot sur lequel elle peut tourner facilement. Au milieu des trois derniers an- neaux du thorax, on aperçoit des dessins triangulaires formés par des bandes étroites, en relief, qui sont transversales et obli- ques. L’abdomen est relativement petit, et il en est de même des fausses pattes natatoires qui le terminent. Tout le corps, y compris la tête, est couvert de poils courts, gros et recourbés, qui sont assez nombreux, mais qui n'existent pas sur la surface inférieure. En dessous", le cadre buccal est entièrement recouvert par les pattes-mâächoires operculaires, qui ressemblent à celles des autres espèces. La patte-mächoire de la deuxième paire, au lieu d’être formée de quatre articles, n’en contient que trois *, et le dernier a la forme d’une spatule. On aperçoit aussi, près de l’œil, à la base des antennes et des mandibules, la petite cavité dont j’ai déjà parlé el qui est proba- blement l'orifice de l’appareil acoustique. Quant au reste, je n’ai rien à ajouter à ce que j'ai dit déjà dans ce Mémoire et dans ceux qui l'ont précédé en traitant les mêmes sujets. ; L’Ancée femelle“ atteint presque les dimensions du mâle en longueur, mais elle est infiniment plus large que lui, sa forme étant presque ronde. Elle ressemble, pour l'aspect général du corps, à toutes les femelles des autres espèces que j'ai décrites précédemment. Je n'ai donc, à son sujet, rien de particulier à sou à ce que j'ai dit en parlant de ses congénères. 1 Fig. 6 et 11. — 2 Fig. 6, 11 et 15. 3 Figures précitées et aussi celle no 4 de la PI. XI de mon Mémoire sur les Pranizes et les Ancées, publié dans les Mémoires de l'Académie ( Savants étran- gers). — À Fig. 7. 466 MÉMOIRES ORIGINAUX. . Les plaques operculaires qui recouvrent l’enceinte incubatoire sont au nombre de cinq'. La première, qui a la forme d’un écusson, est fixée, par sa base, à la partie inférieure de la tête. Elle est la plus petite, et recouvre aux trois quarts la deuxième plaque, qui a la même forme, et qui, elle aussi, recouvre en grande partie les deux dernières. Celles-ci, placées de chaque côté du thorax, se ter- minent en pointes et laissent au milieu un espace vide qui permet aux lames branchiales de se mouvoir plus facilement. Coloration. — La jeune Pranize, à la sortie de l'œuf, est d’une couleur jaune très-pâle ; les yeux sont d’un rouge vif”. FiG. 1. La Pranize un peu plus âgée est d’une couleur blan- che, légèrement teintée de bleu ; les globules vitellins qui sont encore abondants sont colorés en jaune. On aperçoit aussi des taches rouges résultant du sang” qui est contenu dans l'estomac. Tout le corps, ainsi que l’abdomen, est couvert de points noirs; les yeux sont de cette dernière couleur. Fc. 2. La Pranize représentée à ce moment a le corps d'un jaune citrin, légèrement ponctué de petites taches rouille ; les yeux sont noirs. Fra. 3. La Pranize représentée à ce numéro est d’une couleur blanche un peu teintée de bleu. Elle est transparente, et l’ou aperçoit, à travers sa peau, les ganglions nerveux qui sont sur la ligne médiane du corpset qui sont colorés en jaune, et le foie qui est de couleur rouille claire. La Fig. 5 représente le méle de l’Ancée du Congre. — Sa tête et ses mandibules sont blancs; le front est jaune, avec une gout- tière rouille au milieu. — Les anneaux du thorax sont blancs, ponctués de petites taches rouille. Au milieu du corps, où aperçoit une bande d’un blanc noir foncé encadrée dans des lignes blanches en relief. L’abdomen est blanc, tacheté de taches noires et précédé d’un petit appendice arrondi, jaune. 1 Fig. 8. — ? Fig. 1. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 467 F16. 6: En dessous, le mâle est de couleur blanche ; au milieu du thorax se montre une large tache d’un bleu noir, avec une bande rouge au centre. Le pénis et l'abdomen sont blancs. Fic, 7. La femelle de l’Ancée du Congre vue en dessus a le corps blanc. Les œufs que l’on remarque au milieu, à travers l'enveloppe, sont jaunes. Le foie, qui est en forme de fer à cheval, est d’une couleur rouille foncée. L’abdomen est blanc, tacheté de noir. Le corps est aussi couvert de larges taches noires ; les yeux sont de cette dernière couleur. FiG. 8. La femelle de l’Ancée, vue en dessous, est également d’une couleur blanche. On aperçoit au milieu du corps et par transparence, les œufs, qui sont jaunes. Le corps est ponctué de taches noires ; les yeux sont de cette dernière couleur. Habitat. — Trouvés le 10 septembre 1875 et le 30 du même mois , au nombre de cinquante et quelques, sur la tête et dans l'intérieur de la bouche du Congre commun (Conger vulgaris). Ils étaient tous vivants, mais très-jeunes. — Trois seulement se sont transformés en Ancée mâle et femelle. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fc. 1. Jeune Ancée à l’état de Pranize amplifiée 40 fois. Fi. 2. Ancée à l’état de Pranize dans une métamorphose plus avancée, amplifiée 60 fois. FiG. 3. Autre Pranize à un état de transformation encore plus avancé, grossie 23 fois, vue en dessus, réduite, par un manque de nourriture prolongée, à une transparence qui pérmet de voir, à travers son enveloppe, son systéme nerveux. Ce système se compose de deux cordons noduleux juxta-posés et placés au milieu du corps, qu'ils parcourent verticalement d’une extrémité à l’autre, présentant à chaque anneau des gan- glions colorés en jaune, d’où partent, de chaque côté, un nerf extérieur très-mince, qui se rend à l’extrémité des pattes tho- raciques. On aperçoit aussi le foie, qui est cylindrique et re- courbé en fer à cheval, et au-dessus, l'estomac, qui est vide, très-volumineux, et qui occupe presque toute la capacité thoracique. 468 MÉMOIRES ORIGINAUX. Fi. 4. La même Pranize vue en dessous, montrant son système cir- F16%5. Fic. 6. FIG 7e Fi. 8. culatoire, représenté par un cœur aortique, qui, sous la forme d’un long vaisseau, se trouve placé au centre et sur la ligne médiane du corps, qu'il parcourt, de haut en bas, dans toute son étendue, et se rétrécit considérablement à la base de l’ab- domen. On a indiqué par des pointes de flèches la direction que suit le sang, qui, après avoir parcouru en montant tout ce tube, se répand de chaque côté et redescend, et, après s'être rendu dans toutes les parties du corps, retourne de nouveau à son point de départ, où il est soumis à une nouvelle im- pulsion. Nota.— Afin de laisser mieux apercevoir le trajet du sys- tème nerveux et du système circulatoire, on a supprimé les autres organes qui suivent le même parcours. Ancée mâle du Congre vu en dessus, et amplifié 17 fois. Le même vu en dessous, montrant ses trous auditifs placés à la base des mandibules et des antennes, ses larges pattes, mâchoires operculaires qui sont fermées et appliquées l’une sur l’autre et superposées, en dessous desquelles on aperçoit, par transparence, la deuxième partie de pattes-mâchoires. On voit aussi, plus bas, sur la ligne médiane, à la base de l'ab- domen, l'organe génital, en dessus duquel se trouve une cupule destinée à le recouvrir et à le protéger au besoin. Ancée femelle du Congre vue en dessus et amplifiée 16 fois, montrant, par transparence, les œufs dont elle est remplie. On aperçoit aussi son foie, dont la forme est indiquée par une large tache d'un brun marron foncé, formé en croissant. La même vue en dessous et au même grossissement, montrant les plaques superposées de son enceinte incubatoire, lesquelles sont au nombre de cinq, dont la première est la plus petite et les deux dernières sont placées de chaque côté et ne laissent apercevoir que l'extrémité, qui est échancrée au milieu pour faciliter le jeu des fausses pattes branchiales. Fiac. 9. Tête d’une Pranize très-grossie, vue en dessus. Fire. 10. La même vue en dessous, au même grossissement, montrant ses mandibules dentelées, et les stylets qui les accompagnent ; un peu plus bas, les mâchoires latérales et l'ouverture buccale, de chaque côté de laquelle on voit les deux pattes courtes, armées à leur extrémité d’une forte griffe qui, dans la trans- DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANCÉE. 469 formation de la Pranize en Ancée, se changent en fausses pattes-mâchoires operculaires. Fi. 11. Tête du mâle de l'Ancée du Congre, montrant en dessous, mais un peu plus grossis, les mêmes détails que j’ai men- tionnés en parlant de la fig. 6. | Fic. 12. Tête de la femelle de l'Ancée du Congre très-grossie, vue en dessous. On apercoit les pattes-mâchoires operculaires de la première paire qui recouvrent l’orifice buccal, et de chaque côté les antennes et les yeux. Fi. 13. Pénis du mâle de l'Ancée très-grossi, accompagné de la cu- pule membraneuse placée en dessus, qui est destinée à le recouvrir au besoin; et, plus bas, les fausses pattes bran- chiales. FiG. 14. Portion très-grossie du globe oculaire des Pranizes. Fic. 15. Deuxième fausse patte branchiale de l’Ancée mâle très-grossie. EE DRAGUAGES PROFONDS AU LARGE DE MARSEILLE (Juillet-Octobre 1875) NOTE PRÉLIMINAIRE Par A.-F, MARION. Draguage n° 1. (30,2°,2" Longitude Est, méridien de Paris.) 430,7,2" Latitude Nord. 1 Gravier vaseux. — Profondeur 105 à 110 mètres. Mollusques:. VENUS ovata Pennant. SCAPHANDER lgnarius L., var. CYTHEREA rudis, var. mediter- minor. ranea Tiberi. CarpIuM oblongum Chemn., jun. DENTALIUM panormitanum Chem. CARDIUM minimum Ph. LyonsrA norwegica Chem. LuCINA spinifera Mont. ABrA prismatica Mont. CorBuLA gibba Olivi. LEpA commutata Ph. CARDITA aculeata Poli. 1 Par rang de fréquence, 470 MÉMOIRES ORIGINAUX. Lima elliptica Jeffr. MuREx pulchellus Ph. MopioLa phaseolina Ph. MUREx vaginatus Ph. NE&RaA costellata Desh. MuREx Brocchii Monteros, VENUS casina L. TROPHON muricatus Mont. PECTEN testæ Bivona. DEFRANCIA gracilis Mont. PECTEN infleæus Poli, jun. TURRITELLA ériplicata Brocchi. PECTEN opercularis, var. Au- MesaLrA swbdecussata Cant. douini Pay., jun. ERATo Zœvis Don. NucuLa nitida Sow. Trocaus millegranus Ph. TELLINA serrata Brocchi. PHIuiINE scabra Müller. MuUREx rostratus OI. Annélides. PoLyYNoE (Evarne) Mazeli (nov. sp.). Espèce voisine de l’£varne tmpar Jonsh., mais munie d’une antenne médiane plus longue que les palpes. Les élytres portent des tubercules et de longs poils carac- téristiques. NEPuTuys scolopendroïdes Delle Chiaje. Nombreux individus de petite taille. HYALIN&CIA tubicola Müller. GzycerA tesselata Grübe. SYLLS seæoculata Ehlers. Nombreux individus. SYLLIS spongicola, var. tentaculata. Race caractérisée par ses longs appendices, par la réduction excessive des taches oculaires et par ses tissus incolores. PSAMATHE cirrata Keferst. SABELLIDES octocirrata Sars, var. mediterranea. Ne diffère du type septentrional que paï ses soies plus largement bordées et par la forme des wncini munis seulement de quatre crochets principaux. SABELLA (Polamilla) reniformis Leuckart. Individus semblables à ceux décrits par Malmgren ; à branchies incolores et ne portant que un ou deux yeux composés sur chaque tige. Il existe à la côte, dans les fonds coralligènes, une variété à branchies zonées, possédant des yeux plus nombreux et correspondant plus exactement aux Sabella saxicola Grübe et saxicava Quatrefages. Les soies sont identiques dans les deux races provencales. APOMATUS ampulliferus Th. APOMATUS similis Mar. et Bobretz. PSYGMOBRANCHUS intermedius (nov. sp.). Animal du type Ps. protensus, mais avec des soies et des wncini d'une forme particulière. Les serpes abdominales rappellent celles de l’Apomatus similis. DRAGUAGES PROFONDS AU LARGE DE MARSEILLE. 471 SPrRorBis Beneti (nov. sp.). Espèce nettement caractérisée par les soies et par la forme de l’opercule, dont la tige pédonculaire est lamelleuse et hérissée de trois pointes. Les tubes de cette Annélide sont fixés sur les cirres des Comatula phalangium. Sipunculiens. ASPIDOSIPHON scutatum Müller. ‘ PrascoLosomA Stérombi Mont. Échinodermes. Escanus #elo Lmk. Nombreux individus de taille moyenne. CoMaTuLA phalangiwm Müller. Draguage n° 2. (20,58’,4" Longitude Est.) (430,6°,5” Latitude Nord.) Gravier vaseux. — Profondeur 108 mètres. Mollusques. CALYPTRÆA sinensis L. PECTEN opercularis, var. Auw- ASTARTE fsca Poli. Individus de douini Payr. petite taille, d’une couleur VENUS ovata Penn. claire, à côtes fortes et espacées. VENUS j'asciata Don. (Var. sulcata Da Costa). VENUS casina L. Trocaus #rillegranus Ph. PECTEN infleæus Pol. NEÆRA rostrata Speng. MurEex vaginatus Ph. MurEx pulchellus Ph. DENTALIUM panormitanuwim Chem. ABRA prismatica Mont. ERaATo lœvis Don. SAXICAVA rwgosa L. TRIFORIS perversa L. Brachiopodes. TEREBRATULA vitrea Gm., var. minor. Annélides. LaGisca extenwata Grübe. SYLLIS spongicola, var. tentaculata. NoToPHyLLuM polynordes Œrst. HETEROPHENACIA Renouardi (nov. sp.). Espèce très-voisine de l’Æete- rophenacia circinata Malm., mais entièrement lisse à la face dor- sale. Les wncini de l’Annélide de Marseille portent trois crochets principaux très-apparents ; les segments thoraciques possèdent à la fois des soies lancéolées et des soies à mince bordure. L'Heterophe- 472 MÉMOIRES ORIGINAUX. nacia Renouardi se retrouve dans les fonds vaseux de la région N.-0. du golfe de Marseille, par 70 et 80 mètres. Nerxrays scolopendroïdes Delle Chiaje. Petits individus. HyaLIN@œcIA tubicola Müller. SALMACINA incrustans Clap. Ne diffère pas, à mon avis, du Salmacina œædificatrix du même auteur. APOMATUS sémilis Mar. et Bobr. SERPULA crater Clap. , Echinodermes. Ecxnus #elo Lmk. ECHINOCARDIUM flavescens Agassiz. Cœlentérés. ALCYONIUM palmatum Pallas. Crustacés. EURYNOME aspera Leach. Draguage n° 5. (2°,53°,2" Longitude Est.) (439,3 ,1"” Latitude Nord.) Vase gluante jaunâtre. — Profondeur 350 mètres. Mollusques. MurEx vaginatus Ph. (2 individus vivants et 7 coquilles vides.) ABrA éntermedia Thomps. (14 individus vivants.) ASTARTE f'usca Poli, var. sulcata Da Costa. (3 individus vivants.) EMARGINULA cancellata Ph. (1 individu vivant.) PECTEN fenestratus Forbes. (Valves séparées très-abondantes.) PECTEN 2nfleæus Poli. PECTEN vitreus Chemnitz. Pine Monterosati Jeffreys. (Quelques individus vivants.) SPONDYLUS Œussoni Costa. (Valves.) Nucura sulcata Brow. (Morte.) NEezæRA costellata Desh. (Morte.) NEzæRA rostrata Sp. (Morte.) Lima elliptica Jeffr. (2 individus morts.) CARDIUM minimum Ph. (Mort.) AxINUS fleæuosus Mont. (Mort.) ARCA scabra Pol. (2 individus morts, et plusieurs valves séparées.) DENTALIUM agile Sars. (Nombreuses coquilles habitées par un Aspido- siphon.) Quelques individus complets, mais morts. DRAGUAGES PROFONDS AU LARGE DE MARSEILLE. Nassa Zimata Ch. (Individus morts.) 473 TrocHus millegranus Ph. (1 individu mort.) Coquilles vides d'HYALEA wncinata Hœning. et de Crio pyramidata L. Brachiopodes. MEGERLIA truncata L. (Morte.) TEREBRATULA vitrea, var. minor. (Plusieurs individus vivants.) TEREBRATULA vitrea Born. (1 individu mort.) . TEREBRATULINA caput serpentis L. (Morte.) Vers. EuPHRoSYNE Audouini Costa. ASPIDOSIPHON...., très-voisin du scwtatum, mais plus grêle. BaLANoGLossus Talaboti (nov. sp.). Grande espèce plus voisine du B. minutus Kow.que du B. clavigerus, mais presque régulièrement cylindrique et d’une belle couleur rose. La collerette est beaucoup plus simple que celle du B. minutus. Non phosphorescent. Draguage n° «. (43°,8',3” Latitude Nord.) °(30,11°,2" Longitude Est.) Graviers coralligènes de la Cassidagne. — Profondeur, 65 à 80 mètres. _ Mollusques. VENUS effossa Biv. (Valves nom- breuses.) VENUS casina L. CaRDITA aculeata Pol. Circe minima Mont. CYTHEREA rudis, var. mediter- ranea Tib. VENUS ovata Penn. ARCA lactea L. PECTEN testæ Biv. Lima elliptica Jeffr. Lima Loscombii Sow. CarpiuM papillosum Poli. PECTEN pusio L. TELLINA balaustina 1. Psammogra costulata Turt. LyonsiA norwegica Chemn. DENTALIUM panormitanum Chem. MUREx vaginatus Ph. CALYPTRŒA sinensis L. TRriroris perversa L, Trocaus conulus L. Trocaus millegranus Ph. Trocaus Tinei Cale. Trocaus corallinus L. TROCHUS exasperatus Penn. TRrivia euwropæa Mont. EraTo lœvis Don. Nassa Zimata Chemn. EMARGINULA elongata Cost. FISSURELLA græca JL. Murex rostratus Olivi. MuRrEx corallinus Sea. TRoPHON muricatus Mont. FIssSURELLA costaria Bast. TURRITELLA tériplicata Bro. LAMELLARIA perspicua L. 474 MÉMOIRES ORIGINAUX. Brachiopodes. TEREBRATULA vitrea, var. minor ARGIOPE cwneata Risso. Bryozoaires. HornerA frondiculata Lamour. FronprporA reticulata Limk. EscxARA cervicornis Lmk. MyriozoùM truncatum Ehr. Vers. PsAMMOLYcE areñosa Clap. GLycerA tesselata Grube. Lysipice ninetta, var. concolor. AMPHICTENE awricoma Müller. Ver dont les antennes sont très- SprroGraPpais Spallanzanii Viv. courtes et dont la région anté- SABELLA stichophthalmos Grübe. rieure ne présente pas le collier VErMILIA infundibulum, clavi- blanc des individus du golfe de gera Ph. Marseille. VERMILIA énfundibulum, emar- LUMBRICONEREIS gracilis Ehlers. ginata Ph. HyaznNœcra tubicola Müller. PLacostTEGus crystallinus Ph. Crustacés. EURYNOME aspera Leach. PAGURISTES Mmaculatus Risso. EgaLrA Pennanti Leach. LeucorHos denticulata Costa. Cœlentérés. DENDROPHYLLIA ramea L. (fragments.) CARYOPHYLLIA clavus Scacchi. Spongiaires. EusPoNGIA adriatica O. Schm. Draguage n° 5. (43°,10’,1”’ Latitude Nord.) (3°,6', Longitude Est.) Sable vaseux. — Profondeur 100 mètres. Mollusques. THRACIA convexæa Wood. CaRDIUM éuberculatum 1. LYonsrA norwegica Chemn. Lucia spinifera Mont. ABRA prismatica Mont. é L. borealis L. ABRA intermedia Thomps. CYTHEREA rudis, var. mediter- ARCA diluvii Auct. (Arca Polii. ranea Tib. Mayer.) LEDA commutata Ph. CarpirTA aculeata Pol. . PECcTEN fleæuosus Poli. - DRAGUAGES PROFONDS AU LARGE DE MARSEILLE. 475 PECTEN ‘estæ Biv. DENTALIUM panormitanum Chem. SCAPHANDER lignarius L., jun. DEnTALIUM dentalis L. VENUS ovata Penn. Triroris perversus L. VENUS fasciata Don. Trivia europæa Mont. VENUS casina L. Trocaus #mnillegranus Ph. CHENoPus pes pelecani L. TURRITELLA triplicata Brocchi. FIssURELLA costaria Bast. NEzÆRaA costellata Desh. Murex rostratus Oliv. SAXICAVA arctica L. Brachiopodes. MEGERLIA éruncata Gm. Annélides. Neraruys scolopendroïdes Delle Chiaje. GzycERA tesselata Grübe. SyLLis seæoculata Ehlers, (Espèce abondante.) OpontosyLuis fulgurans Clap. Perra pusilla Malmgren. PoTAMILLA reniformis Leuckart. DASYCHONE lucullana, var. bathybia. Race caractérisée par ses tiges branchiales très-minces et presque décolorées. VERMILIA infundibulum, clavigera Ph. VeRMILIA infundibulum, galeata Grübe. MALDAxNE glebifer Grübe. Sipunculiens. PHASCoLOSOMA vulgare. Échinodermes. L EcHINocARDIUM cordatum Penn., jun. Ecanus #elo Lamk. Draguage n°6. (430,12’,2” Latitude Nord.) (30,58',3” Longitude Est.) Graviers et sables vaseux. — Profondeur 60 à 65 mètres. (au large de l’île Mairé.) Mollusques. LyoxsraA norwegica Chemn. PECTEN testæ Biv. NeæraA costellata Desh. (Beaux PECTEN similis Laskey. individus.) PECTEN opercularis, var. Au- NEÆRA cuspidata OI. douini Peyr. ABRrA prismatica Mont. SAXICAVA arctica L. 476 LEpA commutata Ph. LepA pella Ph. Arca diluvii Auct. (Arca Poli Mayer.) ArcA lactea L. CorBuLA gibba OI. VENUS ovata Penn. LuciNa spinifera Mont. TELLINA serrata Brocchi. Lucia borealis Lmk. CarpiTA aculeata Poli. ASTARTE fusca Poli. NucuraA nitida Sow. Nucura mucleus L. ABrA intermedia Thomps. CYTHEREA rudis Poli. . CARDIUM papillosum Poli. CarDiuM minimum Phil. MÉMOIRES ORIGINAUX. - Lima Loscombii Sow. CHENoPUs pes pelecani L. CALYPTRŒA sinensis L. DENTALIUM dentalis L. MurEx brandaris L. Nassa pygmœa Limk. NarTica intermedia Ph. Murex Brocchii Mont. ToRNATELLA tornatilis L., jun. TRoPHON muricatus Mont. MANGELIA Gunnoniana Ph. DEFRANCIA gracilis Mont. EuriMA distorta Desh. TURRITELLA commumnis Risso. CyLicana cylindracea Penn. BuLLA wutriculus Brocchi. Czæcum trachea Mont. Czæcum glabrum Mont. Annélides. PHoLOE synophthalmica Clap. CHRYSOPETALUM fragile Ehlers. APHRODITE aculeata L. Lacisca extenuata Grübe. HERMIONE hystriæ L. Hyarnæcia éubicola Müller. STAUROCEPHALUS ChiajiClaparède. BrancxioMMA vigilans Clap. Nerxrays scolopendroïides Delle Chiaje. TROPHONIA eruca Clap. PerrTa pusilla Malmgr. HETEROTEREBELLA sanguwinea Clap HETEROPHENACIA Renouardi nov. Sp. PoTAMILLA reniformis Leuck. (Forme à branchies zonées, cor- respondant au Sabella saxæicola Grübe.) ProruLa Meilhaci (nov. sp.) Belle espèce différant du Protula intes- tinum par ses soies abdominales qui rappellent celles de l’Apomatus similis. La coloration de l'appareil branchial n’est pas uniforme. La base est d’un blanc rosé et les tiges portent plusieurs séries de taches rouges et de taches jaunes. Les ocelles, disposés en deux séries laté- rales, sont identiques avec les organes du Sabella stichophthalmos et du Psygmobranchus protensus. SALMACINA incrustans Clap. PsyeMoBRANCHUS nuwlticostatus Clap. SERPULA aspera Ph. VERMILIA infundibulum , clavi- gera Ph. EupomATus pectinatus Ph. DRAGUAGES PROFONDS AU LARGE DE MARSEILLE. 477 Sipunculiens. PHASsCoLosoMA margaritaceum Sars. PHaAscoLosoMa Strombi Mont. (Individus portant des Loæosoma.) ASPIDOSIPHON scwtatum Müller. Crustacés. IxacHUS scorpio Fabr. PAGURISTES maculatus Risso. EBaLrA Cranchii L. LysrANAssA longicornis Lucas. PorTUNUS depurator Leach. RocINELLA dammoniensis Leach. Échinodermes. Ecxinus melo Lmk. OPxorrix alopecurus M. Tr. Cæœlentérés. CLaApocorA cespitosa L. CARYOPHYLLIA clavus Scacchi. DE L'ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES DANS LES EAUX NATURELLES, Par A. BARTHÉLEMY, Professeur de physique au Lycée de Toulouse. Les expériences sur l'absorption par les plantes des matières minérales dissoutes sont ordinairement faites dans des condi- tions tellement exceptionnelles, qu'elles laissent naturellement des doutes dans l'esprit et qu’elles ont amené souvent à des résultats contradictoires. C’est ainsi que M. Woolf a fait voir que dans les dissolutions peu concentrées 1l peut se faire qu'il passe dans la plante plus de sel que d’eau. Les remarquables expériences de M. Dehérain conduisent à des résultats très-inté- ressants au point de vue de la diffusion, mais elles pèchent par un fait important sous le rapport physiologique, puisqu'elles sont faites sur des vases poreux de Bunsen et avec des bandes de tulle. Or, rien ne prouve que les racines soient des corps poreux et les tiges des paquets de fil. Cependant les résultats de M. Dehérain concordent avec ceux de M. Woolf. Le choix IV. 33 478 MÉMOIRES ORIGINAUX. des substances solubles a aussi une certaine importance. Lorsque ces substances sont du sulfate de cuivre, de l’acétate de cuivre, de la gomme, de l'encre, le végétal se.trouve dans des condi- tions tellement anormales, que la physiologie n’a rien à gagner, ce me semble, à de pareilles expériences. M. Cauvet ne s’est point préoccupé des causes, comme M. Dehé- rain, mais ses expériences sont beaucoup plus satisfaisantes au point de vue physiologique. Il m'a semblé intéressant de rechercher les lois de l’absorption sur une eau naturelle, en se rapprochant autant que possible des conditions aussi naturelles et en étudiant un des éléments les plus importants et les plus répandus, les bicarbonates. Cette étude présentait un double intérêt, d’abord au point de vue de l'absorption proprement dite, et ensuite pour savoir si ces bicar- bonates pouvaient être une source considérable d'acide carbo- nique pour la respiration. DES ORGANES D'ABSORPTION. Les organes d'absorption sont, pour les plantes, évidemment les racines et surtout l’extrémité des radicelles désignée sous le nom de spongioles. Il y a lieu, croyons-nous, de distinguer deux sortes de racines : les unes que l’on trouve dans un grand nom- bre de plantes aquâtiques (Nymphéacées, Scypéracées, etc.), ont leur maximum de développement dans les Jussiæa repens et grandifiora, et servent à l'absorption des gaz dissous dans l’eau, comme nous l’avons fait voir dans un autre travail ‘. Ces raci- nes, véritables branchies aquatiques , sont constamment gon- flées de gaz emprisonné dans un tissu cellulaire spécial. Leur extrémité est toujours recouverte d’une coiffe qui semble pro- téger la trachée centrale contre l’action du liquide. Le second ordre de racines, véritablement destinées à l’absorption des liquides, présente un système trachéen central beaucoup plus développé et se terminant près des cellules qui constituent les 1 Circulation des gaz dans les végétaux (Ann. Sc. nat., 1874). ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES. 479 spongioles. Ces racines ne se terminent pas par un chapeau, mais le plus souvent un épiderme exfoliable recouvre une couche corticale dense, au-dessous de laquelle sont des cellules polyédri- ques jeunes et gorgées de suc, qui doivent donner lieu aux phé- nomènes d'osmose. Lorsque les racines sont arrivées à ce que j'’appellerai leur maturité, l'épiderme et la couche corticale s’entr'ouvrent et con- stituent une espèce de bouche qui met les cellules des spongioles en rapport avec le liquide. Il y aurait donc dans la vie des racines deux périodes, l’une de développement et l’autre de maturité, qui serviront sans doute à expliquer ce que les physiologistes appellent des racines phy- siologiquement saines et physiologiquement malsaines. Ce développement peut être suivi sur des Jacinthes que l’on cultive sur des vases pleins d’eau et à l’abri des causes destruc- tives. On y constatera la formation progressive de l’ostiole ter- minale, et aussi l'existence de rangées de cellules à raphides régulièrement distribuées de chaque côté de la trachée ; on verra aussi ces racines se séparer du côté le plus éclairé de la pièce et sembler fuir le jour, tandis que les feuilles au contraire se diri- gent invariablement de ce côté. Je ferai remarquer éncore que les feuilles, et en général les organes aériens, par l’évaporation dont ils sont le siége, aident aussi puissamment à l'absorption. MODE D’EXPÉRIMENTATION. J'ai suivi, pour doser les bicarbonates avant et après l’évapo- ration, la méthode de dosage par le protoazotate acide de mercure, que j'ai déjà décrite ailleurs ‘ et dont la sensibilité peut être pous- sée très-loin, grâce à l'équivalent considérable du mercure. Le protoazotate de mercure était placé dans une burette de Gay-Lussac, et l’on versait dans le volume choisi d’eau jusqu’à précipitation complète et redissolution de l’acide carbonique à l’état de carbo- 1 Ann. de physique et de chimie, 4° série, tom. XIII. , 480 MÉMOIRES ORIGINAUX. nate de mercure. Je rappellerai qu’on ne précipite ainsi que l’acide carbonique combiné et non l’acide carbonique libre, et que l’on peut avoir la quantité absolue d'acide carbonique par com- paraison avec une liqueur titrée de bicarbonate de potasse. J'ai choisi pour ces expériences une eau peu chargée de chlo- rure, de sorte que la redissolution soit complète; l’eau du Nées que l’on boit à Pau, où ces expériences ont été faites, est très- propre à ces sortes de recherches. Ces expériences datent de l’année 1868 ; elles sont déjà anciennes, et j'en ai souvent depuis vérifié les résultats. TABLEAU DES EXPÉRIENCES. PREMIÈRE SÉRIE. 19 mars soir : Un pied de Ficaire ranunculoïde, dont les racines ont été lavées à l’eau distillée, a été mis dans 100c° d'eau. Nous trouvons : 21 — matin: Eau dela Ficaire. 10 div.| Absorpt. du bicarb.— 1,5 Eau du Nées.... 8,5 23 — — Eau de la Ficaire 11 — — —2 Eau du Nées.... 9 24 — — Un autre pied a été mis dans 100cc d’eau, à 5 heures du soir; le 25 au matin, 9 heures, on trouve: Eau de la Ficaire. 11 Absorption.......—? La due Nés 6e | 25 — — ‘ Le même pied a été mis depuis la veille dans {00° de la même eau. On trouve : Eau de la Ficaire.. 9,8 | Absorption....... — 0,8 Eau du Nées...... 9 | 25 — soir: Eau de la Ficaire. 7 | Absorption..... +2 Eau du Nées..... ce 26 — matin: Eau de la Ficaire. 9,7 | Absorption....... — 0,7 Eau du Nées..... MRC 26 — soir: Eau de la Ficaire. 6 | Absorption.......+3 Eau du Nées..... 5 {He 27 — matin: Eau de la Ficaire. 7,8 | Absorption.......—0,8 Eau du Nées..... 7 Il résulte de cette première série d’expériences que la Ficaire, passant du sol humide, où elle a végété, dans de l’eau moins ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES. 481 riche en bicarbonate que le sol, a excrété une petite quantité de bicarbonate, puisque, lorsque l’équilibre a été établi, il semble y avoir absorption pendant le jour, excrétion pendant la nuit. Ce résultat est d’ailleurs d’accord avec les lois de la diffusion, car le soir, la plante ayant absorbé des bicarbonates et l’éva- poration ayant rejeté beaucoup d’eau, les sucs intérieurs devront être beaucoup plus riches en bicarbonate que le liquide dans lequel les racines sont plongées, et qui est au même degré de concentration que le matin. 9M8 SÉRIE. Dans cette deuxième série , nous avons tenu compte de la diminution de volume de l’eau où la plante est plongée, et, pour connaître la partie de cette évaporation qui est relative à la plante, on a placé à côté un vase témoin contenant la même quantité d’eau et on a retranché l’évaporation de ce témoin. Je n’ai pas besoin d'ajouter que, lorsque la plante était portée dans un autre milieu, on avait soin de laver rapidemment les racines à l’eau distillée *. 30 mars matin : Un pied de Ficaire mis le 29 au soir dans 100°* d'eau du Nées, donne : Eau de la Ficaire. 10 Absorb. du bicarb. — 2 Eau du Nées..... 8 Evaporation...... 220. 30 — soir 6 heures (depuis le matin 8 heures) : Eau de la Ficaire. 7 Absorption......—+1 Fan du Nées. 7. 758 Évaporation...... 30 C. 31 — matin : La plante a passé la nuit (depuis le 30 au soir) dans de l’eau distillée. — On trouve au matin : Eau de la Ficaire. 2. Il y a donc eu excrétion dans l’eau distillée. oo 4 Nous indiquons toujours par le signe — uue absorption qui se change en excrétion. 482 MÉMOIRES ORIGINAUX. 31 — soir 6 heures (depuis Le matin 8 heures) : Eau de la Ficaire. 7 Absorption...... + 1 Eau du Nées..... 8 Évaporation SRE 930 c. 2 avril matin (un jour et une nuit) : Eau de la Ficaire. 8 Absorption..... . — 0 Eau du Nées..... 8 Évaporation PAR UC, 2 — soir (de 11 à 5 heures) : Eau de la Ficaire. 6 Absorption.. ... + 2 Eau du Nées...... 8 Évaporation se 40 c. 3 — Gheures du matin (depuis le ? à 5 heures) : Eau de la Ficaire. 10 Absorption..... .— 1,5 Eau du Nées...... 8,5 Évaporation ME 20 c. 3 — 6 heures du soir : Eau de la Ficaire. 6,5 | Absorption...... + 2 Eau du Nées ..... 8,9 Évaporation ...... 40 c. 4 — matin {0 heures (le pied a passé la nuit dans de l’eau dis- tillée) : Eau de la Ficaire. 3 | Absorption...... — 3 Évaporation ...... 10 c. | 4 — soir: Eau dela Ficaire. 6 Eau du Nées ..... 9 Absorption.,..... +3 Évaporation A LR 40 c. 9 — matin (le même pied a passé la nuit dans de l’eau distillée) : Eau dela Ficaire. 4 AbsonpHoN...-1 — 4 Évaporation Foerste 20 | 5 — soir: Eau distillée (température 29°) : Eau de la Ficaire. 0 ABsorption.:: "101 Évaporation... DOC: | 6 — matin: (la plante est restée dans de l’eau distillée depuis le 5) : Eau de la Ficaire. 0 6 — soir: EaudelaFicaire. 6. Absorption...... .+2,9 Eau du Nées.... 8,5 Evaporation .... 50 c. ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES. 483 7 — matin (depuis 6 heures du soir) : Eau de la Ficaire. 91/2 | Absorption.......—1,5 Eau du Nées...:. 8 Évaporation se o0 T — soir (la plante a été maintenue dans l'obscurité) : Eau de la Ficaire. 71/2 | Absorption....... +0,5 Eau du Nées .... 8 Évaporation nee 15 8 — matin (depuis le 7 au soir) : Eau de la Ficaire. 8 { Absorption..... SE Eau du Nées.... 8 | Évaporation RAC 10 On a mis fin à l’expérimentation sur ce pied de Ficaire, pour la reprendre sur un autre. 8 avril (de 7 heures du matin à 7 heures du soir) : Eau de la Ficaire. 8 Absorption...... 3410 Eau du Nées.... 8 Evaporation. Pr TR REMARQUE. — Le pied était nouveau; il n’a rien pris etn’arien cédé, malgré la grande évaporation. 9 avril (de 7 heures du soir à 7 h. 1/2 du matin) : Eau de la Ficaire. 10 Absorption....... —? Eau du Nées..... 8 Evaporation..... 20c. | 9 — Je soir à 5 heures : Eau de la Ficaire. 8 Absorption... 10 Eau du Nées.... 8 Évaporation LR 20 c. | 10 — matin (la plante est restée depuis la veille dans de l'eau distillée : Eau de la Ficaire. 3 Absorption...... — 3 Évaporation ms ie 10 | | 10 — soir: Eau de la Ficaire. 6 , Absorption...... + 2 Eau du Nées..... 8 Evaporation a 20 c. REMARQUE. — Temps sombre et pluvieux. 484 MÉMOIRES ORIGINAUX. 11 avril matin 8 heures (depuis la veille 6 heures) : Eau de la Ficaire. {1 Absorption...,,.— 4 Eau du /Nées-e2n El | Évaporation Fr 15 11 — soir: Eau de la Ficaire. 6 | Absorption.... . +1 Eau du Nées..... 7 Évaporation He 20 c. 12 — matin: Eau de la Ficaire. 7,5 | Absorption...... — 0,5 Eau du Nées..... 7 Évaporation DR 20 c. Il résulte encore, de cette seconde série, que les plantes en expérience prennent des carbonates une quantité qui est en rapport avec la quantité d’eau évaporée, et que.l’absorption est plus grande le jour que la nuit. Il peut même y avoir excrétion la nuit, lorsque l’évaporation et l'absorption ont été fortes le jour. Dans l’eau distillée, les plantes rejettent du bicarbonate, et l’ab- sorption devient ensuite plus grande quand la plante est rap- portée dans l’eau. 37° SÉRIE. Expériences sur deux pieds de MENTHE aquatique qui avaient séjourné longtemps dans l’eau du Nées. 13 mars matin (depuis la veille 6 heures) : 2 pieds de Menthe. 10 Absorption...... 0 Eau du Nées..... 10 Evaporation insensible. 13 — soir à 6 heures (depuis le matin 8 heures) : | 2 pieds de Menthe. 9,2 | Absorption...... + 0,8 Eau du Nées..... 10 | Évaporation ALES à Je: 14 — matin 8 heures (du 13 à 6 heures du soir) : 2 pieds de Menthe. 10,5 | Absorption...... — 0,5 Eau du Nées..... 10 Évaporat. presque nulle. 14 — soir: ? pieds de Menthe. 7 : Absorption...... + 3 Eau du Nées..…….. 10 | Evaporation ...... D'or 15 — mat. 6 h.:2 pieds de Menthe. 9,5 | Absorption...,... — 1,9 Eau du Nées..... 8 Evaporation insensible. ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES. 485 15 — soir: 2 pieds de Menthe. 7,1 | Absorption...... + 8 Eau du Nées..... 8 Évaporation CRC 8 c. REMARQUE. — Les plantes végètent activement. 16 mars matin 8 heures (dans l'eau distillée depuis la veille au soir) : 2? pieds de Menthe. 0 Absorption...... 0 Évaporation...... 10c. | 16 — soir (dans l’eau du Nées depuis le matin) : 2 pieds de Menthe. 6 Absorption...... +? Eau du Nées..... 8 | Evaporation...... 15c. | D'après cette troisième série, une plante trés-gorgée de sucs, comme la Menthe aquatique, absorbe peu de bicarbonate et peu d’eau, et la quantité de bicarbonate absorbée augmente beaucoup lorsque la végétation devient plus active. Les deux pieds de Mentbe n'ont pas rejeté dans l’eau pure de bicarbonate, et il semble, en même temps, quel’absorption de l’eau soit plus grande quand elle est distillée que quand elle est chargée de carbonate. AM SÉRIE. Cette quatrième série porte surtout sur une plante, le Lycopus europæus, qui a végété chez moi dans l’eau pendant plusieurs années, et qui se trouvait par conséquent dans les meilleures con- ditions physiologiques. J’ai entrepris en même temps des études comparatives sur une plante terrestre, le Lapsana communis, qui avait à peu près la même surface que le Lycopus. A. — Lycopus europæus. 23 mai 6h. 1/2 du soir (depuis 8 heures du matin) : Eau du Lycopus.. 7 Absorption...... — 0,5 Eau du Nées..... 6,5 24 — matin (depuis 6 heures du soir) : Eau du Lycopus.. 6 | Absorption...... + 0,5 HausdurNÉPS-e. 6,5 24 — soir: 6 heures (depuis 8 heures du matin). — Temp. 28° : Eau du Lycopus.. 6 Absorption...... + 0,2 Eau du Nées..... 6,2 _ Evaporation...... 106. 486 MÉMOIRES ORIGINAUX. 25 — matin (depuis le 24 à 6 heures du soir): Eau du Lycopus.. 7 Absorption..... . — 0,8 Eau du Néesii.. 02 Évaporation. css DC: 25 — soir 7 heures (depuis 8 heures du matin) = Temp. 34°: Eau du Lycopus.. 5 Absorption..,... +1 Eau du Nées..-:76 Évaporation ...... 20 c. 26 — matin (depuis le 25 à 7 heures du soir) : Eau du Lycopus.. 6 ADSOrp{On.,. ni Eau du Nées..... 6 ; Evaporation ...... 8c. 26 — soir: Eau du Lycopus.. 5 Absorption...... +1 Eau du Nées....… 6 Evaporation CR ER A) 28 — matin (la plante a passé deux nuits et un jour dans un-ca- binet peu éclairé) : Fau du LyCopus.. 9,5 1 ADSOrDHOD. +. en Eau du Nées..... 7 Évap. : quelques centim. 28 — soir: Eau du Lycopus.. 6,5 | Absorption...... 0,5 Eau du Nées..... 7 Evaporation Lots 180 29 — matin : Eau du Lycopus.. 6,8 | Absorption...... — 0,2 Eaurdu/Nées..….… 7 | ® 2 juin — (la plante est restée depuis le 29 au matin dans de l’eau du Nées, et j'ai laissé à côté Les 100‘ d’eau comme témoin) : Plante.. 61, dimin. 20 , Absorption...... + 1 Témoin. 7 = 6] | Evapor.. 15 | REMARQUE. — Il a poussé des racines fortes. 6 juin (dep. le 2) Lycop.. 5| dimin. 25 | Absorption, ..... + 1 Témoin. 7 — 20 Evapor.. 5 La plante a été remise dans le milieu où elle s'était déve- loppée. On remarquera ici un fait que j'ai vérifié plusieurs fois depuis : ABSORPTION DES BICARBONATES PAR LES PLANTES. 487 c'est que l'absorption et l’évaporation (ou absorption d’eau) sont d'autant plus faibles que les racines se développent davantage ; il y a d’ailleurs dans beaucoup de plantes ces deux périodes à distinguer : 1° développement des racines ; 2° développement des feuilles et des fleurs; cela existe surtout pour les plantes à bulbe et à long épi. (À continuer.) THÉORIE DES | PLANTES CARNIVORES ET IRRITABLES DE M. ED. MORREN, Par J. D.-J. 10 Retour sur la botanique systématique.—Dans la dernière livrai- son de la Revue, nous avons fait connaître les idéees de M. G. Ben- tham sur la Botanique systématique , et le respect que commande une si haute autorité nous a interdit de mêler à cet exposé au- cune opinion personnelle. Mais aujourd’hui, qu’il nous soit permis d’ajouter un desideratum à ce que le savant et illustre botaniste anglais exige des Flores régionales et locales. En général, les floristes bornent leurs soins à donner la liste exacte des espèces, en y joignant l'indication précise des loca- lités, ainsi que l'énoncé, sous une forme quelconque, synoptique ou analytique, des caractères propres à conduire à la dénomina- tion des plantes que l’on rencontre. C'est beaucoup sans doute que tout cela, à ce point même que la plupart s’en contentent ; pourtant il nous semble qu’on oublie ce qu’il y a de plus important. Les anciens botanistes, Jean Bauhin, par exemple, croyaient devoir compléter la description d’une plante par une brève in- dication des ouvrages où en étaient exposés les vertus et les usages, vires et usus, attendu qu'alors on n’étudiait guère les végétaux qu’en vue de l’art médical. Mais aujourd’hui il r’en est plus ainsi : on étudie les plantes pour connaître les principes gé- 488 MÉMOIRES ORIGINAUX. néraux de l’organisation végétale, et chaque plante pour arriver à comprendre comment son organisation propre la rattache aux lois générales; en un mot, on s'occupe d'anatomie et de physio- logie végétales. Sans doute, sans aucun doute, il faut commencer par bien connaître le nom exact d’un végétal, si l’on veut re- chercher et comprendre ce qui en a été dit, et ne pas être ex- posé à décrire les vrilles du Bryonia dioica en croyant opérer sur celles du Tamus communis; en un mot, l’adage : Nomina si nescis perit et cognitio rerum sera toujours vrai et la connaissance du nom sera toujours la condition absolue de tout le reste; mais elle n’est pas ce reste. C’est pourquoi nous voudrions que toute flore d’un grand pays ou d’un canton, après l’énumération des caractères d’une famille, d’un genre, d’une espèce, indiquât brié- vement, mais avec un soin scrupuleux, tout travail monogra- phique, anatomique, physiologique, fait sur cette espèce, ce genre, celte famille. Croire que tout est fait pour un botaniste, quand il est arrivé à connaître le nom d’une plante, les caractères extérieurs qui la distinguent de ses congénères et le point du département où elle végète, serait une erreur aussi singulière que celle qui consisterait à croire que l’on connaît un livre parce qu'on peut en dire le titre, le format, la date, l'éditeur, etc. «Qu'il s'agisse d’un livre ou d’un végétal, dit M. de Quatrefages, il faut aller plus loin que la reliure; il faut pénétrer sous la peau.» Nous le pensons aussi ; et l'absence, dans une Flore, des documents que nous signalons, nous paraît de nature à jeter les botanistes, les jeunes surtout, dans une voie qui ne les conduit qu’à mi- chemin, en face du numéro de la maison, mais non dedans. C’est pourquoi nous aurions désiré qu’une autorité qui, comme celle de M. G. Bentham, s'impose à tant de titres, eût recom- mandé aux floristes ce qui nous semble le complément naturel de leurs utiles travaux. 2° La théorie des plantes carnivores et irritables, par M. Ed. Morren. — Et en application de ce principe, nous voulons au- jourd’hui signaler aux lecteurs de la Revue un travail très-impor- tant et qu'ils ne connaissent probablement pas, attendu qu'il n’a PLANTES CARNIVORES ET IRRITABLES. 489 encore paru que dans le Moniteur belge, n° du 8 au 12 janvier dernier. Il y a trois ans que M. Ed. Morren, dans son Introduction à l’étude de la nutrition des plantes, établissant «que, contrairement à des préjugés encore répandus , la nutrition est en réalité la même chez les animaux que chez les végétaux, soutenait le prin- cipe de l'unité de structure et d’activilé dans tous les êtres orga- nisés». Aujourd’hui le savant professeur de l’Université de Liége, reprenant les choses au point où il les avait laissées, montre, dans la théorie des plantes carnivores et irritables, «que les végétaux manifestent des phénomènes biologiques d’un ordre élevé que l’on croyait être l'apanage exclusif de l’activité animale». L’élégante concision de ce Mémoire en rend l’analyse presque impossible ; aussi devrons-nous nous borner à joindre quelques extraits à l'indication des points nombreux qui y sont traités. L’azote est le plus «précieux des éléments que les êtres orga- nisés doivent se procurer pour assurer leur existence. Le carbo- nate d'ammoniaque, produit ultime de la décomposition naturelle des malières azotées, est la forme sous laquelle la plupart des plantes absorbent l'azote pour le faire rentrer dans le conflit vital. Mais les plantes saprophytes, les parasites et les carnivores savent se procurer les matières azotées avant qu’elles soient tombées dans le monde minéral ; les parasites, comme l'Oro- banche, s’attachent à quelque plante nourricière et y puisent leurs aliments à l’état de circulation naturelle ; les saprophytes comme le Neottia Nidus-avis, vivant dans l’humus, y absorbent leurs aliments pendant la fermentation putride ; les carnivores s’en prennent aux matières animales, leur font éprouver les effets d’une fermentation indirecte. Ce pouvoir de digestion est leur caractère essentiel ; seul, il suffirait presque pour les élever à la dignité animale». « L'activité des plantes carnivores est, en dernière analyse, une question d'azote ; pour se le procurer, elles se mettent en rébellion contre le règne animal, et dans cette lutte héroïque elles s'élèvent à un niveau d’organisation dont on ne soupçon- 490 MÉMOIRES ORIGINAUX. pait pas la grandeur avant qu'elle fût mesurée par un génie de la puissance de Darwin ‘». Groupe téléologique. — Les plantes carnivores appartiennent à diverses familles et à plusieurs régions. Elles constituent un groupe physiologique non taxonomique, et leur structure est, comme on dit, téléologique. Il y en a dans chacune des trois classes des Dicotylédones, tandis qu’on n’en cite aucune parmi les Monocotylédones. Géographie. — Elles sont réparties presque partout sur le globe et prospérent sous des climats différents. Stations. — Elles affectent les terrains siliceux, légers, hu- mides et tourbeux ; toutes évitent la présence du calcaire ; quel- ques-unes, comme les 4/drovandia et les Utricularia, sont fran- chement aquatiques. Le piége. — Après avoir parlé des divers degrés de perfection et de développement des organes de chasse, et rappelé que Darwin, attribuant ce perfectionnement à la sélection naturelle, prétend que toute plante ordinaire pourvue de glandes visqueu- ses qui accidentellement attrape des insectes, peut, sous des circonstances favorables, être changée en une espèce capable de vraie digestion, l’auteur ajoute : «Nous sommes disposé à le croire; mais, laissant de côté la théorie, quelque séduisante qu'elle paraisse, nous nous bornerons à considérer chez les plantes in- sectivores successivement la chasse, la digestion et le mouve- ment ». 6 Après la description des divers appareils pour la prise du gibier, l’auteur en aborde l’anatomie : « Ces singuliers et puis- sants organes des Drosera, des Dionæa et des Nepenthes ne sont pas moins intéressants au point de vue de leur structure anato- mique. Nous signalerons les glandes et les papilles qui couvrent leur surface, les vastes stomates de leur épiderme et les nom- breuses trachées qui parcourent le parenchyme. Les glandes jouent incontestablement le rôle principal dans la sécrétion des 1 Darwin ; {nsectivorous Plants, 1875. PLANTES CARNIVORES ET IRRITABLES. 491 divers principes qui servent à attirer, à saisir et à digérer les in- sectes. La question est de savoir si ces principes sont excrétés en même temps, ou si, comme il semble probable, la glu, l'acide et le ferment ne proviennent pas plutôt de glandes différentes. La question est aussi de savoir par quels organes se fait l’absorp- tion des produits de la digestion, si elle se fait par les glandes mêmes qui ont sécrété, ou si elle n’a pas lieu plutôt par les sto- mates ou par des papilles singulières, peut-être ouvertes au sommet, qui sont entremêlées avec eux ‘. Le rôle des trachées n’est pas moins douteux : l’opinion la plus plausible est qu’elles servent à porter aux glandes l’eau nécessaire à leur activité. » Arrivé là, nous nous apercevons que, même en ne donnant que des extraits tronqués , nous dépasserions de beaucoup l'étendue qui nous a été accordée, et dès lors il ne nous reste qu’à citer les titres des points successivement traités dans ce Mémoire, lequel nous paraît d'autant plus important à signaler aux lecteurs de la Revue, que l’ouvrage de M. Ch. Darwin, Insectivorous Plants, n’a pas encore été traduit en français. Après une Théorie générale de la digestion, M. Ed. Morren en expose successivement l’Historique et les Expériences qui ont servi à l’établir : — l’Acide; — le Ferment ; — la Surexcitation gastrique ; — les Indigestions ; — la Durée d’une digestion; — le Nombre des digestions qu’une même feuille peut accomplir; — l’Absorption et la description des organes qui y servent; — la Décomposition; — les Commensaux qui profitent des restes du repa$ ou qui s'emparent de la proie saisie par une feuille carni- vore; — l’Utilité de cette nourriture pour les plantes insectivores, et enfin la culture de ces mêmes plantes. Jusque-là, l’auteur n’a considéré dans les plantes insecticides que les phénomènes de la nutrition ; mais ces phénomènes ne sont pas les seuls qui rapprochent ces plantes des animaux. « Quelques-unes d’entre elles manifestent des actes de mouve- EEE 1 Ed. Morren; Note sur les procédés insecticides du Drosera binata. — Obser- vations sur les procédés insecticides des Pinguicula. 492 MÉMOIRES ORIGINAUX. ment, d'irritabilité et de sensibilité qui sont d’un ordre plus élevé dans la série des phénomènes biologiques. À ce point de vue nouveau, l'horizon s’élargit et le règne végétal offre un grand nombre de manifestations évidentes d’une activité que l’on croyait propre aux animaux. » Le savant auteur, divisant les phénomènes de motilité, les «classe d’après leur siége ou suivant leur but, et distingue en- suite les divers facteurs de ces mouvements »; ce qui donne la série des chapitres suivants : — Mouvements physiques, orga- niques, excités, provoqués, instinctifs. — Mécanisme. — Irri- tation : localisation, spécialisation. — Siége du mouvement, rapidité, indépendance. — Théorie des mouvements provoqués: agrégation du protoplasme ; contraction des cellules; déshy- dratation. — Propagation, transmission, communication. — Organes de la transmission. — Vitesse de la transmission. — Énervation. — Anesthésie. — Chlorhydrate de morphine. — Curare. — Action de l'électricité; thermo-électricité; courant. — Conséquences. — Mouvements instinctifs : zoospores ; lianes. — Conclusions. « Le doute est-il encore permis? Est-il encore possible de croire que les végétaux sont des êtres passifs, bornès, comme on disait, dans les limites de la vie végétalive? Sont-ils les jouets des forces cosmiques !... C’est pour se faire une place au soleil, ou pour s’abriier, pour se nourrir, pour se propager, pour se défendre, que les végétaux déploient autant d'activité. Le mouvement est général et universel. À travers les courbes de l'univers et les méandres de la nature, on voit bien la ligne droite qui mène de la matière à l'intelligence. Le but est évident; la cause est dans la grande lutte pour l'existence ; le moyen est dans les apti- tudes latentes et lentement développées. » 493 LA MÉTHODE NATURELLE ET LE PRINCIPE DE L'ÉVOLUTION, Par M. Charles MARTINS. Magnol, Tournefort, Linné avaient pressenti la méthode natu- relle ; il était réservé à Laurent de Jussieu de l’établir définitive- ment en 1789, sur le principe logique et fécond de la swbor- dination des caractères. Les plus importants sont donnés par l'embryon, puis*par la graine, ensuite par le fruit et la fleur, enfin par les feuilles et les autres organes foliacés. Mais déjà, en 1809, Lamarck ‘ contestait à cette méthode le titre de naturelle. La na- ture, disait-il, ne connaît ni espèces, ni genres, ni tribus, ni familles, ni autres divisions du règne végétal ; c’est l’homme qui les crée, afin de pouvoir s’orlenter au milieu de la foule innom- brable des végétaux dont la terre est couverte. Tous sont sortis les uns des autres dans la longue succession des siècles qui con- stitue les époques géologiques, et se sont modifiés ou transformés sous l’influence de milieux différents. La création actuelle n’est que la continuation des créations disparues qui l'ont précédée. Essayons de montrer que la méthode naturelle de Jussieu est l’expression de cette succession qu'il ne connaissait pas, mais qu'il a pu établir par la seule étude des végétaux vivants en s'appuyant sur le principe rationnel de la subordination des caractères. De Jussieu, considérant l’embryon comme la partie la plus essentielle de la plante, puisque sans lui elle ne se propagerait pas, divise d’abord les végétaux en acotylédonés et cotylédonés, c'est-à-dire en végétaux dépourvus ou pourvus d’un embryon : en outre, tout végétal a pour origine première une cellule. Dans les végétaux inférieurs, cette cellule se sépare de la plante sous le nom de spore ou sporule, et la reproduit en se multipliant par division. Or les premiers végétaux qui ont paru à la surface du 1 Philosophie zoologique, tom. I, pag. 37. IV. 34 494 MÉMOIRES ORIGINAUX. globe, sont précisément des végétaux acotylédonés cellulaires, des algues, qui ont pris naissance au sein des mers géologiques. Sur les premières terres émergées se sont développées des Cha- racées, des Mousses, des Hépatiques, des Équisétacées , des Fougères, des Lycopodiacées , toutes acotylédonées vasculaires qui dans la classification naturelle sont immédiatement supérieures aux acotylédonées cellulaires, qui les ont chronologiquement pré- cédées. À ces plantes dépourvues de sexe succèdent, à partir des terrains houillers, les arbres, pourvus de sexe, mais dont les graines ne sont pas entourées d’un péricarpe ; @e sont les Gym- nospermes de Robert Brown, comprenant les Cycadées et les Conifères. Ces arbres germant avec deux ou plusieurs cotylédons, de Jussieu ne les avait pas distingués des autres dicotylédonés, mais ils font évidemment suite aux Cryptogames vasculaires et établissent la transition des Acotylédones aux Dicotylédones. En même temps que les Gymnospermes, nous voyons apparaître dans les couches géologiques les premières plantes monocotylé- donées, représentées surtout par des Graminées, des Typhacées, des Pandanées et des Palmiers ; ainsi, comme dans la méthode de Jussieu, les monocotylédonées succèdent aux acotylédonées dans l’ordre de l’évolution. Enfin, les couches supérieures du globe nous révèlent l’existence d’une flore où les arbres à feuilles caduques portent des graines entourées d’un péricarpe (angio- spermes) comme les arbres de nos forêts et de nos jardins ; ce sont les végétaux qui, dans la méthode naturelle, commencent la série des dicotylédones. La hiérarchie de cette partie du règne végétal n’est pas encore bien établie, parce que les couches du globe ne nous ont conservé que l’empreinte des parties dures et non de celles qui étaient molles et herbacées ; nous trouvons des troncs d'arbres, des feuilles coriaces, des fruits non charnus, des racines, des graines et très-peu de fleurs. La majorité des plan- tes, étant des herbes, nous font défaut. L’avenir accroîtra nos richesses paléontologiques végétales ; mais dès aujourd’hui, si sur deux feuilles de papier nous dressons, sur l’une le tableau des divisions du règne végétal d’après la méthode naturelle de Jus- PRINCIPE DE L'ÉVOLUTION. 