Gl° LlVR/ilSOKr. 2 1^ VOLUME. -' DK L,V •>. SERir. ^Mr REVUE ENCYCLOPEDIOU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUADLES DANS I,A tlTTEnATCBE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Poor Ics Scifnces physiques (t mathemaliqties et les Aits iuditstriels : MM. Ch. Dupik, (HXPTAr,, Fourier, C. {.ciQutREt., Febry, Fr.AKcotuB, Le KORMAND, -V. MiCHEI.OT, MoRF.AC 1)E JOKSES, WaRDEK. a" Ponr les Stiences natarcUes : MM. de Lacepede , Geoffroy Saist- Hii.Aink, del'Insllnit; Boby db Saikt-Visceni', Dksmarest, V. Auoouin, Br.oiTGNtART f.ls, G. Delafosse, FtouRPus, D. M. ; J AcqcEMOKT, etc. 3a Pour les Scif iicps mMicales : M'Sl. AdftXiw, Baixy, DamirOIT, Ddpau, EsQUiROt., F»iEi)i.A:fDER, Ceorqet, Kcreff, Magehhie, Orfila, I), M.,otc. /i" Ponr les Sciences philosrphiques ct morales, poJitiques et histoiiques : M;\l. Lanjdinais, du I'lnstitut; M. A. /ciliew, de Paris; de Gerakbo, Alex. DB tA Boroe, de I'lnstitut; AeocB, Axkee, Aktacd, Avesei. ; Beryit.i.e , avocat; Babbie du Bocagr, de I'lpitiltit; CBAMroLT.iow-FiGgAc, corrcspou- dant de ITnttitnt; ChAMPOluon jeuue, Deppiw&, A. Duprayer ; Dufau, DlIVERGIER , GUADET, aTOCiltS : JOM AB1> , de I'lllStitUt J LaFFOS DK LADEIIAT , Ai.ex.Lamet>i, p. Lami, a. METRAt; Meyer, d' Amsterdam; Parewt-Rsat., PonntJEVILLE; B.EKOUARD, avOCnt ; EuSEBE SAtVEHTE, SiSMOKDE OE SlS- iwnsur, SxArFER ; A. TAittAHDiER, avdcat.etc. ■ J" Pour la Literature francaisc et dlrungere , \a. Bibliographie , VArcheologie et les Beaux-Arts : MM. AiGSAK, Akbrieux, Amaury-Dovai. , F.meric David; Lemercier , de Segcr, de I'lnstitut; Barbibr, aoden oonserratotir des bibliothique.i du Roi; J. P. Bbes; Atrir. Mabct, ; Ph. Goi.bery, de Colmar; Kirckhoff, D. M., d'Anvrrs; Mine. L. liEtr.oc, F.. Uerpau, IIe?;- Ricns , M. Berr, Felix BodiW, Buciioir, Chattvet; Cbewedoi.i.p C1«, de Li('ge; J. Dbo^, Dumersak , Ed. Gauttier, CoErr, Heibpkg , Krafft; Lahgi.ES, de I'lnstitut; V. LEcr.ERC, I.iagko , Marrow, Mazois; Cn.MoN- iTARD, He Lausanne; NicoLO-Potto, Patiw, Pelussibr , Quktelet, de Reiffehberg; de Stassart, de liru.\elles ; S. PoLTARATiKY, de Moscou ; Fb. Sai.fi; ScBMiTZLKR, ScBXvEiGHyHJSKRCIs, dc Strasl)onr(j; Leos Thie*sk, YtaDtER.CtC, A PARIS, • AU BUREAU CENTRAL DE LA BEVUE ENCYCLOPl^DIQL'E, Kuo d'Enfer-Siiiiit-JliclicI, a" 18; ARTIIUS BERTRAND, rwc litiutefeunie, u" a3; BossAMGB p^re, rue Richelieu, u° 60 ; RKKOu.iuu, rue de Touriioii, u" 6; LONDIxES. — TiiEuixEL et Wuktz; Bossakge; Culau t.t costp. JANVIEll, 182''. AVIS ES^NTIEL AUX SOUSCRIPTEORS. MM. LEs souscniPTEtms dont rABONRBMENT EST eXpibA tB 3 1 DicEMBRB, sont invites ale faire benobvelkr tres- iiHCESSA-MMENT, pour quc VoD puisse preparer d'avance et assurer le service des envois, et afin qu'il n'eprouve au- cun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuls le tnoisde Janvier 1819, il parait, |>ar annde, douae cahicr* Se ce Becueil ; chaqne caliier , public le 3o du mois, se compMe d'ea- viron la feuilles d'impression , et sera d^sorniais de i4 feuUie*. On Bouscrit it Paris, au Bureau central dC ahonnement et d'expcdition indique snr le titre. Prix de la Souse riplion , a partir da 1^' Janvier t8^4- k Paris 46 fr- pour un an ; a6 fr. pour six itiols. Dant les d^partemens , 53 > 3o A tVtranger 60, 34 La difference entre le prix d'abonnement, a Paris, dans les departs-' mem et dans Pdiranger, devant ^tre proportidnnelie amt frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la Gxation definitive port^ ci-dessus. Le montantde la soascription, etivoyepar la poste, doit ^tre adress^ «l'avance, rRiirc de pobt, ainsi que la correspondance, au Directeur dc la Bevue En(yvloped!que , rue d' Enfer^Saint-Michel , n° 18. C'est i la nidme adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les gravares qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera Tiusertion. On peut aussi souscrire chcz les Directeurs des postes et chez les principaux LibraLres,>k Paris, dans les dcpartemens et dans Ics pays ^■Irangers. Trois cahiers oi^livraisons forment nn volume. Chaque volume est termini par une Table des mali^res alphab^tique et analytique, qai ^claircit et iacilite les rechercbes. On souscrit, seuleotent & partir de deux epoques, du i<:f Janvier on du i"juiljet de cbaque annde, pour six mois , ou pour uo an. On trouve, 40 buhe&u cbhtral, let collections desann6et 1819, i8jo, t8ai, (8a> ct i8a3, au prix reduit de 42 francs chaque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE /S! lOVD^ DI l'iMPRIMEKIE UK KIGNOUX. /^^ . X >^^r /.,i ^., V.' y^„ REVUE ENCYCLOPEDIQUE ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS, LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. SIXliME ANNEE. SECONDS SERIE. TOME XXI. PARTS AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , RUE d'eNFER- SAINT-MICHEL, N*^ l8. JANVIER 1824. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES PANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. SIXIEME ANNfiE (1824). SECONDE SERIE. INTRODUCTION Contenant quelques vues siir Vetat et les progres des sciences y en 182 3. Ija Revue Enctclopedique , fondee en 18 19, compte inaintenant cinq annees d' existence, pendant lesquelles elle a successivement public 60 cahiers rnensuels, qui forment 20 volumes (i). Elle est venue , la premiere , en (i) Ces ao volumes, d'environ 800 pages chacun, ornes de gra- vures et de plancTies litliographiees , et dont chacun est termine par una table des matitres alphabetique et analytique , se trouvent au BcKEAU CENTRAi, DE LA Revue , Tue d' Enfcr-Sa'mt-Michel , n° r8 , ou il n'eii reste plus qu'un petit nombre d'exemplaires. On en redige un resume sommaire et methodique, en un seul volume, sous le litre de Tables quinquennahs de la Revue Encyclopedique. Ces tables, qui (J INTRODUCTION. France, satisfaire a un besoln generaleiueiit senti parmi les nations civilisees : elle a otfeit un moyen central (le communication aux savans et auxamis ties sciences, lies lettres et ties arls de tous les pays; elle a contribue a leur faire connattreles ouviages et les nouvelles scien- tifiques et lltteraires les plus dignes dattention , reunis dans un repertoire universel et chronologique, oii les diverses parties des Connaissances humaines et les dii'ferentes contrees du globe ont cbacune leur place marquee; enfin, elle a permis d'apprecier peu a peu, par une sorte de statistique litteraire et morale des na- tions , rapprochees et comparees, la marche et les progres de la civilisation. II parait superflu de reproduire ici des details, deja bienconnus denos lecteurs, sur la nature, le plan et le but de ce Recueil. On sait qu'il renferme, dans ses li- vraisons de chaque mois, quatre sections distinctes : contiendront I'indication et la substance des principales niatieres trai- lers pendant les cinq annees precedentes , et dont le prospectus detaille a etc publie a part (voy. Rev. Eiic, I'^^serie , t. xill, p. 6 , et Bulletin siipplt'mentalre , torn, xviii , n" 6, juin 1 823) , seront impiiniees, a la fin de i8a4 , lorsqu'il y aura un nombie suffisant de souscripteurs. On y souscrit au Bureau de la Revue , et chez les priucipaux libraires , sans aucune avarice de paiement , leur prix ne devant ^tre acquitte qii'au moment oii elles seront livrees. Les nouveaux abonnes de la Revue Encyclopcdique , qui n'auront commence a recevoir ce Recueil qu'a dater de la sixicme annee et du premier volume de la seconde scric, pourront acquerir ce volume de tables, au lieu des vingt premiers volumes devenus tres-rares , et ils poss6deront ainsi , a peu de frais , le resume fidele et completde la premiere serie. INTRODUCTION. 7 i" Memoires et NOTICES sur des objets d^un interet ge- neral; 2" Analyses d'ouvrages choisis, qjii ont ete publics depuls peu, comprenant trols subdivisions pour les trois grandes branches des sciences physiques et naturelles; des sciences morales et politiques , de la litterature et des heaux-arts ; 3** Bulletin bibliographique, compose dHannonces raisonnees d^ouvrages nouveaux, classes par pays, et dans cliaque pays, par ordre de sciences; 4° NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES, distri- buees d'apres le meme systeme de classification. Les redacteurs de la. Revue Eiicjclopedique n'ontrien neglige pour justifier le litre de cet ouvrage periodique, et pour y faire mention, dans le plus court delai, des ouvrages remarquables, des faits nouveaux, des obser- vations importantes, des decouvertes utiles. lis osent esperer que leur zele obtiendra la recompense a laquelle ils attachent le plus haut prix, celle d'avoir favorise sur les differens points du globe la propagation des connais- sances. A mesure qu'ils auront pu s'approcher d'avan- tage du but qu'ils ne perdent jamais de vue, le resume de leurs publications deviendra I'histoire abregee des travauxdel'esprit humain dans notre epoque. MaisjTex- perience des cinq annees qui viennent de s'ecouler, les a convaincus de cette verite qu'il n'est pas inutile de proclamer ici : Ils ont vu que les produits de la pen- see subissent des variations independantes du terns ; le genie meme a ses epoques de sterilite, sans que Ion puisse determiner avec precision ce qui suspend ou 8 INTRODUCTION, laisse agir ses forces productives. Les recoltes litteraires ne sont pas nioins inegales que celles de I'agriculture 5 mais, cotnhie I'usage qu'on fait de ces recoltes nest pas unc consonimalion qui les aneantit, les anne'es steriles ne causcnt aucun dommage reel, si les germes des de- couvertes et des productions originates se forment pen- dant cctte inaction apparcnte. 11 ne faut done pas ju- ger de I'esprit humain , d'apres ses produits d'une seule annee; on ne pcut nieme, dans un terns aussi court, decouvrir, avec quelque certitude, la route qu'il suit, les obstacles qu'il y rencontrera, les secours qui lui se- ront le plus necessaires. 11 a paru convenable de substituer una Revue quiii- quennah aux Resumes annuels que nous etions dans I'usage d'offrir a nos lecteurs (i). L'experience appren- dra si I'espace de cinq annees est assez long pour laisser aperbevoir des progres remarquables dans toutes les branches de nos connaissances. Toutefois, un examen pe'riodique des efforts qui sont faits, pour hSter ou pour retarder la marche de I'es- prit humain , n'en est pas nioins utile, et Ton sent combien ce tableau doit acquerir d'importance,a mesure qu'il sera plus etendu. On tie pent se dissimuler, en considerant sous ce rap- port les differens etats de I'Europe, qu'il existe au- jourd'hui, dans beaucoup de pays, des obstacles qui contraHent lelibre developpement des sciences morales (i)\oyez,ci-dcssus, la note cle la page 5, conteuant ranniionce des Tables qiiinqiieiinales. INTRODUCTION. 9 et politiques. Ces sciences qui n'avaient pas ete exclues , sans intention, del'Instilutde France, sousle regime de I'empire, se lient neanmoins a toutesles autres , aident ales perfectionner, et en recoivent des moyens de per- fectionnement. Mais , trop souvent , les petites passions et les prejuges de caste on de parti, qui obscurcissent les verites les plus salutaires , empechent des ecrivains et des hommes d'etat d'apercevoir que les vrais interets de la conservation , de la puissance et de la gloire des princes doivent se confondre avec les interets nationaux , et avec I'anielioration morale des individus et des so- cietes. Les causes qui agissent sur les sciences morales et politiques, modifient aussi une partie essentielle de la lilterature, et principalement I'liistoire. Mais I'imagina- tion echappe quelquefois a leur influence , ou par sa . force , ou par sa legerete. An milieu des dissentions ci- viles, les ouvrages d'imagination peuvent entretenir le sentiment du beau et du vrai, le gout des letti'es et des arts, moderer les animosites reciproques des partis, preparer les esprits pour des terns moins orageux. Nous airaons, par ce motif, a ouvrir dans notre Re- cueil une sorte de sanctuaire consacre aux sciences, aux arts industriels , a la litterature et aux beaux-arls ; nous tachons den ecartcr les passions haineuses et les discussions politiques, de'natnrees par I'esprit de parti , qui divisent les hommes , que notre but est de rap- procher. Les sciences et les arts, qui ont fourni, dans les der- niers terns , leurs tributs accoutumes, nous offrent une lo INTRODUCTION. activite niieux dirigee et des resultats plus satisfaisans. On alme a reniarquer que les savans se livrent plus que jamais aux applications de leurs connaissances , au lieu de se borner aux rccherches theoriques. Les malhema- tiques ont essentiellement contribue au perfectionne- ment de la physique et de la cliimie : les theories physiques ont eclaire les arts et leur ont indique de nouvelles ressources. La physiologic, s'elevant des ob- servations particulieres aux applications generales , em- brasse dans ses nouvelles recherches les rapports si in times du physique et du moral de Ihomme, L'exposition des produits de liiulustrienous amonlre re qui distingue les Francais dans ce genre. Tandis que- nos artistes preparaient les chefs-d'oeuvre que nous avons admires, un Americain (Perkins) creait tine nouvelle machine a vapeur, qui I'emporte sur toutes les autres pour leconomie du combustible et le peu d'espace quelle occupe ; un pont en chaines de fer etait suspendu en Angleterre au-dessus dun bras de mer : le genie et 1 audace avaient execute rapidement, et a peu de frais , ce que les procedes ordinaires n'auraient obtenu qu'a- pres plusieurs annees de travaux , et avec d'enormes depenses. Les recherches geologiques ont ete continuees avec Constance et avec sagacite , surtoul en Amerique; les theories electro-magnetiques ont ete confirmees par de noiiveaux faits et developpecs par de nouvelles appli- cations dc I'analyse mathematique 5 des observations astronomiques sont arrivees de la Nouvelle-Hollande ; d'intrepides voyageurs ont de nouveau explore les INTRODUCTION. ii glaces du pole ; en un mot , rhomme s'est montre a nos yeux tel qu'il a paru clans tons les terns : gi-ancl et admirable, quand il agitsur la nature ; trop souvent digne de niepris et de pitie, dans ses relations avec ses semblables et au milieu du choc des passions. Encourages par le spectacle des travaux de I'intel- ligence et de I'industrie humaines, nous poursuivrons notre tache difficile avec perseverance etavec courage, sans nous laisser rebuter par les obstacles. Notre esperance est d'elever un monument durable a la dignite et a I'accroissement des sciences et des lettres, a la dignite eta I'amelioration morale de I'espece humaine. Les bommes eclaires et les hommes de blen de tous les pays , qui ont apprecie nos efforts et nos travaux depuis cinq annees, continueront a nous aider de leurs suffrages et de leur cooperation bienveillante et active. M. A. JuLLiEN, dc Paris. 1. NOTICES ET MfiMOIRES. Notice historique sur V eclairage par le gaz hjdrogene. Le iiouveau mode de production de lumiere , par la combus- tion do riiydrogene , est une creation des sciences. Get art , ne en France, a une epoque ou tous les talens ct toutes les indus- tries avaient pris un developpement extraordinaire , ne re^ut point sur le sol natal I'accueil et les soins qui auraient pu le faire prosperer ; niais il fut mieux traite chez un peuple voisin. Apres avoir acquilte avcc liberalite sa dette envei:s les fabri- cans anglais qui I'avaicnt iutroduit dans leurs vastcs ateliers, il fut adrais a remplaccr I'ancien eclairage, non-seulement dans les rues , mais dans les boutiques de Londres. Cette haute foi'- tunc lui ramcna I'atlention dcsFrancais; et des speculateurs sc presenterent. Des que I'execution fut commencee, une forte opposition se declara : les hostilites contre le gaz usurpateur furcnt prcsque aussi acharnocs que les combats livrcs i I'en- seignemcnt mutuel ; et la guerre continue, sans que Ton puisse en prevoir les chances et les resultats. L'art pcrira peut-ctre en France : il n'y a pas encore pris assez de vigueur pour re- sister aux altaques dc scsnombreux enncmis. Aucune industrie nV'prouve plus fortement le bcsoin d'une protection calme et toujours vigilante, que celle qui s'exercc a la fois sur toute la surface d'une grande vilie , sous les voies publiques , pour trans- mettre la maticre qui doit les eclaircr pendant la nuit, dans les habitations particulieres , aux theatres , aux lieux oi^ siege i'administration , ct jusque dans le palais du nionarque. Tou- jours en contact avec une multitude d'inttiets qu'elle pent NOTICE SUR L'ECLAIRAGE PAR LE GAZ. i3 contrarier, des tracasseries continuelles I'arrcteraient bieutut dans sa marche et la conhaindraient a seretirer, si rautoiite des lois I'abandonnait nn seul moment, on sielle etaitsoumise a un regime pen conforme a ses besoins. Dans I'etat oil elle se presente aujourd'hui , c'est pour les cites opulentes et popu- leuses qu'elle pent ctre nn moyen d'economie : elle ne s'est pas encore raise a la portee du pauvre. II lui faut de grands capi- taux , de vastes emplacemens, un debit prompt et regulier : mais les lieux qui lui promettent tous ces avantages , sont pre- cisement ceux ou ses ennemis sont le plus a craindre , et par leur nombre , et par leurs moyens d'influence. Les manifestes publics jusqu'a present contre le gaz eclairant se ressentent plus ou moins de la proscription prononcee d'a- vance contre toute innovation. Si la charrue etait encore a de- couvrir, malheur a I'audacieux qui tenterait de faire adopter ceU.e pratique funeste dont la sagesse de nos peres aurait su nous preserver. De quelque peine que sa temerite fut punie , on ne devrait pas plus s'en etonner que de plusieurs autres con- damnations uon moins absurdes qu'atroces dont I'histoire con- serve le honteux souvenir. Les passions qui immolerent Socrate, qui envoyerent Lavoisier al'echafaud , qui firent les dragonades et chasserent les protestans de France , sont de tous les tems et de toutes les formes de gouvernement. Quoique le memoire du general Congreve sur le danger des explosions auxquelles le gaz pent donner lieu , ait fourai des armes aux ennemis du nouvel eclairage , nous ne le mettrons point au nombre des ecrits contre cet art naissant. Une dis- cussion sincere et judicieuse ne pent etre qu'utile : celle que M. Congreve a suscitee , est devenue un moyen de succes entre les mains des fabricans de gaz. Les etablissemens se sont mul- tiplies; des perfectionnemens essentiels out ete introduits dans tous les appareils , et Ton a vu le gaz envahir des quartiers oil il n'avait point encore penctre. Au point oii I'art est parvenu i4 NOTICE HISTORIQUE eii A iij^letcire , M. Congrcve est sans doute rassiui-. Quant aux brochures publiees en France centre le nouvel eclairage , eHes ne contionnentrifii d'inslructif, et ne pcuvcnt faire naitre I'idoe d'aucun |H'rfcctionncnieut: lours autours ne voulaicnt que nuire, succes facile a obtenir par des moyens qji'ils connaisscnt , et ])Our lesquels ils n'ont point d'avcrsion. On ne pcut contester que leclairage par le ^az hydrogene ne soit d'origine franraise. C'est en France ct a Paris que Ion a fait, pour la premiere fois, il y a plus d'un siecle , I'expe- ricnce connue dans les laboratoires sous le noni de Lampe philosophiqiie. C'est encore a Paris que Lebon , ingenieur des ponls et chauisees, fit les premieres experiences en grand, avcc du gaz obtenu par la distillation du bois dans des \ais- seaux clos. Des I'annee 1799 , il avail presente sa decouverte a I'lnstitut , afin de constater ses droits a un brevet d'inveution qu'il obtint Tannee suivante. En 1801 , il piiblia un meinoire sur les thermolampes, appareils destines a chauffer et a eclairer. Outre I'avantage de produire ces deux effets avec economie , les thermolampes devaient recueillir les prodiiits de la distilla- tion du bois ou de la houille : Lebon annoncait meme la pos- sibilite de traiter les huiles dans son appareil , et de les reduire en gaz. Il ajoutait que ses thermolampes produisaient une force motricc capable d'un cffet utile, et il la romparait, pour en . di'-cianiations conliir Icga/.. IjCS juiiriiaiix on! pii oUr. al)iises; inais Ics antcnts (l<;s Ixtjclitirc-s avaicnl etait le plus jeune des enfans d'unc faniilie nombreuse et tres-consideree dans Ic pays. Presque tons scs parens apparfcnaient a I'etat ecclcsiastiquc, qui, dans la re- ligion angliinno, offrc Ic tableau le plus vrai de I'union des fa- milies et des vcrtuspatriarcales. Sa mereetait fille d'un ministre dc Bristol, et son pere etait recteur de Rockhampton et vicaire de Berkeley. A peine age de huit ans, il fut inocule , comme c'etait alors I'usage , dcpuis que lady Montaigu avail apporte cette pratique de I'Orient; la maladie affreuse qui en fut la suite resta toujours presente a sa pensee. II est meme possible que cette cruelle epreuve ait influe sur la direction de scs recherches et I'ait determine a les poursuivre avec autaut d'ar- deur , lorsqu'il crut entrevoir un moyen de preservation. Sans ctre csclave des prejuges populaires , on peut bien admettre cc rapport entre deux circonstances que lui-mcme aimait a rappelcr. Co fut rcvenemcnt leplus remarquable de son enfance, pendant laquelle on observa un penchant decide vers I'etude de I'histoire naturelle par les soins qu'il prenait a recneillir des et a conserver les fails lumineux et instructifs ; a la mediiation chargee de les mettre eu valeur ; 3° le concours 011 la combinaison bien ordon- nee d'efforts individuels diriges vers un meine but, qui permet d'ap- pliquer d'une raanl^re generale , par des experiences mises en rapport entre elles, les fails en quelque sorte bruts , presentes par le hasard, puis fecondt'S par Xohseivadon et la meditation , d'oi'i resulteut des inventions ou des decouvertes. ( Essai sur la Philosophie des Sciences, par M. A. JuLLiEK, de Paris, sccondc edition, i"^* paitie, chap, iv, paj^. 40, 4 1.) SUR JENNER. 23 papillons, dcs insectes,et a connaitre Icurs mceurs et leurs habi- tudes. On verra plus lard combien cette disposition naturelle de son esprit influa sur sa destinee. Ayant eu le malheur de perdre son pere, le jeune Jenner termina ses etudesclassiques a Cirencester, et fut confie aux soins de MM. Ludlow , chirurgiens distingues de Sodbury , pres de Bristol , qui consacrerent six annees a lui donner les premiers principes de I'art de guerir. II fut alors envoye a Londres pour se perfcctionner et aequerir Ics connaissances qu'on ne peut trouver que dans une grande capitate. L;i , de- tenu I'cleve de John Hunter, il fut bientot remarque par cet illustre maitre : soil que les grands hommes fassent developper le talent, soit qu'ils sachent le reconnaitre dans la foule, il est certain que le propre du genie est de discerner proniptcment ce qui peut s'elever jusqu'a lui. Le celebre chirurgien s'cm- prcssa de s'attacher Jenner, dont il presageait I'heureuse direc- tion; et les soins assidus de cet eleve cheri lui furent tres-utiles pour recueillir toutes les pieces de son Museum anatomique. Plus tard , Hunter voulut I'associer a ses travaux scientifiques, en Ic nommant professeur de I'ecole de physiologic qu'il etait occupo a fonder ; il le destinait meme h devenir son successeur dans la pratique de la chirurgie i Londres. Presqu'en memo terns , comme pour le soumettre a tons les genres d'epreuves, on lui offrit aux Indes une association fort avautageuse; et il fut dosigne, en qualite de naturaliste, avec sir Joseph Banks, pour accompagner le capitaine Cook dans un de ses ■voyages. Mais, ni la fortune, ni les honneurs, ni son attaohement pour Hunter ne purent I'emporter sur le charnie qu'il trouvait a cultivcr les sciences et I'histoire naturelle dans son pays natal , au sein de sa famille : c'etait la le terme de scsvceux. II etait loin de pcnser que cette determination serait la source des plus grands avantages pour la science , pour I'humanite ct pour sa propre gloire. 24 NOTICE HISTORIQUE 11 se retira a Berkeley pour y excrcer la chirurgie; et c'est pendant ce terns qu'il publia un nouveau procede pour la pre- paration dn tartre eim'-tique , (ju'il adressa comme iinhoniniage de reconnaissance a Tillustre J. Hunter. Bientot apres, ayaiit epouse miss Catherine Kingscote , soeur du colonel Robert Ringscote, il vint s'etablir a Cheltenham, et pritle grade de docteur en medecine afin d'abandonner rcxercice trop fati- gant dc la chirurgie et se livrer aux recherches qu'il affoc- tionnait le plus. Dans sa nouvelle retraite , il s'occupa dc verifier un point d'ornithologie assez singulier et qui n'avait pas ete assez bien observe par les naturalistes. Le Coucou est peut-etre le seul de tons les oiseaux qui ne prepare pas un nid pour ses petits; mais, par un acte d'injuslice inherent a sa na- ture , il devient usurpateur et s'empare de la raanicre la plus illegitime du nid des autres oiSeaux. Les observations recueillies par Jenner etablissent que reellement la femelle va faire adroi- tement sa ponte ordinaircment dans le nid des moineaux des haies et les abandonne aux soins d'une autre mere, tandis que les jeunes coucous a peine eclos parviennent a expulscr les oeufs on les petits moineaux pour usurper leur domicile. Voici com- ment Jenner raconte lui-memc la maniere dont s'y prend le jeune animal : « Le coucou, peu d'heures apres sa naissance, en s'aidant de son dos et de ses ailes, tache de se glisser sous le petit oiseau dont il partage le berceau et de le placer sur son dos ou il le retient en elevant ses ailes. Alors, se trainant a reculon au bord du nid, il se repose un instant, puis faisant un effort, il jette sa charge hors du nid. II reste apres cette operation un peu de tems , latant avee I'extremite de ses ailes comme s'il voulait se convaincre du succes do son entre- prise. M Ce memoire de Jenner reunissait beaucoup d'originaliu- a une grande exactitude d'observation , et la Societe royale des sciences de Londres, a laquclle il fut presente, s'emprcssa SUR JENNER. aa de recevoii' Tauteur au nombre de ses membres. C'est pour lepondre a cette marque d'estime qu'il s'occupa encore de qucl- qiies autres recherches d'histoire naturelle , et notammcnt de X'emigration des oiseaux , travail qui n'a jamais ete imprime. Les diverscs observations qu'il fit en medecine offrent aussi un grand fonds d'interct et de nouveaute. II chercha a deter- miner la cause de Vangine de poitrine, qu'il fit dependre de I'ossification ou de I'alteration des principaux vaisseaux , comme le docteur Parry, son ami, I'aconsigne dans son livre. M. le docteur Valentin rapporte qu'il crut reconnaitre cette maladie chez son illuslre maitre John Hunter ; et ce soupcon trop bien fonde fut pour lui un motif puissant pour chercher les moyens de guerir cette terrible affection. D'apres quelques observations auatomiqucs, Jenner avait aussi annonce que les tubercules qui existent dans les poumons et dans d'autres par- ties, pourraient bien n'etre souvent, a leur debut, que des hy- datidcs: cette idee, que M. le docteur Baron a developpee dans son ouvrage , n'a point recu la sanction des observateurs; mais comme Jenner n'a rien donne de positif sur ce dernier sujet , il faut attendre, pour le juger, que la publication de ses rnanuscrits nous ait offert I'ensemble de ses recherches. Nous voici arrives a I'epoque la plus brillante de la vie de Jenner , au moment oil , conduit par quelques donnees vagues et encore incertaines, il parvint a decouvrir, dans la vaccine, I'antidote assure de la petite verole. On lui a conteste le merite de cette belle invention et Ton a cherche dans de vieilles chro- niques ou d'anciennes coutumes des traces de I'inoculation du vaccin. Mais , quand il serait vrai que ce ne fut pas une chose nouvelle , la verite appartient a celui qui sait I'entoui'er de toutes les preuves et I'embrasser dans ses applications. Jenner a toujours le grand merite d'avoir deniontre I'utilite de cette pratique , de I'avoir defendue, popularisee , repandue dans le monde entier; et lorsqu'on songe a la tenacite des prejuges et 26 NOTICE HISTORIQUE des habitudes, jc ne sais si cettc victoire n'cst pas plus glorieuse que la decouvcrte meme. « Cc n'est pas ce qu'on entreprcnd c'est ce qu'on achcvo et qu on affermit qui fait la gloire, » disait I'illustrc Washington. On verra combicn est mal fondue I'opinion publiee par M. le docteur Husson sur I'origine francaise de cette decouverte. On a dit que la premiere idee d'inoculer I'eruption de la vache sur rhonime pour le preserver de la variole avail ete eniise par Rabaul Pommier, niinistre protestant de Montpellier, de- vant un niedecin anglais qui devait en faire part au docteur Tenner. Ces details ont ete certifies par M. le comte Chaptal, qui, etant alors professeur a I'Ecole de Montpellier, a lu les lettres de M. Irland de Bristol, dans lesquelles cet Anglais rap- pelait a M. Rabaut ses conversations sur I'inoculation de la picotte de la vache, en 1781. II lui parlaitaussi de la promesse faite par le docteur Pew, son compagnon de voyage, de cora- niuniquer cette idee a son ami le docteur Jenner, qui publia son piocede en 1798. Mais une connaissance approfondie des fails prouve que Jenner s'elail occupe de la vaccination vers I'annee 1776 (Lettsom); et deja en 1780, il avail parle a M. Gardner de la propriete antivariolique de cette eruption. D'apres M. Valentin, on retrouverait phitot les traces de cette decouverte dans nn journal allemand intitule Allgemeine un- terhaltungen. On voit en effet qu'en 1768, un savant de Goettingue decrit avcc beaucoup d'exactitude cette maladie des vaches, parle de I'opinion qu'ont les laitiers sur sa pro- priete antivariolique, et indique des recherehes qu'il a faites pour la verifier. Mais la vaccination a encore une origine plus ancienne. Ellc etait connue de tems immemorial dans I'lnde el dans la Perse. Un savant a trouve dans le Sancteja Grantham, ou- vrage samscrit attribue a Hauvantory, et par consequent tres-aneien, une description tres-exaete de rinoculation vac- SUR JENNER. 27 cinalc. En voici le texte un peu abregc : « Pieucz le fluide till bomon du pis de la vache sur la pointe d'une lancette , ct piquez-en le bras enlre I'epaule et le coude jusqu'a ce que le sang paraisse. Le flnide se raelant avec le sang, il en resultera la fievre et la petite verole. L'eruption produite par ce fluide sera plus benigne que la maiadie naturelle; le ma- lade pourra etre inoculc une senle fois ou bien plusieurs fois: on ne doit pas craindre alors d'etre attaque de la petite-verole pendant le restc de sa vie. >> Telle est la description plcine dc verite qui est renfermee dans cet ancien ouvrage de I'Orient. Mais ces notions etaient entierement inconnues , et n'ont ete trouvees qu'apres coup. Ainsi, Jcnner n'a eu d'aulre guide dans ses recherches que les bruits vagues repandus parmi les liabitans de la vallee de Gloucester, qui est veritablement le nouveau berceau de la vaccine. Depuis long- tems , Jenner avait entendu parler de la pro- jiriete que la communication d'une eruption qui survenait au pis des vaches et appellee cow-pox , picotte des vaches , avait pour preserver de la petite verole. C'etait ime opinion popu- laire admise dans plusieurs corntes, et surtout dans le Glouces- tershire. Jenner etait si loin de vouloir cacher la veritable ori- gine de cette decouverte , qu'il rapportait plusieurs histoires pour prouver son anciennete. M. le docteur Valentin lui a en- tendu raconter que la duchesse de Cleveland , femme tres- jolie ct favorite de Charles II, repondit a plusieurs personnes qui lui donnaient des craintes pour sa beaute, au inilieu d'une affrcuse epidemic de petite verole : « Qu'elle n'avait rien a rcdouter de ce fleau , pai'ce qu'elle avait eu dans son pays ime maiadie qui en preservait. » Toutes les pensees de Jenner se dirigerent vers la verifica- tion de ce fait extraordinaire, qui etait regarde comnie un prc- juge par les hommes instruits, ct surtout par les medecins du pays. Les premiers essais qu'il teuta u'eurent auciin succes, 28 NOTICE IIISTOIUQLE parce qu'il fut tiompe par les patics, qui cux-nitnies iie con naissaieiU pas tres-bien la veritable eruption, (dependant, raincne vers cette recherche par unc sorte d'instinct , il acquit uue grande experience dans I'Dbservation de cette nialadie, et il ne tarda pas a obtenir d'excellens resultats dc cette pratique. Qu'on jugede quelle joiefut enivree son ame pure ct bienfai- santCjlorsque, sortant des etablesde Gloucester, il put s'ecrier, comme autrefois Archimede : /e I'ai trouve ! On a parle des transports du philosophc Syracusain decouvrant la pesanteur specifique des corps ; mais quelle difference enlre ces deux de- couvertcs, considerees dans leurs rapports avec le bonheur des hommes ! C'est en 1798 que Jenner, apres avoir multiplie les expe- riences, publia sa decouverte dont le secret lui aurait procure des richesses immenscs. Il aurait cru comniettre un crime en- vers la societe, s'il avail voulu lui derober ou lui faire payer cherement un moyen aussi precieux de conservation. Dans son ouvrage, Jenner presenta une serie d'observations tres- concluantes, dans lesquclles il niontre que les enfans inocules avec le cow-pox n'avaient pas pu prendre la petite verole, que le bouton vaccinal de chaque enfant pouvait fournir a de nou- velles inoculations , sans que la vaccine perdit dans cette transmission ancune de ses vertus preservatriccs, etc. II publia encore plusieurs autres memoires , soit pour confirmer ces fails primitifs et indiqucr la veritable cause de cette maladie des vaches(i); soit pour refuter les objections nombreuses qui (l)Dans un memoire, Jenner cherche a dcmontrer que Teruption vaccinale provienl d'une maladie des chevaux appelee eaux des jambes , en anglais the grease , et qui etait inoculee par les bcrgers qui trayaient leurs vaches , apres avoir soigne les chevaux malades. De nouvelles experiences ont paru confirmer que I'inoculation de la SUR JENNER. ag avaient ele faites confre la iiouvelle pratique. Car le premier mouvement de Thomme est de craindre et de rejeter toute innovation contralre a ses habitudes et aux idees recues. Les passions se reveillerent centre Jenner. La malveillance et la ja- lousie prirent le masque de la prudence pour ecarter un precede qui contrariait de vieillcs opinions et qui humiliait I'amour- propre par la gloiie de son inventeur. On commenca d'abord par nier que ce moyen fut un preservatif assure; on preten- dit que la vaccine ne preservait que pour peu de terns; on lui attribua tons les accidens qui accompagnent le developpement des premieres annees de la vie ; on poussa meme le delire jus- qu'a repandre que cette humeur animale donnait aux individus des gouts analogues a ceiix de la vache dont elle provenait. 11 est inutile de rapporter toutce qu'imaginerent la mauvaise foi et I'ignorance pour arreter la propagation de la vaccine. Mais la Constance , la veracite et la force persuasive de Jenner triom- pherent de tous les obstacles. II repondit aux clanieurs de ses adversaires avec calme et dignite, opposant toujours les expe- riences et les faits aux raisonnemens et aux sophismes. II ap- prit aux vaccinaleurs a distinguer la fausse et la veritable erup- tion, et leur traca tous les moyens qu'ils devaient prendre pour assurer le succes de leur operation. Le tems a confirme tout ce que la sagacite de cet observateur avaitetabli ; aujourd'hui les incertitudes ont cesse, et nous jouis- sons pleinement de ce bienfait : que le spectacle de notrc population augmentee et embellie serve du moins a confoadre les detracteurs de la vaccine. Ont-ils done oublie qu'une grande partie de I'espcce humaine etait victime de la petite verolc ou conservait les traces liideuses de cette maladie, qui, sui- grease etait aussi efficace pour preserver de la variole que lorsqu'ou prenait le fluide sur la vache. 3o NOTICE IIISTORIQUE vant rcxprcssion tic La Coiulamine, docimait la population. Ainsi,Ia vaccine rend a la patric tons cciix qiu; cc flcau lui aurait eiileves; etcu France seulementdlc peul, dans un sieclc, sauvcr la vie a trois millions d'individus, dont lintlucncc snr la prosperite et la force de I'Etat no saurait etre appreciec. Parlerai-je encore de I'avantage de prevcnir Ics effcts desas- treux de cette contagion qui dcfigure souvcnt Ics traits Ics jilus aimables : la bcautc est aussi I'un des resultats d'une bonne civilisation, puisqu'ellecontribue au bonlieur social. Jenner fut oblige de sacrifier I'affection ct Ics douces habi- tudes qui le fixaient dans son pays natal, a rintcrct de sa dc- couverte ; il sc transporta a Londres pour en suivre avcc plus de facilite lesnouveaux essais, et repeter les experiences que rcndaientneccssairesdes objections imprcvues. Le Cicl rcconi- pensa son zcle, ctlui accorda la douce satisfaction devoir tous les pays adopter I'inoculation de la vaccine. Des medccins instruits par scs avis la repandirent presque en meme terns en Allemagne, en Italic, en Amerique, dans les Indes. La France fut la premiere a accueillir cette lieureuse pratique; et en 1800, une souscription fut faite a Paris par M. de La Rocliefoucault pour I'etablissement d'un Comite central de vaccine, charge de favoriseret de repandre cette invention bienfaisante (i). M. Cu- (i) Le gouvernement continue d'encourager en France la propa- gation de la vaccine. S. Exc. le ministre de rinterieur a di'ccrne en dernier lieu des medaillcs d'argent a plusleurs medecins des dcparte- inens , en recompense du zele avec lequel ils ont propage la vaccine pendant les deux anneesprecedentes.Le Comite de vaccine, dont M. le docteur Husson a ete pendant trfes-long-tems le secretaire , vicnt dY'tre reuni a 1' Academic royale de medecine , qui a nomme unc commission de plusieurs menibres pour surveiller cette partie iute- ressante de Thygi^ne puhlique , soil a Paris soit dans Ics deparle- niens. SUR JENNER. 3i vier, organe de I'lnstitiU de France , dit dans son rapport : « Quand la decouverte dc la vaccine serait la seule que la medecine eut obteniie dans la periode actuelle , elle suffirait pour illustrer a jamais notre epoque dans I'histoire des sciences, comme pour immortaliser le nom de Jenner, en lui assignant une place eminente parnii les principaux bienfiii- teurs de Thumanil-e. » L'Angleterre surtout, fiere de compter Jenner parmi ses enfans, s'empressa d'honorer son merite par des distinctions flatteuses. Une Societe Jennerienne fut etablie pour I'extinction de la petite verole; toutes les Academies I'ac- cueillirent dans leur sein ; des medailles furent frappees en son honneur; et lorsque le Parlcment voulut lui decerner une re- compense nationale, le Chancelier de I'Echiquier , I'illustre fils de lord Chatam s'exprmia ainsi : « La Chambre pent voter pom le docteur Jenner telle recompense qu'elle jugera convenable : elle recevra I'approbation unanimc, parce qu'elle a pour objet la plus grande ou I'une des plus importantes decouvertes que la societe ait faites depuis la creation du monde (i). « Au milieu de tous ses travaux, Jenner entretenait une cor- respondance tres-active avec plusieurs medecins etrangers, pour connaitre et leur coraniuniquer les nouvelles observations medicales. En France, il honorait de sou amitie particuliere M. le docteur Valentin et lui ecrivait souvent pour le considter sur divers sujets. Dans un voyage qu'il fit en Angleterre, le medecin francais fut accueilli par Jenner avec la plus grande affabilite, et il ne peut assez louer la candeur et la franchise de ses manieres, la justesse et la sagacite de son esprit. C'etait principalement les qualites de son coeur qui le faisaient aimer et estimer de tous ceux qui approchaient dc lui. La bienveil- (i) On lui accorda cette fois 10,000 liv. St. ; le Roi , 5oo liv. St. ; et , en 1807 , ou ajouta 20,000 liv. sterl. ; ce qui fait en sonime 762,000 fr. 32 NOTICE HISTORIQUE lance de sou caractore avail toujouis dirij^e ses actions, et son phis i^rand dosir etait de faiie le bicn. On etait heurcux dc pouvoir convcrser avec Ini, dit M. Valentin, tant sa douceur et son merite inspiraient de confiance et d'admiration. Quand il crut avoir assure le succes de sa dccouverte, et I'avoir entouree de preuves evidentes, il revint a Cheltenham; mais, en i8i5, ayant perdu son epousc, il se relira a Berke- ley, avec son fils et sa fdle. La, tons ses instans furent encore consacres a la redaction dc quelques memoires importans sur I'art de guerir. II cherchait a etendre les applications de la vaccine ;\ d'autrcs maladies, comfiie a la coqueluchc; et tout occupe qu'il etait dcs bons effets des eruptions arlificiellcs, il publia, en 1822, une Icttre adressee a son ami le docteur Parry, de Bath, dans laquelle il lui faisait part de quelques observa- tions hevueuses sur les eruptions determim'es a la peau par I'application de I'emetique dans les alienations nientales et dans plusicurs autres maladies dcs organes internes. Ce fut la son dernier travail: etant dans sa bibliothcque, il fut soudaine- ment frappe d'apoplexie et expira, le26 Janvier iSiV, a I'age de 74 ans. D'apres une deliberation unanime de ses amis et des princi- paux habitans du Gloucestershire, un Monument doit etre eleve a sa menioire, dans le lieu de sa naissance. Une souscription ouverte pour cet objet dans tons les pays doit etre consideree comme un devoir pour la generation actuellc. Dans les terns anciens, le sauveur de I'enfance et de la beaute aurait obtcnu des autels. Le docteur Baron, I'ami de Jenner, est charge de recueillir et de publier ses divers ouvrages ; cet honorable medecin a bien voulu m'envoycr la note exacte de ses ecrits, avec lours dates. SUR JENNER. 3^ LISTE DES OUVRAGES DU DOCTEUR JENNER. I. A Process for preparing pure emetic tartar hy recristallisation. — Procede pour preparer le tartre emetique par la recristallisation. Ce inemoire a etc insure dans le i*"' volume des Transactions de la Societe ilablie par Hunter pour Vavancement des sciences medicalcs et chirurgi- cales ; lygS. a. The Natural History oj the Cuckoo. — Histoire naturelle du Coucou. Imprime dans les Transactions de la Societe royale des sciences de Londres; 1798. 3. j4n Innuiry into the causes and effects of the variolce imccinee , a Disease discovered in some of the western countries of England , particu- larly Gloucestershire , and known by the name of the Cow-Pox. — Re- clierches sur les causes et les effets de la variole, maladie decouverte dans quelqijes contrees de I'Angleterre occidentale, particulierenient dans le comte de Gloucester, et connue sous le-nom de Picotte des 'vaches; Juin 1798. 4. Further observations on the variolee vaccince or Cow-Pox.- — Autres chservations sur la vaccine ou Cow-Pox ; 1799. 5. A Continuation of facts and observations relative to the variolce Taccina or Cow-Pox. — Suite des faits et observations relatifs a la vaccine ou Cow-Pox; 1800. 6. The Origin of the -vaccine inoculation. — Origine de rinoculation de la vaccine ; 1801. 7. On the 'varieties and modifcationsof the vaccine pustule occasioned by an herpetic state of the skin. -- Sur les varietes et les modifications des pustules de vaccine occasionces par I'etat dartreux de la peau ; 1806. 8. Observations on the distemper in dogs. — Observations sur les ma- ladies des chiens. — Two cases cf small-pox infection communicated to the foetus in tttero , under peculiar circumstances , with additional remarks. — Deux cas de petite verole communiqu^e nu fetus dans la matrice , avec des circonstances particuli^res , suivis de remarques. — Ces deux ecrifsont ete publics, en 1809, dans le i*'' volume des Trans- actions de la Societe medico-chirurgicale. 9. Facts for the most part unobserved or not duly noticed, respecting T. XXI. — Jnnrier iS%l{. 3 i/, NOTICE IIISTORIQUE SUR JENNER. variolous contagion. — Fails rclatifs a la contagion de la variole , Lt plupart non observers jusqua present, ou du moins sur lesquels o» n'avait point de notions exactes ; 1808. 10. In reference to the influence of lierpes in modifying the -vaccine pus- tule.— De I'influence dcs dartres pour modifier les boutons de vaccine. Get ^crit fut envoye par Jenner au docteur Willan , qui le placa dans son Traite sur I'inoculation de la vaccine. On trouve aussi des observations analogues que Jenner avait communiquces au docteur Wilson Philip, de Worcester, dans I'appendice de I'ouvrage de ce dernier sur les maladies febriles. Jenner avait encore appele I'attention des medecins sur ce point, dans une Leltrc publiee en 1821. 11. Letter to Ch. Henry Parry, M. D. F. R. S. on the influence of artificial eruptions in certain diseases incidental to the human body, with an inquiry respecting the probable advantages to be derived from further fxperiments. — Lettre a Ch.-H. Parry , D. M. , sur I'influence des eruptions artificielles dans quelques maladies du corps humain ; avec des recherches sur les avautages probables qui doivent resulter de nouvelles experiences; 1822. Jenner ecrivait aussi quelquefois sur des sujetsqui etaient etrangers a la Medecine; on trouve, dans un ouvrage periodique intitule Wl/tisie, pUisieurs articles de lui. Ameclrc DuPAu, D. M. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Remarks on the present System of road making, witJt observations , etc. — Remarques sur le Systeme actuel de construction des routes, avec des resultats de I'ob- servation et de lexperience, et des vues pour la re- vision des lois relatives aux chemins, sur les amelio- rations que Ion peut obtenir dans la construction , la reparation et I'entretien des routes, et sur I'economie des fonds affectes a cet objet; par M. J.-L. M'Adam (i). L'ouvrage de M. M'Adam, public a Londres en 1819, est maintenant a sa sixieme edition. Parnii les causes qui lui ont procure un succes aussi extraordinaire, il faut mettre en pre- miere ligne I'imporlance du sujet : en effet , pour une nation cominercante, le grand nombre et la facilite des communica- tions sent I'un des elemens essentiels de la prosperite publique. De la, la necessite d'une bonne construction de routes, de leur entretien constant et soigne ; et dans cette branche d'ad- ministration comme dans toute autre, I'economie est un be- soin de I'etat , et un devoir pour ceux qui gouverncnt. L'auteur de cet ouvrage est inspcctcur d'une partie des routes turn-pikes (2), dans le district de Bristol. Son but est (i) Paris, 1822. I vol. in-S" de 196 pages. (j) Ce sont les routes de premiere classe sur lesquelles des peages sont etablis. 36 SCIENCES PHYSIQUES. do fairc connaitie le mauvais etat des routes dans le plus mand iiombrc dos districts de TAiigleterre , dc recherchor les causes de ce nial ct d'indiquer un rcmede dorit il garantit Ic succes , parce que sa conviction est fondee sur rexperience que sept annees d'exeicice de ses fonctions I'ont mis en etat d'acquerir. Les routes qu'il a reparees et celles qui ont ete' construitcsentiercment, d'apres le systeme qu'il propose, sont, au dire de tons ceux qui les frequentent, les plus solides, les plus roulantes, les mieux entretenues; en un mot, les meilleures de I'Angleterre , et tous ces avantages ont ete obtenus avec une depense moindre que celle qu'aurait cxigee I'emploi des ancionnes methodcs. A ses propres observations, M. M'Adam joint celles qu'il a recueillies sur plusieurs autres routes, faites ou reparees suivant son precede. Dans I'avertissement, mis en tete de la sixieme edition faite a Londres, I'auteurattribue le mauvais etat des routes en Angle- terreauxtrois causes suivantes: i^l'ignorance des constructeurs et de ceux qui les diligent et les surveillent: ce travail ne doit point etre abandoune a la routine, maiselabli sur des principes que I'auteur appelle scientifiques ; 2° les vices de I'administra- tion generale des chemins. Comme le service des commissaires ct des inspecteurs est gratuit, ces fonctionnaires s'occupent moins des routes que de leurs propres affaires , et la surveil- lance est negligee. Comme aucune methode uniforme ne peut etre prescrite, chacun fait son travail a sa maniere, et rien ne s'ameliore. 3° Du defaut de surveillance resultent le mau- vais emploi et le gaspillage des fonds destines a I'entretien des routes, la necessite d'augmenter la taxe des peages, ce qui u'empcchc pas que les commissaires aux barrieres [turn-pi!;cs) no soient charges de I'enoime dette de sept millions de livres sterling ( environ 170 millions de francs ) , quoique les comptes rendus au parlemcnt presentent annucUement, pour les peages, une somme de recettes qui cxcede le revenu de I'ad- SCIENCES PHYSIQUES. 87 ministration des postes. L'autorite du parlement peut seule, dit I'auteur, mettre fin a tous ces desordres. Conformement a ces observations, M. M'Adam divise son ouvrage en trois chapitres : 1° principes et methode dc la construction et dc la reparation des routes; 1° comniissaires- officiers employes sous leurs ordrcs pour le service des routes; 3° administration des fonds consacres a ce service. ^rt dc construire et de reparer les routes. — Dans presque tout le royaume , le mauvais etat des routes provient , non- seulement de ce qu'on n'y emploie pas de bons materiaux , mais aussi de ce qu'on ne sait pas les mettre en oeuvre. On pent faire d'excellentes routes avec de mauvais materiaux ' tandis qu'en suivant una methode vicieuse, les meilleures ma- tieres ne feront que des routes incommodes et de pen de duree. Seulement, plus les picrres dont une route est faite sont faciles a broyer, plus les reparations doivent etre frequentes et Teii- tretien dispendieux. L'auteur voudrait que les travaux des routes fussent confies £1 des ouvriers soigneux, intelligens et capables de raisonner ce qu'ils font; que, dans chaque district, il y eut un inspecteur general salarie qui fut charge de la direction , et qu'enfin , la surintendance generale de cette branche essentielle de I'econo- mie publique fut confiee a un corps d'ingenieurs d'un talent reconnu (i). Un des defauts les plus essentiels des routes du royaume, el particulierement dans les environs de Londres, est leur trop grande convexite, qui les rendmeme tres-dangereuses auxvoi- tures allant d'une grande vitesse. L'auteur n'a jamais observe une grande difference, quant i la degradation des routes, enlr<} (1) On sait que M. M'Adam voudrait que I'Angleterre imit^t I.t France, quant a ce qui concerne Tadministration des routes. (N.d. R.) 38 SCIENCES PHYSIQUES. Ics voitiires a roues plus on nioins laiges. II croit que la largenr de six pouccs est la seule que Ton tloive exiger dans les bandcs de roues, et ne craint pas d'assurer que les diligences a roues etroites, et chargees lourdement comme elles le sent k present, et rourant avcc une grande vitesse, sillonnent les routes plus profondement que toute autre voitiire, et leur causent plus de dommage. Chaque roue, dit-il encore, recoit de la force motrice un inouvement de traction en avant, et non de rotation, puisque cette force est appliquee a son centre par le moycn de I'essieu : la rotation n'est deterniinee que par la resistance du frottemcnt sur la surface de la route. Malgre cette resistance, il se forme sous chaque roue un sillon, dont la profondeur est en raison directe de la charge que la roue supporte, jointe a son propre poids, et de la vitesse du mouvement, et en raison inverse de la largeur des bandes, ou de la surface appliquee contre la route. Commissaires. — L'autcur repete ce qu'il a dit precedem- mentsur la neocssite d'un inspecteur general, qui, agissantsous les ordrcs dcs commissaires, surveillerait immediatement non- seulemcnt les travaux de construction et de reparation des routes, niais encore tout ce qui tient directement ou indirccte- nient a cette operation, les marches avec les differens four- nisseurs, la quantite et la qualite des materiaux fonrnis, etc.; enfin qui, chaque semaine, rendrait aux commissaires compte de 1 etat des travaux. Cet inspecteur general pexit sui-vciller convenablcment une longueur de route de i5o milles ( environ 62 lieues de postes ) : il devrait etre paye. L'auteur laisse au parlemenf a decider si les commissaires des routes auront la nomination de ces emplois importans. Soin et adiniiiixtration des finances. — L'entretien des routes f Tiirn-pic/.s ) et leur construction out lieu, 1° au moyen de droits de peages clablis a chaque barriure; 2° par un travail SCIENCES PHYSIQUES. Sg nianuel qui peut etrc cxigc tics habitans du district. II est dif- ficile, dit I'auteur, que le premier iiioyen puisse disparaitrc entieremcnt; quant au second, tout-a-fait onereux aux habi- tans, produisant toujours un mauvais travail et donnant lieu a niille vexations arbitraires, il doit etre supprime, ou du moins converti en une legcre prestation en argent. Les droits de peage sont enormes, et cependantil n'est pas de session du parlement dans laquelle les commissaires des routes ne demandent une augmentation. Leur dctte est, comme on I'a dit, tres-conside- rable et les routes degradees, quoique les peages soient plus que suffisans pour fournir a toutes les depenses. L'auteur assure que I'application des fonds ct des corvees a la confection des routes, est generalement mal dirige, que les abus sont innombrables; et il soulient qu'un bonne adminis^ tration pourrait, avec moins de moyens, tenir les routes dans un etat toujours satisfaisant. II repete qu'il se trouve quelques commissaires zeles , actifs, surveillans , sous I'administration desquels les routes sontbien entretenues et les fonds raenages; niais que le nombre en est petit ; que ces hommes rares n'exer- cent que temporairement les fonctions de commissaires, et que le travail et I'administration des routes sont de fait entre les mains des inspecteurs et sous-inspecteurs, qui legalement su- bordonnes aux commissaires , font generalement peu de cas des ordres qu'ils en recoivent, et n'agissent que d'apres eux- mcmes. L'auteur revient a son idee principale , celle de charger .specialement de la direction du travail des routes, un inspec- teur general , salarie par le district. II veut aussi que les comptos de toutes \es depenses par chaque district soient soumis an- nueliement au controle du parlement. M. M'Adam nc croit pas devoir s'occupor des chemins vici- naux , de quelque importance qu'ils soient pour I'agriculture et le commerce, quoicpie Ion soit tcnte de croire, en voyant leur etat deplorable et les abus auxquels ils dounent lieu, que ces 4o SCIENCES PHYSIQUES. coininuuications sont liors dc la protection des lois. Quant aux giaiides routes, il pense que toutes les lois qui les conccrnent out besoin d'etre revues, ct que le parlement ne peut refuser de porter son attention sur cet ol)jet. Des I'annee i8i i , il avail presente des observations que Ic parlement fit iniprimer, et qui contenaicnt la substance de I'ouvrage qu'il a public dcpuis. II rappelle que; les malles de la poste ont abandonne quclques routes d'Ecossc, parce qu'elles etaient devenues impraticables. Suivant lui, I'adoption d'une bonne methode, suivie dans tout Ic royaurne pour les travaux des routes, procurerait une eco- nomic de 5,000,000 de livres sterling (environ 122,000,000 de francs ). En consequence de ce rapport, et de I'approbation que le parlement lui accorda, I'autcur a redige, pour la reparation d'une vieille route, des instructions que Ton peut suivre aussi dans la construction d'une route nouvelle. On en place ici uu extrait, parce que les preceptes de I'auteur y sont exposes, et qu'on peut regarder ces instructions comme le resume de tout I'ouvrage. M. M'Adam conseille de charger les routes d'une couche de pierres de 10 pouces d'epaisseur, mesure anglaise (o,25c), en ayant soin de les reduire en fragmens qui ne soient ni trop gros, ni trop inegaux. Il voudrait que les plus gros n'excedas- sent pas le poids de 6 onces. Il insiste pour que le fond des routes, c'est-a-dire le terrain qui supporte la couche dc pierres, soit bien dresse au rateau, nivele dans le sens de la largeur de la route. II proscrit la trop grandc convexite de la surface ex- terieure, et la reduit a la cent vingtieme partie de la largeur totale ( ?> pouces pour 3o pieds). Le fond de la route doit etre d'une resistance bien uniforme, et les bonnes qualiles de la route dependent beaucoup de cettc condition. Lorsqu'il s'agit de reparer une vieille route, si les pierres dont elle est chargee sont trop petites et presque reduites en graviir, il faut les enluver, ct mettre le fond a decouvert, afin SCIENCES PHYSIQUES. Ai de le trailer comme s'il etait question de faire une nouvelle route. Si, au contraire, les pierres sont trop grosses, on les cassera, comme il a ete prescrit ci-dessus; et dans le cas oil ccs fragmens formcraient une couche de plus de lo pouces d'epais- seur, on enlevera le surplus. Ainsi les vieux materiaux seront retailles et employes aussi long-tems qu'ils pourront etre de quelque usage, et Ton ne chargera de nouvelles pierres que les lieux ou celles qui y seront deja ne pourraient former une couche de I'epaisseur demandee. Ces preceptes generaux ont quelquefois besoin d'etre modi- fies en quelque partie, mais jamais en ce qui concerne la forme du fond de la route et celle de la surface exterieure. Si les materiaux n'ont que tres-peu de consistance, on pent com- mencer par charger la route de pierres un pen plus grosses , ou y laisser celles qui s'y trouvent, en se contentant de briser les angles saillans, et de recharger avec des materiaux plus solides. Si Ion trouve sur une route a reparer un melange de quelques bonnes pierres et de gravier, de terre ou de pierres trop friables, il sera quelquefois moins dispendieux de rechar- ger la route a neuf, que de s'attacher a separer le bon du mau- vais dans les debris de I'ancienne construction. L'auteur entre aussi dans le detail de la disposition des ate- liers, du nombre d'hommes dont ils doivent etre composes, des outils pour les differentes sortes de travaux, et du prix des ouvrages. Ces prix sont reellement dignes d'attention : sur la longueur d'une lieue de poste, une route de 6 metres de largeur serait retablie, et, pour ainsi dire, reconstruite pour 5 200 fr. Par la disposition des ateliers et la division du travail, on a obtenu ce resultat, qu'au lieu de i5 pence que Ton payait autrefois pour faire casser un tonneau de pierres en fragmens de 20 onces, on ne paie plus aujourd'hui que 10 pence pour reduire la meme masse en fragmens de 6 onces; et cependant , /,ti SCIENCES PHYSIQUES, cc travail est trcs-recliercliu par les ouvriers, paicc qtic, tandis (|uc Ics honimes en font la partie la plus penible, ties femmes et > La premiere operation pour construiie une route est I'in- verse de ee que Ton a fait jnsqu'ici. II faut disposer le fond de telle sorte qu'il soit preserve de I'humidite du terrain adja- cent; ct par consequent, il ne doit pas etre plus basque ce terrain; 11 est, de plus, indispensable de creuser des rigoles pour I'ecoulement des eaux. Quant aux degradations occasio- nees par les pluies , la route en sera preservee par une bonne couche de petites picrres bien arrangecs , comme on I'a dit , sans melange de terre. Cette couche doit etre d'autant plus tipaisse que la route est plus frequcnlcc; mais, quelle que soil SCIENCES PHYSIQUES. 45 son epaisseur, si elle est bien faite, on pent la regarder comme una converture, une sorte de toit compact qui met la route a I'abri des eaux de pluie. M. M'Adam parle d'une route aupres de Bristol, qui devait etre entretenue , en attendant la construction projetee d'une nouvelle route tracee suivant une autre direction. Cette route, reparee en 1816, ne fut couverte que d'une tres-petite epais- seur de cailloux ; et, lorsqu'on se determina a la detruire , en 1821, on en trouva le fond entierement sec; les eaux n'y avaient point penetre ; le rude hiver de 1820 ne lui avait point cause la moindre alteration, quoiqu'il nes'y trouvat alors que trois pouces de cailloux. II cite encore plusieurs routes plus ou moius frequcntees , faites depuis plusieurs annees dans le nouveau systeme , et avec le meme succes , et dont la plus chargee n'a pas uue couclie de pierre de plus de six pouces d'epaisseur. La methode ancienne de construire des routes , tout-a-fait defectueuse puisqu'elle manque de solidite, a aussi I'inconve- nient de couter beaucoup plus, et d'exiger plus de reparations; et en employant de la sorte uu exces de fonds , d'empecher la construction de routes nouvelles. I\I. M'Adam ne doute pas que renorme dette des turn-piles ne provieune de cette cause. L'auteur s'eleve contre la substitution de paves aux routes ferrees. II assure qu'independamment de Tenormite des frais de construction , I'experience a montre qu'olles ne sont pas aussi durables que celles etablies d'apres le nouveau mode pro- pose et pratique deja dans un grand nombre de comJes du royaume. Rapport du comite de la chambre des communes. — Ce comite etait charge d'examiner les actes du parlement relatifs aux grandes routes, et si ces actes devaient subir quelques changemens , de presenter ses vues sur cet objet important. .',6 SCIENCES PHYSIQUES. Les petitions et les meraoires relatifs aux giandes routes lui avaient cte renvoyes. Les inenibres du comilc s'acquitterent de lours fouctions avcczele, exactitude ct delicatesse. lis coiiimenceient par s'cn- viionner de tonics les lumicrcs qu'ime enquete pent rassem- bler; ils consultcrent les ingenieurs , les savans , les hommes les plus inturesses an succes de leius rechcrches , tels que les entrepreneurs de roulage , de mail-postes , etc. L'enquete ne laissa aucun doute sur les vices de I'ancienne niethode pour la construction des chemins , et sur les avantages du nou- veau procede ; les avis furent unanimes a cet egard. Le comite exprime formellement le voeu que ce nouveau procede ou lout autre qui recevrait I'approbation du parlement , soit adopte dans tout le royaume, el que Ton commence par les environs dc Londres , afin que ce mode de construction soit mis sous les yeux du plus grand nombre possible dc voya- geurs , ct que la connaissance en soit portee partout avec plus de promptitude. Le comite pense aussi qu'il faut , dans chaque district, un inspecteur des routes , avec des appointe- niens , et qu'il pent etre nomme par I'assemblee des juges de paix, a leur session de trimestre. Quant a I'ensemble des actes du parlement relatifs aux grands cbemins, le comite est d'avis qu'ils ont besoin d'une refonte generale, ou qu'il faut an raoins y ajouter les reglemens dont I'experience a fait sentir la necessite. Mais quelque soin qu'il ait pris pour bien connaitre la vc'rite et remplir fidelement sa mission , il demande que l'enquete soit continuee , et manifesto le desir qu'un autre comite soit forme dans la chambre pour terminer ce travail si essenliel au bien-etre mterieur de la Grande-Bretagne. Les ameliorations qu'il propose sont resumees de la maniere sui- vante : i° qu'on mette en ordre les differens articles des actes du parlement, actuellementen vigueur; 2° que Ton en rctranche ce qui est inutile, dufectueux et contradictoire. SCIENCES PHYSIQUES. 47 Lc comite n'ayant embrasse dans son rapport qu'une partie •111 travail dont il est charge, il continuera la recherche des documens sur lesquels les deliberations du parlement poar- ront etre appuyees. Enquetes faites par le comite, depuis le 2 mars iSigjiis- qu'au II mars de la nieme annce. — Ces enquetes sont au nombre de vingl-deux, la plupart tres-etendues. Toutes s'ac- cordent a reconnaitre que les routes faites ou reparees par les soins de M. M'Adam, ou d'apres son systeme (car il a eu beau- coup d'imitateurs ) sont daas I'etat le plus satisfaisant; que celles ou Ton a conserve les anciens precedes ne peuvent leur etre comparecs; que les depenses d'apres le nouveau systeme sont considerablement diminuees. Quelques ingenieurs civils, tout en approuvant le systeme de M. M'Adam , ont pense que les routes dan$ le voisinage de Londres devaient etre pavees de chacun dcs deux cotes , en chargeant legeremeut de cailloux le milieu de la route pour I'usage des gens de pied. Nous terminons ces extraits en assurant, d'apres les plus incontestables autorites, que le systeme de M. M'Adam est au- jourd'hui generalement suivi en Angleterre; que, dans plu- sieurs parties des routes , on a arrache le pave pour y substi- tuer les cailloux , et que nommement la place de Saint- James a Londres [St Tames' square), vient d'etre depouillee du pave qui la couvrait, pour y substituer des couches de cailloux d'apres le systeme nouveau. , D. L. R. Obsen-ation des redacteurs. — Le respectable auteur de cette analyse voulant garder I'anonyme, nous nous conformons a ses desirs, avec le regret de ne pouvoir indiquer aux amis des arts utiles un chemin qu'il a fait faire dans ses domaines, sui- vant la niethode de I'ingenieur anglais, afin que Ion put com- parer, d'apres une experience faite en France, les resultats de cette methode a ceux des precedes ordinaires. Si nous en- /,8 SCIENCES PHYSIQUES. trious tlans quelques details sur les services que cet illustre citoycn a rendiis a sa patiic, sans rechercher iii obtcnir d'aiitie recompense que la satisfaction d'avoir consacre toute sa longuc carriere ;\ faire chaque jour beaucoup do bien, ce serait le nommer. Un excellent memoircdeM. Navij-.r, intitule : Considerations sur les travaux d'entrelien ties routes en Anglcterre , et sur les proccdes de M. M'Adam , nous a ete communique trop tard pour que nous puissions en inserer un extrait dans ce cahier. Si le savant ingenieur francais public ce memoirc dans quelque re- cueil consacre aux sciences, ou dans I'un de ses ouvrages , nous nous empresserons d'en rendre conipte a nos lecteurs : s'il le garde dans son portefeuille, il nous permeltra sans doute den inserer quelques extrails. Les chemins vicinaux ne sont pas moins detestables en France qu'en Anglcterre; et s'il est. quelque moyen de les ameliorer a peu de frais, la propaga- tion de ce moyen serait pent - etre aussi utile que les succes les plus remarquables dans le perfectionnement des grandes routes. Les procedes de M. M'Adam seniblent, au moins sous quelques rapports, propres a resoudre ce probleme impor- tant. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. B.ECHERCHES STATISTIQUES SUR LA VILLE DE PaRIS ET LE DEPARTEME>T DE LA SeIXE , POUR iSaS; TABLEAUX dresses et reunis d'apres les ordres de M. le comte Chabrol , prefet da departement (i). Fidele a I'engagement qu'il a piis I'annee derniere, le pre- mier magistrat du departement de la Seine fait paraitre un nouveau volume de stalistique, touchant la ville de Paris et les communes voisines. C'est ungageassuie, pour I'avenir, de la publication periodique de semblables recucils, et en meme terns nne preuve de I'utilite incontestable de la publicite en matiere d'administration. Aussi , devons - nous un nouveau tribut de reconnaissance a celui qui a donne, et qui continue d'offrir un si bel exemple a ses coliegues. En tout tems, on cherchera a marcher sur ses traces; et ces travaux, malgre I'aridite qui les accompagne et les difficultes qu'ils presentent, seront imites partout ou les idees de bien public prevandront sur les calculs dune fausse prudence. Heurcusement aujour- d'hui, les methodes, les procedes, sont a peu pres fixt-s : i! ne reste qu'a suivre la route qiii a ete ouverte. Cliacun des ta- bleaux publics dans les Recherches stdtistifjiies est un cadre pret a recevoir egalement tous los faits deja observes et tons les resultats a obtenir par la suite. (i) Paris, iSaS; Imprimerie Royale. r vol. in-4'>. — Voy. Hei-. Encjcl., prem. serie.t.xii, pag. 55-6i,le compte rendu du i'^'' volume des Recherches statistiques sur la 'ville de Paris et le departement de la Seine. T. XXI. — Janvier 1824. 4 5o SCIENCES MORALES L'exactitude, la precision mathcmatiquc , sans IcsqucUes la statistiquc ne scrait qu'une suite de compilations stcriles et de fausses deductions , doit presidcr a la composition de ces sortes de tableaux : c'est aussi le merite qui caracteiise par-dessus tout les Nouvelles Rechcrches , comme cellcs qui ont paru en 1821; mais le plan en est beaucoup plus vaste; on y trouve io4 tableaux, la plupart tres-etendus, et qui ont exigc que le format in-A* fut substitue a celui dn premier volume. lis rou- lent sur les matlercs les plus varices , et sont assujettis a la dis- tribution suivante : I. Topographic : Description physique et geometrique; etat de I'air et des eaux, etc. II. Population : Mou - vement annuel, maisons habitces, etablisscmens publics, pro- fessions, etc. III. Institutions civiles : Administration, ordre judiciaire, force publique, distribution des secours, instruc- tion, sciences et arts. IV. Agriculture: Recoltes, habitations rurales, bestiaux, consommations, etc. V. Industrie: Manu- factures, commerce, arts et metiers. VI. Finances : Domaines, contributions, revcnus. Chaque annee, on se propose de pu- blier une serie de tableaux analogues, dans chacune de ces six branches capitales. Comme ce volume est tout entier compose de faits et de re- sultats positifs, il est impossible d'en presenter une analyse raisonnee; toutce qu'on pent fairc est done de citer un nombre suffisant d'exemples, choisis parmi les resultats publics , et d'ex- poser les consequences generales les plus saillantes. L'utilite de ces details donnera peut-etre quelque interot a lYnumcration un peu longue dans laquelle je vais entrer. C'est un moyen sur, sinon de salisfaire, du moius d'evciller la curiositc sur cet mi- portant ouvrage. Quant aux generalites sur les avantages de la statistique, c'est un lieu commun dont il scrait dcsormais su- perflu de s'occuper. Comme le climat et en general I'etat physique cxercent par- tout une influence marquee sur la vie, et surtout sur ce qui ET POLITIQUES. 5i louche a I'existence d'une grande masse d'honimes rassembles, il importait de reunir dans iin centre commun les observations que Ton fait journellement a I'Observatoire de Paris. Toute la premiere par tie du premier cliapisre est remplieen consequence par des details meteorologiques , traites avcc le plus grand soin. On public entre autrcs, dix-neuf annees d'observations du ther- mometre, faites de i8o3 a 1821, plusieurs fois chaque jour, et qui fournissent un element exact de I'etat de la temperature a Paris. II en resulte que le maximum de cette temperature repond constamment a deux ou trois heures apres midi; le minimum, au lever du soleil. I'ar chaque annee, le maximum a lieu du 10 au 29 juillet, et il est de 19°, 34 centigrades; le minimum s'ob- serve du 3 au 22 Janvier; il est de i",?? au-dessus de o. Le vent dominant a Paris est celui du sud-ouest : on ne doit done pas etre surpris que les jours pluvieux ou converts soient si nombreux chaque annee. Ce nombre s'elcve a 164, i85, et meme 222. Voici un apercu de ce qui regarde Vetat des eaux. La Bievre alimente 102 usines ou etablissemens, et dans Paris seul 90, dont le plus celebre est la manufacture des freres Gobelins, qui lui ont donne leur nom. Un grand nombre d'habitans de la capitale sont loin de se douter de cette multitude d'usines et de fabriques, papeteries, foreries, moulins, filatures, brasseries, distilleries, etc., cntretenues dans Paris par ce courant d'cau ; qui n'est bien connu que des riverains. La plupart deshabitans des communes rurales sont reduits a boire des eaux de puits, peu salubres en general, ou des sources d'une qualite mediocre. C'est un point qui appelle toute la sol- licitude de I'administration. On mesure tons les jours avec soin la hauteur de la Seine au pont de la Tournelle. Quand elle est parvenue a 5 metres au- dessus du point de zero , le Port-au-bled et les Champs-Elysees sont inondes. Paris possede 65 fontaines et 124 bonies-fontnines. Chaque 52 SCIENCES MORAT.ES habitant consoniinc aiijouid'hni 27 litres dVau I'lin dans I'autre. II en pouria consonimer 117 quand le canal dc I'Ourcq sera aclieve. Or, il faiit nn ponce en 24 Genres a 1000 hahitnns, c'est-a-dire 19 litres, igSS (i) : ainsi, Ic canal fini , on aura plus da six fois la quantife necessaire. Le canal de I'Ourcq fournira en tout 4000 ponces, dont la nioilic sera concudue, ct I'autre destinee a I'usage de la ville. On regrette que I'etablissement si utile des eaux epurees dn quai des Celeslins ne fournisse encore que 2000 hectolitres, on seulement la centicme partie dc la consonimation actuclle. Les experiences chiniiqucs ont prouve que I'eau de I'Ourcq tiontle milieu, pouria purete, entre I'cau de la Seine et cellc d'Arcneil. Les sources de Bellevdle , des Pr^-Saint-Gervais et de Menil-Montant, sont bcaucoup plus chargees de terres et de sels. Ce que la navigation a eprouve d'amelioralion depuis pen d'annees, est un point tics-important pour le commerce de cettc grande ville. II est supcrflu d'enumerer les bateaux de toute espece employes^a la navigation de la haute et de la basse Seine, les marchandises chargees dessus, etc. Le nombre de ceux qui sont arrives, en 1821 , a Paris, par les affluens dc I'Aube et de I'Yonne, est de i433, sans compter les trains. Les canauxsont, apres la haute Seine, les voies qui fournissent le plus de bateaux niarchands ; apres Yiennent I'Yonne et la Manft. Quand le grand projet de canalisation de la France sera effectue, il existera 528 lieues de plus de canaux, utiles a la navigation de la Seine, ct joignant a cette riviere I'Oise , I'Ourcq, I'Aine et la Loire-Infericure. La largeur de la Seine, au Jardin-du-Roi, est de 1G6 m.; au Pont-Neuf, 261 m.; au Pont Louis XVI, 14G m. Sa peute (i) Un pouce fontainier f.iit jj litres , it)5j en 24 heures. ET POLITIQUES. 53 nioyeiine, outre les pouts do I.t Touinelle et tie Louis XVI, est evaliiee a i ni. ( distance 23oo m. ). La vitesse par seconde varie de i m. o3 o. a i m. 91 c, suivaiit que les eaux sont ele- vees de 1 m. 43 c. a 6 ni. 82 c. au-dessus du zero de I'tichelle du Pont-Royal. Ce point est a o m. 58 au-dessus du fond de la Seine. En i658, annee ou Ion a observe les plus hautes eaux de la Seine, elles marquaient 8 m. 80 c. au-dessus du zero du pont de la Tournelle; et en 1767, annee des plus basses eaux, o m. 27 c. au dessous du nieme point, c'est a dire qu'il y avail en ce point o ni. 33 c. d'cau, ou un pied seulement. La profondeur moyenne du canal de I'Ourcq est de i m. 5o c; la vitesse par seconde est d'un pied. Le bassin de la Villette a 682 ni. 16 c. sur 70 ni. 17 c. ou la cinquieme partie du jardin des Tuileries. Le fond est eleve de 23 m. 79 c. au-dessus du o du pont de la Tournelle. Le canal Saint-Denis, qui joint a la basse Seine, a 20 m. de largeur, 2 ra. de profondeur, et 12 ecluses. Pour aller de Paris a Saint-Denis par ce canal, et revenir, il faut deux jours et une depense de 173 francs, tandis que par la riviere il faut quatre jours et demi et 468 francs. Le commerce economise ainsi les frais de halage , le salaire des maitres de pont et d'autres frais. II prodtera sans doute avec enipresscment d'unavantai^t! aussi considerable. Ce bel ouvrage d'art est fini depuis deux ans et demi. Hauteurs de diffeiens points du departement de la Seine. — Le point le plus eleve est le Mont-Valerien, dont le sommet est a 169 m. au-dessus de la riier , et a 1 10 m. au-dessus du o de la Tournelle; Sceaux est a 100 ni. Les rues les plus elevees de Paris sont celles d'Enfer ( a I'Observatoire , 66 m. au-dessus du o du pont de la Tournelle), et la butte de I'Estrapade ( 68 ni. 67 c. ). L'abattoir de Rocbcchouard est Ic point le plus eleve de tons, 71 m. 02 c. Le sol de I'eglise Sainte-Genevieve est a 64 m. , et le jardin du Luxembourg a 56. Conmie la pu- 54 SCIENCES MORALES lete de I'air est nccessaircment relative a ces diffcrentcs eleva- tions, toiitcs choses egales d'ailleurs, il est utile d'cn connaltre la mesurc. La plate-forme dc I'Observatoire est a gS m. de hau- teur. Paris est a 5g m. au-dessus du niveau de la mer. Le sol le plus has est celui des Champs-Elysees ( 38 m. gS c.) ; aussi cst-il couvcit par K-s inondations de la Seine. Les endroits les phis has ensuite sont les marais du Temple et de Popin- court, les i)laccs de Grcve et du Palais-Bourbon, et les rues du Colombier, des Petites-Ecuries, de Provence, etc. ( 3g m. ag c. h 3g m. 58 c. ). Ce chapitre se termine par le tableau des distances des principaux lieux de Paris et des environs , a la meridienne et a la perpendiculaire de I'Observatoire. Population. Trente-trois tableaux sont consacres a cette matiere , qui est traitee avec le plus grand developpement, en raison de son im- portance. Dix donnent tous les details du mouvement de la population pendant i8ig; autant pour 1820 et pour 1821 ; irn autre presente le mouvement, pendant un siucle et demi , depuis 1670 jusqu'i 1821; le suivant, pendant un siecle ( dc 1 7 10 a i8og ), suppute de vingt en vingt ans. Lc dernier estun tableau des deces, calcule de cinq en cinq ans, ( de 1670 k 1787 ) et de vingt en vingt ans (de 1670 a 1782). Chacun de ces tableaux meriterait qu'on s'y arretat specialcment, si I'es- pace nous le permettait. II est aise de voir que Ton a eu, pour les cinq annces 1817, 1818, x8ig, 1820 et 1821, des ressources qui avaient manque jusque-li : I'exactitude et la mulliplicite des details qu'on s'est procures sont les resultats des soins que M. le prefet a pris cet egard , pendant lc cours de son administration. D'apres le releve des actes de I'etat civil, on donne, comme I'annee pre- cedcnte, des detaUs sur les cnfans natnrels, sur les enfans Mort-nes, sur les deces avec distinction d'agc, de sexe et ET POLITIQUES. 55 d'etat de niariage , sur les suicides, les morts par accident et par la petite verole; enfin , sur la vaccination gratuite. Rien n'etait plus difficile que d'obtenir, sur ces divers objets si importans pour I'economie publique , des notions d'une exac- titude precise ; peut-etre est-ce la premiere fois qu'elles sent publiees avec cette condition, remplie dans toute sa rigueur. II est si aise de tirer des consequences interessantes de tous les resultats compares ensemble, que nous laisserons au lec- teur le plaisir de faire ces rapprochemens, nous bornanl a un petit nombre de remarques. Au reste, plusieurs se trouvent deja faites dans I'ouvrage menie. C'est ainsi qu'on apprend, par une experience d'un siecle et demi , qu'a Paris, les mois oil la mortalite est la plus grande sont constaniment mars et avril , et ceux ou elle est la moindre , aout et juillet. Le terme moyen est au i^'' Janvier; les mois de decembre et de juin sont mortiferes au meme degre. La difference des termes extremes est d'environ ^ du moindre. II n'est pas moins curieux de connaitre I'epoque des nioindres naissances, et celle de leur maximum. C'est ce que nous ap- prennent les tableaux du mouvement de la population. Dans les mois de mars et Janvier, il nait le plus d'enfans. Juin , no- vembre et decembre sont ceux oil il en nait le moins. D'ou Ion peut inferer , avec assez de vraisemblance , que le plus grand nombre de conceptions productives a lieu, en juillet etmai; et le moindre , en mars et avril. C'est aussi dans le mois de mai qu'il y a le plus de manages, et dans les mois de mars et de Janvier qu'il y en a le moins. Mais , un des resultats les plus importans a deduire du grand tableau de la population, de 1670 a 1821, c'est le rapi)ort du nombre des naissances de garcons a celui des naissances de filles ; le premier est constarament superieur au second. La proportion finale, pour les 77 dernieres annees ( les seules depuis lesquelles on ait distingue les sexes dans les rcgislres 56 SCIENCES MORALES de i'etat ci\il ) est de 795,35o ;\ 763, g36, a pen pres de 26 ;» 25, on plus e.xactcment 104 1 ;\ 1000. Ces noiiibrcs, alaverite, renfermcut Ics enfans trouves, parnii Icsqiicls on compte sans doute moins d'enfans males qu'il n'en nait dans la realite. En ayant egnrd a cette circonstancc , Ic rapport dcviondrait cgal a celui des nombrcs 22 ct 21. A Londres ct a Naples, on a fait dcs observations analogues : Ic rapport trouve , dans la pre- miere do ces villes , est de 19 a 18, et dans la scconde , 22 a 21. Mais, ce phenoiuene observe en Europe, et dont le mystere est impenetrable pour nous, n'existe pas dans I'Orient , du moins generalcment ; il parait memo que le nombre des nais- sanccs de fdles excede celui des naissances de gargons en Egypte , en Nubie et dans I'lle de Ceylan. Quant a la diffe- rence , dans le meme sens, que Ton trouve entre les deces des garcons et ceux des filles , on n'en pent tirer une consequence aussi exacte. Nous tcrminerons ce court apercu du chapitre de la popu- lation par quelques rapprochemens. NOMBRE MOYEN , PAR ANNEE , DE : Naissances. Dcces. Mariages. Enfans Enfans naturcls. De 1779 a 1789. 11,996. i9,y34- 5,i58. 5,714- » De 1789 a 1799. 21,761. 22,473. 6,5x3. 4,075. • De 1799 a 1809. 20,159. 20,fi0I. 4,068. 4,335. 6,646, pour 4 ans. De 1809 a 1819. 2r,799. 21,233. 5,642. 5,o65. 8,439. . ET POLITIQUES. 57 II resultc de ce petit tableau, 1" que Ics naissances , ct par consequent la population , sc sont accrues , depuis la grande commotion politique de 1789, a peu pres dans le rapport de 200 a 212 ; 2° qu'il est arrive constamment dans la capitale , surtout depuis la revolution , un grand nombre d'etrangers qui y sont morts; 3" que le nombre des mariages est augmente de-^ environ, depuis 3o ans; 4° que le nombre des enfans trouves a diminue de plus d'un quart. D'un autre coto, il parait que celui des enfans nalurels va croissant, depuis 1806; mais, a cet egard , on manque de donnees certaines pour les annees anterieures , parce que les enfans legitimes et les naturels etaient confondus , avant cette epoque , sur les registres de I'etat civil. Au reste , le nombre des enfans naturels , reconnus par leurs parens, a ete d'environ 21 sur 54, en 1819 et 1820, etde 21 sur 71 , en 1821. C'est presque^-en sus. Nous rccommandons aux lecteurs curicux les trois tableaux publics pour chacune des annees 18 19, 1820 et 1821, et re- latifs aux deces ( avec distinction d'age , de sexe et d'etat de mariage ) , aux morts accidentelles et aux suicides. Passons au IIP Chapitre, des Secours publics. Le nombre des secours accordes par les bureaux de charite , a ete , en 1819, de 85,i5o;en 1820, de 86,870; celui des admissions dans les hupitauxou hospices (en comptantles enfans trouves), en 1819, de 77,5i3; en 1820, de 8o,o3i. Dix individus de Paris, sur 84 ou 82 , ont recu des secours. La mortalite moyenne, dans les hopitaux et les hospices , a ete de i sur 7 environ. La depense moyenne , par individu qu'on y recoit, est de no fr. a 123 fr. par an. Le nombre des femmes indigentes est de plus de moitie en sus des indigens du sexe masculin. Un tableau entiorement ncuf est celui des prets faits par le Mont-de-piete .sur nantissement. On remarque, avec sur[trise, dans le tableau des six annees 1816 a 1821 , que , toutes les an- 58 SCIENCES MORA.LES nccs, Ics deposans out constammcnt engage pour la nii'me somme de 18 millions ; la difference de la moindre somme a la plus forte, ne depasse guere 600,000 fr.; mais le retrait des articles deposes n'a etc moyennement que de 13,611,277 fr. Celui des renouvellemens , de pres de 4 millions. La valeur moycnne d'un prct en argenterie et en bijoux varie de 32 a 43 fr. ; en linge et hardes , dc 6 fr. 20 c. a 9 f. 37 c., etc. Le IV* Chapitre renferme qualre tableaux, dont I'objet sfe rapporte a la Police administrative. En 1819, on a compte 271 noyes ; en 1820, 270; en 1821, 3io, etc. Ce nombre , comme on le voit , est renferme entre des limites rapprocliees. Le quart a ete retire de I'cau vivant. Pres de la moitie des in- dividus noyes se sont precipites volontairement. Un autre tableau , public aussi pour la premiere fois , est celui des incendies. II renferme I'enumeration dei5,32i in- cendics , arrives dans les 27 annees qui ont precede I'an 1821. Par annee , le terme moyen est de 585. On a peine a conce- A'oir un nombre aussi considerable de ces funestes accidens. Comme il y a 26,801 niaison a Paris , et 224,922 menages, il s'ensuitque, sur 10,000 maisons , il y a eu 217 incendies, et 26 sur 1000 menages. Dans ce nombre sontcompris les fcux de cheminee. Nous passons sur les tableaux consacres a \ agriculture , et qui presentent les recoltes des arrondissemens de Sceaux et de Saint-Denis , en 1820 et 1821 , pour arriver au VP Chapitre , relatif aux consommations , lequel se divise en cinq tableaux. Dans le i*^*", on compare les consommations en tout genre pour 1819, 1820 et 1821, boissons, comestibles, fourrages, com- bustibles, matcriaux, etc. En 1821 , on a consomme 8i3,o66 hectolitres de vin et 42,784 d'eau-de-vie, 571, 565 tetes de boeufs, vaches, veaux, pores ou moutons; pour 867,984 fr. d'huitrcs, etpres dc li millions dcbeurreet d'oeufs; 64,018,996 ET POLITIQUES. 5g kilogrammes de sel ; 758,299 de tabac ; plus de 20 millions dc bottes de foin et de paille ; plus d'un million de stercs de bois et 2 millions d'hectolitres de charbon. On remarque que la Gonsommation du charbon de terre augmente chaque annee ; elle s'est elevee, en 1821 , a 5G3,863 hectolitres ; son emploi pour la preparation du gaz , et dans un grand nombre de ma- chines et d'usines , I'augmentera beaucoup encore ; il est a craindre que, la depense croissant plusvite que I'ex traction et les arrivages, le prix de cette matiere si utile pour les arts ne devienne bientot trop considerable , a moins que le prix du transport ne vienne a diminuer par I'execution des projets de navigation interieure. La consommation de la chaux et du platre, des briques et des tuiles a presque double, depuis cinq a six ans. On en est pen surpris, loi-squ'on sait que chaque annee voit s'elever un millier de maisons; aussi voit-on Paris changer d'aspect avcc unc etonnante rapidite. D'apres un releve fait sur les vingt et une annees qui ont precede 1821, un habitant depense o,46o25 kilogramme de pain par jour, et 167 k. 99 par an. Un menage i k. 34^93 par jour, et 490 k. 58445 par an. La depense annuelle en pain d'un habitant est de 58 fr. 64 c. , et celle d'un menage, de 171 fr. 21c. Un autre releve de dix annees apprend qu'on a vendu aux marches de Sceaux, Paris et Poissy, annee moyenne, pom- 3o millions de francs et plus, dcboeufs ; pour plus de 12 mil- lions fr. de vaches; pour 5 millions -j fr. , de veaux, et pour pres de 9 millions , de moutons. Le prix moyen du premier de ces animaux a etc de 3oi fr. 91 c; du second , 179 fr. 9 c. ; du troisieme, 67 fr. 1 1 . c. , et dernier, 21 fr. 21c. Lechapitre deVi/idustrie et du commerce renferme un grand nombre de tableaux. Celui qui presente les exportations a la douane de Paris, en 1819 et 1820, n'est pas le moins curieux ; le total s'en est eleve h 47j7i4>284 fr. , en 1820; plus d'un 6o SCIENCES MORALES million do inoiiis que dans Tannce prcccdeutc. Dans cctU: somme, cntront, pour la plus grande valcur, Ics ctoffes et sclials (Ic sole ct laine pour 8 millions; Ics modes, li's draps , les niL'icci'ies, les soioiics, les rubaiis de soie et Ics plumes, pour ID millions; les peaux, pour i millions^; I'liorlo^jerie pour I million j; la porcelaine, pour pres dc 2 millions; I'orft-vre- ric, la bijouterie, les pcrlcs et gcmmcs fausscs, pour pres de 5 millions; Ics meubles et la tablettcrie, pour i million -5-; Ics glaces, verres et cristaux, pour pres d'un million; les batistes et linons, pour un million; la librairie, pour 1 millions y, t-tc. En 1821, I'cxportation a diminue dc pres de deux millions. Paris exporte plus dc la moitie des merceries, meubles, modes, gravures, etc., qui sortent de France, les| des objets d'horlo- gerie, instrumcns, medicamens, metaux ouvjcs, orfevrerie, objets dart, cartes, gravurcs, musique, poterie, produits chi- miques et tissus de soic. On pcut juger par-la de Tctendue du commerce de cette place, et dc I'importancc de son industrie. Sous ce rapport, Paris a completement change de face depuis trente ans. Pcut-etre faut-il regretter que la France n'ait pas son Liverpool, et que t'ant de ressources el de lumicres restent concentrees sur un seul point qui absorbs presque tout. L'ac- tivite du commerce de Paris est devenue telle que, les primes d'exportation , payees an commerce dc France, n'ayantguere que decuple, dc 1819 a 1821, celles ([u'on a jiayccs an com- merce de Paris ont plus que centuple dans le mcme espacc dc tems. Ces primes portent principalement sur les sucres rafines et les tissus de coton et de laine. Paris et ses environs possedcnt 25 rafineries, dont on evalue le benefice net a i,28i,o52 fr. Cette fabrication exige I'emploi de 1,680,000 kilog. de cliar- bon animal et i5i,ooo hectol. de charbon fossilc, pour une valcur de pres d'un million, ce qui explique la cherte actuelle dc ces matieres; mais on salt que les chimistcs s'etudient a en faire baisser le prix. ET POLITIQUES. (it Voici dos details moins importans, niais aussi ciirieiix. Paris coinpte 9,761 boutiques destinecs a la seule vente des alimens, sans comprendre 5ooo marchandsqui stationnent sur leslialles ft sur la voie publique. Les seuls marchands de vin sont an iiombre de 2,333, tandis qu'on ne compte que 56oboulangers, 355 boucliers, 927 traiteurs, 787 cafes. Ainsi, le nombre des cabarets est plus que quadruple de celui des boulangers, et plus que sextuple de celui des boucbers. II est vrai que ces derniers ne peuvent pas depasser lui certain nombre. II serait trop long d'extrai*e les tableaux relatifs a I'indus- trie, aux tanneries, a la fabrication des tissus en soie et en laine, aux filatures de coton, a I'horlogerie, aux raatieres d'or et d'argent, etc. ; tous construits d'apres des donnees exactes , ct publies ici avec tousles details nccessaires. Depuis iSiojusqu'a 1821 , le nombre des filatures a augmente de 5i a 67. Or, en i8i3, on pouvait fabriquer 2,270,000 paires de bas, dont le prix courant etaitalors de 2 fr., et 6,818,000 aunes de tissus, aussi a 2 fr. Aujourd'hui , I'emploi des machines a diminuc ces prix d'un tiers. On estirae que i,5oo ouvriers de tout age et de tout sexe sont occupes aux filatures. — 7 a 8,000 s'oc- cupent du travail des matieres d'or et d'argent. En 1819, on a recense, en France, 6 millions de pieces, representant une valeur de 64 millions de francs. On estime que I'or manufac- ture en France, en 1819, forme les 38 ccntiemes de Tor verse annuellcment en Europe. Annee commune , on vend a Paris 120,000 montres et i5,ooo pendules, environ pour 20 millions; le benefice net est de 3 millions ■-. Les bronzes dores vont a 5 millions y. Chaque annee, 35 a /|0,ooo chevaux ou mulcts sont mis en vente au marche; le prix moyen d'un clieval est de i65 francs 62 centimes. Paris compte 12,800 chevaux appartenant aux particnliers; et 3,5oo aux corps militaires. On compte a Paris, 680 presses en activite, et 3 a 4,000 f>2 SCIENCES MORALES ouvricrs dimprimerie. On a calcule que,sur loo ouvrages pu- blics, 68 rogardent les belles-lettres, I'histoire ou la politique; 20, les sciences et les arts; 12, la theologieet la jurisprudence. Le prix d'une feuille d'impression, tiree k 1000 excmplaires, papier compris, est cvalue, tcrnie nioyen, a 62 francs. On eni- ploie par an 356,ooo rames de papier, etc. II nous reste a passer en revue les tableaux qui concernent \e& finances. Le tableau des ventes mobiliaires, faites a Paris dans les dix annees qui ont precede 1822, presente des rosul- tats curieux et absolument neufs; il a du couter des recherches infinies.L'exaclitudeaveclaquelle il a ete dresse ne laisse aucun doutc sur les resultats qui suivent : 1° Le montant moyen an- nuel des ventes est de 8,821, i58 francs; 2° les 4 dixiomes des ventes sont volonlaires; c'est a peu pres le raeme nombre que celui des ventes apres deces. Le reste a lieu au Mont-de- piete, par autoritc de justice, ou sur desheience; 3" les livres et les objets d'arts ( tableaux, gravures, bronzes, etc. ) entrent pour les 2 quinziemes des objets vendus (1,179,576 fr.), sans parler du Mont-de-pie te, ou il s'en vend beaucoup. Lc reste se compose des meubles pour 7 dixiemes, des fonds de commerce pour 3 centiemes, etc.; 4° la perte que Ton eprouve en reven- dant les objets non uses, s'eleve au tiers du prix d'achat; 5° le montant d'un mobilier moyen equivaut ordinaircment a ime annee de revenu de son possesseur ( a I'exclusion des grandes collections de livres et des objets de sciences et d'arls ). II y a long-tems que les econoniistes dcmandent la reduction du droit d'enregistement siu' les mutations et sur toutes les especes d'actcs, a(in de multiplier les transactions et la circula- tion des valeurs; mais il est ^ croire que, tant que les droits actuels produiront en six ans 72,185,637 francs, commc il en a etc de i8i5 a 1820, c'est i\ dire plus de 12 millions par an, lc flsc n'cn rabattra ricn. Croirait-on que, dans ccs six annees, le nombre des actes enregistres ct des droits per9us, monte a pres ET POLITIQUES. 63 tic A millions : c'est plus de 2,100 par jour. Quel mouvement, quelle activite ne suppose pas cette immense quantite d'affaires ! Le montant des creances inscrites au bureau des hypolhe- ques et du prix des ventes, est, annee commune, de plus de i33 millions. Un autre tableau tres-interessant est celui du timbre : en voici les resultats generaux : annee commune , le timbre sur les effets de commerce (principal et amendes), produit environ X, 200,000 francs; sur le papier blanc, 1,800,000 francs; pour les journaux, la musique, les affiches et annonces , les passe- ports, etc., un million ~. On remarque que le nombre des passe- ports, de i8i5 a 1820, est dcsccudu de 40,000 a 3o,ooo. Au contraire, les journaux produisent pres de moitie en sus, et les annonces presque le double. Les contributions indirectes rappor tent plus de 19 millions, annee moyenne. En 1821 , le produit a etc egal ^i i fois ~ celui de 1816 et 1817. Les boissons y entrent pour 8 millions y; les huiles pour 1 ; les tabacs pour 5 -i-; les voitures publiques pour 1,400,000 francs. Les cartes seules produisent 127,000 francs. Au sujet f\esjeux de hasard, il faut citer la loterie, ce gouffre liideux qui devore de plus en plus la substance du peuple. En 1816, les joueurs n'ont guere verse que 19 millions; en 1820, plus de 29; ils ont a la verite retire plus de 6 millions de plus; au total, dans ces 5 annees, ils ont perdu 32,194,000: c'est la fortune de 4 ou 5,ooo Jam illes. ILa poste aux lettres ipercoit annuellement, a Paris seulement, 4 millions Y environ. C'est toujours en Janvier qu'a lieu le maximum des recettes, et en septcmbre le minimum. Chaque jour produit, I'un dans I'autre, i,3oo francs. Tons les jours, on jette dans les boites environ 38, 000 lettres ( dont 10,000 pour la petite poste ) et 35, 000 feuilles periodiques et pros- pectus. On met au rebut, chaque annee , pres de i44)000 paquets. 6/, SCIENCES MORALES Contributions directes. — D'apics lui relcvc fait sui" los \!\ annees anterieures a 1822, elles montaient, avaut i8i5, a 22 millions environ par an; anjourcriuii cllcs s'elevcnt a 28 millions; \{i?,putentes ont monti; dc /; millions a 5 ; Xc^portes et fcnetres , dc i,3oo,ooo francs a 2 millions ( ce qui A'ient dos nombrouscs niaisons batics dcpuis sept ans), ct la contri- bution fonciere , dc 1 1 millions \ a pies dc 14 j pour le niomc motif; niais cet effet remonte plus haut. C'est ce qu'eclaircit bicn le tableau du role foncier dresse pour i8o6,et compose avec un soin tout particulicr.Les resultatssontenonces aubas du tableau niemc; en voici quclques-uns : i^ on compte 26,801 maisons, 920,238 portes et fenetres, ou 34 tP^i" maison; 2" en i5 ans, le nombre des constructions s'est accru de ^ , ou 2 fois f la masse des batimens de I'ile Saint-Louis, prise pour objet de comparaison; 3° la duree moyenne d'une maison a Paris est de 3io ans ct demi, resultat qui peut-etre est modifie par les cir- constances provenant du fait dc I'administration. A Paris, le montaut total des locations est de Sg millions ^de francs; le prix moyen du loyer d'une habitation est de 89 fr. 37 c; celui d'un patente de 758 fr. 47 c.; par chaque maison, il y a 8, 1 3 locations; leur valeur moyenne est de 289 fr. 6 c, et cnQn, le rcvenu moyen d'une maison est de 2,35o fr. 12 c. De i8i5 a 1821, I'octroi de Paris s'est eleve de 18 millions a 26, sommo brute; un dixieme du produit net appartient an tresor. II reste a la ville 12 millions net. Si Paris attire a lui la plus grande partie du commerce, il piociuc aussi a I'etat des sommes considerables. Le dixieme a pen pres des sommes versees au iresor par la France entiere est acquitte par la ville de Paris ( 81, 423,366 francs, annee com- mune ). Dans cette somme, les domaines entrent pour 20 cen- tiemes; les douanes en fournissent 2; les contributions indi- rectes 24 ; la poste 5 ; la loterie 8; les contributions directes 34 ; et les jeux 7. Chaque habitant, I'un dans I'autre, paie par tete ET POLITIQUES. 65 1 1 4 fr. 02 c. ; tandis qu'un Francais , en general , ne paie que 27 fr. 61 c. On paie done ici a I'etat quatre fois autant que si I'ou residait ailleurs. Ce rapprochement nous apprend encore que I'habitant de Paris contribue au benefice que fait I'etat sur la loterie , pour une somme dix-huit fois plus forte qu'un autre habitant du royaume. Telle est la substance des 104 tableaux statistiques dont nous devons la publication aux soins de M, le comte de Chabrol. Pour ajouter a cet important travail un interet de plus, ce ma- gistrat a permis que Ton publiat , a la suite , son rapport au conseil general sur le grand projet des alignemens. C'est un point qui interesse la salubrite publique, autant que I'embel- lissement de Paris. II a ses difiicultes , et la moindre n'est pas le tems considerable que doit exiger cette operation. II faut remonter a Sully pour trouver I'origine de la grandc voierie , etablissement auquel appartient la surveillance de cette operation. En 1783 , la legislation devint lixe; il fut regie que les rues nouvelles n'auraient pas moins de 3o pieds de large , et que les anciennes seraient elargies successivement; I'aligne- ment general fut ordonne et commence au ministere de I'in- terieiu". C'est ce travail qui , bien qu'incomplet, sert aujourd'hui de regie aux alignemens particuliers, reclames paries proprie- taires. M. le prefet de la Seine, de son cote , a calcule que, par le projet general, 5o6,ooo metres carres seraient ajoutes a la voie publique. Or, en suivant la marche actuelle , il faudrait plusieurs siecles ; car , par annees , on n'agrandit la voie pu- blique que de 5oo metres. Il faut done se borner d'abord au travail le plus necessaire et le plus urgent; savoir, celui qui a pour objet I'elargissement des grandes communications prin- cipales , ou qui est prescrit pour la surete et la salubrite pu- bliques , ou enfin qui doit contribuer a rembellissement de la ville. Le montant des indemnites pour les alignemens des deux premieres classes s'eleve a 43 millions. Le memoite explique T. XXI. — Janvier 1824 5 06 SCIENCES MORALES Ic'S divers nioycns par lesquels on pourrait hater cc travail, de maniere a I'achevcr en 4o annees seulement. Ensuite , on ex- pose le projot d'etablissemont des trottoirs dans los principales rues de Paris , objct des v(biix d'une foule d'habitans, ct dont I'utilile est si bien demontree par I'experience d'un grand nombre de villes d'Angleterre , d'Allemagne ct d'ltalie. L'on presente a cet egard des moyens d'execution , parfaitement appropries a rcntreprise. Ce niemoire tst un module pour la clarle autant que pour la justessc des vncs. En terminant I'analysc de cet ouvragc, nous devons signaler au lecteur un autre mumoire qui le precede et dont I'impor- tance sera sentie par tons ceux qui se sont occupes des ques- tions relatives a la population. lis reconnaitront aisement la main savante et le style eloquent de I'auteur des Notions gene- rales siir la population , iniprimees en tete du recueil public en 1822. JoMARD, de I'lnstitut. HiSTOiRE ET PROCES des N axifrages de Calais ; par M. le Due DE Choiseul , pair de France ; extraits de ses Memoires inedits, formant la iv* livraison des Me- MOIRES DES CONTEMPORAINS (l). UHisloirc des naufrages de Calais est digne d'excitcr un vif interet, nicme chez les lecteurs frivolcs qui nc chercheraient qu'un vain amusement dans le recit d'aventurcs extraordi- naires et de situations dt'scsperees. Un Francais, d'une haute naissancc ct d'une valeureprouvee, (i) Paris, i8a3. i vol. in-S". Bossange frt-res , libraircs, rue (1< Seine, n'^ iv.. Prix, 7 fr. ET POLITIQUES. 67 ficlele a son roi , reste a ses cotes tant qu'il put esperer de Ic defendre, separe de lui, par decret, la nuit qui preceda I'eu- tree de la famille royale au temple; bicntot apres, mis hors la loi, et contraint, pour se soustrairc a uiie mort certaine, de quitter le sol de la France a I'epoque des massacres de sep- tembre; ayant perdu presque tous ses parens sur I'echafaud revolutionnaire, et voyant sa patrie en proie aux dechiremens de I'anarchie, prend la noble resolution d'aller chercher une meilleure fortune dans un autre hemisphere. — L'Angleterre meditait alors une guerre dans I'lnde : le due de Choiseul offre de la servir, lui et ses compagnons d'armes, dans cette expedition lointaine 5 ils mettent seulement pour condition qu'on ne pourra jamais les employer centre la France. Ces offres sont acceptees; ils s'embarquent sur les rivages de la Baltique. Mais bientot lis sont assaillis par une tempete fu- rieuse; I'horreur d'une profonde nuit rend leur situation plus terrible encore; enfin, le jour parait. Mais, 6 douleur! on reconnait la cote de France! de cette terre, si souvent hospi- taliere , et qui , cette fois , n'offre a de malheureux ciloyens que la chance de I'c'chafaud, substituee a celle du naufrage! A cette seule idee, quatre gentilshommes du regiment de Choiseul-Hussard, unis d'une etroite amitie, prennent la reso- lution de terminer leur vie dans une noble independance; ils s'embrassent, font le signe de la croix, enlacent leurs bras, el se jeltent ensemble a la mer... lis sont engloutis. Au meme instant, un des vaisseaux se brise sur le pi'olon- gement de I'ecueil. Celui que montait M. de Choiseul, avec le chevalier de Montmorency et M. de Vibraye, est menace du meme sort ; ils se jettent a la mer, et apres avoir lutte long-tems contre les vagues , ils abordent enfin sur la plage de Calais. Chez tous les peuples civilises, le malheur est une chosr sacree. Les Remains, qui ne restercnt les maitres du nionde r.8 SCIENCES MORALES ([lie parcc qu'ils fiircnt d'cquitables logislatcurs, avaiont dans Icur codo unc loi expresse (i)qui interdisait aux agens du fisc toute ospece d'avanie et de molestation contre la personne ou les biens dcs nanfrages. Lc chancclier d'un roi Goth, Cassiodore, faisant I'eloge de cette loi, a remarquc qu'en effct, c'eAt ete le comble de la cruaufe de sevir an dcla meme dn naufrage : Crudelitatis ge- nus est ultra naufragium velle eiescecire (2). Ce n'est que dans les siecles de la plus epaisse barbaric, a I'epoque ou la feodalite avail tout souille par sa violence et sa fiscalite, que Ton vit s'introduire une coutunie qui n'avait de precedent que dans les lois de la Tauride. Sous lc nom de flroii de naufroge, s'etait etablie une odieusc exaction qui consistait a attribuer an suzerain sur les terrcs duquel un na- vire echouait, la propriete de tons les objets rejetes sur le sable, ou qu'il etait possible de sauver. L'immortel auteur de X Esprit des Lois avait denonce au monde civilise ce prctcndu droit, en le traitant d'insense! De fait, il avait depuis long- tems cesse d'etre en usage, et la terre de France avait I'heu- reux privilege de procurer le bienfait de la libcrte, meme aux esclaves qui avaient le bonheur d'aborder ses rivages. Un sort bien different etait reserve aux naufrages de Calais! Ce n'est pas que la population accourue sur le rivage, ne se montrat animee en leur faveur des sentimens les plus genereux. Constitues en une sorte de jury sur le fait du naufrage, tons les habitans s'ecriaient : « Ne craignez ricn, et attendez nos secours; vous etes nanfrages , rien nc pent vous arriver(3).» (i) La loi I''" au Code, lib. xl , tit 5 , de Naiifragiis Quid enim jus habet fiscus in aliena calamitate , ut de re tam luctuosi compendium sectetur? {■>.) In notis Jac. Gothofredi ad Diet. leg. (3) Memoires de Choisetd, p. 16. ET POLITIQUES. .6^^ Mais I'autorite n'etait pas dans leurs mains; un general par- courait la plage a cheval. A mesure que les mallieureux pre- naient terre, il les interrogeait, et de suite, les envoyait, sous escorte, a Calais ou ils furent constitues prisonniers. A I'histoire du naufrnge va succeder I'liistoire diwproces. La voix du peuple, cetle voix qui , bien entendue, librement exprimee, est reputee celle de la divinite merae , cette voix les avait proclames innocens : Vous etes naufrages , leur avait-elle (fit. — Un gouvernement de fer y substitua cette reponse : Vous etes (les emigres, des emigres rentres (i)/ vous serez juges comme tels ! Effectivenient, un ordro superieur porte qu'ils seront tra- duits comme emigres rentres, devant unc commission militaire. A cette nouvelle, I'Angleterre s'emeut en leur faveur. Son gouvernement les reclame comme prisonniers de guerre ; il propose un cartel d'echange; il offre meme de relacher jusqu'a cinq mille hommes pour la rancon des naufrages ! son inter- vention est rcjetee; mais elle n'en est pas moins honorable pour ce gouvernement, d'ailleurs peu prodigue de ces sortes d'in- tercessions. Pendant que ces negociations ont lieu, les prisonniers sont tenus au secret le plus severe. Ils demandent la permission de communiqucr avec leurs conseils et quclques amis, (eternel sujet de difficulte dans les proces politiques ! ) L'aulorite locale, (i) Un magistrat , vraiment digne de ce nom , M. Gosse , quoique accusateur public au tribunal criminel de Saint-Omer , avait ecrit au Gouvernement pour demontrer rimpossibilite legale de mettre les naufrages en jugement. Le 12 frimaire an iv, le ministre dit de la justice lui repondit (il faut le lire pour le croire) : « Que les emigres dont il s'agissait devaieut (5tre consideres comme des emigres rentres , quoiqu'on put egalement les considerer comme pris les amies a la main. » ( Memoires de Choiseul , p. 28. ) 70 SCIENCES MORALES tremblante sous I'influence dii pouvoir ministeriel , repond qu'clle n'ose prendre cela sur elle, le cas etant dellcat. — Un premier jugement de la commission militaire ctait dc'ja rendu lorsque cette permission leur fiit octroyee : hcureusement, ce n'etait qu'un jugement A^ incompetence. Les accuses sont traduits devant une nouvelle commission militaire. La presse n'etait pas encore tout-a-fait esclave ; elle repete les soupirs et les souffrances des prisonniers; quelques ecrivains courageux elevent la voix en leur faveur; les juges qu'on avait crus devoues dans le sens quelqucfois abject de ce mot, reprennent quelque energie; ils prononcent, par le moyen tire du /ait, que les naufrages ne sont point dans le cas de I'application de I'article 7 de la loi du aS brumaire an iii , con- cernant les emigres. Si la commission les eut oondamnes a mort , son arret eut ete repute souverain ; on I'eut execute dans les vingt-quatre heures ! C'etait un jugement d'absolulion, le gouvernement entreprit de le faire casser. Mais, le tribunal de cassation, qui etait alors dans toute la force de son^institution primitive, sut mepriser les sophismes du ministre et braver I'influence duDirectoire; et restantfidole a sa devise , la loi , il rejeta le pourvoi du gouvernement , et le jugement fut maintenu. II y a done chose jugee en faveur des naufrages ! mais le mi- nistre de la justice du Directoire ne veut point si tot lacher sa proie. II fait traduire les prisonniers devant le tribunal crimi- nel de sa villa natale , oii il espere apparemment pouvoir exercer une influence plus directe. Ce tribunal ( \ la mauiere des gens faibles qui , n'osant ni le bien ni le mal , se refugient dans les partis mitoyens ) se de- clare incompetent, et ordonne un re/ere au Corps Irgi.ilatif. Le Directoire s'empare de ce refere , et demande par un mes- sage aux Conseils la revision de toute t affaire. Le tribunal dc ET POLITIQUES. 71 cassation s'honore une secohde fois en cassant I ceuvre piisilla- ninie des juges de Doiiai. Le Directoiie n'on poursuit pas moins I'effet de son message. Mais, des voix genereuses s'ele- vent dans Ic conseil des Cinq-Cents; et ce conseil prcnd a V unanimite line resolution qui ordonne le renvoi des naufrages et leur reembarcation. Le 1 5 thermidor an v, cette resolution devient loi, par la sanction que lui donne le conseil des An- ciens, auasi a I'unanirnite. Le Directoire executifne pent s'em- pecher de sceller et promulguer cette loi , le lendemain i G. Mais, par un de cesdecrets occultes dont remploietaitdeia connu, il en suspend I'execution... II meditait des lors la journee du 1 8 fruc- tidor ; et , si la representation nationale elle-meme fut victime d'un coup d'Etat, on pense bien que les naufrages de Calais diirents'en ressentir. Le 25 fructidor, le Directoire envoie aux deux Conseils, epures par la mcsure du 18, un nouveau jnessage pour se plaindre de la loi du 16 thermidor, et invitcr les Conseils a assimiler les naufrages de Calais aux conspirateurs frappes par la loi du 1 9 fructidor. Cette proposition devient le sujet des discours les plus fe- roces et les plus passionnes : ils resteront dans I'histoire , comme un monument de honte pour ceux qui ne craignirent pas de les proferer ! lis seront un utile avertissement pour les orateurs faibles on corrompus , qui , par ambition ou par lachete , se precipitent en aveugles dans les voies d'un gou- vernement insense , et appuient indistinctement ses propo- sitions les plus revoltantes , sans songer que le jour des graces ainsi mcritees a toujours pour lendemain le jour des remords et de I'infamiei Croirait-on que , dans le rapport fait sur le message du Di- rectoire , on ait ose contester a des malhcurcux le titre meme de Icur malheur ? On les appelle les sai-disant naufrages ! tant il etait evident pour ccux-la meme quiniaient revidence , que 72 SCIENCES MORALES le malheiir du naufrage detournait toiite applicatiun de loi penale ! Pendant que ces discussions s'agitent au sein des Conseils, les prisonniers eprouvent les plus odieux traitemens sous I'in- fluence administrative et militaire qui preside au regime de leur prison. On les transfere d'un lieu a un autre , a pied , en- chaines deux a deux, avec tant de brutalite , qu'il faut ensuite limer leurs fers pour les en delivrer ; ils maichent au milieu de niiliciens fcroces qui les abrcuvcnt d'injures , les mcnacent de coups, et les stimulent de la baionnctte, comme on prcsse le boeuf sous Taiguillon. On les plonge dans les casemates de Lille, servant de bagne aux anciens forcats ; ils sont ronges devermine; ils manquent d'habifs, de nourriture , d'air, de consolations; le general qui leur sert de geolier, les traite comme gens qui , suivant son langage , ne sont bons qu'a ctre fusilles : et ces indignes traitemens ont dure pres de quatre annees!... Inflme gouvernement, qui autorisais de pareilles atrocites, tu ne devais pas durer plus long-terns ! jusque-la proscripteur , tu allais a ton tour elre proscrit! ton heure avail sonne , le 18 brumaire etait venu, et si a propos, que la nation, fatiguee d'anarchie, n'y vit que son affranchissement du moment, sans s'arreter a la cause, ni sans prevoir les suites ulterieures d'une revolution militaire ! On aime a voir ces premieres journees du consulat succe- dant aux epoques sanguinaires du gouvernement directorial. On respire un autre air ; les coeurs s'epanouissent, et prcnnent confiance dans un meilleur avenir... Une jeune fiUe , a peine agee de quatorze ans , con^oit I'esperance de voir eniin cesser les malhcurs de son pere : en pension loin de Paris , elle ne prend conseil que de ses inspirations; son ame dicte, sa plume ecrit une lettre... touchant modele de ce que peuvent expri- mer la tendresse iilialc , la candeur et la vertu. II faut la lire ; ET POLITIQUES. 7'3 c'est un des plus touchans episodes dii recit. — Cette letlie de mademo'iseWe Stephanie Choiseul est remise au premier Consul; pres de lui , se trouvait une femme qui , des lors , s'etait vouee a exercer cette influence de grace et de bonte qui I'a si erai- nemment distinguee; sa voix est ccoutee , et le 18 frimaire anYiii, un arrete ordonne que les naufrages de Calais serout deportes hors du territoire de la Republique. Les ordres du Direcloire avaient trouve des executeurs en- durcis ; ceux du premier Consul ne rencontrerent que des liommes empresses d'ajouter par leurs egards personnels aux douceurs de la mesure (i). Cepeudant, M. de Choiseul n'accepta le bienfait de la reex- portation qu'en protestant de son droit comme de son desir de rentrer en France. II attache du prix a prouver qu'il n'en est jamais sorti que par contrainte. II y est rentre en I'an x, avec I'agrement du Roi et des Princes, et apres avoir renonce au traitement que lui faisait I'Angleterre. Cependant,tousscsbiens avaient eteconfisques!... — La joie de son retour fut bicntot melee de deuil, par la perte qu'il fit de madame la duchesse de Choiseul, sa tante, veuve d'un ministre dont I'administration a laisse de glorieux souve- nirs. M. de Choiseul parle de cette illustre personne avec le plus touchant respect; et ce qu'il en raconte justifie bien I'eloge qu'il en fait. Telle estl'analyse du A'olume public par BI. le due de Choi- seul; mais on sent tout ce qu'ont du perdre de leur interet , sous ma plume, une suite d'evenemens ou les details sont souvent ce qui peint le mieux une situation. (i) M. le due de Choiseul cite particulierement M. Maret (depuis due de Bassano), M. Reguaud de Saint- Jean- d'Angely , et M. le capitaine Laborde. 74 SCIENCES i\10RALES Ici ma uiche semble fmic : die le scrait effectiveiiieiit, si ji- iravais voulu que jdonner one idee generalc des Faits exposes par riiistorien. Mais je ne puis me defontlre dc commiiniquei- a nies lectcurs les reflexions qu'a I'ait naitre en moi roiivrage cntiei- de M. de Choiseul. En lisantlc recil du naufrago, la pitie est vivemcnt excitee. Quel spectacle, en effet, que de se transporter par la pensee sur ce rivage ou nos nialhcureiiK eompatriotes perissaient a la vue de la terre nafale, sans qu'il fut possible de Icur preter se- cours! Les scenes dc ce premier dranie sont si dechirantes, qu'on ne croit pas qu'il soit possible de porter plus loin les effets de ces ressorts tragiques : la terreur et la pitie. Cependant, tout espoir n'est pas perdu; si les uns perissent, d'autres parviennenta atteindre le rivage; nne population bien- veillante lesaccueille avec des oris de joie !... maiscette joie est dc courte duree : an naufrage succude la prison; a la prison un jugement, et peut-etre uu arret de mort!... Dans la premiere partie, on n'accuse que les elemens : un naufrage est un evenement terrible, niais naturel; il etonne 1 ame, il ne la fletrit pas. Mais un peuple genereux, comprime par un gouvernement feroce, regi par des lois de sang! mais le malheur traduit en jugement, le naufrage lui-meme mis en accusation ! ici, le coeur est brise : Tinjusticc des homnies excite plus d'effroi que la tempete. On deteste tout ce qui coTicourt a raccoinplissement de cette cruaute : les lois, le gouvernement, ses ministres, ses derniers agens : tout homme qui se montre dur, impitoyable, inhumain, souleve I'indignation du lecteur! Mais, a quoi servira cette indignation? Est-ce done a I'exciter que I'auteur a pretendu mettre ses soins ? — Non ; il ne s'anime, son style ne prend feu , que lorsqu'il trouve I'occasion d'expri- mersa reconnaissance; le moindre bienfait I'emcut au phis haul degre; il est inepuisable dans les manieres delicales dc rendrc ET POLITIQUES. 7^ CO sentiment; les hommes meme qui, dans d'autres ciicons- tances, ont pii meriter le blame de leurs contemporains , n'e- chappent pas au tribut personnel qu'il veut a tout prix leur accorder; il ne les voit qu'au moment ou ils out fait quelque l)ien , ou evite quelque mal a lui ou a ses compagnons d'in- fortune. Sa soUicitude pour ceux-ci est extreme : il est encore leur chef dans le naufrage, dans la prison et devant leurs juges, comme au jour de rembaiquement. Il ecrit pour eux, il plaide pour eux devant la commission (i); il s'offre en expiation au Di- rectoire. II n'est pas un mot sorti de la bouche de I'un d'eux , pas un trait honorable pour leur caractere, qu'il ne s'empresse de consigner dans son recit. Si la verite I'oblige a rappeler des faits pen honorables pour quelques hommes... il n'evite ni ne recherche I'occasion de les retracer. II les nomme, ensuite il les laisse parler, agir, se montrer eux-memes : le lecteur les juge par leurs actes. lis ont mal fait, taut pis pour eux; mais leur devait-on ce menagement de les soustraire h la honte qui accompagne de plein droit les mauvaises actions? Te plaindras-tu, geolier des casemates de Lille, si tes duretes sont transmises a la posterite par une de ces mains genereuses que tu chargeas d'indignes fers ? Orateurs imprudens, complaisans salaries du Diiectoire, qui avez provoque ou soutenu des mesures reprouvees par la mo- rale et par le droit des gens, proscrit la vertu dans le parti contraire, et insulte a la religion du malheur, repentez-vous, (i) Le discours que prononca M. de Choiseul pour sa defense et celle de ses compagnons , devant la commission mililaire de Calais , est remarquable par sa simplicite, sa mesure et la noble fierte qui le distinguent. C'est un niodele dans son genre. Je ne connais que le plaidoyer du general Moreau qui puisse lui ctre compare. ; 76 S'CIENCES MORALES ET I'OLITIQUES. Ton voiis paidonne; mais profitcz de rexpcricnce ; lie reconi- menct^z pas, en passant a d'autres extremes, lorsqiie les tems aiiront change, et ne croyez pas avoir conquis loubli de vos premieres persecutions, parce que vous vous serez rendus les iustruniens ou les apologistes de persecutions plus recentes! Et loi, ministre, dont la raison eclairee par line \aste science devait avoir utie double puissance pour faire regner la justice : si til las detronee, si tu u'as saisi son sceptre (jue pour Ten flapper elle-mcme au visage ; si tu n'as employe les rcssources de ton esprit et de ta doctrine, qu'a perpetuer le malheur de tes concitoycns, en assirnilant , contre toute evidence, ceux que la mer avait jetes sur nos rivages, a dcs emigres rentres et pris les armes a la main; si tu as fait servir ta coupable autorite a eluder I'ordre toujours sacre des jiwidictions , a rendre la defense impossible, a violer d'abord la chose jugee, puis la chose passee en loi; geniis de ta conduite passee; Choiseul n'en a point parle pour te rendre odieux, mais pour empecher qu'on ne t'imite, et que d'autres ministres, apres toi, ne viennent, dans des cas semblables, solliciter aussi des condamnations injustes,et demander des supplices par assimilation ! Choiseul t'a depuis long-tems pardonne : tu avais voulu le perdre ; I'Eu- rope sait qu'il a tout fait pour sauvcr ton propre fils ! Heureux les honimes a qui la divine Providence a menage le raoyen et inspire le dessein de se venger ainsi ! Quelle admirable lecon pour les contemporains et pour la posterite ! et quel credit ne meritera pas aupres d'elle un histo- rien qui sut eerire avec autant de sincerite et agir avec une telle grandeur d'ame! DupiN, avocat. LITTERATURE. Le Theatre des Grecs, par le P. Brumoy. Seconde edi- tion complete, revue, corrigee, et augmentee de la traduction d'un choix de fragmens des Poetes grecs, traglques et comiques ; par M. Raoul-Rochette , membre de I'lnstitut de France (Academic des Ins- criptions et Belies-Lettres ) (i). La publication du Theatre des Grecs , par le P. Brumoy, fut, a I'epoque ou cet ouvragc parut, un veritable service rendu a notre litterature. On s'etait occupe pendant plusicurs annees de la question assez oiseuse de la preeminence des anciens ecrivains sur les modernes. Quelques-uns des modernes qui auraient eu le plus de droit de disputer aux anciens cette preeminence, les Boi- leau, les Fenelon, les Racine, avaient reconnu hautement et defendu avcc chaleur la superioritc de ccux qu'ils appclaient leurs maitres; les erudits n'avaient pas manque de se ranjj;er sous la banniere de I'antiquite ; dans le parti contrairc, on voyait des hommes d'esprit, des plulosophcs, les Fontenelle, les La Motte, qui combattaient pour leur siecle. Fontenelle pretendait que toute la question se reduisait a savoir si les arbres qui etaient autrefois dans nos campagnes etaient plus grands que ceux d'aujourd'hui. (i) Paris, 1821-1823. 16 vol. in-8°. Prix 6 fr. 5o c. le \ol. Mad. VCussac, rup Monlmartre , n" 3o. {Y . Rev. EncjcL, if'serie, t. XV, p. i65.) 78 LITTERATURE. On ponvait hii repondre que ce nVtait pas l;i tout-a-fait la question; qu'il s'agissait non de la hauteur des arbres, niais de la (pialite des fruits; et que si la culture n'etait plus aussi bonne, il etait possible que les fruits s'en rcsscnlissont et n'eussent plus la mcme saveur; que peut-ctre les institutions, I'education, les habitudes des Gi'ecs, etaient plus propres que les notres a former des poetes, des orateurs, des philosophes ct des historiens (i). « Je crois, dit Fenelon, que les honunes de tous les sicclcs out cu a pcu pros le nieme fonds d'esprit et les menies talens , comnic les plantes out eu le meme sue et la nieme vertu. Mais je crois que les Siciliens, par excmple, sont plus propres a t'tre poetes que les Lapons. De plus, il y a eu des pays ou les nioeurs, la forme du gouvernement et les etudes, ont ete plus convcnables que celles des autres pays pour faciliter les pro- pres de la poesie. Par cxemple , les nioeurs des Grecs formaieiit bien mieux des poetes que celles des Cimbres et des Teu- tons (2). » Soit que les argumens en faveur des modernes eussent dimi- nue I'admiration pour les anciens , soit que I'enthousiasme exces- sif des erudits pour leurs vieux auteurs cut nui dans le public aux objets menies de leurs adorations, il est certain que la litterattu-e grecque fut alors negligee; ce genre d'etude etait dechu, meme dans I'Universite de Paris; Rollin vint heureuse- ment I'y relever et I'y remettre en honneur. (i) C'est a peu pres la reponse que J. -J. Rousseau fait a cet argu- ment de Fontenclle. (Voy. Einile , liv. iv.) (a) Letlre a Houdard de La Motte , datc-e de Cambral , 4 mai 1714- Peut-ctre le climat , I'air qu'on respire, le sol qii'on habite ont-ils quelque influence sur les productions de Tesprit. Hon oinnis f'ert omnia tellus. Hie sesjetes , illi£ veniunt J'eUcius uvtv. LIITERATURE. 79 Le P. Brumoy, dans son Discoui's preliminairo, se plaint par- ticuliei-ement tie I'oubli ou Ton avait laisse les poetes txagiques grecs; I'cclat des premiers chefs-d'oeuvre du theatre franrais avait efface presque jusqu'aii souvenir de I'antique gloirc de celui d'Athencs; le nouveau ti'aducteur sc propose, dit-il, « de tirer, au moins en partic , les poetes dramatiques grecs de Toubli ou Ton parait les avoir condamnes, et de les faire juger avec quelque connaissance de Ctausc. » Ce que dit ici le P. Brumoy de I'espece de defavcur ou les tragiques grecs etaient tombes parmi nous a cette epoquc se trouve confirme dans une des lettres que Voltaire fit iniprimer en tete de sa tragedic d'OEdipe : « U est vrai qu'ils (les poetes tragiques grecs) sont bien dechus de cette haute estime ou ils etaient autrefois; leurs outrages sont aujourd'hul ou ignores ou meprises ; mais je crois que cct oubli et ce mepris sont au nombre des injus- tices dont on pent accuser notre siecle. Leurs ouvrages me- ritent d'etre lus, sans doute; et s'ils sont trop defectueux pour qu'on les appvouve, ils sont aussi trop pleins de beautes pour qu'on les meprise entierement (i). w Voltaire etait bien jeune lorsqu'il ecrivit ces lignes, qu'il est difQcile de lire sans etonnement, et que Mad. Dacier n'aurait pu voir sans une docte indignation; elles ne font pas honneur au gout dominant de I'cpoque ou eUes furent ecrites. Crebillon cependant, Lafosse, Duche, le doux Campistron et le spirituel La Motte lui-mcme, soutenaient alors la gloire de la tra"-cdic francaise; mais A'oltaire parut et les surpassa tons; il vint pour etre le digne successeur et rheiucux rival de Corneille et de Racine, pour agrandir la carricre, pour ouvrir a ceux qui le ouivraient de nouvelles routes, qui ont ete parcourues avec (i) Lettres ridrrsspcsa W. tie Geiionville , eu 171Q. 8o LILTERATURE. succes par Ics Lemierre, les Dubelloy, les Saurin, les La Harpe , les Ducis, les Chenier, les Legouve, et par d'autres que je nc noninie point parce qu'ils sont vivans; la posturitc les nommera. Lc P. Biiimoy fit done une chose utile lorscju'il publia , en 1733, son Theatre des Grecs; il ne traduisit en enticr que sept tragedies des trente-deux qui nous restent des trois tra- giques du beau siecle d'Athenes (i). Il s'excuse de n'avoir donne les vingt cinq autrcs que par ex- traits, sur la difficulte extreme de faire passer dans une traduc- tion des beautcs qui tiennent au gt uie de la langue originale; il desespere de faire gouter au public francais de son tenis des pieces toutes grecques; les prejuges recuss'y opposent; les deux systemes de tragcdie, I'ancicn et le notre, ont entre eux trop de difference. II enrichit son ouvrage d'extraits de plusieurs imitations des tragedies grecques, savoir : de celles qui sont attribuees a Se- neque , et de celles de quelques poetes francais ou itahens ; il y joignit des discours ou dissertations sur la tragedie et la comedie grccquc , sur le parallele entre le theatre d'Athenes et le noire; et il accompagna lc tout, tautot de notes servant a I'intelli- gence du texte , tantot de rcmarques de gout. II ne nous apparticnt pas de pronoucer un nouveau jugenient sur I'ouvrage du P. Brumoy, qui est jnge depuis long-toms, qui a obtenu un veritable succes. Cet ouvrage est reste; on en a fait plusieurs editions; les etrangers le counaissent, et le citent comnie une autorite; enfin, il tientune place dans toutes lesbi- bliotheques. Ce fut une heureuse idee que cellc de compli'^ter le travail yi) Sept d'Eschvle ; sept de Sophocle ; dix-huit d'Euripide. Les tragedies traduites par le P. Brumoy sont : OEdipe rot, Electre, Philoctete , de Sophocle ; HippoljCe , Alceste, Iphigenie en AitUde , Iphi- gi-nie en Taitride, d'Eurijiide. LITTERATURE. 8i que le P. Brumoy n'avait pas acheve; il n'avait(romme je viens de le dire ) traduit que sept tragedies , et n'avait donne que des analyses ou extraits des vingt-cinq autres; on recueillit des tra- ductions generalement estimees de ces vingt-cinq pieces (i), et on les joignit aux traductions et aux analyses du P. Brumoy, d'ou il resulta un Theatre des Grecs plus que complet en quel- que sorte , puisqu'un tres-grand nombre de pieces se trouvent a la fois et par extrait, et traduites en enticr. Cette edition, donnee (dei785ai789) en i3 volumes in-S" par le libraire Cussac, se trouvant aujourd'hui epuisee , elle est reproduite par la veuve de ce meme libraire ; et la direction de I'edition nouvelle ( 1821 - 1823 ) a ete confiee aux soins de I'un de nos jeunes savans les plus distingues , M. Raoul-Rochette , membre de I' Academic des inscriptions et belles-lettres. Cette nouvelle edition, qui forme 16 volumes in-8°, est en- richie de beaucoup de morceaux precieux qui n'etaient pas dans la precedente , entre autres de differentes notes ou dis- sertations de M. Raoul-Rochette. Si Ton veut se faire une idee des progres qu'ont faits en France, depuis un siecle, I'esprit d'analyse et d'examen, la cri- tique philosophique , I'exactitude du raisonnement et la justesse de I'expression, on n'a qu'a comparer la maniere de voir, de juger et d'ecrire da P. Brumoy en 1733 , avec celle de son der- nier editeur en 1820. On peut faire encore un autre rapprochement : au commen- cement du dernier siecle , nos litterateurs connaissaient peu le theatre grec, et meme le condamnaient faute de le connaitie ; (i) II y en a vingt-six, en y comprenant le Cyclope d'Euripide , piece a personnages de satjres. Nous ne nous occupons quant a pre- sent que des tragedies. On a employe dans cette collection les tra- ductions d'Escliyle , par Laporte du Tlieil ; de Sopliorlr , par Roclie- fbrt ; ct d'Euripide , par Prevost de Geneve. T. XXI. —-/^wwVr 1824. 6 82 LITTERATLIRK. aujourd'hui nos jouncs i^cns consacrcnt ties vt-illos a I'ctiule cif ces anti([iu'S modcles , qu'ils savciit appiccier ct admirer. Le P. Brumoy, s'il publiait aujourd'hui son livic pour la pre- miere fois, aurail etc conduit necessairemcnt, par Ics lumieres et par I'csprit dc Tcpoque oil nous sommes, a faire autrcmcht et niicux qu'il n'a fait. On doit croirc, en effet, qu'en relevant avec raison chez les tragiques grccs tant de beautes si vraies , si louchantes , et quel- quefois si sublimes dans leur simplicite , il se serait garanti de la supcvstitieuse admiration quo Ics tradiictcurs ct Ics commcn- tatenrs concoivent facilemcnt pour Icurs auteurs originaux; qu'il nc Icur aurait pas sacrifie trop souvent les moderncs ; qu'il n'au- rait pas prctc aux anciens dcs perfections imaginaircs (i); et qu'il n'cut pas repousse et blame, comme injustcs ct ridicules, prcsque toutes les critiques qu'on s'est permises sur la conduitc ou sur les details de quekpres-unes des tragedies grccques (a). On ne pcut s'empccher de regretter que le P. Brumoy ait gate quelqucfois de tres-bonnes reflexions par des phrases dans Icsquellcs il affecte un ton demi-plaisant et dcmi-cavalier qui (i) Par exemple , il assure que les poetes tragiques grecs ont cons- tnninient observe les trois unites d' action, de jour et de lieu, tandis que plusieurs de leurs pieces offrent une duplicite evidente d'ac- tion ; que dans plusieurs ils font violence au terns et a I'unite de jour, en pressant les eveneniens d'une maniere nou-seulement invrai- semblable , mais tout-a-fait impossible ; tandis enfin que I'unite de lieu n'etait pas si exactement observee , que, dans les Eumenides , par exemple , la piece ne conimencit a Delplies et ne finit a Ath^nes ; et que dans d'autres pieces , les personnages ne passassent d'un lieu dans uu autre , ce qui occasionait necessairemcnt un changemenl de decoration a vue ; car il n'y avail pas d'entr'actes. (a) Le P. Brumoy donne souvent pour seule reponse aux critiques, (luc ce qui a plu aux Athcnieus , peuple spiritucl et d'un gout exerce c'l pur, ne saurait etre mauvais. Mais est-il sur que Ics Athenicns LITTER ATURE. 83 iiianqiic do convenance , ct ne s'accorde point avec le serieux dcs sujets qu'il traite; on est fache surtoiit de rencontrer trop souvent des expressions triviales, des locutions basses, qui de- parent etrangement son style. On s'apercoit aussi qu'il manque an P. Brumoy d'avoir vii nos theatres; qu'il ne juge les tragedies modernes que d'apres la lecture ; qu'il ne sait pas assez quel effet ellesproduisent a la representation. II est vrai que nous sommes obliges de juger ainsi les theatres ancieny, et nieme les theatres (■trangers , quand nous ne sommes pas sortis de notre patrie. Toutefois le P. Brumoy a, dans sa maniere d'ecrire, de la \ivacite , de la clarte , et quelque chose d'original qui ne deplait pas; sans etre un ecrivain du premier ordre , il se fait lire, parce qu'il a le secret d'attacher et d'interesser le lecteur. Sans cela, jamais son ouvrage n'eut obtenu de succes. Avec ses qualites et ses defauts , c'est un bon livre , et qui est aujourd'hui bien ameliore par les additions considerables et judicieuses qui y ont ete faites. Tout le monde ne peut pas donner du terns a I'etude des ori- ginaux giecs, et il faut bien que beaucoup de personnes se con- ten tent de lire les traductions. On prendra dans la lecture de celle-ci au moins une idee de ces fameuses tragedies anciennes dont on a tant parle , qu'on a tant de fois citees , qu'on cite encore comme des modeles, et dont la renommee subsiste encore apres avoir traverse tant de siecles. On parle quelquefois bien legerement du Theatre des Grecs; approuvassent tout et ne vissent aucun defaut meme dans des pieces qu'ils applaudissaient? Aristote critique plusieurs caracteres dans Euripide ; il lui reproche des chceurs trop peu lies au sujet de la piece ; et , en louant ses denouinens en general , il trouve que d'ailleurs ses pitees ne sent pas bien construites , bien ordonnees. Toe aXXa [j.yi ju cuovoy.eI. Poeliq., cap. 12. 8/, LITTER ATU RE. on croit le connaitrc pour avoir lu quelques analyses suporli- cielles des pieces qui Ic composent, quelques jugemens hasardes qu'on adopte et qu'on repcte. Vous trouverez des peisonnes qui s'imaginent que Racine doit tout aux tragiqucs grocs , qu'il lour a emprunte Ics plans ct les caracteres de la plupart de ses pieces; d'autres assurent que notre theatre francais n'«st qu'une imitation servile , une copie calquee sur les tragedies qu'on representait dans Athenes il y a deux milie trois cents ans. J'ai lu quelque part que decidement les Francais n'ont point de theatre tragique qui leur appar- tienne , qui soit de leur invention. Cela meme a etc tant de fois repete depuis quelques annees, que cette opinion a pris une sorte de consistance. Je commence par convenir de mon peu d'autorite en ces ma- ticres : je ne suis pas un savant ; j'ai etudie, j'etudie encore la litlerature ancienne et moderne, parce que cette etude contribue a la tranquillite et au bonheur de ma vie; mais je ne me crois point le droit de faire prevaloir mes opinions; je ne les propose qu'avec une juste defiance demoi-meme, et ne desire qu'on les adopte qu'apres les avoir examinees. Peut-etre entre-t-il un peu d'orgueil national et d'amour de mon pays, dans le desir que j'ai de combattre et de detruiie des assertions que je ne crois pas moins fausses qu'injurieuses a la gloire des poetes qui ont donne a la France un si beau theatre, admire long - tems dans toute I'Europe, qui s'est toujours ac- cordee u le placer le premier de tons les theatres modernes, et a cote tout au moins da theatre tragique grec. On disait autrefois, avec Boileau, que Racine avait su dans ses tragedies Surpasser Eui-ipide et balancer Corneille. Depuis quelques annees seulement, il s'est forme contre notre theatre mie conspiration dont je crois bieu qu'il sortira vain- LITTERATURE. 85 queiir; etsi le contrairc airivait, ce sciait tant pis pour nous, et tant pis pour la litterature dramatique europeenne , qui re- culcrait vers I'absurde et I'extravagant ; on nous ramenerait au theatre du moyen age, aux representations des mysteres , des fnoralites, enfin a la barbaric dans laquelle notre scene etait plongee avant le grand Corneille. J'ai peine a concevoir, je I'avoue, que des hommcs ins- truits aient voulu absulument trouver une ressemblance exacte cntre le theatre tragique grec et le theatre tragique francais. Je suis au contraire frappe de la multitude de differences caracto- ristiques qui se trouvent entre I'un et I'autre. Mais, avant d'en faire remarquer quelques-unes des plus frap- pantes , il me semble a propos d'observer qu'il ne nous reste en tout que trente-deux tragedies grecques (i); on ne pent dire combien il en avait ete compose, mais on a retrouve les noms de trois cent cinquante poetes tragiques grecs ; et Ton sait que chaque poete donnait un assez grand nombre d'ouvrages. Les trois grands tragiques grecs en avaient, dit-on, compose entre eux trois plus de trois cents ; le terns n'a respecte qu'une petite partie de tant de compositions precieuses ; c'est d'apres ces de- bris qu'il nous faut apprendre ou plutot deviner ce qu'etait la tragedie grecque : c'est ainsi que, d'apres quelques colonnes restees debout , un archltecte ou un antiquaire cherche , con- (i) Encore ces trente-deux tragedies, ne les possedons-nous pas en entier ; plusieurs sont mutilees et incompletes (n) ; le texte en est trop sQuvent corrompu par les fautes des copistes ; et les savans dis- putent encore sur la vraie maniere de lire et d'interpreter beaucoup de passages. [(i) Les Clioephores , Agamemnon, d'Eschylc ; on a perdu Ic prologue dc Rhesus et probablement celul d'Tphigenie en Aiitide ,• il y a des lacunes dans les SappUanles d'Euripide, etc. ' 86 UTTER A.TURE. jcctupe et dcssinc I'ordre ct la proportion d'lin \ ieil edifice quo Ic corns dcs aiis ct la guerre ont renverse. Mais enfin, il faut bien nous en tenir a ceque nous avons; les travaux et les recherches des savans ont du moins souleVe quelques coins du voile qui nous cache I'antiquitc ; ct nous pouvons, avcc le secours de lours doctes conjectures, savoir, au moins en partie, ce que c'etait que la tragedic grecque, et en porter quelque jugement, en observant toutefois les condi- tions suivantes : 1° Il faut oublier nos moeurs, nos opinions modcrnes, et ne pas nous etonner de cellos de cos terns recules; il faut ad- niettrc les croyances des anciens, leurs superstitions nierae, lour dogme de la fatalite pesant sur certaines families, I'im- portance religieuse qu'ils attachaient a la sepulture des morts, leur respect pour I'hospitalite , leur ardent amour pour la pa- trie; en un mot, il faut nous faire Grecs autant que cola est possible. 2° Nous devons bien nous garder de juger ces ancienncs tragedies d'apres les regies modernes et francaises : il scrait absurde de vouloir qu'Eschyle, queSophocle, qu'Euripide, so fussent conformes aux preceptes dcBoileau; qu'ils cussentin- vente, dispose leurs fables et leurs incidens comme I'ont fait et Ic font encore nos poetes; vouloir soumettre les tragiques d'Athenes aux I'egles introduites depuis Corneille, serait aussi absurde que pretendre motivcr un arret d'une de nos cours loyalos par une loi de Dracon ou de Solon. 3° II est necessaire de lenir compte, pour ainsi dire, aux tragedies anciennes de I'impossibilite ou nous sommes de con- naitre par experience I'impression et I'effet que produisaicnt leurs representations theatrales. Aristote, au nombre des six parlies qui constituent, selon lui, la tragedie, place la mclopcc , fiiXoTTtina, (c'est la musique, lo chant, les accompagucmcns, le ch(jeur, les danses, etc.), et de plus le spectacle, "oT^t?. LITTERATURF,. S7 11 appelle la melopee le plus grand de tous les charmes, ftiyKrrei rav i^uirfiuTaiTi; il dit que tout le monde connait et oprouve sa puissance fi). Il dit aussi que le spectacle reniue fortemcnt I'dme ; 4'u;t;«y«- yiKov; notre opera moderne peut nous aider dans les conjec- tures que nous essaierions de faire sur I'appai-eil des rcpre sentations des tragedies grecques. Voltaire fait un eloge brillant De ce palais magique Oil les beaux vers , la danse , la musique , L'art de tromper les yeux par les couleurs , L'art plus heureux de seduire les coeurs , De cent plaisirs font un plaisir unique. Sans vouloir faire d'epigramme, on peut dil-e que la beaute des vei's n'cst pas ce qu'on trouve ni ce qu'on s'attend a trouver le plus souvent dans nos operas; et ils ne peuvent, en general, rivaliser, pour le meritc du style et de la poesie, avec la tra- gedie grecque ; mais pour I'eclat de la representation , quelle difference entre nos petites salles mesquines, obscures, mal- saines, ou deux mille spectateurs viennent s'cnferiner ct se presser dans des cages etroitcs ct respirer un air epais et nie-. phitique, apres avoir combattu a la porte pour enlever une place qu'ils paient, et les magnifiques theatres des anciens (2) ! (i) II est vrai qu'il ajoute que la tragedie subsiste, comme compo- sition poetique , sans le jeu des acteurs et sans les decorations ; mais cela ne contredit point ce qu'il a dit dn charme de la musique et du pouvoir du spectacle. Les six parties qu'Aristote trouve dans la tr.i- gedie sont \a fable, les mtvurs ou caractei'es des personnages , les pensees , la diction , la melopee et le spectacle. (2) Les Remains encherirent beaucoup sur les Grecs pour la graji- deur des theatres et la richesse de leurs ornemens ; il s'y placait , dit-on, cinquantc mille, quatre-vingt mille spectateurs; ce que dit 88 LITTER ATU RE. Un theatre grec etait uu vaste edilice do qiiatrc-vingt-dix oa cent pk'ds d't'levation , de niille pieds, plus ou moins, de cir- cuit, isole dc toutes parts, dont I'enceinte cxtcrioure etait forniee ordinairement par Irois rangs de portiques elcves au- dessus I'un de I'autre, chacun d'un ordre different d'architec- ture ; on pouvait s'y tonir, monter et descendrc en attendant la representation; et ils servaient d'entrees dans les differentes parties de I'interieur qui correspondaient au sol ou plancher de chacun des trois rangs de portiques exterieurs (i) ; dans les environs du theatre etaient dc belles allces d'arbres qui ser- vaient d'ornement i\ rcdifice et de promenade aux citoyens. L'enceinte interieure se divisait en trois parties principales : celle qui servait aux acteurs et a la representation, et que j'appellerai la scene ; Celle oii se tenaient les spectateurs, et que j'appellerai aw- philhedtre ; Pline (a) des tliKlfres de Scaurus et de Curion est a peine croyahle, et fait penser a ces contes orientaux oii des magiciens et des fees cons- truisent de si beaux pal.ais imaginaires. (i) Quelle difference entre ce nombre infini de portes toujours ouvertes pour entrer dans I'amphithedtre ou pour en sortir, sans ^tre g^ne ni foule , et nos deux ou trois petits guichets qui font ressembler les entrees de nos salles de comedie a des entrees de prison! El que de peines et d'embarras soit a I'entree, soil a la sortie! Ce sont des combats a soutenir, c'est un tems fort long a perdre..,, Oa risque d'y etre etouffe ou blesse. Si quelque aucien Grec pouvait voir les eutours d'une de nos salles de spectacle deux heures avant una representation qui attire du monde , il se figurerait peut-ctre voir des pauvres qui attendcnt une distribution de pain; mais a coup sur ii n'imaginerait pas qu'il s'agit d'un divertissement public, et rien nc lui rappellerait I'iniage des spectacles et des fetes de la Grcce. (a) Pi.iN., Hist, nat., lib. xxxvi , cap. i5. LITTERATURE. 89 La troisieme entie les deux premieres, ct a lacjuelle je con- serverai le nora d'orchestre , qu'on lui donnait. La scene GtAiX. un long parallelogramnie , au fond duquel etait un edifice en pierre, elcve dc trois etages, orne de colonnes, de portiques , de statues ; 11 y avait aux deux extremites deux petits batimens en aile, qui s'avancaient sur la scene; et la scene n'avait pas moins de deux a trois cents pieds d'ouverture ou de largeur; elle etait inoins profonde que large; c'etait sur le devant de la scene, appelc 7rfoa-Kijyt4ii , en latin proscenium ^ que se passait Taction. L' amphitheatre etait comme un arc immense dont la scene formait lacorde; il etait par consequent, dans sa plus grande largeur, de la memc dimension que la scene ; il formait unc vaste enceinte , et il offrait im assemblage de rangs de gradins circulaires, formant trois divisions (i) separees I'une de I'autre par des paliers sur lesqucls on circulait pour aller prendre sa place ou pour sortir; les rangs de gradins etaient coupes dans leur circonference par des escaliers ou vomitoires, servant a faciliter I'entree et la sortie des spectateurs; ces escaliers, ten- dant tous au centre du theatre, donnaient aux gradins qui elaient entre eux la forme de coins, larges d'en haut, etroits d'enbas, d'oii on avait appele en latin les gradins et I'amphi- theatre cunei. L'orchestre , au milieu, en forme de demi-cercle, etait en- toure par les gradins de ['amphitheatre , et termine par la scene (2) ; 11 restait vide pendant les representations sceniques ; (r) Cliaque division contenait ncuf rangs de gradins, ce qui faisait en tout vingt-sept rangs de gradins tleves les iins au - dcssus des aulres en amphitheatre, les plus elevcsetant plus eloignes de la scene que ceux d'en has. (2) C'est la place qu'occupent , dans nos sallcs actuelles , nos par- terres assis. 90 LITTERATLRE. luais lorsqu'cllesetaient linies, il scrvait quelqucfois a ties conibaU de nmsique, adesmimcs oubaladins, ou a des jeiix gymiiiques. A rextrcniite de roichestrc qui touchait a la scene , il y avail au pied du proscenium un theatre moins large ct moins eleve que la scene; aussi I'appelait-on uTs-omiiviov , hfposcene {c'est-a- dire au-dessous de la scene); la so placaicnt Ics instrumens de niusique (i) : au milieu de \ hyposcene etait un lieu reserve aux chceurs, et nomnie le So/^iXi], thymele ou autel , a cause de sa forme ; on y montait de I'orchestre par une pente douce qui conduisait aussi jusque sur la scene, lorsque le choeur ou quelque personnagedu choeur vcnait se meler aux acteurs principaux. Trente mille spectateurs etaient assis commodemcnt sur Ics gradins de I'amphitheatrc , pouvant entrer , sortir , circuler sans aucune gene ; il y avait des places distinctes pour les magistrals, pour les generaux , pour les citoyens , a qui elles avaientete assi- gnees par un decret, en recompense de services insignes rendus a r^tat. Cette nombreuse assemblee rcgardait et ecoutait ce qui se passait sur une scene assez eloignee d'elle pour produire de I'illusion , mais dont la distance n'cmpechait point d'entcndrc ics jiaroles declamees ou chantees. On dit que la forme donnee a la bouche de certains masques renvoyait avec plus de force la voix des acteurs ; on ajoute qu'il y avait, dans divers endroits du theatre , des vases d'airain caches, Icsquels rendaient tout I'edi- fice plus sonore , sans pourtant I'etre trop , de maniere que les paroles fussent mieux entendues dans toute I'enceinte. Les Grecs n'avaient point d'actrices ; les roles de femmes etaient rcmplis par des hommes deguises. Il est difficile de se representer la timidc Iphigenie, la tendre et lldele Alceste, des chocurs de jeunes nymphes (dans le Promcthee enchahiu), ou (j) C'est a peu pres cc que nous appeloas a present Xorchesiie de: intisiciens. LITTER ATURE. oi tie jeunes princesses fuyant un odlcux hymen, et implorant Ic secoms du roi Pelasgus ( dans les Suppliantes d'Eschyle ); de se representer, dis-je, de semblables pcrsonnages sous des formes virilcs , et chantant avec des voix mascillines ; mais tel etait I'usage chez les Grecs , et I'habitude fait tout sup- porter. Lesactcurs etaient tons masques; ils ajoutaient a leur stature en s'elevant sur des cothurnes, et ils se grossissaient la taille, en sorte que les proportions de leurs corps excedaient les pro- portions ordinaires ; I'immensite du theatre, I'eloignement des spectateurs, le voulaient ainsi ; leurs habilleraens , leurs cos- tumes, etaient convenables a leurs personnages, magnifiques quand le role le demandait. Nul doute qu'ils n'eussent pousse tres-loin I'art des decora- tions et des changemens de scene; quoique le theatre fut en grande partie decouvcrt, ils avaient des nioyens mecaniqucs de faire descendre des dieux pour les denouniens; et Ton connait le proverbe : Qies a,T;a f^ijpyuy^s, Deus ex machinn. Medee s'en- volait a travers les airs sur un char attele de dragons ; Terpsi- chore remontait au ciel emportant avec ellele corps de son fils, Rhesus; les nymphes de I'Ocean arrivaient a travers les nuages ; elles etaient portees sur une machine suspendue ; I'Ocean , nionte sur son hippogriffe, venait par le meme chemin , etc.... On faisait aussi paraitre des ombres, qui sortaient de dessous le theatre ; il y avait des toiles et des parties de decorations qui , au lieu de descendre comme les notres , montaient par degres successivement , jusqu'a ce qu'elles fusscnt au niveau de la scene. Ovide compare a ces decorations , a ces toilcs , les soldats de Cadmus, qui sortirent de terre niontrant d'abord leurs tetes , leurs epaules , et puis leurs corps tout entiers (i). (i) Ovid., Metamorphos . , lib. iii , v. 3. Les Roinalns avaient ern- prunte leurs arts des Grecs. ga LITTER \TURE. lis avaiont dcs decorations ^(piuK'jot , vcrsatilcs , tournanlcs , qui sei'vaient k changer la scene dans le cours de la piece , ct vraisemblablemcnt CCS changemens s'cxccutaient « i;Me; on dit »iue ces decorations etaient triangulaires, qu'ellos avaient trois faces , et par consequent qu'cUes representaient trois sites ou lieux differens. II y avail aussi Yencjclernc , lyKunXtiftx , machine tournant sur elle-niomc , et qui servait , dit-on , a faire voir I'interieur d'un palais , d'une tente qui etait d'abord fermee ( comme dans Ajax, dans Hecube, dans Alceste , etc. ) (i). Le choeur, qui etait une partie essentielle de la tragedie grecque , en etait un personnage oblige ; mais lors meme qu'il etait seul en scene , ct qu'il chantait des morceaux plus ou moins lies a Taction de la piece , il ne demeurait pas immobile : il allait et venait, se separait eu deux dcmi-choeurs qui chantaient alternativement et se repondaient ; souvent il prenait part h. I'aclion; il executait une pantomime suivant les regies de ce qu'on appelait Yartde la saltation ; il produisait de tres-beaux effets : on en cite pour exempleune piece d'Eschyle, oil Priam venait apporter aux pieds d'Achille la rancon du corps d'Hec- tor. On dit que le choeur de vieillards troyens qui se pros- ternait avec le roi de Pergame devant le jeune lieros, et faisait entendre des gemissemens accompagnes de gestes supplians , excitait dans tout I'auditoire un attendrissement profond. Les poemes n'etaient point composes , comme nos tragedies , de vers d'une mesure semblable et uniforme ; an contraire , les rhythmes etaient tres-varies ; I'iiambe etait le vers reserve au simple dialogue; mais lorsque les personnages ou le choeur (i) Encycleme veut dire machine qui lourne en rond. II y avail aussi Vexostre, qui, si I'on en juge par retymologie , etait nne machine poiissee avec force. Quelques-uns prelendent (]\x encycleme et exoitrc etaient la meme chose sous deux noms differens. LITTtRATURE. 93 chantaient, ils employaient des vers de toutcs sortcs de mc- sures; c'etaient comnie des strophes d'odes dont le rhytlimo diffeiait an gre du poete et selon la situation. II est aise de concevoir que cette variete est un avantage de la tragedie grecque sur celle des peuples modernes , qui se servent d'une seule et meme forme de vers dans ce genre de poeme (i). La tragedie grecque etait-elle tout entiere chantee? Nous ne le savons pas bien. II y a des savans qui ont pretendu qu'elle etait tantot simpleraent/ja/-/e'e, tantot declamee, tantot chantee ; c'est ce qua soutenu M. I'abbe Auger. D'autres croient que le simple dialogue , en vers iambes , etait recite et non chante , mais que cependant il etait soutenu par un accompagnement de flutes. Cela pourrait ressenibler a cette declamation chan- tante des anciens orateurs , laquelle est appelee par Ciceron et par Quintilien cantus obscurior , un chant peu marque, une espece de chant. Ne dit-on pas que I'un des Gracques , lorsqu'il haranguait , avait derriere lui un joueur de flute pour le guider, le soutenir et lui donner le ton ? Le choeur restant ordinairement sur la scene, lorsqu'il y etait une fois entre, il n'y avait point d'entr'actes comma les (i) Jean de la Peruse, contemporain de Jodelle, qui a fait une Medee , a imagine de faire parler son heroine en vers alexandrins et qui veulent etre pompeux , tandls que la nourrice lui repond en vers de dix syllabes et d'un ton assez familier. II y a eu aussi un poete tragique du seizieme si^cle qui a fait, a I'exemple de Baif , des vers de seize syllabes. Ces essais n'ont pas reussi , peut - eU-e parce que ceux qui les ont faits ont manque d'habilete. On trouve dans un chceur des Pheniciennes d'Euripide des vers liexara^tres qui donnent a ce morceau plus d' elevation et plus de force. Dans YAndromaque , la veuve d'Hector recite ou chante un petit morceau en quatorze vers elegiaques , hexametres et penta- nietres. 94 LITTERATURE. iiutres, oil la scone reste vide; le choeur chantait ties intcr- medes : c'etaient des morceaux de poesie lyriquc qui avaient lo plus souvent rapport a Taction, a la situation dcs peisonnages, mais quclquefois aiissi y ctaient cntiorcmcnt ctrangers. Aristote blame Euripide de cc que scs choeurs no ticnncnt pas toujours a Taction piincipalc, coiumc ceux de Sophocle; mais il con- damne encore plus fortement le poete Agathon , qui le premier intioduisit Tusage de faire chanter par le cliosur des morceaux tout-a-fait hors du sujet de la tragedie, et qui fut imite en cela par les poetes qui vinrent apres lui (i). La division en actcs a ete unc invention des Latins, et Horace adonne, comme on sait, pour regie, qu'iine piece de theatre doit avoir cinq actes , ni plus ni moins (2) ; les pieces grecques , au contraire, se jouaient de suite et sans interruption, sauf les intermedcs, dont le nombre n'etait pas fixe et depcndait de la volonte du poete. Ca ete une invention des scoliastes et des coniinentateurs, d'avoir partage les tragedies grecques en actes eten scenes, a la maniere des Latins ; mais comme ils n'ont pas marque les entrees et les sorties des persOnnages, il arrive assez souvent qu'on ne sait si un personnage qui cesse de parler avant un intermede , et qui reprend la parole immediatement apres le mcme intermede , est reste sur la scene ou s'il en est sorti (3) pendant le chant du chceur. Si Ton jugeait du nombre dcs actcs dcs tragedies grecques par celui des inlermedes qui s'y trouvent, il faudrait dire qu'elles (i) Aeistote , Poet., cli. xix. (2) Neve minor, nea sit tjuinto produciior aclit Fahula... HoRAT., de Arte poet., t. i8ij. (3) Corneille en a fait la remarque dans sou troisii'ine discours sur le poeme dramatlque. LITTERATURE. gS ont dopiiis deux jusriii'a six actcs (i) trcs-inegaux en lon- gueur. Aristote partage la tragedie non point en actes ni en scenes (2), mais c\\ prologue , episode et exode (3). (i) M. Prevost de Geneve, traducteur d'Euripide , a divise plu- sieurs tragedies de ce poete en six actes , les Pheniciennes et Medee. II y a qiiatre intermtides dans Y Hippolyte , trois dans VHecube et dans VEh'ctre de Sophocle ; il n'y en a que deux dans VOreste d'Euripide , et un seul dans le Pkiloctke. (2) Lorsque des savans du seizieme si^cle traduisirent en vers latins des tragedies grecques, ou composerent eux-memes des tra- gedies latines , ils les partagerent en cinq actes , d'apres le precepte d'Horace, et diviserent les actes en scenes. Quelques-uns blAmaient ces divisions et preferaient le systeme grec. Muret ecrivait a Jerome Zoppi, qui avait compose une tragedie a I'antique : « Piaceret etiam •< ita edi banc fabulam , ut ne notarentur principia actuuni , sed a ita continuarentur omnia , ut in jEschyli , Sophoclis , Euripidis " tragoediis, etiamque in Aristophanis comcediis factum. Omnino au- « tern illam et supervacaneam , et a stultis litteratoribus ex cogi- « tatam actuum in scenas divisionem quseso te, ut tollas. » Mureti, EpistoL, lib. Ill , ep. 44- (3) Aristote ajoute une quatrieme partie ; c'est celle qui concerne le clioeur, y^opi/.sv, et il la subdivise en trois autres , le parade , le stasimon et le comme, TrapcJo;, (^a(jiu.ov, xou.jao;. Le parade est le premier morceau chante par le choeur reuni, le premier iuterrntde qui suit immediatement le prologue ; le stasimon , ce sont les chants dii choeur , les differens intermcdes pendant la piece ; et le camme , qui signifie lamentatians , plaintes, gemissemens , ce sont des accens douloureux , des cris et des chants de desespoir , qui sont souvent communs aux personnages de la tragedie et au chcEur. C'est ainsi que finissent les Perses d'Eschyle , les Trachiniennes de Sophocle , Vflcrcule Jurieiix d'Euripide, etc. 9<5 LITTKRATURE. H appcllc prologue tout ce qui precede le premier intcr- mede chaute par le clioeur, ct qui contient V exposition; L'episode, ce qui est cntre le premier intermede et le dernier, ot qui renferme le noeud et les incidens , lesquels n'etaicnt pas aussi nombreux que dans nos tragedies modernes; L'exode , ce qui venait apres le dernier intermede, et dans lequel" se trouvait le denodment. Ces trois parties n'avaicnt entre elles aucunc proportion obligee; chacune etait de la longueur que le poete jugeait in propos dc lui donner, d'apres la maniere dont il distribuait son action. On ne pent dire cxactement quelle etait la duree de la repre- sentation d'une tragedie, parce qu'on ne sait pas et qu'il est impossible d'evaluer combien de tems prenaient les chants du choeur, le spectacle, toutce qui tenaitalanielopec, a la saltation, parties essentielles et tres-interessantes du spectacle tragique chez les Grecs. Aristote laisse cette duree a la volcnte du poete, qui doit la regler, dit-il, comme la conduite meme de sa piece, d'apres la necessite ou la vraisemblance. Si ce que disent quelques savans etait vrai, qu'on repre- sentait quelquefois douze et jusqu'a seize tragedies dans un seul jour ( j'avoue que j'ai peine a le croire ), il faudrait que chacune eut exige une heure au plus pour sa representation ; car on ne jouait qu'en plein jour. Ce que nous voyons, c'est qu'en general les tragedies grec- ques sent plus courtes que les notrcs, quant au nombre des vers; presque toutes les pieces d'Eschyle n'out que mille a douze cents vers ; Agamemnon seul en a pres dc dix-sept cents. Les pieces de Sophocle sont, en general, de quinze i dix-sept cents vers; la plus longue de toules, OEdipe a C alone , en a dix-huit cent soixante. Les tragedies d'Euripidc sont pour la plupart moins longues LITTERATURE. 97 que cellos de Sophocle; elles valient cntre trcizc ct seize cents vers; cependant les deux plus longucs, Helc-ne et les Phcni- cicnnes, ont dix-sept cents ct dix-sept cent cinquante vers. Le clioeur eta^t, par ses chants, un orneracnt de la tragedie {jrecque; et les partisans de I'antiquite ne manquent pas de regretter beaucoup que nous ayons supprimeles chceurs. Mais, quand on y reflechit, on trouve qu'ils etaient d'une grande invraisemblance; car cnfin, pent- on admcttre que toute action propre a ctre mise au theatre se passe toujours devant quinze tenioins da meme sexe et du meme age, tantot vicillards, tantot fenimes, tantot soldats; que ces quinze personnages, ranges sur trois ou cinq de front, aillcnt et reviennent en chantant, se partagent en deux demi-chceurs qui altcrnent ct se repondent (i) ; qu'ils deviennent aussi les interlocutcurs des personnages agis- sans dans la tragedie, qu'ils leur donnent des conscils?... On a tourne en ridicule les eternels confidens de nos anciennes tra- gedies francaises; mais ne sont-ils pas plus naturels et plus vraisemblables que les chosurs ? On peut, en effet, facilement admettre qu'un heros ait un ami dans le sein duquel il depose ses secrets, et dont il ecoute les avis; mais cst-il croyable que Phedre, par exemple, qui a commence par faire beaucoup de difficultes d'avouer a sa nonrrice son coupable amour, en fasse ensuite la confidence au choeur, qu'elle prie de lui garder le secret, et que les quinze femmes jurent en choeur de se taire (2) ? (i) Le choeur marchait de droite a gauche en chantant la strophe, et revenait de gauche a droite en chantant Vanti-sirophe ( ces luots signifient lour et retour) ; il s'aFretait et restait en place pour chanter , YepoJe. Nous voyons encore dans nos eglises , quand on chante les versets des psaunies , les chefs du choeur aller et revenir en se pro- menant, chacun, de son cote, puis s'arri-ter et demeurer en plice pour chanter I'antienne. (a) Hippoljrte d'Euripide , vers 710 et suiv. T. XXI. — Janvier 1824. 7 c,8 LITTJiRATURE. Ajoutoz que la pn'sonce continiiellc du chf)eui(i) anii-ucce* invraisemblances do terns que nous avons remarquecs plus haul: nos entr'actes ont cet avanlage, qu'on peut siq)poser jilus ou moins d'eveneniens arrives pendant leur duree, hors de la pre- sence du spcctateur. Cc chceur, qui tantot etait un personnage oblige de la piece, et devait alors paraitre sur Ic theatre, tantot redescendait dans I' hyposcenium,Gt chantait des intermedes, ou faisait des reflexions morales sur les evcnemcns dont il etait le temoin oblige; cc choeur, quelquefois dans Taction, le plus souvent hors de Tac- tion, nejouait-il pas un role bien extraordinaire, et qu'on ne souffrait que parce qu'on y etait accoutume depuis Torigine meme de la tragedie , qui avail commence par les choeurs chantes aux fetes de Bacchus ? IVul doute, au reste, que ces choeurs, cette pantomime, et tout ce qu'on appelait melopee e\. saltation, ne contribuat beau- coup a la magnificence du spectacle, et a Timpression qu'il devait produire sur un nombreux auditoirc. II y avail cette difference essenlielle entre les spectacles dramatiques anciens et les notres, que ceux-ci n'ont jamais etc que des affaires d'industrie, des speculations d'interet au profit de quelques particuliers, directeurs de troupes ou comediens; tandis que les autres etaienl des fetes que tout un peuple se donnait a lui-meme, et pour lequel il n'epargnait aucun genre de depense, sans songcr a en tirer aucun profit. « On distingue, dit Vitruve, trois genres de scenes : Tun qu'on (i) II y a pourtant des exceptions a cette ri'gle de la presence con- llmielle du choeur. On trouve plusieurs pieces dans lesqiielles , a cer- tains endroits, la scene reste tout-a-fait vide. Telles soiit les Enme- nides , Ajax , Alcate. LITTERATURE. 