SKfti^StlliiS: 73® LIVRATSON. a 5® VOLUME. !wSJ m REVUE ENCYCLOPEDIQ ANALYSE RAISO'NNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DASS LA lilTTERATnRE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I* Pour les Sciences physiques et mathematiques et Ics Arts induscriels MM. Ampere, Cb. Dupin, Cbaptai., Fovrier, Giearb, Wavier, de I'lDstitut; C. CoQBEREL, Ferry, Fraucoeur, Le Normanu, A. AIxchklot, de Mo«i- GERX, MOREAU DE JOWHES, WARDEIf. 3* Pour les Sciences natiirellestJAid. de Lacepeoe, Geoffroy-Saiht- HltAlRE, de rinStifUt; BORY DB SArSIT-VlHCEIIT, Desmarest, Y. AcnoTTis, BR0N6SIART fils; FtODREITS, D.-M. ; V. Jacqoemont, etc. 3" Pour les Sciences niedicides : MM. Adelon, BAT,tY, Damiron , G.-T. Doi v, DnpAo, EsQuiROL, Georget, Magendie, Orfii.a,Kigoi.i.ot fils,D. -M. ,etc 4* Pour \ei Sciences phitosophiques et morales, poUtiques, geographiques el histoiiqitei :'MM. Lawjxjinais, del'Institut; M. A.Jiii,LrES, de Paris; deGj- eaxdO.Aj.ex. de laBoude, del'Institut; Agobb, Akjsee, A?.tapd, Avenii.; Bervitxe, arocat; Barbxe nn Bocagk, del'Institut; A. Beugkot; Cbampoi- tiOK-T'iGRAC, corrcspondant de I'lnstitut; CnAMPOr-l.iow jeune, DErriKG; A. DUFRAYER.DUPIN AIME, DuPAU, DuVKRGIER, GoADET, BoUOHENE-LeFJ R, DouBLET-DE-BoisTHiBAULT, A. Taillandier , avocats; AraedeeJAtJBERT; Jo- MARH , del'lDstitut ; Laffon deLadebat, Alex. La>' eth , P. Lami, Mas si as , J. Madviei., A.Metrai.; Meyer , d' Amsterdam ; Parent-Reai., Pouqoevili.e ; CIi/'Renob ARD, avocat ; Eusebe Salverte, J.-B.Say, Sismohde de Sxs jioaui , STAPFERjScECR-MERrilir. 5" Pour la Lilterature francaise et etrangere, la Bibliographie , \'A)cheolo!_ hi £eaux-Ai ts :'M^I. Akdrieox, Amatjky-Dotai,, Emeric David, V.Di-.ni ., Lemehoier, de Segdr, de I'lnstitpt; Barrier, ancien conservateur des bihlio- tlieques da Roi ; J.-P. Bres, At,PH. Mabci.; Pij. Golbery, de Colrnar; KiRf- RnoFF, D.-M., d'Anvers M.Bia; aS;, Au MusEE ENCYCLOPEDIQUE, CHEZ BossAHGE pfere,rue Richelieu 11° So; Renou»rd, rue de Tournon, n" 6; L0ND15ES. — Treuttel et Wuhtz; Bossange; Dulau et comp- JANVIER 1825. .'?■ Vv <; V\i-; V ' ; f jV -^^ •. m AVIS ESSElNTIEL AUX SOUSGRiPTEUHS. MM. LES souscRii'TEuns dont I'abonnement est expire LE 1^' jTAXviEu, sont invites a le faii'e rbnocveler tres- iNCEssAMMENT, pouF que Ic scrvicc des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Dej)uis le moisde Janvier 1819, il parait, paranoic, douze cahieri de ce Recueil ; cliaque cahier , publie le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression. On sonscrit a Paris, au Bureau central d'abonnement et d' expidition isi'lique BUT le titre. Prix de la Sotiscription , a partir du 1" Janvier i8a4. A Paris 46 fr. pour un an; 26 fr. pour six mois. Dans les departemens, 53, 3o A I'etranger 60, 34 Ha difference entre le prix d'abonnement , a Paris, dans les diparte- mens et dans Petranger, devant ^tre proporlionnelle aux frais d'expe- dition par laposte, a servi de base a la fixation d^finrtiTeportee ci-dessus. Le montantde la souscription, envoye par la poste, doit ^tre adresse d'avance, franc de port, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue R n cyclop Mique , rue d'En/er-Sainc-3J£chel , n" 18. C'est a la in^rae adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de Jous genres et les gravures qu'on voudra faire annoJicer, ainsi que les articles dont on desirera riusertion. On peut aussi souscrire chez les Dlrecteurs des postes et chez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des mati^res alpliabetique et analytiqtfe, qui ^claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au I*' cahier du volume suivant, a I'exception de la derni^re Table de Tannic, qui est exp^diee isolemenl k tous ceux qui peuvent y avoir droit. On Bouscrit, seulement k partir de deux ^poques, du i^r Janvier ou ia lerjuilletde chaque ann^e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, a.v bureau centrjli., les collections des annees iSig, l8sOf cSai, i8sa et i8a3, au prix de 44 francs chaque; et celles de i8i4 > an prix de 46 francs. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. /s: /^iro. A PARIS. 1)E L IMPKIMEBIE UK BIGIVOIIX. rut d«i FraiiM-Dourgcoit-S.-Micliel, ii" 8. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, oc ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDtJSTRIELS, LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXV. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , RUE d'eNFER- SAINT-MICHEL, N° l8. JANVIER iSaS. « Toutes les sciences sont les rameaux d'une m^rne tige. • Bacon. « L'art n'est autre chose que le contr61e et le registre des meilleures produc- tions. . . A contr61er les productions ( et les actions) d'un cliacun , il s'engendre envie des bonnes , et mepris des manvaises. » MOKTAIGNE. « Les belles-lettres et les sciences, bien ^tudiees etbien comprises, sont Att iostrumens nniversels de raison> de vertu, de bonhenr. •» REVUE ENCYCLOPEDIQUE, oo ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES TRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA. LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. COUP D'OEIL SUR LES PROGRES DES CONINAISSANCES HUMAINES, EN 1824 (l). 1 : ■ liiN commencant la Septieme annee de la Revue Ency- CLOPEDiQUE, et pour mieux eclairer la route dans la- quelle nous sommes engages, examinons d'abord rapi- dement I'annee que nous venons de parcourir; ccs (i) Les personnes qui voudront connaitre a fond le plan, I'EspniT et le BUT de la Revue EifCYCLOPEDiQUE , pourront consulter, drais les volumes des annees precedentes : 1° I'luTEODucTioif , et la pre- miere Lettre aux CoUaborateitrs , qui suit imiriediatement (l. i, p. ^--i^, Janvier 1819) ; ■ — 2° la seconde Letpre a RIM. les Collalo- rateiirs et Correspoiidam , etc. ( t. v, p. S-t 4 , Janvier 1820); — 3° la Coup d'oeil gekeral siir les hiiit premiers 'volumes de ce Becucil , contenant des materialise pour I'histoire scientijiqiie et liltcraire de io-is les pajs, pendant les annees 1819 et 1820 (t. IX , p. 5-25 ,/anvier iSai); T. XXV. — Janvifr 182 5. i 1 PROGRES DES SCIENCES legards jetes en arriere, et sur nous-memes, sont aussi line Revue qui appartient a notre plan. Le ta- bleau qui est a la fin de cet article, reproduit , dans le moindre espace possible , I'ensemble de nos travaux r^rj 1824. II n •'i p<" contenir que des indications tres- courtes et le nonibre , partiel pour chaque branche de nos connaissances , et total pour I'annee, des ou- vrages dont nous avons rendu compte; mais il prouve que nous avons recherche avec une egale soUicitude tout ce qui pouvait tenir nos lecteurs au courant des acquisitions les plus imporlantes faites dans les scien- ces, les arts industriels, la litterature et les beaux-arts. Cependant, quoique notre Voyage philosophique , renouvele chaque mois dans les principales parties des connaissances humaines et dans les differentes contrees du globe ^ voyage pour lequel nous tachons de nous associer toujours des guides eclaires, ait pour objet de ne rien laisser echapper de ce qui est digne d'at- ■YQvlf p-T-::::: :\ • \. . ,.j;i:,:— Lii: j:___: —^4* f^ Ri'XF.VE SOSIMAIKE «?« tfavaux scientljiques et Htteraires , men- 4ionnis dans la Revue Encyck)pediqlie, pendant le coiirs de I'annee iSai (t.' XIII ,, jv. 6-18 , Janvier i8a.^); — 5" Ja tioisieme Lettre aua: Collaborateiirs et aitx Correspondans de la Revue Encyclopedique , en France et dans les paprs ikrangers , suivie d'une Notice siir les tra- vaux scihiiijiqites et Htteraires cte i'annee ioaa ^t. xvii, p. a-^Z , Jan- vier iSaS) ;^6° I'lNTRouucTiftN ("de la Veconde serie , qui a com- mence avec la sixieme anmee, 1824), conlenant quelques vues sur Yetat et les progres des sciences , ^en iSaB (t. xxi , p. 5-1 1, Janvier l8a4); — 70 rOBSERYATiON GElTERiVLE adrcssck twx Correspondans'de la Revue Encyclopedique ( t. \xii, p. 26a-3()4, 'nai 1824 ) ;. — 8" les Reclamations ex Obsekvations chitiqtjes sur la Revue Encyclo- pedique, et sur les moyensde la perfectionner ( t. xxill , p. 5l3-5io , aout i8a4 )• ET DES ARTS, EN 182/,. 3 tention , nous ne pouvons pas encore nous flatter de posseder et de faire connaitre tout ce qui meriterail une place dans ce Recueil. Mais nous approchons certaine- ment de ce but, beaucoup plus qu'aiicun autre ouvrage du meme genre, en Europe, grace a I'extension que nous avons donnee a notre cadre , pour ameliorer et completer notre plan (i), Un ouvrage periodique, dans lequel on compren- drait tous les produits de la presse chez toutes les nations , serait a lui seul une grande bibliotheque , et non pas un llvre; aucun honime n'auvait ni le tems, ( j) II n'est pas inutile de rappeler ici que la Revue Encyclopidique, qui n'avait promis el ne devait reellement, d'abord que 1 2 , et ensuite 1 4 feuillesd'impressionparmois, en a toujours donne 16, 18 et meme 20 , eta fait , depuis six annees , des sacriflces considerables, entiere- nient volontaires, au dela de ceux que les engagemens enonces dans sou Prospectus I'obligeaient de faire , parce qu'elle n'a point voulu ajourner ou retrancher, soit des Meinoires ou des IVolices d'uu interdt general , soit des Analyses d'ouvrages choisis , soit des Annonces bi- hliographiqiies et raisonnees d'ouvrages nouveaux , soit des articles de Nouvelles scientijiqu^s et litteraires , qui lui etaient fournis par ses collaborateurs et ses correspondaus , en sus des articles necessaires pour remplir cliaque cahier , et qui paraissaient devoir interesser ses lecteurs. Les amis des sciences, des lettres et des beaux-arts et ceux qui les cultivent, les auteurs etles editeurs d'ouvrages , les libraires francais et plusieurs libraires etrangers , anxquels \a Revue Emyclo- pedique ouvre de nouveaux et vastes debouches sur tous les points du globe , ou notre correspondance nous apprend que beaucoup de grandes bibliotlieques, publiqneset particulieres, s'approvisionnent, cbaque annee , au nioyen des indications inserees dans nos cahiers niensuels , doivent savoir quelque gre a la direction de ce recueil de cette generosite dont on citerait bien peu d'exemples, et qui caracte- rise esseotiellement une entreprise de bien public, consacree aux progres de la raisou humaine, a I'avancenient des sciences et a I'ins- truction mutuelle des nations. /, PROGRIS DES SCIENCES ni la patience neoessaires pour en acliever la lecture : la surabondance produiralt nn veritable chaos. Un ekoix rigoureux , un classcment nielhodique et \\x\& ana- lyse rapule , fidele, impartiale des meilieurs ouvrages, au milieu tie celte multitude de livres publics dans tous les pays , sont done a la fois propres a satisfaire un be- soin generalement sentl, et constituent la partie essen- lielle de la tache que nous avons entreprise. On sait que rAllemagne seule envoie annuellement a la foire de Leipsick plus d'ouvrages, annonces comnie nouveaux, qu'il ne nous serait possible d'en examiner, pendant le cours dune annee. L'Angleterre et la France comniencent a rivaliser avec i'Allemagne de f'econdite biljliograpliique \ et en cela , comme en d'autres clioses, I'extreme abondance n'est pas tou- jours la richesse. Quant a nous, reduits a la necessite ',. » Nous devons ici faire reniarcjuer, an »ujet des siiii • pies brochures^ des meinoires et des rapports scienti- fiques annonces dans chacun de nos cahiers, et qui tiennent une place que pourraient occuper des ou- vrages plus etcndus , qu'il est souvent necessalre de les signaler, au moment de leur publication. Ces bro- chures et ces memoires sont ordinairement la repre- sentation exacte de I'etat present des esprits et des opinions; ils mettenl sur la voie des recherches ; ils indiquent des besoins pressans , on preparent des dti- couvertes. Nous contlnuerons done a parler des bro- chures et des me'nioires qui nous parailront remar- quables, soit par I'importance i\\\. sujet, soit par les nonis et les travaux de leurs auteurs, soit par leur raerite lilteralre. Ce qui caracterise particulierement notre ere intel- lectuelle , c'est la direction commune de toutes les sciences vers des applications dhine utllite gcnerah. La pensee de Ihomnie abandonne les regions des abs- tractions , et se fixe au milieu d'objets reels. La plu- part des ouvrages de sciences que nous avons analyses, en 1824 , renferment des applications aux arts. La terre et les tresors qu'elle offre au travail de I'homme ; riiomme lul-menie et ses facultes ; dans une autre di- vision de nos connaissances , I'origine , I'organisation , letat actuel , les progres de nos societes , les biens et les maux dont elles sont la source; les dangers de I'er- reur et les avanlages de I'instruction : voila ce qui occupe nos savans, plulot que de vains systemes. Les seieneas natu) elles et la gcoi^raphia , au profit des- 6 PROGRES DES SCIENCES quelles des natuialistes iiistruits et de hardis navigateurs vont explorer des contrees lointaines, se sont enrichies depuis pen par d'utiles travaux, qui sont recueillis avec soin , les uns dans les Anriales des sciences naturelles^ commencees en 1834 V^^ MM. Audouin, Jd. Bron- GNiART et Dumas; les autres, par la Sociiite de geogra- phies qui continue a exciter par son exemple, a diriger par ses instructions, a encourager par d'honorables re- compenses les auteurs laborieux et les voyageurs intre- pides qui s'occupent d'agrandir la sphere des connais- sances geographiques. La physiologic s et surtout la physiologic du cen>eau et du systeme neri>eHJc ^ presentent les commencemens et les premiers germes de decouvertes importantes qui doivent avoir plus tard une grande influence sur I'art de guerir en general, et sur la medecine pratique (i). C'est a I'annee 1824 que des arts nouveaux devront leur origine , ou des arts deja connus , leur introduc- tion dans des emplois auxquels on ne les croyait pas destines. Dans le cours de cette annee , la connaissance (i) Nous rappellerons ici les savantes recherches de M. Geof- FHOY -Saiht-Hulaihe {'voj. Ics comptes rendus des seances de TAcadeniie des sciences, et specialement t. xxiv, p. a48, a49); da M. Fi-OUREMS ( t. XXIII, p. 253 ) ; de M. Serres ( Voy. Rev. Enc. , t. XXIII, p. 234); et les travaux importaiis de MM. Adelom , Ma- GENDiE, de quelques savans italiens, MM. Gallini, de Padoue, Bellingeri, de Turin (voy. Rev. Enc, t. xxii , p. i5iet66o); enfin, la nouvelle edition de I'ouvrage de M. le docteur Gall, sur VOrganologie , ou Exposition des instincts, des penchans , etc., et du siSge de leurs organcs. Paris , 1823, 1824 et iSaS. 6 vol. in-8°. L'au- teur, rue de Grenelle , F.-St.-G. , n° 5o. Prix 42 fV- ET DES ARTS, EN 1824. 7 ties ponts suspendus est devenue commune a toute lEurope et prepare une revolution dans les travaux publics (i). L'application de la machine a vapeur de M. Perkins a I'art de la guerre (2), et les essais hardis et curieux de la navigation sous-marine (3), ne seront point sans influence, lorsqu'ils auront subi les epreu- ves qui mettront en etat de les apprecier. \leclairage par le gaz (4) a pris une grande extension , et le gaz lui-meme, en devenant portatif , pourra satisfaire a plu- sieurs usages auxquels il n'a pas encore ete approprie. Tandis que ces arts materiels recoivent partout I'ac- cueil le plus favorable, nous avons vu , avec une douleur pi'ofonde, frapper d'interdiclion ou renfermer dans des limites etroites le plus noble des arts, celui de rendre linstruction primaire, plus generale, plus facile et presque vulgaire , par la methode perfectionnee de \ erfseignement mutuel , et d'y faire participer la mul- titude qui jusqu'ici n'a guere pu jouir de ce precieux (i) Voy. la Notice siir les ponts suspendus ; par M. Navier , t. xxii , p. i3-25, avril 1824. — Ce savant et habile ingenieur dirige lui- ni^me, dans ce moment, les travaux entrepris a Paris pour la cons- truction d'un pont en chaines de fer, appele /?o/2f des Invalides , qui partira de I'esplanade des Invalides pour conduire aux Champs- Elysees. (a)Voy. le Memoire sur les armes a -vapeur ; par M. de Mowtgery, t. XXIII, p. 529-541 , septembre i8i4- (3) Voy. la Notice sur la navigation et la guerre sous-marines ; par M. DE MoNTGERY, t. XXII , p. 52i-54o, juin 1834. (4) Voy. la Notice historique sur I'eclairage par le gaz , sur sa na- ture et ses proprietes ; parM.FERBv, t. XXI , p. 12-SI , et p. 497-5o8, Janvier et mars 1824, 8 PROGRES DES SCIENCES avantaologie. Agriculture, Ecoiiomie rurale et do luestique Pliysique et Cliirnie Scieuces pliysiologiques et medi- o.iles bcicncfs matlicmatlques et Astro iiomie Tecliuolngie et Arts industriels. . Arts militaires Navigation et Commerce Statisliqiie Gpograpliie et Voyages Religion : . . . Plillosopliie morale Education et lustructioii publique. Legislation et hirisiirudciice . . . . Economic puMique ■. . Politique. ..." Histoire, Biograpliie et Meinoires. . I literature, aucienne et moderue, francnise et etraugcrc; Cranimairc gener.ile et Pliii.ilogic ; Critique littc'raire et Poesie OEuvres completes, clioisies, et Me Liiigcs Aijti(piiies et Numismatique. V . . . Theatres • . . . . Beaux -Arts Academies, Societes saTantcs, etc. JMecrolosie TOTACX i,5ii '■™f"l dans Icsdoui ^nuljscs et du bulletin bibUogra 53 4(5 36 82 29 25 18 14 9 74 59 74 25 78 36 66 204 401 64 41 3 48 26 d,ins le: jVi'moire 9 17 23 6 34 5 i5 8 17 59 8 33 60 18 32 53 175 49 676 55 53 io5 35 59 23 29 17 8y 64 9t 84 86 69 46t 64 59 35 lot 201 49 2,187 REVUE DES EFFORTS ET DES PROGR^IS DES PEUPLES DANS I.E3 VINGT-CINQ DERNIERES ANNEES. L'Eglise romaine a voulu que rannee oil nous entrons fiit signalee par un jubile : renoricant aux fotes seculaires que la plupart des fideles n'atteignaient point, elle a regarde le quart d'un siecle comme une portion assez importante de la vie hu- maine , pour demander a tous les hommes de s'arreter a cette epoque, de contempler le passe, de reflechir. C'est le moment de reconnaitre ses fautes, d'examiner les pi'ogres que Ton a fails, de chercher dans le souvenir de ;rs efforts passes de nouvelles esperances pour I'avenir. Ceux qui desirent ramendement, le perfectionnement dc I'homme, ceux qui font des voeux pour ses progres en vertus, en Inmieres, en liberie; ceux qui voudraient Uii voir faire vn usage toujours plus noble des faculles qui I'e- levent au-dessus dc la brute, de sa conscience, de son intelli- gence, de sa volonte, ferontbien de oeiebrer cejubile avec I'e- glise romaine. Pour eux aussi il y a de I'avantage a reporter son attention sur le passe, h examiner la carriere parcourue, a se repentir de ses fautes, a confumer sa foi dans les verites deja reconnues, k puiser enfin une esperance nouvelle dans les lecons de I'experience. Les vingt-cinq premieres annees du xix^ siecle se sont ecoulees ; elles ont un caractere qui leur est propre ; un seul interdt les a remplies tout entieres: celui de la lutle entre deux opinions qui sc partagent la terrc , et qui disposent de la puissance des peiiples. L'une tend a faire avancer I'cspece hu- maine ; I'autre, h I'arreter on a la faire retrograder. Dans des paysdivers, l'une etl'autre opinion a tour a lour etc victorieuse; des revolutions violentes, des bouleveisemens d'empires, ont tour a tour , dans ce quart de siecle , signale les triomphes al- ternatifs des deux partis. lis sont encore en presence , Tissue de T. XXV. — -Janvier i8a5. a i8 REVUE DES PROGRES DES PEUPLES leiirs combats est encore iiicertaine; el, quoique nous soyons loin lie pretendre denieuier neutres entre eux , nous croyons pouvoir, sans anierlume, sans paitialile, sans avoir rien d'hos- tile dans notre langa^c, rcconnaitre leuis positions respec- tives. Et d'abord, au milieu dc plusieurs eveneinens fimestes, au milieu de plusieurs essais dccourageans, c'est un motif d'espe- rance pour les amis de I'humanite, de voir enlin la cause des combats olairement definic, lecaiactere des deux partis, leur but et leurs esperances, arraches a toute ambiguite. Dans les vinyt-ciuq aunees que nous venous de traverser, il n'en a ])as toujours ete ainsi. Conime chaque parti a eu, a son tour, sa tyrannic ; conunc chacun , dans les orgies du pouvoir, a brave a son tour les lumieres de la raison, les inspirations de la mo- rale, le fier sentiment de la liberie; on a vu des homnies ver- tueux se ranger par conscience sous les elendards opposes ri les uns el les autres etaient animes par le meme desir de sau- ver tout ce qu'il y a de noble dans Ihomine, de conlenir le vandalisnie revolulionnaire ou despotique, de preserver la ci- vilisation, la vertu, la liberie, qu'il leur paraissail que leurs ad- versaires foulaienl aux pieds. Les hommes n'onl point deux opi- nions sur la valeur de ces biens prec'eux; ils different seule- ment sur les moyens de les obtenir, sur le caraclere auquel on peut les reconnailre, sur I'alliage donl ils sont quelquefois souilles ; mais aucun n'a jamais songe a repousser pour lui- meme lalumiere, la vertu, la liberie. « Nous nous baltons pour la liberie, disait un soldatrcpublicain aux imperiaux. » — « Et nous, repondit I'oflicier autricliien, croyez-vous done que nous nous baltions pour etre esclaves? » Ce fut long-tems une source d'erreur qUe d* separer les fai- culles progressives de I'liomme, commc si tout I'inleret de la geueraliou preseute portait , ou sur la liberie, ou sur la lu- miere, on sur la vertu : elles sont, au contraire, etroitement DANS LES VINGT-CINQ D^^'I^RES JKN^ES. uj unies et presque indivisibles. II faut que I'l^j^Bttoit eclaire^ pour distinguer le bien d'avcc le nial ; j^^^^^^H soit -ver- tiieux, pour s'attacher au premier; il faut^B^Hflibrc, pour que son choix s'effectue ; mais la mem(i lumi^e qui doit din- ger son choix moral, lui montrcra tousles autres biens qu'il peut desirer et tous les moyens de les atteiudre; et chaque progres de I'intelligence appellera, necessitera un progres cor- respondant de la vertu et de la liberie. Une grande cause d'anibiguite et de confusion a ete supprimee, depuis que les . amis de I'liuinanite ont jiroclame I'intime connexion de ces ti'ois devcloppcmens de I'liomme. Alors le parti retrograde a du se prononcer; il a du dire: « Nous croyons la lumiere, la vertu, la liberte, de bonnes choses; nous croyons I'augmenta- tion de richesses , do population , de puissance qui en resultent , de bonnes choses aussi; mais nous les voulons pour nous seuls; « tandis que le parti progressif a j'epondu : « Parce que nous croyons ces choses bonnes , nous les voulons pour tous les hommes; car, ce que nous cherchons, c'est le plus grand bien du plus grand iionphre. » Tant de serviteurs du pouvoir ont abuse du langage, que les mots se ressentent encore de tons les sophismes auxqnels ils ont ete employes, et quelqueclairement que soit desormais de- finie la question qui partage le monde , il ne sera point impos- sible aux discoureurs de I'cnvelopper encore de dotites, et de confondre los esprits simples par des paroles; mais les fails sont desormais en presence, ils peuvent expliquer les deux principes et servir d'etendard aux deux opinions. Les Elats-XJnis iV Amerique nous representent la tendance progressive que I'une dcs opinions veut donner au genre hu- inain. Depuis leur affranchissement, et surtout durant le quart de siecle que nous venous de parcourir, leur gouvernement n'a pas hesite dans sa volonte ferme de marcher en avant, de favoriser de luiite sa puissance le progies des hmiiehes, celui U^T ^UE DBS PROGRES DES PEUPLES desvcrtus, celm uc la libcttt;; et Ic rapide accroissement de la prosperittiTBes Etats-TJiiis a depasse tout ce qui a jamais ete conuu sur cctte torio. Pour en jugcr, il nc faut pas oublier leur point de dep.irt. Les fondateuis des colonies etaient des refu- gic's de toutes les sectesreligienses et politiques, dontchacune avaitete persecuteea son tour; ilsportaient avec euxles germes de toutes Ics animositcs, tous les genres de rcssentimens, tous les genres de fanatisme , la disposition a toutes les exagera- tions. Long- terns ils ont ete recrutes par recume de I'Angle- terre, par les individus deportes pour Icurs crimes; plus tard , leur pays est devenu le refuge des chercheurs de fortune, des intrigans, des aventuriers de toutes les nations; les colonies recurent des gouverncniens d'Europe la plus funeste de tou'es les institutions, I'esclavage; la plus grande partie de la popu- lation y est dispersee dans des bols , dans d'immenses savanes, hors de la portee des tribunaux et de la protection sociale. A.vecde tels elemens, les Americains auraient ete, sous nos gou- vernemens d'Europe, les plus \icieuxde tous les peuplcs; ils ont droit, au contraire, a prendre rang parini les plus ver- tueux. On en trouvera pen chez qui le sentiment de ce qui est droit, juste, honorable, soit plus universeliement repandu, oil les crimes soient plus rares, oii les vertus domestiques soient plus en honneur, oil la religion , qui n'a cependant d'autre sanction que la conscience de chacun, exerce une influence plus universelle. Sans doute, on y trouve encore des traces de la souillure que les Americains ont due a leurs fondateurs; mais chaque jour elles s'effacent plus rapidement; de meme, dans la carriere de I'intelligence, on ne doit point oublier que les Americains ne font encore que commencer; ils ont du etre colons, agriculteurs, artisans, marchands, avant d'avoir des loisirs a consacrer a la litterature ou a la philosophic. On ne doit point leur demander encore de produire ces grandes lu- mieres qui ont eclaire le genre humain; mais ils ont su s'ap- DANS LES VINGT-CINQ DERNlfeRES ANNIES, ai proprier tons les arts de I'Europe et toutes ses sciences; ils ont repandu dans toute la masse de leur population plus de lai- son, plus de connaissances positives, plus d'aptitude a tout comprendre, plus d'idees saines , qu'on n'en trouve dans la masse du peuple chez aucune des vieilles nations de I'Europe. La liberie de I'Amerique s'est affermie, s'est developpee avec ses lumieres et ses vertus ; ie citoyen d'aucun autre pays n'a tant de droits et tant de garantics , et jamais ces droits n'ont fait naitre les abus dont on ne ccsse de nous mena- cer; point de fureurs populaires, point de souI«vemens, point de guerres civiles : leur seciu-ite a egale- leur liberte. Aussi , quel est le resullat de ce triple progres ? Au commencement du siecle, les Americains etaient au nombre de quatre ou cinq millions: ils sont onze millions aujourd'hui.Au commencement du siecle, leuvs viHes etaient encore petites et pauvres : elles le disputent aujourd'hiii en grandeur, en population , en beaute, aux capitales de I'Europe. Au commencement du siecle, les Etats-Unis portaient encore avec peine le fardeau de la dette publique, contractee pour la guerre de I'independance : au- jourd'hui leurs fondsne sont plus cottesalaboursede Londres; leur dette est presque nuUe, et ils ne doivent rien qu'a eux- memes.Au commencement du siecle, leur commerce, leurindus- trie, leur agriculture meme etaient alimentes par des capitaux anglais: aujourd'hui, malgre I'immensite de leurs entreprises , leurs propres capitaux les vivifient; ils debordentsurle commerce de I'Europe et de I'lnde; ils affluent dans I'Amerique autrefois espagnole, et hii portent tons les arts de la civilisation. Voila ce que les Americains ont fait depuis vingt-cinq ans ; ils ont marche,ils marchent; est-il etrange que nous voulions marchei' aussi ? Malheureusement, il n'est pas difficile de trouver aussi des oxemples de la tendance retrograde. Pour offenser le moins ])ossible ceux (jui ne veulent pas qu'on leur disc ]«urs ■A2 REVUE DKS PKOr.RES DES PEUI'LES vcrites, uoiis en choisiroiis un loin do nous , dans un pays ou le goiivernement n'eniploie aiicune Ijypocrisie dc langage poui- dt'gtiiser ses intentions. Ce pays, silue entre les trois monar- chies do I'Europt' qui portent le nom d'empire , n'appartient proprcnicnt a aucune; mais toutcs trois le rctiennent et veulent Icretenir, par lour protection, dans I'etat ou il est aujour- d'hui. II comprend la Moldavie , la Valachie , la Bulgarie , la Sen'ie : principautesque la nature a favorisees du sol le plus riche de toute TEiirope, du cliniat le plus tempere, du cours du plus grand fleuve, et dc la plus ancienne route de commerce qui ait lie autrefois le Levant au Coucliant, et la civilisation de Cons- tantino|)le avec celle de I'Allemagne et de la France. Mais ce pays, auquel la Providence avait accorde le germe de tons les developpemens, qu'elle appelait an bonheur et a la gloire, a constamment ete soumis au systeme retrograde; et depuis Tra- jan qui le rendit florissant, depuis Charlemagne quirouvrit, par la vallee du Danube, la commimication entre les deux em- pires, iln'a pas cesse de reculer. Dans ces malheureuses pro- vinces , il n'y a de surete ni pour les personnes , ni pour les proprietes; il n'y a ni commerce, ni industrie , ni agriculture; la population est reduite au-dessous du vingtieme de ce que la terre pourrait nourrir; elle est plus farouche, elle est plus saiivage et plus malheureuse que les betes fauves qui par- tagent avec elle les produits de /« vallee du Danube. Il n'y a pas de pays ( surtout la Bulgarie et la Servie ) d'oii Ton ait banni avec plus de soin toute liberte, toute Itmiiere et toute vertu; le paysan est serf, sans meme que son maitre puisse ou veuille le proteger comme sa propriete; I'instruction est rendue impossible, car la langue n'est pas meme ecrite; la vertu est inconuue: on ne saurait la chercher chez le paysan, car celui qui n'a point de droits ne saurait avoir de devoirs ; et quant aux Boyards, la crapule des hommes, le devergondage (ies femmes, contrastent d'une maniere lebutante avec le luxe DANS LES VINGT-CINQ DERNlfeRES ANNEES. a3 dont ils s'efforcent de s'entourer. L'etat de guerre qui se pro- longe sans interruption, depuis des siecles, dans ces pnncipau- tes, cause a leurs voisins des pertes fruquentes et demande une surveillan/;e continuelle.Ces voisins sont les plus puissans monar- ques de I'Europe : jamais, cependant, ils n'out assemble de con- gres; jamais ils n'ont fait usage del'influence queles traitesmeme leur assurent,pour y faire cesser I'effusion du sang humain et le brigandage. Qu'ost-ce done qu'ils eprouvent dans cet etat de choses? c'est qu'a quelque degre d'oppression que soit descendu le paysan valaque ou moldave , on ne court jamais risque de le voir se revolter : on pent I'empaler, on ne saurait le forcer h se defendre. Pour nous, cependant, qui n'avons pas le meme in- teret, il est bon de porter quelquefois nos.yeux sur le paysan valaque ou moldave; si c'est la le terme du mouvement retro- grade, sans doute nousne voudrons pas reculer. Ne nous laissons point egarer par ceux qui emploient d'autres mots pour represcnter les deux tendances: ces mots ont exerce une influence facheuse sur le quart de siecle que nous venons de parcourir, et ont enfante beaucoup d'erreurs. Les deux par- tis se sont trompes eux-memes par I'enonciation de principes qui representaient mal leurs vrais sentimens ; les uns se sont fait un dogme de la souverainete du peuple, mais ce dogme les dece- vait sans cesse eux-memes. S'ils etaient obliges de donner le fiom de peuple a I'assemblage de tons les hommes, s'ils recon- naissaient a tous un droit egal sur le gouvernement, ils oppo- saient eux-memes le plus grand des obstacles au progres so- cial, car la masse ignorante est de beaucoup plus nombreuse que la classe instruite; elle ne connait pas le bien, souvent elle ne le vent pas , et la multitude souveraine ne s'est pas montree moins retrograde que les despotes. Les adversaires de ce parti ont oppose a ce dogme celui de la legitimite, sur lequel ils ont pretendu fonder le pouvoir souverain. L'inventeurde cette doctrine n'en voulait pas faire I'etendard du systeme retro- a4 REVUE DES PROGRES DES PEUPLES grade J il ne songeait qu'a la France ; et regardant toutpouvoir revolutionnaire comme entache de violence , il cherchail le droit avant I'exercice de la force; il le reconnaissait dans le souverain comme dans le sujet , & son signe le plus constant , la transmission reguliere et tranqiiilie durant plusieurs genera- tions, la prescription. Mais, quandle parti retrograde s'est em- pare de ce mot, il I'a applique a des pays, a des gouveriiemens oil il fait iin contre-sens absurde. Ceux qui invoquent la legi- timite en AUemagne et en Italic, ont-ils done oublie que I'ordre legitime dans le Saiut Empire romain, c'est-a-dire, I'ordre an- tcrieur a la revolution, I'ordre fonde sur les traitos, sur une transmission reguliere et tranquille et sur la prescription, donnait h ces deux pays un chef electif, des electeurs dont trois etaient electifs k lour tour, une constitution detruile de fond enconible; tandis quo tous les droits, tous les titres qu'ils reclament, sont fondes sur la revolution? Le reste de I'Eu- rope ne serait pas moins embarrasse a montrer dans le pouvoir auquel il est soumis , les caracteres de la legitimite : presque partout, les lois anterieures, les lois sur lesquelles le pouvoir etait fonde, ont cte abolies (i). Apres tout, les partisans du systeme retrograde n'ont pas besoin d'une pensee; il leur suffit d'un mot pour se recon- naitre : les partisans du systeme progressif sovA. appeles a plus de precision. Le dogme de la souveiainete du peuple ne pour-v rait que les compromcttre et les confondre. II est inutile de remonter a I'origine du pouvoir, il faut le considercr comme un fait; des qu'il existe, des qu'il a etc institue, il a des de- voirs : ces devoirs sont ravanceiuent du but de la sociele humaine, le perfectionnement et le bonheur de ceux que ce pouvoir gouverne, Icurs progres en vertus, en lumieres , en (i) Voyez Gfiiies, Venise , les iles loniennes , Malie, une partie de la 5axe, la Pologue, la Su^de, la Hollande, la Belgique, etc. DANS LES VINGT-CINQ DERNlfeRES ANNIES. u5 liberie ; raccomplissement de ces devoirs legitime les gou- vernemens, il est leur plus beau titre. Ces devoirs sent com- iiiuns a tous ; ils peuvent etre accomplis par tous , quelle que soit la forme du gouvernement. Toutes les formes, 11 est vrai, ne sont point egalement propres a garantir cet accomplisse- ment , mais il faut se contenter de ccUes qui sont imparfaites ; car on cherche encore, on n'a point trouve celle qui convien- drait a tous les etats , celle qui reunirait toutes les garaniies. Apres avoir cherche a exposer quel est I'objet de la lutte dans laquelle le genre huniain a ete engage pendant ce quart de siecle, cherchons aussi a apprecier ses resultats. Sans doute, durant cet espace de terns, de grands revers, de cruelles ca- tastrophes ont frappe I'espece humaine; cependant, elle pent encore s'applaudir des pas qu'elle a fails. La France se presente la premiere a la pensee; la France a donne I'impulsion a tous les autres peuples ; la France a paye cher son inexperience : conqueranteetconquise, elle a vupro- fesseren son nom les do.ctrines los plus opposees , el elle a du obeir aux regimes que lui ont donnes tous les parlis extremes. Sans doute elle pent exprimer des regrets, sans doute elle pent concevoir des craintes; sans doute elle peut se plaindre de ce que des periodes recentes ont ete fortement letrogrades; mais, si elle se place a vingt-cinq ans en arriere, elle recon- naitra que, dans ce quart de siecle, elle a gagne plus qu'elle n'a perdu. Les idees d'ordre el de justice se sont developpees et affermies; les connaissances poliliques se sont universelle- ment repaudues; les deux partis sont en general revenus de leurs prejuges ; les classes qui repoussaient les formes consti- tutionnelles sont affectionnees aux pouvoirs qu'elles ont acquis, meme en en abusant. La morale, il est vrai, a souffeit par les progres de I'hypocrisie et par ceux de la venalile; la lu- miere, par les attaques contre les meilieurs modes d'instruc- tiou ; la liberie, par des envahissemens qu'il est inutile de 26 REVUE DES PROORfeS DES PEUPLES rt'capituler ici. Les efforts corriipteurs ont ete diriges en meme terns, comnic ils le sont toujours, contre le coeur, contre I'es- prit, contre I'exercice do la volonte; mais le progrcs de la prosperite a plus rendu aux Francois que I'abus du pouvoir ne lour a fait perdre. L'avancement de toutes Ics industfies, le bien-ctrc universel, la richesse nationale, ont releve le ca- vactere national ; car les citoycns ne peuvcnt scntir leur in- dependance et leur dignile morale que lorsqii'ils sont au-dessus du besoin : une aisance nouvelle a donne a toutes les classes plus de soif d'instruction et plus de loisirs pour I'acquerir. Enfin , en compensation d'une partie de ses droits perdus , 4a. France est en possession de la liberte de la presse ; cette liberie assure I'cmpire de la pensee et des senlimens nobles; elle est, par consequent, le plus puissant mobile du perfec- tionnement de I'espece liumaine. C'est ainsi que, malgre bien des revers, la France est dans un etat progressif : elle a marche glorieusement en avant. Y.' Allcmagne n'a guere ete moins ebranlee que la France : theatre de la guerre, pendant la plus grande partie de ce quart de siecle , elle a vu toutes ses institutions bouleversees; toutes ses souverainctes ont change ou de titres ou de lois, oil de circonscriplion ; et si Ton reserve le norn de legitime a I'ordre Anterieur aux convulsions violentes de ce quart de siecle, il ne lui reste phis rien de legitime- Mais la France a fait ses revolutions elle-meme, I'Allemagne a cede a celles d'autrui ; aussi, au lieu d'avancer, elle a recule. Au commen- cement de ce siecle, chaque etat cherchaita corriger ses insti- tutions, a y faire entrer un pen plus de liberte, un pen plus dc garanties; chaque gouvernement voulait meritercet amour des sujets, qui dans un danger commun faisait sa seule force. Le peuple, se confiant dans ses princes, et obtenant leur con- fiance en retour, marchait en avant de concert avec eux, a pas lenls, niais certains. Une vie prodigicuse animait les uni- DANS LES VINGT-CINQ DERNIERES ANNEES. 27 veisites : c'elait par les sciences, par le developpement de rintelligence que la nation allemande voulait etablir sa di- gnite; la plus grande liberie regnait dans I'enseignement. Bien plus, les universites etaicnt une puissance politique; c'e- taient elles qui, apres avoir eclaire et dirige I'opinion publi- que, se chargeaient de rexprimer : la presse, sanf les questions de politique directe, etait presque absolunient libra ; ctl'esprit d'association qui etait ne en Allemagnc, et que les souverains avaient fortement encourage, donnait a la pensee des philo- sophes une action immediate sur le grand nombre. Tout est change : la crainte a ete substituce a I'amour, comme principe d'obeissance ; la morale a ete attaquee par rencouragemcnt donne a la delation et a I'espionnage, et plus encore par de grands et publics exemples de manque de foi , qui ont profite a ceux qui faussaient lenr parole. L'essor des etudes a ete arrete, les universites ont etc enchainees, la presse est asservie, les associations sont punies comme des crimes d'etat; I'an- cienne constitution, bizarre et souvent barbare, qui deman- dait des reformes, a ete supprimee sans remplacement; cepen- dant, elle mettait des bornes au pouvoir absoln, elle accoutu- mait les souverains a parler de libcrte; elle garantissait les droits des electeurs, des princes, des prelats, de la noblesse imme- diate et des villes libres. Dusormais, il n'y a plus de droits ga- rantis; et I'Allemagne a cesse de contenir tme nation:: on n'y voit plus que des princes phis on nioins faihles ou puissans, plus Oil moins tremblans sur Icurs trones devant leurs siijets oil devant leurs voisins. L'ancienne patrie de la guerro et de la politique ne pese plus dans la balance de I'Europe. U Italic a ete plus malheureuse quei I'Allemagne. Dans le cours de ces vingt-cinq annees, I'ltalie; avait pu concevoir toutes les plus nobles esperances. Sortie de la Jorpeur et d<; la corruption effeminee dans laqudle elle oiibliait son asser- vissemcnt, c'etait en rapprenant la vcrtu militaire ct I'amour a8 REVUE DES PROGRfeS DES PEUPLES de la patrie qu'elle s'ctail elevee aux autres vcrtiis; en abor- dant les sciences du gouvernement qu'elle avail sent! de nou- veau le prix de I'etude , et qu'elle avail rendu I'essor a I'in- telligence donf son people est si emineniment done. Au milieu de celte periode, son regime changea sans qu'elle perdit ses esperances; car, pour oblenir la cooperation du peuple, on lui avail prodigue les promesses les plus solennelles de le faire participer aux progres du siccle. Ces promesses ayant ete ou- bliees , deux revolutions eclaterent aux deux extremiles de I'ltalie; et au milieu de ces fievres des peuples, toujours ter- ribles, on put reconnaitre I'amelioration des Italicns. Leurs revolutions s'accomplircnl sans effusion de sang, sans pillage, sans insulte, sans violence : dans I'une et dans I'autre , Theri- tier presomptif du trone se mil a la tele des reform a teurs ; et si cette double experience doit detouruer a jamais les peuples des revolutions royales, elle prouve aussi que les Italiens sa- vaient joindre la reconnaissance pour le passe a I'esperance de I'avenir. Dans la luttc qui s'cngagea avec les etrangers , le systeme retrograde prevalut. L'ltalie a ete pnnie de ses vceux et de ses efforts par des supplices : ses proscrits ont reflue dans toutes les villes de I'Europe; c'elaient des hommes notes par leurs lumieres, par leurs vertus , par les sacrifices qu'ils avaientfaits aubonheurde leurs concitoyens : c'etaicnt degrands seigneurs qui avaienl consaere leur fortune et leurs lalens a introduire des industries etrangeres, a fonder des ecolos, des institutions pour les sourds-muets, a faire publier des journaux scicutifiques. Des commissions militaires, des commissions de police, plus redoutables encore, ont aneanti les garantics le- gales et fait peser la terreur sur toutes les classes : la morale a ete attaquee par I'exemple du mepris des sermons, par les encouragemens donnes a la delation, j. la trahison domcstique, par le bcsoin excite d'oublier les nialheurs publics dans la mollesse et le vice; les lumieres ont ete attaquees par la pri- DANS LES VmCT-CINQ DERNlfeRES APmifeES. sg vation des moyens d'enseignement, par la suspension ou la suppression des couis dans les univcrsites, par la proscription des livres etrangers, par la mutilation de ceux qui paraissaient dans le pays. La guerre a ete declaree a I'esprit aussi ouver- tement qu'a la liberie : les sciences liberales, les arts libcraux ont partage la proscription qui frappait les sentimens libcraux. Cependant , nous le croyons, au milieu de ces effrayans re- vers , I'ltalie est encore dans un etat progressif : les institu- tions se corrompent, niais la raison s'eclaire; le pouvoir veut qu'elle recule , et la nation avance : il y a plus de mallieur, il y a plus d'oppression; mais il y a plus de vertus, de lumieres et de patriotisme, en Italic, en i8a5, qu'il n'y en avait en 1800. Le sort de V Espagne est bien plus effrayant. La plus or- gueilleuse des nations avait ete enivree des applaudissemens de I'Europe pour sa resistance a Napoleon. Au dela des Py- renees, le fanatisme s'etait allie a I'amour de la liberie pour defendre la patrie : dans le reste de I'Europe , les partisans des deux syslemes, progressif et retrograde, avaient celebre de concert des succes que les Espagnols devaient plus encore a leur climat et ileur pauvrete qu'a leurs talens ou a leur bra- voure. Toutes les passions etaient excitees dans la Peninsule; mais elles obeissaient a deux impulsions opposees. L'Espagne ne pouvail ni se reposer dans son ancienne barbarie, sous le regne de tons les abus, abreuvee de twites les ignominies, ni avancer, tant ses classes diverses etaient en desaccord enlre elles. Elle tenia cependant une revolution; elle ne la souilla par aucun crime , mais elle ne la signala par aucun grand developpement national de talent ou de capacite. La classe seule qui avait deja fait des progres voulait en faire encore ; la grande masse, qui avait ete retenue pendant des siecles dans I'habitude dela ferocite, de I'ignorance et de la dependance, repoussait avec une horreur stupide I'avancement de la mo- rale, de la lumiere et de la liberty. La populace ne comprend 5o REVUE DES PROGRfeS DES PETIELES Ic bien qu'on liii vent faire qn'apres qu'elle en est entree en jouissance : les revolutionnaires devaient done, avant tout, I'associer aux bienfaits de la revoltition, mais ils no s'en etaient pas reserve la puissance. Confondant I'equilibre qui inaintient les institutions avec la victoire qui les fonde, ils avaient aneanfi le gouvernement dont ils n'osaient se saisir; ils ciichainaient le prince, sans se rescrvor auciin moyen de salisfaire le peuple. Des qu'ils furent altaqnes, ils succomberent , parce qn'ils n'a- vaient point de nation derriere eux ; et cette populace qu'ils n'avaient pas su gagner regne aujourd'hui sur eux. Qu'on ne s'y trompe point, I'Espagne est arrivee aujourd'hui a cette nieme periode de la revolution fran^aise que nous ne regar- dons jamais qu'avec horreur, au regne de ce qu'il y a de plus abject et de plus feroce dans la nation ; mais elle y est par- venue par la route opposee a cclle que les Franrais avaient suivie ; la tyrannic de la plus basse classe est le resultat d'une contre-revolutioB faite par les ministres des rois, sous le pre- texte et sans doute aussi dans I'intention de servir la cause royale. On parle d'une camarilla furieuse , elle n'a que la fureur de la lacbete. Les valets de cour, qui sentent leur nullite, ont cherche partout une force ; ils n'en ont trouve d'autre que la fureur stupide de la populace : ils ont voulu s'appuyer sur elle, ils la flattent, ils se vantent de partager ses passions; mais c'est faire trop d'honneur j^i la camarilla que de la croire pas- sionnec : elle est ce qu'elle a toujours ete, intrigante et abjectc devant le pouvoir du jour; et ce pouvoir du jour, elle le sait bien, n'habite plus lo palais, mais les carrefours. Toutefois, le triomphe des retrogrades a ete si complct en Espagne, qu'il les effraie eux-memes. Tout ce qui avait ete respecte est traine dans la boue : la religion est soumise a un deshonneur qu'on lui avait sauve jusqu'ici ; elle est appelee comnie auxiliaire de la police, et les depositaires du secret des confessions sont somuies de denoncer a 1 aiitorite les jiensees DANS LES VmGT-CiNQ DERNI^RES ANNEES. :?i secretes de leurs penitens. II est etrange que la cour de Rome n'ail pas proteste contie cette ordonnance sacrilege : jamais coup plus funeste n'avait encore ete porte a son pouvoir. Ah reste, la terreur espagnole deshonore les tribunaux comme les pretres : partout on leur demande des proscriplions an lieu de sentences, et Fautorite ne fait plus que repeter le langage des chefs feroces des factieux. Mais, quelque douleur que doive nous causer le sort de trois nations illnstres, gardons-nous, a cause d'elles, de desespt^ror de I'espece humaine; gardons-nous de dcsesperer de ces trois nations elles-memes : le genre liumain marche, pendant qu'elles reculcnt; il continuera de marcher, i! les lelevera, il les eh- trainera dans sa course. Et d'abord, \ Angle lerre suffirait seule pour ranimer nos espe- rances ; I'Angleterre, qui s'est si noblement mise a la lete du mouvementprogressif de I'esprit humain; I'Aiigleterre, qui nous enseigne comment on peut unir les developpemens de la liberte, de la morale et des lumieres, avec toutes les institutions anti- ques, toutes les habitudes plus enracinees de subordination. N'ecoutons point les hommes moroses qui, entre mille qualites eclatantes, ne savent apercevoir que les defants; n'ecoulons point non plus ceux qui, prenant leur jalousie pour du patrio- tisme, croient relever la France en rabaissant sa rivale. Nous aurions bien peu profile des cvcncmens dont nous avons ete temoins, si nous n'avions pas appris que les nations ont cesse d'etre rivales ; que , n'ayant plus qu'un seul interet , qu'une seule lutte avec ceux qui veulent les faire retrograder, le progres de leurs voisines est un commencement de succes pour elles-memes. L'Angleterre , de son cote , n'a appris que tard cette lecon du siecle : son cabinet , s'attachant a la vieille politique dbnt beau- coup d'homraes d'etat sont a peine revenus, a failli la perdre, en consultant ces maximes absurdes et immorales de rivalite. II a long -ferns agi dans la persuasion que les enneniis de ses en- 3a REVUE DES PROGR^.S DES PEUPLES neinis etaient ses amis : et il a vu a Waterloo les renes de I'Eu- rope lui echapper. La veille de la batailie, les Anglais etaient les chefs de la coalition; le lendemain, ils n'etaient plus que ses payeurs. Des allies de vingt ans ont fait comprendre au ca- binet britannique que, n'ayant plus besoin de son aide, ils n'eslimalent plus ses conscils. C'estalors, c'est sons le poids d'une dette enorme, contractec bien plus pour les autres que pour ellc-meme , c'est au milieu d'une revolution conimercialo qui laienacait de detruire ses ri- chesses , que I'Angleterre a fait voir les ressources d'une nation qui n'a pas cesse de developper en meme terns ses lumieres, ses liberies et ses vertus. Le sceptre de I'Europe, qu'elle croyait tenir, a ete brise entre ses mains; elle a saisi a la place le flambeau dont elle eclaire tout le reste de I'univers; I'Asie, I'Afrique, TAmerique, arrivent sur la scene de la civilisation , et c'est aux Anglais qu'elles le doivent. On peut signaler , en Angleterre, I'exces dans I'inegalite des rangs et des fortunes, la corruption des elections, I'influence croissante des ministres, les frais enormes des procedures, qui interdisent en quelque sorte les tribunaux aux pauvres; mais qu'on ne dise point que I'Augleterre pcrd sa liberie. Nous sommes loin de nier les abus, nous soaimes loin de desirer Tajournement des reformes : celles qui ont ele operees rendent les autres plus necessaires encore , elles rendent plus choquant le contraste entre les debris d'une ancienne barbaric, et les constructions d'un siecle de lumieres; mais, telle qu'elle est, I'Angleterre tient le premier rang parmi les nations , par la reunion des libertes, des lumieres et des vertus, par la longue jouissance de ces prerogatives, par les progres dans toutes trois qu'elle n'a pas cesse de faire, par cet empire de I'opinion qui devient tous les jours plus puissant chez elle, par ce develop- pement de I'education nationale qui appelle tous les jours des classes plus nombreuses du peuple a connaitre, a comprendre DANS LES VmGT-CINQ DERNIERES ANNEES. 33 les interets de leiir patrie, a avoir snr ces interets des volontes coiifornies a la raison ct ;\ la verUi , et a manifester ces volonles. Non-seulcment I'Aiii^leterre est plus libre qu'elle ne I'etait il y a vingt-cinq ans ; clle comprend mieux la libeite, elle en veut faire un meilleur usage; elle s'est rendue susceptible d'cn ob- teiiir toujours davantage. Les moindres etats dc I'Europe , la Suede, dout le gouver- nement ne peut se faire pardonner sa nouveaute qu'en s'unis- sant intimement avec le peuple; la Hollande, qui s'efforce d'ac- corder de beaux et antiques souvenirs avec des experiences recentes ; la Suisse, qui s'etonne d'avoir sommeiile cinq siecles apres de genereux efforts , sont aussi animes d'un mouvement progressif; maispeut-etre ne convient-il point aux faibles qu'on fasse voir combien ils ont d'avantage sur les forts , ou qu'on montre a quel point leur exemple confirme que la liberie, la lumiere et la vertu sont intimement unies, et que, dos que I'une se developpe, elle force le developpement des deux antres. Le colosse qui pese sur I'Europe est lui-giieme dans un elat progressif. La Russie voit croitre, avec une rapidite prodigicuse, non pas seulement le nombre de ses habitaus, mais leurs ri- chesses , leurs connaissances, leurs sentimens moraux , et meme leurs droits. Dans I'etat de baibarie et d'ignoranco absolue ou cette nation etait plongee , on re pouvait tout a coup la mettre en jouissance des prerogatives des peupies civilises : la precipitation aurait etc dangereusc dans la concession des droits de citoyen ; mais c'est le repi oche que tons les gouver- nemens meritent le moins. Cependant, I'instruction se repand rapidement en Russie, et le gouvcrnenient la favorisc; la no- blesse s'associe, par ses esperances, par ses lectures, par ses voyages, a la marclie de I'Europe : les paysans ont ete eclaires a leur tour par un frottement auquel ils devaient peu s'at- tendre : comme soldats, ils ont parcourn I'Europe, et ils ont T. XXV. — Jf7/n'ier iSaS. 3 34 REVUE DES PROGRES DES PEUPLES appris a connaitre les avantages des peiiplcs plus civilises ; de rctour dans Icurs foyers, ils y out conduit comme prisonniers des milliers de Francais , d'ltaliens, d'AUemands, qui ont fait retentir le nom de liberie i\ leurs oreilles; d'autre part, le gou- verncment , par une experience liasardeuse, forme, dans ses colonies militaires, une classe qui aura des droits avec la force de les faire valoir. La moralite doit suivre les progres des lumieres : c'est sous ce I'apport sans doute que les Russes sont le plus en arriere; mais, si raffranchissement graduel du peuple s'opere, le moment ne sera plus eloigne ou I'adminis- tration civile, niiiitaire et judiciaire de la Russie cessera d'etre la plus venale de I'univers. Malgre ses progres interieurs , la Russie a employe ix plu- sieurs reprises ses forces et son credit a seconder, a hater le moHvement retrograde chez les autres peuples. Une fausse po- litique I'a egaree , et des puissances plus avancees qu'elle dans la carriere des lumieres, n'ont pas ete exemptes des memes er- reurs. La civilisation pent redouter quelque tcms encore les armees de la Russie; mais le progres meme de ses forces doit fonder les esperances de I'hnmanite; car ce progres indique celui de sa moralite et de sa liberte. Le terns n'est pas loin oii les Russes deviendront vraiment une nation d'Europe, et ou il ne dependra plus d'un caprice de les employer a etouffer toute lumiere, toute liberte et toute vertu. La Grece enfin est en Europe, cette glorieuse Grece qui, gemissant sous I'oppression la plus honteuse et la plus cruelle, a cherche d'abord la vertu dans le sacrifice de tous ses intercts a la conservation du christianisme, la lumiere dans la commu- nication avec les nations de I'Europe, et qui devra bientot a I'une et a I'autre sa liberte. La Grece nous fait sentir que les •ours de Iheroisme durent encore, et que les plus faibles na- tions, quand elles en ont la ferme volonle, sont maitresses de leur sort. Que veulent-ils done, ceux qui peuvent faire des DANS LES VINGT-CINQ DERNIERES ANNEES. if. voeux contre la Grece ? veulent-ils encourager I'apostasie? Les Turcs, en effet, recompensent I'apostat , en lui accordant I'abso- lution des crimes qu'il a commis, I'heritage de sa famille chre- ticnnequ'ildepouille, enradmettantauxhonneurs, aupouvoir. Veulent-ils que les fils et les fiUes des Grecs continuent a etre a la merci des Turcs, pour servir aleurs honleuses debauches? Veulent-ils que la seule distinction accessible aux Grecs soil celle qui a ete long-tems reservee aux Fanariotes , du pouvoir achete par la perfidie, exerce pour le pillage, bientot perdu par le fatal lacet? Veulent-ils que la seule raaniere d'acquerir quelques richesses en Grece ,le commerce, con tinue a etre souillee par I'avidite et la mauvaise foi qu'ils reprochent eux-memes aux Grecs, et auxquelles I'exces de I'oppression les a reduits? Veulent-ils que , toute autre route a I'lieroisme etant fermee , le seul courage possible soit celui des hleplites ou voleurs? Veulent-ils que toute distinction entre le juste et I'injuste soit effacee dans le cceur des sujets, par la venalite de tout juge turc? Est-ce done I'etal moral de la Grece qu'ils veulent con- server, ou bien est-ce I'etat de ses lumieres? c'est le peuple le plus ingenieux de la terre, c'est celui aux ancetres du- tjuel nous devons tout ce que nous savons, tout ce que nous sommes; mais , depuis qu'il est ecrase par le gouvernement qu'il cherche aujourd'hui a detruire, il n'a pas ajoute une de- couverte aux richesses mentales du genre humain; il n'a pas fait faire un pas aux sciences les plus innocentes , a la medecine , a la chimie , a I'histoire naturelle; il n'a plus ni litterature, ni academies, ni ecoles. Et comment ferait-il quelque chose pour les progres communs de notre race ? on le repousse en dehors de la civilisation , on ne lui laisse pas aborder les connaissarices dont le dernier d'entre nous est en possession. Mais peut-etre, a la vertu et a I'intelligence , ces prerogatives les pins nobles de notre espece, les amis des Turcs prefercnt- ils dfs avantages plus materiels, tels que la paix et la richesse. 3S REVUE DES PROGRES DES PEOPLES Est-ce, en cffet, la paix de la Grece qu'ils vculent conserver j la ou Ic cimeterre des Musulmans regne seul, oii une soldatesque barbare se comporte depuis quatre siecles comme dans une ville prise d'assaut; ou les grandes cites ne sont plus que des amas de ruines; ou les anciens villages disparaissent sans que de nouveaiix les remplacent; ou, depuis quatre cents ans, on n'a rien bati, rien repare, rien plante, rien dclriche; ou la po- pulation u'arrivc pas au viugtiemc du nonibre d'habilans que la terre peat nourrir; ou il ne reste k I'agricultcur d'industrie possible que le paturage des moutons et des clievres dans les deserts? Certes, nous aurions cru calomnier les partisans du systeme retrograde, si nous avions suppose d'avance qu'ils s'in- teresseraient anx Turcs, qu'ils assimileraient au gouvernement ' turc ceux dont ils se disent les defenseurs. En effet, I'Europe est unanime dans ses vocux, quoique la plupart de ceux qui dispo- sent de ses forces et de ses tresors les refusent a la delivrance de la Grece. Dans deux seuls pays de I'Europe, celui qui a le moins de liberie et celui qui en a le plus , on a vu quelques pa- piers publics se prononcer en faveur des Turcs. Quant au £eo- bachter (i) , sa conscience n'est point a lui, il ne faut pas lui demandcr compte de ses pensees. En Angleterre, d'autre part, en raison meme de la liberie publique, les senlimens honteux, les passions honteuses trouvent leurs organes. Puisqu'il y a des hommes qui ne veulent ni liberie, ni vertu, ni lumiere, il faut bien aussi qu'il y ail des joiirnaux, tels que le New- Times , et quelquefois le Courrier [anglais) , qui pailent pour eux. Ainsi, dans les mines, on etablit des soupiraux pour donner passage aux exhalaisons mephyliques. Mais la marche de la civilisation n'esl plus limitee a I'Europe j c'est I'univers entier qui y participe; et dans ce quart de siecle. (l) Der asterreichiscke Beobachter, VObservaCeiir autrichien , qui pa- ratt, k Vienne , chez Stranss. DANS LES VINGT-CINQ DERNIERES ANNEES. ^7 son developpement a ete prodigieux. Nous ne parlerons point ici de X'lnde. Deja, dans ce recueil, nous avons montre (t. xxiv, p. 635) comment 70 millions d'Indiens commencent a recevoir de la Compagnie anglaise des Indes, quoique d'une main trop peu libcrale, les bienfaits de la culture europeenne. Nous ne parlerons point de cette colonic de New South Wales, encore au berceau, encore souillee par les elemens impurs dont on I'a composee, mais qui, etablie dans un continent tempere, plus grand que I'Europe, assistee par la puissance vivifiante de I'Angleterre, parait devoir le couvrir un jour tout entier, et montrer que du rebut des bagnes peut sortir une nation libre, eclairee et vertueuse. Nous ne parlerons point des colonies des- tinees a repandre la civilisation sur le vaste continent de \ Afri- que, et qui, du Cap de Bonne-Esperance et de Sierra Leone, porteront peu a peu dans I'interieur la lumiere et la vertu, pour reparer les longs forfaits de I'Europe, etles funestes con- sequences de la traite des negres; leur destinee est encore coe- verte des voiles de I'avenir. La carriere parcourue par la nouvelle Nation Uaitienne , a St-Domingue , dans ce quart de siecle, est pour I'humanite en- tiere un plus beau sujet de triomphe. C'est la que les fils de I'Afrique ont prouve qu'ils sont des hommes, qu'ils meritaient d'etre libres , qu'ils savaient apprecier la lumiere ct la vertu. Un crime, effroyable des Europeans transporta les Africains dans les lies de TAmerique : une suite de crimes les y maintint dans I'esclavage et les y rendit feroces; s'ils commirent aussi des crimes en brisant leurs cliaines, la responsabilite en pese tout entiere sur ceux qui les avaient forgees. Tant que I'es- clavage dura a St-Domingue , rimaioralite et I'ignorance furent proporlionnees a la privation absolue de liberie. Dans les iles oil I'esclavage subsiste encore , presque tons les raaitres s'oppo- sent ouverlement au mariage de leurs esclaves, a leur conver- sion a la religion chretienne, a rtJlablissement des ecoles pour 38 ' REVUE DES PROGRES DES PEUPLES leur apprendre a lire. Dcpuis quHaiti est libre, et que les ne- gres sont leurs piopres maitrcs, leiir ardetir pour s'instruire I'a ^mporle encore sur leur ardeur pour s'affranchir. Un quart de siecle a suffi pour transformer ceux qu'on regardait coinme un betail a figure humaine en une nation civilisee , chez laquellc des ecolcs s'ouvrent de toutes parts, ou la pensee fait des pro- gres rapides, ou chaque annee apporte dans les moeurs, en depit du climatyUne amelioration notable, ou les crimes sont rares, oii la justice est rendue avec promptitude et impartialitc, o^ I'agri- culture, I'industrie, le commerce, prospferent, oCi les richesses s'accumulent avec I'apidite , oil la population a double au milieu raeme des guerres terribles qui ont accompli et suivi I'eman- cipation. Voil^ ce que des negres ont sii faire en vingt-cinq ans , tandis qu'a I'orient de I'Europe un gouvernemcnt tout-puissant, vepoussant les lumicres de ses voisins et sa propre experience, a retenu depuis quatre siecles une moitie de ses provinces dans te servage, la barbaric et la pauvrete, parce qu'il est ennemi de loute sorte de progres, meme de ceux qui font sa force et sa richesse dans I'autre moitie de son empire. Gependant, le pas le plus gigantesque qu'ait fait I'humanite, datis les dernteres annees , c'est I'affranchissement des cinq grarides repuUiques d'Ameriqne , Colombia , Buenos- Ayres , le Chili, le Perou et le Mexique ; chacune surpasse en etendue I'espace qu'occupait , il y a trois siecles, I'ancienne civilisation; elles viennent de naitre, et deja leur puissance et leurs richesses les metteiit de pair avec les plus grands etats. Dans ces vastes regions, que, par une absurde politique, leur gouvernemcnt voulait retenir dans I'ignorance , la barbaric et la pauvrete, pour assurer leur obcissance, tout Europ^en, meme d'un pays allie de I'Espagne , qui abordait sans permis- sion , etait declare coupable dun crime capital; lout vaisseau en detresse, qui, pousse par la tempete, venait chercher un asile dans les ports , etait confisque , et son equipage plonge DANS LES VINGT-CINQ DERNIERES ANNEES. Sg Bachelier, quai des Augustiiis, 11° 55. i vol. 111-4° de 420 pages; prix i5 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 49 vers , s'accoutume a la grandeur desobjets, saisit leurs rapports, distingue les differens mouvemens et prevoit les resultats. Apres avoir lu cet ouvrage, on est snrpris d'avoir acquis tant de con- naissances en si pea de terns, et avec si peu d'effoits. La se- conde lecture, encore plus agreabie que la premiere, laisse apercevoir comment I'auteur a pu rendre la science aussi ac- cessible : I'attention n'est plus absorbee par le sujet; on com- mence a remarquer la raethode , la distribution des matiercs, la rigueur et la clarte des raisonnemens , le tact de I'ecrivain qui sait mettre chaque mot a sa place, s'arreter a propos, ne rien omettre , et ne rien dire de trop. Cependant, I'ecrivain n'est ])as encore juge; on n'a vu que I'astronomie et le savant qui I'enseigne : on peut enfin s'occuper du style, et c'est alors seu- lement que I'ouvrage entier est bien connu. On applaudit au choix de I'Academie francaise , qui , en appelant dans son sein I'auteiur de \' Exposition du systeme du monde , a declare qu'il n'avait pas moins honore les lettres que les sciences. On pense bien que le merite du style de M. De Laplace ne consiste pas dans I'emploi des artifices oratoires : il doit tout a la raison , a la jiistesse des idees et a la propriete des termes. Quant a la correction grammaticale et aux autres qualites du style qui ne tienneat point au caractere de I'ecrivain , et que le travail fait acquerir, elles sont aujourd'hui trop communes pour qu'on les remarque et que Ton en fasse mention. Depuis la derniere edition de cet ouvrage, les sciences as- tronomiques out fait des progres. Le nombre des planetes con- nues s'estaccru; des donnees numeriques ontete calculees avec pins de precision; les phenomenes dus a I'attraction molecu- laire, distincte de la gravitation universelle, sont devenus si nombreuxetd'une telle importance, que cette matiere ne peut plus etre traitee convenablement dans I'une des divisions d'un ouvrage en un seul volume : M. De Laplace a pense qu'il fal- lait en faire un traite special qui, par sa connexion avec I'expo- T. XXV. — fam'icr i8?,5. l^ A 5o SCIENCES PHYSIQUES. sition till systeiuc tin nionde, sera la suite, Ic second volumr «Ie cet ouvrage. Dans le chapitre vi du dernier livre, Considerations sur le systetne du monde et sur les progres Juturs de I'astronomie , I'auteur fait des reflexions sur les erreurs dont le genie meme n'est pas exempt. II a prouye, dans la Mecauique celeste, que les mouvemens des planetes et de leurs satellites satisfont aux conditions de stabilite qui assurent leur continuation dans tons les tcins, et fixcnt les limites de leurs variations : Newton , a qui ce fait important n'avait point ete revele, soit parce qu'il ne I'avait point clierche, soit parce que I'analyse mathematique n'etait pas encore assez avancee, pensait que Taction des corps celestes les uns sur les autrcs augmenterait sans cesse I'inega- lite des naouvemens , et que I'intervention du Createur serait necessaire pour remettre le systeme en ordre (i). Les observa- tions de M. De Laplace sur cette opinion du plus grand geo- metre que I'histoire des sciences ait presente jusqu'ici , le con- duisent i I'examen de la doctrine des causes finales : il signale la funeste influence qu'exerce sur les esprits les plus judicieux I'habitude d'expliquer les fails, en les rapportant a ces causes. « Parcourons, dit-il, I'histoire de"s progres de I'esprit humain et de ses erreurs ; nous y verrons les causes finales reculees constammeut aux bornes de ses connaissances. » Ces causes, que Newton transporte aux limites du systeme solaire, etaient, de son tems meme, placees dans I'atmosphere pour expliquer les meteores; elles ne sont done, aux yeux du philosophe, que (i) Cette opinion de Newton est d'autant plus extraordinaire , que cet homme d'un ordre superieur n'etait pas nioins religieux que grand geomfetre , qu'il a cominente I'Apocalypse , et que, par con- sequent, il croyait a la fin du raonde. L'idee d'unc action nouvelle du createur pour maintenir le systeme n'eiit pas dii s'offrlr a sa pensee. («• d. r. } SCIENCES PHYSIQUES. Tn rexpressioii de I'ignorance oii nous sonimes tlt-s vi-ritables causes (i). Leibnitz , dans sa querelle avec Newton sur I'inven- tion du calcul infinitesimal , critiqua vivement I'intervention de la Divinite pour renietlie en ordre le sysleme solaire : c'est, disait-il , avoir des idces bien etioites de la sagesse ct de la puissance de Dieu. Newton repiiqua par line critique aussi vive • — Les verites de Tan vii seraient-elles devenues fausses, ou craindrait-ou aujourd'hui de les avouer ? Craindrait-on de dire aujourd'hui qu'il ne faut point tromper et asservir les hommes ? et si ces craintes sont fondees , ceux qui cedent a leur influence donnent uu exemple affligeant pour les amis de I'humanite. ( n. d. k. ) SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Collection des Constitutions, Chartes et Lois fon- DAMENTALES DES PEBPLES DE l'EuROPE ET DES DEtJX Ameriqijes; par MM. P.- A. Dufau, J.-B. Duver- GiER et /. GuADET, avocats a la Coiir royale de Pa- ris ("i). C'est une heureuse idee , dans ce siecle oii les sciences po- litiques occnpent une place si elevee, d'avoir entrepris de reu- nir les constitutions des principaux penples des deux hemis- pheres. D'un seul coup d'oeil , le lecteur parcourt les lois fon- damentales qui regissent tant de societes diverses ; et , selon les idees que chacun s'est formees sur le veritable bonheur d'un etat, il pent choisir a son gre ou la liberte orageuse, mais forte de I'Angleterre, ou le calme protecteur de la vieille monarchic autrichienne , ou la noble et niajestueuse independance des Etats-Unis d'Amerique (2). (i) Paris, 1821-1823. Bechet, quai des Augustius , n" 67. 6 vol. in-8°. (2) II est juste de rappeler que la premiere idee de cette collec- tion n'appartient pas a MM. Dufau , D'wergier et Guadet. En 1818 , MM. Laiijuinais et Jullien avaient fait paraitre le prospectus d'un ouvrage analogue qu'ils devaient rediger, de concert avec un certain uouibre de publicistes et d'horames de lettres. D'autres occupations les detournerent de ce projet, et M. Lanjuinais lui seul publia deux volumes sur nos lois coustitutionnelles , qui font vivement regretter que son entreprise, plus vaste que celle dont nous entretenons nos Iccteurs , n'ait pas ete coutinuee. 56 SCIENCES MORALES Les aiiteius de rimportantc collection que nous annoncoiis n'ont pas seulement reuni les lois politiques qui regissent au- jourd'hui les peuplcs dc I'Europe et des deux Ameriques; ils ont encore recherche, dans I'histoire, les sources des consti- tutions modernes, et suivi le developpement des institutions qui fleurissent maintenant. On voit qu'un semblable travail fait sorlir leur collection du rang des compilations ordinaircs, et justific I'examen detaille auquel nous aliens nous livrcr. Une question premiere scmble se rattacher a toute espece d'investigation qui a lieu k I'occasion des lois fondamcn- tales des societes ; c'est celle de savoir s'il est avantagcux que ces lois soient ecri'Ces , ou s'il est sufOsant que, gravees dans le coeur de tous, elles traversent les siecles, environnees du res- pect traditionnel de ceux qui doiventy obeir, rois ou suijets, magistrats ou citoyens. Sans nous etendre beaucoup sur cette question, qui a partage tant de publicistes celebres, nous dirons que I'une et I'autre de ces qualites nous paraissent requises pour la tranquillite de I'etat. D'abord, nous ne concevons pas qu'une sociele soit bien organisee , si les regies qui la dirigent ne sont pas tracees avec une rigueur qui ne permctte point de faire plier aux ca- prices du moment les ressorls de la machine sociale , si les gou- vernemcns et les citoyens ne connaissent pas exactement leurs droits et leurs devoirs respectifs. Or, comment obtieudra-t-on de semblables resultats avec des lois non ecritcs ? dans une cite ainsi regie , il ne pent y avoir que confusion et arbitraiie. Chaque jour verra eclore des interpretations nonvelles, des modifications variees k I'infini , et pen h pcu on passera aux modes les plus divers de gouverncment. Tantot la societecom- mencera par la democratie , puis , les idces aristocraticpies domineront; enfm le pouvoir monarchique abaissera les pre- tentions qui s'elevaient des deux cotes , et nivellera les extre- mitt-s sociales, jusqu'a cc qu'iH son tour il fasse place a un autre ET POLITIQUES. 5? ordre de choses. Telle est I'inevitable destinee des ctats qui ne sont point places sous I'cmpire dc lois fixes en harmonie avec les moeiirs. Cette pretendiie constitution qui repose dans des croyances vagues n'est pas propre a assurer les effcts qui doivent resulter d'une loi politique rigoureusement ecrite. Nous trouvons dans Fenelon celte pensee exprimee avec une admirable justesse; et I'opinion de cet homme si juste- ment celebre est assurement d'un trop grand poids pour que nous ne nous empressions pas de la rappeler a nos lecteurs : « II faut uii milieu (entre Tanarchie populaire et le pouvoir absolu). Ce milieu est qu'un pcuple ait des lois ecrites, tou- jours constantes, et consacrees par foute la nation; qu'elles soient au-dessus de tout; que ceux qui gouvcrnent n'aient d'autorite que par clles; qu'ils puissent tout pour le bien en SBiivant les lois, qu'ils ne puissent rien contre ces lois pour autoriser le mal. Voila ce que les hommes, s'ils n'etaient pas aveugles et ennemis d'eux-mcmes, etabliraient unanimement pour leur felicite (ij. » On voit, par ee passage remarquable, que la theorie des constitutions ecrites n'est pas une invention de nos jours, raais qu'elle a frappe les esprits les plus justes et les meilleurs du siecle de Louis XIY. En effet, comment soutenir qu'un peuple jouit des avantages si precieux d'une loi fondamentale, si cette loi n'est pas connue de tous , si elle n'indique pas a chaonn la limite de ses droits et de ses devoirs? Aussi somnies- nous profondement convaincus qu'un gouvernemcnt ne sauralt etre regulier si la constitution politique et les lois organiques ne sont pas ecrites et mises a la portee de tous. Nous n'aurions pas besoin d'aller puiser des excmples dans des histoi res etrangeres. Quelle etait , en effet, ce qu'on veut (i) Socrate et Alcibiade. Dialogues des Moris , tome ix, p. gS dc I'edition de 1822. 58 SCIENCES MOUILES bieu appeler I'ancienne constitution ftancaisc. C'ctait, dit-on , line monarchic, noii pas absoluc, piiisqii'elle avail pour contre- poids les c'tats generaux et les parlemens. Mais ces etats ijeneraux existaient sans aucune regie ; les rois ne les convo- quaicnt que fort raroment , et on pout meme dire qii'ils dispa- rurent du nomhre dc nos institutions politiques, puisque, depiiis 1614, il n'y cut aucune autre reunion des etats que celle de 1789 qui preceda immcdiatement la chute de la monarchic. Quant aux parlemens , il faut reconnaitre que, toutes les fois qu'ilsfirent des actes politiques, ils firentdes actes arbitraires; bien entcndu que nous sommes loin de pretendre que ces actes , tout arbitraires qn'ils ctaient , ne furent pas souvent tres-utiles pour le peuple. Mais, en bonne conscience, est-ce la une cons- titution politique ? Et nous demanderons a ceux qui parlent sans cesse de I'ancienne constitution francaise , qu'ils veuillent bien nous dire si les institutions politiques ont ete les monies en France, lors de rotablissenicnt et des progres du regime feodal sous les Morovingicns , pendant I'affaiblissement nio- mentano de ce regime sous Charlemagne , a I'epoque de sa renaissance et de ses developpomcns sous les successeurs de ce prince, et enlln, lors de sa destruction , si lente , si par- tielle sous la dynastie Capetionne. A.insidonc, il est inexact doregarder la France comnieayani ete gouvcrnee uniformoment pendant quatorze siecles; car au cun etat, peut-etre, n'a subi autant de variations et de revo- lutions politiques. Dieu nous garde surtout de ces legisiateurs antiquairos qui seraient tentes de nous rendre nos vieillos insti- tutions nationales, apres les avoir cherchees h la loupe parmi taut de debris et de mines. Revenant maintenant a la question des constitutions ocrites , que nous n'hesitons pas a regarder comme indisponsables , nous dirons cependant que nous ne pouvons nous dissimulci qu'il y aurait une sortc de folio a prendre ime vioille societe et ET POLITIQUES. Sg a lui imposcr ime constitution qui ne sc rattacherait en rien aux ancicns souvenirs ct anx moeurs jjopulaircs. Cc qui serait bon pour un t-tat nouveau , co qui serait propre a constituer convcnablcnient des hommcs qui ne se trouveraient sous I'em- pire d'aucune espece de prejuges , pout amener des revolutions sans nombre chez un pouple qu'il s'agit de retrempcr, mais non pas de renouveler. Telle est la grande difficulte qui s'offre aux legislateurs appeles a rcconstitucr d'antiques societes , heureux lorsqu'ils ont pu parvenir « a lier tous les souvenirs a toutes les esperances en reunissant les tcms anciens et les terns nio- dernes! (i).» Le premier volume de la collection de MM. Dufau , Du- vergieret Giiadet contientles constitutions dc France et d'An- glctcrre, c'est-a-dirc les lois politiques des deux etats qui, par leur j)reponderancc diplomatique, I'industrie etles connaissances de lours habitans, ont constamment attire sur eux les regards des autres peuples. Dans une premiere partie, les auteurs ont donne un precis de I'histoire du gouvernement do la France, depuis I'originc de la monarchic jusqu'en 1789. Ce precis offre un ensemble dc ce qu'on appelle Vuncienne constitution Jrancaise, D'apres les idees que nous venous d'expriuier, il serait inu- tile de revenir siu' I'ancicnne constitution francaise envisageo theoriquemcnt. Ce n'cst pas que nous pretendions qu'il y ciit anarchic complete dans Vancien gouvernement fraiicais. D'an- tiques traditions s'etaient perpetuees et etaiont souvent de- venues plus fortes que les tentativcs du pouvoir. Cos garan- ties peuvent se reduire a deux bases principales : 1" Ic droit que la nation avail de s'imposer elle-meme ; 2° la necessite de renregistrement des lois. Sans doute, si ces droits fusseut toujours rostes intacts, ils f\) Premnbiile de la Chaktu coksi itutioniv ti.i.K. 6o SCIENCES MORALES auraient siifli jusqu'i un certain point pour assurer la liberie publique. Mais on sait assez que,s'ils existaient theoriqucitient, ils fluent maintes fois violes par I'autorite sonveraine. IVoiis devons croire que ce soiit ccs deux bases constitutives de I'an- cicnnc monarchic francaise qui ont fait dire a Machiavel : Tra i regni bene ordinali e governnli a ' nostri tempi , e quello di Francia. « Parmi les etats bien constitues et bien gouvernes de notre terns, la France est le premier. » ( Le Prince , chap. ig. ) Qtioi qu'il en soit, les rccherches historiques qui ouvFcnt lo premier volume sur la constitution non ecrite de la France avant 1789, sont fort curieuses , ct peuvcnt donner une idee juste de I'existence politique de notre ancienne monarchic. Cependant, plusieurs parties importantes du droit public francais anterieur a la revolution ont peut-etre etc traitees trop legerement par les autenrs. Telle nous parait etre celle qui concerne la pairie , institution qui a subi des modifications si importantes, qu'on a coutunie de la partagcr en quatre eres distinctes ; cc qui n'cst nullcmciit indiqiie dans i'ouvi'age dont nous nous uccupons. Les auteius auraient pu puiser d'utiles renseigncmens dans les savantes rccherches de MM. Brial ct Henrion de Pansey (i). Nous trouvons emuile les texles de toutes les constitutions qui ont rcgi la France, depuis celle de 179 1 jusqu'it la Charto constitutionnelle de 1814. Le precis de I'histoire du gouvernement anglais etait peut- etre plus facile a faire que celui de notre histoire constitution- nelle, si nous osons nous exprimer ainsi. Les autejirs out fait ressortir avec beaucoup de netlete ct de precision les rouages (i) Recbrrclies sur I'oi igiiie de la pairie en France, dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France , par M. Brial, t. XVII (p. XIV a XXXVIII ). i8i8. — Des Pairs dc France; par M. le presi- dent H. de P. lu-S". i8if;. ET POLITIQUES. 6r nombrcux qui servent a mettre en mouvement cette belle or- ganisation politique, lis ont renionte dans la nuit des ages, et nous montrent I'Angleterre, d'abord sous la domination saxonne; puis, sous la puissance normande, possedant deja les traces de I'institution du jury, et meme celle des assemblees publiques et des magistraliues municipales. lis nous condui- sent ainsi jusqu'a I'etablissement dc la grande cliarte en 121 5, dont ils donnent la traduction, ainsi que celle des statuts de la 52*^ annee du regne d'Edouard III (18 novenibre 1269) et de la aS^ annee du regne d'Elisabeth ( 10 octobre 1297 ) , con- firmatifs de la grande charte et de la charte des forets. Vien- nent ensuite le statut de tcUaglo non concedeudo, la pelition des droits accordes par Charles 1'^'', I'acte A^ habeas corptis, le bill des droits, acte qui declare les droits et les liberies des sujets, et qui fixe la succession a la couronne, le bill des droits du 10 fevrier 1701 , ayant pour but d'assurer la succession de la couronne d'Augleterre, et de mieux garantir la liberie des sujets , Yacte d'union des parlemens d'Ecosse et d' Angle- terre , ]es statuts relatifs a I'union, V acte d'union des parle- leinens de la Grande- Dretagne et d'Irlande. Les auteurs ont egalement recueilli divers statuts relatifs aux elections, aux jiots (ij et an jury. Ce sont toutes ces diverses dispositions qui forment I'en- semble de la constitution d'Augleterre, constitution sur laquelle on a tant ecrit et publie des opinions si diverses. Le lecteur aura le grand avantage de trouver reunis maintenant les testes qui en forment les prinoipaux elemens, et il lui sera facile de completer ses etudes par la lecture des ouvrages de Delolme, de Custance et de Russell. Le droit public et politique de la confederation germanique (i) Sous ce nom, on desigiie le slatut de la t3^ annee du regnf fi'Henri IV, relati£aux emeutes et attroupemens seditieux. A 6i SCIENCES MORA.LES occupe la moitie du second volume. On y troiivera, siiivant la metliodc des auteurs, un precis de I'liistoirc du droit pu- blic gcrmanique, ct eiisuite Ics divers traites ct autres actes relatifs, d'abord an lien federal qui unit entre eux les differens etats de rAllemagne, ct ensuite les lois politiques speciales qui regissent chaqnc etat separemcnt. Souvent les auteurs n'ont eu que fort peu de renseignemens, et Ton ne pcut prendre dans leurs collections qu'une idee tres-imparfaite de la constitution de plusieurs pays del'Allemagne, tels que I'Au- trichc. Le lecteur qui voudra se tenir au courant des lois politi(]ues actucllemcnt en vigueur devra rechercher dans le Moniieiir la nouvelle constitution donnee recemment par le roi de Prusse a ses sujets; car clle a paru posterieurenient a la publication de I'ouvrage dont nous rendons compte. Nous renvoyons, pour de plus amples details, sur le droit public de VAllemagne, a I'analyse que nous avons faite, dans ce recueil , de I'ouvrage de M. de Schwarzkopf. ( Foyez t. xvii, page a56. ) Le second volume est termine par les constitutions de la Suisse. Ces constitutions se trouventprecedees de I'acte de me- diation de la France, du 19 fevrier iSo3, et des articles qui concernent la confederation Suisse dans les actes et conven- tions des puissances, conclus en 18 1 4 et i8i5. Puis, viennent les textes memes de I'acte federal du 7 aout 181 5 et des constitu- tions de chacun des vingt-deux cantons. Les editeurs out du eprouver beaucoup moins de peine pour la reunion de ces constitutions que pour celle de plusieurs autres etats , puis- qu'il en existe xm recueil officiel en 2 vol. in-8°, imprime dans les deux langues allemande et frangaise. Ces constitutions preseutent des republiques dont les unes sont aristocraliques , et les autres deniocratiques, sans toute- fois que Ton puisse entendre ce mot dans toute sa ri;;neur. ET POLITIQUES. 63 Dans les premieres , le gouvernemcnt se trouvc place entre les mains de quelques grandes et puissantes families, qui exercent nne influence tres-considerable sur toutes les affaires publiques. Dans les republiques democratiques, telles que les petits can- tons, la participation du peuple a la souverainete estbeaucoup plus considerable, quoique tous les habitans n'y aient pas droit. II est ^ remarquer que, raeme dans les cantons democratiques, quelques families ont aussi exerce ime sorte de patriciat qui est essentiellement contraire a la nature*de la democratie. C'est ainsi que , chez les Grisons , la famille des Salis s'est acquis une preponderance extraordinaire dans le maniement des affaires. Quoi qu'il en soit de I'idee que Ton puisse se former de la liberie reelle existante en Suisse, ce n'en est pas moins un noble et touchant spectacle que ces montagnards probes et valeui'eux traversanl tant de siecles avec un gouvernemcnt qui protegeait leurs personnes et leur industrie , sachant faire respecter leur independance et soumis a des lois auxquelles cux-memes avaient participe. Les tomes iii et iv de la collection de MM. Dufau , Duvergier et Guadet contiennent les constitutions des Pays - Bas, du Danemarck , de la Suede , de la Norvege , de la Russie , des villes Anseatiques, de laPologne, de la Hongrie, du royaume Lombard-Venitien , du I'oyaume de Sardaigne, de Lucques, des Etats de I'Eglise, du royaume de Naples et des lies loniennes. Cette simple nomenclature suffit pour prouver quel haut degre d'interet doit avoir cette reunion des lois fondamentales etdes usages politiques de tant de peuples divers. Sansdoute, le lecteur n'attend pas de nous que nous entrions dans des details sur ces differens gouvernemens. Nous voulons seu- lement lui indiquer la source ou il devra recourir lui-meme lorsqu'il voudra faire une etude scrieuse des lois politiciues 64 SCIENCES MORALES qui regissont les difforciites nations que nous vcnons de rap- peler. LeV^ volume nous offre les fameuses constitutions ilescortes d'Espagne et tie Portugal. Qnelques niois se sont ecoulcs, et ces constitutions n'existont plus. Peisonne n'ignore les causes qui en out anieac la luiue; niais si clles ne sont plus main- tenant des lois vivantcs, elles seront toujours assez celebres, sous le rapport liistorique, pour qu'on ait a se feliciter de pouvoir en trouver le lexte dans ce recueil. La seconde moitie du V^ volmne nous transporte dans un autre hemisphere. Ce ne sont plus les lois de nos vieillcs na- tion-; europecnnes que nous avons sous les yeux, mais celles dc peuples nouveau - nes et ddjk pleins de la vigueur et de I'energie qui caractiirisent la jeunessc. Arretons-nous d'abord a la constitution de la repnblique d'Haili. Dans ce moment surtout, il pent etre interessant de faire connaitre au public la loi politique qui a remplace le Code noir. La constitution d'Haiti a a45 articles, divises en XIII titres. Le titre I traite des dispositions generates , et le j)remier arti- cle est ainsi concu. « II ne peut exister d'esclaves sur le terri- toire de la repTiblique ; Tesclavage y est a jamais aboli. « Vient ensuite une espece de declaration des droits. Le titre II traite du territoire ; et le titre III, de Xetat politique des citojens. L'un des articles les plus remarquables de ce dernier titre est celui qui porte qu'aucun Haitien nc pourra commencer sa car- riere niilitaire qu'cn qualite dc simple soldat. Le titre IV est intitule : De la religion et des mceurs. La religion catholique est proclamee religion de I'etat ; mais I'exercice de tons les autres cultes est permis. Le titre V traite du pouvoir legislatif. Dans la repnblique d'Haiti, le pouvoir legislatif reside dans nine chambre des represcntans des communes et dans un senat. La cliambredes communes est quinquennale j elle se compose ET POLITIQUES. fi5 tie Iruis membres pour la capitale de la republiqiie, do deux pour le chef-lieu de chaque departement, et d'un membie pour chacune des communes. La loi est presentee par le pouvoir executif, discutee et adoptee par la chambre des communes et decretee par le senat. Pour etre mcmbre de la chambre des representans des communes, ii faut etre proprietaire et ai^e de vingt-cinq ans au moins. Chaque representant a un suppleant. II ne parait pas qu'il y ait d'autre condition pour elre electeur que d'etre citoyen et d'avoir atteint I'agede la majorite. Le senat d'Haiti est compose de vingt-quatre membres nommes par la chambre des communes pour neuf ans. II suffit d'avoir trente ans pour etre senateur. Les seances du senat, commecelles de la chambre des communes, sont publiques. Le titre VI traite t/e la Pro/nulffation des Lois, et le litre VII, du pouvoir executif. Le pouvoir executif est delegue a un magistral qui prend le titre de president d'Haiti, et qui est nomme a vie. Pour etre president, il faut avoir trente-cinq ans : tout citoyen de la republique est eligible a cette haute ma£[is- trature. Le titre VIII est relatif au^OMWiV/Mf/iCiWre, qui se compose d'un grand juge,et de juges quisont, je pense, a la nomination du president. Du reste, les principessur Tordre judiciaire sont les memes que ceux que nous avons adoptes depnis trente ans, c'est-a-dire que les seances des tribunaux sont publiques, que les juges deliberent en secret, que les jugemens sontrendus a haute voix ef motives. Il y a un tribunal de cassation qui nc connait pas du fond du proces, mais qui est utabli pour la juste application de la loi , et pour reprimer les exces de pouvoir des autres tribunaux. Les litres IX et X,traitent de la force annt'e, de tagricultuue et du commerce ; le litre XI , du secretaire d'etat ou principal ministre , responsable ainsi que le grand juge. Le titre XII est consacre k la revision de la Constitution. L'article 227 est ainsi T. XXV. — Janvier i825. 5 66 .SCIENCES MORALES con^u : '< Ltirsque , dans un espacc de neuf ans,a trois epoques eloignees I'une de Taiitrc dc trois annees au moins, le senat aura dcmande la revision deqiielques articles de la constitution, iine assemblee de revision sera alors con voqiiee.» Cette assemblee est nommeepar des electeurs choisis eiix-nicmes par les assemblees paroissiales qui nomment chacune un electeur. Ainsi composee, rassembleede revision delibere; et , si elle jujje qu'il y ait lieu a changer ou a modifier un ou plusieurs articles de la constitution, elleopere cette reforme, et I'adresse immediatement au senat. Le Xlir, et dernier titre traite de la mise en activite de la cons- titution. Tel est le prodij;ieux changement qui s'est opere dans I'etat moral et politique d'un peuple naguere encore courbe sous le joug de I'esclavage. N-e pouvons-nous pas dire mainte- nant avec Montesquieu , dans son admirable chapitre sur I'es- clwagedes negres : « II est impossible que nous supposions que ces gens-U soient des hommes, parce que, si nous les sup- posious des hommes, on commencerait l\ croire que nous ne sommes pas nous-mcmes chretiens. » Les editeurs out place, apres la constitution de la republique d'Ha'iti, celles des Etats-Unis de I'Amerique scptentrionale , qui sont trop connues pour que nous en entretenions de nouveau nos lecteurs. Cette partie comprond aussile rt-glement du senat des Etats-Unis et les regies de la chanibre des representans. L'ouvrage est termine par la constitution des provinces unies de I'Amerique du Sud, et par les constitutions de Venezuela et de Colombia. Dans ces contrees, la lutte de I'independance n'est pas encore finic; les partis sont en presence; mais ceux qui combatteiit pour la liberte , le premier des biens , ont des exemples memorables ii suivre. lis se souvicnnent sans doute du courage et de la longanimite qu'ont eu a deployer les Ame- ricains du Nord , et ils peuvcnt apprecier I'etat prospere et iflorissant ou ils se trouvent aujourd'hui. ET POLITIQUES. 67 Tv'ous ne tenninerons pas cette revue des lois fondamentales qui regissent les deux mondes, sans emettre I'espoir que les editeurs laborieux dont nous ne saurions trop louer le travail , auront a publierbientotun supplement contenant la constitution de la Grece regeneree. L'univers entier a les yeux sur ce peuple qui so reveille apres un sommeil de tant de siecles. Faisons des voeux pour quel'epee de Miltiade, de Leonidas et de Themis- tocle ne soil pas seule retrouvee par les Grecs d'aujourd'hui , et prions le ciel qu'il inspire encore a leurs legislateurs cet esprit de sagesse qui les fera marcher sur les traces de Lycurgue et de Solon. A. Taillandier. Des maisons centrales de detention ; par M. Marquet- Vasselot, directeur de la maison centrale de detention d'Ej-sses (i); Tableau de l'interieidr des prisons, ou Etudes sur la situation et les souffrances morales et physiques de toutes les classes de prisonniers ou deterius- par J.-F.-J . GiNOtlVIER (2). Ces deux ouvrages ne se suppleent pas Tun I'autre : quoiqu'ils soient ecrits dans le memebut, pour I'amelioration des prisons , ils out un objet different. Le premier ne s'applique qu'aux maisons centrales de detention qui renferment tons les prison- niers condamnes pour plus d'un an, et dans lesquelles on a etabli des ateliers. (i)Agen, iSaS ; imprimerie de Quillot : Paris; Masson et fils. I vol. in-8. de aSy pages; prix 4fr. (2) Paris, 1824; Baudoin, freres. t vol. iri-8 , 32o pag. ; prix 4 fr. 5o cent. 68 .SCIENCES MORALES Lc second s'occupc priiicipalciupnt dos in.iisons de justice, des prisons dc di'-pai tcmcnt , et dc tout ce qui concemc les prevcnus, les debiteurs ct Ics pcisonnes dctcnnes pour moins d'un an. M. Vasselot, directour dcpuis six ans d'luie niaison con- Irale, merite unc confiance particuliere, puisqu'il nous donne Ics resultats de son experience; et on doit lui savoir d'autant phis de gre de cet ecrit , que le seul desir dii bien public peut lui donner lc courage de rclever les defauts de ces etablisse- mens, et de comliattrc (|uelquefois des interots parliculiers. II commence par de justes eloges, fondcs sur I'etat compa- ratifdes prisons actuelles et ancicnnes. Les prisonniers, dans les maisons centrales , ne sout plus confondus les uns avec les autres;il y a des classifications selon la nature des dclits, la' nourriture est salubre, les vetemens sont ■varies selon les sai- sons; I'instruction religieuse est soignee; le travail est en memo tems pour les prisonniers un moyen de soulagement, d'instruc- tion et de profit : en un mot, les elemens sont bons ; niais il y a loin de I'ttat actuel a la perfection qu'on peut attcindre,et I'autcur presente ses idees de refornie sur les sept points sui- vans : V hygiene , la religion, la morale, le travail^ \es peines, les recompenses et ['administration. II n'en est aucun sur le- quel on ne trouve des observations interessantes et judicieuses. Le premier objet est le local. L'administration ne peut etre bonne, si le local meme ne facilite pas I'inspcction et la sepa- ration en classes. Nous ne discuterons pas avec I'auteur le me- rite et les inconvcnicns du panoptique dc M. Bentham. S'il ne condamne que les six etages, quoi de plus aise que de les re- duire a trois ? Mais lc plan qu'il propose lui-mcmc, combien d'objections ne presente- il pas au premier coup d'oeil! La gran- deur dc I'cnceinte est un vice majeur ; et, pour ne parlor que dun seul objet, est-il bien raisonnablede placer la chapelle au centre et de releguer les surveillans .^ unc cxtrtinite, c'cst-a- ET POLITIQUES. 69 diic an posle le moins favorable a riuspecliou ct a la culeritc de leiirs mouvemens ? Les observations ( p. 38 ) sur le defaut de graduation dans lechelle des delits et des peiues, sont sans replique. Tout le Code penal roule sur une distinction des delits et des crimes , qui n'est pa-s fondee sur la nature des actes , niais sur celle de la peine. Dans un systenre naturel, chaque acte defendu par la loi est susceptible d'aggravations et d'attenuations; elles doivent etretoutes specifiees, et ehacune doit entrainer une augmenta- tion ou une diminution de peine. C'est la le plan qui a ete trace par M. Bentham (1); mais cette discussion nous ecarterait trop de notre sujet. L'auteur , qui n'est point porte a exagerer, ni a se laisser en- trainer par de fausses notions de philanthropic , reconnaxt que la nourriture des prisonniers doit etre la plus simple et la moins couteuse, et qu'il serait absurde de leur donner des alimeris que I'innocent ouvrier, dans un etat de liberte, ne pent se procurer par son travail; mais il observe avec raison qu'ils ont besoin d'une nourriture plus forte que des hommeslibres, parce qu'etant prives de beaucoup de stimulans moraux, ils sont tres-sujets a I'atonie : et peut-on ne pas convenir avec lui qu'une quantite fixe pour des appetits inegaux est une mauvaise me- sure ! Ne devrait-on pas laisser a discretion un certain aliment, tel que la pomme de terre ou quelque autre legume farineux , quaud la pomme de terre viendrait a manquer ? L'auteur fait une tres-bonne observation sur I'instruction morale et religieuse : il veut qu'on la donne d'une maniere im- posante et solennelle. Ceux qui pretendent captiver I'attention des prisonniers par depetitsouvragesfaits pour eux, descontes, des historiettcs, des dialogues familiers, se trompent tout-a-fait sur Torganisme moral des hommes de cette trempe. On ne peut (i) Vovez Trailes de legislation , xi. 11 , p. 94- 70 SCIENCES MORALES se faire ecouter qu'en menageant leur amour-propre, en les traiteMt conime des etres raisonnables, en leur parlant avec force, en paraissant croire qu'ils n'ont et^ cntraines au crime que par des circonstances malheureuses. Leur debiter des contes d'enfans, ce serait s'exposer a leur mepris. lis ecoute- ront avec interct des lecons graves sur la religion, sur les lois penales ; car on a observe que tout ce qui concerne la loi les interesse, et la plupart d'entre cux n'en ont aucune idee, quoi- que les veterans aient souvent etudie le Code penal avec I'in- tention de savoir jusqu'ou Ton peut aller pour eviter tel ou tel degre de peine. Eh bien! si on ne peut pas les rendre bons , c'est quelque chose que de leur enseigner I'economie du crime. Pour tons ceux qui sent dans I'iige d'appi'endre a lire, k ecrire, a calculer , etc., I'auteur pense qu'il faut proceder par I'ensei- gnement mutuel; son effet indirect est de les relever a leurs propres yeux. Entre autres observations interessantes sur le travail , il eu est une qui nierite une attention particu'liere. C'est son effet se- datif, si Ton peut parler ain&i, son effet pour calmer les pas- sions des prisonniers. L' esprit de revolte fermente dans I'oi- sivete. L'auteur raconte comment il a deux fois couru des risques tres-graves dans les soulevemens des prisonniers, pendant qu'ils etaient oisifs : il ne les abordait qu'avec crainte : depuis qu'ils ont ete occupes, il a joui d'une securite entiere; il s'est forme comme un parti qui s'est toujoursmontre dispose a le soutenir, quand son autorite etait contestee ; et pourvu qu'on soit juste avec eux , et qu'on ne blessc pas leur orgueil ( car I'orgneil ne s'eteint pas dans une prison; il y est au contraire tres-inflam- mable ) on peut leur accorder un haut degre de confiance : mais, pour les vaincre, dit-il, il faut les aimer plus que les craindre. Une ordonnance I'oyale de 1818 , qui prescrivait de signaler ;^ la clemence du roi ceux des prisonniers qui seraient dignes de ET POLITIQUES. 71 grace, ne produisit d'abord parmi eux qn'un etat de doute; mais, quand on en vit le premier accomplissement , il en ro- sulta de tres-bons effets , les bons devinrent meilleurs, les per- vers moins audacieux, etles plus indolens se montrerent moins abattiis et moins moroses. Mais , dit-il , ces effets furent en ge- neral passagers : les apparences furent souvent trompeuses : on eut la douleur de voir que des prisonniers ainsi relaches , n'avaient pas tardc a se faire enfermer pour de nouvelles of- fenses. On voit meme dans la prison, qu'apres un certain tenis de soumission parfaite, les detenus les mieux notes se laissent vaincre par leur impatience et deviennent plus turbulens que par le passe. Tout merite ici d'etre considere soigneujeinent. Si le pre- mier boa effet de la mesure royale fut tout en bien, pourquoi n'a-t-il pas ete durable ?]N'e serait-ce point parce que la pro- messe de grace a paru dependre de la faveur, parce qu'elle a paru incertaine et arbitraire, parce qu'elle n'a rien de fixe pour I'epoque et qu'elle n'elait point le resultat d'un examen regulier ? Un prisonnier qui espere, par une apparence de bonne conduite , seconcilier I'approbation de ses superieurs et se voir recommaude a la clemence du roi, s'il est trompe dans son attente, dans les illusions qui naissent si naturellement de res|)erance , il passe d'uu exces a un autre , il se croit I'objel dune prevention ou d'une defaveur arbitraire, il se laissera vaincre, comme dit M. Vasselot, par son impatience et sera pins ingouvernable , quand iln'aura plus d'espoir. En legislation, la ligne qui separe le bien du mal est quelque- fois tres-difficile a saisir. Offrir une recompense a la bonne conduite des prisonniers , est un nioyen dont I'utilite n'a pas besoin d'etre prouvee, mais il faut en ecarter les idees de fa- veur; il faut soumettre cette remuneration a des regies fixes et certaines, il faut parvenir a lui donner un caractere legal. Voila ce qu'on a fait dans un canton Suisse ou Ton vient d'eta- 72 SCIENCE}) MORALES blir line prison penitentiaire. Attendons les resultats de ceftc belle experience. Nous avons fvu avcc re^'iet , dans C(;t estimable ouvrage , des declamations fortinutiles centre les athees, centre les plii- losophcs, centre les carbonari, etc.; et quand I'auteur nous dit '< que, tout reyaliste et tout chretien qu'il est, il a lu les Puffendorf, les Helvetius, les Voltaire, les Jean - Jacques , Bentham , Buffon et Montesquieu » a quoi pense-til ? Est-ce la an acte de courage ? Ce serait un etrange royaliste et un etrange chretien que celui qui craindrait de s'eclairer avec les publi- cistes les plus celebres. Jj'impression generale qui resulte de cet ecrit est favorable au moral du plus grand nonibre des prisonniers. On aime a entendre un directeur de prison tenioigner en favour de cette classe d'honuncs qui out eu si souvent a luttercontre I'indi- gence, I'ignorance et le malheur. « II y en a pen , dit-il, dent on doive desesperer : les prisons memes offrcnt souvent des traits de verlu, d'honuenr et de generosite : le sentiment du juste et de rinjusle, qu'on n'etouffe jamais dans le coeur hu- main , s'y reproduit en mille occasions. Chez la plupart , la conscience a ete surprise plutot que detruite ; niais il faut se garderd'un melange impur; il en est des maux moraux comme des maladies physiques : les convalescens out besoin d'un re- gime salutaire, et dans I'un et I'autre cas,les rechutes sent presque loujours mortclles. » L'auteur part de la pour demander retablissement d'nne maison d'epreuve, ime maison intermediaire, de maniere que le prisonnier ne soit lendu a la liberte que par dcgre. Passons a M. Ginouvier. Son livre est bien tel que le titre I'annonce, vm tableau interiour des prisons; vivement penetre des souffrances dont il a etc temoin, il les deciit avec I'elo- quence du sentiment; il ne vent pas oter aux prisons lenr ca- ractere penal, il no veut que supprimcr les peines abusives qui ET POLITIQUES. 7^ n'entrcnt pas dans I'intention de la loi et sont dcs maiix a pure pertp. Le plan de I'ouvrage est heurcux, et conduit les lecteurs, avec un interet tonjours croissant , depuis le moment de I'incar- ceration jiisqu'a celni oil le prisonnier subit son jugemcnt et se trouve libere par un acquittement , ou par le terme legal de sa detention. Tontes Ics questions relatives a remprisonnement se rangcnt dans ce cadre, selon I'ordre naturel, et saisissent I'at- tention plus fortement parce qu'elles s'incorporent, pour ainsi dire, avec I'histoire des prisonniers. li y a pen de personnes qui sachent voir les faits dans Ics abstractions ; mais , (]uand on excite Icur sympathie pour des etres individuels, apres les avoir emus, on les conduit aisement k penser, et c'est ainsi que la sensibilite devient un des organes de I'intelligence. M. Ginou- ■yier se plai'ti\ reconnaitre tout ce que fait radniinistration pour ameliorer I'elat des prisons. I. es bons principes sont poses, I'at- tenlion publiqne est excitee, et c'est travailler dans le sens dii gouvcrnement que de reveler des abiis et de signaler des re- form es. L'ouvrage est divise en douze chapitrcs : i. de I'incarcera- tion : II. des prisons; in. des gardiens et concierges; iv. de la police de surete, du secret et des espions; v. de la police de bienveillance ; vi. suite; vii. des mceursdes prisonniers; viii.de de la morale et de la religion; ix. du depart des prisonniers pour le tribunal , des menottes et du retour en prison , apres la condamnation; x. de la justice et des lois criminelles ; xi. de I'execution des jugemens criminels ; xir. de I'acquittement et de la sortie. Voilaune table qui annonce des sujetsbien importans, et, si nous pouvions nous livrer au plaisir de citer, nous n'au- rions que I'embiirras du choix. Dans le chapitre ni, I'auteur ex[)ose tres-bien tous les in- conveniens resultant des fournitures /aites aux prisonniers par les geoliers et les f^uichetiers. Leurs concussions habituelles sont suffisamment exprimees par cette phrase proverbiale dans les 74 SCIENCES MORALES prisons. « Ici une piece dc cinq francs ne vaut que cinquante sous. « Si on ne parvienta neutialiser cetinteret seducteur, il est impossible d'introduire dans les prisons un principe de re- generation et d'economie. L'inteinperance etl'indiscipline sont favorisees par ceux inemes qui sont preposes pour les preve- nir ; et il faut souffrir ces exactions sans seplaindre : qui oserait en effet indisposer contre sol des superieurs qui peuvent appe- santir le joug et se venger de mille manieres ? Mettcz a leur place des pourvoyeurs sans autorite, choisis par le maire , sur- veilles par le geolier lui-meme : des qu'il ne sera plus fournis- seur, il deviendra protecteur ; il empcchcra que ses prisonniers ne soient leses, et il sera le premier a leur conseiller I'econo- mie, quand il n'aura plus a gagner par leur prodigalite. Chapitre iv. Sur la mise au secret, nous irions plus loin que I'auteur : nous ne saurions approuver qu'on en fasse un moyen de lassitude et de malaise moral pour disposer le prisonnier a recouvrer un certain degre de liberie par des aveux. II n'a pas fait ime reflexion que le siijet devait amener; c'est que la pro- longation du secret, au del.'i du plus strict necessaire, pent nuire essentiellenient a I'accuse , en laissant a ses ennemis le moyen de detruire ses preuves justificatives. ( Voyez Traite des preuves judiciaires , par J. Bentham, t. i, p. 245, Du secret. ) Sur les espions. fitait-il besoin d'eloquence pour exciter I'indignation contre ces hommes infames ? L'auteur va mieux a son but en prouvant que , pour le cours ordinaire de la justice , ils sont inutiles, parce qu'on les signale bientot dans les pri- sons; et dangereux en qualite de temoins , parce qu'ils sont dis- poses a denaturer les fails pour obtenir le prix de leurs calom- nies. La justice se blesse elle-meme , en employant des armes de cetle nature. Chapilres v et vi. Tout ce qui est dil sur la police de bien- veillance, c'est-a-dire sur ces institutions qui onl pourobjetle soulagement des prisonniers, fait houueur a I'humanite dela ET POLITIQUES. 76 nation ; mais le gouvernement doit-il s'en rapporter a des se- cours gratuits, necessairement inegaux et precaires. Puisque I'etat ote aux prisonniers les moyens de pourvoir a leurs be- soins, il faut qu'il y ponrvoie lui-meme , et, quand il aura renipli ses devoirs envers eux, il restera peu de chose k faire pour la charite privee. Chapitre vii. Des maeurs des prisonniers. Ce chap'\tre est du plus haut interet. L'auteur abien etudie ces hommes qui, sous une denomination commune , representent des classes si diffe- rentes et des caracl^res si opposes. Oui , c'estbien I'interieur d'une prison; \k se reunissent des etres depraves, iinis entre eux par le lien du crime, intrepides dans I'opprobre , et portant dans leurs regards I'abjection de leur ame : la sont des hommes coupables, mais non pervertis, condamnes pour des fautes qui n'entrainent aucun deshonneur , et souvent nicme bien legeres ; vous y voyez des prisonniers pour dettes et des prevenus qui , coupables ou innocens, vivent dans un etat d'anxiete difficile a rend re. Que de passions en mouvement ! Combien de curiosite et de mefiance ! on s!etudie, on cherche a se penetrer ! il se forme des dema reations naturelles ; les uns cherchent a s'abrutir, les autres i s'entraider et se consoler : il y a beaucoup de sym- pathie et de commiseration, la joie eclate quand ceux qu'ils ont estimes innocens sont absous , on s'afflige si une condamnation parait trop severe. On observe beaucoup de politesse entre les detenus d'une certaine classe , et ils se complaisent dans les moindres procedes qui les relevent de leur humiliation. Enfin , les effets moraux de cctte situation nouvelle ou I'homme est place dans une prison sont tres-bien observes et bien rendus par l'auteur , et il sait tour a tour manier le pinceau de Rem- brandt et en adoucir les teintes pour exprimer diverses nuances de moralite. Chapitre i\. Le jour du jugoment approchc. Les agitations d'uno I'amille , le devouement des amis, la scene de la prison , 76 SCIENCES MORALES tout ce qui accoiiipai^iu; le depart, les voeux dcs aiitrcs dolenus, tout cela est peiut avec autant de chaleur que dc verite : mais , pour un moment, il faut entendre I'auteur lui-meme. P. 192. « La (louleur exalli' la sensibilite. Plus Ic prisontiicr est malheu- reux, plus il est dispose a la gi-atitudc : le nioindre service ex- cite en lui un lendre retour... Et, s'il surprend una larme ver- see par I'amitie , son coeur se brisc, et de ses yeux coulent les pleurs de la reconnaissance. » « Mais heureux le prisonnier a qui une femme s'interesse ! II n'est rien qu'elle ne fasse pour adoucir sa destinee. Elleestallee le visiter dans le sejour du nialheur, elle I'a vu a travers de honteuses grilles, dans une situation jienible et liumiliee, en- toure de nialheureux detenus : son eoeur trop sensible s'est de- chire, des larmes de douleur et de compassion ont inonde son visage , Tinteret qu'elle lui poitait s'est accru , il a pris un nou- vel essor. Animee du plus beau devouement, elle court solli- citer en faveur du nialheureux prisonnier. Rien ne I'arrete , rien ne la rebiite. Si on la repousse , elle importune; si on racciieille, elle attendrit; et toujonrs elle vous qnitte empor- tant un avantage on du moins une promesse. Chaque fois que ses esperances se raniment, elle vient en flatter la douleur de son protege ; et ses douces consolations, le charme de son de- vouement , I'expression de sa tendresse , ses accens, le son de sa voix, tout ce qui vient d'clle enfin , est pour le captifune occasion d'attendrissement et de bonhenr. Mere , epouse, fille, amante ou amie, elle a dc tcndres sentimens pour tons ces litres , avec un zele infatigable. >■ L'heure du depart est arrivee... Le tribunal esteloigne dela prison, on va y conduire le prevenu avec ignominie : les gen- darmes lui ordonnent de joindre les mains: on garrotte, on serre ses poignets. C'est dans cet etat fletrissant qu'il va traverser une ville entierc, et cet homme que Ton convre de liontc, n'esl que prevenu ! il peut etre iunoeeni, la justice pent tantot le ren- ET POLITIQUES. 77 voyer absous !.. L'anteur n'est-il pas fondc a se plaindre de cette mesure comme revoltante pour riiumanite et digne des tems de barbaric ? Ne doit-on pas la proscrire pour les departe- mens, comme on I'a fait pour la capitale ? « Ici, les prisonniers sont transferes dans des cariolcs couvertcs et fermees de tons cotes. Quelques gendarmes les escorteut, et dans leur iuterieur se place un garde pour surveiller les detenus et prevenir toiite tentative d'evasion. Depuis long- tems , on aurait du accorder le bienfait de cette mesure a toiite la France et mettre fin a ces scenes dechirantes qui se voient encore a la porte de toutes les prisons. » Chapitre x. Dans la phipart de ses observations sur Injustice et les lois criminellex , I'auteur trouvera pen decontradicteurs; mais , ici , les reformes ne sont pas faciles , et il ne suffit pas de montrer les maux pour y faire appliquer les remedes. II se plaint, par exemple, que beaucoup d'hommesmediocres soient places sur le banc des juges et enveloppent leur incapacite de la robe du magistrat. — II en sera toujours de meme dans un tribunal nombreux. La nullite s'y cache , et il n'y a de respon- sabilite pour personne. Ce malnepeut se prevenir que par una organisation judiciaire bien differente de celle qui a prevalu en France par la force des anciennes habitudes et par le besoin de multiplier les emplois ; ayez un juge unique dans chaque tribunal, et vous aurez necessairement un homme habile ct un homme integre; il est trop en vue pour se soutenir, s'il n'a toutes leseminentes qualites que son poste exige. L'auteur n'ajoute rien a tout ce qui a ete dit sur le Code penal ; on reconnait generalement qu'il est bien au-dessous des connaissancesdusiecle, et la France possede desjurisconsultes qui feraient im ouvrage bien superieur acelui-la, s'ils etaient appeles a I'entreprendre. Nous ne pouvons qu'applaudir a toutes sos observations sur la convenance d'abreger I'instruction , dont la duree est un des 78 SCIENCES MORA.LES plus grands vices de la procedure franraise, et plus encore sur la justice de defalquer de reniprisonnement le terns de captivite qui precede I'arrct. Nons voudrions transcrire tout ce passage ct une grande partic du chapitre \i sur V execution desjuge- rnens criminels ; mais nous ne nous proposons pas de snppleer, par cet extrait, a la lecture de I'ouvrage. Notre but est d'aigui- ser la curiosite de ceux qui savent s'occuper de ccs importantcs questions. — Et quel est I'liomme qui n'est pas interesse a con- naitre en detail cet ipterieur dos prisons ? Qui peut s'assuror qu'elles ne s'ouvriront jamais pour lui-nieme , ou pour des personnes qui lui sont cheres ? Qui peut rester indifferent sur le sort de cent mille individus, ou plus encore, qui sejournent ou qui passent chaque anuee dans ces regions de tristesse et de douleur? E. D. La France, l'Emigration et les Colons; par M. de Pradt, ancien archeveque de Mallnes (i). Une question qui touche a tant d'interets, qui souleve tant de passions , qui remue si profondementune nation tout entiere, dont le principe est discute de part et d'autre sous des points de vue si opposes, dont les consequences peuvent etre si graves, exigeait, dans celui qui se chargeait de la trailer, une reunion de conditions difficile a rencontrer. II ne suffisait pas qu'il fut done d'unc haute raison et d'une sagacite parfaite, qu'il fut anime du zele de la justice et de Tamour de la patrie, qu'il eut fait une etude profonde de la question : la prevention ne tient compte ni de la science , ni de la raison ; il fallait encore, pour oter jusqu'au moindre pretexte aux interpretations menson- (i) Paris, i8a4- * vol. in-8°, ensemble xi et 600 pages. Bechet aine , quai des Augustins, n° Sy. Prix .• 10 fr. ET POLITIQUES. 79 geres, a d'inevitables reproches , qu'il eut donne des gages a remigration en parlageant ses dangers et ses malheurs, et que, par son devouement a la restauration, il se trouvat a son egard dans une situation non suspecte. Toutes ces conditions, M. de Pradt les remplit; aussi a-t-il compose sur cette matiere un ou- vrage fait pour obtenirrapprobation de tons les esprits justes , pour convaincre tous les liommes de bonne foi, et peut-etre pour rectifier des idees faussees par certaines preoccupations, ou meme par I'ignorance d'une question dont la solution n'est pas a la portee de tout le monde. L'objet de la Revue Encyclopedique ne saurait etre d'inter- venir dans les querelles de la politique du jour : uniquenient consacree a la propagation des grands principes de Tordre so- cial , la question de X indernnite est pour elle une question de politique generale , et c'est dans ce sens seulement que nous al- iens essayer de donner une idee siiccincte du livre que nous examinons. Ce livre est partage en trois divisions : la premiere presente des preliminaires propres a faire connaitre la nature et I'inten- tion de I'ouvrage ; la seconde est consacree a Xexamen des principes du droit public relatif h I'acte parliculier de I'emigra- tion, et de I' indernnite quelle reclame; la troisieme fait [ap- plication de ces principes et deduit les consequences de C indern- nite. IVous suivrons I'auteur dans cette division; et, pourmieux faire connaitre sesargumens, nous reproduirons le plus sou- vent ses propres paroles. II commence par poser nettement la question : «Qu'est-ce que I'indemnite , dit-il ? de X argent, une contribution imposee a la totalite du peuple francais en faveur de quelques-uns. Quelle est la cause, la mere legitime de toute imposition? I'absolue necessite; car I'impot est une disposition soit temporaire, soit perpetuelle de la propriete , et la necessite seulc autorise une 8o SCIENCES MORALES telle disposition, qui lenferme ime expropriation forcee de tontc la partie qui correspond ;\ I'impot. n Que I'indcmnite soit une contribution sur la totalile de la France pour la partie de I'eniigration qui a subi la confiscalion, c'estce qui ne peutpas faire undoute.Qnelqne nom qu'on donne a cotte contribution, de quelque couleur qu'ou la revete, de (]uel(pie sotu'ce qu'on la fassc provenir, on nc fcra pas qu'clle ne soit point une disposition d'une propriete francaise; on ne fera pas que le paieinent de plusieurs centaines de millions ne soit pas une charge. Quant a Vahsolue necessite d'imposer cette charge, I'au- teur montrera bientot qu'elle n'existe pas. II a soigneusement recherche dans les ecrivains qui ont traite la question les argii- mens dont ils se servent pour la faire prevaloir; il a trouve des peintures sentinientales , des tableaux plus on moins bien colories, des injures repetees a satiete contre la revolution; mais des raisons , des fails, des principes de droit et de justice, voila ce que ces ecrivains ont completement oublie. « C'cst pour suppleer, autant qu'il est en moi, a tons ces oublis , dit M. de Pradt , pour niettre la France a I'abri de leurs effets de- sastreux, pour qu'elle ne reste pas sans un defenseur impartial et qui n'ait en vue que le triomphe de la justice, que j'ai pris la plume. Je me suis propose, mais je ne mc suis propose que cela seul , de retablir les principes , de rappeler les fails , de de- velopper les droits respectifs des parties interessees dans cette grande cause, etde tirer de ces premisses les consequ<>nccsna- turelles et legitimes qui en decoulent. » Cette question, coinme Tobserve fort bien I'auteur, n'est ])as moins remarquable par sa nouveaute que par son etendue ; elle renferme tout le contrat social ; elle remet en discussion la legitimite de la revolution dans son principe et dans toutes ses consequences ; elle fait re- vivre une foule de faits historiques cnsevelis dansun oubli d'ou il est imprudent de les tirer ; elle touche enlin par niillc points aux plus precieux interets de I'etat. ET POLITIQUES. 8i La nature et rinleution de louvrage etant aiusi presentees, Vauteur passe a la seconde division de son livre, I'examen des principes du droit relatif a reniigration ct a I'indemnitc. Le droit d'cmigration en general est inherent a I'espece hu- niaine, il pent uieme devenir uii bienfait pour les homnies, s'il est exerce dans des vnespacifiqnes. Combien de terrcs inculles ont ete fecondees , combien de peujilos sauvages ont ete civili- s(5s par remigration ! « Mais, ditM. dc Pradt, si de la on passe a line emigration systematiqueaicnt hostile, si Ton ne sort que pour rentrei" les arnies a la main, que pour introduire I'etran- ger arme a Tappui de sa cause propre, si le dechirement de la patrie pent en eUe la suite, si Tappui etranger pent etre paye par le demenibrement de la patrie, et liii etre offert, la ques- tion change entierement de face;alorsil y a combat entre la patrie et quelques-uns dc ses enfans, alorsil s'agit de tons ses droils sur eux, et de leurs devoirs enverselle; ce qui enleve a cette espece demigration la favcur que Ic droit accorde a I'aii- tre. « De ce principe general I'autenr descend an sensparticulier, dans la question, des mots emigration et confiscation. II dis- tingue cinq emigrations: i° I'emigration de surete, en 1789; 2° la grande emigration armee, systems politique, en i79oet en 1791; 3° la deportation; 4° I'emigration forcee; 5° Temi- gration fictive. Celle dont il s'agit ici et qui fait le fond de la question , c'est I'emigration de la seconde espece , systeme poli- tique arme contre la revolution, et qui , sentant sa prodigieuse inferiorite, a ete chercher I'etranger pour lacombattre. Elle a commence en 1789 ct s'est ])rolongee jusqu'en 1792, epoque de la confiscation. C'est elle qui a donne lieu a la confiscation de cette epoque et a celles qui I'ont siiivie ; c'est anssi dc cette confiscation , qui fut la principale et commc la source de toutes les autres, que s'occupo M. de Pradt. En 1789, la noblesse fran^aise comptait environ 18,000 fa- milies et 98,000 individus; 35,ooo nobles, dont 12,000 mili- T. XXV. — Janvier iSaS. 6 8 a SCIENCES MORALES taireSjOntottiportcssiir Ics listosd'emigration; la conclusion nc'-- cessaire tie cc calcul, c'est qne rcmigration a (•to un ,syston)c tie caste, quecette casle ctait en grande niinorite dans la nation, et que remigration cllc-nicnie n'olait qu'uneminoritt- dc celte nii- norite. Or, iemigration qui dans cc grand proces est deniande- resse, doit prouver qn'elle a cu le droit de sortir pour s'armer en pays etranger, d'appeler lesetrangers, dc leur promettre des portions du terriloire francais pour les engager i la soutenir, d'exciteren France des soulevcmens contre I'ordrc etabli, de declarer Ic roi captif, tandis que les puissances etrangeres le reconnaissaient libre, de detruire enfin la revolution de 1789, uialgrela volonte de la nation prcsque entiere qui la sanction- uait par ses voeux et par son enthousiasme. Mais, eclaire par les lumieres du droit public et guide par les principes iucon- testes du contrat qui unit les socictes, M. de Pradtn'a pas de peine a etablir que le droit des armes est un droit exclusif et incommunicable de la souverainete, que I'emigration n'etait pas souveraine, que la guerre qu'elle a declaree a la Fra-nce etait une usurpation dupouvoir supreme, qu'elle n'avait pas le droit de former des projets de desccnte en Normandie avec la Suede ft la Russie, alorsen paix avec la France, de surprendre Lyon, Strasbourg, Landau ; d'appeler I'etranger, de cederle territoire; que s'armerau dehors pour agirau dedans, ou s'armer au dedans sont une seule et meme chose, out un resultat commun, la guerre civile, et qu'enfin « I'armement pour des interets personnels est un attentat mis par toutes les nations au rang des crimes, fletri par la voixunanime de I'univers et de I'histoire. >» D'un autre cote, il etablit avec une egale evidence que, dans aucun caSjl'etat ne saurait etre tenu de payer les frais des guerres qu'il peut plaire a chacun de lui intenter; que le contumaco qui attaque I'etat peut etre atteint ])ar lui dans sa propriete; de la le prin- cipedc la confiscation, qui etait alors loi de I'etat. On distingue deux sortos dc confiscations, Tunc politique, ET POLITIQUES. 83 Tautrc civile. I.a confiscation civile, celle qui clcj)as.sc Ics frais de la procedure, viole le premier principe de la justice, non bis in idem; quand un honiine, dit fort biea lA. dePradt, a satisfait par la pertc de sa vie ou de sa liberie, peut-il devoir encore quelque chose ? La confiscation politique est celle qui est pronoEcee centre des delits tels que rebellion ou fails de guerre. Elle a pour motifs : i° I'assimilationaux contributions levees sur I'ennemi; 2" rindemnite des frais de repression de la rebellion ; 3° I'intention d'oter a I'ennemi les moyens de nuire. Parler de confiscation, c'est rappeler , dit noire auleur, une des plus grandes sources des maux qui ont afflige I'huma- nite. L'Asie a vingl fois ele confisquee par les divers peuples qui ont successivement occupe son sol.L'Afrique a ele confisquee par les Sarrasins. Rome donnait ses legions pour heritieres aux vaincus. Les Barbares du nord ont confisque le midi de I'Eu- rope; I'Espagne, apres avoir confisque Juifs et Maures, a con- jELsque I'Asmerique ; I'Angleterre a ete confisquee en detail vingt fois depuis Henri VIII. Depuis la Reine Elisabeth, I'lrlande a subi trois confiscations generates; trois fois la propriete a ete transferee, en masse, des mains des calholiques a celles des protestans ; Louis XIV confisqua scs sujets protestans coupables du seul crime de fidelite a leur religion. Les Elats-Unis ont confisque les Loyal istes , dout tout le crime etait d'avoir suivi les drapeaux du souverain reconnu. En F ranee, la confiscation a to uj ours fait partie du droit politique et civil; I'histoirede noire pays est, comme celle du reste de I'Europe, I'histoire des confiscations judiciaires et politiques. Uue partie des do- maines de la couronne ei des proprietes de beaucoup de fa- niiHes parmi npus ont eu cette origine. Elle entrait dans les moeurs du terns. Et n'avous-nous pas encore vu nous-memes , ea ;iSi5, dans une occasion solennelle, nialgre la Gharte , malgre les souvenirs si douloureux d'une confiscation que Ton traite aujourd'hui d'altentat el pour laquelle on reclame une 84 SCIENCES MORALES indemnity, demandcr la confiscation contic; cciix qni soraioni convaincns d'avoir pris pari a cc qu'on a])pclait la conspiialion du 20 mars ? Apres cc tableau doiit nous avoris etc ol)Ii|^cs do ncjjsligci' plus d'un Irait, M. de Pradt a soin dc fairercmaiquer qu'il n'a voulu que lassembler dcs evencmens et des tcmoi- gnages historiques, qu'il est loin de sa pcnsee dc prononcer un seul mot en apologic dcs confiscations, ct qu'il n'cn paric que connnc d'un fait qui, entrant dans Ics mnenrs ct dans Ics lois , prouv(! contre nnc dcmandc en indemnites dont I'histoirc nc fouinit ancun cxcmpic; ct il ajoutc que, si quelque motif pou- vait diniinuer riiorrcnr dcs confiscations , ce scrait ccini de la i,'ncrre intcntce a I'clat par dcs particidicrs. C'est ainsi que I'autcur pose Ics principcs gcncraux de la question , et leunit Ics fails propres a la metlrc dans lout son jour. II passe ensuile a la Iroisiemc division de son ouvrage , dont I'objel esl d'appliquer ces principcs au fail parliculiei" dc I'emigralion francaise , el de deduire les consequences neces- saircs ou probables de I'indemnite. Ici, M. de Pradt, invotjuant Ics sculs lemoignages des emigres ou des partisans de I'emigralion, du prince de Conde, du mar- quis d'Ecquevilly, dc Mm<- de Larochc-.Taquelin, de MM. dcFer- rieres el de Besenval , fail I'historitpie de Temigration ; puis, il place a la suite le resume chronologique de la legislation porlee contre ellc. On voit, dans eel expose, la confiscation marchant parallelement avec I'emigralion qui a pris I'initialivc dans la lutte, procedanl avec la regularitc des actes judiciaircs, oppo- sanl des actes defensifs a des actes agressifs , averlissanl, mena- cant, donnant desdelais, specifiant la nature de la peine et le cas de I'application , et la prononcant apres I'execution de Tacte. En effcl, ce ne fut qu'aprcs la publication du nianifeste du due de {Brunswick que TAssemblee legislative porta la loi de con- liscalion. " De ceci , dil M. de Pradt, il rcsullc un fait certain, iueontestable, dont rcmigialion s'est glorifiec, cclui d'avoirpris ET I'OLITIQUES. 85 I'inilialive de la j^uerie. Les hostilites soiit venues d'ellc, cequi rejettc daus la question des droits et des devoirs d'un grand etat, quand il est menace d'une attaque armee... Enfin , et ceci est decisif dans la cause, les ambassadeurs de tons les princes de I'Europe residaient a Paris; preuve certaine que la souve- rainetc de I'Europe ne considerait pas ces terns comnie enlu- ches des signes qui autorisent a les declarer revolutionnaires... Si tous ces fails sont reels, la confiscation n'est pas une loi re- volutionnaire ; elle n'est que I'application de la loi commune an raonde entier, de celle de la France elle-meme; et ceux qui en subirent les rigueurs, au lieu de I'appeler revolutionnaire, doi- vent y voir les effets du choix volontaire fait par eux entre I'o- beissance et le refns de soumission a ces lois; leurs suites etaient connues d'eux, leur effet n'est pas retroactif; tout s'est done passe dans I'ordre legal. « Toutes ces considerations sont deve- loppees dans plusieurs chapitres , ou I'auteur prouve fort bien que I'emigration a ele en guerre reelle avec la France, des 1790, quoique la guerre nominalc n'ait eu lieuqu'en 1792 ; quelle a ete la promotrice de la guerre etrangere, en excitant les arme- mens des puissances; que I'Autriche etl'Angleterre ayant mani- feste publiquement leurs projets spoliateurs centre la France, les emigres, en se mettant a la solde de ces puissances, combattaient contre cette meme patrie qu'ils declaraient avoir eu I'intention deservir; que, si I'emigration n'avait pas le droit de fa ire la guerre, elle avait encore moins le droit d'arranger, des 1790 , avec la Russie et la Suede , un projet de descente en Normah- die, etd'offrir la Bresse au roi de Sardaigne. Ainsi, dit I'auteur, en resumant cette partie de son ouvrage « I'emigration a ete sommee de rentrer ; elle a eu des delais pofir le faire; elle a etc sequestree, a titre d'indemnite des frais de la guerre ; elle a ete menacee de confiscation, en cas d'entree a main armee; elle est entree, le aSjuillet; elle a ete confisquee le 27... L'emigfatioii n'a pas etc spoliee, mais condamnec d'apres les lois exislantes 86 SCIENCES MOflALES v.l lobservation des formes legales oidinaiics : ellt: a subi iin jugement. << Mais, si le droit manque completemcnt a remigradon, n'a- t-ellc j)as d'autres litres i rindemnitc qu'elle reclame ? L'ab- negatiou de soi-meme, le devoiicment a une grande infortune, les sactilices fails au devoir, sans constiliier iin droil legal, ne sufEsent-ils pas pour motiver I'indemnite ou des recompenses? L'examen de cette queslion sera superflu, si Ton prouve que ces lilres menies, rcniigration ne saurail les invoquer. L'interet peisonnel, el I'intercl do caste, I'ardeur de reconquerir des privileges honorifiques ou uliles, la haine d'un ordre de choses qui etablissait une egalile insupportable aux pretentions nobi- liaires, voiia si iion la cause unique, au nioins I'une des causes principales de remigration : « Les proclamations et les actes publics, les imprimes authentiques, dil M. de Pradt, font une mention Irop repetee el trop formelle de ces inteicts person- nels pour qu'iis n'aient pas occupe une grande place dans les mobiles de Temigration. > Un autre mobile non moins puissant, ce fut la vanite blessee. Quand la noblesse perdait quclque privilege, elle desertait la cour. Nous apprenons de M""= Cam- pan, que la reine n'osa pas organiser sa maison civile, depeur d'etre entieremenl abandonnee : Si cette maison conxtitution- nelle etait formee , disail-elle, il ne resterail pas un noble au- j>res dc nous. Le Marquis do Ferrieres affirme que les femmes, plus liuniiliees de leurs pertes , plus jalousos de leurs droits, furent les plus ardenles ^ hater remigration , et employerent loutes sortes de moyens pour eveiller un zeie trop paresseux, pour irriter des vanites trop pacifiques. II faul bien convcnir que ces voix reunies de l'interet el de I'orgueil parlaient plus haul que celle du devouement, quand on voit que remigration a eu lieu, noti-senlcmenl contre l'interet, mais encore conlre la volonte formelle du roi et de la reine. Nous lisons, dans Us Memoires de M™" Je Laroclie-Jaquelin , que le.^ princes ET POLITIQTJES. 87 n'etaient pas d'avis que les Poitevins coalises cmif^nessent , tnais que les jeunes gens voulurent absolument suicre Ic torrent. Nous trouvons, dans les memes Memoires, ces pro- pres paroles de la reine a M. de Lesciire : que les defenseurs du trone sont toujours a leur place quand Us sont aupres du roi. U faut lire a ce sujet tout le cliapitre ou I'autcur examine' cette question : L' emigration a-t-elle ete autorisee par le roi? et 1 on verra que le bon sens de Louis XVI lui avait revei('; d'avance tout ce qu'il avait a craindre de I'emigration, et coni- bien ce zele inconsidere pouvait lui devenir funeste. En effet, en cloignant, avec M. dc Pradt , toute idee de participation dirccte de I'emigration aux exces de la revolution , il faul bien avouer qu'elle y a contribue indirectement : i° par ses attaques armees ; 2" par ses attaques a I'interieur; 3° par I'es- prit d'exageration dont elle s'est constamnient montree ani- mee. Si ce sont lit des preuves de devouement, assurement elles sont deplorables. A I'epoque de I'emigratiou dont il s'agit ici i de 1790 a 1792, il y avait eu inodilication dans le gouverne ment ; mais il n'etait question ni de I'exclusion du souverain par la destruction meme de la souverainetu, ni de la sidjsti- tution d'un autre souverain. Seulement, la nation demandait un ordre de choses regulicr et stable, fonde sur de vrais prin- cipes de sociabilite. " Tons les Francais, c'est le marquis dc Ferrieres lui-mcme qui le dit, en voulant im roi, voulaient aussi la constitution. » Qui oserait dire que ces voeux ne fus- sent pas legitimes ? « J'observerai, dit notre auteur, avec beau- coup de raison, qu'une nation qui pendant cent ans a vu les Maintenon, les Dubois, les Pompadour, les Dubariy, qui a vu son empire de I'lnde et de I'Amerique passer aux mains de I'Angleterre, partager la Pologne sans autre avertissement cpie celui des gazettes; qu'une nation qui possedait Montesquieu et cent autres genies, eu j-resence des uiinistres des soixante der- nicrcs annees; qui, dc 1770 a 1787, a vu deux fois ctablir Ir 88 SCIENCES MORALES ilespotisinc legal par la suppression ciis parlenieiis; qui a rprouvu les banqueioutes ties Terray tt dcs Lomenie, les dila- ])idations des Calomie et d'autres encore; une nation, apres tant d'eprenves, a bicn quelquc droit a reclanier dcs garanties contre Ic retour de tous ces maux. » Or, ce fiit pour s'opposcr a ce droit, pour repousser ccs garantics que I'eniigration prit les armes; ct cetle conclusion de M. de Pradt est sans replique: « II est done bien certain que c'cst contre la totalite de la revo- lution, surtout contre TAssemblee constituante, et dans son in- teret propre , que I'emigration s'est armee ; ce qui , dans la question actuelle, est essentiel a notcr; car il s'agtt d'une in- demnite demandee a la France au nom du droit et du devoue- ment. Celle-ci est-elle tenue de payer les efforts infructueux que Temigration a faits pour reprendre ses honneurs et ses bieus ? » Et plus loin : « Lorsque les choses en sont arrivees a ce point d'evidence , lorsque le principe d'un acte a ete si etranger au devouement, lorsque les consequences en ont ete si funestes , la prudence doit faite renoncer a de pareilles allega- tions ; et Ton pent dire qu'une cause presentee sur de tels litres, au dernier tiibiinal de la France ou de t Europe , y se- rait a peine admise. » Mais, a defaut de droits et de litres, il reste a I'emigratiou la force de la nouvelle puissance sociale dont ellc s'est scrvie pour soulever cette question, et qui la met en position de la juger (i). Si ellc use de ce pouvoir exorbitant , elle leveille une foule de questions dangereuses ; elle ouvre la porte a une multitude innombrable de reclamations qui vont fonure sur la France. En effct, si les pertes de I'emigration lui conferaient un droit d'indemnite, le meme argument serait bien plus fort en faveur des autres categories d'individus depouilles qui n'ont (i) On assure que la Chambre actuelle des deputes compte dans son sein 204 emigres. ET POLITIQUES. 89 induit la France dans aucune depense, tcls que les pretres de- pones, les rentiers, les emigres forces ou fictifs; lour depouil- lenient a etc gratuit, I'etat n' avail rien a leur demandcr, ni a leur reprocher ; il n'a pu leur opposer que ses convenances propres, an lieu qu'il avait au inoins contre I'emigration le motif de la guerre. Comment pourrait-on faire valoir le droit de I'emigration et ne pas tenir compte de ceux des autres classes des depouilles, et donner la preference au droit faible sur le droit fort? Que repondrez-vous au clerge qui va recla- mersesbiens, auxVendeens dont les droits, selon M. dePradt, sont moins contestables que ceux de I'emigration, a ceux que les assignats ont reduits a la misere, au commerce ruine par le maximum etpar tant d'autres desastres? Qu'on juge ou nous en serious, s'il fallait faire face a taut de reclamations, par I'enorme sacrifice que va peut-etre couter a la France la seule indemnite de I'emigration. M. de Pradt I'evalue a 800 millions ; ou 36 millions en rentes perpetuelles, et avec I'amortissement, a i mil- liard 428 millions , et Ton sait maintenant Tjue cette evalua- tion est encore trop faible. Et quelle est la situation de la classe pour laquelle on va charger le peuple francais de cet immense fardeau ? M. de Pradt nous le dit, dans un chapitre qui pent se resumer ainsi : « L'emigration cccupe les places de I'etat dans les plus hauts rangs, et en tres-grand nombre dans toutes les parties. Elle recoit de la France pour trailemens , au moins une somme annuelle de G8 millions de francs; une partie de Temigration est ce qu'il y a de plus riche en France, et ce pour quoi le restc travaille; elle form.e en tres-grand nombre les grands colleges electoraux; la plus grande partie est dans I'ai- sance , et il n'est presque aucun de ses membres dans un etat reellement penible. Ceux-ci peuvent etre secourus, et le sont. » Apres avoir discute le principe et pese les consequence de I'indemnite , M. de Pradt donne une idee des nombreuses difli- cultes qui se presenteront dans I'executiou. II a examine la 90 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. question dans toutc son etendue ; il I'a creusue dans toiile sa profondeur; il I'a consideree sous toutcs ses faces. Son livio, Oil la sagcsse des opinions egale la certitude des principes, ne fait pas moins d'honneur aux sentiniens qu'a I'esprit de I'auteur , et c'est Taction d'un homme de courage d'avoir montre , en ce moment, toute laprofondeur del'abiinequ'onouvresousnospas. La part qu'il est d'usage de faire a la critique sera bien frivole aupres des eloges que nous avons du donncr. Nous re- connaitrons cependant que I'ouvrage de M. de Pradt est ini pen diffus; peut-etre aurait-il pu fondre ensemble plusieurs chapitres, resserrer quelques raisonnemens, supprimer quel- ques repetitions; I'abondance des argunjens ct la promptitude exigee par la circonstance expliquent cette proJixito. Entraine par la force de sa conviction , I'auteur en prodigiie les temoi- gnages; frappe de I'importance des preuves, il aime mieux les repeter qife d'en negliger quelqu'une; il n'a pas voulu choisir entre cette foule de raisonnemens qui s'offient a la defense desa cause ; et pour mieux faire penetrer sa pensee dans I'esprit du lecteur, il la reproduit sous les formes diverses que lui pre- sente une imagination mobile et feconde. Au reste, cette diffu- sion, n'est pas un defaut pour toutes les classes de lecteurs, et jjeut meme n'etre pas inutile a la propagation de ces questions usuelles qui s'adressent a tout le monde. C'est aussi dans de pareilles questions que I'homme de bieu, I'auteur qui veut surtout etre utile a sou pays, doit s'imposer ]>lus de sagesse et de retenue. Il s'agit d'instruire et de con- vaincre, non de recriminer et d'irriter. Sous ce rapport, le livre de M. de Pradt est au-dessus de tout eloge; il evite avec un soin extreme tout ce qui peut ressembler k la passion ; il est calme comnie la raison; il a senti que plus on met d'empoite- ment dans les pretentions , plus il a du examiner le droit avec la froideur du sens comumn et I'impassibilite d(' ia justice. M. AVENEL. LITT^RATURE. Dansk Ordbog udgiven under videnskabernes selskabs Bestyrelse. — Dictionnaire danois, publie sous la direction de la Societe des sciences (i). Ce Dictionnaire , ou les mots danois sont expliques dans la meme langue , est principalement destine pour les habitans du Danemarck et de la Norvege. Cependant, il ne pent manquer d'interesser, parmi les philologues de tons les pays, ceux qui desirent puiser la connaissance des langnes du Nord dans les sources les plus abondantes et les plus pures. II n'y a delexi- ques qui puissent remplir pleinement cet objet que ceux qui sont composes par les litterateurs les plus distingues de chaque nation , pour I'usage de leurs propres compatriotes. Tel est , pour la langue castillane, le grand Dictionnaire de V Academie espagnole. Madrid, 1726 a 1739. 6 vol. in-folio. Tel est,nial- gre ses imperfections, pour I'llalie, Xa Dictionnaire de la Crusca. Tel sera, enfin , le Noiweau Dictionnaire de V Academie Jran- caise , si impatiemment attendu. Rien ne peut remplacerle caractere d'authenticite iraprime a de tels ouvrages par le tri- bunal litteraire duquel ils emanent. C'est ce qui ne permet pas de leur assimiler entierement des dictionnaires du meme genre, executes par des particuliers isoles et dont I'autorite ne r^ose que sur la reputation de leur auteur ; par exemple, le Diction- naire (•/'Adelbng pour la langue allemande; celui de Johnson, pour Y anglais ; celui de Linde , pour \e polnnais , celui de Morales Silva, pour le portugais , etc. Le travail de la Societe (i) Copenhague, lygS et annees suivantes jusqu'a I'epoque ao tuelle. In-4°. D'abord de I'lmprimerie de Moeller , eiisuite de cellt de Schultz , et depuis i8ao, de Popp , Moeller et Kioepping. ya UTTERATURE. de Copenhague, ([iii est I'Dhjet dc cet article, est loin saus doutc d'etre parfait; mais il a du uioins I'avantai^e d'etre sanctioiine par cette savante Compagiiie , et de poiivoir etre regarde comme faisaiit autorite dans les pays dont il fixe en quelque sorte le langage. Ce qu'on pcut justemcnt repro- cher , c'est la lenteiir avec laquelle cet ouvrage se public. Commence en 1777, il n'est encore parvenu qu'a la fin de la lettre M; quoique ce qui en a paru jusqu'ici forme 2,600 pages in-4°. MM. MoELLER, Viborg, Thorlacius et Muller, mem- bres de la Commission de la Societe danoise pour la publi- cation de ce Dictionnaire, ont donne I'histoire de cette entre- prise dans une preface composee en 1820. On y voit que Langebek. en avail concu la premiere idee, et I'avait meme e.\ecutee en partie, lorsque la niort vint intcrrompre ses utiles travaux. Ce fut alors que la Societe des sciences de Danemarck offrit au gouvernemeut de se charger de reprendre ce travail, et en obtint un secours annuel de 5oo rigsdalers. La lettre A fut imprimee en 1781, et la lettre B, en 1784. Mais elles ne paru- rent qu'en 179^, avec les trois suivantes formant ensemble le premier volume du Dictionnaire. Une seconde partie ( F-H ) vit le jour en 1802; mais il s'ccoulaun espace de 18 ans, avaut qu'ello fut suivie de la troisieme ( I-L ). La lettre M a paru posterieurement encore , et commence un quatrieme tome. La lenteur de cette publication a eu plus d'un inconvenient. Pen- dant un si long intervalle , plusieurs des premiers auteurs du Dictionnaire ont ete enleves par la mort, ou appeles ad'autres occupations. Ceux qui leur ontsuccede ont fait des changemens au plan adopte dans Torigine. Par exemple, il y ont admis un plus grand nombre d'expressions provinciales et populaires , notamment de celles qui sont particulieres aux Norvegiens, ainsi que de termes techniques. On ne peut nicr que ce ne soit la une amelioration 1 telle ; mais il en est resulte une sorte de disparate eutre les deux premiers volumes et lessuivans. LITTERATURE. 93 Les details dans lesqucls nous sommcs entres ici, ne sont pas tellement propres an Danemarck , qu'ilsne pnissent s'appliquer aussi anx cntrepiises dc la meme nature qui ont lieu dans d'autres pays. lis font voir que, si Ton ne peut refuser aux dic- tionnaires composes par des Societes iitteraires les avantages que nous leur avous assii^nes au commencement de cot article, on doit convenir aussi que des particuliers y mettront ordinai- rement plus de rogularite dans Ic plan , d'ensemble dans le travail , et surtout plus de celerite dans 1 'execution. Nous terminerons ce que nous avons a dire de ce Diction- naire, en traduisant un passage de la preface qui ne sera peut- etre pas sans inferet pour ceux des lecteurs qui s'occupent de I'histoire des langues et de leurs affinites. « S'il est vrai que toule langue vivantc se compose, non- seulementdes expressions employees dans les livres imprimes, mais encore de toutes celles dont la nation fait usage, on doit le dire a pins forte raison de la langue danoise, qui app.lrtient, comme on sait, h la famillc des langues dites Gothiques.Yw effet, celle-ci a sur les langues derivees du latin dont on fait usage dans le midi de I'Europe, I'avantage de tenir encore au tronc qui lui a donne naissance, tandis que les autrcs bntete scparees duleur et n'en recoivent plus la seve qui leur ferait porter de nouveaux fruits. Le danois est susceptible par cette raison , de fairo revivre d'anciens termes ct d'en creer de nou- veaux, avec plus de facilite et de siicces que les dialectesqiii reconnaissentla langue latine pour leur mere. » « La langue danoise est plus considerable par son anciennete que par le nombre des individus qui la parlent. Le fonds de cette langue a passe de generation en generation, depuis le tems d'Odin, jusqu'a nos jours, sans avoir ete alteree par des conquerans etrangers. A la verite, une partie de cet idiome vraiment national est tombee en desuetude ; mais il en reste assez pour que Ton puisse en retrouver la filiation , et en pour- i).\ litti!:rature. suivie I'histoire, depuis lopoque on il s'cst ii\c parini les ro- dicrs do I'lslande sous une forme qui atteste son etat primitil", jusqu'au moyen age ou il se niontre dans Ics anciens codes et les chroniques. Il sen trouve mcnie de nos jours, dans le Ian- gage dni peuplc des campagnes, assez de vestiges pour qu'on puisse les y reprcndrc pour les incorporer de nouveau dans Ic domains de la langue usuclle. » « L'ancienne langue danoise s'etendait primitiveinent sur la Scandinavie entiere et sur tons les pays ou les peoples du Nord avaient plante leur etendard. La langue ecrite, ou ce qui est la meme chose, si Ton se reporte a des terns recules, la langue des chants nationaux etait la meme en Norvege qu'en Dane- marck. Les Norvegiens disssemiues sur une vaste etendue de pays , differant des Danoi^ par les circonstances locales oCi i!s se trouvent places et par la nature de quelques-uns de leurs raoyens d'existcnce , la langue commune aux deux peuples s'est enrichie en Norvege de quelques expressions nees de ces cir- constances memes, e:!^pressions dont le danois peut faire son profit. D'un autre cote, la langue allemande a dii exerccr de I'influence sur celle du Danemarck, soit ii raison du voisinage des denx pays, soit |)ar les rapports civils et religieuxqui exis- tent entre quelques provinces de rAUemagne et celles qui com- posentle Danemarck proprement dit, soit enfin parcc que la civi- lisation moderne amarche dusud au uord.Heureiisement, le genie de I'iillqmand se rapproche beauqpup de celui des dialectes scan- dinaves : ceslangues sont soeurs. II a pu arriv^r que I'influence dont nous parlous ait etc jugce quelquefois excessive et qu'clle ait pu faire craindre qu'elle n'allat jusqu'a alterer la jjuretede I'idiome duNord; mais on n'en doit pas moin^ reconnaitrc que le danois a re9uderallemand des expressions bonnes et utiles, surtout en ce qui concerne les operations transcendantes de I'espri;. De telles expressions se sont naturalisces avec raison , et I'on ne doit pas se faire scrnpule d'en adopter do semblables , LITT^RATURE. gS sous pivtextc qu'elles iie se troiivent pas dans ties t-crivains danois aiiterifurs au xix*^ sieclc. » II n'en est pas tout-a-fait de niemedes ternies eniprunti'S aux. laiigues dii Midi ; bien que I'usage en ait fait adopter phisieiirs auxquels il y aurait de raffectation a siibstituer des equivalens pris dans la langue danoise, on no pent nier qu'ils ne conser- vent dans cette languc une physionomie etrangere qui doit por- ter du nioins a ne pas y en admeltre un plus grand noinbre et meme a evitcr d'employer ceux qui ne sont pas d'un usage in- dispensable. C. M. OEuvRES DE BoiLEAD Despreaux, avec un commentaire; par M. DE Saint-Surin; ornees de douze JlgureSf d^apres des dessins nouveaux (i). Nicolas BoiLKAU Despkeaux, le plus parfait peut-etrc des auteurs modernes, est aussi ceUii qui a le mieux connu et imite les anciens; devenu le censeur des ridicules de son terns, le fleau des auteurs mediocres et le legislateur du Parnasse , ses ouvrages doivent contenir une multitude d'indications ou d'al- lusions qu'il serait impossible de comprendre sans commen- taires. Aussi, des son vivant, Boileau seconda-t-il le zele d'un ami qui voulait publier des eclaircissemeus sur ses ouvrages. Get ami est Brossette, et ces eclaircissemens parurent pour la premiere fois en 1716, dans une edition des cEUvres de Boi- leau ( 2 volumes in-4°). L'abbe Souchay se chargea ensuite de suppleer aux omissions de Brossette, et on lit encore avec in- terctles editions de Boileau qu'il publia en 1735 (2 vol. in-12), et en 1740 (2 vol. in 4°)- Boileau, par le charme de sa poesie et par la purete de son (r) Paris ; J.-J. Blaise. 4 vol. in-80 ; prix 48 fr. , et 96 fr. pap. vcl. 96 LFTTF.RATURE. gout, etait dovcnu Ic porle classiquc do la France; il y cxer^ait I'aiitoritc d'liii mouaique icgitimc : Mais, vers le milieu du xviu'^ siecle, uno faction litteraire s'efforca do le detroner. Le Fevre de Saint-Marc s'utant fait riiistorien do cetto faction, ras- sembla tout co qu'il put recueillir de plus defavorable a I'auteur des satires. L'edition de Boileau qu'il piiblia en 1747, forme cinq gros volumes in-S"; Ics curieux la placerent dans leurs cabinets, a cause de sa belle execution. L' Academic francaise se couvrit, en 1760, d'un ridicule inef- facable, lorsqu'elle couronna une epitre de Marmontel ou se trouvent ces vers centre Boileau : Que ne peut point luie etude constante ? Sans feu, sans verve et sans fecondite, Boileau copie ; on dirait qu'il invente. Comme un miroir , il a tout repute. Mais I'art jamais n'a su peindre la flamme ; Le sentiment est le seul don de Time Que le travail n'a jamais imite. J'entends Boileau monter sa voix flexible A tous les tons ; ingenieux flatteur, Peintre correct , bon plaisant , fin moqueur, Meme leger dans sa gaite penible ; Mais je ne vois jamais Boileau sensible : Jamais un vers n'est parti de son coeur. ' Freron seul demontra combien ce portrait etait plein d'injus- tice et de contradictions ; niais Boileau trouva d'autres ven- genrs vers la (in du xviii' siecle. L'Academie de Villefranche accorda le prix, en 1779, a "" Eloge de Boileau, compose par I'abbe Talbert; celle de IVimes couronna, en 1787, le discours de M. Daunou , qui a pour titre : Influence de Boileau sur la litterature francaise. Cc discours, aussi remarquablc par la jus- tcsse des pensees que par I'elegance du style, prouva que Ton pouvait attendre de M. Daunou une bonne edition de Boileau. LITTERATURE. 97 II nv remplit cettc attente qu'cn 1809; son edition de Boilean (3 vol. in-8°) fut tres-bien accueillie, else reimprimesouvent; il seia facile a I'editeur d'en faire disparaitre qiiclqucs lo^eres imperfections. Malgre le siicces des louablcs efforts de M. Daunou, M. do Saint-Surin s'est persuade qu'il etait encore possible de donner nne edition de Roileaii , accompagnee d'un commentaire qui ne laissat 1 ien a desirer. On doit lui savoir gre des recherches auxquelles il s'est livre pour eclaircir tout ce qui est relatif a la peisonne de Boileau et a ses ouvrages : elles sont si nombreuses, qu'on pourrait croire qu'il ue Itii est rien echappe dans ce genre de perquisi- tions. J'aurai ccpendant quelqnes omissions a liii reprocher. Cet edileur n'a pa eviter ce que Ton reproche a la plu- part des commentateurs , ses devanciers ; c'est de laisser sans explication ce qui en avail besoin. Ainsi, Ton ne comprend pas aisement cet hemistiche du 55'^ vers de I'epitre iv au Roi sur le passage du Rhin : // niarche vers Tholus. La premiere idee qui se presente a I'esprit, est que Louis xiv mai'che vers une forte- resse : point du tout; Tholus n'est qu'une maison de peage, en bas allemand ou hollandais ToU-Huys. Cette maison se trouvait sur le bord oppose a celui ou I'arniee francaise passa. La plupart des jeunes gens qui liront le commentaire de M. de Saint-Surin, seront airetes a plusieurs endroits de la lettre de Boileau a Maucroix , ou il est question d'une disserta- tion du docteur Ainauld centre la preface raise par Goibaud Dubois en tete de la traduction des sermons de saint Augustin. Boileau veut parler des Rejlexions sur V eloquence des predica- teurs, publiees en 1694, in-12, sous le voile del'anonyme. C'est un des meilleurs ouvrages d'Antoine Arnauld. {^oy. les OEuvres de Boileau , t. iv, p. 277. ) M. de Saint-Surin aurait du citer ces Reflexions, rcimpriniees avec d'autres pieces sur la meme ma- T. XXV. — Janvier i8a5. 7 gS LITTCRATURE. tierc, par les soins du P. Roiihoiirs (Paris, 1700, in-12), sons Ic titre (le Reflexions sttr V eloquence. M. dc Saint -Siirin nomme Jntoine Riquic le jardioier :» qui Boil(;au adressc sa onzicnie epitre. L'abbc Goujcl, dans sou Catalogue manuscril , I'appelle Jntoine Riquet , et il nous ap- prend que ce jardinier est niort a Paris, le 3 octobrc 1749, age de gS ans. Voilii un nouvel extrait mortuaire a joindre a eeiix dont M. de Saint-Surin a enrichi son conimentaire. M. de Saint-Surin ne parait pas avoir connu un petit re- cueil imprime en 1702, contenant la Requete de Bernier en fa- veur d'Arislote , et X Arret burlesque compose par Boileau sur cette requete. Les deux pieces sent precedees d'un avertisse- ment iV Alethophile aulecteur. Le tout forme aS p. in-12. (Foyez le n° 16,529 ^^ ''' deuxieme edition de mori Dictionnaire des ouvrages anonymes ,\.. 3.) M. de Saint - Surin parait ignorer aussi I'existence d'une Notice fort etendue sur la vie et les om'rages du baron de Wa- le f, gentilhomine liegeois , inseree par le baron de Villenfague, dans ses Melanges de Utteralure et d'hisloire ( Liege , i 788 , in-S*^, p. 269-316). On y voit que Walef ne futpas toujours le jouel de la fortune. Apres quaranle ans dune vie anibuiante et orageuse, il revint dans sa patrie, pour y jouir paisiblcment d'un bien considerable. Il a ete en relation avec^Boileau , Ver- gier et quelques autres savans francais refugies en Hollande. (Voyez OEuvres de Boileau, t. iv, p. 28.] M. de Saint-Surin, dans ses notes, pousse en general lexac- titudc jusqu'a la minutie : quelquefois, cependant, ses details manquent de verite. Il nous dit, par exempie, dans sa Notice hihliographique des principales editions de Boileau (page xxx), que Condorcet publia, en 1787, six volumes Acs Eloges des Jcademiciens ; par D'Alembfrt; il n'en lit paraitre que cinq, lesquels, joints LITTfeRATURE. 99 all vohime publie t-n 1779 P""^'" D'Alerabcrt lui-meme , formcnt I'ouvragc connu sous ce litre : Histoire des memhres de C Aca- demic francaixe , depuis I'^oo jusqtt'en 1771, six vol. in-i'2. Ala page xxxvi de la meme notice, M. de Saint-Surin cite le Reciieil de pieces fait par le libraire Moetjens, La Haye , i6g4- 1698, 5 vol. in-16. Get enonce est fautif ; car la 6*^ par- tie du 5" volume de cette collection ne parut qu'cn 1701; la 5" porte la date de 1697. L'erudition de I'editeur est aussi quelquefois en defaut. Dans les notes sur la fameuse satire contre \esfemmes , t. i, p. 3oo, il attnbue au medecin Fagon le volume qui a pour litre : Les adrnirables qualites du quinquina. Fagon n'a d'aulre part a cet ouvrage que d'y avoir ajoute une approbation. Dans un autre endroit du meme volume ( p. 817 ), I'editeur indique les traductions italienne et latine de la Guide spirituelle, composee en espagnol par Michel Molinos. Pourquoi ne cite- t-il pas la traduction francaise qui parut, en 1688, dans lo volume intitule : Recueil de diverses pieces concernant le Quie- tismc ? C'est probablement parce qii'ellc n'est pas nientionnee dans la Biographic universelle ; car Ton s'apercoit , en general , que l'erudition de M. de Saint-Surin no va guere au dela de cette nouvelle Biographie. C'est ainsi que, cherchant des rensei- gnemens sur lebenedictin Charles Lancelot, auteur d'une tra- duction francaise du Traite du sublime par Longin , publiee a Ratisbonne en 1775, in-8°, M. de Saint-Surin nous ditqueles dictionnaires les plus complets ne font mention ni de I'auteur, ni de I'ouvrage. Cela est vrai; mais M. Charles Weiss , biblio- thecaire de Besancon et I'un des plus habiles collaborateurs de la Biographie uni^'erselle , nous a donne un article sur Charles Lancelot, dans sa Notice sur les snvans et les litterateurs nes dans le departement de la Haute-Saone. Ce savant religieux avail ete appele a Ratisbonne par I'abbe de Saint-Emmeran , pour y enseigner les langues orientalos ; il professait la langue «oo LITT1?.RA.TURE. grecquea I'abbaye do Saint-Denis, vers 1775, el mournt dans cette abbaye, vers 1778. Siiivant 31. de Saint-Surin ( t. iv, p. 378 ), le fanunix poenie de la Magdeleine , par le P. Pierre de Saint-Louis, cat n)o, pa- rut en 1700; il fallait dire en 1669 et en 1694. Dans le tome iii (p. laS), M. de Saint-Surin jiresente ■fnrques Chartier comnie le rival que Ton accuse d'avoir conduit les assassins qui, le jour de Saint-Bartlielemy (1572), ont im- mole le celebre P. Ramus. II a voulu dire Jacques Cbarpen- tier ; encore efait-il convenable d'obscrvcr qir'un ecrivain contemporain assure qu'il fut entierement etranger ace meurtre et qu'il temoijijna la plus grande douleur, en apprenant la niort de Ramus. ( Voy. la Blographie universetle. ) Dans la plupart de ses remarques litteraires sur Boileau, M. de Saint-Surin se montre partisan des saines doctrines ; c'est ce qui m'a (ait lire avec etonnement le ju^'ement qu'il portc de Veloge de Boileau par D'Alkmbert ; a en croire M. de Saint- Surin , Get eloge , non inoins agreable qu interessant , ecrit avec toute I'adresse doiit Vauteur etait capable , serait irreprochable sous le rapport litteraire; mais un des morceaux les plus re- niarquables de cet eloge, le paralleie entre Boileau , Racine et Voltaire, n'est-il pas un modele de mauvais goiit ? « En lisant Despreaux, dit D'Alembert, on eonclut et Ton sent le travail ; dans Racine, on le eonclut sans le sentir : cnfin , dans Vol- taire, le travail ne pent ni se senlir, ni se conclure ? » As- surement une piece academique qui renferme des observa- tions de cette nature ne devait pas eire louec sans restriction. M. de Saint-Surin a enrichi son edition de Boileau d'unc table des matieres ; elle etait necessaire pour retrouver les ren- seignemens qu'il y a prodigues. Je me pcrmettrai quelques obser- vations sur I'ordre qu'il a suivi dans le classemenl des noms propres. Cette petite science s'embrouille dans la nieme pro- jKirtion ou decroiit parmi nous la veritable erudition. Ouvrez LITTERATURE. loi ]e Die tton/i aire de Moreri , ouvra!j;e auquel ont travaille suc- cessivement une multitude de savans francaiset etrangers : vous y reniarquerez uu ordre alphabetique de.nonis d'auteurs, fonde sur I'etymologie des mots; cette maniore de classer les noms propres est la plus naturelle comme la plus simple : aussi a- t-elle ete adoptee dans la Bibliolheque historique de la France et dans les ouvrages d'erudition les plus remaiquables du xviii^ siecle. Si Ton consulte les tables dc matieres ou les die tionnaires publies depuis aS ans , on volt que Tordre alphabe- tique des articles qui precedent les noms a remplace celui dcs mots qui forment I'essence des memes noms. Ce nouvel ordre alphabetique empeche de comparer les nouveaux dictionnaires avec ceux qui les ont precedes : il a encore le desavantaij;e d'eta- blir plusieurs alphabets dans un dictionnnaire ; tels sont les alphabets particuliers des noms precedes de I'article de ou le. Le mot De La Fontaine pent servir d'exemple poiu- faire voir I'irregularite de la nouvelle maniere de classer les noms propres. Dans presque tons les ouvrages qui ont precede le xix" siecle , ce nom est place a la lettre F; depuis 2 5 ans , on le met aux lettres D ou L. M. de Saint-Surin a adop- le ce dernier mode de placement. II sait pourtant que notre immortel fabuliste a tonjours signe ses lettres ou epitres dedi- catoires, De La Fontaine; pourquoi retrancher de ce nom I'article de, ou pourquoi renferiner entre deux parentheses ce seul article ? Dans la conservation et dans une citation , Ton a coiit\ime de dire La Fontaine ; mais, quand on vent placer ce nom dans une table ou dans un dictionnaire, il est convenable de le presenter tcl qu'il est. A la verite, on lit Fables de La Fontaine , sur le frontispice des belles editions d'Ambroise Didot I'aine a I'tisage du Dauphin. Mais on voit que I'euphonie a fait supprimer le de. I^e redacteur d'une table ou d'un dic- Moiinaire n'a point la meme excuse. Jc reviens a la table des matieres de M. de Saint-Surin. La loa LITTfillATURE. des premiers mots (jui se prcsent<-nt est Ahcly; ce nom est raal orthographic : on lit Ahelly sur les frontispiccs dos ouvraj^es de cot auteur. Yi' Aleinhert... Ce mot doit etre place a la lettre A de cette nianiere , Alemhert ( d ). Dussaulx... II s'agit du traducteur de Juvenal : son nom est Du Saulx , et doit etre renvoye a I'S. Lafontaine... Je crois avoir prouve qu'il fallait mettre... Fon- taine ( De La ). Lagrange - Chancel... II faudrait lire... Grange- Chance I {DeLaJ. Leclerc... lisez... Clerc ( Le ). Martin. Suivant M. de Saint-Surin , ce traducteur en vers des Georgiques de Virgi'e ne doit pas etre confondu avec Pin- chesne. C'est reellement le meme : il s'appelait Martin sieur de Pi/ichesne. Raimond (le Saint- Marc... Inez... Remond de Saint-Marc. Sahathier de Castres... lisez Sabatier. L'estimable editeur qui a juge avec severite ses predeces- seurs , ne trouvera pas manvais sans douleque je me sois mon- re im peu rigoureux envers lui. Son edition de Eoileau n'en est pas moins , k mcs yeux, la mcilleure de toutes celles qui ont paru jusqu'a ce jour. J'aurais pu lui reprocher de ne m'avoir point compris dans la nombreuse liste des personnes dont les travanx lui ont ete utiles; il me sembltf , en effet, que mon nom pouvait se trouver sous la plume de M. de Saint-Su- rin : i" lorsqu'il a cite le Catalogue manuscrit de la bihlio- thequede I'abbe Goitjet , en 6 vol. in-folio, qu'il sait etre en ma possession depuis une vingtaine d'annees; 2" lorsqu'il a tire de la seconde edition de mon Dictionnaire des oucrages anonymes la refutation de I'opinion de MM. Chaudon et Daunou, qui at- tribuent au marquis de Mimeure unc traduction en vers de \ Art d'airner d'Ovidc. (Voy. OEuvres de Boileau , t. iv , p. 579. LITTERATURE. io3 ct le Dictionnaire cles Jnonymes, t. i, n" 1219, 2° edition.) Ma reclamation attenue un pen ce passage de I'excellcnt ar- ticle du Journal ties Scivans , au mois de mars 1824 , p. 144 : « Ce qui m'a d'abord frappe, dit M. Raynouard, dans les verifications et les confrontations que j'ai faites de plusieurs citations et rapprochemens de M. de Saint-Surin , c'estun caractere d'honnete homme, II avoue scrupuleusement tons ses emprimts; il ne s'approprie pas le travail d'autrui Une marque speciale indique ce qui liii appartient; je ne sais si cette exactitude scrupuleuse est un grand merite; mais je sais qu'ellc est rare. « Je ne puis terminer cet article , sans feliciter le libraire-edi- teur des soins particuliers qu'il a donnes a cette edition de Boileau. Cette entreprise justifie la reputation que lui ont deja faite les Letlres de Mme de Sevigne, avec les notes de M. de Mon- merquc; la continuation du Voyage pitloresque de la Grece, par M. de Choiseul-Gouffier ; les OEuvres de Saint- Francois de Sales , etc, , etc. Barbier , ancien bibliothecaire. ARGHEOLOGIE. Description dh Medailles antiques grecqijes et ro- MAiNEs, aifec leur degrc de r arete et leur estimation ^ ouvrage servant de catalogue a plus de vingt niille empreintes en soufre, prises sur les pieces originalesj par T.