495 sieu, déjà esquissée par Linné ", en distinguant les Gymnosper- mes des Dicotylédonés, sur l’autre la succession des familles végétales dans les couches du globe, nous trouverons que ces deux tableaux concordent parfaitement, et nous sommes en droit de dire que l'ordre naturel de Jussieu n’est que l’ordre de suc- cession des végétaux à la surface du globe, depuis la période pri- maire jusqu’à l’époque actuelle. Nous constaterons en même temps que la flore fossile se lie intimement à la flore vivante. En effet, celle-ci se compose en partie des végétaux qui ont survécu aux divers changements géologiques et climatologiques dont notre globe a été le théâtre, et en majorité d’autres formes qui ont été profondément modifiées et nous apparaissent comme des êtres de nouvelle création; mais le Woodwardia radicans dans les Fougères, le Chamærops humi- lis parmi les Palmiers , le Gincko biloba, le Callitris quadrivalvis, le Taxodium distichum ell’'Abies pectinata dans les Conifères, le Juglans cinerea parmi les Noyers, le Pistacia terebinthus dans les Térébinthacées, ke Laurus canariensis, le Punica granatum, le Nerium oleander et le Cercis siliquastrum dans les Laurinées, les Myrtacées, les Apocynées et les Légumineuses, faisaient par- tie de la flore tertiaire et ont persisté jusqu’à nos jours. Quant aux genres, comprenant à la fois des espèces vivantes et des espèces fossiles, M. de Saporta n’en comptait pas moins de cent vingt- cinq en 1866; leur chiffre s’est accru depuis. De nouvelles fouil- les doubleront bientôt ce nombre, mais dès aujourd’hui le fait de la survivance d'un certain nombre de végétaux fossiies ne peut plus être contesté par un esprit non prévenu. La méthode naturelle repose sur cetautre fait que les végétaux ont entre eux des affinités, car les espèces d’un même genre se ressemblent plus qu'elles ne ressemblent à celles des genres voisins. Les genres de certaines familles monotypes, tels que les Crucifères, les Ombellifères, les Graminées, les Papilionacées, ont tant de traits communs, que déjà Magnol les avait réunis pour 1! Philosophia botanica, pag. 402. 496 MÉMOIRES ORIGINAUX. constituer ses groupes végétaux. On expliquait jadis ces affinités en disant que les végétaux avaient été créés suivant un plan conçu d'avance par l’Auteur de toutes choses. Les affinités des végétaux, indices de ce plan, sont la conséquence naturelle de la théorie de l’évolution. En effet, les différentes formes végétales étant toutes sorties les unes des autres, par suite de modifications successives, il est évident qu’elles doivent avoir entre elles des affinités dues à leur commune origine. On signale encore de nombreuses lacunes ; quelquefois la continuité entre les espèces fossiles et les espèces vivantes et entre les espèces vivantes elles- mêmes semble interrompue ; mais à mesure que les découvertes se multiplient, ces lacunes se comblent et la loi de continuité se manifeste. Il ne faut pas oublier que certaines formes appartien- nent à des branches de l’arbre idéal auquel on peut comparer le règne végétal, qui se sont arrêtées, tandis que d’autres se déve- loppaent. Ainsi, les formes telles que celles des Équisétacées, des Conifères, des Gycadées el des Gnétacées, appartiennent à un groupe fossile qui n’a que peu de représentants dans la nature vivante. C’est une branche qui semble s’être atrophiée, tandis que les végétaux à fleurs gamopétales agrégées ont atteint leur développement complet dans les Valérianées, les Dipsacées, les Calycérées et les Composées, qui n’ont paru à la surface du globe que dans les derniers temps de l’époque tertiaire. La doctrine de l’évolution s’appuyant sur la convergence des preuves tirées du règne végétal et du règne animal, je rappel- lerai que dans le règne animal les Invertébrés ont paru avant les Vertébrés, les Marsupiaux avant les Mammifères ordinaires, les ordres inférieurs, Pachydermes, Ruminants, Carnassiers, avant les Primates. Mais dans la paléontologie animale, quelques bran- ches se sont également arrêtées et n’ont plus de représentants dans la nature actuelle : tels sont les Reptiles ichthyoïdes tels que les Ichthyosaures et les Plésiosaures issus des Poissons. Les Mono- trèmes, intermédiaires entre les Reptiles, les Oiseaux et les Mam- mifères, sont réduits à deux genres. L’exemple le plus frappant est celui des Céphalopodes tétrabranches comprenant les innom- PRINCIPE DE L'ÉVOLUTION. 497 brables Ammonites et les nombreux Nautiles des mers jurassi- ques et crétacées. Dans la nature vivante, ils ne figurent plus que sous la forme de deux genres, le Nautile et l’Argonaute. Le règne animal nous confirme donc les enseignements du règne végétal et les faits ont une clarté plus saisissante dans le règne auquel nous appartenons, parce que la hiérarchie des êtres y est plus évidente à partir des Protozoaires jusqu’à l'Homme, qui en forme le couronnement. Revenons au règne végétal. Déjà Linné avait dit : Natura non facit saltus; il avait observé en effet que les formes végétales comme les formes animales sont toujours rattachées les unes aux autres par des transitions insensibles. Aucun genre n'est séparé des autres par une lacune ou un mur infranchissable. Le plus souvent on ne sait où il finit et où il commence. La limite est indécise, et surtout dans les familles monotypes les séparations sont presque arbitraires : c’est ce que l'on remarque dans les Crucifères, les Ombellifères, les Graminées, etc. De là, la diver- gence des auteurs pour le nombre et la délimitation de ces genres. Je rappellerai seulement le groupe des Sisymbrium et Erysimum dansles Crucifères, Lotus dans les Papilionacées, les Panicum et les Festuca dans les Graminées. Les familles elles-mêmes passent de l’une à l’autre par des genres intermédiaires placés tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre, par les auteurs. Le genre Verbas- cum entre les Solanées et les Scrophularinées ; Detarium entre les Rosacées et les Légumineuses ; Chelidonium entre les Papa- véracées et les Crucifères ; Aphyllanthes entre les Joncées et les Liliacées. Ces transitions sont encore une preuve de l’évolution du règne végétal ; elles montrent que les espèces actuelles ne sont que des espèces antérieures modifiées ou transformées. Des pas- sages existent même entre les grands embranchements de ce règne. Il est impossible de donner un seul caractère général qui distingue les Monocotylédones des Dicotylédones, car les Cerato- phyllum, le Trapa, les Cyclamen, qui germent avec un seul coty- lédon, les Lins qui en ont quatre, sont des Dicotylédones par tous leurs autres caractères. La structure de la tige ne fournit pas de 498 MÉMOIRES ORIGINAUX. caractère plus exelusif; les rhizomes des Nymphæacées, les tiges des Férules et de certains £ryngiwm, montrent que la structure anatomique des stipes n’est pas spéciale aux Monocotylédones. D'un autre côté, les troncs ramifiés des Yucca, des Pandanus, des Caryota, du palmier Doum, prouvent que le tronc simple appelé stipe n’est pas un attribut sans exception des arbres monocotylé- donés; ce stipe apparaît d’ailleurs également dans les Cycadées et les Fougères arborescentes, qui sont des gymnospermes et des acotylédonées. On a considéré la forme des feuilles rubanées à nervures parallèles comme un caractère important des Monoco- tylédones, mais celles des Aroïdées et des Smilacées sont à ner- vures divergentes, et nous retrouvons les feuilles à nervures parallèles dans un certain nombre de plantes Dicotylédones, en particulier dans les Eryngium américains tels que £. pandani- folium, E. eburneum, E. Lasseauxii, E. bromeliæfolium, ete. Les phyllodes des Acacia de la Nouvelle-Hollande et les feuilles des Ranunculus lingua, R. flammula, R. pyrenæus, sont également des formes monocotylédonées au milieu d'espèces dont les feuilles sont à nervures divergentes. Si nous étudionsles organes floraux, nous ne serons pas plus heureux. Les Nymphéacées, les Uricula- ria, les Sagittaria, portent des fleurs de végétaux dicotylédonés sur des souches et des tiges à structure de monocotylédonés. Ainsi donc, aucun caractère ne distingue absolument les monocotylé- dones des Dicotylédones. De même, dans les Gymnospermes, le Gincko a les feuilles d’une Fougère du genre Adianthum, les chatons mâles d'une Amentacée, les graines nues d’une Cycadée et le tronc d’un arbre dicotylédone. Par certains caractères, 1l appartient aux Acotylédonés vasculaires, par d’autres, aux Gymnospermes, et par la forme du tronc aux Dicotylédonés. En résumé, toutes les espèces ayant une origine commune étant toutes sorlies les unes des autres, on concoit qu’elles aient toujours passé par des modifications successives, et l’adage de Linné : Natura non facit saltus, se trouve expliqué. La présence d'organes appartenant à des organismes inférieurs, qui reparaissent dans des organismes supérieurs, a été désignée PRINCIPE DE L'ÉVOLUTION 499 en zoologie et en botanique sous le nom d’atavisme. Quand nous voyons certains Eryngium munis de feuilles semblables en tout à celles des Monocotylédones, nous constatons qu’elles sont une réminiscence de la division du règne végétal, dont ils sont issus par voie de descendance: ce sont des organes modifiés dans la plupart des végétaux congénères qui reparaissent tout à coup sous leur forme originaire, comme on voit chez les hommes un indi- vidu reproduire tous les traits physiques et moraux d’un bisaïeul, tandis que le père, le grand-père et l’aïeul appartenaient à des types complétement différents. Éclaircissons la question par quelques exemples empruntés au règne animal, car les lois de l’évolution régissent tout le règne organisé. Les Monotrèmes (Ornithorrhinque et Échidné) ont un sternum identique à celui des Ichthyosaures', des membres comme ceux des Reptiles; l’Ornithorrhinque a un bec comme celui d’un canard; il est dépourvu de dents, ainsi que l'Échidné, comme les oiseaux. Tous deux ont un pubis surmonté par des os marsupiaux, quoique la poche soit absente. De même, le groin du cochon est une réduction de la trompe de l’éléphant et de celle du tapir. Tout montre en un mot que les Reptiles ont eu pour ancêtres les Poissons, et ont à leur tour engendré les Oiseaux ; enfin que les Mammifères placentaires forment le tronc principal du règne animal, qui se rattache aux uns et aux autres par les Marsupiaux et les Monotrèmes. Il me reste à parler des organes inutiles, des monstruosités et des anomalies, qui également ne s'expliquent que par la doctrine de l’évolution, En botanique, nous voyons dans les plantes des organes rudimentaires et sans usages ; ainsi, dans beaucoup d’Antirrhinées et de Labiées, familles à corolle irré- gulière, on rencontre un filet staminal représentant la cin- quième élamine, qui est développée dans les familles voisines à corolle régulière, telle que les Solanées, les Borraginées, etc. Ce filet représente la cinquième étamine, qui a disparu par suite 1 Ch. Martins ; Sur l'Ostéologie des membres antérieurs des Monotrèmes (Ann sc. nat., 5e série, tom. XIX. 1874.) 500 MÉMOIRES ORIGINAUX. de l’irrégularité de la fleur ; cela est si vrai, que si là corolle redevient accidentellement régulière, comme dans les pélories des Linaria, la cinquième étamine reparait. Dans le genre Albuca, faisant partie des Liliacées, il n’y a que trois étamines fertiles, les trois autres sont de simples filets staminaux. De Candolle considérait ces organes inutiles comme ayant une signification purement intellectuelle ; il y voyait un indice de la symétrie originelle de toutes les corolles ; il pensait que la symétrie flo- rale était une des lois de la nature et que l’étamine avortée prouvait que cette loi était violée dans les familles à corolle irré- gulière. La théorie de la descendance n’explique pas cet avor- tement de la cinquième étamine, mais considère comme un fait d’atavisme la persistance du filet staminal et le retour à l’état normal, qui se montre accidentellement dans les pélories des Linaria. De même dans les Acacia australiens, les premières feuilles de la plante, quand elle germe, sont des feuilles compo- sées comme celles de toutes les Légumineuses ; mais dans celles qui leur succèdent les folioles avortent, le pétiole persiste mais s’élargit, et joue le rôle de la feuille. Dans l’Acacia heterophylla , les rameaux portent à la fois des phyllodes et des feuilles com- posées. Les Lathyrus nous présentent des feuilles composées dont les limbes avortent tous, sauf une ou deux paires, et dans le petit Lathyrus aphaca de nos champs incultes la feuille n’est plus représentée que par un filament sans usage, et ce sont les stipules agrandis qui remplissent les fonctions des feuilles. Mêmes faits dans le règne animal. Dans l'Homme, bon juge de l'utilité des organes dont il est pourvu lui-même, les muscles peauciers, ceux de l'oreille, le plantaire grêle, les muscles pyra- midaux, sont des muscles avortés qui ont un grand développe- ment et une’ utilité réelle chez les Équidés, les Felins, les Mar- supiaux. L’appendice vermiforme du jéjunum est un reste du cæcum “des Rongeurs, et la caroncule lacrymale une trace de la troisième paupière des Oiseaux. Ges organes rudimentaires et inutiles sont un des arguments sur lesquels s’appuie la théorie de la descendance, que nous n’avons pas à discuter ici. PRINCIPE DE L'ÉVOLUTION. 501 En résumé, uous voyons que la méthode naturelle, fondée par le génie de Jussieu sur la subordination des caractères dans les végétaux vivants, n’est autre chose que la loi de l’évolution, teile qu’elle se manifeste dans la série des végétaux qui ont suc- cessivement fait leur apparition à la surface du globe, en se mo- difiant sous l'influence des changements climatologiques et géo- logiques qui se sont opérés sur notre planète. Seule, la doctrine de l’évolution rend compte des lois, des règles que l’on constate et aussi des lacunes et des anomalies qu’on observe dans l’en- semble du règne végétal. LA LUMIÈRE ET LES ORGANES LUMINEUX chez quelques ANNÉLIDES, Par P. PANCERI, Professeur à l'Université de Naples, Traduit par Alfred FAURE Le but de ce Mémoire est de montrer quel est le siége du mouvement lumineux et dans quelles conditions il se produit chez quelques Annélides. Les espèces suivantes se sont seules montrées lumineuses, sur une centaine d'espèces soumises à l'observation. CHÆTOPTERUS VARIOPEDATUS Renier. Déjà Will, en 1844, avait noté la phosphorescence de cette An- nélide et montré quelle est la partie du corps d’où s'échappe la plus vive lumière, mais il n'avait fait sur cette question aucune recherche physique ou microscopique. | Si on soumet un Chætoptère vivant à l’action d'un courant électrique qui ne traverse pas toute la longueur du corps, ou bien si on plonge cet animal dans l’eau douce, les parties qui ré- pandent une lumière vive et azurée sont les suivantes : 1° Les tentacules, non dans toute leur longueur et largeur, 502 MÉMOIRES ORIGINAUX. mais seulement à leur base; en deux points ou taches lumi- neuses. 2° Les lames supérieures en forme de nageoires de la pre- mière paire de pieds de la région moyenne du corps, à la base desquelles, sur la face tournée en haut, se trouvent deux glandes lumineuses, Schwammige Drüse, comme les appelle Will. 3° Le tubercule, en forme de petite bourse, qui se trouve au milieu de la longueur de l'intestin hépatique, et qui résulte de la fusion des deux branches dorsales de la seconde paire de pieds de la région moyenne du corps. 4° Le bord surtout et aussi la surface des trois lames bran- chiales, lesquelles à leur tour sont formées de la fusion des bran- ches dorsales des pattes appartenant aux trois derniers anneaux de la région moyenne du corps. 5° La portion postérieure des lames supérieures de tous les pieds de la partie postérieure de l'animal ; c’est là qu’on trouve celte série de glandes déjà notées par Will et auxquelles Leuc- kart avait attribué le rôle de sécréter la substance dont est for- mée le tube membraneux dans lequel vit le Chætoptere. La tête, tous les anneaux de la partie antérieure du corps, ré- gion où les pieds n’ont qu’une seule branche, ne sont jamais lumineux ; il en est de même du reste de la surface du corps et des pieds. De sorte que l’on peut dire que les parties lumi- neuses de l’animal sont, outre les tentacules, les branches dor- sales des pieds à la région moyenne et postérieure du corps,quelles que soient leurs formes. Glandes phosphorescentes des pinnules. — Ces glandes font par- tie du tégument externe et se présentent sous la forme de deux masses triangulaires symétriquement placées sur les pinnules, à la face supérieure de ces dernières. Elles sont très-blanches, et leur surface présente des sillons et des saillies, de telle façon que Will a pu justement les appeler glandes spongieuses. Elles n'ont pas de cavité spéciale n1 de conduit excréteur ; elles sont formées des cellules de la couche profonde du derme, ORGANES LUMINEUX GHEZ QUELQUES ANNÉLIDES. 903 et, comme en ce point le tégument est très-développé,. il en résulte des sillons et des replis à la surface de la glande. Les cellules ont Omm 02 environ de diamètre; elles contiennent des granula- tions sphériques d’une couleur jaunâtre, elles sont réfringentes, toutes d’égales dimensions. Cette structure rappelle celle des glandes sébacées des Vertébrés. Si on place un fragment d’une de ces glandes sur le porte- objet du microscope et en contact avec de l’eau douce, on voit, dans le mucus qui en découle, des points lumineux qui ne sont autre chose que les cellules en état de phosphorescence, ou plutôt les granulations qu’elles contiennent qui apparaissent comme au- tant d’étincelles libres et errantes. Éléments lumineux des autres parties du Chætoptère. — Les tentacules, le tubercule dorsal en forme de petite bourse, la sur- face et le bord des lames branchiales, la surface même des pin- nules, s’illuminent sous l’iufluence de l’eau douce ou des exci- tations ; la lumière provient d’éléments cellulaires dont la struc- ture est différente de celle des glandes des pinnules. En effet, dans les parties du corps ci-dessus désignées, entre les cellules de grande dimension de l’épithélium ciliaire du tégu- ment, s’en trouvent souvent d’autres qui représentent des glandes unicellulaires. Ces dernières sont en forme de petite bouteille dont l’orifice, qui se trouve à l'extrémité du col, s’abouche à l’exté- rieur entre les cils des cellules épithéliales voisines. Le contenu de ces cellules est homogène, formé d’une substance jaunûâtre, réfringente, analogue à la graisse par ses propriétés physiques et sa solubilité dans l’alcool et l’éther. Comme dans les cellules adi- peuses, le noyau se trouve à la périphérie dans la partie la plus renflée de la cellule; cette particularité a déjà été indiquée par Claparède, qui, sans s'occuper de la production de lumière, observa néanmoins ces éléments. Les glandes des branches supérieures des pieds de la région postérieure sont formées essentiellement de l’épithélium même, lequel, en recouvrant le tégument très-developpé en certaines places restreintes, forme des replis et des saillies en forme de 504 MÉMOIRES ORIGINAUX. cornet, qui ont d’ailleurs une position et un développement con- stants. La lumière du Chætoptère est couleur de saphir et lrès-bril- lante, assez pour faire reconnaitre le visage d’une personne et permettre de lire l'heure à une montre : elle est si vive qu'elle est visible dans un lieu éclairé par des lumières, ou encore pendant le jour dans l'endroit le moins éclairé d’une chambre. Après une excitation qui a duré un certain temps, la lumiere s’éteint presque ou reste vive dans quelques points déterminés seulement ; mais, sile Ver demeure quelque temps en repos, la matièrelumineuse reparaît de nouveau, et, quand l’animal s’agite, elle sort des cellules et se mêle au mucus, qui devient lumineux. Le Chætoptère étant mort, la lumière cesse, alors que la putréfac- tion est à peine commencée. Si l’on chauffe graduellement l’eau de mer dans laquelle se trouve un Chætoptère, la lumière apparait et dure jusque vers 60° C., et au-delà s'éteint petit à petit. La lumière du jour et aussi les rayons directs du soleil ne suspendent pas la puissance lumineuse en activité chez l’Anné- lide (c’est le contraire de ce qu’on observe chez les Béroés!) ; le courant électrique agit toujours et provoque la phosphorescence complète ; il en est de même de l’eau douce. La lumière produite par les glandes des pinnules du CAæto- pterus insignis Baird, des côtes d'Angleterre, a été soumise à l'analyse spectrale et a présenté un spectre diffus compris entreles lignes E et G du spectre solaire. 1 Dans de précédentes recherches (Ann. Sc. natur., 5° série, tom. XVI, n°54 à 6), le professeur Panceri a constaté en effet que la lumière diffuse ou directe du soleil, la lumière des lampes à huile, à pétrole et à gaz ordinaire, suppriment toute activité lumineuse chez les Béroés, et que, dans ces conditions, ceux-ci étant portés dans l'obscurité ne brillent plus d'aucune manière : ni la chaleur ni l'élec- tricité ne remettent le pouvoir lumineux en jeu; ce n'est qu'après un repos de quelque temps dans l'obscunité que les Béroés peuvent devenir de nouveau lumi- neux. Il y a donc dans le cas une action particulière exercée par la lumière sur la phosphorescence animale. A. F. ORGANES LUMINEUX CHEZ QUELQUES ANNÉLIDES. 505 Le Phyllochætopterus socialis, commun dans le golfe de Naples, ne s’est jamais montré phosphorescent. BALANOGLOSSUS MINUTUS. Ce genre se rapproche davantage des Némertiens que des Annelides proprement dites, mais on peut le comparer au Chæ- toptère, quant au lieu où se produit la lumière. La phosphorescence du Balanoglossus n’a pas été entrevue jusqu’à présent par les naturalistes qui se sont occupés de ce Ver, d’une structure si extraordinaire. Agité, frotté ou mis en contact avec de l’eau douce surtout, le Balanoglossus produit une lumière pâle, azurée, bien plus faible il est vrai que celle du Chæptotère. De nombreux faits montrent l’analogie de la substance lumineuse de ce Ver avec celle des autres animaux marins. Dans l’épithélium ciliaire qui revêt l'animal se trouvent mêlées des glandes unicellulaires sem- blables à celles déjà décrites chez le Chætoptère. Ces glandes contiennent une substance jaune, réfringente, qui sort facile- ment des cellules par la pression; ces dernières, en forme de gouttes brillantes, se répandent dans l’eau environnante. En outre, cette substance possède une odeur d’iode très-prononcée qui se dégage quand on frotte l'animal avec le doigt. POLYCIRRUS AURANTIACUS ET P. MEDUSA Grube, Grube fut le premier à observer la lumière d’un violet brillant que produit le P. aurantiacus : ce fait est confirmé aussi par Ehlers. Les cirrhes principalement sont les organes lumineux ; ils donnent au toucher une sorte de décharge d’une lumière vacillante comme celle d’une lampe. La surface du corps res- plendit aussi, mais moins vivement que les cirrhes. J'ai pu retrouver chez ces Annélides les glandes unicellulaires en forme d’utricules sphériques ou ovoïdes ; elles sont éparses dans l’hypoderme et dans les cirrhes, disposées irrégulièrement en groupes, abondantes surtout vers leur extrémité renflée. 506 MÉMOIRES ORIGINAUX. Comme ces glandes produisent de la lumière sous l'influence de toute excitation, il est raisonnable d'admettre l’existence de fibres nerveuses en rapport avec elles, comme on l’observe dans d’autres cas, par exemple chez les Saphirines. Le Polycirrus medusa produit de Ja lumière dans certains points, mais jamais les cirrhes ne sont lumineux ; ils manquent d’ailleurs de glandes semblables à celle du Polycirrus awrantiacus. ODONTOSYLLIS. La lumière produite par ces animaux est assez intense pour traverser facilement les lentilles d’un microscope composé. À l’aide de cet instrument, on peut constater que le dos et les cirrhes des Odontosyllis produisent une lumière d’un vert éme- raude et seulement par petites places circulaires, lorsque l’ani- mal est convenablement stimulé ou so umis à l'influence de l’eau douce. Sur le dos et les cirrhes, des glandes unicellulaires sphériques correspondent aux points lumineux. Ces organes sont plus visi- bles dans les cirrhes et ont été mentionnés et figurés en général par les auteurs sous le nom de granulations. Ces glandes, comparées à celles du Polycirrus, sont plus petites, et le liquide que sécrète la surface du corps de ces Annélides s'écoule si l’excitation est forte ou prolongée. Chez l’Odontosyllis, les glandes cutanées unicellulaires posse- dent un contenu qui peut briller, soit dans les cellules, soit aussi lorsqu'il est versé au dehors. LUMBRICUS. La phosphorescence du Lumbricus terrestris et des espèces voisines est un fait constaté par plusieurs auteurs, et partant indu- bitable. Ce n’est pas là une propriété caractéristique d’une espèce ou d’une autre; el!e n’a lieu que bien rarement et sous l'influence de circonstances qui nous sont inconnues. Une seule fois il m'a été donné d’observer des Lombrics lumineux : ils étaient petits, ORGANES LUMINEUX CHEZ QUELQUES ANNÉLIDES. 507 de la longueur de 1 centim., et trouvés à Perugia par le professeur Bellini, dans le courant du mois de novembre. La motte de terre dans laquelle ils me furent expédiés s’étant desséchée, ils se desséchèrent en même temps et périrent; mais ensuite, rafraîchis simpiement avec de l’eau, ils se montrèrent de nouveau lumineux. Si, comme autant qu'on peut l’observer, la lumière des Lom- brics a ordinairement son siége au clitellum et s’observe en octobre, époque de la reproduction, il est très-probable que c’est des glandes tubulaires du clitellum que s'écoule la sécré- tion accidentellement lumineuse. D'ailleurs, comme c’est en grande partie avec la matière sécrétée par le clitelluim que les Lombrics composent la capsule ovigere, il est possible que les jeunes animaux qui se sont montrés lumineux aient été impré- gnés de cette même matière. Dans ce cas, la matière lumineuse, comme celle des Phollades ‘, aurait la propriété d'émettre de la lumière longtemps après avoir été sécrétée. POLYNOE. J’ai déjà montré, dans un précédent travail, comment j'ai été conduit à admettre que les terminaisons nerveuses cellulaires et nodulaires sont les organes qui produisent la lumière sous l'influence d’une excitation, comme je l’ai établi pour les PAyl- liroe *. En poursuivant mes recherches sur plusieurs espèces, j'ai mis en lumière de nouveaux faits. 1 Dans le travail cité ci-dessus, M. Panceri a montré que la matière lumineuse des Phollades extraite de l'animal pouvait encore produire de la lumière par l’agi- tation et l'eau douce. Il en est de même aussi pour les Pennatules, Méduses, Pyro- somes et autres animaux phosphorescents. A. F. 2 D'après les recherches de l'auteur, les cellules nerveuses des Phylliroés sont le siége de la production de lumière chez ces animaux; mais cela tiendrait unique- ment à la présence dans ces cellules d'une matière spéciale qui, sous l'influence d'un stimulus, devient lumineuse sur l’animal vivant, et qui peut briller encore lorsque, extraite de l'animal, elle est soumise à l'influence de certains réactifs. À. F. 508 MÉMOIRES ORIGINAUX. Dans une nouvelle espèce de Polynoe à laquelle j'ai donné le nom de Polynoe turcica, on observe, non pas l’illumination totale des élytres, plus intenses vers la périphérie, comme de coutume, mais l’illumination partielle de chaque élytre dans une surface centrale, semilunaire, près de l'insertion du pied de l’élytre. En ces surfaces, on trouve des cellules spéciales disposées en simple couche pavimenteuse, qui sont des cellules de l’hypo- derme spécialement modifiées et lumineuses. Leur contenu est granuleux, réfringent; elles ne versent au dehors aucun produit, de telle manière qu’elles doivent être plutôt comparées avec les organes lumineux formés de cellules profondes et fixes, comme ceux des Lampyris et des Pyrophorus, des Pennatules et des Béroés. NOTICE SUR LE PIC DU GAR (Haute-Garonne), Par M. LEYMERIE. PROLÉGOMÈNES Le géolosue qui, partant de Luchon, où il a pu observer un typhon granitique qui semble avoir amené au jour les sources sulfureuses de cette belle station thermale, descend la vallée. de la Pique, se trouve au sein des terrains de transition prin- cipalement Cambrien et Silurien qui s’étalent et se maintien- nent dans toute la longueur de cette vallée (20 kilom.) par des relèvements locaux et des plis. À Cierp, où la vallée se ter- mine, finit également cette série ancienne dont la partie supé- rieure , représentée par des marbres amygdalins vivement colorés de l’époque devonienne, qui s'étaient jusque-là main- tenus sur les hauteurs de la crête d’Antednac, descend vers le bas de la vallée en formant une voûte d’une régularité classique et qui se manifeste d'une manière frappante aux yeux du voya- PIC DU GAR. 509 geur le moins attentif, lorsque, venant de Luchon par le chemin de fer, il est près d'atteindre la station de Marignac. A ces calcaires ainsi contournés succèdent une mince assise de schistes et de grès blanchâtre, et enfin le grès rouge pyrénéen que l’on voit s'élever vers la crête avec l’assise précédente et les calcaires qui la supportent. Ce grès, considéré comme permien par les uns, rapporté par d’autres au trias, semblerait devoir fermer ici la série primaire, et le géologue qui vient de suivre les terrains pyrénéens à peu près dans leur ordre d'ancienneté relative, devrait s'attendre à trouver plus loin les divers membres de la série secondaire (Juras- sique et Crétacé) ; mais la nature ne lui a pas accordé cette satis- faction. À peine a-t-il passé le bourg de Cierp, où il était arrivé par une étroite vallée dont il a été ci-dessus question, qu'il voit s'ouvrir devant lui un vaste bassin encadré par de hautes mon- tagnes où il retrouve le granite protéique de Luchon et les schistes anciens de la Pique. Tout est donc remis en question pour l'observateur, et, s’il cherche la cause de cette réapparition des formations anciennes qu'il croyait sans doule avoir laissées définitivement derrière lui , il ne tarde pus à la trouver dans un soulèvement extraor- dinaire et énergique qui aurait arraché des entrailles de la terre, parallèlement aux Pyrénées, une zone qui devait s’y trouver profondément enfouie sous des terrains plus récents. C’est en effet de cette manière qu'il est possible de se rendre compte de ce phénomène qui vient ici interrompre l’ordre des formations. Des observations faites dans la direction de cette zone surélevée, à laquelle on peut attribuer 6 à 7 kilow. de largeur, ont prouvé qu'elle s'étendait à l'Est dans tout le département de la Haute-Garonne, et qu'elle se prolongeait à l'Ouest dans les Hautes-Pyrénées. Le pic du Gar, dont la large base occupe tout le côté oriental du bassin au-dessus duquel il s'élève hardiment, tout d’une pièce, jusqu'à 1300%, est, sans contredit, la partie la plus remar- quable de la ceinture qui entoure cette plaine. C'est ce pic que IV. 39 510 MÉMOIRES ORIGINAUX. je me propose de décrire dans ce Mémoire. Mais avant d'aborder cette description, et pour être en mesure de lui apporter tout l'intérêt dont elle est susceptible, il me paraît utile de dire préa- lablement quelques mots du bassin lui-même. La Carte dite de l’État-Major (feuille de Luchon), où ce bassin est exactement représenté, nous montre qu'il résulte de la con- fluence des vallées d’Aran et dela Pique, qui s’y réunissent pour constituer la vallée de la Garonne. — Il consiste en une belle plaine (largeur maxima 4 kilom.) qui s'ouvre au Nord du paral- lèle de Cierp et de Saint-Béat et qui semble se fermer à 2 ou 3 kilom. au Nord, mais qui ne fait que s’y rétrécir en formant un goulet par lequel elle se joint à une autre plaine plus allongée qui atleint, à Frontignan, une largeur de 3 kilom. Au-delà, vers le parallèle de Bagiry, la vallée de la Garonne, définitive- ment constituée, prend une allure normale au sein des étages secondaires. Lorsqu'on jette un premier coup d’œil comparatif sur les mon- tagnes qui encaissent le bassin à l'Ouest et à l'Est, on s'aperçoit bien vite qu’il y a entre elles une grande différence. Les premiè- res, que nous pourrions désigner par le nom du Son d'Olivet, qui en est le sommet principal, sont entièrement formées par le gra- nite gneiss et par des schistes azoïques rapportés à l'étage cam- brien, et elles conservent cette composition ancienne dans leur prolongement occidental à travers les vallées de la Barousse (Hau- tes-Pyrénées), tandis que le pic du Gar, qui résume en lui tout le côté oriental, se montre couronné par des calcaires secondaires qui se développent à partir de ce point, pour constituer à l'Est la zone surélevée qui comprend le massif de Cagire et le plateau de Portet. Cette bordure orientale du bassin est en outre beaucoup plus haute que celle qui s'élève du côté opposé, puisque le point culminant du Gar a une altitude de 1786, comparable à celle des montagnes anciennes des vallées de la Pique et d’Aran, tandis que celle du Som d’Olivet n’a que 1609, Les montagnes occidentales, supposées autrefois recouvertes PIC DU GAR. 511 par des calcaires secondaires, comme celle du Gar, auraient-elles été décapitées par dénudation ? C’est ce qu'il serait difficile de dire; quoi qu'il en soit, il esl assez curieux de voir les formations secondaires, absentes du côté gauche du bassin, commencer du côté droit, sur une épaisseur et à une hauteur considérables, pour aller se développer à l'Est en conservant cette altitude, extraordi- paire dans la Haute-Garonne et dans l’Ariége. La présence, dans le Gar, de terrains secondaires qui ne com- mencent à se montrer du côté occidental de la vallée que plus au Nord et à un niveau très-inférieur, est une conséquence et une preuve du soulèvement de cette montagne, et lui donne une richesse de composition telle que l’on peut, sans exagération, la considérer comme un immense échantillon offrant rassemblés tous les terrains des Pyrénées proprement dites, état de choses fidèle- ment représenté dans la Planche annexée à cette notice, qui fait de cette montagne un des points les plus intéressants et le plus instructif peut-être de toute la chaîne”. DESCRIPTION DU GAR. Lorsqu'on traverse le bassin de Saint-Béat, soit en chemin de fer, soit par la route nationale de Luchon, ou mieux encore si l’on se place au bord occidental sur une protubérance granitique qui domine le village d’Estenos, et qu'on jette un regard sur le côté opposé, on est frappé de l'élévation et des formes hardies du pic du Gar, qui constitue, comme nous venons de le dire, le traitle plus saillant des moatagnes qui entourent cette belle plaine, et la nudité de ses flancs, la simplicité de sa structure permettent d’en saisir les caractères et de deviner la catastrophe qui lui a donné naissance. La crête hérissée qui le couronne, et dont nous venons 1 On sait que les Pyrénées proprement dites se terminent, au moins dans la Haute-Garonne, au bord droit de la Garonne-Neste, par des couches qui appartien- nent au terrain crétacé inférieur (Grès-vert pyrénéen), tandis que le terrain crétacé supérieur (Craie et Garumnien), recouvert par la formation nummulitique, se montre et se développe exclusivement dans un chainon extérieur que nous appe- ions les Pelites-Pyrénées. 512 MÉMOIRES ORIGINAUX. de signaler l'altitude extraordinaire (1786m), est constituée par des calcaires secondaires, tandis que la partie moyenne offre des schistes et des calcaires de transition fossilifères régulièrement inclinés. La force énergique qui a produit la surélévation de ce pic semble avoir exercé sur Ini une action spéciale qui a fait con- tracter aux couches qui le composent une inclinaison au N.-E, par laquelle les plus anciennes ne tardent pas à disparaître sous les calcaires qui forment le couronnement; et, si l’on cherche une cause immédiate pour ce grand effet, on ne tarde pas à la trouver dans le typhon granitique de Chaum, que l’on aperçoit au pied de la montagne. Il s’y fait distinguer par ses formes rugueuses spéciales, et il semble encore se faire jour et soulever l'énorme masse des terrains qu’il supporte. Ce fait est ici tellement accentué - et si frappant, ainsi que le montre la figure, qu'il paraît impos- sible de concevoir à cet égard le moindre doute *. Il résulte de ce qui précède qu'il y a lieu de distinguer dans le Gar trois parties ou régions qui s’accusent à l'œil par la diffé- rence de leur aspect, et qui peuvent être caractérisées physique- ment et géognostiquement de la manière suivante : lo Région inférieure dont l’état pourrait être qualifié par l’épi- thète de rugueuse. Elle est composée d’abord du typhon grani- tique dont il vient d’être question et des schistes gneissiques qui lui sont associés, le tout étant recouvert et enveloppé par des schistes cambriens largement écailleux et rugueux au voisinage du typhon. 2° Région moyenne, relativement tranquille, régulièrement inclinée sous un angle modéré, formée par des schistes et cal- caires à orthocères plus ou moins modifiés siluriens, surmonlés m2 1 Toutefois, lorsqu'on voit dans la même région, au pied du pic, du côté Sud, l'ophite percer le sol et y produire des effets mécaniques et métamorphiques , on peut se demander si, après le soulèvement et la pénétration des gneiss et des schistes par le granite, l'ophite n'aurait pas agi sous le sol pour donner à l'ensem- ble un surcroit d'élévation. PIC DU GAR. 13 d’une grauwake terreuse avec orthis, qui pourrait peut-être dépen- dre du devonien inférieur. 3° L’étage précédent passe par une inclinaison N.-E., sous la région supérieure, dont elle est séparée par un liseré de grès rouge pyrénéen. Cette dernière région, qu'on pourrait appeler hérissée, constitue un couronnement très-redressé de calcaires secondaires qui contraste, par son état ruiné et par ses formes heurtées, avec l'allure tranquille de la région moyenne. Tels sont les grands éléments de notre montagne; nous allons maintenant les décrire dans l’ordre où ils viennent d’être indi- qués. Région inférieure ou rugueuse. (Nos 1, 2, 3 du Profil.) La région inférieure du Gar se compose, ainsi que nous ve- nons de le dire, d’un typhon granitique associé à des schistes cristallins en partie gneissiques, ensemble désigné sur le Profil par le n° 1, et de l'étage des schistes cambriens (n° 2 et 3) modi- fiés dans l'entourage immédiat du granite qui y pénètre en filons et en veines. N° 1. Typhon granitique. — Le granite du Gar appartient à la catégorie de ce granite éruptif, très-feldspathique, variable de composition, que j'ai appelé pour cette raison protéique, et dont le type est à Luchon. Il se mêle au gneiss schisteux et aux schistes qui lui succèdent immédiatement ; mais il est assez pur dans un noyau ou typlhon arrondi supérieurement et qui s'étend sur la route de Saint-Béat (rive droite) sur une longueur d'environ 1200m au sud du village de Chaum, L'étude lithologique de ce typhon, où se concentre le granite, que l’on peut faire très-commodément sur une bonne route, vient confirmer la vue géogénique indiquée par l'aspect général de la montasne. En effet, dans une étendue de 1200 mètres à partir de Chaum, les roches granitoïdes dominent. Ce sont des granites riches en feldspath qui s’y trouve fréquemment en petits gru- meaux rapprochés (granite grumelé), des pegmatites à tourma- 514 MÉMOIRES ORIGINAUX. lines, des gneiss variés, quelquefois veinés, et des schistes durcis par la pénétration du feldspath ou du quartz et aussi d’une ma- tière verte chloriteuse. On voit dans ce massif le granite et la pegmatite empâlant des portions de gneiss et du schiste verdätre qui vient d'être mentionné, et enfin la pegmatite pénétrant le granite lui-même et y formant des nœuds, des rubans, des veines. Ces roches, dont l’analogie avec celles qui sont bien plus développées du côté opposé de la vallée dans le massif d'Olivet ne saurait être mise en doute, ne commencent à se montrer qu’en sortant de Chaum dans la direction Sud, et on les quitte bien avant d'arriver au hameau de Buvard. Au milieu du village de Chaum, et plus loin du côté Nord, vers Frousac, ce n’est pas le granite qui règne, mais bien le terrain de transilion modifié, con- stitué d’abord par des schistes variés, souvent endurcis et passant à l’eurite, auxquels vient s'associer un peu de calcaire, où M. J. Francois, chargé avant moi de la Carte géologique de la Haute-Garonne, a signalé de l’amphibole. Le granite ne forme plus, dans ce terrain, que quelques bancs ou filons auxquels succèdent des filons de quartz, absolument cemme dans le bassin de Luchon. Le front abrupte de ce typhon granitique de Chaum est évi- demment l’effet d’une rupture qui s’est faite daus le sens de la vallée, On y voit des escarpements rocailleux, des rubans et des saillies rocheuses. Au-dessus, les schistes modifiés (n° 2) sem- blent recouvrir le granite comme une voûte et perdent peu à peu leurs caractères cristallins en passant aux phyllades cambriens, auxquels succèdent des schistes siluriens qui affectent une allure régulière et tranquille. N°s 2 et 3. Schistes cambriens. — OÜccupons-nous spéciale- ment de ces schistes enveloppant le typhon granitique. Ils forment une zone arquée bien accusée sur le profil du pic du Gar déjà cité, où elle est surmontée par une autre zone beaucoup ples uni- forme et plus régulière (n° 3), qui serait pour moi le représen- tant du cambrien ordinaire de la Haute-Garonne. PIG DU GAR. 515 L'ensemble de ces zones el du granite qui les supporte cor- respond au terrain ancien de la montage d’Olivet, du côté gauche du bassin, circonstance qui vient appuyer l'idée, déjà émise à l’occasion du granite, que la séparation des deux sys- tèmes résulte d’une fracture qui a donné naissance à la vallée elle-même. Ces schistes cambriens paraissent, de part et d’autre du typhon granitique, à la base du pic, où l’on peut commodément les étu- dier sur la route de Saint-Béai à Aspet, qui passe à Chaum, Fronsa:, et enfin près du village de Frontignan, où se trouve la charnière autour de laquelle le grand massif du Gar a dû tourner, eu se soulevant, pour constituer le pic actuel. — À Chaum déjà, ce n’est plus le granite qui règne, mais bien un schiste mélangé, contourné, plissé, qui semble pénétré de la matière granitique et qui est traversé, tout près du typhon central, par des bancs ou filons de diverses roches éruptives euritiques, quartzeuzes et même amphiboliques. Au nord de Chaum, entre ce village et Fronsac, ce système schis- teux modifié domine. Il v a là des schistes d’un gris verdûtre, souvent assez brillants, salinés, fibreux ou guillochés, quelque- fois amphibolifères et en parlie convertis en une roche euritique par l’imbibition d'une matière feldspathique. Le quartzse montre souvent dans ce système. On en voit un filon à Fronsac, en face de l’église. En approchant de Frontignan , les caractères changent, les per- turbations et accidents s’atténuent et disparaissent, et l’on finit par être en présence de schistes argileux réguliers d’un gris noirâtre, qui doivent appartenir à l’étage silurien. Enfin, le grès rouge vient mettre fin à cette série schisteuse, et à Frontignan même on peut voir ce grès en contact avec les calcaires caverneux qui indiquent la base de la formation jurassique. Si, partant encore de Chaum, on se dirigeait au Sud versle hameau de Bavard, on couperait toute la masse granitique et l’on rencontrerait, dans un très-petit espace, des schistes granitisés et modifiés analogues à ceux qui viennent d'être décrits. A Bavard - 516 : MÉMOIRES ORIGINAUX. même, ces roches ont cédé la place à des schistes de l'étage silu- rien. Région moyenne ou tranquille. (Nes 4, 5, 6.) N°4et 5. Schistes siluriens et devoniens.— C’est par les schistes qui viennent d’être cités que commence la série régulière du Gar, où l’on distingue deux étages qui se présentent comme deux zones superposées. Le premier étage se compose de schistes argi- leux, au sein desquels viennent s’intercaler des couches d’un calcaire bleuâtre à orthocères qui rappelle tout à fait le calcaire silurien normal du val de Marignac. — Le second consiste prin- cipalement en des grauwackes fines d’un gris brunâtre, assez schisteuses, el dont les strates, à certains niveaux, offrent des empreintes de brachiopodes finement striés (orthis), dont le faciès rappelle des espèces primaires. Ces grauwackes n’ont pas d’ana- logues dans notre série normale, mais elles ne sont pas sans quel- que rapport avec celles qui, dans les environs de Gèdre, ren- ferment des fossiles devoniens, circonstance qui tendrait à les faire considérer comme représentant notre devonien inférieur à encrines et phacops de la vallée de la Pique. Nous avons déjà dit que ces étages formaient, sur le flanc du Gar, une région régulière et uniforme entre les schistes rugaeux qui entourent le granite et les escarpements ruinés de la partie supérieure de cette montagne. Pour arriver à ce champ d'observations, on peut, en partant de Saint-Béat, se rendre d’abord à Eup et monter ensuite au hameau de Garraux, et, plus haut, jusqu'à la base des rochers calcaires de l’âge jurassique, d’où il est facile de redescendre par un sen- tier rapide qui conduit à Chaum et qui permet de traverser tout le système ancien du Gar. On peut aussi faire la course en sens contraire, et c'est le parti que nous prendrons. En montant par le sentier de Chaum ci-dessus indiqué, on coupe nécessairement d’abord les schistes modifiés et granitisés qui sont directement en rapport avec le granite. À une certaine PIC DU GAR. | 517 hauteur, ces schistes, d’abord tourmentés et irréguliers, devien- nent plus tranquilles, plus réglés et prennent des caractères plus unifurmes, bien qu’ils soient encore accidentés par le quartz. Toutefois, les feuillets schisteux offrent encore un éclat sub- satiné avec une disposition striée à la surface. — Le métamor- phisme paraît s’arrêler au pied de l’éminence qui supporte la chapelle du Puy. Plus haut, des schistes argileux, sub-ardoisiers, fissiles, alternent avec de minces couches calcaires, et l’on entre évidemment dans la zone silurienne, au-dessus de laquelle se trouvent les schistes et les grauwackes schisteuses, à empreintes d'orthis, déjà signalés. Il en est ainsi dans la partie supérieure de la zone jusqu’aux rochers secondaires. - Toute cette série, dont la puissance pourrait être comprise entre 400 et 200 mètres, est régulière et s'incline en masse vers le N.-E., sous un angle qui est très-fort dans la région de la cha- pelle, mais qui s’affaiblit beaucoup au-delà d’une sous-crête qui forme un trait d'union entre la montagne de Chaum et la crête du pic, notamment à la descente vers Garraux; leur allure tranquille contraste avec l’état tourmenté et variable des schistes cambriens qui entourent le granite. La zone silurienne est remarquable par les fossiles caractéris- tiques dont nous avons annoncé plus haut l’existence. Il nous a paru que l'horizon fossilifère consistait principalement en une assise de calcaire bleuâtre n'ayant que ? à 3 mêtres d'épaisseur, dont certaines couches sont pélries d’orthocères lisses identiques à celles de Marignac ‘. On y retrouve aussi Cardiola interrupta. Cette assise est intercalée dans des schistes argileux feuilletés. 1 1 Le village de Marignac est situé à une très-petite distance au sud du Gao, au point où débouche dans le bassin de Saint-Béat un vallon qu'on appelle vallon Marignac. C'est vers le bas du vallon que se trouvent, à leur place naturelle ou normale, les orthocères et autres fossiles siluriens, ou plutôt murchisoniens aux- quels j’assimile ici ceux du Gao. Ce gîte est bien connu des géologues par ses fossiles, qui ont tant contribué à la détermination des terrains de transition des Pyrénées, et par son analogie avec le gite de Neffiès dans les Cévennes, où l'on retrouve les mêmes espèces et à peu près dans les mêmes conditions. 918 MÉMOIRES ORIGINAUX. — Ge précieux niveau avait été déjà observé par M. J. François. Je l’ai rencontré au col par lequel on peut passer de N.-D. du Puy à Garraux, etsur le chemin, en descendant à ce dernier village. Nous avons déjà signalé les empreintes d’orthis qui caractérisent le second horizon, que je rapporte avec doute à l’étage devonien. Entre cette zone de transition el la ligne rouge qui indique le permien ou le trias, à la base des escarpements jurassiques qui s'élèvent brusquement vers les régions supérieures du pic, j'ai vainement cherché les calschistes amygdalins devoniens; mais il m'a semblé y reconnaitre les schistes lerreux et les petits grès, ici d’un gris brunâtre, qui, dans la vallée d’Aran, couronnent les calschistes colorés el les schistes qui les accompagnent. N° 6. Grès rouge pyrénéen. — Le grès rouge pyrénéen, que nous avons vu à Cierp terminer la série normale des terrains an- ciens, se représente, comme nous l'avons déjà dit, dans la série extraordinaire du pic du Gar. On le voit, dans notre Profil, for- mer un liseré qui s’atténue du Nord au Sud entre la zone de tran- sition fossilifère et le terrain secondaire qui commence par les cal- caires caverneux (cargneules) du lias. La Carte géologique de la Haute-Garonne montre, en outre, que ce liseré, dans sa partie extrème au Nord, où il est plus large, s'articule par un angle pro- noncé à une bande qui descend directement à l'Ouest au bord du bassin, où elle aboutit à Frontignan. Il est facile de reconnaître cette bande en partant de ce village et se dirigeant au sud vers Fronsac, qui est situé au pied du Gar. Le village de Frontignan lui-même est sur les cargneules et autres calcaires de la base du lias ; mais à peine en esl-on sorti, avant même de quitter les dernières maisons, que l’on rencontre un schiste rouge et jaunâtre qui dépend du terrain dont il s’agit, et bientôt on se trouve en présence d’un ravin dont la couleur indique suffisamment que c’est principalement dans le grès rouge qu'il a été ouvert, On le traverse vers sa base, d’où on le voit s'élever comme une entaille rouge qui monte au Gar. Le grès, principalement représenté par un schiste rouge pas- sant au grès psammit que, occupe les flancs et l'intérieur du ravin, PIC DU GAR. 519 au milieu duquel s’entassent des blocs de poudingues du même terrain et de gros fragments de schistes de transition et de cal- caires liasiques. Il y a là un grand désordre qui laisse toutefois subsister des couches de grès redressées presque jusqu’à la position verticale, et l’idée vient naturellement à l'esprit, en présence de ce ravin ainsi encombré, qu'il résulte lui-même d’une fracture. Si lon considère d’ailleurs que cette fracture se trouve à peu près dans l'alignement d’une faille qui existe de l'autre côté de la montagne à une petite distance à l'Est, mettant en ligne de compte un angle presque droit formé par le ravin avec le liseré de grès rouge déjà signalé sur le flanc du Gar, angle qui ne peut qu'être l'effet d’une brisure, on pourra induire avec une certaine assu- rance que le ravin dont il est question n’est qu'une partie de la charnière autour de laquelle s’est opéré le soulèvement particu- lier qui a produit le pic lui-même. Région supérieure ou hérissée. (Nes 7, 8,9, 10, 11,12.) Le grès rouge, que nous venons de rattacher à la région moyenne du pie, y est surmonté par une suite d’assises calcaires qui s’accusent à la partie supérieure de cette montagne par des escarpements et des rochers dont l’aspect hérissé constitue un caractère orographique qui attire d’une manière toute spéciale l'attention du voyageur qui traverse le bassin de Saint-Béat. Ce couronnement esl principalement jurassique ; mais il ne serait pas impossible que les calcaires qui occupent les points culminants ne dussent être rapportés au terrain crétacé inférieur. Ce qu'il y a de certain, c’est que dans le prolongement des calcai- res du Gar au Sud, derrière la montagne du Mont de Saint-Béat, il entre des couches fossilifères où l’on remarque notamment ces lignes courbes noires qui sont généralement considérées comme des tests de caprotines. D'où la convenance, dans l'impossibilité où nous sommes, quant à présent, de séparer les couches regar- dées comme crétacées, de la masse où l’on reconnaît les carac- 20 MÉMOIRES ORIGINAUX. tères du terrain jurassique, de désigner ces calcaires du Gar et ceux de Cagire et du plateau de Portet par lesquels ils se prolon- gent à l'Est à la même hauteur, par le nom de Jura-crétacé, qui indique simplement la difficulté que nous éprouvons à distinguer les uns des autres. Les roches granitiques et les schistes anciens qui occupent les deux premières régions de notre Profil passent, par une inclinai- son régulière dans son ensemble, sous les calcaires de la région hérissée et ne tardent pas à disparaitre à l'Est dans les profondeurs du sol, laissant aux étages secondaires toute la place. Ce plonge- ment est même assez rapide pour qu'il n’y ait plus de roches anciennes visibles à une petite distance à l’est du village de Bezins, marqué sur notre Planche. De ce côté, en effet, le Gar est calcaire depuis la base jusqu’au sommet, et la zone surélevée à la suite est entièrement compo- sée de terrains secondaires. Ce côté Sud du Gar est donc très-avantageux pour l’exploration de la région secondaire de cette montagne, d'autant plus quil y existe une anfractuosité où les différentes couches montrent leurs têtes en affleurant dans leur ordre de superposition. Cette double considération m’a déterminé à porter là mes études en juillet 1870, où je fis l’ascension complète du pic en opérant mon retour du côté Ouest, qui est beaucoup plus rapide. Étant parti de Saint-Béat, je montai à Eup, et de là à Bezins, dont le sol est constitué par des schistes et des calcaires siluriens près de disparaître sous la montagne. — Ce village est le véri- table point de départ pour l'ascension. Trois chemins s’y présen- tent : l’un à gauche, qui se maintient sur les hauteurs; un autre à droite, plus doux, mais assez long, et un troisième intermé- diaire, plus rapide et assez difficile vers le haut. C’est le dernier que j'ai choisi. En sortant du village, j'ai d'abord rencontré, à la base des premiers escarpements calcaires du pic, une ophite tigrée de couleur claire, en partie décomposée, qui n’est peut-être qu'une pointe du grand affleurement qui occupe le haut du vallon d’'Eup PIC DU GAR. 521 (Voyez le Profil). Ce gîte se trouve à l’origine du massif cal- caire, sans interposition visible de grès rouge, que je n'ai vu nulle part dans celte excursion. Après avoir dépassé cel affleu- rement ophitique, j'ai coupé la première assise liasique (n° 7 du Profil), qui consiste en des calcaires blanc-orisâtres ou jaunà- tres sub-cristallins, fragmentaires ou compactes, en partie vacuo- laires, assise qui m'a rappelé le lias inférieur de la région d’Aspet et de Saint-Pé. Elle supporte un calcaire compacte de couleur claire , dont les bancs, assez régulièrement inclinés au N.