99 appelle tragique , I'autre cor/u'qiie , le troisicme satyrique (1). Les decorations de ces trois scenes sont tics- diffe rentes ct ont chacune leur caractere : les tj-agiques sc foiinent de co- lonnes, de frontons, de statues, de tout ce qui annonce uno magnificence royale; les comiques representent des maisons particiiliercs , avec leurs balcons , des facades pcrcees de fenetres regulieres, a I'lmitation des edifices publics; Xassatj- riques sontornees d'arbi'es, de grottes, de montagnes, etc. (2). » J'ai deja dit qu'il y avait des changeniens de scenes, lesquels se faisaient par des mouvemens de machines; sans ces change- niens, il y a dans plusieurs tragedies des choses qn'il serait impossible d'expliquer. Dans XAlceste , par exemple , la scene est d'abord sur la place publique, ou devant le vestibule du palais d'Admete; mais Hercule vient , Achnete lui cache la (i) Outre les tragedies et les comedies, les Grecs avaient un tioi- sieme genre de pieces a personnages de saiyies ; c'est ce qu'il faut en- tendre ici par genre satyrique; car on se trompeir.it si Ton prenait ici satyrique et sat/re dans le sens ordinaire , qui est de designer des pieces de vers dans lesquelles le poete attaque les vices , Us ridicules, et quelquefois meme \^s personues. II ne nous est reste qu'une seule de ces pieces satyriques , le Cyclopt d'Euripide. Les Latins ont aussi imite des Grecs leurs pieces a satyres, et il en est question dans VAiC poeiique d'Horace, vers 220 a aoo. Les prcceptes qu'il donne a ce suiet prouvent que les Roniains faisaient aussi paraitrc des siityves Kur leur theStre. Carmine qui tragico vilem certavit ob hircum , ,Vfix etiam agrestes satyros nudavit.... Sylfis deducli caveanl, me judice, Fauiil, IVe , i-elut iiinali triviis , ac pene foreuses , Aitt iiimium leneris javenentur versihits unquum ^ .lut inimuiuhi crepeiil , iiinoiiiin n\aque diclc; . (2) ViTniiv., lil). V, cap. 8. lOo LITTER ATURE. veritable causi- de sa doulour, la mort d'Alceste; il lui offro I'hospitaliti-, insistc pour qu'il I'accepte, le met entre Ics mains d'un de ses ofncicrs , a qui il rccominande de conduiie le heros dans les appaitcmcns intericurs reseives pour les hotos. Bicntot on voit Hercule a table; certainement il ne faisait pas son rcpas sur la place publique, mais dans I'interieur du palais, ou il avail ete conduit. II fallail done que la scene cut cliange; en- suite Taction revient oil elle s'est passee d'abord, devant le palais d'Alceste; co qui suppose un autre changement de de- coration (i). Peut-etre I'etendue de la scene ancienne servirait-ellc a re- soudre ccltc difficulte; peut-etre la scene se passait-elle tantut dans un lieu du theatre, tantot dans un autre. Il y a pourtant telle piece pour laquello celte supposition deviendrait choquante; il n'est pas possible de penscr que dans les Eumenides, le the.itre representat a la fois Delphes et Athenes, qui sont eloi- gnees de plus de vingt lieues I'une de I'autre (2). Cette grandeur des theatres grecs n'etail pas leseul avantagc qu'ils eussent sur les notres : on ne s'occupait pas seidement de I'apparence, on songeait a la salubrite de ces edifices oi tant d'hommes se rassemblaicnt; on comptait pour beaucoup la vie et la sante des eitoyens; on prcnait le soin de leur fairc res- j)ircr un air pur et sain; on poussait meme la recherche jusqu'a (i) On est oblige d'admettre ces changemens de scene dans plu- sicurs autres pieces, dans Ajax , dans liecube , dans les Pheniciennes , dans Oresie, etc. (2) II y a des savans qui vculent que dans Y /Indromaque d'Euri- pide la scfene reprcsente en meme tenis deux villes de Thessalie, Phthie et Pharsale. EUes n'etaient, a la veril^ , separees que par ime petite distance. Mais deux villes, et rintervalle qui doit se trouver entre ellcs , dans la m^me decoration ! cela n'est pas facile a com- prrndre. LITTERATURE. loi I'eiiibaumer par des eaux de senteur qu'on faisait jaillir dans I'inteneur des statues dont le theatre etait orne ! « II faut choisir, dit encore Vitruve, le lieu le plus salubre pour y construire un theatre; car les citoyens viennent s'y asseoir avcc leurs fcmmes et leurs enfans, pour y jouir du spectacle ; I'attention et Ic plaisir les y tienncnt immobiles; et dans cet etat, Icur pores s'ouvrent davantage aux impressions de I'air. >> Mais ce qu'il n'y a pas moyen d'approuver, c'est la passion cxtravagante que les Atheniens finirent par avoir pour les re- presentations sceniques. On a dit depuis du pcuple roniain qu'il ne lui fallait que du pain et les jeux du cirque : panem et circences. Nous n'avons a Paris que trop de spectacles de tout genre, qui, ouverts tous les jours, et presque tous les jours remplis, causent une grande perte de terns a la classe indus- trieuse et ouvriere, et absorbent des capitaux considerables qui pourraient etre employes plus utilement. Dans Athenes, c'etait autre chose; il n'y avail de repi'esentations theatrales qu'a certaines epoques de I'annee; elles revenaient rarement, et du- raient peu de jours ; mais il semble que, pendant leur duree , tous les citoyens en fussent exclusivement occupes et ne fissent pas autre chose : des gouts naturels a I'homme, celui de la mu- sique, celui de la poesie, et celui de I'imitation, se trouvaient satisfaits a la fois, et donnaient a ces jeux un charrae inexpri- mable. Ce plaisir devint fureur; les Atheniens furent entraiiies par cette passion dans des exces et dans des fautes qui leur devinrent funestes; le judicieux Plutarque les leur reproche avec justice (i). « Qui voudra faire lecompte, dit-il, combieu leur a coiite chacune comedie, il se trouvera que le peuple athenien a phi dcspendu (^depense) a faire jouer les tragedies (i) Traduction d'Amyot. Traite : En quoi les Atheniens ont ete pint cxcellens. (Tom. xix de ledition de Cussac, t8o3, page i8. ) ioa L1TTERA.TURE. des Bacchantes , ou dos Phopnisses , ou des OEdipes , on Jntignne , ou f;\iie icproscntor les actes d'line Medce ou d'uiR- EUctie , que non pas a fairc la ij;uerro aux barbares, pour acqueiir empire sur eux, ou pour defcndre leur libcite contrc eux. » On rcndit nnc loi poitant peine de mort contrc celui qui proposerait de detourner de leur destination , pour quelque motif que ce fut, les fonds qui etaient consacres aux dcpenscs du theatre. Bicntot apres, Athcnes se montra si passionnee pour les jeux de la scene , que la nouvelle d'une bataille perdue etant arrivee un jour ou les representations thcatrales avaient lieu, bien loin de les suspendre ou de les interrompre, ne fut presque pas I'coutee. Le siecle d'Arlslide et de Themistocle avait ete pour le peuple athenien celui de la vertu et de la gloire; le siecle de Pericles, qui le suivit, fut celui du luxe et des arts ; ce fut aussi celui des glands poetes tragiques : mais, dans le siecle suivant, les Atht- niens, deja vaincus et corrompus par Philippe , flechireut sous son fils Alexandre, dont ils devinrent les esclaves. J'ai fait voir jusquHci combien une tragedie grecque rcsseni- blait peu aux tragedies modernes par leur forme , par les dif- fercntes mesures de vers qui y etaient employes , par la cons- truction du theatre , par les machines , par les decorations , par les costumes, paries choeurs, par la musique, etc.; enfin par tout ce qui tenait a I'execution , dont j'ai tache de me faire el de donner I'idee la plus exacte qu'il ma etc possible ( i). (Z« suite au raJiier prochain.) (i) II serait a dcsiier qu'on ajoiitat a. la nouvelle edition tin Theatre des Grecs un volume enriclii de figures, dans letjuel serait traitec ii\t;c del.iil loute la partie de rexecutiou materlelle des pieces grec- LITTER ATURE. jo3 LUCRECE, DE LA Nature des choses j traduit en vers francais , par J.-B.-S. de Pongerville; texte en re- gard, precede diin Dlscours prcliminaire.^ des Fies de Lucrece et d'' Epicure, de divers Fragnicns du Traite de la Nature, par le philosophe grec, retrouves a Herculannm, et de quatre planches representant plu- sieurs de ces f'ragmens; avec des notes du traducieur et des variantes du texte; ouvrage dedie au Roi (i). II est peu de noras plus celebres au Parnasse que celui de Lucrece; il est peu d'ouvrages moins liis que le poeme de la Nature des choses. La reputation d'immoralite que Ton a faile a cet ouvrage I'ayaut eloigne des etudes classiques, peu de lit-r ques ; il y a deja beaucoup de travaux sur cette matiere, mais on pourraltpeut-^tre encore ^claircir bien des points qui restent ob&curs. Personne n'est plus en etat que le dernier editeur , M. Raoul-Rochette , de falre un excellent travail sur ce sujet, que le P. Brumoy a laisse intact. Ce volume est necessaire pour completer, en quelque sorte , la publication du Theatre grec. II serait tr^s-bon d'y joindre une carte geographique de la Grece et de ses iles , d'une partie de I'Asie, et m6nie de I'Egypte (a cause' de YHclene d'Euripide). Sur cette carte seraient marques avec soin les noms des lieux oil se passent les actions des differentes pieces et de ceux qui y sont mentionnes ; par exemple , les noms des montagnes sur lesquelles Clytemnestre dit qu'ont ete placrs les fanaux allumes qui , de poste en poste , lui ont transmis dans une nuit la nouvelle de la prise de Troie. Les distances marquees d'une ville a une autre serviraient a juger jusqu'a quel point la -vraisemblance des terns a ete conservee ou sacrifiee dans plusieurs tragedies. (i) Paris, iS-jS. 2 vol. fn-8° de gSfi pages, Dondey-Dupre pere et fils, editeurs , rue Saint-Louis, n''4*^>>''u Marais , et rue Richelieu , n" fiy. Prix, 18 I'r. papier fin satine, et 36 fr. papier velin. io4 litt£rature. terateuis oiil eu Ic courage de se llvrcr aiix etudes nouvellcs (]ue cette lecture aurait exigees. C'est surtout depuis le siccle dernier qu'a prevalu cette reprobation , a laqucllc X Anli- Lucrcce du cardinal de Polignac a sans doute contribue, ne fut-ceque parson titre. Comment supposer, en effct, qu'unlivrc contre lequel un prince de I'tglise croyait devoir lancer uu gros poeme, nc fut pas bicn criminel et bien dangercux? Pen de gens se sont donne la peine de verifier que ce pretendii Anti-Lucrcce n'est au fond qii'un expose du systeme de Des- cartes. Tout le monde, au contraire, sait qu'Epicurc, dont Lucrece a celebre la doctrine, fut le chef d'une secte qui placait le bonlieur dans le plaisir, opinion qui a cause de si grands scandalcs chez les anciens ct chez les niodernes. D'un cote, les hommes voluptueux de tons les terns , trouvant commode do eouvrir le relachemcnt de leurs moeurs du manteau de la phi- losophic, se sont proclames epicuriens. D'un autre cote, les stoiciens, les devots rigides, tons ceux en un mot qui, ayant fait la morale bien austere, n'entendent pas qu'on ait de la vertu a bon marche, ont affecte de voir dans cette opinion I'apologie de toutes les volnptes. Les uns et les autres ont donne an moi plaisir un autre sens qu'Epicure; et c'est ainsi que les querelles humaincs ont presque toujours pour cause les impct- fections du langagc et les mal-entcndus qui en derivent. Le plaisir, en prenant ce mot dans son acception la phis etendue, est le but que se proposent en general tons les hommes. Les uns, emportes par leurs passions, sacrifient leur bien-etre a venir a un plaisir epheniere, mais actuel; d'autres s'assurent par la sagesse un plaisir pur et durable; d'autres enfin, au milieu des austerites qu'ils s'imposent, jouissent en esperance d'un plaisir ineffable et eternel dont, h leurs yeux, ces austerites sont la voie. Tons ont le plaisir pour objet, sui- vant I'opinion qu'ils s'en sont formee. Les philosophes qui ont place le bonheur dans la bicnfai- LITTER ATURE. loj sance, dans la vertu, dans la piute, etc., avaient sans doute des viies tres-niorales ; mais ne prenaient-ils pas la cause pour I'effet? ne confondaient-Us pas le bonhciu- avec Ics moyens d'y parvcnir? II somble qu'Epicurc raisonnait plus juste, en faisant consistei- le bonheur dans la continuite des sensations agreables. Quels etaient d'ailleur's les moyens qu'il jugeait propres a main- tenir Tame dans cot heureux etat? La temperance, la modera- tion dans les desirs; c'est ce que prouvent le peu de fragmens qui nous restent de ses nombreux ouvrages, et le poeme entier de Lucrece, son interprete fidele. La vie d'Epicure fut au be- soin un beau commentaire de sa morale ; et ce qui est plus re- marquable encore, ses disciples suivirent toujours I'exemple du maitre : on ne put jamais leur reprocher qu'un trop grand eloignement pour les affaires publiques, qui etait sans douto le resultat de la douceur de leui's mceurs. On Yantait du rcsto la Constance de leur amitie, leur obeissancc aux lois et aux magistrats. Au milieu des sectes sans nombre qui naissaient les vines des autres dans les ecoles de la Grcce, eux seuls rcs- terent constamment unis par le double lien d'une opinion com- mune et d'une bienveillance fraternelle. Comment ne pas esti- mer une doctrine qui fait si bien vivre les liommes en paix ? Les opinions religieuses d'Epicure sont plus difficiles a jus- tifier : ce philosophe faisait des dieux d'impassibles spcctateurs de I'univers, et de I'ame un etre materiel et perissable. Encore pourrait - on dire que la premiere de ces deux opinions se rapproche , a certains egards, de la doctrine du libre arbitre , dont elle n'ost, en quelque sorte, que I'abus; et qu'il n'etait pas tellement ferme dans la seconde, qu'il n'admit plusieurs hypotheses qui semblent lui etre contraires. Mais quelles sublimfes Iccons de sagesse et de courage Epicure et Lucrece n'ont-ils pas su faire sortir du sein meme de ces erreurs ! Admirable precaution de la Providence! Le plaisir bien en- tendu conduit a la morale; le neant meme ne rendrait pas la io6 LITTER ATURE. vertu moins nccessaiie. Au reste, cos c'^aicmcns dc la philoso- pliic aucieiiiK; n'ont pliisricn decontagicux. Coinmelt' reniarque fort bien le traducteur dc Lucrece , « les jeux brillans de la pcnsec dans ce poemc, ainsi que dans toutes Ics productions de ce genre, ne peuvent influer sur les principes adoptus, ni sur les croyances rccues; il n'est pas plus dangereux dc faire connaitrc aujourd'hui un tel monument littcraire, que d'offiir a I'adiniration publique les statues des faux dieux ; ce sont des tresors trouves dans les mines de I'ingenieuse antiquite; la difference des tems et des lieux ne leur perniet d'exercer d'autre empire que celui du genie sur le developpement des beaux arts. » Mais 5 c'est peut-etre faire trop d'honneur aux scrupules du public , que de supposer que le mauvais renom de la doctrine d'Epicure ait seul prive Lucrece dun succcs dc vogue. Martial et Petrone ont-ils jamais manque de lecteurs? un systeme obscur, un plan pen methodique, des details abslraits ou aridcs, des redites frequentes, une affectation de vicux langage qui ]>our nous nuit a I'elegance autant qu'a la clarte , ont sans doute fait fermer le livre a bien des gens. Lucrece , souvent sublime de pensees et d'images, laisse toujours, meme dans ses plus beaux morccaux , quelque chose a desirer dans I'expression : son style est herisse de formules logiques , etrangeres a la poesie ; enfin , les progres des sciences ont fait decouvrir d'in- nombrables erreurs dans le systeme de physique qu'il a chante. Mais ces imperfections , si dignes d'indulgence , eu egard au tems ou il a ecrit et a la mort prematuree qui a interrompu ses travaux , par combien de beautes d'un ordre superieur ne sont- ellcs pas rachetees aux yeux d'un lecteur attentif? Quand il n'eut fait qu'exposer en vers la doctrine d'Epicure , son poeme serait encore un monument precieux, puisqu'il ne reste des ccrits de ce philosophe que quelques passages cites par Diogene J^aerce, et les fragmens trouves dans les mines d'Herculaniuu , LITTER ATURE. 107 fragmens que M. de Pongerville a cu I'licuieusc idee de joindif a sa tiaduction. Lucrece a fait plus ; il a expose et souveiit re- fute presque toutes les opinions que Ton avail de son tenis sur la physique, I'astronomie , la geologic, etc. 11 n'est peut-etre pas de phenomene dont il ne donne unc explication quelconque. Son ouvrage est ainsi comme I'etat de situation des sciences , a I'epoque 011 il a vecu ; c'cst vin resume curieux de toutes les croyances des anciens , une immense galerie de tableaux , dont la philosophic a trace I'csquissc, et dont la poesie a nuance les couleurs. Cependant , jusqu ici , ses defauts, ses beautes meme, avaient effarouche nos plusintrepides traducteurs en vers. Les etrangers, plus heureux, citaient avec honneur les versions de Creech , en anglais, et de Marchetti , en italien. Je n'ai pas sous les yeux celle de Creech. Celle de Marchetti se distingue par beaucoup de fidelite, joi'nte a un style pur, coulant et generalement har- monieux. Mais sa versification, trop souvent lache, diffuse. tombe scrupulcusemcnt dans le prosa'isme , des que le texte s'y abandonnc. Avec les I'cssources de la langue italienne et les facilites du verso sciolto (vers blanc ) , il semble qu'on pourrait aisement beaucoup mieux faire. La tache du traducteur francais etait bien plus penible : aux prises avec une langue dedaigneuse et une versification pleine d'entraves, il ne pouvait esperer d'etre In qu'en reproduisant sous une forme nouvelle les pensees de I'original. C'est ce que M. de Pongerville a execute avec un bonheur qui etonne. Aussi , sa traduction cst-elle , couimc on I'a remarque , une creation continuelle , d'apres le texte. Tantot il a habilement resserre ce qui etait diffus et redondant; tantot, en changeant I'ordre des pensees, il a porte la lumiere dans les tenebres : ailleurs , il a substitue une tournure vivc vt elegante a la marche logique , mais froide et cmbarrassc'e (Je son modele. II a fait, en un mot, autant que sa qualite de tra- ducteur pouvait le lui permettre, ce qu'aurait fait Lucrece lui- io8 LITTjfeRATURl!;. niemc, s'il eut vecu plus long - teiiis. C'est aiiisi que , dans un uonibre tie vers t'gal, ou nienie infoiieur a cclui du texte, le Iraductcur est bien souvent plus clair et plus poetique. Pour donner une idee des difficulte.s que pieseiitait la tra- duction en vers du poeme dc la Nature , et de I'adrcssc que M. de Pongerville a mise a Ics vaincrc , il faudrait entrcr dans des developpemcns que ne comportc point I'etendue de cet ar- ticle. Il sera d'aiileurs plus agreable au lecteur de juger lui- meme , par des citations , du style de cet ecrivain. Au commencement du troisiemc chant , Lucrece, en invo- quant Epicure , fait connaitre Ic systeme de ce philosophe , relativemcnt a I'existence des dicux. Ce beau passage n'a rien perdu sous la plume de M. de Pongerville : Sage et fecond genie, 6 mon niaitre, 6 moii pere ! Quel est de tes lecons le charme salutaire! Dans tes ecrits, brillans d'immortelles claries, Je m'abreuve a grands flots d'utiles vtritL-s : Au retour du matin , la diiigente abeille Pompe un moins doux nectar sur la rose vernieille. Tu paries : aux accens de ton auguste voix , La Nature m'enseigne a reverer ses lois. L'erreur s'evanouit : loin de sa nuit profonde Je m'elance , et franchis les limites du monde ; Mon regard se repait de la splendeur des cieux ; Je contemple I'asile ou reposent les dienx : La n'arrivent jamais les fun^bres nuages, Ni les aprcs frimas , ni le bruit des or.iges ; De ses plus purs rayons , I'astre pompenx du jour ■ Ecbauffe en souriant cet immortel sejour. Prodigue pour les dieux , la Nature feconde Dun torrent de bonheur sans cesse les inonde ; lis n'apercoivent pas les gouffres infernaux , Les crimes des mortels , lenrs plaisirs ni leurs maux ; LlTTERATllRE. 109 Mais du Taste univers a leurs yeiix mil obstacle N'interdit I'eternel et sublime spectacle... Una volupte sainte, un charme ravissant Penetrent dans nion c(Bur.... J'admire en fremissant L'effort qui , sous tes pieds encliainant I'iniposture , Dechira le bandeau qui couvrait la Nature .' Cette poesie haimonieuse, ce style nervcux sans effort, scrre sans obscurite, biillant sans affectation, prouve que M. de Pongerville appartient a la bonne ecole, a celle dont la nature a revele les proctides aux Virgile et aux Racine. Le lecteur nous saura gre de Ten convaincre par une seconde citation. Nous la prenons au cinquieme chant, dans la description que fait Lucrece des premiers moyens de destruction employes par les hommes : D'abord rhonime , porte sur un coursier farouche, L'aiguillonnait , du frein lui*comprimait la boiiche, D'une main dirigeait ses belliqueux ebats, Et de I'autre lancait, ou parait le trepas. Traine par deux chevaux , un char vaste et rapide Des guerriers seconda la fureur intrepide. L'art se preta sans cesse a des forfaits nouveaux : Quatre coursiers fougueux , d'un char arme de faux Roulant avec fracas la roue etincelante , Trempaient leurs pieds U'gers dans la poudre sanglante; De I'antique Sidon le peuple impetueux Soumit , apprivoisa I'clephant monstrueux , Colosse dont la trompe, et pesante et subtile, Se recourbe et s'etend comme un affreux reptile ; Surmonte d'une tour oil siegent des soldats, D'un pas lent il les porte a travers les combats. Ainsi la haine active, en cruautes feconde , Propagea l'art fatal de depeupler le monde. Parmi les conibattans le crime induslrieux Lanca lesanglier, le taureau furieux. Sur ses pas belliqueux, vois le Partjie invincible no LlTTIiRATURE. Des hotes des for^ls trainer Tcscorte liorrible : Le farouche lion, esclave independant, A son maitre fcroce obeit en grondaiit. Ces raonstres irrites s'clancent dans I'arene ; Mugissant do fureiir , indignos de leur cliaine , lis la brisent... Tremblez, , conquerans iiihunmins ! Leur joug ensanglante s'echapjje do vos mains. Le saciificc d'Iphigc-nic , la prosopopec de la Nature, rex- plication de ralU's^orie des enfcrs, la description des fetes d»! Cibele, celle de la peste d'Athenes et une multitude d'auties passages nioins celebres, auraient pn me fournir de nouvclles occasions de faire admirer le style du traducteur; je regrette- rais davantage de nc pouvoir les transcrire, si la plupart n'etaient deja connus. M. de Pongerville n'est pas d'ailleurs un de ces ecrivains qui gagnent a ctre juges sur quelques brillans lambeaux de pourpre. Son ouvrage est destine ii prendre place dans toutes les bibliotheqiies; il fera lire Lucrece. II nous semble impossible de rien ajouter a cet eloge, que lui out deja decerne nos litterateurs les plus distingues, et que la posterite conGrmera. Des critiques severes y reprendrout peut-etre (juel- ques improprietes, quelques negligences. Par fois aussi, ils re- niarqueront que le traducteur aurait pu soigner davantage certaines transitions , ou suivre de plus pres le mouvement du texte, et faire passer dans les vers francais quelques beautes qu'il a negligees ou remplacees. Mais ces legers defauts sont presque inevitables dans la premiere publication d'un grand ouvi'age; la plupart nieme n'ont du se decouvrir a I'auteur qu'au grand jour de I'impression, et ils disparaissent aux yeux du leoteur, parmi les beautes sans nombrc qui les environneul. Pour rcndre justice a tout le monde, nous dirons que ce livre, imprime sur tres-beau papier, et avec des caracteres d'une elegance et d'une nettete reniarquables , est digne, sous les rapports tvpographiqtu-s, de la reputation distingui'e des edileurs, MM. Dondcy-Diqiie. Chai vkt. ARCHEOLOGIE. Description de l'Egypte , on Rccueil des ohservations et des recherches qui ont etc faitcs en Egj-pte pendant Vexpedition de Varinee francaise. Seconde edition , dediee au Roi et publlee par G. L.-F. Panckoucke. TROISIEME ARTICLE (l). Une opinion gcneialenient accreditee parmi les savans ct que Freret a vainement combattue , c'est I'cxhaussement pro- gressif du sol de l'Egypte et la formation du Delta par les atterissemens du Nil. Les temoignages unanimes de I'antiquite et les observations geologiques des voyageurs niodernes , con- courent, en effet, a prouver que la partie de l'Egypte que baigne aujourd'hui la Mediterranee , n'a pas eu anciennemeiit la racme etendue. On pourrait meme elablir qu'il exista une epoque ou toute l'Egypte se reduisait a la vallee du Nil pro- prement dite, c'cst-a-dire a I'espace compris, du sud au nord, (i) Voyez les deux articles deja inseres dans la Revue, &wv ce meiue ouviage;run de M. AGouB(i?if . £/2c., t. xii, p. 36o, novembre i8-!i), le second de M. Francoeuk {Rev. Enc, t. xiv, p. 90 , avril 1822 ). Nous rappellerons a nos lecteurs que la seconde edition du grand Guvrage sur l'Egypte se compose de 25 volumes in-S" et de 900 pL iniprimees sur les cuivres memes de la premiere edition. Cette impoi- tante publication se poursuit avec activite. Le zele de M. Panckoucke dans cette entreprise a entierement rempli I'attente des souscripteurs. Deja 9 volumes de texte et 120 liviaisons de planches ont paru. Ou souscrit chez M. Panckoucke, rue des Poitevins , n° 14. Le prix de la souscription est de 7 fr. le volume ct 10 fr. chaque iivraison de J pl.inclies. 112 ARCHEOLOGIE. cntre Syeiie etrcmplacemeut dc Memphis. La Basse-Ejjypte ne (lev ail ctrc alorsqii'ungolfcde la Meditcrram'-p, ctleNilne pou- vait s'y jetcr que par iino seide eniboiichiiro, j)ui,s(iuc la diver- i^ence dc ses branches n'est due (jii'a I'elaiijissement subit dc la vallee. La grande quantitc de limon que ce fleuve charrie dans scs debordemens aunuels, aura graduellemcnt coniblo ce vaste bassin , et donne naissancc a la contrcc la plus fertile de I'Egyptc , peul-ctrc meinc du moude enticr. C'cst ainsi que ce fleuve bicnfaisant, sans qui la patrie des artset de la civi- lisation n'eut ete qu'un desert inhabitable , a non-seulement feconde le sol naturel de la vallee ; niais y a encore ajoute d'autres terres , et a cree , pour ainsi dire , une nouvcUc Egypte a cote de I'Egypte primitive. Ce fait est tout entier con- signe danscette iiigenieusc expression d'Herodote : « Lc Delta est un present du fleuve. » Mais, si des esprits difflciles, chez qui les probabilites ne delcrmincnt pas toujours la conviction, se refusent acroire que toute la Basse- Egypte a duson origine aux alluvions du Nil, ils ne peuvent du moins s'empecher de reconnaitre que son territoire a etc considerablement accru. Ici, des traditions liis- toriques et des fails nalnrels viennent a I'appui des probabi- lites; et non-seulement Herodote, mais Uiodore de Sicile , Strabon, Pline , Plutarque et plusieurs autres ecrivains ce- lebres, a la tele desquels il faut placer Honiere, attcstent cet accroissemcnt. La Haute - Egypte a done ete plus ancienne- inent habitee que le Delta , et consequemment les edifices de la Thebaide sont anterieurs ^ ceux de la contree inferieure. C'est ce motif qui a determine les savans de I'expedition fran- caise a commencer par le sud la description des antiquites egypticnnes. Je vais los suivre pas a pas dans cette course scicntifique, et supposantle lecteur dispose a fairc avec moi le voyage , je le transporte sur les confms de la Nubie, et nous aburdons ensemble a I'lle de Phike. ARCHfiOLOGIE. iii Situee au dela de la derniere cataracte du Nil, a deuxlieuos au-dessus de Syene,ct a quatorze lieues en de-ca du tropique, I'lle de Philae est I'un des points les plus inttressans de I'Egypte , et par le nombre des monumens qu'elle renferme , et par I'importance religieuse qu'elle eut autrefois sous I'em- pire des Pharaons. Doues dune raison siiperieure , les pretres egyptiens sa- vaient donner aux croyances pieuses une tendance utile a la prosperite ou a lindependance de la palrie : I'lle de Philaj etant,par sa position geographique, une des portes del'Egypte, ils enseignerent au peuple que le tombeau d'Osirisy etait ren- ferme, et en la designant ainsi a la veneration publique , ils mettaient cette position importante sous la sauvegarde imme- diate de tous les citoyens. Entouree de trois cotes par des de- serts ou par la Mediterranee, c'etait principalement du cote de la Nubie que I'Egypte avail a redouter les incursions etran- geres : il entrait done dans les vues d'une sage politique d'ap- peler la vigilance des Egyptiens jusque sur les dernieres limites de leur territoire , et, par la surcte d'lin seul lieu, de ga- rantir celle de toute la conlree. Philse devint alors un but de pelerinage, comme le furcnt plus tard Jerusalem et la Mecque. Onyelevades temples niagnifiques; de riches offrandesvinrent contribuer au luxede Tarchitecture , et I'lle enticre futbientot couvertede monumens. On eut dit (jn'outre le motif religieux, les Egyptiens avaient voulu donner aux peuples limitrophes uue haute idee de leur puissance. La frontiere del'Egypte pre- sentait ainsi un aspect imposant a quiconque eut ose concevoir le projet de I'envahir , et la premiere armee d'Ethiopiens qui aura descendu le jVil , celle de Sabacon , par exemple, sc sera peut-etre long-tems arretee devant cette ile, avant de hasarder le premier pas sur la terre des Pharaons : toutsemblait I'aver- tir que les memes hommcs qui, si loin du centre de leur em- pire, avaient pu constiuirc de soniblables edifices, etaient ca- T. xxi. — Janvier i8i4- 8 ,i4 AKCllKOLOGIl.. pnbles d'equipcr tie iioinbrcuses arnu'-cs ct dc tenir it-le au\ ennemis Ics plus rcdoutables. Quoiqiic I'lie dc Philae soit, pour ainsi dire, assise an milieu d'lin bassin formu de rochers granitiques , tons ses nionuniens sont construits en gres, et cettc picrre qui a conserve I'e- clat de sa blancheiu* , contraste fortcment avec les coulenrs sombres ct tranchues du granit. On trouve reunis dans ccttu lie les traits divers de I'architeeture egyptienne , et I'ou pour- rail dire qu'elle est , h ellc seule, un abrege de touto I'jfcgypte. On y voit, en effet, les ruines de quatre temples, differens de plan et de decoration , une longue avenue de colonnes , plu- sieurs obelisques, des pylones , une chapelle nionolithe , des lions sculptes en granit rouge, des murs de quai , un arc de triomplie romain et d'autres vestiges d'antiquite. Mais, parnii les choses qui doivent plus particulierement fixer notre atten- tion , nous remarquerons une colonne qui offre, dans sa cons- truction , des debris de monumens plus anciens , employes comme materiaux. On apercoit dans I'interienr du fut, des bas- reliefs et des hieroglyphcs tronques on renverses, et sur Icsquels on peutencore reconnaitre quclques vestiges des couleurs dont ces sculptures avaient cte jadis revetues : « Ainsi , dit M. Lan- cret , ce temple que nous jugeons deja si ancien , est lui-nieme construit des debris dun plus ancien edilice ; ainsi , ces mcmes pierrcs, ces hieroglyphcs, ces couleurs, pourraient avoir deux fois I'age du temple ; et de combien dc siecles encore ne fau- dra-t-il pas remonter dans le pnsse , pour arrivcr a I'origine de ces arts et de la civilisation qu'ils suppose.it ? » Qui croirait que cette ile , qui offre encore a la curiosile du voyageur les restes de lant de monumens, n'a que 384 nietres de longueur sur une largeur de i35 metres, et qn'il suffirait dun quart d'heure de marche pour en parcourir la circon- ference ? Jc nc quitterai point Philre, saus faiie connaitre au lecteur # . ARCHEOLOGiE. li^ le passage oii M. Lanoret nous trace un eloquent tableau des impressions qui I'agiteient lorsqu'il s'avancait, pendant une belle nuit, vers cctte retraite mysterieuse. C'est pout-etre un des morceaux les plus brillans de la Description dc C Egypte : « Les marches nocturnes, dit le voyageur, ont toujours quel- que chose d'imposant ctde grave qui dispose I'atne aux impres- sions profondes; mais quel lieu pourrait en produire de plus fortes, et rappeler plus de souvenirs ? Je songeais avec une sorte d'emotion , de plaisir et de doute , que j'etais sur un des points les plus remarquables de la terre, dans des lieux qui semblent en quelque sorte fabuleux , et dont les noms , pro- nonces des I'enfance , ont pris une signification gigantesque et prcsque magique. Je touchais aux rochers des cataractes , aux portes de I'Ethiopie , aux bornes de I'empire remain ; j'allais bientot entrer dans cette ile ou fut le tombeati d'Osiris , ile autrefois sacree, ignoree aujourd'hui, le sanctuaire d'une an- tique religion, mere de tant d'autres cultes; en fin , j'ap'no- chais d'une des immuables divisions de notre globe, et le pas que je faisais etait peut-etre deja dans la zone torride ! » Laissons maintenant derriere nous cctte multitude de petits rochers granitiques quiscnienf notre route el penetrent jusque dans le lit dii fleuve dont ils cntravent la mai'che. Les eaux, un moment refoulees , s'elevent et franchissent ces faibiesbar- rieres ; mais les obstacles se multiplient; aulant de rochers, autant de cascades, et c'est cette reunion de chutes d'eaux qu'on est convenu d'appeler la Cataracte de Syene. EUe est connue snrtoutpar les recits exageres desanciens, qui preten- daient que le bruit de sa chute faisait perdre rouie a ceux qui s'en approchaientde troppres. Reconnaissons avecM. Jomard, que les anciens avaient confondu dans leurs recits cette cata- racte avec les cataractes suporieures, et hatons-noiis d'enlre;- ;i Syene, la premiere ville hahitee de I'Egypte moderne. La, nous ne trouvons pour tons monumens egyptiens qu lui ii6 ARCHEOLOGIE. petit temple tlelabro, ot sous le rapport archeologiqiic, je prc- vois que nous n'aurons pas beaucoup a obsoiver. Souveiions- uous toutefois que cette villc a de tout tems ete oelebre par la place qu'elle occupe sur le globe : pendant une longue suite de siecles, on I'a crue situee direetement sous le tropique du Cancer, et elle a servi de point de depart a tous les geographes anciens qui out voulu mesurer les distances des priucipaux lieux de la terre. C'est ainsi que, de la position de Syeue et de sa distance a Alexandrie, Eratosthene aconclii la longueiu" de Tare du meridien en Egypte , mesure d'apres laquelle il a eva- lue la circonference du globe. Mais, I'opinion qui placait Syene sous le tropique, n'a pas toujours ete une erreur ; elle prouve au contraire I'existence et I'exactitnde de la plus ancienne ob- servation du solstice que la tradition nous ait conservee : car, si Ton remonte a environ 2700 ans avant I'ere vulgaire , on trouve, en supputant la diminution de lobliquite de I'eclip- tique depuis cette epoque jusqu'a nos jours , que le tropique passait effectivement par Syene. A mesure que I'inclinaison de I'ecliptique a dimiuue, le tropique s'est trouve plus rapproche de lequateur, en meme tems qu'il s'eloignait de Syene ; de ma- niere que cette ville en est aujourd'hui distante de 87' aS" ou plus de quinze lieues et demie. Sa position exacte, telle qu'elle a ete determinee par Nouet, astronome de I'expedilion, est de 24° 5' 2" pour la latitude, et de 3o° 34' 49" pour la lon- gitude au meridien de Paris. Syene a ete rebatie a plusieurs epoques et par des nations differentes. C'est dans son voisinage que se tiouvaient les car- rieres de ce beau granit rose dont les Egyptiens ont tire leurs statues monolithes et ces magnifiques obelisques qui decoraient d'une maniere si majestueuse I'cntree de leurs palais et de leurs temples, et qui depuis onl fait rornement de Rome et de Bi- zance. Au tems des Pliaraons, Syene parait avoir ete une vdle importaute, et les Egyptiens y entretenaient une garnison. ARCHEOLOGIE. 117 A Icnr excniple, les Roniains y placerent une cohorte, ainsi qu'a lilephantine et a Philse. Aujourd'hui , I'antique Syene est presque entierement ensevelie sous les constructions du pre- mier siecle do rislamisme, qui a leur tour n'offrent plus que des debris. « Deja, dit M. Jomard , cellos des Romains , baties sur les mines de la ville egyptienne, avaient elles-memes subi un pareil sort : c'cst ainsi qu'a Syene, plus que partout ailleurs, on voit se succeder les pcuplcs et les ages divers. Chaque peuple , chaque nation a laisse des traces de son existence on de son passage , et ce melange offre un chaos a I'oeil , un aliment a la curiosite , vui champ vaste a la meditation. » A tant de mines a succede enfm la ville moderne que Ton croit batie du terns de Selim. Quoique sur Templacement de I'antique Syene on ne trouve plus que les restes d'uu petit temple egyptien , il est a presu- mer qu'elle possedait autrefois de plus nombreux et de plus importans edifices : c'est du moins ce qu'assure Leon I'Afri- cain , historien du quinzieme siecle. Heliodore, en faisant dans ses Et/iiopiques I'enumeration des choses remarquables qu'Hydaspes visita a Syene , parle d'un puits nilometrique dont il donne ainsi la description (i) : « On lui montra , dit-il, le puits qui sert a mesurer le Nil , semblable ii celui de Mem- phis et constmit d'une pierre polie , sur laquellc on a grave des lignes distantes d'une coudee. L'eau y arrivant par un canal souterrain , apprend aux naturels quel est I'accroissement on la diminution du Nil, par le nonibre des caracteres que celte eau reeouvre ou laisse a decouvert, et qui donnent la mesure du debordement ou de I'abaisscment du fleuve. On lui montra aussi les gnomons horaires, qui,amidi , ne fournissent point d'ombre , parce que, le rayon solaire etant vertical a •; i) .■Eihiojiic, lib. ix. ii8 ARCHfiOLOGli;. Syc'uo ,• Ic jour ilu solstico d'cte, la liimicre cit c^alcmeut re- jjaiuluc tie toutes pails, et ne dotinc lieu a aucune oaibro, tel- leinent qu'au fond niome des puits la surface de I'eau est cclairee en entier. » Cette derniere circonstauce du recit d'lleliodore rappelle Ic fanieux puits solsticial dont on attri- buait la construction ii Eratosthene. Syene est, dit-on, le lieu d'exil oii fut releguu Juvenal, pour avoir insulte le comedien Paris. D'autres assurent que le ce- lebre salirique fut exile dans I'une des oasis ou il termina sa earriere. Qnoi qu'il en soit, Syene qui, a cette epoquc, n'of- frait^ presque j)lus qu'un nionceau de mines , entoure de tons cotes par des rochcrs noiratres, et brule par unsoleil ardent, n'a pas du paraitre un sejourbien agreable aux yeux du poete romain, accoutunie au beau climat de I'ltalie et a loutes les helices de la capitale du monde. Quelle est maintenant devant nous cette ilc riantc dont la verdure offrc un contraste consolantavec I'aridite de la contree qui nous environne ? c'est Elephantine. Sa fertilite lui a fait donner le surnoni de Jardin du tropiquc. Comnie le feuillage de ces muriers, de ces napecas, de ccs acacias tleuris , de ces pal- niierselegans repose delicieusementnotre vue qui ne s'etait ar- retee jusqu'ici que sur des sables etincelans ou de sombres rochers ! Ne dirait-on pas que la Providence a jete I'lle d'Ele- phantine an milieu de cette apre solitude , alin de temperer en (juelque sorte la severe uniformite du desert , et de donner a rhonime disgracie qui I'habite , une idee de la fecondite de la terre et des beautes de la creation? Traversons a la hate sur une barque de Nubiens le bras du fleuve qui nous separe d'Elephantine, et allons nous y delasscr iin moment de la chaleur et de la fatigue ; c'est M. Jomard qui nous y invite : « On se repose avec delices, nous dit-il , a I'ombre de ccs arbres toujours verts; I'air pur et frais qu'on y re-;piie, cause une sensation inexprimable , dont le charme ne ARCilEOLOGIE. 119 pciil etrc bien senti que par ceiix qui out approche 'du tro- pi(jiu>. C'est la douce impression dc cette temperature moins brulante, c'est I'opposition des pros et des rochers, des chauq)s ct du desert, de la verdure et du sable, desjardins et du site le plus sauvage; en un mot, le conlrastc de la nature et de I'art, qui donnent a ce canton une physionomie distincte, tout-a-fait differente de I'aspect trop monotone des autres points de I'Egypte. Enfin, au milieu de ccs tableaux si varies et si pittoresques, le voyageur jouit encore du spectacle de [)lusieurs antiques monumens qui sont restes debout; faibles niais precieux vestiges de I'ancienne puissance d'Elephantine. » 11 y avail une ville egyptienne a Elephaiitine. Pomponius M«;la la comprend au nombre des plus celebrcs de I'Egypte. Du terns d'Herodote , les Perses , k I'exemple des Pharaons, y entretenaient une garnison pour defendre la frontierc contre Ics incursions des Ethiopiens. Strabon atteste qu'a Icur tour les Romains conserverent cet usage. Au terns mcme du Bas-Empire, une cohorte y etait encore stationnee. C'est d'Elephantine que, suivant Herodote, fut tiree cette fameuse chapelle monolithe qn'Amasis fit transporter a Sais, et qui avail vingt-une coudees de longueur ; il ne fallut pas moins de trois ans et de deux milie bateliers pour la conduire au lieu de sa destination. C'est aussi d'Elephantine que ce meme prince fit venir les plus grosses pierres qui servirenl a reparer le temple de Minerve , auquel il ajouta un portique d'une grandeur el d'une magni- ficence extraordinaires (i). S'il fallait s'en rapporter au temoignage de plusieurs ecri- vains , la ville d'Elephantine aurait ete jadis le siege ou le chef- lieu d'un gouvernement parliculier; on a souveut parle d'un (i) Hkkod. tuterp., hb. 11 , cap. 175. 120 ARCHEOLOGIE. roynunw d' rAej>hontine et iiicme d'uno dynastic d' Elephantine; ce qui ftiait croire que ia royaute y ctait hort-ditairc. Jules /Vfricain et Eusebe vont jusqu'a determiner le nombre des princes qui occuperent Ic trone d'Elephanline : le premier en comptc neiif, et le second , trente et un. M. Jomard refuse avec raison d'adracttre I'existence d'un semblable royaume, dont toute I'etendue anrait ete circonscrite a la petite circonference de rile, qui n'a que i4oo metres de long sur /Joo metres de large. « Qu'uue maison originaire d'Elephanline, dit-il, ait ete assise sur le trone d'Egypte, c'est ce qu'il serait assez na- turel de penser pour expliquer cette dynastic, et c'est ainsi que I'a imagine M. Paw. » M. Jomard propose aussi urie autre con- jecture , par laquelle il conserverait a Elephantine le titre de royaume en lui adjoignant toutefoisles lies voisines qui occu- pent le cours du fleuve, depuis Syene jusqii'aux limites de I'Ethiopie. « On concevra, ajoute-t-il, que ces ilesont pu faire un petit gouvernement a part; les auteui's I'auront decore du nora pompeux de royaume; et ce gouvernement , etant here- ditaire , a pu donner lieu a ce qu'on a nomme dans la suite la dynastic d'Elephanline. «Le developpement a I'aide duquel le savant archeologue explique cette hypolhese, est extremcnient ingenieux; mais nous aurions quelque regret a abandonner la premiere opinion qu'il aemise etqui est la seule vraisemblable. Voici ce qu'on lit a ce sujet, dansunouvrage deM. Champollion lejeune: « Unefamille originaire de lavilled'l^^lephantine monta sur le trone d'Egypte. Ce fait , alteste par Manelhon , a mduit les chronologistes en erreur , et leur a fait croire que I'lle d'Elephanline dont ils ignoraient la petite etendue , avail forme un royaume a die seule (i). >■ (i) L'Egxpte sous les Pharaons , par M. Champoi-i-iok le jeune , f. 1 , pag. 1 60. ARCHEOLOGIE- 121 Les antiquites d'Elephantiae consistent en deux petits tem- ples constriiits sur le nieme plan, et d'apres les memes propor- tions. L'un d'eux , celui du nord, est a moitie detruit. L'autre est demeiirepresque intact et son architecture estun modele de pnrete et d'elegance : il est entoure d'une galerie composee de piliers carres sur les deux faces laterales , et de colonnes sur les deux autres. On arrivait au parvis par un escalier , dont on ne voit plus que les cinq ou six marches superieures. L'oeil d'un - observateur accoutume a I'etude du style egyptien , ne tarda pas a remarquer, dans la disposition de ce temple, phisieurs particularites dont on ne trouve ailleurs aucun exemple: diffe- rent des autres edifices , celui-ci ne presente aucune face in- clinee, et ses murs dresses verticalementne sont pas assujettis au talus que les Egypliens ont donne a toutes leurs construc- tions. C'est aussi le seul monument ou le plafond de la galerie appuie immediatement sur la corniche; I'evasement des portes de la salle auquel donne lieu I'obliquite de I'embrasure est en- core une singularite tout-a-fait etrangere a I'architecture des bords du Nil. Outre ces deux temples, on a I'etrouve a Elephantine un escalier nilometrique dont la construction parait remonter au tems des Ptolemees. L'examen de ce monument curieux, et qui est probablement le nilometre dont parle Strabon, a fourni a M. Girard le sujet d'un excellent memoire sur I'origine de la coudee des Egyptiens, et sur I'enserable de leur systeme metrique. Mais il est tems de poursuivre notre voyage : deja les savans de I'expedition nous ont devances sur les mines d'Ombos, ou nous ne pouvons arriver qu'apres huit heures de navigation. La Germe qui doit nous recevoir s'est approchee du rivage, et les rameurs assis sur leurs bancs n'attendent plus que le signal du depart. Avant de nous eloigner pour toujours d'Elephan- i?2 ARCHEOLOGIE. line, jftoiis iiu (Icrnit'i- ro'janl sur ccs cainpaynos riantos, sur cos fiais ombrages, sur ccs bosquets delicieux. Un pressenti- ment me dit que la lor.guo route que nous alloiis parcourir ne nous offrir.i uullc part un site aussi pittoresque, ni une nature anssi liberale. Enfin, nous arrivons a Ombos, et durant tout le trajet, nou» avons a peine apercu quelques traces de vegetation, dissemi- nees raetlasur la rive droite du fleuve. Mais, a Ombos, tout est desert : la chaleury est si forte qu'elle ysemble contrairea la vie. Nous sommes au mois de septenibre, et le thernionietre dc Reaumur s'elcve encore a 5/, dcgres. Cette temperature est superieure meme a celle de Syene, <{ui est plusau sud. Ici, pen- dant que le sable brule nos pieds, ratmospherenefournita nos j)ounions qu'un air embrase que Ton croit respirer dans une fournaise. Les soldats francais ont fait cuire des oeufs, en les exposant un moment a la surface du sol , et un jeune negre qui avail eu I'imprudence de s'engager pieds nus dans les sables, poussa tout a coup des oris si douloureux, que son maitre fut oblige de voler a son secours et de I'emporter dans ses bras. Les mines d'Ombos ne prescntcnt de toutes parts qu'un aspect desolant. Les debris de la ville egyptienne ont disparu : bituee a remboucbure d'une vallee qui conduit au desert, elle n'a pas eu, pour se defendre de I'irruption des sables, le rem- part naturel de la cbaine arabique, et le desert s'est avanee jusqu'au bord du fleuve. Deja meme, le village arabe qui a succede a I'dntiquc Ombos est menace du meme sort, et ses liabirans Tout abandouue. On ne rencontre presque plus d'etres vivans dans ce canton vecule de I'Egypte. Siir I'emplacement d'Ombos, on voit doniiner encore au- dossus des sables les luiiies de deux temples tgyptieus, qu'en- foure luie vaste enceinte construitc en briques. IjC plus grand ARCHEOLOGIK. i i3 tie CCS temples, preCude de deux portiques, est divise dans sa larijeiir en deux parlies t-gales. Cetle double distribution n'a ])oint d'analogue dans aucun edifice connu, non-seulement sur les bords du Nil, mais nieme dans toutc I'architecture des an- clens. Ces divers debris portent en plusieurs endroits les traces d'un incendie : ainsi le feu parait s'etre joint a I'irruption des sables pour detruire les monumens d'Ombos. Ce n'est pas tout: le Nil, apres avoir envahi tout I'espace qui le separait de I'enceinte, est venu battre les flancs du mur qui s'est presque entierement ecroule; le fleuve n'a pas meme respecte le petit temple dont unu portion a ete entrainee par la violence des eapx. Onibos n'a pas toujours ete aussi voisine de la rive : elle ne recevait meme les bienfaits de I'inondation que par un canal. Mais le courant, s'etant porte avcc plus de force vers Test, a tellement elargi ce canal, qu'il est devenu le lit principal du fleuve: par cet empictement, une grande portion de terrain s'est trouvee totalement detachee du rivage, etc'est aujonrd'luii une lie assez etendue a laquclle les Arabes donnent le nom de Mansouryeh. Autrefois, lorsqu'a I'epoque de son accroissenient le Nil, franchissant ses bords , portait la fertilite dans le sein des cam- pagnes, les crocodiles penetraient jnsqu'a Ombos avec les ])remieres eaux de la crue. Les habitans de cctte ville I'egar- derent des lors cet amphibie comme le presage et I'embleme de I'inondation. On sculpta son image dans les temples; et corame tons les biens derivent d'Osiris, on representa ce dieu avec une tete de crocodile. II n'en a pas fallu davantage pour persuader aux Grecs et aux Remains que le crocodile etait adore a Ombos. Juvenal qui ne laissait echapper aucun trait qui put servir d'aliment a son humeur satirique, assure, avec son exageration accontumec , que les habitans d'Ombos 124 ARCHEOLOGIE. voviaicnt iinc hainc implacable a ceiix de Deiiderah qui avaient k' crocodile on horreur : Inter Jinitiinos (l) vetus atqiie antiqita simidtas , IinmorUile odium , et nunquam sanabile vulnus , Ardet adhuc , Oinbos et Tentyra..,. (2). (Sat. XV.) Si uous etions moins impatiens d'arriver a Edfou, on nous devons troiiver I'un des plus beaux temples de I'Egyptc, nous nous arretcrions un moment, avec M. Roziere, devant les canieres dc Silsilis ^; nous pourrions etudier avec lui les pro- cedes employes par les anciens Egyptiens pour I'exploitation du gres qui a servi a la construction de tous leurs edifices sub- sistans depuis Syene jusqu'a Denderah. Mais, dans la rapidite de notre course, nous somnies deja bien loin de ces carrieres, et nous a\ ons meme neglige de remarquer qu'a Silsilis les deux chaines de moutagnes qui forment la vallee du Nil, sont tellc- nient rapprochces I'une de I'autre qu'elles laissent a peine un passage au fleuve. Le village moderne d'Edfou a remplace Tancienne Atbo des Egyptiens, que les Grecs ont designee sous le nom A'Apollino- (i) On a deja releve I'eneur que commet ici Juvenal en parlant d'Ombos et de Tentyra comme de deux vllles voisines : il y a entre elles une distance d'environ cinquante lieues. (2) Entrc OmLos et Tentyre une ancienne quereile Embrase encor les coeurs d'une Uaine crucUc. ( Traduction de M. Mechin. ) (3) Enarabe, Gebel-el-Selseleh, c'est-ix-dire Montagne de /a Ckafne. Salon une tradition accreditee dans le pays , le Nil aurait cte jadis traverse en cat endroit par une chaina de fer dont on supposait les extremites fixces sur les sommets opposes des deux niontagnes. ARCHEOLOGIE. isS polls magna, la grande ville d'ApoUon. Par Apollon, il faiU ici entendre Horus qui, selon le tenioignage d'Herodolc , tit- Diodore et de Plutarque, etait la divinite egyptienne dont les Grecs firentleiir Apollon. ApoUinopolis etait autrefois le chef-lieu d'un noine ou dis- trict, auquel elle donnait son nom. Pline nous apprend que c'etait une des principales villes de la Thebaiide; et, du terns d'Adrien , elle conservait encore assez d'importance pour qu'une medaille y fiit frappee en I'honneur de cet empereur. Ce ne fut que vers la fin du quatrieme siecle que cette cite se trouva dechue de son ancienne splendeur : a cette epoque, les trois villes d'Egypte auxquelles on decernait le premier rang, etaient, au rapport d'Ammien Blarcellin, Coptos, Her- mopolis et Antinoe. La plus granJe partie des maisons qui composent le village moderne d'Edfou, sont groupees confusement sur la terrasse meme du temple d'Apollinopolis. Rien n'est plus frappant que le contraste que preseutent ces miserables cahutes avec I'edi- fice somptueux sur lequel elles sont assises. Les grandes masses du monument egyptien font tellement ressortir la pau- vrete de leur construction, qu'au premier coup d'oeil on a peine a se persuader que ce sont des habitations humaines. Par I'etonnante regularite de son plan, par la beaute dc ses sculptures, par la majeste de son ordonnance, le temple d'Edfou merite d'etre regarue comma I'un des ouvrages les plus admirables que nous aient legues les Egyptiens. Il suffit de Jeter un coup d'ceil sur ses principales dimensions, jiour coi^cevoir tout le grandiose de son architecture : ce temple a environ 4^4 pieds de longueur. Le fut de ses plus grosses co- lonnes, mesure dans la partie inferieure, a pres de 20 pieds de circonference. Les pierres qui ont etc employees dans les plafonds sont surtout d'une proportion extraordinaire; celles du grand portique n'ont pas moins de 18 pieds de long; une 126 ARCHEOLOOIE. sciilc do COS piencs pi;seiait plus de 70 milliors. La facade ex- terieurc de I'edilices'etend sur une largoiir d'cnviion 212 picds : elle est composuc de deux grands massifs qiiadiilaleros , qui, par le grand talus donne a leurs faces, paiticipent a la fois de la forme j^yi'^midale et de la forme Irapezoide ; c'cst entre ces especes de moles que se trouve, pour ainsi dire, en- chdssee la grande porte d'on'tree. Dans I'interieur des deux massifs sent pratiques des escaliers qui conduisent sur les ter- rasses. Les savans de I'expedition ont donne le nom de py- lone (i) a I'cnscmble de cetfe constructioncolossale quipreccde en general tous les mouumcns de I'Egypte. On presume que les pylones avaient jadis une double destination : c'etaient a la fois des tours propres a defendre I'entree des edifices sacres, et des observatoires astronomiques oii les pretres d'Isis pou- vaient se livrer a I'etude des phenomenes celestes. A peine avons-nous traverse cette porte rnajestueuse, que nous voyons se deployer a nos yeux un immense peris- tyle , cntoure sur trois cotes d'une galerie couverte , et ayant pour quatrieme cote la facade d'un beau portique. C'est dans ce premier portique que se trouvent, au nombre de dix-huit, et sur trois rangees reguliercs, les plus grosses colonnes de I'edifice. Un autre portique plus petit succcdc au premier, et conduit aux diverses salles qu'il faut encore traverser pour arriver au sanctuaire. Ce n'est qu'avec un pieux recueillement que nous penetrons danscet asile secret, qui fut si long-temps interdit a la curiosite des hommes, et oil se celebraient les ceremonies d'un culte imposant. Scpare du reste de I'edilice, par un corridor etroit et obscur, enveloppe par quatre niurs d'enceinte qui semblaicnt opposcr aux entreprises des pro- (i) Ce mot n'est que la transcription du grec t:uXuv , que Diodore (le Sicile avail deja employe dans ce sriis et qui est un augnieulatif tie TVUAK porte. ARCH^^OLOGIE. 127 fanes luie barriers inaccessible; precede clu cote de renliee par six portcs successives et par une loni^iie suite de compar- timens et de portiqucs; ne recevant le jour que par des ouver- tures pratiquees au plafond, et a travers lesquelles la lumiere ne penetre pour ainsi dire qu'a regret, ce sanctuaire atteste encore aujourd'hui par risolement de sa construction, tout le mystere dont les pretrcs egyptiens cntouraient autrefois leurs pratiques religieuses. M. Jomard pense que le temple d'Apol- linopolis fut une espece de pantheon, ou etaient honores a la fois tous les dieux du pays, c'est-a-dire tous les attributs qui caracterisent les deux grandes divinites de la theogonie egyp- lienne, Osiris et Isis. Ce savant a decouvert, parmi les sculptures, une image du phenix qui , d'apres Soliu et Pline, etait, chez les ancieus Egyp- tiens, I'embleme de la grancle annee ou pcriode sothique. Tout le monde connait la fable ingenieuse de la mort et de la lesui- rection de cet oiseau : parvenu a la fin de sa vie, il formait im nid de myrrhe et d'encens, quittait I'lnde sa patrie, et vcnait mourir en Egypte, dans le sanctuaire meme du temple du soleil, a Heliopolis, pour y renaitre quelques jours apres de ses propres cendres. M. Jomard nous fait observer I'analogie qui existe entre cette resurrection allegorique et le retour de l' annee fixe chez les Egyptiens. Tacite donne en effet quatorze cent soixau- te-un ans a la vie du Plienixj or cette duree est precisement celle de la periode sothique, dont le renouvellement etait mar- que par le lever heliaque de Sirius, epoque a laquelle s'effec- tuait chez les Egyptiens, le concours de I'annee fixe et de I'annee vague. A cote du grand edifice que nous venons dc dccrire, s'elevc un autre monument construit sur une echelle moins etendue : c etait un Tjphoniuin , ou temple consacre a Typlion, le genie du mal. Dans le voisinage d'Edfou, c'est-a-dire a deux lieucs plus au i-xS ARCHEOLOGIE. nord et sur la rive dioitc du Nil, etait sitiiee Tantiquc EIc- tjiya (i). Quoiqiic Ics vesti;^os qui on reslcnt nc puissfiU pas etre mis en parallele avec coux d'Apollinopolis, on y decoiivre encore les ruines dc deux enceintes et les debris de [tlu- sicurs edifices. Mais, ce qui fixe d'abord les yeux du voya- geur en s'approchant de remplacement d'EIethyia , c'est un enorme rocher que les Egyptiens ont isole de la chainc ara- bitjue, en exploitant les masses intermediaires par lesquelles il tenaitala niontagne. lis en avaient ensuite creuse I'interieur, et les formes symetriques, conservees dans I'enscmble de ce travail, donnent au rocher ainsi faconne Tapparenced'tm edifice gigantesque. Les diverscs couches de la pierre qui, par une singularile remarquablc, sent assez egales entre elles ct toutes paralleles a I'horizon , representent assez bion I'aspect des as- sises qui composent une construction regulierc. C'est ainsi que I'illusion n'est pas encore detruite, lorsqu'on est deja tros-pres de ce monument arfificiel. Si le lecteur voulait traverser avec moi le flcuve , mon premier soin , en abordant i Elethyia, serait de le conduire aux grottes dont M. Costaz nous a donne une si interessante description. Heureuscment, nous en trouverons ailleurs dc plusimportantes et dc plus nombreuses. Les monumcns sou- terrains d'EIethyia furcnt les premiers de ce genre que de- couvrirent les savans de I'expedition; c'est la que, pour la pre- miere fois, ils virent des b;is- reliefs consacres a la representa- tion de la vie domestique et des arts industriels des anciens Egyptiens. Tousces tableaux, sculptes dans le rocher meme et revetus de couleurs varices, offraient sur tout des scenes agri- coles oil Ton put etudier a loisirles procedes de la culture et (l) Le nom d'EIethyia ou Eileithyia est celui que les Grecs donnalonl a la deesse qui presidait aux accoucheinens et que les Boinains ont adorec sous celui de Lucine. ARCHEOLOGIE. 129 la forme des instrumens aratoires. A I'agriculture succedaient tour a tour la peche, la chasse, la vendange, la navigation a la voile cl <\ la rame , les funerailles des particuliers, I'embaume- ment des corps. Jusque-la I'etude desmonumenselevesa la surface du sol n'avait offertanos voyageurs que des scenes religieuses ou militaires; dans les grottes d'Eletliyia, ils se trouvaient tout a coup inities a la connaissance des moeurs privees et de I'industrie des Egyptiens. « A la nouvelle de cette interessante decouverte , qui excita parnii nous un enthousiasnie general, dit M. Saint-Ge- nis, la moitie des membres de la commission, qui €tait des- cendue dans la plaine d'Elethyia, accourut; I'autre moitie, qui s'etait dej;\ rendue a Esne, distante de sept lieues, remonta le Nil pendantla nuit, etse reunit aux grottes. Tons travaillerent a recueillir le plus grand nombre possible des tableaux qu'elles renfermaient. » Tout en pailant d'Elethyia, de son rocher taille et de ses grottes, nous sommes arrives a Esne, sans nous apercevoir de la route ; nous voila done , le lecteur et moi, parcourant les rues dune ville arabe. Esne est situee sur la rive gauche du fleuve, a environ cent cinquante lieues du Kaire, sous le 3o° i4'4i " de longitude et le 25° 17' 38 " de latitude septentrionale. Elle est la capitale de la derniere province de I'Egypte moderne, et, k plusieurs egards , elle pent etre considcree comme une ville importante. L'industrie et le commerce y offrcnt sans cesse un tableau anime. C'cst la, qu'apres avoir traverse d'immenses deserts, vient s'arreter la caravane du Sennar, qui apporte en Egypte les dents d'elephant, la poudre d'or, les plumes d'autruche, la gomme arabique, et les autrcs objcts du commerce de I'Afrique interieure. Les Barabras (i) y vcndent une grande quantite de (i) Les Arahes donnent ce nom aux habitans de la Nubie et de Textrt-mite meridionale de I'Egypte. T. XXI. — Janvier 182 \. g i3o ARCHEOLOGIE. corbeilles et de petits ouvrages, habilement tissiis en feuilles ag- ''''4- ARCHEOLOGIE. a "it rapproches sous un menie coup d'oeil Ics types varies de quinzc chapitaiix differens , sculpte sur toiites ses faces avec uiie precision et uno richesse admiiables , portant partoiit reiii- preinte du genie et de la grandeur des Egyptiens , ce portique donne una haute idee du temple auquel il servait d'entree , et dont il est aujourd'hui la seule partie visible. Le reste de I'edificc est ou encombre par des ruines ou enseveli sous les constructions modernes. C'est au plafond de ce portique ma- jestueux que se trouve sculpte le plus ancien zodiaque qui soit parvenu jusqu'a nous. II consiste en deux bandes paralleles que separe une colonne d'hieroglyphes , et sur lesquelles les douze signes semblent s'avancer processionnellement ; c'est la Vierge qui ouvre la niarchc. Si Ton voulait voir dans cet ordre adopte la representation d'une epoque astronomique , le zo- diaque d'Esue serait de deux mille ans anterieur au plani- sphere de Denderah. Les Grecs nous ont fait connaitre , sous le nonn de Luto- polis (i), la ville egyptienne dont Esne a usurpe la place. Pour oxpliquer ce nom , Strabon nous raconle gravement que le poisson latus y etait adore et partageait les honneurs divins avec Miuerve (2). Voila bien les Grecs et les Romains ! Ac- cessibles a tous les prejuges populaires , ou tronipes par des sculptures emblematiques dont ils iguoraientle veritable sens, ils ont vu partout en Egypte le culte des animaux : k les en croire , les Egyptiens adoraient ici un crocodile , la un chat, plus loin un ibis; on a meme parle de legumes. Que (i) L'ancien nom egyptien etait Sne, que M. ChampoUion a re- trouve clans les nianuscrits copies , et auxquels les Arabes n'ont fait rju'ajouter. pour I'euphonie , un a/f/" initial. lis en ont fait aulant a I'egard d'AssouJtn et d'Akhmim. (a) Strab. Gcngraph., lib. xvii , edit. 1620, pag. 817. La Minerve des Egyptien* etait , selon Platon , la deesse Neith. 1 31 ARCHEOLOGIE. les prctres d'Osiiis, regardant los idces abstraitos de lour re- ligion coninie Irop au-dcssiis dc lintclligencc oidinairo de la multitude, aicnt voiilii employer iin langage plus sensible et liii aient niontrc dans des objcts terrestres divers attributs die la divinitc; qu'ensuite , le pcuple, confondant I'iuiage avec I'at- tribut, ait considere ccs eniblenies grossiers comme autant d'ctres places sous la protection celeste , et dignes par consequent du respect des bommes; voila ce que Ton peut raisonnablement concevoir;voila I'histoire de toules les religions. Mais protendre que c'etaicnt la les dieux niemes des Egyptiens, n'cst-ce pas avancer une cliose absurde ? Comment croire , en effet , a I'exis- lence d'un cuke aussi miserable et aussi ridicule, dans un pays oi\ I'etudedes sciences naturelles etait si avancee, ou Ton scuiptait des zodiaques , ou des precedes chimiques etaient dejii venus an secours de rindustrie,oii I'art difficile du gouvernementelait si babilement applique aux mceurs habitucUes de la nation et a la constitution pbysique de la contree ? Quoi ! ces memes bommes que toute la terre a salues du nom de sages , qui ju- geaient leurs rois sur la tombe , qui les premiers s'etaient eleves au dogme sublime dc I'immortalite de I'amc , qui regardaient cet univers comme unc demeurc epbemere , comme une simple botcllerie oil Ton ne s'arrete qu'un instant, a la veille d'un long voyage; ces bommes, dis-je, qui avaient porte si baut la di- gnite de la raison humaine se seraient degrades jusqii'a s'incli- ncr stupidement devant un reptile ! Apres avoir observe le conrs des astres et avoir soumis a leurs calculs iuvestigateurs tous les secrets de I'barmonie celeste , ils seraient descendus de ces bautes speculations pour se cboisir des dieux dans leur potager ? Ainsi , ce temple meme de Latopolis , dont nous vcnons d'admirer le portique et dont la construclion a peut- elre coute un sieclc eutier , n'aurait ete erige par les Egypliens qu'en I'honneur d'un poisson ! Etrange divinite pour un edifice aussi somplueux ! Idole vraiment digue du i)eii[)le le plus grave . ARCHEOLOGIE. i33 de la terie, da peiiple qui enseignait la saj^essu aux nations, qui donna des lois a I'Attique ct jeta les premiers fondemens de la civilisation iiniversellc ! Les religions se succcdcnt comme Ics villes et les peuples; mais ces grands deplaccmens des societes humaincs sont sur- tout frappans en Egyptc, ou tant de nations ont passe. A Esne, una partie de la population est chretienne : on y eomplc environ trois cents families coptes qui ont kur eglise a trois quarts de lieue an dehors de la ville : « Cette eglise et Ic couvent dont elle depend , disent MM. Jollois et Devil- liers, sont celebres par le massacre epouvantablede chretiens commis sous Diocletien ; c'est iin lieu de pelerinage extreme- mcnt frequente. Ce couvent est tres-considtrable , et il parait I'avoir etc bien davantage : les voyageurs qui nous ont prece- des , s'accordent assez siu' ce point; et les mines que Ton voit encore dans ses environs vicnnent h I'appui de leurs temoi- nages. Ce qui subsistait , a I'epoque de notre voyage, etait entretenu a grands frais; mais, depuis long -terns, le bon gout ne preside pas aux travaux qu'on y execute. » Au nord d'Esne, MM. Jollois et Devilliers nous montrent encore les mines d'un temple egyptien. Sa construction , beau- coup plus negligee que celle du portiquc de Latopolis, a aussi moins resiste aux ravages du tems. Les habitans d'Esne as- surent, cependaut, que cet etat de degradation n'est que le resultat des fouilles multipliees, faites dans ses fondations par ordrc d'Ismayl-Bcy , qni avait con9u I'espoir d'y trouver des tresors. Ce petit temple est precede d'un portique dont le pla- fond, soutenu par huit colonnes , presente sur ses deux sof- fites extremes , un second zodiaque a peu pres semblable a celui que nous avons deja vu; il commencait aussi par la "Vierge; mais une colonnc de la facade, s'etant affaissee, a entraine avcc elle unc partie du bas-relief astronomique : la Vierge et deux autres signcs ont disparu. Des fragmens de t34 ARCIIEOLOGIE. pifne amonccl6s an pied de redifice en poitcnt cticoic les Vestiges : on y a reconnu I'cpi de la Vit-ige, un des plateaux de la Balance et la queue dii Scorpion. Maintenant que nous voici sur la route d'Erinent, prenons conge de MM. Jollois et Devilliers qui, bicntut, nous rejoin- dront a Thebes; et sur les pas dc M. Jomard, allons visiter les ruincs de I'ancienne Hernionthis. « Les antiqnites d'Hor- monthis, nous dit-il, n'offrent rien d'aussi grand que les temples dc Philae, d'Esne et d'Edfou. C'est par une disposition particuliere au temple qu'elles renferment , par I'elegance dc ses colonnes, par les sculptures dont il est couvert, enfin par nn bassin qu'on croit avoir servi de nilometrc, que cos ruines se recommandent a I'attention du voyageur. » M. Jomard nous fait remarquer, parmi les sculptures qui decorent le temple d'Hermonthis, une figure de girafe, la seule qu'on ait trouvee dans les bas-reliefs egyptiens. « A sa taille elevee, a ses jambes anterieures si hautes, k son cou si allonge, a sa queue tres-courte, enfin k ses deux petites cornes, il est impossible de meconnaitre ce quadrupede gigantesque, Tun des plus extraordinaires de I'ancien continent. Ou sait que sa hauteur ,y compris la tete, atteint quelquefois jusqu'a dix-sept pieds, et sa longueur totale, jusqu'a vingt-deux. La Mosaique de Palestiine en renferme une figure qui ressemble beaucoup a celle d'Hermonthis : celle-ci, par la forme de sa tete et la longueur de son cou, a de I'analogie avec le chameau ; mais uous ne I'avons pas vue marquee de ces taches vives qui I'ont faitnommer, chez les anciens, le chameau-leopard. C'est aux naturalistes k rechercher comment la girafe , aujourd'hui in- connue en Egypte, et qui parait releguee dans les deserts de I'Afrique meridionale, etait connue des anciens Egyptiens, et comment ils I'ont figuree dans leurs sculptures, tandis que le chameau ne s'y voit nulle part. » La decoration du temple d'Hermonthis, comnie celle de tons . ARCHEOLOGIE. i35 les cdiQces «';gyptiens, pr^sente une foule d'autres bas-reliefs curieux et dignes d'etre etudies. L'importance que les sujets astronomiques peuvent avoir pour les archeologues, sous le double rapport de la chronologic et des sciences, nous fera surtout distinguer au plafond du sanctuaire un tableau oil plusieurs signes du zodiaque se reconnaissent aisement au milieu d'autres iigures. Ce tableau parait etre la representation de deux equinoxes. Mais suspendons ici notre course : nous n'irons pas , a la suite de M. Costaz, visiter sur la rive opposee les vestiges de I'antique Tuphium que remplace aujourd'hui le village de Taud. Ces ruincs ne consistent qu'en un temple totalenient enfoui , et dont il ne reste au-dessus du sol que deux petites chambres peu importantes. Aussi bien , le lecteur doit etre fatigue du long tiajet que nous venons dc faire : il est tems de reprendre haleine. Notre prochaine exploration commen- cera par cette fameuse Thebes, dont le nom rappelle de si grands souveiiiis et ou nous devons trouver de somptueuxet d'innombrables monumens. Encore deux voyages semblables, et nous aurons parcouru toiite I'figypte. T. E. AGOUB. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS(i). AMERIQUE. . I- — Napoleon, jjoome en dix chants, avec cette (f-pigraphe ; Feriant swnmos fulmina monies. Philadelphie , r8i3 ; de rimprimerie de Thos. H. Salmer. In-8° de yiti et ao4 pag. , avec le portrait de Napoleon en tete du volume. 2. — Koniiigsmarke , the long Finne. — Koningsniarke , le long finlandais,HistoireduNouveau-Monde. New- York, iSaS ; C. Wiley, a vol. in-i2. Depuis un an ou deux , I'Amerique a produit plusieurs auteurs dis- tingues. M. Washington Irving a ete le premier a s'elancer dans la carric're romantique ; plusieiws de ses compatriotes I'y ont suivi. M. Cooper, dans VEspion et les Pioimiers , s'cst montre I'cl^ve d'uu grand niaitre , sir Walter Scott ; mais il rappelle trop souvent dans ses meilleurs tableaux, qu'il n'est qu'imitateur. Cependant, il faut feliciter I'Amerique de ces conquetes dans les doniaines de I'imagination. Si elle n'est pas riche en traditions anciennes , elle offre a ses historiens des sites sublimes , les traits energiques d'un peuple fondateur de sa liberie, de son Industrie , de son commerce, les scenes animees et glorieuses d'une guerre recente , entreprise pour une noble cause ; la lutle des nations sauvages avec la civilisation qui vient les envahir ; enfin , le melange des moeurs anglaises avec les coutumes americaines. Ce n'est point ce qu'a voulu peiudrc I'auteur du roman que nous an- noncons ; il s'est attache a developper le caract^re de ses personnages, dont la plnpartsont du genre comique. II y a dans son ouvrage des verites d'eusemble , mais peu de ces nuances delicates qui annoncent ime observation de la nature. L. S. B. (i) Nous indiquerons par iin asterisque (*) place a c6t6 du titre de cliaquc ou- vrage, ceux des livres etrangers ou francais qui paraitront dignes d'une atteu- tion particuljere , et dont nous reudrons quelquefois ccmptc dans la scctiou des Analyses. LIVRES ETR ANGERS. i37 ASIE. 3. — Clavis sinica , or Elements of Chinese Grammar. — Elemen s tie la grammaire chinoise , precedt^s d'une dissertation preliminaire e t d'un appendice contenant le Ta-Hyoh de Confucius , avec una traduc- tion par J. Marshman. Seranipour, i8i4- i vol. in-4°; prix 5 liv. St. 5 schelliiigs. 4. — New Theory of the persan verbs, with their hindooslanee syno- nymes. — Nouvelle theorie des verbes persans , avec leurs synonymes indoustans ( en persan et en anglais ) ; par le docteur Gilchrist. Cal- cutta. I vol. in-4" ; prix i5 schellings. 5. — Confucius' works. — OEuvres de Confucius, contenant le texte original, avec une traduction et une dissertation sur la langue et le caractere des Chinois, par J. MiRSHM.vw. T. I ; in-4°. Serampour. Prix 5 liv. St. 5 schellings. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 6. — A comparative estimate of the mineral and mosaical geology. — Examen coniparatif des systemes de geologic, d'apri-s le regne mineral et suivant le texte de Moise ; pai- Granville Penn. Londies , i8a3 ; Ogle. 1 vol. in-S" de 46o pages. L'auteur a suivi une marclie tout opposee a celle de ses pre- decesseurs : au lieu de partir des fails existans pour admettre ou rejeter les traditions anciennes , il part de ces traditions pour combattre les faits , il examine les systemes de d'Aubuisson , de Deluc, de M. Cuvier; puis, s'aidant de Newton, de Bacon, et surtout de I'histoire de la creation et du deluge , par Moise , il refute les principes de ces savans , et les conclusions qu'ils en ont tirees. II n'admet point les revolutions des siecles, et les forma- tions successives de la structure interieure et exterieure de la terre. II soutient que le monde n'a subi que deux changemens : que par le premier une partie du globe a ete violeniment fracturee et affaissee , afin de former un vaste reservoir ou lit pour recevoir les eaux repandues sur la surface du monde , qui devint alors ha- bitable pour les creatures. Celte premiere revolution eut lieu avant la creation des ctres organis'^s. La mer , contenue dans cette vaste cavite du globe , y demeura i656 ans. Pendant tout ce tems , ses eaux agirent sur les differens sols qui formaient son lit , et les ma- ti^res organiques animales et vegelales fnrent produiteset accumul^es i38 LIVRES ETRANGERS. rri grand iminbre. Aprc'-s I'expiration do ces i()5() atis , il pint a Dieii fl'opc'i-er par niie seconde revolution , le changenicnt qu'il semblait avoir en vue des le commencement , c'est-a-dire d'abaisser la face de la terre, et de relever celle qui renfermait TOcean. Les eaux s'etant rendues dans leur nouveau reservoir , apres le deluge , lais- serent a sec la terre que nous habitons. M. Penn veut expliquer les plienomenes geologiques par ces revolutions soudaines , par la presence de Taction du fluide marin pendant un si long espace de terns , etc. , etc. — L'auteur prepare un supplement sur les decou- vertes geologiques faites dans la caverne de Kirkdale. L. S. B. 7. Journal of a ten months' residence in new Zealand. — Journal d'un sejour de dix mois dans la Nouvelle Zelande , par le capitaine Richard A.. Cruise. Londres, i8j3 ; in-S". L'envol d'un vaisseau de Port-Jackson a la Nouvelle Zelnnde , pour prendre a bord du bois de construction , a fourni a l'auteur une bonne occasion d'observer les moeurs des insulaires de la Nouvelle Zelande , d'autant plus que son sejour a ele beaucoup plus long que celui des navigatenrs qui nous ont entretenus prccedemnient de cette contree. Malheureusement , les moeurs des Zelandais n'ont rien gagne a etre observees avec une attention plus assidue; elles out paru au capitaine Cruise aussi sauvages et aussi feroces qu'an capitaine Cook , et a tons les navigatenrs qui I'ont suivi. M. Cruise et I'equipage du vaisseau ont acquis les preuves les ])lus convaincantes de I'anthropophagie de ces sauvages , qui ne oa- elieut point leur gout pour la chair humaine. Cook a laisse cliez eux des legumes d'Europe , surtout des pommes de terre : ces ve- getaux ont prospere dans le sol de la Nouvelle Zelande ; les insulaires ont du poisson et des coquillages en abondance ; les pores errent dans un etat sauvage dans leurs for^ts ; les vegetaux indigenes de leur lie offrent egalement une bonne nourriture. Cependant, rien n'egale, j)Our ces feroces anthropophages le regal affreux de la chair humaine. Des missionnaires anglais ont forme un etablissement dans la Nouvelle Zelande ; mais , jusqu'a present , on ne s'apercoit guere de ''effet de leurs predications sur les moeurs des habitans. Le capi- taine Cruise vit revenir mie troupe de sauvages de la guerre qu'ils avaicnt portee dans une partie eloigiiee de I'ile. Les vainqueurs se \anlaient de la multitude d'hommes qu'ils avaient massacres , et apportaient comme des trophees les tetes de leurs victimes , que, par un precede particulier , ils savent conserver sans aucune alte- ration. Un de ces sanvages , qui appartenail a Time des premieres LIVRES ETRANGERS. i39 families , apportait dans an panier la tete d'un chef qu'il avail tue. En presence des Anglais , il produisit ce trophee horrible , et la jeta devant la fille de ce chef qu'il avail faite prisonniere. A cettc vue , le desespoir s'empara de la jeune sauvage ; elle saisit des deux mains a tete de son pere , la baisa , puis , dans an acces de rage, elle piit un morceau de coquillage , et se fit de larges blessures sur tout le corps. Cependant , les Anglais out appris dans la suite quelle avait fini par epouser le meurtrier de son p^re. La facilite que les Zclandais ont maintenant de se procurer a Port-Jackson des fusils et de la poudre , fait que leurs guerres deviennent plus meurtrieres , surtout lorsqu'ils viennent envahir des contrees qui n'ont pas encore I'usage des armes a feu. Quelques chefs, qui avaient fait des achats de ce genre , revinrent dans leur ile par les memes vaisseaux que montaic le capitaine Cruise. En debarquant , ils furent accueillis par toHS leurs parens et amis ; I'accueil eiait bizarre ; les parens et les nouveaux debarques se touchaient par le nez , et, dans cette atti- tude , ils poussaient des hurlemens affreux , qui duraient une deml- heure. On peut cependant prevoir qu'a mesure que les colonies anglaises de la nouvelle Hollande se developperont , elles augmen- teront leur influence sur la population sauvage des ilea de la mer du sud. Le peuple , qui ne profite aujourd'hui du voisinage des eta- blissemens anglais que pour acheter des fusils et de la poudre , aim de tuer plus d'ennemis , viendra peut-ctre un jour a Port- Jackson pour vendre des marchandises , et prendre en retour des livres , des objets d'arts , des machines utiles. Cette revolution ne se fera pas subitement , et il pourra se passer encore bien du tems avant qu'elle ait lieu. Un des insulaires qui a etd parmi les Anglais, et qui a recu quelque instruction des missionnaires , dit a M. Cruise (jue la rcforme de ses compatriotes etait impossible , et qu'aussitot qi/on engageait les Zelandais a travailler , ils s'endormaient; mais qu'ils ouvraient des yeux de la grandeur d'line soticotipe des qu on leur parlait de guerre. Celui qui parlait prouvait bien, en effet , qu'il est fort difficile de reformer un Zelandais ; car , malgre son sejour parmi les Anglais , et nialgre les lecons pacifiques des mission- naires, il se vantait d'avoir , dans une excursion recent^ , fait une chasse heureuse sur les ennemis, etd'en avoir tuc vingt-deux ; mais, pour prouver qu'il avait profite de I'instruction europeenne , il ujoutait qu'il n'avait pas mange leur chair , et qu'il n'avait tue pcrsonne le diniaiicho. Je crois bien que la civilisation aura de Li peine a se developper sur ce sol sauvage ct iiihospitalicr ; ce- i4o LivRK.s ktka.ngi:r.s. pendant , il i\v faut pas drsesperer du succ^s detinitif. D'autres jKuples sauvages sont devenus chretiens et pacifiques ; les Zc-Ian- dais resisteront difficilement a I'infliiencc bienfaisante d'une civi- lisation qui commence a se repandre autour d'eux. L'un d'eux appre- nant qu'en Angleterre les rats sont plus gros que dans la Nouvellc Zelande , engagea les Anglais a en importer pour ameliorer la race des rats indigenes qui servent de nourriture ; hientot ce ne seront plus des rats, mais des animaux plus utiles, que les Zelandais de- sireront voir importes cliez eux : ils voudront jouir des productions vrgetales et animates qu'ils auront vues au Port-Jackson ; il leur laudra des nioyens d'echange pour se procurer les marchandises dout ils conuaitront et gouterout I'usage ; its sentirout la necessite de travailler, et ce sera la le premier acheminement a leur civi- lisation. D — G. 8. — Principles of the Kntitesian or transcendental pliilosophy. — Principes de la philosophic de Kant , ou Philosophie transcendantale ; par Thomas Wirgman , auteur des articles Kant , Logique , ilctaphy- sique , Philosophie morale, Philosophie , etc. Londres , l823 ; Longman. I vol. in-8". Get ouvrage est un resume des vcrites philosophiques repandues dans les divers ouvrages de Kant , dans sa Critique de la raison pure, sa Critique de la raison pratique , sa Critique du jugement. On sait avec quelle chaleur et quelle force cie logique le philosophe alle- niand s'cleva contre la philosophie materialiste , si commode dans ses principes et dans ses conclusions. M'"'= de Stael a dit , en par- lant de Kant : "II voulut retablir les vcrites primitives et I'activite spontanee dans I'dme , la conscience dans la morale et I'ideal dans les arts. » C'est , en peu de mots, I'abrege de la philosophie de Rant , ou philosophie ascendante , comme la nomme M. Wirgman. En siraplifiant et en niettant a la portee du public anglais cette doctrine epuree , I'auteur de ce livre aura rendu im veritable service a la soclete : tout ce qui tend a ennoblir notre anie , a diriger nos facultes vers le but le plus noble , celui de noire perfcctionnement, doit etre accueilli avec empressement en tout pays. Nous renvoyons les lecteurs curieux de connaitre les resultats de cette philosophie, a I'article intitule : « Quelques vues sur le developpement natmrel et pi-ogressif de I'esprit humain et de la civilisation , » ou ils trou- veront un expose des idties de Ficlite , qui a ete en quelque sorte le successeur de Kant. (Voyez page 5 , volume xx de la 1''° serie.) 9. — Uislory oflhe political Institutions of the nations of Europe LIVRES ETRANGERS. i/,r and of America. — Histoire (les Institutions politiques de I'Europe et fie rAmerique; avec les constitutions et Ics chartes par lesquelles elles ont ete et sont encore gouvernees ; par T. E. Evans. Londres , 1823 ; Black , Young , etc. Premiere partie ; r vol. de 352 pages. Get ouvrage est traduit du francais , de MM. Diifau , Duvergier et Guadet. C'est un cours d'histoire civile , ou Ton peut etudier les institutions , leur but , leur influence , et surtout I'esprit dans lequel elles ont ete creees. La France a fourni le sujet du premier volume , le second doit embrasser la HoUande et les Pays-Bas. L'ouvrage entier se composera de cinq a six volumes in-8°. lo. — The Stranger's Grare. — Le Tombeau de I'Etranger , roman. Londres, iSaS ; Longman, i vol. in-r2 de 3o6 pages. Un gout tres-prononce pour I'exageration des sentimens et I'invrai- semblance des situations , domine dans une certaine classe de littera- teurs. Depuis lord Byron , on a peint les gens passionnes comme des forcenes ; mais, a force de vouloir creer des emotions , on Cnit par blaser ses lecteurs. Matburin, M'"c Shelley , Fauteur d'Adam Blair, sont les chefs de cette ecole delirantc. Les passions sont terribles dans leur empire , dans leur developpement , mais elles s'emparent de nous peu a pen. Si elles s'annoncaieut par des eclats de tonnerre, elles ne se- raient plus dangereuses. Les auteurs que j'ai cites , et I'inconnu qui se dispose a march n- sur leurs traces (du moins cet ouvrage I'annonce), n'ontrecours pour interesserqu'aux catastrophes les plustragiques. L'a- mour des deux heros de ce roman est illegitime etpresque incestueux ; mais Fjmilie est ravissante, Edouard tst plein de tendresse et de devoue- ment a celle qu'il aime. Cependant il la seduit , I'enleve a ses parens , la conduit en Espagne ; la il s'enfonce toujours plus avant dans les an- goisses et le deshonneur de la misfere. Edouard est fouette publique- nient : Emilie , le cceur brise par ses souffrances et son ignominie , meurt de chagrin. A ce tissu de catamites, I'auteur a mcle quelques scenes moins sombres. II semble attendre I'approbation du public pour pubiier de nouveaux ecrits ; mais il devrait cbercher a la meriter en consacrant son talent a une peinture de moeurs vraies , de sentimens profonds , passionnes meme , et non furieux. La morale ne peut que perdre a ces tableaux exageres qui mettent a la place de la nature une declamation fausse et de mauvais gout. Revue sommaire des principaux recueils pcriodiqiies publies en Angle- terre siir les scie/ices , les letlres et les arts. IjC renouvcllement de rannce est un moment favorable pour les i4a LIVRES KTRA?s'GER,S. revues. A cette epoque, une curiosity plus ou moins satisfaite rassemble les souvenirs et les met en ordre , afin de juger, par les acquisitions de I'annee qui s'est ecouiee , de celles que promet I'annee qui com- mence. Le m<5me motif de curioslte nous excite en m^me tems a pro- mener nos regards autour de nous , a observer ce qui se passe chez nos voislns , a examiner s'ils ne sont pas mieux pourvus que nous dcs moyens de cultiver les vastes domaines de la pensce. Essayons done une excursion parnii les journaux anglais : dem^meque Ton juge dans chaque pays de I'activite du commerce par la multiplicite et le bon t^at des routes, nous pourrons aussi, en examinant tour d tour les journaux des dif'ferenles nations , connaitre a peu pres la nature et I'activite des echauges iiitellectuels qui ont lieu entre elles. Nous ne nous attacherons point a classer les journaux que nous allons com- prendre dans notre nomenclature. Nous les prenons dans I'ordre dans lequel ils s'offrent a nos regards. 11. — ZoologicalJournal. — Journal zoologique , dirige -^d^T Thomas Bell, /oA« Children , etc. Londres , 1824; Williams Phillips. Ce journal parait tous les trois mois, format demi-in-8° ; prix 10 schel- lings. 12. — The christian Glenner and servants' Magazine. — Le Glaneur chretien, ou le Magasin des serviteurs. Londres , 1824 ; Brown. N° i; prix 2 pence. 13. — The literary Museum, and Register of arts , sciences, belles- lettres, etc. • — Le Musee littcraire , ou Annales des arts , des sciences et des belles-lettres, public tous les 8 jours ; unefeuille d'impression , im- primee sur deux colonnes. Londres , i8a4 ; Warren. Prix i sclielling. \^. — Le Courier de Londres, journal politique et litteraire , public tous les mardis etvendredis. Londres, 1824 ; Cox et Baylis. Prix de I'abonnement , par trimestre , i livre sterling pour I'Angleterre. Parmi la quantite d'ouvrages periodiques uouveauxqui s'etablissent au commencement de I'annee , en Angleterre , nous avons remarque ceux dont on vient de lire les litres. Le premier, consacre a la zoologie, comme I'anuonce son titre , se compose de memoires originaux , de traductions d'articles etrangers , et de notices sur des faits nouveaux et remarquables qui se rattachent a cette branche d'histoire natnrelle. Chaque cahier est orne de gravures soignees , et coloriees quand le sujet I'exige. Les redacteurs invitent les savans anglais el etrangers a leur envoycr en commimication les articles qu'ils croiront suscepti- blesd'<5tre inseres dans leur recueil. — Le second est du iiombre de ces ouvrages utiles, si mullipli(^s en Angleterre , et qui tendenl a repandre LIVRES ETR ANGERS. i^i les germes d'une bonne instruction morale dans les classes pauvres , et a reformer les penchans vicieux. La classe des doraestiques est sur- tout exposee a la depravation ; et ce recueil a pour but de lui procui er une lecture amusante et instructive. Elle presente des anecdotes mo- rales, de courtes notices origlnales, ou tirees d'ouvrages rares, nou- veaux, oud'unprix tropelevepour ce genre de lecteurs. — Lelroisieme ressemble a tons les journaux periodiques qui traitent de la litterature, des arts, des sciences, etc. — Le nombre en est si grand dans la Grande- Bretagne, qu'on a lieu de s'etonner qu'il s'en eleve de nouveaux. Grices a cette multitude de recueils , il u'est presque pas un auteur qui n'obtienne une espece de celebrite , et dont. les ouvrages ne soient louos ou critiques, selon leur merite. — Lesediteurs du Musee littcraire pro- mettent , corame tous les entrepreneurs de semblables ouvrages, une critique sage, eclairee, impartiale. Ce journal paraissait deja depuis trois mois ; mais il passe entre les mains de nouveaux redacteiu-s qui se proposent d'agrandir le plan , et de donner plus de developpement aux articles d'arts et de sciences. — Le Courier de Londres, seul journal francais publie en Angleterre , semble devoir etre plus specialenient consacre aux affaires publiques ; il promet de rendre compte des prin- cipaux evenemens qui ont trait a la politique , en Angleterre et dans les pays etrangers. S'il est en effet ccrit par des hommes independans et impartiaux, il sera tres-utile et interessant, mais on craint qu'il no prenne la couleur ministerielle. II s'occupera aussi de litterature et de beaux arts. On voit que ces quatre journaux traitent separement de sciences , de morale , des belles-lettres et des arts , enfin de politique. C'est a pcu pres la division dans laquelle on pent classer tous les nom- breux recueils periodique des lies Britannlques. 1 5. — The Edinburgh philosophical Journal. — Le Journal philosophique d'jfedimbourg , par Brewster et Jameson. Edimbourg , 1824; Cons- table. I vol. in-8°, n° six , orne de gravures ; prix 7 schellings 6 pence. ifi. — The Edinburgh medical and surgiculJoumal. — Le Journalde medecine et de chirurgied'Edimbourg. Edimbourg, i8a4 ; Constable. I vol. in-S", avec planches, n° lxxviii , premier d'une nouvelle serle ; prix 6 schellings. On s'occupe plus exclusivement de sciences a Edimbourg qu'a Lon- dres ; aussi les journaux scientifiques y sont-ils proportionnelle- ment plus nombreux et mieux rediges. Le Journal philosophique embrasse presque toutes les connaissances humaines , et ne les traite point d'une maniere superficielle. Dans le cahier de decembre , que nous avons sous les yeux , on lit, i" un Memoire du capitaine Lloyd, I/, 4 LIVRES ETRANGERS. sur les iiionts Hymalaya ; 2° une Description de I'ouragan qui a eu lieu a Scarborough , le 24 jniu dernier ; 3" des Observations d(* M. Humboldt , sur la formation dos rochers ; 4" le Rccit d'experiences faites sur le gaz par M. Kerr; 5" quclques fails curieux siu- I'liistoiro naturelle par le docteur Fleining; (i° Tables des variations de Taiguillo niagnctique ; 7° la Lanipe monocbromatiquc decrite par M. Brewster, ct une foule d'autres articles qu'il serait trop long de citer ici. Uii compte rendu des diverses transactions des societes savantes , et plusieurs articles de uouvcUes scientifiques terminent le caliier. ( Voyez Ref. Enc. prem. serie, tome xviii , page iifi. ) • — ■ Le Journal de Mcdecine et de Chirurgie prescnte un tableau clair et precis des progres actuels de ces deux sciences dans les royaumes Lritanniques. II annonce les dccouvcrtes les plus recentes et les plus importantes , donne I'analyse des ouvrages savans qui traitent de la niedecine, de la pharmacie ou de la chirurgie; les redacteurs renfer- mes jusqu'ici dans un cadre trop etroit , n'avaient pu donner beaucoup de developpement aux analyses et aux communications qui leur etaient faites ; maintenant ils ne se borneront plus au simple recit des faits, il les commenteront , ou les refuteront lorsqu'il y aura lieu ; en consequence , ils ont augmente la secondc et la troisicme division de I'ouvrage. 17. — The Edinburgh Review. — La Revue d'Edimbourg , qui jouit d'une reputation europeenue. mais qui,malgre le merite bien reconnu de ses redacteurs , n'a pas toujours ce caractere de justice et d'impar- tlalite , qui exclut les preventions etroites de I'esprit de nation ou de localite, aura droit plus tard a un article ctendu dans ce recueil. Mais prives depuis long - terns de la reception des cahiers de ce journal , que ses editeurs avaient donne I'ordre de nous cnvoyer regulierement , nous ne pourrions guere en parler que par ou'i-dire , ou d'apres un examen rapide et superficiel des nunieros que nous avons pu nous procurer et parcourir quelques instans. Quand il nous sera exacte- ment envoye , nous aurons soin den faire connaitre le contenu a nos lecteurs. 18. — The 31onthlj' Magazine. — Recueil niensuel , dirige par sir Ri- chard Phillips. Londres , Janvier 1824 , 58'' vol. , n° Sgo. i vol. de 160 pages; prix : j. schcllings. 19. — The European Magazine. — Recueil europeen. Londres , de- cembre 1823 ; Sherwood. 84*^ vol. , 11° 5o4. 1 vol. de i5o a 160 pag. , orne d'un portrait ; prix 2 schellings. ao. — Tlie New Monthly Magazine. — Nouveau recueil meusuel ; LIVRES ETRANGERS. i45 journal litteraire. Londres, Janvier i8a4 , n° xxxvii. Colburn. i vol. de ICO pages ; prix 3 schellings six pence. 31. The London Literary Gazette. — Gazette litteraire de Londres , publiee tons les huit jours , at d'une feuille d'impression , format in-4° imprime sur trois colonnes. Londres , 1824 ; prix 8 pence. A cette epoque oii les journaux renouvellent la promesse d'etre amusans , varies et instructifs , il est bon d' examiner les cahiers precedens , pour savoir jusqu'a quel point on pent se fier a leurs promesses. Les journaux que nous venons de nommer supportent cette ejjreuve. Le Monthly Magazine , dont nous avons deja parl6 aveo eloge , se recommande par une grande independance politique , et par un bon choix de nouvelles scientifiques et litteraires. Use compose en grande partie de lettres ou de communications qui out tour a tour pour objet les arts, les sciences, la litterature, I'economie politique,etc. ; des projets utiles y sont souvent presentes au public. C'est m^me le caractere distinctif de ce Recueil , qui a contribue par ce nioyen a I'adoption de quelques mesures , ayant toutes pour but le bien general, et a la fondation de plusieurs etablissemens utiles. Dans le caliier de Janvier, on remarque, 1° la proposition d'uuM. Harrison Wilkinson, d'etablir , par le moyen des bateaux a vapeur , une communication prompte et facile , entre I'Aagleterre et les Indes orieiitales. Selon son calcul, le voyage ne serait que de 3i jours , et pourrait avoir la rcgu- larite du courrier. Voici le chemin qu'il trace : De Falmouth a Gibraltar 1200 milles 5 jours. De Gibraltar a Rosette 2170 9 De Rosette a Bulac , ou au Caire , en remontant le Nil no i Du Caire a Suez , par terre. ..... 70 2 De Suez jusqu'a Bombay, par la Mer- Rouge 33oo 14 3 1 jours. L'auteur de ce plan leve tous les obstacles qui pourraient en con- trarier I'execution ; mais la nouvelle machine a vapeur perfectionnee par Perkins , exigeant moins de charbon , ]>ermettra aux vaisseaux des voyages de plus long cours et facilitera I'etablissement de paque- bots a vapeur, qui se rendront aux Indes par le Cap de Bonne-Espe- rance. 2° Un projet pour assainir et nettoyer la capitale, qui n'exigerait pi une depense de 3o a 35, 000 louis par an , a repartir comme taxe sur chaque maison. 3° Description d'une route marchande depuis la T. XXI. — Janvier i82/(. 10 i/,fi I.IVRES ETRANGERS. MerCaspieiim-jusqu'aChiwa, otjusqu'en Bucharie. 4° Une notice snr Ifs « Kingt, , ou livres canoniques ctmorauxdesChinois (traduction de \[\ Bevne Encfdopedlqiie , Tom. \-m-l,Y>'^g. 260-278 6^490-498). 5° Quel- ques details sur une tribu appelee Kroomen , habitant un petit district sur Ics cotes de I'Afrique. 6° Theories des volcans, par M. Gay-Lussac, discourslu a I'Acadeniie des Sciences de Paris. 7° Notes sur Paris: ce sont quelques reflexions insignifiantes sur I'exposition , leMuseed'his- loire naturelle , les passeports , les ecoles , les depenses necessaires a ]a vie. Nous avons deja eu I'occasion dereniarquer qu'en general tout ee qui a rapport a la France , a ses mteurs , a sa litterature, est traite trop succinctenient dans le Monthly, et peu digne de ce recueil ; on ne trouve , dans ces sortes d'articles , ni verite d'observation , ni remar- ques piquantes ; en un mot , rien qui puisse faire pardonner les prcjuges anti-francais qui percent a chaqueligne. 8°Esquisses des persecutions I eligicuses : n° i , I'inquisition. Get article est en grande partie em- prunte a VJbrege de I'histoire de I'inquisition , public en France, et dont Irois editions se sont ecoulees en quatre mois. 9° Une analyse inte- ressante de la Revue Retrospective. 10° Une notice biographique sur le celebre lord Erskine , mortle 17 novembre dernier pres d'Edinibourg. Yiennent ensuite les nouvelles scientifiques et les decouvertes philo- sophiques. — Lesredacteurs anuoncent qu'a I'avenir ils consacreront une section de leur journal aux progres des arts et de I'industrie. Le Recueil Europeene&t d'un genre plus leger. Ildonnede lapoesie, des contes, des esquisses de mceurs. Depuis le Speciateur, ces articles ont toujours ete a la mode cbez les Anglais. Quelques-uns se distin- guent de la foule ; mais la plupart sont manieres , et repetent des observations communes. Ccux qui nous ont paru les plus reniar- quables dans ce cahier sont le Naufrage , la Fete des Montagnards , le Nouvel An. Chaque cahier de ce recueil est orne d'un portrait , fort bieu grave , de quelque homme celebre du siecle. Dans celui de decembre , figure Martin Archer Sbee , irlandais, qui est fi la Ibis peintre et poete. Ses vers , qui sont beaux , ne peuvent se com- parer cependant a ceux de lord Byron , quoique le citateur les mette fort au-dessus. Une grande partie des articles sur la litterature etran- gere sont empruntes a la Revue Encyclopediquc. On y rend comptede la Suisse'^, par M. Depping ; d'un ouvrage italien , et d'une Histoire des lettres et des sciences dans les Pays-Bas , aprcs les annonces des livres anglais. Ce recueil est termine par une notice sur les beaux- arts , et des nouvelles des theatres , etc. Le New Monthly est un des journaux periodiques les mieux ecrits. LITRES ETRANGERS. 147 Campbell , qui le dirige depuis long-tems , lui a donne tout le poll de son style. 11 n'a pas un plan bicn arrete. Des recherches savantes sur riiistoire d'Aragon precedent une revue de I'annee i8ii3. Comma elle fait allusion aux evenemens et aux personnages titres et lettres qui out occupe la scfene en Angleterre , le sel en est souvent perdu pour des lecteurs etrangers a ce pays. Une notice sur Ferney arrive en troisieme. On y eleve Voltaire , mais en rabaissant Rousseau. Comme ces deux liommes de genie different entre eux sous tous les rapports , le rapprochement etait au moins inutile , et I'auteur aurait pu s'epargner des reflexions qui prouvent ou qu'il ne comprend pas bien le francais , ou qu'il n'a pas le sentiment du vrai et du beau en litterature. Ses diatribes contre le talent de Rousseau, contre son elo- quence , etc. , sont tres-peu convenables , surtout dans la bouclie d'un etranger qui est si rarement bon juge de nos auteurs. L'article inti- tule « les Compagnons de voyage » est une revue de personnages maussades , ennuyeux ou maniaques , qui troublent les jouissances du voyageur tranquille. Un article oblige sur I'annee derniere , et une ebauche du caractere de Jeremie , Bentham completent les morceaux originaux du cahier. Parmi les pieces de poesies melees a la prose , on remarque la Chute de Grenade ou le Massacre des Abencerages. Le registre historique qui forme la seconde partie du New Monthly est rempli par la politique , les theitres , les beaux-arts , les nouvelles ctrang^res empruntees a differens journaux , et souvent a la Revue Encyclopedique. La Gazette litteraire de Londres, qui traite exclusivement de litte- rature , se compose d'analyses d'ouvrages anglais et de citations. Elle aurait de la conscience litteraire , si I'esprit de parti ne percait dans ses jugemens toutes les fois que I'ouvrage critique a trait a la politique. Nous reviendrons sur ces differens journaux , dans un article sur la critique , en France et en Angleterre , et sur i'esprit des journaux anglais. 22. — The Retrospective Review. — La Revue Retrospective, n° 16. Londres , 1824 ; Sherwood et comp. i vol. ; prix 6 schellings. C'est une heureuse idee que celle d'avoir consacre un recueil entier a I'examen des ouvrages anciens , tombes dans I'oubli par notre amour de la nouveaute , ou par les changemens survenus dans les moeurs ou dans le langage. Retournant en arriere avec autant d'em- p 'essement et de curiosite qu'en mettent les nouveaux journalistes , a s'elancer au-devant des productions nouvelles , pour en predire la chute ou le succes , les savans redacteurs de ce Journal du passe , ne i48 LIVRES ETRANGERS. se lassent point dv fonillcr lesann.iles do la liltiVatureangtaise; cliaque niois , ils en tircnf de nouvellcs curiositos , qui viennent faire diversion mix edits flu jour. C'est aussi uiie justice a rendreaux'pauvres nuleurs inorts , qui ressuscitent quelqnefois pour tuer les vivans. Le dernier caliier de la Jit\'ue Retrospective ne le cede point aux prec^dens ; le pre- mier article est consacre a I'hisloire ( la chronique Saxonne ) , le second , aux OEuvres de Taucien poete Daniel ; le quatrieine a pour tilre OEtivres completes de Birnard , et traite de la pot^sie francaise. L'espace ne nous perniet pas de designer tout ce qui nierite d'etre lu dans ce cahier : il faudrait eu donner la table. Nous nous borncrons a dire qu'ou ne s.nurait trop louer le plan et I'execution de ce recueil, I'un des plus utiles et des mieux rediges de I'Angletcrre. 23. — The Liberal. ■ — Le Liberal. Londres , 1824; John Hund. 2 vol. in-8° ; prix i guinee. Get ouvrage , etant discontinue, comme recueil periodique , est des- tine a faire suite aux oeuvres de lord Byron , qui en etait le fondateur et le principal redacteur. II contient la yisioii du jngement , le del el lu Terre , injstere , le premier chant de Morgante IHaggio/e de Pulci , tra- duit en vers anglais , et plusieurs autres poemes , essais et melanges. 24. — The Ladies' PocAec, ifJagaziiie. — Journal de poche a I'usage des dames, n. i. Londres , 1824 ; Robins et comp. Prix fi pence (12 s.) Le titre de ce recueil n'est pas d'un bon augure ; tout ce qu'on adresse aux dames en litterature , depuis les almanachs satines , les etrennes galantes, etc., jusqu'aux journaux , est en general d'une fadeur et d'un ton insignifiant , qui feraient croire que leurs auteurs ont en gi'neral une bien fausse opinion de notre sexe ; de petits vers bien faibles, quelques anecdotes, deux ou trois faceties, un conte sentimental, des charades ou des enigmes : tel est a peu pres le con- tenu de ce genre d'ouvrages. II serait a souhaiter qu'on agrandit un peu en litterature le domaine des dames , qui se vengeut au reste de I'idee qu'on a de leur jugement , en ne lisant point ces pales pro- ductions. Les redacteurs du Journal de poche prometlent des biogra- phies, des essais , des anecdotes , des poemes : il n'a encore paru que le prospectus. 25. Repository of arts , literature , fashions , etc. — Les Archives des arts , de la litterature, des modes , des manufactures , etc., pour Jan- vier 1824, Londres; Ackermann. I cahier de 62 pages in-8 ; prix 4 scbellings (5 francs). Ce journal est surtout destine aux dames ; de jolies gravures , re- prcsenlant lour a tour les vues des cbiiteaux et des niaisons de j)lai- I.IVRES ETRANGERS. i/,9 s.mce les plus celebres de I'Angleterre, et les moiles nouvelles, ou divers modMes d'ameublemeiit , ont conlribut; ;i liii donner une veri- table vogue. Le texte se compose d'extraits de quelques journaux et ouvrages etrangers ; de aouvelles ou dc pieces diverses originales ; et cnfiii d'une revue niusicade , de poesies inedites , de nouvelles litte- raires , etc. Dans le dernier cahier (Janvier 1824) , nous avons reniar- que une anecdote intitulee , « Toujours fidele » , esquisse de la societe francaise , et une espece de tralte sur les boutiques de Paris. C'est nialheureusement un travers de bien des journalistes anglais , de croire qu'ils font preuve d'un grand talent d'observation , et peut-ctre d'un patriotisme recommandable , en denigrant les Francais. Ainsi , I'auteur de la nouvelle dont nous venons de parler , nous paraJt connaitre bien nial la France, et la juger avec une partialite peu reflechie , lorsqu'il dit : « J'ai toujours considere la societe en France, comme dans un grand etat de demoralisation : comment peut-il en ctre aulrenient? A peine sortie d'une revolution oii toutes les passions malfaisantes avaient cte dechainees , il n'est pas permis d'esperer que les convenances mo- rales y soient rcspectees , etc. » Ce petit roman est plein de reflexions de ce genre. Quant au voyageur qui entreprend de tracer I'histoire des boutiques parisiennes , il ressemblea la plupart de ses compatriotes. , qui pretendent apprecier notre pays et nos moeurs , lorsqu'ils ont par- couru nos principales rues , et admire les enseignes de nos coiffeurs cl de nos magasins a prix Gxe. id. Philosophical Magazine and Journal , etc. — Le Magasin philo- sopliique, embrassant les diverses branches des sciences, des arts libc- raux, de Tagriculture, des manufactures et du commerce. II en parait lous les niois un cahier in-8°, de 80 a 100 pages. Londres, 1824; R. Taylor. Prix du cahier 2 sh. 6 d. ( un peu plus de 3 francs. ) C'est un des meilleurs journaux scientifiques que Ton public en An- glt'terre. II contient, outre des memoires originaux , un bulletin biblio- graphique interessant , et les nouvelles scientifiques les plus impor- tantes. Nous avons remarque dans le dernier cahier (decembre 1823), un memoire de M. Faraday sur la condensation des gaz , et un autre article sur les ponts suspendus, 27. The Quarterly Review. N" 58. Londres, decembre i823 ; Murray, i vol. in - 8" de 698 pages ; prix 6 shellings ( 7 fr.mcs , 5 sous). Nous avons fait plusieurs mentions de cet excellent recueil , et nous ne lui avons jamais refuse les eloges qu'il merite, quoique nous ayons du souvent signaler les erreurs oil I'enlraine une partialite na- i5o LIVRES ETRANGERS. tionale et iiial eiiteiidue. Le cahier actuel est un des meilieurs que nous ayons vus depuis long-tems. II contieut un bon article suf les deux ouvrages suivans : Essai sur I'^loquence de la chaire , par S. Em. le cardinal Maury , et For the oracles of God, four Orations , by the Rev. Ed. Irving. G'cst un parallele interessant do I't'loquence de la chaire, chez les deux nations fraucaise et anglaise, et d'apres les ouvrages de deux ininistf^s des deux religions , catho- lique et reformre. Nous y lisons ensiiitc des analyses sur les oeuvres completes de Demostliene et d'Eschine , publiees par J. Planche, sur un voyage aux Etats-Unis par W. Faux , fermicr anglais , sur Don Carlos ou la Persecution , tragedie du celobre lord John Russel , sur un memoire du major general sir John Malcolm , relatif a rinde centrale. Les deux traites qui suivent , sur la comcdie en France , et sur I'liistoire de la sorcellerie , sont curicux et intcres- sans. Le dernier contient un apercu rapide de dilferentes causes auxquelles on doit attribuer la croyance absurde des pactes diabo- liques , et les persecutions revoltantes qui en furent la suite. Quant au premier , qui traite de la comedie chez les Francais , nos opi- nions litteraires ne sont nullement d'accord avec celles du critique anglais , qui , du reste, parait un homme fres-instruit. Les analyses qui terminent le volume ont pour objet diverges brochures sur la traite des noirs , un voyage en Afrique , deux ouvrages ecrits en faveur du clerge anglican , et enCn les differens pamphlets auxquels a donne naissance le singulier memoire duduc de Rovigo. (Voy. Rev. Emcyci,. I." serie , T. xx, p. fi3o-633.) a8. — The Hive , or IVeekly register of remarkable Events. — La Ruche, ou Annales des ^venemens remarquables de la semaine , t. ir. Londres , iSaS ; J. Onwhyn. In-8° de 4^2 pages, petits caracteres ; prix 5 schel- lings , cartonne. Ce recueil parait par cahier de deux sous d'Angleterre ( quatre sous de France ) chacun. Destine surtout aux classes ])eu aisees , il contient un clioix de citations des ouvrages moderncs les plus intercssans et les plus chers , des extraits amusans de voyages , des essais sur des sujets populaires , des anecdotes , des contes , des epigrammes , etc. II ne parait que depuis un an, et il est deja tr<>s-repandu. Le but des editeurs est de propager I'instruction, de cultiver et de rcpandre le gout des lettres, enfin d'ouvrir une source d'amusement aux classes laborieuses. Ce journal parait tons les niercredis , avec trois gravures. ag. — The Mechanic's 3Iagaziiie , Museum, Register, Journal, and Gazette. — Recueil, Museum, Registre, Journal et Gazette de Far- LivRES Strangers. i5i tisan, premiere et deuxi^me parties , ouvrage destine a I'instruction et h ramusement des classes ouvrieres , public par livraisons tous leshuit jours. Londres , iSaS; Knight et Lacey. Cliaque partie , ornee de i4 grayures sur bois , se vend i sclielling. C'est une imitation des Annales de I'indiistrie nalloriale , redigees en France parM. Le Normand , professeur de technologie, et par M. de Moleon. Le plan n'est pas a beaucoup pres aussi bien entendu que celui de ce dernier ouvrage ; les articles ne sont ni aussi erudits ni aussi inte- ressans ; cependant , on ne pent refuser a ce nouveau recueil le merite d'etre utile aux lecteurs auxquels il est adresse. Quand il ne ferait qu'eveiller parmi eux le gout des arts mecaniques , en leur en raon- trant les resultats , il i\e serait point a dedaigner. Voici les sujets de quelques-unes des gravures : ils feront juger de la variete et du genre des articles : i° la nouvelle machine a vapeur de M. Perkins ; 2" por- trait de James Walt ; 3" cloche a plonger a Slieerness ; 4° '^ol dans I'air; 5° coupe de Tantale; 6° jetee , detroit de Plymouth ; 7° carte du port de Plymouth ; 8° poulies de White ; 9° ascension de mademoi- selle GarnerJM en ballon , de Paris , et desceute dans un parachute ; 10° Miroir ardent d'Archim^de ; 11° appareil de M. Perkins pour rechauffm' les magasins , etc.; 12° carrieres de Nieder Mending, oil Ton trouve les pierres propres a construire des meules de moulin ; 1 3° machine employee pour clever Ws pierres hors des carrieres • 14° nouveau ressort ou serrures pour assurer les portes ; i5° methode de M. Vallance pour rechauffer les maisons ; 16° enclume perfection- nee ; 17° deux vues du miroir ardent de Parker; 18° nouveau mode pour assurer les roues de voiture : 19° la premiere machine a vapeur ; ao° le premier bateau a vapeur ; 2 1° appareil a devorer la fumee , etc. 3o. The Spiric of the public Journals /or the year 1823. — Esprit des journaux publics de 1828. Londres, 1824 ; Sherwood, i vol. in-8°. C'est un choix de tout ce que les journaux quotidiens , men- suels , etc., ont public de plus piquant. On en a excepte les grands articles. II y a quelques rapprochemens heureux , des bons mots , des epigrammes , une parodie des celebres melodies de Moore , de la poesie bouffonniS. C'est un cchantillon de la plaisanterie anglaise , qui , comitie on le sait , differe essentiellement de la notre. II eut ete plus interessant de citer , au lieu de faceties , les articles des recueils periodiques anglais qui se distinguent par une grande force de pensees , un style lumineux et une saine critique. Ce genre d'ouvrage , fait avec discernement , serait , je crois , tres-utile et trcs-bien accueilli du public anglais et francais. L. Sw. - Belloc. i5a LIVRES ETRANGERS. SUfeDE. 3 1. — St.-Piehhes Forskningar i Naturen. — Etudes tie la nature, par BF.RN\HDiN-nE-SAiNT-PiF.RRE, tradiiitcs en Suedois par J. Jonsson. Tom. VII. Stockholm ; Wiborg. M. Jonsson a su transporter dans la langue suedoise toutes les beautes originales de la touchantc histoire de Paul et Virginie. On fait plus que traduire , on se met a la hauteur de son modele quand on sail en rendre les intentions et les sentimens avec une expression aussi juste et aussi heureuse. M. Jonsson a duja prouv^ qu'il sail aussi bien traduire rallemand que le francais. II a ete accuse d'infraction aux lois sur la liberie de la pressc , par sa traduction d'un ouvrage in- titule Oswald den Gamle , que le jury ne jugea pas neanraoins repre- hensible. 3a. — Portrdlter. — Portraits de plusieurs representans de la diete, par L. H. Roos. Premier et deuxieme cahiers. Le premier de ces cahiers contient deux portraits de la noblesse , savoir ceux de M. le comte F. B. de Schwerin , et de M. le baron C. H. d'Ankarswerd ; un de I'ordre du clerge , M. le docteur Slenham- mar ; deux de la bourgeoisie, MM. Ullberg et Falkman ; et trois de I'ordre des paysans , I'orateur A. J. Hyckert , et les cultivateurs Jon Jonsson , et Wils Mansson. L'artiste parait avoir voulu faire preuve d'impartialite , en prenant a peu prc^s le meme nombre d'individus dans les deux partis ; cependant , il parait pencher en fa veur du parti anti-ministeriel. Le choix du second cabierj n'est pas aussi heureux que celui du premier ; mais la ressemblance est si parfaite , que tons ces portraits assignent a l'artiste un rang distingue parmi les graveurs de toutes les nations. 33. — Tessiniana, eller utdrag vrfranclidiie Pi As Radel H. Grefve Tessins egenhandiga Journal. — Exiraits des notes quotidiennes du feu comte DE Tessins. Co nouvel ouvrage periodique , dont il doit paraitre a a 3 cahiers par an , ne peut manquer de devenir tres-interessant sous plusieurs rapports , feu M. le comte de Tessin ayant joue un tres-grand role, comme diplomate , conjme gouverneur charge de I'education de Gus- tavelll, enOn , comme auteur. Ce sont les heritiers , en secondes mains, des papiers du comte de Tessin , MM. de Montgomery, qui ont entrepris la redaction de ce journal , dont les materiaux seront puises dans une mine tres-riche, puisque les notes du comte remplissent 29 gros volumes en manuscrit. Le choix des extrails fera juger dans quel esprit ce recueil est redige. G — (;. LIVRES ETRA.NGERS. i5i NORVEGE. 34. — Kongeriget Norges , etc. — Procfes verbaux de la session ex- traordinaire de la diete du royanme de Norvege en 182a ; publics par M. Pa///HoLST , archiviste de la Diete. Christiana, 1822-1828; Wulfsberg. 2 yolumes in-S" , le premier de 254 pages , le second de 45o pages. Get ouvrage rend un compte detaille des operations de la derniere diete Norvegienne , convoquee par extraordinaire pour le 16 sep- tembre 1822 , et fermee le 16 novembre de la meme annee. Cette diete extraordinaire avail pour unique objet d'iiviser aux moyens de liquider la dette du royaume envers le Danemarck. Les proci's verbaux , contenus dans ces deux volumes , montrent par quels moyens on y a reussl. II est a regretter que ces pieces iniportantes , rcdigees dans une langue fort peu connue hors des royaumes scan- dinaves , ne puissent parvenir qu'a la connaissance de peu de per- sonnes. Elles se recommandent (particulierement une piece officielle, inseree dans le tome 11 , pag. 219-21) a I'attention des hommes d'etat et de tous ceux qui s'occupent d'economie politique. Heibkrg. DANEMARCK. 35. — Danske Folkesagn, etc. — Contes populaires danois, rassembles et publics par M. J. M. Thiele. Copenliague , 1818 et 1819. Deux cahiers ; le premier de 200 pages , et le second de i56 pages in-8''. Pour bien rendre tout le sens du mot danois folkesagn , il lau- drait le traduire par contes , traditions et superstitions populaires ; et en effet, tel estl'objet de la collection dont nous venons de transcrire le titre. Quelque futiles que puissent paraitre , a la premiere vue , des publications de cette nature , nous croyons neanmoins qu'elles jettent beaucoup de lumicres sur I'etat des moeurs et de I'esprit du peuple , a I'epoque ou ces fictions ont pris naissance , et pendant le tems plus ou moins long qu'elles ont ete accreditees. M. Thiele , attache a la grande bibliotheque royale de Copenliague , est le meme dont nous avons deja parle , en rendant compte d'un ouvrage de M. Mol- bek. ( Voy. Revue Enc. , i"^^ scrie , tom. xx , p. Sgi ) et auquel on doit la decouverte de 25o romances nationales. II est dans ce moment a Paris , oil il s'occupe a etudier I'histoire des beaux-arts , etude qu'il achevera pendant un voyage qu'il se propose de faire dans la palrie des arts , la belle Italic. i54 LIVRES liTRANGERS. 36. — Oehlemchlagers samlede Digte. — Collection des poesies fugi- tives de la bibliollieque de Tuniversite de Heidelberg. Francfort , 1824. In-8°. Ce volume comprend I'histoire universelle., depuis la fondation de Tempire des latins jusqu'au concile de Grcgoire IX. II ne peut manquer d'etie accueilli avec cet empressement que comma nde la haute reputation de I'auteur ; et Ton ne peut le louer mieux qu'en disantqu'il est digne des preccdens. En ecrivant I'Histoire universelle, M. Schlosser a su se mettre presqu'en dehors de I'liumanite : qu'on nous passe cette expression , parce qu'elle peiut I'homme qui a eu assez de force pour ne se laisser aveugler par aucun des prcjuges du passe , et qui cependant est reste etranger aux systemes de son tems. II a vu clairement les evenemens , parce que ses recherches ont ete profondes et qu'il ne les a point faites dans un esprit de preoccupation qui aurait pu I'entrainer loin de I'impartialite de I'his- torien. M. Schlosser ecrit en veritable philosophe ; il n'y a pas long -terns que nous avons lu de lui une preface dans laquelle , rendant justice aux talens distingues de plusieurs ecrivains francais , il parlait de lui-meme avec une rare modestie ; il y signalait la ficheuse manie de chercher dans le passe des applications plus ou nioins forcees a ce qui se fait sous nos yeux ; il preferait , disait-il , a toutes les richesses et a toutes les graces de style , la critique severe des fails et I'examen philosophique des causes qui les ont amenes. Tels etaient , si notre memoire est fidele , les sentimens de cet estimable savant. Aujourd'bui encore , il parle de quelques-uns de nos auteurs les plus marquans ; mais ici il n'a que des eloges a leur donner, et quand nous les aurons iiommes , tons nos lee- LIVRES ETR ANGERS. 169 leurs y applaiidiront. M. Sclilosser a fait un voyage a Paris, uniquenient dans la vue de puiser dans la bibliothfeque de Monsieur , et dans le cabinet des manuscrlts des renseignemens et des pieces justificatives; il a eprouve de la part des hommes que leur merite a places a la t6te de ces etablissemens , un z6le et uu empressement pour lesquels il leur temoigne toute sa reconnaissance. MM. Gail , Langles , et les trois bibliotbecaires de Monsieur Tout servi au-dela de ses esperances. MM. Abel Remusat et Etienne Quatremtre lui ont ouvert tous les trcsors de I'orient. 11 se loue beaucoup de M. de Montmerque , nia- gistrat et savant, et s'etonne de trouver en M. Hase, que le monde litteraire compte parmi ses premiers philologues , un si vaste fond d'crudition bistorique. M. Sclilosser a fait imprimer , au bas de ses pages , des preuves et des reinarques : il suivra ce systenie jusqu'a ce qu'il alt atteint I'annee^i/iSS , afin , dit-il , qu'il y ait uniformile dans sa nianlere en ce qui concerne le moyen age. II nous promet encore deux volumes entierement consacres a cette epoque ; mal- heureusement , sa promesse ne doit pas etre accomplie bientot , et d'autres soins en retardei'ont I'execution. Jouissons , en attendant , de ce qu'il nous a donne et de ce qu'il va nous donner encore avant de s'arreter. Ce que nous annoncons est la premiere division de la seconde partie da iroisieme volume, et a cette occasion, comme il faut bien que la critique fasse entierement son office , nous reprocberons a I'auteur cette repartition oil Fesprit se perd , ce dcdale qui force a une operation arithmetique le lecteur qui veut savoir oii il en est ; mais heureux I'auteur d'un livre dont tous les defauts se concen- trent ainsi sur le titre ; il en est tant d'autres qui n'ont en leur faveur que le frontispice ! La subdivision que nous avons sous les yeux est particulierement affectee aux croisades , I'autre subdivi- sion de la seconde partie du troisieme volume s'occupera de I'ltalie, de I'Allemagne , de I'Angleterre et de la France : elle est sous presse. P. GOLBERY. 4i- — De Genio sectdi decimi sexti , etc. — De I'Esprit du seizienie siecle rappele au dix-neuvicrine par la tendance des opinions et par les partis. Erlang , aout 182 3. Brocbure in-8°. On a deja remarque , et specialemcnt M. Aignan , qu'il existe une analogic frappante entre le seizienie siecle et le notre : des deux cotes , se font sentir le nienie besoin d'institutions favorables a la liberte , le meme eloignement pour I'arbitraire. Nous n'aurions pouit cite la brochure que nous annoncons , si , dans son exiguite , elie n'avait demontre quelles opinions regnent universellement en i6o LivREs Strangers. AUemagne. M. Ic piofcsscur Ch.-Guillaume Boettigek a devcloppc la thc'se de M. Aigiian , dans uu discours ecrit avec une noble iii- dependancc. 11 tciniine par cette pt'roraison remarquable : « Les amphiclyons de I'Europe souflrent dans leurs asseniblees tin cote gauche et tin cole droit. Que , dans Ics assemblees gcnerales , comme dans Ics particulieres, tbus ceux qui s'y trouveiit adnielteul une snltitaire opposition ; que le resultat des opinions diverses fasse jaillir sans cesse de nouvelles etincelles qui alimentent les feux sacres de Vesta , c'est-a-dire , ceux de la liberie et des lumieres ! Peut-^tre un jour viendra , plus radieux que le soleil au milieu de sa course , oil les partis et les opinions se reuniront dans un soul foyer : /^ bien etrc commun de tous les peiiples ! » Nous avons observe avec plaisir que M. Boettiger saisit volontiers les occasions de s'appuyer de I'au- torite des ecrivalns francais. II cite Montesquieu , MM. de Pradt et Keratry, a cote de Ciceron , de Miiuter et de Heeren. De R — g. 42. — Politische Schriften. — Ecrits politiques, par F. A. Rudeh. Leipzig, 1823 ; Gledilsch. In-8°. Sous le litre d' ecrits politiques , I'auteur a rassemble divers nior- ceaux donl les uns soiit de la politique propremenl dite , tandis que d'autres appartiennent plutot a I'econoniie politique ou a I'histoire moderne de I'Europe , et particulierement de 1' AUemagne. Voici les litres des morceaux contenus dans ce volume. Sur les etats d'Jlle- magne qui sont encore sans constitution. C'est un apercu interessant de ce qui a ete fait jusqu'a present en AUemagne sous le rapport des constitutions , et de toutes les modifications que I'ancien regime a subies dans cette partie de I'Europe. Des pactes de succession alleinands. Uanciennete de nos dynasties alleuiandes. Quel ckangement le bon marchc des productions agricoles peut-il produire dans le rapport social des pay- sans et des bourgeois ? Y a-t-il servitude la oil fleurit V agriculture , et libertc la oil jleurissent les arts meeaniques ? Pourquoi la hatisse dii tarif francais relatif au betail exerce uue influence si facheuse sur les petits agriciiheurs de I' AUemagne meridionale ? Des listes civiles. Apo- theose des etats alleinands ci-devant iinmediats. Du droit sur les enclaves en AUemagne. Pourquoi les grands peaples civilises et leurs souverains ont besoin du regime constitulionnel. Des lois de famille. Difference entre la servitude russe et la servitude ailemande , etc. On voit par celte enume- ration que TaiUeur louche un grand nombre de points inleressans pour ses compatriotes ; quelques - uns sont de nature a intercsser aussi hors de 1' AUemagne. L'auteur defend avec lous les menage- mans qu'exige le caractei e cmbrageux dii regime sous lequel il ecrit LIVRES ETRA.NGERS. i5i les pi incipes constitutronnels , et sous le joiig de la censure , il ose dire (juflques mots pour la defense de la liberie de In presse. Quelquefois , il nous semble que I'auteur fait de trop giandes concessions au re- gime arbitrnii-e. II est facheux qu'il y ait ete reduit par les circons- tanccs. M. Riider donne aux souverains allemands de bonnes raisons en faveur du regime constitutionnel : « Les constitutions , dit-il , res- treignent moins le pouvoir du souverain que celui des fonctionnaires ; elles forcent les ministres d'etre fidMes dans radministration , ainsi que dans I'expose de la situation de I'etat ; le souverain exerce ce controle gratuitement , et ce qui n'est pas sans importance pour des ^tats tres-endettes et entourcs de voisins puissans , les emprunts se font k meilleur marche , et les sujets ont plus d'attachemeut pour le gouvernement. » SiM. Riider dit dans un autre passage, que les em- prunts coutent plus cher aux gouvernemens constituiionnels qu'aux souverains absolus, c'est une contradiction ecbappee probablenient k I'inadvertance. Dans le chapitre qui traite du tarif francais , M. Riider fait observer que c'est une erreur des ministres francais d'avoir sou- tenu , tant sous la republique que sous I'empire et la royaute, que la France fournit assez de beiail pour les boucheries du royaume. L'au- teur repond qu'il n'y a que peu de provinces francaises oil I'agricul- ture ait ete perfectionnee , et que jusqu'a present la France a toujours ete obligee de tirer du dehors une partie de ses approvisionnemens en viande ; la liausse du tarif d'importation est done, selon lui , un tort fait a la masse des liabitans, au profitdes grands proprietaires, qui ont interet a vendre leur betail au phis haut prix possible. Avant la liausse du tarif, I'Allemagne superieure soutenait, au marche de Poissy , la concurrence avec les proprietaires francais ; maintenant ils en sont exclus par le tarif; les niarchands de boeufs n'ont done plus de concurrens a craindre , et sont maitres de fixer les prix : M. Riider croit que ce changement aura pour resultat de fournir aux Parisiens dela viande moins bonne, pour le prix auquel ils en achetaient aupa- ravant de meilleure. Nous recommandous cet objet a I'attention des deputes futurs. D g. 43. — C. Falerii CatuUi carmina , etc. — Poesies de CatuUe. JVoii- velle edition enrichie de variantes , d'apres les meilleurs manuscrits ; par SiLLiG. Goetlingue , iSaS. In-8° de 4^4 pages. Le chantre de Lesbie parait ici degage de toute rerudition dont 1 accablent ordinairement les savans ; mais , par une compensation r.iclieuse pour ses lecteurs , une masse de variantes vieut leur ap- prendre combien peu ils peuvent se teuir siirs de lire le po6te ro- T. XXI. — Janvier 1824. 11 iCyj. LIVRES ETR^VINGERS. main. Les erreurs de copie , les substitutions volontaires dime Krou a line autre et les mauvaises correclions des interpretes ont lout-a- fait dofigure Tantiquit^. C'est dans tout ce chaos qn'il faut se retrouver ; soil complettee dans les tomes suivans. L. .^/. * Hisloire senerale de VArt militaire , de son origlne , de ses pro- eres et de ses revolutions , depuis la premiere formation des socieles europeennes jusqu'a nos jours ; par le colonel Carkion Nisas. Paris , 1824 ; Delaunay. 3 forts volumes in-S" de 700 pag. aveci4 planches ; prix 1 6 fr. et a i fr. L'auteur.de cet ouvrage, dont les deux parties sont subdivisees chacuae en buit livres, expose successivement I'etat de I'art chez les Grecs , cbez les Romains, dans leurs beaux si^cles ; chez les m^mes , au terns de leur decadence ; dans I'Europe du moyen Sge ; au seizii^me si^cle , qui fut celui de laVenaissnnce de I'art ; a I'apogee de la science , sous Turenne ; au retour de sa gloire , sous Frederic ; a Tepoque deses nouveaux et memorables efforts , sous Napoleon. Ainsi, quarantesie- cles, leurs souvenirs , leurs monumens , en fails et en livres, sont analyses , parcourus , dans un court espace , mais non sans une grande quanlite de details inleressans , qui les gravent dans la memoire; non sans une foule d'autorites et de citations justidcalives qui oppuient , expliquent, confirment le texte des fails, des analyses, des jugemens. Des planches , expliquces avec soin , presentent a I'ceil les objets prin- cipaux sur lesquels on a du fixer raltontion, et uu court vocabidait-o LlVPiES IRATST.VIS. 18 r rappL-Ue ou explique au lecteur les expressions qui ne lui seraient pas familiercs.Nous reviendrons incessamnient , dans la section des yina- Ijies, sur cet ouvrage, qui presentant avecmethode et clarte le resultat de beaucoup d'etudes utiles et de recherclies curieuses , manquait a la bibliograpliie militaire , et ne saurait etre supplee par aucun ou- vrage dogmatique , ni par aucune histoire parlielle. Telle est I'opi- nion , sur r///'j/oiV<- militaire , d'un juge tris-competent , M. le general Guilleminot, qui en a fait I'objet d'un rapport a S. Ex. le ministre de la guerre. Z. ^5. — Lettre pastorale de S. E. MonseigJierir le cardinal-archevequc de Toulouse , due et pair de France , au clerge et aux fiddles de son diocese. Rome et Toulouse , iSaS. In-4° de 8 pages. Cette fameuse lettre , ou I'ecrivain combat , au nom du pape et d'un arcbeveque pair , les principes de notre constitution et nos lois , serait ici analysee et refutee , commc elle le merite , si elle n'avait pas ete supprimee par I'autorite. La forme de cette suppression a donne lieu a beaucoup de critiques qui rentrent dans la politique ■ speciale. Mais la piece condamnee , et la censure qui en a ete publiee, appartiennent de trop pres a I'histoire du droit public et du clerge catholique , pour qu'il nous fut permis de les passer sous silence _ Void le texte de Facte de suppression : Ordonnance du Roi. — Louis , par la grace deDieu , roi de France et de Navarre , a tous ceux qui ces presentes verront , salut : Nous nous sommes fait representer une lettre pastorale de noire cousin le cardinal-arcbeveque de Toulouse, en date du i5 oclobre iSaS , imprimee dans la meme ville , chez Augustin Manavit ; Et nous avons considere que s'il apparlient aux eveques de notre royaume de nous demander les ameliorations et les cbangemens qu'ils croient utiles a la religion , ce n'est point par la voie des lettres pastorales qu'ils peuvent exercer ce droit , puisqu'elles ne sont adressees qu'aux fideles de leur diocese , et ne doivent avoir pour objet que de les instruire des devoirs religieux qui leur sont prescrits ; Que notre cousin le cardinal-arcbeveque de Toulouse a pulilie , sous la forme d'une lettre pastorale , des propositions contraires au droit public et aux lois du royaume , aux prerogatives et a I'independance de notre couronne ; c'est pourquoi , sur le rapport de notre garde des sceaux , ministre secretaire d'etat au departement de la justice , de 1 avis de notre conseil d'etat , nous avons declare et declarons , ordonn© et ordonnons ce qui suit : Art. 1" . II y a abus dans la lettre pastorale de notre cousin le cardinal-arclievdque de Toulouse , im- i82 LIVRES FRANCAIS. primee dans la mdme ville , chez Augustin Manavit; en consequence, latlite lettre est et dcmeurera supprimee. II. Notre garde des sceaux, ministre secretaire d'etat au dcpartement de la justice, et notre nii- nistre secretaire d'etat au departement de I'intcrieur , sont charges , chacun en ce qui le concerne , de I'execution de la prcseiite or- donnance , qui sera inseree au bulletin des lois. Donne en noire chateau des Tuileries , le dixieme jour du mois de Janvier de I'an de grace 1824 > et de notre regue le vingt-neuvieme. Signe Louis. Par le Roi , le garde des sceaux , ministre secretaire d'etat au departement de la justice , Conite de Peyronnet. L. j6. — * Cours de philosophie genera/e, oa Explication simple et gra' duelle de tous les fails : 1° de I'ordre physique ; 2° de I'ordre phjsiolo- gique ; 3° de I'ordre intellectucl , moral et politique. T. I et II ; Paris , 1823-1824 ; A. Boulland , et Bossange freres. 2 vol. in-8° de 4 a 5oo pages chaque; prix G fr. et 7 fr. 5o c. le volume. Le premier est orne du portrait de I'auteur et d'une gravure allcgorique. — I/ou- vrage entier sera compose de 8 volumes , dont la publication aura lieu succcssivement de mois en mois et sans aucune interruption, le niauuscrit etant tout entier entre les mains des editeurs. Prix des 8 volumes, 4<^ ft'- X'oici les promesses que M. Azais fait a ses lecteurs , dans la preface de cet ouvrage : « Je le dis avec assurance , on ne rencontrera dans le systeme que je presente , que des idees claires et simples, depuis le principe universel qui est la base de I'edifice , jusques aux faits intel- lectuels , qui en forment le faite ; pour entendre cliacune de mes ex- plications, et pour en reconnaitre la justesse, mes lecteurs n'auront besoin que de notions saiues , de cet instinct de jugement , qui sont aiijourd'bui , en France et en Europe, I'apanage d'un f res-grand nombre d'hommes. » Sans attendre que I'ouvrage soit public dans son entier, nous donnerons incessamment I'analyse des volumes qui au- ront paru. 77. — Sommaire et aniionce du Traite de T Association domestique- agricole ou Attraction industrielle ; par Charles Fourier. Paris, Bos- sange pere. 2 vol. in-8°. Edition compacte, interlignee, 1400 page^; prix 1 5 francs. Dans le cahier du mois dc niai iSaS , I'ouvrage de M. Charles Fou- rier ( de Besancon ) fut annoiice , mais sans analyse ; j'avouai que je lie I'avais point comj)ris , et qu'il m'etait impossible d'en rendre cbmpte. II parait que les autres recueils periodiques , ainsi que les journaux , furent arr(5tes par la ni^me difficulte , car M. Fourier se LIVRES FRANCALS. 18^ plaint liauteinent du silence universel que Ton a gai-de sur ses decou- vertes. LeSommaire qu'il publie aujourd'hui est un nouvel effort par lequel il espere dissiper enfin les tencbres dont un esprit malfaisant se plait a I'envelopper. II commence par un argument de 6 pages , termine par des avis divers que je me fais un devoir de transcrire. « Ce som- niaire de 8 feuilles sera suivi d'un post-scriptum de 4 a 5 feuilles , remis de memeaux aclieteurs , etdonnant les details qu'auront demandes les critiques equitables. Jusqu'ici , je ne vois que des opinions dictees ou par le prejuge ( iSfig ) , ou par I'ergotisme ( iSyg ) , ou par la detrac- tion ( i38o et 1445 ); j'y ai repondu, aux articles 5 , 6 , 7, et Surtout au 8''. — J'ai annonce que je donnerai lecon, si on le desire ; qu'il suffit de 3 a 4 lecons en etude superCcielle , et 10 a 12 en complete : ceux qui seraient tentes d'ecrire sur I'Association , ou de s'occuper de la fondation , ne peuvent se dispenser de prendre lecon. — L'on pent re- commander a MM. les journalistes les articles ,3,4j5,6,9,io,ii: ils y trouveront d'amples materiaux d'analyse. La petite ( i383) est un bon guide pour toute feuille qui a peu d'espace a donner. » — En annoncant pour la premiere fois I'ouvrage de M. Charles Fourier, je signal mon article, aCn d'en encourir toute la responsabilite. Malgre cette precaution , je n'ai pu garantir la Revue Encyclopedique des graves reproches que M. Fourier lui adresse , page i/i45 , au paragraphe in- titule le Dessoiis des cartes , ou le Cnmite directeiir. Ce paragraphe est con- tinue et commente par une note sur les perroquets, laquelle est la conti- nuation de la note ^ , page i434 , sur Y analogic ou theorie des causes. M. Fourier se plaint de la partialite que j'ai montree a son egard , tandis que, dans le meme cahier, je rends justice a I'ouvrage de M. Yvart sur les jachferes : c'est que j'ai compris M. Yvart. J'avais compris aussi , dans le Traite ^association domestique agricole, tout ce que I'au- teur a ecrit contre la civilisation , les sciences , la philosopliie , les ouvrages bien ecrits , etc. , et dans le Sommaire, j'entends a mcrveille tout ce qu'il dit contre moi ; mais , quant a sa decouverte, et a son projet d'association , je reitcre I'aveu que toutes ces choses sont au- dessus de ma portee. J'affirme de plus qu'aucun des redacteurs et coUaborateurs de la Revue Eucjclopediqiie , n'si I'ambition de s'elever jusqu'a des conceptions aussi ardues. M. Fourier propose , il est vrai, de faire lui-meme I'analyse de ses ouvrages, et de nous les remettre loutes preparees pour I'insertion ; mais nous ne pensons pas qu'il nous soit perniis de publier ainsi des jugemens que les lecteurs ne manqucraient point de trouvcr fort sus|)Ccls. Je mc bornerai done a quelques exlraits du Somni.ilrc : en le» Iransciivant lilteralenicnt , I'au- iS4 LIVRES FRANCAIS. teur n'aura plus aucuii niolif pour m'acciiser. — Afgiiment du torn- maire, page i. « Deux sujets soiit ici tiailes : lo premier est I'apercu du corps de doctrine societaire et de ses preuves.... Cliacun pourra, dans mon traite, appi-endre a explirjuer tous Ics prctcndu^ nijst^res de la nature, et percer tous les voiles d'airain dont les sophistes nous font un opouvantail , pour accrediter lenrs faux sjstemes , qui ne savent pene- treraucune branche dcsdestinecssocialeset materielles. — Le deuxifeme sujet du sommaire estraiiarchicde la criiii]ue,la fyranniequi pese sur le monde savant, ou un cornitc phllosophique influence la nioiliedes jonrnaux, et paralyse I'autre moitie. Au moycn dequoi , il fait dif- famer ou priver d'annonce toute invention qui lui porte ombrage. — Dans cette intrigue, les pliilosophes trahissent, i° tous les partis coUeclivement , note W; 2° eux-memes , note j^; 3° le gouverne- ment ; 4° les liberaux , leurs amis , qui ( on le verra au final , i43f) ) tendent a un fAcheux denouement, et n'ont d'aulre planclie de salut que de se rallicr a la decouverte de I'association , et de s'en emparer les premiers. — Au resle , on va voir que toutes les classes de la socitte ont d'immenses benefices a en recueillir. La famille royale y est inle- ressee pour 540 millions : c'est la seule decouverte qui presente un benefice reel et colossal a tous les partis. — Page 2. La Revue Ency- clopedique s'etant pretee a repandre ces detractions venues du comite philosopbique, je lui fais une rcplique, 1445. Les journaux, au lieu de proslituer ainsi leur ministere a avilir les grandes inventions , de- Traient considerer qu'il y a illustration pour les premiers qui rcndeiit justice a une decouverte. — II reste a savoir si les parties interessees, famille royale, clerge , seront dupes de cette intrigue, note W, et si les militaires ne s'apercevront pas qu'ils sont sacrifies par les pliiloso- phes , dans cette circonstance decisive , pour leur creance de 3 mil- liards... — Page 4. Un seul obstacle arrete la confiance de mes lec- teurs , c'est le merveilleux des resultats que presente I'association. Pour s'y familiariser ,il faut s'appuyer d'un principe des pliilosophes, qui nous disent que Yhomme est le miroir de Vtinivers. Cela etant, le nionde materiel et social doivent dtre sujets, coir.me I'individu, a un Age de puberty , un changement de sort , un bonheur nouveau et mer- veilleux, analogue a celui de la transition en amour... — Page 36o et suivantes. Intermede Y. Demarcation cntie les doinaines du genie et de la critique : refutation des niveleurs politicfues Ces scandales (i) n'ont (t) Les scaudales dont il s'agit pout les rritiqiics que ccrtaius jouiaaux out faitcs de I'ouvrase de M. Fourier. LIVRES FRANCAIS. i85 rion qui doive etonner. La civilisation entrant en caducite ( tome i , 13. i5i) ) doit necessairement raffiner tons les vices, et faire eclore au- tant de perversite qu'elle s'airoge de perfectibilite. Philosoi)hes qui reucensez,quand vous en connaitiez toute Tinfaniie, quand j'en aurai donne I'analyse gencrale en 3i perfidies composees , vous en aurez. plus d'horreur que du serpent boa , et vous me reproclierez les mena- gemens que j'ai eus pour elle. Vous perdez a sa defense un terns precieux : hfttez-vous de sortir de I'abime , et de vous elever au bon- beur. Quelle serait votre deconvenue , si une mort subite m'enlevait ! Alors , vous sentiriez lenormite de la faute ( car on n'apprecie un liomme en France que lorsqu'il est mort ) ; vous regretteriez le seul pilote propre a diriger d'une main sure la fondation d'epreuve, eta vous donner sur le niouvement, sur les barmonies de I'univers , de vastes connaissances reservees aux 7 volumes inedits oii seront de- Yoiles de nombreux et brillans mysteres » — Des citations aussi etendues ont du m'acquitter envers M. Fourier : je ne parlerai plus de ses ouvrages , quels que soient le nombre et Timportance de ccux qu'il publiera. Mais il me reste a m'acquitter envers les lecteurs dela Revue, auxquels ces discussions para itront pen t-etre aussi ennuyeuses que superflues. J'espere qu'ils sentiront combien la critique litteraire est herissee d'eplnes , combien 11 est difficile , et quelquefois impos- sible , d'observer dans tous les cas , toutes les convenances person- nclles, lorsqu'on veut dire francliement la verite. Si les ouvrages de M. Charles Fourier se repandent hors de la France , il est douteux qu'ils y reussissent mieux qu'ici. Ferry. 78. — *Biometre, oxxMemoiial lioraire , servant a iiidiquer le nombre des^heures donnees par jour a cbacune des divisions , 1° de la ■vie m- tcrieure et individuelle , consideree sous les rapports , pliysique , moral et intellectuel ; 2° de la -vie exterieure et sociale , pour I'annee 182... ou Tablettes destinees a procurer le moyen de recueillir , en une mi- nute et sur une seule ligne, pour cliaque intervalle de vingt-quatre heures, les divers emplois et les principaux resultats dela vie, pen- dant le mdme espace de tems ; par M. A. Julliejv , de Paris , auteur de YEssaisiir temploi 4" terns. Nulla dies sine linea... Paris , 1824 ; Dondey-Dupre , pere et fils , imprimeurs-libraires , rue Saint-Louis , n" 46 , au Marais , et rue Richelieu , n" 67 , et au bureau de la iiec. Enc. , rue d'Enfer-Saint-Micbel , n° 18. Premiere edition pu- Ijliee en France. Livret in-12, papier velin d'ecriture , elegamment cartonne; prix 5 francs. Ce livret sert d'instrument pour appliquer, d'une maniere simple et i86 LITRES FRANriLS. facile , la incthode d'emploi du teins , developpee par IViuteur dans son ou\Tage thcorique sur cc sujet ( Voy, Rev. Enc. , i''° serie , t. xx, page fi42.) II ofl're un nioyen toiit-a-fait commode d'introduire dans la vie journaliere im esprit d'ordre et de surveillance, et d'y fain; liltier, pour ainsi dire, des habitudes economiques ct morales qui sont precieuses dans toutes les conditions et a tons les ages. II donne de la regularite a la vie la plus dissipee , et repand de la variete sur la vie la plus monotone. On pent le considcrer comme une iuventioa curieuse et utile , comme une montre morale , qui permet de mesurer les heures par une appreciation exacte de leurs divers emplois, de meme que la montre ordinaire sert a mesurer leur marclie par les mouvemens reguliers et continus de I'aiguille qui fait le tour du ca- dran ; c'est enfin, d'aprcs les developpemens curieux contenus dans I'inslruction preliminaire sur I'usage du biometre , une sorte de regu- laCenr et de boussole , qui, si Ton vcut I'employer avec perseverance ct discexnement , doit procurer des avantages reels pour conserver et pouraugmenter, par une attention continuelle sur soi-mdme, sa sante, sa moralite, son instruction , sa fortune , et ses moyens de vertu et de bonheur. B. 79. — * Catechisme des industrieh ; par St. -Simon ; premier cahier. Paris, 1824; I'auteur, rue Richelieu, n° 34- Prix des six premiers cahiers formant 2 vol. in-8°, 20 fr. Voici une production remarquable par le fond et par la forme : les doctrines de I'autenr ne doivent etre ni mal comprises , ni jug^es sans un mur examen. Si nous entreprenions d'en faire I'analyse , il faudrait ou transcrire une grande partie de I'ouvrage , ou separer les doctrines des developpemens qui les eclaircissent , des preuves qui les etaient. Les cahiers suivaus feront apercevoir plus nettement le but de I'auteur , et contiendront sans doute de nouveaux details sur les moyens d'ame- ner les changemens qu'il propose. Nous pourrons alors exposer a nos lecteurs I'ensemble des idees de ]\I . de Saint-Simon sur les droits et Tac- tion politique de I'industrie , sans avoir a craindre des meprises qui ne seraient point sans inconveniens. Le sujet traite dans cet ecrit n'est pas une simple theorie ; il ne se borne pas miime a dire ce qu'il faudrait faire : il affirrae que la force irresistible des choses opirera , seule, malgre tons les obstacles , soit par un mouvement dirige avec sagesse , soitparune suite de commotions et de calamitcs , I'organisation poli- tique dont il discute et etabUt les principes fondamentaux. II ])arle du present et de I'avenir ; nous ne devons parler du present qu'avec reserve , et de I'avenir qu'aprcs avoir dissipe , au moins en parlic , les LIVRES FRANCAIS. 187 nuages qui I'enveloppent. Nous attendrons de nouvelks lumiercs , et nous en deraanderons a M. de Saint-Simon lui-meme. Lorsque nous aurons sous les yeux une plus grande partie de I'ouvrage , nous pourrous enoncer avec plus de conGance notre opinio^! , soit dans le sens de I'auteur , soit pour indiquer , ce qui nous aura paru s'eloigner de la verite. F- 80. — Vii elccteiir a scs cnlligties. Br. in-S" r5 pages ; de I'imp. de Gaultier-Laguionie. Get ecrit, inspire par la circonstance et les besoins du moment, se rattache aux interets de tous les terns , par la maniere dont I'au- teur a su presenter la question. Ilmontre que les interets particuliers, regoisme , les passions qui se sont opposecs aux interets generaux , au patriotisme , a la raison dont la voix reclamaient en 1789 , un chan- gement dans I'ordre politique qui regissait la France , ont seuls de- tourne la revolution de son but et Tout precipitee dans les routes sanglautes d'ou elle n'est sortie que pour se jeter dans les bras du des- potisme. Aujourd'hui , ce sont encore les memes interets particuliers , le meme ego'isme , les memes passions , qui se coalisent pour retablir cequ'ils n'ont pudefendre en 1789. La question, ainsi posee, a toute la simplicite du vrai ; il s'agit , pour les electeui-s , de savoir s'ils doivent preferer , pour eux et pour la masse des citoyens qu'ils re- presentent , la liberie au despotisme , le droit au privilege. Nous regretlons que I'auteur, M. Alex. Lamelh , ne se soit pas nomnie ; car son nom , que Ton conipteparmi ceux des plus bonorables defenseurs du peuple , qui se sont distingues dans nos assemblees publiques , de- puis 1789 , ajoute beaucoup d'autorite a ses paroles et a ses conseils. M. A. 81. — Souvenirs Scnatoriaux , avec un Essai siir la formation de la Gourdes Pairs; par M. le comte Coknet, pair de France. Paris, iSaS; Baudouin freres. i vol, in-8° ; prix 3 fr. Ces Souvenirs contiennent de petit es anecdotes et des plirases plus obsequieuses peut-etre qu'exactes on necessaires. Ce qu'on y lit de plus remarquable est a la derniere page, sur le senat et la pairie , consideres comme instrumens , et un bon avis contre la septennalite , avis oil, supposant dans les ministres le droit ou la force de ren- verser la constitution de 1814, I'auteur leur parle en ces termes : « Si vous ne vou'ez pas nous donner en entier le gouvernement de la Grande-Bretagne , n'en detacliez pas des parties qui , amalgamccs avec le notre , n'en feront qu'un monstre politique ; ne vous dissi- • iiulez pas les dangers de la mesure. » II y a de sages observations i88 LIVRES FRANflAIS. dans I'Essni sur la Cour dcs Paiis; rautciir irexauiiiic pas «'il est bon que , dans iin corps unique , et le premier corps d'un 6tat de trento millions d'habitans, on donne deux , trois, quatre places et lUeme davantage a la memo f'amille ; mais il veut que , scion un droit et m\ usage qu'il est grandement question d'abroger, les voix semblables des procbes parens, soicnt rcduites a une. 11 nous ecbnppe de dire, scion noire pensce,,que ce droit et cet usage sont raisonnables. L. 82. — * HisCoire de France , par Pigatjlt-I-ebkun , T. I et II. Paris, i8a3; Barba, au Palais-Royal, a vol. in-S°; prix 12 et i4 fr. L'lJistoirede France est depuis quclque tems le sujct d'invcstigations d'un genre a la fois neuf et remarquable : long-tenis , I'adulation , le ]iri juge et I'babitude out repandu sur ses principales epoques une cou- leur brillante , mais trop souvent trompcuse. Aujourd'bui , Terudllion et la pliilosophie s'efforcent de jetcr sur les Annales des j)rincipales epoques de notre bistoire le jour de la vdrite. Deja, le grand et impor- tant ouvrage de M. deSisMONDi sur Yllisloire des Francais (voy. Rev. Enc. , i"' serie , t. xix, pag. 586) ; la belle composition bistorique de M. de Segub , qui embrasse , dans son vaste tableau de VUisioire Uni- verscUe un abrege curieux et inslructif de notre Histoire Nationale ; rjJwfli deM. GuizoT sur V Histoire de France ; Y Histoire phjsique et mo- rale de Paris , et les Esquisses snrJa revohttion francaise , par le savant M. DuLAURK , dont rorudilioii patiente et judicieuse a su faire jaillir d'eclatanfes lumieres de I'obscurite des tems les plus enveloppes de te- nebres ; quelques parlies des ouvrages bistoriques de M, L.vcretelt.e jeune J et nieme plusieurs passages de YHistoire des croisades , par M. Michaud ; les resumes rapides et substantiels de I'Histoire de France et de I'Histoire d'Angleterre , par M. Felix BoniN ; enCn , les deux ouvrages de M. Mignet et de M. Thiers , dont le premier , qui va paraitre incessamment , est deja connu par le ccrurs dramatique et anime qu'il a fait I'annee derniere , a I'Atbenee , et qu'il continue cette annee ; dont le second a deja commence a nous retracer les sceaes de notre revolution , fournissent des preuves multipliees de cette direction des ecrivains occupes de recbercbes et d'etudes bis- toriques. Mais c'est un pbenomejie nouveau et digne d'inter^t que de voir I'un des plus spirituels peintres du coeur bumain et des travers de la socicte venir, a son tour , eclairer du flambeau de la critique et de hi pliilosopbie les annales de notre palrie ; c'est un romancier aimable t't joyeux qui vient trailer le plus grave sujet sur lequel piiissent s'ar- r^ter les meditations d'un ecrivain et d'un publicistc. En attendant que nous puissions consacrer a cet ouvrage , lorsqu'un plus grand LIVRES FRANCOIS. 189 nombre de volumes aura eti* publie , une analyse etendue , propor- tionnee a son importance et a la reputation de I'auteur , nous dlrons qu'on retrouve , dans les deux premiers volumes , que les trois sui- vans doivent suivre a de courts intervalles , la justesse de vues , la penetration d'esprit et Telegance de style qui distinguent les autres productions de M. Pigault-Lebran. II a pris pour devise ces paroles que les organes de la justice adressent , dans nos tribunaux , a la cons- cience des jures : La I'erite , rien que la ■verile , et toute la 'verite. La lecture de I'ouvrage confirme ce qui est garanti d'avance par le carac- t6re bonorable et bien connu de i'auteur, que cette devise lui a cons- tamment servi de regie. M. B. 83. — Pieces pour servir a I'hisloire des mccitrs et des usages du Sessi/i , dans le moyen Sge , recueillies par F. Pluquet , Pliarmacien a Bayeux. Caen, iSaS; Chalopin. In-8° de 5y p. 84. — * Histoire phjiique , civde et morale de Paris , depuis les pre- miers temsbistoriques jusqu'a nos jours ; par J. A. Dulauke. Seconde edition, considerablenient augmentee en texte et en gravures. T. V, l"""^ partiede 218 pages (aaS a 443), etT. VI, l''' partie de 340 pages. Paris, 1823 ; Guillaume. 2 vol. in-8°; prix, k Paris, i5 fr. cbaque volume compose de quatre livraisons. (Voy. Rev. JEnc. , i''''ser;e, T. XX , p. 637. ) Dans ces deux volumes, M. Dulaure donne I'bistoire de Paris sous les regnes de Henri IV et de Louis XIII. Ces tems, moins agites que ceux qui precederent , ne leur cedent en rien pour la licence des moeurs , et les desordres de tout genre. L'etat de Paris , a cettc epoque, etait vraiment deplorable. Les duels, les assassinats , les rapts , les emeutes , les rebellions , la fabrication de fausse monnaie, sont, pour ainsi dire , des crimes a la mode; car les courtisans et les nobles s'en font une espece de gloire. C'est surtout sous le faible Louis XIII, que le desordre est a son comble , lorsque les marechaux d'Ancre etde Luynesexercent avecinfamie I'autorite supreme, lorsque Marie de Medicis et le due d'Orleans donnent eux-memes aux grands seigneurs I'exemple de la rebellion. M. Dulaure , dans son tableau moral, et dans I'bistoire de Paris , sous Louis xiii, retrace avec une verite energique la peinture deces tems malbeureux. Une observation singuliere c'est que cette epoque oil la corruption et la licence attei- gnent leurs dernieres limites , est aussi I'epoque la plus favorable aux fondations monacales. Paris s'enricbit , sous Louis xiii, de vingt nou- velles communautes d'hommes , et de quarante communautes reli- gicuses de femmes. C'est aussi du sein dc I'anarchie universelle que Kjo LIVRES FRAINTAIS. s elcVent plusleurs institutions littcraircs utiles , telles que racademie franraise, et riniprinierie royale. On doit encore rapporter a la mi?mc t'poquo retablissement du Mercnre fraiicais , le premier journal qui ait paru en France, ct do la Gazette, recueil hebdomadaire qui succcda au Mercure. A. J. 85. — Voyage d'nn jeune Grec a Paris; parM. UippohteM.\7.\v.n nv Hfaume, auteur dcs Observations d'lm Francais sur I'enlevement des chefs-d'oeuvre dii IHuseiim de Paris, etc. Paris, 1824; Louis, rue Ilautef'euille, n° 10. 2 vol. in-8", ensemLIe de 600 p. , avec une litlio- grapliie; prix 10 fr. et la fr. par la poste. « Encore iin tableau de Paris ! diront pcut-ctre quelqucs censeurs. S'agit-il des inceurs du terns , d'anocdotes , de monumens , de reformes utiles, d'embellisseniens nouveaux? L'auteur croit-il que nous avons oublie le Siamois de Dufresny , VEspion tiirc, les Caractires de La Bruy^re, Ics Lettrcs persanes de Montesquieu, les Essais de Duclos , les deux Tableaux de Paris de Mercier , le Petit Tableau de M'""" dc ' Sartory , et I'Ermite de la Chaussee d'Antin? Nous apprcndra-t-il quelque cbose de plus que le pere Felibicn, Andre de Valois ,1 De Lamarre , Rainond du Pouget , I'abbc Lcbocuf , le celebre Sainte-Foix, le prince de Ligne , les Memoires liistoriques de Soulavie , le Tableau bistoriquc et pittoresque de Paris , de M. de Saint-Victor, et I'liistoire civile, physique et morale de Paris, de M. Dulaure? » Cette enume- ration , faite par M. Mazier lui-m6me , dans son introduction , des principaux ouvrages cjue nous possedions dejasur le sujet qu'il a en- Irepris de trailer , prouve qu'il ne s'est pas dissimule les difficultes de ce sujet. Les aborder aussi franchement qu'il le fait , c'est donner a entendre qu'il est en fonds pour les surmonter , et qu'il croit avoir quelque chose de neuf et d'interessant a nous apprendre. En effet , Paris , vaste foyer de lumieres , centre des affaires et des plaisirs d'une des nations les plus civilisees du monde , Paris , auquel les rapides progres des sciences et des arts , aussi bien que I'empire de la mode , donnent un aspect si changeant et si varie , semble appeler tons les ioiu-s de nouveaux pinceaUx et demander qu'un peintre habile saisisse, pour la transmettre a la posterite , cette physionomie mouvante et pour ainsi dire du moment. II est, dans les scenes mobiles [que cette capitale offre a I'observateur , dans le renouvellement deses usages et de ses mceurs, des clioses egalement dignes de louange et de blame, scion le point de vue sons lequel on les envisage , ct I'esprit dans leciuel on les 6tndie; souvent la raison pent se plaindre de quelques prcteudusperfectionnemens, que I'aniour de la nouveaute a seul intro- LIVRES FRANr./VIS. 19 f duits; souvent aussi , an milieu d'nne n'-volution gi'-nerale, de vieux ahus , des prejiiges imisibles continuent de subsister, parce qu'ils u'ont pas etc atteints dii ridicule, bieii plus puissant ei> France que I'jirme du raisonnement. « L'amour du vrai beau , dit rauteiir, le sen- timent des convenances, I'amelioration des moeurs, le perfectionne- ment des arts , sont les motifs qui m'ont engage dans la carriere que je vais parcourir. Voir, observer, reflechir, comparer mille objets divers , marier par des nuances imperceptibles tant de couleurs oppo- sees , peindre enfin avec une scrupuleuse fidelite, telle etait la tftche que je ni'etais iniposee : c'est aupublic a juger si je I'ai remplle. » La critique pourra bien trouver a faire quelques reproclies a M. Mazier; mais certes , la plus severe sera forcee d'avouer que son ouvrage est celui d'un bon observateur 'et d'un bon citoyen; partout ramour du bien et du beau s'y fait sentir ; et ce n'est pas sa faute, s'il trouve plus souvent a blamer qu'.i loner : car il met autant d'abandon dans la louange que d'energiedans le blame. Leplus grand defaut de son livre est , selon moi , le manque de proportions quij-egne dans les differentes parties dont il se compose ; il me parait avoir quelquefois passe trop legerement sur des objets de premiere importance , tandis qu'il s'ape- santit souvent sur des cboses de moindre valeiir. Par exemple , je trouve qu'il a trop donne a des considerations d'un pur intercut materiel , aux depens des considerations morales, que son sujet semblait surtout comporter,arepoqueoii nousvivons. J'approuve(Tq^-. t. i, chap, iv.) ses moyens faciles d'embellir Paris et d'en faire disparaitre les plus ignobles quartiers , tout en conservant les monumens les plus remar- quables ; j'appuie les plaintes fondees de I'auteur sur la destruction des plus beaux edifices de France , et sur le vandalisme exerce par la bande noire ; je reconnais la verite de cette assertion affligeante (t. 11,^ p. 74)) que chez nous « la negligence detruit promptement ce que le genie n'a pu achever, » etjem'ecrie, avec son jeuneGrec (t. i, p. i4) : « Si des raisons d'economie s'opposent en ce moment a la creation de nouveaux palais destines aux lettres , aux sciences et aux beaux-arts, rien au molns ne doit vous faire negliger la restauration necessaire de ceux qui existent." Mais je ne voudrais pas, dans son amour pour les clioses , le voir placer en seconde ligne les interets de I'humanite. Quelquefois aussi , son euthousiasme pour quelques talens s'exprime avec trop de pompe et le conduit a attacber'les plus grands mots aux plus petits objets ; c'est ainsi (t. 11, p. 28) qu'il donne a I'acteur des Varietes, Tiercelin, le sceptre du genie. Jehii reprocberai encore la manie des notes , qui sont en nombre beaucoup trop disproportionne 192 LIVRES FRANCAIS. avec le textc clans son oiivrage , a\fc lequel d'ailleurs cllcs u'oiit pas toiijours des rapporls bien directs, et la faiblcsse de citcr quelques vers de sa composition qui donncraient ime idee peu avantageuse de son livre a ceux qui commenceraicnt par les lire et qui ne liraient que cela ; puis , en me rcsumant , je dirai que la sonime du bon rcm- porte de beaucoup sur ce qui est mauvais , dans cet ouvrage renipii de \ues sages et utiles, et que tons les amis de la gloire nationale doivent cousulter, en aidant de tout leur pouvoir aux ameliorations proposees par I'auteur. Quant aux imperfections que nous avons si- gnalces , il sera facile de les faire disparaitre dans une scconde edi- tion , qui ne peut qu'etre trt's-prochaine. E. HjiKEAU. 86. — * Galerie francaise , ou Collection de portraits des lionimes et des fenimes cel^bres qui ont illustre la France dans les seiziome , dix- septieme et dix-huitieme sifecles ; par une societe d'hommes de lettres et d'artistes. Tome III, 7c livraison. Paris, i8i3 , au bureau de la Galerie francaise, rue de I'Arbre-Sec , n° aa. Un caliier de .\i pages; (iSga 2oo).prix: 10 fr. et 10 fr. 5o par livraison. Ce cabier contient des notices sur Adrienne Lecouvreur, Biiffon, Hcl- vetius et Chevert , duej , la premiere et la troisieme a MM. Lemoktey, les deux autres a MM. we Lacepede et Sabatier. 87. — Lettres inedites du chanceller d'Agiiessean ; publlces sous les auspices de S. E. Monseigneur le comte de Peyronnet , garde des sceaux de France, etc., par D. B. Rives, directeur des affaires cri- niinelles et des grdces au departement de la justice. Paris, iSaS; Trouve, rue des Filles St-Tliomas. i vol. in-4° de cxvj et 583 p. , avec deux/ac simile ; imprimerie royale ; prix 18 fr. et 22 fr. par la poste. — Le mcme , en 2 vol. in-8° ; prix i3 fr. et 16 fr. par la poste. Dans un siecle oil Ton a tant et si scandaleusement abuse de la pu- l)lication de Correspondances inedites , on pouvait s'etonner a bon droit que Ton n'eut pas encore pcnse a imprimer celle du cbancelier d'Aguesseau , et surtout que les edileurs des OEuvres de ce celebre magistrat eussent neglige ce puissant moyen de succes. Cependant, la plus grandepartie decette Correspondance, commeM. Rives I'observe dans son avertissement, n'est pas seulement remarquable par la faci- lite cliarmante avec laquelle la tendresse s'y embellit des graces du style epistolaire , elle appartient a I'histoire du xviii" siecle, puis- qu'on y trouve des eclaircissemens precieux sur des evenemens et sur des faits trop peu connus. » L'editeur de ces Lettres , auquel nous de- vious deja la publication des OEurrcs d'Omeret de Denis Talon. ( Paris , 1^2 1. C vol. in-8 ;prix3of. ( Voy./;ci'.