-^. MioNNET, premier employe au Cabinet des Medailles de la Bibliotheque du Roi, etc. Supplement. Tome III (i). Nous avons consacre plusieiiis articles de ce recueil [f^oj. surtout t. II, p. 4i5; et t. xvii, p. gS), a I'interessant ouvrage de M. Mionnet, a mosure que les volumes out paru. Les deux derniers supplemens vieniient d'etre suivis d'un troisieme qui I'emporte de beaucoup sur les autres , par la richesse et I'interet de ia matiere. II n'est plus necessaire maintenantd'in- sister sur I'ulilite de cet ouvrage dont la reputation est bien etablie dans toute I'Enrope numismatiquc. Notre dernier ar- ticle, surtout, a developpe le systenie de M. Mionnet, rela- tivement a la classification et aux estimations des medailles, • et il a fait apprecier Tinteret general dont leur connaissance est suscesptible , il ne nous reste done, dans celui-ci, qu'a faire connaitre les monumens qu'il decrit, et leurs nouvelles attribu- tions. Le cabinet du Roi se trouve decrit dans cet ouvrage qui pent lui servir de catalogue; et comme, depuis quelques an- uees, ce bel etablissement s'est beaucoup enrichi, les supple- (i) Paris, 1824. I vol. in - 8° de 600 pages, avec ao planches; prix 3o fr. Chez I'auteur , a la Bibliotheque du Roi , et chez Debure freres, libraires, rue Serpente, n" 7. ARCHfiOLOGIE. io5 mens lie M. Mionnet ont surtout pour but du fairc connaitie ses nouvelles richesses, tant niaterielles que scientifiques. Le volume que uoiis annoucons, en continuaiat de suivre le systeme d'Eckhel, maintenant adopte dans tous les cabi- nets, commence a la Macedoine , et renferme ensuite la Thes- salie , Clllyrie, I'Epire , I'ile de Corcyre , l'Acarnanie,l'Eto- Ue , la Locride , In Phocide , la Beotie , I'Juique et ses ties. Par consequent, il contient la partie la plus interessante de la Grece, sous tous les rapports, et particulierement sous celui des arts. Aussi, ce volume est-il accompagne de dix-huit plan- ches de medailles des plus remarquables, et sur lesquelles nous reviendrons dans cet article. Les medailles que publie M. Mionnet ne sont pas toujours nouvelles; maiselles ledeviennent, pourainsi dire, par les at- tributions qu'il leur donne , d'apres les progres toujours crois- sans de la numismatique. Parmi les restitutions les plus interes- santes , nous commencerons par celle du beau medaillon d'argent, attribue jadis a Alexandre 1" , roi de Macedoine, et que M. Mionnet pense devoir etre donne a la Bisaltie ou a la region des Bisaltes , dont on connaissait deja deux medallions, I'un publie par Hunter [Mus. Brit.) , avec la legende BI2AATI- KON, et I'autre avec la legende BITAATinN des Bisultiques , ou des Bisaltiens. ( J^oy. p. 49- ) I) publie aussi, pour la premiere fois, deux medailles d'ar- gent , gravees pi. v, n°' 6 et 7, avec la legende OSSEiiD, et qu'il pense etre de la ville A'Ossa dans la meme region. Une tres-jolie planche, placee a la page 60, represente une medaille d'or de Chalcis , la seule que Ton connaisse en or, de cette ville, et conservee au cabinet de Florence. Cettc medaille avait ete publiee inexactement par Eckhel. Toutes les medailles semblables, en argent et en bionze , attribuees jusqu'a present a I'lle d'Eubee, sont rendues par M. Mionnet a la Macedoine, ou elles se trouvent constammeiU, io6 ARCHEOLOGIE. aiusi quo colles ([u'on placait jadis ii I'ile tie Lesbos, et qii'il a restituecs a la ville tic Lete , daprcs la dt'couveite de M. Sestini. Une attribution bicn plus importante, parcequ'elle interesse egalement I'histoire et la geographic ancienne , est cclle des me- dailles des Orestce ou Oresliena ( p. 85 et pi. viii, n° 122 ). Ces inedailles appartienneut evidemment, par leur fabrique,ala Macedoine. Cependant , dies etaient restees long-tems sans attribution certaine, et on les classait a I'lle de Lesbos, quoi- qu'on y lut en caracteres retrogrades OPHSKItJN. Enfin on fit , en 1816, pour le cabinet du Roi, I'acquisition du beau medail- lon queM. Mionneta fait graver, pi. 8, n° 2, ouleniot OPPH2- KION se trouve ecrit dans le sens ordinaire. M. Raoul-Rochette publia le premier ce medaillon, dans ses Lettres a milord comte d' Aberdeen , sur I'authenticite des inscriptions de Four- mont(i), el il I'attribaa a des peuples nommes Orescii : on connait par les geographes anciens la ville A'Oresta ow Ores- tias , en Thrace , Orestis dans le pays des Bruttiens, et Orestis, ou XOrestide entre I'lllyrie et la Macedoine. C'esta cette der- ni^re contree que Ton pent avec le plus de certitude assigner ces medailles. Si la legende donne un K au lieu d'un T , ce n'est pas le seul exemple que Ton trouve sur les medailles an- cicnnes d'une ortographe vicieuse, ou d'une variation dans la maniere d'ecrirc le nom dun peuple ou d'une ville. M. Mionnet cite a I'appui de cette opinion, les medailles de Mcsembria dans la Thrace , celles d'Ambracie d'Epire , et enfin celles d'Or- chomene. On pourrait citer bien d'autres exemples de parcilles differences. II serait curieux de savoir quelle est I'origine des Orescii, etsi , d'apres cette maniere ancienne d'ecrirc leur nom, on ne pourrait j)as en attribuer I'etymologie a celui d'Oreste , comnie le nom d'Orcstide , ou des Oresliens, pourrait le faire (l) Voy. Rev. Eric, t. "vi, p. 697. (rSao.) ARCHfiOLOGIE. 107 penser ; ou si Ton doit en chcrchcr ailleurs I'orii^ine. On sait combien les langues varient et quels changeniens s'opcrent dans les noms par la prononcialion. Celte question me semble encore indecise, elle sera sans doute I'objet de quelque rnenioire interessant. On remarquera avec interet la belle medaille iconographique de Titus Quinctius Flamininus , que le savant Visconti avail confondue avec les medailles frappees a Rome par les families consulaires, et que M. Mionnet pense avoir ^te frappee dans la Macedoine ( Voy. p. 260. ) II est certain que la fabrique et le style sont grecs, quoique I'inscription soit latine ; que le type du revers est parfaitement semblable a celui des medailles d'Alexandre-le- Grand et de plusieurs de ses successeurs. C'est cependantune singularite numismatique qu'une monnaie ou une medaille frappee dans un royaume, a I'cffigied'un consul ou d'un general romain. Le seul exemple que Ton en eut est dans une medaille de Magnesie de Lydie, ou Ton trouve le nom de Ciceron , et ou plusieurs numismatistes ont cru voir sa tete. D'autres , et particulierement M. Cousinery , ont pense que cette tete etait celle de Jules-Cesar. Mais la legende de la me- daille de Ciceron est, selon I'usage, en grec, et celle de la me- daille de Flamininus est en latin. M. Cousinery qui avaitemis la nieme opinion que M. Mionnet, dans sa lettre a M. I'abbe San Clemente (imprimee dans le Magasin Encyclopedique , an VIII ) avait promis au monde savant une explication de ce phenomene numismatique. Au rcste, I'exemplaire du cabinet du Roi n'est pas unique, il en existe un entre les mains do M. Carabed, drogman au service de France, a Constantinople. M. Mionnet donne, pour la premiere fois, une medaille d'un peuple de I'lllyrie, nomme Enchelies , ou Enchelii. Cc ne sera pas sans interet qu'on trouvera (p. 418, pi. xiii, n" 5 ) la description et la figure de la medaille des Celtie-Aido- nites , peuples de la Thesprotie, trouvee par !e savant voyageur io8 ARCHtOLOGIE. Vouqueyi\le(f^ojrage dans la Gn-ce , t. i , picf. , xvi, ot p. 47 1 j, pres du temple de Pluton, sur la rive dioite de I'Acheron, dans uii licii iionmit- encore aujourd'luii Aidonic. Nous ne pousserons pas plus loin des citations qui ne sau- raient interesser toutes les classes de lecteurs. Cependant, comme toutes les sciences ont I'une avec I'autre qiielque point de contact, nous avons parle, dans cet article, des niedailles qui se rattachcnt particulierement a I'histoire et a la geoi^'raphie anciennes. Les amateurs de numismatique connaissent assez I'ouvrage de M. Mionnet, pour qu'il suffisc de leiir annoncer que Ic troisieme volume du Supplement vient de paraitre ; le quatrieme, qui le suivra bientot, sera, comnie celui-ci , enri- chi de bcaucoup de pieces interessantes que de nouvelles ac- quisitions out fait entrer dans le cabinet du Roi. II me reste a parler de I'execution des planches dont les des- sins fails par M. Garson, sont exactenient dans le style et le caractere de I'antique. Les graveurs, MM. Saint-Ange Des- MAisoNS et RuHiERRE ont parfaitcniciit scconde le dessinateur. Aucun ouvrage de numismatique n'a ete jusqu'a present exe- cute avcc autant de superiorite. II ne sera pas deplace de relever ici la faute que font beau- coup depersonnes, en parlant de ceux qui cultivent la science numismatique, et qu'ils appellent numismates. Les amateurs de niedailles ne sont pas phis des numismates, que les savans qui etudient les chartes et les diplomes ne soni Aef, dijdomates : car la diplomatic et la diplomatique sont deux choses absolu- ment differentes. Quoique nous n'ayons pas adopte le mot nurnismatie, un numismate serait celui qui invente, dessine, frappe des raedailles; et un nurni.stnatiste est cehii qui les re- cueille, les etudie, les decrit; enfin, celui qui cultive \a.nurnis- inalique. OumersAn. de la Bib Hot he que du Roi. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LTVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE. ETATS-IJNIS. I. — Letters from. Paris, on the causes and consequences of the French revolution , etc. — Lettres ccrites de Paris, sur les causes et les resultats de la revolution francaise; par IFiUiam-C. Somerville. Baltimore, 1822. Ia-8° de Sgo pages. Depuis que M. Somerville a quitte Paris , la France n'est plus telle qu'il I'avait laissee , trois ans y ont amene des changemens dont I'influence agira sur I'ensemble des institutions , et prepare uii autre ordre de choses , d'autres destinees. Si le voyageur americain nous faisait une seconde visite, il n'ecrirait plus comme en 1821 ; " Ce que la France a gagne ;i sa revolution , c'est une division terri- toriale du royaume qui a fait disparaitre I'inegalite et les distinctions entre les provinces ; I'abolitiou des privileges de la nohlesse ; la sup- pression d'un systeme ecclesiastiqiie onereux an peuple , et du droit acquis par le clerge de posseder des lerres ; les impots egalement repartis; une jurisprudence uniforme , et I'institution du jurv ; les talens preferes a la uaissance , et tons les Francais apeles indistincte- ment a toutes les fonctions civiles et militalres ; I'egalite absoliie des citoyens anx yeux de la loi; I'industrie di-liarrassee des entraves des jurandes et des maitrises; la liberie de conscience religieuse; la liberte de lapresse, au moins pour les llvres ; une forme de gouver- nement representatif , avec un lo^ng et ccetera d'avantages d'une moindre importance. » — M. Somerville ecrit dans un ctat libre et (i) Nons indiqnerons par un asterisqiie (*) , place a cote du titrede chaque ouvrage, ceux des livrcs etrangers ou francais qui paraitrout digues J'nue atten- tion particidicre , et uous en reudrous qtielquefois oomptc dans la section des Analyses. no LITRES ETR ANGERS. pour des hommes affranchls des prejug^'S qui cnchainent encore heaucoup d'esprits en Europe ; ses jugemens sur les choses et sur les hommes de notre continent europeen sont conformes a IVtat politique de sa patrie; il ne flatte personne. Dans les ef- forts que fit la France pour se soustraire a 1' oppression feodale, il salt distinguer ce qui fut inspire par I'amour de la liberte le- gitime; il voit quelques vertus dans la France de cette epoque, et il n'en apercoit pas toujours au dehors. En parcourant notre his* toire pour y reconnaitre les causes de la Revolution, aucun rang, aucune renommee ne reblouit : il fait descendrc Louis XIV du theitre de sa grandeur, et le jette dans la foule des petits esprits et des hommes ordinaires ; il traite avec la meme sevcrite plusieurs iiisiilutions politiques de I'Europe, anciennes et modernes: mais la religion est constamment I'objet de son respect, ct c'est a I'absence de ce moderateur des passions et des moeurs qu'il attribue la plus grande partie des'maux qui affligerent la France , au milieu de se« convulsions politiques. L'ouvrage deM. Somerville est peut-etre trop republicain pour etre accueilli avec une grande faveur sur le Conti- nent : cependant, les peuples, et m<5me ceux qui les gouvernenl y trouveraient des verites qu'on ne leur dit point , mais qu'ils ne peuvent negliger sans iuconTcniens. 2. — Annals of the Lyceum of natural history of New-Yorh. — An- nalesdu Lycee d'histoire naturelle de New-York.— Cerecueil public chaque mois , par cahiers de deux feuilles d'impression, se trouve a Londres, chez John Blirlel , New-bridge-street, Black-friars; et a Paris, chez Bailliere, rue de I'ficole de Medecine. In-S". Le Lrcee d'histoirc naturelle de New-York n'a pas encore termine le premier volume de ses publications, et deja nous pouvons appre- cier ce que les scienees lui devront. Dans le petit nombre de pages que nous avons sous les veux ( cinquicme cahier ), nous trouvons de nouvelles especes botaniques, des coquilles qui paraissent conlinees sur les cotes du Perou , des observations sur les hirondelles, et une notice interessante sur un squeletto de grand mastodonte deconyert dans I'etatde New-Jersey,' a quarante milles au sud de New- York, dans une tourbiere pen eloignee de la mer. L'animal etait enseveli dans une couche d'argile noire , si pr^s de la surface que la mA- thoire ^tait a decouyert, et se montrait au-dessus de la tourbe. Malheureusement , les observateurs ne fureut pas assez promptement avertis. Avant leur arrivee sur les lieux, la curiosite ignorante avait devaste ces precieux restcs du raonde antediluvicn; plusieurs par- HAITI. 1 1 1 ties dii squelette avaient cte bris^es, ct les fragmens emportes. On a observe que les autres aniinaux fossiles de cette espece avaient ete trouvcs debout, ce qui donnait lieu de penser qu'ils avaient peri en s'enfoncant dans le marais , d'oii ils ont ete tires apres tant de siecles ; mais celui de New-Jersey etait couche. La tourbe qui le re- couvrait avait a peu pr6s trois decimetres d'epaisseur, et la couche d'argile qui le contenait vingt-quatre decimetres (liuit pieds an- glais ). L'argile etait superposee a une couche de cailloux roules , et celle-ci a une couche marneuse d'une grande cpaisseur, et com- posee en grande partie de debris de coquilles. On pense qu'elle a ete formee par depots successifs caracterises par differens genres de coquilles; mais on n'a pu en distinguer qu'un seul tout compose d'buitres , et qui surmonte de quelques pieds les couches de co- quilles brisees. On n'a pas sonde le terrain au-dessous de cette marne. La plupart des os etaient converts a I'exterieur de cristaux de phosphate de fer , de phosphate et de sulfate de chaux. Ce der- nier etait en tres-petits cristaux. Les cavites etaient aussi tapissees de ces trois substances. F. HAITI. 3. — De Saint-Domingue , et de son independance ; par M. Da- GNEAUX , Creole, colon proprietaire. Brochure publiee a Paris en mai 1824, reimprimee au Port-au-Prince avec des notes marginales , redigees par deux jeunes Haitiens. Haiti, septembre 1824. In-4'' de 17 pages. Les notes placees en regard du texte, et qui font de cette nou- velle edition un ouvrage entierement nouveau, sont une refutation complete de la brochure iniprimee en faveur des colons par M. Da- gneaux. Les deux jeunes Haitiens ont dans la discussion une incon- testable superiorite, dueautant a leur plus grande connaissance des faits qu'a la justice de leur cause. lis renversent, avec I'cloquence quelquefois brute et sauvage de leur pays, les faibles argumens du defenseur des colons. Le respect pour le roi de France, la bienveil- lance pour les Francais se melent partout a une hainc profonde contre les oppresseurs don^ ils ont brise le joug. Ce dernier senti- ment domine tous les autres. Aussi, de quelles couleurs ils peignent les cruautes de leurs anciens maitres ! avec quels accens ils celebrent 'eurlibertepresentelUn peu d'unitedans le plan et de suite dans les Idees auraient fait de ces notes decousues un discours comparable par le mouvement et la chaleur a ce que I'eloquence des anciens a 1 1 2 LIVRES ETR ANGERS. (le plus encrgique. Telle" qu'elle est , cette piocUiclion , ou Ton re- marqae de fort beaux passages, fait apprecier les penseeset le styledes cltovens de cette natioujeune et libra. — Nous en citerons quelques phrases: — Notei'i. »Quoi ! vous osez nous reconnaitre pour vos en- fans !vous en rougissiez nagu^re; vous fletrissiez celui des votres qui s'alliait a notre sang.... Nous, vos lils! non , barbares , nous ne le sonimes point ; nous somnies les enfans de I'Afrique, et les fils du soleil d'Haiti. » — Note i5. " II nous sera toujours glorieux de traiter avec S. M. T. C. ; honorable, agreable de fratcrniser avec la noble nation francaise. » — Note 38. « Oui , sans doute, nous I'exigeons ( que la France rt'connaisse notre independance ), etcela prouve que nous somnies logiciens , que nous savons apprecier notre position et la votre. Cette noble resolution ne nous a point nui dans I'esprit du roi de France (Louis XVIII). EUea du nous nieriter Testime de ce mo- narque venerable, qui sut preferer I'infortune a une transaction qui I'eut comble de richesses , mais qui I'aurait deshonore. » B. J. 4. — Ode sur I' Independance, dediee a S. E. le president d'Haiti, parun Ha'itien. Port-au-Prince, septembre 1824 > an 21° de I'inde- pendance. Brochure in-8°de 6 pages. Nos lecteurs, du moins ceux qui ont encourage nos premiers efforts , doivent avoir une idee assez exacte de la lltterature hai'tienne , que leur a fait connaitre I'un de nos collaborateurs , M. Metral , dans une Notice reniplie de details interessans , et di- visee en deux parties. ( Voy. Ref. Enc. , t. 1'^'' , p. 624 a 537 ^' *• ^^^ » p. t32 a 149. ) " Quand un peuple naissant , dit-il dans la seconde partie de cette notice , montre taut d'amour et de dispositions pour les lettres , que ne doit-on pas esperer de sa destinee ? Les lettres sent I'ame de la civilisation; sans elles, les nations restent igno- rantes et barbares; et avec elles, leur gloire retentit parmi les generations futures. Ainsi , le monde offrira pour la premiere fois , le spectacle d'honimes noirs, naguere sauvages ou abrutis , arraches de leur terre natale , traines en servitude au dela de I'Ocean , bri- sant leurs fers , formant un peuple nouveau , appelant au milieu d'eux les beaux-arts , et les cultivant avec un succes dont la posterite pourra s'etonner. » Ces esperances , si douces a concevoir pour le philosophe , pour I'ami de I'liumanite , n'avaient rien que de tres- fonde ; deja merae , a I'epoque ou ecrivait M. Metral ( 1819 ), la nation haitienne avait donne les preuves les plus convaincantes de son aptitude aux lettres et aux arts. Des fragmens, rapportes par lui, de lenrs orateurs et de leurs poetes etonnaient tour a tour le lee- HAITI. ii3 teur par cette force de pensee et d'expression qui caracterisent un peuple dont les sensations sont vives , et, pour ainsi dire, brulantes comme le climat qii'il liabite , et par cette dclicatesse , cette gr^ce qui sembleraient devoir ^tre le partage exclusif des nations fami- liarisees depiiis long-tems avec les douceurs de la civilisation. Mais ces progres si ctounans , conquis dans I'espace d'un quart de siecle , ces esperances si belles donnees par la nation ha'itienne au mondf entier, faudra-t-il y renoncer ? Deja, ses droits, son indcpendance sont remis en question aupres dejquelques cabinets europeens. Places bors de la sphere orageuse de la politique, renfermes dann la sphere paislble des lettres , nous devons rester simples spectateurs du debat ; mais du raoins nous pouvons exprimer nos voeux pour que I'oeuvre commeucee s'acconiplisse, et que Haiti ne soit point effacee de la liste des etats, oi'i le bonheur des citoyens est appuye sur ce qu'il y a de plus sacre au monde, sur les droits imprescripti- bles de I'bonime, sur son iudependance. C'est vers cette indcpen- dance que sont tournes en ce moment toutes les vues et tous les efforts des Haitiens ; c'est elle qui a inspire I'auteur de I'ode que nous annoncons, et qu'il a dediee au president Boyer, pour qui elle n'est qu'un juste bommage cgaleinent du a son caractere per- sonnel et a ses talens comme administrateur. Cette Ode n'est point divisee par strophes; c'est une suite de vers distribues d'une maniere uniforme , deux, alexandrins et ua vers de huit syllabes tombant altemativemeut I'un apres I'autre; et , quoique le melange de ces deux mesures soit ordinairement favorable a I'oreille , sa repetition trop fr^quente ici fuiit par devenir bien plus fatigante encore que celle des strophes regulieres , que Ton a quelquefois repro- chee a I'ode, et n'a plus que le merite de la difficulte vaincue. Les pensees de I'auteur, en general, sont dignes du sujet ; mais I'expression en est rarement heureuse , et des pensees mal exprimees perdent beaucoup de leur force. Voici le debut du poete : Que tniijours, 6 vaisseau , Zepbyre enfle ta voile! Des destins d'Ha'itl puisse I'lieurense etoile T'amener vainqueur en uos ports! Ainsi done , dt: la guerre avouant V imprudence , Le lis reconnaitrait la noble indepeudance Du palmier qui croi't sur uos hords! Ces deux derniers vers sont bons , ce sont peut-eire les meilleurs de la piece : ils presentent une image poetique , agreable et juste T. XXV. — Jam'icr uSaj. 8 lU LIVRES l^lTRAi^fGERS. A la fois ; les autres sont faibles, ct le quatrit'ine m^me est mauvais. Plus loin , I'auteur peint I'arrivee des Europrens en Annerique : Kile Toit bondir sur ses bords Un quadrupede humain qui lance au loin la foudrc. Cette expression de quadrupede humain, pour designer un liomme a clieval , un cavalier, est lout-a-fait impropre; I'esprit ne la concoit qu'apres un certain effort, et avant tout, il faut se faire compren- dre. Elle cherche , poursuit-il , Elle cherche a fleehir cet etre inexorable, Et dresse un autel d'or pour rcndre favorable Sa terrible divinite. Ces trois vers sont bien ; Tidee en est lieureuse , ainsi que I'expres- sion; les suivans sont tres - faibles , et nous ne les citerons point. Plus loin , nous voyons , a son lour , Ha'iti Au rang des nations moutaut par son courage. Encore un vers heureux , niais il faut I'isolcr de ceux qui le pre- cedent ou qui le suivent : Salut! troIs fois salut! terrible Dessaline : Toi, toi que dechalna la justice divine Pour etre I'effroi des meebans ; Toi qui, vengeant les tiens par le sang, le ravage, Rendis crime pour crime, outrage pour outrage, Recois le tribut de mes chants. He! qu'importe , apres tout, si les races futures Fremissent au recit des affreuses tortures Dont ta main punit nos bourrcaux ? Leur rage est ton excuse, et notre independance Fille du Desespoir, mere de la Vengeance, Devait s'asseoir sur des tombeaux. Je m'arr^te; ce n'est plus au poete , c'est a rhomme que s'adressent mes reproches. Eh quoi ! la vengeance prescrit le sang , le ravage ! II faut rendre crime pour crime , outrage pour outrage .' II n'importe point que rhumanlte ait a fremir au recit d' affreuses tortures ! Uindepen- dance doit s'asseoir sur des tombeaux ! ... Ah! laissons cette politique sauvage aux nations barbares , qui ne connaissent d'autre besoin que celui de satisfaire les passions de la brute. Haiti s'est elevec par AMfeRIQUE MtRIDIONALE. — ASIE. ii5 snn courage an rang des nations ; Haiti doit connaitre et doit res- pecter le droit des gens comnie le droit des peuples. EUe pourra repousser par una guerre juste une agression injuste ,mais le crime ne souillera plus ses annales; ses ennemis n'auront point a lui re- procher des triomphes fletris par de cruels attentats : le crime ne pent rien sanctionner. E. Hebeau. AMERIQUE MERIDIONALE. 5. — ■ Ohservaciones de G. T. (^Jerome Torres^ sobre la ley de rnanu- mision del sobrano congreso de Colombia. — Observations sur la loi d'affranchissement pnbliee par le congr^s souverain de Colombie Bogota, 1822. In-4° de 42 pages. C'est une espece de commentaire concernant la justice et la sa- gesse de la loi du congres souverain qui , par des moyens surs et progressifs , conduisant les esclaves a la liberte, les preraiuiit par I'instruction contre les abus dventuels d'une emancipation a laquelle ils n'auraient pas ^t6 prepares. G. ASIE. 6. — Verhandelingen , etc. — Actes et Memoires de I'Academie des sciences et arts de Batavia pour iSaB. T. IX. Batavia, 1824 ; im- primerie du gouvernement. Ce volume qui vient de nous parvenir , renferme le programme des prix proposes ( annonce dans la Revue Encjclopediqtie , cahier Aejtdn 1824); un excellent discours sur son etat actuel, prononce, a sa seance generale du 7 octobre iSaS, par M. le president Mau- risse ; la liste des raembres qui composent la societe ; ses nouveaux statuts, et quatre memoires. Le premier , de M. le professeur Reiw- WARDT, surla hauteur et situation naturelle de quelques montagnes de Java, contient des observations curieuses qui se rapportent a la constitu- tion atmospheriqueet a lageognosie, et fait connaitre les productions naturelles de ces montagnes. Le second , de M. Van Sevenhovew , commissaire du gouvernement des Pays-Bas , aPalembang, en 1822 et 1823 , est une description remplie d'interet du chef-lieu de Pa- lembang , considere sous les rapports topograpliique , statistique et politique. Le troJsieme, de M. le docteur Blume , botaniste dis- tingue, est une description de quelques plantes observees dans un voyage qu'il fit a Salak, en 1822. Le quatri^me de ces memoires est du m4me auteur. Tl traite de auelqucs chines indigenes h Java. ii6 LIVRES itTRANGERS. M. Blume y cl6ciit dix esp^ces differeiites , desigiu'es sons les noms de qiwrciis elegans , q. depressa , q. glaberrima , q. angttstata , q. pseiido- inohicca, q. sundaica , q. priiniosa , q. rotniidata, q. indiita , q. gemel- tiflora. L'auteiir pense que pour I'usage de la charpenferie, le bois de quelqiips-unes de ces espec.es le c6de fort peu en bonte au bois de clique de TEurope. Ce memoire est orne de plancbes representant les six principales especes de chenes de Java. De Kirckhoff, D.-M. EUROPE. GRANDE-BRET AGNE . y. — Corallina , or A classical arrangement of flexible Coralline po- Irpidoms , selected from the french ofJ.-V.-F. Lamouroux, D.-E.-S. Londres, i8a4- i vol. in-S", avec figures. Tel est le litre de la traduction anglaise d'lin oiivrage francais, public en 1816 , intitule : Histoire des polypiers coralligenes flexibles , -vulgairement nommes zoophytes. Miss H. W., auteur de cette traduc- tion, a cru devoir garder I'anonyme, quoiqu'elle porte un nom c61febre parmi les naturalistes du dernier siecie. Elle prouve que Tetude de I'histoire naturelle se perpelue dans cette famille , si miss H. W. en fait partie, comme nous aimons a le croire. L'ou- vrage est traduit avec autant d'elegance que d'exactitude. Nous re- grettons seulement que I'auteur anglais n'ait pas juge a propos de copier la synonymieque I'auteur francais avait ajoutee aux especes, a cause de son utilite pour leur determination. La traduction anglaise aurait pu alors remplacer I'edition francaise qui se trouve epuisee depuis long-tems. — Les planches sont lilliographiees avec soin , et copiees avec la plus grande exactitude. L. 8. — * Principles of Warming, etc. — Principes de I'art de rechauffer et d'aerer les edifices publics , les niaisons des particuliers, les ate- liers , les hospices, les serres , etc., et de construire les divers foyers, les chaudi&res , les appareils a chauffer par la vapeur , les etuves; avec des eclaircissemens theoriques et pratiques appuyes de I'experience; auxquels on a ajoute des observations sur la nature de la chaleur , et plusieurs tables utiles dans ses applications ; par Thomas Thedgold, ingenieur. Londres, 1824 ; Taylor, a la Biblio- thfeque d'Architecture. i vol. in-S" avec neuf planches au burin , et des gravures en bois dans le texte. On trouve trois extraits remarquables et instructifs de cet impor- GRANDE-BllETAGNE. 1 1 7 lant ouvrage, dans trois cahiers (aout, septembre et oclobre ) de la liibliotheque Universelle publiee a Geneve, excellent recueil que nous aimons a rappeler a nos lecteurs. Le sujet traile par Tingenieur anglais devrait fixer I'attention des architectes et des chlmistes francais; car nos edifices destines a recevoir des assemblees nom- breuses, nos tliedtres , nos salles de cours publics sent presque tons des foyers d'infection, dont ratmosphere empoisonnee devient pour ceux qui vont y chercher le plaisir ou I'instructiou une source de maladies souvent niortelles. Nous taclierons, par ce motif, de reunir des documens sur ce sujet, et nous invitons ceux de nos jeunes lecteurs quisavent I'anglais, et qui pourront se procurer I'ouvrage que nous annoncons, a en publier une traduction francaise. Le con- seil de salubrite, qui exisle a Paris , pourra puiser dans le livre de M. Tredgold d'utiles renseignemens , et les appliquer avec succes. Honorons les ecrivains dont les pensees sont consacrees a des objets de bien public , et sachons profiler de leur experience et de leurs con- seils. M. A. J. g. — J Key to the greek Testament. — Une Clef pour le Testament grec. i''''partie, comprenant le texte de I'Evangile selon saint Jean , et une traduction interlineaire, avec une preface qui donne i'expli- catioii des principes et de la pratique du Sj-steme hamiltonlen ; exe- cutee sous la direction immediate de James Hamilton. Londres , 1824 ; imprimerie de Bliss, i vol. iu-8° de xv, 78 et i52 pages. Dans sa preface , M. Hamilton chercbe a faire ressortir les vices dusysteme suivijusqu'ici pour Tinstruction elementaire. Ses remar ques ont surtout rapport a I'enseignement des langues. ■< La malheu- reuse victime de la negligence , des prcjuges ou de I'ignorance des parens, dit-il, est livree a la volonte d'un liomme qui, avec les meilieures intentions pour hater les progres de son eleve , est entraine dans une routine contraire a ces m^mes progres. Pour s'y conformer, au lieu rV ens eigne r, il ordonne a I'enfant d'apprendre... Tout le fardeau de I'instruction retonibe ainsi sur I'eleve , bien loin d'etre supporte par I'instituteur. » L'usage des grammaires que Ton fait apprendre par cceur aux enfans , et des versions , dans lesquelles on exige souvent plus d'eiegance que d'exactitude , est ensuite for- tement blame par M. Hamilton. Avec un pareil systeine, des annces ne suffisent pas pour acquerir la connaissance d'une langue. Encore cette connaissance est-elle bien imparfaite. Un cliangement total est done necessaire dans les ecoles , conclut M. Hamilton , et il propose I'adoption de son sysleme , qu'il appelle systeme hamiltonien. ii8 LIVRES liTRANGERS. Sans doute nous pensons comme lui , que les ecoles ont besoiii de grandes ameliorations; mais nous ne pouvons juger de la bonte de son syst^me , que dans son application a Fenseigncnieiit des lan- gues. Car , il ne parait pas jusqu'a present s'^tre occupe de I'adapter a aucune autre partie de rinstruction. Sa preface nous apprend que cette mcthode noiivelle pour I'enseigncment des langues , cou- siste en lectures d'un texte faites a haute voix , et en traductions litterales , oii Ton s'attache a conserver les constructions de I'ori- ginal. L'iustituteur met entre les mains de ses eleves deu-x livres contenaut I'un le texte isole , I'autre le texte avec une traduction interlineaire. Nous ne croyons pas qu'il y ait rien de nouveau dans ces divers procedes , etM. Hamilton lui-meme semble avouer que la methode qu'il aunonce comme iiouvelte est deja fort ancienue. « II n'est pas nccessaire , dit-il , de faire observer au. Iccteur que les traductions interlineaires ont ete en usage dans plusieurs lan- gues , avec diverses modifications, depuis Arius Montanus jusqu'a nos jours ;... >» mais , ajoute-t-il , jamais personne n'avait pense a les mettre en usage pour enseigner a toute une classe a la fois. Ce qu'il assure aussi avoir ajoute aux traductions interlineaires , c'est I'usage des mots nouveaux , inventes dans une langue, pour rendre les mots on les formes de mots equivalens d'une langue etrangcre. Un autre grand avantage du systeme bamiltonien , c'est , dit son inventeur , de prouver qu'un mot dans une langue ne peut-etre tra- duit correctement dans une autre langue que par un seul mot. Les exceptions a cette regie nous semblent plus nombreuses que M. Ha- milton ne parait le croire. En resume , nous croyons que sa methode quoiqu'elle ne soit pas absolument nouvelle , n'en est pas moins bonne; mais nous ne pouvons ajouter foi a ce qu'affirme son inven- teur : » Cinq sections de dix lecons cliacune , dit-il , sont suffi- santes , ainsi que I'experience I'a prouve , pour apprendre a ecrire et a parler une langue avec correction et facilite. » II u'est pas necessaire de faire reraarquer combien cette assertion est exa- geree. A. J. lo. — * Principes de la philosophie Aainesienne ou transcendentale ; par Thomas Wirgman , I'un des auteurs de V Enciclopcedia Londinen- sis. Londres, 1824; Treuttel et Wiirtz. i vol. in-8°. Ce volume, public en anglais et en francais, contient I'exposition de la Carce de I'esprie huinain seloii Kxint. En d'autres termes , I'auteur s'est propose de resumer, en quatorze pages, les principes de la philosophie allemande. Un tel ouvrage est sans contredit le plus GRANDE-BRETAGNE. 119 court de tons les resumes , et il etait peut-^tre le plus difficile a faire , si Ton considere I'etendue des objets qu'embrasse tout sys- t^me complet de philosophic et les difficultes particulieres que pre- sente I'etude des livres de Kant. Neannioins, il est exact ; mais quelle est sou utilite? Le but de I'auteur n'a pu etre de repandre la con- naissance de son sujet. Una serie d'abstractions non demontrees , et des definitions sans preuves n'ont de valeur que pour ceux qui dcja connaissent a fond les elemens dont elles se composent. Pour les autres, cette lecture equivaiit a celle d'unlivre ecrit dans unelangue inconnue. Je sais bien qua I'aide de connaissances generales en philosophie, on croira comprendre; mais ces connaissances suppo- sent des definitions faites. Or, il s'agit ici des fondemens des sciences. Chaque chef d'ecole definit d'une maniere diffcrente : il a la preten- tion, non pas de refaire rintelligence humaine, car el!e est un fait fort independant de tous les systemes; mais de la montrer tout autre qu'on ne I'avait crue; d'oii il resulte qu'etudier un systeme quel- conque sans connaissances acquises et sur le simple enonce de ses bases, c'est s'exposer a ne point le comprendre, et que I'etudier avec des connaissances et sur les memes donnees , c'est prendre I'infaillible moyenpour ne pas I'admettre. — L'ouvrage de M.Wirg- mau ne sera done utile qu'a ceux qui ont fait une etude speciale de Kant. II offre a leur reflexion des points d'appui qui I'aideront dans le travail de la conception de I'ensemble de la philosophie kantesienne. F. Malbouche. II. — * An outline of the system of education at A'eiv Lanark. — Es- quisse du systeme d'education suivi a New-Lanark ; par Robert-Dale Owen. Glasgow, 1824; Wardlaw et Ciinninghame. r vol. in-8° de 10 3 pages. L'auteur de ce petit ouvrage est le fils du fondateur de la colonic de New-Lanark. (Voy. Rev. Enc. t. XVIII, page 5. ) Nousalions es- sayer de tracer, d'apres lui, un rapide expose du systeme d'educa- tion suivi dans cette colonic. « Les enfans sont gouvernes , non par la severite , mais par la douceur ; on les excite, non par des distinc- tions , mais en leur inspirant le desir d'apprendre ce qu'on veut leur enseigner. Les recompenses et les puuitions sont egaiement ex- clues , comme etant le plus souvent injustes en elles-raemes, et nui- sibles dans leurs effets. » Suivent de longs developpemens , par lesquels M. Owen s'efforce de prouver la justesse de ce principe fondamental. Les maitres sont aimes; mais, sans cherclier a inspirer la crainte , ils savent cons>erver leur autorite pour en faire usage , 120 LivRES Strangers. aussitcit qu'ils le croient necessaire. Les el^ves out des eiitretien? familicrs et habituels avec eux , et cette coutume a deja produit d'excellens resultats. Intercsser les elfeves, captiver leur attention, sans I'arrdter trop long-tems sur un m^me objet , leur laisser toute la liberty compatible avec le bon ordre , tels sont les moyens em- ployes pour rendre I'etude agreable. — Apr^s avoir donne bri^ve- meiitune idee des principes generaux, M. Owen eutre dans plusieurs details sur les diverses parties de I'enseigneraent : la lecture, I'ecri- ture , I'aritbmetique , rhistoire iiaturelle , la geographic , I'histoire ancienne et moderne , le chant, la danse et les evolutions mili- taires,occupent tour a tour les enfans; les filles apprennent de plus a coudre, et s'occupent des autres travaux propres a leur sexe- Pour la lecture , on s'est attache surtout a choisir de bons livres ; malheureusement , ils sont rares, et M. Owen avoue qu'il n'en a pas encore trouve qui le satisfissent compl^tement. Quant a I'arithme- tique , I'ancienne methode a ete conservee , si ce n'est dans les classes des elfeves plus ^gis, ou I'on a adopts le calcul delete, eniprunte a Pestalozzi. Pour I'histoire, la geographic et les sciences naturelles; elles sont enseignees au moyeu de lectures et de conversations d'ou Ton cherche a exclure tons les details oiseux : des gravures de plantes, d'animaux, de fails historiques , sont exposees dans les diverses salles, et servent avec leslecons a faire connailre aux enfans les objets qu'elles representent. On a fait deuxreproches a M. Owen, d'abord de negliger entiferement I'education religieuse ; ensuite de repandre parmi de simples ouvriers une instruction au-dessus de leur etat. Son fils repousse les objections de ses adversaires ; il croit qu'il est plus dangereux qu'utile d'initier uu enfant aux mys- t^res du dogme : « Exercons sa raison , dit-il , preparons-le , par la contemplation et la connaissance de la nature , a admettre de son propre mouvement les verites de la religion : une croyance fondee sur le raisonnement sera plus durable et plus eprouv^e que celle qui aura ete imposee a I'enfance. » Quant aux craintes de certaines personnes sur la trop grande propagation des lumieres, M. Owen n'a pas de peine a prouver combien elles sont absurdes. A.-J. 12. — Noiivean tableau de Londres, de Leigh , ou Guide de I'etran- ger dans la capitale de I'Angleterre ; ou se trouvent decrits avee soin les etabllssemens publics , les edifices remarquables, les lieux d'amusement , et tout ce qui pent interesser les etrangers et les voya- geurs ; auquel on a joint une description succincte des environs de GRANDE-BRETAGNE. 121 Londres,et quelques avis utiles aux etraiigers, sur les moiiuaies , les hotels , cafes , etc. , etc. , avec un plan de Londres et une carte des environs. Londres, iSaS; Samuel Leigli , 18 , Strand: Paris; Treut- tel et Wiirtz; Bossange pere. i vol. in-i8 de xxxii, 3 28 et 36 pages. i3. — Choix des classtques francais, dirige parL.-T. Ventouillac. jre — ge liyraison , contenant : Elisabeth, de M'"'' Cottin , i -vol.; Nwna Pompiliiis , de F1.0RIAIV, 2 vol.; Nouveatix morceaux choisis de BuFFOjf , I vol.; I'Histoire de Charles XII , par Voltaire, 2 vol. ; la Chaumiere indienne , le Cafe de Siirate et le Fojage en Silesie de Ber- WARDiN DE Saint-Pierre, reuuis en i vol. ; Paul el Virginie, i vol. Londres, 1828 et 1824; S. Low, et Treuttel et Wiirtz. 8 vol. in-i8 avec de jolies vignettes; prix 3 shellings le volume. Outre les ouvrages deja publics , celte collection comprendra Belisaire de Marmontel et un Choix des contes ino/aiix du ni^me au- teur ; Tclemaque de Fenei-on ; le Discnurs mr I'histoire universelle de BossuKT ; V Histoire de Pierre-le-Grand , par Voltaire; I'ouvrage de Montesquieu, sur la Grandeur et la decadence des Momains ; les 3Iaximes de La R0CHEF0UCAUI.T ; les Pensees de Pascai,; le Petit careme de Massillon; un recuell de lettres par divers auteurs; la Henriade; en- fin, un choix des tragedies de Corneille , de Racine et de Vol- taire, des comedies de Moliere et des fables de La Fontaine. — Cette collection parait destinee aux jeunes Anglais qui veulent etudier la langue francaise : aussi I'editeur a-t-il reuni , aux chefs- d'ceuvre de notre littcrature, quelques ouvrages moins celMires parmi nous, mais quijouissent en Angleterre d'une reputation fort etendue , et qu'on a I'habitude d'y mettre dans les mains de tons les commen- cans. Personne, en France, ne refuse a M™e Cottin de justes eloges ; on trouve dans ses romans des situations fortes et attachantes , des pensees heureuses exprimees dans un style toujours pur ; Florian est un ecrivain tres-estiniable , dont les fables se font lire avec plai- 8ir,menie apres celles de I'inimltable Lafontaine; mais on n'avait pas encore songe a ranger ni Florlan , ni M™'^ Cottin parmi les clas- siques francais, a cote des Bossuet , des Massillon, des Buffon,d'es Voltaire et des Racine. Si M. Ventouillac voulait admettre quelque romancier aux honneurs de sa collection , il aurait du preferer a tout autre I'auteur de Gil Bias. Quant a Bernardin de Saint -Pierre et a Marmontel , auxquels on a consacre quatre volumes , il suffisait peut-etre de leur accorder a chacun un volume, pour donner place dans les autres a des poesies choisies de Boileau, que M. Ventouillac a entiferement oublie , et a quelques chefs-d'oeuvre de notre scene m LIVRES ETR ANGERS. coniique , tels que leJoiieiu; le do/ien.r, le HJecharU et la Melromanie. Du reste, si nous leconnaissons dans le clioix des auteurs I'origine etiaijgt'ie de cette collection , nous conviendrons avec plaisir qu'elle merite d'etre naturalisee parmi nous : rinipressiou en est correcte et agreable, et de jolies vignettes embellissent ckaque volume. A. J. 14. — Satire di S/vrvAToK Rosa , ecc. — Satires de Salvator Rosa, avec une notice sur sa vie et son portrait. Londres, i8a3; Treuttel et Wiirtz.Iu-S". Apres les tableaux bizarres de Salvator Rosa , ce sont ses satires qui lui ont acquis le plus de consideration. On y rencontre par fois un peu trop de declamation; mais le lecteur en est dedommage par des traits de verve et d'originalite sur les moeurs du siecle et surtout de ritalie. Les sujets qui ont exercc sa muse satirique sont la musupte, la porsie, la peinture, la guerre, i'enyie , etc. Plusieurs des tableaux poetiques qu'il a decrits etaient bien propres sans doute a exciter cette indignation qu'il nous fait partager. II serait a souhaiter que tons les poetes fussent aussi libres et aussi independans que le fut Salvator Rosa; mais cet esprit d'independance n'exempte point des lois du goiit, qu'il ne connut pas ou n'observa pas toujours. F. Salfi. i5. * — Ancient poetrjf and romances , etc. — Anciennes poesies et romances de I'Espagne, cboisies et traduites par John Boweikg. Londres, 1824; Taylor et Helley, 98, Fleet-street, i vol. in-S" do 328 pages. M. Bowring donne un exemple que les poetes francais deviaient suivrc. II a prouve que les chants espagnols peuvent <;tre traduits en vers anglais : certainement, les muses castillanes ne paraltraieut pas moins agreables sous un habillement francais. Les chants na- tionaux de I'Espagne sont encore peu connus en France (i). Ces chants perdent sans doute beaucoup a dtre lus et non chantes , et surtout a dtre prives de leurs couleurs locales. Comme M. Bow- ring n'a point mis I'original en regard de ses traductions, on ne saurait affirmer qu'il ait toujours suivi son modele aussi fidtle- ment que la diversite des idiomes et les regies de la versification (i) Copeudant, M. Creuze de Lesser a fait uu essai trts-beureux dans sa traduction en vers des Romances du Cid (voy. Rev. Enc., t. x , p. 187); et, plus receiDiuent, M. Abel Hugo a public; sous le titre de Romances his- torlques ( voy. Rev. Enc, t. xv, p. 374)) "le traduction , eu prose , dout U avait, donne aup;\ravaut le texte en languc espagnole (voy. Rev. Enc. , t. XIV, p. 614). K. d. R. GRANDE -BRETAGNE. ia3 anglaise pouvaient le jiermettre; mais plusieurs de ces pieces de vers et particiilierement celles queles Espagnols nomment romances ( ce mot est du genre musculiii dans leur langue ), sont des rcclts simples, na'ifs, depouilles de tout ornement , assez analogues aux chants populaires que nous nommous complaintes. Le traducteur leur a conserve leur caractere et n'y a rien ajoute ; ce qui est uu ga- rant de la fidelite scrupuleuse avec laquelle il a rempli sa tdche. Cinquante-sept auteurs connus lui ont fourni des materiaux , quoi- qu'il ait forme la plus graude partie de son recueil de pieces ano- nynies. C'est dans cette partie des ancienues poesies espagnoles , dont plusieurs pieces sont traduites de I'arabe, que Ton trouve les chants historiques relatifs a I'epoque la plus poetique de TEspagne. Suivant Lope de Vega, ces chants composent une Iliade qui n'a point d'Homere. Ce jugement n'est pas tout-a-fait juste : il y a des fictions dans I'lliade, au lieu que les chants espagnols ne sont que de simples recits. Voj'ez , pages 142 et 146, les romances dont la premiere est un dialogue entre un chevalier maure et un chevalier Chretien qui vient d'etre fait prisonnier, avant la bataille de Losal- porchoiies , et la seconde , traduite de I'arabe , raconte ce qui se passa dans Grenade , a la nouvelle de la prise d'Alhama par les chretiens. Sans entrer dans de plus grands details sur cette production de M. Bowring , exprimons encore une fois le voeu qu'un poete francais fasse le nicme present a la France que le poete anglais a fait a ses compatriotes. Nous ferous cependant a M. Bowring un tres-leger reproche. Nous regrettons que, dans la traduction du chant ( ro- mance ) du chevalier chretien prisonnier , il n'ait pas conserve ce que le chevalier maure dit a I'eloge de la veracite des chevaliers Chretiens. F. F. 16. — * Gil Bias di Sandllano, etc. — Gilblas deSantillane, parLESAGE; traduit en italien par le docteur Crocchi Sakese. Seconde edition, de Londres , publiee et corrigee par S.-E, Peteo]vi, et enrichie des observations critiques de J. -A. Llokejvxe. Londres, iSaS; Treuttel etWiirtz. 5 vol. in-i8, Les observations critiques de I'auteur de VHistoire critique de V in- quisition, sur le roman de Gilblas de Santillane, qui seules distinguent cette edition de celles que nous connaissons, ont ete imprimees en franqais il y a quelques annees. ( Voy. Rev. Enc, t. xv, page S^S. ) 17. — Memoirs of the rose, etc. — Memoires de la rose, ou Recueil de lettres a une dame , comprenant I'histoire botauique et poetique de cette fleur. Londres, i8a4> Westlev- i vol. in-12. ia4 LIVRES ETR ANGERS. Ce pelit ouvrage inaiique ;i la charmante collection des roses da c<^leLre Redoute(dont M. Panckoucke publie en ce moment una nou- velle ed. in-8°), ou, si ronainiemieux, les roses dii ]ieintre manquent a celles du poefe. Le fait est que ces deux ouvrages paraissent si natu- rellement fails I'un pour I'autre, que Ton doit regretterqu'ils soient separ^s : nous csperons Lien uu jour les voir reunis par les soins de quelque amateur de bon gout. Les Memoires dc la rose compreunent, outre I'histoire botanique de cette aimablefleur, un recueil choisi de toutcs les plus jolies pieces de vers composees a sa louange, en bebreu, en grec,en latin, en italien , en francais, en anglais, etc. Un grand nombre de ces petites pieces , ou l"on reinarque de la gr^ce et de la facilite , sont de la composition m^me de I'auteur, au- quel nous avons donne a bon droit le titre de poete, puisque, pour nous servir de ses propres expressions , sa prose « n'est que le £11 qui soutient et rattacbe les perles de la poesie. » Nous applaudissons bien volontiers a cette reunion de tons les arts pour celebrer une des plus jolies productions de la nature : nous approuvons ( quand ils reussissent ) les poetes qui cbantent les roses, les peintres qui les retracent a nos yeux , les femmes qui en font leur parure et les ama- teurs qui les multiplient dans leurs jardins; mais , qu'il nous soit permis d'avertir ces derniers de prendre garde de tomber dans la puerile absurdite des tiiUpomanes ; d^ja , peut-6tre , ils leur ressem- blent plus qu'ils ne le pensent. Que signiflent ces volumineux cata- logues de pres d'un millier de roses, tons cbarges de noms aussi pompeusement insigniCans et ridicules que ceux des ognons des plus celebres amateurs de La Haye ou d' Amsterdam ? Est-il bien sur que la botanique et le jardinage aient beaucoup gagne a cette prodigieuse multiplication des varietes d'un seul arbrisseau , et peut-on croire qu'il y ait un sentiment veritable des beautes de la nature dans cette admiration exclusive pour une seule de ses pro- ductions? Nous nous faisons, au reste , un devoir d'exprimer notre satisfaction de n'avoir trouve , ni chez le peintre des roses, ni chez leur poete , ni dans nos parterres, les fleurs ensanglantees des whigs et des torys : assez de lieux sur la terre portent les traces des pas- sions cruelles des liommes. Puissions-nous du moins echapper a ces douloureux souvenirs, sous I'ombre de nos arbres et au milieu des fleurs de nos jardins ! l8. — * Philosophical magazine , elc. ■ — Magaziu philosophique ct .lournal des differentes branches des sciences, des beaux-arts, de I'agriculture , des manufactures et du commerce; par Alexandre GRANDE-BRETAGNE. 125 TiLLOCH. Londres , 1824; Longman et les principaux libraires; prix iS sh. 6 d. par caliier. ig. — The Hive , or Weekly register of remarqunble events in domestic occurrences , literature , etc. — La Ruche, ou Registre hebdomadaire des evenemens de la vie privee , de la lltterature , des manufactures et des arts, des expositions publiques , etc. Londres, 1824; Dun- combe, Little-queen-street. Dans le premier de ces deux journaux , il n'est qustion que des sciences, des arts et de leurs diffcrentes applications. Le second, un peu moins grave , a consacre une portion de ses feuilles a la nombreuse classe de ceux qui ne cherchent dans la lecture qu'un frivole amusement. Cependant, I'inspection du titre empechera qu'il ne soit tout-a-fait rejete par cette partie plus sensee du public qui aime que I'instruction se joigne a I'agrement ; et apres la lecture , on sera convaincu que ce recueil n'est pas indigne d'attention. Le Magazin philosophiqtie nous a offert deux memoires d'histoire natu- relle. Le premier est un Essai sur les migrations des oiseaux , par I'il- iustre Jenner. L'auteur s'est propose d'assigner la veritable cause de ce phenomene jusqu'a present plus connu qu'explique. II combat toutes les opinions emises par les naturalistes qui en ont parle avant Ini , et notamnient celles qui attribuent ces migrations au froid et au manque de nourriture. II trouve la cause de ces voyages sur- prenans dans un cbangement d'organisation interieure de I'oiseau, qui le pousse, avec une force irresistible et independante de toute circonstance sxterieure, a chercher le lien le plus convenable pour produire et elever une nouvelle famille. Les vues du docteur Jenner sont neuves et tres-bien developp6es. On remarque dans cet essai la sagacite d'observation que Ton devait s'attendre a trouver dans tout ce qui est sort! de la plume de I'immortel inventeur de la vaccine. Nous n'avons pas trouve la m^'me force de raisonnement dans ce qu'il dit au sujet du chant des oiseaux, d'autant plus que son sys- teme ne serait applicable qu'a un petit nombre de lieux sur le globe et serait en defaut dans beaucoup d'autres. Mais cette erreur meme d'un homme si judicieux a tons autres egards plait encore , parce qu'elle est presentee sous une forme aimable , et qu'elle n'a pris sa source que dans une ^me profondement pieuse et sensible. Dans le m^me journal, nous avons remarque unmemoire intitule: Quelques fails sur les mcctirs et les habitudes du crapaud, par M. William Fother- gill. L'auteur a voulu retablir la reputation de ce reptile et dissiper les impressions de crainte ou de dugout que sa vue inspire generale- laG LIVRES ETR ANGERS. nient. Mais nous devons avouer que tous ses efforts n'ont pu reussir k nous int^resser aux crapauds. II reste prouv<'', par son memoire mdme, que, si cet animal n'est pas pourvu d'un venin mortel , comma le serpent a sonnettes , si son regard n'a pas la vertu tern~ JSanie de celui du basilic, c'est en derni^re analyse une fort laide h^te, maussade dans ses habitudes, peu sociable, quoique suscep- tible de s'apprivolser jusqu'a un certain point, et vorace jusqu'a se nourrir sans difficuhe des individus de sa propre espece. Le ni<5me memoire nous apprend encore que cet animal est un ennemi redou- table pour les abeilles, non qu'elles soient pour lui une nourriture de predilection , puisqu'il se jette avidenient sur toute espece d'in- sectes; niais les abeilles se posant volontiers a terre et sur les terrains tumldcs egalement frequentes par les crapauds, il s'ensuit qu'elles sont plus exposees a devenir leur proie , et que le proprietaire d'un ruclier doit avoir soin de detruire ce reptile dans ses possessions. — Nous avons luavec plaisir dans le second journal (la Ruche) une anecdote charmante, et qui, sous le titre modeste de Boutade d'un poete , par M. Cowper , a tout le m6rite d'un veritable memoire d'his- toire naturelle, d'autant plus qu'elle fixe I'opinion sur un point qui jusqu'a present etait reste indecis , sayoir, la duree de la vie des lievres. {Memorandum trouve dans les papiers deM. Cowper, mardi 9 mars 1786. Aujourd'hui est mort le pauvre Puss ( nom du levreau favori de M. Cowper), ^ge de 1 1 ans et 11 mois. II est mort de vieillesse et en apparence sans douleur ). L'histoire des levreaux de M. Cowper est remplie d'interet. A I'exemple de M. Fothergill , I'auteur s'est propose de detruire les preventions repandues de tems immemorial par I'ignorance et par le prejuge contre d'innocentes creatures. Mais le poete , il faut en convenir, a mieux reussi que le naturaliste. Les details dans lesquels il s'est plu a eutier nous font aimer ces pauvres betes dont les mceurs sont si donees, et I'exis- tence si peu nuisible a I'homme ; nos persecutions seules, comma M. Cowper I'observe, leur out doune ce caractere craintif et sauvage que Ton regarde a tort comme le trait distinctif de cette espece. Nous ne pouvons, an reste, qu'applaudir a Tesprit de justice qui a guide la plume de nos deux auteurs. F. F. RUSSIE. 20. — Voyage en Tauride , fait en 1820, par M. MouHAVinp- AposTot. Saint-PetersbouTg, 1823 ; imprimerie du minisfere de Finterieur. i vol. in-8° de 337 P- > orne de plusieurs cartes. RUSSIE. — SUfeDE. 127 M. Priouravief-Apostol passe pour nn des auteurs les plus erudits de la Russle ; deja connu par plusieurs ouvrages d'un grand mcrite, il a public tout recemment la traduction des Nuees d'Aristopliane, Ce savant s'etait distingue precedeniment dans la diplomatie, et particulierement en qualite d'ambassadeur en Espagne ; retire depuis long-temsdes affaires, il parait s'etre voue exclusivement aux sciences et aux arts. En 1820, apres avoir recueilli et lu avec attention pen- dant deux annees tous les ouvrages anciens et modernes, dans les- quels il etait question de la Tauride, il fit un voyage dans cette contree , et publia ses observations dans le volume que nous annon- cons. L'agrement du style et les pensees spirituelles de I'auteur sont le moindre merite de son ouvrage. Mais I'exactitude de ses re- marques, la justesse de ses raisonnemens et la vaste erudition qu'il deploie, placent son livre au nombre des plus utiles et des plus curieux qui aient ete publics. Nourri dans la lecture des anciens , M. Mouravief a pris pour principaux guides dans son voyage Stra- bon , Herodote, Dion Chrysostliome , Pline, etc., il invoque aussi quelquefois les temoignages d'Homere, d'Ovide et d'autres grands poetes de I'antiquite. Get ouvrage est ecrit en forme de lettres • la seconde surtout est remarquable par la tournure ingenieuse que lui a donnee I'auteur. II y parle de la ville d'Olbie ; on est surpris de I'entendre s'entretenir avec d'anciens philosophes grecs ; Fattcntion redouble , le lecteur parcourt ces pages avec rapidite, et il apprend, a la fin de la lettre, que tout ce recit n'est qu'un songe arrange avec beaucoup d'art , dans leqnel le voyageur a fait entrer tout ce que Dion Chrysostbome a dit sur la ville d'Olbie, nagu^re si florissante. (Cemorceau rappelle involontairementl'artifice employe parDupatv dans ses Lettres sur I'ltalie , pour decrire le fameux tableau de Ra- phael qui repr^sente I'incendie duVatican. ) La traduction d'un autre morceau qui fait partie du discours de Dion : Borjsthenica Oratio xxxvi , termine le volume. Un livre aussi interessant et aussi ins- tructif pourrait etre utilement traduit dans les principales langues de I'Europe, surtout a une epoque oil la Gr^ce fixe I'attention et I'admiration du monde civilise. T. SUEDE. 21. — Sjstema algarum adum.hravit ; E. A. Agardh, professor. Lund, i8i4- I vol. in-ra. L'aufeur de cet ouvrage, deja celebre parmi les botanistes par plusieurs ecrits sur les hydrophytes, a reuni dans celui-ci la des- ia8 LIVRES ETRANOERS. cription et la synonymic de toiifes les plantes marines connues; il en a ajoute beaucoiip de nonvelles. II les a divisees eu quatre ordres , qui different de ceux que nous avons proposes dans Ic terns, dans cette grande classe du regne vegetal , ainsi que de ceux qu'il avait adoptes dans ses premiers ouvrages. Les espfeces sont classees dans cent genres en grande partie nouveaux , et qu'il serait trop long de mentionner. Nous croyons devoir nous borner a dire que le Systema algarum. d' Agardh prouve les vastes Connaissances de son auteur ; que c'est I'ouvrage le plus coniplet qui existe sur les hydrophytes, et qu'il est indispensable a ceux qui se livrent a I'etude des plantes marines. Lam x. 22. — * Swece Rihcts Historla,, etc.- — Plistoire de la Sufede , depuis les terns les plus recules jusqu'a la mort de Charles XII ; par Ruiis, professeur a I'Universite de Greifswald ; traduiteen Suedois. i'''^ et 2^ parties. Stockholm, 1824. 2 vol. in-8°. La premiere partie de cet ouvrage parut en Aliemagne, en i8o4t sous le titre de Geschichle Schwedens , et les autres parties suivirent sans interruption jusqu'a la sixifeme, que la mort empecha I'auteur d'achever et qui devait s'etendre depuis Charles XII jusqu'a Charles XIII. Chaque page de ce livre prouve que M. Rhiis ctait a la hauteur de son entreprise. Infatigable dans ses recherches , il a etudie et compare toutes les sources avec une rare sagacite ; toujours clair et souvent elegant dans sa diction , il n'est pas moins regulier dans sa marche. Evitant egalement la secheresse du style didactique et les ecarts du style declamatoire, il raconte les eveneinens avec une simplicite qui ajoute du prix a la verite. II n'interrompt presque jamais son recit par des reflexions; et, lorsqu'il le fait, c'est toujours a propos , et pour douner aux faits plus d'autorite. Les deux volumes qui viennent de paraitre, traduits en suedois , contiennent I'ancien et le moyen age , terns que I'auteur presente sous des points de vue qui different souvent de ceux des auteurs suedois ; ce qui contribue a augmenter I'inter^t de son ouvrage. La traduction est faite avec beaucoup de gout et de soin. 23. — Predikan, etc, — Sermon prononce par M. I'eveque Wallin, le4'' jourdepriere etde penitence. Stockholm, 1824. In-4''. M. I'eveque Wallin, depuis long-tems connu en Suede commc orateur , devait s'attendre a ce qu'un nouvel ccrit sorti dc sa plume reveillat I'attention gcnerale; mais une circonstance tout-.i-fait im- prevue est venue imprimer le caracti're de la passion a I'accueil qui lui a etc fait par le public. Ce discours avait h peine ete pro- DANEMARCK. 129 nonc6, qu'une feuille publique, en vogue depiiis plus de 3o ans, pr^teudit demontrer que ce discours religieux , dont le seul but etait de prouver que le principal devoir de I'lionime est d'etre pieux at de se contenter de son sort, avait une tendance tout-a-fait politique; une autre feuille s'empressa de combattre cette assertion, en faisant I'analyse du sermon dans lequel la critique releva quel- ques lieux communs qu'on n'aurait pas du s'attendre a y trouver; voici la guerre allumee entre les feuilles litteraires de Stockholm , et la curiosite publique excitee au plus haut degre. Enfin , M. Wallin, qui n'etait entre pour rien dans cette dispute polemique , a fait imprimer son sermon. Le sujet de la dispute est maiutenant a la portee du jugement de tons; et, si ce morceau n'ajoute rien a la gloire de son auteur, nous croyons qu'il n'en doit pas moins (*tre regarde comme une production qui enrichit la litterature , et que tout philosophe chretien aimera a mediter. G— g. DANEMARCK. 24- — Greve Peder Griffenfelds Levnec. — Biograpliie du comte Pierre de Griffenfeld ; par M. Odin Wolff. Copenhague, 1820. In-4° de 458 pages. Le litre de I'ouvrage que nous annoncons n'est pas bien cboisi. Ce n'est pas une biograpliie , mais un recueil de niateriaux precieux qui serviront utilement au biograpbe futur de cet homme d'etat, celebre non-seulement par ses grands talens et sa haute elevation si rapide et si extraordinaire, mais encore par sa chute egalement sou- daine et par ses malhenrs. En recueillant ces materiaux epars dans une foule d'ouvrages imprimes , et surtout dans h?s archives royales, que le gouvernement danois a fait ouvrir a I'auteur avec bien- veillance, M.Odin Wolff a rendu un veritable service au public, et a merite la reconnaissance de ceux qui s'interessent a I'liistoire en general , et a celle du Danemarck en particulier. — Le comte de Griffenfeld naquit , le 24 aotit ifi35, a Copenhague, ou son pere , qui s'appelait Scliuinacher , etait marchand de vin. Ayant developpe, dans sa premiere jeunesse , les germes d'un talent extraordinaire, ses parens lui donnerent une education soignee , et lui firent faire d'excellentes etudes , augmentees et perfectiounees par neuf ans de voyages en Allemagne , en HoUande , en France et en Angleterre. De retour dans sa patrie , en ififia, c'est-a-dirc deux ans apres la T. XXV. — Janvier iSaj. o i3o LIVRES J';TRAI^GERS. revolution par laquelle Frederic III avait change la forme du gou- vernement en Danemarck, il eut le bonheur de fixer I'attention du niouarque, qui lui coiifia sec^^tement le soin de r^diger la fameuse ioi rojale , qui a fait des rois de Danemarck les souvcrains Ics plus absolus et Ics plus illimites. Des lors, Scliuniaclier put regarder sa fortune comme faite. En peu d'annees , il fut eleve h plusieurs dignites plus eminentes les lines que les autres; et cette grande fa- veur lui fut conservee , apres la mort de Frederic III , par son suc- «'esseur Chretien V, a qui son pere mourant avait recomniande le minislre. Auobli par le nouveau roi , en 1671 , et nommc conseiller prive, il fut cree conite, grand chancelier et chevalier A J.-J- Paschoud : Paris , le meme. i vol. in-8° de xrii et aSi pages; prix 2 f. 5o c. Ceux qui connaissent deja I'auteur de ce spirituel opuscule , I'aimeront davantage encore aprcs I'avoir lu ; ceux qui ne le con- naissent point desireront le rencontrer et seront tout pr^ts a I'aimer ; tous penseront a I'bomme plus encore qu'au livre, parce que I'au- teur s'ymontre tout entier. S'observant lui-meme, et observant tout ce qui I'entoure , il vous fait partager successivement les impres- sions diverses qu'il a recues dans les climats opposes bu il a voyage. Apres avoir peint la nature avec des couleurs vives et brillantes, il vous ramfene dans son propre cceur , et il vous fait decouvrir , par une analyse pleine d'esprit , comment I'liomme, comment les nations entieres sont affectees par le climat , d'apres les effets qu'il en a cprouves lui-meme. — M. de Bonstetten, fds d'un magistral respecte de Berne, avait dix-buit anslorsque yoltaireXixi montra une bienveil- lance particuliere et I'invita frequemment a venir le visiter a Ferney. Dansle meme tems , il se lia a.\ec Moulson, I'ami intime de Rousseau; il apprit de Charles Bonnet I'art de mediter et a s'observer lui-mdme : plus tard, le poete anglais Graj fut frappe de toute I'imagination , de i/ja LIVRES ]f.TRANGERS. toute la vigueiir de pensee que d^veloppait le jeiine Bernois, et il In rctiiit six inois chez lui; plus tard encore, M. de Bonstetten sc lia avec Afiiller, qxn comniencait a fairs connaitre son immense erudition et son aptitude au travail ; il le logea clicz lui , et I'aida de sa bourse et de son credit ; il soutint son courage dans la grande entreprise de riiis'.oire des Suisses; et la correspondance de Bonstetten et de Muller, quia eu en Allemagneunsucces immense et qui a ete aussi tra- duite en francais , nous apprend que, sans Bonstetten , I'Allemagne n'aurait point eu I'homnie qu'elle regarde comme son premier liisto- rien. A son tour, M. de Bonstetten commenca aussi a ecrire , mais en allemand, qu'il regardait comme sa langue maternelle, et il avail deja etabli sa reputation dans la litteratnre allemande par six ou sept volumes d'ceuvres diverses , lorsqu'il essaya d'ecrire aussi en francais. C'est ainsi qu'il arriva, charge des souvenirs d'un autre siecle et de ceux d'une autre litterature ; il n'en a que plus de merite a apprccier si hien notre terns, nos generations nouvelles, a mani'^r si habilement notre langue, et par elle nos sentimens. — Dans son dernier ouvrage , M. de Bonstetten a cherche a faire sentir comment le climat exerce son influence sur la religion , I'enseignement , la litterature , la liberte, le courage, I'amour , les opinions, les cou- tumes ; mais il n'exagere point cette influence. « Le climat , dit-il (p. i3), n'est qu'une des causes qui iTifluent sur les hommes; sa puissance, toujours en activite, ne se fait sentir qu'a la longue par des resultats qui paraissent quelqiiefois lui devoir etre etrangers. Elle cede momentanement a toutes les institutions bien combinees. » Toutefois, il montre d'une maniere piquante et nonvelle sous com- bien de formes cette influence se reproduit. « Les poctes allemands, danois, anglais et suedois, dit-il (p. 65), se plaisenl parficnliere- ment a peindre les beautes de la nature, surtout dans le paysage, ils s'v ambient bien plus que les poetes du midi. La raison en est que, dans le nord, les longs bivers font sentir avec une isiepuisable emotion le retour du printems , ou plutot de I'ete... Dans les pays toujours verts , il n'y a que des nuances de saisons; jamais on n'y eprouve ces contrastes terribles que presentent les bivers septen- trionaux , com])ares au cbarme des etcs , meme de la Laponie. » — « Avec tres-peu d'enseignement, I'habitant du Midi fait dans les sciences bien plus de progres que n'en fait I'habitant du Nord ; mais , pour que ces progres se fassent, il faut trouver I'art infiniment diffi- cile de fixer I'imagination sur les objets qn'on enseigne. Dans le Midi , les organes sont dans une telle activity , il y a une telle dispo- SUISSE. lA'^ sitiuu a I'excitabilit^ des idees et des sent.itioiis , que Ton ne trouve qtie flifficilement chez le jeiine ccolier le montent de fixer une idee 6trangere. L'esprit , bien plus que la terre , y est d'une telle fe- condite que , plus il y a de talens naturels , et plus ou trouve I'slme qn'on entreprend de cultiver , deja garnie de fleurs et de plantes pa- rasites : mais , le germe dela science une fois place, on n liientot des produits -vigoureux. Dans le Nord , l'esprit prend plus facilement que dans le Midi I'attllude de la reflexion ; et I'art de replier ses idees sur elles-m^mes y semble plus nature!... En dernier resvdtat , il y a parite de produit entre les deux climats; mais, dans le Midi , les efforts se depensent a ecarter les pensees inutiles , et dans le Nord , a developper une m^me idee; dans le Midi , il faut sans cesse elaguer lapensee, et dans le Nord, il faut repeter les labours qu'on lui donne. » — (P. ifi4) " L'instruction monacale ne donne pas seu- lenient de fausses id6es ; en donnant a l'esprit une methode inverse de celle qui mene a la verite, elle le rend incapable de penser juste sur rien. Toutes les operations de la raison humaine ont pour but d'apprendre a ne croire que par de bonnes raisons ; apprendre aux liommes a croire sans raison , et contre la raison, c'est les pervertir dans le plus noble don de la diviiiite, celui de la raison humaine. » • — Nous avions encore note plusieurs pensees jusfes , neuves , et exprimees d'une maniere ingenieuse : mais il faut nous arreter ; sans doute ceux qui se plaisent a I'etude de rhomme liront Y Homme du Midi et V Homme du Nord. ( Voy. Rev. Erie. , t. xiii, p. 3o8 , le compte rendu des Eludes de I'homme , par M. de Bonstetten.) S. 43. — Elemens de la Grammaire hehrdique ; par J.-E. Cellerier fils, pasteur, et professeur de langues orientales, critique et antiqui- tes sacrees a I'Academie de Geneve , suivie des principes de la Sy ntaxe hehrdique, traduits librement de I'allemand de PFil he Im Gusnyivs. Seconde edition , augmentee et considerablement modifiee. — Ge- neve, 1824 ; Abraham , Cherbuliez. L'etude de la langue h^braique est , depuis quelque tems , dans I'Europe savante , I'objet d'une attention , et m^me d'une ardeur nou- velle et particuliere. On ne saurait s'en etonner : rerudition et la philosophie, la foi et I'incredulite, le jndaisme et le christianisme , ont lour ;'i tour egalement cberche et trouve des armes puissantes pour souteuir leurs doctrines, dans les monumens litteraires dont cette langue si ancienne renferme les tresors , et fournit I'expli- cation. Mais, c'est dans les communions reformees de la religion chretieune , que le zfle pour l'etude de la langue hebraique s'est sur- 1 44 LIVRES ETR ANGERS. tout d^veloppe. — Geneve , qui futle centre de la r^forme organisee sous le nom de calvinisme, comme la Saxe fat le berceau de la pre- miere reforme dirigee centre les abus que Ton reprocbait a la cour de Rome. Geneve fut long -terns, et est encore aujourd'bui I'un des foyers les plus actifs de toutes les etudes relatives a la langue h^braique, a la littcrature sacree, et a toutes les parties de la science connuecbez nos doctes voisins sous le nom (VE.regese. On ferait una bibliotbeque des ouvrages utiles de ce genre publics dans cette ville. Les Elemens cle la Grammaire liebraiqiie, par Cellerier Ills , dont nous annoncons la nouvelle edition , doivent occuper une place bo- norable dans cette ricbe collection, precieuse pour les amis de la religion et des lettres. La niethode claire, simple et facile de la Syntaxebebraique, estexposee avecune simplicite, une clarteet une exactitude propres a faciliter beaucoup cette etude aceux'quis'y livrent , quels que soient leur age et le dcgre de leur instruction ; les exeniples sent cboisis avec discernement ; I'elegance et Texacti- tude tvpograpbiques ajoutent encore au merite de cet ouvrageele- mentaire. M. B. ITALIE. 44- — * Pomona Italiana, etc. — Pomone Itallenne, ou Trait^ des Arbres fruitiers de I'ltalie; par George Gai-lesio. Pise, 1817- 1824. L'auteur , honorablement connu par un bon traite sur le genre Citrus , et par sa theorie sur la reproduction vegdtale , merite de ses compatriotes I'admiration que les Francais ont pour leur Diihamel. Depuis huit ans qu'il a entreprls cet utile travail , il n'a rien cpargne pour pouvoir decrire exactement les meilleures varietes des fruits cultives sur le sol italien , leur synonymie, et la culture qui leur est propre ; il a aussi pense que , quelle que fut I'exactitude des des- criptions , il aurait souvent ecboue dans la determination de plu- sieurs varietes , si des figures Cdeles ne venaient a son aide ; et celles dont il a embelli son ouvrage nous paraissent si parfaites , pour le ton des couleurs , les contours et les details, qu'on pent dire que riconograpbie, en Italie , n'est point stationnaire au milieu des pro- gres que les Redoutc et les Turpi n ont fait faire en France a cet art. La Pomone italienne comprendra quarante livraisons iu-4° , dont quatorze seulement ont paru ; un ouvrage de ce genre ne peut^tre publie aussi promptement que I'impatience des agronomes le de- manderait. Nous nous proposons de faire connaitre , dans une pro- ehaine annonce , plusienrs varietes d'arbres decrits par M. Gallesio ITALIE. 145 qui sont iDConnus eii France , et qui seraient dignes d'y 6tie in- troduits. B. 45. — * Fisica in riguardo alle /more scopene , ecc. — Physique niise au niveau des iiouvelles decouvertes , expliquant les phenomenes oi'dinaires du monde materiel; ouvrage poslhunie du professeur Giuseppe — .^/. Racagni, niembre de I'lnstitut imperial et roval, etc. Milan, 1824. P.-E. Giusti. In-S". Parmi les ouvrages de ce genre, celui que nous annoncoiis se fait particulierement remarquer. II s'approche plus que beaucoup d'aii- tres de cette perfection qu'on cherche en vain dans cette sorte de livies elementaires, bieu plus difficiles a faire qu'on ne le peuse or- dinairement. Racagni expose, avec la plus graude clarte, toutes les conuaissances les plus necessaires et les plus utiles de la phy- sique. On trouve, en outre, dans son cours , de I'ordre et un bon choix de materiaux. Pourquoi faut-il qu'on puisse lui reprocher d'avoir donne si peu de soin a son style! 46. — * Supplemento alia gitida alio studio della chimica generale , ecc. — Supplement au Guide pour I'etude de la chimie generale du doc- teur Gasparo Bkugjxatelli, etc. Pavie, iSaS ; Fusietcomp. In-8". C'est une nomenclature historique des progres que la chimie a fails, depuis le commencement de I'an iSaS, qui ajoute a I'utilite du Guide que I'auteur avail deja public pour I'etude de cette science. Ce supplement conlienl trois articles , ou I'auteur a renferme tout ce qu'il a cru necessaire pour perfectionner son premier ouvrage. II s'occupe dans le premier article des forces chimiques ; dans le second , de ce qui regarde les corps simples, soil uon metalliques, soit metaux ; le troisieme traite du regne organique. Sous ces trois points de vue , I'auteur semble avoir recueilli tout ce que les der- nieres decouvertes ont ajoute de plus important a la chimie. F. S. 47. — * Delta medicina italiana , e dclla dottrina di Broussais , ecc. — Dela Medecine italienne, et de la Doctrine medicale deBroussais; par le docteur E. Bavesi, de plusienrs Academies ( I'un des colla- boraleurs de VAnthologie, publiee a Florence ). Livourne, 1824; Glauco Masi. In-8° de 46 pages. Cette brochure est le Discours preliininaire que M. Bavesi a place en t6te de sa traduction de la Medecine p/ijsiologif/ue de Droussais , par le professseur Goupil(i). A la fin de ce discours, on lit la (i) Exposition de la nouvelle doctrine medicale; par M.-A. GouriT. , D -M. Paris, 1824; Bailliere. i vol. iu-S". T. XXV. — Jan\'ier 182?). lO I'jG LIVRES ETRA.NGERS. declaration suivante , qui nierite d'etre citee dans I'histoire des sciences comme iia exenijile du devouenit'iit iju'inspire un amour sincere de la verit<^. " L'importance des principes de Broussais, assez prouvee par la cclebrite que ces principes ont acquise en pen de tenis dans toute TEurojje, et par la puissante et salulaire influence qu'ils obtienuent dans la i)ratique , ni'avait determine a les exposer dans un Essai critique qui etait presque acheve, lorsque les Archives gcnerales de medecine (i) ni'ap[)rireiit que j'avais etc devance par M. le professeur Goupil. Je fus bientot convaincu que I'ouvrage de ce professeur etait remarquable par una extrdme clarte , par une analyse a peu prfcs complete, et que le reforniateur des sc/eiices uiedicales en France avail trouve un interprete digne de lui. Je re- noncai sans peine a mon entreprise, et sacriCant tout amour-propre d'auteur a I'utilite publique, je me bornai an role obscur de traduc- teur. Je considerai que M. Goupil avail suivi les lecons el les tra- vaux du savant professeur de I'liopital mililaire du Val-de-GrAce ; qu'il avail vecu dans des relations d'amitie intime avec lui; qu'il avail eu ses manuscrils a sa disposition ; qu'a ces litres incontesta- bles a la coafiance des lecteurs , se joignait le merite reel de I'ou- vrage qui ne renferme pas seulemenl les decouvertes el les doc- trines de Broussais, mais aussi celles de plusieurs autres medecins cel^bres; en un mot, que M. Goupil a expose dans son livre I'etal acluel de la medecine philosophique. » — M. Bavesi presente un resume historique des progres de la medecine depuis deux si^cles, dans toute I'Europe , mais surtout en Italic : il fail connaitre en quoi les theories medicales des Italiens diff(^rent de celles des me- decins francais; il jetle aussi un coup d'oell sur I'etal de la medecine en AUeinagne, on toutes les sciences prennenl une teinte de cette m^lapbvsique nebuleuse , si mal a propos decoree du nom Ae phi- losophic Lorsque le vieillard de Cos donnail le conseil d'appliquer la philosophic a la medecine, ce n'est point de celle-l.i qu'il voulait parler. Les Italiens el les Francais paraissent devoir devancer lou- jours les Allemands et les Anglais dans la carriere des sciences na- turelles, precisement parce qu'ils ne consommenl ni leur terns , ni les forces de leur esprit en vaines sublilites sur les id^es abstraites. (i) Archives generates de medecine; journal public par uue Societe de me- decins, etc. Paris; Bechct jeune 11 en parait un caliier par mois. Prix 26 fr. par an, pour Paris, et 3i fr. , franc de port, pour les departcineus. ITALIE. 147 Au reste, les divergences en theories medicales seraient sans incon- venient, si toutes les pratiques etaient , sinou d'accord , du nioins conduites avec une sage circonspection ; mais , M. Bavesi ne uous rassure point a cet egard. II indique aussi plusleurs differences entre la pratique des medecins italiens et celle des fraucais. Ces obser- vations prouvent que I'ltalie et la France ont besoin de se consulter mutuellement , et que les communications entre les savans de ces deux pays, devenues plus actives par I'intermediaire de leurs ou- vrages periodiques respectifs, et specialeraent de la Revue Encjclo- pediqne et de Y Anthologie publiee a Florence, de la Bibliotheque ica- iienne et des nouvelles Annales de statistiqiie et de voyages publiees a Milan , etc. , sont un moyen prompt et sur de perfectionner les sciences et leurs applications. Apres avoir pris connaissance du discours de M. Bavesi , quelques lecteurs regretteront qu'il ait re- nonce a son ouvrage,non pour ses compatriotes auxquels le livre de M. Goupil convient peut-etre mieux , mais pour les medecins francais qui recherchent avec empressement tout ce qui peut les mettre au courant des progres des sciences medicales dans les pays etrangers. M. A. J. 48. — Veierinaria legale , ecc. — Art veterinaire legal, de Praii- ceico ToGGiA , directeur veterinaire de I'armee deS. M. , etc. Turin , iSaS ; veuve Pomba. In-8°. Le professeur Pozzi de Milan, avait deja publie un Essai sur cette jurisprudence , a laquelle il donna le litre de zoojatria. Mais , ce que M. Pozzi n'avait qu'essaye , vient d'etre amplement traite par M. Toggia , de Turin. Ce dernier etait conuu par plusieurs autres ouvrages de medecine veterinaire; celui que nous anuon- cons vient augmenter ses droits a la reconnaissance des Italiens , auxquels ce genre de jurisprudence manqiiait ab.solument. Sous ce rapport surtout , son ouvrage est d'une utilite incontestable. 49 — * Instituzioni di geograjia Jisica e poUtica , ecc. — Institutions de geographic physique et politique ; par Luigi GiiAJfTi. Quatrieme edition. Naples, 1822 ; Domeuico Sangiacomo. 4 vol. in-8°. L'auteur de cet ouvrage est le frere du celebre avocat Giuseppe Galanti , auteur de plusieurs ouvrages politiqaes, et qui a ecrit aussi sur la geographic, et particulierement sur la statistique du royaume des Deux-Siciles. La Geographie que nous annoncuiis ne duit pas etre coufondue avec tant d'autres que la secheresse ou une abondancesouvent sterile privent de tout inter^t. L'auteur declare n'avoir eu pour but qu'un bon choix de matieres et une method- 1 1,8 LIVRES ETRArsGERS. facile d'expositiou. 11 nous senible (ju'il a icussi a iin tel [)uiiit , que, sous plnsieurs rapports , on peut rcgarder son ouvrage commciieuf et entiercmeiit original. Le style en est precis , clair, et prouve que I'auteur est trfes-verse dans les sciences exactes et philosoj)liiqnes. II sent d'abord la necessite de reformer la geographie, apres tant de revolutions et de changeniens produits par la nature, par les decou- vertes des navigateurs et par la politique. Cetle reforme est reclamee surtout par TAuierique ; niais I'Europe elle-mdnie en sent cgalement le besoin , apres les vicissitudes qu'elle vient de subir. « Quoique I'edifice vaste, mais nial affermi, d'un empire sans vertu politique ait disparu , dit-il , en un instant, et qu'on ait annonce I'intention de ramener les etats a leurs anciennes limites , ils sont encore bien differens de ce qu'ils etaient autrefois ; paroe qu'il est impossible a riiomme d'aneantir cntierenient toutes les consequences d'une longue suite de grands evenemens. » L'auteur remarqueensuite que les livres utiles , dans ce genre, sont bien rares ; il les trouve presque tous eloignes du jilande Strabon. II sent et il indique les ])lus grands obstacles qui s'opposent a une telle execution , surtout lorsque Ton veut eviter les deux exces de la lirievete et de la prolixite. II s'est pro- pose detenir un juste milieu en s'adressant a des cleves qui ont deja eie inities , non-seulement dans la geographie, mais aussi dans les iiutres branches des hautes sciences. Ainsi il presente les j)rincipes de la geographic mathihnatiqite , de la geographie /^/yj/yHC et de la geographie politique. En general, il donne d'abord un tableau de I'etat nature! du pays; ensuite, celui de son elat i>oliiirjiie , enCn , sa topograpkie. Partout l'auteur t^che, avec beaucoup d'art, d'insi- nuer aux jeunes gens le gout de I'histoire naturelie et de I'agricul- ture, sans negliger ce qui concerne les connaissances militaires, et celles qui sont relatives a I'industrie, au commerce, an climat, etc_ II n'oublie pas non plus les connaissances politiques, et particulie- rement I'etude des causes qui produisent la prosperite ou I'avilis- sement des peuples. Souvent il ameliore et determine avec plus de precision et d'exactitude les divisions geographiques des etats. La a* partie de cette Geograj)liie, qui traile du Nouveau-Monde, est la plus curieuse et la plus iuteressante. 5o. — JnnaU d' Italia dal 1750, ecc. ■ — Annales de I'ltalie depuis lySo, compilees par yl. Coppi. Tome I''"', depuis i^So jusqu'en 179^. Rome, 1824; de Romanis. In-8". L'auteur s'elait propose de suivre les Annales du celebre Mura- tori ; mais il semble bien loin d'avoir I'esprit et les maximcs de cet ITALIE. 1 .'(9 auteur celebre. Quand m^me il eiit pu preteudre k riniiter sous ce rapport, aurait-il pu le faire dans le ])ays et dans le terns ou il ecrit? II se montre Tatni de sa patrie; mais on salt que par ce nom sacre ou n'entend quelquefois que cette masse de prejugesinvetcrt-s qui font le malheur de la veritable patrie. Pour en donner une preuve , I'anteur de ces /innales condanine , avec un zele inquisitorial , les reformes ecclesiastiques executees par Joseph II et par le grand-due Leo- pold, ces deux princes qui feront toujours respecter et chenr 1 au- torite legitime ; il signale meme le premier comme un eleve et un partisan aveugle de I'eveque de Hontheim, deguise sous le nom de Justin Febronius. II s'efforce aussi de rechercher les principes , et , pour ainsi dire , I'origine de la revolution francaise, dans quelques livres qui ont ete oublies; et parmi eux, il en denonce quelques-uns dont les auteurs meritaient plutot son respect que ses accusations, que Ton peut signaler comme des calomnies. Plusieurs de ces ecriyains , au contraire, sontgeneralementreconnus pour les apotres de laraison publique, ct pour les veritables bienfaiteurs de i'espfece humaine. En- fin, s'il fallait en croirenotreannaliste, il faudrait condamner le savant Spedalieri, qui a si bien merite de la religion; le celi^bre Gravina lui-mdme, et d'autres ouvrages d'bommes respectables, dont I'auteur aurait dii conniieucer par approfondir un peu mieux les doctrines. Quoi qu'il en soit de ces critiques, qu'il nous a paru mCriter, son ouvrage a encore assez de merite pour se faire lire avec interet. 5 I . — • Memorie storiclie della citla e del lerritorio di Trcnto , ecc. -- Memoires liistoriques de la villa de Trente et de son territoire; par le comte Francesco- rio^ilio Barbacovi, etc. Trente, 1821; Mo- nanni. In-8°. L'auteur etait deja conuu par divers ecrits de jurisprudence. Parvenu a I'age de 86 ans , et depuis quelque tems affligc de cecite, il a voulu laisser un monument de son patriotisme, en publiant les Memoires, jusqu'a present peu connus, du territoire de Trente, sa patrie. II n'a encore donne que la premiere partie de son travail, qui s'etend depuis le siecle d'Auguste jusqu'en 1027. La seconde partie comprendra la suite jusqu'en i8o3. 5-2. — Disfda di caccia tra i Piacevoli ed i Pialtelli , ccc. — Deli de cbasse entre les Piacevoli et les Piattelli, decrit par Giidio Datt, et qui n'avait pas etc encore public. Florence, 1834 j Magberi. Cette publication est due an chanoine Moreni , qui s'efforce d'enricliir ainsi la litferature ilalienne par des editions curieuses. On apprend , par cet ouvrage, quel etait le genre de divertissemcns dont i5o LIVRES I^TRA.jNGERS. on s'occupait a cette <^poque. Ilsemble aussi que I'auteur se soil pro- pose de montreranx modernes de quelle mani^reles grands seigneurs, les geus de lettres et lu peuple s'amusaient ensemble dans ces heu- reux terns que Toa vante et que Ton regrctte souvent sans les Lien counaltre. Si I'auteur espfere plus ou moins raprocher les classes trop separees de la plupart des societes actuelles, au moyen de ces souvenirs, il appuie ses esperances sur des considerations bien legeres. 53. — Bibliografia unwersale ,ecc. — Bibliographie universelle,etc. Venise, 1824; J.-C Missiaglia. i vol. xv, in-8°. Les redacteurs de la BibUotheque itajiernte ne cessent de poursuivre I'edition de cet ouvrage si interessaut par les ameliorations ajoutees a I'original. On remarque, entre autres observations qu'on avail ou- bliees , que le livre d'Augustin Dati , intitule : Elegantiantm UbeUus , fut iinprime a I'epoque de Tintroduction de I'imprimerie en Italie. On reproche aux editeurs venitiens de n'avoir pas ajoute a I'article David les nombreuses traductions italiennes qu'on a faites de ses psaumes , ainsi que les Francais n'ont pas manque de le faire pour les leurs. Ou s'est plaint que le redacteur francais de I'article Pierre- Candide Decembrio n'ait pas dit que ce savant consuma la plus grande partie de sa vie laborieuse a I'etude des classiques , et qu'il contribua , non-seulement a les corriger, mais aussi a faire apprecier I'erudition classique. Le meme redacteur cite la bibliothfeque des chanoines reguliers de Saint-Antoine de Milan; et Ton ne connait pas cet ordre de chanoines dans cette ville. On a fait plusieurs autres remarques sur les axticXes Demesre , Devaines , Diamantini , Dicuil , etc. Quoique ces remarques soient en general peu importantes , elles ajoutent plus ou moins a I'exactitude de cet ouvrage. 54. — * Elogio di Cabanis , ecc. — -Eloge de Cabanis; ouvrage de M. le comte Destutt de Tr.vcy , traduit en italien, etc. Plaisance, i824;Majno. In-8°. Tandis que quelques ecrivains se plaisent a renouveler les ques- tions scolastiques sur les propri^tes originaires de Vesprit et de la matiire , denominations qu'il vaudrait mieux proscrire des ecoles ; plusieurs autres continuentde suivreune marche plus simple et plus philosophique. Ne recherchant que les plionomeues les plus impor- tans de la nature, ils ne s'obstinent point a penetrer I'essence pri- mitive de leurs causes, qu'elle a voulu nous caclier. C'est dans ce sens que plusieurs Italiens , depuis long-tems, tradiiisent, publient ou etudient les ouvrages instructifs des ecrivains les plus distingues ITALIE. i5i de I'Allemagne, ck' !:i France et de rAngleterrc. lis sembleiil ce)jeii- dant nrefererles ilieories,et plus encore les methodesde I'ecole fran- caise. MM. de Tiacv, Degerando , Laromiguiere , et surtout Cabaiiii , sont leurs auteurs favoris. Neanmoins, ces auteurs sont apprecies et juges par eux avec cet esprit de tolerance et de liberie qui les a guides eux-memes dans les jugemens qu'ils out portes sur les ecri- vains qui les ont precedes et qu'ils respectent le plus. Nous pour- 1 ions citer plusieurs ouvrages italiens ou domine cet esprit -vraiment religieux et philosophique. C'est ainsi qu'on discute et que meme on rejette quelques-unes de leurs opinions , sans pour cela chercher a calomnier ou a deprecier leurs auteurs. Voici une nouvelle preuve de cette conduite que nous ne cessons de signaler a I'approbation des -veritables philosophes. L'editeur de la Bibliotheque univeiselle , amiisante et iitstrttctiye , n'a entrepris la publication en Italic de I'Eloge de Cabanis que pour faire ressortir dans la conduite de cet ecrivain celebre la purete des principes qu'il professait. C'est imiter sa morale et cet esprit de bienveillance qui dirigeait ses pensees et ses actions. 55. — Opere , etc. — OEuvres de I'abbe D. TtJicheJe Colombo , de Parme. Milan, 1824; Gio. Silvestri. In-i6. C'est un recueil de divers opuscules plus ou moins curieux et instructifs. On y trouve un discours sur un passage de VAned'or de Macbiavel ; une lettre sur j'education d'un eleve de condition noble ; une autre sur la premiei'fe edition des ecrits italiens du Politien ; I'eloge d'Helene Porta , nee Bulgarini ; trois contes; quelques petits traites , traduits de la langue du Malabar; particulierement quatre lecons sur les proprietes d'un idiome cultive. Ces lecons renferment de bons avis, et concilient la condition de la purete di; langage avec les droits que reclame la liberie de pbilosopher. Tous ces ecrils sont rediges avec beaucoup d'elegance, el font desirer que i'auleur se livre a des ouvrages encore plus importans. 56. — Teatro comico-itaUano , ecc. — Theatre comiqiie ilalien de M. le baron Gio. Cmlo Cosenza. Naples, 1824 » imprimerie francaise. Ce sont 5 comedies; I'auteur assure en avoir compose jusqu'a 36 , dans I'espace de 20 annees. II les a consacrees a I'education; et certes , ce serait im moyeu efficace pour la bien dinger. Les 5 comedies qu'on a publiees jusqu'ici sont le Salvalor Rosa, la Giii- Itetta Cappelli, les 24 Lettres anonjmes, la Trahison, suivie d'une autre portant le mdme litre. Nous confirmeronsiciFopinion que nous avons 1 53 LIVRES ]£TRA]VGERS. tleja ^inise, en uimoncant la premiere de ces pieces. On ne pent pas refuser a I'auteur le mcrite de beaucoup de fecondite et rn^me d'in- vention ; mais il semble quelquefois se livrer trop a sa \erve. Le bnt qu'il s'est propose est veritablement celui de la bonne comedie; niais il ne marche pas sur les traces de Goldoni et de Moli^re ; il semble s'occuper plutot du mouvement de la scene que de I'effet h prodaire par le developpement des caractferes et la peinture des moeiirs de ses personnages. Cependant, on assure que celles de ses pieces qui ont ete representees jusqu'a present, ont generalement ete bien accueillies par le public; ce qui sans doute prouverait en quel- que sorte plutot le gout des spectateurs que le merite de 1 ecrivain. D'ailleurs, on lui en reconnait assez, ni(5me a la simple lecture de ses pieces , pour lui savoir gre de la peine qu'il se donne pour amu- ser et eclairer en m6me terns ses concitoyens. 57. — lUitstrazione storico-critica duna rarissima medaglia , ecc. — Explication bistorico-critiqued'une mcdaille tres-rare, representant Bindo Altoviti. Ouvrage de Michel-Ange Buonarotti. Florence, i8a4'i Magheri. Avec planches. C'est encore aux soins du chanoine Dominique Moreni , que nous devonsl'edition de cet ouvrage qui contient beaucoup de notices his- toriques et de monumens curieux , relatifs aux beaux - arts. On j trouveun prospectus genealogique del'illustre famille Altoviti, et des details peu connus, concernant Michel-Ange , Raphael Sanzio, An- drea del Sarto, etc. , qui tous eurent des relations avec le fameux Bindo Altoviti. Le testament d' Andrea del Sarto , qui n'avait pas encore ete public, nous apprend plusieurs particularites relatives a Michel-Ange. Divers autres opuscules, renfermes dans ce recueil, ont tous plus ou moins d'interet, surtout celui qui regarde le pil- lage qui eut lieu a Rome sous la pieuse influence de Charles-Quint. F. Sai.fi. 58. — ■ // Propagatore. — Le Propagateur, ou recueil periodique de tout ce qui est relatif aux progres de I'industrie, de I'agriculture , des arts et de la medecine ; par M. le docteur Fin azzi. Turin, i8a4; veuve Pomba et fils. Le redacteur de ce recueil s'est engage a pnblier un volume tous les deux mois. Le premier, qui vient de paraitre , se recommande par le choix de plusieurs articles; mais nous craignons que I'alliance de I'agriculture et des arts avec les sciences medicales ne contrarie le succes que M. Finazzi pourrait plus facilement se pronietlre, en ne traitant que de I'agriculture et des arts, parce que deja le Pie- PAYS-BAS. i53 tnont possede phisieurs jouniaiix de medecine , tandis qu'il n'y existe aucun eciit periodique qui ail pour but special de propager las decouvertes ou les ameliorations agricoles et industrielles. B. PAYS - BAS. Sg. — Reponse deM. A. Vas Solingeit aM. Gapurow. Louvain, 1824. Brochure in-S". M. Van Soiingeu , habile professeur d'accoucheraent , a rUni- versite de Louvain, avail public depuis loug-tems un ouvrage, ou il faisait a son art I'application ingenieuse d'un nouveau principe. Get ecrit fut traduit aussitot dans plusieurs langues , el les journaux s'accorderent a louer la sagacite deM. Van Solingen. Celui-cl avail le droit de regarder cette application comme luietant bien acquise, et il jouissail en paix de sa proprlete , quarid toul-a-coup voila M. Capuron qui, dansle recueil de I'illustre Broussais, accuse de plagiat le savant professeur et soutieut qu'il s'est empare d'une decouverte deM. Baudelocque ; M. Van Solingen , quoique ennemi de la polemique , ne pouvait s'empecher de repondre , et il I'a fait avec tous les menagemens desirables. M. Capuron cite le nom de Baudelocque; M. Van Solingen donne unelettrede ce medecinavec le fiic-simi/e ,leUre dans laquelle M. Baudelocquelui-meme se plait a rendre hommage a la doctrine de son cleve; car M. Van Solingen avail suivi ses lecons. Cette discussion se trouve approfondie dans cette brochure, distribuce a tous les professeurs et a uue partie des eleves "e I'Ecole de Medecine de Paris. De R — &. 60. — • * Discoiirs stir I' Instruction pubUque ; prononce le 1 1 00- tobre 1824 1 a I'occasion de I'inauguration de la nouvelle salle aca- demique de I'Universite de Liege , par P. J. Destriveaux , profes- seur de droit et recteur de cette Universite. Liege, {824 ; J- Desoer. In-8° de 55 pages. Ce discours est ecrit avec beaucoup d'ordre el de liaison d'idees , plein de pensees sages el d'observalions donl la justesse sera d'autant mieux reconnue, qu'elles sonl exprimees avec le calme el la dignile de la raison. Nos lecteurs en jugeront par quelques exlraits detaches ; car il serait difficile et certainemenl irop long de soumettrc eel ecrit a une analyse qui put le faire connaitre sous tous les rapports. — M. le Recteur expose d'abord ce que le roi actuel des Pays-Bas a fail pour rinstruction publique. « S'appliquant a eclairer la nation qu'il gouverne, sentant le prix des conquetes que fait la puissance an profit de I'humaine raison , il rctablit I'instruction sur une base 1^,', LIVRES ETRANGERS. large et solide, et la loi supreme du rovaume la doclara ])our tou- jours I'objet des soins constans du gouvernement. Partout I'en- seigiienient fut excite, favorise, recompense; partout il fiit libre , parce que Ton sut comprendre comment la viaie liberte el6ve rhomme , le porta a se respecter lui-meme, lul inspire une sage mo- deration, I'attache aux lots qui le protegent , lui fait clierir les princes qui le conduisent , et la patrie dans laquelle il trouve un veritable bonbeur. » L'orateur s'attache a bien faire comprendre en quoi con- siste VSgalice sociale , sujet des eternels sarcasmes de ceux dont I'ikme n'est pas assez eleviie pour sentir la dignite de I'homme. « La patrie, en ouvrant a tous ses enfans les sources de I'instruction , fera disparaitre ce^que la difference des accidens de la vie pent donner aux uns d'amertunie , aux autres d'arrogance ; elle sera la mt;re tendre qui, reqnissant dans son ccEur tous les fils de son amour, cherche, en adoucissant les cliagrins des uns, en temperant I'hu- meur alliere des autres, a les environner tous d'un bonbeur com- mun. Ainsi , la societe ne sera pas scindee en classes, les unes vouees a une degradation perpeluelle , les autres a uue superiorite qui , pour etre sans gloire, n'est pas toujours sans reproche devant le tribunal auguste de la nature. » Apr^s des considerations sur les effets de I'education die?, les seuls peuples de I'antiquite qui nous soient bien connus , et sur les tenis d'ignorance qui remplissent I'in- tervalle entre la chute des Remains et la formation des etats actuels en Europe , M. le Recteur esquisse le tableau de nos ricliesses intel- lectuelles , des moyens que nous possedons aujourd'hui pour les re- paudre et pour les accroitre. L'enseignement mutuel n'y est pas omis , car les Pays-Bas ne le proscrivent jioint ; et le terns n'est jieut- etre pas loin oil la France (par un mal-entendu deplorable) et I'Es- pagne ( soumise aux plus funestes influences ) seront les seuls pays qui refusent de I'adopter. « Mais quels moyens sont les plus heureux pour repandre sur les societes civiles tous les bienfaits des lumieres? Immense probleme qui renferme une foule de questions de lieux , de tems, de personnes, et que nous n'essaierons pas meme de re- soudre ! Disous seulement qu'une science ne doit jamais etre degagee du principe de I'avantage commun. Un pcuple cntier ne peut pas t^tre savant; mais il faut que chaque homme instruk sc croie oblige tie communiquer a ses semblables les notions qu'ils peuvent recevoii-. Celui que de profoades etudes ont place dans nne situation morale plus avai.tageusc ne doit point s'isoler dans de superbes pretentions . plus il se sent de fe^rces , plus il est oblige d'elever Topinion et les PAYS-BAS. i55 sentimens de ceux qui I'entourent. Les parties moyenne et inferieure de la societe suivront A leur insu une direction favorable ; una foule d'ecoles , continnellement ouvertes a la jeunesse, rarracheront a une perfide oisivete , et dans ces lieux accessibles a toutes les classes de citoyens , les principes d'uue morale pure seront leur premier guide..." On voit que M. Destriveaux voudrait que Ton fit, pour toutes les sciences utiles, ce que M. Ch. Dupin fait en France pour la geometrie et la mecanique, en invitant tous ses camarades, les an- ciens elfeves de I'Ecole polytechnique , a cooperer a cette oeuvre si utile aux progres des arts. Nous aurions pu citer beaucoup d'autres extraits de ce Discours ; mais ce que nous avons dit suffit pour le faire apprecier. Ceux qui I'auront medite et le compareront aux dis- cours academiques prononces dans d'autres pays et dans des cir- oonstances analogues , y trouveront une ample mati^re de reflexions qui ne seront pas au desavantage des Pays-Bas. F. 6 1. — * Analyse historiqiie et crkiqae de V origins et des progres des droits civils , politiques et religieux des Beiges et Gaulois sons les periodes gauhise, romaine, franque , feodale et cocilrimiere , precedee d'un pre- cis critique de la topograpliie de I'ancienne Belgique ; par Jean-Joseph J{\^VSAV.T , conseiller d'etat , etc.T. I". Gand , 1824; A..-J. Vander Schelden. In-8° de 4oi p. M. Raepsaet a remarque avecle savant Van Spiegel, dernier con- seiller pensionnaire des Etats de Hollande, que tous nos liistoriens commencent par Tacite et passent , sans transition , a I'epoque de nos comtes liereditaires, laissant ainsi une lacune de pr^s de dix siecles, pendant lesquels, de I'aveu de I'estimable AVagenaer, au- teur de la grande Histoire de la patrie ( vaderlandsche Historic ), de- figuree en francais par Dujardin et Sellius, nous ignorons comment nous avons ete gouvernes, et savons a peine ce que nous avons eite. Cependaut, il est manifeste que nos moeurs , nos usages, nos cou- tumes et notre caractere enfin offrent encore , et offraient surtout il y a trente ans, une analogic frappante avec le peu que nous con- naissions des instituts des Francs et des Germains, dont nous sommes issus , quoique la fausse idee que Ton a communcment du commen- cement, de la duree , de la nature du r^gne appele/fo^/rt/, ait fait naitre I'opinion que la legislation de la feodalite avait cliange et detruit toute la legislation preexistante des Francs- M. Raepsaet a done entrepris de prouver que I'origine de nos droits civils et po- litiques doit ^tre cherchde parmi les Francs et les Germains dont la legislation est passee dans nos coutumes homologuees en tra- i56 LIVRES ETRA.NGERS. Tersant I'anarchie foodale, laquelle n'a dure, seloii liii, que flu xi' jusque vers la fin dux iic si^cle. Deja , dans plusieurs opuscules , il s'etait essaye a ce travail. II publia d'abord , en xSii, un Mcmoire stir Vorigine des Beiges, qu'il fit suivre , cu l8 r4 , de Recherches sur les inaugurations des souvernins des Pays-Bas, et en 1819 , de VHistoire de I'ongine, de I' organisation et des poiiuoirs des Etats-Generaiix et provin- ciaiix. On trouve aussi, dans les memoires de i'Academie fondee a Bruxelles, une suite de dissertations sur des sujets analogues: enCn, dans sa Reponse a M. Dotrenge , sur le retablissement des seigneuries , il presente plusieurs interpretations curieuses du texte de Tacite. Son dernier ouvrage est egalement ecrit en francais : il s'excuse de ne pas posseder toutes les delicatesses de cette langue ; niais il la regarde comme un inoyen de communication entre les savans, et il a sacrifie ragrtment de la forme a I'ufilite du fond. — V introduction presente un precis topographique de I'ancienne Belgique et des peu- ples qui y confinaient. L'auteur cbercbe a fixer avec precision leur position geographique, et s'eloigne de plusieurs opinions recues ; par exemple, 11 fait voir I'lmpossibilite que les Gordiini (i) aient denieure a Gand. II se demande, en passant, pourquoi Ton parle flamand dans les villages de la Flandre limithrophe du Hainaut, et wallon en Hainaut , dans le Naniurois et le pays de Lioge , quoi- que les habitans de ces provinces aient la m^nie origine germanique ou teutonique que la Flandre et le Brabant. Sa conjecture est in- genieuse; mais nous renvoyons an memoire que M. Raoux a pre- sente sur la meme question proposee par I'Academie des sciences et belles-lettres, et oil il aura sans doute approfondi la difficulte. M. Raepsaet refute en plusieurs endroits les Bollandistes, Desroches, Cluverius, Alting, Dom Bouquet, I'abbe du Bos, etc.; et il faut convenir que ses raisonnemens ont quelque chose qui force la con- viction. Dans sa secondepartie, il examine le droit public, le droit prive ou civil et les moeurs et usages des Beiges et des Gaulois dans les diverses periodes indiquees au titre de son livre. Dfes les pre- mieres lignes , il montre que Tacite a ete nial compris. En effet , on lit, de Morib. Germ., c. 12 : Eliguiitrir in iisdem conci/iis et principes qui jura per pagos 'vicosqiie reddunl. Centeni singulis ex plehe comitcs , con- silium simul et auctoritas, adsunt. M. Bureau de la Malle , comme tous (i) Cordonum celcbrare Jlagrat mens 'Vivida civem , est-il dit dans un poeme uoiiveau sur Hubert Van Eych, oii Ton desirerait plus de porsic dans les vers et des notes moins poetiques. PAYS-BAS. i57 les traducteurs, adopte ce sens : « C'est clans ces mclmes assemblees qu'on elit aussi les chefs qui rendent la justice dans les cantons et dans les bourgades. On leur donne a chacun cent assesseurs tires du peuple, pour les conseiller tout a la fois et les contenir. » Mais cen- Ceni ne doit pas etre pris ici pour centum , et ne signifie que centeniers, comme Tacite avaitpris soin d'en avertir lui-m^me, an ch. 6 : Cen- teni EX siKGULis pagis , idque ipsiim inter suos -vocantiir et Qiiou PRiMo numeriis fuit, jam nomen et honor est. — Si M. Raepsaet n'a pas une grande admiration pour nos constitutions modernes, il n'en est pas moins ami de la libertc, telle qu'eB jouissaient nos peres. Le caractere de cet ccrivain rappelle la loyaute belgique : toute sa vie n'a ete qu'une suite de travaux honorables, d'etudes utiles el d'actes de patriotisme. — Nous nous etendrons davantage sur son dernier ouvrage, quand il sera termine et qu'on en pourra saisir I'ensemble. UE Reiffenbekg. 62. — Dichlerlrke Werhen , etc. — OEuvres poeliques de ./. Van- denvondei,. Amsterdam, 1824; M. Westerman. In-18. M. Westerman, en publiant le xx*^ volume des OEuvres poetiqnes du celebre Vandenvondel , vient enfin de terminer son enl reprise a la satisfaction de ses nombreux souscripteurs. On trouve a la fois dans cette collection un grand nombre de tragedies , des poemes, des satires, une traduction des metamorphoses d'Ovide, etc. Pen de poetes ont fourni une plus longue carriere que celle de cet illustre ecrivain hoUandais, qui est mort dans sa 92* annee , le 5 fevrier 1679. Ce qui caracterise surtout Vandenvondel et le place au premier rang des ecrivains de son pays , c'est la hardlesse energique de son style, qui se trouve toujours a la hauteur de sa pensee , et qui domine sur- tout dans la plupart de ses tragedies et dans les cboeurs qu'il y a iiitroduits. f)3. — * Oden en Gedichten , etc. — Odes el Poesies ; par Feith. i''*partie. Zwolle, 1824; H. As, fils; Doyer. In-12. Ce premier volume se compose en grande partie de poesies ly- riques : on y trouve aussi deux romances que Feith avail inserees dans ses lettres sur differens sujels (Kiieven over I'erscheide ondtrwer- i^ pen 1784 )• Ce poete cherchait alors a faire connaitre dans son pays ce genre de lilterature qui obtenait beaucoup de succes chez ses Yoisins, et qui depuis aetecultive avec ardeur en Belgique. — Feith, qui vieut de terminer une honorable carriere dans un age fort avance , jouit d'une reputation justement meritee pour ses talens poetiques et pour la noblesse de son caractere. A. Q. i58 LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturclles. 64. — * Plantes cry-ptogame.i c/it nord de la France; par J.-B.-H.-J. Desmazikres , inembie de plusieurs Societt'-s savantes ; avec cette epigiaphe : « Herbarium prtvslac oinni icone ,necessariiiin. omni botanico. Link. Phil. bot. , p. 7. » I^"' fascicule. Lille, Janvier iSaS ; imp. de Leleux ; Paris, Treuttelet Wiirtz. i vol. in-4°, ayecdes echantillons de cinquante esp^ces de cryptogames ; prix 8 fr. Linnee, qui posa en priucipe que les lois de la reproduction dans les plantes sont les memes pour toutes , et qui reconnut dans un grand nombre d'esp^ces des organes sexuels visibles et distincts , introduisit la denomination de cryptogames pour les plantes oii ces organes etaient peu apparens, ou tout-a-fait caches. Au nombre de ces productions so font remarquer les mousses , les lichens , les hepa- tiques , \es./ougeres , les champignons , et les algues d'eau douce et de mer ( hydrophytes ). C'est a mettre sous lesyeux des amis de la science des echantillons naturels de ces etres extremement curieux dans r^tude de la hotanique , qu'est destine le recueil que nous annon- cons. L'avantage que des echantillons choisis et desseches avec soin presentent sur les figures coloriees a ele si generalement senti, que plusieurs savans ont public des herbiers sous forme d'ouvrages ; de ce nombre sont feu Eiirhart , et Jungens en Hanovre , Hoppe a Ratis- boune, Funck a Leipsiek, et Seringe h Berne. Get exemple a ete suivi en France par M. Mougeot , de Bruyere , et M. Nestler , de Stras- bourg, qui commencferent , en 18 10, la publication d'un recueil des cryptogames des Vosges , qui se compose aiijourd'liui de plus de huit cents echantillons d'especes, et se distingue de toutes les collec- tions etrangtres du ir)(^'me genre autant sous le rapport de son eten- due, que sous celui de I'exactitude des determinations et des vues desinteressees dans lequel il est entrepris. L'utilite eminente de ces recueils ou fascicules fait desirer que, sur divers points dela France, dont les productions botaniques sont si varices, les cryptogamistes fassent connaitre par ce moyen leurs richesses locales. — M. Des- MAZiEKES , deja avantageusement conuu par des travaux utiles en histoire naturelle , livre avec assiduite depuis plusieurs annees a I'etude des plantes cryptogames , occupe sans cesse a les rechercher , lesdecrire, les figurer et les dessecher, vientdefaire pour le nord de la France un travail semblable a celui de MM. Mougeot et Nestler , SCIENCES PHYSIQUES. iSy mais qui , par la natnre du sol et I'investigation des cotes maritimes que presents cette contree , offre des especes de productions diffe- rentes de celles des Vosges. Le I"^ fascicule de M. Destuaxieres se compose de cinquante especes appartenant a diverses families et dans lesquelles se font remarquer dix a douze thalassiophytes des ordres ulvacees , floridees et fucacees. On y trouve aussi une conferva ma- rine que les observations de M. Gaillou ont rendue recemmeut au r^gne animal ; M. Desmazieres , dans une annotation etendue, la signale a I'attention des botanistes qui habitent les cotes , et les en- gage a observer de nouveau les autres conferves anomales pour en reconnailre exactemeut I'organisation microscopique , et pour les classer avec moins de doute dans nos methodes naturelles. Nous demauderons a I'auteur pourquoi il n'a point apporte le menie scru- pule a Voicil/atoria nigra , c^xi Adansoji , de Saussure et le resjiectable et celebre Vaucher ont signalee depuis loug-tems conime des filamens animes ; I'auteur aurait dii faire connaitre les raisons pour lesquelles il conserve a cette production le titre de pi ante. — Une preface fort etendue et instructive retrace les travaux des divers auteurs de cryp- togamie et fait apprecier le role important que les plantes cryjato- games jouent dans la nature. Chaque plante est accompagnee d'un n° d'ordre, du nom qu'elle doit recevoir , d'apres la nomenclature que I'auteur a jugee la meilleure parmi celles des savaus contempo- rains , tels que Jussieu, Decandolle, Smith, Lamouroux, Bory de Saint- Vincent , Richard , etc. On trouve ensuite I'indication des lieux oil chaque plante parait se plaire, et de la saison qui lui est propre. Personne ne conteslera la difficulte ni I'utilite d'un semblable tra- vail. On ne peut trop louer M. Desmazieres d'avoir suivi I'exemple de MM. Mougeot et Nestler, et Ton doit engager les botanistes a augmenter en France le nombre de ces recueils , qui seraient » tr^s- utiles aux auteurs pour la publication des especes nouvelles ; les echantillons etiquetes par eux-memes serviraient de types pour les descriptions, et pourraienten tout terns l«ver les doutes que laissent encore les ouvrages les mieux faits. » B. G. 65. — * £e ion /a7(f/«/e/- , Almanach pour I'annee 1825, conlenant de nouveaux principes generaux de culture; I'indication, mois par mois, des travaux a faire d«ns les jardins; la description, I'histoire et la culture de toutes les plantes potageres , economiques on em- ployees dans les arts , etc. , etc. f'iiigc - sixieme edition , etc. ; par M. ViLMORiN, marchand grainier du Roi, mcmbre de la Societo ; oyale d';igriculture ; Noisette , des Socieles horticulturak-s de i6o LIVRES FRANQAIS. Londres et de Berlin, etc.; et Boitaud, redacteur principal, auleur de la Botanique des Dames ; dedie et preseiite A S. A. R. Madame, Duchesse de Berry, et orne du portrait ^ Andre Thouik. Paris, iSaS ; Audot. In- 1 a de 8^3 pages, outre 48 pages consacrees a un calen- drier, a des nouvelles d'horticulture, etc, prix , 6 fr. et 8 fi-. Quelque long que puisse paraitre le litre de cet ouvrage, nous I'avons abrege , parce que nous aureus a reproduire , en les eten- dant, les diverses indications que Ton y trouve. Les redacteurs ont fait preceder leur ouvrage de nouvelles qui ne sont pas tirees des gazettes, et de prognostics fort differens de ceux de I'almanach de Liege. On apprend , dans les nouvelles , un procede pour conserver durant I'hiver les clioux-fleurs et d'autres plantes delicates; on y recueille des fails sur la greffe du noyer; un Anglais plaide la cause des moineaux , et soutienl que , loin de nuire a la culture , ces oiseaux lui sont, an contraire , fort utiles; on decrit une carotte obtenue dans le jardin du presbyt^re de Cam ( cointe de Glocester), qui pesait cinq livres et demie avec sa t^te; de nouveaux moyens de faire la guerre aux rats, aux taupes , aux fourmis , etc. On paie un juste Iribut k la menioire de deux celebres cultivateurs Dumont- CouRSET et Andre Thouim ; on donne une lisle tres-etendue de vegetaux rares et curieux , introduits depuis peu en France par M. Noisette, parmi lesquels on compte quarante-huit varictes de Dahlia a fleurs doubles , et une centaine de varietes dc rosiers, etc. — Les prognostics sont le resultat des observations de riioninie des champs sur les variations de ratmospli^re , et sur la manicre dont elles affectent les animaux domestiques ou sauvages. On y joint les indications du barometre ; niais on avertit que ces moyens de pre- voir la pluie ou le beau tems, le froid ou la chaleur , etc. , out be- soin d'etre modifies par des observations locales. Si les prognostics generaux inseres dans cet ouvrage sont infaillibles et applicables a noire climat , nos esperances agricoles sont bien diminuees pour celte annee. — Les principes generaux du jardinage comprennent la nature et I'emploi des terres , des terreaux et des engrais , les couches , les influences atmosplieriques, les arrosemens, I'organisa- tion des vegetaux, les differens modes de multiplication, etc. ; un traile des plantes potageres et des fourrages , des cereales et des plantes economiques; un iraite des arbres fruitiers, sont la partie de I'ouvrage consacree a Vittile. Les plantes et les arbres d'agrement viennent ensuite ; et , il faut I'avouer, nos auteurs en traitent plus longuement que des vegetaux que rutilite scule recommande. Un SCIENCES PHYSIQUES. i6r petit espace est reserve au jardin de plantes mediciuales; et ce qui est tres-commode , on trouve a la fin de I'ouvrage un tableau des -ve- getaiix les plus inteiessans arranges duns Tordie de letir einploi dans les jardins. On voit que le hon Jardinier merite bien le litre qu'il porte. F. 66. — * Physiotogie de I'homme; par i\'.-i'. Adelon. T. Ill et IV. Paris , 1824 ; Compere. ( f^oj. ci-dessus, Rev. Euc. , t. xxi, p. 634, Tannonce des premiers volumes. ) L'ouvrage enlier, prix 28 fr. Les deux derniers volumes de cet important ouvrage continuent la description des fonctions organiques. Les absorptions ouvrent le troisieme volume. L'auteur , apres avoir examine les absorptions digestives , porte son attention sur les absorptions internes , dont les veines et les vaisseaux lympbatiques sont a la fois les agens. La lespiration , la circulation , puis les nutritions , les secretions , etc. , sont expliquees en detail et avec methode. Le quatrieme et dernier A'olume comprend tout ce qui est relatif a la reproduction , c'est- a-dirc la troisieme classe des fonctions organiques. L'anatomie des organes generateurs dans les deux sexes, celle des appareils qui se lient a la generation , le tableau descriptif des actes qui opferent la reproduction , terminent celui de toutes les fonctions de I'organisme. Suit, en appendice, un examen de I'influence du systeme nerveux sur ces fonctions, ou un traite de ce que l'auteur appelle Yinneuttttion. Les liaisons des fonctions entre elles , les relations mecaniques et sympathlques des organes, deviennent en- suite les objets d'un nouvel examen. Les observations de M. Adelon sur les sympathies , sur les divers Ages de I'homme., sur la doctrine des temperamens , sont du plus haut interet. La derniere partie de son ouvrage , la philosophic de la science , ne merite pas moins une attention serieuse. On doit, en un mot, considerer ce grand traite comme le travail d'un professeur habile , dans lequel on puisera des connaissances etendues , et qui contribuera aux progres de la science. Z. 67. — * Planches anatomiqaes du corps humain , executees d'apres les dimensions naturelles, accompagnees d'un texte explicatif ; par F. Amtommarchi , publiees par M. ue Lasteykie, editeur. lo' livrai- son. Paris, iSaS; a I'imprimerie lithographique de M. deLasteyrie, rue S.-Marc. i cahier trcs-grand in-f° ; prix de la livraison , en noir, a5 fr. ; coloriee sur pap. vel., 70 fr. ( Vof. t. xxiv , p. ^ag. ) 68. — * Manuel de clinique , ou Des methodes d' exploration en me- decine , et des signes diagnostiques des maladies , contenant un Precis d'anatomie pathologique ; par L. Martinet. Paris, iBaS, Gabon et T. XXV. — Janvier i8a5. 11 i6a LIVRES FRANC A IS. comp. Moiitjiellier , les niemes. In-iS de 4^4 pnges ; prix 4 f''- 5o c. et 5 fr. En publiant un Manuel de clinique , M. Martinet n'a point voulu faire I'histoire des maladies qui affligent I'cspfece humaine, nl in- diquer les traitemens dont I'experietice a jirouve refficicili^. Son dessein a ete d'enseigner aux etudians comment ils doivent se con- duiro pour observer avec fruit. II a done sncccssivement indique les methodes d'observation qu'il faut suivre dans I'etude des maladies de la tete , de la poitrine et du ventre, et la maniere d'cxplorer ces dlfferentes cavites. Cette premiere partie du Manuel est faite avec soin, et Ton voit que Tauteur a senti toute rimportaiicc d» sujet qu'il traitait. — Dans la seconde partie , M. M;irlinet expose rapidement les principaux caracteres qui peuvent faire reconnaitre les maladies et les alterations que demontreranatomiepathologique. II commence , comme dans I'exposition de sa mcthode d'observa- tion, paries maladies de rencepbale et de ses dependances. Puis il passe a celles de !a poitrine, de I'abdomen et des differens tissus ; il fait connaitre les maladies qu'il appelle generales, et eniSn parle des lievres , auxquelles il conserve leur ancienne denomination de fifevres inflammatoires , bilieuses, etc. J'avoue que ce n'est pas sans surprise que j'ai lu cette partie du livre de M. Martinet , qui parait doue d'un trop boa esprit pour admettre encore I'existence des fi^vres essentlelles. Dans son article pligtie , I'auteur du Manuel dit que cette maladie parait tres contagieuse ; c'est une erreur dont M. le docteur Gasc a depuis long -terns fait justice dans un memoire couronne par la Societe de medecine de Paris ; et les plus celebres medecins de la Pologne sont d'accord sur ce point avec les mede- cins francais, qui out pu pendant plusieurs annees multiplier leurs observations et leurs experiences dans les lieux memes oii cette affection se montre le plus frequemment. Malgre ces imperfections, le travail de M. Martinet, que termine un cliapitre sur les empoi- sonnemens, les asphyxies et les typlius accidentels, sera d'une grande utilite j)Our guidcr les jeunes gens dans la carri^re si difficile de I'observation clinique. D. 69. — Beautes et meiveilles du del, ou Coiirs d'astronomie en a 4 lecons , mis a lu pnrtee de la jeunesse, oine de 1^ planches et d'une carte polaire ; par Thomas Squire; traduit sur I'edition de 1823, par un Astronome francais. Paris, i8a4; Eymery. i vol. in-iade 49 1 pages. Prix 5 fr. et 6 fr. 5o. Voila encore un livre qui enseigue ra.<.tronomie en a4 le<;ons, ni SCIENCES PHYSIQUES. i63 plus , Jil inoins. Get ouvrage est sans doute beaucoap meillcur que ceux du meme litre qui Font precede ; le style en est en general clair et correct , et les developpemens mieux entendus. On y retrouve encore la carte polaire que j'ai dounee dans VVranographie, et dont on n'a pas juge a propos d'indiquer Torigine. Plusieurs passages scut aussi litteralement copies dans cet outrage; Un plus grand; nombre d'autres sent tiies de V Exposition du systime du niunde. Dans cet ou- vrage de M. de Laplace , I'histoire des progres de la science est mise a la fin, M. Squire a commence par-la ; de sorte que le lecteur, faute d'entendre des termes tecbniques et des theories qu'on explique plus tard , ne comprend rien a cette histoire. En general , ce livre est sans ordre ; les matieres y sont classees sans aucune mcthode ; ainsi , par ■exemple , la precession est expliquee en quatre endroits, et nulle part completemeut. Les decouvertes d'Herschell sont fort bien pre- sentees ; mais elles ne soiU pas degagees de toute hypothese , et I'au- teur, en les melant aux faits averes et aux theories demoiitrees , leur donne un caractere et une importance qu'elles n'ont pas. — Le traducteur se dit astronome francais; pour apprecier ses connais- sances en astrouomie, il suffit de lire les phrases suivantes : il dit, page 27, « que le soleil est a la fois sur rellipse et a son foyer... I'inegalite du mouveraent propre du soleil dans une orbite elliptique dont cet astre occupe un des foyers; » et comme, a la page 178 , on letrouve : « Le soleil, ainsi que toutes les autres planetes,yo/2ar M. Dupin a la classe industrieuse. — Le professeur rappelle qu'il a demontre, pour la propagation de la lumi^re, uae des lois g6ne- SCIENCES PHYSIQUES. i65 rales de la aalure , le d^croissement des intensites en raison de Tac- croissement du carre des distances. » Cette lol du rapport inverse des Carres des distances , nous la retrouvons dans I'attraction de la terra, dans I'attraction du magnetisrae, dans I'.Tttraction et la re- ])ulsion de I'electricit^. La premiere de ces proprietes generales, eternelles , de la force , de la matiere et de I'espace , vous avez pu vous elever a la comprendre en peu de Iccons. Cependant , les geo- metres et les physiciens ont mis cinq mille ans a decouvrir des verites de cet ordre ! Voila la mesure des methodes d'enseignement de la science moderne. Un tel rapprochement vous a frappes, et vous avez pour un moment oublie que nous supprimions tout signe d'improbation ou d'approbation, pour saluer, par vos acclamations, ce prodige des connaissances sublimes que nous nous efforcons de vous rendre familieres, Un souvenir qui s'offre a ma pensee ne me permet point de vous adresser de reproches , pour cette infraction d'une regie qui convient a la severite de nos etudes et a la simpli- cite de nos manieres. Durant mon dei:nier voyage en Angleterre, il me fut donne de contempler le plus beau des spectacles qui aient jamais flatte les regards d'un ami de I'industrie. J'ai vu, reunis dans la m^me enceinte, I'elite des savans , des artistes, des gens de letlres et des grands magistrals, en un mot, les hommes les plus illustres des trois royaumes presides par le premier ministre d'un puissant empire ; et cela , messieurs , pour voter un monument... a qui? a un raccommodeur d'instrumens de physique, deven'u plus tard fabricant de machines, a James Watt; et le premier des .souscripteurs pour la statue qu'on voulait eriger a cet homme de I'industrie, c'etait le roi , qui souscrivait pour 12, 5oo francs!... Parmi les discours eloquens qui furent prononces alors, et que j'ai re- cueillis, il en est un qui me frappa : c'est celui du celebre Mac-Intosh, I'un des plus brillans orateursde la Cliambre des communes. Apres avoir parle des progr^s que I'application de la science aux arts a deja procures a I'industrie britannique , sir James Mac-Intosh poursuit ainsi : « Pour moi , je suis persuade que des consequences plus etendues, plus elev^es encore, sont rcservees a la posterite , dans les livres secrets du destin. La combinaison des arts utiles et des beaux-arts a repandu des connaissances generales dans un plus grand nombre d'esprits , ces connaissances ont ete raises a la portee de cette classe d'hommes pour la plupart remarquables par leur esprit intelligent, ingenieux, actif , et plein du desir de s'instruire. II y a peu de tems , j'ai visite une institution de cette m^tropole on des lecjons scientifiques sont donnees aux artisans : ils etaient au ifjO LIV11E,S FRANCAIS. noinbrc de 800. Jamais je n'ai vu d'assembl^e plus rt^guli^re et plus respectable, ni de reunion populaire oii la decence et la proprete du vetement et Je la contenance indiquasseut un sentiment moral plus appropriea lacircoustance. Lalecon roulait surun objeten apparence ( niais seulement en apparence) bien au-dessus de I'intelligence d'un tel .'luditoire. II s'agissait de falre comprendre la loi de I'altrac- tion reveJee a I'univers par I'illustre Newton. Le professeur expliquait la diminution de la force attractive en raison du carre des dis- tances. Lorsqu'il eut acheve ses explications et sa demonstration , I'auditoire tout entier eclata par un applaudissement unanime , comme si les liommes dont il etait compose eussent senti qu'une verite nouvelle et sublime venait d'etre rev^lee a leur intelligence. Jamais peut-etre applaudissement plus honorable pour I'esprit des approbateurs ne se fit entendre dans aucune assemblee. » « Cette noble peinture d'une scene si interessante pour les amis des progres de I'espece humaine fut a son tour couverte d'applaudissemens par un auditoirc compose des liommes les plus emineusdans les sciences, les lettres et les arts. ... Et moi , messieurs , ajonte PrI. Dupin, je suis bien aise de prouver a la France que si I'elite des liommes qui font fleurir I'industrie dans la superbe Londres s'eiiflamme d'un feu qui rhonore, a la vue des beautes de la science et des decouverles da genie, I'elite des hommes qui font fleurir I'industrie dans notre capitale n'est pas moins sensible a ces beautes intellectuelles, ni moins capable de les saisir , ni moins ardente a s'empresser pour en suiyre les developpemens etla demonstration. » — Cette citation est sans doute suffisante pour exciter la curiosite de nos lecteurs : mais le discours de M. Dupin sera recherche par des motifs plus dignes de son objet ; on y trouvera de I'instruction , et d'utiles cxemples de redaction pour des lecons analogues. F. yi. — Considerations siir la gjmnastique ; par M. JuNOD , profes- seur de gyninastique. Paris, iSaS ; I'auteur, place du Palais de Jus- tice, n" 4- In-8° de i5 pages; prix jS c. La comparaison de I'education des anciens ct de la notre ; les avantages que leur procurait la gymnastique, et ceux que nous per- dons en la negligeant : les maladies qui sont la suite de cette ne- gligence, et que nous eviterious par des exerciccs graduels et bien diriges; enfin, I'introduction de cette etude dans quelques maisons d'educalion, les avantages qui en sont r^sultes pour les eleves , les devoirs des gymnasiarques, la facllite d'enseigner et de faire pratiquer la gymnastique : voila ce qui compose cotte brochure. Si elieest bien accueillie,M. Junod se propose depublier sur la gj'niT SCIENCES i'H'^SK^LES. iii? iiastique un ouviage dans lequel il comparera celle des aiieiens a la notre : nous desirons qu'il ait I'occasion de rempHr sa proinesse. B. J. y3. — iJeinoires siir les peijectionnemens apportes dans Van de la chapelleiie dcpuis environ 3o am; par M. Guichvkdikrf. , fabricant de chapeaux, niembre du conseil general des manufactures pres du ministere de I'interieur. (Extrait des Jnnales de i'liidiistrie , etc.) Paris, 1824; I'auieur, rue Saint- Jacques, n° 178. In-8° de 76 pages. Quoique ces Memoires aiefit ete inheres dans I'un des recueils specialement consacres aux arts, il est utile de leur donner une plus grandc publicite. Voici comment I'auteur s'exprime a la fin de cette brochure : « J'ai ecrit avec franchise et verite. Je puis avoir/(((V des erreurs ; mais, si quelque lecteur qui les apercevralt voulait avoir la complaisance de me les signaler, je les avouerai, si elles sont reelles, et je les eviterai dans la description de I'art de la chapel- lerie , dont je m'occupe. » Nul n'est en effet plus capable que M. Gui- cbardiere de nous donner cette description ; ses deux memoires en sont la preuve : il se plait a communiquer au public , a repandre dans les manufactures les connaissances que lui ont procurees des reclierches longues et difficiles. Le premier memoire expose une suite de precedes par lesquels on parvient a egaler en beaute et en bonte les chapeaux de Trieste, qui passent pour etre superieurs a tous ceux d'ltalie. Les preceptes de I'auteur prennent la fabrication du chapeau aux premieres manipulations, et la conduisent jusqu'a la fin. Le second memoire est une suite de notices sur divers perfec- tionnemens isoles , tels que les moyens de degraisser les poils d'ours marin et de les rendre propres au feutrage ; sur la fabrication des chapeaux velus et eclatans; sur les variations de forme et de matiere que les chapeaux ont eprouvees , suriout pendant et aprfes la revolution, et sur I'influence que ces variations ont exercee sur le commerce , sur les precedes de fabrication , sur le prix des mati^res employees. L'histoire de nos modes se trouve en partie dans cette notice, el peut faire naitre d'autres pensees que cellesqui conduisent au perfectionnement de la chapellerie : les nioralistes y recueille- ront des faits qui ne sont pas tres-honorables pour notre civilisation ^ mais qui ne doivent pas etre ignores. — Dans une autre notice, M.Gui- chardiere expose les precedes des Napolitains et des Triestains pom- la fabrication des chapeaux. Enfin , I'auteur rend compte de quel- ques autres perfectionnemens dont plusieiu's sont le fruit dc ses experiences. II serait a desirer que tons les habiles fabricans inij^ tassentM. Guichaidi^re. F- 1 68 LIVRES FRANCAIS. 74- — Petit Mdmorial statistiqiie el adtninistratif desjorets da rvyaiime, pour I'an i8a4- Paris, iSaS. i vol. in-i8;prix, 3 fr. L'anteur de cet ouvrage s'estplace a-vantageusement depiiis long- tems parmi les Statisticiens, par des connaissances elendues et parune redaction claire et methodique. Onsait qu'independaniment d'autres ouvragessiir les hois el leur cubage, ilestediteuret Tun desauteursde la Statistiqiie generate de la France ('yvol. in-8", avec atlas), et qu'il a travailltj avec M. Peuchet et feu M. Chanlaire, a la Description topo- graphlquc et stadstique du royaume par departemens . Aprcs de sembla- bles travaux, M. Herbik dr Halle s'est occupe de statistique spe- ciale et administatlve, en donnant, sous le Utre Ae Memorial , etc. , les notions les plus exactes et les plus positives sur le sol forestier du royaume et le mode d'administration et de surveillance auquel il est soumis. Ce Memorial que nous annoncons parait pour la troisleme annee, avec des ameliorations sensibles. C'est en 1821 que son au- teur , cedant aux instances qui lui furent faites , en publia la pre- miere edition pour remplir la lacune que laissait , depuis i8tr, X Anniiaire forestier , dont la publication n'avait pas cte continuee. Le Petit Memorial contient sur I'organisation tant du materiel que du personnel del'administration des for^ts del'etat , des communes, des hospices et des etablissemens publics et de celles de la couronne et des princes de la famille royale, tons les renseignemens que Ton peutdesirer. II indique , par conservations et T^ar departemens , la po- pulation, Tetendue territoriale, celle des fordts, les noms de leurs proprietaires et ceux des conservateurs , inspecteurs , sous-inspec- jeurs, gardes generaux et a cheval , arpenteurs, avec la designation des residences et de leurs arrondissemens, etc. L'auteur fait aussi con- naitre les directions forestieres de la marine , en mdiquant les ports qu'elles approvisionnent , et les noms, residences et arrondissemens des ingenieurs, directeurs et sous-ingenieurs maritimes, maitres , contre-mahres , etc., et autres agens maritimes charges de ce ser- vice. L'ouvrage est termine par une analyse tres-succincte des lois, ordonnances et reglemens concernant I'exercice ds* la chasse, qui sera d'un inter^t particulierpour un grand nomhre de personnes, et qui se lie naturellement a I'organisation de la louveterie ; on trouve, dans ce Memorial , un etat , par dcpartement , de tous les lieutenans de louveterie. — En nous reportantau premier chapitre de l'ouvrage, nous ue pouvons mieux faire, pour eviter de transcrirele tableau general de la statistique de la France qui presente la repartition de la superficie de ce royaume entre les diverses natures de propri^tc , SCIENCES PHYSIQUES. 169 avec un apercii tlu revenu de chacuue d'elles , que de communiquer a nos lecteurs les resultats ci-apres : les ^ environ du sol francais sont en terres labourables ; un i5i"«en prairies; un lame en patu- res; un aS""^ en vigues ; un 8™p en Lois de toute categoric, dent les futaies occupent environ la i5'"<' partie ; un 16""^ en pares et jar- dins ; un iimeen terres vagues; un aoo'^^ en proprietes baties; un 4o™e environ en rues , places , promenades publiques, routes , che- mins, et enfin un io™<'eii fleuves , rivieres, etangs, etc. II resulte egalement du meme tableau, que, dans le revenu total , les terres labourables entrent pour les ,•; les pres pour un 7'""' ; les p^tures un pen moins du 3o""= ; les vignobles, pour un iS™''; les bois taillis et futaies ( excepte ceux de I'etat ) pour un aS™^ ; les proprietes baties, pour un peu plus du 5™® , et que les bois de I'etat augmenteraient environ d'un 79'"* le revenu total , qui est de r,582,35i,335 fr., s'ils y etaient compris. — A la fin de sonapercu statistique et historique des forets, I'auteur fait remarquer que , surune etendue territoriale de 52,890,672 hectares , comptant 3o,45i.igi liabitans , les fordts en occupent 6,521,470, dont 1,122, 83a font partie du domaine de I'etat; 1,806,745 possedes par les communes et les etablissemens publics; 65,969 par le domaine de laCouronne; 192,396 par les princes de la famille royale, et 3, a43,528 par les particuliers. — En parcourant , de la page 3i a la page i34, le tableau des vingt-un arrondissemens forestiers , on forme, sans aucune recherche ni con- tention d'esprit , un tableau qui fait connaitre quelle? ressources en bois chaque departement pent offrir dans la somme de nos besoins. — Les contrees voisines de la mer ayantete deboisees , ce n'est que dans les departeinens du nord et de Test, et dans I'lle de Corse, que sont aujourd'hui nos richesses forestieres , et principalement celles qui sont les plus utiles aux constructions navales, civiles et mili- taires. — L'ile de Corse est en possession de fournir a elle seule aux besoins de notre marine; les autres departemens les plus abondans en bois de construction sont I'Ain , V Aisne , YAiibe , les Ardennes , le Cher , la Cdle-cfOr, le Doiibs , la Drome , YEtire , Eitre-et-Loir , le Loi- rec , la Maine , la Haute-HIarne , la Metirthe , la 3Ieeilles dans I'EgUse de Notre-Dame de Cci- gnac; augmentes d'un Crake de pilerinage , avec la maniere de le faire saintement. Paris , 1824. i vol. in-8". Nous trouvons ce livre compris dans les annonces des Tabletces du clerge et des amis de la religion. ( Paris , novembre 1824; chez De- monville). C'est un trait qui appartlent a I'histoire du xix'' siecle, a peu pres comme le Traite anarchique du blaspheme que nous avons fait connaitre en 1823. ( Voy. Rev. Enc. , t. xx, p. 884. ) L. 77. — * Conseils pour faire foriune ; par Benjamin Franklin ; pre- cedes d'un Calendrier pour 182S , et d'une Notice sur Franklin ; suivis de V Ordonnance de Louis XVIII sur la Caisse d'cpargnes et de pre- vojrance. Paris, 1825 ; Renouard.In-i8 de 36 pages. Prix : 25 c. , et ao fr. les 100 exemplaires. M. Renouard avait deja public, avec un almanack pour 1825, I'ingenieuse fiction de Franklin , l.a Science du bonhomme Richard. ( V. Rev. Enc. , t. xxiv, p. 178. ) Le prompt debit de ce calendrier I'a engage a choisir dans les Melanges de morale , d'economie et de po- litique, extraits des outrages de Denjamin Franklin {Voy. Rev. Enc, t. XXIV, p. 447) > quatre contes ou paraboles rapportes egalement a un but d'economie. II a compose ainsi un second calendrier moral, enrichi, comme I'indique le titre , de plusieurs pieces relatives au menie sujet. Ce nouvel ouvrage , semblable a son aine par le format , I'impression, les vues d'utilite et de philanthropie, a ete maintenu au m(5me prix : c'est done rendre un double service a riiunianite que d'offrir a rintelligence une nourriture it la fois saine et suhstantielle, et de la mettre a la portee de la classe la plus indigente. B. J. 78. — * Dibliotheque instructive et morale pour la jeunesse , ou Pre- mieres notions en tout genie, exposees d'apres un systeme d'estamjies, par une sociele de professeurs ; recuei'lies et mises en ordie par 1 7a LI V RES FRANC AIS. t.-Seb. LKKonatANn, professeur de technologic, etc. Paris, iSaJp; Fortic,rue de Seine, n° ii.T. \" , t'" livraisoii. In-8° de 128 pages, avec un atlas in-folio de 5 planches gravees ; prix , 2 fr. Comma cet oiivrage impoitant doit etre compose de treize hvraisons, dont la premiere seulement a parn , nous croyons de- voir inserer ici un extrait du prospectus qui se trouve joint a cetle livraison. Le mode d'instruction dont M. LeNormand vent propager et eteudre I'application , a deja lecu la sanction de I'experience. Ce fut ainsi que I'auteur lui-m6me acquit, dans son enfance, une mul- titude de notions dont une collection d'esfampes fournissait le sujet. Cesestampes, expliquees par un homme tres-instruit et qui avail beaucoup voyage en Allemagne , fournirent, pendant cinq ans, et tous les jours, des lecons d'une heure au moins , aussi amusautes qu'Ins- tructives , dont I'enfant ne se lassa jamais , et qui lui appiirent VAncien et le Notiveau Testament , I'/iistoire naturelie , I'histoire ancienne et moderne , teSjsteme du moiide , la technologie , la fable , la morale , la religion , la geographie , etc. , etc. Cette liste du savoir d'un enfant est r^ellement surprenante. C'etait , en effet , a M. Le Normand qu'il appartenait de repandre une methode dont il a si heureusement profite. « II u'a jamais rien ouhlie, dit-il , de ce qu'il apprit de cette maniere ; et , quoiqu'il eut a peine douze ans lorsqu'il fut separe de son habile instituteur, il possedait une connaissance suffisante de toutes les sciences , et n'a eu que peu a faire pour approfondir celles auxquelles il a voulu se consacrer plus specialement. » — «L'ouvrage que nous presentons aujourd'hui , disent les redacteurs , a etc concu dans le meme plan et sur les mdmes cahiers qui ont servi a I'auteur dans son enfance, et qu'il a soigneusement conserves ; niais, avant d'en publier le prospectus , n^ous avons voulu i'accompagner de la premiere livraison , afin que les parens et les instituteurs puissent juger par eux-mdmes de son utilite et de sa belle execution. » — L'histoire sacree est la base de cette instruction. Autour d'une gra- vure representant un fait remarquable de cette histoire, sonl dispo- sees liuit autres gravures de moindres dimensions, dont les sujets sent tires de la vie sociale , de l'histoire profane, de l'histoire de France , de rhistoire naturelie , des arts et metiers. Les trois derniers sujets peuvent ^tre regardes comme purement litteraires : une fable, un trait de mythologie, un conte moral. — L'ouvrage sera compose de trois volumes de texte, de 480 pages au moins. Les planches sont gravees avec soin ; elles sont l'ouvrage de M. Adam , I'un des plus habiles graveurs de la capitale. Les livraisons se succederont rcgu- SCIENCES MORALES. 173 li^rement , de deux en deux mois, a dater du i5 fevrier i8a5, epocue de la publication de la secoiide livraison : chacune sera composee de 4 planches gravees et de 6 feuilles de texte au nioins. Le prix de la premiere livraison estde la fr.;celui dessuivantes ne sera que de 6fr. La souscription sera fermee au 1"" avril prochain, et plus tard , le prix de chaque livraison sera augmente dea fr. — La premiere livrai- son est couforme au prospectus. Le premier sujet, tire de I'f.criture saiute, est la creation du nionde, matiere fort embarrassante pour le professeur le plus exerce a vaincre les difficultes de I'enseigne- ment. Peut-dtre faudrait-il retrancher ces niysteres du domaine de la raison, et les confier uniquement a la foi religieuse. — On re- marque a regret quelques inexactitudes dans les notions d'histoire naturelle : ainsi, par exemple, le pigeon est mis au nombre des oiseaux cbanteurs; il est affirme que tous les quadrupedes sont Tivipares ; le sanglier est classe parmi les animaux amies de griffes ; I'esturgeon est range, en raison de sa grandeur, a la suite des ceta- cees ; tous les lezards , toutes les tortues et tous les serpens sont nom- mes amphibies, etc. — Dans la plancbe iv, ou I'histoire de Cain et d'Abel commence la serie des crimes qui onl ensanglante la terra, on trouve I'allcgorie mythologique des trois Parques , sujet qui amene une discussion sur la fatallte. On desiserait que les idees de cette nature ne fussent point presentees aux enfans ; les forces du genie sont a peine suffisantes pour les concevoir avec une certaine clarte. — Ce petit nombre d'observations sur la belle entreprise de M. Le Normand et de ses colkborateurs attestent I'interet que nous y prenons , ainsi qu'a la jeunesse qui en profitera. — Pour cette gene- ration prete a entrer dans la vie intellectuelle , les verites doivent etre degagees de tout melange d'erreur, et les raisonnemens ne peuvent etre trop rigoureux. F. 79. — P^nsees de Louis XIV , ou Maximes de gouvcrnement , et Reflexions sur le metier de roi ; extraites des Memoires ecrits par ce prince pour son fils le grand Dauphin; ouvrage presente au Roi. Paris, 1824; Trouve. i vol. in-8°, pap. lin d'Annonay ; prix 4 fr. et 5 fr. Louis XIV qui ne fut pas, a beaucoup pres, le plus grand homme de son siecle, mais qui sut du moins apprecier et encourager les grands talens , elalt plein d'admiration pour le gouvcrnement turc. A ses yeux, le pouvoir des sultans etait la veritable mesure des droits d'un monarque , et nous lui devons cette maxime , si auda- cieusement appliquee par Buonaparte : L'etat cest mot. Malgre ces 174 LIVRES FRANCAIS. idees etranges qu'il avail sur la nature ile la royaut6 , lorsqii'il fut question d'ctablir uu impot sur les proprietes foncleres ( le ciuquan- tiemc du revenu ) , sa conscience fut troubl^e : En ai-je le droit ? disait-il; son confesseur le lui persuada. Depuis ce tems, les scni- pules out cesse , et rintervention des casuistes n'est plus necessaire en matiere de finances et d'lmpots. — L'editeur des Pcnsees de Louis XIV , nous donne une bien plus haute idee du grand roi. Tout dans son heros lui parait sublime , et c'est pour faire partager son admiration a la France entiere qu'il publie les maximes laissees par ce prince a ses successeurs comme regie de conduite ; j'en prends une au basard ; elle est relative a la revolte des sujets contre le prince. « II faut assurcment demeurer d'accord que, pour mauvais que soil un prince , la revolte de ses sujets est toujours infiniment criminelle. Celui qui a donne des rois aux hommes a voulu qu'on les respectal comme ses lieutenans , se rcservant a lui seul le droit d' examiner leur conduite. Sa volonte est que quiconque est ne sujet obeisse sans discernement ; et cette loi , si expresse et si universelle, n'est pas faite en faveur des princes seuls; mais elle est salutaire aux peuples memes auxquels elle est imposee , et qui ne la peuvent jamais violer sans s'exposer 4 des maux beaucoup plus terribles que ceux dont ils pretendent se garantir. » L'editeur donne ensuite la relation de la mort de Louis XIV , par Lefebvre et par le marquis de Dangeau. La , tout est eloge ; r6diteur s'est bien garde de rap- procher de ces deux relations les details curieux reunis par Duclos , sur les derniers moniens du prince; c'est cependant ce qu'il aurait du faire , s'il voulait plutot eclairer ses lecteurs que les tromper. Enfin , le livre est termine par deux extrails, I'un des Mcmoires de SAiNT-SiMOif, I'autre de YEssai sur les eloges, par Thomas. Ici, on ne pent disconvenir que les ni^mes ouvrages ou l'editeur a puisc, et sur- tout le premier , fourniraient au besoin un portrait diametralement oppose a celui que Ton trouve dans ce livre. Pour faire connaitre Louis XIV , 11 faudrait composer un ouvrage en tout contraire a celui que nous examinons , et ne jamais lire I'un des deux sans consulter I'autre en ni(*me tems. Ou ne nous en a montre qu'un profil , et on I'a pris du beau cote. J. Guadet. go. * Renueil complet des Lois et des Ordoniiances du royaume , avec des notes historiques et critiques, et conference perpctuelle des lois anterieures depuis I'origine de la monarcbie; precede d'une dissertation concernant les pouvoirs des corps sur eux-memes ou sur le pouvoir disciplinaire; par M. Isambert, avocat aux Couseils SCIENCES MORALES. 175 du Roi et a la Cour tie cassation. Annee 1823. Paris, 1824 ; Bossange freres. 2 vol. in-8"; prix , i5 fr.-»t 18 fr. 81 — * Supplement aa liulletin des Lois, annee i8a3. Paiis , 1824; Bossange freres. i vol. in- 8° de 876 pages; prix, 7 fr. 5o c. et 9 fr. Get ouvrage est la suite de la collection annuelle de notre celebre jurisconsulte Bl. Isambert, oii se trouvent rassenibles et constitu- tionnellement expliques et apprecies les lois, ordonnances et autres actes siir le droit public et le droit administratif de la France. Le succes de cette br-lle entreprise est connu. Nous n'avons rien a ajouter, pour I'annee 1828 , aux justes eloges que nous avons donnes au plan et a I'execution de I'ouvrage dans plusieurs annonces precedentes. (Voy. fie:'. Eiic. , t. xx , p. 3go. ) La dissertation siir le poiivoir discipUnaire des grands corps de I'etat , et ineme des cor- porations inferieur.es , ne peut manquer d'obtenir I'atfention gene- rale, parce que nous n'avions aucun travail fur un sujet devenu si vaste et si important, traite ici avec une grande richesse de faits, une giaiide superioi'ite de raison, et une liberte honorable. L'idee fondamentale de I'auteur est que la discipline des corps, telle qu'elle est mainlenant etablie, ne serait qu'un moyen obscur et trop reel d'injuste domination niinisterielle, clericale , universitaire , et une source d'injustices privies, si elle ne subissait pas des reforraes ana- logues a I'esprit de notre constitution. II propose pour les corpora- tions du second ordre : 1° que les inembres des coi;seils disciplinaires soient toujours clus uniquement par I'assemblee de leurs collegues ; a° qu'ils soient tenus d'y faire apurer et regler leurs comptes de finances ; 3° que la portion du pouvoir judiciaire qui leur est confiee soit renfermee dans des limltes plus etroites , et surtout moderce par des garauties legales. La partie generale du traite, contenue dans ce volume, expliqiie, § i*"", I'espece d'indcpsndance neccssaire aux corporations, et lesysteme actuel d'election qui leur est impose ; § 2, la nature secondaire et les effets du pouvoir judiciaire exerce paries corporations. La partie speciale, intitulee ; ydppUcation des priiicipes , traite , § I^'', de la Cliambre des pairs ; § 2 , de la Chambre de& de- putes; §3, du Cterge;§ 4) de I'Universite. La suite est renvovee au volume pour I'tinnee i8a4, qui est sous presse. LANJUiiv'Ats , de riiistitiit. 82. — * Collection complele des Lois , De'crets , Ordonnances , Regle- mens it Aris tin Con:eil d' Eta' ; publiee sur les editions officielles du Louvre, de I'imprimerie natiouale, par Baudouin , et du Bulletin 176 LIVRES FRANCAIS. des Lois, de 1788 a 1824 > incliisivement, par ordre ohronologique ; par J.-/i. DuvF.KGiEK , avociit a la Cour royale de Paris. T. Illet IV. Paris, i8a4 ; Guyol et Scribe. Prix de chaquc vol. 7 fr. 5o c. , el 9 fr. par la poste. II y a bien pen de tems que nous avons annoiicc les deux premiers volumes de cette collection ( 'voy. t. xiv, p. 4^4 ) > et deja deux autresont ete publics. Nous ne saurions querepcterles clogesdonnes, dans notre precedent article , a M. Duvergier et aux imprinieurs qui rivalisent de zele et d'activite pour Hvrer au public une bonne edition complete du vaste recueil de nos lois. Le iv* volume conduit jusqn'a la fin de I'Assemblee legislative; ce qui suffit pour prouver combien cette collection est economique , lorsqu'on reflechit au nombre beaucoup plus considerable de volumes destines a embras- ser le m^me espace de tems et le mcme nombre de lois , dans la col- lection in-4°, dite du Louvre, et dans celle de Baudouin. A. T. 83. — * Les Lois de /a procedure civile. Ouvrage dans Icquel I'au- teur a refondu son analyse raisonnee , son traite et ses questions sur la procedure; par M. Cakiie , professeur en la Faculte de droit de Rennes. Rennes , 1824; Duchesne Paris : Waree oncle, et Bechet aine. 3 vol. in- 4°, 2189 pages; prix 54 fi". Ce recueil, qui offre tout ce qu'on peut savoir sur les regies et sur les immenses details de notre procedure civile, aura sans, doute le m^me succes qu'ont deja obtenu les livres particuliers de I'auteur sur le m(5me sujet, et sur d'autres non moins dignes d'atleution. II vient d'un jurisconsulte de Rennes , et il est dedie au celebre M. TouUier , aussi professeur a la Faculte de droit de Rennes. La m6me ecole d'un seul departenient nous prcsente a la foiS, eu droit civil et en procedure civile , les deux professeurs et les deux auteurs qui ont maintenaut , et cliacmi dans sa partie , le plus de reputation. MM. Carre et Toullier ont I'honneur d'etre tous les jours etudies , consultes avec fruit d'un bout de la France a I'autre par les jeunes elfeves en droit, aiusi que par nos plaideurs , et d'etre cites sans cesse avec eloge dans tous nos tribunaux. — M. Carre vient de mettre sous presse un autre ouvrage utile , et qui fera le pendant du livre des lois sur la procedure. II sera intitule : Les Lois francaises sur ['organi- sation et la competence des juridictions civiles, et d^die a M. Dupin I'aine , avocat si connu par ses traites, ses collections, ses consul- tations , ses memoires et ses brillantes improvisations. Lanjuinais, de I'Institut. 84. — Additions nu Code adininistradf; par M. Fleurigeon, chef SCIENCES MORALES. 177 de bureau au minist^re de I'lnterieur ( 1828 ). i vol. in-S". — Le Code administratif, qui se compose de 6 forts -volumes in-S" , y com- pris le volume di" additions que nous annoncons, se vend a Paris chez Antoine Bavoux , rue Git-le-Cceur , n° 4- — Prix des 6 volumes , 36 fr. , et 48 fr. par la poste. — Le volume d'additions se vend sepa- rement fi fr. , et 8 fr. par la poste. La connaissance des lois administratives est devenue un besoin pour toutes les classes de citoyens , nul ne pouvant se dire etranger a leur influence. M. Fleurigeon I'avait senti; et il avail satisfait a ce besoin par la publication de son Code administratif , que le public accueillit avec reconnaissance. Mais ce recueil utile devenail incom- plet , apres le laps de tems qui s'etait ecoule depuis I'epoque a la- quelle avail paru le dernier supplement donne par i'auleur ; et I'idee de le completer par des supplemens successifsne peutqu'etre agreable auxpersonnesqui possedenldeja I'ouvrage, auquel ils doivent neces- sairement ajouter un nouveau prix. Les additions que nous annon- cons, sent le fruit du travail et des recherches d'un magistral verse dans les matieres administratives, et d'un ancien administrateur. lis y ont donne le meme soin que M. Fleurigeon avail apporte aux volumes precedemment publics. — Le philosophe observaleur et I'hislorien eux-mdmes ne consulleront pas sans fruit cette compila- tion qui comprend les instructions et la correspondance minisle- rielles , monumens curieux des divers systemes suivjs par les diffe- rens gouvernemens qui se sont succedes en France, dans la courte periode de vingl-cinq ans. Crivelli , avocat. 85. — * Diclionnaire de la Penahte dans toutes les parties du monde co««« ; par M. B. Saint-Edme, orne de 48 gravures, et dedie au jeune barreau francais dans la personne de M* Merilhou , avocat. !"■ volume, i''^, 2*, 3^, 4') 5° livraisons. Paris, 1824; I'editeur , place de I'Odeon , n" 3 , et rue Racine , n" 6. In-8°. Prix de chaque livraison 2 fr. 5o c. M. Saint-Edme a reuni, sous le litre que nous venous de trans- crire , de nombreux details historiques sur les chatimens mis en pratique dans tous les terns et dans toutes les contrees du globe pour reprimer les diverses aggressions commises envers la societe ou I'opposition aux idees dominaiites. Les cinq livraisons que nous annoncons aujourd'hui ne termineutpas encore la leltre A. L'ouvrage formera quatre volumes , et nous attendrons , pour etablir noire jugement , que la publication en soil plus avancee. A. T. 86. — * Esprit du Droit , et ses applications a In politique et a I'orga- T. XXV. Tangier i8qi5. I2 «78 LIVRES FRANCAIS. nisadon de la Monarchie constitutiormeUe ; par M. Jlbert Fhitot , avtr- cat a la cour royale de Paris. Ouvrage coiitenant le resume de la Science da piibliciste , dii m(?me auteur , et propre a diriger le legisla- teiir , I'homme d'etat, Telecteiir et le citoyen. Paris, 1824 5 I'au- teur, rue du Pot-de-fer, n° 14. l vol. in-S" de 58o pag. ; prix, y fr. II est impossible d'asseoir et de motiver en quelques lignes iin ju- gement sur un ouvrage qui , de meme que celui dont il nous offre la substance , embrasse toute la theorie du droit public extcrieur et interieur, et comprend , outre la fixation des principes generaux , les regies d'application de ces m^mes principes a un systeme presque complet d'organisation et de legislation politique. Tout ce que nous pouvons faire pour le moment, c'est d'annoiicer I'apparition de ce livre qui doit convenir a la fois , et aux personnes qui, n'avant point lu Touvrage (important sans doute, mais un peu prolixe ) de la Science du piibliciste (t), voudraient connaitre les doctrines qu'elle renferme, et a celles qui, possedant deja cet ouvrage, eprou- veraient le desir ou le besoin d'en voir les idees principales rassem- blees et resserrees dans un cadre plus etroit. B. L. 87. — La Bastonnade et la Flagellation pciialcs , consid^rees chez les peuples anciens et chez les modernes; par M. le comte Lanjuinais , pair de France. Paris, 1825 ; Baudouin freres. i vol. in- 1 2 ; prix , i fr. II est impossible d'analyser un livre qui n'est lui-m(5me qu'un resume succinct de faits generaux. En tracant I'bistoire de la baston- nade et de la flagellation penales dans un petit volume in- 12 qui n'a pas 80 pages , M. Lanjuinais n'a fait, pour ainsl dire , qu'ebauclier un sujet qui , par son importance , demandait peut-etre de plus grands developpemens. Telqu'il est, ncanmoins, ce livre atteint le but auqnel il est destine : il fait connaitre tout ce que les supplices corporels ont d'odieux et de servile ; il montre que ce genre de puni- tion est un reste de I'antique barbarie, qui avait separe les liommes faits pour etre egaux , en mailres presque tou jours cruels et en esclaves maltraites; enfin , il doit inspirer a tons les Francais une borreur salutaire pour une correction que tant de nations ont conservee, inais qui ne saurait renaltre dans un pays ou le retour a des idees ■ Aux louangeurs du terns passe qui exalteralent I'ancien regime , qui au- raient le triste courage de le -vouloir encore , et avec tous ses abus , sans faire griice d'un seul , je repondrais par une citation tout a la fois religieuse, monacale et philosopliique ; et d'ailleurs d'autant plus digne d'attention , qu'elle est du xii^ siecle, et d'un grand docteurde I'Eglise , qui , malgre ses vertus reelles , paya de forts trlbuts aux erreurs de son terns ; de St. Bernard, lettre 91. « Saint Paul ,dit-'i[ , oii- blie ce qui est derriere lui ; il s'avance de plus en plus , et il se perfectionne davantage. Dieu seul , parce qu'il est tout parfait , nc peut devtnir meillenr. Loin de nous ceux qui disent : Nous ne 'voulons pas elre meiUeurs que nos peres... Jacob int les angcs monler et descendre sur Techelle mjsterieuse qui unissoit la terre au del ; mais en 'vit-il s'_y arreter et s'y asseoir ? II est impossible de s'y arreter. lei-bas rien ne demeure dans le meme etat; ilfaut absolument ou monler ou descendre. On tombe , si I'on s'arrele en chemin... » — Le seul reproche que Ton puisse faire a cet ouvrage, c'est d'etre trop court. On est fache de n'y trouver aucuns details sur la flagellation devoticuse , qui remplaca trop souvent la veritable piete. — On concoit les motifs qui ont retenu la plume de M. Lan- juinais ; mais, lorsque le retour de cette flagellation semble nous menacer , on regrette de n'en pas voir publier ici tous les incon- veniens moraux et religieux. II est une autre flagellation dont il aurait aussl fallu montrer les abus et le ridicule, c'est la flagella- tion employee comme moyen medical. Celle-la meritait bien un chapitre particulier ; car elle peut ^tre ressuscitee quelque jour par un de ces ardens amis de ce qui n'est plus, et se glisser encore de la therapeutique dans les pratiques religieuses et dans la legislation. G.-T. DoiN. 88. — •S'«'" les inces de nos procedes industriels ; apercus demon- trant I'urgence d'introduire le Procede societaire; par M. Just. Muiron. Paris, 1824; M™<^ Iluzard. Prix, 2 fr. 5o c. M. Muiron s'est fait I'interprete d'une doctrine peu accessible aux intelligences vulgaires, celle qui est exposce dans le Traite de r association domestique-agricole , ou attraction in/lus/rielle. II en a pris sans doute , la partie la plus importante et la plus immodiatement utile ; s'il est possible de la mettre a notre portee, et si nous sommes assez bien prepares pour la recevoir, ceite doctrine pourra cesser d'etre une simple tlieorie , et se presenter .i 7ious avec I'autorite de '8o LIVRES FRANCAIS. I'expeneuce. Mais, est-ce bien par des ecrits que Ton obtiendra ce precieux resultat? On signale tres-bien I'une des maladies du corps social, a laquelle on propose d'appliquer un remede nouveaii : dans ce cas , ne faudrait-il pas imiter le devouement des medecins qui u ordonnent un remede a leurs malades qu'apr^s ravoir ^-prouT^ sur eux-mdmes? M. Owen a commence par des experiences a New- Lanark, avant d'ecrire sur les effets de rassociation industrielle : avant de creer le be! etablissement d'Hoffwill, M. de Fellemberg ne s'etait fait connaitre par aucun ecrit. Si tous ceux qui croient a la doctrine de ^association domestiqtie-agricole se reunissaient, non pour Jaire faire , niais pour faire eiix-m^mes, et sur eux-m^mes, une ex- perience decisive, a I'exeniple des medecins, ils nous trouveraient beaucoup plus dociles. En attendant , la j)rudence nous commande de douler, d'examiner soigneusement ; et, si nous ne sommes pas convaincus , de suspendre notre jugement et notre determination. Malgre tous les efforts de M. Muiron , on ne comprend pas encore assez bien le regime societaire : les groupes , les series , les sectaires , et beaucoup d'autres rouages de cette machine la rendent assez compliquee , et ce n'est pas etre trop exigeant que de demander a la voir mise en niouvement, et produisaat I'effet dont elle est reelle- ment capable. Si j'ai bien compris la pensee de M, Muiron, ce qu'il propose serait le mieux possible , la limite du bien : il a commence par nous prouvcr que I'etat ou nous sommes approche de la limite du mal; dans un pareil e(at de clioses, rien ne serait plus funeste qu'une transition brusque de I'un de ces extremes a I'autre. Ce qui convient reellement a notre situation presente, c'est de passer par des ameliorations successives qui servant de preparation I'une a I'autre, qui soient graduees avec habilete, pour que nous soyons transportes doucement , sans peril et dans le fems le plus court, a cet etat de bonheur que nous promet le regime societaire. M. Mui- ron nous montre le but : il aurait du nous indiquer le moyen de franchir Tabime qui nous en separe. Cependant, son ouvrage , tres- court et substantiel.merite beaucoup d'attention. On y trouvera peu de mots detournes de leur acception ordinaire; on pent le lire sans trop d'effort, et beaucoup de lecteurs croiront I'avoir compris : j'avoue que je ne suis pas de ce nombre. Ferry. 89. — L'arC de /ixer les dates; lahleau lithograpliie.In-fol.; prix3 fr. yo. — Metrochrone francais. Id. ; prix 3 fr. 91. — Chronographie. Id.; prix 2 fr. 5o c. Par M. I'abb^ Li- SCIENCES MORALES. i8i cHEyRE, bachelier 6s sciences. Paris, iSaS; Pichard; et au bureau du Memorial Catholique, rue Cassette, n° 35. Ces tableaux chronographiques attesteraient , au besoin , le pou- voir de la lithographie , et les pas de geant que cet art a fails en France en si peu d'annees. L'art de fixer les dates , qui est le sujet du premier tableau, consiste, suivant I'auteur, dans les methodes de calcul pour passer d'un style a un autre, d'un cycle , ou en general d'un systeme de mesure du tems a un autre, en tenant conipte de la longueur reelle de I'annee. Pour reudre ce travail plus facile, il donne des tables calculees, tant pour les cycles de la restauration que pour les cycles anterieurs, et il en enseigne I'usage par quelques applications. A la rigueur , ces sortes de recherches ne fixent pas les dates. Si I'histoire n'a point conserve fidfelement I'indication du jour ou de I'annee ou tel evenement arriva , non plus que celle des circonstances qui I'accompagnerent, est-il en notre pouvoir de de- couvrir ces sortes d'erreurs ? Quant aux traductions , ou conversions de dates, que M. Lachfevre a placees dans son tableau, elles sent exactes. — Le Metrochrone fram-ais est la distribution des jours de la semaine, des mois, des bissextiles , etc. , dans le cycle eqnitioxial ca- rolin, de 25,200 annees solaires ; ce qui nous donne pour tout ce tems des almanachs auxquels il ne manquera plus que I'indication des f(§tes , et quelques accessoires pour deguiser 'la secheresse des chiffres et de la repetition continuelle des memes mots. — Au style gregorien , I'auteur substitue le style carolin , qui « reforme les deux precedens , et ne sera jamais reforme. >■ Dans le troisieme tableau ( la Chronographie) , on voit un calendrier oil quatre fdtes civiles sont in- diquees : la premiere ( 23 mars) est I'anniversaire de I'etablissement de la septennalite; la seconde , qui fixe la date de la restauration , est le 3 mai ; la troisieme ( 3i aout ) , prise du Troc.idero ; la derni^re ( i6 septembre) est Tavenement de Charles X au trone. Mais I'ana- lyse de ces tableaux est necessairement insuffisante : pour bien com- prendre tout ce qu'ils renferment, il est indispensable de les avoir sous les yeux. lis attestent , a coup sur, les sentimens pieux et mo- narchiques de M. I'abbe Lach^vre. F. 92. — * Collection des chroniqiies nadonales francaises , ecrites en latigtte 'vulgaire du xiu® au xvlp siede , avec notes et ^clair- cissemens ; par J. -/I. Buchon. 3^ et 4" livraisous , t. IV, V, VI et VII. Paris , 1824; Verdiere (4 vol. in-8°. Prix de chaque volume , 6 fr. pour les souscripteurs. Voy. Rev. Enc. , t. xxiii, p. 74-9' » '^ oompte rendu des deux premieres livraisons.) iSi LIVRES FRANCAIS. Malgie les difficultes et les lenteurs attachees a riinpressiou des livres en ancicn langage, M. Buchoii poursuit avec vigueur et ponctualite la grande cutreprl.se de reproduire les chroniques natio- nales. II a fait paraitre, le i 5 juin, deux nouveaux volumes de Froissart , et deux aiitres, le i5 septembre.En compaiant son edi- tion a celle de Sauvage, on voit qu'il s'eu faut de pies d'un volume qu'il soit arrive a la moitie de cette premiere chronique: mais, comme il y a, dans son troisiemeet son sixifeme volume, des additions tr^s-considei-ables, il parait que, comme IM. Buchon I'a annoncc, son Froissart comprendra quinze volumes. II ne coutera guere plus de la moitie de ce que coutaient les aucienues editions , tandis que les excellentes notes de MM. Dacier et Buchon , la rectification des Homs de persounages et de lieux , la comparaison des mauuscrits divers, et le retablissement de fragniens importans qui avaient ete omis , rendent cette edition du premier des chroiiiqueurs francais infiniment suoerieure a toutes les autres. — lud^pendamment du ine- ritc de Froissart, comme livre de bibliotheque , la lecture de Vhis- coire des dues de Jiourgogne , par M. de Bam ante, inspirera sans doute a beaucoup de gens le desir de mieux connaitre cet ecrivaia si naif dont chacun sait le nom , et que chacun se reproclie interieu- remenl de n'avoir pas lu. Les volumes de Froisart qui ont paru jusqu'ici, ont a peine occupe M. de Barante ; c'est una avant- sceiie sur laquelle il u'a jete qu'un coup d'ceil ra])ide, dans .■•■on premier volume. II nous fait vivre a la cour de Charles VI ; mais les rcgues de Philippe de Valois, de Jean, de Charles V , les premieres guerrcs des Anglais , celles de Castille, et. le commen- cement des troubles de Flandres, c'est dans les sept premiers vo- lumes de Froissart qu'il faut les chercher, si Ton veut connaitre ces terns brlUaus de clievalerie , mais plus encore abreuvcs de calamites, de douleur et de honte , que nous ne nous lassons point d'appeler le bon terns. J.-C.-L. DE SiSMOjVDl. q3. — llistoire politique et statistiqiie de T Aquitaine , ou des pays comprls entre la Loire et les Pyrenees , I'Ocean et les Cevennes ; par M. UE Vekneilh-Puiiiaseau. T. 11. Paris, 1824; Guyot et Ponthieu. 1 vol. in-8° de 555 pages; prix , 7 fr. (Voy. Rev. Enc. , t. xvlii, p. 400, I'annonce du t. l*^"" ). Le prospectus de cet ouvrage u'annoncait que deux volumes ; I'abondance et I'importance des matieres forceront d'en ajouter un troisieme, dont i'auteur annonce la prochaine publication. Le second, que nous avons sous les yeux, comprend la fin de la pre- SCIENCES MORAXES. i83 iTiiere partie ct le commencement de la seconde; c'est-a-dhe, d'a- bord line liste chronologique trfes-succincte des rois , dues, lieute- iians generaux qui ont gouverne la Gu'ienne : ensuite, sous le title d'lIisloiredJqaitainemise en rapport aveccelle de France, line veritable histoire abregee de iiotre moiiarchie. Le premier volume ne s'etend que jusqu'a Henri III : la suite , c'est-.i-dire , I'liistoire de ce pays jusqu'en 1789, formerale troisieme. — On aremarque !a tendance de notre si^cle vers les etudes Iiistoriques , tendance a laquelle on doit cette quantite prodigieuse d'kistoires , de chroniques , de resumes , ttc, publics sous tous les titres et sous toutes les formes : dans ce nombre, on ne conservera sans doute que celles qui seront remar- quables soil par I'execution , ou par des recherclies plus profondes , ou par des vues nouvelles , soit par quelques qualites particulieres. L'Aquitaine , melee par son importance a tous les troubles de la France , presentait , comme province et comme royaume , le me- lange des histoires particulieres et generales : I'auteur a prollle liabilement de ce double caractere pour jeter dans son ouvrage une foule d'anecdotes qui amusent le lecteur , sans dimiuuer en rieu I'interet general ; plusieurs citations de nos anciens auteurs les rendent encore plus piquantes , et quelques reflexions , quelques raaximes , sorties de la Louche de nos princes , ou dties a I'auteur , rendront cette histoire utile a lout le monde. Le style aurait pu 6tre plus chatie; etpeut-6tie I'auteur n'a-t-il pas fait assez de- tester ces siecles appeles justement ages de fer et de plomb, et que le savant auteur de YHistoire de Paris nomme avec plus de raisoii iiecles de bone et de sang; mais, comme tous les ouvrages ecrits de bonne foi , I'Histoire d'Aquitaine sera llie avec fruit : elle fera ap- precier le chaos de lois etd'usages dont nous sommes lieureuseinent sortis, et fera benir par tous les amis du bien public les lumieres et la philosophie qui nous en ont delivres. B. J. 94- — Anikjuites anglo-normandes de Ducakel; tradintes de C an- glais par A.