-E., comprennent entre eux des couches marneuses un peu plus sombres. En entrant, à gauche, dans l’anfractuosité que je devais gravir, j'ai vu succéder aux couches précédentes des calcaires noirâtres, parfois un peu bitumineux, bien réglés, alternant avec des schistes de même couleur. Ces assises inférieures, évidem- ment liasiques, correspondent à la première partie des escarpe- ments calcaires (8 du Profil). Le chemin se trouve ensuite dans un bois, où il monte faiblement jusqu'au pied d’un escarpement trés-roide formé par une dolomie noire, fétide, parfois très- grenue et friable, où s’intercalent quelques couches de calcaire moins noir. Cette assise dolomitique, qui rappelle fortement les dolomies supràliasiques d'Ore et d’Aspet, joue ün rôle impor- tant dans le relief du Gar du côté de la Garonne, ainsi que l’on peut s’en faire une idée en jelant un coup d’œæil sur le Profil, où elle est désignée par le chiffre 9 *. A cet escarpement dolomitique succède un ressaut plus diffi- cile encore à franchir, qui se distingue de loin à sa teinte claire, qui contraste avec le noir de la dolomie, C'est la section presque verticale d’une assise formée par un calcaire gris, en partie bréchoïde, qui est représenté dans notre croquis par une sorte de mur vertical (10) comme démoli ou crénelé par le haut, Après avoir passé ce mauvais pas, on sort des bois pour entrer dans un petit vallon ou cowret gazonné, où l’on est heu- { C'est à peu près à cette hauteur que j'ai rencontré un gîte ophitique peu étendu, mais bien caractérisé. 522 MÉMOIRES ORIGINAUX, reux de trouver, avec l’air et la lumière et un sol plus facile, une excellente fontaine. Ce vallon, où stationnent en été de nom- breux bestiaux, laisse voir à peine quelques affleurements de schistes marneux qui préludent aux roches du sommet. Celui-ci, le Gar proprement dit (1757m), qui joue le principal rôle dans le relief du couronnement, est cependant dépassé en hauteur par une cime latérale trés-voisine de la premiére, à laquelle elle se relie par une courte arête dirigée au N.-E, C’est le Pic saillant (1786"), qui consiste en un piton assez élancé, arrondi au som- met, constitué par un calcaire gris peu compacte où s’intercale une assise de schistes marneux, le tout fortement incliné à l'Est. Le sommet, qui porte sur les Cartes le nom de Gar, n’est autre chose qu'un moulon rocheux irrégulier dont la roche domi- nante est un calcaire compacte (12) de couleur claire, plus uni- forme que celle du pic saillant. Ces calcaires offrent d’ailleurs des parties bréchiformes, qui seraient même abondantes, d’après M. François. Entre les deux cîmes du Gar commence, du côté nord de la montagne, une coume ou vallon rapide qui descend à Moncaup, et dont la partie haute, où se trouve la cabane dite du Gar, forme un courel ou pâturage estival pour les bestiaux. On y voit sailir quelques têles rocheuses noires de calcaire et de dolomie, où l’on distingue un plongement modéré vers l'Est. En traversant tous les éléments superposés qui constituent la masse secondaire du Gar, je n’ai rencontré aucun débris organi- que qui puisse apporter quelque secours pour sa détermination. Mais il n’est pas douteux que les assises inférieures, depuis Bezins jusqu’au-dessus des dolomies noires, ne soient jurassiques. Il ne pourrait donc y avoir d'incertitude qu’à l’égard du moulon tout à fait supérieur composé de calcaires insignifiants *. Il n’y aurait 1 Je trouve dans un cahier de Notes de mon prédécesseur, M. l'ingénieur François, la citation de pentacrinites qu'il aurait observées dans un bloc calcaire tombé des hauteurs du pic. Il désigne d'ailleurs l’assise inférieure, probablement PIC DU GAR. 593 rien d’invraisemblable dans la détermination de ces calcaires comme grès vert, si l’on lient compte surtout du calcaire à capro- lines, que nous avons déjà signalé dans une dépendance de cette montagne. Après avoir terminé les observations que je n’ai pu faire qu’à la hâte dans cette ascension du revers sud du Gar, j'ai opéré la descente par le côté occidental, en partant du couret de la cabane, par un chemin de forêt tracé à droite d'une grande coume qui débouche à la plaine, entre Chaum et Fronsac., en passant par la chapelle du Puy. J'ai rencontré de ce côté, autant qu’il m'a été possible de le reconnaître par les affleurements qui se sont pré- sentés à moi, des calcaires gris uniformes, puis les dolomies noi- res déjà observées à la montée, et enfin des calcaires et des schistes marneux assez développés, associés, vers le bas, à des grès brunâtres un peu argileux, devoniens ou dépendant du grès rouge‘. En approchant de la chapelle, je suis entré dans l'étage silurien, que j'ai traversé avant de descendre à Chaum à travers les schistes modifiés du système cambrien. celle qui porte le n° 8 sur notre coupe, par le nom de calcaire à bélemnites, ce qui n'implique pas nécessairement qu'il y aurait vu ce fossile. 1 Dans une course précédente qui avait pour but principal l’étude de la zone silurienne, j'avais observé le grès rouge, bien caractérisé en place à la base des premiers escarpements jurassiques. ot Le REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANCAIS. — Zoologie. — En réponse à une description dela multiplication de Vorticelliens par génération sexuelle, faite par Stein (de Prague), qui nie chez ceux- ci la présence du nucléole, M. Balbiani (Compt. rend. Acad., 18 octo- bre 1875) observe qu'il resulte de ses expériences que la fécondation de ces animaux est opérée par des spermatozoïdes filiformes, nés dans le nucléole, dont l'existence est certaine. Le nucléole joue un rôle im- portant dans la reproduction par sexe de Vorticelliens, puisqu'il représente l'organe mâle des autres Infusoires. — M. P. Fischer (Compt. rend. Acad., ? novembre 1875) a étudié la disposition générale du système nerveux chez les Mollusques pul- monés stylommatophores. «Il est difficile, suivant lui, de ne pas tenir compte de la disposition des centres nerveux des Mollusques pour la caractéristique de certains genres ou de certaines familles. La structure des ganglions stomato-gastriques nous fournit des carac- tères de première valeur. Quant à ceux qui sont tirés des ganglions sous-æsophagiens, leur importance est moindre, parce qu'ils sont en rapport avec la présence ou l'absence de la coquille, ainsi qu'avec le mode d'enroulement des viscères ; or, dans la plupart des familles naturelles, on trouve des genres dépourvus de coquilles : dans ce cas, le plan des ganglions sous-æsophagiens se modifie, et leur cycle, qui était allongé et tiraillé en arrière par le fait de l'élongation des viscères dans une coquille multispirée, est ramené dans une position telle, que les ganglions moyens ou postérieurs passent au-dessus des ganglions sous-æsophagiens antérieurs ou pédieux. » Ces conclu- sions nous semblent mériter des recherches confirmatives. —Pendant l'été de l'année 1875, M. de Korotneff s'est occupé, dans le laboratoire de Roscoff, de l’étude anatomique de la Lucernaria octo- radiata (Compt. rend. Acad , 8 novembre 1875). Les parois du corps de cet Hydraire consistent en quatre couches : 1° ectodorme couvert d'une cuticule; 2 couche gélatineuse; 3° membrane élastique ; 4° endoderme. Quelques cellules du fond de l'ectoderme et de l'endo- derme se transforment en nématocystes ou cellules glandaleuses. La couche gélatineuse et la membrana propriz sont parcourues par des TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 525 fibrilles élastiques, qui sont des prolongements des cellules entoder- miques. Les muscles que l'on rencontre sont de deux sortes : Les lon- gitudinaux et les circulaires. Quant au système nerveux, l'étude de la Lucernaria a permis à M. de Korotneff d'étendre, en les précisant, les observations de Schultze, qui considérait les soies des organes urticants comme des organes du tact. Chaque nématocyste, dont sont couvertes les têtes des tentacules de l'animal, est placé dans une cellule munie d'une soie, qui se prolonge en une longue fibrille. Cette dernière traverse une autre cellule bipolaire ou multipolaire, que l’on doit regarder comme unecellule nerveuse et qui se termine par un petit pédoncule pénétrant dans la membrana propria. Un esto- mac et quatre larges canaux radiaires constituent la cavité digestive, dont les parois sont tapissées par une couche de cellules entodermi- ques et par des glandes unicellulaires bocaliformes, tandis que sa surface est agrandie par des filaments mésentériques. Les éléments sexuels se développent, en grand nombre, dans des capsules spéciales formées de l'endoderme et d'une membrane élastique (membrana propria). A l'état de maturité, chaque capsule est pourvue d’un canal qui sert à la sortie des produits qu'elle contient. « Ce canal est fermé, ce qui est dû à l’élasticité de la membrana propria. La pression des œufs mûrs de l’intérieur ouvre le canal ; quelques œufs sortent, et le canal se ferme de nouveau. » — Les expériences de M. Oré (Compt. rend. Acad., 8 novembre 1875) tendent à prouver : 1° que les acides mis en contact avec le sang dans un vase ouvert, à l'air libre, coagulent l'albumine, mais qu'il n’en est plus de même quand on les injecte directement dans le torrent circulatoire ; 2° qu’il en est de même de l'alcool; 3° que la plupart des substances insolubles dans l'eau, cessant de l'être en pré- sence des acides et de l'alcool, pourront être injectées, sans détermi- ner aucun accident de coagulation, après avoir subi l'action de ces derniers. — ]] résulte des observations du même physiologiste (Compt. rend. Acad., 15 novembre 1875 ) que l'acide phosphorique monohydraté, mis en contact avec le sang dans un vase ouvert, le coagule, tandis que l'acide phosphorique trihydraté est sans influence sur la coagula- tion ; qu'aucun de ces deux acides ne détermine cet effet dans les vaisseaux; que l'injection directe de l'acide phosphorique dans le sang est sans influence sur le nombre, la couleur, la forme des glo- bules. Quelques-uns de ces organites sont cependant plus allongés et même un peu crénelés. IV. | 36 526 REVUE SCIENTIFIQUE. — En réponse à une Note de MM. Mathieu et Urbain, insérée dans les Comptes rendus de l'Académie du 27 septembre 1875‘, M. Fr. Glénard (Compt. rend. Acad., 15 novembre 1875) conclut de nou- velles expériences que l'acide carbonique re joue aucun rôle dans le phénomène de la coagulation spontanée du sang. En l'absence de toute autre cause de coagulation, la substance spontanément coagu- lante du sang peut rester impunément en contact direct avec l'acide carbonique, sans être altérée en rien dans sa fluidité. Cette conclusion est appuyée par M. A. Gautier (Compt. rend. Acad., 15 novembre 1875), qui exprime un doute sur la théorie d'après laquelle l'acide carbonique sorti des globules sanguins après l’extra- vasation du sang serait la cause de la coagulation spontanée. — J'ordre des Siphonaptères de Latreille ou Aphaniptères de Kirby, créé spécialement pour les espèces du genre Pulex, doit être placé, eu égard à ses affinités naturelles, entre l'ordre des Diptères et celui des Hémiptères. L'étude de l'embryologie du Pulex felis, présentée par M. Balbiani (Compt. rend. Acad., 15 novembre 1875), vient confirmer cette double parenté. L'œuf du P. felis, beaucoup plus transparent que ceux du P. canis et P. irritans, est enveloppé d'un chorion homogène, sans réticula- tions superficielles, et d'une membrane vitelline, et pourvu à ses pôles antérieur et postérieur d'ouvertures micropylaires; celles situées à la première de ces régions paraissent seules servir à la féconda- tion. « Un ou deux jours après la ponte, suivant la température, le rudi- » ment de l'embryon commence à se constituer par l’épaississement » d’une portion du blastoderme, sous la forme d’une bande d’abord » large et diffuse, mais qui se concentre graduellement sur la ligne » ventrale de l'œuf et s'étend d’un pôle à l'autre. La bandelette em- » bryonnaire, continuant à s’accroître par sa partie postérieure, y » forme un pli qui pénètre dans le vitellus en se recourbant vers la » face opposée où dorsale de l'œuf. Cette portion repliée en extré- » mité caudale de l'embryon a donc pour origine une véritable inva- »gination du blastoderme au pôle postérieur, tandis que dans tout » le reste de son étendue l'embryon résulte d'une transformation » locale de la vésicule blastodermique, et demeure par conséquent » extérieur au vitellus. » Ce mode de formation présente un type in- termédiaire entre celui des Dyptères et celui des Hémiptères. 0 1 Voir Rev. des Sc. natur., tom. IV, pag. 357. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 527 Par la formation des deux membranes qui ont reçu le nom d'am- nios et d’enveloppe séreuse se termine la première période du déve- loppement, époque durant laquelle l'organe de la reproduction est déjà visible sous la forme d'une petite agglomération - de cellules claires, placées à la face interne de l'abdomen, immédiatement au- dessous du bord postérieur du vitellus. Une particularité marquant le début de la deuxième période de l’évolution est la naissance, avec celle des antennes, de pièces buc- cales, qui s'organisent comme chez les Insectes maxillés ou broyeurs: en effet, la larve de la Puce se nourrit de substances solides. En même temps, on voit apparaître des rudiments des membres thoraci- ques, bien que la larve doive naître à l'état apode. « Cette tendance, » ajoute M. Balbiani, à la production d'appendices correspondants aux » pattes des autres Insectes et destinés à avorter bientôt chez l'em- » bryon même, est un fait fort intéressant pour les partisans de la » doctrine de l’évolution ; il est au contraire absolument inexplicable » pour ceux qui croient à l’invariabilité des espèces. » La rupture de l'enveloppe séreuse à la région céphalique de l'em- bryon, sa concentration sur la face dorsale, et finalement sa pénétra- tion dans le sac vitellin par une ouverture du dos du même em- bryon, constituent un des phénomènes les plus remarquables qui caractérisent la troisième et dernière période évolutive. Nous signa- lerons encore, sur le sommet de la tête de la larve, la formation d'une petite lame cornée, à bord tranchant, destinée à fendre la membrane de l’œuf au moment de l’éclosion, — M. P. Gervais (Compt. rend. Acad., 22 novembre 1875) communi- que le résultat de ses observations sur un crâne de Cétacé, du groupe des Balénides, envoyé récemment au Muséum par le Gouvernement Japonais. L'animal auquel ce crâne appartient s'éloigne même géné- riquement, par les dispositions anatomiques de cette portion du sque- lette, du Képorkak des régions septentrionales de l'Atlantique, pour se rapprocher des Sibaldius, ainsi que des Physalus où Rorquals ordi- naires, mais sans leur ressembler absolument, Le savant Professeur indique comme se rapportant au crâne en question celui d'un sujet provenant de Java, que possède le musée de Leyde. M. Flower a désigné ce dernier par le nom de Sibbaldius ? Schlegelii, et M. Van Beneden l’a décrit sous l'appellation de Balænoptera Schlegelii. Ces deux crânes, également remarquables par l'allongement de leur partie faciale, doivent être attribués à la même espèce ou à deux espèces voisines, trop peu différentes l’une de l’autre pour qu’on les sépare 528 REVUE SCIENTIFIQUE. dans la classification. Le caractère que nous avons mentionné leur donne une grande ressemblance avec le grand Cétacé fossile de Crimée décrit sous le nom de Cetotherium Ratkei. « Cette ressem- » blance mérite d'autant plus d'être signalée, que les dépôts faluniens » de la Crimée ont été considérés comme laissés par un bras de mer » qui aurait autrefois communiqué avec l'océan Indien. » — Nous ne saurions trop appeler l'attention des physiologistes sur l'extrait d'un Mémoire de M. P. Bert qui a trait au Mécanisme et aux causes de changements de couleur chez le Caméléon, Mémoire dont il tire les conclusions suivantes : « a. Les couleurs et les tons divers que prennent les Caméléons sont dus au changement de lieu des corpuscules colorés, qui, sui- vant qu'ils s'enfoncent sous le derme, qu'ils forment un fond opaque sousla couche cérulescente ou qu’ils s’étalent en ramifications super- ficielles, laissent à la peau sa couleur jaune, ou lui donnent les cou- leurs verte et noire. » b. Les mouvements de ces corpuscules sont commandés par deux ordres de nerfs dont les uns les font cheminer de la profondeur à la surface, les autres produisent l'effet inverse. Dans l'état d'excitation maximum, ces corpuscules se cachent sous le derme ; il en est de même dans l’état de repos complet (sommeil, anesthésie, mort). » c. Les nerfs qui font refluer les corpuscules sous le derme ont les plus grandes analogies avec les nerfs vaso-constricteurs. » Comme eux, en effet, ils suivent les nerfs mixtes des membres et le grand sympathique du cou; comme eux, ils ne s'entrecroisent point dans la moelle épinière; comme eux, ils ont, pour la tête, leur origine au commencement de la région dorsale; comme eux, ils pos- sèdent un centre réflexe très-puissant dans la moelle allongée, la moelle épinière tout entière étant un autre centre beaucoup moins énergique; comme eux, ils sont respectés par le curare et empoi- sonnés par l’éserine. » d. Les nerfs qui amènent les corpuscules vers la surface sont comparables aux nerfs vaso-dilatateurs ; mais, si l’on est forcé d'ad- mettre leur existence, il est difficile de dire quelque chose de bien net sur leur distribution anatomique et leurs rapports avec les cen- tres nerveux; très-probablement ils traversent des cellules nerveuses avant de se rendre aux corps colorateurs. » e, Chaque hémisphère cérébral commande, par l'intermédiaire du centre réflexe, aux nerfs colorateurs des deux côtés du corps ; mais il agit principalement sur les nerfs analogues aux vaso-constricteurs TRAVAUX FRANCAIS. — Z00LOGTE. 029 de son côté, et sur les nerfs analogues aux vaso-dilatateurs du côté opposé. » f. Les rayons lumineux appartenant à la région bleu-violet du spectre agissent directement sur la matière contractile des corpus- cules, pour la faire mouvoir et s'approcher de la surface de la peau .» — L'emploi d'un nouveau procédé opératoire (Compt. rend. Acad., 22 novembre 1875) a conduit MM. Malassez et Picard à vérifier leurs précédentes recherches sur les fonctions dela rate (Compt. rend.Acad., 21 décembre 1874!) et à s'occuper du sang contenu dans le tissu splénique lui-même. Ce procédé, fondé sur l'indépendance organique qui paraît exister entre les divers départements de la rate, consiste à couper les nerfs qui se rendent à la moitié de cet organe. Ils ont pu dès-lors recueillir, au même moment, dans des conditions aussi semblables que possible, d’une part le sang veineux provenant de la moitié paralysée, d'autre part le sang provenant de l'autre moitié non énervée, et constater entre autres résultats que, tandis que sous l'influence de la paralysie le nombre des globules augmente dans le sang du cissu et des veines spléniques, la quantité de fer con- tenue dans la rate diminue tout au contraire. Cette diminution est une preuve que l'augmentation de richesse globulaire dans le sang du tissu splénique est due à une néoformation globulaire et non pas à une concentration du sang, et que le fer qui était accumulé dans la rate, et qui en disparaît, est sans doute employé à la fabrication des globules, dont le nombre devient plus grand. — Une Note sur quelques Poissons de l’île Saint-Paul est com- muniquée par M. Sauvage. Sur dix espèces recueillies dans ces para- ges, trois seulement ont été rencontrées dans d’autres mers, tandis que sept sont propres aux régions de cette île. Les premières appar- tiennent aux genres Acanthias (A. vulgaris), Latris (L. hecateia) et Ne- modactylus (N. concinnus) ; les secondes aux genres Serranus, Bovich- thys, Sebastes, Mendosoma, Labrichtys et Motella. Parmi celles-ci, sont décrites comme nouvelles la Sebastes Mouchezi, le Labrichtys Lanzii, le L. isleanus. — Certains détails anatomiques (Compt. rend. Acad., 29 novem- bre 1875) que présentent les Sarcoptes scabiei et ses nombreuses variétés, sont indiqués par M. Mégnia. Une autre communication du même auteur (Compt. rend. Acad., 1 Voir Rev. des Sc. natur., tom. III, pag. 589. 530 REVUE SCIENTIFIQUE. 6 décembre 1875) a pour objet de prouver que la famille de Gamasides constitue, par les caractères de son organisation, la première famille de l’ordre des Acariens, en même temps qu’elle forme une transition naturelle entre les Insectes Hexapodes et les Arachnides. — M.E. Perrier (Compt. rend. Acad., 26 novembre 1875)a eu occa- sion d'examiner une collection de 371 Vers de terre recueillis, soit aux Philippines, soit à Luçon, soit à Mindoro. On peut considérer cette collection, par le nombre d'individus qu'elle renferme, comme repré- sentant la faune des Lombriciens des îles en question. Ces individus n'appartiennent qu’à cinq espèces différentes, pouvant toutes rentrer à la rigueur dans le genre Pericheta (E. Perrier), mais quelques-unes de ces espèces offrent des modifications très-remarquables de ce type. Les îles se sont montrées jusqu'ici très-riches en types spéciaux, au point de vue de la distribution des genres; mais, parmi ces derniers, le genre Lumbricus et le genre Pericheta se distinguent par la vaste étendue de leur répartition ; le premier se trouve, en effet, dans toute l’Europe, le nord de l'Asie, de l'Amérique, tout le littoral méditerra- néen et même l'Australie ; le second semble remplacer, au moins en partie, le précédent dans l'Inde, la Cochinchine, la Chine, toutes les îles du Pacifique, et habite le Brésil en assez grande abondance. — Des recherches récentes (Compt. rend. Acad., 29 novembre 1875) ont modifié l'opinion de M. Sabatier!, à savoir : que la circulation bran- chiale de la Moule devait être très-peu active (Compt. rend. Acad., 29 novembre 1874), et l'ont amené à découvrir l'appareil qui permet au sang de pénétrer dans les vaisseaux branchiaux en assez grande quantité et d'y circuler librement. Les filets branchiaux suspendus aux vaisseaux afférents et efférents de la branchie sont séparés entre eux par des fentes étroites, interrompues par des cylindres à axe court, ou disques, com- posés de deux couches de cellules que sépare un disque hyalin. Si l’on porte avec précaution un morceau de branchie sous le microscope, on observe que tout est immobile; mais, au bout d'un temps variable, les disques, d'abord aplatis, deviennentépais, et les filets branchiaux, d’abord rapprochés les uns des autres, sont sensiblement écartés. Une série régulière d’alternatives d'aplatissement et d'épaississement, accompagnés d'allongement et de raccourcissement de leur diamètre, se manifeste, à partir de ce moment, dans les disques hyalins, qui sont 1 Voir Rev. des Sc. natur., tom. III, pag. 445. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 931 cylindriques pendant qu'ils sont épais, allongés, tandis que leurs bords deviennent saillants et arrondis à mesure qu'ils s'’amincissent,. De la contraction simultanée des disques d'une même région résul- tent, d'une part un élargissement et un rétrécissement alternatifs produisant une sorte d'inspiration et d'expiration, d'autre part une dilatation et un rétrécissement aussi alternatifs des filets branchiaux, comparables à une systole et à une diastole vasculaires. Mais, en écartant délicatement deux feuillets branchiaux, on voit se rompre les disques, qui sont remplacés, sur chaque feuillet, par une couche de cellules munies d'une brosse de cils vibratiles, hyalins, provenant de la dissociation du disque en deux brosses de cils qui se péuétraient réciproquement et étaient unis les uns aux antres par un vernis conjonctif. C'est à ces éléments histologiques singuliers que notre collaborateur et ami donne le nom de cils musculoïides, qui rappelle leurs doubles affinités apparentes. — M. P. Fischer (Compt. rend. Acud., 6 décembre 1874) a retrouvé dans le test des Mollusques actuels les sortes d’'excavations signalées par Quentedt sous le nom de Dendrina, dans les couches les plus superficielles des Belemnitella de la craie ; il a constaté que chacune d’elles aboutissait à un oscule qui n'était pas sans rapport avec les orifices efférents ou proctides des Spongiaires du genre Cliona ; mais tandis que la taille de celles-ci n’est bornée que par l'étendue du corps perforé, les dimensions des Dendrines sont relativement limi- tées. Ce dernier caractère, ainsi que la présence des canaux périphé- riques et l'absence de spicules, les font considérer par M. Fischer comme une type particulier de Sarcodaires perforants plus rappro- ché des Rhizopodes que des Spongiaires. —De très-curieux détails nous sont fournis par M. Carbonnier (Compt. rend. Acatt., 6 décembre 1875), sur la manière dont construit son nid le Colisa arc-en-ciel, Poisson que l’on rencontre dans les étangs et les fossés en communication avec le Gange, et qui se fait remarquer par sa brillante couleur et surtout par la présence d'un long fil rempla- çant les nageoires ventrales. Aux approches de la ponte, le Colisa mâle prenant dans sa bouche un peu de conferves l’apporte à la surface de l’eau, en ayant le soin de placer sous les plantes, que leur densité ferait retomber vers le fond, quelques bulles d'air humé à l'extérieur du liquide. [Il arrive à construire au-dessus de celui-ci, en accumulant ces bulles vers le point central, une sorte de dôme végétal, qu'il s'occupe ensuite à - 532 REVUE SCIENTIFIQUE. abriter du naufrage. Ce travail terminé, il tourne, comme pour l'in- viter à la suivre, tout autour de la femelle, qui pénètre bientôt dans le nidet se place en demi-cercle. Alors le mâle, la renversant, la comprime sur le côté, opération d'où résulte une première émission d'œufs ; mais, en même temps, il forme à l'aide de la nageoire dor- sale un repli, une sorte de réceptacle, où ces œufs, qui par leur légèreté spécifique tendraient à s'élever, vont subir l’action du prin- cipe fécondant. Les visites de la femelle se renouvellent jusqu'à com- plète évacuation de l’ovaire. Le mâle, qui reste seul chargé des soins du produit de la ponte, semble prévoir que les œufs réclament un milieu différent; il perce, au bout de soixante-dix heures environ, le sommet du dôme, qui s’affaisse aussitôt et entraîne les embryons, dont l'existence com- mence à se manifester. Puis, il crée aux petits un nouvel obstacle en désunissant l’amas de conferves et en formant ainsi une espèce de bordure. Cette surveillance sur les jeunes Colisas est exercée pendant huit ou dix jours æprès l’affaissement du nid. Les embryons subissent une série €e métamorphoses analogues à celles signalées par M. Carbonnier chez le Macropode chinois. — Un autre Poisson du lac de Tibériade, le Chromis paterfamilias, présente des phénomènes d'incubation remarquables que nous fait connaître M. Lortet (Compt. rend. Acad., 13 décembre 1875). Contraiï- rement à l'opinion d’Agassiz, qui prétendait que les Poissons munis de culs-de-sac branchiaux (Labyrinthobranches) peuvent seuls incu- ber les œufs d'une facon aussi anormale, lé mâle du Chromis sus- mentionné, dont les branchies sont disposées en simples lamelles et qui ne possède aucun appareil spécial pour retenir les œufs ou les petits, protége et nourrit jusqu à deux cents alevins dans la gueule et la cavité branchiale. C'est par aspiration qu il fait passer dans cette cavité les œufs déposés par la femelle dans une dépression sablonneuse du sol : ils en sortent par l'ouverture qui la fait communiquer avec la bouche, qu’ils quittent pour vivre d'une vie indépendante à une époque que M. Lortet ne peut préciser. La première partie de cette Note nous paraît un peu trop concise. — Dans une série de communications sur la forme larvaire des Bryozoaires (Compt. rend. Acad., 9 août, 6 septembre, 15 novembre, 6 décembre 1875), M. Barrois a pris pour exemple de la première de ces formes l’Alcyonidium gelatinosum. Chez cetle espèce, après le stade huit, l'œuf se compose de deux moitiés semblables, séparées TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 033 par un plan équatorial et formées de quatre sphères de segmentation aussi séparées par deux plans méridiens perpendiculaires l'un à l'autre. Un nouveau plan parallèle au premier de ces plans méri- diens vient diviser ces rangées en deux pour produire le stade seize, De même, le stade trente-deux est marqué ‘par deux autres plans également parallèles au second plan méridien. Les premiers de ces stades sont accompagnés par des phénomènes se rapportant à l'arrangement général des feuillets du blastoderme, qui se traduisent, au stade trente-deux, par une inégalité dans le volume des deux demi-sphères formées par les deux lames qui sépa- rent le sillon équatorial; l'équateur se trouve refoulé vers l’un des pôles. Les modifications qui surviennent à cette dernière période, ainsi que l'arrangement caractéristique des trente-deux cellules qui composent les demi-sphères citées plus haut, suffisent à nous faire comprendre la liaison qui existe entre cet état et les états antérieurs, et à nous permettre d'identifier les diverses parties de l'œuf à ce stade avec les diverses parties de l'embryon tout formé. Enfin, par la suite du développement, il se fait une gastrula, il se manifeste un stade en forme de cloche, en même temps que les tissus se différencient et que les organes s'achèvent. De ces trois phases principales qui se retrouvent chez les Chilosto- mes et les Cténostomes, la troisième seule est soumise à quelques varlaiions. Cest ainsi que les phénomènes qui se rencontrent chez les Cyphonautes se réduisent à deux processus fondamentaux. Les larves des Vésiculaires nous offrent encore un exemple de ces modifica- tions. La deuxième forme larvaire comprend les embryons des Ento- proctes et des Lophopodes, que les rapports qui existent dans leurs parties essentielles autorisent à réuuir, pour le moment, comme les représentants du même type. Les larves renfermées dans cette divi- sion sont construites suivant un nouveau mode. À partir du stade huit, la segmentation offre des caractères différents de ceux qu’elle présentait chez les Chilostomes : une des moitiés de l'œuf commence à se segmeuter plus rapidement que l'autre; il se produit, par une sorte d'épibolie, une gastrula prenant bientôt la forme d'un cône tronqué. La grande base de ce cône, percée au centre et présentant au point de transition des deux feuillets blastodermiques une épais- seur considérable, figure les lèvres de la gastrula. A ce stade en succède un autre dans lequel, par suite de changements dans la dis- position de l'endoderme et de l'ectoderme, l'embryon paraît divisé en trois segments d’une grande netteté. A dater de ce moment, Les 534 REVUE SCIENTIFIQUE. différentes parties de la larve éclose se retrouvent aisément dans les diverses parties de l'embryon; à l’éclosion, chez cette larve, les limites des trois segments ont disparu : «le segment postérieur est devenu assez petit pour se trouver réduit à une touffe de poils, le moyen assez grand pour former la peau tout entière; enfin l'antérieur ne forme plus saillie sous forme de segment distinct. » La troisième forme larvaire nous est fournie par les embryons du grand groupe des Gyclostomes, qui possèdent un plan de structure tout spécial. Dans les embryons du genre Idmonée, pris pour type de la description de ce groupe, «on peut, en effet, constater dans la forma- tion du blastoderme la présence de la blastosphère et de l'invagination qui donne naissance au tube digestif; en un mot, nous avons, pour la première fois dans le groupe des Bryozoaires, le mode de formation typique de la gastrula ». Gette dernière ne tarde pas à se renfler « au milieu, de manière à présenter un bourrelet saillant (couronne tenta- culaire) qui divise le corps en une face antérieure buccale, légère- ment convexe, et une face postérieure fortement bombée ». Ce stade correspond au stade en cloche de la première et au stade en cône tronqué de la deuxième forme larvaire. De l'emb:yon dérive la larve par des changements assez rapides. M. Barrois croit pouvoir ramener toutes les larves de Bryozoaires qu il a observées aux trois formes fondamentales que nous venons de décrire, et qu'une étude attentive du développement permet de ra- mener toutes à une seule. — L'appareil respiratoire de certains Crabes voyageurs, ayant une existence plutôt terrestre qu'aquatique, est en tout semblable à celui des autres Crustacés brachyures. Toutefois , il existe une disposition spéciale de la chambre branchiale qui permet à ces Crabes de respirer l'air en nature, disposition sur laquelle ont porté les recherches de M. Jobert (Compt. rend. Acad., 13 décembre 1875). IL établit que, dans ce cas, grâce à certaines modifications, l'appareil branchial des Crustacés ordinaires peut jouer le rôle d'un vérilable poumon, et que le sang peut retourner au cœur sans passer par les bran- chies. Aussi propose-t-il de donner le nom de Branchio-pulmonés aux animaux de cette classe qui présentent une semblable disposition. — De nouvelles recherches ont été faites par M. A. Giard (Compt. rend. Acad., 13 décembre 1875) sur l'embryogénie de l'Astellium spon- giforme, Ascidie de la famille, créée par lui, des Diplosomidæ. Pour le moment, l'habile zoologiste se contente d'appeler l'attention sur quel- ques points de l'organisation du Têtard déjà éclos. La valeur de la TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 539 grande vésicule, considérée d’abord comme le premier rudiment du cloaque commun, est,-tout en ayant cette signification physiologique, bien plus grande qu'il ne l'avait supposé. «Cette partie possède en effet la valeur d'un individu, c'est-à-dire la valeur du Cyathozoïde de l'embryon du Pyrosome. » Les différences de structure qui exis- tent, à l’état adulte, entre la branchie de ce dernier genre et celle de l'Astellium, sont en rapport avec le mode d'existence, si différent chez ces animaux, et ne sauraient empêcher de considérer les Diplo- somidæ comme l'étai fixe d’un type dont les Pyrosomes sont la forme nageante ou pélagique. Par suite. le groupe des Luciæ de Savigny pourra se diviser en deux familles, les Pyrosomidæ et les Diploso- midæ. Ainsi définies, les Luciæ offrent une application de la loi énoncée par l'auteur de la Note comme conséquence de ses études embryogé- niques sur le groupe des Molgulidæ. « Les Pyrosomes qui vivent libres présentent un développement abrégéet condensé, une segmen- tation partielle, un embryon anoure et privé d'organes des sens, tandis que les Diplosomidæ sédentaires, à l’état adulte, ont une méta- morphose dilatéeet un embryon modèle, pourvu d’un appareil visuel et auditif fort bien développé.» | Le Tétard de l'Astellium spongiforme possède un appendice caudal. Enfin, chez cette espèce, la tunique de cellulose se constitue indé- pendamment de l'embryon, pendant et même avant le fractionnement du vitellus. — M. Ed. Alix (Compt. rend. Acad., 20 décembre 1875) propose la classification suivante des Carnivores, fondée sur la myologie de ces aniMaAUX : A. Possédant à la fois le muscle omo-atloïdien et le muscle acromio-atloidien : a. Ayant un muscle coraco-brachial : Ursidés. b. N'ayant pas de muscle coraco-bracmal : Mustélidés. B. Ne possédant que le muscle acromio-atloïdien : a. Ayant un accessoire coccygien du biceps fémoral. * Ayant un long supinateur et un soléaire : Félidés. ** N'ayant ni long supinateur ni soléaires : Jyénidés. b. N'ayant pas l'accessoire coccygien du biceps fémoral. * Ayant un accessoire coccygien du demi-tendineux : Vivarridés (Zibeth et Genettes ). ** N'ayant pas d'accessoire coccygien du demi-tendineux : Canidés. L'auteur ajoute que, par leur myologie, les Phoques ne diffèrent pas essentiellement des Carnivores proprement dits. 536 REVUE SCIENTIFIQUE. — En faisant hommage à l'Académie (Compt. rend. Acad., 20 dé- cembre 1825) du premier fascicule de sa Révision de la Collection de Stellérides du Muséum d'Histoire naturelle de Paris', Mémoire dont nous présentons plus loin l'analyse, M. Ed. Perrier présente un travail critique relatif à leur classification et à leur synonymie. — Les observations de M. Ranvier (Compt. rend. Acad., 20 dé- cembre 1875) ont eu pour objet les ganglions vertébraux et les gan- glions de Gasser d'un Lapin, dans lesquels il avait préalablement injecté une solution d'acide osmique à ? p. 100, et qu il avait ensuite dissociés à l'aide d'aiguilles, après les avoir placés dans une solution de sérum faiblement iodé. Ce mode de préparation lui a permis de constater d'abord, ce que l'on savait déjà, que les cellules contenues dans ces ganglions sont uni- polaires; en second lieu, et c'est là la partie nouvelle de sa communi- cation, que la fibre nerveuse, née de la cellule, va se réunir avec un des tubes nerveux de la racine postérieure ou sensitive, au niveau d'un étranglement annulaire présenté par celle-ci; ces deux tubes affectent la forme d'un T. M. Ranvier pense qu'il en est ainsi pour la plupart des fibres, sinon pour toutes, naissant des cellules ganglionnaires, et suppose que plusieurs de ces fibres s'accolent avant de se réunir à la fibre sen- sitive. — Le même auteur a aussi étudié (Compt. rend. Acad., 20 décembre 1875) la terminaison des nerfs de la portion nerveuse de la lame électrique des Torpilles ; il a trouvé qu'elle se fait par une série de branches qui se terminent par des boutons déjà indiqués par Remak. Les tubes nerveux, dont chaque bifurcation correspond à une bi- furcation du cylinder axis, en passant de la couche intermédiaire muqueuse dans la lame électrique, présentent, à l’intérieur de la gaîne, un groupe de gros noyaux. Cette disposition rappelle la plaque ter- minale des muscles, plaque qui, pour M. Ranvier, n'existe pas. — La première partiede la quatrième livraison (Compt.rend. Acad., 3 janvier 1876) des Crania Ethnica?, de MM. de Quatrefages et Hamy, renferme des faits concernant les rapports entre la race fossile de Gre- nelle et les populations de l'époque moderne qui se rattachent au type Lapon. Bien que les crânes extraits de la carrière Hélie ne pré- 1 Voir Archiv de z00l. expériment. et gén., 1875, tom. IV, no 2 et 3. 2 Voir Rev. des Sc. natur., tom. III, pag. 590, TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 537 sentent pas avec ceux des Lapons de nos jours une identité parfaite, les analogies qui règnent entre eux ont semblé assez grandes aux auteurs pour leur faire admettre l'existence ;d'un type Laponoïde. A ce type, généralement peu uombreux, se rattachent certaines têtes osseuses de l'époque néolithique, recueillies en Suède et en Dane- mark, celle des anciennes sépultures de l'Allemagne du Nord'et de l'Ouest, des round-barrows des îles Britanniques, enfin des sépul- tures néolithiques de la Pierre-qui-Tourne et de Marly-le-Roi en France, contrée où ce type se retrouve dans les populations actuelles des environs de Paris et des Alpes du Dauphiné. Un chapitre consacré à l'histoire de la Cräniologie Ethnique ouvre la deuxième partie de la livraison. A ce qu'on peut appeler la période artistique, qui se produit d'abord dans cette science et pendant la- quelle, au point de vue de la peinture et des bas-reliefs, aucun peuple, comme on l'a déjà dit, ne peut rivaliser avec les Égyptiens, succède une période dite scientifique. Nous mentionnerons dans cette der- nière, vers le milieu du xvi° siècle, les noms de Lucca della Robia, d'Albert Durer, de Bernard Palissy, de N. de Nicolay, et, en 1627, celui de Spigel, qui se créa, suivant quatre lignes idéales, un type crânien, selon lui bien proportionné. Toutefois l'étude de la tête ne prend un caractère vraiment scientifique qu’à une époque assez rap- prochée de la nôtre, grâce aux travaux des Daubenton, Camper, Blumenbach, Lawrence, Prichard, Morton, Richard Owen et Ret- ZIuS. Pour voir la France, qui avait ouvert la voie par les recherches du premier savant que nous avons nommé, reprendre une autorité dans cette étude, il faut arriver à Villiams Edwards, à Serres et à la Société Ethnologique, à laquelle a succédé la Société d’Anthropologie. Les trois types fondamentaux, partagés en groupes déterminés par les indices céphaliques, suivant la gradation proposée par M. Broca, ont servi à MM. de Quatrefages et Hamy, non pas de méthode na- turelle , mais de système de classification pour les Crania Ethnica. Nous devons ajouter que la principale préoccupation des auteurs a été de distinguer le type cräniologique au milieu des têtes osseuses pro- venant d’une même contrée, et de remonter ainsi aux origines plus ou moins multiples des populations. — Après avoir donné d'intéressants détails (Compt. rend. Acad., 3 janvier 1876) sur l’organisation de l’Echinocardium cordatum, M. le professeur Giard nous fait connaître un Crustacé Amphipode com- mensal de ce Spatangue, qu'un examen attentif l’a conduit à rappor- 538 REVUE SCIENTIFIQUE. ter au genre Urothoe de Dana et à l'espèce marinus de Spence-Bate. Il signale, chez cette espèce, un dimorphisme sexuel très-accen- tué. Le caractère le plus saillant du sexe mâle est la longeur des an- tennes inférieures, qui dépassent de beaucoup les supérieures. Il est permis de supposer, en comparant les diagnoses des espèces de Spence- Bate fondées sur ces organes, que de simples différences sexuelles au- ront été prises par cet auteur pour des différences spécifiques. — Les expériences de M. Jousset (Compt. rend. Acad., 3 janvier 1876) sur les fonctions des glandes de l'appareil digestif des Insectes, ont porté sur le Blatta orientulis, dont les trois appareïls glandulaires sont d'une dimension suffisante pour qu’on puisse en recueillir le con- tenu pur. D’après lui, les peptones formées dans l'estomac et les grais- ses émulsionnées sont absorbées sur place par les parois de l'estomac, qui est la partie essentielle de l'appareil digestif et joue à la fois le double rôle de l'estomac et de l'intestin grêle des Vertébrés. Les ma- tières qui ont résisté à ces actions, et qui, par conséquent, sant im- propres à la digestion, passent seules dans l'intestin , que l’auteur regarde comme ne jouant qu'un rôle presque nul dans la digestion proprement dite. D'autre part, les tubes de Malpighi, dont le proauit de sécrétion n'agit ni sur les albuminoïdes, ni sur les amylacées, ni sur les matières grasses, constituent, suivant l'opinion générale, un organe urinaire plus complet probablement que celui des Vertébrés, puisque c’est le seul organe éliminateur des Insectes. La plupart de ces résultats (Compt. rend. Acad., 16 janvier 1876) sont revendiqués par M. F. Plateau, qui en réclame la priorité *. — Reprenant la question de la glycogénèse animale, M. Claude Bernard (Compt. rend. Acad., 10 janvier 1876) présente à l’Académie un aperçu de ses travaux relatifs à ce sujet, travaux dont le résultat, déjà ancien, est connu de tous les physiologistes. Le sang des animaux est invariablement sucré ; le sang arrivant au foie par la veine-porte d'un chien nourri de viande et sacrifié pen- dant la digestion, ne contenant pas de sucre, tandis que celui qui s'écoule par les veines sus-hépatiques en contient, il est évident que ce principe prend naissance dans le foie et que sa formation est indé- pendante des aliments sucrés ou féculents. Vers la même époque, le savant avait prouvé que cette genèse du sucre dans le foie est sou- mise à l'influence du système nerveux, et que la blessure du plancher oo 1 Voir Rev. scient., 26 février 1876. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 539 du quatrième ventricule, dans un point voisin du pneumogastrique, augmente considérablement sa production. Ges fonctions glycogéni- ques ne se développent qu'à un certain moment de la vie intra-uté- rine, mais auparavant on trouve de la matière sucrée dans les hiqui- des allantoïdien, ammiotique et dans l'urine ; en outre, les muscles du poumon peuvent aussi donner naissance au sucre par une sorte de fermentation. M. Claude Bernard a encore démontré que c'est dans le tissu hépa- tique, et non pas dans le sang, qu’il faut chercher la substance qui est l’origine du sucre, et constaté que la fonction glycogénique conti- nue un certain temps après la mort. L'expérience bien connue du foie lavé (Compt. rend. Acad., 17 jan- vier 1876) est venue mettre les faits précédents hors de doute. De nombreuses objections ont été formulées contre la glycogénèse, ques- tion devenue aujourd'hui un véritable chaos ; mais, malgré cette con- fusion, la formation de matières amylacées et sucrées par les ani- maux est acquise à la science. «On voit le glycogène se former dans » les cellules animales aussi clairement que l’amidon dans les cellules » végétales. Ce sont là des formations communes aux animaux et aux » végétaux, et, sous ce rapport, il faut reconnaître aux deux règnes un » caractère d'unité vitale et fonctionnelle. » —L'œufovarien de la Salmacina Dysteri Huxley, espèce d’'Annélide sur l'embryogénie de laquelle M. A. Giard nous fournit des détails (Compt. rend. Acad., 17 janvier 1876), présente une vésicule trans- parente renfermant, outre le nucléole, un fin réseau de protoplasma analogne à celui qui a été décrit par O. Herwig chez le Toxopneuses lividus. L'œuf pondu, qui demeure en incubation sous le manteau, possède un vitellus d'un rouge-groseille et une membrane vitelline. La vésicule germinative cesse d'être visible après la fécondation, et l’on aperçoit, en un coin de la surface de l'œuf, une tache circulaire, en face de laquelle s'observent deux globules polaires. Il est à noter que, cette dernière disparaissant à son tour, l'œufsubit un pincement moins prononcé du côté où l'on constatait sa présence que de l'autre. En outre, apparaissent vers le sommet de chaque moitié de l'œuf des étoiles semblables à celles signalées chez un grand nombre d'animaux, qui sont remplacées par des noyaux entourés d’une zone de vitellus formateur. Puis s'opère le fractionnement de l'œuf. On constate que la multi- plication des sphères exodermiques est beaucoup plus rapide que celle des sphères nutritives. « Bientôt un sillon se produit du côté nutritif, 540 REVUE SCIENTIFIQUE. » en même temps que l'épibolie des éléments exodermiques achève de » constituer la gastrula. » Muni d'une échancrure continuée par un sillon de l'exoderme, qui ne tarde pas, en s'étendant sur une partie de la surface de l'œufet en se fermant rapidement, à englober les éléments exodermiques dans la portion ventrale de l'embryon, le prostoma se montre, encore après la disparition de ce sillon, dans le voisinage du point où se formera plus tard l'anus définitif. À partir de ce moment, l'œuf s'allonge suivant un axe passant par le centre et par le prostoma, l'embryon ne tarde pas à prendre la forme trochosphæra, finit par sortir de l’œuf, mais reste encore sous le repli maternel. Enfin, « la larve, au moment où elle quitte le tube » maternel] pour nager librement, possède les parties suivantes : » {° une tête arrondie, renfermant les quatre yeux et munie de » trois cils roides ; 2° une partie cervicale, plus étroite que la tête, » portant à la ceinture de longs flagellums au-dessous desquels se » trouvent d'autres cils plus petits et plus nombreux, et du côté ven- » tral, la bouche, dont l'ouverture circulaire est aussi garnie de cils » Vibratiles; 3° un manteau, formé par un repli de l'exoderme, qui des- » cend comme un tablier sur la partie ventrale et se relève du côté du » dos en deux sortes d'épaulettes ;... 