£nc.i'''serieT. xiv,p. 7.y'i, 288.) LIVRES FRANCAIS. ig'i les a fait preceder d'une Introduciion tres-savanle , oil il a renfenne riiistoire des Parlemens. II s'est aide dans ce travail des lumi^res de plusieurs ecrivaiiis qui avaient traite avant lui le itienie sujet ; il s'ap- puie surtout de I'autorite de M. Raepsaet , auteur d'une Histoire da etats seneraux e( provinciaiix des Gaiiles , depiiis les Germains jiisqitati xvi*^ siecle , et de celle de M. Meyer , a qui nous devons VEspnt des institutions judiciaires des principaux pajs de I' Europe. ( Voy. Rev. Enc. t. XIV, p. 265.) II a reclierclie dans nos annales les causes des progr^s et de la chute de cette grande institution destems modei-nes.Selon lui, <• les rois de la premiere et de la deuxieme race etaient reellement les regulateurs supi6mes de la justice et de I'etat... leurs successeurs ne cesserent d'etre puissans , qu'en cessant d'etre les moderateurs suprd- mes de toutes les juridictions du royaume; et I'anarchie qui les de- pouilla de la prerogative du dernier ressort , jointe aux sanglans ra- vages des Sarrasins et des Normands , produisit le regime feodal. . . Mais , sous le r^gne de St. Louis , le Conseil prive , comme pouvoir judiciaire, nered'evint pas seulement ce qu'il avait ete depuis Clovis jusqu'au regne de Louis-le-Gi"os ; il acquit une importance qu'il n'a- vait point eue encore... La puissance royale ne s'agrandit pas raoins alors qu'elle ne se fortifia... Pliilippe-le-Bel et Philippe-le-Long ache- verent de recouvrer la souverainete judiciaire... Une ordonnance de celui-ci regla la composition <\n parlement ^ elle y appella des clercs , des lai'ques et des rapporteurs. Enfin , ceux-ci, de concert avec les clercs, s'emparereut insensiblement des fonctions judiciaires; et , de- venus les magistrals souverains de la monarchic, ils travaillerent a I'envi a restreindre la juridiction des justices seigneuriales et des jus- tices ecclesiastiques... Apres avoir acheve de reconquerir la souve- rainete judiciaire, Phiiippe-lq-Long , pour enlever aux seigneurs le droit de guerre qui pouvalt les rendre encore fort dangereux , s'ils etaient parvenus a se liguer en assez grand nombre contre le trone , etablit en chaque bailliage un chpitaine general, qu'il investit du com- mandement de toutes les miiices communales du territoire. Aussitot, les anciens vassaux de Charlemagne cesserent de se montrer armes en campagne , et le gouvernement feodal cessa d'exister. » Plus loin , nous voyons I'auteur contester au parlement le droit de I'irification et celui d'enregistrement. « Mais que pouvaient , dit-il , sur le parlement, I'autorite des arrets et la preuve des usurpations de pouvoir dont il s'etait rendu successivement coupable? Toute I'inflexibilite du cardi- nal de Richelieu suffit a peine pour I'humilier et le contraindre a cesser de lutter ouvertenient contre ses vues. Aprcs lui , et pendant U T. XXI. — Janvier 1824 t3 ij)4 LIVRES FRANCAIS. niinorit*" tie Louis XIV, la liardiesso de cos iiiagisfrats nc connut j)Uis de homos. » Ici , M. Rives accus'e (Fiiijuslos provontions tous les liisto- rions qui ont blAm6 le nionarquc d'avoir ropondu an parlomeut , qui iiivoquait dans ses rcmontrancos rinton^t do I'etat, cos mots si faineux : I.'etat c'est moi ; il proleiul qu'a Topoque de la niajorito de Louis XIV , le sort de la monarchic dopendait sans retour de la force persoimelle et du caractore de ce prince. On sail que , le leiidemaiu de la niort de ce nionarque , le parlcment s'assemhla et cassa son testament , comma il avait doia prccedemment annule celui de Louis XIII. « Louis XV , mineur , s'etait persuade, dit M. Rives , que le pnrlrmcnt userait des remontrances avec tant de sagesse et decirconspection, qu'il aurait lieu d'cn ^tre pleinenient satisfait ; mais le due d'Orleans etait charge du aouvernement du royaume, et ce prince, inexplical)le assemblage de nobles qualites et de vices, ne tarda pas a se procipiter dans tous les exces de la licence. » An milieu du dosordre general, la place de chancelier de France, etant devenue vacante , le regent fixa sonchoix sur d'Aguesseau. Procureur general au parlement de Paris , sous Louis XIV , on avait vu ce magistral defendre conti e le monarque les libertcs de I'eglise gallicane , et s'opposer a I'enregistrenient de la bulle Vnigcnitiis ; il osa seul entreprendre de dissiper les funestes illusions du Regent , qui s'etait flatte de trouver dans le Systeine de Law , le nioyen desubvenir aux besoins publics. La disgrace et I'exil de d'Aguesseau suivirent ses remontrances ; le parlement applaudit a la Constance de son caractere , et renouvela a cette occasion sa lutte centre I'autorite royale. Le resultat fut le rappel de d'Aguesseau. Mais bientot , Louis XV mande le parlement de Paris a Versailles , afin de promulguer en lit de iustice un edit oii il ne permettalt desorinais de remontrances que dans le seul cas ou le roi les recoimaitrait utiles , edit que cette com- pasnie avait refuse d'enregistrcr ; un ordre d'exil , qui disperse ses membres , la dissout , et le nouveau chancelier Maupeou installeime commissiondu conseil, qui doit remplacer le parlement. Enfin, le rap. pel des pnrlemens signala I'avenement de Louis XVI a la couronne. « II etait assure que, penetrcs de I'esprit dont il etait rempli, ils s'empresseraient de concourir a ses vues ; qu'ils se rendraient recom- mandables par la sagesse de leur conduite ; que I'esprit de corps ce- derait en toutes circonstances a I'intoret public ; que les ministres de la loi s'uniraient avec le souverain Icgislateur dans ses principes sa- lutaires , desquels dependent la paix et la prosperite des peuples. » ( Preambule de I'edit de nov. 1774 )■ " Tcls furent , ajoute M. Rives , I es nobles motifs qui porterent Louis XVI a relablir ses anciens offi- IJVRES FRANCAIS. igS ciers: lemondc sait le resie.« — Ce n'est pas ici le lieu de discuter quel- ques-unes des propositions de I'auteur de cette introduction , que nous n'avons fait qu'analyser rapldement. Nos lecteurs doivent voir qu'elle merite toute leur attention. Nous en dirons autant des Ictcres elles- inemes ; le chancelicr d'Aguesseau s'y monire en tout digne de ce bel eloge qu'il recut de Denis Talon , auquel il succedait , a I'Age de vinet- deux ans, dans sa charge d'avocat au parlement de Paris ; « Je vou- drais , dit alors celui-ci , finir comme ce jeune homnie commence. » La plus grande partie de la correspondance de d'Aguesseau, consa- cree a des cc«iseils sur I'education adresses a ses fils , et dans laquelle il parle des lettres avec passion , prouve quelles ressources I'etude lui fournissait pour le consoler des disgraces du pouvoir. Une lettre a Racine le fils , entre autres (p. 149), offre des observations critiques ou brille une justesse de goiit assez rare meme pour son terns : nous avons encore remarque (p. 179 ) des vers de ce poete, que nous n'avons trouves nulle part dans «es ceuvres ; il faut savoir gre a I'edi- teur de les avoir recueillis , car lis sont dignes de leur auteur. E. H. 88. — Histoire de la 'vie et des ouvrages de Voltaire ; par M. L. Paillet-de-Wakcy , capitaine decore. Paris, 1824 ; Mme Dufriche au Palais-Royal. 2 vol. in-8'', avec cinq portraits de Voltaiee , a 24 , 35, 40 > 80 et 84 ans, deux leltres autographes lithographiees offrant ies facsimile de son ecriture , et une table alphabetique et raisonnee de toutes ses productions; prix , 14 fr. II n'est pas etonnantqu'un homme aussi extraordinaire que Voltaire ait exerce la plume de plusieurs biographes , curieux de montrer ce grand genie dans sa vie privee. Dans le dernier siecle , le marquis de Luchet ^ I'abbe Dufernet et Condorcct ont publie cliacun une vie de ce grand honime , qu'ils avaient connu tous frois , et dont Condorcet etait particulitrement I'ami. Le marquis de Lucliet u'a guere fait que pa- raphraser ce que Voltaire a dit de lui-menio, dans son Commcntaire sur la I'ie de Vaiiteiir de la Ilenriade ; mais il a donne quclques eclairclsse- mens sur les causes qui forcerent Voltaire a quitter Berlin. Duvernet est tres-diffus , et se plait trop a rapporter , d'ua style lache, des anecdotes qui ne sont pas toujours bien averees. Condorcet , mieux instruit de tout ce qui concernait Voltaire , par ses relations avec des hommes qui le connaissaient depuis sa premiere jeunesse , etait plus a portee que les deux autres de retracer iidelement la vie de cet homme de genie. C'est aussi la relation Merite par Condorcet qui est le plus generalement lue , et qui nous apprend le mieux a connaitre Voltaire. Cependant, je crois qu'il ne nous le presente pas assez en deshabille , t,f, I.IVRES FRANgAIS. ft cVst nil {i('ftiul. Jc ne sais , iiiais oti ('prouvc loiijours quelque plaisi'r a coiisldtTcr les grands liomiiies dt'pouiUos dii jtrestige de leur gloire, et comiiie descciidiis an nheau des aiitres lioiiimes. Dit reste , cette \ie de Voltaire par Condortet nous semble la nieilleure que nous aj'ons ; car, pour celles que M. Le Pan et M. Mtiziire ont publiees de nos jours , elles ne conviennent guere qu'a ceux qui se contentent d'assertions hasardees ou uiensongeres, et de declamations passionnees. M. Paillet de JVarcr, dont nous aiinoncons I'ouvi-age , merite-t-il plus d'atlention <|ue ccs deux derniers ecrivai:is ? non sans doute. 1,'esprit de donigreiuent , nous pourrions dire de diffamation , qui se montre a chaqiie pas dans son livre , est fait pour blesser vivement ceux qui, meme sans elre partisans declares et enthousiastes du pliilo- sophe de P'erney , veulcnt que la verite et la decence soient toujours respectecs. Ce livre est renipli de faits inexacts ou entierement faux ft meine caloninieux, qu'il serait trop long de refuter. II faudrait ecrire deux nouveaux volumes , et Ton pourrait suivre la marche meme tracee par M. Paillet de Warcy , en puisant toutes les refutations de ses accusations centre Voltaire daus la correspondance et dans les ecrits de ce philosoplie. Mais , un amour eclaire de la verite , une im- partialitc noble et entiere , un discerneraent judicieux devraient pre- sider au choix des faits et des citations qui serviraient a faire con- nattre I'liomme par I'ecrivain ; car , coinme le dit le biographe , qui abuse cruellement de la regie qu'il a d'abord etablie : La -vie des homines de Icttrcs nest guere que dans leurs ouvrages , ou , comme I'a dit Buffou avec une lieureuse precision , le style est tout Vhomnie. R. 8g. * Classiqucs franca is , ou Dibliotheque portative de I' Amateur , coniposee des cbefs-d'cEuvre en prose et en vers des meilleurs au- teurs. 60 volumes in-Sa , imprimes chez M. Firmin Didot , avec des caracteres neufs fonJus expr^s , sur papier velin grand raisin satine , accoinpagnes du portrait de chaque auteur. (i'^ livraison , composee des Pensees de Pascal, 1 forts volumes ; prix (i fr. et 6 fr. 5o c. par la poste ; et des Poesies de Malherbe , i volume ; prix 3 fr. et 3 fr. aS c. — On souscrit , pour la collection entiere ou pour chaque auteur separement, a Paris , chez L. De Dure, rue Guenegaud , n° 27. ( roj: torn. XX , png. 4oi. ) Les deux auteurs reunis dans cette C livraison des Classiques Jran- cais, ont excree une egale influence sur la langue et la litlerature fran- eaises , quoique leur carriere n'ait pas eu les monies homes. En effet , Pascal, ne le 19 juin ifiaS , et mort le 19 aout 1662 , avait alteint sculement I'flge de 89 ans et 1 niois , fandis que Mulln rbe , ne en i55 5 LIVRES FRA1NCA.IS. 197 sous Henri II , et mort en 1628 , sous Louis XIII , a I'age de yS ans , a fourni une longue carri^re et a vecu sous six rois. 11 serait diffi- cile de decider lequol de ces deux ecrivains a le niieux nierite de la France savante et litleraire. Ce fameux hemistiche de Boileau : Enfin Malherbe vint , rappelle en peu de mots tout ce que nous devons a ce grand po^te , qui a ete cliez nous le createur de la poesie lyrique ; mais Pascal , profond mathematicien , et qui , jusqu'.i I'slge de 34 ans , n'avait point cultive I'art d'ecrire , devinant tout a coup et deployant tons les secrets de cet art dans un ouvrage qui a fixe la langue, Pascal offre un de ces phenomenes dont il est peu d'exemples dans la repu- blique des lettres. Aussi le m^me legislateur du Parnasse , Boileau, consulte sur le merite des ecrits de ses conteinporains , n'hesitait pas a placer les Provinciales au premier rang. Remercions M. L. De Bure d'avoir reuni ces deux grands hommes dans la livraison que nous an- noncons, et felicitons le du succcs que ses soins non interrompus ont acquis a sa jolie collection des Classiques. E. H. 90. — * OEuvres de Clement Marot. Nouvelle edition , revue sur toutes celles qui I'ont precedee , avec des notes historiques et un glossaire des vieux mots ; par M. P.-R. Auguis. Paris , 1823 ; Mme Brissot- Thivars, rue de I'Abbaye , n" 14, faub. St-Germain. 5 vol. in-i8 ; prix, 1 7 fr. 5o c. Boileau a dit , dans son Art poetique : Villon sut le premier , dans ces siecles grossiers , Debrouiller I'art coufus de nos vieux romanciers. Marot, bieutot ajires, fit fleurir les ballades, Tourna des triolets, rima des raascaradcs, A des refrains regies asservit les rondeaiix , Et montra pour rimer des cliemins tout noiiveaux. Ce dernier vers est un assez bel eloge de notre vieux poete. Dans I'enfance de notre idiome , lorsqu'il n'offrait encore que d'informes materiaux aux genies createurs qui devaient en faire une langue poe- tique , cette tache parut au-dessus des forces d'un seul ccrivain ; Marot borna ses pretentions a courtiser les Muses badines. Ronsard crut pouvoir aspirer a la couronne heroique ; mais , celui-ci elev6 un moment au sommet du Parnasse, tomba bientot de son trone usurpe , tandis que le poete de Cahors n'a rien perdu de sa juste re- nommee. Imitous de Marot I'tlegaut badinage, a dit encore le legislateur du Parnasse francais , a une epoque on iy8 LIVRES FRANCAIS. iiotre laiiguc, arriv^e a la perfection , poiivait sans se tromj)er choisir ses mocU'les. La niani^re piqiiante et naive de notre vieil auteur a ete si universellement goutee , que nos plus grands poctcs se sont plu k I'iniitcr , et qu'elle a nierite de donner son noin a nne sorte de style. Toutefois , cette imitation a etc poussee jusqu'.i ralTectalion ; et alors , le stj/e marotique a eprouve le sort de tout ce qui est affcctc : il a fini par ennuyer. Rousseau le iyrique a eprouve cette mosaventure dans ses ^pitres, tandis qu'il avail nierveilleuseraent reussi dans ses epi- grammes , embellies seulement de la fleur du style de Marot. Racine n'a pas non plus dedaigne d'emprunter quelquefois ces formes si nai- vement spirituelles ; et notre Lafontaine , toujours original dans ses imitations , doit cependant a maCtre Clement quelques-unes de ses graces. Marot , place si liaut parson genie, par sa reuomm^e , par la gioire m^me deccux qui Tout imite , liendra toujours un rang distin- gue dans la biblioth^que des amis de la poesie et de tons les gens de gout ; una cinquantaine d'editions de ses osuvres completes ou de quelques parties de ses oeuvres n'ont pu satisfaire encore les amateurs. Parmi toutes ces editions , le petit nombre de celles qui meritent I'at- tention des curieux sont fort rares ; la plus complete , donn<''e par Lenglet Dufrenoy, sous le nom du Chevalier Gordon de Percel , en ij'ii , se trouve encore assez facilement ; mais elle est fort incorrecte , et le nouvel editeur assure y avoir compte plus de cinquanle mille faiites. M. Auguis , en profitant de tout ce que cette edition a pu lui fournir de hon , et en conservant les notes curieuses ainsi que la vie de Marot, dont elle est accompagnee , s'est applique a corriger toutes les fautes qui la dcparent ; I'exactitude de son travail litteraire , jointe a I'elegance de rexecution tyj)Ographique , assurent a cette nouvelle edition une superiote incontestable sur toutes celles qui Tout pr6- cedee , et elle prendra leur place dans toutes les bibliotheques oii Ton compte pour quelque chose le bon choix des livres. M. A. yi*. — OEuvres completes de Toltaire. i i^et 12'' livraisons , torn, xxi, i-viii, XXXV et XLix. (Sifecle de Louis XV. — Commentaires sur Cor- neille, tom. I. — Dialogues et enlretiens pbilosophiques. — Commen- taires sur Corneille, t. II). Paris , 1823 ; Dupont etCbasseriau. 4 vol. in-S" ; prix , 5 francs le volume , papier fin satine , et 10 fr. , papier velin. (Voy. Rev. Enc. , t. xx , pag. 4of:. ) 92. — * La Caledonic , ou la Guerre nationale , poenie en quelquefois humilians , auxquels sont exposes les jeunes auteurs qui vetilent produire leurs ouvrages sur le tht'Atre : c'est uue noble ven- geance du g^nie meconnu et repousse par la mediocrite. UEcole des yieillards revile, dans le personnage si bien concu de la sedui- sante Hortense , une connaissance profonde du coeur humain et du caract^re des femmes , compose d'un melange de grace, de sensibi- lite, delegerete, de coquetterie , qui a droit d'etonuer dansun auteur aussi jeune , et que son extreme modestie et ses importans travaux ont du tenir liabituellement eloigne du monde. Ses Trois noitvelles Messiniennes sont inspirees par un seul et ni(5me sentiment, I'amour de la liberty et de la patrie. Dans la premiere , Ty-riie aux Grecs , apr^s avoir fait entendre un chant guerrier du pofete antique , le TjTt^e moderne s'ecrie : Que ne puis-je aujourd'hui ressnsciter ses chants ! Je Tous dirais, 6 Grecs ressemblez a vos peres : Soyez libres comme eux , ou mourez en keros. II cbante la catastrophe de Chio , livree, en iSaa , pendant deux mois entiers, a I'incendie et au carnage, et peint ensuite les exploits des Grecs, dont les brulots intrepides vont porter a leur tour la destruction et la mort dans la flotte ennemie. Ses voeux pour I'af- franchissement des Grecs sont suivis d'une invocation a sa muse , qui est en m^me terns une declaration cloquente des plus nobles senti- mens. Condamne-toi , ma muse , a de steriles vceux ; Mais refuse tes cbants aux oppresseurs heureux. Que de la Terite tes vers solcnt les esclaves ; De ses cliastes faveurs faisons nos seuls amours ; Sans orgucil , preferons toujours Une panrrete libre a do riclies entraves; Et si qnelque mortel justement respecte Entend fremir ponr lui les cordes de ma lyre , O ma muse , qu'il puissc dire : S'il ne m'admirait pas , il ne m'eikt pas cbante \ LIVRES FRAjNCAIS. 2Ci La seconde Messenienne , le Voyageur, nous offre un jeune Grec tjui fuit sa patrie esclave. Sur vos rives la liberie , Ainsi qiie la gloire , est proscrite ; Je pars, je les siiis et je qiiitte Le beau ciel qu'elles ont quitte. II cherche vainement la liberie dans la Sicile, oil sa flamme semble eteinte, a Naples, Rome, Venise, dans le nord de I'Europe , au centre de I'Allemagne , dans la flere Albion. Des Noirs ellc a brise Ics fers , Et ce sont des blancs qii'elle opprime. Sur toi , Cadix , il vieut pleurer : Nos soldats couvraient ton rlvage : II vieut, luaudissaul leur courage; II part, de peur de I'admirer. On regrette que ce rapide et melancolique voyage soil termine par la mort du jeune Cypriote, qui retrouve son ile ch^rie desolee par les musulmans. 11 dil, s'elaucant dans Tabime ; « Les peuplcs soul nes pour souffrir; Noir Oceau , preuds ta victime , S'il fau» elre esclave ou mourir. >• Cest a Napoleon que s'adresse la troisifeme Messenienne. Fils de la liberie, tu delr6nas ta mere. Arme contre ses droits d'un pouvoir ephemere , Tu croyals I'accabler, tu I'avais resolu; Mais le tombeau creuse pour elle Devore 16 1 ou lard le monarque absolu : Un tyran tombe ou meurt ; seule clle est immortelle. L'apparition des trois batailles d'Arcole , des Pyramides et de Waterloo , hardiment personnifiees , qui s'offrent au heros pendant une nuit oil il veillait seul et silencieux , est une conception d'un grand effet. Leurs prophetiques accens peignent avec de sombres et fortes couleurs la grandeur colossale du heros , les esperances des 202 LIVRES FRA.N(;A.IS. peuples tiahies et sa chute inevitable ct piochaine; elks lui icp lent I'lino apit-s I'autre : Tremble, je vois piilir ton ttoilc t'olipsec. La force est saus appui, du jour qu'cUe est sans fieiu. Adieu , ton regnc expire ct ta gloirc est passL'c. Ou s'est-il reveille? l.e po^te nous niontre Najwleoit Seul ct sur uu rocber d'oii sa vie imj)ortuuc Troublait encor les rois d'une terrcur eommime , Du fond de son cxil encor present partout , Grand comme son malheur, dttrone, niais deboiil Sur les debris dc sa fortune. La vaste mer murmure autour de son cercueil. De tels vers et de tels sentlmens portent avec eux leui- I'loge it leur recompense dans les impressions qu'ils produisent. M.-A. JuiLIEN. 94- ' — t-'Ss Roses provcncales , choix de poesies , dcdie aux dames. Premiere annee. Marseille , 1824 ; Camoin. In-i8 de ifi3 pages. « A I'exemple de Paris, dit I'editeur des Roses provencales , Lyon possede , depuis plusieurs annees , un Almanach des Muses qui pent soutenir la comparaisou avec celui de M. J. Gensoul ; Marseille et la Provence , teiTes classiques des troubadpurs , pouvaient auss' fournir un recueil annuel de poesies. » Nous croyons que le public jugera comme lui , et qu'il accueillera avec bienveillance ce nouveau recueil, qui tend a augmenter les plaisirs des amis de la litterature. Deja plusieurs poetes estimables ont repondu a I'appel de M. Marius Gimon ; esperons qu'un plus grand nombre encore se presentera I'annee prochaine , et qu'il pourra faire un choix encore plus se- vere : car , nous ne le cacherons pas , quelques fleurs un pcu trop simples se trouvent melees au bouquet qu'il a compose. Parmi les auteuis qui figurent a la table de ce volume , nous n'en avons re- marque que deux ou trois qui nous soient connus , mais nous avions hi les vers avant de lire les nonis , et nous pourrions en compter davantage qui sont dignes d'etre cites honorablement. Ce recueil renferme , en effet , plusieurs jolies pieces ; mais une qui sort de pair, et que ne desavoueraient pas nos nieillcurs poetes moderncs , LIVRES FRANCAtS. ao3 c'est la Captive, de M. A., que nous regrettons de ne pouvoir faiie connaitre a nos bcteurs qUe par cette initiale , sous laquelle il lui a phi de se cachei.j, s'il n'y a point de coquetterie dans son fait , certes on peut lui re'.rocher d'dtre par trop modeste. Nous avons lu , du ni^nie poete Ct dans le mdme recueil , des vers aux manes d' Andre Chenier; noas aliens prouver, par une citation de la Captive, qu'il est digne de le chanter , et peut-6tre de lui succeder. Telle que la colonibe au piegc retenue], Dont I'aile prisonuiere en vaiu clierche la nue. Que Taride oiseleur deroba pour toujours A sa mere plaiutive, a ses jeunes amours, Et qui ue verra plus , a mourir condamuec, Le doux abri des cbamps ou sa famille est nee : Telle, et plus malbeureuse, en ces cacliots obscurs, Je forme en vaiu des voeux que rcpoussent ces murs. Mes vcux de mon pays ne verrout plus la rive. Ici j'ai tons les maux; ici je suis captive! , L'esperance elle-meme a fui mou triste cceur ; Je n'ai plus d'autres dleux que Ics dieux du malbeur. Won, je n'espere plus de vous cueillir eucore, Fleurs bumldes du soir et roses de I'aurore , Vous u'embellissez plus de vos fraiebcs couleurs Que mou doux souvenir ou mes souges trompeurs. De tels vers sont une bonne fortune pour un recueil litteraire , et u'eut-il servi qu'a nous les faire connaitre , celui de M. Marius Gimon aurait des droits a nos encouragemens. Nous engageons done I'editeur a poursuivre sa louahle entreprise , a redoubler de soins et de sev^rite dans le choix de ses inat^riaux , sans negliger la partie typographique de son ouvrage , qui ne nous a point paru entiere- ment satisfaisante. E. Hereau. 95. — *AIonzo,o\x Z'£j-/7<2g7?e,histoireconteinporaine ; par N. -A.de Salvandy. Paris , 1824 ; Baudouin freres. 4 vol. in-8° ; prix 24 fr. Si les ouvrages de sir Walter Scott, qui peint une nature et des moeurs en general pen connues du public francais, nous offrent nean- moins une lecture pleine de charmes , combien ce genre d'interdt ne doit-il pas s'accroitre , lorsqu'un homme , jeune encore et d'un talent distingue, presente a nos regard I'histoire fidele d'une nation et d'une epoque qui reveillent tant de souvenirs! M. de Salvandy einbrasse dans son vaste tableau I'existence politique de la Peninsule, durant un quart de siecle. On y voit Cgurer Napoleon , Charles IV , la reine- ao4 LIVRES FRANCAIS. m^re, Ferdinand, Godoy et les scandales de son usurpation, I'An- gleterre et ses secours intercsses ; d'ua cole, Ton assiste aux premi^re^ insurrections du peuple am^ricain , dont les hyini>'' patriotiques sa- luent I'aurore de la liberie; de I'autre, on admire &,.t les remparts de Cadix les intrepides defenseurs de Tindependance nationale, de- cretant la constitution sous le feu des batteries f'rancaises. On les voit sauvant la patrie et le trone... plus tard , on les verra peupler les ga- leres... Certes, si, dans les imes genereuses , la haine du despotisme et de I'arbitraire avait besoin d'c^tre nourrie et fortiCee, on devrait ce service a I'hislorien d'Alonzo. Nous revicndrons sur cct ouvrage , qui renferme des vues politiques du premier ordre. Cost agrandir noblement la spliere du roman , que de plaider la cause d'une nation , tout en interessant aux vertus , aux malbeurs, a la gloire d'uu de ses citoyens. Quant au style , M. de Salvandy a su I'orner de toutes les richesses d'une brillante imagination. Cn;/)i7/e Paganel. yfi. — Voyage niitour de ma chnmbre , suivi du Lepreux de la cite d'Aoste. Noitvelte edition , d'apres celle de St-Petesbourg (1812), revue et augmentee. Fails, r8a3; Delaunay , au Palais - Royal , n. a4-3. In- 1 8 de 207 pages ; prix, 2 fr. Un post-scnptum ajoute a la preface des editeurs , dans cette nou- velle edition , nous apprend que Tauteur du Voyage aiitour de ma chambre , qui etait reste long - tems inconnu pour le public , est « M. le comte Xavier De Maistre , ne a Chambery , tenant ainsi a la France par la langue, et frere puine du comte Joseph de Maistre , auteur des Considerations sur la France. » Le Voyage aucoiir de ma chambre, est un de ces ouvrages qui, apres avoir obtenu une grande vogue au moment de leur apparition , n'ont presque rien perdu , de- puis , dans I'opinion publique. La grice et I'originalite de cette pro- duction , qui a donne naissance a tant de copies plus ou molns pAles , suffisent bien sans doute pour justifier I'empressement des lecteurs. M. de Maistre, cependant,parait lui-meme avoir ete quelquefois imita- teur. Plusieurs cbapitres de son voyage , tels que les chapitres xix et XXVIII , rappellent la maniere de Sterne ; mais , contre Tordinaire , ils provoquent une comparaison qui n'est pas une censure pour leur auteur. — Quant au l.epreux dela cite d'Aoste , que nous retrouvons a la suite du voyage , je ne vois qu'un seul motif qui ait pu determiner les editeurs a en augmenter leur volume , le desir de rassembler ainsi tout ce que Ton counait du comte Xavier de Maistre , dans lequel ces productions si differentes feraient soupcoiuier deux personuages bieii distincts. F. H. LITRES FRANCAIS. 2o5 97- — Notice des principaux ecrits relatifs a la personiie etaiix ccrits de J.-J. Rousseau; par M. Bvrbieh, anclen bibliothecaire. 3"^ edition, ivvue conigeeet augmentee. Paris, 1824; imprimerie de'J. Didot. In-8°. de 2 feuilles |. Cette notice de notre savant et infatigaLle collaliorateur fait par- tie du XXI" volume des OEuvies de J.-J. Rousseau , publiees par M. Lequien. 98. — Notice de statues , bastes , bas-reliefs , bronzes , etc. , prove- nant de la maison de M.*** , situee rue de la Chaussee-d'Antin , au coin de celle Saint-Lazarre , n" 70 , et devant etre vendus , au plus offrant et dernier encherisseur , argent comptant , en la susdite maison , le i5 mars 1824 , et jours suivans , a 6 heures de relevee. L'exposition publique aura lieu , depuis le 8 mars jusqu'au i5 , et tant quedurera la vente, depuis onze beures du matin jusqu'a quatre de relevee. In-8° de 2 feuilles ( se distribue , a Paris , chez Masson- Saint-Maurice , commissaire-priseur , rue Montmartre , n° i65 , et Thiesson , commissaire-priseur , rue de Provence , n° i ). Memoires et Rapports de Societes savantes el d'uliiite publique. 99. — * Memoires d'ligricuhure , d'economie rurale et domestique , publics par la Societe rojale e( centrale £ agriculture de Paris. Paris 1823 ; M'ue Huzard. ^1-4°. L'impression de cette precieuse collection est un peu tardive , comnie celle des memoires des^rincipales academies : le dernier vo- lume est celui de 1821. Ainsi , les rapports annuels de la Societe d'agriculture ont deja fait connaitre tout ce que renferme chaque volume nouveau. Mais, comme il ne s'agit point desatisfaire la curio- site , ces memoires choisis seroi)t toujours bien accueillis des lecteurs capables de les mettre a profit. Dans I'espace de quatre ans , de 1817 a 1822 , on en a vu paraitre plusieurs tr6s-reraarquables par leur etendue et par I'objet dont ils traitent. On trouve, dans le recueil de 1818, une notice sur I'agriculturedu deparlement de la Vendee, par M. Cavoleau , ou la nature du terrain , les vegetaux qu'il nourrit, les procedes de culture et les preparations agricoles , les habitudes des cultivateurs , etc. , sont exposes avec ordre et clarte. Ilseraita desirer que cliaque departement de la France fut aussi bien etudie et decrit que celui de la Vendee; tin ouvrage compose de ces monographies 2o6 LIVRES FRANC AIS. asricolcs condnirnit ccrtninement a des compnraisons utiles, et serait un moyen d'eniulatiou entre k-s cullivatiiirs rclaircs. Dans le volume de i8n), M. Devize de Chabriol expose , sons le tilre iV£ssai, la na- ture et la classification methodique des terres cultivables dans le de- partement du Cantal. Ce travail , qui pourrait ^tre execute par un geologue nn pen instruit en af^ricnlture , n'exige pas que I'observateur reside sur les lieux, ni qu'il y multiplie Ics recherches et les expe- riences ; quelques homines habiles suffiraient pour I'acbever en pen de terns sur toute la B'rance , et cette connaissance du sol serait un moyen de direction pour les cultivateurs , d'appreciation equitable pour la repartition des inipots , et d'accroissement de lumieres dont I'admi- nistration ne profiterait pas moins que les administres. En i8ao, la question des canaux d'irrigation a etc traitee avec le plus grand sueces; en decrivant les canaux des Pyrenees orientales , M. Jaubert de Passa preludait a son grand ouvrage sur les canaux et les irrigations de I'Espagne, et son memoire sur cette partie des institutions agricoles de son dcpartement etait complette par M. Lacroix,pour I'arrondisse- ment de Prades. A une autre extremite de la France , M. Farnaud rcdigeait la description des canaux du dcpartement des Hautes-Alpcs, avec la carte des ouvrages executes et projeles. Ces deux grands tra- vaux ajoutent un second volume a cette annee i8ao ; nous y trouve- rons des materiaux utiles , lorsque nous aurons a trailer des questions relatives aux irrigations. Le volume de 1821 est compose en partie de I'ouvrage de M. Yvart , sur les jaclieres , dont nous avons dcja parle (t. XVIII , p. 38i ). Quelques rapports faits a la Societe n'ont pasmoins d'etendue que des mcmoires; ou plus exactement, ce sont d'excel- lens memoires sur I'objet du rapport : tel est, par exemple, dans le premier volume de i8ao, le rapport de M. Herieart de Thury , sur I'engrais nomm6 'irate , prepare par MM. Donat et compagnie. Ce recueil est une bibliotheque agricvle choisie avec discernement , et qui a I'avantage de presenter non-seuleraent I'ensemble des connaissances agronomiques, mais de plus , I'histoire de leurs acquisitions , des d^- couvertes , des perfectionnemens , et des bienfaiteurs du premier et du plus noble des arts. Cet art n'est pas du nombre de ceux qui ont eu a se plaindre des cbangemens politiques operes en France, si toutefois on pent en citer un seul qui ait eleve de justes reclamations. F. 100. — * Bulletin de la Societe de geographie.- — Caliier N° VI. Paris , i8a3 ; au bureau de la Societe , rue Taranne , n". 12. — Ce bulletin est Aisir'ihue gratis aux menibres de la Societe : on peut souscriresans jJtre membre. Le prix de la souscription est , dans ce cas , iixc a (i fr. UVRES FRANCAIS. 207 pour a/{ feuilles d'impression , qui formeront un volume , et seiotjt en-vovL-es franc de port a Paris et dans les d^partemens. Tl ne s'est pas encore ecoule deux apnees , depuis que cetle So- ciete , si essentiellement utile aux progres de la science , a ete ins- tituee ; et deja un grand nombre de personnes les plus celebres , non- seulcment de la France et de TEurone , niais encore de presque toutes les autres contrees du globe , s& sont empressees de contribuer au succ^s de cette belle institution. A peine a-t-elle eu le terns d'etablir sa correspondance ; et cependant , elle offre deja des documens d'un grand inter^t pour la geographic et les sciences qui s'y rattachent. Elle fait imprimer une edition complete de Marco Polo, afin de pou- voir livrer aux savans un texte aussi pur que possible de la relation de cet infatigable voyageur , qui est encore notre guide le plus siir dijins plusieiirs parties de I'Asie. Cette impresslou dotinera une nou- velle preuve du z^le de la Societe pour aider, autant qu'il est en elle, la niarche et les progi-es de la geographic. Un second ouvrage sera encore dans peu publie a ses frais : c'est une Caite des pachalihs d! Alep et d^Orfa , dressee par M. Rousseau , consul general de France dans cette premiere -ville. Le prix que la Societe accorde , tons les ans , donne encore tuie nouvelle impulsion aux rechercbes des voyageurs et d^s gcographes , dont les travaux ne peuvent plus etre perdus pour la science. Le N° VI de son Bulletin , que nous annoncons , renferine des materiaux importans. La premiere partie , contenant un extrait des proccs-verbaux , presente le resume des discussions qui out eu lieu dans la Societe, les noms des correspondans dont elle a recu des communications , et parmi lesquels on remarque ceux des Hammer de Vienue , des Krusenstern de Russie . des Dodwels de Rome , Erett des Etats-Unis , etc. , et plusieurs societes savantes de diverses contrees. Dans la liste des nouveaux membres admis , on lit les noms de M. A. - S. Lindenherg , consul general des villes Anseatiques a Lis- bonne , de M. Vamiral Krusenstern et de M. de Knig a Saint-Peters- bourg , et celui de M. le comte de Beaurepaire , charge d'affaires de France a Constantinople, etc., etc. Quelques ouvrages importans, qui ont ete offerts a la Societe , sont aussi indiques dans ce cahier. — La seconde partie contient les documens que la Societe a cru devoir faire connaitre pour I'avancement de la science : i" extrait des voyages de Daniel Willam Harmon , associe de la compagnie du Nord-Ouest, dans Tinterieur de I'Amerique septentrionale,entre les 47"^ et 58" degres de latitude nord , depuis Mont-Real jusque pres de I'Ocean pacifique , ^e qui fait ime distance d' environ 5,ooo milles. M. Warden, auteur ao8 LIVRES FRANCAIS. de cet extrait , en a presenK"- la parlie la plus inli'ressante , c'est-a-dire , tout ce qui louche a la gi'-ographic. On lit aussi i ne lettie tie M. Du- perrey , meuibre dc la Societc, couiniaudant IfApi'dition francaiseaux terres Australes ; une lettre do M. de ///(mmer qui olfre a la Societe ua millometre asiatique trouve a la t^te d'un inanuscrit tres-pre- cieux et envoye de Constantinople par M. le coinie de Lurzow, imter- nonce d'Autriche. M. Dupre , notre consul a B6ne en Afrique , donne aussi quelques details sur cette ville , et M. KruscnsCem annonce le voyage du capitaine Kotzebue , recemment parti de Cronstadt pour faire de nouvelles decouvertes. Un tableau succinct envoye de Lou- dres par M. Moreau , eleve vice-consul , perniet de comparer la po- pulation des comtes de I'lrlande , dans les annees 181} et 182 i ; nous y voyons que la population generale de I'lrlande etait , en 1821 , de 6,849,949- Viennent ensuite nne lettre de MM. les Meinbres du Sc/iat de rUniversite de Kcv/iigsOerg ; ipms , une note sur la caite de M. Rous- seau , consul general de France a Alep , dans laquelle M. Barbie du Socage presente quelques developpemens sur cette carte manuscrilc. M. Cottard, inspecteur charge des fonctions rectorales en Corse, a fait parvenii: un niemoire sur I'insaluhrite attribuee an climat de cette lie , et annonce Tenvoi d'une collection de roches raniassees dans cette contree. Le cahier se termine par deux projets de voyages. Fun aux mers Polaires , presente par M. de la Renaudiere , et I'autre dans I'interieur de I'ancienne Cyrenai'que en Afrique. Ce dernier morceau merite particuii^rement I'attention. L'auteur, M.. Barbie du Bocage , aprcs avoir indique ce qu'il y aurait a faire , quels sont les ecrivains qui se sont occupes de ce pays , trace les difftrentes routes pour s'y rendre : il donne les moyens a employer pour voyager sure- rement dans des lieux gussi jieu frequentes et ou I'ardeur de la science pent rencontrer de grands obstacles. M. Alex. Barbie du Bocnge vou- drait mettre ce voyage an concours et fixer un dedonimagemenl ho- norable a celui qui, apres I'avoir fait , presenterait la meilleure re- lation. Ce serait un moyen d'appeler toutes les nations a partager riionneur d'une expedition aussi curieuse et aussi dangereuse. D'ail- leurs , c'est indiquer aux vrais amis de la science les moyens d'em- ployer utilement lessommes qu'ils pourront consacrer a de semblables travaux. Al. B. n. B. lY. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. Bi'^nos-Ayhes. — Sociici LancastMenne. — Le a3 juin dernier , la junte directrice a commence ses seances, et les contlnuera , les i5 et 3o de chaque mois. EUe desire etendre I'lieureuse influence de cet utile ^tablissement dans les cauipagnes oil le besoin s'en est fait surtput sen- tir; elle espere , en consequence, que les amis du bien public aug- menteront le nonibre des souscripteurs. (Extrait de /a Sentinelle.) Et\ts-Unis. — Stntistiqiie. — On conipte , aux Etats-Unis , 5oo,ooo enfans , dans les ecoles publiques , 3,ooo etudians, dans les colleges qui conferent les degres , i ,200 etudians en academic , 5oo dans les differens semiiiaires de tlieologie , et plus de 1,000 etudians en droit. II y a environ 10,000 medecins , plus de 6,000 avocats ; 9,000 temples, chapelles ou eglises , et environ 5, 000 ecclesiastiques. On a delivrd 4,4f>o brevets pour des inventions nouvelles et utiles , des decouvertes et des ameliorations dans les arts.L'impression des livres cpute an- nuellement deux ou trois millions de dollars (le dollar vaut 5 fr. a5 c.) ; il parait 1,000 journaux dans le pays. H y a plus de cent bAtimens a vapeur. En general , les batinien^ ainericains font leur traverser, 6« un tiers de tems de moins que les batimens anglais. Les medecias; qui ne croient pas a la contagion de la fievre jauue sont , a ceux qui y croient , dans la proportioiide 5^7 a 28. {Morning Chronicle. ) Guadeloupe. — Medecine^ ~;-'-'''l fievre jaune , qui n'avait point paru dans cette lie depuis que 50H, invasion en Europe I'a rendue lobjet de la soUicitude des gouvernemens , s'est montree cette au- tomne , dans I'une des deux vi.Ues de la colonic. Au lieu d'apparaitre. a la Pointe-a-Pitre , qui est situee au milieu des marecages , oil Ton pretend que cette maladie prend naissance , elle a exerce ses ravages, a la Basse-Terre , ville salubrc , aeree et qui n'ayant que pen de com- merce, est rarement exposee a son importation. Parmi ceux qu'elle a fait perir , on compte le capitaine Royou , neveu de I'abbe du m^me nom , et connu ku-meme par quelques opuscules. T. XXI. — Janvier i^i!i. i4 aio AMERIQUE. Mahtimquk. — Biltimens a vapeiir. — Depiiis l635 , ^poque de 1.1 oelonisatlou de cette ile , on se servait , jx>ur la communication de scs differente« parties , de pirogues tres-Iegeres , allant a la voile et a la rarae , et construites sur le m^me modele (jne celles des Caraibes. Le defant de cliemins praticables entro Ics villcs de Saint-Pierre et du Fort-Royal , obligeait a c'ni[)loyer continuellemeiit ce nioyen jiour les relations coinmercialcs et autrcs , et Ton imagine aisement combien d'inconveniens etaient attacbes a I'usage de ces fr^lcs enibarcations. On avait propose , il y a sept ans , de remplacer ces dangereux esquifs par des bateaux a vapeur , dont la superiorite et les nonibreux avan- tt)g«s avaient 6t■ Entour6 de cette tiimul- tiieuse escorte , les Anglais fnrent conduits au palais du sheik, qui les reciit avec le ineme appareil militaire. Shnmeen el Knlmi a envi- ron quarante-cinq ans. C'est un soldat de fortune. Avec un genie entreprenant, un jugenient sain , des traits agr^ables, des manieres affables et conciliantes , il s'est eleve, en vingt ans, de I'humble situation d'un fig^i , ou maitre d'ecole, et ecrivain d'amulettes a Fezzau , au rang de souverain et de legislateur de plus de deux mil- lions d'hommes. II peut au besoin rassembler cinquante mille soldats bien disciplines. Sa pi^'te, sa justice et son savoir, lui valurent le titre de sheik du Koran. Apr^s avoir delivre Rornon des insurrec- tions des Fellatios ( esp^ce de tribu de Bedoiiis , mentionnc^e par Bnrkhardt ) , Sbumeen refusa la souverainete do &ornou, a laquelle il etait appele. II eut la politique de laisser une apparence de pouvoir a l'un des descendans des sultans regnans. II le couronna et lui rendit hommage; son armee suivit son exemple. II 6tablit alors le iiiltan a liirriie , et se fixa lui-m^me a Engornoti. Quelques annees- AFRIQUE. 21 S aprts , il fit l)atir Kouka , sa residence acfuelle. II remet toujours au sultan la part du butin pris a la guerre : k la cour de ce dernier, on ne voit qu'evenlails , plumes et soies , tandis que celle du sheik est herissee de lances. Le docteur Ondeney , I'un des trois voyageurs anglais, visita ce slngulier monarque , qui le recut perche dans une espt'-ce de cage d'oii il ne descendit pas. La description de ses gardes en justaucorps ouattes et bourres, qui devaient leur donner I'aspect le plus grotesque , et chamarres de charmes de toute espece , forme un contraste tres-plaisant avec celle des troupes du sheik. Nos voya- geurs voulurent poursuivre leurs decouvertes au dela des ^tats de Bornou ; mais le sheik exigea qu'ils attendissent un moment plus favorable , proniettant au major Denham qu'il pourrait I'acconipa- gner dans une expedition projetee apres la saison pluvieuse. Mais cet officier se determina 4 suivre Bou Khaloum qui I'avait escorte lui et ses compagnons , depuis Tripoli , dans un grazzie , espdce d'excursion de maraudage que ce dernier jugea a propos de faire chez quelques tribus voisines, afin de tirer parti de son voyage. Apres six jours de marche vers le sud , ils atteignirent Mora , capitate et residence du sultan de Mandara ; la maniere de combattre de ces peuples , le resnltat de cette expedition guerrit;re, la defaite et la fuite des niaraudeurs sont decrits en detail dans les lettres du major Denham, qui courut lui-m^me de grands dangers. Pendant son ab- sence , ses compagnons de voyage , le docteur Ondeney el le lieute- nant Clapperton , faisaient de nouvelles decouvertes. Avec I'autori- sation du sheik , ils allerent visiter la riviere Shanj , a 90 milles de Kouka. C'est un beau fleuve de pr^s d'un mille de large, rempli d'iles plates. II coule du sud au nord. On croit qu'il prend sa source daus une chaine de montagnes , situi'es a environ 70 milles au sud de Kouka. Ils suivirent le cours du fleuve qui se dirigeait vers le nord , et le virent se decharger dans le lac Tsaard , par cinq on six embou- chures, lis n'avaient pas encore vu d'aussi prds cette belle nappe d'eau. EUe s'etcndait a Test , au nord-estet a I'ouest, aussi loin que I'oeil pouvait atteindre. L'expcdltion dura vingt jours , pendant les- quels les voyageurs firent des notes, etudlerent le cours des fleuves et eclaircirent plusieurs erreurs geographiques considerables qui se trouvent dans les meilleures cartes. Si ce voyage scientifique , qui parait avoir ete heureux jusqu'a present , se termine bien , on doit en esperer de grandes lumieres sur I'interieur de I'Afrique. En com- parant les temoiguages des differens voyageurs , on sait deja a quoi s'en teair sur plusieurs points douteux , tels que I'identite du Niger 21 6 EUROPE. et du Yaoii se jetaiit dans le Tsaard. Le docteur Ondency dit avoir entendii assurer par les nalurels qu'un bras du Sliarry , au sud de Baghermy , coule jusqu'a Sitri , et de la se rend dans le Nil. Le lieu- tenant Lyon et Horneman avaient recueilli le mume renseignement. Les derni^res lettres des voyageurs etaient datces de la cour du sheik , d'ou ils comptaient partir incessamment. L. Sw. B. EUROPE. ILES BRITANINIQUES. Physique. — Tremblement de terre qui s'est fait sentir en mer. — Un vaisseau , appartenant a la compagnie des Indes , et faisant voile pour I'Angleterre , se trouvait, le dimanche lo fevrier i8a3 , a una heure dix minutes du matin , au 62'' degre de latitude nord et au 85^ degre 33 m. de longitude est , quoique eloigne de terre de quel- ques centaines de milles , et que la sonde ne trouvit pas de fond , une fo^te commotion se fit sentir a bord , comme si la quille eiit frotte sur un roc de corail. Un bruit sourd et assez fort se fit alors entendre. Le capitaine , place a I'arri^re du vaisseau , regards dans la mer, qui etait si claire qu'on y cut facilement decouvert un ecueil ou un ro- cher : il ne vit rien. Le vaisseau faisait alors deux noeuds par heure. On attribue ce singulier phenomene a I'cruption de quelque volcan sous-marin. L, Sw. B. Meteorologie. — Le 3o et le 3i octobre dernier, un orage re- marquable par sa violence et son etendue s'est fait sentir a la fois en Angleterre , en France et en Suisse. En Angleterre , il a renvers6 beaucoup d'arbres , dans le Wiltshire ct I'Oxfordsliire , soit en les cassant , soit en les deracinant ; en France , la temp^te a exerce princi- palement ses ravages sur les cotes N. E. ; en Suisse , apr^s une journee assez chaude pour la saison, la temperature s'est abaissee subitement pendant la nuit , et les montagnes autour du lac de Geneve ont ete couvertes de neige. II parait que c'est principalement en Angleterre que ce mouvement de I'atmosphere a produit ses plus grands effets ; mais on a remarque que , dans ce pays et en Suisse , le refroidisse- ment a ete presque le m^me , quoiqu'en passant d'une contree a I'autre le vent eut change de direction. En Angleterre, il soufflait du N. E. , et en Suisse du S. O. II serait interessant de savoir en quel lieu ces deux courans se sont rencontres , et ce qu'ils y ont produit. F. LoKDKES. — Instruction publiqne. — Le comite general de la Societe EUROPE. 2J7 nationale pour I'ediication des pauvres s'est assemble dernierement. Sept nouvelles ecoles out ete reunies a celles de la Societc. Plusieurs dons , depuis 20 livres sterling jusqu'a 200, ont etc votes pour etablir de nouvelles Ecoles. La Societe du Northamptonshire a fait connaitre la genereuse donation de 5oo louis , a 3 pour 100 consolides , qui est due a sir James Langham ; I'interet doit en ctre divise en quatre prix, de valeur inegale , pour etre distribues aux deux maitres et aux deux maitrcsses d'ecoles ( sans egard pour I'etendue des ecoles ou le nombre des eleves) , qui mettront le mleux en pratique le systeme d'ensei- gnement du docteur Bell , et qui s'attacheront a le bien comprendre. Dublin. — Societe pour V encouragement des aits mecaniques et des inventions , parini les classes pauvres. — Cette Societe a dernierement distribue plusieurs prix pour la meilleure imitation des objets en paille d'ltalie. Vingt-quatre echantillons ont ete produits , trois ont merite desmedailles ; on assure que celui quia obtenu le premier prix pour- rait rivaliser de finesse et de beaute avec les plus beaux chapeaux qu'on exporte d'ltalie. LoNORES. — Bibliographie. - — Les amateurs douvrages rares etcu- rieux attendent avec impatience la vente de la bibliotheque de sir Mark Sykes , une des plus belles de I'Angleterre , riche surtout en classi- ques , en copies manuscrites , et en premieres editions. Elle comprend aussi quelques volumes de poesies anciennes , et plusieurs manuscrits precieux. On a trouve , parmi ces derniers , un document original fort singulier. Apres que Henri VIII eut epouse Anne de Cleves , il eleva des doutes sur sa chastete avant son mariage , et les soumit aux dignitaires de I'cglise : ce document renferme leur decision et les raisons sur lesquelles elle se fonde. II est d'une belle ecriture sur velin , et signe par tons les evequcs et les ecclesiastiques distingues de I'epoque ; Crammer , Gardner et Polydore Virgile ont appose leiu-s noms sur cet acte extraordinaire , qui confirma les doutes du roi , et fit repudier sa malheureuse femme. On assure que le direc- teur de la Bibliotheque royale de Paris a fait offrir 1 200 louis , pour la copie unique , sur velin , de la premiere edition de Tite-Live. Les seules gravures de Bartolozzi , formant une s6rie complete de ses ou- vrages , des epreuves et des ebauches , ont coiite , dit-on , a sir Mark , pr6s de 5, poo louis. La vente des gravures durera environ deux mois ; celles des livres , le meme tems. — Theatre de Covent-Garden. — Une nouvelle tragedie de ]M""= He- mans vient d'etre representee sur ce theatre ; el comnie presque toutes les tragedies modernes des Anglais , elle est tombee a la scene. Son litre ai8 EUROPE. de Vipres Je Palenne avail fait croire d'ahord que c'^tait une imita- tion des Fepres Siciliemies de M. Casiniir Delavigiie ; mais clle en diflere beaucoup par le plan et les details. On a voulu attribuer au jeu de quelqiies acteurs la chute de cette tragedie qui est bien ecrite , et qui offre mi^me de grandes beautes pootiques ; la veritable cause de son pen de succes au theatre , est I'absence presque totale de mou- vemoiit et de passions. Comine poenie , les Vepies de Palenne doivent trouver place dans loutes les biblioth6ques ; commc oeuvredramatique, elles ont dii 6chouer. Yorkshire. — Antiquitcs. — Tombcau. — Les ouvriers occupes k ouvrir une nouvelle route de Hunslet a Bellisle , ont decouvert au milieu d'un champ , a environ i5 pouces au-dcssous de la surface du sol , un cercueil en pierre , contenant les restes d'un cadavre. Le corps avail ele reconvert de plAtre qui , en se detacbant , en a conserve I'empreinle , el m^me celle du linge qui I'avait enveloppe. La figure paraissait avoir ^te couverte d'une substance transparentc comrae du verre, et semi-circulaire ; le crAne avail disparu ; mais les dents tres-bien conservees se trouvaient de clwque cote de la place que la t(?te avail occupee. Un grand nombre de grains de verres de differentes couleurs el de differentes grosseurs onl ^te Irouves dans le cercueil. Quelques-uns etaient entiers et brillans , mais la plupart etaienl devenus opaques el terreux. II ne restait du cadavre qu'unc cuisse , une jambe , et les os du bras. On a soigneusement visile et lave le conlenu de ce singulier cercueil , dans I'espoir de decouvrir une pi^ce de monnaie , qui put fixer la date de renterremenl. On n'y a Irouve qu'un portion considerable de fer presque decompose. L. Sw. B. RUSSIE. Saint-Petehsboukg. — Academic riisse. — Dans la dernicre seance, le prince Alexandre Chakhovskoy a faitla lecture de plusieurs scenes d'une comedie qu'il vient d'achever ; elle est intifulee Aristopliane. Cette pi^ce est d'un genre tout-a-fait nouveau , et j)eut cti-e rangee a cote del' Amphytrion dePlaute, que le grand Moliere a transporto sur la sc^ne europeenne. Les applaudissemens d'un nombreux auditoire font esperer qu'Aristophane aura sur le theatre un succes coniplet ; d'ailleurs le prince Chakovskoy est justenient recounu pour le pre- mier poele comique de la Russie , tant par la superiorite de son ta- lent, que par une connaissance profonde de la scene ; le public doit a la fecondite de sa plume plus de cinquante pieces, dont quclques tragedies. EUROPE. iiij iin grand nombre de comi^dies , des operas et des vaudevilles. Le sujet de sa derni(^re comedie est pris dans I'histoire : c'est le jour oil Aris- tophane se propose de donner au public sa pit;ce des Chevaliers , composee contre Cleon, qui alors etait tout puissant a Athenes ; Aris- tophane , vu le credit de Cleon , eprouve mille eutraves pour la faire represeuter, et sur le refus des comediens de remplir le role dans lequel Cleon est depeint sous les traits les plus ridicules , Aristopbane s'en charge lui-meme ; les sculpteurs , par la m(^me raison , ne vou- lant pas faire le masque du personnage , Aristopbane le joue sans masque ; niais pour niieux le faire reconnaitie il lui derobe sa cbla- mide, paries soins d'une courtisane nommee Alcinoe , sa raaitresse, pour laquelle Cleon soupire aussi. Les jeux de mots et le sel attique que le po6te a emprunte a Aristopbane , donnent a cette pi6ce une physionomie toute particuliere. La comedie est en trois actes et en vers libres , dont les differens rithmes sont appropries aux sens des paroles que debitent les acteurs ; par exemple , dans une sc<^ne oil Cleon parait accompagne d'un nombreux cortege de flatteurs , cbacun lui adresse quelques phrases en vers de differentes mesures. Un de ses sycophantes , qui passe pour un homme Cn etinsidieux, lui parle en vers cboreiques ; un autre , connu par sa presomption , s'exprime en vers dactiliques , etc. La scene dans laquelle I'auteur a reussi a introduire le plus de gaiete est celle oil Xantippe , femme de Socrate , arrive tout en colere et exhale sa mauvaise humeur d'une maniere tout-a-fait comique ; elle n'epargne personne , pas meme Cleon. Le denoiiment de la piece est a la fois brillant et comique : Aristopbane est porte en triomphe par le peuple Atheuien et Cleon expose a la risee de tout le monde. J. T y. Moscou. — Instruction publitjue. — D'apres un ordre de Tautorite , on s'occupe ici de traduire en russe tous les principaux ouvrages ele- inentaires anglais qui ont ete reimprinies d'apres le systfeme d'inter- rogation gencralement adopte en Angleterre. On salt que ce systeme consiste en questions adressees a I'eleve sur ce qu'il vient de lire : il doit y repondre de lui-m^me , c'est-a-dire d'apres I'impression que lui a laiss^e sa lecture. Les questions sont faites de maniere a diriger toute son attention vers ce qu'il doit surtout retenir. On a tente d'in- troduire ce systeme en France dans quelques ecoles d'enseignement mutuel , et il est probable qu'il eiit produit cbez les Fraucais des re- sultats aussi satisfaisans. Malheureusement , les entravcs qu'on a niises a ce mode d'enseignement , joint a I'esprit de routine qui regne ge- ncralement dans les ecoles , ont fait negliger ce puissant nioycn de hater les progr^s des enfans en developpant plut6t leur intelligence. aao EUROPE. L'^l^ve se trouvant appelc a repondrc d'apres lui-iiitme , esl , sans s'en douter , oblige de se rendre compte de ce qii'il dans I'exposition qu'ils ne manqueront pas de faire des doctrines actuellement en credit , appuieront leurs raisonnemens sur des ob- servations faites avec loute la bonne fol qu'on est en droit d'at- tendre de medecins eclaires et pleins de zele pour les interdts de la science qu'ils professent , a£in d'en foire ressortir les avantages ou les inconveniens de ces doctrines. Les memoires, ecrits en latin ou en francais , seront adresses au president de I'Academie , avant le 1 5 juillet i8a4,termede rigueur. — Poesie. — La poesie celebrant les grands evenemens , et s'associant aux fetes publiques , dans les terns anciens et dans les tems modernes. Ce sujet sera traite soit dans uue ode , soit dans un dilhyrambe. Le terme du coneours est fixe au 1 5 juillet i8a4- — Le prix de medecine et le prix de poesie consisteront chacun dans une medaille d'or de trois cents francs. De Reui-Le , president. G. Peigkot , secretaire. Lille (^Nord.) — La Societe centrale d'Agrictdture , Sciences et Arts du departement du Nord, decernera uue medaille d'or de 200 fr. au Memoire qui etablira le mieux les avantages des plantations dans le departement du Nord , el indiquera les moyens d'operer ces planta- tions avec le plus de succ^s el d'utilite, d'apres les diffejentes na- tures du terrain. Une medaille d'or de m(?me valeur sera decernee a I'auteur du nieillenr Memoire sur les mojens d'ameliorer la race des bestiaux dans les departemens du nord de la France. Enfin, une medaille d'or de 3oo fr. sera accordee a la meilleure pi^ce de vers , ayanl pour litre : Louis XVIII decernant des medaiUes u V Industrie frcn- caise. Les ouvrages devront (lire envoyes , au secretaire general de la Societe, avant le i^juiu procliain. Lyojt ( Rhdne ). — V Academic royale des sciences de celtc villc 234 EUROPE. vient de clonner le litre d'associe honoraire ;i M. Moreaii de Jonnhs , correspondniit de I'lnstitut. EUe a cru devoir ajouter cc tcmoigiiagc d'estime au prix qu'elle liii a dccerne, il y a ])cu de tenis, pour un ouvrage d'econoniie politique. Institut. — Academic des sciences. — Mois de dicemhre iSaS. — Seance dit i'"' . — M. de Montferrand adrcsse un Meinoire d'algebre surles equations numeriques. (MM. Poisson etCaucliy, conimissaires.) — M. le directeur general du commerce dcmande I'avis de rAcadcmie sur le gazom'etre meuble de M. Jalabert. (MM. Prony , Gay-Lussac, Dulong , d'Arcet et Heron de Villefosse , commissaires deja nommes pour I'examen general des gazometres. ) — M. Julia Fontnneiile adresse Ac% observations sur la production du nitre. (Conimissaires deja nommes pour i'examen du memoire de M. Longchanip , MM. Vau- quelin , Chaptal , Gay-Lussac, d'Arcet et Dulong. ) — MM. De La- cepede et Ampere font un rapport sur I'ecriture imaginee pour les aveugles , par M. Charles Baibier. Au moyen d'un appareil tres-simple, les aveugles peuvent consigner sur le papier leurs idees ou cellcs qu'on Icur dicte, lire leur ecriture et celle des autres aveugles , sans etre obliges d'apprendre I'usage de la plume , la figure des lettres , les re- gies de Tortographe, la maniere de resoudre les difficultes de I'epel- lation ; I'ecriture de M. Baibier pent etre apprise si promptement et si facilement, que les parens des aveugles peuvent enseigner a leurs en- fans a s'en servireux-m^mes, sans jamais avoir su ccrire. Unemcdaille a I'exposition du Louvre , I'adopiion de son ecriture dans I'lnstitut des jeunes aveugles , la reconnaissance de tons les amis de I'humanite , telles sont les recompenses que le zele pliilantliropique de M. Barbier anibitionnait et qu'il a deja obtenues. — M. Cuvier lit un memoire sur un crocodile fossile des carrieres de pierre calcaire des environs de Caen. — D'apres le rapport de MM. Ampere et Cauchy , la note dc M. de Ransou sur les racines des equations lie saurait meriter I'appro- bation de 1' Academic. — M. Strauss lit un nouveau memoire sur V ana- tomic du hanneton. (MM. Cuvier et Savigiiy, conimissaires. ) M. Au- guste de Saiiit-Hilaire lit un memoire sur la mouograpliie des genres sauvagesia et lavraddla. Du 8. — M. Bourgeois adresse a 1' Academic une copie corrigee dc son deuxieme memoire sur les rcfmngibilites diverses. Ce memoire et la lettre a laquelle il est joint sont remis aux conimissaires deja nommes. — M. Eodwich adresse avec un memoire un dessin supplc- mentaire pour etre joint aux planches de son second 'voyage en Afrique. ( Conimissaires deja nommes. ) — M. Bosc lit un rapport concernant EUROPE. 235 les nouvelles observations de M. Gaillon sur la cause de la coloration des huitres , et sur les animalcules qui servent a leur nutrition. Ce travail de M. Gaillon , approuve par I'Academie, sera iniprime dans le R ecueil des Savans etrangers. — An nom d'une commission , M. Dulong lit un rapport sur le memoire de M. Savart intitnle : des vibrations des corps solides considerees en general; en voici les conclusions : « Les reclier- ches de M. Savart formeiit le travail le plus etendu qu'on ait entrepris sur cette matiire. On a lieu de s'etonner que I'observation seule ait pu decouvrir les particularites de niouvemens moleculaires impercepti- bles dont I'existence ne paraissait devoir nous etre revelee que par I'analyse mathematique ; I'adresse , la patience et la sagacite , que Ton trouve si rarement reunies dans la meme personne, n'efaient pas moins nccessaires I'une que I'autre pour vaincre tous Ics genres de difficultes inberentes ;i ce sujet. Vos commissaires pensent done que le memoire de M. Savart merite les eloges de 1' Acadeciie , qu'il pourra fournir de nouvelles occasions d'appliquer la science du calcul a la physique , et qu'il est digne d'etre imprime dans le Recueil des Savans etrangers. » — M. Moreau de Jonnes lit un memoire intitule : Recherches monographiques sur I'origine du cochon niarron des Antilles j et sur ses differentes especes ; la synonymic americaine et Vhabitation geographique du genre des Peccaris , auquel appartient cet animal, — M. Benoit , ancien el^ve de I'Ecole polytechnique , adresse un memoire intitule : Theorie, construction et usage du pachometre , instrument des- tine a mesurer tepaisseur des glaces montees. Un modele de rinvention de M. Benoit est joint a son memoire. (MM. Fresnel et Ampere, com- missaires.) — M. Acbille Ricbard lit un memoire de Botanique con- cernant la famille des loagnees. (MM. de Jussieu et Desfontaines , commissaires. ) Du i5. — D'aprfes le rapport de MM. Lacroix et Caucby, I'Aca- demie approuve un compas propre a tracer toutes les sections coniques , et invente par M. Christion , professenr a Bourges. — MM. Cbaptal , Vauquelin , Dulong , Tbenard , et Gay-Lussac font sur le sel gemme de yic , un rapport dont voici un extrait : « On pent rcduire a quatre les varietes de ce sel , savoir : sel blanc , sel demi-blanc , sel gris et sel ' rouge. Le sel blanc est parfaitement pur et il convient eminemment pour I'usage de la table. Le sel demi-gris et le sel gris contiennent a la verite quelques substances etrangeres , mais en moindre quantite que dans le sel marin, ensorle que leur emploi n'offreaucun danger. A I'egard de la quatrieme variete , on pourrait encore s'en servir sans nul inconvenient , puisqu'elle est moins impure que le sel commun . a36 EUROPE. Une qunlite precleuse distingue le st-l geiiime tic Vic; c'est qu'il est inuiiis deliquescent , c'est-a-dire qu'il n'attire pas I'humidite de I'air , ce qui fait pour les consommateurs un benefice de plus de lo pour loo. Enfin , reinploi du scl de Vic , dans les arts et dans rcconomie rurale, sera tr^s-avantageux. La mine occupc plus de 3o lienes car- rees d'ctendue, et son epaisscur est telle qu'on pent, sans I'epuiser , Texploitcr pendant pliisieurs niilliers d'annees. » — M. Fodf.r.v , me- decin a Naples , estnomnie correspondant de la section de mcdecine — MM. Gay-Lussac et Dulong , font un rapport sur le menioire de M. Liebig, relatif a la composition du mercure et de I'argcnt fulmi- nant. « Ce travail tres-remarquable par les apercus nouveaux qu'il renferme, dit en terminant M. le rapporteur, doit faire concevoir les plus hautes esperances du talent de son auteur ; nous u'hesitons pas a proposer a I'Academie d'accorder a cet important memoire un temoignage distingue de son approbation , en arrctant qu'il sera insere dans le volume des Savans etrangers. • — M. Geoffroy Saint-Hilaire litun memoire intitule ; Considerations ct rapports nouveaux d'osteologie comparee , concernant les animaiix ruminans. • — On lit une lettre du ministre de I'interieur , annoncant que le Roi n'a pas jugo a propos de confirmer la nomination deM. Hachefte. Du 22. — M. Brue prcsente la nouvelle carte de Columbia, dressee d'aprds les observations astronomiques de M. de Humboldt etdes navi- gateurs espagnols ; aux recbercbes dont cette carte offre les resultats , M. de Humboldt a ajoule des coupes scion trois directions dlflerentes , et qui font connaitre des details goograpbiques tres-importans. Des cclielles , jointes a ces profils , indiquent la temperature moyenne de I'air depuis le niveau des mers equinoxiales jusqu'a 2000 toises de hauteur. — M. le capltaine du genie Dubuat adresse un memoire intitule : Observations sur le calcul des 'variations. (MM. Caucby et Ampere.) — M. Legendre entretient I'Academie d'une recberche recente de M. Daniel Hubert, qui a jjublie a Bale une dissertation ' latine sur la theorie des paralleles . MM. Poinsot et Poisson communi- quent di verses remarques sur I'objet de cet ecrit. — M. Dupetit Tbouars lit une note concernant teau glacee que I'on trouve , dans certaincs circonstances, dans le calice des Jleurs. — M. Ampere donne lecture d'une note de M. Becquerel sur de nouvelles experiences qui ont pour objet de reconnaitre si Taction cbimique modifie le deve- loppement de I'electricite en contact. Lorsqu'on met en communi- cation les deux extremites du CI du galvanometre de M. Schweiger avec los deux poles d'une pile voltaique , il en resulte dans cet appa- EUROPE. 287 rell un couraiit electrique des plus onurgiqucs. Si Ton substitue alors a I'aiguille aimautee une aiguille faite avec une substance quelconque, I'effet du courant sera de la raniener dans une direction paruU^le aux contours du fil. - — M. Ampere lit ensuite la premiere partie d'un nou- ■veau memoire sur Taction mutuelle des courans electriques ; il y rappelle une formule qu'il a donnee dans ses ouvrages precedens, et en deduit les lois matheinatiques de Taction qu'un systeme de cou- rans electriques fermes exerce sur les elemens quelconque d'un autre courant. — M. Dutrochet lit un memoire relatif a de nouvelles expe- riences sur riiritabitue dela sensitive. (M. Desfontaines , commissaire.) — M. Bailly lit un memoire qui a pour objet t analyse d'un traile d'anatoinie et de phjsiologie cumpurees du sjsteme nerveux, dans les quatre classes d'animaux 'verlebres. (MM. Cuvier et Dumeril, com- missaires.) Du 21). — M. Taillade anaonce avoir invente un nouveau moyen d'elevation des pistons des niacbines hydrauliques. ( M. Girard , com- missaire.) — On lit une lettre de M. Moll , professeura Utrecbt, con- tenant des experiences sur la vitesse du son. — M. Bosc communique la note suivante relativenient a un fragment de bronze d'une grande dimension. « li a etc retire du Rbone, il y a ^o ans , un fragment de bronze faisant partie d'un cheval , dans le centre duquel il s'etait for- me , par la decomposition spontanee du metal , un grand nombre de cavites irregulieres de grandeurs incgales oil se trouvait du carbonate de cuivre ou bleu de moiitagne tres-irrcgulierement cristallise. Ce fait serait important a joindre a Tanalyse de Toxide de la statue de Lille- bonne. » — MM. Ampere et Cauchy font lui rapport sur Tinstrument invente par M. Benoit pour mesurer Tepaisseur des glaces montees. L'Academie approuve cet instrument qui est le plus simple qu'on ait invente pour cet objet. — MM. Dumeril et Coquebert de Monlbret font un rapport sur le memoire de M. Beuoiston de Cbateauneuf , relatif aux enfans trouves. -r- M. Ampere continue la lecture de son memoire sur Taction de deux elemens de courans electriques. — M. Bailly lit un memoire intitule : Traite anatomiqne et pathologique desjiefres intermitcentes pernicieuses. (MM. Portal et Magendie, com- missaires. ) A. M — x. — j4cademie francaise — Seance du G Janvier. M. de Jouy lit une comedie en cinq actes et en vers , intitulee : les Moaurs du Terns. Societe Asiatique de Paris, — ( Voy. Rev. Enc. i''^ serie t. xx pag. 45i. Son dix-huitieme cabier qui vient de paraitre , contientun inorceaii du plus grand inter<5t sur les ambassades en Chine. On y ap- 238 EUROPE. prencl que cc peuple * de Grandclos court chercher la somme attendue. Helas ses cris apprennent bientot un nouveau malheur; Cazaldi s'est approprie les vrais diamans , auxquels il en a substitu^ de faux que le bijoutier refuse de reprendre. Elle tombe aux ge- noux de son mari, en implorant son pardon; Clenard au desespoir la repousse, et s'ecrie que, sile reste de sa fortune ne peut acquitter sa dette envers Clalryille, on ne le reverra plus. Dcs le commence- ment de Taction , on avait vu paraitre un certain valet, creature de Cazaldi, introduit par lui chez M™" Clenard , et que, par insou- ciance ou maladresse, il avait presque aussitot laisse chasser. Artur n'etait pas homme a pardonner un parell affront. II avait appris I'emprunt des diamans et la consignation des 3o,ooo fr. chez le bi- joutier; il connaissait tropbien Cazaldi pournepassoupconnerquel- que friponnerie; il avait suivi I'ltalien et il etait parvenu a s'emparer des diamans dont celui-ci etait charge, .^.rtur aussitot parait avec I'ecrin qu'il remet a M^e Clenard dans le moment oil son epoux rapportait un contrat de 3o,ooo fr. dont I'abandon allait con- sommer sa mine , mais en sauvant son honneur. La delicatesse et les nobles sentimens de Clenard lui reudent I'estime et I'affection de Clairville , qui lui apprend qu'il est directeur general , qu'il ne lui a reellement retire sa place que pour lui en donner une autre meilleure. II I'engawe a pardonner a sa femme que cette lecon corrigera sans doute, et I'oncle Fremont achete le fatal ecrin , dont il fait present a sa ni^ce en runissant au ills de son ami. Telle est I'analyse rapide d'une piece qui a reussi a la premiere representation; quelques te- moi^nages d'improbation ont servi d'avertissement a I'auteur pour lui indiquer des corrections qu'il s'est empresse de faire avec docilite et avec talent. Cette preuve de son bou esprit lui a valu depuis un succes non conteste , qui croit a chaque representation. La connais- sance du coeur humain , une exacte observation des moeurs , des actes bien gradues: un interet progressif ont attache les spectateurs en leur revelant dans 3L d'Epaguv uu homme de talent appele a cueillir des palmes dans la carriere dramalique. Les connaisseurs ont surtout remarque dans I'ouvrage un style clair, facile, conforme au caractere et au ton de la bonne comedie; ils ont seuti que I'auteur aurait pu sans peine lui donner plus d'eclat , et lui ont su gre de la severite de goiit , qui I'a empeche d'essayer de surprendre le public par des omemens etrangers au costume de Thalie. T. EUROPE. 243 Oin'ertiire de deux momies appartenant a M. Cailliaiid. — Entre autres objels precieux que M. Cailliaud a rapportes de son der- nier voyage en Egypte , et qui composent son riche cabinet egyp- tien , les curieux et les antiquaires avaient distingue uue belle momie d'un volume et d'un poids extraordinaire ; la tete portait uue cou- ronne formee de lames de cuivre dorees et de boutons, imitant la feuille et le jeune fruit de I'olivier. Elle se recommandait encore a I'attention des savans par la caisse qui lui sert d'enveloppe. Au fond est peint un zodiaque dont les figures resserablentbeaucoup a celles du zodiaque de Denderah , et le dessus de la bofte porte une petite inscription grecque presque effacee ; le nom de Petemenon qui est en tete, se lit aussi en grec cursif , a la marge d'un petit papyrus bieroglypbique , qui parait avoir ete depose sur la momie entre les bandelettes exterieures. Enfin, la largeur de la tete et celle des pieds etaient deniesurees. Tantdecir- constances neuves et singulieres faisaient regaider cette momie comma un des plus precieux objets d'antiquite qu'on eut decouverts , etdon- naient lieu d'esperer que I'ouverture de la momie presenterait des manuscrits et des particularites enccre plus importantes ; on conjec- turait meme, d'apres le poids du corps, qu'il devait renfermer quelque masse metallique. Apres avoir hesite longt-tems sur le parti qu'il devait prendre , M. Cailliaud s'est rendu genereusement au desir des savans et des curieux. Le 3o novembre dernier , il a precede a I'ouverture de la momie , dans son cabinet de la rue de Sevres , en presence d'un grand nombre de personnes distinguees , parmi lesquelles on ne citera que M. le duo de Blacas , 51. le due de Rauzan , M. le baron de Humboldt, M. le marquis de Marbois, M. le comte Orlof, senateur de Russie , M. Denon, M. Abel Remusat , M. le baron Larrey , M. le comte de Forbin , etc. La vive curiosite qu'a excifee ce spectacle , neuf pour la plupart des personnes prespntes , et I'extrcme empressement avec lequel on s'y est porte , font en quelque sorte un devoir de decrire Foperation avec quelques details. On a commence par peser et mesurer exactement la momie avec toutes ses enveloppes. Le poids a ete trouve de xo6 kil. , la longueur totale de la momie de i m. 90 c. ; largeur de la tete, o m. /\% c, et circonference i m. 38 c. ; largeur aux cpaules , o m. 49 c. , et circon- ference i m. Sg c. ; largeur aux extremites des mains , o m. 47 c. , et circonference, i m. 25 c; largeur aux malleoles, o m. 4o c, et circon- ference I m. 16 c. ; largeur aux pieds, o m. 40 c- ; lon|[ueur des pieds , o m. 46 c. ; circonference des talons et des pieds, i m. 60 c. 2 .',4 EUROPE. Apri'S cettc opcralioii , Ton a ciilovr la banilelellc etroite qui fixait autoiir (la corps iine toile couverle tie pcintiiros ct (riiicroglyphes , avec ties ornomons qui sont pen comniiiiis en Egypte; au-clessous 6taient plusieurs toiles grossieres , niais solidcs, formant la proiniere enveloppc, que Ton a enlevee facilement. La deuxiemeenveloppeetait maintenue autour du col a I'aide d'un nccud que les inarins appellent nceud plat; au-dessous, plusieurs bandelettes de tode un peu inoins grosse, et trois petitcs serviettes ou echarpes pliccs en plusieurs dou- bles. La Iroisieme enveloppc , disposee de ni(5me maniere , et formce de bandelettes , de serviettes et de pieces longues , servant a soutenir les cotes. Dans la qualrieme enveloppc, on a trouve des bandelettes de linges plus grands, niais vieux ct grossicrs ; quatre tuniques egyp- tiennes ou sans-niancbes , et decousues, pour s'appliquer sur le corps ; la grande piece enveloppant tout le corps est fixee par un bitume noir, avec d'cpaisses couches de ce bitume autour de la lete et des pieds. Ces tuniques ont environ 3 p. 8 po. de large sup 3 p. de haut, avec luie ouverture de lo po. pour passer la t6te , et deux semblables pour passer les bras. La cinquieme enveloppc presentait des bandelettes placees en longueur, liant les pieds a la tete, des bandes transversales, quatre grandes pieces entourant le corps , le tout de loile un peu plus fine. La sixieme enveloppe etait formee i° de bandes transversales teintes en jaune pour avoir etc penetrees d'un bitume de cetle cou- leur, ou y avoir eie Irempees ; 2° de quinze pieces de toiles sembla- bles. La septieme etderniere enveloppe clait penctree de bitume noir, ct formait six pieces adherentes (i) ensemble par le baume ; apres quoi •il ne restait plus qu'une couche mince a oter pour arriver a la peau. •On a remarquc , comme a I'ordinaire , les orteils enveloppes separe- •ment; les bras et les mains sont etendus le long des cuisses ; le sujet tst du sexe mascuUn , et parait ^tre un homme de quarante-cinq a ■cir.quante ans wi plus. La longueur du corps est de i m.73 c. ( 5 p. 3 p. 9 1. ). La poilrine et une partie de I'abdomen sont dores inegale- ment sur I'eplderme. L'abdomen ayant ete ouvert , on y a trouve bcaucoup de baume noir; mais aucun objet ctranger; point de ma- nuscrit enlre les cuisses ni sous les bras ; le long des jambes etaient de fcirtes masses de baume noir, d'une belle qualite. L'enlevement de ces (1) Les autrcs linges pouvaient s'isoler facilcmeut. 0 n a mcsure 38o metres de bandelettes de ?, ct 3 pouces de largeiir ct aSo metres carrcs de toiles diverses ( environ 2800 pieds carrc's). EUROPE. 245 innomhra bit's baiulelettes et euveloppes , ;« duie prt* de fiois lieures ; encore n-t-on fait souvent us;ige d'oulils trancliaiis : mais cetie longue operation n'a rien produit que dii baume et des toiles , et aucune des esperances qu'on avait concucs ne s'est realisee. Cepeiidaut, M. Cailliaiid ne s'est point decoupage ; quelqucs jours apres il a enleve la derniere couche de linge et de bitume , iinmedia- tement appliquee sur la peau. 11 a trouve sept a huit cpalsseurs d'une toile assezfine. Plusieurs parties des bras soiit dorees par place commo la poitrine. Les mains sont longues ettres-bien conservees , les doigts bien faits et meme poteles; les oreilles sont intactes, et le nez, quoiqne brise ( pour rextraction de la cervellc par les fosses nasales ) est peu defornie. On remarque que le profil est plus droit, et le front moins incline que dans les momies ordinaires. Les clieveux , conserves ])ar- faitement, sont fins et legerenient frises. Sur le cote gauche est une ou. verture de cinq pouces de diametre , par oil le baume a ile introduit a la place des visceres. Mais ce qui dedommage un peu des reclierches infructueuses failes sur le corps de la moinie, c'est qu'en enlevant la derniere toile appliquee sur le visage, M. Cailliaud a docouvert,an-dessous de cliacun des yeux, et sur la pommette des joues, une lame d'or, represenfant la figure d'un ceil avec les cils ; sur la bouche il a trouve encore une autre lame d'or , assez semblable pour la forme a une langue , et posee perpeiuliculai- rement a la commissure des levres , lesquelles sont parfaitemeiit closes : c'est une double singularite dont nous ne connaissons aucun autre exemple. II est remarquable c^ue la forme de Toeil est une imi- tation de convention et non pas la ressemblance de I'objet naturel. Cette image pent etre relative a la possession du mort , ou bien el!e indique la consecration a Osiris , dont I'osil etait I'embleme ; dans le premier cas , on pourrait faire plus d'une conjecture assez plausible , mais prematuree. La plaque d'or, trouvee sur la bouche , rappelle la feuille de persea , arbre consacre a Isis chez les Egyptiens, parce que, disaient-ils , elle resserablait a une langue. Nous nous abstiendrons encore ici d'emettre une opinion. En examinant de pres les langes de la niomie , on a trouve une tunique raccommodee avec des pieces rapportees adroltement ; une autre contenant plusieurs caractcres ecrits a I'encre ; enGn une belle echarpe avec des franges et un galon niarque des lettres AM , initiales du nom grec du personnage : cette marque est faite avec le point de la broderie au crochet. Une seconde momie -, ouverte par M. Cailliaud , presente un inter(5t particulier par le mode d'enibaumement , qui differe de tous ceux a46 EUROPE. que Ton coniiait : il n'ciitre dans la prcpaiiitiou ni bituuie , ni sonde minerale, ni aucun sel. Les bandcs et les toiles out ote roulces autour du corps sans aucunc adherence; anssi les a-t-on enlev^esavec la plus grande lacilitc ; mais entre tons les doubles de toile , on a trouve une couche tres-epaisse de sciure de bois ou d'ecorce , qui avait certaine- ment pour objel d'absorber rhumidite , et cet eff'et a etc produit com- pletement. Le corps renfermait aussi une grande quantite de cette poudre an lieu de bitume. II est digne de remarque que les chairs ont ete conservees intactes par ce simple procede. La couleur de la pcau est jaune au lieu d'etre noire. Les chairs , telles que I'oreille et le car- tilage du nez , sont encore tr^s-flexibles ; toutes recoivent I'impression du doigt; on a niume relrouve le blanc dcs yeux. Le personnage ainsi embaume est un vieillard. On a trouve trois petites bretelles ou etoles , croisees autour de son col : elles sont en cuir ou maroquin brun , marquees d'einpreintes hicroglyphiques , a peu pres comma les impressions formees par I'application d'un timbre sec. Ces sortes d'empreintes etaient deja connues a Paris , graces au meme M. Cailliaud , qui en apporta de semblables en 1819 ( I'editeur de son premier voyage les a fait graver ) ; mais on ignorait la place que ces banderolles occcupaient , soit sur les momies, soit ailleurs. Une de celles-ci est en forme de spatule comme les broderies plac(^es au-dessous des epaules , sur la tunique cgj'ptienne ducouverte par le ' general Regnier, et deposee a la bibliotheque del'Iustitut. M. Cailliaud possede encore plusieurs autrcs momies tres-bien con- servees, parmi lesquelles on en remarque surtout deux qui sont ren- fermees dans dcs etuis de carton , enrichis de pcintures et cousus sur le dos. D'autres details out deja ete donnes dans la Revue Encyclopediqiie sur cette interessante collection , formee a grands frais par notre zele voyageur (i). Les amis de la science archeologique doivent desirer vivement qu'elle ne sorte pas de France , puisque nous avons perdu celle qu'avait rassemblee M. Drovetti , pendant douze annees de re- cherches (2). J**. Be AUX- ARTS. — Exposition anniielle des qttatre manufactures royales. — L'epoque a laquelle cette exposition a lieu (du a5 d^cembre au 5 jan" (1) Rei'ue Encyclnpedique , novcmbre l8i3 , page 257-262. (2) Le Kojage a Meroe ct au Flcuve Blane, par M. Cailliaud, parait par livraisou dc 5 planches in-folio de jesus. Trois livraisons ont d('ja ])aru. Prix de cliacjiie, ij fr. I'll pap. fin ; i5 fr. en pap. vclin. EUROPE. 247 vier) semblerait devoir eloigner le public; mais la rigueur de la saisoD n'est jamais un obstacle pour la curiosite , et il faut convenir qu'elle trouve en general de quoi se satisfaire. Les etrangers ue sont pas les moins empresses a venir considerer les produits de ces ma- nufactures, modeles dont la reputation, au dehors comme au de- dans, est etablie par des travaux fort importans, et par riiiflueiice qu'elles exercent sur les industries analogues. Les porcelaines de Sevres sont toujours ce qui attire le plus les regards ; cependant, I'exposi- tion de cette annee n'etait pas complete, car on savait que, depuis deux ans, Mi^i^ Jaquotot employait son admirable talent a repro- duire le tableau cheri de M. Gerard, I'ouvrage de sa jeunesse, son enfant de predilection, sa Psjche , enlin ; mais il parait que cette entreprise n'a pu etre terminee a tems, et les connaisseurs qui croyaient trouver cet ouvrage au Louvre, ont ete decus. Pour se consoler, ils avaient deiijc beaux pajsages de M. Robert ; deux vases decores avcc magnificence, ornes de peintures en camee, et dont la dimension , seule , ( 4 pieds de haut ) est deja un juste sujet d'eton- nement. Je passe sous silence une foule d'autres objets ; mais je ne puis m'empecher de signaler les pendules qui faisaient partie de I'exposition, comme I'un des produits les plus curieux et les plus nouveaux de cette manufacture. Cast la ou toutes ses ressources sont employees , souvent avec gout , et toujours avec eclat. Pour donner une idee de la richesse de ces meubles, je vais entrer dans quelques details. L'une de ces pendules etait revetue, dans sa partie inferieure et sur les trois cotes, de tableaux representant les princi- pales epoques de I'art de mesurer le tems. Ici , lepeintre, trans- portant le spectateur au forum romain , niontrait un avocat auquet on venait de fixer, au moyen d'une clepsydre , le tems qui lui etait accorde pour parler. Sur I'autre cote, I'artiste avait represente une vue de Padoue, dans le moment ou Jacques Dondis ( i344 ) vient d'elever la premiere horloge a rouages. Enfin , sur la partie ante- rieure on voyait Huyghens expliquant dans son cabinet (i65(i) a des personnages qui y sont reunis , I'application, dont il est I'inventeur, ,du pcndule aux horloges. Toutes les autres parties du decor de cette pendule, dans lequel on avait fait entrer les portraits de quel- ques horlogers celebres , etaient empruntees aux diverses sciences qui fournissent leur secours a I'horlogerie. II est facile de comprendre qu'un tel meuble offre veritablement beaucoup d'interet. — Deux au- tres instrumens, destines a ^Ire mis en regaid I'un de I'autre, m'ont paru egalement dignes d'attention. Ce sont deux colonnes de prfes de a48 EUROPE. sLx picds de haul, peintes en bleu fonce avec divers ornemens en or- L'une contenaiit, dans le piddestal, une pendule, et I'autre trois instrumcns de meteorologie, savoir : sur la face antcrieure un ca- dran de baromfetre , et sur les deux faces laterales , un thermometre et un hygrometre. La base de chacune de ces colonnes etait ornee de quatre figures representant les saisons, et le fut etait recouvert dessignes du zodiaque et de incteores atmosphcriques. — Lamamifac- tiire lies Gobelins , fondee par un teinturier de Reims, puis 6v\gceen manufacture royale par Louis XIV, sur le rapport de Colbert, dont le noni s'attaclie a toutes les mesures qui ont lionore les lettres et les arts pendant le grand siecle, offre cela de remarquable qu'elle est luiique en Europe. Les flamands ont fait de belles tapisseries , il y a plusieurs siecles , mais maintenant, ce n'est plus qu'en France qu'on se livre a ce genre de travail, le plus dispendieux, peut-(5tre, qu'il soit possible de trouver. Les resultats repondent-ils i tant de soins ? lis sont souvent au-dessous d'une bonne peinture; mais, lorsque le choix du tableau que la tapisserie doit reproduire a ete fait avec discernement, ils sont un veritable sujet d'etonnement. C'est , au reste , le mode d'ameublement le plus riclie et, sans contredit , le plus convenable dans nos pays froids; aussi je conteste moins I'avan- tage du genre que la direction qui lui est donnee. — L'exposition de cette annee etait remarquable par le nombre et la nature des produc- tions : un portrait en pied du Roi , d'apres M. Rokert-Lefebvre ; la Phedre de M. Guerin ; Mi-leagre entoiire de sa famille le suppliant de prendre les amies pour repousser les Curites qui, deja , escaladent les murs de la ville, par M. Menageot; une A^/nfe- Ge'nefi'eVe , de M. GuEKijy, destinee a faire une banniere ; enfin , un devant d'auiel representant la Vierge et I'enfant Jesus qui recoivent les adorations des anges, compose et peint par M. Laurent. Ce dernier ouvrage est un cbef-d'oeuvre de maniere et de grace tourmentee. Je ne conuais pas I'original de M. Menageot, je ne puis done rien dire de la copie; quant a celle de la Phedre, c'est plutot une imitation qu'une copie, et il en sera toujours de menie quand on voudra faire faire des nuds a la tapisserie, comme si les moyens propres a ce genre lui permet- taient , je ne dirai pas d'egaler, mais meme de suivre le pinceau. Ce sont des couleurs brillantes, de belles ctoffes , des t^tes d'un carac- tfere prononce qu'il faut lui donner a faire, et non pas des contours ou I'artiste a voulu approcher de I't'legance et de la finesse des formes de I'anlique. — Lithographic. — Le commencement de I'annee est I'epoque ou EUROPE. 249 les productions lithographiques abondent; ce ne sont pas seulement des planches isolees , mais des collections et des suites de diverses nature. L'cnunieration que je vais en faire donnera une idee du de- veloppement extraordinaire c£ue ce genre a pris en France, depuis quelques annees. Je reviendrai, au reste, sur ce sujet, et je le trai- terai d'une maniferc plus etendue et plus complete, a I'occasion de plusieurs collections etrangeres, egalement lithographiees , dont je me propose de parier. — M. Engelm ann a public, comme a I'ordinaire un Jlbiiin qui contient , entr'autres , plusieurs jolies vues de MM. Vil- LENEUVE et Aknout , ct un dessin a la plume , de M. Schmit , qu'au premier aspect on croirait etre I'ouvrage du burin. C'est le seal j4lbwn collectif (prix, 20 fr. ). — M. Delpecli, qui jusqu'ici avail fait une entre- prise de meme nature, paraitn' avoir pas ete pret atenis. — M. Carlh VERNETjdans une suite de huit compositions, auxquelies il a donne pour litre: Les Accidens de la Chasse ( prix, 10 fr. ), a probablement epuise toutes les manieres possibles de tomber de cheval. Tanlot c'est en voulant sauter par-dessus une barriere; una autrefois, le cheval a fait un faux pas dans un marais, oii il a precipile son maitre; ici, il s'arrete tout a coup, dans ime pente rapide , el le cavalier a bienlot passe par-dessus les oreilles de sa monture, etc. II y a bien ca el la , quelques suppositions forcees , mais M. Carle Vernet fail si bien les chevaux qu'on est assez dispose a I'excuser ; toutefois, il y a abus : le talent n'excusepas lout. — Son fils, M.H. Vernet apublie, de son cote , une collection composee de qualorze dessins dont les sujels sont varies ( prix 24 fr. ). Partout on retrouve I'liomme d'es- prit et de goiit, el souvent I'artiste done d'une veritable sensibilite, comme dans le marchand d'esclaves , mais on Irouve aussi a cote d'une grandefacilite, I'abus de cette qualite. — Apres M. H. Vernet, il faut citer d'abord, M. Ch ablet dont les croquis lithographiques , au nom- bre de quinze ( prix , 12 fr. ), sont des sujels pris en general dans les habitudes el les scenes militaires, qu'il rend avec une verile d'obser- valion et un nalurel tres-remarquables. Pour donner une idee du caractere de ces scenes , je vais en decrire deux que je prendrai dans des genres differens. Pendant unehalte, deux soldats, I'un grenadier a cheval , I'autre grenadier Suisse, se sont rapproches. Le premier a emprunte la gourde du second; mais , comme il ne parait pas pres ae s'arreter , celui-ci lui baisse le coude d'un air mecontenl , en lui disant : Tu as le respiration trop long. La pose des deux figures est parfaile, el la pantomime bien d'accord avec le discours quelepein- tre suppose. Lc lendemain d'un mardi gras est une scene d'une autre a5o EUROPE. nature et non moins comique. Un savetier s'est habill6 en turc; sous ce deguiseiiient,il a oublie, pendant quelques hemes, lessoucis qu'enfante la niisi-ie. Le lendemain matin, au moment oil il lentre chez lui, leboulaugcr arrive, presente latailleet tend lamain; mais le turc savetier n'a pas conserve un denier. Di's lors point de pain; les eufans pleurent, la femme crie et lepauvre liommcest saisi d'une sorte de desespoir concentre que son costume bizarre rend d'autant plus etrange. Cette collection est I'une des plus interessautes et surtout des mieux executees. — Les souvenirs pitloresqiies de M. Ar- »ouT,(prix, 6 fr.) se composent de six vues faites avec beaucoup de talent , et tres-blen imprimees par M. Constans. Je crois que cet imprimeur lithographe va devenir un rival redoutable pour ses con- currens;j'en felicite les artistes auxquels j'ai souvent offert des con- solations inutiles , lorsque leurs planches n'etaient pas bien venues au tirage. Ce sont aussi de trfes-jolies vues que celles au nombre de six, publiees par M. Van-Marcke, et imprimees cgalement par M. Constans ( prix , 6 fr. ) ; enfin, je place immediatement apres ces deux collections, celle de M. Dehoy, qui, conime les deux prece- dentes , sort des presses de M. Constans, et qui se compose aussi de six vues d'apres nature, en general choisies avec gout et bien rendues (prix, 6 fr.). — Je terminerai cette enumeration , qui n'est pas enti^re- ment complete , par les tableaux de genre de M. Duvai, le Camus, dont j'ai parle a I'occasion de la derniere exposition et qui ont ete lithographies par plusieurs artistes. II y a beaucoup d'esprit dans la plupart de ces tableaux, et toutefois je persiste a croire que les collections formoes de compositions de maiires differens offrent une variete de maniere et de caractere qui leur donne plus d'interdt. ( La collection de M. Duval a pour litre Tableaux de societe ec d'in- terieurs ; prix a/j francs. ) Gravure. — • L'histoire de Marie Stuart , composee d'eveneniens si opposes entre eux, est une mine feconde oil les peintres et les poetes vont puiser tour a tour. M. Ducis y a pris le sujet d'un tableau dont j'ai parle a I'occasion du dernier salon. II a rej)resente cette princesse faisant de la musique avec Riccio ; et, comme la pocsie et la peliiture vivent de fictions, il a donne a ce personnage des formes agreables et heureuses, quoiqu'il soit prouve qu'il elait petit et contrefait, et meme d'ua age assez avance lorsqu'i Ivint a la cour d'Ecosse, a la suite de rambassadeur de Savoie. Mais que ferait un peintre d'un homme contrefait? D'ailleurs, puisque Marie Stuart aimait passion- nement la musique, il n'y a qua supposer quelle aimait aussi le EUROPE. .aSi musicien; la scene eii sera d'autant plus animee. C'est ce qu'a fait M. Ducis , et pour que I'imagination ue fut pas Llessee , il a embelli Riccio; il a Lien fait. — Ce tableau est compose avec grice; leseffets, peut-etre un peu forces, sont cependant assez bien entendus, et le public a goute cette production. M. Pauquet vient de la reproduire par la gravure (prix 48 fr. avaut la lettre, et 24 fr. avec la lettre). Cette plancbe sera nccessairenieiit recliercbee , parce que le sujet est de nature a interesser tous ceux qui ornent leurs appartenieus d'es- tampes, et qu'elle ne presente aux yeux modestes aucun des incon- veniens qu'ils reprocbent a des productions d'un ordre superieur; a V Endymion , par exemple, auquel il a fallu mettre un nuage pudique , qui n'existe pas dans I'original. P. A. Necrologie. — Pierre-Jean-Baptiste CHAUSSARD,liomme de lettres, luort a Paris, le 3o septembre i8a3, dans sa cinquante-huitieiue annee , y etait ne le 29 Janvier 1766 , de J.-B. Chaussard , arcliitecte du Roi. Apr6s avoir termine ses etudes au college St-Jean-de-Beau- vais , sous ]e celebre auteur de I'Origine des cidtes , qui I'honora cons- tamment d'une estime particuliere, il entra dans la carriere du bar- reau , oil il se distingua a I'age de vingt et un ans, par la publication d'un Essai sitr les lots penales. La revolution s'titant declaree , il en adopta les principes avec la conscience du bien qu'elle pouvait ope- rer. Nomme comtnissaire francais dans la Belgique , il fit prendre, a Bruxelles , I'arrete relatif a la reunion de ce pays a la France. Bientot apres, etant secretaire de la niairie de Paris et du comlte de salut pu- blic , il eut occasion de rendre des services souveut dangereux pour lui , et fut porte trois fois sur une liste de proscription par Robes- pierre. Plus tard , nomme secretaire general de la commission de I'instruction publiqiie , il avail a peine trace les premiers plans d'or- ganisation, que cette place fut supprimee. Sorti libre et pur detous les postes avixquels il avail ete successivemenl appele , il ne restait plus a M. Cbaussard que sa plume; il la livra aux libraires, non sans re- gretter soiivent d'etre oblige de travailler d'apres leur direction. Mais s'il sacrifiait a la necessile, du moins il sut toujours respecter la dignite de Ibomme de lettres , el loin de vendre son nom a ces specu- lateurs avides qui trafiquent des reputations , il ne voulut meme point I'attacber a ceux de ses ouvrages auxquels sa conscience liiteraire au- rait pu lui reprocber de n'avoir pas apporte assez de soins. Les seuls qu'il avoua alors furent un ouvrage stir la maison d'Atitriche , acbete par leministere de la guerre et distribue par ordre du gouvernement , etla traduction des expeditions d' Alexandre, par Anien.. En iSo3 , a son re- ■ aSa EUROPE. tour dc Ilollaiule , oil il avnit entrepris un voyage , apr^s la perte cla Bibliotkeque du Roi ; par MM. Barbie du Bocage et Jomard , qui ont peint avec verlte les sentiniens doulou- reux qu'eprouvent la Societe royale des nntiquaires de France et la Sociele de geograpbie; enfin, par M. Diseut organe des eleves de I'E- cole des langues oricntales , qui a remplace ]M. Amedee Jaubert , re- tenu cbez lui, par une maladie. La ^ei'we publiera incessamment une notice sur la vie et les ouvrages de M. Langles , dont la inort prema- turee est une perte douloureuse pour les savans et les amis des sciences et des lettres, de tons les pays. M. A. Juz.liew. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE SOIXANTE-UNIEME CAHIER. JANVIER, 1824. I. MEMO IRES, NOTICES ET MELANGES. I. IjiTkoduction , contenant quelques vues sur Tetat et les progr^s des sciences en 1823 M.-A. JulUen. 5, •X. Notice historique sur I'eclalrage par le gaz Ferry. 12 3. Notice sur Jenner (avec son /^orfraiV //Moo^rfl/)A/e'). J. Diipaii. 21 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Remarques sur le systeme actuel de construction de routes , par M.-J.-L. M'Adam (ouvrage anglais) De L. R. 35 5. Recherches statistiques sur la ville de Paris. Jomard, de I'lnst. 49 CVCLOrEDIQL K , au Pa(a is-Royal, fjalcric aujiris dc la- Rotondc, n" 88, au prtviier ctage. II y a aussi une entree par la rue Beaujoiois , n° g, pies Ic perron. Cc bel etablissenjent passe, a compterdu H'' feviier iS24> sous la direction d'un nouveau pro- prietaire, qui doit lui donner une plus grande extension. On pcut y souscrirc aussi pour la Revue Enoy- ciofcdique. PLAN DKS COIBS. Les differentes sections seront professees par MM. LAca , Ibnda- teur de ri-tablissemeut ; E. Bolis , prol'esseur, I'un des plus anciens geometresdu Cadastre ;TisstHASD, ancien eleve de I'EcoIe Polytecbni- que ; ISknakd, geonietre et jiro- iesseur de mathtmatiques sp6cia- les , etc. ; et par plusieurs autres prolesseurs et savans distingues de la capitals. On admeltra auCours, jusqu'au i*"' novembre prochaiu, tous les Franrais et etrangers, Sges au nioins de douze ans , s'ils ont dej.*! quelques connaissances de rarilhmetique et de la geometrie. On y recevra , en outre, jusqu'au i"^' Janvier , tous ceux qui auront des connaissances suffisantes en geometrie et trigonometrie. Ce Cours durera res])ace de cinq mois , et auia lieu , deux fois I'an- nee, a un uiois d'intcrvalle. II sera divise en six sections ])rinci- pales , proFessees separcment , et alternativemcnt , de telle maniere que les eleves jHiissent assister it toutes les six , b'JIs ic desirent. ]1 y (i) I>es jugemcDS litlcraires porles d'avance sur Ics ouvrages anuonces dans ce Bulletin ne peuvent etre attribucs aux Redacleurs de la Revue Eiicjciope- tliijue. — lis sunt fournis par MM. Ics I^ibniircs , Auteius ct EiJilems, et ric (ioi- vcnt pas dtrc confondus avec les annonces des Uuvrasfi enliercmeni piiblies , ilont se compose le Hulletin Bibliosrajiliique , qui fait parlic de cliAim iles ca- hicrs i'ai- ric, buulcvard du Temple, n" 45. Le prosprctiis de C(!l ouviage, en- tiferciiKMit nciif, doit f.xcilcr vive- nipnt I'interOt dcs artistes do lou- tes les classes et des aniatuors des arts. Le nom de ranteur suf'Gt pour assurer Ic siicccs de cellc utile eulreprise , qui sera sans doute enconra!!;ce couime elJe le mtrite. L'ouvrage , auquel oa souscrit des <» present, est com- post de 2' vol. ih-8'^, avec iig. II est dtwi; en 4 pttrtiesou livrai- sons, qui pafaissent- de urois en niois. Le prix est de 12 i'r. , et i5 fr. par la pnste , poui les *ous- cripteurs seuleuient , qui poiu'- ront ne payer qu'uu volume d'a- vance , ( 6 f'r, ) d'ici au i5 juillet. Plus lard, I'ouvrage couier.i i4 Ir. a Paris. Ouvrar/e seutt irressa, ■ponr /faraltre ■incessamnu nl , cliez' TBEtrrKr. et WenTZ , d Pai-is , a Slrasbourtf et d Londrcs. ;. Mh'MrnRES ET CORRES- POND A NllE DE BUPLESSIS- MORNAY, pour servir i I'histoirc de laRerornialioii et desguerresci- vilcs el religieuses en France >sOiis Charles tX , Henri III, Henri \X et Louis XlH,,depuis Pan jo-i jusqu'en 1G2J. Edition complete, eontenant])res de 6,000 pieces in^- dites , et precedee d(* la I'ie dc JJtiflessis - If/orriay,'-irnprimce sur nil timnuso'it mitographe et inedit de Charlotte Arbalcste, sa femnie. Preniieic livraison,ou tomes 1 eta; format in-S"; grahde"' jVistification. Ci'S curieiix Menioires formeront en- viron i5 I'orts vol. in-8", avec lui beau portrait, etseront publies parlivraisons lie a vol. , quisosuivrontrcgulicrenicnt de truis mois cu tvois mois. ' Avis FSSEWTiELl t- Ce f'ulletin Su/>p/ementatre d'Jnnonces Bibiiograp/ii- tfues . ajoule a la Revue Encxdopediqiie , d'.ipr^s_\c dcsir exprime parphisieuis Ubraircs , editouis ct auleurs , p.iieiil offrir a lous Veiix qui voiulront y avoir jecours , uti mode de [inblicaljou <:t de cireulation de leiirs I'lospecfus , a la (iuis gqn.ei;al ct universcl , ex(iedilif , eionoinique , el parfaitement approprie au but qu'oii se propose ; en elTet , les Prospectus annexes i notre Revue , au lieu d'etre lancL'ff au' hasard en icuilles delaohees , seromt bi'ocliBJ .et relitis avec les faliiers d'un recueil qui est niaiiilenanl repandu sur tous les points du globe; ils iionl ainsi directement dans les mains et sous les yeux d'un grand noiubve do Iceleurs choisis, qui s'occupent de sciences , de beaux-arts ct de litteralure. Ces ANSONCES pourionl oompieudre egalement des publications procliuinei lies oiiirages sous presse ct des oui'rasies manuscrits que leurs aulcurs ou reux qui en soul depositaires voudraient faire connailre d'avanco aux libraires et au public. L'inscripfion des Annonces et Prospectus est fixee a »5 c. (5 sols) par li^nc ; lite' est reduile ■> 20 e. ( 4 sois ) par lij;ue pour les librftires souscripteurs de U IteviieEUrj'clclpedique. . . / > MM. les libraires , cditours et uuteurs , de Taris, des departemens et des Pays •itranpcrs , auxqucls il conviendia de faiie usage du mojen que nous meltons ii leur disposition jiour imprimerct repaiidre des Prospectus ct dcs Annonces il'^uvrages ,,iia\\oi\l\ci euvoyer ,.fraucs deport , au BDREAU cem'kal de la Revle L^cVcLOPEDlQt'E, RUE D'EN>r;B Saim-Michfx, n"ia..^('>n souscriti indmcadrcssc pour cc lleiueil , dont il parait un caliier de quatorze I'euilles d'i prcssiou tous les mois. Chaque oahier sc compose de quatre sections : I. Aotices et Menioires sur disobjcls d'un inlertU general. 11. Anafyses d'ouvrages clioisis ; i° Sciences physiques el nnlurelles : 1° Sciences morales et poUtiques ; 3" Lit- terature el lieaux-Arls. III. Annonces bibliogrnp/iiijues d'ouvrages nouvcaux , classes par [inys, el, dans chaque pays, par sciences. IV. Nouvelles scicnlijiijnes eilitleraires. — Prix: a Paris , .'ifi Ir. pourl'annee; dans les deparleinens, 53 i'r dans les pays changers , Go fr. IMTKIMFRIE n'Hiri'Ot.TTE Tll.MARO. Avis kVX AMA.TEUBS DB LA LITTEKATOUE iTKAITOi&E. On pent s'adresieriiPans, par renlremise du Burbav cbstb^l ds 1-.V Revue EKcrcLOPKDiQun, k MM. Trhuttei, et W«rtz, roe de Bourbon , n° 17, qui ont aussi deux maisotis de librairic, Tune i Stras« bourg, poor rAUetnagne , et I'autre k Londres ; a MM. AhthuS BEnTRASn>rBeUautefeuille,u''33 ; Resocabd, ruedeTournon,n''6; BossxKG'E fire, rue Richelieu, 11° 60 (ce deruier a aussi one maisonde librairiei Londres), pour se procurer les divers ouvrages Grangers , anglais, allemands, italiens, russes , polonais, hollandais, etc., ain«i que toutes autres productions de la litt^rature ^rang^re. Le prix de ces ouvrages rendus k Paris sera celui des pays Strangers oii ik se pa* blient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importa- tion et de commission , etc. — La Direction de la Revun Encyclopedifue n'a d'autr« but > en publiant cet avis, que de faciliter., par tons les moyens qui r^sultent de ses publications mensuelles , les communications ecien- tifiques et litl^aires eotre la France et les pays dangers. Adx acao^uibs et aox socieT^s sATAitTES de totts les pays. Les Academies et les SociETlis satastes et d'uttlite vobliquk, fran<;ai$es et ^trang^res, sont invitees k faireparvenir exactement,/raffc de port , an Directeur de la Revue Encyclapddiqtte , les comptes rendas de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puiise les faire connaitre de suite a ses Iccteurs. AUX EDITETJES d'oUTBAGXS ET At;X LIBBAIBES. MM. les ^diteurs d'ouvrages p^riodiques, francaiset etrangers^ qui d^sireraient ^changer leurs recaeils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons k leurs propositions d'^changes , el sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages aouvellemeut publics , qa'ils nous auront adresses. ■,/V, -.A; (At m # ^'''■' LivnAinEs chcz lesquels on souscrtt dans les nys i^TaxucKKs. ^Le-la'C/iapclie, harueMe Cila. MmsterJaiii, G. Dulbur; — Dela- chaux. . , Jnvcrs , Bonrcier, ^dileur dd Sfe<> Irticnr. Aran (Suisse) , Sauerlander. lierlin, Schlesinger. Deme , Clias , au cabinet litle- raire. BourgJorfer. B;w/acbor. COLONIES. Ciiaddonpc (Pointe-a-riire), Piolot atiio. Ih'deFrancc (Port-Louis), E. Burdet. lUar/infjuc , Thounens, Guujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Air BoBB.vu BE b£d.vcti Staffer ? Scedr-Merlik ; A. Taillakdier, avocat, etc. 5* Pour la Lilterature francaise etetrangere, la Bihliographie , VArcheologie et les Beaux-Arts : MM. Aignaw, Andriedx, Amadry-Dovai, , Eherig David; Lemercier , de Seguh , de I'lnstitut; Barrier, ancien conservateur des bibliotlieques du Roi ; J. P. Bres; Alph. MABnt; Ph. Golbery, de Colmar ; Kirokhoff, D. M., d'Anvers; Mme. L. Bei,t.oc , E. Bereau, Hew- ricbSjM. BERR,FEi.tx BoDlM, Bbchow , Cbativet; Cbehedollf fils, de Liege; J. Droz. Dcmersan , Ed. Gatittier, Goepp, Hetberg, Krappt; Langles, de I'lnstitut; V. Leclerc, LiAGwo, Marrom, Mazois; Cb. Mok- ITABD, de Lausanne; Nicoi,o-Poiii.o ,• Patik , Pellissier , Qoetei-et, de Rbiffenberg; de Stassart, de Bruxelles; .S. Poitaratskt, de Moscou; Fr. Salfi; Schhitzur, ScBvreiGH^osKRfils, de Strasbourg; LionTHiEssE, Yerdier, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL Dfe LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Enfer-Saint-Micliel , n° 1 8 ; ARTHDS BERTRAND , rue Hautefeuille, n° a3; BossANGE pfere, rue Richelieu , n° 6o ; Rendu ARD, rue de Tournon, n" 6; LONDRES. — Teexittei. et Wuktz; Bossakge; Dui.au et comp. FEVRIER, 1824. AVIS ESSEN TIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES souscuii'TEtins tlont I'abonnkment est rxi-iuK LE 3l DECEMBRS, SOHt iuvitCS il Ic IhilC RENOUVELEU TRjES- iNCESsAMMBNTj pouF que I'on puisse preparer»d'avance et assurer le service des envois , et afin qu'il n'eprouve au- ^ cun retard. , CONDITIONS m I.A SOUSCRIPTION. Depiiis le moisde Janvier 1819, il parait, par ann'^e, cTouze calilers de ce Reeueil; chaque cahier , public le 3o do mois, se compose d'en- viron la feuilles d'impresslon, et sera desormais de 14 feuilles. On souscrit a Paris, au Bureau central (tabonnemcnt et d'exjiedition indicju^ sur le litre. Prix tU la Souscription , a partir du i" Janvier 1824- A Paris 46 fr. pour un an ; 26 fr. pour six mois. Dans ks departemens , 63, 3o A I'etranger 60, 34 La difference entre le prix d'abonnement , a Paris, dans les dcpartc- mens et dans tetranger, devant ^tre proportionnelle aux frais- d'expe- dltiou par la posle, a servi de base a la fixation definitive portee ci-dessus. Le montant de la souscription, envoj6 par la poste, doit ^tre adresse d'avance, franc de pout, ainsi que la correspondance, au Direeteur dc la Revue Encyclopedique , rue d'Enfer-Saint-Michel y a° iS.'C'est a la meme adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. t On pent aussi souscrire chez les Directenrs des postes et chez les *ij principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays etr angers. Trois cabiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termine par une Table des mati^res alphab6tique et analytique, qui ^claircit et facilite les reclierches. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques, du i^'^ Janvier ou du z'^juillet de cbaque ann6e , pour six mois , ou pour un an. On trouve, au bureau centkai,, les collections des annees 1819, l8ao,] 182 1, 182a et 1S23, au prix rcduit de 42 francs chaque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES J)ANS LA. LITTERATURK, LKS SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Sur les Foyages de M. Duvaucel (i). Les collections d'liistoire naturelle faites dans I'lle de Suma- tra par MM. Duvaucel et Diard, et que nous avions annoncees dans un premier article , ont etc recues au Museum d'histoire naturelle , et plusieurs des objets les plus remarquables qui en faisaient partie se voient maintenant dans les galeries de cet ^tablissement. (i) Dans une premiere notice sur le meme sujet (inseree dans la Rev. Enc. , i^^ scrie , t. x , pag. 47^-483) , nous avons fait c'onnaitre I'arrivee de MM. DiARn et Duvaucel au Bengale , le sejour qu'ils y ont fait, et leur depart pour I'lle de Sumatra, avec le gouverneur de Bencoulen, sir Stamford Raffles, qui se les etait associes pour explo- rer cette comree peu connue et ei> recueillir les productions natu- relles de tous les genres. T. XXI. — Fevrier 1824. 17 j;">S NOTICK SUR LF,S VOYAGES Dej)iiis cot envoi considerable, le /.cle do ces deux voya geiirs nc s'est point lalonti. Nons ne pouvons cependant parlei en ec moment que des reclierchcs dc M. Duvanccl, son com- pagnon sV-lant depuis lont;- terns rendu en Coeliinehine, d'oii Ton ne recoit que rarement de ses noiivelles, et avcc Irop pen de snite pour etre a portee d'appriicier ses travaux. La cor- respondancc rej^uliere dc M. Duvauccl nous permet, au con- traire, de le suivre dans ses excursions, ct I'interet qu'elles ont pour la seienee nous fait un devoir d'en rendrc compte. A son retour de Padang, M. Duvaucel s'occupa pendant quclques mois a mettre en ordre les notes nombrcuses que lui avail fournies son voyage dans linterieur de Sumatra, et se prepara a quitter de nouveau sa retraite de Chandernagoi' pour aller explorer le Sylhet, pays peu connu des nalura- listes et digue de leiu- curiosite. Muni des lettrcs du gouverneur general des Indes (le mar- (juis dc Hastings), lettres sans lesquellcs un voyage dc celtc nature cut etc impossible, M. Duvaucel s'embarqua sur I'Hou- gly, le 22 juillet 1821, dans tm bazarra, grand bateau plat, divisu ordinairt^ment en deux chambrcs, pcrcees chacune de 7 a 8 fenctrcs. La suite dc notrc voyageiir se composait d'un Malabar, bou chasseur ct cmpailleur adroit, d'un jcune Malais ramenc de Sumatra par RI. Duvaucel, et qua rimitation di- Robinson, il a nomme Jumahat (Vendredi) , d'un peintre mu- latrc fort habile, et enlin dun cnisinier qui, suivant I'expres- sion de son maitrc, savait encore mieux dissequer les ani- maux que les accomnioder. Le premier lien remarquable que M. Duvaucel visita en quitlant Chandernagor, fut la villc d'Houglj, dans laquelle on voit un temple indou non moins revere que les pagodes de .lagrenat, et ou Ton celebre la fete du Rott, chariot a 36 roues, sous lesquellcs les pieux Indous vicnnent sc faire eeraser avec joie. C'est aussi dans ce lieu iU IVnipoiter ccttc fois sur Ic regret d'avoir tne iin etrc qui semblail tciiir a la vie par cc qui la ■ rend le plus rcspcclablc. >• A ootii dc Gou|>tipara sc trouve un villa;je considerable oil ^(■ refngicnl tons les Indous qui pcrdent Icur caste par une faute, que M. Duvaucd nous explique aiusi : " Lorsqu'un Bengali est prol a niourir, on lui fail proiionccr un certain mot : OriboU, qui signilic siniplement j'nppelle Dteit, mais qu'on traduit ordinaircnicnt dc ccttc manicre : portez-moi aupres de la riviere et donnez rextrenic-onction a mes sens, en me mettant de la bourbc sacrce dans la bouche, dans le nez , les yeux et les oreilles; ce qu'on execute a la lettre. Le nioribond survit rarement a cettc ceremonie ; cependant , il en est qui rcsistent a la bourbe sacree. Cettc resurrection est consideree comme une marque de reprobation; et les malheu- rcux qui n'ont pas pu niourir sont chasscs pour toujours dc leur caste et nicmc de leur famille , comme dcs etres repous- ses par lecicl. Tcls sont les rcjirouvt's du village voisin dc Goup- fipara. .Taurais cii grande cnvie de voir cettc asscmblee de reve- nans qui sont lout honteux d'etre an mondc, apres avoir pro- nonce OriboU, qui dit plus qu'il n'est gros; mais il ctait 9 hcurcs et la chalcur me chassait dans mon bazarra. » Apres avoir visite Patoly et Coulharria sur la riviere de Cossjinbazar, et enfin la plaine de Plassey, cclebre par la victoire qu'y reni- porterent les Anglais sur un emir du Grand-Mogol, et devenuc maintenant une vaste plantation d'indigo; apres avoir lecueilli dans tons ccs lieux dcs notes historiques ct nn grand nombre d'animaux pen ou point connus, M. DuvaiiccI reprit enfin la route directe du Sylliet, dont il s'etait un pen detourne pour voir les endroits que nous venous de uommer. La riviere de .Tellinghy, oil il entra en quittant celle de Cossynibazar, parait lui avoir fourni une peclic abondante et DE M. DUVAUCEL. 261 nnc graiulo varietc d'oiscaux do rivagt-s. Enlin, Ic iG aout, il entra dans le Gange; et Ic 18, il c-tait a Commercally, villu doiit I'industric principale consisle a reciieillir et a pri'-parcr les plumes de Marabout. Dans sept ou huit villages queM. Duvaucelvisitasur sa route, il letrouva ces usages bizarres et ces pratiques superslitieuses et cruelles, qui font moins d'honneur a la raison des Indous qxik leur courageuse resignation. Nous le suivrons h Dacca, ou il comptait sc procurer une escortc pour visiter les montagnes du Sylhet ; mais, quand il y arriva , le gouverneur vcnait d'en partir pour les frontieres de son gouvernement. Heurcusenient , il suffit a M. Duvaucel de montrer le sccau de la lettre du marquis de Hastings au sous-gouverneur pour que Son Excellence s'empressat de pro curer au voyagcur tout ce qui devait lui etre necessaire pour son expedition, et de plus un parouanna ou passeport, au moyen duquel il pourrait iec)anier des secours de toute nature sur sa route. Nous mentionnons eette ciiconstancc pour donner une idee de la vaste puissance de rhomme dont le cachet seul pent procurer un tel credit a celui qui s'en trouVe porteur. M. Duvaucel quitta la ville de Dacca, le 27 aout, apres y avoir fait ses recoltes ordinaircs en zoologie et s'etre muni dun guide pour raccompagner au Sylhet. II remonta le Bur- ampouter, I'un des plus grands fleuves du monde, dans lequel les Indous se purifient comnie dans les eaux du Gange. « J'v ai vu, dit M. Duvaucel, le raja du Tanjaour en personne, qui «|uittait ses etats lointaius pour venir s'y purger de trois ou quatre homicides; et les rois qui ne veulent pas faire le voyage y euvoient tons les ans une cruche en anibassade. >. Arrive a la ville de Sylhet, eapitale de la province, M. Du- vaucel envoya au gouverneur de Dacca., qui s'y trouvait en ce moment, la lettre du marquis de Hastings. Le gouveraeur vint le voir sur sou bazarra et lui offrit luie maison, une voiturc., 26a NOTICE SUR LES VOYAGES unc paire d'clcphans et unc chasse aux tigres pour le lende- maiii. Les chasseurs, en traversaut un village a Icur retour, fiu'ent temoins d'unc fete appelee I'epreuve dufeu. « Des fakirs un peu charlatans, dit M. Duvaucel, faisaient quelques pas sur des charbons ardens, en iuvoquant toutes leurs divinites, et ce spectacle peu divertissant nous retintjusqu'a la nuit. Nous nous remunes en route alors, et nos dames craignant la rencontre des tigres, nous fimes porter des torches k tons nos domes- ticpies, et nous placaincs a la tote de la troupe nos elephans, dont I'un portait la musique qui faisait un bruit epouvantable , et les cinq autres, places de front, un grand nombre de lumieres. C'est aiusi que, sans mauvaises rencontres, nous rentriimes k Sylhet; on y celebrait en ce moment unc autre fete fort inte- ressante, qu'on nonimc la fete des voeux : toutes les femmes dont les maris sont abscns posent un lampion sur un petit autel flottant; et, apres de longues prieres, elles lancent I'autel au milieu des eaux. La riviere etait chargee de lumieres ct ses bords couverts de femmes regardant avec inquietude si leuv offrande n'etait pas renversee par le vent ou les flots. « Nous transcrirons encore ici un passage du journal de M. Duvaucel , qui nous parait devoir interesser le lecteur : « En longeant les bords de la riviere qui passe a Sylhet, on apercoit, en certains endroits, de larges et profondes exca- vations qui sont les tomboaux d'une caste indoustanie nom- mee Boshtonn, dont les femmes sont encore plus courageuses que celles du Malabar. A la mort du mari , la famille crcuse un trou cylindrique d'environ huit pieds de profondeur. On place au fond de ce trou im banc sur lequel on assicd le de- funt, convert deses meilleurs habits; la veuve s'assied sur les genoux du mort; et, quand la lampe est alkunee, quand elle a recu des fruits, du riz el tout ce qui doit sorvir au voyage, cliacun des assistans jetle sur les epoux uue poigncr de terre; DE M. DUVAUCEL. i6j Ic mailyr crio Oriboll, ct la faniillc laissc tonibcr sur eel affreux tonibeau une large trappe qu'on reeouvre aussitol de terre ct de pierres. J'ai cu la ciuiosite de penetreV dans deux. hes, n'est FAITES RECEMMENT EN AFRIQUE. afig plus, ail SOI til- dc ccs lacs, (en snivanttous les contours dcs rivages. ) Les clephans sont communs autour du lac ; on en voit memo dans les iles nonibreuscs qu'il rcnferme , ainsi que des cro- codiles ct des hippopotames. Ce nest pas une raison snfiisante pour affumer que ce lac est pendant toute I'annee une merd'eau douce ; il faudrait d'abord savoir s'i-1 a un ecoulement. Les nonis des trois heureux voyageurs meritent d'etre cites honorablement; ce sonl le docleur Oudney, chirurgien de la marine, homme instrnit, le lieutenant Clapperton, lieutenant de vaisseau , et le major d'infanterie Denham (i). Leur courage est d'autant plus digue deloges, qu'iis ont neglige la precau- tion prise par tons les voyageurs, et qu'iis ont toujours con- serve 1 habit europeen. Le succes a couronne leur audace; an milieu de tant do tribus ct de penplades, ils n'ont pas eprouve la plus legero insnltc. Arrives a Lari, frontiere du Bournou, ils so trouvaient precisement an centre de cctte partie de I'Afri- qne, puisque ce point est a egale distance du cap Bon, des bouches do la Gambie et du dctroit de Bab-el-Maudel. En continuant leurs decouvertes, les deux premiers s'avancerent a deux cent milles plus loin, oii ils trouverentle Schary, riviere !'un mille (le large ; le troisieme , le major Denham , fut celui qui sc porta le plus loin dans le sud, au 9^ degre 3o minutes de latitude septentrionale. Ce fut le terme d'une expedition qui avait ete dirigec contre les habitans des monlagnes, expe- 275 iatcrrogos ct- dernier, lui out (lit : « La capitale du Bornoii , ou le sultan reside, s'appelle Birriey (Birnie); elle est sur le bord occidental d'un lac appele Nou. « Mais ce qn'on lui a rapporte du Schary, situe, lui dit-on, a quinze jours des limites du Bornou, tandis qu'il coule a une mediocre distance de la capitale , ne peut s'expliquer. Hornemann a ete bien informe, quand on lui a dit : " La riviere qui passe a Tombouctou arrose le Nyffe et Ic Cabi..., et continue de couler vers Test, sur le territoire de Bornou; et la elle prend le nom de Zad ou Tschad , qui signiCie grantle eau. « On avail egalement appris a Ritchie que c'est le Tschad qui coule a Bornou. Revenous au capitaine Lyon; nous choisissons ici les faits qui sont conforrnes aux nouvellcs decouvertes. « Le Bornou, dit-il, situe a 700 milles du Fezzan , est limitc a Test par le Baghermi ( dans les cartes on le met bien loin dans le nord de ce dernier pays ). La capitale est Birnie-Djedyd ( ou le nou- vcau Birnie ) , a cinq jours est-ouest de I'ancien, Birnie-Djedim (ou Qadym). La riviere de Tzad ou Tschad coule presde I'une et de I'autre, du sud-ouest au nord-est ( selon d'autres, du nord-ouest au sud-est, ce qui est plus exact ). D'autres assurent que le Tschad est un immense lac pendant la saison pluvieuse; que , pendant la saison seche, 11 ne reste qu'une petite riviere qui se dirige de I'ouest a Test... Au levant de Bornou elpres de Baghermi , est la contree de Maindra ( Mandara ) , tributaire du Bornou. Ongournou est a un jour de Kouka. Le sultan de Bornou est sous la dependance du Cheykh de Kanem, qui reside a Maou: a un jour de Maou est une grande riviere cou- lant du sud-ouest au nord-est; le peuple de Kanem I'appelle Yaou... Noufi est a vingt jours de Kachnah, a quarante du pays des Aschanties. » Aucun de ces details n'est en opposition avec le temoignage de MM. Oudney, Denham et Clapperton, sauf la position du royaume de Mandara, qiri parait separe du Baghermi par toute I'etendue du lac de Tsaad. D'ailleurs, le T. XXI. — Fevrier 182 f\. 18 374 DECOUVERTES RECENTES EN AFRIQUE. nieme capitaine Lyon rapporte que dc Ririiie -Djodyd a Ra- ghermi, Ion mvivche pendant dix jours a Icst-siul-ost, ce qui cloiij;ne beaucoup ccs deux pays. Mourzouk est place par le capitaine a quarantc jours au nord de Birnie : ce trait de ressemblance entre le nouveau voyage ct le recit est le plus frappant ct Ic plus important. Dans toutes les carles, on supposait Rornou bion phis pit^s de Mourzouk lia «'-galen)ent nne excellente traduction SUR RHIGAS, 277 dc hi Bt'/gc/c ties Alpes de Marinoulcl. Mais , co qui lui vaUit dans toute la Grece line reputation vraiment populaiie, cr I'urent ses poesies palriotiques, ecritcs dans un style vul- gaire , mais propres a enflamnier limaginatiou de la jounesse grecque, a lui inspirer le plus ardent amour de la patiie et la haine la plus forte confre la tyrannic musulmane. Son imitation de la Marseillaise [Allons, enfans de la patrie) que les heros de la Grece chantent encore aujourd'hui en combattant contre leurs oppresseurs; sa belle chanson moii- tagnardc Si's ttotz vuMKoifitt la, ^ovfit 'srec Sauvci ( Heros ! jusques a quand vivrons-nous sur les montagnes) , sont, de de toutes ses poesies, celles qui ont excite le plus d'enthou- siasme, et produit le plus grand effet sur Tesprit d'une jeunesse naturellement impetueuse, ardente, et penetrce d'admiration pour les hauts fails des Bliltiade, des Themistocle , des Cimon et des Pericles. Rhigas fit aussi une grande carte «Wie'e « Constantinople, sous le norn suppose du venerable patriarche de Jerusalem. Rome ( Paris ) , 1798. ln-%° de 58 pages. » Dans sa preface , I'auteur s'ecrie avec une fierte digne des beaux terns de la Grece. « Declarons au moude entier, pour refuter cet ecrit insense, que la haine pour les feroces musulmans a de profondes ra- cines dans nos coeurs; et que, si nous n'avonspas encore secoue le joug qui pese sur nos tetes , on ne doit pas pour cela nous accuser de lachete. C'est la jalousie seule de quclques puis- sances de I'Europe qui retarde pour nous I'heure de la liberie." L'auteur deplore ensuite la mort de Rhigas et de ses com- pagnons. « Je crois, dil-il, voir des anges descendre du ciel, tenant des palmes immortelles pour couronner ces martyrs de la religion et de la liberie. » II termine son eloquente preface par ces paroles remar- quables : « Daigne accueillir avec bienveillance, 6 ma chere (1) \o\07. la Decade i>hi/osnpl,iiunee, 4' trim., p. ai8. 28o NOTICE SUR RHIGAS. patrie! reccvtz avec bonte, 6 mes chers compatriotes, descen- dans des antiques Grecs ! cette circulaire fraternelle, bien dif- forente de celle qui porte le faux litre ie paternelle ! Que Ic fer ni Ic feu ne refroidissent point dans vos coeurs I'amour brulant dc la patrie, la haine irreconciliable contrc la tyran- nic. Ayez toujours presens devant les ycux les maux de toute espece que vous fait eprouver chaque jour la nation feroce des Turcs. Rappelez- vous les expressions sublimes de nos anct'trcs pour s'animer mutuellement centre les Perses : '< En- fans des Grecs , partez , delivrez votre patrie , dc/ivrez vos cnfans, vos Jernmcs, les dieux de vos peres, les tombeaux de vos anc^trcs. C'est aujourd'hui qu'il Jaut comhattre pour tous ces ohjets sacres. ( Eschyl. Pers. , v. 202. 4- ) Voila les paroles que j'adresse a tous les Grecs en general. Pour vous qui etes A la teto de la nation, laiques honores du nom d'a/-- chonles, mcmbres du clerge, appeles tres-saints, etc., je vous rappelle que lia prudence ou la piete des fideles ne vous a donne ces noms imposans , qu'afin que vous les conduisiez en pasteurs eclaires etvigilans, en vrais ministres de Dieu, libre- ment et non par la force [i); que vous leur administriez la justice et I'equite (2); que vous soyez pour tous le sel et la lumiere (3) , ect. , etc. » La mort de Rhigas fit naitre quelques opuscules , ecrits en grec moderne , dont le plus remarquable est eelui qui porte le titre de Nomocratia, et qui est dedie aux mdnes de Rhigas, de cet homme infortune, mais vraiment extraordinaire, qui a laisse dans les annales de la Greee moderne un nom justement immortel. C. Nigolo-Poulo. (l) Epitre dc S. Pierre , I , ch. v , v. 2. (•2) Epitre lie S. Paid aux Colossieiis , ch. IT , V. 1. (3) cV. Matliigii,\. i3, l/|. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. ESSAI SUR LA CONSTITUTION GEOGNOSTIQUE DBS PYRENEES; par J. DE Charpentier , Directeur des mines du canton de Vaud (i). La Geognosie ne fut d'abord qu'un vain amas de systemes obscurs ou de reves brilians , que la fin du siecle dernier vit se dissiper devant le flambeau de I'observation qu'y porterent quelques homines de genie. Elevee par eux au rang des sciences, assise des lors sur une base solide, et cultivee par cet attrait puissant de la curiosite , a laquelle ses resultats serablent pro- mettre tant de jouissances, elle parut suivre le rapide essor imprime a leurs progres. De nombreux observateurs interro- gerent les mines de la nature; mais, trop empresses d'en reconstruire I'edifice , ils en reconnurent mal les debris , et pour atteindre plutot le but, la plupart perdirent ou abandon- nerent la route qui devait y ccnduire. Elle est en effet longue et difficile; car , s'il est vrai que I'observation soit I'experience toute faite, c'est I'experience cachee dans une partie de ses pheuomenes et de ses resultats , c'est I'experience dont on ne peut reproduire les circoustances en ecartant celles qui lui sent etrangeres ; c'est enfin I'experience que Ton ne peut sou- vent repeter. Les esprits severes laisserent done tout autre (i) Paris, 1823. Uii vol. in-S" de f>3o pages, avec une plaiiche et uiie grande carte geognostique lithographiee et coloriee. F.-G. Le- vrauh. Prix , i3 fr. 282 SCIENCES PHYSIQUES. guide, et renoncant a la brillante mais Irompeuse esperanct" de poser la derniere pierre de I'ediGce de la science , ils tra- vaillerent sans relache a amassor des materiaux pour en affermir les bases. Oa avail cherche vainement des rapports entre des fails trop rares ou Irop incertains : la compaiaison d'obscrvations plus nonibreuses et plus precises en offrit uue foule de nouveaux, et la recherche du parallelisme des for- niatii)ns vint s'associer a la determination dc leur ordrc de superposition. L'ouvrage dont je vais rendre conipte, deja connu par Ic suffrage de I'lnstitut, qui lui accorda, en 1822 , le prix de stalislique, est un de ceux qui, par le nonibre des fails qu'ils renferment, et la confiance que leur meritent les talens bien connus dc I'auteur, doivenl servir le plus utilenient ;\ I'avan- oement de la geognosie. II est divise en trois parties , dont la premiere Iraite dc la constitution physique des Pyrenees, c'cst-;i-dirc de leur configtuation ou structure exlericure qu'il est necessaire de connaitrc, sonimairemcnl dumoins , pour bien saisir leur cons- titution geognostique ou structure inlerieure. La seconde parlie offre iin apercii general de la composition et de la disposition des divers terrains de cette chaine. M. de Charpcntier y expose aussi les idees memes qui resultent de I'ensemble des observa- tions : je les examinerai avec soin. La troisieme enfin , qui est de beaucoup la plus etendue , et par son objet la plus impor- tante , renferme la description delaillee de chacun des ter- rains dans I'ordre de leur anciennpte relative. Comme la plupart des details topographiqucs et les fails de geographic physique qui composent la premiere parlie, ont deja etc exposes dans d'autres ouvrages (1) , et sonl genera- (i) Voyez les Foyages de M. RvMOivu. SCIENCES PHYSIQUES. iSi lement connus , je ne suivrai pas I'auteur dans leur enumera- tion , et je commencerai de suite I'analyse de la sccondc. La constitution geognostique dfs Pyrenees n'offre , au pre- mier coup d'ceil , qu'une complication desesperante et un desordre inexplicable. Diversite dans les roches d'un menu- terrain et ressemblance entre celles de deux terrains differens, absence d'un on plusieurs termes d'une formation , quelque- fois meme d'une formation tout enticre, morcellement des membres existans , inconstance de I'inclinaison des couches : de la les rapprochemens et les distinctions errones , les incer- titudes sur le gisenicnt auxquelles I'observateur est expose d'abord. Cependant, s'il ne voit dans ces diftlctiltes que le desir de les vaincre, et s'il raultiplie ses recherches en les dirigeant avec sagacite , bientot dans cette confusion apparcnte un ordre regulier se decouvre , analogue a celui que la nature semble avoir suivi dans la structure des autres chaines de montagnes : il reconnait dans les Pyrenees, toutes les classes principalesde terrain , et chacun compose des mcmes roches qu'il presente dans d'aulres pays , et semblablement superposees. Mais, si les rapports de gisement sont les memes entre ces terrains et leurs roches constituantes , ceux de leur develop- pement respectif , de la hauteur qu'ils atteignent ct de leur disposition , relativement a la forme geographique de la chaine, presentent neanmoins des differences qui n'appartiennent qu'a celle-ci , et qui lui donnent un caractere particulier. Le terrain primitif des Pyrenees se compose de formations independantes de granit , de micaschiste et de calcaire. Le granit est accompagne de gneiss, tellement repandu en quel- ques endroits, qu'il y paralt le resultat d'une formation parti- culiere : il renferme aussi des couches subordonnees de calcaire. Des schistes argilleux.et talqueux, et aussi de nouvelles couches calcaires se montrent a. divers etages de la formation de micas- chiste qui recouvre imniediatement lo systeme granitique. Le 284 SCIENCES PHYSIQUES, oalcairc, qui parait au-dessus de ces deux formations eii coiis- tituer une troisieme independante , n'y admet que dcs massvs dc griiiistcin et de Iherzolile. La syenite , Ic poiphyre et la strpentine, qui forment ailleurs des terrains independans, ne sc rencontrcnt aux Pyrenees qu'en couches subordonnees a d'autres roehes , dont elles ne sont souvent que de simples anomalies. Le terrain intermediaire , dans cette chainc , ne comprend qu'une seule formation composee principalement de schiste argilleux, de calcaire, de grauwacke commune et de grauwacke schisteuse, devcloppes dans I'ordre ou je viens de les indiquer. Enfin , dans le terrain secondaire , il y a trois formations particulieres ; celle du gres rouge ( rothes todte liegende ) ; celle du zechstein et celle du calcaire jurassique, auxquelles il faut encore ajouter un systeme independant tres-remarquable de roehes amphiboliques , recouvrant toutes Ics autres indis- tinctement , et qui seront I'objet d'une discussion particuliere dans I'analyse de la troisieme partie. Ces trois terrains, primitif, intermediaire et secondaire, ne se recouvrent jamais en stratification parallele, quoiqu'en plusieurs lieux il paiaisse exister un passage insensible de I'un a I'autre; mais ces apparences, rares d'ailleurs, sont toujours obscures, tandis que le non-parallelisme entre leurs strates s' observe frequemment et de la maniere la plus evidente. Si maintenant Ton considere le mode general de la dispo- sition de ces terrains dans les Pyrenees , on les voit y former des especes de bandes ou zones etendues dans le sens de la direction principale de la chaine, de maniere a lui etre pa- ralleles, sans obeir aux sinuosites partielles qu'elle presente frequemment; cependant , au sommet de la vallee de la Ga- ronne ou la chaiue dirigee jusque- la dejiuis la Mediterranee de I'E. S. E. a I'O. N. O. , se coude et recule brusquement au Sud , pour reprendre ensuite vers I'Ocean sa direction pre- SCIENCES PHYSIQUES. a85 niiere, les bandes des divers terrains paraisscnt suivre la mtme inOoxion. Ces bandes different bcaiieoup par leur longueur et lour epaisseur. Le terrain de transition s'elend seul sans interruption d'une mer a I'autre. La formation granitique vient ensuite pour letendue et la continuite; mais, beaucoup moins devcloppee que le terrain intermediaire, elle n'est aussi continue que dans la partie orientale de la chaine, et elle ne forme, dans la par- tie occidentale , que des massifs distincts, quelquefois tres- eloignes , places seulenient sur un alignement commun. Le schiste micace et le calcaire primitif affectent une disposition bien moins reguliere encore , puisque le premier constitue seu- lenient vers la partie ccntrale des Pyrenees, quelques groiipcs isoles, et que le second manque dans toute la partie orientale. II en est de memo, pour I'irregularite , de la bande secondaire. Quoi qu'il en soit de la continuite de la bande primitive, elle presente une particularite bien remarquable. Au lieu de former le faite de la chaine, elle se trouve constamment au- dessous, sur le versaut septentrional, dans la partie de la chaine situee entre la Mediterranee et la vallee de la Ga- ronne. Mais, a partir de cette vallee, ou la chaine, se cou- dant, recule au sud de 16,000 toises, la bande primitive recule encore davantage d'environ 3,ooo toises; de sorte que, dans la partie occidentale, le granit en constitue en plusieurs en- droits le faite, et quelquefois meme le versant meridional. C'est cette baiule qui, suivaiit M. de Charpontier, a deter- mine la direction et la disposition des autres terrains, dans toute la chaine des Pyrenees, et qui a rendu I'inclinaison de leurs couches absolument independante des pontes geogra- phiques; il la considere comme I'axe autour duquel toutcs les autres formations se sont symetriquement disposoes au nord et au midi. Cependant, il fant convenir que les morcollemens et 28G SCIENCES PHYSIQUES. les degradations out rendu cot oidrc bicn mecon^iaissable, s'il a jamais exisle. Lc terrain de transition peutseul, encffet, etrc considere commc formant deux bandos tres-epaisscs, appuyees sur Tun ct Tantre versant granitiquc : ccUe adossee au nord est la plus etenduc; cllc so trouvc tout entierc sur la pcnte septentrio- nale; I'autre conslitue sur plusicurs points lc faite geogra- phiquc et memo lc sommet de quelques vallees cspagnoles. Toutcs deux paraissent se toucher et se confondro en beaucoup d'endroits, ou elles rcmplissent les intcrvalles qui separent les protuberances gianitiques : fait qui prouve, scion M. de Cliar- pentier, qu'avanl la formation du terrain de transition, toute la bande primitive qui ne formait sans doute a son origine qu'une seule montagne allongee sans interruption , avait deja subi de grandes degradations par Taction destructive des eaux. Le gres rouge, quoique pen abondant, se trouve dans un assez grand nombre de lieux au nord et au sud de la bande primordiale; mais il n'y forme que des protuberances tout-a- fait isolees. La formation du zcchstein a plus d'etcndue et de regularite; sa bande scptentrionale regno avec continuite au pied de la chaine, ;i I'entree des plaines francaises; la meri- dionale, au contraire, constitue quclquefois lc falte de la chaine centrale, ou s'en eloigne pen. Lc calcaire du Jura, difficile a distinguer du zcchstein dans les Pyrenees, parce que le gres bigarre qui les separe dans I'echelle des formations , n'existe point dans cette chaine, n'a ete reconnu par M. de Charpentier que sur le versant septentrional de la bande primitive. L'iuclinaison des couches est tres-grande, ct il en est beau- coup de verticales : I'auteur en estime Tangle moycn au-dessus de 45°. II expose avec detail tons les accidens de la stratifica- tion, ses contourncmens si bizarrcs, et s'il n'en donne point SCIENCES PHYSIQUES. '2S7 I'explication, il semble du moins n'omettie aucnne des donnuos de ce difficile probleme. Mais, comme on ne peut reunir la connaissance d'un grand nombre de fails , sans essayer de les lier par des rapports genc- raux, ct rechercher ensuite les causes de ces rapports, M. de Charpenlier n'a pii se dcfendre de conjectures sur la forme origi- naire des Pyrenees et sur les revolutions qui leur ont imprime leur forme acluelle. L'ensemble des faits que j'ai rapidement exposes sur ralignemcnt des divers terrains qui composent cette chaine et leur double adossement au nord et au stid de la bande primitive, leur inclinaison , etc., lui font presumer que celle-ci formait d'abord une ligne non interrompue, beaucoup plus elevec (ju'anjourd'hui ; qu'.ivant la formation des autros roches, cette chauie granitique a subi de grandes degradations, qui en ont rompu le faite el I'ont echancre a de grandes pro- fondeurs; el que les roches, formees apres cette revolution, se sont appliquees de chaque cote contre ses mines, en en com- blant les echancrures, et en en recouvranl les parlies les plus basses, sans atteindre jusqn'a leurs sommets. Or, comme cet ordre n'esl plus cehii qu'on observe aujour- d'hui, I'auteur suppose une seconde revolution, dont les forces destructrices agissant du nord au sud, auraient emporte une grande epaisseur de la chaine, du cote de la Fj-ance, detruit une partie des bandcs secondaire et intermediaire septentrio- nales, abaisse la cime granitique, et dont les efforts seraienl ■venu expirer sous les bandes intermediaire et secondaire elevees par ce nienagement, au faite de la chaine geogra- phique. Cette double hypothese explique bien, j'en conviens, la disposition des divers terrains des Pyrenees, relativement a leur relief actuel , et leur forme plus escarpee au sud , plus douce el moins rapide versle nord. Mais elle repose elle-meme •"ur d'autres suppositions iniplicitcment necessaires, qui me a88 SCIENCES PHYSIQUES, paraissent inadmissibles. I'.llc oblige, en cffot,a adnicttie que toutes les couches qui conslituent ccs niontagncs, se sont for- moes origiuairement anx niveaux ct sous les inclinaisons qu'ellcs piescntent actucllement, inclinaisons que nous avons dit sur- passer generalement 45° et atteindre quelquefois la verticale. Coneoit-on aussi la nature et le mode d'action d'une force capable de tels efforts contre une chaine granitique si resis- tante, et de tels meuagemens sur des couches calcaires si des- truclibles? Je ne m'arreterai pas davantage a I'examen d'une hypo- these a laquelle son auteur meme ne semble pas attacher un grand prix, par le soin avec lequel il avertit , dans sa preface, que dix annees se sont ecoulees depuis son voyage et la redac- tion de ses notes; et que, depuis, eloigne des Pyrenees, il n'a pas voulu appliquer a son travail les principes et les idees nou- velles que ces derniers terns out vu naitre sur la cause de I'elevation des montagnes; et y apporter des changemens dont il n'avait plus le moyen de verifier la justesse. La troisieme partie du livre de M. de Charpentier est a I'abri de ces critiques, parce que les faits dont elle ne renfernie que la simple exposition, sont independans deces changemens des theories geologiques. II faut avoir interroge soi-m^me la nature dans les montagnes, pour connaitre I'ambiguite de ses reponses ctapprecier toutes les difficultes de I'observation geognostique. Ceux qui savent avec quelle habilete et aussi avec quelle bonne foi M. de Charpentier sait les resoudre, regarderont sa descrip- tion detaillee des terrains des Pyrenees , comme un des mate- rianx les plus precieux dont la science se soit enrichic, et deja Ton a pu voir, dans le dernier ouvrage de M. de Humboldt (i), les secours quelle en a empruntts. (<) De la superposition des roches dans les deux hemispheres. Paris. 1823. Un vol. in-8". Levrault. Prix, 8 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 289 Trop linaite par les bornes etroitcs d'une analyse pour pre- senter celle des fails, je veux au moins indiquer le plan et I'osprit de leur exposition. Le lecteur trouvera , dans la des- cription de chaque terrain, celle des roches diverses qui le coaiposent, et de leurs varietos, leurs passages, leurs altera- tions; tous les phenomenes et les accidens de leur stratification ; rindication des mineraux qui s'y rencontrent, des gites nie- talliques qu'on y exploite ; enlin , sa circonscription topo- graphiquc, facile a suivre sur la carte qui accompagne I'ou- vrage , et la forme et I'aspect des montagnes qu'il cons- titue# Quelques substances minerales, nouvelles ou peu communes, decouvertes ou retrouvees par I'auteur dans les Pyrenees, sont I'objct de discussions approfondies. On remarquera parliculie- rement la description oryctognostique d'une roche tres-singu- lierc, observee d'abord par M. Lelievre et appelee par M. de Lametherie, IherzoUte , du nom du lieu d'ou elle provenait. M. de Charpentier a determine sa nature et prouve que c'etait du pyroxene en masse. II en a, en outre , decouvert de uou- veaux gisemens ; et il les rapporte tous a la formation du calcaire primitif independant, ou elle constitue des couches paralleles, mais interrompues. II decrit aussi , a la suite du terrain primitif, ini systeme dc roches subordonnces au schisle miace, qui forment pres de Bareges ua terrain tres-etendu et presentant beaucoup de caracteres et d'accidens remar- quables ; ce terrain est principalement compose de roches amphiboiiques et petrosiliceuses. Je regrette qu'il ait con- serve, pour le designer, la vieille et vague denomination de terrain trappeen , qui a ete la source de tant de con- fusions : celle de, calcaire alpin , devenue inutile , depuis que le mot allemand zechstein en partage la signification , et .si vicieuse, puisque la formation qu'elle designe parait ne pas exisler dans les Alpes, aurait dii etre egalement bannic d'uu T. xxT. — Fevrier 182 '(. 19 5.yc> scip:nce.s physiques. ouvrage noiiveau. On salt que c'est cette roche qui constitue le Mont-Pcrclii, regartle comme la plus haute cime des Pyrenees j jusqu'aux deinicrs iiivillcnuns de MM. Vidal et Reboul , qui attribuout au soinnict granitique do la Maladetta une hauteur plus grande encore. La plnpart des valK'cs des Pyrenees, surtout dans la partie occidtntale de la cliainc , renferment, dans leur region infe- ricure , des monlicules isoles d'une roche particuliere , de nature amphibolique , sans stratification distincte, ni couches etrangeres, traversee seulement par des fissures accidentelles ; souvent acconipagnes d'argile, dc gypse ot decalcaire straUfies, mais n'ayant avec eux que des rapports geognostiqnes difilciles a saisir. Cette singuliere roche fut dccrite pour la premiere fois sous le nom d'Ophite, par M. Palassou; depuis, elle n'avait fixe I'attention d'aucun geognoste. M. de Charpentier en a etudie avec soin la nature et le gisement, et c'est par une exposition ires-detaillee des observations dont elle lui a fourni le sujet, qu'il termine son ouvrage. Peu de personncs sans doutc conserveront , apres avoir hi ce chapitre, les doutes dont I'origine de I'Ophite fut long-teins I'objet; car les rapports obscurs de gisement , qu'elle piesente en divers cndroils avec les couches calcaires et gypseuscs, peiivent bion n'etre que le resultat de causes fortuites, puisque d'aillcurs on la trouvc quelquefois sans le cortege de ces couches, comme celles-ci se rencontrent aussi, loin de toute masse d'ophite. Cette roche repose indistinctementsur tous les terrains, et n'est recouverte, rarement encore, que pai- des couches de trans- port. La forme de ses monticules est conique ou aplalie ; elle ne differe enfin mirieralogiqnement de la dolerite que par la presence de I'amphibole, qui remplace le pyroxene. Ces consi- derations me semblent lui assigner incontestablcment une origine commune ; et je ne doute pas que chaque lecteur atten- tif ne reconnaisse dans I'indecision apparente de I'auteur h cet SCIENCES PHYSIQUES. ^gi egard, une conviction seniblable qui cherche a se caclier, par respect pour les erreurs d'un ancien etillustre maltre (Werner) Le plan de ce livre est , sans contredit , le plus propre a faire connaure aux personnes qui ne peuvent visiter les Pyrenees la constitution geognostique de ces montagnes; et une table del matieres faite avec beaucoup de critique et de detail, rendra au voyageur les recherches de localites aussi faciles que si 1 auteur eut rapporte ses observations dans I'ordre geogra- pluquc. L'interet soutenu que presente sa lecture, I'instruction sohde qu'elle offre constamment dans le detail des faits parti- cuhers, et le resultat de leur ensemble, assurent a cet important ouvrage un succes qui ne pent qu'ajouter beaucoup encore i la reputation de son savant et modeste auteur. Puisse-t-il y voir le presage certain de celui qui accueiUera ses recherches sur les Alpes, ou I'amour de la science lui a fait choisir une patrie adoptive; et „n motif nouveau de zele a les poursuivre, et *1 empressement a les faire connaitre! Victor Jacquemont. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. De l'Appel commb d'abus, suii^i d'une Dissertation sur les interdits arhitraires de celebrer la messe (i). La question de legislation qu'on examine dans cet ecrit est d'une haute importance. Elle tient aux prerogatives des mo- narques, aux privileges de I'episcopat, aux droits des citoyens ct du clerge; par consequent a I'ordre public. Elle ne pouvait etre discutee avec plus d'habilite et d'impartialite que par I'au- teur ( M. Tabaraud ), canoniste profond, savant theologien , zele defenseur de I'ancieune discipline ecclesiastique et des li- bertes religieuses. Sincerement attache a U monarchie et a la Charte, connu depuis long - tenis par de tres-bons ouvrages, il a tous les titres qui peuvcnt inspirer de la confiance aux vrais amis d'une religion qui consacre les droits des peuples, comme ceux des rois. L'epoque de la publication du fameux man- dement, imprime a Rome et a Toulouse, et supprime par or- donnance royale ( voyez ci-dessus page i8i ), parait conve- nable pour appeler I'attention sur le sujet dont il s'agit. L'appel comme d'abus est un recours a I'autorite judiciairc contre un prelat ou lout autre fonctionnaire ecclesiastique, lorsqu'on pretend qu'il a, par action ou par omission, excede son pouvoir, ou viole les regies de I'Eglise ou de I'Etat. On a toujours regarde, en France, ce recours comme le palladium special des libertes publiques les plus precieuses ; il a toujours ete juge par des magistrats superieurs : cet usage est fonde sur (i) Paris, 1820; Egron , iinprimeur-libraire , ft Delaunay , an ■fl'alirtS-Uoyal. i vol. in-8" de i a.J pnges. Prix a fr. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 298 des principes incontcstables. Comme chefs de I'etat, les rois ont le devoir de defendre Icurs siijets ecclesiastiques ou laics contre toute vexation, de quelque part qu'elle vienne : corame protecteurs de I'Eglise, ils doivent veiller a I'execution des saints canons et des iois de police ecclesiastique, aiin de conserver le bon ordre dans I'Eglise ct dans I'Etat : C'est en cette doublt^ qualite que los princes qui ont du cesser de juger directement, conservent le droit de proposer des Iois, et de faire des regle- mens pour I'execution des Iois sur la police exterieure de I'Eglise. L'assemblee du clerge de France, loin de reclamer contre cette sage institution, en a recontiu les avantages dans I'iuterct de la religion. Ajoutons : I'appel comme d'abus est une procedure ex- traordinaire, civile ou criminclle, fondee sur des motifs d'or- dre public. II ne pent et ne doit pas avoir lieu pour des me- prises ou des fautes legeres ; ce n'est qu'en matieres graves qu'on doit y avoir recours; c'est de la qu'il tire son importance. On ne pent regarder cet appel aux juges seculiers contre les abus delajuridiction du clerge, comme une usurpation surcelle que Jesus-Christ a confiee a son Eglise, d'abord, parceque le prince ne pretend pas s'eriger en maitre des regies de I'Eglise, niais plutot les conserver; ensuite, parce qu'en pronon^antsur le fait de I'infraction de la loi, les magistrals ne jugent pas d'ordinaire le fond de la question; ils renvoient souvent pour cet objet les parties devant les pasteurs, apres avoir declare qu'il y a abus dans I'acte ou le refus dont il est fait appel. Le savant canoniste, auteur de cet ouvrage, prouve par les autorites les plus respectables et par les faits les plus authen- tiques, que, si le nom et la forme de I'appel comme d'abus, rccu en France , sont assez modernes , les principes et leur applica- tion en sont tres-anciens, et se rattachent a I'etablissenient du christian isme. Saint Paul appelle a Cesar des accusations eccle- siusliques inlentees contre lui par les pretres de la synagogue. 294 SCIENCES MORALES Les Chretiens d'Antioche requierent rnutorite de rempereur Aurelien contre Paul de Samosate qui voulait retcnir la maison episcopale apres sa deposition. Sous* les enipereurs chretiens , ce droit prend une nouvelle force; leurs lois et I'histoire eccle- siastique nous en fournissent des preuves sans nombre. Saint- Athanase appdle a Constantin du juj^cment rendu contre lui par le conciliabuli; de Tyr. Ces appels, il est vrai, etaient rares dans les premiers siecles, lorsque les concilos diocesains et metropolitains s'assemblaient regulierement; alors un clerc ou laic pouvait y porter sa plainte. Mais, lorsque cetle antique discipline futalfaiblie ou presque tombee en desuetude, ce fut un grand motif de plus pour admettre le rccours a I'aiitoritti souveraine, proloctrice des saints canons et des droits des par- ticuliers contre I'injustice des supericurs ecclesiastiques. Ilsuffit de consul ter I'histoire de I'Eglise gallicane et les pro- ces verbaux des assemblees du clerge, pour se convaincre, qu'en France surtout, on s'est, dans tous les terns, adresseaux cours seculieres pour se plaindre des injustices du clerge. Des 794 , le concile de Francfort decide que ceux qui ne voudront pas s'en tenir au jugement de leur eveque, auront la faculte de se pourvoir devant le roi, qui prononcera definitivement snr la contestation. Sous Saint-Louis , on voit les habitans de Reims excommunies par Fleury de Dreux, leur archeveqne, pour lui avoir conteste des droits tcmporels, s'adrcsser a ce prince afin d'en ob tenir justice. Guy, eveque d'Auxerre, au rapport de Joinville, ayant voulu contester au roi le droit de connaitre des causes ecclesiastiques , le pieux monarque lui repond : « Que ce serait contre Dieu et raison de ne pas ouir en leur bon droit ceux a qui les clercs feraient tort. » « II n'y a que des ignorans, dit I'archeveque de Marca, qui puissent objccter contre I'appel eonime d'abus, la nouveautii du mot; puisque la chose remonte a I'origine de la monarchie. ■* Les rois sucgesseurs de Saint-Louis eurentegalementsoind« ET POLITIQUES. agS niainteuli- a cet egard les droits Je I'etat. Dans Ics lettres-pa- tentes de Charles VI, du i4 aout i385, accordees au due de Bourgogne centre I'eveque de Chalons , ee prince motive ainsi sa decision : « II est de notre devoir de defendre les droits de la juridiction temporelle et dc faire cesser les abus et toutes les entrcprises de la puissance spirituelle. » Quoique les appels corame d'abus aient toujours etc un droit reconnu en France, la procedure ne prit cependant nn caractere regulier et stable, que lorsque Philippe-le-Bel eut rendu le parlement sedentaire a Paris. « Ce grand corps, cons- tamment anime d'un esprit conservateur, dit M. Henrion de Pansev, couvrit de son egide les prerogatives de la couronne; et, des cet instant, la repression des entreprises duclerge de- \int un des principaux objets de la sollicitude des procureurs generaiix. « Par leur ministere, tons les actes ecclesiastiques qui pouvaient comproraettre I'autorite publique, les libertes de I'Eglise, les droits et la tranquillite des citoyens, furent deferes au parlement. Dans cet ordre de choses, si les prelats et autres clercs contrevenaient aux saints canons ou aux ordon- nances du royaume, ceux qui etaient leses presentaieint ieurs requetes au Roi, ou a son parlement, pour faire reformer les jugemens des cours ecclesiastiques. On pourrait citer une foule d'arrets en preuve de I'exercice constant de cetle juri- diction du parlement. L'auteur en rapporte pUisieurs, entre autres cclui-ci. Un particulier avait ete excommunie, par sen- tence de I'official du Mans , et enterre en lieu profane. II in- tervint un arret quiordonna I'exhumation, declara la sentence abusive , et fit mettre le corps du defunt en terre sainte. II est a remarquer que ces arrets sont tous fondes sur le titre impres- criptible de la puissance temporelle pour reprimer les abus du ministere ecclesiastique admis dans I'etat. Cependant, ce recours a ete attaqtie par des evcques et des papes. Si, en differcntcs occasions, les chefs duclerge en oul 296 SCIENCES MORALES reclame I'lisagc ct rcconnu Ics bons resiiltats, c'est lorsqn'il Iciir a jiaru propre a soutenir Iciirs droits contie les papcs, centre les privileges des ecclesiastiques reguliers; mais, quand il a etc employe pour reprimer les abus dc Icur propre aiilo- rite, ils n'y ont guere vu qn'une raesure odieuse. L'auteur ex- pose en detail les diverses tentativcs faitcs par les papcs et les evequcs pour s'affranchir de cette procedure. Tantot les pre- lats soutinrent que les appels devaient se borner aux entrcprises des juges ecclesiastiques ou officiaux de ce tems - la, sur la ju- ridiction temporelle : ce qui laissait tout le clerge du second ordre et les fideles dans la dependance absolue du corps pas- toral. Tantot ils ont pretendu que , depuis la pragmatique sanction, en i438, ce recours ne devait avoir lieu que pour les cas d'infraction etde contravention a cette loi. Enfin, dans des tems plus rapproches denous, dans I'assemblee de iSaS, et meme en 1755, le clerge dcmandait que I'appcl interjete, soit par le ministere public, soit par des particulicrs , des or- donnances episcopales, n*eut qu'un effet devolutif, ct que ces ordonnances fussent executees provisoirement. Tels sont le.-j moycns que les eveques ont inutilement employes pour se soustraire a la surveillance des magistrals depositaires de la puissance publique. Peut-etre, pourrait-on aussi reprocher au clerge actuel d'approuver cette opposition aux droits de tous, lorsqu'on le voit, depuis la destruction des parlemens, representer ces grands corps, defenseurs intrepides de nos liberies , corame les oppresseurs de la jinidiction ecclesias- lique. Cependant, la pratique des appels conime d'abusn'affecte point la soumission vraiment canonique due aux pastcurs, ni le droit qu'ils ont de precher, d'enseigncr et de decider en niaticre de foi ou de niceurs, et de publier des mandemens et des instructions pastorales qui n'cntrcprenncnt point sur ni contre la legislation ou Tadministration publique. Cette pra- tique scrt a maintenir un droit que Ion nc pent contester a la ET POLITIQUES. 297 puissance seculierc , de rcprimcr les tnticprises des fonction- naircs ccclesiastiques, ni aux particulic^s qui se trouvent lest's, de rccouiir aux cours supremes , aux ju^'cs competens en pa- reils cas. A I'epoque du retablissement du culte en France, et du concordat de 1801, il fiit regie par les lois organiques que le conseil d'eiat sersiit investi , pour les appels comnie d'abus, des pouvoirs qu'avaient auparavant les parlemens. Cette decision , dent le fond est dans Tarticle 79 des liberies de I'Eglise galli- cane , a tte amerement censuree par quelques prelats, comnie donnant trop d'extension a la faculte d'appeler conime d'abus. Cependant, elle I'aneantissait a peupres, en la restreignant beaucoup trop. La commission des eveques , de 1809, n'eleva point de reclamation sur cet article; elle lejugeameme con- forme a la discipline de I'Eglise de France. Cette loi organiquc a un vice bien plus reel que ceux qu'on lui reproche : ce n'est pas d'avoir investi le conseil d'etat de cette procedure, a I'epo- que du concordat de 1801, lorsqu'il n'y avait encore aucune cour de justice organisee; il fallait peut-etre alors lui donner la connaissance des appels comme d'abus; mais en placaut ainsi la justice trop loin des justiciables, on la rendait presque impos- sible, et on la mettait dans les mains d'un seul juge amovible, le ministre decidant an nom du Roi. Depuis I'institution des corps de justice, etpuisqueles conseillers d'etat sont amovibles, et reduits A donner des avis que le ministere approuve ou n'approuve pas, puisque ces conseillers sont hors la consti- tution , le maintien de la jiuidiction du conseil d'etat, surtout en matiere d'appel comme d'abus, est im grand abus. Le con- seil d'etat, dit I'autcur, n'etant ni reconnu par la Charte et par la loi, ni organise dans une forme reguliere, n'existant qu'en vcrtu d'une ordonnance revocable, n'agissant qn'a I'aide d un reglemcnt provisoire , n'offrant aucune publicife dans ses debats, compose sculement de juges amovibles et sans mi- 298 SCIENCES MORALES nistere public, ne se gouvernant que par line jarisprudciicc ties-variable, etant quelquefois dirige par des considerations sur lesquelles la loi n'a point d'influcnce, n'est investi d'aiicune juridiction legale, et par consequent il est incompetent pour prononcer sur des questions qui, avant la revolulion, appar- tenaient a des juges legitimes, independans , inamovibles, qui presentaient toutes les garanlies neccssaires. D'ailleurs, il est trop loin des justiciables. II est urgent de sortir de cct etat irregulicr, prccaire et dangereux. Les eveques et les prctres du second ordre sont aussi interesses que les aulres citoyens, a cette grande amelio- ration. Quoique le conscil d'etat se soit mis en possession de condamner aux depens, il n'a pas de moyen Yraiment legal de forcer I'execution des mesures qu'il jugerait propres a main- tenir la discipline ecclesiastique. Cette reflexion est d'aufant plus importante que la collation de toutes les places est mise a la disposition des eveques , que les quatorze quinziemes des cures ont etc, par abus, transformes en commis revocables, contre la { plus precieuse et la plus constante discipline de I'Eglise; ajoutons que la juridiction contentieuse des metropolitains n'existe plus, du moins legalement. Les pretres doivent par- tager ces doctrines, d'autant plus que les sentences de leurs eveques peuvent infliger des peines attentatoires a la liberie, ( telles que la reclusion dans un seminaire , ou qui sont hiuiii- liantes dans I'opinion , telles que la suspension des fonctions sacerdotales, etc. D'apres ces considerations, I'auteur conclut que, pour mettre la juridiction ecclesiastique en harmonic avec les aulres parties dc notre legislation, le seul moyen est de rendre aux Cours royales la connaissance des appcls commme d'abus. C'est en elles seules qu'on trouvera, ce qui manque essentiellement au conseil d'etat, unc procedure constitutionnelle et d'ailleurs re- gulicre , utile, efiicace, cnfiu, toutes les garanties raisonna- ' ET POLITIQUES. 299 bles. Lesjugemens des Cours sont nioins sujets a I'arbitraire , parce qu'ils sont rendus par des niagistrats inamovibles, parce quils lie sont point soumis a des voloiites niinisteiielles, et parce qu'ils sont siijets a la cassation. Tout ce qu'on peut desirer dans I'interet public, c'est que cette justice soit admi- iiistree de maniere qu'en reprimant le despotisme des supe- rieurs, elle ne favorise pas I'insubordination des inferieurs, et qu'elle concilie le respect du aux ministres de la religion avec celui qu'il convient d'avoir pour les droits non moins sacres des citoyens. Plusieurs petitions out etc adressees aux Chambres pour les engager a demanderune loi qui delaisserait aux Cours royales la connaissance des appels comme d'abus. Ces petitions u'oiit pas eu de suite, en sorte que les ecclesiastiques et les laics sont i la merci des prelats etdes pasteurs, sans loi protectrice centre I'arbitraire. Les fails nombreux et recens que cite I'au- teur, et tant d'autres, assez connus, prouvent I'urgence du remede et I'insuffisance du conscil d'etat , d'aillcurs muct ha- bituellement dans cette partie. Mais , I'indifference, d'une part, pour tout ce qui tient a la religion, nous dit I'auteur, et de I'autre, I'ardeur d'un certain parti pour rclever et accroitre la puissance du clcrge, et la tendance trop visible vers un an- cien ordre de choses qui est en opposition avec I'ordre consti- tutionnel et avec I'esprit public , doivent nuire au succes procliain des vues sages exposees dans ce livre. Ceux-la seuls pourront crier a la nouveaute, qui voudraient faire oublier I'aHtique discipline clericale , trop nieconnue de nos jours. Mais, continue-t-il, nous aurons eu I'avantage de rappeler les principes a ceux qui les ignorent; de signaler les abus, et d indiquer les moyens d'y remedicr; de conserver la tra- dition sur un point qui interesse au plus haut dcgre I'ordre public; d'opposer quelque resistance au torrent des fausses doctrines qui ont acquis un funeste ascendant, et d'empe- 3oo SCIENCES MORALES cher I'cnvahissement d'un droit essentiel de I'autorite secu- ' liere. Si nous avons dit qu'il faiit une loi pour rendre aux Couis royales I'appel comme d'abus , nous avons parle selon la mau- vaise allure du terns, selon un systeme do paiti, qui fait me- connaitre et violer trop souvent notre Charte constitutionnelle. Cette loi fondamentale, qu'il convient de reviser sans doute, niais qu'il faut observer religieusement, jusqu'<\ ce qu'elle soil revisee en suivant des formes spcciales et constitutionnelles , abroge les lois qui lui sont contraires ; elle abroge done la nouvelle competence du conseil d'etat en fait d'abus ecclesias- tique; elle ne connait que des juges inarnovibles , des juges naturels. K\w^\, elle reprouve I'autorite judiciaire du conseil d'etat; ainsi, elle ne veut, pour jugcr I'abus commis par le pape, I'eveque ou autre fonctionnaire ecclesiastique, que les Cours royales , qui seules en avaient connu avant 1802. Pour que ces Cours en connaissent de fait, il ne faut vraiment que deux choses, la fermete a reniplir leur devoir de la part des magistrals des Cours, et la mcme fermete de la part des pro- cureurs et des avocats generaux , qui malheureusemcnt ne sont pas inamovibles, et qui u'osent guere aller contre une or- donnance contraire a la Charte, vu leur amovibilite. Il faudrail done ici qu'ils fussent pousses vei's la regie, par une instruction du ministre de la justice, ou par une ordonnance du roi, qui serait, dans le sens dont il s'agit, on ne peut pas plus legitime, et qui est, malheureusemcnt, on ne peut pas plus nccessaire. Enfin, la forme de se declarer appelant comme d'abus, et de faire juger qu'il y a ou qu'il n'y a pas abus, n'est pas absolument necessaire, surtout si ce n'est pas une ordonnance, une decision ecclesiastique dont on se plaint; en un mot, s'il s'agit, par exemple, d'une contravention, d'une injustice cle- ricale, sans acte ecrit qui ait le caractt-re d'ordonnance ou de decision. Ainsi, un discours d'evequc ou d'aulre pretrc, ecrit ET POLITIQUES. 3oi ow dc vive voix, et qui critique le gouvernement ou les lois, sc tninit en police corrcctioiinelle ou en Coiir criniinelle, sans appel corame d'abus. Si une injustice de cette nature demeure mipunie, c'est un tort des magistrals, et apparamment des rai- uistres. (V. art. 201 - 208 de notre Code penal. ) Ce ne sont pas toujours les bonnes lois qui manquent en France ;ce sont les hommes qui les executent avec fidelite, avec courage. LiNJUiNAis, de I'lnslitut. Lettres de Junius, traduites de Vanglais^ avec des notes historiques et politicjues, par J.-T. Parisot, ancien officier de marine, traducteur de Florence ■] Macarthj ^ etc. (i). le Apres une guerre ou les Anglais avaient vu leur pavilion - triompher dans les mers de I'lnde et dans cclles d'Amerique, tandis que leurs allies obtenaient sur le Continent des succes presque aussi brillans, la paix de 1763, faite aux dcpens tie la France et de I'Espagne, unies par le pacte de famille, fut accueillie en Anglcterre, avec un sentiment general de desap- probation.Comparees aux triomphes des dernieres campagnes, les conditions du traite parurent sans gloire et sans avantages reels, et le lord Bute, favori du roi, et premier lord de la tre- sorerie, fut contraintde s'eloigner des affaires. Plusieurs minis- teres se succederent rapidement, dans les annees suivantes, laissant presque tous des preuves non equivoques d'incapacite; les liberies publiques furent attaquees, des impots odieux fu- rent etablis, le Stamp-act ( loi surle timbre )jeta les pi'emieres semences de la guerre d'Amerique; un mecontentemcnt gene- ral se manlfesta hautement , ct enfin une lutte s'enjrasea de loutcs (i) Paris, 1823. 