-L. Lechaude d'Anist. Caen, 1824; Mancel , libraire- editeur. In-8°. Prix 5 fr. la livraisoii d'environ cent pages; I'ouvrage complet 20 fr. pour les souscripteiirs. On pouvait rcgretter que notre littcrature ne fiit pas encore en- richie de la traduction de I'ouvrage deDucarel; car les nionumeiis explores par cet antiquaire se rattachent a une epoque brillante et pleine d'illustreS souvenirs. Le retard qu'a cprouve cette publication tenait sans doute a la difllculte de terminer un ouvrage orne de uombreuses gravures , et nous devons rendre grdces a Fart de Sen- i8/, LIVRES FRAi\C:VI,S. uefelder qui nous perniet de jouir d'un monument litt^raJre dont la conception et I'execution auraient du apparteiiir d'abord a un Francais. Rendons graces en ni6me terns au zele de M. Lechaud^ d'Anisy, qui n'a rien neglige pour reparer, autant qu'il etait en lui, le tort de nos antiquaires. — Dans son introduction, letraducteur s'excuse d'avoir conserve le titre anglais, de Momimens \NGi.o-«or- mands. II a raison de chercher .i pallier ce tort ; car c'ea est un. Les edifices decrits par Ducarel sont purement neustriens, et rien ne justifie la double denomination que leur attribue I'antiquaire anglais. M. Lechaude d'Auisy propose de diviser les travaux des antiquaires, pour les coordonner ensuite, afin de mettre plus d'en- semble dans les reclierches de ceux qui s'occupent de nos anciens monumens. Son projet, que nous invitons les lecteurs a chercher dans I'ouvrage nieme, nous a paru fort ingenleux. La traduction est ce qu'elle doit ^tre , simple et claire : elle est enrichie de notes fort curieuses par letraducteur; Vedition imprimee a Caen fait hon- neur aux presses de M. Poisson , et reusemble de I'ouvrage public par le libraire Mancel, peut-^tre mis en parallele avec les livres les plus soignes publics dans la capitale. E. G. g5. — * Extrait des Memoires relatifs a I'Histoire de France , de- puis I'annee lySy jusqu'a la revolution ; par M. Aignan , ( de VAca- deinie francaise), et par M. de Norvins. Paris, 1824; M""^ veuve Th. Desoer et comp. a gros volumes in-8°; prix 12 francs. Le premier volume de cet ouvrage , qui, a I'introduction et aux anecdotes pr^s , est tout entier de M. Aignan, contient , 1° un Extrait des Memoires de Riot; 2° un Extrait du Journal de I'abbe Clement; 3° une Petite Histoire des Jesuites; 4° Destruction des Jesuites , racontee par Georgel ; 5° Appendices pour servir a I'His- toire ecclesiastique ; 6° Anecdotes ecclesiastiques. — La partie traitee par M. Norvins se compose egalement de six articles ; 1° Me- moires de M. le due de Choiseul ; 2° Memoires de I'abbe Terray ; 3° Memoires de I'abbe Georgel ; 4° Memoires de Linguet sur la Bastille ; 5° Memoires de Caron Beaumarchais ; 6° Anecdotes tirees de divers Memoires. — II eiit etc difficile de faire un meilleur choix pour remplir ces deux volumes : les malierss se recomniandent d'elles-m^mes a I'attention des lecteurs. II est surtout un sujet bien propre a piquer leur curiosite , dans un moment ou des bruits cir- culent de toutes parts sur les projets ambitieux d'une societe irop fameuse, qui menace uneseconde fois d'envahir le monde chretieu : — L'histoire des Jesuites est du plus grand inter^t pour les amis SCIENCES MORALES. iB5 de I'ordre social ; il leur importe de s'assurer si les graves accu- sations qui p^sent sur cet ordre redoutable sont reellenient exa- g^rees, comme quelques ecrivains le pretendent; ou si un seul des crimes qu'ou lui attribue ( et cartes il en a commis plus d'uu ) ne suffirait pas pour nous faire desirer qu'il ne reparut jamais en France. Le nom de M. Aignan et celui de M. Norvins sont de surs garans de I'impartialite avec laqnelle ces extraits sont composes : les auteurs n'emettent point d'opinions , mais ils rapportent des fails incontestables. . L. M. 96. — Histoire de Christophe Colomh , sidvie de sa correspondance , d'eclaircissemens et de pieces curieases et inedites; par Louis Bossi ; tra- duile de ritalien, oniee dii portrait de Colomb et de plusieiirs graviires dessinees par lui-meme. Paris, i824;Carnevillier aine. lu-S"; prix, 7 fr. La vie de Colomh qu'avait publiee en italien M. L. Bossi, se fai- sait remarquer par les recherches nouvflles et I'exactitude des con- naissances desonauteur ; le traducteur anonymese montre dignede lui, dans sa preface spirituelleet savante. On voit qu'il est justenient passionne pour la gloire de I'ltalie et pour le bien de rhumanite. « L'Espagne, dit-il, n'a fait que preter un secours long-tems solli- cite, et persecuter celui qui I'avait enrichie. Si elle reclame quelque part de gloire dans le grand evenement de la decouverte de I'Ame- rique, on ne pent lui accorder que des lauriers ensanglantes : aussi ne pourrais-je dire s'il ne serait pas plus avantageux pour son lion- neur, qu'aucuu de ses enfans n'eiit jamais mis le pied sur le sol du Nouveau-Monde. Consolons-nous cependant par I'idee que ces mal- heurs memes etaient presque necessaires pour preparer un meilleur aveiiir. >> Tel est I'esprit dans lequel a ete entreprise la traduction que nous annoncons ; son auteur ne s'est pas borne a traduire ; il a ajoute des notes qui lui ont paru indispensables , surtout pour don- ner quelques details sur la vie et les ouvrages de plusieurs ecrivains orientaux peu connus. F. Salfi. 9". ■ — • Memoires de inadame du Hoiisset , femme de cbambre de madame de Pompadour, avec des Notes et des Eclaircisscmens histo- riques. Paris, 1824; Baudouin freres. i vol. in-S"; prix fi fr. L auteur de ces Memoires ne les avail pas destines au public. Le but de M'ne du Hausset etait seulement de recueillir, pour elle- meme et pour quelques amies, des notes rapides sur tout ce qu'elle entendait et voyait an milieu des divers personnages que la flatterie et I'intrigue reunissaient autour de sa maitresse. La critique ne s'ar- refera done point a relever , dans cet ouvrage , le defaut d'ordre et i86 LIVRES FRANCA.IS. I'extreine negligence du stjle. Elle ae doit voir, dans uu paieil livre, qu'une collection varice d'anecdotes et de conversations, ecrites a lu hi\te, sans pretention, et comma elles s'offraient a la memoire de I'auteur. Au reste , ces vices de forme sont amplemeut raclietes par I'interiJt que presente le fond de I'ouvrage. La lecture en est piquante, et fcconde en lecons de plus d'un genre. La fran- chise ingenue de I'ecrivain nous initie a toutes les manoeuvres des gens de cour ; M"»' du Hausset a su peindre avec les couleurs les ])lus na- turelles la perfidie et la Lassesse des grands , dctracteurs secrets de la favorite, et ses plus vils complaisans sous les yeux du pouvoir ; I'am- bition effrenee et la hideuse inimoralite de ces prostituces du haut parage, qui couraitnt au devaiit de la seduction, et la provoquaient m(*mejusqu'a dcgouter , par I'impudeur deleurs avances; enlin , uu prince poursuivi , dans le sein des plaisirs et de la moUesse , par I'ennui de lui-menie et des autres , promeitanC des millions a ses cre- dules victimes , quand il cut etc incapable de dormer cent loiiis sur son petit tresor , et onhWauX. \.ous &e& devoirs de monarque , d'epoux et de p6re. En un mot, on retrouve dans ce tableau vivant des intrigues d'un boudoir, I'origine des malheurs d'un peuple cclaire , magnanime et trop patient, et la part immense que I'equitable liis- toire doit faire aux grands d'alors , dans I'effroyable corruption qui a deslionore le dix-liuitidme siecle. — Les editeurs out joint aux Memoires de M"'" du Hausset , une notice de I'uu d'eux , ( M. Barriere ) sur M. Crawfurd , premier cditeur de cet ouvrage ; un Essai de M. Despres sur M""* de Pompadour, et plusieurs mor- ceaux historiques, sortis de le plume de differens ecrivains, et qu'on lit tous avec un egal interet. B. 98. — * Annuaire historique itniverselpour i8a3, avec un Appendice contenant les actes publics, traites, notes diplomatiques , papiers d'etats et tableaux statistiques , financiers, administralifs et necro- logiques ; — une Chronique offrant les evenemens les plus piquans , les causes les j)lus celebres , etc., et une Aerwe des productions les phis remarquables de I'annee, dans les sciences, dans les lettres et dans les arts ; par C. L. Lesur , auteur de la France et les Francais en 1817, etc. Paris, 1824 5 Uesplaces , rue de Seine, n° 29. In-8° de VIII et 882 pages; prix la fr. — On trouve les annees precedentes , de 18 19 a 1822 , chez le ni<5ine libraire , et au meme prix. Ii'\NNEK 1823 tiendra une grande place dans I'histoire, inoins encore par le resultat imniediat des fails dont elle fut temoin , que par leurs consequences futures. U Annuaire nous offre d'abord la se»- SCIENCES MORALES. 187 slon des Chainbrcs. Deujc grandcs discussions attirent particulifere- ment I'attention : I'uiie relative au credit extraordinaire demande pour la guerre d'Espagne ; I'autre ou fut decidee I'exclusion de M. Manuel. La premiere s'est terminee par une consecration nou- velle du droit d'iuterveation armee d'un peuple dans les affaires iuterieures d'un autre peuple ; droit qui, depuis les terns les plus recules jusqu'aux guerres les' plus injustes de Napoleon, a servi de pretexte a presque toutes les agressions. La seconde a reproduit le principe de rempire absolu de la majorite des corps deliberans sur la minorite , principe qui a decinie la Convention au 3i mai et les de\i:t. conseils legislatifs au 1 8 fructidor ; car il est bien evident que le nombre des expulses ne fait rien a I'affaire , et que, si la majorite a le droit de chasser un membre, elle peut en chasser deux, trois, et enfiu la minorite tout entiere. Cette omnipotence de la majorite s'etait deja tristement manifestee par plus d'une atteinte portee a notre Cliarte conslilutionnelle; et depuis, nous avons vu la septen- nalite. Quant a I'autre discussion , deux cboses sont singulierement remarquables pour ceux qui la liscnt aujourd'bui ; c'est la sagacite avec laquellc les membres de I'opposition avaient devine les resul- tats de la victoire; et I'imprevoyance complete du ministere, soit pour preparer la guerre , soit pour en diriger les conSequeuces. La discussion du budjet termina la session ; discussion qui devient plus triste chaque annee, en prouvant de plus en plus I'impuissance de I'opposition pour obtenir des economies , aussi-bien que I'obstination du ministere et de la majorite a augmenter notre dette, a nouscbar- gerd'impots, a elever enfin a un taux toujours croissant le chiffre du budjet. — M. Lesur a plut6t decrit que juge la session; toute- fois, les mots de declamation, d^emporteinciit , dacha rnemene sont appliques ici auxdiscours des orateursde la gaucbe, tandis que I'oii s'abstient de caracteriser ceux de la droite ; et I'improbation dont est frappe le cote faible , aussi - bien que le silence garde a I'egard du Cote fort , donnent la mesure de rirapartialite de I'annaliste.— L'bistoire de France de cetle annee est presque tout entiere dans la session ; les autres evenemens ne peuvent nous arrdter dans une si courte analyse, non plus que l'bistoire de I'Allemagne, de I'Autri- che, de la Prusseet de I'ltalie, ou nous nous boruerons a remarquer un fait toujours dominant , la marche inverse del'esprit des peuples et du systfemc des gouvernemens. L'bistoire d'Espagne est la grande affaire de cette annee; elle occupe pres du quart de VAnnuaire , et deux cboses frappent surtout I'observateur : la belle conduite de i88 LIVRES FRANCAIS. Tarmee francaise, et la conduite ignoble du peuple espagnol. Nous avons deja dit que nous ne saurions approuver le principe de la guerre; avec la contagion morale, et la terreur -vraie ou supposee que pent inspirer a un gouvernement ce qui se passe cliez un peuple voisin , toute ambition sera legitimee , toute agression justifiee, etla paix des nations , et le sang des hommes pourront etre offerts en holocauste aux systemes politiques les plus errones. Toutefois, il est bien evident que de telles considerations doivent etre etrangeres a I'armee; elle n'est pas responsable du principe, mais seulement de I'ex^cution de la guerre ; et la guerre d'Espagne pent ^tre citee comme un fait presque unique dans I'histoire du monde. La sagesse et la moderation du prince generalissime , la discipline et le desinte- ressement des soldats, meritent d'etre offerts en exemple a la poste- rite. II n'est pas moins salutaire de montrer a quel point d'abrutis- sement et de degradation morale peut tomber un peu]>le livre aux moines : il se precipite au devant de la servitude ; il implore eomme un bienfait le despotisme politique et I'inquisition religieiise ; il fait entendre les cris , jusqa'alors inoui's, d'une brutale stupidite : meure la nation ! Aussi , malgre les nobles efforts dii prince generalissime , la contre-revolution d'Espagne a ete bien plus sanglante que la re- volution , et elle a etale partout lebideux triomphe des passions sur laraison, de I'ignorance sur les lumieres , de la populace sur les classes moyennes. C'est une verite que I'auteur de I'Annuaire n'apas os6 mettre en evidence. Quelques paroles de blame sur I'inconce- vable demence du parti de la regence et sur son opposition aux belles dispositions de I'ordonnance d'Andujar, ne suffisent pas au lecteur impartial, fatigue de voir touiours donner comme legitime tout ce qui vient du pouvoir absolu. Les faits, du moins, de quelque ma- ni^re qu'ils soient preseutes , offrent plusieuis lecons qu'il n'est au pouvoir de personne de dissimuler; il en est une surtout qui doit frapper le lecteur, parce qu'elle reste jusqu'a present sans excep- tion; c'est que tout homme de marque qui, apr^s avoir servi la cause du peuple , passe a celle du pouvoir absolu , ne trouve , pour ])rix de cet abandon , que la prison ou I'exil. L'Abisbal , Morillo , Ballesteros, en Espagne, Sepulveda, en Portugal , offrent la preuve de cette verite. — La Grece , dont la noble cause, a mesure qu'elle devient plus heurcuse , semble aussi devenir plus juste aux yeux des eternels enneinis de la liberte , presente , cette annee, un spec- tacle qui console un peu de tons les triompbes du pouvoir absolu. On lit avec int(§ret dans r///i»«rtjVe cette portion de I'histoire de i8a3; SCIENCES MORALES. 189 M. Lesur lie s'y fait point le champion de la legitimite des Turcs ; les drapeaux de I'independance, unis a I'etendard de la croix , ne trou- \enl point en lui un adversaire ; il parait qu'il lui a ete permis de ne pas se ranger sous les queues des pachas. — En Angleterre, trois questions principalesont occupe le pailement : la guerre d'Espagne, remancipation des catholiques, le badjet. Ces discussions sont ana- lysees avec quelque detail dans V Mnnuaire ; la dernifere montre la prosperite commerciale de I'Angleterre , toujours croissante sous radministration d'hotnmes instruiis , habiles et devoues avanttout aux inter^ts du pays. Les premieres demarches du ministere anglais vis-a-vis des nouveaux etats de I'Anierique doivent ^tre mises au rang des cvenemens les plus importans de cette annee ; elles prepa- raient cette reconnaissance fornielle qui occupe en ce moment les deux mondes. — Nous suivons I'auteur de YAnnuaire en Amerique : les Etats-Unis assimilent la traite des Noirs a la piraterie ; ils mon- trent des dispositions favorables a I'egard de la Grece, etsurtout des gouvernemens americains qui constituent leur liberie ; ils augmen- tent leurs revenus, en mdme terns qu'ils diminueut leurs impots et lours dettes. C'est un heureux peuple que celui des Etats-Unis ! et son gouvernement est a la fois le plus jeune et le modele des gou- vernemens. Certes , c'est a juste titre que les nouveaux etats ame- ricains s'e'forcent de suivre son exeniple et d'iniiter sa constitution; avec la meme sagesse , ils parviendrout a la nieme prosperite. C'est une vive satisfaction pour les amis de la liberte de voir leurs pro- gres annuels ; M. Lesur les fait assez bien connaitre , quoiqu'on puisse lui reprocher un peu de laconisme, surtout a I'egard de quel- ques-uns; on regrette d'autant plus de lui voir accorder peu d'espace a de si grands inter^ts , qu'il en consacre beaucoup trop a la petite chronique ; il y a toujours bien du fatras dans cette espece de jour- nal. L'auteur , frappe sans doute d'un evenement a I'instant ou il arrive, se bite de I'inscrire, sans songer que, deux ans plus tard , cet evenement sera sans aucun interet ; nous prions M. Lesur d'es- sayer de relire lui-meme sa chronique. II nous semble aussi attacher beaucoup trop d'importance aux moindres fntilites qui concernent quelque grand personnage; ainsi, par exemple , qu'a la date du 2 decembre M. Lesur ait cru devoir consigner le mariage du prince royal de Prusse , a la bonne heure ; mais il n'etait pas besoin de deux colonnes en petit texte pour nous le rappeler, et Ton conviendra que la posterite ne se souciera guere plus que nous de savoirqu'/;re- medialement apres la soupe , le comte de IVesle presenta du vin au roi i9<' LIVRES FRANCAIS. qui porta la sanle des deux epoiix , et quapres la danse atixjlambeanx , A/me la comtessc de Leede distribua lajarreliere de la itiarUe. Quaiid un y^n/!7/a(>eprencl le litre A' historique , il ilevrait epargner a ses lecteurs ' de pareils docnincns. — Maisun reproche plus grave, que nous avons deja plusieurs fois adresse a M. Lesur, et que nous nepouvons nous dispenser de repeter , parce que c'est une verite utile , et parce que V^nnuaire trouve moyen de se faire louer sur parole dans les jour- naux de I'opinioii la plus independante, c'est quo I'auteur continue d'obeir a la triste influence sous laquelle il s'est place. II ne juge qu'avec la permission du pouvoir, et il trouve dans les volontes de I'autorite la niesure de son intelligence et les homes de sa pensee. • M. AvEMEI.. 99. — Note sur la situation de VEspagne. Deuxieme edition. Paris , 1824 ; Dentu. Brochure in-S" de 100 p. environ ; prix i fr. 5o c. L'auteur peint a grands trails la situation actuelle de I'Espagne , et cette situation fait horreur. II ccrit d'apres des documens pre- cieux, et parait initie aux mysteres des relations diplomatiques entre la France et I'Espagne. 11 dit que I'influence de la France en Espagne ne peut entrer en concurrence avec celle de la Russie. La premiere , selon lui, est imposce, etl'autre estvoulue. — La seconde edition de cette brochure contient une note supplementaire, appliqnant les modifications apportees a la mesure de T evacuation. L'auteur, dans cette note, assure que I'evacuation de I'Espagne par nos troupes n'a ete contremandee que d'apres des notes russes et prussiennes adres- sees au minist^re francais. 100. — De fusurpation et de la, revolution. Paris , iSaS ; Pillet aine. Brochure in-S" de 38 pages ; prix i fr. 23 cent. L'auteur approuve I'indemnite , dont il s'est fait le champion ; mais il ne s'amuse pas a prouver qu'elle soit ni absolument, ni relative- ment juste; la passion I'emporte; ildeclamcavec acharnement centre tous les revolutlonuaires du monde; il les voit et les poursult par- tout. loi. — Letire a un Francais surune question d'etat convertie en propo- sition d'indemnitc ; par Boucher de M. Coursojv , chevalier de Saint- Louis. Paris, 1824; Dentu. Brochure in-S" de 5fi p. ; prix i fr. aS c. La rapidite avec laquelle se succedent les brochures sur I'in- demnite privilegice pour les emigres n'apprend qu'une chose , c'est que le projet etonne et afflige egalement ceux qui doivent profiler de la depense propos^e , et ceux qui doivent la payer. La question semble rhaque jour se compliqner davantage et agiter de plus en SCIENCES MORALES. 191 plus les esprits. — L'idee principale de I'auteur est I'lnsufflsance dii milliard. "Si, dit-il, on ne rend pas tout ce que le gouvernement peut rendre, les plaies ne seront point cicatrisees, et devront rester plusoumoins saignantes. » D'apres ceprincipe, M. de Courson de- mande que Ton restitue a ses cliens , non-seulement la valeur des immeubles, mais encore celle des rentes conslituees surl'etat, sur le cierge , etc. , etc. II Toudrait menie qu'on retablit je ne sais plus quels droits de conserve, de patronage, et autres qui, dans I'origine, transportes a prix onereux , etaient devenus par le regime fcodal propriete de famille. II propose une caisse d'amortissement speciale, independante de celle de I'etat , et dont Taction, combinee avec les allocations consacrees a rindemnite, tendrait, dit-il, a diminuerle fardeau. — Tous ceux q«i admettent que les emigres doivent ^tre indemnises se plairont a examiner les plans qu'expose cette bro- chure. 102. — Reflexions siir I'indemitilc due mix emigres. Paris, l8i4; LeNormant. Brochure in-8° de 46 pages; prix i fr. aS. c. L'auteur ne voit d'emigres a indemniser que les anciens posses- seurs de biens-fonds; il insiste sur un perfectioimement du systeme d'indemnites dont il est le premier a parler. II veut qu'on indemnise de la confiscation les emigres francais, a raisondes immeubles qu'ils possedaient hors des limites de la France, dans les pays momenta- nement reunis. " Ce sont , dit-il, res gouvernemens ephcmeres qui ont fait vendre des biens en Belgique, dans les quatre departemens du Rhin, en Savoie, etc. , pendant leur occupation ; le tresor natio- nal en a recu la valeur ; il doit done en solder le prix. » io3 — i Leltre a un emigre sur la deuxieme lettre de M. de Chateau- briand ;YiAr M. Eusebe de Gorgeret , chevalier de la legion-d'hon- neur, ex-garde de la porte. Paris, iSaS; Dentu. Brochure in-8° de 40 pages environ ; prix i fr. 25 cent. M. Gorgeret fut un desdefenseurs de Lyon, en 1798; a la suite du siege de cette ville, il a tout perdu, et il a suivi le roi a Gand. II se plaint avec force et indignation de ce que M. de Chdteaubriand ne s'interesse qu'a la seule classc des emigres , pour lesquels seuls il de- mande un milliard, tandis qu'il en faudrait dix pour secourir les neuf autres classes, atteintes aussi par \e& plaies de la revolution. 104. — Developpemens de la proposition faite an Conseil des ministres par S. S. le 'vicomte de Chateaubriand, adresses a S. M. Charles JST par B... de I'Eure. Paris , 1824; Le Normant. Brochure in-S" de 3o p.; prix I. fr. 2 5 c. i9'i LIVRES FR\Nf:AIS. Get opuscule renferme le pl.ui d'une nouvelle institution , que I'auteur tiesirerait voir s'etablir en France, comme un moyen de perpetuer ia |)aix interieure doiit nous jouissons, et de fermer I'a- bime des revolutions ; il propose d'introduire dans I'etat de nou- veaux deputes Ag^-a au nioins de 23 anset n'en n'ayant pas 4o. L'exer- cice du pouvoir ne seraitpas le Iiut procliain de cette institution; ce serait principalement uneecole de deputes. Nous avons, dit-il , pour la carritre niilitaire, des ecoles de perffrctionnement ; nous n'en avons pas pour les carrieres civiles , administratives , etc. Cette der- ni6re observation est juste, et I'auteur signale une lacunequi atteste un vice dans nos institutions; mais le moyen qu'il propose, loin de rem^dier au mal indique, etablirait une sorte d'aristocratie tout- a-fait contraire a I'esprit et au texte de la Cliarte constitutionnelle. P.-E. L^ifJuiMAis , fils. Litti'rature. io5. — Cours de lecture hebra'ique , suivi de piusieurs prieres, avec une traduction interlineaire, et d'un peiic Tocal/idaire hebreu -fran- cais ; par S. Cahen , professeur de I'Ecole consistoriale Israelite de Paris; ouvrage adoptepar le Consistoire central, a I'usagedes ecoles primaires israelitesde France. Paris, 1824; i'auteur, rue duChaume n° i5 , et Guillemot libraire : Metz , Gerson-Levy. Le zfele louable des theologiens chretiens pour I'etude de la lan- gue sacree a ete souvent partage par des Israelites verses dans les connaissanceslitteraires et religieuses. En AUemagne , leurs travaux utiles dans ce genre se sont fait connaitre depuis long-tems avec distinction ; la Suisse n'est pas etrangere a cette noble rivalite. Nous avons annonce plus haul ( Kiy. p. i43 ) une nouvelle edition de la C.rainmaire hcbralqiie de M. Cellerier ; quelques ouvrages dignes d'encouragement ont deja et6 publies dans le m^me but en France_ Celui de M. Cahen, professeur a rEcole d'enseignement mutuel Israelite, doit etre cite avec eloge. L'auteur I'a destine a initier les jeunes ^l^ves Israelites aux simples rj-gles de la lecture hebra'ique. Des etudes plus approfondies de cette langue ne paraissent pas en effet devoir entrer dans I'enseignement de la jeunesse Israelite ; il convient de les reserver exclusivement pour ceux qui se destinent aux professions les plus distinguees dans la societe, et surtout pour cf\\\ qui sont appeles a I'etude de la theologie ou a I'exercice du culte. M. B. LITTfiRATURE. igS io6. — * Kej.ertoire de la litteratiire ancienne et modeme , etc. T. V, VI, VII, VIII, 3= et 4<= livraisons. Paris, 1824; Castel deCourval, rue Richelieu. 4 'vol. in-8° ; prix, 14 fr. — L'ouvrage se composera de 3o volumes. (Voy. Rev. Enc., t. xxiii, p. 444; et t. xxiv, p. 473.) Ces deux livraisons , qui ont paru dans le mois de decembre , sout un nouveau gage du soin et de la diligence que mettent les editeurs a tenir leurs promesses. Le xxx" volume de leur recueil est sous presse : ils ont pris le parti de le publier, afiu de rassurer les personnes qui pourraient craindre deleur voir exceder le Domhre de volumes qu'ils ont annonce. Leur Repertoire , ou se trouveront reunis, sous la forme d'un dictionnaire , le Lycee de La Harpe , les Elemens de litteratiire de Marinnntel , des morceaux choisis de chaque auteur celebre, avec des jugemens extraits des meilleurs critiques, ct des notices biograpbiques redigees par ceux de nos litterateurs qui se sont fait le plus de reputation en ce genre , offrira inie lecture des plus variees et des plus instructives , et sera d'une grande com- modite pour les recherches. Parmi les noms nouveaux dont s'est enrichie la liste des collaborateurs de cat ouvrage , on doit distin- gner lionorablement celui de M. Theodore Gaillard , professeur de rhetorique de I'Academie de Paris , qui a donne une fort bonne Notice stir Ciceron. L'article Bible, qui est d'une etendue propor- tionnee a son importance , se recommande particulEerement par des notes ou soutindiquees, avec beaucoup de soin, les imitations que nos principaux ecrivains ont faites des auteurs sacres. X. 107. — Notice sur la I'ie el les ecrils de Robert IVace , poete normand du xii" siecle , sulvie de citations extraites de scs ouvrages, pour servir a I'histoire de Normandie; Tpur Frederic Pluquet. Rouen, 1826 ; J. Frere. Grand in-8° de 70 pages; prix, pap. vel. , 10 fr. , et pap. ord., 5 fr. L'auteur de celte Notice a recueilli les ouvrages de Robert Wace avec le plus grand soin , et tout hii faitcroire quele textequ'il est par- venu a etablir est le plus complet , le plus correct et le plus clair qui existe ; mais les fiais euoruies qu'entrainerait I'impression de 340 pages in-f°, et le peu de souscrijiteurs qu'il a trouvcs pour les couvrir, ne lui ont pas permis d'en entrcprendre la publication. II se borne aujourd'hui a faire imprimer sa Notice, et quelques extraits propres a faire juger du reste de l'ouvrage de Wace : ce sont ceux dont je vais rendre compte. Je ne les examinerai pas, quanta la grammaire et a I'arcbeologie : personne ne contestera , sous ce rap- port, I'utilite d'un ouvrage eciit au douzieme siecle; mais son im- T. x.w. — Janvier 1825. i3 194 LIVRES FRANCMS. portance liistorique pent nV'tre pas aussi evidente. — Les coutumes, les costumes, la politique, I'esprit du peuple, la religion, out bien plus change daiis TEurope nioderne qu'autrefois dans la Grece et dans riialie ; en sorte (uie ces changeniens , qui n'etaient rien dans I'histoire aiicienne , fornient dans la notre una partie trfes-impor- tante , et d'autant plus difficile que nos chroniqueurs ne nous ont pour la plupart eutrelenus que de batailles ou de miracles. GrAce au silence des nairateurs eu titre, les epistolographes , les poetes, . les romanciers ont plus d'uue fois ete la seule source oii nos histo- • I liens modernes aient pu puiser ; et s'ils n'ont pu , quant aux dates "^ ,' et a la serie des faits , supplcer entierement les annalistes, il faut avouer qu'on preferera souvent aux fables de ceux-ci les peintures naives et animees de ceux-l.i. On peul s'en convaincre par les mor- ceaux qu'a reuiiis M. Pluquet : tantot, c'est le portiait d'un clief. tantot la description d'un costume; ici, la fondalion d'une eglise, ou la dotation d'une abbaye ; la, le tableau d'une bataille ; plus loin , un combat singulier. Le philosopbe y cberchera surtout ce qui peint I'esprit du siecle. Dans la necessite de reduire les cita- tions, je choisirai I'expose des supplices que Raoul fait soiifi'rir aux vilains. Cenx-ci , iudignement traites par les seigneurs , avaient fait entre eux une sorte deligue; Richard II (997) I'apprenant, se concerte avec son oncle Raoul , qui, instruit par ses espioiis et ses coureurs, surprend les vilains au moment oil ils se liaient par des sermens mutuels; et alors, Toz les fist tristes e dolenz. A plusurs fist trairc li dense , E H altres fist espcrcer , Traire les oils, li puings colper. A tels i fist li guarez kuire ; Ne li chaut £;aires ki s'en muire , Li altres fist toz vifz bruilir, K li altres eu plumb builir, etc. Cette courte citation nous montre d'abord la douceur de ce Raoul, qui d'ailleurs ressemblait par son caractere a tous les autres seigneurs contemporains; ensuitc , elle sufGt pour prouver que le style deWace est, en general, clair el facile, s'il n'a pas toute la delicatesse que Ton pourrait desirer. — Quant au desir et a I'espe- rance que I'cditeur conserve de publier un jour tout le roman de Rou, il est evident qu'ils doivent 6tre partages, surtout par les eru- LITT^RATURE. igS dits de la Normandie; c'est done paimi eux que M. Pluquet doit chercher assez de souscripteuis jiour couvrir ses frais. Mais ne pourrait-il pas interesser k cette publication les conseils geueraux des cinq departemens formes de cette province? Combien ne serait- il pas a souhaiter que, sur tons les points de la France, on consa- crat a des reinipressions utiles , sous le rapport de la laiigue ou de I'histoire , quelque partie de ces soninies enormes souvent allouees pour des fetes passag^res ou ponr des repas? B. J. io8. — * OEiii-ri-s completes de J.-F. Ducis, faisant partie de la Collection des Classiques francais. Paris, 1826; L. Debure. 5 vol. in-3a , ornes du portrait de I'auteur; prix i5 fr. et 16 fr. 5o c. Encourage par I'accueil bien merite que le public a fait aux di- •verses parties de sa jolie collection des Classiques francais , I'editeur, M. L. Debure, vient d'elever le nombre de ses volumes, de (\o qu'il avait d'abord promis , a 100 , qui lui permettront de comprendre dans son choix plusieui'S auteurs qu'on regrettait avec raison de n'y point voir. Loin de tromper par la ses souscripteurs , comme I'ont fait souvent plusieurs libraires , qui forcaient les leurs a s'engager au dela de ce qu'ils avaient cru , M. Debure ne fait qu'acquerir plus de droits a leur reconnaissance ; car il ne leur fait pas une condition indispensable de I'acquisition de toutes les parties de sa collection; on pent les prendre separement , selon ses besoins et son goiit. Mais qui n'aimerait a posseder une bibliotheque complete dans iin format aussi commode , pour lequel surtout on a fait clioix de caracteres si favorables a la vue ! Voici les auteurs que M. De- bure dolt ajouter a ceux dont il avait d'abord donne la liste. ( i>ojr. t. XVIII, p. 177 ) : T. Corneille , Deslouches , Due's, Gilbert , Cresset, Hamtl on f Lesage , J. -J. Rousseau, St-Lambert , et Si.-Rcal. II vient deja de nous livrer le troisifenie de ces auteurs ; les OEuvres com- pletes de Ducis que nous annoncons ont ete revues avec soin et raises dans un nouvel Srdre plus favorable. Si quelques personnes etaient tentees de se recrier sur ce que I'editeur admet les OEuvres complices de Ducis dans sa collection des Classiques , il pourrait leur repondre que, cet auteur elant moins generalement connu et repandu que les ecrivains du grand siecle , il a pense que les cinq volumes qu'il lui accordait ne feraient point de double emploi dans la bibliotheque de ses souscripteurs. — Chenier , dans son Tableau de la litierature , et M. Lemercier dans son Coiirs de litterature , ont tour a tour paye un juste tribut d'hommages a Ducis, auqael Tho- mas, soii ami. avait dit : <■ Vous serez le poete de la nature. » Nods if)fi LIVRES FRANflMS. Iroitvoiis clans via ouvragc plus rrcent, et dout nous anions a rondro compte (f), tine appreciation asse/, exacte du talent dc cot <5ci'ivain : •• Un poete dont le genie [larait avoir qiielque analogie avcc cclui do Crebilloii , mais done par la nature d'une sens! bilite que ce dernier n'avait pas, et de cette melancolie profonde qui sied bien a la tra- gcdie, Diicis se produisit avec eclat sur la scfene , et semblait un de ceiix qui ponvaient s'y promettre le plus de gloire. Malheureuse- ment, sa predilection trop exclusive pour le the&tre anglais, et principalement pour Shakespeare , dont il fit son modele, ne lui permirent pas de sentir assez le prix d'une ordonnance regulicre... Ce n'est pas qu'il I'imite en esclave , quelqiiefois il le corrige heu- reuscnicnl; mais, s'il desespere de I'atteindre, it ne balance pas a I'abandonner ; et c'est ce qu'on pent reproclier surtout a satragedie A^ Othello; dans laquelle il n'a ose s'emparer du plus bel ornenieat de la pi^ce anglaise, du caractere sublime de Jngo. >> — M. Debiirc a plac^ en t<^'te du premier volume des OEuvres de Ducis, i°iiii j4vertissement, qui est, a tres peu de chose pres, le m(^me que M. Anger fit pour I'edition de i8i3; 2° le Disconrs , un peu long, pronor.co par Ducis , lors de sa reception a I'Academie ; 3° et la Repon^e du directeur, M. I'abbe de Radonvilliers. Cette reponse , ou, contre un usage trop general , I'orateur n'a pas cru devoir accabler le re- cipiendaire sous I'ennmeration pompeuse de ses droits au fauteuil, est en revanche un panegyrique complet de I'immortel ecrivain au- quel il etait appeM a siicceder dans le sein de I'Academie. II est assez remarqiiable de voir un pretre rendre justice au genie et aux grandes qualites du philosophe pour qui feu M. le comte de Maistre et quelques autres hommes du monde ont affecte depuis un dedaisi si superbe. E. IliiiKAi;. log. — * (Miivres de Florian , de I'Academie francaise. Noufe'Ie edi- tion. T. V et un tome de supplement, contcnant les ocuvres diverse^ et la correspondance. — Les OEuvres sont composees de i3 volumes in-S", ornes d'un portrait, de vingt-quafregravures, et d'un/ac simile . L'ouvrage complet est entierement imprime. — Le prix des i3 vo- lumes, sur papier carrc fin d'Annonay, est de io5 fr. , broches avec line jolie couverture iniprimec. — II a ete tire quelques exemplaires sur papier grand-raisin velin , figures premieres epreuves, httres grises , sur papier de Chine, dont le prix est de 3 12 fr. — Les (l) Couis de littc-ratitic ancu-niie ct moticrnc ; par P. Henkequin. Moscou , 1821. 4 vol. in-S. Se vtni! h I'aris, clicz Doiidcy Dujirc pcre et fils ; prix 3o f. LITTERATilRE. iy7 OEiivivs poscluiines et incdites, formant 6 volumes avec gravures et \in fac simile , peuvent etre acquises scpar^meiit. Prix , broche, 5o fr. Panni les ecrivains qui, a la fin du siecle dernier, out obtenu un succfes d'estime gcnerale , on doit citer honoiablement I'aimable au- teur d'Estelle et de Gaiatee. Tour a tour historian, fabuliste, poete, auteur dramatique et romancier, ses productions , non moins appre- ciees par les etrangers que par les nationaux, ont ete traduites dans presque toutes les langues de I'Europe. Son Precis siir les Maures, ses Pastorates , ses Poesies , et surtout ses Fables, qui lui assignent le premier rang apresLa Fontaine, lui ont valu les eloges des hommes de lettres les plus distingues. On n'a pas moins apprecie son Nnma Pompilius , ses jolis Contes en vers , sou romau bistorique de Gonzalve de Cordoue, ses Nouvelles , ecrites avec taut de grace et de nature!, qu'elles ont fait dire a Marmontel : ■< La nature lui a dit : Conte ; » cnfin, ses dranies cliarmans, ou, sous le masque d'Arlequin , il debite une morale si pure et si touchante. — Independamment de ces ou- vrages , publics de son vivant, il en a laisse de postbumes , qui n'ont pas eu moins de succes. Sa traduction du Don Qitichotte de Micbel Cervantes, la meilleure que nous ayons de ce roman ce- Ifebre ; Giiillaume Tell , ou la Suisse libre ; Eliezer et Nephtalf, poeme traduit de I'hebreu , etc. , ont eu un d6bit prodigieux. Ces produc- tions, auxquelles on a reuni celles qui etaient inedites, forment uii corps d'ouvrage qui convient a toutes les classes de lecteurs. — Florian , 'attache a M. le due de Penthievre, en qualite de gen'.il- homme , fit ses conventions avec ce prince , avant d'entrer en fonc- tions : n E!oge acadcmique par M. Ch, f.acretelle , pa- lyS LIVRES FRANCAIS. negvristi' bien digue d'apprccier lo caractere et les taleiis d'uii au- teur aussi recommandable que Florian. — Cette Edition , d'ailleiirs , luifux ordonnee que toutes cclles qui Tout precedce , et augirentee d'une inEiiite de pieces inedites que Ton ciierclierait vainenient ail- leurs, a encore I'avantage d'(5tre uuifornie , et paree de tout le luxe typographique. Z. no. — * OEuvres de A.-V. Arnault, de I'ancieu Institut de France, etc. ii'c livraison. Paris , 1824 ; Bossange pfre, et Bossange freres. i vol. in-8°, beau papier; prix 7 fr. Ce volume contient les premieres pieces dramatiques d'un de nos ^crivains les plus distingues , dout le debut fut marque par un bril- lant succes. La force dcs pensees et I'elevation des caracteres , dans Marias a Mintiirnes , rappellent les conceptions vigoureuses du crea- teur de notre scene. Cette tragedie, que I'auteur composa lorsqu'il n'avait encore que vingt-quatre ans, parut a uiie epoque oil le theatre menie, soumis ci I'influence des troubles politiques , n'offrait que trop rarement des productions d'un genre aussi noble. Ce succes prouve que, dans notre France, les arts ne perdent jamais entiere- ment leur empiie, et qu'ils nous ont souvent off'ert de donees dis- tractions au milieu de nos plus affreux desastres. — Lucrece, tragedie en cinq actes, representee I'annee suivante, recut un accueil tres-fa- vorable : on y applaudit de belles scenes et de nobles traits dessines avec hardiesse et oiiginalite. — Cincinnatus , tragedie en trois actes , representee en lygS, servit a prouver, comme le remarque M. Ar- nault lui-menie , que dans tous les tems, la tactique des ambitieux, dans une republique , fut de se frajer un cbemin a la tyrannic par la popularite, et a la popularite par une perfide complaisance. L'amour de la patrie est peint dans cette piece avec I'energie qui le caracte- rise. — La tragedie d'Ojtar , fondee presque entierement sur la pas- sion de l'amour, offrit cependantun genre nouveau surnotie theatre; I'originalite des personnages, leurs nioeurs , leurs usages, fournirent au poete des couleurs que nul n'avait employees avant lui ; les ca- racteres d'Oscar et de Malvina sont des creations remarquables. Le premier est un melange de grandeur et de simplicite , de vertu et de faiblesse, contrastes si necessaires dans un heros tragique , mais si difficiles a coordonner. L'autre est un de ces persoiniages d'autant plus attachans que leurs qualites semblent moins un effet de I'art que de la nature; la douceur angelique de Malvina, la gradation des nuances d'un amour qui peneire dans son coeur presque a son insu, repandent sur la piece un inter^t qui s'accroit a chaque scene. LITTER ATi: RE. 199 Le cinquieme acte qui, dans le tems , fut vivement critique, a ete retouche avec soin ; mais le defaut qui le depure encore est inherent au sujet ; et si cette tragedie etait remise au thcdtre , je crois qu'il serait bon de retablir le dernier acte tel qu'il parut dans la nou- veaute ; les effefs du desordre de I'amour et I'effusion des sentiniens de la nature, produisent des mouvemens traglques d'un ordre supe- rieur. Nous cedons au plaisir de citer quelques fragmens d'une scene aussi attachante par le charme de la situation que par le merite du dialogue. Dennide , I'un des heros de cette tragedie, apres un long et douloureux exil , rentre inconnu dans le pays qui I'a vu naitre; il s'avance pres des tombeaux de ses ancdtres, ou il est surpris par I'obscurite de la nuit. II est accompagne de son fils, jeune enfant qui a partage sa disgrace , et dont il soutient les pas chancelans. nERMiDE a 1,'ewfa.nt (qu'il tient par la raaln ). En vain le jour a fui ; par sa douce clarte La lune a de ces bois banui I'obscurite; Point d'effroi, mon enfant. l'etjfant. ArrivoDs-uous ? DERMIDE. Courajji- ! Je crois apercevoir un endroit moins sauvage. l.'ekfant. Je sui> bien fatigue. DERMIDE. Jettc-toi daus mes bras. i.'enfant. Tu m'as porle long-teras... DEKMIDE. Viens toujours, ne crains pas. A nie suivre , mou fils, faut-il que tu t'efforces? Pour tous les deux encor je me seus la des forces : Viens sur mou cteur .' l'enfakt (daus les bras de Dermide). Mon pere I DERMIDE. En croirai-je mes yeu.t ■' O Fingal , c'est ici que repose ta cendrel Voila douc de nos pas I'inevitable but! fombeau, sejour de mort , sc-jour de paix, salul I Recols les premiers voeux de mou ame attendrie : !N'es-tu pas des lit-maius la commuue patrie? i.'kwfant. A qui parles-tu done? ioo LIVRES FRANCAIS. DERMIDE. A ees tombeaux, niou fils; Aux restes des heros en ces Iieux cndorniis. l'empant. Et qu'est-ce qu'un heros? DERMIDE. Moa enfnnt , c'est le l)rave Qui ne fut point tyran et qni n'est point esclave, Et qui dans ses suoces, funeste an seiil pervers , Toujours grand, fut encor plus grand dans les revers. i.'ewfant. Mon pere , tu I'es done? DERMIDE. Une vie importune Me donne a ce grand nom les droits de I'infortune. Peut-etre ai-je souffert avec quelque vcrtu: Je le dois aux mechans. l'enfant. Les medians! que dis-tu? DERMIDE. Oui, mon Cls, les medians, ceux dont les mains coupables- Sous un pouToir injuste ccrasent leurs semblables ; Ceux qui des biens du faible odieux ravisseurs , Et des vertus du pauvre insolens oppresseurs, Sur I'enfance elle-meme etendcnt leur furie, Possedent un empire et n'ont point de patrie. I.'tNFANT. J'en ai deja connu ! DERMIDE. Je le sais trop, mon fils. l'enfant. Et les medians jamais ne sont-ils done punis? DERMIDE. T6t ou tard, mon enfant, leurs ombres prisonnieres, Vont grossir du Lego les vapeurs meurtrieres; Mais, des leur premier crime, en ce monde offens^, Leur juste cbatiraent a deja commence. Le sentiment secret de leur propre injustice, Dans le cceur des medians est leur premier supplice. En tous Iieux, a tonte lieure, il s'attaclie apres eux. LENFANT. Mon pere, les medians sont done bien mallieurcux! Depuis I'apparitiou de cette trag^die, plusieurs ouvrages interessan* ont initie le public aux moeurs et aux usages des bardes , de ces heros poetes , qui dans un sifecle de t^nebres m^laient quelques maximes i IITT^RATURE. 201 utiles aux fictions superstitieuses ,et dont la lyre melodieuse reten- tissanl a Tissue des combats , adoucissait la fureur des guerriers , et disposait le vainqueur a la clemence. Ce qui panit etrange dans la nouveaute de cet ouvrage ne produiniit aujourd'hui qu'un effetheu- reux. Les amis de I'art doivent desirer de la voir remettre au thea- tre; le role d'Oscar offrirait a Talma Toccasion de deplojer ces moyens tragiques dont ce grand comedien trouve dans son ame une source inepuisable. — Scipion , consul, drame lieroique en un acte, termine le volume que nous annoncons. Cette piece fut composee pour les el^ves du Prytanee de Saint-Cyr : on y trouve un grand ca- ractere fortement desslne, de la noblesse et de la force dans le style. ■ — ■ Les editeurs ont reimprime, en t^te du volume , I'epitre dedica- toire que M. Arnault adressait a son pays en publiant ses oeuvres completes surlesol etranger qui lui offrait alors un asile. Heureuse- ment , I'auteur est rendu a cette France , qu'il cherit et qu'il honore ; les mallieurs qu'il retrace dans cette epitre ont cesse de peser sur lui ; mais on voit toujours avec inter^t ce monument de douleur et de devouement eleve a la patrie par un noble citoyen qui, ne pou- vant plus la servir que par ses voeux., consacre a sa gloire le fruit des veilles qui charmerent son exil. *** III . — * OEuvres completes d'Etienne Jouy, de I'Academie francaise, avec des eclaircissemens etdes notes , tomes V et VI , 5' et 6° des Essais sur les mceurs ; tome XIV , la Morale appliquec a la politique; tome XXI, 4*^ du Theatre. Paris, iSal ; imprimerie de Jules Didot aine ; Bossange pere ; Pillet aine; Aime Andre ; et I'auteur, rue des Trois-Freres ,n° 11 ; 4 vol. in-8° ( voy. t. XXII, p. 624-634.) 12. — Beautes de lord Byron, ou Clioix des pensees et des morceaux les plus remarquables extraits de ses ecrits et traduits en francais. Paris, 1825 ; Eymery. i vol. in-12 de 3l8 p. ; prix 5 fr. et 5 fr. 5o c. Depuis que les traductions des ouvrages etrangers les plus remar- quables , que tres-souvent la Revue Encyclopedique est la premiere a faire connaitre, se sent multipliees en France, le gout s'est eclaire, sans cesser d'etre pur. On s'est depouille de quelques prejuges natio- naux ; on a compris que pour juger les litteratures etrangeres, il fal- lait ^tre initie dans les moeurs , les habitudes et le genie des autres nations. On a fait une etude plus approfondie des auteurs etrangers, de leurs beautes , de leurs dcfauts : on a pu prononcer , du moins avec connaissance de cause , et cet examen a ete surtout favorable a I'Angleterre. Ses poetes ont pris rang parmi les notres; a la tete de ceux qui ont recu cet honneur , il faut placer lord Byron. La force 20st LITRES FRANCAIS. lie ses conceptions, la noblesse de ses pensees, I'eclat de^es images, la profondeur de ses observations, ont cle universcllement reconnus parmi nous , et Ton s'est empress^ de naturaliser ses chefs-d'a-uvre eu les tiaduisant en vers et en prose. — ■ Le but de I'ouvrage que nous annoncons est de les faire connaitre aussi aux jeunes gens par des extraits choisis avec discernement ; Ton ne saurait trop louer cette intention; mais il importait de donner dcs traductions exactes, et j'ai remarque quelqucs erreurs dans les citations ; je me hornerai a en signaler une qui change tout-a-fait le sens; voici les deux vers anglais : It is that settled, ceaseless gloom The fahled HebrcvT wanderer hore ; En voici maintenant le sens littoral : « Cost cette tristesse fixe et sans fin qui poursuivait partout le fabuleux Juif errant. » Le traducteur rend ainsi ce passage : « Je suis livre a ce noir et inexorable chagrin qui poursuivait partout le premier fils d' Adam. » C'est l.i un grossier contre-sens.Pour un ouvrage destine a former legout des jeunes gens, il faut se mefier des a pen pres , et apporter dans son travail beaucoup de conscience et d'exactitude, qualites trop rares de nos jours , sur- tout dans les traductions, ou I'on se contente d'indiquer le sens en le depouillant de toute cnergie et de tonte couleur. Le choix des heanth i.'e lord Byron, quoique imparfait , est cependant un veritable service rendu .i la jeunesse ; et c'est a cause de I'importance de I'ou- vrage que j'ai cru devoir le juger avec severite. L. S. B. 1 13 . — La France pacijiec , poeme en vingt-cinq chants , accom- pagne de notes historiques ; par M. N.-J. B. Paris, iSaB; Dondey Dupre ; Rapilly. 2 vol. in-S" de SgS et 386 pages; prix, 12 francs. S'il en faut croire le litre que je viens de copier, ce poeme aurait ete publie en i&i'i. La couverture le rajeunit d'une ann6e,etle fait paraitre en 1824. Je ne me charge pas d'expliqner cette contradic- tion , dont je n'ai pas le secret , qui est, sans doute , celui du li- braire ; mais je la consigne ici pour excuser la Revue Encyclopediqiie du reproche qu'on pourrait lui faire de n'accorder a cet ouvrage t[u'une annonce un peu tardive. • — • L'auteur de la France pacifiee a embrasse, dans les vingt-cinq chants qui coinposent son poeme, I'histoire complete de notre revolution, depuis les ctats-g^neraux de lySgjusqu'au retour de la famille royale en i8r4. Les principaux evenemens, qui ont signale cette longue et memorable periode , 5ont rappeles dans ses vers avec beaucoup' de sagesse et d'impartia- LITTERATURE. ao3 lite. Ce sont la mallieureuseinent des qualites d'historien , plutot que de poete , et le premier de ces deux litres couTient certaineitient mieux que le second a I'auteur du livre que iious annoncons. Lui- m^me semble le reconnaitre , lorsqu'il se defend d'avoir voulu composer un poeme epiqne , et qu'il reduit son ouviage au titre modeste de Poeme hisiorique. II ii'a pas cherche a rassembler sur quelques personnages, sur quelquesevenemens, I'interet de sod recit; il parte des hommes et des choses , a mesure que I'histoire les lui presente: La France est le veritable sujet de son epopee; il nous la montre qui s'avance a travers beaucoup de malheurs et de crimes vers I'etablissement d'nn ordre legal. C'est la I'unite de I'ouvrage, unite qui conviendrait mieux, je le repete , a un livre de politique ou d'histoire, qu'.i une composition poetique. D'ailleurs, il y a quelque difCculte a faire agir et parler en vers des person- nages si recens , et dont plusieurs vivent encore. Quelque beaux vers qu'on leur prete, nous aimons encore mieux les voir et les entendre eux-memes, comme ils se moutreut a nous dans le nior.de, on , ce qui est presque la meme chose , dans les memoires. II est tel des redacteurs de notre Revue, qui serait peut-etre fort etonne d'ap- prendre qu'on a traduit en vers les nobles paroles qu'il prononca, lors du proces de Louis XVL L'histoire a des aujourd'hui le droit de les rapporter , car son ministere commence de bonne heure; quant a la poesie ,elle arrive plus taid , si toutefois elle arrive pour des evenemens places par leur gravite hors du domaine de la fiction. Cela me conduit a un reproche que je veux adresser a I'auteur de la France //acifiee. i\ fait mouvoir dans son poeme quelques figures allegoriques , qu'on avail deja trouvees froides dans la Henriade, et qui le sont bien autrement quand nous les voyons de si pres : lorsqu'il s'agit d'evenemens contemporains , pouvons-nous prendre au serieux I'intervention de !a Discorde, de la Revoke, de la Pais:, de la Verke , et autres divinites, qui ne soul que de pures abstrac- tions personnifiees ? Le merveilleux allcgorique n'est point, a pro- prement parler , du merveilleux ; je n'hesite pas a le bannir de I'epopee, et je ne connais qu'un seul exemple qu'on puisse citer en fa- veur de son emploi ; I'apparition de la patrie a Cesar sur les bords d'> Uubicon. La patrie etait un personnage reel pour un Romain , fit au moment ou Cesar s'armait contre elle , son image derail le poursuivre , du moins en imagination. C'est dans cette sphere que se passe la scene de Lucain, placee habilement sur la limite inde- cise qui ?;epare Tallegorie dn merveilleux. Qu'on ne m'objecte point 2o4 LIVRES FRANflAIS. les Prieres, YInjure et autrespersonnifications d'Hoin^re; elles etaient mises , par la croyance des peuples, aii ranj^ de personnages reels. Tout cela deinr.iiderait de plus lougs developpemens , auxquels ne se prete pas la brievete d'une annonce. Je reviens au pocme qui a servi de texte a cetle digression. II y a de la sagesse dans le style , mais pen de force et d'elevatioii. On jugera de la maniere de I'auteur par le passage suivant, un des nieilleurs que j'aie rencontres, et que j'e cite de preference , parce qu'il se rapporte a des evenemeus sur lesquels Thistoire de M. de Chambray, et tout recemment celle de M. de Segur fixent I'atteution generate. II s'agit du depart de Na- poleon , lorsqu'ii quitta son arniee , en 1812. C'est la que Bouaparte abaudonne aux hivers Les guerriers qu'il arma pour dompter I'univers. II fuit ces champs cruels , oil ton imprcvoyance Laisse mourir de faira 1' elite de la Frauce. Plein d'epouvante, il part :' et son cbar, en fuyant, Sur des corps mutiles roule comme uu torrent. L'officier genereux, le soldat inlrepide, Expirent ecrases sous la roue homicide, Et le sang des guerriers qui furent son appui, Ruisselaut sous ses pieds, rejaillit jusqu'a lui. Ses lauriers d'autrefois sur son front s' en lougissent. De maledictions les echos retentissent, Et ce concert affreux de liaine et de raepris Le suit depuis Moskou jusqu'au scin de Paris. (T. ir, p. Si;.) — -Des notes interessantes soct jointes a cet ouvrage, et une table des personnages nombreux dont il y est fait mention perniet au lec- teur de consulter facilement les passages qui les concernent. H. P. 1 14. — Annates romantiques ; Recueil de morce?.ux choisis de litte- rature contemporaine. Paris, iSaS : Urbain Cane!, place Saint- Andre-des-Arcs , n° 3o. i vol. in-i8 de 364 pages, avec une gra- vure de Faucliery, executee d'apres le dessin de Deveria ; prix 4 francs. Pouss6 dans ses derniers retranchemens , le romantisine , qui avail menace un instant d'envabir toute notre litterature, est alle se refugier dans les titres de quelques ouvrages , sur lesquels on a cru pouvoir ainsi appeler Tattention publique. Nous avons eu , en 1 833, les Tablettes romantiques [\oy. Rei\ Enc.,t. Jtvii, p. 628); voici maintenant les Annates romantiques , c^ui ont beaucoup d'atll- iiite avec leurs aiiiees. Cominc le recueil que nous rappelons, ellcs LITTfiRATURE. 2o5 Se composcnt dc pieces de vers et de fragniens eii prose. Mais, si dans les Tablettes quelque alliage s'etait dcja mele a I'or pur des romantiques, on ne devra pas s'etonner d'en trouver encore ])lus dans les Jnriales , surtout en y reiuarquant les nonis de MM. de ISdranger, Casiinir Delncigne , Viilcmaiii , etc. En effet , ces noms pro- mettent du plaisir aux lecteurs ; et je ne saclie pas cependant qu'au- cune autorite les ait places clans les rangs des romantiques, quoi- qu'ils n'eussent pas dii peut-(5tre s'y soustraire, tant les partisans dece genre restreint out cherclie a lui dunner d'extension,dans leurs definitions si nomhreuses et si diverses. Ces noms , a I'exception du dernier, s'etaient deja glisses dans les Tablettes : c'etait un hommage rendu al'opinion publique ; pour ressembler en quelque chose encore a leurs aiiiees, les Annales leur ont emprunte aussi MM. Jules Lefivre, Jeyiaistre, de ^/^/i/et quelques autres,avec I'aide desquels on forme- lait un veritable recueil romantique, dans I'acception la plus defa- vorable que Ton puisse donner a ce mot. Nous connaissions deja du premier le Parricide ; il nous peint aujourd'liui une execution , et voici les derniers traits de son tableau, ou Ton ne peut neanmoins se refu-' ser a reconnaitre beaucoup de talent poetique ; €t AUons, frappe! " tt vers lui Ic bourreau se courba : •■ Frappe done! » cria-til; et la liache tomba. Le tronc recule etmeurt, le sang jaillit et coiiie» La tete convulsive au loin bondit et roule; L'ceil terue agite encore un regard efface, Puis la bouclie se serre, et la vie a cesse. Feu M. le comle de Maistre avail fourui aux Tablettes un fragment intitule le Bourreau; nous trouvons de lui, dans les Annaies, un autre fragment qui a pour titre Voltaire, et voici comment il est termine : « suspendu entre I'admiration et I'horreur , quelquefois je voudrais lui f'aire elever une statue... /^ar la main du bourreau. » C'est de la part d'un homme de la haute classe montrer une predilection bien grande pour un personnage dont le nom m^nie est banni de la bonne societe. Quant a M. le comte Alfred de Vigny, il avait donne aux Tablettes, une ballade intltulee la JVeige , dont nous avons cite dans notre compte-rendu des vers assez pretentieux et assez ridi- cules ; il a pour sa part, dans les Annales, une piece qui porte le titre de Dolorida, et que nous nous rappelons avoir hie deja dans une des livraisons de la defunte Hluse que sfs fondateurs avaient qualifiee du nom de francnise, croyant sans doute ce mot synonyme de roman- ao6 LIVRES FRANCAIS. tique. L'heroine de cette piiice, dans laquellc on remarqne ce ver* qui renferme une si grande veritc: La mart n'est que la moit , ct u'estpas la vengeance, Dolorida, attendant son epoux , est couchce uir un He d'mur; e\\<^ a laisse sa moresque fenetre oiiverte , et ... La lune, de loin, unit sou feii d'arjjent Aufeu qui, suspendu, veille rose, et changeanl. Les deux clartes a I'oeil offrent partout tears pieces, Carcssent ciollement le pelotirs hleii des sieges , La sovcuse ottomaue, oii ia siesle s'endort... Dolorida n'a plus que ce i>oile incertain^ Le premier que revet le pitdique matin, Et le deruier rempart que, dans la iiuit foldtre , L' Amour ose enlever d'une main idolatre... Elle veille , abandonnee par nu infidele. Trois heures cependant ont leotement sonne. La roix du terns est triste au coeur abandonne. Nous citons ces deux vers pour etre justes; pourquoi M. A. de Vigny ne nous en offre-t-il pas plus souvent de pareils ? Elle reste immobile, et, sniis un air paisihle , Mord d'une dent jalousd une main insensible. Mais , tout a coup , La porte s'ouvre, il entre : elle ue tremble ps»; Elle ne tremble pas, a sa p51e figure. Qui de quelque malheur semhie trainer Vaugure. Je viens te dire adieu , lui dit son epoux , je meurs. Mes pieds sontfroids et lourds , mou o?il est obscurri. Je suis tombe trois J'ois en revcnant ici... D()lorid;i lui repond : Poorquoi mourir ici, quani! vniis vivie?. saus mol ? Helas ! repart le triste eppnx." Tout mon crime est empreint aufvnd de ton langage, Paible amic , et ta force hor/ible est mon ouvrage... Jejure, et tu le vols, t.T expirant, ma bouclie Jure devant ce Cbrist qui domine ta couclie, ( Et si par leur fail)lesse ils u'etaient pas lies Je leverais mes brasjusqu'au sang de ses piedt). i LITTERATURE. 107 Je jure que jamais mon amoar egarce , N'oublia loiu de toi ton image adoree, L'in/idelite mime etait pleine de toi... Oil! parle, hate-tol ; pleure sur ton Tcuvage, Pleure-moi!... Mais, quel est re blaucliatre breuvage Que tu bois a longs traits et d'uu air inseuse? — Le reste du poison qu'liier je t'ai verse. Cette reponse de Dolorida termine la piece , en iiidiquant assez sa catastrophe. Nous nous sommes un pen etendus sur cette ceuvre de M. A. de Vigny , auquel la Muse francaise avail decerne le surnom de Racine moderne , pour montrer a ceux qui auiaient ignore I'exis- tence passagere de ce recueil , ce que ses auteurs entendaient par cette nouvelle ecolequi devait rcgenerernotre parnasse , leroniantis- mepar excellence, roniantisme depenseeet romantismed'expression. Ce ne sent pas les petits vers ,bien innocens, d'un liomme de talent, M. Charles Nodier, que nous trouvons dans les Annales, sous le litre (V Impromptu classique et di'Adieuxaux romantiques ,c^i delivreront ces derniersdu ridicule qui pese desormaissureux; I'auleurdu yampire et de Smarra avail quelques droits a prendre la defense du romantisme. Toutefois, il ne s'est pas servi pour cela des armesordinairesa cette ecole moderne. — II ne faudrait pas conclure des citations que nous venons de faire que les Annales romanliques soiitentieremeut compo- sees de choses que repudienl egalement le bon gout et la saine rai- son. Les editeurs , il est vrai, ont ))uise avec trop de conliance dans la Muse et en ont tire des pieces qui y elaient hien et dumenl enter- rees. Mais les troisquartsde leur recueil presentent reellement de fort hons niorceaux , et nous cralgnoiis qu'ils ne puissent pas en rassem- bler un aussi grand nombre pour les volumes suivaus. Us ont pro- mis d'en publier un chaque annee , et dans cette intention, ils font uii appel aux poetes contemporains. Us se verront bientot engages par beaucoup de convenances a donner acces a des pieces faibles et insigiiifiantes , ne fiit-ce que pour avoir des noms et jeter plus de va- riete dans leur iivre ; tnndis qu'ils n'ont eu qu'a choisir, pour ce pre- mier volume, parmi tout ce qu'on a fait de nnieux depuis plusieurs annees. La plupart des pieces saillantes de leur recueil nous avaient deja passe plusieurs fois sous les yeux , et nous avions eu mdme I'oc- casion de les recommander a nos lecleurs : telles sont VEpitre de M. Ancelot a son ami Soumet , la chanson de B-aRANGER , intitulee Louis XI , Zephire , de M. Denke-Baron, et surtout cette char- mante OwnXn , de M"p Z)e//)A;/ie Gay. II faut y joindre un grand 2o8 LIVRES FRANCAIS. nombre d'autres pieces, telles que les Tombeaiix de Saint-Denis, par FoNTANES, les Plaintes cle Chiinene , par M. CiiEuzE DF, Lesser , La Canadienne, que M. Fictor Hugo n'a point jugee dignc d'etre insdree dans son recueil , oil il a place le Caiichcmar cl la Chatn'c-souiis , la Jenne Fille malade, de M. Campenon, Mon Jmi Pierre , de M. Scribe etc. On voit que toutes ces pieces ne sent pas nouvcUes; il y a sept ans que j'ai lu la derni^re dans ua recueil pei iodique , le Ly cee francais, dont les collaborateurs se sont reunis depuis a ceux de la Revue. Les editcurs , neaninoins , aunoncent leur recueil comnie compost de pieces rares ou inedites. Recevons-le avee reconnaissance sans dis- puter sur le litre qu'ils lui ont donne ; car, a I'exception d'un petit nombre de morceaux ou leur goiit seml)le avoir ete en defaut, c'est unheritable cadeau poetique, qu'ils ont pare de tout le luxe de la ty- pographic et d'une fort belle gravure dans le genre anglais. Je re- procheral cependant au dessinateur d'en avoir gdte le sujet par la representation materielle d'une Gction que son auteur, M""" finable Tastu , avait parce de tous les charnies d'une poesie harmonieuse et toute de sentiment, dont nous ainierions a donner ici des preuves a nos lecteurs, si cet article ne depassait pasdeja les borneshabituelles ^e noXxe Bulletin. E. Hereati. 1 1 5. — Le Befell de la Grice , poeme lyrique en trois parties, dedie a M. Ciisiinir Delavigne, par .4.-F. D. Paris, iSaS; a la li- bralrie ancienne et nioderne, galerie de Nemours, n" i3. In-8° de 46 pages ; prix i fr. 80 c. Dans la premiere partie de ce poiime , la Liberie se presente a un jeune Souliote. II la reconnait, il Tinvoque, il se plaint a elle de I'abandon ou les rois de I'Europe laissent sa palrie , il la conjure en ces termes de se fixer de nouveau dans la Grece : Vieus done, die dcs Cicux, t'uuir a la victoire, Elle t'attctiil sous nos drapeaux; Sous leur abri fiottaut viens gouter le repos, Mais uu repos terrible et que donne la gloire. Viens, nous a'.lons le conqucrlr, Et nous u'csperons pas des triomphes faciles. Rameue-nous aux Tberrao])yles ; Tu las dit : nous sauions mourir. Agile par les pensces elevees qu'il va rev(^"tir de la parole, le poele lyrique commence quelquefois ses chants par une comparaison qui d6ja captive I'auditeur. C'est ce qu'a fait Horace, dans I'ode oii il chanle la victoire du jeune Drusus ; c'est la inarche qu'a suivie LITTERATURE. 209 I'auteur de la Gr^ce deUvree, dans le debut de sa seconde partie. Ce second chant est entierement consacrc aux exploits'^ de Canaris. Dans ce recit, le poete n'a peut-d'tre pas assez fait usage du melange des mesures. II a voulu , sans doute, par ses dixains formes de vers de huit syllabes, donner plus de rapldite a Taction; mais cette cadence trop prompte , ce retour frequent des rimes peuvent nuire aux images et a I'harmonie. Nous citererons la strophe suivante : Si jamais jiariui vous il existait ua traitre. Qui n'aurait comliattii que pour changer de maiCre, Par un deslionneur eternel Fletrissez le nom du perfide; Qu'il soit, comme le fratricide, Rejete du sein maternel; Qu'exile sans retour d'une terre eunemie, II tralue au sein des cours sa venale infamie! L'air de la liberie pour Tesclave est mortel. La troisieme partie nous montre Canaris attaint d'une maladie qui le conduit aux; portes du tombeau. Le delire qui transporte ce brave est tres-bien decrit. II se croit encore en presence de I'ennemi. li a soif des combats; il reve I'incetidie; Des oppresseurs de sa patrle Vers riiorizon lointain il a vu les vaisseaux. II s' eerie ... il s'agite... et sur la mer absente II embrase, eu espoir, la flotte menaeante. Revenu a lui, il ne veut pas finir ses jours sur un lit inutile a sa gloire ) il veut qu'on le place dans un esquif, qu'on y mette le feu; il veut I'y mettre lui-meme et qu'on le pousse ainsi sui' les vaisseaux des Musulmans. On cede i\ son desir; mais les vents le- gers du soir, la fraicheur du golfe embaume le raniment, il revoit son drapcau, il le touclie , ses forces reviennent : Canaris comptera de nouveaux exploits. P.J. F. 116. — Epilre an Comte de Las Cases, precedee d'un Chant triom- phal sur la delivrance de la Grece, par Einile de La BRETONjfiERE. Paris, 1825 ; Veret, rue des Francs - Bourgeois -St - Michel, n° 3. Brochure in 8° de 24 pages; prix i fr. Ces deux opuscules seront lus avec plaisir par les amis de la belle poesie : une expression eloquente ajoute a la puissance des pensees les plus genereuses ; et, lorsque le poete a consacre ses chants aux grands objets de I'emotion des peuples , il satisfait a un noble be- soin, etchacun se plait a I'avouer comme un digne interprfete. M. de T. XXV. — Jamnrr iSaS. I^ •/JO LIVRES FRANCAIS. La Bretonniere avait dej.i obtemi le suffrage encourageant de I'Aca- denile francaise , pour un poeme remarquable sur Vytbolilion de {a haite des Noirs. Le public , qui est cette fois le seul juge , lie se mon- trerapasmoinsbienveillantquel'areopagelitteiaire.Une versification pure at un-parfait sentiment des convenances distinguent VEpitre a M. de Las Cases. Des qualit^s diff^rentes se font remarquer dans le Chant triompkal. Une chaleur soutenue et qui s'el^ve quelquefois jusqu'au veritable enthonsiaSme , une poesie fortement coloree , des expressions hardies , mais parfois incorrectes , surtout une beureuse alliance des fictions et de la gloire historique de I'ancienne Grece avec les prodiges de la Gr^ce moderne, voila ce que la critique y reconnaitra sans peine. Les vers suivans donneront une idee de la maniere de I'auteur : Reponds, fils de I'IsUm, pour qui sout les destins? Ton salpetre inactif attendait retincelle l^our foudroyer les Grecs du iiaut d'un triple pont; Le Grec t'a prcvenu sur sa fr^le nacelle; Son sang lui reste encor, c'est le tieii qui niisselle, Ce sont tes cris de mort qui frappent rHellespont. Les vers suivans nous semblent rappeler le talent de I'auteur des Meisenicnnes ; Noble Grece! toujonrs digue de tes aieux , Tu peux sur ton front intrepide Porter d'un si grand nom le fardeau glorieux. I'ourrait-il te peser, quaud tes fils qiiun dleu guitle , Aujourd'liui citoyens, demain vaillaus soldats, Deposant tour a tour le casque ou la clilamyde, Savent vlvre comme Aristide, Mourir comme Leonidas ? F. M. 11^. — Dithjrambe sur rinondation dc Sainl-Petersbotirg (i>oy. ci- aprfes aux Nottyelles , article Russie); pari. Chopin. Paris, 1824; Dondey-Dupre , pere et fils. Brochure in-8° d'une demi-feuille d'im-. pression. — Se vend au profit des pauvres orphelins dont les parens ont ete victimes de ce desastre. ^mu de compassion au recit du desastre affreux dont viennent d'etre temoins des lieux qu'il a naguere hwhites , un Francais a con- sacre les accens d'une lyre genereuse au soulagement des malheu- reuses victimes de cette catastrophe. II a fait une bonne action , et, ce qui la fait mieux apprecier , de bons veis , en essayant de nous attendrir sur les malheurs qu'il nous retrace. Pour nous joindre, ■>u- LITTERATURE. an tant qu'il est en uous , a cet acte do bienfaisance , et le faire partager a nos lecteurs, nous citerons les passages de sa piece que nous avons lus avec le plus de plaisir; ils les engageront sans doute a se la procurer. Voici le debut de I'auteur : Le soleil se plongeait au sein des mers profouJesj'' Dans un pale horizon mouraient sea tristes feux; Aux roes oil la Neva foule ses froides ondes S'eteignaient ses derniers adieux... De leur caverne souore Les vents siffleut en fureiir; Le flot mugit , lutte encore, Et cede en fremissant a I'obstacle vainqueur Qui le refoule vers I'Aurore. Vienneiit piusieurs vers descriptifs qui oat tous una couleur locale tres-fidele, et qui preparent Lieu le recit de I'liiondation : Le torrent, qui grossit, entraiue la chaumiere. Les flots n'out plus de frelu , la peur n'a plus d'abris; I.e laboureur s'attache au seuil bereditaire Dout il embrasse les debris. La, flotte uu berceau vide. . O mallieureuse mere, Ces cris! c'est ton enfant... 6 ciel! il va perir !... Le volla qui surnage ; il t'a vue , il espere... Meurs! tu ne peux le secourir! Apres une suite de tableaux aussi attachans, il s'adresse a I'opulence que ce desastre pourrait laisser froide pour tout autre interdt que le sien : Opulent qui te plaius, que ton regard s'arrete Sur rindigent presse par le froid et la faiml... Son bien, c'etait la natte ou reposait sa tete ; Son supertlu , le pain du lendemain! Puis, detournant les yeux de ces scenes af&igeantes, il les porte sur le noble devouenient des Hermann, des Beckendorf, qui ont expose leur vie pour sauver celle de leurs semblables : II est plus grand celui qui sauve une viclime , Que le vainqueur passant sur des monceaux de mort. Sa piece est termin^e par revocation de I'ombre de Catherine : On dit que, s'eveillant en sa tombe assiegee, L'ombre de Catherine entr'ouvrit son cercueil , F.t contempla loug-tems la ville submergee , ' Dans I'appareil auguste et du tr6ne et du deuil; Lorsqu'enfin, s'arretaut sur Ic granit antique ai2 LIVRES FRANCAIS. Oil regno encor le Fondateur (i), Vers rOrient eclataut de splemlcur, EUe fixa trois fois un regard propbetique, Et le golfe en son lit retoraba sans fureur. L'auteur fait sacs doute allusion ici k I'impression que le desastre arrive a Saint-Petersbourg a produite sur I'esprit du peuple supers- titieux. On sail qu'aprcs I'inoiulation il a rempli pendant plusieurs jours les eglises, s'accusaut d'avoir attire ce fleau sur sa t(?te par sa coupable indifference pour ses freres , pour ses corcligioiinaires. Puisse ce legard propheliqiie de I'ombre de Catherine, annoncer la prochaine delivrance de la Grece ! E, Hereau. 1 1 8. — Genes sauvce , ou Fiesqueet Doria , tragcdie en 5 actes, par M. La.m\rtei.iere , auteur de Robert, chef de Brigands , etc. Paris , 1824 ; Barba. In-8* de iv et 88 pages; prix 3 fr. Cette pifece, composee, retjue et repelee il y a plus de vingt-quatre ans , fut arr^tee par la censure. L'auteur s'est tenu assez pres de Schiller, sans cependant avoir os6 iniiter quelques-unes de ses con- ceptions les plus hardies ; par exemple , I'outrage fait a la fille de Verrina, dont il n'est pas m^me question. Toutefois , il a fait pas- ser dans son drame quelques-unes des beautes du drame allemand. II serait superflu d'en faire ici une analyse detaillee, et nous nous bornerons a indiquer , parmi les scenes qui lui appartiennent en propre, celle oil Fiesque devoile eniin ses secrets aux amis de la li- berte ; il a trace, sous les apparences d'un plan de f^te, le plan de la conspiration qu'il ourdit ; et an moment ou il explique aux conjures tons les ressorts du complot , sa femme parait. Fiesque qui I'aper- colt, change tout a coup de langage : c'est sa fete dont il a I'air de continuer la description ; en y melant des mots tr^s-significatifs pour ceux qu'il veut instruire. La situation n'est peut-(^tre pas fort ira- gique ; mals elle est parfaitenieut dans le sujet, et I'effeten serait sans doute draijiatique a la scene. Nous avons aussiremarque le beau mouvement de Doria, qui, venant s'expliquer avec Fiesque, qu'on a d^nonce pres de lui, et qui nie vonloir .attenter a ses jours, se contente de lui diie , en lui ouvrant ses bras : Oses-tu m'embrasser ? Fiesque s'y pr^clpite, el abandonne toutprojet contre la vie duvieux doge. — Nous lie savons quel eut ete le succes de cet ouvrage a la representation; a la lecture, on y trouvera des intentions draraa- tiques , et un dialogue en general naturel et bien fait ; mais on pen- (l) II est question ici du monument elevi- piJi- Catlierine IF a Pierre - 1'; Grand, et execute par Falconnct. LITTER ATURE. ai3 ■sera peut-^tre que I'auteur ne connaissait pas encore assez toutes les ressources de Tartdu theatre , et qu'en perfectionnant son style, il aurait pu donner a ses vers plus d'elegance et de poesie. M. A. 119. — Contes d\m 'voyageur; par Geo^/ej Crayon, traduit de I'anglais de M. Washington Irving. Paris , 1824 ; Lecointe et Du- rey. 4 '^ol. in-12 avec un portrait de I'auteur; prix 12 fraucs. Washington Irving est ne , comme Cooper , sous le ciel de la Nou- velle-Angleterre : les Anglais le placent a c6t6 de ce dernier, et apres sir Walter Scott , quoique , a bieu dire , le talent de Geoffrey Crayon n'ait pas des rapports aussi directs que celui de I'auteur de tEspion, avec la maniere du chroniqueur ecossais. Ceux de nos lecteurs qui ne sont pas familiers avec la langue anglaise ne connaissent encore de W^ashington Irving que le Chateau de Bracebridge et son Livre d'esqiiisses. L,t;s Contes d'un I'ojageur ajouteront encore a I'opJnion fa- vorable que ces deux premiers ouvrages ont donnee du talent de I'auteur. Ce sont d'ingenieux recits dans lesquel I'ecrivain transporte tour a tour sou lecteur , avec ses heros , du fond d'un manoir du pays de Caux, dans les palais brillans de Venise, ou sur la place des executions a Paris pendant le regne de la terreur. La vie des bandits italiens , celle des ecrivains de Londres ( soit dit sans nie- chancete dans le rapprochement), les moeurs des pirates de la Nou- velle-Angleterre, le contraste qui resulte de I'opposition des physio- nomies hoUandaises des premiers colons de Long-Island , avec les figures horribles des flibustiers , tout cela s'anime sous la plume du conteur, et la variete des sujets qu'il traite donne un charme de p'lus a ses recits. La peinture des accidens de la nature est rendue avec un grand talent, surtout dans le quatrieme volume, quand I'auteur Jious transporte dans sa patrie, et nous initie aux mysteres supersti- tieux qui firent le charme et I'effroi de son enfancs. L'admirable ta- lent avec lequel M. Cooper a su interesser pendant quatre volumes , a la vie de vaisseau , aux scenes changeantes de la mer, et jusqu'aux descriptions des moindres manoeuvres , est egale par le tableau que M. Irving nous presente des effets produits par la maree dans le perilleux detroit de Long-Island , et des coutumes anglo-hoUan- daises de la petite ville des Manhattos. Du reste, la partie la plus remarquable de I'ouvrage est le second volume : la vie iitteraire de Londres y est peinte avec un art qui rappelle a la fois la finesse de Swift et I'originalite de Steele, et il se pourra que nos comedians, nos auteurs et nos libraires se reconnaissent dans ce tableau, qui pourlant n'a ete compos6 que d'apres des modeles anglais. Un per- ■21 4 LIVRES FRANCAIS. trait de Taureur oriie cette traduction, que Ton doit a la pluiue de M™" Beauregard , et qui sort des presses de M. A. Henri. C. N. 120. — * Nouveaux conies; par MmcGuizor, auteur des contes iutitules les Enfans , et de Raoul et Victor ou i'tcolicr , ouvragc auquel I'Academie francaise a decerne, eu 1822, le prix fonde pour I'ou- vrage litteraire le plus utile aux moeurs. Deuxihne edition, revue et corrigee, ornee de six jolies gravures. Paris, i825;Becliet aine. 2 vol. in-i2 de 828 et de SSg pages ; prix 9 fr. et 10 fr. 5o cen- times. 121. — Contes et conseils a mcsjils; imites librement de Kotzebue , par J.-P. Charrin; orn^s de onze gravures en taille-douce. Paris, 1825; le mdme. 2 vol. in-12 , vi , 38c), et 44' pages ; prix 10 fr. et 12 francs. Ces deux ouvrages , destines I'un et I'autre a la jeunesse , ne sont pas nouveaux , et ont obtenu tous les deux en France ou en Alle- magne un succes merite. Les ^contes de Mme Guizot ont paru , il y a deux aus ( voy. i?ei'. enc., i'' serie, tome xvii, page i5o ), ceux de Kotzebue sont plus anciens, mais je ne crois pas qu'ila eussent deja ete traduits en francais. lis etaient cependant dignes d'etre naturali- ses parmi nous , d'autant plus que le riombre des bons ouvrages tran- 9ais pour I'enfance est malheureusemeut trop restreiut. Kotzebue se propose, dans tous ses contes, un but moral. Dans I'un de ses meilleurs, le Page parvenu, il montre un jeune homme qui, dans ses niomens de loisir , s'applique a acquerir toutes sortes de petits ta- lens : il apprend a conduire une voiture , a diriger un bateau, a pre- parer lui-meme ses aliraens ; et Ton concoit que I'auteur n'a pas de jjcine a prouver ensuite que tous ces talens peuvent devenir fort utiles , meme a un homme d'un rang eleve. Le Mysterieuj:, ou les Dan- gers de la dissimulation; I'Egoisine, ou quest-ce que cela meJaitPVOr- phelm protecleur,ou les Bienfaits recompenses; tEnthousiaste,oules dan- gers dc I'tmagination , auraient droit aussi a une mention , si leurs litres n'expliquaient pas assez les diff^rentes lecons morales aux- quelles ils donnent lieu. La traduction ou I'imitation de M. Charrin est en general heureuse. — Quant aux nouveaux contes de M'"" Gui- zot , nous ne pourrions rien ajouter au compte qui en a ete rendu ])recedemment dans ce recueil. Cependant , nous nous permettrons une seule observation. Dans quelques-uns de ses contes , I'auteur in- troduit des personnages de la pkis basse classe : des mendians , des loueurs de marionnettes ambulans, etc. La peinture de leurs carac- teres et de leurs moeurs est originate; mais elle est peut-etre trop LITTER.ATURE. 2i5 chargee de details qu'on devrait, je crois, elaguer d'un ouvrage destine a I'enfance. Dans le conte de Scaramouche , par exemple , que d'ailleurs nous avons lu avec plaisir , nous avons trouve a regret un grand nombred'expressions triviales, qui ajoutent peut-6tre a la ve- rite du tableau , mais n'en sont pas moins deplacees dans un tel livre. A. J. 12a. ■ — Theodora ou la Famille Ohretienne , par Camille Paganel. Paris, i8a5 ; Ladvocat. i vol. in-12 de xi et 148 pages : prix 2 fr. L'etat des Gaules sous Neron , la persecution dirigee contre les Chretiens, les progr6s,le developpement moral et rinfluenceduchris- tianisme, voila le sujet de ce petit roman historique.- — La scene est a Lutece : elle s'ouvre par la conGdence que Theodora , jeune fille du sang remain, elevee dans la religion druidique , et druidesse elle- m^me , fait a Larisse, fille du grand druide Tatius, de son amour pour Leonce, jeune guerrier romain. Tatius convoque les Gaulois autour des autels de Teutates ; il excite leur fureur contre les Re- mains, par la pompe d'une ceremonie , et par des anathemes aux- quels Theodora ne pent s'associer : menacee par Tatius , elle est protegee parHilderic, jeune prince du sang des rois , dont I'auteur fait le type de la generosite et de la valeur francaises. Plus tard, quoique niortellement blesse par un hastaire romain , il soustrait encore au fanatisme de Tatius I.eonce, que son amour avait amene dans les for^ts des druides , et que son imprudence y avait fait sur- prendre, et Probus , son pere , vieux Romain, le modele des vertus chreliennes et patriotiques , et qui jadis avait sauve la vie a Hilde- ric lui-m^me. Mais le heros avait recommande une prompte fuite aux deux prisonniers. Bient6t, les druides les surprennent et les saisissent dans une for6t oil , par une inconcevable imprudence , ils s'etaient arretes pour convertir Theodora , que Probus reconnait pour sa fille. Condamnes a mort, ils sont deja sur le biicher : Theo- dora, ou Valerie, puisque c'est son veritable nom, a pris uu breu- vage empoisonne, et vient mourir aux pieds de son p6re : furieux de la raort de sa soeur , Leonce saisit la hache des sacrifices et va frap- per Tatius; mais Probus I'arrete , et cette generosite touche le vieux druide , qui fait grftce aux chretiens. — Cette nouvelle, susceptible de plus grands developpemens , prouve que I'auteur s'est livre a beaucoup de recherches et a des etudes profondes sur une epoque presque inconnue : mais, consideree comme ouvrage d'imagination, et sous le rapport de Tart, elle n'est encore qu'une esquisse impar- faite d'un grand tableau historique que M. Paganel prend en quel- ai6 LIVRES FRANgAIS. (|ue sorte lengagement de nous doiiner, et que les ouvrages qu*il a . une barque inyste- rieuse qu'il a vue longeant le rivage a tout a coup attire son atten- tion. « L'errante deite du lac a rencontre les yeux d'Arthur, et ses joues colorees... II est des regards inconcevables et qui decideiit d'une vie : ^tincelles embrasees qui s'echappent de deux coeurs a la fois , its y etablissent tout a coup iin echange de sentimens , un commerce mysterieux. Anneaux impalpables d'une chaine bjiiiante, empreints d'une force electrique, ils servent de passage aux pensees «t de conducteurs a I'amour... » Une exclamation vive et brus(jue I'arrache k son extase prolongee. ■< Malheur ! malheur ! dit le pilote , a la fdte de Montolin; ce bateau porte I'ctrangere ; malheur au .castel ! elle en vient. Malheur h nous! nous I'avons vue. » Cette pre- diction s'accomplit, en effet, car bientdt Arthur ne peut plus s'oc- LITTER ATURE. 221 fcuper que de I'etrangere ; il va la trouver dans la retraite isolee qu'elle s'est choisie dans I'epaisseur des bois. La il la poursuit de son amour; en vain, elle lui parle d'obstacles insurmontables; en vain les soupcons calomnieux qui planeut sur elle dans la contree la representent comma una femme peu digne de la pitic publique ; il s'obstine dans son aveugle passion, at biantot, dans sa furaur ja- lousa , il assassine un baron de Faldebourg, avac laqual il s'etait 116 d'uneetroite amitie, mais qu'il croyait son rival haureux, tandisque celui-ci n't'tait en effet que le frere de I'etrangera. Ses remords commencent , mais ils na sont pas assez forts pour le ramenar vers Isoletta. Bientot nn tribunal s'assemble pour instruire sur le crime qui a 6te commis ; I'etrangere en est accusee ; elle paralt, se defend avec dignito, mais persiste a ne point nommer le meurtriar, qu'elle doit connaitre ; elle va etre condamnee, lorsque Arthur, que le pre- voyant Olburge avail fait enfermer dans sa chambrey parvient a s'ecbapperet accourt reveler laiverite aux juges etonnes. Leursurprise augmente quand une draparie se levant au fo'nd de la salle , laisse voir... : le baron , qui vient defendre son ami : ce n'etait pas une ombre, c'etait Valdebourg en personne, mais blasse et sortant du lac ou il avait ete precipite en tombant sous le fer d'Arthur, qui venait lui-meme le justifier, en presentant son crime comme Tissue funeste d'un duel, Apres cette noble action , on de- vine qu'Arthur s'attacbe de plus en plus sur les pas de Valdebourg et de sa soeur ; mais ceux-ci I'evitent avac soin. Enfin , a la suite d'un attentat horrible sur la personne de I'etrangere, qui avait con- senti a venir assister au mariage d'Isolette et d'Arthur, et que ce- lui-ciavait enlevee de I'eglise at transportee dans une longue galerie, oil il demeure seul un instant avec elle, le coupable Arthur expire comme un furieux , apres avoir arrache I'appareil d'une blessure qui n'etait point encore fermea, entre deux fammes qui se disputent son dernier soupir : et ces daux femmas, ce sont Isolette et Agnes de Meranie. Le lecteur avait davin^ dapuis long-tams sans doute que I'etrangere n'etait autre que le reine elle-meme, quoique> pour sa- tisfaire a son plan , I'auteur ait cte oblige de faire une supposition peu vraisemblable , en lui donnant pour amie une comtesse de Rhetel, qui consent a prendre son nom et sa place au chAteau de Karency, lieu designd a la reine pour sa captivite, pendant que celle-ci s'abandonne a toutes les chances que pent lui offrir soi> isolement au milieu des bois. Joignez a cette invraisemblance le role' peu digne d'elle et de son rang que I'auteur lui fait jouer, en lui 222 LIVRES FRANCAIS. inspirant de I'amour pour un furieux qui ne peut appelcr de ce nom le seutinieut qui lui fait oublier tous ses devoirs aupres d'elle. Quant au style, on a vu, par les citations que nous avons faites, que, s'il ne renferme plus d'Lnversions , il p^che toujours par I'emphiise et i'obscurite. Un autre defaut m'a d'autant plus frappe, qu'il se repre- seute a chaque page ; c'est I'eniploi de coniparaisous , qui n'appar- tiennent gu6re plus a la prose que les inversions, et qui d'ailleurs tombent presque toujours a faux dans les passages ou I'auteur les a semees. Cependant, il y a encore quelques traces d'inter^t, d'ima- gination et de talent dans I'Etrangere ; j'ai surtout remarque la grande scene du jugement, le meilleur morceau sans contredit de tout I'ouvrage. Mais je n'en persiste pas moins a le croire au-dessous du Solitaire et du Renegat; ce qui diminue nies regrets d'apprendre par I'editeur que c'est le dernier roman de M. le vicomte d'Arlin- court, qui renonce disormais a ce genre de compositions. Nous I'atten- dons a I'histoire, qui va, dit-on , partager ses loisirs avec la poesie; raais ce que nous connaissons de I'auteur nous fait mal augurer de ses essais futurs-dans un genre qui deraande surtout un style severe. E. Hereau. I 125. • — Le Pere et la Fille. Paris, 1824; Lecointe et Durey. i vol. in-i2 de 207 pages; prix, 3 fr. 5o c. Augele, elevee dans un couvent, en est sortie sans connaitre sa fa- mille. Elle a une amie dans M"« de Soulange, un arnant passionne dans le frere de sou amie , un conseil dans le cure de CarvilUers , ua protecteur enfin dans un homme qui u'apparait aupres d'elle que de loin en loin, dont la tendre amitie conserve toujours quelque chose de tristeet decontraint; dont la demeure, I'etat, le nom m^me sont des niystferes pour tout le monde. Cependant Augele voit en lui son pere, et M. de Soulange le presse a ce litre de lui accorder la main de la jeune fille. Vaines supplications, inutiles instances! I'inconnu de- clai'e que des obstacles insurmontables s'opposent a cet hymen. En effet , une femrae doit 6tre executee a Carvillers ; I'echafaud se dresse, I'inconnu , le p^re d'Augele y monte... C'est le bourreau! Tel est I'amour de M. de Soulange, qu'il siu'vit a cette affreuse reconnais- sance ; ce jeune homme fuit , s'embarque et pcrit bientot avec son amante. — Cette affreuse histoire est ecrite avec trop de correction et d'el^gauce pour qu'on tarde a reconnaitre dans I'auteur un ecri- vain exerce. Plaignons-le done de s'c'tre impose une tAche si peu digne de lui ; il n'etait pas fait pour mcttre en sc^ne dos forcats ou des bourreaux. C'est a la mediocrite qu'appartienneiit exclusive- LITTtRATURE. ill ment de tels personnages : avec eiix , elle parvient quelquefois a surprendre ratteiitioi; du public. Mais les ecrivains qui savent ob- server les moeurs , peiudre les caracteres , penetrer les secrets du coeur humaiii , doivent aspirer a de plus difficiles et a de plus ho- norables succes. L — i. 126. — Liidnvic ou L' Homme de qiiarante aiis , avec cette epi- graphe : Les romans sont les livres des malheuieuoc ; Us nous noiirrissent d' illusions ; mais en sont-ils plus remplis que la -vie ? (Chateaubriand.) Paris, 1824 ; Hesse , Pelicier. i vol. in-12, 562 pages ; prix, 7 fr. 5o c. i2y. — Roselina , ou Amour ec Vengeance; par P. Pons et y/. Becs- HAUS. Paris, 1824; Hesse et comp. , Pelicier. 2 vol. iu-12 ; prix , 5 fraucs. Deux Ecossaises , la declaration , il lui annonce qtl'il est marie. Alors ils se separent ; mais Ludovic remet a son amante la relation ecrite de ses malbeurs et de la conduite, au moins imprudente, de sa femme : quelque tems apres , nos amans se retrouvent dans un endroit solitaire, oil Georgina succombe. Devenue mfere, elle pre- tend avoir le droit de detruire le lien qui unit Ludovic a Fanny , et envoie a celle-ci des e.'itraits des cahiers de Ludovic. Fanny repen- taute se retire dans un couvent; et bientot, sa mort donne a Ludo- vic une liberie que lui refusait la loi contre le divorce. Ce sujet bizarre nous parait olfrir peu d'interet : les sentimens genereux que professe I'auteur , et son enthousiasme pour Byron et Rossini, n'ont pu lui procurer d'beureuses inspirations. II est difficile de reumr plus de defauts de style qu'il n'y en a dans cet ouvrage. C'est une religion suivie a fausse entente; c'est une femme qui n'est pas impres- sionnable ; c'est un homme qui court a franc etrier comme un inai sa- pajou ; ce sont des crayons qu'on trempe dans le fiel ; c'est un batelier qui a de rideal sur la figure; ce sont des larnies qui tombent d' aplomb sur une robe de soie noire, et qui/o«( entendre un bruissement , tel que d'eclatans sanglots rompirent leur digue , et la tempite ri est pas plus penible a envisager ( t. 11, p. ria ). Arretons-nous : qu'un ecrivain de cette force n'aime niM™' de SevignCjUi J. -J. Rousseau (t. i*"^ p. 127), cela se conceit; mais, quand il lone son style pi.r I'organe d'un de ses acteurs ( t. 11, p. i53 ) , n'abuse-t-il pas etrangement du privi- lege que s'attribuent qnelquefois les auteurs de se louer eux-memes? a24 LIVRES FRANCAIS. — Le second des ouvrages inscrits en t^te da cet article est encore ail dessous de celui dont nous venons de donner nne id^e. B. J. BEAUX-ARTS. 138 — Collection de lettrts de Nicolas Vovssiji. Paris , i8a4; Fir- min Didot. i vol. in-8° de 384 pages. — Ne se vend point. Cette collection se compose de 175 lettres environ a Paul Fr^art de Chantelou , premier commis de M. De Noyers , tant que celui-ci occcupa la place de surintendant des bAtimens. Paul de Chantelou futenvoye a Rome, en 1640 > P^r le ministre M. De Noyers , avec un de ses f'reres, dit M. deChambrai ( I'auteurde I'ouvrage intitule : Parallilv de f Architecture antique avec la modeine) , pour Y choisir un certain nombre d'artistes qu'on voulait appeler en France, et no- tamment pour acheverde determiner Le Poussin aremplir I'engage- ment qu'il avail pris avec M. De Noyers, de veuir lui-meme a Pa- ris. Ce ne fut pas sans peine que ces deux envoyes dcciderent un homme sans ambition a abandonner la paix de sa petite maison, pour des choses itnaginaires , qui , disait-il , se succederaient peut-etre tout au rebours. lis I'amen^rent cependant avec eux , et arri,verent a Paris , an commencement de I'annee r()4i- Le Poussin coutracta , des cette epoque, avecles trois freres de Chantelou, et particulitjrement avec Paul , une amitie qui ne finit qu'avec sa vie. C'est a cette liaison que nous devons les lettres offertes en ce moment au public. — II parait que les originaux ont peri, a la niort du dernier rejeton de la famille de Chantelou, arrivee em 1796. Feu M. Dufourny, architecte , s'en etait procure des copies. L'Academie des beaux-arts de I'lnstitut en a fait I'acquisition, aprfes le dec^sde cet artiste, et elle les a fait impri- mer au moyen de fonds accordes par S. FjX. le ministre de I'Interieur. Des notes placees a la fin du volume , et composees par un des mem- bres de la commission que I'Academie a nominee pour diriger la publication de ce recueil ( M. F. ), donnent tous les renseignemens qu'on puuvait desirer sur les personnes dont Le Poussin fait men- tion. — 11 ne faut pas s'atteiidre a trouver dans ces lettres uutraite, ni meme de longues discussions sur la peinture. Frequemment oc- cupe a Rome des affaires de son ami , Le Poussin Uentretient d'une multitude de choses etrangeres aux arts. Ce sont des commissions qu'il a rempliespour lui , des ob jets qu'il a achetes, et qu'il liii expe- die , des copies qu'il a fait executer d'apres des tableaux celebres , des nouvelles de sa femme, du Gaspre, son neveu , de quelques jeunes artistes proteges et soutenus a Rome par M. de Chantelou. BEAUX-ARTS. aaS Mais, dans Ces details interessans , sinon par eux-memes , du moins a cause de I'liomme celfebre auquei uous les devons , se peignent ses habitudes domestiques , ses moeurs , son caractfere , sou attachement pour son ami, la moderation de ses desirs , son indifference meme pour la fortune, sa fidelite enfin a des vertus de tousles genres. Occupe presque enti^rement pendant vingt-cinq ans a executer des tableaux pour Chantelou et pour ses freres , il a bien fallu cependant qu'il entretint un amateur si eclaire , des sujets, de la composition et du style de ces ouvrages. Tantot il expose les principes qui Font guide; tantot il repond a des observations qui lui ont ete communi- quees ; tantot il avoue avecune simplicite toucbante, eton pourrait dire sublime de la part d'un si grand homme , que son intelligence oil sa main ontfailli. On sent combien de v^rites utiles doivent bril- ler au milieu de ces explications. Toute la theorie de la peinture se trouve renfermee dans quelques mots Merits sans pretention , et sou- vent aussi remarquables par leur concision que par leur profondeur. — Quant au style , on n'y voit aucune recherche. II est quelquefois vif, pittoresque, energique, souvent neglige; toujours naturel; " J'ai vecu , dit cet ingenieux artiste, avec des gens qui ont biensu m'entendre par nies ouvrages , n'etant pas mon metier de savoir bien ecrire.» — xCest conscience, dit-il ailleurs, de vous importuner de mes lettres, mal polies comme elles sont; mais , puisque vousavez pour agreable de recevoir souvent de mes nouvelles, je mettrai la main a la plume comme au pinceau. » — Arrive vers la fin de sa vie , Le Poussin temoignait un vif desir de revenir en France. « Je projetais de retourner , cet automne meme , jouir des douceurs de ma patrie la oil finalement chacun desire mourir. Je me plaindrais de I'ingra- titude de mon pays, si j'etais force d'en mourir eloigne, comme un exile ou un banni. » • — Tout le monde sait qu'il n'executa point son projet. Cet illustre Francais mourut a Rome , le 19 novenibre i6fi5. — Du reste , tandis que nous inspirons sans doute a nos lecteurs le d^sir de counaitre la collection de ses lettres , nous regrettons dene pouvoir leur indiquer le moyen de I'acquerir. Elle ne se vend point. La plus grande partie des exemplaires a ete, 4 ce qu'on assure, re- mise a S. Ex. le ministre de ITnterieur ; la distribution s'en fait dans un de ses bureaux. D. 129 — * Annales du Musee etde I'Ecole moderne des beaux-arts ; par C.-P. Landon. — .Salon dc i8a4- 5* ^t 6° livraisons. Paris, iSaSJ au bureau des Annales du Musee , rue des Bons-Enfans , n° 32 ; deux cahiers in-8" formant 3o pages ( yS-ioS ) et terminant le premier T. XXV. — Janvier i825. l5 aa6 LIVRES FRANCAIS. volume. Prix de chaque livraison 3 fr. , et 6 fr. papier velin. On ajoute a5 cent, par livraison , pour le port par la poste. ( Voy. Rev Enc, tome|xiv, page 80 1.) Ces deux livraisons contienuent la gravure au trait de seize ta- bleau.x et de deux ouvrages de sculpture. Parnii les tableaux , nous avons remarque les Ruines de la Haute-Egypte et celles de Palmyre, par M. de Forbiu; Cephale et Procris, de M. Picot; Saint-Vincent dePaule, de M.Meynier, et enfin , outre plusieurs ouvrages estima- bles de MM. Gassies , Heiin , Destouclies , Berthon , Drollin'^ , Gran- ger , etc , le portrait de Bonchamp, general vendeen, qui fut une des dernieres productions du grand artiste dont la France pleure la perte recente. Les deux dessins de sculptures sont consacres a I'Eu- rydice de M. Nanteuil, et au groupe de la Vierge et I'Enfant Jesus du au ciseau habile de M. Cortot. Ue courtes notices accompagnent les gravures. Les eloges que nous pourrions donner ici a la maniere dont sont executees les Annales du Musee seraient inutiles, car ce recueil est depuis long-tems connu et apprecie du public. Le second volume du Salon de 1824 paraitra incessamment. 228. — * Vues pittoresques de Ja cathedrale de Paris , et details re- marqiiables de ce monument , dessines , lithographies et publics par Chapuy, ancien eleve de TEcole poly technique; avec un texte kisto- rique et descriptif, par F.-T. de Joi-imont , de plusieurs societes savantes. Paris , iSaS ; Leblanc, rue deFurstemberg , n° 8. In-P de 16 pages de texte et 10 dessins ; prixfi fr. chaque livraison. II y en aara six. Cette ceuvre de M. Chapuy a deja pu etre jugee par le public, puisqu'elle a fait partie de la derniere exposition , et n'a pas manque d'admirateurs. En effet, la neltete du dessin , I'exactitude de la perspective et le bon choix des accessoires annoncent dans chacune de ces planches un artiste des plus habiles et des plus capables de porter son art au plus haut degre de perfection. Outre les vues in- terieures et exterieures du monument si bien represente par M. Cha- puy, on trouve plusieurs details qui meritaient d'etre conserves: on pense bien que Ton n'a point oniis le zodiaque qui a donne lieu a tant de dissertations. Le texte est plein de recherehes curieuses e^ instructives. Quant au style, on pent en jugerjpar ce que nous allon, citer : « Si les beautes de I'art out plac6 I'eglise Notre- Dame de Paris au premier rang parmi nos monumens nationaux, elle ne le merite pas moins par les grands et touchans souvenirs qui la rattachent a notre histoire. C'est dans ce temple tant de fois orne de leurs pieuses mains, que lesrois de France viennent, apr^s leur avene- BEAUX- ARTS. 227 ment au trone , d^poser aux pieds de I'Eternel le poi Js de leur cou- ronne, et renouveler le serment d'etre fideles observateurs de la justice, et les pferes du peuple. Couverts des trophees de la victoire , ou affliges par quelque calamite publique, nos illustres monarques ont sou vent fait retentir ces voutes augustes de leurs ferventes in- vocations , ou de leurs chants d'actions de graces. » F. i3i. — * Galerie francaise , en estnmpes, des homines les plus iUnstres dans tons les genres ; avec un texte explicatif , contenant le recit de leurs belles actions , des notices abregees de leurs vies, des critiques raisonnees de leurs chefs-d'oeuvre , ou des extraits des plus beaux passages de leurs ecrits; par B. Allekt, auteur de VHistoire de France en estampes. Paris, i8a5; Eymery. i vol. in-4° oblong, de 180 pages, contenant 3o jolies gravuies ; prix, i5 fr. , et coloriees, 3o fr. Get ouvrage , consacre a I'instruction et a ramusement de la jeu- nesse et orne de gravures, paralt bien apprqprie au but que s'est propose I'auteur, d'offrir aux enfans une galerie de modeles a sui- vre dans les differenles carrieres qu'ils peuvent embrasser. Toutes les gloires de notre patrie y sont noblement representees : Turenne et Kleber, Latour-d'Auvergne et Conde figurent parmi les guerriers. Nous reprocherons a I'auteur de n'y avoir pas place le chevalier sans peur et sans reproche , modele si accompli des vertus d"un soldat. L'infortune Li Peyrouse est le digne representant de ces voyageurs intrepides que leur amour pour les sciences conduit dans des contrees lointaines ; les grands ecrivains du siecle de Louis XIV ont chacun leur article. On trouve ensuite Voltaire et J.-J. Rousseau, Regnard et Ducis, Saint-Vincent de Paule , Lamoignon, Lagrange, Perrault , Lebrun , et une foule d'autres noms egalemeut illustres. Cette galerie renferme aussi des notices abregees sur quelques-nns de nos hommes cel^bres, des extraits des ouvrages les plus remar- quables de nos premiers ecrivains , et des anecdotes interessantes sur les magistrats , les guerriers , les savans , les philosophes , les poetes, les artistes qui, par leurs actions ou par leurs ouvrages, ont contrlbue au bonheur et a la gloire de la France. La variete que I'auteur a repandue dans ses recits , les reflexions dont il les accompagne , le grand nombre de faits qu'il rapporte, enfin I'amour de I'etude et du bien public qu'il cherche a inspirer a ses jeunes lecteurs rendent son ouvrage aussi amusant qu'instructif. Ad. J. aaS LIVRES FRANCAIS. Meinoires et Rapports de Socictes savantes ct cVutilile publiqiie. l32. — * Recueil de Voyages et dc Memoires publies par la SociKTK UE Geographie. T. I*^''. Paris, 1824; Everat. 111-4° de i-iv et 569 pages ; prix 12 fr. Ce premier volume contient les voyages de Marco-Polo : on salt que c'est le plus curieux, le plus grand, le plus utile monument de la geographie du moyen dge ; la Societe a done rendu ua veritable service a la science, en faisant reimprimer cet important ouvrage sur un manuscrit encore inedit et beaucoup plus^ com- plet que les autres. Le style , Torthograplie ont ete soigneusement conserves , et Ton a ajout^ , pour faciliter I'intelligence du texte . un glossaire des mots absolument hors d'usage, et un texte latin, qui sans <5tre tout-a-fait la traduction de I'ouvrage franqais, I'explique cependant , lesupplee, et en prouvel'authenticite. Ces deux textes sont suivis des variantes de onze manuscrits , et precedes d'une sa- vante introduction deM. Rous et d'un avant-propos de M. Malte- Brun ; enfin , le volume est terminepar une liste des membres de la Societe de geographie, a la tete de laquelle setrouve S. A. le prince royal de Danemarck. B. J. 1 33 — Seance publique de V AcacUmie des sciences, belles-lettres et arts de Besancon, du 24 aoiit 1824. Besancon, 1824 ; Imprimerie de MiEc veuve Daclin. In-8° de 62 pages. Cette seance a et6 remplle par un discours du president sur le resultat du concours de i823 , une notice sar M. de Pressigny , an- cien archeveque de Besancon, trois lectures et le programme du concours de 1825. L'eloge d'un prelat vertueux, prononce devant les temoins de ses vertus, convenait parfaitement i une seance so- lennelle : on le lira partout avec inter^t, quoique prive des cliarmes du debit et des circonstances qui le rendaient plus touchant. On est surpris qu'il n'ait pas ete fait de rapport sur les travaux des academiciens , durantle cours de I'annee academique : ces rapports occupent tr^s utilement une partie du tems dans les seances pu- bliques des societes savantes; ils mettent en circulation quelques connaissances de plus ; ils excitent entre les membres une emulation salutaire ; c'est principalement sur ces rapports que I'opinion pu- blique se fonde pour apprecier I'milite des academies, et les ser- vices pariculiers que chacune d'elles a pu rendre. — Voici le sujet du prix de 1825 : « Quels sont les avantages a espdrer de rouverture OUVRAGES PERIODIQUES. aag du Canal-Monsieur , pour les trois departemens du Doubs , du Jura et de la Haute-Saone? A supposer que ces avantages puissent etre balances par quelques inconveniens locaux et momeutanes , quels seraient les moyens de parer a ces inconveniens ? • Les memoires devront etre remis, avant le i'''' juin prochain, au secretaire perpe- tuel. Le prix est une medaille d'or de la valeur de aoo francs. F. Outrages periodiques. 1 34- — Chroniques du Levant, ou Memoires sur la Grfece et les con- trees voisines, rediges sur les lieux menies, d'apres les temoignages 'es plus authentiques. I"''" cahier. Paris, iSaS; Firmin Didot. Broch. in-S" de io6 p.; prix 2 fr. 5o c. — llparaitra un cahier chaque mois. L'attention de TEurope est fixee aujourd'hui sur la Grece rege- ueree. II n'est pas un homme eclaire, a quelque parti que I'attachent ses inter^ts ou ses opinions , qui puisse rest^r indifferent au spec- tacle d'un peuple herojique disputant la terre des Tlicmistocle et des Leonidas aux barbares dont le despotisme i'a si long-teras en- sanglantee , et qui ne soit avide de connaitre jusqu'aux moindres evenemeus de cette lutte terrible et glorieuse. Le recueil que nous annoncons peut compter sur un grand nombre de lecteurs, que lui conserveront, outre I'attrait d'une curiosite si puissamment excitee, le talent et la bonne foi qui se font remarquer dans sa re- daction. Le premier cahier s'est promptement repandu ; les docu- mens officiels qu'il renferme, les recits et les reflexions dont ils sont accompagnes , ont du satisfaire I'esprit et le coeur de tous les amis d'une Jiberte sage, et rendre plus profond encore I'interet que leur inspirait deja une cause juste dans tous ses priucipes, et sanctifiee par tant de malheurs. Cette livraison offre: 1° une relation detaillee de la prise et de la reprise de Psara , de quelques-uns des eyene- mens qui avaient precede cette memorable expedition , et de tous ceux qui I'ont suivie sur les differens points de la Grece , jusqu'a une date assez avancee ; 1° des notices biographiques sur les prin- cipaux personnages, tels que Varvafiis , Odjssee , Miaulis , dont la valeur, les lumieres ou les richesses ont le plus contribue a I'affran- chissement de leurs compatriotes ; 3° divers actes du gouverne- ment provisoire , des extraits de correspondance , et quelques pages, fortes de raison , sur la solvabilite du gouvernement grec. — Nous le repetons: ce recueil est destine a obtenir un grand succes ; ses redacteurs n'ont qu'a poursuivre comme ils ont commence; ils au- TonX bien m^rite de la civilisation et de I'humanite. B. a3y LIVRES ETRANGERS s. B. Les Chroriii/ues dit Levant aunoncent qu'oii prepare eu Alle- niagne un monument magnifique , en marbre blanc , en I'honneur de Marcos Botzaris. Ce heros y est represente en bas-relief dans les princlpaux combats oil il a figure. Le monument est deja pr^t, et va dtre envoye en Grece , pour y perpetuer la memoire de Botzaris. Livres en langues ttrangeres puhlies en France. i35. — * Gcschichte der Erfindung der Utichdrucher Kiinst. — Histoire de I'invention de Timprimerie , pour servir a la defense de la ville de Strasbourg centre les pretentions de Harlem ; par J.-F. Lichtem- BERGEK , professeur emerite au gymnase protestant de Strasbourg , avec une preface de M. J.-G. Schweighaeuser, professeur a I'Acad^- miede Strasbourg , correspondant de I'lnstitut; accompagnee d'un portrait de Guttenberg et de huit plancbes originales gravees sur bois. Strasbourg, 1825. In-8°. Ce livre parait a la fois en francais et en allemand. M. Lichlen- berger, conuu par ses Initia typograyhica , prouve aujourd'hui d'une maniere irrecusable que I'honneur de I'invention de I'imprimerie ap- partient a Strasbourg. Vieillard octogenaire , il consacre a sa patrie les derniers travaux de sou honorable carriere, et M. Schweighaeuser, dont le nom se mele a tous les souvenirs alsaciens , nous fait remar- quer, dans une courte preface, avec quelle impartialite M. Lich- tenberger s'est acquitte de sa tdche , accordant a Harlem tous les avantages que lui assurent des temoignages tant soit peu admis- sibles, tandis qu'il ne compte a sa ville natale que les droits appuyes sur des acles irrecusables. Le differend est ne d'un ouvrage public eii 1819 , et couronne trois ans auparavant par la Societe des lettres de Harlem. Get ouvrage, au grand etonnement du monde savant, fait remonter I'invention de I'imprimerie a i423 , et I'attribue a Har- lem; et tel est le penchant qui entraine vers les idces qui flattent I'amour-propre national , que ceUe tradition , sans credit jusqu'alors, acquit tout a coup tant de foi , que, le 10 juillet i823 , on ne craignit j)as de celebrer une fete seculaire. Revenus de leur premit-re ivresse, les auteurs de cette fete voudront bien ecouter M. Lichtcnberger , et peut-etre sera-t-il difficile a leurs successeurs de la renouveler de bonne foi en igaS. Ce fut ea i5()i , pour la premiere fois, que Kornheert osa publier, dans une dedicace au senat de Harlem, que I'imprimerie avait ete inventee dans cette ville. Cette assertion fut repetee dans un fragment de Jeau Van Zuyren , mort en iSgi ; elle Tavait etc aussi , en 1570 , dans un ouvrage d'Adrien Junius. Mais PUBLlliS EN FRA.NCE. a3i ces tours de force de raiiiour-propre lioUandais lie fiieut pas for- tune, et m^me les savans de France s'en indiguercEt, comme on peut le voir par ce qu'ecrivait Gabriel Naudes en i63o. 11 ne recon- nait pas ce Coster marguillier , dont les caracteres auraient ete trans- portes a Mayence. Les Hollandais eux-memes repoussaient cette usurpation , et la Chronique, nommee vulgairement de Divisie chio- nj/i , met I'impression au nombre des decouvertes etrangferes. Un document conserve a Strasbourg , et qui se rapporte a une contesta- tion entre Guttenberg et les lieritiers de son associe Drizelin , prouve qu'il s'etait occupe a fabriquer des caracteres mobiles. Cette opinion , deja manifestee par le savant et judicieux M. Daunou , est pleine- ment confirmee par cette circonstance qu'un orfevre , Jean Dunne, f ut employe dans I'imprimerie , et que Ton acheta une grande quan- tite de plomb. Parnii plusieurs temoignages conforraes , nous cile- rons celui de Jean de Gebville, qui ecrivait 74 ans apres , et qui dit formellement que Guttenberg imprimait avee des caracteres d'etain; mais , comme I'a deja remarque Schcepflin , n'ayant mis a ses essais ni son nom,nirindicationdu lieu et del'annee, ilpartit de Strasbourg, ou il fut presque entierement oublie. Dans tous ces developpemens, M. Lichtenberger suit pas a pas M. Konning, auteur de I'ecrit de Harlem ; il le presse de toute la force de ses raisonnemens , et I'ac- cable sous des preuves positives. Nous regrettons que les bornes de cet article ne nous pcrmettent pas une analyse plus exacte. C'est avee peine aussi que nous nous abstenons de faire connaitre I'ingenieuse discussion relative au Miroir du sa/uc. Un cliapitre fort interessant est celui des onvrages jrjlographiques avee figures. On y montre com- ment I'impression des cartes a jouer avee le frotton conduisit a mettre sur bois des images de saints , et ay joindre , par le meme procede,un texte cxplicatif. Ces premiers essais appartiennent a I'Allemagiie, et remontent a 1423 , comme I'a reconnu M. Daunou. Le livre est termine par une notice sur les imprimeurs qui exercerent leur profession a Strasbourg dans le siecle qui suivit I'invention. i36. — * Das Elsasz. — L'Alsace , on Description historique et topo- grapbique des deux departemens du Rhin ; par 7.-Fre'5. In-S". Ricn ii'est comparable a I'im pulsion que les travaux litteraires de I'Alsace out recue depuis quelques annees. II est pen de provinces qui possedent plus d'ouvrages liistoriques : elle a deja plusieurs abreges du genre de ctlui-ci ; et cepcndant , M. Aufschlager a trouve, sur la simple aniionre de s(in livre. plus de deux ujille souscrqj- a3a LIVRES fiXRANGERS teurs allemands et fraiicais; car il fait imprimer son Alsace dans I'une et I'autre langiie. L'edition allemande vient de paraitre ; elle sera suivie de pr6s par l'edition francaise, et cette annonce sera commune a toutes deux. II ne faut pas plus de 240 pages a I'au- teur pour arrlver des Celtes aux Francais. Sous la forme d'annales, son style, rapide sans ^tre sec, nous offre le tableau de cinq pe- riodes de notre histoire; et quand il I'aura epuisee , il nous donnera une statistique du Haut-Rhin et unestatistique duBas-Rliin. Que Ton se garde hien de croire que , dans les siecles passes , I'Alsace ne figure que comme une petite portion dela France oude I'Allemagne; elle a toujoursexerce beaucoup d'influence sur les affaires de I'Europe. Les Barbares se sont jet^s sur son territoire avec plus de fureur que sur aucune autre partie des fronti^res de I'empire romain. Avant cette ^poque de desastres, tout ce que Rome avait d'illustre s'est associ-S aux souvenirs de ce pays. Cesar y poursuivit Arioviste ; Germani- cus, Vindex, Vitellius , et un grand nombre d'empereurs le traver- s^rent a la tdte de leurs armees. Le moyen 4ge etend sur I'Alsace le royaume d'Austrasie; et lorsqu'elle fut devenue un duche , elle vit ses dues assis sur le trone imperial, jusqu'^ ce qu'en 1268 Conradin peril a Naples sur un echafaud , laissant I'illustre maison de Souabe sans heritier. Depuis , I'Alsace fut province immediate de I'Empire , et ses villes marcherent a grands pas vers la liberte, reprimant, les armes k la main , I'ambition des seigneurs et des evcques , et creant un regime municipal sur les bases les plus solides et les plus sages. Auss* la revolution n'eut presque rien a faire pour les citoyens de ces villes, qui jouissaient deja de droits fort etendus. En gcneralisant ce bienfait, enle rattachant a des idees genereuses qui regissent toute la France, elle a peut-(?tre raeme compromis qnelques-unes des garauties qui r^sultaient du traite de Westphalie : partout oil Ton fait disparaitre d'anciennes institutions. Ton s'expose k voir les theories les plus belles flecliir dans les mains de ceux dont I'arbitraire s'accommode mal d'un ordre de choses fonde sur les droits de tous. Mais revenons a M. Aufschlager. II n'a point neglige le beau tableau que presente le xv<= siecle, L'invention de I'imprimerie a Strasbourg , Louis XI et la bataille de Saint-Jacques, Charles-le-Temeraire , la journee de Moral et celle de Nanci, sont suivis, dans son ouvrage, de la refor- mation de Luther et de la guerre des paysans, qui signal^rent le com- mencement dn XVI'' si^cle. Je ne puis que renvoyer mes lecteurs au livre meme , persuade qu'ils me sauront gre de I'indication. Aprfes chaque p^riode , M. Aufschlager jette un coup d'ceil rapide sur les PUBLICS EN FRANCE. a33 monumens et sur les institutions. Ici, j'attaquerai de front une asser- tion assez singuliere et qui me touche de pr^s. On voit sur le som- met des montagnes de vieilles fortifications ou niurailles que Schoep- flin et I'abbe Grandidier ont regardees comma faisant partie d'un vaste ouvrage militaire des Romains. A les entendre, c'etait une veritable fortification pour la Gaule interieure; et, comme la Chine, I'Alsace aurait eu aussi sa grande muraille. Reconnaissant a ces ruines des caract^res celtiques, et fonde sur des raisonnemens , j'ai pense qu'il fallait voir dans ces fortifications les restes d'une limite convenue entre les Celtes et les Germains. Mais M. Aufschlager, bieu plus modeste encore, croit que c'est plutot une ligne de d6fense ^levee par des seigneurs du moyen Age, poureviter les surprises qui pouvaient venir du haut de la montagne. Mais la croupe ou se trouvent les principaux restes de ce mur n'a jamais ete une limite au moyen Sge : <• Si c'etait une limite celtique, dit M. Aufschlager, on en retrouverait beaucoup plus de fragmens.... » raison, a I'aide delaquelleon pourrait tout aussi bien nier I'existence des routes romaines, quand des fragmens conserves ne sent pas en propor- tion avec la longueur generale de ces routes. • — « Mais , ajoute-t-il, ce pouvait etre aussi un moyen de retenir le gibier. » M. Aufschlager ne se souvient done pas que lui-menie reconnait a ces niurailles une longueur de plusieurs lieues, et que c'eiit et^assurement se donner beaucoup de peine que de construire un ouvrage aussi gigantesque pour restreindre les promenades des cerfs et des sangliers. Au sur- plus, cette reverie est d'un M. Roeding, qui, dans le dernier siecle , etait uu employe du prince de Deux-Ponts, et qui ne demandait pas mieux sans doute que de rehausser les aieux de son maltre , en depouillant, au profit de leurs chasses , les Celles, les Remains et les Germains. P. Golbery. iSy. — E77tTa(fo; ei; Mapxovirov MTuoTaapriV irapaM. 2. — Eloge fu- nebre de 'Marcos Botsaris , par M. S. ( Michel Schikas ). Paris , 1824 ; Firmin Didot. In-8° de 41 pages ; prix i fr. 5o c. — Botsaris a combattu pour la liberie de sa patrie; il a trouve sur champ d'honneur la mort des Codrus et des Leonidas : il etait juste que ses combats et ses succfes fussent c61ebres par un Grec dans la langue nationale ; M. Schinas s'en est charge. Aprfes un court exorde surla'gloire reservee aux grands hommes, le pays natal de son heros lui donne I'occasion de rappeler en peu de mots la longue oppression dela Gr6ce paries Ottomans, les premiers rayons de la liberte eclai- rant les rochers de Souli, les attaques d'Ali deT^belen, et les ef- a 3/, LI V RES Strangers forts (le Christos Botsaris, pire de celui dont il s'agit. Ici commence I'elogede ce dernier. Sa naissance, son education , ses exploits sont prcsentes rapidement at dans un style que I'amour de la patrie , la haine des Turcs , et un profond sentiment de reconnaissance , ont empreiitt de queique emphase, mais qui, s'il ne convient pas a tous leslecteurs, n'en plaira pas moins aux nombreuses victinies de la tyrannic musulmane. Nous ne suivrons pas I'orateur dans le detail des liauts fails de Botsaris, deja recueillis par I'histoire ; mais on lira sans doute avec interet le recit de sa mort et les reflexions qu'elle fournit a I'auteur. » Le heros est blesse mortellement ; sur le point de mourir, il laisse encore entendre ces mots : « O mes amis ! 6 mon fr^re ! je suis content ; je nieurs pour ma patrie. Achevez I'ouvrage que j'ai commence; je vous laisse mes enfans, et je les recommande a la bienveillance de la Gr^ce .' » — Ainsi , sa mort fut digne de sa vie; generaux , archontes des Hellenes, et toi, frere et successeur de ce heros!... rendez-vous, comme lui, dignes de vos anc^tres : niontrez que les semences de vertu ont fructiCe sur le sol de notre patrie : croissez en iiombre, 6 vous quidevezlui ressembler ! Queje puisse dire un jour, comme les Spartiates, que Laceclemoiie possede un grand nombre de citoyens nieilleurs que lui. Pour vous, ills de Mar- cos, heritez de son courage, etc." Dans sa peroraison, M. Schinas ex- prime encore avec plusd'enthousiasme son admiration pour le heros: '< Patrie, vertu , sVcrie-t-il , conservez de Botsaris un cternel souve- nir ! » — Ses vceux seront exauces : la Grfece , libre et glorieuse, rele- vera, n'en doutons point, sa t^te trop long-tems foulee par le des- potisme. D'autres heros succdieront a Botsaris ; plus lieureux que lui , peut-^tre poiirroul-ils saluer , avant de mourir , leur patrie en- tieremenl delivree : c'est a M. Schinas qu'il appartiendra de les loner; le panegyriste de Botsaris prouve avec quel talent il saura remplir cette tache. l38. — * A'.ovUCTOi) 2aXu[;.ou ZaxuvOiou uiavo; ei; rnv EXeuOspiav. — Di- thj-rambe sur la liberie , par Dionysios Salomos , de Zante, traduit du grec modeine par Stanislas J vLiKy , avec cette epigraphe : Liberta vo cautando, cli'e s! cara, Come la cbi uer lei vita riCnta. Dawte. Paris, iSaS ; Firmin Didot. Jn-8° de Sfi pages ; prix a fr. 5o c. M. Stanislas Julien a deja plusieurs fois iransporte dans notre langue les richesses littcraires de la Grece modern'?; recemment en- core, nous avons fait connaitre a nos \ecie\irs la Lyre patriotiqiie dg PUBLIES EN FRANCE. 235 la Grece (\oy. t. xxiv, p. 477-) Le dithyrambe qu'il public au- jourd'hui repond dignement a I'ouvrage que nous venons de citer. Compose de i58 strophes de quatre vers eptasjllabes , en rimes fe- niinines et masculines croisees , comme dans la poesie francaise , il rappelle, par la grandeur du plan, la hardiesse des pensees et la richesse des details, la mani^re de Pindare , auquel le poete se com- pare lui-meme ( str. 86 ). Sa forme est celle d'une invocation a la liberte :«Je te reconnais, luidit-il, au tranchanlde ton glaiveredou- table ; je te reconnais a ce regard rapide dont tumesures laterre. — Sortie des ossemeus sacres des Hellenes, et forte de ton antique ener- gie , je te salue , je te salue 6 liberte ! » Apres cette invocation, dont plusieurs vers se repetent plusieurs fois dans le cours de I'ode , les malheurs de la Grece , les premieres tentatives de Rhigas , les voeux de toutes les nations de I'Europe, en forment en quelque sorte la pre- miere partie. Le siege de Tripolitza, le massacre des Musulnians , les ombies des Grecs injustement immoles par les Turcs , chassant la pitie du cceur des Hellenes , et la victoire de ces derniers, forment un tableau plus sombre et plus majestueux que le premier. Uxi troi- sieme, sous des couleurs plus vives , nous offre le siege de Corinthe, I'union de la religion et de la liberte, pour maudire les Turcs et exborter les Grecs au courage et a la concorde. J'extrairai quelques stances de cette belle prosoposce qui termine le dithyrambe : elles feront apprecier en meme terns les idees de I'auteur , le style du traducteur et la situation des enfansde la Grece. « O mes braves en- fans ! les combats ne vous offrent que plaisir, et jamais vous ne pliez un genou timide devant le danger.— Loin de vous recule avec effroi toute puissance ennemie ; niais il en reste une que vous u'avez pu vaincre, et qui fletrit vos lauriers; une seule qui , lorsque vous reve- nez bouillans comme des lions , et fatigues de la victoire , vous tour- mente , ht§las ! par son tyrannique empire : la division , dont la main perfide tient un sceptre eblouissaiit qu'elle offre a chacun avec un doux sourire. — Ce sceptre qu'elle vous montre brille , il est vrai , d'un eclat seduisant ; mais ne le touchez pas; il vous inonderait de larmes sanglantes ! — O magnanimes guerriers ! ne permettez pas a I'envie de dire que votre bras denature frappe le sein d'un frere ! etc.» — Les lecteurs out sans doute remarque quelques expressions qu'une critique severe ne saurait approuver ; mais ce qu'une citation partielle ne peut montrer et ce qu'il est important dindiquer au jeune Grec auteur de ce dithyrambe , c'est que la passion qui I'a- nime ne doit jamais hii faire abandonner le sujet principal : il en 236 LIVRES l^TRANGERS resulte une obscurity telle que quelquefois on ne sail plus quel est le personnage qu'il met en scene. B. J. iSg. — Journal of the conversations of lord ^YKom , etc. — Journal des conversations de lord Byron , ecrit pendant le sejour de I'auteur a Pise, avec le noble lord, dans les annees i8ai et 1822; par Tho- mas Medwin. Paris , i8a4 ; Baudry. 2 vol. in-ia ; prix 8 fr. M. Medwin, parent de Bysslie Shelley, poete anglais que lord Byron affectionnaitbeaucoup, futpr^sente a I'auteur de Cliilde Harold, pen- dant son s6jour a Pise. A dater de ce moment, il dit I'avoir vu tous les jours , et avoir ecrit en le quittant cliacun des entretiens qu'il avail eus avec lui. Plusieurs de ses discours semblent authenti- ques ; d'autres paraissent n'^tre que des ou'i-dire, rajeunis par M. Med- ■win. Une remarque qui nous confirme dans cette opinion, c'est qu'il donne pour un impromptu fait par lord Byron, a la suite d'un sou- per, une chanson de table composee et publi6e en 1807 ou i8og. On rencontre aussi dans son livre des erreurs de dates et des particula- rit^s qui ont ete dementies par plusieurs journaux anglais. Mais la question importante, c'est de savoir quel but s'est propose M. Med- win , en publiant ce livre ? Est-ce un hommage a lord Byron ? Non ; car, s'il y a des choses propres a le faire bien juger, il en est qui montrent de la petitesse,de I'injustice. Pourquoi, d'ailleurs,eveiller le scandale, et lui fournir de nouveaux alimens? Et comment ex- pliquer favorablement un pareil abus de coniiance ? Lord Byron , comme tous les hommes irritables, s'abandonnait souvent a des acees d'humeur et de colere : il dechirait alors sans pitie ceux qui avaient blesse son orgueil ou son cceur; mais ces mouvemens n'etaient que passagers ; il sentait qu'il avait et^ injuste , et il se retractait. Qu'eut-il dit, s'il eiit pense qu'unc personne admise dans son inti- niite, tenait ainsi registre de tout ce qui pouvait lui echapper dans un moment d'humeur, et qu'a peine attendrait-elle que ses cendres fussent froides pour livrer ces revelations au public? On reconnait un esprit de cupidite vraiment affligeant dans cet empressement de traCquer des erreurs ou des defauts d'un grand homme , aussitot apr^s sa mort, et Ton ne peut s'emp^cher de plaindre lord Byron d'avoir rencontre pendant sa vie si peu d'ftmes capables de le bien comprendre. L'homme auquel il avait fait don de la plus grande partie de ses ouvrages n'attendit pas m<5me I'arrivee de son corps en Angleterre pour faire march6 avec un libraire des lettres de lord Byron a sa mere, restees entre les mains de M. Dallas comme depot; malgr6 les representations de M. Hobhouse , executeur testament PUBLICS EN FRANCE. 257 taire, qui d^montra avec beaucoup de force tout ce qu'un pareil procede avail de revoltant, malgre les pri^res de mistress Leigh, soBur de lord Byron , la publication allait avoir lieu , lorsque le chan- celier du royaiime la fit defendre. A la m^me epoque , M. Medwin, plein de zele, dit-il , pour le public, lui livrait celui qui I'avait nomme son ami, et le faisait parler sans crainte d'etre dementi. II entachait la belle etglorieuse memoire du poete anglais d'une fou^e de peti- tesses et de personnalites. Apres avoir exprime mon opinion sur la publication du livre , je dirai avec justice qu'il est curieux et amu- sant , quoique trop decousu , et trop plein d'allusions a I'Angleterre et aux hommes que lord Byron y connaissait. L. S. B. 140. ■ — Catalogue des livres imprimes et manuscrits composant la hi- bliotheque de feu M. Louis-Malhieu LixsGi.ks , membre de I'lnstitut (Academic des inscriptions), etc. ,dontla vente se fera le jeudi 24 msrs 1825 et jour* suivans, 6 heures de relevee, maison Silvestre, rue des Bons-Enfans , n° 3o, et doit occuper 5i vacations. Paris, 1825 ; Merlin, quai des AugustinSin" 17. i vol. in-S" de 55o pages, plus xvij pages consacrees a une Notice sur M. Langles , par M. E. Gauttier , et un avertissement ; prix 3 fr. Ce catalogue d'une bibliotheque particuliere , la plus savante et la plus ricbe que depuis long-tems on ait mise en vente , porte I'enu- meration des ouvrages a 4)3fi4 , dont il donne les titres et les indi- cations les plus utiles. II se divise en 21 sections. «Les plus riches catalogues que nous voyons paraitre annuellement, est-il dit dans I'avertissement , ne sont pour la plupart que des cabinets , dont tout le merite consiste dans la rarete des ouvrages ou dans la beaute des exemplaires. La collection formee par M. Langles ne se borne point a ces deux merites de luxe : c'est une veritable bibliotheque ; c'est un ensemble forme dans une seule et meme direction , et qu'a force d'argent, de recherches et d'annees, il a su rendre la collection speciale la plus complete qui ait ete jusqu'ici presentee au public. » L'enumeration serait trop longue , s'il fallait citer tout ce que cette bibliotheque renferme de beau, de rare et de curieux. Nous nous bornerons a iadiquer, 1° parmi les imprimes , la Poljrglotie de^V i^i.- TON , bel exemplaire avec la dedicace a Cromwel ; les Grammaire et Dictionnaire de Meninski, i'" et 2' editions ; les Rarissimes gram- maires et dictionnaires japonais des PiRES Jesuites, imprimees au Japon dans les xvi' et^xvii* sifecles ; les OEuvres ^^'Hafiz et de Saadt, 238 LIVRES FRANC AIS. en persan , imprimees a Calcutta ; la collection latine, connue sous le nom de Grands et petits 'voyages , les Collections anglaises de PcR- CHAS, de Haki-Eut, etc. ; — parmi les manuscrits , le Boustan de Saady, en arabe, de la plus grande beaute ; un Dictionnaire mant- chou-chinois , avec signature du P. Amiot, a vol. grand in-4'', d'une execution non moins belle ; enfin , A^in Ahhery, ou Commentaire du grand-mogol kKBOR : Description geographiqiie , statistiqite et historique - de I'Hindoiistan, compo&ee par ordre de cat empereur, parABOUL Fazel, superbe manuscrit persan sur papier sable d'or, le m^me qui fut presente a Akbor. — Nous engageons ceux de nos lecteurs qui voudraient prendre une idee de ce que renferme ce manuscrit , a consulter la note B, page 547 ^^ Catalogue; il en est aussi parle fort an long dans la Bet'. Enc. ( t. xiv, page 3^4 ). IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. ETATS-UNIS. NouvELLE Orleans. — Eiat sanllaiie et Agriculture. — Le fleau de la fievre jaune s'est iloigiie avec les chaleurs; des la fin d'oc- tobre 1824, la contagion avail cesse. Les plantations de Cannes a Sucre et de coton prosperent dans cet etat; tout annonce que notre commerce va prendre line grande extension et un nouvel essor. Notre banque sera bientot en activite; elle soulagera les planteurs qui ont recu des avances a des conditions fort onereuses. F. Apercu statistique da Commerce. — Les Etats-Unis sont, par le deve- loppementpresque subit de leur puissance, la plus grande merveille de la civilisation moderne. Leur territoire n'etait pas decouvert il y a trois cent trente ans; un siecle apres il n'etait encore habile que par des sauvages et des betes feroces ; quelques peuplades errantes et affaniees occupaient alors une surface qui nourrit maintenaut dix millions d'honimes. En 1778 , a une epoque qui n'est pas encore a un demi-siecle de nous, tout ce que ce pays pouvait epargner de sa consommation, pour les marches de sa metropole , et tout ce qu'il recevait d'elle, en echange pour ses besoins, ne s'elevait pas a une valeur de 5o millions de francs. II est interessant de savoir, par des termes deCnis , a quelle elevation ses progres ont mainlenant porte son commerce, et quel est le degre de richesse, de puissance mari- time et d'influence politique resultant de I'etendue et de I'impor- tance de ses transactions commerciales. Pourobtenirla connaissance des termes numeriques qui fournissent ces donnecs , nous nous sommes servis de ducumens officiels ou authenliques , originaux , et'la plupart inedits de ce cote de|rAtIantique. Les Etats-Unis recoivent 'annuellement : 1° De leur Industrie, pour 006,000,000 f. de prod. 1 "'■ . "^ ( 2, 5i4, 000,000 1,2" De leur agriculture. . . 1,608,000,000 ) 3° De rimportation natio- 1 nale 352,ooo,ooo > 383,ooo,ooo 4° De rimport. etrang^re. 3 r, 000,000 / Total.^ 2,897,000,000 2,493,009,000 24o AMERIQUE. Cette masse de produils recoit la destinalion suivante : 1° L'exportation des produits industriels inonte j A i3,o3{i,ooo I , - o ,-c } 403,991,000 2" — des produits naturels 248,955,000 I 3* — des produits etrangers 142,000,000/ 4" La consornmation des produits \ industriels indigenes 892,964,000 [ 5° — des produits naturels indigenes. i,359,o45,ooo | 6". — des produits etrangers 241,000,000^ Total 3,897,000,000 D'apres ces termes g^neraux et approximatifs , le commerce int^- rieur des Etats-Unis agit sur une masse : 1° Des produits indigenes, naturels et indus- triels, de 2,252,009,000 fr. 2° De produits etrangers de 241,000,000 Valeur du commerce interieur form6 par la con- sornmation 2,493,000.000 fr. Le commerce exterieur est compost : 1° D'une exportation de produits indigenes naturels et industriels de 261,991,000 fr. a° — de produits etrangers de 142,000,000 3° D'une importation nationale de 352,ooo,ooo 4° — etrangere de 3i,ooo,ooo Valeur du commerce exterieur form6 de l'ex- portation et de I'importation 786,991,000 fr. Montant total du commerce des Etats-Unis, tant interieur (ju'exterieur 3,683,ooo,ooo fr. Voila ce qu'en une seule generation peut produire de richesses agricoles , industrielles et metalliques, un peuple laborieux, actif, in- telligent, qui sail profiler de toutes les ressources qu'il possede et de toutes les occurrences dont il peut tirer avantage pour accroitre la prosperite de son commerce. A. Moreau de Jomices. w . d. K. L'auteur de cet article qui , parmi ses ouvrages , en compte trois de statistique couronnes par I'lnstitut, 1' Academic de Lyon et celle de Marseille, a bien voulu nous promettre une suite de donn^es analogues sur le commerce de la France et de TAn" gleterre. HAITI. 2/,i Pobt-au-Prince, 2 octobre 1824. — Colonisation des nolrs. — EztraU ifune lettre de M. E. Seigiiy ViUevaleix , secretaiie particulier dii presi- dent d'Ha'iti. — La mission de M. Granville aux Etats-Uuis cou- tiuue d'avoir des succ^s , inalgre Jes obstacles de plus d'un genre qu'il rencontre. Deux bitinieus , portant ensemble deux cent trente emigres , sent deja arrives dans ce port. Nous en attendons tons les jours un troisifeme, charge de trois cents de ces nouveaux citoyens que nous adoptons. Les habitans s'empressent de leur donner I'hos- pitalit6, et le gouvernement fournit a leur subsistance. ASIE. Ihdks Orientales. — Possessions akglaises. — Tr^sor acctimuU depuis des sikcles. — La prise de Raugoun, capitale du Pegu, et la posses- sion de ce pays , qui plus tard sera suivie de celle d'Ava , met les An- glais en possession de richesses immenses. La seule pagode appelee Digou , situee pres de Raugoun, renferme un tresor dont la valeur doit dtre prodigieuse. Ce temple, tres-ancien et tres-venere , est bati en forme de cone , et n'a ni portes ni fenetres. C'est par une ouverture pratiquee au somniet, que les grands et le people y jetaient leurs offrandes, qui y sont accumulees de|)uis des si^cles. II se ter- mine par une couronlie d'or massif, enrichie de diamans et de rubis, qu'Alombra, vainqueur du Pegu, y fit placer en lySfi, et dont le poids a 6te calcule sur sa pesanteur, celle de sa femme el celle de ses quatre enfans. Cette couronne est esfimee 4 lacks de pagodes , ou 3,36o,ooo francs de notre monnaie. ( Extrait des Annates maritimes , caliier de decembre 1824)- AFRIQUE. Colomie francaise du Senegal. — Agriculture coloniale. — Intro- duction et multiplication de la cochenille. — On mande du Senegal que M. PerroUet , agriculteur botaniste, attache au service des colonies, y est arrive, en septembre dernier, venant de la Guadeloupe avec de la cochenille et un nombre considerable de nopals cactas de Marie-Galante; beaucoup de plantes et de graines que le Senegal ne possedait pas encore , faisaient aussi parlie de cet envoi , qui a eu lieu par le brick du roi le Curieux. Quoique la traversee des Antilles au Senegal ait ete de cinquante jours , peu de nopals ont peri, et ce sont ceux qui etaient le moins charges de cochenilles. Sur les autres, ces insectes se sont singulierement multiplies, et sont arrives en bon T. XXV. — Janvier i825. 16 a4a EUROPE. ^tat it Saint-Louis: ils ont 6t6 pla(<5s sur I'^tablissement royal de Richartl-ToU , oil toutes les experiences necessaires doivent ^tre faites pour Ics acclimater et les multiplier. Les ccufs de cochcnilles ont ete mis sur les napals cultives clans cc jardin ; et a la date dn 3o septenihre, quelques-uns 6taient dej.i eclos et les petits inscctes s'etaient fixes. Si les cochenilles prennent sur cette cspfece de nopal , comine on IVspere, clles y resteront en pcpiniere jusqn'ii ce que ceux que M. Perrolet a apportes de Mnrie-Galante soieiit midtiplics. C'est I'objet des soins dn jardinier en chef de Richard-Toll. ( Extrait des tinnalcs inaritim.es, cahier de decerabre. ) E-UROPE. ILES BRITANNIQUES. LoNDUKS. — Soci6td geologiqiie. — L'uu des voyageurs dont nous deplorons la perte , Bowdich avail adressc- de Madere la description d'un fossile encore inconnii ; c'est un assemblage de tubes cylin- driques imitant un tronc et des branches, et I'eimt^s avec du sable aglutine. On trouve cette mati^re en grande aboudance a Fanical, village k i5 milles de Funcbal. Le voyageur incline k la regarder comme d'origine vegetale , d'autaut |)lus quelle est acconipagnee de coquilles dont quelques-unes sont decidement terrestres , tandis que d'autres paraissent <5tre marines. Pour niieux eclaircir ce fait geolo- gique , Bowdich a joint la description des lieux a cellc de ce fossile , et il n'omet rien de ce qui peut guider les geolognes et les conduire a la decouverte de ce qu'il est possible de retrouver sur cette ancienne production de la nature. F. — Aerostation. — Chute et mart d'lin adronaute. — C'est avec beaucoup de regret que nous annoncons la mort dc I'intrepide a^ronaute , M. Saddler jeune , mort r^ceniment , en tombant de son ballon, lls'^tait 6leve de Bolton -Moor , par un terns Xvbs- orageux , et c'est une victime de plus de ces sortes d'experiences sans Htilite comme sans but. M. Saddler etait un jeune honune de grande esperance. Le domestique qui I'accompagnait aetegrievement blesse, et a eu un bras casse. On croit que le ballon s'est perdu dans la mer. — Communication de Londies a Calcutta par des vaisseatix a vapciir. — On vient de lancer dans la Taniise un vaisseau k vapeur appelc VKntreprise , qui doit servir de paquebot entre I'Anglcterre et les Indes oricntales; il passcra a Madeie, San-Jago, Sainte-Helinc, le ILES BRITANNIQUES. if^'i Cap, le canal de Mo/.ambiquc jusqu'a Johanna et Bombay; de la a la pointe de Galles , a Madras et a Calcutta , et pourra prendre dans ces differens lieux du charbon do terre pour alimenter ses fourneaux. — On croit que les differens trajets ■ Nous avons cru devoir faire preceder les details que nous avons recueillis pour nos lecteurs sur I'affreux de- sastre arrive receniment dans la capitale de I'einpire russe , par ce passage einprunte a VHistoire de Charles XII, ])ar Voltaire; les donnees qu'il renferrae sur la fondation de Saint - Petersbourg les mettront sur - le - champ a portee de comprendre toute I'etendue des uiaux auxquels cette ville a du ^tre en proie dans cette circonstance , en meaie teins qu'elles leur montreront ces ruaux comme une conse- quence, sinon inevitable, du moins assez probable de sa position- En effet, plusieurs fois d^ja , clans le siecle dernier , Saint-Petersbourg avail eu plus ou moins a souffrir du fleau des inondations ; la der- niere , arrivee au mois de septembre '777) lui avail enleve un mil- lier d'habitans, avecune grande quantitede betail : les eaux s'etaient ^levees alors a i4 pieds au-dessus de leur niveau ordinaire; cette fois, elles ont atteint 16 pieds et denii. — Deja, disent des lettres parti- culieres ecrites de cette capitale , des coups de vent vcnant de la nier du sud-ouest s'6taienl fait sentir assez fortement poureulever les toils de la pluparl des maisons dans JVassiU-Ostiof\Vi\e de Basile, quar- (i) Cette evaluation est sans doute egalemeut exageree. (2) II paraitrait cependant que Pierre \" n'avait pas eu I'iiitention de trans- porter le siege de son gouverneinent a Petersbourg. II voiilait seulement J fonder un port de mer et une place forte. Ce prince avait designe Nijni- Novgorod pour sa residence. 11 exists a cet egard des preuves authentiqnes et irrecusables dans les chroniques du terns. Les palais et autres hatimens que le tsar avait fait ronstruire daus sa nouvelle ville etaient tons en Lois , et n'etaient, pour ainsi dire, que des logemens provisoires ; mais sa politique, les hostilites contiuuelles des Suedois et sa passion pour la marine le por- terent a prolonger son sejour a Petersbourg. Les empereurs ou les impera- trices qui ont depais occupe le tr6ne, ont ete forces, par des raisons poli- tiques, de fixer leur residence dans cette deruiere ville : presque tons par- venus au trone par des factions de families etraugeres au sang des tsars , lis redoutalent le mecoutcnteraent et les cabalesdes anciens boyards de Moscou, qui nourrissaient une iniraitie implacable pour tout ce qui etait allemaud- Telles spnt les principalcs raisons qui ont fait abandonner Moscou et qui out elevc Petersbourg au rang des capitales. RUSSIE. 1k^ tier de la rive droite de la Neva et le plus has de la ■ville ). Dans ia uuit du i8 au 19 , la terapdfe augmenta, et les eaux de la Neva s'e- lev^rent a la hauteur du sol; a onze heures du matiu, ellessortirent euti(^rement de !eur lit, et se repandirent avec une telle vitesse et a une telle hauteur, que deux hemes aprfes il n'y avail pas moins de 5 pieds dans les quartiers les plus elevos ( tels que celui du Gastinno'i- Dvor: emplacement consacre specialement aux boutiques et aux ma^ gasius russes ). Des le matin, tons les ponts , tant de la Neva que des nombreux canaux qui traversent la ville en tous sens , k I'excep- tion des ponts en fer, avaient ete enleves , et presque toutes les communications entre les habitans se trouvaient ainsi rompues. Les quais , construits en granit , avaient ete detruits en plusieurs en- droits, et des barques de la plus grande dimension, chargees de bois , de foin ou d'autres matiferes , avaient ete deplacees du port et jetees dans le milieu de la ville par la force du vent et des vagues reunis. Le cours de la Neva avait entierement change; elleetait, avec la plus grande impetuosite , refoulee vers le Ladoga. L'eau semblait etre inise en ebullition par la violence du vent; a peine pouvait-on distinguer les objels qu'elle entraiiiait. Saint-Petersl- ourg n'offrait plus qu'une vasle scene de desolation, ou les eaux cour- roucees roulaient avec elles, en se retirant vers le fleuve , des debris de maisons, des meubles , des voitures, des marchandises , des mal- heureux luttant conlre une mort horrible, et des njonceaux de ca- davres qu'elles avaient enleves a un vaste cimetiere dont les terres avaient ete bouleversees par leur passage. Vers les quatre heures , la direction du vent ayant un peu change, on vit la riviere re- prendre son cours ordinaire. Apres la retraite des eaux, la ville presentait, s'il se pent, un plus triste spectacle encore. Le senti- ment de sa propre conservation , rimpossibilite de communiquer avec les differentes parties de la ville separees par des canaux , avaient empeclie les habitans de s'instruire d'abord a deja nomme deux cotnites , savoir : un comite phjsicotechnique , et un de commerce. Les cours vont comiuencer , et c'est encore M. OErstedt qui s'en est charge gratuitement. Le prince Christian , qui accorde une si noble protection aux sciences , a non-seulement contribue a la premiere niise de fonds de la societe , il daigne encore la presider , en qualite de son patron. S. M. le roi a daigne la prendre sous sa protection. — Beaux-arts. — Exposition particuliere. — M. Smith , architecte , apres avoir remporle tons les prix d'architecture a 1' Academic des beaux-arts , voulant entreprendre le tour de I'Europe pour achever de s'instruire dans son art, par la vue des productions des grands maitres , s'est prepare a ce voyage par une exposition de ses meilleurs ouvrages; mais comme le vrai talent est toujours uiodeste , il n'apascru qu'ils eussent assez de mcrite pour fixer seuls I'aMention du public, et il a engage plusieurs peintres distingues de cette capitale a lui confier leurs productions. On remarqne a son expo- sition de beaux tableaux historiques d'une grande verite d'expres- sion , par M. Hachner , des vues d'un coloiis et d'un dessin ^Sa EUROPE. aclmirables, par M. Ternler , dos portraits frappans de M. Krccmer, <.t de tr^s-beaux morct-aux de MM. Lund, O^'crgaard, Dahl , etc. Mais tons ces chefs-d'cBuvre n'empechent pas qu'ou ne s'arr^tc avec plaisir aiix dessins d'architecture de M.Smith, et qa'on n'y admire une parfaite correspondance eiitre le plan , la facade et les profils de cliaque dessin. On est surtoiit convaincu , en examinant les dessins d'liue cathedrale avec deux chapelles d'enterrement , d'une bourse et d'une ecole militaire, que cette scrupuleuse exactitude n'a nuUement nui aux inspirations du genie, qui etend les homes de son art , sans jamais s'asservir a copier. — L'exposition venait d'etre fermee , M. Smith s'appr^tait a entreprendre ce voj'age , objet de tons ses desirs, lorsqu'il apprend la mort suhite d'un autre artiste danois (I'elegant graveurdes portraits des rois de la famille d'Olden- bourg), qui laisse sa femme et ses enfans dans le plus grand besoin ; il remet son voyage , et sollicite la permission de prolonger d'une semaine son exposition au profit de cette malheureuse famille. De tels actes n'honorent-ils pas encore plus que le talent ? G — G. ALLEMAGNE. Cassel. — Oidonnance pour I'lnspecdon des cadafres. — L'electeur de Hesse, ayant trouve insuffisantes les mesures qui sont en viguenr dans ce pays pour inspection des morts , a ordonne qu'il serait institue partout des chirurgiens ou des medecins charges de visiter chaque personne decedee , avant de I'enterrer. Cette mesure tend egalement a prevenir des erreurs funestes , a preserver les vivans de la contagion , et a faire decouvrir des crimes. J. H .S. BERiiif. — ■ Statisliqne. ■ — Population. - — D'apres un tableau de- taille de la population des etats prussiens insere dans la Gazette officielle, il est mort dans le cours des sept annees comprises de 181631822, 2,i38,oa4 personnes , et il est ne , dans le menie es- pace de tems, 3,346,4 "^2 personnes ; la population s'est done accrue de i,2o8,388 personnes, jiarmi lesquelles on conipte 237,470 enfans naturels. La population totale des etats prussiens, y compris le mi- litaire, s'elevait , a la fin de I'annee 1822, a 11,663,177 habitans. E. HojiGiiiB. — Litteratiire dramaliqiie. — M. le docteur Daniel Ma- LATiDES , directeur de la Socictc magjare a Presbourg, a public re- cemment uu drame national en vers magyares ; il est intitule : Gregor Edcsi, ou le Triomphe des mosurs. Ce drame, en quatre actes, est Jniprihie. L'aciion remonte a raniiee iSfig; elle a rapport a la guerre ALLEMAGNE. " 253 des Turcs en Hongrie. Les puristes magyares reprocbent a M. Ma- latides Leaucoup de iieologisines. Halle. — A'onveau reciieil scientifique. • — On vient de publier ici le premier cahier d'un journal intitule : Zeitschrift fur Phjsiologie (journal de Pliysiologie). II se compose de recherches sur la nature de I'hoinme , des animaux et des plantes. Voici les morceaux qui remplissait le premier cahier : i° sur les orgaues de la generation et sur la propagation des inollusques , par G. VJ. Trevirarus ; 2° ob- servations sur quelijues difformites du cerveau et des nerfs du cer- veau , par Tiedemann ; 3° singuliere disposition des grandes art^res du cceur dans un enfant, par le meine ; 4° de quelques es- peces de graisse qui se trouvent dans le cerveau de rbonime et des animaux , par Gmelin ; 5° essais sur le passage de corps hetero- gfenes dans I'urine. Ce cahier est accompagne de deux grandes lithographies et de cinq gravures. P. G. SUISSE. YvERDUW, 3o novembre 1824. — ( Extrak d'line lettre adressee a M. Jullien, Directeur de la Revue.) — Inslitut de Pestalozzi. — Get eta- blissement, autrefois si beau, qui avait fait concevoir , en 1809, 1810 1811, 1812, de si douces esp^rances , qui aurait pu ^tre sauve et consolide , en i8i4, qui a 6te livre malheureusement a des hommes etrangers aux vues premieres et aux sentimens de son foiulatenr, est sur le point de se dissoudre. II n'y a presque plus d'eleves ni d'instituteurs. On parle meme de la vente prochaine du mobilier. Depuis quelques annees , on prevoyait sa dissolution : nous en expliquerons ici les causes. ' — C'est en 1804 que Pestalozzi s'est fixe dans notre ville avec un certain nombre d'instituteurs qu'i| avait formes. Sa methode d'education avait ete niise a I'epreuve dans les petits cantons de la Suisse, sur un grand nombre d'enfans , dont les peres et mferes avaient peri pendant la guerre de la revolu- tion : une pratique de quelques annees avait demontre I'excellence de cette methode. En pen de tenis, Pestalozzi vit ses efforts couron- nes du plus grand succes. De toutes parts il lui arrivait des eleves et des Instituteurs. Son etablissement etait visile par tons les etrangers qui venaient en Suisse; il I'etait surtout par les hommes qui pren- nent un interet paniculier a tout ce qui tient aux perfectionnemens de I'instruction. Les gouvernemens d'Allemagne envoyaient a I'envi des instituteurs se former prfes de Pestalozzi : il en vint aussi de pre«que tons les etats de I'Europe ; de sorte qnVn peu d'annees , 254 EUROPE. nous vimes se former dans nos murs une esp^ce d'ecole normale destinee a repandre partout les principes d' Education si lieureuse- raent appliques dans notre Institut. — Mais , au milieu de cette prosperite, un vice cache n\iuait I'^difice ; e'etait la mauvaise ad- ministration de la maison. Pestalozzi et ses principaux coUabora- teurs ^taient tout-a-falt etrangers aux soins et aux details qu'em- brasse une semblable administration. L'oeil du maitre manquait la ou sa surveillance etait le plus necessaire. On vit bientot quels furent les effets de cet abandon. Des dettes sans nombre s'accumu- lerent ; la lenteur des paiemens detruisit la confiance ; les creanciers menacferent de poursuivre, et retablissement , qui ne pouvait mar- cher qu'avec des ressources journali^res et un credit non interrorapu, se vit tout a coup prive de tout ce c(ui lui etait indispensable. Dans cette circonstance critique, un ami sincere du respectable Pestalozzi, un hommequi lui avait confie ses enfans , qui lui avait consacr6 ses travaux, qui avait public un ouvrage sur VEsprit de la methode de Pestalozzi , et qui voyait avec douleur les dangers qui menacaient rinstitut , le releva momentanement de sa chute. 11 forma un comite d'administration compose des personnes les plus respectables de la ville, pour diriger le materiel de I'etablissement. Cette niesure fit renaitre le credit et la confiance; I'ordre se retablit ; les creanciers furent payes, et I'lnstitut reprit sans embarras et sans obstacle le cours de ses travaux. Mais une seconde atteinte plus profonde lui etait reservee ; et celle-ci fut sans remade. Parini les eleves distingues qu'avait formes Pestalozzi, se trouvait un jeune pdtre tyrolien, dou6 d'une intelligence remarquable. II avait compris sans effort, et comme d'inspiration , tout ce qui , dans la methode de Pestalozzi , avait pour objet le calcul et la geometric. C'etait lui qui etait cbarg6 de cette partie de I'enseignement , et il s'en acquittait avec succes. Mais, ce qu'il n'avait pas compris, c'etait I'esprit de douceur, de bonte, cet esprit de famille, cette philanthropic qui est un des verita- bles fondemens de la methode de son maitre. Entiereraent adonne aux calculs , il avait conserve, dans ses manieres et dans son Ian- gage, de la rudesse et meme de la durete. Au milieu de ses coUabo- rateurs et de ses eleves, Pestalozzi se prcsentait corame un p6re entoure de ses enfans ; Smith paraissait peu accessible a tout ce qu'il V avait de bean et de touchant dans ce tableau. II dedaignait le savoir vivre et les formes de la politesse; il aimait a se montrer enfant de la nature, a se produire comme une creation brute, niais forte, qui rit des impuissans secours de la civilisation. Entoure de SUISSE^; 2 55 lant d'el^ves imbus du veritable esprit de leur excellent maitre , c'est Smith que Pestalozzi choisit malheureusemeut de preference pour ^tre I'appui de sa vieillesse et des principes qui fondent sa methode. Cette erreur , dans un choix aussi important, nous parait avoir pre- pare la destruction dont nous sommes aujourd'hui les temoins. La vieillesse de Pestalozzi , et la confiance avec laqiielle il s'est livre a Smith, a laisse celui-ci maftre de I'etablissement. II n'avait ni les sentimens , ni les limiieres du fondateur; I'edifice a bientot deper' dans ses mains. Les collaborateurs de Pestalozzi et ceux qui travail- laient a defendre les succes de I'lnstitut , ont fui. Le comite d'ad- ministration qui avait ete forme , et qui avait soutenu de son credit I'etablissenient , a etc remercie ; les desordres anterieurs se sont re- produits. Smith , abandonne de tous ses collegues , a fait venir des instituteurs etrangers aux principes d'education qu'ils devaient en- seigner ; il les a mal payes ; en un mot , Pestalozzi et I'esprit qui a fonde sa methode ont tout-a-fait disparu. Telles sont , en substance , les causes de la dissolution d'un etablissement que nous avons vu fleurir pendant quinze ans environ. — Mais les principes ne meuren t point. II appartient aujourd'hui aux veritables enfans de Pestalozzi , dont plusieurs sont chefs d'instituts particuliers dans notre ville , de recreer I'edifice ecroule. Pour realiser cette noble entreprise, on jette surtout les yeux sur M. Niederer , dont I'etablissement, con" sacre seulement aux jeunes fiUes , prosp^re et s'augmente tous les Jours. H. Geneve. — Necrologie. — Charles Pictet de Rochemoht. — La Suisse a perdu, le ag decombre 1824, dans M. Charles Pictex de Roche- MONT , un de ses plus grands citoyens , un des hommes qui I'hono- raient le plus, et qui lui avaient rendu les services les plus signales. Par uncontraste frappant, la pompe funebre quileconduisait au tom- beau a du interrompre les f^tes anniversaires par lesquelles Geneve celebre le recouvrement de I'independance qu'elle lui doit en grande partie. — • M. Charles Pictet , plus jeune fcere de M. M. A. Pictet , physicien celebre, autrefois membre du tribunat, et inspecteur des etudes , naquit a Geneve , le 21 septembre lySS. 11 fut destine par ses parens a Tetat militaire ; et apres avoir rccu son education au college d'AItenstein prfes de Coire , il entra , a vingt ans , dans le regiment Suisse de Dissebach , au service de France; il y passa dix ans, ety recueillitpleinement I'avantage que les Suisses ont consent! a acheter a im prix hien eleve , lorsqii'ils ont permis , encourage meme le service etranger. II en rapporta dans sa patrie une connais- 256 EUROPE. sance pratique de I'art militaire , qu'il iic ccssa des lors de develpp- per par des eludes tlieoriques , et qu'il consacia tout entiere au ser- vice des Genevois , ses concitoyens. Lorsqu'ils les recouvrerent en 1789, les armes qu'une revolution aristocratique leur avait eiile- Tees, en 1782, avec presque tous leurs droits politiques, M. Pictet fut charge par le gouvernement d'organiser les milices , et il leur donna en pen de terns une excellente tenue militaire , comnie une bonne discipline. En 1792 , Geneve fut menacee par I'arraee du ge- neral Montesquiou ; M. Pictet fut alors charge, avec le titre seule- ment de major de la place , de former tous les ofiiciers , de les instruire par son experience, d'organiser tous les moyens de defense. Enfin, de plus grands dangers menacerent la republique de Geneve, en i8i5, apres sa renaissance , et M. Pictet fut pendant les cent jours iuvesti d'une autorite dictatoriale par les consuls de la repu- blique. — Cependant, depuis que M. Pictet avait , en 1786 , quitte le service etranger, il avait en quelque sorte recommence son educa- tion ; il s'etait applique avec ardeur a I'etude des langues , a celle de la philosophie , a celle de la litterature, a celle enfin de I'agri- culture et de toutes les sciences qui s'y rapportent. Bientot la revo- lution commenca en France ; mais M. Pictet etait range par ses propres gouts , et par des influences de famille, parmi ceux qui la jugeaient avecle plus deseveriie. Tin grand malheur, la mort de son beau-frere , M. de Rochemont , condamne par le tribunal revolution- naire , changea son eloignement en aversion et en effroi : il voulut d'abord se retirer en Amerique. Lorsqu'il se determina , en 1796, a roster dans sa patrie , ce fut en s'eufermant a la campagne , et en se refusant a tout rapport avec le gouvernement , a toute espece de fonction publique , aussl long-tems que Geneve fut soumise a la France. Mais il y avait dans M. Pictet trop d'elevation d'ame , un amour trop vif de ses semblables, et un esprit trop juste , pour qu'il ne s'associat pas de tout son coeur au developpement des hommes, pour qu'il nereconnut pas les progres qui s'etaient fails dans la so- ciete, pour qu'enfin il ne deviut pas liberal , lorsque le grand nombre cessait de I'dtre , lorsqu'il n'y avait plus que de la defaveur et des dangers pour ceux qui le devenaient. — A 'ypoque meme ou M. Pic- tet se relira a la campagne , en 1796 , il commenca , de concert avec son frere et M. Maurice , leur ami commun, la publication men- suelle d'un ouvrage periodique, que pendant vingt ansils out con- tinue sous le nom de Bibliollieque Uritannique , et depuis 1816 , sous celuide BibUothkqueVniverscUe, dans lequel les trois amis cherchaieut a SUISSE. 257 r^pandre , par des analyses , et plus souvent par des traductions , toutes les connaissances utiles que la France pouvait emprunter aux nations etrangeres, et surtout a I'Angleterre. Comme ils ne s'etaient associe qu'un tres-petit nombre de coUaborateurs , le travail de clia- cun fut immense , et quelquefois peut-etre trop rapide : mais la di- rection du journal fut toujours morale , consciencieuse , honorable; toujours il evita toute animosite , tout esprit de parti politique ou litteraire ; et M. Pictet y fit briller des connaissances varices en lit- terature , eu philosophic, en economic politique, en legislation et en art militaire. Un Journal d' agriculture etait joint a la Bibliothf^que Britannique; et pendant vingt-neuf ans,M. Pictet I'a employe cha- que mois a faire conuaitre les plus saines pratiques agricoles qu'll avait adoptees dans sa ferme de Lancy , et qu'il a contribue puissam- ment a repandre. L'education des moutons,la theorie des assole- mens , la fabrication des instrumens perfectionnes , surtout celle des charrues , la culture des pommes de terre , celle des fourrages , et celle des plantes oleagineuses lui doivent , eu grande pai-tie, leurs progr^s. — Sa reputation , fondee autant sur sa pratique que sur ses Merits, etait devenue europeenne ; sa ferme de Lancy , consideree comme modele , etait visitee par tous les voyageurs , lorsque les desastres des Francais amenerent les allies sur les fronticres de la Suisse, et livrerent a des chances inconnues le sort futur de la Con- federation , et celui de Geneve en particulier. Selon la niauiere dont cette ancieune republique serait representee aux puissances alors viclorieuses , elle pouvait, ou recouvrer son independance, et avec elle toutes les chances de bonheur , ou , si elle demeurait comme place de guerre, soit a la France , soit aux ennemis de la France, ctre condamnee aux plus affreux malheurs. M. Pictet n'hesita point; il mit au service de sa patrie toute la reputation qu'il avait acquise ; elle pouvait lui ouvrir des portes qui seraient demeurees fermees a des hommes inconnus. II partit pour Bale, en decembre i8i3, arec une deputation de Geneve, quoique la ville fiit toujours occnpee par les troupes francaises; il se prese'nta auxsouverains armes centre Napoleon , et il obtint leur promesse que la republique de Geneve serait reconnue , et retablie dans son antique independance. Toute- fois , en diplomatic , les promesses les plus solennelles ne suffisent pas pour calmer toutes les inquietudes ; elles sout toujours subor- donnees aux evenemens. Pendant deux ans qu'a dure cette reorga- nisation de I'Europe , tous les etats anciens et nouveaux ont luttc devant les congr^s pour leur existence : le petit nombre seulement T. XXV. — Janvier 1^7^. 17 a 58 EUROPE. fut admis a renaitre, et tous devaient trembler en raison de lenr faiblesse; car il n'y en avait aucun sur Ieq«el cpelque Toisin puis- sant, ne trouvdt quelque droit a faire valoir , ou qu'il ne reclamat a titre d'indemnite. M. Pictet fut charge par sa patrie de defendre jnsqu'.i la fin ces droits qu'il avait plaides le j)remier. Ses talens comme negociateur , ses avantages comme honime du nionde , la nettele de son esprit , I'elegance de son elocution , avaient aclieve ce que sa reputation avait commence, etlui avaient gagne un grand nombre d'amis parmi les diplomates. La repuLlique de Geneve I'en- voya d'abord aupres des monarques allies, a Paris, en 1814, et «i Vienne, en octobrede la meme annee : la Confederation helvetique le clioisit ensuite pour son ministre plenipotcntiaire , au Congres a Paris, en aout i8i5. Ce fut la surtout qu'il deploya toute son liabi- lete ; il reussit a convaincre les ministres de toutes les grandes puis- sances , que la paix generale ne pourrait se conserver en Europe , s'il ne se trouvait pas, entre la France et I'Autriclie, un paysetran- ger i la politique de Tune et de I'autre, etranger a tous les inter^ls de dynastie, et qui ne put jamais (5tre entraine dans une guerre of- fensive, par I'ambition d'un prince, ou j)ar les promesses secretes qu'on pourrait lui faire. Ce fut done , en quelque sorte , moins dans rinteret de la Suisse que dans celui du genre liumain , qu'il obtint la declaration de toutes les puissances , du 20 novembre iSi5, par laquelle ces puissances reconnaissent laneutralite perpetuelle de la Suisse , et s'engagent a la garantir dans toutes les guerres futures. C'est ainsi que son heureuse patrie se trouva placee, par une conven- tion unique dans I'histoire , a I'abri de la plus terrible des calamites qui desolent I'espece liumainc. — Pour achever de garantir la neu- tralite perpetuelle de la Suisse, il fallait encore desenclaver diverses parties de son territoire, qui setrouvaient comprises dans les limites des etats voisins , et qui pouvaient donner lieu a des frottemens f;l- cheux ; il y avait reussi en partie a Paris ; il fut envoye ensuite par la Confederation a la cour de Berlin, oil il leva toutes les difGcultes qui restaient encore. A son retour, la Dit-te, au nom des vingt-deux cantons , lui accorda un diplome dans lequel elle exprimait sa recon- naissance, Les Etats font rarement usage de ce mot, a I'occasion des services des citoyens; aussi , c'est la plus glorieuse recompense que put recevoir M. Pictet ; le temoignage de sa patrie reconnaissante sera sans doute grave sur sa tombe. — II ne lui restait plus , pour mettre liors d'atteinte la neutralite qu'il avait fait garantir a la Suisse, que d'engager ses compatriotes a d^truire eux-meraes de vastes for- SUISSE. 259 tifications inutiles a la patrie , placees en dehors de son systeme do defense, mais qui pouvaient, dans unc guerre entre deux etats voi- sins, tenter I'un ou I'autre de s'en saisir , et entrainer ainsi les cantons dans une querelle qui leur serait etrang^re. Ce fat robjet de ses ef- forts, pendant les dernic'-res annees de sa vie : mais il trouva qu'll est moins difficile d'obtenir d'un congres de rois etraugers un grand bienfait pour ses compatriotes , que de persuader a ceux-ci de pourvoir a leurs propres dangers. En effet, il avait a triompher , non-seulement de I'ignorance et des prejuges , mais de la presomp- tion du deml-savoir, qui est bien autrement obstiuee. II ne se rebuta point cependant , et il travailla jusqu'a son dernier jour au comple- ment de ce grand csuvre de la neutralite Suisse, qui doit immortaliser sa meraoire. — Quoique sasante fut affaiblie , on ne voyait encore en lui aucune trace de vieillesse, et sa patrie ni ses amis ne se croyaient point menaces de le perdre, lorsqu'une seance fatigante et prolongee du comite militaire cliangea une incommodite qu'il eprouvait , en un etat cruel de souffrance : une operation dangereuse fut jugee neces- saire , pour lui procurer quelque soulagement : il en supporta les atroces douleurs avec un grand courage. Pendant quelques jours , on le crut sauve ; mais un abces qui s'etait forme a I'interieur causa bientot une revolution en lui ; il fut le premier a reconuaitre, le ma- tin du "29 decembre , qu'il n' avait plus que peu d'beures a vivre ; et voulant profiler de ses derniers momens , il appela autour de son lit de mort tons ceux qui lui etaient chers. Par une singuliere desti- nee , lui qui avait vecu dans la retraite , qui avait tant aime la soli- tude, il mourut en quelquesorte en public. Pres detrente personnes, parens , amis , medecins , domestiques , se trouvferent reunies au- tour de lui ; le desir ardent de leur adresser de dernieres paroles de tendresse, de derniers conseils , de les consoler par la vue de son triomphe sur la mort , lui communiqua une force extraordinaire, et au jugement de ses medecins , retarda de plusieurs heures le mo- ment fatal. Son pouls avait cess6 de battre; la mort avait gagne tons ses membres ; mais son cceur et sa tete etaient libres. Pendant sept heures , il continua d'adresser a chacun a son tour , avec cette ele- gance de langage qui lui etait propre , les paroles qui pouvaient le mieux porter dans le coeur des siens la consolation et I'esp^rance ; et il ne s'eteignit qu'apr^s avoir calme , au moins pour un peu de tems, dans ceux qui I'entouraieut, la douleur profonde que leur causait sa perte. Un Genevois. a6o EUROPE. ITALIE. Pise. — Musee d'histoire naturelle. — Ce nouvel etablissement presage, Abs sa naissance, le degre de prosp^rite auquel il peut s'elerer par les fonds que le grand due de Toscane a mis A sa dis- position , et le zfele ^clair(5 de M. Savi, ills, a qui la direction en est confiee. D6ja rOrniihologie toscane peut y ^tre ^tudiee plus com- pletement que partout ailleurs. Lo^iBARDiE. — Phenomene de vegetation. — On remarque, dans les jardins iniperiaux de Monza , une plante qui vit dans un petit panier, sans communication aveo la terre,ni avec aucun arbre ou ■vegetal quelconque. On ne la connait poiut encore, on la croit une ViUandsia , et I'Archiduc Vice-Roi s'est reserve le plaisir de la faire connaitre aux naturalistes. B. BoLOGNK. ■ — • Astronomie. — La comete , observee par le celebre M. Pons , le 24 juillet de I'annee derni^re, et par JI. Scheithaner, de Cliemnitz, un jour avant, a ete regulierement observee en divers lieux de I'ltalie , a Bologne , par M. Catuiiegli, a Naples, par M. C a- poNi , a G^nes, par M. le baron de Zach , et a Milan , par M. Cae- LiNi.Ce dernier en a calcule les Clemens paraboliques, et ils semblent s'approclier beaucoup de ceux de la comete de I'an 1802, calcules par M. Olbers. Les observations de M. Carlini prouvent aussi com- bien est peu fondeel'opinion dequelques astronomes qtif voudraient accorder aux coraetes une lumiere qui leur serait propre et qu'elles n'emprunteraient pas d'un corps Stranger. F. S. Turin. — JVecroloi^'ie. — Biamonti. — Le Piemont vient de perdre , dans la personne de I'Abbe Biamonti, un des hommes qui cultivaient avec le plus de gout les langes anciennes; il est mort dans un dge avance , apres avoir profess^ avec succes la litterature italienne a rUniversite de Turin. Nous faisous des vcbux pour qu'une version, qu'il a^ait entreprise du livre de Job , trouve un digne continuateur. B. GRECE. Necrologie. — Benjamin Lesbios. — Le 10 septembre 1834 est mort, a Naples de Bomanie , le professeur Benjamin Lesbios , natif de Mityl6ne, Sge de soixante-cinq ans ; il a succombe a I'epid^mie qui regnait dans notre ville. Mu par I'amour des sciences, il se rendit,dans I'Age viril, en Europe, pour etudier les matbematiques et la pbysique; a son retour en Grece, il enseigna long -terns, GRECE. — ESPAGNE. — PAYS-BAS. a6 1 comme recteur, dans les colleges de Kidonia , de Bucharest , et dans d'autres ^tablissemens publics. — II a ^crit sur la metaphysique , la morale , la physique et les mathematiques. Les critiques que Ton a faites de ses ouvrages sont tres-sev6res. II est vrai que les ecrits de Benjamin Lesbios contiennent quelques erreurs , suite naturelle de I'epoque a laquelle il commenca a professer ; car alors , dans les ecoles de la Grece, on ne suivait qu'Aristote, et notre recteur n'au- rait pu introduire, sans modification, les nouvelles theories des sa- vans europeens. — Benjamin Lesbios est un de ceux qui ont le plus contribue a eclairer la nation pendant les vingt premiferes annees de notre siecle. Depuis notre regeneration il montra un z^le et un patriotisme infatigables , ne cessant de parler publiqueroent pour le Lien , et agissant sans cesse pour la patrie. Que sa memoirs sole im- mortelle parmi les enfans des Hellines .' ( Extrait des Chroniques du Levant. Voj: ci-dessus , p. 229, I'annonce de ce recueil.) ESPAGNE. Journal autographe des voyages de Christophe Colomb , et de pin- sieurs autres illustres navigateurs. — Le Roi vient d'autoriser 1 im- pression de ces precieux manuscrits qui avaient 6te conserves a, I'Escurial avec un soin religieux, mais que personne jusqu'a cejour n'avait eu la permission de feuilleter , et dont la publication sera une veritable conquete pour les sciences geographiques. - — La Societe de geographic, etablie a Paris depuis quelques annees, qui a deja signale son existence par des travaux importans , et qui compte deja heaucoup de correspondans zeles et actifs sur tous les points du globe, ne manquera pas sans doute de faire traduire et de publier, dans quelque tems , en France , les documens curieux et nouveaux que va fournir le journal du celebre Colomb et de quelques-uns de ses emules dans la carri^re des voyages et des decouvertes. Grelce aux deux bienfaits de la publicite et de I'esprit d'association,]es richesses scientifiques , litteraires et morales de chaque peuple devienuent peu a peu communes a tous les peuples, et les barrieres elevees par la nature , ou par les prejuges des haines nationales , disparaissent peu a peu , au profit de la civilation generale, que le cours invisible des choses fait avancer , malgre tous les genres d'obstacles qu'elle rencontre dans sa marche. M. A. J. PAYS-BAS. Bruxellks. — Institut des sciences , de litterature et des beaux arts du Rojaume des Pajs-Bas. — Prix offert par la quaCiieine classe , dans 2(5a FRANCE. ill seance pitblique du 2S novembre i82.