4° sous le manteau, et en partie » cachée par lui, du moins du côté ventral, se trouve une portion du » corps aussi large que la tête» et que l'auteur appelle portion thora- » cique, «parce qu'elle représente le thorax de l'animal adulte ou » plutôt les trois premiers anneaux de ce thorax. Cette partie » porte trois paires de faisceaux de soies... A la base de la seconde et » de la troisième paire de faisceaux on aperçoit des glandes (deux » pour chaque faisceau) à contenu granuleux, dérivant de l’exoderme; » au-dessous de la deuxième paire, se trouvent quatre crochets (pla- » ques unciales); au-dessous de la troisième, trois crochets. A l'ex- »trémité du corps de la larve on trouve encore, de chaque côté, un » fort crochet, et dans le voisinage de l'anus deux longs cils rigides.» Des cellules à noyau réfringents, à contenu finement granuleux, comparables à celles qui ont été décrites dans la même situation chez l'Hydatina senta et chez l'embryon du Pisidiuwm pusillum, occu- pent toute la partie ventrale antérieure du corps de l'embryon. Quant à la larve fixée (Compt. rend. Acad. , 24 janvier 1876), sa tête, divisée d'abord en trois lobes, subit une série de processus à la suite desquels le lobe médian, constamment diminué, est réduit à une sorte de rostre, tandis que les lobes latéraux se transforment en tentacules, définitivement au nombre de huit, homologues des vela des embryons de Mollusques, et paraissent jouer le rôle d'organes respiratoires; on TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 541 n'a constaté encore la présence d'aucun élément figuré dans leur ca- vité centrale. L'invagination buccale définitive partage le système ner- veux en une partie supérieure et une partie ventrale. Il n y a pas de vésicules auditives comparables à celles indiquées par Claparède; toutefois, chez quelques embryons, on voit, à la place où elles devraient exister, deux corps arrondis, sans otolithes, qui disparaissent promp- tement. Pendant que le mésoderme se développe suivant un processus qui rappelle en abrégé ce qui se passe chez le genre Sagilta, pendant aussi que s'accroît rapidement l'intestin postérieur, résultat de l'inva- gination anale, et que se montrent des glandules hépatiques sur la portion antérieure du tube digestif, les crochets postérieurs de la larve semblent remonter, par suite de l'élongation de la partie terminale ; de nouveaux crochets se forment au voisinage de l'anus. Les mêmes faits se reproduisent; il se fait successivement, par une disposition particulière, à l'extrémité postérieure, un grand nombre d’anneaux ; mais la multiplication des anneaux thoraciques re commence que beaucoup plus tard. ; M. Giard tire les conclusions suivantes des communications que nous venons d'analyser : « La formation des organes des sens, indé- pendamment du système nerveux et avant l'achèvement de ce sys- tème, la présence d'organes respiratoires exodermiques, la naissance tardive de l'appareil circulatoire, sont autant de caractères rappro- chant l'embryon de la Salmacina de celui des Mollusques. La diver- gence entre les Mollusques et les Annélides commence seulement après le stade trochosphæra, et, même après ce stade, les concordances morphologiques et les ressemblances histologiques entre les deux types sont encore peu nombreuses. La parenté des Mollusques et des Annélides est certainement plus prochaine que celle de ces dernières avec les Arthropodes; l'existence de métamères chez les Arthropodes et les Annélides a masqué aux yeux des naturalistes les véritables affi- nités. Cest parmi les Rotifères qu'il faut chercher les origines des trois groupes: les Gastérotriches conduisent aux Annélides par le genre Hemidasys ; le Pedalion, les Hexarthra sont les ancêtres proba- bles du Nauplius et des Arthropodes. Les affinités des embryons de Gastéropodes avec ceux des Rotifères (Brachienus) ont déjà été mises en lumière par les belles recherches de Salensky,. » — MM. C. Sappey et M. Duval (Compt. rend. Acad., 17 janvier 1876) ont étudié, à travers le bulbe rachidien et la protubérance annu- laire, le trajet des trois cordons nerveux que forment la substance blanche de la moelle ; ils sont, l’un antéro-interne, limité en dedans IV. | 37 542 REVUE SCIENTIFIQUE. par le sillon médian antérieur, en dehors par la corne antérieure ; le second, antéro-latéral, intercepté entre les deux cornes; le troisième, compris entre la corne postérieure et le sillon médian postérieur. Le cordon antéro-interne s’entrecroise avec celui du côté opposé sur toute l'étendue de la moelle. Devenant indépendant au niveau du bulbe et de la protubérance, il traverse le bulbe de bas en haut, puis la protubérance, et, suivant les pédoncules cérébraux, il arrive dans les couches optiques. Les cordons antéro-latéraux s'entrecroisent par couches succes- sives au niveau du collet du bulbe. Ensuite, montant sur les côtés du sillon médian antérieur, ils viennent former la partie superfi- cielle ou motrice des pyramides antérieures ; en montant ainsi, ils écartent les sillons antéro-internes, et bientôt le recouvrent. Pour- suivant leur trajet dans la protubérance et sur la face inférieure des pédoncules cérébraux, ils vont se terminer dans les corps striés. Les deux cordons postérieurs s’entrecroisent comme les cordons antéro-latéraux, mais au-dessus de l’entrecroisement de ceux-ci. [ls se décomposent en douze ou quinze faisceaux qui traversent l'extré- mité profonde de la corne postérieure ; puis, contournant la substance grise placée au-devant du canal central du bulbe, ces faisceaux se portent, ceux de gauche à droite, ceux de droite à gauche, et forment ainsi un repli triangulaire à base postérieure. Ce repli, s'allongeant, passe entre les cordons antéro-internes et prend la forme d'un rec- tangle dont, sur la coupe horizontale, l'extrémité antérieure s'appli- que sur la portion motrice des pyramides. Le même repli, s'élargis- sant et s'épaississant, vient former la partie profonde ou sensitive de celle-ci. Les cordons postérieurs conservent dans le bulbe la position qu'ils occupaient dans la moelle, par rapport aux cordons latéraux : d'abord appliqués sur ceux-ci, ils s'en écartent de plus en plus dans leur trajet ascendant et subissent des changements de forme qui les ren- dent à peu près méconnaissables. La portion motrice des pyramides est déjà, au niveau de la base du bulbe, entourée de noyaux aplatis de substances grises, dont l’un répond à la partie profonde du sillon antérieur du bulbe. De sa forme triangulaire, il s'enfonce par son sommet entre les parties mo- trices et sensitives des pyramides ; pénétrant de plus en plus, à la manière d’un coin, entre ces deux parties, il les sépare complétement au niveau du tiers inférieur de la protubérance. Les auteurs de cette importante communication nous font obser- x ver que jusqu’à présent les anatomistes n'avaient pu réussir à sui- TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 543 vre le trajet de ces trois cordons à travers le bulbe et la protubé- rance. E. DUBRUEIL. De quelques phénomènes de localisation minérale et organique dans les tissus animaux et de leur importance au point de vue biologique, tel est le titre d’une Thèse de doctorat ès-sciences naturelles soutenue par M. le D' E. Heckel, actuellement professeur à l'Ecole supérieure de phar- macie de Nancy. Après avoir donné un sommaire analytique de son Mémoire, M. E. Heckel se livre à des considérations générales sur les phénomènes de localisation de certains corps introduits dans l’économie, et à ce pro- pos il insiste sur la différence qu'on doit établir entre la localisation et l'accumulation. Le premier chapitre a trait aux phénomènes de localisation com- plète des substances organiques et minérales introduites par la voie gastro-intestinale. On sait que les os des Mammifères soumis au régime de la Ga- rance se colorent en rouge, par suite de la localisation de la matière colorante. Ces faits ont été étudiés, il y a longtemps déjà, par divers physio- logistes qui en ont tiré parti pour se rendre compte du mode de crois- sance des diverses pièces du squelette. L'Hæmatozylum Campechianum (bois de Campêche), le Cæsalpinia echinata (bois du Brésil), colorent le tissu osseux en rouge, comme la Garance (Rubia tinctorum) ; le Curcuma tinctoria produit une colo- ration jaune. Des essais tentés sur les Cheiroptères, les Pieropus en particulier, il résulte que les os de ces animaux se colorent plus difficilement que ceux des Mammifères domestiques. Dans la classe des Poissons, les Acanthoptérygiens localisent plus abondamment la matière colorante que les Malacoptérygiens. Enfin, les Chondroptérygiens ne présentent qu'à la longue des traces de co- loration dans leur squelette cartilagineux. Il était intéressantde rechercher comment se comporteraient, sous l'influence du régime rubien, les parties qu’on regarde, chez les Mollusques, comme les rudiments ou les représentants d’un sque- lette externe ou interne. | L’os de la Seiche, la plume du Calmar, assimilés par les zoologistes à des coquilles internes, se sont montrés réfractaires à la coloration. 544 REVUE SCIENTIFIQUE. Les stylets des Octopus, que Gegenbaur rattache au squelette cartila- gineux, n'ont point présenté de traces de coloration. Rapprochons immédiatement ces résultats de ceux obtenus chez les Dolabelles et les Aplysies, où la coquille ne s’est pas non plus colorée ; la même absence de coloration a aussi été observée dans le test de l'Helix aspersa et du Zonîtes algirus, soumis au régime de la Garance avec les précautions indiquées par l’auteur. Par contre, les pièces cartilagineuses formant la boîte céphalique des Calmars et des Poulpes, ainsi que le cartilage dorsal des Seiches, se sont imprégnées de matière colorante. M. Heckel conclut de cette première série d'expériences: io Que les parties dures des Mollusques doivent être divisées en coquilles et en pièces cartilagineuses ; ces dernières seules flocalisent les matières colorantes et se comportent comme ua squelette rudimen- taire! ; 20 La coloration de la coquille, à cause de sa faible variabilité, fournit à la diagnose spécifique des caractères sérieux. Quelques essais tentés sur des Protozoaires donnent à penser que les animaux de cet embranchement sont aptes à présenter des phé- nomènes de localisation des matières colorantes. Dans le chapitre IT, l'auteur retrace l'histoire des phénomènes de localisation par réduction et altération de lu substance minérale intro- duite par la voie intestinale. Les matières qui ont ainsi pénétré dans l'organisme sont soustraites à la masse sanguine, et les produits résultant de leur réduction sont localisés dans un organe de prédilec- tion. M. Gubler prétend que dans tous les cas les substances étran- gères à l'organisme vont rejoindre leurs semblables ou leurs analo- gues parmi les principes normaux, pour être ensuite éliminés concur- remment. La loi de M. Gubler ne peut s'appliquer cependant aux composés d'argent, de mercure, etc., puisque leurs semblables ne paraissent pas exister dans les organes où ces corps iront se déposer. Le plomb se loalise dans le foie, dans l’encéphale et dans les gen- cives, où il forme le liseré de Burton. Une semblable localisation se présente-t-elle chez les Helix et les Zonites ? M. Heckel a essayé de répondre à cette question en soumettant ces Gastéropodes , pen- dant deux mois, au régime plombique (farine de froment et céruse). A l'autopsie, des traces manifestes de localisation ont pu être saisies 1 Les études embryogéniques de M. Hermann Fol lui ont montré que l'os de la Sèche procède, comme une véritable coquille, d’une invagination préconchylienne. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 045 dans les ganglions cérébroïdes. L'examen microscopique permet de reconnaître que le dépôt a lieu exclusivement dans la cellule ner- veuse, dont le noyau est respecté. Les réactifs ne décèlent point la présence du plomb dans des parties du système nerveux autres que les ganglions sus-œæsophagiens. A la suite du régime plombique, le système nerveux des Articulés s'est montré réfractaire à la localisation. Par contre, le cuivre se dépose dans le système nerveux des Moules maintenues dans une eau de mer contenant des proportions de sulfate de cuivre qui ont dû, au début de l’expérience, être infini- tésimales pour que la tolérance s'établit. Dans des Bulimus porphyrostomus soumis au régime argyrique (chlorure d'argent), les réactifs ont décelé la présence irrécusable de l'argent réduit. Comme chez l'Homme, le système cutané était affecté. Le métal s'était aussi localisé dans le foie, mais il ne tarde pas à en être éliminé. L'auteur a recherché si, sous l'influence du régime arsenical , les tubes de Malpighi des Insectes se comporteraient comme le foie, au- quel on les a assimilés, c'est-à-dire localiseraient l’arsenic. L'acide arsénieux, en définitive, est un poison pour tous les ani- maux ; mais si les doses en sont convenablement graduées, la tolé- rance s établit. L'analyse a démontré la présence de l’arsenic dans des Tourlou- rous (Gecarcinus ruricola) qui avaient absorbé des quantités considé- rables d'acide arsénieux. Ce même agent toxique, mêlé aux aliments des Blalta orientalis, Cerambyx heros et Mantis religiosa, est en grande partie rejeté avec les excréments, mais la portion absorbée se localise presque uniquement dans les tubes de Malpighi. L’épithélium qui revêt l’intérieur de ces tubes renferme alors une proportion anormale de globules grais- seux, et leur sécrétion, d’un vert jaunâtre, devient incolore. En même temps, l'on y retrouve en plus grande quantité l'acide urique, l’urate de soude et l’oxalate de chaux, dont la présence est habituelle dans le produit de sécrétion de ces organes. La sécrétion hépatique serait donc modifiée par le régime arsenical, tandis que l'excrétion urinaire, dont ces tubes paraissent en même temps chargés, ne serait point troublée dans ses caractères. Les mêmes résultats ont été obtenus en expérimentant sur des Sco- lopendres de la Martinique. Ces faits semblent corroborer l'opinion des physiologistes qui pré- tendent que les tubes de Malpighi sont le siége d’un cumul physiolo- 546 REVUE SCIENTIFIQUE. gique et que tout à la fois ils sécrètent la bile et excrètent les produits urinaires !. MM. Fabre (d'Avignon) et Sirodot ont reconnu que lorsque les fonctions des tubes Malpighiens sont temporairement suspendues, à l'approche de la nymphose dans les Lépidoptères, les matériaux de la sécrétion s'accumulent dans le tissu cellulaire et dans le tissu adi- peux. Il était logique de rechercher si à la même période la locali- sation de l’arsenic se déplacerait parallèlement. L'analyse a fourni une solution confirmative. Le chapitre IT traite des phénomènes de localisation qui résultent de l'introduction de matières organiques et minérales par voie d'injection directe dans les tissus mis en cause. | L'introduction de ces matières a eu lieu comparativement sur des tissus vivants et sur les mêmes parties ayant cessé de vivre. Ce paral- lélisme dans l’expérimentation a eu pour but d'établir la part qui re- vient dans les résultats observés à l'intervention des forces de l’ordre des actions chimiques et électro-capillaires. À la suite de l'injection de la matière colorante de la Garance dans le périoste du cubitus chez un jeune Cobaye, on constate des traces de coloration dans la portion d'os avoisinant le lieu où l'injection a été pratiquée. La matière colorante forme une laque, avec les phos- phates calcaires en particulier, et la même coloration se produit, d'une manière plus complète seulement, sur un fragment osseux immergé pendant plusieurs jours dans la teinture de Garance. D'autres faits semblent résulter de l’action des affinités dites élec- tives. Un mince lambeau enlevé à la cornée d’un Cobaye adulte vivant est plongé dans une solution de nitrate d'argent; d'autre part, une injec- tion interstitielle d'une solution de ce sel à la même dose est prati- quée sur l'œil qui a fourni le lambeau. Sur le lambeau excisé, le métal n'était réduit que sur la tranche, tandis que la réduction s’élait opé- rée dans toute l'épaisseur de la cornée à la suite de l'injection inter- stitielle. Le métal apparaissait dans les noyaux de l’épithélium anté- rieur de la couche de Bowman, ainsi que dans les cellules étoilées et dans quelques interstices de la troisième couche. Le sulfate de cuivre, l'acétate de plomb neutre et tribasique, l’azo- tate neutre de bismuth, ont agi de la même facon. 1 D’après des recherches récentes, il y a lieu de regarder les tubes de Mal- pighi comme étrangers à la sécrétion biliaire, et fonctionnant uniquement comme un rein, TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. . 547 En présence de divers sels métalliques employés en injection on en macération avec des lambeaux de tissu cellulaire, ce tissu s’est mon- tré réfractaire à la localisation. La localisation a été manifeste au contraire, quand ces divers agents ont été expérimentés sur le tissu nerveux. Si l'on agit sur le tissu cartilagineux, le noyau seul se colore. La réduction ne s'effectue que lentement, ou même point du tout, avec les cartilages en voie de transformation osseuse, En général, le pouvoir localisateur paraît d'autant plus développé dans un tissu que celui-ci possède une plus grande activité physio- ogique. À ce point de vue, les tissus se rangent ainsi, en suivant une érie décroissante : {° tissu nerveux ; 2 tissu cartilagineux ; 3° tissu cornéen ; 4° tissu musculaire ; 5° tissu cellulaire et conjonctif. La Thèse de M. Heckel renferme des vues ingénieuses. Nous enga- geons l’auteur à reprendre ce Mémoire en sous-æuvre et à le complé- ter, en soumettant chacun de ses résultats à une critique rigoureuse et en joignant ces détails minutieux d'expérimentation et ces données numériques indispensables pour asseoir sur des bases indiscutables un travail de cette nature. — Malgré les travaux et les recherches de Quatrefages, Grube, Ehlers, Claparède et Malmgren, on est loin de connaître tous les types d'Annélides dont la diversité morphologique est presque in- finie. Une première campagne d'explorations entreprise dans le golfe de Marseille, sous la direction de MM. Marion et Bobretzky, a procuré, comme on devait s’y attendre, un grand nombre d'espèces nouvelles et a fourni des données intéressantes sur les différences de station de ces animaux, différences qui sont en harmonie complète avec les mo- difications que présente leur organisation. Nous allons donner les noms des espèces recueillies par les auteurs, en y joignant quelques détails sur les plus curieuses d'entre elles. (Ann.Sc. nat., VI série, tom. II, n° 1 et 2, art. 1.) Hermione hystrix Sav. — Pontogenia chrysocoma Clap., ne se dis- tingue pas de l’Aphrodite echinus, décrite jadis par M. de Quatrefages lequel soupconnait déjà que cette forme devait former le type d'un genre nouveau. — Polynoe Grubiana Clap., peut-être le même que le Polynoe dorsalis de Valenciennes. — Polynoe torquata Clap.—Polynoe extenuata Grube. — Hermadion fragile Clap. — Hermadion sinophthal- mica Clap., très-voisine du Pholoe ocellata de la mer Noire(Bobreizky). Les auteurs ne sont pas d'accord sur la détermination des appendices 548 REVUE SCIENTIFIQUE. céphaliques de cette espèce , mais l'étude embryogénique démontre que les Pholoe possèdent deux palpes, une antenne (tentacule) et qua- tre cirrhes tentaculaires. — Chrysopetalum fragile Ehl. — Euphrosyne Audouini Clap. — Staurocephalus rubrovittatus Grube. — Onuphis tu- bicola O.-F. Müll. — Eunice vittata Del: Ch. — Eunice Harassii Aud. et Edw.; le Leodice punctata de Risso pourrait bien s’y PAPE ter. — Eunice Claparedii Quatr. — Eunice Siciliensis Grube. — Marphysa sanguinea Mont.—Marphysa fallax nov.sp., se distingue de la M. sanguinea par sa taille plus réduite, sa coloration, la forme des soies composées à serpe bidentée du faisceau pédieux inférieur et la structure de l'appareil maxillaire. — Lysidice Ninetta Aud. et Edw.— Nematonereis unicornis Grube. — Lumbriconereis Latreillii Aud. et Edw. — Lumbriconereis coccinea Ren.— Notocirrhus geniculatus Clap. — Arabella quadristriata Grube. — Nereis cultrifera Grube. — Nereis Dumerilii Aud. et Kdw.— Nereis Ehlersiana Clap., se confond peut-être avec le Nereis Cosiæ Grube. — Glycera tessellata Grube. — Goniada emerita Aud. et Edw. — Syilis aurita Clap. — Syllis Krohnii Eh]. — Syllis sexoculata Ehl. — Syllis torquata nov. sp. — Syllis variegala Grube, — Syllis simillima Cl , leConnais- sable à l'association des soies composées et des soies furciformes. — Syllis spongicola Grube, synonyme de la Syl. hamata Clap. — Xenosyllis scabra Eh]. — Eurysyllis tuberculata El. — A noplosyllis fulva nov. sp. — Syllides pulliger ? Clap. — Eusyllis lamelligera nov. sp., voisine de l'Eusyllis Blomstrandi Malmg. dont elle se distingue par ses palpes soudés à la base, les six yeux de son lobe céphalique, la largeur plus ._grande du cirrhe dorsal et la forme des soies. — Trypanosyllis Kroh- nii Clap. Chez cette Annélide, le stolon est fixé par son segment fron- tal au dernier anneau apparent de l'individu agame, et, quand on y regarde de près, on voit que l'individu souche a déjà développé un bourgeon destiné à remplacer la région postérieure dont la séparation du stolon va le priver. — Trypanosyllis cœliaca Clap. — Odontosyllis gibba Clap. — Odontosyllis fulgurans Clap. — Odontosyllis ctenostoma Clap., caractérisée par l’armature de ses pieds à mamelon soutenu par quatre forts acicules boutonnés. — Pterosyllis lineolata Clap. — Sphæ- rosyllis hystrix Clap. — Grubea tenuicirrhata Clap. — Autolytus (Pro- ceræa) aurantiacus Clap. — Autolytus ornatus nov. sp., à palpes beau- coup plus développés que chez ses congénères. — Fallacia sicula (Hesione pantherina) Risso. — Podarke viridescens Ehl.— Les auteurs proposent le nouveau genre Gyplis pour des Hésioniens à trompe inerme, munis de deux palpes et de trois anten- ues, dont la région buccale porte huit paires de cirrhes tentaculaires TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 049 et dont les pieds sont biramés.— Gyptis propinqua nov. spec.— Un autre genre, Magalia, est encore créé pour des Hésioniens à trompe armée d’un stylet et de deux maxilles, à lobe céphalique portant deux palpes et deux antennes, à région frontale pourvue de douze cirrhes tentaculaires et à pieds biramés. — Magalia perarmata nov. spec. — Le nouveau genre Lacydonia est proposé pour des Annélides voisines des Phyllodociens à tête munie de deux palpes, de deux antennes et d'une seule paire de cirrhes tentaculaires très-réduits, à cirrhes dorsaux et ventraux pinniformes, à pieds de trois segments sétigères uniramés, à trompe inerme pourvue d'organes sécréteurs compli- qués. Lacydonia mirandax nov. spec. — Phyllodoce Paretti Blainv., paraît se confondre avec le Phyl. Pancerina Clap. — Phyllodoce lamel- ligera Johnst.— Eteone picta Quatr., dont l'Et. armata Clap. n'est sans doute qu'une variété. — Eulalia pallida Clap. — Eulalia virens Ehl.— Eulalia (Pierocirrhus) macroceros Grube. — Eulalia velifera Clap. — Eulalia obtecta Eh. — Cirrhatulus chrysoderma Clap. — Audouinia fili- gera Del. Ch. — Heterocirrhus frontifilis Grube; — les huit premiers anneaux sétigères de cette Annélide montrent, de chaque côté de l'intestin, un tube torlueux dont les deux branches se réunissent dans le huitième segment; l'orifice externe de cet appareil, tapissé intérieurement de cils vibratiles, et qui représente peut-être un organe segmentaire, a échappé aux recherches des auteurs.— Hetero- cirrhus saxicola Grube. — Aricix OErstedii Clap. — Polyophthalmus pictus Du]. — Saccocirrhus papillocercus Bobr. Les auteurs fournissent des détails très-circonstanciés sur cette Annélide, dont l’un d'eux a donné une étude monographique en 1871. Signalons, en passant, quelques- unes des particularités de structure de cette curieuse espèce. Les pieds ne sont pas formés par des mamelons musculaires, mais par de simples fourreaux cutanés enveloppant le faisceau de soies. Des cloi- sons musculaires divisent la cavité générale en trois chambres : une médiane contenant l'intestin et deux latérales inférieures. Les teni- tacules sont très-contractiles et leur cavité est en relation avec des ampoules musculaires qui se comportent comme des vésicules de Poli. La chaîne nerveuse est située sous l'hypoderme, comme on l'observe chez quelques Chétoptérygiens. Les organes sexuels présentent des dispositions tout à fait exceptionnelles. Les sexes sont séparés. Les glandes génitales sont placées des deux côtés du tube digestif à partir du treizième au quatorzième anneau sétigère; 1ls sont fixés aux dissépiments, à la partie antérieure de chaque anneau. 550 REVUE SCIENTIFIQUE. Les cellules qui se détachent du testicule tombent dans la cavité générale et y éprouvent une véritable segmentation; les cellules dé- rivées de la cellule-mère donnent naissance aux spermatozoïdes. Ceux-ci sont évacués au dehors par un conduit vibratile dont l’ex- trémité, prolongée en papille copulatrice, fait saillie un peu en dehors du pied. A l’intérieur, ce conduit, après s'être renflé en une vésicule séminale, traverse le dissépiment qui le sépare du seg- ment placé immédiatement en avant de celui qui porte son orifice ex- terne, et s'épanouit en un entonnoir vibratile. Ges conduits sont donc des organes segmentaires modifiés pour jouer le rôle de canaux défé- rents. La position des ovaires est la même que celle des testicules, et les œufs tombent, comme les cellules séminipares, dans la cavité géné- rale, d'où ils sont évacués par des organes segmentaires modifiés. Mais en outre chaque anneau femelle possède, dans le voisinage de l'ovaire, un sac qui vient s'ouvrir à la face ventrale par l'entremise d'un tube vibratile qui lui fait suite. Ce sac, dont les relations avec la glande femelle n’ont pu être reconnues, doit être considéré comme une poche copulatrice. Polydara A gassizii Clap. — Polydora hoplura Clap. — Spio fuliginosa Clap. — Prionospio Malmgreni Clap. Les Annélides du genre Prionos- pio possèdent deux tentacules qui se détachent aisément et qui ont échappé à Malmgren et à Claparède. — Siphonostoma diplochaïtos Otto — Sclerocheilus minutus Grube.— Chætopterus variopedatus Clap., pro- bablement identique avec le Chæt. lævis de Lespés. — Un nouveau genre de Térébelliens (section des Trichobranchidea de Malmegren) est proposé par les auteurs sons le nom de Octobranchus. Nous en reproduisons la caractéristique : Corps vermiforme atténué postérieurement. — Lobe céphalique muni de nombreux tentacules creusés en goultière et de dimensions différentes. — Premiers anneaux garnis de collerettes membraneuses recouvrant la face ventrale. Branchies filiformes, au nombre de quatre paires. — Seize fais- ceaux de soies capillaires à partir du troisième segment branchifère, c'est-à-dire à partir du quatrième anneau. — Tores uncinigères com- mençant sur le quatrième anneau sétigère. — Uncini des tores anté- rieurs rostrés et portés sur un long manche. — Plaques pectiniformes des languettes postérieures munies de trois dents. — Octobranchus Giardi nov. spec. — Heteroterebella sanguinea Clap. — Terebella Meckelii Del. Ch.— Oria Armandi Clap. — Amphiglena mediterranea Leyd. — Spirographis Spallanzanii Viv.— Sabella (Potamilla) reniformis Leuck. — Sabella TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. oo! stichophthalmos Grube.— Leptochone æsthetica Clap. — Protula intesti- num Lamk. | Les auteurs rétablissent le genre Apomatus de Philippi et ils y comprennent les Serpuliens voisins des Psygmobranchus, dont l'oper- cule globuleux, situé au sommet d'une tige branchiale encore gar- nie de barbules secondaires, est un couvercle en voie de différencia- tion.— Apomatus ampulliferus Phil.—Apomatus similis nov. spec., dif- fère de l'Ampulliferus par la forme des soies, par les tores uncinigères commençant dès le deuxième segment et par l'existence de 12-15 cristallins dans les taches rouges des branchies. Serpula Philippi Mürch. — Serpula aspera Phil. — Eupomatus unci- natus Phil. — Vermilia infundibulum Phil. — Spirorbis cornu-arietis Phil. Le Mémoire de MM. Marion et Bobretzky se termine par des don- nées sur l'extension géographique de plusieurs des espèces men- tionnées. Il est accompagné de douze planches gravées. — M. E. Perrier a publié dans les Archives de zoologie expérimentale el générale, tom. IV, pag. 265, la Révision de la collection des Stellérides du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Cette collection comprend actuellement 198 espèces de Stellérides représentées par plus de 1200 échantillons. Elle renferme les types de Lamarck et a été étudiée par d'éminents naturalistes; Müller et Troschel l'ont mise à profit pour la rédaction deleur System der Asteriden, publié en 1840. Elle a servi également aux recherches de Louis Agassiz. Les progrès accomplis par la science et l'augmentation des collections rendaient un travail de refonte indispensable. Cette œuvre laborieuse a été entreprise par M. Perrier, qui a donné la description, non-seule- ment des types de Paris, mais encore des espèces du British Museum, qu'il est allé étudier sur place. L'auteur débute par un exposé historique et critique des travaux de ses devanciers , et, à ce propos, il indique les règles qu'il a suivies dans la nomenclature, ainsi que les bases de la classification qu'il a cru devoir adopter. Il reconnaît dans les Stellérides sept familles dont il énonce la ca- ractéristique : les Echinasteridæ, les Linchkiadæ, les Goniasteridæ, les Asterinidæ, les Astropectinidæ, les Pterasteridæ et les Brisingidæ, encore peu connus. Avant de passer à la description des espèces, M. Perrier donne un tableau analytique des genres qu'il a adoptés ou créés. Notre tâche se bornera à reproduire ici les noms des genres et des 552 REVUE SCIENTIFIQUE. espèces de nouvelle création, en accompagnant cette mention de courts détails descriptifs. Asteriadæ. — Asterias Rodolphi, espèce voisine de l'Asterias glacia- lis. — Asterias rarispina, dont la physionomie générale rappelle l'Ast. glacialis. — Asterias Vancouveri, qui a quelques rapports avec l'Ast. polyplea M. et T. — Asterias brachiata, espèce qui, par la forme et la disposition des piquants et ses bras arrondis, rappelle un peu les Sti- chaster, mais que la structure de son squelette dermique rattache aux Asterias. — Asterias Douglasii. — Asterias nuda. — Asterias capensis. — Aslerias sinusoida. — Asterias Cunninghami. — Asterias meridionalis, espèce très- voisine de la précédente, qui se distingue par des piquants ambulacraires disposés non sur une seule, mais sur une double rangée. G. Anasterias comprend les Asteriadæ à quatre rangées d'ambula- cres, à Cinq bras dont le squelette dorsal est presque nul. Anasterias minula. ; G. Calvasterias présente un curieux mélange des caractères des As- terina et des Asterias. Son squelette dorsal est formé de plaques imbri- quées aussi longues que larges, recouvertes par une peau nue. Calvasterias asterinoïdes. Echinasteridæ.— Echinaster vestitus.— Cribrella ornata se distingue du Cribrella oculata par la présence de simples granulations sur le ré- seau calcaire, la nudité de la plaque madréporique et la disposition des piquants du sillon ambulacraire. G. Valvaster. Squelette dorsal réticulé ; cinq bras ; épines isolées; une rangée de grands pédicellaires valvulaires le long du bord de cha- que bras. Linckiadæ. — Ophidiaster chinensis. — Ophidiaster Germani se distingue de l'Oph. pusillus par les pigquants de la gouttière ambula- craire, prismatiques et neitement tronqués au sommet; en outre, les bords des alvéoles des pédicellaires en salière sont denticulés et non lisses, comme dans le pusillus. Linchkia Bouvieri, espèce singulière qui présente un mélange de caractères des Linchkia et des Scytaster. — Linchia nodosa. — Scytas- ter Novæ Caledoniæ voisine du Scyt. variolatus. Seytaster gomophia, très-rapproché du Seyt. Ægyptiacus. — Scytas- ter obtusus se distingue du variolutus par la forme de ses bras et ses aires porifères à 4 ou 5 pores peu déprimés. — Fromia Balansæ. Une Note additionnelle au Mémoire de M. Perrier contient des observations relatives aux pédicellaires des Linchiadæ. TRAVAUX FRANCAIS. — Z0OLOGIE. 553 — Malgré les observations de Morven, de Savigny et de Héring, on ne connaît pas encore exactement la position relative des orifices géni- taux des Lombrics pendant l'accouplement. On a vu seulement que les Vers de terre se placent tête-bêche, les orifices génitaux de l'un des individus se trouvant dans le voisinage des poches copulatrices de l’autre, et réciproquement. M. E. Perrier (Archives de zoologie exp. et gén., tom.TV, n°1, Notes, el Revue, pag. 13) a pu observer tout à son aise l'accouplement du Lum- bricus fœtidus Sav., très-commun dans les fumiers. Cette espèce, en effet, ne se sépare pas brusquement, comme le font habituellement les espèces congénères, quand on les inquiète pendant l'union sexuelle; mais elle se laisse manier sans qu'il y ait disjonction des individus accouplés. On constate alors que les Vers sont accolés ventre à ventre et réu- nis intimement par un double anneau membraniforme qui ressemble, à s’y méprendre, à la cuticule détachée, mais qui n’est probablement constitué que par le produit solidifié de la sécrétion de Ïa ceinture. Non-seulement il n'y a pas d'intromission, mais les orifices mâles de l'un des Vers restent éloignés des poches copulatrices, et l’inter- valle peut être de dix anneaux. Les orifices mâles se trouvent situés entre les deux gaines membraniformes. Ilest probable que le sperme suit les rigoles qui existent entre les deux Vers rapprochés et passe dans la gaine, où le microscope permet de reconnaître la présence de nombreux spermatozoïdes. De là, le liquide fécondant pénétrerait dans les poches copulatrices. —M. le professeur de Lacaze-Duthiers a publié (Archives de z0olo- gie exp. et gén., tom. IV, pag. 483), une Note sur la formation des monstres doubles chez les Gastéropodes. Deux explications ont été proposées pour rendre compte de la du- plicité monstrueuse. Dans l'une, on invoque pour cause la production d'un double embryon par une zone formatrice unique ; dans l’autre, on admet la soudure de deux germes, de deux œufs, primitivement distincts. M. de Lacaze-Duthiers a mis à profit les facilités que présente l'œuf des Gastéropodes, pour constater directement le mode de for- mation des monstres doubles. Il s'est adressé à la Philine (Bullæa) aperta, Gastéropode très- commun sur certaines plages sablonneuses de la Manche. Ce Mol- lusque pond, dans la saison chaude, des œufs qui sont noyés dans une masse glaireuse pyriforme attachée par un long pédicule à un gros 554 REVUE SCIENTIFIQUE. gravier. Les coques des différents œufs sont réunies en un immense chapelet qui s'enroule sur lui-même, de la base au sommet de la masse glaireuse. Chacune des coques ne contient qu'un vitellus placé au milieu d’une matière molle et transparente qui remplit cette coque. Sous l'influence de certaines causes perturbatrices, il arrive qu'une coque, au lieu de contenir une masse vitelline unique, en ren- ferme deux ou même trois. — Telle est la cause première de la for- mation des monstres doubles, dans la Philine au moins, car la même tendance à la fusion ne s'observe pas chez d'autres Gasteropodes, où plusieurs œufs se trouvent aussi réunis dans une même loge. Dans la Philine, le fractionnement se passe comme à l'ordinaire dans les deux œufs inclus dans la même coque, seulement il s’ac- complit plus vite chez l'un que chez l'autre, preuve de l'indépen- dance primitive des deux germes. Les deux embryons se trouvent en contact, sesoudent, mais cette soudure est postérieure au fractionne- ment. Pour déterminer les positions relatives des deux embryons accolés, l'embryon doit être orienté comme il suit : le pied en avant, les dis- ques moteurs en haut, et à droite une tache rouge qu'on voit appa- raître de très-bonne heure. Fréquemment la soudure a lieu par le dos, autrement dit par le côté opposé au pied. Les embryons s'accolent aussi par les parties latérales, et toujours, dans ce cas, par les côtés de même nom, de sorte que, l'un des em- bryons ayant le pied en avant, l’autre l'a nécessairement dirigé en arrière. La soudure se produit quelquefois par la face supérieure du pied, de telle sorte que, de profil, l'un montre son côté droit, l'autre son côté gauche. Enfin, dans un cas, la coalescence des deux jeunes Philine s'était opérée par la région du corps opposée aux disques rotateurs, l’un regardant en avant, l'autre en arrière. La Note de M. de Lacaze-Duthiers est accompagnée d'une planche. — M. C. Dareste, qui prépare une étude complète des Poissons se rattachant au genre Muræna de Linné, a inséré dans les Archives de zoologie exp. et gén., tom. IV, pag. 21, un Résumé d'une monogra- phie des Poissons anguilliformes. Depuis Linué, qui ne reconnaissait qu'une espèce d'Anguille, le Muræna anguilla, on a, par une tendance fâcheuse à exagérer l'impor- tance des variations qui se produisent facilement chez cet Apode,mul- tiplié outre mesure les coupes spécifiques. TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 555 A la suite d’un examen scrupuleux, M. Dareste n’admet que quatre espèces. 1° Anguilla vulgaris,dont le Pimperneau doit être considéré comme une simple variété. Le milieu agit d’une manière très-notable sur cette forme spécifique. Eudes Deslongchamps donna jadis la descrip- tion et la figure d'une Anguille qui avait été introduite, on ne sait comment, dans un puits et qui était devenue monstrueuse. 2° Anguilla marmorata. 30 Anguilla megalostoma. 4° Anguilla mowa. Ces quatre espèces se montrent très-semblables dans leur jeune âge et ne se différencient que graduellement. M. Dareste étudie ensuite les autres groupes génériques de la famille des Anguillidés, dont il résume les caractères dans le tableau suivant: + MM ANIE RSS / Peau écailleuse. — Extrémité du | ointe de la langu £ à ; ; ; ne dé edela museau n'atteignant pas l'extré- |: Anguilla. ANR SE mité de la mâchoire inférieure. Peau nue. — Extrémité du museau muqueuse de la bouche. Conger. dépassant la mâchoire inférieure. Dents vomériennes arrondies et à bord mousse. — Orifice pos- | Myrus. térieur des narines ouvert dans Des la lèvre supérieure. Pointe de la langue pébiééaies Dents vomériennes tranchantes. attachée à la — Orifice postérieur des na- ju UT ænes0z . membrane rines ouvert en avant de muqueuse de la l'œil bouche. Pas AB pEctOrales. nn ue » clans aies anec seat IVOLIASIONUT. Le genre Conger comprend quatre espèces : Conger vulgaris. Dans le Leptocephalus Morrisii, que M. Dareste re- garde comme un jeune Congre, la nageoire est tout à fait reportée en arrière, par les progrès de l'âge elle s'étend de plus en plus en avant. Par conséquent, l'auteur ne peut attribuer à l'origine antérieure de cette nageoire l'importance que lui donne Gunther. A notre tour, nous nous demandons pourquoi l'auteur fait figurer ce point d'origine dans ses diagnoses spécifiques. Toutefois, il y a des localités où ce point paraît acquérir une certaine constance et constituer au moins des races, sinon des espèces. 2° Conger Balearicus. 3° Conger mystax. 4° Conger acutidens, 556 REVUE SCIENTIFIQUE. A la fin de son résumé, l'auteur déclare que, n'ayant pu étudier sur nature les types spécifiques douteux des autres genres de la famille des Anguillidés, il n’a rien de nouveau à signaler. Il se borne à re- marquer que les six espèces appartenant anx trois autres genres de cette famille, quil a examinées avec soin, lui paraissent constituer des formes irréductibles. Ces espèces sont : 1° Myrus vulgaris ; 20 Myrus longicollis. — Anguilla longicollis, Cuv.; 3° Murenæsox talabon. — Le Talabon ; 4o Murenæsox cinereus. — Le Bagio; 5° Murenæsox savana. — La Savana ; Go Neltastoma melunuza. — La Sorcière. —N ous lisons dans les Archives de zoologie expérim. et gén., tom. IV, pag. {, un long et remarquable Mémoire de M. Hermann Fol, docteur enseignaut à l'Université de Genève, sur le développement des Ptéro- podes. Les observations dont le résultat est consigné dans ce travail ont été faites à Messine, de 1871 à 1874. Dans cette localité abondent plusieurs espèces de Ptéropodes dont il est facile de se proturer les œufs en conservant ces animaux dans des vases remplis d'eau de mer, où ils ne tardent pas à pondre des chaînes d'œufs dont l’évolution peut être alors observée. Cette chaîne est constituée par une matière glaireuse, transparente, dont la forme varie suivant les espèces. Après être entré dans de minutieux détails, qu'apprécieront les na- turalistes, sur les moyens de recueillir les matériaux d'étude, et s'être étendu sur les procédés d'observation, l’auteur indique la division de son travail. Dans ia première partie, il analyse avec le plus grand soin et la plus parfaite compétence tous les travaux qui ont été publiés avant luisur l'embryogénie des Mollusques. Cette revue rétrospective a sa raison d'être, parce que beaucoup de faits découverts dans le processus ém- bryogénique des animaux de cet embranchement sont en tous points applicables aux Ptéropodes. Analysons brièvement cette première partie, qui retrace l’état de nos connaissances embryogéniques sur ces animaux intéressants. | Les naturalistes sont loin de tomber d'accord sur le mode d’appa- rition de l’ovule dans la glande génitale. L'opinion la plus probable TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 557 est que dans les Céphalophores il procède des cellules épithéliales du follicule génital. La plus grande obscurité entoure encore son mode de développe- ment dans les Lamellibranches. L'ovule mür se compose d'un nucléus avec nucléole, d'un vitellus et d'une membrane vitelline. Chez les Céphalophores, pendant sa des- cente le long de l'oviducte et de l'utérus, il se revêt en outre d’une enveloppe albumineuse, puis d'une membrane et d'une enveloppe externe, membrane sécrétée par les canaux évacuateurs du produit femelle, Après la fécondation, le vitellus paraît dénué de membrane vitelline et limité par une couche de protoplasma condensé qui se confond avec le protoplasma vitellin. La vésicule germinative se divise en deux parties : l’une demeure au centre de l’œuf, l’autre sort sous forme de globule de direction. Le nucléus se comporte comme il sera dit plus tard. Chez les Lamellibranches et les Solénoconques, la membrane qui entourait l'ovule dans l'ovaire devient bien distincte et est séparée parfois du vitellus par une couche d'albumine; elle possède un mi- cropyle. La membrane vitelline ainsi produite par différenciation de la portion périphérique du vitellus se développe beaucoup et joue physiologiquement le rôle des membranes que l'œuf des Céphalo- phores acquiert dans les conduits vecteurs. La vésicule germinative disparaît avant la sortie des corpuscules de direction. Aucun observateur n'a constaté la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule des Mollusques. Suivant toute apparence, les corpuscules de direction ne méritent pas cette dénomination, en ce sens qu’ils ne paraissent exercer au- cune influence sur la direction du sillonnement. Sars est le premier qui ait observé la segmentation chez un Mol- lusque. L’œuf se divise ordinairement en deux, quatre, etc., et arrive à former une masse frambroisée. Les cellules se multiplient par divi- sion et leur nucléus disparaît momentanément. Dans les Buccinum, une partie des vitellus seulement se développe en embryons, lesquels dévorent les autres vitellus, qui éprouvent une segmentation très- irrégulière. Dans l'ovule, composé, comme on le sait, d'une portion nutritive et d'une portion formatrice, l’entoderme se constitue de différentes manières. [l peut prendre naissance par l'invagination de la portion nutritive dans la portion formatrice. D'autres fois il résulte de l'enve- loppement, par excès de croissance, de la portion nutritive par la portion formatrice, composée alors de cellules notablement plus pe- IV. 38 558 REVUE SCIENTIFIQUE, tites que celles dela portion enveloppée. Dans les deux cas, ilse forme une petite outre dont l’entoderme représente la paroi interne, et dont l'ouverture correspond à la bouche future. Dans quelques cas, les cellules du pôle nutritif sont englobées, puis disparaissent par résorption ultérieure, et l’entoderme apparaît comme un épaississement de l'ectoderme au pôle formatif, c’est-à-dire au point où se montrent les petites cellules à la période où la masse vi- telline est segmentée en quatre. La bouche et l'æsophage proviennent de l’ectoderme. L'estomac, l'intestin et ses appendices embryonnaires dérivent dela masse vitel- line englobée. Chez divers Lamellibranches et Céphalophores, une portion de la masse nutritive, renfermée dans un ou deux diverticulums en forme de sacs, reste en communication avec le tube digestif et parait être quelquefois, sinon constamment, l'origine du foie. Quand il existe un entoderme de nutrition et un entoderme de formation, ce dernier seul contribue à la constitution du tube digestif. Parfois l'embryon est hérissé de cils vibratiles qui disparaissent avant la formation du voile ou se condensent en uue région localisée pour former l'origine du voile. Celui-ci apparaît de trois façons : 1 il débute par une couronne ciliaire devenant plus tard saillante ; 2 il se montre sous forme de deux saillies, un peu au-dessus du niveau de la bouche; 3° ou bien ces saillies apparaissent dans le voi- sinage immédiat de l'ouverture buccale. Le voile est simple ou multiparti, mû par des muscles et pourvu d’une double rangée de cils. On ignore si les tentacules buccaux des Lamellibranches dérivent du voile. Dans les Lamellibranches, le pied est un prolongement différencié de la portion ventrale du corps comprise entre la bouche et l'anus. Le processus de formation de cette partie est à peu près le même chez les Pulmonés, seulement le pied croît d'une manière inégale en avant et en arrière. Il paraît, chez les Céphalophores marins, se constituer à l'aide d’un épaississement de l’ectoderme de la plûs grande partie de la région ventrale de l'embryon. Plus tard la forme s'en modifie de différentes manières. Tous les Mollusques possèdent à la période larvaire une coquille dont la forme varie. Sa formation débute par un épaississement de l’ectoderme au pôle aboral. Get épaississement se creuse d'une dépres- 3 TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 559 sion à son centre (invagination préconchylienne ), qui est le point de départ d'un bourrelet qui sécrète la coquille externe, ou bien d'une cavité dans laquelle la coquille interne se constitue. Primitivement, cette coquille est unique chez tous les Mollusques Lamellibranches, Solénoconques et Céphalophores. Un écartement de l'ectoderme et de l'entoderme est l’origine pre- mière de la cavité du corps. Cette scission peut être précédée de la formation d'un mésoderme ou couche intermédiaire ; cependant l’apparition des feuillets méso- dermiques est généralement postérieure à l’écartement de l’ectoderme et de l’entoderme. Des tractus filamenteux contractiles unissent ces deux feuillets : ces tractus sétirent et finissent par former les fibres musculaires. Dans les larves des Céphalobranches, il existe des réservoirs à contractions rhythmiques en rapport avec des espaces lacunaires remplis de liquide. On observe aussi des reins transitoires situés tantôt entre l’ecto- derme et l'entoderme, et débouchant entre le marteau et le pied, tan- tôt sous forme de cellules superficielles situées dans la région de la nuque. La formation du véritable cœur est encore entourée de beaucoup d'obscurité. à Il est présumable que le rein définitif se constitue aux dépens de l’ectoderme, et dans la plupart des cas au voisinage de l'anus. Dans les Lamellibranches, des processus digitiformes du manteau se soudent en un bourrelet continu qui est l'origine de la lame directe de la branchie interne, laquelle, en continuant de croître et en se repliant sur elle-même, produit la lame réfléchie. La branchie externe naît postérieurement de la même facon, plus loin de la bouche. Les deux branchies sont disposées de telle sorte que les lames directes sont en contact. Dans les Gastéropodes aquatiques, les branchies apparaissent comme des bourgeons solides sur un bourrelet de la cavité palléale; ces bourgeons pleins se creusent plus tard d'un canal et deviennent contractiles. ; Le poumon des Gastéropodes pulmonés est une invagination des téguments. Il y a des raisons de penser que l'otocyste des Céphalophores se forme aussi par invagination de l'ectoderme. Au début, l'œil est une sphère cellulaire creuse dont l'origine pre- mière n’est pas déterminée; ses parois se différencient plus tard. 560 REVUE SCIENTIFIQUE. Les tentacules supérieurs et les tentacules buccaux des Céphalo- phores sont des prolongements de la peau. Il arrive souvent que les otocystes, les yeux et les tentacules naissent plus vite d'un côté que de l’autre. Il paraît probable que le ganglion pédieux se forme par un dédou- blement de l'ectoderme du pied. Les ganglions sus-æsophagiens déri- veraient du même feuillet. Ce chapitre de l'embryogénie réclame de nouvelles investigations. _ L'origine de la glande génitale est encore mal connue. Ses con- duits efférents, ainsi que les parties accessoires, se forment par pro- lifération et enfoncement de l'ectoderme. Un index bibliographique très-complet termine la partie histori- que du Mémoire de M. Fol, qui passe ensuite à l'exposé de ses recher- ches personnelles. L'auteur précise tout d'abord le sens de quelques termes. Il appel- lera œuf l'ensemble du vitellus, de l’albumen et de la membrane albumineuse. Le vitellus en est la partie essentiellement vivante et active: c'est un élément comparable à une cellule formée par l'ovaire. On y distingue une partie homogène, finement granuleuse, le vitellus de formation, ou protoplasma, et une partie réfringente à structure globuleuse, le vitellus de nutrition. Ces deux vitellus ne sont pas sé- parés, mais se pénètrent réciproquement. L'œuf se compose d'une membrane vitelline ou celluleuse, d'un amas périphérique de globules nutritifs et d'un espace central uni- quement occupé par du protoplasma, au milieu duquel on aperçoit le nucléus. La portion nutritive enveloppe donc la portion formative, qui lui est concentrique. L'auteur n’a pu observer directement la fécondation, non plus que les phénomènes qui l’accompagnent. Il s’est assuré que la membrane de l'œuf est dépourvue de micropyle, et que les spermatozoïdes s’ar- rêtent dans l’albumine ou dans la masse albumineuse qui l’enve- loppe. _ Les processus qui suivent la fécondation sont différents dans les deux tribus des Ptéropodes. M. Foltraite d'abord des Ptéropodes, et en particulier de la Cymbulia Peronii, qui se prête le mieux à l'obser- vation. L'œuf pondu n’a plus de vésicule germinative. La portion nutritive a la forme d’un ménisque concavo-convexe dont la concavité loge le protoplasma finement ponctué de la portion formative du vitellus. Les fins granules de cette dernière portion sont disposés suivant des lignes rayonnantes partant d'un ceritre commun, comme les rayons TRAVAUX FRANCAIS. — Z00LOGIE. 561 d’une étoile. Le vitellus nutritif est composé de globules réfringents, sans membrane propre, colorés, mêlés à une certaine proportion de protoplasma. L'étoile du vitellus formatif s’allonge,puis se sépare en deux groupes secondaires, dont l’un reste au centre du protoplasma, tandis que l'autre gagne la surface de l'aire protoplasmatique du vitellus. En ce point, la masse vitelline émet un petit mamelon qui en est expulsé sous la forme d’uu globule. Ce globule n’est autre que le corpuscule dit à tort de direction, Ce corpuscule se divise en deux moitiés généra- lement inégales, dont chacune acquiert un nucléus. Le point de sortie devient le pôle formatif de l'axe embryogénique. Le groupe stelliforme demeuré au centre du protoplasmafdisparaît peu à peu. En un point qui correspond à son centre se montre un corpuscule homogène de moindre réfringence que la matière envi- ronnante, puis on voit apparaître bientôt deux ou trois autres corpus- cules semblables qui se fusionnent, constituant la vésicule gernipar tive de l'œuf fécondé. Dans le vitellus des Gymnosomes, la différenciation est moins nette entre la partie formative et la partie nutritive, et cette der- nière est plus mélangée de matière protoplasmatique. A la suite des phénomènes qui viennent d'être retracés, il y a une période de repos pendant laquelle l’œuf se prépare à la segmenta- tion. Le noyau disparaît et est remplacé par deux étoiles moléculaires qui, en s'écartant l'une de l’autre, entraînent le vitellus dans deux directions opposées. Ces étoiles, véritables centres d'attraction, s’éloi: gnent suivant une ligne à peu près perpendiculaire à une autre sur laquelle va apparaître un sillon. Ce sillon, qui intéresse d'abord la partie protoplasmatique du vitellus, est le premier indice du frac- tionnement ; il est placé au-dessous du point de sortie des vésicules excrétées. Gagnant ensuite la partie nutritive, il partagel’œufen deux moitiés. À ce moment, les nucléi réapparaissent, suivant le même processus que la vésicule germinative (nucléus) de l'œuf fécondé. Dans les Thécosomes, l'une des cellules est plus petite et contient la majeure partie dn protoplasma ; dans les Gymnosomes, les deux moitiés sont sensiblement égales. Ces deux sphères de segmentation se subdivisent à leur tour, après la disparition du noyau et sa réapparition, consécutive à la formation de deux étoiles protoplasmatiques. De la petite sphère du stade deux dérive une petite cellule uniquement composée de protoplasma, et une autre aussi volumineuse que celle à laquelle la subdivision de la 562 REVUE SCIENTIFIQUE. grosse cellule du même stade va donner naïssance ; cette dernière est formée d’un mélange de protoplasma et de matière nutritive. M. Fol nomme les trois grosses sphères cellules nutritives, et la petite cellule cellule formative, bien que la répartition de ces deux substances ne soit pas aussi absolue que l'indiquent ces dénominations. Ces quatre cellules sont situées dans un même plan; la cellule formative répond à l'extrémité postérieure de l'embryon, dans la Cymbulia Peronii. Plaçons cette cellule en bas, les trois autres au- dessus. La plus élevée répond à l'extrémité céphalique : c’est la cellule nutritive céphalique. La ligne de rencontre, horizontale dans ce cas, des quatre cellules, est l’axe larvaire. L'extrémité de cet axe la plus voisine de l'observateur, d'après la même orientation, celle qui passe par le point de sortie des globules excrétés, est le pôle formatif : il correspond probablement à la région dorsale de l'embryon; l’autre extrémité du même axe est le pôle nutritif. Chez les Gymnosomes, il n’y a pas d’inégalité de volume entre les sphères du troisième stade. Dans le quatrième stade, une nouvelle subdivision de chacune des quatre cellules du stade précédent se produit. La cellule formative se fractionne en deux moitiés égales ; les trois autres se séparent en deux portions inégales, dont la plus petite, constituée uniquement de proto- plasma, égale en volume les deux cellules résultant du partage de la cellule formative. Il y a donc,en définitive, quatre cellules protoplasmatiques ou formatives, obliquement placées relativement aux trois grosses cellu- les nutritives. Sans suivre l'auteur dans la description minutieuse qu'il donne des stades 5, 6 et 7, bornons-nous à rappeler qu’au stade 5 il y a douze cellules ou quatre de plus seulement qu'au stade précédent, parce que la segmentation ne concerne que les quatre grandes cellules de troi- sième génération et ne porte point sur les cellules de quatrième gé- nération. L'accumulation et la multiplication des cellules du pôle formatif est l'origine première de l'ectoderme, qui, partant de ce pôle, recou- vre peu à peu l’œuf d'une manière irrégulière, mais finit par se clore en un point qui est probablement le pôle oral. Après une discussion approfondie des faits observés, M. Fol est arrivé à se convaincre que le pôle oral et le pôle nutritif se confon- dent. Il nomme axe embryogénique celui qui passe par le pôle oral et le pôle aboral. L'axe longitudinal passe par les centres de la cellule TRAVAUX FRANCAIS. — ZOOLOGIE. 