1 vol. iii-8°. Bechet ainc^, quai des Augustins n" 57. Prix 12 fr. 3oa SCIENCES MORALES parts entrc le peuplc ct la couronue. Vers cette epoque ua menibre du parlement, nomme Wilkes, fut exclii sous le pretexte qn'il avail fait iin libelle contre le roi. Quoiqu'cmprisonne, Wilkes fut reelu, et Ic peuplc ne doutant point qu'il n'allat rcpren- dre son siege dans le parlement, se reunit h Saint-Georges-Fields ( place voisine de la prison), dans le dessein de lui servir de cortt'i^'e jusqu'a la chambre des comniunes. Alors des troupes, dirigees contre ce rasscmblcmcnt, rccurent ordre de faire feu; plusicurs citoyens furent tues ou blesses mortelleir.ent ; ct, tan- dis que lord Weynjoulh, I'un des secretaires d'etat, ecrivait aux niagistrats pour les feliciter de I't-ncrgie de leur conduite , Wil- kes publiait une Icttrc, ou il depcignaitles scenes de Saint-Geor- ges-Fields, comme un horrible massacre. Ce fut dans ces circonstances que parurontles premieres Lettres de Junius, et Ton voit d'avance quel vaste champ s'offrait i la plume hardie d'un homme resolu a ne rien taire, ana rien menager. Pendant trois ans, inserees dans le Public advertiser, ces lettres furent I'occupation de toute I'Angleterre; soumettant au plus scrupu- leux exanien la conduite de tous les agens du pouvoir ; mar- quant du sceau de la reprobation tous les actes contraires aux lois et aux libertes du peuple, elles ont pour le lecteur un interet soutenu, que nous ne pouvons qu'indiquer ici , et qu'il serait aussi fastidieux qu'inutile de vouloir faire comprendre par de longs details. Nous nous bornerons a signaler deux idees prin- cipales qui dominent dans toutes ces lettres, et qui semblent les avoir constammenlinspirees rl'une, c'est qu'il n'y a de surete pour les gouvernemens que dans lebonheurdu peuple; et qu'il n'y a de bonheur pour le peuple que dans la liberte. L'autre , c'est que le pouvoir du roi, des lords et des communes a des limitcs qu'il ne saurait franchir; que , lorsqu'on dit que la legislature est supreme , on n'cntend rien autre chose , sinon que c'est le pouvoir le plus eleve, et dans ce sens, le mot .v«/7/-e>/ie est rc- latif et non absolu. Si cette doctrine n'etait pas vraie,dit Juniu-s ET POLITIQUES. 3o3 jl faudrait admettre que le roi, les lords et les communes pour- raient abolir la constitution parun acte du parlement. L'oinni- polence parlementaire ^ en effet, coniprendrait ce droit, on ne serait qu'un mot vide de sens. Telles sont les deux idees fon- damentales decet ouvrage. Composees pour un journal , les Lettres de Junius n'ont point subi la destinee ephemere, ordinairement reservee a ces sortes d'ecrits; a peine vingt de ces lettres avaient paru, que doj.i elles furent reunies en recueilj reimpriraees souvent depuis, clles ont pris place pai'mi les ouvrages les plus estimes des publi- cistes anglais ; et elles meritent cet honneur par I'infatigable Constance avec laquelle I'auteur defend les droits du peuple et les principes fondamenlaux de la constitution de son pays; par I'austere franchise des reproches qu'il adresse aux depositaires inhabiles ou corrompus d'un pouvoir oppresseur; cnfin, par un talent de style que les ennemis meme de Junius sont a tout moment forces de reconnaitre. II ne fallait rien moins , en effet, que I'attrait d'une diction toujours brillante etoriginale, tou- jours pleine de mouvement et d'etiergie pour attacher un si vif interet a la satire des actes administratifs de gens aussi medio- cres qu'un due de Grafton et un lord North. La periode de 1769 a 1772 que comprennent ces lettres, n'est signalee en effet que par I'administration incertaine de ces deux ministres trop inhabiles pour gouvcrner avec la liberte, et qu'on voit trahir continuellement leur faiblesse, en Uii cherchant un re- fuge derriere le pouvoir absolu et dans la corruption parlemcn- taire. Mais, si cette epoque n'offre point a I'histoire de grands evenemens, un esprit observateur y demele deja les indices dc cette catastrophe qui devait bientot separer I'Amerique de la metropole , et il pent deviner, dans I'irritation produite par une administration despotique, cette puissante opposition, dont Fox, qui commencait alors sa carriere dans les rangs ministeriels, de- vint bientot le chef redoutable. 3o4 SClENCEvS MORALES Les hommes qui n'osent pas ouvrir la bouche tlcvant le pouvoir, s'etonneront sans doute du degre de liberie avec lequel Junius censure tout ce qui lui sembic digne de bluine dans la conduite des chambres, du roi, des favoris et des principaux fonctionnaitcs. Ceux qui voudraicnt toujours por- ter dans les grands dcbats qui intcressent les peuples, cette politesse obsequieuse qui ne sert le plus souvent qu'a affaiblir ou meme a deguiser le langage severe de la verife , lui re- procheront peut-ctre une franchise insultante, des sarcasmes sanglans, et rimpitoyable justesse d'une expression qui blcsse profondement; mais il plaira, chez nous comme en Angle- tcrre, a tous ceux dont la conscience est assez pure, dont le cceur est assez ferme pour ne pas redouter la voix male de la liberie. Outre les lettres si'^nee?, Junius , ce recueil en contient d'au- tres, od, sous le nom de Philo-Junius , le meme auteur, pre- nant lin I'ole secondaire , explique ou defend quelque passage particulier des lettres de Junius el repond a des objections plausibles. Ce second personnage , dont le style est ordinaire- ment plus calme que celui de Junius, sert a jeter quelque va- riete dans le ton de cette correspondance. Enlin, pour eviter loute obscurite, on a joint h ces lettres celles de sir William Draper el de M. Home, depuis Horne-Took , qui, repondant a Junius dans le Public advertiser, se defendaient des attaques dirigees contre eux, ou se constiluaient les champions desper- sonnages attaques par le redoutable pseudonyme. Malgre tous les tloges que nitrite Junius et que nous ainions a lui donner, nous ne dissimulerons pas qu'il semble quelqucfois laisser couler de sa plume avec trop de complaisance le fiel et I'amertume. L'homme qui se charge des peniblcs fonctions de censeur,ne doit jamais oublier que la haine du crime est bien plus morale et bien plus utile (]uc la haine du criminel. Nous regrettons aussi que Junius n'ait pas pu, ou n'ait pas voiilu se ET POLITIQUES. SoS aommer ; il y a dans le coedr de I'homme un sentiment qui repu- yne k se mettre du parti d'un accusateur anonyme. II nous reste a dire quelque chose de la nouvelle traduction. Elle se distingue de la plupart des ouvrages de ce genre. Dans ce siecle si fecond en traducteurs, il en est peu qui soient ca- pables de bien remplir la tache qu'ils s'imposent; M. Parisot est de ce petit nombre. Non-seulement il a compris son original, non-seulement il I'a senti, mais encore il est souvent parvenu a le rendre avec bonheur; et il n'est pas aise de meriter un pareil eloge , surtout lorsqu'on s'attaque a un auteur aussi dif- ficile que Junius. Una seule traduction de cet ouvrage avait deja paru chez nous (en 1 79 1 ) ; elle fourmille de contre-seus qui defigurent completement I'auteur. Tantotles electeurs sent appeles des suzerains , tantot le vin de Bourgogne est pris pour lamaitresse d'unministre; ailleurs, si Junius dit que Wilkes ecri- vait aux ministres : « Il m'a fallu un an et demi pour renverser par mes ecrits le dernier ministere; si j'employais autant de terns a ecrire contre le votre, il n'y en aurait guere parmi vous qui seraient encore ministres, a I'expiration de ce ternie. » Le traducteur lui fera dire: « J'ai ete employe un an et demi dans Tadministration; si j'employais autant de tems a ecrire contre vous , je vous ferais tous souhaiter la mort. « II n'en faut pas d'avantage pourjuger cette traduction. C'est done daus celle de M. Parisot que les personnes qui ne savent pas I'anglais, doi- vent lire les Lettres de Junius. Ceux memes qui savent cette langue, trouveront encore dans les notes dont elle est accom- pagnee, plusieurs eclaircissemens qui rappellent des particula- rites historiques ou des usages dont la connaissance est neces- saire pour I'intelligence de I'auteur. Parmi ces notes, nous en avons remarque une qui contient des recherches curieuses sur la personne de Wilkes, et sur la lutte qui s'engagea entre la chambre des communes qui s'obstinait i expulser ce depute , T. XXI. — Fevrier 1824- 20 3o6 SCIKNCES MORALES et Ic'S c'lcclL'ius qui liront enfin trioinplier Icur choix , apres quatre t-leclions conseciuives. Dc'puis plus de cinquante ans que les Lettres Je Junius sont connues, on sc demande en Anyleterie , quel en est I'auteur; ct I'on n'a pas encore repondu a cette question d'unc maniere sa- tisfaisante. Un tres-grand nombre d'articles de journaux, pln- sieurs ouvrages composes dans le seul dessein d'eclaircir cc point obscur de I'histoiie litteraiie dcs Anglais, n'ont prouvt; jusqu'a present que I'impossibilite de parvenir a la veritt*. On a nomnie tour a tour Glover, auteur du poeme de Leonidas , lord Chatara, pere de Pitt, le due de Pordand, Dunning, dc- venu lord Ashburton, Chesterfield, Bnikc , Hamilton (i) et jusqu'au Genevois de Lolme ; mais il a ete reconnu , et AVood- fall, editeur du Public ach'eitiscr, a fort bien prouve que toutes CCS conjectures etaient deuuecs de fondement. Quclques per- sonnes ont pense que les Lettres de Junius etaient I'ouvrage de divers ecrivains; mais, quand on ne saurait pas que I'ecri- turc, toujours deguisee dcs manuscrits, etait ccpendant tou- jours la meme, il suffiraitde lire atteutiveraent ce recueil jiour y reconnaitre partout le cachet du meme genie et. cette unite de couleur qu'on n'imite pas. (i) Gerard Hamilton etalt un Irlandais qui, ayant passe du par- lement d'Irlande dans la chambrc dcs comnnmes en Angleterre , n'y parla qii'une fois, et i'on crnt trouver une certaine ressemblancc cntre son style et celul du fameiix anonyme. On pensa que son si- lence avait etc achete, et il a conserve le surnom d^ HamiUon single- speech (Hamilton au discours unique). — II avait compose un livrc intitule Logique parlementaire , qui n'a ete public qu'apr^S sa mort ; ce livre est un recueil de preccples consacres a enseigner I'art de plai- der le faux , et de faire triompher une mauvaise cause. Quand niemc la rcssemblance entre le style dCHamillon et celui de Junius scrait plus frappantc , on pourrait a bon droit douter qu'un parcil iionime ^"it rau'eiir des Lettres. ET POLITIQUES. 307 L'autcur d'linc lettre signee E. B. , inseree dans le New Monthly Magazine, du mois de fevrier 1820, a essaye de rcvendiquer de nouveau, en faveur d'Edmond Burke, la pro- priete des Lettres de Junius. Ce correspondant anonyinc ap- pule son opinion de recherches dt-ja publices en 1812 par M. Roche. Parmi les preuves fournics par cchu-ci, il en est line qui, scion lui, doit mettre un terme a toute controverse sur ce sujet. Voici , en pen de mots, cette pr0uve decisive : Dans la seance d'ouverture du parlement, le 24 novembre 1767, le roi appela I'attention de la legislature sur I'excessive cherte des grains, et Tinvita a prendre des mesures pour soulager la detresse publique. Burke prononca, centre I'adressc proposee en reponse aux paroles royales, un discoiirs fort eloquent. Quelques jours apres , Woodfall publia , dans le Public advertiser , comme un pur jeu d' esprit , un discours qu'on disait avoir ete prononce dans un club politique , et cette pu- blication etait accompagnee de certaines circonstances d'ou I'auteur de la lettre dont il s'agit conclut que Tintention de Woodfall etait de faire entendre que I'auteur de ce discours etait le correspondant qiii lui adressa ensuite les Lettres de Junius. Or, ce discours etait exactement celui que Burke avait prononce, quelques jours auparavant, sauf divers pas- sages supprimes par I'editour du Public advertiser , dans la crainte d'une accusation de libelle ; et quelques mots, tels que Ministere , Administration, Charnbre des communes, etc., rcmplaces par d'autres, expres pour depayser le lecteur et rendre la fiction vraisemblable. Ce meme discours, imprime a cette epoque dans le Gentleman's Magazine pour 1767, se retrouve dans le recueil des debats parlementaires, qu'on im- prima en 1772, lorsqu'il fut permis de donner de la publicite aux seances des deux chambres. Le correspondant du IVeu' Monthly Magazine ajoutc a ce recit quelques comparaisons plus on moins cxactes entrc Ic style et les opinions de Junius 3o8 SCIENCES MORALES ct de Burke. Toutes ces conjectures, assez mal imagiirees, avant d'etre repetees par le New Monthly Magazine , avaient dt^a ete refutees dans un ouvrage que nous allons bicntolciter, ct les Anglais, appreciant cos preuves a Icur juste valeur, sont resles convaincus que Burke n'est point I'auteur dcs Letlres. Deux autres ecrivains ont fixe plus specialement I'attention des critiques, curieux investigatcurs du secret de lanonyme; Tun est Hugues Boyd , et I'autre sir Philip Francis , tous deux Irlandais. Les ceuvres du premier ont etc publiees a Londres , en 1800, et Ton y a joint unc notice sur sa vie, dont I'au- teur, Laurent Dundas Campbell, lie avec Boyd, a rassemble toutes les preuves qu'il a pu decouvrir en faveur de son ami, « Ces preuves sont assez specieuses, dit M. Suard, dans la Dio- graphie universelle ; niais des probabilites beancoup plus fortes combattent cette opinion, et ce qui la rend surtout peu vrai- semblable, c'est que les autres ouvrages de Boyd, bien qu'on y trouve du talent, sont fort au-dessous de celui qu'annon- cenl les Letlres de Junius. >> Cet argument ne nous semblerait pas sans replique : on a vu plus d'un ecrivain laisser un chef- d'oeuvre unique parmi plusieurs ouvrages mediocres; et, pour ne citer qu'un seul exemple, que nous prendrons chez nous afin qu'il soit plus frappaut, si\a 3letronianie eut ete pnbliee sans nom d'auteur, le bibliographe qui cut dccouvert le nom de Piron , n'eut assurement trouve que des incredules. Or, ce qui est vrai, quoique bien extraordinaire , poiu' une grande conception poeticjue, doit sembler bcaucoup moins impro- bable pour des letlres ecrites sur des evenemens politiques dont la gravite a pu exaltcr I'imagination de I'auteur, et sur des hommescoutre lesquels un sentiment passionne a pu donner a son style cette energique indignation et cette chaleur brillante qu'il n'a plus retrouvees au meme degre dans d'autres cir- constances. Quoi qu'il en soit, I'opinion qui altribue a Boyd les Lettres de Junius ne nous semblc encore ni cntiercmcnt ET POLITIQUES. Boj vtablie, iii entierement detruite. Woodfall a compris son nom dans la refutation dont nous parlions tout a I'heure; noais d'autres personnes ont combattu ses argumens; et nous sa- vons que M. Henrichs , I'un des collaborateurs de la Revue Encyclopedique , assure avoir eu , dans I'lnde, oil il a connu Boyd, la preuve materielle que cet ecrivain etait veritable- nient I'auteur des Lettres. Brunet, dans son Manuel da Li- braire, le nomme aussi, sans exprimcr ancun doute. Quant a sir Philip Francis , on lui a d'abord attribue les Lettres de Junius , en societe avec son pere, auteur d'une tra- duction d'Horace, en vers, qui a eu un grand nombre d'edi- tions; d'une traduction estimee de Demosthenes, et de plusieurs autres ouvrages de prose et de vers. Mais, en 1816, il a paru a Londres un ouvrage dont la seconde edition est entre nos mains (i), oCi Ton s'est efforce d'etablir, par une foule d'ar- gumens plus ou moins ingenieux, I'identite de Junius avec sir Philip Francis fils. Des preuves peu concluantes , des rapprochemens forces, des inductions frivoles n'ont pas em- peche le succes de ce livre, grace a I'abondance des reclier- ches et a Tiiiteret du sujet; mais les Anglais s'accordent a dire qu'il n'a point resolu la question , et que le secret de Junius est encore a trouver. L'on a publie recemment, a Paris, une nouvelle edition des Lettres de Junius , que I'editeur, M. Lake , a fait preceder d'une dissertation oil le meme Philip Francis est egalement presente comme I'auteur des Lettres. M. Lake entre dans les details les plus minutieux sur les singularites de I'ecriture de (l) The identitj of Junius with a distinguished living character esta- blished. Including the supplement, consisting of fac-similes of hand- writing and other illustrations. — De I'identite deJuuius avec un person- nage distingue encore vivant , etc! Seconde edition. Londres, 1818, X et 4o1 pages in-S". 3 to SCIENCES MORALES sir Philip Francis, sa nianierc dc plif-r unc leltro, Ics sij,'iic-5 particiiliers dont il se scrvait dans la corrcolion dcs eprcuvcs, ct autres indices de ce genre. Cette dissertation, qui n'est guerc qu'un extrait dc I'ouvrage dont nous venous de parler, offre cependant quelqnes observations nouvelles. M. Parisot I'a placee en lete de la traduction que nous annoncons, sans toutefois sc montrer convaincu de la realite des conjectures de I'auteur anglais, et nous avouons que nous ne le sonimes pas non plus. Nous ne concevons pas surtout que, dans la supposition oil le nom de Junius aurait ete conrui des 1773 dc lord Barrington, secretaire d'etat de la guerre, supposition faite par M. Lake, aussi-bien que par I'auteur de I'ouvrage anglais, le secret eut ete si profondement garde depuis cette epoque. Quant h. I'objection tiree de I'lnferiorite du talent, elle pourrait sans doute ctre opposee a sir Philip Francis avcc tout autant de vraisemblance qu'a Boyd. II etait encore permis d'esperer qu'apres la mort du der- nier roi d'Angleterre, si maltraite dans les Lettres de Junius., I'auteur pourrait dechirer un voile qu'aucune indiscretion n'a- vait souleve ; cet espoir n'ayant pas ete renipli jusqu'a present, il est douteux qii'il le soit jamais. Selon toutes les apparences, I'auteur des lettres est mort aussi-bien que la plupart des pcrsonnes qui furent I'objet de ses attaques, et Ton ne pent plus attendre quelque revelation certaine que d'un hasard, qui ne ferait au reste que satisfaire une vaine curiosite (1). M. AVENEL. (i) Le celebre docteur Parr , ancien ami des Fox et des Sheridan , et savant hellcniste , qui vit encore , et qui , maiiitenant Age d'environ 77 ans, habite a six lieues de Birmingham, a dit, en 18 13, qu'il n'avait jamais existe plus de quatrc personnes qui eussent connu le veritable auteur des LeUres de Junius , que I'une de ces personnes sur- vivait sevde , a cette <;poquc, aux trois autres, et que le secret impc- ET POLITIQUEvS. '>ii HisToiRE DE LA Nation Suisse, par M. Henri Zschokke; traduite cle iallemand, avec des cliangemens faits par Tauteur depuis la publication de I'ouvrage original, par Gh. Monnard, ministre du saint Evangile, pro- fesseur de litterature francaise a I'Academie de Lau- sane (i). Comme le peuple suisse est le seul qui ait conserve dans I'Europe moderne la forme du gouvcrnement republicain, il lui appartenait de donner aussi a I'Europe I'exemple d'une hisloire non-seulement nationale, mais populaire ; d'une his- toire qui put se trouver dans la chaiuniere de tout homnie libre qui sait lire, qui put sc graver dans sa menioire, se con- fondre avec son amour pour sa patiie, et imprimer a tons ceux qui portent le nom national le caractere indelebde de la nation. Cependant, ce ne sont pas les nations republicaines seules qui doivent desirer d'avoir une histoire populaire ; toutes celles chez qui le citoyen a quelque influence sur le sort de la patrie, doivent dtsirer que cette influence soil eclairee , que le ci- toyen profite de sou experience propre et de celle des siens , seule iecon dont I'application soit a la portee de tous; qu'il sache ce qu'il demande par ses petitions , ce qu'il faciiite pai le clioix de ses deputes, ce qu'il vote dans ses deliberations, ce qu'il defend par ses armes; qu'il airae sa patrie telle que le netrable qui avnit ete garde jusqu'alors ne serait rev616 qn'apr^s la mort de ce dernier conGdent de I'auteur anonyme. Nous devons cette note a I'obligeance de M. Rob , litterateur anglais. ( n. d. b. ) (i) Aran, i823 , H. -B. Sauerlander. t vol. in-8° de Sgi pages. Geneve et Paris , chez J, -J. Paschoud. Prix. 5 fr. , et par la postc (> fr. 5q c. 3i2 SCIENCES MORALES terns I'a faite; ct que, sans se perdre dans I'examen des theories qui exigeraient de lui plus de loisir et d'etude qu'il u'en peul donner , il sache cependant quellcs sont les bases de ce senti- ment national dont il s'enorgueillit, quels sont les evenemens qui les ont affermies, quels sont ceux qui les ont ebranlees; quels sont cnlin, dans I'avenir, les developpemcns des insti- tutions publiques qu'il doit craindre, quels sont ceux qu'il doit souhaiter. La composition d'une histoire populaiie, d'une histoire qui, en un seul volume, comprenne I'enchainement des siecles el la representation des interets de toute la contree, presente en tout pays de grandes difficultes; elle en presente peut-etre de plus grandes encore en Suisse. Plus de vingt etats qui n'onl pas toujours ete confederes, y ont joui en meme tems de I'in- dependance. Leur histoire privee dissemine I'attention et dimi- nue I'interet, qu'il faut cependant rendre entrainant quand on veut fixer quelque chose dans la memoire de I'homme du pcuple. M. Zschokke nous semble avoir heureusement vaincu ces diffi- cultes; il nous semble meme qu'on peut deduire de son ouvrage les principes d'apres lesquels luie histoire populaire dcvra etre ecrite a I'avenir. Avant tout, il s'est tenu en garde contre una erreur commune parmi tons ceux qui jusqu'ici ont voulu ecrire pour le peuple. lis ont voulu se mettre a sa portee , comme d'autrcs se mettent a la portee des enfans, par un style familier, par des pensees communes, par des images vulgaires, el ils ont tour a tour rc- butte et offense leurs lecteurs, qui n'aiment pas qu'on fasse ainsi avec epargne la part de leur entendement. M. Zschokke a juge, au contraire, que I'homme du peuple sent qu'il releve sa dignite quand il prend un livre, qu'il faut done lui epargner tout ce qui I'humilie , qu'il faut se garder de lui dire que le livre qu'on lui destine est adresse a lui seul ; que ce livre, presqut: unique dans sa chaumiere, doit etre tel qu'il supportc le tra- ET POLITIQUES. 3i3 vail d'une Icnte Iccturfe, la meditation snr toutes ses parties et I'epreuve de fVequentes repetitions ; qu'il ne faut pas fatiguer le pauvre par le renvoi a des etudes qu'il ne pout faire, a des livres qu'il ne peut atteindre; qu'il faut done trouver moyen de tout dire, de faire comprendre tout ce qui est en rapport avec le sujet qu'on traite, et le faire si rapidement que I'ima- gination ne se fatigue pas a courir apres ce qui ne lui a pas ete livre. Loin de descendre a un style trivial, notre auteur a rendu le sien presque poetiquc; il lui a surtout donne cette couleur antique empruntee de la Bible, que Thomme du pcuple est accoulume a considerer avec respect. Il a donne du sue a chaque phrase, afin quelle piit nourrir long-tems la pcnsee; il a rendu les deliberations des conseils, les harangues des chefs, les determinations des partis, par quelques periodes ener- giques qui, tout en conservantla forme dramatique, se gravent aisemcnt dans la memoire et representent a jamais I'evenement memorable qu'il a voiilu retracer; il a renferme dans des sen- tences egalement courtes et froppantes les reflexions qui nais- sent des grands evenemens, pour que les peres puissent les repeter a leurs enfans, et que la morale politique du peuple puisse se former par ces nouveaux adages. « Qu'est-ce qui rendit les Suisses forts et inebranlables ? » se demande-t-il , apres avoir conte Taljiance perpetuclle des huit ancicns cantons. « C'est qu'ils preferaient la liberte a I'or , aux plaisirs, a la vie; c'est qu'ils etaient prompts a saisir I'epee pour defendre leurs droits, et qu'ils n'attaquaient jamais les" droits d'autrui... Point de liberte sans justice. » Pag. 83. — Lorsque Nicolas de Flue se rendit a Stantz pour apaiser la discorde des confederes. « Vous etes devenus forts, leur dit-il, par la puissance de vos bras reunis , et .maintenant vous voulez les separer pour un vil butin... Confederes, n'etendez pas trop la haie qui vous enferme... loin de chacun de vous la [)cnsee d'accepter de I'or pour prix de sa patrie. >< P. i65. 3i4 SCIENCES MORALES — Au comiHOiiccinent ties gnerres rcli^ieiises, (jiiclqucsliommos sages dans les deux comuiimions disak-ut encore : « Si notre foi est veritable, et si elle vient de Dieii, prouvons - le les uns aux autres par les oeuvres de la cliarite ; ear la eharite vient de Uieu, niais la haine vient de Satan. » P. 190. — All seizieme siecle, des flots de soldats suisses descendircnt en tout sens de leurs montagnes pour combattre pour tons les potentats. « Les Suisses, dit-il, se battirent vaiilamnient siir le sol etranger, niais leur gloire nc fut que celle de mer- cenaires. Leur sang nc coula point pour leur patrie, leurs actions n'appartiemient done pas h I'histoire de la patrie. Lais- sons les etrangers vanter les exploits qu'ils out payes. » P. 209. — « Le sang cjui, dans les troubles civils, coule de I'l'-chafaud sur le sol dun pays libre, devient une semence de maledic- tion et de vengeance dont quel(|ucfois les fruits funestes ne sont recueillis que par les ills des bourieaux et des vic- times. » P. 293. — " La part que tons les citoyens prenaient aux interets publics, foica les gouvernemens a etre paternels et justes, a reformer les lois defectueiises, a favoriser les ins- titutions utiles. Le pcuple voulut etre libre; mais sans lumieres etsans forces, il n'y a de liberte pour aucun peuple; les eeoles fluent done multipliees et perfectionnees. L'homme eclaire troiive seul un avis salutaire dans le danger. » P. 376. II nc faut point se le dissimuler, M. Zschokke pouvait en allemand se fairc un style que la critique ne permet pas en francais. L'expression souvent poetique , souvcnt sentencieuse , la recherche du nombre, les formes antiques on inusitc'cs du langage, sontbeaucoup moins contraires a I'csprit d'une langue aussi libre , oil presque chaque auteur a une maniere qui s'e- loigne de toutes les hutres. En francais , la raaniere est toujours tout pres de I'affectation , et la prose poetique , du ridicule. Le traducteur, M. Monnard , avait une tache fort difficile : il s'en est en tjeneral tire avee habilete. ET POLITIQUES. 3i5 Quel devait ctre cepcndant losprit general (rune histoiie populaire? ce serait une idee mallieureuse cpie den faire un instrument de parti; ce serait d'autre part s'arroger un droit qui n'appartient a aucun homme, que d'y deguiser la verite. II faut bien que tout Ic peuple sachc les fautes de ses peres , pour que leur experience Tinstruise ; il faut que ces fautes soient re- tracees avec douleur, non avec amertume , pour que I'image du passe ne perpetuc pas les hair.es dans I'avenir. M. Zschokkc ne semble avoir de parti que celui de la patrie et de la li- berie. Appele a mettre souvent en opposition les interets des districts qui forment aujourd'hui vingt-deux republiques , nous ne croyons point que pcrsonne I'accuse de favoriscr I'une aux depens dc I'autre , de se montrer partial pour la race alleraande ou la race romane, pour la religion catholique ou la re- formec , pour les libres paysans des petits cantons ou pour les bourgeois des villes. Mais, cette impartialite ne s'etend point, ne doit point s'etcndre aux principes fondamentaux sur les- quels repose la societe humaine. L'honncte homme ne saurait etre impartial entre la loyaute et la fraude, entre la justice et Fusurpation, entre la liber te et la servitude. Plusieurs se trou- veront froisses, la oil la question sepresente ainsi; qu'ils n'en accusent qu'eux-memes. Une histoire populaire doit avoir pour but d'attacher un peuple a sa patrie. Pour y reussir, est-il permis de le flatter? Certes, qu'on ne s'y trompe pas, les peuples out cte flattes tout comme les monarques et peut-etre avec plus de danger encore; car leur grossieretc et leur ignorance les exposent a de plus grandes illusions sur eux-memes : d'ailleurs, personneu'est humble pour sa patrie, personne ne se fait im devoir de se tenir en garde contre de telles deceptions. Les Suisses ont ete souvent flattes : plusieurs ecrivains, par opposition a ce qu'ils voyaient dans le reste du monde, se sont plu a supposer a des bergers, a des republicains , toutes les vertus des bergcrios 3i6 SCIENCES MORALES dc I'age dor, toutcs colics tics honinies libics : plusiciirs ora- teuis ont cu dcs vucs phis pcisoiincllcs; iis savaicut bicn, en lionipant Ic pcuple, ce qu'ils pouvaicnt oblcnir dc liii. Dc nos joins ciicoie, il s'cst troiivc dcs hisloricns qui, pour servir un certain parti, ont enivrc Ics Suisscs dc flatteries, conime moycn de leur persuader que leur liberie n'avait rien de cotn- mun avec celle que le genre humain reclame. M. Zschokke, en exaltant le patrjotisme des Suisscs, a su eviter de les flatter, exceptc peut-etre sous le rapport dc la bravourc niilitairc; encore n'a-t-il fait que repcter iidclement les clioses incroyablcs que d'anciennes chroniqucs nous transmettcnt sur leurs exploits. Le tableau qu'il trace de la formation , du developpement, de la corruption ct dc la chute de I'ancienne confederation hel- \etique, laisse an contraire dans I'ame plusieurs sentimens douloureux. En effet , les egaremens des peuplcs sont encore plus humilians pour la nature humaine , que les egaremens des rois : nous nous trouvons tons compris dans ce tableau de notre misere. Les Suisses qui , au commencement du quator- zieme siede, reconquirent leur liberie avec tanl de bravoure el de patriotisme, dcmcurerent des lors presquc etrangers aux progres que Tesprit humain ne cessa dc faire dans le reste de VEurope; aussi, a la fui du dernier siecle , representaient-ils plutot les communes affranchies des terns feodaux, qu'une na- tion. Les Waldstetten etaient restes a pcu pres ce qu'etaient autrefois les paysans d'un comle , lorsque sa generosite ou les embarras de ses affaires I'avaient engage a donner la liberie a ses vassaux ou a la leur vendre. Les villes etaient telles a peu pres que ces communes qui, dans le Icms de Louis-le- Gros el de ses premiers successeurs , s'affrancliircnl par une lieureuse conjuration. Les iins el les autres, au moment ou le gouvernemcnt central disparul, ne s'apercurent point que c'etait a eux a former la nation suissc. Au lieu d'appeler cetlc nation a la jouissance de leurs conquetes, ils \oulurenl sap- ET POLITIQUES. ^17 proprier I'heiitage des seigneurs feodaiix qu'ils avaient vaincus. « Les gouvernemens cantonnaux, ditnotre auteur, pag. 177, etant a la fois indcpendans les/uns des autres, sauf les res- trictions de leurs alliances particulieres, et independans de tout prince etranger, les Suisses se vanlaient d'etre libres; cepen- dant, au sein de leur pays, le peuple jouissait de peude liberie. Les seuls habitans des cantons forestiers pouvaient se glorjfier d'etre tons egaux en droits, et il en etait de menie dans les autres cantons pour les seuls bourgeois des villes. Le reste du peuple , dependant des cites , achete ou conquis , etoit reduit a la condition de sujet , quelquefois meme de serf, et ne jouissait que des droits limites dont il avait joui anciennement sous la domination de cointes ou de princes. Les cantons forestiers eux-memes avaient des sujets qu'ils faisaient gouverner en soiiverains par des baillis. Ni les cantons ni les villes de la Suisse ne permettaient a leurs sujets de racheter leur liberte; ce que pourtant les seigneurs et les comtes avaient permis au- trefois aux confederes. » Entre les treize cantons et les huit ou dix republiques alliees de la Suisse, moins de cinquante mille citoyens exercaient des droits politiques , tandis que plus d'un milkon et demi de sujets obeissaient. Mais , ce n'est point sur cette proportion qu'il faut juger de I'oppression des anciens sujets suisses. En Angle- terre, la franchise elective est bien loin de s'etendre a la ma- jorite de la nation, et cependant la nation entiere est libre (i). Ce qui caracterisait la malheureuse organisation de I'anciennc Suisse, c'est que quiconque ne participait pas a la souve- rainete , tombait dans le vasselage feodal , tel qu'il avait exisle dans les terns de la plus grande barbaric , sans qu'il y eut pour (i) Voyez ci-apres , n°ii2, section dn Bii/lelin Bibliographiquo , les observations de M. Jiremie Deniham sur la nature de la liberte dont jouit I'Angleterre. 3i8 SCIENCES .MORALES les vassaiix aucun cspoir de s'incorporer jamais a la nation, d'aniclioror jamais Icur sort. Bien au contrairc , ccs petitcs re- publiqucs, jalouscs do Icurs sujcts, cniployaient la violence et la ruse pour leur enlever leurs anciennes chartes, pour leur ravir cftte liborte, certes bien restreinte, que les comtes ct les barons des douzicnie et treizieme sieeles, avaient accordec on vendue a leurs paysans. Les convulsions interieures qui troublerent la Suisse presqne sans relache , avaient toutes pour cause cette pretention si lej^ntime dos sujets : « Remettez-nous au moins aussi bien que nous ctions sous le joug de nos ancicns maitres, dans les tems de plus grandc barbaric. » Et il ne faut pas croire que ce fut pour des privileges illu- soires, pour des droits qui flattcnt I'imagination , niais qui n'apportent aucun avantage au pauvre , que le sujet Suisse se plaignait du citoyen qui refusait de se dire son compatriote. Chaque seigncurie avail ses droits et ses coutumes; cependant , en general , le sujet Suisse ne pouvait parvenir a aucune ma- gistrature , a aucun emploi civil on militaire , a aucune place dans I'eglisc , a aucun comniandemcnt dans les troupes capi- tulees au service des puissances etrangeres. II ne pouvait exercer aucun commerce , entrer dans aucun corps de metier ; aucune industrie enfin ne lui etait permise, que celle du labourage, au-dessus de laquelle il nc pouvait jamais s'elever. En revanche , il est vrai , les impots et les redevances auxquels il etait soumis par la seule volonte des cantons souverains , n'etaient presqne jamais augmentes; et ces impots , qui avaient ete fixes dans un tems oil I'Europc onticre etait pauvre , etaient si modiqiies , que la richesse generale s'etait infiniment accrue , malgre un joug si oppressif. Les aristocraties, et surtout celle de Berne, ayant bcsoin de I'affection de leurs sujets pour employer au besoin les forces des uns contre les autres , avaient fort allege ce joug. Elles avaient ouvert aux sujets la carriere de certaines magis- tratures munieipales, de I'eglisc, de I'armee, et en jjartie de ET POLITIQUES. Sig Tiiidustne. Mais, d'autrc part, k-s bailliagos , sujcts clc plusioiiis cantons a la fois , ctaient peut-etre les pays Ics plus mal 540U- vernes ct les plus oppiimes de rEuropc. Un bailli nomme pour doux ans , alternativement par chacun des cantons souverains , chant;cait a chaquc fois dc systemc, de favoris et de prtjuges : tour a tour catholique ou protcstant , paysan , bourgeois ou gentilhomme , il prenait le plus souvent a tache de detruirc , par I'autoritc absolue dont il etait invcsti , I'ouvragc de son pre- decesseur. Presque tous se ressemblaient cependant par lenr indifference absolue a la prosperite du pays qu'ils gouvernaicnt , par Icur ignorance, Icur cupidite , la venalite de leur justice. Dans les cantons democratiques , les bailliages , qui etaient des charges en mcme-tems administrativcs et judiciaires , etaient le plus souvent vendus a renchero. Des baillis illcttres et brutaux , qui avaicnt achete an poida de Tor le droit de sieger sur un tribunal, s'enrichissaicnt rapidement, en vendant la justice, ou en iniposant des amendes arbitraires. Cinq siecles s'etaieut ecoules Sans qu'aucun progres eut ete fait dans la legislation , sans qu'aucune garantie eut ete donnee aux plaideurs ou aux prcvenus. Le secret regnait toujours dans tous les tribunaux ; la torture etait toujours administree pour arracher au malheu- reux la confession d'unc faute qui souvent lui etait etrangere. Au reste , cette souillnre n'appartient pas seulement aux siecles j)asses; aujourd'hui mcme, la tortuie deslionore les tribunaux d'une partie de la Suisse ; plusieurs cantons la retablirent, en abolissant I'acte dc mediation. Les inscnses! ils nous font rougir du nom que nous portons, tandis que notre seule garantie en Europe serait une reputation sans tache. Tout ce tableau dc prosperite, de pais, d'innocence, que presentaient les vallees de la Suisse, disparait a nos yeux des que nous les fixons siu- le malheureux attache au chcvalet des bourreaux, dont les oris douloureux percent les voutes du palais de justice, cu jiresonce du uiagistrat raeme qui devrait le proteger, et ({iii 3ao SCIENCES MORALES oidonnc tommcns apies toiiniioiis , jusqu'ace qu'il ait airacln- a rryaieincut de sa victiinc uii aveu peut - ctro mensongei', uii aveu qui du moins, sans doute, n'ajoute pas la plus legerc probabilite a I'accnsation qui pesait sur elle. « I.a Suisse entiere, dit M. Zschokkc, pag. Sig, prescntait aux yeux de rcUangcr I'aspect d'un paradis teircstre habitc par des mortels hcuieux et paisihics ; niais on \oyait la belle verdure des plaines , ct nou les rochcrs inhospilaliers , la majeste des Alpes , et non les ravages des avalanches. On ad- mirait la pompc des dietes sans apercevoir leur discorde ; les images de Guillaume Tell , sans decouvrir la servitude dans les chaumieres ; Tinstruction repandue dans les villes , sans observer la barbarie qui regnait dans les campagnes ; partout de beaux noms et de grands mots ; partout des vues etroites et des actions mesquines. « Une politicjue de petiles villes , ne pouvant s'entourer de I'eclat de la verlu, croyait se donner dela dignite en s'en- tourant de I'obscurite du mystere. La liberte de la presse semblait ime abomination, et la publicite des jugemens , la mine des etats. Les journaux etaient condanmes an silence sur toutes les affaires du pays. On savait ce que faisaient le grand Turc et le grand Mogol ; on ignorait ce que faisaient Zurich , Berne et Schaff house. n On appelait la lachete amour de la paix , et moderation la conscience de cette faiblesse que I'idee d'une entrcprise courageuse fait trembler. On allait briguer dans les cours des pensions, des titres, des chaines dor, des ordres , et Ton vantait I'independance de la patrie. On benissait le bonheur et la tranquillite de la Suisse, lorsqu'aux siccles des guerres civiles eut succede le siecle des conspirations et des revokes. » Ce furent en effet pour la Suisse des siecles de conspirations et de revokes que le dix-septieme, et surtout le dix-liuitieme ; el en lisant I'histoire de M. Zschokke , chacun s'etonncra peut- ET POLITIQUES. 32 1 ^tre d'avoir ignore ties evrnemcns si recens, si voisins , ct si remarquables. Mais Ics cantons etaient trop petits i)Our attirer les ycux des etrangers , et la politique jalouse des gouverne- mens iiiiposait un silence absolu aux Suisses. L'Europe a connu les revolutions dc la petite rcpublique de Geneve, parce que son attention a etc reveillee par la reputation litteraire de ce petit etat; on a remarque un pretendu contraste entre la tur- bulence de cettc ville et la constante tranquillite des Suisses. Cependfint, une meme fievre agitait tons les cantons, a des epoques tout aussi rapprocliees ; a Geneve seulement, de prises d'armes en prises d armes , le peuple marchait vers la liberte : en Suisse, les sujets se soulevaient ; ils se demenaient dans leui's chaines, sans parvenir a les rompre, et la confederation n'avan- cait pas vers un mcilleur etat social. Qu'on nous permette une enumeration rapide de ces mou- vemens populaiies. En 1641 , I'Argovie et I'Emmenthal se sou- leverent contre Berne : ils furcnt subjugues par les armes. En 1645, les campagnes de Zurich se revolterent a leur tour. Deux communes, plus obstinees que les autres, furent occupees mili- tairement et desarmees; hommes, femmes, enfans, cernes par des soldats, furent contraints de demander grace a genoux : sept auteurs de la revoke eurent la tete tranchee, et les deux communes furent taxees a une amende de 38,ooo ecus f p. 247 ). La revoke des paysans, en iGSa et i653 , fut plus generale; clle s'etendit aux cantons de Lucerne , Berne , Soleure , et Bale ; on y vit jusqu'a vingt niille hommes sous les armes, obeissant a des hommes de leur choix : cependant, elle fut aussi vaincue, et punie par de nombreux supplices ( p. 245 ). La guerre de Tockembourg fut excitee , en 1712, par la maniere audacieuse dont I'abbe de Saint-Gall violait les privileges et les libertes de ce pays ; mais la religion vint cette fois an secours de la liberte ; les cantons protestans intcrvinrent, et par de sanglantes ba- Uiillcs, ils garantirent les droits des sujets de I'abbe de Saint- T. XXI. — Fevrier 1824. 21 322 SCIENCES MORALES Gall ( p. 265-271 ). De iiouveaux tiouLli's cntre los bourgeois souvcrains et Ics sujets eclatorent a Zuricli, en I7i3 , a Schaff- house, en 17 17. Lcs cmpietcmens de I'eveque de Bale sur les droits de ses sujets, troublerent, de 1705 a i']'i/\, presquc constamuient Biennc , Porentrui , et tout lovcche de Bale ( p. 283). Le comte de Werdeiibeig, que le canton de Claris avail achete , et qu'il gouvcrnait despotiquement, se souleva, en 1720, parce que ccs beigers souverains lui avaient enleve par supercherie la charte qu'il tenaitde ses anciens niaitres(p. 28y ). Les guerres civiles du canton de Zug, de 1714 a i74o,curent peut-etre une origine plus hontcuse encore : c'etaient les pen- sions de la France dont les citoyens se disputaient le partage. Le nombre des citoyens, bannis, fletris par le bourreau , ou envoyes aux galeres ( de Piemont ) , fut trcs-considerable; per- sonne cependant ne fut condamne au dernier supplice ( p. 294 )• Les troubles d'Appenzell, protestant, de 1714 a 1740, se ter- minerent aussi sans supplices capitaux, mais non sans condam- nations fletrissantes executees par le bourreau ( p. 299. La con- juration de Henri, a Berne, en 1749? avoit pour objet de faire reudre a la bourgeoisie les droits que le grand conseil avail usurpes. Ellc fut punie par des supplices, mais seulenienl apres que les prevenus eurent avoue a la torture, el dans le secret des prisons, des projets criminels qu'ils n'avaient probablement ja- mais formes ( p. 3o5 ). En i755, la vallee Levantine se revolta contre le canton d'Ury. Les sujets italiens des paysans suisscs furent vaincus : on les assembla , le 2 juin ', au nombre de trois mille dans la plaine de Faido; entoures de baionnettes, on leur fit preter le serment qui antantissait leurs liberies hereditaires, puis toute la foule se prosterna a genoux, tandis que le bour- reau lit lomber devant elle les teles des chefs de la revoltc ( p. 'in ). Le soulevement de Neufchatel, en 1768 , fut traito , par le grand Frederic, avec plus d'indulgence : les chefs du tu- multc furenl, il est vrai, severcment punis; mais le pays cou- F.T POLITIQUES. ■^^■^ seiva ct etendit nieme ses privileges ( p. Saa ). La persecution qu'cprouva Souter, landamman d'Appcnzell , catholique, de 1770 a 1784, et qui se termina par son supplice, et I'oppres- siondetous ses amis,sontempreintes du caractere leplus odieux de violence, de perfidie et d'injustice ( p. 3^5 ). Lc soulevement dcs paysans ducanton de Fribourg , les demandes dcs bourgeois du la ville pour le mainticn de leurs anciens privileges (1781- 1 790 ) , furent punis par la mort du chef principal , et le ban- nissement de tous les autres(p. 33o ). Enfm, les ti'oubles dans I'evcche de Bale , le pays de Vaud , les Grisons, le pays de Saint- Gall , et sur les bords du lac de Zurich , se prolongerent , de- puis 1790 jusqu'a la destruction de I'antique confederation , en 1798. Tons etaient excites par le refus dcs gouvernemens d'observer les anciennes chartes, ou nieme den laisser prendre connaissance au peuple ; tons donnerent lieu a des niesures de terreur, a dcs emprisonnemens , des bannissemens, des confis- cations, des fletrissures par la main du bourreau : tous contri- buerent a aniener I'invasion des Francais , et la mine de I'an- cienne ligue des treize cantons ( p. 335-349 )- Puisse cette enumeration de tant de revoltes , de tant de cons- pirations, faire sentir enfin combien on nous trompe, lors- qu'on appelle repos le silence de I'opprcssion. Les privileges absurdes qui excluaient la plus grande partie des Suisses de riionneur d'avoir imepatrie, apres avoir humilie les gouvernes, et trouble sans relache la securite des gouvernans, livrercnt enfin les uns comme les autres au joug de I'etranger. lis avaient cause tous les dangers de ceux meme qui les invo- quaient, et ils ruinerent les gouvernemens, comme ils dctruisi- rentla patrie. Puissentles Suisses, autrefois souverains d'autres Suisses, qui sont aujourd'hui leurs egaux, ne jamais regretter des prerogatives qui leur donnerent si pen de bonheur , et qui souillerent si souvent leur gloire. Cette longue suite de conspirations et de soulevemens nous 3^4 SCIENCES MORALES appreml aussi que, dans unc rcpublique, tout conime tlans une nionarchio, Ics abas, lorsqu'ils sont affermis par Ic tems, lie peuvcnt plus sc conijjcr par le seul progrcs ties luiiiieres, par la seule operation roguliere dcs lois. La nialadie du corps social determine alors ces crises redoutables qui couvrent le pays de deuil : I'intervention etrangere, les revolutions, pro- menent le carnage ct la devastation dans les provinces. La generation qui est temoin de tant de desastres, gemit et eroit la patric perdue ; celle qui lui succede, delivree du chancre rongeur que la guerre a emporte, benit le souvenir de celte crise non nioins salutaire que douloureuse. Elle I'appelle alors notre heiireuse et glorieiisc revolution. C'est ainsi que, dans les tems a venir, la cloture du dix- huilieme siecle se presentcra a la memoire des Suisses; car, a partir de cettc ep«ju«, la patrie a reuni tons ses enfans; elle ne distingue plus des Suisses sujets d'avec des Suisses ciloyons; des Suisses punis de ce que leurs ancetres furent vaincus il y a cinq siecles , d'avec des Suisses qui jouissent orgueillcuse- ment de I'abus que leurs aieux firent de la victoire. Une meme liberte, une meme prosperite, une meme paix, out commence pour toutes les vallees de I'Helvetie; I'instruction , la legisla- tion, les sentimens federaux et la fratcrnite entre les cantons, ont toujours suivi des lors une marche progressive, an lieu d'etre ou stationnaires ou retrogrades; et les taches dans I'ordre judiciaire , qui affligent encore les meilleurs citoyens , ne tar- deront pas a etre effacees par la main de magistrats nationaux. L'ouvrage de M. Zschokke et celui de son traducteur con- tribueront sans doute a repandre, a developper ce nouvcl esprit national. Nous esperons que, dans les editions subse- quentes, les erreurs, les inexactitudes qui deparent celle -ci, disparaitront successivement. Nous pourrions en indiquer un grand nombrc, soit dans I'histoirc de I'ancienne Helvetic, soit plus encore dans relic de Geneve, qui n'a pas ete clairement ET POLITIQUES. 325 comprise par lauteur, et qui ne presente qu'iin tableau confus et souvent trompeur. II serait avantageux que, tie chaque canton, on adressat a M. Zschokke les cclaircissemens et les rectifications qui pourront perfectionncr son ouvrage. Le tra- ducteur fera bien aussi de substitucr les noms de lieux genera- It-ment adoptos en fiancais a ceux dont il a souvent fait usage; d'appeler, par exemple , Levantine ce qu'il nomme Fal de Livino, et Chiavenne ce qu'il nomme Cleves ; mais ces critiques de detail, qui scraicnt sans intcrct pour les lecteurs dc la Revue, ne nuiront point, nous I'esperons, au succes general de XHis- toire de la nation Suisse. J.-C.-L. DE SlSMONI>I. LITTERATURE. Le Theatre des Grecs, pai- le P. Brumoy. Scconde edi- tion complete, revue, corrigee, et auginenlee de la traduction d'un choix de Iragmeiis des Poetes grecs, tragiques et comicjues ; par M. Raoui, - Rochette , niembre de I'lnstitut de France (Academic des Ins- criptions et Belles -Lettres) (i). SECOND ARTICLE. ( Voyez ci - dessus , pag. 77-102.) Si la forme exterieure de la tragedie grecque n'avait a pen pies rien de conimun avec celle de la tragedie fraucaise, onva voir qu'elle ne lui ressemblait pas davantage par le fond , e'est-a-dire par le plan, paries caracteres, par les incidens et par la conduitc des pieces. Rcmontons a I'origine de la tragedie grecque. Elle avait com- mence par des choeurs et des chants consacres a celebrer les fetes de Bacchus dans le terns des vendangcs. Suivant le gout et le talent des poetes musiciens qui com- posaient des especes d'hymnes, on eut des chants graves , sc- rieux, ou il etait question des dieux et des anciens heros de la Grece : ces chants, pleins d'cnthousiasme et d'elevation, furent les premiers modeles de la haute poesie lyriqueet dlthyiamhiquc. On cut des chants rnimiques, joyeux, moqueurs, et plaisans. On en eut enfin de licencieux qui portaient, le nom obscene de chanls p/ialliques , au dire d'Aristotc. (i) Paris, 1821-1823. 16 vol. in-S". Prix 6 fr. 5o c. le vol. Mad. V^ Cussac , rue Montmartre , n" 3o. (V. Aec. Enc, i'"^ serie, t. xv, J). i65, et ci-dessus, p. 77-102. ) LITTERATURE. 327 Dc ces trois genres de chants naquirent la tragedie , la co- mcdic , et les pieces a personnages de satjres , pieces dans les- quelles ces divinites agrestes jouaient des personnages, et dont dies formaient le choeur oblige. On attribue generalement a Thcspis , contemporain de Solon, I'invention de la tragedie, que Ton place vers I'an 53o avant I'ere vulgaire (1). II eut, dit-on, I'idee de faire interrorapre les chants d'un choeur par un personnage ou acteur parlant ou chantant seul , et qui venait occuper I'audiloirc du recit ou de la representation mimique de quelque fait particulier. A.insi cet acteur venait d'abord, sous les habits et le masque du dieu Bacchus, se plaindre de I'impicte de Penthee , qui refusait de solenniser ses fetes j et il menacait de sa vengeance ce roi de Thebes ; il revenait ensuite, jouant le role de Penthee, et se permettait des attaques irreli- gicuses contre la divinite de Bacchus; enfin, il paraissait unc (i) Ignotum tragicie genus invenisse Camoence Dicitur, et plaustris I'exisse poemata Thespis. {MoVlKT., de Arte poet., y.i'jS.') Thespis flit le premier qui , barbonille de lie, Promena par les bourgs cette heureuse folie. .r,.r)l if'iJ; (BoiLEAO, vir(^e^, di. III.) M. Raoul-Rochette a fait une tres-bonne dissertation (elle se trouve au tome i"""' de la nouvelle edition du Theatre des Grecs , pag. 270 et suiv.^ pour prouvej- que Thespis ne peut pas etre I'inventeur de I'art dramatique ; qu'il y avail eu avant lui des poetes qui avaient fait des essais en ce genre , et qu'on en pourrait compter au nioins quiuze ; en sorte que Thespis, au lieu d'etre le premier, ne serait que le seizieme. Ce savant peut avoir raison ; mais Horace et Boileau out dit le coutraire, et Ton coutinuera a les en croire. Tel est le pri- vilege des grands poetes : ce qu'ils ont dit en beaux vers , que tout le nionde sail par coeur , devient vrai , et jiasse pour vrai a la longue , quand m(5me ce ne serait pas la verite. 328 LITTERATURE. troisiemc fois comme un messaijer, ct faisait 1<; rccit dc la Git tragiquc du roi de Thebes, qui avait ete frappe dc demeiice par le dieu, et ensuite tue et dechire par Ics bacchantes et par sa propre mere. Voici un passage fort curieux de Plutarque , sur Ics pre- mieres representations de Thespis. II se trouve dans la vie dc Solon (i). « Or commencait ja pour lors Thespis a mettre en avant ses tragedies , et etait chose qui plaisait merveilleusement au peuple pour la nouveaute , n'j ayant pas encore nombre de poetes qui en fissent a I'envi I'un de V autre a qui en etnpor- terait le prix , comme il y a eu depuis. Et Solon, etant de sa nature desireux d'ouif et d'apprendre , et en sa vieillesse cher- chant a passer son terns en tous ebattemens , a la musique , et a faire bonne chere plus que jamais , alia un jour voir Thespis, qui jouait lui-nieme , comme etait la coutume ancienne desr poetes; ct apres que ic jeu fut fini, il I'appela et lui denianda s'il n'avait point de honte de nientir ainsi ?n la presence de tout le . monde. Thespis lui repondit qu'il n'y avait point de mal de | faire et de dire telle chose, vu que ce n'etait que par jeu. Adonc Solon frappant bien ferme contrc la terre avec un baton qu'il tenait en la main : Mais en louant, dit-il, et ap- prouvant de telsjeux, de mentir a bon escient, nous ne nous donnerons garde que nous les trouverons bientot et a bon * ". escient dedans nos contracts et nos affaires memes. » i Eschyle vint un siecle environ apres Thespis ; il fleurit au commencement du quatrieme siecle avant J.-C. , et fut bientot suivi par Sophocle , son contemporain ; celui-ci fut a son tour contemporain d'Euripidc, plus jeune que lui, et menie il lui survecut. Ce furent ces trois poetes qui , dans moins d'un siecle, invcnterent I'art dramatiquc ( car on pent compter pour rien (i) Traduction d'Auiyot. Edition de Cussac, torn, i, p. 345 (\ LITTERATURE. 3-29 Ics cssais informes de Thespis, qui ne s'etait pas cleve jiisqu'aii dialoj^ue), et le poiterent a un si haul degie de perfection. Una neque multoritm annorum gpatio clk'isa cetas , per divini spiritus viros , /Etchylum , Soplioclum , Euripidein , illustravU tragcedias. (Velleius Patercul., lib. i, cap. 16.) « Eschyle, dit Aristote, fut le premier qui mit deux actcurs sur la scene, car il n'y en avail qu'un avant lui; il diminua les chants du chceur, et inventa I'idee d'un principal pcrson- najje. Sophocle ajouta un troisienie acteur aux deux d'Es- chyle, et orna la scene de fort belles decorations. Enfin, elle ne recut que fort tard la grandeur et la gravite qui lui sont convenables(i). » II est clair, d'apres ce passage, que c'est Eschyle qu'il faut regarder conime le peie et I'inventeur de la tragedie, puisqu'il eut le preijiier I'idee du dialogue et dun personnage principal. Il fallut bien qu'il diminuat la longueur des choeurs, puisqu'il introduisait des personnages parlans etagissans; niais ses choeurs sont pourtant encore fort longs, et tiennent plus de la moitie de ses pieces : ce sont des odes, dans lesquelles Eschyle prodigue les figures les plus hardies dune poesie elevee ; quelquefois meme, il vajusqu'a Texageration et I'euflurc; Sophocle et Euri- pide retrancherent encore de la longueur des choeurs, par la raison qu'ils ajouterenl a Taction. II est vrai qu'en general les tragiques grecs ne font guere dialoguer en scene plus de deux ou trois personnages, non compris le chceur. Toutefois, le pas- sage d' Aristote que je \iens de citer ne signifie-t-il pas qu'avant Eschyle on ne voyait sur le theatre qu'un seul personnage qui attirat I'attention et I'interet du spectateur, (L'tquc ce poete intro- duisit un second personnage qui partagea cet interet et cette attention ? que Sophocle y en ajouta un troisieme ? Cela deman- •lerait a etrc cclaiici. (i) Aristote , Poet., ch. iv. 33o I,TTTERATURE. Lc spiritucl vt savant abbe Galiani, sur co vers do V.-irl poetique d'Horace : Nee qnarCa loqtd persona labor et. fait lobscivation suivante : n ISefaites jamais parler quatre acleurs ensemble, ont dit Ics tradiictciirs. II me semble que je saisis niicux lc sens d'Ho- race , en disant : qu'un quatrieme acleur ne soil pas charge cl'un grand role. Les anciens appclaicnt les \o\«^s prima; partes , secunda; partes , tertice , etc., ce qui distinguait les grands roles et les roles subalternes. Ainsi quarta persona ne signifie qu'un quatrieme role. Peut-on croire qu'Horace, grand admiratcur de Terence , se fut aviso de donner un precepte qui condani- nait ce poete , puisqu'il introduit jusqu'a sept personnages a la fois dans une scene ? II en est de nieme dans Emipide , qui rassemble quelquefois tousles personnages de la tragedie (i). » La tragedie grecque avait commence par de simples clioeurs , et les choeurs y furent toujours conserves , et en firent une partie essentielle ; ces chants avaient lieu aux fetes de Bacchus , et en I'homicur de ce dieu ; la tragedie conlinua d'etre joiu'e dans les memes fetes , et d'etre consacree a leur celebration ; elle ctait un acte public , rcligieux , politique , qui servait a reunir tons les citoyens dans le meme culte , a I'csserrer les liens de la cite , a faire respecter les dieux et les magistrats, et chei'ir une patrie qui procurait de si nobles et de si donees jouissances; les pieces etaient pleines de piete et de morale; les poetes proclames vainqueurs , etaient converts d'une gloirc en quelque sorte nationale ; leur recompense etait une cou- (i) Commentaire sur M Art poetiqtie d'Horace. On le trouve a la suite de la traduction dcs OEnvres d'Horace , par MM. Dispres et Cauipciion , dc I'Academie frnncaise. LITTERATURE. 33 [ ronne dc-cernec en presence de tous leurs coneitoycns qui re- petaient leurs nonis et applaudissaient a leur triomphe. L'abbe Galiani que je viens de citer , ne considerant que I'origine religieuse de I'aucienne tragedie , dit que « pour bicn concevoir ce qu'etaient les tragedies grecques , 11 faut les com- parer, non a celles de Corneille et de Racine, mais aux mis- sions pieuses d'ltalie ; a ces spectacles devots que I'art naissant donnait aux Francais , aux representations des Mysteres , de la Passion , des Croisades. » II y a la-dedans quelque chose de vrai; c'est que les tragedies grecques sont fort differentes de celles de Corneille et de Racine; et c'est encore que chez les Grecs eomme chez nous , les pre- miers comediens out ete ambulans , et ont choisi , pour les essais de leur art naissant, des sujets pris dans la religion dupays; mais il y a une observation importante a faire , et d'ou il va resulter une difference infinie entre les farces pieuses du xii^siecle, et les essais de I'art dramatique chez les Grecs. Au tcms de ces essais , les Grecs etaient un peuple bien autrement avance dans la civilisation que nel'etaient nos devots aieux, lorsque , peu de tems apres le retour des Croisades , de pauvres bateleurs parcouraicnt les campagnes et les villes , travestissant de bonne foi nos plus saints mysteres ; parlant un langage barbare , et donnant un spectacle pieusement ridi- cule a des auditeurs ignorans et grossiers. La Grece , au eon- traire , du tems de Thespis , avait deja cultive avec succes les arts et les sciences ; sa belle langue etait formee ; elle avait eu des sages , des philosophes , des hommes d'etat , des ai- tistes en tout genre, des poetes , et de grands poetes. Hesiode et Homere avaient precede Thespis au moins de quatre siccles; et depuis Homere (i) jusqu'a ce meme Thespis, on comptait (i) II est evident qu'Homere ne pent pas etie le plus ancien des pontes grecs ; Ciceron fail la reraarque judicieiise qu'il y avait eu des 332 LITIERATURE. dcs j)uctcs uombicux ct illustros, Tyrtec, Alccc , Archiloqiic, Stcsiclioio , Miinnernie, Sapho, Tcipandre, Sinionidc, Ana- creon , et bcaucoiip d'autres sans doutc dont Ics ouvrages ct les noms memo ne nous sont point parvenus; si Ics choeui-s du terns dc Thcspis , si les premiers essais qu'il fit swr ses treteaux ou sur son chariot s'ctaient conserves jusqu'a nous, on Ics trouvcrait peut-ctrc digncs de figurcr a cote de ce qui nous reste de Tyrtce , de Sapho , d'Anacreon ct dc Simonide, tandis que ce que nous avons des vieux iJ^i/e/Cf jouespar les Confreres de la passion , fait honte au bon gout etau bon sens, et porte rempreinte de ces tems de barbaric. « Nous sortons a peine , ecrivait Fenelon au commencement du xviii*^ siecle, nous sortons a peine dune etonnante barbaric ; au con- traire les Grecs avaient unc tres-longue tradition de poli- tesse et d'ctude des regies , tant sur les ouvrages d'esprit , (jue sur les beaux-arts (i). » Aussi ne fallut-il qu'ini siecle pour que la tragedie grecque parvint a cctte hauteur dii'ine, que liii donnerent les trois grands l)oetes dont quelques ouvrages nous ont etc heureusement con- serves ; au lieu qu'il y a eu qualre ou cinq siecles d'intcrvalle entre les Mysteres du xu'' et du xm*^ siecles , et le Cid. Nous eumes jusqu'au milieu du xvi* siecle , avec les Mysteres, des Morrt/f/d'i- (pieces a personnages allegoriques, poi'tes avant I'auteur de I'lliade ct de I'Odyssee, piiisque liii-menie iiitroduit dans ses poemes Demodocus egayant par ses vers et par ses chants le repas du roi des Pheniciens , ct le poete Phemius a la tahle des poursuivans de Penelope. (Cicer. , Ihutiis , sen de Clar. Orator. , cap. i8.) (i) Lettre a Houdard de La Motte , 4 mai I7i4- H rcpete la mcmc pensee dans sa lettie a rAcademie sur rEloqiience , etc. « II faut se res.souvenir que nous so^jj^ii^ « peine d'unL- barbaric aussi ancieinie que noire nation. » LITTERATURE. 3:« ©11 Ton voyait les sept puchcs capitaux combattie contic Ics trois vertus theologales et les qnatre vertiis cardinalcs ) dcs Soties , \?i farce cles Pois piles , les jeux de la Bazoche, etc. L'ctude des anciens commcnca a etre remise en honneur vers la fin du xv* siecle ; apres les avoir etudies ct admi- res , on voulut les imitcr. Jodelle , Jean de la Peruse , Gar- nier, essayerent des tragedies a la maniere ancienne : ils mircnt des choeurs dans leiirs trai^edies ; ils employerent differcntes mcsurcs An vers ; mais ils imiterent Seneque pi'eferablement a Sophocle et a Euripide. II vint bientut une foule de poetes, lesquels, abandonnant Kes traces de I'antiquite, voulurent snivre leur propre genie; ils fnent des pieces absurdes et extravagantes ; ils connurent le tJieatre espagnol etils en emprunterent le desordre et la licence; Alexandre Hardy dut avoir une grande influence sur les essais informes de I'art, puisqn'il fournit les comediens pendant trcnte annees. II composa, dit-on, plus de six cents pieces : il y en a Hne dans laquelle I'heroine est enlevee et violee au premier acte; au second elle est renvoyee, et ressent des symptomesde grossesse; le troisieme acte ouvre par son accouchement , et par la naissance d'un fils qui, a la fin de ce meme acte, est un en- fant de huit a dix ans ; le quatrieme et le cinquieme ante servent a la reconnaissance et aumariagcde I'heroine avec son ravisseur. Rotrou lui-meme n'observa le plus souvent aucune regie ; il eniprunta beaucoup de sujets aux Espagnols , et ne se gena pas plus qu'eux; enfin , voici comme Racine a peint I'etat oil etait notre theatre a eette epoque : « Quel desordre! quelle irregu- larite ! nul gout , nulle connaissance des veritables beautes du theatre ; les auteurs aussi ignorans que les spectateurs , la plu- part des sujets extravagans et denues de vraiseniblance; point pouvait-oii offiir a dcs Grccs do plus intci-cssant pour uux , que Ic souvenir do leurs teins lieroiques , que Ics actions do ces grands homnios qu'ils ctaient lieis d'avoir pour aieux ? Quoi de plus beau (jue les Octions dc I'lliade ? do plus varie que celles de I'Odyssee? Aussi Esehyle disait-il modes - lament que ses pieces n'etaient que des reliefs ( des restes ) des grands festins d'Homere. Les premiers poetes tragiques n'inventerent point les sujets de leurs pieces ; ils les puiserent dans les vieilles chroniques , ou pour mieux dire , dans les anciennes fables de leur pays , c'est ce qu'Aristote exprime par ces mots : Wx liwa n'^vtis, «A>i' uTTOTu^tis iufov (i) ; ils n'emprunterent point leurs sujets de I'art, maisdela fortune; et c'est pour cela que, voulant representer des malheurs eclatans , ils se bornerent a un petit nombre de families, qui seules pouvaient leur fournir des exemples de grandes infortunes (2). Ainsi les enfans de Cadmus et de Lab- dacus, la race de Pelops et de Tantale , la nialheureuse famille de Priam , furcnt les personnages ordinaires de leurs drames. Ainsi bornes pour le choix de leurs sujets , les poetes grecs ne firent point difficulte de remettre sur la scene des evene- mcns qui y avaient ete representes avant eux; mais ils les trai- tercnt d'une autre maniere, et sur le mcrae sujet ils firent une piece differente. Car, suivant la reflexion judicieuse d'Aris- tote, il ne faut pas dire que deux pieces sont semblables, parce qu'elles sont faitessur le nieme sujet, mais seulement lorsqu'elles ont le meme noeud et le meme denoumeut (3). d'Euripide , dans laquelle para it Ulysse revenant du siege de Troie. Le P. Brumoy a dit que ces pieces etaient au nombre de dix-sept. II rae semble qu'il s'est trompe. (i) Aristotf. , Poet., ch. l5. (2) Ibid., ch. 14 et i5. (3) Pottii]., ch. ly. LITTER ATURE. ^^^^'J II y cut pourtant dcs poetes qui traitercnt ties sujets de Icur invention : Aristote cite Agathon (i) , autcur d'une piece intitulee la Fleur , dont il avail imagine le sujet et les personnages. Eschyle mit sur la scene, dans sa tragcdie des Penes, un evenement contemporain dont il avait etc tcmoin et acteiir; cariletait hommede guerre, etil avait eombattu avec ses freres, Amynias et Cynegire, a Salaraine et a Marathon. Dans la composition de leurs ouvrages, ces premiers tra- giques suivirent I'inspiration de la nature et de leur genie; les regies, comme on I'a dit souvent, ne sent venues qu'apres Ics beaux ouvrages ; elles ne sont que des observations qui out ete faites sur les differentes compositions dont on a etudie le dessin et I'execution, remarque les beautes, et reconnu les defauts. Aristote n'a compose sa poetique qu'un siecle apres Eschyle, Sophocle et Euripide : ces grands hommes out, pour ainsi dire, devine les regies, qui ne sont, apres tout, que les lois du boo sens, et les insjjirations d'une haute raison; ils n'ont pas eu recours aux regies pour avoir du talent et du genie , car les regies n'en donnent point ; mais ils ont suivi les regies , parce qu'ils avaient du genie et du talent. C'est ce que dit saint Augustin en parlant des orateurs : Non adhibent prwcepta, ut sint eloquenles ; sed ilia implent, quia sunt elo- fjiientes [%). Le but des poetes etait sans doute de plaire et de rcmporter la couronne, noble prix propose a leurs efforts; mais poury parvenir ils employerent des moyens bien louables, et Ton peut ajoutcr bien surs; ils comprirent que les hommes ras- sembles sont disposes a applaudir aux bonnes actions, aux re- solutions genereuscs, aux discours honneteset vertueux ; qu'ils (i) Contemporain d'Euripide , ni.iis plus jpunc que lui. (a) S. -Augustin, de Doctriiid Christiana , lib. iv. T. XXI. — Ft'vrie?- 182/1. 22 538 LlTTEaATUKF. compatisscnt aux giantlcs infbrtunes, sintout lorciu'cUe sont supportees avcc courage ; qu'ils ainicnt ^ voir Ic faiblo pro- tege, I'opprcsseur pniii ; en iin mot, que le sentiment da bean moral I'emportc toiijonrs dans Ics coeurs qui nc sont point preoccupes par une passion contraire, on par un interet per- sonnel. La tragedie , dit encore Aristote, opt-re non point par le rrcit, rnnis par la terreur ct la pitic, la purgation de res affections elles-niernes (i). On a beaucoup raisonne, beancoup ecrit sur cettc plirasc du philosophe , que les commentatetus ont entcnduo dc plusieurs nianieies; et, comme chacnn en donne luie explication a sa guise, je pense que je puis aussi hazarder la niiennc. D'abord, il n'y a nul doute que la tragedie, et surtout la tragedie grecque (2), ne tende a exciter en nous, tantot la ter- reur, tantot la pitie, et souvent ces deux sentimens a la fois. II n'est pas moins certain que ces deux sentimens sont tout puissans sur I'ame liumaine; la terreur nous frappc et nous glace ; il scmble que I'aspcct du malheur nous fasse trembler pour nous-memes; la pitie nous touclu" et nous atlcndrit; nous plai- gnons ceux que nous voyons souffrir , et nous songeons quelles (l) Poedq., ch. fi. (») Je dis surtout la tragedie grecque , parce qu'on pourrait citer des tragedies modernes qui tendent sewlement a faire iiaitre Yadmi- ration. Ce ressorta ete particuli^rement employe par Corneille ; mais il porta radmiration a un si haul degr6, qu'elle en devient attendris- sante et pathetique ; il n'y a point d'ame assez froide pour n'etre pas emue jusqu'aux larmes du fameux : Soyons amis, Cinna; mais ce ne sont point des larmes de pitie ; il n'y a pas 1^ non plus de terreur, a moins qu'on ne disc avec Hclvetlus , que dans la sensation du su- blime, il r a au moins une terreur commencet. [De THomme, sect, viil, ch. i3 et 14.) LITTERATURE. 33() (loulcurs nous eprouverions si nous elions a Icur place ; mais I'exces de pareilles affections a son danger; I'habitudc de cedcr a la terreur nous rendrait faibles et sans courage; nous ne sau- rions plus soutenir I'approche du peril, des douleurs et de la niort; la tendrc affection de la pitie pourrait, si nousne savions la regler, nous conduire a nous plaindre trop nous-inemes, a nous laisser vaincre par I'adversite, et peut-etre, en etant trop touches de nos propres souffrances, a ne pas I'etre assez de ccUes des autres. Purger la terreur par la terreur, c'est done la rcndre moins forte, moins puissante sur nous; c'est nous apprendre a regar- der, pour ainsi dire, le mallieur en face, a lui resister, a le vaincre. Purger la pitie par la pitie, c'est d'abord diminuer son ac- tion , I'empecher de nous trop amollir ; c'est aussi la rendre moins egoiste, nous enseigner a avoir moins de compassion pour nous-memes, et plus de compassion pour autrui; c'est faire enfin que cette compassion ne soit point sterile, et ne se borne pas a plaindre ceux que nous pourrions soulager (i). Le meilleur commentaire qui ait etc fait de ce passage d'Aris- tote, me parait etre celui du divin Marc Aurele. « Les tragedies ont d'abord (iteinventees, dit-il, pour montrer les malheurs attaches al'humanite, pour nous avertir qu'il est dans notre nature d'avoir a souffrir, Ces douleurs que vousaimez a voir sur la scene tragique, pourquoi done vous revoltez-vous de les rencontrer sur le grand theatre de la vie humaine ? Vous voyez bien que telle est la loi du destin, a laquelle il faut nous (i) Voyez Dacier, Batteux , La Harpe, etc. Le grand Corneille parait s'^tre trompe dans son premier Discours sur le Poeme drama- tique, en disant qu'Aristote veut qu'au moyen de la terreur et de la pitie, le poete tragique/>«r^e Coiites les passions , en general. i/Jo LITTER A^TURE. soumcttrc, ct q«c ceux qui crieut Citheroni Cilhvron (i)! nc se dtlivront pas de leiirs maux (2). « Les poetcs tragiqucs j^rccs dont Ics ouvrages nous rcstcnt, sont venus dans le beau siocle d'Atliencs. LaGrecc avail triomplie de la puissance du grand roi ; la republique s'etait delivree de la tyrannie des Pisistraf ides ; clle etait gouvcrnt-e par dcs magis- trals de son clioix; Ics Icllrcs, Ics beaux-arts, la philosophic florissaienl. Dcs ccoles elaicnl ouverlcs, oil Ton enscignait I'art dc bicn dire, cl la science de bien vivre. On formait la jeunesse aux exercices du corps , a la musiquc; on lui apprcnait a aimer la patrie, a la defendrc, a I'lionorer par des talcns el des vcrtus; reloquence de Pericles charmait le peuple; la langue claire, riche, harmonieuse, avail ete travaillee, assouplie par les ora- teurs , par les historicns , par les poetes : quel Icms plus favorable au genie, pour produire des chefs-d'ceuvre 011 la morale etait embellie de tous les charmes d'une poesie admirable , toujours vraie el nalurelle, d'une poesie brillanle el hardic, mais en meme terns judicieuse (3) ! (i) Allusion a XOEdipe de Sophocle. (2) Mapii. Avruvtv. rtov i't; savrov €i§).. lu. (3) Je ne veux pas dire assurement que tout fut bon et louable .i Athenes et dans la Gr^ce. Partout ou 11 y a des hommes , i! y a des crimes et des vices. Les Grecs eurent des esclaves nombreux; I'escla- vage etait passe chez eux en coutume, en droit etabli ; pen s'en fallait qu'ils ne crussent qu'il etait dans la nature. II n'est pas venu dans Tcspril des Platon etdes Aristotedecombattrecet usagecontrairea riiumanitc. Ces peoples nerendaient pas justice aux femmes ; ilsnelesaimaientpns, ne les respectaient pas assez; de la une passion hideuse, un amour faux qui etait, comme I'esclavage, un crime contre nature. Euripidc se permet contre les femmes des declamations qui apparemment ne cboquaient pas trop les spectateurs. II en avail acquis le surnom de Miao-j'uvTid, qui ha'u lesjemmes. Mais Sophocle dit un jour de lui : // ne les hail qti'eii vers. LITTERATURE. 34 1 Quo sont, en eff'et, les tragedies grecques? de veritables lecons de morale. Quels sont les sentimens, les affections qui dominent dans ces beaux drames si simples , si vrais, si touchans ? Ce sont tous les sentimens naturels, humains, toutes les affec- tions nobles et genereuscs. C'est la tendresse des peres et meres envers leurs enfans (i); La piele des enfans envers leurs parens (2); L'attachement reciproque des frercs et soeurs (3) ; L'amour conjugal (4). La sainte et indissoluble amitie (5) ; Les droits et les noeuds sacres de I'hospitalite (6); La soumission envers les dieux (7I ; La religion des tombeaux et de la sepulture (8); La haine de I'injustice et de I'oppression (9) ; L'amour de la liberte (10) ; Et celui de la patrie (11) ; L'enthousiasme de tout ce qui est juste et honnete (I'-i). (1) Iphigenie en Aulide, Hercule furieux, --Ijax, les Trachiniennes , etc . (a) OEdipe a Colonc , les Pheniclennes , Iphigenie en Aulide, etc. (3^ Electre, Oresle, OEdijje a Colone , etc. (4) Alceste , Andromaque , etc. ^5) Iphigenie en Tauride , Hercule furieux , etc. (6) Alceste. (7) Ajax , Ion, etc. (8) Antigone, les Pheniciennes , les Sept devant Thebes, OEdipe a Colone, etc. (9) Pfomethee enchaine , etc. (10) Uecube , les Suppliantes d'Euripide , etc., etpnssiin. (11) Les Perses , les Suppliantes d'Eschyle, les Suppliantes d'Eiu-i- pide , etc., et passim. (12) Philoctile, !es Suppliantes , etc., ei passim. 34-2 LITTERATURE. Aiissi ic'gue-t-il dans toutes leurs pieces iiri pathetique qu'on ne trouvc dans aucun autre genre de poesie. En effet, d'oCi le pathetique peut-il sortir avec plus de force et d'eclat que de la representation fidelc dc tout ce qu'il y a de meilleur , de plus tendre, de plus touchantau fond des entrailles hiunaines ? On a fait, sous le title de Gnomologle Homerique (i), un recueil de toutes les sentences morales qui se trouvent dans Homere; on les a rapproehecs de celles qu'on a recueillies dans la Bible, etla ressemblance est frappante; tant les grands prin- cipes de morale sont partout et toujours les memes ! On a fait aussi plusieurs excerpta des poetes comiques grecs, sous le titrc de Sententice poetaruni comicoruni grcecorum (2). J'ignore s'il «xiste un recueil semblable tire des tragiques ; mais ce serait un livre curieux et precieux en meme tems; il n'est aucune lecon utile a la conduite des hommes qui ne s'y trou- vdt ; Euripide fournirait une abondance d'excellentes maximes. Ce poete philosophe a etale, si Ton peut ainsi s'exprimer, im luxe de preceptes moraux. On a bcaucoup reproche a Voltaire d'a- voir seme trop de sentences dans ses tragedies : les memes per- sonnes qui blamaicnt I'auteur de Zaire de les avoir multipliees, ne disaient rien d'Euripide, qui en a dix fois plus; mais on ne pardonne guere a un contemporain sa grande superiorite; et Voltaire , a cet egard, etait bien coupable. Les tragedies grecques offrent peu d'evenemens politiques, de conspirations pour renverser un trone , pour faire perir un tyran ( ce qui est tres-frequent dans nos tragedies modernes Cinna , Heraclius , Bajazct, Guillaume-Tell, etc.); les rois y paraissent plutot comme peres, comme epoux, eomme amis, que (i) Uoinen Gnainologia , etc., per Jacobum Duportum. In • 4°. Cantabrigise, 1660. (2) In-i2. Basilia; , iStio. Per Jacobum Herteliuni curienseni. — Autre rccuuil |)etil iii-12. Piirisiis,,i55j , apud Guilleluuim Mortlium. LllTERATURE. 3/,:5 cou)uie souverains. (Sidipe, Aj^auioimioii , Adiiicte, Philoctete sunt de grands pcrsonnagcs; niais c'est a leurs infortuncs per- sonnelles que le poete nous interesse: il nous lesinontre comnie homnies , et eprouvant des infoi tunes et des douleurs qui lien- nent moins a leur condition elevee qua la nature huraaine, et de la nait un interet plus touchant et plus general (i). S'il n'y a pas de politique dans les tragedies grecques, il ne s'y UT)uve guere plus d'amour. II n'y en a que trois ou cette passion Joue un role important, et trois autres oil elle se montre a peine (a) ; et cet amour , qui n'est qu'un desir physique, ou une jalousie d'instinct, ne I'cssemble guere a I'amour delicat el raffine des tragedies modernes ; il n'est question , chez les au- ciens, ni des beaux yeux de la princesse, ni de leur pouvoir enchatiteur , ni de heautcs trop cruelleSy ni d'amours eternelles. Cette passion est chez eux depourvue de tons les accessoires qui en font pour nous le plus grand charme; cela est plus naturel , si Ton veut, mais ce naturel nous paraiti'ait dune nudite et d'une grossierete revoltantes. On voit deja conibien le systeme de la tragedie grecque res- semble peu au systeme de la tragedie francaise : plus nous avan- cerons dans la comparaison , plus on trouvera de differences frappantes. L' absence seule des choeurs (3), suffisait pour forcer Corneillc a creer une tragedie d'une forme nouvelle. (i) On ne trouve dans le thedtre grec rien de semblable aux en- tretiens de Serloiius et de Poinpee, d'Aiiguste avec China et Maxime , iV Agrippine et de Neron , de Mithridate developpant a ses enfans ses grands projcts militaires et politiqucs , de Mahomet avec Zopjre , etc. . . II y a pourtant dans Icit SuiipUaiites d'Eiiripide (v. 4o3 a 460) une dis- cussionsurla preeminence du regime monarchiqueoudugouvernemeut republican]. II est curieux de la comparer a celle de Corneille, dans Cjnna. * (a) Medec, Hippolrle,les Trachiniennes , Mgamemnon, Antigone, Helene. !i) II faut toujoiirs se Souvenir que nos theatres n'ont ete et ne sont 344 LITTERATUUK. Le choeur tcnait une place considerable dans les tra|^edie.> ancienncs ; en le supprimant, il fallait le remplacer, si Ton voulait donner anx pieces une juste etendue; de la des intrigm's plus fortes , des incidens plus varies , des pcrsonnages plus nom- breux , des interets plus divers, des alternatives plus frequentes d'csperance ct dc crainte. Le chcEur prenait part anx passions des personnages, il Ics plaignaitjlcsblamait, lesconseillait,apaisaitleurcolere,applau- dissait a lenr clemence, invoquait Ics dieux, et leur dcmandait que la fortune vint favoriscr la vcrtu malheureuse, et qu'elle abandonnat le vice orgueilleux. Mais ce choeur aurait-il pu ecouter et suivre des discussions / politiques, des confidences d'interets compliques, des projets vastes et difficiles, s'interesser a des cntrcticns diplomatiqnes dans lesquels les personnagcs , sans passion apparentc, cherchent a se'cbnvaincre, oumeme h. se tromper rcciproquement? Ajoutez que la tragedie grecque etait presquetoute chantce; que la musique est le langage des passions; que notre tragedie est dieclamee et parlce, fet qile par consequent elle est souvent moins passionnee que celle des anciciis. Andrieux, rie I'Institut. i^La suite au cahier prochain.) que des entreprises parliculieres ; que les comediens, directeurs on associes , (Sont obliges de CJtlculer et de restreiiidre les depenses en raison des beneflces probables; que Corneille travaiilait pour des comediens qui n'etaient pas riches et auxquels il venait de Royen vendre a bon marche ses chefs-d'oeuvre; qu'il ne fallait pas songer (si ce n'etait dans les pieces a machines et dans les fdtes de la coiir) ' a employer des chcjeurs , une musique , des decorations pompeuses et de riches costumes ; qu'eufin , on jouait les roles de heros grecs et remains en habit* de ville , en habits fran9ais. BEAUX-ARTS. EssAi SCR l'Histoire de la Peinture, en Italie, dcpuis les terns Ics plus ancicns jitsqiCa nos jours ^ par M. Ic cointe Gregoire Orloff, scnateur de V empire de Rus- sie (r). Il semble, dcpuis quelques tenis, qu'on s'attache a ramener souvent rattention sur I'histoiie et I'etat des beaux-arts en Italie. On conipte plusieurs ouvrages du genre de celui qui va nous occuper dans cet article, et qui ont ete annonces avec eloge dans Ics journaux les plus repandus. On cite particulie- rement les deux premiers volumes de VHlstoire de la peinture, en Italie , par M. B.-A. A. (2), qui doivent etre suivis de trois autres, X Histoire de la peinture , en Italie, de I'abbe Lanzi, traduite et abregee par M. Francillon (3); et pendant qu'on attend une traduction fidele et complete de I'ouvrage classique de Lanzi, plusieurs fois annoncee, M. Orloff, deja connu par unc Histoire de la rnusique ( voy. ci-dessus, Rev. Enc, t. xvii, page 84}, vientnous entretenir de la peinture. Lesltaliens, ceux du moins qui aiment la gloire de leur pays , devraient savoir gre a ces amateurs etrangcrs qui, apres I'avoir visite, cherchent a lui rendre hommage, en appreciant les chefs-d'oeuvre qu'il a produits. Malhcureusement, on trouve trop souvent de ces esprits bizarres , disposes h. bien accueillir les etrangers qui (i) Paris, 1823. 2 vol. in-8". Galerie de Bossange pere, rue de Richelieu, n° 60. Prix, y iv. (2) Paris, 1817. (3) Paris, 1823. 3/,G BEAUX-ARTS. sc plaisenta huniilicr leurpatiie, pliitot que Ics lionnnes genc- leux qui plaigneut ses malheurs ct qui s'cffbrccnt tie la relevci a SOS propres ycux. Loin d'imiter la conduite inhospitalicre ties uns, nous conimencerons ici par rcmercier ces voyageurs irapartiaux qui, ne se bornant point a connaitre par eux-mcmes les pays qu'ils ont visiles, veulent encore Ics faire apprecicr par leurs conipatriotes. II est vrai que la plupart de ces etrangers, n'ayant ni Ic lems ni les moyens necessaires pour bicn observer, sc conten- tent de consulter et de suivre une espece dc tradition nationale, en rcpetant et en accreditant des opinions et des jugcmens , plutot adoptcs de confiance, que sanctionnes par un examen severe et par un sentiment profond de conviction. Mais, on ne rangera point dans cette classe les auteurs des ouvrages que nous venons de citer, quelques efforts que Ton fasse pour Icur trouver des defauts. lis ont etudie les arts; ils ont consultc les artistes dans les pays qu'ils ont long-tems habites ; etles ina- perfectionj memes, qu'il est si difficile d'eviter dans un travail de la nature dc celui qu'ils ont entrepris, ne nous empeche- ront point de reconnaitre Icur merite. L'auteur de VHistoire de la peinttire , en Italic , s'est propose de suivre un plan bicn plus etendu que celui des ccrivains qui ont traite le mcme sujet. II veut juger non-seulement les chefs-d'oeuvre de I'ltalie, mais aussi les circonstanccs qui les ont fait naitre, ou qui se lient, en quclque sortc, a leur exis- tence. II a demeurc dix ans dans la Peniusulc , et s'est telle- ment familiarise avec son liistoirc, qu'il lui arrive souvcnt de se laisser cntrainer dans des details que des rapports pcu di- rects avec son sujet rappellent a sa memoire. Richc en con- naissances de divers genres, il les met a profit, toutes les fois que I'occasion s'en presente. Peut-etrc, avec un pcu plus de precision, eut-il interessc davantagc uu certain nombre de Iccleurs severes. Mais ils uc peuvcnt lui refuser le merite de BEAUX- ARTS. 3A7 presenter tantot des tableaux esquisses avcc bcaucoup d'ori- ginalite, tantot des remarques ingenieuses et piquantcs, soit critiques, soit historiques. Lors m<5me qu'elles ne seraient pas toujours a leur place, elles ne sent jamais sans interet pour les lecteurs. La Traduction abregee de la Storia pittorica de tabbc Lanzi, par M. Francillon, n'est qu'un extrait de cette liistoire , fait dans I'intention de faciliter les moyens de connaitre les artistes les plus celebres , de fixer les caracteres qui les dis- tinguent les uns des autres, afin que les amateurs ne confon- dent point les tableaux originaux avec des copies ou des imi- tations trompeuses. L'auteur de cet abrege a joint i ses obser- vations quatre-vingts gravuies de tableaux peu connus des meilleurs maitres, qu'il a choisis dans les collections particu- lieres de Paris et de Londres : c'est le fruit , dit-il , de vingt annees de travail. Mais, oblige de signaler les qualites domi- nantes d'un grand nombre d'artistes , dans un abrege trop restraint, il peut souvent paraitre un peu trop sec, ou trop monotone. On doit cependant regarder son ouvragc comme un manuel utile aux artistes et aux amateurs. Nous ne pouvions pas nous dispenser de donner quelque idee de ces deux ouvrages estimables pour bien apprecier celui de M. Orloff, qui semble avoir garde le milieu entre ces deux ecrivains. Quoiqu'il ait pour but principal I'Histoire de la peinture, en Italic, il n'a pas neglige quelques considerations generales sur Torigine et le developpement de I'art chez les anciens, sur tout chez les Grecs et les Remains. Mais c'est au moment ou I'art renait en Italic, et s'eleve rapidemcnt a une sorte de perfection, qu'il nousintroduit dans toutes ses ecoles, quil nous fait connaitre les artistes qui les ont fondeesou rcn- dues celebres, en meme tems qu'il s'attachc a decrirc leurs pro- ductions les plus distinguees, d'aprcs les originaux memes. Uans ce long chemin, que tant d'autres onL dt'ja parcouru, le 3'i8 BEA.UX-ARTS. conitc Orloff chercheii nous aneter aux objcts les plus ditjiics d'atteiUion; et pour ne pas s'egarer lui-mcinc avec scs lecteurs, il prend Lanzi pour guide; lors meme qu'il s'etudie a etie plus rapidc et plus piquant que lui, il n'abandonno jamais ses con- scils. Tol nous parait ctrc I'esprit general de son ouvragc. Qu'il nous soit permis d'ajouter ici quclques observations particu- lieres. L'autcui-, dans son introduction, rappclle les circonstances plus ou moins probables qui ont du contribuer a la naissance et aux progrcs de la peinture. II cite I'opinion de Requeno,qui Irouvait dans I'ecriturebieroglyphique les traces primitives de cet art. Mais, bien avant Requeno, cette opinion avail ete emiseet discutee par le celebre J. B. Vico. Lc conite Orloff indi- que aussi les ideesmythologiques que Ton a emises sur I'origine de la peinture, dont I'histoire commence aussi par la mylholo- gie, comme les traditions de tous les peuples. Cependant, il ne s'arrcte guere a ces fables pueriles ct ridicules; il s'attache principalement a decrire couuuent I'art, d'apres la conception du beau ideal, qui n'est que le type de I'art perfeotionne, s'est o> Le comte Orloff, n'oublie pas ce que bien d'autres, et surtout son guide, avaient ecrit de plus caracteristique sur ce prodige de la nature et de I'art. II avait, dit cet historien de la peinture, le compas dans les yeux, aussi bien que dans les mains. L'auteur corrige souvent la monotomie des details, par la description des tableaux les plus merveilleux. C'est ainsi qu'il nous fait admirer le genie de ce grand niailre qui fonda I'e- BEAUX- ARTS. :i5f cole romainc. II suit d'abord les progres que fit Raphael de - puis son enfance; il determine les epoques successives et la nature de ces progres ; il retrace la plupart de ses ouvrages, qui sont autant de preuves du beau ideal le plus parfait, que I'esprit humain ait concu et realise; il nous conduit de prodiges en prodiges, en parcourant dans les sales du Va- tican, I'ecole d'Athenes, le temple d'ou Heliodore est chasse, le miracle de Bolsene, la prison ou saint Pierre est delivn- par un ange. II nous rappelle aussi ce miracle imposant du Grand Leon qui, par le pouvoir presque divin de son elo- quence, determine Attila, pret a fondre sur Rome avec ses Barbarcs, a se retirer de I'ltalie et a respecter une terre pa- cifique protegee par les saints etendards du christianismo. II partage ailleurs I'enthousiasme de Lanzi , au souvenir de cc grand tablean qui presente la victoire remportee dans le port d'Ostie par les chretiens, ayant a Icur lete Leon IV; tableaii qui, d'aprcs cct ecrivain, merite a I'auteur la couronne de poete epique. Qu'on ne ci'oie pas que la nature ait prescrit des limites au genie inepuisable de Raphael : lorsqu'il parait a%"oir atteint le plus haut point de perfection , il se surpasse lui-meme. Le tableau qui represente I'incendie dun des fau- bourgs de Rome , etonne plus encore que les precedens, par I'effroi mele a I'admiration qu'il jette dans I'ame de ceux qui conlemplcut cette eloquente peinture. On dirait que Neron, sortant de sa tombe, promene une seconde fois ce fleau sur Rome entiere, qu'il s'obstine a detruire. L'auteur fait egalement admirer a ses lecteurs, parmi les autres tableaux, celui de la Sainte Cecile , et plus encore celui de la Transfi- guration , que Mengs appelait le chef-d'ceuvre des chefs- d'oeuvre. Le comte Orloff, en nous decrivant ces prodiges dc lart, semble quelquefois vouloir rivaliser avec rinimitablr pinceau de I'artiste. Au milieu de ses recits ct de ses descriptions, on ren- 552 BEAUX-ARTS. centre parfois dcs considerations sur I'etat tie I'art ct siir les causes qui les font avancer on retrograder. Les beaux- arts ont aussi Icur epoque de vieillesse ou de decadence, comma tons les etres vivans. L'auteur ne cesse de nous faire observer I'influence que les calamites publiques, arrivees apres la mort de Raphael , exercerent sur la destinee de recole ro- maine, et par consequent sur le reste de I'llalie. II s'etudie a relever les circonstances les plus remarquables du terns, ct nicme les caprices des honimes qui firent eclore et mirent en vogue cette nouvelle maniere , dont les partisans sont appeles manieristes par les Italiens. Elle exprime en general les ecarts ou plutot les efforts que font des artistes depourvus de genie , pour surpasser leurs devanciers qui en etaient animes. Notre auteur, apres I'ecole romaine, traite de I'ecole de Bologne. Peut-etre, aurait-il mieux fait de la reserver pour la derniere, puisqu'elle imita et prit les qualites distinctives de celles qui I'avaient precedee. C'est la, en effet, qu'on re- counait le dessin de Michel-Ange et I'expression de Raphael, ainsi que le coloris du Titien, le niouvement et I'esprit du Tintoret , les ornemens de Paul Veronese, le clair-obscur et la grace du Correge et du Parmigianiiio. Mais, M. Orloff a prohablement prefere de considerer cette nouvelle ecole, sous le rapport de son origine, ou plutot de sa position geogra- phique. Quoi qu'il en soit , il designe les divers genres de perfection dont la peinture lui a et« ledevablc; elle doit a Melozzo la perspective verticalc et le pcrfectionncment de la peinture de bas en haut, au Doniiniquiu le talent de re- tracer les ames et de colorier la vie, aux Carraches Texeniple d'imiter et de reunir ce que les plus grands artistes avaient produit de meilleur; elle doit enfin a leur ecole les sages conscils et les efforts genercnx qu'elle ne cessa de faire dans la suite pour raninicr et conscrver le gout de I'art chez les Ilaliens. BEAUX-ARTS. 353 Apres avoir \isite les ccoles iiiferieures de Ferrare, de Genes ct du Picmont, lauteur nous conduit a celles de Ve- nise et de la Lombardie, qui se multiplient en autant de sub- divisions qu'il y a de villes subalternes. On a cru , et le comte Orloff I'a repete, que le ciel de Venise , si riant par I'eclat de ses teintes , avail inspire aux grands maitres de rccole qui florissait sous son influence, le type de ce coloris brillant qui la distingue depuis qu'on a decouvert la peinture a I'huile. Mais, pourquoi le ciel de Naples, qui, sous ce rapport, est bien superieur a celui de Venise, n'a-t-il pas produit les memes cffets ? Notre auteur sent le besoin de recourir a d'autres causes, qu'il serait bien difficile de determiner, pour rendre raison de ce phenomene, et de plusieurs autres semblables. II passe ensuite en revue les plus grands artistes et les chefs- d'oeuvre qui font la gloire de cette ecole. C'est d'elle que Ton vit sortir cette ecole secondaire dont les partisans ont ete desi- gnes sous le iioin de Naturalistes ou de Tenebreux , parce qu'ils s'efforcaient de peindre la verite sans choix, ou de fairc dominer, a I'exemple du Caravage, les ombres dansleur coloris. II decrit successivement les ecoles de Verone, de Mantoue, de Parme, de Naples et celles des autres villes de I'ltalie. Tel est le plan general suivi dans cet ouvrage. Nous nous arretons de preference a quelques observations generates sur I'ensemble. Ceux qui ont voulu jusqu'ici nous occuper de I'his- toire de la peinture, en Italie, ont presque tous adopte le plan de Lanzi , et la meme division d'ecoles qu'il a tracee ; mais, ce nombre de subdivisions, qui est line marque de la pre- cision et de I'exactitude de cet ecrivain, et qui exigeait une multitude infinie de details pour caracteiiser chacune des ecoles , aurait pu cxposer un abrege a devenir monotone et fastidieux; n'aurait-il pas mieux valu laisser ces nombreuses ecoles, decrites par Lanzi, pour s'arretcr aux plus gcnerales, yinsi qu'aux artistes les plus distiuguts qui les ont fondees, T. XXI. — Fevrier iSa/j, 2 3 354 BEAUX- ARTS. repandues on en quolque sorte imitccs ? Les cinq ecoles prln- cipalt's , savoir : les ecoles Toscane , Romaine , Veniticnne , Lomhardc ct Bolonaise pounaient aisemcnt, selon nous, comprendre loutcs ies aiitrcs, qui en sent a pen pres autant de ramifications ou de dtpendances. M. Orloffa bicn scnli les incoiiveniens de I'autre methode, et s'est donne toutc la peine possible pour les fairc disparaitre de son ouvrage, en lemperantla sterilite des details qu'il a jn- ges necessaires a la plcine connaissance de I'histoire; par tout ce que son sujetpouvait hii foiirnir de plus intcrcssanl et dc plus agreable. C'cst probableraent pour rendrc encore plus utile la lecture de son ouvrage , qu'il en fait lui-meme un icsume , dont voici les resultats principaux : i° Fart dc la peinturc n'a jamais eutierement peri en Italic; a*> it soreveilla au xiii^ sicclc dans presquc toute I'ltalic a la (bis, ct fit des pas rapidcs vers son perfectionncmcnl; 3° il allcignit le plus haul degre de perfec- tion, vers la fin du xv^ siecle et au commencement du xvi^; 4° ses progrcs semblaient aller de pair avec ceiix des Icttrcs; 5" et 6° I'art s'approcha de sa decadence, lorseju'on negligea les plus beaux modeles, etsurtout I'etude des antiques et de la nature , qui seuls ont pu le relever dans la suite. L'au- teur termine son ouvrage , en rcndant hommage aux artistes contcmporains les plus celebres. II reproduit les noms de Ca- muccini, de Landi, d'Agricola , de Pinelli, de Palagi , de Benvenuti, ct surtout d'un Gerard, dont I'ltalie, sa terre nalale, et la France, sa patrie reelle, s'lionorent {''galcmenl. Cc resume a ete traduit en Italien et insere dans VAnthologic de Florence ; ce qui prouve que les F'lorentins ont en quclque soi te partage les jugemcns de notre auleur. Au reste , nous aimons a ratifier les justes elogcs qu'il donne aquelques artistes qui out presquc termine leur honorable carriere, et nous laissons a la posterite le droit de juger ceux qui brill cut encore au milieu de nous, de tout I'eclat de leur talent et de Icurs succes. F. Sai.fi. III. BULLETIN lilBLIOGKAPHIQLE. LIVRES ETR ANGERS (i). AMERIQUE. ETATS-UNIS. Toi. — Poems. — Poesies; par Summer-Lincoln Faikfield. New- York, 1823. I vol. in-8°. Parmi la populalion active des Etats-Unis , il se trouve peu d'bommes qui ne soient engages dans les travaux d'un etat, ou dans le tourbilloQ des affaires. La litterature n'est pas la seule occupation de la vie ; elle est au coutraire fort secondaire aux yeux de gens qui ont leur fortune a fa ire , leurs droits k maintenir , des villes a creer. Les Ainericains ne font des vers qu'eu sortant du college. Tous leurs poetes sont jeunes, etleurs oeuvres tellement iinparfaites, que ce ne sont guere que des promesses pour I'avenir, qui se realisent raremcnt. lis oublient bientot les illusions, les reveries poetiques, duns le tourbillon de la vie reelle. En ne considerant le volume que nous annoncons que comma le debut d'un auteur de dix-neuf ans , on pent a peine encore y trouver quelque merite. II renferme des vers heureux ; mais il y en a beaucoup qui sout fort mauvais, et partout I'emphase y occupe la place de la raisou et de la veritable poesie. L. Sw. B. 102. — * The american Jorirna! oj' sciences and arts. — Journal ameri- cains des sciences et des arts, redige par Benjamin Sii-limam. No- vembre, 18 23. Nous avons extrait des caliiers precedens le commencement d'uiie notice gtologique des bords du Connecticut , par M. Hitchcock, de Massachusett. On en trouve ici la continuation et la fin; mais, ce que I'auteur ajoute a sa description appartleut plutot a la geograpbie pbysique qu'a la geologic. Apres avoir fait pour ses compatriotes la peinture des beaux sites qu'offreut presque partout les bords du Coii- (i; iNous indiquerous par uu asltrisque (*) place a cute du titie dc i-Iiaqte ouvrage, ccax. des livres ctiaugcrs ou francais qui paraitroiit digues d'uuc atteu- lion particuliere , et dont nous rcudrons qiielquefois compto dans la section des Analysis. ;i5(J LIVRES ETRANGERS- necticut ct de ses afflucns , il expose , sous le litre dc M6langes , plu- sieurs faits dout la connaissancc ne sera pas moins utile en Europe qu'en Ainerique. Premit^rement, I'aspect de tout le bassin du Connec- ticut denote clairemeiit I'ancienne existence de plusieurs lacs que le fleuve travcrsait autrefois , et dout les digues ont etc , ou longees len- tement par les eaux courantes, ou rompues par des causes violentes. II decrit lui granite pseudoniorplie, que Ton trquve souvent mele au granite graCque. Uans cette roclie singuliere, le feldspath a pris les formes du quartz , et le quartz ne s'y presente point cristallise , ni laiteux , mais avec I'apparence d'une pierre a pAte. — La description geologique des environs de Paris, par MM. Cuvier et Brongniart , est un modele que les geologues de tons les pays s'empressent d'i- initer. M. Finch, professeur de niineralogie, I'asuivi scrupuleusement dans un Eisai siir les formations teitiaires de rjmerique , qu'il a lu a I'Acadeniie des sciences naturelles de Pliiladelphie. II pense que c'est en Amerique que la geologic triomphera de tons les obstacles qui re- tardent encore sa marche , lorsque le sens du mot alluvion sera niieux determine , et qu'on cessera d'en abuser ; lorsqu'on aura pronve que les formations tertiaires du nouveau monde sont parfaitement sem- Llables a celles de I'Europe , et que les observations faites a Paris , a Loudres et dans Tile de Wiglit , repetees en Georgie , dans les Caro- lines , en Floride et dans la Louisiana , auront prouve que toutes ces contrees ont une origine coinnnine. — Le nienie cahier contient une lettredeM. Samuel Mitchill , professeur de botaniqiie et de matiere medicale, a M. Schkeibehs, consciller de S. M. I'empereur d'Au- triche. Le naturaliste Americain anuonce a celui de Vienne , que Ton a irouve en Amerique trois especes Aeprotces (espece aquatique , qui tient du lezard et de la salamandre) analogues a ceux de la Carniole. La premiere espece a ete observee dans I'ctat de New- Jersey : on pense que c'est peut-etre I'animal que Palisot-de-Beauvois a decrit sous le uom de sirene operciilee , dans les Transactions philosopliiques do Plii- ladelphie; la seconde espece liabite dans la riviere d'AUeghany ; la troisi6me a ete p^cbee dans le lac firie. M. Mitchill etablit les carac- Ikvcs generlques et spccifiques , et il y joint une figure coloriee , de grandeur naturelle , du protee du lac Erie. F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. io3. — The chemical Catechism. — Catecbisme de cliimie , avec des tables , des notes , des gravures et des experiences ; par Samuel Paurs. LIVRES ETRAJNGERS. ^^5■; Dixiernc edition. Londres , iSaS; Baldwin, i vol. iii-S" ; niix 14 scliel- liiigs , caitonne. 104. — Chemical Essajs. — Essais chiniiques, ayant principalement rapport aux arts et aux manufactures des Etats Britanniques ; par le mcme. Deuxieme edition, a vol. iu-8°; prix I liv. ster. i4 schel- liiigs. L'utilite de ces deux ouvrages est prouvee par le succ^s qu'ils out obtenu. Le dernier est surtout interessant pour les chimistes etran- gers. II donne le tableau des progres et des decouvertes modernes de la chimie , appliquee aux arts industriels. iq5. — The Study of medicine. — L'Etude de la niedecine ; par John Mason Good , membre du College-Royal des medecins de Londres. Londres, iSaS ; Baldwin. 4 vol. in-S" ; prix 3 liv. ster. 4schellings. Si Ton en croit les journaux de medecine anglais , cet ouvrage se recoinmande par des apercus clairs et pbilosophiques , par beaucoup d' erudition et de recherches , et par un style soign6. Ce n'est point une compilation; on y reconnait Tempreinte d'un esprit cultive , qui donne aux principes qu'il developpe de I'interet et de I'originalite. 106. — meteorological esiays and observations. — Essais et obser- vations ni^teorologiques ; par J. Frederic Dxnie.ll. Londres, 1823 ; Longman, i vol. in-8". Selon les journaux anglais, ces essais meteorologiques sont deci- dement le meilleur ouvrage qui ait ete public en Angleterre sur ce sujet. II analyse et classe par tables les plienomenes atmospheriques. Cependant , il affirme et conclut peu, vu la nature et le genre des observations qui ont ete faites jusqu'a present. Les temoignages ne s'accordent pas , les descriptions sont si imparfaites que Ton ne peut rien en conclure. Les travaux de M. Daniell , malgre ce defaut qu'il n'a pu eviter , seront extrcwement utiles aux 6crivains qui traiteront a I'avenir le menie sujet ; ils aideront aussi aux observations futures. M. Daniell juge tres-severement la Societe royale, tout en payant un juste tribut d'estime a M. Luke Howard. La nouvelle Societe nieteo- rologique qui vient d'etre fondee fera mieux appr^cier encore l'uti- lite de cet ouvrage. 107. — Universal technological Dictionary: — Dictionnaire techno-' logique universel, ou Explication familiere des termes usites dans les arts et dans les sciences; contenant des definitions precises lirees desecrivains originaux ; par Georges Crilbb. Londres, i823 ; Baldwin. 2 vol. in-4'', avec soixante planches; prix 5 livres ster. 8 sAellings. Depuis long-tems , on sentait la necessite de rassembler dans iwi 'Jj8 LIVRES ETKANGERS. meine ouvrago ties definitions exactos des termes nonilireux consacn- aux scit'iices et aux arts. La plupart de ces mots technologiqucs soiit inintelligiblcs pour les gens dii nionde , et entravent la niarche dos etudes pour ceux qui veulent acquerir des connaissances en teclino- logie. Ce vocabulaiie est iinprime dans le menie format , et avec les Tu^mes caracteres que le grand Dictionnaire anglais dudocteur John- son, dont il est en quelque sorte le complement. L'ouvrage doit avoir ete complete depuis peu. L. Sw. B. Io8. — Trai'e/s in Egypt and Nubia , S'tria and Asia minor. — Voyage en Egypte et en Nubie , en Syrie et en Asie Mineure , dans les annees 1817 et 18 18 ; par MM. Ihby et Mangi.es , commandans de la marine royale. Londrcs , tSaS. In-8°. Les deux ofGciers , auteurs de cette relation , ont voyage et ecrit en amateurs , mais en amateurs curieux et instruits : aussi leur recit offre-t-il beaucoup d'intcret. En Egypte , ils n'ont pu faire de re- marques tres-neuves. lis s'elonnent que les savans francaisn'aient pas donne plus d'attenliona la Table luiiaire qui se trouve dans le temple d'lsis a Denderali : sur cetle Table , I'annee est representee par douze lunes et uu fragment d'une treizieme. Dans le grand ouvrage de la Commission d'Egypte , disent Irby et Mangles, on a marque i/'i a i5 lunes , ce (jui prouve qu'on ne les avait pas comptees en les de.%inant. En Nubie, ilsassistirent a I'ouverturedu magnifique temple d'Ipsamboul , que Belzhni vient de retirer pour ainsi dire , de des- sous les sables qui I'avaient derobc au monde depuis une serie de sieelcs. Apri's avoir quitte TAfrique , ils visiterent les mines de Pal- myre ou Tadmar. Ils conviennent que ces mines de pierres blanches disseminees au loin dans une vasteplaine sablonneuse et dcserte font jl'abord un effet magniOque; mais , en les examinant de pres , nos voyageurs ne les trouverent plus si belles ; les colonnes les plus ele- vees n'excedent pas 4o pieds ; les sculptures sont peu de chose ; en detail , ces debris d'une grande ville perdcnt a etre examines , et , selon I'opinion de MM. Irby et Mangles, ils ne valent meme pas la peine que le vovageur entreprenne un voyage fatigant pour les voir. La colonnade tluTemple du Soleil a dii etre belle lorsque des chapitaux d'ordre ioniquc , en bronze , surmontaient encore les colonnes ; mais ces chapitaux ont disparu depuis long-tems ; les ornemens des di- verses parties de 1' edifice sont grossiers et de mauvais gout ; MM. Irby et Mangles les trouverent dans le fait au-de.ssous des dessins qii'en ont faits deux autres voyageurs anglais , MM. Wood et Dawkins. D'aillcurs , les monumens de PalmyJ'e sont construits en pierres peu LIVRES ETRANGERS. 35g dures que le teins a endoininagees d'une maniere desagreable pour I'teil de I'artiste. II faut done rabattre beaucoup de I'idee imposante que Ton se forme habituellement des ruines de Palmyre. C'est sur les ruines de Baalbec qu'il faut transporter cette admiration qu'on a cherchq a nous inspirer ; c'cst la que les edifices antiques presentent celte grandeur et cette solidlte auxquelles les monumens d'Egypte ont accontume le Yoyageur ; c'est la que les colonues atteignent une ele- vation de 60 pieds. Quatre colonnes de I'avenue du Temple du Soleil etaieutchacune d'un seul morceau de granite, de trente pieds de long: il n'y en a plus qu'une debout. Mais abstraction faite de la beaute des monumens , Palmyre , I'ancienne residence de la reine Zenobie , est toujours un lieu interessant a visiter. On y reconnait d'anciennes rues , des fondemens de maisons et des restes de tombeaux, Hors de la ville il y a des tours carrees , de trois a quatre etages , dont chacune a plusieurs niches ou reduits , ayant servi de sepulcres. Les deux voyageurs anglais y irouverent des restes de momies ; les murs de ces tombeaux sont enduits de stuc blanc sans aucun orne- nient , et ce n'est qu'au plafond qu'on voit des representations de divinites. En general, les tombeaux de Palmyre ne peuvent etre com- pares a ceux d'Egypte , qui nous font connaitre a la fois les arts , la religion, les moeurs et les usages du peuple qui les a construits. On voit encore les restes d'un aqueduc souterrain qui donnait de I'eau a la ville ; une source thermale et sidfureuse coule cntre les ruines ; le desert autour de la ville fournit beaucoup de sel aux indigenes, qui en font le commerce. On sait qu'un hameau arabe est etabli dans les ruines de I'ancien Temple du Soleil ; c'est la misere iniplantee sur les debris du luxe. En Palestine , MM. Irby et Mangles vi- siterent specialement Djerash, non loin de I'antique Hebron, dont le voyageur allemand Seetzen fit le premier connaitre les ruines, et qui depuis a ete visite par plusieurs savans d'Europe. Djerash , qui paratt avoir ete I'ancienne Pella , est situee dans une vallee charmante, ar- rosee par ua ruisseau. On reconnait deux rues principales qui la tra- versaient en se coupant a angles droits; des rangs de colonnes les bordaient ; le pave subsiste encore ; on retrouve meme d'anciens troltolrs. II y avait probablement quatre^ grandes entrees ou portes ; il en reste encore trois , avec une portion des murs. Djerash a eu un Temple du.Soleil, muni d'un double peristile, et d'un souterrain , au milieu duquel il y avait im bain. Dc petits temples ornaient les divers quartiers de la ville : ils etaient tons construits en marbre, ainsi que les deux theatres , dont I'un etait distribue d'une maniere parfaite. 36o LIVRES ETll/VINGERS. Djerash avail en outre un cirque , deux grands bains , deux ponls et un aqu^duc. Partout on voit des inscriptions , pour la plupart dn tems d'Antonin-le-Pieux ; des sarcophages sent diss^mincs autourde la ville. MM. Irby et Mangles firent ensuite le tour de la mer Morte, qui leur parut nioins longue qu'on ne Ic suppose ordinairenient. Le soir, ils voulurent faire du feu a I'aide du bois rejete par les flots de ce lac ; luais il etait tellenient improgne de sel , qu'il fut impossible de le faire bruler. Sur les rocliers baignes par les eaux de la mer Morte , le sel formait des cristallisations semblables a des glacons ; nos voyageurs trouverent des bancs de ce sel , mele a un peu de sable ; ce qui fait presumer que Strabon peut bien avoir dit vrai, lors- qu'il assure qu'aii midi de la mer Morte des villes entiires sont bdties de sel. Dans les marecages, sur les rives de la mer Morte , MM. Irby et Mangles observt'rent des plantes et arbustes inconnus : ils trouvorent un arbre, dont le fruit, semblable aux grappcs de raisin deCorinthe, a un goiit acre et piquant conimc la nioutarde , ce qui fait penser a ces voyageurs, que c'est de cet arbre, et non de senneve, qu'il est question dans la parabole de la Bible , sous le nom de moutarde. Les indigtoes dubord de la mer, toujours aux aguets dans la crainted'une surprise des hordes arabes , ont le regard farouche , et portent de grands tabliers de cuir ; malgre leur air rebarbatif, ils sont hospitallers, et partagent volontiers avec le voyageur le peu de vivres qu'ils pos- s^dent. A Kerek , dont Godefroi de Bouillon s'empara dans le cours de ses conquetes , il y a une petite eglise chretienne qui passe pour avoir ete construite par ce chef des croises ; on y voit sur les raurs des peintures tres-endommagees , ainsi qu'un reste d'inscription en caracteres gothiques. Les deux voyageiu-s anglais ne paraissent pas avoir donne une grande attention a ces mines ; un Francais les exa- minerait probablement avec plus d'interet. Ils se hdtt'rent d'arrlver aux ruines de Petra , d'oii I'Arabie petree a tire son nom : ou n'y par- vient qu'en traversant un long defile, ou les rochers de part et d'autre sont perccs de cavernes sepulcrales, ou converts de sculptures ; a la sortie de cette gorge de montagnes , les ruines de Petra se presentent de la manitre la plus pittoresque aux yeux du voyageur ; d'abord c'est un grand temple taille dans le roc et parfaitement conserve ; puis on apercoit des tombes , un theatre , des restes d' edifices , etc. Sur un vaste espace, le sol est jonche de pierres , entre lesquelles croissent des figuiers , capriers , grenadiers , et une sorte d'aloes a fleur jaune-orange ; les ruines offrcnt diverse* teintes , ce qui rend le spectacle encore plus pittoresque. MM. Irby et Mangles decrivent LIVRES ETR ANGERS. 36 1 d'autrcs licux remarquablcs qu'ils ont visites , et entrcnt dans des details intcressans sur les moeurs dcs habitans. Cette relation merite- rait d'autant plus d'etre traduite , que I'original m^me n'est pas entre dans le commerce , et n'a ete distribue qu'aux amis des deux au- teurs. D — g. log. — Accredited ghost histories. — Histoires accreditees derevenans ; par J. Jarvis. Londres , iSaS. In-12. Les recits de revenans et d'apparitions de morts sont de tous les siecles , de tous les pays , et presque toujours les personnes nicme qui affectent de ne pas y croire les ecoutent avec une sorte d'interet. Le poeteLucr^ce, quoique materialiste,croyait aux apparitions des esprits. Celles dont le detail se trouve dans I'ouvrage que nous annoncons ap- partiennent presque toutes a la Grande-Bretagne. L'auteur, dans son introduction , en discute la possibilite , laissant aux lecteurs les conclu- sions a tirer sur leur realite. Ces histoires, quoique variees dans les circonstances qui les acconipagnent , ont entre elles des points de coincidence qui leur donnent d certains cgards un caractere d'identite ; laconformitedansles fails, lestemoignagesetla croyance ne seraient-ils done qu'une illusion? Le inoiide spirituel, dont on ne pent pas raison- nablement contester I'existence , n'offrirait-il pas une foulede clioses inexplicables a notre faible raison ? Jarvis discute les objections qu'on oppose a la realite de ces apparitions. Quelques protestans ont soutenu que, depuis Jesus -Christ et les tems apostoliques , le don des mi- racles avait cesse dans I'Eglise. Un catholique combattrait cet argu- ment par une multitude de fails. L'auteur, en sa qualite de laic, ne se croit pas assez theologien pour aborder cette question ; mais en ad- mettant qu'un miracle soit une suspension des lois de la nature , I'ap- parition d'un decede a-t-elle ce caractere ? Les phenomenes dumonde spirituel. sont d'un genre tres-different de ceux du monde naturel. G. iro. — Journal of iiiilitarj and political events in Spain, etc. — Journal d'evenemens politiques et militaires en Espagne , pendant les douze derniers mois ; par le comte Pecchio , avec des remarques preliminaires sur la crise actuelle, par £fi?tvar<^BLAQUiERE. Londres, i8a4 ; Whittaker. i vol. de xv et i33 pages ; prix 5 sh. 6 d. (6 fr.) Nous avons annonce , il y a un an , un premier ouvrage de M. Pec- chio. ( Voy. Rev. Enc. , i''^ serie , tome xviil , page 352.) C'etait une suite de lettres adressees a une dame anglaise , dans lesquelles il I'en- tretehait de I'Espagne , de ses moeurs , de sa revolution alors recente , et dcs hommes qui I'avaient preparee. M. Pecchio , ayant cru s'aper- cevoir que le secret de ses lettres ctait viole , avant qu'elles parvins- 3(>2 LIVRES ETRANGERS. sent a kuiclestiuation, interroiiipit sa correspondance. Prive decette consolation , Tune des plus donees (]ne lui pernieltait son exil , il ne voulut pas nranmoins pcrdre entierenient le souvenir des ovenemens dent il etait le temoin , et il ecrivit Ic journal qu'il offre aujonrd'hui au public. — Son recit commence au 3o aout 1822 , et se terniine au 7 juillet iSa'S. . Le 7 juillct 1822 , dit M. Pecchio , peut etre com- pare a ces orages qui , au milieu de I'tHe , obscurcissent soudainement les rives pittoiesques du lac de Come ; pendant quelques beures , ils produisent une commotion terrible; puis, ils laissent la voute du ciel plus pure et plus sereine que jamais. » Mais ces esperances ne furent pas de longue duree. Les f'autes nombreuses d'un ministere apalhique et sans vigueiir , les divisions qui eloignaient I'une de I'autre les deux sectes liberalcs des Macons et des Communeros , la trabison des generaux auxquels la patrie s'etait confiee , la guerre civile et les menees sourdes des serviles et des partisans de Tinter- vention ctrangere , enfln les armees francaises ne tardcrent pas a dissiper ces flatteuses illusions. Le jour m(;me de I'anniversaire de ce 7 juillet, qui proniettailun avenir si brillant et si prospere , M. Pec- chio quitte Cadix et I'Andalousie , laissant I'Espagne en proie au double fleau de la guerre civile et de la guerre etrangere. Son journal se ter- luine par des vccux eu faveur de ce pays, auquel il a du deux annees d'hospitalite. — Ou lit avec plaisir le court ouvrage de M. Pecchio. Ce n'est point une hisloire comjilete ; cen'est qu'un journal , comnie sou titre I'indique. Mais le style elegant et anime de I'auteur, les pensees ingenieuses et les observations piquantes tlont il seme ses recits , les nobles sentimens qu'il exprime , ins«pirent un vif interet. Si tous les fails importans n'y sont point rapportes , du moins les liaisons de I'auteur avec les honimes les plus niarquans lui out permis de signaler les causes principales de la contre-revolution en Espagne. — M. Edouard Blaquiere , qui avait drja traduit le premier ouvrage de M. Pecchio , lui a sei^vi cette fois encore d'interprete. Les remar- ques preliminaires qui servent d'introduction au journal de son ami , s'appliquent a la conduite du ministere anglais dans les affaires d'Es- pague, et la presentent sous des rapports peu honorables pour le gou- vernement. A. J. Ill . — *The annual Register, or A View of the history, politics and li- terature. — Registre annuel de Dodsley, ou Revue de I'histoire, de la politique et de la litterature , pendant 1822 et 1828. Londres , 182'] ; Jialdwin, Cradock, etc. 2 vol. iii-8"; prix 1 liv. sterl. la schel. Les editeurs de cet ouvrage , dout le merite est connu , vieunent LIVRES ETRA-NGERS. 36"^ lie iaire reimprimer plusieurs des premiers volumes , afin de com- ])leter la collection. Un index general est sous presse. La serie com- prend tout le regne de Georges III , considere dans ses prlncipes , ses evenemens , ses resultats , ses nioeurs , sa litteralurc, etc*. On y remarque? uue hisloire de la revolution francaise , dont Butter fait le plus grand eloge dans ses Reminiscences. 112. — * Truth ■versus ytshurst , etc. — La verite en opposition avec M. Ashurst, ou les lois anglaises telles qii'elles sont , comparecs a ee qu'on en dit; parM. Jerimie Bf.jttham. Londres , i823. In-8° de i(> pages. 11 y a de tres-gros livres qui ne contiennent pas autant de choses (jiie les i6 pages de M. Bentham. Ce venerable jurisconsulte com- mence par raconter Thistoire de son opuscule. En 1792, dit-il , M. Ashurst, alors juge au tribunal du banc du roi , repandit avec profusion iin ecrit, dans lequel il faisait un eloge outre de la legisla- tion anglaise et de I'administration de la justice en Angleterre. Un exemplaire de ce pancgyrique tomba entre les mains de M. Ben- tbam , qui redigea sur-le-champ quelques notes , oil il restreignait, dans de justes hmites , les exagerations de M. Ashurst. Par des causes (jue M. Benlhani n'indique pas, cet ecrit fut oublie pendant plus de trente ans. Au mois d'aoiit de I'annee derniere , I'auteur le decouvrit en cherchant d'autres papiers , et resolut de le faire imprimer :■■< Car, liit^il, mes observations, qui ctaient justes en 1792 , le sont dix fois ;)lus aujourd'hui. » M. Ashurst a dit : Tout anglais , J lit-il de la condi- tion la plus humble , est protege par les lois. AL Bentham repond : "Sur cent anglais, il y en a quatre-vingt-dix-neuf hors de la protection des lois : quiconque n'a pas de vingt-cinq a six cents livres sterlings pour saniuser a plaider , n'est point en ctat de commencer un proces ; si sa fortuue lui permet de recourir aux tribunaux , une equivoque pent lui faire perdre la cause la plus juste. » Les juges , avoucs , procureurs et autre gens de loi, dont I'auteur donne une liste effroyablement longue, veulent tons etre gmssement payes. (i) On ne pent offrir nioins decinq guinees a chaciuide ces messieurs , et une telle somme neles engage a rien. Les plus moderes, en tres-petit nombre, exigeront au moins une guinee pour faire peu de chose , et une demi-guinee pour ne rien faire. Aux yeux d'un legiste anglais, la modicite des salaires (i) M. Bentbam cmploic volonticrs dos expressions I't des locutious du style familier ; cette liahittido doune a sou style uue forme oi-iginale, qui u'exelut point I'elevatiiiu des pensces. (n. d. r.) 3fi4 LIVRES ETR ANGERS. sorait iiiu' note (rinfamlc. " N'est-cc pas la, dit M. JJciitham , cc qui cntretient ranimosite de nos gens de loi contre la France , ct Ics ranac toujours du cote du parlement dans tons les actcs d'hostilito contre nos voisins? les Fran^ais se sont fait beaucoiip de mal les una aiix autres; ils nc nous ont faitaucun mal, ct sont bien eloignes de nous iiiontrer de la haine. >. On a beau dire , la justice n'cst point rendue a ceux qui ne peuvent la payer. C'est en vain que I'auteur de la grande Charte a dit : Nous ne denierons la justice a personue , nous ne la ven- drons a personue. Eh bien ! que fait-on maintenant en Angleterre? on denie la justice aux quatrc-vingt-dix-neuf centiemes de la nation, et on la vend a I'autre centi^mc. On assure que les lois anglaises ne gi'nent la liberie individuelle qu'en ce qui est ndcessaire pour le bon ordre. M. Bentham repond : « Je s^me du ble; les pcrdrix le mangent. Je veux defendre mon ble contre les perdrix , on me met i I'amende , ou en prison , afin qu'un grand seigneur , dont I'existence est bien autrement importante que Tagriculture, ne manque point de perdrix pour sa table. Dans I'art que j'exerce , la concurrence me ruine ; une autre branche d'industrie n'est pas assez cultivee ; si je veux m'y livrer , autre emprisonnement , parce que je n'ai pas fait , dans cet art, luj apprentissage de sept ans. Ne trouvant pas a travailler dans ma paroisse, je passe dans une autre, et Ton m'en cliasse ; pourquoi? c'est qu'il pourrait arriver que , trente ou quarante ans plus tard, je fusse a la charge de la paroisse. Entre mille entraves qui genent Tin-, dustrie , on ue cite que ces trois : oil est la necessite de les maintenir ? Autre exemple : Je connais un jeune couple que le manage va unir. La fortune des deux epoux s'elevait en tout a a8,ooo livres sterlings ; il leur en coute 2,700 pour frais, papiers et tout ce qui doitprecederia Celebration du mariage. Nous n'avons, suivant M. Ashurst, aucuneloi qui n'ait eteetablie du consentement detout le royaume. Heureusement pour I'ous , disait Muley Ismael au peuple de Maroc , vous n'obeissez qu'a des lois que vous avez consenties ; touces sont emanees dk iwtre re- prisentant, c'est-a-direde moi-meme . "La moitie des loisde 1' Angleterre, dit M. Bentham, se nomment Statutes, et sont en effet ToBUvre des parlemens ; mais chacun sait combien le peuple anglais a pen de part a I'clection de ses deputes ; I'autre partie de notre Code se nomme loi commune ; et savez-vous d'ou viennent ces lois? de MM. les juges, sans le concours ni du roi , ni du parlement , ni du peuple. » Autre assertion de M. Ashurst : Chacun a le moyen de parvenir a la con- naissance des lois qui le gourvernent. « Presque personne, replique M Bentham , ne pent atfeindre a cettc connaissancc. Blackstone dit LIVRES ETRANGERS. ^6,^. que , de son terns , I'etude des lois anglaises exigeait vingt-cinq ans ; aujourd'hui , il en faudrait le double. A cet egard , la France est plu~ avancee que I'Angleterre. II semble , ajoute M. Bentham, que chez nous le legislateur gouverne le j)euple comme un niaitre dresse sou chien ; c'est par les coups qu'il recoit que le chien apprend a con- naitre ce qui luiest interdit ; c'est par les punitions qu'un Anglais pat- vient a distinguer ce qui est legitime de ce que les lois defendent ; c'est en observant et en retenant dans sa meinoire dans quels cas un hommefut pendu,un autre mis en prison, etc.; et pour qu'il soit encore plus impossible de s'instruire par une autre voie , la publication des procedures secretes, est interdite, sous des peines severes.Lesjugeseux- memes sont aussiignorans, a cet egard, que les justiciables. II y a plus d'un siecle que M. Hall , alors lord grand-juge , avouait qu'il etait liors d'etat de donner une bonne definition du vol , suivant la juris- prudence anglaise, ce qui ne renipecliait pas de condamner les vo- ieurs au gibet. Le discours oil il fait cet aveu sincere a ete conserve par I'impression. Voila , dit M. Bentham , I'epouvantable legislation anglaise, et cependant, il faut s'y soumettre , ou tout serait perdu ; la pire de toutes les legislations , c'est I'absence de lois. • — Ce petit ecrit est si plein d'observations imporlantes, qu'il meriterait d'etre traduit et insere en entier , si les bornes de ce recueil n'obligeaient a se contenter de quelques extraits. Heiberg. Il3. — J Fhict Ingham's cabinet edition of elegant extracts. — Petite edition de Whittinghani , d'extraits choisis des oeuvres des poetes iiuglais et des traducteurs poetiques ; par R. A. Davenport. Londres , I 828 ; Arnold. C'est surtout par un bon choix de citations etpar un ordre metho- dique bien entendu que se recommande d'ordinaire ce genre de com- pilation. Trois parties ont deja paru , ainsi divisees ; Morale et Religion , Morale instructive , Poesie descriptive. On voitfigurer, dans cette derniere partie , les noms de Coleridge , de Wilson , de Milman ; mais ceux de Byron , de Southey, de Wordsworth , de Walter Scott nesont pas meme cites. Cette omission estd'autant plus bizarre, quece dernier est sans contredit le premier poete descriptif de I'Angleterre. II est probable que I'editeur de cette collection a reserve ces grands liommes pour la partie romantique ; mais ne devaient-ils pas aussi trouver place dans cette premiere livraison ? L. Sw. B. Ii4- — yi Comment on the Divine Comedj of Dante Alighieri. — Coni- mentaire sur la Divine Comedie de Dante Alighieri ; par IM. T.veffk. lome I. Londres, 1820. In-8", 49y pages, imprime eu Italic, pour Murray. 3fi6 LITRES ETRANGErxS. Voici encore un iiojivonii commenlairo snr la poesie sublime , iii.iis souvi'iit obscure, > Plusieurs des successeurs de ce prelat march&rent sur ses traces, et s'arrogerent les privileges les plus etendus. Les tombes les plus remarquables , dans cette cathedrale, sont celles du prince Edouard, de Henri IV et de Jeanne de Navarre, sa feminc.lja bibliotheque de Cantorbery fut fondee par Theodore , un des premiers eveques. II etait grec , et entie autres iivres qu'il apporta en Angleterre , se trouvaient des copies de I'lliade 368 LIVRES ETRANGERS. d'Honit;re , dos Psaunics de David ut des lloniclies de saint Chiy- sostome. II institua a Cantorbcry ct dans differens endroits du comlt- de Kent, des seminaires pour I'cducation , dans lesquels, aide de I'abbe Adrien , il faisait des cours de theologie , de philosophic , d'arithmi'tique , de geometrie , d'astronomic et de niusique sacree. II reussissait si bicn a enseigner, que Bade , qui etait sou eltJve, nous appreiid que ses ecohers parlnient le grec ct le latin comnic leur propre langue. L'instruction cut acces chez les rois , dans les chAtcaux de la noblesse ; les femnies partagerent renthousiasnie general. Les religieuses lisaient les ecritures avcc les cominentaires des peres de I'eglise : elles etudiaient I'histoire profane , la granimaire et la poesie ; et dans les epitres de saint Boniface , on voit encore plusieurs leltres savautes ccrites par des dames anglaises de son terns. Cettc fois, du niolns , I'infiuence du clerge fut salutaire. Quoique ce livre n'offre qu'un petit coin du grand tableau de la puissance roinaine en Angleterre, on aime a niesurer ce colosse avant sa chute. C'est surtout aux amateurs d'antiquites et de moeurs anciennes que Ton doit recommander ce volume. L. Sw. B. RUSSIE. Ilfi. — Bemarques siir tin ctivrage intitule: Antiquites giecques du Bosphore cimmerien. Saiut-Petersbourg , iSaS. Les Grecs ont laisse sur les bords de la mer Noire des incriptions , et d'autres monumens remarquables. Les ruines de Panticapce et d'Olbie surtout ont fourni des inscriptions interessantes ; celie du marbre d'Olbie , conserve au musee particulier du comte Kouchelef Bezborodko, a Stolnoie , gouvernement de Tchernigof , est une des plus longues et des plus developpees que Ton connaisse ; c'est une enumeration de tous les services rendus a sa patrie par ini citoyen d'Olbie, Protogene, fils d'Heroson ; une autre inscription, moins longue , moins patriotique , et plus flatteuse , contient un decrel du peuple Olbien, en vertu duquel une couronne d'or est consacree au monument de Dadus, fils de Tumbagus, en consideration des espe- ranccs qu'il avait donnees a ses concitoyens. Ces deux incriptions de la I'ille d'Olbie furent publiecs a Petersbourg , eu 1822. Pen de terns aprt's , M. de Koeppen , a Vienne , publia la premiere comme inedite, sous\eiiircAePschismaOlbie7i, enl'honneitr de Protogene. 1823. ln-8". Un ieune russe , M. Stempovski , ayunt apporte vers le meme tems a Paris un grand nombre d'inscriptions grecques des bords de la mer LIVRES ETRANGERS. 369 Noire, les conimuniqua k M. Raoul-Rochette, qui les publia et les oommenta sous le litre ^Jntiquites grecqiies du Bosphore cimmerien. Get ouvrage attira a I'auteur de vives censures , d'abord de la part de M. de Koeppen , qui iiisera sa critique dans le tome xx des Jfiener Jahrbiicher , et la fit imprimer a part ea une brochure de 107 pages: (Andqidtes du bord septentrional du Pont-Euxin.Y'ienne, iSaS); ensuite dela part d'un anonyme de Petersbourg, probablement le meme qui, le premier, avait public les deux inscriptions d'Olbie ( nous avons en- tendu dire que c'etait M. Koehler; il se peut qu'on se soil trorape). L'anonyme de Saint-Petersbourg censure a la fois M. Koeppen , et M. Raoul-Rocliette , et les accuse egalement I'un et I'autre. Get ano- nyme , qui monlre beaucoup d'erudition , parait avoir souvent rai- son ; mais il serait a desirer qu'il eiit nianifeste unpeu nioins d'humeur au sujet de la publication des monumens qui font le sujet de tous ces ouvrages. II n'y a point de privilege pour les erudits ; que les inscrip- tions soient eu Russie ou ailleurs , peu importe aux savans qui sont assez heureux pour s'en procurer des copies , et pour les publier les premiers ; tout ce que les erudits en Russie peuvent faire en pareil cas , c'est de ne pas s'endormir sur leur tresor , et de tocher de ga- gner de vitesse les savans des autres pays. D — g. 117. — Memoires sur la patrie , par Paul Svignin. — Saint-Peters- bourg, i8i8 , 1819. 2 vol. in-i2 ; prix 12 roubles. Get ouvrage, dont on avait d'abord public separement les deux vo- lumes que nous annoncons ici , a commence a devenir periodique, de- puis le mois de mai 1820. II ne faut done point confondre ces deux volumes avec leur suite, dont nous avons deja parle sous les diffe- reus titres de Nouvelles nationales ( voy. Rev, Enc. , i"""^ serie , t. xiv, pag. 628) et de Memoires sur la patrie. (Voy. ibid. , t. xvi , pag. 201.) Depuis I'epoque de sa periodicite , il a deja ete public 41 livraisons de cet ouvrage, formant ensemble i5 volumes in-12. 118. — Supplemens litteraires au fds de la patrie , ou Bibliotheque de lecture, etc., rediges par N. Gretch , 2™'' annee (i82 3).T. X. Saint- Petersbourg ; imprimerie de N. Gretch. Prix pour I'annee , 17 roubles 5o kopecks. (II jJarait une livraison tous les quinze jours ; 26 dans I'annee.) Le tome vm de ce recueil periodique que nous avons deja annonce ( voy. Rev. Enc, i'''^ serie, t. xx, p. 358 ), contenait un extrait de Raoul et Victor, ou VEcolier, production pour laquelle M^e Guizot a recu de l' Academic francaise le prix fonde pour Yonvrage le plus utile T. XXI. — Fevrier 1824. 2/, 370 LIVRES ETR ANGERS. ■ aiij: mtviirs ( voy. ibid. , t. xtii , p. i5o); la l4"^ livraison du t. x , que nous annoncons aujourd'hui, coiitieut , en /\o pages , un conte natio- nal russe , sous le litre de Jean Kostin , accompagn6 d'une gravure. Ce conte, fonde sur un cvdnenient veritable , ofiVe un tableau tres- interessant de la vie des paysans russes. S. P — y. ALLEMAGNE. 119. — *Ueber die Kriegsk tinst. — De I'Art de la guerre ; par le lieu- tenant general RoGniiT, traduit en allemand, avec un extrait des observations critiques du colonel Makbot, et augmente de rcniar- ques redigees par le g^n^ral wurtenibergeois , M. de TniiouALn; avec deux planches lithographices. Stuttgart, 1823 ; Cotla. In-S" XXIV et 846 pag. ; prix 3 rix. et 16 gros. Get ouvrage , dont Fedition francaise a fournl le sujet d'nne analyse etendue dans ce Recueil ( 'voy. torn, x , i'" serie , pag. 69 - 90. ) , n'est pas a I'abri de la critique des journaux allemands , qui repro- chent a i* general Rogniat une predilection marquee et un enthou- siasme trop exclusif pour tout ce qui vient des Roinains. Les remar- ques du general Theobald sont extraites du journal wurtembergeois pour les sciences militaires. A. J. 120. — Ueber Religion tind Theologie. — De la Religion et de la Theologie ; par Francois-Joseph Seber , professeur a Bonn. Cologne , 1823. In-8° de 3o6 pag. Tons les efforts imaginables out etc fails pour etablir que la theo- logie par elle-meme n'est point une science , et pour la bannir du do- maine des connaissances humaines ; d'un autre cote , cette opinion a trouve de puissans conlradicteurs. M. Seber doune ici les bases de la theorogie chretienne, qu'il determine avec clarte et avec erudition. Son ouvrage est divise en deux parties : la premiere est consacree a la religion ; la seconde traite , dans divers chapitres , de la doctrine re- ligieuse , de la theologie , de I'existence de Dieu , de son essence et enfin de la revelation. Ph. G. 121. — Predigt bey Eroffnung der allgemeinen Landesversammhing. — Sermon pr(5che a I'ouverture de la di^te generale convoquee par S. M. le roi de Saxe, le 6 Janvier 1824 ; par le D. Christophe-Frdderic Ammow. Dresde, i8a4 ; Walther. 36 pag. in-S". Des sermons preches aux hommes d'etat avec toute la franchise du nunisti;j-e evangelique, et avec le zcle d'un patriotismc eclaire, sont LIVRES ETRA.NGERS. 371 si nouveaux en Allemagne que le premier jjredicateur de la cour de Saxe a produit unc sensation gencrale , qui, de I'Allemagne , s'est repandue dans les pays voisins. Son sermon est d'ailleurs remar- quable, sous le rapport oratoiie , par un parallele bien soutenu entre un mauvais gouvernement , tel que rEcriture-Sainte nous le pre- sente dans la conduite d'Herode, et entre le gouvernement de Saxe , que le predicateur peint comme exempt de tons les defauts repro- ches aux gouvcrnemens arbitraires. De ce parallele , M. Amnion fait ressortir d'excellens prcceptes pour les deputes prets a ou- vHr leur session. II reduit son parallele a cinq points principaux , qu'il indique ainsi dans I'exorde : « Dans la Judee , la voix de la ve- rite venait du dehors ; chez nous , elle est annoncee par des compa- triotes francs et sinceres ; la , la moindre parole libre etfaroucliait ; chez nous , le gouvernement a une conGance solide dans ses snjets ; la , on regardait le peuple avec dedain et avec orgueil ; chez nous , r<^gne une estime legale de tons les ctats de la societe ; la , on preuait clandestinement de mauvais avis ; chez nous , les deliberations com- munes jouissent d'une publicite mesuree ; la enfin , on reduisait a la desobeissance par des ordres injustes ; chez nous , on fitcilite I'o- beissance par des lois sages. » Tout lesermon de M. Amnion est le de- veloppement de ces cinq points. Void , par exemple, comment il op- pose la liberte de parler et d'ecrire qui , selon lui , regne en Saxe , a la tyrannic d'Herode , qui etouftait toute verite utile dans ses etats, an point que ce fut par des etrangers , des Mages , que le peuple de la Judee apprit que I'asCre de I'esperance avait apparu sur l' horizon du monde : « Des factieux , des orateurs demagogues , des censeurs pas- sionnes de tout ce qui vient du gouvernement ont ete rarement aper- cus parmi nous ; un caractere doux et pen accessible aux grandes agitations , un sentiment delicat des convenances , et avant tout I'a- mour de notre dynastie suffisent presque pour nous garantir de toute resistance illegale , parlee on ecrite ; nous avons d'ailleurs vccu dans des terns , oil un silence dedaigneux , niais expressif , etait presque le seul nioyen de defense contre un pouvoir oppresseur. Mais toutes les fois qu'il s'est agi de la dignite et de la gloire d'un roi clieri , de I'independance et du bien etre de la patrie , des droits naturels ou legitimes des divers ordres et etats de la societe , enfin de la liberie de la foi et de la conscience , il s'est toujours eleve jiarmi nous des hommes assez courageux , assez eclaires et assez energiques pour s opposer a I'humiliant arbitraire , a I'exigeant orgueil , aux formes surannees du vieux lenis , aux couiurncs illcgalcs ; s'ils ii'ont pas 3;2 IJVRES ETRA.NGERS. toujoiirs reussi , du moins ils ont fait iiailre dans les cceiirs de Icurs adversaires la conscience de leiirs torts. Comblen n'avons-nous pas de motifs d'etre reconnaissans de cet I'changc librc de pensees dont nous jouissons ! quel respect ne devons-nons pns au gcnereux prince , qui , partoul ou il ne s'agit pas de droits etrangers , aime mieux igno- rer un abus indiscret de la liberie , qued'en restrcindre I'exercice par des lois trop sev^res ! conibien ne devons-nous pas nous estimer heu- reux de ne pas vivre dans ces tems ou le pouvoir dominant se per- mettail toutcs les mesures pour arreler la verite a force d'injiistices ! i^Epitre aiix Romains, cbap.i, v. i8. )Puisse ce souvenir ne point vous abandonner , dignes menibres de la diete nationale ! Puisse la seule idee d'dtre reduits a apprendre par le blAme des etrangers , ce que nous pourrions apprendre bien niieux de nous-m^mes, rt'pugner a votre esprit libre et patriotique ! Puissiez-vous toujours avoir asscz de courage et de sentiment de votre dignlte , pour rompre un silence lAche et perfide , lorsqu'il s'agit du bien public ! Puissiez-vous tou- jours unir dans les deliberations ou vous allez entrer, la prudence , le calme et la sagesse a cette noble francbise que la Sainte-Ecriture nous recommande par ces mots : Defends la verite jusqiCa la mort ; alors , le Seigneur combattra pour toi. ( Sirach , chap, iv , v. 33.) — Le tableau que I'orateur sacre esquisse dans le second paragraphe , merite en- core d'etre cite. « Dans un pays ou rf'gne I'arbitraire sans frein au lieu de la loi , I'angoisse et la terreur au lieu du libre respect pour I'autorite , on concoit que toute expression francbe excite des soup- cons et de I'ombrage. Quel bonbeur , au contraire , est le notre ! le pc're de la patrie vient au-devant de ses enfans , en leur temoignant line confiance bonorable ! chez nous , on ne connait point la crainte et I'effroi qu'inspire le pouvoir supreme , toutes les fois que la sa- gesse et la bonte ne I'accompagnent point ! On ne connait pas ici le soupcon qui epie tout par des agens secrets et mercenaires , et qui a ses espions degulses dans toutes les reunions de families ; on ne con- nait pas ici la ruse orabrageuse dont I'art perlide soulfeve chaque ca- chet pour penetrer dans les secrets d'autrui ; on ne connait meme pas dans I'admiuistration du bien confic , la precaution inquiite qui mulfiplie les comptables et double les gardes ; enfin , on ne connait point dans I'instruction publique la severite qui bannit ou ecrase par ses foudres toute parole francbe et libre: dcla, I'attachement ine- branlable de tout vrai Saxon pour la faniille de ses princes ; dela , sa ferme confiance dans la justice, lorsqu'il porte ses plaintes ou ses prieresdcvantuntronc toujours accessible; dela, sa fidelite eprouvee, LIVRES ETRANGERS. 373 qui sail a peine ce que c'est que revolte et insurrection , etc. » Ce ser- " mon est dedie aux membres des Etats , qui , suivaut le protocole su- ranne de I'ctiquette allemande , sont appeles , dans la dedicace , les ties-dtgnes , tres-hauts , tres-bitn ties, tres-nobles , Cres-sm'ans eC tres' sages seigneurs pre/ats , comtes , chevaliers et deputes des villes. Le senat remain ne s'est jamais attribue une aussi longue nomenclature de litres. D — g. I as. — Das hamburgisehe Criminal-Gefaeiigniss , etc.— ha Prison criminelle de Hambourg , connue sous le nom de Spinnhaus , et les. autres prisons de cette ville decrites , quant a Tadminlstration et a la distribution interieures , avec quelques idees sur Tanielioration des elablissemens de ce genre en general ; par A.-E. Martens. L'auteur de cet ouvrage est lui-m^me adniinistrateur des prisons a Hambourg. Les opinions qu'il emet aujourd'liui sont le resullat d'une experience longue et reflechie ; elles annoncent un bomnie eclaire. Jamais il ne demande plus que ce que le droit exige ; jamais il ne s'e- carte de ce principe fondamental , que riiumanit6 a droit a notre respect , nieme dans la personne des plus grands coupables. Deu.x clioses surtout lui paraissent essentielles dans I'etablissement d'une prison ; d'abord , une administration interieure sagement combince ; puis, un espace etendu, non-seulement pour la sante, mais aussi pour la classification des prisonniers. Certes , les pbilantropes de tons les pays partageront tons son opinion , lorsqu'il insiste avec force sur cette classification , lorsqu'il reclame la separation des simples pre- \enus et des condamnes , des enfans et des bonimes faits. Malheu- reusement, et malgre les vues pbilantropiques du magistrat charge de leur inspection , les prisons de Hambourg ne sont point satisfai- santes sous ce dernier point de vue ; le local en est trop resserre pour qu'on y puisse introduire cette amelioration. Du reste , leur organi-. sation interieure est digne d'eloges : les prisonniers y sont occupes utilenient , et Ton a su les interesser au travail, en leur abandonnant une part des produits. Les deux prisons de Hambourg , qui meritent surtout d'etre citees , sont la Zuchthaus , ijiaison de correction, oii sont lenfermcs les vagabonds, les uiendians, etc. , et la Spinnhaus , raaison de travail destinee au.x criminels. la3 — * Die Hiiusliche Erziehungsanstalt , eic. — L'InSlitut d'edu- cation domestique du D'' de Liederskron a Erlangen , avec des ob- servations sur Teducation en general et sur les etablissemens qui lui sont consacres; par le fondatcur-directeurde cetinstitut,leD''K.-L. ua LiEDEKSRKOs. Nuremberg , 1821. i vol. in-8° de 98 pages. •\Tk LIVRES ETRA.NGERS. Cet ouvrage est coiisacrc an devcloppcnient des idees de I'auteur sur I'cducation , et an tableau de I'lnslifiition dans laquelle il a mis CCS idees en pratiques. Apr6s avoir etudie les syst^mes et les me- thodes dcja celebres de Pestalozzi , de Gutsmuths , etc. , apr^s avoir medite les ecrits de Lode , de Rousseau , d'Uelvctiiis , de Herder, de Niemeyer , de Schvarz et de plusieurs autres ecrivains distingiies , M. de Liederskron s'est eflbrce d'appliqucr a I'cducation de sa jeiine famille et de quclques autres enfans , admis en petit nombre dans son Institut , leurs preceptes , ou du moins ce que chacun de leurs syst^mes lui a paru offrir dc nieilleur. Le principe fonda mental sur lequel est basee toute sa mtthode est celte pensue de Schwarz , qui sei't aussi d'epigrapbe a son ouvrage : « Une education complt-te ne doit pas se borner a la culture d'uneseule, ou de plusieurs des bonnes qualites de I'liomme ; elle doit tout enibrasser dans un but unique. •> II parait croire a la superiorite de I'education doniestique sur I'edu- tion publique , surtout en considerant dans la premiere I'avantage d'une surveillance centrale exercee par les parens. Aussi , n'admet-il , outre ses propres enfans , qu'un petit nombre d'etrangers dans son etablissement , afln de pouvoir leur accorder plus d'attention ; et , quoique plusieurs professeurs partagent avec lui les soins de I'ins- truction , il s'est reserve une inspection immediate et generale sur ses eleves. En beaucoup de circonstances il adopte les principes de Pes- talozzi , et il a nidme appele aupres de lui un ancien disciple de cet illustre pedagogue. — Son institution nous parait digne d'etre placee au nombre de celles dont s'honore deja I'Allemagne. A. J. 124. — * Glauben , JFissen and Ktinst der alien Hindous , etc. — La foi , les sciences et les arts des anciens Hindous , dans leur ctat pri- mitif , et dans les figures symboliques du culte , avec la comparaison de la morale et de la mythologie symbolique cliez les autres peuples anciens , etc. , et des figures d'idoles la plupart encore inedites ; par N. MijLLER. Tome I. Mayence , i8aa. In-S" de 63o pag. laS. — Codex Rheno Mosellanus. — Collection de titres et de pieces pour servir a I'histoire des pays qui avoisinent le Rbin et la Moselle; par ?^VM. Guwther. Coblentz, 1824. In-S". En i8i3 , M. Guntlier , qui depuis quelques annees etaitarchiviste du departement de Rbin et Moselle , publia une bistoirede Coblentz. II vient de ceder aux voeux de quelques personnes eclairees , en don- nant une collection de materiaux quisont du plus grand interet pour le pays auquel ils se rapportent. On vante beaucoup le soin avec le- quel les copies ont ete faites , ainsi que les introductions et les expli- LIVRES ETRANGERS. 375 cations , soil grammaticales , soit genealogiques , que M. Guuther a juge a propos d'.ijouter. Pour eviter un double emploi , il ue repro- tluit pas les titres qui oiit deja ete imprimes , soit dans I'ouvrage tres-celebre de Houtheim , soit partout ailleurs ; il ne s'est permis d'exceptions a cet egard que pour trois ou quatre pieces qui sont d'une telle importance qu'elles ne pouvaient ^tre convenablement omises , oud'iine inexactitude qui exigeait una rectification du texte. Les autres sont indiquees a leui" place par leurs titres , avec renvoi au livre oii elles figurent. Ce premier volume atteint la fin du xii'' siecle , et I'auteur se propose de consacrer un volume a chacun des siecles suivans. — L'introduction presente , dans un coup d'oBil rapide, I'etat de ces contrees du Rliin , de la Moselle et de la Nalie, depuis le vii" jusqu'au xii'' siecle. Les recherches histo- riques et geographiques que Ton y trouve sur les anciens gaii ou cantons , sont tres-curieuses et tres-instructives. Au x i° siecle , ces gait , qui avaient chacun leur comte , disparaissent , et les comtes , qui d'abord n'avaient que des noms de bapteme , prennent peu a peu celui de leurs chateaux , et s'erigent en souverains du.pays. La no- blesse inferieure est nee des hommes libres et s'est formee peu a peu pour le service militaire, avec le litre de milites. M. Gunther ne parle pas des bourgeois , parce qu'il en est rarement question dans ses cbartes ; mais il s'occupe des mancipia ou esclaves ; il entre dans de grands details sur les magistrats appeles vogt. Enfin , il jette ua coup d'oeil sur les ordres monastiques, existant aux environs de Coblentz , a la fin du xii'-' siecle. — Plus de deux cents documens inedits se trouvent dans cette collection. Il en est, sans doute, qui sont d'un interet purement local ; mais , plusieurs autres emanes d'empereurs , de rois et de papes , ont une importance generale pour toutes les nations. Nous citerons comme digne de remarque la for- mules d'affranchissement des serfs : Habeant atttem portas apertas ej:eundi et redeitndi qnocunque ■voluerint. II n'est pas inutile non plus de citer une formule d'execration qui se trouve dans un titre de I'archeveque de Cologne, centre ceux qui en entraveraient les effets : le rebelle y est frappe d'anatheme : Anathema sit illi irremediabililer, hie et in fiituro a mallgnisque spiritibiis severiter corripiatu?: Voici encore une autre formule d'execration non moins remarquable : Anachematis vinculo innodattis i/idignalionein Dei Omnipotentis , ejusquc genitricis nee non et apostolonim Pauli et Petri sanctique pastoris se procul dubio noverit in cursurum. On voit que les 6veques du xil*" si6clc parlaient un tres-beau latin. Un Index gcographique et un Index gC' 376 LIVRES ETR ANGERS. m'alogique font connaitre les families dos princes^ev^ques, chevaliers , ainsi que la position et I'origine des villes ,, Tillages , chAteaux , eglises, couvens , etc. Puisse rauteiircontinuer incessamnient son ou- vrage ; niais le public auquel il s'adrcsse n'est pas nombreux , et le z6le des vrais amateurs est necessaire pour le soutenir dans sa dif- ficile entreprise. 126. — SophocUs Jntigona. — Antigone , de Sophocle , revue d'apri's les meilleurs manuscrits , et pourvue de notes succinctes ; par G. A. Ehfurdt. Seconde Edition, avec les observations de Hermann. Leipsig , i8a3. In-S". Ce ii'est iei que le premier volume d'une edition complete des oeuvres du grand tragique grec. Le travail de M. Erfurdt a deja ete juge , et I'erudition de M. Hermann ne peut que doubler sa valeur. Ce qui merite le plus I'attention du lecteur , est une dissertation coni- muniquee par M. Seidler , et q>ui a pour objet de determiner I'cpoque de la premiere representation d'Antigone. Aristophane , le grammai- lien , qu'il ne faut pas confondre avec I'illustre comique de ce nom , nous apprend.que Sophocle fut fait preterir ou stratege dans la guerre de Samos, a cause de la reputation que lui acquit cette tragedie ; d'ou M. Seidler conclutqu'elle fut donnee, peu avantque cette guerre ecla- lAt. Or , selon Diodore de Sicile , cet evenement eut lieu la quatri^me annee de I'olympiade i,xx,xiv , sous I'archonle Timoclcs : Mnsgrave , dans sa Chroiiologia scenica , et Boeck, dans son traite De Grcccce tragce- dicv principibus, assignent I'anneeprecedentea la premiere representa- tion d'Antigone. Plutarque , Strabon , Athenee , Ciccron , Justin , sont tons d'accord pour mettre Sophocle au nombre des chefs que Pe- ricles commanda dans I'expedition de Samos. Neanmoins , la fixa- tion de I'annec souffre quelques difficultes : iin auteur inconnu de la vie de Sophocle dit qu'il fut cree stratege, sept ans avant la guerre du Peloponese, qui conimenca , selon Thucydide, la premiere annee de la ixxxvii" olympiade ; ce qui ferait neuf ans et non pas sept , si Ton s'en tenait a I'indication de Diodore; et mcnne dix , si Ton veut , avec le mcme Diodore , fixer la gnerre du Peloponese a la seconde annee de la Lxxxvii'" olympiade, au lieu d'adopter I'indication de Thu- cydide. 11 y a done erreur , soit dans Diodore , soit dans Tauleur ano- nyme de la vie de Sophocle ; et c'est la la question que M. Seidler resout. 11 etablit d'abord qu'il y eut deux expeditions centre Samos , et que le poete assista a la seconde ; qu'il est impossible , conime le veut Diodore , qu'elles aient ete faitcs dans la m6me annee , puis- qu'une seule des deux entraine un si^ge de ucuf mois , et que' les I LIVRES ETRANGERS. 877 voynges dont on reiki conipte eussent exige iin tems beaucoup plus long. M. Scidler prouve que Diodore a inal saisi Thucydide et s'ap- puie d'une scolie manuscrite sur les Gue[)es d'Aristopliane , pour mon- trer clairement que rexpedition durait encore sovis rarclionle Myri- chide ; il ne voit pas non plus pourquoi Musgrave et Boeck out encore i-ecule d'une annee ia premiere representation d' Antigone , et il se de- cide pour I'annee de rarchonte Myrichide , engageant apres cela une tres-courte discussion sur I'flge de Sopliocle. On ne reprochera point la diffusion a M. Seidler ; huit pages lui ont suffi pour tout cela , ct ce n'est pas le seul litre qu'il ait a la reconnaissance du public ; il a fourui a M. Hermann un grand nombre de notes critiques et inge- nieuses.Tout concourt a recommandcr cette edition, qui se distingue aussl par la beaute de I'execution typograpliique et dont le prix est fort modique. Esperons qu'elle sera bientot achevee. Ph. Golbeky. 127. — Shakespeare' s Vorschule. — Ecole anterieure a Shakespeare; publiee et accompagnee par Louis Tieck. Tome I. Leipzig , iSaS. II est presque douteux que Shakespeare ait plus d'adniirateurs en Angleterre qu'en Allemagne , oil les meilleurs poetes se sont fait lui honneur de le traduire, de le commenter , de le louer et de I'imiter. M. Tieck est de ce nombre. Apres avoir public, en 1810 et 1811, I'Jncien Theatre anglais , ce poele distingue a fait un voyage en An- gleterre, pour mieux comprendre Shakespeare, et se procurer dcs renseigneniens plus exacts sur I'histoire du tems oil ce grand auteur tragique a vecu , et sur la nation dont il reproduit si souvent les opi- nions , les prejuges, les mccurs et les dictons populaires ; sans un voyage en Angleterre, on a de la peine a bien saisir les allusions que fait Shakespeare a tons cesobjefs. M. Tieck entreprend mainte- nant un recueil et une traduction des principales pieces dramatiques qui avaient paru avant Shakespeare , et dans lesqiielles I'auteur de Macbeth etde Hamlet a probablement puise des inspirations. Le pre- mier volume du nouveau recueil de M. Tieck contient trois pieces et une introduction historique sur I'etat du theatre anglais avant Shake- speare. Les Anglais ont eux-memes beaucoup ecrit sur Icur theatre; mais, comme ces ouvrages sont pen repandus sur le Continent, les recherches de M. Tieck y ont encore le merite de la nouveaute. L'au- teur se courrouce , comme poete , contre la revolution anglaise , qui , selon lui, a flctri les fleurs de I'imagination cju'avait fait eclore le r^gne brillant d'Elisabeth ; il attribue a I'influence des puritains une pedantcrie qui , selon lui , a penetre dans le caractcre des Anglais, et a empech6 la poesie dramatique dc reprcndre son essor , nienie 378 LIVRES ETRANGERS. apres la icstauration. Pcut-etre M. Tieck n'a-t-il pas rcniarquii que, lorsque les peuplcs sont une ibis sortis de cette naivete qui caracterisc Tenfance de Tart , ils n'y rentrent plus , et que c'est moins I'effet dcs revolutions politiques que dcs progres naturals de I'esprit humain. La raison gagne alors le terrain que perd la fiction ; c'est sans doulo une parte pour la poesie , ma is la societe ne s'en trouve pas plus mal. La premiere piece du recueil de M. Tieck est un drame de Robert Green , intitulee : La Legende dii pere Bacon. Cette piece ne ferait pas fortune en France. Rien de plus noir que la tragedie bour- geoise A'Arden de Fci'ersham, dont on n'a jamais counu I'auteur. L'he- rbine est une jeune femme , Alice, qui de sang-froid et de propos delibcre commet crime sur crime, et que de nos jours on enferme- rait a Bethlem. De concert avec un jeune galant , Mosbie , elle tue son mari , et pendant que le corps de celui-ci est place dans une chambre voisine , Mosbie boit sur la scene a. la sante de sa victime. Alice apercoit sur sa main des taches de sang qu'elle s'efforce en vain d'effacer ; ce qui parait avoir donne a Shakespeare I'idee du mi-me trait, introduit dans la tragedie de Macbeth, si toutefois le vieux conte de Barbe bleue n'a pas servi aux deux poiites. La troisieme pit;ce, les Sorcieres du Lancastskire , par Th. Heysvood , qui a mis en scene une famillede paysans ensorcelee, meritepeud'attention; on y trouve un fat que I'auteur appelle M. Noble, probablement pour persifler la fatuite des jeunes gentilshommes de son tems. Paut-etre aurait-il mieux valu donner , au lieu des pieces entiiires , I'analyse de cliaque piece , et ne clter textuellement que les scenes qui annoncent reelle- ment du talent ou du genie. D — -g. 128. — * Jaltrbilcher der Landwinhschaft in Daiern. • — Annales du I'agriculture en Baviere , publiees jtar Georges d'ARBTiw , et Max. ScHiJNLEUTNER. I^e anuce , i'^'' caliicr. Landshut, iSaS; Kriill. In-8" de 184 pages. Ce recueil, consacre exclusivement a I'ccononiie rurale, avait ete annonce depuis long-tems par plusieurs journaux bavarois. Diveis ouvrages estimes ont deja fait connaitreMM. d'Aretin et Schonleutner, et donnent lieu d'esperer que leur nouvelle entreprise rendra des ser- vices importans a la science dont ils s'occupent. — Nous remarquons, dans cette livraison, un menioire deM. Schonleutner sur I'Esparcctte, consideree comme la plante fourragere la plus convenable au terrain de la Baviere ; differenles notices sur les recoltes de 182s dans plu- sieurs parties de la Baviere , et sur quclques autres objets d'agri- culture. A. J. LIVRES ETRANGERS. ^79 SUISSE. 129. — Bcricht i'tber die tin /Ipril 182a , errichlete Tatibstummen-Anstalt bey Bern. — Rapport sur I'lnstitutioii ties sourds-niuets , etablie pres de Berne, au mois d'avril 1822. Lerne, iSaS. Le canton de Berne renferme pr^s de mille sourds-muets des deux sexes. Quelques pliilantropes chretiens concurent I'idee de former une ecole nonnale pour rinstruction de ces infortun^s , et en entreprirent I'executioii au conimencenient de I'annee 1822. Le gouvernement Ber- nois leur accorda 3, 000 francs (environ 4,5oo francs de France) pour une anuee d'essai ; il vient d'accorder de nouveau une pareille somme pour la seconde annee ; onze eleves sont conGes au soin d'un niaitre intelligent et zele , M. Jean Burki. L'uu des buts que Ton se propose est de simplifier la metliode d'enseignement , a tel point que les regens ordinaires desecoles de campagne puissent etre charges de I'instruction des sourds-mueis. C Monnard. ITALIE. i3o. — iVemoria siil coinmercio di Venezia, e su' mezzi d'impedirne il decadimento , etc. — Memoire sur le commerce de Venise, et sur les moyens de prevenir sa decadence , lu a I'Athenee de Venise par Liiigi CA"SiiRiifi, niembre ordinaire decet Athenee, etc. Venise, 1828. In-8°. Ce memoire est divise en deux parties: dans la premiere, qui est enti^rement bistorique , I'auteur presente I'histoire de la richesse et de la puissance de cette republique , depuis son origine jusqu'a sa chute. II serait peut-etre difficile de trouver , dans I'histoire des nations , un autre etat qui , de la situation la plus miserable , soit parvenu a un tel degre d' elevation , pour retomber ensuite dans ua abaissement aussi grand. — Dans la seconde partie de son memoire, I'auteur propose d'enlever a Venise sa position insulaire , vis-a-vis de I'Europe , position qu'il regarde comme nuisible aujourd'hui , et il croit qu'il faut la reunir a la Terre-ferme, pour qu'elle puisse en tirer plus aisement tons les moyens necessaires a sa conservation. Elle doit, dit-il, attendre maintenant de la terre ce qu'elle ne pent plus es- perer de la mer. II projette de faire etablir une grande route qui , partant en ligne directe du point le plus etroit de la lagune , n'aurait en longueur que deux milles et demi ( environ une lieue ). On croit que ce projet avait deja et6 concupar le cel^brc doge MarcFoscarini. i3i. — Delia educazione de' figli , etc. — De I'^ducation des enfaiis ; 38o LIVRES liTRAlNGERS. traite , tudie a retracer, dans ces quatre tableaux, autant d'cpoques tW\s- remarquables de I'histoire Romaine. II est cependant singulier qu'il ait voulu presenter les portraits de Thrasea et d'Helvidius , ces deux Catons du terns de Neron el de Vespasien , portraits qui ne semblenl pas les plus convenables au terns et au pays de I'auteur. 1 34- — Bibliograjia storico perugina, ossia catalogo degU scricturi eke hanno illustrala la storria delta citta, etc. — Bibliographic historiquc de Perouse , ou Catalogue des ecrivains qui ont illustre riiistoire de cette ville et de ses environs , avec des notes ; par M. J.-Ii. Verjhi- GLiOLi. Perouse, i8a3. In-4". L'auteur se fait remarquer, ainsi que les Zeno et les Morelli, par son erudition et par sa critique. II corrige plusieurs erreurs dans ce genre ; et I'histoire litteraire d'ltalie peut beaucoup profiter de ses observations et de ses lumi^res. 1 35. — Vita di Saffo, etc. — Vie de Sapho et de Maria Gaetana Agnesi, redigees toutes deux par Bianca Milesi. Ces deux notices , que nous avons sous les yeux , ne portent que la date de Chantilly , i'''" Janvier 1824, d'ou l'auteur les adresse a M"'^ hi baronne de Feucheres , qui fait profession d'aimer la langue ita- lienne. Mais, ce qu'il inijjorte le plus de remarquer, c'est que ces deux notices, qui avaient ete inserees dans deux grandes collections, impriraees a Milan, appartieanent a une demoiselle Blanche Milesi , d'une noble famille Milanaise , qui cultive avec succes les lettres et lieaux-arts. EUe s'est exercee surtout dans la peinture, et ses produc- tions prouvent quelle manie avec la menie habilete la plume et le pinceau. Les historiens avaient voulu faire de la malheureuse Sapho luie de ces courtisanes, malheureusement trop communes , qui ajou- tent a la corruption des nioeurs la ironiperie et I'hypocrisie. L'auteur cherche a rehabiliter sa memoire , et a la representer jJassionnee , raais sage et fidele; enfin malheureuse, mais toujours digne de hi pilie et de I'estime des hommes distingues par leurs talens et par leurs vertus. M'le Milesi presente, avec assez de precision et d'clegance , tout ce que les anciens nous ont laisse de plus remarquable sur le merite etsurles malheurs de cette muse lesbienne, qui nous a transmis un nouveau metre qui porte encore son nom , et qu'Horace lui-meme s'est fait gloire d'imiter parmi les Latins. — Elle fait connaitre aussi le merite d'une autre femme c6lebre , M'nc G. Agnesi. Cette derniere , n6e a Milan, cultiva les liautes sciences, et surtout les mathematiques; elle a commente I'ouvrage de L'Hopital sur les sections coniques , et a pubhe , en 1748 , ces Institutions analjtiqttes , qui la firent nommer , ■^8^ LIVRES ETIIANGERS. par Bcnoit XIV , professeur d'analyse ii TUniversite de Bologuo , ot que rAcadenue de Paris Iioiiora de scs cloges. Bossut lui-nienie jiige.i que cet ouvrage pouvait faire partic de son cours , destine aux el^vos du genie militaire, et il se coiiteiita dc le tniduire avec tri-s-peu de changemens. Le m^ms ouviage fut aussi traduit en anglais par le pro- fesseur Colson , commentateur de Ne\vton. Cela prouve que les etudes sev^res nc sont pas aussi etrangeres qu'on le pense , aux femmes ita- lienncs. 136. — Elogio di Andalb di A'egro , ele. — Eloge d'Andalo de Ne- gro ; par le docteur B. Mojon. G(?nes , iSaS. Andalo de Negro , de G<5nes , fut I'uu des mathematiciens et des astronomes les plus celebres du xiv^ siecle. II fut precepteur de Boc- cace , qui a laisse un beau teiiioignage des talens et des qualites de son maitre. M. Mojon a recueilli tout ce qui concerne la niemoire de ce savant , et il nous assure qu'il fut un des poetes provencaux decette epoque , et qu'il avait fait de longs voyages. On n'a de lui qu'un seal ouvrage : Opus prceclarum astrolabii , imprime a Ferrare , en i475. 1 37. — Elogio del conte Giulio Perticari , etc. — Eloge du comte J. Perticari ; par le professeur Paolo Costa. Bologne, 1828. In-8°. Cet eloge a ete lu par le professeur Costa, dans I'Academie des Pel- sinei , a Bologne, lorsque cette accadcmie celebrait les funerailles du comte Perticari , I'un des litterateurs de notre siecle les plus zeles pour la gloire de son pays ( voy. ci-dessus , t. xviii, pag. 222 ), M. Costa, cherclie a determiner , dans cet eloge , le veritable etat de la litteraturc italienne , vers la fin du siecle dernier. II indique les causes de sa de- cadence a cette epoque, et monlre combien d' efforts a fails M. Perti- cari pour la rappeler a ces vcritables principes , en I'arracliant a la corruption du barbarisme, et k la servilite d'une imitation pedan- tesque. En effet, nul , mieux que lui, n'a su tracer a ses contempo- rains le chemin qu'il importe de suivre pour imiter la manitVe natio- nale des classiques italiens , sans trop s'eloigner de cette liberie dc penser et d'ecrire que reclament les progres des lumi^res dans notre siecle. F. Salfi. l38. — Observalions du marquis Arborio Gatlinare DE Brkme, sur quelques articles peu exacts de I'Histoire de I'adininistration du royaume d'ltalie , pendant la domination des Francais , altribuee a un nomme M.