{- — Siijet du Concours. >< Quelles sout les qualites par lesquelles les Beiges se sont distingues dans la musique , principalement aux xiv°, xv" et xvi" si^cles? et quelle influence les artistes de ce Pays , qui ont s^journ^ en Italie , ont-ils exercee sur les ecoles de nnisique , qui s'y sont fonuees pen apri^s cette epoque?» — La Classe promet pour prix a I'auteur de la reponse qui aura merite d'etre couronnee , une medaille en or, «iu la valeur de cette medaille , ^valuee a la soiume de trois cents florins des Pays-Bas. — Les niembres de la Classe sont exclus du concours : les menibres associes ou correspondans ne sont point compris daus cette exclusion. — Les r^ponses devront ^tre adressees , franc de port , et dans la forme accoutumee , avant le i'' mars 1826 , au Secretaire perpetuel de la 4" Classe , a I'Hotel de I'lnstitut , sur le Kloveniersburgwal a ytmsterdain ; elles peuvent 6tre ecrites dans les langues hollandaise , francaise , anglaise , italienne ou al- [emande. ( On prdvient toutefois que les manuscrits devront ^tre en ecriture ilnliqiie , et aon en caracteres gotliiques). FRANCE. Corse. — Travaux hjdrograpldqucs. — Y^e journal de la Corse anr- iionce que les travaux hydrographiques confies a M. de Hell, capitaine de fregate, touchaat a leur fin , le conseil general vient de donner a cet offlcier et a I'etat major de la Ltonne , le temoignage le plus ho- norable de sa satisfaction et de sa reconnaissance. On remarque , dans le procds verbal de la seance du i'' octobre , les phrases sui- vantes : « . . . le conseil ne saurait se dispenser de voter des re- inercimens a M. de Hell pour les renseignemens qu'il lui a donnds sur les ports de cette ile , et des ameliorations qu'il serait necessaire d'y apporter. Ce travail, par les notions exactes et les vues justes qu'il renferme, a ete apprecie par le conseil, qui supplie le gouver- nement de vouloir y donner son attention , et arr<5te qu'il sera soi- gneusement conserve dans les archives du departement, pour qu'il en soit fait usage au besoiii Le conseil vote aussi des remer- ciraens a MM. le commandant et officiers du batiuient du Roi la tionne, charges de la levee des cotes de cette ile. » Caen ( Calvados). — Description d'un mollusque encore pen connu. — M. de Lamarck a donne le nom de Calyptree a un groupedemollusques testaces que Linn6 et tous les auteurs d'apres Ini avaient classe parmi les patelles. On ne connait I'auimal d'aucune de ces coquilles, et i'on se bornait a faire des hypotheses sur son organisation et sur D^PARTEMENS. 2G3 ses rapports. M. End. Deslongcliamps , dans un memoiie qii'il a lu a la Societe linneenne du Calvados , le (5 decenibre dernier, a rempU cette lacuneet a donne la description du Ca/jptrcea sinensis deDillwyn, ou Patella sinensis de Linne ( ou Caljplrcea Icevigata de Lamh... ) que la Societe avait recu d'un de ses correspondans. — Le nianteau de ce moUusque est tr^s-inince et ne depasse point le bord de la co- quille; il est un peu plus epais du cote gauche; on ne voit aucunes franges , ui appendices quelconques a son pourtour. — Les bran- chies consistent en une seule rangee de filets simples, filifoimes et assez nombreux. Une pariie est situee en devaut du col; le reste est contenu dans une cavite forinee par un dedoublement du nianteau , et placee au cote gauche de I'animal jusqu'a la partie posterieure de son pied. La ligne d'attache des filets brauchiaux est situee a peu de distance du bord du nianteau ; I'ouverture de la cavite branchiale est grande et se trouve en avant et a gauche. Le pied est petit, ova- laire, mince sur ses bords ; le muscle qui le forme en s'epanouis- saiit vient s'attacher directement, et sans offrir de cavite pour loger les visctres , a la foce iuferieure de la lame spirale dont I'interieur de la coquille est munie. La t^le est aplatie de liaut en bas ; les ten- tacules, de longueur moyenne, sont egalement unpeu aplatis etren- fles a leur base; les yeux sont sltues sur le reriflement et un peu diriges en haut. La bouche est une petite fente verticale, au milieu de laquelle on apercoit rextreniite de la laiigue arniee de crochets comes. Le col, un peu plus long que la tete ,est aplati comma elle, et muni sur ses parties laterales de deux appendices membraneux. Le sac abdominal, situe a droite et loge entierement dans la petite cavite dont le plancher est forme par la lame spirale , contient le foie en avant, I'ovaire en arriere et les circonvolutions de I'intestin; le ccEur, adherent au manteau , est place pres de la base du col ; il est tra- verse par I'intestin, qui se termine a droite du col par un petit ma- raelon allonge perce d'un trou a son centre. — ■ L'animal du Calrptrwa sinensis est tres-voisin par ses rapports, de celui des crepidnles , ii n'en differe pas meme essentielleraent. La plus grande difference consiste en ce que les branchies du crcpidulier scut tout-a-fait ante- rieures et son sac abdominal tout-a-fait posierieur, tandis que chez le calyptrier le sac abdominal est en partie rejete a droite, et ses branchies a gauche. — Ce rapport, dit M. E.D. , avait ete prevu par M. Cuvier et de Lamarck. M. de Ferussac s'etait explique d'une maniere plus positive encore (Diet, class, d' Hist, nat., art. caljptree). II avait prouve par le raisonnemeut le micux etabli que ces animaux a 6/, FRANCE. devaieiit iiecessiiireinent avoir entre eux la plus grande analogie. — Le Memoire de M. E. D. est accompagne de dessins ou Taninial de la calyptree est represente de grandeur naturelle , et grossi avec tous lus details que la dissection a pu faire connaitre dans ce petit mollusque. — Ce travail interessant sur un animal de nos cotes en- tierenient inconuu , sera iris^r6 dans le second volume des Memoires de la Societe Linneenne du Calvados. L — x. Dieppe (^ Seine-Inferlenre ). — Horlogerie. Rectification. — En rendant compte, dans notre cahier d'octobre ( t. xxiv, p. 147 ) , des services importans rendus par M. Houore Pons , a la fabrique d'hor- logerie etablie a Saint- Nicolas - d' Alihermont , prfes Dieppe , nous avons cite, au nombre des objets nouveaux ou perfeCtionnes de cette fabrique , des mouvemens pour remettre une pendule a I'heurc sans la /aire sonner, et sans toucher atix aiguilles ; c'est par une erreur que cet enonce s'est gliss^ dans notre article, et nous ne pouvons mieux la reparer qu'en citaut i'extrait du rapport du jury central sur les pioduits de I'indusCrie francaise , relatif aux objets exposes par M. Pons en iSaS. (Voy. Rev. Enc.) le ci.'mpte rendu de ce rapport, t. XXIV, p. 247) « Les produits exposes par cette meme fabrique pre- sentaieut encore des ameliorations notables. On y a remarque , 1° de nouvelles combinaisons qui n'augnientent que du quart le prix deja si modique des mouvemens du commerce, et a I'aide desquels la sonnerie est toujours d accord avec I'heure indifjuee par les aiguilles ; 3" des mouvemens pour pendules portatives, avec des echappemens mixtes combines par M. Pons lui-m(5me, et qui peuvent etre executes avec plus de facilite que les anciens ; 3° un modele d'echappement a force constante , qui prouve I'esprit inventif de I'auteur. — La fa- brique de Saint-Nicolas fournit au commerce 5 ou fi, 000 mouve- mens de pendules par an. En 18 19 , M. Pons, qui en est le directeur, obtint une medaille d'argent : le jury, prenant en consideration les ameliorations dont il vient d'etre rendu compte , decerne a cet artiste une nouvelle medaille du meme genre. » B. G. Bordeaux {Gironde). — Industrie. — Inventions de M. Ducom. — M. Du- com , professeur d'hydrographie a Bordeaux , et auteur d'un ouvrage estirae sur la navigation , vient d'imaginer deux instrumens qui seront fort utiles aux marins. — Le premier est un horizon artificiel destine a prendre des hauteurs d'astres et de montagnes, lorsqu'on est a terre et qu'on se sert du sextant de reflexion. On sait qu'en mesurant avec cet instrument la distance angulaire de I'objet a son image vue par reflexion sur un aiiroir horizontal , cot angle est le double de la hauteur cher ■ DfiPARTEMENS. 265 cli^e. 11 est difficile de se procurer de bons horizons artificials, parce que tant6t le miroir joiie sous les influences de la temperature que le soleil transmet aux pieces de nature differente qui le composent et se dilatent trfes-diversement , en sorte que le miroir perd a chaque instant son horizontalite ; tantot les deux faces du miroir ne sont pas exacteraent paralleles ; la surface superieure, qu'on dispose hori- zontalement a I'aide du niveau a bulle d'air , n'est pas un indice as- sure que la surface inferieure reflecliissaule soil aussi horizontale; les miroirs opaques ont d'autres defauts, quoique moindres ; enfin , les liquides , tels que I'eau, I'liuile et meme le mercure , sont trop faci- lement agites par les veuts pour conserver leur surface plane et lim- pide , a moins qu'on ne les abrlte par une toiture en verre qu'il est tres-difficile d'ajuster pour qu'elle n'engendre aucune erreur. M. Ducom se sert d'un liquide contenu dans un petit vase : c'est du mercure , ou du vin colord, ou mieux encore de la melasse , dont la viscosite resiste en partie aux mouvemens de Fair. Le tout est abrite par un court cylindre de tole veinie , dont I'axe est horizontal, la surface courbe superieure a jour, et qui pent pirouetier sur un pla- teau oil il est fixe : les bases verticales et circulaires sont ainsi main- tenues paralleles, et peuvent ctre presentees dans le vertical actuel du soleil. Dans deux rainures peuvent glisser , pour monter et descen- dre , deux plaques courbes qui ferment le cylindre eu-dessws, et qu'on meut a I'aide d'un pignon eiigrennant avec des cremailleres sur le bord des plaques : on juge qu'elles ont recu la situation qui convient a I'observation , lorsqu'on voit que le rayon solaire qui passe par un petit trou lateral va se perdre sur un disque place au centre d'une des bases verticales. Les plaques courbes et mobiles sont chacune garuies d'un gros tube conique de tole qui les suit dans leur mouveraent et dans I'^tat ou nous venons de supposer qu'elles ont ete amenees ; le rayon solaire qui entre par I'un des tubes va se pro- jeter sur le liquide, s'y reflechit, el ressort par I'autre tube, ou se fait I'observation. On peut meme lire a un index la hauteur approch^e de I'astre , aCn de placer I'alidade du sextant sur cette graduation , et y trouver sur-le-champ les deux images qu'on doit mettre en contact. Lorsque I'observateur se met en devoir d'operer, il peut aperce- voir par le tube un champ assez etendu sur I'aire du liquide pour conserver la vue de I'astre tout le tems necessaire a I'observation; et meme suivre sa marche par de petits mouvemens qui ne d^- rangent pas I'liorizontalite de son miroir. On peut meme garnir rorifice des tubes de verres plans a surfaces paralleles , ou d'un gril- ■J.66 FRANCE. lage a mailles tr^s -serr^es qui emp^chent le vent d'agiter le Ilquicle, — Le second instrumeul imagine par IVf. Diiconi est une *o/«io/e circiilaiie, constniite coinme toutes celles qui sont en usage pour avoir en mer la declinaison de Taimant; niais les pinnules qui ser- vent a viser le soleil sont remplacees par un appareil ingenieux. Le bord circulaire de la boite est garni d'un chAssis a charniire , qu'on pent rahattre sur le verre de la boussole, ou dresser de maniere a former un arc vertical , dent le centre est au bord de la boite qui lui est diametralement oppose. Ce chassis consiste en deux fils de laiton courbes, maintenusparallelespardes traverses, etecartesd'environun centimetre. Dans une pi^ce carree de cuivre est loge par sertissure un verre lenticulaire qui , glissant le long des iils du chassis , peut monter ou descendre. On I'el^ve et on tourne la boussole jusqu'a ce que I'image du soleil aille se peindre au foyer, centre du chassis, en un point dont la vive lumi^re marque que I'observation est faite. On est alors certain que le soleil est actuellement dans le plan vertical eleve sur le diam^tre qui joint ce foyer au milieu du chassis; et coinme alors I'aiguille aimantee de la boussole a pris une situation deterininee par le meridiea magnelique du lieu, il est bien aise d'en conclure quelle est la declinaison de I'aimant , puisque au mi^me instant razimuth du soleil est connu , soit par une hauteur de I'astre , soil par I'heure actuelle , soit enfin parce que le soleil a ete observe a I'horizon. C'est ainsi que les niarins operent ordinairement ; seu- lement, I'appareil de M. Ducom sert a diriger la boussole sans qu'il soit necessaire de pointer a I'astre, operation assez delicate, parce que I'eclat du soleil blesse la vue. Francoeuu. ^Itlwx { Seine et ItJariie ). — Adoption d'un orphelin par tine inlle reconnaissante des services que lui a rendus sonpere. — Le conseil mu- nicipal de notre ville , auquel elle doit I'avantage de posseder I'un des meilleurs colleges qui existent aux environs de Paris , et qui est dirige avec autant de talent que de zele par M. Bully, I'un de ses professeurs , vient de donner un exemple qu'il est utile de proposer a toutes les administrations. Un medecin distingue, M. Honzelot, ineurt dans la force del'ige, apr^s avoir ex erce sa profession avec un devouement et un desinteressement qui en ont fait le bienfaiteur de la ville. 11 laisse un fils jeune et sans fortune ; la ville de Meaux l'adopte,et lui accorde une pension de 1,200 francs pour continuer ses etudes qu'il suit avec succi>s. Puissent ainsi toutes nos villes et les administrations municipales qui les repr^sentent honorer les ser- vices publics et les vertus ! M.-A. J. DtPARTEMENS. 267 Societes savantes; t.tablis semens d'utilite puhlique. BoR DEAUX ( Gironde .) — Seance puhlique de la Societe linneenne , en Vhonneur de I'illustre Chables Von-Linme. — La Societe avail choisi, pour cette seance solemnelle , le 4 novembre , jour de Saint-Charles; les lectures etaient parfaiteraent assorties a la circonstance. Aprfes le discours d'ouverture , et un rapport sur les travaux de la Societe , durant Tann^e academique , par M. Clave , secretaire, on a entendu Vhis- toire du caje , par M. Venot. Une Notice sur les colonies francaise^ du Senegal, par M. Teuleue , archiviste; une autre sur la 'vigne et sur ses produits , par M. Paillou ; des reflexions sur la sensi- bilite des 'vegetaux , par M. Chaksakei, , D. - M. et une piece de poesie , les Illusions champetres , par M. Cauvin , ont repandu plus de variete dans les objets dont I'auditoire etait occupe. Un precis des travaux des sections francaises et etrangeres de la Societe , par M. Laterrade , directeur, ont ramene I'attention sur le but des institutions linneennes. Enfin , une pi^ce de vers de M. Guilhk , iutitulee : Mes adieux a la campagne a la Jin des racances , annoncant le retour des occupations de I'hiver , a termine convenablement la stance d'une Societe qui para it vouee plus specialement a la botanique. En d'autres lieux, les linneens cultivent a la fois , et avec le meme soin , toutes les branches de I'histoire naturelle. C'est par les memoires de ces societes , c'est-a-dire par ce qu'elles auront fait pour la science , qu'elles pourront juger s'il leur convient d'etendre ou de restreindre leurs attributions , et jusqu'a quel point il est utile de diviser les travaux eutre les reunions de naturalistes. F. Lille (Nord). — Societe d'amateurs des sciences, de Tagriculture et des arts. — Programme des prix proposes par la Societe , pour ilre decer- nes en iSaS et 1826. — Economie rurale. — I. La Societe decernera en 1825 : 1° Un prix de la valeur de 200 francs au cultivateur qui aura introduit dans rarrondissement de Lille le plus beau taureau de race hoUandaise pure ; 2° Un prix de la valeur de i5o francs au pro- prietaire du taureau de nicme race , le plus beau apres le precedent. Les taureaux devront etre ages de deux a cinq ans , et etre destines a faire pendant un an le service de la saillie dans I'arrondissement : les prix seront mis en depot jusqu'a ce que les concurrens justifient qu'ils ont rempli cette derniere condition. II. Deux prix : I'un de la valeur de 100 francs , et I'autre de fio francs , aux deux cultivateurs qui au- ront eleve un plus grand nombre , et dans le meilleur embonpoint , des pores de la race connue en Angleterre sous le nom de chinoise. Cette race , inlroduite depuis plusieurs annees et avec succes en An- 268 FRANCE. gleterre , a ile iniport^e dans rarrondissement de Dunkerque , par M. Desgraviers , proprietaire a Spicker , auquel on pourra s'adresser pour acquerir les individus nt'cessaires a la reproduction. III. Une nicdaille de la valeur de 3oo francs au cultivateur qui aura etabli, en 1824 et 1825 , la houblonni^re la plus eteudue , et de la contenance de 20 ares au moins. IV. Une medaille de 200 francs a celui qui aura invente ou importe un nouvel instrument aratoire propre aux grandes cultures , et dont I'introduction dans I'arrondissement paraiira la plus avantiigeuse. A defaut d'instrument nouveau , une medaille sera ac- cordee a celui qui aura perfectionne un des iustrumens deja en usage dans I'arrondissement. — Physique. — II est une foule de circons- tances , dans les sciences et dans les arts, ou Ton a besoin de deter- miner les rapports entre les intensites de lumieres donnees. L'expe- rience et le calcul conduisent a cette determination; neanmoins, ii serait tri's-utile d'avoir un photometre comparable, qui donnslt ces rapport.! immediatement et sans calcul. La construction de cet ins- trument remplirait la condition principale , si elle etait fondee sur une lunijere d'une intenske constante , facile a reproduire partout, et qui devicndrait ainsi le terme de comparaison avec les autres lumieres. En consequence , la Societe decernera , dans sa seance generale du mois d'Aout 1825 , une medaille d'or de la valeur de 3oo francs , a I'auteur d'un photometre sensible, comparable , et d'une manipulation facile et silie. — Geognosie. — La geognosie a fait , depuis un demi- siecle, dc rapides progres, par la direction que des savans naturalistes ont donuee a I'etude de cette brancbe importante de la geologic. Sans parler des materiaux precious fournis par la geognosie, sous le rap- port de rhist et relative a I'expedition de M. de Braufort dans I'interieur de I'Afrique. — M. le baron Cagnakd de i,a Tour litun memoire intitule : Reflexions siir les cordes vibrantes ; experiences a I'appni de ces reflexions : (MM. de la Place, de Prony et Poisson, com- missaires. ) — M. UE Fekussac lit une notice sur I'animal du genre argonaute ( Argonauta de Linne ). ( MM. Cuvier et Dumeril, commis- saires. ) Du i3. — Une note cacbetce sur une experience nouvelle est de- posee par M. Fresnel pour elre remise au secretariat. • — M. Jules Cloquet lit xn\ memoire sur les ejfels et la manierc d'agir de I'acu- puncture. ( MM. Dumeril , Magendie et Ampere , commissaires. ) — M. le comte Andreossi est nomme academicien libre , en rempla- ■cement de M. le due de Noailles, a une majorite de 42 suffrages sur 58. — M. Bascary presente deux memoires sur la perspective ; le premier sur un instrument portatif , dit coordonometre , destine a des- siner exactement d'apres nature la perspective d'un terrain quel- conque; le deuxieme sur I'utilite et I'emploi des perspectives exactes : applications aux levees militaires. ( MM. de Prony et Fresnel, com- missaires. ) — L'Academie va au scrutin pour I'election d'un membre de la section de botanique, en remplacemeut de M. Thouin. Sur 52 votans, M. le vicomte Morel de Vinde obtient 46 suffrages; M. Aug. Saint-Hilaire 3 ; M. Emmanuel d'Harcourt i ; M. Micbaux i : M. Morel ue Vinde est declare elu. — M. de Ferussac lit un me- moire sur la geographic des MoUusques. Les sections d'agriculture et de botanique presentent pour candidats a la chaire de culture et de naturalisation des vegetaux etrangers, au Museum d'bistoire natu- relle , MM. de Mikbel et Bosc. Du 20. — M. Geofproy Saint-Hilairf, presente deux de ses me- moires ; I'un intitule : Composition de la tete osseuse de I'homme et des animaux , extrait des Annates des sciences naturelles ; I'autre est 272 FRANCE. iin article extrait du onzi^me volume dcs Memoires du Museum cthis- toire natiirelle, et qui a pour litre : De I'ailc operculaire ou auricu- laire despoissons, consid^ree comme un principal jjivot, sur lequel doit rouler toute recherche de determination des pieces composant le crane des aniniaux , suivi de tableaux synopti'ques, donnant le nombre et cxpliquant la composition de ces ])ieces. — M. Drsmoui-iks , qui avait lu precedemment a TAcadcmie, le 3i mai dernier, un me- moire sur les differences existantes entre le systeme nervenx de la lani- proie et celui des aniniaux vertebrcs, adresse a i'Academie le resul- tat d'observations nouvelles qu'il vient de faire a Rouen, au com- mencement de decembre, sur deux autres especes Ae petroinyzon . ■ — M. Magendie lit un memoire sur un liquide qui se trouve dans la cavite du canal vertebral , et une partie de celle du crAne de I'liomme, et une partie de celle des animaux mammiferes. — On i)rocede a I'election du candidal pour la chaire de culture du Museum d'his- toire naturelle. Le nombre des votans est de J>3. M. Mirbel reuuit 28 voix ; M. Bosc 24, et M. Saint-Hilaire i. Le proces-verbal de cette election sera adresse au ministre de I'lnterieur. Du 2y. — M. le garde- des'-sceaux invite I'Academie a nommer un de ses menibres pour faire partie de la commission qui doit donncr son avis sur les types de Timprimerie royale. M. Lachoix obtient la majorite des suffrages. — M. Mathieu est nomme, en remplace- ment de M. Cauchy, membre de la commission qui doit examiner les papiers de M. Peyrard. — I\I Delise de Vibe adresse la suite de son Histoire des lichens, et specialement la partie qui embrasse le genre rocco/Ze; elle est renvoyee aux m<5mes conimissaires deja nommes , MM. Desfontaines et Bosc. — M. Ci.apeyron adresse , de la part d'un auteur qui ne s'est pas fait connaitre , la description d'une machine pour le concours au prix de M. de Moiityon. — Un memoire anonyme sur Yapoplexie , qui concourt aussi pour le prix de M. de Monlhyon, est depose sur le bureau par Tun des secre- taires. — M. DuHAMEL adresse un memoire sur I'action quexerce le icuivre , a Vegard des oscillations de t'aiguille aimantee. (MM. Poisson , Ampere et Dulong , commissaires. ) — M. Vauquej:,in fait un rap- port verbal sur le dictionnaire de chimie de M. Pellexaw flls. — M. M.iGENDiE communique verbalement quelques nouveaux details relatifs au liquide que contienuent le crane et le canal vertebral. II a ouvert a I'liopital de la Charile le corps d'un homme mort depuis peu de tcnis. Le canal vertebral etait entierement rempli de liquide. Ce liquide isole les nerfs anlerieurs des interieurs , il scpare egale- ment les diverts racines qui appartiennent , soil aux nerfs du sen- PARIS. 173 timeiit, soil aux ner/s dti mouvement. Ce liquide parait plus abondant chez riiomnie que chez les animaux. — M. Poissoh lit un deuxieme niemoire sur la theorie dii inag/ietisme. — M. Flourens lit un mc- moire sur Vencephale des poissons. II y joint les resumes de deux auties inemoiies , le premier sur la cicatrisation des plaies du cer- veau et la regeneration des parties tegumenteuses; le second, sur les conditions fondamentales de I'audition et sur diverses causes de la surdite. ( MM. Cuvier, de Humboldt, Portal, Dumeril et Dulong, commissaires. ) — M. Cauchy presente deux memoires sur I'integra- tion des equations lineaires et sur leur application a divers pro- blemes de physique. A. M — i. — \1 Academie francaise a repris ses stances particulieres du pre- mier mardi de cliaque mois. Celle de Janvier a ete reniplie par la lecture de Rejlexions sur la langue et la Iklerature russes , de M. Le- montey. Socicte etablic a Paris pour Venseigiiement eicmentaire. — Programme des prix proposes par cetle Sociele , pour encourager la composition des livres elemeutaires. — La Societe formee a V Aris pour ['amelioration de I'enseignement clemeittaire a deja senti le besoin, et plusieurs foi."! erais le voeu qu'il pariit en France de bons onvrages propres a ^tre donnes en lecture , soit aux enfans de ses ecoles , lorsqu'ils arrivent au moment de terminer leur cours , soit aux jeunes gens a leur sortie des ecoles, soit enfin a la classe des adultes qui, tout en sa- chant lire, ecrire et compter, ne trouvent cependant ni assez d'ins- truction , ni assez d'attrait dans la plus grande partie des livres qui existent aujourd'hui , et qui ont ete composes pour un autre ordre de lecteurs. Une bibliotheque populaire, formee d'ouvrages simples, clairs, iiistructifs et courts , existe dans plusieurs pays ; elle manque presque entiferement encore a la France. La Societe , animee du desir que cette lacune soit enfin remplie, convaincue que la lecture et I'ecriture ne sent que des instrumens , et se faisant un devoir d'en diriger I'emploi vers 1' instruction du peuple et vers la propa- gation des sentimens religieux et moraux, a resolu d'appeler, par I'ouverture d'un concours , I'attention des ecrivains sur la compo- sition d'ouvrages dout les autenrs trouveront la plus c^ouce recom- pense dans la juste esperance des services que I'liumanite en doit retirer. Les ouvrages que la Societe deniande doivent ^tre rediges de maniere a pouvoir etre donnes en lecture aux individus qui ne sont pas destines a recevoir dans nos colleges une instruction clas- sique , et qui , soil dans les ecoles primaires , soit daus I'int^rieur T. XXV. — Janvier iSaS. 18 274 FRANCE. des families, auront appris h lire, a ecrire et a compter. II faut que la redaction en soil simple, naturelle et claire; que chaque ouvrage pr^sente un ensemble de vues methodiques , et que les divers sujets, tout en etant traites tres-sommairement , et d'une maniire fort elementaire, s'y, trouvent cependant assez completement exposes pour ne donner que des idees justes; car, pour ^tre justes , les idees ont besoin d'dtre completes. II faat enfin qu'ils soient courts, et d'une lecture attachante et facile. Chaque ouvrage ne devra pas ex- ceder cent pages ou trois feuilles in-i8. . — Ce serait vainement que Ton aurait ecrit des ouvrages pour le peuple , s'ils n'etaient publies qu'a un prix qui les placat hors de sa portee , et la Societe se met- trait dans I'impuissance d'atleindre le but qu'elle se propose, si elle negligeait de prendre toules les mesures n^cessaires pour que les otivrages couronnes soient repandus a tr^s-bas prix. Elle a calcule que, ne devant pas exceder cent pages in-i8 , ni etre uu objet de speculation, les Merits envojes au concours pourront ("'tre livres au public pour le prix de 3o centimes sans figures, ou de 5o centimes avec figures. La Societe fera en sorte que les ouvrages couronnes soient mis en vente a ce prix. Si les auteurs preferent les publier eux-memes, ils devront les livrer au public et a la Societe, moyen- nant un prix qui ne pourra exceder celui qui vient d'etre fixe. A defaut par I'auteur de livrer a ce prix , soit des la premiere publi- cation, soil a toute autre epoque, les ouvrages couronnes, la So- ciete, un mois apres I'avoir prevenu , se reserve le droit de les pu- blier elle-meme, et de les faire mettre en vente au prix deja deter- mine. Les auteurs sout avertis que le seul fait de I'envoi de leurs ouvrages au concours sera , si ces ouvrages sont couronnes , considere comme un engagement de se soumettre a cette condition essentielle. — La Societe ne prescrit rien , nl sur la forme a adopter, ni sur le plan a suivre,ni meme sur les litres a preferer. Elle indique , des a present, un assez grand nombre de sujets a traiter, et comme son intention est de renouveler tons les ans le concours, jusqu'a ce que le but qu'elle se propose se trouve atteint , elle se reserve la faculte de remettre a des concours posterieurs, avec des sujets nouveaux , ceux qui n'auraient point ete traites dans le premier, ou qui ne I'au- raient pas ete d'une maniere convenablc. — Voici la serie des ma- ti^res designees pour cette fois aux concurrens : — I. Pour fhistoire. 1° Histoire de I'Ancien et du Nouveau-Testament ; a" histoire uni- verselle; 3''histoire deF'rance; 4° moeurs des divers peuples ; voyages, usages, prejuges. — II. Pour les sciences natureUes et mathematiques. i" Notions astronomiques , meteorologiques , etc.; a" geographic PARIS. 275 «3u globe et de la France ; 3° histoire naturelle ; 4° pr^ceptes d'hy- giene , vaccine, accidens, etc.; 5° notions eiementaires d'anatomie humaine ; 6° notions eiementaires de mecanique et de geometrie ; 7° applications diverses de rarlthmetique : par exemple , aux poids et raesures , aux monnaies , a la caisse d'epargne , contra la loterie et les jeux de hasard , etc. — HI. Pour les sciences economiques. I" Agriculture , animaux domestiques, instrumens aratoires , etc.; a° industrie, arts, metiers; 3" economie domestique ; 4° economic pnblique : notions sur le travail, la richesse , les valeurs, le com- merce, etc. — IV. Pour les sciences morales. 1° Lecons de morale pratique; 2" notions generales et eiementaires de droit. Enfin, un ou plusieurs prix seront decernes aux meilleurs ouvrages envoyes au concours sur des sujets non indiques dans ce programme , pourvu que ces ouvrages rentrent dans les vues generales de la Societe, et qu'ils remplissent les conditions necessaires pour arriver a I'amelio- ration de I'education populaire. — Les auteurs pourront , s'ils le jugent a propos , separer chaque sujet en plusieurs ouvrages dis- tincts , dont chacun se trouvera .^pecialement adresse a un 3ge diffe- rent ; mais ils n'oublieront pas que les livres demandes sont destines a etre mis, non pas entre les mains d'enfans apprenant encore a lire , mais entre celles de personnes de tous ages , sacliant lire, ecrire et compter, et pouvant ne pas savoir autre chose. — Les traductions et imitations d'ouvrages etrangers et les extraits raisonnes d'ou- vrages francais appartenant nu domaine public , seront admis au concours ; mais il faudra que ces traductions, imitations ou extraits soient appropries aux gouts et aux habitudes des lecteurs francais, et qu'ils se trouvenr en harmonie avec le dernier etat des sciences. — Chaque prix sera d'une mcdaille d'or de loo fr. , ou d'une somme de 100 fr. , au choix de I'auteur couronnc. Le mdme auteur pourra envoyer au concours plusieurs ouvrages. Les membres du conseil d'administration sont seuls exclus du concours ; tous les autres membres de la Societe , ainsi que tous les amis de I'education et de Tamelioration des moeurs publiques, sont invites a concourir. — Les ouvrages seront adresses, francs de port, au president de la So- ciete pour I'enseignement elementaire, rue Taraune , n" la, avant le i''"' dccembre iSaS , epoque de la cloture de ce premier concours. — Les concurrens sont invites a ne pas se nommer d'avance , et a placer, en t^te de leurs ouvrages, une epigraphe qui serarepetee, avec leur nom, dansun billet cachete. N. B. Plusieurs societes respectables de Paris faisant leur objet principal d'encourager la redaction et la publication de petits ou 27G IRA^CE. viagc'S de inornle leligieuse a la portee clii peuple, on n'a pas ciu devoir donner ici aucun dcvelopperaent a cette portion du pro- gramme; la Societe n'en recevra pas moins avec reconnaissance les c-crits qui seraieut compost'-s dans ce but et qui rempliraient d'ail- leiirs les conditions exigees. Les president et membres du conseil d' adiniiiistralion , Aihenee de Paris. — Conrs. — Nous avons nagufereannonce (Voy. Jiff. Enc, t. XXIV, p. 538) la prochaine ouverture des cours de cet 6tablissement litteraire, fonde a une epoque d'esperance et d'amelio- ration, en 1784- Depuis lors, La Harpe, Chenier, Ginguene, le jeune et inforlune J.-J. Leuliete , auteur d'un Cours de litterature ; MM. Le- mercier, Victorin Fabre, Tissot, et plusieurs autres litterateurs ce- lebres , se sont fait entendre dans cette chaire , qui resta toujours accessible aux amis des luniieres et de la civilisation. La revolution et la contre-revolution ont respecte tour a tour cet asile inoffeiisif de la tolerance philosophique. Or, la bonne renommee politique et litteraire dont I'Athtjnee jouit a juste litre depuis longues annees , ses adniinistrateurs, dont quelques-uns portent des noms ceiebres et cliers a la France , s'efforcent de la conserver, autant qu'une sage circonspection le permet , par le choix des professeurs et par les sujets de leurs lecons. La seance d'ouverture a eu lieu le 2 decembre 1824 : elle n'a pas tenu tout ce que le programme pouvait faire espe- rer. Le discours qui lui sert comme de portique a paru generalement ime amplification trop commune des prospectus de I'etablissement, et une repetition usee des eloges qu'il a tant de fois recus. M. Ville- nave a reparu, avec tout I'eclat de son talent et toutes les richesses de sa vaste erudition , dans les lecons qu'il a lues depuis. Ilentre dans le sujet qu'il avait traite avec succfes , I'annee derniere , Vkis- loire litteraire de France, il s'est niontre ce qu'il est en efl'et, un litte- rateur instruit, un ecrivain jnJicieux , correct et elegant, un philo- sophe. Ce professeur n'en est encore qu'au v° siecle de I'ere cbre- tienne, epoque oh il n'y avait ni France, ni langue francaise, mais seulement des Gaules , oil Ton parlait un latin degenere. Legisla- tion , religion , mceurs , poetes , orateurs , liistoriens, tels sont les cliapitres qui out fix6 les reclierclies de M. Yillenave. Nous I'enga- geons a puiser de nouvelles couleurs pour ses tableaux dans les sources originales des clironiqueurs du tenis ; c'est le plus sur moyen de donner quelque chose de neuf et de vrai. M. de Sismondi a fort bien peint cette meme epoque dans son ronian de Julia Severn. — l^s bonneurs de cette prenil&re seance ont ete pour M. Ai tuud , jeune professeur recemmevit enleve , par les suggestions de I'esprit PARIS. 277 de parti, k une chaire qu'il reniplissait avec distinction au college de Louis-le-Graud. II n'a pas tarde a captiver I'intcr^t de I'assem- hlee par la fermete de son style et la nouveaut^ de ses apercus. M. Artaud a place , comme introduction a son cours , des Tues generales sur le genie poelique au xix° siecle. II I'a peint , non pas tel que certains esprits nous le depeignent a leur image, imi- tateur , servile et pale copiste; mais, au contraire, marqud d'un coin particulier d'originalite , et cette originalite consiste dans la tendance au vrai en toutes choses : verite dans les sentimens reli- gieux et moraux qu'il evoque et qu'il agite: verite dans les couleurs qu'il recherche curieusement sur la palette inepuisahle de I'histoire; verite dans I'expression qu'il invenle , alors meme que par des alliances de mots inusitees ( dignes d'^loges toutes les fois que la raison et le gout peuvent les avouer ) il etonne les oreilles trop timides ou trop circonspectes : tel est, suivant M. Artaud , le genie poetique au tlix'^ siecle; tels se montrent, avec des modifications diverses , Casimir Delavigne, La Marline, Chateaubriand, Walter Scott, Lemercier, et tous ceux dont les ecrits ont obtenu de nos jours des succes populaires. Dans la suite de ses lecons , le jirofes- seur a voulu reprendre son sujet a son origiue : il a retract succes- sivement les premiers developpemens des litteratures modernes , en les rapprochant avec art des circonstance5. politiques qui les pro- duisirent, et, pour ainsi dire, les colorerent, et en appliquant cette pensee feconde d'un ecrivain profond, quoique parfois subtil et sophiste ( M. de Bonald ) , « que la litterature est I'expression de la societe. » On a distingue surtout une lecon ou M. Artaud a groupe dans un tableau plein de vigueur les principaux ecrivains de I'lialie, de la France et de I'Alleniagne, au tems du concile general de Constance, epoque de fermentation et de sece, ou quelques esprits energiques et superieurs entrevirent preniaturement et voiilurent trop tot repandre des verites morales el politiques qui ne devaient etre adoptees que plus tard , mais qui, en attendant, conduisirent au martyre pUisieurs de leurs imprudens sectateurs. Le style de M. Ar- taud participe de I'originalite de ses idees : il est grave , fernie , et parfois hardi , comme elles. — Le cours de M. Dunoyer, anclen col- laborateur de M. Comte dans la redaction du Censeitr eiiropeen , a partage I'attention des auditeurs de I'Athenee. 11 I'intitule : Cours d'economie et de morale. Le sujet est, comme on voit, severe et abs- trait. Le professeur dedaigne d'en charmer raridit<5 par les ornemens que rimagination sail repandre sur ie style ; mais, du moius , il est parfaitement clair, quant a I'expression et a rencbainement iogiqiie 378 FRANCE. du discours. Le systeme general de M. Dunoyer tend a transporter Ja theorie politique hors de la sphere , trop siijette a controverse, des institutions sociales , pour la rameuer dans les termes beaucoup plus positifs de I'amelioration morale et industrielle de I'homme. M. Dunoyer a demontre facilement que les races les plus sus- ceptibles de culture sonl aussi les plus susceptibles de liberte. Partant de cette donnee feconde , il a fait yoir la liberte veri- table suivant pas h pas les progr^s de la civilisation , et celle-ci recevant ses developpemens de la culture intellectuelle de I'homme. Ce n'est point aux gouvernemens , da moins comnie cause preniifere, que le professeur trouve juste d'imputer les maux qu'ils deversent quelquefois sur les nations. Si les nations ne sont pas gouverndes par des hommes justes, si leurs richesses sont dilapidees sans dis- cernement et sans mesure , il faut en rechercher la faute ou plutot la cause en elles-m(5mes, et reconnaltre qu'elles ne sont pas suffi- samment eclairees pour se choisir des agens, des representans, des gouvernans justes et sages , et pour obtenir par leur moyen un emploi raisonnable des richesses publiques. Si done Ton veut reformer les abus, c'est dans leur racine qu'il faut les attaquer, pour avoir un succes durable; c'est en propageant les lumicres parmi les masses, c'est en cultivant leur moralite, qu'on eclairera et qu'ou rendra meilleurs les gouvernemens , qui , apres tout, sortent d'elles et sont leur produit necessaire. Cette maniere de raisonner est, on en con- viendra, peu offensive pour le pouvoir, et il ne doit pas s'alarmer des progres qu'elle pourrait faire. Toutefols, ne decourageons pas les esprits positifs et les caracteres energiques qui se mettent a tra- vers le torrent du mal pour en retarder le cours. Bien qu'il puisse ^tre utile de remonter a sa source pour en arrdter les debordemens , la force unie a I'habilete indique aussi des moyens de le contenir dans son cours , et meme de le diriger quelquefois au proflt de la prosp6rite publique. En un mot, nous pensons que le systeme de M. Dunoyer, vrai en soi , ne Test pas egalement dans ce qu'il a d'ex- clusif pour d'autres syst^mes. — Parmi les cours des sciences natii- relles professes cette annee a I'Athenee , on a remarque le cours nou- veau i' hygiene , par M. Eusebe de Salle. Ce medecin embrasse a la fois I'histoire et la pbilosophie de cette science, qui touche par mille points a toutes les sciences physiques. Aucune d'elles neparait etrangere au professeur, qui emet parfois des idees susceptibles de contestation , mais presentees avec une originalite qui n'est point de- pourvue de charme. — Un cours d'/iisioire pliilosopliiqiie des beaux- arts, ^at M. Amaury-Duval, membre de I'lnstitut, n'est encore qu'a sa PARIS. 279 premiere lecon. Nous nous proposons d'y revenir , et de taiie aussi connaitie et apprecier les principaux cours qui sont commences, on seulement encore annonces sur le programme. X. Athenee des arts. — gi^ seance piibliqiie, tenue le 6 decernbre iSi^jSOiis la presidence de M. Perrier. — Aprfes un compte rendu des travaux depuis la derniere seance publlque, par M. Devilliers, secretaire general , MM. Mibault, Paillet de Plombiekes et Denne Baros ont lu diverses pieces de poesie. Des medailles ont ete decernees a M. Dupont, naturaliste, pour des pieces d'anatomie artificielle en cire, a M. Winkel , inventeur du componium ou improvisateur mu- sical, a M. Duvergier fils , inventeur des farines de legumes, a M. Bretei., pour son corset dlt antirachitique, et a M. J.vlade- Lafokd, pour son lit mecanique. M. Schmidt, inventeur de nou- velles limes, M. Paillet de Plombiekes, auteur d'un poeme sur la niort de Henri IV, M. Marchajvd, a qui Ton doit une estampe de Clodomir et Anatilde, M. Cartier, inventeur d'un nouveau procede de cardage , enfin M. Langlume, inventeur d'un procede lithograpliique en couleur, et M. Albert Moktejiont , auteur des Leltres sur I'astronomie , ont obtenu des mentions honorables. La seance a ete terminee par un concert. — L'Athenee des arts pro- pose , pour sujet du prix triennal fonde par M. Turrel , la question suivante : Quels one ete les progres des sciences physiques et chimiques , depuis le commencement du xvill= siecle jusqu'a cejour, et quelle a ele leur influence sur les progres de tindustrie manufacturiere. Le prix est une medaille de 3oo francs, qui sera decernee dans la seance publique de 1825. — Les memoires, ecrits en francais, devront etre envoyes francs de port, avant le i'^'' juillet iSaS, terme de rigueur, au secretaire general , M. Devilliers , rue de la Vieille Estrapade , n° i5. Societe royale des Bonnes- Lettres , etablie rue Neuve- Saint-Au- gustin , n° 17. — Cette Societe, qui compte dans son sein beaucoup d'hommes de lettres distingues , et qui rendra d'autant plus de ser- vices a la litterature et aux arts , qu'elle s'abstiendra d'y m^ler des doctrines politiques intolerantes et exclusives, et d'introduire I'esprit de parti dans le temple des muses, a ouvert ses seances publiques le 21 decembre dernier. M. Laurentie a lu un discours sur les rap-, ports des belles-lettres ou des bonnes-lettres avec la religion et la morale , qui leur fournissent leurs plus nobles inspirations. M. Auger a lu ensuite une notice pleine d'interet et semee de traits piquans sur la comedie grecque et romaineet sur Terence. Les seances auront lieu desormais les mardi et vendredi de cliaque semaine. — Ciia(jue aSo FRANCE. stance est ouverte par I'lm des professcurs , dans I'ordre Indique par le bulletiit , et se lermine par une ou deux lectures. — Les cours qui se feront cette aiin6e sont les suivans : — Hyi^iene ; M. Pariset. — Essai stir les mceiirs des animaux et des '»ege!aiix , et snr les rapports qu'ils ont entre eux et avec I'liomme ; M. Robf.rt. — Litterature orien- tale ; M. Abel REiwusAT. — Dn theatre grec ; M. Raoul-Rochftte. — Essai sur la Comedie ; M. Auger. — Dissertations Ikteraires ; M. Patiw. — Ejctrait d'lin traite des bonnes-lettres;M. Laurentie. — Essai sur le rornan ; M. Mai.itoubme. — Essai sur la morale coinideree darts scs rapports avec les arts ; M. Alletz. — De Vhistoire gencralc et de Vhistoire de France en parciciilier;M. Rio. — Plusieurs homines de lettres doivent, en outre, faire des lectures en yers et en prose. Ce sont MM. Alletz, AjscELOT, Audibert, Henri deBow ald, Bhiffaut, Campenon, Chenedoi.i,e , Chezt, Alexandre Guiraud, VictorHvGo, Charles Lacretelle , Mennechet, JVIichaud , Roger, Alexandre SouMET , ViNnERBouRG , etc. — Prix d'abonnement , roo fr. pour I'annee. — La Societe accorde aussi des abonnemens de 6 et de 3 mois, au prix de 5o et aS fr. ; les premiers, a MM. les deputes, les officiers de la maison du Roi et des princes , de la garde royaie et des corps en garnison a Paris ; les seconds, aux eleves de I'Ecole Polytechnique , des Ecoles de Droit , de Medecine , et de la Societe des Bonnes-Etudes. ■ — ■ Lectures sur la tragedie grecque. — Nous sommes forces d'avouer que plus d'un auditeur a ete pris pour dupe a cette Societe. Tel pro- fesseur avalt promis une dissertation scientifique, et n'a donne que quelques lieux communs sur les affaires dujour; tel autre, qui devait entretenir I'assemblee de Corneille et de Racine, ne parlait que des exces de la revolution; mais enfin, voici un homme de lettres qui consent a faire des lectures -vrairaent litteraires ; M. Patin , qui connait a fond la matiere qu'il traite, sait attacher I'attention sans sortir de son sujet; et pour rendre sa lecture piquante, il n'a pas besoin de s'adresser a I'esprit de parti et aux passions politiques. — M. Patin a promis une suite de lectures sur le theatre grec , et par- ticulifereraent sur la tragedie; il etait naturel qu'il commencdt par une revue des critiques qui , chez les anciens et chez les modernes, se sont occup6s de cette partie de la litterature. Tel a ete le sujet special de ce premier discours. Le professeur est remonte dans sa revue jusqu'a Aristophane, le veritable critique d'une epoque oti la litterature, animee et vivante,ne connaissait guere d'expression que la parole, et oii les journaux politiques et litteraLies se faisaient sur PARIS. 38 r la sc^ne. II a montre que le coniique d'Athines etait un honime d'un excellent gout , qui avail parfaitement fait ressortir, dans un paral- lele bouffon, les defauts d'Eschyle et d'Euripide. — II arrive ensuite A Aristote , critique d'une epoque de reflexion , que I'experience des poetes avait iustruit sur les piocedes de I'art, mais que la spe- culation a porteplus loin, etqui par consequent a parle quelquefois d'une tragedie qui n'etait pas la leur, ce qui ne sufllt pas toujours pour en do oner une idee. — Les critiques latins n'offraient au professeur que des principes on des jugemens de pen d'inter^t; il les a nommes , comme une espece de transition pour arriver aux mo- dernes. ■ — Ceux-ci ont d'abord assez mal juge les tragiques , et en general les auciens. — Les uns les admiraient superstitieusement, d'apres certaines regies, certains systemes; les autres les dedai- gnaient legerement , d'apres nos moeurs polies. De la, la querelle sur les anciens et les modernes. Cette guene litteraire etait presque entierement assoupie quand Brumoy publia son Theatre des Grecs. M. Patin a montre qu'en vrai jesuite il avait fait une espece de melange de la lltterature rigoriste et de la litterature relacliee ; que le caractere et le defaut principal de son livre etait I'in- decision des doctrines. Un pareil ouvrage n'etait pas propre a ramener au respect des Grecs, pour lesquels 11 etait alors a la mode de professer une espece de dedain. M. Patin a reproche a La Harpe d'avoir redige en traite ce mepris universal ; et il a fait voir que ce litterateur, qui connaissait si bien notre theatre , etait completement etranger a I'esprit du theatre grec. Barthelemy, plus familier avec les anciens , savait mieux aussi apprecier leurs poetes dramatiques; cependantjon remarque encore t:op de vague dans cette partie de son bel ouvrage. — En Allemague, les exemples de Winkelmann ont suscite une ecole de critiques : les Lessing, les Herder, les Schiller, et enfin Schlegel, auxquels le professeur francais a su rendre justice, quoiqu'eux-m(5mes ne nous I'aient pas toujours rendue. M. Patin ne pouvait oublier que cet esprit de critique independante est aussi chez nous I'apanage de quelques litterateurs distingues, et il a rap- pele avec de justes eloges les cours de MM. Leniercier, Villemain, Andrieux , ainsi que les articles de ce dernier, inseres dans la Revue Encjclopcdiqiie, sur la tragedie grecque. ( Voy. Rev. Enc, t. xxi, p- 77- ) — Le professeur , connu par ses connaissances varices, son gout judlcieux et ses succes academiques, n'a point trompe I'attente del'auditoire. Son sujet n'etait pas bien neuf ; mais ses pensees avaient la grace de la nouveaute, et sa lecture a excite un vif iuteret. If. iSi FRANCE. a fort judicieusemeiit eloigne les denominations de classiques et de romantiques , que ne comprennent pas ceux mdmes qui ont mis dans ces distinctions toute leur litterature. II a annonc6 qu'ii tiche- rait de juger les Grecs, en les considerant en eux-memes, et sans se laisser prcoccuper par les prejuges qui les exaltent ou les rabaissent. C'est quelque chose d'assez rare aujourd'liui qu'une opinion qui ne prend pas le mot d'ordre , pour qu'on puisse en feliciter M. Patin. M. A. Cours de grec moderne. — M. CiONARis, Grec de nation, et nou moins distingue par ses connaissances etendues que par son amour sincere pour sa patrie, vient d'ouvrir, le i8 Janvier, sousles auspices de la Societe Asiatique et de la Societe des methodes ( voy. Rev. Enc. t. XXII, p. 733), et dans le local ordinaire de leurs seances, granderue Taranne, n° 12 , un cours de grec moderne. Les lecons ont lieu les mardi et samedi de cliaque semaine, a sept heures et deraie du soir, et le cours entier doit durer six mois. Les personnes qui voudront suivre ce cours paient , pour couvrir les frais materiels , une somme de 12 francs : on leur delivrera une carte d'entree; elles doi- Tent se procurer les ouvrages suivans : la grammaire de M. David , et Paul et Virginie , traduit en grec moderne (i). Be&ux - ARTS. — Peinture siir verre. — Nonveaux documens a ajouter comine complement a I'examen d'un ouvrage de M. Alexandre Lenoir , intitule : Observations sur la peinture sur 'verre , etc. {\oy. Rev. Enc, t. xxiii, p. 463.) — Robert Pinaigrier, naquit vers 1490. II doit ^tre considere comme I'un des peintres sur verre les plus distingues. Apres avoir etudie ea Italie du terns de Leonard de Vinci , il vint exercer son art en France. Ses peintures sur des vitraux de Tcglise Saint-Hilaire de Chartres sont annoncees comme son debut; Felibien en porte la d-'^s ^ iSso. Un tableau place dans cette egllse, ayant pour sujet le bienfait de la Redemption, fut copie par d'autres peintres, et noiamment a Paris dans les charniers de I'eglise S.*-Etienue-du-Mont. M. Heris- son en a donne un detail fort curieux dans le tome xxxiv de la Bio- graphic universelle. (Voy. I'article Pinaigrier.') Deux vitraux places dans I'eglise deSaint-Aignan , plusieurs dans le clioeur de rcglise des Saints-Peres , et ceux de Tc'-glise inferieure de Chartres sont, selon la tradition, de Nicolas Pinaigrier, I'un des enfans de Robert. M. W^il- (i) Oo trouve res deux ouvrages a la librairie lus grand intc- t'':t de circotjstances quecerecueil. Tons les esprit ssont preoccupes dc la loi d'indemnite , en ce moment soumise aux deux Charalires. Mais peu de personnes possedent des notions positives sur Temigration ct sur les iunombrables variations que la legislation, qui la concerne, a eprouvees. La collection que nous olTrons aujourd'hui au public doit done avoir un double avanlage , d'abord , celui de presenter a MM. les merabres de la chambre des Pairs et de celle des Depulrs, ainsi qii'aux publicistes et aux bom- mes d'Elat , un tableau exact et complet des loissurlcs emigres; et iiux emigres eux-memes, aux con- damnes , aux deportes , a leurs he- ritiers, creanciers ct ayants-cause, ou aux gens d'aflaires et autrcs , /n (4) qui scront charges de poursuivre Icur liquidation , les testes dcs lois (lont ils furent frappes , et la rali- gorie dan« iaquelle ils sesont trou- v^s. L'ouvragc com plet aura deux vol. in-S" de 600 pages chacun , avec des Tables chronologique et analy- tique. Prix, 13 Ir. , et i5 i'r. 5o c. par la poste. Le lome premier, con- tenant les lois et actes du gouver- ncment, est en vente. Prix, 6 fr. , et 7 fr. 75 cent, par la posle. Le second paraitra immediatement apris la discussion de la loi d'in- demnife. A Paris, chez N. Pichabd, li- braire , quai de Conli , n° 5 , entre l'h6lel des Monnaies et le Pont- Ueuf ; Lbwobmant, libraire , rue de Seine, n° 8 ; Chablbs Bechet, li- braire , quai des Augustins , n" 67 , Delacnav, libraire, galerie de bois, Palais-Boyal. 3. OEUVRES COMPLETES DE BOILEAU DESPREAUX , edition revue et accompacfnie de nouveUes notes, par IVl. Dacnoc, membre de I'lnstitut, professenr au college de France ; publiee par P. DopoM. L'edition conliendra tout ce que Despreaux a ecrit en vers et en prose , y compris ses Icltres. Le commentaire embras- sera les notes redigees par ce pofcte lui-meme, les variantes, les imita- tions, des eclaircissemens histori- ques,et des observations gramma- ficales et litleraires. Elle sera cora- posee de 4 volumes in-S", dont le premier paraitra le 20 Janvier iSaS, etsuccessivemenl de nioisen mois. La souscription restera ouverle jus- qu'au 1 mars prochain. Le prix de chaqiie volume, papier fin d'Anno- nay satine , est de 5 fr. 5o c : sur papier cavalier, 7 fr. 4. JOURNAL CLINIQUE DE L'ASSOCIATION MKDICO-CHI RURGIGALE DUJUlU, redig.. par MM.lesniedccinsctcliirurgiens des hospic( s do Dole. Ce journal ]iaraitra tons les mois, par cahier de Ja i 4o paf;es in-S". Les deux tiers au moins de cliaque livraison seront consacres a la cli- nique ; le reste oli'rira les nouvellcs medicates, les decouvertcs les plus interessantcs , les I'aits curieux pu- J bli^s dans les journaux de medocinc de la capilale. On placera aussi dans celte seconde parlie , les no- tices topographiques des dinVrens lieux du Jura , les constitutions medicales que voudront Lien four- nirceux desmedecins qui aiment k se livrer k ce genre de travail , et I'histoire des Epidemics qui se manifesteraient sur les diflerens points du departement. Le pre- mier numero paraitra dans le cou- rant de Janvier. Le prix del'ahon- nement est fixe a 4 fr. 5o c. pour six mois , et g fr. pour I'annee, pris a Dole ; k 5 fr. 5o c. et 11 fr., fianc deport par la poste, pour toutes les aulres communes. On s'abonne chez M. Joiv, im- primeurS Dole , a qui les lettres et I'argent, ainsi que les articles a inserer , doivent etre adresses francs de port. 5. VOYAGE AU CHILI, AU PEROU ET AU MEXIQUE, pen- dant les annees 1820, 1821 et 1822; par le capitaine B. Hall, ofBcier de la marine royale , entrepris par ordre du gouvernemenl anglais. Paris, 1826; ArlhusBcitrand. 2 vol. in-8 , avec une carle. Prix : i4 fr. , et 17 fr. par la poste. IMrniMERlE D HIPPOT.YTE TILLiABD , nic de la Harpo, n" r§. Avis ACX amateurs DE la LlTTiRATURE ETRAKctRE. On peut s'adresser a Pans, par rentremise du Bureau ckhtbai. »k L4, Revue Ewciclopedique, a MM. Treuttel et Wurtz, rue de liourbon, n° 17, qui ont aussi deux niaisons de librairie, I'une a Stras- l'ourg,pour rAllemagne , et I'autre a Londres ; — a MM. Arthds iiERTHAKD, rueHauteleuille, n°a3; — Kenouaro, ruedeTouuion,n°6; — Lbvraui.t, rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3 1, el a Strasbourg; — Bos- • sAKGEjBere, rue Richelieu, n°6o; et a Londres pour se procurer les I'lvers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russcs, polo- iiais,hollandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrangfere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays Strangers ou ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et dc commission, etc. — La Direction de la Revue Encxdopeditjiie'ri » d'aulre but, en publiioit cet avis, que de faciliter, par tous les naoyens qui resuhent de ses jmblicat Tons mensueiles, les communications scientifiques el litleraires entre la France et les pays etrangers. AUX ACADEMIES ET AUX SOCIETES SAVANTES de tOUS Us payS, Les Academies et les Societes savantes et d'htiltie publkicb, francaises et etrang^res, sont invitees a fiureparvenirexactement,//-anc de port , au Directeur de la Revjie Encychpediqne , les comptes rendus de leurs travaux et les jirogrammes des pr!x qu'elles proposent, afin que la Revue pulsseles fuire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AuX EDITEURS d'oDVRAGFS ET AtJX IIBRAIRES. MM. les^diteurs d'ouvrages periodiqnes, francais et etrangers, qui desireraient echanger leurs recueils avec le noire, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur one prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellemeut publies , qu'ils nous auront adresses. Avis aux voyagecrs etrawgers qui vost a londres. Nouscroyons rendre service aux Francais qui se rendent a Londres, en leur d^signaut I'un de nos correspondans, M. A. Rot , Francais itabli a Londres , «°ao, Newmann-Street,pris d'O-icfbrd-Street , aucentre des affaires et dans le plus beau qnartier de la ville. Ils y trouveront , pour i5o ou aoo fr. par mois, une jolie chambre, un Bon dejeuner, nne collation a midi, nn fort bon diner a cinq beures,et le tbe le soir.^ M. Roy donne des lecons de langue anglaise , et sa maison est tenue de la maniere la plus convenable. Errata. Le prix de I'edition francaise de VBistolre d'llalie, par Ch. BoTTA , en cinq volumes in-S", est de 35 fr. , au lieu de 3o fr. indiques par erreur. L'^dition italieime , 4 vol. in-4'*» 100 fr- ( ^- ^- i^iv, p. 656). Lichaires chez lesqucls on souscrU clans les pays etranceks. Aix'la'Chapelle, Laruelle ills. Amsterdam, G. Dnfour; — Dela- cliaud ; — Abbink. ■Anvers , Ancclle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin , Schlesinger. Berne , Clias , au cabinet lilte- raire ; — Bourgdorfer. Breslan , Th. Korn. Brtixelles , Lecharlier; — Demat. JJriiges , Bogaert; — Dumorlier. Florence, Piptli. Fribotirg (Suisse) , Aloise Eggen- dorfer. Francfort-sur-Mein , Scbaeffer ; — Bronner. Geneve, J.-J. Pascboud. I.a Haye, les frferes Laugenhuysen. Lausanne , Fiscber. Leipsig , Grieshammcr ; — G. Zirgds. Liege , Jalheau , pere. Londres, Dulau et Compagnie; — Treuttel et Wiirl/.;— Bossange. Madrid, Denn^e; — Peris. Itlilan, Giegler; — Visinara. Bocca. i»/oiccjr/,Gautier;— Riss^ pii e et fils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. Netich&tel (Suisse), GreiHer. New-Yoik ( EPats-Unis ), Bdrard et Mondon. Nouvelle - Orleans ,-, Xourdan ; — Rocbe , freres. Palenne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch,). Petersbourg , Saint - Florent ; — Graeff;— Weyberj— G. Leffler. Tubingen , Cotta. Utrecht, Van Schoonbo-ven. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. Farsovie , Glucksberg ; — Za- vadsky. fierine ( Autricbe ) , Gerold ; — iScbaumbourg ; — Scbalbacher. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre) , Piolet aine. Ile-dt-France (Port-Loijis) , E. Burdet. Martinique, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BuHBAU OE KEDaCTIOJT, BtJE Ij'ENPER-SAlNT-MlCnEl. , H' l8, oij doivent ^tre envoyes , francs de port , les livres , dessins et gra- vures , dont on desire I'annonce, et les Lettres, Mdmoires , Notices on Extralts destines a Atre insures dans ce Recueil. Chez Treuttel et Wubtz, rue de Bourbon , n° 17; Rkt et GraVikr, quai deo Augustins, n" 55; Bechet aine, quai des Augustins, n" 57; DoKDEY-DupRK, rue Saint-Louis, u" l\6, an Marais; et rue Ricbelieu, n" 67. MowGiEaine, boulevard Poissonnifere, n° 18; Eymery , rue Mazarine, n" 3o; RoRET, rue Ilautefeuille, n" la ; Bachelier, quai des Augustins, n° 54; Levrault, rue des Foss<5s-M.-le-Prince, n* 3r , et i Strasbourg; Baudouin fi'feres, rue de Vaugirard, n° 36 ; Delauwat, Pii-iciBK, PosTHiEU, Ru Palais-Royal; Urbaiw Carel, rue Hautefeuille, n" 5. A LA Tente, Cabistet LtTTEBAiBE, tenu par M. Gadxier, anci^n inilitaire , Galerie ^e Bois , n° 197, au Palais-Royal, Nota. Les ouvragcs annonccs daus la Revue sc trouvcnt aussi cbczRoRET, rue HautefeiiiUc , u" 12, TARrs.. — DE I. mrRISIERIE DF. niONOUX, rre lies Fiancs-llouigcois-S.-Mlclii:! , n" 8. 74^ LIVRAfSOIN'. 26* VOLUME. REVUE ENCYCLOPEDIOlfl; ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES KT LES ARTS. 1" Pour Ics Sciences physiques et mathematitjues et Ics Arts in/iustriels : MM. Ampkre, Ch. Dupin, Chaptai., Fourier , Olrard, Wavier, Je I'lustitiit; C. CoQUEREi., Ferry, Francoeor, Le h'oRMAHU, A. Michelot, de Mont- GERY, MORSAU DK JOKHES, WaRDEK. - 2" Pour les Sciences naiurelles ; MM. be Lacepede , Geoffroy-Saint- Hu.AiRE,derinstitut;BoNAFOtls, de Turin; Boby deSaiht-Vincemt, Dksma- rest, V..\tiDOBii(, Brongniart fits; Flourens, D.-M. ; V. Jacqoemokt, elc. 3" PovtrXas Sciences medicales: MM. Adelon, Bai.ly.DamirO!* , G.-T, Doin, DnPA», EsQOiROi., Georget, Magekdie, Orfii-a.Rigoi.lox fils, D. -M,,etc. 4° Pour [es Sciences jiliilosojiliiquL's et morales, poUliques , geographiques et hisioriques :^IM. Lasjcihais, del'Institut; M. A.JvllieN, de Paris;DEGE- RANDO,Ai-EX. DB 1>A BoRDE, de I'lnstilut; Agoub, Anhee , Artahd, Avehei-; Berville, avocat; Barbie nu Bocage, de I'luitliut; A. Becgnot; Cbampoi,- lion-FigeAC, correspoiidant de riiistitnt; Cuampollion jcuue , Deppikg; A. BnFRAYER.DurtN Al'NE.DnFATI, UuVERGtER.GUADBT, BoCCHENE-LeFER, DouBLET-DE-BotSTHti)Acr,T, A. Taillakdier , avocats; AmedeejAcBERT; Jo- MARi),deriiistituti LaffondeLadi^Pat, Alex. LA^ eth, P.La5>i,Mas.sias, J. Mauviei-, A.Metrai.; Meyer , d'Aiiis^erdaw ; Parent-Rf.Ai,, Poviquevillb ; Cli. Rekodabd, avocat; EusebeSalverte, J.-B.Sav, Sismondk de Sis»okdi, Staffer, ScEtR-MERMW. 5" Pour la JJllerature francaise et etrangere, la Bihlingruphie , V Archeologie it lea Jieaux-Arts :MM. Akurieox, Amaury-Dcval, Emertc Daviii, V.Df.now, Lemercier, riE Segur, de riuslitut; BaRbier, aiicien rouservatfinr des )iil)lio- theque.? du Roi ; J.-P. Bres, Alph. Mahdi.; Ph. Golbery, de Colinar; Kirc- KnOFF, D.-M., d'Auvers M. BiANCHi,Mine;L. REi.r.oc, E. Hep.eait, Uewrichs, M.Berr, Felix BoDiN,BucHON,CARRi:,oK-I>(isAs,lils, CiiAtnEX; Chf.nedollk (ils, deLicgc; J.Uroz, Dcmersan, Ed;,Gauttier .Goepp.Heibbro, Krafft, V. Leclerc, Marron, Mazois ; Ch; Mok^ard, de LaHsanne; Nicolo-Poulo, PaTIN, PeLT.ISSIER , POSGERVILr.E-.QuETF.I.ET", BE ReIFFEMBERG; DE StAS- SART, de Bruicllcs; S. Poltaratsry^ de Moscou; Fr.. Salfi ; Scbnitzler ; ScHWEioHiUSBRfils, de Strasbourg; Leow Tuiesse, F,"'TissPT,VKRDiiR,etc. A PARTS, AU BUREAU CEISTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE, lUie d^Eiifer-Saiiit-Micliel, u" 18; ARTHL'S BERTRAKD, rue Hautel'euille, n» s3; Au McsEK ENCYCLOpEDfQUF., CHEZ BossAHGB j)ere,rue RJclielicu , n° 60; Rf.nou.ihd , rue de Tournon , n" 6; LONDliES. — TfiEUTTEL EX Wunxz; Bossasge; Doi.*tJ kt comp. f6vrier 1825. n[M^: AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES sonscwii'TEtiRS dont I'abonnement est expire ivE I*"" jANviEiv, sont invites a le faire RENOtivBLKa tres- mcEssjLMMENT, pour quc le service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Uepuis le moisde Janvier 1819, il parait, par annee, dou7,e cahiers de ce Recueil; chaque caliier , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'itnpression. Oa souscrit a Paris, an Bureau central d'abonnemcnc et d'expcdition indique sur le titre. Prix de la Souscrijjcion , a partir dii l" Janvier iSa4- A Paris • . 4*5 f'- pour un an ; a6 fr. pour six inois. Dans les departeraens, 53, 3o A I'etranger 60, 34 La difference entre le pnx d'abonnement, a Paris, dans les departc- mens et dans Tctranger, devant dtre propprlionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a sei'vi de base a la fixation definitive portee cirdesstis. Le montant de la souscription, envoys par la poste, dqif dtre adresse d'avaijce, frawc deport, ainsi que In correspo»dajM!e , a" Director de (a Revue Rncyclopidiqiie , rue d' Enfer-Suint-Michel , n" 18. C'est k la irit?me adresse qu'on devra envojer les ouvrages de tons genres et les gr-avqres qu'oii voudra faire anuoncer, ainsi qtie les articles dojit on d^sirera Tinsertion. Oil peut aussi souscrire clicz les Directeurs des postes ct chez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pay* etrangers. Trois cahiers ou livraisons ferment un volume. Cliaqiie volume est termini par une Table des mati^res alpliabetique et analytique, qui ^claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au !"■ cahier du volume suivant, a I'exception de la deriii^re Table de Tannic, quiestexpedieeisoleiuenl a tousceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulemeut a partir de deux epoques, du i''T Janvier on du leijuillet de cliaque ann6e, pour six mois, ou pour un an. On troiive, au bdhbau Okktrai-, les collections des annees 1819, l3ao, 1 tSar, i8aa ct i8a3, au prix dc 44 francs chaque ; ct cell's de i8i i , au prix de 46 francs. /{\'r^ .r f'^.'rr/.' A ^<9 tAv-zv/^.' ..fry ft,.-,.. A,..=^M;'//sUff- REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. TABLEAU MORAL ET POLITIQUE DE LA GRECE, EN 1824(1). L'annee qui vient de s'ecouler, Tune des plus remarquables parmi celles dont se composera la periode historique de la re- generation de la Grece, doit fixer I'attention de tous ceux qu'une noble sollicitude porte a mediter siir les destinees des peoples. En recueillant les traits qui caracterisent cette epoque, en appreciant les principes et les ressorts de la revolution grecquc, peut-etre aurons-nous lieu de fortifier notre confiance (i) Get article, qui nous est fourni par un jeune Grec, Tun de nos collaborateurs , digne representant de la nation heroique a la- quelle il est fier d'appartenir , sert de suite et de complement a I'interessante notice de M. J.-B. Say, inseree dans ce recueil ( t. XXIV, p. 357-274 )> sous ce titre : Notions stir la Grece , pour l' in- telligence des evenemens qui se preparent dam celte pariie de TEurope. T. XXV. — Fevrier 1826. ao 294 TABLEAU MORAL ET POLITIQUE clans I'avenir, et d'cntrevoir le salut prochaiii de la Grecc, objet de nos pins chores cspcracces. Mais, avant de parcourir riiistoiredc cetfc annee, il convient de jeter un coup d'ceil ra- pidc siir cellcs qui Tout precedee, et d'assijj;ner la cause pre- miere de ce mouvenicnt inaltondu qui occiipc aujourd'hui le monde politique. L'etal; social d'un pcuple en guerre est neces- sairement lie avec la chaine des evenenicns militaires : nous devons done les comprendre dans notre examen des progi es moraux et politiques de cette nation. Descendans de ceux a qui I'Europe doit ses lumieres <.'t sa civilisation , reduits h. la servitude par les sectaires d'une croyaucc intolerante et barbare , les Grecs (i) prennent les armes pour sccouer le joug : pio arts ctfocis, telle est leur de- vise ; la dclivrance on I'aneantissement, voila leur perspective. Epuises de sang et de population par les execs toujours crois- saus d'une tyrannic implacable , quels alixiliaires vicndront les soutenir dans la conquete de leurs droits ? Tanarchie qui dechi- rait differeutes parties de I'cmpire ottoman, el les symptomes evidcns de sa decadence ; la guerre d<;s Turcs avec les Perses et leurs demeles avec une grande puissance du Nord ; le voisi- nage des peuples bulgaro - servicns et valaquo - moldaves , peuples Chretiens et qui devaient faire cause commune avec les Grecs; les interets bien entendus du commerce et de la poli- tique gcnerale; enfm I'appui de I'Europe chretienne, et notam- ment de cette puissance preponderante, aux vues de laquelle la Grece s'etait tant de fois sacrifice : tels furent les fondemcns de leurs esperances. Neanmoins I'experiencc prouva bientot aux Grecs la faussete de ces calculs qui avaient seduit leur imagi- nation. Les pachas peuvent avoir a se plaindre du sultan ou (i) On peut evaluer toute la population de race grec(jue, a prfes de quatre millions d'Ames, et la portion affranchle jusqu'a pre- sent, a la moitie de ce total. i*. d. r. DE LA GRfcCE, EN 182^,. agf. Carpenissi, le repousse, et meurt convert de gloire. Le pacha penetre en Elolie avec de nouveaux renforts et assiege Anatolicon; mais rheroisme d'une faible garnison le force de se retirer et d'evacuer toutc cette portion du terriloire grec. La Moree nous presente un spectacle tout different. La discorde eclate entre les autorites constituees : le senat se se- paredu conseil executif, quitte Tripolizza , etse retire a Cra- nidi, bourgadesituee vers I'cxtremite del'embouchureorientale du golfe Argolique. Aux termes de la loi, luie commission de neuf senateurs est nommee pour informer contre les membres DE LA GRfeCE, EN 1824. 299 tUssidens. Cette commission, daus un rapport solemielau senat, accuse la majorite dii conseil execotif de fouler aux pieds les lois, de vonloir gouverner despotiquement et dans des interets individuals, de s'emparer des revenus publics et de se livrer i tons les genres de desordres. En consequence, le senat declare les dissidens dechus de leurs charges. Ce futpour eux le signal de la revolle. Denouvelles elections ontlieu , et George Gou*- DOURiOTis, d'Hydra, est appele a la prt'sidence ; PaaaiotisBotas- sis, deSpczzia, vice-president, J. Colettis, AnagnosteSpiliotakis, Nicolas Lond OS, sont ses coUegues. Theodoret , eveqiie de Bris- thene, preside le senat, compose de pres de cinquante depu- tes. Tels sont les premiers eveneniens de I'anuee 1S24. Le terns et les moyens necessaires pour ouvrir la campagne vont se consumer dans les troubles d'une lutte intestine. Aussi, les Grecs, loin de prendre I'offensive, seront heureux d'es- suyer le moins de pertes ])OSsible de la part d'lin ennemi qui se presentera sous Taspect le phis menacant. Tripolizza , Corinthe, Napoli sont entre les mains des dissidens. Le goiivernement, las delesmenager et siir de I'assentiment du peuple, se decide h prendre une attitude imposante. II vient s'etablir aux Moulins, a deux lieues de Napoli, d'ou il declare les factieux ennemis de la patrie et prend des mesures pour les reduire. C'elait un spectacle louchant de voir les autorites snpremes , tantot a terre et a la belle etoile , tantot a bord du brick national le Ci- mon , conserver toiijours I'amour et la veneration des peupks. Cette vigueur de conduite, cette courageuse Constance, et cette liarmonie parfaile entre les corps constitues attiraient la pkijiart des chefs militaires vers le siege du gouvernement. Les factieux sontbloques, battus aux environs d'Argos , de Tripolizza, de Calamata , et sur tons les points ou ils se presentent. Partout le peuple se prononce pour les lois. Bientot, la garnison de Co- rinthe fait sa soumission , et Th. Colocotronis evacue Tripolizza. Napoli ouvre ses portes. apres Irois mois de siege, et legouvor- 3oo TABLEAU MORAL ET POLITIQUE nementy fait son entree solennellc, smia fm dejuin. Joignantla moderation a la fcrmete , comma tons les pouvoirs sages ct na- tionaux, il cicatrise les plaies de la patrie, en publiant une amnistie generale. Ayant pacific I'interieur et comble le gouffre hideux do la guerre civile , il tourne son attention vers la de- fense commune. L'ennemi , lielas ! avait dcja exerce sur diffe- rens points les ravages de sa fureur. Au midi , Candie etait envahie , ct une partie de sa population trainee en esclavage. Les efforts courageux de I'ile de Cassos ne la sauvcnt point des attaques acliarnees d'un ennemi qui I'ecrase. Au noid , le capi- tan-pacha, ayant echoue dans une descente operee sur Tile thessalienne de Skiathos, roussit a ravitailler les places de Ne- grepont. Retiree a Mitylene , sa flotte vomit bientot des milliers de sicaires sur Psara, et cet ilot imperceptible, foyer du plus sublime devoument, devient le tombeau des vainqueurs et des vaincus. Ce coup terrible dessilla tous les yeux. Loin d'abattre les Grecs , il excita puissamment leur courage. Peuple et magis- trals, leurs sentimens s'elevercnt a la hauteur des evenemens, et surent mesurer la gravite et I'etendue du danger avec le sang- froid des resolutions genereuses. Ktre ou ne pas etre , telle etait )a question. Les operations maritimes etaient celles a qui , d'apres les plans de l'ennemi, les destinees de cette campagne et menie de toute la guerre semblaient etre specialement con- fiees. On en voulait a la marine grecque; et cette marine, ma- teriellement tres-faible, mais etonnante d'habilete et de har- diesse, fut misc immediatement sur un pied respectable (i). Hydra, Spezzia sont en rumeur. Des guerriers de terrc sont (i) Oil salt que les b^timens dont se compose cette marine ap- partiennent a des particuliers , qui les faisaient construire pour la navigation commerciale. Ces m(5mes particuliers, qui les comman- dent encore aujourd'hui , les out equip6s et ont pourvu a rentretien des matelots, a leurs frais, avant retablissement du gouvernement. DE LA GRECE, EN 182/,. 3oi appeles a garder les penates des niarins; ceux ci se separent de Icurs families et appareillent avec enthousiasme. Psara est reprise, sa marine est sauvee , et Ton abandonnele rocher. Ou bat I'ennemi devant Samos, Cos, Chios, toujours avec des forces inferieures. Cen'est plus dans les ports ni de nuit qu'on incendie ses flottes, mais sous voile et en plein jour. Enfin, il eprouve de nouvelles pertes dans les parages de Candie. Cette derniere victoire fail esperer que les Grecs de cette ile impor- tante, qui se defendaient encore dans les positions de Sainte- Roumeli , de Trypiti , de Mirabello et de Lassidi , s'empres- seront d'en sortir pour I'eprendre I'offensive et delivrer leurs frercs du joug du satrape d'Egypte. Si nous promenons nos regards sur le continent de la Grece, nous verrons partout meme perseverance et meme siicces. A Test , I'invincible Goura repousse lesBarbares du champ deBIarathon. Dervich-Pacha, general en chef, completement batUi a Gravia et a Amplani, en Phocide, prend la fuite et laisse sur les lieux tous ses ba- gages. Dans la Grece occidentale, Mavrocordatos, dirccteur ge- neral , prenant dc bonne heure les mesures les plus efficaces , deconcerte les plans d'Omer-Pacha qui se flattait d'onvahir pour la troisieme fois TAcarnanic et I'Etolie. Bien plus , les Grecs prennent Toffensiveet penetrent jusqu'aux murs d'Arta. Tels sont les resultats militaires de cette annee. Parmi les difficultes de tout genre qu'une fatallte deplorable semble mul- tiplier , au prejudice du plus faible , les Grecs elevent des griefs centre les agens de plusieurs puissances chretiennes employes dansl'Archipel.Dire a quelles nations ces agens appartiennent, citer leurs noms et leurs actes, serait chose facile; les docu- mens ne manquent point a cet egard. Mais nous serious entrai- nes dans des discussions etrangeres a notre lache et a la nature de ce recueil. D'ailleurs , les papicrs publics des Grecs, pene- trant en Europe, peuvent eclairer suffisamment la justice de& "yoi TABLEAU MORAL ET POLITIQUE inouaiques. Nous allons done examiner la situation interieure du pays. La Grece sous le jouii; fournissait plusieurs millions au tresor u, qui a public un ouvrage fort rcniarquable siir la Niibic. A I'cxcoption du fronlispice, qui a ete grave par M. Barth , en commun avec M. Amsler, tous les auti'es ouvrages que je viens de designer ont etc graves par ce dernier. Le frontispice de Niebelungen-licd est compose de plusieurs sujets tires de ce poeme, et encadres dans une sorte de portique gothiqiie. M. Cornelius s'est veritablemcnt penetre de I'esprit qui regne dang cet ouvrage : les moeurs, les costumes , les scenes , tout est empreint du siecle barbare auquel il appartient; ces divers sujets sont traites avec une energie, une force, et souvent une grace remarquables; on y trouve quelqiicfois une sorte de naivete qui rappelle les pre- miers essais de I'art; mais cette naivete n'est pas sans noblesse, et elle forme une opposition heureuse avec les caracleres de tetes des guerriers , et les scenes de tumulte, de combat et de desordre que cet artiste avait a representer. M. Cornelius me parait un homme doue tout a la fois de fecondile et d'ele- vation d'csprit. Dans les premiers tenis de la graviue , les artistes qui se livrerent a ce genre s'attacherent a reproduire le caractere et I'ex- pression des maitrcs qu'ils copiaient; ils ne pensaieut pas que, par une certaine variete de travaux et des combinaisons uou- velles , on pourrait parvenir a donner aux estampes le ressort et I'effet de la pcinture. MM. Amsler et Barth ont adopte le sys- teme, ou, jjour mieux dire, imite la maniere des premiers gra- veurs. Dans leurs travaux , ils ne s'occupent que de la forme et de I'expression, et negligent I'effet; c'est faire retiograder I'art. Sans doute, si Ton ne pouvait pas obtenir les trois choses, il faudrait s'attaeher aux deux premieres, comme etant Ics plus importantes; mais Edelinck, Masson, Drevet, etc., uous ont EN i8u4. 327 prouve qu'on pouvait leunir les trois conditions. C'est done une fausse direction d'idees ; car le veritable talent que MM. Barth et Amsler ont deploye dans les ouvrages dont je parle, et sur- tout ce dernier, prouvent bien que' ce n'est pas par impuissance qu'ils en agissent ainsi. Deux portraits exposes par M. Outkin, Russe, annoncent que Je systeme adopte par les Allemands n'a pas encore pene- tre dans son pays. II est impossible de porter plus loin la finesse et la delicatesse dii burin. Les vues d'Al/ienes, dessinees et gra- vees a I'eau forte par M. Thurmer, architecte a Munich, ont. I'interet que meritent d'inspirer les lieux celebres qu'ii a I'epre- sentes, et I'avautage que presenlent des planches d'architecture gravees par un architecte meme, c'est-a-dire, avec sentiment et fidelite. Srulpture. La statuaire parle a Timagination par la grandeur des formes et du caractere : privee des ressources et de la magie de la cou- leur, ce n'est que par un pervcrfissement de principes qu'elle a pu sacrifier a la gentillesse et auv seductions de la maniere, qui dominaient I'ecole renversee par David. Ses veritables elemens sont la noblesse et le style, et il faut convenir que la statuaire actuelle est, a cet egard, dans une bonne roote. Le systeme de I'ecole nouvelle, qui semble vouloir tout subor- donner a I'imitation exacte et queiquefois meme ignoble de la nature, ne pent done pas la faire devior du chemin qu'elle suit. A.U moins , les maitres se renferment-ils dans les grands principes qui constituent leur art. M. Bosio a developpe dans une statue de nymphe , a la- quelle il a donne le nom de Salinacis , les formes les plus deli- cates et les plus fines; le niouvement general de cette figure est plein de graces : vue de face, la tutc <'st charmante de caractere et d'expression; mais de'profi! , la partie inferieure 3x8 EXPOSITION DES TABLEAUX till visage scniblc avoir tin [)eu trop tic longueur. Jo tlonnerai les memos eloges k nne tete devicrgc, dn meme artiste, a la- t]uelle on pent, je crois, appliquer aussi le memo reproclie. Quant an buste de Mme iUsaheth , tante du Roi, il est de tout point ineprochable ; c'est la oCi M. Bosio a montie tpi'un homme de talent pent surmonter les difficultes que prescntent nos costumes niodernes. Hercule comhattant Achcloiis metamorphose en serpent, groupe colossal coule en bronze par M. Carbonneaux , d'apres le modele que M. Bosio exposa, en 1814, est une production de haut style, qui offre a I'artiste le moyen de developper et de mettre en mouvement tons les muscles du corps humain. Sous ce rapport, on no pent lui donner que des eloges. J'ai rcmar- fjue , avec peine, que les parties sexuelles avaient ete cachees par une feuille ; c'est un usage moderne qui me semble nial entendu. Les anciens n'ont jamais eu cette fausse modestie. Biblis changee en fontaine , par suite dn chagrin que lui fit eprouver la passion criminelle qu'elle ressentit pour son frcre , est une de ces fables que nous devons a Ovide. M. Dupaty I'a representee conchee , au moment oil la metamorphose s'opero. Deja ses longs cheveiix prennent la forme d'une nape d'eaii. Cette figure , dont la disposition genorale pourraitlaisser quel- que chose a desiror, offre des boautos de detail de premier ordre. On reprochait a cet artiste un pen de secheresse dans le travail de la main; ici, au contraire, plusieurs parties out uu sentiment de chair exprime avec beaucoup de douceur et do delicatesse; je citeraiparticulierementla gorge, I'epaule droite et une partie du dos , ou cette qualite estporttie a un tres-haut degre. — II est arrive a M. Dupaty, dans I'execution de cette statue, un de ccs accidensqui font le tourmentdessculpteurs et qui sont souvenl irreparables. Son praticien a entaille le mar- bre trop avant dans la partie tjui devait servir a faire le bras droit , et ce bras est reste fort loin du degri> do beaute que Ton EN 1824. 329 tiouve clans Ic leste de la figure; c'est pcut-ctie a la nieme caiis(! qu'il faut attribuer la depression dn has ventre; toute- fois, telle qn'elle est , cette statue est, dans son ensemble , un charmant ouvrage. J'ai parle, lors de TExposition de 1822 , du modele en platre d'line Sainte- Catherine , par M. Cortot; depuis, cette figure a etc executee en marbre. Je ne pourrais que repeter les eloges que j'ai deja donnes a cet artiste ;jc dirai sculement que la tete, tres-belle comme caractere , exprinie admirablement bien la ferveur et la confiance; que les draperies sont d'un beau jet ; que la pose a de la simplicite et de la noblesse ; enfin , que c'est unc production qui ne laisse rien a desirer. Une autre statue colossale, en marbre , du meme artiste, unc Vierge tenant dans xes bras VEnfant-Jesus , n'est pent ctre pas d'un ordre aussi eleve; cependant , I'aspect a cette sorte de severite qui convient au sujet; la tete de la Vierge est fort belle, et dansl'execution, je relrouve toute I'habilete de M. Cortot. Je citerai encore de ce meme artiste le modele en platre d'un groupe de Daphnis et Chloe ; il a montre une extreme adresse dans I'agencement des pieds et des mains, ce qui, en sculpture, est beaucoup plus difficile qu'on ne pense. Si quelques details de ce modele pou- vaient laisser a desirer, i! n'y a pas de doute que, dans I'exe- cution en marbre , il saura bien faire disparaitre les legeres im- perfections que Ton pourrait indiquer. M. Pradier est uu de nos jeunes sculpleurs qui aspirent a prendre rang parmi les maitres ; c'est une noble ambition qui ne sera point decue. Sa statue en marbre de Psyche n'est pas exempte de defauts ; on pourrait reprocher a cet artiste d'avoir nn peu tourmente le mouvement de sa figure , comme aussi de n'avoir pas donne un caractere assez eleve a la tete; mais, sous sa main, le marbre prend de la souplesse et de la vie, et c'est une qualite bien precieiisc. Le huste dufcu Roi est un de ces ouvrages qui, scul, suffirait pour faire la reputation d'un ar- 33o EXPOSITION DES TABLEAUX fistc ; concu avec gout, execute d'line nianiere grancleet large, il a attire les regards desconnaisseurs. M. Pradior, sans alttrer la ressemblance, a ecarte cos pauvretes de forme (|iie la vieil- lesse engcndre; il a bien fait. Le groupe colossal ^ dans lequel M. Raggi a represente Her- cule au moment ait il retire de la merle corps d'Jcare, offre plusieiirs parties bien traitees. L'artiste a surtont parfaitement bien exprime cet abandon des membres et cet affaissement des muscles qui suivent la perte de la vie. II y a de la chaleur et de I'elan dans cette statue en marbre de M. de Bonchamps , represente au moment oil ,«pres de niou- rir , il obtient par ses pressantes prieres la vie et la liberte de quatre mille prisonniers (ijdel'armee republicainc; peul-etre, meme , pourrait-on dire qu'il y a un pen d'exageration dans la maniere dont Taction est representee; toutefois, c'est un ou- vrage digne d'attention et qui fait honncur a M. Daviii. Je terminerai par I'examen de deux productions executecs par des sculpteurs prussiens : MM. Rauch et Tiech. Ce sont deux candt'lahres offei-ts par les officiers de I'armee prussienne a la femme celebre qui a ete successivement veuve de M. de Lescure et de M. L. de Larochejaquelin. Les trois faces de la base de ces candelabres sont ornees des portraits des deux per- sonnages que je viens de nommer et du frere ih\ dernier : H. de Larochejaquelein. Trois figures, en ronde bosse, un peu au- dessous de demi-nalure ornent la partie superieure de ces mo- (t) M. de Barante annonce que ce fiit aux sentimens d'humanit*' de presque tous les generaux vendeens que ces prisonniers durent leur salut; il ajoiite que plusieurs d'entre eux, pour sauver M'ne de Bonchamps qui etait prisomiiere a Nantes, attest^reiit que, dans cette occasion, elle avait us6 de son pouvoir sur son niari , qvii etait bien capable de cette actiou gcniVeuse, mais qui expirait au aiument menie oil on sujipose qu'il la fit. {Biogr. univers., t. v, p. 94.) EN iSifi. 33i numens. Sous le rapport du travail de la main et de I't-legance des figures, celui qui a ete execute par M. Tiech ne me pa- rait pas avoir le meme degre de beaiite, quoiqu'il ne soitpas sans merite. — Les figures de M. Ranch, trop courtes de pro- portion, ce qui leur donne un pen de lourdeur, sont, en gene- ral , bien agencees; le raouvement en est heiu"eux; les parties nues out de la inorhidezza , et les draperies sont bien jetees. Get ouvrage donne une heureuse idee du talent que M. Rauch pent developper dans des productions d'un ordre plus eleve , et juslifie la reputation dont cet artiste jouit en Allemagne. J'ai , enfm, rempli la tache qui m'etait imposee. II s'en faut de beaiicoup que j'aie parle de tous les ouvrages qui out attire ratfenlion publique ; mais j'en ai dit assez pour donner une idee juste de I'exposition qui vient de tlnir et que Ton doit con- siderer coirime la plus extraordinaire qui ait jamais eu lieu en France, ni dans aucime autre partie de I'Eurbpe. Elle occupait, outre le grand salon et celui qui le precede, une partie de la grande galerie, la galerie d'Apollon, puis, toute I'aile du Louvre, double en profondeur, du cote dela riviere; c'est-a-dirc, plusde vingt salles dont plusieurs sont immenses ; les sculptures rem- plissaient la moitie du rez-de-chaussee de I'aile en retour, au levant. Vers le commencement de Janvier , les manufactures royales sont venues joindre leurs magnifiques prodiiils a ceux desautres arts du dessin ; ils avaient ete places dans les salles au-dessus de la sculpture. Pendant cinq mois qu'a dure cette exposition , le public a mis le meme empressement a y venir. Une circonstance particuliere en a augmente I'eclat et I'interet : c'est le grand nombre d'etrangers, de presque toutes les na- tions , qui sont venus mettre leurs ouvrages a cote de ceux de nos artistes. Nous nous somnies montres hospitaliers ; les meil- leures places leur ont ete presque toujours assignees; au leste, il nest pcut-etre pas un seul tableau qui soit reste dans le meme endroit, |)endant tout le cours de i'exposition ; cliaque mois , yW EXPOSITION DES TABLEAUX Ics parties les mieiix cclairees ont ete occupces par des ta- bleaux differens, alia de n'exciter aiicune plainte, et de four- nir a chaque artiste le moyen de paraitre de la maniere la plus avantageuse ; a cet egard , on ne doit que des eloges a I'admi- nistralion du Musee. Cette exposition a prouve , de maniere a ue plus laisser de doute, qu'il s'est otabli unc scission dans I'Ecole. II seuible que Tonaitvoulu traiter le public comme ces riches degoutes qui, fatigues de bons alimens , en recherchent de grossiers pour stimuler leur appetit. J'ai exprime mon eloignement pour cette tendance , sans dissimuler le talent que possedent plusieurs des artistes qui sont entres dans cette nouvelle voie. Je repeterai ici ce que j'ai dit dans mon premier article : savoir, que c'est une erreur de croire que I'Ecole soil en decadence. Jamais , an contraire, ellen'a reuni une aussi grande masse de talent; mais, chez quelques artistes, il y a mauvais emploi de ce talent: voila tout, et c'est deja trop. On s'est recrie sur la grande quantite de tableaux exposes ; quelques personnes trouvent nieme qu'il y a exuberance et craignent que les artistes, ne poiivant trouver a utiliser leurs travaux , ne soient obliges de degrader leur art. Je repondrai a cette observation, je calmerai cette crainte par une reflexion qui trouve ici naturellement sa place. II n'y a pas en Italic de princes ni meme de particuliers riches qui n'aient une galeric de tableaux ; on n'y voit pas une seule eglise qui ne soit enrichie de peintures; la pliqiart des collec- tions des autres parties de I'Europe se composent principale- ment de tableaux italiens. La pcinture francaise n'a presque rien fourni encore aux autres pays; chez nous, il y a fort peu de collections particulieres, et nos eglises sont presque nues. Nous sommes done bipn loin d'avoir produit autant de tableaux que ritalie. Au lieu de craindrc, il faut done se felieiter de I'ac- croissement de nos richesscs en ce trenrc. En cousiderant cetle I EN 1824. . 333 question sous un autre point de vue , le devoloppemcnt que Ics arts du dessin prcnnenteu France doitetre regaide conimo line chose heureuse. La culture des arts eleve I'esprit, adoiicit Ics nioeurs, rapproche les nations; elle dounc de I'eloignement povir ces debats politiques dont I'arone n'est que trop soiivent . cnsanglantee. Les arts ne connaissent pas de division de terri- toire, et tous les esprits eclaires applaudissent a un beau vers , a una pensee gencreuse de Pope ou de Byron , de Schiller on de Goethe, du Tasse ou d'Altieri, de Racine ou de Voltaire, comnie ils sont emus, a la vue d'un chef-d'oeuvre de I'art, a qiielque nation qu'appartienne celui qui I'a cree. Au reste , les expositions de I'Ecole francaise n'ont lieu qu'a des iniervalles assez eloignes ; il n'est done pas etonnant qu'elles soientnombreuses , avec d'autant plus de raison que toutce qui s'execute dans les villes de province est envoye a Paris pour y figurer. Cesl aussi parce que les productions des arts du dessin appa- raissent, tout a la fois , el non succcessivement, que \a. Revue Encyclopedique donne, lors des expositions, une attention parti- culiere a cette partie de nos richesses intellectuelles; pendant le laps de terns qui s'ecoule entre chacune d'elles, elle s'occupe presque exclusivement des ouvrages de sciences, de morale, de litterature, etc. ; et, si I'on considere le rapport qui existe entre le nombre de livres publics, et celui des tableaux et statues exe- cutes pendant le meme terns, on conviendra que I'espace accor- de aces derniers ouvrages est au-dessous de ce qu'ils seraient peut-etre en droit d'cxiger. Les arts ne concourent pas moins que les lettres et les sciences a la prosperite et a la gloire des peuples; il ne faut done pas les trailer avec moins de soins et d'egards. II me reste a faire connnailre l^s Recompenses qui ont etc accordeespar le Roi; je vais en presenter le tableau. MM. Carle Fernet, peintre , ct CarteUier, statuaire, ont etr nom- mcs chevaliers de S.-Michel ; MM. Bono et Diipaty, statuaires , Herscnt 534 EXPOSITION DES TABLE A.UX et H. Vernet, peintres, offlciers de la Legion d'honneur ; des croix fie chevaliers du nieme ordre ont ete donn^es a MM.'Iiia,es, Dejninne, Schnetz, Drolling, Ueirn , Matizaissc, Blondel , Picot, peintres d'his- toire; Bouton , Dagnene, peintres d'interieurs ; Watclet , Bidaiilc , paysagistes; Redonte, FandaSl , peintres de Rems; David , Debar, Bra, Rarnaj-, liaggi, statuaire&; Jiic/iomme , Tardieu, graveurs ; T/i. Lawrence, peintre de portraits du roi d'Angleterre. Des ME[)vii,i.ES out ensuite cte distribuees aux artistes dont les non^s suivent : Peinture. — MM. Adam, Jugustin (Mi™), fleaiiine, Bellange , Belhij, Blanchard (MUe) , Boisselier , Bonington , Brune , Clesian, Chamjiiii , Coignet , Colin, Cop lej -Fielding, Dassy, Delaroche jeune, Didier (M'l'e), Duchesne, Diipre, Duvidal (M'le), Flenry, Frostc , Gas- ton, Gilbert, Girardin, Gosse, Godefroi{Wie), Giidin, d'Hervilly (W^") , Hollier, Isabey fils, Jacquand, Knip , Lami , Leclerc (Ml'el , Lecomte , Leprince (R.-L.), Leprince (C. de Crespy), Meillan, Millet, Monthe- lier, Mouchj, Navez, Olry, Osterwald , Pagnicrre (M")e Ve), Pastier, Pan de S- Martin, Perigrion , Petit'Jean (M™'') , Piiigret , Quinart, Re- natidin (Mme), Revetchon, Ribault (W^<' ) , Ricois , Rioiill , Robert, Roqueplan , Roiiillard (M'^«) , Sambat (M""), Saint-Evre , Stqtieira , Sigalon,S.-Orellx, Taylor, Tournier, Trci'erret {M.^^<-), Van Ri.ambiirgh, VerboecAhoven , P'illeneiive. Sculpture. — MM. Bongron, Dnntan , Elshoecht, Fes sard, Pigalle, Tiolier, Vielty. Gravure. — MM. Caron, Caunois , Chdtillon, Gamier, Gatteaiix , Gelee , Leisnier, Lemaitre , Leroux,Rey, Six denier s , Texier, Thompson, Willemin. LlxHoGRAPHlE. — MM. Aubrj-leComte , Honnemaison , Grevedon , Jacob, Jf'eber. M. Desnojers a ete iiomme premier graveur du Roi. Pour completer ce tableau, j'ajouterai que le ministire de la niai- son du Roi a achete qiiaranle-cinq tableaux et treize sculptures , et que de nouveaux travaux ont ete commandes a trenle peintres et a quinze slatuaires. Parmi les artistes aiixc[iiels des recompenses ont ele accor- ^ees, il eu est que je n'ai pas nommcs dans le conipte que j'ai EN 1824. 335 rentlutle I'Exposition; d'abord, plusieurs n'avaient pas expose : tels sont, entrc autres , MM. CarUdlier ct Redoute, nommes , I'lin officier, et Tautre chevalier de la Legion d'honneur ; ensuite, il m'a ete impossible de mentionner tons les ouvrages meme estimables, tant le nonibie etait grand ; enfin, les litres de quel- ques-uns pourraicnt etre contestes, niais je me donnerai bien de garde de les nommer; a dieu ne plaise que je Yeuille trou- bler la joie du triomphe! Nul doute qu'on n'ait voulu repandre les faveurs royales avec prolusion et encourager grandement les arts du dessin. Je crois que c'est diminuer le merite des graces, que de les accorder trop facilement, et que, de cette nianiere, on attenue au lieu d'exciter I'emulation ; niais je puis me tromper, et je laisse les lecteurs juges du merite de cette observation. Quoique M. Lawrence n'ait expose que deux portraits, je troiive que Ton a eu raison de lui donncr la croix d'honneur. Il est evident que c'est au president de 1' Academic de Londres qu'elle a ete accordee , et que Ton a voulu honorer toute I'E- cole anglaise dans la personne decelui qui en est le chef; mais je regrette que Ton n'ait pas accorde de medailles a M. Ranch, sculpteur prussien, quijonit d'une grande reputation en Alle- mague, ainsi qu'a M. Amsler , graveur allemand, dont le ta- lent est fort remarquable (1). P. A. (i) L'exposition comprend aussi des dessins d'architecture dont je n'ai point parle. Je ne voudrais pas que Ton put, a cette occasion , me reprocher une indifference d'autant plus blamable , que cette par- tie des arts du dessin est cultivee en France, et surtout a Paris , avec un succ6s non coiiteste ; je vais done faire connaitre les motifs de men silence. — La veritable exposition des architectes , ce sont les edifices eux-m4mes : mettre auSalou les elevations et les plans des monumens executes, ou des projets qui peut-^tre ne se realiseront jamais , c'est, dans le premier cas, montrer ce que Ton connait , et, dans le second , donuer des preuves d'une habilete plus ou moins grande a disposer S36 NOTICE NfiCROLOGIQUE SUR GIRODET, Pftiotre d'histoire , membre de rinstitut, officler de la Legion d'lionnetir, chevalier de I'ordrc de St. Michel. Un peintie done d'lin genie extraordinaire \ient de niourir; la douleur publiqne a ete vive et profondej ses eleves et ses amis sont inconsolables ; organe des regrets communs , que jc voudrais adoucir, je vais rappeler les litres de gloire et les qualites privees de I'homme ceiebre que nous plcurons. GiRODET [Anne - Louis) naquit a Montargis, le 5 Janvier 1767 (1). II dut le jour a des parens qui appartenaient a la classe des masses , a arranger des lignes; mais j'avoue que je n'ai pas ose discuter des projets ; 11 y a toujours iiii peu d'aridite dans une dis- cussion de cette nature , et comme cette discussion reposeralt sur une eventuality, on aurait pu la juger inutile. II est une autre sorte de dessins exposes : ce sont ceux qui dolvent entrer dans des ou- vrages que Ton publie. Ceux-cl out un interest positlf; j'aurals done du parler des dessins que M. G.vu a fails tani en Tiiibie qu'a Jerusa- lem. Nous acqultterous notre tAche envers eel artiste en parlanl de nouveau (voyez Rev. Enc. , t. xiii el xvii, p. 878 el i55), de son Voyage en Niibie, auquel le rainistre de I'lnterleur vienl de souscrire pour aS exemplaires. Quant a M. M\zois, nous avons deja consacre un article a I'ouvrage Intitule : Riiines de Pompei (voyez Rev. Enc. , t. XVII, p. 638 ) , dont il a expose plusieurs parties, el nous y revlen- drons. — M. Lebas aurait blen inerile aussl que Ton parldt du projet qui a obtenu le prix au concours pour I'eglise que Ton va Clever dans h faubourg Montmartre ; mais 11 me semble que je feral une chose plus agreable pour les lecteurs el plus complete pour les architectes , en consacranl un article special a Fensemble des mo- numens executes a Paris depuis dix ans , et a ceux qui sont main- tenant en cours d'exccution. La Bourse en fera necessairement partie. (i)Son pere elait directeurdes domaines de M?|' le due d'Orleans; sa mere, nee Corkier , ctait fille d'uu bauquier expcdilionnaire en la conr de Rome. — Le Portrait de Girodet est joint a cette Notice. NOTICE NlfeCROLOGIQUE SUR GIRODET. SS? moyemie de la soci^te ; ce fut unc circonstance heiireuse : no dans les rangs inferieurs, ses 5,'randes dispositions auraient pu ctre etouffeeSj et, s'il avail appartenu aiix classes elevees, sa position sociale raurait probablenient detouriie de sa voca- tion. Deja meme, le jeune Girodet cut a combattre les intentions de ses parens qui le destinaient a la cairiere militaire; mais ses instances furent si vives, son penchant si marque , qu'ils ce- deient, ct la peinture fit une des. phis grandes conqiietcs dont elle puisse so glorifier. A treize ans , pendant le cours de ses etudes , il fit le portrait de son pere ; a 11 ans, il gagna le grand prix ; il etait alors dans I'ecole de David , oil ses progrcs avaient ete immenses (i). Maintenant, I'avenir se montre a ses yeux brillant d'espe- rances et degloire; les succes de Drouais dont le tableau I'avait si vivementfrappe; I'idee de fouler le sol de I'ltalie, cette terra cherie des esprits eclaires , ou les nobles productiotis des arts se melent a une nature grande et pittoresque, vinrentimprimer a un esprit delicat ct sensible, a un coeur ardent et passionne , I'impulsion la plus vive et la plus forte. II part, et ses emotions qu'il rcvele a son tuteur, depuis son pere adoptif, prouvent qu'il sent avec cette force et cette vivacite qui sont les indices du genie, s'ils nc sont pas le genie hii-nieme. Arrive a Rome , pour remplir I'obligation qui lui etait iniposee, comme pensior- naire, de faire une figure d'etude, il cree un chef-d'oeuvre, le Sommeil d'Endjmion ; et les professeurs de I'ancicnne Acade- mic , auxquels les productions de David avaient deja montre quelle etait la route qu'il fallait suivre pour arriver an beau , (i) David a dit plus tard , en parlant de Girodet , que c'etait son plus bel ouvrage. 338 NOTICE NECROLOGIQUE (Icmeiirent slupofaits en voyaul dans lo premier ouvrago tl'un jeune honimo ce qu'un sentiment vif dc la belle antiquite ct la poesie des arts peuvent prodiiire de plus enchanteur (i). Girodet vent donner un temoignage de sa reconnaissance k M. Trioson dontil avail recu des soins aussi tendres qu'eclaires pendant sa jeunesse, et il compose pour lui le tableau d'Hjp- pocrate refusant les presens que lui. of front les envoyc's ilu rot de Perse (2 ). Quelle noblesse dans cette figure du modecin grec ! Quelle varicte dans I'expression des personnages qui composent cette admirable scene! Quelle est touchante et vraie la douleur de ce jeune liomme qui verse des larmes, en perdant Tespoir d'a- mener pres de son pere celui qui seul pouvait le guerir ! Pour que rien ne manquat a cet hommage , Girodet se place lui- meme dans le groupe derriere Hyppocrate , et les arts doivent, ainsi, an mouvement d'un coeur reconnaissant , uu chef- d'oeuvre et les traits dc celui qui en est I'auteur. A cette epoque (^ 179a), les evenemens qui avaient ebranle la France jusque dans ses fondemens, commencaient a agiter le reste de I'Europe; oblige de quitter Rome, il se rend a Naples, bravant les poignards dont s'armait la haine du nom francais, parcourt en revenant diverses parlies de I'ltalie , arrive a Genes, et y tombe malade. M. Gros, son ancien ca- marade, alors offider d'etat major, depuis son emnle et son digne panegyristc, informe de cette nouvelle, accourt pres de Ini et lui prodigue les soins les plus emprcssC's. Rentre en (i) Ce tableau a ete grave par M. Chatillon. M. Anbry-le-Comte a lithographie les t^tes des deux figures dans la irK'trie dimension que I'original. (2) Grave par M. Massard. Ce tableau a ete legue par M. Trioson a I'Ecole de medecine oil il est inaintenant. SUR GIRODET. 3?.9 France, Girodet resta plusieurs annees sans offiir aiix regards du public d'aiitres ouvrages que des portraits dans lesquels il niontrait toute la puissance de son taleiit ; mais il travaillait en silence, et c'est de cette epoque que date wie partie des com- positions admirables dont je parlerai plus tard. Ce fut aussi pendant ce meme periode de terns qu'il se vengea d'une in- sulte faite a ce meme talent, par un tableau qui a acquis une trop grande celebrite pour qu'il me soit permis de le passer sous silence. Dans cet ouvrage il deploya tout ce que I'amour- propre, justcment irrite, peut , lorsqu'il est seconde par un esprit superieur, inspirer de plus energique et de plus san- glant. C'etaitle genie, arme du fouet de la satire; mais Girodet avait I'ame trop belle pour etre anime long-tems d'un pared sentiment, et, depuis, il a regrette jusqu'au succes qu'il avait obteuu. Vers la fin du dernier siecle , une cii'constance particuliere fournit a cet artiste roccasion de montrer toute la richesse de son imagination. L'homme celebre qui presidait alors aux des- tinees de la France, aimait passionnement les poesies d'Ossian. Deux eleves de David, deux emules , deux rivaux de gloire furent charges d'executer chacun un tableau dont le sujet se- rait choisi dans les chants du barde ecossais. Gerard et Giro- det deployereut tous deux un grand talent. La composition de Gerard , empreinte de cette sorte de melancolie sauvage qui caracterise le poemc ou il avait puise son sujet, se faisait dis- tinguer autant par la sagesse et I'habdete de la disposition que par le charme de I'effet. Girodet y vit une occasion de rappro- cher et d'illustrer a la fois le courage des anciens Scandinaves et celui des guerriers francais , et il le fit avec une verve et une fecondite extraordinaires. Qui n'a garde le souvenir de ces belles teles de bardes, de ces jeunes filies, pleines de grace et de pudeur, de cet accent male qui anime les figures des he- 3/,o NOTICE NECROLOGIQUE los francais (i)! Sans doute on pouvait trouvor, ca et la, (jiielquu exagoration , peut-etre nicnif quelquc bizaricrie ; niais, ce repioche, on pourrait aussi I'adresser an Dante , ii Michel-Ange , a Shakespeare ; c'est quele {^enie, indigne des entraves qu'on oppose a sa marche , franchit les limites et s'onvic des routes nouvelles, on quelquefois il s'cgare. Pendant que la mediociite jalousc , signale les defaiits et reste insensible aux beantes de cetouvrage, que tous leshoni- mes dc gout admirent, notre grand peintre s'est cnfeimc dans son atelier. Les jours ne suffisent pas a son imagination bru- lante ; les nuits , pendant qu'une foule k'gere et folatre se livre aux dissipations qu'offre une ville , ivre de plaisirs, Girodet, seul avec ses pensees , transporte sur la toile la conception la plus pathetique, la plus terrible que la peinture ait enfantee. Enfin , il a depose ses pinceaux et il admet ses eninles, ses amis , a voir une Scene du Deluge. Ici , I'artiste semblait s'etre ins- pire du genie sombre du Dante et avoir voulu developper les parties les plus importanteset les plus elevees de son art. Une famille, poursuivie par les elemens en furie, est sur le point d'echapper aux ondes qui la menacent; les malheurcux gravissent des rochers, ils vont etre hors de danger. L'ame de cette action , celui qui est tout k la fois fils, epoux et pere des elres qui I'entourent et qu'il eutraine, a saisi une branche a laquelle il s'attache pour faire un dernier effort. La branche rompt, et les infortunes retombent dans le gouffre. Le public , sous les yeux duquel cette production fut mise, au Salon de 1806 , n'etait peut-etre pas en etat de sentir tout ce qu'elle contenait de savant et d'eleve ; mais il fut vivement emu par le caractcre de la scene. Les connaisseius applaudirent avec (i) Les teles de ce tableau ont ete lithograpliiees par M. Aubry- le-Cotnte, et fonnent une .suite qui a paru en deux cahiers. SUR GIRODET. 34i » enthousiasme a la vue de ce tableau ou le pelntre avait reuni, comme pour surmonter toutes les difficultes de son art, ct montrer I'elendue de sa science, un vieillard , un homme dans la force de I'age, ime femme jeiineet belle et des enfans; et dcs lors , Girodet fut , daus leur opinion , au premier rang de I'Ecole franraise (i). Deux ans apres , un tableau d'un autre genre vint mettre le comble a sa rejmtation. Ici, tout le monde fut d'accord, et la critique fut rediiite au silence. On salt dcja que je veux parler des Funerailles d'Alala. Get episode toucliant d'un poeine qui avait mis son auteur au premier rang de la litterature, etait bicn digne d'occuper I'imaginalion reveuse, tendre, melanco- lique de notre grand peinlre. II fut sublime, parce qu'il fut simple et touchant, savant sans recherche, noble sans affecta- tion. Depuis ce moment, la gloire du peintreet celle du poete sont devenues inseparables : en lisant le poeme, on a le ta- bleau sous les yeux; comme , en voyant le tableau, le poete et toute la richesse de son imagination se representent a I'es- prit (2). Nous voici arrives a une epoque celebre oia la place que Girodet devait occiiper dans I'Ecole lui fut assignee par ses pairs. Deux decrets des a/j fruolidor an xii, et.28 novembrc 1809 avaient iostitue des prix decennaux. Les chefs-d'oeuvre des lettres, des arts et des sciences devaient rccevoir, avec une solennite extraordinaire, des courounes et des recompenses ; les beaux terns de I'ancienne Grece allaient se renouvoler : ce (ut une deception. Les rivaux furcnt mis en presence, les (i) David dit , en voyant ce tableau, qu'oii viendrait un jour I'eludier, comme on etudie les ouvrages de Michel-Ange. (2) Ce tableau a ete grave successivement par MM. Roger et Massard. T. XXV.— Fevrier iSaS. ^5 34a NOTICE N^CROLOGIQIIE juges till combat prononcijrent; niais il n'y eut ni recompenses, ni couronnes. Dans cctte lutte, le niaitre et I'olevc entrtirent en lice; Vne Scene de Deluge I'emporta sur /pa- Sabines , et le grand prix de pcinture historique fat decerne a Giioilet par le jury et par la classe dos beaux-arts. Ce fiit uiie chose digne de remarque : les deux athletes purent se glorificr; Girodet, de I'avoir emporte sur son niaitre j David, d'avoir produit un tel eleve. La Reddidon de Vienne concounit aussi , et obtint, dans la classe des tableaux donl les snjets etaient empruntes a I'histoire de France, una mention honorable: c'etait un tableau coniman- de. Ce fut aussi un tableau commande que la Jlefolte dii Caire. Dans le premier, on retrouvait deux des caracteres particu- liers du talent de Girodet : la purete du dessin et la force de I'execution; mais le dernier fut concu et execute avec une chaleiir, une verve, un elan inexprimables. Cette scene offrait des circonstances heureuses pour la pcinture ; des nuds, de beaux caracteres de tetes, des draperies riclies d'effets, des oppositions fortes : le peintre ne laissa echapper aucune occa- sion de faire briller son talent. Quel bel episode que celui de cet Arabe nu, qui soutient dans I'un de ses bras le (ils du pa- cha expirant, tandis que, de I'autre , il leve son cimeterre pour se defendre contre le Francais qui I'altaque ! Que ce fils du desert a de fierto dans la pose, dans I'exprcssion , dans les mouvemens ! comme la mort se repand rapidement sur la fi- gure du jeune Osmanli qu'il soutient! quelle douceur et quelle finesse dans ses traits deja decolores ! et tout pres de la, avec quelle energie la frayeur et la rage sont peintcs siir le visage de cet africain, a moilie renverse, qui purte a sa main la tete d'un Francais, digne trophee de son courage barbarc! quelle beaute de caractere dans cette meme tete ! Mais, il faut aussi faire la part de la critique. On a trouve que ce hussard qui s'elance, le sabre a la main, occupait une trop grande place SUR GIRODET. 343 dans le tableau, relativement a I'importance du personnage, et que son mouvement avail quelque chose d'exagere , de des- ordonnc. Ce reproche n'est peut-ctre pas sans fondement; mais ce tableau n'ctincelle pas moins de beautes de premier ordre. Maintenant, il s'ccoulera encore un long espace de terns, avaut que nous ne voyions paraitre un nouvel ouvrage de Gi- rodet, si ce n'est toutefois cette belle tete de vierge, que Ton jugea digne et qui etait digne en effet d'etre attribuee a Ra- phael ; tant les nioindrcs productions de cet artiste avaient un caractcre eleve (i) ! Enfin, peu de jours avant la cloture de I'Exposition de 1819, parut le tableau representant Pjgma~ lion et Galatee, C'etait un hommage a la sculpture dont il avait voulu montrer la puissance ; je crois meme que cette idee lui avait ete inspirce par son estime particuliere pour le caractere de Canova. Rien u'etait pluspropre jimanifester la pensee du peintre que cette fable ou I'amour realise I'illusion du genie qui croit voir son propre ouvrage s'animer sous ses doigts. Lui- meme semblait avoir donne une seconde fois la vie a Galatee. Dans cette nouvelle production, comme dans la plupart des autres creations de Girodet, il etait facile de faire la part des critiques et la part des eloges. Les esprits detracteurs de ce grand talent ne s'attacherent qu'a ce qui pouvait donner lieu k quelques observations; mais les artistes que leur amour de I'art eloignait de toute prevention , et les honimes eclaires, fu- rent transportes par la beaute de cet ouvrage. Le public, si bon juge en masse , parce qu'il se livre sans reserve a ses im- pressions, donna les plus grands eloges a cette belle figure de ferame nue 011 les contours les plus fins et les formes les (i) Mni^ Jaquotot a reproduit cette belle vierge siir porcelaine et en a fait hommage a I'auteur , qui mettait beaucoup de prix a cet ouvrage. 3U !VOTICE NitCROLOGIQUE pins pures son t i-cniliis avco iine .Irlicalesse do pinceau inex- piimable. Dcpiiis cetle t'poqite, Girodot semblait avoir renonco a la pcintiire. Les fatigues inouics que liii avait causees son dernier tableau, !a maladio jjiravc qui en avait ete la suite , le delabrc- ment de sa sante, cette sorte de fievre qui s'emparait de lui , lorsfju'il etait domine par son imagination, et qui I'avail conduit plusieurs fois anx portes du tombeaii, ne juslifiaient que trop ectle determination et semblaient kii interdire de se livrer a une nouvelle entiepiise. Tout a coup, il se raninie; sur la de- mande du ministere de la maison du Roi, il execute et envoie an Salon deux portraits de Vendeens qui viennent consoler les regards des connaisseurs , affliges par la vue d'une foule d'ou- vrages oil les principes de I'art sont foulcs anxpieds. II fait les esquisses de deux tableaux qui doivent, dit-il , terminer sa carriere : il dit , et la mort vient glacer pour jamais cette main qui a produit tant de chefs-d'oeuvre. Sa maladie fut courte , mais douloureuse ; au premier bruit de cette nouvelle, ses eleves et ses amis viennent I'entourer ; tout Paris accourut s'in- former, avec anxiete, de la sante du grand artiste qui faisait la gloire de la France. Helas ! I'invasion du mal avait ete bien prompte , et deja il se montrait sous les caracteres les plus alar- mans. Une operation cruellc fut jugee indispensable, mais avant de la supporter, Girodct voulut remonter dans son ate- lier : la, elevant les mains au ciel , il prononca, avec I'accent dc I'emotion la plus dechirante , un eternel adieu a ses chers tableaux. Peu de jours apres, toule esperance s'evanouit. II eut le bonlieur d'etre console et assiste dans ses derniers instans par M. I'abbe Feutrier, cure de la Madelaine, dont la charite et la bienvcillance cgalcnt les lumieres et I'tlevation de I'esprit. Pen- dant lout le terns que dura ccltc triste et imposante ceremo- o'l-i , nous etions a genoux , entourant le lit oii deja la mort se SUR GIRODET. 545 montrait sous son horrible aspect; peu d'htures apres , Girodet n'etait ])lus (i). Los ubseques furcnt dignes d'un si grand artiste; I'affluence etait immense. Le grand ecrivaiu qui avail celebre Ic getiie dii chrislianisme, vint rendre les derniers devoirs au peintre d'Atala. Ce fut lai qui placa cur le cercucil les insignes du grade d'officier de la Legion d'honneur que le roi avail accorde a sa niemoire. M. le comte de Forbin, directeur general des Musees, rAcadeuile des beaux-arts, un grand nombre de men - bres dos autres classes de I'lnstitut , M. de Huadxudt, M. Berlin et beaucoup d'aulrcs personnes distingiiees y assisterent. Ses eleves avaienl resolu de porter ciix-niemes le corps do leur maitre ; ceux des autres ecoles concoururent a Ini rendre cet honneur, et ils le firent avec unc emulation de sentimens qui fut sou vent reniarquee. Le cortege, compose de plus d'un millier de personnes a pied, et suivi d'un Ires-grand nombre de voitures, etant ar- rive au cimetiere du Pere La Chaise et le corps ayant ete place dans sa derniere demeure, plusieurs peisonnes priient succes- sivenient la parole. M. Becquerel, parent et ami de Girodet, exprima ses regrets eii tennes simples et touchans; M. Belloc, peintre et eleve d'une autre ecole , prenant mission de sa dou- leur et de son admiration, deplora avec une chakur remar- quable la parte que les arts et la France venaient de faire ; enfin , M. Garnier, au noni de I'Acadcmie des bcanx-arts, et M. Raoul Rochette, comme niembre de I'lnstitut, prononcerent deux discours qui furent ecoutes avec I'attention la plus sou- tenue. D('j;i Ton commencaita recouvrir de terre la dtpouille nior- tellc de I'homme celebre dont on venait de rappeler les ou- (:) 1! est moit a Paris , le 9 decembre iSj.j , a 9 hemes el deuite du soir. 346 NOTICE NECROLOGIQUE vrages et la gloirc , lorsque M. Gros, ccdant h iin besoin de son coeur, prit la parole a son tour. I! parla de celui qui avait ete son condisciplc, son omule, son ami, avee la chaleur la plus entrainante. II peignit a grands traits le talent si extraor- dinaire de Girodet. II dit, a plusieurs reprises, et avec I'accent de la plus intime conviction, qu'en s'ecartant de la marehe tracce par Girodet et par David, I'ecole s'egaraitet se perdait; il conjura les jeunes gens qui I'ecoutaient de suivre leurs traces, et signala, comme enfantes par iin faux systome, ces chefs- d'oeuvre improvises, exposes au Salon, ou I'ou semblait vouloir bien plus gagner le prix de la course qu'atteindre le veritable but de Tart. II regnait un desordre inexprimablc dans ses pa- roles; mais sa voix etait emue et cependant jiuissante : il produisit une impression profonde; trois fois dcs acclamations vinrent I'interrompre. Ce qu'il y avait d'honorable dans cet eloge, sorti de la bouche de M. Gros, fut vivement senti et ap- plaudi. Lui-meme, il rappela que soiivent on avait voulu clever des nuages eiitre lui et Girodet; mais que, toutes les fois qu'il s'etait rapproche de son ancien ami, il avait netrouve son coeur tout entier. C'etait louer a la fois I'homme et I'artiste, comme il meritait de I'etre ; aussi renthousiasme qui s'etait manifeste toute la journee avec tant de force, fut-il porte a son dernier degre par cette improvisation, et la gloire de Girodet sembla grandir, dans un instant, de tout ce que pouvaient y ajouter I'estime publique et le suffrage d'un homme d'un aussi beau talent. Lorsqu'il eut fini, M. Gros, ainsi que les eleves et les amis de Girodet, deposerent sur sa tombe les couronnes qu'ils avaient tenues a la main pendant tout le terns de la ceremonie. Qui de nous, en donnaut au peintre celebre qui venait de s'e- teindre ce dernier temoignage de notre admiration, ne sentit pas ce serreraent de coeur qui accompagne un dernier adieu ? liOrsqu'en 1819, une couroime fut posee sur la Galatee, c'etait SUR GIRODET. 3.47 un terns de gloire, de joie, de bonheur; maintenant, tout etait fini, excepte le souvenir que garderont ses amis et radmiration dont ses ouvrages seront constamment Tobjet. J'ai parlo jusqu'ici del'artiste; et cependant,il s'en faut de beaucosip que j'aic nomine tous ses ouvrages. Je n'ai point rappele ces compositions piiisees dans I'Eneide et dans Racine, et qui sont jointes aux belles editions imprimees par M. Didot; j'aurais du mentionner ces charmantes figures des Saisons executees pour le roi d'Espagne, et dont il existe des repeti- tions a Compiegne; une Danae , figure entlerement nue ou la grace et la finesse de I'execution se joignent a tout ce qu'un esprit dclicat peut produire de plus aimable (i). Blais, ce qu'il serait impossible d'enumerer, ce sont les compositions admi- rables dont ses portefeiiilles sont remplis , et qui accroitront d'une maniere etonnante sa reputation , lorsqu'elles seront connnes. Je designerai sciilement cinqitante sujets environ, em~ pruntes a Anacreon, graves par M. Chatillon, eleve et ami de Girodet , et qui allaient etre publies , lorsque la mort est venue tout arretcr ; a peu pres deux cents compositions puisces dans Virgile, autres que celles dont je viens de parler; les sept chefs dei ant Thebes , grande et magnifique scene dans laquelle le peintre francais a dispute la palme au poete grec ; les amours des dieu.r ; une Pandore ; la naissance de Kenus ; Venus im- plorant Jupiter pour les Troyens , et une foule d'autres choses non moins belles, non moins interessantes, tirees de Sapho, Itloschus, 3Ju\ce, et des tragiques gj-ecs , dans lesquelles il a repandu tout ce qu'il y avait de grace, de sentiment, d'eleva- tion dans son talent; ou , livre a lui-meme, et n'ayant point a s'occuper de I'opinion dii public et des autres, il s'est aban- donne a son genie createur et poetique. (r) Cetle figure a ete lltliographiee par M. Aubry-le-Comte, avec quelques ihangemens faits par lepcinlre lui-m^me. 548 NOTICE N^CROLOGIQUE v II me reste h faire connaitre riiomme prive, et je n'ai point a craindre de soulever le voile et de dccouvrir qnelques-unes de ces passions honteuses qui deshonorent qiielqnefois le ta- lent. Jamais Tame de Girodet n'a cprouve que des sentimens honorables; il sentait I'amitie avec toutc I'effusion d'un coeur sinccro; place i\ la sommite de son art, il savait dc'-couviir et faire valoir ce qu'il y avait de bien dans les productions les plus mediocres; mais, ne sensible et des lors irritable, les cri- tiques qu'il ecoutait avec une patience admirable, lorsqu'elles etaient inspirecs par un sentiment eelaire et bionveillant, le mettaient hors delui, des qu'ellcs lui paraissaient dictees par I'ignorancc ou par Tenvie. Il etait dans un etat habitucl d'agi- tation ; ses regards penetrans et rapides annoncaient assez la mobilite et la vivacite de son esprit; sa conversation, pleine de charme et d'interet, surprenait toujours par des tours nou- veaux, empreints de I'originalite la plus piquante, et par des apercus qui decelaient sa profondc sagacite. Nourri de I'ctude des lettres et des auteurs anciens, il laisse des fragmens d'une imitation d'A.nacreon, un poeme sur les delices de la peinture et plusieurs autres manuscrits. Tel fut Girodet. Ses ouvrages ont (iiit I'admiration de ses contemporains, comme ils feront celle de la posterite ; mais, pendant la durce de cette vie si agitee, si rcmplie, a-t-il connu le bonheur? II n'est pcut-etre pas donne au genie d'etre licu- reux. Homere, Virgile, le Camoens, le Tasse, Racine, sont la .pour nous repondre. Ils ont eprouve des niomens d'ivrcsse; mais les palmes de la gloire coutent bien cher, car elles por- tent avec elles le trouble, les sombres inquietudes, et ce noir venin que distille la jalousie. C'est ce qui a fait dire a M- de Fontanes : Vivans , la baine les decliire, Et ces dieax que la t»ire admire Ont pcu eompte de joins seiciiis. SUR GIRODET. 349 II restait aux eleves de Girodet un dernier devoir a rem- plir envers leiir maitre : ils le rempliront. lis se proposent de publier son ceuvre; la, ils doposeront le souvenir qn'ils ont conserve de ses lecons, de ses pensees inlimes sur I'art qu'il a illustre, de tout ce qui sera propre, enfin, a faire connaitre, dans son enticr, le grand artiste qui vient de s'eteindrc. L'amitie qui nous lie , ccUe dont Girodet m'honorait me font esperer que je serai charj,'e de tenir la plume. On croira, sans peine, que chacun do nous s'efforcera de reudrc ce monument digne de rhommo celebre auquel il sera consacre. P.-A. CoupiN, L'un des Rcdacteurs de la Revue Encyclopedlque et du Kitnst- B!att {Journal des Arts) public a Stuttgart ; membre des Socieles de la Morale chrelienne et de Ciographie, II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Recherches sur les ossemrxs fossiles, ch Von retablit les caracth-es de phuicurs animaux dont les revolutions du globe ont dltmit les especes ; par M. le baron G. CuviER, etc. (ij. Le cinqiiieme volume de ce grand ouvrage vient de i)a- raitre : mon illiistre confrere, BI. le baron Cuvier, vient de terminer le bean monument qu'il avait entrepris d'elever. C'est une immense pyiamide sur laquelle il a inscrit les noms desdifferentesespeces d'animaux fossiles; etcette restauration, si importante pour le progres des sciences, honore d'autant plus son auteur, que c'est lui qui, aide des lumieres de I'ana- tomie comparee, a recree, pour ainsidire, ces especes, en rapprochant leurs debris, en reformant Icurs diverses parties, en leiir rendant kurs proportions, leurs traits, leurs organes et leurs armes. Nous avons , il y a trois ans, entretenu les lecteurs de ce re- cueil [y.Rcw Enc.,t. xxiii, p. ago-Soi), du discours preliminaire dans lequel Tauteur a expose son but , les difiicultos qu'il avait surmontees , les succes qu'il avait obtenus, la melhode qu'il avait suivie pour presenter el prouver ses ducouvertes , les consequences que Ton devait tirer de I'existence, dans des ter- rains plus ou moins anciens , d'animaux niarins, ou d'eau douce, ou terrestrcs, et les grands rapports qui lieut la pre- (i) Paris, 1821 , i8aa, iSiS, 1824; Dufour et d'Ocagne. 5 vol. Jii-4. Prix ^3o fr. SCIENCES PHYSIQUES. 35 1 sence de leurs debris avec les catastrophes du globe, et avec les grands changemensopcres dans la croute de la terre par la violence des mers, dcs volcans et des anlres agcns de la na- ture , oil par I'aclion lente ct regiiliere des eaux douces ou salees. Nous avons parle ensuite des differentesespeces d'clcphans, dc mastodontes et d'hippopotames, dont les ossemens ont ete trouves dans dcs alluvions plus ou moins anciennes , ct dont M. le baron Cuvier a donne, dans son premier volume, des descriptions exactes, completes, et dues an soin extreme avec lequel il a compare ces ossemens enfouisdcpuis tautdesiecles, avec ceux des elephans et dcs hippopotames qui vivent encore sur le globe , et avec les lois de conformation et de correspon- dance auxquelles la nature a soumis les differentes portions et les divers organes de tons les animaux. Parcouronsrapidement , aujourd'hui, les second, troisieme, quatrieme et cinquieme volumes, et marquons les nouvelles decouverles que M. Cuvier a exposees. Dans la premiere partie du second volume, I'auteur , tou- jours fidele au plan qii'il s'est trace, donne la description de toutes les espcces de rhinocei'os, de lophiodons, et d'autres animaux voisins de ces mammiferes, dont on a trouve des de- bris dans le sein de la terre. II eutre, a ce sujet, dans les plus grands details, prouve rigoureusement la justesse de ses res- taurations , en les faisant preceder par I'exposition la plus eten- due et la plus exacte des caracteres distinctifs des rhinoceros encore vivans, et complete tout ce qu'il avait a dire sur les pachjdermes , ou quadrupedes rcmarquables par I'epaisseur de leur peau. M. Cuvier voulant ensuite rendre ses observations plus pre- cises, ses reflexions plus importantes, ses consequences geo- logiques plus claires et moins susceptiblcs de contestation, imagine de montrer avec ordre les differentes conches placees 35a SCIENCES PHYSIQUES, les uues au-dessus des autres dans les terrains secondaires ou tertiairesdontdifferenslitsrenfermentles ossemens desanimaux que son ouvrage est destine a faire connaitre. II prend pour exemple les terrains que Ton voit autour de Paris, ct qui com- posent le fond et les Lords dii bassin ou coulcnt la Seine, la Marne , I'Oise, et plusieurs autres rivieres, et qui s'etend de- puis les environs de Beauvais, de Compiegne ct de Soissons, jusqu'a ceux d'Etampes et de Fontainebleau , et depuis les environs de Mantes ct de Gisors , j usque vers Nogent-sur- Seine et Chateau-Thierry. II a parcouru et ctudie ce bassin , avec son digne etcelebrc coUaborateur , M. Alexandre Bron- CNiART , de rAcademie royaledes sciences. II compte et decrit les divers terrains qui se succedent, depuis la craie marine, dont le giscment est le premier qu'il soumelte a son examen. II voit , au-dessus de cette craie , le premier terrain d'eau douce', et y montre Vargile plastique et le lignite. II trouve ensuite le calcaire grassier, et les gres coquillers qui accompagnent ce calcaire , et il remarque ce nouveau tra- vail de la mer qui, par une nouvelle irruption, a reconvert \ argilc plastique et le lignite, ces produits des eaux douces venues apres les eaux salees. Le calcaire siliceux se montre au-dessus de ces gres marins et du calcaire grassier; et au-dessus de ce calcaire rempli de la matiere siliceuse qui parait y avoir penetre de toutes parts, est le gypse ou pierre a platre , nouvelle formation deposee par des eaux douces. C'est dans ce gypse que se montrent, aux yeux attentifs de I'auteur, les restes plus ou moins conserves avec lesquels il a reconstruit tant d'especes d'animaux qui n'existent plus sur le globe, et auxquels il a donne des noms, et assigne une place dans lachaine desetres organises. C'est dans les couches de ce gypse qui recAle les tresors de la science geologique, qu'il voit lespa- ieays, et, il faut I'a- vouor, dans toutes les contrecs de I'Europe. Partout on remar- que le meme encombrement des criminels et des prevenus, la memo negligence pour tout ce qui concerue leur vetement, Icur nourriture et I'eniploi de leur tems. Pendant que M. Bur- ton signalait ainsi ces abus, ime femmc respectable, M™« Fry, cut I'ldee vie visiter la prison de Newgale dont on lui avail 3G4 SCIENCES MORALES fait uu tableau peniblc. EUe y peiietra, ct en tres-peu de terns clle reussit h reformer les principaux vices qui y regnaient. Elle se trouva au milieu de trois cents fommes a inoitie nues, sans feu , sans lumieres , et dans une atmosphere d'une odeur repoussante. Parmi ces femmes , les unes etaient condamnees a mort; d'autrcs seulement prevenues, et toiites obligees de manger, de se laver, de dormir dans la meme salie. Mme Fry parut au milieu de ces etres depraves comme un ange tutelairc qui venait h la fois les arracher a la misere et a la depravation. Elle reussit completement dans sa louable enireprise ; mais il faut avouer cependant que ses efforts et ceux de M. Burton se seraient bornes a quelques prisons, si leurs succes n'avaient pas mis sur-le-champ en action le grand mobile de la prospe- rite et de la richesse de I'Angleterre, V esprit d'asxociation , qui est toujours la pour remedier i tons les maux et creer tons les bicns. Une Societe s'organisa pour V amelioration des prisons et la rcforine des jeunes criminels. Cette societe se niit sur-le-champ en rapport avec le gouvernement qui, dans cet excellent pays, secoude toujours les intentions louables dcs particuliers. Bien- tot , un acte du parlemcnt fut rendu pour changer complete- ment tout le systeme. Le preambule de cet acte etablitl'impor- tance, non-seulement d'ameliorer I'etat des prisons et le sort des prisonniers , mais encore de tout faire pour les amener au Lieu. II prescrit, entre autres regies, que partout les prisonniers des deux sexes doivent etre sepaies; que les prisonniers pour dettes, on pour des proces civils, ainsi que les preveuus, ne doivent jamais etre confondus avec les coudamnes ; que les femmes dctenues ne doivent etre gardees que par des femmes; que partout il doit etre fait des dispositions pour fournir du travail aux prisonniers , pour etablir parmi eux des ecoles et les entretenir dans des lectures favorables a la morale et a la religion : il prescrit la nouvellc forme des prisons, ou toutes ET P0LITIQUE;S. 365 les ameliorations connues pourraient etre appliquees. Malheu- reusement, les juridictions particulieres et locales en Angleterre ne permettent pas de comprendre tout le pays sous la meme legislation. II y a, en Angleterre, 170 villes ou bourgs qui ont le droit de justice criminelle, et dont les prisons, au nombre de 170, renfermcnt plus de 16,000 prisonniers incarceres dans une seule annee. Cast ici que nous devons faire observer com- bien, sous ce rapport, le gouvernement central de la France est avantageux, quoique, sous d'aufres points de vue, il ait de graves inconveniens. Cette centralisation permet, pour ce qui concerne les hopitaux et les prisons, d'etablir de grandes ca- tegories , de separer les differens genres de delits ou d'intir- raitcs pour mieux remedier aux uns et aux autres. Aucune des 17 maisons de detention qui existent en France ne renferme moins de 600 a 700 prisonniers. Celle de Clervaux en contient 2,5oo, distribues dans d'immenses ateliers, les enfans et les femmes separes'et n'ayant aucun point de contact, meme dans i'hopital , ou regne la meme distribution. C'est en effet sur lui grand nombre d'individus qu'il est possible d'etablir un mode de discipline, d'instruction , de travail et d'ordre qui, autre- ment, ne. pourrait etre applique avec autant d'avantage et si peu de depense. Le rapporteur fait des voeux pour que les ju- ridictions particulieres adoptent les mesures generales, prin- cipalemcnt en ce qui concerne le travail force qui se trouve dans des proportions inegales, suivant les differentes prisons; jiar cxemple, a Saint-Alban et a Epswich, un prisonnier exe- cute par jour de 7 a 8,000 pas sur la roue a marcher, tread wheel [i), tandis qu'aGuilfort eta Reading, il en monte i3,ooo. (i) Pour avoir une connaissance exacte de ces machines , on doit lire les precedens rapports de la Societe de Londres et rexcellent ecrit public dernierement par M. le marquis Barbe - Marbois au^ sujet de la prison de Gaillou. (V. fieo. Erie, t. xx , p. 655. ) 366 SCIENCES MORALES C'est a cc sujot que rautour thi rapport repond aux objections qui ont ete faites coiitre I'usage de celte machine, et il passe en revue les differentcs prisons oii clle a etc introduite et les bons cffets qui en sent resultcs pour Ic moral et la santc- des prisonniers. On ne pcut mettre en doute qu'nn exercice mo- dtre ne soit salutaiie ct ne doive etre prefere a I'inaction pour les prisonniers qui ne sont pas susceptibles d'etre employes a d'aulres travaux. Mais cet emploi ne pent convenir qu'auxin- dividus qui ne peuvent se livrer a d'autrcs occupations; car il ne leur donne aucun talent, ni aucun moyen de gagner leur vie, au sortir de la prison. C'est un simple moteur qui a sans doute des avantages pour I'economie de la maison, pour rendre meme plus profitables les macliines que Ton voudrait y intro- troduire, mais qui n'a qu'unc influence momentannee sur les nialheureux qu'on y cmploie. II pent aussi di'generer en iiu grave abus, si Ton exige des prisonniers faibles un trop long exercice, et surtout si Ton y emploie les femmes, comnie on I'a fait dans quelques prisons. En general , le systeme de tra- vail profitable ne parait pas aussi bien etabli en Angleterre qu'en France , a I'exception toutefois des prisons de femmes oii les detenues sont partout utileraent employees. Elles doivent principalement cet avantage a une societe de femmes qui a des succursales dans presque toutes les villes et qui s'attache a tout ce qui concerne le travail. Ces personnes cliaritables met- tcnt le plus grand zele dans leurs fonctions ; elles vont meme jusqu'h visiter les vaisseaux qui transportent les condamnees a Botany-Bay. Chacun de ces vaisseaux qui portent un nombre considerable de detenues, est organise a la fois comme ime ma- nufacture et une ecole, de sorte que les detenues, apres leur lougue traversce, ont souvent appris a lire el a ecrire , et ont meme fabrique une certaine quantite d'articles qui leur sont d'un tres -grand secours a leur arrivee. Apres avoir rendu comple des ameliorations qui ont eu lien ET POLITIQXJES. 3^7 dans les prisons dcs trois loyaumcs, pendant I'anncc 1823, I'auteur du rapport donne un extrait de la correspondance du comite avec les ministrcs des pays etrangers, et Ton rcmarque avec plaisir que partout on s'occiipe de cctte utile ameliora- tion. En Baviere, le cointe de Rechberg, ministre de la justice, fait connaitre une ordoniiance royalc rendue dernierement, et qui a beaucoup dc rapport avec I'acle du parlement britan- nique. Le roi de Wurtemberg a lui-meme adresse au comite un rapport sur les ameliorations qu'il se propose de faire, et il cxprime un vif desir de seconder les vues delaSociete. Dans les Pays-Bas, oCi le soin des prisons a existe de tous terns, il s'en forme une semblable pour perfectionner encore le systeme. Le docteur Frederic Hols , inspecleur des prisons i Christiana, qui sejournaen Angletcrre, en 1820, et qui assistait aux seances du comile, \ient de publier un ouvrage intercssant sur ce su- jct. II y rend compte dc I'etat des prisons en Norvege et des moyens de les ameliorer. Le ministre de la justice , de Suede , a dirige ses efforts avec zele vers le meme but. Le prince Chris- tian de Dannemarck, pendant son sejour en Angletcrre, s'est fait rendre compte des travaux de la Societe et se dispose a faire participer son pays aux memes avantages. Il est seconde dans ses demarches par M. Howes, medecin inspecteur des prisons de Copenhague. Mais, c'est principalement en Russie que ces utiles ameliorations out pris un grand developpemenf. Un edifice spacieux, erige deja du tems de I'imperatrice Cathe- rine, d'apres le plan de Howard , apres avoir servi depuis d'ho- pital pour ia,ooo matelots, a ete rendu a sa premiere destina- tion et convert! en une prison , oil Ton a pu appliquer dans son etendue le systeme de classification. Toutcs les prisons de la capitale ont ete placees sous la surveillance de la Societe cJes prisons de Saint-Pelersbourg , presidee par le prince Galit- zin et en rapport avec la Societe de Londrcs. Nous dovons a ce sujet admirer combien . dans ce goiiver- 368 SCIENCES MORALES mnient absolu, il existe de confiance dans riulervcntion des particuliers pour tout ce qui est bou et utile, tandis que, dans d'autres pays oCi les relations des gouvernans avec les gou- veines deviaient etre plus franches ct plus multipliees, elles sunt, au contraire, lestreinles. L'empercur Alexandre coirige, par les dispositions bienveillantes de son caracterc, tout ce que son autorite supreme pourrait avoir d'arbitraire. II regne sans obstacle et participe cependant a toutes les institutions ^ui ont I'air d'etre independantes de lui. II pourrait disposer de la vie dc tons ses sujets, et c'est dans son pays seul que la peine de mort est abolie. C'est par son influence que se sont formees toutes les associations de bienfaisance, parmi lesquelles se dis- tinguent les societes pour I'amelioration des prisons fondees dans les prineipales villes, et qui correspondent toutes avec la Societe centrale de Petersbourg : des comites de dames , af- (iliees a ces societes et sous la direction de la princesse Melschersky, secondent puissanuncnt leurs travaux. Ces dispo- sitions ont produit les plus heureux effets, et la mortalite, ainsi que les maladies, a diniinue d'une manierc remarquable dans toutes les prisons. Ne devrions-nous pas nous feliciter en France des itiemcs resultats, et n'est-il pas penible que, dans ce rapport destine a faire connaitre lesbienfaits qui partout consolentethonorent I'humanLte, il ne soit question de la France que par un accuse de reception des memoires de la Societe anglaise ? Ce triste resultat n'est point la faute des membres composant I'ancien conseil des prisons , et Ton ne doit point les en accuser. Si les travaux utiles qui avaient ete pousses avec tant d'cclat et dc succes, pendant les annees qui ont suivi la formation de la So- ciete des prisons de Paris, so sont ralentis, c'est uniquement a cause des entraves de tout genre que cette Societe a eprou- vees dans le bien qu'elle voulait faire. — Lorsqu'on a vu dispa- taitre sur la liste de ses membres les nonis de MM. La Roche- ET POIJTIQUES. 369 foiicault et Delesseit, run destitue arbilrairement de ses titres a exercer la bienfaisance, I'autre s'eloignant d'une administra- tion qui ne pouvait plus operer de bien , on a du penser qu'il y aurait une longue lacune dans les annales de la bienfaisance. Esperons toutefois que cet intervalle sera bientot comble. II suffit qu'il ait fixe les regards d'un prince humain et genereux , MS'" le Dauphin, qui s'est declare I'appui des opprimes, et qui ne voudra pas laisser iniparfait son ouvrage. Un des plus utiles etablissemens que Ton doit a la Societe de Londres, est la fondation d'une Maison de refuge, ou au- trement d'un Asile pour les prisonniers qui ont fini leur terns et qui, ne trouvant pas de travail, a la sortie de leur prison, se- raient exposes a refomber dans le vice par la faim et la misere. Cet asile, pour lequel des fonds considerables ont ete souscrits, a deja sauve du desespoir ct ramene au bien un nombre consi- derable de ces malheureux. Le rapport en rend un compte interessant et donne une idee du bien qu'un seniblable etablis- sement pounait operer partout ailleurs. En effet, que peuvent devenir desliommesrendus a la societe, mais tonjours signales comme des malfaiteurs? repousses par leurs families , odieux a leur commune, ils ne trouvent aucun emploi de leurs facultes. — En admettant meme qu'ils aicnt pu contracter en prison le gout du travail et apprendre un metier, ils ne trouvent qii'avcc beaucoup de difficultes I'occasion de s'y livrer, et alors le des- espoir les rcplonge dans le vice dont une main secourable aurait pu les eloign«r pour toujours. Ce rapport, apres avoir fait ainsi connaitre une suite de faits interessans, se termine par des considerations generales que Ton ne saurait trop mediter. » Six annees se sont eeoidces , dit le Rapporteur, depuis I'etablissenient de la Societe , etchacnn de ses anniversaires a montre I'importance et le succes de son institution. liOrsqu'on se reporte vers le passe et qu'on se rap- pelle les abus qui existaient et I'indifference que Ton portait a 370 SCIENCES MORALES leur reforrae, compares an zele qui se nianifeste dc tous cotus maintenant, on nc peut que se feliciter d'y avoir pris part. Le tele des magistrals qui a ete par-la stimule , les lois qui ont ete rendues, les edifices qui out etc construits et les mesures de tout genre qui ont ete adoptees, font apprecier les avantages de cet esprit d' association qui distingue particulierement notre siecle , et surtout I'Angleterre. II est rare qu'un seul homnie ou quel- ques individus, quelque zeles et quelque puissans qu'ils soient, ne trouvent bientot leurs efforts bornes par le terns, les fai- blesses de l^humanite, ou le terme de la vie. II n'est que la force de I'association qui puisse presenter une action systema- tique, uniforme et durable, de grandes reunions de cette nature. Comme elles s'identifient avec le but de leurs travaux , elles assurent non-seulement le premier etablissement, mais la con- tinuation indefinie de ces nobles efforts. Elles n'etablissent aucun devoir auquel les personnes dc tout rang ne puissent se soumettre, et aucune sorte de consideration que les plus hum- bles particuliers ne puissent partager. Cet admirable principe et la repartition generale des lumieres sont la marque distinc- tive du tems actuel. An milieu des scenes de vices et de mi- seres dont on a eu souvent le tableau sous les yeux , il est consolant de penser que la science dc la philanthropic marche d'un pas egal avec toutes les awtres branches de la civilisation, et que la puissance des lumieres ne sert pasmoins a rendre les hommes heureux qu'a les eclairer. C'est aujour- d'hui avec une egale energie que Ion s'occupe partout de I'instruction generale, de la reforme des vices et des abus et des secours a donner au malheur. Ces admirables efforts ne partem pas du caprice d'un moment, ou d'un zele inconsidere, ou d'un desir vague d'innovation , mais du calme de la re- flexion et do la passion du bien public : ils ne tiennciit pas a des motifs d'interets ou d'amour-propre, mais al'amour de son jsays et des interets de I'humanitc. Ils ne tiennent point aux £T POLITIQUES. 371 reves d'une fausse sensibilite , mais ;\ la pratique des princjpes till christianisme et a I'esprit bienfaisant de la charite chre- tienne. Les magistrals de I'Angleterre se sont toujours distin- gues dans radministration de la justice et dans I'exercice desin- icresse de leur charge, sur laquelle reposent la surete et la prosperite du pays. lis ont aujourd'hui de nouveaux devoirs a remplir, qui touchent encore de plus pres aux droits et au bonheur des hommes. Leur tache est sans doute penible et difficile ; mais ils auront pour recompense la reconnaissance de leurs conciloyens etles benedictions des opprimes. C'est^ leurs travaux que seront dues la reforme du vice et la plus grande surete de la propriete. lis sont appeles a reformer des institu- tions qui, deslinees a corriger le vice, n'avaient servi qu'a I'encourager : ils sont appeles a regler les punitions d'apres I'experience des ages , les regies immuables de la justice et I'es- prit charitable de la religion. Enfin , leur noble privilege est d'adoucir les maux et d'encourager a la vertu. Quelle plus belle occasion pour eux d'etendre leur consideration , de faire benir leur pouvoir et de conserver le rang eleve que la Providence leur a assigne parmi les nations de la terre ! » Ces sentimens genereux que I'auteur de ce rapport proclame avec une eloquence si simple et si touchante, sont dans le cceur de tons les hommes eclaires et honnetes des autrcs pays. Puissent-ils etre encourages, comme en Angleterre, par le gouvernement et par I'opinion ! Ils y produiront bientot les memes resultats. Alexandre de Laborde, de I'Institut. 372 SCIENCES MORALES Lois suu t.a competence des fonctionnaikes publics DE toutes les Hierarchies; par M. Dupin, Avocat; avec cette ejiigraphe : L'ordre ne peut existerdans le royaume, qu'autant que chaque autorite coiisti- tuee se renfermera dans les limites prescritcs par la loi (i). Ces quatre volumes completent la Collection des lois i>ar ordre de malieres, que M. Dupin avail ete charge par le gou- vernement de publier, suivant le plan trace par I'avis du conseil d'etat du 7 jauvier i8i3. II y a travaille assidument, pendant les onze annees qui viennent de s'ecouler, et a con- duit jusqu'k la fin sa laborieuse entreprise. On doit lui savoir gre d'avoir eu I'lieureuse idee de reiuiir en un seul recueil les lois sur la competence des fonctionnairvs publics. Le besoin d'un tel ouvrage se faisait vivement sentir parnii les jurisconsultes, les magistrats et les administrateurs; car, on doit Ic dire, il n'y a pas de partie dans nofre legisla- tion qui soit plus imparfaite que celle qui regie les compe- tences. Tout a ete I'ceuvre du terns, du besoin, des circons- tances; on a ete, pour ainsi dire, au jour le jour, et trop souvent il semble qu'on ait voulu rester dans Ic vague et dans I'arbitraire. M. Dupin compare avec raison les fonctionnaires publics a des voisins mal bornes, qui sont sans cesse en querelle sur les limites de leurs heritages. La solution de ces deplora- bles conflits ne peut se Irouver que dans le textc des lois. En effet, dit M. Dupin, « en (iiit de pouvoir, tout estrceuvie de la loi : Oinnis potestas a lege. Les commissions designent (i) Paris, 1824. 4 vol. in - 8°. Guillaume, libraiic, rue Haute- feuille, 11° 14 ; piix il\ f'r. , ot 3o tV. franc de port. ET POLITIQUES. 873 les titulaires, mais iie definlssent pas les fonctions : pour regler leur exercice, il faut recourir aux lois qui les ont instituees. «Ici, les textes sont tout : les inductions, les raisonnemens n'ont par eux-memes aucune autorite; ils ne tirent leur force que de leur parfaite conformite avec le texte et I'esprit de la loi. Autrement, ce seraient done les jurisconsuites qui decide- raient de la competence des fonctionnaires! « Surtout sous un gouvernement constitutionnel qui est etni- nemment le gouvernement du droit; ou chaqne citoyen pent dire a tout instant au fonctionnaire le plus eleve, comme au plus mince employe : Vous riavez pas le pouvoir defaire telle chose : de quel avantage n'est-il pas d'avoir un texte de loi a opposer ou a invoquer ? « Mais, ces lois de competence, ou sont-ellcs? Enfouies dans un recueil officiel qui comprend maintenant plus de quatre- vingts volumes! Perdues au milieu d'une foule d'actes legisla- lifs et reglementaires, dont le norabre s'eleve anjourd'hui a plus de quarante mille! « En effet, il ii'existe pas de lois generalcs sur la compe- tence des fonctionnaires. La piupart des competences resultent de lois de detail, d'articles isoles , qui progressivement, et selon le besoin des terns, ont confere telle ou telle attribution, tantot a une autorite, tantot a une autre, suivant/rt tendance du jour. » Ajoutez a cela que les denominations de diverses fonctions ont change plusieurs fois, sans que pour cela la competence ait change : seulement , les pouvoirs ont ete transportcs d'une au- torite a une autre; des intendans aux administrateurs de de- parteraent; des administrateurs de dcpartement aux prefcts; quelquefois sans modiQcafion, d'autres fois avec des nuances. Qu'on ne s'etonnc done pas du grand nombre de lois comprises dans le Recueil des lois de competence. C'est assuremcnt de tous les travaux dont se compose la collection de M. Dnpin, T. XXV. — Fcvr/er iSi^. 25 ^74 SCIENCES MORALES celui qui a exige le plus de terns et d'attention. La, les lois ne se classaient pas uniquement par leur titre; il fallait interro- ger le fonds meme des dispositions ; il y avail a prendre dans presque tontes les lois. II a done fallu tout lire, pour tout ex- traire : c'est une peine que pcu de gens avaient prise avant lui; et il n'aura guere d'imitateurs. D'ailleurs, son ouvrage dis- pensera desormais de se livrer a d'aussi penibles recherches. M. Dupin n'a pas seulement recueilli les lois relatives a la competence de quelques fonctionnaires ; il a opere plus en grand : il a rassemble les lois sur la competence des fonction- naires de touies les hierarchies : et, comme il a joint a son ouvrage une table des matieres tres-etendue, tres-soignee, et telle que I'autcur seul etait capable de I'executcr lui-meme, chaque fonctionnaire , en cherchant le nom qui designe sa fonction, est sur d'y trouver, ralliees sous le meme mot, toutes les indications qui s'y rattachent. En tete du premier volume, se trouve une introduction ou I'aulcur agite des questions de la plus haute importance. 11 parle du pouvoir et de la competence en general : il rcmonte a I'origine du pacte social d'oii derivent tous les pouvoirs : il distingue \e pouvoir de fait et \e pouvoir de droit; le pouvoir physique et le pouvoir moral; il definit la souverainete ; et dans toutes ces questions qui ont assttremenl leur dclicatesse et leur difficulte, on retrouve )>crpetuellemcnt le logicicn exact, le bon citoyen et I'ami constant des principes de la monarchic constitutionnelle. Donnous-cn un excmple. M. Dupiu met en avant cettc pro- position : « Que la meme masse de pouvoirs existe egalement chez tous les peuples. » — « Seulement, dit-il, le jeu et I'cxercice des differens pouvoirs varient selon la forme diverse des gou- vernemens, plus ou moins parfaits,plus ou moins concentres; tantot accumules dans la main dun despote ou divises dans celles de la democratic; tantot remis aux soins d'une aristocra- ET POLITIQUES. 375 lie plus ou moins eclairee, plus ou moins genereuse, plus ou moins desinteressee, plus ou moins aniie des liberies publiques el de I'interet du pays ; tantot enfin , repartis avec sagesse et dans de justes proportions entre le monarque, les grands el les classes iuterniediaires de la societe. — Mais, quelle que soil la forme des gouvernemens , aucune seclion du peuple, aucun individu ne peul s'atlribuer a soi-raeme une part quelconque de I'autorite publique. — C'esl a des usurpations de ce genre , poursuit notre auteur, qu'on doit attribuer I'etablissement de I'anarchie feodale : elle s'est elevee, petit a petit, sur les mines de I'autorite royale, qu'elle a fini par annuler, et au mc'pris des droits de la nation , qu'elle a reduite en un dur et honteux esclavage. La meme masse de pouvoir existait toujours, dans la nation; mais quelle difference! Au lieu d'un legislateur unique, a la place de Charlemagne proclamant ses capitulaires au mi- lieu de I'assemblee des Francs , des milliers de legislateurs par- ticuliers sont venus fausser le droit common pour le tourner a leur profit personnel! Chacun a battu ou plutot altere mon- naie. Au lieu d'un seul genre de guerre, celle de la nation en masse levee contre ses ennemis exterieurs, on a vu les guerres privees de chateau a chateau , de ville a ville , de province a province , de vassal a suzerain, du sujet k son roi. A la place d'une justice unique, pure, impartiale, emanant du prince pour la protection uniforme des citoyens, on a vu les justices /^«- trimoniales , les i^vociireurs, ^scaux , et avec eux les confisca- tions et toute espece d'arbitraire et de vexations; jusqu'a I'epo- que ou, se relevant de ses mines a I'aide des communes affranchies, le pouvoir royal sut rappeler a lui, par le droit, tout ce que la feodalite lui avail ravi par le fait. » Assurement, il est impossible de retracer avec plus de vi- gueur et de rapidite celte longue partie de notre histoire, ou les usurpations de Taristocratie feodale avalent pris la place d'un gouverncment regulier, avaienl aneanti I'ancienne legis- 376 SCIENCES MORALES lation, et compromis les droits du tione autant que ceux deh nation. Apres ces notions gencrales , M. Dupin aborde la grande question de la dii'ision des pouvoirs. « Leur confusion produit I'anarchie : leur concentration cree le despotisme; leur juste re- partition assure le bonheur du peuple etla duree du pouvoir. » Venant a I'application , il montre qu'en France le gouver- nementn'a jamais ete «ijo/M. II rappelle les paroles que saint Louis, au lit de mort, adressait k son successeur: « Beaufils, maindens les franchises et liberies de tes subjets, et les tiens en faveur et en amour ; — cette formule du serment de nos rois a leur sacre : « Je promets h mon peuple que je ferai usage de mon autorite pour la conservation de son droit et des lois; » — et Laroche Flavin qui , en parlant des moyens d'opposi- tion qui existaient de son terns , les appelle de « bonnes et sures brides pour temperer le pouvoir et cnipccher que la monarchic n'aille a I'abandon par la volonte effrenee d'un seul. » M. Dupin en tire cette consequence , que I'auteur de la Charte, en donnant a la France une constitution libre et mo- narchique , suivant les expressions de la Charte elle-meme, n'a reellement fait que renouer la chaine des terns anciens avec celle des terns modernes. II analyse ensuite les elemens du gouvernement actuel , enumere les diverses branches d'administration publique , sous chacune desquelles viennent se ranger des fonctionnaires plus ou moins subordonnes, ce qui constitue la hierarchic : « sorte d'echelle le long de laquelle le pouvoir descend du trone jus- qu'au dernier employe, et remonte ensuite jusqu'au trone en parcourant les mcmes degres. » Lorsqu'il s'agit de determiner la competence d'une autorite quelconque, deux choses sont d'abord a considerer, \a juri- diction et le territoire. Ici, I'auteur entre dans de savans dc- ET POLITIQUES. 877 vdoppeiiiens , ou nous ne le suivrons pas, sur la nature des ju- ridictions , leurs diverses €speces , I'etendue des ressorts , Ic pouvoir d'execution, et autres questions de doctrine qu'il le- sout avec les lois romaines et les piincipes du droit public. — II parle ensnite des recusations qui frappent d'iucompetence les divers fonctionnaires : et partant du principe du droit natural et de pudeur publique ( ce sont ses expressions), qui ne permet pas que Von puisse etre juge dans sa propre cause, il declare que, dans son opinion, ce principe n'admet aucune exception. II I'applique aux administrateurs aussi bien qu'aux juges. Il I'applique meme aux chambres legislatives. retagne, a qui il avait declare la guerre, lorsqu'il fut alarme par un pauvre fou qui s'elanca de derriere un arbre, ct saisit la bride de son cheval. « Le roi fut fort trouble de cette apparition subite. Sa tete, qui etait toute faiblc, en fut ubranlee. Cependant , on continua a marcher. La forotpassee, on se trouvadans unegrandeplainede sable, ou les rayons du soldi ctaient plus eclatans et plus bmlans. 384 SCIENCES MORALES encore. Un des pages du roi, fatigue de la chaleur, s'etant eii- dormi, la lance qu'il portait tomba sur le casque , et fit sou- dainement retentir I'acier. Le roi tressaillit, et alors on le vit r s'elevant sur ses etriers , tirer son epce, presser son clieval des eperons, et s'olancer en criant : En avant sur ces traitres! ils vculent me livrer aux ennemis. Chacun s'tcarta en toutehate, pas asscz tot cependant pour que quelqucs-uns ne fussent bles- ses. On dit meme que plusieurs furent tues, cntre autres un biltard de Polignac. Le due d'Orleans se trouvait la tout au- pres. Fuyez, mon neveu d'Orleans, s'ecria le due de Bour- gogne, qui etait accouru; monscigneur \eut vous tuer. Ah! quel malheur ! raonseigneur est dans le delire ! Mon Dieu , qu'on tache de le prendre ! II etait si furieux que personne n'osait s'y risquer, On le laissait courir 9a et Ik, et se fatiguer en poursuivant tantot I'un, tantot I'autre. Enfin, quand il fut lasse et tout trempe de sueur, son chambellan, niessire Guil- laume de Martel, s'approeha par derriere et le prit a bras-le- corps. On I'entoura, on lui ota son epee; on le descendit de cheval , il fut couche doucement par terre; on defit son Jacques. Son frere et ses oncles s'approcherent; ses yeux fixes ne recon- naissaient personne, il ne disait pas une parole (1). » Des-lofs, jusqu'a la fin de son quatrieme ■volume, pendant ■vingt-sept ans , M. de Barante nous fait voir les tristes alterna- tives de la sante du roi , tantot furieux, tantot dans uu etat d'epui- sement qui degenere peu a peu en imbecillite. II est toujours roi cependant; aucun pouvoir legal ne remplace le sien, au- cune forme constitutionnelle n'est invoquee pour etablir une regence, pour maintenir, pour proteger, si ce n'est la nation francaise, du moins la monarchic : celui qui se trouve a cote du roi en demence, celui qui le garde momentanement, com- mande pour lui; mais il suffit que Charles VI ait une lueur de (1) Tome II, p. i(io. ET POLITIQUES. 385 ralson pour ressaisir I'autonte , detruire tout ce qui a etc fait, et sanctionner la violence qui a transmis d'un parti a I'autie le soin de sa personne et I'expression de sa volonte. Le due de Bourgogne, Ic due d'Oileans, les autres princes du sang, sont les chefs de ces partis : le partage des depouilles de la France les a armes les uns contre les autres. Dans I'ab- «ence de toute loi, de toute forme protectrice, de toute ga- rantie sociale, ces princes s'attaquent par des assassinats. Au commencement du ti-oisieme volume (en 1407), nous lisons celui du due d'Orleans , frere du roi, dirige par le due Jean de Bourgogne, son cousin; a la fin du quatrieme volume ( en 1419) , celui de ce due de Bourgogne, dirige par le dauphin. Entre ces deux crimes, douze ans se passent dans les horreurs des guerres civiles. La France , attaquee pendant ce terns par les Anglais, contre lesquels elle ne songe pas meme k se de- fendre, est abandonnee tour a tour aux fureurs des Bourgui- gnons et des Armagnacs , des bouchers et des massacreurs de prisons; ses tribunaux sont tonjours empresses a proscrire ceux a qui le pouvoir echappe, et a verser le sang des vaincus; ses pretres, ses orateurs justifient dans leurs ecrits, dans leui-s sermons, tons les abus de pouvoir des factieux, et abreuvent la nation de doctrines aussi abominables que I'ctaient les ac- tions de ses princes. Tel est sommairement le conlenu des quatre premiers vo- lumes de M. de Barante, consacres aux vies des deux pre- miers dues de Bourgogne, Philippe-le-Hardi et Jean-sans-Peur. Son point de vue est toujours pris du milieu de la France : rarement ses regards s'arretent sur la Bourgogne, parce qu'il n'existe aucune chronique contemporaine de ce duche qui puisse fournir autre chose que quelques dates. La Bourgogne reste meme si fort en dehors de cette histoire, qu'on en tprouvc une sorte d'inquietude, comme si Ton sentait creuser au-dessous de soi la terre sur laqiielle repose tout I'edifice. On n'apprend 386 SCIENCES MORALES rien, ni sur les institutioDS du pays, ni sur I'etat, Tindustrie ou la liberie de ses villcs , ni sur les interets et les fonctions de sa noblesse. Toutes les fois qu'un des dues de M. dc Ba- rante se retire en Bourgogne, il est perdu de vue pour le lecteiir. L'autre portion des domaines de ces dues, le comte de Flandres, se donne mieux k connaitrc, soit parce que quel- ques-uns des plus iinportans evenemens de cette histoire se passent en Flandre, soit pax'ce que les Flamands ont eu quel- ques bons historiens presque contemporains. Sous un autre rapport, le point de vue oh se place M. de Barante est encore tout francais, parce que, pour composer son rccit, il s'est servi uniquement des chroniques de France : aussi tous les evenemens sont-ils envisages dans leur rapport avcc la France. Ainsi,par exemple, on voit, en i4i5, I'expedition de Henri V d'Anglcterre en Normandie, qui se termine par la bataille d'Azincourt. C'est meme un des tableaux qui frappent le plus I'imagination , et que M. de Barante a su rendre le plus vivant par le choix et I'emploi heureux des moindres circonstances (i) ; mais on est etonne que les historiens anglais n'aient point ete ecoutes aussi bien que les francais, que les preventions d'une nation n'aient point ete opposees aux pre- ventions d'une autre nation egalement interessee dans les memes faits. On scrait meme tente de demander a I'auteur quelque chose de plus; on voudrait qu'il suivit les Anglais en An- gleterre assez pour nous expliquer comment ils profitent si peu de ce que la France etait liviee a leur merci par la demence du roi et la rage des factions entre les princes. Au reste, ce point de vue tout francais est dans I'esscnce de I'ouvrage de M. de Barante, tel qu'il a eu soin de I'annoncer. II ne nous a point promis I'histoire complete des troubles des xiv® et xv" siecles, mais leur histoire telle que la voyaient (t) Tome IV, I). 230-255. ET POLITIQUES. 367 et la sentaient les Francais contempoi'ains. II ne sc pcrmet au- cunn de ces introductions partiellos au ri'citdes evenemens, ou I'autcur expose I'etatdu pays, ou ses forces, ou sesprogres, ou Ics vues de ses chefs, ou la concordance et rinfluence recipro- que des actions qui d'abord ne seniblent pas liees. II veut que le lecteur fasse seul tout ce travail, et peut-etre le lecteur ne le fait-il pas toiijours. Dumoins, tout en prenant un interet tres- vif aux scenes detachees que I'auteur amene successivement sous DOS yeux, nous semble-t-il quelquefois que nous compre- nons mal la France, qu'il nous montre ainsi en detail, et que nous ne comprenons pas du tout I'Europe. D'apres le meme systeme, I'auteur ne fait jamais lui-meme le portrait de ses per- sonnages ; mais il nous montre quelquefois les portraits anti- ques qu'en ont faits les chroniqueurs des terns passes. Peut- eti'e plus d'un lecteur y a-t-il ete trompe, et se figure-t-il que les quatre personnages auxquels on a donne de si beaux noms , Philippe-le-Hardi , Jean-Sans-Peur, Philippe-le-Bon et Charles-le-Tt';nieraire, meritcnt aux yeux de M. de Barante ou leurs surnoms glorieux , ou les couleurs brillantes par lesquelles des peintres de cour, qui ne pouvaient refuser ni beautes ni vertus au pouvoir, ont releve leur figure. M. de Barante a entremele son recit d'un grand nombre de jneces ofticielles , qu'il rapporte avec tout leur verbiage , dans leur desesperante longueur. II nous semble que le systeme qu'il a adopte sur I'histoire ne le rcduisait point a la necessite de les donner en leur entier. II a bien abrege les chroniques de Froissart et de Monstrelet, dont les enormes in-folio sont re- duits a ses pelits volumes; il pouvait aussi-bien nous donner le precis des pieces diplomatiques. Sans doute toutes ces vaines paroles, tous ces faux raisonnemens , tout ce fatras d'erudi- tion qu'on y trouve quelquefois deploye si hors de place, ser- vent a peindre le siecle et les hommes qui le dirigent : mais le talent de I'historien, celui meme que M. de Barante possede 386 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. t-minemnient, consiste i choisir, ;\ ccarter les inulilites, pour n'eniployer qu'un petit nombrc de traits a peiiidre les tcnis et les hommcs. A propos de citations, nous lui reprocherons aussi celles qu'il fait aux bas dcs pages. II les a reduites au seiil nom d'un auteur, sans indication de chapilre ou de page; en sorte qu'il ne donne ni le moycn de verifier ce qu'il rapporte, ni une assistance pour trouver les originaux et les pieces di- plomatiques, a celui qui voudrait travailler sur le mome sujct. Nous I'avons annonce, nous n'essaierons point de juger cette maniere nouvelle d'ecrire I'hisloire, jusqu'a ce que nous la re- trouvions depouillee du prestige dont le talent de M. de Ba- ran te I'a entouree. Nous nouspermettrons cependant de dire que, meme dans les morceaux les plus attachans, nous avons eprouve une certaine fa tigue, en trouvant toujoursdeux personnages entre les fails et nous, I'un du xiv* siecle , I'autre duxix% I'un qui ra- conte avec naivete ce qu'il voit, I'autre qui repete les paroles du premier avec le sourire sur les levres, I'un qui ne fixe notre attention que sur les faits, I'autre qui partage cette atten- tion entre les faits et le narrateur antique, dont il fait ressortir tantot le talent, tantot les prejugcs, la bonhommie ou la sim- plicite. Il nous semble que nous voyons les objets avec une double refraction; le rayon visuel deux fois brise, en passant par deux milieux differens, perd de sa precision, et Timage qu'il transmet laisse des traces moins profondes dans notre memoire. Nous nous rejouissons de ce que M. de Barante a raffraichi ces peintures gothiques , que personne ne regardait plus, et leur a rcstitue tout leur eclat; mais quoiqu'il ait rendu populaires les souvenirs d'une epoque riche en imposantcs le ■ cons, nous croyons qu'il pourra etre utile encore d'ecrire dans un autre systeme cette periode des revolutions de la France, pour faire ressortir ces lecons de I'histoire , et prononcer avec autorite les grands preceptes que M. de Barante a laisse a ses lecteurs Ic soin de cherchcr cux-monics. S. LITTJ^RATURE. Manuscrits de l'ancienne Abbaye de Saint -Jolien a Brioude ; retrouves et traduits an dix-neiwieme siecle ^ par uji amateur d' antiquites francaises , et publies par Auguste Trognon, prof'esseur d'histoire a I'Aca- demie de Paris (ij. Si Ion ajoutait foi au litre de tet ouvrage et a une lettre qui lui sert de preface, on regarderait les deax histoires qu'il renferme, I'une conime une legende du vii^ siecle, I'autre comme une chronique du viii^, retrouvees toutes les deux et traduites du latin par un M. F. . . .as, habitant du canton de Vicq, dans le departement du Cantal; on se persuaderait que ce savant, fortzele pour la recherche de nos antiquites natio- nales , et encourage par le succes curopeen des compositions romanesques ou plutot historiques de Walter Scott, a envoye du fond de sa province a un niembre de notre Academic des inscriptions et belles-lettres de Paris, pour les r€Voir et les publier, les deux morceaux anciens dont il s'agit, et qui pro- viennent, est-il dit, des manuscrits d'une abbaye detruite dans la revolution; enfin, on n'attribuerait a I'editeur du volume, M. Auguste Trognon, d'autre part dans cette publication, que celle qu'il avoue lui-meme; c'est-a-dire, d'avoir remplace, dans un soin qu'il ne pouvait prendre, I'academicien qui devait offrir au public le fruit des travaux de I'antiquaire d'Auvergne. La lecture du livre ne detruira pas aupres de tous les lec- (l) Paris, 1825. 