563 protoplasmatique primitive et la cellule formative qui lui est oppo- sée. Ces deux axes se croisent à angle droit au début, puisls se rappro- chent peu à peu, pour arriver à se confondre après la métamorphose. Dans toutes les descriptions, l’animal sera considéré comme placé la tête en haut, la coquille en bas, la bouche en avant, le dos en ar- rière. | Les premiers rudiments des organes n'apparaissent pas dans le même ordre chez tous les Ptéropodes. L'auteur indique leur ordre d'apparition dans les divers types qu’il a étudiés. Le voile commente à se montrer sous la forme d'une zone circu- laire, sur laquelle sont distribuées des houppes de cils vibraliles. Ces cils sont les premiers qu’on voit se former : ils ne sont pas précédés d'autres cils caducs recouvrant l'embryon comme une toison. La bouche apparaît immédiatement au-dessous du bourrelet voilier, qu'elle entame même assez souvent. Au pôle aboral, et un peu du côté dorsal, se forme l’invagination préconchylienne. Elle débute par un épaississement de la couche ectodermique, qui se déprime pour former une cavité assez spacieuse dont les parois sont revêtues de grandes cellules prismatiques, nucléées et nucléo- lées, qui s'étendent jusque sur les bords de l'invagination et y figu- rent une rosette très-régulière. Cette invagination se retourne peu à peu comme un doigt de gant, formant la saillie coquillière, dont la figure, variable suivant les genres, demeure constante pour chaque espèce. La coquille se moule exactement sur elle, et sa forme, qu'on peut retrouver même chez l'adulte, a été utilisée par M. Fol pour la classification des Orthoconques. Dans certains cas, la cavité se remplit anormalement de grosses cellules et la coquille ne se forme pas. Dansles Cymbulia, l'apparition de ces masses cellulaires, qui est normale, n'empêche pas la forma- tion de la coquille. La cavité préconchylienne ne se retourne pas, mais elle s’oblitère, et la coquille prend naissance sur la cavité fermée sous forme d'un verre de montre. La bouche débute par une dépression qui se produit au milieu d'un groupe de cellules ectodermiques disposées en rosette. Cette dépres- sion augmentant, il en résulte une cavité en forme de cæcum qui sera l'æsophage. Cette cavité est vibratile et est parcourue longitudinale- ment par une rangée de cils vibratiles plus développés qui disparaît plus tard, et qui se retrouve chez les Céphalophores pulmonés, où elle joue un rôle plus important, 564 REVUE SCIENTIFIQUE. Le pied se distingue de bonne heure comme un épaississement de l'ectoderme, qui occupe une grande partie de la face ventrale de l'embryon et devient bientôt saillant. Au-dessous existe une couche mésodermique, aux dépens de la- quelle naïîtront les otocystes, puis les muscles. La cavité digestive se constitue par différenciation des cellules nutritives. Dans ces cellules, au nombre de trois d’abord, la matière nutritive l'emporte sur le protoplasma et les nucléi. Ces cellules se divisent, et, comme la division se fait inégalement, leur multiplica- tion paraît la conséquence d'un bourgeonnement. L'endoderme se différencie en deux couches : l’une interne est un véritable feuillet qui donnera naissance à l'estomac et à l'intestin ; l’autre demeure sous forme de grosses cellules qui formeront le sac nutritif qui reste en communication avec le tube digestif. Dans le chapitre IIT, M. Fol traite de la période larvaire du déve- loppement des Ptéropodes. La coquille débute comme une calotte de cuticule incrustée de cal- caire, coiffant la saillie qui résulte du retournement de l'invagination préconchylienne. Cette saillie s'efface, ses bords forment un bour- relet auquel sera dévolue la fonction de sécréter la coquille zone par zone. Ce bourrelet consiste en deux zones circulaires de cellules cy- lindriques séparées par une bande étroite de très-petites cellules. La zone épaissie inférieure sécrète seule la coquille. Le bourrelet supé- rieur, parvenu, à mesure que la coquille s'est accrue, à la base de la région céphalique, s'enfonce entre la coquille et le corps pour consti- tuer la cavité palléale. Cette coquille larvaire s’arrête dans sa croissance à un moment donné, puis recommence à croître d'une manière souvent fort diffé- rente, pour former alors la coquille de l’adulte. Cette première coquille peut persister, tomber ou se briser. Le voile est d'abord représenté par une zone circulaire placée à l’ex- trémité antérieure de l'embryon. Le bord supérieur de ce bourrelet porte seul des cils moteurs, le reste de sa surface est couvert de cils fins et nombreux, dont le jeu amène les particules nutritives jusqu'à l'ouverture buccale. Du reste, la distribution de ces cils varie suivant les types. Le bourrelet devient de plus en plus saillant et représente bientôt un appendice véliforme qui devient mobile par l'apparition d'un système de fibres musculaires. En outre, il s'échancre au côté dorsal et au côté veutral. Les fibres musculaires naissent de bonne heure de cellules qui paraissent se détacher de la face interne de l'ectoderme et qui s'étendent entre le voile et la masse nutritive. TRAVAUX FRANCAIS.— Z0OLOGIE. 565 Le pied dérive d’une couche de cellules situées à la face ventrale, entre l’invagination préconchylienne et la bouche. Gette couche se sépare et se détache de la masse centrale , laissant un intervalle dans lequel on voit apparaître des cellules qui s'étirent pour donner naïs- sance aux fibres musculaires. A la partie postérieure du pied, deux cellules saillantes indiquent la position de l’orificeanal. Le pied se présente d'abord comme une languette couverte de cils vibratiles, puis il se partage en trois lobes. Le médian sera le pied proprement dit, les lobes latéraux formeront les nageoires. Le bord des trois lobes est garni d'une rangée de cirrhes rigides. - La cavité palléale, qui doit son origine à une invagination du bord supérieur du manteau dans la région céphalique, s'enfonce de plus en plus vers le bas et sur les côtés, et arrive à entourer le corps ou sac viscéral de trois côtés. Une membrane viscérale se différencie dans la partie dorsale du sac viscéral et s'étend jusqu’au côté dorsal. Cette membrane circonscrit un sinus contractile dont les pulsations alternent avec celles d'un sinus pédieux, dont l'existence n'est que transitoire. Pendant un temps, les contractions ondulantes du sinus dorsal mettent en mouvement le liquide de la cavité générale ; à ce mouvement concourent aussi les alternatives de rétraction et d'expan- sion du voile. Une différenciation des cellules nutritives centrales produit une cavité close et trilobée. Le lobe médian répond au tube digestif, les lobes latéraux aux sacs nutritifs. Les parois de ces cavités sont tapissées par des cellules issues de la masse nutritive. La cavité centrale s'allonge en un estomac et un intestin. Elle se met en rapport en haut avec l'invagination œsophagienne, et le point de soudure est le cardia. Un diverticulum de l’œsophage donnera naissance à la radula. L’intestin est d’abord un cordon massif qui se met en rapport avec l'ectoderme dans le point où se trouvera l'anus. L’anus se perce et le cordon intestinal se creuse d'un canal vibratile. Cette vibratilité se remarque du reste sur toute la surface du tube digestif. L'’orifice anal est pratiqué sur la ligne médiane de la face ventrale chez les Orthoconques, sur le côté droit chez les Campyloconques et les Gymnosomes. Les otocystes apparaissent comme de simples vésicules à parois épaisses, dans un dédoublement limité de la couche ectoderimique. 566 REVUE SCIENTIFIQUE. L'otolithe se montre d'abord dans la paroi de l'otocyste , puis elle devient libre dans la cavité de celle-ci. Les otolithes sont primitive- ment uniques dans chaque otocyste et dépourvues de matière cal- caire. Les otocystes et Les otolithes ne se forment pas simultanément des deux côtés : celles de droite précèdent celles de gauche. On remarque un épaississement de l’ectoderme au voisinage de la bouche, dans le champ circonscrit par le voile. Un enfoncement s'y produit et se prolonge en deux branches divergentes donnant ainsi naissance à une double invagination, dont l'ouverture extérieure se ferme et dont la cavité se comble. Ces deux cavités constituent les ganglions sus-æsophagiens, qui viennent se mettre à cheval sur l'œso- phage, en contractant des relations avec les otolithes et se soudant latéralement avec la masse ganglionnaire sous-æsophagienne, dont l'origine n'a pu être saisie, Le muscle columellaire paraît provenir d'un amas de cellules déta- chées de l'ectoderme et situées au pôle dorsal, dans le point où existait l'invagination préconchylienne. Un épaississement circonscrit de la couche épidermique, dans l’'enfoncement palléal du côté droit, représente l’origine du rein. Entre cel épaississement et l'ectoderme, appliqué à la face interne de la coquille, s'interpose du tissu mésodermique sous forme d'un amas ovale de cellules rondes, dont dérivera le cœur. La glande rénale et le rudiment cardiaque se creusent chacun d’une cavité. Le rein se met en communication par un fin canal avec la cavité pal- léale. La cellule cardiaque s'étrangle pour donner naissance à l’oreil- lette et au ventricule. Des fibres contractiles apparaissent dans les parois, et les contractions s’établissent. Le canal rénal se prolonge, va s'ouvrir tout contre la paroi du cœur etse met en rapport avec le péri- carde, qui résultera de la condensation des tissus quientourent le cœur. M. Fol termine le chapitre III en exposant les différences que lui ont présentées les divers types sous le rapport de la rapidité et de la succession chronologique des organes. Le chapitre IV a trait à la métamorphose et au développement ultérieur. L'auteur fait observer qu'il n’a pu être témoin de la métamorphose que chez les Hyaléacés, et qu'il n’a pu recueillir que des observa- tions isolées sur les autres tribus. Le changement le plus frappant consiste dans la disparition gra- duelle du voile. Le pied se développe, les ailes s’accroissent et acquiè- rent un système musculaire achevé, avec des branches nerveuses bien constituées. TRAVAUX FRANCAIS.— Z00LOGIE. 067 La bouche représente une saillie conique couverte de cils vibra- tiles. Des cils semblables hérissent également une partie de la face supérieure du lobe médian du pied et la face interne de Ja base des nageoires. La vadula, bien formée, ne diffère de celle de l'adulte que par le nombre des dents. La face interne de l'estomac ne possède d’abord que trois replis longitudinaux, auxquels s'en joint bientôt un quatrième, puis un cin- quième, qui se recouvrent de substance cornée. Ce sont les cinq dents stomacales des Thécosomes. Le système musculaire de l'esto- mac s'organise. M. Fol soupçonne, avec Krohn, que dans les espèces à état larvaire prolongé, l'estomac se constitue en grande partie aux dépens de l'æso- phage de la larve. | La matière contenue dans le sac nutritif en communication avec l'estomac passe peu à peu dans le tube digestif et y est digérée. Ce sac s'atrophie graduellement dans les Hyaléacés ; mais il en reste un vestige que Eydoux et Souleyet ont regardé, à tort, suivant M. Fol, comme une vésicule biliaire. Chez certaines espèces, le sac nutritif, après avoir été vidé de son contenu, prend un accroissement mani- feste. Peut-être n'est-il alors qu'un organe hépatique provisoire. Le foie n'apparaît que tardivement dans les Orthoconques ; il se forme, dans le voisinage du pylore, d'un diverticulum de l'estomac qui en se ramifiant produit une masse framboisée d’un brun ver- dâtre. Le mode de formation de la glande hépatique n'est pas toujours le même, ainsi que nous le fait savoir M. Fol dans un appendice de son Mémoire. Chez les Creseis, cette glande naît du canal efférent du sac autritif, dont la plus grande portion estrésorbée. Dans les Campy- loconques, une partie de ce sac persiste et produit les acini du foie. Ces derniers, dans les Hétéropodes, naissent de la totalité du sac. L'intestin s'accroît en longueur. Ses parois internes sont vibratiles. Le rein, d'abord massif, se creuse d'une cavité unique ou accom- pagnée de cæcums nombreux. Il bat comme le cœur. On en voit se détacher l'aorte, qui est d'abord un cordon plein, formé par la condensation de celules mésodermiques. On découvre les commissures latérales qui relient les masses ner- veuses sus et sous-æsophagiennes primitivement séparées. Les ganglions sus-œsophagiens acquièrent leur forme définitive, Les deux masses appelées ganglions viscéraux par Van Beneden et Gegenbaur deviennent visibles. 568 REVUE SCIENTIFIQUE. Le système de circulation larvaire subsiste assez longtemps après la métamorphose et se retrouve encore à une époque où le cœur et l'aorte sont déjà constitués. Dans les Hyaléacés, une branchie très-simple se forme par un simple plissement de la paroi interne du manteau. M. Fol donne des détails sur la coquille larvaire et la coquille défi- nitive, qui peuvent différer beaucoup l’une de l’autre. Chez les Campylosomes, la coquille de l'adulte n’est quelquefois que la continuation de celle de la larve. Les jeunes Gymnosomes prennent, après leur métamorphose, trois couronnes ciliaires, dont l'étude n'a pu être encore complétée. Pendant l'impression de son Mémoire, M. Fol a repris ses observa- tions relatives à la genèse des organes génitaux, sur laquelle il n'avait recueilli d'abord que des données incomplètes. Il s’est assuré que le testicule naît d'un amas de petites cellules nucléées, formant un corps pyriforme, apercu jadis par J. Müller. Ce corps se trouve d'abord du côté gauche, à la hauteur du cœur, relié à l'entoderme par des prolongements sarcodiques. Ges connexions don- nent à penser que le testicule s'est détaché de l'ectoderme ; mais plus tard il s’en isole et vient s'accoler au côté gauche de la partie supé- rieure du sac nourricier. L'ovaire naît d'un dédoublement par différenciation de la couche unique de cellules qui constitue les parois du sac nourricier. | La moitié mâle et la moitié femelle de la glande hermaphrodite ne se touchent que par les bords et sont séparées par toute l'épaisseur du sac nourricier. Ge sac disparaissant plus tard, les deux glandes se soudent, sans jamais cependant se pénétrer aussi complétement que chez certains Céphalophores. Chez les Ptéropodes, conformément aux idées de E. Van Beneden, la glande mâle procéderait de l’ectoderme, la glande femelle de l'en- doderme. Le chapitre V a pour titre des divers types de développement des Ptéropodes comparés entre eux et avec ceux des autres Mollusques. En se fondant sur les différences que présentent dans leur dévelop- pement, leur situation, etc., la coquille larvaire, la coquille persis- tante, le pied, le voile, l'anus, et en faisant entrer en ligne de compte la durée variable de la vie larvaire dans les divers types, l'auteur pro- pose une classification provisoire des Ptéropodes. Il a adopté la division de l'ordre en deux familles et employé les dénominations de Thécosomes et de Gymnosomes, proposées par de Blainville. Il fait cependant quelques réserves relativement à ces ap- TRAVAUX FRANCAIS. — ZUGLOGIE. 569 pellations. Ainsi, à l’état larvaire, tous les Ptéropodes sont thécosomes, puisqu'ils sont pourvus d’une coquille. En outre, les Cymbuliacés, placés dans les Thécosomes, perdent leur coquille au moment de la métamorphose; la portion dure prise pour une coquille externe chez ces Ptéropodes n’est qu’un simple durcissement de la couche der- mique. Nous ne reproduisons ici que les caractères de l’ordre, des sous- ordres et des familles tels que les donne M. Fol, en faisant remarquer que ce naturaliste ne parle que des genres qu’il a pu observer lui- même. Ordre des Ptéropodes (Guv.). Céphalophores hermaphrodites, à pied trilobé, les lobes latéraux étant développés en deux grandes nageoires ; munis à l'état larvaire d'une coquille externe véritable et d'un voile. . Premier sous-ordre. — Thécosomes. Blainv. — Ptéropodes dont le corps est protégé à l'état adulte, soit par une coquille calcaire, soit par une pièce cartilagineuse formée dans la couche dermique. Une seule période larvaire. Cavité palléale s’ouvrant à droite de l'anus et munie d’un bouclier vibratile. 1° famille. Orthoconques. Thécosomes à coquille larvaire droite ou peu recourbée, à concavité dorsale. Cavité palléale s'ouvrant du côté droit. Anus sur la ligne médiane ventrale ou du côté gauche. Pas d'opercule. Nageoires verticales. Une véritable coquille externe. 1°" tribu. Hyaléacés (Rang.). G.—Cavolinia G. — Hyalea Lamk. — Hyalocylis H. Fol. 2% tribu Styliocés. G. Cleodora Pér. — Styliola (diag. réf.). 3e tribu Créséidés. G. Creseis (Rang.). 2" famille. — Campyloconques. Thécosomes à période larvaire pro- longée. Premier rudiment de coquille en forme de verre de montre ; coquille larvaire enroulée à convexité dorsale. Pied trilobé, le lobe médian muni d'un opercule. 1° tribu. — Limacinés (Gray). 2e tribu. — Cymbuliacés (Gray). G. Cymbulia (Pér.). — Tiedemannia D. Ch. Deuvièmesous-ordre.—Gymnosomes. Blainv.—Coquille larvaire ovoï- de, continuée en un cône ouvert, à anneaux et à stries transversales caduques. Période larvaire prolongée, suivie, après la métamorphose, d’une seconde période larvaire caractérisée par la présence de trois couronnes vibratiles caduques (chez tous ?) dont aucune ne répond au 570: REVUE SCIENTIFIQUE. voile. Extrémité du pied allongée en une longuelanière ciliée pendant la première période larvaire. Nageoires latérales complétement sépa- rées du pied chez l'adulte. Ici M. Fol ne mentionne aucun genre. Il se borne à décrire une forme nouvelle, le Clio à contiaux, dont il a suivi le développement. S. JOURDAIN. | (A continuer.) RE Botanique. . M. Ulysse Gayon a publié dans les Annales des Sciences naturelles! un travail extrait d’un Mémoire qui a paru sous le titre de Recherches sur des altérations spontanées des œufs. Les beaux travaux de M. Pasteur ont établi d'une manière incon- testable que toute putréfaction ou fermentation est corrélative du dé- veloppement et dela multiplication de protorganismes ferments. Or M. Donné avait dit que jamais dans un œuf putréfié il n’était possible de découvrir le moindre être organisé ; la putréfaction des œufs aurait donc présenté une exception manifeste à la loi générale de M. Pas- teur. M. Gayon a voulu s'assurer s’il en était ainsi, et ses recherches montrent que dans les altérations spontanées des œufs on rencontre aussi des êtres microscopiques. Les caractères de la putréfaction des œufs sont décrits avec beau- coup de soin ; il résulte des expériences de l'auteur que les œufs qui pourrissent à l'air conservent, pendant un certain temps, la réaction alcaline de l’œuf frais ; puis l'odeur, dans laquelle l'acide sulfhydrique domine, apparaît, et la réaction devient acide. Les œufs qui pourris- sent à l'abri de l'air au contraire conservent la réaction alcaline. Une grande quantité d'acide carbonique et d'hydrogène se forme durant la putréfaction ; l'oxygène disparaît, l'azote provient de la chambre à air. A l'intérieur de l'œuf se forment, en petite quantité, de la leucyne de la tyrosine, quelques produits alcooliques, de l'acide butyrique, de l'ammoniaque. On trouve donc les mêmes produits que dans la putréfaction des matières protéiques en général. En outre, toujours on peut constater la présence de vibrioniens dans les œufs pourris, Dans la première période, ce sont des bactéries agiles que l'on ob- 1 Ann. Sc. nat., Bot., VIe série, tom. 1, pag. 201 : Du rôle des êtres microsco- piques et des moisissures dans l’altération des matières organiques. TRAYAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. STE serve ; il est même possible de les extraire de l'œuf par le vide; il sort alors, à travers les pores de la coquille, un liquide qui en contient un grand nombre. Ces organismes se trouvent aussi au centre de l'œuf, mais l'observation en est plus difficile. Il ÿ a toujours un plus grand nombre de bactéries vers les membranes que dans la masse ; cela tient à ce que ces êtres ont besoin de l'oxygène pour respirer. En effet, dans une préparation sous unelamelle de verre, on peutvoir que les bactéries voisines des bulles d'air sont mobiles, tandis que les autres sont fixes ; si on introduit de l'air, toutes se mettent en mouvement. M. Gayon rapporte ces organismes au Bacterium termo ; il décrit aussi une autre forme plus petite, «qu'on peut considérer comme une espèce différente de la première ». La putréfaction de l'œuf avançant, apparaissent les vibrions, plus larges et dont le mouvement de flexion sont caractéristiques. Dans un œuf pourri depuis longtemps, il est difficile d'observer les vibrions, qui seuls se montrent à ce moment; « si l'onna pas une grande habitude de ces observations, on pourra ne rien voir d' dr ch nisé, et par suite nier la présence d'êtres microscopiques ». Les vibrions ont pris un aspect particulier à cemoment ; M. Gayon en donne des figures dans son Mémoire. Il a observé aussi, dans cer- tains cas, d'autres formes d'êtres microscopiques. On voit donc, d'après ce qui précède; que dans la putréfaction des œufs, comme toujours, on observe des organismes vivants. D'un grand nombre d'expériences il résulte que les œufs non agités se putréfient comme les œufs soumis à l'agitation, et que ces derniers ne pourrissent pas nécessairement , résultat contraire à ceux de M. Donné. Le mélange des éléments dont se compose un œuf nesau- rait donc être considéré comme une cause nécessaire et suffisante de la putréfaction. « Les matières des œufs sont très-aptes, physiologiquement, à en- tretenir la vie; elles sont presque organisées : aussi le fait de leur inaltérabilité, dans des conditions où les protorganismes apparais- sent et vivent d'ordinaire, a-t-il une grande importance an point de vue de l'hétérogénie. Pour confirmer ce fait, j'ai répété avec le mé- lange du blanc et du jaune, et avec le blanc seul, les expériences que M. Pasteur avait faites, dès 1863, avec le sang et l'urine ; j'ai préparé des vases dans lesquels j'ai fait passer les liquides précédents à l’état même où ils étaient dans l'œuf, et je les conserve au contact de l'air pur, à la température d'uneétuve, sans qu’il se produise la moindre altération, sans qu'il se forme spontanément le plus petit organisme microscopique ; cet état de conservation se maintient indéfiniment. » 572 REVUE SCIENTIFIQUE. Divers auteurs, parmi lesquels M. P. Panceri, ont cru que les moisissures que l’on observe, dans certains cas, dans les œufs putréfiés étaient les agents mêmes de la putréfaction. D'après M. Gayon, les vibrions seuls la produiraient. D'ailleurs, toutes les fois qu'on trouve des moisissures,il y a en même temps des vibrions, des bactéries. M. Panceri est d'avis que les germes des moisissures viennent tantôt du dehors en traversant la coque, tantôt qu'ils sont englobés par les enveloppes de l'œuf au moment de leur formation dans les organes génitaux de l'oiseau. Les recherches de M. Gayon l'amènent aux mêmes conclusions, et, dans une série d'ex- périences, il montre que dans l'oviducte de la poule se trouvent les organismes qui passent dans l’œuf. La pénétration des germes à travers la coquille est très-difficile, et exige une forte pression extérieure. Des œufs placés dans un liquide plein de bactéries ne se sont point gâtés. En général, donc, les éléments que l'on observe dans l’œuf viennent de l'oviducte de la poule. En effet, on a pu voir une couche épaisse de levüre alcoolique dans les œufs d'une poule qui était nourrie de résidus de brasserie. Les corps qui se trouvent dans le cloaque peuvent remonter dans l'intérieur de l'oviducte, jusque dans la région où se forme la coquille. On a signalé depuis longtemps des corps étrangers, comme des débris d'insectes, des pierres, etc., dans la coquille de certains œufs. Les organismes microscopiques peuvent donc à fortiori s'élever jusque dans les régions où se forment les enveloppes de l'œuf M. Gayon a recueilli du reste, sur le parcours de l’oviducte, des éléments orga- nisés divers, et expérimentalement, en injectant un liquide conte- nant des bactéries dans l'oviducte d'une poule séparée du coq, il a pu favoriser la putréfaction des œufs qu’elle a pondus. Pendant qu'on pratiquait les injections, la poule a pondu six œufs ; sur ces six, qua- tre se sont putréfiés. Les injections ayant été supprimées, la poule a pondu de nouveau six œufs, dont un seul s'est gâté. On peut d'ailleurs très-bien comprendre comment des corps étran- gers et des organismes microscopiques peuvent arriver assez loin dans le canal vecteur, car, au moment du coït, l’accouplement a lieu, comme on le sait, de la manière suivante: le mâle applique son cloaque béant, muni d'un tubercule plus ou moins développé selon les espèces, sur le cloaque de la femelle, qui est aussi béant, ainsi que l'oviducte. Il y a une sorte de descente de l'utérus qui vient faire saillie dans le cloaque. Le coït ne dure qu’un instant,et tout reprend sa place. L'utérus, dans TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 573 son mouvement deretour, peut entraîner des germes ou débris prove- nant des parois du cloaque de la poule elle-même, ou encore de celui du mâle ; ces particules, si elles sont assez fines, peuvent s'élever dans l'oviducte en même temps que les spermatozoïdes et pénétrer dans l’œuf non encore revêtu de ses enveloppes. Ce qui pourrait expliquer parfaitement ce fait bien connu, que les œufs non fécondés se putréfient moins fréquemment, se conservent mieux que ceux qui sont fécondés. En effet, dans le premier cas les chances d'introduction dans l'œuf de germes divers sont moins grandes que dans le cas où la copulation a eu lieu. Nous pouvons donc dégager de ces intéressantes recherches cette conclusion que, comme la théorie de M. Pasteur le faisait prévoir, c'est aux organismes vivants qu'est due la putréfaction des œufs. En outre, les germes de ces êtres microscopiques viennent du dehors, comme le prouvent les observations et expériences que nous avons esquissées. D'ailleurs, aucune autre explication ne saurait être admise; car comment comprendre que dans certaines conditions des œufs puissent se putréfier, alors que d’autres œufs dans des conditions sem- blables ne se gâtent point, siles organismes qui président à la pu- tréfaction naissaient sur place des éléments mêmes de l'œuf ? On voit donc que sur ce point, comme sur tant d'autres, la théorie que M. Pasteursoutient si brillamment, triomphe encore, etquela seule théorie rivale, la génération spontanée actuelle, dans les conditions réalisées jusqu’à ce jour, n’estqu'une simple hypothèse contredite par les faits. — Recherches sur les végétaux silicifiés d'Autun et de Saint-Étienne, étude du genre Botryopterist : tel est le titre d'un Mémoire présenté par M. B. Renault. M. Grand Eury avait trouvé dans les magmas silicifiés d’Autun et de Saint-Etienne des fragments de pétioles qu'il avait désignés sous le nom de Rachiopteris forensis. Ces pétioles présentent une disposition particulière des faisceaux vasculaires, qui, sur la coupe, simulent la forme d'un w. Quand la disposition des faisceaux est peu compliquée, elle varie peu sur la longueur du rachis ; c'est ce qu’on observe dans ces débris, eton a pu découvrir des tiges montrant encore l'origine des pétioles qu’elles portaient, et en ces points la disposition en © était encore évidente ; on 4 Ann. Sc, nat., Bot., VIe série, tom. I, pag. 220. IV. 39 574 REVUE SCIENTIFIQUE. est donc en droit de considérer les pétioles ci-dessus décrits comme étant précisément détachés de la tige dont nous parlons. De plus, les fructifications offrent aussi, sur la coupe des rachis, une forme sem- blable des faisceaux vasculaires; on doit donc encore les rapporter aux pétioles dont nous avons parlé. Étant donné ces matériaux, les genres végétaux en question peu- vent être utilement étudiés et comparés aux genres connus ; les pétioles qui se rapprochent le plus de ceux du genre Botryopteris (nom que donne M. Renault à ce nouveau genre) sont les pétioles du Calopteris dubia de Corda (Fossili flora des Forwelt), mais la coupe n'est cependant pas identique. On peut résumer comme il suit les caractères des pétioles et des {o Cylindre vasculaire central plein, à fibres réticulées, sans lames cellulaires, incluses. Les éléments les plus fins sont à l'extérieur du cylindre ; 20 Une gaîne cellulaire délicate séparant le cylindre central de la partie extérieure ou corticale; 3° Une partie corticale fibreuse très-développée, limitée par un épi- derme rarement conservé et couvert de poils ; 40 Les pétioles sont cylindriques, sans gouttière longitudinale, avec un faisceau vasculaire central en forme de w, composé de cellules ré- ticulées, poreuses et rayées, entouré de deux zones distinctes : l'une légèrement fibreuse, l'autre cellulaire, qui le séparent de la région corticale, assez développée. M. Renault établit deux espèces dans ce genre ; ce sont les Botryo- pteris forensis et B. dubius. Les différences sont assez tranchées : dans le B. forensis, les capsules sont serrées les unes contre les autres, por- tées sur un rachis ramifié; les sporanges sont pyriformes, ils présen- tent le même aspect que ceux du Loæsoma Cunninghami, mais ils sont trois fois plus développés. Chaque capsule renferme un grand nombre de spores, plus qu'on n'en voit en général dans celles des Fougères, mais leurs dimensions sont plus faibles. Dans le B. dubius, les capsules sont placées à l'extrémité terminale des ramuscules du rachis, qui sem- blent serenfler pour les produire. Lessporanges sont obtus, réniformes, plus gros que ceux du B. forensis; les spores sont plus volumineuses. Ces deux espèces rentrent donc dans le grand groupe des Fougères, y compris les Ophioglossées de Robert Brown. D'une part, on trouve des analogies entre les Fougères proprement dites, et d'autre part sur les Ophioglossées. Ainsi, l'absence de tissu cellulaire dans l’une se retrouve dans les Hymenophyllum, les Trichomanes (T. Prieurü et T. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 575 fioribundum); mais dans ces Fougères le faisceau central est formé de fibres rayées, tandis que ce sont des fibres réticulées que l'on observe dans les Botryopteris. Toutefois la fructification est autrement diffé- rente dans ce dernier genre et les Fougères citées ci-dessus ; les spo- res y sont plus nombreuses et plus fines. Il y a aussi quelque analogie entre le genre fossile et certaines Osmundées : Le pétiole offre une nature analogue ; les sporanges pré- sentent dans les Botryopteris une bande élastique représentant la pla- que des sporanges d'Osmumda regalis, de Todea africana, mais les spo- ranges diffèrent par la forme, la grosseur, et les spores par le volume et le nombre. Il en est de même des tiges, dont la structure est différente. Si l’on compare le genre Botryopteris avec les Ophioglossées, on voit que le Botrychium subcarnosum a des sporanges dont la structure est plus complexe que dansle Botryopteris forensis, mais moins que dans le Botryopteris dubius. Les Helminthostachys et les Botrychium ont des spores qui, comme celles des Botryopteris, sont plus petites et plus nombreuses dans chaque sporange que dans les Fougères proprement dites. Les pétioles ont moins d'analogie. Les tiges des Ophioglossées présentent en outre une moelle centrale. Nous voyons donc que nous ne saurions faire rentrer le genre Bo- tryopteris dans la famille des Ophioglossées; nous avons décrit les différences qui le séparent des Trichomanées et des Hyménophyllées, groupes de Fougères proprement dites dont il se rapproche le plus. Le genre Botryopteris doit donc être considéré comme un genre éteint qui « était intermédiaire entre les Fougères proprement dites et les Ophioglossées ». Je crois devoir faire remarquer que ce résultat du travail de M. Re- nault offre un certain intérêt au point de vue de la phyllogénie et de l'établissement de l'arbre généalogique du règne végétal. Nous pouvons ajouter que les Ophioglossées elles-mêmes passent aux Lycopodiacées par le genre vivant Phylloglossum, ou encore par le genre fossile que Rob. Brown a décrit sous le nom de Triplosporites. Le savant botaniste Strasburger considère les Lycoptéridées, groupe devonien éteint qui présente à la fois les caractères des Fougères fo- liacées et des Lycopodiacées, comme la souche probable des Phanéro- games, qui se sont montrés d'abord sous la forme de Gymnospermes. — MM. Mayer et Wolkoff ont inséré dans les Annales le Mémoire suivant : Quelques recherches sur la respiration des plantes! 1 Ann. Sc. nat., Bot., VIe série, tom. I, pag. 241. 576 REVUE SCIENTIFIQUE. En premier lieu, il est nécessaire de définir exactement ce qu'on entend par respiration chez les végétaux. Or, on a confondu, et on confond souvent encore sous cette même dénomination deux actes phy- siologiques essentiellement différents l’un de l’autre. On sait en effet, depuis longtemps, que les végétaux exhalent de l'oxygène provenant de la décomposition de l'acide carbonique, dont ils fixent le carbone. De nos jours, ila été parfaitement établi que cette fonction était uniquement dévolue aux parties vertes, siéges de ce phénomène d'assimilation, et qu’il n'y avait pas là une respiration végétale à opposer à la respiration animale. Les végétaux respirent comme les animaux! : ils absorbent de l'oxygène et dégagent de l'a- cide carbonique ; c’est à ce phénomène que l'on doit réserver exclusi- vement le nom de respiration. On peut donner à la fonction inverse le nom d'assimilalion, employé par Sachs, ou encore de fonction chlorophyllienne, nom qui a l'avantage de rappeler que les parties vertes contenant de la chlorophylle en sont seules le siége. C'est de la véritable respiration, comme nous venons de la définir, que se sont occupés les auteurs de ce travail ; ils ont eu pour but prin- cipal d'étudier les influences qu’exercent sur cette fonction les agents extérieurs (lumière, chaleur). Les recherches ont été soigneusement poursuivies à l’aide d’un ap- pareil peu compliqué et dans lequelles variations de la respiration peuvent être observées avec une grande exactitude dans un court es- pace de temps, pendant lequel la respiration ne peut subir de chan- gements appréciables. Nous ne saurions entrer ici dans les détails de construction et de maniement de l'appareil; nous renvoyons le lecteur au Mémoire, dans lequel la méthode d'observation est minutieusement décrite, et nous nous attacherons aux résultats obtenus dans ces con- ditions. En opérant à une température invariable, on a pu constater la con- stance de la respiration dans l’atmosphère limitée de l'appareil. Des expériences faites sur de jeunes pieds de Sarrasin ont montré : 1° Que la respiration est restée à très-peu près stationnaire pendant une période de 19 h. 20 m. ; 20 Que la diminution de l'oxygène dans l'appareil n'a pas affecté visiblement l'intensité de la respiration, puisque, après avoir introduit une atmosphère nouvelle, la respiration s'est effectuée avec une acti- vité analogue ; 3° Que la diminution de pression qui devait résulter de la dispari- 1 Voir Revue des Sc. nat., 15 mars 1875, tom. III, pag. 655. TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 971 tion d'un volume sensible de gaz dans l'appareil n'a pas eu non plus d'influence marquée sur la respiration. Une plante de Tropæolum majus a donné les mêmes résultats. Des racines de Vicia faba isolées ont montré aussi une respiration d'une intensité constante pendant 2h. 35 m. Il résulte de toutes ces expériences que, à l’aide de l'appareil et de la méthode employée, on peut suivre la respiration et mesurer jus- qu’à dix et douze fois son intensité sans avoir à craindre que les mo- difications morphologiques dues à la croissance ne viennent exercer leur influence sur la respiration de la plante. Dans ces conditions, pendant une période de temps assez grande pour pouvoir faire plusieurs dosages, la respiration ne subissant pas de changements appréciables dus à des causes internes, il devient très- facile d'étudier l'influence que les agents extérieurs exercent sur cette fonction. L'influence de la température sur la respiration a été établie par les travaux de MM. Garreau, Boehm, Dehérain et Moissan, qui ont con- staté que l'élévation de température l’activait. Les expériences de MM. Mayer et Wolkoff montrent que l’inten- sité de respiration est proportionnelle à la température entre 16° et 39°; au-delà, l'intensité de la respiration varie peu, et d’ailleurs, à 450 par exemple, on n'a plus à considérer la respiration des parties jeunes, qui sont détruites à cette température, tandis que les parties plus âgées résistent et se développent. Les variations brusques de la température produisent peu d’in- fluence sur la respiration, surtout dans le cas d'une élévation subite ; dans un abaissement rapide, au contraire, on constate une influence marquée, une diminution de l'activité respiratoire, mais de courte durée. D'après M. Koeppen, les variations de la température exerceraient une influence manifeste sur l'accroissement en longueur ; mais peut- être aurait-il fallu, dans ses expériences, tenir compte des variations hygrométriques du terrain, les conditions variables d'humidité pou- vant influencer les résultats obtenus. On sait que la lumière exerce une influence très-marquée sur les phénomènes de l'accroissement en longueur (Laängenwachsthum). En est-il de même sur la respiration ? Les faits nombreux montrent qu'il n’en est pas ainsi et que la lumière exerce une influence inapprécia- ble sur la respiration. D'où l'on doit conclure qu'il n’y a aucun rap- port entre l’accroissement en longueur et l'intensité de la respira- tion. 578 REVUE SCIENTIFIQUE. — Linné (Suppl., pag. 424) a fondé le genre Pandanus sur une es- pèce, le Pandanus odoratissimus. Depuis, on a groupé autour de cette plante un certain nombre de végétaux que l’on a fait rentrer dans le genre Pandanus. Les descriptions ont été généralement faites sur des matériaux insuffisants, consistant surtout en fruits isolés. Gaudichaud, qui avait eu l’occasion d'étudier ces végétaux sur place, a publié dans l'Atlas da Voyage de la Bonite des planches, malheureusement restées sans texte explicatif, dans lequelles il a établi des coupes génériques dans le grand genre Pandanus. M. Brongniart! a étudié à nouveau les Pandanées et pense que les particularités qu'offrent les fruits et la disposition des fleurs mâles autorisent à décomposer le genre Pandanus en plusieurs geures dis- tincts. M. Brongniart emploie la nomenclature de Gaudichaud « toutes les ois que les caractères signalés dans ses figures sont faciles à recon- naître». On a distingué dans les Pandanus des espèces à carpelles isolés et d’autres à carpelles agrégés en phalanges, ou syncarpium. Dans ce dernier cas, M. Brongniart montre que deux dispositions différentes peuvent êtres distinguées. Dans les vrais Pandanus (P. odoratissimus et espèces voisines), les Vinsonia de Gaudichaud, un cercle de car- pelles ou nucules entoure d'autres carpelles placés au centre, et les stismates sontdirigés vers le centre. Dans d'autres espèces au contraire, Barrotia tetrodon (Gaud.), il n'y a qu'un seul rang de carpelles et les stigmates sont dirigés vers le sommet. Le Pandanus furcatus (Roxb.) correspond au Barrotia diodon (Gaud.), et Vries en a fait le type du genre Rickia, que M. Brongniart croit devoir être conservé. A ces différences dans le fruit il faut ajouter des différences dans les inflorescences mäles. Les vrais Pandanus ont des fleurs mâles disposées en épis nombreux, placés à l'aisselle d’une grande bractée qui les dépasse. Dans le genre Rickia, la disposition est peu difiérente ; le Pandanus monticola (Müll.), de même, ne présente que de faibles modifications : cette dernière espèce appartient évidemment au genre Fisquetia de Gaudichaud. Au contraire, les Barrotia et les Bryantia différent notablement des vrais Pandanus par la forme de l’inflores- cence mâle. La flore de la Nouvelle-Calédonie renferme des espèces apparte- nant à trois genres distincts. 1 Observations sur les Pandanées de la Nouvelle-Calédenie. (Ann. Sc. nat., Bot., VIe série, tom. I, pag. 662.) TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. 579 1° Les Pandanus proprement dits y sont représentés par deux espèces : le Pandanus odoratissimus, à céphalium gros sphérique, etune autre espèce à céphalium plus petit qui se rapproche beaucoup d’une forme du P. pedonculatus (R. Br.) de l'Australie tropicale. 2° Les Barrotia à céphaliam elliptiques allongés, prismatiques quelquefois, les stigmates étant dirigés vers le sommet du céphalium, sont représentés en Nouvelle-Calédonie par sept espèces différentes ; ce genre est non-seulement caractérisé par ses fruits, mais encore par les fleurs mâles, qui diffèrent de celles des vrais Pandanus. Sur deux de ces espèces, on observe une disposition particulière des fleurs mâles rappelant en grand les épis des Æquisetum par la présence de sortes de disques portant les étamines. Ces deux espèces sont les Barrolia altissima ( Pandanus altissimus Panch.) et Barrotia macrocarpa (Pan- danus macrocarpus ? Vieill.). Ce dernier s'éloigne des autres par ce fait que les ovaires sont isolés, non groupés en phalanges, ou syncar- pium. Les autres espèces peuvent être rapportées à ce genre par la forme du fruit, mais les fleurs mâles n’ont pas été observées. 3° Les Bryantia (Gaud ) forment un genre dont une espèce unique est le Bryantia butyrophora, qui offre beaucoup d’analogie avec deux plantes de la Nouvelle-Calédonie. Mais le Bryantia butyrophora, espèce type du genre, possède un stigmate en forme de disque arrondi sur les dessins de Gaudichaud, tandis que les deux espèces de la Nouvelle- Calédonie ont un stigmate en forme de crête, M. Brongniart, consi- dérant ce caractère comme insuffisant pour servir à créer un genre nouveau, fait de ces deux espèces une section du genre Bryantia à laquelle il donne le nom de Lophostigma. Ges deux espèces sont les Bryantia (Lophostigma) viscida (Pandanus viscidus Panch.) et le Bryantia (Lophostigma) oblonga (Pandanus Minda Panch., non Vieill.). Elles diffèrent entre elles par la forme du céphalium et par les feuilles; toutes deux s’écartent par l'inflorescence mâle des Pandanus proprement dits. M. Brongniart donne une description détaillée de toutes les espè- ces calédoniennes des trois genres dont nous venons de parler; le Mémoire est accompagné de planches très utiles pour l'intelligence du texte. (A continuer.) Alfred Faure, : Aiïde Botaniste à la Faculté de médecine. Le 27 juillet dernier, notre collaborateur M. E. Heckel, docteur en médecine, professeur agrégé à l'Ecole supérieure de Pharmacie 580 REVUE SCIENTIFIQUE. de Montpellier, a subi devant la Faculté des Sciences de cette ville les épreuves exigées pour l'obtention du grade de docteur ès-scien- ces naturelles. Deux thèses étaient présentées : l’une de zoologie, analysée par notre excellent ami, le professeur Jourdain ; l'autre de botanique , traitant DU MOUVEMENT vÉéGÉTAL, en se restreignant à de Nouvelles recherches anatomiques et physiologiques sur la motilité dans quelques organes reproducteurs des Phanérogames. Après quelques considérations générales sur le mouvement végétal, qui est, ou spontané, ou provoqué, ou mixte, l’auteur aborde succes- sivement le mouvement provoqué dans les étamines des Berbéridées, dans les stigmates des Scrophularinées, des Bignoniacées, Sésa- mées, Goodéniacées, Brunoniacées, dans les étamines des Synanthé- rées, le mouvement mixte dans les étamines des Spermanñnia, Cistus, Helianthemum, Portulaca, Cereus et Cactus, et enfin le mouvement pé- riodique spontané dans les étamines des Ruta, Saxifraga et Phytolacca. Ses observations sont résumées dans les conclusions suivantes : « Dans les végétauxsupérieurs, le mouvement peut reconnaître deux causes primordiales attribuables à l'irritabilité fonctionnelle et à l'irri- tabilité nutritive. Les mouvements spontanés placés sous la dépen- dance de la seconde propriété (générale) se différencient surtout des provoqués, que régit la première (spéciale), par leur résistance à l’action des anesthésiques. » L'irritabilité fonctionnelle peut résider dans des organes diffé- rents : cellules de l’épiderme (Tiliacés, etc.); cellules parenchymateu- ses (Berbéridées, Synanthérées) ; enfin probablement vaisseaux spiraux (Bignoniacées, etc., et généralement toutes les lames stigmatiques irri- tables). Le mouvement provoqué peut, dans certaines plantes, se trouver réuni au mouvement spontané, se produire probablement pa le concours des mêmes organes, et rester cependant indépendant. « Dans les cellules irritables (elles ne sont généralement pas com- plétement tendues), la membrane d’enveloppe jouit d’une contractilité spéciale qui lui permet, soit une plication, soit une rétraction sans pli, au moment même où l'irritabilité lui est transmise. Le proto- plasma joue un rôle encore obscur qui se traduit par une concen- tration de la masse au centre de la cellule ; il est probablement l'or- gane sensible par excellence. Quant au rôle des trachées, quoiqu'il soit physiologiquement indiscutable dans le mouvement stigmatique, nous n'avons pu le définir avec toute la précision désirable. » Les différents agents physiques et chimiques dont nous avons étudié l'influence sur le mouvement provoqué ont une action qui rap- TRAVAUX FRANCAIS. — BOTANIQUE. o81 proche sensiblement ce phénomène de celui qui existe chez les ani- maux. » Cette Thèse est accompagnée de quatre planches. E. DUBRUEIL. RE —— Géologie. Note de M. Salvetat, avant pour titre : Faïts pour servir à l'étude du diluvium granitique des plateaux des environs de Paris. Lithologie des sables de Beynes et de Saint-Cloud (Seine-et-Oise). (Compt. rend. Acad., 22 novembre 1875). Dans cette Note, M. Salvetat expose les résul- tats que lui a fournis l’analyse chimique approfondie de plusieurs ma- tières prises dans des carrières à Beynes, et d'un sable rouge grani- tique trouvé dans le parc de Sant-Cloud. I. Les sables récoltés à Beynes, soumis à des lavages et décanta- tions, ont fourni une proportion, qui varie entre 9 et 18,45 pour cent, d'argile kaolinique formée, en moyenne, de 55 parties de silice, 30 d'alumine et 15 d’eau , en ne tenant pas compte des résidus et autres matières considérées comme impuretés. Quant aux sables eux-mêmes, ils renferment peu de mica; le quartz, soit sous forme de quartz cristallin, soit sous forme de quartz hyalin, y domine; d'autres grains offrent l'aspect des silex de la craie, quelques-uns sont lai- teux comme le quartz des filons. Le feldspath est tantôt limpide, tantôt opalin, comme dans certaines variétés des terrains transformés en kaolin. Enfin, ce sable lavé renfermait des fragments de coquilles bi- valves, quelques-uns bien conservés. A ces échantillons de sable étaient jointes quelques substances particulières : 1° Des nodules tuberculeux faisant effervescence et formés de carbonate de chaux résultät d'infiltrations supérieures ou d’injec- tions venues d’en bas ; 2° Quelques masses verdâtres, silicate d'alumine hydraté analogue à la collyrite ; 3° Des parties blanchâtres (marne calcaire, sans acide sulfurique) répandues dans une argile rouge ; 4° Une roche dolomitique cristalline contenant 90 pour 100 de car- bonate de chaux, 7,97 de carbonate de magnésie et 1,55 de silice. Une portion de cette matière, mais à texture grenue, renfermait 2,48 pour 100 d'acide silicique. II. Le sable du parc de Saint-Cloud renferme du quartz transpa- 582 REVUE SCIENTIFIQUE. rent et granulaire, des morceaux de feldspath jaunâtre ou rougeâtre ; enfin des fragments noirs sous forme cristalline, les uns à cassure brillante, les autres à cassure terne. Le lavage et la décantation séparent aisément l'argile kaolinique, promptement décolorée par l'acide chlorhydrique. La composition lithologique des sables de Beynes et de Saint- Cloud est analogue à celle des sables attribués au diluvium des plateaux. Appartiennent-ils à la faille de Mantes ou à celle de Ver- non? sont-ils le résultat d'alluvions verticales ou de dépôts réelle- ment diluviens ? C'est ce que leur position géologique permettra seule d'établir. M. Salvetat regarde l'altération kaolinique d'une portion du feld- spath comme un phénomène secondaire, identique probablement à celui qui amène la transformation des arkoses. — Dans un Mémoire présenté à l’Académie le 29 novembre 1875, M. Daubrée rend comptede la Minéralisation subie par des débris orga- niques, végélaux et animaux, dans l'eau thermale de Bourbonne-les- Bains. Des pilotis rencontrés dans les fouilles de l'établissement civil, et dont la partie supérieure est à 8 mètres au-dessous de la surface du sol actuel, étaient enfoncés, à 10 ou 15 centimètres l’un de l’autre, dans une couche d'argile appartenant à l'étage supérieur du grès bigarré. La substance originelle du bois de ce pilotis a, en partie, disparu pour faire place au carbonate de chaux, et la partie qui s'est conservée, au lieu de s'être pourrie et décomposée, s’est remplie de ce même sel jusque dans les moindres interstices de ses cellules, que cette imprégnation semble avoir distendues. A côté de vaisseaux fibreux blanchâtres , à peine altérés dans leur aspect et faisant à peine effervescence, il en est qui sont tellement chargés de carbonate de chaux que, à première vue, leur structure primitive est mécon- naissable. Dans l'échantillon que possède M.Daubrée, la partie voisine de l'écorce et l'écorce elle-même se distinguent par l'absence du car- bonate de chaux. Cette calcite, étudiée sur des tranches minces de ce bois minéralisé, est transparente et cristalline. Au milieu de la cal- cite lamellaire se trouve un réseau de parties opaques où les cellules, les vaisseaux et les rayons médullaires du tissu végétal sont parfaite- ment appréciables. M. Renault, attaché au Muséum, y a reconnu l'es- sence du Hêtre. Ces faits relatifs à la fossilisation contemporaine de végétaux ne sont pas les seuls qu'on connaisse. On peut citer encore les cas signa- lés par M. Stockes, dans un aqueduc romain à Eilsen, et par le pro- TRAVAUX FRANCAIS, — GÉOLOGIE. 