-i''/'e££e'nc Coraccini , et Iraduiles de I'italien. Turin, i823; impri- merie de Joseph Favale. i vol. in-S" de 94 pages. Les pretendues biographies des hommcs vivans sont un des pins liouteux scandales de notre epoque. Receptacles de tous les men- LIVRES ETRANGERS. :^85 soiiges que la mauvaise foi et I'esprit de parti se plaisent a inventer , elles parviennent quelquefois a obscurcir les reputations Ics plus hono- rables. On doit done s'etonner qu'un auteur, qui veutecrire I'histoir.e, fldopte legferement les assertions publiees par ces ecrivains sans pu- deur , qui exploitent I'honneur des citoyens ; I'etonnement redouble , lorsquecet auteur se fait d'ailleurs estimer par un caractere de mode- ration , et par I'exactitude des autres faits qu'il recueille. M. de Br^me, I'un des homines publics les plus respectacles dont s'honore ritalie , a deia ete plusieurs fois la victime de i'avidite des biographes ; et , ce qui *st plus malheureux pour Ini , I'auteur d'une histoire d'l- talie les a crus sur parole et les a copies. M. de Breme a du refuter ces calomnies accreditees par un ouvrage dans lequel' il reconnait lui- m^me le merite de I'exactitude , quant a la plus grande partie des faits : ce sera un devoir aussi pour tous ceux qui entreprendront plus tard d'ccrire I'histoire de I'ltalie moderne, de consulter la brochure que nous annoncons. Son estimable auteur a occupe long-tems un des postes les plus eleves dans le gouvernement de son pays ( ce qui explique la haine et les calomnies dont il a ete Tobjet ). La Lombardie doit a ses soins , lorsqu'il etait ministre de I'interieur , un grand nombre d'institulions utiles; et il n'avait pas peu contribue a faire sortir ces belles et malheureuses contrees de I'etat de langueur ou elles etaient plongees avant I'arrivee des Francais. — Outre leserreurs qui ne sont relatives qu'a lui , M. de Breme en a relev6 d'un autre genre dans I'ouvrage de M. Coraccini. II lui reproche de ne pas bien connaitre I'ltalie, et d'adopter quelquefois des ideas fausses sur son etat moral et sur sa statistique. A. T. 1 39. — / Frainmend della Gastronomia , etc. — Les Fragmens de la Gastronomic d'ARcHBSxRATE, recueillis et traduits en vers par Dome- iiico SciNA. Palerme, iSaB ; Imprimerie royale. In-8°. La plupart des anciens , surtout Chrysippe , avaient regarde ce potite grec , de Syracuse , comnie un des propagateurs les plus zeles dela doctrine epicurienne, et son poeme de la gastronomic comma une veritable theogonie des philosophes gourmans. L'abbe Barthe- lemy , d'apres Athenee , a accredite la meme opinion parmi les mo- dernes. M. Scina, tros-connu par la solidite de ses connaissancesdans la litterature et dans les sciences naturelles , a entrepris de justifier son compatriote, compromis, selon lui, par cette imputation. C'est le sujet d'un discours plein d'erudition , dout sa version est prccedec. II parle de I'liabiletequi distingualt les Sicilians , et particulierement, les Syracusains , dans I'art de preparer les delices de la table , qu'ils T. XXI. — Fcvricr 1824. 25 :iS6 J.JVRES ETRANGI.RS. appreciaient plus quo tout autre peuple police de I'antiqiiitc^. C't-st |)Our ccla que plusieurs poi'tes , ninsi qu'Archestratc , s'occup^rcut de la gastrologie. II nous est reste des fragiiiens du poeme que e siicces qu'obtient aujouid'hui une histoire variee , attacliante et impartiale de la grande revolution religleuse du xvi*' siecle et des eve- neniens politiques dont elle fut la causeT,/VIS. 39 1 meiitsalutaire el inespere. >> — Dans son article siirla Ciiciilalion,M. Des- uiunlius a pris pour guide M. Magendie , et reconnait avec lui trois circulations dans les mammiftres : celles du chyle , de la lympne et du sang. Apres avoir traite de chacune d'elles en particulier, il exa- mine la circulation dans les olseaux , les poissons , les reptiles , les moUusques , les crustacees , les araclinides , les vers et les insectes. M. Lamouroux y a joint ses observations sur la circulation dans les animaux rayonnes et dans les hydrophytes. Ce que M. Geoffrny-St- Hilaire dit du clitoris offre une application remarquable de sa Theorie des analogues. — L'article Ccciir , de M. Dumas , est digne de ce jeune et habile physiologiste. — Dans sa description du Colibfi , M.Drapie/. a fait preuve d'un talent de style que. nous avons eu I'occasion de signaler dans I'unede nos precedentes annonces. — M. Deshaies, auteur de I'artirle Conchjlio/ogie , commence par faire sentir combien I'etude des moUusques est importante pour les progres de la geologic. « Eu effet , dit-il , que sent les coquilles , et en general les restes fossiles des autres animaux , sinon d'antiques medailles qui sont la preuve la plus evideute des changemens qu'a eprouves la surface de la terre. » L'auleur divise I'histoire de la conchyliologie en deux grandes epo- ques : 1° dans la premiere , il considere ce qu'elle etait avant Linriee ; et Ton s'etonne avec lui que , depuis Aristote, dans les ecrits duquel on trouve les premieres notions sur les coquilles , jusqu'a Daniel major, en ifiyS , la conchyliologie n'ait fait aucun progres reel. Dans la se- conde epoque , il suit les modifications et I'avancement de la science, depuis I'illustre Suedois jusqu'a nos jours. Nous regrettons de ne pou- voir nous arreter sur les articles Corail , Cormoran, Corjphoene , Couleuvre et Cotonnier , dus a MM. Lamouroux , Drapiez , Bory-St- Vincent et Richard. Nous les recommandons a I'attention de nos lec- teurs , ainsi qu'une description detaillee des courans de la mer, suivie d'explications ingenieuses donnees par M.Bory-St-Vincent. Nouster- rainerons cet article par quelques mots sur le travail de M. Audoin , relatif a la Courtilliere. L'anatomie de cet insecte est faite avec ce soin et cette clarte qu'on avait le droit d'attendre du jeune savant a qui I'on doit de si importans travaux sur le Sysleme solide des animaux anicules. — Les planches meriteraient toujours les m^mes cloges , si quelques-unes n'etaient pas d'un gris trop pale. A. M — r. 146. — Lettres sur les revolutions du globe; par M. A. B. Paris, 1824; Bossange freres. i vol. in-ia ; prix 3 fr. Nous cilerons presqu'en enticr la preface de ce petit ouvrage, parce qu'cUe est tres-courte , et qu'elle expose clairemeiit le hut de rauteur. 392 LIVRES FRANC/VIS. les sources oii il a puise , les autoritc's sur ksquellts il s'appnie. « Won but, en publiant ces lettres , est de donner au public una idee des resultats curieux auxquels I'etude du globe terrestie a conduit , dans ces derniers tems, nos nnturalistes les plus distingu(!'s... Je me suis altachd a ecrire de maniere a ^'tre conipris des personnes meme les inoins versees dans I'etude de I'hjstoire naturelle , et il suffira , pour lire ces lettres , des connaissances elenientaires que donne I'cducation la plus commune. — L'admirable ouvrage de M. Cuvier sur les os- seniens fossiles m'a fourni tout ce que j'ai ecrit sur ce sujet. J'ai puise dans les lecons de M. Cordier tout ce que j'ai dit sur la constitution de i'ecorce niinerale , sur les volcans , les tremblemens de ferre , etc. ; enfin , j'ai fait aussi quelques eniprunts aux ouvrages et aux lecons de M. Geoffboy-Saimt-Hilaibe. S'il m'est arrive quelquefois de basarder une opinion qui me fut personnelle , j'ai toujours eu soin d'en avertir. » L'auteur admet I'existence d'une haute temperature dans I'interieur de la terre , et il en deduit I'explication de plusieurs faits geologiques : il n'a point cherche a concilier cette hypotbc'se avec les faits qui attestent que le globe terrestre n'eprouve aucun re- Iroidissenient. On remarque aussi quelques crreurs peu importantes sur la cause des tremblemens do teire , sur la cbaleur des eaux mine- rales. Ces pbenomenes sont frequemnient produits par des causes superficielles , et qui n'ont aucune communication avec la masse in- terieure que l'auteur suppose etre encore dans I'etat d'incandescence. Si I'observation de Trebra , sur laquelle il fonde principalement son hypotbese , etait applicable a tous les lieux ct a toutes les profon- deurs , il suffirait d'atteindre a une profondeur de vingt lieues pour trouver la temperature de nos fours a porcelaine , et la masse brii- lante de la terre serait apeupres les vingt-trois vingt-quatriiimes de I.i masse totale. L'imagination s'accoutumerait difficilement a I'idee d'babiter sur une enveloppe mince et fragile , au-dessus d'un abime de feux : mais , des faits assez nombreux et bien constates nous ras- siirent pleinement. Ainsi , par exemple , dans les mines de Nertcbink , en Siberie . dont la profondeur est tr^s-grande, on voit des coucbes d'une glace eternelle au-dessous de couches d'une temperature de plusieurs degres de cbaleur, et le froid augmente avec la profondeur, jusqu'a d'autres couches ou il commence a decroitre. Au reste , ceux luenie qui n'adopteront pas les opinions geologiques de l'auteur, lui sauront gre d'avoir mis a la portee de tous les lecteurs une instruction facile , agreable , et dont I'influence est des j)lus salutaires. Aucuni- etude u'est plus propre a eloigner la contagion des prejuges que ceUe LIVRES FRANCAIS. ^^ des grandes operations de la nature , et des monunieiis imperissables qui nous retracent, au moins en partie , riiistoire de notre globe. F. 147. — * Planches anatomiqiies du carps hiimain , executees d'apres les dimensions naturelles , accompagnees d'un texte explicatif ; par F. Antomarchi, publiees par M. de Lasteyrie. y" livraison. Paris , i8i3 ; a la lithographie de I'editeur, rue du Bac , n" 58. r cahier, tres-grand in-folio ; prix 2 5 fr. (Voy.ifei'. Enc. , i"^" serie, tome xviii , page 5oi-5o5.) 148. — * Recherche s experimentales sur les proprietes et les fonctions du sjsteme nerveiijc , dans les animaux vencbrcs ; par M. P. FiOtJKEjrs. Paris, 1824; Crevot. i vol. in-8° de 33i pages ; prix 6 fr. , et 7 fr. 5o c. La nature et rimportance du sujet traite dans cet ouvrage appelle I'attention des physiologistes , des naturalistes , des philosoplies , et mc-me des hommes du monde. L'auteur , a I'aide d'une analyse expe- rimentaie aussi neuve que rigoureuse , est parvenu a isoler les divers phenomenes de I'intelligence , des sensations et des mouvemens , et a rapporter cliacun de ces phenomenes a I'organe dont il derive. Nous reviendrons , dans notre section des Analyses , sur cet important ou- vrage. F. C. i49- — Recherches sur le ramoUissement du cerveau. — Ouvragedans lequel on s'efforce de distinguer les diverses affections de ce viscerepar des signes caracteristiques ; par LJun Rostajv , niedecin de la Salpe- triere , etc. Seconde ediiion. Paris , i823; Bechet je. In-S"; prix 7 fr. La maladie que decrit)'auteur affecte I'encephale , et son caraclere le plus constant est le ramoUissement de la partie malade. M. Rostan expose tour a tour les symptomes , la marche aigue ou chronique , les complications et le traitement de cette affection. Le ramoUissement pent <5tre superficiel ou profond. Toules les parties de Tencephale sont exposees a cette desorganisation ; les corps stries , les couches optiques en sont le plus frequemment affectes ; apres eux, la partie centrale des hemispheres en est plus comniunement le siege ; le cervelet et les prolcingemens cerebraux n'en sont pas exempts ; et M. Pinel a eu I'occasion d'observer , plusieurs fois , ce genre de lesion dans la moelle epiniere. Les symptomes les plus precis sont les engourdissemens , les founnillemens , les picotemens , les douleurs , les pesanteurs , les convulsions , la contracture , la pnralysie des meinbres: lis iudiquent, d'une maniere indubitable, una lesion locale bornee dans I'encephale ou ses dependances. Des que ces symptomes com- mencent a se manifester, on doit rcjcter, avec severite , loutes les 394 LIVRES FRAACAIS. substances allmcntaircs ou medicamenteuscs qui exercenl sur reiicr- pliak- line action forte et prompte. Le viii , les alcooliqups , )e cafe , les epices sont de ce nombre. Le regime sera doux , peu ahondaiit, etc. — L'ouvrage de M. Kostan offre uu rccueil d'observations souvent iijeuves , toujt)urs utiles , et qu'on ne saurait tiop recomniander a I'at- tention des medecins. F — s. 1 So. — Traitc des convulsions chez les fcmmcs enceintes, en travail el en couches. — Meinoire qui a remporte le prix propose par la Societc de niedecinede Paris, pour I'annee 1820; par Jntoine Miquel, niembre adjoint del'Acadeniie royale de itiedecine , etc. Paris , l8a4; Gabou et conip.; IMontpellier. les memes. In-8" de 164 pag- ; prix , i fr. 5o c. Ce meuioire, tres-remarquable par la methode severe que I'auteur a sulvie dans Texposition des faits , est divise en quatre chapitres : le premier traite des convulsions en general ; le second , des convul- sions pendant la grossesse ; le troisienie , des convulsions qui sur- viennent pendant le travail de I'enfantement ; et le quatrieine, des convulsions qui survienaent apr^s la delivrance. Chacun des trois derniers chapilres est termine par un grand nombre d'observations empruntees des meilleurs auteurs, qui s'adaptent parfaitement a chaque espece de convulsion et justifient les divisions etablies par M. Miquel. EUes servent encore a fortifier les preceptes qu'il a donnes relative- ment au diagnostic , au prognostic et au traitement de ces maladies. G. l5l. — Meinoire sur de nouvelles applications du stethoscope de M. le professeur Lnennec; par J. Lisfhaac, niembre titulaire de TAcademie de medccine , etc. Paris, iSaS; Gabon et C; Montpellier, les memes. Brochure in-8° de 3o pages; prix, i fr. a5 c. Dans le memoire que nous annoncons , M. le docteur Lisfranc donne le resultat des observations qu'il a faites sur I'application du stethoscope , dans les fractures des differens OS. II en resulte que le chirurgien ne pent plus se tromper dans le diagnostic des fractures, celles du crAne exceptees , et qu'il peut, malgre le gonflement consi- derable du membre, reconnaitre une fracture comminutive. Ce n'est pas le premier service que M. Lisfranc rend a la chirurgie , et son nom seul etait garant de I'intcret que devaitoffrir son memoire. i5i. — Supplement au Ttaite pratique des hernies , ou Meinoires anatoiniques et chirurgicaux sur ces maladies ; suivi d'un nouveau TUe- moire sur la hcr/iie du periiiee ; par Antoine Scarpa ; traduit de I'italien parC.-P. Ollivier , d' Angers, D. M. de la Faculte de Paris; avec des additions du traducteur , etc.; accompague de treize planches ■ in-folio, copii'-es par Adam , sur les gravures originales d'Anderloni. LIVRES FRANCIIS. 395 Paris, i8a3; Gabon etC"; Montpelller , les memes. In-8" de ifi6pag., avec i3 planches; prix 9 fr. , et 10 fr. par la poste. Le bel ouvrage de Scarpa sur les hernies a ete traduit , en 1812 , par M. le professeur Cayol ; mais , depuis cette epoque , les travaux de plusieurs chirurgiens francais et etrangers ont jete un nouvean jour sur differens points de I'liistoire de ces maladies, qui se pre- sentent si frequemment a I'observation des niedecins , et le celebre professeur de Pavie a cru devoir publier une nouvelle edition de son ouvrage, pour faire connaitre les progres de I'art sur celte maladie , I'une des plus communes et souvent des plus graves parmi celles qui affligent les classes laborieuses. — Une seconde edition de la traduction francaise etait attendue avec impatience , et M. Ollivier a voulu y suppleer , en traduisant tons les paragraphes ou les parties de para- graphes qui ne se trouvent point dans la premiere. II fait connaitre , par des notes , a quels chapitres doivent appartenir les morceaux de- taches qu'ils nous donne ; et son livre devient indispensable a ceiix qui ont la premiere edition de Scarpa. Outre ces morceaux detaches, on remarque im memoire entier sur la hernie femorale , qui n'a presque aucun rapport avec celui qui existe sur le meme sujet dans la premiere edition ; un memoire fort curieux sur la hernie du pe- rinee , auquel le traducteur a ajoute deux observations fort interes- santes , et une observation communiquee par M. le professeur Beclard sur deux epiploceles diaphragmatiques , d'autant plus remarquables que jusqu'a present aucun auteur n'a cite un cas dans lequel I'cpi- ploon seul , contenu dans un sac distinctement forme par le peritoine, soil passe a travers les fibres du diaphragnie. On a joint deux planches gravees avec soin , qui donnent une idee fort exacte de ce fait d'ana- tomie pathologique. Les planches , au nombre de treize , ont ete copiees fidelement sur les gravures originales , par M. Adam , et ne laissent rien a desirer. D — jv . 1 53. — Memoire sur quelques nouvelles proprieles des axes pennanens de rotation des corps ; par M. Ampere , membre de TAcademie des sciences, etc. Paris, i823;Bachelier. In-4°de 80 pages; prix, 4 fr. et 5 fr. Le beau theoreme d'Euler sur les axes pennanens de rotation des corps paraissait tellement general , que Ton ne cherchait point a 1 e- lendre encore davantage. Cependant, outre les trois axes determines par les formules de ce grand geometre , M. Ampere en decouvre une infinite d'autres , qui tous peuvent passer par le meme point pris ar- Jjitraireinent dans I'cspace. Tous ces axes sont lies entre eux par une relation ti-es-simple ; car leur ensemble compose une surface coni'/iic 3()f; LIVRES FRANCA IS. du second degiti. Sur chacune des generatrices do cette surface est un point reinarquable nonitne cenlie de rotation , tel que , si on le sup- pose immobile, le mouvement du corps autour de cette generatrice ne pourra la faire changer de position. La suite des centres de rota- tion , {'oru)e sur la surface conique des axes permauens , une ligne courbe d'un ordre plus eleve , et que Ton pent determiner , soit par I'analyse, soit par une construction geometrique , au moyen d'une surface du troisieme degre. Cette seconde surface n'est pas unique : il y en a trois qui peuvent servir au m^me usage , et qui coupent la surface conique suivant la m6me courbe. Toutes les trois passent par le sommet du cone : ce point est done un centre de rotation , et I'au- teur prouve qu'il appartieut en meme tems a trois axes de rotation. M. Ampere examine dans quels cas particuliers la surface conique des axes devient un systeme de deux plans, et il en deduit plusieurs co- r-ollaires , non moins importans comme resultats d'analyse et comme verites geometriques , que par leur application aux recherclies sur le mouvement des corps. ■ — L'auteur avertit que ce memoire, deja im- prime dans le Recueil de V Jcudemie des sciences , a subi des correc- tions et recu quelques additions ; en effet, on trouve a la fin un sup- plement, oil sont developpees les formules relatives au mouvement il'un corps entierenient libre ou seulement assujeti a pirouetter au- tour d'un point fixe , et qui n'est d'ailleurs soumis a aucune force acceliu'atrice. 164. — Cotirs pratique et theoriqne d' arithmetique , d'apres la methode de Pestalozzi, avec des modifications, etc. ; par L. D. Rivaii., disciple de Pestalozzi. Paris, 1824; Pillet aine. 2 vol. in-i2;prix, 6 fr. l55. — Arithmetique des campagnes, a I'usage des ecoles primaires ; par Auguste Moultsoii' , aucien officier d'artillerie. — Ouvrage adopte par le conseil de I'instruction publique pour I'enseignement dans les ecoles primaires. Paris, iSaS; Bachelier. In-12 de iifi pages; prix I franc , cartonne. Ces deux ouvrages elementaires peuvent etre mis sur la memc ligne que les livres de meme espece qui abondent dans la studieuse AUeraague. Durant trop long-tems la France en a ete depourvue ; ' il etait urgent de pourvoir a ce besoin. Tandis que , pour I'enseigne- nient superieur, le cours de mathematiques de Bezout etait traduit ou imite dans toute I'Europe , on ne pensait point , en France , a I'instruction mathematique des artisans , des cultivateurs , de la classe nombreuse a laquelle le calcul n'est pas moins necessaire qu'il ne Test a la plus grande partie des classes opulentes. — M. Moidlson LIVRES FRANCAIS. 397 ■fvait pout-ctre a remplir une t^che plus difficile que celledeM. Ri- v.Til;la methode de Pestalozzi nVxige pas reconomie du tems ; elle suit Tordre naturel de la formation des ideas, et de plus , elle est pratiquee par des maitres habiles. Dans nn discours preliminaire assez etendu, M. Rivail expose I'application de cetle methode a IV'tude et a I'enseignement de Tarithmetique. Le premier volume de son ouvrage est destine aux maitres : le second seul peut etre mis entre les mains des eleves. On y trouve touf ce que contiennent les traites d'arithmctique les plus complets. — M. Moultson devait se borner a ce qui est le plus utile, c'est-a-dire le plus usuel; il na rien dit de I'extraction des racines , ni des logarithmes : le tems de distribuer dans les campagnes et dans les ateliers une instruction plus elevee n'est pas encore venu pour la France : dans les ecoles primaires de plusieurs parties de I'Allemagne , on a joint a I'ensei- gnement de I'arithmetique les regies de I'arpentage , du toise , la mesurc des surfaces et des solides , et les operations de calcul qu'elle exige. Les heurcux effets de cette instruction repandue sur la rive droite du Rhin engageront peut-^tre a la transporter sur la rive gauche, et a la propager au profit de I'agriculture et de I'industrie. F. 1 56. — * Dictionnaire des dccouvertcs , etc., en France, depuis 1789 jusqu'a la fin de 1820; par une societe de gens de lettres. T. xii. (MOU-PAR),novembre i823; t. xiii (PAR -POL), Janvier 1824. Paris, Colas. 2 vol. in-8''; prix, 7 fr. , et 8 fr. ( Voy. tom. xx, pag. 617.) Les editeurs s'etaient engages a ne pas depasser douze volumes , inais les innombrables docuniens qui leur sont parvenus depuis la pu- blication des preu)ieres livraisons les ont mis dans I'alternative d'en jiorter le nombre a seize, on de donner un ouvrage incomplet. Per- sonne , sans doute , ne les bl4niera d'avoir pris le premier parti. Afin de dcdommager les souscripteurs, M. Colas s'est determine a ajouter 4 ou 5 feuilles a chaque tome , depuis le onzieme jusqu'au der- nier. — 'Le tome xil commence par un article sur les uionsselines , percales et calicots. On y voit conibien cette branche d'iudustrie, qui n'existait pas en France lors de I'exposition de 1806 , a fait de pro- gres depuis cette epoque , et quelle heureuse influence elle a exercee sur les villes de St.-Quentin et de Tarare , et sur les campagnes voisines. — Les observations de M. Virey sur le mouvement vital dans I'homine , les animaux et les vegetaux , ont cette originalite qui caracterise les productions de ce savant.. Apres avoir pose ce prin- cipe : la vie est une pour toules les creatures, et les modes d'argunisa- iwn different eiLx scids , il montrc coinbien il est absurde de vouioir SgS LIVRES FRA-NCMS. expliquer les plu'-nom^nes vitaux saiis admettie mie intelligence sii- prt>niiequi It'sdirigL". — L' Histoire g6nerale de la musique, par M. Periie, a Iburiii lesnjetd'un article, dans lequel on rend unejuslice complete au profond savoir et au z,ele infatigable avcc lesquels M. Perne elcve a lui seul un si LeaFi monument a I'art musical. — La Revue a dejii parle plusieurs fois des nicthodes qu'on doit a MM. Choron , Massi- niino, Galin et Clielard, pour I'enseignement collectifde la musique \ocale, et a M. B. Wilhem, pour I'enseignement mutuel. II est fa- cile de reconnaitre que I'article du dictionnaire est du a un auteur profondemeut verse dans la theorie et dans la pratique de la musique. Apr<>s Tavoir lu avec la plus grande attention , nous sommes restes convaincus que la methode de M. Wilhem I'emporte sur celles de ses eslimables rivaux par la logique rigoureuse qui preside a I'enchai- nement des exercices , et qui doit faire arriver sans efforts les eleves des notions les plus simples a la lecture et a I'ecriture des morceaux les plus compliques. — L'avantage d'un sjrsteme complet de navigation interieure est tellement reconnu , qu'il n'est personne qui ne Use avcc un vif interet I'analyse que M. Jomard a faite du rapport de M. Ber- quey sur cet important objet. — Avant de nous occuper du xiii" vo- lume , nous citerons encore du xii^ la Dissertation sur le Nil , de M. Girard ; I'Examen chiniiqiie de la noix'vomique , par M. Braconnot ; la Theorie des nombres , par M. Poinsot , et celle des Ondes , par M. Poisson; les observations de M. Coquebert de Montbret sur les cartes manuscrites de la Nouvelle-HoUande ; les travaux de MM. Geof- froy-St.-Hilaire et Fr<5deric Cuvier, sur les orang-outangs ; enfin, les ivctic\e& panorama eX. papier. — En tdte du tome xili , on trouve un extraitdes observations si curieuses que MM. Cuvier etBrongniart ont faites sur la geographic mineralogique des environs de Paris. — II ne nous est pas permis de louer le tableau des progres de la peinture de- puis 1789 , puisqu'il est extrait de deux articles de la Revue ( t. iv , 352 et 517). On lit avec beaucoup d'interct les recherches de Du- puis et de M. Petit-Radel sur les Pelasges, noms que portaient les anciens peuples de la Grfece , avant d'avoir pris celui d' Hellenes. — Des considerations sur le Pendule presentent le resume des travaux de MM. de Prony , de Laplace et Biot, sur ce precieux instrument. — L'article PAi'te et plusieurs autres nous font connaitre les beaux travaux des savans francais sur lesantiquites de I'Egypte. — En 18 10, M. Broussais publia sur les phlegmasies un ouvrage qui lui merita une mention honorable du jury des prix decennaux. On aime a lire I'pxpose dune doctrine qui excite aujourd'hui taut de debafs , et qui LIVRES FRANCAIS. ^c) parait destinee a devenir dominante en Europe. Notre annonce ii'aii- rait pas de bornes , si nous nous nrretions sur tons les articles ([ui nieritent I'attention et I'interet de nos lecteurs. A. M — t. 1 57. — IVouveaii Dictionnaire geographique utiiversel; par J. Mac- C.vHTHY, nietnbre de la Societe de geographic de Paris, auteur dii Choix de voyages modernes, traducteur du dernier Voyage en Chine , du Voyage a Tiypoli, etc. Paris, 1824; a lo librairie nationale et etran- gere, quai des Augustins, n° 17. i fort -solumein-S" de i,5oo pages , a a colonnes , en caracteres petit texte neuf , divise en deux parties , iraprim^ sur papier grand raisin des Vosges , orne de i4 cartes geo- graphiques; prix , 16 fr. , et 21 par la poste. Ce Dictionnaire devient indispensable a quiconque veut lire Fhis- toire avec fruit, et a toutes les personnes qui suivent la marche des evenemens politiqiies de notre epoque. On y trouve non-seulement les details geographiques et statistiques puises aux meilleures sources et exposes avec une grande clartc , mais de plus un resume concis des evenemens historiques de chaque nation , avec des traits de moeurs et de caracteres , souvent fort heureusement traces. Ce re- cueil , qui a exige des travaux immenses, justifie I'attente du public et n'est pas au-dessous de la reputation que I'auteur s'est acquise, par des travaux de meme genre, executes avec la mcme habilete. M. Mac-Carthy s'est fort bien acquitte de la triple fonction d'editeur, d'auteur et d'imprimeur. II prouve qu'on pent bien faire plusieurs choses a la fois. Son ouvrage renferme un grand nombre de noms de villes que I'on chercherait en vain ailleurs. Pour I'Asie anglaise et I'Amerique, il a du fairede grandes reclierches.il n'a point dedaigne de faire mention d'une foule d'endroits qui ne se distinguent encore par aucun souvenir historique. Cc sont , en effet , pour ces noms , presque inconnus , que sont composes les dictionnaires geographi- ques , et Ton y cherche rarement les noms des endroits fanieux ou classiques. D'ailleurs , dans le terns agite ou nous vivons , le plus raince village de TAmcrique meridionale , par exemple , pent de- \enir celebre , par ses efforts pour la liberie , comme , aux Etats- Unis , plus d'une ville , florissante aujourd'hui et presque inconnue il y a quelques annees , s'honore de porter le nom de I'immortel Washington. C. C. ^58. — Carte des eaiix minerales de la France, dressee d'apres la carte de Cassini, par M. Breok , D. M. , et conformeala divi- sion adoptee par la Commission des eaux minerales. Paris, i8i>3 ; Aoo LIVRES FRANCAIS. L. Cohis , rue Daupliine ; Ch. Sinioiicaii , rue de la Paix , n° G ; prix, 1 5 francs. Nous avons , en cc nioincnt , sous les yeux une carte cles principales caux niinerales de la France , publico en 1818 , par le docteur Gaul- tier de Clnubry , laquelle n'cst , a proprcment parler , qu'un canevas sans pliysiononiie , deuue d'echelle et de graduation, qui ne donne que les limiles desdepartemens, et sur lequel est indiquee, d'une ina- niere generale et assez inexacte , la position des principales sources, qui sont distinguces, entre elles , par des couleurs differenles , sui- vant la nature chimique des eaux. Nous devons toutefois savoir gre a M. Gaultierde Claubry , decelte premiere ebancbc, jaiisqu'ellea donne I'ideeaudocteurBreon de faire des recherches a])profondies etderedi- ger une nouvelle carte, parfaitement appropriee a son sujet,et qui nous paraitetre untableauintcressantet d'unegrande exactitude. Ncttemcnt gravee, elle donne I'indication des prineipaux reliefs de la France, ainsi que la disposition physique du sol , qui y est figure avec assez de soin ; ce qui est d'autant plus necessaire, que les sources les plus elevces en temperature , et par consequent les plus estimces, se trou- vent comnie groupees autour des principales chaines de montagnes oil elles prennent naissance. Les eaux sulfureuses acidules , ferrugi- neuses acidules , salines , ainsi que celles qui ne sont qu'insuffisam- ment analysees , sont designees par des couleurs distinctes et par des signesconventionnels , qui font connaitre en outre s'il y a etablisse- ment ou non. L'indication des etablissemens de bains de mer et thermaux , et des hopilauxqui y sont annexes, fait egalement ])artie de cette nomenclature. — La division departementale et la division ter- ritoriale des enux en six parties , y sont tracees , ainsi que la direction des cours d'eau. La distinction des lieuxen sous-prefectures , villes, gros bourgs, villages , y est faite avec soin. Cette carte, en un mot, ue laisse rien a desirer , non-seulement .i ceux qui cultivent la science en general , mais encore a ceux qui s'interessent aux progres de la "eograpbie. Ces derniers y trouveront des positions qui nianquent sur la carte de Cassini , et pour la determination desquelles , I'auteur a dii prendre des renseignemens sur les lieux memes. Elle fournira surtout aux medecins et aux malades une foule de renseignemens utiles , tels que la nature des caux, d'apres leur principc chimique predominant, la distinction d'eaux en chaudes ( au-dessus de iS" de Reaumur ) et eu froides. Un tableau en legende , a droile et a gau- che, queTordre alphabelique rend commode a consulter, reproduit LIVRES FRANCAIS. /,oi lej noms des lieux oii sont situees les sources, fait connaitre la dis- t;ince de Paris en lieues legales de France, le degrc de la temperature des eaux chaudes , la saison des eaux, et celles de ces sources qui ont un medecin inspecteur, nomnie parle gou%',ernement. Ce tableau con- tienl plus de 600 noms , qui presque tous appartiennent a la France et quelques-uns aux sources les plus renommees des contrees limi- trophes. — Nous pensons que le docteur Breon, en remplissant une la- cune imporlante dai)s la geographic physique, a rendu un veritable service, et nous I'engageons , dans I'interet de la science, a donner par la suite a son travail , toute la perfection que le terns , des recherches et des decouvertes nouvelles pourront amener. Sueur-Merlij*. i5y. — Promenade en Itaiie , ou Precis de ce qu'on y voit de plus remarquable. Paris , iSaS ; Becliet afne. Brochure in-S" de 213 pages ; prix 3 fr. et 3 fr. 5o c. 11 ne faut pas juger cet opuscule avec trop de rigueur. C'est tout siniplement le journal d'uu voyage, fait, a ce qu'il parait, un peu a la hate , et ecrit de meme. I.es observations de I'auteur ne pouvaient manquer d'etre souvent superficielles , et son style assez neglige. Au reste , comma il le dit lui-meme , « ses pretentions sont bornees ; il aspire bien moins a instruire son lecteur par des dissertations scienti- iiques,qu'a le recreer par des descriptions simples et gracieuses. » C'est peut-etre un niauvais calcul litleraire. II peut rester de bonnes rc- marques a faire sur I'ltalie , apres taut de remarques deja faites. Les lettres que public en ce moment un homme d' esprit dans un de nos T^Tmc'i-pami'ionrmimi. {le Journal des Debats), nous en offrent la preuve. Mais comment entreprendre aujourd'hni de dccrirecesmerveillesde la nature ct de I'art qui couvrent le sol de cette belle contrce , sans en papier velin. — Cette edition, plus complete etplusexacte que toutes les precedentes, sera composeede 12 vol. in-S", imprimes sur papier fin par Rignoux , avec des caracteres neufs , ernes d'un beau portrait de l'auteur grave parPotrelle, d'apres I'ori- ginal peint par le Bronzino. Elle parait en 6 livraisons de 2 volumes chaque. On a suivi les derniferes editions publiees en Italic, et on a traduit toutes les pieces inedites qu'elles renferment. ( Voy. Rev. Enc. , i"'" serie, t. xix, p. 169. ) Les OEuvres de Machiavel ont acquis une bien plus grande impor- tance, depuis que les questions politiques et les affaires publiques sont devenues le domaine comm.iui de tous les homnies eclaiies. Cette nou- velle traduction se recommande a I'attention rcflecliie de nos lecteurs, et nous en ferons apprecier successivement les differentes parties , a mesure qu'elles seront publiees. 166. — * Science du publiciste ; par M. Alb. Fritot , avocat. Tom. XI. Paris, 1824; Bossangept^re. i volume in-S" de 4^4 p^ges ; prix 7 fr. (Voy. i"^" serie, t. xx, p. Sgo.) Ce volume termine la seconde partie de I'ouvrage. 11 ne manque plus que la troisitme , oii l'auteur doit monlrer les vices dcs prece- dentes constitutions francaises , y compris la Charte royale, et nous donner son utopie , sous les auspices et la protection du ministere de I'interieur. 167. — Question de droit adininistratif ; par M. de Cormekin , maitrti itob LiVKEs fiia>;(;a.is. des requ^te*.^ a« edition. Paris, i8i3 ; an bureau du journal tie h cour de cassation , rue Saint-Aiidre-des-Arcs , n" i3. a vol. in-S", en- viron laoo pages; prix i3 fr. et i5 fr. Ce livre est un recuell de jugemens du couseil dVlat , en matiere contentieuse , de ce tribunal de fait, etranger.i la Cbarfe,qui ne peut se concilier avec tile sans I'abroger dans plusieurs articles, qui, en un mot, n'apparlient qu'a notre malheureux systeme de provisoire in- conslitntionnel , source trop durable et trop fertile de mecontente- niens et de desordrcs. — L'ouvrage commence par des prolegomenes , en a3o pages, oil I'auteur discute, avec plusou moins d'impartialite, mais toujours avec le beau talent qu'on lui connait ; les pretextes ser-, vant de bases a ce fAcbeux provisoire, et oil il expose en quoi con- sistent de fait scs nouveaux developpemens. Cette partie ne contient qu'un court paragrapbe sur Voiganisadon du conseil d'etat. Ce parar grapbe est expliqiie dans un appendice de 48 pages, a la fin du second volume. Nons partageons les sentiinens des Francais constitutionnels, de ceux qui , fideles a la Cbarte royale , h^tent , par leurs voeux , I'anean- tissement total de bi juridiction contentieuse du conseil d'etat , qui se compose d'amo^'ibles , qui n' est point juge naturel , <{ni estjugepar commission , qui omet la Cbarte dans le serment de reception des membres ; enfin, qui juge a buis-clos , sans ministere public et sans les autres formes legales qui doivent garantir nos proprietes. — L'auleur voudrait que le contentieux dont il s'agit, et qui s'accroit immense- nient, fiit delegue par loi a un tribunal special d'attribution , dont les juges seraient inamovibles. II serait plus regulier, plus simple et moins coiiteux de faire cette delegation aux cours royales , en leur delaissant I'appel comme d'abus , qui jamais ne sera mieux place que dans leurs mains. II suppose, page x, qu'il y a eu des offlcialites qui n'etaient qu'un conseil spirittiel ; il dit que les eveques peuvent les retabtirsous ce rapport. C'est une grande erreur dc fait. Les grands vicaires etaient seuls les delegues d'autorite episcopale , ou autre purement spiri- tuelle; et les officiaux etaient comme officiaux precisement et unique- ment juges delegues en matiere spirituelle coiitentieuse episcopale ou non-(-pisropale. Voila ce qu'on peut voir a cbaque page dans les textes dc droit papal et dans les traites de droit canonique anterieurs il 1789. Ainsi , en supprimant les officialites , il n'a pas ete possible de supprimer des conseillers, ni des conseils d'autorite non conten- tieuse. Les conseillers ou conseils des evt^ues , et les ofiiciaux , etaient doux ordrcs tros -distincts. Supposer les officiaux conseillers d'uH i.ivRKS rii.vrs'r.iis. /.n*) spirituel iion in(51e de contentieux , c'est purement et simpleineiit uu t'aux suppose, une contradiction dans les teinies, iin faux pretexte , une fausse couleur pour retablir un contentieux abusif d'origine , et iiui doit rester pour toujours aboli par les lois. L'autcur dit qu'iV im- vorte a tons que les ereqiies s'eclahent des Immeres de ce conseil , c est-a- dire de I' official ite. Ce n'est que la nic-me erreur contournee et repetee end'autres tennes.Elle necouvre point I'abus ^rosaitr (\u retablissement fie rofficialite, primitiforgane, conime autorile contentieuse, de I'inqui- sition judiciaire spirituelle, ctablie par le premier congres de Verone en 1 184. Lakjuinais. 168. — Dissertatiofi sur le saisissement dans les differens actes trans- latifs de propriete , suivant le Code civil ; en reponse a un article de la Themis ; suivie d'une note , en reponse a un article de la Revue Encych- pedique, toiichant I'enseignement du Droit Roinain dans les facultes de droit du rornume ; par M. Cotelle, professeur a la Faculte de droit de Paris. Paris, 1824 ; Alex. Gobelet. Br. in-8°; prix 73 c. Une question tr^s-importante de droit civi! , et sur laquelle on est force de reconnaitre I'incertitude et I'incoherence des dispositions de iiofre Code , celle de sa voir dans quels cas un individu peut legiti:nement , en France , se considerer, et elre considere par les autres comme ajant irrevocablemtnt acquis le droit de propriete sur une chose rnobiliere ou im- mobiliere, a ete derni^reiuent elevee par I'un des redacteurs de la Themis ( 3ie livraison , aout 1 828 ) , M. Jourdan , qui se propose d'exa- miner ainsi successivement , et de comparer entre eux les differens svstemes actuellement en vigueur dans les principaux etats de I'Eu- rope , relativeri>tnt a la transmission de la propriete. C'est a ce pre- mier article de M. Jourdan que se refere la dissertation de M. le profes- seur Cotelle. Nous n'entrerons pasici dans I'examen de cette premiere partie de sa brochure ; nous laissons ce soin aux redacteurs de la Themis , et nous nous attachcrons de preference a la note qui suit cette dissertation , et qui a pour objet de repondre a ini passage d'un article de la Revue ENCYCx-opEDrQUE (voy. 1^" serie, tome xix , page 67 ) , article revetu d'un nom a I'autorite duquel M. Cotelle se plait d'ail- leurs a rendre hommage. M. Lanjuinais , en rendant compte de I'ou- Trage de M. Mailber , sur I'interpretation des lois , ayant parle , avec quelque aigreur peut-<5tre, du droit Romain que M. Cotelle enseigne , celui-ci a » considere comme de son devoir de prevenir les etudians centre cette injusteattaque. » Personne, assurement, ne saurait blAmer en cela la conduite de M. Cotelle. II justifie done le droit Remain par des citations cmpruntces de Montesquieu , qui vent que Ton dis- 4io LIVRES FRANCA-IS. tingue parnii les lois romaines; ct ilu rapporteur de noire Code ci^il , qui rt'pond an reproche de subtilite, adresse.i la legislation romaine , en se demandant « dans quelle science on ne s'est pas expose a le ineriter. » Poursuivant son apologie, M. Cotelle va ensuite jusqu'a avancer, a I'occasion de la plaiiite exprimee par M. Lanjuinais sur la suppression recente dcs chaires de droit natural, de droit public et d'histoire du droit , cette proposition etrange : « Que les lois romaines contiennent et montrent , a chaque page ; tout ce qn' on pent recueillir de connaissances sur ces trois branches rcgretties » de I'enseignement ; puis il cite un passage d'un auteur , qui remarque que « des juriscon- sultesdu premier ordreontportesi loin la veneration qu'ils avaient pour les lois romaines, qu'ils ont soutenu, qu'on pouvait tres-bien se passer du droit naiurel , pourvu qu'on sut et qu'on entenditle droit civil romain. » II est fjlcheux de voir M. le professeur Cotelle , en defendant avec tant de chaleur le droit romain qu'il enseigne , faire si pen de cas de I'etude speciale du droit natural qu'il a enseigne. Ces doctrines que M. Cotelle rapporte si complaisamment, et sans les combattre, ne sont-elles pas une nouvelle preuve de ces exagerations , dans les- quelles', suivant I'expression deM. Cotelle lui-m£me , I'esprit de secte pent souvent faire tomber les meilleurs esprits ? B. L. , avocat. ifig. — Replique de M. DuriN , avocat, pour JV. Stacpoole , contre Georges Stacpoole,d'aTpres une stenographic de M. Breton. Paris » l8a4; Baudouiu fr^res. In-S", 80 pages ; prix i fr. 5o c. lyo. — Consultations europeennes, a I'occasion de V affaire du- chevalier Desgraviers, sur la question de savoir si Vavenernent d'un prince a la con- ronne le libire des obligations personnelles qu'il a conVfictees avant son avenement. Paris , i8a4 5 Everat. In-8° de 74 pages ; prix i fr. Des questions de droit public d'un haut interet , sont traitees dans ces deux brochures nouvelles avec une grande superiorite de science et de talent. 171. — * Uistoire abrcgie des empereurs romains , depuis Cesar jusqu'h Constaniin ; par M. Toulotte, ancien sous-prefet , auteur de I'his- toire philosophique des empereurs . Paris, 1824 j Guillaurae. 2 vol. in-ia, 600 pag. en tout ; prix i5 fr. Cet abrege du premier ouvrage de I'auteur ne s'en distingue pas assez par plus d'egards et de respect pour la religion chretienne. On y retrouve d'ailleurs les m6mes faits contre le despotisme et I'arbi - traire , toutcs les pensees et les reflexions importantes qui ont procure tant de succes a V Uistoire philosophique , etc. 172. — * Resume de Thistoire dAnglcterre ; p^r Felix Bodin , avec LIVRES FRANCAIS. /i 1 1 une table clironologique. Seconds edition , corrig6e. Paris , i8a4 > ^'^ Cointe et Durey, Johanneau. i vol. in-i8 de 3oo pag. ; prix 2 fr. L'auteur , Gls d'lin pere distingue par ses ouvrages historiques , et par sa conduite civique , loyale et coiirageuse dans la chambre des deputes , s'est fait connaitre surtout par son excellent Resume de I'his- toire de France , deja parvenu a sa cinquieme edition. Ce nouveau resume que nous annoncous, doit avoir le memesucc^s; et ces deux abreges sont d'utiles preservatifs contre les idees anarcliiques et contre les doctrines serviles. II est precede d'une introduction , qui forme un tableau tres -interessant du gouvernement representatif , et de I'etat social des peuples modernes. La citation suivante a pour objet de faire connaitre les principes , la maniere et le style de l'auteur. « Au xvn° siecle , le parlement anglais a fini par s'unir a la royaute ; il la paie , il la soutient ; il n'a d'affaire qu'avec ses agens respon- sables ; presque sans la gener , il adniinistre et gouverne. II fait des lois qu'elle accepte... Voilajle gouvernement representatif. Je ne pre- tends pas dire que ce gouvernement soit parfait en Angleterre ; il ne I'est pas et ne doit pas Tetre. En effet , il n'a pas ete construit a neuf et d'ensemble, d'apres un plan trace par la science et I'expe- rience legislative. II est ne de la feodalite, il I'a respectee en fils in- dulgent ; il est loin de I'a voir detruite en entier... Elle preside encore , en grande partie, a ses incompletes et bizarres elections, qui ne constituent pas une representation vraiment nationale. Ce- pendant , I'ensemble des institutions anglaises et les beaux droits du parlement (I'entiere et reelle publicite de ses discussions , et surtout I'esprit public de la nation auglaise ) , fondent les principales garan- ties de liberie et de prosperite. L'un des grands avantages de l' An- gleterre est d'avoir une administration municipale exercee sous la surveillance immediate d'une assemblce deliberante. » A la page 229 , on trouve cette observation toute bistorique sur I'etat f^cbeux du systeme electoral anglais : " 87 pairs ont le privilege d'envoyer a la chambre censee elective, 218 deputes; 21 pairs d'Ecosse en nom- mentSi; lyo sont nommes individuellenient par 170 proprietaires de ce qu'on nomme bourgs /)oh/77,s , bourgs sans election. Enfin , la couronne,comme proprietaire foncier, nomme elle-meme 16 deputes. Otez ces representans non elus , il ne reste que 171 deputes elus ve- ntables, 171, sur 658. Faut-il s'etonner que tons les Anglais de bonne foi desirent la reforme parlemcntaire , et un systeme electoral qui procure la representation vraie du pays ? Ce n'est pas tout : les Irian- dais catholiques sont exclus du droit de sieger en la chambre des /, li LIVRES FRA.NgAIS. iiiiirs ; ils sonl e\clus aussi du droit dcliie pour sic-gereii hi cluniibre dcs communes ; et ces Iilandais, au noinbrc dc 10,000,000, forinent la moilie de la population de I'emjjire hritannique. • Faut-il s'etonner quuiie representation de cette nature ait accorde la scptennalite , sous pretexte de coup d'etat coulre le Pretendant , et qu'ellc I'ait con- iirmee sous Walpole , apres que ce ministrc prevaricateur se fut procure le fameux tarif des consciences du jjailement? Faut-il enfln s'etonner qu'une telle representation ait ndmis I'omnipotence parle- nicntaire ou plutut ministerille , necessaircnient incompatible avec Fexistence d'une constitution, d'une loi fondamenlale ? Qu'cst - ce qu'une constitution qui peut^tre abrogeesans plus de formes que pour un tarif de douanes , lequel change sans cesse ? Odi siinulachriim pro- ciil et arceo. — Mais que serait-ce d'un peuple auquel on rcfuserait ce qu'il y a de reel, non pas dans la constitution, niais dans les insti- tutions anglaises , et auquel en meme tenis on imposerait tout ce qu'il y a de plus abusif et de plus derisoire dans ces m<5mes institutions ? Lanjuin*is. 173. — * Collection des Memoires relatifs a la revolution d' Angleterre ; accompagnee de notices et d'eclaircissemens historiques , et precedee d'une Introduction srir Thistoire de la revolution d' Angleterre; par M. Gui- 7,OT. Sixieme livraison , contenant les Memoires de inistriss Hutchinson , tome II , et les Memoires de lord Clarendon, tome 1^''. Prix de cette livraison , 12 fr. pour les souscripteurs et i5 fr. par la poste; il a ete tir(^ quelques exeniplaires sur papier yelin , le prix est double. ' — On souscrit pour cette collection, qui aura 25 vol. in-8°, dont la sont en vente, chez Eechet aine. (V. Bcv. Enc, i''" serie, t. xx, p. l83, 3g5.) 174. — Histoire abregee de V Inquisition d'Espagne; par Leonard Gai.- 1.01S. Paris , 1824. 1 vol. in-i8, Ixxij et 398 pag. d'impression ; prix 3 fr. , et 3 fr. 5o c. Cette histoire , publiee il y a peu de mois , est deja parvenue a sa 3*^ edition, c'est dire assez le succes qu'elle a obtenu. Ce succ^s est merite ; il ctait impossible de tracer avec plus de verite les annales de ce tribunal de sang connu sous le nom A^ inquisition. L'cditeur a place en tete du volume une notice biographique sur le respectable Llorente, due a la plume de M. Mahul et inserce pour la premiere fois , dans la Revue Encjclopedique ( Voy. i'" serie , t. xvili, pag. aS-Sl ). Cette no- tice est suivie d'un Extrait ds la lettre de M. Gregoire , ancien evcque de Blois , h Don Ramon Joseph de /Irce, archevcque de Burgos , grand inqui- siteur d'Espagne. Cette lettre renferme des sentimens de tolerance que I'on voudrait voir partages par tous les hommcs revetus du mcme ca- ractere que celui qui I'a t'critc. Y. LIVRES FRA^NCAIS. 41', iy5. — * Theorie des Cortes. Histoire des grandes assemblces nallo- nales d'Espagne , depuis I'origine ile celte monarcliie jusqu'a nos jours , nvec qnelques observations surla constitution de 181 2; par don Fran- cisco Martinez Marinv, membre de pliisieurs academies, et depute aux Cortes. Traduit de I'espagnol par P.-L.-F. Fleukt. Seonde edi- tion. Paris, 1824; Dondcy-Dupre pcre et fils. a vol. in-8°; prix 10 fr. et 12 fr. ( 176. — * Collection des chroniqiies nationalas francaises en langiic viilgaire , du xiiie a« xvi'^ siecle , avec notes et enclaircisseinens ; par J. - A. BucHON. — Cette collection se composera des grandes chro- niques de Saint-Denis , de Froissart , de Monstrelet , et des petites chroniques , ou chroniques des provinces. Chacune de ces quatre divisions sera de i5 vol., pour lesquels on pourra souscrire sppa- rement. Prix 6 fr. le volume , et 7 fr. 5o c. par la poste. Paris , Verdiere , et chez J. Carez. — Le i*'' vol. de Froissart a paru. 177. — Memoires et Correspondances de Duplessis-Moriiay , pour servir h I'kiitoire de la reformation et desgnerres civiles et relii^ieuses en France, sons les regnes de Charles IX , de Henri III , de Henri If' et de Louis XIII, de i^-ji a i623. Edition complete; i''' livaison ; vol. i et II, de 700 p. Paris, 1824; Treuttel et Wiirtz. Prix de la sous- cription , 6 fr. pap. ord. , et 12 fr. pap. vel. Passe le i'^'' avril , 7 fr. 5o c. , et 1 5 fr. Cette collection de pieces historiques de la plus grande impor- tance formera de 12 a i5 vol. in-8°. Elle se composera de neuf mille pieces ayant appartenu a Duplessis-Mornay,telles que ses recits, ses inMructions, ses memoires , et les nombreuses lettres qu'il recevait des personnes les plus eminentes de son tenis : c'est la premiere col- lection complete de ses manuscrits qui voit le jour. Les editeurs y ont place, entre aulres morceaux tres-curieux , le recueil des observa- tions inedites de Mornay , sur I'histoire du president de Thou , ob- servations qui eclaircissent un grand nombre de fails. La premiere livraisou se compose des memoires de Mme de Mornay sur la vie de son mari , remplis des details les plus curieux. On y lit avec le plus vif intcret le recit du voyage perilleux quelle iJt dans une barque , pour echapper aux poignards de la Salnl-Bartlielenii. Le second volume se compose d'ecrits politiques , et de correspondances tr^s- curieuses sur lesquels nous reviendrons, ainsi que sur les memoires de Mine de Mornay , quand la publication de cette importante collec- tion sera plus avancee. C. C. 1 7^- — * Histoire physique , civile et morale de Paris , depuis les pre- miers tems historiques jusqu'a nos jours; par J. A. DumuiF.. Se- 4r4 LIVRES FRANCAIS- conde edition , considerableincnt augnientee en texte et en graviires. Tome VI, a" partie de aSg pages ( 24 ' ^ 48o) , et torn vii , 2e partie, de an pages (a/ji -i 453). Paris, 1824; Guillaume. 3 vol. iu-8"; prix, h Paris, 1 5 fr. chaque volume eompose de qiiatre livraisons. {f'oy. cl-dessus , page 189.) Le premier de ces deux tomes est consacre a riiistoire de Paris, sous Louis XIV ; le second contient la fin du tableau moral sous le m(^'rae regne, et le commencement de I'histoire du regne de Louis xv. La premiere partie du tome vii , qui n'a pas encore paru , coh- tiendra le tableau moral sous Louis xiv, et completera I'lustoire de cette 6poque , I'une des plus imporlantes qu'embrasse le vaste tra- vail de M. Dulaure. Nous ne pouvons que feliciter ce savant et habile ecrivain sur la manifere dont il remplit son plan. Toujours a la recherche de la verite , il ne neglige rien pour la decouvrir, et il nous la presente au grand jour , libre de tous les voiles men- songers dont la complaisance des historieus, ses predecesseurs, I'a- vait trop souvent enveloppee. Sous le titre d'histoire de Paris , il a ecrit une veritable bistoire de France. II omet, il est vrai, les fails qui ne sont point relatifs a cette ville ; mais il trace un tableau complet des moeurs et de la situation de la France aux differentes epoques. — M. Dulaure n'a pas ete moins severe, ni moins juste envers Louis xiv, qu'envers les rois ses predecesseurs. D'autres ecrivains avaient entre- pris avant lui cette tache honorable , et leurs travaux , surtout ceux de M. Lemontey, lui ont souvent ete utiles. Tous les liommes sages et exempts de prejuges sauront apprecier avec lui , et en s'associant a ses meditations , le merite reel et intrinseque de Louis-le-Gvand , qui fut trop souvent domine par I'orgueil , par I'egoisme , et par une superstition stupide et cruelle. Mais, gr^ce aux talens des poetes, des orateurs, des philosophes , des artistes qui furent les contem- porains de ce roi, grace au genie de Colbert qui sut les encourager, le souvenir de son regne vivra eternellement. Si Ton reproche a Louis XIV des guerres ambitieuses et injustes , des depenses extra- vagantes, des persecutions barbares , on hii saura toujours gre d'avoir contribue a ravancenaent des sciences , des leltres et des arts. Paris dut a son orgueil quinze bdtimens nouveaux , dout cette capitale s'embellit sous son rfegne ; le nombre des monast^res, deja tres-con- siderable , s'accrut de quarante-six , que fonderent plusieurs per- sonnes pieuses. — Ce que nous avons deja lu du regne de Louis xv, n'est pas d'un moindre interet que ce qui precede. Nous y revien- drons en i-endant compte des volumes qui vont suivre. A. J. LIVRES FRANCAIS. 4i5 I'/g. — * Galerie francaise , ou Collection tie portraits des hommes et des femmes celebres qui ont illustre la France , dans les xvi' , xvii" et XVIII* siecles ; par une societe d'hommes de lettres et d'ar- tistes. Tome iii. — 8*^ livraison. Paris, 1824, an bureau de la Ga- lerie francaise , rue de I'Arbre-Sec , n" aa. Un cahier de 32 pages ( 201 a 233). Prix : 10 fr. et 10 fr. 5o par livraison. {Vojr. ci-dessus, page 192.) Ce cahier conlient des notices suvMy^^-deGraffigny, Bernard de Jiis- sieit, A'Alemberc et Cresset, dues a MM. A.-F. Potkon , Silvestre, BouDROT , et Creuze de Lesser. Cette collection continue a meriter la faveur dont elle jouit, par le talent des hommes de lettres et des jrtistes qui lui donnent leurs soins. 180. — * Memoires stir la vie et le siecle de Salvator Rosa, par lady MoRG.vM ; traduits par le traducteur de I'ltalie, du memeauteur, et par M***. Paris, fevrier i8';'.4; Alexis Eymery et Ponthieu. 2 vol. in-8°, I"' vol. de viij , vij et 33o pages, 2^ vol. de 346 et iv pages ; prix i3 fr., et 16 fr. par la poste. Le nom de lady Morgan , deja celebre par plusieurs bons ou- vrages , ne peut manquer d'attirer I'attention du public sur ce nouvel ecrit. Quant au sujet qu'elle a choisi , il n'est pas moins capable d'ex- citer rinter^t. Salvator Rosa est sans contredit un des genies les plus originaux de I'ltalie. Poete , peintre , musicien , acteur egalement distingue, il a imprime a tons ses ouvrages, a toutes ses actions, un caractere particulier de verve et d'energie. Sa vie romanesque est un tissu d'evenemens bizarres , et un singulier melange de succes et de malheurs. Ne a Naples, il fut de bonne heure musicien et poete; et , jeune encore, il vit ses productions musicales et poetiques devenir populaires parmi ses compatriotes. Bientot il etudia la peinture , puis il quitta Naples , parcourut I'Abruzze et la Calabre , et fut I'associe d'une troupe de bandits. A sonretour, la misere le contraignita tra- vailler a vil prix pour des brocanteurs. Caravage , I'Espagnolet , Lan- franc, Aniello Falcone, habitaient alors Naples , et c'est, pour ainsi dire , en presence de ces maitres que Salvator produisit son tableau S Agar dans le desert , auquel il dut son premier succes. A cette epoque , I'espoir d'un meilleur sort le conduisit a Rome, oi'i il rencon- tra Milton ; mais la misere et le chagrin altererent sa sante, et le for- cferent a retourner bientot dans sa ville natale. Un second voyage dans la capitale du monde cbretien fut plus heureux , et Rosa y obtint de brillans succes comme peintre, comme acteur et comme improvisa- •eur. Nous le retrouvons plus tard, a Naples, sous les (ftendarts du pa- 4i6 LIVRES FPxANCAIS. triote Masaniello , dont la mort I'obligea de fuir d'abord a Home , puis a Florence. Cette derni^re ville fut le theatre de sa gloire ; protege par la cour, il s'y lia avec les courtisans, avec les litterateurs, avec les iirtistes, y fonda una academic, et brilla au premier rang parmi les honimesdistinguc's de cette epoquc. Rome lui olfrit plus tard une nou- velle suite desucc^s non moins eclatans, et il y travailla pour plusieurs souverains etrangers. Scs derniers jours passes dans cette ville ne sont pas moins singuliers que les jours de sa jeunesse. II mourut d'une hy- dropisie le i5 mars i6y^ , et fut enterre le m^me jour a Rome , dans I'eglise de Sainte-Marie-des-Linges. Combien la vie d'un tel homme doit ^tre riclie en faits interessans , et quelles nombreuses occasions elle oflre au biograpbe de retracer les moeurs de toutes les classes de ritalie dans lesquelles Salvator vecut tour a tour a cette epoque , et de grouper autour d'un grand homme presque tons les Italiens qui illus- trerent le xvii*^ siecle! Lady Morgan a profile de tous ces avantages avec le talent qu'on lui connait. 1 8 1. — * Essais de Memoires, ou Lettres sur la vie, le caractere et les ccrits de J.-F. Ducis , adressees a M. Odogharty de La Tour, par M. Campenon, de 1' Academic franca ise. Paris, 1824; Nepveu. i vol. in-8 , de iij et 436 pages ; prix 8 fr. et 9 fr. 5o cent. L'auteur expose lui-m6me son but dans la premiere lettre qu'il ecrit a un ancien et intime ami de Ducis. Nous Iranscrivons ses propres pa- roles : «Vousvous plaignez, Monsieur, des articles de biographic ou de necrologie qui ont ete faits sur M. Ducis; vous vous etonncz d' entendre son nom , son caracti^re, ses opinions , sa condulte, souvent invoques dans des controverses politiques auxquelles il fut etranger toute sa vie. On dirait que le petit nombre de personnes qui ont eu des relations m- times avec cet homme d'une trempe d'anie , de caractere et d'esprit si particulicre, se soient reposes sur ceux qui I'ont a peine vu,du soui de le faire connaitre. De la des erreurs, des mcprises frequentes a son su- jet ; de la plusieurs calomnies contre sa memoire ; calomnies que la ma- lignite inventa , que la credulite et la sottise propagferent , et dont I'es- pritde parti s'empara, comme pourse faire un appui d'un nom qui doit ^tresans doute en veneration aupres de tous les hommes de bien, mais qui ne pent jamais faire autorite dans aucune question politique." Nous rendrons un compte plus dctaille decet ouvrage, que le nom seul de Ducis recommande a tous ceux qui honorent en lui le noble mod<*le d'un ecrivain toujours fidele au sentiment de la dignite morale de riioinme, abjuree et trahie par tant de pretendus hommes de lettres servilcs et mercenaires. "■• •'• UVRES FRA.NCAIS. 417 1 8a — * Nottveaux eUmens de graramaire turke, k I'usage de I'Ecole royale des langueji oiientales ; par Amedee J.vubert, maitre des requetes, professeur de langue luike pres la Bil)liotlK-fjue du Roi , etc., etc. Paris, 1823 ; Trcuttel etWiirti. i \o!iinie in-i", accompagiu- d'un teste litliographie par M. Bianchi; prix 20 fr. On se fait generalemeiit, en Europe , une fausse idee de la langue , de la litterature et du systeme d'education des Othonians. Beauconp de personnes supposent que ces peuples , plonges dans une grossiere barbaric , ont un langage encore plus inculte que leurs moeurs ; c'est une erreur grave. Les enfans d'Othman ( car ils repoussent le nom barbare de turks , sous lequel on se plait a les designer ) possedent un langage qui ne le c^de a aucune des langues ancienues ou mo- dernes , ni en douceur ni en flexibilite , ni en harmonic , et dont les regies sont d'une simplicite si admirable , qu'elles semblent avoir ete creees par une academic de docteui'S , plutot que par une societe de tribus nomades et agrestes. Nous n'entrerons point dans I'enumeration fastidieuse des combinaisons grammaticales de cette langue. Qu'il nous soit permis cependant de citer un exemple de la faciliteavec laquelle se forment tons les composes d'un verbe. En ajoutant au radical de ce verbe une seule syllabe , et quelquefois une seule lettre , on parvient a le modifier de la maniere suivante : du verbe aimer , sevmeq , on fait etre aime , .s'aimer reciproquement , faire aimer , faire qu'on s'aime reciproquement , ne pas aimer , ne pas etre aime , ne pas faire aimer reciproquement , etc. Nous craindrions d'ennuyer le lecteur en poussant plus loin cette serie de modifications qui s'applique a tons les verbes. — II est cependant quelques defauts que Ton doit reprocher a cette langue , ou plutot a ceux qui I'ccrivent ; c'est I'obscurite , qu'il seroit facile d'eviter , mais dans laquelle les savans du pays semblent se complaire. Non contens de charger leurs pages d'une multitude de termes arabes et persans , qu'ils empruntent a leurs voisins et qu'ils n'assujetissent pas aux regies de la syntaxe turke , ils cherchent a ac- cumuler une foule de participes qui n'offrent aucun tems determine, tiennent toujoui-s le sens de la phrase suspendu , et quelquefois ils ne fixent ce tems qu'a la fin du second ou du troisienie feuillet de leur ouvrage; si vous ajoutez a cela le defaut de points, de virgules , de "voyelles , d'alinea , dont les orieutaux ne se servent presque jamais , vous aurez une juste idee de la clarte d'un raanuscrit turk. C'est sans doute a cette raison qu'est due la pcnurie de la litterature de cette lan- gue, qui compte cependant encore quelques poetes tels, que Rouhihi et Meshiy ; quelques romanciers , tels que le vieux tartare Barakeh,etc., T. XXI. — Fevrier iSa/J- ^7 /,i8 LIVRES FRANCAIS. ot im grand iiombre d'historiens , de geographes ct dc medecins. Mais, si la langue turke n'offre pas une multitude de productions litteraires dignes d'atteiition , cile n'en doit pas moins etre robjet des «'tiides du philologue , car c'est la seule langue diplomatique de la plu- part dcs cours de I'Orient. Prix's du vice-roi d'Egypte , pres du cliah de Perse , sous les tentes dcs grands khans de la Tartaric , dans le serail du sulthan on ne parle guere que le turk , qui est. la langue maternelle de ces princes. Enfin , sur toutcs les cotes septentrionales de I'Afrique, et depuis Constantinople jusqu'aux fronti^res occidentales de la Chine, il n'est pas de lieu oil cet idiome ne soit plus ou moins bien connu. On conceit facilenient de quelle importance doit etre une telle langue , sous le rapport des relations commerciales et diplomatiques. M. Jau- bert , dont lenomsi justement celebre rappelle taut de services rendus a son pays , vient d'acquerir de nouveaux droits a la reconnaissance de ses concitoyens et detous les ^i^nis des lettres , en publiant la gram- maire que nous annoncons. La rarete et la cherte de la petite gram- maire publiee a Constantinople par le jesuite Holderman , I'obscurite de celle de Meninski, la complication et le defaut de caracteres orientaux de celle du pere Viguier, rendent cette nouvelle publica- tion extr^mement precieuse aux orientalistes. Loin de chercher a compliquer son sujet par une foule de regies , la plupart inutiles , comnie I'avaient fait quelques-uns de ses predecesseurs , M. Jau- bert s'est attache a simplifier la langue qu'il enseigne, en presentant avcc methode et clarte tons ses elemens ; il a su distinguer avec la plus grande sagacite quelques legeres anomalies que d'autres avaient prises pour des regies generates , landis qu'elles n'etaient que des exceptions. C'est ainsi que ce savant orienlaliste , reunissant tout ce que lui out appris a la fois de longues etudes et une grande experience, est parvenu a conserver a I'idiome turk , ce caractere de sinipliclte qui le distingue particulierement. Son travail est termine par une col- lection de proverbes lithographies par M. Bianchi, et qui oCfrent luie lecture aussi instructive qu'amusante : lis pourront fournir aux elt-vcs un sujet d'exercice , en meme tems qn'ils offrent aux curieux la preuve d'une sagesse profonde et d'un grand esprit d'observation chez un peuple que tant de gens supposent barbare. Nous le repe- tons, les turks sont loin d'etre aussi grossiers qu'on le suppose; I'ins- truction publique est I'objet des encouragemens de toutes les hautes classes de la societe , un grand nombre d'hommcs riches , lorsqu'ils font un legs pieux, consacrentune partie de ce legs a I'erectiou d'uu Mndreseh ou lieu destine a I'enseignemeut du peuple. Plusieurs de leurs cmpcrcurs ont iinitd cet exemple ; dc sorte que Ion ne remarque LIVRES FRANCA.IS. /.ig pas sans etoimement que le nombre des colleges a Constantinople est plus cousiclcrable qu'a Paris. On trouve dans les lois penales de ces peuples , quelques dispositions qui manquent a nos Codes (i) et qui feraient honneur a la sagesse de nos legislateurs. Mallieureusement, ctiS institutions sont infectees de ce deplorable esprit de fanatisme , apanage ordinaire des sectateurs de Mahomet et surtout de ceux qui suivent les rt?gles du rite sunnite. C'est ce fanatisme qui ne permettra jamais aux dominateurs du Bosphore d'atteindre un degr^ de civilisa- tion qui les rende dignes de Cgurer dans la grande famille europeenne , «t qui, aux yeux de tous les hommes sages, doit faire considerercomme illegitime le joug de fer qu'ils s'efforcent vainement de faire peser en- core sur les descendans des Platon , des Miltiade , des Pericles et des Leonidas. Edouard Gauttier. i83. — * Histoire Uttiraire d'llalie ; par Gikguene. Nouvelle edition revue et corrigee sur les manuscrits de I'auteur, ornee de son portrait , avec line notice historique par M. Daunou. Paris, 1824 5 Michaud. 9 volumes in-S" , papier fin , caracteres neufs ; prix 63 fr. et 81 fr. Cet ouvrage est le tableau le plus complet qui existe des belles ("'poques de la litterature italienne. On y trouve un heureux choix de faits bistoriques et d'observations litteraires. Ginguene avait choisi una trts-riche matiere ; il I'a disposee avec methode , et sans cbercher a la parer, il s'est applique et il a reussi a lui conserver toute sa beaute naturelle. Son travail est plein de considerations neuveset d'analyses profondes qu'avait negligees Tiraboschi , dans une bien plus volu- niineuse histoire, ouil n'avaitgu^rerecueilliquedes faits. L'accueilho- norable que I'ouvrage de Ginguene a recu en France , en Italic , en Allemagne , en Angleterre ; les traductions qui en ont ete faites et la seconde edition qu'on en donne aujourd'hui , apres la publication du torn. X , par son habile continuateur M. Salfi (voy. i'''^ s6rie , tome xx , page 99-106) semblent exiger un examen approfondi de cet ouvrage, qui sera le sujet d'une analyse dans I'un de nos prochains cahiers. Z. 184 — *Traduction nouvelle, en -vers , de VEnfer du Dante; d'apres le nouveau commentaire de Biagioli , avec le texte en regard et enrichie d'un discours sur le Dante, de notes litteraires et bistoriques et d'un plan geometral de Tenfer, par Brait Delamathe. Paris, i823 ; ga- lerie de Bossange pere. In-8°; prix 7 fr. et 8 fr. 5o c. (t) M. de Hammer, saTant orientaliste allemand, a puWie la traduction de CCS lois, cnnuues sous le uom de Canons ; la version francaise de I'ouvrage alle- mand est aotiiellement sous presse. /,20 LIVRES FRANCOIS. On est otoiiiii' de voir, depiiis qiielqiu's aniiees , plusieurs litttTa- «cuis francais scssayer ol)stinemeiit a tiaduiie la Divine comedie du Dante ; ce qui prouve , sans doute, que I'on sent vivemenl les beautes de I'original , et qu'on se flatte de surpasser tons ceux qui I'ont dcjA tradiiil. Mais nous pensons que le peu de succes oblenu jusqii'ici par la piupart de ces traducteurs, devrait faire reconnaitre coinine pres- que impossible de rendre ce poele italien, surtout dans unc languc la plus t'tiangfeie, pcut ^tre , de toutes h ce genie de poesie et au genre de I'original. Le nouveau traducteur senible avoir senti cettc dilficult(? ; du nioins , il a tout fait pour la vaiiicro. Nul doute qu'il u'ait t-tudie , examine , commcnle , conipris m^nie I'esprit du Dante. L'idee qu'il en donne, I'analyse succincte que Ton trouve dans son dis- coijrs et dans scs notes , font preuve de connaissances litteraires et d'une saine critique. Adoptant le commentaire de M. Biagioli , il seinble dispos6 a justifier ce que d'aulres critiques out regarde conimo de legeres imperfections du poeme du Dante. II est plus tolerable], dans un traducteur que dans un commentateur, de prendre son mo- dole pour objet deson admiration ; ce serait menie un prejuge neces- saire pour celui qui voudrait s'clever au niveau de ce grand poete , se peiit'lrer de son esprit, et I'imiter dans sa langue. Mais le nouveau traducteur a-t-il atteinl son but .'' A cbaque pas , nous apercevons combien de travail il a du faire pour suivre son modele dans mi voyage aussi long et aussi penible. II cberche constamment a sur- uionter les difficultes qu'il rencontre ; il voudrait meme plier, dena- lurer sa propre langue. Mais a-t-il toujours reussi dans sa difficile entreprise? Nous ne pouvons que louer ses intentions et ses efforts ; c'cst aux Francais a juger du merite de son travail sous le rapport de la versification et de la poesie. F. Salfi. i85. — Lecotis anglaises de Litteratine et de Morale , traduites en francais parM. L. Mezieres. Paris , 1828 ; Delestre-Boulage. 3 vol. in-8° de plus de 5oo pages chacun ; pri^ 12 fr. Depuis que les progres des lumieres et les communications plus frequentes eiitre les etats civilises de I'Europe ont fait tomber ce prejuge d'amour-propre national , qui tenait chaque peuple isole dans sa litterature, comme il I'etait dans sa politique , on a niieux senti de jour en jour I'avantage de ces recueils , qui , rasseniblant des beautes eparses dans de nombreux modeles, presentent en substance I'esprit littdraire d'une nation , ct inspirent en meme terns le d sir d'etudier dans la langue originale les cbefs-d'ceuvre dont elle s'bonore. M. Noel, a qui les bonnes etudes ont tunt d'obligations , associe a un savant pro- LIVRES 1-RA?s aniiees , n'offrent pas moins d'inter^t que les trois recueils qui les ont precedt'es , et dont uous croyons devoir rappeler les titres : 1° Lecons fraiicaises de Litturatiire et de Morale, 1 ig edition ; 2° Lecons latines, etc., ie edition ; 3° Lecons latines, extraites des autenrs modernes. — Un jeiine litterateur , M. Me- zieres , a eu I'heureuse idee de nous donner en francais les Lecons de Litterature anglaise. Sa traduction , elegante et facile , reprodmt Cdelement les beautes d'une litterature rivale de la notre , et dont plusiears grands ecrivains ont de nos jours renouvele I'eclat. G*. 186. — Quelqiies pages sitr V Anlhologie riisse, pour servir de re- ponse a une critique de cet ouvrage , inseree dans le Journal de Paris , du a Janvier, 1824 ; par J. de Tolstoy ; suivies d'une fable traduite du russe. Paris , 1824 ; imprimerie de Plassan. Brochure in-8° de Un article de M. B. L. dans le Journal de Paris , sur V Anlhologie russe publiee par M. Dupre de Saint-Maure, a donne lieu a cette refuta- tion d'un ecrivain russe , M.deTolstoy, quirelfeve quelques assertions du critique francais. L'auteur de cette brocliure se plaint , dans un a vant-propos, d'avoir trouve tous les journaux auxquels il s'est adresse fermes a sa juste reclamation. II aurait du examiner que le champ de la critique est libre , et que Cliacua a ce raeticr Peut perdre impimenicut de I'eucre et du papier. II arrive bien quelques erreurs de cette pretention qu'ont certains critiques de juger de tout indistinctement, et de vouloir disserter sur des matieres qui souvent leur sont entierement etrangcres ; mais «i , en cela , nous avons quelquefois fait tort aux etrangers , iis nous le rendent bien tous les jours , dans les jugeinens qu ils portent sur nos usages , nos moeurs et notre litterature. II faut done un pen d'indulgence de part et d'autre , et M. de Tolstoy aurait du penser que les critiques surtout se doivent cntre eux des menagemens : car , qui peut dtre sur de ne jamais faillir? II ne convenait a aucun jour- naliste francais d'attaquer un confrere dans cette circonstance ; c'est a un national, c'est a un russe qu'il appartenait de relever les erreurs Contenues dans I'article de M. B. L. , si toutcfois il v a erreurs, et 422 LIVRES FRANCAIS. si elles peuvent dtre nuisibles. — Le sujet de la discussion entre le critique du Journal de Paris et M. de Tolstoy repose presqu'enticre- meut sur une fable de M. Krilof, iutitulee I'^iuteitr et le Foletir. M. B. L. croit y avoir trouve une attaque directe contre la personne et les ecrits de Voltaire. Je veux bieu croire M. de Tolstoy, lorsqu'il assure que telle n'a pas ete I'intention du i'abuliste russe; mais il rapporte , a la fin de sa brochure, cette pi6ce , objet du debat, et je crains bien que le lecteur , une fois instruit de I'interpretation qu'a -voulu lui donner M. B. L. , ne pense un pen conime ce dernier , surtout lorsqu'il saura que la traduction de cette fable est non de M. Dupre de Saint- Maure, mais de M. le comte de Maistre , qui a rendu I'application plus facile encore, en ajoutant quelques expressions et Tn<5me des vers entiers qui ne sont point dans I'original. D'ailleurs , tout en rendant justice au rare talent de M. Krilof, dont les fables lui ont m^rite une reputation qiu a depuis long-tems d^passe les frontieres de la Russie , je dois dire que cet auteur est un de ceux qui croient parvenir plus siJrement au but de la fable par des epigrammes plus on moins indirectes que par des moralites generales. Tons ceux qui ont etudie la litterature moderne des Russes , et surtout ceux qui ont habite la Russie , savent fort bien que la plupart des fables de M. Krilof ont une clef, circonstance qui doit rendre assez difficile la traduction de ces fables. Quelques auteurs s'y sont deja essayes, et dans ce moment nienie, elle est I'objet d'un grand travail entrepris et dirige par un seigneur russe , ami des lettres, auxquelles il a deja donne plusieurs gages de son goiit et de son erudition. — Quant a Y Anthologte russe de M. Dupre do Saint-Maure , dont nous avons deja fait connaltre la publication a nos lecteurs (voy. Rev. Enc, i''" serie, torn. XIX J p. i85) , elle doit etre incessamment , dans ce recueil , I'objet d'un examen particulier, que nous ticherons de rendre aussi instruo- tif qu'impartial. E. Hereau. 187. — Dictionnaire des Belles-Lettres ; par P.-C.-V. Boiste. T. IV. Paris , 1823 ; Verdiere. i vol. de 466 pag. ; prix 5 fr. ( Foy. i" serie, torn. XVII, p. 378. ) Le savant et laborieux auteur du Dictionnaire tiniversel de la langue francaise , et d'autres ouvrages estimes , poursuit avcc zele sa nouvelle entreprise. Nous avons rendu conipte des trois premiers volumes de son Dictionnaire des belles-lettres , lors de leur publication ; le nouveau volume qu'il vient de faire paraitre , offre , avec ceux qui Tout precede, la plus exacte ressemblance : ce sont les m6mes defauts, c'est aussi le lu^nie genre de merite : une erudition vnrlee, mais LIVRES FRANCALS. 4^3 quelquefois inexacte et confuse, qui ne laisse pas cependant de rendre la lecture de son livre interessante ; una marche trop peu didac- tique , pleine de digressions et de boutades , qui reproduit tout le desordre d'une conversation , mais qui , pour etre quelquefois d'un effet piquant et original , ne paralt guere appropriee a la nature d'un ouvrage destine a I'instruction ; un style trop capricieux , trop desordonne , qui abonde en saillies, mais qui manque trop souveiit de convenance et de purete , et oil Ton rencontre des traces trop frequentes de neologisme. Faut-il justifier ces critiques et ces eloges ? les preuves s'offrent a chaque page. L'auteur affectionne des mots qui n'ont point encore le droit de cite dans notre langue , tels que etroitesse , vasliitide , Utteraturer et beaucoup d'autres. A des oh>- servations judicieuses, il en niele trop souvent de bizarres, comme dans ce passage oii il parle des signes auxquels on peut reconnaitpe la presence de I'inspiration. « Les signes physiques , sont , dans le milieu de la composition , une chaleur generale du corps qui peut aller jusqu'a la moiteur, meme a la sueur ; puis, dans la peau du crdne, siege du genie, une plus vive sensation de cbaleur, accom- pagnee de picotemeus a la pointe des cheveux ; puis des battemens d'arteres , des pleurs dans les yeux , etc. (p. i6o). » Nous ne pou- vons suivre l'auteur dans cette enumeration physiologique des symptomes de I'inspiration , dont les Delavigne , les Lamartine , etc. , pourront verifier I'exactitude. Les digressions politiques ne manquent point dans cet ouvrage ; et , quoiqu'elles y soient souvent hors de place, on n'y peut meconnaitre des sentimens geaereux, de I'ener- gie et de la verve. En general , il est facile de s'apercevoir que l'au- teur compose tres-vite ; il doit a cette precipitation , quelques inspi- rations lieureuses, mais aussi la plupart des defauts qu'on peut lui reprocher. Sa meaioire , qui est trfes-etendue , tres-ornee , le trompe quelquefois , et il prend trop rarement la peine de verifier ses cita- tions. — Je ne veux pas oublier de parler d'un paradoxe qu'il avait deja mis en avant , dans son article Apologue, et qu'il defend contra les attaques de la critique , dans son article Fable. II pretend que les fables de La Fontaine sont imino rales , dangereuses ; et , pour justifier cette etrange accusation , il rapporte les vers si connus : La raisou du plus fort est toujours la meilleure. ^ Ce droit, vous le savez, est Ic droit du plus fort. et d'autres dans lesquels le bon-homme a fait, selon lui, I'apologie de Tinjuslice : autant vaudrait-il dire que Moliere a voulu faire , dans A 24 UVRES FRANCAIS. son Tartuffe, I'apologie de I'liypociisie. — ^ Nous n'insisterons pas ■davantage sur ccs erreurs et ces iuexactiliulcs qui se rencontrent tou- jours, en plus on moins grand nombre, dans un ouvragc de longue ha- leine. Celui-ci est prcsque parvenu a la nioilie de son cours : il aura environ lo volumes. Le iv^ tome , que nous venons d'annoncer , contient des articles sur les mots : erudition , esprit , exageration , exemple , exorde , exposition , extrait , fable , fait , fiction , figure , genie, goilt , harangue, harmonic, hcroide ; histoire , hymne , idylle , illusion , image , imagination , imitation , inscription. 1 88. — Condones francais , ou Ckoix de discours tires des historiens et orateurs jramais ; par M. Amar , professeur emerite de TUniversite royale de France , et I'un des conservateurs de la Biblioth6que Maza- rine. Paris , i8a2 ; Delalain. r vol. in-ia de 446 p. ; prix 4 f. et 5 f. 1 8g. — Condones poetica: grcecce , sen Oratinnes I'arice e poetis greeds excerptte ; colligit J. A. Amar , etc. Paris , i SaS ; le meme. i vol. in-ia de 455 pages ; prix 4 fr. 5o c. et 5 fr. 5o c. Nous reunissons dans une annonce commune ces deu.\ recueils , composes dans un meme but , dans un meme esprit , et que nous devons I'un et I'autre au zele d'un homnie de letlres, qui a rendu a I'instruction publique tant d'autres services, et comme professeur et comme ecrivain. Nous ne donncrons pas ici la liste complete des travaux qu'il a entrcpris en si grand nombre dans Tinlerct des etudes, et qui !ui ont merite la reputation d'un critique savant ct eclaire. Nous nous bornerons a rappeler son Cours complet de Rhe.lorique , dont la 3* edition a paru en 1822 , et auquel servcnt de complement les deux recueils que nous annoncons aujourd'bui. « Ce sont , dit-il lui-meme , les exemples a la suite , a I'appui des preceptes. » — Notre litterature classique possedait deja plusieurs ouvrages composes dans le meme dessein, et dont la liste nous offre encore, au milieu de noms egale- ment celebres dans I'universite , le nom de M. Amar. II faut mettre au premier rang le choix de harangues tiroes des historiens latins, connu depuis si long-tems dans les classes sous le nom de Condones , et dontundenos professeurs les plus distinguesadonne, en 18 14, une edition , enrichie d'argumens , d'analyses , de jugemens , qui ajoutent beaucoup a I'utilite de I'ouvragc. Vient ensuitc un Condones poetica- , ou Choix de harangues tires des poetcs latins ; par M. Noel , inspec- teur general des etudes et son laborieux coUaborateur M. Dclaplace, enleve tout recemment aux lettres et a ses nombreux amis. M. Amar a egalemem public , il y a quclques annees, un Condones poetica: a\ec I'arguntent et I'analyse critique de chaque discours , et la traduction LIVRES FRATVCAIS. 4a5 en regard. II existait enfin , dans Tancienne universlte, un Condones ex grcccis Idstoricis excerp(ce , dont on a doune depuis des editions plus completes et accompagnees de sommaires, d'analyses , d'index, do tables , qui en rendent Tusage plus commode et plus proGtable. On trouvera sur ccs divers ouvrages , qui fornient en quelque sorte la biblioth^que du rbctoricien , des indications plus precises dans les catalogues de M. Delalain , a la librairie duquel ils appartiennent pour la plupart. — II manquait encore aux etudes un chgix de discours extraits des poetes grecs , qui complutAt cette suite de recueils em- pruntes aux litteralures de I'antiquite. M. Amar s'est charge de rem- plir cette lacune; 11 I'a fait avec le gout que proniettaient ses travaux anterieurs. Son Condones grec aura deux parties. La premiere, la seule qui ait paru , contient des discours cboisls dans Homere , Quintiis Calaber, ApoUonius et dans les tragiques ; des sommaires fails avec soin annoncent I'objet de chaque discours, les circonstances oti il a ete prononc^ , et la situation particulicre du personnage qui le tient; il resulte en outre , de la reunion de ces sommaires , une analyse suivie de I'ouvrage auquel les discours appartiennent. Le volume se termine par des imitations clioisies pour la plupai t dans les ouvrages que les exemples de I'antiquite ont inspires a nos grands poetes, a Ra- cine , a Voltaire , a Crebillon , a des auteurs du second ordre comme Longepierre, Poinsinet de Sivry, La Harpe , enfin a quelques auteurs contemporains, a la tete desquels nous devons placer I'auteur d'Aga- memnon.Un de ces morceaux appartient a I'un de nos collaborateurs , M. Leclerc , qui a traduit avec elegance un passage celebre des Tia- ckinicnnes, deja traduit par L. Racine et La Harpe , et avant eux par Ciceron. Je desirerais que M. Amar eut connu les imitations qu'avait faites d'un grand nombre de discours extraits du theatre grec un des eleves les plus distingues de I'ecole normale , feu M. Anceau , profes- seur au college de Saint-Louis, dont le z-ele , les connaissances et les talens donnaient a I'universite et aux lettres des esperances qu'une mort bien prtmaturee est venue interrompre. Plusieurs de ces imitations , pleines de fidelite,d'elegance, d'energie,ont paru dans le Ljcee/rancais, a la redaction duquel il cooperait avec I'auteur de cette annonce et plu- sieurs autres ecrivains devenus egaiement collaborateurs de la Revue. Les autres n'ont jamais vu le jour, et j'ignore entre les mains de qui elles se trouvent maintenant. Je n'en crois pas nioins faire une chose utile , en revelant leur existence et en exprimant le voeu de les voir publiees. Elles seraient trcs-convenablement placces dans une seconde edition du livre de M. Amar. — La purete du texfe ctait la condition la plus 4^6 LIVRES FRANCAIS. indispensable d'une pareillc cntreprise; M. Ainar a pris pour guides les (Editions les plus recentes et les plus genoni lenient estimees ; celles de Wolf pour Homere; de Brunck pour ApoUonius et Sophocle ; do Schiitz pour Eschyle , etc. Quanta la correction typograpliique , il s'est aide dans cette partie de son travail des soins de M. Vendelheyl, I'un des jeunes profosseurs les plus distinguesde I'Academie de Paris. C'est une chose singuliere qu'on ait songe si tard a donner aux clcves de nos classes superieures un Condones franca is . M. Therv, pro- fesseur du college de Versailles, qui a obtenu , en i8ar, le prix d'elo- quence a I'Academie francaise, en a public un dont nous avons rendu un compte favorable ( Vojez i" serie , t. xv, p. i6f) ) ; ensuite a paru celui de M. Amar, en 1822. Ces deux lecueils different beaucoup I'un de I'autre par la disposition des niorceaux dont ils se composent ; mais ces morceaux ont etc puises aux memes sources. Peut-^tre les deux auteurs se sont-ils trop exclusivement bornes ;i recueillir les harangues que contiennent les ouvrages de nos bistoriens , et qui ne peuvent gu^re soutenir la comparaisou avec celles du Condones latin dont elles sont souvent de bien faibles copies; peut-etre n'ont-ils pas assez pro"- file des ressources qu'auraient pu leur fournir certaines pieces his- toriques, d'une eloquence plus vivante que des harangues faites a loisir, les manifestes , les discours reels des princes , des generaux , des chefs de parti , les deliberations des Etats , les archives de nos parlemens et de notre ancien barreau francais. Mais ces recueils ne peuvent manquer de s'enrichir, dans de procbaines editions , de ce qui a d'abord echappe aux recherches de leurs auteurs , et tels qu'ils sont maintenant, ils devront (5tre recus avec reconnaissance par les eleves et les professears de nos colleges. H. P. 190. — Etudes Uiteraires des Classiqnes francais , a I'usage de la jeu- nesse, des nationaux et des etrangers , cotnpos^es d'exemples , de cri- tiques et de reflexions propres a former le gout et le jugement, accom- pagnees des traits les plus caracteristiques de la vie des auteurs , du precis de leurs ouvrages et du sominaire des chefs-d'oeuvre du theatre ; par M. Bail, ancien inspecteur aux revues. Paris, 1824; Eymery. 2 forts volumes in-12 ; prix 6 et 8 fr. « Jamais le gout de la litterature n'a ete plus universellement rc- pandu , dit I'auteur de cet onvrage , au commencement de sa preface ; une jeunesse brillante, studieuse , avide d'instruction , I'honneur de son si^cle et I'espoir de la patrie , prefere I'etude aux frivolites qui oc- cupaient ses devanciers. » Peut-etre y a-t-il un peu d'exageration dans cette phrase , on M. Bail , centre Tordinaire , semble trop deprecier Ic HVRES FRANC AIS. 4-27 terns passe pour louer le tems present. Sans doute la generation qui s'eleve pouria valoir mieux que nous , par la raison, conime I'observe I'auteur, qu'elle est la depositaire de tout ce que la revolution operee dauslemonde peasant a produitd'ideesgrandes, eleveesetgenereuses; mais ce sera sous le rapport moral , si toutefois elle profite de toutes les lecons que nous avons payees si chereipent. Quant au rapport lit- teraire qui , du reste, ne nie semble aussi important que par sa liaison intime avec le premier, je doute que nos neveux parviennent a faire fructifier I'heritage qu'ils auront recu de leurs peres , a moins que les esprits sortiint de la t'ausse direction oii ils se sont engages , ne revien- nent aux simples notions du beau et du vrai. Parce que plus de monde ecrit aujourd'hui , il ne serait pas tout-a-fait juste de conclure que plus de monde lit , et surtout qu'on lit avec plus de fruit ; on serait tent6 meme de croire le contraire, quand on voit tant d'ecrivains s'empresser de donner des preceptes qu'eux-niemes suivent si peu dans leurs productions. Nous avons deja eu plusieurs fois, dans un espace de tems assez borne , I'occasion d'aunoncer des Manuels de lit- terature , dont les auteurs ne semblaient pas toujours avoir recu mis- sion suffisante pour une pareille entreprise. Quoique la qualite d'ins- pecteur aux revues ne soil pas absolument un titre en faveur d'un ecrivain qui veut marcher sur les traces des Aristote , des Ciceron , des Quintilien , des Horace et des Despreaux , M. Bail nous prouve parson travail qu'il a su occuper ses loisirs d'une maniere utile pour lui et pour les autres. Je lui reprocherai cependant de n'avoir pas parle de Marmontel dans I'enumeration qu'il fait (p. vij de sa preface) des auteurs qui ont ecrit « sur les enseignemens de la litterature. » De tous ceux que je connais en France, Marmontel est certainement le guide que j'indiquerais surtout a celui qui voudrait juger de la litte- rature , non pas seulement en grammairien et en rhetoricien, mais en homme de gout et en poete. Ses EUmens de litterature (ou Poetiqiie francaise , en 2 volumes) sont, selon moi , I'ouvrage le plus propre a former de bons ecrivains , et sinon a donner du genie , privilege que la nature s'est reserve, du moins a le developper et a I'eclairer. Quant aux personnes qui , comme le dit M. Bail , veulent se borner au titre d'amaceurs , nous leur conseillerons de se procurer les Etudes iitteraires des classiques , comme un des ouvrages les plus complets en ce genre , qui reunit aux preceptes generaux de grammaire , de style , de rhelorique et de versification , des definitions satisfaisantes avec des exeniples bien choisis des differens genres de litterature. /,28 LIVRES FRANCAIS. acconipagiifs de notices abregees siir les aiiteurs qui les out cullives avec le plus de succ^s. 191 . — * Classiqites /raiicais , ou Biblioth^que de I'amateur. 7"^ livrai- son, composee des Fables de Im Fontaine. Paris, 1824; L. Debure. 2 vol. in-32 , avec un tres-joli portrait; prix B francs , et 6 fr. 5o cent, jiar la poste. ( /'q/. ci-dessus , cahier Ae Janvier , page rgfi. ) Le plus ingenieux des philosophes , La Fontaine a seul fait les frais de la 7" livraisou des Classiqiies que nous annoucons ici , et qui par son execution soignee n'est nuUement au-dessous des pr6cedentes. L'editeur a fait cominencer son premier volume par uue notice de M. Walkenaer, auteur de I'Histoire de la vie et des ouvrages de La Fon- taine ( voy. Rev. Enc., 1'''= serie , torn, ix, pag. 617), qui I'a compose pour sa belle edition des OEnvres completes de ce poiile ( 6 vol. in-8° ; L. Debure. ). On trouve ensuite YEloge de La Fontaine, par Cbam- fort , discours qui a retnporte le prix de TAcademie de Marseille en 1774) c' dans la premiere pbrase duquel I'auteur a si judicieuse- ment remarque que La Fontaine a lui-mcme , sans le savoir , fait son eloge, lorsqu'il a dit ; Si I'apologuc est im present des boinmcs, Celui qui nous I'a fait merite des autels. En effet, c'est lui qui a fait ce present a I'Europe ; il a , dit M. Wal- kenaer , « cree un nouveau genre en litterature , et fait ronnaitre a la France une langue poetique toute nouvelle. » Bien des auteurs , apres lui, sont entres dans la nieme carriere ; mais peu I'ont approcbe ineme de loin , et sans doute le nom A'inimitabh- doit lui rester a jamais. Sans parler des etudes profondes et variees qu'avaicnt faites ce poete aimable , et dont quelques esprits superiiciels pourraient sculs me- connailrc la necessite dans un genre qui n'est rien moins que futile , celui qui vent ecrire des fables doit etre done de cette francbise et de cctte bonbomie qui percent a cbaque vers cbez La Fontaine, et que nos moeurs acluelles , comme j'al dejii eu occasion de le dire ailleurs, ne permettent guere de garder dans la societe. Aussi avons-nous vu la plupart des fabulistes modernes, desespcrant de se faire un nom par les monies moyens , embrasser un autre parti , et cbercber a reussir en flattant la malignite; il nous ont donne des epigrammes plutot que des fables , et quelquefois nieme des personnalites , au lieu des pre- ceptes g^neraux de morale que I'apologue doit seul se permettre. Lc mot d'epigramme que je viens de tracer me conduit tout naturelle- LIVRES FRANCMS. /.ac) mcnt a revenir sur un reproche que Ton a fait cent fois a Boilcau , et dont j'ai niontre qu'il ne pent inalheureusement etie justi£5e. (Voyez Rei: Enc. l'"' serie, tome xix , page 443, raiinonce des OEuvies de Boihati faisant partie de la collection des Classiques francais. ) Mais, si I'auteur de Y j4rt poeliqiie s'est rendu coupable envers I'amitie d'un delit aue la critique la plus indulgente ue pent que taxer d'oubli le plus inconcevable, La Fontaine en a bien ete venge par I'of inion niemc deses contemporains qui, dit M. Walkenaer, suceeda au grand Col- bert , dans I'Academie francaise , apres I'avoir emporte sur Boileau son concurrent. E. Hereau. 192. — * QEiivres de Florist . Notwelle edition, ornee d'un portrait, etde24 gravures, la vol.in-8'',publiee parsouscription. — Les quatre premiers V9lumes de cet ouvrage ont paru successivement depuis le 1'^'' decembre dernier , et il en parait un regulierement le i5 de cliaque mois. — Onsouscrit, sans lien payer d'avance, chezl'editeur, P.-C. Briand , rue des Fosses-Saint-Germain-des-Pres, n° 21 ; entree de la Cour-du-Commerce , a Paris. Le prix de chaque volume est de 8 fr. , sur carre fin d'Annonay, et de 24 fr. sur grand-raisin velin , figures tirees sur papier de Cbine. Le mcrite reconnu de Florian , le choix du papier, la beaute de I'impression et des gravures, la distribution des niatieres , Ics pieces inedites rcpandues dans Touvi-age, et particulierement dans les oeuvres posthumes; tout doit faire regarder cette edition conime un des plus beaux monumens eleve a la gloire de Florian. igS. — *OEui'res completes d'Etienne JouY , de I'Academie francaise. 2<: livraison , formant les tomes II et XIX de la collection. Paris ,1824? Jules Didot ; Bossange pere. 2 vol. in-8°; prix 8 fr. ( P^or. 1'° serie, tome XX , page (>53.) Cette scconde livraison se compose du 2" volume de VEssai sin- les mccttrs , et du 2"' vol. du Theatre , de I'auteur. Les mceurs parisiennes sont encore aujourd'hui ce qu'elles etaient au moment oil cet essai parut, sous le litre de VErmite de la Chaiissee-d' Jntin ; I'origina n'a pas vieilli, dans I'espace de douze aniiees , et le portrait est encore aussi frais et aussi fidele qu'au moment ou il fut peint. II suffit de nomnier la f'estale et Fernand-Cortez pourrappeler les deux succes les plus eclatans qui aient ete obtenus sur la vaste scene de I'Academie royale de musique. La F estate a le double merite d'etre , par les marches, les choeurs , et la pompe du spectacle, un magnifique opera ; et , par Taction , les caracteres , le developpement des passions et le style , une belle tragedie. Ce merite se trouVe dans presque tous /,3o LIVRES FRANgAIS. les grands operas de M. Jouy , et siirtout dans le deuxi^me acte de Fernand-Cortez. Dans aucune des compositions draniatiques ou le horos cspagnol a ete mis en scene , son inebranlahle fermete , et sa brillante valeur, n'ont ete peintes de traits aussi fiers et aussi energiques. Ce volume renferme hiiit operas ; les sept deja connus sont Fernand- Cortez, la Vestale , les Bayaderes , les Amazones, les Abeiicerages, Pe- lage, Zirphite et Fleiir de Mjrte : lehuiti^me n'a pas encore paru ; il est en cinqactes , et intitule : Velleda ou les Gauloises; c'est , dit M. Jouy, celui de ses ouvrages lyriques auquel il a consacre le plus de veilles. 11 n'a rien emprunte ii M. de Chateaubriant ; il ne lui a pris que les coulenrs dont il a peint la Druidesse; tout le reste lui appartient. Dans notre section des analyses , nous ferons connaitre d'une maniere plus particuli^re ce grand ouvrage, en rendant compte des deux livraisons que nous nous sommes bornes a annoncer. A ig4 — *OEuvres completes d' Alexandre Uuval, membre de I'lnstltut (Academic francaise) , ornees du portrait de I'autenr. Paris , 182a , 1823 ; Barba , Cbasseriau. 9 volumes in-8°; piix fi3 fr. Nous nous proposons de consacrer inccssamment quelques articles assez etendus a I'examen de cette collection , qui se recommande si puissamment a I'attention de la critique , et par le merite des ouvrages qu'elle renferme, et par le nom de leur auteur. Aux diverses compo- sitions , qui ont marque son rang , dans noire litterature dramatique , M. Alexandre Duval en a joint plusieurs autres qui I'eussent soutenue, et peut-6tre augmentee, mais que des circonstances , fort indcpen- dantes de sa volonte , ont ecarte d'une scene , ou les attendaient les applaudissemens du public ; tels sont, principalement, VOrateur an- glais, la Princesse des Ursins, le Complot defamille. II a fait preceder chacune de ses pieces d'une notice, oii il juge lui-meme son ouvrage, ou il I'explique , le commente , ou il nous met dans la confidence des circonstances particulieres qui le lui ont inspire. Ces morceaux , ecrits d'un style piquant et anime , offrent , dans leur reunion , I'expose des doctrines poetiques de I'auteur, le tableau de sa vie litteraire, la satyre morale de I'epoque oil 11 a vecu ; c'est souvent un cadre comique qu'il donne a ses comedies. Tous les amis de I'art dramatique s'em- presseront de placet' ce recueil dans leurs bibliotheques , a cote des productions de ces peintres profonds et ingenieux dont M. Alexandre Duval , et quelques ecrivains spirituels de notre Age, ont tenu a leur lour les pinceaux, dont ils ont continue la taclie. H. Patin. 195. — La Vendee, poeme en six chants, dedie a I'armee francaise, libcratrice de I'Fspagne , par M. le vicomte Le Prevost n'lR \y , membre LIVRES FRANCAIS. 43 1 de rinstitut royal de France ( Academie des inscriptions et belles- lettres), chevalier de I'Ordre-de-Malte, inspecteur general emerite de rUniversite, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Paris , 1824 ; Arthus Bertrand. i vol. in-o°, de 3oo pages ; prix 6 francs et 7 francs 5o centimes. La poesie est , depuis quelque tenis a la guerre , comme la poli- tique. Tandis que I'auteur de la Cnledonle , production nouvelle que nous avons annoncee (J^oj. ci-dessus , page y8 ) , celebrait I'hero'isme d'une resistance toute nationale , I'auteur de la Vendee s'occupait a retracer le tableau d'une guerre civile. Tons deux , a ce qu'on peut voir , ont voulu saisir I'a propos , niais le dernier y a sans doute mieux reussi. Ce n'est pas qu'on doive le feliciter beaucoup du choix de son sujet. II ne pouvait en rencontrer qui rappelat de plus tristes sou- venirs a des lecteurs francais. Les niaux qu'entrainent a leur suite les guerres civiles ne sauraient etre rachetes , ni par les hautes vertus qui se developpent quelquefois au sein des troubles publics , ni par les inspirations elevees que ce spectacle grand et terrible tout ensemble peut offrir a la poesie. — Les vers deM. Le Prevost d'Iray ne sont pas au reste de nature a nous donner cette espece de dedonimagement. On n'y trouve guere qu'une nomenclature assez aride des principaux personnages que la guerre de la Vendee a rendus illustres. L'auteur, qui ne manque cependant point d'experience , parait peu familier avec les secrets du style soutenu et du langage poefique ; il hesite sans cesse entre I'expression familiere et I'expression ambitieuse; il se decide tantot pour I'une, tantot pour I'autre , et ne manque jamais, comme ses notes en font foi, de regretter celle qu'il n'a point preferee. Voulant rendre ce fait rapporte par les historiens, que les paysans de la Vendee enlevaient a la course, et armes de batons, les canons des armees republicaines , 11 avail d'abord dit : Vaincmeut rennemi se rit de uos alarmes, Disait Lescure aux sLens; si nous sommes sans armes, II en a, c'est assez : dites ; nous en avons. << Nous en avons! » Ce mot, a I'aspect des canons. Tons I'ont dit, iiivoquant cette unique ressource, Tous, de b4tons armes, les preunent a la course. Ces vers etaient tant soil peu prosaiques , comme il en convient lui- nieme; un de ses amis, qu'il a I'indiscretion de nommer, eul la fai- blesse de consentir a ce qu'il les cbangeat de la maniere suivante : Leur essor des foudres se rend mattre, Et le liaton vcngcur triomplic du salpetre. (r. Notes, p. 178. )W 432 LIVRES FRANCAIS. Uiie .lutre note (pag. i4) nous apprend que , dans une reunion de litterateurs, auquelM. LePrevost d'lrny lisaitsou poeuie, ily cut une i;rande discussion au sujet du vers , par lequel il desigiie Cathelineau. Leur genein'isiime est cnfaut du village. « Cette expression, dit-il, fut trouyee liaidie par les uns , heu- reuse jiar les autres. Je I'ai liazardee parco que ce mot , qui reniplit la moitie du vers, m'a paru, par sa grandeur et par sa pompe, niieux contraster que tout autre avec le second liemistiche : est enfant dwvil- iage. » Je sais bien , parnii les litterateurs qu'il cite , ceux qui n'ont pas pu 6tre de cat avis ; niais je ne vois pas aussi bien ceux qui ont pu le jiartager. — Les noms propres, qu'il a tort prodigues dans ses vers par un assez bon calcul , I'ont souvent fort embarrasse ; il les a trouves plus d'une fois bien durs a ecrire et a entendre. C'est ainsi qu'il s'excuse d'avoir alt^re le nom d'un brave of'ficier uomme Schottrdin, dont il a fait Miiller , par une transformation que tout le monde trouvera assez bardie. ( foj. page aio. ) II en a ete de mfime du tambour Crouston , qui est devenu Riston , par respect pour I'eu- plionie, et par une autre raison encore que I'auteur nous laisse a de- viner. Quel efffet aurait produit le nom de Crouston dans cet hemisticlie : Riston n'a plus de pain .' ( /'o> . pag. 167.) Ce poeme sera peut-ctre fort achete ; c'est le moins que puissent faire pour lui tons ceux dont les p^res y sont nommes. Je doute cependant qu'il soil beaucoup lu , et qu'il ajoutc beaucoup a la reputation que I'auteur doit aux travaux d'erudition qui Tent fait recevoir menibre de FAcademie des inscrip- tions et belles-lettres , et aux longs services qu'il a rendus a I'instruc- tion publique sous la republique et sous I'empire. N. 196. — * Charles Artaut Malherbe , ou le fi!s naturel , roman thedtral en deux representations (supposees), en quatre journees et en dix actes. — Ce volume, qui fait parde desOEiwres de M. Lacretelle ain^, se vend separement , cliez les freres Bossange ; prix 7 fr. Comme nous reviendrons sur cette production de M. Lacretelle aine, qui parait aujourd'bui accompagnee d'un grand nombre de mor- ceaux de critique, taut sur I'ouvrage, et sur ce genre nouveau que sur I'art dramatique en general , nous nous bornerons ici a presenter les jugemens qui en furent portes, lors de la i'*^ edition en 1802. Le celebreauleur des Liaisons dangereuses,en a trace lesystenie , dans un ecrit que M. Lacretelle a tr^s-bien fait de recueillir, a la suite de son ouvrage. — Dans son Tableau de la Utlcrature, Chenier senible avoir donne , en peu de mots , un resume du travail etendu de Laclos : <. M. Lacretelle a publie, dans un recueild'a-uvres diverses(en rSoa), LIVRES FRANCOIS. 433 «n drame intitule !e Fils naCurel. La pi^ce que Diderot a\ait composce sous le m(5me litre, est loin d'egalerle Pere dc famille. Le sujet a ete mieux conou par M. Lacretelle. La noble energie de plusieurs carac- teres , et la force des situations produisent des scenes eloquenles. Get ouv/age ne serait pas d'un effet vulgaire au theiktre , si I'auteur pouvait le reduire de moitie , et I'assujetir aux formes de la scene francaise. » — Un jeune poete italien, I'auteur des belles tragedies du comte de Carmagnola et d'Adelgis , qui parait destine a donner a sa nation un lieureux ot brillant emule d'Alfleri , quoiqu'il suive un systenie different , a designc ainsi le roman thedtral de M. Lacretelle. « Et le genre dramatique lui-meme n'a-t-il pas produit un ouvrage etonnant, dans lequel on trouve des impressions bien autrement di- •verses et nombieuses , des rapprocliemens bien autrement imprevus que ceux qui tiennent a la simple combinaison du tragique et du plai- sant ? Et cet ouvrage, n'a-t-on pas consenli ii I'admirer, a la seule condition qu'on ne lui donnerait pas le nom de tragedie ? condi- tion du restc assez douce de la part des critiques , puJsqu'elle n'txige que le sacrifice d'un mot, et accorde , sans s'en apercevoir, que I'au- teur , en produisant un clicf-d'oeuvre , a de plus invente un genre. » (Mansoki.) — Enfin, un jeune allemand, alors a Paris, dans une lettre que nous avons sous Ics yeux, partageait les m ernes impressions : « J'ai lu le roman dramatique , j'en suis encbante. Plusieurs scenes sont filees, soutenues avec I'art , I'esprit, I'interet et meme les regies qui constituent une piece entiere. Des intentions hardies, des moyens fermes , des caracteres plelns de force et de vcrite , des expressions toujours raisonnees, loujours senties ; un style toujours bon , ou plu- lot toujours meilleur , parce qu'il est toujours ce qu'il doit (jtre , relati- vement aux personnages, aux caracteres, aux situations: voila de grands moyens desucce-s, etc. « — Peut-etrele lecteur voudra s'assurer ' par lui-meme si de tcls eloges sont fondes , au lieu de les admettre sans contradiction et sans restriction ; mais un ouvrage mediocre ne pour- rait neanmoins reunir ainsi les suffrages de plusieurs litterateurs eclaires. P. R. 197. — -Les Eaux de Salit'.-Ilonan ; pap sir Walter Scott ; traduit de I'anglais par le traducteur des romans historiques de sir Walter Scott. Paris, 1824; Charles Gosselin , rue de Seine , n°i2 ; Ladvocat, Palais-Royal, galerie de hois , n° lyS. 4 vol. in-ia ; prix 10 fr. Pres d'un ancien village d'Ecosse , dont Walter Scott , conlre son usage , n'iiidique point la position precise , et qui parait etre un lieu toiit-a-fait imagiuaire, la decouvertc dune source d'eaux miuerales , T. x\i. — Fci,'ricr l^^!^. aS [^V^ LIVUF.S IU/Vl\rA.lS. ruisc a la morlo par la gndrison rl'mic vaporeiise lady , a rasscmhli- force originaux , dotit la pelnturc , trop charg6e peut-^-lre et certai- nement beaucoup trop longue , occupe tout le premier volume du nouveau roman , et tieiit en outre une graiide place dans les volumes suivans. An milieu de cette petite societe , qui a choisi le village dc Sainl-Ronan pour le tliedtre de ses folles pretentions et de ses ri- dicules amusemens , I'auteur ani(>nc les personnages les plus roma- nesques , une Nina , un Lovelace , un Grandisson , une sorte (V Homme gris. La nature singuli^re de leurs aveutures , le mystere qui les enveloppe , la catastrophe tragique qu'elles amenent , forment un contraste bizarre avec les habitudes prosa'iqiies que conserve dans sa mani6re d'etre la colonic de Saint-Ronan , en depit de tons ses ef- forts pour s'elever a la poesie. On trouve ainsi reunis , dans cette nouvelle production de Walter Scott , production qui ne pent pre- tendre qu'a un rang tres-inferieur parmi ses autres ouvrages , les deux defauts de sa mani^re , I'abus du comique et celui du merveil- leux , le romanesque et la caricature. Ce qui lui est nioins ordinaire , c'est le peu d'originalite que presente I'invention de sa fable ; ses personnages , comme nous avons cherche a I'indiquer par les nonis sous lesquels nous les avons dcsignes , ne lui appartiennent pas en propre , et sont plutot des reminiscences que des creations. Malgre ces d(^'fauts , qui sont ceux d'une composition trop precipitee , son livre ne laisse pas que d'interesser. On y retrouve cette dispo,sition habile , par laquelie il sait exciter a un si haul degre I'attente , la curiosite , la surprise. Des ridicules bien saisis , des traits de mceurs et de caractere fortement exprimes , des eclairs de passion et d'e- loquence , y rappellent , de tems en tems , le plus grand peintre qu'ait produit notre epoque. C'est une figure charmante que celle de Clara Mowbrai , cette jeune fiUe qui, sous les apparenccs d'un caractt'rc fantasque, cache le sentiment profond d'une grande infortune. Mais un personnage hors de ligne dans ce roman , et qu'il faut ajouter a la liste deja bien nombreuse de ceux auxquels le genie crcateur de Walter Scott a su donner une vie reelle , est celui de Josiah Cargill, ministre de I'evangile a Sa*it-Ronan. Ses travers le rendent aussi comique qu'il est interessant par les aventures de son jeune Sge , et venerable par les vertus de sa vieillesse. Apres avoir, dans ses pre- mieres annees , cultive les muses , apres avoir goute les charmes cl I'amertume d'une passion malheureuse , le pauvre Cargill a chercho un asile et une consolation dans les soins du ministere evangelique , et surtout dans les travaux de 1' erudition. Un detachement absolu LIVRES FRANCAIS. ,'4^5 (les occupations ordinaires de la vie, une distraction contiiiuelle , sont devenus le trait dominant de son caractere. A peine peut-il doiinei' lui moment d'attenlion a lui-meme , a sa paroisse , et a ■ I'intrigue romanesque au milieu de laquelle il se trouve jete. II est tout ai)Sorbe par ses reclierches sur le Siege de Ptolemais , dont il doit bientot offrir une relation au public : car il est tenis de le dire, Josiah Cargill est notre contemporain , et Walter Scott promet d'etre son editeur, comme il a deja ete celui de Jedediah Cleisbotham, et du capitaiue Clutterbuck. Esperons que le Siege de Ptolemais sera digne de I'auteur d'lvanhoe , et ne considerons les Eaux de Saint- Ronan que comme nne de ces prefaces par Icsquelles il s'est plu souvent a annoncer ses principaux chefs-d'oeuvre. H. Patiit. ig8. — Blanche d'tvreiix, ou le Prisonnier de Gisors ; l^istoire du tems de Philippe de Valois ; par Madame Simons - Candeille. Paris , 1824 ; C.-J. Trouve ; prix 6 fr. et 7 fr. 5o c. 2 vol. in-ia. « Une femme vive , spirituelle , sensible , une prmcesse , une reine de France , renouce aux pompes , aux intrigues de la cour , et, tout en conservant ses honneurs, sa fortune, sa liberie, ne fait qu'un noble usage de tant de facultes puissantes pour le mal comme pour le bien ; cette femme, cette reine, dignedetous les eloges et de tous le" respects , devrait etre , a ce qu'il nous semble , citeepar lespoetes et par les his- toriens , comme I'exemple de son sexe... et les historiens , les poetes se taisent sur le compte de Blanche... ou n'en parlent, comme Bran- tome, que pour ternir , sans le vouloir , cette vie si pure , qui ne dut compte a son siecle que de vingt mois de souverainete. » ( Introd. p.vi. ) Telle est I'lieroine dont M™" Simons-Candeiile a voulu venger la me- moire et retracer les vertus. Cette noble tache est completement rem- plie par elle. — L'interessante Blanche soutient, dans ses differentes et perilleuses positions, un caractere de force morale, de douceur et de re- signation a toute epreuve : epouse de Philippe de Yalois , et veuve, apres vingt mois d'une union mal assbrtie , elle triomphe a la fois des seductions de I'amour et des pieges de la traliison. Le brave et myste- rieux amant de Blanche , le Guerrier du Nord plaira aux ames nobles et sensibles : terrible dans les combats , timide devant celle qu'il adore , il etonne et attendrit tour a tour. Pres de ce chevalier , et pour mieux relever I'eclat dont il brille , s'agite en tous sens un lache et vil per- sonnage : Rabaudanges est son nom ; maitre d'botcl de la reine, il ose penser a s'attacher sa souveralne par un manage secret. Delations , ca- lomnies, assassiuat, il met tout en oeuvre, croit toucher au triomphe, etrecoit le prix de ses forfaits. Mais I'aspect de ce hideux objet fati- /,36 LIVIIES FRANCAIS. guerait ies yeux tin Icctenr, et le page LiulganJ , brill.iiit de. jeuncsse , de caiidcur et de grice , le vertueux siie dc Bclesme , un vieux soldat inutile, niodele de franchise, de dtvouement et de loyaute, effacent par d'heureux contiasles Ies penibles impressions dont on n'a pu se defendre. C. P. igy. — Les PetUes FiUcitcs; par Abel Dufkesne. Paris, 1824 ; Hesse et compaguie. ln-8° de aia pages; prix a fr. Un ecrivain Anglais , James Beresford, a public, sur Ies niistres humaiues , un ouvrage qui a ete traduit en Franee il y a quelques an- nees. Dans ce livre , I'auteur, dit M. Dufresne , nous donne un cata- logue de tons les chagrins et de toutes les contrarirtes de la vie , « afin que nous y prenious garde et de peur que nous ne soyons quelqucfois raalheureux incognito. » II appartenaita un francais de faire la contre partie de cet ouvrage , si bien place d'ailleurs sous la plume d'un an- glais , et de nous apprendre a jouir de toutes les douceurs , de tous les ugi'emens de la vie , sans laisser echapper meme I'occasion de la plus leg^re jouissance. II y a plus de philost)phie , plus d'amour de I'huma- nite dans cette entreprise que dans I'autre. Kn lisan ties Pedtes Felicites de M. Dufresne , je desirais interieurement qu'il eiit plutot intitule son livre : Les mille et une felieites; mais I'auteur n'en a compte que cinq cent vingt-neuf, et je doute que M. Azais lui-m6me piit trouver ici une comjjensation avec tous les maux que le docteur Beresford a eula patience et le courage d'enumerer. Et cependant,M. Dufresneme semble avoir porte tros-loiu I'art de se creer des jouissances dans toutes les situations de la vie , et de faire sortir le plaisir du sein meme de la contrariete. « Heureux , dit-il quelque part, beureux le livre dont uneligne fait penser une page ! « Cehii de M. Dufresne nous parait de nature a lui obtenir quelquefois ce triomphe , qui ne doit pas etre une petite felicite iMiw un auteur. E. H. 200. — * Coiirs elementaire et pratique de dessin hneaire , applique a. Fenseiguenient individuel , a I'enseignement simultane et a I'ensei- gnement mutuel , d'aj)res les principes de Peslalozzi ; suivi a Yerdun sous la direction de M. J. Rajisauer , et publie avec de nombreuses diflcations par A. Bojniface , institiiteur, disciple de Pestalozzi ; avec un Traite elementaire de perspective lineaire par M. Choquet, pro- fesseur de mathematiques ; et orne de 48 planches dessinees et gra- vees par E. Hocquakt. Scconde edition. Paris, iSaS; Ferra j=; Aime-Andre. i vol. in-4" oblong, figures ; prix 12 fr. ; et 14 fr. par la poste. Le principe fondnmental de la methode d'education de Peslalozz^ LIVRES FRANCAIS. 4^7 <iir M. Ad. Bron- gniart; sur le genre couma d'oiiblet , par M. A. Richard; sur le genre bauhimia , par Ch. Kujvt ; sur le genre schizopc talon ; 3" des observations sur le terrain du departement de I'Orne , qui contient le bois fossile a odeur de truffe, par M. Desnoyers ; une note sur les bassins tertiaires , par M. Laurent Paketo, de Genes. Le ca- liier est termine par I'extrait d'un voyage de M. Freminville , lieutenant de vaisseau , sur les cotes occidentales d'Afrique et dans les Antilles francaises. Les sept planches in-4'' sont litliographiees avec soin, et representent d'une mauiere tres-nettc ct tres-claire les details d'anatomie animale et vegetale, et de geologic, necessaires a rintelligence du texte. — Nous appellerons de terns a autre I'atten- tion de nos lecteurs sur une entreprise qui merite d'etre encouragee par tons les amis des sciences. A. M — r. Livres ctrangers publies en France. 2l3. — Vaticana juris romani Fragmenta , RoincE tittper ah Angelo Maio detecta et edita , gallicis typis mandaveriint ephemeridum quae Themidis nomine puhlicantur editores. Parisiis , iSaS; apud Fanjat , natii inajorem , bibliopotam , ind -vti/go dicta rue Christine, n° 3. In-S" de XIV et 92 pages d'inipression. Les personnes qui se livreut a I'etude du droit remain savent combien les textes y4nte-Jtistinien sont precieux. Une nouvelle de- couverte faite dans la Bibliotheque vaticane, par le laborieux et savant Akcelo Maio, va augmenter le trop petit nombre de mo- numens de ces premiers ages de la legislation romaine, qui sont parvenus jusqu'a nous. Dans une preface latine placce en tcte de IV-dition de Rome, et reproduite piir Ips editeurs de Paris, M- Mxut fait counaitrc I'histoire du aianuscrit paliniseste dont nous venous LIVRES FRxilSCAIS. 449 (le transcrire le litre. « II y a , dit-il , dans la Bibliothi-que vaticane , un manuscrit latin en parchemin , dont les caract^res sont en partie Carres ; il est du viii^ si^cle environ , et se trouve inscrit sous le numero vm.dcci.jivi : il contientles Colladones des saints anachoretes de I'Egypte, par Cassianus. II y a une lacune au commencement de I'ouvrage, ainsi que nous en sommes avertis dans le catalogue de la Bibliotheque. » M. Maio , au moyen des procedes qu'il a deja employes pour retablir des textes enfouis sous les legeudes et les prieres des moines du moyen age , est parvenu a remettre en lumiere quelques fragmens dont nous allons transcrire les litres : De Empco et P'endilo ; de Usii Fructn ; de Dotibus et Be uxoria ; de Excusatione ; Quaitdo donator iiitelUgatur revocasse 'voluntatem ; de Donationibus ad legem Cinciam; de Cognitoribus et ProcHrafon'Jui. Malheureusement , de nombreuses lacunes ne permettent pas de saisir I'ensemble des pensees de Tauteur sur ces litres importans. La publication , en France , de ces fragmens, n'est pas moins tres-digue de remarque. Elle prouvera aux elrangers que lapatrie de Cujas et de Dumouiin renferme encore des hommes qui se vouent aux plus profondcs etudes sur les antiquiles du droit remain. Cette edition, qui est une reimpression fidele du texte public a Rome , sous les yeux de M. Maio, est due a MM. Blondeau, DuCaurroy, Demante et Jour- dan. Ces jurisconsultes contribuent puissamraent, par leurs savantes lemons et par Icpubliration de la Themis (i) , a faire fleurir dans noire palrie les bonnes etudes du droit; I'ouvrage que nous annoncons est un nouveau litre qui leur esl acquis a la reconnaissance de tous ceux qui s'inleressent aux progres des connalssances utiles. A. T.' ([) Nou3 profitons do cctte occasion pour recommaDdcr a ceux de nos lec- teurs qui cultivent la science du droit, la lecture de la Tlu'inis , dont les deux premieres livraisons du (ie vulunic vieuneut de paraitrc. — On s'abonne pour ce recueil, dont il se public lo livraisons dans le cours de I'aunce judiciaire, rue SonfQot, no 2. Prix do rabonneuieut , 12 fr. pour Paris, oc I'i fr. 80 c. par la poste , pour les departcmens. T. XXI. — Fih'i'ivi iS?,.',. 29 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. Etats-Umis. — ViRGiMiE. — RICHMOND. — Fails ciirienx sur Ifis ser- pens a sonnettes. — UnFrancais, M. Neale, etant dans la Caroline dii nord , cliercha a se procurer quelques serpens a sonnettes, dans l;i vue de faire une collection. Plusieurs observations, suivies d'expe- riences , le port^rent a croire que cet animal venimeux etait suscep- tible d'etre apprivoise. Nous ne savons pas quels sont les moyens qu'il a employes; mais le fait est qu'il a reussi d'une manieie sur- prenante. II insiste seulement sur le pouvoir de la musique, et pre- tend qu'une melodic douce suffit pour calmer les plus grandes irritations de I'animal. — M. Neale est actuellement a Richmond ( Virginie ) ou il fait une sorte d'exhibition de ses curiosites. II a • deux serpens a sonnettes vlvans. Le male a 4 pieds 8 ponces de long et huit sonnettes a la queue; ce qui iudique I'age de iieuf ans. La femelle est plus petite, et n'a que cinq cloches. II I'a depuis trente mois. Leur docilite est si grande , qu'apres leur avoir dit quelques mots, et les avoir caresses de la main , il les prend, comme si c'etaient des bouts de corde , les fait remonter le long de sa poi- trine, autour de son col, les baise; tandis que Tun d'eux est autour de sa personne, il prend I'autre.'loin devouloir faire du mal aleurmaitre, ces redoutables reptiles semblent eproiiver de I'attachement pour lui. Sa securite a un autre motif encore que I'oducation des serpens ; il dit avoir un remede assure contre leur morsure, et n'en fait pas un secret. II faut, dit-il, commencer par se laver la bouche avec de I'huile chauffee , puis sucer la morsure. Ensuite on boit abondamment une decoction de racine de serpentaire , jusqu'a ce qu'elle opere comme un fort emetique; aprfes quoi, Ton n'a rien a craindre. — M. Neale, entr'ouvrant la bouche de ses serpens, montre leurs crochets venimeux. lis tiennent a la niAchoire supe« rleure; ils sont au nombre de deux de chaquc c6t<5, et se renou- vellent, quand on les arrache. lis sont aigus , recourb^s en arriere. AMERIQUE. 451 et couches vers le gosier, quand I'aniinal ne veut pas en faire usage. Le venin suinte d'une petite vesiculc qui tient a la racine de la dent. — Ces animaux se depouillent de leur peau, une fois tous les deux, mois en ete. Chaque annee , sauf la premiere, ils prennent une nou- velle sonuette cornee, d'ou ils tirent leur nom. Consequemment, le nombre de ces sonnettes indique leur kge. lis les secoueni rare- ment, et seulement lorsqu'on les provoque, ou bien encore pour fixer I'attention de leur proie, c'est-a-dire, des animaux les plus vifs, tels que les oiseaux , les ecureuils. M. Neale soutient que I'espece de cliarme que le serpent exeroe sur ces victimes est veri- table, en aj'ant mu un exemple dans son jardin et par ses propres serpens : la victime, vaincue par son apprehension, tonibe de branche en branche, de roc en roc, jusqu'a ce que son ennemi s'elance sur elle. Mais il nie que I'haleine de ces animaux ait rien de nausea- bonde ; ayant frequerament recu leurs caresses de tres-pres , ii a pu se convaincre, au contraire , quelle est douce et agreable. — Au reste, le serpent a sonnettes n'est pas le seul qui s'apprivoise aise- ment. M. Neale en a apprivoise de toutes les especes, lis obeissent tous k son commandement. (Extrait du Richmond Enquirer, journal americain.) — NouvELLE - Orlkvns. — Culture du the, — Une lettre de M. W. Y. Lewis , annonce que M. Mallet, de la Louisiane , a reussi a faire croitre du the vert , en en semant la graine. Sa plantation est pres de la riviere Amite. Elle occupe une etendue considerable. Le climat semble favoriser la croissance de cette plante , et M. Mallet pense que la culture du the reussirait tres-bien si on lui donnait les soins necessaires. Un echantillon de the hyson , cultive dans le sud , accompagnait la lettre de M. Lewis ; il est d'un gout fort agreable. La preparation ordinaire que lui donnent les Chinois , et qui consiste a en rouler les feuilles , et a le parfumer par quelque essence , semble etre la seule chose qui lui manque pour le rendre semblable en tout point a celui qu'on importe de Canton. Enfin , il y a tout lieu de croire que le climat de quelques provinces des Etats-Unis est aussi favorable que celui de la Chine , a la culture du the. ( On pourrait le cultlver avec avantage dans les provinces meridionales de la France. ) L.-S. B. — New- York. — Missions protestantes. — Un journal de cette , ville a publi6 I'etat ci-joint des missions protestantes, des pays ou «?lles se trouvent, des epoques de leur fondation et du nombre ds miseionnaires qu'elles entretenaient en 1819. 452 AMERIQUE. SOCIETES. PAYS. *N«. MISS. Socicte pour la propagatiou des connais- sauccs c'.reticnucs Anglolerrc. . . . 1701. . . 8. College des Missions danoises Dan(^marck. . . . 1715. . . 0.. Freres-Unis AUemagnc. . . . 17,32. . . 85. Societc des Missionnaircs niethodisfcs. . Angletcrre. . . . 178C. . . 65. Idem. baptistcs. . . . Idem 1792. . . 72. Idem, des Missions de Loiidres. . Idem I795- • • S'l- Idem. d'Efosse. . . . Ecossc 1796. • . 12. Idem. derEglisc. . . Angletcrre. . . . 1800. . . 7.',. Bureau americaiu des Missions c-trangeres. Etats-Uuis. . . . 1810. . . 3i. Idem. de.s Missions baptistcs. . Idem 1814. . . 3. Societe des Missions etrangeres-TJnles. . Idem 1817. . . 3. Total. . . 4X9. Outre oes 4^9 missionnaires , ces societes entretenaient aussi iin grand nombre de fermiers, d'ouvriers, de medecins, de femmes et d'enfans de missionnaires. Les freres unis ou Moraves , dont le nombre est d'envirsn 16,000 , habitent principalement en Alle- magne. La Societe des missions etrangeres unies se compose de pres- bytcriens,de reformes Hollandais etautres. Suivant I'etat ci-dessus, 3o3 missionnaires sont a la cbarge de I'Angleterre; 85 a celle de I'Allemagne, et 37 a celle des !l6tats-Unis. W. — Expedition americaine dii major Long. — Les journaux americains dumois denovembre font mention d'une expedition al'extremitenord- ouest du territoire annericain , entreprise et terminee par le m.ijor Long, accompagne d'un dctacliement de I'armee des Etats-Unis. Ou dlt qu'on s'est assure, par cette expedition, qu'une portion conside- rable du pays occupe par la colonic du fen lord Selkirk , est situee dans le territoire des Etats-Unis. L'expedition a fait un voyage de 4,fioo niilles, dont 3, 000 a travers les deserts. Elle etait panic de Philadelphie, au mois d'avril; elle est revenue, an mois d'octobre, par le lac superieur. Elle n'a eprouve aucun accident dans sa route, et les individus qui la composaient out ete accueillis avec bien- veillance par les Indiens, et avec la plus genereuse bospitalite , dans les etablissemens de la compagnie de la bale d'Hudson. A. J. — Beaux-Arts. — Peinture. — Le colonel Trumbull , charge ])ar le congres des Etats-Unis de peindre quatre grands tableaux repre- sentant les evenemens les plus niemorables de la revolution , vient d'acliever sa quatrieme composition. Wa.sliington y est represente, remettant sa commission militaire au congres assemble a Annapolis, le 23 deccmbie 1783. W- AMMIQUE. 453 AmiLtES. — Tremblement de terre. — 11 y en a eu deux , dans I'es- piice d'un mois , a la Martinique. Le premier s'est fait sentir au Fort- lloyal, le 1 1 novembre iSaB , a 5 heures 45' du matin ; et le second , le i3 decembre , a une heure du matin. Chacun s'est forme de deux secousses, qui dans le premier ont ete plus fortes et surtout plus longues. Ces phenonienes u'ont ete accompagnes d'aucune espece d'accidens. Barbvdk. — i,tat sanitaire. — La sante publique a eprouve , I'au- tomne dernier, une atteinte, dent la nouveaute a cause quelque effroi. Une sorte de grippe s'est repaudue, tout a coup, dans cette ile, parmi les diverses classes de la population ; elle a pris un caractcre epide- mique et pernicieux , et on lui attribue la mort d'un assez grand nombre de personnes. Elle s'est introduite , d'une nianiere ou d'une autre , a Sainte-Lucie et a la Martinique , et il est vraisemblable , comme on I'assure , qu'elle s'est propagee dans d'autres iles de la cliaine des Antilles. M. ue J. CoLOMBlE. — Fondation d'un Uluseum eC d'une ecole des Mines. — Voici le preambule du decret rendu par le Congres deColombie, pour fonder ces deux etablissemens. « Le Congres ayant pris en considera- tion le traite conclu a Paris , dansle mois de mai iSa'z, entreM. Fran- cisco Antonio Zea , ancien ministre plenipotentiaire de la Colombie , specialement autorise par le goiivernement pour cet objet , et MM. Ri- vero , Boussingaiilt, Ronllin, Bourdon et Gondet ; prenant de plus en consideration que les sciences naturelles sont restees inconnues jus- qu'a ce jour, dans ces riches regions, consequence necessaire du sys- teme corrupteur de I'ancien gou\ernement ; que les progr^s de I'agri- culture, des arts et du commerce, qui sont les sources productives des richesses du peuple , exigent absolument que ces sciences soient repandues ; que I'occasion favorable est mainterrant arrivee d'encou- rager et de rcpandre la connaissance desdites sciences , alin que les me- taux precieux et beaucoup d'autres clioses du regne mineral , renfermcs dans nos vallees et dans nos montagnes , ne soient plus caches dans les eutrailles de la terre, le senat et la chambre des representans, assem- bles en congres, decretent, etc.» (Suiventles dispositions particulieres du decret. ) — Le meme congres a ratifie un traite conclu par M. Zea ]}0\xtX etablisseinent d'lme Uthographie a Bogota. ASIE. Indes-Okiewtales. — Possessions anglaises. — Societv des missiani du liengale. — Le cinquiemc rapport de rettc Socictc^ vient de pa- 454 ASlt. raJtre. En voici un extrait. — Outre la chapeile d'uiiioii qui appar- tient a la Societe, on a etabli des chapelles a Mir/apour , a Ma)iicktula, et a Kidderpore. Des traitcs religieux et des livres de picte out etc distribues dans ces eglises. Le service divin y est ci'lebre , le dinianche matin et le jeudi soir , en presence d'un auditoire nombreux et at- tentif. Les ecoles , qui sont sans contredit Its plus utiles fondalions de la societe , ont ete etablies a Kidderpore , Bhobanipore , Chitlah elTallah-Gange. Tous les dimancbes, les eleves de ces ecoles recitent leur catechisme dans une des eglises. Le nombre des catechumeues est de soixante-dix. Une ecole de fdles a ete confiee a la surveillance de M>'ic Trawin ; il y a seize ecoli^res , dout deux font des progress remarquables dans la lecture et I'ecriture. La regularite avec laquelle elles assistent aux lecons , et I'attention qu'elles donnent a ce qu'on leur euseigne , font esperer uu grand succes pourl'avenir. L'etablisse- ment de I'imprimerie des ecoles est un autre nioyen employe par la Societe pour hater les progres des naturels. Pendant I'annee derniere, cette imprimerie a impritne, pour le compte de la Societe, en bengal! , ia,5oo exemplaires de brochures ; en anglais et en bengali, 18,000 ; en indoustani , 4,5oo; en anglais et en indou, i,5oo; en hinduwi, i,5oo : total pour Fannee, 38, 000 , ce qui porta a 117,000 le nombre d'exemplaires imprimes aux frais de la Societe , depuis son etablisse- ment. — La Societe possede aussi des chapelles a Chiuswah et a Benares. Elles sont desservies par deux ministres qui y font le pr<5che et I'ins- truction da catechisme. Des Societes auxiliaires , qui sont des branches de la grande Societe des missions , se sont formees sur plusieurs points , et ont verse a la caisse des sommes considerables. On assure qu'une grande partie de ces fonds doit etre employee a fonder un plus grand nombre d'ecoles. Les missionnaires sont con- vaincus qu'ils n'applauiront les difCcultes qui s'opposcnt a I'execution de leur tache ; qu'en remontant a la source du mal , et en donnant une instruction sage et liberale aux enfans des naturels, avant que leur esprit soil imbu des erreurs de la superstition. Calcutta. — Sociele Utteraire fondie par des Indous. — La Cia- zeue du Gotivernement , publiee dans cette ville , annonceque plusieurs Indous de distinction ont forme une societe dont le but est ires-louable. On discutera dans des assemblees de naturels riches et instruits tous jes sujets qui se rattaclient aux progres de la civilisation et de la litte- rnture. La Societe a resolu do faire traduire en bengali des ouvrages savaus et utiles , de publier en anglais et en bengali de petits abreges de morale et de science , de combatti e I'immoralite de certaiues cou- ASIE. 455 tuines qui existent encore aujourd'hui dans I'lnde, de donner des regies de conduite et de rtiforme qui puissent influer directement sur le Lien etre et le bonheur des hommes. Elle veut aussi rassenibler des instrumens de mecanique et de niathematiques , ainsi que desap- pareils chimiques, pour aider a I'instruction. Les personnes qui ont fait partie de la premiere assemblee , ont resolu de faire toutes les de- penses jusqu'a ce que la Societe fut entierement organisee. On doit coiistruire une maison oii se tiendront les reunions, et ou serontde- posees les diverses collections faites par la Societe ; on y joindra un college , dans lequel on enseignera les arts et les sciences. SiAia. —^ Foyage. — Le capitaine Mac' Donnell a rapporte de Siam a R'nang une collection d'obje>s rares et curieux , entre autres , un choix de tous les instrumens en usage dans ce pays , qui lui a ete of- fert par le jeune prince Chow Fa , avec un bateau de representation , de 5o pieds de long. Le capitaine Mac' Donnell s'est aussi procure nu grand nombre de livres sacres et d'autres ouvrages ecrits en sia- mois , qui jetteront quelques lumi^res sur I'histoire d'une nation si peu connue des Europeens. Sir Stamford Raffles en prepare une tra- duction. Lors du depart de M. Mac' Donnell , les habitans de Siam s'occupaient de construire une batterie de 5o canons sur le rivage oppose a Pac-Nam , pres de 1' entree de la riyi^re. L. Sw. B. AFRIQUE. Egypte. — Culture du cotonnier. — Un Francais , M. Jumel , ima- gina , il y a ifuatre ans , de transplanter en Egypte le cotonnier du Bresil. L'essai lui reussit , et le pacha ordonna blentot d'etendre la culture de cet arbuste. Le produit de la recolte s'accrut, la deuxieme et la troisieme annees , dans une progression rapide. Depnis le com- mencement de la quatrierae , il a deja ete envoye a Marseille fioo,ooo kilogrammes de coton. La culture du cotonnier, qui , par I'ordre expres du pacha, a pris le nom de Jumel, est permise dans toute I'Egypte sans restriction. Le pacha veut I'etendre , dit-il , jusqu'aux sources du Nil. Ce nouveau coton d'Egypte est excellent ; il remplace parfailement celui de Fernambouc, et parait meme plus pur et plus blanc. Ses qualites et son has prix le feront sans doute employer dans les manufactures. — Voyage scientifique. — Extrait d'une lettredu docteur Ehrenberg, ecrite le 27 novembre i8s i , de sa tente pres de Eh Suan , demiire I'ille de la frontiere meridionale de I'Egypte et adressee a M. le docteur Koreff. — Nous vous adressous quelques ligues pour vous faire part de nos demarches et U-S6 AFRIQUE. flcnosrechcrchcs.L'occasioii qui s'offre a nous de lii ire passer deskutres au Caire est irop pressaute pour nous pernieltre d'envoycr a S. Exc. Ic prinee grand-cliancelier notre troisi^me rapport. Nos premiers ecrits sont partis du Caire , leSomars, et doivent parvenLr par la voie d'A- Icxandrie et do Livourne. Nous esperons pouvoir , -a notre arrivee a Dongola,reniplirle devoir si honorable j)our nous, de tenirS. Exc.au couraut des principaux evenemcnsde notre voyage. — Je suppriniele3 circonstanccs qui ont contribue jusqu'ici a rendre notre sejour en Egypte assez desagreable. Nos plus grands ennemis ont et6 , pour nioi , une /I6vre nerveuse Ires-violente, et pour nous deux des oplitalmies , qui ont dure plusieurs mois. Cependant , quoique deux de nos cotn- pagnons soient morts ; quoique trois autres, qui les avaient remplaces, aient perdu courage etnous aient quittes , nous conservons notre fer- meteet nous nous avancons avec prudence. — Coninie vousnous avez surtout reconiinande les recherches sur les poisons connus en Egypte , nous avons dcja d«sseche les feuilles des planles veneneuses les plus connues dans ce pays. — Nous avons recueilli avec soindans desflacous le sue de cellos de ces plantes qui sont laiteuses (milchenden). Nous avons aussi recueilli le sue d'un vert jaunatre extrait des dents veni- iiieuses du Cerastes , du Naja-Haje , et nous avons commence a con- server les dards du scorpion el les vessies qui servent de receptacle au poison. — Voici un fait digne dY'tre connu : une mygale, qui res- semblait pour la grandeur au M. avicularia , mais en differait par plusieurs caracteres distincts , a peine morte , exhala une odeur et un feu bleuatre tellement forts , qu'elle en eclaira et remplit une salle vaste el bien aeree. Quant aux scorpions , nous en avons jusqu'a pre- sent trouve huit sortes differenles, donl cinq dansle desert de Lybie et pres d'Alexandrie , et la plus grande sur les frontieres de la Bar- baric, prcs de Gasi Choltrebie. Nous en avons rencontre trois autres especes , du Caire jusqu'a Essiian. Tous ces scorpions sont jaunes , tirant sur un brun noir , et nous avons eu occasion de les examiner assez bien. Ceux que Ton trouve dans la Haute-Egypte passent pour les plus venimeux ; et comme celui que nous avons designe sous le noni de Scorpio ( Buthac ) Cahirisinus est le plus grand , et le plus commuu , il est probable que toutes les relations ne se rapportent qu'a lui. — Un Franc, M.Hufeau ou Rousseau, qui s'occupe de re- clierclier les antiquites t'gyptiennes et de prendre des copies d'objets d'histoire naturelle , a Luxos , pres de Thebes , nous racontait qu'une de scs jeunes negresses venait de mourir des suites d'une piqure de scorpion , au milieu des plus ciuelles douleurs , et que, depuis peu AFRIQUE. /,57 de terns , il avail eu connaissance de plusieurs fails du ni(5me genre. Moi-menie , qiioique j'eusse deja pris avec de grandes precautions plus de cent de ces aniniaux dans nies mains , j'ai ete dernierement blesse au doigt par I'un d'eux. Au moment de la piqure, j'eprouvai unedouleurpenetrante qui m'ebranla comme une etincelle electrique. Quoique je ne negligeasse pas de sucer aussitot avec force la blessure jusqu'a I'apparition du sang , le sentiment de la douleur devint plus vif , apres quelques minutes. Je bandai fortement le doigt. Les dou- leurs , qui continuaient toujours , s'etendirent peu a peu jusqu'a la jointure de la main , et bientot jusqu'au coude,danslapartieiuterieure du bras , et se faisaient sentir comme une crampe. Au bout d'une heure , je n'eprouvai cette vive douleur qu'a la place de la blessure , dont les alentours commencerent a s'enfler. Apres trois beures, il ne restait plus dans le doigt qu'une sensation d'engourdissement , qui disparut le jour suivant. J'ignore si une disposition au sommeil que j'eprouvai le soir etait causee par cette blessure ou par un catarrhe qui se declarait. — Nous fumes tcnioins d'un autre evenement du meme genre , au village de Saulim , province de Tajum. Un soir, le Kai- makalin entra dans notre appartenient , poussant des cris, et deman- dant dusecours. II avail ete pique par un animal venimeux et souffrait de fortes douleurs. Le docteur Hemprich fit, a I'endroil bless4 du doigt , une incision , et banda le doigt , qui saigna abondamment. Le lendemain , le blesse se trouva completement gueri. Nos recher- clies sur le scorpion , auteur de la piqure , furent infruclueuses. II parait qu'en general la piqiire de scorpion est plus dangereuse pour les enfans que pour leshommes fails. — Lorsque les Arabes rencontrent des serpens ou des scorpions , ils les retiennent avec un baton ou quelqu'autre instrument , puis brisent leurs dards avec des pierres ou avec un couteau. Jamais nous n'avons vu dans les mains d'un Arabe un animal venimeux non mulile , c'est pourquoi lorsque des schlangensciiigei (avaleurs de serpens ) ou autres Arabes nous appor- taient de ces animaux , nous ne les avons presque jamais conserves dans I'esprit de vin. ■ — Nous nous occupons de rassembler des details sur ces divers objets. A. J. — Addition a la notice sur les decoiivertes rdcentes en Afrique. {Voyez ci-dessus, pag. 267^ — 274.) — Parmi les savans qui ont faitd'beureuses conjectures sur I'existence d'une mer interieure en Afrique, on ne doit pas oublier M. Malte-Brun qui, dans TAtlas de son Precis de la Geographie universelle , publie eu 181 a , a place uu grand lac a I'en- droit meme oil les Anglais ont observe le lac Tsaad. Quelques aimees /,58 AFRIQUE. plus tard, RI. Badsa , ditAly-Boy, a dessine sur la carte du major Rfiiiiell line iner centrnle doiit la grandeur est exageree. J. — MineraJfgie. — Antiqtiites. — M.J. Burton , charge , par le pacha d'Egypte , de I'exanien geologique de ses I'tats , a fait quelques decou- vertes imporlantes dans le desert , a I'orient du Nil , et le long des cotes de la mer Rouge. Dans le desert oriental et sur le paraliele de Syout,se trouve une niontagne appelee Gebel Dohham (mont de fu- mee.) Le sommet du Gebt-l Dokham est entrecoupc de routes et de sen- tiers qui ahoutissent a de grandes carriercs de porphyre rouge antique. D'immenses blocs grossierement ciseles sont disperses c,i et la. D'au- tres doja equarris sont sur des supports marques et numerotes. II y a aussi un nombre infini de sarcophages , de vases, de colonnes de grande dimension ; a c6te Sont des huttes en mines et des debris de forges. A Belet-Kebye , village en ruine , sitae dans une vallee sur le flanc sud de la niontagne , M. Burton trouva un puits circulaire de vingt pieds de diamttre et de soixante pieds de profondeur. Dans le meme village, s'el^ve encore un joli petit temple d'ordre ionique. On lit sur le fronton I'inscription suivante : « Pour la siirete et reternelle victoire de notre seigneur Cesar , absolu et auguste , et celles de toute sa maison , ce temple et toutes ses dependances ont cte dediees au Soleil, au grand Serapis et aux autres divinites, par Epaphrodifus. .. de Cesar, gouverneur d'Egypte. Marcus Ulpius Chresimus, surinten- dant des mines sous Procoluanus. » M. Burton a recueilli, a Fstiery , plusieurs inscriptions , entre autres ce fragment. Ann. XII. imp. Nervce traiano Ceesari Aug. Germanico Dacico P. I. R, Solp'ciiim siiniiiin Pro;/: a-g. Les carrieres de vert antique entre Ghene et Cosseir , Ini ont aussi fourni un grand nombre d'inscriptions qu'un melange de grec et d'hieroglyplies rend fort interessantes pour les savans qui s'occupent de I'interpretation du langage hieroglyphique des Egyptieus. (^"r. ci-dessus, p. 226. ) L. Sw. B. EUROPE. ILES BRITANWIQUES. EniMBOUHC. — Socii'te phrenologique. — Unmemoire, qu'on ditfrot curieux , a ete envoyc a la Societe de cette ville , avec douze cranes EUROPE. A5y iiiduus. Selon le docteur Patterson de Calcutta , la grosseilr des tetes huniaiiits, auxquelles il n'est arrive aucun accident , indique la force de caiacti-re. Un crAne indou est a un crane europeen comme deux a trois, ou comma la tcJte d'un enfant de quinze a celle d'un homme de trente. Le phreuologiste cesse alors de s'etonner que vingt mille Eii- ropeeus tieuuent sous leur domination cent millions d'Indous. Mow MOUTH - Shike. — Abergavenky. — Eclairage par le gaz. — Celte ville vient d'etre eclairee par le gaz , d'apres une nouvelle nu-tliode perfectionnee , decouverte tout recemmeat par un inge- nieur,M. S.-Broadmeadow. Cette decouverte promet des avantages considerables aux etablissemens de gaz ; elle permet de supprimer Tusage de la retorte. La quantite de gaz inflammable s'augmenle d'un bon tiers , et par Taction de Fair atmospherique , se purge entierement des vapeurs sulfureuses et de toute odeur desagreable. LoMDRES. — Appareil economique ii V usage des marins , pour distiller I'eau de mer, et faire la cuisine a bord des t'aisseaux. — On a fait der- nierement , a bord d'un vaisseau , I'expcrience d'une machine fort inge- nieuse , et dont on a obtenu les resultats les plus satisfaisans. L'ap- pareil consiste en une cheminee portative, sous laquelleest pratique un grand four. Dans la partie superieure , est un bassin ou petit reservoir qui coutient I'eau de mer qu'on veut distiller. On ajuste dessus deux casseroles de cuivre pour faire du bouillon et faire cuire de la viande. Entre ce reservoir et le four est le feu , dont la flamme est attiree vers un tuyau place derrifere , et d'ou il sort peu de fumee , I'appareil en absorbant la plus grande partie. Du reservoir part un tube recourbe qui conduit la vapeur d'eau dans un coffre quadrangulaire , ou elle se condense. Ce coffre est entoure d'un autre bassin , dans leqiiel on verse de I'eau salee froide, qui, des qu'elle est chaude , est conduite par le moyen d'une pompe dans le premier reservoir, oil elle cstdistillee. Avec cet appareil, on a roti parfaitemeut une piece de boeuf dans le four; on a fait environ trois gallons et demi d'cxcellent bouillon ; et , dans une des casseroles , ou a fait bouillir un gigot avec des navets , sans y uiettre une goutte d'eau. Enfin , on a obtenu une demi-pinte d'eau douce, limpide , et presque sans gout ; le tout en cinq minutes. — Societe royale de litterature. — Dans le mois de decembre 1823 , cette Societe s'est reunie dans son local ordinaire. Le due de Rut- land a ete elu a I'unanimite. Huit a dix candidats , presque tons sa- vans ou homnies de lettres , out ete proposes. Le secretaire a lu ensuite un memoire bistorique communique par M. Granville Penn, prouvant, centre i'opinion de Hume , que Henri V avail non-seulement peuse a /,(>() EUROPE. cnvahir la Syrie pour arrachcr Jerusalem aux infidiles , mais qu'il avail (ait dcs preparatifs pour cette guerre. D'apri's le rapport de 3Ionstrelet, il est probable que, peu avant sa niort , Henri declara que tel avail ete soPk dessein. Mais la prcuve decisivejde ce fait existe dans un nianuscrit decouvert a Bruxelks en 1819, et qui n'est rien moins que le rapport original d'un savant, envoye par le Roi pour examiner les cotes de I'Egypte et de la Syrie , avant le depart de I'ex- pedition. La seance etait trop courte pour qu'on y put lire en entier le manuscrit. II en existe a Oxford une copie , qui a ete noteepar erreur conime appartenant au siecle et au r^gne de Henri VI. Cette erreur a ete rectifiee, et ce point historique eclairci depuis la decouvertc faite a Bruxelles. L. Sw. B. Henley. — Hommage a Dumonriez. — Voici I'inscription d'un mo- nument qui a ete recemment elev^ au general Dumouriez , a Henley, surla Tamise , a 35 milles de Londres. Ce monument , qui est de forme tres-elegante , est place dans I'cglise du lieu. On pourra re- marquer que cette inscription a ete dictee par une amitie partiale et indulgente , plutot que par un sentiment d'amour et de respect pro- fond pour la verite. llicjacet Tardam exspectans patriae justitiain Carolus Franciscus Dumouhiez , Qui Cameraco iiatus Januarii XXIX die A. D. 1739. Ingenio , doctrind et 'virtute prmclarus j4d suimninn militare imperiuin FoTtititdine et prtidentid perfertil ; Liidoi'ico Xyi consiliis prcefuit ; Regem et Leges in rostris Eloquentid , In caslris gladio , patriam. et libertiitciii Defendit. Nefandis in temporibiis His Galliaina depoptdatione et sen'itiite scrvavit ; Sed ab ipsa earn servare conans Proscriptus est; Asylum exsuli German ia primiim Nobilem postea hospitalicatem oblulit Britannia. Cratiis obilt Turvillc Die Mart is XI V anno iSzJ. EUROPE. 461 Le general est mort, conime on sail, a Turville , dans I'Oxford- sliire. P. G. Nous saisissons ici I'occasion de remcrcier un de nos correspon- dans , qui nous avait adresse une notice fort ctendue sur la vie du general Dumouriez. Cette notice , qui annonce dans son auteur , M. B — G , un esprit eleve , un coeur noble et genereux , n'a pu nean- nioins etre admise , parce qu'elle est molns une biographic Cdele et impartiale qu'un contiuuel panegyrique , oil le sentiment de I'amitie est toujours porte jusqu'a I'enthousiasme. ( n. d. r. ) Neciologie. — Cartwright. — Le docteur Cartwright etait le doyen des poetes anglais. En 1762, il publia une Ode sur la naissance du roi , aujourd'hui Georges IV ; une de ses productions les plus popu- laires est le conte ^Armine et Elvira , qui a eu plusieurs editions , et qui est ecrit avec sentiment et simplicite. Un autre poeme intitule, le Prince de la Paix fit quelque sensation lorsqu'il parut ; depuis , il est tombe dans I'oubii. Le docteur Cartwright etait un des principaux re- dacteurs du Monthly Review (Revue Mensuelle); mais il est moins recommandable comme homme de lettres , que comme habile nieca- nicien. Ses decouvertes dans cette branchedes sciences ont beaucoup contribue a la prosperite commerciale de son pays. L'application de la machine a tisser fut faite par lui , en 1786. II recut, a differentes epoques, des prix de la Societe des arts et de la Societe d'agricullure, pour des decouvertes et des perfeclionnemens. II y a plus de trente ans qu'il s'occupa des raoyens de faire marcher les voitures , les bateaux, par le moyen de la vapeur. II communiqua, dit-on, ses idees sur cet objet , et le plan qu'il avait fait d'un bateau a vapeur, a un ingenieur americain , qui introduisii. ensuite cette decouverte dans les Etafs-Unis. Lorsqu'il fut arrete par la maladie qui I'a enleve aux arts , il s'occupait , a ce qu'on dit , d'une invention qui eut ete la chose la plus extraordinaire qu'ait produit jusqu'ici la mecanique. — -Eoi.iiBOUR&. — Sir Henry Raeburr. , premier peintre de portraits du roi en Ecosse , vient de mourir pres de cette ville ; il etait presi- dent de I'Academie d'Edimbourg, membre de celle de Londres, et dc plusieurs societes savantes. II prenait rang parmi les artistes an- glais , apr^s Lawrence , pour la correction du dessin , la transparence de la couleur , et la liberte de son pinceau. II etait doux , bienveillant, genereux, ami des arts et des artistes. Sa galerie et ses ateliers etaient lo'ujours ouverts aux eleves ; il se plaisait a encourager leurs progres , et a diriger leurs etudes. L. Sw. B. 462 EUROPE. RUSSIE. Cathekinkbourg. — Mines d'or. — La gazette de Cronstadt donne les details les plus intcrcssans stir les mines d'or, decouvertes il v a peu de terns , dans les MontsOiirals , aux environs do Cathorine- bourg. II a ete reconnu qii'une parlie des maisons de cette ville est construite avec un mineral tres-riclie , et on a deja extrait une quan- tite d'or considerable de la terre dont sont faitcs les briques qui ont servi pour bdtir , il y a quelqucs annces , les edifices de cette cite. En commencant a exploiter les mines, d'oii ces mnteriaux avaient ete tires, on a trouve des pepites d'or natif, pesant jusqu'a trois quarts de livre ; et !e poids de ce qu'on a obtenu , par les operations qui ont eu lieu a I'ouverture'des galeries, s'eleve a plus dc trois mille livres pesant d'or. On ne doule pas qu'il n'en ait ete extrait une plus grande quantite encore, puisquec'est relle-ci qui estparvenue a Pelersbourg. — La decouvertedeces mines, et leur prodigieuse ricbesse sont un fait non-moins important qu'inattendu ; et , s'il n'y a pas d'exagerafion dans ce recit , on conceit quelles consequences doit avoir un tel evc- nement , sur la valeur relative de Tor et de I'argent , sur le commerce de I'Europe, et peut ^'tre meme sur la balance de politique de ses dif- ferens Etats. 11 suffit, pour s'en convaincre, de considerer quelles mains vont posseder cette merveillense' quantite d'or, et de se rap- peler quels effets ont produit sur la societc europeenne, I'exploitation des mines du Potose, lors meme que leurs tresors gisaient au dela des mers , et qu'ils etaient possedes par I'Espagne. M. de J. Moscou. • — Societe d'histoire el d' antiqiiites nisses. — Cette Societe a ete fondee en i8o4, sous la presidence de Tchebotaref , qui a ete alors recteur de I'universite de Moscou , dans le but de publier des editions cxactes des anciennes Annales russes , en les accompagnant de re- raarques et d'eclaircissemens critiques. Pour contribuer a I'exccution d'un travail aussi difficile et en meme terns aussi utile pour I'histoire de la Russie , I'empereur avait ordonne , des la fondation de la Societe, de lui procurer les Annales et les clironographes russes, conserves dans les archives des affaires etrangeres , les bibliotheques patriarchales , eelles du Synode et de I'Academie des sciences de Petersbourg, et les monasteres de Troitza (la Trinite) et autres. Le premier travail de la Societe a ete decomposer I'Annale originale de Nestor, conscrvec dans I'Academie des sciences avec celle connue sous le nom de Cnpie de Kccnigsberg , qui a ete deja imprimce , mais avec des fautes ct des omissions, que le comte Motissin-Pouchkin , membre de la Societe, EUROPE. 463 \m a signalees. Les membres primitifs ont ete au nombrc de onze , tlont six membres actifs : Strakhof , Heym ( auquel nous avons consa- cre une notice necrologique , t. xvi,dec. 1822 , p. 626) , Svkhatzky, Sneguiref, Tcherepanof , tons piofesseurs de I'universitc , et Ga- VRiLOF , alors adjoint , aujourd"hui professeur; et cinq membres hono- raires : Schi,oetzer, professeur d'histoirea TAcademie des sciences de Petersbourg eu 1764? et de philosopliie a Goettingue en 1769 , (mort en 1809), le comte Jlexis Moussin -Pouchkin , Nicolas Bantisch- IVameksky , conseiller d'etat actuel , Alexis Malinovsky, conseiller de college, et Nicolas Kahamsipt , historiographe de I'empire. Le t^vo- iessewT Sahhathzy , membre actif, a ete aussi le premier secretaire, et TcHEBOTAREF , recteiir de I'universite, premier president. La Societe a choisi pour president , dans sa seance du 24 avril (12 v. st. ) iSaS , ( au lieu de M. Platen Beketof, qui a dignement occupe cette place pendant plus de dix ans , et n'y a renonce que pour cause de son etat d'infirmite) , le general Alexandre Pissanf, membre actif qui entra dans I'exercice de ses fonctions dans la seance du 3o (18 v. st. ) mai iSaS. Dix personnes connues par leur amour potir I'histoire na- tionale , ont ete nommees membres actifs : le prince Michel Galitzin , le comte Th. Tolstoy, Semen Bronevskj, qui vient de publier im ouvrage du plus haut interet sous le litre de Notwelles notices gt-ograph'iques et historiques sur le Caucase , en 2 vol. in-8°; Alexandre Vlassof , Paul Lvof, Dm. lazicof, Jean Davidof, F. Kamenelzky , J. Sneguiref; Paul Stroef, connu par plusieurs ouvrages et publications , rclalifs a I'His- ■ toire de la legislation rnsse e\. a la Mjthologie slavotine , M. Maharef , Constantin Kalaidovitch , savant archeologue ; J. Netchaef c\. V. Artzi- batchef: Ces deuxderniers etaient membres honoraires. Dans la seance que la Societe a tenue le 26 (14 v. st. ) juillet i823 , M. Pissaref, nou- veau president , a propose de publier les Annales de Pshof, d'apres la copie qui se trouve cbez le comte Tolstoy , membre actif; ce travail a ete confie a P. Stroef, membre actif. Const. Kalaidovitch , membre actif, a lu ensuite le plan de I'edition des Momanens riisses , dont la publication a ete confiee a ses soins. P. Stroef, a fait la lecture d'un projet de Voyage en Russie, dans I'intention de rechercher d'anciens manuscrits russes et autres antiquites. La Societe a recu de J. Thera- pontof, son bienfaiteur, deux anciens livres imprimes et un Evangile manuscrit , et de Avcrin , negociant de Zaraisk (ville du gouverne- ment de Rezan), sept anciens livres imprimes, buit manuscrits et quatre pieces en argent demonnaies russes tres-rares, telles que, i" nn t.ncien rouble forme (tune piece d'argent a\'ec trois timbres, long d'un 46/, EUROPE. I'erchok A deirii, et pesant ai zolotnihs , a.) Ic premier rouble frappe sous le czar Alexis Mikchailo\>itch, de Tannic i654, 3" une piece d'argenc triangtdaire rcpresentanc iin quart de rouble dii incme czar, 4° un rouble de Pierre-le-Grand, de ijoS. — Dans cette menie seance, MM. Dmitri Dantisch-Kamcnsky, conseiller d'etat , Alexandre T'ostokof, poi-te russe, et Avcrin , negociant , ont etc iiommcs , les deux premiers inembres actifs , et le dernier t'mM/e de la Societe. — Bcaucoup des travauxdes menibres de cette Socicte , ont ete detruits lors de I'incendie de Mos- coii , en iSia : il n'en a ete public que a volumes , I'un sous le titre de Monumens russes , Moscou , i8i5 , in-8° , qui contient de precieux materiaux pour riiistoire russe , et I'autre sous celui de Memoires ec travaux de la Socieie , avec a planches gravees, Moscou, i8t5, in-8°. J. P— Y. DoRPAT. — Universite. — Nous avons sous les yeux le programme des cours de cette universite , divises en quatre facultes. La Facultc de tkeologie a deux professeurs pour sept cours; celle de droit, trois professeurs et neuf cours ; celle de medecine , sept professeurs et vingt et un cours ; celle de philosophie , quatorze professeurs et trente- huits cours. On y compte de plus cinq professeurs pour les langties inodernes , et quatre pour les arts d'agrement. II faut observer que plusieurs professeurs n'ont point encore indique quels seraient les objets de leurs lecons , dans I'annee courante, et ne sont point noin- mesdans ce programme. Voici I'indication des differens etablisse- mens publics ouverts aux etudians : le seminaire de tlieologie , I'hos- pice general de I'Universite, le seminaire pedago-philologique , la bibliotheque de I'Universite, le Musee des" arts , le Cabinet de zoologie , le Cabinet de mineralogie , les collections d'appareils pby- slques et chimiques , I'Amphitheatre d'anatoinie , la Galerie patholo- gique, les collections d'instrumens de chirurgie et pour les accou- chemens ; le Cabinet de modeles d'architecture et de technologie , Ic Musee militaire , I'Observatoire, la collection de I'Ecole de dessin , rt le Jardin botanique. • {Gazette de Jena. ) NORVh^GE. Laponie. — Voyage scientifiqne du capitaine Sabine. — D'apres des nouvelles recentes de I'expedition envoyee au Pole-Nord , a bord du vaisseau anglais le Gripper , le capitaine Sabine etait arrive a Ham- nier-Fast-Bay , dans la Laponie-Norvegienne , au mois de juin. Le tems etait beau; lejour continuel, le soleil ne s'abaissant jamais au- dessous de I'horizon. L'ile de Hammer-Fast , situee au dela du ccrclc EUROPE. 465 arctique, a environ vingt-quatre milles de tour, et cinq ou six de large; elle donne son nom a une petite ville composee de trente a qua- rante maisons en bois , contenant deux cents babitans. Le capitaine avail fait porter a terre tous ses instrumens , et se disposait a faire ses observations astronomiqaes. Le froid n'avait pas encore ete excessif; le tbermometre n'etant jamais desceadu au-dessous de 38. Au bout de douze jours , le vaisseau devait meltre a la voile pour le Spitzberg. L.-S. B. DANEMARCK. CopENHAGUE. — Universtte. — Feu le comte de Moltke , ministre d'etat , a enrichi , par son testament , I'universite de Copenbague , a laquelle il avait deja fait beaucoup de bien pendant sa vie. II lui a legue soixa/ite miUe ecus d'einpire , pour etre donnes en gratifications aux professeurs d'histoire naturelle , et pour recompenser les auteurs de memoires sur des questions proposees par I'universite ; dix mille ecus-poVLvVAcademiedes beaux-arts, et cent mille ecus t^out tulvelenir aux ecoles et a I'universite les enfans que des fonctionnaires publics auraientlaisses , en mourant , dans un etat de pauvrete. Outre ces donations , le comte de Moltke a enricbi beaucoup d'etablissemens de bienfaisance. — L'enseignement mutuel obtient de grands succes dans ce pays. On y compte cent quaranle-sept ecoles , dans lesquelles cette metbode a ete introduite. — Histoire. — Le professeur Molbech a ete cbargepar le gouver- nement de publier une collection des ecrits , des lettres et des ords'es de Clirlstian IV. II a en consequence fait un appel a tous ceux qui poss^dent des documens de ce genre, afin qu'ils voulussent bien les lui communiquer et I'aider de leurs conseils. ALLEMAGNE. Erfurt. — L' Academie des sciences usuelles b'est reunie le 3 sep- tembre. M. le docteur Erbard a lu son 'Esquisse de la pathologic du foetus hu/nain. Mecklekbouhg. — RosTOCH. — Le 28 juiUet, I'Union patriotique du Mecklenbourg a celebre son 25*^ auniversaire ( elle succede a une Societe d'economie rurale). La solemnite etait annoncee par un pro- gramme de M. Karsten , intitule : Est-il utile d'introduire dans le Mec- klenbourg des colonies de pauvres ? S. A. Royale Paul Frederic , presi- dail la seance. M. le comte de Osten-Sacken pronouca un discours sur lebut de la Societe ; puis, le secretaire de la Societe fit lecture d'uii T. XXI. — Fevrier 1824. 3o ,\6G EUROPE, precis liistorique de ses travaux, auxquels it a eii lui-ineme line grandc part , et il requt des mains de S. A. R. un beau vase d'argent. Slip leqiiel plusieurs- inscriptions , et les attributs de la Socii'te sont graves avec elegance. On alme a voir recompenser des savans aussi respectables que M. Karsten , secretaire de I'llnion du Mecklenbourg , et ou voit avec satisfaction un prince eclairs? se niontrer a la t^te d'une socicto qui donne tous scs soins aux progr^s des sciences usuelles et de I'agriculture. Bkeslau. — La Societe silesienne , etablie pour propager dans la Silesie les bienfaits de la civilisation , vient de decerner le titre de membres honoraires a M. Adelung , conseiller d'etat a Saiut-Peters- bourg ; a. M. Scbadow, directeur de I'Acadeniie des beaux-arts a Berlin, et a M. Ranch, professeur a la m^me academie. Lus.vcE. — GoERLiTZ. — Le 8 octobre , la Socirte des Sciences s'est rounie en assemblee generale. La question suivante avait ete proposee: Determiner comment les rapports qui existaie/tt en l8i5 entre le peiiple et les seigneurs de la haute Lusace se sont successivement etablis ? Malheu- reusement, personne n'a envoye de memoire , et la Societe a retire sa question , pour en reproduire une qui avait aussi ete niise infructueu- sement au concours : Donner une description des monumens d'architec- lure ou d'art, qui se trouvent dans I'une des six iiilles , en discuter I'epo- quc , les figurer aux yeux par le secours du dessin. Le prix sera de cent ecus en or ; les memoires seront recus jusqu'au 3o aoiit 1824 , et de- vront etre adresses a la direction de la Societe des Sciences de la haute Lusace , a Goerlitz. P. Golbery. ViENJVE. — Bateau a vapeur. — Au mois d'octobre , le bateau a vapeur, le Francois, le premier qui ait encore navigue sur le Danube, a fait, pour la premiere fois le trajet de Vienne a Pesth , et de Pesth a Vieiine, avec un chargement de i,5oo quintaux. Prusse. — Stalistique. — La population des etats prussiens , qui 6tait de 10,799,954 ames en 1819, s'est accrue de 694, '219, dans I'espace de trois annees , et a donne en 1822 un recensement de ii,494>i73 habitans. BoHEME. — Prague. — Stntistique. — Dans I'ouvrage intitule: Neuesles Gemillde , etc. ; Nouveuu tableau de Prague , par Griesel , on Irouve les details suivans sur la statistique de cette ville. Elle contient 9(5,618 habitans, dont 80,794 chretiens , 7,824 juifs, 6,5oo militaires, et i,5oo etrangers. Dans I'annee 1820, on ya compte 786 mariages , 4,199 naissances legitimes , et de i,4oo a 1,600 illegitimes, 3,()d3 niorts, parmi lesquels on distingue 191 individus mort-nes , i^SaS ICUROPE. /,fi7 itiorts avant la premiere annee,6 suicides , ct 14 «eulenieiit morls dcs suites de la petite verole. Dans cette enumeration ne sont point comprises les personnes mortes dans les liopitaux. Les maladies les plus communes sont les rhuniatismes , les maladies de poumons , les hydropisies , les apoplexies foudroyantes et les alienations mentales. En 1820,11 est entre dans celte ville , pour la consommation de ses habitans : 22,2i5 boeufs ; 3,353 vaclies; 42,239 veaux (on y tue les veaux tres-jeunes , a I'Agememe de trois jours); 27,52$ pores; 37,o52 agneaux : en tout , i32,384 pieces de betail ; de plus i ,000,000 d'oies environ; T,026,o35 ibolsseaux ( niciure de Vienne) de grains , dont a85,468 d'orge pour les brasseries; 18,899 - muids de vin , 28,441 muids d' eau-de-vie, et 562, 54i { muids de bierre. A. J. Berlin. — Academic des lieuux-Arts. ■ — Get etablissement continue a prosperer sous la protection du goiivernement. On y donne des cours de dessin , de gravure et de sculpture. La mythologie y est enseignee aux eleves ; les lecons de musique y sont tres-completes , et les ar- tistes les plus distingues de Berlin professent a I'Academie. Quant a I'Ecole ^Architecture , la Trigonometric y est enseignee par M. Griisen , VOptique par M. Zielke , le Dessin par M. Meinecke , la Construction des batimens , par M. Rabe. A cette Academic appartient aussi VEcole des Arts et HJetiers , oil Ton donne auxjeunes gens des connaissances plus elevees que celles qu'ou apporte communement dans la pratique de leurs professions. P. G. DucHE d'Oldenbouhg. — Encouragement aux sciences. — Le pro- fesseur tieusinger, autcur d'un ouvrage sur lafievrejaune , a recu du due d'Oldenbourg une tabatiere d'or. Ce pi-ince avait propose der- nierement, comnie sujet de prix, differentes questions sur le sujet que M. Heusinger vient de traiter. Wbiiwar. — Fete en I'honneur de Goethe. — Le 28 aout 1823 , les amis de Goethe ont celebrc le 74*^ anniversaire de la naissance de ce grand poete et a la nicme occasion son heureuse guerison. M. Auguste Goethe, sonfils,assistaitaubanquet, oil il occupalt une place d'honneur Plusieurs poetes y apporterent leur tribiit , en stances et eu sonnets , dans lesquels ils exprimaient leur enthousiasme pour le talent de leur ami et leur maitre. On y couronna aussi les deux medecins qui ont soigne Goethe pendant sa dangereuse maladie. A. J. LuBECK. — Manuscritde litterature ancienne. — H y a quelques mois qua I'occasion d'une solennite scolaire, le docteur Goering a publie 'm programra» qui contient des renseignemens fort interessans .sur un manuscrit oii sont des extraits des Lettres de Seneque , des Dix litres dc 4^8 EUROPE. Diogine Lai-rce et des Institute! inscriptions et belles-lettres , a Abbeville. Ces deux fr^res , zeles pour les sciences naturelles, nous out donne sur le glsement de ces polypiers des details que nous livrons a I'examen des geognosies et des naturalistes. — La terre des Hosiers , ou git la masse des polypes trouvee , est voisine de la terre des Froids-Fosses , situee dans un bas- fond oii elait autrefois un lac; dans cette terre se trouve aussi le meme polypier ; sur la croupe opposee il s'y retrouve encore, et M. le chevalier Traule pense qu'il existe dans le fond de cet ancien lac, sur une circonference de plus de trois lieues. M. Traule d'Abbe- ville regarde cette production comme descendue du massif des fa- laises qui enlourent le bassin de cet ancien lac. Les terres calcaires qui composent ces falaises sont friables , moins dures que les craies dc Picardie. Le bassin qu'elles forment etait autrefois un lac alimenle EUROPE. 