1 vol. in-8° de 432 pages. Briere, rue Salnt- Andr(''-des-Arts , n" 68. T. XXV. — Fcrrier iHiB. ' 26 39© Tr^ LITTfiRATURE. teurs, I'id^e qu'on en veut donner, et la pliipart sans donte, a la verite frappantc dcs mocurs et a la naivete du recit, croi- ront y voir une production originale du vieux terns, une image fidele du nionde d'alors, rcproduite sans aucnn dessein litte- raire par des moines simples, ignorans, crcdules, et quelque peu superstitieux. Nous avons tout lieu de penser neanmoins que ces historiens, leur traducteur et son correspondant, sont des personnages d'invention, sous lesquels le jeune editeur a voulu se caclier, par une ruse litteraire asscz souvent em- ployee, mais qui I'a etc rarement avec autant dc succes qu'en cette occasion. Rien n'est mieux saisi surtout que le ton des narrateurs auxquels M. Trognon attribue ses deux histoires; la myslicite de leur langage , qui revet d'une forme tout eccle- siastique Ics evenemens, quels qu'ils soient; la merveiileuse simplicite d'esprit qui leur fait voir partout des prodiges et des miracles; leur maniere particuliere d'estimer les princes et les grands, sclou le plus ou le moins de donations qu'ils ont faites aux eglises et aux abbayes; leur peu de connaissance des choses de ce monde, auxquelles ils paraissent tout-a-fail etrangers, et dont ils parlent le plus souveut d'apres des traditions incer- taines; tous ces traits, qui appartiennent aux rcdaoteurs de nos anciennes chroniques, se retrouvent dans ceux qu'a mis en scene M. Trognon, et cette fidelite d'imitation offre deja une peinture hlstorique d'un grand interet. Je voudrais citer quelque passage proprc a faire comprendre ce genre de me- rite repandu dans tout I'ouvrage; je prends a peu pres au ha- sard le portrait suivant, qui semble vraimcntecrit au viii^ siecle par quelque religieux plus occupe des choses du ciel que de celles de la terre. « Sigeberl, qui, apres son pere, regna sur les Austrasiens, imita et, si cela se peut dire, surpassa ses exemples de piete et de magnificence. Je donnerai a celui-ci un eloge merile de bien peu de rois, qu'ayant a soigner les affaires dc son royaume ter- LITTfiRATURE. 89 1 restre, il les meprisa enderemenf , pour elevertoutes ses pensees vers le royaume ties cieiix. II s'enqiierait uniquemcnt des choses qui se pouvaient faire h la gloire du saint nom de Dieii , des abbes 011 des eveques auxqnels il lui importait de se rendre agreable, des monasteies qn'il convenait de fonder on d'enri_ chir, des oraisons les plus propres ii recomiuander son ame au Seigneur; et enfin mil moine, dans la retraite de son cloitre, ne fut vu plus austere et regie en sa vie, que ce roi sur un trone puissant. C'est pourquoi,, parrai ceux de la race des Mer- wings qui ont regne sur les Francs, il a ete donne a lui seul d'echanger la couronne perissable qu'il avail portee sur cette terre, contre la couronne immortelle des cieux, et d'etre invo- que au nombre des saints. » En general, ce llvre se distingue par ce qui manque a notre histoire moderne , ce qui a force le roman de venir a son aide; je veux dire par une peinture vivante et animee des moeurs. Cette qualite, necessaire a toute espece d'histoire, pa- raitrait Tetre encore plus a celle des premiers tems de notre monarchic, qu'elle seule peut rendre intelligible. On nous parle d'ordinaire des rois merovingiens et de leurs sujets , comme s'il s'agissait de nos contemporains ; ils ont , dans ces poi:;traits de fantaisie, toute la politesse et tons les raffinemens des ages les plus recens, et nous avons peine a concilier avec cette culture intellectuelle et morale qu'on leur prete si genereusement, les traits de brutalite, de violence, de cruaute qui la dementent. Le livre de M. Trognon est un heureux correctif a plus d'une histoire de ce genre, que je ne veux pas citer, mais qu'il ne faudrait pas chercher bien loin. 11 peut aller de pair, pour la verite du tableau , avec les veritables chroniques que public en ce moment M. Guizot, et qui jettent un si grand jour sur nos antiquites historiques. C'est en faire, je crois , I'eloge le plus complet. Quand il s'agit de faire connaitre les moeurs d'une epoque 39* LITT^RATURE. lecult-e, des t^venemens fictifs j)euvent servir aussi utilement a ce dcssein que les evencmens reels dont la ni^moire s'est con- servee : qiielqucfois memi*, iis s'y pn'tent plus heiireusement; ils p^rnietlcnt de tracei- des peintures plus vives, plussuivies, plus completes (i). II est tcl sieclequ'une obscurite profondeen- veloppe, oil le regard de la posterite ne decouvre que quel- ques nonis propres , des evenemens isoies, un jietit nombre d'anecdotes eparses. Que fera I'histoire d'elemens si inco- herens et si vagues? mais, que le rornan s'en empare; qu'une fable habilement concue les rassenible en faisceau; alors iis acqiierront dans ces recits mensonyers un caractere d'interet et d'inslruction que I'histoire n'eiit pu leur conserver. C'est le service que vient de rendre M. Trognon aux pre- miers ages de notre monarchie, ages si peu connus et si pe- nibles a connaitre. Dans la premiere des deux Nouvelles que nous annon^ons, et dont le sujet se rapporte a I'invasion des provinces d'Auvergne par les Francs, I'Histoire admirable du Franc Harderad el de la vierge Aurelia , I'auteur a oppose fort habilement la nation conqiierante et la nation vaincue, les Ger- mains etles Gaulois, ou plutot les Pioniains, comme on les ap- pelait alors, la barbaric des uns et les nioeurs plus polies des autres, le christianisme savant et mystique deceux-ci et la foi grossiere des premiers ; enfm , il a fait ressortir avec talent tous k's contrastcs qui naissaioat de-cette situation si nouvelle pour }es deiix peuples. L'amour violent et brutal d'un jeune Franc pour une vierge romaine, qu'il regarde comme sa conquete et son butin, et qui kii dispute un coeurqu'elle a vouee a Jesus- Christ, forme le noeud de cette histoire pleine d'un inferet (i) Cetie observation s'applique parfaitcment au reman histo- rique publie par M. uf. Sisbiondi , sous ce titre : Julia Severa , ou t An qiiatre cent quatre-vlngt douze. ( Voy. Rev. Eoc, X. xv, p. loa.) LITTERATURE. 3y3 U-ndre, et que rend fort piquante I'expression naive des nioeurs du terns. Ce dernier merite se montre avec plus d'eclat encore dans le Livre des gesles du roi Chlldebert III, ou, comme on I'a fort bien remarque, Tartitice du romancier se fait moins sentir, et qui, par I'habile incoherence des recits, leur succession a des- sein lente et monotone, I'absence apparente de gradation et d'unite , produit tout-a-fait sur le lecteur I'effet d'une veritable chronique. II y a ici illusion complete. C'est bien I'histoire d'un roi faineant, ingenument racontee par un moine simple et igno- rant, mais d'un cceur droit et pur. Un dessein marque se laisse toutefois apercevoir sous ces formes de composition empruntees aux nionumens du viii^ siecle. On suit, a travers tous les details de la narration, I'abrutissement progressif de cejeune rejetou de la premiere race de nos rois , que I'ambilion de Pepin d'He- ristal retient dans I'ignorance et I'avilissement, et qui, apres quelques vains efforts pour se relever, finit par expirer, a la fleur de I'age, consume par les habitudes vici^uses dont on I'a empoisonne, et peut-etre aussi par le sentiment confus de sou opprobre. Cette derniere scene, que nous allons extraire , don- nera une idee de I'interet profond que I'auteur a repandu sur cette peinture. «... Assurement , c'est une douloureuse cause de regrets que d'autres actes de royaute u'aient pu etre permis a un tel prince; et qu'au lieu de s'elever en vertus et en renom avec le cours des annees, toute chose au contraire n'ait fait que de- croitre en lui et s'affaiblir. Mais ainsi arrivait-il du vice de I'ivrognerie , qui s'inveterait chez lui en meme tems que les habitudes immoderees de la luxure. La fleur de son age, qui avait relui d'un si bel eclat, se fletrissait de plus en plus, a ce point, dit-on, que pour ceux qui ne le voyaient pas d'or- dinaire^ il etait devenu entierement meconnaissable. Qiielio source amere de larmes eut coule de mes yeu\ , s'il m'eut faliu 394 LITTERATURE. I'apercevoir en cette pitoyable apparence ! Helas ! ce fut dc la sorte qu'atteignant k peine la vingt-septieme annee de sa vie, il tomba en un etat de languissante et decrepite vieil- lesse, pareil a celui des hommes qui ont accompli la plus longue carriere. n Durant quelque tems, il essaya dc se livrer aux plaisirs qui lui etaient accoutumes. Bien que s'y refusal la nature, et avec tous les signes d'une fin procliaine , on le voyait nean- moins encore avaler des flots de vin, et demeurer plusieurs heures a table. La reine Ragnetrude I'ayant honteusenient aban- donne, le malheiu'eiix roi, quand lui survint sa derniere mala- die, ne recut aucun utile secours, et vit approcher la mort etant presque denue de toiite consolation. Suivant ce qu'ont rapporte des esclaves qui seuls prirent alors quelque com- passion de leur maitre, il n'y avait en ce monde chose aussi triste que de le voir ainsi etendu sur son lit, ou il attendait, immobile, que se terminal sa vie. Sa belle et royale chevelure etait tombee tout eniiere : une paleur livide avail decolorc son visage : de tems en tems, une toux dont il etait incapable de soulenir I'effort, lui venait secouer violemment la poitrine, et le tirait de Tassoupissement profond ou il paraissait enseveli. Ce fut en un de ces instans de souffrance qu'il sembia se res- souvenir des saints enseignemens que je lui avais donnes au- trefois, el qu'il prononca, aussi haul que le pouvait sa voix eteinte , le nom glorieux du Sauveur des hommes , puis le mien. D'ou j'ai la consolation de croire qu'ayant adresse sa pcnsee derniere vers la celeste Jerusalem, et s'etant toujours monlre tres-liberal envers les maisons du Seigneur, dc meme qu'en- vers les pauvres et les affliges, il aura pu s'assooir, avec les rois ses aieux, dans les beatitudes du paradis. El assurement n'y aura-t-il point vu entrer le due Pepin, alors que celui-ci, trois annees apres, rendil son ame digne de damnation. » Ce morceau est excellent, el il pent donner une idee du litt£rature. 395 livre, ^crit tout entier de ce style energique et franc, et au- quel les vieilles formes de langage et les latinismes ftequens que I'auteur prete k son historien ne font rien perdre de sa verite et de son naturel. Quelquefois, I'auteur s'eleve jusquW Teloquence, comme dans un episode du phis vif iuttret, ou il nous montre une jeiine esclave , ainiee de Childebert, et qui a cherche a tirer de son abaissement ce prince infortune , pour- suivie, pour ce crime d'etat, par la vengeance de Pepin, ac- cuseepar ses ordres de sorcellerie, et perissant, a la suite d'une epreuve cruelle qu'on I'oblige de subir pour prouver son inno- cence. Voici le discours pathetique qu'elle tient h ses juges, et que je me borne a extraire d'uu recit que Ton voudrait citer tout entier. « Nobles hommes, dit-elle, non , je n'etais pas digne que le Seigneur fit en ma faveur un miracle; mais j'etais digne qu'il mit en moi le courage de supporter cette epreuve. Je ne diraj done point : Celle eau ne m'a point brulce; mais elle m'a brulee, et j'ai souffert, etje me suis tue. Or, quel est ici le jugemenj de Dieu sur moi; m'a-t-il declaree innocente ou criminelle j Ecoutez-moi , nobles hommes, je dirai vrai, car Its laches pt les timides savent seuls mentir; le roi Childebert m'a vue, et m'a de force menee en son lit. II me voulut pour son epouse; et moi, qui le voyais enfant, je voulus qu'il fut homme; qui le voyais esclave, je voulus qu'il fut roi. L'ai-je erapoisoime, en lui enseignant que le giand Clovis passa sa vie en autic chose que manger et dormir? Voila neanmoins quels furent tous mes malefices. Pour cette cause, des hommes feroces m'ont ravie et ainsi defigurec. Qui les envoyait ? Dieu le sait, et aussi le due Pepiu. Pour cette cause, j'ai ete trainee en jugement , comme etant vile courtisane et sorciere. M'appel- lerez-vous de ce 00m, a present que vous m'avez vue ferme de coeur et pleine de confiance a la justice de Dieu ? Je suis innocente ! je suis innocente !... Et comme une troisienie fois 396 litt£rature. elle allait repeter ce cri avec toiUe sa force, la voix hn man- qna soudainemcnt et elle tomba defaillante... » Je pourrais citer un grand nombre de morceaux 6galement saillans en des genres divers; une foire de Saint-Denis, I'aven- turc d'un faux Christ, un repas de Francs, un champ-de-mai, et bien d'autres encore; je me contente d'y renvoyer. J'en ai dit assez pour faire comprendre le meritc de cette publication deM. A. Trognon,rune des plus importantes qui aient marque I'annee qui vient de s'ecouler. Dej\\ son livre se traduit en an- glais, et sans doute plus d'une litterature etrangere voudra s'en enrichir. H. Patin. PHILOLOGIE. Archeologie francaise , ou Vocabulaire des mots an- ciens tombes en desuetude , et propres a etre restitues ttu langageinoderne{i)'^ accompagne d'exemples tires des ecrivains des xu*", xiii% xiv« siecles, manuscrits ou imprimes, an nombre de plus de cinq cents; par Charles Pouge\s, de I'Academie royale des inscrip- tions et belles-lettres , etc. ,• auteur du Tresor des ori- gines et Dictionnaire grammatical de la languejran- caise^ Specimen, des Quatre Jges^ des Lettres d'un Chartreux^ iS!Ahel ou les Trois Freres, de Jocko, etc. La richesse materielle (2) des divers idiomes depend de trois conditions principals : le nombre des mots , la variete (i) Paris, iSaS. a vol. in-8° de 687 pag. M>ne V" Desoer, rue des Poitevins, n" la. Prix 14 fr. , et 16 fr. par la poste. (1) J'emploie exprfes ce terme technique pom- indiquer quil n'est point ici question d'une richesse litt^raire, qui consiste plus dans I LITTfiRATURE. 39? «le leiirs desinences, et la facilite de les combiner pour en for- nvjr des comB6ses. Quelque opinion que Ton se fasse de ces deux dernieres qualittvs dans le francais, il suffit, quant k la premiere, d'ouvrir un dictionnaire de poche en deux langues, pour se convaincre que la notre a pres d'un tiers de mots de moins que I'espagnole, I'italienne , I'anglaise, qui sont,comme elle, derivees du latin. D'ou vient cette pauvrete relative ? L'An- glais , dira-t-on , a lire une partie de scs expressions du saxon et du germain : cette source nouvelle a pu et du lui fournir de nouvelles richesses. A la bonne heure ; mais si I'Espagnol et ritalien, qui ne reconnaissent comme nous, sauf un tres-petit nombre de mots, d'autre langue mere que le latin , presentent cependant une nomenclature plus considerable, il fautbien avoner de deux choses I'une; ou que, notre derivation n'etant pas aussi immediate que celle de nos voisins, la durete , la nasalite de certains sons nous ont fait renoncer a pUisieurs mots qu'ils ont pu s'approprier; ou qu'apres les avoir formes et nous en etre servis quelque terns, nous les avons oublies et laisses perir. De ces deux causes, la premiere du moins pre- sente un motif raisonnable; mais la seconde , fondee sur I'in- souciance ou le hasard , avait besoin d'etre fortiliee par notre paresse, et, faut-il le dire ? par notre (Vcademie, qui, desqu'un mot lui parait insolite se bate de le frappcr de reprobation, en le declarant vieux ou tombe en desuetude. Ce serait peut-etre ici le lieu d'examiner jusqu'a quel point une academic peut letrancher de son vocabulaire des mots dontle sens et I'usage , pour echapper a ses membres, presque tous riches Jiabitansde Paris, n'en sont pas moins tres-familiers au peuple dans les diverses provinces de France. Mais j'aime le noinbre et la beaute des ouvrages , mais bien de cette qualite inherente a chaque langue et qui ne depend en quelque sorte que de soQ dictionpaire. i et le volume que nous avons sous les yenx ne coritient point encore C3 cbef-d'ceuvre desire. ■ — Les jiieces qui composenl ce troisicme volume des poesies de M. Campbell ne sont pas neanmoins au- dessous de ses autres ecrits. Son Theodilc a de I'inter^t et de la grAce ; les vers en sont doux ct nielodieux ; les stances sur Tare- GRA.IVDE-DR.ETAG1SE. /,a7 en-ciel (the Rainbov?|) sont d'line harmonie divine; ses vers a Remble sont remplis de chaleur et d'eloquence; son chant elegiaque sur la mort de la princesse Charlotte respire le deuil et la trislesse , et son hymne sur la Grece prouve que I'amour de la liberie ^chaufle aiissi I'ame de M. Campbell. On pourrait critiquer, dans ce recueil , deux ou trois chansonK peu dignes du chantre de Gertrude; mais toutes les autres poesies qu"il renferme meritent les plus grands ^loges, F. Degeorge. 1 Sy. — The private Memoirs and Confessions of a justified Sinner, etc. — Memoires et Confessions d'un pccheur convert! , ecrits par lui- iD^me; precedes d'une notice remplie de'/aits curieux et de temoi- gnages a I'appui , par I'editeur. Londres , 1824; Longman, i vol. In-8°. i58. — Inesilla, or the Tempter, a romance, with^other tales , etc. — Incsilla ou le Tentateur, roman, suivi de quelques Nouvelles ; par Charles Ox-i-ier. Londres, '1824 ; Lloyd, i vol. in-12 de 287 pages. 1 59. ^* The JVitch-Finder , etc. — Le] trouveur de sorciers (r); par I'auteur de Calthorpe , les Lollards ,' etc. , etc. Londres, [1824 J Longman. 3 vol. in-12. A I'imitation du trop c^lebre molne de Le-wis,Ue diable est un des acteurs et presque le heros des deux premiers ouvrages dont nous donnons ici les'titres. li y remplit ses fonctions ordinaires'de cher- cher des dupes parmi les hommes , et d'associer ses victimes a I'eternel d^sespoir qui^est son partage. Coinme on le voit, lecadre n'est pas neuf, et les auteurs des deux nouveaux romans ne peuvent pretendre qu'a I'honneur de I'avoir rempli avec talent. Mais quel ftcheux ecart de I'imagination peut avoir conduit deux hommes d'esprit, dont le second surtout {Charles Ollier) est deja connu par plusieurs productions estimees, a trailer un sujet qui revolte a la fois le bon gout et le bon sens ! Boileau I'a dit avant nous : Et quel objet enfin a presenter aux yeux Que le diable toujours liurlant contre les cieux! (i) n est impossible de trouver en franrais une expression qui rende exactemcnt I'idee comprise daus ce mot, qui signifie iin liomme fortement convaincu de I'existence des sorciers, et qui croit en voir parlout. Les Au- glais out toute la lil)erte de creer des mots nouveaux, lorsque les ancieus ne iuffisent pas pour rendre leurs pcnsees; ce qui Irs dis])ense d'avoir recours aux peripliraset : notrc langue, plus sevir* , ne nous arcorde pas la meme farilitc. 4a8 LITRES ETRANGERS. Si le but dc ccs auleiirs a etc- seuleinent de retracer les nmux que les passions entraiiient apres elles , ils n'avaient pas bcsoin, pour attache!' le lecteur par cette peinture , de recourir a ces enchante- mens uses et a cet ecliafaudage de macliines d'operas , dont les res- sorts sent trop connus pour produire maintenant la plus leg6re illusion. Les progres des sciences physiques, la connaissance des causes des phenonienes naturals , ont beaucoup ole de leur intercut a fous ces contes des ruses de Satan pour s'approj)rier [^des ames. Certes , nous ne preteudons pas en conclure que la toute-pulssance du Createur ait des bornes , et qu'il ne puisse intervertir les lois qu'il a posces lui-m^nie ; mais nous croyons utile a la religion de separer I'eternelle et sublime majeste des verites qu'elle consacre, de ce puerile et funeste cliarlatanisme dont nous les avons vues trop souveiit entourees par le fanatisme ou par I'hypocrisie. Nous blamerons toujours sev^rement tout ce qui pourrait tendre a ra- meiier la credulite superstitieuse des siecles passes. Nous ne loue- rons donc^point le talent veritable dont ces deux auteurs ont fait preuve : plus ils ont reussi a repandre de I'inteiet dans leurs ou- vrages, plus ils ont mis de verite , d'energie ou de cliarmes dans leurs tableaux, et plus nous gemirons d'une aussi mauvaise appli- cation des facultes qu'iJs ont recues de la nature. La lecture de ces sortes d'ouvragps , n'eut-elle egare que le jugement d'uu seul indi- vidu, et trouble qu'nne seule tete par des terreurs fantastiques , ce serait un mal qui devrait peser sur la conscience des auteurs , et qui ne serait assurement pas compense par le frivole amusement que le reste des lecteurs pourrait y trouver. — Le Tronveur de sorciers ( Witcli-Finder) , ouvrage d'un homme deja connu par un assez grand nombrede succ^s dans le genre du roman, serable fait expres pour servir d'antidote a ceux dont nous venous de parler. L'auteur s'est propose de pcindre les consequences funestes de ces croyances superstitieuses que i'ignorance adopte avec tant d'ardeur, et que les pragies des lumieres ])euvent seules faire disparaitre. II a rattache sa fable a des tems de fanatisme et de malheiirs, les massacres de 1641 ; et son heros, le JFitch-Finder, tourmente de I'idee que sa vie est menae^e par de pretendus sorciers, aigri d'ailleurs par la pensee toujouis presente qu'il doit le jour a un traitrc, en horreur a son jiavs (Guido Fawkes), est conduit a conimettre toutes sortes de Climes pour se defaire de scs ennemis supposes, lorsque enliu les evenemens (jui suivireut la restauralion de Charles II , terniineiil a la fois le de^tIn de ce coupable visionuairc et les tourmons de ceux GRANDE-BRETAGNE. 429 qu'il persecutait si gratuitement. Ce fond si sombre est egaye par la peinture de quelques caractejes fort originaux , entre autres celui d'un vieil aiibergiste , autrefois comddien. L'epoque choisie par I'auteur lui a permis d'inserer dans le cours de son ouvrage des anecdotes piquantes et peu connues , tant sur le theatre que sur les prt'teadus sorciers de ce tems , et sur les proccs auxquels donnerent lieu I'absurde accusation de niagie. Nous pouvons proniettre aux lecteurs qui auront la curiosite de les aller clierclier dans I'ouvrage m^nie , autant d'amusement et plus d'instruction que n'en coniporte ordinairement la lecture d'un roman. !6o. — Rosaline de T'eie. — Rosaline de Vere. Londres , i8a4; Treuttel et Wiirtz. 2 vol. in-8°. L'auteur anonyme de cet ouvrage parait fortement et sincerement persuade de I'excellence du present qu'il fait au public. C'est de tr^s-bonne foi qu'il presente sa Rosaline comme un modele , et les opinions qu'il lui pr^te comme I'expression de la verice m^me. « Je crois , dit-il dans sa preface , que les opinions et les sentimens de Rosaline sont la verite. Le lecteur pensera ce qu'il voudra du reste du livre, peu m'importe... » — « Celeste verite, ajoute-t-il , toi, pur objet de mon adoration ! ce livre est I'offrande de mon coeur , que je depose sur tes saints autels! Puissent ceux qui, comme moi, sont devoues a ton culte, s'en penetrer ets'en nourrir, etje serai satisfait. » — Voyons done si cet ouvrage pent realiser les esperances de son auteur. Nous supposons d'abord qu'il lui a donne la forme d'un 10- nian pour ne pas effaroucher la norabreuse classe des lecteurs fri- voles , etrepandre d'autant plus facilement les opinions qu'il regarde comme la verite. En cela, nous croyons qu'il s'est trompe. Celui qui voudra lire un roman lui s.iura mauvais gre de ne lui donner, sous ce titre, que des dissertations sans fin sur la pliilosopbie , sur la na- ture de I'ame , sur celle de Dieu , etc. , et c'est ce qui compose la por- tion la plus considerable du livre dont nous parlons. Nous n'entre- rons pas en discussion avec l'auteur sur ses opinions, ou plutot celles de Kant : car c'est la doctrine de ce celebre nietapbysicien alle- mand qu'il a voulu dcvelopper et mettre, pour aiusi dire, en action dans le personnage de Rosaline ; mais nous obscrverons a ce sujet que tons les faiseurs de systeme se ressemblent par deux points, les con- tradictions et I'obscuritt^. Le i>rincipe -vital absolu de Kakt ue nous parait pas plus clair que les tourbillons dd Descartes et liexpansion de M. AzAi's. Quand done conseutirons nous a avouer notre igno- 43o LITRES Strangers. ranee complete sur tout ce qui coiicerne les grands probli-nies de la nature de notre intelligence et de celle de la cause premiere ou la Divinite? Pcut-^tre ne nous sera-t-il jamais possible de les resoudre; mais du moins il nous senible que la seule niarche raisonnable a suivre pour arriver a la iierite et pour faire faire quelques progris i la mctaphysique , c'est de la traiter comme les autres sciences , c'est-.i-dire de multiplier les observations, de recueillir des fails instructifs et bien constates , et surtout de ne pas se lifter de con- clure. Mais revenons a Rosaline.l — La fable de ce roman nous pa- rait assez singulierement iniagin^e, et peu propre a procurer des par- tisans aux opinions de I'auteur. Le pere de Rosaline est un officier distingue, mais pauvre, dernier rejeion de I'illustre famille des de Fere, en Angleterre. II perd son epouse, qu'il aimait tendrement, dans un voyage aux Grandes-Indes, et lorsque Rosaline, sa fille unique, n'e- tait encore qu'un enfant. L'education de cette fille clierie devient sa seule consolation, etnous savons deja quelle sorte de pliilosophie notre auteur attribue a son heroine. Apres quelques annees de sejour en Italic, pendant lesquelles Rosaline se lie d'une amitie tr^s-intime avec une jeune personne naturellement tendre et devote , mais qu'elle convertit n^anmoins a toufes ses opinions, Rosaline revient en An- gleterre avec son pere. Comme elle est d'ailleurs fort belle et fort seduisante, elle ne manque pas d'sdorateurs. Ses affections se fixent sur un jeune noble irlandais, officier comme son p^re , et dont le caractere a beaucoup d'analogie avec celui de sa dissertante et phi- losopliique maitresse. Tout semble d'abord sourire a Rosaline : son pere consent a son manage avec son amant, et cet amant devient h6ritier d'une grande fortune. Ses premiers chagrins lui viennent de son amie d'ltalie. Clorinde (c'est le nom de cette amie) s'etait eprise d'une grande passion pour un noble comte italien , et I'avait epouse secretement. Ce jeune homme, qui 6tait implique dans des conspiratiions politiques , disparait sans qu'on puisse savoir ce qu'il est devenu. La douleur egare la raison de sa femme , et on I'amfene k Paris pour essayer de la guerir. Precisement a cette epoque , le futur epoux de Rosaline est amene aussi a Paris pour des demarches relatives a la fortune dont il a h^rite. Le hasard^fait qu'il snuve la pauvre Clorinde d'un piege dans lequel voulait la faire tomber un officier francais. Seduit par I'extrfime beaute de cette italienne in- fortunee , il se bat avec cet officier , le tue , et il est lui-m^me dan- gereusement bless6. De fausses appareuces font croire a Rosaline que ce duel a ete occasinne par I'infidelite de son amant, et qu'elle est GRA.NDE-BRETAGNE. A5i cgalement tronipee par son amie et par lui. Aussit6t , et sans atteiidre le molndre eclairclssement , elle se hate d'envoyer a ce dernier une lettre remplie des plus amers reproches , et oil elle lui declare quelle renonce a lui pour toujours. A la reception de cette lettre , I'amant desespere dechire I'appareil de sa blessure, et meurt dans un acces de desespoir. Clorinde perd tout-a-fait la raison, en ap- prenant celte nouvelle : on est oblige de lui mettre le corset de force et de I'enfermer a Charenton. On pense bien que Rosaline ne peut pas survivre a tant de malheurs causes par sa foUe precipitation. Aussi ne vit-elle que le terns necessaire pour assister aux funerailles de son aniant , dout le corps est rapporte en Angleterre ; puis elle meurt, toujours discourant et philosophant jusqu'au dernier mo- ment. N'est-ce pas la un beau resultat de cette connaissance de la 'verite , proclamee avec taht d'empliase ? La pretendue sagesse de Rosaline ne se montre que dans de longs et pedantesques discours; jamais elle ne parait dans ses actions, et en cela I'auteur a sans doute commis une grande maladresse. Ses longues dissertations phi- losophiques nuisent aussi a I'iuteretd'un ouvrage qui n'est pas, d'ail- leurs, sans merite. Le style en est clair et rapide, et partout I'auteur exprime des sentimens qui font, a notre avis , plus d'honneur a son kxae que ses opinions n'en font a son esprit. II est impossible d'e- prouver une baine plus energique et plus profonde que celle dont il parait anime contre toute espcce de tyrannic et d'hypocrisie. F. F. l6i. — * The Westminster Ret'iew. — Revue de Westminster, n" IV. (Octobre, 1824). Londres, 1824. Baldwin, Cradock et Joy. Prix 6 shillings. Pour faire connaitre a nos lectenrs ce que Ton nomme aujourd'hui Yesprit de cet estimable recueil , nous clioisissons son caliier d'oc- tobre 1824 , parce qu'il contient un tres-long article sur deux autres revues anglaises , aussi trimestrielles , celle d'Edimbourg et celle de Londres, intitulee Qiinter/j' Reriew. Cet article de 90 pages, dans uu volume qui n'en a pas plus de 280, forme a peu presle tiers du cahier; cependant, on le lit d'un bout a I'autre avec inter^t. Nous ne pou- vons nous dispenser de remarquer , a ce sujet, que les ouvrages pe- riodiques qui portent et justifient le titre jde revues , doivent eviter le dcfaut que Montaigne reproche en general aux auteurs , de ne faire que s'entreglosser. L'immensile des objets soumis a leurs obser- vations, et dont ils doivent rendre compte , suffit bien pour absorbei leur attention, et ii ne leur reste que peu de terns pour s'examiner nt la biographic aurait eii- tore exclu necessairement plusieurs cboses relatives nn suhan d'ii- kho LIVRES ETR ANGERS. gypte. En consequence , son second volume Iraite de Saludin et des demiei's rois de Jerusalem ; et le troisic^me , des croiseset de Saladin, apr^s la destruction du royaunie des Francs par ce dernier. Conrad de Montferrat , Tempereur Frederic I et Richard Coeur-de-Lion , que Tauteur a regrettc de ne pouvoir trailer aussi favoniblenient qu'il I'eut desire , en sont les principaux personnages. II a parfailement ctiidie toutes les sources, a I'exeeption des ouvrages orientaux , et il cite toujours quelqiie autorite, lorsqu'il s'eloigne d'une opinion admise avant lui. lyo — *Die deiitsche Geschic lite fur Gymnasien und Schnlen. — - Abrege de I'histoire d'AUemagne, a I'usage des gymnases et des ecoles ; par le docteur Ck.-G. BoixiGER.Erlangen, iSaS; Heyder. In-8°de 266 p. d'une impression trfes-serree. M. Bottiger, qu'il ne faut pas confondre avec le savant archeo- logue de ce nom , est coniiu par son Histoire de Henri-le-Lion , dtic de Saxe et de Bavlere ( Hanovre, i8ig ; Halin. xxit, 48a pag. in-8°). II vient satisfaire nn besoin generalement senti, en mettant i'histoire d'AUemagne a la portee de la jeunesse. Quoiqu'il ait profile des ou- vrages de Schmidt, Heinrich, Posselt, Poluz, Heeren, etc. , il n'a point neglige les auteurs originaux, et son precedent ouvrage que nous ve- nons derappeler prouve jusqu'aquel point il les a etudies ; mais I'his- toire d'AUemagne de M. Menzel parait lui 6tre ecliappee. La nation allemande etart plus a ses yeux que I'empire d'AUemagne; il expose I'histoire de la premise, sous les rapports de la culture de I'esprit , des mceurs , de la religion., de la constitution et du gouvernement, et ses jugemens sout pleins de sagesse et de franchise. Nous aban- donnons aux journaux critiques allemands le soin de relever quel- ques erreurs et de discuter les points ou Ton pourrait bien etre d'une autre opinion que I'auteur; et comme I'Allcniagne savante est encore bien loin d'etre connue parmi nous , nous citerons seulement le passage suivant (p. igS ) : La langue allemande comptait deja des ecrivains tres.^remarquable, d6s 1740; depuis , sa splendeur s'est accrue rapidement; elle commenca d'ahord par se depouiller d'une foule de formes empruntees a I'etranger, iinita eiisuite les meilleures formes usitees dans d'autres langues et finit par s'en creer de nou- velles a elle-m^me. Tout Alleniand doit dtre rempli d'un juste or- gueil au souvenir des auteurs celehres de sa pati-ie , tels que Haller, Gellert, Cramer, Lessing, Wieland, Klopstock, Kamler , Burger, Stolberg, Gessner, Herder, Leiswitz, Schiller, etc , auxquels il fau- *lrait ajouter, parml leSjccrivains qu'elle pos.sede encore aujourd'hui, ALLEMAGNE. 44' Voss, Kliiiger, Gcithe, Schlegel , Tieck , et beaucoup d'autre^. Cef orgiieil national doit s'accroitre encore, en paicoiirant le vaste do-' inaine de )a science , en voyant quelques-unes de ses branches naitre en Allemagne , ou elles fleurissent avec eclat, tellps que la psyehologie experiinentale , Vesthetique, \'d. pedagoglque , la statistique et Veconomie nationale , et dans toutes lesautres, des hommes qui peu- vent se placer hardiment a cote des ecrivains les plus distingues de toutes les nations. Nous supprinions ici une longue enunieratiou de noms , qui paraitrait d'autant plus deplacee a nos lecteurs , qu'elle n'est relevee par aucun detail qui puisse en corriger la se- cheresse; mais nous somnies d'autant plus eloignes de contester a iiotre auteur ces titres de gloire de sa nation , que nous sommes assez riches nous-memes pour etre preserves d'uue basse et injuste ja- lousie. 171. — Uebersicht der SiaaCseimter itnd Venvaltungibehoiden tinier Theoderich. — Des places, emplois et autorites administratives sous Theodoric ; par le docteur J.-G.-F. Mahso. Breslau , 1823 ; Grass. 56 pages in-8". C'est une excellente coutume des professeurs et des recteurs alle- mands que de publier, au commencement des annees scolaires,ou a I'occasion des diverses solennites, un programme qui, outre la chronique du gymnase , de I'universite, etc., offre quelque disser- tation sur un sujet scientifique ou litteraire. M. Manso, historien distingue , dont on connait la Biographie de Constantin-le-Grand el I'Histoire de Sparte , a fourni de cette maniere plusieurs monogra- phies interessantes. Celle que nous annoncons semble 6tre le prelude d'un grand ouvrage sur Tempire des Ostrogoths dont I'auteur s'esl beaucoup occupe ; son voyage en Italie pourrait bien avoir ele fait principalement dans I'inter^t de cette entreprise, dont nous appe- lons de tons nos voeux I'execution. 172. — A. -Ch.- Dorothea letzle Herzogin von Kurland. — Vie d'Anne. Charlolte-Dorothee , derniere duchesse de Courlande , ecrite par Ch.-Jug. TiEDGE. Leipzig , 1823 ; Brockhaus. xii , 4i5 pages in-12 A .-Ch.-Dorothee de Medem , d'une famille ties-ancienne , naquit ^ le 3 fevrier 1761, a Mesothen , en Courlande; un des comtes ses freres occupe maintenant la place distinguee de plenipotentiaire de la noblesse de ce pays, alors gouverne par des dues vassaux du roi de Pologue. Sa beaute, ses talens nalurels , TedHcalion soignee qu'elle avail recue de sa mere atlirerent bientot sur elle les regards d'une foule de jeunes gentilshommes ; mais le due Pierre lui-mdme, aprcs /,/,2 LI V RES £tRA^(;ER8. avoir fait divorce avec sa seconde Spouse, lui ofTrit sa main et I'epousa, le 6 novembre 1779. C'est ici que commence sa carriere politique : car I'apathie et I'iusonciaDce de son epoux I'obligerent h donner ^es soins aux affaires de son p.iys, trts-derangees alors. Elle ne s'en tira pas sans honneur. La Courlande etait au moment de perdre son indcjicndance, pulsqiie sou existence politique de- pendait de celle de la Pologne, qui se trouvait elle-m(*me alors dans une situation phis fjue critique. De plus , des troubles regnaient dans rintericur du duche , et la Russie etait prdte a en tirer parti. Dorothea s'epuisa en efforts inutilcs , mais honorables; le due abdi- qua, en 1795, et la Courlande ( avec Seuigalle ) fut reduite en un gouvernement russe. L'e.v-duchesse se consacra alors tout entiere a I'educatiou de ses quatre filles, araraitie,a la bienfaisance, aux lettres et aux arts ; elle fit de ses immenses richesses un usage noble et genereux. Le mariage de sa fille Doroth^e avec Edmond de Peri- gord, neveu du prince de Talleyrand, I'amena a Paris 011 elle s'erigea en patrone genereuse de la commune lutherienne. Elle mourut , le ao aout 182 1 , a sa terre de Liibicliau , dans la principaute d'Alten- bourg. M. Tiedge, poete distingue, honore de son amitie et de celle de M'"« de Recke sa soeur, nous offre sur la premiere une biogmpbie dediee a la Socii'le litteraire coiirlandaise. L'auteur ayant eu a sa disposition le journal autograplie et beaucoup de lettres de la du- chesse , a pu entrer dans de grands details. Pent-etre meme s'en Irouve-t-il trop; qiielques faits inexacts defigurent d'ailleurs cette biographic, ou plu'.ot ce panegyrique, puisqu'on n'a dit et voulu diie que le bien. Nous devons ajouter que nous avons vu avec ^toiiuement l'auteur conserver encore tous les prejuges que sa nation a noiirris si long-tenis centre la notre, et au-dessus desquels un honime d'esprit devrait savoir s'elever. J.-H. Schnitzif.k. 173 — JIJ. Til /Hi Ciceronis, orationiim pro Scauro , pro Tiillio et in Clvdinm fnii^nientn inedita , pro Ciiienlio , pro Calio , pro Ccccina -va- rianles lectiones , oratiohem pro T. A. Milone a lacnnis reslitutam ex membranis Pulimpsesiis Bibliothcae Taurinensis , j4:henai edidit it I inn yiinbiosianis pariiitn. oraionum fragmentis composuit Amedeiis Pkybon. Stuttgart et Tubingue, 1824. In-8° ; prix 14 fr. a5 c. La preface de cet ouvrage est d'un grand intcr^t ; l'auteur y fait mention de la bibliotheque de Robbio. Un monastt-re fonde au vii* siecle, contenait des tresors de pbilologie ; disperses aujourd'liui, lis pourront(5trerecherch(splus facilemeut a I'aide du catalogue de M. Pcvron.Mtir.ilori arait public autrefois m\ catalogue du x'"sleclc; ALLEMAGNE. /i4'3 celui que donne M. Peyron date du xvc, et prouve coniljien la fureur de charger d'insipides rapsodies les chefs-d'ceuvre de I'antiquite , avait deja fait de progr^s dans cet intervalle. Combieii d'excellens ouvrages, iudiques dans le catalogue de Muratori, ne se trouveiit plus dajis ce que nous donne M. Peyron ! II tious ap- prend comment la biblioth^que du monastere de Saint-Columban fut peu a peu diminuee et eiifin aneantie. Il nous donne I'inventaire du x-v' siecle, avec des notes etendues et instructives; ces notes contiennent des morceaux importans , tels que le second Livre des Machabees , d'apr^s une version inedite. Les Palimpsestes sont in- diqu^s et decrits. Les 200 premieres pages du volume sont oc- cupees par ces details, et Ton arrive enfin aux fragmens inedits de Ciceron. M. Peyron les a decouverts sous I'ecriture d'un Traite de saint Augustln, provenant de la biblioth^que de Bobbio, et faisant partie de celle de Turin. II nous dit comment il s'y est pris pour faire reparaitre I'ancienne ecriture , in quoi il a ete merveilleuse- itient seconde par M. Giobert, professeur de cLimie. M. Mai et M. Niebuhr n'etaient point d'accord sur la mani^re dont il fallait coordonner deux fragmens du discours de Ciceron pour Scaurus. La decouverte de M. Peyron , qui les a trouves reunis, decida pour M. Niebilhr. Rien de plus elegant , rien de plus agreable a lire que le latin de M. Peyron ; les choses en apparence les plus arides plai- sent au . lecteur par la maniere dont elles sont presentees , et le cadeau qu'il nous fait est d'autant plus important, qu'il rend aux plus beaux discours de Ciceron des fragmens qui leur manquaient. Ceux des oraisons pour Scaurus , pour Tullius contre Clodius , sont tres-considerables. Les barangues pour Cluentius , pour Coelius, pour Coecina et plusieurs autres sont enrichies de variantes. La Milonienne est restituee et debarrassee de lacunes flicbeuses. Toutes ces refutations de texte, toutes ces variantes sont accompagnees de notes trfes-savantes. 174- — Deutsche Atterthiimer. — Antiquites alleniandes et ger- maines, ou Archives de geographic ancienne et du moyen Age, publieespar T. Kbuse, professeur a Halle, et secretaire de la Societe de« antiquaires de Thuringe. Halle, 1824. Petit in-8°: — II parait tous les deux mois nn nuniero de cinq a six feuilles d'inipression , accompagne de cartes et de gravures ; six numeros forment un volume : le prix du volume, ou de I'anilee, 3 rixdalers la gros ( environ 12 fr. ). La Revue a plus d'une fois parle des travaux de M. Kruse, 444 LIVRES ETRANGERS. auqiiel la gt-ogiapliie a de grandes obligations. En i8ar et eu i82'3 , il publiait des Archives , ou les questions les plus importantfis etaient approfondies. Ptoloin^e , la civilisation de la Germanic, le com- merce des Romains , les peuples situes a I'Orient de sa patrie, etaient tour a tour examines; des nouvelles litteraires terminaient chaque caliier, et c'est avec un veritable chagrin que nous nous sommes vus prives de cet utile I'ecueil. Celui que nous annoncons aujourd'hui parait nioins consacre a I'erudition qu'a la reunion d'un grand nombre de faits ingenieusement present6s : ces mate- riaux , sans doute, auront par la suite une utilite incontestable. D'abord , nous trouvons d'interessantes observations sur I'eglise de Keuschberg, fondee par Henri 1". Ce morceau , de M. Stieglitz , est suivi d'une discussion de M. Kbuse sur quelques objets trouves aMulsum, duche de Brenie. M. Tychsen en avail deja entretenu la Societe royale de Goettingue. M. Ki-use, qui ne partage pas son avis , donne au sien des developpemens qui sertxnt lus avec plaisir : il s'agit de plusleurs medallles romaines en or qu'un anneau semble avoir converties en ornement... L'epoque oil les Chauci Mnjores quittfcrent le pays situ6 entre le Veser et I'Elbe, oil les Saxons les remplacerent , est celle pour laquelle se decide M. Kruse , qui croit voir aussi, dans un lieu voisin, nomnie Hei- denstadt (ville paienne), le Phabiranum de Ptolomee. Ce qui suit est de M. Augnste Wii-helm eJ de M. Bekgner, qui rendent compte de fouilles les plus interessantes et les plus fructueuses que Ton ait encore faites dans les Tumuli. Ceux-ci sont places sur la montagne de Bottendorf. II parait que lout ce pays etait un vasle champ funeraire, el la superstition le peuple de revenans. Nous engageons ceux qui s'occupent de Tumuli a etudier ce mor- ceau. M. RoEMEH , de Mersebourg, trake apres cela de medallles qu'on a Irouvees, en 1822, dans les environs de cette ville; ces inedailles n'ont qu'un iiileretuer la memoire de 1 'honorable visite faite ;t ITALIE. 4. 5^ cet 6ta})lisscinent par S. M. I'imperatrice Caroline-Auguste , le a5 decembre 1822. 1 80. — * Ptiograjia universale antica e moderna , ecc. — Biographic universelle, ancienne et moderne , traduite , corrigee et enrichie. Tom. XVI et XVII. Venise, i8s4 ; J.-B. Missiaglia. Iu-8°. Outre plusieurs imperfections que les redacteurs italiens n'ont pas relevees dans I'orlginal, on remarque que le peintre Louis de Morales se trouve place a I'article Dh'in, surnom qu'on a donne a tant ^ d'autres artistes ou ecrivains, et qu'il ne convient point de substituer a leurs noms propres. On trouve aussi les deux Biancolelli, pfere et fils , sous leurs nonis de bapt^me, tandis qu'on les cherchera sous leur nom de famille : ce qui est un grand defaut dans uu dictionuaire historique , surtout lorsque cette inadver- tance est trop frequente. Aiusi, dans I'article Domenico de' Camei , qu'on pouvait raieux placer sous le nom de famille Compagni , on appelle Giovanni delle Corniole Giovanni di Corniola , ce qui est tout-a-faitinexact. Nous avonsrelev^ plusieurs autres fautes du meme genre , qui appartiennent tanlot a I'original, tantot a la traduction ; mais , ce qu'on ne peut pardonner a I'editeur de Venise , ce sont des fautes typographiques souvent tres - graves. Nous signalons de terns en terns ces negligences, pour obligerles redacteurs a don- ner plus de soins a un ouvrage qui , d'ailleurs, a tant de titres pour dtre bien apprecic. 190.'— Prose , etc. — Discours de J.-B. Niccolini, de Florence , professeur d'histoire , et secretaire de 1' Academic des beaux -arts. Florence , 1 823 ; P. Piatti. In-S". On distingue parmi les morceaux compris dans ce recueil , le discours sur la propriete en fait de langage. Un passage de ce dis- cours peut servir a faire connaitre la maniere de penser de I'au- teur. "11 faut eviter surtout, dit-il , qu'une etude trop rainutieu.se des mots etouffe entierement la liberte et I'essor du genie, et que nos ecrits ne se fasscnt remarquer que par cette verbeuse elocution que nous reprochent les etrangers , occupcs d'ajouter anx progres reels des connai"sances les plus importantes. » II espere que la posterite, devenue encore plus eclairee , demandera quel profit a tire ritalie de ces miserables disputes grammaticales qui , pendant si long-tems , ont fait les delices et presque I'unique occupation d'un grand nombre de ses (Ecrivains. Quelques pages d'un Verri , d'un Beccaria et d'un Filangieri assurent , dit-il, plus de gloire a I'ltalie que les discussions litt6raires du Muzio ( graininairien ) , T. XXV. — Ffh'iicr i825. 3o /,54 LIVRES ETR ANGERS. quand m^mc on parrieiidrait a prouver que le style de ce dernier est preferable a cehii des auteurs que nous avons cit^s. igi. — * Le Odi di Pindaro , traduzione, ecc. — Odes de Pin- dare , traduites par M. fViwie/ye Borghi , et dedices au chevalier V. Monti. Florence , i8a4; P. Caselli. In-S". Nous nous felicitons d'avoir a annoncer cette belle traduction de Pindare, qui a ete gen(5ralement bien accueillie par tous les amis eclaires de la litterature classique. Horace, le seul des poetes latins qui s'etait approche du poete grec , I'avait signale comme un module inimitable. Le premier, parmi les Italiens, qui ait ose le traduire en vers est Alexandre Adimari , qui publia sa version a Pise, en i63i : il ne la regardait lui-m^me que comme une paraphrase. Malgre les efforts et les qualites du traducteur, qualites qu'on ne peut se dispenser de reconnaitre meme aujourd'hui , souvent on cherchait encore inutilement Pindare dans Adimari. L'essai mal- heureux de ce traducteur et de plusieurs autres, qui, en suivant la m(5me carriere , eurent encore moins de succes, fit espcrer a M. Costa, de Padoae , qu'il reussirait raieux en traduisant Pindare en vers latins. Sa traduction, pnbliee au commencement de ce siecle, se fait remarquer par sa fidolite et par la noblesse du style. Deux autres traducteurs se sont occupes successivement du m^me travail , le professeur Antonio Mezznnotte el M. Cesare Lucchesini. Le pre- mier nous a donne une version complete Odes des de Pindare; et, malgre les qualites qui la distinguent, les essais qu'a publies de- puis M. Lucchesini font desirer qu'il acheve aussi son beau travail. Ce dernier est regarde, en Italic, cor.ime un des plus savanshelle- nistes etdes ecrivains les plus elegans. M. Borghi est venu partager cette noble rivalite; et, ce qui honore le caractere des deux con- currens, il a etc encourage par Lucchesini lui-m^me, qui a fourni , dit-on , des armes a M. Borghi pour lui disputer la victoire , en lui procurant des livres et des renseignemens pr^cieux. L'ltalie a generalement applaudi a son succes. M. Borghi a dedie, par un beau sonnet, sa traduction au traducteur d'Homere , V.Monti, esperant , dit - il , plus de gloire de I'accueil favorable de ce poete que de sa propre couronne. Le plan qu'il a suivi lui est entierement propre. II fait preceder chaque ode par un argument qui en developpe et en eclaii cit le sujet ct la marche, ainsi que i'en- chainement des parties, et, ce qui est plus difficile encoie, le lien des transitions. Par cette methode , il rend la lecture de Pindare beau- tonp plus intelligible et plus agri-able qu'elle ne I'ctait auparavant. ITALIE. A 55 Chaque ode est suivie de quelques notes indispensahles, et par consequent rares et concises. Dans sa traduction il a tSche de va- rier les nifetres , autant que la nature de I'ode lui x paru i'exiger ou le comporter. II en a emprunte surtout k Petrarque et a Chia- brera, et parfois meme a Ceretti et Labindo, poetes qui de nos jours se sont distingues dans ce genre. On pourrait quelquefois lui reprocher d'avoir employe une certaine forme de vers qui semblent convenir plutot a la lyre d'Anacreon qu'a celle de Pindare. Malgr6 les lois rhythmiques que le traducteur s'esi imposees , il conserve la plus grande fidelite : on apercoit a peine quelques legers chan- gemens ; et ces cliangeraens , s'ils n'ajoutent pas k la pensee de I'original, servent du moins a Teclaircir davantage , sans I'alterer. Les savans hellenistes sauront appr^cier ce merite ; mais nous pouvons assurer en meme tems que toutes les classes de lecteurs trouverout dans cette traduction le charme que fait oprouver la lecture des meilleures compositions originales. M. Borghi sait toujours paraitre original, lors meme qu'il n'est en effet que tra- ducteur fidele. Ces eloges que je me plais a lui accorder sont le re- sultat des impressions qu'a produites sur moi la lecture de sa belle traduction , impressions que je partage avec les amis les plus ^claires de la poesie italienne. II serait a dcsirer que M. Borghi entreprit de chanter, k I'exemple de Pindare, ce qui tient de plus pres aux inter^ts de son tems et de sa nation : il est vrai qu'ils ne lui fournissent pas les m^mes sujets que la Gr^ce fournissait a Pindare; mais, a defaut de h^ros , la vertu , I'honneur, la patrie , n'existent-ils pas toujours, et ne peuvent-ils meriter les homniages et les hymnes de nos poetes ! F. Salfi. iga. — i.ezioni archeologiche , ecc. — Lectures archeologiques sur quelques nionumens du Mus^e egyptien de Turin ; par GiuUo di S. QuiNTiNO. Turin, 1824; Imprimerie royale. In-8° de 83 pages. Deux fails capitaux et synchrouiques se font remarquer dans I'histoire des etudes modernes sur I'Egypte : I'arrivee en Europe de la magniflquc Collection Drovetti , et les d^couvertes de M. Cham- poUion le jeune; mais la collection etait dirigee sur Turin, et le savant francais habltait Paris. Favorise par d'honorables encoura- gemens , il s'est rendu en Piemont oil ses doctrines lavaient precede, et oil le nombre infini de monumeus de tout genre accumules dans le Musee royal 6gyptien, devaientetre autant de moyens d'eprenves de ces m^mes doctrines. Les savans academiciens de la capitale du Piemont ne pouvaient pas rester indifferens a ces memorables expe- '.56 LIVRES ETRA.NGERS. rienccs ; ils s'y sont livres : cliacune d'elles a confirme les d^couvertes du savant fraiKjais : et d^s lars, cet heureux coucours d'efforts a 6tc dirige vers riuteipretation de monumens qui , peu de. lems aupara- vant , etaieiit encore en proie aux r(5veries de Kiicher et de sa nom- breuse ecole. Le prochain volume des Memoires de I'Acadeniie royale de Turin contiendra plusieius dissertations fondees sur les nou- veaux principes, et mettront ceux-ci de plus en plus a I'abri detoute espece de doute. M. le professeur Constanzo Gazzera a deja public ses AppUcazioni delle doUrine del signor Champoll'ton mi/iore ad alcuni moniiininti geioglijici del regio miiseo egyzlo (62 pages in-4'' et i» planches), etc. Le chevalier de Saint- Quentin fournit aujour- d'hui son contingent de demonstrations du md'me genre , en ex- pliquant par Talphabet des hieroglyphes phonetiques , deux mo- numens tres-importans , I'uu d'eux surtout , puisqu'il consiste en une inscription hieroglyphique suivie de sa traduction en grec. Les lecteurs du Bulletin connaissent deja cette double inscription : c'est ccHe qui est tracee sur une momie du terns d'Hadrien , et dont j'ai donne rinterpretatioii dans le cahler d'octobre du Bulletin, n° 177 , avec une planche. Le memoire que M. de Saint - Quentin public aujourd'hui , a ete lu a rAcademie de Turin le 19 aoiit precedent : le sens de I'inscription grecque ne presentant aucune difficult^, il n'y a aucune divergence entre les deux interjjretations, et M. de Saiut-Quentin , qui a le monument sous les yeux, rapprochant les noms proprcs qui sont dans les deux inscriptions hieroglyphique et grecque , en conclut hautement la certitude du systome lii^rogly- phique de M. Champolllon le jeune; et il ajoute aussitot : « Si, main- teaant, il se trouvait encore quelqu'un qui voulut mettre en doute la verite de la recente theorie d'interpretation des diverses especes d'e- critures usitees chez les anciens Egvptiens, je pourrais avec toute certitude I'inviter a renouveler la confrontation que j'ai faite moi- meme des deux inscriptions susmentlonnees , et a en tirer avec bonne foi les consequences qui en decoulent uecessairement. » Voila ce que disent les monumens' sur une decouverte dont I'expositiou niethodique et rigoureuse avait deja demontrc la certitude; toute- fois, ces nouvelles preuves ne sont point indifferentes a produire pour coufirmer la foi des personnes eclaiiees , et mettre un peu a I'aise ceux qui font semblant de douter encore, il est vrai sans sou- niettre leurs doutes affectes a I'examen du moude savant. — Le se- cond nionunient interprete par M. de Saint-Quentin est d'une toute autre importance pour riiistoiic : i) s'agit d'un colosse dc gres rouge ITALIE. 437 dc 5 mfetres 45 n.lUim^trcs de hauteur, ou i6 pieds et dcmi, d'un seul bloc, et representant un rol d'Egypte en pied, la t6te oruee d'une tr^s-haute coiffure ; il est adosse a un obelisque de m6me hauteur el pris du ni^me bloc ; des inscriptions hieroglyphiques ornent un des cotes de I'obelisque et la base de la statue; des cartou- ches s'y trouveiit menie. M. de Saint-Quentin entrejDrend de recon- nailre le Pharaon que ces inscriptions rappellent , et les doctrines de M. Champollion le jeune deviennent encore sou unique guide, Examinant chaque figure I'une apr^s I'autre , il y trouve cette le- gende royale : ■» Le roi du peuple obeissant , ( Soleil gardien des morides , cheri d'AmmonJ le fils du Soleil ( Mandoui, serviteur de Phtha ), cheri du dieu stabiliteur, bienfaisant, vivificaleur. » Illui reste a connaitre quel fut ce roi Mandoui, cheri de Phtha , et quel rang il occupa dans la chrouologie des terns historiques de FEgypte: M. de Saint-Quentin conclut de savantes recherches et de diverses considerations tirees du style de la statue et du texte de ses inscrip- tions , que ce roi 3landotii est le fameux Osl-Wandiie ou Oiimandias dout Diodore de Sicile a rappele tant de grandes actions: qu'il appar- tieiit a la xv^ dynastie egyptienne , et qu'il regna vers le xxin° siecle ayant I'ere chretienne. Voila encore un jalon -vigoureux dans Ics landes historiques de ces terns recules, etM. de Saint-Quentin a juste- mentappreciel'importance de ce morceau colossal de I'art cgyptien , le plus ancien qui soit connu jusqu'a present. Nous devons dire a ce sujet qu'une statue semblahle, trouvee aussi en meine terns par M. Drovetti dans les mines de Thebes , vient d'arriver a Rome ; les dessins qui en ont ete envoyes a Paris prouvent a la fois I'identite du personnage figure, celle des inscriptions hieroglyphiques, Pt de la des- tination des deux colosses qui paraissent avoir tte le pendant I'un de I'autre, et avoir orne I'eiitreed'uu grand teinplede la primitive capitale del'Egypte. Oiicomprend par ce resultat, I'interet, sans egal, onpeut le dire, qui serattache aux etudes egyptiennes. On applaudii'a done a I'empressement des savans piemontais qui font conuaitre a I'Europe savante les precieux monumens que la munificence de leur souve- rain a si honorablement confies a leur 7,ele et a leurs lumi^res ; nous nous ferous un devoir de tenir le lecteur au courant de leurs impor- tantes explorations. — Nous devons ajouter que M. le chevalier de Saint-Quentin a aussi donne a I'Academie la description de ?83 me- dailles de I'Egypte Romaine, dont quelques-nnes, denomes, etaient inedites.Nous feronsconnaitrece memoiredans notreprochaincahier. C. F. 458 LIVRES STRANGERS. PORTUGAL. ^9^- — Q"^ ^* o Codigo civil? — Qii'est-ce que le Code civil? par le docteur Vincent-Jose Ferkeira Cahdozo da Costa. Lisbonne, iSaa; Galkardo. In-4° d'environ 400 pages. Cat ouvrage, qui nous est parvenu depuis peu , est une thcoric sa- vante des codes civils appropries aux besoins respectifs des peuples ; il renferme une indication illustr6e par de nombreux exemples des d^fauts les plus ordinaires de ces sortes d'ouvrages, et du meilleur plan qu'on y devrait suivre. Lanjuinais, de Vlnscicut. PAYS - BAS. 194.' — ■ *Caroli Linncei Philosophia botanica ; editio aiicta et emendata. Tournay, i8a4; Casterman-Dieu. In-8°. Cette nouvelle edition de la Philosophie botaniqae se recommande surtout par I'exactitude typograpLique. Outre les excellentes notes de C. Sprengel , elle coutient une preface dans laquelle M. Van- BREDA , professeur d'histoire naturelle a I'Universite de Gand , a expose rapidement les belles decouvertes de M. Dutrochet sur I'ac- croissement des plantes. Elle renferme aussi une enumeration des families naturelles, plus complete que celle qui avait ete donnee par Sprengel. A. Q. 1 9$. — * Histoiie des troubles des Pajs-Das sous Philippe II , par Vabtdervthckt ; ouvrage corrige quant an style , et augmente d'un discours preliminaire et denotes, ainsi que de pieces iuedites; par J. Tartb cadet , avocat. Tome IV. Bruxelles, 1824.; Hublon. Les memoires de Vandervynckt ont ete juges severement par le cel^bre Heeren , qui ayant sans doute sous les yeux le tableau bril- lant trace par Schiller de notre revolution du xvi^ sifecle, ne gou- tait point la narration simple, familiere et incorrecte de I'ecrivain flaraand. M. Tarte a cru qu'il serait avantageux de faire disparaitie ce vice de forme. Mais il aurait niieux fait d'eniployer son talent et ses connaissauces a reprendre I'ouvragc entier, au lieu de se bor- ner a quelques rectifications incompletes qui, en otant a I'original sa pbysionomie, lui laissent encore assez de fautes pour rebuter beaucoup de lecteurs. Quelquefois m(?me, les traductions deM. Tarte jont des contresens. Par exemple, Vandervynckt dit quelque part que Philippe II dcrivait bien; et son 6diteur rend ces mots par ceux- ci : il avait une belle ccriiure; ce que contesteront tous ceux qui ont PAYS-BAS. /,59 ])u consulter ies fragmens de la correspondance du cardinal Gran- velle, qui se tiouveiit a la Biblioth^que de Bourgogne. Le 3^ volume de M. Tarte n'est point accompagn6 de notes. II Ies a rejetees dans le 4^. Elles se composent des niorceaux retranches du texte, et de rapprocbemens entre le pass^ et le present. L'auteur y joint plu- sieurs pieces inedites qui auraient pu ^tre imprimees avec plus d'exactltude. De ces dernicres, au nombre de sept, la plus digne d'attention est i'avisde Pierre Asset, president du conseil d'Artois, sur le procfes du comte d'Egmont. Nous ferons observer, a ce sujet, qu'avant que nous eussions public le texte mdme de Vandervynckt, on ignorait le lieu de naissance de ce martyr de noire liberty. C'etait une circonstance qui avait ^chappe a tous Ies biographes : nous avons dit, d'apres une autorite certaine, qu'Egmont etait ne a ia Hainaide, et ce fait a ^te repute pjr M. Laitat, dans son Eloge ducointe iTEgmorU. — Puisque I'occasion s'en presente , nous transcri- rons ici deux pieces qui ont rapport k un evenement celebre men- tionne par Vandervynckt, et qui nous ont ete fournies par une personue distinguee de la HoUande. II s'agit de ia detention de don Carlos , annoncee a un comte de Ligne dans une dep^cbe deposee aux archives du village de Wassenaar. — » Monsieur le comte , la presente sera pour vous envoyer copie des letlres que nouvellement j'ai rescues du Roy, auxquelles me refere, et combien que jay en- tendu le contenu avec extreme regret , si ne fault-il doubter que ce que en cecy ba fait Sa Majeste ne soil este sinon pour bonnes justes et legitimes occasions et que tout tend au service de Dieu et de sa dite Majeste , n'ayant peu de laisser vous en advertir par I'envoy dc ladite copie, affin destre preadvise et scavoir obuyer a tout ce Ton vouldroit publier en cecy au contraire de la bonne intention de Sa Majeste. Quoy estant , Monsieur le comte, iiostre Seigneur vous donnesa sainte grace. De Bruxelles le xii de feburier iSGy. Vostre confrere et amy. Signe SI. SS* due Dalue (d'Albe) etplits bas : J. Van der AA. — Copie des lettres du Roy au due Dalue des Madrids, en date du xxij° jour de Janvier iSfiy: « Mon cousin, estant de nouveau succcde que par anciennes grandes et justes considerations qui me y ont mheu , ay ordonne de detenir le prince mon fils en son loge- ment avec garde et service particulier, affin quil nen sortist ni que traictent ou communiquent avec luy plus de personnes que en ay a ce cboisy et estant cecy chose de celfe qualite et importance que fa- cillemeut se seroient sur icellny faire divers jugemens et discours , meba senible bien de vous en advertir a ce que le communiquez ct 4Go LIVRES ETRANGERS. le faictes entendre de ma part a ceulx de nion conseil destat el aultres mes couseaulx, villes et persoiines que vous semhlera le doi- vent scavoir et auxquels Ion ha accoutume de donner part de choses semblables , les donnant a entendre que ce qui s'est faict avec ledit prince , ne precede el que Ion nest venu avec luy a ces termes pour offense ou coulpe quil auroit conimise contre nioy, ni pour d'aultre chose de seniblable espece ou qualite, sinon que sa naturelle et particuliere condition ha cause en hiy telle maniere de proceder, que pour son propre bien et prouffit et pour ce qua mes royaunies estats et service touche et pour aultres justes considerations ha este necessaire duser avec luy de ces termes et se de cecy en avant il se offre en cecy aultre chose dont sera bien vous advertir, leferay affin que le puissies scavoir et aussy communiquer comme a si bons et feaulx vassaulx et subject.-, sppartient , etc. Le Roi. — A monsieur le comte de Ligne , chevalier de I'ordre , etc. » De Reiffenbekg. 196. — Bedei'oering over Jan Hendrik I'an Swinden. ■ — • Discours sur van Svpinden , prononce , le a6 aout iSaS , a I'lnslitut des Pays- Bas ; par M. Moll. Amsterdam, i8a5 ; imprimerie de Pieper et Ipenbuur. In-8° de 79 pages. Cette brochure est remplie d'inter^t, parce qu'elle renferme dans un cadre resserre tout ce qui a marque la carriere politique et lit- t^raire d'un des grands hommes anquel la Hollande a donne le jour, et dont la perte a ete si douloureuse pour ses nombreux amis, et pour tons ceux qui aiment ou honorent les sciences. C'est avec rai- son que M. Moll (p. 45 ) dit de cet homme qui fnt aussi vertueux que savant :'«Tant que les sciences fleuriront en Europe, tant qu'il en restera dans ce pays le moindre gout, la memoire de van Swin- den sera en veneration, et son nom, comme ceux de Sgravesande , de ilussclienbruek et Lidoss, seront toujours prononces avec respect. » DE KiRCKHOFF, D.-M. 197. — Notice sur le tableau de la fondation de la princii>aiitd d' Orange , ornee d'une gravure au trait. Bruxelles, l8a4; veuve Sta- pleaux. Brochure in-8° de i5 pages. M. Odevaere , que les Francais ont vu remporter , il y a vingt ans, les palmes de leurs ecoles , vient d'enrichir la Belgique, sa patrie, d'un tableau capital, ^investiture dc la principaute dOrange donnce par Charlemagne a Giiillaxime- an- Cornet , dont la maison de Nassau parait descendre incontestablement par les meres : scene du plus vif inter^t, reunion des principaux personnages d'line des jilus he- rojques epoqiies de I'histoire, ■\arietc' prodigieuse de traits et d'ex- PAYS-BAS. 4G1 pression, entente admirable de la perspective, ornemens d'archi- tacture distribues avec ordre et sans profusion, groupes places avec un art inGni, contrastes bien menages, enlin le coloris des grands maitres, tout concourt a faire de cette production un chef-d'oeuvre... C'est, en peinture, ce que serait, en litterature, un poiime epiqne. Le roi des Pays-Bas , si bon juge des convenances , en ordonnant ce tableau, prouve qu'il est loin de partager les liizarres scrupules de quelques courtisans scandalises de voir, a Bruxelles, le fondateur de la maison regnante recevoir, en 798, de la main de Charle- magne, les insignes de la souverainete (i). Si Ton se rappelle que la bataille de Nieuporc, le prince d' Orange a Waterloo , Galaiec , David dans son atelier, la Presentation de Raphael a Jules II , le Triomphe de Jean Cimbite , fondateur de VEcole jlorentine , et tant d'autres ouvrages de genres si differens , ont ete crees par le m^me pinceau , certes , on doit convenir qu'il existe pen de talens aussi flexibles que celui de M. Odovaere. La notice que nous avons sous les yeux nous prouve qu'il pourra prendre aussi, lorsqu'il le jugera convenable, sa place parmi nos litterateurs; c'est un morceau historique tout-a-fait remar- quable et du style le plus entrainant. Stassart. 198. — 1° De Rotterdamsch nieuw letterhundig tjdschrift Urania. — Rotterdam, chez la veuve Locke et flls. — II parait chaque mois un cahier de 4 feuilles in-S". igg. — Bibliotker/ue medicale , nationale et etrangere ; jouj'nal auquel on a reuui les Annales de la medecine physiologique de M. Brous- sais. Bruxelles, chez Tarlier. • — II parait un cahier tons les mois. aoo. — Annales de la litterature medicale britanniqiie. Gnnci , chez Vanden Kerckhove. — II parait , chaque mois , un cahier de 5 a 7 feuilles in-i8. . L'activite des ecrivains de notre epoque presente quelque chose de remarquable. D'un pole a I'autre, les hommes de lettres , au moyen du grand nombre des journaux qui se publient aujourd'hui, sont en rapport, s'ecluirent et se communiquent mutuellement leurs idees et leurs decouvertes ; et le bien qui doit en r^sulter pour les sciences se fait deja sentir partout. Les Pays-Bas ne restent pas en arriere des autres nations sous ce rapport ; peut-etre m^me les jour- naux en general y soiit-ils rediges avec plus de bonne foi et d'impar- tialite que dans auciin autre pays. Si la critique litteraire, surtout (i) Voy. Rev. Enc, t. xxiv, p. 245. /|62 LIVRES FRAN^AIS. *n Hollaude , est s6v6re , il faut avouer qu'elle est juste, sage, leclai- r^e , et qu'elle honore li-s vrais talens , en in^me terns qu'elle abaisse les pretentions de la mediocrite. Les trois nouveaux recueils que nous annoncons aujourd'hui , ont paru depuis la revue sommaire des ouvrages periodiques publies dans les Pay s-Bas , que nous avons inseree dans notre cahier du mois d'aout 1824 ( t. Xxiii, p^g- 49' )• Les redacteurs de VUrania proraettent que tout ce qui peut procurer i I'ami des sciences et des lettres une lecture agreable ou utile, fera Tobjet de leurs travaux. La Bibliotheque medicale , specialement con- sacree aux memoires et aux observations des medecins beiges et aux analyses des journaux etrangers , admet les differentes opinions me- dicales , pourvu qu'elles soieut presentees avec mesure et sans per- fconnalites. Les Annates de la litterature medicale britanniqiie sont principalement destinees a recueillir les observations importantes dont I'art de guerir s'enrichit en Angleterre , et a faire connaitre en Belgique les ouvrages de medeciue publies dans les iles britanni- ques. DE KlHCKHOFF, D.-M. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 201. — Manuel complet , theoritjue et praciqiie du Jardiiiier , ou I'Art de cuUiver et de composer toutes series de jardins; ouvrage orn6 de planches, dedie a M. Thouin, etc. ; par C. Bailly , membre de la Societe linneenne, etc. Seconde edition , corrigt'e et considerablement augmentee ; precedee de YAnnuaire des travaux du Jardinier , poui iSaS. Paris , i8s5 ; Roret. a vol. in-i8 , de plus de 900 pages , ornes de planches ; prix 5 fr., et 6 fr. 5o c. L'utilite d'un ouvrage scientiCque qu'on reimprinic , parait suffi- samnient demontree : le Manuel deM. Bailly est done juge, sous ce rapport, qui est le plus essentiel. On est tente cependanl de repro- cher un peu de luxe a cette nouvelle edition ; elle renfeime peut-^tre des choses dont un manuel peut se passer. Dans un ouvrage de cette nature, chaque ligne devrait 6tre instructive ; toutes les pages y appar- fiennent de droit aux notions qui dirigent immediatement le travail. Tout y est destine 4 dtre relu plusieurs fois : une introduction n'y est dune pas bien placee ; car elle n'a d'utilite qu'a la premiere lec- ture ; au reste , cette sorte de superfluite n'incommode point et n'eni- barrasse guere dans un in- 18 ; le livre n'en est pas moins portalif. Lc premier volume du Manuel rciiferme presque toutes les notions SCIENCES PHYSIQUES. 465 theoriques du jardinage , et le traite des jardins potagers et frultiers ; le second est consacre aiix jardins d'agrement : on y trouve I'enu- m^ration des plantes, des arbres et arbustes d'ornement. L'auteur y a commis , sans le vouloir , une erreur que beaucoup de personnes partageut avec lui : Ic pin cembro , dit-il , est d^une forme peu elegante, h feuillage fond : cet arbre est, au contraire , le plus beau de tous les pins, et d'une verdure agreable. On ne I'a vu, en France, que dans sa jeunesse ; on I'a plante comme les autres pins , dans des ter- rains sablonneux et sees : on ignorait qu'il pousse avec une extrdme lenteur; mais que sa duree n'a point de limites counues, et qu il donne des fruits pendant plusieurs sieclcs; qu'il veut iin terrain hu- mide, et m6me marecageux. Pour connaitre tout son merite, il faut avoir vu sa tige droite et svelte porter a plus de 25 metres de bau- teur une t^te r6guli6re, arroudie et touffue , sur le revers oriental des monts Ourals. — Le Manuel de M. Bailly reunit , du reste, I'uti- lite d'un almanach a celle d'un livre que Ton peut consulter dans tous les tems, et ce caractere mixte permel de le perfectionner et de le completer, a mesure que les connaissances agricoles font des pro- gres. 2oa. ■ — Manuel theorique et pratique du Brasseur, ou I'Art de faire toutes sortes de bieres , contenant les procedes de cet art , tels qu'ils sont usites a Londres ; suivi d'un Expose des alterations fraudu- leuses de la biere , et des nioyens de les decouvrir ; par Accum , pro- fesseur de cblniie appliquee aux arts et aux manufactures; traduit de I'anglais, par M. Rifpault , ex-r^gisseur des poudres et salpe- tres. In- 1 8° ; prlx a fr. 5o c. , et 3 fr. ( Voy. Rev. Enc. , I'annonce de I'ouvrage anglais. ) ao3. — Manuel du Cuisinier et de la Cuisiniere , a I'usage de la ville et de la campagne, contenant toutes les recettes les plus simples pour faire bonne chere avec econouiie , ainsi que les meilleurs pro- cedes pour la patisserie et I'office ; precede d'un Traite sur la dissec- tion des viandes ; suivi de la Maniere de conserver les substances alimen- taires , et d'un Traite sur les vins ; par P. Ca.kdei.li, ancien cbef- d'office. Troisieme edition, revue, corrigee et conslderablement aug- mentee, et ornee de figures. Paris, i8j5; Roret. In-i8; prix a fr. 5o c, et 3 fr. a5 c. On sait gr6 a M. Riffault d'avoir fait passer dans notre languc I'ouvrage aussi court qu'instructif de M. Accuni. Le savant techiio- logue anglais ne se borne pas a decrire les travaux gigantesques de quelques brasseurs de Londres , qui , pour repandre desflots de k-iu A64 LIVRES ITtANCAlS. biei'e daiis les quatre parties du monde , exposent leurs roisins aux dangers d'une iuondation. La quantito de biere annuellement fabri- quee par les principaux brasseuis de la capitale , s'elfeve , dit M.Accum, a 1,591,584 barils, on j, 165,914 hectolitres, masse 11- quide que I'imagination se represente difficilement. La fabrication de la biere, en petit, est mieux appropriee a notre usage. Les Anglais Tont rendue portative, au moyeu d'un appareil decrit et dessine dans cet ouvrage. Quant aux alterations frauduleuses de la bi6re, si I'auteur a connu et signalc toutes celles qui sont pratiquees au- jourd'hui , la fraude ne nianquera pas d'en trouver de nouvelles. Ses ressources sont inepuisables. — Pour bien apprccier le Manuel clii Ciiisinier, il faudrait un savoir qui nous manque. Ce n'est pas a nous qu'il appartient de juger si M. Cardelli n'a rien omis dans la sa-vante composition d'un potage a la jambe de bois. Mais un livre - parvenu rapidement a la troisi^me edition jouit d'une renommee bien etablie , et peut se passer de nouveaux eloges. Nous nous bornerons done a soumetire a M. Cardelli quelques critiques pu- rement litteraires. Et d'abord, en plaqant I'art de decouper a ta- ble avant I'exposition des procedes de cuisine , I'ordre des terns et des idees parait interverti : apres tout, avant que leprosecteur de- ploie son adresse, il faut que le diner soit fait et servi. Autre observation non moins grave : I'auteur dit , dans son avertisse- ment, qu'il a voulu prevenir les indigestions, eviter qu'on ait besoin de recourir a la medecine, et surtovt auar medecins. Mais les indigestions font la gloire du cuisinier , et sont le plus beau fleu- ron de sa couronne : point de triomphe sans vaincus. Quant a la medecine et aux medecins , nous avons presque perdu I'habitude d'en rire. Depuis que I'art et ceux qui I'exercent ont abjure toute pedanterie, depuis que les medecins ont quifte leur robe d'abord, et ensuite leurs grosses perruques, ils ont beaucoup gagne en cstime et en influence morale, ce qui ne contribue pas mediocrement aux succes de leurs ordonnances. On ne voit en eux que des bommes, et on leur tient compte de tout ce qu'ils ajoutent a la mesure com- mune de I'humanite. Quand ils arrivaient en robe et avec I'appareil du doctorat, on les faisait souvent descendre du baut rang ou ils s'etaient places, et de la le ridicule. Les professeurs avaient atissi quitte la robe, et I'enseigneni^nt commencait :i prendre I'essor, , lorsque le grand maitre Fontanes le reduisit a se trainer comme au- paravant sous la vieilleenveloppe des ecoles. — Revenons a M. Car- delli. Dans un supplement ajoute s cette edition, nous voyons, d'un SCIENCES PHYSIQUES. /,65 cAt^, la science profonde des cuisiniers francais , et de I'autre, la mesquine preparation des puddings anglais. Jamais I'incoutestable superiorite de notre nation ne parut avec plus d'evidence, et nous devons en feliciter I'auteur du Manuel clu Cuisinier. F. 204. — * Traite eUmentaire de physique; par C. DESPRErz,piofesseur de physique au college de Henri IV, repetiteur de chiniie a I'Ecole royale Poly technique, membra de plusieurs Societes savantes. Pa- ris, i8a4 ; Mequignon - Marvis. i tres - fort volume in - 8° de ySo p. avec i4 planches; prix, broche , 10 fr. 5o c, et par la poste , i3 fr. De tous Ics traites elementaires qui ont pour objet I'euseignement des sciences , le plus difficile a faire est assurement un ouvrage de physique ; la raisoii en est que Ton est convenu de classer sous cette branche de nos connaissances, plusieurs sciences diverses qui sont autant de sciences distinctes , n'ayant quelquefois rien de conimun entre elles. En effet , les notions sur lesquelles repose racoustique ne sont-elles pas de toute autre nature que celles qui font la basede I'optique ? Et la iheorie des vapeurs n'est-elle pas entierement dif- ferente de celle du magnetisme ou de I'areometrie .^ 11 faut I'a- vouer, la physique est reellement formee deTensemble de plusieurs sciences, et cette classification seresseut du tenis de la vieille ecole, oti la physique sereduisait k I'exposition dequelques theories vagues et fausses, fondees sur ^interpretation des faits : c'est ce qu'on appe- lait alors physique ejperimenlale.he professeiir croyait avoir accompli sa tache , lorsqu'il avail lie ensemble par Tanalogie un certain nom- ))re de rcsultats d'experience , sans s'occuper de donner la mesure de ces effets; et I'auditoire seretirait.satisfait , lorsqu'il s'etait recree les yeux par le spectacle dequelques divertissemens d'electricite, d'optique, d'hydraulique, ou de magnetisme. — De nos jours , on a reconnu que, pour interrnger avec succes la nature , il fallaitsou- mettre les theories aux epreuves les plus delicates , en uiesurant tous les effets dont on voulait expliquer la cause. Un traite de physique n'aurait maintenant aucun succfes dans le monde , ni chez les savans, s'il se bornait a enoricer des theories plus ou moins ingenieuses et a les demontrer par des jeux d'experiences. Ce moyen de demonstra- tion sert aussi bien d'explication aux systemes erroncs qu'aux veri- tables lois de I2 nature. On veut qu'un petit nombre de faits bien constates, servent de preuve sans replique a des principes clairs et precis. Les experiences ne sont ensuite multiiiliees que comme des inoyens de conviction, et pour exosccr I'esprit a reconnaitre la ve- 466 LIVRES FRANCA.LS. rite sous les voiles (^pais dont la variele des [ilii'nomenes la couvre ordinairemeiit. — Ainsi, un tiaite elemeiitaire de physique a pour objet I'exposition d'un ensemble de sciences distinctes. Mais , s'il est vrai que ces sciences n'oiit quelquefois rien d'analogue dans leurs propositions, il Test aussi qu'elles se pr^tent de mutuels secours : un lien unique ne les unit pas toujours ; mais elles ont souvent be- soin de principes communs pour s'appuyer. De la resulte una grande difficulte dans un enseignement oii I'ou se trouve frequemment force par la rigueur des demonstrations a enoncer ce qu'on n'est pas encore en mesure de prouver. — L'ouvrage de M. Despretz sera fa- vorablement accueilli du public, qui tiendra comptea I'auteur des nombreuses difficultes de son sujet. Ony trouvera des notions justes des choses, des demonstrations qui ne laissent aucun doute, un ordre aussiregulier que le comporte cette science compliquee, enCn toutes les doctrines de la physique exposees avec le degre de preci- sion que I'etat actuel de nos connaissances comporte. Tout y est npprofondi ; les valeurs numeriques obtennes par les experiences precises des Laplace , Dalton, Gay-Lussac , Arago , etc. , et de Tau- teur lui-meme , sont donnees avec toute I'exactitude necessaire. L'au- teur est connu dans les sciences par d'interessans memoires successi- vement publics, par un enseignement public de la physique depuis plusieurs annees, et par les succes des el^ves qu'il a formes. On distin- guera principalement dans son ouvrage les r^sultats d'experiences qui sont dus a ses propres recherches,sur la conductibiHt6 des corps pour la chaleur ; sur la chaleur latente absorbee ou developpee dans lour changement d'etat ; sur la liquefaction de I'euchloriue par le froid artificiel d'un melange de sel et de glace ; sur la combustion du carbone et de I'hydrogfene, etc. M. Despretz a reconnu ce fait important ea physique, que les chaleurs latenles des d i verses va- peurssont sensiblement enraison inverse des densites de ces vapeurs au point d'ebullition : on lui doit d'avoir montre que la loi annon- cee par Dalton sur la force elastique des vapeurs n'estpas exacte, ect. ■ — On sent que, dans un traite de ce genre ou la precision a une si grande importance, on n'a pu bannir tout. calcul;mais I'auteur en a use sobrement, et rejetant dans des notes les explica- tions les plus difGciles, il a dispose son travail de maniere a le mettre .n la portee du plus grand nombre des lecteurs. On y trouve I'expo- sition de mati^res qui n'ontpas encore et6 traitees dans les ouvrages soit a 5 pour cent. — M. Juvigny est auteur d'un bon Traite d'arUkmetiqne et de plusieurs edits sur cette matiere ; son zfele et ses talens lui donnent des droits a I'estime publique. Je ferai cependant une double critique de I'ou- vrage qu'il publie aujourd'hui. 1° Le titre embrasse un champ trop vaste,en promettant une methode qui supplee a I'algebre dans la resolution de certaines questions denombres; on n'en eviteici I'em- ploi qu'a I'aide de tables, et Ton sait bien que, des qu'on a des tables construites dans un but, fut-ce meme des tables astrono- niiques , ce n'est pas une merveille que I'algebre qui etait necessaire pour les etablir , ne le soit plus pour s'en servir. 2° Les interets ne sont composes que par annees , et Ton sait bien que les paiemens d'arrerages se feront par semestres au taux de 2 et demi pour 100 : il aurait ete preferable d'envisager les questions en se reglant d'a- pr^s ces bases ; c'est ce qu'on reussit tres-bien a faire par les tables de M. Gremilliet. Au reste , nous ne pensons pas que cette critique puisse nuire a I'ouvrage de M. Juvigny , et nous reconnaissons au 47* LIVRES FRANCAIS. contraire qu'il a parfaitement atteint Ic l)ut qu'il s'y ^tait propose. Francoeuk. 2IO. — Moyen pour prodiuTC spontaneincnt el a pen defrais un mo- TBUH capable de suppleer aux ponipcs .i feu et a tout autre agent mecanique ; par J.-M. GRiNiER, maire de Treffort (Ain), etc., auteur d'autres decouvertes. Lyon, 1824 ; iniprimerie de Barret. In-8° de tfi pages, avec une planche litliographiee. Le moteur propose par M. Granier est le vide forme dans I'air atmospherique par la combustion de I'oxyg^ne, en opt^rant cette combustion dans un corps de pompe. Apr6s cette operatlou , la pression atmospherique agit sur le piston en raison du vide qui s'est forme. Mais I'inventeur s'esl trompe dans revaluation de ce vide ; il ne tient aucun compte de la place oceupee par Yacide carboniquc , produit par la combustion ; il suppose que tout I'oxygene est absorbc, et neglige beaucoup d'autres effets qui auraient dii trouver place dans son calcul. II n'a pas assez etudie le phenomene de la combus- tion du charbon. S'il avait fait un meilleur emploi des ouvrages qu'il a cousultes , il serait arrive a ce rcsultat, bien different du sien : une livre de charbon ne produit , par la combustion avec Toxygene, qu'un vide de 12 pieds cubes au plus, dont I'effet dyna- mique serait reduit au moius d'un quart. Dans les machines a vapeur ordinaires, une livre de charbon produit pros de 96 pieds cubes de vapeur , dont I'effet dynamique equivaut a celui d'un vide de 54 pieds cubes. Ainsi, la meilleure machine coristrnite suivant les decouvertes deM. Granier, consommerait six fois autant de charbon que les machines a vapeur ordinaires qui sent les plus depensieres en combustible. — Nous ne dirons rien des autres decouvertes de M. Granier , sur lesquelles il ne s'explique pas assez pour qu'on puisse en avoir une idee juste. II y a long - terns que Ton s'occupe de la substitution de I'air dilate a la vapeur de I'eau, dans les ma- chines dont le feu fournit le moteur. Les premiers essais n',ont point reussi , et paraissaient avoir fait renoncer a des recherches ulte- rieures ; mais, depuis quelque tems, de nouvelles annouces circu- lent, et quelques journaux les propagent. Attendons : les inventeurs n'ont encore fait que projeter; c'est d'aprfes I'experience que leurs decouvertes seront jugees. 211. -^- La pajabole soumise a I'ari^ ou Essai sur la catoptrique de I'eclairage, descriptif des nouvelles conibinaisons et proprietes de la parabole appliquees au systeme d'eclairage 6conomique, .i grands effets de lumiere, avec brevet d' invention ; parG.-zV. Bordier-M*rcet, SCIENCES PHYSIQUES. 473 ingenieur-lanipiste , eleve et successeur d'Argantl ; r.dresse a MM. les memhres du jury central de I'exjiosition de rindustrie francaise. Paris, 1819 ; M"" yeuve Cussac. In-8° de 100 pages. 2 12. — Notice descriptive d'unfanal a double aspect , de noiivelle in- vention, d'ttn sjsteme de fanaux a double aspect , pour un phare a feu mobile , de ses effets catoplriques et de ses avantages ; presentee a I'ex- position de rindustrie francaise de i823,par G.-A. Bordier-Mar- CET, ingenieur-lanipiste , rue Neuve-Sainte-Elisabeth, n° 7, an phare syderal. (F.xtrait des Annales de V Industrie nationale et etrangkre.^ Paris, 1823 ; Fain, place de rOdeou. In-8» de 82 pages, avec line planche. L'art de reclairage a pris une face nouvelle entre Ics mains des physiciens etdes chimistes, secondes par I'lndustrie manufacturi^re. On n'a pas oublie que Meunieb, dont le noni vivra toujours dans les annales des sciences et dans nos fastes militaires, ne dedaigna pas de prendre part k la revolution operee dans les lanipcs par Argand et Quinquet. De notre tems , I'amiral Cochrane , qui joue un role si extraordinaire en Amerique, avait pris en Angleterre un brevet d'invention pour une forme de lampe qu'il regardait comme nouvelle. Mais c'est pour le perfectlonnement des fanaux , que le concours des sciences etait le plus necessaire. Get emploi de la lu- miere eJtige qu'elle solt propagee tres-loin, et ayec une grande in- tensite, afin de pouvoir surmcnter les obstacles qu'oppose souvent une atmosphere brumeuse. Pour obtenir I'un et I'autre effet avec economic, il faut diriger, autant qu'il est possible , toute la lumiere du corps eclairant vers les lieux que Ton veut eclairer. II est done indispensable de recourir aux moyens conniis de changer la direc- tion de la lumiere. Un reflecteur paraboloi'de a la propriete de re- flechir parallelement a son axe les rayons qui passent a son foyer : la lumiere ainsi modifiee ne decroit plus en intensite , a quelque distance qu'elle arrive; mais, comme le diametre du faisceau lu- mineux n'augmente pas non plus , I'espace qu'il pent eclairer est in- variable, et reduit aux dimensions du reflecteur. Mais cet effet mathematique ne peiu 6tre produit dans ses limites rigoureuses , parce que tous les rayons du corps eclairant ne passent point par le foyer du reflecteur. Le parallelisme des rayons reflecliis n'est done pas exact , et I'espace eclaiie augmentant avec la distance , i'intensite de la himiere decroit dans le menie rapport. — M. Bordier- Marcet accouple I'un a I'autre deux rcflectuurs paraboliqucs dont les axes sent dirigcs en sens contraire.«, et dont les foyiers coincident; /.74 LIVRES FRANC AIS. et il place une forte lanipe A ce foyer commiin ; c'est ce qui constitue un fanal a double aspect. 11 multij)lie ces fanaux pour augmenter I'intensite de la lumiere, afin qu'elle puisse etre apercue au loin, et servir de phare : enfin , pour embrasser un vaste hoiizon , il rend la lumiere mobile, en ayant soin que son apparition dure assez long- tems , et que ses eclipses ne soient pas trop prolongees. L'inventeur a produit deux modules : le premier, a I'exposition de 1819; et I'autre, a I'exposition de 1823. En les coniparant , on remarque avec satisfaction les progres que I'art a faits dans le court intervalle de quatre ans. F. 3 1 3. — ProbUmes amusans tfastronomie et de sphere, suivis de leurs solutions , ouvrage a I'aide duquel I'esprit se familiarise , en se jouant , avec les plus grandes difficultes de I'astronomie et de la geographic; traduit de I'anglais sur la septieme edition, pour faire suite a V Astronomie en -vingt-deux lecons. Paris, iSaS; Audin. i vol. iu-i2 de 23o pages, accompagnc d'une planche gravee en taille douce; prix 4 fr. 2r4. — De la Natation et de son application a I' ait de la gne ire ; par M. le vicomte de Courtivrom , chef de bataillon, etc. Seconde edi- tion , ornee de i3 lithographies. Paris, rSaS; Anth" Boucher, i vol. in- 1 a ; prix 4 f^. II a deja paru plusieurs traites sur la natation ; mais cet art, a la fois utile et agreable , n'en est pas nioins reste fort neglige dans les terns modernes. II meriterait cependant de tenir une place dans une education qui serait moins effeminee que la notre. — Les arts qui ne paraissent consister que dans Tadresse corpor^He, reposent nean- moins sur certaines connaissances theoriques qu'il est bon d'acque- rir. Vous ne deviendrez pas sans doute habile nageur par la seule lecture d'uii traite; mais, s'il est bien fait, vous y puiserez les expli- cations physiologiques el mecaniques qui eclairerontvotre experience et faciliteront vos progrfes. Aucun des ecrits publics jusqu'a ce jour ne remplit cette condition , mdnie en y comprenant celui dont nous allons rendre compte; mais ce dernier se distingue par des reflexions judicieuses sur la natation et ses avautages; par les applications de cet art a la tactique militaire ; et par la clarte que repandent sur les preceptes des figures lithographiques. — L'ouvrage est divise eu quatre chapitres : le premier traite des bains d'eau courante, et de leurs effets sous les rapports de Thygieue et de la therapeutique : pour completer ces indications medicales, il semble que I'auteui aurait duyjoindre celle des principaux cas, outre ceux de transpi- SCIENCES PHYSIQUES. 475 ration et de digestion , 011 leur eniploi pourrait ^tre niiisible. — Dans le second chapitre , se trouve un precis historlque de la nata- tion. L'utilite de cet art y est deniontree , entre autres preuves, par rassentiment des inedecins et des f)hiIosophes les plus recomman- dables ; par le r(5cit de plusieurs eveuemeus dans lesquels des gene- raux d'arinee et des hommes marquans se sont arraches a la fureur des flots, ou ont sauve d'autres victimes ; enfin , par I'exemple des desastres arrives a divers personnages historiques qui avaient neglige cet art. — Dans letroisieme chapitre, I'auteur indique les differentes nianieres de nager. II en forme trois classes. — La premiere se com- pose des mani^res indispensables; la seconde, des manieres utiles; la troisiemc, des manieres de pur agrement. — Dans ce chapitre , on trouve signalees les principales causes de danger contra lesquelles le nageur doit se tenir en garde. Ce sont les herbes , les crampes , les vagues , les tourbillons; I'auteur a pris soin de signaler les moyens a employer pourne pas en 6tre victiiue. Puis, 11 enseigne la maniere de sauver unhomme qui se noie. — Dans un autre article, il indique les qualites physiques et morales qui doivent caracteriser un nageur parfait , et il termine ce chapitre , en demontrant par I'experience la possibilite de faire a la nage de longues traversees : un assaut ou il est reste prfes de cinq heures en mer, en offre une preuve irrecu- sable. — Le quatrieme et dernier chapitre renferme les applications de I'art de nager a la tactique militaire. — Dans un premier article , I'auteur demonlre que I'art de nager est indispensable au militaire. II appuie cette proposition par de puissantes autorites et par des fails historiques , anciens et modernes. II indique un stratag^me pour tromper la vigilance de I'ennemi. II rappelle que, d'apres les regleniens , les soldats doivent apprendre a nager, et il signalc riiisuffisance de la methode actuelle , dans laquelle on elude ces regleniens , plutot qu'on ne les execute. . — Dans un second article , cet ofCcier presente ses idees sur la formation d'uiie compagnie de soldats nageurs par regiment. — Dans un troisieme , il indique leur equipement. — Dans un quatrieme, il divise les soldats nageurs en deux classes, en assaillans et en explorateurs , et il attribue a cha- cune d'elles la service qu'il emit le plus convenable. — Dans un cinquieme article, on trouve I'application de la natation a la cava- lerie. On y voit deux manieres de faire passer un fleuve a cette arme; on v lit encore I'expose des causes dupeu de succes qu'obtinrent les essais faits par la vieille garde aupres du Chanqi-de-IVlars , par les ordres de Bonaparte. - — Enfin , dans un sixicme et dernier article , 47(:> LIVRES FRANCAIS. M. (ie Cuiutivioii applique )a natation a I'artillerie. II propose do transporter au hesoiii les bouches a feu sur ties radeaux traines seu- lenient par des nageurs. Pour demontrcr la facile execution de ce projet, il ajoute : « Me baignant un jour dans la Moselle, pendant une del)acle , j'ai conduit a bord , et sans beaucoup de peine, un glacon si epais et si volumineux , que deux cbevaux auraiont eu du mal a I'ebranler sur terre ! ! » — Get offlcier ])arait se faire une fausse idee du rapport des forces necessaires pour niouvoir les fardeaux sur terre et dans un liquide. Le trait qu'il cite ne proiive d'une maniere exacte que son habilete dans I'art de nager. — Un radeau portant plusieurs pieces d'artillerie serait fort mal reniorque par six nageurs, comme il le propose. Des rames et des pagaies (pelles larges et cour- tes) sont un moyen plus efficace ; ndanmoins, dans des circonstances particulieres , on pourrait reunir les deux precedes. On pourrait en- core, dans le mdnie but, employer des chevaux, soil seuls, soit avec le concours des deux premiers moyens. Enfin , des nageurs seraient tres-propres a transporter un cordage sur une rive opposee, et a tirer ensuite a eux un radeau auquel ce cordage serait attache par son autre extremite; un second cordage tire de la premiere rive acheverait de composer un veritable im-et-iuent. Ce dernier moyen serait meme le meilleur, lorsqu'il n'y aurait pas quelque puissant obstacle de la part de I'ennemi. — Nous observerons qu'eu demon- trant les avantages de la natation appliquee a I'art militaire, M. de Courtivron en a omis plusieurs tres-importans. Des plongeurs pour- raient facilenient faire sauter les ponts ennemis, en allant attacher des torpilles ou petards sous-marins sous leurs arches, si ces ponts sont en pierre, et avec bien plus de succes encore sous les ponts de bateaux. — La marine n'a pas non plus fixe I'attention de M. de Courtivron; et cependant , des plongeurs peuvent anssi porter des- torpilles sous le cable des vaisseaux ennemis pour les faire jeter a la cote , ou sur leur carene pour les defoncer. — Enfin , ces plon- geurs , en allant visiter et meme iwparer les avaries des ccwres-'vives (i) des vaisseaux, peuvent epargner le soin trfes-onereux de les abattre en carene. De Mojstgery. 2t5. — Manuel du Sapeur-I'ompier , dedic et presente a S. A. R. Monsieur; par A.-J .-B. de Plazanet, commandant le corps des sa- penrs-pompiers de la ville de Paris, ancien officier superieur du f l) l*,.rlie« de la carene plongeos dans I'eau, I SCIENCES PHYSIQUES. kll genie, etc. Paris, i8a4; Anselin et Pochard , rue Dauphine, n" 9. L'auteur , k I'etat-major des sapeurs -pompiers , qiiai des Orfevres , n" 30. In-ia de 190 pages, avec 5 planches gravees; prix, 3 ir. Get ouvrage n'est pas susceptihle d'analyse dans toutes ses par- ties .'ce qui est relatlf au service des pompiers, a la manoeuvre des pompes , etc. , Tordre des comniandemens et la manifere de les exe- cuter; toute cette instruction , d'un tres-haut prix par ses resultats , ne pent ^tre connue que par son ensemble , et nuUement par un court extrait. Quant aux descriptions de pompes et de leurs accessoires, il serait trop long et trop difCcile de les faire comprendre sans le se- cours du dessiu : il faudrait les transcrire , telles qu'elles sont dans ce Manuel; car l'auteur n'y a mis rien de trop. M. de Plazanet, ancien eleve de I'Ecole polytechnique, en a conserve les methodes; partout oil il est question de machines et d'arts , il se trouve a sa place, non-seulement pour diriger, mais pour decrire et perfec- tionner. Apres avoir fait ce que ses fonctions semblaient exiger de lui , ne s'occuppera-t-il pas d'un ouvrage plus etendu sur les secours a porter dans le cas d'incendies ? Beaucoup de machines ont ete pro- posees , et quelques-unes essayees : les principales villas de I'Europe ont aussi des etablissemens analogues a celui de Paris, et qu'il serait utile de connaitre. Le Manuel excluait toute erudition : un traite complet sur le meme sujet en admettrait beaucoup , et ce serait un attrait de plus , outre I'importance du sujet et les applications diverses que Ton peut faire des machines employees dans les incen- dies. Le public recevrait cet ouvrage avec reconnaissance ; et, selon toute apparence , on y trouverait encore de nouveaux motifs de feli- citer Paris, dont les services de secours contrelesincendiesontattemt un degre de perfection qu'il sera difficile de porter plus loin. F. a 1 6. — Panorama geographique francais , ou les Mille et une beau- tes de la geographic de France. Paris, iSaS; Sanson, Palais-Royal, galerie de bois, n''2 5o. i vol. in-8°, orne de 87 cartes et de 86 vues des villes, chefs-lleux de cbaqnedepartcmeut.Prix, figures noires, la fr.; figures coloriees, i5 fr. La maniere dont on enseigne la geographic , au lieu d'en faire une etude agreable, la rend maussade et ennuyeuse. Comment veut-on que des enfans , et m^me de grandes personnes , se famf- liarisent avec des noms souvent dlfficiles , quand ils ne presentent k I'esprit aucnne idee qui puisse aider a les retenir ? — Tout ouvrage qui tend a faire disparaitre le vice de lamethode que Ton suit main- tpnant dans cette branche de I'instruction, doit f"t»e accueilli avec '.78 LITRES rRA.Nf;/VIS. / •■mpressenient. Nous pensons que le Panorama geographiqiie francais K'uuit cet avantage pour la connaissance de notie pays. L'auteur ne s'est pas contente de consacrer a cliaque ville principale un ar- ticle assez long ; il ne s'est point borne a donner quelques details sur chacun de nos departenieiis ; il a voulu, antant que possible, inslruire I'esprit en frappant les yeux. Cet ouvrage est orne d'une foule de lithographies qui presenteut la carte geograjjhique de chaque departement isole , et le point de vue le plus important de chaqne chef-lieu. Ces lithographies doivent arr^ter i'altention des jeunes enfans ; et tandis qu'ils observeront soit la position dn depar- tement, soit celle de son chef-lieu, le nom de I'un et de I'autre se gravera dans la memoire. Rendons I'etude agreable a nos enfans , et les fruits qu'elle rapportera seront meilleurs et plus durables. A. de L. ,217. — * Questions proposees aux voyageurs el a toiites les peisonnes qui s'interessent aux progres de la geographic. I'* s6rie. Paris, 1824; au bureau de la Societe de geographie, rue Taranne, n" la. Bro- chure in-8° de 44 pages. Ces questions, qui doivent se rtproduire a des epoques indetermi- nees , repandront sans doute le plus grand jour sur la science, a mesure qu'on y fera des reponses satisfaisanies : elles embrassent des ce moment une partie des contrees du globe, et prouvent qu'au- cnn pays ne doit par la suite echapper a la scrupuleuse attention des membres de la Societe de geographie. Nous indiquerons ici les lieux qui doivent 6tre plus particulierement I'objet des recberches des voyageurs. En y4sie, la Perse, I'Arnienie, la cbaine du niont Taurus et 1' Arabic ; en Jfrique , Tripoli et la partie septentrionale , les environs de la Cyrenaique, Alger et Tunis, la Nubie et I'Abys- sinie, la Senegambie; en Europe , la Grece , la Turqiiie iT Europe, la San/aigne , sur laquelle nous ne savons presque rien , la Pologne, et ni6nie la Basse-Bretagne ; dans I'^incrique septentriona/e, la province du Texas ; dans V ylmerique im'ridiouale , le lireiil ; enfin , VOceauie et quelques lies du grand Ocean. B. ,r. 218. — * La clef de I'industrie et des sciences qui se rattachent aujc arts industrielsy ou Table generale, par ordre alphabetiqne de niati^res, de ce que contiennent de relatif a I'industrie : 1° Tetablissement du Conservatoire royal des arts et metiers ; 2° les brevets d'invention, de perfectionnemeut et d'importation delivr^s en France depuis 1791 , e|)oque de leur creation, jusqu'a la fin de 1824 ; 3° i38 ou- vrages periodiques et aufre.s, francais et anglais, jn-is parmi les plus cstiuifs. Ouvrage utile aux peisonnes qui s'oecupent de rechcrclips SCIENCES PHYSIQUES. 479 industrielles , de constructions et de fabrications quelconques ; de inathematiques, d'hydraulique, de chimie, de physique, d'art mi- litaire, de navigation, d'astronomie , d'architecture , de distilla- tion , etc. , et necessaire dans toutes les bibliotlieqiies qui contienneiit cles ouvrages relatifs a I'industrie et aux sciences qui pr^tent leurs secours aux arts industriels , servant de deuxieme edition au Guide des artistes, public en 1818; par G.-R. Armonville , secretaire du Conservatoire des arts et metiers, etc. Paris , iSaS ; M™« Huzard ; — I'auteur, rue Beaubourg, u° 26, et au Conservatoire des arts et metiers. In 8°, i'"'^ et ae livraisons. (L'ouvrage entier est de 4 livraisons ou volumes. ) Prix, 10 fr. et 12 fr. 5o c. pour les sous- cripteurs ; 12 fr. et i4 fr. 5o c. pour les non-souscripteurs. La premiere livraison de cet ouvrage porte un litre different de celui que nous venons de transciire : o'est celui de Table analjiiq'ie des oiii'rages qui ont servi a la composition de la Clef de I'iiidtislrie et des sciences qui se rattachent aux arts industriels. L'auteur s'est borne aux niateriaux qui se trouvaient a sa portee , sans doute apres s'ctre assure qu'il pouvait s'en contenter. Dans sa nomenclature biblio- graphique, un seul livre anglais est cite, et Ton ne trouve point I'iudication des richesses technologiques de I'Allemagne, de I'lla- lie, etc. Ce n'est pas a M. Armonville qu'il faut imputer cette lacune , niais a la maniere dont on proc^de generalement A la com- position de nos biblioth^ques : il semble que les livres en langue etrangere nous soient absolument inutiles, tant ils sont rares dans les collections les plus nombreuses et les plus soignees. L'auteur n'eniet aucune opinion sur les ouvrages dont il parle; comme il ne veut que mettre les lecteurs sur la voie des recherches dont ils s'occupent, il a du se borner a une table des matieres, et m^me la rendre tr^s-sommaire. II ne cite que i4o ouvrages et rio auteurs on traducteurs. S'il est vrai , comme on nous I'a dit, qu'a la Biblio- thfeque du Roi la theologie seule occupe plus de 400 metres carres , il faut avouer que les tresors de cette science font remarquer avec quelque regret I'extreme disette de la technologic. — A larigueur, le titre de cette livraison n'est jias tout-a-fait juste; car une table tres-succincte des matieres traitees dans un livre n'est pas une table analytique. Mais ces subtilites grammaticales , dont un critique n'oserall se dispenser , sont negligees paries lecteurs. D'ailleurs , les tables aiialytiques , proprement dites , disposces dans I'ordre al- pliabetiqiie , composent les livraisons suivantes , la secoiide finit au mot ccnture. C'est priiici[Kil(.'meiit a ces livraison? que convient le kSo LIVRES FRANCAIS. litre de Clef lie I' Industrie. Nous avons examine scrupuleusement quelques articles assez ctendiis, tels que briqiies , cha trues , coton , distillation , etc. , ct i.ous n'y avons remarque aucune omission de quelque importance. Les livraisons suivantes ne seront pas redi- gees , sans doute , avec moins de soin , et M. Arnionviile meritera de plus en plus la confiance et les suffrages de tous les amis de I'industrie. arg. — * Bazar parisien, on Choix raisonne des produits de I'in- dustrie parisienne; par MM. Faure-Fikant et ue Missol/, , mem- bres de la Societe d' encouragement. 5° annce. Paris, iSaS ; au bureau du Bazar parisien, rue Saint-Denisj n° 17. In-8° de 5i2 pages; prix 7 fr. broche. Get indicateur des objets fabriques et des fabricans n'est pas un livre d'adresses, ou une simple nomenclature de marchandises : c'est un ouvrage raisonne, dans lequel la valeur des cboses et les titres des fabricans a la confiance publique sont discutes avec im- partialite. Les redacteurs ont adopte Tordre alpbabetique , comme plus commode pour les recherches , en sorte que leur ouvrage est aussi un Dictionnaire de f Industrie parisienne. Des notices sur I'origine et les progres de plusieurs arts y sont disseminees , de maniere a faire disparaitre la secberesse de la redaction. Le service que MM. Faure-Finant et de Missolz ont rendu au commerce de la ca- pitale sera sans doute assez apprecie pour que les villes de grand commerce , telles que Lyon , Marseille, Bordeaux , etc. , aient aussi leur bazar. F. aao. — Almanack du commerce de Paris, des departemens de la France , et des principales villes du monde, de /. de La Tvnna ; continue et mis dans un meillcur ordre par Seb. Bottijf , contenant pour Paris seulement 40,000 adresses. Pour iSaS ( xxvuie annee de la publication ), vii'' annee de la continuation par I'editeur ac- tuel. Paris, i8a5 ; au bureau de I'Almanach du commerce, rue Jean- Jacques Rousseau , n° ao, i gros vol. in-8° de cclxxxviii et gi8 p. ; prix I a fr. Get Almanach contient sept grandes divisions : 1° le calendriei proprement dit , offrant la concordance du calendrier gregorien avec les calendriers julien, turc-hegire , turc-civil , armenien annee so- laire complete, armenien annee solairc incomplete, azarien , juif de I'Asie, et de plus le tableau de concordance du memc calendrier gregorien avec le calendrier decimal qui a ete suivi quelque terns ea France; a° des notices statistiques sommaire: sur les^quatre-vingt-six SCIENCES PHYSIQUES. 4B1 departemens de la France, les memes qui ont ete couronnces par i'Aca- demie des sciences en 1824 ; 3° la lisle gcnerale des adresses de Paris, comprenant, dans une seule serie alpliabetique, les noms des habi- tans commercans et non-commercans, et I'indication des institutions et des etablissemens de tout genre de la capitale ; 4° l''^ ''•"<^-' P^''- ticiilieres des commercans et fabricans de Paris, classes par ordre ol- phabe'tique d'etats et de noms , et a la suite , le tableau des institu- tions, des etablissemens qui concernent Tindustrie et le commerce de Paris, et les brevets d'invention accordes dans I'annee; 5" I'enu- meradon et le personnel des deux Charabres , des ininisteres et de toutes les administrations, de tous les tribunaux qui en dependent, de rinstitut de France et de tons' les corps, de toutes les societcs litteraires et savantes de la capitale , etc.; 6° le tableau statistique , administratif et commercial de tous les departemens de la France et de ses colonies, trace avec des details qui s'augmentent cbaque annde, et donnent la nomenclature des iisines, des manufactures et des fa- briques , ainsi que les noms et demeures des fabricans, des negocians et des fonctionnaires avec lesquels le commerce a le plus de rela- tions ; 7° im ineme tableau pour les pays eti angers a la France ; 8" un cbapitre contenant tout ce qii'il importe au commerce de savoir siir la direction generale des posies , sur les exploitations des messageries et des I'oitures publiques , dans toutes les villes de France; 9° une table geographique des -villes et communes, dont la situation industrielle et commerciale est detaillee dans le corps de rAlmanacb , lorsqu'il y a lieu. L'ouvrage est termine par une table des matieres. — Ces developpeniens du titre suflisent pour faire apprecier Tutilite de cet ouvrage , qui est un repertoire precieux et meme indispensable pour un grand nombre de personues; ear I'industrie et le commerce ^tendent leurs ramifications dans toutes les classes de la societe. Z. 221. — Annuaire pour C an 1825, presente au Roi par le bureau des longitudes. Paris, i825; Bachelier. In-i8 de 198 pages; prix i fr. , et I fr. 40 c- On sail que ce petit ouvrage est tire , quant a la partie astrono- mique, d'ua autre ouvrage redige aussi par le bureau des longitu- des, la Connaissance des terns. On y a joint, pour cette annee iSaS , une exposition du nouveau systenie metrique , et des tables pour la conversion des ancienues niesures en valeurs correspondautes dans le nouveau systeme ; un tableau pour la comparaison des nionnaies etrangeres a celles de France; des tables depopulation et denioitalite en Franre , dressees par M. Duvillard , et corrigees par M. deMont- 48a LIVRES FR/VNCAIS. ferrand, professeur de physique a A^'isailles; les hauteurs des prin- cipales montagnes du glohe au-dcssus de I'Ocean. D'apr^s ce tableau , le Mont-Blanc conserverait le litre de domiiiateur des Alpcs , ct le Mont- Rose, son competiteur, s'abaisserait d'line quarantaine de mitres au-dessous de la cime du geant des Alpes, ce dont les Ita- lians ne convieudront pas. Mais ce geant paraitra bien petit, si on le compare aux pics les plus eleves du Thibet , des Andes , et m6me du Caucase! Plusieurs autres tables, relatives a la geographic, rap- pellent aussi des faits curieux, ou des mesures et des methodes de calcul, dont on fait souvent usage. Mais, ce qui attirera princi- paleinent I'attention , ce sout les notices scientifiques recueillies par M. AiiiGo. Une chronologic des froids les plus rigoureux dont I'histoire fasse mention, et dont I'iiitensite puisse 4tre appreciee d'a- j)res leurs effets ; les limites des variations de temperature en diffe- rens lieux du globe , sur terre et sur mer; une note sur la forme sin- guliere de la comete de :89.3, a laquelle on a vu , durant plus de dix jours, deux queues presque opposees I'une a I'autre, la queue extraordinaire etaut dirigee vers le soleil. La comete de 1744 avail six queues , mais peu divergentes, et loules opposees au soleil. Le sa- vant astionome et phjsicien pense que i'etude des proprietes des gaz pent donner quelque jour I'explication de ces phenonienes. — La dernitre notice doit etre recueillie par la slatistique : elle est extraite d'un memoire de M. Girard, sur les avantages respectifs des divers tnoyens de transport, extrait lui-m6me de la Revue Encyclopedique. (Voy. t. XXIII, p. 5. ) L'auteur nous rappelle (et nous reproduisons ici ces rapprochemens , qui sont d'un grand inter^t pour faire ap- precier les progris de notre civilisation moderne , depuis la revolu- tion) qu'en 1766, 27 caches seulemenl partaient de Paris pour les differentes provinces : aujourd'bui, pres de 3oo voitures en partem dans le meme lems. Les coches ne Iransportaient que 370 voya- geurs : les voitures actuelles en recoivent plus de 3, 000. Le carosse de Rouen mettait 3 /ohz-j pour ce trajet,que Ton fait aujonrd'hui en 12 ou i3 heures : le prix des places n'a point change. En 1776, on ne comptait a Paris que i4 etablissemens de roulage : on en trouve aujourd'bui 64- Enfin , le prix du dernier bail de la ferme des mes- sageries, en 179', fut de 600,000 fr. : aujourd'bui, le produit de la taxe sur les voitures est de pres de 4.000,000. •122. — * Calendrier fmncais, ou le "veritable Abnanach pour I'annee 1 825 , dans lequel sont indiques le mouvement et les phenomines des astres; ceux des etres organises , animaux et vegetaux; les signes me- SCIENCES PHYSIQUES. .',83 teoiologiques des divers changemens de terns, et servant a les f'aiie presager; les variations aiinuelles de ratmosphere et de la tempe- rature, leur iufluence bien ou raalfaisante sur riioinme; les mala- dies de chaque saisoii , lesmoyens hygieniques de s'en preserver ; le tems propres aux travaux agricoles, aux recoltes, etc.; par //. Dehersojv , D. M. de la Faculte de Paris, etc. Paris, 1825 ; Persan, rue de I'Arbre-Sec , n° 22. Iii-i8 de 3o4 p. ; prix 2 fr. 5o c. II est tres-utile , et par consequent tres-convenable , qu'un auteur d'almanach soil medecin. L'etnde de la medecine suppose celle de I'air, des eaux et des lieux , non pas en general et dans un etat moyen , mais dans tons les etats qui peuvent influer sur la sante de riionime. D'ailleurs, puisque les medecins ont pu connaitre les mysteres des corps organises , ils doivent ^tre bien pres de la connaissance des phenomenes moins compliques que presente I'en- semble de notre planfetc. Les astronomes leur fournissent les mon- vemens celestes tout calcules; il ne s'agit plus que d'y joindre des indications meteorologiques , et nieme quelques predictions de pluie oil de beau tems. M. Demerson en a mis quelques-unes dans son almauach , mais sans y attacher trop d'importance : il ne pretend pas a I'infaillibilite de \a prognostication pnritagrueline , dontl'auteur parait etre un de ses ecrivains de predilection. Les preceptes hygie- niques qu'on trouve dans cet alraanach ont le merite de n'etre ni g^nans ni desagreables : faisons des voeux pour qu'il soit susbtitue a tant d'autres, moins bons a tous egards, moins utiles, plus eco- nomes de verite , et qui ne craignent pas d'entretenir les prejuges dont ils profitent. F. Sciences religieusex , morales, politiques et historiques. aa3. — ' Imitation de Jesiis-Christ, traduite par Beauzee, avec une Notice historique ( sur la vie et les ouvrages de Beauzee) et des notes explicatives par M. I'abbe Labouderie , vicaire general d'Avignon, membre de plusieurs academies, avec cette epigraplie : « Meditez ces choses, occupez-vous-en avec attention." I. Ep. a Tim. iv. i5. Paris , 1824 ■> Charles Gosselin. i vol. in-8° de xxxii et SjB pages. Prix 7 fr. 5o cent, et 9 fr. par la poste. Au milieu de beaucoup d'onvrages qui convienuent plus a une su- perstition aveugle qu'a une piete eclairee , on aime a voir paraitre cette uouvelle edition de V Imitation de Jesus-Christ, dont un academi- cieii, Fontf.nej:,i.e , a dit que « c'est le plus beau livre qui soit sorti de la main d'un homuie, puisque I'Evangile u'en vient pas. ■> Le sa- 484 LIVRES FRANCAIS. vant^diteur, M. I'ahbe Labouderie , n'a rien neglige pour rcproduire ce precieux depot de preceptes religieux et de verites morales avec tons les accessoires qui peuvcat le rendre aussi agreable qu'utile. Sans entrcr dans dcs discussions et des recheiches sur I'auteur de VImitation , attribuee tour a tour a I'allemand Thomas de Kesipis , a I'italien Jean Gerse>' , abbe de Verceil , et a Jenn Gehson , chan- celier de I'eglise de Paris , il est porte a croire que c'est a ce der- nier que nous sommes redevables de cet excellent livre, et il compte publier un jour ses conjectures sur ce point ( on peut consulter I'ar- ticle Imkalione Christi (de) , libri IF, torn, ii , pag. 243 , Manuel du Hbraire et de V amateur de Itvres ; par Brvjnet. Paris , 1820. 4 vol. in-8°. Chez I'auteur, rue Git-le-Cceur , n" 10.) — L'exccution typogra- phique de la belle edition que nous annoncons fait le plus grand honneur aux presses de M. Rignoux , qui s'est assure depuis quel- ques annees, par plusieurs magnifiques editions d'ouvrages impor- tans, un rang distingue parmi les premiers typographes de notre epoque. JVI.-A. J. 224- — * Coup-d' ceil sur la situation actuelle ct leS •vrais interets de FE- glise catholique. — Paris, iSaS; Paul Renouard. In-8° de 84 pages. L'auteur de cet ouvrage ne nous est pas connu; mais, apres une lecture attentive, nous croyoiis qu'il exprime les sentimens d'un catholique sincere, et d'un publicisle bien intentionne. Son but est d'indiquer les vices du gouvernement exterieur de I'Eglise ; Timpos- sibilite d'y remedier par I'usage des concordats, qui est lui-meme un tres-grand abus ; le pape et le prince disposant chacun en maitre de ce qui ne leur appartient pas, des libertes des eglises fondees sur I'institution antique et sur les canons des premiers conciles gene- raux. — Apr^s avoir insiste sur cette verite, qu'il n'est point permis , d'esperer que les papes reviennent jamais d'eux-memes a la sage dis- cipline des conciles cecumeniques, I'auteur propose aux gouverne- mens de se declarer eux - mdmes patrons de cette discipline, et de .se concerter avec le pape , pour la faire retablir par un nouveau concile general qui serait preside par le pape ou ses legats , sans etre maitrise par eux. II propose sept articles de reforme a obteuir de ce concile : 1° rendre aux cliretiens , et surtout a la jeunesse, au lieu de pratiques minutieui.es de devotion qui I amusent et la tfompent , la lecture de la Bible, de I'Ancien Testament par extrait , et du Nouveau Testament en entier; 2° I'adoption par le concile des quatre propositions du clerge de France de 1682 , chef-d'oeuvre du grand Bossuet , consacre par I'assentimeiit des prelats de France • SCIENCES MORALES /.SS les plus dislingues; 3° le recours libre de Fevoque nomme , a son metropolitain , pour en obtenir I'institution canonique , lorsquc Ic pape, sans motifs canoniques , I'aurait differee au dela d'lm ternie prescrit; 4° I'abolition dc toute auforitc des legats et des nonces dans les etats de la chrctiente ; 5° Texpresse abolition de tons les tribunaux de Tinquisition , avec defense de les retablir ; 6° I'aboli- tion des jesuites dans toute la catliolicite; 7° enfin , un reglemeut sur la juste repartition des cardinalats entre tous les pays catholiques. Tout chretien verrait sans doute avec plaisir les sept reformes pro- posees. La premiere et la seconde sont de necessite absolue. La troi- sieme suppose le pape instituteur de tous les eveques du globe, et de la circonscription de tou'j les evcches du monde : il n'y a rien de plus contraire a la discipline des quaforze premiers «iecles de I'Eglise , aux besoins resultant des distances des lieux, c"est-a-dire , a la nature meme des choses. Les droits du pape ne furent jamais canoniquement et raisonnablement cenx des patriarches et des ar- cheveques et eveques dans leurs ressorts respcctifs. I/inquisition , la «roisade contre les fausses croyances sont Topprobre des catho- liques, et de tout pays qui adniet de tels alius. La loi civile de chaque pays suffit pour abolir partout I'inquisition et I'empecber de renaltre. Chaque etat devrait aussi savoir se preserver des je- suites et de leur domination , de lenr corruption dans les dogmes , la morale et la discipline. Enfin , la repartition regulicre des cardi- nalats dans toute I'Eglise catholique supposerait trop que le premier des eveques est, comme chef intrus d'un royaume qui n'est pas de ce monde , le monarque reel des rois et des eveques de toute la terre. Les cardinalats sont bien modernes, et furent toujours troji abusifs pour qu'on puisse regardcr leur distribution dans tout I'univers comme une juste consequence de la primaute papale et canonique. ■ — A I'appui de chacun de ses articles , I'auteur a joint une collec- tion precieuse des textes anciens et modernes qui etablissent la ne- ces.site des reformes qu'il propose. Esperons que ces reformes vien- dront un jour, et qu'elles seront accompagnees d'autres reformes non moins necessaires dans la discipline catholique. Mais il est diflicile de penser que ni le pape ni les rois en soient jamais les auteurs. Dieu , nous le croyons , a fait son oeuvre , en instituant In religion chretienne et en etablissant son Eglise. On pent croire aussi que lui seul , par des evenemens annonces dans I'Ecriture. acbt-vera de perfectionner cette meme oeuvre, en eteignant les desordres ec- clesiastiques, inseparablement lies a rultra-montonisme et an je- T. XXV. — Fevricr iSaS. 32 /,86 LIVRES FRANCAIS. sultisme, qui semblent ne se reveiller si vivement au xix*" siecic, que pour perir avec plus dVclat au terns choisi par la Providence', a aS. — * Reclamiuions pour tEglise de France et pour la vcrcle , centre les ouvrage de M. le comte de Maistke, intitule : Du Pape, et de TE- glise gaUicane dans son rapport avec le pape ; par M. I'abbe Baston , docteur de Sorbomie. Paris, T. I, 1821 , et T. II et dernier, 1824- In-8° , en tout, pres de 800 pages. L'editeur, rue Saiat-Honore , n" 340- Rois , obeissez au pape ; peuples , obeissez aux rots ; papes et rois , lais- sez-vous conduhe par les jesuites. Les ■victimes des jesuites netaient eC ne peuvent etre que des jansenistes , les pires de tous les heretiques ; car leurs heresies sont presque invisibles. — Tel fut le nouvel evangile prdclie avec audace et un ton de confiance par feu le comte de Maistre , homme d'esprit, ecrivain brillant, chretien politique , phi- loso[>he paradoxal , qui poussa jusqu'a la folic sa haine centre les revolutions modernes. M. le docteur Baston , fidele aux maximes de I'Eglise gaUicane, a pris la peine de refuter pied a pied ce ridi- cule evangeliste : il en combat gravement toutes les aberrations. Son ouvrage n'a que le defaut d'<^tre trop serieux. 11 ne sera pas nioins utile aux jeunes gens et aux personnes du nionde qui ont besoin d'etre niises en garde contre un long delire devenu contagieux par les confrcries et les autres associations illegales qui couvrent la France , et qui font de continuels efforts pour en niaitriser les ha- bitans. II est a craindre qu'a force d'artilices et d'intrigues , de su- perstitions et d'absnrdites , Ton ne reussisse a faire de nous une seconde fois des impies et des persecuteurs , des oppresseurs et des victimes. Lanjuimais, de I'lnstiun. aafi. — * Lettres a Deltina sur la religion; ouvrage posthume de C.-Th. Pfeffei., traduit de I'allemand par /. Wii-i-m: , jnofesseur au gymnase protestant de Strasbourg. Strasbourg, i8a5; Heitz : Paris, Servier. Jn-12 de 124 pages d'impressiou ; prix 2 fr. M. Willni nous apprend , dans sa preface, les motifs qui I'ont porte a traduire cet ouvrage. .< Frappe depuis long-tems , dil-il , dti besoin qu'avaient les protestans francais d'un bon livre elementaire pour I'enseignenient religieux , qui, sous des formes moins severes, offrit ncanmoins un ensemble complet et put servir surtout a I'ins- truction des jeunes dies des classes plus elevees de la societe, je chercliais dans la litterature allemande, tres-riche en ce genre, un ouvrage qui fiit digne de leur dtre offert , lorsque celui-ci parut. » M. Willni y rec6nnut toutes les qualites qu'il desirait, et il s'estera- SCIENCES MORALES. 487 presse d'eii faire jouir ceux de ses coreligionnaires qui ignorent la langue alleinande. Toutes les personnes qui aiment les etudes reli- gieuses liront cet ourrage avec un vlf interet. Nous y avons trouve souvent cette onction pieuse que Ton rencontre a chacune des pages de notie Feneion. Les huit premiers paragraphes surtout sont pro- pres a nourrir les sentimens eleves dans le coeur des hommes reli- gieux. Nous croyons que ce livre est destine a devenir classique parmi les protestans francais, et nous devons savoir gre au traduc- teur du soin qu'il a apporte a polir son style et a lui donner cette simplicite touchante qui convient si bien aux livres de ce genre. Y. 327. — Un mot stir le projet de loi relatifau sacrilege , par J.-IU. Le- GRATEREjfD, maitrc des requefes honoraire aux conseils du Roi. Paris, iSaS; Bechet. Br. in-8° de 28 pages; prix i fr. 5o c. Les bornes etroites qui nous sont prescrites ne nous permettent pas de faire connaitre cette brochure autant que nous I'aurions de- sire. L'auteur, connu par d'excellens ouvrages de droit criminel , etablit quatre propositions : la loi proposee n'est pas utile ; elle blesse les principes de I'humanite ; elle est inopportune et dangereuse; en- fin, elle est inconstitutionnelle. L'ouvrage est entremele de citations instructives , et quelquefois piquantes , en opposition avec le projet de loi, qui, s'il etait adopte , aurait, dit l'auteur, les resultats les plus I'unestes. Peut-on songer a punir le sacrilege materiel , lorsqu'au nom du pape , des eveques et des pretres , on fait vendre avec pro- fusion a Paris, comme catholiqtie, et comme le premier volume d'uiie Bibliotheque catholiqiie, I'aventure et I'oeuvre ascetique du pere Surin, jesuite , qui, par un sacrilege tout spirituel et tout spontane, se fit, pendant trente ans,le scandaleux possede du malin espiit, par pure charite envers une religieuse possedee aussi , mais dont le diable n'6tait pas congm , dit I'histoire. 228. — Du projet de loi stir le sacrilege , presente a la Chambre des pairs le 4 Janvier 1826 ; par I'abbe de l,v Meknais. Paris, iSaS; au bureau du Memorial Catholiqtie. Brochure in-8° de 19 pages,- prix I fr. 5o c. On devait s'attendre a rencontrer dans le fougueux adversaire de I'indiffereuce en mati^re de religion, nn zele pyitisan de la propo- sition du ministere : aussi, quel a etc notre etonnement de trouver qu'il se declare I'ennemi le plus prononce du projet de loi , elabore depuis deux ans , et qu'il en demande le rejet avec indignation , comme d'un projet qui respire I'atheisme , a cause de la mol- lesse revoltante de ses dispositions. Nous ne pouvons nueux faire 488 LIVRES FRAi^^gAIS. connaitre cette brochure qu'en en citant qiielques passages. — Le moment de presenter aiix Francais im code religieux , tel qu'il en concoit le besoin, ue lui parait pas encore arrive. « Grice au ciel , s'ecrie-t-il , on s'est trop presse ; la France, quoi qu'on ait fait pour h4ter ses progr^s , n'est point mure pour ces doctrines ; et de telles lois ne sont proclaniees d'ordinaire que la veille de la mort des peu- ples. » — L'auteur s'indigne aussi de la protection cgale accordeepar la Charte a tous les cultes. ■< Vous I'entendez, dit-il ; I'intention de M. le garde-des-sceaux , dans son projet de loi , a ete de proteger egalement les cultes les plus opposes , et- sans autres limites que celle de ces cultes memes et de leur doctrine. » Ce peu de lignes suffit pour fixer le jugement du lecteur. ajg. — Du projet de loi sur les maisons rellgieiise^ defemmes , pre- sente a la Chambre des pairs par M. I'eveque d'Hermopolis , le 4 Janvier i8-i5; par M. Tabbe de L.\ Mennais. Paris, iSaS; au bureau du Memorial Catholiqiie. Brochure in-8° da 3o pages; prix I fr. 5o c. Nous n'entrerons point dans le detail des personnalites que l'au- teur adresse , dans cat ecrit, a M. I'eveque d'Hermopolis. II suffit de dire que le grand sujet de la querelle vient de ce que M. d'Hermo- polis veut retabllr graduellement le pouvoir religieux et monacal, et que M. da La Mennais veut arriver tout d'un coup au mdme but. — « Pourquoi , dit-il, n'ose-t-on pas m^ma demander le r^tablisse- ment des ordres monastiques les plus necessaires ? pourquoi le capu- cin, aime du peuple , dont la pauvrete le rapprochait, n'evangelise- t-il pas nos campagnes ? pourquoi n'est-il pas permis a^ux Jih de saint Benoit de reprendre leurs savans travaux ? pourquoi le charlreux n'ohtient-il pas I'autorisation legale de rappeler par ses exemples les enfans du vice a la penitence et a la vertu ? pourquoi n'y a-t-il de liberty que pour le mal et pour ce qui produit le mal ? pourquoi ne confie-t-on pas au jesuite, si habile a developper tout ce que renferment de bon les ames neuves , le soin de ces ecoles oii la jeu- nesse , sans mceurset sans foi, pervertie avant I'Age des passions, croit pour la ruine de la societe ? >■ Contre des maux si graves et si bien prouves, M. B. , sulpicien a Paris, demandait franchement, en 1818, un cchajaud par commune. II n'est done que trop vrai qu'en certaine matifere, ce n'est point a M. I'abbe de La Mennais qu'il faut decerner la palme de I'exageration. P. - E. Lanjuinais. a3o. — Examen de deux propositions de lois qui seraient faites aux Chambres, Tune sur la celebration du mariage, I'autre sur la tenue des SCIENCES MORALES. 489 registres de i'eiac civil. Limoges, i8a4; Ardani , libraire. In-S" de 60 pages. Joignez a cat ouvrage, qui parait encore du a la plume feconde et savante de M. I'abbe Tab.vr.vud, le traite sur les actes eivils , par 31. Hutteau-d'Origni (1824 , in-8° de fioo pages), et vous aurez tout ce qu'on peut dire de plus solide contre le projet ultra- montain et anti-social, de suppriraer les formes civiles du mariage et d'en remettre les registres aux mains des pretres. Cette discus- sion est encore douteuse ; ses instigateurs semblent avoir consent! a I'ajournement de cette nouvelle attaque , au moins jusqu'a I'an- nee 1826. Lasjuiivais, de I'lnsticui. a3i. — * Meditations melaphj-siqiies ; par Descartes. Paris, i8a5 ; Renouard. i vol. in-18 de xvi et 212 p. d'impression; prix 2 fr. 5o c. A I'occasion de cette nouvelle reimpressiou d'un ouvrage celebre de Descartes , nous ne nous etendrons pas sur le merite de ce philo- sophe. Tous ceux pour qui la metaphysique a quelque attrait savent quelle prodigieuse revolution ses principes et ses ouvrages ont pro- duite dans les idees. II nous suffira de dire que I'un des plus dignes appreciateurs de ce vaste et etonnant genie, Mallebranche, ne crai- gnit pas d'avancer, dans sa Recherche de la verite , que, pendant les trente annees qui avaient suivi la publication des ceuvres de Des- cartes, il avait ete decouvert plus de verites que dans tous les siecles qui I'avaieiit precede. Quant a I'editiou que M. Renouard vient de publier des Meditations metaphjsiques , nous nous contenterous de rapporter textuellement uue note placee par cet babile editeur a la fin du volume, et qui fait connaitre le texte qu'il a prefere : « Cet ouvrage parut d'abord en latin, a Paris, 164 1 > in-S", sous ce litre : Ulcditationes de prima, philosophia , ubi de Dei existentia et animce iin- mortaliiate. II en parut une seconde edition latine a Amsterdam, chez Louis Elzevier, in-ia , 1642. L'auteur y fit corriger le titre de I'edition de Paris , et fit substituer le terme de distinction de I'ame avec le corps , a la place de celui de rimmortalite de Fame, qui n'y convenait pas si bieu. Niceron parle d'une autre edition latine faite a Naples, i7i9,in-8°, sous la date d'Amsterdam , par les soins de Giovanhino poeta. II parut a Paris , 1647, '""4''> une traduction fran- caise , par M. le D. D. L. n . s. ( M. le due de Luynes ) , revue et cor- rigee par Descartes , qui a fait au texte latin quelques heureux chau- gemens. II s'en est fait a Paris une reimpression , 1661, in-4°; une troisieme a Paris , 1673 , in-4° , divisee par articles, et avec des som- maires, par R. F. ( Ren^ Fede, docteur en medecine de la Facultc Ago LIVRES FRANCAIS. d'Angers). Cette edition a ^tS reproduite in-ia; Paris, ly-i/i. C'est elle que nous donnons ici, en retrancliant les sonimaires , et la division par articles, qui altera un pen les j)roportions et les formes du monument priniitif avoue par Descartes. " V. aSa. — * Du perfeclionnemem moral , ou de I'Edtication de soi-meine ; par M. Degekando, niembre de I'lnstitut de France. Paris, 1824; J.-A. Renouard. 2 vol. in-8°; prix t3 fr. 5o c, et 16 fr. Personne, sans doute, n'ctait appele par plus de droits que M. Degerando, a se charger de la noble mission qu'il vient de rem- plir, en publiant cet ouvrage. C'est surtout a ces hommes qui re- trouvent dans les souvenirs de leur vie passee une longue suite de bonnes actions, qu'il appartient d'enseigner la morale a leurs sem- blables. Le precieux titre d'homme de bien , dont les anciens avaieut fait la premiere qualite de I'orateur, n'est pas moins indispensable a I'ecrivain moraliste. Ses preceptes ne sont tout-puissans que par I'autorite de ses exemples. Sous ce rapport, le livre dont nous par- Ions obtiendra la confiance iiniverselle. Nous pouvons afCrmer qu'il la meritera egalement par I'importance des doctrines, par la justetse des observations, et par cette profondeur de science, que I'auteur doit a une constante etude du coeur humain , et qu'il a su deja re- pandre avec tant d'eclat dans tons ses ecrits philo^opliiques. Un examen trop rapide ne nous permet pas d'exprimer encore notre opinion dnns tous ses developpemens sur un ouvrage d'un si liaut interet, et qui, pour 6tre bien juge, doit avoir ^te long-tems etudie; nous nous bornons a en indiquer les principales divisions. Le pre- mier livre traite Aes, facuUes morales; le second, de Xtnr emploi ; le troisieme, de leur culture. Ces livres se divisent en nombreux cbapi- tres, ou sont discutcs , sous des titres speciaux, les principales ques- tions que renferme le vaste sujet embrasse par I'auteur. B. 233. — Plutarijve moraliste, ou Choix des principaux sujets de morale du premier des ecrivains de I'antiquitc; par le chevalier ue Pkoi'iac; avec des developpemens appliques aux mcenrs, aux tra- vers , aux defauts et aux ridicules de la societe actuelle , tires de chacune des moralitos de Plutarque; par M. L.-M. B. Paris, iSaS ; Alexis Eymery ; Bruxelles : Brunet et Cli. Fruger. i vol. in-ia; prix f! fr. et 8 fr. Ce livre est une preuve que la morale pent changer avec le terns, ou du molns subir des modifications dans quelques-unes de ses par- ties ; et peut -^tre serait-on en droit de reprocher au commentateur moderue du bou rieux philosophe, de n'avoir pas parfaitemcnt SCIENCES MORALES. 491 rempli I'engagement d'appliquer les lecons du moraliste grec aux DioBurs , aux travers , et aux defavits de la societe actuelle. En ge- neral , I'ouvrage se ressent beaucoup de la precipitation du travail. L'auteur aurait pu faireuii choix plus judicieux parmi les maximes qu'il propose coinme regies de conduite, et donner a sou style plus de correction et d'elegance, enfin, repandre un pen plus d'interet dans ses anecdotes. F. F. 234. — * Recueil general des lois et arrets concernant les emigres , deporCes , condamnes , leiirs heritiers , creanciers et ajans-canse , depuis 1791 jusqu'en 1823 , avec tables chronologique et analytiqiie; par MM. T.viLi-vNDiER et MoifG.4.i,-vY, avocats aux conseils du Roi et a la cour de cassation. T. I. Paris, 1825 ; N. Pichard. i vol. in-8° de xxxiy et 567 pages d'impression ; prix , 6 fr. , et 7 fr. 7$ c. Les circonstances presentes donnent un grand interet a ce recueil qui se recominande par I'extreme exactitude des documens qu'il renferme. Toutes les lois et les actes du gouvernemeut, au nombre d'environ 35o , rendus soit centre, soit pour les emigres, deportes, condamnes revolutionnairement , et leurs ayanscause, se trouvent dans cet ouvrage. En ce moment done, oil Ton agite devant les Chambres la question de I'indemnite , un semblable recueil doit ob- tenir un veritable succi'S. Les auteurs annoncent que leur second et dernier volume paraitra apres la discussion de la !oi d'indemnite; il doit contenir un tableau sommaire de tous les arrets rendus par le Conseil d'etat et par les cours de justice en niatiere d'emigration , ainsi que les rapports et les principaux discours qui seront pro- nonces dans cette discussion; enfin, un commentaire de la loi , si elle passe. Ainsi , ce recueil complet deviendra indispensable aux interesses a rindemnite et aux gens d'affaires qui les assisteront de leurs conseils. Z. 235. — * Baneau Anglais, ou Clioix de plaidoyers des avocats an- glais , traduits par MM. Ci-air et Ci-apieb , avocats a la cour royale de Paris. Paris, 1824; Panckoucke, editeur. Tom. I, 3™^ livraison. 1 vol. in-8° de xxiv et SyS pages d'impression. Prix 6 fr. le vol., ( Voy. Rev. Enc, t. xxili , p. 43i. ) Les traducteurs et editeur de cet Important recueil viennent d'en terminer la publication par le tome i''', les 2* et 3" volumes ayant deja ete publics. Celui-ci contieut des proces politiques du plus baut interet , tant sous le rapport historique que sous le point de vue politique. lis sent extraits du grand recueil anglais intitule State Trials. Le premier est celui de Thomas More ; viennent ensuitti 4yi UVRES 1 RANfAIS. ceux de Marie Stuart , de Walter Raleigli , de Sommeiset, dc Straf- ford, de Charles P'', des Regicides, de lord Stafford et de John Home , plus connu sous le noin de Home Took. Ce premier volume est termine par le plaidoyer celehre de sir James Mackintosh dans I'affaire do Peltier. Nous examinerons avec details, dans notre sec- tions des Analyses, les trois volumes de cette collection, et nous chercherons a caracteriser les points qui separent I'eloqueuce du harreau anglais de celle de notre harreau. 23G. — * Barreau Francais. Collection des chefs-d'oeuvre de I'elo- quence judiciaire en France ; recueillie par MM. Claik et Clapier, avocats. Paris, 1824; Panckoucke, editeur. Deuxit;me serie. T vi. In-8° de 609 pages d'impression. Prix 6 fr. le vol. Ce volume forme le tome xvi et dernier du Barreau francais . U contient des plaidoyers et memoires de quelques-uns des orateurs les plus distingues de I'c^poque. Dans un precedent article (voy. Rev. Enc, t. XX, p. 617 ) , nous avons examine le merite de cette collection ; nous ne pouvons qu'y renvoyer ceux de nos lecteurs qui voudront prendre une idee du travail des editeurs et des materiaux qui composent le recueil. aSj. — * Traite de la voirie rurale et urbaine , ou des Chemins et des rues communaux,d'apr6s la loi du aSjuillet 1824; par M. Isam- BERT , avocat aux conseils du Roi et a la Cour de cassation. Paris , 1826; Constantiu, editeur, rue de Seine-Saint-Germain, n° 64. i''* partie, i vol. in-ia de xii et 372 pages d'impression; prix 4 fr. Tous ceux qui ont la pratique des affaires saveut comhien de difficultes font naitre les chemins et les rues, soit dans les villes , soit dans les canipagnes. Une foule de questions du ressort de la juridiction administrative ou judiciaire se rattachent a la voirie , prise ici dans son tens le plus etendu, c'est-a-dire , comprenant tout ce qui est relatif a la propriete de la voie publique. Quoique nous ayons deja de bons ouvrages sur cette matiere , un traite complet et niethodique n'etait pas moins devenu necessaire, sur- tout depuis que la loi du 28 juillet 1824 est venue changer plusieurs dispositions de la legislation anterieure. Ce n'est pas, toutefois, a faire un commeritaire pur et simple de cette loi, que M. Isambert s'est borne. La premiere partie de I'ouvrage qu'il publie aujourd'hui prouve assez combien sou cadre est vaste et combien ses vues sout elevees. Des notions historiques tres-interessantes sur les legislations les plus auciennes en ce qu'elles avaient de relatif aux chemins. SCIENCES MORALES. I^e de Dieii ; plus , des superstitions , des inventions qu'il dit pieiises , des confreries , des indulgences, une bulla ail nioins qui donne cours a ce traitement medico-moral. II voudrait encore une grande el importante reforme. Ce serait la sup- pression des moines , qui sont devenus , dit-il , une des plaies de la societe; et par-dessus tout, il propose de profiler du jubile universel qui vient d'etre annonce a Rome. — L'auteur ne doute pas que Charles X et ses ministres ne sachent apprecier la force morale de ces pratiques; il les regarde comme I'unique moyen de salut qui reste encore a la monarchic de Ferdinand. P.-E. Lanjuinais. Li Hera I II re. aSp- — * Dictionnaire francais-wolof et francais-bambara , suivi du Dictionnaire wolof-francais ; par M. J. Daru. Paris, iSaS ; imprimerie royale. i vol. in-S" de xxxil et 3oo pages. La Ian gue tvo/oce, presque enti^rement ignoree en Europe, est parlee dans toute la Sencgambie et an dela de la rive droite du Senegal; et c'est , apres I'aiabe , Vidiorne a I' aide diiquel on est le plus siir de sefaire comprendre , des rives de TAtlanlique aux bords du Niger. — C'est done une contree immense que vont, en quelque sorte, nous ouvrir la gram- maire et le dictionnaire de notre savant compatriote; et une partie de notre reconnaissance pour le service qu'il nous rend par ses sa- vantes recherclies, doit se reporter a la Sociele d'education de Parish sous les auspices et par les soins de laquelle il avait ete envoye au Senegal pour y fonder et diriger une Ecole clcmentaire d'enseigne- mentmutuel.il ne s'agit ici que de son dictionnaire, puisque la grammaire est encore manuscrite. II se divise en deux parties : la premifere traduit les mots francais en wolof et en bauibara ; la deuxieme traduit les mots wolofs en francais. Ces deux paities sont 5o« LITRES FRANCAIS. jii^ced^es d'un avant-propos sur les laugucs de I'Afrique , et d'ob- servations geiierales sur la langue wolove, par I'auteiir du diction- naire. Rien de plus curieux que ces observations : elles presentent aux philologues et aux grammairiens ie phenom^ne assez singulier d'une derivaliou tri-s-regulitre, qui, par la simple addition de syl- labes Cuales a uu radical commun, forme onze voix dans le -verbe, et de plus sept substantifs. Ce m^canlsme ingeaieux ue peut ^tre indique que par un exemple ; je renvoie le lecteur a ceux que cite M. Dard. II pourra y prendre une idee de la richesse qui doit resul- ter d'une telle generation de mots; il y reconnaitra ensuite cette •yerite, contraire a I'opinion commune , que la regularite des langues appartient aulaugage populaire, tandis que ce sont prosque toujours les cciivains, et surtout les erudits et les etymologistes , qui creent les anomalies. En proclaniant cette verite dans mes Observations sur les conjiigaisons francaises (voy. Rev, Encjcl., T. xxiv, p. 202), je 1 ap- pliquais surtout a notre orthograpbe. Je regrette, je I'avoue , que M. Dard ait employe cette orthograpbe pour peindre les sons qu'il voulait nous transmettre. J'aurais desire qu'il ocartat toutes les lettres dont la prononciatiou est variable, et qu'il n'employdt jamais une combinaison pour rendre un son simple. Ensuite , I'accent toni- que, qui seul pouvait indiquer la syllabe forte des mots , a etc ou- bliee; et, a moins qu'il n'y ait dans sa grammaire quelque regie geuerale sur I'accentuation , je ne vois pas trop comment on pourra suppleer a cette omission. Ces taches, an reste, sont legeres : nous n'en devons pas moins nos remercimens a celui qui a le premier ouvert la route : il perfectionnera son travail , a mesure que nos relations, I'influence de la colonie francaise du Senegal, et I'ins- truction populaire se repandront dans I'Afrique. B. J. 260. — * HisCoire de la litterature grecque , depuis son origine jusqu'a la prise de Constantinople par les Turcs ; par M. ScHOEiL. Nouvelle edition. Paris, 1826; Gide fils. 8 volumes in-8°; prix 56 fr. ; sur pa- pier velln , 112 fr. La premiere edition de cet ouvrage qui a paru en 1812, sous le litre d'Histoire abrcgee de la litterature grecque , rfc. ,a ete 6puisee rapidement. — Traduite en plusieurs langues, notamment en an- glais et en grec modirne, die a recu partout le plus favorable ac- cueil. — ^L'auteur s'cst occupc pendant plusieurs annees d'en preparer une nouvelle edition , si I'ou peut appeler ainsi un ouvrage entiere- ment refondu et compose sur un plan beaucoup plus etondu. — En ^ffet , I'ancienne edition n'a que deux volumes, dont le second ne LITTfiRATURE. 5ocf reiiferme que la litterature sacr^e et les tables, et celle-cien a huit et ne traite que de la litterature profane. Au lieu de se borner a des notions trfes-succinctes , comme dans la premiere edition , I'auteur entredans des details surges terns oil les auteurs out vecu; il cherche I'influence que I'esprit de leur nation a cue sur leurs productions; et, faisant connaitre plus particulierenient celles-ci, et les jugeant d'apres les principes etablis par les legislateurs du gout, il t&che de donner plus d'interet encore a cette partie, en y mdlant ( toute- foisavec sobriete) des discussions sur des points critiques, litteraires et historiques, qui peuvent exercer le jugenient des jeunes lecteurs et les premunir conire les doctrines reprouvees par le bon gout. Sous ce rappoit, I'ouvrage ne pent qu'etre lu avec interet par tous les amis des bonnes etudes. — Dans la premiere edition, I'auteur avait omis les notices bibliographiques, parce qu'il se proposait de les placer dans son Repertoire de la tittcratiire ancienne, qu'il avait I'inteution de faire rc^iniprimer. Ayant renonce a ce projet, il a reuni la bibliograpliie a la partie historique de la litterature grecque; de sorte qu'apres avoir parle d'un ecrivain, de sa vie, de ses ou- vrages, il donne la note raisonnee des editions qui ont ete publiees depuis la naissance de rimprinierie , en iudiquant brievement le merite de chacune, en faisant connaitre les materiaux sur lesquels cliaque editeur a travaille, les imperfections et les lacunes qu'il a laissces , et ce qui reste encore a faire pour chaque ouvrage, soil sous le rapport de lacritique litteraire, soit sous le rapport de I'inter- pretation. Cette bibliograpliie est imprimee a la suite de chaque ar- ticle, mais en caracteres plus petits, afin que les lecteurs qu'elle n'iuteresse pas puissent la passer entierement, et que ceux qui vou- dront la consulter puissent y recourir plus facilement. Elle forme a peu pros le quart de I'ouvrage. Z. 261, -^ * Etudes grecques sur P'irgite , ou Recueil de tous les pas- sages des poetes grecs imites dans les Bucoliques , les Georgiques et I'Eneide , avec le texte latin et des rapprocbemens litteraires ; par F.-G. EiCHHOFF , professeur do belles-lettres , repetiteur a I'insti- tution Massin. T. II. Paris, 1826; Delalain, i vol. in-S° de 448 pages ; prix 6 fr. Rien de plus simple que le plan de cet ouvrage : les six premiers livres de I'Eneide sont divises en uu certain nombre de sections, a la suite desquelles I'auteur a place quelques reflexions relatives au texte, en citant les passages des poetes grecs qui offraieut quel- que analogie. II a fait preceder le tout d'observations prelimi- ^»o LIVRES FIWNCAIS. )idire$ dont je parlerai tout a I'heure. — Saiis duute ce n'est pas line idee iieuve que de rapprocher les vers de Virgile de ceux de ses predecesseurs ; ou pent dire m(ime que I'execution demandait plus de patience que de gout ou d'imagination. 11 n'en est pas nioins vrai que M. Eichhoffa fait un ouvrage utile, et qu'appre- cieront surtout ces professeurs plelns de z.ele et d'instruction qui n'hesitent pas a sacrifier leurs momens les plus precieux pour faire conn.iges, nvec de jnlios gramrps ; prix 3 fr. T. \xv. — Fciwirr 1823 3'i . HiS LR'^RES FRANCA.IS. cuue de ses idylles I'a sou vent conduit a faire des rapprochemens forces. C'est un d6faut do sa maniere, que ne rachfete pas toujonrs une versiflcation facile, mais deparee parbeauconp de ni^gligences. — Un autre ouvrage que je ne connaissais que par son litre (i), un poeme de M. Moi^LEVAUT sur les fleurs m'a ete remis au moment oil j'allais 6crire cet article; j'ai suspendu mon travail pour parcou- rir ce poeme, et il m'a ete impossible de le quitter avant d'avoir tout lu. Je I'al relu deux fois depuis avec attention, et j'ai conserve la premiere impression que j'en avals recue. C'est un trcsor de grftce et de po^sie , et I'un des plus jolis ouvrages modernes que je eonnaisse. Absent de France lorsqu'il a paru, j'ignore I'accueil qui lui a ete fait ; mais la R^t'ue Encyclopedique txen ayant point parle, je saisis cette oc- casion d'en donner une legere ideei ceux de noslecteurs qui seraieut dans la m^me ignorance oii j'etais il n'y a qu'un instant. — M. Moi- levaut a divise son poeme en quatre cbants , ecrits en vers de huit syllables. II n'a point, parquelques traits isoles, voulu peindre quel- ques fleurs plus ou moins connues ; il les a toutes rassemblees dans un vaste tableau, anime des scenes les plus poetiques ; elles semblent lui avoir elles-mdmes prete leurs couleurs pour achever ce tableau. Son premier chant renferme la description des fleurs ; le second , leurs amours ; le troisieme , les pheiiomenes de leur vegetation ; le quatrieme, leurs harmonies avec I'liomnie. Chacun de ces chants est termini par un episode heureux , doat le troisifeme surtout , celui ou I'auteur explique I'origine de la sensitive , est un morceau parfait d'iuvention et d'execution. On en trouve, dans les notes qui sont a la fin du volume, une traduction italienne par M. le comte Pochini. Je ne crains point de trop louer ce poeme, brillant d'imagination et de style , ou la critique trouverait a peine a reprendre quel- ques traits un peu forces et qui semblent depasser le but , en deca duquel il eiit peut-etre raieux valu rester. Puissent ces ^lo- gos bien siuceres , et que rien ne commande, etre pour Tauteur une compensation des critiques qu'ont encourues dans ce recueil quelques- unes de ses autres productions , et dont moi-m^me je n'ai peut-etre pas ete assez avare dans une autre occasion. Cet ouvrage (r) Les Fleurs, i>oeme en quatre chants ; par C.-L. Moli.f.vadt , memhre de riiistitut ; ouvrage orne dc utuf figures de fleurs, J'aprcs les dessins de. Bcssa et de Cbasse'at, avec la ruusicjue gravee d'une romance de Boieldieu. Paris, [8i8; Artlius Bcrtrand. i vol. in-i8 de iii et 204 pages; prix 4 fr. , Ji"ures Ml nnir ; et S t'r. , figures coloriees ft rctoucliees au picccau. LITTER ATURE. 5 19 est deja un assez beau tltie de gloire. On I'a dit avec raison , et nos auteurs modernes ont besoin qu'on le leur repute : on ne va pas a la posterite avec un lourd bagage. — Revenons a M. Deiine-Baron , dont cette excursion sur le champ d'un rival m'a trop eloigne. Plusieurs fois deja, dansce recueil, j'ai eu I'oc- casion de louer son talent poetique, auquel on ne peut reprocher que des inegalites assez frequentes. Je crainsbien que ses Fleiirs poedqncs, malgre tout le merite dont quelques-unes brillent , n'ajoutent pas beaucoop a sa reputation. On voit trop que o'est un cadre sur lequel il a ete appele a travailler, et oil son imagination est comme empri- sonnee. Je puis me tromper ; mais j'affirmerais que le texte a ete fait pour les gravures , et non les gravures pour le texte. Parmi les fleurs qu'il a chantees , il en est peut-etre qu'il n'eut pas choisies s'il avait pu s'en dispenser; toutes ne pretaient pas egalement a des de- veloppemens lieureux , et je ne crois pas qu'elles justifient le titre de poetiques qu'il leur a donne. De la I'obligatlon oil il s'est trouve d'or- ner quelquefois scs tableaux de coideurs etrangcres a leur sujet. D'ail- leurs, son travail semble se ressentir d'un pen de precipitation , etje crois en trouver unepreuve dans Temploi trop frequent qu'il a fait des vers de huit ou de six syllables, qu'il laisse tomber souvent sans grSce au milieu de ses alexandrins, dont ils rompent I'liarmonie. Du reste , c'est un ouvrage ou beaucoup de parties rappellent la verve de I'au- teur, et qu'il pourra perfectionner avec le terns et rendre encore plus digne de sa destination. Il est orne de notes instructives ou interes- santes, puisees dans la science de la bot nique , dans la geograpliie, I'histoire, la mythologieet les poetes , et precede d'une introduction remplie de renseignemens curieux , mais qui demanderaient a etre ' mis dans un ordre un pen plus regulier. E. Hereau. 266. — Le Reveil de la Grece , premiere Hellenide , par M. Pellet, d'Epinal. Paris, 1826 ;DelaunaY et Ponthieu, Palais-Royal. Brochure in-S" ; prix -5 c. La cause des Grecs obticnt chaque jour de nouveaux partisans ; c'est le triomphe de la civilisation sur la barbarie, de la liberte sur le despotisme , de I'equite sur la force , et de I'Ev angile sur le Goran Tous les amis de I'liumanite s'intcressent vivement a cette cause Sa- cree, et les fils de la lyre s'emjiressent a Tenvi de celebrer la coura- geiise perseverance des Grecs regeneres. M. Pellet , deja connu par des compositions lyriques fort distinguees, a voulu egalenieiit paAer son tribut d'admiration aux descendansde Trasybule, ft il a pcint ifur reveii heroique dans sa premiere HcHeniile , ^;tsi se distinctie 5ao LTVRES FRANC.AIS. par r.riergie ties seiitimeiis et la vigueur du style. La critique pour- rait y reprendre quelqucs expressions peut-<5tre beaucoup trop har- dies ; mais, en general , les -vers de M. Pellet sont d'une tres-l)onne factnre. Une citation en fera juger. II disail , ct moins intrepide Rugit Ifi lion des deserts ! II avail (lit , et moius rapide , La foudre passe dans les airs. La furcur, la rage etincelle... Lc fer lull, la sueur ruisselle... Les champs fument de sang trempes, Et sur les inonts , et dans les nues. On cntend des voix inconnues Crier aux Grecs : Frappez! frappez ! L'auteur annonce trois autres Hellenides ; la seconde , dout nous avons une epreuve sous les yeux , n'est pas inferieure a la premifere, et Ton y remarque ce passage , qui renferme un conseil plein de virile ; O Grec , aclieve ton ouvrage! Sois ton espoir, ton salut, ton soutien. Aigle rcgenere de I'empire chretien , Garde-tol d'appeler pour vengcr ton outrage , Ces peuplcs avilis dont le pale courage Enerverait le tien. Albert-Montemont. afir^. Almanack dedie aitx dames, pour iSiS ; avec un calen- drier , une charmante vignette et fi jolies gravures. Paris, 182$ ; Le- fuel. I vol. in-i 8 , grand papier velin ,161 pages , plus un calendrier et le texte des gravures; prix 4 fr- 2fi8. — Hommage aux demoiselles , redige par M'"'" Dufrenoy ; or- ne d'une vignette et de 6 gravures. Paris, iSaS; le meme. i vol. in-i8 , grand papier velin, 1(12 pages, plus un calendrier et^lc texte des gravures ; prix 4 fr. jf,^. Album poetiqiie , ou Choix de romances et de chansons des auteurs les plus connus , recueillies par J.-P. Chuikin. Paris, iSsi ; le m(5me. i vol. in-i8 , de 3i9 pages, heau papier satine , ornc d'ure gravure; ))rix 3 fr. 3^0. — la Marotu de Sainle-Pclagie , ou Momm en prison ; p.11 MM. BeRANGER, JoUYj/^'/g^^/'e^it'l'nADEl., ^. LAGARDK,M\GAI.Cn LITTfiRATURE. 5a i i)B ViLLvRs , Engine deMonglavb, Amedee nE Bast , G. Gille, etc. Paris, iSaS; I'editeur , rue de Grenelle Saint-Germain, n° 38, et Vernarel et Tenon, libraires. i volin-i8 de 228 pages , grandpa- pier, avec unegravure et des vignettes; prix 3 fr. 5o c. et 4 fr. Nous I'avons deja dit : c'est surtout le luxe typographique et le nierite des gravures qui font recherclier par les gens du nionde ces recueils qui abondent chez nous au renouvellement de I'anuee , mais qui sent beaucoup plus nomhreux encore en Allemagne. Sous ce rapport, les deux premiers que nous avons mentionnes en tete de oet article, et priucipalement M Ahnanach dedie aiix dames , ne nous laissent rien ;i envier a nos voisins. — Mais lorsque les yeux se sent reposes agreableraeiit sur de jolles gravures , I'esprit cherche quel- quefois un aliment qu'il ne trouve pas toujours dans ces ouvrages legers. II ii'en sera j)as ainsi de \! Almanack dedie aux dames , et de VHominage aux demoiselles , rediges tons deux, avec gout , par une I'emme de beaucoup d'esprit et de talent, M""= Dufrenoy. MM.Ak- CELOT, De la Mahtijve et Guirauu , ainsi que Mn>«s Felicie u'Ai- /,AC, Desbohdes Valmoke, la princesse de Salm et Amable Tastu, sont les auteurs dont nous retrouvons les noms, justement aiines , dans I'un et dans I'autre de ces deux recueils, et auxquels nous au- ri)us a decerner une double couronne. Avec eux se dislingueiit, dans le premier, MM. Baoub-Lokmian, Chauvet , Francois de Neucua- TEAU, yicior Hugo, de Pongerville , de Segur, Soumet, Viem- NET , et M'"«s Dufkenoy et Delphine Gay ; dans le second , MM. Agoub, Justin Gensoui. , Albert ue Mojvtemojvt, Naiidet, Pichai-d, (>t M">es deBeauchamps et Cehe Bakbe. La plupart de ces noms sont deja adoptes par tous les amis des beaux vers , et les autres meritent de I'etre. Un grand nombre des pieces comprises dans ces deux re- cueils nous etaient deja connus ; mais on aime a les retrouv^'r ainsi rapprocliees. UEpttrea mes amis sur le premier jour de fan par M.Vieh- SET , qui ouvre ^Almanack dedie aux dames , nous semble la piece la plus remarquable du recueil; elle est pleine de verve et de raison. Nous avons deja en occasion de louer VEpitre de M. Akcelot a son ami Soumet , la Branche d'amandier, de M. de Lamartine , la Jeune Mere mouranCe et VAveiigle , de M"«! Amable Tastu ; ajoutons y la Con- ralescence , par M^'^ Dufrekoy, et des Fragmens d'un poi^me de Su- zanne, par M. Alfred DE Vigny, dont le premier, intitule /e Bain , iious a reconcilies avec la muse de cet auteur, qui scrait aima- i)le si elle voulaii renoncer a Taffeclatiou. Les morceaux de ])rose 5i/ LIVRES FRANCAIS. nous ont parii en general j)lus f'aibles que las vers, et nous serious presque tentes de reprocher a i'editeur un choix de bnns mois troj» cuunus et qui nous ont ni(5me paru quelquefois inconvenaiis. On nous repondrait peut-etre qu'il faul tjlcher de satisfaire tous les gouts ; iiiais il en est qu'on nedevrait point chercher a encourager. — I.a piece qui, sans contredit , meritela palme dans VHommageaux demoiselles , c'est una elegie de M. Agoub , intitulee les demiers Momens ; elle reunit le cliarme du santinient a la facture harmonieuse des vers et a la purete du style. A cotede cette pifece peut 6tre citee avec beau- coup d'dloges une fable, le Pigeon et V Hiroiidelle , ou M. Naudex rappella avec bonheur I'inimitable La Fontaine. — I^es morceaux de prose qui terminent ce second recueil , sans etre tres-remarquables , n'offrent rian du moins dont puisse rougir la pudeur du sexe auquel il est dedie. — U Album poetique reproduil pour la gentration qui s'el^ve une foule de jolis morceaux qui sont restes dans notre me- inoire depuis I'ent'ance, et dont la lecture ne peut manquar d'exercer la plus haureuse influence sur le gout, que tant d'ecrivains outragent journellement. Nous retrouvons ici les couplets de Bermis a Eleo- iiore , la Rose de Gentii. - Bernard , le Portrait de ma mie, par Moi*- CRIF , le Roi des plaisirs et le plaisir des rois , de Panaru, etc. , et par- mi les ceuvres da nos maillaurs chansonniers modarnes, mon vieil Habit, de Berangeb , Plus on est de Jons , plus on rit, d' .'Irmand Govf- FE, le Menage de garcon , de Joseph Pain , ma Fortune estfaile, de DESAiiGiERs,etc. Ce recueil serait reellenient I'Albuin de tout liomme de gout, si I'editeur, M. Charrijv u'en avait voulu faire le sien , en placant dix-sept pieces de sa facon dans ce Choix de romances et de chansons des auteurs les plus connus. Decidement, la niodestie n'est pas la vertu de notre si^cle. — La Marotte de Suinte-P^lagie est com- posee de soixante chansons et de quelques autres poesies fournies jiar vingt-uu auteurs, parmi lesquels nous retrouvons les noms de MM. de Beranger et Jouy ; les autres sont moins connus, quelques- uns m^me ne le sont pas du tout. A Texception des pieces dues aux deux chansonniers celebras que nous vanons de rappeler, et qui n'ont pas toutes ete composees a Sainte-Pelagie, il en est jieu de reel- lement remarquables. Nous en excepterons cependant les charmans couplets dus a la muse de M""; Octavie de Monglave , et intitules la Vie humaitie , oil nous avions cru d'abord reconnaitre la nianiere de notre aimable Anacreon. On \t>il que les insira/is ont ete mis a contribution ct qn'ils ont quelquefois raniene la joie et les plaisirs I LITTERATURE. 523 tlans un lieu oil tout n'est pas a chanter; temoln ce refrain d'urie ])iece de M. £mi7eDEBRAUx : Sous les vdrroux ma voix est peu sonore. Ah ' rendez-moi la liberie ! 11 y a mdnie , dans ce recueil qu'on nous presente , des couplets tr^s- gais, trop gais peut-etre , et qui contrastent trop avec les souvenirs amers et douloureux que rappelle le nom d'un des auteurs. E. Hereau. lyi. — Nouveaiix Contes a Henriette ; y>^v Abel Dupheswe, auteur des Contes a Henriette. Paris , iSaS ; Urbain Canel. I vol. in-i8; prix 4 fr. Le vrai talent se revile , quels que soient le sujet dont il s'occupe et la forme dont il s'euveloppe. Cette assertion est prouvee par les Nouveaux Contes que publieM. Abel Dufresne. Son recueil , destine aux jeunes enfans , se compose de Nuuvelles interessantes dont le denoument est instructif et moral ; son style, en se pr(5tant a I'in- telligence naissante de ses lecteurs , conserve toujours sa grace et sa purete ; chaque lecon de bienfaisance ou de vertu offre aussi des modeles de diction et de gout : I'ouvrage a done le double merite d'instruire et de plaire. Ces sortes de contes tendent au menie but que les fables, et me semblent y parvenir plus surement. L'enfant ne se fait pas sans difficulte I'application du sort des aniuiaux , des arbres et des plautes ; mais les vicissitudes de la vie de ses sembla- bles le touchent vivement. Les exemples les plus analogues a notre position sont les plus efiicaces ; surtout quand I'auteur sait prdter a li raison les formes qui la font aimer. — Les Contes a Henriette doi- vent trouver place parmi les ouvrages dont ies parens composentla Libliotbeque de leurs enfans. Le format, la beaute typographique, et I'agrement des vignettes , ajoutent un attrait de plus pour les lec- teurs a qui ce livre est destine. — En se livrant a ce genre de com- position , M. Dufresne fournit une preuve de la flexibilite de son talent. On sait qu'il est auteur de Samuel d' Harcourt (i), ou L'homme de lettres , roman public en 1820. Get ouvrage , parfaitement concu , offre des personnages d'uue verite frappaute , une suite de scenes pittoresques, des tableaux de ni05urs habilement traces, des re- lictions critiques pleiues de justesse et d'origiualite , des traits d'un esprit fin, et un style mordant et varie. L'auieur mele quelquefois la (i) Samuel d' Harcourt. I'aris , 1820. 2 vol.iu-i2, Urbaiu Canel, 52 4 LIVRES FRANC AIS. poesie a la pru.se ; ses exortles et ses conclusions , uxpriniecs en vers fuciles et harnionieux, nttestent que I'elegant prosateur pent aussi ilevcnir le favori des Muses. Quel qu'ait ete le sort de ses debuts , nous invitons M. Abel Dufrcsne a suivre la carriere oii il sc montre avec avantage. Le succ^s doit tot ou tard couronner ses travaux. De p. 272. — Le Tasse, ou Genie et H/alfieur ; par L.-M. Masse. Paris, i8a5 ; Audin. a vol. in-12 ; prix 5 fr. Je demanderai a I'auteur, en commencaiit , pourquoi il n'a pas iadique en titre dans quelle classe il pretcndait ranger son ouvrage. Sans doute il a craint la dcfaveur qui pouvait resulter du noni de Roman historiqtic, et j'avoue qu'il est bien pea de partisans aujour- d'liui de ce genre batard, qui tient a la fois du roman et de I'liis- toire, sans appartenir a aiicun des deux, et qui, par le melange de la fiction avec des fails veritables, est propre a donner au lecteur des ido-es fausses. Ce n'est point ici le lieu d'entrer dans des details sur les vices de ces sortes de compositions , qui ne se distinguent du veritable romau que par des iucoiiveuieiis qui lui sont propres. On m'objectera peut-etre le succes etonnant de Walter-Scott , dont les ouvrages sont entre les mains de tout le monde : je me range moi-mdme au uombre de ses admjrateurs; mais il est facile de reconnaitre que ses romans sortent de la classe de ceux que je signale. Ce n'est point un individu dout Walter- Scott a vouluecrire et broder I'bistoire; il met les peuples en scene, il dccrit des epoques. Prenons Quentin Durward pour exemple : qu'est-ce autre chose que le tableau de la cour de Louis xi et de la France? Si la vie des hommes ilUistres appartient exclusivenieut a Thistoire , la peinture des pioeurs n'appartient pas moius au roman qu'a celle-ci : et qui les a plus lidelement retracecs que le celebre auteur de Gil-Bias? Walter-Scott n'est pas le peintre d'un homme ou d'un evenement; il a voulu > — " Qu'entendez-vous par- la , mon ami ? Est-ce qu'il serait possible que vos sentimens ne fus- sent pas en tout ceux de votre Prefet ? » — « Dam' , nous n'avons pas ete jetes tous deux dans le nieme moule et nous pouvons par suite tout voir differemment. » — « Ainsi, vous ne voteriez pas pour les candidats roynlistes ? » — Je ne dis ]>as cela , certainement ; mais avaut tout faut-il connaitre ceux qu'on veut que je porte. » — On vous les fera connaitre, Monsieur, quoique par le fait, en qualitede tonctionnaire public, vous dussiez voter aveuglement. — ■> Oh! pour cela non, monsieur le Prefet ; j'avons de trop bons yeux pour nous soucier de nous servir de ceux des autres. Mais nommez toujours ; uotre departement a six deputes a nommer ; qui proposerez-vous ? — « Les marquis d'Ar... et d'Er..., les comtes d'Or... et d'Ur..., le iricom^te d'Ir... , le chevalier de Mon... » — « Diantre ! que voila de beaux noms! iln'y enapasunde ma connaisssance particuliere. Est- ce la noblesse que ces Messieurs-la representeront?» — La noblesse, aon ; mais bien tout le peuple. » - — « Et pourquoi done le peuple ne choisirait-il pas ses deputes parmi lul ? J'aimerais assez a 6tre repre- seuteparaous-memes. Teiiez, monsieur le Prefet, faut-il vous ledire, il me semble que dans un departement oii il y ^ tant de commerce, il ne serait pas mal de choisir quelques negocians. » — •< On n'a pas voulu les detourner de leurs travaux utiles. » — « lis doivent vous etre bien obliges de cette attention ! mais a leur place il y <» de bons bourgeois k designer. » — « Savez-vous , monsieur le Maire, que vous discutez avecacharnement , lorsqu'il serait convenable dedon- ner I'exemple de la soumission? » — Et, a qui le donner cet exemple, s'il vous plait ? Notre bon Rol s'est reserv6 le droit de creei' les sei- gneurs pairs; il a garde en outre celuide nommer a toutcs les charges el places. 11 jie nous a laisse que cclui ti'elire nos deputes ; que nul LITTER ATURE. Sag ne vienne done nous tourmenter dans ce qui nous a ete si solen- neilement concede. Nous avons , nous autres , pauvre peuple, des inter^ts a defendre ; et faut-il confier le soin de !es soutenir , ou de les garder, a ceux dont I'avantage serait de les detruiie ? — « Al- iens , allons, mon cher , vous craignez peut-^tre le retour des droits feodaux ? » — « Faut bien ayoir peur de ce dont on nous menace ! 11 est possible qu'a Paris on tienne un autre langage ; mais dans nos endroits on nous declare chaque jour que ceci ne durera pas, qu'on nous remettra comme nous etions il y a quelques annees. Ce sont les interesses qui nous parlent ainsi, qui nous designent le moment de leur victoire r ce qu'a Dieu ne plaise ! car la-haut on sait ce qui alors arriverait. » — « Ainsi, mes candidats ne vous plaisent point ? — « Vraiment , non. » — « Eh ! quels sont les votres ?» — >< Celui de I'ar- rondissement est M. A... , qui n'a jamais crie pour personne ; mais qui, niaire depuis trente ans, n'a jamais fait crier personne apres lui ; dont tons les fllsprirent du service quand on menacait la patrie; qui pour angmenter le nombre de ses enfans, nourrit ceux de touf les pauvres de sa commune ; qui enfin accommode les proces, quol- qu'il soit avocat. Celui-la , j'aime a croire , vous ne direz pas que ct soit un malhonndte liomme? » — >■ Ce serait le calomnier ; je lui con- fierais ma bourse a garder ; mais je ne lui donnerais pas mon vote. ( Histoiiqtie). Mes principes ne sont pas les siens. » — << Quant aux deux deputes de departement, je prendrai le comte de Bel... , gen- tilhonime de la vieille roche s'il en fut jamais , qui ne nous a point quittes non plus que notre bon et saint roi Louis XVI; qui, de£ avant la revolution , ne voulait pas (gratis du fruit de nos labeurs, et qui n'est jamais venu a la prefecture ( pardon , monsieur le Prefet ) pour s'informer de quel cote soufflait le vent. Le dernier candidal sera pour moi le brave negociant Lubert , celui-la qui fait vivre Je ne sais combien de families, et dont la signature inspire plus de con- fiance que celle des ministres , car on la connait depuis plus lort;- tems. Les tiois autres deputes ne me regardent pas; mais, si on me demandait ou les prendre : c')oissez-les , dirais-je , parmi nos egaux, parmi nos braves militaires , et preferez daps ces derniers ceuxcjui ont corabattu pour la France a ceux qui cabalerent contre elle. » — « Savez-vous , mon cher ami , que vos sentimens m'effraient ? Vous pensez comme un ennemi du Roi. » — .