583 fesseur Gæppert. Ils ne sont que la continuation des faits de même genre qu'on rencontre dans des couches des anciennes périodes, dans le lias de nombreuses localités et dans le calcaire jurassique de So- lenhofen (Bavière). s Sur d'autres pilotis qui supportent, à Bourbonne, les murs du pui- sard romain du milieu duquel jaillit la source thermale, à une tem- pérature de plus de 67 degrés, les parties détachées, au lieu d’être minéralisées, présentent l'aspect noirâtre de certains lignites. A une profondeur de 4*,50 (près des vestiges du temple), dans les mêmes substructions, on a découvert les axes osseux de cornes de Bœuf imprégnées aussi de carbonate de chaux. En en examinant au microscope une plaque mince, on voit que ce minéral a rempli en partie les cavités et a formé, dans les plus grandes, des géodes tapis- sées de cristaux de calcite. Ces os contiennent encore de la matière organique, car ils noircissent au feu, mais sans exhaler aucune odeur. M. Daubrée fait remarquer qu'aucune incrustation calcaire n’a été signalée à proximité des bois calcarifiés, de sorte que c’est bien la ma- tière ligneuse qui, par une sorte de sélection, a attiré le carbonate de chaux et l’a concentré dans ses cellules, comme il arrive dans les bois silicifiés, qui très-fréquemment ne sont avoisinés d'aucun dépôt siliceux; ce qui démontre bien le rôle de l'aflinité capillaire, sur lequel M. Chevreul a si justement appelé l'attention. La tendance de la matière végétale à se minéraliser est loin de se manifester uniformément à Bourbonne, même quand on ne considère que des points très-voisins, comme divers pilotis contigus ou diffé- rentes parties d'une pièce de bois. — Sur quelques indices de l'existence d'Édentés au commencement de l'époque miocène (Compt. rend. Acad., 29 nov. 1875). Dans cette Note de M. Gaudry, il est fait mention d’une première phalange et d'une phalange onguéale, probablement du même doigt, trouvées dans les phosphorites de Mouillac, canton de Caylus (Tarn-et-Garonne). Il résulte de l'examen attentif de ces deux phalanges, dont la première a 35%% et la dernière 24", qu'elles ne peuvent être rapportées qu à un animal du petit groupe des Édentés fossiles d'Europe, pour lesquels M. Gervais a proposé le nom de Macrothéridés. C'est au genre Ancy- lotherium que M. Gaudry rattache provisoirement l'animal dont deux phalanges seulement ont été découvertes, et il le désigne sous le nom spécifique de priscum, pour le distinguer de l’Ancylotherium Pentelicum de l'Attique. Ce dernier devait être un gigantesque animal dépas- 584 REVUE SCIENTIFIQUE. sant de beaucoup les plus grands Rhinocéros, tandis que la patte de l'Edenté des phosphorites de Caylus n'égalait pas celle d'un Cochon. Dans le même gisement auraient été trouvées des pièces qui se rappor- tent aux espèces suivantes : Œlurogale intermedia, Cynodictis compressi- dens, un autre Cynodictis plus petit, Canis palæolycos, Hyænodon lep- torhynchus, un Carnassier voisin du Pseudælurus Edwardsi, Amphictis ambiqua, Lophiomeryx, Dichobune, Cainotherium,Gelocus ; il y a donc lieu de penser que l'Édenté des phosphorites a vécu, soit à l'époque du miocène inférieur (sables de Fontainebleau), soit vers la fin de l’é- poque éocène {cacaire de Brie). — Dans une Note, Sur de nouvelles pièces fosssiles découvertes dans les phosphorites du Quercy, M. Gaudry (Compt. rend. Acad., 6 déc. 1875) continue le sujet traité dans la Communication précédente. Il cite la partie supérieure d'un humérus (dans la belle collection de M. Ern. Javal) qui, par sa gouttière bicipitale, son trochiteret son trochin déprimés, ressemble à celui d'un Singe ou d'un Lémurien. La Gécouverte de ce petit humérus des phosphorites permet de sup- poser que l'Adapis Duvernoyi (Palæolemur Betillei), avec la taille duquel il s'accorde et qui par plusieurs particularités de son crâne semblait s'éloigner des Lémuriens, se rapproche du moins de ces derniers par ses membres. Dans la collection des phosphorites de M. Javal, M. Gaudry a reconnu encore une pièce plus complète du Tapirulus hyracinus, nouveau genre de Pachyderme dont, en 1850, M. Gervais avait décrit et figuré un fragment trouvé dans les lignites éocènes de la Débruge. Par les diverses particularités de son système dentaire, cet animal singulier présenterait tout à la fois des rapports avec le Cainotherium, avec le Kanguroo et le Dinotherium, où mieux encore avec le Laman- tin. La forme générale de la mâchoire a surtout des rapports avec celle du Tapir. M. Gaudry, d'après l'examen qu'il a fait, dans le British Museum, du Lophiomeryx Chalaniati, decouvert par M. Pomel en 1854, pense pouvoir rapporter à ce Ruminant des mâchoires des phosphorites qui lui ont été communiquées par MM. Filhol, Javal et Rossignol. Les molaires supérieures sont dans le type ordinaire des Ruminants, tandis que les arrière-molaires inférieures présentent quelques carac- tères de celles des Chevaux. Parmi les pièces des phosphorites récemment acquises par le Muséum, M. Gaudry signale encore plusieurs molaires du genre Cadurcotherium Gervais, recueillies à Escamps (Lot), et un maxillaire TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 585 supérieur de Chalicotherium récolté à Bach, dans le même canton de Lalenque. Ce dernier, quoiqu'un quart plus petit, paraît appartenir à une espèce très-voisine du Chalicotherium magnum, du miocène moyen de Sansan; M. Gaudry propose pour le Pachyderme de Bach l’appella- tion de Chalicotherium modicum. Enfin M. Gaudry a reconnu dans la collection de M. Javal une molaire supérieure et plusieurs prémolaires du Lophiodon lautricense Noulet (Lophiodon rhinocerodes Rütimeyer), grande espèce qu'on n’est pas habitué à rencontrer avec l'Entelodon, l'Anthracotherium, le Chalicotherium, l'Ancylotherium. Une chose remarquable, c’est de trouver réunies dans les phospho- rites des espèces de l’éocène moyen, de l'éocène supérieur et du mio- cène moyen. Sauf quelques dents de Cheval, de Bœuf et de Cochon, qui sans doute ont été accidentellement mélangées, rien, d'après M. Gaudry, n'indique dans les phosphorites qu'il a examinées une époque plus récente que le miocène inférieur, et la présence du cément qui recou- vre les dents étudiées par lui et qui caractérise les animaux qui con- somment beaucoup de Graminées, l’engage à supposer que les prairies ont commencé à s'étendre dans le midi de la France avant l'époque du miocène moyen. —Dans un Mémoire de M. Stan. Meunier (Compt. rend. Acad., 13 déc. 1875) ayant pour titre: Examen lithologique du sable à glauconie, inférieur au calcaire grossier, l'auteur fait observer, d'après de nom- breux échantillons recueillis à Vaugirard, Sèvres, Cordeville , Mon- tainville, Chaumont en Vexin et Trolly-Breuil, que ce sable résulte toujours du mélange de matériaux granitiques (quartz et feldspath) avec des matériaux (silex, calcaires, phosphorites) provenant de couches stratifiées, parmi lesquels se reconnaissent clairement le calcaire pisolithique , la craie blanche , la craie chloritée et le gault. Les matériaux granitiques sembleraient , à première vue, avoir été portés là par des courants horizontaux , mais on peut y voir aussi le produit d'éruptions artésiennes (alluvions verticales) analogues à celles qui ont amené au jour les sables kaoliniques des environs de Beynes. La chaleur rouge appliquée sur la roche granitique la plus compacte, ainsi que l'a expérimenté directemement M. Meunier, suffit pour la transformer en arène tout à fait friable. Au moyen d'un appareil spécial , il a pu étudier l’action simultanée de cette tempéra- ture , de iacide carbonique et de la vapeur d'eau sur des fragments de granite. Après plusieurs heures, il n'a pu reconnaître aucune 586 REVUE SCIENTIFIQUE. action décomposante sur le feldspath ; ce qui l’engage à croire, au moins dans la majorité des cas, que la kaolinisation en est due aux agents extérieurs. Quant aux matériaux d'origine siratifiée, la couche à glauconie qui les contient offre simultanément le faciès littoral et la forme géné- rale d'un fond de mer tout entier. Gette apparente contradiction disparaît par l'observation de ce qui se passe sur un rivage actuel soumis à une dénudation active. Ainsi, le littoral sud de l'Angleterre fournit, à un moment donné , un cordon de galets qui s'accumulent au pied de la falaise; mais, par suite de progrès rapides de la mer sur la terre ferme, ce cordon se comporte comme s'il pénétrait progressi- vement dans le bassin de la mer. Intimement rallié aux galets for- més après lui , il est devenu un des éléments de la masse caïillouteuse. Pareille nappe s'étend fort probablement sur tout le fond de la Manche, avec Le double aspect signalé plus haut. D'ailleurs, du moment qu'un point de la nappe de galets se trouve assez distant de la côte (par suite de la retraite de celle-ci) pour que le mouvement des vagues ne puisse pas l'atteindre, un sédiment fin peut s'y déposer entre les silex, et des Mollusques à test délicat peuvent s’y établir. Sur nos côtes, dans les conditions ordinaires, et mettant de côté ce qui con- cerne les limons les plus fins, c'est de la falaise la plus voisine que dérivent les éléments des sables marins. À Dieppe pourtant, malgré la proximité de falaises granitiques, on ne recueille qu'exception- nellement dans les sables des débris de roches cristallines ; ce qui, comme le fait remarquer M. Meunier, viendrait à l'appui de la théorie des alluvions verticales dont nous parlions tout à l'heure. M. Meunier conclut, des observations qu'il a présentées, que l'étude d’un sable donné peut éclairer la reconstitution de l'époque à laquelle sa formation remonte, au point de vue du relief et de la nature de la surface du sol. — Dans des Remarques relatives à un Mémoire de M. Tschermak sur la géologie des météorites (Compt. rend. Acad., 20 déc. 1875), M. Stan. Meunier revendique, en fournissant des preuves à l'appui de son assertion, la priorité de la découverte de certains faits de pure obser- vation desquels M. Tschermak (22 avril 1875) déduit sa théorie, qui consiste à voir dans les masses qui tombent du ciel le produit de l’ex- plosion totale ou partielle de certains astres chez lesquels les phéno- mènes éruptifs auraient acquis une intensité dont on ne peut trouver une idée très affaiblie que dans les protubérances solaires elles-mêmes; théorie susceptible de critique, comme le croit M. Meunier. TRAVAUX FRANCAIS, — GÉOLOGIE. 587 Les deux ordres de faits sur lesquels insiste M. Tschermak sont relatifs à la présence de surfaces frottées sur certains échantillons de météorites, et à la structure élastique de quelques autres. Or, en 1872, M. Meunier avait montré sur des météorites de véritables failles avec rejet, et, en 1870, établi la nature bréchiforme de bon nombre de météorites. D'autre part, au sujet de la structure élastique des météo- rites, M. Meunier était allé bien plus loin que le minéralogiste autri- chien, et avait prouvé, dans un Mémoire publié en 1869 dans le Cosmos, qu'on peut souvent reconnaître les types lithologiques d'où dérivent les fragments réunis dans une brèche donnée, etarriver ainsi directement à reconnaître les relations de diverses roches cosmi- ques, maintenant séparées. De plus, M. Meunier avait signalé, parmi les météorites, de véri- tables roches éruptives, des filons concrétionnés, des roches métamor- phiques, et fait voir que la notion des relations stratigraphiques des météorites peut se conclure aussi de la concomitance de deux types dans une même chute. — M. Hébert, dans une note sur les Plissements de la craie dans le nord de la France (Compt. rend. Acad., 3 janvier 1876), rappelle les objections qu il a opposées, dès le principe, à l'hypothèse, soutenue en Angleterre, au sujet du tunnel sous-marin de Calais à Douvres. On supposait que ce tunnel pouvait être percé, en ligne droite dans un même banc de craie marneuse dont les affleurements, au Blanc-Nez et à Douvres, semblaient garantir la continuité régulière et directe à travers le détroit. M. Hébert, s'appuyant sur les études qu'il avait faites dans le nord de la France, et qui lui avaient révélé, dans les couches crayeuses, une série de bombements et de dépressions, avait exprimé sa conviction parfaite que cette structure ondulée des terrains en question devait nécessairement se continuer sous les eaux du détroit. N'était-il pas à craindre alors que l'on ne fût exposé à sortir des assises marneuses dans lesquelles on aurait commencé le tunnel, et à rencontrer en dessus ou en dessous d'elles, suivant le cas, des couches perméables, comme, par exemple, celle qui existe au contact de la craie grise ou de Rouen et de la craie blanche marneuse à Inoceramus labiatus. La réponse faite par MM. Ewans et Hawkshaw aux objections du savant français fut qu'il résultait de sondages exé- cutés dans le détroit que la structure du fond du canal n’était point telle que l’indiquait M. Hébert, Celui-ci réclama contre cette asser- tion des géologues anglais. Or, en août et septembre derniers, MM. Potier et Lapparent, ingénieurs des mines, grâce aux ressources 588 REVUE SCIENTIFIQUE. mises à leur disposition pour les sondages sous-marins, ont confirmé les idées émises par M. Hébert. Un des bombements pressentis par M. Hébert a été étudié avec soin; il est près de la côte française, et sa direction se rapproche de celle des plis signalés à l'intérieur des terres. Un autre bombement, voisin de la côte anglaise, est orienté presque exactement $.0.-N.0. M. Hébert termine sa Note par une série de remarques qui confir- ment les faits sur lesquels sa première opinion était fondée, et l’ac- compagne de la Communication suivante (Compt. rend. Acad., 17 janvier 1876). Indépendamment du système de plis dirigé N.E.-S.O, à l'étude desquels il s’était livré, il en signale un autre dont les bombe- ments du Boulonnais et de l’Artois et celui du Bray sont les plus sail- lants. Le bombement dela vallée de la Bresle, celui de la Seine et ceux des collines du Perche constituent un système de plis qui croisent le précédent presque à angles droits, de sorte que le sol du nord de la France se trouve ainsi divisé, par des axes anticlinaux ou des failles, en compartiments quadrangulaires. Tous ces accidents, comme l’indi- que leur forme, sont dus à des pressions latérales reproduisant, à l'in- tensité près, les mouvements qui ont produit les montagnes. Dès 1863, M. Hébert avait vu qu'une grande partie de ces mouve- ments de la craie du nord de la France s'étaient traduits par des plis ou des bombements, tandis que, dans la même région, les mouvements de la période jurassique consistent en simples oscillations par les- quelles le sol s’affaissait où s’exhaussait par rapport au niveau de l'Océan. Par suite de ces alternatives, le golfe jurassique anglo-pari- sien augmentait ou diminuait d'étendue sans altération dans sa forme générale. À l'époque portlandienne, il ne communiquait qu'avec la mer du Nord, et était formé de deux dépressions se réunissant à angle droit suivant une ligne dirigée de Londres vers Exeter. De ces dépressions, l'une coupait l'emplacement actuel de la Manche entre Fécamp et Calais, et s'étendait de Bath au Barrois (Bar-sur-Aube); l'autre, dirigée S.O.-N.E., servait de canal de communication avec la mer du Nord. Cette communication avait toujours existé depuis l’époque de l'infralias, et le golfe parisien n'avait pas cessé d’être une dépendance de la mer du Nord. Pendant la période crétacée, les mouvements généraux d'oscillation continuent ; mais, simultanément, les rivages du golfe, en se rappro- chant, amènent le plissement ou même le brisement des couches qui en constituent le fond, et les plis ainsi formés se trouvent parallèles aux deux directions principales du golfe jurassique. Le bassin de TRAVAUX FRANCAIS, — GÉOLOGIE. 589 Paris devient tantôt (comme à l’époque du dépôt du grès du Maine ou de la craie de Villedieu) un golfe de l'Atlantique largement séparé de la mer du Nord, tantôt (comme lors du dépôt du calcaire à Hippu- rites) il se trouve mis à sec en totalité. — Note de M. Vélain sur l'éboulement survenu à l'ile Bourbon. Note de M. le D' Vinson, de l'île de la Réunion, sur une commotion souter- raine au centre de l’île de la Réunion. Désastre, disparition d’un hameau de soixante-deux personnes. Ces deux Notes (Compt. rend. Acad. du 10 janv. 1876) sont relatives à la catastrophe survenue dans l'île de la Réunion, le 26 novembre dernier, entre 5 et6h, du soir, et due, comme on le sait, à l'écroulement, sur une longueur de 5 kilomètres, d'une partie du piton des Neiges et du Gros-Morne dans le cirque de Sala- zie, engloutissant sous des millions de mètres cubes de pierres et de terres amoncelées le village du Grand-Sable. M. Vélain attribue cette catastrophe à un éboulement produit par la désagrégation de certaines roches volcaniques de l'île, sous l'influence des agents atmosphé- riques. C'est pour lui le fait d'origine et la cause unique du désastre. Au contraire, le D' Vinson n'y voit que la conséquence d'une com- motion souterraine. Il fait remarquer que la projection de pierres énormes qui sont venues frapper le Camp-de-Pierrot, à 2 kilomètres du lieu de l'éboulis, se rattache certainement à une cause plus puis- sante que celle d'un éboulement. L’odeur sulfureuse répandue dans ces lieux, la pluie de pouzzolane rougeâtre revêtant les feuilles, sont encore un phénomène volcanique. Enfin la constitution géologique des lieux est encore, suivant M. le D' Vinson, une preuve en faveur d'une commotion souterraine. M. Ch. Sainte-Claire Deville partage en tout point l'opinion de M. Vélain. Il ne voit là, comme lui, qu'un simple éboulement tout à fait comparable à celui qui se fit en 1806 dans la vallée de Goldau, au pied du Righi, en Suisse, avec cette seule différence que dans ce dernier cas il s’agissait de poudingues tertiaires, tandis qu’au cirque de Salazie il s'est agi de conglomérats doléritiques. Les eaux infil- trées pendant fort longtemps dans ces conglomérats les ont désagré- gés, en entraînant partiellement les matières ténues qui leur servaient pour ainsi dire de ciment, et, à un moment venu, les assises com- pactes supérieures ont glissé sur cette base, devenue incapable de les soutenir dans cette position inclinée. L'événement survenu à l’île de Réunion ne présente, suivant M. Sainte-Claire Deville, absolu- ment aucun caractère éruptif. IV. 40 590 REVUE SCIENTIFIQUE. — Mammifères fossiles nouveaux provenant des dépôts de phosphate de chaux du Quercy. M. H. Filhol, dans une Note ainsi intitulée (Compt. rend. Acad., 24 janvier 1876) signale un nouveau Pachyderme (Dacrytherium anthracoïdes) à dents en série continue dont la for- mule dentaire est la suivante : [: #, G: +, M: 7. Ce nouveau Pachyderme, intermédiaire entre les Anthracotherium et les Tragu- lohyius de M. Gervais, présente à son maxillaire supérieur un vrai larmier profondément excavé, disposition dont, parmi les Pachyder- mes, on trouve seulement quelque chose d’analogue chez les Hippa- rions. Des gisements de Caylus, M. Filhol a obtenu un maxillaire su- périeur d'un autre nouveau Pachyderme ( Hyracodon primævus) dont le système dentaire est représenté par M: 3, Prém: 4, C: 1, Iuc: 3. Les vrais molaires sont intermédiaires, comme forme, à celles du genre précédent et à celle des Hyopotames. Il n'y a aucune inflexion de l'os au niveau des incisives, dont la première, quiseule a subsisté, offre des analogies avec la dent correspondante chez le Daman. Dans les mêmes gisements de Caylus, M. Filhol signale une espèce appar- tenant à un nouveau genre (Rutitherium Nouleti) qui, d'une part, se rapproche des Dorcatherium de Kaup, et, de l’autre, de certains types décrits par M. Bourgeois. Dans les gisements de Lamandine, M. Filhol a reconnu deux molaires inférieures postérieures du Cebochairus minor Gerv., dont on ne connaissait que trois molaires postérieures supérieures. Auxenvi- rons de Saint-Antonin, l'auteur a constaté diverses pièces de Dicho- don, de Hyopotame de petite taille et de nombreux débris de Carnas- siers, un, entre autres, nouveau (Tereutherium Thylacodes), offrant pour ses molaires la formule dentaire des Dasyures. Il a de plus trouvé la portion postérieure du maxillaire d’un Amphicyon nouveau, pour lequel il propose l'appellation d'Amph. ambiguus; un petit Cyno- dictis, aussi nouveau (Cynodictis exilis), dont le maxillaire inférieur avait à peine ? centimètres de longueur; un nouveau Didelphe (Didel- phis Lamandini) se distinguant des espèces connues par la présence d'une barre entre la canine et la première prémolaire; enfin un Myriapode absolument transformé en phosphate de chaux. — M. H. Filhol lit un intéressant Mémoire ayant pour titre : Mission de l’île Campbell, constilution géologique de l'ile (Compt. rend. Acad., 17 janv. 1876), etc. Les couches les plus anciennes (pointe de Duris) sont formées de sables agglomérés, à nombreux nodules de pyrite de fer; ces couches ont de 10 à 12 mètres d'épaisseur. Au-dessus et en TRAVAUX FRANCAIS.— GÉOLOGIE. 591 contact immédiat, s'étend une couche de calcaires puissants, jaunä- tres, à grains fins, assez tendres, qui forment en quelque sorte la char- pente de l'île. Excepté dans la portion N.0., ces calcaires ont été assez tourmentés par les phénomènes volcaniques qui ont suivi leur dépôt. M. Filhol y a découvert, après des recherches prolongées, des Pentacrines semblables à celles du crétacé supérieur de la Nouvelle- Hollande, et croit devoir les rapprocher de la formation du Waipara, caractérisée par les Pentacrines, les Dorsinia, les Dammara. Au-dessus des calcaires s'étendent de grandes nappes de dépôts éruptifs de roches trachytiques renfermant de gros cristaux de feld- spath et datant du début de l'éocène ; leur épaisseur est quelquefois très-considérable. L'âge de ces trachytes, comme celui des dépôts qui les surmontent, doit être rapporté à l’éocène inférieur. Durant la période jurassique supérieure et les périodes éocènes inférieure et moyenne, ce quiest actuellement l'île de Campbell faisait, suivant les observations de M. Filhol, partie d’un grand continent rattaché alors aux diverses terres aujourd'hui voisines. Ce grand conti- nent antarctique réunissait des terres séparées durant la période éocène supérieure et miocène inférieure. C’est probablement sur lui que vivaient les aïeux des Dinornis, Epiornis, Emens, Casoars, Nau- dons, Struthios, grands oiseaux, les uns éteints, les autres encore vivants, et qui ne seraient peut-être que des races issues d'une ori- gine commune. Campbell a été immergé pendant les périodes éocène supérieure et miocène inférieure. Le grand continent antarctique s'était effondré sous la mer, pour ne se relever qu'en parhe durant les périodes mio- cènes moyenne, supérieure et pliocène. C’est pendant la période miocène moyenne que Campbell a subi un mouvement d'élévation au-dessus de la mer, et c'est à partir de cette époque qu il est resté à l'état d’île, et celle-ci n’a pas participé au mouvement partiel d'abais- sement de la Nouvelle-Zélande pendant la période pliocène. De grands dikes de basalte se sont, pendant la période miocène moyenne, frayé un passage à travers les calcaires crétacés de la baie Persévérance, et ont constitué le mont Biman, qui sur divers points offre des prismes parfaitement conservés. Les dépôts récents formés par des amoncellements de matière végé- tale en putréfaction renferment les débris de diverses espèces de Phoques, mais on n’y trouve aucun ossementappartenant aux grandes espèces éteintes qui caractérisent le pleistocène de la Nouvelle- Zélande. 592 REVUE SCIENTIFIQUE. — Dans la séance du 24 janv. 1876 (Compt. rend. Acad.), M. Troulet soumet à l'Académie des Sciences une Carte du globe terrestre en pro- jection gnomonique sur l'horizon du pôle Nord. Cette carte, qui n'est qu'un avant-projet destiné à montrer le parti qu'on pourra tirer d'une carte complète, levée d'après ce principe, pour éclaircir, par un pro- cédé graphique et parlant de lui-même, quelques-unes des grandes opinions émises sur la Géologie, la Physique du glohe ou la Géogra- phie, ne s'étend du pôle arctique que jusqu'au 11° de lat. N. La por- tion teintée en gris représente l'hémisphère septentrional du globe; les continents teintés en brun sont la projection, en quelque sorte virtuelle, de l'hémisphère Sud. Chaque point de cette carte n'étant autre que l'intersection avec le plan tangent de la droite passant par le centre de la sphère, tout point de la projection marque deux anti- podes terrestres. Quelques points du réseau pentagonal de M. Élie de Beaumont, après avoir été calculés, ont été graphiquement trans- portés sur cette carte, ainsi que la position approximative des volcans du globe. Les énormes déformations produites évidemment par ce système de projection présentent, dans le butspécial que se propose M. Troulet, l'avantage de montrer avec encore plus de netteté la disposition linéaire de ces accidents de la surface de la terre. Sur un planisphère ainsi disposé et exécuté dans ses moindres détails, comme M. Troulet a l'intention de le faire, on verra d'un seul coup d’œil si les émana- tions volcaniques, métallifères, etc., sont ou ne sont pas disposées sui- vant les grands cercles de la sphère, c’est-à-dire en lignes droites sur la carte; on reconnaîtra si ces droites sont en nombre plus ou moins considérable, si elles sont parallèles, si leurs points remarquables géométriquement se distinguent ou non par des caractères physiques particuliers. Ce planisphère présentera en outre le tracé des lignes isothermes, isochimènes, isobarométriques, etc. — M.E. Robert (Compt. rend. Acad., 31 janv. 1876), dans une Note intitulée : Observations relatives aux plissements et aux brisures du ter- rain crétacé, à propos du percement d'un tunnel sous la Manche, vient confirmer les idées émises par M. Hébert dans une Communication précédente. Dans ses études sur Précy, M. Robert avait fait remar- quer que, indépendamment des traces de soulèvement bien manifeste sur toute la bordure du renflement de la craie au pied duquel est bâti Précy, il y avait eu dislocation de la craie et réduction en gros frag- ments chevauchant les uns sur les autres. Cette disposition explique la disparition si rapide des eaux pluviales qui tombent sur ce pla- TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 593 teau et l'absence complète d’eau dans les puits creusés dans le massif crétacé, à moins qu'il n'atteignenten profondeur le dessous du niveau des plus basses eaux de l'Oise. Cette dislocation a dû, suivant M. Ro- bert, avoir lieu dans la mer crétacée pendant les progrès de formation ou l’état gélatineux du silex pyromaque, puisque des filons de ce silex remplissent les fentes verticales déterminées par les soulève- ments de la craie, et que ce silex est identique à celui quise présente en rognons stratifiés. M. Robert conclut que si la craie qui forme le fond de la Manche se trouvait fissurée et brisée, comme elle l’est sur les bords de l'Oise (Précy, Beaumont), il serait à craindre que des infiltrations de l’eau de la mer n'apportassent dans les travaux des difficultés considé- rables. — M. de Quatrefages (Compt. rend. Acad., 31 janvier 1876) donne quelques détails sur des ossements de Cétacés découverts, il ya peu de temps, par M. Capellini dans des argiles pliocènes du Monte Aperto. Les entailles et incisions faites sur ces os par un instrument tran- chant ne laissent aucun doute sur la présence de l'Homme pliocène dans cette localité. Elle y est attestée par le même genre de preuves qu'invoquait M. Desnoyers au sujet des ossements de Saint-Prest. D' PALADILHE. M. J. Martin (Bull. Soc. Géol., 3 série, tom. III, n° 5) are- cherché dans la Côte-d'Or la présence des nodules de phosphate de chaux dans le Gault. Get étage est constitué par des sables réfractaires reposant directement sur les Galcaires portlandiens et par des argiles supérieurs versicolores; le tout a une faible épaisseur et supporte la Craie turonienne sans l’intermédiaire d'aucun dépôt cénomanien. Ce Gault, en lambeaux peu apparents au milieu des terrains tertiaires, est caractérisé par de nombreux fossiles de divers ordres. Le phos- phate de chaux, médiocrement abondant, y forme de petits Lits de nodules fossilifères dont ‘ia teneur en phosphate est de 41,23 p. °/. — Sur la dénudation du Mont Lozère, par M. Ebray (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n° 5). M. Ebray tient compte, pour calculer l’im- portance de la dénudation aux abords des failles : {° de ce qu'une épaisseur de terrain jurassique égale à celle qui subsiste sur la lèvre affaissée a été enlevée de la lèvre surélevée; 2° de ce que le dépôt qui existe sur la première n'est pas complet aujourd'hui, ayant subi la dénudation, bien qu'a un moindre degré; 3° de ce que le terrain ancien 594 REVUE SCIENTIFIQUE. a été lui-même enlevé après le jurassique sur une certaine épaisseur. Il arrive ainsi à conclure que la dénudation, évaluée par M. Fabre à 300 mètres, doit être portée à 600, et que les sommets, plus fortement entamés, ont dù dépasser 2,300 mètres; néanmoins il ne veut pas affirmer que les dépôts jurassiques aient recouvert la totalité du plateau granitique Lozérien. — Notesur les gisements des Polypiers des terrains tertiaires des provin- ces d'Oran et d'Alger, par le D' Bleicher (Bull. Soc. Géol.,3° sér.,tom.I1T, no 5). Ces fossiles se rencontrent dans trois stations miocènes diffé- rentes : 1° disséminés, plus ou moins brisés, dans des marnes, parfois dans des sables, des conglomérats. Tantôt ce sont des Polypiers libres qui y sont accompagnés par de nombreux univalves et bivalves, notam- ment Ostrea cochlear, et paraissent avoir vécu à d’assez grandes pro- fondeurs. D'autres fois ce sont des Coralliaires, des Alcyonnaires, des Pennatulides, des Graptulaires, vivant libres ou fixés au milieu des colonies de Bryozaires, Térébratules, Échinides, par une faible profon- deur, au voisinage de la côte; 2° en récifs, où vivaient confondus les Polypiers rameux et les Polypiers à plateau; — 30 les rochers de la mer miocène sont recouverts de Polypiers étalés en plateaux, d'Huîtres et percés de Pholades. — Sur les granulites et les minettes.…, par M. Ebray (Bull., tom. IT, n° 5. Les granulites de la Loire traversent les schistes carbonifères etles porphyres granitoïdes, mais non les porphyres quartzifères, dont ils seraient contemporains. La minette a traversé le porphyre quart- zifère et serait, selon l’auteur, plus récente quele terrain houiller. Dans le sens horizontal, ces roches de filon prennent une structure moins cristalline à mesure qu’on approche des parois; dans le sens vertical, il en est de même à mesure qu’on s'élève, et d'une manière encore plus marquée. Aussi M. Ebray propose de désigner les roches érup- tives, non pas d'après leur structure, variable dans une même masse, mais en formant leur nom de celui du dernier terrain traversé. — Coup d'œil sur la Faune des couches à Congéries, et des couches à Paludines de l'Europe centrale et méridionale, à l'occasion d'un récent tra- vail de M. Brusina, par M. R. Tournouër (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n°5). Ce dernier travail a pour objet l'étude paléontologique des fossi- les mio-pliocènes appartenant aux couches à Congéries et surtout aux couches dites à Paludines. Ces horizons, bien développés en Dalmatie, en Croatie, en Esclavonie, dans tout le bassin du Danube et dans la re” TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 595 région Aralo-Caspiennne, ont aussi été reconnus aujourd hui dans la vallée duRhône et de la Saône (couches à Potamides Basteroti, Melampus Serresi, M. Neumayri, de Montpellier, Théziers, Visan; couches à Palu- dina Falsani, Melampus Neumayri, de Lyon et Saint-Amour; couches à coquilles lacustres de Meximieux, Haute-Rive, Montpellier); dans le nord de l'Italie; en Grèce; probablement en Algérie. Gette faune est surtout une faune d'eaux vives: les Neritina, Unio, Melanopsis, Vivipara, y dominent et témoignent du développement d'un riche sys- tème hydrographique dans notre Europe à cette époque. Un grand intérêt se rattache d'ailleurs à cette faune, au point de vue de l’ori- gine de nos espèces européennes; les affinités zoologiques des espèces non européennes sont surtout nord-américaines. Mais rien dans la faune malacologique à Congéries ou dans celle à Paludines ne rap- pelle l'Afrique; remarque pleine d'intérêt, car aujourd'hui encore la faune vraiment africaine ne se mêle à la faune circumméditerra- néenne qu'en Egypte, par le Nil, et que d'un autre côté la faune mammalogique européenne mio-pliocène (Pikermi, Gucuron) a des affinités très-grandes avec l'Afrique. —Batraciens dans le terrain Primaire, par M. Gaudry (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. ITT, n° 5). Le nom de Salamandrella, donné par M. Gau- dry aux Batraciens de Muse et de Millery, dans une Note à l’Académie des Sciences (V. Rev. Sc. nat., tom. IV, n° !, p. 86), est changé en celui de Protriton petrolei, parce que l'autre était déjà employé pour un animal vivant. De même que les plus anciens Mammifères connus, ces primitifs Batraciens sont très-petits. [ls s'éloignent des formes habituelles des Reptiles des terrains houiller et permien, décrits sous les noms de Ganocéphales, Labyrinthodontes, Microsauriens, et en diffèrent par des caractères qui marquent précisément une tendance vers les Batraciens actuels. En même temps ils tiennent, parmi ceux-ci, à la fois des Urodèles et des Anoures, et diminuent la distance qui sépare ces deux types. — Imitation artificielle du Platine magnétipolaire, par M. Daubrée (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. IIT, n° 5). Kn fondant du platine et du fer dans les proportions où ces deux métaux sont associés dans les pépites naturelles, M. Daubrée a obtenu des lingots présentant d’eux- mêmes des pôles magnétiques, et c'est bien sous l'influence de l’in- duction terrestre que se développent ces pôles, car leur position varie avec l'orientation du lingot pendant son refroidissement. — Association, dans l'Oural, du Platine natif à des roches à base de 596 REVUE SCIENTIFIQUE. Péridot ; par M. Daubrée (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom.ITT, n°5). Le platine se rencontre, dans l'Oural, en pépites et grains isolés dans les terrains de transport ; quelle est sa roche mère? M. Daubrée a observé quelques morceaux de ce métal engagés encore dans des galets d'une roche consistant principalementen serpentine, dans laquellele micros- cope fait découvrir des grains biréfringents de péridot et de minces lamelles de diallage. Le fer chromé accompagne le platine natif, allié lui-même à du fer. M. Daubrée a reproduit une association analogue en faisant agir l'oxygène sur un alliage de platine, fer et chrome, en fusion dans une coupelle de chaux. Le fer et le chrome se sont oxydés, sans constituer toutefois du fer chromé. La présence du fer métallique allié au platine natif, la présence du fer chromé et celle du péridot, rappellent singulièrement la constitution des météorites, qui con- tiennent les mêmes éléments. Seulement, dans la roche de l'Oural une partie du péridot s’est hydratée et transformée en serpentine. A la suite de cette communication et à propos de la concomitance du fer chromé et du platine ordinairement accompagné de l'iridium, M. de Chancourtois fait remarquer que le groupement des corps sim- ples le long d'un hélice manifeste les rapports de diverse nature exis- tant entre eux. — Sur le Réseau pentagonal de M. Élie de Beaumont, par M. de Chan- courtois (Bull. Soc. Géol.,3° série, tom. IT, n° 5).L'auteur rappelle que M. Elie de Beaumont, après avoir fait connaître dans ses systèmes de montagnes le principe des alignements géologiques, annonça, en septembre 1852, à l'Académie des Sciences, la découverte de la corré- lation des directions des différents systèmes de montagnes, consistant dans la reproduction des angles formés par les systèmes de montagnes entre eux, au moyende cinq groupes de trois cercles rectangulaires entre eux. Ces cercles tracent sur la sphère, entre autres figures, un réseau de pentagoncs réguliers répondant aux faces du dodécaèdre pentagonal. M. de Chancourtois, après avoir posé en principe que le réseau pentagonal est la règle de la variété géographique, indique, au point de vue de la mécanique, comment la symétrie pentagonale intervient dans les configurations géologiques. — Sur les calcaires devoniens du nord de la France, par M. Gosselet (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. IIT n° 6). En 1860, M. Gosselet admet- tait que plusieurs des couches devoniennes du bord méridional du bassin de Dinant ou d'Avesnes ne sont pas représentées sur le bord septentrional. Ces lacunes se sont comblées peu à peu, sauf celle ré- TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 997 pondant au calcaire de Frasne, à la base du devonien supérieur. Il s’est donc appliqué à suivre du Sud au Nord, à travers le bassin, les affleurements de ce niveau, et il a vu le caractère minéralogique et la faune se modifier graduellement d’un point à un autre, de telle facon que certains calcaires de la partie Nord (Ferrières), de même que ceux de Ferques, dans le Boulonnais, sont la continuation latérale de ceux de Frasne. La série devonienne se complète ainsi du côté du Nord. — Sur la corrélation qui existe entre les oscillations du sol et la confi- guration des côtes dela mer, par M. de Cossigny (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n°6). Dans cette note, M.de Cossigny montre que l'explication de la formation des cordons littoraux par la diminution de vitesse des vagues qui viennent s'étaler sur une côte plate, a besoin d'être complétée, en faisant intervenir l'hypothèse des oscillations verticales du sol. Par le retrait successif de la mer, on explique alors la formation des cordons littoraux multiples, comme ceux d'Aigues- Mortes. Si le retrait est lent, ces cordons littoraux se confondront les uns avec les autres, en constituant une large bande qui aura l'appa- rence d’une plage dont la pente vers la mer est très-douce, mais dont la terminaison est une berge bien prononcée (côte d'Italie de la Spezzia à l'embouchure de l'Arno). Enfin un autre cordon littoral pourra se former par-dessus cette nouvelle plage, s'il y a un léger affaissement du sol, et de l’autre côté de la levée de sable restera un étang salé : c'est cette disposition que nous voyons sur les côtes du Languedoc. A l'appui de cette théorie, M. de Cossigny fait remarquer que la côte de l'Italie centrale, le long de laquelle les Marais-Pontins se montrent séparés de la mer par deux cordons littoraux bien distincts, est une contrée classique pour les variations de niveau qu'elle a su- bies. Pour le Languedoc, il cherche à montrer la possibilité de fail- les parallèles au rivage et d'oscillations du sol qui seraient sous la dépendance de celles-ci; mais les bases sur lesquelles il s'appuie manquent de solidité. Sur les côtes de la mer du Nord, l'appareil lit- toral, bien développé de Calais jusqu'aux embouchures de l'Elbe et du Weser, consiste en dunes qui recouvrent une couche de tourbe d'un mètre environ d'épaisseur. Celle-ci ne contient pas de coquilles marines, mais seulement lacustres et terrestres, avec des restes de l'industrie gallo-romaine, ce qui prouve à la fois sa formation au-des- sus du niveau de la mer et son origine récente. Depuis cette épo- que, l’affaissement du sol l'a fait recouvrir par un dépôt sableux avec coquilles marines, et c'est probablement à la suite d’une légère et 598 REVUE SCIENTIFIQUE. nouvelle élévation que les dunes se sont établies par-dessus, en mettant le tout à l'abri des marées. M. de Cossigny cherche aussi à expliquer par l'élévation inégale du sol sur les parcours des bras du Rhône l'ensablement d'une branche du fleuve de préférence à l’autre. — Étude sur les terrains silurien et devonien du nord du département d'Ille-et-Vilaine, par M. Delage (Bull.Soc. Géol.,3° série, tom. IIT, n°6). Le terrain Silurien est formé de trois étages : 1° au-dessus des schistes de Rennes reposent les grès à bilobites avec Scolithus linearis, qui avaientété méconnus par M. Massieu dans sa carte géologique du département ; — 2° schistes ardoisiers, avec Calymene Arago, Dalma- nites socialis, Trinucleus Pongerardi, Illenus; — 3° schistes à Graptolithes du même âge que ceux de Poligné, et contenant les mêmes fos- siles. Le terrain Devonien, dans le nord du département, est formé par cinq séries de couches : 1° grès sombres inférieurs, avec Homalonotus, Grammysia, Orthoceras, Orthis, Modiolopsis, Bellerophon; — 2° schistes et grauwackes, avec Pleurodyctium problematicum ; — 3° calcaire marbre pétri de fossiles : Homolonotus Gervillei, H. Forbesi, Dalmanit.s Calli- teles, Orthoceras striatum, Murchisonia bilineata, Spirifer Rousseau, S. Pellico, S. macropterus ; — 4° et 5° schistes et grès supérieurs, peu fossi- lifères, qui supportent le calcaire carbonifère, à Bourgon. Le terrain carbonifère est formé de deux séries : {° calcaire carboni- fère à Ampleæus recouvert de schistes jaunâtres fossilifères ; 2° terrain houiller proprement dit: poudingue, schistes avec fougères, houille. — M. Pillet communique à la Société (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n°6) une description géologique et paléontologique de la colline de Lémenc, près Chambéry, par lui et M. de Fromentel. M. Hébert fait observer que quelques déterminations spécifiques sont erronées, ce que M. Pillet reconnaît possible de très-bonne grâce, et déclare que ce travail ne le fait nullement revenir sur ses apprécia- tions précédentes, relatives à l'âge des couches de Lémenc *. — M. Collot (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. IIT, n° 6) présente une Note sur le terrain jurassique dans l’ouest du département de l'Hé- rault. Il expose que les Marnesirisées avec gypse alternent dans le haut avec de petits lits de calcaire siliceux, jaunâtre, et que le passage 1 Voir Rev. sc. nal., tom. IV, pag. 424, le Compte-rendu de l’excursion de la Société géologique à Lémenc. TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 599 se fait ainsi graduellement aux couches infraliasiques. A la base de celles-ci on trouve des grès et des calcaires avec grains de quartz; vers ce niveau ou peu au-dessus se trouve l'Avicula contorta. Dans les environs de Lodève, l'Infralias est bien plus puissant qu’au $S.O., autour de Saint-Chinian. On y rencontre, au-dessus du niveau de l'Avicula contorta et de bancs dolomitiques, des calcaires bleuâtres à Cypricardia porrecta et Plicatula intusstriata qui paraissent répondre au niveau de l'Ammonites planorbis. Au-dessus vient la longue série des calcaires siliceux blancs, dans la partie supérieure desquels quel- ques Mollusques se sont rencontrés, rappelant plutôt la zone supé- rieure de l'Infralias que les faunes du Lias inférieur. Le Lias inférieur et la zone inférieure du Lias moyen manquent, et, sur les dernières couches corrodées du puissant Infralias, on rencontre la faune supé- rieure du Lias moyen, à Ammonites margaritatus, Am. spinatus, Pecten æquivalvis, puis les Marnes supraliasiques, l'Oolithe inférieure et un énorme développement de dolomies. Les couches supérieures à l'In- fralias ont un caractère littoral, mais la mer paraît être allée en s’ap- profondissant graduellement. Le plateau de la Vacquerie, immédia- tement au-dessus des dolomies, ne montre que des calcaires gris, plus ou moins fissiles, suprà-oxfordiens, et les calcaires blancs à coraux de la Sérane. Ce n’est que plus à l'Est que les faunes à Ammonites transversarius et Am. cordatus se développent. Dans le S.O., la série est tronquée par le haut, tantôt au-dessus de l'oolithe inférieure, tantôt au-dessus de l'infralias. À Saint Chinian, un puissant dépôt de poudingue quartzeux rouge, passant au grès, puis à la marne rouge, repose sur les couches jurassiques et supporte un dépôt très-important de calcaire lacustre contemporain de ceux de Rognac et de Vallemagne. Ce nouveau système a subi toutes les dis- locations et torsions du jurassique. — Note sur les phosphatières du Tarn-et-Garonne et sur l’hydrologie des environs de Montauban, par M. Rey Lescure (Bull. Soc. Géol., 3° sér., tom. IIT, n° 6). L'auteur cherche à bien circonscrire la région dans laquelle se rencontrent les phosphates, et à préciser les mouvements qui ont accidenté la contrée. Les lignes anticlinales et synclinales indiquent généralement les directions suivant lesquelles se sont faites les fissures qu'a remplies le phosphate de chaux. Ces directions sont entre N.O. et N.N.O. d’une part, et N.E. et E.N.E. d'autre part. Elles se rapprochent de celles des systèmes du Mont-Viso N.20°0. et de la Côte-d'Or E.40°N. C'est dans les terrains oxfordien et coral- lien que les phosphates se sont fait jour. M. Rey Lescure les consi- 600 REVUE SCIENTIFIQUE. dère comme ayant été émis par des sources hydrothermales analogues à celles qui ont formé les fers pisolithiques, lesquels d’ailleurs leur sont quelquefois associés. Les exploitations profondes ont montré que les gîtes ne se terminent pas dans le fond en cul-de-sac, et aussi que les os empâtés cà et là dans le phosphate manquent dans la partie inférieure, qui est précisément la plus riche; dans tous les cas, ces os nemontrent pas d'altérations avec passage à la roche de phosphate. Ces faits témoignent en faveur de l'origine hydrothermale des phosphates. Les matières diverses, sable, argile, calcaire, gypse, qui ont été éjectées en abondance, surtout dans le Tarn-et-Garonne, ont formé sur les plateaux jurassiques des couches de calcaires terreux lacustres et de travertins. M. Rey Lescure montre ensuite sur une carte hydrogéologique au 1/10,000 des environs de Montauban, que les nappes d'eau existant dans les terrains de transport de la Garonne et du Tarn sont inéga- lement importantes, et, cherchant à évaluer leurs épaisseurs et leurs altitudes, montre auxquelles on aurait dû s'adresser de préférence pour l'alimentation de la ville de Montauban. — Notice explicative d'une carte agrogéologique et hydrologique du Tarn- et-Garonne, par M. Rey Lescure (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, no 7). Les Granites et les Schistes cristallins, les Grès et Dolomies triasiques, l'Infralias et le Lias, les Calcaires jurassiques, les argiles bariolées de l'Eocène moyen et supérieur avec les dépôts geysériens de phosphate, de gypse, de fer pisolithique, sidérolithique; le calcaire blanc de l’Agenais à Helix Ramondi et Anthracotherium; les marnes et sables molassiques; les divers dépôts de la Garonne, du Tarn, de l'Aveyron: tels sont les terrains que l'auteur a représentés dans le Tarn-et-Garonne, qu'il considère comme ayant été, depuis la fin de l'époque secondaire, un centre d’affaissement, tandis que les bords du plateau central, les Pyrénées, les rivages anciens de l'Océan, s'éloi- gnaient de plus en plus du niveau de la mer. — Carte géologique, minéralogique et agronomique du canton de Mende; par G. Fabre (Bull. Soc. Géol., 3° série tom. ILI, no 7.) La carte est au 1/20,000; elle est accompagnée d'une triple légende répondant aux trois titres de la carte. Le canton est principalement formé par les couches jurassiques absolument concordantes , depuis les Arkoses infra-liasiques jusqu'aux Calcaires lithographiques oxfordiens. Les trois étages suivants font seuls défaut : Zone infraliasique de l'Ammonites planorbis; zone liasique de la Gryphée arquée; zone TRAVAUX FRANCAIS: — GÉOLOGIE. 60 supérieure de la grande oolithe. M. Fabre appelle l'attention sur l'existence, à la base de l'infralias, d'arkoses pénétrés de mouches de barytine, de galène ; sur l'importance stratigraphique de l'horizon à Fucoïdes, qui fait le tour du plateau central de Poitiers à Lyon ; sur l'existence bien constatée d'un bathonien très-épais, fait nouveau dans l’histoire de la bordure méridionale du plateau central. Les nombreuses failles de la région se groupent naturellement sous les directions suivantes : 22°48'...... systeme du Mont-Viso; 23°*........ — des Alpes Occidentales; 42......... — de la Côte-d'Or; AL RES PEER — des Pyrénées. La connaissance de la direction précise des failles et de leur allure permet de diriger les recherches des sources tout autour du plateau (causse) formé par les calcaires jurassiques reposant sur les Marnes supraliasiques imperméables. M. Fabre fait jouer le principal rôle, dans la production du sol cul- tivable sur les plateaux calcaires et dolomitiques, aux argiles éruptives. — Sur les terrains tertiaires dans le bassin du Rhône et des Usses, par M. Em. Benoît (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n° 7). L'auteur cherche à montrer « qu’il y a, dans les basses vallées de la Suisse et de la Savoie, des couches marines et des couches d'eau douce con- temporaines du Nummulitique des Alpes », et que plusieurs d'entre elles, qu'on avait regardées comme lacustres, sont d'origine marine. Le terrain Sidérolitique, avec ses sables siliceux, que l’auteur consi- dère comme éruptifs aussi bien que son oxyde de fer, renferme la faune du Gypse parisien. Il s'étend du Jura jusque sous le grès num- mulitique des Alpes, les calcaires nummulitiques et les lignites de la même la région lui étant inférieurs. Tandis que les calcaires nummulitiques contiennentles fossiles du Soissonnais et du Calcaire grossier parisien, les grès contiennent ceux du groupe des Sables de Fontainebleau. Dans le bassin du Rhône, dans le Jura méridional, l'étage nummulitique inférieur ne serait pas représenté, mais les diverses molasses qui viennent au-dessus sont la continuation plus ou moins évidente des couches alpines. Il y a bien quelques couches lacustres qui se seraient formées sur le litto- ral, lorsqu'à la suite de quelques légères oscillations des lagunes remplaçaient la mer dans le voisinage du Jura, mais la grande masse de ces molasses inférieures, dites d'eau douce, serait marine, nonob- stant la présence de quelques corps organisés terrestres ou d’eau 602 REVUE SCIENTIFIQUE. douce entraînés par les courants. Des émissions délétères analogues à celles de l’époque sidérolitique pouvaient s'opposer au développement des animaux marins. D'ailleurs, ces couches paraissent en général se terminer en pointe vers le Jura et être formées de matériaux venant des Alpes. Au-dessus de ces molasses inférieures et des basses vallées, vien- nent des conglomérats d'éléments locaux ; ils répondent aux nagel- fluhs placés dans les contreforts des Alpes, entre le flysch le plus élevé et les molasses marines ; ils sont le début, dans le bassin du Rhône, de la période des molasses franchement marines contempo- raines des faluns de la Touraine. Il n’y a pas de changement radical entre la nature des molasses inférieures et celle des molasses miocè- nes ; la mer ne se serait donc pas substituée à un grand lac le long du Jura; seulement la mer eut alors une plus grande extension du côté du Jura et pénétra dans l'intérieur du massif. — M. Maurice de Tribolet(Bull. Soc. Géol., 3 série, tom. IT, n° 7) donne une description des Crustacés décapodes des étages Néocomien et Urgonien de la Haute-Marne. Sur les onze espèces étudiées dans ce travail, six ont été décrites du même terrain de l'Yonne, de la Perte du Rhône, du Jura neufchatelois et vaudois. — Terrains crétacés et tertiaires du Cotentin, par M. Dollfus (Bull. Soc. Géol., 3e série, tom. III, n° 7). La série étudiée par l'auteur, en commun avec M. Vieillard, forme aux environs de Carentan au Sud et d’Orglandes et la Hougue au Nord, un ensemble isolé qui repose sur le Silurien et le Devonien, le Trias et le Lias. Les couches créta- cées consistent en grès verts, à Orbitolines, Cénomanien, et en calcai- res à baculites, Sénonien, auxquelles les auteurs attribuent des indi- vidualités bien distinctes à tous les points de vue. Le terrain tertiaire débute par un calcaire noduleux à Échinides, avec moules de Mollusques, mis au niveau du calcaire grossier infé- rieur de Paris. Au-dessus vient un falun sableux à Bryozoaires, Fo- ramimifères, notamment à Orbitolites complanata rappelant le faciès profond du Calcaire grossier parisien. Il est séparé du calcaire à Échi- nides par un ravinement,et il l'est du calcaire à Millioles, qui le sur- monte, par une faible dénudation accompagnée d'un changement minéralogique notable, d'une modification paléontologique impor- tante, d'un exhaussement du pays et d’une extension géographique différente. Son isolement est quelquefois encore plus complet : c'est lorsqu'il repose sur le grès vertet est recouvert directement par l'ar- gile à Corbules, étage postérieur au calcaire à Millioles. Le calcaire TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 603 à Millioles est la plus puissante et la plus générale des assises ter- tiaires du Cotentin; il atteint le niveau du calcaire grossier parisien. Les fossiles connus de l'argile à Corbules se rapportent pour uñ tiers aux sables de Beauchamp, pour les deux autres tiers aux sables de Fontainebleau: aussi on peut y voir un faciès marin du Gypse pari- sien et du Calcaire de Brie. Viennent ensuite deux niveaux lacustres assimilables comme âge aux sables de Fontainebleau et au calcaire de Beauce. La série miocène, isolée par la base des dépôts précédents, est formée d'abord de deux couches profondes, faluns à Bryozoaires miocène moyen,et Conglomérat à Terebratuta grandis, puis d’une couche litto- rale, marne à Nassa prismatica contenant 75 p. °/, d'espèces subapen- nines, 20 p. °/, d'espèces vivantes. Par-dessus tout cela viennent les sables ferrugineux, les graviers et limons du terrain quaternaire. M. Tournouër pense que la mer falunienne de l'Anjou a pénétré dans le Cotentin et communiqué par là avec la mer miocène de l'Alle- magne du Nord; au contraire, pendant l’époque oligocène, les bassins paraissent avoir été séparés. — Le département de l'Ain à l’époque quaternaire, par M. Tardy (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom. III, n° 7). Les eaux qui s’écoulaient du Jura par les vallées de l'Ain et du Suran, pendant la fin de l'époque pliocène et le commencement de l’époque quaternaire, tournaient, à partir de Pont d’Ain, vers le Nord et passaient à Bourg; elles sui- vaient la vallée actuelle de la Reyssouse, pour se déverser dans la Saône. Leur lit ancien, qui dans les parties intermédiaires aux deux vallées est aujourd’hui désséché et domine de trente mètres le niveau de l'Ain actuel à Pont d’Ain, est parfaitement conservé et reconnais- sable. Pendant ce temps, le plateau des Dombes n'était pas séparé du Bugey par la coupure qui permet actuellement à l'Ain de se rendre directement au Rhône. Les glaciers des Alpes s'étendaient jusque sur ce plateau, et les glaciers du Jura alimentaient la rivière d'Ain. Des dépôts de tufs calcaires, avec Helix nemoralis, empreintes végétales, ont été formés postérieurement aux glaciers par des sources aujourd’hui bien affaiblies. — Diluvium de la Haute Tarentaise, par M. de Chambrun Rose- mont (Bull. Soc. Géol., 3e série, tom. ITT, n° 7). Il existe dans les hautes vallées de la Tarentaise, le long de l'Isère et de ses affluents, des terrasses qui n'ayant pas éte détruites ou transformées par les anciens glaciers, qui cependant ont passé dans ces mêmes vallées, 604 REVUE SCIENTIFIQUE. doivent être regardées comme postérieures à lagrande extension des glaciers. Les grands cours d'eau dont elles sont la trace n'ont donc pas été produits par les grands glaciers: ceux-ci étaient déjà fondus. — Échinodermes du calcaire à Astéries (Bull. Soc. Géol., 3° sér., tom. III, n° 7), par M. Tournouër. Les Echinodermes connus jusqu’à ce jour dans les dépôts tongriens des bassins de la Garonne et de l'Adour sont au nombre de vingt-deux espèces, ainsi réparties: Les Crinoïdes sont absents; les Stellérides ne fournissent qu'une espèce, le Crenaster lævis, dont les osselets sont abondamment ré- pandus dans la formation et lui ont donné son nom; les Cidarides fournissent 3 genres et 3 espèces, les Clypéastroïdes T genres et 9 espèces, les Spatangoïdes 12 espèces. L'ensemble de la faune présente un caractère très-particulier, se rattachant à l'Éocène par ses Periaster, Macropneustes, Euspatangus, Cœlopleurus, annonçant le miocène par le développement des Cly- péastroïdes. Elle n’a que trois espèces communes avec l'Éocène supérieur et très-peu avec les autres gisements du même âge qu'elle, même avec ceux d'ailleurs si analogues du Vicentin. Il est même à remarquer qu'entre le bassin de la Gironde et celui de l’Adour, les espèces communes ne sont qu'au nombre de trois. Le second de ces bassins est d'ailleurs bien moins riche que le premier; cela tient à ce que la partie la plus fossilifère, les marnes de Gaas, est un dépôt sub-littoral et non de mer profonde C’est pour la même raison que les bassins tongriens du Nord sont pauvres en Échi- nodermes. En Bretagne et dans l'Anjou, c'est dans les grandes molasses à Pecten solarium, à Bryozoaires, à Brachiopodes, qu'on trouve abon- damment les Échinodermes ; de même en Languedoc et en Pro- vence, à Cadenet, à Montségur ; de même en Corse, à Sauta-Manza, à Aléria : de même au Monte-Titano , c'est dans les dépôts de mer profonde que ces animaux sont abondants. Les mêmes considérations bathymétriques sont applicables à l’éocène. Beaucoup de fossiles des falaises de Biarritz à Serpula spirulæa ont un faciès tout crétacé, bien que ces couches doivent être classées au- jourd’hui dans l'Éocène moyen et supérieur. Cette longévité de types crétacés doit moins nous étonner, aujourd'hui que les draguages océa- niques des naturalistes anglais et américains nous ont révélé la per- sistance de certains animaux dans les grandes profondeurs. — Sur les cavités naturelles des terrains jurassiques, par M. Tardy (Bull. Soc. Géol., 3° série, tom, III, n°7). L'auteur admet que des fentes TRAVAUX FRANCAIS. — GÉOLOGIE. 605 des calcaires ont été corrodées et agrandies par les eaux. Certaines eavernes auraient pour origine première une disjonction des couches calcaires pendant un plissement local. Enfin, pour montrer combien l'action de l'eau a pu être considérable dans le creusement des caver- nes et puits, l'auteur rappelle les sillons que creuse l'eau pluviale ruisselant sur les calcaires compactes du Jura, des Basses-Alpes, des causses du Languedoc. —Il n'y a pas eu de mer intérieure au Sahara (Bull. Soc. Géol., 3° sér., tom. IIT, n° 7) : telle est la proposition que M. Pomel appuie par des extraits de son ouvrage: Le Sahara, 1872. Il admet plutôt que les lacs auraient simplement constitué une mer Morte, sans communi- cation avec la Méditerranée, se desséchant à mesure que l’évaporation l'emportait sur l'alimentation ; aussi ne trouve-t-on dans les dépôts quaternaires du Sahara qu'un petit nombre de restes d'animaux d'eau douce ou saumâtre. Depuis la publication de son livre, M. Pomel a eu de nouvelles occasions d'affirmer que la mer n'a point envahi le Sahara au com- mencement de la période géologique actuelle, ni pendant l’époque quaternare, laquelle s'écoula avec un littoral peu différent de ce qu'il est aujourd'hui; — que l'isthme de Gabès n'est pas un amoncellement de sable, mais une barre rocheuse dont le percement offrirait plus de difficulté; — que les bassins des Chotts sont discontinus, de telle façon que le percement de la barre de Gabès ne permettrait nulle- mentl'introduction de la mer dans ces régions. Les observations faites sur les lieux par M. Fuchs et les nivellements du capitaine Roudaire confirment ces conclusions, auxquelles sont conformes, d’ailleurs, celles de MM. Delesse et Lechatelier. L. CoLLor. A VIS. Le peu de régularité apporté par la plupart des Sociétés d'Histoire naturelle de province dans la publication et dans l'envoi de leurs Mé- moires nous oblige à renvoyer au fascicule prochain le compte-rendu de leurs travaux. E. DuBRUuUEIL. IV. 41 -606 REVUE SCIENTIFIQUE. EEE EEE TRAVAUX ÉTRANGERS. Revue Allemande et Italienne. Vienne, 15 octobre 1875. ZooLociE. — Une lecture de Clessin à la Société minéralogique et zoologique de Ratisbonne a pour sujet les rapports de l'Homme avec les animaux domestiques. — Le professeur Strassburger entretient le Congrès des Naturalistes de Gratz de la fécondation, qui est, suivant lui, chez l'Homme, identique à celle des plantes, et le professeur Schultze fournit des renseignements sur l’ouverture de la nouvelle station zoologique de Trieste. — Dans les Annales de la Société de Vienne pour la diffusion des Sciences figure une Note du professeur Toula sur la description des diverses dragues et autres instruments employés pour étudier la faune des profondeurs de la mer. Dans ce travail, après avoir traité des ani- maux qui vivent dans ces parages et cité les travaux d'Huxley, de Thompson, de Murray, il donne la figure du Bathybius, de quelques Foraminifères, etc., et une carte du fond de l'océan Atlantique septen- trional. —Le professeur Nardo à inséré dans les Actes de l’Institut royal des Sciences de Venise la Bibliographie de certaine partie de la faune des provinces Vénitiennes et de celles de la mer Adriatique, depuis 1581 jus- qu'à la fin de 1874. — L'Annuaire scientifique et industriel de Milan, pour l’année 1875, renferme la revue des principales études faites pendant le cours de l’année 1874 en Italie et dans les pays étrangers. Diverses notices intéressantes y sont contenues, comme par exemple celles de Giglioli, à l’occasion du voyage autour du monde de la frégate Ze Magenta, de 1865 à 1868, sur le Macrocheira Kampferi, le Dichelapsis À ymonimi, ainsi que sur quelques coquilles recueillies dans le même voyage, etc. — Le professeur Peters décrit, dans le tome VI des Annales du Musée civique de Gênes, trois Mammifères de la Nouvelle-Guinée, des genres Æydromis et Phalangista, et le D' Salvadori publie, dans le volume V des mêmes Annales, une énumération systématique et deserip- tive des Oiseaux rapportés de Bornéo par Beccari et Doria, avec un apercu de la géographie physique de cette région, de sa flore et de sa TRAVAUX ÉTRANGERS. — ZOOLOGIE. 607 faune ornithologique. En attendant qu’il fasse paraître un travail complet sur les soixante espèces de ces Oiseaux conservées au Musée de Gênes, le même auteur mentionne certaines espèces des îles Aru et Kei, dans le tome VI, où l’on trouve encore l’énumération des animaux de la même classe recueillis dans la Nouvelle-Guinée par M. d’Albertis. Le sixième volume contient aussi la description et la figure d’une forme particulière de la trachée du Manucodia Keraudreni. Cet organe, suivant le professeur Pavesi, a, en ligne droite, plus d’un demi-mètre de longueur, et est formé de cent-quatre anneaux complets, etc. — Le D' Maestri, dans les Archives triennales du laboratoire de Pavie, a également décrit les Oiseaux des environs de cette ville et quelques autres entièrement albinos, notamment l’Æirundo rustica, le Budytes flava, le Turdus viscivorus, etc. Il mentionne l’Ardea gar- zetta, l'Anas tadorna et une variété de Corvus cornix semblable à un hybride de cette Corneille et du Corvus corone, dont le plumage cendré est presque tout changé en plumage noir. Il donne enfin la des- cription et la figure d’un Scolopaæ si singulier qu’on ne peut ni le rap- porter à une espèce du genre comme variété, ni même lui trouver un type correspondant. — Dans le journal le Jardin zoologique de Francfort, Tschuse indique les Oiseaux observés aux environs de Salzbourg, tandis que, dans le sixième volume des Annales de Gênes, déjà cité, le marquis Doria fait connaître quelques Reptiles d’Amboinc. — Effeldt cite, Journal zool. de Francfort, un Elaphis flavescens (Coluber Œsculapii) rencontré par lui, d'une longueur de deux mètres. On trouve aussi en Herzégovine une variété du même animal, d’un noir brillant avec le ventre taché de noir et de blanc, que l’on ne doit pas confondre avec la variété noire (var. carbonarius) du Zamenis viridifiavus, qui habite Trieste, Bolzano et Naples. Le Tropinodotus tesselatus, ainsi que le Trop. kydrus, qui n'est qu’une forme de la pre- mière espèce, à été aussi observé par Effeldt en Bohême, en Hongrie, dans l'Italie supérieure et en Russie. — Brüggemann nous apprend, dans le journal déjà mentionné, que le Cygnus immutabilis n’est pas une espèce distincte, comme le croient Yarrell et Pelzen, mais constitue une simple variété du C. olor. — Un travail du professeur Panceri, Ann. de Gênes, VI, a pour objet les organes mâles du Clarias anguillaris, quelques détails anatomiques sur le Selache et sur sa distribution géographique, etc., etc. — Trois, Act. de l'Institut de Venise, donne une liste systématique 608 REVUE SCIENTIFIQUE. des Poissons de l’Adriatique, et en même temps un catalogue de la collection ichthyologique du Musée de l’Institut de Venise, avec des annotations sur le poids et la dimension de chaque espèce, sur sa rareté etsur ses avantages comme moyen d'alimentation. De son côté, dans le Journal de Francfort. déjà cité, Fischer nous indique les Poissons observés dans les eaux du gouvernement de Saint-Pétersbourg. — Le D' Sleindachner présente à l’Académie impériale de Vienne divers Mémoires ayant trait : 1° à quelques Poissons marins, nouveaux et rares, de l'Amérique ; 2° à une espèce de Pyrrhulina des Amazones; 3° à la faune ichthyologique de Juan Fernandès. Nous noterons que dans un dernier travail Sleindachner décrit trois espèces de Gonyamenus de l'Amérique méridionale, genre dont jusqu'ici on ne connaissait qu'un seul représentant, qui vit en Californie. Un autre fait intéressant à signaler est la découverte d’une espèce de Centronotus, sur la plage du Pérou, près de Callao. — Le professeur Issel est l’auteur, Ann. de Gên., VI, d’un livre traitant de la description et de la distribution géographique des Mollusques de Bornéo, et Tappanore Canofri fournit un catalogue de ceux recueillis par Beccari dans l’archipel de la Papouasie. — Dans les Actes de la Société malacologique de Pise, on remarque des observations du marquis de Monterosato sur quelques espèces de Mollusques de la Méditerranée décrites par Kobelt et Weinkauff, comme par exemple sur le Coralliophila Meyendorfi, que l'auteur croit devoir désigner plus exactement par le nom de Pseudomurexæ Meyendorfi. Relativement à la dénomination générique de Raphitoma (Mangelia), il pense qu’on doit lui préférer celle de Cytharella, pour montrer les rapports de cette espèce de Pleurotome avec le genre Cythara. — Les Actes de la Société malacologique de Pise renferment encore une liste des coquilles recueillies par Del Prete dans certaines localités de la Toscane, par le D’ de Stefani dans le Serchio supérieur, situé dans la même contrée, et par Adami dans le val de Caffaro, près de Brescia. — Les Comptes rendus de la Société malacologique de Francfort contiennent : 1° la description de quelques coquilles du Japon, et des observations sur les genres Leucochroa et Calcarina, par le D' Kobel; 20 la diagnose, par Dunker, de deux nouveaux Bulimes de la Sierra Nevada de Sainte-Marthe; 30 les caractères distinctifs, par Flemming, de l'Anodonta complanata et de l'A. piscinalis, qui, selon lui, con- stituent deux espèces distinctes; 4° une classification du genre Clausilie, TRAVAUX ÉTRANGERS. — Z00LOGIE. 609 avec indication de quelques espèces, par le D' Müllendorf ; 5° la des- cription, par Dohrn, de Mollusques de la Nouvelle-Grenade, etc., etc. — Comme travaux malacologiques, nous citerons encore celui du professeur Kollman, qui à entretenu le Congrès de Gratz de la cireu- lation chez les Mollusques, et celui de Trois, qui donne une description anatomique du Mytilus. Nous mentionnerons également le Mémoire du professeur Todaro sur les organes de la génération des Salpes, présenté à Rome à l’Académie des nouveaux Lyncéens, qu'il termine par la con- clusion que les Salpes se développent suivant le type des Vertébrés, en partie comme les Grenouilles, en partie comme les Oiseaux, en partie comme les Mammifères, et que, en acceptant la théorie transformiste, elles représentent le tronc de l’arbre généalogique de la première grande division du règne animal. — À l'occasion du Congrès de Gratz, Grobben traite du Podocoryne carnea Savi, Polype qui est, d’après lui, identique au Dismorphosa con- chicola Philippi, et de la larve du Péychoptera contaminata. —Une courte description de quelques animaux rapportés par l’expé- dition polaire austro-hongroise est rédigée par le professeur Heller; ces animaux constituent vingt-deux espèces de Crustacés, neuf de Pyc- nogonides, cinq de Tuniciers. Les Crustacés sont représentés par des Amphipodes, des Décapodes, des Isopodes, des Cumacéens et des Cirrhipè- des. Toutes les espèces appartenant à ces groupes diffèrent des formes méridionales respectives par leur taille bien plus grande et par leur cou- leur plus claire. Le même savant publie aussi la suite de son ouvrage sur les Tuniciers de la mer Adriatique, renfermant notamment la description de la structure externe et interne des Ascidies simples de cette mer. L’Ascidia involuta constitue une espèce nouvelle; son corps est enveloppé d’une croûte épaisse de Sable, d’où sortentseulement les syphons. L’A.reptans est, au contraire, un corps nuet transparent, au travers duquel on distingue aisément les ramifications des vaisseaux intérieurs. — L'entomologie est l’objet de recherches intéressantes. Le profes- seur Graber fait au Congrès de Gratz une lecon sur le mode de locomo- tion des Insectes, et le professeur Lindemann sur l’appareil de mastica- tion dont est muni le proventricule des Scolytides. — Dans le Bulletin entomologique de Florence se remarquent des observations du plus haut intérêt sur les rapports entre les Insectes et les nectaires de certaines plantes. Les Abeilles, les Lépidoptères, les Diptères et les Coléoptères entrent en relation avec ceux de ces organes 610 _ REVUE SCIENTIFIQUE. endogamiques (èntranuwptiali), tandis que pour les Fourmis et les Guêpes la même relation n’existe qu'avec les mêmes organes exogamiques (eætra- nuptiali). Parmi les plantes, il en est certaines qui attirent les Fourmis à cause de la solution sucrée que l’on rencontre dans les nectaires de cette dernière sorte. — Une excursion entomologique (Zoc. cit.), dont Bargagli retrcce le compte rendu, à été faite au mont Amiata, en Toscane. On y a recucilli plusieurs Coléoptères propres à la Sardaigne (Sphæroderma rubidum, Luperus Biraghii, ete.). Une trouvaille importante a été celle du Ziœus bicolor, capturé sur des broussailles de hêtre, tandis qu’il vit ordinaire- ment sur des plantes annuelles herbacées. — Baudi à publié dans le Journal entomologique que nous venons de citer, un catalogue des Ténébrions du Musée de Gênes et de quelques collections particulières d'Italie. — Le Mémoire précédent, inséré aussi dans le tome VI des Annales du Musée de Gênes, est accompagné d’un travail du D' Gestro sur trois nouvelles espèces de Cicindelles de Bornéo, et trois espèces aussi nouvelles d’Aéractocerus des îles Aru et Kandari. On lit encore dans ce travail l’'énumération des Cétoines de l’archipel Malais et de la Papouasie. — Chaudoir donne un supplément de ses recherches sur les Ferronies de l'Australie, qui ont paru dans le Bulletin de la Societé des natura- listes de Moscou, et Curo, dans le Bulletin de la Société entomologique, la continuation de son catalogue des Lépidoptères italiens. — Une Note du D' Maestrisur le Tinea granella, qui cause de grands dommages au blé, est insérée dans les Archives du laboratoire crypto- gamique de Pavie : il a constaté dans ses excréments la présence d’Acariens. — Le dimorphisme des Lépidoptères, dimorphisme dû à l'influence des saisons, à été étudié par le D'Weïssmann, Ann. du Musée de Gênes. Le même naturaliste entretient la Société botanico-zoologique de Vienne d'un travail qu'il a publié à Leipsick sur le même sujet. — LeD' Kriechbaumer, Soc. minéral. zoolog. de Ratisbonne, parle des mœurs des Hyménoptères et de la manière de les récolter, et Alenit- zin, Congrès de Gratz, des Diptères phosphorescents recueillis dans la presqu'ile de Rulandry. — Citons encore une liste des Hémiptères de la Ligurie, Ann. de Gênes, par le D'Ferrari, et la description, Zbid., de quelques espèces de Chrysis, par Gribodo, TRAVAUX ÉTRANGERS. — Z00LOGIE. 611 — Un intéressant travail est celui du professeur Ausserer sur l'organe de l’ouïe chez les Hétéropodes. — Dans les Actes de la Société des Sciences naturelles de Pise, le professeur Richiardi entre dans des détails historiques sur les études dont les Sacculines ont été l’objet, et, après en avoir donné la description, fait observer que ces dernières sont des Peltogaster modifiés dans leurs formes, par suite d’une compression continue durant leur déve- loppement. Il énumère aussi les Décapodes brachyures qui vivent sur les Sacculines. — Les Actes de la Société que nous venons d’indiquer renferment la description, par le professeur Baraldi, dela nymphe d’un Acarien, Zypo- dectes Carpophagæ. Cette nouvelle espèce a été rencontrée dans le tissu conjonctif sous-cutané de la région pectorale d’un Carpophaga perspicillata mort au Jardin d’acclimatation de Turin. — On nous permettra, en terminant cette partie de notre Revue, d'appeler l’attention sur l'aquarium microscopique établi à Berlin par le D’ Zenker. Les observateurs trouveront dans cet établissement plus de cinquante microscopes sortis des ateliers de Bénèche, d'Harnack, de Schmidt et d'Haensch. Dans le courant de cet hiver, Zenker se propose de faire des lecons, et de montrer, à l’aide du microscope à gaz hydro- gène, les différents animaux microscopiques. BOTANIQUE. — Dans des recherches entreprises pour savoir si les sub- stances minérales nutritivesservent seulementàla formation des produits organiques ou si elles prennent aussi part à la formation du corps cel- lulaire, le professeur Bühm est arrivé au résultat suivant, communiqué à l’Académie impériale des Sciences de Vienne : Les plantes cultivées dans l’eau distillée meurent plus ou moins vite ; l’on peut pourtant pré- venir leur mort en ajoutant à l’eau divers sels de chaux : la chaux, suivant la remarque de Bühm, a la même importance dans la transformation des substances organiques végétales que dans la métamorphose des carti- lages en os. Toutefois, l'importance de ce corps est faible dans la forma- tion de la fécule. — Le mème savant à constaté que dans l’air atmosphé- rique les plantes aquatiques ont besoin, pour leur respiration, de moins d'oxygène que les plantes terrestres; les premières, dans une atmo- sphère privée d'oxygène ou n’en contenant que très-peu, développent de l'acide carbonique, mais en plus faible quantité que les dernières. — Relativement à l'intensité de la respiration, les plantes aquatiques se distinguent des plantes terrestres autant que tes animaux pourvus de 612 REVUE SCIENTIFIQUE. branchies se distinguent des animaux à sang chaud. En outre, les plantes aquatiques ont la propriété d’absorber de l'hydrogène. — Au sujet du mouvement du fluide d’imbibition dans le bois et dans la membrane cellulaire des végétaux, le professeur Wiesner nous fait con- naître, Acad. Sciences de Vienne, que ce mouvement s'effectue dans la direction de l’axe du tronc. Les vaisseaux conduisent ce fluide plus rapidement que les cellules ligneuses, et la marche en est beaucoup plus rapide aux premiers jours du printemps qu’à la fin de l’automne. — La présence des lenticelles a été constatée par le professeur Haber- landt sur le pédoncule des feuilles, où jusqu'ici elles n’avaient pas été rencontrées. En présentant à la même Académie un Mémoire sur la mor- phologie et la biologie de ces petits corps, l’auteur nous indique que les lenticelles sont le régulateur de la transpiration ; sur les rameaux dépour- vus de périderme, ces organes diminuent localement l’évaporation de l’eau, tandis que sur les rameaux munis de périderme ils augmentent localement aussi cette évaporation. — On remarque, dans le Journal de Botanique de Vienne, l'énu- mération des travaux faits par les membres de l’Institut physiologique de cette ville. Il est question, entre autres choses, d’un Mémoire sur l’ori- gine des poils dans les canaux intercellulaires du mésophylle des pétioles du Philodendron pertusum, d’un second sur les cristaux d’oxalate de chaux que l’on observe dans le mésophylle des pétioles du Pontedera crassipes, d'un troisième sur la transpiration des rameaux de l’'Æsculus hippocastanum, du Taæwus, etc. — Une Note du professeur Caruel, consignée dans son intéressant Journal de Botanique (1875, fase. 3), a pour objet la transformation des poils en bourgeons, chez le Begonia phyllomaniaca. Un autre arti- cle inséré dans le même journal renferme la revue des travaux botaniques présentés au Congrès des savants italiens à Milan, en 1844. — Des détails sur la morphologie du placenta, Act. Soc. Royale Sc. de Prague, 1875, nous sont fournis par le professeur Celakowsky. Le placenta est toujours un produit carpellaire et ne varie que dans ses points de formation sur l’ovaire. — Dans le Journal de Botanique de Vienne se trouvent aussi: 1° un catalogue des plantes récoltées par le professeur Neugebauer aux envi- rons de Pola ; 2° le compte rendu d’une excursion faite par le professeur Gremblich dans la partie septentrionale des Alpes du Tyrol, où sont mentionnés un hybride du Soldanella alpina et du S.pusilla, et un autre de l’Æieracium glabratum et de l'ÆHieracium villosum; 3° le TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 613 récit d’une herborisation accomplie par Richter sur les monts Tatra, en Hongrie ; 4 une liste de Vatke des plantes rapportées d'Afrique par Hildebrand ; 5° des détails fournis par Winckler sur son voyage en Espagne. — Le professeur Uecrhtritz décrit, dans le même recueil, un nouveau Thlaspi, Th. anaticum, de Hongrie, et un nouvel Æieracium, H. da- cicum, de Transylvanie. Une autre espèce jusqu'ici inconnue de ce dernier genre, qui habite l'Espagne, est désignée par Knaf sous le nom d’ewryp- sum ; elle est voisine de l'A. pyrenaicum Jor. Vucotino donne la diagnose de quelque nouvelle espèce de Chêne de la Croatie, Borbas celle d’un Verbascum, V. haynaldianum (V. glabratum phæniceum) du Banat; Willk celle des plantes récoltées par lui aux îles Baléares. Des observa- tions critiques sur les espèces végétales les plus remarquables de la Hon- grie centrale et orientale et des parties limitrophes de la Transylvanie, sont fournies par le professeur Kerner, qui est aussi l’auteur d’une Note sur divers hybrides des Primulacées des Alpes. — Dans un travail critique sur le Ranunculus Tammasinii Rchg., de l'Istrie, Freyn conclut que cette espèce est la même que le R. neapo- litanus. M. Victor Janka constate aussi l'identité de ces deux Renoncules et fait observer que les botanistes italiens confondent le À. neapolita- nus avec le R. bulbosus. Enfin ce dernier, après avoir décrit un Col- chicum et un Dianthus de l'Italie, remarque que l’Zris spuria de la flore de Parlatore est un Z. fœtidissima. — Le professeur Von Ettinghausen à fait au Congrès des Natura- listes de Gratz plusieurs lecons d’un haut intérêt. Il a parlé de la transformation de la Castanea atavia en C. vesca, puis de la flore du cap de Bonne-Espérance et de celle de l'Australie. En outre, il présente à l'Académie des Sciences de Vienne un Mémoire tendant à établir que la flore Sud-Américaine s’est constituée en Europe, mais seulement au commencement de la période tertiaire. Ensuite il parle des éléments de la flore et fait voir que, dans le terrain crétacé, on trouve les élé- ments de la flore de la Nouvelle-Hollande et du Japon, tandis que ces éléments, joints à ceux des autres flores d'Amérique, des Indes-Orien- tales, ne se remarquent que dans l’époque tertiaire la plus ancienne. Ce n’est que dans la flore tertiaire la plus récente de notre continent que se montrent les formes européennes, mais mélangées à des formes an- ciennes que l’on doit regarder comme le point génétique d'union avec la flore primitive. C’est sur ces faits que Von Ettinghausen s'appuie pour établir la théorie de la descendance. — Dans les Actes du Congres de Gratz, si souvent cité, le professeur 614 REVUE SCIENTIFIQUE. Strobel donne un apercu de la végétation de l’Etna. Cette végétation est répartie en trois régions : 1° région du pied de la montagne (avec Oli- viers, Citronniers, Vignes, et des formes Africaines, Sud-Américaines et Sud-Asiatiques, cultivées en pleine terre) ; 2° régions des bois (Chênes, Châtaigniers, Hètres et autres essences); 3° régions désertes (avec des plantes, tout à fait particulières, émigrées des environs de l’Etna et ayant subi dans cette région des transformations occasionnées par les diverses circonstances que présente le sommet de la montagne). — Nous devons au professeur Pancic, qui a déjà publié en langue serbe de nombreux et excellents Mémoires sur la faune et la flore de la Servie, une énumération systématique des plantes recueillies par lui dans le Monténégro. Dans cet ouvrage sont décrits comme espèces nouvelles : Heliosperma macranthum, Geranium oreades, Valeriana bestiscea, Carduus ramosissimus, Hieracium nœgelianum, etc. Ces descriptions sont accompagnées de remarques critiques et de l'indication des localités. — Le professeur Leitsgeb, Act. Soc. Sc. natur. de Gratz, donne un apercu de la flore de la source d’Andritz, en Styrie, dont l’eau a une tem- pérature moyenne de 10 degrés centigrades , et dans laquelle végètent le Potamogeton pusillus, Fontinalis antipyretica, Odontidium mese- don, Pandorina mosum, , etc. — Dans le Journal de Ferdinandeo, à Innsbruck, figure un travail monographique sur les Cirsium du Tyrol. Le D' Trewinfels, l’auteur de ce travail, traite d’une manière très-remarquable la question de l'hybridité, dont le genre susnommé offre tant d'exemples. Outre la des- cription des espèces, il indique la dimension des fleurs, insère une table analytique, et fait connaître, en y joignant des figures, les affinités des Cirsium du Tyrol et les hybrides probables des espèces déjà connues. C’est ainsi qu’il nous apprend que le Cirsiwm erisithales s'unit à sept espèces pour former dix-sept types, le C. oleraceum à six espèces pour former huit types, et le C. spinosissimum à quatre espèces pour en for- mer six. — Le professeur Chiappori a réuni en un petit volume {Gênes, 1875) intitulé les Fleurs, les lecons de botanique en style populaire et quelque- fois un peu poétique qu’il fait au Cercle philologique de Gênes. Cet opuseule est suivi d’une esquisse de la flore Ligurienne, dans laquelle sont mentionnées, entre autres espèces, Zxia triloba, Ewphorbia serrata, Acalypha virginica, découvert par Chiappori, Dictamnus albus, Saæi- fraga cochlearis, etc. L'auteur cite aussi le Camelia oleifera, le Thea viridis, le Persea gratissima et autres plantes qui sont cultivées en pleine terre. TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 615 = Les fleurs mâles du Saliæ babylonica ont été recueillies, dans les environs de Vienne, par Hubsch, qui les montre et les décrit à la séance de mai de la Société botanico-zoologique de cette ville. — Holuby énumère, dans les Annales de la même Société, les formes les plus intéressantes de Rubus, et Antoine les bois, plantes textiles, qui figuraient à l'Exposition de Vienne, en 1875, ainsi que leurs produits (huiles, résines, gommes). — Le D' Prantl traite, au Congrès de Gratz, de la morphologie des Cryptogames vasculaires. — Un article très-important sur la théorie algolichénique est publié dans le Journal des Sciences naturelles de Pise (fasc. IT), et dans le Journal de Botanique (fase. II). On y agite la question de savoir si les gonidies sont produites par la fronde des Lichens (Tulasne, Nylander) ou si elles sont au contraire d’une provenance extérieure (Schwendener, Bornet); dans cette dernière opinion, les gonidies formeraient des Algues, et les Lichens seraient des Champignons discomycètes vivant sur ces Algues. Archangeli discute les deux manières de voir et se rallie à la première. Le savant lichénologiste Küôrber, qui a longuement entretenu de ce sujet le Congrès de Breslau (Journal Botanique de Vienne), se mon- tre opposé à la théorie algolichénique. — Dans le Journal de Botanique indiqué, Jatta insère l’énumération systématique des Lichens de l'Italie inférieure, et Baglietto la description de soixante-deux espèces de ces végétaux recueillies par Beccari dans le pays de Bogos, en Abyssinie septentrionale. — Hauck, Journ. Botan. de Vienne, présente la liste des espèces d’Algues trouvées par lui dans le golfe de Trieste. Ce catalogue est ac- compagné de Notes d’une réelle importance, dans lesquelles il fait obser- ver que le Crouania bispora et le Cr. attenuatasont identiques; que sur un Callhithamnium fragilissimum il a trouvé, vivant en parasite, le Chytridium magnum ; que l’'Æypnœæa rissoana n’est qu'une forme de l'A. musciformis, etc., etc. — Les résultats des recherches relatives aux sexes del’ Ulothriæ zonata sont consignés dans un Mémoire lu par Dodel Portau Congrès de Gratz. — L'étude des Diatomées est encore ici peu répandue et bien peu de botanistes s'y consacrent. Pour attirer les observations sur ces végétaux microscopiques, l'abbé comte de Castracane à publié, dans les Actes de l'Académie pontificale des Lyncéens, à Rome, une instruction sur les 616 REVUE SCIENTIFIQUE. moyens de les recueillir et de les conserver; il parle aussi des Diatomées fossiles et semi-fossiles. Une instruction doit aussi être publiée par Müller sur le même sujet. — Communication est faite au Congrès de Gratz, par le D'Eidam, de ses observations sur les organes sexuels des Champignons Hyménomy- cètes ; il a pu suivre le développement des organes mâles de l’Agaricus coprophilus. — Déjà, en 1872, Compte rendu Acad. des Sc. physiques et mathém. de Naples, le professeur baron Cesati avait parlé de la décou- verte du Battarea phalloides, espèce nouvelle pour la flore napolitaine et jusque-là spéciale à l’Angleterret, Il avait traité de la diffusion de quelques autres, et en était arrivé à cette conclusion que la doctrine de Darwin donnerait une explication de ce phénomène, dans l'hypothèse d’un centre unique de diffusion pour chaque type spécifique. Mais pour cela, il faut admettre que le Battarea en question et quelques autres végétaux ne sont pas des espèces primitives, mais des émanations et des dérivations d’un même type générateur dont l’aire de diffusion s’est considérable- ment agrandie. Ce type se serait ensuite dissocié par des transforma- tions successives, en donnant origine à des types nouveaux mais identi- ques en des points excessivement divers, et par conséquent isolés, les- quels types se sont répandus d’une manière bizarre et irrégulière. En 1873, Cesati, revenant à parler de ce Champignon, constate qu’il a été aussi retrouvé à Florence et en Égypte. Enfin, en 1875, il fait men- tion d'un exemplaire du même Champignon conservé à Florence dans de l'alcool et mesurant 0",38 de longueur et 0,085 de diamètre du péri- dium. —Nous trouvons aussiun Mémoire du même Professeur dans les Actes de l'Académie de Naples, mentionnés plus haut, sur le Puccinia mal- vacearum, originaire du Chili et découvert dans la campagne de Rome. Ce Champignon a occasionné, comme le ditle professeur Wilhelm (Ocsé. landw. Uschenblatt. Vienne), de très-grands dommages à la culture du Malva rosea,en Bavière. Un autre Champignon qui cause beaucoup de dégâts aux Pommes de terre est décrit dans le Journal de Vienne par le professeur Halleir, sous le nom de Rhizoctoma tubifera, R. nigricans et Permostopora infestans. 1 Cette espèce a été aussi recueillie dans le département de l'Hérault. (E.D.) TRAVAUX ÉTRANGERS. — BOTANIQUE. 617 — Le professeur Leïbgeb, Congrès de Gratz, a découvert le chapeau femelle du Marchantia polymorpha. — Le professeur Passerini donne la diagnose, Journal de Botan. Ital., de quelques nouvelles espèces de Champignons qui vivent en parasites sur d'autres plantes. Au nombre de ces Champignons est indiqué l’£pi- cymatia Massariæ, parasite du Massaria Currei Tul., sur les rameaux du Tilleul, ce qui est le premier exemple d’une espèce de ce genre vivant sur une Spheriaccæ. — On a créé, à l’Université de Pavie, un laboratoire de chimie fondé en grande partie par les soins des particuliers et confié à la direction du savant professeur Garovaglio. Dans ce laboratoire, les études ont sur- tout pour objet l’examen des Champignons parasites des plantes et des animaux, qui sont cause chez les uns et les autres de graves maladies, quelquefois même de la mort. Sous le titre d' Archives du Laboratoire de Botanigue cryptoga- mique de l'Université de Paris, Milan, 1874 (20 pl.), Garovaglio a déjà publié le résultat de recherches faites dans ce laboratoire, recherches dont on ne peut donner ici que des indications, en renvoyant à l’œuvre elle-même. On y trouve consignés des faits très-intéressants relatifs à l’Uredo rubigo vera, Ur. linearis, Ur. glumarum, et Puccinia gra- minis et straminis, qui sont la cause de la rouille du Blé, au Sporotri- chum maydis, qui infecte les semences du Maïs, ainsi qu'au Pleospora oryzæ, occasionnant la maladie du Riz appelée brusone. Gibelli et Griffini ont inséré dans ce recueil une étude sur le polymorphisme du Pleospora herbarum, Tul., et Gibelli, sur les Protomyces violaceus, Ces. et sur les lenticelles. Nous ajouterons qu’on remarque dans lesdites Archives la description faite par Griffini d’une petite chambre humide destinée à la culture des Micromycètes. Depuis la fondation du laboratoire de Pavie, bien d’autres recherches d’un haut intérêt pour la botanique et l’agriculture y ont été effectuées. De ce nombre sont, dans le Journal agricole (1873), les études sur le Pleospora tritici, et dans les Comptes rendus de l'Institut royal des Sciences de Lombardie (1875), les travaux sur l’Erysiphe graminis et le Septoria tritici, la Cattanea heptaspora, Echimbotryum citri, Sporocadus aurantii, Sphæronema citri, Champignon qui, depuis ces dernières années, cause en Sicile la maladie et la perte même de certains fruits. Diverses expériences ont été aussi entreprises par Garovaglio, Cataneo, Gibelli et d’autres, dans le but de savoir si l’on doit attribuer les corpuscules de Cornalia du Ver à soie à la présence sur certaines 618 REVUE SCIENTIFIQUE. feuilles de Mûrier du, Pleospora herbarum, du Rhyzopus nigri- cans, etc. — Bagnis présente, à l'Académie royale de Rome des nouveaux Lyncéns, des observations biologiques et morphologiques sur quelques Champignons urédinés. L'auteur examine les phases de la vie d’un certain nombre de Puccinies, pour s'assurer si l’on vérifie dans ces espèces la théorie du polymorphisme: ses observations sont contraires à cette théo- rie; il traite de la fécondation chez les Puccinies, dela nature des sperma- gones de l’Escidium, démontre l'identité de l Uredo allii et de l'U. gra- ninis, et expose la nature des parasites qui se trouvent sur quelques Puccinies. GÉOLOGIE. — Falb entretient les membres du Congrès de Gratz des tremblements de terre, et fait remarquer que ces tremblements sont des éruptions volcaniques souterraines provoquées par l’attraction du Soleil, ainsi que de la Lune. Revenant sur le même sujet dans les Annales de la Société de Vienne pour la diffusion des Sciences naturelles (1875), le savant expose les diverses théories sur l’origine des tremblements de terre. — Des détails sont donnés par le professeur Suess à l’Académie im- périale des Sciences de Vienne, sur celui de ces phénomènes observé, le 2 juin, dans l'Autriche inférieure. — On doit à Mantovani une description avec une carte géologique de la Campagne Romaine (Rome, 1875), dans laquelle il traite des terrains quaternaire et pliocène et des éruptions des volcans. Nous trouvons aussi dans ce travail des renseignements sur l’existence de l'Homme à l’époque de ces éruptions, sur les armes en silex de l’âge archéolithique et néoli- thique. L'Homme de la Campagne Romaine a été, suivant Mantovani, contemporain des Éléphants, des Rhinocéros et des Hippopotames, et a vécu en compagnie des Cerfs, des Chevaux, des Cochons, etc. Il ajoute que dans les travertins quaternaires les ossementsde l'espèce humaine se rencontrent associés à ceux d’autres espèces animales. — Le D' Doelter, étudiant la formation des roches éruptives du Val de Fiuma et de Fassa, dans le Tyrol, fait observer que les roches éruptives susnommées, granites, porphyres quartzeux et les roches triasiques, appartiennent toutes, malgré leurs différences minéralogiques et chimi- ques, à une même époque géologique. Deux centres d’éruption se sont produits : l’un aux environs de Predazzo, l’autre auprès de Campidello. Dans le premier se rencontrent le granite, la monzonite, le mélaphyre et Je porphyre orthoclasique ; dans le second, le métaphyre et le porphyre TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 619 augétique, etc. Tout ce terrain offre une grande analogie avec les vol- cans actuels. — L'étude du groupe des volcans des îles Pontines fait aussi le sujet d’une communication du même professeur à l’Académie des Sciences de Vienne. Le groupe occidental, qui se compose des îles Ponza, Pal- marola et Zannone, est le reste de deux volcans. Les centres d’éruptions sont reconnaissables à leur forme radiée; les produits ressemblent aux roches des îles Lipari, des monts Euganéens et des montagnes trachytiques de la Hongrie. Dans les îles San-Stefano et Ventatene, qui forment le groupe oriental, on trouve des courants de laves et des couches de tufs. Les laves sont semblables à celles des volcans voisins du continent. — Nous lisons dans les Actes de la Société des Sciences naturelles d'Hermanstadt, 1875,des Notices détaillées sur les tufs trachytiques qui se rencontrent, sur une grande étendue, en Transylvanie. — Le D' Paglia, dans les Actes de l'Institut royal des Sciences de Venise, donne un aperçu très-instructif du terrain glaciaire des environs du lac de Garde. Déjà le même sujet avait été traité, en 1865, par le professeur Manganotti, dans son travail swr les alluvions anciennes de la province de Vérone, et, en 1866, par Staudigl, dans son Mémoire intitulé die Wahrzeichen der Eiszeit am Sudrande des Eardases, inséré dans l'Annuaire de l’Institut de Géologie. — Il existe dans le val Néevole et dans les environs, des terrains gla- ciaires considérés par Moro comme des glaciers, et par Savi comme des soulèvements des terrains pliocènes voisins. De Stefani croit y voir une accumulation de glaces régulièrement effectuée dans un golfe d’eau de mer, survenue à l’époque pliocène; cette opinion est fondée sur la nature de fossiles que l’on y trouve. — Le professeur Boue, Mém. Académie Impér. de Vienne, nous donne des renseignements sur le terrain et les vallées alluviales, sur les phénomènes erratiques, sur les dépôts de métaux, de diamants, etc. Dans un second Mémoire sur la Géographie paléogéologique, le Profes- seur parle de la nature et de la profondeur des Océans, de leurs plages probables, de la formation des îles et des changements dans les grands courants équatoriaux, plus particulièrement à l’époque miocène. Mention est faite par lui des cartes géologiques du monde entier; des notices sont aussi présentées sur la géologie de l'Angleterre, de la France, de la Belgique et de l'Italie. — Le D' Mojsisovies lit un Mémoire, à l’Académie des Sciences de Vienne, sur la structure et l'extension, dans le Tyrol, des masses dolo- 620 REVUE SCIENTIFIQUE. / mitiques, et sur la formation triasique, en Transylvanie; cette dernière Note a été aussi communiquée à l’Institut géologique de la même ville. — Le baron Petrino adresse aussi à cet Institut une Note sur le gypse de la Galicie et de la Bukowine, lequel gypse est situé sur un banc à Lithotamnium de l'étage éocène méditerranéen. — Un apercu stratigraphique et orographique de la province d'Udine est présenté par le professeur Taramelli à l’Institut royal de Venise. Dans ce travail sont passées en revue les périodes carbonifère, per- mienne, triasique, liasique, etc. — Le géologue Wolf avait été chargé de percer un tunnel, pour une voie ferrée, dans les environs de Salzbourg; mais à peine celui-ci fut-il construit, que la montagne sous laquelle il était pratiqué com- menca à opérer un mouvement de glissement, mouvement qui n’a pas encore cessé et qui à détruit une partie du tunnel. Cette montagne est composée d’un schiste chloritique avec une faible proportion d’une roche semblable au gabbro. Wolf à cru nécessaire de se défendre contre les accusations dont il a été l’objet, et a communiqué à# l’Znstitut géologi- que de Vienne une description détaillée de la constitution géologique de la localité en question, ainsi que l’exposé des motifs qui l’ont engagé à creuser le tunnel. — Au sujet de la terre rouge, dont nous avons dit un mot dans cette Revue‘, Fuchs, Znstit. géolog., fait observer qu’elle n’est pas produite exclusivement par de la vase à Globigérines, mais qu’elle contient en outre des combinaisons d’argile et de fer en petite quantité. — Nous trouvons encore dans les Mémoires de l'Institut géologique de Vienne la relation des études faites l’été dernier par Mojsisovics dans la Vénétie et sur la frontière du Tyrol, par Hôrnes, Kock et Vacek dans le Tyrol, par Wolf dans la Galicie, et par Paul dans la Bukowine. — Enfin, on remarque dans les mêmes Mémoires une Note du professeur Neumayer sur l’île de Ker, des lettres géologiques écrites d'Afrique par le D' Lenz, une esquisse géologique de la Californie par le D' Mar- cou, etc. — Nous extrayons des Actes de l'Académie de Rome des nouveaux Lyncéens diverses communications importantes. Le professeur Ponzi présente une Notice sur le Monte-Mario et la col- line du Vatican, qui résultent du soulèvement de deux lambeaux de la RP ES 1 Voir Rev. Sc. natur. tom. IV, pag. 134. TRAVAUX ÉTRANGERS. — GÉOLOGIE. 621 croûte terrestre sur lesquels a spécialement porté la force éruptive de ce grand phénomène volcanique dont on constate les effets dans l'Italie cen- trale à l’époque tertiaire. | Des recherches sur le sous-sol de Rome ont été entreprises par Cane- vari ; il y à constaté la présence d’argiles couvertes de tufs et de pouzzo- lanes provenant d’éruptions volcaniques sous-marines. Dans les couches, se montrent les traces de nombreuses galeries anciennes. Le D' Mayer présente une Carte géologique, en quatre feuilles, des environs de Gênes, de Roccaverano, de Novi et d'Acqui, avec des obser- vations sur la constitution géologique de ces localités : elles sont entiè- rement formées de terrains tertiaires et de serpentine, etc. — Enfin l'Annuaire scientifique et industriel, publié à Milan par les frères Treve, renferme une Revue des travaux géologiques, paléonto- logiques et minéralogiques exécutés, dans le cours de l’année 1874, en Italie et dans certains pays étrangers. Bien que cette Revue ne soit pas tout à fait complète, ce qui serait difficile, il est cependant d’un grand intérêt de mettre au jour l’état actuel de la science. PALÉONTOLOGIE.—Dans les À ctes de l’Académie impériale de Vienne est inséré un Mémoire du professeur Toula sur les fossiles du calcaire carbonifère des îles Barrents (Nouvelle-Zemble), recueillis par le profes- seur Hôfer pendant l’expédition polaire du comte Wilezek, en 1872. Ces fossiles sont au nombre de quatre-vingt-dix-sept espèces, dont quelques- unes déjà connues et rencontrées dans le calcaire carbonifère supérieur de la Russie, de la Belgique, de la Carinthie, etc. — Clessin, Act. Soc. zoolog. minéral. de Ratisbonne, parle des dépôts des tufs du lac Ammer (Bavière) et des Mollusques contenus dans ces dépôts. Il cite l’ÆZelix terrena Cless., qui représente la forme de l’Æ. hispida, etle Valvata contorta, qui aussi représente le V. alpestris. Cette localité offre encore quelques empreintes de feuilles. — Le D' Ammon, Act. Soc. zoolog. minéral. de Ratisbonne, nous donne un travail sur les formations jurassiques entre Ratisbonne et Pas- savia ; il décrit la constitution géologique des diverses localités qui se trouvent entre ces deux villes, et énumère les fossiles de ces forma- tions. — Un aperçu de la faune malacologique fossile des couches de Zlambach et Hallstatt, en Autriche supérieure, est publié par le D' Mojsisovics dans les Mémoires de l'Institut géologique. Le tome VI de ces Mémoires comprend la description des espèces appartenant aux genres Orthoceras, Nautilus, Lithoceras, Phylloceras, Pinacoceras, Sageceras, et celles IV. 42 622 REVUE SCIENTIFIQUE. des genres Arcestes, Didymites et Lobites, insérées dans le second fascicule. Dans-le VII° volume, fascicule 2 desdits Mémoires, Mojsisovics décrit les genres Daonella et Halobia, qui ont entre eux une ressemblance si grande qu'ils ne peuvent $e distinguer qu'avec la plus grande difficulté : le genre Zalobia diffère du genre Daonella par l'absence de l'oreille antérieure, qui est, chez ce dernier, concave intérieurement, de forme demi-conique dans sa longueur, ete. Nous rappellerons que le 2° fascicule du VIT® volume renferme aussi la géologie de la Podolie, avec l’énumération des fossiles de cette contrée (Poissons, Trilobites, Crustacés, etc.). — Le D' Hochsteller communique au même Institut quelques détails sur la caverne d’Igritz, où l’on à trouvé dans un état de conservation plus ou moins parfait des milliers d’ossements appartenant à l’Ursus spelœus, à l'Hyæna spelæa et au Canis spelœus. On ÿ a découvert un crâne d’'Ursus d'une taille extraordinaire ; ce crâne mesure 528 mill. de longueur, et a 25 millim. de plus que celui qu'on conserve au Musée géologique et qui provient de la grotte de Sloup, en Moravie. — Le D'de Stefani fait connaître, Act. Soc. Sc. de Pise, II, quelques espèces fossiles de la terre rouge des montagnes de Pise, Æelix, Pupa, Clausilia, ete., dont certaines vivent encore dans cette localité, tandis que les autres ont complétement disparu, — Dans les Actes de la Société malacologique Italienne établie à Pise, qu'on peut regarder comme l’héritière du Bulletin malacologique publié pendant un petit nombre d'années par le D' Gentiluomo, de Stefani fait la description de quelques fossiles recueillis aux environs de S. Miniato Tedesco. Cette description a déjà été insérée dans le tome II du Bulletin sus-indiqué, où se sont glissées quelques erreurs typographiques. Il donne ensuite la diagnose de quelques espèces du terrain pliocène de diverses localités de l'Italie. Parmi les espèces nouvelles, on compte la Venus Amedei Men., voisine de la V. complanata Bon.; le Rissoa Mene- ghiniana de Stef, qui ressemble à la Melania soluta Phil.; le Murex Soldanii Men. (M. coronatus Men.), qui se rapproche du M. Pecchi- olianus d'Anc. — Les dépôts quaternaires de la vallée du Pô, Acadèm. royale de Rome des nouveaux Lyncéens, diffèrent suivant leur position. Le pro- fesseur Gastaldi nous fait remarquer, en traitant du gisement du Cervus ewryceros, que les fossiles des anciennes alluvions de ce fleuve, tels que l'espèce précitée, l’Alces, le Bison priscus, ont été jusqu'ici trouvés le long de la voie entre le confluent du Tessin et de la ville de Mantoue. Le TRAVAUX ÉTRANGERS. — PALÉONTOLOGIE. 