48:i par VAisiie, avaiit que cette riviere eut pris son cours par Soissons, et il est probable que les craies dissoutes par cet agent ont laisse a nu les alcyons fossiles qu'elles conlenaient, lesquels par leurdurete ont du etdoivent survivre. — La terre des Rosters oil se trouve la masse abondante de ces polypiers , remaiquee par M. le chevalier Traule, fortifie I'opinion de son frere , puisqu'elle offre une premiere couche de terre grisatre, et quelquefois noire comme celle des tourbes , en- suite une terre blanche marneuse , semblable a celle du fond des rivieres des Ardennes , laquelle M. Traule regarde comme le residu des terres dissoutes qui, en disparaissant , out fait place au bassin. B. G. Bordeaux. — Zoologie. — Pendant le sejonr de la belle menagerie de M. Polito a Bordeaux, on y a vu s'operer I'accouplement d'un lion et d'une lionne. Le 34 aoiit iSaS, la lionne a mis bas trois lionceaux , dont deux sont tres-bien portans et allaites avec beaucoup de soin par la mere. Le troisieme estmort. J.-D. B. Boulogne-sur-Mer. — Souscription pour la restauration du monu- meiu eleve a la memoire de Pilatre de Rosier. — Deux monumens avaient ete consacres a la memoire de I'infortune Pilatre de Rosier, et de son compagnon Roniain, qui perirent si malheureusement en se hasardant a traverser le Pas de Calais en ballon. L'un de ces mo- numens avait ete eleve au lieu m^me de leur chute, pres la tour de Croy, dans les environs de Boulogne ; I'autre au cimetiere de Vimille oil leurs restes furent deposes. Tons deux sont aujourd'hui menaces d'une mine prochaine. Pour les y soustraire, la Societe d'agnculinre , de commerce et des arts de Boulogne- sur-Mer , a ouvert une souscrip- tion dont le produit doit ^tre employe a les restaurer. La Societe des letties, sciences et arts de Metz, voulant cooperer aux honneurs rendus a la memoire d'un savant ne dans cette ville (Pilatre etait ne a Metz en 1755), a decide, dans sa seance du i'' fevrier i824> qu'il serait ouvert a cet effet une souscription particuliere parmi ses membres , et qu'avec I'approbation de I'autorite , cette souscription serait eteadue a la ville entiere. Calais. — Histoire. — Le sublime devouemeat d'Eustache de Saint-Pierre a ete celehre par tous les historiens; mais on ignore generalement les noms de ses compagnons d'infortune. C'est un de- voir pour nous de rendre un juste hommage a la memoire de ces genereux citoyens, en publiant cet extrait d'un de nos vieux chroni- ijueurs : « Le plus riche bourgeois de la ville que Ton appelait messiie Eustace de Saint-Pierre, ung autre tres-honeste bourgeois et de grant /,84 EUROPi:. a fuire, si aj)|)t'lloit nn cestui s\rc Jehan Dai re ; apres se leva Jacqiir's de IHsiinc, qui esloit moult liclie tie iiieuhles ct d'heritages, qui dit qu'il tiendroit coinpai^nic a ses deux cousins. Ainsi list Pierre fFisant sou frere. » Malheuieuseincnt, Froissart d'oii nous avons tire cet ox- trait , ne nonime pas les deux deruieres victimes d'Edou.ird. M.vnc:he. — Cherbookg. — Antiqiiitcs. On vient de decouvrir a una lieue de Cherbourg;, entre la Glacerie et Tourlaville , des vestiges parfaitement bieii conserves d'un camp roniain considerable, placf sur le penchant d'une coUine qui doniine ces cainpagnes. Dcja, quelques annoes auparavant, on avait trouve dans un champ situe pres de ces communes , une grande quantite de medailles. Societes savantes et Etahlissemens (rutillte puhlique. Bordeaux ( Gironde ). — Societe liiineenne. — Une discussion va ^'tre ouverte , au sujet du riz see , riz de Montague ou de la Cochinchine, introduit autrefois par I'estiniable Poivre , abandonne el perdu de- puis long-tems , et reiniporte, dit-on, par un jcune homnie qui sut t romper la vigilance du gouvernement Cochiucbinois, etenleverce precieux vegetal, cultive avec succes a Test et au nord de la France, recommande et distribue par I'autorite administrative, loue par plusieurs societes d'agriculture ; et, sur la foi de Tune de ces socie- tes, par la Revue Encyclopedique; M. de Saint- Amans, d'Agen , correspondant de la Societe linneenne de Bordeaux, adresse a cette societe lui niemoire ou il affjmie que ce pretendu riz est une plante indigene, le froment locnlar, pelite epautie (trilicum monococcnm) , le plus uiauvais des fromcns connus ; M. de Saint-Amans refuse dc reconnaitre, dans uiie plante a trois etamines et a episserres, les six etamines et les panicules du riz. L'attaque est vive ; la defense sera sans doute vigoureuse ; et la science, ainsi que la culture profite- lont de ces debats ; elles auront une connaissanoe de plus, ou une erreur de moins. F. — Ecole gratuile de dessin ec de pciittiue. — La distribution des piix a eu lieu, le 7 decembre dernier, en presence de M. le maire de Bordeaux , et apr^s un discours prononce par M. Lacour , directeur de I'Ecole. Voici les noms des eleves qui out remporte les premiers prix : Tableau peiiit. Le sujet , tire des dialoguei de Lucien , represente Jupiter jouantaux osselets avec Ganimede ; premier j.rix , M. Ballas. — Copie peinte, d'apres le tableau de la mort de Clorinde ; prix d'en- couragement, M. Papin. — Figure dessinec d'apres nature; premier prix, M. Larrey. — Dcssui d'apres un tableau; prix d'encouragemcnt , EUROPE. 485 M. Larrey. — Te'te d'apres la basse ; prix p;ntagc cndv MM. Viki.- CASTEi. et Mahcous-Leom. — Acadimie dcssinec; premier prix , M. Renahii. — Tetes dessinees ; premier prix, M. Frederic Mialhe. PARIS. Institct. — Academic des sciences. - — Mois de Janvier 1824. — Seance du 5. — M. Chaptal est proclanie ince-president ponr raniiec 1824? M- Akago, vice-precident de raiinee precedeute, comineiire I'exercice de ses foiictions Ae. president . — ]MM. Ampere, Lacioix et Cauchy font un rapport sur le meinoire de M. Roche, relatif a di- verses questions d'analyse et de geometrie. 11 en resulte que ce tra- vail contient des reclierches qui peiivent trouver place dans I'ensei- gnemeut, et que I'auteur nierite, pour cette raison , d'etre encou- lage par rAcadeniie. — Le nienie M. Roche lit un memoire « sur one nouvelle maniere de representer las lois du inouvement de rota- tion des coips autuur d'un point iixe , ou autour de leur centre de gravite, et d'en calculer toutes les circonstances » ( MM. Ampere et Cauchy, commissaires ). — M. Ampere continue la lecture d'une note oontenaut I'enonce de divers resuUats , qu'il a developpes dans un memoire lu le 22 decembre iSaS. — M. Pailhes, inspecteur general de la navigation et des ports, adresse le journal des ernes et des diminutious de la Seine ,observees dans Paris an Poiil-de-la- Tournelle , pendant I'annee iSaS. — ' Du 12. — M. Desparbes, de Saint-Clar (Gers), eiivoie un memoire sur la fabrication des potasses. — M. Gillet de Laumont communique, dans une lettre, divers resultats concernant le Plior- miuin lenax , ou lin de la nouvelle Zelande. 11 offre a cliacun de ses collegues un exemplaire d'une note qu'il vient de publier sur la fructification de cette plante , a Cherbourg et a Toulon, sur la ger- mination de ses graines et leur culture. — M. Hericart de Tliury , directeur des travaux de Paris, appelle I'altention de rAcadeniie sui' les manuscrits de feu M. Peyrard, qui a laisse une traduction latine et francaise des Coniques ct Apollonius. L'Academie prendia en consideration I'objet de cette lettre, api« avoir entendu le rapport de la commission , qui a ete chargee de I'examen de ces manuscrits. M. Lacroix est noiiime pour faire partie de la m^me commission. — Lc niinistre de I'interieur transmet la copie d'un rajjport qui lui a ete adresse par le prefet du Ras-Rhin , et dont I'objet est d'annoncer qu'on a ressenti a Schlestadt , le'ai novembre deinier, deux se- cousses de tremblement de terre. ( Renvoye a la commission dp.n 486 EUROPE. observations meteorol ogiques. ) — M. deJussieu lit, an noin (rune commission, im rapport sur le niemoire de M. Achille Ricliard , coir cernant la faniille des E/ceagnees.^ Ce travail est pr^sente avec me- tliode et clarte , dit en terminant M. le ra])porteur; nous pensons qu'il merite I'approbation de I'Academie, et que I'auteur doit etre invite a nous presenter sur le m(5me plan I'examen de nouvelles fa- iriilles. » — L'Academie recoit un memoire maiiuscril sur la theorie des nombres , par M. Guillaume Libri. MM. Ampere et Caucliy sont charges d'en faire leur rapport. — M. Mageiidie rend un compte ver- bal du memoire imprime de M. Desnioulins, intitule : t. Memoire sur Je rapport qui unit le developpement du nerf pneunio-gastrique a celui des parois du quatrieme ventricule, et sur la composition de la moelle epiniere. » — M. Auguste Saint-Hilaire acheve la lecture de son memoire, intitule : « Monographic des genres Sauvagesia et La- vradia (MM. de Jussieu et Desfontaines , commissaires). — M. Bailly lit un memoire sur I'usage des comes dans plusieurs animaux, et notamment dans le buffle (MM. De Lacepede, Huzard et Bosc, com- missaires).— M. le docteur Civiale, sur un nouveau lithontriptenr , ou moyen de detruire la pierre dans la vessie, sans I'operation de la taille... (MM. Percy et Chaussier, commissaires.) — Du i(). — M. Cagniard de Latour depose au secretariat un paquet cachete , contenant divers resultats mecaniques qu'il a ob- tenus, et dont il desire constater la date. — Le ministre de Tinterieur adresse a TAcademie un memoire de M. Picquet, sur un gazometre concentre ( commissaires deja nomnics ). — M. Lasseigne presente un memoire sur la possibilite de reconnaitre, par les moyens chimiques' la presence de Vacetate de morphine dans les animtiux empoisonnes par cette substance (MM. Vauquelln , Thenard et Magendie, commis- saires ). — M. Legallois presente un troisienie memoire sur la chaleur animale (MM. Percy , Thenard et Magendie, commissaires). — M. de Humboldt fait un rapport verbal sur I'Atlas universel de M. Brne. — M. Loisel annonce de nouvelles niethodes sur les eclipses (MM. Bou" vard et Matliieu). — M. Dulong lit un memoire de M. Ritnge , pro- fesseur a I'Universite de Berlin, sur les moyens de decouvrir les moindres traces de la substance narcolique dans les animaux empoi- sonnes par Vatropa bella-donna, et autresplantes veneneuses(MM. Des- fontaines, Vauquelin, Dumeril et Magendie, commissaires). — M. Segalas presente un rein converti en une vaste poche membra- ueuse, par le developpement graduel d'un grand nombre de cal- culs ; il lira un memoire sur ce sujet dans une des prochaines seances EUROPE. 487 — M. Desmoulius lit un memoire sur I'lisage des couleiirs tie la cho- rdide dans I'ceil des animaux vertebres. — Du a6. — M. Dublanc jeune, pliarmacien a Paris, annonce qu'il a trouve dans la teinture alcoolique de noix de galle, un reactif tres- seiisible propre a faire reconnaitre la presence de la morphine dans les liquides , soil qu'elle s'y trouve seule , soit qu'elle s'y irouve com- bince avec les acides acetlque ou sulfurique ( Commissaires deja nommes pour I'examen du memoire de M. Lasseigne). — M. I'abbe Halma (iffre la 2*^ partie des tables manuelles astronomiques de Pto- lemee et de Tbeon. M. Burckhardt en rendra un compte verbal. — M. Cauchy rendra un compte verbal de I'ouvrage envoye de Cam- bridge, par M.John Bush, et intitule : A new general and algebraical so- lution, (•rc.(Nouvelle solution generale et algebrique des equations d'un ordre superieur). — Le ministre de la marine annonce qu'avantdedon- ner son approbation aux nouvelles tables de logaritlimes que M. Ba- gay , ])rofesseur de matheinatiques a I'Orient , se propose de publier , il desire connaitre si I'auteur a sollicite I'examen de TAcademie. L'A- cademie n'a point recu cet ouvrag?. — L'Academie precede a I'elec- tion pour la place vacante dans la section de mecanique , par la mort de M. Breguet. Sur cinquante-six votans , M. Navier oLtient trente suffrages au premier tour de scrutin. Les autres candidats etaient, MM. Binet, Cagniard-de-Latour, Lamaude, Gengembre , Gambev, et Christian. — M. Vauquelin lit un rapport sur le memoire de M. Lasseigne, relatif a la possibilite de reconnaitre, par les moyens chimiques , la presence de I'acetate de morphine dans les animaux empoisonnes par cette substance. II resulte de ce travail : i" qu'il est possible, dans beaucoup de cas d'empoisonnement par I'acetate de morphine, de decouvrir, par les moyens chimiques que M. Las- seigne indique, des traces seasibles de ce poison vegetal ; a° cfue c'est toujours dans les visc^res ou le poison a ete porte qu'on pent re- trouver les restes qui attestent sa presence ; 3" que les matieres ren- dues par le vomissement , peu de terns apres I'ingestion dans I'esto- mac, en contiennent des quantites ponderables; 4° que toutes le.t recherches qu'il a faites jusqu'ici pourtrouver, dans le sang des animaux morts , la presence de I'acetate de morphine, ont ete in- fructueuses. L'Academie regarde ces recherches comme inte- ressantes , et encourage I'auteur a les contiiiuer. — M. Grard lit un rapport sur les experiences de M. Seguin d'Annonay , con- cernant un systfeme de pont suspendu au moyen de cables de fil defer. Un pont suspendu, pour les gens de pied , a deja ete ('labii 488 EUROPE. a Aiinonay, par M. Seguin lui-m^me, et ce pont, de neuf metres d'ou- verture entre les deux culees, n'a coute que la modique somme de 5o francs. (V. /Jec. Enc, t. xvi, pag. 408 ei ci-dessus , p. 77.) Encou- rage par cot essai, M. Seguin a propose de substituer au bac »^ui etablit la communication entre les deux villcs de Tain et de, Tonr- iion , sur le Rhone , un pont fixe suspendu a des cAbles de f:l de fer qui seront tendus entre deux cnlces et une pile au milieu du lleuve. Une compagnie s'est cliargee d'executer ce projet, approuve par le consoil des ponts et clianssees, moyennaut la concession qui leur sera faite pendant quatre-vingt-dix-nenf ans d'un droit dc; pe.'ige. Mais, outre la description de ce systenie de pont , le mcmoire de M. Seguin contient les resultats d'expcrlences nonihreuses sur la force de cohesion et d'elasticlte du fer; c'est-a-dire sur la resistance que des barres prisniatiques ou cylindriques tirecs sulvaiit leur lon- gueur opposent a leur rupture. Les experiences de M. Seguin , qni ont augmente les connaissances sur cette matiere , prouvent d'une maniere incontestable que la coherence du CI de fer est plus grande que celle du fer en bane ; son projet de substituer des cables ou fais- ceaux de 111 de fer a des chaines ou a des barres de ce metal est done sufllsamment motive. « Nous pensons, dit en terminant M. le rapporteur , que M. Seguin doit ^tre encourage a continuer ses ex- periences et a les communiquer a I'Academie. » — M. Babinet , pro- fesseur de physique au college royal Saint-Louis, donne lecture d'une note sur une nouvelle construction de I'hygrometre (MM. Gay- Lussac , Dulong et Fresnel , commissaires). — M. Strauss continue la lecture de I'extrait de son ouvrage sur I'anatomie du hanneton. — M. Desmoulins achieve la lecture de son memoire sur t'mage des cou- letirs de la choroide (MJL Savigny,Magendie et Fresnel, com'*"*). — J\L Aug. Saint -Hilaire donne lecture d'observations sur la famille des rutacecs , pour faire suite a son premier memoire sur \e gynobase. — Academic francaise. -7— Seance da mardi 'ijcviier. — M. Auger lit : 1° Des reflexions sur Racine ; 2" des notices historiques et litteraires sur Potnctaiignac et sur les Amans magnifiques ; M. Aignan, des Eriides sur Jlaci/ie ;'M.. Mollevaut, de I'Academie des inscriptions et belles- lettres, le i''' acte de sa tragcdie de Cesar. A. M — t. Theitues. — Second Theatre franiais ( Odeon ). — Ilarald ou les Scandinaves , tragedie en cinq actcs , par M. Victor (4 fevrier ). — Haraid regne dans Tona , eaj)itale de la Norvege ; Suenon , roi de Scanie , detione par Buris, roi des Vandales, s'est refugic, avee sa fille Alpais, a la cour d'Harald,et le jeune Norvegien a promis EUROPE. 4S9 (le secourir une infoitune a laquelle il est d'autaut ]ilus sensible, qu'il biule d'nii violent amour pour la belle Alpais. Mais le ooeur (le la princesse n'est pas libre : promise a Adeltan , guerrier de Scanie qui se bat encore pour Suenoii , elle conserve au jeune heros la plus vive tendresse ; toutefois , de peur d'enlever a son nere les secours d'Harald , elle cache soigneusement au Norvegien le secret de son coeur. De son cote, Harald voit son amour traverse par d'autres obstacles : il est marie. A la verite, il peut rcpudier son <'pouse,mais Gidda, princesse ambitieuse et vindicative , ne sup- portera pas cet outrage sans en punir sa rivale et son epoux. Tels sont les evenemens de I'avant- scene , et la position des divers personnages, au moment ou la piece commence. L'exposition nous montre Adeltaii arrivant a Tona , suivi de quelques soldats, reste de son armee detruite par les Vandales; il apprend du vieux scalde Edolph le sort d' Alpais et les projets d'Harald, et, malgrc la fureur et la jalousie dont il est transporte , il promet de taire son nom jusqu'a ce que les secours du prince norvegien aient replace Suenon sur le trone. Mais Gidda , fi laquelle il s'est confie , et qui a vainement tente de livrer sa rivale a Buris, revele a Harald ce terrible secret, au moment ou celui-ci s'appr^te a marcher con tre les Vandales , qui viennent jusqu'aux portes de Tona reclamer le vieux roi detrone. La vengeance et la generosite, I'amour et la jalousie se disputent le cceur d'Harald; va-t-il defendre le pcre d'une maitresse qui le dedaigne? va-t-il le livrer aux Vandales? C'est la generosite qui I'emporte dans cette ame passiounee , et Harald propose a sou rival de s'nnir d'abord pour repousser Ten- nemi; Alpais sera ensuite le prix du plus brave et du plus heureux. Le combat est opiniAtre et funeste anx Norvcgiens; Harald, pres de perir, est sauve par un guerrier qu'il ne reconnait pas ; c'est Adeltan, dont les efforts rappellent la victoire. Cependant, Harald , qui le cherche en vain sur le champ de bataille , tonjours pour- suivi de sa fureur jalouse, quitte le combat; il croit qu'on le trahit , et vient s'emparer de son epouse. Lenr hymen doit 6tre celebre dans le temple consacre a Freya. C'est au milieu de la foret ou ce temple est situe, que se passe le cinquieme acte. Adeltan, blesse et epuise de fatigue, v rencontre Alpais, qui deplorait sa perte. On annonce que les jours de Suenon sont menaces d'un peril soudain ; la princesse saisit le glaive et le bouclier qu'Adel- tau vient de deposer, et vole au secours de son pere; Harald la l-encontre , et la prend pour uii soldat, auquel il soupconne ijjo El; ROPE. riiitenlii)n de lui ravir sa maitresse ; il la hlesse a mort, et entre sur la scene tenant ii la main un bouclier, qu'il reconnait poiir (}tre celui clii guerrier qui I'a sauvii dans le combat; au milieu du trouble ou il est plonge, il voi* arriver Suenon , qui I'accuse hautement d'etre I'assassin de sa (Hie , et demande vengeance; on apporte Alpais, qui expire dans les bras do son pere et de son amant , et Harald se con- damne au supplice de vivre. — On pent voir, par cette analyse, que cetie fable est obscure, confuse et embarrassee ; les moyens y sont prodigues , et I'effet manque ; les situations sont nombreuses, mais malbeureusement elles ne sont pas neuves, et , ce qui est plus mal- heureux encore, I'auteur ne les a ni preparees ni develpppees; ses personnages n'ont point de physionomie ; son style manque presque toujours de poosie et de couleur. Toutefois, cette representation offrait aux nombreux spectateurs un interet d'autant plus vif qu'il est plus rare : I'auteur etoit lui - meme I'interpr^te de son h^ros. Cette circonstance commandait I'indulgence ; nous aurions vouhi qn'elle eiit ete complete, et que le public n'eiit temoigne sa desap- probation que par son silence. II y aurait gagne, car, sans doute, la pi^ce eut ete mieux jouee : I'embarras du poete privait visi- bleraent I'acteur d'une parlie de ses moyens. La piece , beaucoup mieux jouee, dit-on , dans les representations suivantes, amelioree d'ailleurs par d'beureuses corrections , n'a point eu a se plaindre de I'inclemence du parterre. M. A. Bb.\ux-\rts. — Societc des amis dcs arts. — Je crois que Ton pour- rait disputer a cette Societe la legitimite de son litre, et qu'en defi- nitive, il y a usurpation. — Peut-on s'appeler les amis des arts , pour cela seul qu'on achete des tableaux au meilleur marchc possible, et lesmeilleurs possibles ? je ne le crois pas. Si la Societe des amis des arts avait un but desinteresse ; si, animee du pur amour de I'art, elle employait le produit de ses souscriptions a ordonner ou a sou- tenir de grandes entreprises, en peinture , en gravure, en arcbitec- ture, en sculpture; si elle fournissait aux jeunes gens qui montrent des dispositions , les moyens de voyager , d'etudier les arts cbez les autres nations , d'agrandir le cercle de leurs idees et de leurs con- naissances ; si enfin , elle imitait la Societe de la morale cbre- tienne, la Societe Biblique, la Societe de geograpbie, la Societe pour I'encouragement de I'industrie nationale , et tant d'autres dont les membres font, dans I'inter^t du but qu'elles se proposent, un sacrifice annuel, alors son nom serait exact; mais, dans I'etat des rhoses, il doune uuc fausse idee. Le lien qui unit tons les EUROPE. /|(ji iiiembres tie cette Societc est respeiance d'obteiiir, par le sort, et inoyennant une faible retribution , des tableaux de prix. — Un journal a dit que cette Societe repandait plus d'argent dans les ateliers, que le budget de I'Etat u'en accordait pour rencouragement des beaux-arts. Cette assertion est , sinon inexacte,du moins incom- plete. La liste civile fait bien parlie du budget de I'Etat; or, elle a ete calculee de maniere a ce que le monarque put, de son propre niouvemeiit, encourager tout ce qui contribue a la gloire de la France. C'est un bel apanage que d' avoir a proteger, a recompenser les arts et les lettres. Cette intention n'a pas ete meconnue. La liste civile a beaucoup fait pour les arts, depuis le retour du Roi; peut- etre m^me n'a-t-elle pas assez menage ses ressources , puisqu'il y a lieudecraindre qu'elle ne soit obligee de diminuerses depensesen ce genre, cequiserait facheux.Ensuite, la ville de Paris, administree par un magistrat tres-eclaire , a egalement fait executer des travaux fort importans; c'est a elle, par exemple, que ron doit les essais de pelnture a fresque qui ont ete fails a Saint Sulpice. Le journal que je cite, sans le nommer, a done dissimule une partie de la verite, pour faire ressortir davantage le merite qu'il attribue a la Society des amis des arts, et je ne relive cette assertion que parce qu'elle donne une fausse idee de I'etat des choses. Au reste, cette Societe, telle qu'elle est constituee, atteint a peu pr^s le but qu'elle se propose. J'ai remarque, toutefois, que le nombre des actionnaires,pour iSaS, ctalt sensiblement diminue ; j'ai attribue ce refroidissement a ce que les gravures de 1821 et de 1822 ont ete confiees a de jeunes artistes qui n'ont pas fait des cliefs-d'cBuvre;et , comme il ne s'agit pas, pour les societaires, de produireet former de jeunes artistes, mais d'avoir de belles gravures, un certain nombre n'a pas renouvele ses souscrip- tions. Le comite doit se tenir pour averti. — Par suite de la lenteur avec laquelle les souscriptions se sont faites, pour iSaS, la liste n'a ete close, et le tirage des lots n'a eu lieu qu'au commencement du present raois. L'exposition a dure ainsi fort long - tems; faible d'a- bord , elle s'est peu a peu garnie de jolis ouvrages; je citerai entre autres un tableau d'animaux de M. Berke; de charnians dessins a I'aquarelle de M. Ciceri; une scene d'hopltal militaire de M. Deutch, tableau de genre, execute par un peintre qui a fait toutes ses etudes historiques sous M. Girodet , et Ton s'en apercoit bien a la maniere dont toutes les parties sont traitees; des dessins a la seppia de M. En- r.\?JTiM, dans lesquels on trouve de I'esprit et de la facilite ; Henri IV prenant une lecon d'histoire, par M. Fk iGo]yARi),ouvrage plus fran- ftQi EUROPE. cheinoiit execute que no le fait ordinairement cet artiste ;uii inteiieiir de M. Gkakkt, qui n'ajouteia rieu a sa rej)utatioii;deux inariiies i\i- M. IsAiiEY fils,dans lesquelles ilregneune (Inesse de ton tres-reniar- quable; Marie Stuart fuyant avcc Douglas, par M. Lamy; ritit^'iieur d'une oglise , ou sont representees six jeunes illles liospitalieres priant devant une statue de la Vierge, tableau du a M. Pi«gkf.t, do Saint - Quentiii , et qui prouve que ce n'est pas seulement a Paris qu'il y a dcs homines de talent; une sci-ue de M. H. Veunet. representant un brigand, long-tenis la terreur des envii-ons de Rome, surpris dans une embuscade. I^'expression de la pliysionomie dr la fetnine qui I'acconipagne , au moment oil elle a apercii lesoldai cache, qui tient son pistolet tout arme, pret a tirer sur Uii, est um- chose d'autaut plus remarquable qu'elle est toute d'invention; I'ob- servation ne fournit rien de semblable. Je citerai encore un job tableau de M. Vauzelle, qui s'est voue tout entier a I'architecture niauresque, et deux compositions pleines de sentiment de MM. A. et H. Scheffer, representant, Tune la famille d'un niatelot sur le rivage de la mer, au commencenieut d'une tempete; I'autre, deux jennes epoux, pleuraut la morl de leur premier ne; le berceau est pres d'enx, niais il est vide, et c'est la seule maiiiere dont le peintre a vonlu in- diquer la source de leurs larnies : peut- Culture du cotonnnier. — Voyage scien- 496 TABLF. HKS ARTIC.I.F.S. tifique. — Addition h la Notice sur les decouveites en Afiiquo ( voy. , ci-dessus , p. 167). — Mineralogie ; Antiquites. . . . ,{55 EUROPE. Granue-Bretagke. — EdimboiiTg, Societe phrcnologique. — HJoiinioutks!nic : Abergavenny, Eclairage par le gaz. — Londres , Appareil econoinique pour distiller I'eau de nier. — Societe royale de litterature. — Henley, Hommage a Dumouriez. — Necrologie , Carlwriglit ; Raeburn ....;. 458 RussiE. — Catheiinbourg, Mines d'or.- — liJoscou, Socictc d'liistoire et d'antiquites. — Doij;at , Universite 4'^2 NoRVEGE. Voyage scientifique du colonel Sabine au pole nord. 4^4 Danemarck. — Cofcnhagne , Universite. — Enseignement mu- tuel. — Histoire 465 : Allemagnk. — Erfurt, Academic des sciences usuelles. — Mec- klenbourg ; Rostoch , Societe de I'Union patriotique. — Breslau , Societe silesienne. — Lusace ; Goerlitz, Societe des sciences. — yienne , Bateau a vapeur. — Priisse , Statistique. — Doheme; Prague, Statistique. — Berlin, Academic des beaux-arts. — Diiche d'Oldenbourg , Encouragement aux sciences. — JFeimar, p'ete en riionneur de Goethe. — Lubech, Manuscrit de litterature ancieune. — Ouvrages concernant les Israelites. — T'ienne, Theatres. — Necrologie , Hermann 4^5 Suisse. — .ZHn'c/i , Societes savantes et d'utilite publique. . . . , 469 Itahe. — Anatomic. — Histoire litteraire. — Sidle, Litterature. — Parme, Archeologie 472 Iles ioniemmes. — 6o//b(/ , Antiquites 474 EspAGNE.^ — Neciologie , Munoz, P.Iazzaredo , etc 47^ Pays-Bas. — Gnnd , Societe d'agriculture et de botanique. — Bnix-elles, Societe d'instruction elcmentaire. ^Societe hollan- daise des sciences et des beaux-arts. — Anvers , Nomination academiqiiee.. 478 France. — Hosiers pres Grandpre , Geognosie, — Bordeaux, Zoo- logie. — Boiilogne-snr-Mer, Monument eieve a Pilatre de Ro- sier.— Calais, Histoire. — Manche; Cherbourg, Antiquites. — SocieCes savantes : Bordeaux , Societe linneenne. — Ecole gra- tuite de dessiu 482 • — Paris. Instiiut , Academic des sciences ; Academic fraiicaise. — Theatres ; Odeon , Harald , ou les Scandinaves. — Benu.r- ^rtj' , Societe des amis des arts ; Diorama ; Lithographic. — Necrologie , Berthauld 485 N^ 2..— F evner 1824. ANNONCES BIBLI0GRAPHIQL1ES ET PROSPECTUS U'OXJVRAGES NOUVEAUX ET DE I'lBLlCATlOKS PUOCHAINES , Pou7' la France ct Us Pays EU'avgn's ; I'.l LLETIN SUPPL^MENTAIRE annexe ;i la revue EwcYJi.oifmQVE (i) OUVRAGES FRANCAIS. S. OEUVRES COMPLETES de M. LE coMiR DE Segob, pair de Fiance, menibrc de I'Academie I'ranraise , etc. etc. ; 5o volumes in-S", avee iin beau portrait de I'auteur, execute par Dien , un fac simile de son ecriture , et deux Atlas graves par P. Tardieu. PBOSPECIUS. Nous sollicitions depuis iong- tcms M. le comte de Segur de nous niettre a portee de donner I'edition complete de ses ceuvres; 1 1 vient enfin de se rendrc a nos vceux. Aux ouvrages deja publies avec tant de succes , nous allons pouvoir reunir ceux que I'auteur 2 , ait premier. GR.WDE GALERIE civils et MiLiTAiBB des persoiinagea cclebres ronteruporainSjOHVies dcs princes, marechaux dc France , generaux et amiraux , hommcs d'etat , mi- nistres, legislateurs et diplouiales, qui se soiit fait un noni reiuarqua- ble dans Ics hautes functions dont ils sent ou ont ete revtlus ; publiee parunesocieted'officiers-generaux et d'hommes de lettrcs ; pouvant faire suite a la k'te de Napoleon ; avec le portrait en baste et de grandeur naturelle du persoanage illustre qui sera robjetde lalivrai- son , et deux planches lithogra- phiees destineesS reproduire deux scenes interessantes et ^pisodiques de sa vie. Chaque vie formera une livraison. Les gravures seront exe- cutees d'apres les tableaux des meilleurs artistes fran9ais, et nu- tanttuent d'apres ceux qui deco- reut le Salon des Marecbaux , les Tuileries , et I'Hotel des Invalides. Deux volumes grand in-fol. La pre- miere livraison, consacree au prin- ce EcGfe.>E, parait. Prix : 12 francs. 10. LES ARGUMEKS LEGAUX, ou Raisonnemens pratiques fondes sur la logique, les principes gene- raux du droit , la legislation posi- tive, etc. , avec des exempies tires du Droit romain et du Droit fran- 9ais;par M. A. Mailhee deChassat. tJn volume in-S". PBOSPECICS. , Get ouvragc , qui paraitra inces- tammcDt , peut etre ronsideie coninie le < jmplcmrnl du Trailc ic i'inUrprctation des lois. G'est lu que sc Irouteiont derelopjio et constainnient appuyes d'exeni- ples tirek du droit romain et du droit fran(,ais, la plu]jart des|>rin- cipes posts dans le 'fraiti de I'in- terpretation ; niais I'auteur traitera en outre des matieres nouvelles , cunnexes ou analogues a celles sur riater))retation, et sur lesquelles la pratique reclame chaque jour une claire exposition de priucipea. Prix de I'ouvrage pour les sou.>- cripteurs, nn vol. iu-S", 5 fr. ; poui les non souscripteurs , G fr. On souscrit , a Paris , chex MM. Tilliard, fr^res , libraires du roi de Prusse,rue Hautcfeuille, n" 2a; Waree, pfere et Cls; Neve , au Pa- lais de justice ; Vidccoq , place Saiute-Genevievc. Ouvrages sous pr esse , pour parait re incessamment , clu:z TuEtTXEL et WcRTZ , li Paris, d Slrasbourf tt d Londres. u. ESS AT SUR L'ESPRTT ET LE BUT DE L'INSTITUTION BIBLIQUE; pa; M. G. ue Felice; ouvrage couronnu. I vol. io-S". 12. TKAITE THEORIQUE ET PRATIQUE desOperationssecou- daires de la guerre, a I'usage des officiers de toutes armes et de tous grades ; par M. le colonel Lalle- masd; jt vol. in-S" et alias. i5. PRECIS DES i;VENE- MENS MILITAIRES, ou Essais liisloriques sur les canipagncs de 1^99 a 1814 , avec cartes et plans; par M. le lieutenant-general comte Mallncu DiiiAs. Gauipagac dc iSo5 ; 2 vol. in-S" el atlas. a. L'lTALIE AVANT LK DO- MINATION DES ROMAIiVS, par M.J. MiCALi ; ouvrage traduit sur la secondc edilion italieniie, par MM *", et acronipagne d'un dis- tours preliminaiic elde notes, par M.RaouI Rocbelle, de I'Acadeniic des Inscriptions ct ReiJcs- Lettrcs ; 4 vol iii-S" el un alias in-fcilio de 70 planches gi avues en laillc-do uce, II (2 toujour pur, cunoil, elegant; on eprouve i la luctmc do sos oi.vra- gt'M un chaiint inexpiiniablc. Si noas pionons la quality d'jfe- d.teur dos OEuvrcs dc M. le con.lc de 8^ouB , c est que nous devons effectivement donner tons nos soins i la confection mateiielle de I'ou- v,"^J "c"""''' ''-'"^ '« '■«■'' "■ sera M. de iiiGva lui-m6me qui i>resi- dera a notn- edition; c'est lui qui sera le v<:-ritable architcctc du nTo- nument que nous allons clever ii sa gloire, monument que nous vou- lons rendre digne de lui et du pu- blic, i qui nous I'oflrons, et pour Jequel nous n'epargnerons aucun sacrifice. Aussi, cetle edition sera- ^elle soignee sous tous les rapports. Nous avons fait fabriquer expris le papier; les caracteres ont 6te londus pour I'ouvrage ; la correc- tion,! impression,et la gravure des atlas et du portrait ne laisseront nen a desirer. Les volumes auront . ^ - "-"■••■-J aui Uill au mo.ns oo feuiUes (48o pages) I un dans I'autre. Les mat^riaux ctant prets, k compter du ,5 avril procbain , 11 paraitra tous les cin- quante jours une livraison de deux volumes. Le prix des deux volu- mes est fixe , pour les Souscrip- tcurs, jusqu'au 3o avril i8ai, i i4 Ir. avec les atlas en noir, et a 15 Ir. avec les atlas soigneusement colori^s. Passe le terme indique cliaque livraison coutera deux fr de plus. On pouira aussi souscrire pour chaque ouvragc separemcnl, ii "'son de 7 fr.5oc.le volume avec atlas en noir, et de 8 fr. avec atlas colories. Le premier volume des OLuvres contiendra le portrait otte fao simile. L'editeur remettra Orahs, k cliaque Souscripteur aux OEuvres completes, nn exemplaire du volume des Pensees dc M le comtc de Segur, imprime avec iuxo. On ne paie ricn d'avance • pour etre Souscripteur, il suffit de ss laire inscrire chez MM. les li braires de France et de I eiran.-.r ou d'adresscr sa demande, fi an'^ihe de port, a redileur, ii Paris. Toutc 1 edition sera saiincc,et Ton tircr.-i que ques cxem,,laires sur velin. iV./y.On ollrc aux personnes qui le d«::snejorit,pour5oc.de plus par vol les exempl. cart.h la Bradcl , avec convert, elegante imit. la reliure. Ouvragcs do7U so composeront les OEuvres completes. 1 ° M6moires ou Souvenirs politi- qucs (incdits), ornes du portrait de I'auteur, et d'un fao simile de son t'Ciiture; 3 volumes in-8». ci 3 vol. 2 0 Tahleau historique et politique de V Europe, reim- primti sur la troisienie edi- tion , revue , corrigde et amelior(5e ; 3 vol. in-8". ci 3 3" Politique de tous les cabinets dc I'Europe, reim- primiesur la troisii'mc (idi- tion , revue , corrigec et amelioree ; 3 vol. in-8°. ci 3 4° Histoire ancienne , re- imprim6e sur la troisifeme eidtion, revue et corrigee, avec table alphabetique et analytique des matieres ; 3 vol. in-8° ci 3 5" Histoire rom,aine, re- imprimee sur une troisi6me edition , revue et corrigee, avec table alphabttique et analytique 'des malieres ; 3 vol. in-8° ci 3 G" Histoire du Bas-Em- ptVe , reimpiimec sur une troisi6me edition , revue et corrigee , avec table alplia- betique et analytique des uiatiferes, et atlas pour les trois ouvrages ensemble ; 4 vol. in-S" ci 4 7° Histoiro de France; 6 vol. in-S" (3 vol, sent ine- dits) , avec atlas , par P. Tardieu ci 6 h" Galcrie morale e\ po- litique, reimprimtSesur une troisieme edition , revue el amelioree; 4 vol. in-S" (le qualrieme et dernier, est incdit) ci 4 A reporter. 29 vol. (3) Report 29 vol f)" 3/e4an(/e$ , uoinpostis tie Poesies , TLefilrcs (cclui de i'Einiitage compris ) , Dis- t;ours, etc. , 1 volin-S". ci i (J. LihraiTic Coniemporaine et En- cyclopcdique , mo de Galois , d t'anijle do cello Saint-Honoro , 71° 2 , au premier. GRANDE GALERIE civile et MiLiTAiBK despersoiinafi^es cijlebifs ( onteiiiporains,ouVieb des princes, inaiechaux de France , generaux et amiraux , hommes d'etat , mi- nistres, legislateurs et diploniales, qui se sont I'ait un noin reniarqua- ble dans los hautes ibnctions dont ils sont ou ont 6te revelus ; pub lice par unesocieted'oDlciers-generaux et d'hommes de lettres ; puuvant faire suite a la Fie de Napoleon ; aveo le portrait en busle et de grandeur nalurelle du personnagc illustre qui sera I'objet de lalivrai- son , et deux planches lithogra- phiees destinees.'i reproduire deux scenes intdressaiites et (^pisodiques de sa vie. Chaque vie fbrmera une livraison. Les gravures scront exe- cutees d'apres les tableaux des meilleurs artistes i'ranQais , et no- laninient d'apres ceux qui deco- reut le Salon des Marecbaux , les Tuileries , et I'Hotel des Invalides. Deux volumes grand in-fol. La pre- miere livraison, consacree au prin- ce Eug6ne, parait. Prix : 12 iiancs. ID. LES ARGUMENS LEG AUX , ou Raisonnemens pratiques fondes I aur la logique, les principes gene- 1 raux du droit , la legislation posi- , tive, etc. , avec des exemples tires ; du Droit romain et du Droit fran- j 9ai8;parM. A. Mailher deGhassat. tJn volume in-S". PBOSPECrUS. , Get ouvragc , qui pacaitra inces- sainmcnt , peat etre consider!'; coiiime le <')mpl(';nicnl du Trailo I ie i'intcrprotation des lois. G'esl la que sc Irouvcront dcyeloppcs et coiistaminent appuyes d'exeni- ples tires du droit romain et du droit i'rani,'ais, la plui)art des|>rin- cipes poses dans le TraitD ct Lap,dok); i vol. in 8° orn. Gii- CivrliT. '■) vol. iu-S", et un «llai> df v()0 planches repri'scntant jiliis df I'joo iiioniiniens. Le premier vo- lume et les planches correspondan- tcs out jiaru en deceuibre iSaS; les deux autres volumes suivrout dans le cours de 1824. 17. DE CANDOLLE. pbodromi.- S\SXbMATIS llNIVEBSiLIS HlfClM VEUK- TAEiLis, scu Enuvicralio tiiet'hodicii (iidiinim, gcncrum, sfecicruntque ■jilunlaTUTU tiuc usque coijnilaruni. In-8". Volumcn jirinnim. 18. LEXICON IIERODOTEUM, quo cl stijii llcrodotei universa ra- tio cx'piicalur , et quam pluritni inusarum loci ex profcsso iilus- tranltir ; fassitn rliam fariim graca lectio, jiartimversio lali'na, quas o/fert Arqenloratinsis edilio vlI vijidiciilur vel cnioi^atur; ins- trvxit Jolt. Sc'liwcigliccuscr, j4ea- dcmioB Jl6(]i(e Jnscrip., etc. 2 vol. in-80 6 doubles colounes. Avis rssE^TlE^.. — Cc Bulhlin Sii/ip/cmerttiiire d'Annonces Bibtio^rn])lii i/iits , ajoule ii la Refiie Jiiicjc/opediqiie , d'iipres Ic desir upriiiie [larplusieui libraires , eUilcurs ct raitcuis , paraiL ollrir a tous ceux qui voiidronl y avoir recours , un mode dc |jiil)licalioii cl de circulation dc Icurs Prospectus , a la tois general ct uiiivcisd , t'Xiicdili(',econoniique , ct parfailcnicnl appropric ; Ijut qu'oii se jirojiose. En cflel , les Prospectus annexes i> noire Revue , au Ii nl'elre lances au liasard en Icuillcs dcladiccs , scronl broclics cl relies avcc Us cahiers d'un recueil qui est niaintcnant rcjiaiidu sur touf les points du {jlol: il.s ironl ainsi dircclcnicnt dans les uuiiiis el sous les yeux ONCES pounont conipiendrc cyalemcnl dcs pubiications procliaincs des out'iages sous presse el des ouvrujies manusciits que leurs auteuis , o leux qui eu sent deposila'ires, voudraient laire connailred'avance aui librairt et »u public, L'inscription des Annonces et Prospectus est lixec a 51.1 c. par ligne ; elle est rediiite i» ao c. par liyne , pour les libraircs souscripleiirs de la hevue Encjrclo, pedique. MM. les libraircs , eJileurs ct aulcurs , dc Taris , des departemens et dcsPaj^s elrangers , auxquels il convicndra de (aire usage du nioycn cjue nous niellons i Icur disposition ])our imprinter ct repandre dcs Prospectus ct des Annonces tt'ouvrages , devront ies envoyer , francs de port , au RcreaU central de la Hevve Encvcloi'EUiqle, rue u'^.^r^K Saim-Micht:l, n"i8. — Onsouscrita la menieadresse pour ce Recueil, donl il parait un rahicr de (pi;;tor7.e feuilles d'im- pressiou tous les mois. Cliaque caliicr se compose dc quatre sections : I, Aotice.f el itemoires furdcsobjels d'un inlerct general. 11, Analyses d'ouvrages choisis ; 1" Sciences p/ijsiijues et naturel/es : 2° Sciences morales et potitiques ; 3" l.it- Icrature cl Beaux-Arts. III. Annonces biiliographiqucs d'ouvrages nouvcaui , classes par pays, el, dans chaqiie pays, par sciences. IV. Nouvelles scienti/iqucs tl litlcraires. — PHIX : a Paris , t^Ct I'r.pour I'anuec ; danslcR dejiarlemens, 53 fr. ; dans Irs pays ehan^ii's, Co Ir. i:\i:'RiMi I'.iL n iitrrni.Yrr riLLiARn. Avis AUX amateurs DE la LITTK^ATORe l&IIKAIfCK&B. On peut s'adresscr a Paris, par rentremisc du Bukbau gehtrai* de Li. Revue EircYCtoPEDiQUE , h MM. Treuttei. et Wortz, rue de Bourbon , n" 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, Tone a Stras- bourg , pour TAlleQiagne , et I'autre a Londres ; a MM. Aaxuus Certrand, rue Hautefeuillc, n° a3 ; Renouard, rue deTournon,n°6; BossANGE pere, rue Richelieu , n° 60 (ce dernier a aussi une maiaonde librairie a Londres), pour se procurer les divers ouvrages Strangers , anglais, allemands, italiens, russes, polonais, hollandais, etc., ainsi que tomes autres productions de la litterature ^frang&e. Le prix- dte ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays Strangers ou ils se pu- blieut, augmentede 10 pour 100, pour fraisde port, droit d'importa- tion et de commission, etc. — La Direction de la Revue Enqrclopedique no. d'autre but, en pnbliant cet avis, que de faciliter, par tons les moyens 'jul resultent de ses publications mensuelles , les communications scien- lifiques et Htteraires eiitre la France et les pays etrangers. AuX academies et AUX SOCIETES SAVAMTES dc tOUS leS pO/S. Les Academies et les Societes savaktes et d'othite fubxiqub> 'rancaises et etrangferes, sont invitees k faire parvenir exactement,y>-a«c rle port , au Directeur de la Revue Encyclopedique , les comptes rendus lie leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, aCn lie la Revue puisse les faire connaitre de suite a ses lecteurs. ADX EDITEURS d'OUVRAGES et AUX LIBRAIRE&. MM. lesediteurs d'ouvrages periodiques, francaiset etrangers, qui desireraient echanger leurs recueils avec le n^ytre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur une promple annonce dans la Revue , des publications de ce genre et 'ies autres ouvrages nouvelkment publics , qu'ils nous auront adresses. LiBBAiREs chez lesquels on souscrit dans les pats Strangers. Aix-la'Chapelh, Laruelle fib. Amsterdam , G. Dufour ; — Dela- chaud ; Abbink Lisbonne , Paul Martin. Londres , Dulau et Compagnie ; — Treuttel etWiirtz; — Bossange. Madrid, Denn6e ; — Peris. Milan, Giegler; — Vismara. Bocca. Moicou,GayxUer; — Ri8S,p*reet(ils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. A'eiichatel (Suisse), Gresfer. NotweUe-OrUans, Jourdan. Roche, frferes. Palenne (Sicile) , Pedonne et Mu- ratori ; — Bceuf (Ch.) PStersbourg , Saint - Florent ; — Graeff; — Weyher; — G. Leffler. Tubingen , Gotta. Utrecht, Van SchoonhoTen* Turin , Bocca. Varsovie , Glucksberg ; — Za- yadsky. Vienne (Autricbe), Ceroid; — Schaumbourg ; — Schalbacher. Anvers , Bonrcier, 6diteur du Spec- tateur; Ancelle. Arau (Suisse), Sauerliinder. Berlin, Schlesinger. Berne , Clias , au cabinet litt6- raire. Bourgdorfer. Breslau, Th. Korn. Brnxelles, Lecharlier; — Demat. Bruges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Piatti. Fribourg (Suisse) , Alo'ise Eggen- dorfer. Francfort-sur'Mein , Schaeffer ; — Bronner. Geneve, J.-J. Paschoud. La Haye, les frircs Lauge^uysen. Lausanne , Fiscber. X«jpjf^,Grieshammer; — G.Zirgis. Liige , Jalheau , p6re. COLONIES. '' Guadeloupe (Pointe-a-Pitre) , Plolet aiii^. Ile-de-France (Port-Louis) , E. Burdet. Martinique, Tbounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BUBEAO DE KEDACTIOA-, KTIE u'EnfER-SaINT-MiCHEL , n". l8, ou doivent 6tre envoyi^s , francs de port , les livres , dessins et gra- Tures , dont on desire I'annonce , et les Lettres , Memoires , Notices ou Extraits destines h ^tre ins^r^s dans ce Recueil. Chez Treuttel et Wubtz , rue de Bourbon , n° 17; Rny et Ghavier, quai des Auguslins, n° 55; Bechbt ain6, quai des Augustins, n" 55; DoNDEY-DupRE, Tue Saint-Louis , n". 46) «" Marais; et rue Richelieu, n° 67. MoNGiE ain6 , boulevard Poissonniire/n» 18; Eymery , rue Mazarine , n" 'io; RoRET , rue Hautefeuille , m" 12 ; Bj^cHELiER, quai des Augustins, n° 54 ; Chassbriau, rue Neuve-des-Petits-Chanips, n" 6 ■ Baudouin fibres , rue de Vaugirard, n° 36 ; DEtABW.vY, Pelicieb, Ponthieu , au Palais-Royal; Urbain Cahei., rue Hautefeuille, n" 5. A LA Tente, Cabinet Litteraire, tenu par M. Gautier, ancien militaire , Galerie de Bois , n" 197 , au Palais-RoyaL Et au Cercle LiTi£RAiHEXircYci.opiDiQUE, golcrie Beaujolais, n" 88, aa Palais-Royal. Nota. Les ouvrages annonces dans la Revue se trouvent aussi cbez RoRET, rue Hautefeuille, n° la. ISirUIMEKIE HE RUiNOIJX. j^3« LIVftAISOK. — Hi' VOLUME. — 3* SC LA a^ SERIE. REYUE ENCYCLOPEDIQU ANALYSE RAISONNIilE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTEHATURE, LES SCIENCES BT LES AKTS. l' Pour Ics Sciences phjrsiques et mathematiques et lea Arts itidustriels: MM. Ch. DvpiH, CaArxAL, FocRipa, GiRARn, de I'lustitut; C. CoQUEREr. , Fkury, FRAScoECR.LKNoanAHUjKAVisR, A. MiCBKi^T.MonEAO deJoskes, WA,RDKir. a" Pour les Sciences naturelles : MM. de LACEriofi, OtopPRor SintT- KiLAiRK , de rinstiint} Bobt de Saikt-Yikcewt, Dksmarest, V. Addouih, Brongmiart fils, Fr. Cuvier; FtotiREWs, D.-M. ; Jacquemoitt, etc. 3** Pour les Sciences medicalcs : MM. Adei.on, Bai.i.t, Damirou, DoPAtr, E-sQutROL, Friedlander, GisoRGET, Kcirkkv.Magehdie, Orpila, D.-M.,etc. 4° Pour lei Sciences philoscyhiques et morales , politiques , gengraphiques et historiqu^s :^yi. LahjoihaiS, de I'lDStitnt; M. A.JuLi.iE«r, de Paris; de Gi- RANDu, Alex. dklaBordb, del'lnstitut; Agocb, Ahwee, ArtatjD, Avensi.; Bervii,i.k , avocat; Barbi6 no BqcAGE, del'Institnt; A. Beogmotj Cbampoi.- tiOK-FiosAC, correspondant de I'lnstitnt; Ceampoi.i,30k jeune, Deppihg, .A..DnFRATER;DijFAo, DnvERGiBR , GuADET , avocats; loMARi), de riostitut; Lafkok de Lad>3AT , Alex.Lameth, p. Lami, A.Metrai.; Meter, d'Am- sterdaia; Parewt-Reai, , Podquevilik ; Rehouaru, avocat; Eusebb SAr.- terte, SisMOiruB DESisiaonDi, Stapver , SuEUR-Msauv ; A. TAII.I.AK- DiEH, arocat, etc. 5" Pour la Liiterature francaise eietrangere, la Bihliograpkie , V Archeologie et les Beaux- Arts I MM. Aigvar, Ai.aRiEti:x, Amawrt-Dovai , Emeric David, Lemercieb, nE Seobr , del'loslilut; Barbier, ancien conservatenr des bibliotUeques da Eoi ; J.-P. Bres, AtPH. MahoIj ; P«. Colbert, de Colmar ; Kirckboep, D.-M., d'Anvers; Mmc. L. Belloc, E. Hbreah, Hen- rices, M. Berr , Felix Eodih, Bucbox , Cbafvet; Cbi'hbdoi.i.f ills, de Liege; J. Droz, DdmersawjEb. GACTTif r, Coepp, Heibbro , Krapft, V. Leclero, Liagho , Marrow, Mazoi*; Cb. MoNnARD.do Lausaonej Nico- 1,0-PoCI.O , PATIN, PEtLJSSIER, QCETEI.BT, DB R£IPrE]l]lER6 ; D« StAS- •»AR, de Bmxelles; S. POLXARATfKT, de Mnscou; Fr. Sai.fi; Schwitzlbr, ScavreiuaiEDSEsfils, de Stra&bonrg; Lioir TaiESsii, YeKDiBA,etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Eufer-Saint-Michel, n° i8; ARTHUS CERTRAIN'D , rue Hautefeuille, n» a3; BossAKGE p^re, rue Richelieu , w" 6o; Rkkoiiard, rue de Tournon, n" 6; LONDRES. — Theuttel et Wcrtz; Bossasge; Dulao ex cohp. MARS 1824. m AVIS ESSEN TIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LEs soDSCRiPTBBRs dont I'abonnembnt est expire LE 3i DiScEMBRE, sont invitcs a le faire renouveler tres- iNCEssABiMENT, pour que Ton puisse preparer d'avance el assurer le service des envois , et afin qii'il neprouye au- cun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier 1819, il paraJt, par ann^e, douze cabierff;a (le ce Recueil ; cbaque cahier , public le 3o dn mois , se oompose d'en- ' \iron 13 feuilies d'impression, et sera d^sormais de i4 feuiUes. •On souscrit a Paris, au Bureau central £abonnement et d'expidUiorti indique sur le titre. Priic de la Souscription , h partir du i" Janvier i8j4' A Paris 46 fr. pour lu an ; a6 fe. poor six mois Daus les d^partemens , 53, 3o A retranger 60, 34 La difference entre le prix d'abonnemenl, ft Paris, dans les departc* mens et dans tdtranger, devant ^tre proportionnelle aux frais d'exp6- dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive port^e ci-dessus; Le montant de la souscription, envoyd par la poste, doit ^tre adress< d'avance, priwc de pobt, ainsi que la correspondance, au Directeu de la Revue Encyclopedique , rue d' Enfer-Saint- Michel ^ n* 18. C'est h L m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et lei gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont 01 d^sirera I'insertion, On pent aussi souscrire cbez les Directeurs des postes et cbez lei principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les payi etrangers. M Trois cabiers ou livraisons forment un volume, Cbaque volume termini par une Table des mati^res alphabetique et analytique, ^claircit-et iacilite les rechercbes. On souscrit , seulement & partir de deux ^poques , du i» Janvier on du i«tjuillet de cbaque annee , pour six mois , ou pour ua an. On troiive, xv bureau cbn'tral, /e^ collections des annics 1819, i8atf^ i82f, rSaa ct i8a3, au prix r^duit de 4a francs cbaque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, on ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Sur h GAZ ECLAiRANT, sur sa nature et ses propi'ietes , sa preparation et son emploi (i). L'art de siippleer k la lumiero du jour ne pent aller plus loin que la reproduction cxactc et complete des effets de cctte Inmiere : il ainait atteint le plus haiit dcgre de perfection , si Ton parvcnait cl imiter fidelement , et a pen de frais , la nature, I'intensite ct la distribution, non de la lumiere qui "vient directement du soleil, niais de celle que reflechit la voiite celeste durant les beaux jours des contrees les plus favorables ^ l'art du pcintre. Dans I'etat actiiel de nos connaissanccs, les progres de I'e- (i) Voyez, ci-dessus, pages 12-21 , une premiere Aocice historiqiie sur feclairage par le gaz , dout celle-ci forme le complement. T. XXI. — Mars 182/, 'ii /.gS SECONDE NOTICE clairage ne peiivent se passer dii coiicours dc la chimic, do la physique ct des mathematiqucs. Les recherches relatives a cet art ne sont point dcdaignees par Ics savans ; on sait que le iiom de Mbunier fut associe k ceux d'AnoANT et de Qdin- QDET , dans la revolution que les lampes eprouverent quel- qucs annees avant nos commotions politiques. L'histoire des sciences conservera precieusement le souvenir des travaux de RuMFORD sur le meme sujet. A line epoque plus recento , une commission de savans a dirige les travaux d'eclairage par le gaz i\ riiopital Saint-Louis, et le nom de I'un des commis- saires ( M. Caignard de la Tour) est affectc a I'appareil qu'il a imagine pour la purification du gaz eclairant. Rumford est un excellent guide dans les recherches sur I'em- ploi des matieres eclairanles. Ce savant philantrope etaitniuni de connaissances technologiquesapprofondies, quoiquevariees, et il les appliquail avec habilete. A I'exception de Coulomb, nul autre ne posseda peut-etre mieux que lui I'art des expe- riences. S'il eut vecu assez long-tems pour consacrer une partie de ses travaux a I'eclairage par le gaz, ce nouvel art se serait repandu plus piomptenient, sous les auspices d'un i\pm re- vere; il eut ete mieux accueilli partout, ct ses adversaires au- raient ete plus reserves. Les preccptes de Rumford sur les moyens de tirer des matieres eclairantes la plus grande quan- lite de lumierc possible, ne sont pas moins applicables au gaz qu'aux huiles et aux graisses. Le premier et le plus important de ces preceptes ne pent etre regarde comme une decouverte. On pent le rediger ainsi: ce qui ne brule point, ne pent eclairer; attachez-vous done a operer une combustion complete des matieres que voiis em- ployez. Comme I'excellence de ce conseil ne peut etre revoquee on doute, il ne s'agit que d'indiq»icr les moyens d'en profiler. Mais Rumford Ini-mume a prouve, par dc nombreuses exps- ricnces, combien il est difficile de soiuTiottro a la combustion SUR L'ECLAIRAGE PAR LE GAZ. !tgg toiUe la substance des combustibles usuels. Lorsqu'il s'agii d'eclairage, il faut que la matiere destinee a devenir lumi- neuse ea brulant, prenne le plus grand volume que sa nature lui permet d'occuper; et par consequent, on doune la prefe- rence a celles qui se convertissent en vapeurs a une haute tem- perature, et dont la vapeur ne brule qu'a I'aide d'une chaleur encore plus forte. Si cette chaleur vient a diminuer par quel- que cause que ce soit, la combustion de la vapeur s'arrete. Cost ainsi, par exemple, qu'une lampe volatilise et dissipe dans lair une partie plus ou moins graiide de I'huile qu'elle consomme. La forme circulaire et la minceur de la meche, le courant d'air intericur et les cheminees de verre ne re- medient pas entierement a cette deperdition. En effet, la chaleur produite par une partie de I'huile volatilisee est pres- que toute absorbee par la formation de vapeurs nouvelles; le courant d'air qui alimente la combustion est encore une cause d'abaissement de temperature : il n'en reste done pas assez pour que toute la vapeur formee puisse bruler. Rumford a fait voir que les lampes a petite flamme sont celles qui con- somment le plus d'huile en raison de I'eclairage qu'elles pro- curent, et que la lumiere des veilleuses est, en realite , dix fois au moins plus dispendieuse que celle des quinquets. La combustion des gaz laisse degager beaucoup plus de calorique qu'il n'en faut pour elever jusqu'au degre d'ignition le comburant et le combustible. On sail, par exemple, que la combinaison de I'hydrogenepuravec I'oxygene egalement pur, dans les proportions necessaires pour la formation de I'eau, donne une temperature assez elevee pour fondre le platine et plusieurs autres substances qui resistent au feu le plus violent des forges et des fourneaux a reverbere. Les huiles , les graisses etla cire peuveutetre amenees a une temperature ussez basse pour qu'elles cessent de bruler, au lieu qu'une lampe ali- mentec par le gaz le plus froid ne s'etcindrait point, et que sa 5oo SECOIVDE NOTICE Imnierc n'eprouverait memo aiiciino dimimition sensible. S'il «!tait possible de reduirc I'i I'etat gazeiix Ics substances qui servent i^ reclairage , en modifiant sculement la combinaison de leurs principes, sans en diminuer le nombie, ni changer leurs proportions, eiles deviendraient beaucoup plus propres a I'emploi qu'on leur destine, bruleraient presque en entier , el repandraient une lumiere plus eclatante; on aurait done resolu le probleme qui exer^a long-tems la sagacite de Rum- ford, sans qu'il rencontnit la seule voie qui pouvait le condmre ;\ la solution. On est deja parvenu a convertir en gaz, presque sansperte, les huiles vegetales et aniniales. Au moyen de cette transfor- mation, une mesure d'huile, qui n'aurait procure durant vingt-quatre heures qu'un eclairage obscur et infect, four- nit, durant soixante-quinze heures, une lumiere vive, pure et sans odeur. Les partisans des anciennes coutumes trouveront difficilement quelque objection raisonnable contre ce nouvel emploi de I'huile. Le gaz extrait des huiles possede au plus haut degrc: les proprietes eclairantes. D'apres des observations faites avec soin dans les grands etablissemens d'eclairage a Londres, deux mesures, en volume, de gaz d'huile eclairent autant que sept mesures de gaz de houille. En comparant des poids egaux de ces deux fluides, on trouve que deux parlies de gaz d'huile repandent un peu plus de lumiere que ti'ois parties de gaz de houille , et que la pesanteur specifiquo de celui-ci est a peu pres les quatre neuviemcs de celle de I'autre. II scmble, d'apres ces observations et quelques autres qui les coniirment, que le pouvoir eclairant des gaz augmente avec leur pesanieur specifique, au moins jusqu'i^i un Icrme que I'experience n'a pas encore fait rf;onnaitre. Ce sujet promet aux physiciens de pre- cicuses decouvcrtes; et, pour donner a leurs mesures Ic degre d'exaclitndc anquo! on est parvnun dans les autres parties dp SUR L'ECLAIRAGE PAR LE GAZ. 5,oi la pliyskjue, ils tourncront lours regards vers la photomelrie ( ou mesure de la liimiere } et les instrumens photome- triques, si eloignes jusqu'a present de la perfection des thej'- nioinetres. Nous avons commence par le gaz d'huile, parce qu'il est effectivement le plus digne d'attention , qu'on pent le prendre pour terme de coniparaison dans les recherches sur I'eclai- rage , qu'il peut etre fabrique en petit presque aussi avanta- geusement qu'en grand, et qu'il ne laisse aucun pretexte aux declamations des pretendus amis de I'industrie populaire^ au- cune apparence qui justifie leurs feinles apprehensions. lis ne pourront pas dire que le nouvel eclairage va porter un coup funeste a la culture des planles oleagineuses , ni qu'a force de perfectionner les arts an profit des riches , on neglige les exploitations vulgaires qui pourvoient aux besoins da pauvre. L'appareil pour convertir I'hwile en gaz est de la plus grande simplicite : il ne s'agit que de soumettre le liquide a la tempe- rature du fer rouge, durant quelques secondes. L'huile est introduite goutte a goutte, ou en filets tres-delies, dans des tuyaux de fonte places dans nn fourneau, et chauffes au rouge ; elle se vaporise , parcourt la longueur des tuyaux , subit la decomposition qui lui fait prendre I'etat gazeux, et passe dans le gazometre. On retrouve ici l'appareil de Comte, pour remplir les aerostats. Get habile artiste operait la de- composition de I'eau et I'extraction de I'hydrogene , en in- troduisant la vapeur aqueuse dans des tuyaux de fonte rem- plis de limaille de fer, et chauffes au rouge; la limaille s'emparait de I'oxygene de I'eau, et I'hydrogene, apres avoir ete rcfroidi , passait dans I'atTOStat. Comme la limaille ne pouvait servir qu'a unc seule operation , il fallait oiiviir les tuyaux par Tunc de leurs cxtremites , enlcver le fer oxydc , 5o2 SECONDE NOTICE et remettre de nouvelle limaille. Dans I'appareil pour la pre- paration du gaz huileux, les tuyaux ne sont ouverts que pour I'introduction de I'huile et la sortie du gaz ; le feu du four- ncau peut etre continue sans interruption ; I'huile et le gaz sont soumis a la plus grande rcgularite, I'etat du fourneau et des tuyaux est aussi invariable qu'il puisse I'etre, la main- d'oeuvre est presque nuUe; toutes les causes de perfes sont oloignees , tous les moyens d'economie sont reunis. Ce mode d'eclairage concilie peut-etre mieux qu'aucun autre les inte- rets des consommateurs et ceux des fabricans. Nous verrons plus loin qu'il possede encore d'autres proprietes dont I'art prolitera. Les operations pour extraire le gaz eclairant de la houille , du bois, des lignites, et en general de toutes les matieres charboneuses , ne sont pas aussi simples que la conversion des huiles en gaz. De plus, il est indispensable de choisir les matieres que Ton voudra mettre dans les appareils de distillation; car il en est quelques-unes qui donneraient un gaz extremement fetide. Tels sont certains lignites , et la plupart des houilles des terrains calcaires. II est probable que les bois ne different point les uns des autres, quant aux proprietes du gaz qu'on peut en extraire , m?.is , des consi- derations d'une autre nature peuvent fixer le choix des fa- bricans. Si le goudron peut ^tre I'objet d'une speculation profitable, ils distilleront les bois oil la resine abonde. Pres des forets de bouleau, I'ecorce de cet arbre fournira ime huile pour les tanneries , ou qui sera convertie en gaz eclai- rant. Le vinaigre de bois, et son emploi dans les arts, la qualite c\u charbon provenant du bois distille , son prix et la facilite de le debiter, etc., nieritent aussi de fixer I'atten- tion. .Tusqu'i present, il a etc plus facile de tirer parti des prodnitS de la distillation de la houille que de ceux du bois, SUR L'ECLAIRAGE PAR LE GAZ. 503 el c'cst uii des motifs qui ont du faire jwcfcrer le premier tie ces deux combustibles. Ajoutons que la houille tient moins de place dans les appareils distillatoires ; que, par conse- quent, ces appareils peuvent etre d'une nioindre capacite , que les fourneaux, pour les chauffer, sont plus petits, et consomment moins de combustibles. Enfin , il a paru com- mode d'iniiter des procedes eprouves, et dont le succes n'etait plus conteste, au lieu de se livrer a de nouvelles recherches, et de faire les frais d'un apprentissage. Aussi, lorsque le gaz cclairanlaete reimporteen France, on n'y a point marche sur les traces de Lebon, mais sous la direction des fabricans anglais. On s'est done mis a distiller la houille , et non le bois. Ces motifs de circonstances et du moment ont produit un effet durable. De grandes usines se sont elevees, des ca- j)itaux considerables y ont ete places, et ne peuvent fruc- tifier que par la duree des ctablissemens, la permanence de I'etat actuel de I'art et de ses moyens. Il est done tres-pro- bable que la distillation du bois ne sera pas substituec a celle de la houille, et que les usines qui tirent le gaz de ce combustible n'ont pas k redouter une autre concurrence que celle du gaz des huiles. Si le nouveau mode d'eclairage par- vient a se naturaliser dans les pays du Nord , on doit presu- mer que la houille y sera remplacee par le bois ; nous pour- rons alors comparer entre eux , d'apres des experiences en grand et ducisives, les resultats obtenus par I'emploi de I'une et de I'autre matiere, et nous saurons si nous avons fait un bon choix. Nous n'avons pas encore assez de donnees sur le gaz extrait du bois; aon poitvoir eclairant, c'est-a-dire I'intensite de la lumiere qu'il repand en brulant, est encore a mcsurer. Sa pesanteur specifique est moindre que celle du gaz des huiles, mais plus grande que celle de I'hydrogeue oblenu par le pro- 5o4 SECONDE NOTICE cede dc Conte. Voici le tableau des pesantcurs spcciUquesdeces fluides. Gaz. Pes. spccifiq. Air atmospheriqiie i,ooo. Gaz extrait do I'huilc 0,943. Jd. do la houille o,4i3. 2d. du bois 0,377. Hydrogene extrait de I'eau par le procede de Conte 0,224. Hydrogepe pur 0,081. On voit, par ce tableau , que les trois gaz eclairans tires de I'huile, de la houille ct du bois, different les uns des autrcs, sinon par le nombre , au moins par les proportions rcspectives de Icurs principes constituans. Dans tousles trois, I'hydrogene est ledissolvant du carbone,et le met a I'etat gazeux. La combus- tion de I'hydrogene pur donne moins de lumi^re que celle des combinaisons de ce fluide avec un autre combustible, le soufre cxcepte ; ce que Ton peut attribuer a sa legerete spe- clfique, lorsqu'il est pur, et i la densite qu'il acquiert en se combinant avec des matieres dune plus grande pesanteur, et qui, par leur nature, tendent a reprendre I'etat solide. Le gaz du bois ne contient rien qui soit etranger a cette substance vegetale; celui de la houille est beaucoup plus complexe, et peut contcnir des elemens qui n'augmentent point, qui affaiblissent meme son pouvoir eclairant. Dans la distillation du bois, I'acide carbonique se degagc en grande abondance au commencement de I'operation j et I'hydrogene vient le dernier, en sorte que Ton pent se debarrasser de la plus grande parlie du premier fluide sans s'exposer h rien perdre du second. La distillation de la houille ne presente pas ses prod^its dans le meme ordre; le dcgagement des fluides inuliles on nuisibles y commence et fmit aussi plus tot qwc SUR L'ECLA.IRAGE PAR LE GAZ. 5o5 celui de I'hydrogene ; mais la production simultanee de tous CCS fluides y dure plus ioni;-tcms, ce qui exige plus dc terns et d'appaieils pour en operer la separation. .Les procedes de distillation de la houille ct du bois ne dif- ferent que par les dimensions ou le nombre des vases des- tines .\contenirle conibustible,et des fourneaux pour les chauf- fer. Quant a la forme des vases, toiites les questions qui les concernent etaient resolues d'avance, et I'art de I'eclairagc pouvait eviter les tatonnemens par lesquels il a debute dans cette partie de ses procedes. On sait que, pour abreger la duree de I'operation , il faut que la matiere a distiller soit con- tenue dans des caisses de pen de largeur, afin que la chaleur soit communiquee plus rapidement, au moins dans cette di- mension. Ces caisses sont formees de plaques de fonte de fer assemblees; elles seraient trop sujettes a se casser, si Ton essayait de les fondre d'une seule piece. On doit prefercr la fonte au fer forge, quoique celui-ci ait I'a vantage d'une plus grande solidite , parce que la fonte resiste mieux au feu des fourneaux. C'est par le refroidissement que Ton separe les produits gazeux, et que Ton recueille les raatieres sorties des caisses dans I'etat de vapeur. Le coak, ou le charbon de bois, tire des caisses, est renferme sur-le-champ dans des etouffoirsril contient encore une certaine quantite d'hydro- gene, et sa qualite, comme combustible, est superieure a celle des charbons prepares suivant les methodes ordinaires. Au lieu d'une seule caisse, il est plus avantageux d'en mettre plusieurs dans un meme fourneau ; surtout qu'clles soient longues, hautes et fort etroites. C'est en les multipliant dans le meme fourneau, en augmentant deux de leurs dimen- sions, et en diminuant la troisieme, que Ton obtiendra la plus grande economic de combustible pour le chauffage du four- neau. Les gaz separes des autrcs produits dc la distiliaUou, ct 5o6 SECO?JDE NOTICE ^ prealablemcnt refroidis, sont soumis an lavage. L'eau dc cliaiix enleve I'acide carbonique, et forme des hydrosulfures avec Ics gaz de la houille. L'cau seule , si elle ctait en assez grande abondauce, et tres-froidc, suffirait pour obtenir Ic meme resultat. Mais, quelque soin quo Ton donne acette operation, et quels que soient les appareils que Ton y eraploie, on nc pent cviter quelque perte d'hydrogene dans ks eaux du lavage, et quelque melange de gaz etranger dans I'hydrogene qui passe au gazometre. Dans quelques etablissemens d'eclairage par le gaz de la houille, le lavage a ete fait d'abord suivant les proce- des des laboratoires de chimie, au moyen de machines assez compliquees; mais, on a bientot acquis la certitude que ce tra- vail est moins fructueux que difficile ; on y a I'enonce. Les gaz laves et jnges propres a I'eclairage, sont recueillis dans un recipient nomme gazometre. Une usine d'eclairage par le gaz de la houille ou du bois est, en quelque sorte, un laboratoire de chimie construit sur des dimensions gigan- tesques. On pent en juger par le gazometre du faubourg Pois- sonniere , qui a donne lieu a de si facheux debats. ( Voyez Rev. Enc, t. XX, page 324. ) Ces vases enormes doivent etre cylin- driques, ouverts par le bas et fermes par le haut; on les plonge dans des cuves pleines d'eau. Les Anglais elevent leurs cuves au-dessus du sol, en sorte que la rupture de ces reservoirs peut causer une inondation et quelques degats dans les habi- tations voisines, evenement qui eut lieu dans I'une des usines dc Londres, et dont les journaux firent beaucoup de bruit. Avertis par cet accident, les constructeurs de I'usine du fau- bourg Poissonniere eurent la prudence d'enfoncer leur cuvc jusqu'au niveau du sol, ce qui n'a pas rassure quelques voi- sins bien resolus a conserver leurs apprehensions, jusqu'a ce que Ic gazometre cessc de leur offusquer la vue. Le poids d'un gazometre varic a mcsure qu'il sort de la cuve, ou qu'il y rentre: il faut cepcndant qu'il exerce une SUR L'ECLAIRAGE PAR LE GAZ. 5o7 pression constante sur le fluide qu'il conlient, alin que ce fluide arrive a sa destination avec une vitesse uniforme. Les constriicteurs de ces appareils avaient done a resoudre un probleme de mecanique analogue h celui des ponts-levis, des ressorts de montre, et en general, des moteurs variables dont il s'agit de regulariser I'impulsion, ou des resistances inegales qui doivent etre surmontees par une force constante. On connait une multitude de moyens a peu pres equivalens par lesquels on peut obtenir cette egalite d'action; et, si les cons- tructeurs de gazometres etaient embarrasses sur cet objet, ils n'auraient pas besoin d'inventions nouvelles : il leur suffirait de consul ter les ouvrages de MM. Borgnis ou Christian, ou des recueils de machines. Les gazometres, comme les recipiens des laboratoires , n'ont pas d'autre ouverture que leur base inferieure. Ceux qui ont avance que I'air atmospherique pouvait se meler au gaz con- tenu dans ces appareils, n'ont pas fait preuve de savoir. Des feuilles de metal ( tole, cuivre ou zinc) sont la matiere la plus convenable pour en composer les parois cylindriques ; la base superieure peut etre en bois, pourvu qu'une couche de vernis entretenue avec soin la rende impermeable au gaz. Lorsque le corps cylindrique du gazometre est en feuilles metalliques assez minces, le poids de I'appareil ne varie pas scnsiblement aux differens degres d'immersion , et les moyens de suspension deviennent plus simples. Cependant, il faut se reserver la faculte de rendre I'emersion plus facile, en aug- mentant la charge des contre-poids; cette charge additionncllc est enlevee lorsque le gazometre est rempli. La flamme des gaz eclairans est encore un peu fuligineuse; il semble meme que celle du gaz de I'huile noircit plus que celle des autres gaz. Le probleme d'une combustion totale n'est done pas entieremeut resolu; c'est vers cet objet important que les recherches ulterieures dcvront etre dirigees. On s'oc- 5o8 COURS DE LITTERATURE I'RANCAISE ciipera aussi tics moycns de composer Ics gaz i'emieres des dissensions fut la iiecessite de caclier les mystcres aux ycux des profanes; cctte precaution, scion lui, obligea les apotres ot leurs disciples a des reserves ; elle les forca d'enveiopper leurs dogmes les ])lus eleves de symboles el de rites, ainsi qu'ils prcsentaicnt leurs maximes sous la forme de para- ET POLITIQUES. SaS boles. Les simples inities nicme n'apprenaient le veritable sens de ceitaincs doetrines qu'apres de longues preuves de lours dispositions. Cctte ecole mysterieuso, fondee par les apotres, et dont parlent Sozomene et Cyrille, existait encore au terns de saint Augustin. Peut-etre line partie des anciennes pro- phetieSjl'Apocalypse elle-meme,n'etaient qu'iine espece d'ini- tiations symboliques des anciens Hebreux et des premiers Chre- tiens. Cela fut cause que chaque eglise, conservant le depot sacre de rites, d'Evangiles et de liturgies qu'elle avait rccu de son fondateur, a mesure qii'elie se trouva dans la necessite d'entrer en communication avec les autres , dut reconnaitre des differences plus on moins apparentes dans leurs tradi- tions rcspeclivcs; il y eut une tendance naturelle pour les ramener il I'unite de pratique. Heureusenient, les premieres disputes ne roulerent jioint sur les dogmes, on sur la doctrine speculative du christia- nisme. La multitude des cliretieiis primitifs laissait cette partie aux pasteurs [Judices Jidei saccrdotcs); elle se bornait a la pratique, c'est-a-dire aux preceptes et aux ceremonies. Lc jour de la celebration de la Paque donna lieu a beaucoup de discussions, de conciles et de scliismes. Les controverses sur la partie dogmatique eclaterent plus tard dans I'Orient que dans I'Occident; mais enfin, elles devinrent generales, et ce fut alors qu'on vit se multiplier les disputes sur la nature de la divinite du Christ, de la trinite consubstantielle ct des sacremens. Des phrases souvent obscures, mais dans lc fond innoccntes, dounerent lieu a des haines, a des persecu- tions, a des gueries destructives de cet esprit de charite et de paix que I'Eglise chretienne devail conserver, comme le carac- tere le plus dominant qui la distingue de toutes les autres. L'autcur, suivant la trace des conciles generaux et par- ticuliers, releve tout ce qui est le plus digue d'attention; il nous flit voir tros-souvent (jue c'ost moins le zele et I'amour 524 SCIENCES MORALES pour la voritu que I'orgucil et la vanite qui engagurcnt Ics premiers chretiens dans des disputes, et qui les porterent uieme a s'excoinmunier ; la plus legere difference dans leurs opinions, dans leurs paroles, le doutc scul motivait a leurs yeux I'anatheme. Ainsi, ceux qui dcvaient se rogarder comme freres, vivaient souvent en ennemis; ct cc qui devait servir a conserve!' I'esprit d'union, dcvint un sujet d'intolerancc et de guerre. L'acharnement des eveques ariens et catlioliques en est une des preuves les plus affligcantes. On vit augmenter de plus en plus ce scandale, a mesurc que les chretiens acquirent de I'influence et du pouvoir. L'opinion meme fut pour eux un moyen de puissance; et I'on ne pent soupconner ici I'auteur d'avancer des fails qui nc soient pas assez constates; car il s'appuie toujours des au- torites les plus imposantes, ct cite a ce sujet les passages les plus remarquables d'Eusebe de Cesaree. « Aussitot, dit cet c'Crivain ecclesiastique, qu'une liberte trop etendue eut porte les chretiens A la negligence et a I'oisivete, des qu'ils eurent commence a s'envicr les uns les autres, et a se blesser mu- tucllement par des paroles et par des ecrits, se faisant par- tout une guerre scandaleuse et perpetuelle, quand les eve- ques se furent declares contre d'autres eveques , que les peuples chretiens eurent partout excite Ic tumulte et les desordres, lorsque enfin la fraude et la dissimulation fu- rent montees au plus haut degre, la justice divine daigna nous avertir, en nous frappant d'une main legere qui ne punissait que les sculs coupables. Nos pasteurs, en depit des saintes lois de notre religion, continuerent a s'attaquer sans relache par d'eternelles discussions; ils s'etudierent a faire naitre, de '1 toutes parts, les disputes, les querelles, les menaces, les ja- ' lousies et les haincs mutuelles, etc. Alors, enfin, Dieu rendit la persecution generale. » [Hist, eccles., 1. viii, c. i. ) Mal- hcureusement, tandis que cette persecution religieuse cessait ET POLITIQUES. SaS pixisque ciitieremcnt «le la part des princes, devenus tolerans ou clireliens, la discorde continua de regner entre les peuples; ils se firent une guerre encore plus affreuse que la persecu- tion qu'on avail eue i\ souffrir de la part des paiens. En passant en revue ce nombre d'heresies ou d'extrava- gances qui, souvent ridicules et toujours funestes, se succe- dent sans cesse, s'entredetruisent et se renouvellent, on ne pent se dispenser de chercher la raison d'un phenomene aussi bizarre qu'affligeant. L'autenr s'y arrete, surtout au moment de nous retracer les opinions de Nestorius et d'Eutiches; nous presentons ses considerations a nos lecteurs , parce qu'elles caracterisent sa raaniere de penser. « II n'y a point de folic, dit-il, qui n'ait passe par la tele des hommes. On voit les opinions humaincs, formant une cspece de roue entre elles, se presenter, I'une apres I'aulre, a I'entendement hu- inain. La verile se Irouve dans le nombre; mais, quand elle vient k se rendre maitresse de noire intelligence, on dirait que ce n'est point par sa beaute el par sa force naturelle, mais parce que son tour est venu.... La verile, ici bas, parait sujette h la mode et au caprice, et modifiee a I'infini par les interets differens et les diverses passions de ceux qui la connaissent, elc. » Apres cetle remarque, rantcur se rejouit de ce que les hommes, dans le cours ordinaire de la vie, ne se laissent pas conduire par les opinions et les sj'stemes. lis n'accordent ja- mais, dit-il, leurs actions avec leurs principes; ils sonl meme rarement assez consequens pour vouloir accorder leurs prin- cipes avec leurS actions. Les idees et les croyances peuvent subir des modifications infinies et ne rien changer au moral des hommes. Si elles influent plus ou raoins sur le sort exle- rieur des particuliers et des nations, c'esl lorsqu'elles rencon- trent des obstacles, et qu'elles s'effbrcent de les renverser. L'auteur donne peut-ctre a ses principes beaucoiip trop de 526 SCIENCES MORA.LKS guneraliu';, et Ics maxiines trop generales sont rarcmcnt vraics. Quoi qu'il en soit, voici une consideration que nous regar- dons conime plus exactc ct plus consolante pour le philosoplic ot pour le chr«tien. Si I'histoirc des heresies, comme celie des opinions de tout genre, nous oblige de supposer que Dicu a laisse les differentcs sectes, ainsi que le monde, aux disputes des hommes, il n'en est pas moins vrai que I'Eglise et la vc- rite, qui en est le caracterc distinctif, se font rcconnaitre par leia- immutabilite, an milieu des opinions et des partis qui les environncnt et qui les nienacent. Les opinions changent el se succedent; la veiite reste toujours la nieme; hcurcux celui qui peut I'atteindre ! L'auteur , jusja'ici , a traite specialement I'hisloire des - conciles ; dans les si\ vohimcs suivans, il nous presenle I'histoire ecclesiastiqnc generale, qu'il a divisee en deux parties. La premiere, qu'il appelle politique, comprend le comnieucement, les progres et la cliute du pouvoir sacer- dotal; lascconde, qu'on pourrait nommcr /■c//^'/(?//,st', renferme tout ce qui n'a pu trouver place dans la premiere; savoir, les dogmes, soit orthodoxes, soit heterodoxes, des diverses sectes, les schismes, les points de discipline les plus remar- (juablcs, et les details sur les moeurs des papes et du clerge. Pendant que les egliscs chretiennes de I'Orient, leurs eveques qui en devinrcnt les maitres, et leurs diocesains qui en furent les sectateurs, continuaient a se disputer, a se })Oursuivre et il s'pxcommunicr, les eveques de Rome, plus ignorans que les eveques grecs et les oveques orientaux, par consequent nioins occupes des theories speculatives que des affaires pratiques, se bornaient a essayer leurs nioycns, a profiter des eirconstances, et a etabiir de plus en plus Icur influence, d'aboril sur les eveques, puis pen a pen sur les princes. L'auteur marque ces degres, par lesquels le pouvoir pontifical s'est eleve au-dcs- sus de la puissance politique. Les (.-mpereurs pa'iens etaicnt ET POLITIQUES. 527 ;\ la lois souvcrains ot pontifes; mais, Constantin affaiblit l;t puissance imperiale, en concedant aiix pretrcs iine partic d<; ses prerogatives. Des lors, ils commciicerent a faire sentir Icur nouvelle influence , qui ne deploya cepemdant touto sa force que plusieurs siecles apres. On voit, dans I'histoire des luttes theologiques des premiers siecles du christianisme, les empereurs grecs, tantot les egaux, tantot meme les maitrcs des eveques; ils siegeaient avcc eux; ils defendaient, avcc les armes de la con tro verse, I'opinion ou I'heresie qn'ils avaient preferee. L'auleur nous mo nt re la plupart des eveques grecs prets a changer d'opinion et de langage, quand la cour \oulait bien attacher assez d'importance a leur voix pour I'achetcr par ses faveurs. L'histoire ecclosiastique presente, dans la suite, im aspect bien different. Le schisnie entre les Grecs, faisant disparaitrc le contre-poids qui balancait le pou- voir de I'eveqiie de Rome , changea dans I'Occident la repu- blique cliretienne en une monarchic prcsque absolue, et rem- placa I'aristocra'tic des eveques par la domination supreme des papes. Des lors, dit I'auteur, plus d'indccision sur Ic but qu'il fallait se proposer; plus de variation dans la marche qu'on devait suivre; plus d'interets opposes : lout marcha vers un but unique, la monarchie universelle. Ainsi, les eveques de Rome, apres s'eire mis au rang des monarques de la terre, font doniiner leur siege snr les sieges de leurs collegues en Occident, et du haut de leur trone menacent les trones de tons les souvcrains. Cette revolution ne fut pas I'effet de la puissance ou du genie siiperieur d'un seul indi- vidu: elle s'opera peu a pcu: elle cut son commencement, ses progres, sa decadence. Ce fut I'ignorance generale qui prepara, au i:.*^ siecle , la suprematie du sacerdoce; et ce fut par celiii-ci qu'on vit uaitre, pendant le xi« siecle, tant de revolutions politiqucs dans presque tons les etats de rEiuope. Nous retrouvons en- 528 SCIENCES MORALES core , dans la suite, Ics disputes, Ics auathemes, Ics divisions; mais la lutto s'otablit, tantot entre le papo ot les evcqucs, tantot entre Ic pape et les rois. On avait domine |)ar I'opi- nion, on vouiut dominer par la force; on voulut asservir les rois, comme on avait soumis les eveques. Dc la, do nouveaux scandales, de nouveaux schismes, des rebellions, des assassinats , dos parricides, des guerrcs. L'historien nous rappelle combien de fois des eveques, dos abbos, des moincs , levant les armes, comnie les Guclfcs, les uns aa nom du Christ, les aulres, au nom de la liberie, combattirent, a la tete des peuples fanatises, pour la toule-puissance des papes; c'etait le plus grand abus qu'on ponvait faire d'une religion de paix et de charife. L'histoire de Henri IV, de Frederic 11 et de leurs families, fournit des lecons que les peuples, les princes et les magistrals ne devraient jamais ou- blier. Que de peines et de dangers pour se soustraire au joug honteux auquel ils s'etaient soumis insensiblement I De la, taut de reformes et do schismes que I'Eglise cut a souffrir, on dont elle se vit menacee; de la, la separation des etats du Nord et de rAngleterrc. Enfin, apies tant de lutles scaiida- leuses, les peuples, ainsi que leurs princes, connurent mieux leurs droits et leurs moyens, et employerenl les uns pour revendiquer les autres. Ainsi," Charles-Quint tint prisonnier Clement VII, pendant qu'il faisait des prieres a Dieu pour sa delivrance; la republique de Venise meprisa I'interdit de Paul V; Louis XIV lit braver le pape jusque dans ses etats; et Clement XI se vit menacer par I'empereur Joseph, dont I'exemple fut suivi par Joseph II. De meme, les investitures , lesimmunites et d'autrcs pretculions ccclesiastiques fureiit tout a couj) attaquees de loutes parts; et les jesuiles, qui com- battaicuit avcc le plus d'ardeur pour clles, fureul aussi ren- verses. Ainsi , I'esprit d'unc sage reforme, sans schisme, con- tinuait tranquillemcnt sa marehe; et il ne se serait pas airete, ET POLITIQUES. 57.9 SI la revolution francaise, exageree par ses ennemis commc par ses amis, ne I'avait pas fait retrograder. Nous n'avons indique jusqu'ici que les idees generales de la premiere partie de cette histoire eccleslastique. L'autcur pre- sente, dans sa seconde partie, un tableau des dogmos, de la discipline , des schismes et des moeurs de I'Eglise chretiennc. Devant pour cela parcourir les fastes scandaleux du pape Forraose, d'un Etienne VI, qui, apres avoir deterre et nuitile le cadavre de ce dernier, est, a son tour, etrangle; de Jean XI , creature et amant de Marosie; d'un Sergius III, leur fils; du cruel Jean XII, tue dans un rendez-vous de galanterie; dc Benoit IX, elu pape h dix ans, et le spectacle encore pins funeste de cinq papes a la fois, se disputant la thiare, conime jadis plusieurs brigands se disputaient I'empire romain; I'aii- teur craint, dit-il, et il s'en avise un peu tard, de scandaliscr ses lecteurs. II s'appuie de I'excmple et de I'autorite de Baro- nius meme, cardinal, et jesuite complaisant. Cet ecrivain, qui ne voyait I'eglise du Christ que dans la cour du pape, avant de passer en revue, dans sa longue histoire, ces cpoqucs scandaleuses, conjure ses lecteurs de ne pas s'en prendre a lui, s'il est obhge de les introduire dans I'abomination do la desolation du temple. L'Eglise, dit-il lui-meme, ne pouvait se trouver agitee par de plus violentes tempetes, ni menacc'f par un danger plus manifeste de perir entiereipent. Lespci- secutions sous les empereurs paiens, les heresies, les schismes, ne lui paraisscnt quedesjeux d'enfans, aupres des manx qnc le saint- Siege apostolique a souffcrts, lorsque d'horriblos monsti-es, qui I'occupaient, se sont couvcrts d'une t'tcrncllf infamic. Pour CO qui rcgarde les dogmes, Tauteur nous rctrncc I'liis- toire des Manichecns et de toutes leurs subdivisions ; telles que les Albigcois, les Vaudois, les Hussites, etc., qui out doune Toccasion d'cxcrccr le zelc' dc tnnt i\v papos, et siir- T. XXI. — Mars 1824. 34 53o SCIENCES MORALES tout dc saint Dominique, ct d'organiser la croisadc ct la sainte inquisition centre les chretiens. II n'epargnc pas los moderncs reforniateurs qui, se separant de I'c'glisc roinainc, ont fmi par se separer eux-memes les uns des autres , et par multiplier les schismes et les sectes. Enlin, il n'oublie aucun des scandales qui, dans le cours dc tant de siecles, ont menace de delruire le veritable esprit de I'eglise du Christ. Peut-eire des leeteurs que I'amour du repos, ou quclque autre intcret lend timides ou indifferens devant I'crreur et le prejuge, a I'aspect de cette histoire, crici'ont-ils au scandale; quant a nous, nous pensons, au contraire, que la lecture de scni- blables ouvrages ne pent que faire sentir de plus en plus aux vrais pliilosophes la necessite de la tolerance, et que le vrai chrotien doit y apprendre h mieux distinguer le caractere sa- cre de la religion, des abus et des vices qui en sont les plus grands ennemis. F. Salfi. De la. PuiLosoPHiE MORALE, OU Dcs dijfcreus systemcs sitr la science de la vie; par Joseph Droz (i). EssAi suR li'EMPLOi DU TEMS, OU MetJiode qui a pour objct dc Men regler sa vie, premier may en d^etre heu- reiix ;T^diV Marc-Antoine Jullien, de Paris. Troisieme edition, entierement refondue, et tres-augmentee (2). De tous les objets auxquels pent s'appliquer la pensee hu^ (i) Paris, 1823. I vol. in-8° de 3oo pages. Renouard; prix 5 fr. (a) Paris, 1824. i vol. in-8° de 568 pages, avec une gravure : V Economic recueillc les resiihals de I'emploi du terns ; et une planclie lithographiee : Courbe de la I'ie , et avec divers tableaux et modeles des trots litres pratiques d'emploi du terns : Memorial analjtiqiie , ou Journal des fails et ohservalions ; Agenda general; Biometrc, proposes pour appliqner la niethode. Dondey-Dupre pere et Ills ; prix 7 fr. ET POLITIQUES. 53 1 maiiie , aucun ne porte plus de caracteres d'une certitude in- vincible que les grandes verites morales. Et cependant, lors- qu'on lit les ouvrages des philosophes et des moralistes, on les voit sans cesse occupes a se combattre; de I'exposition de tons les systemes, il sort quelque chose d'intolerant et d'hostile, au milieu meme des exhortations a la tolerance et a la paix. La Philosophic morale de M. Droz est concue dans un tout autre esprit. L'auteur, apres avoir long-tems etudie les divers systemes de morale, dont il avait d'abord entrepris d'ecrire I'histoire, ne vient pas prendre parti dans les guerres des moralistes ; il ne s'arme pas de la plume pour vouer au mepris quiconque ne se montrera point partisan de tel systeme determine : ses paroles portent la paix ; il dit aux uns et aux autres : Etudiez-vous, et vous vous estimerez. La verite et I'erreur so touchent souvent de plus pres qu'on lie pense; lorsqu'un homme de bien et un homme d'esprit se trompent et s^egarent, c'est presque toujours parce qu'ils exa- gerent una idee qui etait juste, ou parce qu'ils ne la considerent que sous quelques-uns de ses points de vue. Appliquez-vous a signaler ce qu'il y a de bon an milieu de tous les systemes, a discerner les verites qui servent de prctexte ou de point de depart aux erreurs, et ne vous hatez point de prononcer les mots : Cela est evident, cela est absurde ; car ce sont des mots d'ecoliers. C'est avec cet esprit de bienveillance et de sagesse , c'est en recherchant le bon cote de toutes les opinions, que M. Droz passe d'abord en revue les divers systemes de morale professes par les philosophes. En faisant ressortir les idees justes et les ob- servations vraies sur lesquelles chacun s'est appuye, il ne cherche pasadissiper les incertitudes de taut de doctrines sidivergentes. Au contraire, apres en avoir expose les principes avec toute la fidelite d'un rapporteur impartial, ou meme avec tout le zele d'un partisan bien convaincu, il change de role, prescnte 632 SCIENCES MORALES des objections centre chaquc systcmc, et demontrc que Ton pent abuser de tous. Onpourraitcroire, au premier coup d'oeil, que le resultat inevi- table d'une pareille marche sera d'entrainer I'esprit versle scepti- cisme, et de le jeter dans cette incertitude de doctrine qui 6te tout appui a la pensee, tout but a la vie, toute conviction a la conscience, toute energie a la volonte. Telle n'est point, a beaucoup pres, I'intention de I'auleur, ni la consequence h laquelle il arrive; et, s'il presente tour a tour le cote fort et le cote faible de tous les systemes, c'est avec bonne foi et sans le secours de cet art imposteur qui sait defendre le pour et le contre sans conviction comme sans efforts, ni de cette facilite malheureuse qui, avec une egale assurance, blame ce qu'elle vientde louer, etlouecequ'ellevient de blanier. A I'imitation de Descartes etdeKant, qui n'ont commence par repandre le doute sur I'universalite des connaissances humaines, et par en rejeter I'appuijquepouren retenir une,pleinede certitude et de force, sur la base large de laquelle ils pusscnt reconstruire avec plus de solidite lout redificederintclligcnce, M. Droz n'expose I'insufli- sancedes divers systemes de morale, et I'incertitudede la preemi- nence scientifique des uns sur les autres, que pour etablir son point d'appui sur un principe essentiel et viviiiant qui domino tous les systemes, leur est superieur a tous , et renferme en lui- momc tout ce que la morale a d'evidencc eclatante et de cer- titude invincible. Ce principe, c'est la necessite de la morale pratique. « Rappelons-nous, dit M. Droz, que les verites pra- tiques de la morale sont marquees du sceau de rcvidenco, qu'elies sont universelles , immuables; et cessons d'accuser la sagesseinfinic. Puisque Dieu refuse aux theories philosophiqncs le caractere d'evidencc dont il empreint les verites pratiques, scntons micux la necessite de nous attacher a celles-ci; appre- nons a juger nos semblables sur la conformite de leurs actions a%tc ces verites, non sur le choix qu'ils ont fait entrc dessys- ET POLITIQUES. SS^i temes qui, participant tous a la faiblesse de leurs auteuis» offrent necossairement un melange d'inconveniens et d'avan- tagcs. » M. Droz va plus loin; il montre comment I'incertitude des systemes est elle-meme una necessite morale : « S'il etait nn principe d'actions, dit-il , qui conduisit necessairement au bien, ses avantages auraient une telle evidence que nous se- rious contraints de I'adopler, et que, soumis a sa puissance irresistible, nous suivrions la route oii il nous entrainerait, comme on suit une pente sur laquelle on ne pent s'arreter. Le mal moral cesserait d'exister sur la terre; la liberte, le merite et la vertu disparaitraient avec lui. Automate parfait, I'homme ressemblerait alors a I'instrument qui rend des sons harmonieux sans avoir I'idee de I'harmonie. Nous dcmandons a Dieu pour- quoi il n'a pas rendu heureux et bons tous les etres sortis de ses mains; et c'est en d'autres termes lui dire : Pourquor ne m'as-tu pas prive de la raison pour me reduire a I'instinct ? pourquoi m'est-il donne de connaitre la satisfaction d'avoir fait le bien, d'eviter des fautes, ou de ceder au repentir, et de m'elever a la vertu ? Tout serait mieux au premier aspect; mais une apparence trompeuse cacherait une degradation recllc. Portez vos regards sur I'ApoUon du Belvedere : il est plus beau, sans doute, qu'aucun etre vivant; mais, si vous ne vous borncz pas a considerer une enveloppe materielle, vous jugerez que I'homme le plus difforme surpasse en veritable beaute le chef- d'ceuvre de I'art; cet hommc vit, delibere, agit, et la statue n'es't qu'un marbre inerte. « I.a hauteur a laquelle M. Droz place la morale pratique, et I'eminente superiorite qu'il reclame pour elle, loin de le con- duire k mepriser les etudes theoriques, lui sert, au contraire, a en domontrer I'importance et a en faire sentir I'immense interet. Ce ne sera jamais dans les bons csprits que pourra s'ctablir ce dedain des theories qui s'effraie de la reflexion , proteste contre I'exercice de la pensee, et ne produit d'autrc 534 SCIENCES M0RALE5 icsultat que d'ciigcr I'ignorancc en systenie, et de poser en piincipc qii'on doit agir sans savoir ce que Ton fait. « Des no- tions vagues sur la science de la vie ne suffisent point, dit M. Droz; il faut avoir une doctrine morale pour donner de I'ensemble a ses pcnsees, et pour se diriger avec fcrmete vers un but. « Lc choix d'une doctrine morale n'est pas, a bcauconp prcs, aussi important que la pratique de la vertu, et ne porte pas les memes caracteres de necessitc; mais il la favorise , la soutient et rcclaire. M. Droz n'entreprend pas de regler les rangs entre les diffe- rentes doctrines morales; il refuse meme formellement de le faire, et consacre une grande partie de son ouvrage a exposer ses doutes sur lapossibilite d'une telle entreprise. Mais il com- prend, il permet que chacun donne personnellement sa preference a line doctrine, et en fasse la regie speciale de savie. Tons les sys- temes qui rendent un compte fidele de la nature del'homme, qui ne la mutilent pas, qui ne denientaucun de ses principes essen- tiels, trouvcnt une egale faveur devant le tribunal indulgent de M. Droz : il ne deniandc pas a quel mobile de la volonte tel ou tel systeme donne I'cmpire et la preference, ni dans quel ordre historique d'acquisition et de generation des idees les develop- pemens successifs de I'esprit humain y recoivent leur place; sa seule condition pour I'approbation d'un systeme de morale est qu'il soit complet, c'est-a-dirc, qu'il ne brise aucun des ressorts destines a faire mouvoir la volonte liumaine. Quant aux systemes incomplcts, qui, dans la contemplation exclusive d'un ou de plu- sieurs des mobiles de la volonte, meconnaissent I'existcnce des autres, etcmpechent I'homme d'obeir pleinement aux des- tinations de sa nature, M. Droz les reprouve comme dangercux. II nous resle a * faire connaitre les cinq mobiles d'actions signales par I'auteur comme existant simultancment dans I'ame bumaine, et comme formant, par leur concours, les systemes complcts , tnndis que la mcconnaissance ctl'omission d'un seul ET POLITIQUES. 535 lie laissent plus voir I'homme, ni tcl qu'il est, ni lei cju'il doit I'tre. Cesont:ramour desoi; ledcsiid'obtir et dcplaire ala Di- vinite; le desird'etre utile aux hommes; le desir de se conformer a I'idee abstraite des lois morales , que M. Droz appelle prin- cipe scicntifique, comme supposant un esprit exerceet forme par I'etude; enfin, le desir dese per fectiomier, qu'il nommeprincipe philosophique , comme participant a la fois des quatre autres. C'est autour de ces cinq principes que I'auteur rassemble successivement tons les systemes que les philosophes de toutes les epoques ont professes sur la science de la vie. Cctte division heureuse permet de renfermer dans un examen a la fois rapide et methodique tout ce que I'histoire de la philosophie morale contient de vraiment important. Ainsi passent en revue les systemes nes de ransour de soi, depuis rego'ismc imjiudent et vil jusqu'a cette riante philosophie du bonheur, qui, dans sa facile sagesse, s'etourdit sur les maux de la vie; ainsi, aupres des avantages dune piete solide et des charmes d'une tendre devotion, paraissent et le mysticisme avec ses extases, et le fanatisme avec ses exces sanglans. Le desir d'etre utile aux hommes allume le feu sacre du patriotisme, et repand les bien- faits d'une genereuse philanthropie; mais la philanthropic a ses hypocrites ; mais le patriotisme fait des fanatiques comme la religion, et se laisse entrainer souvent vers I'egoisme national; mais la maxime dangereuse et vantee que le salut du peuple ou du prince est la supreme loi, a fourni plus dune fois au crime le pretexte d'une coupable apologie. Le principe que M. Droz appelle scicntifique, et qu'il fait consister dans le desir de se conformer a I'idee abstraite des lois morales, ne donne pas, ce me serable, une notion exacte et une idee vraie de tons les systemes de philosophie designes par I'auteur acette occasion. C'estavec raison que M.Droz leproche a ce principe, tel qu'ill'expose, de ne pas se trouverpiaceala portcc ordinaire, et de transformer la morale en une science 536 SCIENCES MORALES (juc le sentiment ct le bon sens ne sufliraient pas pour coiu- prendre. Mais si , au lieu do parler du desir de se confonner ^ I'idee abslraite des lois morales, M. Droz avail compris dans son enumeration le desir de se conformer aux commandemens inlorieurs de la loi morale, manifestes a la conscience, non sous la forme d'une regie j^eneraie et abstraite, mais comme un ordrc special applique a chaque cas particulicr, peut-etre alors aurait-il donne un autre cours a ses idees. Les ordres intimes a chaque homme par sa conscience et par sa raison, sont assez clairs pour etre compris par le simple bon sens. Le systeme de morale qui nous present, comme regie de nos actions, de suivre, en chaque occasion, les inspirations de notre conscience, a ses ecueils comme les autres systemes; mais il n'a pas le tort d'etre obscur. Je serais, aucontraire, tente de croire que sou danger principal est de mettre dans les simples lumieres du bon sens une confiance trop aveugle , et d'exposer les hommes a enteudre mal la voix de la conscience, dans les momens ou le kunulte des passions les trouble et les agite. A I'egard du desir de se perfectionner, c'est avec raison que M. Droz le considere comme lie aux autres mobiles de la vo- lonte par une participation necessaire. L'homme qui se conduit surtout par I'amour de soi, croit travailler a son perfection- nement, en apprcnant de jour en jour k s'aimer lui-meme avec plus de lumieres, de prevoyance et de profit; celui qui veut obcir k la Divinite , s'etudie k mieux connaitre ce que Dieu exige de lui, et k soumettre avec moins de murmures et plus d'empressement sa volonte propre a la volonte divine ; I'ami des hommes s'entoure de plus en plus des moyens de leur etre utile, et s'applique a ecarter les tentations ou les obstacles qui lui laisseraient faire le sacrifice de I'interet particulier a I'in- teret general; l'homme qui aspire a se conformer a la loi mo- rale, s'adonne a la recherche du vrai, a la contemplation du beau; enfin, le veritable sage qui rcconnait la puissance de tons I ET POLITIQUES. 53? les mobiles de la volontc humainc, consacrc son existence a les mieux connaitre tons, a etcndrc Iciir action, a les maintenir dans une harmonie de plus en plus parfaite. Le desir de se per- fectionner est le mobile generateur de la morale, quel que soil le principe dominant qu'elle se donne principalement pour ijuide. Les recherches de M. Dioz , snr les differens syslemes de morale prcsentes par les philosophes, le reportent sans cesse h la verite fondamentale qui doniinc dans tout son ouvragc; voici dans quels termes il I'expose en terminant : « Apres avoir ctudie toutes les theories donnees par les sages, un esprit juste est toujours ramene a sentir la preeminence de la morale pratique. Je concois I'Etcrnel jugeant nos actions; je ne puis me le representer pronon^ant sur la doctrine de Locke et sur celle de Kant. Une des plus fortes preuves de notre immortalite est, selon moi, I'ardent desir que nous eprouvons de connaitre la verite, et I'impossibilite ou nous sommes de satisfaire ici-bas ce desir. Dieu ne nous a permis de voir jusqu'a I'evidence qu'un petit nombre de verites ne- cessaires les unes a notre vie physique , les autrcs a notre vie morale. J'en conclus que plus I'homme aura , dans ce sejour d't'preuves, conforme ses actions aux verites morales dont il a I'intime connaissance, plus, dans un autre univers,il appro- chera de la source immuable de toute verite. « Cette nouvelle production de M. Droz me parait supe- rieure encore a son excellent Essai sur I'arl d'etre heureux. Les details d'execution Ae\3i Philosophic moralen onl pasmoins de grace et de charme que ceux dp ce premier ouvrage ; I'ensemble en est mieux ordonne; le but scientifique est plus vrai; la doctrine surtout est plus elevee. L'auteur de cet article a precedemment rendu compte , dans la Revue Encyclopc- dique ( t. xviii, p. 92 ) des Mcmoires de Jacques Fauvel, roman ou MM. Droz et Picard out mis en scene la morale de \'Jrt d'etre heureux. La doctrine , exposee dans la Philosophic 538 SCIENCES MORALES morale a scrvi a sou tour dc tlienic an dernier romau de M. Picard, XHistoire de Gabriel Desodrj, doiit il a ei^alcmciit etc rendu comple dans la Recue ( t. xx, p. 660), et ou Ton trouve la verite d'observation ct le comique naturel et franc de son spirituel auteur. Que MM. Picard et Droz travaillent en- semble ou separement, le public trouve toujours a gagner quel- que chose dans les resultats de leur intimite. Apres avoir rendu comptc de I'ouvrage de M. Droz, il n'est pas necessaire d'employcr beancoup d'efforts pour arriver, par une transition naturelle, a XEssai -lur Vemploi du terns, dont M. JuUien vient de publier la 3* edition. Les preceptes de M. Droz sur I'importance que reclame la morale pratique, ne sauraient trouver une application plus utile que I'etude du sujet choisi par M. Jullien. C'cst daus le travail de soi-meme que M. Droz fait consisterlasagesse; c'estauxmoyens a prendre pour ce travail que M. Jullien consacre son livre. Sans le bon cmploi de terns et la connaissance de soi-meme, objets speciaux de son ouvrage, la pratique des vertus morales n'est plus qu'un reve dont la poursuite est inutile; au contraire, avec ces deux puissans secours , la conscience et la raison ne manquent ni de lumieres, ni de forces, pour voir et pour embrasser la vertu. « Si vous aimez la vie, a dit Franklin , ne dissipez pas le tems; car la vie en est faite. » Ce grand homme est Tun des guides sur lesquels M. Jullien s'appuie avec le plus de confiance ; c'est, avec Socrate ct Fcnelon , le philosophe moraliste que M. Droz ad- mire le plus. « Voyez Franklin , dit M. Droz; quelle sagesse dans ses vues! quelle unite dans ses principes! quelle perseve- rance dans sa conduite! D'ou nait sa prodigieuse superiorite sur nos politiques d'un jour ? lecteur, je vais Vous I'expliquer. Avant de songer a reformer les hommes et les lois, Franklin s'(jccupa de se reformer lui-meme. Dans un tems ou rien ne lui presageait encore seshautes destinees, il sentit qu'il devait fairc a ceux qui I'eutouraient autant de bien qu'il lui serait pos- ET POLITIQUES. SSg sible; et jugea que, jDoiir remplir cc devoir, il liii importait tie regler ses moeurs et d'epiirer son caractere. Jeune et pauvre, il eut I'ambition d'atteindre a la perfection morale; et scs soins cnnoblirent toules les facultes deson Ame. Lorsqu'ensuite les perils de I'Etat I'appelorent sur nii vasfe theatre, il changea de situation sans changer de principcs; il fit des applications plus importantes des memes regies de justice, de moderation, de franchise, qu'il avait concues dans son obscurite; il n'eut besoin que de suivre ses habitudes pour deployer, sur la scene du monde, un des plus grands caracteres dont I'espece hu- maine se soit jamais honoree. » M. JuUien, comme M. Droz, professe la veneration la plus profonde pour la sagesse toute pratique de Franklin. II rap- porte textuellement , dans le troisieme appendice place a la suite de son ouvrage, I'expose que cet admirable moraliste a fait liii-meme de la methode, ou regie de conduite, qu'il a suivie pour s'exercer separement ct successivement aux differentes habitudes morales. Ce travail presente beaucoup d'analogie avec les methodes proposees par M. Jullien, qui embrasscnt un objet plus vaste, ct qui s'etendent a tout ce qui pent inte- resser les homnies, non-seulement dans leur vie morale, raais encore dans leur vie physique et intellectuelle. Le but de I'homme sur la terre est de s'ameliorer sans cesse; or, pour s'ameliorer, il faut se connaitre; et pour se connaitre, il faut s'etudier. Celui qui se flatterait de pouvoir reussir dans cette etude sans s'imposer de regies et ssns se donner des guides, presumerait beaucoup de scs forces, et trouverait bien- tut, dans le desordre de ses pensees, la peine de sa temerite. M. Jullien ne veut pas qu'on abandonne sa vie sans chercher a en retenir la trace; il veut que la prevoyance de I'avenir se regie sur un compte fidele du passe ; qu'en s'examinant soi- nieme, on ne laisse pas fuir sans retour les observations les plus utiles. II rccommande de fixer par ecrit le souvenir de r./,o SCIENCES MORALES rcniploi que Von a fait dc son teins, et propose radoptlon des inoycns cju'il a piiises dans sa propre experience pour parvenii- a ce precieiix resultat. L'auteur de V£ssai sur I'emploi du terns indique trois con- ditions comme necessaires a remplir pour regler convenable- ment sa vie. « La triple habitude, dit-il, de ne rien dire, de ne rien faire d'importaut , sans se demander : A quoi cela est-il utile? de se rendre compte, chaque soir ou chaque matin, de I'emploi de la journec qui a precede; de resumer ce compte rendu par ecrit dans un memorial analytique : voila les bases de la methode proposee. » Les avantages que pent procurer la tenue exacte d'un jour- nal, ou Ton enrcgistre les details de la depense que Ton fait de son terns, sont developpes avec etendue par M. Jullien. Ces avantages sont nombreux, et le tems donne chaque jour a cette habitude salutai're , qu'il faut avoir le bon sens dc renfermer dans de justes bornes, se trouve bientot regagne par I'ordre qu'elle enseigne a mettre dans la disposition de tous les momens. Nous ne suivrons pas M. Jullien dans le detail des dif- ferens comptes qu'il conseille de s'ouvrir a soi - meme pour apprecier exactement les resultats de sa vie physique, de sa vie morale et de sa vie intellectnelle. Tout en approuvant la pensee principale de M. Jullien sur la necessite d'un journal, et sa methode d'execution qui consiste a mettre de I'ordre dans ses notes et ses souvenirs, en ne les entassant point sans dis- tinction, et en les divisant, au contraire, en plusieurs journaux ou comptes separes, peut-etre trouverons-nous (ju'il multiplie trop les subdivisions. II existe, au reste, a cette objection une reponse facile: C'est que, dans la tenue d'un journal, chacun se dirige par les habitudes de sa pensee et par les convenances de sa vie; et que Ton ne court aucun risque, dans, un ouvrage didactique sur I'emploi du tems, d'indiquer dc nombreuses sub- divisions, puisquc chacun peut cnsuite, suivant ses gouts, ses ET POLITIQUES. 541 besoins et ses loisirs personnels, en rcduirc ou en augmcntcr le nombre dans la pratique. M. Jullien n'entend pas iraposer a tous ceux qui suivront ses conseils, des formes sacramentelles dont ils'ne s'ecarteront pas : il insiste seulement sur la necessite d'un journal divise en plusieurs comptesdistincts; puis lowsqu'il indique les subdivisions auxquelles on peut s'attacher, il le fait plutotjje crois, par voied'exein pies que par forme de preceptes. La premiere partie de YEssaisur I'emploidu tetns de M. Jul- lien, est employee a I'exposition theorique de sa methode; la seconde partie estconsacree a I'application pratique. L'auteur y raconte ses premiers essais pour former un journal de sa vie et de ses souvenirs : il donne cnsuite des modeles de ses trois livrets pratiques d'emploi du terns. II intitule le premier: 31e- morial analytique , ou Journal des fait.'; et observations. «. Ce Memorial , dit-il, est destine a reeevoir, non pas tous les jours, raais de terns en terns, lorsque roccasion s'en presente, les de- tails d un certain intcret, les observations, les souvenirs pour Icsquels on manquerait de place dans les deux autres livrets. II sert a retracer, comme dans un \.3ih\es.\\ fantasmagorique, les scenes varices de la famille et de la socicte, les reflexions qu'elles font naitre, les instructions morales que Ton peut en retircr. » Le second livret de M. Jullien est X Agenda general qui se com- pose de tablettes usuelles comprenant six divisions : remploi de la journee qui a precede, auquel on peut joindre I'cmploi projete de la journee qui va suivrc; le memorial economique pour I'inscription des rccettes et depenses; le memorial des personnes; celui de la correspondance active et passive; le me- morial bibliographique; et cnfin, le depot mnemonique partage lui-meme en quatre subdivisions : souvenirs et projets person- nels; souvenirs et projets d'une utility generale; tablettes histo- riques; tablettes necrologiques. Le troisieme et dernier livret piatique est le Biometre ou Memorial horaire^ servant a indi- quer le nombi-e des heures donnecs par jour a chacune des di - 542 SCIENCES MORALES visions tie la vie. L'autcur regardc ce livrotcomme le plus simple de tous; ct, en effet, sa tenue n'exige ni beaucoup de terns, ni de longs details. Pour moi, il me parait que le desirqu'a eproiive I'auteur de presenter line analyse a pcu ])res complete des elo- mens et de tous les emplois possibles de la vie la engage a trop multiplier les divisions; scs dix - ueuf colonnes pourraient, jc pense, etre reduites avec avantage a un moindre nombre : quelques divisions soulagentl'esprit; trop de divisions I'embar- rassent et le font tomber facilement dans la confusion ou dans les distinctions arbitraires. L'auteur repondra, sans doute, que c'est par I'execution pratique qu'il faut apprecicr une pareille division et sa possibilite : a cette reponse , je n'ai nuUe replique a faire ; car il peut citer, a I'appui de son systeme, vingt annees d'une experience constante, tandis que je dois avouer que je n'ai pas meme essaye I'usagc du biometre. Cette analyse rapide de XEssai sur I'emploi du terns suffit pour donner une idee de I'importance de cet ouvrage; sa pu- blication est un service signale que l'auteur, dans son zele pour les progres de la civilisation, a rendu a la philosophic morale, et surtout a la morale pratique. Les soins assidus qu'il donne a la Revue Encyclopedique ne permettent pas d'ajouter a cette analyse des eloges qui pourraient paraitre ici peu d'ac- cord avec quelques convenances , mais auxquels il sera supplcc par les reflexions de tous les lecteurs qui mediteront \Essai sur I'emploi du terns. Ch. Renouard. Statistique dk l'Ecosse, et en particclier de la viixe DE Glasgow; joar James CLEt,AND(i). Les Allemands, si fameux pour Icurs statistiqucs, sont niain- (i) Glasgow, 1823. I vol. 111-8°. KT POLITIQUES. 5/,3 tenant surpasses par les tcossais, pour I'etenclue ct la scrupu- leuse exactitude des details. Nous avons sous les yeux une statistique de I'Ecosse ct une de la ville de Glasi:;ow, dont les fails sont recueillis principalcment par M. Cleland, suiinten- dant des travaux publics; c'est un chef-d'oeuvre en cc i^enrc. De tons les renseignemens quon pent recueillir sur un pays, les plus importans sont ccux qui out rapport a la population, jiarce que ce sont ceux dont on pent tirer le plus de conclu- sions, relativeraent au sort et a la condition des hommes; or, c'est la ce qui nous interesse avant tout. Par excniple, le nombre des personnes va-t-il croissant ? on peut elre certain que les produits generaux du pays augmentent. La durec moyenne de la vie se prolonge-t-elle ? il est evident que I'art de vivre fait des progres, que Ton se nourrit mieux, que Ton se tient plus proprement, que Ton liabite des logemcns plus sains, que Ton est mieux soigne dans I'enfance, dans la vieil- lesse, dans les maladies; en un mot, qu'on est plus heureux. Quand on distingue les deces, non-seulement suivant I'agc, mais suivant les professions, la nature des maladies, etc., on acquiert de nouvelles lumieres sur la salubrite on I'insalubritc des differens travaux , sur les progres de I'art de guerir, etc. En general, il faut mesurer I'importance des donnees de la statistique , sur les consequences que Ton peut en tirer; et Ton est tente d'approuver un prefet qui, fatigue des details mi- nulieux que I'administration lui demandait, nommement le nombre des volailles qu'on engraissait dans son dtparlement, pria le ministre de lui dire si le recensement devait etre fail avant ou apres son diner; car, si c'etait apres, il y aurait in- dubitablement une volaille de moins dans les tableaux qu'il devait lui faire passer. Quoique les progres de la population dans toutes les villes industrieuses de la Grande-Bretagne , soient remarquables, il il n'cn est peut-etre aucune oi'i ce progres soit plus marque 544 SCIENCES MORALES qu'il nc Test a Glasgow. En Tannec 1610, il y eut iin denom- brcnient qui donna, pour la population de cette \illc, 7,644 pcrsonnes de tout age et de tout sexe. Lors dc la contre-revo- lution qui rcplaca les Stuarts sur le trone, en 1660, la popu- lation se trouva de 14,678. Le regne a la fois dissolu et bigot du roi reslaure et de son frere, et les persecutions exercees par ces deux eleves desjesuites, ne furent pas favorables a I'indus- trie; car, a I'epoque oi\ les Stuarts furent de nouveau chasses pour jamais, en 1688, iSlasgow ne contenait plus que 11,948 ames. Cette population augmenta mediocrement jusqu'au milieu du xviiie siecle; mais, c'est alors que se decouvre I'influence rc- marquable des progres de I'industrie et dc la liberte. En 1755, Glasgow contenait 23,546 ames; en 1780, 42,832; en 1801 , 83,769; en i8ii , 110,460; en 1821, 147,043. Quels progres dans le regime administratif, dans I'otat dos lumieres, dans I'activite de I'industrie, n'annonce pas un tel accroissement! Et en mcme tems, quel cliangcment dans toutes les habitudes de la vie et de la societc! surtoutsi Ton songe que beaucoup d'au tres progres analogues on t eu lieu en mc^nie tems. A. troislieuesseulementde Glasgow, unenouvellcvillemanufactu- riere s'est elevee, qui compte 47,000 habitans, cclle de Paisley. On pense bien que les derniers denombrcmens sont les mieux -faits : voici quelles precautions on a prises pour les avoir exacts. Nous les remarquons , parce qu'on ne ferait pas mal de les iniiter dans certaines villes plus importantes encore que Glasgow. Le corps municipal, avant de proceder au dernier dc-noni- brement, a fait afficher et inscrer dans tons les papicrs pu- blics, un avis qui cxplique la nature et le but des recher- ET POLITIQUES. 5^5 rhes de ce genre. Elles n'out rien d'hostilc centre les citoyens ; ot fournissant aux publicistes des donntcs sur cc qui est favo- rable a la prosperite publique, elles tendent, an contraire , au bien-etre de la societe. On dcmande, en consequence, le concours sincere et bienveillant de tons les citoyens, et notani- ment celui des gens les plus instruits et les plus amis du bieu public. On a fait choix d'un commissaire par paroisse , pour se transporter, conjoin tement avec un des officiers de la paroisse, chez tons les citoyens tenant une maison ou un menage. L'un et I'autre ont re^u une indemnite convenable; car nul travail n'est bien execute, s'il n'est bien paye. On a recueilli ainsi Ic nom, le sexe et I'agc de chaque chef de famillc, de ses cnfans, de ses pensionnaires, ouvriers et domestiques. On en a dresse des etats, rue par rue, maison par maison; ensuite, on a in- vite, par des avis publics, les citoyens, non-seulement a venir chez le commissaire principal verifier si leurs declarations avaient etc fidelement consignees, mais s'ils apercevaient quel- ques inexactitudes dans les autres declarations sur lesquelles ils pouvaient avoir des lumieres. C'est apres avoir verifie les dits et contredits sur lesquels il s'etait eleve quelques doutes, que les tableaux generaux ont ete dresses. Ne pouvant analyser de nombreux tableaux , nous nous bornerons a en faire sortir quelques observations qui sont propres a faire reflechir le lecteur, et que Ton pent comparer avec quelques-uns des resultats des tableaux statisfiques que M. le prefet de la Seine a publies dernierement. ( Voyez ci- dessus, page 49-66. ) A Glasgow, comme a Paris, la profession la plus nombreuse est celle des detaillans de liqueurs spirituouses, ou, si Ton veut, des cabaretiers de tous les ordres. A Glasgow, il y en a i6i3; ce qui fait plus d'un cabaret pour vingt families. La maladic la plus meurtriere pour les enfans au-dessous dc dix ans, a etc, jusqu'en 1804, la petite verole; depuis 1804, T. XXI. — Mars 1824. 35 5/,G SCIENCES MORALES , la polite verole a etc I'unc dos nioins meiirtricres, yracc ;i la vaccination. II y a soixaute ans qu'on ne mangcait prcsquc pas dc viande de boeuf k Glasgow; mais seulement de la vache, dont on nc mange presque plus maintcnant. Non-seulemcnt Ics bcstiaux de boucherie, qui ttaient fort rares, y abondcnt maintcnant; mais ils sont beaucoup plus beaux qu'ils n'etaient. A Londres, dans une annee ( 1822), il y a eu i42,o43bocufs consommes ( y compris les vaches); ce qui, pour une popula- tion dc 1,225,694 personnes, fait un boeuf pour 8 f personnes. A Glasgow, il n'y a eu , dans le meme toms, qu'un boeuf con- somme sur dix personnes. A Londres, il y a, sauf une legere fraction, un mouton con- somme dans I'annee par pcrsonne. A Glasgow, il y a seule- ment ^ d'un mouton consomme par personne. A Paris, en 1821, sur une population estimee de 75o,ooo ames (1) , il y a eu 8i,i55 boeufs consommes ( y compris 7,727 vaches ) ; ce qui fait un boeuf pour g i personnes, a tres- peu de chose pres. On vient de voir qu'a Londres il faut un boeuf pour 8 f- personnes. II paraitrait, contre I'opinion commune, qu'a Londres on ne mange pas beaucoup plus de viande qii'a Pai'is , surtout si Ton considere qu';\ Paris la consommation du pore , de la volaille et du gibier, est incontestablement plus considerable qu'a Londres. Il est vrai que les boeufs anglais sont plus gros que les notres, dont le poids moycn est de 290 kilo- grammes (2), tandis que nous trouvons le poids moyen de ceux (i) La population de Paris, suLvant le denonibrement de 1817, n'est que de 714,000 slmes; mais , outre qu'on a lieu de croire que ce nombre ctait trop faible pour le terns, il a beaucoup augmente dans les sept amices qui viennent de s'^couler. (2) Recherches statistiqiies du Prifet de la Seine. Observations sur les tableaux 74 et yS. ET POLITIQUES. 547 de Glasgow de 28 stones, qui equivalent a 3i 5 kilogrammes; et ccux qu'on envoie k Londres les surpassent probablement. Mais, d'un autre cote, nous n'avons pas compte la "viande a la main, qui est importee h. Paris toute tuee des departemens enr vironnans, et qui, vendue sur les marches, ne se monte pas f< moins de i,5oo,ooo kilogrammes. On peut se faire une idee de la mani^re dont la police est faite a Glasgow, d'apres le nombre des personnes traduites de- vant les magistrals, et les motifs de leurs arreslations. Leur nombre ne s'est pas eleve, dans un seul mois ( celui de Janvier 1822), a moins de g6i personnes. Parmi beaucoup de cas communs a toutes les grandes villes et k toutes les nombreuses populations, tels que les batailles, les voies de fails, les demoi- selles de moyenne vertu , les filouleries, etc., nous trouvons les cas suivans : 61 personnes, pour avoir obstrue les rues par des eta- lages de marchandises ; 40 pour n'avoir pas nettoye le trotloir devant leurs maisons ; 17 pour avoir laisse le feu prendre a leurs cheminees; 7 pour n'avoir pas soigne leurs chevaux et leurs cha- rettes dans la rue ; 5 pour avoir transporte des paquets la nuil; 2 pour avoir conserve des chiens sujets ti mordre. Quand les magistrals de Glasgow viennent k Paris, ils doi- vent trouver que leurs confreres remplissent leur tache avec un peu de negligence. II est vrai que ceux de Glasgow u'ont pas a s'occuper des elections, ni a faire placer des lampions, les jours de fetes oil souvent Ton n'a point sujet de se rejouir. Un chapitre dc cette stalistique renferme des esquisses his- toriques relatives a la ville de Glasgow. On y voil que c'est seulementen 1792 qu'on a fait usage, pour la premiere fois, 5^8 SCIENCES MORAT.ES de la machine a vapcur, commc nioteur clans nnc manufactnic ( la filature de colon de M. Muir ). Ce n'est qii'en 1801 qu'cllc a etc appliquee aux metiers a tisser. Les premiers bateaux a vapour qu'ou ait vus en Europe, ont ete etablis h Glasgow en 1812; et cettc ville est encore la seulc , jc crois, ou le ca- dran qui est au clocher de sa principale eglise, soit eclaire la nuit par le gaz; de maniere que Ton pent y voir les heures la nuit comme le jour. La detresse dcs ouvriers fut affreuse en 1817 et en 1820; c'est un malheur auquel sout exposees les villes manufactu- rieres. Quand les circonstances d'un pays deviennent facheuscs, quand les recoltes deviennent mauvaises, par cxemple, et que les vivres rencherissent, comme le besoin de manger ne souffre point de remise, et que Ton pent, au contraire, diffeier de renouveler ses hardes et son mobilier, les families d'ouvriers suspendent tout achat de produits manufactures : elles ven- dent memo leur mobilier. On exigca des personnes auxquelles on distribua des secours, en 1820, de i-epresenter les duplicatas des reconnaissances qu' elles avaient revues des preteurs sur {jages; et parmi les innombrables depots d'effets mobiliers, qui composaient ces gages, un dcs plus bizarres fut celui de 48 medailles de celles que Ton avait distribuees aux vainqueurs de Waterloo; tant est mauvais Ic metier de heros! M. Cleland, pour donuer plus d'interet a son ouvrage, y a joint les tableaux statistiqucs de toute I'Ecosse. On y voit, paroissepar paroisse, le nombre des personnes de chaque sexe, avec leur age, le nombre des families employees dans I'agri- culture, de celles qui sont employees dans les manufactures et le commerce, enfm, de celles qui ne sont pas comprises dans ces deux grandes classes. On y voit egalement, par paroisse , le nombre des maisons habitees ou inhabitees, et le nombre t!(! celles que Ton batit. M. Cleland donne en bloc les nombres correspondans pour ET POLITIQUES. 5/,.j rAngletcrre. On sera pcut-ctrc bicn aise de trouver ici ceiix t'e I'Angleterre et de I'ficosse reunis. Grande- Bretagne , en 182 1. Nombre des maisons habitees 2,429,630. Jd inhabitees 82,864, If'- en construction. , . . 21,679. Nombre des families principalement em- ployees dans I'agriculture 978,656. Id. dans les manufactures et le commerce. 1,350,239. Id. dans tous les autres emplois 612,488. Individus miiles, en Angleterre 7,137,018. Individus femelles 7,254,6x3. Population de I'lrlande estimee a 7,000,000. Population des autres lies britanniques . . . 89,508. Population totale des iles britanniques... 21,481,139. La population de I'Angleterre a augmente, de 1801 a 1811, de 14 \ pour cent; et de 1811 ^ 1821, de 18 pour cent; c'est- ;i-dire, que pour chaque centaine de personnes qui s'y trou- vaient en 1811, il s'en trouve 118, en 1821. Tous ces rapprochemcns ct les consequences que Ton en pent lirer, sont interessans pour les publicistes, d'autant plus qu'ou pent ajouter plus de foi a leur exactitude, et qu'ils sont ])lus frequemment renouveles. En France, nous niarchons sur de vieilies donnees. Notre Annuaire du bureau des longitudes nous donne, sur beaucoup de points, sur la population des principales villes de France, par exemple, tous les ans les memes nombrcs. La ville de Lyon y est portee pour ioo,o4i. anies, tandis que les personnes instruites du pays I'estiment a i5o,ooo. II faudrait bien qu'euGn on fit des denombremens exacts, par age, par sexe et par profession; on ne devrait pas exclure d'une ville la population d'un faubourg, parce qu'il forme une comiuuuc si'purce. Si la jjopulation tie Londres est 55o SCIENCES MORALES. port^e k i,aa5,694 habitans, c'est qu'on y comprend tons les villages adjacens qui en ferment comme Ics faubourgs, ct dont I'eglisc paroissiale est situee dans un rayon de huit milles an- glais k partir de Saint-Paul. J.-B. S. Lbs Antilles francaises, partieuUeretnent la. GnAOE- LOUPB, depuis leur decouverte jusqu'a cc jowj par le colonel Boyer-Peyreleau (i). Chea les anciens, le besoin de soulager le pays d'un excc- dant de population donna naissance aux colonies. Des especes d'essaims d'hommes allaient chercher au dehors un sol a cultiver, un espace pour s'etendre. La politique des dominateurs du monde fit, des colonies romaines, autant de garnisons qui tenaient en bride les con- trees ou il les etablirent; elles forniaient les anneaux de 1 immense chaine dont cette nation dominatrice enla9a I'u- nivers. De nos jours, C3 systeme a ete renouvelo par la Grande- Bretagne; mais, commc sa puissance est fondee sur la navi- gation et le Irafic , toutes ses colonies, sans en excepter celle de Botany-Bay, sont k la fois agricoles, commer^antes et mi- litaires. Dans la guerre, elles servent de stations et de lieu de ravitaillement aux escadres anglaises; plusieurs, telles qu'Ha- lifax, sont les arsenaux de sa marine militante. C'est la que se preparent les expeditions etles attaques contre les etablissemcns maritimes des autres nations. II n'en est pas ainsi des colonies danoises, hollandaises et (i) Paris, i8a3. 3 vol. in-8°, avec une carte de la Guadeloupe, et 1 4 tableaux statistiques. Bechet , lil^raire ,quaides Augustins, ■n.°i'j. Prix 31 fr. ET POLITIQUES. 55i fiancaises; uniqivcmcnt destinees a la culture et au commerce ; toute leur lUilite se borne aux denrees qu'elles fournissent a leurs metropoles et k la consommation des objets qu'elles lirent pour leur usage des pays dont elles dependent et qui les protegent. Les denrees coloniales etant devenues pour nous des objets de premiere necessite , nous sommes reduits a les acheter de I'etranger, ou a les tirer de nos propres possessions. II vaut mieux, sans doute, nous les procurer par la culture et le defrichenient, qui font vivre les planteurs, les navigateurs et les commercans francais, que par des achats qui enrichissent les marins, les negocians et les cultivateurs des autres nations. C'cst pour nous apprendre a nous passer de ces nations, a donner aux relations commerciales et a la culture du petit nombre de colonies qui nous restent toute I'ex tension dont olles sont susceptibles, que M. le colonel Boyer-Peyreleau a compose I'important ouvrage dont nous allons rendre compte. L'auteur y a reuni tout ce que renferment de certain les ecrits publics par Dutertre, le premier historien des Antilles; par Labat, Raynal, et les rapports ainsi que les autres documens manuscrits remis a I'autorite. M. Boyer - Peyreleau commence par donner une idee ge- nerale de la temperature des Antilles, des vents, des saisons , des pluies, des raz de maree, des tremblemens de terra, des ouragans ; du lever et du coucher du soleil , de I'humidite du climat et de son influence sur les Europeens. II decrit ra- pidcmcnt les plantes les plus curieuses des regions tropicales , et d'une maniere plus speciale, les sept espcces de vegetaux dont les produits, verses dans ie commerce, ont fait I'opu- Icnce de ces contrees; les racines, les fruits qui servant a alimenter les habitans; les plantes niedicinales et les bois propres aux constructions. Ensuite, il donnc la nomenclature 552 SCIENCES MORALES tics poissons dc rarchipel ties Antilles, tics quadrupedes, ties oiseaux, des reptiles etdes inscctcs de ces lies. L'interessante population des Antilles, depuis les Cara'ibes jusqu'aux habitans actuels, a ete surtout I'objet de ses etudes et de ses recherchcs. M. Boycr - Peyreleau compare I'etat present de cette population avcc ses vicissitudes passees ; il cxpliquc les causes qui , tour a tour, I'ont accrue on dimi- nuee. II presente le tableau des differentes classes, suivant Icur couleur, leur sexe et leurs occupations; il depeint le caractere , les gouts , les prejuges et les passions des Euro- peens, des Creoles, des gens de couleur, des noirs, et donne une idee suffisante du systeme qui les legit tous, en compa- rant la constitution coloniale des Anglais avec celle des Francais, connue sous le nom de code noir. L'auteur esquisse le tableau de I'interieur d'une sucrerie , pour faire mieux apprecier I'importance de ces vastes eta- blissemens, les sollicitudes des proprietaires , et la tache pe- nible d'un seul homme charge de mettre en action et de con- server cette grande machine au milieu de tant d'esclaves qui ne possedent rien, n'ont aucun besoin , et qu'il faut contenir dans le devoir par une force purement morale. Le philanthrope ne contemplera pas sans (Amotion la vive peinturc de la traite des noirs, si peu honorable pour les Anglais; et surtout celle d'un navire negrier charge de cette denrce humaine, dontle trafic cstaussicontrairea la politique qu'il est injuste et cruel. Quels desseins profonds le colonel Boyer nous revele , en parlant des tentatives de la prevoyante Angleterre sur I'A- frique! Comme elle s'etait precautionnee dansl'Inde contre les evenemens survenus dans leNouveau-Monde, long-terns avant le soulevement des provinces americaincs ! Dtja elle songe a se premunir, en Afrique, contre la catastrophe possible de sa ET POLITIQUES. 553 puissance dans I'liwle. Mais elle coiivre dc voiles impcne- trables ses expeditions dans rinterieurdu continent noir, ainsi que ses tentatives pour attirer a elle la population de I'Afrique centrale, et la plier au joug, malgre I'abolition de la traite. Get empire mysterieux qu'elle fonde sur les bords de la Gambia ct du Senegal, se trouvera pret a succeder a celui que les marchands de Londres ont fonde sur les rives de I'lndus et du Gauge, au moment ovi celui-ci s'ecroulera sous les coups des Marattes, ou des Moscovites, ou des republiques ame- ricaines. L'autetu' explique la veritable cause du malaise qu'eprou- vent les Antilles, malaise accru dans les iles francaises par la fausse route que nous nous obstinons a suivre. Plusieurs moyens eflicaces restent encore pour pi'evenir leur ruine : il les indique ; mais ils seront negliges ou dedaignes par les deux grands ennemis de nos etablissemens lointains : I'incurie et I'orgueil. Le plus sur, le plus prompt, le plus efficace consiste a fixer la condition des gens de couleur, a leur accorder les droits politiques et civils que desprujuges contraires al'interet public ont fait refuser jusqu'ici a leurs justes et ardentes reclamations. Le colonel Boyer arrete I'attention de ses lecteurs sur la Guadeloupe; il fait connaitre I'importance de cette ile, encore mal exploree , et les ressources qu'elle offre a la navigation. La statistique complete de cette colonic et des lies qui en de- pendent, est accompagnee d'une tres-belle carte, dressee en 1822, sur les documens topographiques les plus exacts : il faut avoir cette carte sous les yeux, pour se faire une idee du degre de perfection ou la lithograpbie est parvenue en ce genre. Dans des chapitres particuliers d'un grand interet, I'auteur examine quels furent I'etat et les variations du systcme colo- nial a toutes les cpoques. On peut affirmer que , de tons les 554 SCIENCES MORALES ouvrages sur ce sujet, c'est cclui qui renferme Ic plus de details exacts , de fails certains ct d'obsevvations judi- cieuses. L'application raisonnee des lois rendues sur les co- Ionics aclieve de faire de ce livre iin ouvrage complct, non nioins utile au commcrcant qu'a radministratcur. Le clia- pitrc du gouvernement colonial , dans lequel sont discutes les abus et les avantages de I'administration superieure , a toutes les cpoques, renferme les instructions les plus claires sur la maniere dont nos etablissemens d'outre-raer doivent etre regis. Cclui de la justice contient des details curieux sur la police, sur la jurisprudence des tribunaux et sur les variations dc I'ordrc judiciaire; il indique les abus qui s'y sont introduits, les reformes qu'il est urgent d'y operer. Un apcrcu clair et po- sitif des dettes des colons et du systeme des hypotheques tcr- mine le premier volume. Dans le second, I'auteur continue dedevelopperle systeme co- lonial. Il demontre , dans un chapitre sur la religion et le clerge, conibien I'intolerance religieuse, qui presida a la naissance des colonies , a ote contraire i^ leur accroissement. II passe on revue les differens ordres de raoines qui les ont adminis- trees spirituellcment; il jette un coup d'oeil sur les rich esses qu'ils y avaient acquises ; fait connaitre I'etat du clerge actuel , celui de son temporel, et propose, dans cette partie, quelques sages ameliorations. M. Boyer-Peyreleau montre une parfaite connaissance de tout ce qui est rclatif au commerce, a la culture ct aux fi- nances des colonies. Quatorze tableaux statistiques , places a la suite des articles ou ces matieres sont traitees, achevent d'en rendre I'intclligence facile. Les chapitres sur I'ctat militairc , sur les milices ou gardes uationales et sur le systeme de defense de la Guadeloupe , no sont pas d'un moindre interet pour toutes les pcrsonncs qui s'occupent de ces iiyportantos questions. ET POLITIQUES. 555 Apres avoir initie ses lecteurs a la science ties colonies, M. Boyer veut aussi leur faire connaitre I'histoire politique de ces etablisseiTiens , particulieremcnt celle de la Guadeloupe ; etici, comme dans ce qui precede, on est etonne des soins qu'il s'est donnes et des recherches qu'il a du faire pour ob- tenir un resultat aussi complet. II prend pour point de depart les decouvertcs de Colomb , qu'il suit dans ses quatre expeditions :ilaccompagueDesnambuc et Warner a Saint-Christophe , qui devient la colonie-mere de tons les etablissemens fran^ais et anglais aux Antilles. II decrit les singuliers coramencemens de la Guadeloupe, de la Mar- tinique, de Saint-Dorningue, et de toutes les colonies qui out successivement appartenu i la France. L'experience pouvait seule demontrer quels rapports utiles doivent exister entre une colonic et sa metropole ; mais , trompes par I'exemple des Espagnols, les Francais considererent leurs iles comme ime propriete privee, de laquelle tout etranger devait etre exclu. Cette erreur fut cause de la malheureuse tendance qu'elles prirent alors, et qu'il n'a plus ete possible de changer. A cette premiere faute on ajouta celle des privileges de deux compa- gnics successives , dont le systeme stationnaire, en coaiprimant I'emulation et I'industrie, devait maintenir les colonies dans I'etat de faiblessse ou elles languirent pendant long-tems. On ne pent voir sans chagrin la longue seric de maux et dc guerres civiles que la mauvaise administration de ces com- pagnies fit naitre et perpetua dans nos iles, jusqu'au moment ou le sage Colbert les reunit an domaine de I'etat. On ne tarda pas a sentir que des pays essentiellement agri-' coles devaient etre soustraits aux ravages qu'entrainent les guerres entre les nietropoles. La France, qui presque toujours eut la gloire de prendre I'initiative des stipulations gene- reuses, proposa et fit adopter par le gouvernenicnt anglais le traite de Londres de » 686 : ce traitc declare les colonies ncutrcs. 55(; SCIENCES MORALES en cas lie rcnouvcllement ties hostilites entre Ics deux i-tats. Lcs Anglais le violcVcnt bicntot par tics attaques contrc Saint- Christophe et la Guadeloupe ; ct, pour le malheur des An- tilles, ce traito de 1686 n'a plus etc renouvele. Les domina- teurs des mers n'ont cesse d'y porter la desolation, a toutes lcs epoques de nos dcsastres. Le colonel Boyer dcchire le voile dont jusqu'ici s'ctait cnvc- loppce I'oligarchie coloniale. Ambitieuse et turbulente , cettc oligarchic ne se compose , dans chaque ilc , que de cinq a six families avidcs dc pouvoir, quine voient I'interet colonial que dans leur inlerot prive, et semblent croire que les colonies ne doivent etre exploitees qu'a Icur profit. Le gouverncment francais a souvent tente , mais toujours en vain , de com- primcr cette oligarchic , ct de detruire I'esprit qui I'a tou- jours animee. Le coup hardi qu'elle executa en 1717, a la Martinique, contre I'autorite du roi , lui revela sa force et la faiblesse du gouverncment francais : des lors elle etablit sa domination exclusive sur les lies; elle sut glisser son inter- vention dans le honteux traite de 1768, qui sacrilia le Canada, le Mississipi ct la Louisianc a d'ambiticux interets, etelle ne neghgea point dc tirer parti des rivalites qui diviserent presque toujours les gouverneurs et les intendaus. Louis XVI, pour remedier h de si grands inconveniens, crea, en 1787, des assemblces coloniales ; mais I'oligarchie , dont I'oeil est sans cesse ouvcrt sur ses interets, s'arrangea de telle sortc qu'ellc retlra seule quelque avantage de cette precieusc institution. La maniere dont la revolution francaise fut importee aux Antilles est presentee par notre auteur d'une maniere naive et pleine d'interct. Lcs grands planteurs saisircnt avec trans- port I'cfpoir d'une regeneration qui, en abaissant les agens de I'aucien regime, devait les clever eux- monies au premier rang. Obtenir le pouvoir, etait la dcrniere jouissance qu'am- bilionnait lorgueil de cos niaitrcs absolus, biases sur lcs autres ET POLITIQUES. 55? )ilens dfe la vie, ct lis creusercnt de leurs proprcs mains I'abime qui devait les engloutir.L'oligarchie joua le principal role dans Ics troubles qui affligerent alors nos colonies d'Amcrique; elle meconnut I'autorite des commissaires que le roi y envoya ])Our les apaiser. Ces troubles n'ayant fait que s'accroitrc sous la republique, I'Angleterre en profita pour s'emparer de toutes les Antilles francaises. L'histoire de cet evenement important, qui se passa en 1794) termine le second volume del'ouvrage. Nous observerons que M. Boyer no se contente pas de nous faire bien connaitre toutes les lies qui ont appartenu a la France ; il donne les notions statistiques les plus recentes sur les colonies anglaises, danoises et espagnoles, dont le nom intervient dans son recit : ce qu'il dit surtout de I'lle de la Trinite, jusqu'ici peu connue, nc pcut qu'interesser vivement les geographes et les naturalistes. II y a, dans l'histoire des Antilles, une espece d'interet dra- inatique qui se developpe avec les evenemens, et va toujours croissant : le deuxieme volume est plus attachant que le pre- mier; et le troisieme Test plus encore que les deux autres , iion-seulement parce que les faits racontes sont plus pres dc nous, mais encore parce que les hommes ont plus de merite el les circonstances plus de grandeur. Le troisieme volume commence par la celebre expedition francaise aux Antilles, faite en 1794. Manquant de tout ct a pres avoir perdu les cinq sixiemes de ses forces dans les com- bats, ou par la fievre jaune, on la voyait encore, aubout dc six mois, lutter intrepideraent centre huit mille Anglais bien approvisionnes, maitres de la mer, soutenus par des escadres formidables, et leur enlever la Guadeloupe, apres les avoir forces a capitider honteusement a Saint- Jean, devenu pour -ux le Quiberon des Antilles. La population de la Guadeloupe, reduite au desespoir par la tyrannic intolerable des Anglais , dnrant quarante jours, seconda vaillammcnt scs defenscurs, 558 SCIENCES MORALES et contribua au glorieux siicces de ccttu audaciotisc ontrc- pi"isc. Los cvcncmcns iiltuiicurs soiit si uombrcux ; rautcur Ics dccrit avcc imo telle rapidite, qu'il faiU parcourii- son ouvrage pour s'en faire ut\e idee juste. On ne saurait trop louer la precision , I'exactitude et la justcsse du tableau des mouve- mens qui s'opeierent a la Guadeloupe en 1801 , et de I'expc- dition du general Richepanse, a laquelle ces evenemens donnercnt lieu. Nous remarquerons, en passant, que toutes les operations militaires decrites par le colonel Boyer, aux divcrses cpoques de son histoire, sont developpees, examinees ct discutees avec le talent d'un homme h qui la science des combats est familiere. Les details de I'occupation de la Guadeloupe par les Anglais, dcpuis 1810 jusqu'a la fin de 1814, etaient encore inconnus. M. le colonel Boyer-Peyreleau ne dissimule aucune des vexa- tions dont cette malheureuse colonie fut victime pendant cette periode, et la part que I'oligarchie colonlale prit a ce regime oppressif : il fait bien connaitre les chicanes inouies, les spo- liations indecentes qui precederent la restitution de la Gua- deloupe a la France, et les actes qui y provoquerent les eve- nemens de 181 5. L'auteur, en sa qualite de commissairc du Roi et de commandant en second de la Guadeloupe, joua le principal role dans ces evenemens, et fut victime dc son de- vouement genereux au moment de la crise. Traduit, a Paris, devant un conseil de guerre, il y fut condamue a mort; et c'est peut-etre a cette circonstance que nous devons la resolution nouvelle et courageuse que l'auteur a prise d'ecrire I'histoire des Antilles frangaises, jusqu'au moment ou il a pose la plume. Les maux qui tourmentcrent de uouveau la Guadeloupe, des quelle fut retombee au pouvoir des Anglais, au mois d'aout i8i5, concovu'entpuissammentc^justiflcr saprevoyanceeta con- (ondre ses ennemis. Au.x epoques 011 le colonel Boyer jouc un ET POLITIQUES. 559 role dans Ics cvenenicns, il en parlc avec la raeme imparlialitc avec laquelle il a parle des tenis anterieurs ; et il n'occupe Ic lectcui- de liii-mcme que lorsqu'il ne pent reviter, et ne dis- siniule de ce qui le regarde que la part honorable qu'il a prise aux evenemens. II est aise de voir que son but principal est de bien faire connaitre des pays sur lesquels nous n'avions que des notions iuexactes, et qui peut-etre ne seront jamais en- tierement connus , meme par ceux qui les habitent. Tons les fails tiennent a son sujet. S'il parle de roligarcbie , s'il la re- picsente comme la cause premiere des malheurs et de la mine des Antilles francaises , tout homrae raisonnable et impartial sera force d'avouer que taire de telles verites, c'eut ete trahir le devoir de I'historien. A I'egard des personnes, il s'exprime avec im tel menagement , qu'une nuance moins forte en eul denature le caractere. L'ouvrage de M. Boyer Peyreleau peut etre considere comme les archives des Antilles. Il sera toujours consul te avec fruit par les commeroans, les administrateurs et les hommes d'etat ; il eclairera les colons sur la cause des maux dent jusqu'ici peu d'entre eux avaient decouvert la source ; et desormais, il faut I'esperer du moins, leurs reclamations seront ecoutees, parce que tous, en se plaignant des memes griefs, indiqueront les memes remedes a des maux jusqu'ici juges in- guerissables. Annee. HiSTOiRE DE Charlemagne , precedee d'une Introduc- tion ou Tableau du regne de Pepin, a I'usage de la jeunesse, par M. le comte de Segur, de I'Academie francaise (i). Le regne eclatant de CharleAagne reunit, pendant un terns. (i) Paris, 1823. Eymery. i vol. in-i8de 276 pages, avec carte et gravures ; prix i fr. 5o c. 56o SCIENCES MORAXES presque loutes les nations dc I'Eiirope dans Ic scin dc la nation fiancaise; lorsqu'clles s'cn separerent ensuite, lenrs institutions ttaient changecs, leur caractcre I'elait aussi ; une soile de fraternite etait nee dc leur melange, ct ces premiers rapports nc furent point effaces par Icurs longucs hostilitcs. Ellcs sc- lancerent ensemble dans la carriere de la civilisation; et le grand homme qui I'avait ouverte, qui, s'elevant si liaut au- dessus de son siecle, avail cree la lumiere au sein des tenebres, se retrouve egalement dans le souvenir de toutes, coninic ayant donne la premiere impulsion a leurs efforts. Mais Charlemagne est particuliereraent cher a la France; il est particulierement cher h. nos contemporains. Cet homme, si grand que la nature produit a peine son semblable tous les mil- liersd'annees, et mieuxcompris aujourd'hui, est plus admire en meme terns, qu'il ne I'a ete a aucune autre epoque. M. Guizot, par-dessus tous les autres, vient, dans ses Essais sur I'Histoire de France , de signaler le caractere qui le distingue parmi la foule des rois. « Dans les assemblees d'hommes libres, dans les domaines des proprietaires, soit par une intervention directe, soit par une surveillance iraminente, le prince etait toujours present; tous les pouvoirs Ifecaux emanaieut de lui, ou lui etaient subor- donnes. II s'appliquait a en rendre I'exercice regulier et salutaire aux peuples, mais sans les laisser jamais echapper de sa main ; substituant partout, aulant qu'il le pouvait, son autorite etson action, i Taction et a I'autorite des pouvoirs spontanes ct inde- pendans; c'est la ce qu'aujourd'hui, et avec raison, on appelle le despotisme. C'ctait aussi le despotisme, au viii* siecle; mais il serait pueril de le juger par son nom Les premiers essais d'institutions monarchiques, tentes par les rois, avec I'aide du clerge, loin de tourner au profit de la securite pu- bliquc, et d'introduire quelque regularite dans I'exercice du pouvoir, n'avaient guere cu que ravidite pour principe, et la ET POLITIQUES. 56 1 spoliation pour effet. Cliarleniagne, Ic premier, rcfiisa d'ac^ cepter, comme la condition naturelle d'un peuple et d'un roi, cettc brntale ct stupids anarchic; le premier, il s'eleva aux idees de gouvernement, de nation, de loi, d'ordre public, et voulut, en regnant, fairc autre chose qu'assouvir des passions ou des capi'ices personnels. Il ne fonda point des institutions libres, il ne soumit point sa volonte au controle et au concours necessaire de forces independantes ; il s'appliqua au contraire a la rendre partout presente el partout souveraine; mais, ce que nul n'avait fait avant lui , ce que pendant plusieurs siecles ne devait tenter aucun de ses successeurs, il gouverna ses sujets pour eux-memes et non pour lui seul , d'apres des vues generales, avec des intentions publiques, preoccupe des besoins sociaux, en meme tems que de ses propres intercts C'est-la ce qui, du ve au xviiie siecle, fait de lui un homme unique et immense. Au milieu de la barbaric universelle, il n'apparte- nait qu'au plus noble genie de concevoir ainsi la royaute hors de I'ego'isme, et de considerer la societc, non comme la proie de la force, mais comme le but dupouvoir. » (I'^^part., 285, 286.) Nous avons cru devoir emprunter a cet eminent publiciste un jugeraent qui met si bien Charlemagne a sa vraie place morale, avant d'arreter nos yeux sur le tableau que fait M. de Segur de ses victoires, de son administration et de son eton- naute aclivite. Ce dernier, en effet, d'apres la nature de son livre, etait appele a parler davantage a I'imagination; M. Gui- sot, a la reflexion. M. de Segur a dedie ce petit volume, et VHistoire universelle dont il fait partie, a la jeunesse; et, par ces mots, il a entendu designer cette classe entre les jeunes gens qui desirent se former une idee juste des siecles passes , sans pouvoir consacrer un long tems, ni un long travail a leur etude; ceux qui reservent pour une epoque posterieure leur ini- tiation complete dans I'histoire; et d'autre parties femmes etles gens du monde. C'est d'apres cette destination que M. de Segur T. XXI. — Mars i%i!\. 36 56a SCIENCES MORALES tvitetoute controversehistorique, toutc investigation fatiLjanle; qu'il n'indiquc pas nieaie Ics sources ou il a puise ses recits. II renferme dans un petit nonibre de pages les periodes les plus importantes; niais, dans sa rapidite, il est toujours clair, ele- gant, anime; il soutient toujours rinteret par son art pour enchainer les evencniens; il rcctifie les ideos que ses devanciers avaient faussocs; il rechauffe tous les sentiniens vertueux ct honorables; il fait aimer ce qui est bon, et, en developpant Ic coeur, il accoutume I'esprit ii penser. Les £ssais de M. Guizot sur I'Histoire de. France sont aussi, il est vrai, destines a la jcunesse; mais c'est a cettejeunesse dejanourrie par des etudes severes , qui va chercher les fortes peusees sous les ronces de I'crudition; qui veut connaitre a fond le vrai, juger les honimcs et les siecles, pour se preraunir coutre leurs fautes, et qui so pi-epare ainsi a reparer un jour les malheurs et I'liumiliation de la France. L'influence que Charlemagne exer9a sur I'Europe peut sc reduire k une double action: il subjugua le Nord, le desarma ct le forca d'obeir; il vainquit aussi le midi, mais il se I'associa, et il etendit l'influence de ce qu'il y trouvait encore de civili- sation sur tout son empire. On doit admirer Charlemagne pour avoir su former, au sein de la barbaric, dans laquelle il etait ne , le projet de consacrer ainsi ses arnies au progres des lu- niieres; on ne doit pas moins I'admircr d'avoir su fairc scrvir a un but si noble les feroces campagnous d'armes dont il etait entoure. « Les Francs, dit M. de Segur (p. 49)1 sous la con- duite de Clovis, de Chailes Martel et des deux Pepin, etaient devenus, par leur vaillance, par leurs conquctes, et malheu- reusement par leur fcrocite, les plus renommes des peuples barbares, et les plus puissans heritiers du colosse rouiain, tombe sous leurs coups. Cependant, malgre raccroisscnient de leur puissance et Teclat de leurs amies, ignorans, supersli- ticux, crucls, oppresseurs des peuples conquis, ils n'offraient ET POLITIQUES. 565 aux regards du monde que Ic tableau dun unniense camp do sauvages, dresses k la taciique des derniers tems de Rome, et seulement un peu superieurs en discipline aux Sarrasins, aux Huns, aux Lombards, et aux Saxons, leurs ennemis. » Mais ces Francs avaient trouve, dans les pays qu'ils avaient conquis, quelques restes des richesses , des arts, des sciences nieme de Rome; ils recevaient bien quelqnes lemons de leurs sujets romains; plus souvent, toutefois, ils ravissaient les fruits tie leur industrie, pour satisfaire leurs desirs divers : ils se civilisaient a pas lents; ils s'enervaient avec un progres plus rapide. Un peu plus tard, ils se seraient trouves trop effemines pour soutenir le choc des Saxons, qui grandissaient h cote d'eux, avec moins de jouissances et moins de vices. C'est ainsi que, depuis la chute de I'Empire Romain, les peuples bar- bares s'etaient succedes avec une disproportion constante de force, les premiers venus etant toujours incapables de resistor a leurs agresseurs, parco qu'ils etaient les plus corrompus, qu'ils n'avaient pas encore acquis I'energie des peuples civi- lises, et qu'ils avaient dej^ perdu celle des peuples barbares. Apres les Saxons seraient venus k leur tour ces Wilzi, ces Abodrites, que Charlemagne alia chercher et vaincre dans leurs demeures primitives; et I'inondation des barbares aiirait, tous les deux ou trois siecles, fait retrograder I'Europe, comma elle a fait, jusqu'^ nos jours, retrograder I'lnde et la Chine. C'est a Charlemagne que nous devons d'avoir, pendant mille ans, arrete ce torrent funeste. La guerre terrible des Saxons, qui remplit le regne presque entier de Charlemagne, doit otre consideree d'a'pi'es cet im- raenseresultat. Sans doute, il s'en faut de beaucoup que, dans tousses details, elle soil presentee a notre admiration. « Egare par la colere ( en 780), il se montra dans ses vengeances aussi barbare que la nation sauvage qu'il voulait soumettre. Jusque- la, son zele religieux avait invite les Saxons a changer de culte; 56/, SCIENCES MORALES tlcsorniais, onhliant que la pire tU-s tyrannies est cclle qij? opprinic la penst;e, il ne conseHla plus, il orclonna le baptemet outiogeant ainsi le Dicu qu'il croyait servir, il employait le fer ot la violence pour propager cet Evanj^ilo, fonde sur la dou- ceur et sur I'amour; forcant les consciences, Ic bapteme qu'il commandait etait un bapteme de sang. » (P. io5.) Ce sout de terribles reformateurs que les conquerans; quand ils renvcr- sent les abus, les vieux prejuges, les erreurs funestes, c'est souvent en entrainant dans une meme ruine les cites, les etats et les generations humaines; soit qu'ils annoncent I'Evangile, ou la liberie, ou le regne des lois, c'est par la violence qu'ils I'introduisent, el le flambeau des sciences lui-meme ne parait entre leurs mains qu'une torclie incendiaire. Les guerriers de la civilisation, qui ont marche sur les traces de Charlemagne, ont paru souvent comme lui dt'menlir leur mission bienfaisante par les souffrances qu'ils ont infligees. Heureusement, cepen- dant, il ne s'en est plus trouve aucun qui traitat les vaincus, comme le hcros canonise du_moyen age traita les Saxons. « Charles, meprisant leurs excuses, et inflexible pour leur re- bellion, exigea d'eiix qu'il lui livrassent les plus braves de ccux qui avaient pris les armes. Les chefs Saxons, juslifiant presque alors, par leur avilissement, leur malheur et celui de leur palrie, obeirent a cet ordre barbare; ils amenerent, sur les rives du fleuve AUcr, qualrc millc cinq cents guerriers ; I'im- pitoyable Charles leur fit trancher la tele. « (P. i3o.) Unc action atroce est toujours atroce, quels que soient les resultats qu'on en ait obtenus; toutefois, si d'egales furcurs souillent les lauriers des guerriers de la civilisation et de ceux de la barbaric, il ne faut point oublier combien leur influence est diverse sur le sort de I'humanite. L'un des conquerans sortis de cette vaste region qui menace a la fois I'Europe et I'Asie, se glorifiait de ce que I'herbe cessait de croitrc aux lieux ou il avait imprime les pieds de ses chcvaux; ceux, au contraire, ET POLITIQUES. 565 qui out cherche h rcfouler Ics Slaves ct Ics Tartares dans leiirs deserts, ont seme les villes aiix llciix laboures par leiir epee. « A force de triomphes, Charles etait parvenu a regner en Saxe sur iin desert, sur des cadavres, snr des decombres; niais ces decombres fumaieiit encore; craignant d'y reniplaccr les vidcs de la population par des guerriei-s, par des seigneurs Francs, dont I'absence I'aurait affaibli, ct dont I'esprit inde- pendantpouvait I'inquieter, il y repanditen grand nonibre des serfs, des cultivateurs, des artisans, des niarcliands, des moines, des abbes, et plusieurs eveques, qui, possesseurs de grandes teries, juges et adniinistratcurs, parviurent, on pcu de terns, aeffacer,par la civilisation et par linstruction, les ves- tiges sanglans de la guerre. En moins de trois sicelcs, la popu- lation fut triple de ce qu'elle etait au tcms de Charlemagne; car, a I'epoque oii vecut I'empereur Frederic Rarberousse, on evalua cette population a douze millions d'habitaris. » (P. i8i.) La marche d'Espagne, I'Aquitaine, la Provence, Tltalie, avaient aussi ete devastees a plusieurs reprises par les barbares predecesseurs de Charles; mais les Goths et les Vandalcs, Ics Lombards et les Francs n'avaient pas tout detruit dans ces pro- vinces qn'on regardait encore comme romaines; qui conser- vaient les lois de Rome, les habitudes, nieme les habits des Romains, et qui parlaient le langage qu'a cause de son origine on nommait romain. Charlemagne incorpora ces provinces romaines a sa monarchic; et, quand il les eut toutes reunies, il se declara le successeur des empereurs Piomains; il futsalue du nom d'Auguste, et il prit ainsi sou plus noble titre des an- ciens representans de la civilisation. II ne se contenta pas d'e- Icver les sujets romains au niveau des barbares; il se fit I'Em- pereur des vaincus, et c'est ainsi qu'il leiu- emprunta ce qui leur restait d'industrie, de connaissance dans les arts etle com- merce, de regularile dans les finances, de science en legisla- lion, pour le repandrc dans tons les licux ou il avait |)orte ses 566 SCIENCES MORALES armes. On peut voir, dans M. dc Segur, comment Charles cherche i s'attachcr par la douceur Ics Lombards, les pre- miers entre les meridionaux qu'il avail vaincus. « Voulant fon- der son autoritc, non sur la crainto, mais sur I'affection des peuples, il leur avait laisse Icurs lois, lenrs coutumcs, leurs biens, leur administration, mcme leurs dues Il avait jiris le litre dc roi des Lombards , el pose sur sa tele I'antique cou- ronne de fer, deposee k Monza, pres de Milan. « (P. 91.) — « Charles, pendant sa^l sejour en Italic, fit des conquetes plus utiles pour la France que les vastes provinces de la Germanic, plutol ravagee que soumise par les armcs. II s'attacha les savans les ]ilus cel^bres de cette epoquc, profita de leurs conseils, s'instruisil par leurs Icfons; et, revenu avec cnx en France, y repandit des lumi^res qui pen h peu tir^rent I'Europe occiden- tale des tent^bres oil elle etail tombee. « (P. 11 3.) Toutefois, Alcuin lui ecrivail : « II ne depend encore ni de vous, ni de moi de faire de la France une Atheues chretienne. « ( P. 117. ) Mais , pef-sistanl dans le meme projet, « Cliarles sut profiler de cette veneration que le monde conservail encore pour les noms do Rome, de Cesar el d'Empereur. Les deslrucleurs du ])ouple-roi saluaienl loujours cette grande ombre avec respect; les Italiens et les Gaulois, habitues a lutter contrc la puissance royale, se courberent liumMcment sous Tautorite d'un nouvel Auguste , et se lierent k lui par un nouveau sermenl. « (P. 226.) — a II elablit parloul des ecoles, fonda des academics, fit re- naitre en Europe la science, les arts, la musique, la poesie el rarchiteclure. L'eclat de sa cour, la magnificence de scs monu- mens ouvrirent I'espril des peuples grossiers sur lesquels il re- gnail; il leur donna, jiour ainsi dire, de nouveaux sens, en frappaul leurs yeux dun eclat inconnu. On peut juger de I'im- pression qu'il produisait par quelques vers composes dans ce Icms, a I'occasion des batimcns somptueux qu'il faisait cons- Iruire dans la ville d'Aix-la-Chapellc. La, dil le poete, unc ET POLITIQUES. 567 seconde Rome , florissant de nouveau, eleve dant les airs sa masse imposante ; 1(1 , le pieux el Auguste Charles , du sommet des murs de son palais semble toucher les astres ; il dirige les travaux , regie leur distribution , marque les empldcemens , et preside a la construction des magnifiques remparls d'une Rome future. » (P. 116.) Mais, si un philosophe, ayant reflcchi sur I'histoire, de- inande a M. de Sejjur, comment les deiix siecles qui suivirent Charlemagne, scmblerent demontrer la vanite de tons ses pro- jets, comment la barbaric, sitot apres lui, recoiivra son em- ]nre, et comnlent les annales de la France presenteiit h peine ime periode plus hontense que celle des Carlovingiens , il ne dissimule point le vice, fondamental du systeme de son heros, et CL'kii qui aniena sa destruction : je veux parler de la ruine des hommcs libres, et dela multiplication des esclaves. « La population des hommes libres diminuait cliaquejour dans la Gaule. Les dissensions sanglautes des successeurs de Clovis, les longues guerres civiles des Neustriens et des Aus- trasiens, les invasions des musulmaiis, les frequentes et loin- taines expeditions de Ciiarles-Martel , de Pepin, et surtout de Charlemagne , avaient epuise a la fois les fortunes et le sang des Francais. Les riches seuls pouvaient resister a de si longs sacri- lices, tandis que les petits propiietaires, pour conserver le reste de leur patrimoine, se voyaient successivement forces d'a- cheter le repos au prix de leur liberte, et de partager ainsi le sort de cette foule de Gaulois et de Francs tombes en servitude par les conliscalions, et par les autres funcstes fruits des dis- cordes civiles. « On peut juger du degre auquel etait parvenue cette con- centration de richesses, et cette ruine, ou plutot cette degrada- tion nationale, en se rappelant que I'un des amis de Charles, et qui n'ctait cepeudant pas un des grands de son royaume , le savant Alcuin, possedait dans ses domaincs vingt mille serfs ou 568 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. csclavcs. Le genie scul d'un grand Iiomme, i la tete d'un em- pire peuplc de si peu de maitres el de tant d'esclaves, dc tant de riches et d'un si faible nombre de guerriers , pouvait sou- tcnir avcc eclat un trone pose sur de si fragilos bases, combattre partoiit dcs nations de soldats, et promener sans cesse an milieu d'olles, d'nne cxtremite de I'Earope a I'autre, son epce tou- joiirs victoricuse. « Sa gloire et sa puissance furent a la fois un prodige et unc illusion qui disparurent avec lui; ses siiccesseurs , sans force, sans autorile, virent promptement leur trone s'ecrouler dans le gouffre d^ I'anarchie; et les Francais, naguere si redoutes, ne so trouverent bientot plus assez de forces pour resistcr a quelques bandes de pirates normands, qui vinrent dovaster leurs cotes , insulter leur capitale, et imposer des tributs h leurs rois; tant est precaire la gloire ou la puissance qui n'est pas ualionale, et qui ne tient qu'a I'existcnce d'un grand homme! » (P. i53.) C'est ainsi qu'en lisant I'ouvrage de M. de Segur, celui raeme qui juge le plus severemcnt Ic conquerant et qui se sent le ])lus dispose a lui demander compte des deux siecles d'humiliation qui le suivirent, s'apercoit que son sentiment a ete compris; tous s'etonneront du nombre de traits frappans , d'anecdotes peu connues que I'auteur a su reeueillir, et le remercieront d'avoir presente h la jeunesse un tableau si vrai, si attachant et si instructif, J.