- Monsieur le Prefet ! c'est au seal fonctionnaire, je presume, que vous adressez cette insulte ; voila mon echarpe , je vous la rends ; bien assure que desorraais vons n'aurez rien a dire dedesagreablc au simple citoyen. » — Gettt. 53o LIVRES FRANCAIS. rcponse ferine et sans r^plique , interloqua mousienr le Pr6fet , qiir (lenieura extrdmement embarrass^ de son maiiitic-n devant les te- nioins de cette conversation. Cependant, Tex-maire restait debout , tenant toujours son ecbarpe , attendant une reponse que le haut ad- niinistrateur ne se pressait pas de donner , tant il craignait de voir retomber sur lui le ridicule et I'odieux de cette scene. Le fier culli- vateur ne s'oloignait pas ; il fallait prendre un parti , car il ne cessait de presenter sa marque distinctive. — « Monsieur , dit enfin le Prefet , vous avez pris bien vivement une parole , que mon zeie pour le service du Roi a pu m'arraclier ; mais , en renoncant a vos fonc- tions, vous vous etes rendu justice. Nul ne pent faire partie de Tadministration, s'il ne se devoue absolument a toutesles volontes des ministres de notre monarque; leur pensce doit ^tre une avec celle de ieurs subordonnes. » — Ce qui manque essentiellenient a cet ou- vrage c'est son denoument, et le heros du roman meritalt assure- ment bien d'etre puni d'une maniere assez raarquante pour rendre le livre utile et moral. La destitution ne suffisait pas, car elle n'a frappe que trop souvent le nierite; il fallait, dans cette punition de tant ridicule, d'intrigues et de bassesse, un pen de meconipte , de comique et de bonte. Le comCe de Seguk. 2-74. — Le Penitent de Ltixeuil, roman bistorique tire d'un manus- crit inedit du vii^ siecle , trouve a Epinal en 179' et publie par M. De Clugny. Paris, iSaS; Lecointe et Durey- 2 vol. in-ii avec iigures ; prix 5 fr. La plupart des romans bistoriques, an lieu de presenter le deve- loppement de I'histoire , comme le titre semble I'indiquer , ne sont qu'un piege tendu a I'ignorance en mettant sur le compte de I'his- toire toutes les chimeres d'une imagination plus ou moins dercglee. Quelquefois.par un reste de pudeur,on consent a donner aux heros de ces romans des noms bistoriques, et le mal est alors encore plus grand : c'est couvrirle mensongedu masque de la verito. Un pareil reprocbe ne sera pas adressea M. de Clugny, jeune auteur deja connu par d'excellens Dialogues fmncnis - latins que nous avons annonc^s (v. Ref.Enc, t. xxiv,p. 783); I'instruction solide dont il a fait preuve dans son premier ouvrage , se montre avec avantage dans le Penitent de LiifCriiil. Ici , ce n'est pas au souvenir des classiques qu'il a de- niandc ses inspirations ; c'est dans nos vieilles chroniques qu'il les a puisees; et ce qu'on ne s'attciidait pas a trouver dans un ouvrage de ce genre, il a eclairci plusieurs points de nos anciennes lois et de nos anciens usages qu'il etait oblige de toucher en passant. — Le LITTERATURE. 53i tiom de ce roman est tire de la celebre abbaye de Luxeuil , dans la- quelle le fameux Ebroin fut quelque terns renferme; le penitent est Ebroin lui-nieme qu'on trouve au commencement de I'ouvrage , dans cet asile de la penitence ; il parait convert!, il en sort, et aussitut il fait jouer tons les ressorts de la perfidie et de I'ambition pour res- saisir la puissance qu'il a perdue. II combat Thierry, il est victo- rieux , il va se faire couronner roi , quand un jeune heros , epris des cliarmes de la die de Thierry, vient opposer son courage a I'usur- paticn. II entraine une partie des grands du royaume, il fait clian- celer le trone sous les pieds d'Ebroin, el ce maire audacieux, qui voit le sceptre lui echapper, se venge de son ennemi en le faisant nommer roi lui-mdme. — Comme ce jeune homme est devoue a ses princes , Ebroin ne peut parvenir a le rendre usurpateur qu'en fai- sant accroire a ce heros qu'il est le descendant des rois. C'est ici que se trouvent mises en action differentes superstitions et differenles coutumes des anciens tems de la monarchie , et enfin le developpe- ment du droit electlf et hereditaire des rois de la premiere race. C'est une decouverte que ce double droit ; il concilie tons nos his- toriens, dont les tins pretendent que le sceptre etait purement elec- tlf, quand on voit qu'il ne sort que d'une m^me famille ; tandis que d'autres assurent qu'il etait hereditaire, quand on voit des elections et des cadets souvent preferes auxaines. — Nousn'entrerons pas dans les details des differentes coutumes que M. de Clugny a cherclie a eclaircir en les presentant dramatiquenient ; nous ne ferons pas une analyse suivie de son ouvrage, ce qui depasserait les bornes d'un article. Nous ne donnerons qu'un apercu de la mani^re dont il a tiie parti des moeurs du tems, ce qui pourra etre utile a nos jeunes ro- manciers. — Les perfidies et les cruautes d'Ebroin ayant ete rfcoii- nues par le jeune homnie qu'il a fait porter sur le pavois , celui-ci , abime de douleur en apprenant son crime involontaire, parvient a se reconcilier avec Thierry qu'il avait blesse dangereusement dans un combat ou Ebroin I'avait entraine contre sa volonte ; il rend le sceptre a celui qui venait le percer dans les tenebres de la nuit. Dans ce moment , la fille de Thieriy qu'il a epousee en montant sur le trone , vient apprendre a son pere et a son epoux que Ton demande la mort de celui qu'elle aime. Ebroin I'accuse de tons ses forfaits; le jeune heros invoque le combat judiciaire, on se rend en champ clos; il se fait attendre, Ebroin I'insulte , il le voit enfin arriver, mais pjlle et defaillant. Alors Ebroin s'adresse au peuple. — « Fraiicais , dit-il. vouR le vovez, le miserable imposteurest atteint visihlement pai 532 LIVRES FR.VNflATS. lamnin chi Tr^s-Haut.On est cotte valeiii' si formidable ? un souffle peut raneantir...Le ciel a pris soin lui-ni<5me deprouvermon accusa- tion. Moil enneitii va exj)irer dcvant vous, sous les coups de la ven- geance celeste, cxenijile memorable de la pnissance du Seigneur! » Effectivement, au moment ou son adversaire va le frapper, il tombe dans les convulsions de la mort. Ebroin , le perfide Ebroin I'avait empoisonne d'avance. C'est ainsi que I'auteur a rendu compte du combat judiciaire , de cet usage baibare que I'on a nomme le Juge- tnent de Dicii , et qui n'elait souvent quecelui de la perfidie ou de la force. La maniere neuve et originate dont ce romnn est traits ne permet point de s'arreter aux taches legires qu'une critique severe pourrait y trouver. Alexandre de Laborde. ayS. — Le Captif du Forestel , Nouvelle du xivpsiecle, suivie de notes historiques sur le bourg d'Arleux ( Nord ) et quelques Heux environnans ; par A. Le Glay, secretaire perpetuel de la Societc d'emulation de Cambrai, etc. Cambrai, iSaS; Berthoud. Brochure in-S" de 40 pages , dont ao de notes. Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, est prisonnier dans le ch.*!- teau du Forestel : son seul ami est Corbaran , guerrier troubadour, plein de talens et de vertu; ses gardiens sontTristan-du-Bois , gou- verneur du chateau , et le P. Mathias, ermite octogenaire. Les amis du roi de Navarre ignoraient le lieu de sa detention. Un heron achete pour amuser le prince, et remis en liberie par Corbaran, qui lul avait attache au cou les amies de Navarre, tombe bientot entre les mains des chevaliers navarrois , et les met sur la voie do celui qu'ils cherchent. Alors, une intrigue est liee jioiir I'arracher a sa prison : un ordre suppose du dauphin de France ecarte Tristan du chAteau , pendant Tattaque que meditaient les gens de Charles, et le gouverneur detrompe ne revient que pour <5trc temoin de Teva- sion de son prisonnier. — Comme ouvrage historique, cette nou- velle, si Ton peut lui donner ce noni, est moiiis importantc que lc« notes qui raccompagnent, et celles-ci elles-memes sont trop pen ^tendues pour etre fort utiles : elles ne pourraient le devenir quo par leur reunion avec d'autrcs notes, assez nombreuses pour com- pleter un corps de doctrine sur les antiquitcs du departement du Nord : et a ce sujet, qu'il me soit permis d'emetire le vocu que , dans toutes nos provinces, nos societes savantes, nos erudits , nos antiquaires se llvreiit sur le point qu'ils liabitent a des rechcrches de cette nature. Coiiibien ces materiaux ne seraient-ils pas utiles pour I'historien ? Quelle richesse u'offrirait pas aux poeies , aux k LITTfeRATURE.— BEAUX-ARTS. 533 conteurs la description exacte des terns et des lieux, des mceurs et des costumes? II ne serait peut-etre pas ni(5me tres-difCcile de rat- tacher ces diverses connaissances a qiielque intrigue plus ou moins interessante en elle-meme. C'est l.i ce qu'ont fait sir Walter Scott, en Angleterre , et Cooper, en Amerique, avec un talent et un succes non contestes : c'est ce qu'a essaye plutot qu'acheve I'auteur du roman de Perthus : c'est ce qu'a fait, dans un genre plus poetique, le modeste auteur iVYseuh de Dole (voy. Rev. Encjc, t. xyiii, p. 660), dont les journaux n'ont prone ni le nom, ni rouvrage, et qui avait cependant repandu dans son recit un interet toujours croissant , joint a I'exacte observation du costume et des couleurs locales. C'est, enfin, ce que j'aurais voulu trouver dans I'ouvrage de M. Le Glay : mais , je le dis a regret : son sujet comportait plus d'interet et de mouveraent ; son style, plus de rapidite et d'elegance; ses carac- t^res , plus de developpemens. B j 376. — Almanack des Spectacles, pour iSaS ; quatrifeme annee. J.-N. Barba. i fort vol. in-i8 ; prix 4 fr. Le succes qu'obtient cet Almanack, public depuis quatre ans, etait facile a prevoir. La nature des materiaux qu'il renferme, et leur habile disposition , enont fait un livre souvent utile et toujours cu- rieux. On peut le regarder comma un Cicerone indispensable pour le plus grand nombre des Parisiens , et pour cette foule d'etrangers et d'amateurs des departemens qui viennent cliercher les plaisirs de» arts dans la capitale. Apres des details nombreux sur le personnel des theatres de Paris, des departemens et de I'etranger , les lecteurs trouveront avec plaisir une revue judicieuse et piquante des trage- dies, comedies, operas, vaudevilles, melodrames, que le parterre a le mieux accueillis, pendant I'annee 1824 , et une suite de notices necrologiques , consacrees aux auteurs , compositeurs et acteurs dont I'art dramatique a eu la perte a deplorer. B. Beaux-Arts. 277. _ * Description de I'^ffrple. — Deuxihne edition , dedice au Roi. Livraisons iSo" a I53^ Paris, 1825 ; Panckoucke. ^ Ces livraisons contiennent if5 planches d'antiquites, et 4 j^lanclies d'histoire naturelle. 278. — * Soiwenirs du Musee des monnmens frnncuis. — Collection de quarante dessins perspectifs graves au trait, representant les mo- numens rcunis dans ce musee, dessincs par J.-E. Brrii; et graves pa MM.NonaiAHD pere et fils , avec nn texte explicatifpar J.-P. Bbes, X. XXV. — Fevrirr id25. 35 53/, LITRES FRANCAIS. fi" livraison. Paris , 1825 ; raiiteur, rue Grange-aux-Belles , n" i3 , et P. Itidot aine. i cahier in-fol. coiitenant 4 planches et qiiatre pages de texte ( aS-aS ). ( Voy. Rev. Enc. , t. xxiii , p. 461. ) 279. — * OEiii'res completes de Pallauio. Nouvellc edition, coufi'- iiant les qiiatre litres avec les j)laiiclies du grand ouvrage de Scamoz- zi , et le Traite des lerrnes ; le tout reclifie et coni])lete d'apres des notes et des documens founiis par les premiers architectes de TEcole francaise ; par Chapuy , ex-iugenieur du geuie maritiine , ancien 6leve de rEcole polytechnique, et ^me^fee Beugnot , architecte de Paris, Paris, 1825 ; Correard, rue Richelieu , 11° 38. i"^" livraison in-folio. Prix de chaque livraison, (i fr. pour les souscripteurs ; 8 tr. pour les non-souscripteurs. Get ouvrage sera compose d'environ 3o livraisons de 10 planches, et d'environ deux feiiilles et demie de texte. Si quelque livraison contenait un nioindre nombre de planches , ce serait parce que les suivantes en contiendraieiit davantage. Les livraisons paraitront Ic premier de chaque mois. Le texte et les planches sunt sur pnpier velin. L'ouvrage est propose par souscriplion , qui sera fermee au i^'' juillet prochain. La premleie livraison, qui fait bien augurer de toutes les autres , atleste de plus ea plus les jirogres que la lithogra- phic a falls en France, et dont on a pu juger par les oeuvres de M. Chapuy. Nous proliterons de cette occasion pour reparer nne omission que nous avons commise en aimoncant les dessins de la cathcdrale de Paris par cet habile artiste : il n'a pas borne a ces seuls dessins son travail sur nos cathedrales ; il se propose de lesli- thographier toutes, et deja celles d' Amiens et de Beauvais sont trai- t^es avec autant de soin que Notre-Dame de Paris. Heureusement , M. Chapuy est jeune : les arts et ceux qui les aiment auront long- tems encore le plaisir de leciieillir les fruits de son talent. F. 280. — * Galerie franco ise , on Collection dej)ortraits deshommes ou des femmes celebres qui ont i'.lnstr^ la Fiance dans lesxvi", xvii'' et xviii^ si^cles. Par une Societt^ d'hommes de lettres et d'artistes. T. Ill, 1 3^ livraison ; pi-ix ro fr. ( Voy. Rev. Enc. t. xxiv , p. 772 ). Cette livraison se compose des notices sur Beaumtiichai.' , Gerbier , Ttirgot et Duhamel Diimonceau ; yiar MM. Boissy-1)'An(;i,.\s , Diifin jeune, Amauhy-Duvai, et Silvestrk. a8l. — M'"' de La faUiere tt M'"" de Cheinines au convent de Chaillot ; estampe d'apres M:-L. Diicis; par M. Pauquet, jeune, auteur des quatre ^ravu/rs de la vie du Tasse , dont les tableaux sont dus au m(''me peintre. Prix , ao fr. , beau papier velin ; 40 f''- MEMOIRES ET RAPPORTS. 535 avant la leltre ; et quelques e])reiives 60 fr. sur papier de Chine. Paris , iSiS; Tauteur, rue iieuve Saint-Etienne, n° 9, et Chaillou- Potrelle, rue Saint-Honore, 11° i4o.(Voy. Bev. Enc.,t. viii, p. 44^; et t. XVI , p. 460 , le conipte rendu des tableaux de M. Denis. ) Le soir meme de son entree au convent de Chaillot , M'"* de La Valliere assista aux derniers devoirs rendus a une jeune religieuse qui lui avail temoigue une aniitie particuliere , lors de son premier sejour dans ce couvenl. Apres la ceromonie , elle s'assit avec M^e de Chemines sur le banc de la Fontaine, et repaudit des larmes sur la toinbe de son amie. La scene se passe au clair de lune. Cette heu- reuse composition a ete rendue avec succes par le graveur, qui en a fidelement saisi I'effet. Z. 282. — File geometrale du pout sur la Caroline, devant Bordeaux , construit sur les plans et sous la direction de C. Deschamps, ins- pecteur general des ponts et chaussees. Paris , 182 1 ; Gceury , quai des Augustins, n" 41 > et chez les principaux marchands d'es- tampes. Cette gravure represente fidelement i'un des monumens les plus liardis et les plus beaux dont puisse s'enorgueillir notre epoque; elle a ete executee avec le plus grand soin jjar M. Adam , sous la direction de M. DESCHAJirs lui-meme, dont la construction du ])ont de Bordeaux rend le nom imperissable. C'est un modele que les ingenieurs et la plupart des savans de tous les pays voudront sans doute avoir sous les yeux. 283. — Viie geometrale du pont sur la Dordogne , de\>arU Libourne , construit sur les plans et sous la direction de C. Deschami-s, ins- pecteur general des ponts et chaussees. Paris, 1822 ; lem^me. Ce dessin, comme celui du pont de Bordeaux , est grave sur I'e- chelle de o,oo5 millimetres pour 2 metres, ce qui a permis de re- presenter avec clarte tous les details de constuction , dans I'eieva- tion , la coupe transversale et le plan que cette gravure represente. On remarque dans ce travail le m^me soin que dans la planche du pont de Bordeaux. A. M — t. Memoires et Rapports de Socictes savantes et crutihtc publique. 2S4 — Rapport general sur les travaux du Conseil de salubrite pen- dant I'annee 1828. Paris, 1824. In-4'' de 19 pages. Ciiaque annce le Consnil de salubrite de Paris adresse au prefet 556 I,IVRES FRANCAIS. de police un rapport coiiteaant i'expose de ses operations , et le rcsultat des observations qu'il a faites siir tout ce qui interesse la santc des habitnt)s de la capitale. Charge de surveiller les nouveaux etablissemcns de manufactures et d'usines qui accroissent chaque jour I'importance comuierciale de Paris , ii salt bieii apj)recier com- bien, sous ce point dc vue, cette ville ressemble peu aujourd'liui a ce qu'clle etait autrefois , et combien les arts industriels ont fait de progres dcpuis que des precedes raisonnes ont succede a la pra- tique routiniere qui les dirigeait jadis. On ne peut que rendre justice aux lumicres des membres de cc conseil et au zele avec lequel ils encouragent , malgre les obstacles qu'tlevent trop souvent I'igno- rance ou Tinteret jiarticulier, I'introduction des arts nouveaux aux- quels donue naissance la marche rapide iniprimce aux sciences na- ture! les, physiques etmatlieniatiques. — Dans I'annee 1823 , le conseil de salubrite s'est surtout occupe des machine! a impeiir, qui se mul- tiplient journellenient, de I'assainissement de Vincennes, oil I'ou doit etablir un egout souterrain ; de I'application du chlorate de cliaux a la desinfection des substances putrefiees, de Tamelioiation des voiries , et meme de leur suppression , si , conime on le pense , les iminoridices etaient journellement transportees au loin par la riviere ; de Veclairage par le gaz , dont il a pris la defense des le pria- cipe ; d'un projet d'exploitation par privilege de I'ecarrissage , qu'il a rejete , parce que le sysleme de privilege exlusif est contraire a CotiCe amelioration fulure ; de I'etablissenient de clarification des eaux de la Seine; de Vemplai du soufre en poudre comme moyen certain d'eteindre les incendies de cheminees. — Le rapport renferme ensuite des consi- deiations sur les maladies auxquelles ont particulierement suc- conibc lesliabitans de Paris, pendant I'annee 1823. II y nurait beau- coup de remarques a faire sur les denominations imposees a ces maladies, et sur le tableau qu'on en a dresse (tableau peu en harmo- nic avec I'etat actuel de la pathologie). Nous connaissons toutes les diflicultes (pie presente un seniblable travail; nous savons combien les personnes cliargecs de constater les dcces ont ordinaircnient de peine a demeler, dans le dire des assistans , la cause veritable de la mcrt,a distinguer I'affection priucipale , primitive, de cellequin'en est qu'une consequence, souvent de peu d'importance, quoiqu'elle soit de natuie a attirer davantage les regards; combien les m<^- decins a qui ces fonctions sont confiees peuvent differer d'opinion et de maniere de voir ii ce sujet ; les uns reconnaissant des fievres esficntielles et des affections caracterisees par des symptomes, tan- OUVRAGES PERIODIQUES. 537 dis que les autres ne voient que des lesions d'organes. C'est ce qui fiappera tous ceux qui , lisant le rapport du conseil de salubrite , trouveront d'un cote un grand nouibre de fievres , et de I'autre des gastrites multipliees , assignees comnie causes de la mort; les enfans enleves par les convulsions, la dentition et la fievre cerebrale, ranges dans trois classes differentes, comma s'il etait possible d'etablir dans le jeune age une distinction entre ces affections. — Nous ter miuerons en priant les rapporteurs de faire connaitre le moyen pres- que infailUble qu'ils savent opposer au croup, cette cruelle maladie qui a porte la desolation dans tant de families. Bien qu'on s'ac- corde generalement a la regarder comme inflammatoire , nous igno- rions qn'on piit (5tre si heureux dans son traitemeut. Pourquoi alors 3o6 enfans en sont-ils morts a Paris en i823? R. fils, d'Aniiens , d.-m. Oitvragcs Periodiques. 2 85. — * Reciieil Agronomiquc public par les soius de la Societe des sciences, agriculture et belles-lettres du departement de Tarn-et- Garonne. — Ce recueil parait chaque mois , par cahier d'environ deux feuilles d'impression; 12 cabiers forment un volume, termine par une table des matieres. Le prix de la souscription est de 5 fr. par an, franc de port. On souscrit a Montauban , cbez Lopie-Fon- tanel, imprimeur de la Societe , grande rue Saint-Louis. Nous devons indiquer ce recueil agronomique comme un extralt fait avec soin , mi tres-bon resume des ouvrages sur I'agriculture et I'economie rurale; cependant, les redacteurs ne se bornent pas a de simples extraits , ils y joignent aussi des reniarques et des eclair- clssemens. II serait a desirer que les memoires relatifs au departe- iiient de Tarn-et-Garonne portassent le nom de leurs auteurs ; un eerit signe obtient plus de confiance, et les verites qu'il contient sont d'autant plus promptement mises en pratique. On voudrait particu- lierenient que cette sorte de recommandation ne raanqu^t point a une tres-bonne notice sur le ma'is cultive comme founage , et a des considerations sur I'etat des prairies artificielles dans le departe- menl de T.irn-et-Garonne. Ces instructions locales sont ordinaire- ment les premieres qui se repandent et qui fructifient; il convient done , a tou« egards , de les fortifierde tous les moyens d'influence et de succes. F. - 286. — * Revue Medicale , francaise et ctrangere , et Journal de cU- niqite de rHdtef-Di'eii et dc la Chariie de Paris, par une jeunion de pro- 538 LIVRES FR VNCAIS. fesseurs des Facultes de mcdecine, de medecins et de chirurgiens des liopitaux civils ct militaires, de membres de rAcadeniie royale de medecine , de I'lnstirut, etc. Detixieme annee ( iSaa ). Paris, Gabon et conipagnie. Prix de rabonnement , par an , 32 fr. {franc de port ). — Tout ce qui regarde la redaction doit etre adresse {franc deport) a 31. le docteur y^mcV/e'e Duvau, redacteur principal; au bureau de la Revue rnedicale , place de I'Ecolc de Wedt'cine, ii" lo. Les rcsultats heureux que devait produire la publication de la clinique des principaux hopitaux de Paris ont dcja ete obtemis en partie par le concours des professeurs et des medecins des diverses ecoles. C'est en reunissant dans une sorte de recueil central les fails nombreux observes dans de grands etablissemens, qu'on peut ap- precier les nouvelles opinions dans ce qu'elles ont de vrai, et per- fectionner la medecine-pratique, sans se perdre dans de vaines theories. Des observations recueillies avec soin , en presence de nombreux cleves,et qui sont profondement discutees dans les le- cons des professeurs , donnent des garanties a la confiance et une grande force a la conviction. Ce sont, pour ainsi dire , des demons- trations publiques et pratiques dont on devient a la fois le tenioin et lejuge. Sous ce rapport, la Revue rnedicale offre un inter^t a tou.s les praticiens que n'offrent peut-etre pas au meme degre les autres journaux de medecine. II suffira d'indiquer ici les principales divi- sions de ce recueil. — i" Memoire de clinique des hopitaua:. — Cette premiere partie ronferme les cliniques de I'Hotel-de-Dieu, de la Cliarite , de la Pitie , de la Maternite, de I'hopital Saint-Louis , etc. — a" Jnaljses d'ouvrages et extraits. — Les principales productions et les nouvelles doctrines sont appreciees, suivant leur utilite pra- tique, et independamnient de tout esprit de systfeme. — 3° 3Jedecine etrangere. — La revue des journaux de medecine anglais, alleniands, italiens, faite chaque mois, procure la connaissance des decouvertes utiles dans ces divers pays, et complete le tableau des progr6s de I'art de guerir. — 4' f''arietes. — Les lectures faites a I'lnstitut de France, a I'Academie de medecine et dans les autres Societes sa- vantes, dont ce journal rend compte , interessent tous les medecins instruits , parce qu'elles indiquent la direction des nouvelles recher- ches. — 5° Notices bibliograpliiques. — Comme il est impossible de douner de longues analyses de tons les ouvrages publics, ces notices sont destinees a faire connaitre ceux d'une moindre importance. — — Tel est le plan que les redacteurs de la Revue mMicale executent aver autant de zele que de talent. Z. OtVRAGES PERIODIQUES. S'jg 287. — La France Catholiquc, oa Recueil de noiivelles dissertations religieuses et catholico-monarchiques sur I'etat actuel des affaires de I'Eglise suivant les principes de Bossuet, i*'', 2*^61 3^ livraisons. Paris, iSaa; au bureau de la France catholiqite , rue et hotel Ser- pente , n° 16. In-8". Ce nouvel ouvrage periodique reuipiit bien son litre, et nous croyons devoir le recommander a ceux qui cherchent a se procurer des preservatifs contre le debordement des ouvrages ultramontains , tels que ceux du feu comte de Maistre et de I'abbe de la Mennais, et de ses nombreux collaborateurs. On remarque ici Uiie profonde science de la religion catholique, el du zele pour la preserver de I'invasion journaliere des superstitions et du fanatisme. \^XTH3V\^\l&, dc riiistitut. Livres en langues etrangeres publics en France. 288. — De Tibulti vita et carminibus , etc. — Disserlation sur la vie et les ouvrages de Tibuile; par Philippe- Aime de Golbeky. Paris, 1824; Dondey-Dupre. Brochure in-8° de 78 pages. Cette brochure forme le complement d'une edition des OEuvres de TibuUe , avec notes et commentaires, a laquelle M. de Golberv a consacre de longues veilles , et qui doit figurer dans la collection des classiques latins publiee par M. Lemaire. L'auteur n'a pas eu la pretention de mettre au jonr une histoire authentique et detaillee de la vie de son poete. Prive de documens positifs a ce sujet , il n'a pu que suivre la marche ordinaire des commentateurs biographes , qui se bornent, en parell cas, a nous offrir, sur le caractere et les habitudes de I'ecrivain dont ils s'occupent, des conjectures plusou moins heureusemeut rattacliees a divers extraits de ses ouvrages. Cette melhode , quelquefois ingenieuse et piquaute, n'est pas tou- jours sure, et peut souvent m^me donner matiere aux plus etranges divagations. Qu'on s'imagine, par exemple , une notice biographique sur I'un des poetes de notreepoque, ecrite dans quelques siecles, uniquement d'apres telle ou telle meditation ! II est vrai que M. de Golbery a reconnu cet ecueil , et qu'il a su I'eviter en partie; 11 s'est renferrae dans les sages limites d'une dissertation, 011, sans se perdre en recherches infructueuses sur I'emploi de chaque instant de la vie de Tibuile, il s'est propose seulement de preciser et d'cclaircir un petit nonifare de tjuestions discutees deja par ses devanciers : 1° la date de la naissance du poete, et celle de sa mort; 2° le nombre de ses maitresses ; .S" la condition des differens personnages ciles er extraordin-iire . — Loin que I'aspect de nos environs presente I'image dfe riiiver se detachant avec effort des genoiix de mat , snivant I'expression du poiite, nous croyons voir , au contraire , le mois de mai soiiriant dans les bras de decembrr. Nos thermometres sont a i5" de Reaumur au-dessus des froids or- dinaires de la saison. Les pres coniniencent a verdoyer ; dans les jardins des villes , les jasmins et les aube-epines sont converts de feiiilles et de fleurs : les rosiers niontrent leurs boutons ; presque tons les arbres semblent vouloir prendre part a cetfe fete de la na- ture : les pechers sont en fleurs ; le mogneiir, cemessager du printems, celebre par ses chants cette prolongation extraordinaire de la belle saison. Les journaux de la ville de Daiven nous parlent de prunes qui ont eu le tems de murir, de peches qui ont attaint la grosseur d'une noix. La riviere du nord ( 7wrih river) ne charrie aucune glace jusqu'a Troy. (^New-Yorls Commercial Advertiser, 3i deceinbre 1824.) — Jonction de la mer AthiiUiqiie avec I'Occan pacifique. — Un jour- 542 AMERIQUE SEPTENTRIONALE. nal un grand lac, nomine dans le pays le Tsaad, et dent Tetendue, du nord au sud, doit etre au moins de 90 lieues. Deux rivieres conside- rables s'y jettent : I'une s'appelle le Shary; elle vient du sud , a plus d'un mille de large, et est remplie d'iles basses. L'autre riviere vient de I'ouest et portele nom d'Yaoii. Quoiqu'elle ait tres-peu de largeur, quelques personnes supposent que c'est le fameux Niger. — Le Tsaad est parseme d'iles, dans lesquelles on voit paitre des elephans parmi de grands roseaux. ( Extrait des Annales de chimie. ) Egypte. — Progres de la civilisation. — Etablisseinent de telegraphes. — College royal. — Academic miWaiie. — Imprimerie rojale. — Precau- tions contre la peste. — Propagation de la 'vaccine Mohammed An Pacha, vice-roi d'Egypte, qui continue a donner tons ses soins a I'amelioration del'etat interieur de cette contree, et qui, apr^s avoir organise une partie de ses troupes a Teuropeenne, vent aussi em- prunter a I'Europe divers perfectionnemens en tout genre, a fait eta- blir, par M. Pierre Abro, de Smyrne, qui est reste long-tenis a Paris, une ligiie lelegraphique, depuis Alexandrie jusqu'au Caiie, et il doit la fnire prolonger dans toute I'etendue de I'Egypte. — Le m^me M. Abro a etabli des relais attaches a chacune des lours des tele- graphes, pour le transport accclere de la corrcspondance du vice- roi , d' Alexandrie au Caire. Le vice-roi a egalement fonde a Boulac, a une petite lieue du Caire, dans le palais d'Ismael Pacha, son fils, une sorte de college rojal , dans lequel on enseigne a plus de cent eleves, entretenus aux frais du vice-roi, les langues arabe, persane , turque , grecque, latiue, italienne et francaise , le calcul et les matho- matiques , la geometric el le dessin ; la physique, la chimie, I'his- toire, la geographic, etc. Les eleves resolvent un traitement, qui est augmente en raison de leurs progres. Les cours sont suivis par 54€ AFBIQIIE. des enfans de 8 ou 9 ans , ]inr des jeunes gens de r6 jusqu'a a5 aus , t-l meme par des homnies de 3o a 35 ans , qui veuleut eludier les langues europ^ennes , el qui sont destines a traduire les ouvrages etrangers que le Pacha veut introduire dans son ])ays , ou a devenir secretaires - interpietes ou drogmans. — II existe au Caire une Ecole mililaire de genie et d'ariillerie, oil plusieurs officiers , francais et italiens , remplissent les fonctions de professeurs. Enfiu , le vice- roi a fait etablir , a Boulac , nue belle imprimerie rojrale , oil Ton a deja imprime un assez grand nonibre d'ouvrages, entre aulres un Dictionnaire in-4°, de 264 pages, dont voici le litre, copic snr uu exemplaire qui nous a ete communique .- Dizionario italinno e arabo , che contiene in siiccinto tittti i vocaboli chc sono pik in uso e pill necessari per imparar a pa^lare le due lingiie correttamente. Egli e diyiso in due parti : parte i. Del Dizionario disposto come il solito neir, ordine alfahetico. — PaRtk II. Che contiene una breve racco(ta di nomi e di I'erbi le piii necessari e piit iitili alio studio delle due lin- gue. — BoLACCO, della Stamperia reale. mdcccxxii. — On doit publier bientol une nouvelle edition, plus etendue et ])ei fectionnee , du m^me Dictionnaire. On a imprime plusieurs instructions a I'usage des militaires : elles sont traduites du francais en tuic, la langue turque etant plus familiere aux principaux chefs militaires que la langue arabe, qui est geiieralement en usage parmi les soldats. L'iutenlion du -vice-roi est d'etablir un lazareth a Alexandrie; el les precaution.* sanitaires qu'une administration eclairee jjiepare, d'a- pr^s ses ordres, font esperer que I'EgYpte sera enfin delivree el a jamais preservee du fleau de la pesle. Des niedecins francais el ita- liens parcoureut les differenfes parties de I'Egypte , aux frais du fiouvernement , pour vacciner les enfans. Cette mesure est d'autant plus remarquable qu'elle est contraire aux prejuges religieux , et qu'elle est une \icloire reni[)ortee sur la superstition au profit de i'humanite. M. B. Je dois ce.s renseignemens aux communications obligeantes qu'a bien voulu me faire M. Elienne Abko, de Smyrne, jeune homme de ao ans, neveu de M. Pierre Abro , dont il vient d'etre parle,et qui est le premier secretaiie-iiilerprete d'Ibrahim Pacha, et erte de cet officier distingue ajoute una victime de plus a la longue liste de celles que coiitent aux sciences les deconvertes faites en Afrique. A .-M . J. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. LoNDRES. — Histoire natureUc. — Le docteur Traill nous apprend qu'un de ses amis poss^de un o'neaii tTompette [psophia crepitans ) vi- vant. Cet animal est fort sociable, se laisse caresser, et suit toutes les personnes de la maison. M.Traill s'est assure que le bruit singulier produit par cet oiseau n'a pas du tout I'origine designee par son nom latin, mais qu'il est ventriloque , et de I'espece la plus paifaile. La mandibule inferieure de son bee excfede la superieure d'un quart depouce, conformation que Ton ne remarque point dans les indi- vidus empailles , apparemment par I'effet d'une contraction produite par la dessiccation. La faculte de 'ventriloqide n'appartient pas exclu- sivement a cesoiseaux ; quelques esp^ces de grenouilles la possedent aiissi. (Extrait du Philosophical Magazine.) Haktfirld , Comte de Sussex. — Temperature. — Calendrier de Flore, de Faune et de Pomone , du 20 decembre 1824, «" "io Janvier rSaS. — 20 dec. , terns doux et bumide. Les plantes suivantes sonl en fleur : tussilage odorant , perceneige, primevere , pervenche , snuci , me- zereum, giroflee de muraille et des jardins. — 21 et 22 dec; humidite excessive, vent et ]ilnie. Les baies du houx ont manque; le gni ne fnt jamais plus abondant : on en a vu d'une grandeur prodigieusc. — 25 dec, I'ellebore blanc est en fleur. — 3i dec, les fleurs n'ont pas encore disparu. — ^Janvier iSsS. A la liste des fleurs que nous avoiis donn^e, il faut ajouter celles du lychnis dioique, du muflier cvm- balaire, plusieurs caillelait , le tblaspi bourse de jiasteur, des con- ferves. — La Chronique de Glasgow nous apprerd que le 7 Janvier, les abeilles se repandirent dans les jardins de Rosemont; les merles y chantaient comme pour saluer le printems ; les prairies etaient 548 EUROPE. veites, et les Lies tres-epais ; les bouions des narcisses ^talent visibles, et les crocus so coloraient ; a (i heures d» matin , dans cette ville , le thermonit'trc etait a 6° 5 de Reaumur , et le baromfetre trcs-liaut. — & Janvier, le barometre se soutient a une grande bauteur. Get biver ressemble a celui de i8i6 — 1817. Alternatives de gelees faibles et de pluies cbaudes ; temperature variant sans cesse. — 7.0 Janvier ,\ts grives, les rouges^gorges et les autres oiseaux qui cbantent nux premiers jouis du printems out commence leurs concerts. L'edileur du Mercure de Norwich rapporle ce qui suit : « Notre clieminee est par^e d'un vase ou Ton voit une rose, un oeillet , des primeveies, des violettes, des giroflees etd'aulres fleurs toutes epanouies en pleiu air,et que nous avons cueillies dans notre jardin. Le ij Janvier , pour la premiere fois de cet hiver-printems, la grive se mit a chanter. » F- LoNDKES. — Sophistication du the. — Experience faite par M. Sowcibj . — Les Cbinois usent d'un genre de fraude qui consiste a introdiiire dans les feuilles fraicbes de tbe , avant qu'elles soient roulees , une espece de sable ferrugineux que Ton voit quelquefois se deposer au fond des tasses et des tbejeres. M. Sowerby, a qui Ton doit cette remarque, a trouve que ce sable contient des cristauxde fer ina- gnetique, et qu'il y est quelquefois si abondant, qu'on peut avec un airuant soulever les feuilles de the. — Instrument pour fail e des rccherches au fond des eaux dts rivieres et des etangs. — M. Leslie vient d'iraaginer pour cet usage un ins- trument d'optique. C'est un tube conique de longueur variable, large d'environ un pouce au somniet , et de dix a la base; les deux bouts sont vitres. Lorsque le bout large est plonge au fond de I'eau, et qu'on applique I'oeil a I'extrcmite opposee, comme la lu- mifere n'eprouve aucune interruption dans I'intervalle des deux vitraux, I'oeil peut apercevoir aisement ce qui est au fond de I'eau. Pour se servir de cet instrument pendant lauuit, on adapte latera- lement une lampe a I'extremite laige du tube; cette lampe est dans uu court cyliiidre auquel deux tubes comniuniquent , I'un pour eva- cuer I'air brule et la fumee, I'autre pour fournir I'air frais. La lu- miere de cette lampe, en projetant sur le sol , permet d'en distiuguer aisement toutes les parlies , lorsqu'on regarde dans le tube. — Penneabilite dwverreareau.—Oa a quelquefois pense que le verre etait permeable a I'eau : M. Cambpell vient de verifier ce fait, dans un voyage qu'il a fait dans I'Afrique raeridiouale. Il ayait deux bouteilles spberiques, hermetiqucment ferniees; il les a fait descen- dre a la profondeur de 1,200 pieds en luer, en les leslant de plonibs. ANGLETERRE. 549 Lorsque Ton voulut les retirer de I'eau, dix hoiumes fluent employes k la manceuvre diirant un quart d'lieure. Les deux bouteilles sonf arrivees pleines d'eau, que reiiorme pressioa du liquide y avait fait entrer. Cette presslon, a la profondeur de 36o metres , equivaat a 36 atmosplieres environ. , Fuakcokur. j4percu statistiqiie siir le commerce de rjtiglcterre. ■ — On cherrherait en vain , dans les annales du globe, I'exemple d'un peuple dont le commerce ait egale celui de I'Angleterre ; jamais I'art de fabriquer d'acheter et de vendre n'a donne naissance a une puissance aussi colossale ; et trente siecles se sont ecoules avant qu'un peuple rennit assez d'habilete, de perseverance et de bonheur pour fonder sur cette base un grand empire. II est egalement important et difficile de determiner d'une raaniere positive les elcmens dont se compose le commerce de la Giande-Bretagne. Une etude approfondie de ce sujet nous a donne les resultats suivans : la Grande-Bretagne recoil annuellement , d'apres les termes moyens des dernieres annees de paix : 1° De son industrie pour. . 3,568,ooo,ooo fr. j 2° De son agriculture et des 8,988,425,000 fr. mines. 5,420,425,000 ) 3° De I'importation coloniale. 342,000,000 1 ,0T\ 1,- • / . , r. r- ( 753,825,000 4 Del importation etrangere. 4", 023,000 ) ' Total. . . . 9,^42>25o,ooo fr. La destination de cette masse immense, qui constitue la matiere du commerce anglais, est ainsi qu'il suit, 1° L'exportation des pro- duits industriels est de 8io,85o,ooo fr. 1 a° • — des produits naturels. 75,725,000 > i,i4o,45o,ooo fr. 3° — des produits coloniaux et etrangers 253,875,000 4° La consommation des pro- duits industriels 2,757,150,000 5° — des produits naturels. 5, 344,700, 000 > 8,601,800,000 6° — des produits coloniaux etrangers 49y,95o,ooo /' Total. . . . 9,742,a5o,ooo fr. T. XXV. — Fevrier \%%^. 36 55o EUROPE. D'apris ce« termes gen^raux et approximatifs, le commerce inte- rieur agit sur uiic masse : 1° De produits indigenes , naturels et indus- triels , de. 8,ioi,85o,ooo fr. 2° De produits coloniaux et etr.nngers. . . . 499i95o,ooo Valeur du commerce interieur forme par la consommation 8, fioi, 800,000 fr. Le commerce interieur se forme : 1° D'une exportation de produits indigenes naturels et industriels de 886,575,000 fr. '2° De produits coloniaux et etrangers de. . . a53, 875,000 3° D'une importation coloniale et etrangfere de 753,825,000 Valeur du commerce exterieur forme de I'ex- portation et de I'importation 1,894,275,000 fr. Montant total du commerce britaunique , tant interieur qu'exterieur 10,496,000,000 fr. Voili la richesse prodigieuse qui donne a I'Angleterre I'ascendant des emprunts, du credit et des subventions, le patronage de I'A- m^rique , la possession de I'Asie, Tarapire des mers et cette prepon- derance europeenne que la France lui a fait acheter par vingt annees de guerre, et que semble maintenant vouloir lui disputer la Russie. A. MoREAU de JoN^ES. RUSSIE. Ukraihb. — Agriculture — On a decouvert , I'ete dernier, dans ces provinces , un nouvel arbuste nourrissant des vers qui fournissentle plus beau cramoisi. La livre n'en revient qu'a deux roubles (ou deux francs), et donne autantde couleur qu'une demi-livre de cocbenille. Les femnies des Cosaques I'emploient a se farderet a teindre. J.-H. S. SaINT-Petebsbourg. — A'o/ii'eaii journal. — Journal du Commerce. — D'apr6s une decision souveraine, le d^partement du commerce interieur public, A dater du i<^ Janvier de cette annee, une feuille pe- riodique intitulee : Journal du Commerce. Cette nouvelle feuille, qui paraitradeux fois par semaine, e.rosp6re dans les leiiains sees et ele- SUISSE. — ITALIE. 55g ves, et que les inoiidations meme font perir. Dans beaucoup de lieux on croyait avoir essaj'6 cette culture, et , tout recemment encore, en Provence et dans le Canton de Vaud , en Suisse, I'abondance de ses produits paraissait nierveilleuse; mais M. Regnier, de Lausanne, dont nous avons a dej)lorer la perte lecente, a reconnu que ce pre- tendu riz de montagne ou de la Cochinchine, si vante, et dont des semences avaient ete envoyees par le ministfere de I'lnterieur a plu- sieurs cullivateurs francais du Midi , n'etait autre que le trilicum monococcum, espece de froment cultive dans plusieurs contrees mon- tneuses de I'Allemagne, et connue en France sous le nom ie petite epeautre. La culture du veritable riz de montagne, onza montana , n'a encore ete essayee , a ce qu'il parait , que par M. Malbeiti , dans les domaiues du comte Leonardi , a Casaling, dans le Bas-Novar- rais , et dans quelques-unes des vnllees vaudoises du Pieroont. Ces essais, tentes seulement depuis peu d'annees, apprennent dcja que cette varietc exige un sol fertile, une exposition chaude; qu'elle se defend mal contre les degats des oiseaux et des bestiaux , parce que ses epis sont depourvus de barbes , et ])ermettent peu d'esperer que sa culture offre autant de proGt que celle du riz ordinaire. V. J. Canton dk Vaud. — Pondation d'lineEcole d'enscignement inutuel. — M. Benjamin Delessert, depute de Paris, vient de donner a la ville de Cossonay, berceau de ses peres , une nouvelle preuve de sa liberalite, en mettant a sa disposition une soinme de 10,000 francs pour faciliter dans cette commune retabllssement d'une ecole d'en- scignement mutuel. •Zurich. — InstiiiUpoUiiqiie. — Les cinq professeurs de cet etablis- sementtraiteront, dansleurs cours de TanneeiSaS, lesobjets siuvans: M. le professeur Escher , fhistoire de t Europe depuis la fin du XV siecle, d'apres Heeren, et I'histoire de la Suisse depuis la guerre de Souabe ; M. le professeur Werdmuli.er , V economic politique et administrative , et la statistique; M. Ulrich , juge de district, le droit criminel , d'a- pres Fenerbach; M. Meyer, secretaire du departement de justice , le droit public de la Suisse, d'apres Henke , ft quelques parties de I histoire politique de la Suisse; enfin, M. le docteur Keller presentera une introduction generate a fetude du droit , et fera I'hisioirc du droit romain, ( Le Nouvelliste Faudois. ) ITALIE. Rome. — Litterature. — Le Journal Arcudique de Rome (cahier de novembre i8s4) renferme uu long dialogue de M. Salvatot Betti sur cequ'apubliele marquis C««rLuccHE5iNi au sujet del'etablissement 56o EUROPE. de la veritable trag6clie par Escliyle. M. Retti supp.ose uiie reunion de trois amis, Ginliano, Uhaldoet Torquato, qui s'entretiennentavec lui dans le cliAteau Marino, pri;s de Rome, entre Albano et Tuscolo. Les qu.iire inteilocuteurs, assis dans un riant bosquet , se coinmuniquent et discuient entre eux diverscs reflexions sur Touvrage de M. Iaic- cliesini; ils i'accusent d'exageration dans les eloges qu'il accorde a Tecrivain grec, surtout pour son style, que Longin,disenl-ils, ne jugeait pas aussi favorablement. Le but |)rincipal de I'auteur semble avoir ete de prouvcr que, si les Grecs ont rarement employe la passion de Tamour dans leurs tragedies, c'est que leurs mojurs etaient diffe- rentes des notres, et que leur theatre etait destine avant tout a for- mer de bons citoyens. Cette production renferme des idees judi- cieuses sur les regies de la tragedie, tant ehez les Grecs et les Latins que chez les nations modernes. — Nouvelle Corinne. — Rome possede, en cs moment, une jeune de- moiselle qui parait promettre a la poesie une nouvelle Corinne , une Delphine GiY italienne. A vingt ans, elle a deja donne des preuves d'un talent distingue. Une pi6ce de vers qu'elle a composee sur la mort de M. TAMBRONia paru derni^rement dans \e Journal Jrcadique; elle a public dans le m^me journal une ode a la tombe de Sapho , qui annonceune brillante imagination, et fait ])resager un brillant avenir pour cette muse naissante. — Rcclantatioii. — M. Philippe Scolari ayant publie un ouvrage pour convaincre les Italiens qu'ils doivent consacrer toutes leurs etudes a I'interpretation de la Divine Comedie du Dante, nous avons cru pouvoir avancer que ce serait pour ceux qui n'ont rien de mieux a faire une occupation aussi convenable qu'aucune de celles qui pourraient la remplacer. ( Voy. Revue Eric, T. xxxiil , p. SgS. ) M. Scolari reconnait qu'il aurait meiite cette observation de notre part s'il avail 6crit |)our des Francais, des Allemands ou des Anglais; mais il nous prie d'observer qu'ayant ecrit pour les Italiens, et pour la nation a laqueMe le poete destina ses chants, il croit facile de prouver que I'etude de la Divine Comedie est la plus digne des Ita- liens , et la phis convenable dans leur position. II ajoute (ju'en deve- loppant quelques jjassages du second livre de la Moiiarchie , ouvrage du Dante, qui malheurcusement est, dit-il, presque oublie, il espere prouver encore mieux qu'il a bieu fait de proposer aux Italiens la Divine Comedie comme le premier livre qu'ils devraient etudier. — Malgre les assertions de M. Scolari , nous pensons , tout en parta- geaut avec lui rainour et le respect qu'il professe pour le Dante, ITALIE.— GRECE. 5Gt que c'est trop pretendre des Italieiis , que de vouloir qu'ils sacri- fient toule leiir vie a rinteiprelation de son pocnae, comme I'ont fait des rabbins a riuterpretation de la Bilile; et qu'au lieu d'apprendre le droit public dans Giannone, Lampicdi , Tamburini, et d'autres ecrivains pareils , ils aillent en cliercher les principes dans I'ouvrage de la Hlo/i archie. Au reste, nous avons reconnu depuis, que nous avions ete devances dans nofre opinion par les Italiens les plus eclaires , et surtout par les redacteurs de la Dibliotheqtie Italienne , qui merite bien de faire autorite en pareille matifere. Milan. — Necrologfe. — Borda. — Le chevalier Borda , profes- fesseur de medecine dans I'univeisite de Pavie, est niort le 2 sep- tembre 1824. H s'etait fait estiraer par les honimes qui avaient re- cours a ses conseils, et aux lumieres que donne sa profession, en nieme tems qu'il etait cheri de lous les eifeves qu'il instruisait dans son art. C'etait un niedecin philo.-ophe, ennemi des prejuges , et qui ne cessa jamais d'aimer son pays , et d'y repandre les veriles les plus utiles. II a essuye une longue maladie, et soutenu les appro- ches de la mort avec une seienite d'anie particuli^re. w. B. Qu'il nous soit perniis d'ajouter quelques documens a I'ar- ticle qu'un de nos collaburateurs a donneci-dessus, caliier de Janvier, p. 260, sur Vahhe Giuseppe Ltiigi BiAMOHTl, de Ventimiglia, moit aussi a Milan, le i3 octobre de la ineine annee. Verse dans les langues ita- lienne, latine et grecque, il avait diiige I'educatiou de quelquesjeunes gens defamlllesnobles. Nomme conservateur de la Bibliothequeprivee du prince de Kewen-HuUer, il y trouva les inoyens de faire des etudes encore plus serieuses. II obtint la chaire d'eloquence dans I'Univer- site de Bologne, et ensaite dans celle de Turin. On a de lui divers discoiirs prononces dans quelques occasions solennelles , une Gram- maire de la langiie italienne, un Traite sur fart oratoire , plusieurs pieces de vers, et surtout deux tragedies, Iphigenie en Tauride, et So- phonisbe. Les amateurs de theatre grec font beaucoup de cas de la premiere. II traduisit du grec, niais en prose italienne, quelques morceaux d'Escliile , tout Sophocle , ITliade d'Ht)meie, les odes de Pindare , et la Poetique d'Arislote. 11 connaissait aussi I'hebreu. II fut un des membres honoraires de I'lnstitut I. et R. de Milan. F. Salfi. GRECE. Chios. — Instiuction publique. — Le troisitme numero des Ckro' )tiques du Levant (voy. ci-dessus , p. aay) renferme une Exposition ommaiie de I'organisaticn de I'Ecolc /ublic/ue de Chios , et de sa me- hode d'eiiseignement. Les professeurs sent au nombre de treize' 56i EUROPE. — Objets d'enseigwement. ^- TA^ofe^ie , lundi , mercredi, ven- dredi, .i 3 heures ; Grammaire , tous les jours; Langtielatine ,\}xnA\, mercredi, vendredi , a 9 heures; Langiie francahe , tousles jours, a 4 lieures ; Lungiie turgiie , idem; Dessin , inardi, jeudi, samedi,a 9 heures ; Logique , niardi, jeudi, sainedi , h 10 heures; Ifletap/iysiqiie, idem; Rhetorique , idem. ( Ce cours duie deux aiis. ^ Morale, jeudi, samedl ; Histoite ancienne generale, lundi, mercredi, samedi , a 9 heures ; Sciences mathematiqiies, tous les jours, a 6 heures. (Le cours dure trois ans. ) Aritlimelique , mardi , jeudi, samedi , a 4 lieures. ( Ce cours dure six mois , et a lieu deux fois par annce. ) Jlgebre ^ mardi, jeudi, samedi, a 5 heures ; ^c'o^rfl/)/(/e , lundi, mercredi, vendredi, a 4 heures ; Mecanique, mardi, jeudi, samedi, a 9 heures; Optique , Physique experiincnlale , mardi , jeudi , samedi , a 6 heures ; Chimie , lundi , mercredi , samedi, a 2 heures. — Heterie philanthropiqtie. — Qiielques Hellenes distingues vien- nent de former, a Napoli de Romauie , une societe sous le nom SHetirle phiianthiopiqiie , dont I'objet principal est de venir au se- cours des indigens malades, des veuves , et de se charger de i'en- tretien et de I'education des orphelins et des pauvres hors d'etat de travailler. On est admis membre de I'Helerie philantbropique, sans distinction de rang ni d'etat; chacun doit contribuer a la formation de cet etablissement , soit par des dons pecuniaires ou autres , soil en se consacrant volontairement au service de retablissement. — L'administration de cette societe est conCee a des personnes qui doivent toujours rcsider dans la vilie oil siege le gouvernement. Les jeunes gens,eleves aux frais de I'Heterie philantbropique seront des- tines, suivant les vues de la Societe, aux arts ou aux sciences. Les actes seront publi6s par la voie de I'impression, et chaque membre sera libre d'emettre son opinion. Cette sage institution , nous n'en doutons pas , attirera bientot la bienveillance et la cooperation des Hellenes les plus vertueux et de tous les philanthropes europeens. Le gouvernement provisoire de la Grece trouvera, dans cette Societe , le TOoyen le plus efficace pour repandre, jusque dans les denieres classes du peuple, I'araour des arts et une instruction suffisante pour former uu esprit public qui sera le plus ferme soutien du nou- veau systeme politique. — Les articles interessans du r^glement se trouvent dans I'expose ci-dessus. — m. b. Une souscription vient d'etre ouverte a Paris en favour des Grecs , et pour favoriser parmi eux les progres de I'instructiou. PAYS-BAS. 563 BfltJXHi.i,ES. — Theatre. — Tragedie nouvelle. — ( Lundi Ij de- cembre 1824.) — On a represente au Theatre-Royal deBruxelles une tragedie nouvelle de M. Smits (l), intitules Olaiis ou la Vengeance. Cette piece, doiit le sujet est entierement d'invention, appartientau genre appele romantiqiie , sur lequel on a beaucoup ecrit depuis quelque tenis , sans trop s'entendre. La tragedie de M. Sinits a ^prouve le sort du genre auquel elle appartient ; c'est-a-dire, qu'elle a trouve des detracteurs el de nombreux partisans. — Elfrida , fiUe du roi de Danemarck, a ete forcee de donner sa main a I'usurpateur du trone paternel. Elle salt qu'Olaiis a dirige les poignards qui lui ont ravi I'auteur de ses jours , et d^s lors elle a jure sa perte. Elle emploie, pour instrument de sa vengeance, le fils m^-me de I'usur- pateur, que Ton croit mort , et dont elle seule connait la destin^e. Le jeune Ivan se trouve ainsi pousse a un paricide iuvolontaire, au- tant par jalousie que par I'espoir de meriter la main de Thora, soeur d'Elfrida. Ces scenes d'horreur sont temperees par le langag< insinuant et consolateur de Waldemar , frere du roi precedent, qui, dans son exil , s'est initie aux mysteres du cbristianisme , qu'il vieni ensuite repandre dans sa patrie. Olaiis, qui I'a bien accueilli d'abord, veut I'envoyer au supplice, quand il a surpris le secret de sa nais- sance; mais ce tyran, au milieu des poignards de ses ennemis et des oris tumultueux de son peuple revolte, Cnit lui-meme par se donner la mort. — Telle est a peu pres I'idee principnle de cette tragedie, dont les premiers aotes ont excite des applaiidissemens nombreux et Tnerites, mais dont le denoument a paru faible. Le style est ce qu'il doit etre et decele uu ecrivain qui pense et qui sait porter le Ian- gage poetique a la hauteur de sa pensee. Forces de restreindre nos citations, nous n'offrirons qu'un seul exemple, tire de la i''e scene du ler acte. II est done vrai qu'un roi pent frouver nn ami! Cependant, I'avenir m'agite et m'e[)0UTante ; C'est en vain que souvent votre vols eloquente Contre mlUe terrenrs cherclie a me premunir : (i) M. Smits etait deja connu par une tragedie , intitulee : Marie de Boargogne , qui a obteuu uo grand succes sur le theatre de Bruxelles , et gui d«puis a etet representee dans plusieurs autics villes. 564 EUROPE. Jc DC puis du passe pcrdre le souvenir. Mais sur ccs bords iugrats quel destiu vous encliaiue ? WAr.DEMAP, . Je ri-do satis effort an penchant qui m'eutralne. Comment ai-je (ibteuu les faveurs d'uu grand roi ? Je siiis tout par mon Dieu ; je ne suis rien par moi. Poutifc de ce Dieu, inort pour nous sur la terre , Je me suis impose I'aiiguste miuistere De repaudre en tons lieux son culte revere : Des long-terns, sans retour, aux aulels consacre, J'oublie et le Iiasard d'uuc illustre uaissance, Et I'eclat passager dont brilla mon eufance. D'un sceptre ensanglante qu'ou me fit eutrcvoir, Sans regret, sans doulcur, j'ai repousse I'espoir : , J'oublirais les doux lieux oii comraenca ma vie. Si Ton pouvalt jamais oub'ier sa patrie! Kutraiue par mes tceux, errant de mers en mers , J'ai vu I'orgueil des cours et I'horreur des deserts; Pour la gloire du Clirist je poursuis ma carriere : Aux sectateurs d'OJin j'apporte la lumierc; J'arrive dans Hoetlira pour dessiller leurs yeux , Je vous vois, vous souffrez , et je reste en ces lieux. Nous soinmes loin de |jartager le jugement rigoureux que quelques personnes out porte sur cette piece, jugement auquel I'esprit d'in- trigue ne parait pas avoir ete etranger ; mais nous ne pouvons dis- convenir que , vers la Gn , plusieurs entrees et sorties peu motivees , rirresolulion d'Elfrida f et surtout trop de discours lorsqu'il fallait agir , ont laisse le spectaleur dans une incertitude penible. II parait quel'auleur, par trop de condescendauce pour des conseils etran- gers , a nui beaucoup a I'effet de sa piece, qui etait d'aliord niieux concue. Dcja il revient sur son travail , dont il pourra faire un bon ouvrage en le retablissant tel'^|u'il etait d'abord. A. Q. FRANCE. Chartres ( Eiire-et-Lair).- — Rectification de nom. — Deux lettres , datees des 19 et 20 fevrier , I'une de M. Doublet ue Boisthibault, aTOcat ; I'autre de M. H£bisson , juge au tribunal civil de la meme ■villa , et qui nous arrivent a la fois , rectifient une erreur dans la- quelle notre savant collaborateur M. Barbier serait tonibe au sujet du nom de Dusaulx, qu'il pretend devoir s'orthograpliier ainsi , DU Saulx. ( \oy.ci-dessus , p. 102, ) Nos correspondans s'accordent 1 RWCE. — DEPARTEMENS. 565 tt)us deux sui- les pi euves qu'ils apportent pour motiver Icur rectifi- cation. Nous alloiis en donner la substance. ■< Dusaulx etait ne a Chartres , oii son pfere exercait l.i profession d'avocat , et jouissait d*une li6s-grande consideration. Son acte de naissance , recu par le cure de la paroisse Saint -Salurnin , rapporte son nom , tel que I'ecrivent nos corres jiondans , qui ont pris la peine de le verifier. Dusaulx publia d'abord beaucoup dememoires, signes d'apr^s cette mani^re d'orthograpbier , ainsi que son Traite de la Passion da jeu ( Paris, 1799 , in- 8° ) , sa Traduction des Satires de Juvenal , dont la seconde ediiiou (Paris, 178a) est dediee, par I'auteur, a M. Ber- trand de Coeuvres ( voy. le n° 1 197 du Catalogue de la Eiblioilieque de feu HI. Langlis ). ses Memoiies snr les Satiriques latins ( t. XLIII de la Collection des IMemoires de f ,4cademie des inscriptions et belles-lettres ), et sa yie de I'abbe Blanchet , imprimee eu tete de ses /tpologues et Contet orientaux ( Paris , 1784 , in-8° ). Sa veuve suit la meme or- tographe dans ses Memoires sur la vie de Dusaulx (Paris, 180 r , Didot jeune , in-8'' , tres - rare ) , Enfin , una soeur de I'auteur, Mme Triballet du Gord , signait egalement Dusaulx. Toutes ces preuves suffiront pour rectifier I'erreur dans laquelle etait tombe involontairement M. Barbier , et que sa reputation aurait pu sufCre pour propager. Elles serviront en m^me tems d'indication pour faire connaitre les principaux titres de Dusaulx a la reconnaissance des amis des lettres. E. H. Societes savantea ; Etahlissemens rl'utilite puhlique. Nantes ( Loire -Infirieure ). — Societe acadeinique du departement de la Loire-In/erieure. — Cette Societe vient de former dans son sein une Section de Medecine , composee des medecins , chirurgiens et phaima- ciens qui en sont membres. La t^che de cette section sera de rassem- bler les dorumens et les materiaux propres a etablir la constilutioii medicale de la ville de Nantes et du departement de la Loire-Infe- rieure. EUe s'occupera aussi des diverses branches de I'art de gucrir , en suivant pas a pas les decouvertes, et en y joignant ce que I'experience de ses membres, les observations qui lui seront comnm- niquees, et les circonstances des localites lui permettront d'ajonter aux travaux des Societes instituees dans le meme but d'utilite. La mdme Section publiera , tous les trois iiiois , le resultat de ses re- cherches dans un recueil ayant pour titre : Journal de la Section de Medecine de la Societe Academique de la Loire-Inferieure , et dont I'edi- leur est M. Mellinet-Mvlassis , iniprimeur de l.i Societe. Lr pre- T. XXV. — Fe\'rier iSaS. H7 fi66 FRA.NCE. niier numcro paraitra dans le courant clii mois de mars 1825. Le prcsidctit de la Societc , Thomine. NeveRS ( Nievre ). — Coiirs gratuic de mecaniqiie eC de physique apiifiqnees aii'x oris. — Ce depart emerit, long-tems inactif, semble avoir pris, depuis quelque tcms. nne nouvellc vie. Des routes s'ouvrent , des ctablisscmens d'utilite publique ct d'industrie se fomient, rinstructiou se propage dans tontes les classes. Ua an- cien elcve de I'^cole polytechnique , M. Mojiin, ingenicur des ponts at chaussces du departenient, vient d'iniiter le boa et utile exemple donne par M. Ch. Dupin , du Conservatoire des arts et metiers, a Paris ( voy. TJec. Enc. , t. xxiv, p. 746) , en ouvrant un cours gra- tuit de mecanique et de physique appliquees aux arts. Nous don- nerons un extrait du discours d'ouverture , dans iequel ce jeune pro- fesseur a expose son planet son but. Plus de trente personnes, sachant deja raritbmetique et les elemens de la geometrie , suivent ce cours, et les uues ont fourni des instrumens ou des modeles de machines , les autres ont souscrit pour acheter de quoi com- pleter cette petite collection. Les autorites locales ont seconds )e zele du professeur; son exemple sera suivi par d'autres hommes instruits qui doivent faire des lecons publiques et gratuites sur des sujctsegalement importans. N. B. Notre correspondance et plusieurs journaux de departe- mens, entre autres, du Nord , de la Moselle , du Haut et du Bas- Rliin , du Puy-de-Dome , de la Gironde , des Bouches-du-Rhone, de risfere, de la Loire-Inferieure, d'Indre-et-Loire, etc., prouvent que le meme besoin d'instruction , d'actlvite agricole, industrielle, commerciale, et d'amelioration en tout genre, se manifeste egalement sur tous les points de la France. II ne faudrait que favoriser cette emulation salutaire , et donner I'impulsion 4 I'esprit national, pour que I'industrie prit un essor tres-rapide. Mais I'esprit de parii, aveugle, opinifttre et incorrigible, regoisitie, I'orgueil, la cupidite, des pretentions surannees et insati.-ibles, menacent d'arreter encore sur le beau sol de notre patrie le libre developpement de la pros- perite publique. Ceux-la sent bien coupables qui excitant et nour- rissentdes passions malfaisantes qu'ils devraient calmer, et qui re- priment par d'odieus.es entraves, contraires a la loi fondamentale de I'etat, le genereux elan d'un patriotisme cclaire , qui , bien dirige, nous placerait bientot au niveau d'une nation voisine, libre, riche et heureuse , avec laquelle nous sommes appeles a exercer la plus noble influence sur les progr^s de la civilisation en Europe et dans DEPARTEMENS. — PARIS. 56^^ le Nouveau-Monde. L'interet bien eutendii des gouvernemens, et surtout des rois, est exactement le meme que celui des peuples; pourquoi faut-il que des hommes ego'istes , corrompus et intrigans, caloninient toujours les nations dans I'esprit des monarques , et veuillent placer les monarques dans une sorte d'etat d'hostilite , ou du moins de defiance a I'egard des peuples, dont ils ont soin d'isoler le trone pour se reserver le monopole du poHvoir et I'exploi- ter a leur profit ! M. A. J. Perigueux ( Dordogne). — Compagnie des mines de hoiiille du Lardin. — Le cointe de Cintre, prefet de la Dordogne, a accueilli avec empressement la proposition qui lui a ete faite de rassembler la collection des mineraux utiles de sou departement , et de I'exposer dans la salle oii la Societe d'agrictdture tient ses seances. Celte collec- tion naissante, consacree aux arts , au commerce et a I'lndustrie , se divise en combustibles , minerals , materiaux de constructions , et amendemens pour les cultures, et renferme, par consequent, les echantillons des houilles, des lignites, des minerals de fer, de plomb, de cuivre et de manganese, qui abondent dans la Dordogne, ainsi que les pierresd'appareil, les terres argileuses, les sables , les marnes, les platres, les pierres a chaux, etc. Ainsi, grace au zele eclaire de ses administrateurs, la ville de Perigueux aura donne le premier exemple d'une collection mineralogique locale et essentiellement utile. (^Extrait d'une Lettie adressee a la Direction de la Revue). PARIS. IssTiTtiT. — • Academie des sciences. — Mois de Janvier 1825. - — Seance du 3. — M. de Humboldt communique a TAcademie des extraits de lettres d'ltalie et de I'Amerique raeridionale. Les objets de ces communications sout : 1° I'emploi d'une uouvelle ecorce dans riiopital de Padoue, par M. Brera, professeurde clinique, ecorce a laquelle on a donne prealahlemeut le uom de quina bicolor, et qui, a de tres-petites doses, est plus febrifuge que le meiWenr cinchona cali- faya. Le qidna bicolor ressemble par les caracteres exterieurs plus a I'ecorce X\xn& simarouhee ou d'une rutacee, surtout a I'ecorce du bom- plandia , qu'a celle d'un cinchona ; a° les travaux de MM. Boussrw- GAULT , RivERo et RouLiw a Santafe de Bogota. Ces voyageurs ont continue leur nivellement barometrique des Cordilleres , entre Meri- da , les mines d'emeraudes de Muzo et Bogota. Ils ont observe les variations horaires du baronietre sur les cofes et a 2,600 metres de hauteur. Ils ont analyse une acrolithedu poids de 1,600 livres, trou- 568 FRANCE. vee siir le dos des andes ; le pigment de Bignoina chica qui , analo- gue a I'indigo , offre cependant un principe vegetal sui generis ; les caux thermales de Mariara , desquelles se degage du gaz azote tres- pur ; le lait de I'arbre de la vaclie , qui est nourrissant el contient de la fibrine et de la cire; le principe veueneux et extrenienient irritant du sue Aastitraciepitans; enfin, les substances salines confusementcris- tallisees que les Indiens retirent du lac Alj)in des andes de Mcrida, ap- pele Lagiina del ttrao. MM. Rivero et Boussingault ont trouve I'urao compose deo, Sg d'acide carbon ique, o , 4i de sonde et o, 19 d'eau. C'est un melange de carbonate et de bicarbonate de soude , entiere- nient semblable an sel Trona des lacs de natron d'Afrique analysd par Klaprotli. Ces voyageurs ont aussi communique a MM. de Hum- bold et Arago non-seulenient deux tableaux de positions determinees en longitude, mais aussi tous les details des observations astrono- miques ) angles boraires, hauteurs circummeridienues d'etoiles et du soleil, immersion et emersion des satellites de Jupiter, etc. ) dont les resultats ont ete deduits. Les observations astroiiomiques de MM. Rivero, Boussingault et Roulin rectilient la geographie d'une partie de I'Amerique du Sud qui n'offrait jusqu'ici aucun point de- termine avec precision, savoir i°le terrain compris entre la Sierra Nevada de Mcrida, le lac de Maracajbo et Bogota ; 2° le cours du Rio Meta, qui lie le systeme des positions de I'Orenoque k celui des andes de la Nouvelle-Grenade et du Rio Magdnlena. — L' Academic procfede a I'electlon d'un correspondant dans la section d'economie rurale, en remplacement du baron Dumont de Courset, decede. Le nombre des votans est 5i. M. Jaubf.rt de Pass* , residant a Ptrpi- gnan , reunit 28 suffrages au premier tour de scrutin ; il est procla- me. — M. Labouliniere, sous-prefet dT.tampcs , adresse a I'Aca- demie son ouvrage en 3 vol. intitule : Itinerai/e descriptif et pittoresque des haute; Pyrenees fiancaiscs . L'intention de I'auteur est de concouiir pour le prii de statistique de I'annee 1824. — ■ M. Pei.i.etam fils , lit une note sur les phenomenes galvaniques qui accompagnent I'acu- puncture. (MM.Dumeril, Ampere et Magendie , commissaires deja nommes pour I'examen dumemoire presenterecemment par M. Jules Cloquet. Voy. ci-dessus , p. 4(iy. ) — M. Lacroix lait, au nom d'une Commission, un rapport sur la traduction d'ApoUoiiins de Parge , par M. Hetrard. Ce savant avait deja rendu un veritable service aux sciences, en traduisant dans notre langue,pour la premiere fois, en 1807, les Traitcs d'y^rchimide. Son travail fut approiive par I'Academie, sin- lei ripport de Mftl. Lagiangeet Delnmbre. Encourage par ces tuffrages, M. Peyraid eiitreprlt une tiatluction coniplitc des ouvrages de geometric pure d'Euclide, traduction qui dounu lieu a deux rapports tres-favorables , le premier par MM. Lagrange, Legendre et Delambre, ea iSog; le second par MM. Delanibre et Prony , en 1814, el dans lesquels il fut invite a donner la traduc- tion d'Apollonius dout il s'occupait. La mort interrompit I'impression de son ouvrage, tres-digne d'attirer I'attention des homnies instiuits. Mais ce travail n'etant pas du nombre de ceux qu'un prompt debit recommande aux speculations des libraires, la Commission pense que I'Academie doit exprimer le voeu que I'impression de la traduc- tion de M. Peyrard suit facilitee par des encouragemens , ainsi que I'a ete celle d'Euclide. — M. Dupuytren lit la premiere })artie d'un memoire sur les anus artiflciels. — L'Academie recoit de M. Ponce- let, capitaine du genie, un memoire sur les roues verticales a pa- lettes courbes mues en dessous , suivi d'experiences sur les effets raecaniques de ces roues. ( MM. Arago et Navier, commissaires. ) — Du 10. — M. TuKBiN pere, adresse des semelles anti-cathar- rales , dites Turbantines. ( MM. D'Arcet etSilvestre, pour un rapport verbal. ) — M. Larrey fait distribuer des exemplaires de son ecrit intitule : « Memoire sur une nouvelle maniere de reduire ou de trai- ler les fractures des membres , compliquees de plaies. » II demande qu'il lui soit permis d'aspirer a la place vacante par la mort de M. Deschamps , et il enouce ses titres a cette election. Sa lettre est renvoyee a la section de medecine et de chirurgie. — M. Dei-lile, correspondant , adresse un memoire sur les dangers de I'emploi des champignons sauvages dans la cuisine. — MM. Dameril et Latreille font un rapport sur le memoire de MM. Pelletiek etHiiZARD ills, contenant des recherches sur les sangsues. « Les auteurs de ce me- moire avaient ete charges d'eclairer I'autorite sur les moyens de faire cesser les plaintes qui lui sont souvent adressees relativement a la niauvaise qualite des sangsues employees en medecine. Les deux principaux points qu'ils se sont propose d'examiner sont : i° de de- terminer les causes qui, dans certains cas, rendent fort difficiles a guerir les petites plaies produites par ces animaux ; 1° de recon- naJtre les circonstances qui font que certaines sangsues ne piquent pas la peau sur laquelle on les applique. Sur le premier point les auteurs sont d'accord avec les medecins pour reconnaitre que les inconveniens reproches aux sangsues , do vent etre le plus souvent attribues soit au temperament des nialades , soit a la nature de la nialadie, «oit aux manoeuTres employee* pour detacher les sangsues 570 FRANCK. de la plaie , soil aux corps etraiigers employes pour arr^ter le sang et fermer les plaies. Relativement au second point , MM. Huzard et Pelletier out reconnu qu'on livre tres-souvent au commerce des es- p6ces de saJigsues qui, au premier apercu, ressemblent tout-a-fait aux sangsues inedicinales , mais qui en different completement , i" en cequ'elles n'ont pas, comme celles-ci, la bouclie munie de petites scies en rondaches ))ropres a produire les incisions de la peau qui donnentissueau sang que Tauimalsuce; 2° par la conformation deleur estomac et de leur canal intestinal. Les expeilences des auteurs leur ont prouve que les fausses sangsues lie jieuvcnt <^tre employees en medecine , parce qu'elles ne mordent pas. M. Dutrochet avait deja decrit , en 1817 , Vtinnelide presente comme une espece nouvelle par MM. Huzard et Pelletier ; mais il s'etait glisse dans son travail quelques erreurs sur les moeurs , les habitudes et I'organisation de cet animal, qui, pendant une annee, a ete I'objet particulier des etudes des auteurs. L' Academic decide que leur memoire sera insere dans le recueil des Savans etrangers. — MM. Dumeril et Cuvier font un lapport sur le memoire de M. de Ferussac , relatif a I'animal de V /irgonaute , etqui a pour but d'eclairer la question desavoir sicemol- lusquefabrique lui-m(5rae sa coquille, ou s'ilprofite, comme quelques crustaces, d'une demeure construite mais abandonnceparun autre animal , ainsi que M. de Blainville I'a prctendu de nouveau en 1818. L'individu decrit et Cgure par M. de Ferussac , et dont il a presente un dessin tr^s-exact a I'Academie, portail toutes les marques en relief et en creux des sillons et des lignes salUantes qu'on pent observer dans I'interieur de la coquille. Ce fait, tons les argumetis reunis par M. de Ferussac, robservation de Duvernoy qui, dans le Diction- naire des sciences naiurelles insiste deux fois sur I'existence de la coquille sur les embryons observes dans les oeufs, semblent prouver que I'argonaute secrete lui-mdme sa coquille. L'Academie accueille ce travail et engage I'auteur a le publier. — M. Duputtrew conti- nue la lecture de son memoire sur les anus artificiels. (MM. Portal et Dumeril , commissaires. ) — Du ly. — M. Magendie annonce qu'il a constate sur une femme affectee de cataractes I'insensibilite de la retine. Le contact de I'instrument sur la retine n'a produit aucune sensation apprecia- ble. La malade a recouvre la vue imniediatement apres Toperatlou. — M. de Bastekos lit un memoire qui a pour objet la description geologique (iu liassin tertiaire du sud-ouest de la France, compre- nnnt des observations generales sur les molhisques fossiles, et la PARIS. 571 description particuliere de ceux qu'oii rencontre dans ce Lassin , avec 7 planches ( MM. Brongniart et Beudant, coniraissaires ). — M. Michel Fodeha , correspondant , ecrit a rAcad(^mie pour lui comniuuiquer le resuliat des reclierches qu'il a faites receninieut et qui concernent la contraction musculaire, Taction des divers agens sur le systeme nerveux et sur la fibre musculaire , et la formation de globules blancs analogues aux globules du sang. II indique plusieurs resultats de ses observations et annonce qu'il s'empressera d'offrir a I'Academie le meraoire detaille dout il prepare la redaction. — M. Collin, professeur a TEcole militaire , presente un premier me- moire sur la fermentation du sucre.- — • M. Cauchy presente un nou- veau memoire sur I'integration des equations lineaires et sur le mouvement d(js plaques elastiques rectangulaires. — M. Giroux lit la premiere partie d'un memoire sur la generation. ( MM. Peiletan et Huzard , commissaires. ) — M. Bailly donne lecture d'un me- moire intitule : Recherches statistiques sur la duree moyenne des lievres intermittentes. ( MM. Chaussier et Magendie , commissaires.) — Du 24. — Le ministre de la marine adresse une note de M. Be- Lijv DE Laveal, qui croit avoir decouvert une nouvelle metliode pour conserver I'eau douce a la mer. (MM. Thenard et de Rossel , com- missaires. ) — M. Ferhand adresse un dessin de son leviermoteur ameliore. (Commissaires deja nommes, auxquels I'Academie joint M. Dupin.) — M. Paul Coquere adresse un memoire sur une expe- rience d'acoustique propre a decouvrir le rapport et le nombre des sons harmoniques graves produits par la coexistence de deux ou plusieurs sons donnesj etc. ( MM. Proiiy , Dulong et Fresnel , com- missaires. ) — M. RiCHARDOT, chef de bataillon d'artillerie , adresse une notice sur un moyen econo«aique qui se presente de soi-mdme pour I'etabllssement des paratounerres. (MM. Arago et Girard, commissaires. ) — Sur I'avis affirmatif de la section de medecine et de chirurgie, I'Academie decide au scrutin, que M.Deschamps sera remplace et que la section fera sa presentation dans la seance sui- vante. — M. Raspail presente un memoire intitule : Essai d'une classification des graminees fondee sur I'etude physiologique des caracteres de cette faniille. ( MM. de Jussieu , Mirbel et Dupetit- Thouars , commissaires.) — M. Gaymard , au nom de M. Quoy et au sien , lit un memoire intitule : Observations sur les biphores et les berofes^ suivi de la description de- plusieurs especes uouvelles. (MM.GeoffroySaint-Hilaire et La treille, commissaires.) — M.Moruau UE JoNufcs communique des details sur deu.\ tremblemens de Icrrc qui ont eu lieu aux Antilles le 3o octobre et Ic 3o novembrc derniers, 57 J FRANCE. et sur rapparitiun du cholera morbus, a Astracan. ( Voy. ci-dessus , J). 542 et 543.) — M. Latreillb lil uiie notice sur un insecte du genre des hracljyceres, coiisiderd comma un talisman par les femmes du royaume de Bt-i ta. — M. Lassis lit une note intitulee : De la dissi- dence qui ti'jjiie entie les medeciiis sur tout ce qui concerne les ma- ladies epidemiques. — Du 3 1. — M. Bbiot, professeur de chirurgie a I'Ecole secoiidalre de medecine de Besau^on , adresse deux ouvrages mauuscrits pour concourir au prix foude par M. de Montliyon. Le preuiier est un me- moiie sur un nouveauyb/ce/j^; le second de nouvelles considerations sus les voies lacrymales, leurs maladies et les moyens de les guerir. Ces memoires sriout remis a la Commission qui sera chargee d'exa- ininer les pieces du concours. La mdme Commission prendra con- naissance d'un mdmoire adresse par M. Chotset, officier de sant^ a Cus, canton de Noyon ( Oise ) , qui a joint a son manuscrit une boitequi renferme divers instrumens. — M. Fmncois-Casimir'Six.Y'Evi. presente un memaire descriptif et un modele d'une cheminee dite a la Dajeul. Ces objets seront remis a la Commission chargee de I'exa- men des pieces de concours. — M. Mokin adresse de Strasbourg deux Merits „ dont Tun est intitule : Des hultrcs et des moyens de les con- server fraiches ; et I'autre : Memoire sur I'aerostation. M. Thenard examinera le premier memoire ; MM. Gay-Lussac et Dulong le deuxi^me. — M. M.4,THiETr est adjoint a la Commission chargee de faiie un rapport surlemdmoire deM. Boscary , relatif a la perspec- tive. — M. VoisAUD, repetiteur k I'ecole d'artillerie et du genie a Metz, ccrit A I'Academie pour lui soumettre ses reclierches sur la determination des functions de deux variables, dont les Cdcfficiens differentiels du premier ordre sont donnes implicitenient. (!\IM. Am- pere et Cauchy , commissaires. ) — Un- memoire par M Samml PuGH, et intitule : Du calorique et de la lumiere, est renvoyc a MM. Arago et Fresnel. — M, Bosc lit , au nom d'nue Commission , un rapport sur un ouvrage de M. Delise, intitule : Suite de I'his- toire des lichens et spccialement du genre roccelle. L'Acadcmie avait approuve precedemraent le travail de M. Delise sur le genre stride. Le genre roccelle , conuu par I'emploi d'une de ses especes dans la teinture, ne compte que 7 especes, tandis que le genre .■•iricCe en contient 60, Les roccelies ue croissent que sur les rochers au bord de la mer. Le rapporteur termine en disant que I'ouvrage de M. De- lise n'est nullement infeiieur au precedent, et qu'il est a desirer pour r«vantage de la science, qu'il soit livre a I'impressioii et a la gravure.— M. Dumeril lit un rapport sur I'ouvrage de M. Du puytrew , PARIS. 5:3 relatif a une nouvelle metbode pour guerir les anus contre nuture. Les deux menioires de M. Diipuytren peuvent ^tre consideres comme un traite complet de cette affllgeante maladie : C'est , ditM. le rap- porteur , un ouvriige ex professo , tel que la science devait I'attendre d'uii praticieii iiistruit et experiniente ; I'autear a rendu un grand service a I'humanite, et 1' Academic peut exprimer le Toeu de lui voir bientot publier ce travail. ( Approuve.) — M. DuMEiuLfait un rap- port verbal sur I'ouv/age de M. le docteur Beclard , intitule : Ele- mens d'anatoniie generale ou descriptive de tous les genres d'orgaues qui composent le corps humain. — M. Becquebei. lit un tnemoire qui a pour titre : Du pouvoir conducteur de I'electricite dans les mc'taux, et de I'inteusite de la force electro-dynatniqiie en un point quelconque d'un fil qui joint les deux extremites d'une pile. (MM. Arago et Dulong , commissaires. ) — M. C^uchy presente un memolre d'analyse. — M. Collin lit son premier memoire sur la fermentation du sucre. (MM. Vauquelin etThenard , commissaires.) — M. DELAPYLiiE lit une notice sur Tencornet des pecheurs ( Lali- go piscatorum) , espece de calmar qui abonde en juillet dans I'O- cean, a File Saint-Pierre et dans quelques golfes del'ile de Terre- Neuve. A. Micuelot. — Academic Jtancaise. — L'Academie francaise a tenu, le i'^''fevrJer, une seance extraordinaire dans laquelle M. I.emercier, menibre de cette .4cadem'e , a fait liommagt- de la seconde paitie de ses Chants hero'iqiies des montagnards eunatelon grecs, en vers fr.mcais (ivol. ia-8°) et M. MoUevaut , de 1' Academic des inscriptions et belles-lettres, de ses Chants sacres ( i vol. in-ia). M. Auge." a lu une Notice historiqiie et litteraire siir la comtesse d'Escarbai^7tas de Moliire ; M. Laya , une Notice sur Solon, considere comine legis'aietir , extraite de son Histoire litte- laire dela Grece, et uneautre notice sur Pittactis de Mith-line ; eX. M. le comte Daru, uneepitre en vers sur la nature de I'homme. — UJcademie francaiic , dans sa seance du 24 fevrier, a procede a la nomination d'un racmbre en rempjacement de M. le comte Fek- H\ND, et a elu M. CasiinirY)t.i.\\\QtitL. Sur 27 votans , M. Casimir Delavigne a obtenu, au premier tour de scrutin , iG suffrages , et M. de Valori, I. — Academie des Heaux-Arts. — Cette Academic , procedant a la nomination J'uu membre pour remplir la place vacaule par la mort de M. Girodet, a nomme (le 12 fevrier) , a la majorite absolue des suffrages, M. THEVEmir, ancien directeur de I'Ecole royale de France a Rome. Celui des autres candldats qui a r^uui apres lui le plus grand nombre de suffrages est M. Horace Vekket. 57/, FRANCE. Crmiitue iioriiuii iniUtairc. — Le gouvernemeut fraucais s'occupe (le rorganisaliou dufinitive du Gymiiase normal et nillitaire, diiige par le colonel Amoros. S. E. !e niinistre de la guerre, voulaiit don- iier a cette institutioa tous les developpemens qu'elle reclame , a iiomme une commission , coni])osee de M. le baron Roghiat , presi- «lent , de MM. les generaux Quinzonnas , u'Hautpoul, Despkez, et de M. Vauchel, intendant militaire , pour examiner, dans toules leurs parties, les exerlices gymnasliques , et lui en fuire un lajiport detaille. — Sans levenir sur les avantages que presentent ces exer- cices executes par des soldats armes et noa amies, nous allons of- frir a nos lecteurs une rapide analyse de la seance generale du la Janvier iSaS , a laquelle out assiste.MM. les membres de la com- mission noramee par le ministre. Un grand nombre de militaires , de la garde, de la ligne et des sapeurs-pompiers, anciens eleves du Gymnase , ont execute les differens exercices. — M. Amoros a donn6 a la commission une idee des exercices qu'il appelle cUmen- tatres ; et qui consistent a faire cbanter differens morceaux de mu- sique dont chaqne rhythme. correspond a divers mouvemens des jambes , des bras et du corps, que les eleves ex^cutent sur place : un metronome r^gle ces mouvemens. L'cleve apprend ainsi a raesu- rer le terns et I'espace , a coordonner les mouvemens de la marche ordinaire, a precipiter les pas de la marche accelercc, et les sauts de la course gymnasdque : ce qu'il fait sur place, il peut le repeter sur le terrain. Ces exercices imprimentaux differens mouvemens un rbythme qui leur est propre ; ilsdonnent phis de developpement a la voix , plus de force aux poumons , ils assouplissent les articulations des mem- bres , disposent les el6ves a la fatigue et aux grands mouvemens des exercices en plein air. La commission etait trop cclairee pour ne pas apprecier les avantages du chant applique aux exercices gym- nastiques. Pour liabituer les el6ves a garder Fcquilibre, si neeessaire au passage des poutres, M. Amoros fit prendre a trois professeurs du gymnase un boulet de six livres, tenu tanlot avec la main gauche, tantot avec la main droite, I'extremite superieure horizontalement tendue et portee en avant. Le meme exercice fut repete sur les ex- tr^mites inferieures, le boulet etant soutenu alternativement par I'un et I'autre pied. Supporter I'effort, assurer la station , rendre fixes tous les points mobiles du corps, assujetir les extremites au tarse , et faire des diverses parties de celui-ci un tout solide qui sou- tient I'effort el retablit le centre de gravite; telles sont les princi- j)ales actions musculaires qu'exige cet exercice. — Les 6l6ves firent rnsuitt', dans la cour et le stade, I'application des principes theo- PARIS. 575 riques qu'ils venaient de puiser dans les principes eleinentaires. Ici les membres de la commission ont pu se convaincre de I'utilite de la methode suivie dans le gyninase. lis ont \u avec quelle pre- cision les eleves out execute la course precipilee et le pas de la course de resistance. Des lionimes armes en guerre se sont aussi exerces a courir sur le terrain, en conservant leur alignenient, et en reglant leurs mouvemens avec precision et methode. De la course generale on est passe a plusieurs luttes , qui sont preparatoires a beaucoup d'autres exercices ; et , pour prouver a la commission com- bien ces luttes augmentent rapidement les forces des eleves , plu- sieurs d'entre eux ont obtenu 35o, 44o et 55o degres du dynamo- metre libre. C'est au moyen de cet instrument que M. Amoros cal- cule le developpement progressif de Taction musculaire des eleves. Nous avons vu des liommes faibles et timides acquerir en peu de tems , par les exercices gymnastiques , une force considerable et une grande bardiesse, et leur energie morale s'elever en pro- portion de I'accroissement de leurs forces physiques. — De ce stade, les eleves sont alles au parallelogramme des machines. La on a vu, en meme tems , les uns passer sur des plans inclines , fran- chir des barri^res, grimper aux m^ts; les autres marcher sur des poutres horizontales vacillantes. Des hommes armes , precedes du tambour qui battait la caisse , ont passe sur des poutres etroites avec la m^me assurance qu'ils auraient cue s'ils avaient marche sur la terre. Plusieurs montaient des ecbelles de 36 pieds de haut , puis en descendaient en se laissant glisser suivant les regies que leur avait apprises leur habile directeur. On en a vu monter sur les portiques en se servant de cordes , de perches , d'hommeS suspendus qui leur servaient d'echelles , et descendre , par les m^mes moyens , avec la plus grande facility. MM. les membres de la commission , surpris de la force , de la souplesse , de I'agilite et de I'adresse que les eleves ont raontrees, ont temoigne a M. Amoros toute leur satisfaction , et ont apprecie a leur juste valeur Tutiiite de semblables exercices. — Uassaut de la tour eut ensuite lieu. Cet exercice consiste a monter au sommet d'une tour par la seule force des phalanges des doigts, et sans le secours des pieds : de la on a donne I'assaut a un vieux mur ; en un instant on le vit couronne d'honlmes qui en descen- dirent avec autant d'adresse qu'ils avaient mis d'activite a y monter. La seance fut terminee par les exercices de I'oltige sur des chevaux de hois et sur le cheval vivant, et Ton se reudit en ordre a la classe des exercices eleinentaires. C'est la qu'a la Un de cliaque seance les yainqueurs viennent recevoir les prix dus a leur courage, a leur 576 FRA.NCE. force, a leur agilite; les moins habiles , eu applaudiasant aiix succ^s de leiirs caniaracles , se proinettent de vaiiicre bieiitot a leur tour. C'est aussi la que le colonel Amoios distribue les prix de vertu a ceux que les exercices gyninasliques ont porte a quelque action utile , bienfaisante. Le but de ce directeur n'est pas seule- ment de regler les mouveniens du corps , de developper les forces, d'inspirer le courage, de faire naitre la bravoure , mais aussi d'ap- prendre aux eleves a profiter des avantages de cette education pby- sique pour prcter leur appui au faible et secourir leurs semblables dans toule espece de danger. Les soldats , en profitant des positions dans lesquelles iis peuvent se trouver, puisent dans les lecons mo- rales des principes de gcnerosite , d'bumanite et de bienfaisance. — Lorsqu'on assiste pour la premiere fois aiix exercices dont nous venons de donner une idee, on craint de voir, a cbaque instant, se multiplier des ^venemens facheux ; mais cette crainfe cesse lorsqu'on apprend comment les eifeves passent des exercices les plus simples et les moins dangereux aux exercices les plus compliqu^s et en appa- rence les plus perilleux. Les lecons eleraentaiies accoutument les elfeves a mesurer graduellement leurs forces; on les fait marcher, par gradation , du simple au compose , comme dans les sciences on precede du connu a Tinconnu pour arriver en pen de terns a une instruction solide. II sufCt de frequenter pendant quelque tenis le gymnase et de s'identifier avtc !a methode du directeur, pour se convaiiicre que les accidens qui arriveraient aux eleves devraient 6tre imputes a leur desobeissance, a leur presomption , ou a I'oubli des principes de I'art gyranastique, si bien developpes et si judi- cieusement aj)pliqu^s dans cet utile etablissement. D'ailleurs , toutes les precautions sont piises pour eviter que les chutes soient dange- reuses ; une couche epaisse de sable est repandue au pied de chaque machine, des filets sont tendus autour des m4ts et des portiques ; on soutient a I'aide de ceiutures les eleves inhabiles, et des pro- fesseurs veillent sans cesse sur eux , tout en dirigeant leurs mou- vemens et en rassrrant leur hesitation. — Les ^Ifeves , dans cette seance remarquable, ont montre la plus grande docilil^ , et out fait un juste application pratique de la theorie qu'ils avaient acquise(i). Deruelles, D. M. p. (i) Le Gymnase normal est situe place Duplelx , entre la barriere de Gre- nelle et le Cliaraj) de-Mars. — Le.s seances pour Its eltves civils out toujour* lieu, les jeudis et les dimanclus , dc 3 a 5 liourcs de rapres-midi, en ete, de 1 a ,'i 'eun s , cu liiver. M. Amoros deiMurr rue Malsr, u" i5, au Gros- Caill..u. PARIS. 5-7 Meteorologie. — - fariations de la leinpiralme , limires de la clinleur et des froids obsen'es dans I'air et dans I'eaii. — En feunissant un tres- grand nombre fl'observations du thei mometre , et en les comparant antra elles , M. Ar.vgo en a deduit les consequences si;lvantes : 1° dans aucun lieu de la terre , et en aucune saison , un thermometre eleve de deux on trois metres au-dessns du sol , et a Tabii de toute reverberation , n'atteindra le Sy"" degre de Reaumur , ou le 4^"" degre de rechelle centigrade ; 2° en pleine nier , quels que soient le lieu el la saison , la temperature de i'air iie dcpasse point 24 de Reaumur, ou 3o" ceatigrades ; 3° leplus grand degre de froid qu'on ait observe sur notre globe , avec un thermometre suspendu dans I'air, est de 40° I^ > on 5o° centigrades; 4° I'eau de la mer, sous au- cune latitude et en aucune saison , ne preud une temperature supe- rieure a 14° R> ou So" centigrades. F. Industrie. — Classeur , ou 3Ielhcde sure ct facih' i>our classer tons ses paniers (i). — M. Morel a donne le nom de classeur a une sorte de serre-papier Tort ingenieux, dont 11 est I'lnveuteur. Le Classeur se compose d'un certain nombre de portefeuilles reunis en un meme volume , et destines chacun a recevoir des papiers de differente na- ture, qu'indiquent des etiquettes sailiantes , dont on peut embrasser I'ensenibled'un seul cou]3 d'oeil. Ce registre d' ordre conyient aux hom- mes detoutes les professions, au magistral, an mililaire,aradminislra- teur, a I'homme de lettres, au simple particulier. II leur offre, outre Tavantage de debarrasser les bureaux d'une foule de papiers qui y demeurenl enlasses, confondus , et le plus souvent exposes a se per- dre ou a lomber sous des yeux indiscrets , I'infaillible moven de les conserver loujours en ordre , el de retronver a tout moment ceu.x dont on a besoin, quelque nombreux el quelque varies qu'ils puis- sent ^Ire. Celle utile invention , que son auteur s'occupe de perfec- tlonner encore , merite d'etre recommandee a ratteution de tons les bomnies tres-occupes. Reclamation. — Aux auteurs de la Bevue Encyclopediqiie. — « Mes- sieurs , le Cours d' Economic politique que M. Storch a fait pour I'iiis- truction des grands dues de Russie a ete iniprinie en 11)17 ^' ^•" Petesbourg, aux frais de I'enipereur Alexandre. L'ouvrage devenajit rare dans le commerce, des libraires de Paris jugerent a propos de le reimprimer, en iSaB, el me dresserent d'y joindre quelques notes explicatives et critiques. Je cedai a leur voeu. — Aujourd'hui , ^i) Paris, 1823; rauleur , lue I'romentean , n'' 11. 57 8 FRANCE. M. Storch public une brochure dotit les exeitiplaires portent pour titre : Coiirs d' Economic politique de M. Storch , tome y ; les autres : Considerations sur la nature du revenu national , par Henry Storch (i). Quelle que soil la diversite du titre pour un md-nie ecrit, son objet essential est de nie faire un crime de la publication faite a Paris de I'ouvrage de M. Storch, et des critiques que je me suis permises de quelques doctrines propres a cet auteur. — Relativement a ce der- nier point , je n'entrerai dans aucune controverse. M. Storch et moi, nous avons expose nos raisons ; c'est au public a les apprccier. Mais , quand il m'accuse de la reimpression de son ouvrage et de lui avoir enleve sa propriete , je ne peux laisser passer cette assertion sans re- ponse. Ce sont MM. Bossange pere et Aillaud qui ont fait rcimpri- mer le livre k leurs frais et a Icur profit, ct ils etaicnt en droit de le faire. lis ont cm que nies notes ajouteraient quelque prix a leur edi- tion : je n'ai yu la dedans qu'un moyen de repandre les utiles verites de rtconomie politique , et de rectifier quelques-unes des erreurs qui la deparent. C'est le seul reproche qu'on puisse me faire. . — Dans ces notes , j e crois ne m'etre ecarte en rien des egards que se doivent deux ecrivains qui , avec des intentions droites , cultivent la ni^me science. L'amour-propre un peu trop susceptible de M. Storch n'en a pas juge ainsi ; il y trouve de la colere et dn fiel, sans qu'il piiisse en citer un seul exemple. Des lors, il se croit en droit de transformer une discussion philosophique en une veritable diatribe , oil, en isolant quelques phrases de mes ecrits , en citant quelques-unes de mes ex- pressions , sans faire mention des definitions et des restrictions qui les modifient , il me fait dire ce que je n'ai pas dit , et rend obs- cures les questions les plus claires. ■ — On pent pardonner a un etran- ger qui ne connait pas la valeur des mots de notre langue , de se meprendre sur plusieurs significations ; mais il convenait a M. Storch , nioins qu'a tout autre , d'intenter a qui que ce fut une accusation de plagiat; car son Cours d^ Economic politique ( si Ton en excepte les notes qu'il y a jointes et oil Ton trouve quelques faits interessans ) est, pour les trois quarts, textuellenient copie , sans les avoir cites (2) , des ouvrages d'Adam Smith ( traduction de Gar- (1) Brochure de 240 p. Bossange pere, rue Richelieu , n° 60. Prix 5 fr. (2) Les libralres de Paris ont repare jusqu'a uii certain point ce tort, en retablissant quelques citations ; mais ils ne I'ont fait que dans quelques cas seulement, ct jamais pour des plirases eparscs dans presque tout son livre, et qui ne sont pas de lui. PARIS. 579 liier), dc Jeremie Bentham , tie Sismondi , (]e Destutt-Tracv, et des miens. II eii a use a cet egard si librenient, que j'ai retrouve dans son Coiirs des chapltres tout entiers de mon Traite d'Kconomie politique , depuis le premier mot jusqu'au dernier , le titre du cha- pitre compris ! II ne suffit pas , pour excuser de serablables em- prunts, de dire en general , et une fois pour toutes, dans sa preface, que Ton doit beaucoup a tels et tels auteurs. Le lecteur aimerait a connaitre ce que la science doit a chacun d'eux. II est fiicheux pour M. Storch qu'en s'appropriant le travail des autres avec aussi peu de scrupule, il n'ait pas rendu son ouvrage plus complet. Qu'est - ce qu'un Cours d'Kconomie politique qui ne traite pas des questions re- latives a la balance du commerce, au.x monopoles , aux douanes, aux corporations et maitrises , aux impots , aux depenses du gou- vernement , a la population , etc. , objets qui jouent un si grand role dans I'economie des nations , soit qu'on les considere comme moyens on comme resultats. Un veritable cours d'economie po- litique est encore a faire. ■ — -Agreez, Messieurs, I'assurance de ma parfaite consideration. J.-B. Say. — Reclamation -dusvileX. d'une note placee a la suite de I'analyse de V Exposition da Systeme du monde par M. Dei.api.ace. ( Vojez ci-dessus , pages 53-54. ) — AM. le directeur de la Revue Encyclopedique. « Paris, 24 fevrier 18 15. — Monsieur, c'est avec une vive affliction que j'ai vu la note qui suit, dans le dernier cahier dc la Revue (Jan- vier 1825, page 53), I'article ou je rends compte de la cinquii'ine edition de YExposition du Systeme du monde. L'auteur de cette note ne m'etant pas connu, perniettez que je me serve de la Revue pour de- truire I'impression qii'elle a pu produire sur I'esprit de vcs lecteurs. — II est vrai que M. Delaplace a supprime de la uouvelle edition du Systeme du moiide, la phrase citee dans la note ; il a pense qu'il etait mieux de terminer un ouvrage d'astronomie par un resume des bienfaits de cette science (i) que par une phrase etrangere au but de ce traite. Le goiit seul a indique cette substitution, et l'auteur ne (i) « Conservous avec soin, augmeutons le depot da ces liautes connais- saucps , le delice des etres pensans, EUes ont rendu d'importans services a la navigalion et a la geographie ; mais leur plus grand bienfait est d'avoir dissipe les craiutes produitcs par les plienomenes celestes, et detruit les er- reurs nees de I'ignorance de nos vrais rapports avec la nature; erreurs et craintes qui reuaitraient proniptemeut , si le flambeau des sciences venait a s'ctciudre. » 58o FRAINCK. cessc pas pour cela tl'ainier XAJiLstue et la 'vcrite , qu'il a defendues dans line longue et honorable carriero. J'ajouterai que je ne vois pas comment les circonstances pourraient iiispirer la craiiite d'enoncer ce sentiment , qui n'est capable d'offenscr aucune puissance : il n'a jamais existp aucun gouvernement , si despotique qu'il ait ete, qui , dans ses phis grands exct-s, n'ait rendu un liommage apparent a la justice et a la \erite; et ce n'est pas sous le notre qu'il serait dange- reux de proferer ces accens d'une morale pure et inoffensive. ■ — L'auteur de la Note reproche a M. Delaplace de n'avoir pas public d'ouvrages elementa.ires. Mais, Monsieur, les Lccons a I'Ecole nonnale et YEssni sttr le cnlciil des probabiUles , dementent cette assertion : et, fut-elle vraie, en quoi pourrait-elle diminuer la haute estime que I'Europe porte a ses immortels ouvrages ? Quant a moi , qui ne suls peut-etre connu dans les sciences que par des ouvrages elementaires, je ne balaucerais pas a les ceder tons coutre un chapitre de la Meca- niqrie celeste. J'ai I'honneur , etc. Fuancoeuk, P. S. C'est par erreur que , dans Yanaljse , j'ai cite Buffon au lieu de Fontenelle, comme ayant appartenu auxtrois academies. — Reponse du Redacleiir de la Note. — II me parait surprenant que M. Francocur se soil mepris sur le sens et sur le but de la Note dont il se plaint. — Le redacteur de cette note a exprime le regret de ne plus trouver, a la fin de la nouvelle edition de I'Ejcfiosilion du Systeme du moiide , des pensees du plus haut interet , et qui terniinaient si digne- ment un aussi bel ouvrage. Ces pensees sont des verites morales liees intimement aux observations qui les precedent, observations qu'on lit dans Tedition de I'an vii , aussi bicn que dans la dernifere, et sans changement dans les expressions. Apres avoir expose les services rendus par les sciences astronomiques, et dit que " leur plus grand bienfait est d'avoir dissipe les erreurs nees de I'ignorauce de nos vrais rapports avec la nature, erreurs d'autant plus funestes que I'ordre social doit reposer uniquement sur ces rapports : verite , JUSTICE : voila ses lois immuables ; •• l'auteur repousse avec force I'opinion qu'il puisse ^tre utile de tromper ou d'asservir les hommes pour assurer leur bonheur. Toutes ces idees sont grandes , impo- sanfes , aussi bien liees entre elles que les diverses parties du Systeme du monde. I-es verites de cet ordre, surtout lorsqu'elles sont fortilices par I'autorite d'un nom illustre, sont una possessions laquelle les amis de I'humanite ne peuvent renoncer. Newton , dont le nom est aussi de quelque poids , a termine I'un de ses ouvrages les plus remarquables par cette pens^e digne d'etre citee souvent : « Si nous PARIS. 5Si perFeclionnons les sciences , nous pourrons esp^rer de perfectionner aussi la morale, sans laquelle la science u'est en effet qu'im vain nom, » — M. Francoeur parait n'avoir pas bien compris le peu de mots qu'on lit dans la Note, sur les livres ^lementaires; ceites , on etait loin de prevoir que des reflexions generales sur la nature des facultes intellectuelles pussent donner lieu a des reclamations. — Puisque nous sommes ramen^s sur cet objet , it ne sera pas hors de propos cTajouter quelques observations a celles de la Note, Le talent de r^diger des ouvrages elementaires se compose d'un esprit d'analyse exacte et methodique , etd'une grande clarted'exposition. En mathematiques , Bezout est, de tous les auteurs d'ouvrages ele- mentaires , celui qui reunit au plus haul degre ces deux qualites es- sentielles , et Bezout n'etait pas un geometre du premier ordre. II semble que I'assortiment et la mesure des facultes necessaires pour •ce genre de composition se rencontre dans I'immense intervalle qui separe le genie de la mediocrite. Le but est fixe , la route tracee , les limites poshes, la carri^re devient tr^s-etroite. Le genie y des- cend rarement , et ne s*y distingue pas toujours; la mediocrite I'en- vahit , et n'obtient pas plus de succ^s. Les lecons donnees a I'Ecole Normale ne sont pas un ouvrage elementaire , et ne devaient en avoir ni la forme ni la redaction rigoureuse : elles devaient ^tre et sont ef- feclivement des leeoni dans lesquelles on reconnait , d'un bout k I'autr*, I'auteur de V Exposition du Sjsteme du monde. On ne placera pas non plus au nombre de ces ouvrages le Traiid du Calcul des Proba- bilites : \e lecteur qui, sans aucunes meditations prealables, sans ^tre muni des elemens essentiels de ce calcul , imaginerait qu'il a compris le traite , ne serait pas ne pour les sciences exactes , et ferait bien d'y renoucer. Les circonstances qui empecherent le ge- nie d'Haiiy de se dcvelopper completement , furent peut-etre ce qui le reudit aussi propre qu'il I'etait a rediger de bons livres ele- mentaires. L'auteur de la Mecanique celeste n'a pas rencontre de pa- reils obstacles ; loin tie lui reprocher de n'avoir pas employe quelque partie de son terns a rendre I'entree des sciences plus facile, on se felicite de ce qu'il a suivi constamment la route de Newton , de Clairaut , de D'Alembert et de Lagrange. Que M. Francoeur veuille Lien relire la Note dont il se plaint ; il n'y trouvera certainement pas d'autres pensees que celles qu'on vient d'exprimer, et il sera con- vaincu que ses reclamations ne sont pas fondees. F. Thbatbes.- — Theatre-Framcais. — Premiere representation de/a Corrtspondance , com^die en un acte et en prose. (Mercredi i6 i4- T. XXV.— F moeurs. L'auteur est, dit- on , uiie femme d'esprit, a laquelle on doit plusieurs jolis ouvrages, et que Ton a plus d'une fois applaudie sur ce m^me theatre, ou sa Correspondance n'a pas ele accueillie. — Odeon. — Premiere representation de^/'0;/>Ac//n (/e Bethleem , tragedie en cinq actes. (Mardi i"' fevrieri ) L'action de cette tragedie se passe a I'epoque ou , selon les livres chretiens, H^rode fit massa- crer tons les enfans de la Judee, pour envelopner dans cette epou- vantable proscription le Messie , dont I'asile lui etait inconnu. Ce danger, commun a tons les enfans de son Age, est bien plus immi- nent encore pour Eliaciii, I'orphelin de Betlileem ; Rachel , sa ni^re, aimee jadis par un hebreu nomme Issachar, a vu son epoux tomber sous les coups d'nn amant furieux; et c'est ce mdme Issachar, de- venu lieutenant d'Hcrode, qui va presider au massacre, dans Beth- Jeem. 11 consentirait cependant a sauver Eliacin , si Rachel , qu'il aime encore, voulait Tt'pouser; niais peut-elle unir sa main a la main sanglante du meurtrier de son epoux? Cependant , Issachar , qui ne s'est point laisso flechir aux larmes de Rachel, ne pent re- sister aux reproches du patriarchs Alcime, 5on vieux p^re , et il PARIS. 585 promet de sauver I'enfant qu'il veiiait 6gorger. Rachel lui confie ee dej)6t precieux; raais bientot, tronipee par uu faux rapport qui lui persuade qu'Issachar a livre Eliacin a Herode, elle fait assassiiier rhomnie qui vient de sauver son £ils. Issachar, qui ne coiinait pas la main qui I'a frappe, vient mourir sur le theatre, et revele enexpirant I'asile oii il a cache le jeune Eliacin. Herode , temoin de cette con- fidence, se prepare a ressaisir sa victime, dont il poursuit la perte avcc d'autant plus d'acharnement , qu'il croit que cet enfant est veri- tablement le Messie, les mages s'etaut arr^fes chez Rachel. L'auieur parait avoir jete lui-meme, a dessein, quelque incertitude a cet egard dans I'esprit des spectateurs , idee malheureuse, qui contribue a di- minuer I'inter^tbeaucoup plus qu'a i'exciter; il n'yade touchant au theatre, que co qui est parfaitement clair ; il faut que i'esprit cou!- preiine facilement pour que le coeur soil emu. Au cinquie.me acta, la scene se passe dans le lieu ou I'enfant est cache; Herode s'y presente accompagnede sessoldats, et malgre le desespoirde Rachel et les im- precations d'Alcitne , on immole Eliacin. Alors , un soldat vient aii- uoncer que le Messie est sauve , et qu'il a pris le chemin de I'Egypte. Les fuieurs d'Herode et une prophetie d'Alcitne , qui revele le triomphe de la religion chretienne, terniinent la piece. — Cette tra- gedie est deuuee d'interet, il n'est pas difficile d'ei: reconnaitre la cause : Issachar, le seulappui de I'orphelin, ne consent d'abord a le sauver qu'au prix d'un hymen que les combinaisons du poete ont rendu impossible; et lorsque apres delongs refus , ce meme Issachar preTid enfin une resolution genereuse, I'auteur se prive, des la Cndu qualri^nie acte, du seul ressort dramatique qui put soutenir quelque espcrance. Herode ressemble trop aux ogres de nos contes de fees , pour qu'un auteur tragi que n'ait pas de grandes precautions a prendre avaut de I'exposer sur la scfeue; I'auteur de la pit'-ce nou- vclle nous I'a montrc beauooup trop souvent. Alcime et Rachel sont des personnages passifs, qui font de longs discours, ce qui ne sufiit pas dans un drame. On demele cependant parnii ces defauts quel- ques germes de talent, qui se developperont peut-etre dans un sujet mieux choisi. Quelques passages eloquens , quelques mouvemens pathetiques peuvent laisser a I'auteur I'espoir de n'^tre point exclu d'une carricre ou il faut surtout de I'experience et ou il est encore novice ; ce drame est son coup d'essai. Nous avons aussi remarque des traits de moeurs dont nous savons gre au poete ; mais il aurait bien fait de ne point mettre a contribution les pinceaux de son dc- corateur, pour elever des palais dans une contree oil Tedifice le plus 184 FRANCE. fameux, duni uu ait gaide 1h memoire, est uiie Stable. Quaud cessc' rons-nous de pretendre que la tragedie doit toujours, m^ine centre toute vraisemblance, 6tre logee dans une enceinte de colonnes? Croit-on que les douleurs de Rachel eussent ele moins nobles et moins touchantes dans la chaumiere de Bethleem que dans un palais inia- giuaire? L'auteur faiblement demande par quelques voix amies, n'a pasetenomme. — Cette tragedie n'a pas eu de seconde representation, etnous devons remarquer que c'est une grande preuve de modestie donnee par l'auteur; car, son ouvrage n'a pas ete jug6, et la meil- leure composition dramatique eut peut-(?tre succombe aux accidens de la soiree. Le heros de la pifece n'a jamais voulu se montrer au public, et ce debutant au maillot a pousse des cris percans dans la coulisse, quand on a voulu I'amener k sa mere ; il a fallu jouer toute la pidce sans lui. Ce n'est pas tout, renthousiasme factice des cla- queurs gages par le theatre, a mecontent^ les juges competens; il en est resulte une bataille; le parterre a 6t6 deserte, I'orchestre et le th^dtre ont ete enyahis. Apres une demi-heure de tumulte, on a continue la pi^ce; mais la dernlere moiti^ a ete ecoutee avec peu de bienveillance, et le talent des acteurs, aussi bien que rimpartialite des juges, n'auront pas echappe sans doute a I'influence du desordre. — Cet evenement, triste pour l'auteur, a du moins inspire au direc- teur de VOdeon une resolution qui merite de servir d'exemple a toutes les administrations theatrales qui respectent le public. II a formelle- ment declare qu'il fermerait I'entree du theatre i ces mercenaires, payes pour toujours applaudir, quand mime... Nous devons feliciter le directeur d'une resolution si digne d'eloges, et dont le public lui tiendra compte sans doute , si elle est franchement execut^e. — Premiere representation du Roman a ■vendre, ou les Deux Li- braires, comedie en trois actes et en vers, prece'dee d'un Prologue. (Jeudi 10 fevrier.) L'auteur de cette comedie est le premier qui se soit presente sur la scene de I'Odeon, depuis I'expulsion des cheva- liers du lustre, et qui ait ose descendre dans la lice, sans le secours de ces malencontreux allies, qui ont ete si funestes a VOrphellii de Bethleem; cette circonstance a fourni le sujet du prologue. L'auteur dont on va jouer la piece , resiste a toutes les instances que lui fait un ami , pour I'engager a donner les billets d'usage; il previent en meme temsle reproche qu'on pourrait lui faire, d'avoir designe dans sa comedie des personuages counus. Ce cadre extremement leger renferme plusieurs traits spirituels et des vers piquans. — Le sujet de la pifece est fort simple, et se complique cependant d'une foule PARIS. 565 de petits details qui embarrasseraient une analyse ; nous ticherons de le faire comprendre en peu de mots. Un M. Durand, jeune homme de Limoges, arrive a Paris avec un roman de sa composition, auquel Derville, son ami, qui connait les libraires de la capitale, promet d'assurer la vogue au moyen d'un litre bizarre, et en le donnant pour une production etrangere. Cette precaution prise , Derville met en presence M. Fortune, libraire a la mode, et M. Bertrand, libraire de la vieille roche, qui se disputeut le manuscrit, et qui, piques par la lutte d'une folle enchere, le poussent a un prix exorbitant; enfin , le chef-d'oeuvre reste au libraire a la mode , qui bientot, ap- prenant qu'il a ete dupe, dupe a son tour son vieux confrere, en lui cedant un mauvais marche. Mais Durand devoile tout le myst^re a I'honn^te bouquiniste qui, louche de la bonne foi du jeune homme, lui donne la main de mademoiselle Ad^le, sa fille , que Durand ai- mait en secret. Adele etait en meme terns courtisee par Fortune, et par un certain Gelon , son cousin, dont I'auteur a fait une caricature de journaliste. II resulte a peine de cetle double rivalite I'apparence d'une intrigue. — Lorsqu'un poete compose une comedie en trois actes , qui manque a la fols d'action et d'inter^t, il faudrait au moins qu'il lach^t d'y suppleer par la peinture de quelque caract&re un peu saillaut, ou de quelqu'un de ces ridicules dignes d'occuper le par- terre, parce qu'ils tiennent une grande place dans la socicte. Mais que nous font les manies de deux libraires , et quelques epigrammes contre les romantiques ou les journalistes? II y a la de quoi egayer quelques scenes, effleurer quelques amour - propres ; mais cela ne sufCt pas pour attacher pendant une heure I'attcntion du public. Neanmoins , nous devons dire que I'auteur a tire tout le parti pos- sible de ce canevas trop leger ; ses vers sont tournes avec elegance, sa plaisanterie est de bon gout, et les agremens du dialogue font regretter qu'il n'ait pas brode sur un fond plus solide. Nous avons aussi remarque deux scenes fort bien faites , I'une est un demfile entre Gelon, le journaliste, et le libraire Fortune, qui se parlent sur un ton aigre-doux assez comique; I'autre est la scene de I'en- chere , qui finit par une querelle sanglante entre les deux libraires ; cette querelle ressemble un peu a celle de Vadius et de Trissotin, comme I'autre scfene rappele le fameux enlretien de Celimene tt d'Arsinoe ; mais, malgre ces reminiscences, ces deux scenes an- uoncent un veritable talent comique , et produiseot de Teffet. L'auteur est M. Bayard. M. A. 586 IRAiVCF.— PARIS. Tabi-eties NKCRoi:,OGiQrF.s. — Le Monnitt; peiutre d'histoire , d'uiie affection de poitrine, a I'age d'environ tiente ans. U^s s;i preniitre eiifance , ses dispositions precoces avaieiii attire I'atfeniion et excite Pini^rtU d'un de iids savans les plus distiiigites , M. Lacroix , dont les coiiseil* et les encouragemens lie liii maiiqucreiit jamais , et eurent la |>lus liesireuse influence sur le developpenient de ses facultes , et Ic progr^s de ses coiiuaissaiices. Recu , eu 18 11, a I'Ecole normale, il y parvint bientot aux grades d'elive rep^titeur, et eusuite de maitre de conferences. II professait, depuis quelques annees , les mathematiijucs au- college royal de Bourbon, et apportait a I'exercice de ses fonctions, et a plusieurs travaux scientifiques dont il s'occupait un zdle *jui a consume ses forces et abiege ses jours. Ses anciens condisciples , les professeurs ses Collogues, ses nombreux el&ves , les amis que lui av.iieiit fa its son honorable caract^re, la douceur et la simplicity de son commeice, lui ont rendu les derniers devoirs , et I'un d'eux , M. Dubois , anciea el^ve de I'Ecole normale, a exprime sur sa tombe , dans un discours toucLant, le vif sentiment de re.spect dont lous les auditeurs etaient penetr^s. IJ. P. TABLE DES ARTICLES CONTENUS BANS LE SOIXANTE-QUATORZIEME CAHIER. FE FRIER 1825. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Tnl>leau moi-al et politique de la Grece , en 1824. Schinas. agS a. Exposition des tableaux en 1824 ( 5e et dernier article). P. -J. 3io 3. Notice Necrologique sur Girodet (avec son Portrait). P.-A. Coupin. 336 11. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Recherches sur les ossemens fossiles, par M. le baron Cuvier De Lacepede, de I'lnstilut. 35o 5. Cinquieme rapport de la Societe des prisons de Londres (ouvrage anglais). . . . A. de Laborde, de I'lnstitut. 358 6. Lois sur la competence des fonctionnaires publics, par M. Dupin aine Tardif, avocat. Sya 7. Histoire des Dues de Bourgogne , par M. de Barante. . S. 3^8 8. Manuscrits de I'aucienne ahbaye de S.-Julien, a Brioude, par M. Auguste Trognon //. Paiin. 389 9. Archeologie franraisf, par M. Pougens. . . . B. Jtdlien. 3()6 10. Recherches sur le culte de Bacchus, par M. Rolle. M.-J. J. 4o5 IIL BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i49 otivra^es , fiancais et etranger:;. Amerique. — E'ats-Vnis , 4", — Haiti, i 4^5 EuKOVE. — Grande-Bretngne , ifi; — Danemarck , 5; — AUe- magne , 8; — ■ Suisse, 5; — Italic, l3; — Portugal, I ; — Pars- Bas ,7 4*1 Fkance, 89; savoir : sciences physiipies et naiiireHes , 22 4^' Sciences religieiises , morales , polilitjitcs et historiqties , 36 483 Lilterature , 18 ; . . ■ Sqj Bea':.x-arts ,7 533 Meinoiies e< Ranpnrt': de Socieles savantes , r 535 O'lvra'^es periocUqtic, 3 53^ I.ivics in langnei etrangeres in/primes en France, 2 530 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Ambrique SEi>TFNTRtoN.\i.F.. — Eiats-Unis : Boston , Geologic. — Sai>nn/iak , Hiver extraordinaire. — Jonction de la rtier Allantiqne avec lOreaii P.icilique. — Nitv-Yorc/t , £coles su- pcrieures. — Amilles , Tremltlemens de terre 54t AiiEKiQiJE .i>iEniDioNALF,. — Cajeniie. — Expedition pour recon- naitre I'interieur de la Guiane 543 As!F.. — Indes Orientates, Cholera morbus. • — Batavia , Societe des sciences Hid OcKAKiE. — Decouvertes geograpliiaues 5 sj:,' 588 TABLK DKS ARTICLKS. Afriqub. — Di'couvertes gi^ographiques. — ts^pte, Progrds de la civilisation." — Nccrologie : Gordon. 545 , EUROPE. IlesBritaitniques; £on(fr«, Histoire naturelle. — Harifeld,Ttin- perature. — Londres , Sophistication dii the; — Instrument pour faire des recherches au fond des eaux; — Permeabilite du verre a I'eau; — Aper^u statistique du commerce de I'An- gleterre 547 RussiE. — Ukraine, Agriculture. — S.-PeCersbourg, Nouveau journal : Journal du commerce 55o SuEDK. — Stockholm , Expedition pour la Colombie. — Necro- ibgie : Silfverstolpe 55 1 D.vNEMARCK. — Copenhagiie f Propagation de la Revue Ency- chpediqne ; — Reclamation au sujet d'un article sur le Jardin des plantes de Paris ; — Fondation d'un Athenee; — Nouveau journal : Messager francais du Nord ; — Publication d'ua Lexique du latin barbare; — Necrologie : Arndt 553 Allemagne. — Leipzick , Societe d'antiquairessaxons. — Lintx, Population catholique qui embrasse la religion reformee. — Vienne, Instruction pi.blique. — Helmstadt , Antiquites. — Leipzick, Collection de Classiques. — Be/Vi'/i , Thedtres d'AUe- magne 555 Suisse. — Calais, Principales dispositions prises par la haute Diete. — Lausanne, Questions proposees par la Societe Helve- tique. — Agriculture : Culture du riz 557 Italie. — Home, Litterature. — Nouvelle Corinne. — Recla- mation deM. Scolari.^3y//an, Necrologie : Borda; Biamonti. SSg Greck. — Chios , Instruction publique. — Heterie philanthro- pique 56 1 Pays-Bas. — BruarW/e^, Theatre : 0/a«J, tragedie nouvelle. . . 563 France. — Chartres , Rectification denom ( Dusaulx ). — Socie- tes savantes et Etablissemens d'utiUte publique : Nantes , Societe acad^mique dela'^Loire-Inferieure. — Nevers', Cours gratuit] de mecanique appliquee aux arts. — Perigueux, Compagnie des mines de houille du Landin 564 Paris. — Instiiut : Academic des sciences : Seance des 3, lo, 17, 24 et 3i Janvier; — Academic fran^aise : Seance extraordi- naire du i''''fevrier ; Seance du 24 : Nomination de M. Casi- mir Delavigne ; — Academic des beaux-arts. — Gymnase normal militaire. — Meteorologie : Variation de tempera- ture. — Industrie : Classeur. — Reclamations de M. J.-B. Say, au sujet d'une assertion de M. Storch; — de M. Francoeur, relativement a la Note qui suit son analyse du Sjsteme du inonde ; — Reponsedu redacteur decettenote. — Theatres. — Theatre-Fhancais : I'e representation de la Correspondance , comedie. — Odeon : I''e representation de VOrphelin de Beth- leem , trag^die , et de Roman a vendre , comedie. — Tablettes \ KKCROLOGiQUES : Lemonnier , peintre ; CamilleWeJler , profes- seur ^.587 N° 2. — Fe'vrier 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS b'otVnACES NOUVEArX et de pfblications prochaikes, Pour la France et les Pays Etrani^ers ; BULl.ETIN SlIPtI.:^ENTAIRE annexe a la revue i;ncyc:i.opkdi<3x;e (i). AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les Aiiteurs , Libraires, et Editeurs d'ouvrages, a Paris, dans les departemens et dans les pays elrangers. Depuis plusieurs annees, la grande abondance des livres qu'on public , rend plus que jamais necessaires des amiomea inultipiiee? et distribuees avec discernement et avec profu- sion , pour les ouvrages que Ton veut faire connaitre et dont on desire assurer le d^bit. Mais ces annonces, contenues dans des prospectus detaches, et qui sont, pour ainsi dire, lances au hasard, ne peuventpas produire le niemeefFet que desan- nonces annexees aux cahiers mensuels d'un ouvrage periodi- que trfes repandu , impriinees dans le meme format, mais sur deux colonnes pour etre plus faoilementdistingu^es du corps de I'ouvrage, broobies avec chaque cahier,et envoyees dans le plus court delai sous les yeux d'un grand nombre d'hommes eciaires, occupes d'etudes scientifiques, philosophiques ou lil- teraires, et disposes a recueilllravec soin, pour les lire ou les consulter, lous les ouvrages nouveaux relatifs aux branches des connaissances dont ils s'occupent le plus. La Revue ENCYCLOPEDrQUE ayant donn6 une grande exten- sion a ses relations, pendant six annees d'un succes continii et loujours croissant, se trouve rnaintenant en circulation dans toutes les parties du monde civilise, oii elle est lue par lous ccux qui veulent se tenir au courant des progres (i)r.e Piilfetm Si'pplsmentane t%\ rompose il'aiinonrcs foiirnies par MM. Icyclopcdique. M3I. les libraires, (iditeurs et auteurs, de Paris, des de- partcniens ctdes pays etrangers, auxquels i,l conviendra de faire usage du moyen que nous metlons ^ leur disposition your iniprimer et repandre des Prospectus et des Annonces d'ouvragrs, dcyroni les envoyer, francs de port,ix\x Bureau cen- tral DE LA Revue Encyclopedique, rue d'enfer-s^aist-biichel, avant le i5 du niois. On souscrit , a la mcme adresse, pour ce Recueil , doiit 11 parait un cahier de quatorze feuilles d'impression tons les mois. Chaque cahier se compose de quatre sections : I. Notices et Menioires sur des objets d'un interet general. 11. Jnalyses 'd'ouvrageschoisis : 1° Sciences physiques et naturelies; 2° Scien- fcs morales ct politiques; 0° Litterature et Beaux-Arts; III. An- 7ioncesbibliograpkiques d'ouvragesnouveaux, classes par pays, et,dans chaque pays, par sciences. IV. Nouvelles scientifiques ft litteraircs. — Pmx : a Paris, 46 fr, pour I'annce ; dans les departemens, 55 I'r. ; dans les pays etrangers, 60 fr. OUVRAGES ETRANGERS. On n'ignorie pas qup la France ct I'Anglcteil'e sont les deux peu- jiirs cliez lesqiiels I'art typogiaphi- Hiip i'eh le plus pcri'eclLonne; niais ^ifii de personnes savent'que la haute Italic a dcs droifs Icpitlmes t'l <^tre placee a cote de ces deux j(raiidcs nations , par les pioj^res ijli'cllc a I'ait,, depuis vingt uns , dans cetartsi utilei la ciyilisation. On connait la celebre Oraison do- minicrt^e de BoDOiti , chef d'oeuvre de beaufe ct de goftt. La villc de Milan, quoique privcc dcs puis- sansencouragcmens dont jpuisscnt les papitales des grands Etats , *t mal£»re la position niallieureuse dans laquelle elle se trouve , per- (3) fecllonnc et auffmcnte tous les jours son indiistcie. Ueptiis qiiel- ques annecs , il s'y est etabli un nombre considerable dc. fabriques de tout £;enre, et I'art de I'impri- merle n'y est pas resle on arrii're ; on en trouve une preiive dans I'en- trcprlse que vient d'y commencer M. Bettoj5 , 16 et dernier, pu- blics en quatre livraisons. Prix , 3ao fr. ; chaque livraison separt^s, 80 fr, — Ces deux volumes ayaot ' Il vient d'inventer une presse double qui a'oregele travail et coiltc bien iiloifM que les belles presses qji'on fait aujourd'hui. Le gouvernement Lombard Ini a acccffle nn brevet pour cette invention. (O etcimprimes aun inoindrenorabre que lu premier, lbs pcrsonnes qui hegligeronl dc lesrelircr promple- ment seront exposees b. ne pouvbir completer. A Paris , premier volume, 1782 ; dcuxieme et troisieme vol., iKoga 1824; chez J. -J. Blaise, librairc- editeur, rue Ferou, 11" 24, pres Saint-Sulpice, editeur des Lettvcs demadamedeSevigne, ii volumes in-S" , avec 60 planches ; des U£u- vres de Boileau , 4 volumes in-S", orntis de i4 figures ; des Oi'wvres de saint Francois dc Hales , 16 vo- lumes in-fi", etc. etc. Los evenemens qui viennent de renouveler I'MncIenne guerre des Grecs et des Barbares , de ressus- ciler lanl de noms I'ameux , d'im- mortaliser encore une fois les poe- tiques rivages de la Grice , ne peuventniauquerd'augmenlerrin- terfit qu'inspire depuis long-tems le magnifique ouvrage que Ton vicnt de terminer , el sur lequel nous appelons de nouveau I'alten- tion du public, et particulierenient celle des hommes d'elat, desguer- riers, des savahs , des artistes , des pocles , des pbilosophes , et de tous les amis des arts et de la civi- lisation. La Revue Encyclopcdiqiie rendra compte avec soin et avec detail dc cet ouvrage important. Les im- wenses travaux et les frais enormes qu'il a cotites a M. de Choiseul , et depuis a I'editeur qui en a con- tinue la publication , doivent leur uieriter la reconnaissance des amis des lettres. Du nom illustre , et %&oh caraclfere d'ambassadeur d'un ^fand roi , ont procure <» M. dc Clioiseul de grandes I'aciliies pour iriomptier des obstacles qu'oU'rait une si raste cnt reprise; mais on n'en doit pas moins apprecier le z6le perseverant el eclair6, le cou: rage et le talent avec Icsquels elle a etc poursuivie. Plus de 3oo gravures ont 6t6 ex6. cutces en parlie sous les ycux de I'auteur ; les autres ont «ile conGees a des artistes tr^s distlngues. La fin de cc bel ouvrage , nous osons le dire , ne le cede en rieo au omuiencement, qui a fixe I'atten- lion des veritables amateurs. Ua beau portrait de M. le comle dc Choiseul, d'unc rcssemblance par- I'aile, orne le frontispice du troi- sieme volume ; il est dO au talent distingue de M. Dien , qui deja a enrichi tanl d'ouvrages de ses bel- les productions. 8. MEMOIRES DE MISS HEN- RIKTTE WILSON, ecrits par etle-mcme ; traduction de I'anglais, revue et corrigee par I'auteur. 4 vol. in-i2. Ces Memoires, qui couticnnent une foule de details curieux sur la plupart des persori- nages marquans de I'Anglelerre , vont paraitie a la Ibis en frangais et en anglais , cbez l'IIuii.lieb, edi- teur, rue Dauphine , u" 36. 9. LES PLAISIRS DE LA MEMOIRE. On annonce la pu- blication tres prochainc de la tra- duction en vers de ce poeme an- glais de Samuel Rocebs, par M. Jl- herl MoKTEMONT, auteur des Lettrea surl'astronomie, et traducteur des Plaisirs de I'ESpcrance , ouvrage dont la seconde edition est sur le point de paraitre. IMPKJMEUIE D HIl'POLYTE TILUABU, rue de la Harpe, uo 78. Avis aux amatkues nE la litt^rature iTRANoiRK. Oa peut s'adresser a Paris, par I'entremise du Bubeau CKurrKAi, dk LA Revue EwcircLOPEpiQUE, a MM. Treuttei, et Whrtz, rue de Bourbon , n° 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, Tune a Stras- bourg, pour rAllemagne , et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus Beetrakd, rueHautefeuille, n° a 3; — Rekouabd, ruedeTournon,n"6; — Levrallt, rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3i,etaStrasbourg; — Bos- BxnG'R pere , rue Richelieu, ja''6o; et a Londres pour se procurer les divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- uais, hotlnndais, etc., ainsi que les autres productions de la litteralure etrangere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etrangers ou ils se publient, augmente de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Revue Encxclopediqtw n'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, les communicatiQ4s scientiiiques et litieraires entre la France et les pays etrangers. Aux ACADEMIES ET Aux sociETEs sAVAWTBS de tous lei pay s. Les Academies et les Societes savamtes et d'otii-ite publiqub, francaises et etrangeres, sont invitees a faire parvenir exactement,y/a«c de port , au Directeur dc la Revue Encjrclopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire conaaitre le plus prompiement possible a ses lecteurs. AUX EDITEURS d'oUVRAGFS ET AUX EIBRAIRES. MM. lesediteurs d'ouvrages periodiques, francais et etrangers, qui desireraient echanger leurs recueils avec le notre, pen vent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions dVchanges , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. Atrx editebrs des recueii-s feripdiques es akgleterrf.. MM. les ^diteurs des Recueils periodiques publics en Angleterre , sont pries de faire deposer leurs numeros chezM. Th. Richard liiS,^ro- fesseurde mathematiques et de laiigue francaise , correspondant de la Revue Encyclopedique a Londres, n° ao, Bebneb's streist, Oxford street; M. Richard leur fera remettre, cliaque mois , en ecbange, les cahiers de la Rivue Encjclopcdique , pour laquelle on peut aussi souscrire chez lui, soit pour Tannee courante, soit pour se procurer les collections des anneesanterieures, de 1819 a iSa4 inclusivement. Avis atjx voyageurs etrangers qui vont a lofbrks. Nouscroyons rendreserviceauxFrancaisqui serendent a Londres, en leur designant I'uu de nos correspondaus, M. A. Roy , Francois etabli a Londres , «° ao , Newmann-Screet, pris d'Oxford'Slreet , au centre des affaires et dans le plus beau qtiartier de la ville. lis y trouveront, poiy i5o ou 300 fr. par mois, une joiie chanjhre, unbon dejeuner,- line collation a midi, un fort bon diner a cinq hewes.et le the le soir. M. Roy donne des lecons de langue anglaise , et «a maison est tenue de la mani^re la plus convenable. LiBRAiRES cliez lesquels on souscn't dans les pays ETRAwdERS Aix-ia-Chapelle, Laruelle Ills. y4mfterdam, G. Dufour; — Dela- chaud ; — Abbink. Jnvers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlauder. Berlin, Schlesiiiger. Berne , Clias , au cabinet lilte- raire ; — Bourgdorfer. Breslaii , Th. Koiii. Briixelles, Lecbarlier; — Detnat. Bruges , Jiflgaert; — Dumoi tier. Florence, Pi^lli. Fribourg (Suisse) , Alo'ise Eggen- dorfer. Francfort-sur-Mein , Schaeffer; — Bronner. Geneve, J.-J. Paschoud. /.a Uaye, les fr6res Laugeiiluiysen. Laifsanne , Fischer. ^'PHS 1 Grieshammer ; — G. Zirgfts. Liege , Jalheau , per( Londres, Dulau et Coinpagnie';^^ Xreuttel etWiirtz; — ^Bossauge. Madrid , Dennee; — Peres. Milan, Giegler; — Visitiara.Bocca. i)/p.fco//,Gautier; — I\iss, pere et tls. Kaples , Borel ; — Marotta et Waiispandock. ?!enchatel (Suisse), Gresfer. IVew-YorA ( Etats-Unis ) , B6rard et Mondon^ Noiivetlc - Orleans , Jourdan ; — Roche , frtVes. Palenne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Petersbonrg, Saint- Florent ; — ■ Graeff; — Weyher; — G. Leffler. Tubingen , Gotta, Utrecht, Van Sclioonhoven. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. Varsot'ie , Glucksberg ; — Za- vadsky. T'icnne (Autriche), G^rold ; — .Schaumbourg ; — ; Schalbacher. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitrc), Piolet aiue. Ile'de-France (Port-Louis) , E. Burdet. Martinique , Tliounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT k PARIS, Au Bdreau be hedactiojs , kue d'Enfer-Saint-Micuei, , n" 18, ou doivent ^tre envoyes , francs de j)ort , les livres , dessins et gra- vures , dont on desire I'annonce , et les Lettres , Meinoires , Notices ou Extraits de.'jtiiu's si etre inseres dans ce Recueil. Chez Treuxtfl et "\Vurtz , rue de Bourbon , n" 17; RnY ET Gravier , qiiai deo Augusiins, 11° 55; Bechet aiu^, qiiai des Augustins-, u° 5y; • DoNnEY-DoPKE, rue Saint-Louis, u" 46, au Marais ; et rue Richelieu, n" 67. MoMGiKaiue, boulevard Poissonni^re, n" 18; Eymery , rue Mazarine, n» 3o ; UoRET, rue Ilautefeuille , n"' 12 ; Bachex.ikr, quai fles Augustins, n" 54 ; Levhaui-T, rue des Fosses-M.-lc-Prince, n" 3i , et a Strasbourg ; Bvonouiif freres, rue de Vaugirard, n" 36 ; UE1.AUNAY, Pejlicier, Ponthieu, au Palais-Royal; Uruain Ca?;ei., rue Hautefeuille, u" 5. A LA Tente, Cabiket Litteraihe, tenu p;ir M. Gautikh , anciea niilitaire, GaleriedeBois, n° 197, au Pal.iis-Royal. Nota. Les ouvrages aanonces dans la /{,;(■«« se trouvcut atissi cUczRorf.t, rue Hautefeuille , u" la. PARIS. Dl; I.'lMPRIMPRIE nERlGNOCX, m; ill's Francs-BouiC'Oois-S.-;Mi.li. ! , ;;" " '^^Si^:jJii 7 5* LIVRAtSOX. VOLUME. ENGYCLOPE.MO ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTidNS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTliRATUUE, LES SCIENCr.S V.T LES ARTS. i' Poar les Sciences yhjsiqiies et jnathemalicjucs et 1<"S Arts inilusln'''s : MM. AMPEBr, Cn. Dupik, CHArxAL, Folrier , GiuARi>,IF. JpNKfcS, WARDEN. 2" Pour Ics Sciences natiircUes : MM. df Lac.epede, Ceoffbov-Saikt- IhtAiRE.det'ItistUut; lioSAPOUs, de Turin; Borykp Saikt-Vijicekt, Dfsji.' - REST.V.AcDOtJIN, BrOSGNIART fils; Fl.OUREKS, D.-M. ; V. Jacqcesjont, etc 3" Voar\c% Scitncesinalicales : '^VA. Auelon, Baixy, Damiros , G.-T.Uoin DiirAw, KsQuiROL, Georcet, MAGHmuE, Orfila,1Ugoli.ot Cl.s, D,-M. ,el' 4° VonT \es Sciences pliilnsophiques et morales, yoUligues, ^eogrtiphiques <:' hisloriques -.WlA. Lanjdiuais, de I'Institut; M. A. Juli.ikn, de Paris;' de G' RAjiDo, Ai.ex. de la Borde, de I'lnstitut; Acotn, Anhee, Artaud, Aveki.' Berville, arocat; Barbie du Bocage, de I'lnftitiit; A. Beigsot; Chamvoi i.ioN-FiGEAo, correspoiKiant de I'Institut; CnA>ii'Oixiorr icune, I)KrPlK<. A. l>DFRAYER,DnPIN AiNEjOuFAU, DuVEROIErVGu AUET. f.O UCHENli- Lefi i. , Doui!LEt-de-Boi.stbibaci,t, a. TAiLi.AWDi.Er., avocws; .■*.i)St':ii'; J" MARi) ,deriDstitut; Laffo:jdeLadeeat, Ai.tx. La tiu,P. La>.i,Mismas, ■ ]MAU%-iEr., A. Metral ; Meyeu", d'At:!.it':rdam ; pAK!->-r-lVf At, Vov)ls,VS,lils, CrtAnVET; CHftWEDOLI , (its. de L;i^c; J.Uro?., Dvmersait, F.d. GAurrttR , GoF.^p,'H£I^.I^RO, Krafei', V. I.Eir.ERc, Marrow, MAV.ms;GH. MoNNARD,di'L:.iisai)ue; A.de?.Iostei»io> 1 iViroLO- I'OUI-O, I'ATi^, PtLr.lSSIE'H , i'OKvit';'>ViLI.K. QunTFLET, nEHEfFPFN BERO; ITE SrA.ssART, di^ Bru.>iellcsj S. Poi.3ARA'i>Fv. de Mrisrou ; Fr.Sai.f. ScnwiTzr.ER ; SCHWEi>;H«uSEa flls, de Strasliyurg; Leo.iV Thiesse, F. TlstOi VtaciER.etc. ;' A PARIS; AUBUmEAU CENIRAL DE LA REVUE ENCYCLOI'liDIQLiE, liue dEniVr-Sitiiit-Michel, n° iS; ARTHtJS BKUTRANB , 1 ue Haulefcuillt" , ii<> 23 ; kv i^3ui.i'\cESCT:ci.0PEDiQLE, CHEZ BossANGE p^ro,riie Ricliclif ■RiiSouAaD, me deTpurnon, n" 6; LONDmES. — TREUTTIiL ET WURTZ; BoSSaNGK ; Dui.40 EI CO.Mf MAKS 182;'). ^^!!5 ^Ul AYIS ESSENTiEL AUX SOUSGRIPTEURS. _>^. MM. LES SOITSCRIPTEURS clont rABONSEMENT EST EXPIRE I.E I*"" JANVIER, sont invites a le faire renouveler tres- iNCEssAMMENT, pour que le service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier 1819, il paralt, par anni-e, douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mols, se compose d'ea- viron r4 feuilles d'impression. On souscrit k Paris, au Bureau central d'abonnemenc et d'expeditioH iiidique sur le litre. Pnx de la Souscription , a parttr da \" Janvier 181/i. A Pans /\diT. pour «u an; 2f) fr. pour six mois. Dans les departeinens , 53 , 3o A Tetrangcr 60, 84 La difference entre le prix d'abonnement,ii Paris, dans les diparte- mens et dans tetranger, devant ^tre proporlionnelle aux frais d'expe- di tion par la poste, a servi de base a la fixation definitive portee ci-dessus. Le montant de la souscription, envoye par la poste, doit ^tre adresse d'avance, frakc de pokt, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Rncyclopedique, rue d' Enfer-Saint- Michel , n" 18. C'est i la nidme adresse qu'ou devra envoyer les ouvrages de tous genres et les v.,^— gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dout on j9^| desirera I'insertion. ^^Bl On peut aussi souscrire cliez les Directenrs des postes et cbez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les paj-s etrangers. Trois cahiers ou Uvraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des matieres alphab^tique et analytique, qui ^claircit et facilite les recherches. Celte Table est toujours jointe au 1*^'' cahier du volume suivant, a I'exception de ia derniere Table de I'annee, quiestexpediee isolemenl a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux epoques, du f' Janvier on du lerjuillet de chaque aunee , pour six mois, ou pour un an. On trotive, au bureau central, les collections des annees 18 19, I Sao, rSai, i8aa ct i8a3, au prix de 44 francs chaque ; et celles de i8j.( , au prix de 46 francs. I REVUE ENCYCLOPEDIQUE, OTT ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMO IRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DE LA POPULATION EN FRANCE (i). Nous allons presenter des observations sur le inouvement de la population en France , dans une periode de six ans , de 1816 a. 1823. Les recherches auxquelles nous nous sommes livres pourront peut-etre , au premier coup d'ceii , paraitre futiles , ou tout au plus , faites pour etre of/ertes a la curiosite. Elles meritent cependant I'interet de I'observateur et I'at- tention de I'administrateur. (i) Get article a ^te fait, a ma sollicitation , par un savant pro- fesseur dont je m'honore d'avoir ete le disciple , et a qui je me suis souvent permis, ainsi que plusieurs de ceux qui apprecient les ser- vices qu'il pourrait rendre aux sciences, de reprocher sa paresse. Nous pensonsque nos lecteurs se reuniraient a nous pour lui adres- ser le meme reproche , s'il voulait le meriter encore. (M. A. J.) T. XXV. — Mars 189.5, 89 ho DF, LA. POPULATION A tlivcrses t'jtoqiics , on a cherche a determiner quclqiies- iins des resnltnts que nous etablissons; mais on y troiive rincertitiidc des donnees snr lesqiielles ils reposent. Nous avons cu a notre disposition des elemens qui , par leur etendue et par I'exactitude avcc laquellc ils ont ete recueillis, doniicnt une garantie que Ton n'avalt pas eue jusqu'ici. En partant des reeensemens fails en 1820, qui ont porte la population de la France, renferniee dans scs liniites actuelles, a 3o 407 907 habitans , et en tenant compte des variations qu'elle a eprouvees, avant et depuis cette epoque, on obtien^ la population de chacune des annees que nous considerons. Leur ensemble presente une masse d'individus s'elevant a 181 gi6 665, qui, repartis egalcment, donnent, pour chaque annee, une population moyenne de 3o 319 444- L'erreur de quelques mille , inevitable dans de pareils denombremens , ne pent avoir une influence sensible sur les rapports que nous allons determiner. Des operations semblables font connaitrc la valeur moyenne de tous les elemens qui doivent entrer dans nos calculs , et donntnt les resultats suivans : Pour abreger , nous distinguerous generalement les deux sexes par les denominations de males et femelles. Population moyenne 3o 3 19 444 Mariages annuels 218 917 Naissances totales id 957 876 Naissances de garcons id 494 227 Naissances de Giles id, 4^3 649 Naissances totales d'enfans legitimes id 892 677 Naissances de garcons legitimes id 460 81 1 Naissances de filles legitimes id 43 18^ Naissances totales d'enfans naturels id 65 199 Naissances de garcons naturels id 33 4 1^ Naissances de filles naturcllcs id 3i ^83 EW FRANCE. 551 Total des deces annuels 764 8/18 Deces males id 386 453 Deces femelles id ^78 SgS Accroissement total de la population id igS 028 Accroissement de la population male id.... 107773 Accroissement de la population femelle id. ... 85 a55 Tels sont les elemens que nous avons a combiner. Pour le; rcndre plus facilement comparables , nous les raraenerons tons successivement au nombre 1000, et dans les tableaux suivans, nous mettrons en regard la valeur des autres elemens correspondaus ^ cette supposition. Au moyen de celte dis- position, la connaissance d'un seul element suffira pour donner immediatement celle de tous les autres. Le premier tableau sert a former tous les auties , dont le nombre egalerait celui de tous les elemens ; mais , pour ne pas presenter ici trop de pages couvertes de chiffres , nous n'en donnerons que quatre el nous ne ferons entrer dans les trois derniers que les rapports les plus importans (i). (i) Le mecanisme du calcul decimal est assez connu, pour qu'il soit presque superflu d'avertir que , par le seul deplacement , vers la droite ou vers la gauche , de la virgule qui separe les entiers des fractions decimales , on a les yaleurs correspondantes a un ele- ment suppose 10 fois, 100 fois, etc., plus grand ou plus petit. Ainsi, dans le premier tableau, une population de 1000 habitans donnant 3i, Sg naissances, une population de 10 000 donnera 3i5,9 naissances, une population de 100 000 donnera 3 iSg nais- sances; et une population de 100 habitans, SjiSg naissances, etc On tiendra compte d#s fractions decimales, ou on les negligera , suivant le degre d'exactifude que Ton dcsirera obtenir. Sg-s DE L\ POPULATION Premier tableau. lOOO de population / donncnt annnellemcnt: lOOO manages annuels^ supposent : 7, 23 manages. 3 1, Sg naissances totales. i6, 3o naissances de garcons. 1 5, 29 naissances de filles. 29, 44 naiss. tolales d'enfans legitimes. 1 5, 20 naissances de garcons legitimes. 14, 24 naissances de filles legitimes. 2, 1 5 naiss. totales d'enfans naturels. I, ID naissances de garcons naturels. 1, o5 naissances de filles naturelles. 25, 23 deces en totalite. 12, 76 deces d'hommes. 12, 48 deces de femmes. 6,36 d'accroiss. total de la population. 3, 55 d'accroiss. de population male. 2, 81 d'accroiss. de populat. femelle. Deuxieme tableau. i38 497> 44 de population. 4 375, 52 naissances totales. 2 257, 60 naissances de garcons. 2 117, 92 naissances de filles. 4 077, 70 naissances d'enfans legitimes. 297, 82 naissances d'enfans naturels. 3 493, 78 deces en totalite. I 765, 3o deces d'hommes. I 728, 48 deces de femmes. 881, 74 d'accroissement de population. EN FRANCE. 59^ 1000 naiss. annuelles supposent : Troisieme tableau. 3 1 652,79 depopulation. 228, 54 manages. 5 1 5, 97 naissances de garcons. 48/1, o3 naissances de filles. 93i, 93 naissances d'enfans legitimes. 68, 07 naissances d'enfans natnrels. 798, 48 deces en totalite. 4o3, 45 deces d'hommes. 395, o3 deces de femnnes. 201, 52 d'accroissement de population. Quatrierne tableau. 39641,14 depopulation. 286, 22 manages. 1 252, 38 naissances totales. 646, 18 naissances de gardens. 606, 20 naissances de filles. I 167, 14 naissances d'enfans legitimes. 85, 24 naissances d'enfans naturels. 5o5, 27 deces d'hommes. 4g4, 73 deces de femmes. 252, 37 d'accroissement de popidation. Chaque resultat consigne dans ces tableaux pent ctre cousi- dere comme un point fixe sur une echelle graduee, au-dessus et au dessous duquel il sera facile de maiquer les variations que le tems amenera, comme on indique les variations ther- mometriques, en les rapportant a un terme counu. Pour une population particuliere qu'on aura interet d'etudier, un simple rapprochement fera connahre si elle est plus ou moins favorisee que la population moyenne de la France. Ces idees et quelques autres qui ne sent qu'indiquees ici , rccevront ailleurs des developpemens et des applications. 1000 deces annuels 5upposent : ^9'. DE LA POPULATION Faisons-eu une,en forinant un tableau qui met teen presence les six annees dont nous avons compose I'annce moyenne; on verra avec quelle facilite le mouvement de la population d'une annce pent etre compare h celui d'une autre. La quantite dont les resultats relatifs a chaque eiement se sont eloignes des resultats moyens consignes dans le premier tableau , est calculee dans la supposition de loo ooo habitans. Elle est affectee du signe -\- ( plus ) , ou du signe — ( moins ) , suivant que la difference est en exces ou en defaut. Tableau comparatif. (817. 1818. 1819. 1820. >82i. i8jj. Manages — ^4 — i3 — 9 —35 + 3 +88 Naissances totales.... -\- 4 — 117 +iii — 6 — 11 +19 Naiss. de garcons -(-7 — 6i-|-56 — 4 — 4 + 7 Naiss. de fiUes _3 — 56 + 55 — i— 7 +12 Naiss. d'enfans legitim. + 9 — 98 +109 — 9 — 16 + 5 Naiss. d'enfans naturels — 5 — 20+ 2 + 3+6 +14 Deces en totalite — 16 — 20 + 86 +11 — 67 + 6 Deces d'hommes +8 — 22 + 44 + 7 — 42 + 5 Deces de femmes — ^24 + 2 + 42 + 5 — 25 + i Accroiss. tot. delapop. +20 — 97 + 25 — 17 +56 +i3 Accroiss.de la pop. male — i — 39+12 — 11 +38 + 2 Accroiss. delapop. fem. +21 — 58 + i3 — 6 +18 +11 En parcourant la colonne de 1817, on voit que, dans cetle annee, il y a eu, sur 100 000 habitans, 34 manages de moins que dans I'annee moyenne, 4 naissances de plus, 16 deces de moins, et 20 de plus d'augmentation de la population. Ce dernier resultat se deduit de la comparaison des naissances et des deces , et il offre dans cette annee , cela d'assez remar- quable , que I'exces de I'accroissement de population a etc tout entier en favcur des femmes. Si on compare les annees cntr'elios, on trouvera les plus EN FRANCE. 5*^5 graiuls ecarts dans Ics aniiees 1818 f;t 1819, et les iiioiiitlics dans I'annee 1820. L'annec iSjlt. a donne 122 inaiiages de plus que I'anneo 1817, et /, naissances de nioins d'enfans legitimes, toujoiirs suf une population de 100 000, II est inutile d'averlir que , si Ion reiinit tous les nombres qui , dans les six annees se rapportent au meme element , on arrivera a zero , c'est-a-dire , au resultat nioyen que nous avotas pris pour point de depart. Le tableau ci-dessus ne donnc que les valeurs relatives. Si I'on veut obtenir les valeurs absolues, il faut avoir recours au premier tableau. On y prend le resultat donne par I'elemenl qu'on a en vue , auquel on ajoute,ou dont on retranche l.i quantite dont le meme element s'en est ecarte dans I'annee que Ton considere. Par cette operation extremement simple , on trouve que , pour 100 000 habitans, I'annee 1817 a donne 6.89 manages, et 210 enfans naturels; que I'annee 1818 n'a donne que 3o42 naissances, tandis que I'annee 181 9 en a donne 3270, etc. Les rapports etant d'autant plus faciles a saisir et a retenir qu'ils sont representes par des nombres plus petits, nous allons donncr les principaux , dans leur expression la plus simple. iaux mariages i38 - a i aux naissances 3i t •'i i aux deces Sy -j- a 1 a I'accroiss. de populat. 157 a i I aux deces 5 a 4 I aux mariages 4 f '^ * des naissances d'enfans j aux enfans naturels... i3 f a i legitimes j aux manages 4 r; a i des naiss. de garcons. . . | aux naissances de filles . 16 a i5 des deces d'hommes. . . I aux dec«'-s de femmos. . . !,H .n 47 des naissances . 596 DE LA POPULATION La determination du rapport de la population aux naissances et aux deces a etc souvenl I'objet de la sollicitude du gouver- nement et des recherches des philosophes. Partant de donnees incertaines ou insufiisantes, on a du etre conduit a des rcsul- tats tres-variables. Les rapports auxquels on s'est le plus long- tems arrete sent : de la population aux naissances, 28 a i, ct aux deces 3o a i. La combinaison de ces deux rapports impri- inerait a la population un mouvement bien moins rapide que celle des deux rapports que nous venons d'assigner. Dans I'estimation du rapport des naissances males aux naissances femcUes, que nous avons trouve de 16 a i5, on a varie depuis 18 a 17 jusqu'a 23 a 22; mais, dans tons les terns, dans les localitcs les plus restreintes, dans les parties de I'Eu- rope les plus oppusees, la superiorite numeriquc des naissances masculines s'est constamment fait remarquer. II etait nature] qu'on essayat d'expliquer un fait qui parait se soustraire a I'in- fluence des climats et a Taction des causes diverses qui modifient sans cesse tous les elemens de la population. Les uns ont voulii le faire dependre d'une cause morale qui, meme en I'admettant corame leelle, ne produirait pas I'effet qu'on lui attribue. D'autres ont cru y voir un but et une fin qu'ils ont cherche a justifier par des motifs qui tendraicnt a rendre la Providence complice de nos caprices et de nos passions. Quoique I'existonce d'une cause constante ne soit pas tou- jours la consequence de la regularite que presente certains evenemens, ici les indices sont tels qu'il est difficile de ne pas I'admettre, et on ne peut la placer que dans la force reproduc- trice elle-meme, plus favoi'able a la naissance des gar9ons qu'a celle des filles. Cette incgalite d'action de la nature sur la re- production des deux sexes cst-elle particuliere a I'espece hu- jnaine ? S'etend-elle ^ tous les etres vivans ? On pourrait s'en assurer pour Ips animaux domestiques. Si les termcs qui exprimcnt le rapport des naissances etaient EN FRA.JCCE. 597 alter^s en faveur d'un des deux sexes, on conceit que , dans un cas, la marche de la population serait retardee, et acceleiee dans I'autre. Le memo effet aurait lieu, si, le rapport des naissances restant constant, celiii des deces s'en ecartait. C'est ce qui est arrive dans les six annees que nous parcourons. La mortalite des femmes s'y est montree sensiblement plus grande que celle des hommes. Doit-on considerer cet etat comme permanent, et faut - il admettre que, pour les femmes, la nature est a la fois avare de reproduction, et prodigue de destruction? ou plutot, ne doit-on pas le regarder comme passager, et n'est-il pas possible d'en trouver I'origine el la cause dans les circonstances qui ont precede I'epoque que nous examinons? Les longnes guerres que nous avons eu a soutenir, siiccedant aux orages de la revolution, qui ont jete hors du sol de la France beaucoup plus d'hommcs que de femmes, ont du, en troublant la proportion qui existait entre les deux sexes , produire deux effets qui ne sont opposes qu'en appa- rence : celui de presenter un nombre de deces femelles plus grand que ne le demande le rapport des naissances, et celui de donner a la population une impulsion favorable a son accroissement. Cet accroissement a ete en effet tres-rapide : de igS 028 par an, c'est-a-dire de 1 sur 167 individus. En supposant que ce rapport se soutienne, on peut par I'analyse determiner Tepoque ou il aura porte la population a une elevation donnee. On trouve qu'elle serait augmentee de la moitie dans 63 ans 5 mois, et qu'elle serait doublee dans 109 ans 2 mois. Mais, on ne doit pas s'attendre a une telle surabondance d'linbitans; car, d'une part, il arriverait a la population ce qui arrive aux eaux d'un fleuve, qui ne peuvent depasser un certain niveau sans se.repandre hors du lit qui les renferniait; de I'autre, il faut considerer que le progres do la population reagit sur les causes qui le produisent, I'affaiblibsant gra- SqS de la population cliiellemctit et fmissant par le detruire. On at ri vera done a uii lernie , qui ne pent etre trcs - cloigne , oil la population sera stationnaire , ne presentaut, par intcrvalles, que de legeres ondulations renfermeos dans des limites tres - rap- prochees. Si pour les deux sexes les naissances et les deces ctaient toujours proportionnels, les populations male et femelle finiraient par se fixer au rapport de ces deux elemens, qui se conserverait sans alteration , qnelles que fussent les varia- tions de la popidatiou , et dans quelque sens qu'elles s'operas- sent; mais, s'il s'etablit une disproportion qui se raaintienne , la part qui revient a chacune d'elles dans la popidation totale sera changee, ainsi que celle qu'elles prennent dans I'accrois- sement, ou qu'elles perdent dans le decroissemcnt. Leur rap- port, sans cesse modifie, en amenera de nouveaux qu'il serait possible de calculer. On aurait k resoudre cette question : etani donnes les elemens qui reglent la part des populations male et femelle dans I'accroissement total avec le rapport actuel de ces populations, assigner I'epoque ou ce rap- port sera change en un autre rapport donnc a volontc. Si Ton en fait I'application a I'etat present des clioses, en sup- posant le rapport des hommes aux femmes de 16 a i5, on trouvera que, dans 700 ans, le nombre des hommes serait double de celui des femmes : resultat qui, selon toute proba- bilite, sera dementi par I'evenenient. On ne pent, en effet, dans ces sortes de questions, espercr de I'accord entre les resultats reels et les resultats lictifs donnes par la theorie , qu'autant que les calculs sont fondes sur des progressions constantes, ou variables suivant certaines luis; or, ici, ces lois dependent de causes dont le plus grand nombre echappe, non-seulement a toute analyse, mais encore a toute pre- voyance. Quoiqu'en embrassant la totalite dc la population, on EN FRANCE. Sgg trouve celle des homines plus grande que celle des femmes, on aurait tort d'en conclure qu'il en doit etre de meme a toute les ^poques de la vie. Nous examinerons ailleurs si sur I'echellq des ages il n'est pas de certaines limites entre lesquelles la population d'un sexe I'emporte lour a tour sur celle de I'autre. Ainsi que la population , la morlalite des deux sexes pre- sente de grandes anomalies, mais dans un ordre inverse. On conceit, en effet, que la superiorite de population ne peut passer d'un sexe a I'autre, qu'apres que la mortalite du pre- mier est devenue plus grande que celle du second. Si Ton combine les rapports des naissauces ct des deces, ou que 1 on compare les tableaux III et IV, on trouvera que la mortalite des femmes est plus grande que celle des homraes, dans le rapport de 24328; mais ce rapport n'est vrai qu'autant qu'on suit une generation depuis son origine jusqu'a sa disparition. II varie dans I'intervalle, dounant pour les hommes une mor- talite tan tot moindre, tantot plus grande que celle des femmes. Dans un travail specialement consacre h cette recherche, nous essaierons de fixer les limites entre lesquelles ces changemens s'operent. II en resultera la necessite de modifier les calculs qui ont etc faits sur les tontines, les rentes viageres, etc. On a pris, en effet, le meme regulateur pour les deux sexes, tandis qu'aux memes epoques de la vie, la mortalite des hommes et celle des femmes offrent des phases differentes. Lp rapport des naissances d'enfans legitimes aux manages annonce que chaque manage donne un peu plus de quatre enfans. Si nous admettions la meme relation entre les enfans naturels et les unions illicites, nous trouverions que le nombre de ces dernieres serait annuellement de iSgSg; mais, mal- heurcusement pour la morale, on voit, sans que nous soyons obliges d'en donner la raison , que ce n'est pas sur la base que nous avons prise que doivent reposcr les calculs, et que le rapport qu'elle suppose doit s'eloigner beaucoup de celui qui 6o() l)E LA POPULATION existe entre les unions legitimes et celles qui ue le sont pas. Le calcul fait voir que le nombre des fiUes abandonnces est proportionnellement plus grand que celui des garcons. Nous anivonsdonca ce triste resultat que, pour les femmes, les naissances sont nioindres, la mortalite plus grande, et les enfans abandonnes plus nombreux. La marche progressive de la population et les rapports qui se sont etablis entre ses divers elemens, autorisent a annoncer d'avance les resultats qu'elle presentera dans cette annee 182 5. Voici les principaux : La population, au commencement de I'an- nee, doitetreporteea3i aSi 566. Le nombre des naissances sera de984 026; celui des dcces, de 788 362. Chaque jour amenera 2 6c)6 naissances et 2 160 deces. A mesure que, par les deces, il se formera des vides, les naissances viendront les remplir, et leur excedent fera croxtre la population qui, k la fin de I'annee, s'eluvera a 3i 447 23o. Nous ferons connaitre si ces resultats auront ete confirmes par I'evenement Les populations partielles, si on les prend par collections, donneront des resultats a peu pres proportionnels; mais, si on les considere isolement, on doit s'attendre a de nombreux ecarts qui oscilleront entre des liraites d'autant plus eloignees que la population soumise a I'examen sera moindre : les causes locales et d'autres circonstances les portant au dela, ou les retenant en de-ca du terme moyen que nous avons fixe. Si nous apprenons que nos recherches ne sont pas dedaignees du lecteur, nous mettrons dans un autre article les departe- mens en rapport les uns avec les autres. Nous examinerons le degre d'influence qu'exercent sur les divers elemens de la population I'etat d'aisance, le genre d'industrie ct les habitudes des localites. Reciproquement, des divergences plus ou moins grandes que nouSvaurons a signaler, nous nous eleverons a des considerations sur la salubrite de chaque pays, sur la vie civile et la vie privee de ses habitans. Nous lacherons EN FRANCE. 601' de demelev les causes qui , exercant une pressioii inegale sur divers points de la population, I'attirent d'un coti- et la re- poussent de I'autre , semblables, a la rcgularite pres, a Taction lunaire deplacant les eaux de I'Ocean. Nous nous proposons de consacrer un article particulier a la ville de Paris, qui offre des elemens si mobiles qu'il serait tres-difficile de les saisir et de les analyser, si Ton n'avait le secours d'une administration eclairee qui, dans cette partie, porte le soin et I'exactitude qui se font remarquer dans ses autres travaux. Peut-etre nous hasarderons-nous a proposer des moyens plus simples et plus surs que ceux qui ont ete admis ou es- sayes, pour faire avec facilite I'inventaire de la population dans cliaque Commune, dans chaque Departement, dans tout le Royaume. Ne concoit-on pas, en effet, la possibilite d'un systeme tel, que chaque pays puisse, relativement a sa popu- lation , etablir son bilan , comme une grande maison de banque etablit le sien, quoique ses capitaux voyagent sans cesse, et qu'k toutes les epoques de I'annee ils soient disperses sur presque tous les points du globe ? A. D. ESSAI LITTER A IRE SUR LE GENIE POETIQUE AU XIX- SifeCLE (i). Pendant que les progres des sciences et les conquetes de I'industrie donnent a Thomme une si haute idee de sa puis- (i) CetEssAi a ete lu, a I'ouverture des cours de V Aihrnee royal de Paris , le 2 decembre 1824, par M. Artaud, qui fait, dan. cet etablissement litteraire , un cours destine a presenter le Tableau de la litteratiire en Europe, pendant les XV etXVl^ siecles. (V. Rev. Enc, cahier de Janvier iSaS, p. 276-279.) 6oi KS.SAI LITT^RAIRE sancc , L't paraissent ouvrir devant liii une carriere sans limites, une destinte bien differente semble reservee aux beaux-arts : on dirait qu'arrives a un certain degre de per- fection, ils n'aient plus qu'i subir la loi d'une decadence inevitable. Avons-nous done franchi ce tcrme fatal? c'est une question qu'on se fait aujourd'hui : on se demande s'il y aura encore du genie dans les arts, et si notre siecle pent se pro- mettre des talens superieurs en poesie, en peinture, en mu- sique, etc. On I'a dit, avec une apparence de raison; la poesie semble s'exiler devant une civilisation si avancee : cette absence de naivete dans les moeurs, ces formes convenues qui enveloppent la societe actuelle, ces etroites bienseances qui repriment toute emotion vive, tout elan spontane, et qui etouffent les volontes perdues au sein d'une foule iuerte, tout cela semble antipa- thique a la poesie. Pour etre sensible aux bcautes de I'art, et surtout pour les produire, il faut etre inspire, il faut que I'enthousiasme nous echauffe : or, quoi de plus ennemi de I'enthousiasme que les gouts positifs et I'esprit froid et calcu- lateur de notre siecle ? Faut-il done desesperer de la poesie et des arts? Devons- nous les abandonner sans retour, pour ne pas nous consumer en vains efforts sur un sol desormais sterile? on bien, le champ ouvert a I'esprit humain est-il inepuisable, dans les arts comme dans les sciences, dans le domaine du beau, comme dans le domaine du vrai? Et ne serait-il pas plus exact de dire que le sentiment du beau est imperissable dans la nature de I'homme; qu'aucune epoquc n'en pent etre cdmpletement desheritee; enfin, qu'il ne fait que changer de caracleres exterieurs, et revctir des formes nouvelles? — Ces questions importent assez au terns present et a notre avenir, pour juslifier I'examen que je me propose d'en faire. La question n'est pas de savoir s'il y aura encore des poetes : SUR LE GENTE POETIQUE. Co3 en ;>ucun tems nons ncn nianquerons; inais bien s'il y aura encore du genie poetiqne. Quelle est done sa nature? quels sont ses caracteres? II n'est donne a personne de ne pas se sentir emu en pre- sence des beautes de I'univers. II y a en nous un instinct qui nous met en rapport avec les scenes de la creation ; la nature a un langage qu'elle adresse a I'homme, et il y reconnait de mysterieuses analogies avec ses emotions interieures : partout I'azur des cieux a ete I'embleme d'un coeur pur, et les flots d'une mer orageuse ont figure les troubles de Tame. Dans cette alliance secrete de notre etre avec les phenomenes de I'univers, n'y a-t-il pas d^ja une sorte de pOesie naturelle, qui semble attester et retablir I'harnionie du monde physique avec le monde moral? Cette faculte qui reflechit comme une glace fiiliile les impressions du monde sensible, et y voit les symbolcs des affections de notre ame , qui trouve pour produire nos sen- timens et nos pensees le tour le plus vif et I'image la plus transparente, c'est V imagination ; elle colore et anime tout ce qu'elle saisit; elle donne une forme sensible aux conceptions les plus abstraites et aux sentimens les plus intimes. Mais la poesie n'est pas tout entiere dans les images ; elle vit surtout de passions, d'emotions : c'est au coeur de I'homme qu'elle doit parler; autrement sa brillante parure resterait froide et inaminee. Homere ne se contente pas de montrer aux yeux la ceinture de Venus, la chaine d'or qui rattache laterre au ciel, et les balances ou Jupiter pese les destins des peuples : il nous attcndrit aussi sur les adieux d'Hcctor et d'Andro- maque, et sur les priercs du vieux Priam. Avoir eprouve les passions, ou du moins los pressentir, est une condition indis- pensable pour etre poete. Tout homme passionue a son instant de genie; c'est un eclair que nous avons presque tous entrevu. Qu'il s'abandonnc a I'impulsiou qui met son ame au dehors, il sera eloquent, il sera vraimeut inspire. 6o/, ESSAI LITTERAIRE Souvcnt, c'est long-lenis apros avoir ressenti I'impression, qu'on est le plus capable dc la peindre. Lorsqne, dans Je cours d'line existence tour a tour aventureuse et contemplative, nn homme, apres avoir ete le jouet des passions, conserve en lui le pouvoir d'en evoquer les souvenirs, et de leur rendre la vie, alors ces impressions douloureuses, adoucies par I'eloi- gnement, perdent de leur amertume; alors ces emotions se tournent en poesie, comme les vapeurs du ciel s'epanchent en rosee. Mais le don de reveler par la parole ce qu'on ressent en soi - meme est tres-rare : il n'est accorde qu'ii un petit nombre de mortels privilegies de trouver I'expression qui va remuer nos entrailles. 11 y a pourtant de la poesie dans tons les etres capables d'affections profondes : I'expression manque a ceux qui ne sont pas cxerces a la trouver. Le poete ne fait que degager le sentiment captif au fond de notre coeur; 11 va y chercher nos propres pcnsees, pour nous les rendre plus vives et plus saillantes; il donne un corps a ce qui n'etait en nous qu'une reverie vague et indeterminee. C'est le privilege du genie de deviner les passions, sans meme les avoir eprouvees : II en a le fonds en lui-mcme. Cet instinct sublime qui revele a I'anie solitaire les secrets d'un autre coeur, cette mobilite qui nous transporte dans I'cxistence d'autrui, est une des premieres conditions du talent. L'esprit createur reside surtout dans cette puissance de sympathie qui devine I'emotion que les hommes vulgaires ne pourraient eprouver que par les accidens de leur propre vie. Ainsi, ce qui fait le poete, c'est le don de sentir et I'art de peindre : le coeur de I'homme et la nature, voila son domaine. Ainsi s'explique I'opinion de ceux qui ont distingue deux poesies, dont I'une se complait dans la nature exterieure, et dont I'autre est I'eclio d'une emotion vive, qui a besoin de s'exhaler au dehors. Nous retrouverons, de nos jours, deux ecoles, qui SUR LE GENIE POETIQUE. Go5 tour a tour ont exploite ces dciix moitics du monde poctique. Mais, est-ce la toute la poesie? — Ce serait oniettrc iine de ses parties les plus essentielles. II y a encore en nous un singulier pouvoir de nous transporter au dela des realites, faculte religieuse ou superstitieuse, comme on voudra I'appeler, car elle prend tour a tour I'un et I'autre caractere; c'est ce besoiu de croire, cette foi^ un monde invisible, cette croyance a des agens surnaturels par lesquels nous expliquons les phe- nomenes qui nous sont mal connus; cct amour du merveilleux qui se produit avec tant de force dans la jeunesse des nations, comme dans I'enfance de I'homme, et que les lumieres d'un age plus eclairc! ne parviennent pas toujours a detruire. Douee d'une vcrtu creatrice, elle enfanta les dieux des antiques mythologies, personnifia les forces de la nature, anima les astres, mit les fleuves, les soaibrcs forets sous l;i garde de quelque genie tutelaire : ce fut elle encore qui, au moyen age, peupla de demons et de fees les donjons, les vieux chateaux, asiles de la feodalite, les antiques manoirs de ces barons qui repandaient la terreur autour d'eux, et tontes ces creations fantastiques que la superstition avait si fort enra- cinees dans nos croyances. Si douc I'alliance iutime de ces trois facuites nous explique les merveilles du talent poetique, quels sont les caracteres que chacune d'elles emprunte aux diverses epoques, et en parti- culier a cet age d'epuisement qui marque uno litterature vieillissante? Quels sont les genres qui repondent au gout public, et dans lesquels Ic talent pent se promettre encore des succes ? ^ On voit, au premier coiq> d'ceil, que cette faculte religieuse ou superstitieuse qui repond en nous au besoin du merveilleux , est celle qui doit perdre le plus et s'exiler la premiere devant les progres de la civilisation. Moins I'homme est eclaire, pli s elle a d'empire : mais, a mesure que nos connaissances devier- T. XXV. — Mars 1825. 4o 6o6 ESSAI IJTT^RAIRE nent plus exactes, le pouvoir de cette faculty vague et myste- lieuse s'affaiblit; tout ce qui est connu perd ce cliarme qui tenait a son ohscurite meme. Ces etres fantastiques et legers qui peuplaientl'univers s'ovanouissent au flambeau des sciences, coninio Ics fantumes de la nuit a rapproche des rayons du jour. Et quelle foi, quelles croyances superstitieuses attendre d'uu siecle qui a tout analyse, on la chimie a decompose les etres en leurs elemens les plus subtils, etou le savant, devore du besoin de connaitre, fouille les entrailles de la terre, pour arracher le secret de la creation? Votre imagination verra- t-elle une naiade dans cette source dont le cours va mettre en niouvement la roue d'un nioulin, et dont le volume est e value en un nombre determine de pieds cubes? Comment peupler de dryades et de sylvains ces forets dont les arbres, en coupe reglee, sont destines a chauffer nos salons, ou a fouvnir des planches a nos ateliers? II faut le dire avec le poete, Les bois desenchantes ont perdu leurs miracles. L'imagination elle-meme est frappee de langueur; ses cou- leurs palissent et s'elTacent; les images, alterees par un frequent usage, perdent leur fraicheur, comme la monnaie perd son empreinte. Le commerce de rhommc avec la nature est raoins intime , et va tons les jours se relachant. Eloignes que nous sommes des scenes <\e I'univers, resserres dans I'etroit horizon de nos villes , nous ignorpns le spectacle imposant du ciel etpile , de la mer , des forets , des campagnes. L'homme supplee a ce nionde cxterieur qui lui devieut etranger, par les ressourccs que lui presentent les arts crees par lui; les decouvertes, les inventions des sciences, les conquetes de I'industrie font naitre toute une nouvelle famille d'imagcs et de metaphores. Les images naturelles , elles-memcs, se renouvellent par un SUR LE G£NIE POETIQUE. 