623 Cerf a aussi été rencontré, au fond d’un marais, dans la vallée supérieure du Pô: Gastaldi en conclut qu’il a vécu dans la vallée du P6 quand les anciens glaciers se sont retirés vers le sommet des Alpes, où ils sont actuellement relégués. — Karrer, à qui la science paléontologique est redevable d'importants travaux sur le bassin de Vienne, communique à l’Institut géologique de cette ville quelques fossiles du calcaire de Hôllenthal, près Vienne, au nombre desquels se remarquent surtout des Foraminifères (Gyroporella œqualis, G. multiserialis, etc.). — Le Congrès de Gratz a eu connaissance de la découverte, dont le professeur Makowsky est l’auteur, d’un Labyrinthodonte, de la sous- famille des Ganocéphales, faite dans un schiste marneux bitumineux des environs de Brünn. Cet animal, par son organisation, se rapproche du Dendrerpeton acadianum de la formation carbonifère de la Nou- velle-Écosse, mais il s’en distingue autant au point de vue du genre qu’à celui de l'espèce. — Nous avons à noter plusieurs Mémoires intéressants sur les Am- monitidés. Le premier de ces Mémoires est celui présenté par le professeur Neu- mayer à l’Académie de Vienne, sur les Arimonites des terrains crétacés, pour lesquelles il crée quatre nouveaux genres (Schlonbachia, Olcoste- phanus, Hoplites et Stoliczhkaia), tandis qu’il en retire cinq autres (Hamulina, Ptychoceras, Toxoceras, Anisoceras et Helicoceras). — Les septième et huitième livraisons de la Monographie des fossi- les du calcaire rouge ammonitique de Lombardie viennent d’être pu- bliées par Meneghini, l’auteur de ce savant ouvrage qui fait partie de la Paléontologie Lombarde de Stoppani. Elles renferment les descriptions de l'Ammonites mimatensis d'Orb.., À. Partschi Stur., À. Ausontus n. sp., À. Spadæ n. sp., etc. Des observations critiques et historiques augmentent le prix de cet excellent travail. — Une Étude du même paléontologiste sur les deux genres Phyllo- ceras et Lithoceras du lias supérieur de l'Italie est insérée dans les A c- tes de la Société des Sciences naturelles de Pise. On y voit, bien caractérisées, neuf espèces nouvelles ou imparfaitement connues ; la des- cription et la figure de ces dernières est reproduite dans la Paléontolo- gie de Stoppani et dans les Actes de l'Académie de Rome des nouveaux Lyncéens. En outre, de la comparaison de la liste des diverses espèces d'Ammonites recueillies jusqu'ici dans les différentes parties du terrain classé par les géologues dans le lias supérieur de Lombardie, Meneghini 624 REVUE SCIENTIFIQUE. conclut à la grande prédominance des espèces propres à cet horizon dans le calcaire rouge ammonitique des environs du lac de Côme. De plus, il signale dans cette région la présence de quelques espèces caractéristiques de l'étage moyen du lias. Le caractère de gradation intermédiaire entre les étages moyen et supérieur de ce dernier terrain est encore plus évi- dent dans les calcaires bruns d’auprès du lac d’Isco et surtout dans le Medolo de Brescia. — Nous ne devons pas passer sous silence les savants travaux du baron de Zigno, intitulés Annotations paléontologiques. Déjà, en 1870, il avait publié dans les Mémoires de l'Instit. royal des Sciences de Vénétie un opuscule sur le reste des Mastodontes, sur la Gervillia Buchii, l'Ap- tychus Meneghinii, etc., trouvés en Vénétie. Cette année-ci, le baron de Zigno nous donne un travail sur les Sirénides du même pays. Après avoir parlé des Sirénides qui vivent actuellement sur le littoral de l’At- lantique, de la mer Rouge et de l’océan Indien, il indique les diverses formes fossiles rapportées à ces animaux et les différentes dénomina- tions qui leur ont été imposées par les auteurs. Puis, il mentionne les découvertes faites en Vénétie et décrit trois espèces nouvelles d'Zali- therium du miocène des environs de Bellune et de l’éocène d’auprès de Vérone. Des détails sont aussi fournis sur la température et les condi- tions géographiques de ces contrées à l’époque tertiaire : il résulte de ces considérations que, à cette époque, il y régnait un climat tropical et que la mer tertiaire occupait toute la vallée du P6. —Nous n’omettrons pas non plus de citer, dans les Mémoires du même Institut, un Catalogue raisonné des Poissons fossiles du calcaire éocène du Mont Bolca et du Mont Postale, suivi d’un aperçu histori- que sur l'étude de ces fossiles de 1517 à nos jours, sur la description des genres et des espèces, avec l'indication des Musées qui possèdent des exemplaires de ces dernières. — Un opuseule du baron de Zigno, publié à Padoue, est destiné à signaler les lacunes laissées par le professeur P. Gervais dans son Mé- moire sur les Mammifères fossiles de l'Italie. Le professeur de Paris ne fait mention ni des Mammifères de Vérone ni des Ursus spelœus et U. arctoiïdeus, des cavernes du Véronais et du Vicentin; il n'indique pas non plus le Mastodon avernense du Trévizan, l'Anthracotherium mag- num, le Rhinoceros hemitechus et beaucoup d’autres espèces que l’on voit dans les Musées de Vicence, Vérone, Venise, dans la collection du baron de Zigno à Florence, etc. — On trouve dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Bolo- gne un travail du professeur Capellini, dans lequel est décrit le Celo- TRAVAUX ÉTRANGERS, — PALÉONTOLOGIE. 625 therium Capellini Brand., que l’on conserve dans le Musée de l’Univer- sité de Bologne. — Une Note du professeur Bellardi, Act. Soc. malacol. italien., a trait à une nouvelle disposition observée par lui chez les Pleurotomes fossiles du Piémont et de la Ligurie, dont il donne de courtes diagnoses. — Une liste des fossiles du Val Lebia, ne figurant pas dans l’Essai de Conchyliologie fossile subapennine du D' Manzoni, nous est offerte par R. Lawley. — Le professeur d’Achiardi, Act. Soc. Sc. natur. de Pise, présente la continuation de sa description des Coraux pliocènes du Frioul, et le professeur Lenhardt, Congr. de Gratz, fait mention des Coraux du ter- rain tertiaire de la Carniole. Ce dernier signale l’Ulophyllia macrogyra Reuss. et le Zeliastræa subcoronata Reuss. (Astræa helianthoïdes ?) que l’on trouve aussi dans le Vicentin. — Un article de Stur, Mém. Inst. Géol., VII, 1, se rapporte à la flore fossile des ardoises de Culm. La première partie de cet écrit com- prend la description de quarante-deux espèces de plantes, tandis que la seconde contient des détails géologiques, ainsi que quelques renseigne- ments sur la faune qui se rapporte à cette flore. Nous voyons représen- tées dans cet ouvrage une seule espèce d’Algues et une de Calamites ; trente-trois de Fougères, parmi lesquelles méritent une mention spéciale : le Rhodea gigantea et le Sphenopteris Haueri Stur. Les débris du Cardiopteris frondosa Goepp. permettent de croire que cette espèce a été une des Fougères les plus grandes. De ces fossiles, on peut conclure que les ardoises de Culm sont les équivalents du terrain carbonifère infé- rieur. — Dans les Comptes rendus du même Institut, Stur présente des ob- servations critiques sur les plantes fossiles conservées dans le Musée de l’Université de Breslau et dans d’autres collections particulières, etc. — Le même Institut a recu: 1°une Note du professeur Heer contre la réunion en une seule du Castanea atavia, du C. Ungeri et du C. Kubi- nest, réunion proposée par Von Ettinghausen ; 2° une lettre du D'Feist- mantel, quirelate les travaux déjà communiqués par lui à la Commission (Survey) géologique de Calcutta; ces travaux portent sur une liste de plantes fossiles des couches de Rajmahal, couches qu’il considère comme appartenant au lias etplus particulièrement au lias alpin de Fiinfkierchen et de Steicrdorf, en Hongrie. — Dans le tome XVIII des Mémoires deV Institut Vénitien, le profes- seur Visiani traite des Noeggerathiæ qu'il ne croit être ni des Palmiers 626 REVUE SCIENTIFIQUE. ni des Fougères, etc., mais qui constituent, suivant lui, une famille à part, intermédiaire à celle des Cycadées et des Zamiées. Il fait remarquer que, parmi les espèces qui luisont attribuées, on ne doit considérer comme une vraie Noeggerathiée que le N, foliosa Sternb. Les autres espèces qui lui sont rapportées par les auteurs appartiennent à des genres différents : ainsi le N. flabellata est un Podocarpus, la N. vagesiaca un Zamia, etc. Les Noeggerathiées décrites sont toutes du terrain carbonifère de la Bohême. Le même Mémoire renferme la description d’un Agawites et d’un Aloites du Vicentin. —Mention spéciale doit être faite ici du magnifique ouvrage du baron de Zigno, sur la Flore de l’oolithe, dontle premier volume a paru en entier, ainsi que le premier fascicule du tome second. Ce volume, enrichi de qua- tre planches, comprend la description des espèces des genres Aroides, Pandanocarpum, Podocarya, Yuccites, Plerophyllum, Zamites. PALEOETHNOLOGIE. — Le professeur Woldrich présente à l’Institut géologique de Vienne un crâne humain trouvé dans le loess diluvien, près de Mannersdorf (Autriche inférieure), qui à été reconnu par lui comme appartenant au type orthocéphale orthognathe et voisin du type dolichocéphale. — La Société anthropologique de Vienne fait toujours de nouveaux progrès dans ses études, progrès que témoignent le Compte rendu qu'elle publie. Ainsi, dans les derniers de ces Comptes rendus sont insérés un Mémoire du comte Wurmbrand sur des palañittes et autres découvertes préhistoriques faites par lui dans l'Autriche supérieure et inférieure, et la description, par le D' Much, des habitations et des monuments des Germains dans cette dernière partie du même empire. Le professeur Zuckerkandl donne aussi les résultats de ses études sur les microcé, hales; le D' Weissbach décrit un crâne macrocéphale venant de Turquie; Marno présente une Notice sur une jeune fille Akka, et le D° Luschin énumère les objets contenus dans les collections de la Société. — Parmi les communications préhistoriques faites au Congrès des Naturalistes et des Médecins allemands, qui à eu lieu à Gratz en sep- tembre dernier, on en remarque detrès-importantes, dont on nous per- mettra de dire un mot. Le comte Wurmbrand signale l'existence de l'Homme à l’époque dilu- vienne. La découverte d’une caverne en Moravie, où se rencontrent divers ossements portant des traces d’incisives, est mentionnée par le TRAVAUX ÉTRANGERS. — PALÉOETHNOLOGIE. 627 D' Wankél; on y a trouvé, entre autres, un squelette de jeune fille, un de Cheval, des perles, des morceaux d'ambre et de verre, enfin des vestiges d'appareils de sacrifice. Le D' Romer fait connaître l’exis- tence en Hongrie de tumulus. Un grand intérêt se rattache à la décou- verte récente de palafittes dans les tourbières de Lubiana, sur une étendue de mille mètres carrés environ. Des détails très-exacts sur cette localité sont donnés par le D' Deschmann; il énumère, comme y ayant été rencon- trés, des ossements de Castor, de Cerf, d'Ours, de Renne, de Bos primi- genius, de Bison, puis, avec des restes de Trappa natans, des débris d'armes, d'outils en corne de Cerf, de vases grands et petits, et des objets en pierre en nombre restreint. Enfin, au moment même où nous écrivons ces lignes, le professeur Deschmann nous informe qu’il vient de trouver dans ces mêmes lieux des ossements humains. — Un article du professeur Omboni est inséré dans les Actes de l’Institut des Sciences de Venise, dans lequel il rend compte des objets recueillis dans la caverne de Velo, près de Vérone, couteaux et pointes de flèches en silex, os appointés, dents de Veau et défenses de Sanglier, morceaux de poterie grossière, etc. — Pigorini nous entretient, dans les derniers numéros du Bulletin de Paléæthnologie italienne, des fouilles opérées dans la éerramare de Castiglione (état de Parme), qui ont mis au jour des objets en os, en corne de Cerf, des poteries, etc. On y a trouvé une seule pointe de flèche en silex, et un caillou plat. — Dans les mêmes numéros du même Bulletin, Castelfranco décrit les nécropoles de Rovio; Nicolucci fait connaître une nouvelle station, en Sardaigne (Sassari, Osilo), de l’âge de la pierre, renfermant des petites machines en trachyte et en diorite, de petits couteaux en jaspe, des pointes de flèche en obsidienne, et de débris de Cardium edule ; les ossements hu- mains y sont rares. Chierici indique quelques habitations du même âge dans la province de Reggio et de l'Émilie, et des débris de poterie, anses arrondies, silex, etc., trouvés dans ces provinces. Les restes de Castor provenantde Reggio sontdécrits par le professeur Strobel, qui fait remar- quer que cet animal, qui vivait en Lombardie à l’époque néolithique et probablement aussi au commencementde l’âge du bronze, ne se rencontre actuellement plus dans cette contrée, et que sa disparition doit remouter au xvIIe siècle. — La Revue scientifique et industrielle de Florence contient la des- cription par le professeur Ciofalo de quelques objets préhistoriques décou- verts dans la grotte de Giwssepe Natali, près de Termini Imerese, en 628 REVUE SCIENTIFIQUE. Sieile. Les os qui s’y rencontrent sont tellement friables qu’ils se réduisent de suite en fragments. Parmi ces débris on a seulement pu reconnaître une mâchoire appartenant à un Daïm, animal qui vit encore dans cette région. En outre, la plus grande partie de ces ossements est empâtée de manière à former une brèche dans laquelle se voient mêlés des ustensiles de pierre, tels que couteaux, pointes de flèches, etc., d’un travail très-grossier. — Le professeur Pellegrini, dans une courte Note publiée à Vérone, fait mention de la découverte d’un squelette humain dans le banc pré- historique de Spiazzo della Rocca, avec plusieurs objets en silex et des dents, des ossements appointés, ete. L'auteur pense que ce squelette appartient à la race de l’âge néolithique qui vivait dans le Véronais du- rant la période post-glaciaire. — L'ouvrage de Lubbock, intitulé Les temps préhistoriques et l’ori- gine de la civilisation, traduit par M. Lessona, vient de paraître à Turin. Comme il n’est presque pas parlé dans ce livre des décou- vertes préhistoriques faites en Italie, on a chargé le professeur Issel, bien connu dans le monde scientifique, d'écrire un appendice sur le même sujet, mais exclusivement envisagé dans la péninsule italienne. Issel, avec sa diligence ordinaire, à entrepris ce travail, qui porte pour titre L'Homme préhistorique en Italie, considéré principalement au point de vue paléontologique. L'œuvre se partage en dix chapitres : 1°l Zomme ter- tiaire (restes fossiles de Savone, etc.); 2° l'Æomme pendant la période post-pliocène (crâne de l'Olme, etc.); 3° l’âge de la pierre (avec énu- mération des objets trouvés depuis 1500 jusqu'à nos jours); 4°les cavernes ossifères (leur indication, avec mention des découvertes qui y ont été faites); 5° l’âge du bronze (les divers objets se rencontrent dans des terrains où vivait un peuple adonné à la vie de pasteur, d’agriculteur et de chasseur) ; 6° les Labitations lacustres (les premières découvertes dans les tourbières de Mercurago datent de 1850); 7° les terramare,nom par lequel on désigne en Émilie les dépôts de terre argileuse riches en restes organiques animaux et végétaux et en objets d'industrie; 8° les monuments mégalithiques, encore rares et peu étudiés jusqu'ici en Italie; 9° le premier âge du fer ; 10° les races préhistoriques. L’anthropolithe de Savone, de la date la plus ancienne d’après Issel, serait le représen- tant en Italie d’une race inférieure , de petite stature, à tête prognathe, petite et à membres grêles. L'ouvrage se termine par une table bibliogra- phique des écrits relatifs à l'Homme préhistorique en Italie. Ce savant travail est enrichi de nombreuses figures représentant les objets les plus intéressants dont il est fait mention dans le texte. SENONER. 629 BULLETIN. BIBLIOGRAPHIE, Flore de Montpellier, comprenant l'analyse descriptive des Plantes vascu- laires de l'Hérault, l'indication de leurs propriétés médicinales, des noms vul- gaires et des noms patois, et un Vocabulaire explicatif des termes de botanique, par H. Lorer et A. BarRANDON, avec une Carte du département. Deux volumes petit in-8°. Montpellier, Coulet, libraire-éditeur ; Paris, Adrien Delahaye, 1876. La végétation du bassin méditerranéen est la seule que l'antiquité classique ait un peu connue et mentionnée, et, à cet égard, elle mé- rite aussi bien l'attention du littérateur que celle du botaniste. Mais répartie autour de ce vaste bassin qui aujourd'hui unit plutôt qu'il ne sépare l'Europe et l'Afrique, elle semble remplir le même rôle. A l'Ouest par les côtes d'Espagne, comme à l'Est par celles de la Syrie, au centre par ses îles, elle unit la végétation du sud de l’Europe à celle du littoral septentrional de l'Afrique. Ajoutons qu'elle a un as- pect tout spécial dû à ses arbres ou arbrisseaux à feuillage persistant: Myrte, Phillyrea, Grenadier, Oranger, Olivier, Lentisque, Cistes, Chênes Kermès, Chênes verts, broussailles épineuses des coteaux stériles que Virgile désignait sous le nom de Carecta, reconnaissable encore sous celui de Carigues qu’elles ont conservé. Et tel est le carac- tère particulier de cette végétation qu'elle a de tout temps attiré l’at- tention des naturalistes, à ce point que quelques-uns ont regardé la région méditerranéenne comme un centre de création végétale, que d'autres l’ont considérée comme une région naturelle distincte; opi- nions différentes, mais d'accord sur la valeur du caractère spécial de cette région. Elle a donc, répétons-le, un intérêt tout particulier pour la botanique. Ce qui est aussi très-digne de remarque, c'est que, comme l'a fait récemment observer M. le D' E. Fournier, le caractère botanique de cette région ne reste constant qu’au-dessous d'une certaine altitude ; au dessus de 400 à 500 mètres, on voit reparaître des essences fores- tières identiques ou analogues à celles de l'Europe septentrionale. Or, s'il est en France un département qui appartienne franchement à la ceinture méditerranéenne, c'est celui de l'Hérault. Dans les dé- partements des Alpes-Maritimes et du Var, les montagnes vont jus- qu’à la mer et la région littorale est presque nulle; il en est de même dans celui des Bouches-du-Rhône jusqu'aux montagnes du Cap-Cou- 630 BULLETIN. ronne, à l’ouest de Marseille ; à partir de là seulement, commence une région basse, où se voient les alluvions, les terres salées, les grands marécages des embouchures du Rhône ; au-dessus, les plaines cail- louteuses de la Crau, puis les coteaux, et enfin les montagnes. Dans le Garû, toutes ces régions sont marquées, mais ce département n'arrive à la mer que pour la commune d’Aigues-Mortes, et son littoral est très-réduit. Le département de l'Hérault, au contraire, forme un carré long parallèle à la mer ; il a plus de 100 kilom. de littoral, au- tant de longueur dans la région des montagnes, sur une largeur de 60 à 70 kilom. du Nord au Sud; et le vaste plan incliné qu'il forme, descend des Cévennes à la mer par un ensemble de montagnes, de coteaux, de plaines et de marécages littoraux, telsque toutes les régions possibles y sont assez étendues pour que la végétation propre à cha- que région puisse largement s’y développer. Certes, il y a dans ces conditions tout ce qu'il faut’ pour exciter les botanistes à étudier la végétation d’une telle contrée et à en cataloguer les richesses. Aussi l'a-t-on étudiée, en a-t-on vanté les richesses de- puis les Barrelier, les l’Écluse, les Lobel, jusqu à Linné, jusqu à nos jours ! Mais quant à la récolte suivie et à l'ordonnance des matériaux en une Flore, il n’ena pasété de même ;eten 1868 M. Ad. Bronguiart, dans son Rapport sur les progrès de la botanique phytographique, en était ré- duit à dire: « Montpellier est le centre géographique et scientifique de la région méditerranéenne, si différente par sa végétation du reste de la France, et sa flore, étudiée depuis longtemps, peut servir de point de comparaison. Cependant, depuis la Flora Monspeliaca, publiée par Gouan, en 1765, aucun ouvrage général sur la flore de ce centre de la botanique moderne n'a paru, et jusqu’à présent nous ne possé - dons que des observations dispersées sur ce sujet» (pag. 170 et 171). Cette lacune était d'autant plus regrettable qu’elle se joignait à l'ab- sence d'une Flore de l'Aude, d’une Flore des Pyrénées-Orientales et, il faut bieu le dire, d'une Flore de toute la côte orientale de l'Espagne. Aujourd'hui cette Flore de Montpellier, si importante, si impa- tiemment attendue, vient.eufin de paraître, et, ce qui est plus, elle nous semble traitée de manière à répondre à l'importance du sujet et à satisfaire les justes exigences d'une silongue attente. Nous la de- vons aux efforts réunis de MM. H. Loretet A. Barrandon. M. Bar- randon, enfant du pays, en réunit les matériaux depuis plus de trente ans! ; M. Loret, fixé à Montpellier depuis quinze ans, y a consacré tous ses soins et la longue expérience acquise par l'exploration des 1 Voir Bull. Soc. bot. France, IV, pag. 588 ; X, pag. 376, et XVIII, pag. 170,228. BIBLIOGRAPHIE. 631 Alpes, des Pyrénées et de tout le littoral méditerranéent. Ce n'est donc point, comme dans le fabuliste, l'union de l’aveugle et du para- lytique, c'est l'association fortifiante de deux auteurs réunissant cha- cun l’activité physique à la clairvoyance scientifique. Cet ouvrage forme deux volumes petit in-8, d'un total de 968 pages. Il s'ouvre par une /ntroduction où les quantités littéraires s’unissent aux habitudes sérieuses de l'observateur consommé, et sur laquelle j'appellerai tout spécialement l'attention A tout lecteur impatient qui, à la vue de ses cinquante pages, serait tenté de la sauter pour arriver au livre, je dirais qu'il a tort, qu’il ouvre le livre trop tôt, et risque de s’en servir mal. Cette préface, très-instructive, « signale d'abord, dans une esquisse historique, les hommes auxquels la bo- lanique descriptive a eu à Montpellier le plus d'obligation, et fait connaître en second lieu le but poursuivi par les auteurs et les pro- cédés employés pour l’atteindre ». L’exactitude extrême actuellement exigée dans l'indication des lo- calités ne l'était pas avant Linné, à une époque où l'on était loin de soupconner l'importance de la géographie botanique, et, sur ce point, nos anciens floristes de Montpellier, à l'exception de Magnol, se sont permis des libertés que M. Loret relève avec une rigueur qui, n'étant que juste envers des hommes de notre temps, peut paraître sévère envers ceux d’un autre siècle, mais qui se comprend fort bien quand on voit celle que les auteurs ont apportée dans toutes leurs diverses indications. Dans cette Introduction se trouvent des listes distinctes des plantes classées par régions naturelles : région littorale; région de l'olivier; région montagneuse: ce qui facilite grandement la comparaison avec la végétation des autres contrées. Ainsi, par exemple, cette compa- raison faite des plantes littorales de l'Hérault, d'une part, avec celle de l'Algérie (Catal. pl. in Algeria sp. nasc.; auct. Munby, ed. 2°, 1859, 1861), d'autre part, avec celles des côtes de l'ouest de la France (FL. de l'ouet de la France par J. Lloyd., 2° éd., 1868), nous montreque sur les 124 plantes littorales de l'Hérault, quatre seulement manquent en Algérie, tandis que 22 manquent sur les côtes de l'Ouest, qui de leur côté ont plus de cinquante espèces littorales dont le bassin méditerra- néen est privé. 1 Voir Bull. Soc. bot. de France, V, pag. 146, 327, 615; VI, pag. 13, 33, 88, 112,215, 278, 326, 531, 386, 402, 4424599174, 191; X, ag: 130, 375 ; XI, pag. 13, 101, 312, 384, 440; XV, pag. 20, 104; XVI, pag. 152, 285, etc., plusieurs articles de la Revue des Sciences naturelles. 632 BULLETIN. Avec ces comparaisons, on pourra constater encore « qu'un assez grand nombre d'espèces réputées vulgaires dans le centre de la France sont très-rares et font même entièrement défaut » sur toute notre contrée méditerranéenne, des Pyrenées à Menton. — L'auteur explique ce fait curieux « par l'obstacle qu’apportent à la diffusion de ces plantes les chaînes de montagnes qui bornent au Nord la région des oliviers ». — Cela est admissible ; mais nous pensons aussi qu’on pourrait, indépendamment des différences de climat, rattacher ce fait aux circonstances géologiques qui ont produit le bassin méditerranéen et ne nous ont laissé que quelques restes de la végétation à lui propre pendant la période tertiaire. Pour plusieurs, quand une Flore apparaît, la première, la grande question qui domine toutes les autres, est : Comment y est traitée l'espèce ? Il sufirait peut-être de répondre que chaque espèce est trai- tée de manière à être bien distinguée ; mais la question a un autre sens auquel répondent, pour l'exécution, l'épigraphe placée au titre du livre et empruntée à Fries : « In speciebus determinandis æquè » evitare studui hodiernam levitatem in speciebus divellendis, ac » haud minorem temeritatem in speciebus sine sincero examine coa- > cervandis », et, pour le principe, un passage de l'Introduction, ! p. xxxv, Où, à côté de la permanence des types, sont reconnus la va- riabilité superficielle des formes {sans impliquer la transformation de l'espèce), l'utilité de leur distinction et le danger de donner à cha- cune d'elles un nom et une valeur spécifiques. Comme l'indique le titre, les auteurs, à l'effet de permettre aux botanistes les moins exercés d'arriver par eux-mêmes rapidement et sûrement au nom de chaque plante, ont fait usage d'analyses di- chotomiques, analyses assez étendues toutefois pour représenter tous les caractères essentiels et dispenser d’autres descriptions. Nous sommes forcés de nous arrêter ici, et ce, à notre grand re- gret, Car, si nous avons atteint les limites de l'espace à nous accordé, nous sommes loin de celles où devraient arriver les éloges dus à ce travail, mais qui, au reste, peuvent se réduire à ces mots : La ques- tion était importante, elle a été bien traitée, dans un ouvrage utile à ceux qui savent, facile pour ceux qui débutent. Montpellier, le 19 février 1876. J. DuvaL-JOUVE. BIBLIOGRAPHIE. 633 — Nous sommes redevables à M. Michel Mourlon, conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles, de la traduction très-bien faite d'un travail de Prestwich sur la structure des couches du crag de Norfolk et de Suffolk, avee quelques observations sur leurs restes organiques 1. Le géologue anglais, a eu pour but, dans ce Mé- moire, de décrire la structure physique des différents crags et de dé- terminer la relation exacte des crags de localités précitées. Gette impor- tante étude, insérée, en 1871, dans le volume XX VIT du Quarterly Journal de la Société géologique de Londres,n'avait pas encore été publiée en français. Le conseil de la Société a bien voulu mettre à la disposition de M. Mourlon les bois de l'ouvrage original. — Deux remarquables Thèses pour obtenir le grade de docteur en médecine, soutenues devant la Faculté de Montpellier, ont marqué la fin de la dernière année scolaire. Des Microzymas et de leurs fonctions aux différents dges d'un même étre, tel est le titre de la première de ces dissertations, dont l’auteur est M. Joseph Béchamp, préparateur de chimie à la Faculté de méde- cine. Ce Mémoire est terminé par les conclusions suivantes : « Les microzymas sont des êtres doués de vie. On les trouve dans » tous les êtres vivants et dans Les terrains fossilifères. — Ils sont ca- » pables, selon les conditions dans lesquelles ils sont placés, d'évo- » luer en bactéries ou de former des cellules. — Ce qu'il y a d'actif » dans les tissus des êtres vivants est le microzyma, qui est contenu » dans la partie de ces tissus insoluble dans l'eau et les réactifs. — » Les microzymasdes divers tissus d’un même être possèdent des fonc- » tions différentes, quoique étant morphologiquement semblables. » Cette fonction n’est pas la même chez l'adulte et chez le fœtus. — » Les microzymas des tissus du fœtus ont peu d'activité sur l'empois » de fécule, mais cette activité augmente avec l’âge du fœtus. — Les » fonctions des tissus n'apparaissent qu à un moment donné de la » vie fœtale; la fonction des glandes, telles que le foie, le pancréas, la » parotide, n'apparaît que vers cinq mois ; cela est vrai, non-seule- » ment pour le fœtus humain, mais pour le fœtus de veau. Le cer- » veau fait exception à cette loi. L'activité de ses microzymas est » d'autant plus énergique que le fœtus est plus jeune. — Les micro- » zymas des tissus de fœtus ont, d'une facon générale, plus d'activité » sur le sucre de canne que sur l’empois ; l'inverse a lieu pour ceux » des adultes. — Les microzymas des tissus de fœtus étant peu ou 1 Germer Baillière, rue de l'École-de-Médecine, 17, Paris. 634 BULLETIN. » pas actifs, ces tissus ne devraient pas contenir de zymase, ce qui a » été vérifié. — Les microzymas des fœtus évoluent plus difficile- » ment en bactéries que ceux des adultes, ce qui les rapproche des » microzymas de l'œuf. Toutes choses égales d'ailleurs, cette évolu- » tion est plus facile dans l’empois de fécule que dans le sucre de » canne. — Les diverses bactéries ne sont que le développement d’un » même être : le microzyma. Elles possèdent la même fonction que » le microzyma, d'où elles dérivent, quelles que soient leur forme et » leur grandeur. — Les microzymas de tous les tissus sont capables » de donner des bactéries. Le cerveau d'adulte est dépourvu de cette » propriété. » La deuxième de ces Thèses, intitulée : Étude physiologique sur l'ac- tion des poisons, est due à M. L.-F, Henneguy, aide-physiologiste au laboratoire des hautes-études pratiques. Laissant de côté les poisons irritants ou corrosifs, M. Henneguy a pris dans chaque classe des autres poisons admise par les toxicologistes une ou plusieurs substan- ces types qu'il a étudiées au point de vue de leur propriété ph ysiolo- gique. Pour le plus grand nombre d’entre elles, il a cherché à établir par lui-même leur mode d'action, action beaucoup plus complexe que ne le croient certains auteurs. Cette étude lui a permis de formuler les propositions qui suivent : « L'action des poisons est générale, elle n’est pas limitée à un seul » élément histologique, à un seul organe. Les différents systèmes de » l'organisme sont successivement atteints. — Le plus grand nombre » des poisons agit sur le système nerveux, et presque toujours la mort » est la conséquence de la cessation des fonctions des centres ner- » veux. Cette action sur le système nerveux est primitive. Contraire- » ment à l'opinion de Morgan et d'Adisson, elle s'exerce sur les par- » ties centrales avant de s'exercer sur les parties périphériques. — » Le système musculaire n’est atteint qu'après le système nerveux.— » [l existe cependant un certain nombre de poisons dont l'action, » encore peu connue, paraît porter directement sur le cœur avant » d'atteindre le système nerveux.— L'électivité générale des poisons » pour le système nerveux, et principalement pour les centres, tient » à la nature histologique des tissus qui entrent dans leur composi- » tion. — L'action des poisons est indépendante de leur origine. — » L'antagonisme toxique est impossible. » E. DUBRUEIL. 635 NECROLOGIE. C'est avec une véritable douleur que nous avons appris la mort de M. Ad. Brongniart, membre de l’Institut, professeur de botanique et de physiologie végétale au Muséum d'Histoire naturelle. Cet illustre savant a été enlevé à la science le 19 février dernier. Tout le monde sait que c'est à lui que sont dues les premières études anatomiques des végétaux fossiles. E. DuBRuEIz. Le Directeur : E. DuBruEIL Montp.— Typ. BOEHM et FILS. AA EE ÿ NN MPATAUE LUE, à LP AT NA LR =: \4 À , i ” MUR ei N 2 À ie “à À FM de. Hulot Pau UT LE EN) CAL TIC | H } , he. g-ibe È | } MNUET A" \ + | L, + PTC TARN nat Mt ete LATINE Nr + TR | M! 4 d ' op | : V0 RIDE: F4 . y, T7 À É ho Ga 11 AE h T 5 | à M va th QU Li At r Qu PRE UR en'Un LU ae LL à our Mi PSE us fi SO Qi Car 117 ui OU ETES À QT L'REN'A uQMe ALT À APE PS 2 A EU ES dt A ne HAN RENE il (OPEL NE ETUS tx ete PE vepé an EN A aBEMEn EU x MEN Tu ENTREE ATP ns Lie AS À Ad idiots acer LA RO LUN | - r Vi 13 hr et OT 1} Lu PETA COR A k isa Aero DT ue * { PEUT ALES ie Vo eététen ethnie ss à 4 1 UE! t 1 vi l à t 1: Lee à mi < f } he F-NU SRPRT ON ü 4 MAC | +1 1 FM F Li LL TER y ic + % Lu : l F Li: è U } » F "1 L TE D CU LRRTL ER ‘LU ” SLR "RS LA ROULE axé CA } ' VA à j dl Li 0 ch Hilo L Re a ue CUS AT riad AA te M ER \ , n L LA peu | LOT AR ame ET AE 411 | NC IN} AT ” ÿ} A LL ES F a 1 26 doll jui APCE. 0 Ne: | Ÿ PAT 5 jh | * En: { Li es 100 Bi ur UT LL: Ml ar doi, jt à on. a] le, y TABLE DES MATIÈRES DU TOME IV. 638 TABLE DES MATIÈRES, La lumière et quelques organes lumineux chez quelques Anné- lides, par Pancerr, professeur à l'Université de Naples ; traduitpar M. Atfred: Fatmpiéees sauicsmemlebts# SE 501 = BOTANIQUE. Observations critiques sommaires sur plusieurs plantes Mont- pelliéraines ; par M. H. LorerT (suile el fin)............. 40 Notesur quelques formes anomales et tératologiques chez les Dia- tomacéess par M. 2: Guinarp (PI VD)... PER 215 De l’intervention, à distance, des Hymenoptères dans la fécon- dation des végétaux ; par M. D.-A. GobroN......,..,..... 336 Sur les progrès récents et l'état présent de la Botanique systé- matique, par G. BENTHAN ; analysé par M.J. D.-J,....... 399 De l’absorption des Bicarbonates par les plantes dans les eaux naturelles ; par M. A. BARTHÈLEMY (f'° partie)..........., 477 Théorie des Plantes carnivores et irritables de M. Ed. MoRREN; par M: dd, D:lostces at sub acmeis ét. cf dt CORRE 487 La Méthode naturelle et le principe de l’évolution ; par le pro- fesseur: Ch. MARTINS «4x. tele so. Ro tt RE | GÉOLOGIE. Sur la découverte d’une Cæcilianella fossile dans une brèche os- seuse de la Gardéole, près de Frontignan (Hérault) ; par le docteur A: PAaRADILÈE 152202 RE OT EEE 08 Note sur la Panopæa Aldrovandi ones à l'état subfossile dans l’ancien cordon littoral de la Méditerranée; par M::Énilieh-DumiS (PLU TN et). e LE DR 220 Note sur l'origine des Chotts du sud de la Tunisie; par M. Dou- MET= ADANBUN Se nes Se à ere Dieter oder 2 De te ee de PULLS 230 Notice sur le Pic du Gar (Haute-Garonne); par M. LEYMERIE DER PE rennes cree pu REP EE - 908 REVUE SCIENTIFIQUE. TRAVAUX FRANCAIS. Zoologie ; par MM. S. Jourpanet E. DugruziL... 64%, 237, 351, 524 Botanique ; ‘par A. FAURE. MUIIINNR EUN UE. M 78, 258, 393, 570 Géologie ; par A. PALADILHE, BLEICHER, CoLLOT et E. DUBRUEIL. > OR 586 TR RE HIMCAR SIRES ..:. 85, 272, 404, 606 TABLE DES MATIÈRES. 639 Société des Sciences naturelles de Province; par E. Dusrueiz.. 283 Réunion annuelle des membres des Sociétés savantes départe- mentales et de l'Association pour l'avancement des Sciences ; 0e ML NSP PRET eds eds 0 HT ne 95, 417 Compte rendu sommaire de la réunion de la Société géologique de France dans les Alpes, en 1875 ; par M. CozLor........ 423 TRAVAUX ÉTRANGERS. Sociétés d'Histoire naturelle de Londres ; par le D' A. PaLaDiLnE 98 Revue Allemande et Italienne ; par M. SENONER......... 129, 606 La Botanique aux Pays-Bas ; par M. TReuB............. 140, 432 Revue géologique Italienne; par M. Cozror... Hess 480 BIBLIOGRAPHIE. (Voir la dernière Table.) NÉCROLOGIE. MOrEQ Ade BRONGNIART.. 2... ! eus 44 ab tente els Ds en in D TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Des Mémoires originaux par noms d’Auteurs. Barthélemy (A.). De l'absorption des bicarbonates par les plantes dans les eaux naturelles. 477 Baudelot (E.). Des déterminations en Anatomie comparée. Il Bentham (G.) (Anal. par J. D.-J.). Sur les progrès récents et l'état pré- sent de la Botanique systématique. 339 Clos. Lettre à l'occasion des Fourmis emmagusineuses. 348 Doûmet-Adanson. Sur l'origine des Chotts du sud de la Tunisie. 230 Dubrueil (E.). Notes malacoloziques. s 331 Dumas (Ém.). Sur la Panopæa Aldro- vandi découverte à l’état subfossile dans l’ancien cordon littoral de la Méditerranée. 220 Godron (D.-A.). De l'intervention, à distance, des Hyménoptères dans la fécondation des végétaux. 331 Guinard (E.). Sur quelques formes anomales et tératologiques chez les Diatomacées. 215 Hesse. Description d'un nouvel Ancée (Anceus Congeri). Joly (N.) et Joly (E.). Nouvelles re- cherches tendant à établir que le pré- tendu Crustacé décrit par Latreille sous le nom de Prosopistoma est un véritable Insecte de la tribu des Éphémérines. 27 Kowalewsky (A.) (Trad. par Marion). Du développement des Actinies. 15. — (Trad. par Catta). Du mâle planariforme de la Bonélie. 313 Leymerie. Notice sur le Pic du Gar (Haute-Garonne). 908 Loret (H.). Observations critiques som- maires sur plusieurs plantes Montpel- liéraines. 40 Marion (A.-F.). Sur les Annélides du golfe de Marseille. 301. — Draguages profonds au large de Marseille. 469 Martins (Ch.). La méthode naturelle et le principe de l'évolution. 493 Morren (Ed.). (Anal. par J. D.-d.). Théorie des plantes carnivores et irritables. 487 Paladilhe (A. Sur la découverte d'une Cæcilianella fossile, etc. 58 Panceri (Trad. par A. Faure). La lumière et quelques phénomènes lumi- neux chez quelques Annélides. 501 Valéry-Mayet. Sur les mœurs et les métamorphoses d'une nouvelle espèce de Coléoptère de la famille des Vési- cants, le Sitaris Collelis. 169 Von Siebold (7rad. par H.Sicard). Sur le pouvoir d'adaptation des Mol- lusques d'eau douce à respiration pulmonaire. 201 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOUS D'AUTEURS des Communications et des Publications Analysées dans la Revue scientifique et bibliographique. Alix (Ed.). Classification des Carni- vores. 239 Arnaud. Bélemnitelle dans le campa- nien moyen de la Charente. AE Arloing. Mécanisme de la déglutition. 354 Aubigné. Voy. Dujardin-Beaumetz. Baillon (H.). Absorption par les ra- cines du Phylolacca decandra. 80 Balbiani. Multiplication des Vorticel- liens. 526 — Embryologie du Pulex felis. 96? Barrandon. Voy. Loret. Barrois (CGh.). L'Aachénien et la li- mite entre le jurassique et le cré- tacé dans l'Aisne et les Ardennes. 281. — Gault et diverses couches dans lesquelles il est compris dans le bassin de Paris. 290.— Reptiles du terrain crétacé du nord-est du bassin de Paris. 290 Barrois (J.). Formes larvaires des Bryozoaires. 361,932 Béchamp (A.). Microzymas et Bacté- ries. 68 Béchamp (J.). Des Microzymas, etc. 633 Benoît (Em.). Terrains tertiaires dans le bassin du Rhône et des Usses. 601 Bergeron. Vibrions dans le pus des . abcès. 65 Bert (P.). Quantité d'oxygène que peut contenir le sang aux diverses pres- sions. 73. — Influence de l'air com- primé sur les fermentations. 355. — Mécanisme et changements de couleur chez le Caméléon. 928 Bianconi (G.). Théorie Darwinienne et création dite indépendante (Anal. par Senoner). 291 Bleicher. Pierres taillées des grottes d'Ousidas, près Tlemcen. 82. — Géologie des environs d'Oran. 280. — Gisements de Polypiers des terrains tertiaires des provinces d'Oran et d'Alger. 994 Bobretzky. Voy. Marion. Bocourt. Heloderma horridum. T0 Bouillaud. Considérations sur le sys- tème nerveux. 357. — Battements du cœur à l’état normal. 362 Brocchi (A). Organes génitaux des Crustacés décapodes. 390 Brongniart (Ad.). Structure de l'o- vule et de la graine des Cycadées comparée à celle des diverses graines fossi'es du terrain houiller. 412. Pan- danées de la Nouvelle-Calédonie. 578. Candolle (A. De). Effets d’une même température sur une même espèce au nord et au midi. 395 Carbonnier. Nid du Colisa arc-en- ciel. 531 Carlet (G.). Appareil schématique re- latif à la respiration. 357. — Fonction- nement du diaphragme. 358 Catta (J.-D.). Amphipodes du golfe de Marseille. 75 Cauvet.Tænia de l'Algérie. 284 Cazalis de Fondouce (P.). Fouilles poursuivies à Durfort (Gard). A4 Chambrun-Rosemont (de). Dilu- vium de la Haute-Tarentaise. 603 Chancourtois (de). Réseau pentago- nal d’Elie de Beaumont. 996 Chatin (J.). Helminthes nouveaux ou peu connus. 240. — Appendices Wé- bériens du Castor. 245. — Glandes fo- liaires intérieures. 399 Claude Bernard. Glycogénèse ani- male. 538 Clément (C.). Mollusques marins du Gard 284. — Parthénogénèse. 284 Clermont. Présence du bioxyde d'azote dans la sève des végétaux. 396 Clos. Nature morphologique de la feuille. 397 Cocquand (V.). Terrains stratifiés de l'Italie centrale, etc., etc. 273. —- Divisions adoptées par Hébert pour la craie du midi de la France. 282 Collot (E.). Terrain jurassique dans l’ouest de l'Hérault. 598 Contejean. Influence du terrain sur la végétation. 261 Cornil. Violet de méthylaniline. 354 Cossigny (de). Corrélation entre les oscillations du sol et la configuration 642 des côtes de la mer. 997 Crié (S.). Bryologie comparée de la Sarthe et de la Mayenne. 266 Dareste (C.). Reproduction des An- guilles. 338. — Réclamation à l'oc- casion d'une Communication du professeur Joly. 361. — Résumé d'une monographie des Poissons an- guilliformes. 994 Daubrée. Formation contemporaine, dans la source de Bourbonne-les- Bains, etc. 88,89. — Formation de la sidérose. 408. — Note complémen- taire. 410. — Minéralisation subie par des débris organiques dans l'eau thermale de Bourbonne-les-Bains. 582. — Imitation du platine magné- tipolaire. 595. — Association, dans l’Oural, du platine natif à des roches à base de péridot. 995 Debeaux (A.). Nouvelle espèce de Rose. 283 Dehérain. Nouvelles recherches sur la germination. 397 Delage. Terrains silurien et devonien du nord du département d'Ille-et- Vilaine. 298 Dezantière. Bruits du cœur. 76 Didelot. Pycnodus nouveau du néo- comien moyen. 281 Dieulafait et Hollande. Zone à Avicula contorta dans l'ile de Corse. 415 Dollfus. Classification des Polypiers paléozoïques de Milne - Edwards et Haimes. 89. — Terrains crétacés et tertiaires du Cotentin. 60? Donnadieu (A.-L.). Recherches pour servir à l'histoire des Tétranyques. 245 Douville et Jourdy. Partie moyenne du terrain jurassique dans le Berry. 278 Dujardin-Beaumetz et Aubigné. Principe toxique des alcools par fer- mentation. 399 Duval (M.). Voy. Sappey. Ebray. Dénudation du Mont-Lozère. 593. — Granulites et minettes. 594 Fabre (G.). Carte géologique, minéra- logique et agronomique da canton de Mende. 600 Faivre (E.). Influence du système nerveux sur la respiration du Dytis- cus marginalis. 75 — Sur le mouve- ment de manège chez un Insecte. 351 Falsan (A.). Position stratigraphique des tufs de Meximieux, etc. 296 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Favre (E.). Géologie de la partie centrale de la chaîne du Caucase. 276 Feltz (V.). Principe toxique du sang putréfié. 399 Filhol (H.). Mammifères fossiles nou- veaux des phosphorites du Quercy. 590. — Mission de l'ile Campbell. 590 Fischer (P.). Répartition des Mollus- ques. 363. — Système nerveux des Mollusques pulmonés stylommato- phores. 524. — Dendrines. 931 Flemming (W.). Premiers phénomè- nes du développement de l’œuf de l'Anodonte (Anal. par H. Leloir). 291 Fliche (P.). Lignites quaternaires de Jarville. 404 Fol (H.). Développement des Hétéro- podes et des Gastéropodes pulmonés. 361. — Développement des Ptéro- podes. 996 Fouqué (E.). Dépôts salins de la der- nière éruption de Santorin. 94 Fournier (E.). Dimorphisme dans la famille des Graminées. 82 Fromantin. Voy. Pillel. Gallois et Hardy. Erytoplhœum guineense. 302 Gaudry (A.). Batraciens proprement dits dans le terrain primaire. 86. — Edentés au commencement de l'épo- que miocène. 583. — Nouvelles piè- ces fossiles des phosphorites du Quercy. 584 Gautier (A.). Coagulation du sang. 355, 926 Gayat. Signes ophthalmoscopiques de la mort. 68. — Non reproduction du cristallin. 362 Gayon (U.). Rôle des êtres microsco- piques et des moisissures dans l'al- tération des matières organiques. 570 Georges. Monographie anatomique du genre Daman. 243 Gervais (P.)et Gervais (H.). Parti- cularités anatomiques du Rhinocéros indien. 362 Gervais (P.). Cräne de Cétacé envoyé au Muséum par le gouvernement du Japon. 527 Giard (A.). Embryogénie du Lamella- ria perspicua. 13 — Embryogénie des Tuniciers du groupe de Luciæ. 534 — Amphipode commensal de l'£Echi- nocardium cordatum. 537. — Em- bryogénie et développement de la Salmacina Dysteri. 539, 540 Glénard (F.). Causes de la coagula- tion du sang à son issue de l'orga- nisme. 357, 926 DES NOMS D'AUTEURS. Gosselet. Calcaires devoniens du nord de la France 596 Gouvernain {(le). Sulfuration du cui- vre et du fer dans la source ther- male de Bourbon-l' Archambault. 406 ! Grand'Eury. Plantes fossiles du ter- rain houiller de Saint-Etienne. Grandidier (M.). Decades Plantarum novaruit, elc. 283 Hamy. Voy. de Quatrefages. Hardy. Voy. Gallois. Hayem (G.) et Nachet (A.). Pro- cédé pour compter les globules du sang. 78 Hébert. Matériaux pour servir à l'his- | toire du terrain crétacé supérieur de la France. 274. — Plissements de la | craie dans le nord de la France. 587 | Heckel (E.). Influence des Solanées composés sur la germination des graines. 393 — Phénomène de loca- | lisation minérale et organique dans les tissus animaux. 543. —- Mouve- ment végétal. 579 Henneguy (L.-KF.). Action des Poi- sons. 634 Hollande. Voy. Dieulafait. Isidore Pierre. Accumulation pro- gressive de l’amidon dans les grains de Blé. 260 Janczewski (Ed.). Accroissement terminal des racines dans les Phané- rogames. 258. — Développement des radicelles dans les Phanérogames. 259 Jobert. Appareil respiratoire de cer- tains Crabes voyageurs. 934 Joly (N.). Genre Iléadelphe. Joly et Peyrat. Pycopage humain. 289 Kidder. Faune et flore de l’île Kergue- len. 352, 394 Kjellman. Végétation hivernale des Alyues à Mosselbay (Spitzberg). 81 Korotneff (de). Etude anatomique de la Lucernaria octoradiata. 924 Kowalewsky,OwsjannikowetN. Wagner. Embryogéme de l'Estur- geon et de la Lamproie (Anal. par J. Barrois). 146 Lacaze-Duthiers (de). Origine des vaisseaux de la tunique des Ascidies simples. 69. — Note accompagnant la présentation à l'Académie du tome IIT des Archives de Zoologie expérimen- 94 | 360 | Lichtenstein (J.). 643 tale.70. — Ascidies simples des côtes de France. 251, 364.— Formation des monstres doubles chez les Gastéropo- des. 293 Lapparent (de). Etage oolithique in- férieur du département des Ardennes. 279 Lérolle (L.). Place des Gymnospermes dans la classification naturelle. 80 Leymerie (A.). Sur une Note relative à un dépôt pliocène des Pyrénées- Orientales. 405. — Etage devonien dans les Pyrénées. 409 Espèces fran- çaises ou européennes du genre Phyl- loxera. 64. — Migrations du Phyl- loxera de la Vigne sur le Chêne- Kermès. 334. — Note pour servir à l'histoire du Phylloxera. 362 | Loret (H.) et Barrandon (A.). Flore vireuses sur les Rongeurs et les Mar- | supiaux. 356. — Action de quelques | de Montpellier (Anal. par Duval- Jouve). 625 Lortet. Phénomènes d'incubation of- ferts par le Chromis paterfami- lias. 532 Lory. Gisements de gypse dans le terrain jurassique de l'arrondisse- ment de Gap. 2 | Malassez et Picard. Fonctions de la rate. 529 Maquenne. Pouvoir émissif des Feuil- les. 394 Marion (A.-F). Espèces méditerra- néennes du genre Eusyllis. 67. — Révision des Nématoïdes du golfe de Marseille. 67. Drepanophorus spectabilis. 67 Marion (A.-F.) et Bobretzki. An- nélides du golfe de Marseille. 542 Martin (J.). Nodules de phosphate de chaux dans le gault de la Côte- d'Or. 293 Mayer et Wolkoff. Respiration des Plantes. 279 Mégnin. Famille des Gamasides. 354, 929. — Sarcoples scabiei. 529 Meunier (Stan.). Puits naturels du Calcaire grossier. 90. — Diluvium granitique des plateaux, etc. 414. — Perforation d'un grès quartzeux par des racines d'arbre. 416. — Sable à glauconie inférieur au calcaire grossier. 585. — Remarques rela- üves à un Mémoire sur la géologie des Météorites. 586 Milne-Edwards (Alph.). Cris de l'Indris de Madagascar. 242. — Oiseaux fossiles de Saucats et de Léognan. 274. — Manuscrit sur la faune ancienne de l’île Rodri- 644 gues. 352 Moreau. Vessie natatoire des Pois- sons. 353 Moquin - Tandon (G.). Développe- ment des œufs d'une Grenouille non fécondée. 366 Musset (Ch.). Anomalies par hyper- génèse dans divers verticilles de l'Erable sycomore. 287 Nachet (A.). Voy. Hayem. Nouffert. Acarus urticans. 285 Noulet (J.-B.). Caverne de l'Herm. 287 Œllacher. Vésicule germinative des Vertébrés (Anal. par H. Leloir). 155 Oré. Influence des acides sur la coa- gulation du sang. 525. — Action exercée par les acides phosphoriques monohydraté el trihydraté sur la coagulation du sang. 926 Owsjanikow. Voy. Kowalewsky. Packard (A.-S.). Articulés condylo- podes de la caverne du Mam- mouth. 387 Paladilhe (A.). Coquilles terrestres et fluviatiles du Maroc. 242 Panceri. Phosphorescence des An- nélides. "64 Papier (A.). Agglutination par la mer de certains sables et cailloux de quartz des environs de Bône. 273 Pellet (P.). Faune entomologique des Pyrénées-Orientales. 283 Perrier (Ed.). Polygordius Villoti. 76. — Lombriciens terrestres. 370. — Vers de terre des Philippines. 530. — Stellérides du Muséum. 536, 551. — Accouplement du Lumbricus faætidus. Do Peyrat. Voy. Joly. — Phénomènes volcaniques en Islande. AG Philipeaux. Expériences montrant que les mamelons extirpés chez de jeunes cochons d'Inde ne se régé- nèrent point. 64, 359 Picard. Voy. Malassez. Pillet et Fromentin. Colline de Lemenc. 598 Pomel. Il n'y a pas eude mer inté- rieure au Sahara. 605 Pravaz (Th.). Effets physiologiques de l'augmentation de la pression at- mosphérique. 388 Preswitch. Crags de Norfolk et de Suffolk (Trad. par M. Mour lon). 633 Prilleux (Ed. Tumeurs produites dans le bois des Pommiers par le Puceron lanigère. — Formation de la Gomme dans les arbres fruitiers. 400 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Putnam. Poissons aveugles. 384 Quatrefages (de) et Hamy. Crania Elthnica, kme livraison. 536. — Osse- ments de Cétacés dans les argiles pliocènes du Monte Aperto. 993 Rabuteau. Action du perchlorure de fer. 351 Ranvier. Ganglions vertébraux et ganglions de Gasser. 536. — Termi- naison des nerfs de la portion ner- veuse de la lame électrique des Tor- pilles. 536 Renault (B.). Végétaux silicifiés d'Au- tun et de Saint-Etienne. 573 Rey-Lescure. Phosphatières du Tarn- et-Garonne, etc. 599. — Note expli- cative d'une carte agrogéologique et hydrologique du Tarn-et-Garonne. 600 Rivière (E.). Dépôt quaternaire su- périeur à la brèche osseuse de Nice. 85. — Faune quaternaire des grottes de Menton. 413 Robert (E.). Influence de la séche- resse sur les Cryptogames. 394. — Gouttelettes d’eau dont le Froment et les Prêles sont recouverts le matin. 396 Robert (E.). Plissements et brisures du terrain crétacé. 592 Ronjon (A.). Derniers éléments aux- quels on puisse arriver par l'analyse histologique des muscles striés. 361 Roudaire. Projet de mer intérieure en Algérie. 408 Roumeguère (C.). Glossaire myco- logique. 283 Sabatier (A.) Appareil respiratoire de la Moule. 530 Salvetat. Diluvium granitique des plateaux des environs de Paris. Saporta (G. de). Fibres ligneuses striées dans le bois de quelques Coni- fères. 84. — Deux types nouveaux de Conifères dans les schistes permiens de Lodève. 93 Sappey (C.) et Duval (M.). Cordons nerveux formant la substance blanche de la moelle 541 Sarran (de). Zone à Avicula contorla de Boiscommun, près d'Alais. 284 Sauvage (E). Faune erpétologique du Boulonnais à l'époque juras- sique. 278 Schneider (A.). Appareil de dissémi- nation des Gregarina et des Stylo- rynchus. 65 Sicard (H.). Zonites algirus. 237 DES NOMS D'AUTEURS. Siïnety (de). Ablation des mamelles chez les Cobayes. 399 Sirodot. Fouilles exécutées au Mont Dol. 92 Steenstrup. Genre Hemisepius, etc. 363 Tardy. Département de l'Ain à l'épo- que quaternaire. 603. — Cavités na- turelles des terrains jurassiques. 604 Thomas. Bubalus antiquus Duv. 87, 286 Tombeck. Étages oxfordiens et callo- viens de la Haute-Marne. 272. — Puits naturels du calcaire portlandien de la Haute-Marne. 280 Tournouër (R.). Faune des couches à Congéries et des couches à Palu- dines de l’Europe centrale et méri- dionale. 594. — Echinodermes du calcaire à Astéries. 601 Trécul. Théorie carpellaire d'après les Tiliacées et les Iridées. 82, 203. — Observations à propos de la Commu- nication de M. Chatin sur les glandes foliaires intérieures. 399 Tribolet (de). Crustacés décapodes des étages néocomien et urgonien de la Haute-Marne. 602 Troulet Carte du globe terrestre en projection gnomonique sur l'horizon du pôle Nord. 992 Trutat (E.). Dépôts glaciaires de la vallée inférieure du Tech. 94 645 Vaillant (L.). Développementdes spi- nules dans les écailles du Gobius niger. 358 Van Thieghem. Nouvelles recher- ches sur les Mucorinées. 267. — Fécondation des Basidiomycètes. 78 Vasseur (G.). Cubitus de Coryphodon Oweni. Vayssières (A.). Anatomie du Glau- CUS. 247 Velain (Ch.). Observations faites aux îles Saint-Paul et Amsterdam. 92 — Eboulement survenu à l'ile Bour- bon. 289 Vesque (E.). Gaine protectrice des Dicotylédonées herbacées. 398 Vibraye (de). Phylocoris gothi- Cus. 355 Villot (A.). Système nerveux des Nématoïdes marins. 65. — Faune helminthologique des côtes de Bre- tagne. 71, 72. — Migrations et métamorphoses des Trématodes endo- __ parasites marins. 38? Vinson. Commotion survenue au centre de l'ile de la Réunion. 589 Vulpian. Influence du nerf glosso- pharyngien sur les vaisseaux de la membrane muqueuse de la base de la langue. 64 Wagner (N.). Voy. Kowalewsky. Woiïillez. Du spiroscope. 18 Wolkoff. Voy. Mayer. à Va A: ACT 4x | 3 Un ROMEO (1) la 0 .Hafadémf 44 HT - “LH ao 7 11€ LEE M mes Paie rdc —. ” MÉSOENEL d'E 26h EP 7 ONU tetes 1 7R£ Dom Fo en RRLETCEE| “one Ô « L 2 ob Go L 7210 A7: ose, Ant TENTE" dé cobla; EU 11 1/1 FAQ" 1e k " «ff shibratés + ‘ok TI 2 EU (a | LES ee AO Er LU CA RAT Re AUD Hé sb angl: [tra taa —. 60 Lire FE 4 snar en ve, gnbtétre CENTS Le Du | HA Nu os porécvenet } foeniv,. 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