-C.-L. DE SiSMONDl. LITTJ^RATURE. Le Theatre des Grecs, par le P. Brumoy. Seconde edi- tion complete , revue, corrigee, et angmentee de la traduction d'un clioix de fragmens des Poetes grecs, tragiques et comiques ; par M. Raoul-Rochette , membre de I'lnstitut de France (Academic des lus^ criptions et Belles-Lettres ) (i). TROISIEME ARTICLE. ( Voyez ci - dessus, pag. 326-344- ) La terreur et la pitie etaient les deux grands rcssorts de la tragedie grecque ; et Ton repete encore, de nos jours, que la tragedie doit inspirer la terreur et la pitie ; cela est vrai; mais je suis persuade que , si Aristote avait connu les trage- dies de Corneille, le role d' Acomat dans Bojnzet , celui de Burrhus dans BrUannicus , le premier acte du Brutus de Vol- taire, la Mort de Cesar , Rome sauvce , ete., il aurait ajoute a la terreur et a la pitie , I' admiration portee jusqu'a un degre sublime. Ce sentiment, excite avec force, eleve et remue I'ame : on I'eprouve tres-souvent dans les tragedies francaises; mais, dans les tragedies grecques, il n'y a guere de scenes ou Ton ne fasse quad/nirer. Les pieces du theatre grec sont, conime je I'ai deja remarque, beaucoup plus courtes pour la plupart que les notres, particulie- rement cellcs d'Eschylc ; les personnages agissans sont beaucoup (i) Paris, 1821-1823. ifi vol. in-8° ; prix 6 fr. 5o c. le vol. Mad. Y' Cussac, rue Montmartre , n° 3o. (V. Set: Enc, 1" serie, t. xv, p. i65 , ci-dessus, p. 77-ioa et 326-344. ) 570 LITTtRATURE. moins nombrcux: il ost vrai (iii'il faut y joindre Ics choeurs, qui avaient commence par etre de cinquante individus , et qu'oii reduisit onsuite a douze on a quinze. C.'est que, dans les com- niencemens, on regardait encore le clioeur commc la partie esscntielle de la tragcdie ( i ) ; on le conservait nombreux, en memoire do ce qu'il avail etc aux fetes de Bacch«us; les choeurs sout plus frequens et plus longs dans les pieces d'Escliyle, qui est le plus ancien des trois poetes ; ses successeurs retranche- rent des choeurs en proportion de ce qu'ils ajoiiterent a Tac- tion et au dialogue. Les fables sont, en general, simples ct pen chargees d'eve- ncmens; Taction estle plus souvent une et complete, quelquefois pourtant double , ou meme triple, surtout chez Euripide. J'au- rai occasion, dans un moment, de prouver ce que je dis ici, et de citer les pieces qu'on pent regarder comme defectueuses a cet egard. La scene s'ouvre souvent d'unc maniere imposante ; c'est WW peuple prosterne au pied des autcls et demandant aux dieux d'ecarter le fleau destrucleur qui le moissonne ; ce sont des vieillards alarmes sur le sort de leur roi et sur celui de leur patrie ; ce sont do jeuncs filles tremblantes dans une ville assiegee ; d'autres qui cherchent un asile dans une terre etrangere , et qui embrassent les statues des divinites du pays ou elles vicnnent d'aborder (2). Dans les pieces d'Es- chyle et de Sophocle, Texposilion , qu'on appelle /to/o^h^, se fait presque toujours d'une maniere natiuelle et vraiseniblable. (i) Cette ancienne prcemineifce du chceur se manifeste dans les litres de pliisieurs pieces qui prennent leurs noins des personnages doiit le choeur est compose : les Eumilnides , les Choephores , les Tra- ckiniennes , les Pheniciennes , les Troyennes , les Bacchantes. (2) (Mdipe Roi, les Perscs , les Sept devant Thebes, les StippUantes d'Esohyle. LITTER ATURE. 871 Mais , Euripide a plus d'unu fois employL- une forme de pro- logue qui semble faire letrograder I'art vers son cnfance ; il fait paraitre un personnage , lequel commence par se nommer, par raconter sa propre histoire , et les t-venemens de I'avant- scene qu'il est necessaire de faire connaitre aux spectateurs ; quelquefois , ce personnage, comme si le poete voulait detruire d'avance tou.t interct de curiosite, expose ce qui se passera pen- dant la piece; quelquefois aussi, ce meme personnage vient seulement pour dire le prologue , et ne parait point dans la ti-agedie (i). En general , Taction chez les Grecs , marche rapidement ; semper ad eventum fe.itinat , conime dit Horace (2) ; elie ne languit point ; Euripide est le seul des trois poetes qui se soit quelquefois trop livre h I'abondance de son genie , et qui se soit permis des morceaux oratoires brillans, mais inutiles a Taction. Quintilien conseille aux jeunes oratcurs la lecture de ce poete , parce qu'il a beaucoup de maximes qui peuvent fournir des lieux communs , et parce qu'il entend Tart du dialogue et que ses personnages se parlent et se repondent avee methodc et jnstesse(3), et meme avec eloquence. L'interet va croissant de scene en scene jusqu'au denoument, qui presque toujours est d'un grand effet tragique ; il y a pour- tant des denoumens heureux et qui reposent et satisfont Tame (l) Hippolyte , Ion, Hcciibe , les Phenicieniies , Aiidrcmaqiic , les Tioyennes , Iphigenie en Tauride. Les Latins ont adoptt- cette forme de prologue, dont ils font ordinaiiement usage. C'est par allusion a ces prologues que Boileau a dit plaisamment : J'aimerais mieux encor qti'ii declindt son nom Et dit : Je suis Oreste ou bien Agamemnon. (a) II y a pourtant quelquefois des chceurs dent la longueur retarde la marche de Taction , particuli^rement dans les pieces d'Eschyle. (3) Institiit. Oral., lib. x, cop. i. 572 LITTERATURE. que les iiicidcns de la piece ont tourmcnu'e et attendrie ; mais lo plus grand iiombrc sont pathetiqvu's , decliirans ou tenibles ; ct c'est ici qu'Euiipide, au jugemcnt d'Aiistote , a I'avantage sur ses deux rivaux. Ce sont ses denoumens surtout qui firent dire de lui qu'il etait le plus tragique (TpuyiKaiTUTos) des poetes. II faut convenir que la tragcdie grccque est bien autrcnient tragique que la noire ; ellc met sous les yeux des spectateurs des objets dechirans ; OEdipe , apres qu'il s'est arrachc lui- meme les yeux , revient sur la scene , les paupieres ensanglan- teos ; il chcrchc a tatons ses enfans ; il les touche en faisant entendre des plaintes douloureuses. Ilippolyte dechire , niou- rant, est i-apporte a son pere Thesee, qui connait trop tard rinnocence de son niallicureux fils, el se fait a lui-mrnic d'amers reproches ; Hippolyte lui dit adieu, le console, lui souhaite des fds qui aient pour lui le nionie amour et le meme respect filial dont il etait anime ; il meurt enfin, dans les bras de son pere accable et gemissant (i). Les Grecs ne craignent pas de monlrer sur la scene des hommes a qui los dieux ont ote la raison, des aveugles a qui les yeux ont ele violemnicnt arraches. J'ai iu dans quelques commentateurs que c'ctail une regie chcz les Grecs, de nc point ensanglanter la jce/je; cependant, \ Ajaoc de Sophocle se tue cerlaincment en presence dos sjicclatcurs (2). Eh! quelle serait (i) Voltaii'e et Racine n'ont pas pu ou n'ont pas ose niettre sur notre th^Stre ces deux derai^res scenes si pathetiques. J'avoue que je les regrette, et surtout celle d'Hippolyte. (2) Ajax dit d'abord qu'il cherchera iin lieu ecarte pour y cacher Tepee que lui a donnce Hector , et dont il a desseiu de se scrvir pour s'oter la vie ; il sort pour chercher ce lieu ecarte ; puis il rentre (la deco^ ration a du changer) ; iltrouve son epee, dont le pommeau est enfonce dans la terre et dont la pointc est elevee ; il dit ses derniercs paroles , etseprecipilesur le glaive, qu'il s^ passe au truyers du corps. Bientol, LITTIERATURE. 57!^ cette dolicatesse dc ne pas vouloir qu'un suicide on uii nieurtre so commit siir le Uicatrc, lorsqu'on veiU bien y voir dcs cadavres entasses ? Dans Agamemnon , Clytcmnestrc parait teinte du sang de son mari qu'elle vicnt d'assassiner ; le fond du theatre s'ouvre , et Ton voit le corps d'Agamemnon perce de coups , et a cote celui de Cassandra frappee en meme tems !.... Si Medee ne tue pas precisenient ses cnfans sur la scene , on entcnd les cris ct les plaintes de ces pauvres en- fans au moment oil elle les egorge ; le palais s'ouvre ensuite , et Medee emporte leurs deux cadavres ensanglantes sur le char dans lequel elle s'envole a travers les airs \lElectre de Sophoclc, qui entend sa mere demander grace a Orcstc, au moment ou il va la frapper, lui crie de dessus la scene: Frappe encore , redouble , si tu peux ; et le grand Corneille avoue franchement « qu'il ne pcut souffrir la ciuaute d'un fils qui poignarde sa mere de dessein forme , pendant qu'elle est a genoux devant lui , et qu'elle lui demande la vie. II ajoute qu'il ne pent pardonner a Electre, qui passe pour une fille vertueuse opprimee dans le reste de la piece , I'inhumanite dont elle encourage son frere a ce parricide. » Hecube arrache les yeux i\ Polymnestor ct tuc les deux cnfans de ce roi presque sur la scene ; on entend leurs cris ; et Polymnestor parait , les yeux ruisselant de sang , et Ton voit les cadavres de ses deux fils qui viennent d'etre tues. Dans la meme piece , une des femmes d'Hecube apporte dans ses bras le corps dc Polydore mort, qu'elle a trouve snr le bord de la mer. — Dans les Pheni- son epouse Tecmesse et le chceur arrlvent, et trouvent Ajax mort. Barlheleml imagine uu ricleau qu'on devait tirer pour que les specta- teurs ne vissent point I'action d'Ajax. Maisrien, dans la tragedie, n appuie cette conjecture; et ce rideau, sur un rivage desert, n'est pas lieureusemcnt imagine. (Voyage d'Anacharsis , Note sur Ajax, tome VI , a la fin.) 574 LITTI^.RATURE. ciennes , Crrou apporto th; aii-me , dans scs bras , \v caclavi'c do son fils Mcnccee, qui s'cst tiic lui-menio ; ct diija sontsui la scene les cadavres d'Etcoclc et de Polynice , et de Jocastc leur mere ; en soite que cela ne fait pas nioins de quatre cadavres reunis sur la scene. — Dans Jntigone , le meme Creon apporte, aussi dans scs bras, le corps de son autre fils Henion, qui s'cst tue dc desespoir pres d' Antigone son amantc; le fond du theatre s'ouvre, et Ton fait voir ;\ Creon le cadavre de son epouse Euridice, qui vient aussi de se tuer de sa propre main. — Dans les Troyennes , on arrache le petit Astyanax des bras de sa mere Andromaque , on le precipite du haut des inurs de Troye , et quand il est mort , on rapporte , siir le bouclier d'Hector, le cadavre brise de cct enfant ;\ son aieiile Hccube. — Dans les Suppliantes d'Euripide , on doit voir aussi les corps des chefs argiens repris aux Thebains par Thesee ; Evadne veuve de I'un d'eux, de Capanee, se precipite , a la vue des spectateurs , dans les flammes du biicher de son epoux. — Le meme Ajax que j'ai deja cite, parait assis par terre , dans sa tente , et entoure des debris sanglans des troupeaux qu'il a tues , dans sa foHe , croyant massacrer Ulysse et les Atrides. — Mais ce qui est bien plus horrible, on voit jffe/-c«/ey«neMa:, dans la meme situation qu'Ajax , excepte que ce sont ses enfans et son epouse Megare qu'il a egorges et dont les cadavres sanglans sont cpars sur la scene autour de lui J'avoue que je ne comprends pas, apres tous ces exemples , comment on a voulu faire un meriteaux poetes grecs de ce que, dit-on, ilsn'ensan- glantent pas la scene. Il est vrai qu'en general , on trouve pen de suicides qui aient lieu sur la scene et en presence des spec- tateurs ; mais on y apporte, on y entasse meme des cadavres sanglans , et dc pareils spectacles sont bien autrcmcnt horri- bles et repoussans que le coup de poignard (jui fait le denou- mcnt d'uu grand nombre de nos tragedies. Mais rhorreur dc ces scenes sanglantes etait sans doute di- litt£rature. 575 miniiee et adoucie dans rexecution; il faut toujoiirs se souvenir de la vaste c-tcndue des theatres threes ; la scene etait fort eloi- gnee des spectateurs ; elle etait povir eux comme en perspec- tive; tandis que,jusqu'en 1759, notre theatre etait encombre de spectateurs , et qu'il ne restait aux acteurs qu'un etroit espace pour representer la piece. On sent aisement com- bien cet usage de placer plusieurs rangs de banquettes sur le theatre devait nuire h I'illusion ; un6 partie des specta- teurs etaient ainsi presque meles aux personnages de la piece, et pouvaient les interrompre et leur adresser la parole , ce qu'ils faisaient quelquefois ; il n'y a pas de doute que ce ne soit la une des causes de ce defaut, beaucoup trop reproche a nos poetes tragiques par les elrangers , de n'offrir dans leurs pieces que de longues conversations et peu d'action , pcu de mouvement , peu de spectacle. Voltaire , profitant de I'innova- tion dont il avait lui-meme ete la cause par sa tragedie de Serniramis , a introduit plus de pompe theatrale dans Tan- crede, dans Olympic , etc. , de maniere que Taction eut plus de grandeur et de dignite. Ses successeurs ont profile de cette amelioration , et nous avons eu des tragedies dont les decora- tions , les costumes , les effets de scenes ont offert un beau spectacle (i) , quoique nos theatres soient encore bicn loin de la magnificence du theatre grec. On a aussi, depuis un demi-siecle environ, mis plus d'exac- titude et de verite dans les costumes, qui etaient autrefois ridi- culement faux, k Londres comme a Paris. Brutus, dans le Jules Cesar de Shakespeare, etait revetu de I'uniforme rouge d'un colonel anglais. On soigne aujourd'hui cette partie de la i-epresentation, afin d'ajouter a I'illusion theatrale. (l) Gaston et liiiyaid , Blanche et Guiscard , GuillauiKe-Tell , la Veuve du Malabar, Coiiolaii, Philoctete ,OEdipe a Colone , Abufar, Charles IX , Fenelon, le Paria , Srlla, Regidus, les Machabees , etc. ^76 LITTER ATURE. Mais cctte illusion no pent jamais ctrc completo ; il y a plus, cllc nc doit pas Viilve. Los poctes grecs savaiont fort bien que leur art consistait a faire line hcureuse imitation de la nature choisie ; ils avaient a obtenir les suffrages d'uri peuple poli et plein de goiit , qui n'ignorait point que ce n'est pas la nature qu'on va voir au theatre, mais une imi- tation de la nature ; qu'une grande partie du plaisir qu'on y goute resulte de la pensee; que e'est une imitation que Ton voit, et que cette imitation rappellc la nature , lui ressemble , sans etre la nature elle - meme : I'iniagc nous plait et nous charme, lorsque la chose meme serait solvent desagreable et rebutante. Si je vols un homme, dans des acces violens de doulcur, se roulcr par terre, la figure renversee, les yeux hagards ; si je I'entends pousser des oris horribles que lui arrache I'exces du mal qu'il eprouve ; si, de plus, il a sur Ic corps quelque plaie d'ou s'cxhale une odeur fetide , je n'ap- proclierai de cct homme qu'avoc repugnance ; sa vue sera pour moi un spectacle peniblc et que j'aurai peine a supporter ; mais je vois representor Philoctete ; je sais que ce que je yois n'est qu'une fiction; que I'acteur qui joue la souffrance ne souffre pas reellcment; cet acteur, au milieu de ses dou- leurs feintcs, a soin de conserver dans ses niouvemons etdans ses attitudes , de la noblesse et de la grace; j'entends de grandcs pensees , des sentiniens eleves, exprimes en beaux vers; je jouis, j'admirc; et rattcndrissementque j'eprouve, loin d'etre une peine , est un plaisir delicieux. Les sculpteurs grecs , comme les poetes , ne sacrifiaicnt ja- mais la boaute a Toxpression : voyez le Laocoon ; il souffre des tourmcns inouis daus lui-mome et dans ses enfans (i) que des (i) II y a loiig-tems qu'on a remarqu6 pour la premiere fois que , dans ce beau groupe , les Cls de Laocoon n'ont pas la taille qu'ils de- vraicnt avoir; si leur pereetaitdebout, a peine ses fils attcindraient-ils LITTER ATURE. 577 serpens dcvorent sous ses yeux; mais nuUc contorsion dans son attitude , nuUe grunace sur son visage ; sa figure est pleine de douleur , niais elle est belle ct noble ; il aurait Seplu , ef- fraye, s'il n'eut ete que vrai ; et Quintilien parle d'un Deme- trius , sculpteur grec , a qui Ton reprochait d'etre d'une verite excessive et de rechercher I'imitation exacte plus que la beaute.-- Nimius in veritate, et similitudinis quam pulchritudinis arnan- tior (i). Les di-agedies grecques etaient certainement plus animees, plus passionnees , et devaient produire des emotions plus fortes que nos tragedies fran^aises; les denoiimens, surtout chez Euripide, sent excessivement tragiques; cependant, on y trouve aussi des denoiimens du inalheur au bonheur, corame dit Aristote , Icquel prcfere en general les denoumcns con- traires-, c'est-a-dire du bonheur au malheur (2). II pense avec raison que les catastrophes malheureuses lais§ent des impres- sions plus profondes. Les Eumenides ^ les Supplianles d'Es- chyle (3), Philoclete, Oreste , Alceste, les deux Iphigenies se terminent heureusement. sa ceinture ; et cependant ce sont des jeunes gens de quinze a dix-huit ans , qui devraient avoLr presque uiie taille d'liomme , et nV'tre guere nioins grands que leur p^re ; cela manque de verite; mais I'artiste a cru avoir besoin de faire cette faute pour I'ensemble ct le bon effet de son groupe; il a pens6 qu'on attendait de lui une belle imitation, et non pas une image d'une laideur exacte. (i) Instknt. Orat.^ lib. xii , cap. 10. De Optimo genere dicendt. (a) Poetiq., ch. 12. (3) Si les SiippUantes d'Eschyle ont un denoiiment. On peut en douter ; car , a la fill nieme de la pi6ce , le danger des filles de Danaiis, qui a fait le sujel et le noeud de la tragedie, et dont elles semblaient avoir echappe , se renouvelle par I'arrivee prochaine et annoncce des fils d'Egyptus. Ainsi , Taction n'est pas finie, ou elle est prcs de re- commencer. — ■ Nous avons aussi des tragedies a denoiiment heureux , Ciiina , rOrphelin de la Chine , Adelaide du Guescliii, etc. T. XXI. — yl/«ri- 182/,. 37 578 LITTfiRATURE. Les caractcres de la plupart ties pcrsonnagcs des pieces grecques etaient, pour aiiisi dire , donnes d'avancc soit par Ho- mcrc ct Ics aiitres anciens poiitcs , soit par la tradition dcs tcms hcToiques ; on connaissait Hcrcule , Medce , Agamemnon , Achille, Ulysse, Clytemncstre; ces caractcres sont traces avec justesse et avec force dans les tragedies atheniennes ; mais comme ces pieces sont plus courtes, moins chargecs d'inci- dens, moins varices en situations que les notrcs, il s'cnsuit que les caractcres ont moins d'occasions dc so montrcr sous difTerens aspects; qu'ils sont moins etudies, moins approfon- dis, moins developpcs, que ceux des tragedies modernes; et il me semble que c'est ime partie de I'art dans laquelle nos poetes tragiques I'emportent sur les anciens. Ceux-ci n'ont pas eu besoin de sonder aussi avant les replis du cceur hu- main , de surprcndre scs mouvemens les plus secrets , et de les rcproduire aux yeux dcs spcctateurs dans les actions et dans les discours des personnages ; chez les modernes , c'est souvent la dissimulation qui parle , la passion prcnant un masque que le poete sail rendre transparent; souvent aussi, plu- sieurs passions conlraires se combattent ; plus le drame se com- plique , plus les caracteres prenncnt nccessairement de nuances diverses. On ne trouverait rien, chez les Grecs, a compa- rer, comme peintures de moeurs et de caracteres , aux roles XAcomat dont j'ai deja parle , ^Agrippine , de Burrlius , dc Poljeucte , de Pauline, de Severe , dc Mahomet, etc. Les poetes grecs faisaient aussi entrer dans leurs pieces des personnages allegoriques, \a. puissance , Xa force [1), la wo/7 (2), la rage ou fureur (3) , fdle du Ciel et de la Nuit : c'est ce (i) Promethee enchaine d'Eschyle. (2) Alceste d'Eiiripide. (3) Hercule /urieux du mdme. LITTERATURE. 579 que nous avons vu quelquefois dans nos operas , jamais dans nos tragedies. ILes pensecs et la diction (i), pour me servir des expressions mcmes d'Aristote, sont des parties dans lesqucUcs les poetes grecs excellent ; 11 n'y a pas de doute qu'ils ne travaillassent beaucoup leur style , et qu'ils ne fussent penetres de la verite de ce que dit le meme Aristote (2) , que le pouvoir et I'effet de la tragedie doivent subsister independamment de la re- presentation et du jeu des acteurs ; que par consequent elle doit etre ecrite de maniere a exercer ce pouvoir et a pro- duire ret effet ; Eschyle , le plus ancien , n'est pas exempt d'enflure , et d'un certain fracas de mots emphatiques et durs ; on lui reproche aussi de I'obscurite; mais on admire son ener- gie, son elocution et la poesie un peu dithyrambique de ses choeurs. Sophocle plus correct, plus egal, est grand, majes- tueux, pathetique; il est toujours vrai, mais d'une verite noble, quelquefois pourtant familiere. Euripide , a force de travail , a rendu ses vers faciles et coulans ; il ainie assez a prendre les formes oratoires , et nourri des preceptes de la morale de Socrate , il a mis dans la "bouche de ses personnages un grand nombre de maximes philosophiques ; il a des morceaux ou la douleur s'exprirae d'une maniere decliirante. Quoiqu'en general , le ton de la tragedie grecque soit eleve et qu'elle soit ecrite d'un style tres-soutenu , cependant elle descend quelquefois jusqu'au simple et au familier. Et meme , ce que je n'oserais dire si je n'avais des garans respectables , on y trouve de mauvais jeux de mots , de froides plaisanteries , des comparaisons ignobles et indecentes , des satires deplacees et outrees contre les femmes, des scenes (i) Aiavoiai xai Xe?i?, Poet, passim. (2) Ibid., ch. 6. 58o LITT^RATURE. entremelees ile bas coiniquc (i ). Assurcmcnt cela no resseniblc- point a notre tragedie, h laqiicUe on reproclie quelqucfois d'etre c'crite d'un style trop continuellenient pompeux ct d'une ele- gance trop rochcrchee. Mais ceuxqui n'ont jamais lu les tragiqucs grecs , seront pcut- etre bien etonnes, quand je leur dirai que soit insouciance, soil paresse, Euripide termine cinq de ses pieces (2) par le memo choetu", dont voici le sens : Le grand pouvoir d'ou tout derive R^gle les choses d'ici-bas. Ce qu'on n'attendait pas arrive ; Ce qu'on attend n'arrive pas. Les destins trouveut une issue (3) Qu'on etait loin d'imaginer. Ainsi vient de se terminer La fable que vous avez vue. et trois autres (4) aussi par un choeur scmblable, qu'on pent traduire de cette maniere : Gloire, deesse que j'adore, Rends -moi vainqueur et fortune; Toi , qui ni'as deja couronne , Daigne me couronner encore. Les commentatenrs disent que ce dernier choeur cxprinie le vceu que forme le poete de voir sa tragedie couronner, et de remporter le prix sur ses rivaux. Ce qui pourrait paraitre plus extraordinaire, c'cst qu'Eu- ripide, traitant apres Escliyle le sujet d'Electre, se pcrniet uno (i) Barthelemi , Vojage d' Anacharsis , tome vi, chap. 69 et 71. II cite , en outre , les passages qui justiflent ces assertions. (2) Alceste , Andiomaque , les Bacchantes, He line , Medie. (3) C'est le Fata viam invenient de Virgile. (4) Iphig(fnie en Tanride, Oreste, les Pheniviennes. LITTER ATURE. 58 1 raillerie arriere contre son dcvancier, sur la nianiere dont Eschyle avail amene la reconnaissance d'l^lectre et do son frere. C'est une vraie parodie, qu'il a trouve le moyen de mcttre dans la Louche nnSrae de ses personnages. Un vieillard vient annoncer a la princesse qu'il soup^onne qu'Oreste est de retour i Argos : « Car, dit-il, j'ai troiive une boucle de cheveux sur le tombeau d'Agamemnon, et cesche- veux ressemblent aux votres ; ce sont done ceux de votre frere... II y a aussi des pas enipreints sur la terre aupres de cemcme tom- beau; venez essayer de mettre vos pieds dansces empreintes, afin de voir si leur mesure sera la meme. » Electre repond, en se mo- quant du vieillard, que de pareils rapports ne prouvent rien.... II insiste et lui demande, dans le cas ou Oreste reviendrait, si elle ue pourrait pas reconnaitre la robe quelle avait autrefois tissue de ses mains , pour son frere enfant , et dont il etait pare lorsqu'il fut enleve du palais d'Agamemnon , et soustrait a la rage des ennemis de sa famille? Electre tourne encore en ridi- cide ce pretendu moyen de reconnaissance : « Quand j'aurais lissu, dit-elle, une robe poiu" Oreste, dans son enfance, pour- rait-il la porter encore aujourd'hui? il faudrait done que ses vetemens eussent grandi comme son corps » (i). On voit bien qu'Euripide rappelle ici Ics moyens de reconnaissances em- (i) Electre d'Euripide , v. 5l5 a 545. Voyez aussi les ChoSphores d'Eschyle , vers 170 a a3o. Par une malice de parodiste, Euri- pide suppose qu'il est question , dans les Choiphores , d'une robe , ou d'une tunique , taudis que le mot grec employe par Eschyle, ucpadfjLO., signifie seulement un tissu , un voile qu'Oreste represente % sa soeur, et qu'elle a brode autrefois de sa main. II est vrai que la possession de ce voile ne prouve pas d'une maniere irrecusable que celui qui le presente soil Oreste en personne. Euripide s'est servi d'un moyen plus sur : Electre reconnait son frere a la cicatrice d'une bles- sare qu'il avait recue au front dans son enfance , en courant avec sa 582 LITTfiRATURE. ployes par Eschylc, pour en montrcr la futilitc, etles tourner CD ridicule. Ces plaisanteries nous paraJtraient fort deplacees dans nos tragedies; apparemmcnt elles amusaient Ics Ath(5Viiens; mais nous trouverions surtout bicn peu convenable qu'un jeune poete, trait;ant le meme sujet qu'un de ses predecesseurs , se moquat de lui, et le livrat tk la risee du public dans sa piece meme, et par la bouclie de ses personnages. Qu'aurait-on dit • de Voltaire, si, dans son OEdipe , il eut fait entrer des epi- grammes contre X OEdipe de Corneille? Celui-ci ne vitpoint avec plaisir , a ce qu'on pretend, que Racine eut mis dans lacomedie des Plaideurs le vers du Cid: Ses rides sur son front gravent tous ses exploits. et il est vrai que ce fut une petite espieglerie de Racine, qui, avec un cceur fort tendre et fort sensible , eut toujours I'esprit tres-malin; mais ce n'est pas une critique amere, comme celie d'Euripide , a I'egard d'Eschyle. Qu'on ne viennc done plus nous dire que le systeme de la tragedie francaise est caique ( car c'est I'expression dont on se sert ) sur le systeme de la tragedie grecque ; que nous n'avons point, a proprement pai'ler, de theatre national; que nous ne sommes que des imitateurs et des copistes des anciens. Non-seulement cela n'est pas, mais cela ne pent pas etre ; les institutions politiques et religieuses, lesmceurs, les langues, les theati'es, la maniere d'executer les pieces, le but que se pro- posent les auteurs, I'esprit des spectateurs ; tout , en un mot, est trop different pour que des tragedies, donnees il y a deux mille soeur Jjpr^s un faon de b!che dans le palais de leur p^re. On veil que ce poete fut I'agresseur a I'^gard d'Eschyle qu'il devait respecter ; et Ton est un peu dispose a excuser Aristophane qui , pour venger Es- chyle , a beaucoup critique et raille a son tour Euripide. LITTERATURE. 583 trois cents aus, sur le theatre d'Athencs, pussent etre jouees avec succes sur le theatre de Paris sans subir dc tres-grands changenajpns. Philoctete est une exception unique ; mais aussi quelle situation que celle de Philoctete ! et encore n'est-ce pas la tragedie de Sophocle qu'on nous donne. La Harpe, dans, sa traduction ou son imitation, a retranche les choeurs, une scene episodique et inutile , et beaucoup de details qui ne pouvaient etre transportes sur un theatre francais (i). L'abbe Galiani, que j'ai deja cite, a raison, lorsqu'il dit que « la France s'est accommodee d'«« noitveau genre de spectacle; que Corneille, (\ailenfaut regarder comme I'inventeur, appela du nom de tragedie. Cette denomination le fit confondre avec la Iragedie des anciens, qui ne lui ressemble point du tout. >< C'est avec beaucoup de raison , qu'en examinant une ana- lyse que fait le P. Brumoy, de la Theba'ide , tragedie de Seneque, et les comparaisons que ce traducteur veut etablir entre les theatres ancien et moderne, M. Raoul-Rochette s'ex- prime ainsi : « II n'y a rien a comparer dans des choscs qui se (i) Je n'en citerai qu'un exemple. Neoptoleme , louche de pitie pour le heros souffrantet malheureux, prend son parti centre Ulysse ; celui-ci persiste dans ses projets ; de la contradiction ils en viennent aux menaces ; tons deux mettent la main sur la garde de leurs epees ; mais le prudent Ulysse se niodere; il annonce au jeune prince qu'il le denoncera aux Atrides et a I'armee des Grecs ; etil s'eloignc. « Tu es fort sage, lui dit Neoptoleme, et si tu es toujours aussi sage i I'avenir que dans ce moment , tu pourras passer ta vie a I'abri des dangers. •> Eoy. p. 9) de faire observer que I'etat des maisons de correction aux Etats-Unis , d'ailleurs si satisfaisant sous le rapport de rhunianit(§ , laissnit prise a un abus qu'il tallait signaler. La douceur, la bonte m<-me avec laquelle les detenus y sont traitcs engagent souvent, disions - nous , des individus pauvres a commettre un leger delit, afin de pouvoir y passer la saison rigoureuse de I'hiver , dans une situation beaucoup moins penible que celle qui les attend chez eux. Cette consideration parait avoir fixe Tatteutlon des directeurs de la Societe pour la re- pression de la mendicite dans la ville de New-York , et ils ont intro- duit dans la maisou de correction de cette ville le stepping mill (mou- lin a pied ) , employe depuis quelques annees en Angleterre , et dont les heureux effets y sont aujourd'hui generalement reconnus. La de- couverte de cette machine , dont les nombreux avantages et Tintro- duction aux Etats-Unis font le sujet du rapport que nous aunoncons , est due a un Anglais , M. IFUliam Cubitt , qui la fit essayer pour la premiere fois , en 1818, dans la prison de Bury. Elle a ete presentee an maire de New-York par deux personnes, dont I'une, M. Isaac (i) Nous iudiquerous ])ar uu astc-risqiie (*) place a cote du tilic de cliaqiie ouvragc , coux des livres etraugers on francais qui jiarallrout digues d'uue attcn- tiou particulicre , et dont nous rendrous quelquefois comptc daus la scctiou des Aualysrs. LITRES ETRANGERS. SgS Collins est membre de la commission ties directeurs de la Soci^te. Un orand nombre de demandes ayant ele faites des differentes parties des Etats-Unis, la commission , qui ne possedait qu'un ou deux mo- dules de ce moulin, crut devoir publier une explication detaillee de sa construction , avec des planches representant Ics differentes parties dont il se compose et le moyen de s'en servir, afin qu'on put en construirfi dans tous les etats de I'Union. Les avantages du stepping mi/-' sont : i° que le travail n'exige ni adresse , ni tems pour I'ap- prendre ; 2° que les prisoniiiers ne peuvent negliger leur tAche ou la faire faire par d'autres, car tous doivent travailler egalement et en proportion de leurs forces ; 3° qu'il peut suppleer, pour toutes sortes de manufactures, a I'eau , a la vapeur, au vent ou aux chevaux, et qu'on peut s'en servir particulierement pour la mouture du grain , qui est un objet considerable de depense dans toutes les prisons ; 4° enfiu, comme un moyen de puuition infaiUible, en ce qu'il est continu et suffisamment severe , et qu'il est redoutc de tous ceux auxquels il a ete inflige. Son travail monotone produit une terreur salutaire et dompte I'obstination du criminel le plus endurci. Les autres chAtimens ont ete regardes , en comparaison , comme une peine legere, parce qu'ils occupent I'esprit au lieu de I'effrayer, tandis que celle du stepping mill, au contraire , semble laisser une impression ineffacable. D'un autre cote , non-seulement Tentretien de ce moulin ne demande aucuns frais ; mais on en tire, comme nous I'avons deja dit, un profit considerable. Lintroduction du stepping mill dans le Penitentiary de New- York epargncra a cette ville a,ooo dollars , laquelle somme etait autrefois depensee chaque annee pour la mouture des grains destines a la consomuiation des prisons du comte. — Ainsi va disparaitre I'abns qui cxistait dans les maisons de correction des Etats-Unis , dont Tadministration , trop indulgente, au lieu d'atteindre sou but, contribuait , comme nous I'avons remarque, a endurcir le criminel par rimpunitc, et a nourrir I'indolence coupable de quelques etres vils qui ne rougissaient pas de commettre quelque leger delit pour se procurer, dans les prisons, ime existence plus douce que celle qu'il aurait fallu achetcr par lo travail. W. HAITI. 2i5. — Le Propngaterir Hn'itien , journal politique et litteraire, public par plusieurs Haitieus. Tn-4". 2ifi. ■ — ■ Opinion de la commission cliargee par S. Exc. Ic president, d'llaiti de lui faire un rapport siir differentes reclamations adressees au gouvernement , relativement aux mutations de droits et de pro- T. xxi. — Alars iSo.',. 38 594 LITRES ETRANGERS. prietes survenues dans la partie de I'Est , depuis sa reunion a la R«;'- publique ; avec deux rapports sur le m^me sujet ; I'un du senat, ct I'autre de la cliambre des representans. 317. — Des Conspirations, par un homme des Lois civilise. Portau-Prince, 182 a. Si les relations commerciales entre la France et Haiti sont aussi difficiles que les communications litteraires avec cetle lie , il est a craindre que nos fabriques ne perdent bientot ce debouche. Malgr<^ ces obstacles , qui privent tout ce qui nous arrive d'Haiti de I'inter^t qu'offrent toujours I'a propos et la nouveaute , nos lecteurs ne seront pas fdchcs d'observer avec nous les progres de la litterafure d'uu peuple d'anciens Ilotes , place subitement ct par une explosion poli- tique, au rang des nations civilisees. Sa position est des plus avan- tageuses pour cultiver paisiblement ses facultes intellectuelles , sans iiegliger aucun des soins qu'exigent encore sa sccurifc exterieure et le developpement de tous les moyens de prospcrite que lui pro- mettent son sol et son Industrie, sous une administration sage et populaire. Au debors , il n'a plus d'autres ennemis que ses anciens maitres , refugies depuis trente ans en Europe, et qui, aujourd'hui meme, continuent a reverla restauration complete deSaint-Domingue, avec la legitiniite de I'esclavage et I'admirable legislation du fouet et des supplices. lis ne peuvent se persuader que leurs anciennes pos- sessions coloniales sont occupees par une generation forte, pleine d'enthousiasme, fifere de sa liberie, et qui montre avec orgueil les cicatrices des fers quelle a rompus. Tandis qu'ils vieiliissent ici, et que leurs forces et leur activite decroissent de jour en jour, leur en- nemiaugmente les sienncs , s'aguerrit, fait d'utiles conqu<5tes, obtient Testime de tous les peuples avec lesquels il se met en relation. Les pretentions et les efforts des colons de Saint-Domingue n'auront de- sorniais d'autres rcsultat que de gener nos communications avec Haiti , et d'assurer aux fabriques etrangcres la preference que les notres auraient eue sur les marches de cette ile. • — Nous n'avons recu le Propagateur Ha'iden que jusqu'au raois d'octobre 1822. Ce recueil meritera d'occuper, conime monument historique, une place dans les bibliotheqiies. On y remarquera les soins perseverans d'un petit nombre d'honmies pour creer, instruire et defendre leur nation : on y reconnaitra les vestiges de I'impression que les grands evenemens de I'Europe onl produite sur cette nation, le jugcment qu'elle en a porte , avec un desintcressemcnt et une franchise que Ton ne frouve plus en Europe ; la haine des colons , rinquietudc avec laquelle les Haitiens observent les manoeuvres de leurs anciens maitres, et liscnt LIVRES ETRANGERS. %5 les mauvaises brochures publiees en France en faveur de I'esclavage et du regime colonial ; I'amour de la patrie, joint a une probity po- litique dont on trouve peu d'exemples, meme dans I'histoire des republiques. Tons ces traits , qui caracterisent si bien un peuple bon et paisible, niais courageux et terrible contre ses ennemis naturels , serontrecueillis etmedites parlesphilosophes et parleshommes d'etat. — La brochure relative aux reclamations adressees par quelques habitans de la partie espagnole de I'lle de Saint -Doniingue au gou- vernement haitien , est pleine de sagesse, et prouve combien ce gouyernement est loin de preferer I'interet du fisc aux droits des particuliers , les moyens prompts et brusques aux voies moderees et douces, une ancienne legislation dont 11 pourrait s'appuyer, au sen- timent d'equite naturelle ou a des lois que la raison a dictees , mais qui n'ont pas encore recu la sanction du terns. Les inter^ts des absens , jusqu'au moment de la reunion k la republique d'Haiti , sont regies , pour cette partie de I'ile , d'apres la legislation espagnole modifiee par les Cortes : les chappellenies , sorte de biens niixtes , en partie ecclesiastiques , mais possedes par des la'iques , sont traitees comme les autres proprietes des families qui les poss^dent , et regies par les memes lois. Point de confiscations ni d'imp6ts extraordi- naires a payer par les absens; point de sequestres, ni de deplace- mens de proprietes. — A la fin de la seconde brochure , nous lisons ce qui suit : « C'est a Haiti que notre president est ne. Au sortir de I'enfance il .s'enrola sous les drapeaux de la liberie, combattit pour la conquete de nos droits , et plus tard , pour celle de notre indepen- dance. Eleve dans les principes du fondateur de nos institutions, ce fut sous ses yeux , et aide par ses exemples qu'il s'avanca vers le poste eminent qu'il occupe. Ses proprietes , sa famille , ses amis , sont i Haiti ; tout ce qui attache les hommes au sejour de ce monde, il le trouve a Haiti. Le Port-au-Prince lui parle du grand homme a I'ecole duquel il s'est forme ; Jeremie, de la revoke de Goman qu'il a etouffee ; le Nord, de la chute de Christophe, que son predecesseur avait pre- paree, et que, plus heureux que le sauveur d'Haiti , il a su achever par son infatigable activite : I'Est , de la reunion gencrale qu'il a eu le bonheur de consommer. Haiti tout entiere lui retrace les evene- niens glorieux qui marquent son administration. II achevera la taclie qui lui fut imposce par la Providence , dont le doigt est visiblement imprime sur nos destinees. » — Get echantillon du style d'un sauvage civilise prouve que les lettres prospfereront a Haiti, et que les produc- tions de la Zone torride ne seront pas les seules que TEurope recevra un jour de cette ile. Apres avoir debute par les discnssions polltiqnes. 596 TJVRES ETRANGERS. lea Haitiens se livreront, suivnnt la pente naturelle de I'esprit humnin, a la culture des sciences et aux jeux brillans de I'imagination : ils auront des poetes, dcs savaiis , des philosoplies ct des artistes; mais alorsnienic, les colons ne voudront pe parlement ecossais n'agit pas avec la m^me ferm.ete. Les corps des malheureuses victimes lui furent presentes, selon une ab- surde et barbare coutume du pays, lis furent accuses de haute tra- hison , juges , trouves coupables et condamncs a etre demembres comme traitres. Quelques lettres particulieres de Nicholson , agent politique de la reine Elisabeth en Ecosse, ont semble expliquer cette trag^die , par la supposition d'une jalousie fondee de la part du roi contre Alexandre Ruthven, qui etait effectivement bien vu de la reine. Le romancier adopte cette derniere opinion. Nous nous sonnies trop etendus sur les details historiques pour donner une analyse de la fiction. L'epoque est interessante , sous plus d'un rapport ; les mceurs sont bien observees. La scene de I'assassinat est belle, et toutl'ouvrage, dont il vient de paraitre une traduction francaise , se fait lire avec beaucoup d'interet. 227. — An Encyclopedia of antiquities, and Elements ofaichceology, etc. — Encyclopedic d'antiquites et Elemens d'archeologie , etc. ; par le R. E.-D. FosBROKE. Londres, iSaB ; Nichols, i vol. in-4"- La douzieme livraison de ce grand ouvrage vient de paraitre, el (Jo4 LIVRES ETRANGERS. complMc le premier volume. Quoique Ics rechcrcbes soient imnienses, elles lie sont pas encore asscz satisfaisaiites. Au lieu de se charger seul trun parcil travail , M. Fosbroke aurait du s'adjoindre plusieurs antiquaires, qui liii eussent communique leurs remarques et leurs decouvertes. Ccpendant, a quelques negligences pres, ce volume ren- ferme beaucoup de clioses utiles ; il est divise en dix cliapitres : le i'^'' traite des constructions cyclopeennes ; le a", de I'architecture ogyptienne ; le 3° , de rarchitecture grecque et romaine ; le 4° , des edifices publics de la Gr^ce et de Rome ; le 5° , des batimens parti- culiers , etc. , de ces deux nations ; le 6" , de Tarchltecture des Bre- tons, anglo-saxons , etc. ; le 7" , de la sculpture egyptienne, etrus- que et grecque ; le 8°, des pierreries et parures des anciens ; le g°, de leur ameublement, ustensiles , etc. ; le ro", de leurs manufactures , de leurs marchandises, commerce, etc. Les objets mentionnes dans ces deux derniers chapitres sont classes par ordre alphabetiquc. Beaucoup d'anciens usages sont rapportcs dans cette Encyclopedic. 228. — The provincial antiquities and picturesque scenery of Scotland. — Antiquites et sites pittoresques de I'Ecosse , avec un texte descrip- tif; par sir Walter Scott. Londres , 1824; RowdcU et Martin; Edimbourg ; Blackwood. In-4''. Chaque livraison de cet ouvrage contient cinq gravures d'un tra- vail admirable , executees par les premiers artistes. On ne pouvait en confier la redaction a un plus grand talent , ni a uu plus savant anti- quaire ; les notices qui accompagnent les dessins sont souvent d'lui haut interet bistorique. Les faits , tires d'anciennes annales , ont un caractere de verite qui ajoute a I'impression qu'ils produisent. Ce bel ouvrage doit prendre place dans toutes les bibliotbeques et dans fous les cabinets. Le buitieme cabier vient de paraitre : il se compose, 1° d'une vue du cbateau de Dunbar, dessinee par Schetky , gravec par Goodal ; 2° du chateau de Tantallon , par Tbomson , grave par Wallis; 3° Linlithgow, par A. W. Callcott , et grave par Smith; 4" I'interleur du palais de Linlithgow , par E. Blore , grave pur Le Keux ; 5° Feglise de Linlithgow et I'eutree du palais , par E. Blore. L. Sw. Belloc. RUSSIE. 229. — Theatre d'Aiiguste Kotzebne , contenant la collection des dernieres pieces de cet aulcur; traduit de rallemnnd en russo , par Theodore Ettingijek. Toine XXI du TbeAtre, et le V de la Suiii . LITRES Strangers. 6o5 Saint-Petersbourg , 1823 ; imprimerie de J. Baikof. In-ia dr 335 pac;. Prix des quatre volumes de la Suite , par souscriptiou, 20 roubles. M. Ettinguer s'est propose d'ajouter aux vingt volumes in-8° du theiitre de Kotzebue, public a Moscou , quatre autres volumes, qui doivent contenir un cboix des meilleures pieces couiposees de])uis par cet auteur. Celui qu'il offre aujourd'hui au public nous fait connnitre trois pieces : le PortefeuiUe , drame , et deux comedies : le Capkaine rdrortde, et Wniforme defeld-marichal. La derniere a cte representee sur le theatre de Saint-Petersbourg. Le merite des compositions dra- matiques de Kolzebue est connu et apprecie de tout le monde. L'in- trigue de ses pieces est souvent coniiTiune et quelquefois forcee ; les caracteres n'en sont pas assez varies : un bon p^re ou un oncle , une fiUe sensible, line tante ou une menag^re bavarde, un amoureux a grands sentimens , un fripon et un sot ; voila le cortege ordinaire de cet auteur trop fecond. Son dialogue , du reste , est facile , naturel , rempli de sel et d'ingenieuses plaisanteries , qui perdent souvent leur force en passant dans la traduction. Celle de M. Ettinguer n'est pas inferieure aux precedentes; mais on pourrait y desirer encore plus de correction. a3o. — Lettres a A. Maliiiovskj- , sur les recherches archeolngijues dans le goiivernement de Rezan , avec les dessins (au nombre de cinq) des antiquites qu'on y a trouvces en 1822 ; par Comtantin Kalaidovitch. Moscou, iSaS; imprimerie de TUniversite. i vol. in-8° de 7$ pages; prix 8 roubles. Quelques objets d'antiquites ayant ete trouves , en 1822 , par un paysan russe , dans le gouvcrnement de Rezan, M. Kalaidovitch, savant archeologue , fut envoyc sur les lieux , au mois de juillet de la meme annee , pour se livrer a leur examen. Lorsqu'il y arriva , ces objets , destines a faire partie de la collection de I'ermitage , venaient d'etre expedies a Saint-Petersbourg ; mais il put se procurer des des- sins assez exacts pour en donner la description. Son ouvrage , ecrit sous la forme de lettres , contient des details tres-interessans sur ces antiquites , ainsi que sur les noms geograpbiques de la contree ou elles ont ete decouvertes et les monumens liistoriques qu'il a visiles. Lesdes- sms qu'il y a joints representent les divers ornemens des princes de Rezan et les objets que Ton conserve dans la cathedrale de la ville de Zaraisk. L'auteur nous previent que la description de ces monies an- tiquites , donnee par les journaux russes ( entre autres VEinule de la civdisalion et de la bieiifaisance,n° 9, 1823 , et les Mcmoires nadoiiaux . n° 29 , menie annee) n'est nullement exacte. r.o() LIVRES ETRA.NGERS. a3 1. —Le r,ieii-Intentionne , journal public par Alex'andre Izm.ulop. Cinqitiiine aiince , i8ai. T. XIX et XX (livraisoiis xxvii — lii). — - SLrieme annee , 187.3. T. XXI et XXII (livraisons I — xil ). Saint- Pctersbourg ; imprimerie de la Marine. In-S". Avant de nous livrer a I'examen de ces quatre nouveaux volumes du Bien-Inteiitionne , nous avons a rectifier quelques erreurs conte- nucs dans noire dernier article , sur les vingt-six premieres livraisons de 1822. {yoy. i'"'^s('Tie, t. xvi,p. 33i) , et qui ont ete I'objet d'une reclamation de M. Izmailof, publiee dans sa 4* livraison de 1823. Ce journal, fonde en i8r8 , a subi divers changemens dans son mode de publication. II parut d'abord une fois par niois , pendant la pre- miere annee; il commenca en i8ig, et continna , en 1820 et iSar, a paraitre deux fois par mois; en 1822, il devint hebdoma- daire ; et , depuis le mois de Janvier 1823 , il a repris la marche qii'il avait sulvie pendant trois ans, c'est-a-dire qu'il se publie tons les quinze jours. Nous avions attribue a son editeur (M. Izmailof) un morceau intitule : La maniere de lire les fables , qui est extrait d'un Discoiirs de M. I'abbe Aubert sur ce sujet , avec quelques changemens et additions par M. Otclikin. Nous nous etions trompes egalement, mais avec le redacteur lui-m^me , en attribuant les Cinq ans de ma- nage a M. Jouj', tandis que cet article , et quelques autres du m^me genre, sont extraits de VErmite de Londres. Les t. xxi et xxii (le premier de 4^4 P- et le second de 4^2 ) contiennent un grand nombre d'articles , en prose et en vers , inseres sans aucun ordre , mais classes, dans les tables des matieres, d'apres les divisions suivantes : i° Poe- sies et articles de macurs ; 1° Sciences, Litterature et Arts; 3° Critique; 4° Theatre; 5° Melanges. Le nombre des premieres, c'est-a-dire des poesies , est de soixante-quinze dans ces deux volumes , et Ton y voit figurer vingt-cinq auteurs, dont deux jeunes dames. Dans ce nombre se distinguent , outre MM. Izmailof, Theodore Glinha, Fedorof, lahov- lef, etc., M. Wolkof, qui a communique a I'editeur deux fragmens de son poeme, Moscou delivree; et M. Gorn , qui a traduit deux char- mantes fables d'un auteur polonais, M. Kassitsliy. Les morceaux en prose sont au nombre de trente-huit, dont la moitic a peu pros ont ete traduits d'aiiteurs franeais et alleniands, tels que Florian, Diicray- Diimesnil , Bouilly; JVeiss , Kriimmachcr, etc. Ce sont des reflexions morales , des contes , des anecdotes , des traits de moeurs ou de carac- tere , parmi lesquels on remarque les Memoires d'un Moscovite. — La a*" division n'est composee que de huit morceaux, dont quatre tra- duits du franca is ; les articles originaiix sont, 1° un Conp d'ceil stir LiVREs Strangers. 607 ies pbesies didactiques nisses ; i° Noiivelle Ecole de l.itterrtture (ces deiis articles out ete lus dans Ies seances dii 6 et du 20 mars iSaS , tenues par la Societe des amaleuis de la Litteruture , des Sciences et des Arts); 3° line Analfse des Odes philosophiques et morales de Derjavin , par le prince Tsertelef, qui s'occupe d'un Tableau de la LUteralnre riisse ; 4° un article tres-important ayant pour titre : Sar Moyen de guerison pour la Phthisic. Nous releverons a ce sujet I'erreur que nous avoiis conimise en disant que Ies redacteurs du Bien-Intentionne s'occupent exclusivement de litterature. — La 3^ division contient des analyses d'ouvrages, et I'examen critique de quelques articles inseres dans d'autres journaux. Nous devons signaler parmi Ies premieres celle de la traduction en vers du Cid , par Kalenin , traduction qui se ressent de la precipitation avec laquelle I'auteur I'a faite , et celle de \ Apercu chronelogiqite des evenemens Ies plus remarqnables depuis la creation du monde jusqa'en l8a2 , brochure de 36 pages, et qui exigerait plus d'espacQ pour relever Ies erreurs dont elle fourniille, quoique ./e Consenateur impartial et I'Invalide I'aient annoncee tous deux avec eloges. La 4" section renferme des notices et des critiques tlieatrales d'auta«t plus precieuses qu'elles sont faites avec gout , et que Ies autres journaux russes s'occupent peu de cet art qui exerce une si grande influence sur le caractere moral des peuples. — Dans la 5i" section viennent se ranger Ies nouvelles et Ies annonces litteraires. On y fait connaitre aussi, de terns a autre, aux lecteurs, I'emploi des sommes envoyees a I'editeur pour des actes de bienfaisance : depuis le mois d'octobre 1822 , c'est-a-dire pendant I'espace de 9 mois, une somme de 775 roubles a ete versee a cet effet, et repartie entre plusieurs families indigentcs. S. P — y. POLOGNE. 232. — Listy Jana III Krola Polshiego , etc. — Lettres de Jean III, roi de Pologne , ecrites a la reine Marie Casimire, pendant la cam- pagne de Vienne , en i683, publiees par Edouard Raczinski. Var- sovie, 1823; Glucksberg. L'histoire, qui nous conserve Ies fails memorables des heros, entre rarement dans Ies details de leur vie priv6e. En Ies proposant pour modeles , elle choisit tous Ies traits qui Ies ont illustres : elle neglige ceux qui Ies rapprochaient de nous, comme si elle avait une nature ideale a peindre , comme si c'etait deroger que de tenir de trop pres a 1 humanite. — Mais ces brillantes relations ne suffisent point a quiveut connaitre Ies hommes. Les plus remarquables de tous n'ont pas ete 6o8 LIVRES ETRANGERS. consfanimpiit exposos aiix rogards publics; ils ont cii Ic honheur dVcliappci- quclqucfois a radniiration, a I'envie qui la suit tie pros, a tous les embarras d'une bruyante renommce. — Pour lire au fond du coeur d'un grand bomme et pour retrouver Ics premiers germes de ses pensees , ce ii'est plus a son historian que je m'adresserai , c'est a lui- mfime : et s'il a laisse quelque correspondance ccrile avee I'abandon de I'amitie , sans qu'on puisse supposer qu'elle ait ete destinee a voir le jour, je croirai qu'il s'est peint tel qu'il etait ; son Ame me sera d6- voilee; je reconnaitrai riiomme dans son style. — Ce caract^re de verite doit se retrouver dans un recueil de lettres adressces par Jean Sobieski a la reine son epouse , pendant la campagne memorable oii il Gt lever aux Turcs le siege de Vienne. Cette correspondance, ignoree pendantcent quarante ans, a etc retrouvc^e dans des archives de famille, par M. Edouard Raczinskl : elle vient dY'tre pubjiee par ses soins, comme un monument historique et litteraire , bien digne d'interesser la Pologne, et comme un hommage rendu a la memoire d'un de ses plus grands rois. — Si Ton s'attache a I'epoque oii ces lettres furent ecrites , et aux evenemens qu'elles rappellent, cet interet augmente ; il ne se borne point a la Pologne , il embrasse I'Europe entiere ; car Sobieski fut dans cette campagne le defenseur de toute la chretiente ; et la defaite de Cara-Mustapha , sous les mups de Vienne , delivra la civilisation meme des dangers qui la menacaient. — Que Ton se re- presente une armee de deux cent nillle hommes autour de Vienne, qui n'a que treize mille defenseurs. La tranchee est ouverte depuis deux mois ; les assauts sont frequens , la plupart des premiers ou- vrages sont cmportes : le corps de la place n'est encore soutemi que par des efforts inouis de constance et de courage ; mais les forces des assieges s'epuisent ; la famine fait des progres , les munitions sont consommees ; le dcsespoir est au fond de tous les coeurs. Tout a coup des tourbillons de flamme s'elevent sur les hauteurs du Kalemberg : ce sont les feux du camp de Sobieski. Vingt niille Polonais s'avancent avec leur roi , et se reimissent a I'armce imperiale : les ennemis sont attaques et tallies en pieces ; et c'est de la teute du grand - visir qu'il annonce a la reine , dans ime de ses lettres , que Vienne est sauvee. — Les Turcs , aprcs cette grande defaite , qui eut lieu lo i3 septenibre i(>83 , se retircrent precipitamnient en Hongrie. La inoitie de ce vaste royaume leur appartcnait alors, et les autres pro- vinces avaient etc soulevecs contre Tempereur Leopold par Tekeh . dont les Turcs avaient embrasse la cause ; mais ils furent rapidement poursuivis par les troupes victoricuses : Sobieski tcnait encoie la cam- LivRES Strangers. 609 pagne ; il la ternilna par la prise de Gran , I'mie dcs plus importantes I'orteresses de Hongrie , et il revint en Pologne , fameux par ces nou-r velles victoires , comme il I'avait ete par celle de Choczim , avant son avenement au trone. — Cette campagne de cinq mois est le cadre de sa correspoudance ; mais nous pouvons juger, par une de ses lettres , dont nous avons la traduction sous les yeux {yoy. ci-apres) , qu'en 6crivanta la reine, il ne I'entretenait souvent des evenemens militaires que d'une nianiere incidente. Ce sont des epancliemens d'amltie ; c'est I'expression de ses sentimens pour elle , pour la Pologne ; c'est le desir de recevoir souvent des nouvelles de ce qu'il aime leplus. — D'autres lettres auront sans doutc plus d'importance ; mais on juge peut-etre mieux de la simplicite d'un grand homnie dans le commerce ordinaire de la vie , par une lettre ou il peint seulement ses affections person- nelles , que par celles oil il aurait a se nieitre en scene , et ou le recit d'un grand evenement donnerait plus d'exaltation a ses pensees. — II serait a dcsirer qu'un homrae de lettres entreprlt la traduction fran- caise de cette correspondance. La lecture en serait recherchee dans un pays oil Ton rend une espece de culte aux grands honimes , ou Sobieski avait voyage , ou enfin il avait choisi son cpouse. La reine , a qui ces lettres sont adressees , etait Francaise : elle appartenait a la famille de La Grange , nom tour a tour illustre dans les amies et dans les sciences : elle eut elle-menie a se faire gloire d'avoir fixe le coeur d'un grand homme ; et, condamnee a lui survivre , elle vint finir ses jours en France. R. Lettre ( xxvii ) de Jean III, roi de Pologne, ecrite a la reine Marie, son epoiise, pendant la campagne de Vienne , en i683, tra- duite par M. Bigot de Morogues. Au camp de Torno , a trois milles de Korzie , le 27 novembre i683. — « Vie de mon jlme I joie de mon coeur! tres-aimable et tr6s-ch6re Marie! Si la Pologne etait une ile, certes je croirais que c'est celle de I'Ocean dont parlent les historiens , qui etail flottante , et qui paraissait et dispa- raissait tour a tour. Non-seulement Galezewsky ne nous a point donne de tes nouvelles , mon coeur ; mais il ne nous en a pas plus donne de la Pologne que si elle n'existait pas sur le globe. II y a cinq grandes semaines qne Galezewsky a quitte Cracovie. Considere , ma cli^re time , si cela est supportable pour un homme qui t'aime autant que moi , et juge s'il peut vivre ainsi plus long-tems. Ce qu'il y a de tres- penible , c'est que nous avons recu ici des lettres de fraiche date , qui ne disent mot, ni de toi , mon coeur, ni de la Pologne. La der- jii^re etait datee de Lubowl , du 16 novembre ; Dupont me la remit ; T. XXI. — Mars i^%[i. 3g Gio LIVRKS ETR ANGERS. ello iH.iit ' — * Materialen zur Finanz - SCadidk der deutschen Btindes Staaien. — Materiaus pour servir a la statistique financiere des etats (hz LIVRES ETRANGERS. iG LIVRES ETR ANGERS. tant dont nous avons parle (vo/rz t. xvnr, p. 3()8). Suit unc dissertation sur la poesie prophetique dcs Hebreux , puis un dcnombremciit des plulosophcs d'Alexandrie , par llouterwech. Ici I'auteur coinnience par determiner le sens des expressions Aicxaridrini , Neo-Platonic! , Eclectici... Le dernier inorceau de ce savant recueil est intitule : De niimmo y4theniensi tetradrachmo antiquissiino in Thesaiiris bibliotheccv universitatis servato. Cast M. Tychsen qui I'a rcdige. Cette medaille, trouvee en Crimce , prcsente , d'un cote , la t(?te d'ApoUon couronnee de lauriers ; au revers , un hibcu, una petite lune et les lettres A0E. Nous regrettons vivenient de ne pouvoir consacrer un plus long article a cet interessant volume. P. Golbery. SUISSE. a47- — Ueber den nachtheiligen Einfluss der Zunftferfnssiw!f auf die Industrie. — De Tinfluenca nuisible des corporations et des jurandes sur I'industrie, surtout relatlvement a BAIe ; par Christophe Beunouilli , professeur. B41e , 182a. Iu-8° de i38 pages. Lors de la revolution da la Suisse, en 1798, une foule da vieux abus furent supprimes , entre aufres les jurandes , qui n'avaiant jamais fait le nioindre bien a ce pays. Blentot les circonstances chang^rent, et les abus revinrent. Le patriciat profita des evenamensde 1814 pour s'eniparer de ses vieilles prerogatives; mais les jurandes avaient ete bien plus lestes encore. Des que Facte de mediation fut signe, en i8o3 , cette ivraie recommanca a pousser entre le bon grain , et main- tenant alle fleurit a I'ombra du patriciat, qui piotege d'autres abus pour conseiTer les siens. M. Bernouilli a veritablament fait preuve de courage en publiant, a Bale meme, un ouvrage contra les jurandes baloises. II est vrai que son ecrit est redige avec beaucoup de mode- ration ; mais cela meme donna plus da force a ses raisonnemens , qui , d'ailleurs , sont ceux de tous les bons economistcs et de tous les liommes d'etat eclaires , et que Ton suit depuis la revolution en France , depuis douza ans au Prussa , et depuis trois ans a Naples , pour na pas parler des Etats-Unis d'Auierique , oil lis sont mis en pratique depuis plus de quaranta ans. BAla et d'autres cantons de la Suisse devraient, par leur constitution republicaine, ressembler a ces Etats-Unis; au lieu de cela, il semble qu'ils prennent pour mo- dele les auciennes monarchies absolues , et qu'ils reculent vers le moyen Sge. L'exercice des arts mecaniques est entrave chez eux de mille manieres : on dirait qu'on a livre a une corporation de privi- k-gics la bourse du jmblic , pour qu'elle puissc I'exploiter a son gr(5. tes reglemens les plus suranres et les restrictions les plus bizarres LITRES ETRANGERS. 627 ont ete remises en vigueur, dans la value idee de faire fleurir I'in- dustrie, tandis que c'est le coutraire qui a lieu. C'est une chose de grande importance que le droit d'exercer un metier dans la ville peu considerable de B4ie : il faut avoir appris conformement au reglement, avoir ete compagnon pendant un terns fixe, avoir voyage, avoir fait son chef-d'oeuvre, enfln, ^tre inscrit dans la corporation. Pour quelques metiers, il faut meme prouver une naissance legitime; comme si la naissance donnait le merite et I'adresse ! Le tems d'ap- prentissage , le nombre des apprentis et des compagnons , le tems des voyages et niille autres choses sont minutieusement regies par le gou- vernement. II est m^me des metiers ou il est enjoint aux compagnons d'etre celibataires. II en resulte de mauvaises moeurs et beaucoup d'excfes; mais le principe subsiste, et les jurandes s'embarrassent peu des suites. On ne peut pratiquer deux metiers a la fois , quelque insi- gnifianl que soit I'un d'eux. Le commerce , qui , fort heureusCment , n est pas sous le joug des corporations, est libre , tandis que les me- tiers ne le sont pas. Un libraire peut etre fabricant de papiers ; mais on crierait haro sur lui , dans le petit etat de Bale , s'il avait I'au- dace d'imprimer et de relier des ouvrages dont il est editeur. Le libraire Haas, dans cette ville libre, avait invente une superbe presse d'imprimerie ; jamais il n'a pu obtenir la permission de s'en servir, par la raison qu'il n'avait pas ete apprenti et compa- gnon , qu'il n'avait pas fait de chef-d'oeuvre, et qu'il n'ctait pas inscrit dans la jurande. Un tonnelier serait coupable , a Bale , s'il se permettait de fabriquer de la cuvellerie ; mais il est bien libre d'etablir une brasserie , une vinaigrerie o.u des distilleries. Quand les metiers pour la rubanuerie furent inventes , les passementiers balois remueient ciel et terre pour faire proscrire par la republique une innovation aussi temeraire : heureusement, le conseil d'etat eut un peu de bon sens , et les metiers furent maintenus. La carrosserie est , au dela d'Huningue, un objet dont la confection appartient, suivant le privilege des jurandes , a cinq ou six corporations. Bien hardi serait celui qui pretendrait construire un carrosse a B;\le. Pour pro- ceder a cette grande oeuvre ; il faut s'adresser a six maitres ouvriers de professions differente's ; chacuu fait sa partie suivant le regle- ment des jurandes , et c'est a la personne qui veut avoir le carrosse a les ajusler aussi bien qu'elle pourra. Avec ces belles institutions surannees, qui, suivant les partisans du privilege, font fleurir le commerce et I'industrie , la ville de Bale voit qu'il y a beaucoup de choses que Ton fabrique infiuiment mieux et a meilleur niarche au 6a8 LIVRES ETR ANGERS. dehors du canton qu'au dedans ; et les jurandes inemc , quelquc profitables que leur soient leurs privileges , s'apercoivcnt que Ics fabrlques qui iiaisseiit de toutes parls, rinveiition de macliiiies iner- veilleuscs , et lescliai)goniens constansdans le gout et dans les modes, deroutent a tout moment les vieilles ordonnances que les corpora- tions croyaient avoir faites pour Feternite. Mais elles n'en sent pas en- core -venues au point de sentir qu'il ne faut plus de jurandes ni de privi- leges d'aucune espece pour I'industrie , et qu'elle ne fleurit que sur un sol entierement libre. Ccpendant , ce que les jurandes ne sentent pas , les menibres des deux conscils de Bile ont du le sentir, et il serait ^tonnant qu'ils n'eussent pris encore aucune mesure pour oter les entraves des arts m^caniques , si Ton ne savait ce qu'il en coute pour deraciner de vieux abus. M Bernouilli rappelle I'objection que lirent les fermiers generaux privilegies , quand Turgot voulut aneantir les privileges : Pourquoi innover? ne sommes-nous pas bieu ? D — g. 2^8. — Polyanthea Ubroriim vetttstiontm , icalicoriim , gallicoruin , his- panicomm , anglicanoruin et laciiiontm. Opus Diligentia domiiii Etierton BrydGes, baronetti anglicani, collectum. Pars prima et secunda. Genevse , typis Guillelmi Pick , 1822. i gros vol. in-8° de 4f> i pag. , avec 6f) autres pages de preface et additions. Ce iiouvel ouvrage de M. Brydges, imprime avec le m^me luxe que les precedens , et tire seulement a soixante et quinze exemplaircs , fait suite a ses Res Utterance, dont nous avons deja rendu compte (t. XIX, p. 4o4-4o5) : il est redige avec le meine merite , et presente une grande variete de sujets. — Le premier article, du a 31. Swan, gendre de I'auteur, est une traduction anglaise, trcs-bien faite, dc Jiilietta , par le comte Louis da Porto. II n'est personne qui ne con- naisse I'histoire de Romeo et Juliette , si heureusement transportee sur la sc^ne francaise. La belle piece que ce sujet a fournie a Shakes- peare n'excite pas moins d'interet en Angleterre , et I'histoire des deux amans, que M. Swan vient de faire passer dans sa langue, ne pent manquer d'(5tre bien accueillie par ses compatriotes. — On s'etonne de trouver, apres cette nouvelle, a cote d'articles critiques et litte- raires, des details d'une nature absolunient differente sur la gcnea- logie des rois de France et dc plusieurs maisons illustres de ce pays. Un article tr^s dctaille sur les ccl^bres imprimeurs Estienne, et sur les ouvragcs dont on leur est redevable, sera_lu avec interet par les amateurs de typographic. Viennent ensulte des notices biographiques sur divers auteurs italiens, francais , allcmands, daiiois et anglais, et des extraifs de leurs ecrits , parmi lesquels on distingue , sous le litre : LITRES Strangers. C29 Bezce juvenilia , quelques compositions poetiques latincs de la jeunesse de Theodore de Btee. Le volume est termine par des notes critiques sur douze ouvrages de M. Brydges , publics dans le cours des der- nicres annees , ou actuellement sous pressc. E. 249. — Le Bateau a vapeur eC le rcmede Leroi, comedie-vaudeville en un acte ; par *** (M. Cobgward aine, avocat) , representee pour la premiere fois a Geneve , le 4 decembre iSaS. Geneve, iSaS ; chez toHs les libraires : Paris , J. -J. Pasclioud. Prix r fr. Voici le premier ouvrage dramatique qu'on ait vu reussir sur le thedtre de Geneve. Ce vaudeville , dont I'intrigue est ingenieuse et les couplets gais et patriotiques , a ete applaudi pendant six repre- sentations consecutlves. — II semble que, depuis quelques annees, un nouvel elan soit imprime a la litterature , dans notre patrie. Un almanack lyrique (dont la Ret'ue a rendu compte , t. xvii , p. 5g4- SgS ) parait depuis deux ans ; un prix d' eloquence vient d'etre institue dans la Faculte des leltres , pour exciter I'emulation des etudians ; de jeunes predicateurs obtiennent , dans la chaire evangelique , des succes remarquables ; de bons ouvrages grecs ont paru receniment , d'autres sont sous presse. II ne manque plus a Geneve qu'une Societe de litte- rature qui concentre et vivifie tous ces rayons epars. Notre ville, qui compte au moins quatre societes pour I'avancement des arts et des sciences, n'en possede point encore pour rencouragemeut des belles- lettres et de la pliilologie. J. H. aSo. * — Feuille da canton de Vaud, ou Journal d' agriculture pra- tique des sciences naturelles et d" economic publique , faisant suite aux feuilles d'agriculture et d' economic publique. — L'abonnement a ce recueil est fixe au prix de 5 liv. de Suisse , franc de port dans tous les bureaux de posies des cantons de Vaud et du "Vallais , ainsi que dans les villes de Geneve et Neufchatel : 7 liv. pour les autres cantons de la Suisse. On s'abonne chez M. Combe-Roulet , a la regie des postes a Lausanne. Get ouvrage periodique a termine sa dixi^me annee , et commence celle-ci par une revue de ses travaiix durant les deux lustres prece- dens. Les trois divisions enoncees dans le titre ont ete remplies , soit par des extraits des meilleurs ouvrages etrangers et nationaux, soit par des notes communiquces par les hommes les plus eclaires dii canton , soit par la correspondance avec des agronomes , des savans , des philautropes de tous les pays. A la troisieme division (Economic publique) , les redacteurs s'applaudissent avec raison du succes qu'ils ubtienuent depuis trois ans en publiant I'analyse raisonnec des 63o LiVRES Strangers. operations du gouverncment et du consell legislatif du canton. Danfl les pays ou toutes les affaires se traitent a huis clos , m^me les dis- cussions legislatives, il est indispensable de fournir quelque aliment a Tesprit public , a moins qu'on n'ait des motifs pour remp(5cher de prendre des forces. II reste a examiner si un gouverncment pent etre republicain sans chose publique , et s'il pent y avoir una clwse publiqtie sans publicite. — Le premier cahier de cette annee contient des de- tails intoressans sur 1' Academic de Lausanne, ct sur les progres de I'enseignement dans le canton de Vaud, depuis iSofi. Avant cette epoque, on n'avait pourvu qu'aux besoins des etudes ecclesiastiques ; aujourd'bui , des cliaires sont consacrces a I'enseignement des matlie- matiques , des sciences naturelles, du droit naturel , du droit romain et du droit civil du canton , des litteratures francaise et allemande; line ecole de dessin , frequentee avec ardeur, repand le gout et la connaissance des beaux-arts. Des instrumens d'astronomie , un cabinet de physique , un laboratoire de chimie, les collections necessaires aux differentes parties de I'instruction ont ete reunis dans le local de I'Academie. Tels sont les accroissemens rapides que ce bel etablisse- ment a pris depuis 1806 ; et cliaque annee lui apporte encore de nouveaux moyens de prosperite. Les sciences medicales n'y ont pas pu obtenir jusqu'a present la place qui leur convient , non plus qu'un enseignement complet et regulic'rement organise. En attendant, M. Chwannes , auquel le gouvernement a confere le titre de pro- fesseur honoraire , fait un cours de zoologie. L'introduction a ce cours, ou la lecon preliminaire par laquelle le savant et zele professeur a debute , est inseree dans la feuille du canton de Vaud. M. Chavannes partage en trois sections la science qu'il doit exposer : la premiere comprend I'anatomie et la pliysiologie des animaux ; la seconde traite des animanx sans 'vertebres ; et la troisi^me , des animaux vertebres. Les subdivisions qu'il adopfe pour cette dernifere classe d'animaux , sont celles de M. Cuvier : dans la precedente , il suit I'ordre etabli par M. Delamark. Des reflexions judicieuses et vraiment pliiloso- pliiques se presentent naturellemeut a la pensee de tout liomme qui s'occupe des merveilles de I'organisation ; M. Chavannes en fait un heureux emploi. II accoutunie ses disciples a discuter les faits , a peser les temoignages, a ne pas croire facilement les recits de ph6- nom^nes qui s'ecartent des lois ordinaires de la nature. Les diffe- rences remarqu.ibles , les changemens brusques et tranches que I'ob- servation fait decouvrir entre les animaux vertebres et ceu.x dont I'organisation n'est pas supportee par une charpente solide, lui font LIVllES ETR ANGERS. 63 1 reieter I'klee que tout ce que nous voyous aujourd'hui c-3t le resultat ilu travail lent et continu dc la nature ; il etablit la necesslte de recourir a line intelligence supreme/a une puissance orgauisatrice ; et les saiues doctrines d'liistoire uatuielle se montrent parfaitenient d'accord avec les croyances religieuses. C'est ainsi que la verite s'eleve jusqu'au plus haut degre de certitude, et trioniphe de toutes les resistances que peuvent lui opposer dcs esprits droits, mais soupcouneux. Gel ecrit de M. Chavannes fait voir que les questions les plus cpineuscs de riiistoire naturelle peuvent etre traitees avec sagesse, qu'elles convieunent a I'enseignenient public , et que les scrupules qui vou- draient en interdire la discussion n'ont aucun fondenient raisounable. F. ITALIE. aSi. — Projwsizioni di Geodesia eleinentare , etc. — Propositions de Geodesic elenientaire , par Antonio Bordoni. Milan, iSaS ; P.-E. Giusti. In-8°, avec 7 planches. M. Bordoui, auteur des Traites Delle ombre, et Degli ar^ini da terra, a voulu donner un guide scientiCque de geodesic aux ingcnieurs ita- liens, auxquels cet ouvrage manquait. II y presente les regies neces- saires pour la solution dcs problemes dont I'usage est le plus frequent ou le plus indispensable. L'ouvrage est divise en quatre parties , et contient cent quarante-une propositions. G'est le resultat des lecons que I'auteur , comme professeur de la menie Faculte , a donnees dans I'universite de Pavie. Cet ouvrage est regarde comme tres-utile; mais I'impression en est incorrecte. 25 i. — Monograjia de' Serpenti , e!c. — Monographic des Serpens de Rome et de ses environs , par le professeur Lnigi Metaxa. Rome , 1823 ; dcRonianis. In-4° de 48 pages, avec une table coloriee. M. Metaxa est deja connu par diverses productions ; celle que nous annoncons merite de fixer 1 attention des Jiaturalistes. Elle est divisee en deux parties, precedees d'une introduction, oil I'auteur ( xpose rapidenient les opinions et les prejuges de I'antiqulte a I'egard ties serpens. On salt quel role ils ont joue dans toute I'histoire ancienne, depuis Adam et Eve. Dans la premiere et dans la secoude partie , il Iraite des serpens particuliers au sol de Rome. II dit oil et quaud on les trouve, quand et comme ils cbangent de peau , leur nianieie de marcher ; il decrit leurs organes de digestion et ceux qui leur servent a conserver et a lancer leur venin ; il explique leur mode de procreation , leur instinct , leur sensibilite pour I'electricite , la luiniere , la niu- G3a LIVRES ETRANGERS. sique , etc. II doniie aussl le nom vnlgaire et ie nom scientifique de chaque esp6ce , et il en fait la description , avec Findication dus lieux oil ils se rencontrent ordinairenient. On trouve , a la fin de I'ouvrage , un appendice , oii rauteur dt'signe les animaux narasitcs qui se iioiirrissent de serpens. II assure avoir fait tontes Ics experiences sur des sujets vivans , aide de son colleguc, M. Riccioli, qui a nionlre Leaucoup de courage et d'activite pour lui procurer toutes les espt-ces dont il a fait entrer i'exanien dans sa monograiihie. II a clicrcln'^ h de- terminer jusqu'a quel point est vrai ce que les anciens out ecrit sur la predilection que les serpens ont pour la daiise et pour la musique. Dans Ie mois de juillet de 182a , vers midi, il en placa dans une grande caisse plusieurs de diverses espoces; ils ('taienttous en parfait etat de vie, a I'exception des viperes, qu'il mit dans une caisse dis- tincte. Aussitot que se fit entendre le son harmonieux d'un orgue , tous les serpens non-venimeux entr^rent dans une agitation extraor- dinaire; ils s'attacliaient aux parois de la caisse et cherchaient a les franchir ; Velaphis et le coluber Esctilapii se dirigeaient vers I'instru- ment. Les viperes , de leur cote , ne montrt-rent aucune sensibilite. Cette experience , faite d'abord dans le cabinet physique des mo- dernes Lincei , a cte rcpetee depuis chez leprofesseur Manni , toujours avec les memes resultats. 253. — Delle sedi e cause delle mcdattie anatomicamente investi- gate, etc. — Du siege etdes causes des maladies, rcclierches au moyen del'anatomie; par Gio.-Ji. Morgagni. Cinq livres , traduits du latin en italien par le D"^ Pietro Magge<;i. Milan , iSaB; Rusconi. In-8°. Get ouvrage classique n'avait pas encore etc traduit en italien; M. Maggesi est le premier qui I'ait entrepris. On loue beaucoup I'exac- titude , la clarte et la correction de cette traduction ; c'est le plus grand eloge qu'on puisse faire d'un pareil travail. F. S. 254. — Sjnodus vicariatils siUchuensis habita in districtii civitatis Kong-King-tchou. Anno i8o3 , diebus secundft , quinta et non4 sep- tembris , 1822. In- 12. C'est un concile catholique celebre en Chine , en i8o3 , et dont on peut se procurer les actes , rediges en latin , a la librairie de MM. Don- dey-Dupre. L. 255. — OpuscoH morali di Pbitarco , iwlgarizati , etc. — Opuscules moraux de Plutarque , traduits en italien par le chevalier Sebastiano C1.VMPI. Tome. VI. Florence , 1820. 10-8°, avec planches. Ce volume, qui complete I'edition des Opuscules, n'a ele public- qu'en i8a3. Ils sont suivis de la traduction des vies de Plutarque , par LIVl^ES ETRANGERS. G'33 le celebre Poinpei. On a trouv6 que celle de M. Ciampi n'a pas iin grand interct , peut-^tre a cause du peu d'importance du texte eu lul-man het Koningrjk der Nederlanden , etc. — Annales du royaume des Pays-Bas ; par iWrtr///? Stuart. Annee 1819, a'' partie. Amsterdam , i823 ; E. Ma;iskanips. Syo p. in-8". 11 y a dans le royaume des Pays-Bas un historiographe qui ne se contente pas de toucher ses honoraires, et qui ne se regarde point comme brevete poUr jouer le role de flatteur. II recueille tous les faits qui sont relatifs a rbistoiro militaire, politique, civile ou litteraire de son pays , sans reflexions, sans transitions, se contentant souvent de copier des pieces originales : c'est une gazette ecrite sans passion. A la verite , tous les details que prcsentent ces Annales ne sont jias d'un egal interct: il v en a memebeaucoup que la posterite dedaignern; mais il faut respecter jusquc d.ins son minulieux pulriolisme im GiS LIVRES ETRANGERS. j)eu[)Io qui ii'oublie rien de ce qui est honorable ou utile , et qui , dc peur d'etre injuste , donne mc^me uu prix a la iTK-diocrite. Parmi les eveneniens , dent le volume qui nous occupe consacre le souvenir, on reniarque la defaite du sultan de Palembang (p. ai), \A mort de I'aniiral J.-H. Van Kinsbergen , ne a Doesburg , en lySS (p. 4') ! "" arr(Ste du roi, du i5 seplenibre 1819, qui prescrit I'usage de la langue du pays, Londtaal , dans les actes publics (p. 48), etc. M. Stuart est un ecrivain elegant, a qui Ton doit, outre la continuation de Wa- genaar, una bistoire romaine aussi longue que celle des PP. Catrou et Rouille , mais plus agreable a lire. De R — g. 270. — Les deux Cousins , conle ; par F. V. Bruxelles, iSaS. In-i8. Ce joli conte , dans lequel I'auteur montre deux icunes cousins qui passent par tons les degres du vice aprf's avoir ete des modeles d'in- iiocence et de candeur , offre une nouvelle preuve du succt-s avec lequel on cultive la poesie francaise en Belgique. L'action presente une suite de tableaux dessines avec grftce. On annonce en ce moment a Bruxelles un Recueil de contes du m^me auteur. 371. — Annales acadamice Gandarensis , 1821 - 1822. Gandavi , 1823 ; apudP.-F. de Goesen-Verhaeghe. In-4''. Les Annales , dans les universites de la Belgique , sont destinees a recevoir les actes du senat academique , les discours d'iuauguration et les reponses des elfeves , couronncs dans les coRCOurs. Chacune des six universites du royaume produit reguliereinent un volume par an- nee. I^e gouvernement fait les frais de rinipression , et la plupart de? exemplaires sont envoyes aux bibliotb^ques publiques et aux etablis- seniens d'instruction. Le volume que I'universite de Gand vient de faire paraitre contient les memoires suivans , ecrits en latin : 1° Dis- cours inaugural siirl'titiUte et la dignitc de I'Anatomie comparee , etc. ; par C,-A. Van Coetsem : — 2° Discours siirles debris de la Flore du inonde primitif conserves stirtout dnns hs houillieres ; par J. -G.-S. Van Bheda. — 3" Discours sur la Physiologie , consideree comme principe et unique fondement de I'etude dc la mcdccine; par F.-E. Verbeeck. — A la suite de ces discours se trouvent places les memoires des el6ves couronncs ; ils sont au nombre de sept. Comme ces sortes de concours sont ou - verts aux elfeves des six universites de la Belgique , les rcsultats don- nent les moyens d'apjjrecier jusqu'a un certain point la force des etudes .dans chacune d'elles. 272. — Nouveaux Memoires de I' Academic jvj'ale des sciences et belles- lettres de Bruxelles. Tom. IL Bruxelles, iSaS ; P. -J. Demat. In-4°. L'aucienne Academic des sciences et belles-lettres , fondle en 1772 , I.IVRES ETRANOERS. 6^9 pnr Mniie-Tli('Ti'se , avalt 6t6 supprimee a rentree des Francais en Belgique. Sa restanration , en 18 16, fut un des premiers bienfaits de Guillaume, lorscju'il parvint a la royaute. 11 vouliit assurer aux pro- vinces meridiouales les avantages dont jouissaient drja celles du nord, et en leur accordant trois uiiiversilcs , il retablit rAcadcmie de Bruxelles sur le m6me pied que I'lnstitut de Hollnnde. — Les me- moires que nous annoncons forment le second volume de la nouveile serie. Le plan de cet ouvrage ne nous permeltra pas d'en donner une longue analyse : 1° liJemoire sur la pression qii'iin meme corps exerce stir pliisietirs appiiis a la Jois ; par le commandeur de Nieuport. — Cette question avait deja exerce le genie d'Euler et de d'Alembcrt. M. le commandeur oppose de nombreuses objections a la theorie d'Euler ; et apres plusieurs essais pour resoudre lui-mdme le probleme , il finit par conclure, avec d'Alembert, que la solution depend sans doute d'un principe encore inconnu en mecanique , et qui doit se rapporter a la consideration d'un maximum ou d'un minimum. M. Pa- gani , dans un memoire qu'ilj vient de presenter a I'Academie de Bruxelles, parait avoir resolu le probleme en levant toutes les difli- cultes. — 2" Memoire sur la mctaphj sique du principe de la differentia- tion ; par le commandeur df. Nieuport. ■ — 3° Memoire sur une formule gene rale pour determiner la surface <£un polj gone forme sur une sphere , par des arcs de grands ou depetits cercles disposes entre eux d'une ma- iiiere quelconque ; par y4 . Quetelet. — La m(?me quesion a ete trai- tte pnr d'Alembert, dans les Memoires de Turin. Mais ce grand geometre , sans indiquer de formule generale , s'est contente de mon- trer comment on pourrait ol)tenir le rcsultat. Bossut , dans son Traite de calcul integral , a voulu faire dependre la solution de I'analyse. La formule generale que M. Quetelet a donnce par la synthase, parait reunir I'avantage de la symetrie a celui de la simplicite. — 4° t^J^- inoire sur une nouveile theorie des sections coniqiies , coiisiderees dans le solide ; par A. Quetelet. — L'auteur presente sur les sections co- niques un grand nombre de thcoremes qui paraissent entierement nouvejiux. 11 part d'un principe tres-simple , mais qui , selon lui , n'etait point encore con nu ; c'est que la distance des foyers dans une ellipse egale la difference des deux rayons secteurs, menes du soni- met du cone aux extremites du grand axe de I'ellipse ; et que cette nienie distance vaut la somme des memes ravons dans I'hyperbole. — 5° Memoire sur quelques proprietes remarquables de la focale parabo- hque ; par G, D.4mdelim. — Ce memoire presente des proprietes tres- curieuses de la courbe qui est le Uen de tons Irs foyers des sections 6/,n LIVRES FRANCAIS. coniques, dont les grands axes vicnnent aboiitir a un m('me point sin- la surface cl'un mcme cone , ct dont les i)Ians sent pcrpendiciilairos .i un plan coinniun. On pourrait trouver peiit-ctre que ces rocheiclies sont pen utiles, si Ton ne savait qu'il ne faut prejuger de rien dans les sciences, et que telle tlieorie long-tems negligee a quelquefois offert les plus heureuses applications. — 6" Dissertation sitr les traps stratiformes ; par M. KicKx. — 7° Extraits des observations mcteoio- logiqiies faites a Uruxelles; par M. KiCKX. — 8'' Relation d'lin Toyage fait a la grottede Han, au mois d'aout 182a ; par MM. Kickx et Que- TELET. — II en a deja etc parle dans notre Recucil. ( Voy. t. xix , p, fifi/JJ. — 9° ( Section pour Chisloire. ) — Second mcmoire sur la legislation des Gaules ; par M. Rapsaet. — 10° Memoire dans lequcl on examine quelle peut ^tre la situation des dlffcrens endroits de I'ancienne Bel- giquedevenus cel^bres dans les Coninientaires de Cesar, par les eve- nemens memoiables qui s'y sont passes , par M. Dewez. — 11° Me- moire sur cette question : A quelle epoque les comtes et les dues sont- ils devenus hereditaires dans la Belgique? par le m^me. — ra" Me- moire sur cette question : A quel titre Baudouin, surnomme Bras-de- Fer, premier comte de Flandre , a-t-il gouverne cette province? Est-ce comnie comte hercditaire , ou comme usurpateur ? par le meme. — 1 3° Recherches sur la dccouverte du charbon de terre dans la ci- devant principaute de Liege; vers quel terns et par qui elle fut faile ; par M. le baron de Villekfagne n'ljvGiHoui,. — En ttx.e du volume se trouvent le Journal des seances et un rapport circonstancie sur I'etat des Iravaux de I'Academie. ***. LIVRES FRANCAIS. 273. — * Faune fraiicaise , ou Histoire naturelle, generale et parti- culiere, des animaux qui se trouvent en France, constamment ou passagerement , a la surface du sol , dans les eaux qui le baignent , ct sur le littoral des mers qui le bornent ; par MM. G.-A. Desmakest ( les mammiferes , les reptiles, les hemipteres , les nevropteres et les or- thopteres); L.-P. Vieillot (les oiseaux); M. C. prevost (les pois- sons ) ; M. Ducrotay de Blainville ( tous les animaux invertebres , moins les insectes et les aracbnides ) ; M. Serville (les coleoptt-res , les bymenopteres et les dipteres); M. Lepelletier de Saint-^Far- GEAU (les Icpidopteres) ; M. A. Walckenaer (les aracbnides.) I'^-x" livraisons. — L'ouvragc sera compose de lxxx livraisons, com- prenant chacune 10 plancbos et 3 feuilles de textc , qui ne parai- LIVRES FRANCzilS. 0.',i tront que de deux en deux livraisons , par calilers de 6 feuilles ; Ic prix de chaque livraison , texte iii-8" avec figures noires, est de 4 fr. ; a,vec figures coloriees , dc 1 1 fr.; texle -velin , fig. in-4" color., ly fr.; ainsi les 12 vol., formant 384o pages , avec les 800 planches noires , couteront 320 fr.; avec les pi. color., 880 fr. Paris, 1824 ; Crochard. « Remplir une lacune peu honorable pour la nation , aussi bien que pour la zoologie ; 6tre utile a I'agiiculteur , au medecin, au naturaliste ; offrir des sujets d'instruction , de meditation , et meme d'une distraction utile et agreable au philosophe comme a rhomme du monde , a la jeunesse comme a I'age mur , et meme a la vieillesse : telles sont les raisous principales qui out determine un petit nombrc de zoologistes, deja connus par des travaux anterieurs, a entre- prendre, sous le titre de Faune francaise , une histoire generale et particuliere de tons les anlmaux qui existent en France, accom- pagnee de figures faites et coloriees avec le plus grand soin. » Nous avons cru devoir citer ce paragraphe du prospectus, parce qn'il fait bien connaitre le but honorable auquel tendent les auteurs. Les dix livraisons que nous annoncons juslifient completement la con- fiance qu'on a du accorder a une association de naturalistes aussi dis- tingues. Quatre livraisons du texte traitent des o(ienf/:r; deux, des coleop- teres ; Aetix , Acs hymhiopteres ; deux, des lepidopteres ; et chacune de ces parties a une pagination differente, ce qui permet aux souscripteurs de les classer d'apres le systeme qu'ils ont adopte. C'est dans celui de Linne que les auteurs ont pris les bases du leur , en cherchant a lui conserver la plus grande simplicite, sans omettre aucune des observations delicates faites dans ces derniers terns. La synonymic coniprend Li citation : 1° de I'auteur systematique le plus coniplet dans chaque partie; 2° de celui quia public la description la plus par- faite sousle rapport de I'exactitude ou du style; 3° de I'iconographe qui a public la meilleure figure , quand I'espcce n'est pas representee dans la Faune ; 4° du nom italien , allemand et anglais. La synonymie francaise est aussi complete qu'il est possible, de sorte qu'au moyen d'une table des noms vulgnires qui terminerarouvrage , chaque Fran- cais pourra connaitre Fhistoire d'un animal, d'apres le nom sous lequel il est designe dans son pays. Les planches sont gravees et coloriees avec la perfection qu'on devait s'attendre a trouver dans un ouvrage public par I'editeur des OEuvies de Buffon. A. M — t. 274- — * Chimie orgnniqiie appUqiiee a la physiologie et a la medc- clne, contenant I'analyse des substances aiiimnles et vegetales ; par Leopold GMP.i^m , D.-M., professeiir de chimie uu'dicale a rnniverslle T. XXI. — Mars 182/1. /, i (i/,2 LIVRKS FRANflAIS. (If Heidelberg , etc.; Iraduite de Valh-mand, d'apres la seconde edit'on, n;ir J. Isachen , professeur de physique et de cliiinie a Lucerne, avec des notes et des additions sur diverses parties de la chimie et de la! physiologic , par J.-J. "Virey, D.-M. de la Faculte de Paris. Paris , 1824 ; Ferra jeune. c vol. in-S" ; prix C fr. et 7 fr. 5o cent. a^5. — * Nouveau traite sur la laine et sur les moutons ; par MM. le vicomte Perrmjlt de Jotemps , corrcspondant du conseil general d'agriculture, etc.; Fabry fils , ancien sous-prefet , niembre de la classe d'agriculture de Geneve, etc.; F. GiRon (de I'Ain), officier superieur au corps royal d'etat-major , etc. Paris, 1824 ; M'"" Hu- zard. In-8° de 220 pages; prix 4 fr. et 5 fr. Nous aurions desire consacrer im long article a ce petit volume ; nous pourrons nous en dedommager un jour; car la tftche des trois auteurs de ce traite n'est pas terminee. Conforraement au titre , ils ont divise leur travail en deux parties, dont la premiere est relative a la laine ( c'est celle que nous anuoncons), et la seconde con- tiendra les resultats des observations et des experiences faites a Naz, la meilleure ecole de bergerie qui ait peut-etre jamais existc , depuis que nos trois agronomes y ont forme leur troupeau de merinos. Cette belle eutreprise agricole subsiste depuis vingt-six ans. Les soins eclaires et soutenus des proprietaires y ont dirige le clioix des races , accru , sous tons les rapports, les qualites qui les rendent pre- cieuses, etmerite les suffrages les plus honorables, ceuxdes chambres consultatives des arts et manufactures de Sedan et de Rethel. Sui- vant leur decision , •■ les laines de Naz surpassent en beaute les plus belles de France, et sont au moins egales aux plus belles de Saxe. » A la derniere exposition des produits de I'industrie, les laines de Naz ont ete jugees dignes de la premiere medaille d'or; et ce qui les recommande encore plus fortement aux fabricans, c'est que ces laines , converties en draps superCns dans les ateliers de MM. Cunin- Gridaine , de Sedan , et Frederic Jourdain , de Louviers , ont fait obtenir mie medaille d'or a chacun de ces manufacturiers. C'est done avec I'autorite d'un grand succ6s qu'ils s'adressent aux proprie- taires de troupeaux , a tons ceux qui prennent quelque interet an perfectionnenient des laines ; qu'ils indiquent les voies les plus sures pour atteindre ce but , et les fausses directions qui en eloignent. On s'est d'abord attache, en France, a la quantite des produits; et , comme les ni<;mes vnes d'intcret ont guide les spcculateurs de tous les pays ou les merinos ont «He naturalises , I'abondance des laines en a fait baisser le pri5c. En ni^me tems, les demandes de laine superfine se sont multipliees en raison des demandes de draps »le LIVRES FRANCA.IS. 643 cette qualite; la Saxe y a gagne : ses laines out cte achctees a plus liaiit prix; I'Espagne y a beaucoup perdu : ses toisons ne sont plus •au premier rang, et tomberont peut-etre au dernier, si les con- seils de MM. de Jotemps , Fabry et Girod sont suivis. C'est vers Li qualite des laines que I'industrie doit dinger aujourd'hui toutes ses vues; mais les moyens de la perfectionner ne sont pas aussi a la portee de toutes les intelligences , que ceux d'auginenter la quantite ; I'etude de la nature , de raccroissement et des proprietes de la laine ; celle des rapports et de la connexion de ces proprietes entre elles , de riufluence et des modifications qu'elles exercent I'une sur I'autre , et des effets qui en resultent dans la confection des etoffes ; des connaissances plus etendues , et surtout exactes sur les differentes especes de laine , et particulierement sur celle des merinos, sur les varietes que Ton observe dans les toisons, suivant I'age des animaux, et sur les differentes parties de leur corps ; sur le degre A^egalite qu'il est possible d'atteindre dans ces diverses parties ; sur la repousse de la laine apri's la tonte ; sur la comparaison du poids des toisons a leur produit reel : toute cette instruction reunie dans I'ouvrage de nos trois agronomes devient absolument necessaire aux possesseurs de troupeaux qui Toudront s'approprier leurs pre- ceptes, et obtenir les memes succes. — Apres I'exposition de ces connaissances preliminaires, nos auteurs passent au triage des laines fines et superfines, au classement des toisons en suint , aux differentes operations que la laine subit avant d'etre mise en vente; enfin, ils traitent les questions relatives a la vente de cette matiere. Le resume par lequel ils terminent ce volume, est ua modele de precision; on en jugera par quelques extraits : " Le caractcre habituel de la laine surperfine est le frise regulier , et I'egalite dans toute la lon- gueur du brin La theorie du foulage donne lieu a de precieuses indications sur le merite des laines de carde , attendu que la princi- pale qualite de cette cspece de laine consiste dans la reunion de toutes les vertus elastisques qui contribuent au meilleur feutrage. La laine decrite sous le noni de laine de haute finesse , est celle qui feutre le mieux. — Le drap fabrique avec la laine de haute finesse reunit au degre le plus eleve toutes les qualites desirables ; savoir , la solidite ou la duree, limpermeabilite, la finesse, la legerete, la dou- ceur et le moelleux. — Terminons par quelques observations sur les auteurs de eet ouvrage. Unis par une eutreprise commune, a laquelle chacun d'enx contribue personnellement , par ses soins et ses oounaissances , ils se trouvaient appeles a rediger en commun les 644 LIVRES FRANCAIS. preceptes dont ils font uiie si heureusc application ; mais MM. Fabry et Girod en attribuent la principalc partie a M. de Jotemps, auqucl la Socictc d'encouragement pour I'industric nationale ducerna, I'an- nee derniere , le prix destine par M. Ternaux au inelUeur nienioire siir les merinos. M. de Jotemps est un ancion officier de marine ; I'habitude d'appliqiier les sciences a un art quel qn'ilsoit, prepare toutes les autrcs applications, accoutume a la precision, a I'emploi des instruniens de mesures. Notre agronome a quitte la nier , s'est etabli dans les moatagnes du Jura , et c'est la qu'il a ecrit snr les merinos; ce futau pied des m<5mes montagnes que le jcune Euler, sans avoir vu la mer, 6crivit un excellent memoire sur une question de marine. Ferry. 276. — * Phj'siologie de I'homme; par IM. N.-P. Adelon, D.-M. P. Tomes I, II et III. Paris, i8a4 ; Compere. 3 vol. in-S"; prix 21 it. 5o c. et 27 fr. 80 c. — Le tome IV est sous presse. La science possede deja un grand nombre d'ouvrages sur la phy- siologie; mais tons sent plus ou moins incomplcts , a cause des de- couvertes nombreuses qui sont faites tous les jours , soit sur la con- formation pbysique des organes, soit sur la nature des fonctions qu'bn leur attribue. II fallait done qu'un medecin laborieux , profes- sant depuis long-tems cette branche des sciences mcdicalcs, s'appli- qu&t a reunir en un corps d'ouvrage tout ce qui a ete dit et fait jus- qu'a ce jour ; et c'est ce que vient de realiser M. le docteur Adelon. Cet honorable medecin a ecrit plus specialement pour les eltives en medecine; mais cependant, les details dans lesquels il est entre rendent son livre utile a tous les hommes qui , sans s'occuper de I'art deguerir, desirent avoir une idee juste de leur organisation. — Apres quelques considerations gc'nerales , M. Adelon passe aux prolego- menes , dans lesquels il fait connaitre les differences des corps hior- ganises et organises. Puis, il fait un examen coniparatif des v^'getaus «t des animaux , et des animaux enfre eux. II passe ensuite a I'etude de riiomme , et termine cette premiere partie par la classification des fonctions, qu'il examine toutes en particulicr, dans le plus grand detail, dans le reste dc I'ouvrage. — Les trois premiers volumes de la Phjsiologie de V Homme sont deja livres au monde savant, et I'on at- tend avec impatience le qualrienie , qui dolt paraitre incessamment. D. 277. — NoiiveUes rechcrches stir la laryngo-tracheite , connue sous le noni de Croup ; par P. Blvud, D.-M. Paris et Montpollier ; Gabon etcomp, ;i823. i vol. in-S" de plus de fioo p. ; prix 7 fr. et 8 fr. ^o c. LIVRES FRANCAIS. G45 11 n'est point de maladie qui soit mieiix conniie et plus efficacement traitee que le croup; les moyeiis employes pour le guerir sent meme deven«s populaires, et forment uiiepartie de cette medecine domes- tique a laquelle les nicres de faniille ont besoin d'etre initiees. En effet, cette maladie est si prompte dans son invasion et dans ses pro- gres, qu'il faut se hiter de I'arreter. On doit accueillir tons les livrcs qui tendent a repandre les connaissances nccessaires pour bien cou- naitre et pour bien trailer cette cruelle maladie ; mais M. Blaud a eii I'idee de changer la denomination recue, et d'indiquer par une no- menclature grecque , non-seulement les diverses parties que cette affection pent envahir, mais encore ses divers caracteres. II est tou- jours dangereux de creer de nouveaux mots, et il est bien reconnu depuis long-tems qu'on ne peut donner par un seul mot une defini- tion exacte d'une chose un peu compliquee. Ainsi , quel est le mcde- cin qui, pour designer un croup, avec inflammation des bronches et presentant des caractferes muqueux et purulens , consentirait a dire o'est une broncho-laryngo-tracheite-mixa-pyo-menytigogene ? II n y ii pas de poitrine ni de memoire qui put reproduire un mot aussi compose. — Neanmoins , I'ouvrage de M. Blaud contient toutes les recherches les plus recentes, soit sur le diagnostic, soit sur le traite- ment du croup , et ne peut qu'etre fort utile a toutes les personnes qui voudraient le bien connaitre. Aincdee Dupau, D.-M. 278. — Description , theorie et usage da cercle de reflexion de Borda; par J.-F. Artdr, professeur de mathematiques et de navigation. Paris, 1824 ; Goeury, quai des Augustins; I'auteur, rue Saint-Jacques, n° 58. I vol. in-8" ; prix 5 fr. En 1771, Lenoir executa le premier cercle de reflexion de Borda. C'est au genie de cet illustre acadeniicien qu'est du ce bel instru- ment dont il donna la description , en 1787, dans un ecrit qui est un modele de clarte et de precision. La 2<= edition de cet ouvrage a ete publiee en 1802. Le cercle de reflexion ayant recu differentes additions importantes, M. Artur decrit de nouveau cet instrument, ses usages et les rectifications qu'il exige. —On pourrait peut-eire lui reprocher trbp d'abondance dans le discours : il aurait jiu prendre pour modele la concision qu'on remarque dans le memoire de Borda sur le meme sujet; mais iorsqu'on songe qu'un assez grand noudjre de personues ont besoin de develojipemens fort etendus pour bien comprendre ce qu'on lenr cxplique , et que le cercle de reflexion doit ^tre nianie par des marins quelquefois neu exerccs aux ouvrages do 646 LI V RES IRANCAIS. sciences, on est port6 a excuser une prolixite qui devient neccssairo dans certains cas. Fkancokur. 379. — Progres de I'indiisCrie fraiicaise depuis le commencement dit xixf Steele ; discours prononce , le 29 novenibre iSaS , pour I'ouver- ture du cours de niecanique appllquee aux arts , professe dans le Conservatoire royal des Arts et Metiers; j)ar Cli. Dupin. Paris, 1824 ; Bachelier. In-8° de 56 pages. Le savant professcur qui a prononce ce discours devant un audi- toire avide de recueillir ses lecons , ne traite froidement aucun des sujets dont il s'occupe : le feu qui I'anime se communique a tons ses ecrits , a toutes ses conceptions. On le sent jusque dans ses ceuvres ma- th6matiques, ou I'imagination trouve toujours une place, etdeguisel'a- riditedes formulas analytiques, sans nuire a la juslesse ou a la profon- deur des raisonnemens; on le sent , a plus forte raison , dans ce dis- cours , oil la force et la dignite du style devaient repondre a la grandeur du sujet. Exposer les progres de notre industrie depuis le commence- ment de ce siecle , an milieu des circonstances les plus extraordi- naires , lorsque toutes les causes de feconditeou de destruction agis- saient avec le plus d'energie sur tous les esprits , et develoj)paient toutes les ressources du genie ; tracer avec ordre et precision les groupes si nombreux et si divers dont se compose cet immense tableau, voila ce qu'il fallait faire en quelques pages, et ce que M. Dupin a fait. Aucune partie de ce bel ensemble ne peut en ^tre detacliee sans perdie de sa valeur; nous nous bornerons a transcrire la peroraison, d'apres laquelle on peut jugcr tout le discours. — "Voila les progres principaux dont je voulais donner une idee. Notre coEur se remplit d'une juste flerte a la vue de ces nombreuses con- quetes faites par le genie, I'activite , le courage et la perseverance de iios plus habiles concitoyens. II y a de la gloire dans ces decouvertes si importantes et si multipliees. Ce n'est plus du ranias de quelque.'« metiers obscurs que se compose I'industrie d'un peuple tcl que le notre; cette industrie embrasse aujourd'hui Tapplication de toutes les sciences et de tous les beaux arts aux procedi'-s qui penvent nous donner les objets que reclament le besoin , le bien-etre , le plaisir et la dignite d'une nation grande et pollcee. — En contemplant les pro- gres immenses que nous avons fails, ne croyez pas, Messieurs, que nous n'en ayons plus a faire, et que nous puissions nous endormir sur nos trophees. Pour enunierer ce qui nous rcsle encore a de- couvrir et a perfcctionner, il faudrail un discours plus long que celiii LIVRES FRANflMS. 647 par lequel je viens d'indiquer nos acquisitions. J'aurai soin, dans inon cours , d'appeler toute votre attention sur les lacuncs qui subsistent encore dans I'ensemblede notreindustrie,sur les parties qui reclament tous -vos efforts , et sur celles qui fournirout niatiere a vos succes fulurs. Nous avancons a grands pas dans la carriere ; mais d'autres peuples marchent a nos cotes, et I'un d'eux s'avance a plus grands pas encore .' Gardons-nous de nous aveugler sur sa niarche , et de nous egarer en nous laissaut seduire par une vanite decevante et per- nicieuse : ce serait le moyen de rester a jamais au-dessous des des- tinees ou la civilisation moderne appelle, avec un juste orgueil, la nation francaise. F. a8o. — Notice geographique sur le pays de Nedjd ou Arabic centrale et sur la carle de ce pays , coinprenant I'Egypte et les autres contrees occupies en 1820 par les troupes de Mohammed Aly , I'ice-roi d'Egrpte , pour servir a I'intelligence de I'histoire de I'Egypte sous le gouverne- mentde Mohammed Aly ; par M. E. Jomard, de I'lnstitut. Paris, i823 ; iniprimerie de Rignoux. In-S". L'auteur rend compte , dans cet ouvrage, des moyens qu'il a em- ployes pour dresser la carte de 1' Arabic centrale , qui accompagne I'histoire d' Egfpte sous Mohammed Aly, par M. Mengin. Quoiqu'il n'eut a sa disposition que des materiaux incomplets, 11 a pu dresser une carte assez exacte de cette partie de 1' Arabic, et ajouter beau- coup aux connaissances que nous en avions. D'Anville n'avait eu pour base de son travail sur I'Arabie que les ecrits des geograpbes arabes ; M. Jomard les a repris de nouveau, les a conferes avec les materiaux recens qu'il a pu se procurer, et il nous presente un tableau interessant de la partie elevee de la peninsule arabique. — Ce pays, que Ton croirait ^tre un desert , parait compose d'une grande quanlite de petits oasis qui fournissent des habitations et des sub- sistances a une population assez nombreuse. La population du Nedjd est estimee a 3oo,ooo hommes , dont plus de fio,ooo sont en etat de porter les amies , et Ton pent croire qu'elle est plus considerable. Co pays renferme un assez grand nombre de villes dont la principale est El-Derreyeh , qui parait avoir succede a celle de El-Yemameh. C'est la capitale desWahabis, de ces peuples quiont fait trembler rem. pire ottoman , et qui viennent d'etre reduits , mais dont le sommeil aj)parent pourrait n'etre pas de tri'S-longue duree. Trois cents ans aprcs I'etablissement du mahometisnie, les Carmates , sortis du mcnie pays , avec des dogmes semblables , ont entrepris de detruirc I'isla- niismejmais leurs conquetes les ont bientot affaiblis, •' pretende, contre tous les catechismes et contre le symbole de saint Atlianase ou de I'Eglise , que les trois personnes divines ne sont qu'iine settle personne. On pent se rappeler que les fameux jesuites Hardouin et Berruyer etaient favorables a cette meme bulle , et qu'ils furent con- damues a Paris et a Rome , comnie adversaires de la sainte Trinite, de rincarnation et de la Redemption, etc. Voici d'autres singularites de uotie aiiteur : il veut qu'on ne disc qii'aux princes, et en parti- eiilier, 1° qu'ils ne peuvent exiger des pcuples que ce que les lois pennettent ; 2° que c'est la loi , et non I'homme qui doit regner; 3° enfin, que/e Roi de France commande a une nation litre etjalouse de sa liberie. Cependant, Fenelon, Massillon, parlant ainsi publiquement , ne faisaieat que professer stir les toils une partie de la morale universelle. — M. Guillon veut aussi qu'on ne distingue pas entre le roi et la loi ; c'est , dit-il, une innovation. Cependant, les Capitulaiies m(lmes donnent au peuple une part dans la legislation francaise, et il fallait qu'ils fussent signes par les membres du parlement. Ceux qui peuvent justiCer la doctrine de Machiavel , comnie necessaire au soutien des trones , et diffamee seulement par les mauvais sujets pour detruire les rois , ceux - la doivent dtre necessairement des auteurs sin- guliers. 286. — Lettre sur la tolerance de Geneve; par M. NaCHOn , cure de Divonne. Lyon, 1824; Perisse : Paris, Mequignon. In-8° de 124 P'''ges; prix 2 fr. 5o c. II s'agit ici d'une confrerie ; mais d'une confrerie a Geneve, ou TJVRES FRANC, VIS. G55 Ic uiagistiat siiprt-ino iie vent pas la souffrir. De l.i cette histoire satiiique de la tolerance de Geneve ^ et de vives plaintes sur son intolerance, par un cure voisin , on sous le nom d'un cure voisin, M. Naclion. — Suivanl la nouvelle constitution de Geneve, les minis- tres du culte catholique doivent y 6tre proteges. lis en concluent qu'on doit les souffrir, conime ailleurs, et tout mettre en confreries a leur volonte. En consequence, Mg"^ I'eveque de Geneve a decrete , le 74 mai 1823, ['erection de la confrerie da Saint-Sacrement a Geneve , dans la paroisse catholique. Cependant , on voit qu'il n'en est pas venu aux confreries d'un coeur divin et ckariiel , selon les traits fins de Marie Alacoque , celcbrcs par Gresset , et dont on fut scandalise en France , dans I'episcopat surtout, pendant tout un siecle, avant d'en faire une f^te diocesaine. Cette erection est motivee sur les outrages fails dans Geneve a Jesus-Christ, depuis trots siecles.Yoilk des reproches qu'il eut ete bien plus convenable de ne pas enoncer , et qui ont pu seals decider les magistrals contre le projet. Certes, on n'a pas besoin de confrerie pour honorer le Saint-Sacrement, qui appartient au culte catholique commun , au culte de tous les jours; ajoutons que dans un gonvei-nement il n'y a point de confrerie, ni de cor- poration quelconque, sans I'autorisation de la loi. 287. — Reflexions sur I'idee de conjier au Clerge la tenuo des registres de I'etat civil; par un maire de village. Paris , 1824 J Ridan. Brochure in-8° de 27 pages ; prix 75 cent, et i fr. L'auteur combat cette idee par des refle.xions tres-solides. Le cens , dans I'enipire romain, constatait Vetat civil. II se rcdigea long -terns par les censeurs , et non par les ministres des cultes. Celui de tous les princes qui s'est montre le plus digne de gouverner les hommes , Marc-Aurele , fit sur cette matiere une loi rapportee par Capitolinns. II ordonna que les naissances seraient constatees dans le mois , a Rome, d.e\a.nt\es prefets da tresor, ethers cette capita le , devant les notaires publics , tahulanos publicos, Choisir pour cette fonction les prtoes d'un des cultes adniis par I'Etat , ce serait porter atteinte a la liberte des autres cultes , qui , suivant la Charte , dolvent tous etre egaleinent proteges. Voila d'assez graves autoritcs pour les hommes raisonnables , et pour les docteurs qui trouvent dans le droit romain assez de droit naturel, pour qu'on se dispense de le chercher dans la raison , dans la volonte du createur manifestee par la nature des choses. Lanjuinais , de I'lnstitut. 288. — * Rapport sur I'etat actuel des prisons dans les departemens du Calvados , de I'Eure , de la Manche et de la Seine-Inferieure , et sur 656 LIVRES FRANfAIS. la maison de correction de Ga'dlon , pr<[-sent6 , en octobrc i8a3, a S. A. R, M"i-. le due d'Angouleme. Paris, 1824 ; Finniii Didot. Brochure in-S" de 4" P'Tge* j P'"*^ ^ f""- Sans ce nouvcan rapport de M. le marquis de Marhois , on igno- rerait si la Societe pour I'ami'lioration des prisons existe encore. Mais il faut tout esptrer de la persoverance de ce niagistrat philantiirope , et de la protection du prince auquel il adresse ces mots , que nous aimons a repcter : « Le succes a couronni' votre importante entreprise. Rendu a nos voeux , vous vous derobez a la gloire ; mais vous ne renoncere?. jamais au pouvoir et an bonlieur de soulagcr les nialheureux ; le pa- cificateur des royaumes est toujours le president de la Societe. fondve pour r amelioration des prisons. » II resulte du nouveau rapport , que les prisons de la Normandie , a I'exception de celles de Dieppe et do Cherbourg , ont ete fort ameliorces dans leurs constructions et leur regime sauitaire. Mais le moral des detenus n'est pas meilleur , et Ton n'a rien obtenu par la voie des aumoniers et des chapelains. La de- plorable ignorance des jeunes condamnes fait desirer les progres de I'enseignement mutuel , et la disproportion des peines a certains de- llts reclame une reforme du Code penal. L'auteur donne des details interessans sur la maison de Gaillon , qui coiUient pres de 1200 con- damnes des deux sexes. II parle cnsuite du moulin a marcher ( tread mill), employe maintenant comme moyen de discipline dans la pin- part des prisons d'Angleterre. ( Fojez , ci-dessus , p. 692. ) Apres un examen curieux et impartial de cette machine, sur la salubrite de laquelle des doutes se sont eleves , il ne pense pas que I'usage en con- vienne a la France. M. de Marbois s'occupe aussi de la deportation , et Ton sait quels droits il posscde a parler de cette disposition penale , dont il fut lui-meme une glorieuse victime. II pense que la France manque des ressouices lointaincs necessaires a FextVution de cette partie de son code , et il nous apprend que nos prctendus doporti's restent emprisonnes au Mont-Saint-Michel , et y expient les delits qu'on appelle politiques. « Les partis vainqueurs , ajoute ce vertucux niagistrat , y ont tour a tour enferme leurs cnnemis. Tel qui fut bainii , il ya vingt-cinq ans, par une faction trioniphante , pent ie sociale , ou pour inscrire les noms et les adresses des personncs avec lesquelles on a des relations d'aniitie ou d'affaires; 4° pour la vie dpistolaire , ou pour I'inscription sommaire des lettres d'une certaine importance que Ton ecrit et que Ton recoit ; 5° pour la vie en quelque sorte bibliographiqiie et Uttcraire , ou pour conserver a sa disposition les litres des ouvrages que Ton desire se procurer , lire ou consulter ; 6° enfin , pour la -vie que I'auteur appelle mnemonique , ou pour les notes et les souvenirs relatifs a sa famille et a ses pi'ojets personnels , a son pays et a divers objets d'utiliti; publique , et aux personnes avec lesquelles on est lie, et qui meurent dans le cours de rannee. Les Tablettes miHliodiques dont 1' Agenda general se compose, four- nissent un moyen tres-simple de satisfaire a un besoin generalement senti, parce qu'elles servent a recueillir et a classer des uotes couites et usuelles que Ton pent retrouver facilement. On obtient ainsi, avec un leger sacrifice de liuit ou dix minutes par jour , des resultats infi- niment precieux d'ordre et d'econoniie. Cependant, comme les nieil- leures choses trouvent des contradioteurs , cette methode a ^te fort mallraitee par quelques honimes superficicls qui, n'ayant fait que parcourir I'ouvrage philosophique ou sa tlieorie est developpee et soumise a une discussion approfondie , ont cru pouvoir la juger sans examen , et ont dirige contre I'auteur une iniputatior. qu'il avalt lui- ra(^me prevenue et victorieusement refutee dans plusieurs chapitres, celle de faire perdre a ecrire sa vie le tems qu'on doit employer a vivre. Tons les lecteurs de bonne foi reconnaitront sans peine que cette objection n'est nuUement fondee. Un redacteur anonyme du Journal de Paris ( numero du la mars) a surtout denature les prin- cipes et la methode de M. JuUien , au point de les rendre a la fois inintelligibles , impraticablcs et ridicules. Comme il n'a point pris la peine de lire I'ouvrage, ni d'etudier la nietbode, il les blame sans les connaitre et sans les comprendre. 11 se cree des fantumes pour les combattre; il etablit une iheorie absurde, et il censure ensuite avec amertume ce qui est le produit de sa propre conception. C'est ainsi qu'un homme, totalement etranger a I'ingenieuse methode de la partie double , qui est si precieuse pour rcpandre uue vive lumi^re sur la comptabilite administrative et commerciale la plus compliquee, ne Irouve que teuebrcs ct chaos , la ou les personncs instruites yoieut LIVRES FRANCATS. CSg un flambeau propre a lesdiriger, uiie nicthode perfcctionuee et un ordre admirable. B. 291. — Lecture graduee : onvrage dans lequel I'auteur, en presen- tant graduellement les difficultes de la lecture, en a simplifie I'etude ; dedie aux meres, par Alex. Boniface, instituteur, disciple de Pes- talozzi. Paris, iSaS; Renouard. 1"^° partie; orthographe reguliere. In-S" de 4o pag. ; prix i fr. II™' partie; orthographe irreguliere. In-S" de 104 pages ; prix 2 fr. Un bon syllabaire est un ouvrage fort difficile a composer. II exige line connaissance approfondie des habitudes d'esprit de I'enfance, et beaucoup d'ordre philosophique dans les idees. M. Boniface, disciple d'Urbain Domergue et de Pestalozzi , a redige un syllabaire dont il fait chaque jour une heureuse experience dans I'ecole qu'il dirige avec le plus grand succes, et ou il a introduit une grande partie des me- thodes employees par le venerable instituteur d'Yverdun. Les lecons du nouveau syllabaire sont divisecs en deux parties : la premiere est "consacree aux mots qui s'ocrivent comme ils se prononcent; la seconde, aux mots dont Torthograplie est irreguliere , et s'ecarte de la pronon- ciation affectee ordinairement aux diverses lettres dont ces mots se trouvent composes. La premiere partie contient trente-trois lecons ; elle est terminee par une serie d'observations claires et courtes , qui , sur chaque lecon , indiqueut en quelques lignes a la mfere ou au maitre la direction a siuvre. La seconde partie comprend vingt-huit lecons , dans lesquelles les nonibreux caprices de rorthographe sont presentes dans un ordre graduel propre a en faciliter I'etude. La ga- rantie la moins equivoque de la bonte du syllabaire de M. Boniface est dans les succi^s obtenus par cet instituteur, qui a su se placer deja parmi les bienfaiteurs de I'enfance , et qui est un des hommes appeles a faire faire aux methodes elementaires les plus utiles progres. Sou experience journali^re lui fournira les moyens de perfectionner encore ses lectures graduees par des ameliorations successives ; et cette publi- cation , toute modeste qu'elle soit , honorera le nom de son aufeur. aga. — Enigmes hisloriques , geographiques , mjthologiques , icono'o- gtques , biographiques , etc. , a I'usage des colleges et des maisons d'edu- cation; publiees par D. Levy, professeur. Paris, iSaS; Renouard. I vol. iu-i8 de i 24 pages, cartonne, et un cahier de 20 pages , pour le maitre , contenant les mots des enigmas ; prix 1 fr. So cent. L'idee de ce petit ouvrage est ingenieuse et utile. L'auteur a ras- semble une suite de desciiptions courtes et claires qui represenfeiit oti une action historique remarquablc, ou une allegoiie facile a s.ij- (iGo F.IVRES FR.\iVr;A.IS. sir, Pt qui , pour la pliipart, rcproduiseiit les sltuntions de qmlqucs tiibleaiix coriniis. II faut que, d'aprrs cette description , I'elcve devine le noin du personiiage represente , ou le sujet de ractioii qui lui est offerte. Get exercice , propie a delasser les enfaiis apres una lecon (I'histoire , pout fonriiir au maiire roccasion de plusieurs explications utiles , et presenter I'etude sous la forme d'un jeu. Sous ce rapport , les etiii;nies liistoriques de M. Levy peuvent dUe mises dans les mains desenfans et desmailres, etnenianqueront pas d'etre accueillies favora- hlemenlpar les personnes liabitueesaux metliodes de I'abbeGaultier, ;i la suite des ouvrages duquel celui-ci merite de trouver une ])Iace ho- norable. Nous engagerons tres-vivement I'auteur a modifier le ton de sa preface dans une procliaine edition ; il est beaucoup trop leger ; il est surtout trop despectueux envers Lhomond qui a rendu des services immenses a I'education elementaire. La reconnaissance pour ses de- vanciers, lorsqu'on entre dans une route aplanie par leurs travaux, est nn devoir de couvenance en nieme terns qu'un acte de justice. C. Remouari.. aya. — * Tlieorie des Gouvernemens , ou Exposition simple de la ma- ni^re dont on pent les organiser el les conserver dans I'etat present de la civilisation en Europe ; par le baron de Beaujouk , ancien menibre du Tribunat. Paris, i8a4- * v<^l- iu-S", imprimes cliez Firmin Didot , formant ensemble goo pages. (Get ouvrage n'est point en vente ; il n'a ete imprime que pour (?tre distribue a des personnes de la con- naissance de I'auteur. ) Apres trente annees de fonctions publiques dans la carriere diplo- matique ou dans notre ancien Tribunat, apres de longs sejours dans les pays etrangers , et I'experience acquise en observant uos revolu- tions , M. de B. , connu deja comme un de nos anciens representans les plus int>>gres et les plus eclair^s, et comme I'auteur habile et sage du Tableau du cnmmerce de la Grece , et de Vy4percii politique sur les Etats-Uuis , presente ici le fruit de ses meditations sur la science des gouvernemens. » Je n'ai voulu , dit-il, ni decrier leS rois pour flatter les peuples , ni decrier les peuples pour flatter les rois , parce que, sa- tisfait de nion sort, je n'anibitionne la faveur ni des uns ni des autres. Si j'ai pu meriter leur estime , mes voeux seront remplis. » — Le pre- mier volume de ce traite est consacre a I'ctablissement de quelques principes generaux sur I'organisation et les diverses formes des gou- vernemens, et a I'histoire savante et agreablement ecrite des anciens gouvernemens de Lacedemone , d'Athenes et de Rome , fondes sur I'esclavagc prive. Nous allons extraire quelques reflexidns tirecs des LIVRES FRAiN'C;\IS. 661 ches generaux , applicables indistinctement a tous les peuples , parce qu'il faut prendre ceux-ci dans I'etat oil ils sont , et non leur supposer une meme organisation sociale , comme le font trop souvent quelques ecrivains sp6culatifs. Ce n'est pas que les abstractions des philosopbes soient sans utilite; mais elles cessent d'etre utiles, quand on oublie que ce sont des abstractions. Un bon traite d'economie politique con- siste done a dire quelles sont les causes de la ricbesse publique et de I'aisance individuelle cliez un peuple place dans des circonstances donnees ; et c'est ensuite aux hommes d'etat decbercber a faire naitre, ou a eloigner , ou a modifier ces menies causes , selon la position dans laquelle se trouve le pays qu ils sont appeles a adminislrer. On sent, d'apres cela , que plusieurs traites d'economie politique, quoique Iris-opposes en apparcnce , pcuvcnt clre egalenicnt boiis, pourvu 658 LIMIES 1 11A.N(;a1S. que le lecteur ne perde jamais de vue le point il'ou rauteiir est parli , c'est-.i-clire le peuple veritable on suppose pour lequel il ecrivait. — Ces considerations n'ont pas echappe a M. du Bois-Aynie, et il les developpe avec un talent remarquable. II fait voir aussi que c'esl souvent faute de s'entendre , faute de bien definir les mots qu'on emploie, et le sens que d'autres personnes y atlachent, que taut de discussions se sont ^levees entre des ecrivains d'un grand inerite. — M. Ferrier , dans son Traite srir le goiivernement vonsicleie daits ses rapports avec le commerce , traite qu'il avail aussi intitule : De I'admi- nisCration commercials oppnsee a V economie politique , s'est attach6 prin- cipalenicnt a combattre la doctrine de Smith et les dcveloppemens que M. Say lui a donnes. M. Ferrier, tout en decriant reconomic po- litique, n'a cependant ecrit que sur Teconomie politique; il a oppose un systeme a un autre , et voila tout. M. du Bois-Ayme discute , avec une moderation et des egards dont les hommes d'opinlons les plus differentes ne devraient jamais s'ecarter, les nonibreuses erreurs dans lesquelles M. Ferrier est tombe , pour avoir voulu passer de quelques faits mal observes, a une theorie generale , et pour avoir regarde comme une cause de la richesse de la France tel r^gleinent de douane qui cependant n'a eu d'autres avantages que de n'avoir pas nui , au point de neutraliser entierement le bien que d'autres causes produi- saient. Notre systi^me commercial est generalement bon ; « mais il aurait pu , dit M. du Bois-Ayiue , nous devenir nuisible par les ap- plications forcees auxquelles on s'est laisse enlratner quelquefois , et que necessitait peut-etre I'ctat politique de I'Europe. Heureusement , le mal qui en resultait pour notre industrie s'est trouve plus que com- pense par des circonstances f.ivorables au developpcment de cette m^me iadustrie. Si celle-ci a done cte toujours croissant , ce n'est pas seulement a nos reglemeiis commerciaux qu'elle !e doit, mais bien, par exemple , a la suppression des lignes de douane entre la France et plusieurs pays que la victoire et le voeu des peuples avaient reunis sous la menie domination ; a la division des grandes proprie- tes , qui dedommagea amplement I'agriculture du mal qu'elle recut de quelques prohibitions , et enCn au gouvernement representatif qui , loin d'apporter aucune entrave au genie, enfoure de considera- tion I'homme industrieux , et apporte la vie et i'emulalii)n dans toutes les classes de la societe, par le bienfait de la liberte politique et ci- vile : dons precieux dont nuus jouirons bien plus , et que nous appre- cierons bien mieux , quand quelques esprits, encore aigris , se seronl rapprochi'S duns I'aniour dc la patrie et de rangusle t'aniille de TIVRES FRANCAIS. GGg Henri IV. «■ — On lira nvec beaucoiip d'inter<'-t, dans I'ouvrage de M. du Bois-Ayme , tout ce qui a rapport aiix consommations , a la liberie du cominerce , aux prohibitions , aux maitrises , h la division des grandes proprietes , ainsi que la maniere dont il combat ou mo- difie quelques assertions des plus celebres economistes de notre ppoque , de MM. Maltbus , Say, Sismondi , Ricardo, sur la po- pulation , le prix des cboses , la valeur naturelle et la valeur d'e- cliange, le fermage des terres , I'immaterialite des reveuus , etc. Ce qu'il dit sur la richesse comparative des etats et sur la double con- sonimation d'uTi meme produit , me parait exfremement juste. Oa doit regretter seulement qu'il se soit servi des mathematiques pour rcsondre cnelques-unes de ces questions. L'auteur dira sans doute qu'il ne fait, a proprement parler, aucun calcul , et que c'est pour ^tre plus clair, plus precis , qu'il emploie des leltres et des signes al- gebriques ; ce qui lui donne le moyen d'exprimer en quelques lignes ce qui , dans le langage ordinaire, eiit ete beaucoup plus long a dire et plus difficile a retenir. Nous comprenons bien tout cela, et cepeni dant nous I'engagcons a ne plus employer a I'avenir ces sortes de for- mules , parce qu'elles peuvenl rebuter plus d'un de ses lecteurs , et que son livre est d'un intcret trop general pour ne pas nous faire de- sirer que tout le monde puisse le lire d'un bout a I'autre. — II est une question que M. du Bois-Ayme n'a pas assez approfondie, c'est celle de I'usure. Peut-^tre aurait-il du faire remarquer que I'homme qui , profitant de I'ignorance et des besoins d'un autre bomme , lui vend a credit au-dessus du cours , du pain, des etoffes, etc. , ou lui loue une terra plus qu'elle ne vaut , ou lui pr^te son argent a uu taux su- perieura celui de la place, est aussi coupable dans un cas que dans I'autre; c'est toujours un fripon. — M. du Bois-Ayme, entraine par I'opinion generalement recue, a done eu tort , ce me semble , de re- garder comme un delit special le pret en argent a un taux supcrieur au cours. II est bien entendu , au surplus, que par le taux du cours j'en-. tends celui ou, en raison des garanties que presente I'emprunteur , la presque totalite des proprietaires consentiraient a vendre a credit leurs marchandises , ou a louer leurs terres , ou a preter leur argent. — L'ouvrage de M. du Bois-Ayme est tellement riche d'observations iiouvelles que nous regrettons qu'il ne lui ait pas donne une autre forme , qu'il n'en ait pas fait un traite separc, au lieu de suivre cba- pitre par chapitre celui de M. Ferrier. Au surplus , Tecrit que nous annoncons est redige de maniere a pouvoir etre lu avec un egal inte- ret par les pcrsonnes qui connaisseut et par celles qui ne connaissent G-jo LIVRES FRANCAIS. pas Touvrnge de M. Ferrier, oiivrage que notre auteur ahanclonne tri'S-souvent pour se livrer a des considerations gcncrales pleines do profondeur et toujours rendues avcc clarte, dans ce style pur et anime qui caracterise les productions de ce savant cooperateur de la Description de I'Egypte. X. X. 3oa. — *liistoire romaine de Tite-Lh'e, T. XVI et XVII , contenant les Supplemens de Freinshemius ; traduction nouvelle, par M. Noel. Paris, 1824; Michaud. a vol. in-S" ; prix 12 fr. et i5 fr. Ces deux volumes sont un complement indispensable pour les per- sonnes qui ont dcja les quinze premiers volumes de cette liistoire , traduifs par feu M. Dureau-DelamaUe et par M. Noel. lis completent I'histoire des guerres terminees par la mine de Carthage. Ces volumes acquierent un nouveau prix dans les circonstanccs actuelles , en nion- trant sur la scfene un personnage fameux , ce Viriathus , qui soutint en Espagne, avec tantde Constance , une lutteinegale contre le peuple- roi, vainqueur du reste de la tcrre, qui , desesperant de le reduire par la force des amies, le fit lAchement assassiner. 303. — * Essai stir les invasions des Normands dans les Gaides , suivi d'une appreciation des elfets que les etablissemens des liomnies du Nord ont eus sur la langue , la litterature , les moeurs , les insti- tutions nationales et le systeme politique de I'Europe ; ouvrage qui a obtenu une mention honorable de rinstitut de France. Paris, iSaS; Imprimerie royale. In-8° de 45t) pages. 304. — * liistoire d'' Espagne , depuis la plus ancienne I'poque jus- qti'a la fin de I'annee i8og ; par John BiGi.ANn,^raduite de I'anglais et continuce jusqu'a I'cpoque de la restauration de 1814 ; ouvrage revu et corrige par le comte Mathieu Dumas , auteur du Precis des ivenernens militaires. ( V^ t. xx, p. 45- ) Paris, 1828 ; Firmin Didot. 3 vol. in-8° de Sya pages, avec ime fort belle carte d'Espagne , accompagnee d'une Notice, par M. Bony de Saint-Vincekt ; prix 20 fr. 305. — * Les Jiiifs d'Occidertt , ou Recheiches sur I'etaC civil , le commerce et la litterature des Jiiifs , en France , en Espagne et en Italic , pendant la duree du moyen age ; par Arthur Beugnot , membre de I'Academie de Rouen. Paris, i8a4 ; Levrault. i vol. in-8° de 4i feuilies ; prix 8 fr. 3o6. — Le I'ieil et le nouiel Ilesdin , ou Histoire de ces deux villes; par S. Moudelot, principal du college de Hesdiu. Abbeville, 1823 ; imprimerie de H. Deverite. i vol. in-8° de 114. pages. Si , dans chaque ville de France, un citoyen cclaire suivait I'exemple LIVRES FRANCAIS. 671 de M. Moudulot , et exposait , dans uii cadre rcti'cci , I'hisloire et I'etat actuel de la cite qui I'a vii naitre, nous aurions une serie d'ecrits pleins d'interets, et ou pourraient puiser les litterateurs qui vou- draient nous offrir, soit une description exacte du royaume , soit une veritable histoire nalionale. 11 nous semble que I'autontc adminis- trative se signalerait honorablement en encourageant de pareilles pu- blications; sans doule , quelqucs faibles depenses dirigees dans ce but ne trouveraient que des approbateurs ; il est au nioins certain qu'on en fait tous les jours qui ne reunissent pas aulant de suffrages parnii les administres. — L'Essai liistorique de M. Moudelot renferme divers niorceaux interessans. Nous citerons entre autres la relation du siege d'Hesdiu, fait en ifiSg parlemarechal dela Meilleraye, ecritepar Deville; relation dont Carnot a dit , dans son celebre ouvrage sur la defense des places fortes, « qu'elle peut servir de niodele en ce genre , et qu'elle donne une idee de la nianiere dont on procedait de part et d'autre dans la guerre de sieges a cette epoque. » L'auteur a cm devoir donner une forme moderne au style suranue du narra- teur, et, a nion avis, il a eu tort sur ce point ; car, c'est toujours aux depens de la verite des tableaux qu'on remplace I'expression naive et animee d'mi contemporain par des mots et des tournures plus confornies a notre gout actuel. Un autre morceau , YHisloire de la revoke et de la catastrophe de Fargues, en dit plus sur le legne de Louis XIV que six volumes ecrits a la nianiere duP. Daniel. L'ouvrage est termine par un precis statisque sur cette cite d'Hesdin, qui a donne naissance au romaucier Prevost. P. -A. D. Soy. ■ — • La chaumiere a/ricaine , ou Histoire d'lirte famille francaise jetec sur la cote occidentale de V Afrique , a la suite du naitfrage de la Mediise ; par M'"" Uard, nee Charlotte- Adelaide Picard, Tune des naufragees de la Meduse. Paris , i8a4 ; Bechet aine : Dijon , Noellat. I vol in-ia , erne de deux plans lithographies ; prix 4 fr. et 4 fr. 73 c. La lecture du premier cliapitre de cet ouvrage m'avait fait doutcr qu'il flit rcellement ecrit et public par une des victimes de I'horrible catastrophe au souvenir de laqnelle il est consacre. En effet, les de- tails oiseux que coniient ce cliapitre paraissent puerils et meme in- convenans , mis en regard de I'affreux tableau qui doit leur succeder; je conseillerais , dans une seconde edition , de les suppriiiier enti6- remeiit , ou du nioins de les abreger de beaucoup. Le reste de l'ouvrage m'a vivement iuteresse , et il ne pouvait pas en etre au- tiement d'un sujet qui s'empare de toutes les affections de Tame , 67'i LIVRES FRAXr.ATS. pour les exciter toiir ;i tour fortcnicnt. La poiiiture de pareils mnl- heuis , ne serait-elle que le fruit d'uno riclie et active imagination, saurait encore nous arracher dcs pleurs ; que doif-ce done etre , quand on sail que cette peiiiture n'a malheureusement ricn que de trop reel , quand les principaux personnages qu'elle nous niontre sent encore vivans, quand I'lui d'eux tient le pinceau ! — C'est pour obeir au dernier vceu de son pere que M"'<^ Dard a pris la plume. Avant de tracer le tableau de la deplorable situation oit sa famille s'est trouvce au Senegal , elle fait le recit du IS'aiifrage de la Meduse. « Ce recit, dit-elle , etait necessaire , tant pour indiquer I'origine de nos malheurs qu'a cause de la liaison qui existe entre ce desastreux evenement et le terrible voyage dans le desert de Saara , par le^- quel nous parvinmes enfin au Senegal : il m'a fourni I'occasion de relever ce qui , dans I'ouvrage de MM. Savigiiy et Correard, manque d'exactltude. » C'est en presence de la mort qu'il faut juger I'homme. Dans le tableau de Mnx^Dard, I'humanite apparait avec toutes ses qualites et- toutes ses imperfections; tons les vices, toutes les vertus y sont , pour ainsi dire, representes; mais le principe dominant du caractere francais s'y lait surtout remarquer , c'est-a-dire le courage , la generosite, et cette gaieto qui le quitte rarement , rneme au plus fort du danger. Get ouvrage demande surtout a clre lu et meditepar ceux que leur position appelle a commander aux autres hommes ; ils y verront combien il iniporte de bien placer sa conCance, et de n'accorder le pouvoir qu'a des mains habiles et expcrimentees. L'i- gnorance du capitaine commandant la Meduse, et celle du pilotc sur lequel il s'etait entierement repose de 1' execution de ses devoirs , ont etel'unique cause de son naufrage , ainsi que des borreurs et des crimes qui en ont ete la suite. Puisse une pareille lecon ne pas etre perdue ! E. H. 3o8. ■ — Jocko, anecdote detachee des lettres inedites sur I'instinct des animaux ; par Charles PouGEJfS. Paris, 1824 ; P. Persan , edi- teur, rue de I'Arbre-Sec, n° sa. i vol. in-12 de 176 pages; prix a fr. L'homme a porte avec succ^s ses investigations dans I'immensite des terns et de I'espace ; c'est en lui-m^nie et autour de lui qu'il trOu ve les mystcres les plus obscurs ; les monumens des tems antiques , la marche des spli^res celestes, lui sont connus , et les profondeurs de son propre coeur, I'organisation intellectuelle des <;tres dont il est entoure , lui sont restes inexplicables ; ce champ immense et fecond n'est pas encore parcouru.Un denos plus illustreset respectables sa vans, ecrivain et pbilosopbe, qui, prive de bonne heure du spectacle de UVRES FRANCAIS. G73 la nature, en a consci-ve une impression d'jiutant plus profonde dans son imagination et sa pensce, M. Pougens, de I'lnstilut , vient d'ex- Iraire d'uu grand ouvrage , qu'il est sur le point de publier, siir r Instinct des Anirnaux , un Episode que nous annoncons , et qui a ete accueilli avec le plus vif cmpressenient. C'est le recit d'un Eu- ropeen, denieurant en Asie, qui raconte la manicre dont il avait , pour ainsi dire, eleve la femelle d'une de ces esp^ces d'animaux qui approche le plus de I'liomme dans rechcUe de la creation. Des incidens pleins d'interet , des descriptions pleines de charmes , des observations et des faits puises dans les renseignemens les plus au- thentiques de riiistoire naturelle , caracterisent ce ronian d'un genre tout-a-fait nouveau. L'auteur nous dit qu'il I'a traduit du portugais , sansdoutecomme/a Chaiimieie indienne,les Lettres Persanes, Eliezer et Nephtali, le sout des langues etrangcres d'ou leurs imniortels auteurs assuraient les avoir tires. Ce n'est pas la seule ressemblance de I'ingc- nieux roman de M. Pougens avec ces ouvrages. JiJichelB^nn. 3oQ. — Lettre a M. le president de I' Academic royale des Inscrip- tions et Belles-Leltres , sur le projet de reduire le nombre des Acade- miciens ; avec cette epigraphe : Odia restringenda , Javores amnliandi. Paris, i8i4; Debaussaux. Brochure in-8° de 8 pages. Le respectable auteur de cet ecrit (M. Boulard ) en a commence ''impression sur le premier bruit d'un projet de reduire I'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres de I'lnstitut, dequarante membi-es ordi- naires a trente seulement; mais, lorsqne le Journal des Debuts recueillait ce bruit, et que cette le'.tre etait mise sous presse , I'ordonnance ctait deia rendue depuis quelques jours. Cette lettre est la seule reclamation qui ait 6te rendue publique sur une ordonnance evidemment con- traire aux progres d'un genre d'etudes que le gouvernenient encou- rage d'aillcurs d'un autre cote , et que le Roi cstinic partlculierement. On sait , dans le monde savant , combien elle a surpris presque tous les membres de I'Academie , au moment ou tant de nouvclles de- couvertes en Asie et en Egypte etendent les attributions de ce corps sa- vant, et multiplient les sujets de ses recberches. II y aurait done ici une enigmedont, toulefois,on donne le niotassez publiquement.Quoi qu'il en soit , la reduction doit s'operer , en ne nommant qu'a une place sur trois vacantes par deces; il faudra done quinze vacances et cinq elections seulement, c'est-a-dire, trente ans au moins, pour I'execu- lion de cette niesure : on n'en voit pas bien clairemcnt la nccessite presente, et, durant ces trente annees, chaque nouvelle extinction fera vaiier la position financiere de chaque menibre de I'Academie, doat T. XXI. — Mars \?>•l!^. /|3 ^74 LIVRES FRAlNrAIS. le traitoment doit vraisemLhiblemenl s'accroitre p.ir Ics extinctions. En attendant, si ces o;:tinctions frappent sur les niembrcs les pins la- borieux , que deviendra la coinjjaguie? Qui se cliargera de la con- servation de sa gloire? Unc foulede reflexions sepresentent a ce sujet. On assure d'ailleurs quo I'oruonnance n'enonce aucun motif. Une nie- suresi inattendue etd'une telle influence sur des eludes qui obtiennent si peu d 'encouragement , exigeait , ce nous semble, nioins de re- serve : dureste, cette ordonnance n'a ete impriniee nulle part. Si on la public un jour, nous pourrons I'examiner alors en plus par- f aite connaissance des choses. La justice oblige de dire ici que 1' Aca- demic n'a point soUicite I'ordonnance , et qu'clle a ete sollicltee et rendue a I'insu du corps. L. P. 3 ID. — Lettre a M. ChampoUion ie jeitne , relative a Cajfmile du cophte avcc les langiies du nord de I'^sie et du nord-est de I'Europe ; par M. Ki-APROTH. Paris, i8a3; Dondey-Dupre. In-8". Le savant auteur de cette lettre, si verse dans les langues de TEn- rope et de I'Asie , cherche a demontrer les aflinites des langues in- diquces dans son titre, avec le cophte , qui n'est que I'ancienne langue egyptienne, ecrite avec les caract^res de I'alpliabet grec. 1! reunit pour cela et compare un certain nombre de mots tires du breton, du slave , du chinois , du turc , du tchouwache , du persan , des idionies du Caucase, du latin ni6me, dont il trouve Torthographe tres-ana- logue a celle d'autant de mots cgyptiens ayant la mcme acception. L'auteur vent en conclure que la langue egyptienne pourrail bien n'etre pas d'origine africaine ; mais on sent qu'une question de cette nature ne pent etre resolue par I'analogie plus ou moins directe de cent vingt-cinq mots egyptiens avec un meme nombre d'autres mots tires d'lme certaine quantitc d'idiomesde divers pays- Ces rapproclie- niens n'en sont pas moins utiles a la philologie, qui, s'appliquant it la comparaison des langues et a la recherche de leur origine, est une etude eniinemment philosophique , et M. Klaproth a fait depnis long-tems ses preuvcs a cet egard. B. 3i I. — * Reperloire des theatres etrangers. — OEuvres de Shakspeare , traduites de I'anglais, par Letourneur. IVouvelle edition, corrigee et enrichie de notes de divers commentateurs , sur chaque 'pit-ce ; formant 12 volumes in -18, publics par livraisons. Paris, 1823 ; Brissot-Thivars , editeur , rue de TAbbaye, n° i4 ; prix 2 fr. 5o cent, le volume , ou 3o fr. les douze. Cette importante collection et les diverses parties dont elle se LIVRES FRANCAIS. 6^S compose , deviendront successivement robjet d'un examen appro- fondi dans ce recueil. 3 1 2. — * Classiques francais. — Les Provinciales , ou Lettres de Louis de Montalte ; par Pascal. Paris, 1824; L. Debure. 2 vol. in-Sa ; prix 6 fr. et 6 fr. 5o cent. — "Le portrait de Pascal se trouve en t^te des Pensees du meme auteur, qui faisaient partie de I'avant' derniere livraison ( vajr. ci-dessus, p. 196 ; mais les personnes qui ne prendraient que les Lettres provinciales , peuvent I'acquerir separc- inent, si elles le desirent. Ces lettres immortelles , oil la correction et I'elegance du style se joignent a la force des raisonnemens et a I'eloquence du coeur , n'e- taient plus gufere consult6es que comrae un livre qui a fixe la langue francaise , et qui est reste digne de seryir de modele a tous ceux qui veulent apprendre I'art si difficile de bien ecrire. Aujourd'hui , c'est presque un ouvrage de circonstance, comme il I'etait quand il parut au xvii° siecle. Le pouvoir prochain, la grace sufjisante , la doc- trine sur la probabilite, la methode de diriger V intention selon les casuistes, les cas de conscience, etc.; toutes ces choses sont autant de questions qui seraient de nouveau a I'ordre du jour, et qui ne de- manderaient pas moins qu'un autre Pascal pour ^tre combattues avec succes , si la lecon de I'experience etait perdue pour les peuples, et s'ils devaient retomber sous la puissance occulte d'un corps qui ne s'est jamais regarde comme entierement vaincu. E. H. 3 1 3. — * OEnvres completes de Voltaire, xiii^ livraison, tome XXXVII et LI { Dictionnaire philosophiqne , inxne II. — Corrcspondance avec le roi de Prttsse, tome II ). Paris, 1824; Dupont. 2 volumes in-8° ; prix, 6 fr. le volume , papier fin satine, et 10 fr. papier velin. ( Voy, ci-dessus, page 198.) 314. — * QEuvres poetiques de Saint-Jnge. — Nouvelle edition , com- posee de ses poesies diverses , 1 vol., et de ses traductions d'Ovide, savoir : celle des Metamorphoses , 4 vol.; celle des Pastes , 2 vol.; celle du Remede d' amour , i vol., et de V Art d'aimer , i vol. Le i*' volume est augmente d'une Notice historique , et orne du portrait de V auteur. Paris, 1824; Michaud. 9 vol. in-i»; prix 27 fr. 5o cent, et 34 fr. — On peut acquerir chaque ouvrage separement. 315. — * Loisirs d'un militaire , ou Traduction en vers francais d^une partie des Odes dUorace, avec le texte en regard, et la tra- duction en prose de MM. Campenon et Despr^s ; par M. le vicomte Lenoir, marechal de camp des armees du Roi. Paris, 1822; Firmiu Didot. I vol. in-i2 de i35 pages ; prix, 3 fr. 67G • LIVRES FRANCAIS. La date de ce petit volume est d^ja un peu ancienne , et nous n'y reviendrions pas , si le raerite qui s'y montre ne suffisalt pour excuser aupres de nos lecteurs une si tardive annonce. II n'est jamais trop tard pour rendre justice au talent. L'essai de traduction que M. le vicomte Lenoir a souniis au public se distingue par uue assez grande lidt'lite a reproduire la pensee , le mouvenient , I'expression de son original, par un tour elegant et facile, par une harmonie soutenue. Une citation justiDcra ces cloges ; je la prends dans I'ode a Grosphus , sur les inquietudes inseparables de la condition humaine. ( Llv. 1 1 , Ode XV. ) Le sage rit de peu : cttnteut du neccssalrC, D boit dans I'liumble coupe ou buvaicnt ses aieux ; Le sordide interet, la craiute, rien n'altcrc De son sommeil le calme heureux. Pourquoi tant s'agiter pour un moment de vie? Sous un cicl etrangcr pourquoi porter scs pas? L'homnie eu vain croit se fuir en fuyant sa patrie; II se retrouve eu tous cliuiats. Le cbagriu sur I'esquif moute avec I'equipage, S'attacbe au cavalier, vole avec I'escadron, Plus vite que Ic cerf , plus leger qu'un uuage Chasse daus I'air par I'aquilon. Je cederais volontiers au plaisir de poursuivre cette citation ; mais ce que je viens de transcrire suffira sans doute pour faire connaitre la mani^re de M. le vicomte Lenoir , que cet essai place au nombre des plus beureux interprfetes d'Horace, et qui soutient souvent sans desavantage la redoutable rivalite de ceux de ses predecesseurs dont on conserve le souvenir, de MM. Daru , Dewailly et L. Halevy. ( Voy. tome xix , page x8i. ) H. P. 3i6. — La Petite llenriade, ou VEnfance de Henri IV , poeme en trols chants, avec des notes bistoriques et litteraires, presente a S. A. R. Msi^ le due de Bordeaux ; par Maizont de Laurevl. Paris, 1824; Pillet aiiie. In-i8 de vj et 284 p. grand raisin, avec une lithograpbie ; prlx 3 fr. 5o c. 817. — La Famille grecque , ou \ Affranchissementde la Grece, poiime dialogue, suivi de Poesies divcrses ; par M. Sekvan de Sugny. Paris, j824 ; E. Cabin. In-i8 de 14" p. ; prix 2 fr. LIVRES FRATVTAIS. 677 3i8. — * Essais poetiques ; par M"« Delphine Gay. Paris, i8a4 ; rauteur,rue Louis-le-Grand , n" ai ter : Delaunay, Bouland etTar- dieu. In-8° de 116 pag. , avec une lithographic ; prix 3 fr. 3 1 9. — Debut poetique , ou Choix de poesies diverses ; par Joseph Leohard. Paris, 1823 ; Mansut. In-i8 de 211 pag., avec une litho- graphie ; prix 2 fr. 5o. 317. — Recreations poetiques , ou Melanges de poesies galantes , po- litiques, badines et morales ; par ^.-D. Vigakosy, ex-capitaine d'etat- major. Paris, 1823 ; Lecaudey. In-i8 de x et 211 pag. ; tres-jolie im- pression de J. Tastu , avec de char mantes vignettes ; prix 3 fr. Oh! combien je plains nn auteur! Contenter tout le monde est chose difficile : MienK vaut le metier de ceascur. Ces derniers vers du recueil de M. Vigarosy offrent I'expression d'un sentiment que beaucoup d'auteurs apprecieront sans doute , et regarderont comme une verite, mais dontlajustesse pourra bien aussi etre contestee par quelques censeurs ; tant il estvrai que personnen'est jamais satisfait de son etat. S'il est difficile a un autenr de contenter tout le monde, il Test souvent bien plus encore pour un critique, partage entre la crainte d'abuser ses lecteurs par une trop grande indulgence et la presque certitude de paraitre trop severe aux yeux de celui dont il juge I'ouvrage. Cette idee ne ni'a peut-etre jamais si vivement preoccupe qu'a la lecture du premier des poemes que je rassemble dans cet article. II est surtout fdcheux d'avoir a distinguer de I'execution d'un ouvrage I'intention dans laquelle il a ete entrepris. — Nous epargnerons a I'auteur de la Petite Henriade toutes les cita- tions sous lesquelles les journaux qui ont deja rendu compte de son ouvrage Font accable ; leurs articles ont du lui prouver suffisamment combien son amour-propre I'a trompe , s'il s'est cru appele a saisir un jour le sceptre de la pocsie epique , que si peu de mains clie/. nous ont su porter avec dignite. Son amour pour le meilleur des rois lui avail deja inspire une ode et une chanson (pag. 259-276 de son recueil); c'etait beaucoup, c'etait trop peut-etre pour la gloire du chantre et celle de son beros ; des amis eclaires , jaloux du repos ct de la reputation de M. de Maisony, auraient du lui conseiller de ne pas faire paraitre un ouvrage ou il ne s'est rencontre , dit-il (p. i53), v. Mvistre. jVoiivelle edition, revue, corrigee et augmcntee par madanic O. C. Paris, 1834; Ch. Gosselin , Delauuay. In-S" de 71 pag.; prix, 3 fr. 5o. L'ignorance des fails et la violation des egards que se doivent entre eux Ips mcmbres de la republique des letlres, se font egnlenient re- LIVRES FRANCMS. 68 1 marquer dans le litre seulde cet ouvrage. En effet, i" Le Lepreux de la cite d'Aoste n'a point pour auteur feu le conrite Joseph de Maistre ; mais M. le comte Xavier de Maistre, son fri-re , a qui Ton doit aussi le charmant Voyage atitour de ma Chambre; 2° est-il convenahle de s'em- parer d'un ouvrage generalement estime, pour y fa ire de pretendues ameliorations qui le deCgurent? Voila ce que vient d'operer madame O. C. , par les conseils d'«« ami , auqiiel une longiie et douce habitude la parte a confer toutes ses emotions, c"est-a-dire, du dirccteur de sa con- science. Cet ami a donne un fort mauvais conseil a sa penitente ; et , le conseil fut-il bon , la penitente est entree fort mal dans les vues de son directeur. Toutes les additions qu'elle s'est permises a I'opuscule de M. de Maistre , tous les retranchemens qu'elle y a faits , denaturent I'ouvrage, que je conseille de lire dans I'edition avouee dc son esti- mable auteur, et annoncee ci-dessus , p. 204. B.vrbier. 32a. — * Recherches sur le cuke de L'acchiis, symbole de la force re- productive dela nature, consideree sous ses rapports generaux dans les mysteres d'Eleusis , et sous ses rapports particuliers dans les Dio- nysiaques et les Trieteriques ; par P. -A'. Rolle ; ouvrage qui a rem- porte le prix propose en 1819 par Tlnstitut (Academic des inscrip- tions et belles-lettres). T.-I. Paris , 1824 ; J. S. Merlin, i vol. in-8° de clxj et 379 pag. ; prix 21 fr. et 26 fr. 223. — * Description de I'Egypte. Recueil des observations et des re- cherches qui ont ete faites en figypte pendant I'expedition de I'armee francaise. Seconde edition, Aediee au Roi , publiee parC.-L.-F. Panc- koucke. Livraisonscxxvn''-cxxxviii'^;t. XIII, et un autre Volumesous le titre A' Antiquites , concernant la Liste des auteurs des dessins et I'ex- plication des planches. Le premier de 568 pages, et le second de 606. ( ^q>-. ci-dessus , cahier deyrtwv/er, pag. Iil-l35, un troisieme article sur cet important ouvrage. ) 334. — * Architecture arabe on Monumens du Kaire , dessines et mesures pendant les annees 1820, 1821 et 1822 ; par P. Coste , ar- chitecte. I'''^ hvraison. Paris, 1824; Firmin Didot , Carilian-Goeury, Bance, Bossange pere. i cahj.er in-fol. contenant fi planches. — L'ouvrage entier se composera de 74 planches grnvees au trait, et d'un texte compose de Texplication de ces planches , de la descrip- tion historique de chnque monument, et d'un Precis sur I'histoire des califes d'Egypte. Prix de la livraison, sur papier colombier, 8 tr. ; sur papier de HoUande , 10 fr. 325. — Plan d'Aquilcc , bourg bSti sur les mines de raiiciennc metropole dont il porte le noni , echelle de ",78 pour 200 metres. fiSi LIVRES FRANQAIS. line fenille de a pieds 8 ponces sur i pied lo ponces. Charles Si- nionneaii , rue de l.i Psix , ii" 6. Prix 6 fr. Ce plan , d'nn grand inter^t pour les personncs qni s'occupenl d'antifjuites , presente le bourg de ce noni , qni conipte A peine au- jonrd'hui nne population de i4oo ames, ainsi que le cours de la Ter7.o ft le trace du canal , dit Delle-Vergine. Ca et la , aux qualre points cardinaux d'Aquilce , sont des notes qui font connaitre les em- placemens de differentes fouilles , ce qu'elles ont donne, et ce qu'on peut encore en esperer. L'encadrement de ce plan contient avec beau- coup de gout et en ai compartimens : i° une notice succincte etbien faite sur Aquilee; a" un fragment de carte du Frioul, qui fait con- naitre la position d' Aquilee , relativement a Palma , Gradisca , Mont- Falcone , Duino et Trieste ; 3° la forme et les details des objets trouves dans les fouilles de la partie orientale d'un champ situe au nord d'Aquilee; 4° une vue prise de I'interieur du pare de Villa-Vi- centina ; 5° la vue des sources du Tiniave » flcuve qui n'a qu'un miile de longueur, et qui n'en est pas nioins navigable jnsqu'a son origiue, formee de plusienrs sources qui s'elancent du fond d'une montagne de roc, avec un bruit semblable a celui d'une mer agitee par la tempete » ; 6° les plans et les elevations de deux aqueducs soutenains d^couverts dans les fouilles. ■• Ces aqueducs, qui sans doute avaient servi d'egouts , etaient entierement construits en brique : ils avaient les memes dimensions , et etaient reunis a angle droit presque immediatemeiit au-dessous d'une porte de ville; les matieres dont ils etaient enconibres consistaient la plupart en fragmens de poterie ; il y a ete trouve aussi plusienrs monnaies anciennes » 7° la coupe de fouilles faites dans la partie orientale du champ ci - dessus cite ; 8° I'explication des objets trouves dan's ce champ , et qui sont : mi vase en verre de fort belle qualite; de petites pieces de ruban en or legerement deroulees , paraissaient avoir ete jetees et arrangees dans la matiere meme du verre lorsqu'elle etait encore en fusion ; pieces de monnaie, cornalines gravees en creux, baguettes en ivoire, verres colores, objels en bronze, vases lacrymatoires en terre cuite on en verre comniun , lampe en terre cuite, et paroissant egalement des- tinee a recevoir de I'huiie ou un corps cylindrique, tel qu'une bougie ou une chandelle : sur plus de vingt lampes qui furent retirees en- tieres ou peu endommagees , il n'y en cut pas deux parfaitenient seniblables ; clef en fer tres-oxyde ; 9° la forme et les details des objets trouves dans le champ nord, et qui vjemient d'etre enumeres; 10" plan et profil des fouilles faites dans la partie oricntnlc du <;li.iinp, LIVRES FRANCAIS. 683 a r^chelle de o,58 pour 5o metres , avec des notes explicatives qui I'ont connaitre les «ndroits oil ont cte trouves ces differens objets ; 11° dessins d'autres objets trouves dans le nieme champ; 12° suite del'explication, disque en bronze, face inferieurede quelques pierres de pave, poids en terre cuite, plan et coupe des tuiles trouvces a des profondeurs considerables, claveau des aqueducs, conduit en pierre dont In pente semblait se diriger vers la porta de la ville ; objets en terre cuite d'une destination incertaine ; i3° plan et prolil de la fouille executee dans la partie septentrionale du champ; 14° coupe des aqueducs ; i5° vue de Duino , village situe sur le bord de la mer, dans une situation tres-pittoresque. — Detruite plusicurs fois, Aquilee, dont Tite-Live fait remonter la fondation a I'an Syo de celle de Rome, 184 ans avant Jesus-Christ, a ete autrefois si considerable , qu'on la nomma la seconde Rome. Riche et florissante par le commerce de r Italic et de I'lllyrie dont elle etait le centre, elle continua tellement a prosperer, apr^s le siege memorable qu'elle soutint avec succes en 238, centre Maximin (1), qu'elle avait au commencement du v^'sifecle 12 niilles de circuit. Elle ceda neanmoins, apres une vigou- reuse resistance, en 4^2, a Attila , qui y mit tout a feu et a sang. Narses la retablit , et les Lombards la soumirent et la ruin^rent enfin en 509 (a). Dans ces circonstances malheureuses,ses citoyens fugitifs ji'eurent pas toujours le tems d'emporter leurs effets. Aquilee doit done renfermer encore sous ses ruines un grand nombre d'objets plus ou molns precieux. Le resultat de quelques fouilles faites en 1820 , pour essai seulement , et que presente le plan dont nous rendons compte, n'affaiblira point cette opinion , surtout si Ton fait attention qu'independamment des produitsdont il est fait ici mention , et d'une infinite d'autres qu'il serait trop long de decrire; << non comprisaussi re qui a pu ^tre soustrait par les ouvriers , les fouilles faites dans le champ... en mars et avril 1820, avec une trentaine d'ouvriers seule- ment, fournirent plus de 100 pieces de nionnaie , dont une d'or et six d'argent; 355 kilo, de plomb ; et en pierres, niarbres, bri- ques , etc., de quoi former la charge de 26a charrettes attelees de deux paires de boeufs. On n'aura done pas de peine a croire que (i) Lors de ce siege, les babitaus donnerent des marques singulieres de leur fidelite pour Rome; car, manquant de cordes pour leurs arcs, ils coupeient les cbeveux dc leurs femmcs et en lirent des cordes. Le senat, cu niemoirc dc fOtte aetiuu et du zele de ces daraes, dedia un temple a Villus la c/iative. '2) Heuri, due de Bavitre, la prit aiissi en y48. G84 LIVRES FRANC AIS. de nouvelles fouilles faites h Aquilee .ivec les soins convenables no puissent dedomniager en grande partie des depenses dont dies au- raient (?te Tobjet. • — Ces resultats sont pen de chose sans doute, surtout en les coniparant avec ceux qu'ont prodiiits les fouilles d'Her- culanum et de Pompe'ia ; mais sur une petite ctendue (i) , le peu ne laissera peut-t'tre pas que de paraitre meriter quelque attention. Uii autre motif a determine a offrir au public ce plan, avec des annota- tions fort curieuses : c'est que ces fouilles , ayant ete recomblees aprfes avoir kie depouillees de ce qu'elles renfermaient , il ne sera plus pos- sible de revoir les choses telles qu'elles ont existe. — Le plan de Tiisculum , renomme par la beaute de ses environs et la delicieuse campagne oii Ciceron ecrivait, aujourd'hiii Frascaii , ne tardera pas a paraitre. Ces deux plans, quipourront servir de pendans I'un a I'autre, sont de M. le comte de Sambucy, qui , en cherchnnt a tirer parti du terns qu'il a passe sur des terres classiques et jusqu'ici peu explorees , a regarde comme une obligation de sauver de I'oubli tout ce qui peut presenter quelque interet a la science et aux artistes , ainsi qu'aux personnes qui aiment a reporter quelquefois leurs pensees vers les tems antiques. Sukur-Merlin. 826. — Description de la statue /'rust e , en bronze dore , trouvee a Lillebonne , etc.; par MM. Rever et La Billabdiere. Rouen , iSaS ; Emile Periaux. Rroch. in-8° de 56 pages , avec planches. Le petit bourg de Lillebonne , situe entre Rouen et le Hdvre , a ^te, sous la domination romaine et sous le gouvernement des dues de Normandie, une des villes les plus florissantes du pays des Calets , sous le nom de Caletus et de Juliobona. Phisieurs geographes romains, entre autres Ptolemee ; quelques bistoriens du moyen age, parmi lesquels nous remarquons Orderic Vital, savant nioine du xi'^siecle, la signalent comme une des villes les plus importantes des Gaules ; plusieurs decouvcrtes recemment faites sont venues con- firmer ces donnees historiques. On a retrouve les vestiges d'une voie (^i) Les fouilles de la partie oricntale out ete faites sur une longueur d'envi- rou i3o metres et a une profondcur uniforme de 2 metres sur 84 de long. Celles de la partie rcstante vers le uord n'eurcnt de limites que cello des cous- tructions les plus basses ; et aCu d'arrachcr les pierres cpii servaient de base aux aqueducs, ou coutiuua oes fouilles avec des epuisemeus a la pcUe, jusqu'a la pi-ofondeur de 4 metres ()5 centimetres. — Ces dernieres operations mirent a dccouvert des pieu.\ ct des madriers joiutifs, rcstes des batardoau.^ tinployes saui doute lors de la fondaliou de ces galeries souterraiucs. TJVRF.S FRANCATS. 685 romaine entre Rouen et Caudebec ; pres de Lillebonne on a trouye nn aqucduc ; non loin de la un cimetiere antique rempli d'urnes et de medailles ; enfin , un vaste theatre de pres de trois cents pieds de longueur, place a I'entree du bourg actuel , et que Ton s'occupe en ce moment de deblayer. Beaucoup de parties sont assez bien conser- vees ; mais d'autres le seraient mieux encore , sans la barbaric des moines de Saint- Wandrille, qui en ont arracbe les pierres pour bdtir leur eglise de Saint-Michel. La decouverte que -vientde faire M. Holley permet de concevoir les plus beureuses esperances sur celles qui restent encore a faire. « La statue trouvee dans son terrain, a six cents pas en- viron du theitreantique, fest, disent les sa vans auteurs de la brochure que nous annoncons , la traduction d'lin bon type , et sa confection pent etre placce dans la seconde moltie du ii^ sltele de Tere chretienne. » Elle est formee de morceaux de bronze fondus a part, et raccordes ensuite avec un art admirable. La fonte est fort inegale; mais son ensemble presente les plus belles proportions. Elle est revdtue d'une feuille d'or epaisse , et qui s'est assez bien conservee dans plusieurs parties. Ce fait prouve toute rimportance que Ton attachait a ce morceau. La nudite de la statue indique qu'elle represente un dieu ; mais rien ne pent faire voir ce que I'artisle a voulu rendre ; on peut supposer seulement que c'est un Apollon ou un Bacchus jeune. Nous devons remercier MM. Rever et La Billardiere de la description savante et de I'analyse chimique qu'ils nous ont donnees de cette statue. Esperons que la munificence du gouvernenient en enrichira notre musee. L'auteur de cet article , qui s'est rendu dernierement a Lillebonne, a appris de M. Holley que deja de riches etrangers lui avaient fait des offres considerables. Edouard Gauttier. Memoires et Rapports de Societes savantes et d'utiiite publique. Bay. — Societe des lellres , sciences et arts de Metz. — Recueil de i8a2 a 1823. Metz , juin iBaS ; Lamort , itnprimeur de la Societe. Dans une premiere Notice sur I'industrie francaise ( voy. Rev. Enc. , i''''serie, t. xix.p. Siy-SaS), M. Charles Dupin a parle avec un detail exact et curieux de I'exposition des produits manufacturiers du departement de la Moselle; cette exposition avail ete provoquee par la Societe des lettres , sciences et arts de Metz , qui a decerne a ses frais des medailles aux fabricans qu'un jury a juges dignes de cette distinction. L'habile academicien , nnime par un esprit de jus- 686 LIVRES FRANCAIS. tice , s'cst plu h louer le talent et le zde de celte honorable compsfgnie. Mais le cadre qu'il avail adopte ne lui a permis de citer que I'ouvrage profond sur la geometrie , du a M. Poncelet , capitaine du genie, pre- sident de la Societe de Metz , et le concours que celle-cl a opvert rela- tivenient a f influence des sciences exactes sur les productions litCeraires. Nous alloDS faire connaltre a nos lecteurs le dernier recueil de cette academie. — EUe a lenu une seance generale le 29 mai dernier. Dans le discours d'ouverture prononce par M. Thiel , alors president , nous avons particulierenient remarque ce passage : « Rien n'est a dcdaigner dans I'etude de la nature, et la chose la plus petite en apparence pent conduire aux resultats les plus etendus, suit pour la science elle- nieme, soit pour la prosperite d'un peuple et le bonheur de I'huma- nile. Des jeux d'enfans fournissent les nioyens de rapprocher les dis- tances et de lire dans les cieux ; la chute d'une poinme revele a Newton les lois de I'univers ; une aiguille magique fait fomber les barrieres de rOcean , et sortir un autre monde du sein des flots ; une plante appor- tcede cette nouvelle terre rassure la vieille Europe contre les maux de la famine; et la simple observation de Jenner nous affranchit d'un fleau qui moissonnait ou fletrissait notre jeunesse dans sa fleur; une pierre cree , en faveur des arts et de la pensee, une Industrie nou- ■velle ; une legere vapeur devient le moteur d'une puissance etounante ; et mues par elle , d'ingenieuses machines viennent centupler la force et le pouvoir de I'homme. » — M. Herpin , secretaire , a rendu compte des travaux pendant I'annee iSaa-iSaS; ce rapport est divise en sciences matheinntiques , physiques et medicales ; en arts chimiques , me- caniqnes et cconomiques ; en antiquiles et en litterature. Dans la premiere section , est le iraite des proprietes proj'eclives des figures , que M. Pon- celet, sans le secours d'aucun livre, a compose en Siberie , a la suite de la trop fameuse campagne de 18 r a. M. Paixhans, chef debataillon de Fartillerie , est I'inventeur d'une nouvelle force maritime; il propose iin syst^me de bouches a feu. « Lc plus frele navire qui en serait arme pourra incendier, detruire et couler a fond dans quelques instans le vaisseau de ligne le plus formidable. Une commission nommee par le Roi a dii s'occuper d'experiences que M. Paixhans a denian- J^es. — M. Serullas a la deux memoires: l" du mojen d'cnjlammer la poudre sous teau a toules les profondeurs , sans feu , par le seiil contact de teau. « Application ing^nieuse du charbon fulminant , matiere de- couverte par lui. » 2° Notes sur V hjdriodate de potasse et I'acide hydrio- diqtie, etc. ; il a enrichi la chimie d'un corps nouveau , I'liydriodure de carbone. — M. Bergery s'est occupe de la solution du probl^me : LIVRES FRAN^AIS. G87 Troiiver la perspective d'lin point qrtand on connait les distances dii ta- bleau a ce point ct a I'ocil. M. Noel a fait lionimage de Melani^es de ina- thematiqiies oil applications de talgebre a la geonietrie elementaire ; et M. Woisard , de Recherches sur quelqttes proprietes des solutions particu- lieres des equations dijferentielles da premier ordre ; ce deruier meinoire a ete insere posterieurement dans les Annales de inathematiqiies. — M. Herpin, secretaire , ouvre lui-m^me la seconde section, en rendant compte de plusieurs nioyens qu'il a employes avec succ^s pour la conservation des viandes. Ilapresente, en outre, la description d'un nouvel alambic a I'usage des pharmaciens et des liquoristes. II a fait part d'un precede facile pour reconnaitre les toiles blancliies par la chaux ; enSn, il a communique le resultat de ses recherches et de ses experiences sur I'incision annulaire de la vigne. M. Michelot , I'un de nos collaborateurs, a offert un memoire interessant sur la gelatine des OS. (Voy. Rev. Enc, i''^ serie , t. im, p. 19-45.) M. Poncelet a pre- sente des idees sur les puits artesiens que Ton pourrait construire dans le departcment de la Moselle. II a reinis a la Societe son memoire sur Hn pont-Ievis a contre-poids variable, dout le ministre de la guerre a ordonne I'impression. M. de Gargan a fait connaitre le resuhat de sondages donl robjet etait de trouver la bouille; M. Collin a prcsente le dessin et ladescription d'un appareil destine a preserver de la fumee, et a eteindre les feux de cheminees. M. Segard a indique un mecanisnie a I'aide duquel on distribue avec une parfaite uniformite le fll sur les bobines du metier a guimper des passementiers. MM. Gorcy et Se- rullas ont lu des rapports relatifs a des experiences sur la fermenta- tion vineuse. — La troisieme section du compte rendu traite des anti- quites et de la litterature. La Societe a su dignement repondre a I'appel fait par I'Academie des inscriptions et belles-lettres , et par la Societe royale des antiquaires de France. M. Devilly a presente un rapport du plus baut interet sur des nionumens decouverts , en 1822, a la citadelle de Metz; ils consistent presque tons en tombeaux, dont quel- ques-uns offrent des sculptures d'un bon style. Les inscriptions sont bien gravees ; une d'elles fait mention de la vingt-deuxi^me legion , qui occupait une partie des bords du Rhin. II ne reste qu'un angle considerable d'un tres-grand monument qu'on n'a pas retrouve. Ces monumens appartenaient au corps du genie militaire , qui les avait exhumes. La Societe avait demande qu'iis restassent a Metz. Le ba- ron Ladoucette, president des Antiquaires de France, qui se trouvait dans cette ville, fit des demarches actives pri's de M. Lambel , colo- nel du genie, et de M. le vicomte Rogniat, president du conseil de fi88 LIVRES FRANCAIS. cette arme , pour obtenir qii'ou clonnAt ces objets curicux a la Soci6ti> s, dans le departement de la Moselle , toutes les parties du vaste domaine des neuf Soeurs. M. Faivre , anime par le spectacle des produits de I'industrie , sur lesquels M. Poncelet a insere un rapport dans le recueil dont nous rendons compte , s'ecrie : De vos utiles veilles Vencz clicrclicr le prix , vous de qui les efforts , Erapruntant au calcul de plus puissaus rcssorts. Out eclaire les arts du feu de la science; Vous de qui les talens, I'ardenr, la patience, De produits ctrangers out eurichi nos champs ; Et vous de qui les soins moins vautes , plus toucLans , Se sont borues a rendre uu vase moins fragile, A donncr au sapiu, a la modcste argile, Des contours moins grossiers, de moins eoiiteux apprels; Craignez peu qu'on oppose a vos bumbles succes Des succes plus briUans, des couquetes plus grandes; Venez aux pieds du dieu deposer vos offrandes. Ce dieu, c'est la patrie, etc. La Societe a propose des prix qui seront decerncs , en avril 1824 1° au meilleur traitc sur la fabrication du sucre de betterave; 2" sur la question ; Quelle a etc , dans ces derniers terns, rinjluence de I'e- tiide des sciences exactes sur les productions purement litteraires P Elle donne, en outre, des medailles d'encouragenient ou le titre d'associe correspondant pour les dissertations les plus interessantes sur I'histoire du pays messin , sur les renseignemens topographiques et statistiques du departement. L*. 