607 singulier artifice. II est tout simple d'emprunter nos coni- paraisons a ce qui nous est le plus familiar. Or, uous autres modernes , ce que nous connaissons le mieux, c'est nous- memes, c'est-a-dire nos sentimens, nos passions, nos idees : nous allons de nous a la nature. Dela , les poetes modernes , pour rajeunir des similitudes usees , en renversent les termes , et comparent les phenomenes du monde physique aux sen- timens de I'Ame. — Une fernme d'esprit, voyant les eaux d'un lac ordiuairement pur et linipide, alors troublees par I'orage, le disait semblable a un homaie en colere, qui change de couleur. — ■ Un poete anglais compare les nuages qui tour a tour voilent la lune et la laissent reparaitre, aux songes qui troublent le sommeil d'un coupable , par les remords et la terreur. Dans un terns qui n'est pas tres-eloigne de uous, des hommes qui sans doute ne trouvaient lien en eux-memes , ont era de- couvrir dans la nature , de nouveaux tresors poetiques ; ils se sont pris aux objets exterieurs, en ont fidelement retrace la forme et les contours; et nous avons eu le genre descriptif. Que dire de ce simulacre de poesie , de ce fantonie sans vie, oil la nature, si scrupuleusement decrite, est depouillee de son charme le plus doux, celui qui vient de rame ; genre faux et plein de secheresse, ofi un auteur, se faisant poete de propos delibere , exploite la creation avec son talent litteraire, et n'observe une fleur, uu arbre, un oiseau , que pour le plaisir de les decrire? De pareils ecrivains n'ont pu etre en credit qu'a une epoque de sterilite et de degradation morale. Peut- etre encore aujourd'hui les adraire-t-on sur parole; mais, a coup sur, on ne les lit guere (i). (i) On a trou-ve que le genre descriptif etait traite ici bien seve- rement. Sans doute, il ne vjeudra dans I'esprit a aucun lecteur qu'il s'agisse des personnes; qu'oii ne puisse <5lre honnete homme, et faire en meme terns des poemes didactiques ou des vers descrip- 6o8 ESSAI LITTlfeRAIRE. A dcfaut de cet empire absolu de Vimaginotion et du merveilleux , il reste toujours dans le coeur de I'liomnie un fonds indestructible , les passions ct les sentimens inherens a , sa nature , source intarissable de beautes , aliment elernel des chants poetiques. Souvent Lucain est encore poete, non plus par la fiction, niais par I'elevation des sentimens et la gran- deur des idees. Les regions de notre intelligence et de notre nature morale deviennent alors I'asile de la poesie ; elle s'y transporte tout entiere , y decouvre des tresors inconnus , et une mine feconde que les siecles exploiteront sans I'epuiser jamais. Dela cette teinte vague et melancolique dontl'ecole moderne est empreinte. Chez les anciens, oil une vie tout exterieure et une religion riante atliraient I'homme au dehors, la poesie, assortie a cette enfance des peuples, n'avait rien de reflechi. Lorsque Pindare chantait les vainqueurs aux jeux olympiques devant la Grece assemblee, il devait satisfaire avant tout les sens et I'imagination de ses auditeurs; tandis que la raison assoupie demandait seulement a n'etre pas trop durement froissee. Chez les modernes , I'absence de vie publique , une religion plus spiritualiste et plus interieure, une existence concentree dans les foyers domestiques, tout favorise dans I'homme une tifs. C'est le genre seul que j'attaque, comma ennuyeux , par cela surtout qu'il est vide d'^motions. Je suis loin d'avoirvoulu proscrire les descriptions inspirees par I'aspect m<5me des lieux , ou celles dont les sites repandent , comme dans Paul et Virginie, une teinte particu- lifere sur Vaction dont ils sont le theatre. Que le chantre A'Atala parcoure les savanes du Nouveau -Monde, ses fordts encore vierges et ses fleuves majestueux ; dans ses paroles on reconnait la trace d'une impression reelle , on se figure m(?me quelque chose de ce que dut eprouver le voyageur en presence des scenes imposantes de cette nature sauvage. SUR LE GENIE POETIQUE. 609 certaine disposition reveuse , et tend a le retirer en lui-meme. La raison gagne ce que les autrcs facultes ont perdu ; I'art n'a plus rien de naif; il doit tout a la reflexion. Cette tendance , propre aux nations vieillies , a encore ete favorisee chez nous par des circonstances particulieres. De nos jours , des commotions violentes avaient bouleverse la societe , ouvert a I'ambition toutes les carrieres, et fait un appel a tons les esprits ardens; puis, tout d'un coup , apres cette impulsion prodigieuse qui avait deplace tant d'existences et imprime a tons un immense besoin d'activite , les hommes se sont vus refoules sur eux-memes , et enfermes dans les formes immobiles d'un nouvel ordre social. Prisonnier dans ces etroites classifications qui etouffent toute energie in- dividuelle, et aneanlissent les volontes particulieres, I'homme a senti plus que jamais I'insuffisance de sa destinee ici-bas. Alors le retour sur soi-meme est inevitable ; alors on demande compte a la vie de tout ce qu'elle promet et donne si pen. Qui ne voit quelle teinte sombre doit se reflechir sur la litterature ? Ce qui distingue par-dessus tout cette poesie reveuse qui appartienta notre epoque,ce qui la caracterise essentiellement, c'est d'etre toute personnelle , c'est-a-dire de rendre des sentimens et de peindre des situations propres a I'autcur : s'il touche quelquefois des sujets etrangers , c'est par un cote qui se rapporte a lui-memc. Ses ouv rages ne sont que I'histoirc de son cceur, de ses doutes, de ses craintes, de ses esperances. — iJelegie, X cpitre philosophique , pourront done etiecultivees avec succes. Ce fut d'abord dans lo roman que se produisit cette disposi- tion ^ la reverie. Delphine et Corinne en portent deja quelque trace. Mais elle se montre bien plus a decouvert dans Irois ecrivains qui, malgre la diversite de leur genie , se ressemblent pourtant par le oaractere eminemment reflecbi de leurs com- positions, hf'erther , Rem'-, Adqipke , nous nietlont tous trois Cio ESSAI LITTjtRAlRE dans la confidence des mouvemens de leur ame; tons trois nous presentent, dans line admirable peinture, I'inquietude et le malaise d'line vie monotone, sans activite au dehors, mais interieuremcnt agitee. ff'erther a pourtant quelque chose de plus naif : d'abord , plein d'espoir, il se livre sans defiance aux illusions de la jeunesse ; il n'a pas encore I'experience de la vie etde la societCjqui doit unjonr le froisser si cruellement. Bien- tot subjugue par une passion indomptable, ileprouve toutes les sonffrances de I'amour ; Tamour avail donne un but a sa vie, et il la quitte quand ce but vicnt a lui manquer. Les deux autres, dc'ja desabuses, apres avoir essaye de tout, on plutot apres avoir eu des commenceiTiens de volonte qu'ils n'ont jamais realises, restcnt avec un incurable degout de la vie. Bene, tourmcnte par le vague des passions, pariinbesoin immense de bonheur et surtout d'activite; gene dans les en- traves sociales , a I'etroit en ce monde, succombe sous le vide de I'ame etsous le poids d'une existence inutile. Jdolphe, dans une seule et meme situation, habilement ap- profondie, nous montre I'homme aux prises avec son coeur et ses prejuges, plutot qu'avcc les evenemens. Dans un fidele et affligeant tableau ,il retrace, avec une rare sagacite d'observa- tions, des maladies morales Irop communes : I'inconsequence, I'irresolutioii, les contradictions et les bizarreries dii coeur liumain. Cette peinture du vague des passions tendres , oii M. de Cha- teaubriand a excelle, a peut-etre eveille le genie de Byron. Comment parlcr dignemcnt de ce genie fier et independant, de ce noble caractere qu'indignaicnt les prospcrites de la bas- sesse , et qui poursuivit I'hypocrisie dans ses vers implacables? Passionne pour la liberie et pour tout ce qu'il y a de grand dans la deslinee humaine ; promenant dans ses courses conti- nuelles a travers I'Europe, I'inquietude du genie et des pas- sions , il fiuit par devouer sa fortimc ct sa vie a la cause d'unc SUR LE GENIE POETIQUE. 6ii nation heroique , de cette Grece regeneree , pour laquelle I'Eu- rope n'a pu trouver que les chants de ses poetes et le devoue- ment isole de quelques soldats aventureux. Mais malgre I'apathie des princes chretiens, qni ont pu voir de sang-froid le Musulman defendre Tislaniisme et la barbaric par I'incendie et les massacres, seule et sans nos secours, la Grece trioniplie de ses farouches oppresseurs; et les Hellenes, affranchis, placeront parmi les bienfaiteurs et les heros de leur palrie, le nom de Byron, que I'Europe a deja proclame I'un de ses plus grands poetes. — Original , parce qu'il fut lui- meme, Byron, dans ses ouvrages , n'a presque rcproduit qu'un seul caractere; son secret fut de peindre ses heros a son image. Childe-Harold , plus que tout autre, porte I'empi-einte de cette disposition reveuse et inquiete, que rien ne pent salis- faire; qui se tourmente a penetrer I'enigme de notre nature, et demande a la vie son secret. Chose remarquable ! il plait et attache, quoiqiie prive de tout interet romanesque. Tout le poeme consiste en reflexions, en descriptions melees sans ordie necessaire, sans autre lien que le cours de sa ])ensee vaga- bonde. C'est une conversation de I'ame avec elle-meme , ou avec les objets de la nature. ■ — Parfois aussi , la sombre nii- santhropie et les pensees ameres dont il se nourrit, laissent echapper le regret d'une ^me tendre : ce retour inattendu vous surprend ; vous aimez a reconnaitre votre semblable , et a trou- ver en lui des senlimens qui sympathisent avec les votres. D'autres ont tento avec bonheur I'alliance de la poesie avec les idees philosophiques et religieuses. Le poete desabuse, s'e- leve au-dessus de la sphere orageuse des passions ; il aborde les plus hautes speculations de I'intelligence ; son esprit erre sans cesse autour de ces grandes questions qui planent snr le berceau de Thomnie et sur sa tombe. Les mysteres de notre dcstinec, les tenebrcs qui enveloppent notre origine, Ic pres- 6i2 ESSAI LITTER AIRE sentuHcnt d'une vie future, telles sont les hautcs pensees qui inspiicnt sa muse , cntreticnuent ses sublimes reveries , et don- nent ta vie ^ ses poetiques meditations. Cependant, il faut le dire, le premier defaut de ce genre, et le plus frappant, c'estla monotonie: cette pcrpetuelle explora- tion d'un sujet qui s'observe et ne sort jamais de lui-meme, finit par fatiguer. Transformes en philosophes speculatifs, les personnages n'agissent plus, ils reflecliissent; leurs passions, leurs craintes , leurs esperances , ne semblent etre pour eux , (ju'un cours d'experiences a faire sur le cceur humain. C'est la subtilite du genre descriptif, transportee dans la metaphysi- que. — II est aise de prevoir la langueur qu'une pareille dis- position doit Jeter a la longue, et combien elle est nuisible, par exemple, a I'effet dramalique, qui vit de mouvemens, et ou I'auteur doit disparaitre derriere les eveneraens et les per- sonnages. Dans cet affaiblissement successif des trois facultes poeti- tiques, quelle ressource reste a la poesie ? La litterature peut- elle encore se regenerer ? Ici les faits et I'experience nous repondent. — Les societes modernes, grace a plusieurs principes preservateurs, parmi lesquels il suffit de citer I'imprimerie, et ce commerce univer- sel de la pensee qu'elle entretient,les societes modernes ont le singulier privilege de se rajeunir en quclque sortc , apres avoir subi I'epreuve des siecles, et de prolonger iudefiniment leur existence, et par consequent le developpement des facultes humaines. L'ltalie , dans les vicissitudes de son histoire, a compte trois siecles litteraires : le premier , caracterise par I'energie native du moyen age , dont le Dante fut le representant. Apres plus d'un siecle d'intervalle , L'Arioste et le Tasse nous montrent I'imagination renouvelee par I'etude des anciens; enfin , au siecle des lumieres philosophiques, I'elevation des pensees et. SUR LE g£NIE P0£TIQUE. 6i3 la male eloquence cI'Alfieri , la finesse d'observation do Gol- DONi , suppleent aiix tresors d'une imagination qui commence a s'epuiser. On nous dit que la jeunesse est le seul age poetique des na- tions : et voici pourtant, en Angleterre , un vieux peuple, riche et commercant, froid et calculateur, consomme dans les arts de la civilisation la plus raffinee, depuis vingt ans plus fecond peut-etre en veritables poetes, qu'il ne I'a jamais ete. Ce qui n'est donne qu'auv esprits superieurs, un de leurs ecrivains a fait ecole. En Ini noos retrouverons tous les carac- leres de la poesie nioderne. II a renouvele tous les genres : le roman , I'histoire, I'epopee, la tragedie, la comedie , tout a ete, ou tout sera modifie. Habile a sonder les profondeurs da coeur humain , comme a peindre les scenes de la Nature, Walter Scott ne niutile point la realite ; son genie etendu la transporte tout entiere dans les terns passes qu'il fait revivrc. Les souvenirs historiques, les traditions nationales, telles sont les sources abondantes d'ou il a montre que peuvent jaillir I'interet et I'inspi ration. L'histoire s'est trop souvent bornee a retracer les evenemens publics , les vicissitudes des gouvernemens , la fortune des hommes eminens , sans jamais reproduire la destineo des nations elles-memes. Le roman historique, fel que Walter Scott I'a cree , est devenu plus vrai que l'histoire , en peiguant ce que jamais elle n'avait montre , la vie privee des nations , ces moeurs , cette foule d'usages , de croyances et d'idees qui forment le caractere d'un peuple et la physionomie d'un siecle. Deja, en France, plusieurs ouvrages empreints d'une couleur inusitee , attestent cette revolution dans les etudes histo- riques (i). (l) II suffit ' La source de beaucoup d'abus , et ce qui les rend irre- parables , c'est la centralisation. Au premier apercu, il semble qu'une forte autorite centrale, qui donne une impulsion pareille a une foule d'administrations locales, et qui, appelant a elle toutes les decisions, se trouve libre d'ordonner leur prompte execution , est favorable a une bonne administration. M. Ganilh detruit ce prestige, dont I'experience avail d'ailleurs suffisam- ment demontre le neant. Un pouvoir central n'est pas present partout ; il ne voit que par les yeux de ses subordonnes , n'agit que par leurs bras , et les decharge de toute res- ponsabilite vis i vis de leurs administres. « La centralite , dit notre «uteur , est un moyen de couvrir les abus, de les sanctionner, de les legitimer. Comme ils derivent , soil par erreur, soil par surprise, soit par prevention ou prejuge , du pouvoir supreme, de qui tout emaiic, il n'existe point de controlc qui puissr les devoiicr, point d'autorite qui puissr Ics reprimer. Srs agcns , ses subordonnes, qui seuis jjounaient G46 SCIENCIiS MORALES iciairer rautorito, sc taisent par prudence, et trop souvent approuvent oe qu'ils devraient blumer. Que de vertus il leui- faudrait pour faire ccder rintoret de leur place ou de leur avancement au sentiment de leur devoir! Quand Taction admi- Distrative part du de^ro siiperieur pour dcscendre par echelons jusqu'aux administres, tout redressement devient impossible; car on ne peut I'attendre que d'un pouvoir superieur. » La progression des depenses publiques en France, depuis 1819, est remarquable. Voici I'apercu qu'en donne I'ouvrage que nous avons sous les yeux (page i35). En 1819, elles ont ete de 85i, 238,857 fr. En 1820 874,1^8,674 En 1821 881,457,612 En 1822 951,140,280 En 1823 (i) 1,207, 60S, 53a A ces verites en chiffres M. Ganilh oppose la diminution graduelle qu'ont eprouvee les depenses dc I'Anglcterre. Les depenses du service actif , I'lnleret de la dette non compris , etaient,a la paix , de 27,000,000 1. St., ou 675,000,000 fr. Et en 1823, il n'etait plus que de 16,976,743 1. St. , ou 424,418,575 Elles avaient done subi une diminution de (2) 25o,58 1,4*5 fr. (i) Les depenses ordinaires de i8a3 sont portees pour 999,838,453 f. A quoi il faut ajouter les depenses extraordi- nalres que le budget de iSaS (page 10) evalue a 207,768,077 1,207,606,530 (2) Ija dette de I'Angieterre a, de son cote, subi uue dimiuulion, parce que Tamortissement, quoique reduit, a continue ses achats, ET POLITIQUES. G47 M. Ganilh s'appuie souvent de I'exemple de I'Angleterre , surtout quand il fait remarquer la superiorite de son mode de comptabilite. E!le offre beaucoup de modeles a suivre, et quelquefois aussi des erreurs a eviter. Aussi , rauteur , dit - il ingenieusement : Elle n'a pas toujoiirs raison ; mais ellt donm: les moyens de la trouver. Pourquoi , par exemple , voudrait-on , comme on fait en Angleterre , creer des trois pour cent , lorsque I'interet en France est a pen pres a cinq pour cent? Pourquoi reconnaitre que Ton a re9u un capital de cent francs , lorsque dans I.1 realite on n'a recu qu'un capital de soixante- quinze francs ? Serait-ce par hasard que , par les moyens connus dont on dispose, on se flatte de faire monter a la bourse le cours de 75 jusqu'a cent, et dans tout cet intervalle, de jouer a la haussc et de donner une immense impulsion a I'agiotage ? Mais ignore-t-on que, dans I'agiotage comme au jeu, une somme n'est jamais gagnee par les uns qu'elle ne soil perdue par les autres; tandis que, dans I'industrie, ce n'est qu'accidentelle- ment qu'il y a des pertes eprouvees , et que, la oii le travail produit de nouvelles -valeurs, tous ceuxqui ont contribue a les creer peuvent entrer en partage des richesses preduites , sans que personne soit en perte ? On voit que I'ouvrage de M. Ganilh roule sur une foule de questions importantes ; mais le lecteur qui n'est pas encore initie dans la science des finances, y comprendrait pen de choses. Il parle , par exemple , des inconveniens des comptes par annee , et des comptes par exercice ; mais il n'explique pas en quoi consiste la difference de ces deux modes de comptabilite. L'echiquier de Londres ne compte que par annee; et le ministere, devenu plus sage, n'a pas continue ses emprunts. Comme d'ailleurs le ministere anglais agit maintenant clans I'interet de la nation , il est soutenu nieme par I'opposition. 648 SCIENCES MORALES si iin Anglais voulait savoir ce que c'est que notre compte par exercice , il ne Tapprendrait pas dans ce livre, ou du moins il faudrait qu'il le devinjit. Trop souvent , il faut I'avouer , les explications de M. Ganilh out besoin d'explicatiou. II s'eleve, en terminant son ouvrage, a des considerations generates qui decelent a la fois un penseur et un citoyen; telles sent les suivantes, par lesquelles je terminerai cet article : '< Qu'on ne s'imagine pas que le pouvoir, ayant a sa dis- position les depenses publiques , est d'autant plus puissant qu'elles sout plus considerables. Le pouvoir n'est puissaut qu'autantque le contribuable sur qui pesent ces depenses, est aise ou riche apres les avoir acquittees. La richesse sociale ne consiste pas plus dans la grandeur des depenses publiques , que la richesse particuliere dans les depenses privees. Qui a jamais imagine qu'il suffit de depenser pour etre riche ?.... Si le proprietaire qui depense tout son revenu s'expose aux in- conveuiens de la pauvrete , le Gouverneinent, qui epuise le revenu general des contribuables pour le paiement des depenses publiques, est dans un etat precaire , subordonne a tous les evenemens imprevus, il est dans un peril permanent... A present, il y a une etroite relation entre I'administration , la richesse sociale et le pouvoir politique. Si les depenses publiques portent atteinteala richesse sociale, il y a privation et souffrance pour le peuple, affaiblissemcnt moral et physique du pouvoir , appauvrissement et degradation de la societe civile. M Telles son t les consequences que les chefs des nations devraient avoir sans cesse devant les yeux. .1. B. S. ET POLITIQUES. 649 De la Monarchib francaise au I*"" JANVIER iSi/^', par M. le Conite de Montlosier (i). II y a deux choses bien distinctes dans cet ouvrage : des idees politiques et des opinions de parti, des principes et des passions. La Revue Encyclopedique fera soignensement la part des unes et des autres. Elle examinera les idees politiques, elle discutera les principes; mais elle ne s'occupera ni des opinions de parti, ni des passions. Uniquement consacree a I'etude des sciences morales et politiques, elle en recherche les regies, elle en constate les progres; et, toujours fidele a la verite, elle tache de la separer de toiites les illusions dont les prejuges du moment s'efforcent de I'obscurcir. C'est en se degageant ainsi des passions du jour qu'elle se place au-dessus d'elles, et parle aux contemporains un langage qu'elle pourra avouer dans tous les terns. Les systemes qui n'ont d'appui que les passions sont passagers comrae elles ; les maximes fondees sur les faits et I'observation sont stables comme la verite. La premiere condition pour faire un livre, et surtout un livre de politique, c'est de vouloir quelque chose , de s'etre fait des ideas arreteej, d'avoir un but. Un auteur qui se jette dans le vague, sans savoir oii il va, ne rencontre personne qui veuille le suivre. Or, lorsqu'on a lu le livre de M. de Montlosier, on se demande, que veut-il? et on ne trouve pas de reponse. Tantot il vante les parlemens de barons; tantot ce sont les (i) Paris, i8a4- ' vol in-S" de xxxii et 5a6 pages. Delaunay ; prix 6 fr. N. n. Cet article allait etre insere dans la Revue, au moment on la censure fut etablie. Tout raisonnement sur les matieres traitees par M. de Montlosier nous fut alors interdit ; I'auteur de I'article a du attendre. 65n SCIENCES MORALES Eiats-gincraux (ju'il rcgrette; ailleurs, on lo voit s'accomtnodtx tres-facilomcnt dii despotisme de Louis XIV. Dans cette diver- gence de scntimcns et d'idccs, unc seulc chose parait evidenite, c'est que M. de M., on repoussant toutcs nos institutions ac- tuelles, serait bicn eiubarrasse s'il lui fallait expliquer comment il vcut les remplacer. Un tiers de son ouvrage, si Ton en croit Ics titres des trois grandes divisons de sa matiere (i), est con- sacre a reveler les moyens que le gouvernement pent employer pour surmonter les difficultes de la situation actuelle de la France; niais toutes les decouvertes de I'auteur se reduisent^ la seule idee de reconstituer la noblesse; et nous vcrrons bientot (jiie ce n'est ici qu'une idee creuse et confuse, sans aucune vue, ancun moyen pratique, aucun plan d'inslitution. On suit aiscment un auteur qui explique avec methode uq systeme, qui pose des principcs el deduit des consequences, qui annonce d'abord le point oil il veut arriver, et y marche ensuite sans s'ecarter a droite ou a gauche. II n'en est pas ainsi d'un livre ecrit sans ordre et sans plan, dont le but n'est pas claire- ment determine, ou I'idee principale de I'auteur, loin d'etre misc en evidence, se confond continuellemcnt avec des idees accessoires plus ou moins precises. S'il est facile a un ecrivain de composer un tel ouvrage, il est fort difficile pour le cri- tique de I'examiner et de le suivre dans une refutation regu- liere. Nous serous done obliges, pour rendre compte du livre de M. de M. , de prendre une marche differente de la sienne, et nous examinerons separement, non chacune des trois divi- sions de son livre, puisque les memes pensees et les memes raisonnemens s'y trouvent prescntes , abandonnes et reproduits (i) De la siciiation actuelle de la France. — Des difficultes generale- mcnt supposies a regard du retablissement de I'ordre en France , et com- ment le gouvernement ckerche a les surmonter. — Mojcns de surmonter la difficultes qui nais sent de la situation actuelle de la France. ET POLITIQUE^. r,5i ;i tout moment, mais chacune des idees capitales qui nous ont semblc domincr dans I'ouvrage, et que nous indiqucrons sous Ics cinq denominations suivantes : gouvernement libre et repre- sentatif, pouvoir royal, noblesse, classe inoyenne , influence (III clerge. Selon M. de M. , < nos peres avaient vu ce qu'il y a de plus etendu dans la liberie. » Cette proposition, fondamcntale dans les idees d'un publiciste qui se declare partisan du retour de I'aiicien regime, a besoin d'etre expliquee pour etre comprise; car qu'est-ce que M. de 31. entend par nos peres ? Seraient-ce les Francs se partageant ime terre conquise , s'assemblant tuinultuairement en champ-de-mars, et imposant leurs volon- tcs a leur chef, qu'ils norament leur roi ? Nos peres seraient- ils ces lettdes qui, apres avoir arrache du front des Merovin- gicns une couronne avilie, la placerent sur la tete des Pepin, et virent bientot , sous le regne de Charlemagne, decroitre leiu' importance de toute celie que cc prince confera a la classe des hommes libres, qu'il vouliit relever? ces leudes contre Icsquels Charlemagne sentait si bien qu'il devait se premunir, qu'on le voit constamment occupe a centraliser son pouvoir, ct a I'etayer de I'assentiment national ? Quelle place en effet rcstait-il anx grands seigneurs entre ces formules connues des decrets et des capitulaires de ce puissant monarque : Nous or- donnons, nous voulons; et : La loi est faite par la volonte du peuple et le consenteinent du roi? On voit la clairement un prince et une nation; on n'y voit pas dc leudes. Nos peres seraicntils ces seigneius fcodaux qui detruisirent I'elablisse- mont de Charlemagne, jeterent dans un cloitre ses dernicrs succosscurs, mirent a leur place Hugues- Capet, auquel ils disaient ensuite : C'est nous qui t'avons fait roi? Seraient-ce les serfs a peine affranchis par Louis-le-Gros; les bourgeois appcles aux premiers Etats-genei-aux par Philippe-le-Bel, et traites avoc le plus profond mepris par la noblesse, aux der- 65» SCIENCES MORALES nieis Etals, sons Louis XIII? Seraient-ce cnfin les hoiiimcs (jue Charles IX cioyait avoir le droit de fiisillcc des fenutrcs «le son palais, on ceux que Louis XIV protendait gouverner, en plein parlement, une cravachc a la main, en vertu de cet axiomc, que lui seul etait I'Etat? Nous offrons a M. de M. de thoisir cnlre des epoques assez nombreuses et assez varices; mais il faut qu'il choisisse , et nous pourrons ensuite examiner avec lui si uos peres ont vu en effet ce qu'il y a de plus etendu dans la liberie. Nous devons avouer que ce ne serait pas sans doute ces dernieres epoques que choisirait M. de M. ; car, bien qu'il loue en toute occasion le gouvernement de Louis XIV, il convient ( espece de contradiction habituelle chez notre auteur) que le pouvoir qui existait en France avant la revolution etait « un pouvoir absolu, qui, momentanement, avait pu devenir ne- cessaire, mais qui, comme durable, n'etait point legitime. » Nous ne concevons pas trop comment un pouvoir qui n'e- tait point legitime, comme durable, etait devenu momen- tanement legitime; et nous ne concevons pas davantage com- ment la necessite pent justifier un ppuvoir illegitime. C'est une -] sorle de justification qu'il ne faut jamais admettre, parce qu'il est bien evident qu'elle serait trop facile et trop souvent invo- quee. Au reste, nous ne voulons point fatiguer M. de M. de nos questions, et nous nous bornerons a lui dcmander dcpuis quelle epoque le pouvoir, en France, avait ccsse d'etre legi- time. Un fait de cette importance meritait bien d'etre etabli d'une maniere precise; I'auteur n'y a seulement pas songe. Serait-ce, par hasard, depuis la tenue des derniers Etats-gene- raux? mais tout le mondc sait que deja ces assemblces etaient devenues d'insignifiantes demoi^strations d'une j>uissance qui n'existait plus ; et elles etaient a bon droit tombees dans un tel discredit aupres de la nation, qn'on a pu cesser de les eon- vbquer sans exciter aucune reclamation un pen se;ieuse. II ne ET POLITIQUES. 653 faut pas, en effet, etre bien profond en politique pour com- prendie que des Etats qui n'ont que le droit de faire des plaintes dont on a le droit de se nioquer, n'offrent qu'une garantie tout- a-fait illusoirc A la verite, cette garantie parait suffire a M. de M. ; car il decide que, «quelles que soient en France les assem- blees legislatives, elles ne sont jamais qu'«« grand conseil d'etat. » Mais, avant la revolution, il existait des conseils d'etat, et.de plus des parlemens qui s'arrogeaient bien un autre droit que celui de conseiller; et si des conseils suffisent pour legitimer le pouvoir, je n'entends plus rien a I'illegitimite dont parlait tout a I'heure M. de M.; car, que m'importe que des conseillers soient nommes par le prince on par ics sujets, si ce ne sont toujours que des conseillers? Au reste , si I'auteur est pen d'accord avec lui-meme , je crois qu'il ne Test pas davantage avec I'histoire. Nos publicistes les plus instruits pensent que jadis les Etats-generaux partageaient avec le roi la puissance legislative : «11 est vraisemblable, dit Mably, que toutes les fois que Philippe de Valois et ses predecesseurs assem- blerent la nation, en suivant Texemple que leur avail donue Philippe-le-Bel, le prince et la nation s'exposaient mutuelle- ment leurs besoins. Les Etats demandaient des reglemens pour corriger quelques abus ou pour etablir une nouvelle police, et le roi les publiait en son nom. La loi etait faite de concert, et la puissance legislative etait en quelque sorte partagee. Mais, comme les ordonnances paraissaient I'ouvrage seul du prince, et qu'on n'y voyail que son nora, on s.'accoutuma a le regarder comme le seul legislateur; et les Etats, entraines par I'opinion publiqiie, crurent n'avoir que le droit ridicule de faire des doleannes et des remontrances. « Nous avons sous les yeux une lettre de convocation adressee par Philippe-le-Long a la ville de Narbonne ( piece dont un extrait a ete recemment pu- blic dans I'interessant ouvrage de M. Felix Bodin, intitule : J'.tudes sur Les assemblees representatives), qui prouvc fort T. \\v. — M(irs iSaS. 43 654 SCIENCES MORALES hien cette participation legislative, rcconnue par le roi Tni- meme: « IVous voiis mandons ct requeroils, sur la fealite en quoi vous etcs tenus et astreints a nous, que \ons (ilisiez qiiatre pcrsonnes de la ville tie. Narbonne, dessus dite, des plus sages et des pl,iis notables, qui audit jour soient a Poitiers, instruits et fondes suffisamment de aviser et accorder avec nous tout ce que vous pourriez faire si tous y etiez presens. « Certes , il y a la bien autre chose que le droit de conseil; et nous pourrions citer vingt exemples qui prouveraient qu'a certaines epoques, bien loin de se borner a cette vaine faculte, les Etats refusaient Ics propositions roycles, ou n'y adheraient qu'apres avoir pris de nouvclles instructions de leurs connnettans. Quelque impor- tans que soient de pareils faits, nous reconnaissons qu'ils sent isoles, qu'on ne saurait les considerer comme une regie cons- t-ante dans I'histoire de notre legislation politique, et qu'ils ne peuvent tcnir lieu de cet ensemble de droit public, de cette loi constitutionnelle, ecrite ou traditionnelle, qui nous a tou- jours manque. Toutefois, on a lieu de s'etonner qu'un homme qui s'est devoue a la defense absolue du passe semble I'avoir si peu etudie, ou se laisse asscz dominer par les idees qu'il caresse, pour oublier quelquefois ce qu'il doit fort bien savoir. II est a craindre que M. de M. , auquel on ne peut refuser beaucoup d'esprit, et qui met dans tous ses livres une certaine verve originale , n'ait oiiblie d'y mettre de la science et du jugement. n Dans les tenis modernes de notre ancien regime, dit I'au- teur, encore que Ton vit aux Etats-generaux une chambre de la Noblesse et du Clerge, et qu'on ait coutume de regarder de telles chambres comme aristocratiques , ce serait se tromper d'y voir une veritable representation de ce genre : c'etait, mal- gre toutes les denominations, une democratic avec tous ses apanages. » Sans doute ce n'etait plus une aristocratic formee (]p grands feudataires assez puissans pour mettre la couronne a 1 encan et faire la guerre au roi; mais c'etaient des assem- ET POLITIQUES. 655 blees composees d'homines constitues en caste superieure , joiiissant de privileges honorifiqiies et territoriaux, de droits de justice , d'exemptions de charges , de toutes sortes de prefe- rences sociales ; une caste qui sentait si bien la superiorite de sa position, qu'elle s'indignait de voirle Tiers-etat reclamer, en sa qiialite de troisieme ordre, le titre de fills cadets d'line patrie dont il reconnaissait les deux autres ordres pour les fils aines. Les proces-verbaux des derniers Etats tenus en i6i4 font foi des pretentions et des titres aristocratiques de la Noblesse a cette epoque (i). Or si M. de M. , qui veut recomposer parmi nous une aristocratic, ne trouve pas cette Noblesse, deja si injurieuse pour le corps de la nation, suffisamment aris- tocratique, ou veut-il done nous ramcner? est-ce aux parlr- niens de barons? II ne le dit pas formellement, mais il declare que ce n'est que sous ces parlemens « qu'on trouve une veritable aristocratic. » Avec de pareilles idees, on comprend que le doublement du Tiers , dans les Etats de 1789, soit, aux yeux de M. de M..., un attentat de lese-noblesse. Mais ici la science de notre auteur nous semble encore en defaut ; un liomme aussi par- tisan des vieilles coutumes aurait bien du s'apercevoir que cY'tait an contraire un retour vers d'anciens usages, et il aurait pu se souvenir qu'aux Etats de i357, par exeniple, chaque province envoya un depute pour la Noblesse , un pour le Clerge, et trois pour le Tiers-etat. C'est par une suite des memes prejuges et des memes pre- tentions que M. de M... appelle un contre-sens la constitution de notre Chambre des deputes, laquelle, dit-il, « avail ete coniposee de maniere a ce qu'elle eut ses elemens soit dans la petite propriete, soit dans les professions industrielles. >> Pour (i) Voyez Revue Encjclopedique , i'" scrie , tome xvil, p. 5i2, un article ou nous .ivons cite quelques fragmens de ces proces-verl)aux. 65G SCIENCES MORALES iin amateur aiissi ardent que I'cst M. cle M... dcs classes |)iivi- legiees, il paraJt que deux Chambres dc la Noblesse ne scraient pas de trop; et il doit convenir maintenant que le contre-sens a ete corrige par le double vote. Quoi qu'il en Soit, il est bien evident qu'en voulant eloigner de notre seconde Chambre I'element democratique, le publiciste rend notre condition pire qu'elle n'etait eu 1789, epoque 011 la democratic avail sa place marquee et un acces assure dans la composition dcs £tats. C'est par une autre confusion d'idees que I'auteur, regret- tant que la Chambre des pairs actuclle n'ait point ses racines dans les moeurs et les institutions anciennes, voudrait, pour la fortifier , lui transferer la haute justice, I'autorite de revision, de surveillance et de discipline attribute a notre Cour de cassation. C'est un principe vulgaire aujourd'hui, que I'exacte separation du pouvoir legislatif et du pouvoir judiciaire est une des meilleures garanties de I'ordre et de la justice dans tout gouvernement; M. de M... n'en tient compte; a ses ycux, le principe Ic plus incontestable doit toujours flechir devant rautorite des vieilles idees; la confusion des pouvoirs peut tout brouillerlegitimement aujourd'hui, parcc qu'elle a toutbrouille jadis; tandis que I'ordre meme est illegitime, s'il est fonde sur quelque idee nouvelle. Quant aux racines que I'on demande pour la Chambre des pairs, il faut attendre du terns ce que lui seul peut donner. II n'y a que deux principes d'existence pour les grands corps politiques, rhercdile et I'election du peuple; notre Charte a voulu que I'heredite fut le principe vital de la Chambre des pairs; c'est done quand elle sera cons- tituee par I'hereditc, et non plus par le choix du prince, qu'on la vcrra telle qu'elle doit etre;et c'est alors seulcment qu'on pourrajuger si cette branche du pouvoir legislatif est orga- nisee de maniere a occuper dans nos institutions la place importanle qui lui a ete destinee. Nous conviendrons, au reste, ET POLITIQUES. 657 que des aujourd'hui on pourrait facilement trouver quelques moyens de I'environner de cette haute consideration qui lui est due; I'un de ces moyens serait de lui retrancher ce que M. de M... appelle les aumones quelle recoit. C'est assurement, de la part de M. de M..., une erreur fort peu importante de nous montrer Ciceron comme le premier qui ait imagine une monarchie temperee d'aristocratie et de dcmocralie. Ciceron ne faisait que repeter et fortifier de son autorite une doctrine apprise a I'ecole des Grecs; et le recueil de Stobee nous a conserve les fragmeus de plusieurs philoso- phes oil Ton trouve clairement I'idee de ee melange, qui a du frapper, en effet, tous les esprits judicieux dont les medi- tations se sont arretees sur les diverses situations sociales. Mais, ce qui nous semble une inexactitude plus grave, c'est de pretendre que « I'Angleterre s'est modelee en tout tems sur la France, et a emprunte d'elle ses lois, ses coutumes, ses moeurs, ses institutions ». S'il en etait ainsi , voila des emprunteurs qui seraient devenus bien plus riches qvie le preteur, en liberte et en bonnes institutions; et M. de M... aurait bien mauvaise grace de faire une exclamation de pitie sur ce mot de Dupont de Nemours, au sujet de I'ebauche de constitution provisoire de 18x4 : Messieurs , nous vous avoiis fait Anglais le plus qu'il nous a ete possible. « Dire a une assemblee de Francais s'ecrie M. de M... , nous vous avons fait Anglais I n Mais vraiment, qu'y avait-il la de si deplace, puisque, selon M. de M... lui-meme, on n'aurait fait que reprcndre aux Anglais des institutions d'origine francaise? Malheureusement pournotre auteur , I'exclamation de pitie est a la page aSo, et M. de M... I'avait oubliee, lorsqu'a la page 418 il a hasarde sa proposition. Ne serait-ce pas aussi par trop exiger, qu'un publiciste qui a toujours un argument au besoin pour refuter ses adversaires, n'employat jamais que des argumens justes, et fut toujours 658 .SCIENCES MORALES consequent avec lui-mcmc? C'est ce qu'il ne faiit pas demandcr a notie auteur; pen de livres offrcnt plus'de conlradictions que le sien. Ce qu'il y a de vrai sui- ce point, c'cst que Guillaume- le-Conquerant etablit sa feodalite normande sur les debris du gou\erncmcnt des rois saxons; et cette feodalite est a pen pres la seule institution de quelque importance dont les Ani;lais nous sont redevables ; I'histoire nous les montre constaniment occupes a en neutraliser les effets, et la grande mesure qui, an terns de Henri III et d'Edouard P'', introduisit les communes dans le Parlement, bien loin d'avoir ete emprunlee a la France, fut sans doute imitee par elle lorsque Philippe-le-Bel convoqua les Etats ou le peuple fut admis pour la premiere fois. Peut-etre ne trouvera-t-on pas , dans tout ce que nous venons de liire , une idee bien nette des opinions de M. de M... sur la liberte et Ic {^ouvernement representeitif ; mais ce n'est pas notre faute, et nous repetons qu'il n'est guere possible d'expli- quer ou de refuter d'une maniere precise et methodique un systeme, ou plutot des idees exposees sans melhode et sans precision. II ne nous serait pas facile non plus de concilier les principes de notre auteur sur le pouvoir royal et sur la noblesse. Ses predilections bien connues pour I'aristocratie feodale n'excluent point un penchant assez prononce pour le pouvoir absolu. Son aversion presque fanatique pour les classes moyennes et ponr leur importance dans I'ordre politique lui ferait- elle admettre indifferemment toute organisation sociale dans laquelle cette classe se trouverait despotiquement assujetie, soil par une aris- tocratic souveraine, soit par un roi , auquel il permettrait d'as- servir I'aristocratie , pourvu que la classe moyenne fut asservic ? M. de M. denie toute influence anx corps represcntatifs : « Dans la realite, dit-il , il ne pent y avoir en France degou- verneraent autre que celui du roi , c'cst-a-dirc la monarchic. ET POLITIQUES. fiSy ( Sans nous arreler a fairc remarquer qu'il est impossible de s'entendreavec ces terines generaux (i), quipresentent comme identiqiies des idees tout-a-fait dispaiates, et au moyen des- qiiels on assimilerait tout naturelleraent la nionarchie russe a celle des Anglais, nous continuons de suivre notre auteur. ) II se scandalise de « ce murniure continu d'une pretendue division des pouvoirs, qui se trouve consacree aujourd'hui dans tous lesecrits, dans tous les discours , non-seulement des revolu- tionnaires, des jacobins, des doctrinaires, mais encore des hommes les plus connus par leurs bons principes et par leur devouementa la royaute. » II ne pardoune pas a rempereur du Bresil d'avoir « mentionne la division des pouvoirs comme un dogma de liberie et de stabilite. » II gourmande I'auteur de V Esprit des lois de ce qu'il a cru voir dans la constitution an- glaise « cette fameuse division des pouvoirs , qu'il faut y laisser soigneusement , si elle s'y trouve; » ce que M. de M. ne croit pas du tout. Puis, il declare que « de tout terns nous tenons en France que le roi pent avoir tel ou tel conseil, mais qu'il est en tout et pour tout le seul pcuvoir. « Tout cela est formeletne demande point de reflexions. En recherchant I'origine des here- sies qu'il combat, M. de M. a remarquo qu'on parle depuis quelque tems dun certain prestige des monarchies, et aussi d'un cev^&m positif, a quoi il ne comprend rien ; il assure que , pour la monarcliie, comme il I'enlend, « le prestige est le posi- tif. » Mais, comme il est de toute evidence qu'^ certaines epoques les prestiges s'affaiblissent , il en resulterait , si la pro- position de M. de M. etait vraie, qu'a ces epoques la monar- (i) Une phrase , que nous citerons plus has, explique un peu ce que 1 auteur entend par le mot de monarch ie , qu'il prend a peu pres pour I'equivalent de despotisme pur; mais cette explication ne serait pas egalement exacte pour tous les passages oil il emploie ce mot: il y a toujours beaucoup de confusion et d'incertitude dans ses idees. 66o SCIENCES MORALES chie ne serait plus possible. Est-ce la ce quc'M. dc M. a vonlu pi'ouver ? Nous ne le croyons pas ; toutefois il nous semble qu'il ferait bien d'accorder un peu plus d'attention a ce certain positif (\n'\\ moprise. Il aura beau faire, cc posil/f, qui so mcle plus ou moins a toutcs les choscsde ce nionde, leur communique une realite contre laquelle est impuissante Taction du tems, si forte contre \cs prestiges. Que dirait M. de M. d'un pedagogue qui n'offrirait a la jeunesse de ses elevcs que les contes de fees , qui ont amuse , quelquefois meme instruit leur cnfanco ? Les prestiges dont parle notre auteur sent les contes de fees des peuples, et les peoples sont-ils done toujours enfans ? Ce qui devrait eclairer M. de M. sur I'affaiblissement de cette vertii qu'il attribue aux prestiges , c'est que de toutes parts les mo- narchies absoluessontmenacees; il le sent fortbien; elcomme la verite ne pent pas perdre entierement ses droits, meme en face des prejugcs les plus solidement enracines , remarquez bien que ce ne sont pas les prestiges qu'il appelle au secours des monarchies , mais des legislations bien reelles. Et, en op- position avec le sentiment des pubHcistes les plus distingues , qui, frappesdes dispositions envahissantes du pouvoir , et de ses immenses moyens d'envahir, ont toujours cherche dans les chartes des garanties pour le peuple , c'est contre le peuple que M. de M. etablit des garanties ; et, comme il le declare lui- meme, c'est un rempart pour le pouvoir qu'il desire, etnon pas contre lui. Parmi les nombreuses preuves qu'il trouve dc I'affaiblisse- ment progressif de I'autorite royale , il en cite une dont la jus- tesse ne nous a pas frappes; c'est le peu dezeleque Ton met dans les deux Chambres a parler de la Noblesse, a vcnger ses insultes, a rappelcr ses prerogatives. Certes, les interets de la Noblesse ne sont pas ouhlies dans nos Chambres; mais quand I'opinion de I'auteur serait vraie, a-t-il done oublie que I'au- torite royale n'a jamais eu dc plus constant enncmi, d'ennem? plus systematique que la Noblesse? Le peuple a des fougues ET POLITIQUES. 661 (le revoke, la Noblesse, des plans de resistance; I'un fera un coup de main , I'autre combinera une campagne ; la colere du peuple s'exhale dans uue sedition ; la haine de la Noblesse declare la guerre. Ce n'est peut-etre pas la preuve d'un zele bicn eclaire pour I'autorite royale que ce grand zele pour la prosperite de la Noblesse. En Angleterre, elle s'est unie an peuple contre la couronne; en France, la couronne a etc obligee de s'unir au peuple contre elle : partout la royaute I'a trouvee hostile. Je sais bien qu'il y a deux sortes de Noblesse ; I'une qui puise sa force en elle-meme, dans sa constitution , dans son indepen- dance; celle-la ( comme nous venous de le dire ) est plus dan- gereuse qu'utile au prince ; I'autre qui n'a qu'une existence d'emprunt , qui n'est rien que par le prince , ne pent pas grand chose pour lui. Malgre ses preventions feodales, M. de M. pa- rait qiielquefois preferer cettedernicrc Noblesse; mais n'est-ce pas chez lui une double contradiction, soil sousle rapport de I'importance qu'il veut donner a la Noblesse , soit sous le rap- port dvi secours qu'il veut menager au trone ? Examinons, en effet, comment ce champion de lafeodalite considere I'esscnce dela Noblesse lorsqu'il oublie scs predilections gothiques; c'est lui-meme qui va parler : « Lesprogres de la civilisation quiont efface une certaine puissance de la Noblesse, en la dctachant de ses fiefs, I'ont evidemmentybr/j^e'e comme lustre, en cela meme qu'ils I'ont attachec au lustre de la royaute. Pour faire compiendre ma pensec, je rappellerai en exageration I'anecdole d'un personnage francais considerable dans luie grande cour du Nord. II etait alle voir , dans son exil, un ministre disgracie; comme il en recut des reproches, il vouluts'excuser sur I'hon- neur qu'il avait cru devoir rendre a un grand seigneur de la cour : Sachez , Monsieur , lui repondit le monarque, qu'il n'y a ici de grand seigneur que I'homvie a quijeparle , et pendant que je luiparle. Ce trait , pris du despotisme pur , n'en offce pas moins, dans son exageration , une grande verite ; c'est que, dans. 662 SCIENCKS MORALES line monarchic , ce n'est pas seulemeiitle pouvoir qui emanc du roi, ce n'est pas seulement la justice, mais encore mieux, tout honneur public. » Je ne sais, mais il me semblc que la Noblesse, ainsi comprise , ressemble assez bien a cello de Turquie, oCi le regard du maitre faitun visir d'un esclavc, et du visir la victinie sanglante d'un caprice. Que des peuples soumis au cimeterre ou au knout mesurent leur respect pour une caste sur I'humi- liante dignilc d'nne aussi servile condition , cela pent encore sc concevoir ; mais ce qui passe toule rroyance , c'est qu'il se soil trouve en France, au xix*^ siecle, un publiciste qui ait eu I'idee de presenter comme principe fondamental des distinctions so- ciales, et comme cause suffisante de la veneration des peuples , la simple conversation du prince. A ce compte, Olivier le Dain et Tristan I'Hermite etaient a juste titrc les hommes les plus considerables sous Louis XI ; les mignons d'Henri III devaient etre les plus digues notabilites de sa cour ; et Villeroi, dans la faveur de Louis XIV, meritait d'enlever tons les respects du peuple aFenelon dans la disgrace ? Quelle raisere que des idees qui menent forcement a de pareilles consequences ! Soutenir que la Noblesse doit toujours etre une puissance dans I'Etat ; et en meme tems qu'elle nc doit plus etre qu une emanation de la dignite royale , c'est siipposer que la royaute ne pent jamais avoir de caprices ou d'indignes preferences ; qu'elle ne distingue jamais que ce qui est grand, vertueux, utile ; que ses recompenses ne s'adressent jamais qu'aux candi- dats qui lui sont presentes par Topinion publique; or, on salt ce qu'il y a de reel dans une pareille supposition. La Noblesse etait quelque chose dans I'csprit des peuples, precisement lors- qu'elle n'avait rien a attendre de la royaute; c'est en la fixant aupres d'elle , en la dotant de ses faveiirs , en la couvrant de son lustre, que la royaute est parvenue a affaiblir la Noblesse , a eteindre son eclat, a la detruire comme puissance sociale. M. de M. etait consequent lorsqu'en voulant une grande pre- ET rOLlTIQUES. 663 ponderance pour la Noblesse, il voiilait aussi qiielqut" chose de semblable a la feodalite ; il ne Test plus en demandant senle- nient dii lustj-e pour une Noblesse qu'il veut toujonrs preponde- rante. Pretendre replacer desormais la Noblesse snr la base unique de la faveur du prince, c'est vouloir la retablir precise- ment par le principe qui I'a detruite. Lui i-endre des preemi- nences qui n'ont plus pour appui le prestige qui les faisait sup- porter, c'est vouloirnous ramener a un ordre dechoses dontla desorganisation imminente en 1789 reclamait visiblement une organisation nouvelle; c'est refaire une caste doteede privileges suffisans pour irriter les autres classes, insuffisans pour se de- fendre elle-memc; c'est ressusciter a plaisir une des causes les plus efficientcs des malheurs qu'on deplore. " S'il y a qiielque chose d'evident en politique , assure M. de M. , c'est qn'il faut recomposer la France avec la France; c'est avec des debris francais qu'il faut reconstruire Tedifice fran- cais... ce qui ne veut pas dire qu'il faille revenir soit a I'ancien regime feodal , soit a la forme de nos anciens Etats-generaux , niais seulement a I'esprit qui animait cet ensemble. » Cet esprit, sans les formes qui lui donnaient quelqtic consistance, n'est qu'un (itre imaginaire, ct, dans toute la rigueur de I'expression, un fantome aiiquel M. dc M. ne parviendra jamais k rendre quelque realitc. Comment est-il possible de peuser que I'esprit de la feodalite ait pu survivre aux formes fcodales ? N'y a-t-il pas entre ces deux choses une correlation si intime, que la des- truction de Tune cntraine necessairement I'autre ? On ne recons- truit pas un edifice avec des debris uses; la raison ne voit dans de pareilles phrases que de steriles antitheses; et, en effet, il est plus facile d'arranger des antitheses qu'une organisation sociale. Il y a deux sortes de puissances pour la noblesse here- ditaire; I'une matcricllc, I'autre d'opinion : la condition de la premiere, c'est un pcuple serf; la condition dc la seconde , un peuplc ignorant. C'est seulement chez des nations esclavcsou 664 SCIENCES iVlORALES grossieres que la race d'Horcule a pii se fonder unciilte, ou la race de Montmorency , d'hercditaires hommages ; la Grece eclairec n'aiirait jamais professe une veneration pnbliquc pour Ics enfans dc Themistocle et d'Aristide, on du moins ce n'eiit ete qu'une veneration personnellc ct viai^ere. La I'rance du xix** sieele, pour honorer La Fayette, ne lui demande point d'aieux ; et , pour honorer les Montebello , Icur demandera des vertus. Je dirais a M. de M. : Pour retablir la noblesse eomme vous I'entendez, ce dont il faut le moins vous occuper, c'est d'elle-meme; faites qu'on oublie I'usage de la poudre k canon , et vous releverez les donjons et les castels; et vous res- suscitercz la puissance de la rondache, de la pertuisane et du haubert; proscrivcz I'imprimerie , et vous vcrrez bientot le triomphe des prejuges sur la raison; tarissez les sources de I'in- dustrie en I'enchainant, ou en Tavilissant, et vous rendrez a la puissance terriennesa gothiqite superiorite ; en un mot, ra- menez sur I'Europe la barbaric, I'ignorance et la servitude, et. votre Noblesse se retrouvera d'elle-meine forte et florissante, sans que vous ayez seulement pris la peine d'y songcr. Mais, si vous ne pouvez faire revivre toulesces choses, rcnoncez a reta- blir votre Noblesse dans sa puissance materielle ou seulement d'opinion ; car vous manquez de I'element necessaire pour ar- river a un tel but. Je ne me refuse point a faire la part du terns ; il fut une epoque peut-etre ou les prejnges, les prestiges que fl vous invoquez ne furcnt pas sans utilite, et leur utilile etait " la condition de leur duree. lis ont cesse d'etre utiles, ils devaient bomber en desuetude. Ce n'est pas seulement en France que la marche des evene- mens et le mouvementde I'opinion ont pour jamais deplace la || Noblesse du rang qu'elle a long-tems occupe dans I'ordre social. ' Sans parler des pays oii des ebauches de revolution ont signale avec assez d'eclat la direction des idees , nous voyons que , dans les ctats monarchiques du second ordre, en AUemagnc, ET POLITIQUES. G65 les constitutions royales ont modiiie dans ses bases I'institu- tion feodale de la Noblesse ; nous voyons la diete de Norvege piendre nne resolution pour I'abolition des privileges et de toute noblesse liereditaire ; nous voyons enfin que, dans un pays ou le prestige nobiliaire a conserve'^ plus long-tems qii'ail- leurs quelque importance, en Espagne, les moines du Mont- Serrat ne pouvaient, des I'annee 1817 , trouver a vendre les litres de Castiile , que le roi leur avail accordes pour en em- ployer le prix a retablir leur convent. Voila des faits ; et des faits sont les nieilleurs argumens a opposer k des prejuges. Bien loin de reconnaitre la consequence forcee de ces faits, BI. de M. ne s'occupe que de la prevenir ; mais, comme eonvaincu de I'inutilite de ses efforts, il se laisse quelquefois gagner au de- couragement, a la vue des irresistibles progres de la democra- tic, et on I'cntend s'ecrier que , pour se soustraire a ce dever- gondage de doctrines , « il n'y a plus qu'a s'enfuir vers les rives du Mississipi ou vers celles de I'Ohio. » Mais, mon Dieu, qu'y gagnerait M. de M. ? II retrouverait la democratic sur I'Ohio etsur le Mississipi; ce qu'il appelie du devergondage , sera bien- tot la raison nniverselle. M. de M. pretend que le inouvement unanime dei789n'e- tait pas une revolution , mais le retour aux nnciennes institutions de la France. Je le demande de nouveau : qu'on fixe une fois poiu- toutes I'epoquc de ces anciennes institutions; il n'y a pas d'autrc moyen de s'entendre. Le vague est merveilleusement commode pour embrouiller les questions et favoriser I'absur- dite; la veiite, la raison aiment la precision et la clarte. Ces anciennes institutions sontolles les institutions de Louis XIV ? Mais vous avez avoue vous-nieme que son gouvernement jibsolu n'etait pas legitime. Sont-ce les institutions qui ontim- mediatement precede son despotisme ? Mais il est evident qu'elles ne valaient rien, puisqu'elles ont ete impuissantes pour s'opposer au ponvoir absolu, impuissantes pour se do- 666 SCIENCES MORALES feiidre elles-memes. Voulcz-voiisremonter plus haul ? Mais les obstacles vont se multiplier , a mcsurc que vous retournerez en arriere. Qu'espercz-vous prouver par ces questions redou- blees que vous adressez aux partisans d'un nouvel ordre dc choses? et quelle conclusion voulez-vous que nous en tirions ? « Pretendez - vous qu'avant la revolution il n'y a jamais eu en France de representation politique ? Preteudez-vous qu'il n'y a jamais eu d'Etats-generaux et d'etats particuliers ? qu'il n'y a eu ni etats de Bourgogne, ui etats de Languedoc, ni etats de Pro- vence , ni etats d'Artois? Pretendez-vous que jamais les parle- mens n'ont cxerce ou pretendu a un droit de remontrance, non plus qu'a etre des Etats-generaux au petit pied ? Pretendez- vous que dans cette abominable feodalite, laquelle par ses moeurs, comme par ses institutions, n'en est pas moins la source de toutes les grandeurs et de toutes les libertes de la France, les communes n'ont jamais ete admises a des droits politiques, et particulierement a celni de municipalites? Pretendez-vous que, dans notre abominable antiquite, il n'y a eu ni champ - de- mars , ni champ- de - mai, ni assemblees de communes, ni assemblees de barons ? La cause est entendue. Je vous laisse le choix des juges ou des arbitres. » Oui, sans doute, nous avions eu tout cela avant la revolution, et tout cela nous avail conduits au sanglant despotisme de Piichelieu , au despotisme de Louis XIV, que vous appelez bienfaisant ; que d'autres, a plus juste litre sans doute, pourraient appeler fanatique, quand il revoquc I'edit de Nantes et rase Port-Royal ; barbare, quand il ordonne les Dragonnades; imprudent, lorsqu'en se mettant a la tele d'une lutle ouverle conlre I'influence du xvi® siecle, il ne fail que preparer les malheurs du xviii'' ; ruineux, quand il epuise la France d'hommes el d'argent , dans des guerres d'ambition qui ont laisse pour heritage a Louis XV la banque- roulc el la misere publique ; immoral, quand il ouvre le lit conjugal a des maJtresses en litre, quand il appelle au trone des ET POLITIQUES. 667 batards que les lois en repoussaient, quaud il prepare , au milieu du bigotisme, compagnon del'hypocrisie, ces moeurs dissolues, eternei scandale de la regence(i). C'est justement parce que (1) Puisque, depuis plus d'un siecle et demi, I'aveugle admiration qui se prosterne devant le nom de Louis XIV n'a pu encore ^tre eclairee , il faut bien que la justice continue a detromper les hom- nies de bonne foi, accoutumes a croire sur parole; quand on ose nommer hienfaisant un despolisme qui a long-tems pese sur la nation, il faut bien rappeler quelques-uns des bienfaits de ce despotisme. Sans doute, Louis XIV etait ne avec une ame elevee et un coeur genereux ; mais plus les qualites naturelles de ce prince promet- taient de bouheur a la France , et plus le despotisme qui lui a fait coramettre tant d'actions deplorables doit ^tre montre aux peuples comma un obj§t d'effroi ; qu'aurait-il done produit ce despotisme dans les mains d'un mechant prince? C'est le systeme encore plus que riiomme qu'il faut accuser. Au reste , les personnages les plus dignes d'apprecier ce qu'il y eut de veritablement grand dans le rfegne de Louis XIV , ne lui ont pas epargne les repro- ches ; et I'impression va bientot faire connaitre une lettre inedite de Fenelon , dans laquelle le pieux archeveque osait dire a ce roi puissant : « Vos principaux ministres ont ebranle et renverse toutes les anciennes maximes de I'etat pour faire monter jusqu'au comble votie autorite , qui est la leur , parce qu'elle etait dans leurs mains. On n'a plus parle de I'etat ni de regie ; on n'a parle que du roi et de son bon plaisir.... Vous avez appauvri la France entiere , afin d'introduire a la cour un luxe monstrueux et incura- ble... Vos ministres ont et6 durs , hautains , injustes , violens , de mauvaise foi. lis n'ont connu d' autre regie , ni pour I'administra- tion du dedans de I'etat , ni pour les negociations etrangeres , que de menacer , que d'ecraser , que d'andantir ce qui resistait. lis ne vous ont parle que pour ecarter de vous tout merite qui pou- vait leur faire ombrage. lis vous ont sans cesse accoutume a re- cevoir des louanges outrees qui vont jusqu'a I'idol^trie, et que vous auriez dii, pour votre honneur, rejeter avec indignation; on a rendu votre nom odieux a toute la nation francaise et insupportable a tous vos voisins » CGS SCIENCES MORALES nous avons cu tout ce que vouspronez, et (jue nous nous en sommes tiouves si nial, qu'on a voulu avoir autre chose , et qu'on a fait la revolution, coniine une garantie que nous ue reverrions jamais ce que vous voulez nous rendre. Parini cetlc foule d'institutions que M. dc M. passe en revue dans scs interrogations, le lecteur ne distingue peut-etre pas bicn clairemcnt ccUes que notre auteur souhaiterait le plus de voir restaurer. Nous sommes contraints d'avouer qu'a cet egard nous n'en savons pas plus que le lecteur; mais ce que M. de M. regrette le plus frequemment, ce dont il deplore le plus amere- mentla perte, ce sont \ei anciennes et belles moralites de la France. Nous avions vainement essaye d'attachcr une idee i cette vague denomination, qui revient a tout moment dans ce livre, lorsque enfin nous avons heureusemcnt decouvcrt, a la page /(6a, une explication qui jctte siu- les idees de notre au- teur une luraiere que nous nous empressons de recueillir : les moralites de la France sont I'honneur, la grace, le ban ton , Fe- Icgance des manieres. Assurenient , voila dcs moralites d'une nouvelle espece, et pour riiomme qui en fait tant de cas, les marchands de sitif et \es/ab/icans de drap , qui probablement n'otit pas tout le bon ton dcs Lauzun et toute I'elegance des Fronsac , doivent etre des gens fort immoraux. Nous verrons bientot qu'en effet M. de M. les estime mediocrement ; mais au- paravant citons un dernier passage ou sa tendresse pour la caste nobiliaire s'exprime avec une naivete tout-a-fait caracteristi- que : '< Rappelons-nous comment, dans nos anciennes moeurs, les xx\o\&franc , ingenu, woWe, etaient devenus synonymes. Avec la franchise , on ne connait aucun mensonge ; avec Xingcnuite, on ne dissimule aucune verite; avec la noblesse , les nuages des pelits interets ne vous atteignent point ; a une plus grande hau- teur , ils vous atteignent encore moins. Par uu accord unanime Act homnies, la grandeur, elevce au degre A'allesse, est repu- tee serenissinie. » Voyez-vous comme ce bon M. de M. se repait ET POLITIQUES. 669 tie sa chimcre, comuie son illusion est douce et facile, comme il se contenlede mots! Que de vertus dans cette heureuse sy- nonymic! Qui pourrait, contre une semblable autorite, s'aviser de mettre en doute V elerueWe franchise, la constante ingenuile , leprofoxiddesi/iterei'sement de la Noblesse ? Assurementil fau- draitetre bien mediant, et, de plus, bien ignorant sur la va- leur et la puissance des synonymes. « Auprcs de cette dignite, de cette seienite , ajoute notre auteur, examinez la contenance > On voit dans ce peu de mots toute I'opinion, tout le systeme de M. de M. sur la classc mojenne. De meme qu'il professe une tendresse et une admiration superstitieuses pour la iVoblesse, de meme il a voue a cette pauvre classe moyenne une aversion constante et d'eternels soupcons. Combinant dans son esprit, peut-etre sans s'en douter, et la force materielle qu'il est oblige de reconnaitre a cette classe, et I'abaissement dans lequel il veut la tenir , il la voit dans une position forcee, il lui suppose du malaise et des projets hostiles. « La classe moyenne n'a qu'une scule pensee, dit-il; c'est par la destruction de toutes choses qu'elle marche a sa conservation. » Et ailleurs: « L'histoire nous apprend qu'il y a dans I'esprit de cette classe un fonds cternel et particulier d'envie, une susceplibiiite d'irritation au- pres des classes superieures, telle que toujours, quand elle le pent, elle remuera, s'il le faut, I'Etat entier jusqu'a ce que, meme a son detriment, elle puisseaneantir dans un rang eleve ce qui est pour elle un objet de haine invincible, implacable. » Voila, sans doute, de bien injustes preventions , et il est triste de les rencontrer chez un liomme qui se mele de donner des conseils a un gouvernement et s'etablit le reformateur d'un T. XXV. — Mars iSaS. l^!^ 670 SCIENCKS MORALES ordre social. Cet autre reproche nous a pani moins grave : « La vanite est la furie particuliore de la classe moyenne. » II est assez plaisant dc voir le defenseur officieux de toutes les vanites et de Toidre le plus sottement vain, ])uisque son orgueil ne se fonde que sur dcs pretentions desavouees aujourd'hui par la raison, taxer de vatiite un ordre que son importance sociale justiCierait en quelque sorte, quand meme I'accusation serait reelle. Lorsque les peuples en sont venus a ce point de matu- rite ou le mensonge des illdsions n'est plus a leurs yeux qu'un mensonge , 011 les moralites ne consistent plus pour eiix dans I't'legance et le bon ton , mais dans la vertu et les bonnes mceurs, ou les realites seules occupent toute leur attention; alors, designez comme vous voudrez cette classe qu'une an- cienne habitude vous fait nommer classe moyenne, elle sera la societe tout entiere. Les classes que vous appelez superieures poiii'ront encore servir d'ornement a la societe; elles n'en feront ni la force ni la puissance. II existe des civilisations sans No- blesse, il n'en existe pas sans cette aggregation d'individus qui composent votre classe moyenne : c'cst que celle-ci est de I'es- scnce de la societe, tandis que I'antre n'en est qu'un accident. Or, supposer que celte classe, qui est la societe meme, n'aspire qu'a bouleverser la societe, c'est une supposition denuee de toute raison; et si une lutle s'etablit, il est evident qu'il faut s'en prendre a la portion que j'appellerais volontiers excep- tiounelle dans la societe , et non a la masse sociale elle-meme. Aussi M. de M. montre qu'il connait peu son siecle, lorsqu'il parle de livrer aux comedies et aux caricatures le desir mani- feste par la classe moyenne d'occuper dans nos civilisations modernes un rang ou I'appelle sa grande importance. La preuve que I'idee est fausse, et qu'il n'y a pas de comedies a faire sur cc siijet, c'est qu'on n'en fait pas, quoiqu'on ait le champ libra pour en faire; car ce ne sont pas celles-la que la censure arre- terait. On en a fait dans un tout autre sens, que la censure a I ET POLITI{>UES. 671 arretees, et en cela les aiileurs et les censeurs ont montre qu'ils ont compris leur tems. II n'y a peut-etre que M. de M. qui puisse se tromper sur ce point; le ridicule est pour le public precisement ou est le serieux pour lui; car ce n'est pas des volontes et des besoins des masses , mais des caprices et des vanites du petit nombre que nait le ridicule. Mais comnaent faire entendre cette verite a un publiciste qui declare sechement que « la doctrine du nombre est raanifestement une doctrine insen- see ? » Voila encore une de ces generalites k la faveur desquelles la deraison tente de se sauver. Si vous entendez le nombre des proletaires et des gens sans ressource , vous dites vrai ; mais c'est une verite triviale qu'on ne vous conteste pas. Le nombre reprend toute sa force, si vous I'entendez de gens qui ont et qui peuvent quelque chose; q»ii font qu'une societe travaille, prospere, croit en richesse et en puissance. C'est la cette doc- trine du nombre que nous opposons a votre doctrine du petit nombre t a laquelle nous pourrions, peut-etre a plus juste title , renvoyer I'epithete que vous nous donnez. Je comprends bien que, dans la doctrine du nombre, il y a quelque chose de trop positif pour M. de M. , I'homme des abstractions et des prestiges, II ecrit depuis trente ans sur I'etat politique de la France, et il avoue qu'il ne s'est pas encore occupe, dans ses ouvrages,«du grand mouvement de nos fa- briques, de nos ateliers, de nos manufactures, ainsi que de la somme de nos importations et de nos exportations. » II ne veut examiner que « I'etat moral de la France, le desordre des doc- trines, I'anarchie des principes, celle des droits et des preten- tions. " Comme si I'etat moral d'un pays ne dependait pas, au moins en grande partie, de son etat materiel: comme si les droits et les pretentions n'etaient pas fondes sur les situations sociales; comme si les principes et les doctrines politiques ne devaient pas etre appropries au degre de richesse, de puis- sance, de civilisation auquel un peuple est parvenu! Un pareil 67a SCIENCES MORALES aveu serait h lui seul la refutation snffisante de tout un livre; et il explique assez bicn Ics railleries qui reviennent sans cesse contra les marchands de suif et d'ainidon , les fahricans de drap , et les homines qui veulent s'elerer au-dessus de leurs hobines. Il explique assez bien comment , pour avoir compris I'etat actuel de la democratie, I'un des hommes les plus dis- tingues que possede aujourd'hui la France, par la probite du caractere et I'elendue des lumieres , pent se trouver confondu, dans I'esprit de M. de M. , avec les hommes qui ont laisse a la revolution les plus sanglans souvenirs; comment le nom de M. Royer-Collard , par exemple, est a tout moment place, dans ce livre, a cote de celui de Robespierre... On voitque la passion qui emporte M. de M. ne lui permet aucune mesure dans ses rapprochemens. C'est ainsi.que, dans un autre acces de fureur coutre la democratic, il protend que la maximc « quV/ n'y a plus d'autre distinction en France que celle du merite et de la verlu est Vhorrible ei'angile de la revolution. » C'est ainsi qu'au sujct de la loi de recrutement, il dit avec ironie : « II n'y aura de paix et de bonheur en France que lorsque le fils d'un due et pair et celui d'un savetier mangeront ensemble dans la meme gamelle , et coucheront ensemble dans le meme lit. Oh ! le beau jour que celui ou les moeurs nobles des classes distin- guees pourront se salir au milieu de ce que les dernieres condi- tions presentent de plus bas ! » Ainsi M. de M. range dans ce qu'il ys.de plus bas I'honorable metier de soldat et la condition des defenseurs de la patrie! On repugne a penser que ce soit la ce qu'a voulu dire M. de M. ; mais cependant c'est a la lettre ce qu'il a dit. Ccs deplorables exagerations donnent la mesure du jugement ou du caractere passionn^ d'un auteur, et I'ecri- vain charge de le refuter n'a qu'a le remercier de lui avoir rendu son travail si facile. Nous arrivons au dernier point que nous avons promis d'exa- miner dans les doctrines de M. de M. , \ influence du clerge. ET POLITIQUES. 673 Nous n'etonnerons pas ceux qui ont reflechi sur les principes qui ont dicte cet ouvrage, en disant que, sur cet article, les opinions de M. de M. sont parfaitement conformes aux opi- nions et aux besoins de son siecle. Les hommes sages redoutent I'excessive inQuence du clerge, parce qu'ils prevoient de tristes collisions entre la force reelle d'une classe qui est, pour ainsi dire, la societe tout entiere , et la puissance factice que semble vouloir ressaisir une fraction de la societe qui marche visible- raent dans iin sens oppose a la masse. M. de M. , qui ne veut qu'une influence unique, celle de la Noblesse, redoute une influence rivale. Cest ainsi que cette conformile d'idees entre notre auteur et les publicistes avec lesquels il est le plus en opposition, s'explique tout natiu'ellcment. M. de M. , qui ne s'enibarrasse point de I'etat actuel de la societe lorsqu'il pre- tend lui rendre une Noblesse avec I'esprit feodal , comprend fort bien cependant que c'est une consideration de grande importance pour ceux qui veulent lui rendre le clerge d'au- trefois. « Ces personnes, dit-il, auraient du considerer d'abord la situation nouvelle oil se trouve la France, et comparer un moment cette situation a Taction du pouvoir que Icur inten- tion est de rendre a ses prerogatives anciennes. « Le conseil est fort bon , et il ressenible beaucoup a celui que nous don- nons a M. de M. an sujet de la Noblesse. Quand les idees syste- matiques ne brouillent pas chez lui les idees justes, quand son esprit se degage des entraves du prejuge, il saisit avec beau- coup de sagacite ce qu'il y a de reel et de viai dans une controverse. C'est une justice que nous nous plaisons a lui rendre , pour eloigner de nous toute idee que nos remarques sur son livre soient dictees par aucun esprit de contradiction. Selon M. de M. , « il est manifeste qu'un parti domine par certains principes politiques a forme le dessein de donner le clerge a la societe, a I'effet de donner ensuite la societe an clerge. » Nous n'cxaminerous point si ce fait est reel ; nous 674 SCIENCES MORALES fuyons, autant que possible, les applications aux circonstanres du moment, pour uous occuper seulement des principes et de leiirs applications gencrales; k cct egard, les considera- tions suivantes sont-de notie domaine : « Des pretrcs qui sont tout entiers aux choses du ciel inspireront sans doute le res- pect; mais des pretres que vous faites entrer dans les choses du monde, qui voudront porter leur caractere de pretre dans les interets civils, politiques et mercantiles; des pretres qu'on verra presider h des jeux et a des etudes profaqes, intercaler dans des lecons de geographic et de musique des preceptes religicux, ne seront-ils pas peu a peu delustres, deconside- res, finalement repousses? Au milieu de tout un mouvement dc lettres, de sciences, de commerce et dindustrie; au milieu de toute une agitation d'elections et de corps electoraux, des missionnaires sont envoyes pour precher I'inanite des choses du monde : est-ce convenable ?... Je puis affirmer que, de cette maniere, on n'obtiendra, au lieu d'ordre ct de paix, que con- fusion et trouble ».... Et ailleurs : « II est done vrai que le pretre doit avoir une grande importance dans la societe; et c'esla raison meme de cette importance qu'il doit etre hors de la societe... Le souverain et la societe out, a cet egard, d'autant plus de precautions a prendre, que les pretres sont un pen moins citoyens que les autres citoyens, attendu I'observance du celibat; et aussi un peu moins sujets que les autres sujets» attendu qu'ils out au dehors un souverain particulier. » Cette partie des considerations de M. de M. aurait pu rece- voir plus de developpomens; mais il promet sur ce sujet un ouvrage intitide : Des moralites du christianisme , considerees dans leur rapport avec les moralites sociales. D'apres ce que nous voyons dans le livre que nous avons sous Ics yeux , on pent predire que le nouvel ouvrage de M. de M., rempli de vues justes et de considerations utiles, sera parfaitement con- forme aux besoins du moment, etoffrira une connaissance dc ET POLITIQUES. 675 notre itat social bien autrement exacte que I'ouvrage dont nous venons de rendre compte. Celui-ci renferme beaucoup de declamations centre I'ordre nouveau, beaucoup de regrets sur I'ancien ; voili ce qu'il y a de plus clair dans la science politique de I'auteur. Du reste, point de principes fixes, point d'idees arretees, point de systeme de gouvernement. Tantot M. de M. etablit la legitimite nohiliaire , qu'il assimile a la legi- timite royale; ce qui suppose une existence independante qu'oo ne tient que de soi-meme, une Noblesse feodale; tantot il sc contente d'une Noblesse purement de lustre , qui n'existe que de creation royale. Ici il admet une classe moyenne, a laquelle il veut bien reconnaitre une influence legitime ; la il faut que cette influence se borne a une docile inferiorite, ^ une hiimi- lite respectueuse, et il met veritablement la classe utile et forte de realites k genoux devant une autre classe qu'il eleve sur le fragile piedestal des prejuges et des prestiges. Enfin, donncz- lui des rois en tutelle avec des assemblees de grands vassaux et une Noblesse feodale; des rois a puissance limitee, avec des Etats-generaux et une Noblesse privilegiee; des rois absolus, tels que Louis XIV, avec une Noblesse de lustre; tout lui est bon, pourvu que le peuple soit comple pour rien. Au reste, cette confusion d'idees, cette lulte d'opinions et de principes n'ont rien qui puisse etonner, et doivent en effet se rencon- trer dans les ouvrages de tout homme qui, comme M. de M., aura assez de prejuges pour desirer I'impossible, et en meme tems assez d'esprit pour ne pouvoir se dissimuler I'impossi- bilite d'atteiudre I'objet de scs desirs. Toutefois, s'il fallait absoluraent tirer une conclusion des contradictions frequenles repanducs dans le livre de M. de M. , et s'arrcter a la pensce vers laquelle il semble pencher, on trouverait peut-etre qu'il est inoins feodal qu'il n'en est bruit; on trouverait qu'il veut un roi absolu, un roi dont la puissance soit limitee seulement par des conseils, c'est-a-dire soit sans limites, escorte d'uueNo- 676 SCIENCES MORALES blesse pour laquelle il ne reclame, en dc'linitive, ni racines dans la nation, ni consistance veritable, mais seulement de I'eclat et les faveurs du niaitre. En deux mots, il veut un roi tout-puissant qui ait I'air de prendre conseil , ct ime Noblesse de parade et d'antichambre, qui ait I'air de conseiller. C'est nous raniener a je ne sais quelle epoque de la vieille monar- chie, a un ordre de choses qui n'a pu snbsister, a une nou- velle et inevitable reforme , a la revolution. M. AVENEL. GUERRES DES VeNDEENS ET DES ChOUANS CONTRE LA Republique francaise, ou Amiales des dcpartemens de rOitest pendant ces guerrcs, d'apres les actes et la correspondance du Comite de salut public, des ministres, des representans du peuple en mission, des agens du Gouvernement, des autorites consti- tiiees, des generaux Berru^er, Biron, Canclaux, RossiGNOL, Santerre, Lechelle, Kleber, Marceau, Turreau, Motjlin, Hociie, etc., et d'apres les re- glemens, proclamations et bulletins du Conseil supe- rieur et des chefs des Vendeens et des Chouans; par un Officier superieur des armees de la Republique, habitant dans la Vendee avant les troubles (i). Si nous cherchions a soulever le voile dont I'auteur dc cette liistoire a voulu se couvrir, ce serait dans I'intention de mieux assui;er les bons effets que son ouvrage doit produirc. Mais le lecteur y trouvera plus que la garautie d'un nom connu : il rcconnaitra partout le narrateur sincere ct bicn informe; sa (i) Paris, 1824; Baudouin freres, rue dc Vaugirard, n° 36. 5 vol. in-8° Les tomes I , II et III out paru ; prixdes 5 vol. : 35 fr. ET POLITIQUES. 677 confiance augmentcra de page en page, et sera parfaitement etablie an bout de quelques chapitres. Les motifs qui ont de- cide I'auteur a garder Tanonyme sunt apparemment ceux qu'exprime son epigraphe , tiree de Tacite : Domestica mala tristitid opcrienda. En effet, il eut ete penible pour lui d'atta- chcr son nom au recit de si grandes calamites, a I'histoire de I'u'ne des guenes civiles les plus atroces, dont le souvenir epouvantera la posterite. D'ailleurs, il avail k parler de lui- meme, ce qui est toujours cmbarrassant pour un homme bicn penetre du sentiment des convenances. Nous I'imiterons a cet egard , et nous nous bornerons a parler du livre , a moins que les faits et les observations auxquellcs ils auront donne lieu ne reportent notre attention sur I'auteur. La preface de ce livre est ecrite pour les lecteurs, et leur apprend a se defier de pretendus historiens qui n'ont rien vu de ce qu'ils racontent; qui n'ont pas toujours puise anx meil- leures sources, et qui n'ont pas meme songe aux interets de la verite. Voilh inon poeme , dit I'un , dont le style emphatique deplairait meme dans une fiction romanesque. Un autre ne consulte que ies bulletins de son parti, quoiqu'il sache bien , et quil avoue meme que I'exageration et le mensonge appar- tiennent a toutes les passions politiques, et qu'a cette epoque desastreuse de nos annales, la verite etait presque entierement bannie des rapports officiels. « Qu'il me soit perniis en finis- sant, dit I'auteur, de rappeler une lettre que le bon et respec- table general Canclaux m'ecrivait le 6 juillet 1802, en m'adres- sant un Prospectus de M. de Beauchamp ; la voici : L'auteur est veriu me demander les m.ateriaiix que je potivais avoir. Je lui ai repondu que je les destinais a un ami qui voulait entre- prendre le m^m.e travail, et qui y avait tous les droits. Le ci- tnyen Beauchamp m'a dit avoir de grandes domiees et docu- incns , surtoat pour la politique, ayant ete employe dans les bureaux du Comite de salut public et de la Police generale. — fi-8 SCIENCES MORALES Cest sans doute ce motif qui faisait dire a rautpur du Pros- pectus , que des circonstances heureuses I'avaient mis k portee de puiser dans des sources authentiques. Le general m'a dit depuis qu'il avait consenti h ouvrir ses cartons a M. de Beau- champ. S'il ne me I'eut dit lui-meme, j'aurais peine a le croire aujourd'hui, en comparant les recils de I'historien avec les pieces. » L'ouvrage est divise en chapitres , dans chacun desquels ies evenemens d'un mois sont reimis. L'extreme complication des fails exigeait que les chapitres fussent subdivises en paragra- phes plus ou moins nombreux, soit en raison de I'importance des evenemens, soit en ayant egard a I'etendue du theatre de la guerre, aux denominations diverses des armees, etc. Una Introduction pleine d'interet fait tres-bien connaitre la Vendee et ses habitans sous le rapport militaire, les mceurs du peuple et de la Noblesse ; la situation politique et religieuse de ce pays en 1 791 et 1792. On reconnait dans la tactique militaire des Vendeens, celle qui maintint si long-tems Sertorius en Espagne, et que Ton a vue reparaitre, apres vingt siecles, dans les Gue~ rillas espagnoles. Le tableau des moeurs de la Noblesse vendeenne, tel que I'auteur nous le presente , ne la distingue point de celle des autres parties de la France. Mais il parait que les genlilshom- mes poitevins saisirent plus habilement que partout ailleurs le moment ou il leur convenait de se convertir; cette revolution, qui changea subitement en hommes pieux un si grand nombre de mecreans fut, dit I'auteur, le plus grand miracle qu'il ait vu dans cette contree. Le Clerge mcme eprouva cette lieureuse influence : un cure qui ne manquait guere d'intenter, chaque annee, un proces a ses paroissiens, au sujet de la dime au vert et au sec, fit en chaire I'aveu de ses fautes, et n'eut pas de peine a se les faire pardonner. Le peuple fut caresse avec d'au- tant plus d'empressement , qu'il avait etc plus dedaigne et mal- ET POLITIQUES. 679 traite : simple , bon et surtout ignorant ,il ne resista point a la seduction. Cependant, les gentilshommes ne I'auraient point entraine , s'ils n'eussent ete puissamment secondes par les pre- tres : la guerre de la Vendee fut beaucoup plus religieiise que politique; notre auteur le prouve par des faits incontestables. La Noblesse vendeenne fut d'abord entrainee par le torrent de I'eniigration. Ce fut la proclamation du Roi du 12 novembre 1791 , qui fit rentrer en France d'Elbee et Charette. A I'ori- gine des troubles, la plupart des chefs que Ton vit a la tete de I'armee royale et catholique, vivaient paisibles et retires. MM, de Lescure et de Larochejaquelein habitaient Clisson. «M. de Bonchamps, franc, loyal, ennemi de I'intrigue , et, sans contredit, le plus habile des chefs militairesde la Vendee, ha- bitait son chateau de Labaroniere... D'Elbee, simple, pieux , aime des paysans qui I'environnaient, etait dans sa modeste habitation de la Loge... M. Sapinaud de la Verrie vivait en philosophe dans sa retraite; M. de Royrand, ancien militaire, fort silencieux de son naturel, s'amusait pourtant quelquefois a raconter de vieilles histoires de guerre , ou d'anciennes tra- ditions du pays. M. Charette tenait sa petite cour de galanterie dans son habitation de Fonte-Clause, au fond du Bas-Poitou. Jusque-la, son nom n'avait peut-etre jamais penetre dans le Haut-Poitou, ob. Ton n'entretenait guere que des relations de parente, de voisinage et de chasse. « Ainsi, la guerre civile de la Vendee ne fut point I'ceuvre de la Noblesse de ce paysi. Quelle que soit I'opinion du moment, ou celle de la posterite sur les resultats de cette longue periode de devastations etde massacres, les eloges ou les maledictions appartiennent aux hommes qui dirigeaient les pelerinages nocturnes autour d'un chene miraculeux, que Ton trouvait, deguises, k la tete des pre- miers rassemblemens, qui n'ont cesse dc soufflt-r le feu, de propager I'incendie , que lorsque leur propre inlerel leur a conseille de I'eteindre. 68o SCIENCES MORALES II nous est impossible de rien detacher du paragraphc inti- tule : Situation politique et Teligieuse de la Vendee en 1791 et 1792; il faut le lire en enticr dans I'ouvrage mcme. La pre- miere insurrection se manifesta au niois d'aout 1792, aux en- virons de Chatillon et de Bressuire : la levee de 3oo,ooo homnies pour le recrutement des arniees en fut I'occasion. L'auteur, force d'abreger ce qui preceda les evenemens de la guerre de la Vendee, commence son premier chapitre au mois de mars 1793. La Convention avait rendu le decret de la Requisition : ses ordrcs eprouverent de la resistance en Bre- tagne et dans la Vendee. « Cette epoque, dit l'auteur, exige quelques details, minuticux peut-etre, mais necessaires pour faire connaitre la verite. Je dirai ce que j'ai vu; je n'ecris pas sur des souvenirs quelquefois trompeurs, mais sur des notes et des journaux particuliers conserves avec soin. D'aiileurs, il exisle encore tant de temoins de ccs evenemens deplorables ! C'est a eux que je m'adresse, et c'est en leur presence que j'ecris. » Chollet donna le signal, le 4 mars, par des rassemblemens tumultueux et des assassinats. Le i3, une bande d'insurges partit de Jallais, sous la conduite de Cathelineau, et fut ren- forcee le 14 par la troupe de Stofflet, sortie de Maulevrier. La prise de Chemille avait procure trois pieces de canon ; quel- ques maisons avaient ete pillees; trente prisonniers attaches deux a deux etaient conduits a la tcte des colonnes. L'armee catholique etait formee; elle reconnaissait Stofflet pour son commandant, ct le vicaire Barhotin pour son aumonier : on niarcha sur Chollet. Cette viile fut mal defendue, si ce n'est, par quehjues braves qui, forces de ceder au nombre prodi- gieux des insurges, se refugierent dans le chateau. Menaces de voir raettre le feu a la ville, s'ils ne se rendaient, ils acceptc- rent une capitulation. Le vainqueur ne fut pas genereux alcur egard ; aprcs Icur avoir lit'; les mains derricre le dos, on les ET POLITIQUES. 68 1 I'emit ail commatidant de I'artillerie de I'armee chretienne, connu sous le nom de Six-Sous, echappe, dit-on, des galeres. On fit, pendant plusieurs jours, la chasse aux bleus , aux en- virons de ChoUet; presque tous les Republicains que Ton de- couvrit furent mis a mort. Six-Sous et ses affides pillaicnt les niaisons, fouiilaient les prisonniers et les depouillaient de tout, tandis que les paysans dont I'armee etait coniposee, priaient Dieu, et se contentaienl de ce qu'on leur donnait. L'auteur de cette histoire etait au nombre des prisonniers. Un jour, un bon paysan, arme d'uue pique, viat lui annoncer la visite d'un bon pretre qu'il lui nomma. Monsieur, ajouta-t-il, je vous aimons bien : vous nous avez fait tout le plus de bien que vous avezpu ;je sommes bien fdches de vous voir ici. Je ne nous soucions point de nobles ; je ne demando as point de roi; mais je voulons nos bons pretres , et vous ne les aimcz point.... — Jaime les pretres qui prechent I'uuion et la paix, repartit le prisonnier, et je deteste ceux qui font verser le sang.... — Tout de meme. Monsieur, confessez-vous ,je vous en prions , confessez-vous : car, tenez, j'avons pitie de -voire ante ; et il faudra pourtant bien que je vous tuions. L'absolution donnee par un bon pretre etait pour les prisonniers un arret de mort. L'une de ces victimes, jeune negociant de Montpellier etabli a ChoUet, allait etre fusille; il declara qu'il etait protestant, etle pretre refusa l'absolution : la sentence de mort ne fut pas executee. Rien de plus touchant que le recit de la mort du jeune Bal- lard , dont le courage et 13 gaiete triomphaient meme de la ferocite des ennemis : ils ne pouvaient s'empecher de I'admircr et de s'interesser a lui. Mais rien ne put flechir I'aumonier Bar- botin, ni le commandant Six-Sous : ces deux honimes vinrent expres, le jeudi saint, a la tete de quarante cavaliers, pour hater le supplice du prisonnier. Toutc une population eploree sollicita vainement sa grace : Six-Sous lui-meme servit de 682 SCIF.XCES MORALES bourrcau. Le lendeiiiaiu il se lu.iria : raumonier benit cette union , qui ne fut pas de longue diiree : quelque tems apres, ce brigand, accuse de trahison , fut condamne i mort et fusille. L'aumonier fut, dit-on, son dcnonciatpur. L'armee catholique poursuivait le cours de ses exploits. D'El- bee et Bonchamps en etaient devcnus les chefs. Chalonnes fut occupe ; la Basse- Vendee fut envahie; rinsurrection s'etait aussi propagee dans la Bretagne : Nantes se trouvait en peril , et ii'elait defend u que par une partie de sa garde nationale. Le general Canclaux vint a son secours avec quelques detache- mens de troupes de ligne. Angers et Saumur etaient aussi me- naces; il fallut improviser des armees republicaines, et sup- porter I'inexperience des chefs et des soldats. L'embrasement s'etendait avec une effrayante rapidite; le Gouvernement, aussi malhabile que la plupart de ses agens, contribua lui-meme aux progres du mal. Les details relatifs h I'organisation des armees et k leurs premieres operations contre les insurges ter- minent le premier chapitre. Le mois d'avril , ou second chapitre , offre un melange de succes et de revers ; des operations bicn concertees , et qui ne reussissent pointj I'experience et le bon sens forces de ceder a I'obstination de I'ignorance, et la bravoure de quelques-uns trahie par la lachete du plus grand nombre. On n'apercoit ici rien que les horreurs de la guerre, sans en etre dedommage par le spectacle de ce que I'art militaire pent operer sur un champ de bataille. Boulard, I'un des chefs de l'armee republi- caine , victorieux dans la Basse- Vendee, est dans I'impossibi- lite de s'y maintenir : Chalbos, Berruyer, Leygonier, Queti- neau, parcourent la Haute-Vendee, et ne recueillent de leurs expeditions d'autre fruit que la delivrance des prisonniers de ChoUet. Les denonciations, dont le succes ne preserve pas tou- iours , suivent encore plus coaimunement les revers; Berruyer en est atteint. On lit avec le plus grand interel les details do ET POLITIQUES. C«^ l*evasion des prisonniers , preparee et dirigee par I'auteur de cette histoire. La veille du jour on ils recouvrereut la liberie, renfermcs dans une cour, ou leur vie etait menacee par une troupe de furieux, ils voyaient autour de leur prison les pay- sans du voisinage, a genoux, les mains jointes et la tete de- couverte, priantDieu de ne pas permettre le massacre des pri- sonniers. Les mois de mai et de juin (troisieme et quatrieme chapitres) sont encore une succession de combats inutiles, de succes ba- lances : mais enfin, la victoire semble favoriser les Vendeens, et les divisions intestines affaiblissent de plus en plus les armees republjcaines. Les deuonciations eloignent successivementleurs meilleurs generaux; I'un d'eux perit sur I'echafaud : les tems les plus horribles vont commencer, et la fureur des partis ne s'apaisera qu'apres s'etre abreuvee de san;,' fran9ais. Cependant, les chefs Vendeens conduisaient leurs operations avec beau- coup plus d'ensemble que les Republicains; ils passent la Loire, prennent Angers, tandis que le Federalisme agite la Normandie etla partie de la Brefagne que I'insurrection vendeenne n'avait pas envahie. Le mois de juillet continue lesdesastres de juin. Le Comite dc salut public n'y sait apporter d'autres remedes que de multiplier les representans , de changer les generaux, de des- tituer, d'envoyer au supplice. Tandis que la Republique se fatigue et s'epuise par le plus mauvais emploi de ses forces, le conseil vendeen s'organise, assure sa marche et murit ses pro- jets. Cette prosperite ne sera pas de longue duree; d'affreux revers aneantiront bientot ces armees, et disperseront ce gou- vernement ephemere. L'auteur s'attache a le faire connaitre ; on y trouve presque tons les elemens, et snrtout la maniere de proceder du gouvernement revolutionnaire qui pcsait alors sur toute la France. La confiscation et le sequestre sont, de 68/, SCIENCES MOJRALES part ct d'autre, iiii nioycn de finances, et chaque parti donne nn coiirs force a son papicr-nionnaic. La garnison de Mayencc arrive dans la Vendee, et les af- faires cliangent de face, malgre les denonciations, les intrigues et les extravagances de quelques liommes digncs de cctte epo- que si feconde en crimes, niais qui nc fut pas sans verlus : on en remarquera plus d'un trait dans les arniecs rcpublicaincs de la Vendee. Ici, I'autcur est principalemcnt dirige sans scs recits par les Memoires de Kleber , dont il fut I'ami. La chouan- nerie conimencait a deploycr ses forces dans les departemens de la Sarthe et de la Mayenne : cependant , rien de caractcris- tique et de decisif ne fut fait avant I'expedition des Vendeens sur la rive droite de la Loire en novenibre et decembre, terme fatal de leurs succes. Angers fut repris; des colonnes rcpubli- caincs cernerent de toutes parts la grande arniee catliolique; tous les fleaux rassaillirent a la fois; ct scs nialheurs ne pen- vent etre compares qu'a ceux de la grande armee dc Napoleon, au retour de Moscou. Cctte partie de I'histoire est semee de faits curieux dont nous ne pouvons citer qu'un tres-petit nombre : nous choisirons ceux quipeuveut repandre le plus de lumiere sur ces terns de desordrcs, d'exces et de crimes inu- tiles. Apres la prise de Beauproau par une colonne rcpublicaine, le general Beaupuy, qui la commandait, ecrivait au general en chef: « Moulin a poudre, munitions de toute espece, fari- nas; voil;"! notre conquete. Des prisonniers dont nous avons brise les fers, et qui ne cessent de benir la Republique; voili notre recompense. » L'historien ajoute que Tun de ces prison- niei's siege encore a la Cour de cassation, et qu'il peut rendre compte des evenemeus qui se sont passes a Beaupreau. Le 5 decembre, I'adjudant general ct les aides-de-camp de Kleber sorlirent d'Angcrs, avcc un detachement, pour faire ET POLITIQUES. G85 line reconnaissance sur la route. lis trouverent dans la plainc des bivouacs d'hommes, de femmes et d'enfans , morts de froid et de niisere. Dans une note de ses memoires, Kleber depeintainsi le ge- neral Leclielle : « le Comite du salut public I'annonca comme reunissant I'audace et les talens necessaires pour terminer cette trop longue et trop cruelle guerre ; mais voici , sans exagera- tion, le temoignage que lui doivent ceux qui I'ont connu et apprecie. II etait le plus lachc des soldats, le plus mauvais des officiers, et le plus ignorant des chefs qu'on eut jamais vus. II ne connaissait pas la carte, savait a peine signer son nom, et ne s'estpas approche une seule fois a la portee du canon desen- nemis; en un mot, rien ne pouvait etre compare a sa poltronne- rie et a son ineptie, si ce n'est son arrogance, sa brutalite et son entetement.x Ce general d'une etrange sorte preparait a I'armee catliolique des victoires faciles : la pins importante fut la deroute de I'arniee republicaine devant Laval; ce fut aussi , pour Leclielle, le terme de son commandement. On lui fit en- tendre qu'il avait besoin de repos pour rctablir sa sante, et il ne revint point; il mourut a Nantes, pen de terns apres son arrivee dans cette ville. Tons ces details, extraits des memoires de Kleber, donnent beaucoupde prix a cette histoire : I'ilhistre guerrier s'y niontre deja tel qu'on le vit dans des emplois plus dignes de ses talens. Ajoutons encore un trait a la peinture de ce noble caractcrc. Marceau, nomine general de division, venait d'etre charge, par interim, du commandement de I'armee de I'Ouest. La lettre du ministre qui lui annoncait cette nomination , contenait en meme tenis la destitution des generaux Kleber , Haxo, Bouin- Marigny, etc. Marceau, plein d'indignation, communique cette lettre a I'adjudant general Savary, qui lui conseille de la tenir secrete, et d'adresser. sur-Ie-champ au Comite de salut public des observations surle mauvais effet que cos destitutions allaient T. XXV. — Marx 1825. /|5 686 SCIENCES MORALES produire. Heureusement , celles de Kleber et de Haxo furent suspendues sur-le-champ , par iinc iiouvcllc decision du Comite. Maislc iiouvcau goneial en chef de rarinec de I'Ouest ne vou- lait accepter le commandement que dans le cas ou Kleber con- sentirait a diriger le plan et les operations de la campagne. — « Je garde pour moi, disait-il jtoute la responsabilite; jene demande que le commandement de I'avant-garde, au moment du danger. >> — > Le gencreux officier ne put jouir du bonheur d'avoir sauve une autre infortunee, M"" Desmeliers. La prudence de son libe- raleur et les soins de Kleber et de Marceau parvinrent d'abord a hii procurer un asile a Laval ; mais, des que retat-major eut quitte cette ville , des visiles domiciliaires furent ordonnees, les maisons fouillees, et la jeune Vendeenne decouverte. Inca- pable de fcindre , ellese nomma , et perit. « Jamais , dit Kleber dans ses memoires, on ne vit de femme plus jolie, ni mieux faite, ni, sous tons les rapports, plus interessante. Elle avalt a peine dix-huit ans, et se disait de Montfaucon.« Arretee par deux grenadiers sur la route de Laval , et condaite au Mans, elle demandait a etrc fusillee , ne pouvant survivre a sa fa- mille dont elle avait ete separee sur la route, et qu'elle deses- peraitde revoir dans ce monde. L'adjudant general Savary eut peine a changer sa resolution , et a lui faire accepter les secours et I'asile qui n'ajouterent que peu de joius a sa deplorable vie. Peu s'en fallut que I'acte d'humanite dont elle fut I'objet ne devint fatal a ses bienfaiteurs, et que la prediction de Kleber ne fut accomplie : on instruisit centre les deux generaux. Les proces-verbaux de cette procedure furent remis a un represen- taut qu'une maladie retenait a Laval, apres le depart de ses coUegues ; il eut le bon esprit de les garden Ce concours de circonstances preserva deux de nos plus illustres guerriers du sort de Biron et de Quetineau. Il fautlire dans cette histoire comment cette anecdote a ete defiguree par les pretendus histo- riens de la Vendee, et pourquoi lenom du premier protecteur de la jeune proscrite n'y est pas cite. Notre auteur reproche des torts plus graves k quelques-uns decesfalsilicateursderiiistoire: mais neleurfait-il pas tropd'hon- neur, en les refutant? II se plaint aussi do I'ingratitude d'une femme de qualite envers une roiuriere a qui, dans le desastre 688 SCIENCES MORALES du Mans, elle avail non pas confic, mais abandonnc sa fiUe : niais cette disposition morale ct ses effets paraisscnt conformes a la nature des choses. Les relations fondees sur la justice, la reciprocite d'egards et les services mutuels, en nn mot, les notions et les preceptes de la morale commune ont I'egalite pour principc , et ne pcuvent subsister entre des etres de nature differente, ou qui se regardcnt comme tels. Sans exami- ner si les distinctions de caste corrompent ou perfectionnent la morale, il est certain qu'elles la changent , qu'elles la rcndent plus conipliquee, en y introduisant de nouveaux elemens; que cette complication multiplie les casdouteux, obscurcit les no- lions de justice et du devoir, ralentit les progres de la science ct de ses applications. Les revers epouvanlablcs que I'armee catholique venait d'e- proiiver ne terminaient pas la guerre. Quelques corps vendeens parvinrent a se recomposer , el la campagne continua. Laroche- jaquelein et Stoftlet tentereut de repasser la Loire a Ancenis; mais ils n'avaient qu'une petite barque prise dans un etang; les chefs seuls traverserent le fleuve, et les troupes abandonnees a elles-memes, apres d'inutiles efforts pour effectuer le passage sur des radcaux , prirent la direction de Nort ( dans le Mor- bihan ). Les grands evenemens qui se passaient en de9a de la Loire n'empechaient point que la guerre ne fut conlinuee sur I'autre rive : Charetle n'y laissait point de repos aux Republicains.Tan- dis que Marceau battait a Savenay les debris de la grande ar- mee catholique, que Jordy prenail I'lle de Bouin,et battait Chareltc lui-mcmc dans la Basse-Vendee, que les armes de la Republique semblaientlriompher partoul, les vaincus reparais- saient au bout de quelques jours, et presque aussi forts qu'avant Irur defaite. Ils avaient d'ailleurs un puissant auxiliaire, la discordc qui divisail les forces des Republicains, et leur faisait pcrdre les fruits de la bravourc des soldats et de I'habilele de ET POLITIQUES. 68y quelques genciaux. Toiijours des accusations, des destitutions, des cachots, des supplices. Les incendies et le pillage ne dis- continuaient point ; les habitans redults au desespoir ne son- geaientqu'ala vengeance, a quelque prix qu'ils pussentl'obtenir ; la guerre paraissait interminable , si ce n'est par I'aneantisse- ment de toute la population insurgee. C'etait le plan de cam- pagne du general Turreau, qui vint enfin prendre le commande- mcnt de I'armee de I'Ouest dont Marceau n'avait ete charge que par interim : suivant le nouveau general , cette guerre d'exter- minaUon n'ctaii qu'unc promenade cii'ique. L'affreux Carrier , investi d'un pouvoir illimite , dominait dans les departemens de I'ancienne Bretagnc. Quelques-uns de ses actes sont rappor- tes dans cet ouvrage, etcaractcrisent a la fois cet homme feroce et le tems deplorable ou tant de crimes purent etre commis. Mais, dans ce tems meme, la franchise et la bravoure ne per- daient pas leiirs droits. Ce fut en presence de Carrier que Mar- ceau remit le commandement a Turreau. Le jeune general traita son chef avec un mepris qui fut supporte avec patience ; le sang- froid de Turreau n'en fut pas altere. La chouannerie prenait chaque jour plus d'etendue, et deve- nait una seconde Vendee : il fallait arreter ses progres; on s'y prit aussi mal que les ennemis de la Republique pouvaient le desirer. Le regime auquel la France etait soumise ne laissait aucune place a la prudence et a la raison ; le retour au bien ne fut possible qu'apres la fin du regne a jamais deplorable de la terreur. Nous ne ferons, quant a present, aucune observation sur I'ensemble de cet ouvrage, sur I'ordre et lechoix desmateriaux mis en ceuvre par I'auteur : nous attendons les deux volumes qui nous sontannonces , et qui seront accueillis avec plus d'em- pressement encore que les deux premiers. On est deja bien convaincu que I'histoire des guorrcs dc la Vendee etait a fairc; on la trouve ecrite dans cet ouvrage avec I'exactilude et les de- tails neccssaires aux hommcs d'etat et aux eludes militaires. 690 SCIENCES MORALES OEUVUES COMPLETES DE M. LE CoMTE DE SeGUU , dc \Academie francaisc. — Memoires ou Souvenirs et Anecdotes (i). M. De Segur pouvait, mieux que personne, nous donner une juste idee des tems qui preccderent la revolution. Place aux premiers rangs de Tordre social , il a vu les hommes et les choses avec le coup d'oeil exerce de riiomme d'etat et I'impar- tialite du philosophe. Mieux qu'aucun un autre ecrivain , il a connu les causes des mouvcmens politiques et les a suivies dans tous leurs developpemens. Les faits les plus cxtraordi- naires, les evenemens les plus simples sont tour a tour retra- ces par lui avec autant d'art que de verite; revetu de liautes dignites, temoin des actions de la cour et du gouvernement, initie aux projets des differentcs puissances de I'Europc , atten- tif aux mouvemens politiques qui ebranlaient les deux mondes, entraine par Icur fluctuation , et jete du sein de la tourmente dans le calme qui succede aux orages, M. de Segur est sem- blable au navigateur qui a traverse toutes les mers, visite tous les climats, et qui, rentre au port, se rappclle les perils qu'il courut , et les eciieils qu'il evita, les Lords qui Ic charmerent, et les peuples qui I'accueillirent. Lie par sa naissance avec les hommes les plus illustrcs de la cour , et par ses talens avec les hommes les plus celebres dans les sciences etdans les arts, il met en scene les personnages in- teressans de I'epoque a laquelle se rattachent de si importans souvenirs, de I'epoque qui maiqua le terme de cet elat de choses que nous nommons Xancien regime, et que bicn pcu d'erltre uous ont pu connaitre. L'art du narrateiu- rcmet en action les (i) Paris; i8a5. 1'^'' vol. in-8°, avec un portrait [ort ressemblant de Vaitteiir el un/ac simile. Eymery, rue Mazarine, n° 3o. ET POLITIQUES. G91 acteurs principaux de res tcms ; ii semble leur rendre la vie , et nous croyons etre leurs contemporains. M. de Segur, accueilli par Louis XV et par son successeur , fut honore del'amitie de AVashington , eslinie de Frederic , de Catherine , de Joseph II , de Gustave. II recut les encourage- mens de Voltaire, de Diderot, de D'Alembert; guerrier aux Etats-Unis, ambassadenr chez les Russes , voyageur dans I'A- merique du sud , compagnon de Catherine dans la Crimea , fils d'un ministre de Louis XVI , proscrit pendant la terreur , publiciste courageux sous le Directoire , homme d'etat sous Napoleon , lie avec Kosciusko , ami de Lafayette , historien , auteur dramatique, senateur, academicien , depute , coll abo- rateur de journaux, et pair de France, M. de Segur a vu , comme il le dit lui-meme , les hommes et les choses sous toutes les faces, Le premier volume des Memoircs contient le rccit des eve- nemens arrives depuis le commencement duregnedeLouis XVI, jusqu'en 1783, Ces evenemens, sans avoir I'importance de ceux qui les suivirent , n'interessent pas mcins vivement Ji cause de I'influence qu'ils exercerent sur I'avenir. lis out deter- mine la modification des mosurs, le renversement des prejuges; lis ont donne une face nouvelle a I'antique Europe, et cree dans le Nouveau- Monde un systeme d'ordre social dont I'an- tiquite n'offre aucun exemple. A celte epoque , cxistait en France un melange d'usages golhiques, nes des institutions feodales, et de principes de justice, de raison et d'iiumanite, dus aux progres des lumieres et a I'empire de la philosophic. Rien n'etait plus bizarre que le conlrastc dans les opinions et dans les mosurs. Partout on applaudissait aux maximes de la philanthropic, aux discours contre la vaine gjoirc; on faisait des vceux 2Jour la paix perpetuclle , le regne de la justice ; et bigntot , on intriguait pour entraincr le gonvernemcnt a la guerre, et Ton allait gaiment prendre part a un duel, sans 6c)i SCIENCES MORALES reflechir que le duel, restc des usages d'un siecle barbare, action qui annoDcemoius la bravoure que I'orgueilleuse ferocite, n'est qu'un veritable assassinat premedite, au moyen duquel I'un ct I'autic complice, espere, par sa force ou par son adresse, se venger impunementde son ennemi. Jamais il n'yeut a la cour plus de magnificence et moins de pouvoir. On employait I'arbi- traire, et Ton parlait en republicain; les grands seigneurs prefe- raicnt un mot d'ologe de D'Alcmbert et de Diderot a la plus haute faveur du prince. Galauterie, ambition, fanatisme, philosophic, toutetaitentremele.Lesprelats quittaient leur diocese pour bri- guer des ministeres; les abbes faisaient des contes liccncieux; on applaudissait a la cour les maximes republicaines de nos tr-agedies ; on parlait d'independance dans les camps, de de- mocratic chez les nobles, de philosophic chez les pretres, de morale dans les boudoirs. Au restc ,' observe M. de Segur, ce qu'on pent avec raison regretter de cette epoque qui ne re- naitra plus, c'est qu'au milieu de ce conflit, entre des opinions, des systemes, des vues et des goiits , si opposes, regnait une dou- ceur, une tolerance dans la societe, qui en faisait le charme. Jours heureux, ou les opinions n'influaient pas sur les senlimens, el ou Ion savait aimer toujours ceux qui ne pensaient pas comme nous! Je n'oublierai jamais, ajoute I'illustre narrateur, les de- licieuses reunions ou se trouvaient les financiers , les magis- trals, les courtisans, les poetes, les philosophes les plus ai- mables et les plus distingues, et ces conversations au Mont Parnasse chez le comic deChoiseul Gouffier, ou brillaient lour a tour Delille, Boufflers, Rhulieres, Saini-Lambert ,Champfort, La Harpe, Marmonlcl,Pencliau(l , Rayual, monfrere(i), I'un (i) Le vicomte Octave vb Segur, auteur de plusieurs ouvrages qui ont obtenu de brillans succos. Les Muses seniblent adopter cette faniille , et i'on pent dire que les talens y sont liereditaires. A rinslant ni^me ou M. ue Seguk recoil les applaudissemens una- ET POLITIQUES. 693 des plus' aimables hommes de son tenis , le prince de Ligne , noiiveau chevalier de Grammont , de tons les pays , favori de tous les rois , coiutisan de toutes les cours, ami de tousles philosophes. Dansquelques autres reunions, on entendait avec un plaisir mele de generation le simple, le laboi-ieux, I'elo- qucnt et docte Barthelemy ; Malesherbes, I'un des plus popu- laires des hommes illustres , le plus juste des ministres, le plus integre des magistrals, le moins flatteur des courtisans; cet immortel Malesherbes, qui pensait en philosophe, agissait en sage, et charmait par la fecondite de sa memoire, par la mul- tiplicite de ses anecdoctes , ceux qu'il instruisait par la nio- ralite deses discours et par I'universalite de ses connaissances. Voltaire habitait Ferney; mais son genie etait partout. Ses pensees se reproduisaient dans toutes les conversations; ses .maximes passaient de bouche en bouche ; son esprit etait de- venu I'esprit universel ; on semblait ne penser et n'agir que • par lui. II revint enfin, a I'age de 85 ans, dans le lieu de sa •naissance, oii I'appelaient des long-terns I'enthousiasme et I'ad- miration de ses conciloyens. M. de Segur jouit de I'avantage de le voir, de I'entendre et de recevoir de lui une prediction flatteuse dont nous avons vu I'enticr accomplissement. Lcur entrevue eut lieu , quelques jours avant le triomphe sans exem- ple que la France decernait a Voltaire ; ce grand homme , au bout de sa brillantecarriere, dit M. de Segur , le front ceint de tant de lauriers , recevant I'encens de la publique ivresse , sem- blait un demi-dieu temoin lui-meme de son apotheose. Destine aux emplois publics par sa position dans le monde, nimement accordes h ses OEuvres completes , son fils , le general Philippe DE Segur , en nous donnant le recit des malheurs heroi- ques de notre arniee, victime des erreurs de I'ambition etdu genie, vient de se placer au rang des ecrivains qui out eleve les plus beaux monumens de notre epoque litteraire. 694 SCIENCES MORALES et par son penchant a cultivcr Tctudc de I'histoire et de la po- litique , M. de Segur sentait I'avantage de se lier avec tous ceux qu'il pouvait rcgarder comme I'elitc des societes luimaines. C'etait chez les litterateurs et les philosophes les plus celebres qu'il etudiait cet esprit de liberie qui devait changer la face du nionde enTeclairant, ct nialheureusemcnt aussiebranlcr toutes les bases de la soeiele, en voulantlui en donner de nouvelles. L'epoque de ces changemens approchait. Tant d'eleraens nouveaux, nieles aux antiques systemes, fermentaient avec ar- deur; ils formaientune espece de chaos ou les principes oppo- ses, en se conibattant, preparaient la crise que les uns atten- daient sans crainte, que les autres desiraient ardemment, et dont personne ne prevoyait les effets tehiblcs. Deja I'Ame- rique servait d'asile a la liberte naissante. Ses habitans di- vex'S , appeles dans ses champs fertilcs par I'amour du travail, et de I'independance, loin de notre vieil hemisphere, se • trouvaient depouilles de la rouille des prejuges. En cultivant* un sol que nuUe tyrannic n'avait encore outrage par d'in-« justes parlages, ct dont la fecondite repondait a une labo- rieuse Industrie, les hommes, plus rapproches de la nature., connurent leurs veritables avanlages. La raison, la justice, I'amour sincere de la patrie s'enracinerent dans les coeurs; et cette colonic deja nombreuse et forte de courage, douce des bienfaits de I'ancienne civilisation, sans partager ses erreurs, instruite par I'experience sans craindre de reforme, gnidee par la raison , affennie par la necessite, senlit ses droits, deploya son encrgic, repudia mie tutelie aviiissantc, et reunic forte- raent sous I'abri des lois , forma un peiiple libre, dont I'Eu- rope etonnt'c admira riieroisme et bientot envia les destinees. L'esprit qui regnait en France etait favorable a cette eman- cipation des peuples opprimes. Aussi vit-on sou jeune et vcr- tueux mouarque donnei' I'etonnant exemple dun prince qui , preferant les droits de Ihomrae aux droits du pouvoir absolu, embrassait aveczele la defense des federes aniericains, et de- ET POLITIQUES. 695 ployait pour la premiere fois I'etendard royal a cote de colni tie la liberte. Deja les geiiereuses intentions du monarquc avaicnt ete pjeventies par plusieiirs de nos jeiines guerriers. A peine la lutte des insurges et de leurs oppresseurs etait-cUe engagee, que le sang francais cimentait I'indi'pendance ameri- caine. M. de Segiir, qui, parmi les miiitairos distingucs par leur rang, avail etc I'un des premiers a se devoucr a la cause de la liberte, ne put se rendre en Amerique aussitot qu'il le desirait : il fat retenu en France, pendant quelques annees, par une mission que lui donna son pere, le marechal de Segur, alors niinistre de la guerre , guerrier non moins illustre par sa bravoure et ses talcns que par ses dignites; pendant sept ans que dura son ministerc, cha(jue acte de son autorite fut une amelioration dans la situation de I'armee, dans son adminis- tration et dans les moyens de recompenser la valeur. Cest a tort que Ton reproche a ce ministrc zele d'avoir mis des en- traves a I'avancement militaire de toutesles classes de Francais, en exigcant des titrcs de noblesse pour obtenir Ic grade d'of- ficier. Le marechal s'opposa long-tems a cette mcsurc, et il ne fit, en I'adoptant, que se soiunettre a un pouvoir au-dessus du sien ; niais il en eluda presque toujours la rigucur. Prudent ct ferme dans ses desseins, intrepide dans les combats, citoyen vertueux, homme d'etat iutcgre, le marechal de Segur est un des guerriers qui honorent la patiie , et I'un des ministres qui contribuerent a sa prosperite. Un seul trait pourra donnerune idee juste de son caraclere : lui homme d'une haute naissance , et de peu de merite, sollicitait un des premiers emplois dans I'armee; le ministre le refusait et lui preferait uu officier esti- mable parses services et par ses connaissances. L'auforile su- preme se declara poiu- le premier, et contraignit le marechal de Segur a signer sa nomination; il signa, etenvoya sur-Ie-chanip sa demission au Roi,qui la rcfusa. Lorsqucle r.ouveau tilulair(> vint, selon Tusagc, remercier le ministre, celui-ci lui repondit: 6y6 SCIENCES MORALES vons ne me devez pas de reconnaissance , jc me siiis fortoment oppose ik une faveur qui est una injustice. « Si mon peic, mal^rc sa justice, dit M. de Segur, rencontrait encore des ingrats et des mecontcns, ilfaut avouer que j'etais un peu de cenombre. Ne voulant faiie en ma faveur de passe-droits a personne , il m'avait toujours refuse les moyens de partager en Amerique les pahnes cueiilies par plusieurs de mes conipa- gnons d'armes. » Cette grace tardive fut enfin accordee ; M. de Segur fut nomme colonel en second du regiment de Soisson- nais, et recut I'ordre de s'embarquer. Guide par un noble en- thousiasme, il s'arrachait volonlaircment aux Hens qui attachcnt le plus fortement I'homme a sa patrie. M. de Segur avait epouse, depuis peu d'annees, I'une des petites-filles de I'immortel chan- celier d'Aguesseau : digne de toutes les vertus que rappelle ce beau nom, douee de toutes les qualites de son sexe, son absence dut imposer h son jeune epoux le plus grand des sacrifices exi- ges par I'honneur et le devoir. Brest fut le port choisi pour I'embarquennent des nouvelles troupes que Louis XVI envoyait an secours des Americains. M. de Segur, pret a quitter I'Europe, adressa a Paris unelettre dont je citerai quelques fragmens. On y verra avec interet que 42 ans ecoules depuis cette epoque n'ont rien change aux prin- cipes de I'auteur. « Au sein d'une monarchic absolue, dit-il, on sacrifie tout a la vanite, au desir de la renommee, qu'on nomme amour de la gloire, et qu'on ne peut appeler amour de la patrie , dans un pays oh un petit nombre de personnes ele- vees precairement aux grands cmplois par la volonte d'un maitre, ont scules part a la legislation et a I'administration , dans un pays 011 la chose publique n'est plus que la chose pri- vee, ou la cour est tout et la nation rien... « — « L'amour de la vraie gloire ne saurait exister sans philosophic et sans moeurs publiqnos ; on ne connait bien chez nous que l'amour de la culebritr , qui peut porter au mal commc au bien ; ce n'est point ET POLITIQIIES. 697 par des talens, mais par faveur qu'on avancc; il est plus profi- table de se rendre agreable aii pouvoir qu'utile au pays...» — « Je n'eprouve plus d'autrcs passions que celle de raeriler les suffrages de I'opinion publique, non telle qu'elle est, mais telle quelle devrait etre ; I'opinion , par exemple, d'un peuplelibre dont un sage serait le legislateur. Aussi, en me separant aujour- d'hui de tout ce qui m'est cher , ce n'est pas a un prejuge , c'est a un devoir que je fais ce penible sacrifice. Magistral, j'aban- donnerais les plus doux loisirs pour me rendre, des cinq heures, au palais, afin d'y combattre Tinjustice; ministre , je m'expose- rais a I'exil et au triste sort qu'eprouve la verite dans les cours pour y defendre la cause des opprimes ; guerrier, je quitte ma famille et mes foyers, tout ce qui charme ma vie, pour remplir strictement les devoirs d'un metier, le plus noble de tons, quand on I'exerce pour soutenir une juste cause. » Le signal du depart de la flotte fut donue. M. de Segur se trouva dans le vaisseau qui portait , entre autres personnes reniarquables , le due de Lauzun, le prince de Broglie, M. de Montesquieu , le petit-fils de I'auteur de I'Esprit des lois, M. de Vaudreuil, M. Alexandre de Lameth, qui rendit depuis de si grands services a sa patrie, y devint celebre par ses talens, par son habilete administrative, et par les proscriptions qu'il supporta avec la resignation de I'homme de bien et la fermete d'un noble caractere. Je ne suivrai pas M. de Segur dans toutes les chances de sa longue et perilleuse traversee, ou tant de scenes, tantot gaies, tautot tragiques, se succederent a ses yeux, comme par en- chantement , dans toutes les regions oCi la guerre et les tem- petes le firent errer long-tems. Ses nieraoires seront bientot en- tre les mains de tout le monde,et je veux laisser a mes lecteurs le plaisir d'apprendre de I'auteur lui meme ces aventures tou- jours interessantes, [quelquefois instructives , dans lesquelles le caractere francais se manifeste si bien, en conservant sa Gy8 SCIENCES MORALES yaite dans la soiiffiaiicc, son coinage clans I'adversite, et en se montrant aiissi avide de jouissances nouvelles que de perils et de gloire. M. de Segiir, parvonii enlin sui- le continent americain, y trouva dcs dangers non moins imniinens que ceux qui I'avaient assailli sur lesmers. Separc de sescompagnons de gloire,depuis son debarqucmont siu'les bordsdela Delaware, il traveisa unc vaste ctenduc dc pays, ou tantot une nature agreste et sauvage lui rappelait I'epoque on Colomb en fit la decouverte, tantot le tableau d'une civilisation regeneree sous I'influence d'une sage liberie lui decouvrait un nouvel ordre social realisanc tous les bienfaitsqui jusqu'alors n'avaient ete conous que dans d'in- genieuscs utopies. Les rcmarques de I'auteiu- sur ces belles con- trees annoncent un esprit aiissi juste que profond; la nouveaute du siijet , la variete des tableaux, legenre nieme des evenemens de. On est avide snrtout de les apprendre de I'iilustre observateur qui, depuis long-teins depositaire d'inqiortantes verites, les confie a la generation presente avec un soin religieux. La profonde justesse de ses remarques prouve uu esprit superieur; sa noble franchise inspire la confiancc; sa moderation, sa justice, sa douce philosophic font aimer on lui I'auteur dont on revere le talent. LITTERATURE. DiCTIONNAlBE DES OUVRAGES ANONYMES ET PSEDDONYMES, composes , traduits ou publies en francais et en latin , avec les noms des auteurs., traducteurs et editeurs , accompagne de notes historiques et critiques; par M. Barbier , ex-administrateur des Bibliotheques par- ticulieres du Roi. Seconde edition^ revue, corrigee, et considerablement augmentee (i). Nous avons souvent rendu justice a I'exactitude scrupuleuse des travaux bibliographiques de M. Barbier; nous avons fait sentir en particulier les difficultes d'execution et I'litilite que presente a toutes les classes de lecteurs son Dictionnaire des anonymes , dont la reputation est aujourd'hui si bien etablie dans la republique des lettres; enfin, nous y avons puise de nombreuses anecdotes qui ont du faire coniprendre H ceiix qui pouvaient etre restes elrangers a la science biblio- graphique les charmes dont elle est susceptible. C'est un travail pared que nous aliens essayer sur le troisienie volume , qui n'est pas moins riche que le precedent en maleriaux du meme genre. M. Barbier se montre particulierement verse dans la biblio- graphic de Port-Royal et des jesuites. Ces roots de parti ont rajeuni parrai nous , depuis pen de teins. Au siecle de (l) Tome troisieme. Pans, 1824; Barrois I'aine, rue de Seine, n° 10. In-8" de 684 pages. Le tome IV et dernier paraitra daus le courant de iSaS. Prix de I'ouvrage entier, 45 fr. , et papier velin , 90 fr. (Voy. ci-dessus. Rev. Enc, t. xvi, p. 538, et t. xix, p. 614.) 7o/| LlTTtRATURE. Louis XIV, comme aiijourd'hui, ilsindiquaient, d'luie part, Us amis des lumieres et de la libertc; de I'autrepart, les fautems du pouvoir absolii et les eiincmis de la civilisation. L'opiniou des hommes eclaires de diverses opinions est desormais pres- que unanime en faveur de I'ecolede Poit-Royal. An contraire, I'estime que pent avoir nierite la fameuse Compai^nie de Jesus est plus vivement contestee que jamais. Voici I'opinion qu'en avait le celebre et respectable d'Aguesseau : il s'agit d'un ecrit contre le cardinal de Noailles , arclieveque de Paris : « Le soup^on , dit le chancelier, tomba d'abord sur les jesuitcs ; et le public ne croyait pas se tromper, qnand il les regardait comme les auteurs d'un libelle qui semblait d'ailleurs avoir ete repandu habilemeiit en France pour faire une espece de diver- sion dans I'affaire du quietisme. Le P. Daniel , jesuite distingue dans sa societe , par son genie et par sa capacite , eut le malheur d'etre plus accuse que les autres; il chercha vainement a s'en justifier par une lettre ecrite a I'archeveque de Paris, dans laquelle il attestait, par ce qu'il y a de plus saint, qu'il n'avait aucune part a cet ouvrage ; mais le public prevenu, s'obstinaita Ten croire I'auteiir; et, la doctrine des equivoques se tournant contre ses defcnseurs, on voulait en trouvcr, a quelqCie |)rix que ce fut, dans la lettre du P. Daniel ; comme si Dieu eut pertnis que ceux qui autorisent I'art de mentir en surete de conscience ne fussent pas crus , lors meme qu'ils disaient vrai. >> [OEuvres de M. le chancelier d' Aguesseau , in-4°, t. XIII, p. 196. ) Des jesuites a M. I'abbe de la Mennais il n'y a que la main: on connait I'arbre par ses fruits; et cette fois nous en jugeons, non-seulement sur les tcmoignages publics d'eslimc que le fameux ccrivain et ceux de son ecolc prodiguent en toute occasion aux eufans de saint Igiiacc , mais encore d'apres un fait devenu assez public par I'indijcrete malice du spiritucl JW. A. du Journal de.t T>(''h(tts. I! nous semble que co fait LITTER ATURE. 70 5 biblioj^raphique , que nous allous mettre le lecteur en etat (i'apprecier , offre une application decisive de cette doctrine lies equivoques , laquelle, comme nous venons de I'entendre de la Louche du chancelier d'Aguesseau, est celle de la sociele. II s'agit d'un ouviage intitule : Reflexions sur V etat present tie VEglise de France, et sur sa situation actuelle. Paris , 1 808, in-8**, (anonymel. — Deuxieme edition, Paris, 181/1 , avec le nom de I'aiiteur. — Troisieme edition , 1821 , in-8°, dans les Melanges religieuxetp/iilosophiquesdeVauieur. — M. Barbieraccompagne le litre dulivredelanotesuivante : «Dans la tres-courte preface placee en tete de I'edition de 1S21 , 1'auteur declare n'avoir rien ajoute a ses Reflexions sur I'etat de I'Eglise. II devait plutot dire qu'il en a an moins retranche wne page entiere. Voyez la page gS de I'edition de 1808, el la 91* de celle de 1821 : la page re- tranchee est un eloge porapeux de Napoleon. » — Nous avons eprouve la curiosite de lire cette page retranchee , et qui se fait reniarquer d'autant plus ; \\ peu pres , comme jadis a Rome, les effigies de Brutus et de Cassius. Nous croyons pouvoir la reproduire ici , du moins en partie , avec d'autant plus de securite qu'on n'ignore pas que la Revue Encyclopedique en general , et I'auteur de cet article , en particulicr , sent loin d'approuvor les sentimens qui s'y trouvent cxprimes par M. de la Mennais. < O France, i"ejouis-toi, s'ecrie t-il, tes calamites enfin sont a leur terme. Voila que , des extremites de I'Afrique , la Providence t'amenc comme par la main, a travers les mers , tin de ces hommes puissans en oeuvres , qui , destines a la representer sur la ten-e, apparaissent pour tout retablir quand tout semble desespere. A sa voi\ , les mines de la societe entrent en mouvement, chaqtie debris va troiiver sa place, et redifice social se reconstruit de lui-mcme. II gtierit les pJaies qu'il n'avait point fjiites ; il essuie les larmes qu'il n'avait point fait couler. La religion et la monarchie renaissent ensemble, et la revolution est terminee. — Qu'a vingt-quatro ans un homme se soil 7o6 LITTERATURE. montre le plus grand capitaine de son siecle, et peut-ctrc un conseil des depeches, a Marly, le jeudi gras i8 fevrier 1762. Le rapport qu'avait fait au Parlement, en 1761 , le conseiller Laverdy ( rapport si connu sous le nom de Cornpte-rendu des assertions], faisait dans le public I'impression la plus defavora- blepour lesjesuites , d'autant que les princes et les pairs etaient censes avoir affirme la verite de ce compte-rendu , puisqu'ils avaient fait nombre parmi les opinans. Le public ne pouvait verifier si les passages etaient ou n'etaient pas Ironques. II n'existait a Paris que deux exemplaires des Constitutions des '/'esuites , de I'edition de Prague ( 1757 , in fol. ), et le tout en latin. Le Dauphin parut done en desirer une traduction en francais, eten chargea M. de Guemadeuc, avec lequel il s'ou- vrait quelquefois sur I'admjnistration. Malheureusement, le terns pressait. On voulait que I'ouvrage parut avant le conseil indique. M. de Guemadeuc choisit M. Saboureux, agrege en droit , et se chargea d'ecrire sous sa dictee, pendant que I'abbe Thierry, chanoine de IVotre-Dame , corrigerait a mesure. M. de Guemadeuc ecrivit, onze jours de suite, dix-sept heures par jour. Il y eut une permission tacite de M. de Malesherbes. Gi- bert, de I'Academie des inscriptions et belles-lettres , fut le cen- seur, Ballartimpriijieur , et le Dauphin eut I'ouvrage, quelques jours avant le conseil. La distribution se fit a S.ooo exem- plaires : le Parlement decreta I'ouvrage, el voulut dccreter les collaborateurs. » Laissons la lesjesuites, pour passer a un sujet qui nest pas moins i I'ordre du jour : celui dt; la presse. On s'est plaint souvent, et non sans raison, des rigueurs et de I'arbitraire, (jn'on a vu reeemment exercer en cette matiere. Consolons- nouscependant, en considerant quelles immenses ameliorations nous avons conquises de[)uis environ un siccle. Jugcoiis-en par LITTERATURE. 709 If recit suivant, qui donne iine idee de I'etat de la legislation et de radiuinistration acet.egard , an commencement du regne de Louis XV. « L'abbe Phelipeaux, official de I'eglise de Meaux, scul grand vicaire de Bossuet, etait a Rome, avec le neveu de Bossuet, au commencement de I'affaire du quietisme. L'illustre eveque de Meaux les chargea d'y rcstei' pour suivre cette af- faire. Phelipeaux en ecrivit une relation dont le manuscrit fut commimique a Bossuet, qui I'approuva , sauf quelques change- mensqu'il pritla peine d'indiquer. Les details de cette relation etaient defavorables a Feneion et durent deplaire a ses amis, mais surtout a safamille. L'abbe Phelipeaux n'avait pousse son recit que jusqu'en 1700; il mourut, en 1708, apres avoir exige que ses heritiers ne fissent pas imprimer son ouvrage avant vingt ans : et, en effet, cette relation n'a vu le jour qu'en 1732 et en 1733 , c'est-ii-dire, a une epoque 011 les esprits etaient fortagites relativement a la buUe Unigenitus, publiee en 1713. Le travail de Phelipeaux ne pouvait avoir rapport a cette bulle; mais le gouvernement, qui avait exige alors, du marquis de Fenelon, la suppression de \Examen de conscience dun roi , voulut lui douner quelque consolation , en vengeant la m^moii'e de I'archevcque de Cambrai, outragee par l'abbe Phe- lipeaux. La Relation, impiimee a Sainte-BIenehould, devint done, avec les Lettrts pro^'inciales , etle premier volume des Anecdotes sur fctcit de la' religion dans la Chine , iniprimees aussi a Sainte-Menehould , I'objet de la plus singuliere con- damnation dont I'histoire des livres prohibes fasse mention. " Ce fut par une simple lettre de cachet que le lieutenant de police Heranlt eut rautorisation de ponrsuivre les trois ou- viages dont il est ici question. Ce magistral fit enlever, des cinq heuresdu matin, le 24 avril 1733, dans la ville de Sainte- Menehould , Gabriel Deliege , libraire , avec son fils et trois de ses ouvriers. Des exemplaires des trois ouviages designes ci- 7i«». LITTERATURE. (lessus furent saisis en nicmc terns. Deliego, son fils , el ses li ois compagnons fnreiit lies, traines a Paris et enfermes a la Bas- tille. Sept mois apies, fiit formee, dans le sein de cette redou- table prison, une commission pour jiijjer les malheureux pr«'- venus. Elle se composait de quclques conseillers dii Chatelet, qne devait presider Hetault. La sentence fat prononcee a I'insu des accuses. La femme Deliege,que le lieutenant de police avail inipliquee dans I'affaire , fut mise Itors de cour; un plus ample infonnc Ae trois mois fut decretc a I'egard du tils etd'un dos compagnons. Deliege et les deux autres compagnons furent condamnes a etre mis et attaches au carcan , en la place pu- blique de Sainte-Menehould. En outre, chacun des condamnes devait payer une amende et etre banni pour trois ans. Les Letlres p/ovinciales el\es autres ouvrages saisis, sans designa- tion, devaient etre laceres et brules; les caracteres de I'impri- merie de Deliege confisqnes , apportes et vendusa Paris. On fit partir de cette ville les trois condamnes, le 1 1 decembre, sans leur avoir notifie le jugement, qu'ils etaient loin de soupcon- ner , et en leur disant que ce voyage avail pour but unique de nonvcUes enquetes a Sainte-Menehould. « La femme Deliege , qui connaissait la sentence, elait ve- nue les attendre a la Villette, pres Paris, pour informer son marl de la peine qu'ils allaient subir. Elle lui recommanda de mettre toute sa eonfiance en Dicu , qui Ini donnerait le courage de siippportcr I'ignominiea laqnelle il etait destine. Qnand les trois condamnes passerent par Chalons, I'un d'ciix, nomme Claude Larcher, s'evada, et les deux autres, arrivant a Sainte- Menehould, le 1 6, trouverent sur la place trois carcans tlresses. Tons les habitans etaient dans la consternation. Chacun se tint renfernie chez soi; et I'execution de la sentence n'eut pour temoins que le commissaire de Herault, ses recors , ses archers et le bourreau. Quehpies gens de bien eurenlla touchanlehar- dlesse d'aller avancer I'horlogc de la ville, afin d'abreger le LITTERATURE. 7 ' i supplice de leur compatriote ; leur espoir fut trompe : les exe- ciiteurs reglantsur leurs montres le terns de I'exposition, ven- dirent inutile cepieiix stratageme. La sentence fut affichee dans les lieuxordinaires; mais Herault defendit a rimprimeur dela police, a Paris, d'en delivrer aucun exemplaire : de la, I'im- possibilite d'en trouver un seul. » (i) Ce recit fait frissonner d'horreur : quelle justice quecelle do la police! et malheureusement celle-ci n'a pas change denaturel ni d'instinct; seulement, elle est un pen plus contenue pour exercer ses sevices. C'etait done un livrc approuvepAr Bossuet; e'etait un des cliefs-d'oeuvre de noire langue, (les Pro vinciale-f) qui conduisaient un honnete pere de faniille sur I'echafaud d'ignominie , quand M"« de Chateauroux regnait adulterement sur la France ! Apres cela, qu'on vienne recriminer contre les fureurs de la revolution : nous sommes loin de les justifier; mais qu'on nous dise par qui furent amasses les tresors des vengeances celestes, qui tout a coup deborderent sur nous. Detournons nos regards de ces tristes meditations, pour les porter sur un sujet plus consolant : I'independance des magis- trals. Cette vcrtu fut une des belles parties de noire ancienne monarchic, et peut-etre la seule veritable garantie qu'elle offrit aux citoyens. En voici un exemple, qui serait vrainient admi- rable , s'il n'y avail lieu de craindre que I'esprit de corps ne soil enlre pour bcaucoup dans la vigoureuse fermele des ma- gistials. Un ecrivain, nonime Varenne, avail, a I'insligation du mi- nistere, public un ouvrage qui blessait le parlemenl de Dijon. "Get ecrit, dit M. Barbier , ayant ete brule par le bourreau, Vaienne craignit pour sa liberie et vint se refugier a Versailles. (t) Extrait deV Bistoire generale de I'Eglise pendant le XVllI'-slecle, par HI. Vabbe .4ime Guil.i.oiy. Besan4. i vol. grand in-8" He 468 pages. Dans un moment ou le general Jacksoit , I'un des candidats pour la haute dignite de president des Etats-Unis, a obtenu, sinou le nombre de suffrages exige par la constitution, du moins une grande majorite, qui, si ellc etait aiigmeiitee de quelques voix, aurait bien pu le porter a la presidence, nos lecteurs apprendront sans doute avec plaisir quelques details sur la vie de cet illustre citoyen. — Le p^re du general Jackson etait Irlandais; il emigra pour I'Araerique en 1765, et s'etabiit sur une terre qu'il avail achetee a quelque distance de Cambden, dans la Caroline nieridionale ; c'est la que iiaquit son fils Andre, le i5 mars 1767. Devenu orphelin dans sa premiere jeunesse, il embrassa avec ardeur les principes de la revo- lution americaine; a peine age de quatorze ans , ii s'enrola sous les drapeaux republicains. Peu apres, il fut fait prisonnier par les An- glais , niais presque immediatenient echange. La faiblesse de sa sante I'ayant eloigue monientanement de la carrtere des amies , il se rendit a Salisbury, dans la Caroline du nord , oii il ctudia les lois, et il obtint, en 1786, le brevet d'avocat. Deux ans plus tard , il s'etabiit a Nashville, dans I'etat de Tennessee, ou il n'y avail encore qu'ua seul avocat. II y exerca long-tems sa profession avec succes, ets'acquit la reputation d'un habile jurisconsulte. En 171)6, il ful nomine membre J'une commission chargce de la redaction d'une constitution pour I'etat de Tennessee, et en 1797, il fut ^lu senatenr du congr^s ; mais , an bout d'un an , il donna sa demission de cette charge honorable , pour favoriser I'election du general Snuth, qu'il croyait plus capable que lui de rendre de grands ser- vices a son pays. Immediatenient apr^s, il fut nomme juge au tri- bunal supreme de I'etat. Les Indiens sauvages ayant fail, en 1812, une irruption sur le territoire de Tennessee, les autorites superieures locales nomnieient M. Jackson major-general des troupes destinees a lepousser I'enneini et a proteger les frontieres. Quoique portant son bras gauche fracture encore en echarpe , Jackson reunit 2,5oo volontaires, et remplit la charge qui lui etait confiee. En 1814, il ful nomme major-general au service des Etats-Unis d'Amerique. Par des efforts inoui's, il reussit a repousser les sauvages, el leur fit accepter une paix dont il dicta les conditions. 11 est impossible de se faire une idee du grand nombre d'obstacles contre lesquels il eut a hitter. Le manque de provisions pour ses troupes, par suite de la friponnerie et de la basse cnpidite des munitionnaires goneraux ; £TA.TS-UNIS. 7-2 1 lein('conlenteinent, rinsubordination et les mutineries qui result^rent du denument oil se trouvaient les soldats ; toutes ces entraves furent brisees par I'energie et I'activitede caractere qu'il sut leur opposer.eri faisant m^me des sacrifices personnels considerables, et en exposant plus d'une fois sa vie. Ce qui contribua le plus a ses succes , c'est I'ine- branlable fermetedont il donna souvent des preuves. "Promptitude dans ses decisions , dit I'auteur (p. 3i5 ), et activlte dans I'expcn- tion, c'est ce qui consfitue les traits principaux du caractere de Jackson, » et les differentes proclamations qu'il publia , et qui sont reproduites dans I'ouvrage que nous annoncons, indiquent assez une energie pen commune. En i8i4, les Anglais ayant declare la guerre aux Etats-Uuis, Jackson , en qualite de major-general de la confederation , fut envoye a la Nouvelle-Ofleans pour dcfendre la Louisiane. Ce poste etait d'autant plus difficile a garder, que les gouverneurs des frontieres espagnoles favorisaient ouvertement les Anglais, et que la population presque entiere de la Louisiane est composee d'etrangers, part'iculierement de Francais, qui , apres les desastres de Bonaparte, penchaicnt du cote de I'Angleterre. Ces hommes, admis depuis peu a la jouissance de tous les droits civ Is et politiques , cherchaient a se soustraire aux obligations communes de tous les citoyens et au devoir de defendre le pays. 11 y en avait m^me qui servaient d'espions aux Anglais; les aveux de ces derniers out fait connaitre depuis qu'ils etaient exactemcnt informes de tout ce qu'il leur importait de savoir, a I'exccption du nombre des forces mllitaires qui leur etaient opposees; le general Jackson ayant eu I'adresse de derober ce secret a la connaissance de tout le monde. Par suite de ce mauvais esprit et de ces trahisons , le general se crut oblige de faire proclamer la loimartiale, et de suspendre la constitution pour sauver la province et sa capitale. II donna ordre au gouverneur de la ville de surveiller avec soin les demarches des membres de la legislature; niais le gouverneur, craignant les suites de la reunion journaliere de legislateurs en partie malintentionnes, prit sur lui de placer une sentinelle a la porte de leur salle, pour leur en interdire I'entree. Alors, les mocontens essay^rent d'autres moyens. Beaucoiip d'individus, Francais de naissance , mais admis dans la Louisiane a I'exercice de tous les droits de citoyen , deman- dferent a M. Toussard , consul de France a la Nouvelle-Orleans, des certificats qni,ti leur avis, devaient les affranchir de tous leurs devoirs envers leur patrie adoptive, sans renoncer ueaumoins aux avantages qu'elle leur procurait. M. Toussart leur accorda cette 722 LIVRES ETR ANGERS. laveur, et fit md'ine arboier a la poite de sa maison uu ))avill<)ii (jui devait assurer sa protection a tons les Francais indistiiictement. Alors le general Jackson fit signifier au consul francais I'ordre dc quitter la ville, de se retirer dans I'interienr dii pays, et de ne re- venir qu'apres la signature de la paix. Un autre Francais, M. Luitail- lier, membre de la legislature, et prevenu d'intrigues, fut arr(5tt', et le juge, M. Hall , ayant voulu le soustraire a cette arrestation par un acte A^ habeas corpus , le general fit saisir ce dernier, et lelit coruliiire hors des retrancheniens, avec defense d'en depasser la ligne avant I'epoque de la pacification. Enfin, arriva la delivrance lant desiree de la Nouvelle-Orleans ; les troupes anglaises se retirerent, et le ge- neral Jackson entra en triotnphe dans la villa, aux acclamations d'ua peuple heureux et reconnaissant. Un te Deitin. fut chante, et le ve- nerable adininistrateur apostolique du diocese, M. Dtiboiirg, recut le general a la porte de Teglise , lui adressa une harangue pleine d'onctioa, et lui remit une couronne de laurier. La loi martiale ayant ele abolle, le juge Hall reviut aussi en triomphe , et cita le general devant son tribunal poiu" avoir viole la constitution. Le general , ayant nonime pour son defenseur le major Reid, son aide- de-camp , penetra lui-meme, en habit bourgeois, dans la salle des audiences; niais il fut reconnu, et salue par les plus vifs applaudis- semens. Apres avoir fait sentir au public rioconvenance de ces de- monstrations , et I'avoir exhorle a ne pas oublier le respect du a la justice , il ecouta tranquilleraent la sentence prononcee par le juge, qui le condamna a une amende de mille dollars , qu'il paya sur-le- chami) , sans recourir a la voie d'appel et sans faire aucune recla- mation. Sorli de la salle, il fut conduit en triomphe dans une mai- son particuliire, oil il harangua le peuple, en disant « que, hors les momeiis d'un danger imminent, I'autorite civile est toujours dans I'Etat la premiere autorite, a laquelle toutes les autres doivent ce- der; qu'il recommandait au public de la respecter; que ia soumis- sion a cette autorite est le premier devoir du citoyen; que si, dans un moment d'imminent danger, il avait ete force de mettre au-dessus d'elle I'autorite militaire, c'est parceque, sans cette mesure, I'en- nemi aurait iufailliblement triomphe ; et qu'il se felicitait d'avoir sauve les memes lois eu vertu desquelles il venait d'etre puni. » Une souscription fut ouveite, et immediatement remplie pour iudem- niser le general de son amende; mais il refusa d'accepter cette in- deniiiite , priaut les souscripteurs de vouloir plutot en employer le montaiit en faveur des veuves et des orjihelins de ceux qui venaient GRANDE- BRET AGNE. 72? ■de mourir en combattant pour la cause sacr^e de la liberie et de rindependance. — Apres ces details, et par suite de la vigueur et de la perseverance inouies avec lesquelles le general Jackson a re- pousse I'agression anglaise , et a procure a son pays une paix ho- norable.nous ne sommes pas etonnes de lire dans la Revue Europeenne, redigee en Angleterre (cah. i , p. 142 ), qu'il aime le despotisme et lepouvoir arbitraire; inaiswious croyons qu'il estjuge bien differem- mcnt par la grande majorite de ses compatriotes, surtout par ceux qui ne regretteut point la domination anglaise. — Le major Reid , aide-de-camp du general Jackson , avait entrepris d'ecrire la vie de son general. II avait acheve les quatre premiers chapitres , lorsque la mort mit fin a ses travaux. Les sept derniers chapitres sout Merits par M. Eaton , membre du senat des Etats-Unis , et il a genereusement consacre le produit de la vente de cet ouvrage aux frais d'educatlon . des enfans du major Reid, qui, en mourant, ne leur a laiss^ pour tout heritage que I'lionorable souvenir de ses services. Heiberg. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 292 — * Observations on quarantine , etc. — Observations sur la quarantaine ; discours prononce sur cette matiere au Lycee de Liver- pool , au mois d'octobre 1824 , par Charles Maclean , charge par le gouvernement espagnol de recberches relatives a la maladie de Barcelone en 1821 , etc. Liverpool, 1824; K- Rockliff, Dale-Street. In-8" de 38 pages. M. le docteur Maclean a fait une etude speciale des lois sur la quarantaine, et des resultats reels qii'elles produisent. II fait voir qu'on s'est tromp^ sur les causes des contagions qui peuvent etre transportees a bord des vaisseaux, et que les marchandises regar- dees comme suspectes ne le sont pas plus que celles que Ton intro- duit sans precautions, telles que les balles de coton ; qu'il suffirait de quelques bains sulfureux, et de la fumigation des vdtemens , pour detruire tous les germes de contagion qui pourraient ^tre ap- portes par les equipages et les passagers ; que I'on depense en pure perte, pour I'Angleterre seulement , une somme annuelle de 3o,ooo 1. sterl.en frais de lazareth,etc. Ses raisonnemensne convaincrontpas tout le monde, ni meme tous les medecins ; mais ils meritent ccrtai- nement la plus serieuse attention. S'il etait bien prouve que la qua- rantaine ne produit aucua bien, on debarrasserait le commerce et 7aA LIVRES ETRANGERS. les voyageurs d'eiitraves fqrt incommodes, et le terns perdu dans les lazareths tournerait au profit de toute la society. Nous aurons I'oc- casion de revenir sur ce discours, et d'employer les excellens mate- naux qu'il contient. Les discussions relatives a la contagion de la fi^vre jaune ne sont pas termin^es , et I'importance du sujet exige qu'on I'examine sous tons les aspects , et qu'on I'eclaire en r^unissant les observations les plus exactes et les plus authentiques : celles de M. Maclean ne doivent pas ^tre negligees. F. 293. — The Highlands and western isles of Scotland , etc. , etc. — Etat present des montagnes et des iles a I'ouest de I'Ecosse , sous la forme de Lettres a sir Walter Scott, baronnet ; par John Macculioch. Londres, i8a4; Longman. 4 vol. in-8°. Depuis long-tems les ouvrages de sir Walter Scott avaient en- toure I'Ecosse d'une sorte d'illusion magique; grace a cet auteur, si justement goiite du public, nous etions transportcs aux tems oil les chefs de clans deployaient a la fois leurs vertus guerri^res et leur royale Iiospitalite : I'Ecosse etait pour nous la terre classique de la valeur, de la haine de I'etranger, et de I'enthousiasme religieux. Mais voila qu'un grave docteur, arme dequatre gros volumes, vient detriiire le prestige et desenchanter les admirateurs du cel^bre ro- mancier. Ramen^s malgre nous a un present sans charme et a une triste realite , nous ne voyons plus le fier montagnard ecossais que comme un paysan grossier, sans industrie, sans activite, destitue, en un mot, de toute espece d'energie morale. L'ouvrage du docteur est de longue haleine : jaloux de prouver la verite de ses observations , il entre dans les moindres details , et decrit minutieusement les moeurs et les habitudes du peuple dont il pretend nous donner un portrait fidele , et que certainement il n'a pas peint en beau. En un mot , nofre auteur n'epargne rien pour bien demontrer qu'il u'y a pas d'etre au monde plus paresseux , plus sale et plus abruti que le mon- tagnard d'Ecosse. Mais , en admettant qu'il y ait un fond de verite dans ses peintures , que nous aimons a croire exagerees, nous avonons que nous nous sentons I'Ame attristee en remontant aux causes qui out pu reduire a un tel degre d'abjectiou un peuple dont I'liistoire nous revele qu'il n'a pas toujours ete ce que nous le voyons .'lujourd'hui. Dans son etat de degradation actuelle, ne devons-nous pas reconnaitre les tristes ct inevitables cffets de la conqu^te, de I'intolerance et d'un pouvoir tyrannique et arbitraire ? Qu'il doit clre profond et douloureux le sentiment de malaise qui rend ainsi tout un peuple insensible aux avantages de I'industrje et a loutefc GRANDE -BRETAGNE. 7^5 les jouissances qu'elle procure ! Envisage sous cat aspect, le tableau perd tout ce qu'il pouvait avoir de plaisaut ; la gaite du docteur nous parait dure et deplacee, et nous avons peine a lui pardonner un si volumineux recueil de plaisanteries contra un peuple nial- heureux chez qui un peu de bonheur ferait disparaitre les vices qu'il lui raproche. F. F. 394. — Letters from the Irish Highlands. — Lettres ecrites des mon- tagnes d'Irlande. Londres, i8i5; Murray. In-8° de BSg pages; prix 10 s. 6 d. Ces lettres sont d'une t'amille protestante qui parait fort attachee aux paysans catholiques. La statistique du canton qu'elle habite , Cunnemarra , dont le peu de civilisation a passe en proverbe dans les plaiues qui I'environnent , la description des sites sauvages, des lacs, des marais de cette partie de I'lrlande, situee a I'extremite nord-est du comte de Galloway, la peinture des moeurs et le tableau touchant de la misere des habitans ont un caract^re de verite qui nierite de fixer I'attention dans un moment oii la situation de I'lrlande devient si frequeniment I'objet de discussions publiques. Faut-il dire cependant que les descriptions et la connaissance des faits que presente I'ouvraga sont les seuls fruits que le lecteur puisse en tirer? L'auteur n'a pas apercu la source des malheurs qu'il a si bien decrits ; les pretendues ameliorations qu'il propose, par exemple, le systeme de lois sur les pauvres, qu'il voudrait voir introduit, auraient infailliblement un resultat coutraire a celui qu'il en attend. 295. — The modern Athens. — L'Athenes moderne , Analyse des hommes et des choses dans la capitale de I'Ecosse ; par un Grec moderne. Londres, iSaS; Knight et Lacey. In-8° de Sao pages; prix 9 sch. Cet ouvrage est une satire amusante et instructive de I'etat moral et politique de I'Ecosse, particulierement da la ville d'Edimbourg, appelee par les Ecossais VAthenes moderne. L'auteur expose avec adresse le jeu des ressorts d'une administration qui agit presque toujours dans I'interet de la minorite. II decrit la situation et I'ar- chitecture des edifices de la capitale; mais la litterature, las moeurs et les coutumes da ces Atheniens du nord sont I'objet principal de sonaxaman. — L'agitation, I'anxiete quale voyage de S. M.Georges IV occasiona en iSaa, I'espoir d'obtenir des avautages et des dignites dans cette circonstance, les pretentions rivales de dlfferentes cor- porations et d'un grand nombre d'individus fouiuisscnt a I'ecrivain 7a6 LIVRRS ETRANGERS. une ample niatii^re a la satire. Les eloges et la critique paraissent distribues avec discernement et inipartialite. G — m. ay6. — /4n answer to the Observations on the characterof the Russians, and a detailed history of Moscow, etc. — Reponse aux Observations sur I'ouvrage intitule : Caractere des Rnsses et histoire detaillee de Moscoii, inserees dans le lxvi^ numero du journal anglais, Quarterly Review; par Robert Lyall , n. m. Londres, i825; I'auteur, 45 , Hayniarket. In-8° d'une feullle. M. Lyall est auteur de deux ouvrages sur la Russie, et il en an- nonce un troisifeme qui comprendra la Crimee, le Caucase et la Georgie. Son premier ouvrage, en un volume in-4°, avec des gra- vures , est intitule : Caractere des Riisses, et histoire detaillee de Moscoii, avec une dissertation sur la langue riisse, et un appendice contenant des tables statistiques , etc. (Voy. Rev. Enc. , T. xxil, p. 128.) Le second, beaucoup moins volumineux , n'est pas moins important par son objet : c'est un Precis sur I'organisation, V administration et I'etat pre- sent des colonies militaires de la Russie. L'auteur n'a pas a se louer des redacteurs du Quarterly Review : en rendant compte de son premier onvrage, \es reviseurs, dit-il, y ont trouve ce qui n'y est point, et n'ont point su decouvrir ce qui s'y trouve reellement. M. Lyall cite plusieurs exemples de ces me])rises fort extraordinaires. «Si l'auteur de I'article sur mon livre, observe M. Lyall en terminant sa reponse, ne prcuve pas la verite de ses critiques autrement que par ses asser- tions, il m'autorisera suffisaniment a le declarer calomniateur litteraire. Je souliaite , pour I'honneur de la Revue anglaise, que I'ouvrage que je vais publier sous le litre de Foyages en Russie, en Crimee, dans le Caucase et en Georgie, soil analyse par un homme qui ait quelque peu de bonne foi, de justice et d'impartialite ; I'honneur du Quar- terly Revien' n'y est pas moins intcresse que mon repos. •■ II rapporte ensuitelesjugemens des autres journaux sur cet ouvrage, traite avec tant de rigueur par celui dont il se plaint. Nous ne pouvons 6tre que rapporteurs , et produire fidt'lement les pieces de ce proces : il : parait certain que M Lyall a pu observer et bien connaitre les Russes, et que, sous ce rapport, ses narrations meritent beaucoup d' attention ; quand meme il se serait trompe quelquefois , on ne peat | douter qu'il n'ait vu beaucoup plus souventles cboses telles qu'elleff sont, ni soupconner qu'il ait voulu debiter des mensonges en pre- sence d'un si grand nombre de tt'-raoins qui ont vu la Russie et ses • habitans aussi long-tems et aussi bieu qu'il a pu les voir. On croiraj GRANDE -BRETAGNE. 727 plus volonliers a la veiacite dii voyageur qu'au discernement et a I'equite du journaliste. F. 297. — Practical Observations upon the education of the people, etc. — Observations sur I'education que Ton donne an peuple, adressees aux artisans et a ceux qui les emploient, par H. Brougham , menibre du parlement. Huitieme edition. Londres , iSaS; Longman. ln-8°. Se vend au profit de la Societe dts artisans de Londres {^London mechanics Institution ). Toiiclie des louables efforts de quelques homines bienfaisans pour ameliorer la situation de la classe ouvriere, et de la docilite avec laquelle cette classe recoit les bienfaits de I'instruction ; convaincu du desir sincere et general qui regno en Angleterre de la faire parti- ciper aux connaissances du slecle, penetre de la necessite de former dans un pays libra des citoyens eclaires, M. Brougliani vient de donner a son pays une nouvelie preuve de sa pliilanthropie et de son patriotisme en publiant la brochure que nous annoncons. Get ecrit , pleiu de details sur les etablissemens des BirAbec/c , des Brown et des Buchan , pour I'instruction des artisans , ne peut manquer d'etre con- suite avec fruit par la Societe fondee a Paris pour renseignement ele- mentaire. Void quels sont les moyens generaux indiques par I'au- teur ; "Encomager la publication des livres elementaires ; chercher surtout dans leur composition a fixer la theorie au moyen d'appli- cations que les usages de la vie presentent en si grand nombre ; payer, dans les commencemens au moins, une partie des depenses necessaires a la formation d'une bibliotheque et a I'etablissemeut de quelques cours d'instruction : tel est le devoir du riche philo- sophe qui desire faire sortir la classe pauvre de son etat d'ignorance et d'abjection... Si le but de la philosophic , ajoute M. Brougham , a ete, dans tous les sifecles , de reculer les bornes de la science, ou I'atteindra siiremeut, quoique par une voie indirecte, en rtiettant a la portee de plusieurs milliers d'hommes intelligens et laborieux I'ensenible des principes dont leurs travaux journaliers leur pre- sentent rapplicalion. De quelque maniere qu'on s'y prenne pour parvenir a ce but , il ne faut jamais perdre de vue qu'il ne faut exi- ger d'eux que le sacrifice, toujours possible et mi-me facile, de quelques sous par semaine, et d'une heure environ de leur tems tous les jours. Du reste , aidons-les de nos conseils; ils les recevront toujours avec reconnaissance quand ils seront evidemnient dictes par une afteciiou sincere pour eux; mais ne leur prescrivons jamais ce qu'ils doivent ou ne doivent pas apprendre: ils saveiit niieux que : -f^ LIVRES ETRANGf:RS. nous ce qui leur manque. Favorisons les discussions, c'est le plus sur moyen de deve'.opper leur intelligence; et nous verrons hient6t, comme a I'ecole des arts d'Edimbourg , des menuisieis et des char- pentiers se transformer en ])rofesseurs degeometrieet demecanJque. » — Quant auxmatiferes d'enseignement,M. Brougham pense que I'etude des sciences physiques doit proceder, mais non pas exclure celledes sciences morales et politiques. « Si les premieres, dit-il, leur son t utiles comme ouvriers, les secondes, comme citoyens, leur sont indispen- sables. » II voudraitm(5mequ'au moyen de journauxsemblables a ceux que Ton public a Londres sous les titres de Cjhmist et de Mechanics re- gister (^Y. Rev. Enc, T. xxiv, p. i3o ), « on les niit en etat de juger des abus que le tems a amenes dans I'execution des lois, des erreurs de radministratlon et des ameliorations que les circonstances exigent; et si quelques hommes , ajoute-t-il , nient I'existence de ces abus , ne voient rien a reprendre dans la conduite de ceux qui gouvernent, ou regardent en principe toute innovation comme un mal, qu'ils emploient les monies moyens pour propager leurs doctrines, la lumiere de la verite jaillira du choc des opinions. » L'auteur ter- niine par un appel a la bienfaisance infiniment respectable, mais peu eclairee , des nombreux fondateurs d'ecoles primaires, niulti- pliees dans quelques endroits bien an dela des besoins; puis a celle des patrons de certains hospices, et aux membres des societes pour rhablUement , le chauffage des pauvres, etc., etc. II s'en rapporte i a leur experience, et s'adressaiit principalement a ces derniers, il leur demande s'ils ne sont pas de plus en plus assaillis de men- dians, et s'ils ne regardent pas ce fait comme une preuve certaine que leurs secours inconsideres ne tendent qu'a augnienter indefini- nient le nombre de ceux qui en sont I'objet. II leur conseille d'em- ployer au profit de I'industrie des fonds que leur mauvais eniploi rend nuisibles .i la societe. — On ne doit point s'attendre a trouver dans cet ouvrage la refutation des vieux argumens contre I'edu- cation du peuplc ; les chefs de I'Etat savent depuis long-tems, en Angleterre, que le bien-^tre de la societe sera ton jours en raisou U des connaissances acquises. Puisse cette importante verite etre sentie et pratiquee universellement ! T. Ricu\kd. 208. — y4 New Dlctionarj-, english and Italian , Italian and english , with the equivalents in French, etc. — Nouveau Dictionnaire anglais 11 et italien , italien et anglais, avec les mots equivalens francais; par John Davenpokt, etc. , et Stefano-Egidio Petroni, etc. Londres, 1824 > Trcuttel et Wiirtz, Treuttel fds et Richtcr, etc. 2 vol. in 8°. GRANDE- BRET A.G1ME. 729 ]\I. Petroni, Italien etabli a Londres, oil il enseigne la l;ingue et la litterature italieune , et connu par diverses productions en prose ■ et en vers publiees liors de sa patrie , a senti la necessite d'lin nou- veau dictionnaire qui put servir en meme terns pour I'etude des trois langues anglaise, italienne et francaise. II a employe les loisirs de plusieurs annees a collationner et a completer les dictionnalres les plus en usage, pour en former un qui repondit au voeu general des hommes de lettres et des gens du monde. Le plus connu de ces dictionnaires, et que Ton consultait le plus souvent , etait celui de Baretti, qui avait travaille d'apres celui d'Altieri, comme ce dernier avail redige le sien d'apres ceux du Florio et du Torriano, enti^re- ment oublies. On sait que Baretti avait non-seulement ajoute 10,000 mots au Dictionnaire d'Altieri; mais qu'il I'avait encore debarrasse de beaucoup de fautes et de locutions basses , et qu'il en avait rec- tifie plusieurs definitions, et surtout corrige I'accentuation. M. Pe- troni, en s'associant a M. Davenport , auteur de plusieurs traites sur la langue anglaise , et en profitant des lumieres de ses devanciers et de ses contemporains, surtout des dernieres observations de M. Monti, vient de nous donner un nouveau dictionnaire encore plus riclie et plus parfait que les precedens. En general , ce diction- naiie, outre un grand uombre de nouveaux mots que I'usage et le besoin semblent avoir consacres , contient : 1° une accentuation correcte de chaque mot ; 2° une gr.-immaire de la langue anglaise, redigee avec une grande concision, d'apres les principes des gram- mairiens modernes les plus accrediles; 3° des remarques sur la prononciation , raccentuation, etc.; 4° chaque mot anglais accom- pagne des mots equivalens italiens et francais ; 5° chaque mot italien, marque par lesaccensconvenables et sa veritable prononciation, etc. ; 6" un vocabulaire concis et alphabetique des noms propres de per- sonnes, pays, etc., avec un appendice contenant un catalogue de mots poetiques, d'anomalies, etc. Pour ce qui regarde la pronon- ciation de I'italien la plus exacte, M. Petroni s'est etudie a deter- miner, mieux que ne I'avaient fait ses predecesseurs , les e et les o, que les Italiens prononcent ouverts ou fermes, difference qui, lors- qu'elle n'est pas bien saisie, donne lieu a beaucoup d'equivo- ques etde contre-sens,et nuit meme a I'harmonieet a la varietede la laugue. Les Italiens meme de quelques provinces ne sont pas assez soigueax a cet egard. Get avantage est presqu'un privilege des Tos- cans et de leurs vt.isins; et M. Petroni, etant de Perouse, le partage avec eux. F. Salpi. 7io LIVRES ETR ANGERS. 299. — * I'liilosophical Magazine, and Journal compreliending the I'arious branches of science, elc. — Magazhi et Journal pliilosoplii- (jue , oil sorit leunics les coiinaissances nouvelles dans les sciences, les beaux-arts, ['agriculture , Tinclustrie et le commerce, n" cccxxii ( fevrier 1825 ); par Richard Taylor, do la Societe astrnnomiqite de Londres, de la Suciele meleorologiqne de la m^me ville , etc. — Ce journal parait , a la fin de cliaque mois. Pri.v de chaque cahier, 1 shellings (i deiviers. Londres, Cadell, Longman, Hurst, etc. ; Edim- bourg. Constable. Ce journal, I'un des plus anciens de I'Angleterre, puisqu'il est maintenant a la 27'' annee de ses publications, vient de perdre son fondateur et redacteur, M. Tii.loch. M. Taylor, qui le remplace, commence par s'acquitter envers la memoire de son devancier, et lui consacre une notice simple et sans pretentions, comme la \ie du savant dont il parle. Nous allous eu donner un extrait. Alexandre TiLLocH naquil a Glasgow, le 28 fevrier i75g. Apr^s avoir recu dans sa patrie « cette education liberalebien plus accessible en Ecosse qu'en AngleteiTe » (expressions de M.Taylor), il se livra a des recbercbes sur I'art de I'imprimerie , et parvint a la decouverte du stereotypage , en s'associant , pour les experiences, a M. Eouiis, im- primeur de TUniversite de Glasgovs'. Lorsqu'il eut pris un brevet d'invention pour sa decouverte , il reconnut qu'elle n'6tait rien moins quenouvelle, et que, cinquante ans auparavant, M. Ged , joaillier d'Edimbourg, en avait fait usage. Ce desappointement I'enleva a la pratique des arts, sans lui faire perdre le goiit des recbercbes. Etaut devenu coproprietaire de VEtoile {the Scar), I'un des journaux politiques de Londres , il vint liabiter cette capitale : mais le tour- billon politique I'importunait ; il concut le projet d'un journal oil Ton ptit deposer les fruits d'une meditation calme et soutenue, an lieu de ces pensees qui paraissent un jour pour etre oubli^es le lendemain. Ce fut aux sciences et aux arts qu'il consacra ses tra- vaux, et il publia le prospectus du Magazin Philosophique, dont les premiers cabiers , remplis en grande partie par les memoires du redacteur, furent tres-bien accueillis , et promirent un succes qui ne s'est pas dementi. — La maladie a laquelle M. Tillocli a suc- combe durait depuis tres-long-tems : il y a trois ans qu'elle I'avait eloigne de la redaction de son journal, et qu'il etait remplace par M. Taylor. Le nouveau ledacteur est done juge d'avance , et Ton a la certitude que le Magazin Philosophique ne degc-nerera pas entre ses mains. LecaUier que nous avons sous les yeux est aussi bien rcmpli RUSSIE. 73 1 que les precddens. On y recherchera surtout le memoire tie M. Fer- KAHA sur le tremblemeiit de terra eprouve en Slcile dans I'annee 1823, et celui de M. DALTOifsur la nature et les proj)rietes de I'in- digo. Mais le correspondant qui s'est mele d'ecrire sur la navigation aerieiine aurait dii venir etudier cette maticre sur le continent; car il parait que les connaissances acquises en France sur raerostation n'ont pas encore traverse la Blanche. Ce memoire, fort au-dessous du mediocre, rappelle un fait relatif au ballon qui joua son role a la bataille de Fleurus. Des que Ton eut vu ce nouveau moyen de reconnaissances militaires entre les mains des Fraucais, les savans etrangers furent mis en ceuvre, et leurs travaux reunis produislrent un memoire qui fut trouve a Bruxelles , lors de I'occupation de cette ville par I'armee francaise. Apres avoir lu ce memoire, les savans francais eurent la certitude que les armees ennemies n'auraient point d'observatoire aerieu , et que nos aerostiers resteraient seuls en pos- session de I'art qui venait d'etre cree. Les etrangers ne soupcon- iiaient pas meme la necessite des recherches auxquelles on s'etait livre en France avant de faire le premier essai de cet emploi des aerostats. Le correspondant du Magazin Philosophiqne s'est trop presse d'ecrire : il devait commencer par se mettre au courant des connais- sances acquises sur le sujet qu'il voulait trailer. F. RUSSIE. 3oo — * Coiirs de Littcrature ancienne et modeme , contenant un Traite complet de poetiqiie , extrait des meilleurs critiques et com- mentateurs ; enrichi de 700 Notices sur les po'etes les plus cetebres de tons les terns et de toutes les nations. Ouvrage orne de citations et de traductions de differens poetes , en francais , en latin , en grec , en russe , en anglais , en allemand , en italien , en espagnol et en por- tugais ; par P. Hennequin. Moscou , 1821 - 182a ; imprimerie de Semen. Paris , Dondey-Dupre, pere et fils , rue Saint-Louis, n° ^G, au Marais , et rue Richelieu , n" 67. 4 vol. in-8° ; prix , So fi'. « II existe , dit I'auteur dans son discours preliminaire , un grand nombre d'ouvrages sur la litterature tant ancienne que mo- derne. On reproche a plusieurs de n'avoir avec leur litre que des rapports eloignes , de ne point remplir I'atlente et le voeu des lec- teurs , qui s'attendaient a y trouver autre chose que des morceaux extraits des meilleurs auteurs , et ranges souvent sans aucun ordre didactique, propre a les tilasser dans la memoire. » M. Hennequin, ne fait a aucun I'applicatiou directe de cette critique; mais, parmJ 73^ LIVRES ETR ANGERS. ceux qui la meritent , nous croyons pouvoir signaler les Lecons de llueratitre de MM. Noel et Laplace , ouvrage agreable et utile . niais qui aurait du porter le titre plus simple A'Oriiemens de la me- moire. Un autre reproche que M. Henneqiiin adresse a tous les au- teurs de poetiqiies en general , c'est la partialite. II cite les Trois siecles , de Sabatier de Castres ; /e.t Elemens de Litteratiire , de Marmostel ; le Lycee , de Laharpe ; et les Ulemoires liueraires , de Paiissot , et n'exempte aucun d'eux de ce reproche , pas meme Marniontel, auquel il rend d'ailleurs toute la justice qu'il merite, et que trop de critiques modernes paraissent disposes a lui refu- ser. Quant aux Principes de littcratnrc , par I'abbe Batteux , il reconnait qu'ils sont ecrits sagement et methodiquement ; mais cet estimable auteur , dit-il , oublie les hommes pour ne s'occuper que de I'art. — On voit quelle idee M. Hennequin s'est formee d'une bonne poetique ; il croit que dans un tel ouvrage il ne faudrait point separer les principes de I'application , I'exemple du precepte, qu'il faudrait surtout faire preuve d'impartialite , et ne point don- ner sou gofit particulier comme regie generale. Telle est , sije I'ai bien compris, sa manifere de voir en litterature , et le point d'oii je dois partir moi-meme pour bien apprecier son travail. Etd'abord, je m'empresse de reconnaitre qu'on voit en le lisantqu'il n'a neglige aucune des bonnes sources. Nul doute qu'il n'ait joint a I' etude des auteurs que j'ai deja cites celles des excellens trait6s de Blair, de Chenikr , de M. Andrieux , de M. Lemercier , etc. , et qu'il ne leur ait emprunte une foule de preceptes plus ou moins g6ne- raux , plus ou moins judicieux. Une poetique n'est pas un ouvrage d'imaginalion ; c'est le resultat d'observations pour lesquelles on pent mettre a profit les travaux de ses devanciers. II suffit a celui qui sail s'en emparer, de leur donner une disposition ou une forme qui lui soit propre ! C'est ce que me parait avoir fait en general M. Hennequin. Cependant, il est tel passage qu'il s'est borne a trans- crire tout simplement , sans en prevenir le lecteur , comme cela est d'obligationen pareil cas. Je dois signaler entreautres I'emprunt qu'il a fait a M. Lemercier , de sa notice sur la nouvelle edition de la Lusiade , par M. de Souza ( voy. Cours analjcigue de litterature , t. Ill ) p. '63 ), morceau que je retrouve copie textuellement dans I'ouvrage de M. Hennequin ( t. I , p. 148 a 1 54 ). — Le Cours de lit- terature ancieiine et moderne commence par VHistoire de la poesie , excellent morceau du a la plume de Marmontel , et dont M. Hen- nequin dit avec beancoup de raison que , si sa lecture effraie quel- RUSSIE. 