3a8. — Seance publique de la Societe d'agriculture , commerce sciences et arts du departement de la Marne, tenue a Chalons le 27 aout 1823. Chilons-sur-Marne, 1823 ; Boniez-Lambert. In-8° de 3 feuilles. La societe de Chdlons restreint ses publications a ce qui est d'une ntilit^ non contestee. Sa seance publique de I'annee derni^re fut remplie par des lectures varices, et le rapport de M. le secretaire nous apprend que les vers s'y mdlercnt a la prose. Cependant, nous ne trouvons , dans le compte rendu de cette seance, outre le rapport T. XXI. — Mars 1824. 44 (k)o LIVRES FRANCAIS. sur les travaux tie la Society , rien qn'un seul discours, celui du president. Ajoutons que ce discours ii'olitient les honncurs de I'im- pression , que parce que c'est un nic'iiioire sur un sujet du plus grand interct, reducation du labouicur. M. Duruis, auteur de ce memoire , car c'est ainsi qu'il convicnt de qualifier son ocrit , ne propose rien qui ne soit praticable ; il voudrait que nous imitassious au moins quelques peuples voisins , que I'instruction agricole fiit r^pandue en France au ni(^me degre et par les mcmes moyens qu'en Allemagne et dans I'Ecosse ; que nous missions a profit I'experience acquise , seul nioyen d'en acquerir qui nous soit propre , et de nous mettre en ctat de donner Teseniple, apres I'avoir recu. M. Dupuis rappelle la proposition qu'il fit , il y a quelques annees , d'ctablir une ecole pratique d'agriculture au milieu des terres les plus steriles de la Champagne, projet dont I'execution n'attend peut-etre qu'un nouveau F'ellenberg , aussi zcle que le genereux philantrope Suisse , pour la cause de I'instruction populaire et pour Tamelioration morale des classes pauvres , et qui opererait lui changement niiraculeux sur I'immense surface des landes Champenoises; il voudrait que , dans les ecolesprimaires , les recueils de phrases insignifiantes que Ton met entre les mains des enfaus fussent remjjlaces par de petits livrets instructifs, comma en Ecosse et en Allemagne; que I'onrenoncat, dans ces ^coles , a Tenseignement individuel, si lent et si rebutaiit, et qu'apres avoir recouvre le tems precieux que la methode actuelle fait perdre a I'enfance , on I'employat au profit d'une instruction reelle, appropriee a la profession que 1' enfant doit exercer uu jour. — Le rapport annuel de M. le secretaire sur les travaux de la Societe est court , et bien rempli. Apres ce rapport , nous trouvons un memoire de M. Jeandeau sur la cendriire de trepail , sorte de lignite sulfureux qu'il regarde comme un indice de houille , erreur qui devrait etre dissipee depuis long-lems. — M. Bakrois termine le recueil par une Notice sur la machine a battre le ble , qu'il a intro- duite dans le dcpartenient de la Marne. Cette machine est niise en mouvement par deux chevaux, et servie par trois personnes ; elle bat cent gerbes par heures , et la separation du grain est beaucoup plus exacte que par les procedes ordinaires. La machine possdde aussi plusieurs avantages dont M. Barrois a reconnu la realite. C'est une importation anglaise. llepandue d'abord dans le midi de la France , elle n'a pas obtenu aulant de faveur dans les pro- vinces du nord. II faut esperer que les conseils et I'exemple des ugronomcs instruits triompherout des prejuges et de la routine, LIVRES FRAjVCAIS. 691 et (jue les cultivateurs adoptcront. geiieralement cet excellent moycn d'epargner le tems et le travail , et de perfectioiiner le produit. F. Sag. — jinnales de la Societe lojale des sciences , belles-lettres et arts d^ Orleans. Tom.Y , n° i-6. — Ces Annales paraissent par ca hiers de trois a quatre feuilles d'impression. Six cahiers forment un -volume. On s'abonne pour deux volumes , qui sent publies en deux ans ; le prix est de 10 francs pour Orleans , 12 francs pour les autres villes du royaume , et 1 5 francs hors de France. On souscrit a Orleans , chezM. Pelletier, secretaire general de la Societe , et chez M™e veuve Huet-Perdoux , libraire. Nous ne connaissons point assez les statuts de la Societe d'Orleans , pour savoir si les membres y jouissent d'une entiere liberie de penser d'apres eux-memes, et de suivre leurs inspirations; mais, ce que personne n'ignore , c'est que les societes litteraires , privees de cette independance , devieunent tout-a-fait steriles pour le bien , saus perdre toutefois le pouvoir de faire le mal. Nous ne repeterons pas ici les lieux communs sur le nalurel indomptable du genie, sur son horreur pour tonte espece d'entraves : les verites de cette nature tiennent assez de place dans les livres ; il ne reste plus qu'a les appliquer a propos , et plus souvent qu'on ne le fait. Quelques Societes savantes ont donne ce Lon exemple , et maintieunent la liberte des opinions ; d'autres n'y voient que confusion , dangers , corruption meme; elles fixent la mesure de chaque pas , tracent la direction , defeudent les ecarts , etablissent une censure ; celles-ci admetteut volontiers des membres qui n'ecrivent point et qui se chargent de inoderer , dans leurs collegues , la funeste ambition de communiquer au public les fruits de leurs etudes et de leur experience. Les journaux ont retenti du tumulte excite dans la Societe d'Orleans par un discours de M. de Morogues sur I'infktence des societes litteraires ; nous avons cherche vainenient , dans ce dis- cours , ce qui avait pu soulever quelques passions , ou alarmer quelques intercts. M. de Morogues le retira , la Societe ne le reclama point ; I'un et I'autre eurent raison. La paix interieure est le premier besoin de toute reunion d'honimes ; on pent lui sacrifier , non sans regret, des verites jugees iirtempesllves , des lumieres trop eclatantes pour la faiblesse de certains yeux. Ces lumieres se repandent ailleurs , et reviennent modifiees par de uombreux reflets ; ces verites ne sont pas perdues ; elles reviennent aussi , soit dans un tems plus favorable , soit avec une autorite plus imposante , et elles occupent en(in la place qui leur appartient. Les amis dc I'humanite ne perdent jamais «9« LIVRES FRANCAIS. courage , ils sont cxercc'S A la patience , ils savent attendre ; M. de Moro<;iies I'a prouve dans cette circonstance.- Puisque nous parlons de ce savant et philanllirope agronome, il est terns de faire mention do son memoire snr rmilitc d'lin corps permanent cTingenietirs ngri- coles el mamifacturiers , inscre dans les Annales de Vindustrie nationale eC et range re , et imjjiime sc'parement chez Fain , place de I'Odcon , i8i3. Le litre de ce niemoiie expose assez la pensce de M. de Mo- xogues ; quant a Tetablissenicnt qu'il propose , on doit remarquer qu'il existe dcia un corps d'ingenieurs pour I'industrie mineralogique ; car nos ingonieurs des mines seraient peu occiipes, s'ils etaient bornes a ce que designe Ic nom de leur emploi. C'est done en observant I'influence de ce corps sur i'industrie sotimise a son inspection , que Ton pourra jueer avec plus de certitude du bienqu'opererait une institution seni- blable pour I'ensemble de tons les arts. Mais il faut avouer que I'or- "anisation du corps dont M. de Morogues propose la formation, serait tres-difficile , et conduirait a dcs questions legislatives que I'on sait mieux trancher que resoudre. II s'agirait de poser les limites du droit d'inspection et de respecter scrupuleusement ceux de la propriete , d'eviter les empietemens, les tracasseries; de faire en sorte que la mediocrite revetue d'un uniforme n'impose point ses conseils au profond savoir en habit de travail , et ne pretende pas le diriger, etc. En discutant ces grands objels d'econoniie publique, on sent comblen il est difficile de louvoyer entre le bien et le nial. On est engage dans un de ces passages resserres , oil , comme le dit Pascal, la verite est si subtile, que le moindre ecart fait tomber dans I'erreur; et I'erreur si deliee que , pour peu qu'on s'en eloigne, on retombe dans la verite. D'ailleurs, les circonstances actuelles sont effrayantes pour I'industrie ; on ne peut oublier que les jurandes menacent de Tenvaliir et de la subjuguer. Jusqu'a ce que son ho- rizon soit degage de ces noires vapeurs , tile n'aura que trop de motifs de se troublcr , en entendant prononcer le mot d'inspection. II est bien facile d'indiquer ce qui serait veritablement le plus utile pour nos arts et le plus honorable pour I'autorite qui influe sur leurs destine es : qu'on imite I'Angleterre, et encore mieux le nord de I'Amerique. — Revenons a la Socicto d'Orleans. Le resume de ses travaux depuis 1818, lu a la seance publique du mois d'aoiit iSaS , est insere dans les n"' 5 et (5 de ses Annales. Get ensemble d'objets , dont chacun en particulier a droit d'interesser, devient encore bien plus digne d'alteution , lorsque Ton peut I'apercevoir ainsi d'un coup d'oeil. L'agriculture a plus spocialcment occupe les menibres LIVRES FRANC AIS. 693. de la Societe ; les beaux-arts , les antiquiles et les letlrcs y sont aussi traitees assez fuvorablement ; mais il faut avouer que les arts iiidus- triels y sont iin peu negliges. Cette observation ferait presque soup- Conner que les fabriques d'Orleans ne sont pas dans un etat de prospe- rite , malgre tous les avantages que la .situation de cette villa parait leur offrir. Esperons que les elforls des liommes cclaires , si nom- breux dans le dcpartenient du Loiret , remedieiont a ce nial , dout beaucoup d'autres villes semblent affectees. Peut-6tre faul-il recon- naitre en cecl I'influence d'une capitale ou tout est reuni et centralise. C'est aux depens des provinces qu'elle s'enrichil. Les manufactures qui s'elevent dans son enceinte font tomher un nombre equivalent d'etablisseniens eloignes: il n'y a qu'un dcplacement sterile , et meme onei-eux , et point d'acquisition reelle. F. Ouvrages pcriodiques. 33o. — Journal Medical de la Gironde, redige par une Societede mede- cinsetdepliarmaciens. — Ce journal parait, dans la premiere quinzaine de cbaque mois , par cabier de quatre a cinq feuilles d'inipression. Six numeros forment un volume, de plus de 400 pages. Le prix de I'abonnement est de i5 fr. pour Bordeaux , et de 18 fr. pour les departemens. Nous ne connais.sons encore ce nouveau recueil periodique que par le cabier du mois de Janvier ; c'est assez pour bien augurer de ses succes dans I'avenir , surtout si les redacteurs s'attachent a inserer des articles originaux , plutot que de meltre a contribution les journaux consacres a la medecine, en France et dans toute I'Eu- rope. C'est par les publications, originales que I'opinion publique juge les journaux , et mesure le degre d'estime qu'ils meritent. On en trouve quatre fort interessantes dans le caliier de Janvier du Journal medical de la Gironde ; I'une de M. Gueri/i pere , sur 1' usage des bougies opiacees dans I'etranglement des hernies ; des re- flexions sur le tetanos , par M. Burguet; des observations sur une affection liysterique remarquable par sa longue duree, ses inter- mittences , et les pbenomenes qu'elle presentait ; une notice de M. lioisviile sur un engorgement squirreux au sein , gueri par I'application reiteree des sangsues. — Nous suivrons attentivenient le progres des acquisitions que Tart de gucrir va faire par les soins des redacteurs de ce nouveau recueil ; et,conforniement a notre plan, nou^;. en reudrous compte dans la lievue. F. r,94 LIVRES FRANCAIS. Lh'fTS en langues etrangeres jmblies en i''rance. 33 1. — Joannis Laurentii Lydi de ostentis qiite siipersunt , etc., graca sxipplevit , latine ■vertit C.-I3. Hask, in schold res;id linguaniin orien- taliiim I ecentiortim professor. Paris, tSaS ; de rimprimerie royale. lii-8° de 43o pages. L'objel de cet ouvrage, restituc d'apres des nianuscrits grecs tres- imparfaits , traduit en latin avec beaucoiip de soin et de talent par le savant professeur M. Hase, est de faire connaitre les plienom^nes du ciel et de I'atmospli^re, et les pronostics les phis absurdes dcduits de fails pretendus observes. En un mot, cet ouvrage est comme I'al- manach de Liege, redig6 au vi'^ siecle a Constantinople, non pour le peuple ignorant, mais pour le peuple ou la multitude des grands et des savans de I'empire grec. On y apprend une partie detaillee de riiistoire curieuse des erreurs et des faiblesses de I'esprit hu- main. L. 332. — Thesaurus pat rum , torn. I, II et III. Paris , 1824 ; Bauce- Rusand. 3 vol. in-S"; prix 6 f'r. le volume pour les souscripteurs , ct 8 fr. pour les autres. — L'ouvrage entier sera compose de huit volumes. La marclie de I'esprit liumain, les progrisde la raison, ont, depuis jilus d'un siecle , propage un tres-grand nombre de verites utiles et importantes ; mais, on ne saurait se dissimuler que ces verites se trouvent encore accoinpagnees d'erreurs faclieuses chez une partie de la generation qui les a recueillies. Parmi ces erreurs, je ne ba- lancerai pas a ranger le dedain leger et injuste de qnelques adepter. d'une philosophic superilcielle , pour les monumens littcraires et religieux des croyances qui se partagent le monde civilise. Ces preventions commencent a se dissiper , et le recueil precieux dont nous annoncons les trois premiers volumes, doit contribuer beaucoup a les detruire entierement, en montrantque c'est dans la sagesse re- ligieuse de iios anciens qne les plus importantes verites sociales de nos jours pourront trouver des appuis solides et respectables. Le Thesaurus patrum , qui sera recu paries amis de la religion avec vene- ration et enthousiasme , le sera avec inter(5t et reconnaissance par les amis des lettres , de la morale ct d'une sage et veritable philosophie. Michel Berr. 333. — V.-H. FoRTCNATl, Pictaviensis e/jiscopi opera. Cambrai, 182a ; Paris, Raynal et Seguin , rue Sainte-Anne , n<= 16; prix 3 fr. , et 3 fr. 5o c. franc de port. LIVRES FRA1VCA.IS. 6g5 Ce volume est le second de la collection en quatre volumes des Poetes ecclcsiasliques latins , iniprimee et publiee par M. Hurez , de Cambrai ; mais cette collection elle-mdme est la suite , et , pour ainsi dire , le complement d'une autre bien plus importante , entreprise par le m^me editeur , et coinposee de quarante volumes in-ia. Cette derniere, dont il a paru jusqu'a ce jour quatre volumes , doit com- prendre tout ce qui nous reste des oeuvres de tons les Poetes latins de I'antiquite. Deja, nous avons parle ( foj^ez tome xiv , p. 63) de ces deux collections , dont I'execution typographique fait honneur aux presses de M. Hurez. B. L. 334. — Gulliver's Travels. — Voyages de Gulliver ; par Jonathan Swift. Paris, i8a3 ; Renouard et Jules Didot. a vol. iri-i 2 , papier velin , ornes de dix gravures; prix 12 fr. Les yof/iges de Gulliver soiit tellement connus et si universelle- inent apprecies , qu'on doit se borner , en annoncant une edition nouvelle de cet ouvrage , a la considerer sous les rapports purement typographiques. Celle-ci estdela plus grande elegance, et tout-a-faif digne des presses de M. Jules Didot. Les gravures dont elle est ornee' sont executees d'apres les dcssins de Lefebvre, et composees avec beau- coup d'esjirit. Le lexte parait fort correct. 335. — The Loves of the Angels , a poem. — Les Amours des Anges ; par Thomas Moore. Paris, 1823 ; Renouard et Juler. Didot. i vol. grand in-8° de i34 pages; papier velin, figures en bois ; prix 9 fr. Ce beau volume ne fait pas moins d'honneur aux editeurs que le precedent, et pent ^tre considere comnie un chef-d'oeuvre de typo- grapliie. Le poeme de Thomas Moore , qui a obtenu en Angleterre le plus eclatant succes, est apprecie en France a toute sa valeur; car le tems n'est plus oil de fAcheuses barrieres separaient les diverses litteratures nationales , et retardaient pendant long-tems les empvunts qu'elles doiventse fairede leurs richesses reciproques. Deja, deux tra- ductions Ae& Ahiours des Anges ont paru en francais; celle de M"'<'Belloc, Irfes-superieure sous plusieurs rapports , a ete , dans la Revue Encj- clopedique (tome xix , page io5), I'objet d'une analyse, a laquelle nous ne pouvons; mieux faire que de renvoyer nos lecteurs. Une edition anglaise des OEuvres completes de Thomas Moore a aussi ete publiee a Paris, et annoncee dans la Revue (tome xrx, page 461 ). La nouvelle edition anglaise des Amours des Anges , imprimec par M. Jules Didot , est le plus beau monument typographique qui ait ete eleve au grand pocte dont I'lrlande s'honore aujourd'hui. K. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. Etats-Unis. — New-Hampshire. — lies iles Shoah. — Construc- tions markimes. On vient de construire dans ces iles , situees par latitude N. 42° Sg', et par longitude O. 72° 5o' , una jetee dont la longueur, depuis I'lle de Smutty-Nose jusqu'a celle de Cedar, est de 784 pieds ; I'elevation au-dessus des hautes eaux , de 6 pieds, et la largeur de la chaussee, de 11 pieds. La profondeur de I'eau , a I'endroit ou elle a ete construite , varie de a5 a 35 pieds. On a etabli les fondations , en y jetant plus de 45, 000 tonnes pesant de pierres , jusqu'a ce qu'il y en eut an niveau de I'eau a maree basse. Ce grand ouvrage a ete entrepris par Thomas Haven et Jonathan Folsom. L'on y a travaille, depuis le 5 juillet jusqu'au i5 octohre 1822 , et depuis le a5 avril jusqu'au 18 octobre iSaS. Le congr^s a vote pour sa construction une somme de 1 1 ,5oo dollars ( 60,875 fr. ). La baie que cette jetee forme , entre File de Smutty-Nose et celles de Cedar et de Star , offre actuellement un port sur pour les batimens en charge pour Portsmouth , que les vents du nord ou les marees em- pechent d'entrer en riviere. W. — Etablissemens suisses de Vevey et de Gand. — • LTn de nos hono- rables correspondans de Lausanne, M. Dan.- Alex. Chavannes, pro- fesseur de zoologie , qui est lui-meme en relation avec un de ses compatriotes etabli en Amerique, nous adresse, en date du 14 mars 1824? 1^ reclamation sulvante an sujetdes colonies suisses des bords de rOhio, sur lesquelles nous avionsrapporte, d'apresun voyageur Anglais, un fait qui parait manquer d'exactitude. « Dans le compte que vous avez rendu du journal de Thomas Nuttal(tome xx de la Revue , page uy), j'ai lu : que ce voyageur, descendant I'Ohio , insha les etablissemens suisses de Fevej et de Gand, oil l'on a essay e de cultiver des vignes , mais sans succes. Cette derniere assertion manque de verite, du moins quand a "Vevey, et je crois devoir vous fournir les nioyeus de la rectifier, en vous adressant AM^RIQUE. 697 I'extrait suivant d'unc lettre que j'ai recue , sous la date du i5 no- vembre 182a, de I'un des fondateiirs de cette colonie, M. Jean- Jacques Dufour, origiuaire de Montreux , dont le vignoble est I'uu des mieux cultive de notre pays. — « J'ai -vu, me dit ce respectable patriarclie , avec une vive satisfaction , les details que vous avez bieii voulu me donner sur le bonbeur dont jouit le canton de Vaud. Je desirerais pouvoir vous en dire autantde cepays-ci ; mais nous avons ete affliges, depuis trois ans, par beaucoup de maladies, flevres bilieuses et intermittentes , auxquelles se sent jointes les fi^vres jaunes, que les steamboats (bateaux k yapeur) nous ont apportees de la Nouvelle-Orleans ; j'ai eu cinq families de mes fermiers malades , presque toutes a la fois. — A ces maux est venue se joindre la pe- nurie d'argent causae par la chute des billets de banque, qui avaient tellement multiplie un numeraire fictif , que le peuple avail brule ses rouets , trouvant les etoffes venaut d'Angleterre a meilleur marcbe que celles qu'il fabriquait lui-m^me; les importations sont ainsi devenues tellement considerables , que le numeraire avait com- pletement disparu. A la suite de tout cela , le prix des terres est retombe oil il etait il y a dix ans , et les produits sont si bas, qu'il y a reellement grande penurie. On ne donne plus qu'un quart de piastre pour la journee d'ua ouvrier ; ce qui a fait naitre un grand decouragement parmi ceux de nos Suisses arrives les derniers. Mais ceux qui ont des vignes font toujours tres-bien leurs affaires ; la der- niere recolte n'a ete , il est vrai , que moyenne , mais d'un vin ex- cellent.— La ville de Cincinnati, qui compte aujourd'hui de 8 a 10,000 Smes, commence a consommer une assez grande quantite de notre vin; il se vend en detail aS centiemes de jiiastre la bou- teille. » — Voila , Monsieur, des details sur la fidelite desquels vous pouvez compter; ils sont en eux-memes d'uue bien mince impor- tance; mais ils peuvent redresser une erreur, et toute erreur doit disparaitre d'un journal tel que le votre. — J'ajouterai, que le plant cultive dans le vignoble de I'Oliio est celui de Madere, qui y reussit a merveille. Agreez, etc. Dan.-Alev. Chavannf.s , Prof.dezoologic. — New-York. — Prisons. — Stepping-mill ( Moulin a marches , appele aussi Moulin de discipline ). — Cette nouvelle methode de pu- nition qu'on vient d'introduire dans le Penilentiaire de New-York ^^Toj-e: ci-dessus, page Sga ) , a deja eu la plus heureuse influence sur le moral des condamnes. La machine dont on se sert est com- posee d'nne ou plusieurs roues cylindriques d' environ 5 pieds de diamelre , portant des marches en bois sur toule leur largeur , figS AMERIQUE. qui est de 20 a a5 piecis Les prisonuiers , places sur une m^mc ligiic les iin^a cote cles aiitres, dc niveau avec I'essieu, niouteiit leiitemenl ces marches ; et leur poids faittourner ces roues, qui eUes-iiK-ines , a I'aide d'«//«c/re, etses mesures calculees pour servir tous les interets, quelque opposes qu'ilsparaissent d'abord. Apres la lecture dii rapport, M. John Murray a propose d'adresser une petition a la chanibre des Communes, pour la prier d'examiner de nouveau la question ; et tout en respectant les droits des proprietaircs de negres (que la nation est disposee a indem- niser de leui s pertes par des remises de fonds considerables) , d'etablir EUROPE. 7o5 des lois tendant a am^liorer par degre la situation des esclaves , et a les emanclper enti^rement. M. Murray s'est eleve avec beaucoup de force contre les clanieurs des proprietaires d'esclaves qui repoussent rintervention de la Grande-Bretagne. On a lu ensuite quelques com- munications sur le sort des esclaves a Antigues , Tortola , etc. Glasgow. — Dons en faveur des Noirs. — L'associalion des Indes Occidentales de cette ville a vote loo guinees , qu'elle a envoyees a la Societe de Londres , pour Tamelioration du sort des esclaves dans les possessions anglaises de I'Anierique. Celle de Liverpool a envoye la meme somme, dans le meme but. L.-S. B. ClxFORD. — Universite. — College d'Oriel. — i^ fevrier 1824. — Dans notre caliier de septembre dernier ( t. xix ), nous avons insure une Notice sur V Universite d' Oxford , qui nous avail ete conjmu- niquee par I'un de nos coUaborateurs , M. A. Taillandier, d'apres ses propres observations. Cette notice a ete traduite en entier dans le journal anglais , intitule The Monthly Magazine ( n" de decem- bre 1823). Nous pouvons offrir it nos lecteurs une garantie encore plus sure de I'exactitude des details qu'elle renferme , en mettant sous leurs yeux la traduction d'une partie d'une leltre que M. Tail- landier vient de recevoir , et qui lui a ete ecrite par I'un des prin- cipaux membres de I'Universite , M. le docteur E. Copleston , prevot du college d'Oriel. Cette lettre servira de complement k la notice par les legeres erreurs qu'elle signale , et par les reflexions interessantes qu'elle contient sur I'education des Universites anglaises. « J'ai lu avec le plus vif plaisir , ecrit M. Copleston , votre notice sur I'Universite. Ce n'est pas seulement une preuve satisfaisante pour nous que vous avez ete content de votre visite , et un temoi- gnage flatteur de votre bonne opinion ; mais , dans les points de vue gencraux , elle est d'une Cdelite remarquable. J'y ai observe deux ou trois legeres inexactitudes qui n'ont aucune importance ; par exemple , le chancelier est toujours elu a vie ; I'autorite effective qu'il exerce est considerable. On ne pent faire aucun nouveau statut sans son conseutement ; et beaucoup de dispenses sont accordees tous les ans, mais ne peuvent meme etre proposees sans sa recommandation. Le vice-chancelier est un magistral du comte d'Oxford , mais non le premier magistral. La juridiction de la cite est entieremenl dis- tincte. Chaque corps esljaloux de ses privileges; mais, la nuit , la police de la ville est remise tout entiere aux soins des officiers de rUniversile. Le docteur Kidd est le professeur qui a lu des lecons d'anatomie comparee. M. Buckland est professeur de mincralogie et T. XXI. — Mars l^1!^. /j5 ^06 ETTROPE. cle g('()logie. MM. Diincan n'ont j)as voyage en vertu d'line mission , mais comrae sinijiles particuliers, et out acliete de leur Jjourse les objcts d'arts qu'ils out rajiportrs. Une souscription particuluVe a ete oiivcrte parmi les membres de rUniversite , pour I'acliat des ino- d(Hes en pMtre. — Ce ne sont la toutefois que des minuties. Je suis surpris dc voir que vous ayez pu donner unc description aussi exactc; car , a dire la verite , j'ai eprouve les plus grandes difficultos a faire comprendre aux etrangers , nieme aux plus intelligens , a ceux qui avaient recu la mellleure education , la nature d'une Universite anglaise. II en est comme de I'etude d'une ancicnne constitution ; il faut une connaissance pratique pour la comprendre. Une institu- tion qui se dit gouvernee par le m^me corps de lois , qui presente la ineme apparence exterieure , mais qui traverse plusieurs si6cles , doit se cout'ormer graduellement et d'une manit-re presque imper- ceptible au cbangement des mceurs et des institutions sociales ; en sorte que les anciens noms des emplois et des clioses ne sont plus applicables dans leur sens originel. Permettez - nioi de vous en donner un exemple par rapport aux fellows. Dans I'origine, un college ttait fonde pour etre compose d'un chefctd'un certain nom- bre de Jellotvs , 20, 3o ou 4o, suivant les circonstances. A cette ^poque, ces fellows residaient tous, et continuaient leurs etudes et leurs controverses publiques , qui occupaient une grande partie de la vie des homnies instruits. Ce mode d'etudes a subi une revolution lente. Aprfes quelques annces passees dans un college , ils eutrent maintenant dans quelque profession active , et obtiennent la permis- sion de s'absenter. Le nombre en est si grand , que les trois quarts , et m^'Uie une plus grande partie encore , peuvent etre absens , et il en reste touiours assez pour continuer les exercices du college. Les mmtres effeciifs ont eprouve une revolution semblable ; ce ne sont plus des professeurs publics , mais des tnteurs qui prennent chacun un certain nombre des jeunes membres de leur college , comme pu- pilles, et qui les dirigent dans les etudes necessaires pour leur grade. Ces tuteurs ne se trouvent pas dans les statuts originaires. lis recoivent certains appointemens annuels de leurs pupilles. Per- sonne n'est oblige de se charger de cet emploi, et , en consequence , le prixdel'instruction est trfes-variable, suivant I'liabilete et les talens du tuteur. On pent remarquer aussi qu'une grande partie des jeunes etudians a Oxford et a Cambridge sont des fils de seigneurs ou de gen- tilshommes, qui nes'engagent pas dans I'etat militaire aussi frequem- ment que chez les pruples du Continent; que le droit et la medecine EUROPE. 707 nc sont pas reeUement enseignes dans les Universites , mais a Londres, seul lieu oi'i nn homme peut se rendre capable de remplir les devoirs actifs de ces professions ; que rinstruction llberale dans la littcrature ancienne et moderne est rohjet principal, a un degre suffisant du moins pour exercer I'intelligence et polir le carac- t^re de ceux qui sont destines a remplir les classes elevees de la societe , et parnii lesquels nous coniptons le derge de I'Eglise eta- blie. En un mot, uiie Universite anglaise est frequentee seulement paries jeunes gens destines a J'Eglise, et par ceux a qui leur for- tune inspire le desir d'ajouter une education liberale , sans aucun plan de vie determine, anx autres avantages dont ils peuvent he- riter, on qu'ils sont dans le cas d'acquerir. La reputation d'eleve de ces Universites rehausse toujours nn homme dans Testime pu- blique ; mais ce n'est pas une qualite necessaire pour dtre admis aux divers emplois ou professions, excepte dans I'Eglise ; encore n'y est-elle pas toujours exigee. Plusieurs de nos avocats les plus distingues n'ont pas recu cette education , mais ils ont toujours senti avec regret le defaut de cet avantage , quand ils sont arrives a des postes eleves dans la societe. Un fellow perd son emploi par le mariage ou par la possession d'une certaine propriete ou d'une place; mais ces regies varient dans cbaque college. C'est une veritable sine- cure. — Je demeure, mon clier Monsieur, avec une haute estime, votre tr^s- humble serviteur, E. Copleston. » LoKiiREs. — Societe rojale. — Cetfe Societe vient d'admettre au nombre de sesmembres deux savans Fraucais , M. Fourier, secretaire perpetuel de I'Acadcmie royale de sciences, et M. Vauquelin , connu par ses importans travaux chimiques. — IJibliographie. — Decouverte efiin Manuscrit de Milton. — C'est a un M. Lemon, employe aux archives de I'etat, qu'on doit cette pre- cieuse decouverte , qui a excite une vive sensation dans le monde litteraire. Onsavait depuis long-tems que quelques-uns des ouvrages de Milton n'avaient pas ete publics. Le docteur Synimons , editeur des ouvrages en prose de cet immortel auteur, dit dans une note (tome VII, page 5oo ) , apres avoir fait mention de la mort de Mihon , arrivee le 8 novembre 1674 : « Une reponse a un libelle dirige contre lui , et un systeme de theologie , appele , selon Wood , Idece Theologize , sont des compositions de Milton , qui se sont per- dues. La derni^re a ete , pendant un certain terns , entre les mains dc Cfiiac Skinner , marchand ; mais on n'a jamais pu savoir depuis cc quelle est devenue. » Anthony Wood dit , en parlant de Milton , 7o8 EUROPE. dans ses Fasti Oxonienses ( ifiSo ) : « II commenca son Thesaurus latin vers i655, ainsi que la composition du Paradis Perdu , et un corps de Tkeologie , tire de la Bible ^ avec un grand nombre de ci- tations en hebreu. Get ouvrage, appele par mon ami Aubrey, Idear Theologize , est enire les mains d'un ami de I'auteur, nomme Cyriac Skinner, qui a aussi !e Thesaurus latin. » II parait que c'est le premier de ces ouvrages qui vient dY'tre retrouve. On a verifie I'ecriture du manuscrit ; on croit que les cent premieres pages sont ecrites par Marie, Clle cadette de Milton ; Ic reste est de la main de Philipps , neveu du poete, avec des corrections et des passages interlignes de I'ecriture de ses deux Clles. On peut facilement expliquer comment cet ecrits'est trouve dans les archives, puisque Milton a ete long-tems attache au gouvernement de Cromwel, comme secretaire pour la langue latine. — Beaux-Arts. — Peinture. — Exposition de la Galerie britannique. — Pen de tableaux d'histoire , quelques portraits , une foule de pay- sages et d'interieurs ; des animaux, des fruits, etc. , forment I'ensemble de cette exposition, oi\ Ton remarque un gout trfs-pro- nonce pour les tableaux de genre. Les scenes champetres de M Stark ; les clairs de lune vaporeux de M. Hoffland , meritent d'etre cites d'abord ; viennent ensuite les paysages de Lee, ceux de Lenton , de Dewint , de Vincent ; les tableaux de fantaisie d'Owen et de Bone , de Sewton. Les qualites de I'Ecole anglaise sont la fecondite d'ima- gination, la verite dela pantomime , et surtout I'effet , que les Anglais produisent a untres-hautdegre ; enCn, un certain charmede couleur. Ses defauts sont Tincorrection du dessin , I'exageration de I'effet , le manque de naturel dans beaucoup de parties. — Gravure. — II vient de paraitre des Vues choisies de la Grece , par Williams. Les plus remarquables sont celle du Parthenon , telqu'il est maintenant , et une autre du m^me 6diflce , tel qu'il etait dans son origine ; une vue d'Athenes , prise de la coUine du Musee , les temples d'^recthee , et de Minerve Polias ( protectrice de la TiUe). Cet ouvrage est divise en six livraisons , contenant chacune six gravures. L.- S. 15. — Necrologie. — Da Costa.' — Vers la fin de I'annee 1823, est mort, a Londres, le chevalier Hippolyte-Joseph Da Costa Hurtado de Mendoqa, ne a Colonia da Sacramenta , sur le fleuve de la Plata, dans I'Amerique meridionale. II avail pris les degres de docteur ^s- lois a rUniversite de Coi'mbre; mais, ayant ete accuse ensuite de franc-ma^onnerie, il avait etc jete dans les cachots de I'inquisitioii EUROPE. 709 porlugaise. S'etant fait une clef i I'aicle cfim vieux plat d'etain, il oiivrit la porte de sa prison et s'evada pendant que ses gardes dor- inaient. II parvint a s'embarquer heureusement pour I'Angleterre, ou 11 reslda depuis ce tems , et oil 11 publia, en 181 1, le Rt-cit de la persecution qii'il avait essuyee en Portugal ( i v. ln-8° ). II fut secre- taire du due de Sussex, et charge d'affaires du nouveau gouverne- ment bresilien, pres la coiir de Saint-James. Dans les derniers tems il avait entreprls a Londres la publication d'un journal portugais, intitule Correio brasiliense , dont 11 n'a paru que quelques numeros. RUSSIE. Moscou. — Industrie. — Atelier pour la teinture et I'appreC des draps. — De toutes les branches de I'lndustrie manufacturiere, 11 n'en est aucune qui ait fait en Russie des progres aussi rapides que les fa- briques de draps. Comme il s'aglt avant tout de satisfaire aux be- soins les plus pressans de I'Etat , et que des produits perfectlonnes ne sont que le fruit d'une Industrie et d'une civilisation avancees : ce sent aussi les draps communs et de moyenne qualite qui out ete fa- briques en plus grande quantite. Noii-seulement les armees de terre et de mer sont habillees de drap russe , le gouvernement a , chaque annee,a sa disposition un excedant de plusleurs millions d'archines (me- sure russe qulequivaut a pr^s des | de I'aune franc.), qu'll ne pent em- ployer pour son propreser-vice. II rcsultede la une tendance necessalre vers la fabrication de draps d'une qualite superieure. C'est pour fa- vorlser cet esprit d'amelioration dans nos fabriques russes, que le ministere des finances , par ordre de I'empereur, vient d'instituer a Moscou un atelier pour la teinture et I'apprdt des draps. Dans cet atelier seront admls i5o eli^ves , pris dans toutes les classes et dans toutes les conditions : outre leur hablUement, qui est a leur charge, Us seront tenus de payer la somme de aSo roubles par an; tons les autres frais seront au compte du gouvernement. La duree du cours d'apprentlssage est de deux annees,et retabllssement, dont la direc- tion a ete conflee a M. le conseiller des manufactures Heuten , est fonde pour six annees , au bout desquelles il est presumable qu'un nombre assez considerable de chefs d'ateliers se trouvera reparti sur ♦ous les points de la Russie. S. P — y. NiJNOi-NovoGOROD. — Commerce. — La foire de cette villa a fini , cette annee, le 3 septembre. On estime a g4 millions 58o,ooo roubles la valeur des marchandises qui y out ete apportees , notammen^ 7IO EUROPE. pour la millions de the de la cliine, 5 millions de fourrures de la Siberie, lo millions 3(io,ooo roubles d'oiiviage en cuivre, fer et autres nietaux. Le commerce doit avoir retire de la foire de Nijnoi- Novogorod un profit net de 3 millions de roubles. {Gazette de Petersboiirg.) Kazan. — Universite. — Un grand nombre d'etablisseniens nou- veaux consacres a I'instruction publique ont etc fondcs recemment dans les divers districts ressortissans de cette universite, et ceux qui existaient A(:]k ont recu des ameliorations considerables, dus a la munificence de fonctionnaires publics ou de particuliers eclaires , amis de la civilisation et do leur pays. Le cercle de cette universite comprend seize gouvernemens, dont la population, composce de differens peuples , s'eleve a plus de 8 millions d'habitans, ct fournit environ <),ooo etudians. Le curateur actuel de cette universite, M. Michel Magnitsky, a fixe I'attention des menibres de cet etablis- sement sur divers perfectlonuemens qu'il propose d'y iutroduire. Parmi les dispositions qu'il a prises , et dont I'enumeration interesse plus particulicrement les professeurs eux-memes, nous avons re- marque celle-ci, qui ne peut manquer d'avoir les resultats les plus avantageux. II veut que les etudians les plus distingues qui auront fait des etudes solidts, et seront bien instruits dans les langues russe , grecque et latine , soient envoyes dans les pays etrangers , tels que I'Allemagne, la France et I'Angleterre, pour y acquerir de plus vastes connaissanccs , surtout en ciiimie , science qui est encore bien loin, en Russie, du degre de perfection oh elle est parvenue en France. Le curateur propose aussi de charger les professeurs, destines a faire le premier voyage, d'etablir des communications regulieres entre I'universite de Kazan et les plus celebres acade- mies de I'Allemagne, de la France et de I'Angleterre , en souscri- vant aux recueils scientiflques qu'elles publient, et en choisissant pour correspondans des hommes connus par leur erudition et leurs principes. Cette imiversite va acquerir un cabinet vaste et complet d'instrumens physiques et autres, uecessaire pour un grand obser- vatoire : elle a deja achete \m cabinet de medailles antiques giec- ques et romaines. Son observatoire, le plus oriental de toute I'Eu- rope , offre tons les moyens de faire des observations suivies, dont la communication peut devenir ires-utile au monde savant. M. Si- inunof, qui a enrichi de plusieurs dons le musee et le cabinet d'his- toire naturclle de i'universite , et dont le nom est attache avec glolre a Time des plus celebres expeditions maritimes russcs , a fait une / EUROPE. 711 observation ties-iuteressaiite, au tnois de Janvier i8a3, sur une eclipse de lane. S. P. — Y. Ce jeune professeur, qui est an nombre de ceux que I'uni- versite de Kazan a envoyes dans les pays etrangers , se trouve ea ce moment a Paris, ou il est charge de faire fabriquer plusieurs instruraens pour I'observatoire de cette universite. Nous sommes entres en relation avec lui , et nous attendons de ses communica- tions et de celles de nos autres correspondans en Russ'ie la connais- sauce des principaux faits relatifs a I'liistoire de la civilisation et des sciences chez une nation qu'un siecle seul a presque mise au niveau des peuples qui I'avaient precedee dans cette carriere. ■ — Nous avons eu le plaisir de voir egalement a Paris, il y a deux ans, M. Michel Soltikof , ancien curateur de I'universite de Kazan, dont les membres lui conservent un souvenir d'estime pour son caractere et les services qu'il a vendus aux lettres et a ceux qui les cultivent, pendant tout le terns qu'a dure son administration. L'un de nos col- laborateurs, M. Hereau , qui a ele attache a la meme universite en qualite de professeur de langue francaise, se trouve lieureux d'avoir cette occasion de lui adresser un hommage dont la justice ne sera sans doute contestee par personne. (m. duB.) POLOGNE. \absovie, a.^ fevrier. — Universite. — On sait que I'origine de cette universite est peu ancienne; son existence date de 1807. ( Voy. tome XII, page 22-41 , uiie Notice sur I'elatdes sciences et des lettres en Pologne. ) On etablit alors ici une faculte de Medecine ; I'aenne suivante , on fonda une ecole de droit. L'empereur Alexandre orga- nisa deflnitivement I'universite en 1816, et les cours conimencerent en 1817. Plusieurs edifices lui ont ete successivement accordes pour sa bibliotheque , ses collections d'bistoire naturelle, son labora- toire , etc. Depuis , le nombre de ses etndiansa successivement aug- mente; il etait, en 1819, de 896; en 1820, de 496; en 1821, de 607 ; en 1822 , de 576 ; et en 1828 , de 609. Le nombre des pro- fesseurs est de quarante-quatre. Des prix ont ete fondes pour excilef I'emulation des eludJans. lis ont, ainsi que les professeurs , un uni- forme qui a ete fixe par un decret imperial. SUEDE. Instruction publiquc. — Tous les ordres de IVtat se sont occupcs , pendant cette diete, de nouvelies ordoiuiances pour Tinslruciliotj 7xa EUROPE. publlque, et il en est r^sulte quelques cclaircissemens tr^s-interes- sans. 11 existe en ce moment , dans ce royaume, cinquante - quatre ecoles d'enseignement mutuel , doiit quatorze a Stockholm. Une societe particuliere s'est formee sous la presidence du comte J. de la Gardie, pour contribuer par des souscriptions a faire prosperer cette methode en Sufede , et ses efforts sont couronnes d'uu succ6s toujours croissant. Les discussions sur ces mati^res ont appris que I'EcoIe militaire, quoique ne donnant i ses eleves qu'une instruction speciale , et par consequent incomplete , coute a I'etat le double de ce que couterait Tentretien du meme nombre d'etudians dans les universites , oil leur instruction deviendrait plus etendue. Mais, ce qui excitera encore plus I'inter^t des amis de I'humanite, et ce qui paraitra m^me incrojable a tons ceux qui n'ont pas fre- quente les paysans-proprietaires Suedois, c'est que la question de I'instruction publique a pris naissance dans I'ordre des paysans. Lors des dcbats qui ont eu lieu a ce sujet, leur bou sens naturel a rendu les discussions tr^s-remarquables. A la lecture du rapport fait par le comite d'instruction , le paysan Anders Danielson a fait I'observation , que, dans I'organisation des ecoles , on n'avait propose que deux lieures par semaine pour I'etude de I'bistoire des lois et de la statis- tique de la Suede, tandis que Ton consacrait hult heures aux mathe- niatiques. ■• S'il est vrai , comme on le dit, ajouta-t-il ensuite , que les sciences r^veillent I'amour de la patrie , et donnent de la vigueur au patriotisme, aucune d'elles ne saurait mieux produire cet effet que I'histoire nationale. Quiconque admet pour les etudes de la jeunesse un but plus noble et plus utile que de briller dans cer- taines occasions , par quelques raretes litteraires, ne saurait nier la justice du soubait que je forme de voir I'histoire honoree de la meme attention que les mathematiques. Personne ne saurait s'oc- cuper du present avec un zfele pur et ardent, ou comprendre it quel degre se trouve actuellement la societe, sans une connaissance cxacte du passe. L'histoire en est la seulc source. II fiiut s'etre familiarise avec la vie de nos ancetres, leiirs adversites, leurs suc- c^s , ponr pouvoir apprecier et aimer son si6cle et ses concitoyens , pour comprendre a quel prix exorbitant les avantages de la society ont ete acquis. Comment y parvenir, tant qu'on ne permet a I'his- toire que d'occuper deux beures par semaine? Si, du moins , I'his- toire pouvait prendre sa revanche dans les hautes-ecoles, il y au- rait une compensation; mais, la aus.si , les mathematiques marchent a ses cotes pour gjigloutir la plus grande partie du terns. » — Les EUROPE. 7i3 etats de Sufede , ayant demande au Roi de falre examiner et mo- difier les ecoles inilitaires du royaume, S. M. a nomme une com- mission, doiit le rapfjorteur est le prince royal, pour s'occnper de cet objet , et en general de tous les autres etablissemens d'instruc- tion publique. Stockholm. — Theaires. — M. le baron de Lagerbjelke , jadis ministre de la cour de Suede aupres de Napoleon, vient de succe- der au baron d'Akerlijelm dans la place de directeur des spectacles a Stockholm. Comme il a long-tems vecu a Paris, qu'il a toute sa vie cultive la poesie et les beaux-arts avec succes, qu'il est lui- meme un des auteurs les plus eloquens de la Suede, le public en attend beaucoup. Sa premiere demarche parait justifier cette espe- rance : c'est a la proposition qu'il en a faite , que I'Academie Sue- doise doit Facte de justice qu'elle vient de remplir, en decernant sa grande medaille d'or a M. Hjorbberg, acteur distingue , qui joint a une coiniaissance profonde de toutes les parties de son art un jugement sain et cclaire , une grande intelligence el un travail assidu. — Nicrologie. — Le comte C.-N. de Posse , seigneur de Fogelvik, est mort a Stockholm, le gjuin. Outre ceux qui avaientete invites, quelques membres de I'ordre de la noblesse , et un tres-grand nombre de I'ordre des paysans suivirent le convoi funebre. Comnie depute, comme proprietaire et cultivateur, le comte s'est erige, parses actions, un monument aussi beau que durable, et le vide que laisse sa mort est un sur garant qu'on sait apprecier son merite, et que sa mcmoire vivra long-tems dans le cceur de ses concitoyens. II avait beaucoup voyage au commencement de ce siecle, et il avait acquis des connaissances solides dans toutes les branches de I'economie rurale, de I'economie publique et de la legislation. — M. le baron de liammel vient de mourir dans une de ses terres en Scanie , age de soixante-quatorze ans. II etait le dernier des ci-devant senateurs du royaume. ( Charge abolie par le changement de constitution que lit le roi Gustave III, en 1789). — M. de Ram- mel etait I'aine d'une famille d'origlne Danoise , qui devint Suedoise quand Charles X eut conquis la Scanie. II recut une education tres- distinguee, fut employ^ dans la diplomatic, et resida pendant plusieurs annees a Madrid , comme ministre de la cour de Suede. Rappele d«ns sa patrie pour remplir les fonctions de chancel ier de la cour, il fut honore d'une estime toute pariiculiere par le roi Gustave III, et fut appele en 1788 a son conseil , comme senaleuf 7i4 EUROPE. du royaume. Le roi continua de vouloir employer M. de Raratnel dans son conseil , apri-s I'abolition du Senat; niais uue sante chan- celante liii fit desirer sa letraite; I'ayant enfiii obtenue, il vticut en philosophc dans ses terres en Scanie, consacrant son tenis aux lettres. Mais il ne jouit pas long-tenis de ce repos , dont il ctait si digne. Le ci-devant roi Gustave Adolphe , qui, des son enfanco avail appris ii I'estimer, ne crut pas pouvoir rcmettre reducation de son ills en de plus dignes mains ; il le pressa de quitter sa retraite et de se charger des fonctions de gouverneur du prince, qu'il exerca jusqu'au depart du Roi. Mors, M. de Rammel retouina, pour le reste de ses jours , dans sa retraite. — Quoique membre de rAcadeniie Suedoise, il n'a jamais ete connu comma auteur en aucun genre; mais on pretend qu'il a laisse desmateriaux pr^- cieux pour I'histoire. Peut-(*tre est-il reserve a la posterite de jouir des travaux de son esprit. Ses contemporains ont joui de la bonte de son cceur; et ils I'ont cheri comme un bomme religieux , juste , affable , et d'une conversation aussi instructive qu'interessante. G— G. DANEMARCK. CopENHAGUE. — La Sociele de medecine a entendu , dans le cours de I'annee qui vient de s'ecouler , la lecture de plusieurs memoires interessans. Le i3 mars, M. Otto a lu un memoire snr la matiieie de trailer les maladies syphilitiqiies sans le secours du mercure. Le 3 avril, M. Wendt a examine les ejjets des fumigations de soufre a I'hopital de Copenhague. — La commission de -vaccine a fait son rapport annuel au gou- vernement. II en resulte que, dans les vingt ans qui ont precede 1822, 447)6o4 personnes ont 6te vaccinees, et qu'en 182a seule- ment, il y en eut 29,321; ce qui presente un total de 47^)926; non compris les liabitans des duches de Sleswig , de Holstein et de Lauenbourg. En Islande, la vaccine a produit les effets les plus lieureux; mais, dans le Greenland, elle n'a point reussi. —,La Societe des sciences ( classe d'hisloire) , a propose pour 1826 la question suivante: Dettir acctirata et rebus gestis illustrata sciagraphia omnium //lonasleriorum , qiice per Daiiiam inde a primordiis religionis Christiana: cum inajoribus nostris communicate usque ad sacra per Lulhe- rum einendata viguerunt. La Societe desire que les auteurs aient egard aux divisions successives des provinces , et qu'ils se fondent autanl que possible sur les monumens historiques. II ne s'agit pas unique- jnent de raconler fldelemeut et de d^crire avec exactitude , il iwf. EUROPE. 71 5 surtout determiner rinfluence cles monast^res snr la civilisation dii Daueniaick. L'on devra, de plus, s'occuper des ^tablissemens formes dans les regions etrangeres par les moines dauois, et enfin du sort des monasteres a I'epoque de la reformation. On pent trailer ce suiet en latin , en allemand , en anglais ou en danois. Le prix sera une medaille de la valeur de cinquante ducats. Les memoires seront recus jusqu'au i*^' Janvier iSaS. P. G. ALLEMAGNE. Bhesi.au. — La Socicle patriotique de Silesie a fait encore cette an- nee, une exposition des produits de I'industrle nationale. Voila la sixieme fois que cette mesure est couronnee de succes ; et tout pro- met que dorenavant chaque annee ramenera une semblable exposi- tion. Le public s'y est porte en foule, et l'on peut juger de I'affluence par le fait suivant. Le catalogue se vendait 2 gros et Ton payait 3 gros pour Ten tree; cependant, malgre la modicite de cette retribu- tion , la recette a depasse 812 thalers ou ecus d'Empire. P. G. Friedhichsfelde , pres Beklik. — Ecole rurale. — Depuis le mois de mars 1822, il existe ici une ecole de campagne , fondee par M. C. de Trrskow, dans le but d'elever des enfans pauvres et orphelins , afin de les mettre en etat de gagner leur vie. Le fondateur, en adoptant les principes de M. de Fdlenberg , a prefere le nom d'e'co/e de cam- pagne a ceiui d'ecole dc pauvres , pour eviter a ces enfans toute appli- cation humiliante , et parce que leur destinee probable etant de de- venir laboureurs, jardiniers, metayers, regisseurs de fonds de terre , etc. ; ce nom donne I'idee du but de I'inslitution. A quelques exceptions pr6s, que les circonstances peuvent rendre necessaires, les enfans sont admis dans retabllssement a ri. Le ifi a six feuilles quotidiennes fran- caises, deux feuilles allemandes analogues anglaises, et trente-quatre journaux scientifiques et litteraires de la France, de I'Allemagne, de I'Angleterre, de I'ltalie, de la Suisse et de I'Amenque. ( Extrait de lafeuille du canton de Vaud. ) Saint-Gali.. — La Societe litteraire de cette ville a tenu dernii^re- ment son assemblee annuelle. Cette interessante Societe compte cent vingt-deux membres. Sa bibliotht^que contient entre autres une col- lection des meilleurs ouvrages sur I'histoire de la Suisse, parmi les- quels se trouvent des manuscrits precieux. A I'instar de la Societe de lecture de Geneve et du Cercle litteraire de Lausanne (t. ci-dessus), cet etablissement, ouvert toute la journee, offre a ses membres des journaux litteraires et scientifiques, et un choix de feuilles poli- tiques de la France, de I'Allemagne et de la Suisse. La Societe est accessible a tout bomme recommandable par ses moeurs et son hon- netete : certains etrangers meme, qui croient pouvoir importer leur ton partout ou ils sont admis , peuvent y prendre des lecons de cette politesse qui est de tous les pays. Dans le courant de I'annee der- niire , plusieurs bommes de lettres ont fait dans la Societe litte- raire des lectures d'un interet general. On a distingue entre autres im parallele pleln de patriotisrae et de vues justes, entre la Suisse et la Grece. ( Nouvelliste Vaiidois. ) Cahtoh up. Gekkve. — Societe pour I'avancement des arts. — EUROPE. 7a r Classe des beaux-arts. — Prix proposes. — Le concours ouvert pour une medalUe destinee a consacrer la memoire de la reunion de Geneve a la Suisse {vojez ci-dessus, tome xviii, page 688-689 ), a fait naitre un grand nombre de projets qui ont ete souinis au iu- gement du Comite des beaux-arts. Plusieurs de ces ouvrages of- fraient des idees ingenieuses et nouvelles ; inais aucun ne remplissait d'une maniere tout-a-fait satisfaisante la condition essentielle du programme. Le comite a estime qu'il devait apporter une scrupu- leuse severite dans un jugement dont le resultat pouvait etre la production d'un monument durable de I'etat des arts a Geneve, et oe motif I'a decide a ue couronner aucun des projets qui lui avaient ete adresses ; mais il a reconnu en meme terns que quelques ou- vrages avaient ete fort pres d'alteindre le but , ce qui donne lieu d'esperer que ce resultat sera obtenu par un nouveau concours. Eu consequence, le comite a arrete de faire un nouvel appel aux ar- tistes et aux amateurs, et de les inviter a concourir de nouveau pour le projet de medaille dont il s'agit. — Un genereux citoyen , aussi distingue par son patriotisme que par son goiit vif et eclaire pour les beaux arts , M. de Sellon , a fait a la Societe I'offre d'une somme de douze cenis francs , destinee a ^tre donnee en prix a I'auteur genevois ou etabli a Geneve , du meilleur tableau peint a I'huile , representant un trait tire de I'histoire de notre republique ou de celle des Suisses ; plus, un accessit de denx cent quarante francs, a adjuger a I'artiste dont I'ouvrage approchera le plus de celui qu'on aura couronne. La Societe , en acceptant avec recon- naissance I'offre du donateur , a charge une commission , princi- palement composee de membres de son Comite des beaux-arts , de lui presenter des traits historlques juges plus ou moins convenables a ce concours, parmi lesquels elle choisirait celui qu'elle jugerait preferable. Les faits signales par la commission , comme entrant plus ou moins dans les vues du donateur, ont ete au nombre de dix. Les suffrages de la Societe se sont reunis sur le suivant : La Delivrance de Bonnivakd , prisonnier dans le chateau de Ckitlcn. Ce trait, commun a rhistoire de Geneve et a celle de la Suisse, pour- rait fournir au peintre de beaux details. Le prieur de Saint-Victor, Bonnivard, a qui Geneve avait de graudes obligations ( entre autres I'etablissement de sa bibliotheque publique ), gemissait, de- puis six ans , enchaine k I'un des piliers des voiites souterraines du cliateau de Chillon, lorsqu'en i536,les troupes bernoises , s'etant emparees de ce fort , delivrerent le prisonnier. — Afin de laisser aux T. x.\r. — Mars 1824. k^ 7aa EUROPE. nrtistes qui youdront concourir line certaine liberie dans I'execution i\o. cet ouvrage , la Societe n'a rien limite, quant au nonibre dcs figures, ni a leur grandeur au-dessus du minimum de 12 pouces. Le concours est ouvert jusqu'au i'''' octobre i8a4. Genkve. — Chiinie. — Esprit pyroxrlique. — II y a environ deux ans que M. Warburton , de Londres, remit a feu M. le docieur Marcet une certaine quantite d'un fluide particulier, ])rovenant de la rectification de I'acide acetlquc de bois. MM. Macaire et Marcet fils, menibresde la Societede pbysique et d'histoire naturelle de Geneve, ayantfait rexamen de cette substance, out lu, a la soance de cette So- ciete, tenue le 16 octo])re 1823, un niemoire sur leur travail. Ces deux chimistes ont donne au flnide examine le nom A' esprit pyroxjUqne , designation qui rappelle son origine. Leurs observations les ont amenes a conclure, 1° qu'il existe au moins deux fluides vegetaux , simples, distincts de ralcoliol , et jouissant , comme ce liquide, de la propriete de former, avec les acides , des esprits etheres particu- liers ; 2" que ces deux fluides , que Ton pent designer sous les noms ^esprit pyro-acctiqite et A! esprit pj-roxylique , different entre eux par leurs proprietes et par leur composition. — Industrie. — Lames defer substitiiees au I'erre. — Machine aperccr les trous des Jiltres et des tamis. ■ — M. Lariviere, mecanicien de Geneve, a imagine de substituer au verre, dans les lanternes, des lames de fer poli, percees de petits trous, regulierement disposes et places tr^s-pres les uns des autres. Ces lames, laissant tres-bien passer la lumit-re, presentent , sous le rapport de la soliditc, de grands avan- tages sur les gazes metalliques, dont les fds sont sujets a se deranger facilement. — Le nieme artiste travaille a une machine, a I'aide de laqaelle il pourra percer, avec regularite et promptitude, une cer- taine quantite de petits trous, de maniere a faire dans une minule le meme ouvrage qui exigerait une beure , s'il ctait execute par les precedes actuels. Cette invention sera tres-ntile pour la fabrication des tamis et iiltres , dont on fait usage dans les pharmacies et dans les cuisines. Canton ue Schaffotjse. • — Pistolet a cinq coups. — M. Fischer, fils du membre de la Societe helvetique des sciences naturelles , qui presidera la session de cette anuee, vient de fabriqucr un pistolet qui tire cinq coups de suite. Cette arme a un canon long, et cinq autres petits qui tournent autour du premier au moyen d'un ressorlet d'un bouton depression, qui les amene, I'un apr^s I'anfre, devant I'ouver- ture inferieurc du canon long. On tire de cette maniere les cinq EUROPE. 7.i3 coups de suite , sans qu'il solt bcsoin d'autre chose que de toiirner le canon et d'ariner la batterie. Celle - ci est plus cj)aisse que Ics bat- teries ordinaires : elle estcreuse, et contieut suffisairiment depouJre pour amoicer sept ouluiit fois. Lorsqu'on arine le pistolet, uu ressort fait ouvrir le magasin a poudre, d'oii il s'echappe la quantite de poudre nccessali e , qui tombe dans le bassinet. Quand la batterie est frappee, un ressort fait fernier le magasin, de maniere a em- p^cher toute communication avec le feu. Dans le cas meme oil la jointure ne serait pas assez exacte pour empecher le feu de prendre a la poudre du magasin, une ouverture, menagee dans le haut, donnerait issue a I'explosion , qui, des lors , ne presenterait aucun danger. E. Berne. — Beaux-Arts. — Une exposition pour las beaux-arts doit avoir lieu a Berne, dans le courant de I'ete prochain. Le gouverne- mentjvoulant y joindre une exposition des produits de I'industrie cantonnale, a invite les citoyens a y envoyer des echantillons des divers objets fabriques dans le canton. Les frais d'expedition et de retour sont a la charge du gouvernemeiit. Zurich. — Mcdaille en Vkonneur d'Escher de la Linth. — Le celebre graveur Brukmann , de Hcilbronn , vient de publier une medaille a la memoire de notre respectable compatriote Escher de la Linth. Cette medaille, destinee au public, est mise a la portce de toutes les fortunes; on peut Tavoir en or, en argent ou en bronze. L'execution en est parfaite. D'un cote, Ton voit I'image d'Esclier, avec cette iegende : J. - C. Escuerus Limagianus Tu- RiCENSls, nat. 24 aiig. 1767. ob. g mart. iSaS. Sur le revers, ou lit ces mots entoures d'une couronne de ch6ne : Ingenio, candore, viRTUTE civis opTiMus. L'imagc des bienfaiteurs de la patrieest une portion du patrimoiue que tout bon citoyen ainie a leguer a ses enfans. ( NouvelUstc Vaudois. ) ITALIE. TuRTN. — Experiences physiologiques sur le sysleme nerveux. — Le docteur Bellingeri, dans la seance de I'Academie royalc des sciences de Turin , du 22 fevrier 1824, a lu un memoire dans lequel , par des experiences faites sur des agneaux et des chevaux , il prouve les pro- 'lositlons suivantes : i° que les racines posterieures des iierfs loni- baires et sacres produisent seulement les mouveiuens d'extension dans les membres abdominaux ; 2° que les seules racines posterieures servent a la sensation du tact; 3" que les racines antericures pro- 724 KUROPE. duiscnt les mouveniens tic llfxion ties extremitcs abdominales, et lie servent point au tact ; 4" que les faisceaux posterieurs de la nioelle epiniere servent aux mouvemens d'extension des extremites post^rieures , et n'ont aucune influence sur le tact ; 5° que la subs- tance blanche de la moelle epiniere et les filamens nerveux qui naissent de cette substance servent aux mouvemens; 6° que la subs- tance cendree de cette moelle el les lilamens nerveux qui provien- nent de la meme substance sent destines a la sensation du tact. Z. js. B. Nous devons rappeler ici les expih-iences sur le systeme ner- veux faites, soit en France, par MM. Flourens, Magendie, etc.; suit en Angleterre, par MM. Bell, Scbaw, etc. Celles de M. Flou- rens out eu pour objet d'assigner les fonctions ties diverses par- ties de ce systeme , ct de distinguer dans le cervau les parties qui servent au mouvement de celles qui servent au sentiment. Celles de MM. Bell et Magendie ont montre que la moelle epiniere se com- pose de deux faisceaux, comme juxtaposes, dout I'un est des- tine a conduire le sentiment, et I'autre le mouvement. Les expe- riences de M. Bellingeri, dont nous venous d'indiquer les principaux r^sultats, paiaissent tout a la fois une confirmation et un develop- pement de quelques-unes de ces curieuses experiences. Industrie. — M. Matkieii Bonafous , agronome distingue, membre de la Societe royale d'agriculture , et directeur du jardiu exjieri- mental de la mdme Societe, auquel on doit entre autres un excellent Memoire sur f education des vers a soie , dont nous avons rendu compte ftome XIX, page 674), a donne recemment encore une nouvelle preuve de sou zele pour tout ce qui tend au developpement d'une utile Industrie. II a introduit dans les Etats sardes la race des chevres du Thibet, present fait a I'Europe par M. Ternaux. EUes sont deia tres-bien acclimatees , et Ton a tout lieu d'esptirer que leur croisement avec les chevres indigenes procurera , dans cette race d'animaux , une amelioration analogue a celle qua produite le croi- sement des merinos avec les moutons du pays. Instruction publique. — Le gouvernement piemontais a don- ne de nouvelles preuves de Tinteret qu'il porte aux etablissemens scientiflques , et de son desir de faciliter les etudes. Le roi , eu confirmant a V Academie rnyale des sciences I'allocation de quatorze mille livres pour son service annuel, ainsi que de trois mille livres pour celui de VObservaloire, a porte a vingt - quatre le nonibre des pensions acadcmiques : uue nouvelle somme de quatorze mille livres a ete assignee pour cet objet. — Le roi a ordonne , en fayeur des. EUROPE. 725 etuctians en droit, la creation d'un college - pen sionnat dans la niaison de I'universit^, dite de Saint-Francois de Paule : il y aura soixantc <5l6ves ; sur trente places gratuiles, vingt-six seront donnees a des jeunes gens nes dans les provinces. Le roi a assigne a ce nouvel eta- blissement una sonime annuelle de trois mille quatre cents livres, ou|re celles qui sout necessaires pour couvrir les frais des places gratiiifes, dont la depense sera prise sur les fonds de I'ancien college dos provinces. — Le gouvernement vient aussi d'etablir , au college royal de Chambery, un cours de chiniie, qui sera suivi par tous les etudians en medeciue , en cliirurgie et en pliarmacie. M. le docteur Louis Doinenget , medecin des prisons de Chambery, qui donnait deja depuis une aunee et avec beaucoup de distinction, des lecons de chimie pharmaceutique , a ete noinnie a cette nouvelle cliaire. E. MiLAJf. — Legislation de la presse. ■ — Le comte de Strassoldo, president du gouvernement de Milan, vient de publier un avei- tissement , par lequel il rappelle qu'une decision rendue par la cban- cellerie aulique , a defendu aux sujets de S. M. I. de faire iniprimer dans les pays etrangers leurs propres ouvrages et ceux d'autrui , sans en avoir recu la permission du bureau de censure, et declare cette disposition egalement applicable aux gravures de toute esp^ce , soit sur cuivre, soit sur pierre, dans lesquelles sont compris les cartes geographiques, les ouvrages de musique et les estampes. Enfin, M. de Strassoldo fait observer que cette defense s'elend non-seulement aux artiste et editeurs qui font des entreprises pour leur propre compte , mais encore a ceux qui dans I'etat executenl de semblables travaux pour le compte d'editeurs etrangers, et les en- voient a leurs commettans pour les faire graver en pays etranger. D. Florence. — Journal. — Letlres sur la Suisse. — Academies de la Crusca et des Georgojiii. — Le n" xxxvi de VAnthologie contient plu- sieurs articles interessans. Le premier nous presente quelques lettres ccrites avec beaucoup d'elegance, et adressees par M. Beiici a M. Vieusseux , directeur de ce journal. L'auteur lui rend compte d'un voyage qu'il a fait de Genes en Suisse. Quoiqu'ilparcoure avec trop de rapidite les pays qu'il traverse, il recueille et publie des observations tour a tour instructives et agreables sur les localites et sur leurs babitans. Ce qui honore particulierement l'auteur de ces lettres , et rend leur lecture plus interessante , c'est I'esprit de patrlotisme et de philanthropic qui ne cesse de I'inspirer. Un autre article, de M. Uzielli, comprend diverscs considerations sur le roman en prose , tirees des vicissitudes qu'a subies la litt^ralure cii France et en Italic , et de la condilion socials dont les fcmntcs 7a6 EUROPE. out ordiiiairemeiitjoui dans I'lu) et dans Tautie pays. Ilsenibleetraiifjc que les Italiens , si distiiigues dans le genre liistorique, et dans ti;us les genres de poesie narrative , ii'aient pas rcussi dans les ronians en prose , et qu'ils les aient m<5me depr6ci6s. Dans le meme numero , on trouve nn rajjport sur la seance publique do Vy4citiicmie de la Criisca , le 9 scptenibre i8a3. On I'cconnait dans ses travaux, et dans les dis- cours qu'on y a pronoiices , ce justp respect qu'on doit aux ecri- vains classiques, combine avec cette liberie nu)d<'Tee que reclament des idees nouvelles, et I'empire ni6me du tems, qui agit sanscesse sur les langues et sur les opinions. V Academic des Georgofili con- tinue avec le m^me zele ses travaux et ses seances. Ce sunt les academiciens qui s'occupeutle plus specialement des objets qui peu- vent contribuer a la prosperite des peuples , et en particulier ;i celle de I'ltalie. F. Salfi. Rome. — Ar.tiqiiiles. — Dacoitverte de la coloniie centrale de I'empire romain. — Les autiquaires sont dans le ravissenient des decouvertes qui ont 6te faites dans le Forum , et ils en attendent d'autres d'une plus baute importance , par suite des excavations que Ton con- tinue a faire dans le m^me lieu. La premiere colonue milliaire, placee au centre de I'empire romain, qu'on avait si long-tems cber- cliee, vient enfin d'^ti'e trouvee. Le celi'bre abbe C. Fea, qui dirige les fouilles , et dont I'oeil savant penetre sous les ruines accumulees qui couvrent I'ancienne Rome , promet des tresors aux amateurs d'antiquites. Si, commeon I'assure, on degage en tierementle Forum, il offrira bientot un spectacle aussi curieujtqu'imposant. L. S. B. Milan. — U Acadeinie des beaux-arts a jiublie, depuisle 24 j"i" 1828, les programmes pour les grands prix qu'on decernera dans I'annee cou- rante. Sujet d^architecuire : uno magnlfique maison de campagne, des- tinee a un prince qui vent se delasser des fatigues de la cliasse. Stifet de peinti/re : Raphael Sanzio, presente par Bramante a Jules IL *//>e de sculpture : line allegorie a la memoire de Canova. Siijet de gra- vtire : roHVrag<; de quelque bon auteur, qui n'ait pas encore ete assez bien grave. Sujet de dasin de ^gure : le moment oil Charles d'Anjou d^voile et fait reconnaitre le cadavre du roi Mainfroi an comte Giordano Lancia. Snjet de dessin d'oriteinfns : la voiite d'un salon, etc. On doit presenter les ouvrages dans le mois de juin. Les prix sont des niedailles d'or , dont la valeur est de 20 a 120 sequins. — Peinture. — Dans I'exposition des beaux-arts qu'on a faite a Milan I'annee dernifere, on a beaucoup distingue un tableau de M. Joseph Diotti, professeur de peinture a I'Acadenlie de Bergame. Le snjet est la protection ([ue Louis Sforza, malgre les malheurs qu'il attira sur EUROPE. 727 ritalie, accorda aux leltres et aux beaux-arts. En contemplant rette composition, on a presque oublie , dit-on , que Louis Sfoiza ait tralii ses parens, son pays, et qu'il ait ete le tyran de ses sujets. Au milieu du tableau , on voit assis le due et Beatrice d'Este , sa femme. Leonard De Vinci presente au premier une esquisse de la Cene , qu'il est charge d'executer. La duchesse est occupee des poesies de Bellincioni, qui a sur la t6te une couronne de laurier, present du due. On y voit aussi Bernardin Coi-io , te- nant sous le bras son liistoire de Milan , Franchino Gat'furio , ce- lebre maitre de musique, qui medite sur une de ses compositions mnsicales , et le fameux Bramaute , qui decrit je ne sais quel dessin au religieux Luca Pacioli , un des meilleurs mathematicieus de son terns. Le peintre n'a pas oublie le cardinal Ascanio , frere du due, et a qui Vinci semble adresser son discours. Pendant que tons ces grands personnages sont occupes des divers objets de ieur art, \m page ouvre une porte par laquelle entre le secre- taire d'etat Barthelemy Calco, non moins verse dans les lettres que dans les affaires. Chacun est dans I'attitude propre a la cir- constance et a son caractere ; Vinci lui-meme est tel que I'a trace le Vasari. On ne pouvait mieux caracteriser la cour de Sforza et i'e- poque de son regne , sous le rapport litteraire. Sur une table, on volt trois volumes dont les litres sont : Grammatica grceca , Cicero et Siatuta Mediolani ; ce qui rappelle trois fails remarquables de ce tems , savoir :1a Grammaire grccque , composee par G. Lascaris , imprimee a Milan en 1476; les ceuvres de Ciceron, publiees pour la premiere fois par Alexandre Minuziano, savant typograplie , pro- tege parle duo, et les Stattus ou constitutions municipales de Milan, que Louis Sforza fit reunir en un corps. Les artistes les plus severes vantent , dans ce bel ouvrage, non-seulement le merite de la composition et de rexpression,mais encore la correction du dessin et Iharniouie des couleurs. F. Sai.fi. Venise. — Hommage a Canova. — L'j4cademie des beaux-arts s'est reunie pour I'inauguration du petit monument qu'elle a consacre a la memoire de I'immortel Canova {-voy. tome xvii , page 417), en attendant qu'un monument plus digne de lui soit eleve, comme on en a le projet , dans I'une des plus belles egliscs de la ville qui se glorifie de I'avoir vu naitre. Son coeur a ete place d'abord dans un vase de cristal scelle des armes de I'Acadeniie , puis dans une urne de porphyre garnie d'ornemens en cuivre dore. Cette opera- tion a ete constatee par un notaire , qui en a dresse proces verbal en presence des membres de I'Academie ; cc proces verbal a ete 728 EUROPE. aussi dcpost- dans I'urne. Le president de I'Academie a prononc« ensuite un discours relatif A la circonstance. PORTUGAL. LlSBONME, i/i Janvier. — Instruction eleinentaire. — M. J.-J. Le Cocq , qui avait ete envoye par son gouvernenient a Paris, pour ctudier la metliode dVnseignemeut mutuel , vient d'etre charge, a son retour en Portugal, de I'introduire dans les ecoles elemeiitaires. Le gou- Ternemeut fait disposer, dans la Maison des enfans trouvcs et des orphelins , uiie grande salle qui pourra contenir plus de 4coeleves. On fait imprinier les collections des tableaux adoptes en France pour la lecture, I'ecriture , I'instruction religieuse, le calcul , etc. On a le projet d'ctendre cette methode bieufaisante dans les diffe- renles parties du royaume. PAYS - BAS. Hablem. — Socidte Terlerienne. — La division des Sciences propose la question suivante : la connaissance du monnayage etant d'un grand interet pour I'histoire en general et Fcconomie publique eu particulier, la Societe desire, autant qu'il est possible, une histoire complete et critique du monnayage dans les Pays-Bas , des terns les plus recules jusqu'a nos jours. — Le prix sera une medaille de 4oo florins de Hollande. Les memoires doivent etre envoyes a la Societe avant le i''' Janvier i8a5. La Haye. — Societe rioUandaise des Sciences et des Beotiao-Arls. — Prix proposes pour le i"'' fevrier iSaS : — i° qu'y a-t-il a dire sur I'etat actuel des lumi^res qui eclairent les peuples, et de I'influence qui en resulte sur leur etat moral ? quels seraient les moyens conve- nables pour en seconder ou en modifier les progres ? — a° une dis- sertation sur ce qui constitue I'essence et le merite de la poesie des- criptive dans les differens genres ; on s'appuiera d'exemples pris dans les poctes anciens , dans ceux des tenis intermediaires et dans les moderues; — 3° I'eloge de Jerome Van Alphen ; — 4° "» vocabulaire hoUandais complet et raisonne de tous les termes techniques et no- menclatures usites dans les differens arts et metiers , ranges sous le nom de la branche de I'art ou du metier auquel ils appartiennent respectivement. — Les premiers prix sont des medailles d'or de la valeur intrinseque de 3o ducats ; les seconds , des medailles d'argent de la meme grandeur, et frappees au m^me coin. — Les eloges se- ront en langue nationale; les autres sujets peuvent etre traites dans la mcme langue, en latin, en francais ou en allemand; ils seront adress^s k M. Van Osterwy'k Bruin , a Amsterdam. A. M — t. EUROPE. 729 Bhuxelles. — Institut roj-al. — Classe des Beaux-Arts. — M. Calloi- gne , statuaire,a Bruges; et M. Braemt, graveur en medailles, a Gand, ont ete iiommes menibres de cette classe. — Societe des Beaux-Arts. — Sur la deniande dii ministre de I'ins- truction publique, la commission administrative de la Societe a juge convetiable de reculer I'ouverture du prochain salon jusqu'au mois d'octobre 1824. Les artistes peuvent, jusqu'au 12 de ce mois , remettre au Musee , les ouvrages de simple exposition. La meme commission a arrete que , conformement 1818 2,876,146 1819 3,2 1 3,9 1 5 1820 2,416,818 1821 6,663,8io [822 2,770,493 1823 3,846,802 Total. . . 27,5o5,256 fr. Societex savantes et Etahlissemcns cFutlUte piihliqiie. Lille (^Kord). — Sociefe d'amalcurs des sciences , de t agriculture et lies arts. — Programmes des Prix proposes par la Societe , pour etre decernes en 1824 et 1825. — En 1824 : Hygiene publique. — Que/s sont les moyens d' ameliorer la saute des ouvriers , a Lille? — Le prix sera una medaille d'or de la valeur de 3oo francs. — Poesie. Poeine d'au- moins cent cinquante 'vers , dont le siijet sera puise dans la memorable campagne des Fraiicais en Espngne, en 1823. Le prix sera une me- daille d'or de la valeur de 3oo francs. La Societe decernera ces deux prix dans sa seance generale du mois d'aout 1824. — En 1825 ; Phy- sique. II est une foiile de circonstances dans les sciences et dans les arts , oil Ton a besoin de determiner les rapports entre les intensites de lumleres donnees. L'experience et le calcul conduisent a cette de- termination ; neanmoins, il serait trfes-ulile d'avoir un Photometre comparable , qui donnftt ces rapports immedialement et sans calcuL La construction de eel instrument remplirait la condition princi- pale, si elle etait fondee sur une lumiere d'une intensile constanle , facile a reproduire partout , et (]ul deviendrait ainsi le terme de com- parajson avec les autres lumieres. En consequence, la Societe de- cernera , dans sa seance generale du mois d'aout 1825 , une medaille d'or de la valeur de 3oo francs , a I'auleur d'«« P/wlometre sensible , comparable , et d'une manipulation facile et iure. — Geognosie. La geo- gnosie a fait , depuis un demi-siecle, de rapides progres par la direc- EUROPE. 73 1 tion que de savaiis naturalistes out doniiee a I'etiule de cette branclio iiuportante de la geologie. Sans parler des matcriaux piecieux tour- uis par la geognosie sous le rapport de I'histoii'e, cette science donne ;i I'art des mines des notions indispensahles pour la recherche et I'exploitation des gltes des mincraux : la statistique , I'economie ru- rale et domestique n'en retirent pas de moins grands avantages ; I'art de disposer les routes , celui de construire les canaux , ont aussi Le- soin de son secours ; etc. La Societc, desiraiit faire concourir I'ctude de la geognosie a la prosperite du departement , decernera , dans sa seance generale du mois d'aout 182 5 , une medaille d'or de la valeur de 3oo francs , a I'auteur du meitleur Menioiie siir la geognosie du de- partement du TSord. Les concurrens aurdnt soin de faire connaitre la nature et la disposition des differentes parties du sol , la solidite et la maniere d'etre des terrains , le gisement des mineraux , la posi- tion des fossiles et leurs rapports avec les couches et les terrains, etc. Les ouvrages , memoires ou instrumens seront adresses , franc de port ,'au Secretaire general de la Societe, avant le i'^'^ aoiit de chaque annee. PATxIS. Institut. — Academie des Sciences. — Mois de fevrier 1824. — Seance du 2. — On entend le rapport de la commission chargee d'examiner dans quelle classe d'usines doivent e;re places les gazo- metres d'eclairage, et les precautions a prendre pour en ccarter les dangers et les incommodites , tant de ces usines, que des vases ou Toa se propose de transporter le gaz comprime. Ce Rapport est fait par M. d'Arcet, au nom de MM. de Piony, Gay-I,ussac, Heron de Villefosse et Dulo;ig. M. Heron de Villefosse, diffarant a quelques egards de I'opinion de ses collegues,.lit un Memoire sur ce sujet. — Du 9. — On precede a la discussion du rapport qui avait ete preseoite dans la seaace precedente i«r 7'e'c/«i>«^c /^a/- /e ga^. Cette disposition , tres-prolongee , embrasse toutes les questions presentees dans le rapport ; chacuue d'elles est I'objet d'une deliberation parti- culiere. L'Academie adopte les propositions et avis contenus dans le rapport, et desquels il resulte, 1° que les procedes d'exploitation, assujetis aux conditions que la commission iadiquc , ae peuveut dtre repules daagereux pour les habitations \ oisines et doaaer lieu a des craiates d'explosion ou d'iaceudie dans les ateliers de fabrication ; 2" que ces m^mes j)rocedes ae soat point une cause d'iasalubrite, et que, moyeaaaat les diverses precautions mentioanees au rappoit, les usines n'occasioneroat point d'iiicommodites qui puissent donner 732 EUROPE. lieu a des reclamations fondees. L'Acadcmic approuve en outre les precautions proposees par M. Thc-nard dans le cours de la discus- sion. . — M. Becquerel lit un Memoire intitule : Des actions niagnc- tiques produites dans les corps par I'influence des courans clectri- ques energiques. — Du 1 6. — M. Armand Reynaud aniionce , pourl'auteur , la decou- verte d'un moyen de sousfraire raiguiile aimantee a Taction du fer qui rentourerait.(MM. Gay-Lussacet Poisson, commissaires.) — M.Arago presente, de la part du general Brisbane , gouverneur de la Nou- velle-Hollande, les observations faitcs a Paramatta, jusqu'au niois de juin i8a3. — II presente aussi, de la part de M. Dainoiseau, un Me- moire sur les perturbations du mouvement de la comete de 1819 , dans les deux periodes qui precedent son passage auperihelieen 181 5. (MM. Laplace, Legendreet Poisson, commissaires.) — La Commission chargee d'examiner quelles mutations les deboisemens peuvent avoir produites sur la temperature de la France, fait son rapport. II eu r^sulte, 1° que sur 34 departemens, ayant 3,439,943 hectares de Bois, il 'n'en a ete arrache que 204,092. II est vrai que les forests d'arbres rcsineux ont beaucoup diminue d'etendue, et que les liautes futaies des montagnes ont presque toutes ete converties en taillis; 2° que le nombre des departemens oil I'on croit que le deboise- ment des montagnes a cause le refroidissement de I'air ou du sol est de 14 ; le nombre de ceux oil Ton n'est pas de cette opinion est de 39; 3° que, dans 32 departemens, on a reconnu que les hivers sont aujourd'hui moins froids, mais plus longs; et les etes moins chauds et plus courts qu'il y a 60 ans : on ne regarde pas ce fait comme constant dans les 21 autres; 4° qu'il est 27 departemens oil Ton est persuade que les vents sont devenus plus violens , et 26 oii Ton soutient le contraire; 5° qu'il n'y a que 28 departemens oii Ton ait remarque une des consequences les plus positives de la denuda- tion des montagnes, c'est-a-dire, I'affaiblissement des sources et une diminution dans les eaux permanentes; et que 25 oii Ton ait reconnu que les inondations fussent plus frequentes qu'avant 1789; 6° qu'il semble que la neige tombe moins frequemment, moins abondam- ment, et subsiste moins long-tems; ce qui s'accorde avec la dimi- nution de la rigueur des liivers dans 32 departemens. — M. Poisson lit son Memoire sur la theorie du magnetisme. — M. Geoffroy i)re- sente, pour prendre date, un tableau de nomenclature concordanic pour les OS de la tete des animaux vertcbres. — Du 23. -— M. le baron Blin adresse a I'Academie le resume dr EtmOPE. 733 ses nouvelles recherclies sur les phenomenes du son et la tlieorie (les vibrations. — M. Moreaii de Jonues informe I'Academie que Ton vient d'observer aux Antilles deux trembleniens de terre; savoir le T I novembre dernier, a 5 heures 45 minutes du matin ; et le i3 de- cembre , a I lieure du matin. — M. Percy donne lecture d'une no- tice liiographique sur Co])ernic, en mettant sous les yeux de I'Aca- demie un portrait de ce grand homme , qu'il offre pour ^tre depose dans I'Observatoire de Paris. — M. Gay-Lussac , au nom de la commission des gazometres, donne lecture d'un rapport additionnel a celui qui a ete approuve precedemment (adopte.) — M. Ampere propose de faire des experiences propres a mesurer la plus haute pression qui a lieu pendant la combustion des divers gaz, et no- tamment des gaz hydrogenes carbures. — M. Dulong lit un rapport sur un mcmoire de M. Longchamps, intitule: « Analyse de Tacide phosphorique et des phosphates ». L'Acadeniie engage M. Long- champs a poursuivre les travaux qn'ii a entrepris sur d'autres genres de sel, et a kii en commuiiiquer les lesultats. — M. Geo ffroy donne lecture d'un memoire intitule : Sur I'uniformite de composition de la t^te osseuse de I'homme et des animaux. L'auteur y joint une planche qui a pour objet de montrer la situation respective des dif- ferentes parties du ci'Ane, et d'en indiquer une nouvelle nomen- clature. — M. Cauchv presente un memoire qui a pour objet un nouveau theoreme d'aualyse indeterminee. A. M — t. — Jcademie Fiancaise. — Dans la seance du mardia mars, M. Aignan a lu la suite de ses Etudes mr Racine, destinees a une nouvelle edi- tion des oeuvres de ce grand poete ; M. Francois de NeuchAleau, une Ode sur lu justice criminel/e ; et M. de Levis, des fragmens de son ouvrage intitule : Souvenirs et Portraits. La SocielS Philotechnique a tenu sa seance publique le i"' fevrier dernier. Selon I'usage de toutes les societes, cette seance a ete ou- verte par un rapport sur les travaux des membres, depuis le mois de juillet precedent ; le secretaire perpetiiel, M. MerviUe , s'est tir6 avecbeaucoupd'adresse etd'espritde la position delicate ou le placait un autre usage des societes, qui veut que I'eloge de leurs membres soit prononce periodiquement par un d'eux , devant un public quelquefois pen dispose a le ratilier. Apres le rapport , on a en- tendu la lecture d'une fable de M. Justin Oensoul, intitulee ; le Re- nard architecie , dont le trait final a paru un peu epigrammatique. M. Moreau de Jonncs a lu ensuite, pour M. Depping, un dialogue mgemeux , pour et centre les machines. M. MerviUe a recu de nouveau 7^4 EUROPE. les applaiulisscniPiis -8". Cette collection, extraite du fameux Journal t/c Trevoiix, reclig6 par les jesuitcs, devait etre portee a un plus grand nombre de volumes; mais les troubles de la revolution forcerent le llbraire de se borner a rimpression de 3 volumes. — La preface de I'editeur est une elo- quentc apologie des j^suites, consideres surtout sous le rapport litte- raire. — L'abbe Grosier a juge fort severement le borage de M. de Guignes fils a Pehin, etc. Sa critique a ete inseree par M. le comte de Fortia d'Urban, dans le 10'' volume de son ouvrage intitule : Mdrnoi- res pour servir a I'histoire ancienne du globe terrestre. Paris, 1809. In- 1 a. — L'abbe Grosier jouissait, avant la revolution, d'un cano- nical de Saint- Louis- du -Louvre. Depuis la perte de ce benefice, inie modique rente lui fournissait de faihles moyens d'existenc^. — M. Treneuil, bibliothecaire de I'Arsenal , lit de vives instances aupr^s du minislre de I'interieur, vers 1810, pour obtenir a cet liomnie laborieux une place convenable a ses talens. II a eu le boiilieur de le faire noinmer I'un des sous-bibliotliecaires de I'eta- blissement dont il etait le clief ; et, quelques ann^es apres , le protege reniplaca le protecteur. L'abbe Grosier, dans les fonctions de sa nouvelle place, sut, par sa complaisance et par son empressement a comniuniquer les lumieres qu'il devait a de longues etudes, se faire aimer des gens de lettres qui frequentaient la riche blblio- th<^que de S. A. R. Monsieur. On ne se serait jamais doute qu'on eiit affaire a un enfant d'Ignace et au coYnpagnon de Freron ; il est mort le 8 decembre 1828, dans sa quatre-vingt unifeme annee. — On sail que la plupart des articles de la Biographic des Uommes 'vivans , ouvrage enlierement ecrlt sous la dictee de I'esprit de parti, sont fautifs, quand ils ne sont pas calomnieux; celui de rabb6 Grosier est rempli d'inexactitudes : le savant redacteur de VAmi de la religion et du Roi les a copiees ct y en a ajoute de nou- velles, dans son •a" du 20 decembre 1823. Bakoier , ancieii bibViothicaire du Roi, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE SOIX ANTE-TROISIEME CAHIER. MARS 1824. I. MEMOIRES , NOTICES ET MELA.NGES. I. Seconde Notice sur I'eclairage par le gaz Ferry. 497 1. Extra it d'un Dlscours ])our rouveiturc d'uu cours de litte- rature francaise a Lausanne Ch. Monnard. 5o8 11. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Reclierclies cliimiques sur les corps gras , par L. Cbe- vreul Fr. Cuvier. 5i2 4. L'Esprit de I'Eglise , par de Potter F. Salfi. Sar 5. 1° De la Philosophic morale , par Droz ; a° Essai sur I'emploi du tems, par M. A. JuUien. Ch. Renouard. 53o 6. Statistique de rEcosse(ouvrage anglais) J.-B. S. 542 7. Les Antilles francaises, par le colonel Boyer-Peyreleau. Annee. 55o 8. Histoire de Charlemagne, par M. de Segur. . . de Sismondi. 55() g. Le Theatre des Grecs, du P. Brumoy, revu par Raoul- Rochette ( 3^ article ) Andrietix, de I'lnstitut. 56() 10. Don Alonzo , ou I'Espagne, par N.-A. de Salvandy. C. Paganel. 584 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de fi.2 outrages , francais et ctrangers. Ameeique. — Etats-Unis , I.- — Haiti, Z Sga F'uRopE. — Grande-Bretagne , n. — Russie, 3. — Pologne, i. Suede, 2. — JVorrege , i. — Danemnrck , 2. — Alleinagne , 9. — Suisse, 4- — Italic, 12. — Pays-Bas , to Sgfi — France , 63 , savoir : sciences physiques ,11: sciences morales et politiqueSfiS; Uttcrature , antiquites et beaux-arts , 17 ; Memoires et Rapports de Societis savantes , 3; ouvrages periodiques , i; livres en langues elrangeres . 5 64" IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique. — - Etats-Unis; New-Hampshire , Constructions ma- ritimes. — Etablissemens suisses de Vevcy et de Gand. — New-Yori , Prisons; moulin a marches (stepping-mill). — Necrologie : Daniel Boon ^1)^' AsiR. — lie de Sumatra; Palembang , Administration. — Russie asiatique ; Siberie ; Tourinsk, Seminaire. — Neitchinsk, Societe biblique 700 7/|4 TABLE DES ARTICLES. Afiuqiik. — Cap de la Cite, Voyage scientifique. — f^a/> de Bonne-E spe ranee , Population yoi EUROPE. Iles Britanniques. — Londres, Mecanique : Instrument pour decrire des courbes. — Edimboiirg , Societe pour I'adoucisse- nient de'l'esclavage des Noirs. ■ — Glasgow, Dons en faveur des Noirs. — Oxford, Universite. — Londres, Societe royale; Nominations. — Decouveited'unuianuscritde Milton. — Expo- sition de la Galerie britannique. — Gravure. — Necrologie : Da Costa 704 RussiE. — nioscou. Atelier pour la teinture et i'appret des draps. — Nijno'i-Noyogorod , Commerce. — Kazan, Universite. . . . 709 PoLOGNE. — Farsoiie , Universite 711 Suede. — Instruction publique. — Stockholm , Theatre. — Ne- crologie : De Posse; Rammel 711 Danemarck. — Copenhagne , Societe de medecine. — Societe des sciences 714 Allemagne. — Breslait, Societe patriotiqiie de Silesle. • — • Frie- derichsfelde , Ecole rurale. — Berlin , Instruction publique. — • Leipzig, Universite. ^ — Ecrits periodiques. — Erlangen, id. — Hanovre , Necrologie : Rehberg 7i5 Suisse. — Trogen, Societe d'utilite publique. — Lausanne, Cercle litteraire. — Saint-Gall , Societe litteraire. — Geneve, Societe pour I'avancement des arts. — CliimIe:Espritpyroxilique.'— In- austrie : Lames de fer substituees au verre; machine a percer les Irons des filtres et des tamis. — Schaffotise , Pistolet a cinq coups. — Berne, Beaux-Arts.— .?w7cA, Mcdaille en I'honneur d'Escher de la Linth 719 Italie. — rwr/w. Experiences physiologiques sur le systeme nerveux. — Introduction des cli^vres thibetaines. — Instruc- tion publique. — B'lilan , Legislation de la presse. — Flo- rence, Lettres sur la Suisse. — Academic de la Crusca et des Georgofili. — Rome , Decouverte de la colonne centrale de I'empire romain. — Milan, Piix propose par I'Academie des beaux-arts. — Fenise, Hommage a Canova 7^' PoBXUGAi.. — i(5^o?;7ie , Instruction elementaire 7'-° Pays-Bas. — Societe Teylerienne. — LaHaje, Prix proposes par la Societe des sciences et des beaux-arts. — Bruxelles, Institut royal : Nominations. — Societe des beaux-arts. — Amsterdam, Trad, hollandaise des Fables de M. de Slassart. 728 Fkance. — Dons faits aux etablissemens ecclesiastiqiies, aux hospices et aux pauvres. — Socieles savantes : Lille, Prix pro- poses par la Societe d'amateurs des sciences, d'agriculture et des arts 7^9 — Paris. /n^fzVnf .• Academie des sciences ; Academic francaise. — Soc. philoteclmique.—Gymnase normal, civil et militaire. — Lettres et vers inedits de J.-J. Rousseau. — Theatres; Odeon, Leonie , ou la Vengeance d'une femme , dranie en 5 actes. — Necrologie : De la Place, professeur de belles-lettres; I'abbe Grosier ■ • 7-*' TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU VINGT-UNIEME VOLUME DE LA REVUE ENCYGLOPEDIQUE. Janvier, F:^vrier, Mars 1824. On a rt'iiui aux. quatre mots indicatifs des quatre grandes divisions 6e ce Rccueil : I. MEMOIRES , NOTICES ET MELANGES; n. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVPLAGES CHOISIS; III. BULLETIN B05LI0GRAPHIQUE ; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES; le detail et le reuroi dcs articles qui s'y rapportent; puis, on a caracterise cfs articles , a la suite du uom de leurs auteurs , par Tune des quatre abreviations ci-apres : M. (mkmoires et notices) ; A. (analyses); B. (bulletin biblio- graphique); N. (nocvei.i.es scientifiqces et litteraires). La designa- tion C, apres les noins propres, indique les collaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont fournis. An lieu de couiprendre, sous la denomination generale sciences et arts [comme d^na nos qiialrc tallies i/£s matieres de I'aunee iSig), I'indication des differentes sciences dont traite ce volume, on a cru devoir, pour rendre les re- rherches plus facilcs, ct pour mieux caracteriser le but philosophique dc la Revue Encjclnpedique , ouvrir un compte particulier et special, en lettres ca- pitales , non-seulemeut a cLacune des branches des connaissances humaines , AGRICULTURE, ANATOMIE, etc.; a chacun des elemens esseutiels de la civili- sation et des moycns principaux de communication cntre les hommes : acade- mies et societes savantes ; dictionnaires ; enseignejient mutuel; instruction PUBLinuE; journaux; theatres, etc. ; mais encore a chacun des pays dout il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rap- procber et comparer tour a tour, soil I'etat des sciences et des elemens de la civilisation dans chaque pays , soit les nations elles-memes, sous les differens rapports sous lesqucls on a eii occasion de les considerer. ^CADEMiciEifs. Snr le projet d'en reduire le nombre, par Boulard, 678. Academic des beaux-arts de Ber- lin, 467. — de Lausanne, 5o8. (*) On souscrit, pour ce Recueil scientifique et litteraire, dont il parait un cahier de quatorze feuilles d'impression , tous les mois, au Bureau central d'abonnement, rue, d'EnJ'er-Saint- Michel , n° i8; chez Arthus Bertrand, rue Hautelenille , u'^ 28, et chez Eymery, rue Mazarine, n" 3o. Prix de la souscription : a Paris, 46 fr. ponrunan; dans les departemens, 53 fr. ; 60 fr. dans I'etranger. 746 TABLE AN Ac\T>^MiRS nu Soci6t<'s snvantes. P'oj-. SoCIliTES. Actes relatifs a la qiieslion fie la respoiisal>ilitemiiiistei'i(.'lledela fliete de Stockholm, etc., par feu le comte C. H. de Pos;-^, fiio. Adelon (N. P.). Plivsiologie de rhomrae, 644- AnMiNisTRATioN , 384, SgB. Affinite du cophte avec les lan- gues du iiord de I'Asie, etc. , par Klaprolli , (174. Affrancliissement (I/) de la Grece, poi'me, par Servan de Sugny, 676. Afrique , 2ia, 267, 455, 70 1. Agenda general , ou Livret prati- que de Feniploi du terns, par M. A. JuUien, G^y. Agoub (J. E.). C— A. III. Agbicuiture, 177, 2o5 , 45 1, 455 , 629. P^q/. aussi Economik RURALL. .Allemagne, i54, 220, 370,465, 617, 618 , 715. Ahnanach du Commerce de Pa- ris, etc., par S. Bottin, 4oi. — des Grecs , 44'. Alonzo , ou I'Espagne , histoire contemporaiiie, par N. A. de Salvatidy, 2o3. Amar (J. A.), foj. Conciones. Amerique , i36, 209 , 355 , 45o, 696. Ami (L') des malades de la cam- pagne, par Poiiisot , 177. /fmmon ( C. F. ). Predigt bey Eriiff- niing der aUgeineiiten Laiidesi'er- samniliing, 370. Ampere, f^of. Axes [lermanens. Analyses (II.) d'ouvrages classi- ques anciens : Le Theatre des Grecs, du P. Brnmoy, puhlie par Raoul-Rochette (v^/;(A/e«.i), 77,3a6, 569. — Luerece,tiaduit en vers fraiicais par ,T. B. S. de Pongerville ( Chauvct) , io3. — d'ouvrages nlleiunnds : His- toire de la nation Suisse, par Zscliokke, traduite en francais Al.TTIQUE par Monnard (J. C. L. de Sis- mondi ) , 3 i i . - -d'ouvrages anglais : Reirarques sur le sysleme actucl de cons- truction de routes, par Mac- Adam {De L. fi.), 35.— Lettres de Junius, traduites en fran- cais, par Parlsot (Jyenel), 3oi. — Stalistique de I'Ecosse , par J. Cleland(7. B.S.), 54?. — d'oiwrages francais : Kecher- ches statistiques sur la ville de Paris (Jomard') , 49- — HisH)ire et proems des naufrag^s de Ca- lais , par le due de Clioiseul ( Diipin , Oiotnt ) , (16. — Des- cription de I'Egypte {Jgoub), III. — Essai sur la constitution geognostiqne des Pyrenees, par Charpentier [Jacquemont), 281. — De I'appel comme d'abus ( Lanjiiinms ) , 292. — Essai sur I'histoire de la peinture, par le C. Orlof {Snlfi), 345. — Re- clierches cliimiques surlescorps gras, d'origine animate, parL. Chevreul ( Fr. Cin-ier) , 5 i 2. — L'espiit de I'Eglise, par Potter {F. ''■inlfi), oil. — De la philo- sophic morale , par .T. Droz. Essai sur I'emploi du terns , par M. A. Jullien {Ch. Renoiiard) , 53o. — l.es Antilles francaises , jiar Boyer-Peyreleau {Jmiee), 55o. — Histoire de Charlema- gne, ]iar L. C. de Segur [Sis- mondi) , 55g. — Don Alonzo, ou I'Espagne , par Salvandv ( C. Paganel) , ^^^i. Amatomie, 393, 472. Andrieux, de I'lnstitut. C. — A. 77, 32fi , 569. Jngelelli (iV. ). Delia cditcaziorir de figli, etc. , 379. Anglkterhe. f^ojr. Grande-Bre- tagne. Annales du royaume des Pays- Bas, par Martin Stuart, 637. Annales des Musulmans, par G. B. Rampoldi , 38o. Aiinules acacleniice Gandavensis ()38. Aiiiiales de la Societe des sciences, belles-lettres et arts d'Orleans , 69 1 . Aiuiee. C — A. 55o. Amtilles, 210, 453. — (Les) francaises , particuliere- iiient la Guadeloupe, par le colonel Boyer - Peyreleau , A. 55o. Ajstiquites, III, 218, 222, 243, 867,457,453, 462,fio3, 681, 684 , 746. yof. aussi Archeo- logie. — (Precis d') grecques , par J. C. L. Scliaaff, ifi4- — grecques du Bosphore cimme- rien. Remarques sur cet ou- vrage , 368. — et sites plttoresques de I'Ecos- se, avec un texte descriptif, par sir Walter Scott, 604. — decouvertes a Corfou , 474- — decouvertes aux environs de Cherbourg , 484- Antoinniarclii (F.). Planches ana- tomiques du corps humain , publiees par Lasteyrie , v" li- vraison, 3g3. .•\p|)areil econonilque pour dis- tiller I'eau de mer, et faire la cuisine a bord des vaisseaux , 459. Ap|)el ( De 1' ) comme d' Abus , suivi d'une Dissertation sur les iulerdits arbitraires de celebrer la messe , A. 292. Appien. f^oy. Majo. Ar.\bif, centrale (Notice geogra- phique sur le pays de Nedjd ou), etc., par E. Jomard, 647. Abcheologie, III, i56 474) 6o3, 6o5. — ( Lecons elementaires d" ) , par G. b! Vermiglioli , 633. Archestrate. Voy. Gastronomie. Architectuke arabe, ou monu- mens du Kaire, par P. Coste , 681. DES MATIERES. n l^'j Areiiil, Kiitisclte aannierkingen op de Hezwaren tegen den geesl dei Eeiiw , I'an J. Da Costa, 1 74. Aretin et Schoenleutner. Annates de I'agriculture en Bavi^re , 378. Arithmetique (Cours pratique et iheoriqne d' ) d'aprfes la me- thode de Pestalozzi , par L. D. Rivail, 3y6. — des carapagnes, a I'usage des ecoles primaires , par Auguste Moulston , 396. Arnout. Souvenirs plttoresques lithographies, 25o. Akt de la guerre, 180. — ( De r ) , par le general Ro- gniat, traduit en allemand par le general de Theobald , J70. Arts ecomomiques, iSg. MECANIQWES, 217. ' Artur (J. F.). For. Cercle de re- flexion de Borda. AscETiyuK. Foy. Theologie. AsiE, 137, 211, 453, 700. Atelier, etabli a Moscou , pour la teinture et I'appr^t des draps, 709- Atlas francais, ou nouvel Atlas de France, par L. A. Paulmier et E. de Branville, 649. — (Nouvel) de la FVance , par Atipick et Perrot, grave pai- Malo freres , 177. Aubry-le-Conite. Maison de Mi- chel Ange, lithographiee d'apres le tableau de Dejuine , 493. Auguis (P. R.). ^oy. Marot. Aupick. Fay. Alias. Avenel(M.}. C— A. 3oi. Axes permanens ( Meraoire sur quelques nouvelles proprietes des) de rotation des corps, par Ampere , 3g5. Azais , Cours de philosophic ge- nerale, etc. , 182. yizzoccki (Tommaso) , Le Favo'e di Fedro , 169. 748 B Fac, de I'invention de M. Tou- chard , de Bordeaux , etabli sur la Dordogne i Saint- Andre de Cubzac , a3o. Bail. Etudes litteraires des classi- ques francais, 4afi. Barbade ( Etat sanitaire de la), 453. Barbauld (M'"f). Voy. Hynines. Barbier. C. — B. 68i. — N. 74a. — y^or. Rousseau. Barbier (Charles). Ecrilure ima- ginee pour les aveugles , 234- Barbieri (Giuseppe). La Pesca, 634. Barreau anglais, ou Choix de plai- doyers d>;s avocats anglais, tra- duit en francais, par Clair et Clapier, 66fi. Bateau a vapeur etabli sur le Da- nube, entre Vienne et Pesth , 466. Bateau (Le) a vapeur et le remade Leroi, comedie-vaudeville, 629. BAtimens a vapeur etablis entre les deux villas principales de la Martinique, 210. Bayard et Roinleu. Moliere au theatre, comedie, 239. Beaujour. Theorie des gouverne- mens, 660. Beaux-Arts, 2o5, 246, 345, 452, 467, 4go, 492, 708, 723,727. Belles-Levtres. Voj. Littera- TURE. Belloc (Mme Louise Swanton). C. — B. i5i, 604. — N. 700, et les articles signes i,. sw. b. Bentham. (Jereinie'), Truth -versus Ashurst , 363. Bergsma (C. A.). Foy. Incrusta- tions. Bernardin de Saint-Pierre. Etudes de la nature, traduites en sue- dois, par J. Jonsson , r52. (iernouilli (C). Ueber ilen nach- ALYTIQIJE theiligen Einjluss der Zunjlverfas- surig auf die Industrie , 626. Berr (Michel), C — B. 666, 673, 694. Berthauld ( Louis ). Foy. Necro- logie. Bessin (Pieces pour servir .'i I'his- toire du), ])ar Pluquet, 189. Beugnot (Arthur). Les Juifs d'Oc- cident, 670. Bible, 402 , 4o3. BiBLioGRAViiiE , 33, i36, ao5 , 217, 221, 383, 440 > 44i» 707- — historique de Perouse , ou Ca- talogue des ecrivains qui ont iilustre I'bistoire de cette ville, par J. B. Vermiglioli, 383. Bibliotheque portative de I'ama- teur, ou Classiques francais, igfi , 428 , 675. — alsacienne, fondee a Colinar, 23l. — de feu sir Mark Sykes, devant etre vendue a Londres ,217. Bigland (John). Histoire d'Es- pagne, revue par le conite Ma- thieu Dumas, 670. Bilderdjck ( De Bezwaren tegeii den geest der Eeuw 'van J. Da Costa, logelicltt door'), IJ^. BlOGRAPHIE, 21, 166, 167, 192, 195, 275,382,383,384,388, 4i5,4i6, 633. Biometre, ou Memorial horaire, servant a indiquer le nombre des heures donnees a la vie in- terieure et individuelle , et a la vie exterieure et sociale, par M. A. Jullien, i85. Biondi (L.). Toy. Sannazar. Blanche d'Evreux, ou le Prison- nierdcGisors, parM'"*'Simons- Candeille, 435. Blaquiere's {Edward) Journal of military and political events in Spain, 36 r. Blaud (P.). Nouvelles recherches sur la taryngo-tracheite , connue sous le nom de Croup , 644- DKS MATl^RES. 749 Bodin (Felix). Resume de I'his- loire d'Aiigleterre , 4io- Bcrttigfi- {Ch. (i.). De Ceiiio seciili decimi sexd , ulc. , iSg. Bois-Ayme (du). Examen de quel- ques questions d'economie po- litique, 667. Eolste ( P. C. V. ). Diclionnaire des Belles-Lettres , 422. Boniface ( A. ).Couis element aire et pratiquede dessiulineaire, etc., 436. Lectnie graduee , etc., 659. Bunnin (C. J. B.). Pensees , suivies des Eloges de Corneille et de Montesquieu ; edition precedee d'une notice bistorique , par Lemonier, 666. Boon (Daniel), l^oy. Necrologie. Borcloiii* ( j4nt. ). Projiosizioni di Geodesia elementare , 63 1. Bossi {Lidgi^. Geografia compen- diosa per itso della gioventu, etc., 166. Bottin (Seb.). ^oy, Almanach. Bouchene-Lefer, C. — B. 4o3. Boulard. Voy. Academiciens. Boyer - Peyreleau. Les Antilles francaises. A. 55o. Braemt. Voy. Nominations acade- niiques. Brait-Delamatlie. yoj. Dante. Branville (E. de). Voy. Atlas fran- cais. Br^me (A. G. de). Observations sur quelques articles peu exacts de I'Histoire de I'administration du royannie d'ltalie pendant la domination des Francais , etc. , 384. Breon. Carte des eaux minerales de la France , 399. BrESIL, 210. Bring (^E. S.). De veterum Stiecoriirn et Gothorwn preecipids quce reiti- publicam spectant instittitis , 61 r. Britton's {John). History and anti- qidtiesofthe metropolitan Church of Canterbury, 36j. Brue. yoy. Carle topographique. Voy. Humboldt. Brumoy (Le P,). Le Theatre des Grecs , seconde edition , publiee parRaoul-Rochette, A. 77, 326, 56y. Brydges ( Egerton ). Polyanthea It' broriim vetustorvm , etc. , 628. Buchon (J. A.). T'oy. Chroniques. Buenos-Ayres, 209. Bulletin bieliogr ArniQUE ( III) : Allemagne, 154,370,618. — Danemarck, i53 , 6i5. — Es- pagne, 170. — Elats-Unis, i36. 355, 592. — France, 17$, 390, 640. — Grande-Bretagne , i37, 356 , 596.^Haiti , SyS. — ludes oiientales, 137. — Italic, 166, 379, 63 1. — Norvege, 1 53, 611. — iPays-Bas, 171, 887, 636.— Pologne , 607. — Russie , 368 , 604. — Suede, 1 Sa, 610. — Suisse, 164, 379, 626. Burton (J.). Fly. Decouvertes. Buxton (J.). Discours pour I'adou- cissementel I'extinclion de I'es- clavage dans les colonies au- glaises, traduit par Charles Coquerel, 442- c Cabinet (Le petit) des Fees, on Collection de Contes merveil- leux, 438. Cailliaud. Voy. Momies. Caledonie ( La ) , ou La Guerre iiationale, poeme, par J. R. A. Fabre, iy8. Calloigne. T'oy. Nominations aca- deniiques. Campenon. Essais de Memoires, ou Letlres sur la vie, le carac- tere et les ecrits de J. F. Ducis, 4 1 6. Cauova. Inauguration du monu- ment que I'Academie des beaux- arts de Venise a consacre a sa mempire, 727. (Commentaiiesur la vie de), par Tainbmiii , i6^. €\P DE UoNKK-Esi'lillAMCE, yo3. Capadose {A.). Bestrydin^ der Vac- cine, etc. , in I. Carrion Nisas. Histoire generale fie I'art niilitaire, etc., cSo. Carte topograjjhique des environs de Paris, par Brno, fiSo. Cartvvright. Voj. Necrologic. Casaritii(Luigi). Meinoria siilCom- mercio di Venezia , 3-9. Catalogue ( Premier) des livres df langtiesetlitteratureorientales, qui se trouvent a la librairie de Uondey-Dupre, 44 1. Catechisme de chimie , par S. Parks, 356. — des industriels , par Saint- Simon, 186'. Catullo (Poesies de), nouvelle ^ edition, par Sillig, 161. Caiichois - Lemaire. Les quatre- Evangiles, 402. Cercle iitteraire de Lausanne, , 7'9- Cercle de reflexion de Borda (Des- cription, theorie et usage du), par J. F. Artur, fi45. Chanipollion le jeune. Reponse aux observations de M. Vale- riaiii , relatives a I'alphabet des hieroglyphes phonetiqu<;s egyptiens, aaS. Clia/les Artaut iMallierbe, ou le Fils nalnrel, roman thedtral , par Lacretelle, 482. Charlet. Croquis lithographiques, 249- Charpentier (J. de). Essai sur la constitution geognostique des Pyrenees, A. 281. Chezy ( M"'' H. de ). Voy. Eu- ryanthe. Chili, aio. Chimie, 35fi, SSj, 497, 5x2, 72a. — organique appliquee a la pby- siologie et a la medecine , par L. Gmelin, traduite de I'alle- TABLE ANAI.YTIQUK mand par J. Inachen , et pu- bli(''e par J. J. Virey , 642. Chirurgie. Voy. Sciences medi- cales. Choiseul (Le due de). Histoire et procfes des Naufrages de Ca- lais, A. 6f). Cholera -morbus. Le fleau connu sous ce noni se repand dans la Perse et entre en Syrie, 21 r. Ciiaumiere ( l,a ) africaiiie, ou Histoire d'une faniille francaise jetee sur la cote ocridentale de I'Afrique, a la suite du naufrage de la Meduse, par M")e Dard, 671. Chauvet, C. — A., io3. Chevreul (L.). Voy. C(jrps gras. Chroniques (Collection des) iia- tionales francaises, en langue vnlgaire, du xiii'^au xvi'^ siecle, par J. A. Buclion, 41 3. Ciampi(S.). Toy. Plutarque. Clair. Voy. Barreau anglais. Clapier, ibid. Classiquesgrecset latins. Edition stereotype de Tauchnitz , a Leipsig , 221. Classiqiies francais. Edition de De Bure, 196, 428, 67S. Cleland (James). Statistique dc I'Ecosse, A. 542. Cloet (J. J. de). Manuel de I'ad- ministrateur, du nianufacturier ef du negociant, 388. Code criminel ( Examen d'un nou- veau projetde)pour le royaume de Bavifere , par S. A. Oersted, 6i5. Codex Rheiio HJosellanns , Zy^. CoLOMBiE, 453. Coniraeiitaire sur la loi des liyjio- theques du royaume de Ba- vi^re, par T. de Goenner, 157. Coininentatioites Societatis regiec scient. Goeuingensis , 62 5. Commerce, 229 , 709. — • ( Menioire sur le) de Venise, par L. Casarini, 379. Condones trancais , ou Choix de DP.S MATIERKS discours tires ties histnricns et oratems francais, par Ainar, — poeticic greecir , etc. , par le ineme , ibid. Confucius (OEuvres de), trarluites eu anglais par J. Marsliman , iSn. Conspiration\ ( Des ). par un hocnme des bois civilise, 5c)4- Constructions marilimes dans les lies des Shoals, fiyfi. Consultations euro|)eennes, a I'oc- c;ision de I'affaire du chevalier Desgraviers, etc., 4io. CoNTEs. Foj'. Romans. . — populaires daiiois , publies par J. M. Thieie, i53. Convulsions (Traile des) cliez les femmes enceintes, par 4- Mi- quel, 394. Coplesion (E. ). Recti£ication de quelques legeres erreurs dans la notice de M. Taillandier, in- .seree dans le xix*^ volume de la Revite Encyc^opediqiie , yoS. Coquerel(Ch.). C. — B., 178,405. Voy. Buxton. ( A. L. C. ). f'oy. Hymnes. Cormenin. Question de droit ad- ministratif , 407. Cornet (Le comle). Souvenirs se- natoriaux, 187. Corniam degli Algarotti. 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Boiste, 422. — des Sciences, dcs Lettres et des Arts , parCourtin, 179. ■ — classiqyie d'Histoire naturelle, parAudoin,Brongniart,Dunias, Edwards, etc., toni. iv, 390. — du Phanuacien , etc , par V os- mar, 387. — (Nouveau) geographique nni- versel, par J. Mac-Cartliy, 099. — des Decouvertes , 097. — technologique universe!, par G. Crabb, 357. Di(''te du royaume de Norvegc. AI.YTIQUE .Seance extraordinaire de iSaa, i53. Diorauia de Paris, /\()i. Diotti (Joseph). Tabler.u dont le sujet est la protection que Louis Sforza a accordeeaux arts, 726. Discours (Extrait du) (irononce a I'Academie de Lausanne, sur I'iinportance de I'etutle de la litterature, par Ch. Monnard, M. 5o8. Dissertation surl'air atmospheri- que, et de son influence sur I'e- conoinie animale , par J. R. li. de Kirckhoff , 637. Dodsley's Annual Register, 362. Don Alonzo, cu I'Espagne histo- rique conteniporaine, par N. A. de Salvandy. A. 584- Dons faits en France aux etablis- seniens ecclcsiastiques , aux hospices et aux pauvres, 729. — votes en faveur des Noirs, par I'Association des Indes occi- dentales de Glasgow, 706. Droit d'ainesse ( Du ) et de ses consequences , par H. D., 665. Droit caivonique, 292 , 655. — fiOMAiN ( Fragmens du), de- couverts dans la bibliotheque du Vatican, par AngeloMajo, 448. Droz (Joseph). De la Philosophic morale , etc. , A. 53o. Ducis ( J. F.). Toy. Canipenon. DucrotavdeBlainville.^oy.Faune francaise. Dufresne (Abel). Les petites Feli- cites , 436. Dulaure (J. A.). Histoire de Paris, 189, 4i3. Dumas (Le comte Mathieu). T'oy. Biglaud. Dumouriez (Monument eleve au general), a Henley, sur la Ta- mise , 4'^0' Dupau (Amedee) , C— M. 21. — B. 175, 645. Dupin, avocat. C. — A. 66. Replique pour W. Sta-c- poole, contre Georges Stac- poole, 4io- Dupin (Cli.). Progrcs derindus trie francaise clepuis le com- mencement du xix^ siecle, 64^. Duplessis - Mornay. Voy. Me- moires. Duval (Alex.). 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Education, 379. — (SurT) et i'instruction de la DES MATliRES. 753 jeunesse, par Ferdinand Del- bruck , fiig. — ( Institut d' ) domestique, du docteur Liederskron , a Erlan- gen , 373. Egypte, 358, 455, 458. — (Description de 1'), ouRecueil des recherches qui ont etefaites en Egypte pendant I'expedition de I'armee francaise. Seconde edition, publiee par C. L. F. Panckoucke, 11 1, f)8i. E[szner{Ch. G.). Die Theogonie des Hesiodus , 1 56. £lecteur(Un) a ses collogues, 187, Elogk d'Andalo di Negro , par B. Mojon, 384- — du corate J. Perticari , par P.Costa, 384. Eloquence, 220, 5o8. DE LA CHAIRE, I72, 37O. — JUDICIAIRE, 666. Emetique ( Procede pour preparer le tartre) par la recristallisa- tion, 33. Emploi du terns (Essal sur 1'), ou Methode qui a pour objet de bien regler sa vie , etc. ; par M. A. Jullien, A. 53o. EnoTCLoPEDiE d'autiquitcs et Elemens d'archeologie, parE. D. Fosbroke , 6o3. — moderne, pai-Courtin, 179. Encouragement aux sciences, 467. Engelniann. Album lithographic, 249- Enigmes historiques, geographi- ques , mythologiques, iconolo- giques , biogrophiques , etc. , par D. Levy, 65g. Enseignement mutuel, auBre- sil, 210. — en Suede, 220 , 711. — en Danemarck, 4^5. — en Portugal , 728. Epagny (D'). Luxe et Indigence, comedie, 239. Epigranimes de Zeffirino Re, de Cesene, 635. Erfurdt (A.). Antigone, de So- 49 7^4 TAIil,?; AN phocle, secoiule edition, avcc les observations de Hermann , 376. Escherde laLinth. ^'o/. Medaille. EsPAGNB, ryo, 229, 36r, 4** > 4i3, 476, 584. Esprit (L') de I'Eglise , ou Con- siderations philosophiques et politiques siir I'hisloire des conciles et des papes, par Pot- ter, A. 5a I. — des Journaux anglais, i5i. — (De 1') du seizienie sifecle rap- pele au dix - neuvieme par la tendance des opinions , etc. , iSg. — pyroxylique , 722. Essais chimiques , par S. Parks , 357. fitabiissemens d'instruction et d'utilite publique , a Epinal , departement des Vosges, 23o. — suisses de Vevey et de Gr.nd , snr Jes bords de I'Ohio , figfi. Etablissement a Vienne, destine au seul traitenient des maladies de poumons , sji. Etats-Unis d'Amerique , i36, 209, 355, 45o, 592, 696. ETHNOGRArHIE , l38. Ettinger (Theodore), foy. Kotze- bue. Etudes litteraires des Classiques francais, par Bail, 426. Euryanthe , opera allemand , par M"|= Helmina de Cliezy , mu- sique par Ch. M. de Weber , 468. Eustache de Saint-Pierre. Noras de ses cotnpagnons d'infortune, 483. Evans' (T. E.) History of the poli- tical Institutions of the nations of Europe and of America , 140. Expedition du major Long a I'ex- tremite nord-ouest du terriloire americain, 4^2. Experiences physiologiques sur le systeme nerveux, 723. ALYTIQITE Exposition de la Galerie britan- niquc, a Londres , 708. — des produits de I'industrie na- tionale, aBreslau, 715. — des produits de I'industrie des Rhodes exterieures d'Appen- zell , 719. — prochaine pour les beaux-arts, a Berne , 723. — annuelle , a Paris , des quatre manufactures royales , 246- Extraits choisis des oeuvres des poetes anglais, par R. A. Da- venport. Edition de Whittiiig- ham, 365. Fabre (J. R. A.), ro^- Cal6donie. Fabry fils. f^oj. Laine. Fail-field {Summer-Lincoln), Poems, 355. Families celebres d'ltalie, 166. Faune francaise, ou Histoire na- turelle des animaux qui se trou- vent en France, parDesmarest, Vieillot , Prevost , Ducrotay de Blainville, Serville, Lepelletier de Saint -Fargeau et Walcke- naer, 640. Felice (G. de). Essai sur I'esprlt et le but de I'lnstitution bibli- que, 4o3. Femme (De la), sous ses rapports physiologique, moral et littd- raire, par J. J. Virey, 175. Ferrv, C.— M. 12, 397. — B. 179, i85, 644. 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Wachler, 623. — et Antiquites de I'Eglise me- tropolitaine de Cautorbery, par J. Britton , 367. — generale de I'Art militaire, par Carrion-Nisas, 180. — (Essai surl') de la Peinture, en Italie, par le comte Gregoire Orlof, A. 345. NATCREI.LE, 257, ^9'' ' ^9^' 45o, 455, 63i, 636, 640. Histoires accreditees de revenans, par J. Jarvis , 36i. Hoecli. Materialien zur Finanz-Sta- - tistik der deutschen Dundes Staa- ten, 62 I. Hoist (Paul). Session extraordi- naire de la diete du royaume deNorvege, etc., i53. Horace. Traduction d'une partie de ses Odes en vers francais, par le vicomte Lenoir , 675. Humboldt ( De ). Rapport fait ii D£S MATliRES I'Academie royale des sciences sur I'Atlas geographique de M, Brue, (>3i. Hydraulique, 177, 178. Hygiene militaire, a I'usage de rarmee de terre, par J. R. L. Kirckhoff, 636. Hynines en prose , pour les en- faiis , par M'ne Barbauld; tra- duites de I'anglais , par A. L. C. Coquere!, 438. Hrpsisiaires (De la secte des), par C. Ullmann , 6ig. 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Invasions (Essai sur les) des Nor- mands dans les Gaules , etc. , 670. Ikventioks , 722. Iray (Le Prevost d'). La Vendee, poeme, 43o. Irbj- and Mangles' Travels in Egypt and Nubia, Syria and Asia mi- nor, 358. Irlandr. Voj. Grande-Bretagne. Irrigations (Nouvel Essai sur les) des prairies, parJ.P.A. Leorier, 178. Italib, 166, 224, 345, 379, 472, 617, 63i, 723. — (Promenade en), ^01. Jacquemont (Victor), C. — A. 281. Jarvis' (/.) Accredited ghost histo- ries, 36 1. Jaubert (Amedee). Nouveaux ele- mens de grammaire turke, 417- Jenner ( Notice historique sur le docteur) , M. 21. — Liste de ses ouvrages , 33. Jocko , anecdote detacbee des let- tres ineditRS sur I'instinct des animaux , par Ch. Pougens , 672. Jomard, del'lnstitut, C. — A. 49- — M. 267. Notice geographique sur le pays de Nedjd ou Arabic cen- trale, etc. , 647. Jonsson (J.), f o_j-. Bernardin-de- Saint-Pierre. Journal d'eveneraens poliliques et niilitaires en Espagne , par Edouard Blaquiere, 36i. Journaux et Recueii-s periodi- QUES: — publics en Allemagne : JFicner Zeitschrift fur Kunst , i63. — Jahrbiicher der Landw'irthschaft in Baiern, 378. — Leipziger Lite- ratiir • Zeitung , 717. — Neues ^58 TABLE AN Kritisches Journnl der theologl- schen Literatur, 718. — piiblies eu .■Iriglclerre : Zoolo- gical Journal, i\i. — The chris- CianC/enner, 142. — T/u- lilerary Museum, 1^1. — Le Courrier de Londres , 1 42. — The Edinburgh philosophicalJournal, 1 43. — The Edinburgh mtdical and surgical Journal, l43. ■ — The Edinburgh Review, l44- — The Monthly Magazine, 1 44- — The European Magazine, i/,4. — The New Monthly Magazine , i44- — The London literary Gazette, 1 45. — The Retrospe ctireRe I'iew, 147. — The Liberal , 1 48. — The Ladies' Pohet Magazine , 148. — Reposi- tory of arts , etc., 148. — Philo- sophical Magazine , 1 49- — The Quarterly Review , 1 49- — The Hive, i5o. — The Mechanic's Magazine, etc., l5o. — The Spirit of the public Jouri'als , etc., i5l. — publies dans le Chili: El Tison republicano; El DespcrtadorArau- cano; Bolelin de las Ordenes del gobierno , 211. — publies aux Etats-Unis : The american Journal of sciences and arts, 355. — publies en France : Annales des sciences uaturelles , a Paris , 446. — Journal medical de la Giron de , a Bordeaux, 6()3. — publies dans la republique de Ha'iti: Le PropagateurHa'itien, 593. — publies en Italic : Le Journal arcadique, et les Epheinerides litteraires , a Rome, 228. . — Opuscules scieiitiliques et lit- teraires, a Bologne, 228. — Journal de Physique, a Favie, 228. — Anthologie, a Florence, 228. — Bibliotheque italieniie , a Milan, 228. — Anthologie, a Florence, 725. — publics en Russie : Memoires sur la Patrie , par P. Svignin , ALYTIQUE 369. — Supplemens litteraires au Fils de la patrie, Sdy. — Le Bien - Intentionn6, par A. Izmailof, (>o(). — publies en Suede : Journal quo- tidien de Stockholm, 220. — Feuille ecclesiastique de Suede, 220. — publies en Suisse : Le Nouvel- liste Vaudois , nouveau journal remplacant L'Arai de laVerlle, supprim6 par I'autorite, a Lau- sanne, 223. — Feuille du Can- ton de Vaud , 629. Jouy (Etieune). OEuvres com- pletes, 429. JuDAisMr.. Ouvrages y relatifs publies en AUeraagne , 4**8. Juifs (Les) d'Occident, ou Re- cherches sur I'etat civil, le commerce , etc. , des Juifs , en France , etc., par Arthur Beu- gnot, 670. Jullien (M. A.), directeur-fonda- teur de la Revue Encyclope- dique, C— M. 3. — B. 202. — N. 254. f'oy. Biomfetre. Foj'. Emploi du terns. Foy. Agenda general. Junius (Lettres de), traduites de 1 'anglais , par J. T. Parisot , A. 3oi. Junte ( Formation d'une ) a Ma- drid pour les arts et le com- merce, 229. Jurisprudence, 407, 4o9> 4io, 665, 6C;6. K Kalaidovitch ( Constantin ). Let- tres sur les reclierches arclieo- logiques dans le gouveinement de Rezan, 6o5. Kant. Foj-. Wirgraan. Kirckhoff , C— B. 175, 388.— N. 482. r-'oy. Nominations academi- ques. Voj', Hygiene. — — for. Sante iTiilitaire. Fbr.Observationsmedicales. P'oy. Dissertation. For. Fi^vre adynainique. Klaproth. Lettre a M. Clianipol- lion iejeune, relative a raffinite du cophte avec les langues du nord de I'Asie, et du nord-est de I'Europe , 674. Koningsmarke , the long Finne , l36. Kotzebue (Aug. de). Theatre, tradiiit en russe, par Th. Et- tiiiger, 604. La Billardiere. Foj. Statue fruste. Lacretelle aine. Ciiarles Artaut Malherbe, ou le Fils naturel, roraan theatral, 432. Lacunes (Des) et des besoiiis de la legislation francaise en ma- ti^re criminelle , par Le Gra- verend, 663. Lafond. Le Ver luisant, 65 1. Laine (Nouveau traite sur la) et sur les moutons , par Perrault de Jotemps , Fabry fils, et F. Girod, 642. Lait(De I'usage le plus avanta- geux du) dans Tecononniie ru- rale, par Charles Mayer, 618. Lames de fer substituees au verre, 722. L'Ange ( Sermons de ) , 172. Lanjuinais, de I'lnstitut, C. — A. 3oi. — B. 406, 409 , 412 ) 655, 662. Lasteyrie. foy. Antommarchi. Lecons anglaises de Litterature et de Morale , traduites en fran- cals, par L. Mezieres, 420. Lecture graduee , par Alex. Boni- face , 659. LEGIS1.AT10N , 1 57, 210, 248, 363, 448, 611, 6i5, 663, 664. — ( Principes de ) , ou I'Etat con- sidere par rapport a la jus- DES MATI^RES. 759 tice , etc. , par N. Treschow , 61 r. — de la presse, a Milan, 725. Le Graverend. Voy. Lacunes. Lemonier. foy. Bonnin. Lcmontey,.de ITnstitut , C. — B. fi57. I _ Lenoir. Loisirs d'un milltaire, 675. Leonard ( Joseph ). Debut poeti- que , 677. Leonie, ou la Vengeance d'une femme , drame, 737. Leorier(J. P. A.). Nouvelessai sur les irrigations des prairies, etc. , 178. Apercu sur I'applicationd'une nouvelleroueoblique,etc., 179. Lepelletier de Saint-Fargeau. Voy. Faune francaise. Letourneur. Foy. Shakespeare. Lettre pastorale du cardinal-ar- cheveque de Toulouse, i8i. - — a M. le president del'Academie royale des Inscriptions et Belles- Lettres , sur le projet de re- duire le nombre des Academi- ciens, 673. Lettres sur les revolutions du globe ,391. — inedites du chancel er d'Agues- seau , publiees par D. B. Rives, 192. — de Jean III , roi de Pologne , ^crites , en i683, a la reine Marie Casimire, publiees par E. Raczinski, 607. Levy (D.). Foy. Enigmes. Liederskrons Hausliche Erziehung- sanstah , 373. Limbird's British Novelists , 602. LlNGUISTIQUE, 1^7, 417, 674- Lisfranc(J.). Memoire surde nou- velles applications du stethos- cope du professeur Laennec , 394. LiTHOGRAPHIE, 393 , 493- Litta (P.). Famiglie celebri Italiane , 166. Litterature allemande , i63. 760 ifiS, 468, 604, 624, 718. — Ancienne, classique, 77, loS, i6f, 167, if)8, 169, 385, 38(i, 4a4> 467. 5r>9, 63-2. — Aiiglaise, i4i, 142. i4^> '44. 145, i4fi> 147, 148, i49j i5o, i5r, 217, 365, 377, 4'o» 433, 601, 602, 628, 6745 695. — Belgique , 638. — Biblique, 402. — ^ Cliinoise , 137. — Danoise, i53, i54. — Des 6tats-Unis, i36 , 355.— Fran- caise, i52, 196, 197, 198, 199, 202, 2o3, 204, 239 , 4*2 , 424 ) 426 , 428 , 429, 43o, 432 , 435 , 436, 488 , 569, 584 , 675 , 676 , 677 , 680 , 737. — Genevoise , 629. — Ha'itienne , 593. — Ila- lienne, 228, 365 , 384, 385, 386, 419, 473, 634, 635.— Per- sane, 137. — Russe, 218', 369 , 421,604,606. — Suedoise, i52, 220. Livres destines a I'enfance, 437 , 438, 439, 659. Lois penales ( Reflexions sur les ) de France et d'Angleterre, par A. H. Taillandler, 663. Lucrece. De la nature des choses; traduit en vers fraiicais, par J. B. S. de Pongerville , A. io3. Luxe et Indigence , ou le Menage Parisien, comedie , par d'Epa- gny. 239. M M' Adam (/. L, ). Remarks on the present system, of road making, A. 35. Mac-Carlhy ( J.) . Nouveau Dic- tionnaire gengraphique univer- sal, 399. Machiavel, OEuvres completes ; traduction nouvelle, par J. V. Perifes , 407. Machine a percer les trous des filtres et des taniis, 722. Maggesi (P.). T'oy. Morgagni. Maistre (Xavier de). Voyage au- tour de ma chamhre, 204. TAP.TF. ANAl.TTIOtTK Le Lepreux de la cite d' Aoste, 204. M^me ouvrage, retranch6 et augmcnte par M""^ O. C. , 680. Maizony de Laureal. La Petite Henriade, 676. Majo (^Angela), fli. Comclii Fron- tonis et M. Aiirelii imperatoris , L. Veri et Antonini Pii , et Ap- piani cpistolarum reliqua: , etc., 167. Vaticana juris romani Frag- vienta , etc. , 448. Malo freres, graveurs. Voy. Atlas. Mandement de monseigneur I'e- veque de Tulle, 4o5. Mangles, roy. Irby. Manuel de I'administrateur , du manufacturier ct du r.egociant, par J. J. deCloet, 388. — des gardes-malades, par J. Morion , 176. Manuscrit de litterature ancien- ne, de la biblioth^que de Mag- debourg, 4t>7- — de Milton, decouvert a Lon- dres, dans les archives de I'etat, 707. Marc-Aurele. Voy. Majo. Marina ( Francisco Martinez ). Theorie des Cort6s, etc., 4i3. Marihe, 459. Marot (OEuvres de Clement). Nouvelle edition, publiee par P. R. Auguis , 197. Marshman (/.). Clavis sinica, orEle' meiits of Chinese Grammar, I'iy. — — Confucius' Works, I'iy. Martens (^A. £.")• Das liamburgischc Criminal-Gefiingniss , 373. Martinet (L.). Memoire sur I'em- ploi de I'huile de terebenthine dans la sciatique, etc. , 176. Martinique, 210. Mason Good {John ). The Study of medecine, SSj. Mathematiques , 3g5,645, 704- Mayer {Kail). Die votheilhafteste Jleniltzung der Milch, 618. Mazier du Heauine. Voyage d'uii jeune Grec a Paris, 190. ,Mecamique, 178. Mecenate ( Raphaelis ). /. C. de Pub. Tharsea Peto , ejusque genero Helvidio Prisco Coinmentarius ve- terum testiinoniis concinnatus , 382. Medaille en I'honneur d'Escher de la Linth , 723. Medecine. Vojr. Sciences medi- cales. — (L'Etiide de la) , par J. Mason- Good , 357. Meli (G.\ Vqy. Odes. Memoires , Notices et Melan- ges (I.) : Introduction, conte- uant quelques vues sur I'etat et les progres des sciences en iSaS {M. A. Jullien), 3. — Notice his- torique sur I'eclairage par le gaz \Ferrr), 12. — Notice sur le doctenr Jenner {A. Dupau), 21 — Notice sur les voyages d< MM. Duvaucel et Diard {F.C.), 257. — Notice sur les decou- vertes faites recemment en Afri- que (Jomard) , 267. — 2"^ Notice sur la vie et les ecrits de Rliigas {Nicolo-Poulo) , 275. ■ — Notice sur le gaz eclairant {Ferry), 497. — Extrait du Discours sur I'importance de I'etude de la lilterature, prononce par Ch. Moniiard , 5o8. — ET Rapports de Societes sa- vantes et d'utilite publique , ao5, 442, 685. — de la Societe royale des scien- ces de Goettingue, 625. — de la Societe royale de botani- que de Ratisbonne, 162. — de rinstitut du royaume Lom- bard-Venitien , 169. — historico - ci itiques de I'an- cienne Academie de philoso- phie experinientale , connue en Ital!e sous le nom de Lincei, 473- — ( Nouveaux ) de TAcademie DF.S MATIERFS. 76 I rovaie des sciences de firuxel- les, 638. — de la Societe royale et centrale d'agriculture de Paris, 2o5. — ( Collection des ) relatifs a la revolution d'Angleterre , par Guizot , 412. — des contemporains, iv° livrai- son, A. 66. — et Correspondances de Duples- sis-Mornay, pour servir a I'his- toire de la Reformation et des guerres civiles et religieuses en France , etc. , 4i3. — sur la vie et le siecle de Sal- vator-Rosa, par lady Morgan , traduits de I'anglais, 4i5. — ( Essais de ) , ou Lettres sur la vie de J. F. Ducis, par Cam- penon , 4i6. Merveilles de la nature vivante , ' avec 800 sujets de gravures , 437- . Messeniennes ( Trois ) nouvelles , par Casimir Delavigne, 199. Metafhysique, 65i. — nouvelle, ou Essai sur le sy?- teme intellectuel et moral de riiomme, 657. Metaxa ( Liiigi ). Monograjia de Serpenti , etc. , 63i. 1\Iet1£orologie , 216, 357, 694. Meteorological essays and observa- tions, by J . F. Daniell, ZSl. Mezieres. Voy. Lecons anglaises. Michelot ( A. ) , C. — Les articles signes M-t , et Redaction ge- uerale des Nouvelles litteraires et scientifiques. Milesi [Biajica). f^ita di Saffo, etc., 383. MlNERALOGIE, 166, 453, 458, 462. Mines (De I'etablissement des) et fabriques y relatives dans le territoire d'Agordo , par Cor- niani degli Aigarotti , 166. — d'or decou vertes dans les Monts- Ourals, aux environs de Cathe- rinebourg, 462. 5o ^6a TABLE AN Miquel (Antoine). Trai)6 des coii- vhIsIdiis cliez les feinmes eii- oeiiites, 394- Missions proiostaiites, 45 1. — du liengale, 453. Mojon (fi.). Elogio di ,4ndalb di Nef;ro , 384. Molbech (C. ). Publication pro- cliaiiie des ecrits, des letties et des Oldies de Christian IV, 4fi5. Reise i Aaiciie 1819 og 1820, etc., 617. Moli^re au theatre , coinedie en vers, par Bayard et Romieu, 339. Moniies (Ouverture de deux) ap- partenant a M. Cailliaud, 243- Monnard (Ch.). C.-B. i6(i, Syy. — N. 223, 472. Voy. ZscliokJie. f^oj. Discours. Monographie des serpens de Rome et de ses environs, par L. Me- taxa , (S3 1. Moore [Thomas^. The loves oj the Angels, fiyS. MoR\LE, 142. Moreau de Jonnes. f^oy. Nomina- tions academiques. Morgan (Lady). P'oy. Memoires- Morgagni (G. B.). Du siege etdes causes des maladies , recher- ches au moyen de ranatomie , traduit du latin en italien , par P. Maggesi , 632. Morin (J.). Manuel des garde- malades, etc., 176. Mosaique (Ancieu pave de) de- couvert en Transylvania, 222. Moudelot (S.). for. Hesdiii. Moulin de discipline {^Stepping mill ) , introduit dans le Peni- tentiaire de New- York , 697. — ( Petit ) a Lie , romain , d'une frfes-grande antiquite, conserve dans le Musee de Panne, 474- Moulston (Augusle). Arithmetique des campagnes , etc. , 396. ALYTIQUE Miillcr (A'.). Glaiiben , IVisstn iind Kiinst der atten Uindoiis , 374- Muiioz. yoy. Necrolohik. Muscle ( Nouveau ) trouve dans roeil de I'liomme , par le doc- teur Herraer, de Philadelphie , 472. Museum van beroemde Protestanten, 388. — de Colombie, 453. Mythologie, i5(i, 374. ^"81. N Nachon. Lettre sur la tolerance de Geneve, 654- Napoleon, poeine public a Phila- delphie, i36. Notice de statues, bustes, bas- reliefs, etc., devant C'\.rc ven- dus a Paris , 2o5. Naufrage de la Meduse : bistoire y relative, 67 1 . Naufrages de Calais ( Histoire et proces des), par le due dc Choiseul, A. fi6. Naiinton {R.)- Fragmenla regalia, etc. , 599. INavier. f^oj. Nominations acade- miques. Navigation ,210, 23o , ^\fi&, 645. Necroi.ogie. Antoine Eberhai d . litteiateur, a Leipsig, 22a. — P. J. B. ChaussarJ , homme de lettres , a Paris , 25i .■ — tangles , membre de I'lnstitut , a Paris , 253. — Le docteur CarCn'right , doven des poetes anglais , et habile mecaiiicien , 4t'i-*— Sir Henry Raebiirn , peinire du roi , a Edimbourg, 461. — C. G. Her- mann , professeur, a Erfurt, 468. — Th. Miinoz , lieut. gene- ral de la marine espagnole , a Madrid , 476. — Louis lierthauld, architecle, a Paris, 494- — L)a- niel Boon , fondateur de la ville de Boonsborougb , dans I'etat de Kentucky, ()98. — Da Costa, savant espaguol , k Londres , yo8. — L.e conite C. N. dc Po'se, seigneur de F'ogelvik, a Stock- holm, 7i3. — Le baron de Ham- mel , dans ses terres eu Scanle, 7 1 3. — y4. G. de Rehberg , a Ha- novre, 719. — '»• F- !fJ- J- de la Place, professeur pour la chaii e d'eloqueuce de la Faculte des lettres de Paris , 739. — J. B. G. A. (hosier, Inbliothecaire de I'Arsenal , a Paris , 740. Neele ( H. ). Poems dramatic and miscellaneous ,601. Nicolo-Poulo, C— M. 275. Noel, f'^ojf. Tite-L!ve. NoMINATIOMS AC.VDEMiyUES : lllo- reau de Joiines , membre hono- ralre de I'Academie royale des sciences de Lyon, 233. — Fodera, mederin a Naples, correspou- dant de I'Academie des sciences de Paris , 236. — C. de Kirckhoff, associe etranger de I'Academie de Lisbonne, 482. — Navier, membre de I'Academie royale des sciences de Paris, 487.- — Fourier et f'aiiqiielin , membres de la Societe royale de Loudres, 707. — Calloigne, statuaire, et liraemt, graveur en medailles , membres de I'lnslitut royal de Bruxelles , 729. NoRVEGK, i53, 464j6ii. Nouvei.i-e-Zela]\'de, i38. NoU VELLES SCI KNTIPr QUESETI.it- TEKviBES (iv.) : Afrique, 212 , 455, 701. — Allemagne , 220 , 465, 715. — Amerique, 209, 45o, 696. — Antilles, 210, 453. — Asie, 211, 453, 700. — Bresil, 210. — Buenos- Avres, 209. - — Cap de Bonne-Esperance, 703. — Cliili , 2 to. — Colombie, 453. ~ Uaneniarck, 4'^5 , 714- — Egypte, 455. — Espagne, 229, 476. — Etats-Unis , 209, 4.10, 696. — France, 23o, 482> 729. — Grande-Bretagne, 216, 458, 704. — lies lonieiines, 4 74- — Indes orientales, 453. — Italic, DES MATIERES. 76'^ 224, 472, 7»3. — Norvege, 464. — Paris, 234,485,731. — Pays- Bas , 23o, 4/9) 738. — Pologne, 711. — Portugal, 728. — Russie, 218,462,709. — Siam, 455. — Siberie, 211, 701. — Suede, 220, 711. — Suisse, 22a , 4^9) 7'9- -- Sumatra , 700. Nubie , 358. o Observationsmetlicalesfaites pen- dant les campagnes de Russie (1812) et d'Allemagne (i8i3) , par J. R. L. de Kirckhoff, 637. Odes de Giovanni Meli , traduiles du dialeclesiciliendansl'idiome commiin aux Italiens , par Giu- seppe Indelicato, 635. Odvssee d'Homere , traduite en italien , par H. Pindemonte , 168. Oehleitschlngers Samlede Digte, i 54- Oersted (A. S.)- Examen detaille d'un nouveau proiet de Code criminel pour le royaume de Baviere, 61 5. OEuvRES de Confucius, 137. — de Shakespeare , traduites par Letourneur, 674. — de Clement Marot, 197. — de Florian. Nouvelle edition , publiee par Criand, 429. — COMPLETES de Macbiavel, tra- duites par Peries , 407. de Voltaire. Edition de Du- pont et Chasseriau , 198 , GyS. d'F^tienne Jouy, 429. d'Alexandre Duval, 43o. — poetiques de Saint-Ange, 675. OUivier (C. P.). ^«• 1 la^ic, pai . ' ', la vitle de), et le departement Physiologie, l^b, 5gi, 72^- dela Seine, pour i8a3, A. 49- - de rhomme, par N. P. Adelon, (Histoire physique, civile et morale de) , par J. A. Dulaure , 189,413. Parisot. yoy. Junius. Par/is' ( Samuel ) Chemical Cate- chism , 356. — Chemical Essays, 3Sj. Pascal. Les Provinciales , 675. Patin(H.). C.—B. 430,435. Paulmier ^L- A.), roy. Atlas fran- cais Physique, 216, 453. Pigault-Lebrun. Histoire de Fran- ce, 188. Pindemonte {Ippolito). Odissea d'O- mero, tradotta , etc., 168. Pilatre de Rosier. Souscription pour la restauration du monu- ment eleve h sa mi'-moire, aBou- logne-sur-Mer, 483. Pistolet a cinq coups, 722. Palquet GravuredeMarieStuart, Plaintes contre I'esprit du si^cle d'aprf;s le tableau de Dncis,| par J. Da Costa, 173. 25o. Pays-Bas, 171, a3o, 387, 479. 636, 728. P^che (La), poeme italien , par Giuseppe Barhieri, 634. Peinture, 345, 452, 726 siir porcelaine, 247- Pelli {Giuseppe). Memorie per ser vire alia inta di Dante Alighieri, 633. Perils (J. v.). roy. Machiavel. Perrault de Jotemps. Voy. Laine. Perrot. Voy. Atlas. Petit (Le) Prince de Cachemire ; contes moraux et feeries , par M""- Julie Delafaye-Brehier, ^*39- ' ,, , Petites (Les) F61icites, par Abel Dufresne, 436- defendues.parBilderdyck, »74- _ refutees.parVan Kampen, 174. . refutees, par Arend, 174- Plan d'Aquilee, 681. Pluquet (F.). Pieces pour servir a I'Histoire des moeurs et des usages du Bessin , 189. Plutarque. Opuscules moraux, traduits en italien, par S. Ciam- pi, 632. Traits de I'education des en- fans , traduit en italien , par M. Angelelli, 379. Poemes dramatiques et melanges, parH. Neele,6oi. PoFsiE, io3, .36, 154,197. '98. DES MATIERES. 76: 199, aoa , 385 , 386, 43o, 634 , f)35, 675, C76, 677. DRAM.\TIQUB , 77,217, 239, 326, /|fi8, 488 , 569, (Sag, 737. Poesies de Fairfield, 355. — fugitives de M. Oelilenschlager, i54. — pastorales de J. J. Kutlinger de Wildhaus, i65. Poinsot. L'Anii des inalades de la campagne, 177. Politique, i53, iSg, 160, 173, 174 , 181 , 187, 3oi , 4o5 , 407 , 5g3 , 594, Sgg , 610 , 611, 620, 660, 662. PoLOGJTE, 607, 711. Polyanthea Ubrortim I'etusloriiin , ilalicoriim ,i;allicorum , etc. Coll. Egerton Brjdges , 638. Polypiers fossiles , decouverts a Roziers pres Grandpr6 , depar- temeiit des Ardennes, 482. Ponelle. f'oy. Theses de philoso- phic. Pongerville. f^oj. Lucrece. Pouts ( Des ) suspendus eti fil de fer, par Seguin aine, 177. Population de la colonic du cap de Bonne-Espdrance, 703. - — des etats priissiens, 466- Portraits de plusieurs rejiresen- taus de la diete suedoise, iSa. Portugal, -ji^. Posse (Lecomtede). Actes rela- tifs a la question de la respon- sabilite ministerielle, etc. , fiio. yoy. Necrologie. Potter. L'Esprit de I'Eglise, etc. , A. 521. Pougens (Ch.). Voy. Jocko. Prescriptions (Traite des) suivant les iiouveaux Codes francais , par F. A. Vazeille, 664. Prevost. Toy. Faune franraise. Principe (Du) des gouvernemens ; des progros de I'esprlt liumain daus I'enoncc de ce principe, etc., 662. Prison (La) criminelle de Ham- bourg, connue sous ie nom de Spin/than s, par A. E. Martens , 37:5. Prisons a New-York, 697. • — (Rapport snr I'etat actuel des ) dans les departeniens du Cal- vados , de I'Eure, etc. , 655. Pkix (ircer/ies : par I'Academie suedoise de Stockholm , 220. — par la Sociele d'emnlation , de Rouen , 444- — VROi'OSES : par la Societe d'a- gricultnre , de commerce , etc. , de ChSlons , 232. — par I'Aca- demie des sciences, de Dijon , a33. — par la Societe centrale d'agriculture, de Lille, 233. — par la Societe des sciences, de Goerlitz, 4''6. — par la Societe d'agriculture et de botaniqiie, de Gand, 479- — par '•'> Societe hollandaise, des sciences et des beaux-arts, 481. — par la So- ciete des lettres , etc. , de Metz, 689. — par la Sociele des scien- ces, de Copenhague, 714- — par la Societe pour I'avancenient des arts, de Geneve, 720. — par I'Academie des beaux-arts , de Milan, 726. — par la Societe Tejlerienne de Harlem, 728. — par la Societe hollandaise des sciences , etc. , de La Haye , 728. — par la Sociele d'ama- teurs des sciences, etc., de Lille, 73o. Productions lltteraires fonrniesen 1821 et 1822 ]',ar la Sicile, 473- Progres ( Sur les ) des sciences en 1823. Introduction a la 2^ serie de la Revue Eiicyclop., 3. Promenade en Italic, 40 r. Psaume. Dictionnaire bibliogra- phique , 44o. Pyrenees (Essai snr la constitution geognostique des), par J. de Charpentier, A. 281. Q Question de droit adininistralif , parCormenin, 407- 766 TABLK ANALYTIQUE R Rac7,in.ski(E.).Lettresde Jean III, roi de Pologne , etc. , 607. Raeburn (Sir Henry), yoy. Nis- CROLOGIE. Raniinel (Le baron de). For. ibid. llainollissement (Sur le) du cer- veaii , par Leon Rostan , 3y3. Rampoldi ( G. B. ). Jnnali musiil- maiii, 3 80. Raoul-Rochette. For. Brunioy. ]{aver. Fay. Statue fmste. Re {Zeffirino^j. Epii^rainmi , ()35. R(^flexions sur I'idc'e de confier au clerge la tenue des registres de Tetat civil, ()55. Registre annuel de Dodsley , ou Revue de I'liistoire, etc., jien- dant 1822 et 18^3, pag. 362. Rehberg(A.G.). For. Necroj:,ogie. RemgioxV. fo>-. Theologir. — (De la)et de la Theologie, par F. J. Seber, 370. — (Sur la), les sciences et les arts des anciens Hindous, par N. MuUer, 374. Reniarques sur uu ouvrage inti- tule : Antiquites grecques du Bosphore ciuiuierieu , 3()8. liennel's (Th.). Remarks on Scepti- cism , 698. Renouard (Cb. ). C— A. 53o. — B. fifio. Repertoire des theatres etrangers, «74. Replique de M. Dupin , avocat, pour W. Stacpoole , contie Georgc! Stacpoole, 4'o. Report ( The sixth annual) of the Managers of the Society for the prevention of pauperism in the city of New -York , 5 9 1 . Republique de Ciceron (Conside- rations politiques sur la ) , pai- S. Zacbariae , 620. Revolution d'Angleterre , 412. — d'Espagne , ^lo. — francaise, fi6. — grecque , J75. — grecque (Pensees sur la), par C. B. Sheridan , Sgg. Revue sommaiie des principaux recueils periodiques puhlies en Angleterre, sur les sciences, les lettres et les arts, 141. Rhigas ( Notice sur la vie et les ecrits de), etc., M. 275. Rivail (L. D.). Cours d'Arithme- tique d'apres la nietbode de Pestalozzi, 3y(). Rives (D. R.). l.ettrcs inedites du chancelier d'Aguesseau , 192. Rogniat. Dtf I'Ait de la guerre, traduit en allemand, par le ge- neral de Theobald, 370. Rolle (P. N.). Recherches sur le cube de Bacchus, 681. Ronianciers anglais. Edition de Limbird, 602. Romans, Contes, etc. , i36, i4i» i53, 2o3, 432, 433, 435, 438, 439, 584, r)02, 634, 638, 672. Roniieu. Foy. Bayard. Roses (Les) provencales, choix de poesies. Premiere annee , ao2. Rostan (Leon). Recherches sur le ramollissement du cerveau, 393. Roue oblique ( Sur I'application d'une nouvelle), par J. P. A. Leorier, 179. Rousseau (J. J.). Notice des prin- cipaux ecrits relatifs a sa per- sonne et fi ses ecrits, par Bar- bier, 2o5. — Lettre et vers inedits, 734. Routes (Remarques sur le sy steme actuel de coustruction des ) , A. 35. Ruder s Polilische Schriften, 160. RussiK, 2t8, 368, 462, 604, 709. Rutlinjiers hdndliche Gedichte, 1 65. Saint-Ange. OEuvres pootiques,, 675. DES MATI^RBS, John , Earl of 767 Saint Johnstonn ; Gowrie , (ioa. Saint-Simon. Catechisme des Iii- dustrifls , 186. Saisissenient ( Dissertation sur le) dans les dift'erens actes trans- latifs de propriete, suivant le Code civil, par Cotelle, 4f'9- Saia(F.). C — A. 345, 521.— B. 170, 384, 387, 4ao, 636. — N. 229, 726, 727. Salvandy (N. A. de). For. Alonzo. Salvatoi-Rosa. Voj. Memoires. Saivini(A. M.). ^oy. Sonnets. Sannazar. (A. S.) Les Eglogues de p^cheur, traduites en vers ita- par L. Liondi, 386. Sante luilitaire ( Traite sur le ser- vice de la), par J. R. L. de Kirckhoff, 636. Sapho. Foy. Milesi. Sailandl^re. Foy. Fade mecum. Scarpa (Antoine). For. Hernies. Scepticisme (Remarques sur le), surtout en ce qui le lie a I'or- ganisation humaine et a la vie, par Th. Rennel, 5g8. Schaaff (J. C. L.). Precis d'anti- quites grecques, 164. Schlossers ( F. C. ). fFeltgeschichte , i58. Schoenleutner. Foy. Aretin. Science du publiciste, parFritot, 407. Sciences MEDic.\i.ES , 33, 14^ , 171, 175, 176, 177, 209, 211, 221, 357, 387, 3()3, 394, 453, 632, 636, 637, ti'i'i. 693, 71 4- NATURELLES, l43, 222, 44^^, 629. Scina (Dominico). Foy. Gastro- nomie. Scott (Walter). Les Eaux de Saint- Ronaii , roman traduit en francais , 433. — The provincial antiquities and picturesque scenery of Scotland , 604. Seber ( F. J. ), Ueber Religion und Theologie , 'ija. Seguin aine. Des Fonts suspendus en fil de f'er, 177. Segur (Le comte de). Histoire de Charlemagne, A. JiSg. Sel gemme de Vic (Rapport sur le) , hi a I'Academie des sciences de Paris , 235. Seminaire fonde a Tourinsk, gou- vernement de Tobolsk, 701. Sermon pieclie a I'ouverture de la di^te generale convoquee par le roi de Saxe , par C. F. Ammon , 370. Sermons de J. T. L'Ange, 172. Serpens a sonnettes ( Faits cu- rieux sur les) , 4^0. Servan deSugny. LaFamillegrec- que , 676. Serville. Foy. Faune francaise. Shakespeare (OEuvres de), tra- duites de I'anglais ,par Letour- neur, 674. Shakespeares Forschule von Ludwig Tieck, 377. Sheridan's (C B.) Thoughts an the greek Revolution , 599. SlAM , 455. SiBERIE , 211 , 701. SiciLE (Memoire pour servir a la description de la), etc., par W. H. Smyth , 597. Siege (Du) et des causes des ma- ladies , recherclies au moyen de I'anatomie , par G. B. Morgagni, 632. SiUig. C. Falerii Catulli carmina , 161. Silliraan ( Benjamin ). Journai aniericain des sciences et de.s arts , 355. Simoiis-Candeille(M™e). Blanche d'Evreux , on le Prisonnier de Gisors , 435. Sismondi (J. C. L. de ). C. — A. 3ii, 559. Smyth (fF. //.) Memoir descriptive of Sicily and its Islands, 597. SoCIETES SAVAKTES ET d'uTII-ITE PUBLIQUE : - en Amerique . Soci^te lancas- 768 TABLE AN terieniie, de Buenos - Ayres , 209. — aux ttats-Unis : Socirte pour la repiession de la tnendicilo dans la viile de New- York, 5()2. — aux Indcs orientales : Societc des missions du Ueiigalc, 45j- — Societe litteraire fondee a Calcutta jiar desllindous , 454- — dans la Grande- Bi etagne : So- ciete natlonale pour I'education des pauvres, de Londres, 216. — Societe pour Tencouragc- nient des aits mecaniques par- mi les classes pauvies de Du- blin, 217. — Societe biblique britannique et etrangere, 44?- — Societe pluenologique d'E- dimbourg , 458. — Societe royale de litterature, de Lon- dres, 45y- — Societe pour I'a- doucissement de Tesclavagedes Noirs, d'Edimbourg, 704- ■ — Societe royale de Londres, 707. — en Russie : Academic lusse de Petersbourg, 218. — Societe d'bistoire et d'antiquites russes, de Moscou, /fii. — Societe bi- blique fondee a Nertcbinsk , gouvernement d'Irkoutsk, 701. — en Danemaick : Societe de nie- decine, de Copenbague, 714. — Societe des sciences , de Co- penbague, 714- — en Suede : Academie snedoise de Stockholm , 220. — en AHemagiie : Societe royale debolanique, de Ratisbonne, ifi2. — Academie royale des sciences, de Munich, 220. — Academie des sciences usuelles, d'Erfurt , 4'^5. — Union patrio- lique du Mecklenbourg, a Ros- tock, 4fi5. — Society silesienne de Breslau , 466. • — Societe des sciences, de Goerlitz, 46C. — Societe royale des sciences , de Goettingen , ()25. — Societe patriotique de Sil6sie, a Bres- lau ,715. I.YTIQUK — en Suisse : Societe belvetiquc des sciences uatuielles, d'Aa- rau, 222. — Societcs savanles et d'utilile publique, de la ville de Zui'icb , 4*'9- — Soci6te Suisse d'ntilite publique, 470, 719. — Societe litteraire de Saint -Gall, 720. — Societe pour I'avancement des arts, de Geneve , 720. — en Iia/ie : Institut imperial et royal du royaume Lombard- Venitien , i(ig. — Academie des sciences , de Turin , 224, 723. — Academies de la Crusca et des Georgofili, de Florence,725. — Academie des beaux-arts, de Milan , 726. — Academie des beaux - arts , de A^enise , 727- —dans les Pays-Bas : Societe d'a- giiculture et de botanique de Gaud, 479.— ;- Societe d'instruc- tiou elementaire, deBruxeiles, 480. — Societe bollandaise des sciences et des beaux-arts, 481. — Academie royale des scien- ces, etc., de Bruxelles , 638. — Societe teylerienne de Harlem, 728. — Societe bollandaise des sciences, etc., de La Haye, 728. — Institut royal de Bruxelles, 729. — Societe des beaux-arts, de Bruxelles, 729. — en France ( dans les departe- mens): Societe d'emulation, de Cambrai, 232. — Societe d'a- griculture, commerce, etc., de Chalons, 282, 68g. — Academie des sciences, des arts, etc., de Dijon, 233. — Societe centrale d'agriculturc , sciences, etc., de Lille, 233. — Academie royale des sciences, de Lyon, 233.— Academie des sciences . etc., ile Bordeaux , 444- — Societc d'e- mulation , de Rouen , 444- — Societe d'agricnlluie , etc., de Boulognesur-Mer, 483. — So- ciete linneennc de Bordeaux, 484. — Sociute des leiti es , etc., deMetz, 685. — Societe royale ties sciences , etc. , d'Orleans , 691. — Soci6te d'amateurs des sciences, etc., de Lille , 730. — k Paris : Institut de France : Academic des sciences , 234 j 485 , 73i ; Academic francaise, 287, 488, 733. — Societe royale et centrale d'agriculture, 2o5. — Societe de geographie, 206. — Societe asiatique, 237. — So- ciete biblique protestante, 44'^- — Societe de la morale clire- tienne, 44'- — Societe des amis des arts , 490. — Societe phi- lotechnique, 733. Sommaire et annonce du Traite de I'Assoeiation domestique- agricole , etc. , par Charles Fourier, 182. Sonnets d'Ant. Mar. Salvini, 635. SophocUs Andgoita. Cur. Eijurdt , 376. Sourds-rauets ( Rapport sur I'ins- titution des ) , etablie pres de Berne, 379. Souvenirs senatoriaux , etc. , par le comte Cornet , 187. Stapfer ( P. A. ). Rapport sur sa mission aupres de la Society biblique britannique et ^tran- gere , 442. Stassart. Fables traduites en hol- landais , par Swaau , 729. C.— B. 687. St.\tistique, 49) 209, 466, 55o, 703. — de I'Ecosse , et en particulier de la ville de Glasgow , par Ja- mes Cleland , A. 542. — de I'industrie , des Pays-Bas , par J. J. de Cloet , 388. — financiere ( Materiaux pour servir a la ) des etats de I'Alle- magne, parHoeck, 621. Statue fruste ( Description de la ) en bronze dore, trouvee a Lil- lebonne, etc., par Rever et Labillardi^re, (,Si\. DES MATIKRES. 769 Stethoscope ( Memoire sui- de nouvelles applications du) du professeur Laeunec , par J. Lis- franc , 894. Stra nger' s {The) Gra ve , 141. Stuart ( Martin ). Jaarbocken -van het Koiiingrrk der Nederlanden , 687. Suede, iSa, 220, 610, 711. Sueur-Merlhi. C— B. 401, 65i, 684. Suisse, 164, 222, 3ii, 879, 469* 626, 7 19. Sulfate de quinine (Observations sur ie), par Van-den-Bosch, 887. SuM\TR.\. Etat politique de cette lie , 700. Svignin ( Paul). Memoires sur la patrie , 869. Swaan. Voy, Stassart. Swift [J.). Gulliver's Travels, 695. Synodus vicarialus sutchuensis ha- bita in districtu civitatis Kong- King-Tchou, 682. Syrie , 111 , 358. Syst^me nerveux ( Sur les pro- prietes et les fonctions du ) dans les animaux vertebres , par P. Flourens , 898. T Tableau histoi ico-chronologique des mouvemens des armees et des principaux evenemens ini- litaires qui ont eu lieu dans la Peninsule pendant la lutte contra Napoleon Bonaparte , 170. Tableaux historiques, par Charles Hirschfeld , 622. Taeffe's Comment on the divine Comedy of Dante Alighieri, 365. Taillandier (A. H. ). Reflexions sur les lois ])cnales de France et d'Angleterre, 663. Tambroni ( Giuseppe ). Intorno la vi a di ytntonio Canova , etc. , 167. 5i ^„^ TABLE ANAtA-TIQUK Tanbstummcn-An.taU ( Vebcr die) sur rAn,hol..gic russe, etc. , bey Bern, 379 Tbchuologie, 357. Tcrebenthine ( De I'eniploi de I'huileae) dans la sciatique, etc., par L. Martinet, 176. Terke Vajv-Dibmen, 5y6. IVssiniana , on Extraits des notes quotidiennes dn feu comte de Tessins, i52. Tharsea. P'or. Mecenatc. The ( Culture du ) dans la Nou- velle-Orleaiis, 45 1- Theatre (Le) desGrecs, par e P. Brumoy, pubhe par Baoul- Rochette. A. 77, 32(1, SHtj — d'Auguste Kotzehue, traduit de Tallemand en russe, par Th. Ettinger, 604. Theatres : fie Londres, 217. — de Stockholm , 7i3. — ^e Vienne, 468. — de Pans, 239, 488, 737. Theobald. Ueber die Knegskunst, etc., 370. Theogonie (La) d'Hes.ode , con- sideree comme initiation a la coiinaissance des plus anciens litres de I'espece humauie, par Ch. G. Eiszner, i56. Theologie, Rei-igion, Culte, 421. Tombeau (Ancien) decouvcrt dans le Yorkshire , 218. Topographie, 55o, Sgfi , 597, (iSo, ()8i. Touch:\rd. Voj. Bac. Toulotte. Histoire abregee des empereurs romains , 4'o- Tr.vudotions : en allemand , de Tanglais, 877 ; — du tVaiicais, 370. en anglais, du chinois, i37. — en /'-amais , des langues an- ciennes classiques, 77, io3 , 3 16, 670, 675 ; — de I'allemand. i(i4, 3ii, 642; — de I'anglais, 3oi, 4i5, 420, 433, 442, 6fi<^ 670 , 674 ; — de ritalieu , 894 , 407, 419; — du russe, 421. — en hollandais, du francais, 388, 729- — en italien, des langues ancien- nes classiques. 168, irt9> ^79' 385, 386, 632 ; — du latin nio- derne , 63?; — de I'anglais, ,fi(i. — du dialecte sicihen , 635.' — en latin, du grec, 694. — en russe, de I'allemand, 6o4 ; — de I'anglais, 219. BEOLOGiE, KE1.1G10N, oui,TK, ue . '"',&;."' ,;;?•_„„:, ^s^ etc. 142,17a, 181,370, 402, —en ^;Wo<5,du francais, IS2 4o5, 654, 694 Theorie des gouverneinens, par Beaujour, 660. Thesaurus patntm , 694 Theses de philosophic pour pre- Tremhlement de terre qui s'est fait sentir en mer, 216. — a la Martinique , 453. Treschon- (A.). Lovgi^-niugs Pnnci- pier, 611. lesesde pUilosopnie pou. i^.^- /-—, . • ■ t-. mrerlesieunesgens aVexamen Trumbull, colonel americain. la •; , , ■ ^^ _ .x„ i„,t^oc /:r,fi. !,!„..„ ^or^r^cpntnntWashingtor de bachelier 6s-lettres, 4o6 Thiele (/. M.). Danske Folkesagen , i53. Tieck (Louis). Ecole anteneure a Shakespeare, 377. Tite-Live. Histoire romamc, tra auction nonvelle, par Noel, 670. Tolerance (Lettre sur la) de Ge- neve par Nachon, 654- Tolstoy (. I. de). Quelqucs pages bleau representantWashington qui remet sa commission mih- taire au congr^s assemble a Annapolis , 452. u mimann {Carolus). De hjpsistariis stcnliposc Christum nntuni \ Harald. V!ede Saplio et de Maria Gaetana Agnesi, par M"e Blanche Mi- lesl, 383. Vieillot (L. P.). Voy. Faune fian- caise. Vigarosy ( A. B. ). Recreations poetiques , 677. Virey ( J. J. ). De la Feinnie , sous ses rapports physiologi- que, moral et Htteraire, 175. Voy. Clilmie orgauique. Voltaire (Histoire de la vie et des ouvrages de), par Paillet-de- Warcy, igS. OEuvres completes , iy8 , 675. Son tombeau a Ferney, 32 >. Vosmar. Apothehers Woordenboek, etc., 387. Voyage d'un jeune Grec a Paris , parH. Mazier du Heaume, 190. — autour ii conlenir tout CO que les publiialions de I'ltalie, de I'Allemagnc , de la France ef I< LA MliTIIOOK FlIMI- CATOiUK,ou dc VEmfioi inedicrU des hains ct doitthe.i dc vnpeurs ; par T. Rapoc , D. M. P., ancien cliirur- gien en cheT de I'liospice de I'An- tiquaille , membre de plusieurs Societ6s savantes , natlonales et (itrangferes. L'euiploi medical des vapeiirs , qui remonte a I'antiquile la plus reculee , est encore aujourd'hui un des premiers besoins de la plupart des peuples de mu'urs , de carac- t^res dififerens , et vivaut 60i;s des cllmats opposes. Ce puissant nioyen therapeutique a ete appre- cie en Franco el dans les contrees les plus (iolairees de I'Europe, oil il a joui depuis quelques annees de la plus grande I'aveur : il doit sa celebrite aux services qu'il a rendus. L'experience , en iaisant justice des prejuges qui s'uppo- saient a sa propagation , en a gene- ralement eonsacre I'usage , non- seulenieut dans les phlegniasies chroniqucs de la peau , auxqucllcs il est, pour ainsi dire , exclusive- ment reserve , mais encore dans une foule d'aulres maladies qui cedent avec plus de lenteur , ou r('iiistent tout-.'i-l'ait aux nioyens ordinaires. Donner I'histoire de- taillee dos bains et douches de vapeurs , indiquer les principes physiologiqucs sur lesqucls repose I'usage medical de ces moyens , tracer les regies k suivre dans leur emploi, constater leur efficacite par de nombreuses observations , tel est I'ubjet du Traili de la mo- tUodc fumigatoiro, ouvrage entie- rcment neuf, et qui manquait it la science. Aucun autre ne fait con- naitre , et la grande vari^l6 des cas d'applicatiou de cettc melhodc , ct le nombre des secours qu'elle ren- ferme , ou plutot ce systimc de the- ra^cn/i^ we n'etait pas connu.M.Ra- pou a ouvert et parcouru dans toute son etondue nne carritre nouvelle. Son Essai sur V almidialrique ou mcdccine paries vapeurs, publie en iSig, et Tarticle rapeurs (hains dc ) du Diclionnairc des Sciences medicates, dans lesquels le doctcur Rapou fait particuHercnient con- uailre les moyens et appareils qui lui apparlienncnt, ct dont la supe- (3) vioiilii siir tout ce qui a ett: J;iit en ce genre a et6 reconnue, out deji appels, repondu aux objections qui oat ete iailcs contre ccs sciences et ceux qui les etudient ; mais en mfime tems il a fail voir la n^cessite de changer la nianiere de les icrire ct de les enseigner , et cela dans I'int^ret de la science et de la so- ciety. Ce n'est , d'ailleurs , que dans ce Discours prelim inaire que Ton peut bien voir le plan etlebut d'un ouvrageentrepris pourl'avan- tage des jcunes eU'ves, et dans Tin- twfit de tons les hommes eclairis. a3. CHOIX DES LETTRES lEDlFIANTES , ecrite3 da HJis- sinns itranrjirrs, avec des (alicaux ()to;)rufhiques , histcriqv-es , foli- tiques , rcliijicviv tt iillcraircs, dm fays dc mission. La CrnnE : Ic Tunquin , la Cochincliinc , Siam , la Coree , la Tartaric ; — dans 1'Indk : le Madurc , Ic Tanjaour , le Malabar, le IJcngalc , le Bir- man,le Mogol, IcTliibet, etc. etc.; — An Levant : Constantinople, la Grece, TArmenie , la Prrsc, la S3'rie, I'Et^ypte , I'Etliiopio, etc.; — en AMt;HiQUE : les Elats-Unis , le Canada, la Louisianc , la Guiane, le Perou , le Paraguay, etc. elc. Seconds edition. 8 vol. in-8° , do 5oo pages environ , bien imprimis, beau papier , beaux caracttres. Prix : 6 i'r. le vol. pour les sous- cripteurs. 11 paraitra un volume par raois , a dater du i5 avril pro- chain. On souscrit , sans rien payer d'avance , chcz Gbimbert, libraire- editear,succcsscur de lMAaADAN,rue de Savoie, n° i4; et chez tous les libraires de Fi ance et dc I'etrangcr. Avis esseNTIEl. — Ce Bulletin Supplementaire d'Aimotices Bibliographi- ques , ajoute a la Revue Encjrclopeuique , d'.nprcs le desir exprime par plusicur* libraires , editeurs ct auteurs , parail offrir a tons ceux qui voudronl y avoir rccours , un mode de publication et de circulation de Icurs Pros/ieclus , a la fois general et universel , expeditif , economique , et parfaitcment approprieau but qu'on se propose. En cflet , les Prospectus annexes a notre Remie , au lieu d'etre lances au hasard en feuillcs detacliees , seront brochcs et relies avec les cahiers d'un recucil qui est niaintenant repandu sur tous les points du globe; ils iront ainsi directcment dans les mains et sous les yeux d'un grand nombre de lecteurs choisis, qui s'occupcntdc sciences , de beaux-arts et dc litterature. Ces AtiNONCES pourront comprendre egalement des publicatious prochaines des ouvrages sous presse et des oui'iages manuscrits que Icurs auteurs , on ceux qui en sont dcpositaires, voudraient faire connaitre d'avance aux libraires et au public. L'inscriplion des Annonces et Prospectus est fixee a aS c. par ligne ; cllc est reduite a 20 c. par ligne , pour les libraires souscripteurs de la Revue Encjrclo- pedique. MM. Jes libraires , Editeurs et auteurs , de Taris , des deparlcmens el des Pays etrangcrs , auxqucls il convicndra de faire usage du moycn que nous mettons a leur disposition pour imprimer et rei)andie des Prospectus et des Annonces d'ouvrages , devront les euvoycr , francs de port , au liCREAD centhaI. de la Revce Encvclopedique, RLE d'Emer Saim-Michel, n" i8. — Ousouscritii la memeadrcsse pour ce Recucil, dont il ]iarail un cahier de quatorze fcuilles d'im- pression tous les niois. Chaque caljier se compose dc quatru sections : I. I'i'otices et Meniones surdcsobjels d'un inlcr(:t Reneral. II, Analyses d'ouvrages choisis : 1° Sciences plijsiques et nalurelles : 2° Sciences morales et poliliques ; 3° Lit- terature et Beaux-Arts. III. Annonces bibliographiques d'ouvrages nouvcaux , classes par pays, et, dans chaque jiays, par sciences. IV. Nouvetles scientifques etlitteraires. — Prix: a Paris , 46 Ir.pour I'annce; dans les deparlcmens, 53 fr. ; dans les pays elrangers , 60 fi'. I.VIT.IMERIE D'niPrOI.YTE TUXIAP.n. Avis Atx AMAXEtias de m iitterat,orb etbastgkrk. On peut s'adresser h Paris, par rentremise du Bureau cehtbal db 1.x Rbvub Ekcyclopedique , k MM. Trbutxel et WoRxz, rue de Bourbon , n» 17, qui ont anssi deux maisons de librairie, Tune a Stras- bourg, pour rAUemagne, et I'autre i Londres ; a MM. Arthus Bebtbasd, rue Hautefeuille, n'aS ; Rehouahd, ruedeToumon,n''6; BossANGE pere, rue Richelieu, n" 60 (ce dernier a aussi une maison de librairie^ Londres), pour se procurer les divers ouvrages Strangers , anglais, allemands, italiens, russes, polonais, hoUandais, etc., ainsi que toutes autres productions de la litterature 6trang^re. Le prix de ces ouvrages rendus i Paris sera celui des pays etrangers oil ils se pu- blient, augmente de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importa- tion et de commission, etc. — La Direction de la Bevue Encjrdopedlque n'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui r^sultent de ses publications meosuelles , les communications scien- tifiques et litt^raires entre la France et les pays Strangers. Aux ACAOJ^DUSs ET Aox sociiiiSs SAVABTES de tous les pays. Les Academies et les SociExis savaktes bt d'otiiixjS wjbuqob , fran^aisea et etrang^res, scut invitees k faireparveiurexactement,/ranc de port , au Directeur de la Revtie Encjchpidiqtte , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Bevue puisse les ^re connaltre de suite h ses lecteurs. AOX iSoiTECaS d'oOVRAGBS et AtJX libraires. MM. les^ditenrs d'ouvrages pdriodiques, francais et Strangers, ""qui d^sireraient echanger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons k leurs propositions d'^changes , el sur une prompte annonce dans la Re.-ue, des publications de ce genre e£ des autres ouvrages nouvellemeut publics , qu'ils nous auront adress^s. II vient d'arriver de Florence un certain nombre d'exemplaire« de I'edition de la vieille chronique de Filomene, publiee par M. le chevalier Ciampi , et intitul^e : Gesta Caroli Magni ad Carcassonam et Narbonam. On les trouve au Bureau de la Bevue Encjrclopediqiie , rue d'Enfer-St-Michel, n" 18. Prix 4 fr. , et 4 fr. 60 c. par la poste. Le directeur du Gsrclb lixtebairb EiTCTrcr.opEDiQOE , Palais- Royal , n° 88 , pr6s la Rotonde , et rue Beaujolais , n" 9 , possedant une biblioth^que de plua de ao,ooo volumes choisis , et tous les jotu'- naux et brochures uouveJies, vient d'ouvrir de fort beaux salons des- tines a des cours de g^odesie appliqu^e au cadastre, d'anglais, d'ita- lien , d'espagnol et de legislation. L'un de ces Salons est exclusive- ment reserve a MM. les abonnes. L'admisslon au Cercle coute 3o c. par seance , 16 fr. pour trois mois , et 60 fr. pour un an. LiBRAiBES chez lesqueh on souscrit dans les pays irRANOBBS. Lisbonne , Paul Martin Londrts, Dulau et Conipagnie; — Treuttel etWiirlz; — Bossaiige. Madrid, Denn6e ; — Perfes. Milan, Giegler; — Vismara.Bocca. ^/ojooi(,Gautier;— Riss, p