73i que esprit indolent , et le laisse froid et peu soucieux de penetrer plus avant pour decou-vrir les veritables tresors de la poesie, il peut Jeter le iivre ; qu'il est inutile qu'il s'obstine ; que non-seuleinent il ne sera jamais poete , mais qu'il ne deviendra jamais digne d'ad- mirer les grands poetes. Cetfe belle introduction occupe les pages II a 60 de son ouvrage ; I'auteur donne ensuite ( p. 61 — fi5 ) uue definition claire et concise de Vari poetlque. Puis , il passe (p. 65- — 66) a Vorigine de la poesie , « expresion vive et naturelle du culte que la creature rendait a son createur. » Les Cantiques de Moiise sent les premiers qui soient parvenus jusqu'a nous. II determine ensuite le but de la poesie (p. 66 — 69 ) , en disant « qu'elle se pro- pose d'instruire les liommes en les amusant. » Le vrai genie n'a point d'autre but. Si Platon bannissait les poetes de sa republique, c'est que de son tems ils etaient devenus les avocats des faiblesses humaines et les panegyristes des vices. L'auteur distingue ( p. 69 — 73) trois facultes de Fame , d'ou resultent tous les talens litteraires, et que Ton peut appeler les qualites necessaires aiix poetes : ce sont I'esprit , I'imagination et le sentiment ; dans leur melange , c'est le plus ou le moins de chacune de ces facultes qui lui parait cons- tituer le genie. Ici , s'est glissee sous la plume de M. Hennequin , cette definition que Ton jugera peu convenable dans une poetique : « L'esprit est I'oeil du genie , dont I'imagination et le sentiment sont les ailes. » Je ne sais s'il n'y a pas un peu trop de rechercbe et d'affectation dans cette image , et , si M. Hennequin n'eiit pas du la blamer dans un autre ; mais , a coup sur , en ne devait pas la rencontrer dans un ouvrage didactique. Cette plirase m'a d'aufant plus cboque peut-^tre que le style de l'auteur en general est sage et parfaitement approprie a son sujet. — M. Hennequin termine ces instructions pieliminaires par des observations tr^s-justes sur les mccurs poetiqties (p. 78 — 78 ) et sur \es peiiiCures poetiqiies (p. 78^ — ■ 8a ) , en renvoyant pour ce qui concerne les passions , le style , les figures, etc. , a son Cours de rhetorique public a Moscouen i8l8(i). Le reste de son ouvrage est consacre a une poetique de tous les genres , depuis Vepopee jusqu'a Vacrostiche. C'etait peut etre des- cendre un peu bas , que de tracer les regies d'un genre de poesie aussi futile que ce dernier et d'en donner des modeles ; mais I'au- (i) Cet ouvrage se trouve egalement a Paris cher DonJey-Dupre. i vol. in-S*, relie en veau ; prix 6 fr. T. XXV. — Mars iSaS. 48 734 LIVRES ETllANf.ERS. teur engage vivement les jeuiies gens qui debutent dans la carri^re des lettres a dedaigner de pareilles pu^rilites; at, s'il en parle , ce n'est sans doute que pour offrir un traite complet de tous les genies de poesie. II me semhle que ce desir I'a conduit egalement un peu loin dans sa partie biograpliique et dans le choix de scs exemples; au lieu de 700 notices annoncees dans le litre de son ouvrage , il est parvenu a en rassembler pSo , parnii lesquelles on en trouve sur des poetes peu dignes d'etre cites comnie modules dans aucun genre. D'un autre cole , maigr^ tous ses soins el toutes ses recherches , nous avons encore remarque des omissions , ce qui est presque ine- vitable dans un ouvrage de cette nature : c'est ainsi , par exemple , qu'au chapitre oii il traite de la poesie epique , il a omis, dans sa no- menclature des auteurs francais qui se sont dislingues dans ce genre, feu M. Aignan , auquel on doit une traduction de Vlliade , et une autre de VOd^ssee, qu'il n' avail pas encore eu le tems de publier, et dont nous avons donne un fragment a nos lecteurs dans noire cahier de/i-?«i'/er (voy. ci-dessus, p. 4^ — 47)- Nous avons vu pins loin, il est vrai , cette omission en partie rep.nree , a la fin du second volume , ou M. Hennequin dit , en parlaut de hnmehaut , iragedie du mdme auteur , qu'on y trouve des vers « dignes d'un traducteur d'Ho- mere. » — Je ne veux pas finir sans consigner ici une remarque que je ne crois pas avoir ete faile encore. Pourquoi tous les auteurs de Poetiques placeul-ils au nombre des divers genres de poesies le ciistiqiie , \e quatrain , le sixain, le huitai/iet le dirain ? Cenesont pas la , i proprement parler , des genres distincts ou particuliers; ces de nominations leur viennenl du nombre de vers qu'ils renfermeut , et non du sentiment qu'ils expriment , puisqu'on peul les employer indifferemment .1 I'epitaphe, au madrigal, a repigramme ,elc. C'est done mal a propos qu'on voudrait assigner a ces differentes denomi- nations admises en poesie une autre place et un autre sens que ceuxi qu'elles doivenl recevoir de I'etymologie. — Je me resume sur le m6- j rile du Cours de litterature de M. Hennequin : son plus grand defaut] meparait 6tre dans les exemples qu'il a rapportes, el dont je blame j moins le nombre que le choix; je craindrais, en specifiant ma i marque , de blesser quelques vanites , et pent LIVRES ^TKAJNGERS. nionde salt deja. Aujourd'hui, Ic grand soin de M. Schreiber ponr recueillir tout ce qui est relatif a la naissance du cliristianisme en Allemagne, a produit des resultats fort iiiteressans. Nous passcrons done rapidement sur I'invasion et les mouvemens des Barbaras, et, uous occupant des faits originaux ou moins connus , nous entre- tiendrons nos lecteurs de saint Severiu recevant Odoacre dans sou humble reduit. Ce barbaie, marchant contre Augustule , vint se prosterner devant le venerable solitaire qui, dit-on, lui preditqu'il regnerait sur I'ltalie. Paimi les apotres de la Germanie , on distingue saint Colomban et saint Gall : le premier apparut , vers la fin de 96 pages. Imprimerie de I'Acadeniie royale des sciences. M. Bopj) a public, il y a quelques annees, le systeme des conju- gaisons du samscrit, et il a promis une grammaire de cette langue. Ce qu'il donne ici comme suite de ce premier travail , ce sont des recherches fort satisfaisantes sur I'ecriture , la lecture , la prouon- ciation du samscrit, sur les radicaux, les prefixes et les noms dans cette langue. L. Sog. — Gostfried von Stralsburg Verhe. — OEuvres de Godefroi de Strasbourg , publiees sur les meilleurs manascrits, et accompagnees d'une introduction et d'un glossaire complet ; par Fr.-H. von der Hagen. Breslau, 1823; Joseph Max et comp. 2 vol. gr. in-S" avec une gravure. Prix 1 5 fr. Nous avons deja eu I'occasion de remarquer avec quelle ardeur les litterateurs allemands ont repris, depuis une vingtaine d'aunees , I'etude de leurs premiers poetes uationaux. Godefroi de Strasbourg , au commencement du xiii° siecle, etait I'un des plus distingues, et notre savant Oberlin , en 1786, en avait deja rappele la memoire a ses compatriotes dans une dissertation iutitulee ; De poetis Alsatice eroticis medii avi. Argeat. in-4°. On sait bien peu de chose sur la vie de Godefroi ; mais il nous reste de lui , en vieil allemand, des poe- sies lyriques et didactiques, et un poeme epico-romantique, intitule ; Tristan et Isolde. II se distingue par beaucoup d'ordre et de clarte 74a LIVRKS ETRAMGERS. daus les idees, et par une versification rcguli^rc et sonore. Ce poomc se trouvalt dans la collection de Miiller, t. II, et les poesies lyriques du m^me auteur, dans celle que Roger de Manesse reciieillit au commencement du xi\e sifecle, t. II. M. de Hagen , qui a recemment collationne a Paris un manuscrit de cette derniere, et qui prepare une edition des troubadours allemands, public, en attendant, une nouvelle edition critique des ceuvres de Godefroi , enrichie d'une excellente dissertation sur la vie de ce poete et de plusieurs de ses contemporains , et d'un glossaire expliquant tous les vieiix mots qui se trouvent dans les deux volumes. Tristan et Isolde en occupent le premier ; I'cditeur a ajoute la tradition poetique de Thomas de Bre- tagne que Godefroi parait avoir eue sous les yeux, avec la traduction celte et une autre romane; de plus, les continuations ^Ulric de Thur- heim et de Henri de Fribert , aiusi que quelques Iragraens tr^s-interes- sans relatifsaumcmesujet. — Le second volume offre toutes les poe- sies erotiques et didactiques qui nous restent de Godefroi , ainsi que son Hjmne en I'honnetirde la Fierge et de Jesus-Christ. — Cette edition auraitvule jour plus tot, sans un incendiequi, au.mois d'avril 1822, consuma tous les exemplaires deja imprimes. Le prlx est assez modi- que. Le savant editeur des Nibehtngen et des OEiivres de Godejroi de Strasbourg T^vxhYvG encore un autre ouvrage sur I'ancienne poesie ro- mantique des Allemands, sous le titre de Heldenbilder atis den Sa- genhreisen Carls des Grossen , Artlmrs , der Tafehunde unddes grab, etc. , etc. T II en 2 parties. Rreslau ; iSaS. In-8°, 5o feuilles d'impression, ayec 3o gravures enluminees. Prix 16 fr. J. H. Schnitzle. 3 10. — * OEuvres completes de BiiKGER, publiees par Charles de Reinhahd. Vol. I - VH. Berlin, 1824. 7 vol. in-12; prix 5 rixd., 8 gr. ( un peu plus de 18 fr. ). M. de Reinliard etait Tanii de Biirger ; il est depuis plusieurs an- nees en possession de ses papiers, et nul mieux que lui ne pouvail donner une edition des ceuvres de cet auteur celebre. Le i*"' vol. renferme des poesies diverses , et contient, avec les variantes et les remarques, soixante-six morceaux,parmi lesquels quatre ctaientin^- dits. Le second volume, continuant ces melanges poetiques,comprend cent-deux morceaux , et le nombre de ceux qui n'etaient point dans la derniere edition est trfes-considerable. L'editeur s'est efforce de replacer toutes les pieces de ces deux volumes dans leur ordre chro- nologique ; le troisieme volume est le premier des ceuvres melees de i Burger. II est precede d'une preface interessante de l'editeur. Oil trouve ensuite des essais de traduction d'Hoinere en vers iambiques ALLEMAGNE. 743 allemands : ils sont tous pris des six premiers livres de I'lliade, et dgns le volume suivant , il y a des essais de traduction tires des cinq premiers chants mais ceux-ci sont en vers hexam^tres. Ces essais s'etendt nt aussi aux 20*, aa° et aS^ chants. Ici encore , on reraarque beaucoup de morceaux inedits- La traduction des amours d'Anthias et d'Abrocome, de Xenophon d'Ephese, les fragmens des poesies d'Ossian , et le Macbeth de Shakespeare , remplissent le cinquieme volume. Le roman de Xenophon manquait absolument a I'edition precedente. Le sixifeme renferme une proposition sur les contrefacons, et cette publication est d'autant plus importante que la question oc- cupe en ce moment toute I'AUemagne. II y a des vues sur I'enseigne- ment de lalangue allemande, deux discours maconiques, des frag- mens de poesies, et un beau tableau de la revolution d'Angleterre au XVII'' siecle. Le septiemeet dernier volume est aussi fort de choses. Une lettre de Gcethe a I'editeur, une correspondance sur la celebre ballade intitulee Lenore , sept dissertations litteraires sur le style al- leniand , et plusieurs autres morceaux, la plupart inedits : telles sont les parties qui le composent. Cette Edition est a bon droit appelee complete. L'execution typographique est tres -elegante, en m^me tems que le prix est fort modique Biirger eit I'un des auteurs clas- siques de la litterature allemande. On doit done savoir gre a M. de Reinhard d'en avoir de nouveau recueilli les oeuvres , et de les avoir ainsi mises a la portee de toutes les hibliotheques. P. Golbery. 3li. — * Phanlasiegemalde. — Tableaux de fantaisie , par le D'' Georges TiaviXiiG ; pour I'annee 1823. Francfort - sur-Mein, 1824; Hermann, i vol. in-8° de 358 pages. On se tromperait si Ton jugeait de cet ouvrage d'apr^s son titre : dumoins, tous les tableaux doilt il se compose ne sont pas de fan- taisie. Les personnages qui y ligurent , loin d'etre des creations nou- velles de I'imagination , sont la plupart empruntes a I'histoire, etl'ou peut lire dans nos annales le recit des principaux evenemens qu'on trouve ici reproduits sous d'autres couleurs et avec des accesso^res plus varies. M. Doering a voulu retracer plusieurs scenes du regne de Francois !«'' : le mariage politique de ce prince avec Eleonore , reine de Portugal , et les fetes brillantes auxquelles ce mariage donna lieu ; le sejour de Charies-Quint a Paris , etc. Autour de ces trois mo- narques sont groupes les chevaliers, lessavans,et les dames qui faisaient I'ornement de la cour de France : le connetable de Mont- morency, la comtesse de Chateaubriand, la duchesse d'Etampes et la marquise de Canaples sont les principaux acteurs d'une intrigue 7 A 4 UVRES ETRANGERS. ?- LiVREs :£trangers. Suisse. 11 ii'est encore qu'a son debut, ct pr^sente peu d'interdt , paice que les savans suisses ccrivent de preference dans les journaux etrangers qui sont plus rep.indus, et qui paraissent a des epoques plus rapprochees. Mais si ces ni()mes savans , animes d'un sentiment louable de patriotisme, s'unissaient pour aider M. Meisner dans son eiitreprise, ils obtiendraient bientot, par ce journal, la repu- tation qii'ils vont chercher dans d'autres ouvrages periodiques , en multiplieraient les cahiers, en diminuaiit riutervalle qui separe leur publication , et les Aimales lielvedqnes , devenues le depot des decou- vertes des naturalistes suisses, auraient le mcrite de nous offrir , cliaque annee, un tableau fidele du progres des sciences dans le pays des liernonlli, des Holier, des de CandoUe , etc. M. B. Au moment ou nous venioiis d'achever cet article, nous apprenons la mort de M. Meisner. « L'Academie de Berne, dit le NouveUiste -vaudois du 22 fevrier iSaS, vient de perdre I'un de ses membros les plus distingues , M. Meisner, professeur d'histoire naturelle , connu par son zele pour la science et par un grand nombre d'ecrits justement estimes; il avail public, en decembre dernier , pour les etrennes de la jeunesse helvetique , le quatrieme Tolume de ses Petlts vojages en Suisse a I'usage de la jeunesse. Berne, chez J. -J. Bourgdorfer, 1825 ; 271 p. in-12. M. Meisner, originaire d'Allemagne, etait devenu Suisse par ses affections et ses habitudes. II etait I'un des nienibres les plus actifs et les plus eclaires de la Societe helvetique d'histoire naturelle. » '^"g- Pebd — x. ITALIE. 335. — Manuale di {''etertnaria. — • Manuel Veterinaire ; par M. Sandri. Verone , i824.In-8°, de Sgg p. , et 2 planches. On doit cet ouvrage a I'un des meilleurs eieves de I'Ecole veteri- naire de Milan ; il est ecrit en forme de dialogue , et dans un style qui le met a la portee de toutes les intelligences. La premiere partie est consacree aux proprietaires d'animaux domestiques. La secoude aux medecms veterinaires. La premiere division renferme sept sec- tions ; la i''" traite des parties externes du cheval ; la 2« , de I'hy- giene ; la 3<' , de la generation et des races ; la 4* , dc I'^ne et du mulet ; la 5'=, du bceuf ; la (3" , des b^tes a laine ; la. •]<: , du cochon et des animaux de basse-cour. La partie medicale comprend quatre sections. Dans la premiere , I'auteur donne quelques notions d'ana- tomie veterinaire. Dans la seconde, il expose quelques principesde physiologic. La troisi^me section traite des maladies, que M. Sandri divise en trois grandes classes : stheuiques , astheniques et epizooti- ITALIE. 753 ques. Enfin , la quatri^me section renferme un precis de jurispru- dence veterinaire. B. 336. — Saggio siil/a sloria delle iMafematiche , etc. — Essai sur I'his- toiredes Mathemaliques , enrichi de notices biographiques choisies, pour I'usage de la jeunesse;par le prof. Pietro Frahcuini. Lucques, 18a 2 ; IJertini. lu-S". Le merite de I'ouvrage que nous annoncons consiste surtout dans la concision. L'auteur s'est propose de renfermer dans un seul vo- lume I'histoire entiere des mathematiques. II les fait naitre avec la societe , des qu'elle sentit le besoin de calculer les quantites , et de mesurer I'espace et le terns. De ces elemens il fait ressortir rastronomie spherique , la geographic , I'hydrostatique et les pre- mieres theories du calcul. Ainsi , pendant le cours de vingt-deux si^cles , on parvient , de la geometric d'Hippocrate de Chio , de I'algebre de Diophante , de la statique d'Archimede, jusqu'au calcul des variations de Lagrange , a I'algebre de Rufini , a la dynamique de Galilee , etc. Ce tableau general est suivi de I'histoire particu- liere de I'arithmetique chez les Grecs , imitateurs des Hebreux et des Pheniciens , de la geometric elemeulaire et transcendante , de la polygonometrie et de I'algebre. L'auteur, d'apres Cossali, prouveque Viete n'est pas I'inventeur de I'algfebre; il attribue I'honneurde cette invention , apr^s Diophante et les Arabes , a Leonardo Fibonac- cio de Pise , qui florissait au xii* siecle. La m^me etude fut ensuite reprise, au xv^ siecle, par le P. Faccioli , Tartaglia, Cardan, Fer- rari, Bombelli et I'abbe Maurolico. L'auteur presentede meme I'his- toire de la statique , science peu connue des anciens , et poussee si loin, parmi les modernes, par Guido Ubaldo, Stevin , Galilee, Ro- berval , etc. Galilee posa aussi les fondemens de la dynamique, et donna la premiere idee de I'application du pendule aux horloges. Plusieurs autres mathematiciens jusqu'a Fossombroni, ont depuis contribue aux progres de cette science. L'hydrostatique , fondee par Archimede , a ete perfectionnee par Galilee, Pascal , Newton, La- grange, Frisi, etc. ; I'hydrodynamique, creeeparTorricelli, Magiotii et Fontana, fut perfectionnee par Lagrange. Le P. Castelli developpa les principes de I'hydraulique , ebauches par le meme Galilee. C'est dans cette science , qu'au dire de d'Alembert lui-meme , les Italiens se sent toujours distingues plus que les etrangers. L'auteur fait men- tion des hydrauliciens les plus remarquables jusqu'a Meiigotti , Ta- dini , etc. II signale avec la mdjme precision les progres de I'opti- que , de la catoptrique et de la dioptrique. II eu rcsulte que Ton 754 LIVRES ETRANGERS. connaissalt , an terns d'Aristophnn*^ , la force des miroirs aitlciis ; au tems d'Euclide, la refraction de la luniiere , et qu'Archimede avail compose un Traitc de catoptrique, cite par Theon. II semble, suivant le chevalier Venturi , que Texplication du plienom^ne des arcs-ea-ciel que Descartes usurpa au Dedominis, qui I'avait publi^e Ters le commencement duxvii"^ si^cle , avail ete donnee trois si^cles auparavant par le P. Teodorico Sassone. L'auteur ii'oublie pas les ouvrages et les inventions qui ont paru dans la suite. L'liistoire de la science est suivie des notices biographiques de ceux qui Tout cul- tivee avec le plus desucces.On a reproche a l'auteur quelques omis- sions; mais qui pourrait les eviter toutes dans un ouvrage de ce genre ? F. S.vlfi. jr. d. H. M. Franchini a donne trop de confiance a VHisloire des Mathematiques par Bossut , ouvrage que ce geometre composa dans sa vieillesse , et auquel on reproche des erreurs et des omissions tres extraordloaires. II ne I'a rectifi<^ qu'en ce qui concerne les savans italiens , et laisse tout le reste dans I'etat ou Bossut I'avait mis. L'histoire des mathematiques, depuis Newton jusqu'a nos jours , est encore a faire. 337- * — Nomotesia penale. — Nomotesie penale , ou I'Art de faire les lois penales ; par Joseph Raffaelli. Naples, 1820; de I'impri- merie francaise. 3 vol in-8°. M. Raffaelli est un homme fort erudit ; il a fait une etude appro- fondie de l'histoire ancienne , de l'histoire moderne et de l'histoire contemporaine; des legislations grecque et romaine, et d'autres qui sont moins connues. II est inventeur d'une nouvelle classification des delits; mais les denominations qu'il affecte a ses divisions et k ses subdivisions annoncent une certaine pretention scientifique peu propre a disposer favorablement le lecteur, que les noms deparaiio- mie , d'adicemie , d'amarlemie, d'apifie, d'ipodicie, etc. peuvent ache>'er , de rebuter. La science des lois est deja bien assez difCcile par elle- m^mc pour que Ton ne cherche pas a augmenter ainsi les difCcultes dout elle est herissee , par une nomenclature bizarre et fatigante. — : M. Raffaelli fait , du reste , une revue assez exacte de tons les genres de . dellts et de crimes. II en porcourt la trop longue serie dans les deuX premiers volumes de son ouvrage ; il y trace, avec un esprit de detail trop minutieux, les peines usitees chez les Hebreux, les Egyptiens, les Grecs et les Romains; celles que Ton inflige aux coupables chez les Chinois, les Japonais , les Tartares, les Turcs, les Anglais, les Francais, les Italiens, etc. II indique avec sag. 1 cite les vices, les defec- ITALTE. 755 tuositcs des lois ci iminelles chez ces differeiis pcuples ; et , sous ce rapport, son travail nVst point sans merite ; il j)eut salisfaire la curio- site du lecteur , et lui rendre les recherches plus faciles. Mais I'aii- teur s'est montre parcimonieiix des richesses tirees de son propre fonds, et il eiit ete a desirer qu'a I'imitation des ecrivaius tels que Montesquieu, Servan, Pasloret , Benlham , Beccaria et Filangieii , dont il lie dedaigne pas d'invoquer les eciits, apres les avoir sigualt's conime ne renfermant que des theories insuffisantes , il eut iuimenie prpsente des vues nouvelles sur des mati^res d'un aussi haut interet. Nous lui reprocherons mdme d'emettre parfois des opinions fausses; et Ton en trouvera una preuve dans ce qu'il dit au chapitre oii il traite du suicide. II presente cet attentat sous des couleurs qui leu- draient a le Icgitinier , et il reproduit sous la forme de ruisoune- raens s^rieux les propositions paradoxales que la plume eloquciitc de Foscolo exprime d'une maniere seduisante dans ses Demieres lettres de Jacques Ortis. On ne saurait, d'apr^s les regies severes de la morale, justifier uu acte qui viole la loi naturelle,eu anti- cipant le terme assigne a rexistence de I'individu ; et les lois de la societe, en la privant d'un de ses membres. • — Au sujet du crime d'aduitere, il avance que ce n'est pas un crime puiiissable, mais un peche , place comme tnl hors des atteintes de la loi humaine : il en donne pour raison la reponse du legislateur chretien a I'interpella- tion des scribes et des pharisiens sur une invocation dela loi deMoise, qui condainiiait le coupable a dtre lapide : Que celui d'eiure 'voiis qui est exempt de peche je'.te la premiere pierre... Nous pourrions faire beaucoup d'autres citations propres a motiver le reproche que nous adressons a M. Raffaelli ; mais la tache de la critique est periible, et nous nous empressons d'indiquer ce qui merite d'l^tre loue dans ces deux volumes. — II n'est personne qui ue partage le jugement que M. Raffaelli porte, dans son chapitre 6eY incontinence ( t. 11, p. 128), sur I'impudique Traite du sacrement de manage^ par le jesuite Sanchez, ou ce moine obscene a porte la licence de la pensee ■ a un point qui semble defier I'esprit mondain le plus deprave. Nous avons aussi remarque son chapitre sur les/e«j. de hasard , ou il blame les gouvernemeiis qui , se laissant seduire j)rtr Tappet d'un gain liou- teux,bienlo!ii delesdcfendre,lesregularisent au contrairepar des lois solennelles, etouvrent ainsi un gouffreou vont s'engloutiries fojtunes privees. — Sou troisienie volume, auquel nous accordons la prefrrence sur les deux premiers, est entieremeut consacre a demontrei- la necessiie de pictcnir its delits. — « Les lois preventives des delilb , dil-ii, sont a 756 LIVRES ETRA.NOER.S. la legislation ce que I'liygifene est a la inedecine. Avant de punir les delits, les gouvernemens doivent avoir epuis6 les moyens de les prevenir. — Si les delits sont un mal daus la societe, les peines etablies pour les reprimer en sont un aussi. — L'homme quittant sa prison en sort ])Ius corrompu qu'il n'y etait entre , et ave,- le sentiment de sa degradation. C'est un grand merite , sans doute , du Icgislaleur de savoir determiner dans une juste proportion la peine qui convient a chaque genre de delits ; mais celui-la serait digne de toute notre admiration , qui saurait trouver le moyen de dispenser la loi de la necessite de punir. Ce moyen consiste essentiellemenl da:is I'art dif- ficile de rendre les liommes heureu>^.... » L'auteur indique, pour arnver a ce resultat , i° V education , qu'il divise en education elemen- taire, fondee sur des preceptes physiques, moraux et civils; et edu- cation habitiielle , c'est-a-dire celle qui a pour objet la pratique de la religion , qu'il ne faut pas confondre avec les praliquessuperstitieuses; les sujets exposes au theatre, ou Ton peut, par le puissant attrait attache aux grandes actions mises en sct'-ne , exciter I'ame des citoyens anx vertus les plus difficiles et les plus severes ; et les lecons de I'exeraple, dont I'influence est toujours grande sur I'esprit de l'homme. — 2" Les moyens de rendre facile la pratique des bonnes actions ,e\.(\i\\\iAit ' consister dans la honte , Thonneur et la douleur. — Ces trois moyens , qui exigeaient de certains developpemens , ne sont qu'lndiques, et les trois chapitres dont ils font le sujet laissent beaucoup a desirer; | malsM. Raffaelli abandonne bientot cette division pour signaler des . moyens d'luie autre nature, et il designe comme tels I'attention pre- \ voyante apportee a garantir les bommes des atteintes du besoin, a' leur offrir des ressources assurees pour le satisfaire ; la creation d'etablissemens publics destines a recueillir ceux auxquels I'Age ou les infirmites ne permettent pas de se livrer au travail , et ou lea individus valides soient assures d'en trouver, etc. — 3° La creation d'obstacles legaux capables de leur fermer la 'voie du vice tt de leM rendre les mauvaises actions difjiciles et meme impossibles; ce qu'il Inl parait aise d'obtenir a I'aide d'une sage prevoyance, accompagn6d de precautions et de defenses qui ne puissent jamais dtre eludccs. 4° L'emploi des recompenses accordces a I'exercice de la -verlii , commn d'un aiguillon propre a j exciter davantage. II les divise en reelles ou p^5 cuniaires , morales ou fondees sur les distinctions bonorifique?, mixies , c'est-a-dire participant des unes et des autres; et en recom- penses religieuses , consistant en honneurs rendus sur la tombe des morts. — Ce cadre est rempli par des exemples tires de I'histoire, ITALIE. 7^7 pt pardes preceptes qui soat le fruit des meditations de I'auleur, ou qu'il einprunte aux diverses legislations , et particulierement a notre droit francais;mais Ton peutse convaincre queM.Raf£aellin'a faitici que paraphrase!- le dernier chapitre du Traite des delits et des peiiies . de Beccaria, et reproduire la theorie remunerath'e dont Bentham avait deja trace les regies avant lui. — M. Raffaelli professe, dans tout le cours de son ouvrage , une morale douce et un grar.d amour de I'hu- manite. On y trouve des peusees sagement exprimees; mais ses vues sont generalement etroites , quoique son erudition soit vaste. Sa me- thode est systematique , mais elle manque de cet esprit d'ordre qui se fait remarquer dans les traites de legislation du jurisconsulte anglais. Son style, ordinairement clair et facile, manque de cette energie dont Beccaria lui offrait le modele. Nous ignorons s'il passe dans les pays ultramontains pour un habile ecrivain , pour nn phi- losophe profond ; mais, tres-certainement, il est inferieur a Filan- gieri dans ses conceptions , dans sa composition et dans sa maniere d'ecrire. Crivelli , avocat. 338. — Essai de legislation pettale ; par Puccinelli, avocat. Rome , 1824. 2 vol. in-S". L'auteur parait avoir fonde ses doctrines sur le passage suivant, qu'on trouve dans I'lntroduction aux principes de legislation uni- verselle de Schmidt d'Avenstein : « C'est une erreur de croire que Ton doive prendre les siecles passes pour guides exclusifs dans la science de la legislation, en renfermant jierpetuellement celle-ci dans le cercle de ce qui a ete fait, sans jamais savoir ce qui pent etre le plus convenable pour I'avenir. Seduits par la reputation de quelqaes peuples de I'antiquite, nous nous bornons a choisir dans leurs lois celles qui paraissent les mieux appropriees a nos institu- tions modernes. Nous rassemblons ainsi des elemens heterogenes qui font un ensemble vicieux. Dans I'enchainement des connais- sances legislatives, la perfection depend d'nn certain nonibre de verites premieres; et plus on coniiait les principes des vraies rela- tions sociales, plus on sent I'evidence , I'influence et la force de ces verites. »^ — M. Battistini , qui rend compte de cet ouvrage dans le Journal Arcadique de Rome ( n° de novembre 1824), fait un grand eloge de la partie scientifiqiie de I'ouvrage de M. Puccinelli, et de la maniere dont il est ecrit. F — es. 339. — Storia dell' antica Giecia , etc. — Histoire de I'ancienne Grecc , depuis les Titans jusqu'a I'iiicendie de Corinthe ; avec celle 758 LIVRES lllTRANGERS. dos arts, des Icttres et de la philosophic, par le cointe Vinceni Dkago. Milan, 1822 ; Nicolo Bettoni. 3 vol. in-S". L'auteur n'a pas encore termine son ouvrage, dont il n'a parii jnsqu'a present que trois volumes. Dans une longue preface , il s'est propose d'examiner et de comp.uer Ics trois ouvrages de Rollin, de I'abbe Barthelemy et de Gillies sur le m.( et enaccideniclles, I'auteur analyse les opinions des physiologistes sur la production des monstres ; il compare les rechercbes de Bianchi , Har- vey, Morgagni et Lancisi , qui regardaient toutes les monstruosites comme I'effet de causes mecaniques , et celles de M. Geoffroy-Saint- Hilaire, qui les attribue plus specialement au placenta et a la ma- trice. 11 combat les opinions de ces physiologistes , et cioit donner une explication plus satisfaisante par Tinfluence speciale des force;; dynamiques. II enumere ensuite avec detail les diverses monstruosi- tes qui se manifestent dans I'espece bumaine, et il range dans cette classe les albinos. Les differentes theories des physiologistes sur la formation des monstres sont toutes plus ou moins hasardees ; mais nous pensons qu'il existe encore sur ce point des secrets qu'on n'ar- rachera pas facilement a la nature. La dissertation de M. Suringar se fait remarquer par une grande erudition et par des vues souvent fort ingenieuses. D. 34^. — Elementa doctrina; juris philosoyhicee , etc. — Elemens de la philosoplue du droit, ouDu droit naturel ; par Jaci/nes-Josep/iHKUH, profeseur de droit a I'universite de Gand. Gand , i8a4. A.Mahne In-8" ; i>rix 5 fr. Ce volume traile du droit prive naturel. L'auteur , qui s'appuic sur PAYS-n.vS. 76:5 la llu'-oiie dii pLilosophe tie Koeiugsbeig, jjart de cette inaxime qu'il promulgue sous la forme d'une loi supreme : « Teuez pour regie coustante , d'agir de maniere a ce que, si tous cro3'aient devoir faire coiiime vous faites , la liberie exterieure de tous pourrait iieanmoins contiriuer de svibsister ayec I'ctat de soclete. " (§ i3.) C'est ce que Kant appelle Vimperatif ( dictamen ) categoriqiie de la conscience ; et M. Massias I'a explique ainsi , dans le dernier volume de son ou- vrage reniarquable sur le Rapport de I'honimeet de la nature : « Obeis a I'ordre ; traite les horames comine les sembiables. » M. Haus sou- met a Tepreuve de cette loi les rapports hablluels des honimes eiitre enx. II promet d'exposer dans un autre volume les principes du droit public naturel et du droit de^ gens naturel. - De R — g. 348. — * Eapose des changemens operes dans la legislation penale en ISelgiqtie , depiiis 181^ jtisqu' a cejotir; par M. d'Henry, avocat. Gand, 1824; Van der Schelden. i vol. in-8°. Dans cet ouvrage d'une incontestable utilite, I'auteur ne se cou- tente pas d'indiquer les changemens fails par le roi des Pays-Bas au Code penal franca is; il v joint encore des reflexions propres a faciliter 1 intelligence du texte, et ces reflexions sont ecrites avec elegance, precision et clarte. M. d Henry emploio toujours le mot propre et connait I'art pen commun parmi ses confreres de rcsserrer ses idees. C'est faire, je crois, un assez beUeloge de son Iravail. Stassaht. 349- — Dissertatio historica inauguralis de Gulielmo Tellio , libertatis heh'eticce vindice , qiiain publico examini summisit Josephus Hisely, Rthetius Neosiadiiis Bernensis.Gron'wgue, 1824; van Boekeren. In-S" de VIII, et 74 pages. I/auteur de cette these, soiitenue publiquement pour obtenir le grade de docteur en philosophic , est un jeune homme de la Neuville ( Neustadt ), sur le lac de Brienne, sans autre recommandation que snu talent et la noblesse de son dme : son opuscide en est la preuve. Libre de choisir son sujet, il I'a pi-is dans I'histoire de sa palrie. Si ce choix fait honneur aux seiitimens de Tecrivain , I'ouvrage mdme annonce un sage esprit de critique , une grande erudition en matiere d'histoire et des principes eclaires, genereux, indepeudans. Lau- thenticite de I'histoire de Guillaume Tell , sujet de la dissei tation , ne la reinplit pas tout entiere ; les fails qui ont juecede , acconi- pagne et suivi immediatement I'emancipation de la Suisse, exposes avec ordr6, avec nettele , saus diffusion , forment, avec la pai tie esseutielle , un ensemble qui est du plus grand interdt. Les argu- m?ns all^gnes contre!'authenticite sont exposes sans deguisement et 764 LIVRES ETRA.NGERS. refutes d'une manifere p^remptoire. 11 etait difficile d'etre iieiif dans nil sujet epiiise par Balthasar et Jean de MuUer : niais M. Hiseiy a du moins le merite d'avoir presente les arguniens victorieux de ces deux ecrivains sous un jour qui les rend plus frappans pour tous les esprits , et d'avoir groupe autour de ces preuves quelques con- siderations qui leur servent d'appui. Nourri de la lecture dos an- ciens, il prouve qu'il possede aussi plusieurs langues modernes. Son style est |)ur, simple et forme sur les bons modeles de la latinite. Esjierons que M. Hiseiy consacrera son talent et ses connaissauces a sa patrie , qu'il honorera sans doute par ses travaux. C. Monnard. 350. — Eyckii iinmorlali genio. — Hommage au genie de Hubert vanEyck; par J. -B.-G. Camberlyn d'Amotigies, chevalier de I'ordre equestre de la Flandre orientale et de la Legion d'honneur. Gand, 1824 ; Houdin. In-8° de 29 pages, dont 7 de notes, avec deux litho- graphies. Quelques vers sont consacrcs aux travaux des premiers peintres, qui n'ont rieu pu produire de durable avant I'invention de la pein- ture a I'huile. Cette invention, due a Hubert vanEyck, est celebree par I'autenr, qui croit devoir a ce siijet faire interveiiii- les dieux du paganisme. Ensuite, vient une enumeration des peintres qu'il re- garde comme redevables a van Eyck, et la mention des arts qui, comuie la lithographie , la lithochromie, doivent immortaliser lenrs productions. Les derniers vers adresses au roi et a la reine des Pays-Bas appellent leur bienvelUance sur cepoeme, dont on re- grette que le style latin soit souvent denature par la ndcessite ou s'est Irouve I'auteur de laliniser beauconp de noms propres, qui devieuuent ainsi presque barbares. B. J. 35 1. — T'crhandelingen van ile maatschappy der nederlandsche letter- kiinde Ce Leyden. — Memoires de la Societe de littcrature neerlan- daise de Leyde. T. iii; a"- partie. Leyde, 1824, iniprimerie de Haak et compagnie. ln-8°. Cette compagnie savante s'est fait distinguer dans la republique deslettres; depuis quelque terns surtout, ses travaux sont devenus de plus en plus interessans. On doit regretter que ses actes soient publics dans un idiome qui, uonobstant sa richesse et ses beautes, est si pen connu hors des provinces hollandaises. — Le volume que nous annoncons comprend deux memoires, dont I'un est de M. le chevalier RAF.psAiir, conseiller d'etat, et I'autre deM. Westewdobp, ministie de I'Eglise reformee. Le jiremier traite des communes des Pays-Bas. M. Raepsaet y examine les raisons qui ont donn6 lieu a. PAYS-BAS. 765 retablissemenl des communes; ensuite il paile de I'epoque et du but de leur institution; de leurs droits; des obstacles que cette institu- tion a rencontres; de I'autorite qui les a creees, etc. Ce travail demaudait de grandes recherches, qui auraient rebate tout autre ecrivain. L'auteur a beaucoup puise a diverses sources, et son nne- moire se distingue par une sage erudition; il a reuni une foule de matcriaux precieux qui etaient epars ; et Ton ne saurait lui contester le merite d'avoir rendu un service reel a I'histoire de son pays. — Le second memoire, du a M. Westendorp, traite de Tecriture ru- nique. Des details curieux sur cette ecriture, a laquelle les Egyp- tiens, les Hebreux , les Arabes , les Grecs, etc., attribuaient un pouvoir magique et surnaturel, et qui a occupe un grand nombre. tl'antiquaires , sont consignes dans la seconde edition du vieil ou- vrage de Wormius : Andquitates Danice, etc. ; dans le memoire d'lhre : De Riinariim antiquitate , et dans I'interessant traite de Runes alle- mandes ( Ueber deiUsche Bunen'), publie en 1821, a Gottingue, par M. Grimm. Mais le memoire de M. Westendorp n'est pas superflu ; \ ses recherches et ses reflexions , exposees dans un cadre etroit, et suivies d'un tahlcrau contenant les differentes sortes de runes, offrent un veritable inter<5t; et peut-^tre ceux qui lisent le hollandais pre- fereront cette dissertation a tout ce que Ton a ecrit sur ce sujet. L'auteur croit , et nous partageons son opinion, que les lettres ru- niques ne tirent.pas leur origine des Goths, comme le pretendent quelques savans, notamment M. Brynjulf dans sa brochure : Pericu- liim runologicum, sive de runartim origine; car elles n'expriment nul- lement les sons de la langue gothique. M. Westendorp, en citant les peuples chez lesquels on s'est servi des lettres runiques , fait obser- ver qu'elles etaient devenues generales en Espagne,ou on les dis- tinguait en lettres turdetaniques et en celliberiques. On sait qu'en lirS le concile deTolede, dans le delire de sa sainte ignorance et de son sanguinaire fanatisme, les frappa d'anatheme et en defendit I'usage. DE KiRCKHOFP. 352 Beknopte Geschiedenis der koiiiiihljke Academic van schoone Kunslen te Antwerpen. — Histoire abr^gee de I'Academie royale des beaux-arts d'Anvers; par le chevalier /.-^.-i. deKirckhopf, D.-M. Seconde edition. Anvers , 1824; imprimerie de Janssens. In-8°. Tous les journaux des pays-Bas se sont accordcs a faire I'elogede cette brochure , dont la premiere edition a ctepromptement epuisee. Celle que nous annonconsest augmentee de notes. M. 353. — * Messager des sciences et des arts , recueil publie p^*" " "^ T. XXV. — Mars 1%%^. -^o 766 LIVRES FRANGAIS. ciM , rojale des Dcaux-Arts et des Leitres , et par la Sociele d' Agriculture etde Botanique de Gand. Gaud, 1824; De Goesin Verhaeghe. IVI. L. De Bast est le rcdacteur de ce lecueil , ou Ton trouve des articles remarquahles par I'exactitude ou la nouveaute des recherclies, mais oil malheureiisemenl la critique est quelquefois uii peu prodigue d'eloges. Louer a outrance des productions mediocre?, et meme de- testables, accorder a de simples bi'ochures des honneurs que n'ob- tiennent pas des compositions etendues, c'est compromettre nofre gout aux yeux des etrangers. On regrette aussi que le Rlessager soit si lent dans sa marclie , et que les livraisons,'au lieu d'etre delivrees chaque mois aux souscripteurs , ne leur soient adressees que deux ou trois mois apres I'epoque fixee pour Icur publication. Ces regrets seraieut moins vifs , si Ton portait nioins d'interet a I'entreprise de M. De Bast, qui devrait en outre agrandir sou cadre et mettre plus d'ordre et de suite dans les matieres dont il s'occupe. Le Messager est le seul ouvrageperiodique ouvert, dans nos provinces meridioiiales, a la correspondance des savans. Sans exiger qu'il abandonne sa gravite, nous lui conseillerons de prendre un peu de la finesse en- jouee de la Sentinelle , petit journal speciaiement consacre aux thea- tres. MM. Garniek et Quetei-et avaient annonce une Correspondance inatheinatique : ils n'ont point encore donne suite a ce projet si digne d'dtre encourage. De REiFrEKBERG. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles . 354- — * Anatomie de I'homme , ou Description et figures lithogra- phiees de toutes les parties du corps humain ; par Jtdes Cloquet ; publiee par C. de Lasteyrie, editeur. Yingt-unieme livraison. Paris 1824 ; lithographie de C. de Lasteyrie , rue Saint-Marc, n° 8. I cahier in folio ; prix 9 fr. par livraison. (Voy. Rev. Enc; t. xx , p. 6i3.) 355. — Lettre de Louis-Jacques Begin, D.-M. , ii Franco is- Josefih- ^I'cror Broussais. Paris, 28 decembre i824' In-S" de 45 pages. « C'est un fragment de Thistoire de la medecine a I'epoque ac- tuelle que je pretends tracer. » Voila ce que I'auteur dit (p. 6). Mais si riiistoire d'une science devait s'occuper de pareils details, elle perdrait bientot de son importance et de son utilite. M. Begin a rendu compte , dans son journal de Medecine , de I'ouvrage aiiiAule ; Catechisms de la medecine physiologique; un article insere SCIEI^rCES PHYSIQUES. 7G7 dans le journal ilont M. Broussals est redacteur principal rel6ve d'une manicre pcu mesuree la critique qu'en avait faite M. Begin. Celui-ci reprend la plume pour se plaiudre des formes peu decentes qu'a toujours employees, en parlaut de ses confreres, quels qu'ils fussent, le fondateur de la medeciiie physiologique. Toute la bro- chure route sur ce point. II faut esperer, pour I'honneur de I'cpoque actuelle, quedesemblables ecrits nepasseront pas a la posterite. l\. 356. — Coiirs d'hippiatrique, comprenant des notions sur la cliar- peute osseuse du cheval, la description de toutes ses parties ext6- rieures , les beautes et les defectuosites naturelles ou accidentelles dont elles sont susceptibles , suivies des precautions que cet animal exige pour la conservation de sa santc, et de principes raisonnes sur la ferrure ; a I'usage de MM. les pages du Roi ; ouvrage utile aux officiers de cavalerie, et a toutes les personnes qui s'occupent des chevaux; par M.Valois, veterinaire des ecuries du Roi a Versailles, professeur d'equitation des pages de S. M. Secoiide ediiion. Paris, 1825 ; M"=eHuzard. Petit in-S" de320 p. ; prix3 fr. 5o cet 4 fr. 25 c. L'enseignement de I'hippiatrique aux pages du Roi semble etre une innovation etablie par I'esprit du siecle, demon subtil qui trouve le secret de se glisser partout, d'inspirer et de diriger meme ceux qui s'attachent a le combattre. En effet, les beaux terns vers lesquels nous retrogradons ne nous ont transmis aucune tradition de cette nianiere d'instruire de jeunesgentilshommes. Ala courde Louis XIV, on u'en eut peut-^tre pas pas trouve un seul qui fut en etat de seller un cheval. ( V'oyez les memoires de cette epoque.) Voudrait-on nous ramener aux moeurs patriarcales ? et verra-t-on quelque jour les fils des rois conduire eux-m^nies leurs troupeaux et soigner leurs che- vaux ? Si les geutilshommes d'aujourd'hui sentent le besoin d'ap- prendre, et ne dedaignent aucune des connaissances abandonnees jadis aux roturiers, qu'ils y prennent bien garde ! I'esprit du siecle s'empare de leur intelligence, et bientot il maitrisera toutes leurs facultes. Alors , rien ne pourra demeurer stationnaire ; un mouve- ment uniforme , une tendance unique et des efforts bien concertos ameneront rapidenient ce que Ton nomme perfectionnement social, parce que c'est un etat conforme au but de la societe , aux voeux ct auxbesoins de tons ses menihres. Mais cet etat n'est pas ce qui est , ni ce qui fut, et les sages de notre tems s'opposent de toutleur pou- voir a ce qu'il viennc jamais. lis ne reussiront qu'a reculer plus ou moins ce tems de blen-etre general , si Tinstruction continue a s*- repandre : et, quoiqu'en apparence il n'y ait dans les d«»=irmes 768 LIVRES FRANCAIS. d'fiippiatrique rieii de contraire aux rlogmes du privilege, cependant' ces doctrines sont des verites, des connaissances , et h ce citre , elles devraicnt <5tre suspectes. — L'ouvrage de M. Valois n'est pas untraite complet ; Tauleur a du se bonier aux notions les plus usuelles , les plus faciles a apprendre et a retenir : il a senti que les convenances lui imposaient robligation d'etre snperficiel ; mais ce qu'il lui etait permis de dire , il I'a dispose avec beaucoup d'ordre , et il en a fait un livre utile. On pent dire cependant qu'il a traite a fond ce qui concerne la ferruredes chevaux , dans ce qu'il intitule modestement: Abrege des principes theoriques de cette partie de I'art du niar^clial. Cetteseule partie d'un seul art enrichit le Dictionnaire technologique d'un si grand nombre de termes , que leur simple et breve explication n'exige pas nioins qu'une trentaine de pages. On dit que la langue arabe, si bien pourvued'expressions relatives aux chevaux, exprime par unseul motune somme d'idees dont ledeveloppement serait, en quelque sorte, un cliapitre d'un traite d'hippiatrique : que seraient done nos ouvrages en un petit volume compares h ceux que les Arabes seraient en etat de rediger ? Le savoir est inmiense et la vie est courte ( ars loiiga , 'vita brevis ). Saclions nous bonier , et sur plu- sieurs divisions des connaissances liumaines, contcntons-nous d'a~ breges tels que le Cours dt hippiatrique de M. Valois. 357. — * Instructions et observations sur les maladies des animaux domestiques , avec lesnioyensde lesguerir, deles conserver en sante, de les multiplier, de les elever avec avantage, et de n't;tre point trompe dans leur achat. ( On y a joint VAnaljse des ouvrages ancicns et moJernes , ecrits sur cette science. ) Ouvrage formant les Annahs de I'art veteriiiaire ; nccessaire aux cultivateurs , proprietaires , veteri- naires, marechaux, etc.; redigeet public par MM. Chabeet, Flan- BRIN et HuzARD. Troisikme edition, corrigee et augment^e. Paris, 1824 ; M'"*' Hazard. Iii-8° de 484 P- > avec une planche ; prix 4 fr- 5o c. et 6 fr. Le premier volume de cet important recueil a paru sous le titre d! Almanack veterinaire , et il est a sa quatrieme edition : les autres ont ete aussi reimprinies, avec des additions a chaque nouvelle edition. Ce volume ne met pas encore au courant des connaissances acquises sur I'art veterinaire , si Ton suppose que chaque annee lui a paye son tribut , et que ses progr^s sont toujours en raison du tems et du nombre des dcrits'dont il est le sujet. On pent en juger par \ Analyse Taisonnce , historique et critique des ouvrages sur I'art veterinaire. Parmi ks ucie ouvrages analyses, neuf sont relatifs a I'organisation des ecoles vetc-riuaires , et parurent au tems de la Republique. Les ip*^- SCIENCES PHYSIQUES. 769 moires coiitenus dans ce volume sont aussi de la m^ine epoque , et quelques-uns remontent encore plus haut. Ainsi , la collection de ces documens precieux composera -veritablement les Annales de I'art veterinaire. Les redacteurs n'omettent rien de ce qui peut les rendre instructives ; outre les noms des redacteurs actuels auxquels la con- fiance publique est justement acqiiise , on se plait a trouver ceux de Vicq-d'Azir et de Tenon , qui ne penserent point que la noble pro- fession de medecin les mit au-dessus des recherches relatives aux maladies des animaux. On doit au premier un Memoire sur les ef- fets reels de Tinoculation du virus contagieux , dans certaines ma- ladies epizootiques, et au second , des Observations sur I'engrais des b^tes a cornes, des moutons et des cochons, dans les departeniens voisins des Pyrenees. 358. — VAn de lever les plans , da lavis et du nivellement, enseigne en ao lecons , sans le secours des mathematiqiies ; ouvrage mis a la portee de toutes les classes de la societe, et indispensable aux instituteurs , arpenteurs , geometres , proprietaires ruraux; par Thiollet , pro- fesseur aux ecoles d'artillerie. Paris, iSaS ; Audin , quai des Augus- tins. In-ia de 368 pages avec 16 planches; prix 7 fr. L'auteur de cet ouvrage , voulant epargner a ses leeteurs les dif- ficultes des demonstrations mathematiques, a di^i se borner a ex- poser les operations sur le terrain , le trace sur le papier et les regies de calcul. En suivant exactement ses preceptes , ou peut en effet reussir a lever un plan , niveler , tracer correctement un dessin ; mais , si Ton est totaleraent depourvu de theorie ; si I'oeil et la main font tout le travail sans la participation de I'intelligence, on nepeut garantir la justesse du resultat, ni la constater par une verification. Cet incbnvenient des methodes purement pratiques est assez grave; cependant, on est quelquefois dans I'impossibilite d'en enseigner ou d'ea apprendre d'autres ; et par consequent , les ouvrages tels que celui-ci ne sont pas sans utilite, 35g. — Considerations sur la defense des etats , d'apres le sjsieme militaire actuel de FEurope; par l'auteur des Applications du principe des vitesses 'virtuelles a la poussee des terres et des voiites. Paris , i8a4 ; Dondey-Dupre; Baclielier. In-4° de 84 pages; prix 3 fr. L'auteur de ce memoire commence par discuter les principes generaux pour la defense d'un etat, etablis par Cormontaingne , cel^bre ingenieur anquel la place de Metz doit ses meilleures for- tifications. Cet habile officier avait peut-etre considere I'art Je la guerre sous un point de vue trop particulier, et d'p'"eurs il n'etait ^claire quo par sa propre experience et f>ar les lecons de I'histoire 770 LIVRES rRANCAIS. jusqu'a sou tenis; aiijourd'hui , ritnmensite des inoyens developpes dans I'attaque exige d'autres dispositions de di-'fense , et le pass6 , dont nous ponvons tirer line instriiclion profitable, ne s'etend gu^re au dela de ce siecle. D'apri-s I'etat actnel de I'art militaire et de la force des armies europeennes , Tautenr, ofCcier du geuie, examine re que doivent c-tre maintenant les fortifications des places, com- ment on peut determiner leur position , et pourvoir, dans cliaque 6tat, a la suret(^ de la capitale. On pense bien qu'il compte peu sur les places fortes de I'extr^me frontiere , et qu'il ne propose ni d'en construire de nouvelles , ni md^nie de conserver toutes celles qui existent ; mais il accorde peut-6tre encore trop de conCance ji la forti- fication, telle que Vauban et Cormontaigne Font enseignee et pra- tiquee. Qui peut assurer que les progres de I'art militaire ne par- Tiendront pas a rendre inutiles les preceptes de ces grands ingenieurs? Dans la campagne qui decida du sort de la France, de i8x3 a i8r4, on ne vit que deux sieges entrepris sans but militaire, peu lionora- bles pour les cbefs qui les dirig^rent, et qui ne servirent qu'a donner a la bravoure francaise I'occasiori de se montrer avec eclat. C'est de la bonne organisation des mllices , de I'esprit public , du progres des arts , et d'une disposition bien concue des ressources pubiiques et privees que depend aujourd'hui la siirete des ctats. A I'exception de la Piussie , aucune contree de I'Europe ne peut ^tre garantie d'une invasion , si ce ii'est par d'excellentes milices pleines du sentiment de leurs devoirs envers la patrie. Quant aux ouvrages de fortification , les rechercbes relatives a leur forme et a leur em- placement ne sont pas les premieres dont on ait a s'^ccuper. Si Foil se borne a fortifier quelques points , les armees d'invaslon pourront tonjours les negliger. C'est en multipliant les obstacles iiaturels que Ton parviendra le plus si'irement a retarder la marcbe de I'ennemi , et a I'arr^ter. Un systeme de haies, de fosses, de plantations et de constructions, de chemins facites a couper, etc., ne serait-il pas une fortification continue depuis la frontiere jus- qu'au centre de I'etat? La fortification ordinaire a I'inconvenient de n'^tre appropriee qu'a' des moyens connus d'attaque et de defense , ef de ne se prater que tres-difficilement aux variations de ces inoyens. Une place forte construite actuellement sera bien- tot en arriere des progrts de la guerre des sieges , et , de bonne <\u'elle etait , deviendra mediocre ou mauvaise. L'auteur lui-m^me propoco, pour I'artiilerie de place, des changemcns qui tendent a rendre plus focile I'emploi du canon dans les casemates. On Hnt SCIENCES PHYSIQUES. 771 pour des si^cles , et I'ouvrage le niieux fail et le ])lus dispendieux deviendra peut-^tre inutile au bout de dix ans. II est bien a desirer que les meditations de nos ofliciers prennent un autre cours , et qu'elles ne s'arr^tent point aux objets secondaires. Les plus hautes questions sent maintenant iiJ'ordre du jour : pourrait-on se passer d'armees permanenfes? quelle est la meilleure organisation de la force publique ? et quels sent les vrais elemens de cette force ? comment jieut-elle exercer son action pour le plus grand avantage de la societe , etc. ? Les reponses a ces questions supposent d'autres recherches prealables ; car tout se tient , dans les sciences, comme dans la nature. Malheureusement , on s'occupe trop peu des idees d'ensemble; on ne jette les yeux qu'autour de soi , a peu de distance ; on ne decouvre que des verites de detail, et d'une lUilite circons- crite : les verites gcncrales echappenl, et le bien qu'elles auraient fait n'est pas encore a notre portee. Ce inemoire contient certaine- ment des verites de detail; mais I'auteur ii'a pas suivi la route qui I'aurait conduit a des observations d'une plus baute importance. F. 36o. — * Traite elemenlaire d'arlillerie , i\ I'usage des militaires de toutes les armes ; par E. Decker, capitaine au corps royal d'etat- major prussien, et professeurde premiere classe a I'licole d'arlillerie et du genie de Berlin ; traduit de I'allemand, avec des notes et des additions relatives a Tartillerie francaise; par /. Ravichio de Perets- UOHF , ancien colonel d'arlillerie, etc. , auleur du Traite de pyio- technie milkaire (i)\ et y/. P. F. Nancy , capitaine d'arlillerie, etc. I fort vol. in-8° ; prfx 10 fr. L'ouvrage publie par MM. Ilavichio et Nancy n'est pas une simple traduction de l'ouvrage, bien connu et justeinent eslime , publie a Berlin , en 1816, par M. Decker; quelques developpemens necessaires , et surtout des notes ctudiees et tres-instructives font de cette traduction un ouvrage en quelque sorte nouveau et parfaite- ment approprie a I'usage des militaires francais. Ce livre n'est pas seulement utile aux ofliciers d'arlillerie; c'est xin manuel desormais indispensable aux officiers de toutes Srmes qui veulent etudier le grand art de la guerre et le comprendre dans son ensemble. Le Traite elementaire d'arlillerie est divise en trois livres consacres : le premier, au materiel d'arlillerie ; le second, a Teinjiloi de i'artillerie dans la guerre de campagne , et le troisieme, a I'einploi de rartillerie dans la defense et dans I'atiaque des places. Dans le premier livre sont decrites sommairement la fabrication de la poiidre, cello de* (i) Voy. flcf Enc. , t. xxtv , p. 750. 773 LIVRES FRANCAIS. touches a feu, la construction des affiits et voitures, la conft-ction des inunitious et artifices de guerre ; on y expose la thcorie de la balistique; on y donne enfin des notions exactes,quoique abregees, sur les differentes esp^ces de tir , sur le pointage, le recul, etc. Dans le second tome , sont exposees , avec plus de details qu'on lie I'avait fait jusqu'a present dans les differens ouvrages sur Tartil- lerie, I'organisation des equipages d'artillerie de campagne, la proportion a etablir entre cette arme et les autres troupes , la tactique particuii^re de I'artillerie, et les regies qui doivent diriger ses mouvemens dans les differentes circonstances qui peuvent se presenter a la guerre, soil pour I'offensive , soit pour la defensive. Dans le troisieme livre enfin , on fait connaitrc les devoirs et les fonctious des officiers d'artillerie employes a la defense et a I'attaque des places, depuis Torganisation de I'equipage de siege et I'arme- ment de la place , jusqu'a sa prise ou a la lev6e du siege. Un style clair et facile, des explications precises , suffisantes , et des exem- ples pris dans I'histoire des dernieres guerres, rendent ce traite trfes- facile a comprendre et tres-instructif. A. V. 36l — * Vojage de decouvertes aiix Torres australes, fait par ordrc du gouvernement , sur les corvettes le Geographe , le JSaturaliste, ct la goelette fe Ca^HoWwra , pendant les annces 1800, 1801, i8oa , i8o3 , i8o4; redige par Peron , et continue par M. Louis de Fketcinet. Seconds edition, revue, corrigee et augmentee par M. Louis he Frey- ciNET. T. IV''. Paris, iSaS ; Artlius Bertrand. Prix des 4 vol. in-8" , avec un superbe atlas grand in-4'' de 68 plancbes noires ou colo- riees, dessiuees et gravees par les meilleurs artistes, ^2 fr. 362. — * Carles cosmographiques elementaires , inventees et dessi- uees par Sigismoiid Visconti , gravees par A. Gikssi ; 6 feuilles , chacune de 26 pouces 9 ligues sur 20 pouces. Paris, Vilquin , iiiar- chand d'estampes et de cartes geograpliiques , grande cour du Palais- Royal, n" 20; prix , en noir, 12 fr. ; coloriees, 24 fr. Les philosophes qui ont voulu expliquer I'origine des connais- sances liumaines font I'Astronoinie fille de la Paresse, et la Geome- trie lllle de I'lnteret. L'iiifortune Bailly, I'historien elegant et pro- fond de la premiere de ces sciences, aussi ancienne que le mondc, s'exprime sur son origine d'une mani^re plus digne de son objel : « Le premier berger, dit-il, qui, elevant ses regards vers la voiite celeste, desira de connattre le nombre et le mouvement des astres, fat le premier invenleur de I'astronomie. >• — A I'aide de cette science , dont le temple est I'univers , le navigateur parcourt le gloie SCIENCES PHYSIQUES. 773 a travers les solitudes des mers. Liee etroitemeut a rastronomie par des lessorts intimes et indispensables , la geograplile lui doit la per- fection de ses cartes , le commerce ses accroissemens et sa splendeur. Si elle est le guide de I'histoire , en aidant a dissiper les tenebres de la chronologie , la civilisation lui est egalemcnt redevable d'avoir aneanti I'astrologie judiciaire et les idees superstltieuses sur les Eclipses et les conietes , qui ne viennent plus effrayer le genre liumain et annoncer de pretendus malheurs. — Les sublimes theories qui sont dues aux genies de Copernic, de Galilee, de Kepler et de Newton , et qui furent confirmiJes par Yobservaiion , revel^rent le veritable systeme du monde, qu'il importe, non- seulement de mettre a la portee des personnes peu versees dans les mathe- matiques, mais encore d'introduire dans les premiers degres de I'enseignement public. Les excellens ouvragcs publics en i8o5 et en i8i2, par des savans tres-distingues, ont en partie atteint ce hut; mais il reste beaucoup a faire pour atteindre le second, qui serait de demontrer en quelque sorte tout aux yeux , sans nean- moins avoir recours aux machines uranograpbiques plus ou moins jngenieuses, plus ou moins compliquces, de MM. Rouy, Jambon, Duburault, etc, tou jours ernbarrassantes , en ce qu'elles ne peuvent etre facilement transportees , qu'elles occupent un assez grand espace , et que leur prix eleve les empeche d'etre d'un usage general pour I'enseignement. Frappedeces inconveniens, M. Sigismond Vis- conti, I'un des coUaborateurs des Chefs-d'osuvre des theatres ctrangers, filsducelebre antiquaire de cenom,qui fut la gloire des deux Acade- mies des beaux-arts et des inscriptions et belles-lettres, a concul'idee de rendre sensible aux yeux notre systeme solaire et ses principaux phenomenes, par la seule inspection des figures , en le donnant en six cartes cosmograyhiques elementaires. — La premiere represente le soleil au milieu du systeme planetaire ; Mercure , Venus, la Terre, Mars, Vesta, Junon , Cerfes, Pallas, Jupiter, Saturne, Uranus, sont figures avec leurs satellites. — Au bas de cette feuille sont des indications qui font connaitre les noms et les signes des planetes , la duree de leurs revolutions et de leurs rotations siderales en jours et milliemes de jours, leurs distances moyennes du soleil, leurs diametres et leurs masses. — La deuxieme , ou representa-tion de I'orhite de la revolution annuetle de la terre aiitour du soleil, avec l' indication des saisons, ex- plique comment se forment les saisons. Des notes relatives aux figures expliquent les differentes situations de la terre relativement «u soleil, et les circonstauces du perigee, des equinoxes d'automne et 774 LIVRES FRANCAIS. deprintems ,etdes solstices d'hiveret d'cte. — La troisi^me , on phases de la lime, doniie, i° la terre vue par le pole septentrional de Teclip- tique ; a" la lune representee dans liuit positions diffcrentes , qu'elle parcourt successivement. — La quatrieme a pour ohjet les eclipses de soleil et de lune ; elle represente : i" le soleil ; 2° la terre vue dans la in(?me position que dans la carte n° 2 ; 3° la lune en conjonction directe avec le soleil, ou dans la syzygie; 4° I'ombre de la lune, qui donne lieu a I'eclipse de lune. — La cinquieme , ou rexplication du flux et rejlttx , represente, 1° le soleil; 2° la lune dans la syzygie; 3° la coupe de la terre prise sur le meridien de I'lsle de Fer, avec les principales terres qui s'elevent au-dessus de la surface de la mer; 4° elle indique le point de la plus liaute mer ou renflement de ses eaux, cause par Tattraction de la lune et par ccUe du soleil; 5° autre renflement de ses eaux, attribue aux mdmes causes, et qui a lieu a 180 degres de distance du premier, sur le point diametralement oppose; fi" point de la plus basse mer a la distance de 90 degres de la plus haute; 7° vue perspective de I'orbite de la lune; 8° vue perspective d'une partie de I'orbite de la terre. — La sixieme et derniere cartedonne la coupe de la terre prise surl'equateur, et i>ue du c6ti du p6le arctique. Cette coupe se distingue, 1° par la distribution en couches regulieres etconcentriques,qui (en s'en rapportanl toute- fois au systeme conjectural de Buffon ) composent la matiere inte- rieure de nofre globe; 2° par I'indication des terres qui s'elevent sur la surface des mers. — Ces six cartes donnent une idee claire des principaux phenomenes du systeme du monde. Destinees a I'ensei- gnement elementaire, elles sont dressees sur une assez grande echelle, et parfaitement iraitees. Elles sont gravees par M. A. Gian- ni, au moyen d'un procede tout particulier imitant le pointille rou- lette dans sa perfection , dont il est I'invenleur. Les exemplaires en couleur sont laves et colories avec autant de netlete que de soins et de gout. Sueur-Mf.bmn. 363. — Ne<.cssaire parisien , contenant un Dictionuaire compht des rues de Paris; par MM. J. HARr)ivri.i.iEr.s. Paris, iSsS; Everat. i vol. in-i2 de IX et 220 pag. ; prix 2 fr. 5o c. Voici un nouveau livre destine a guider les otraugers dans Paris. Compose en grande partie d6 la liste des rues, impasses et passages de cette ville , des lieux oii ils commencerit et aboutissent, du nombre de numeros que Ton y compte, il offre un moyen simple et fac'ilp de se rendre sur im point quelconque de Paris, sans dtre oblig^ de demander son chemin. Le tableau des edifices publics dont on SCIENCES MORALES. 775 a le plus souvent besoin de connaitre remplacement , comme leu hotels des mairies , les tribunaux de paix , les eglises, etc., ajoute aux avantages de ce livre, dans lequel on n'a rien neglige pour faci- Uter les recherches. B.J. Sciences religicuses , morales, poUtiques el historiques. 3fi4- ~ — * Examen dti hiiitieme chapilie ( iv*^ livre) du Contrat social de J. -J. Rousseau , intitule : De la Religion civile; par M. le comte Lanjuinais, pair de France. Paris, 1825 ; imprimerie de Rignoux. In-8°. Dans cet ouvrage , celebre ou Rousseau reunit au plus baut degre la profondeur du genie pbilosophique, les saillics et souyent les er- reurs de I'esprit paradoxal, il est peu de passages plus dignes de I'attention des esprits eclaires que le 8"^ chapitre de son 4" livre. Apres avoir attaque avec son eloquence ordinaire les exces de I'in- tolerance et les fureurs des persecutions , devenu intolerant lui- m^me , pret a devenir n:i(5me persecuteur par una consequence inevitable de son systeme ( devant laquelle il eut recule sans doute , s'il eiit pu I'apercevoir au milieu des sopbismes captieux qui I'y condaisent ) , il en vient a bannir tons les cultes reunis sous les noms de religion da preCre et de religion du cicoj'en , pour ne reconnaitre qu'un culte unique , la religion de Phomme ou le christianisme , non pas celui d'aujourdUiui , mais le christianisme pur et simple de VEvangile , borne au culte interieur, sans pr^tres, sans autels , sans sacrifice. II y a trente-cinq ans, lorsque la societe agitee par I'influence rccente et immediate de nos bardis penseurs du dernier siecle, consacrait par la sanction de la puis- sance legislative les grandes verites qu'ils avaient rendues po- pulaires, un savant illustre , M. Daunou, £it paraitre dans le Journal encyclopedique de Bouillon ( ruois de fevrier et mars 1790 ) des re- flexions sur ce fameux chapitre. Suivant dans sa marcbe le philo.so- phe de Geneve, il rcfuta , avec une logique sure et une precision lumineuse , les reproches adresscs au christianisme , et prouva que , s'il ne peut etre une religion civile dans le sens de Rousseau, il peut , sans blesser les principes sacrcs de la tolerance, I'tre la religion publit/ue. M. Lanjuinais vient de livrer une nouvelle attaque a I'au- teur du Contrat social : et , s'il a suivi dans son ouvrage une marcbe moins methodique, s'il amis dans son style moins de precision que son premier adversaire, il y a repandu la chaleur et I'energie d'nn cbrctien qui d6fend une croyance qu'il clicrit. Dans les quatre sec- 776 LIVRES FRANrAIS. tions de sa brochure, il combat successivemeiit les erreurs historiqiics , morales , religieiises et polkiques de son antagoniste. Nous iiidique- roDS, comma un des passages les plus remarquables, celui oil il prouve pnr le raisoiinement et par les fails que le vrai chretien n'est pas un citoyen inutile; que, si la patrie celeste a ses premiers de- sirs, il n'est pas indifferent au bonlieur et aux revers de la cite terrestre; que combattre et mourir pour son propre pays est aussi un precepte de YEvangile pur et simple, confirme dans tous les siecles par d'innombrables exemples. On reconnait par tout dans cet ou- vrage une science etendue,un amour eclaire de la veritable tole-- ranee, et la franchise austere d'un caractere ennemi de toutes les injustices, adversaire irreconciliable de toutes les oppressions. A.T. 365. — Lecons religieuses et morales , suivies d'un Plan de conduite pour les jeunes personnes, par M'"'' Blondel , institutrice pension- nee du Roi ; ouvrage presente aS. A. R. Mademoiselle. Paris, iSaS ; I'auteur , rue de I'Egout, n" rg, pres la Place Royale , et Dondey- Dupre pere et Ills , imp. -lib. In-i8 , papier fin satine; prix 2 fr. Heureux qui pent a la fois contribuer a former I'esprit et le cceur des jeunes personnes ; M'"^ veuve Blondel a parfaitement atteiut ce double but. Sa douce et simple eloquence , en harmonic avec les pensees de ses jeunes el^ves, leur offre des lecons religieuses et mo- rales, et des modeles d'une diction elegante et pure. M™" veuve Blondel a rendu a I'education un veritable service qui doit lui me- riter la reconnaissance des meres de famille. Z. 366. — * Essai sitr rEcltication des Femmes , par M™e la comtesse deRemusat. Paris, 1824; Ladvocat. i vol. in-8°; prix 7 fr. •< On s'est beaucoup occupe des femmes , en France ; des livres de tous genres y ont ete composes en leur honneur, pour leur instruc- tion ou pour leur amusement. Dans aucuu pays , elles n'ont paru aussi heureuses ; dans aucun, elles n'ont ete aussi puissantes. Ce- pendant, a considerer la maniere dont on a parle d'elles, I'educa- tion qu'on leur donne , la situation qu'on leur laisse ou qu'on leur impose dans la societe , il semble qu'en France , non plus qu'ailleurs, justice ne leur a pas ete rendue.... Le tems des exagerations est passe; on veut aujourd'hui connaitre ce qui est, et nul ne se paie de ce qui se dit... Nous voyons tous les objets de la pensce suc- ressivement soumis a un nouvel examen. L'homme lui-mc^me re- nonce a se supposer , il s'observe ; une femme ne pourrait-elie imi- »er cet exemple? Ne lui seraii-il pas permis de s'etudier elle-meme. d'iuterroger son experience et sa nature pour connaitre les rarac- SCIENCES MORALES. 777 t6i-es, les facultes, les droits de ses pareilles, pour etablir enfln, plus nettement qu'on ne I'a fait encore , ce que sont les femmes , et ce qu'il semble qu'elles pourraient devenir. » ( Chap. V^,p. i, 2, 3. ) — Cette citation fera connaitre toute rimportance du travail qui oc- cupait M™^ de Remusat , lorsqu'une mort imprevue est venue la frapper. La position de I'auteur, la jiistesse de son esprit, lavariete de ses connaissances , I'elevation de ses senfimens, tout lui donnait le droit d'aborder une telle matiere, tout lui fournissait les moyens de I'approfondir : iin plein succ^s a couronne cette honorable en- treprise. — Amenee par la nature m^me de son sujet a discuter les plus hautes questions de la vie sociale , elle consid^re les femmes aux differentes epoques de I'histoire, comme aux diverses periodes de leur existence privee , et de ces etudes comparatives elle tire ses principes d'education. — Si Ton veut prendre une idee sommaire de la moralite de I'ouvrage, il faut lire I'excellent chapitre intitule : De la destinee prochaine des femmes; e'est la que se trouveut ces lignes remarquables ; «... On doit done regarder la qualite de citojen comme le vrai mobile de I'existence sociale de I'liomme. La destinee d'une femme est a son tour comprise dans ces deux titres non moias nobles, epouse et mere d'lin citoyen. Si , en cette qualite, I'opinion publique lui accorde toute la consideration qu'elle a droit d'inspirer, si son education est dirigee vers les moyens de I'obtenir, elle n'aura plus a se plaindre de son partage sur la terre. » — Nous aimerons a revenir sur cette importante production ; elle place M^e de Remu- sat bien baut dans I'estime et dans la memoire de tous ceux qui s'interessent au bonlieur et a la dignite des femmes. Camille PaGanei.. 367. — * Paradoxes de Condillac. Discours sur la langiie du raisonne- tnent, par M. Lakomiguiere, professeur de pbilosophie a la Faculte des lettres de Paris. Nouvetle ediiion, Paris, i825 ; Brunot-Labbe. I vol. in-i8; prix 2 fr. 5o c. et 3 fr. La doctrine philosophique de Condillac jouissait en Fraiice du plus grand credit, vers la fin du siecle dernier. Dans les societes oti Ton s'occupait avec interet d'idnes ou de discussions metapbysiques, dans les ecrits publics sur cette matiere, on vantait , par-dessus tout, la melkode analytique, comme moyen infaillible de parvenir a la connaissance de la verite. On preconisait les avantages de ce qu'on appelait , pour chaque science, une langue bien fake; on s'at» tacbait a demontrer que faire ou perfectioniier la langue, c'etait faire ou perfectionner la science elle-meme ; en un mot , on regardait Condillac comme ie meilleur guide que Ton put suivre dans toute» 7-8 LIVRES FRANCAIS. les parties des connaissances humalnes qui se fondent sur le raison- nement. — Depuis une vingtaiiie d'annecs, la reputation de ce phi- losophea prodigieusement baisse: riuvasion des theories de Kant, de ses contemporains et de se« successeurs, I'etude des ouvrages de Reid et de I'ecole ecossaise , ont donne aux meditations des philo- soplies ou de ceux qui aspirent a le deveair, une direction toute differente. La science des facultes de I'Ame, telle qu'elle a cte en- seignee par le philosoplie francais , frappee d'une sorte d'anatlieme, sous le nom de Theorie de la Sensation , a ete I'objet de declamations plus ou moins violentes, dans lesquelles ou a affecte de la confoudre avec les doctrines materialistes , auxquelles on reproche de de- grader la nature de I'liomme , en le faisant descendre an niveau des plus viles especes d'animaux ; et la philosoplJe de Locke lui- m^me, dont celle de Condiilac n'est qu'une emanation ou une sim- pliGcation, a partage, a quelques egards, le discredit ou est tombe I'ecrivain francais. Cependant, Condiilac n'a merite peut-etre Ni cet exces d'lionncur, ni cette indignite , Si, d'un cote, ses partisans ou ses disciples ont quelquefois exagere le merite et I'lililite de ses observations sur-la methode et sur le Ian- gage, considere comme instrument de la pensee , d'un autre cote , ses detracteurs ou ses adversaires, en croyant trouver dans sa doctrine une tendance materialiste, en ont entiferement meconnu le principe et les consequences les plus inevitables. II ne faut que lire les pre- mieres pages du Traite des sensations, par exemple, pour se cou- vaincre que sa proposition fondamenlale conduit necessairement a I'idealisme le plus absolu. Aussi, Diderot, qui peut passer pour avoir professe le plus explicitement la doctrine opposee, remarque-t-il quelque part que Condiilac aurait eu bien de la peine a refuter les paradoxes de Berkeley sur la non-existence du monde materiel, an molns d'apres les principes de sa pbilosopliie , qui est absolument la radme , quant an fond , que celle de Tevcque de Cloyne. — M. La- romiguifere ne s'est done pas laisse imposer par la defaveur dout on a cberche a fletrir, dans ces derniers terns , un ecrivain dont les ouvrages ont ete incontestablement fort utiles aux progres de la raison , et de la pbilosopliie dans notre patrie. II oppose ( et certes il en a acquis le droit ) son jugcment et son suffrage a des preven- tions qui lui sembleut injustes. II cboisit , dans le dernier ouvrage auquel ait travaille Condiilac ( la Langue des Calculs , publics apres .sa mort ), les propositions de sa doctrine logique qui ont le plus excite de surprise, ou, si Ton vent, de scandale : il les appu'e SCIENCES MORALES. 779 d'observations pleines de justesse, de reflexions pleines d'iiiter^t; et , a I'aide d'une dialectique ingenieuse et toujours claire , quoique fine , ou menie quelquefois un pen subtile , il entreprend de prouver , ou du moins 11 expose les ralsous qui le portent a croire qu'en effet, comme I'a avance Coudillac, dans toute question susceptible d'etre resolue par le raisonnement , I'incounu est dans le connu , et qu'il est la m^me chose que ce connu ; qu'une science ne pent parvenir a ua certain degre de perfection, qu'autant que la langue de cette science est bien faite, c'est-a-dire qu'autant que les uiots qu'elle emploie ont tous des acceptions bien deterniiuees , et portent, dans leur composition ou dans leur application, I'empreinte de I'a- nalogie qui rapproche et lie les idees ou les faits qu'ils sont destines a exprimer. Cependant, M. Laromiguiere ne veutpas qu'on le sup- pose partisan aveugle et exclusif de ces principes peut-etre un peu trop absolus : « II ne faudrait pas ici trop donner aux apparences ( dit-il ) , et croire ma conviction toujours egale a I'assurance de mon discours. Souvent ma plume affirme , quand mon esprit est eu sus- pens : et , si quelquefois I'expression de Condillac me parait un peu forcee et aller au dela du vrai , alors je force encore cette expres- sion, afin de rendre le paradoxe plus saillant, et I'erreur plus facile a renverser, si ce paradoxe renferme une erreur. On prouvera peut- ^Ire que I'opinion que j'embrasse , ou plulot que j'expose , n'est qu'un tissu de sophismes ; peut-etre , au contraire , prouvera-t-on que la philosopbie n'a rien enseigne de plus vrai : quoi qu'il arrive , mon objet est rempli, pourvu qu'on prouve. » — Nous avouerons, a notre tour, sans pretendre prouver que les propositions avancees par I'auteur soient de purs sophismes , qu'elles laissent encore dans I'es- prit quelque incertitude. II nous semble que, malgre I'art avec le- quelil a defendu I'expressioa d'idencke partielle, adoptee par Con- dillac, et quoiqu'on puisse I'admettre avec le sens qu'il lui donne, comme un pur langage de convention , la necessite ou meme I'utilite d'une pareille phraseologie n'est pas entierement deraontree. Mais , ce qui nous parait incontestable, c'est que ce petit ouvrage, de I'ecrivain distingue a qui nous devons les Lecons de Philosophic ( Voy. Rev. Enc. , t. XIV, p. 44j , sera lu avec autant de profit que de plaisir par tous ceux qui ont le gout de ce genre de rechercbes ; qiiils y trouveront, comme dans I'ouvrage plus considerable que nous venons de citer, le modele d'une perfection remarquable dans 1 art d'ecrire sur de parellles matiferes; des vues a la fois ingenieuses et profondes, toujours presentees avec cet inter^t qui soutient I'atten- tion sans la fatiguer, et avec cette clarte et cette facilite d'elocution 78o LIVRES FRANCAIS. qu'on a tiop souvcnt sujel de desirer dans les Merits qui ont^te pu- blics dans ces derniers teins siir les questions philosopliiques. U. 368. — * Traduction de VEssai sur la justice universelle , ou la source da droit , de Fr. Bacon ; avec des Notes extraites des niei!- leurs auteurs; parM. S. Touknier , avocat. Le texte est en regard. Paris , 1825 ; Antoine Bavoux. i vol. in-i8; prix 2 fr. et 2 fr. 5o c. Le nom de Bacon est trop coniui de ceux qui se livrent a I'etude des sciences , pour que j'aie besoin de rappeler ici comhien ses Merits ont contribue aux progres de la phllosophie dans le si^cle qui vient de s'ecouler. Je me bornerai done a parler de la traduction de ce recueil d'apborismes en matlere de legislation, ou Ton trouye plus de choses dans un tr6s-petit nombre de pages que dans tel vo- lumineux et lourd in-folio que de graves docteurs admirent d'au- tant plus qu'ils le coniprennent moins. La traduction de M. Tour- nier me semble avoir atteint le but qu'il s'est propose , celui d'<5tre utile a la jeunesse studieuse. Cette traduction est remarquable par son extreme correction : on y retrouve la precision de style qui appartient a Taphorisme, et par laquelle se distingue le texte latin. EUe est accompagnee de notes , puisees aux meilleures sources, qui ajoutent un nouveau prix a I'ouvrage. Nous aurions voulu voir en plus grand nombre celles qui appartiennent en propre au traduc- teur. Elles sout pleines de sens; on en jugera par deux courtes cita- tions : — « La constitution est la base de redifice social ; si elle est mauvaise ou mal observee , que deviendra Tedifice ?... » — « Ce n'est point assez d'eloigner le mal, il faut encore produire le bien; c'est la le type d'un bon gouvernement. » — Ces verites ainsi exprimees sous la forme modeste de notes, sont elles-m(*mes des aphorismes. — Puisque M. Tournier a reconnu I'utilite d'une nouvelle traduc- tion de YEssai de Bacon , il devait reconnaitre aussi qu'il n'est pas moins utile de donner cclle des divers textes latins qu'il rapporte dans ses notes ; nous lui reprocherons de ne I'avoir pas fait. Nous lui reprocherons aussi de n'avoir pas traduit les excellentes notes dont notre savant confrere, M. Dupin, a enrichi cet ouvrage de I'illustre chanceller, dans I'edition qu'il en a donnee en 182a; nous I'inviterons a reparer cette omission dans unc seconde edition , lors- qu'il fera rcimprimer sa traduction , ce qui ne peut manquer d'arri- ver bientot. Chivelli, avocat. 3fiq. — * Recueil general des ancienncs lois fraiicaises , depuis I'an ^■xojusquen 1789..., avec notes de concordance, table des matieres et dissertations; par MM. Jourdan et de Crusy, avocats, et Isam- B£RT, avocat auxJConseils duRoi et a la Cour de cassation. T. VII SCIENCES MORALES. 781 et VIII, comprenant les lois de i4oi-i437- Paris, i8a5; Belin Le Prieiir et Verdiere. 2 vol. ia-8" d'environ 900 pages; prix 12 fr. Cette importante collection se continue avec succes. En tdte du tome VII, on lit une dissertation sur les institutions de la monarchic fraucaise a I'epoque de Clovis. Les fails y sont rassembles avec choix et discutes avec une grande erudition et une logique sure. L. 370. — * Collection complete des lois, decrets , ordonnances, reglemens ct avis du Conseil d'etat de 1788 a 1824 inclusivement; par J. D. Du- TERGiER, avocat a la Cour royale de Paris. T. V. Paris, iSaS; Guyot et Scribe, editeurs. i vol. in- 8° de 459 pages d'impression ; prix 7 fr. Ce cinquieme volume de la nouvelle collection des lois, publiee par MM. Guyot et Scribe, merite tons les eloges que nous avons donnes aux premiers. (Voy. ci - dessus, p. 175.) Nous le recom- mandons aux jurisconsultes et a tous ceux qui veuleut posseder dans leui^bibliotheque une collection aussi complete qu'economique des lois francaises, depuisle commencement de la Revolution jusqu'a ce jour. A. T. 371. — Traite de V Absence et de ses cjfets ; par M. BiREx, anclen jurisconsulte. Paris, 1824; Antoine Bavoux. i vol. in-8°; prix 5fr. et 6 fr. 5o c. II n'existait , avant 1789, qn'un petit nombre de regies consacrees par la jurisprudence , sur I'absence et sur ses effets. On y adaptait certaines dispositions des lois romaines ; mais cette matiere ne fai- sait I'objet d'aucune loi speciale. La legislation intermediaire avail comraande quelques mesures a .prendre dans I'interet des absens ; mais tout restait a faire en ce qui concernait I'administration de leurs biens, I'exercice de leurs droits eventuels, I'influence de I'ab- (Sence relativement a la societe conjugale et aux enfans nes du ma- riage. — Les auteurs du Code civil ont rempli cette importante lacune; un titrc compose de quatre chapitres et de trente-deux ar- ticles y est consacre a cet objet. Cette partie de notre legislation laisse peu de clioses a desirer, malgre son peu d'etendue : elle a c\k completee par la loi du i3 Janvier 1817, uniquement relative aux militaires absens. Les dcsastres qui avaient fait refouler subitement dans les anciennes limites du territoire francais nos armees, jus- qu'alors victorieuses et conquerantes , revelerent la necessite de faire une classe particuliere de ceux qui disparaissent au milieu des ha- sards de la guerre , sans qu'on puisse assigner une cause a leur dispari- tion. — Cependant les lois , toutes claires qu'elles puissent ^tre , et quel T. XXV. — Mars iSaS. 5i 782 LIVRES FRANCAIS. que soil leurdegre de perfection, ne laissent pasde presenter des dif- ficultes dans leur application aux differens cas qu'elles n'ont pu prii- voir ; et c'est ici que commence une sorte d'arbitraire d'interpretation confiee aux lumieres et a la sagesse des tribunaux. La jurisprudence des arrets est, dans ces differens cas, le guide le plus siir que I'ou doive suivre; elle est toujours le complement necessaire de la legis- lation. — M. Biret, deja avantageusement connu par scs nombreux et utiles travaux, a reuni, dans le volume que nous annoncons, tons les elemens qui composent notre droit actuel sur I'absence. II en expose les principes avec autant de precision que de clarte; il explique le texte par la discussion qui eut lieu au Conseil d'etat ; il retrace avec soin les dispositions du petit nombre de lois interm^- diaires auxquelles le Code civil n'a point dcroge, et qui sont encore observees ; et il indique sous une forme analytique les questions im- portantes qui ont ete soumises a la decision des cours sur cette ma- tiere entiferement neuve. Son livre pr^sente un ensemble coordonne avec m6tbode, sur lequel il repand assez souvent les lumieres d'une doctrine judicieuse et saine. Neanmoins, il est im reproche que nous , nous croyons fondes a lui adresser : il apporte, en general, trop de laconisme dans sa maniere de trailer les questions qu'il examine. II ne suffit pas toujours d'indiquer les difficultes et de signaler suc- cinctement les moyens a I'aide desquels elles peuvent etre aplanies; il importe de donncr un certain developpement a la theorie syste- matique que Ton adopte; I'esprit du lecteur vent etre convaincu par la force des raisons sur laquelle est fondce cette tlieorie. — Toute- fois , nous ne pouvons nous empecher dc reconnaitre que I'ouvrage, tel qu'il est , atteint le but que I'auteur s'est propose ; le succes me- rite qu'il a obtenu ne pent qu'augmenter avec le terns. Crivelli, avocat. 372. — Plaidoyer de M" Dupin jeiine pour 3J. Bahb.v, libraire- editeur du roman de M. Pigault-Lebrun , intitule M. de Roberville; pronouce a I'audience solennelle de la Cour Royale de Paris, 1 5 Jan- vier iSaS, et recueilli par M. Breton, stenograpbe. Paris, iSaS ; Barba. In-S" de 5o pages. ( Ne se vend pas. ) Dans un exorde plein d'adresse, I'orateur exprime sa surprise de ce qu'un livre qu'on avail laisse circuler pendant dix-huit ans, est tout a coup attaqu6 comme immoral par le ministdre public : il esp^re demontrer d'abord que le livre ne renferme point le d^lit d'outrage aux bonnes mceurs , et que , dans tous les cas , le libraire est a I'abri de tout reproche. « Ainsi , deux theses k soutenir , Tune SCIENCES MORALES. V^i «ii fjvei'.r du Uvre , I'autre en faveiir de Vaccuse; la premiere tendant a prouver qu'il n'y a point de delk, la seconde ayant pour but d'etablir qu'il n'y a point de coupable. Tel est le plan de cette plai- doirie. » La premiere partie appelait I'examen des condilious neces- saires pour constituer le delit prevu par la loi du ly mai 1819. L'orateur, d'abord grave et serre quand il s'agit de les determiner, se livre ensuite a une analyse aussi nette que rapide et interessante du livre attaque. II s'atlache partout a en faire ressortir des idees d'honneur, de probite , de bonne condulte : il prouve que ces con- sequences ont toujours ete dans I'esprit de I'auteur; et la fin mal- beureuse du heros lui fournil I'occasion de resumer ce qu'il pense du but de I'ouvrage, cest quil est emtneminent moral. II glisse legere- ment sur le style , dont on a fait un crime a M. Pigault; raais, en avouant qu'il aurait pu quelquefois adoucir I'expression, il ne croit pas qu'elle puisse devenir une cause d'accusation. — Quant aux tableaux et aux details qui out excite I'indiguation du roinistere public, les'exemples de Pliedre et du Tartuffe sont plus que suf- fisans pour excuser I'auteur. - — La seconde partie, pii il fallait eta- blir I'innocence et la bonne foi du libraire, etait plus facile : M. Du- pin y consacre seulement quelques pages; il rappelle les paroles de M. de Vatisnienil , avocat-general, dans une affaire plus serieuse que celle-ci, puisque c'etait une affaire politique; et, de I'aveu de ce magistr&t, que le libraire ne pouvait nullement ^tre accuse pour le livre de M. de Pradt , il conclut que M. Barba est com- pletement innocent dans I'impression d'un roman dont la libre circulation pendant dix-huit ans le mettait d'ailleurs a I'abri de tout reproche. — M. Barba a fait preceder ce discours d'une courte preface , ou il expose les motifs qui le lui ont fait publier. Ces motifs, tres-honorables , sont qu'il ne veut pas meme laisser ^eser sur lui I'idee d'avoir 6te mis en jugement pour un ouvrage contre les moeurs : il veut etablir aux yeux du public sa parfaite inno- cence a cet egard , et il etait assurement difficile d'y reussir mieux qu'en imprimant le plaidoyer de I'habile defenseur qu'il avait choisi. B. J. 373.- — Elemens (T Economic pubUque et privce , ou Science de Id 'valeiir des chases , et de la richesse des indii'idiis et des nations ; par L.-F.-G. Decazaux. Paris, 1824 ; M""^ Huzard; Toulouse, Doula doure. In -8° de aSo pages ; prix 4 fr. , et par la poste 5 fr. Donner des elemens ( c'est-a-dire tous les elemens) de I'economie politique , en un volume de a5o pages, annoncerait de bautes pre'- 78/i LITRES FRANCA IS. tentions. Pour r^duire I'oUTrage de M. Decazaux h sa juste Talcnr, disons que c'est une brochure siir t'vconomie politique , oil il v a quel- ques vues saines, d'excellentes intentions et une ignorance comjilete de certaines parties de la science; par exemple, de tout ce qui a rapport a la nature et aux fonctions des capitaux , et a la theorie des nionnaies. L'auteur confond I'intcrdt des capitaux et la valeur de I'argent, et il en conclut que, dans I'antiquite, quand I'inter^t <^tait a cinq pour cent I'an, I'argent (metal) ne valait pas plus que dans les terns modernes , lorsque I'inter^t est au m^me taux de cinq pour cent. M. Decazaux e&t partisan de la balance du commerce , pre- juge devenu tellement suranne, que les economistes politiques de I'Angleterrene daignent plus le combattre , presumant que nul ecri- vain un peu instruit n'ose plus le soutenir. — On conceit, d'apr^s cela , que M. Decazaux combatte vivement les principes etablis dans les ecrits de M. J.-B. Say, dontles doctrines, dit-il, sont aujnurd'hui univenellement repandiies , 'et I'on pent njouter , accreditees. Notre celebre economiste partage, au surplus , la reprobation de l'auteur, avec Adam Smith et avec M. de Tracy. Si I'ecrit que nous annon- eons tombe entre les mains de M. J.-B. Say, il devra etre un peu confus de voir que les questions qu'il s'imaginait avoir rerluites a leur plus simple expression , et qu'on jugeait dans toute I'Europe avoir ete si nettement posees par lui , n'ont fait qu'accrottre les doutes de M. Decazaux. Mais comment donne-t-on leg el^mens d'une science sur laquelle on u'a encore que des doutes ? L*. 374. — Sur le moyen de veiiir an secotirs de ^agriculture , r^duite a vertdre aujourd'hui son principal produit au-dessous des Jrais de cullitre. Nancy, 1824-1825-, M'"' v'' Boutoux. Paris, Petit. Br. in-8° de 64 pages; prix i fr. CVtte brochure anonyme , dont le titre est un cri oe detresse au nom des agriculteurs francais , consiste en un projet d'association coramerciale et commanditaire , pour former , par prevoyance , des reserves de ble indigene , suivant la methode de M. Ternaux, et au moyen de pr^ts aux laboureurs a un interet modere. P. E. L. 3^5. — * Cours dtetudes sur I'ndmiuistration militaire , par P. /I. Odier , sous-intendant militaire , etc. , tome III et V. Paris , 1824 ? Anselin et Pochard. 2 vol. in-8°; prix 7 fr. le volume. Nons avons cru devoir attendre que la publication de cet ouvrage fut eiitiferement terminee pour lui consacrer une analyse , qui sera iuseree dans I'un de nos prochains cahiers. Malheureusement , l'au- teur vieut d'etre enleve par une mort prematuree a ses travaux , a SCIENCES MORALES. 78^ son iuteressante famille et A ses nombreux amis. L'ouvrage auquel il mettait la derniere main , peu de jours avant de niourir , lui sur- vivia , comme un monument honorable pour sa memoire , et comme un service important et durable rendu a tous ceux qui sont engages dans la carriere difficile et in grate de radmiuistration militaire. M.A.J. 376. — Album militaire. Grenoble, 1824; Baratier fr^res. Pari.s , Anselin et Pochard. In- 18 ; prix 4 fr- 5o c. ; relie et ferme d'un porte- crayon , 6 fr. 5o c. ; en maroqnin , dore sur tranche, avec porte- crayon , 9 fr. 5o c. Get ouvrage offre a nos officiers un veritable -vade-mecum. II a pour but de les mettre a portee , quels que soieut leur grade , leur arme, ou les fonctions dont ils peuvent etre charges, d'avolr cons- tamment sous les yeux et de connaitre avec facilite les dispositions princinales qui regissent I'armee et determinent les droits des mili- taires dans toutes les positions ou ils se trouvent : recrutement et organisation, avancement, honneurs, rangs , prerogatives, peines et recompenses , traitement et allocations de toute nature , adminis- tration , revues et comptabilile. Outre la serie complete des details relatifs a ces divers objets , V Album militaire contient un tableau comparatif des anciennes et des nouvelles mesures, suivi d'un calendrier republicain mis en concordance avec le calendrier gre- gorien. L'utilite de ce manuel n'a pas bescin d'etre demonlree ; il est presque indispensable pour la classe d'hommes a qui les edlteurs le destinent. 377. — Carnet militaire ,mi&nXeT\e; huitieme Edition. Perpignan, i8a4j J. Alzine, imprimeur du roi. Paris; Anselin et Pochard; prix a fr. 5o centimes. Le Carnet militaire, ouvrage du m(*me genre que V Album, est consacrespecialement a I'infanterie. II se diviseen differens tableaux ^ propres a recevoir des notes journalieres sur tout ce qui a rapport au service de I'infanterie jusque dans ses moindres details. Ces tableaux , traces avec une rare exactitude, et d'une execution typo- graphique assez elegante, portent les titres generaux suivans : 1° Conlrole annuel et demi-signalemetit ; 1° Ordre de balaille ; 3° Sec- tions , sitbdifisions et escoiiades ; 4° Rans; de taille ; S° Linge et chaussure de la subdivision ; 6° Habillement , equipement et armement; 7° Enref;is- trement sommaire des feuilles qualridiaires , et situation au premier jour de pre't; 8" Solde journaliere de I'infanterie francaise, A ces caches, qui sont le principal ohjet du Carnet militaire , se joignent, cumme daus 786 LIVRES FRANC, VIS. {'Album , annoiic^ ci-dessus , un tableau coinpai atif des mesures , et les deux calendriers mis en concordance; on y trouve de plus une indication du depart des courriers de Paris pour tons les points de la France ; un tarif des pieces d'or de 48 et de 24 livres , et de celles d'argent de (i et de 3 livres ; enfin , une evaluation des monnaies etrangeres en francs et centimes. B. 378. — * Hisloire de la domination des Arabes et des Maures en Es- piigne ec en Portugal, depuis I'invasion de ces peuples jusqu'a leur expulsion definitive ; redigee sur I'Histoire , traduite de I'arabe en espagnol , de M. Josef h Conde, par M. deMari.es. Paris, 1825 ; A. Eymery. 3 vol. in-8" ; prix 18 fr. ( Voy. Rer. Enc. , t. xi , p. 160 I'annonce de I'ouvrage original. ) 379. -^ * Collection des Memoires relatifs a Thistoiie de France, ige li- vraison , contenant le ./oH/-«a/ reiy«e indij^e rente... c'esllsi du nou- veau ! Le mot ^acnVf^e, outre son acception d'apres la definition qu'en donnent les dictionnaires , a main tenant une signification ac- cessoire et de clrconstance. Ainsi , I'Assemblee constituante est en- core, suivant M. du Rozoir, coupable de sacrilege , pour avoir supprime les dimes, iribuc de droit divin (p. io6 ). Que les pr^tres vivent de I'autel , voila ce qui est de droit naturel , de droit divin ; mais que leur subsistance solt assuree par des dimes ou par d'autres moyens, voila ce qui peut varier. Ainsi, au Bresil, pays tres-calho- lique , les dimes ont toiijours ete percues par le gouvernement. Est- ceune infraction au droit divin ? II y a telle bulle qui nomme^acn- lege I'obeissance d'un sujet a uu roi depose par le Pape. On trouverait beancoup d'autres exemples de sacrileges tres-innocens. Elle est bieii vaste en effet , la carriere du sacrilege ! Dans le meme ouvrage , nous trouvons ces mots ; les infdmes assermentes ; les eveques intrus qui sont des infdmes {^i. ai et 164). Des epithfetes, soit louangeuses, soit despectueuses,doivent(5trejnstifieespar les faits et les raisonnemens. Autrement, on perd tout droit a la confiance du lecteur, qui, dans une histoire pretendue, ne trouve que I'esprit de parti. On peutd'a- vance presager le sort de I'ouvrage qui est I'objet de cet article. Quand les passions seront amorties et permettront a la raison , a la verite de reprendre leur empire , celles-ci seront les seules dont la (1) Voy. If t. IV de scs OEiaies, p. 167. 790 LIVRES l-RAWCAIS. post^rit^ respectera les decisions. II ii'y a que des iguoiaiis qui cou- sultent aujourd'hui les histoires du jesuite Turselin, ou du jcsuite Jouveiiis , ou VHistoire sacree de I'honndte Lliomond , alteree avec audace dans les deinieres editions publiees a Lyon et a Paris. G. 384. — Eloge de P. P. Riquet de Bonrepos , auteur du canal de Languedoc ; par M. Don de Cepian , secretaire de la Socictc d'A- griculture de Carcassonne. Toulouse , iSaS ; imprimerie de Beni- cliet aine. In-8° de 29 pages. Riquet fut veritablement unliomnie de genie et un grand citoyen : par la creation d"un canal qui unit TOcean a la Mediterranee , il rendit a I'industrie meridionale uu service dont elle n'a pas su en- core tirer tout le parti possible, mals dont riufluence doit s'agran- dir avec le progr^s toujours croissant des connaissances humaines. II est facile d'imagiuer quelle force et quel courage d' esprit furent iiecessaires pour obtenir et consommer I'execution d'une aussi vaste entreprise que le canal du Languedoc , a une epoque ou les capLtaux ctaient rares et les moyens de se les procurer a peu pres inconnus ; a Une epoque ou les depenses inutiles de main d'oeuvre absorbaient une grande partie du benefice des meilleurs entreprises ; a une epoque , enliu , oil la gloire desastreuse'de la guerre et I'eclat fastueux , mais trop souvent sterile , des arts , detournaient la meilleure partie des revenus de I'etat vers des depenses inipro- ductives. Toutefois , aucun autre monument que son immortel ou- vrage , avec la grande popularite qu'il a valu a son nom , n'a ete eleve , jusqu'a cejour, a la menioire de Riquet ; aucun raarbre , aucun bronze ne nous represente ses traits, aux bords de ces eaux pacifiques qu'il a soumlses a I'agriculture et au commerce. Ce se- rait UQ acte d'ingratitude de la part des proprietaires actuals du canal de Languedoc , qui moissonnent aujourd'liui les riches pro- duits des champs que Riquet feconda , il y aura bientot un siecle et demi , de tarder plus long-tems de consacrer a sa memoire un monument que reclament a la fois la gloire nationale et la piete liliale "depuis que la meilleure partie de la propriete de I'ouvrage de Riquet est retournee a ses descendans. — En attendant Taccom- plissement du vcbu que nous formous , I'eloquence et la po6sie ont «ssay^ d'acquitter la dette du pays. Plusieurs ecrits furent, h diverses epoques , consacres a celebrer le nom et les travaux de Riquet. Celui que vient de publier M. Dou n'e&t pas le moins remarquable. Cultivateur de ces champs dont le canal de Riquet a double la SCIENCES MORALES. 79J Yaleur , M. Don sent vivemeut le prix d'un tel service, et rex- prime avec uii enthoiisi.Tsme qui n'a pas besoin d'excuse , puisqu'il n'a rien de factice. Son style a ile I'^Iegance et de I'hariTionie ; des reflexions utiles et des pensees justes dedonimagent souvent de la lenteur et de la monotonie obligee de ce genre de composition bd- tard , lourd et froid , qu'on designe sous le nom d'Eloge. Si done quelque chose manque au travail de M. Don , c'est au genre m^me qu'il a cru devoir adopter que nous I'imputerons ; s'il s'y montre trop sobre de ces utiles et precieuses notions d'economie politique , que le sujet semblait ajipeler naturellement et qu'il importe si fort de populariser ; s'il passe absolnment sous silence la part de la cri- tique scientiCque, qui a reproche avec raison a I'ouvrage de Riquet de porter I'empreinte du fastedispendieux des oeuvres de son siecle, et de consommer sans benefice suffisant des terrains, des eaux , et des constructions , en grande partie inutiles , M. Don nous re- pondra qu'il u'a point pretendu faire un livre sur le canal du Midi ; mais, admijateur d'uu genie bienfaisant , exprimer a son tour sa re- connaissance.— M. Don est du petit nonibre deces homnies eclaires, amis de la civilisation , des lettres et des sciences , qui conservent dans les provinces eloignees les precieuses traditions de la culture intellectueile. 11 dirige avec zele et discernement la redaction du Journal de la Societe d' Agriculture de Carcassonne , qui contribue a re- pandre dans le deparlement de I'Aude les notions relatives aux pro- gres des sciences agricoles , chimiques, veterinaires et industrielles. C'est dans la celebre ecole de Soreze , placee a cote du bassin de St.-Ferreol , immense et iutarissable reservoir du canal de Riquet , que M. Don a recu le bienfail de I'instruction , et le gout plus rare de la cultiver et de I'etendre , au milieu du tourbillon des affaires et des dissipations du monde. Un tel eleve ( et il n'est pas le seul que nous pourrions citer) fait I'eloge et i'apologie d'un etablissement d'instruction publique destine a faire long - tems encore I'honneur ^ et I'ornementdu Midi, puisqu'il a triomplie des persecutions injustes que lui avait suscitees I'esprit de parti. A. M. 385. — Lettre a HI. Jouy, tnembre de I'lnstttiit , sur un article sati- riiiue de sa Biographic des contemporains , et sur les inconveniens d'ecrire I'histoire suns la savoir ; par M. DiiCREMPS. Paris, iSaS; Carilian-Gceury, quai dea Augustius , n° 4i- In-8° de 72 p.; prix i fr. Nous n'avons point lu la Jiiographie des contemporains , et nous somnies peu ilisposes a la lire, parce qu'avant de cousacrer une partie de son tems aux ouvrages qu'il eut niieux valu ne pas faire, :f)--i LIVRES FRANCAIS. il convient de s'occuper de ceux qui ont le nierite de I'utilitiJ ct do 1 a-propos. Ainsi, nous ii'avons pas le droit d'enoncer une opinion sur les dem^les entre deux auteurs , dont I'un a public des ouvrages sur les sciences, et dont I'autre est connu par de uombreux succfes litteraires dans plusieurs genres. Nous ne considiirerons done la bro- chure de M. Decremps que comma une production remarquable par une erudition peu commune : la liste des auteurs cites par I'ecri- vain ne deparerait pas un ouvrage de longue haleine. Anciens et modernes, grecs, romains , hebreux , anglais, allemands, sacres et profanes, prosateurs et poetes, etc. , etc. , tour a tour apportent leur sentence. Si M. Jouy tient ferme et nest pas ebranle par ces attaques , qu'il soit proclame Y Akide de la republique des lettres. Ce recueil de citations est rcellement tres-curieux, et peut, au besoin , tenir lieu de repertoire pour les applications trfes-fre- quentes que Ton peut faire des pensees et des maximes dont M. De- cremps s'est arme centre son adversaire. — Nous avons entre les mams un autre ouvrage du mdme auteur , et ce u'est point une brochure ni une simple lettre; c'est un in-4° intitule : Diagrammes chimiqiies , oil Recueil de 36o Jigures qui expUquetit succinctemenl les experiences par I'indicacio/i des agens et des produits a cote de I'ap- pared , etc. , chez les memes libraires que cette brochure. Ce travail important ne peut etre lu qu'avec lenteur, et il exige un serieux exa- men ; nous sommes forces de I'ajourner a un autre cahier. F. 386. — * Hevue poliiique de I'Europe en 1825, avec cette epigraphe : « Ilh pro libertale, hi pro domiiiatione pugnant. t, Deuxit-me edition. Paris et Leipzig, mars 1825 ; Bossange freres. Br. in-8°de 88 pag. ; prix 2 fr. II n'entre point dans le plan de notre Revue de signaler touttjs les brocliures que les circonstanees font eclore et qu'une menie semaine voit quelquefois naitre et mourir; mais nous devons appeler I'at- tention de nos lecteurs sur celles qui presentent des apercus neufs ou hardis , dans quelque sens que ce soit. La brochure dont le litre est en t^te de cet article, est trop remarquable pour que nous nous abstenions de I'inscrire dans notre bulletin. D'ailleurs, la po- litique, m(?me relative a la situation actuelle de tel ou tel peuple, de telle ou telle contree du globe, vue de cette hauteur, devient de la politique generale : de telles observations appartiennent a la science. — Cet apercu, plein de force et de mesure, de sens et de finesse, est en outre ecrit avec une originalite piqi«nte. On peut en juger par les extraits suivans , que nous citons de preference, comme ne pre- sentant rien de special , ricn qui s'attaqne n la politique de tel ca- SCIENCES MORALES. 79^ binet en particulier. Quelques autres passages empruntent de leur sp^cialit6 mdme quelque chose de plus piquant; mais nous avons dii uous les interdire, pour nous borner aux deux suivans, qui, du reste , peuvent donner une juste idee de I'esprit dans lequel est con» cue I'oeuvre entiere. « L'Europe aujourd'hui est humaine et policee ; tout ce qui lui reste de barbare lui -vient de I'Orient. Un seul peuple indigne d'elle est encore a son extremite ; mais le moment n'est plus loin ou elle rejettera cette ecume. L'Europe est entree dans une civili- sation generale. Ses gouvernemens peuvent (5tre injustes; maisaucun d'eux n'est barbare, aucun ne ressemble aux gouvernemens atroces qui les ont precedes. Les peuples et les rois sont meilleurs; tons doivent ce premier degre d'excellence a une plus gcnereuse education, a une instruction plus profonde. L'education seule fait I'liomme; c'est elle qui enfante en ce moment toutes les merveilles de la nouvelle Grece. Mais , par cela meme que le coeur et I'esprit humain sont plus noble- ment cultives, les besoins moraux des peuples sont agrandis : il ne leur suffit plus que les gouvernemens ne soient point barbares , ils Jes demandent justes et gcnereux; il ne leur suffit plus que I'escla- vage soit adouci , ils demandent une libertd fondee sur les droits et la dignite de Thomme; ce n'est plus assez que leur bonheur de- pende de la bienveillance de leurs chefs, ils veulent qu'il soit fixe k des lois tutelaires , moins mobiles que la volonte des rois. L'Europe, ainsi couverte d'une immense population eclairee, semble n'avoir besoin d'aucun effort extraordinaire pour atteindre sa destinee so- ciale ; elle est certaine d'y arriver par les progres actuels de sa marche et par le cpurs irresistible des choses : c'est I'avantage de sa situa- tion. Le danger de celle des rois serait d'aggraver la leur par des resistances a cc cours imperieux , et de coutester les droits des peu- ples qui, dans la sagesse de leurs voeux, ne demandent pas que le bonheur des rois soit diminue , mais que le leur soit augmente. • — Voici le resume par lequel I'auteur encore anonyme de cette pro- duction tres-remarquable termine sa Revue polUique : « Dans la si- tuation actuelle des societes, dans le mouvemeut rapide qui les emporte , une annee est un poids dans la destinee des empires; les (^venemens se pressent et se succ^dent avec une promptitude et une ~ mobilite qui revele I'agitation du monde. Cette agitation elle-ni^me sera plus vive de jour en jour, et le mouvement ne cessera point que les peuples n'aient conquis le bonheur qu'ils ont concu, qu'ils n'aient obtenu de leurs gouvernemens une concession de droits qui leur appartiennent, et qu'enfin la politique ne soit en harmonie avec 794 LIVRES FRANCAlS. la morale publique, et coordonnee a I'etnt des liimieres et de la cU vilisation ou I'Europe est parvenue. Sa situation est violente et in- certaine; mais il faut s'arrdter aux traits qii'elle presente. Ainsi , la France, sans etat fixe, placee entre son ancieii et son nouveau re- gime , et rappel^e a ses vieux prejuges; Vlta/ie inipatiente, attendant le moment de se defaire des siens ; la moitie civilisee de VEspagne reduite au silence et au desespoir par sa moitie barbare ; VAutriche conservant le module de la servitude beureuse; la Priisse ne sachant comment accorder son existence politique et son etat civil; I'esprit polonals survivant a la Pologne ; VAUemagne toujours occupee des droits des peuples et des rois, interrogeant tout et ne decidant rien; la Russie instruisant I'Europe a I'obcissance asiatique ; la Turqide s'ecroulant enCn aux acclamations des peuples civilises ; la Grece se relevant sur ses ruines , et se replacant an rang des plus nobles peuples ; la Suede , avec ordre et sagesse, marchant a ses nouvelles destinees; le Danemarck sans mouvement au milieu des societes ebran- lees ; la Belgique ii'ayant qu'un pas a faire pour ^tre le plus beureux 6tat de I'Europe; la Suisse, moins bospitaliere, inquietee dans ses libertes par sa population catholique; VIrlande d'autant plus fana- tique qu'elle est plus malheureuse ; le Portugal ^chappant au joug des rois ; Rome poursuivant la philosophic partout ou elle se trouve, enveloppant I'Europe de ses armees secretes ; enfin , la superbe An- gleterre, appuyee sur V Ameriquc , dont elle sanctionne les destinees, planant du haut des mers sur cette Europe agitee, contemplant sans danger les orages qui s'y amoncellent, et pouvant a son gr^ donner a ces agitations uiie direction funeste k la tyrannic : telle est I'Eu- rope aux premiers jours de I'annee iSaS; elle ne sera plus la mdme a la fin de son cours. v B. L. 387. ■ — * La nation francaise et son roi appeles a juger de la conspira- tion permanente et progressive du parti jisuilique; par Alexis Dumes- NIL, auteur de V Esprit des religions. Paris, 182.5 ; Hubert. Br. in-8° de 32 pages; prix i fr. aS c. Cette brochure nous presente , dans un tableau rapide , I'etat pre- sent de la Societe des jesuites. C'est un veritable ouvrage de cir- constance, qui merite a plus d'un litre I'attention des lecteurs. — L'auteur commence par montrer !es jesuites se ralliant en France, a I'^poque meme de leur suppr ession legale , cauonique et nominale, et conservant toujours un lien social et les pretentions de I'ordre. Ensuite nous voyons les manoeuvres de cette societe recommencer, apres les terribles orages de la Revolution, et plusieurs ^missaires SCIENCES MORALES. 7;)5 vemis de par-dela les monts jeter en France de nouvelles semences de discorde; ils ne peuyent cacher la joie que leur causent les jours de deuil et de cruel scandale qui ont rendu leur retour plus facile ; et ils s'empressent d'exploiter, daas I'inter^t deleur ambition , etles desastres de notre patrie, et les royales infortunes, et les adversites de Pie VI, mourant capiif sur une terre etrangere. Nous les voyons marchant de pied fernie et les rangs serres a la subversion du gou- vernement repr^sentatif , envahissant partout I'education de la jeu- nesse, et I'enrolant dans cette ligue generale que Ton appelle au- jourd'hui congregation. De quels dangers ne sont pas menaces les rois et les peuples, si Ton ne s'empresse d'arreter la marche auda- cieuse de cette societe ! Sait-on jusqu'ou peuvent aller ses projets ambitieux ? 388. — * Da remhoursement et de la reduction dc I'interet des rentes sur I'Etat , en France; par J.-Ch. Baii,i,eui,, ancien depute. Paris, 1825 ; Renard. Br. iu-S" de 82 pages ; prix 2 fr. Parmi le grand nombre d'ecrits qu'a fait naitre le projet de loi de reduction des rentes, lie a celui des emigres, I'Duvrage de M. Bailleul se distingue par une logique serree et par des idees neuves. Presse par le terns, il n'a pu donner a son ouvrage tout le developpement qu'il eut desire; il public ce qu'il appelle lui-m^-me son premier jet, ce qu'il veut considerer comme un simple canevas. II nous semble difficile de le refufer solidement. Nous regrettons que les bornes etroites oii nous sommes renfermes ne nous perniettent pas d'exposer ses principaux raisonnemens. La citation suivante donnera du moins une idee de I'ouvrage: « L'inscription de la rente, dit-il, constitue-t-elle une propriete? oui ou non. Si elle n'est pas une propriete , qu'on nous dise done ce qu'elle est; si elle est une propriete, elle doit ^tre , comme toute propriete , une chose entiere, complete et sacree dans la main de celui qui possede. Nulle puis- sance n'a le droit de s'en emparer, de la denaturer, ni de I'alterer; autrement , ce n'est plus une propriety. Une loi qui pourrait anean- tir, soit de droit ( ce qui serait une absurdite ) , soit par le fait ( ce qui constituerait une violence ) , le dixi^me, le cinquieme d'une rente sur I'etat , pourrait , par la meme raison , aneantir le tiers , la moiti^ , le tout enfin ; une loi qui pourrait determinerun tauxdurembourse- nient de la rente qui ne serait pas celui du cours, pourrait, par la mdme raison, en determiner un autre. Et ces lois seraient faitespar les debiteurs ou en leur nom! Est-ce une propriete qu'un titre qui est quelque chose, qui est plus, qui est moins, ou qui n'est rien, a la 796 LIVRES FRANgAIS. volenti d'uii tiers , h la volonte d'un debiteur ? Telle est cependant la consequence dii syst^me ou des projets de reduction et de remboursement de la dette publique. » — Ce nouvel ouvrage de M. Bailleul sera lu avec un vif interet par ceux qui s'occupent de finances, et surtout par les rentiers, que touche de si pr^s cette grande question. 389. — y^vis aux Chambres , aitx Emigres , aux contribuables , aux rentiers et aux speciilateurs a la Bourse ; c'est par respect que je n'ai pas mis aussi : Avis au Roi ; ou Lettres stir le projct d'indemnite et siir t'ancien et le noiivean projet ' concernant la reduction de t interet de la dette publique; par Charles - Jean Coupe, ancien depute. Paris, iSaS ; Le Normant. Brochure in-S" de 67 pages ; prix a fr. 5o cent. L'auteur examine le projet de loi sur I'indemnlte et celui de la nouvelle reduction de la rente, complement oblige du premier. Le nouveau projet de la reduction de la rente lui parait aussi dange- reux pour la royaute, le credit public et la prosperite de la France, que le projet de Tindemnite lui parait illusoire. Nous croyons ne pouvoir mieux faire coniialtre cette brochure qu'en rapportant ici ce passage de la lettre de M. Fievee Le medecin , fort embarrasse , prend le parti de meler la raison et I'extravagance ; le lecteur jugera sans doute que ce melange lui a parfaitement reussi. Les Contes nouveaiix avaient egalemeut ete impri- mes ea 18 13, hormls trois morceaux qui paraissent ici pour la pre- miere fois , et qui ne deparent jjoint celte jolie collection. Nous u'a- percevons point de but moral dans le Jeune Aitiste, mais c'est une historielte agreablement racontee ; les incanveniens de la carriere litteraire pour les femmes sont bien peints dans la Jenne Femme au- teiir; et le niorccau intitule : Ylle d'Atinaredo, montre combien la destinee humaine serait digne de pitie, si le vceu que beaucoup d'liommes peut-^tre ont forme, le voeu d'etre immortel, venait tout LITTERATURE. 8o5 a coup a dtre exauce. Nous devons dire cependant que I'idee de ce conte, qui u'est que le fragment d'un ouvrage encore inedit : Voyage d^Abdotdahi , ou le bien et le tnal, nous a senibl6 un peu bizarre ; nous y avons trouve a regret une esp^ce de philosoplie, qui exprime ^videmment la pens^e de I'auteur, et qui parait tout contrit d'avoir cherclic a eclairer, ou , comme il dit, a endociriner les pcuples , « bien persuade, ajoute-t-il , qu'une erreur qui conserve la paix vaut mieux que cent veritesqui la detruisent.Voila un decesvieux apophthegmes qui , pour avoir e'e souvent repetes , iie sont pas plus justes. II est trop clair que ce qui conserve la paix vaiit mieux que ce qui la detruit; c'est memo une de ces verites trop vraies pour valoir la peine d'etre ecrites ; mais ce qui u'est pas si evident , c'est que I'erreur soit aussi propre a conserver la paix qu'on voudrait le faire croire ; et nous pensons au contraire que rien ne pent etre plus utile aux peuples que la verite bien comprise. Au reste, ces taclies legi'res ne nous em- pechent point de reconnaitre le merite des agreables compositions de M. Adi'ien de Sarrazin. - — Nous n'avons pas besoin de dire que ce ma- nuscric persan, dont il est question dans le titre des deux premiers ouvrages, n'est qu'une fiction assez familiere aux auteurs des contes ecrits dans la maniere orientale ; mais, ce qui est moins ordinaire , c'est de voir un ecrivain donner une nouvelle edition de son livre sans indiquer cette preuve de succes ; c'est un fait digne d'etre re- marque, surtout dans un tenis ou tant d'editious nouvelles n'ont de nouveau que le frontispice ; le libraire qui a soigne cette publica- tion , beaucoup plus elegante que la premiere, aurait-il craint d'en- lever aux contes de M. de Sarrazin cette fleur de nouveaute ueces- saire au succes de certains ouvrages ? Ce serait trop de scrupule ; ce qui est piquant est toujours neuf. M. A. 399. — * Mcmoires d'un homme de lettres , ouvrage anecdotique fai- sant suite aux Memoires surla Revolution francaise. Paris , 1825 ; I'au- teur , rue Montmartre, n° i3. i volume in-8° ; prix 5 francs et 6 francs 5o cent. Peu de livres sont accueillis, en France, avec plus d'empresse- ment que les Memoires. Ce genre d'ecrits, dont la lecture excite en general un si vif interet, semble avoir de tout tems apj)artenu par excellence a I'esprit denotre nation : on a meme voulu reconnaitre un trait distinctif de notre caractere dans cette disposition a pre- senter sous des formes legeres les objets les plus serieux , et a md- ler au recit de faits graves des reflexions piquantes , mais trop sou- vent futiles , et des anecdotes destinees a plaire au lecteur pluto • 8o6 IJVRES I'RAWCAIS. qu'a I'instruiie. De la certains obscrvateurs passionn^s ou peu ju- dicieux ont conclu que le genie francais ^tait incapable de traite? riiistoire avec la dignite de pensce et de stjle qui lui convient , et de lui rendre les imposantes proportions qui la font admirer dans les ecrivains d'Atlienes et de Rome. Heureusemenl des chefs-d'oeuvre sont la pour repondre a cette injuste prevention : nous n'en comp- tons pas un grand nombre , il est \rai; mais leur merite sufCt au moins pour ctablir en faveur de notre litterature des litres incon- testables a la gloire des grandes compositions bistoriques. La plupart des lecteurs francais apprecient dignement toute I'importance de I'histoire; mais les memoires n'en demeureut pas moins I'objet d'une predilection pour ainsi dire uationale. — Ceux que nous annoncons paraissent offrir un double attrait a la curiosite publique. A des details qui pourraient former un roman plein d'une agreable va- riete, sur ses premieres annees et sur les aventures privees de sa longue vie , I'auteur a su joindre d'importans tableaux de I'bistoire contemporaine , oil il s'attaclie a peindre de preference les evene- mens dont il a ete le temoin oculaire, et dans lesquels il a meme figure quelquefois au nombre des acteurs. Son ouvrage , sous ce rapport, n'a point ete entrepris dans un but frivole , ni dans le seul desir d'ajouter a notre instruction bistorique. Le plus puissant mo- tif qui I'a determine a publier ces recils a etc le besoin de recber- cber dans la faveur de I'opinion une sorte de dedommagement des rigueurs du sort, auxquelles se sont jointes, dit-il, de grandes in- justices. Trop souvent victime de faux jugemens, il a senti qu'il lui importait de se bien faire connaitre, de se montrer tel qu'il a ete dans les diverges positions oii il s'est trouve , surtout dans ces mo- mens critiques oii nccessairement le caractere se revele. La justice qu'il se rend a lui-mdme, en interrogeant sa conscience, tous les lec- teurs s'empresseront de la lui rendre, convaincus, par le ton de francbise et de moderation qui regne dans ses memoires , de sa ve- racite lorsqu'il les entretient de lui-meme. Quant a ses jugemens sur les hommes et sur les choses, ils sont exprimes avec la meme franchise; mais peut-^tre ne sont-ils pas toujours dictes par le m(5nie esprit d'impartialile. On y pourrait m(5me reprendre quelque-. fois de I'amertume et de I'injustice. J'avoue , par exemple , qu'il m'a ete penible de rencontrer sous la plume d'un ecrivain septuage- naire, qui se fait gloire d'avoir servi la liberte, des traces d'un vieux ressentiment contre un homme de bien et un veritable pa» triote, Bailly, qui fut, pendant sa vie, un module de vertus civi- LITTERATURE. 807 nues , et qui niontra , en presence d'un horrible siipplice , le caime de Socrate. Le souvenir seal d'une fin si cruelle n'aurait'il pas du etouffer dans le coeur de celui qui a survecu plus de trente ans a cette respectable victlme, jusqu'au moindre sentiment d'une an- cienne inimitie , fiitelle menie fondee ; ce qu'il est permis au moins de revoquer en doute ? J'aime a declarer toutefois que ces taches , tr^s-rares , sent raclietees, autant qu'elles peuvent I'etre , par la bonne foi qui se fait remarquer dans la peinture des priucipales scenes de la revolution, et par la teinte de sensibilite vraie que I'au- teurarepanduesurdetristes recits. — M. L... ( Lablee) acru pouvoir inserer dans le cours de ses memoires differens morceaux de poesie dont les sujets se lient presque tons a des circonstances de sa narra- tion. II avoue qu'il n'a pas reproduit sans plaisir I'expression de ce qu'il a senti dans des tems oii d'agreables illusions I'entouraient. Quelques vers prouveront a la fois le talent pur et facile et les ho- norables sentiniens du poete; ils sont extraits d'une satire ccrite a I'epoque du Directoire. Brisons cette lyre cbampetre Dont j'aimais a tirer des sons roluptneux; De mon ctcur, de mes sens I'amonr n'est plus le maitre : Puis-je parler cucor le langage des dieux? Quand ce cccur indigne repousse tant d'outrages, Quand ma marche incertaiue et mes cheveux blancbiJ Du tems et du mallieur attestent les ravages, Est-ce a moi, des amans fideles ou volages A peindre les desirs, les jeux ou les ennuis? Je cbantais; un cortege aimable Que le sang, I'amitie rassemblaient sous mes yeux, Des livres, du loisir, un asile agreable Et quelques soius laborieux SufCsaieut a mes cbants, a mes gouts, a mes voeux. Leger , insouciant, et de plaisir avide, De Berlin , de Parny, do Tibulle et d'Ovide, Vingt fois je repetais les accens amoureux; Je cbantais. Dans la France enticre , La Discorde s'agite et provoque aux combats. La liberie me voit sous sa banniere; Jalous d'un nom , je suis ses fideles soldats. La liberie !... du joug d'un antique esclavage Je croyais que bicnt6t les Francais degages, Grands de vcrtus, lil)res de prejugesi 8o8 LITRES FRANCAIS. Du bonheur social prcsenteraieiit I'image. Ce sentimeut profond douuaot a mon langaye Le cliarmc de la verite, Je ralliai souveut une horde sauvage Au parti de I'lionncur et de riiumanite. B. 400. — * Lord Byron; par M"" Louise Swaktow-Beli-oc. T. II. Paris, 1824; Ant. -Aug. Renouard. In-8° de 447 p- » avecurie planche lithograpliiee representant Newstea dAbbey, et un fac simile de I'ecri- ture de lord Byron. Prix 7 fr. Nous avons annonce (Rev. Enc. , t. xxiv, p. soS et 357-366) le premier volume de cet ouvrage, dont la continuation etait \ivenient desiree. Le second volume, qui sera aussi I'objet d'un examen ap- profondi, parait plus interessant encore que celui qui a precede. Mme Belloc, fidele au plan qu'elle s'est trace, rapproche et fond, pour ainsi dire, ensemble la vie et les ouvrages de son heros , ses opinions, ses actions et ses poemes. Elle le met en scene avec une rare habilete et d'unemauiere dramatique. Elle defend avec cnergie la cause du genie et de la vertu; elle se persuade (et c'est I'illusion dune belle ame ) que I'un est inseparable de I'autre. Elle retrace, dans des analj-ses rapides et anim^es , les principales beautes des poemes de lord Byron; elle s'^chauffe avec lui en parlant de la Grece et de son heroique resistance. Elle s'afHige, avec I'Europe et le monde, en voyant cette mort prematuree qui prive les Hellenes de leur genereux allie, dont le nom seul valait pour eux une armee. Ses eloges et ses regrets sont des chants harmonieux ; les inspira- tions d'un ccEur genereux animent toutes ses pages. — Nous laisse- rons a un juge plus ^claire le soin d'apprecier le merite litteraire de cet ouvrage important, qui doit survivre a Tepoque de sa publica- tion , et que plusieurs litteratures etrangeres ont deja commence a s'approprier par la traduction du premier volume. M. A. J. 401. — * Poemes elegiaques de feu Joseph Treneuii.. Noiivelle Edi- tion , augmentee d'une notice sur I'auteur et de plusieurs pieces inedites. Paris , 1824 ; F. Didot. i vol. in-8° de xxiv et 3g6 pages, orne du portrait de I'auteur ; prix 6 fr. M. de Treneuii fut un bonnute homme ; tous ses poemes , a quel- que epoque qu'ils appartlennent , deposent de cette verite. II me- ritait d' avoir des amis , et c'est un de ceux qu'il a laisses apr^s lui qui rend ce dernier hommage a sa memoire , en recueillant ici une grande partie de ses litres poetiques. Maisle^ele de I'araitie va quel- LITTERATURE. 809 que fois trop loin , et I'editeiir de ce recueil nous semble avoir ap- porte trop de fastedans seslouanges et un pen trop d'empressement a reclamer les hommages de la generation qui s'eleve pour la coa- rageuse energie de leur auteur , son amour pour la religion et son t/e- vouemeni pour ses rois. Leur palais retentit encore des acclamations adulatrices de tant de bouches parjures , des sons flatteurs de tant de lyres inCdeles, qui s'empresserent a I'envi de celebrer lestriomphes de celui qui passasur leur trone! Onn'apas oublieque M. deTreneuil se montra I'un des plus empresses , et qu'il recut le prix de sa com- plaisance; on se rappelle son chant nuptial pour deux epoux nouvel- lement courounes , auxquels il adressait ces vers : Telle de voire tige adoree et feconde, Une auguste posterite S'eleve pour remplir tous les trunes da monde... ni cette ode sur la naissance du roi de Borne , ou il peint la France , avant Bonaparte , comme un empire que . . . Vesprit d'errcur, \a fidblesse et le crime Out , par degres , conduit sur les bords de rabime, et qu'uu souverain genie , envoje de Dieu meme , vient regen^rer. On voit, s'ecrie-t-il , On voit, a son nom seul, s'enfuir et disparaitre Les peuples contre lui souleves par leurs rois. Oui, c'cst moins un Iieros sur le char de !a guerre Qu'un grand legislateur qui visite la terre Pour en renouveler les troites et les lois. Plus tard , M. de Treneuil fut un des premiers h celebrer le re- tour de la dynastic regnante dans le palais et sur le trone auguste de ses aieux. On voit qu'il n'avait gu6re plus le droit de dire alors : Chantons en son bonneur sur nos Ijrts fideles , c[u'il ne I'avait eu auparavant , en adressant ce vers a I'empereur. — On pense bien que les deux pieces dont nous venons de citer des passages assez piquans ne sont point reproduites dans I'edition que I'on nous donne aujourd'hui. Mais les personnes curieuses de con- suiter la seconde peuvent I'aller cbercher dans X Almanach des Muses de 1812 , oil elle figure en tete du recueil; elle doit avoir ete inser^e egalement , ainsi que la premiere , dans le Moniteur , A^ns la Cou- ronne poetique et dans le Diclinnnaire des girouettes , oil elles donnaient droit a leur auteur de prendre place aux premiers rangs. L'editeur de M. de Treneuil a ete plus loin dans ses precautions ; il a re~ 8io LIVRES FRANCAIS. tranche , des pieces qu'il nous offre , plusieurs passages qui lui ont parii peu orthodoxes; entre autres , line tirade que nous lisons dans une edition des Tombeaux de Salnc Denis , publiee en 1808 , tirade qui commence par ce vers : Enchatne cette loi de la fatallte, et qui finit par ceux-ci: Et que sa dynastie, a jamais illustree, Des regnes les plus longs surpasse la duree. Ce morceau , il est vrai , avait deja ete retranclie de I'edltion de i8i4 , par I'auteur lui-m^me , qui etalt peut-etre honteux d'avoir ^te si mauvais prophete a I'egard de Bonaparte. — Toutes ces -va- riantes poetiqiies n'attestent sans doute que la faiblesse humaine , fai- Llesse dont M. deTreneuil ne fut pas plus exempt que tant d'autres. Mais pourquoi son editeur nous oblige-t-il , par son zele maladroit, a nous rappeler toutes ces circonstances ? Ne pouvait-il parler des vertus et du noble caractere de son ami , qu'il dit avoir cte « essen- tiellement monarcbique , parce qu'il etait religieux , » sans verser dans ses notes tant de superbes dedains , tant d'expressions d'amer- tume sur ses conlemporains ? Eh ! oui , sans doute, M. de Treneuil etait attache a la monarchic ; les vers suivans en font foi : Je dirais aux humains qu'un pouvoir sans partage De I'immortel pouvoir est rimraortelle image, Lenr garant le plus sAr de salut et de paix; Que Iq joiig paternel , le seal joug monarcliique Pour le maintien sacre de I'ordre politique , Convient a chaque peuple , et surtout aux Francais. Mais on volt qu'il ne s'agit pas ici de la monarchie legitime; mais de la monarchie absolue ; aussi Bonaparte , qui entendait la mo- narchie dans le meme sens que M. de Treneuil, et qui avait besoin qu'on repandit un peu ces idees dans la nation , recompensa-t-il I'auteurpar la place de bibliothecaire , et la d^^corntion de I'ordre de la Reunion , faveurs sanctionnees, au retour du Roi, par I'ordre de la Legion d'Honneur. — La justice nous obHgc de dire que , si M. de Treneuil a chante dans cette ode le pouvoir d'un jour , il a joiint a ses louangesdes conseils tres-sages , des conseilshardism^me pour I'epoque ou il les donnait et pour I'homme auquel ils etaient adresses. C'etait la surtout que son editeur devait aller chercher des litres d'honneur et de gloire ; en lesprenant dans la publication du LITT^RATURE. 8| i poeme des (ombeaiix, sous le r^gne de Bonaparte, il devalt reconnaitre que ce soldat heureux ne voulait pas proscrire toute conscience , toute vertu du coeur des Francais devenus ses sdjets. II n'a pas cte toiijours audevant de la corruption ; c'est la corruption qui le plus souvent a ete au devaut de lui , conime ellc s'enipresse toujours au devant du pouvoir , quel qu'il sojt. • — Maintenant , si Ton me demande mon opinion sur le merite poetique des oeuvres de M. de Treneuil , je dirai que sa versification me parait manquer en gene- ral de force et de correction ; il ue sent pas assez la iiecessite de deresscrrer ses idees et de donner a ses periodes cetour, ce nombre qui font des tons vers une melodie qui dispose admirablemcnt Fdme aux impressions que le poete veut lui faire eprouver. Un ton d'uniformite regne trop aussi dans ses elegies. Qiielques fragmens traduits de Y Aininte du Tasse prouvent cependant que la gra,ce n'etait pas entieremeut etrangere a M. de Treneuil ; et son poeme sur I'esclavage , couronne par FAcademiedes Jeux Floraux , en 1789 ^ pourrait etre mis avec avantage aupres de ce qu'a produit de mieux le concours academique de i8i3 pour I'Abolition de la traite des negres. — Les lecteurs tronveront aussi au commencement de ce volume un discours de I'auteur sur I'eUgie hcro'ique , qui renferme des reclierclies prccieuses , et qui me parait le traite le plus complet que I'onpuisse donner de ce genre. E. Hereaxi. 402. • — Sur Girodet , par Mik! la Princesse Constance ue Salm. Paris, 1825 ; Arthus Bertrand. In-8° iv et 8 pages. « Je connaissais Girodet depuis pres de trente ans, dit I'auteur; j'ai toujours admire son talent et estime son beau caractere. II etait au nombre de ces dignes et celebres amis que la mort m'a, en grande partie , enleves, et il en etait presque le dernier. Lalande , Mcntelle , Gudin , Breguec , Langles , et beaucoup d'autres , ont successlvement disparu ; mais Girodet semblait devoir parcourir encore une longue carriere. En apprenant sa mort si inattendue et si douloureuse, j'ai senti a I'instant le besoin de joindre mes regrets a ceux que ce triste evenement a fait eclater de toutes parts, et j'ai fait les vers que Ton va lire. » — En recueillant ce dernier hommage de I'amitie au genie , nous regrettous de ne pouvoir citer que les vers suivans, qui rappel- lent une des scenes touchantes des funerailles de Girodet, que nous avons retracee dans notre Notice necrologique sur ce grand peintre. ( Voy. ci-dessus, page 345. ) >< Ses eleves, ces fils par son coeur adoptes, Orplielins du genie, et sans guide restes. 8ia LIVRES FRANCAIS. Dvploreut a la fois sa fin ct sa souffraDcc. Ou Tont-ils !... 6 beau feu de la recounaissance! D'un saint amour cbacun d'eux agite. Vers ses restcs eteiuts s'elance, Et sur leurs bras tremblaus , dans un morne silence, A. son dernier asile en plcurs ils I'ont porte. C'est la que I'attendait sa plus belle victoire! Amitie, talens, diguite. La, tout se reunit pour celebrer sa gloire. Pour honorer, pour venger sa memoire ; VJ, dans I'lDstant terrible on tout est consomme, Oil le merite seul pese dans la balance, Le triomplie public devient sa recompense, Et le grand maitre est enfia proclame. 4o3. — Le Petit Neveu dii Pere ytubry aupaysan de la P^allie aux Loups. Paris, 1825 ; Uibain Canel. Brochure in-S" de i8 pages; prix 1 fr. Cette epitre est une reponse a celle que M. H. Delatouche adressa, I'annee derniere, a M. de Chateaubriand, et que nous nous enipres- s4mes d'annoncer, en accordant a I'auteur les eloges qu'il nous pa- raissait merlter, plus encore comme citoyen que coinme poete. (Voy. t. XXIII, p- 716 3718, cahier deSeptembre 1824). La commission de censure, a laquelle nous etions alors soumis avec toute la France , n'en jugea pas sans doute comme nous ; car cet article fut marque du signe de reprobation, et ce n'est qu'apres son abdication forcee qu'il nous fut possible de le publier. Le Petit Keveu duPere Aubrysy prend un peu tard pour repondre a cette epitre ; il semble qu'il y ait eu aussi pour lui une censure, et que son regne ait ete plus long. II s'excuse en disant que le moment « n'est peut-^tre pas si mal choisi qu'on pourraitle croire, et qu'il est des musiciens quine sauraient chanter que lorsque leur au Jitoire est au grand complet. » J'avoue que je ne coinprends pas plus cette phrase , que je n'avais compris quelques vers de son predecesseur, dont il ditque Les conseils et les vers lui semblent un peu durs. Nous aurions mauvaise grace a revenir sur le jugement que nous en avons porte nous-m6nies; mais, certes, M. H. Delatouche doit pa- raitre un poete irrcprochable aupres de son antagoniste , Dont la voix. defend mal ce que son ccrur honore. Quelque soil I'auteur de cette seconde epitre , comment avec aussi peu de talent s'est-il presente pour combattre en faveur d'un homme LITTER ATURE. 8i3 qui en a tftiit? M. (le Chelteaubriand ne peut que recuser un tel de- fenseur. Sous le rapport m(?me des idees, je trouve que la part de rhomme d'etat est encore plus belle dans la piece de M. Delatouche que dans celle oil le panegyriste du ministre chercbe .i le disculper des reprocbes qu'a pu lui adresser son adversaire ; ces reproches donnaient plus de poids aux louanges bien meritees que le poete avait melees a une attaque noble et decente, qui eut ete plus hono- rable encore pour son auteur si elle eut precede la chute de celui qui en etait I'objet. E. Herea.u. 404. — Le Pavilion chinois , ou Contes et Opuscules de ma vieille tante ; par M"<= Louise ***, auteur d'Eugenio et Virginia, etc., suivi de Maximes et Penseei , par Charles PouGElfS. Paris, iSaS ; Corbet. Iu-i8 de aSo pages ; prix 2 fr. Adelaide et Adrien de Valmour voudraient bien faire construire dans leur jardin un pavilion cbinois ; mais des families indigentes reclament leurs secours , et ils prennent le parti de consacrer au sou- lagement des pauvres leurs petites economies. M. de Valmour, cache dans un bosquet , a entendu la conversation de ses enfans ; ivre de joie , il annonce a sa famille son intention de faire construire le pavilion , et propose a chacun d'y contribuer selon ses moyens. La chanoinesse de Valmour, sasceur, sort au mdme instant, et rap- porte bient6t aux deux enfans un manuscrit dont la vente doit paver une partie du pavilion. C'est done a cette circonstance qu'est du le litre de I'ouvrage, et ceque jeviens de raconter en forme, pour ainsi dire, I'introduction. Elle est suivie de cinq petits contes, parmi lesquels Yhiitoire d'une guepe , ecrite sons sa dictee , et la robe de cache- mire , se font surtout distinguer : celui-ci , par la finesse des obser- vations , par la liaison des evenemens , rappelle les Ricochets de M. Picard; celui-la contient un eloge tres-juste et tres-adroit des travaux de M. Pougens. En general , ces contes brillent moins par la force des conceptions ou I'originalite du style , que par le na- turel, la grace et les sentimeus dont on y trouve I'expression , et qui Jes feront lire avec plaisir. Mais la partie la plus precieuse de ce livre, c'est sans doute la deruiere : les maximes et les pensees de M. Pougens sont presque toutes remarquables par la justesse des vues et la tournure piquante du style. Pourrais-je mieux ter- miner cet article que par la citation de deux ou trois des plus courtes ? — XII. 11 n'v a que les hommes reconnaissans qui craiguent les liens de la reconnaissance ; les ingrats ne s'en embarrassent guere. — XV. L'art de perdre le terns est souvent un moyen plus T. XXV. — Mars i8a5. 53 8i4 LITRES FRANCAIS. sur pour arriver i la fortune , que I'art de le hien employer. ■ — XXXIX. L'liomme aimable estbien raremeiit I'homme qu'il est boii d'aimer. X. 4o5. — iJrbain Grandier; par Hippoljle Bonnelier. Paris, l8i5; Vernarel et Tenon. In-12 de xix et 240 pag. ; prix 3 fr. et 3 fr. ySc. Plusieurs auteurs ont introduit I'histoire dans le roman ; M. Bon- iielier y transporte , sinon la tragedie , au moins les evenemens les plus tragiques. Le jugement d'Urbain Grandier, Thorrible supplice qui le suivit, voila le denouement de son ouvrage ; les causes pre- mieres et les progres de Taccusation monstrueuse sous laquelle suc- comba le cure de Loudun en forment le noeud; I'odieuse jalousie des pr^tres , la liaine de la superieure Jeanne de Belsiel, le ressen- timent du tout-puissant Richelieu, la froide crnaute du conseiller Laubardemont , en lient I'intrigue , et fournissent a I'auteur de som- bres tableaux. — Je n'entrerai dans aucun detail sur le plan de ce roman ; I'histoire de Grandier, grdce au Dictionnaire philosophique , est connue de tout le monde : I'ouvrage que nous annoncons unit a I'interdt nouveau d'une action assez bien liee une peinture plus com- plete des principaux acteurs de cette sanglante tragedie; mais , dans un ouvrage d'imagination, nous ne devons pas negliger les moyens que nous fournit I'etude de I'eloquence, de graver plus profonde- ment dans les ftmes le sentiment que nous y voulons faire naitre; d'exciter a un plus haut degre les passions genereuses contre I'hy- pocrisie, les delations , I'injustice et tons les vices qui font le mal- heur des hommes; et il faut convenir que, sous ce rapport, quel- ques sce:"e de Melcour. La surprise et la douleur concentree de Valmont, ime longue maladie produite par le cha- grin , ses succes dans la peinture, un voyage en Italic et a Naples eteignent son amour, tandis que celui de Ijydie se rallumait poui lui. Mais dcja Valmont ne vcut plus se marier; Lydie , de son cote , promet qu'elle ne portera pas d'autre uom que le sien, et, contente de vivre son amie , elle repousse les propositions d'un marquis de C***. Ainsi , cinq mariages sont manques, et tons, excepte le dernier, par suite de In coquetterie, de la legerete, de la vanite de rheroine : tel est le hut moral de I'ouvrage. Les caracteres y sont hien traces; la jeune ardeur d'Alphonse , et la franche cordialite de 8i6 LIVRES FRANCAIS. son p6re ; la fatuite d'Adh^mar , et la ronde bonhomie de Pieval ; les vertys h^roiques de Valmont, et I'incoustance vaniteuse de Lydie, tout cela forme un tableau vivant et anime, dont les figures variees interessent par les contrastes. L'intrigue est simjiie et nalu- relle, sans aucun de ces evenemens qu'on appelle romanesques, et qui le plus souvent manquent de vraiseniblance. Eiifia, le style est clair , elegant et facile : on n'aurait que des eloges a donner a I'ouvrage , si I'auteur ne s'amusait quelquefois h developper les replis les plus imperceptibles du coeur humain; ce qui lui donne un certain air d'affeterie et de marivaudage. Mais ces taches legeres ne sauraient nuire au m^rite reel de ce r-" ^an, qui sera lu avec un vif interdt. J. 407. — Ricardo le proscrit , traduit de I'anglais par M***, auteur et traducteurde plusieurs ouvrages. Paris, 1824; Boulland et Com- pagnie. 4 vol.in-12 ; prix 10 fr. o Qui oifl la ? furent les moCs qui retendrent aiix oreilles de la terrifiee ylngela, etc. » Ce sent aassi ceux qui commenceiit le roman ; et si la premiere phrase fait pressentir dans le style une negligence im- pardonnahle, il faut bien convenir que I'auteur n'a rien fait pour detruire cette idee. Angela , son heroine , abandonne la maison paternelle pour ne pas epouser un baron de Steinberg. Elle tombe d'abord entre les mains de Ricardo, qui, proscrit pour avoir tue son adversaire dans un duel sans temoins, s'est fait chef de brigands; il sauvela vie a Angela, et la remet a la comtesse de Vanburgh, son amie d'enfance. Je ne la suivrai point dans les voyages que lui fait faire I'auteur , ni dans les evenemens fort communs qui remplissent les volumes de ce roman : quelque part qu'elle aille, une destinee propice lui am^ne des amans, enlre lesquels elle choisit enfin le baron de Saint- Alme, qui n'est autre que ce Ricardo le proscrit , dont on a parle au commencement du premier volume, et qu'on a en- suite perdu completement de vue. — II serait trop long de transcrire les innombrables fautes de franc:us qui dtligurent cet ouvrage. On le donne pour traduit de I'anglais; mais, quand on vent traduire, ne pourrait-on pas choisir un meilleur niodele ? et quand on tra- duit, ne devrait-on pas au moins ecrire correctement sa langue ? — Je suis fdch^ d'etre oblige d'appliquer cette derniere observation aux deux Nouvelhs de M">e de F'lrsselles , qui formentle quatrieme "volume ; Eugene d' Erbigny , ou le Poiiyioir de f amour materncl ; et Iso- line, ou les Avantages du sang-froid. B. J. BEAUX-ARTS. 817 Beaux-Arts. 408. — *CEuvres completes dePAi^Lxmo. Notit>elle edition , dirig^e par Chaput, ancien elevede I'Ecole poly technique, et Amedee Beugnot, ;irchitecte. Deuxi^nie livraisoii. Paris, iSaS ; Correard , 6diteur, rue Traversierc-Saint-Honore, 11° 33. In-folio ; prix , 6 fr. pour les sous- cripteurs, et 8 fr. pour les non-souscripteurs. (Voyez ci-dessus, cahier de fevrier, page 534.) Parmi les auteurs dont le nom est devenu classique en architec- ture, il n'en est pas de plus justement celebre que Palladia. Ne a Vicence au commencement du 16"^ siecle , il contrihua plus que tout autre a donner I'heureuse impulsion qui fit servir I'clude des ancieus a la renaissance des beaux-arts. Les anciens furent ses maitres et ses modeles ; c'est dans I'examen approfondi de ce qui nous reste de leurs ouvrages qu'il puisa ce gout exquis et ces principes severes qui en ont fait un guide sur pour les eleves et les amateurs de la belle ar- chitecture, dont il est le veritable restaurateur. Son merite, juste- ment apprecie par I'ecole actuelle, faisait regretter que , malgre le grand nombre d'editions de ses oeuvres , publiees dans presque toutes les langues, leur succes les eut rendues tellement rares , qu'il etait presque impossible de s'en procurer un exemplaire. Dans ces cir- Constances , on a cru qu'une nouvelle edition de I'oeuvre de ce grand maitre serait favorablement accueillie. Les nouveaux editeurs ont profile de plusieurs avantages que n'avaient pas leurs predeces- seurs : les arts da dessin plus repandus, I'existence d'ouvrages eten- dus sur des niatiferes qu'avait seulement indiquees Palladio , ont permis d'offrir au public une edition plus complete et plus econo- mique que les precedentes.L'oeuvre de Palladio comprend ses qtiatre Uvres d' Architecture , et son traite des Termes , qui pent ^tre considere comme un annexe du quatrieme. Les planches de I'edition originale, gravees sur bois , etaient exccutees grossi^rement ; on y remarque heaucoup d'incorrections et de frequentes contradictions entre le texte et les planches : les m^mes erreurs sont communes a presque toutes les autres editions, si I'on excepte une partie de celle de Leoni , qui est d'un prix tres-eleve. — Un autre ouvrage fort estime , mais d'un prix plus eleve encore , et tres-rare d'ailleurs , est celui d'Octave Scamozzi , qui renferme dans deux cents planches grand in-folio, avec un texte proportionne , la description des baiimens construits par Palladio, ou dont il a doune les dessins. II peut dtre considere comme un developpement d'une partie du ao et du .Si 8 LIVRES fran(;ais. 3« livres. Iiicorporer I'ouvrage de Soamozzi clans celui de Palladio, en rectiCant et completant celui-ci ; joindre a ces deux ouvragcs le traite des Terines , avec les Commentaires de Cameron , tel est le plan suivi dans cette nouvelle edition , qui n'est point nne copie sei- vile des editions precedentes. Ce plan presentait de noinbreuses dif- ficultes d'ext'cution. Les editeurs se sont adjoint des architectes du plus grand inerite , tels que MM. Molinos , Vaudoyer, Hujot, Gues- nepin , Peyre, Charles, etc., qui les aideront de leurs conseils , et leur fournifonl des documens precieux. M. Molinos leur a deja com- munique un travail extremement important, du a lui et a M. Le- grand , comprenant de nombreuses rectifications faites a I'ouvrage de Desgodets , en presence m^me des monumens qu'il decrit, et qui sera fort utile pour rectifier les dessins des temples de Palladio , encore moins exacts et detailles. Forts de tels auxiliaires , les nou- Teaux editeurs osent esperer qu'en reunissant ainsi dans un seul corps d'ouvrage ce qui se trouve 6pars dans plusieurs qui sont rares , ou dispendieux , ils auront offert le travail le plus complet , leplus exact et le plus utile qui ait encore ete fait sur les CEUvi-es de Palladio. — Cet ouvrage est principalement destine aux architectes, et surtout aux el6ves des ecoles d'architecture, par lesquels il etait vi- vement desire. Sans parler ici de I'utilite indirecte dont il pent etre pour les autres artistes, et raeme pour les liommes du monde qui apprecient I'etude des beaux-arts, nous croyons que dans ce mo- ment , oil tant de constructions nouvelles s'elevent de toutes parts , il sera recherche par la classe nombreuse des entrepreneurs, qui y Irouveront des modeles d'un grand nombre de maisons de ville et de campagne, que de legeres modifications peuvent adapter a nos usages. — Enfin, le soin apporte a I'execution des planches etle luxe typographique luidonneront le droit d'etre place dans les plus riches bibliotheques ; et la modlcite de prix que permet la lithographic n'en privera pas I'eleve studieux qui joint a I'amour de son art le besoin de I'ecoaomie. Z. /}oq. — * forage pittoi esqiie de la Grece; par M. G.-F.-A. comte DE Choiseul-Gouffier, ancien ambassadeur de France a Constanti- nople; de I'Academie francaise et de celle des inscriptions et belles- lettres. 3 vol. grand in-folio. — i'^' volume, 1782. — xii et 204 p. 100 planclies representant 126 sujets, 2 cartes et i5 culs-de-lampe ou vignettes. — 2" volume, 1809. — iv et 846 p. 20 planches re- presentant 33 sujets , et 5 vignettes. — 3e volume ou 1" partie du second, xii et 168 p. — 48 planches representant 134 sujets, 5 viga. BEAUX- ARTS. 8i;) ou euls-de-lampe et le portrait de rauteur. Paris , Blaise, libraire- editcur, rue Ferou-Saint-Sulpice, n° 24. Prix 480 fr. Les volumes II et III se composent des chapitres i3, 14, i5, ifi et dernier, publics en quatre livraisons. Prix 320 fr. ; chaque livraison separee, 80 fr. — Ces deux volumes ayant ete imprimes a lui moiiidre nombre que le premier, les persounes qui negligeront de les retirer promptement seront exposees a ne pouvoir completer I'ouvrnge. Le premier volume de ce grand et magniflque ouvrage est en- tlerement consacre a la description historique et geographique de ces lieux si celebres de I'antiquite, dont la renommee, defiant les outrages du terns, semble s'6tre augmentee de I'admiration des sie- cles. — Coron , Melos , los ,. Thera , Naxos, voila les noms qui retentissent encore dans nos souvenirs, et qui ouvreut la relation de M. de Clioiseul. Les autres iles, les villas celebres de la Grece ne sont pas non plus oubliees : I'auteur expose en mdme terns et ce qu'elles furent jadis , et ce qu'elles sont aujourd'bui. Les mines des monumens antiques , les sites pittoresques, les ceremonies mo- dernes , tels sont les sujets de ces descrijitions si attacliantes pour le lecteur, parce qu'il y reconnait constamment I'amour de ce peuple extraordinaire qui a rempli I'univers de sa gloire et de ses bienfaits, et qui se releve maintenant d'une nianiere si glorieuse pour reprendre sa place parnii les nations civilisees. — Mais c'est surtout dans le volume suivant qu'on aime a suivre I'auteur, soit qu'il continue les descriptions geographiques du ])remier, soit que , se livrant a sa passion pour ces venerables aiitiquitcs inimortalisees par Homere, il aille, dans la Troade , reconnaitre le camp des Grecs et les tom- beaux des heros des vieux Ages. La reparaissent, sans sortir du do- maine de la geographie et de Thistoire, les noms poetiques d'Ajax et d'Hector, de Priam et de Menelas , du Gargare et du Simo'is. Una douce et triste rdverie nous fait errer sur ces bords fameux d'ou se sont epandues sur I'Europe les lumieres de la civilisation.. Tout ce qui a frappe notre enfance,dans la philosopbie comme dans la guerre, dans le commerce comme dans les arts, se reveille chez nous avec les noms des lieux qu'illustrerent jadis les arts, le com- merce, la guerre ou la philosopbie. Nous suivons avec luie entifere confiance le guide aimable et savant qui nous ouvre la route, et notre esprit n'est plus assez calme pour examiner le reproche qu'on a fait a M. de Choiseul-Gouffier de s'etre laisse dominer par son imagination, quand il a cru retrouver les tombeaux d'llus et de Patrocle : disous mieux, nous les retrouvons avec lui. Qui ne par- tagerait son enthousiasme , quand il nous montre la source chaude 8ao LlYllES FRA1NCA.IS. et la source froide du Scawiandre, et le chantre d'llion Cdele dans les moindres details? Qui iie s'ecrierait avec lui , en rendant hom- mage au beau talent du traducteur des Georgiques et de TEneide : «Bient6t je m'affligeai de ne point partager les impressions que j'ejiroiivais avec I'ami le plus digne de fouler ce sol poetlque. Le brillant emule de Virgile s'etait laisse enlever aux applaudissemens de Paris; je I'avais conduit a Athenes, a Smyrne; et une annee entiere j'avaisjoui, sur les rives du Bosphore, de toutes les qualit^s de son coeur, de toutes les richesses de son talent. 11 n'avait pu, en entrant dans I'Hellespont , que saluer de loin le mont Ida ; et mal- heureusement il n'etait plus avec nioi lorsqu'il me fut possible de m'en rapprocher et de reconuaitre ces mines d'llion : il obtenait alors de nouveaux succ^s dans cette m^me patrie, qu« bienlot il fut force de fuir, et dont les nialheurs devaient niontrer en lui la rare alliance d'un art enchanteur et du plus beau caractere. De quel en- tbousiasme ne se fut pas enivie le chantre de rimagination , en parcourant les champs ou fut Troie! et quel plaisir pour lui de re- dire , a I'aspect du Xanthe et dn Simo'fs , les beaux vers que sa muse lui avail inspires pour le prince des poetes ! » — Voila le style de M. de Choiseul-Gouffier. N'y reconnait-on pas le langage du coeur et I'expansion d'une anie ainiante qui veut faire partager aux autres les affections qui I'occupent tout entiere? Aussi attache-t-il tou- jours le lecteur, et reveille-t-il sans cesse son attention. — La deuxieme partie du second tome , qui forme reellement un troisieme volume, offre la suite de ses recherches sur la Phrygie du icms d'Homere, et presente, en outre, la description de Constantinople et de ses diverses parties, avec les differens costumes usites parmi les Turcs. On Irouve aussi une table des mati^res et une table generale des planches, ainsi qu'une Notice de M. Dacier sur la vie et les oiivrages de HI. de Choisetil-Couffier ; une autre de M. de Feletz. ; un extrait de son eloge par M. Laya, son successeur a I'Academie francaise, et de la reponse de M. de Levis. — Le Voyage pitlores que de la Grece, si grand, si important par lui-mdme, acquiert un nouvel inter^t par les circonstances au milieu desquelles on le voit paraitre. M. de Cholseul, mort en 1817, ne vovait pas encore la Grece regeneree renaissant de ses cendres par la puissance de la liberty. II s'excusait presqne des vceux qu'il formait pour les Hellenes, et ne laissait tomber qu'en tremblanl les premiers mots de ce vers qui doit 6tre la devise de tous les opprimds : Exoiiare aliquis... BEAUX-ARTS. Sn Aujourd'hui que les Grecs ont, par leur courage et leur energie, exauce le voeu du voyageur francais ; aujourd'hui que la victoire a prononc^ pour eux : Exoriare aliqais nostris ex ossibus iiltor! La Gr^ce est redevenue ce qu'elle fut jadis : tout le monde veut la connaitre : la philanthropie sourit a ses destincesnouvelles; lapoesie de I'Europe entiere celebre ses triomplies ; un enthousiasme gene- ral s'est empare des esprits : et , au milieu de ce mouvement uni- versel , apparalt le livre le plus propre a faire apprecier cette con- tr^e poetique et cette heroique nation : c'est le voyage pittoresque de M. de Choiseul-Gouffier : remarquahle par le siyle, la verite des descriptions, la beaiite du papier, de I'impression et de la gravure, il reunit tous les avantages et merite I'attention et les suffrages des nombreux amis de la Grece et de la gloire nationale. J. 4io. — * Un mois a Fenise. Recueil de vues pittoresques, dessinees par M. le comte de Fokbin et M. Uejuinne, peintre d'histoire; lithograpliiees par MM. Arkout, Aubry-le-Comte, Coupiif, Fra- GONARU , MaUZAISSE , ScHRIIDT, VaUZELLE , ViLLENEUVE , CtC. ; et accompagnees d'un texte explicatif ; deuxieme livraison. Get ouvrage se compose de trois livraisons qui comprendront, chacune, cinq planches et dix a qulnze pages de texte. Le prix est de 20 fr. chaque livraison. Paris , 1823 ; Engelmann , rue Louis-le-Grand- J'ai deja parle avec quelque etendue de cet ouvrage (voy. Rev. Enc; t. XXIV, p. 494)') les eloges que j'ai donnes a la premiere livraison s'appliquent egalement a la seconde ; les planches ne sont pas moins interessantes , et elles sont aussi bien executees. II n'y a done pas de doute que cette collection , digne d'attirer les regards de tous les connaisseurs , prendra rang parmi les voyages pittoresques les plus estimes. Les vues dont se compose la seconde livraison sont : Pont des Soiipiis, Scene de caniaval. Les prisonniers, en sortant du tribunal de I'lnquisilion , traversaient ce pont redoutable pour aller niourir dans les prisons d'etat; de la, ce nom si expressif et qu'il etait impossible de prononcer sans eprouver une sorte de serrement de coeur. Les auteurs ont bien fait de mettre sous les yeux ce rappro- chement qui frappait continuellement les regards des etrangers : un horrible despotisme et une licence effrenee. C'elait un des caradteres. distinctifs de Venise. Ulncerieiir et le bapiistaire de I'eglise Saint-Marc. Cette eglise est un des inonumcns les j)lus extraordiuaires que I'architecture ait enfantcs : melange de tous les styles et de toutes 8i2 LIVRES FRANCAIS. li's matieres, Ics marbres et les ornemens les plus precieux y soiit employes avec profusion. Pendant un grand nombres de si^cles , I'eglise Saint-Maic s'est enrichie des depouilles de I'Orient; les terns sont bien changes ; le lion de Saint-Marc n'a pas survecu a la perte de sa liberie ; et Venise , tout enti^re y s'avance vers sa mine. Serenade ■venitienne. — Scene de jalousie. — I' Assomption , dii Titiejv. Les auteurs de ce voyage ont pense, avec raison , que la description pittoresque de Venise devait comprendre quelques-uns des chefs- d'oeuvre des peintres qui ont porte si haut la gloire de I'ecole venitienne; aiusi , outre le tableau que je viens de designer, on trouvera dans la troisieme et derniere livraison une production de Paul Veroni^se. On raconte , dans le texte, comment VAssomption , I'uue des plus belles creations du Titien, est restee pendant des siecles , pour ainsi dire , ignoree , et quelles sont les circonstances qui Tout fait retrouver. Je renvoie a I'ouvrage meme pour y puiser les details de cet evenemeat qui ne sont pas sans interet. P. A. 4ii. — * AnUqidtis de I' Alsace , ou chdteaux , eglises, et autres raonumens des departemens du Haut-Rhin , et du Bas-Rhin , avec un texte historique et descrlptif , par MM. de Goi-bery et Schwei- ghjEUSEk. Bas-Rhin , par M. Schweigh/euser. i''" et a° livraisons , public par G. Engelmann. Mulhouse et Paris, Engelmann. a caliiers in-folio contenant Sa pages de texte et 8 planches. 412. — * Annales du Musee et de I'Ecole rnoderne des Beaux-Arts; par C.-P. Landon. — Salon de 1824. 7* et 8'^ livraisons, commencant le tome 11". Paris, 1825 ; au bureau dos Annales du Musee, rue des Bons-Enfans , n° Sa ; deux cahiers in-S" , formant 3a pages. Prix de cliaque livraison, 3 fr. , et 6 fr. papier velin. Ou ajoute aS cent, par livraison, pour le port par la poste. (/^q/. ci-dess'is, p. 2a6. ) Ces deux livraisons contiennent les gravures au trait de vingt tableaux et de trois sculptures , choisis parmi les ouvrages exposes par M'oes fiersent , Haudebourt-Lcscot , MM. Gerard, Carle Fernet, Cortot , Scheffer , Destottches , Duds, Ansiaux , Heim, Coignet , eX. T^\n- sieurs autres artistes distingues. Mernoires et Rapports de Societes savnnte.t et cTutilite publiqiie. 4i3. — Societe des Lettres , Sciences et Arts de Metz. Stance generale du 24 mai 1824. Metz, 1824; imprimerie de Lamort. In-8° de 116 pages. 11 n'est pas besoin d'etre Messin pour lire avec beaucoup de I MEMOIRES ET RAPPORTS. 8'^3 plaisir les discours prononces dans cette stance de la Societe de Metz : rimportance et la variete des sujets traites par les orateurs suffisent pour fixer I'attention par I'attrait d'une lecture instruc- tive, et qui satisfait souvent la simple curiosite. M. Ponceiet, capi- taine du genie, president de la Society etMessin , a ouvert la seance par un discours stir Petal des arts dans la ville de Metz , aux diverses epoqiies de son histoire (i). En remontant jusqu'a I'epoque de I'oc- cupation des Gaules par les Romains, il rappelle ce que ces con- querans avaient fait pour la capitale des Mediomatriciens ; cot aque- duc gigautesque qui ameuait les eaux de si loin, cette naumachie , ces thermes , cet amphitheatre dont on voyait encore des ruines, il y a deux siecles ; ces debris de colonnes , ces temoius d'une ancienne splendeur que les fouilles decouvrent partout dans le sol de cette cite. Toute cette magnificence disparut sous les ruines qui mar- querent partout le passage d'Attila. Enfui, Charlemagne commenca la restauration de Metz ; il y fonda des ecoles , mais dans des ab- bayes , et principalemeut pour former des chantres el des organistes. Cepeudant , cette faible impulsion mit les esprits en raouvement ; Metz eut bientot ses romanciers et ses poetes ; de grandes foires attirerent le commerce, des courses de chevaux furent instituees. Apres des luttes opiniatres et souvent ensanglantees, Metz parvint a se constituer en republique, et les tems de liberie dont elle jouit sont marques par des progres rapides dans la science de I'adminis- tration et dans toutes les connaissances qu'elle suppose : cette epoque est la plus brillante des annales messines. Ce que nous avons rap- porte de I'histoire ancienne de cette ville suffit pour donner une idee de I'interet que M. Poncelet a su repandre sur un sujet aussi digne d'etre traite avec etendue, et qui convenait si bien a une se5nce publiquede la Societe de Metz. — Le secretaire, M. Devilly, a rendu compte des travaux de la Societe pendant I'annee prece- dente : il avait beaucoup a dire. II s'est occup6 d'abord de deux me- moires de mathematiques , Tun de M. Poncelet , sur les centres des inojennes hannoniqiies des figures , qu'il faudra joindre a I'ouvrage de ce geometre sur les proprietes projectives des figures , dont il est une suite, une partie integrante; I'autre, de M. Woisard , qui, applique la geometric au calcul integral , et resout par ce moyen nouveau plu- sieurs cas de I'integration des equations differentielles. — Le cal- (i) Metz, 1824; Lamort, iniprimeur de la Socitte. In S' de 37 pages. «a4 LIVRES FRANCAI.S. caire bleu 4 gryphites, des environs de Metz , a ete robjet d'uii memoire de M. Simon , et ce memoiie a provoque les observations geologiques de M. de Gakgaw sur la m^me contree. Dans les niarnes et rognons arrondis qui recouvrent, fux environs de Metz, le cal- caire a gryphites , M. de Gargan a tronve des fossiles, tels que des vert^bres de crocodiles, des dents de poissoiis et des coquilles. Comme quelques-uns de ces anciens debris d'aniinaux font saillie sur les rognons dans lesquels ils sont empates , il parait constant qu'ils n'ont pas ele roules. Deux mcmoires de M. Serujllas sur des combinalsons d'iode apprennent de nouveaux faits chimiques, et promettent de nouvelles ressources a la pbarmacie (i). L'une de ces combinaisons (le proto-hydriodure de carbone) est trfes-remarquable par son odeur agreable, etheree, p^netrante , et par une saveur tr^s- sucree. Nous trouvons plus loin I'indication d'une nouvelle roue hydraulique, imaginee par M. Poncelet. L'auteur n'ayant pas en- core mis la derniere main a ce travail, nous attendrons avec im- patience qu'il le juge digne d'etre public. — Les aiitiquaires du dcpartement de la Moselle ne sont pas oisifs; les de(X)uvertes se multiplient, et I'liistoire en profile. On lit avec inter^t, dans ce recueil , une note de M. Teissier sur un pave en mosaique decou- vert a Audun-Ie-Tiche , village eloigne de trois lieues A^ Audun-le-Ro- man , autre village compris dans le mi-nie canton, mais qui, avant la nouvelle division territoriale de la France, avait appartenu a des (l) Ces Memnires de IVI. Seruilas ont ete inserts dans les Annates de chimie, le premier daos le tome XXII, et le second daus le tome xxv. L'au- teur les a fait imprimcr separeuient ; le premier est intitule : Sur I'Hydrio- dure de carbone , par M. SrruUas, pbarmacien en chef et premier professeur de rii6pilal militaire d'iustruction de Metz. Metz, i823 ; Antoine, imprimeur. In-8° de 28 pages. Le second a pour titre, Nouveau compose d'iode, d'lijrdro- genc et de carbone, om proto-hjdriodu re de carbone, elc. Metz, 1824; Dasquet, impr. lu-S" de 22 p. — M. SeruUas, poursuivant ses reclierclies sur I'iode , a combine cette substance avec le cjanogene , et forme uu troisierae compose qu'il nomme cyanure d'iode. Un memoire sur ce produil cliimique a ete im- prime daus le tome XXVII des Annates, et se trouve aussi a Metz, cliez Dosquet. Le cyannre d'iode a des proprictes tres-remarquables : susceptible de cristalliser , soluble dans I'eau et donnant une dissolution d'une tres- grande pcsanteur speciCquc : odeur piquante; ses vapenrs irritant vivement les yeux; sa saveur est extrememeut caustique. M. SeruU.is ue la croit cepen- dant pas aussi deletere que la nature de ses elemeus semble I'iudiquer, ct il peusc que la niedecine lui trouvcra quclque application. MEMOIRES ET RAPPORTS. 82 5 provinces distinctes, et ne reconnaissait ni les memes Iribunaiix , ni la m^me juridiction ecclesiastique. — Des observations grammati- cales sur \e particlpe , par M. Thiel, paraissent meriter beaucoup d'attention, et Ton I'egrette que I'auleur ne les alt pas encore pu- bliees. — La Societe avail mis an concours, pour i8a4 > 1* question suivante : Quelle a ete , dans ces derniers terns , V injiuence de V etude des sciences eocactes stir les productions piireinent Utieraires P \]n rapport interessant fait par M. Thiel, sur le resultat de ce concours, fait decerner le prix a M. Nicox, professeur de rhetorique au college de Montpellier. — On lit une Notice sur le comte Emery, pair de France, merobre honoralre de la Societe , ancien depute du bailliage de Metz a I'Assemblee constituante. — Enfiti , le programme du concours de 1825 termine la seance. Deux medailles seront decer- nees , I'une de 200 fr. , an meilleur traire pratique et theorique sur la fabrication du sucre de betteraves , et I'autre de i5o fr. , au meilleur memoire sur le sujet suivant : Etablir , par les monutnens et par les fails tires de I'histoire ou des chroniques , I'etat successif des sciences et des arts dans le pays messin , dcpuis le xil° siecle jusqu'au xvi^ inclusi- vement. — Nous le repetons encore, la Societe de Metz a bien em- ploye son tems, et ses menioires pourrout ^tre consultes trfes- utilement. F. 4 1 4- — Seance puhlique de lo Societe libre d' emulation , tenue le 9 juin i824- Rouen , 1824; imp. de F. Baudry. i vol. in-8°, i3i pa". avec fig. Le but special de cette societe etant d'encourager les arts indus- triels , auxquels la ville de Rouen doit .sa prosperite, nous com- mencerons I'examen de ce recueil par le rapport de M. Bouteiller, fils , sur la distribution des medailles d'encouragement. Nous cite- rons parmi les noms remarquables, MM. Nekon et Kurtz pour \euTS foulards sur sole , et pour leurs sclials de tissus croises, ea coton, imprimes , imitant les schals de laine dont ils reproduisent les dessins; M. Prosper Pimo'st , pour des prodults semblables a ces derniers, et portes a un degre d'Imitation encore plus parfait ; M. Ba.- TAiLLE qui a obtenu une medaille d'argent pour I'etablissement et le perfectionnement d'une fabrique d'acide pyroligneux, a Blangy, pres Neucbatel. Cinq autres medailles d'argent ont ete decernees, savoir : a M. Thourin , d'Elbeuf , pour sa machine perfectionnee a tondreles draps ; a MM. Senechal et compagnie, du grand couronne, pour du tulle de coton , a maille fixe , en point de dentelle, fabri- que mecaniquement , et egal en beaute a rehii des manufactures 826 LIVRES FRANCAIS. anglaises; h M'""-" Flaky , de Rouen , pour la qualite et la solidife de ses cartons a presser , dont elle fait des envois en Italic, en Es- pagne, en Portugal et en Danemarck ; a MM. Lefeevre et Bar- THKLEMY , de Rouen , dont la fabrique pour I'encollage des colons , donne des produits qui surpassent en beaute et en qualite la colle que Ton achetait a I'etranger : a M. Chevalier, raecanicien ebe- niste, pour I'eclat et la solidite de ses vernis, dont 11 a fait connaitre a la societe la recette et les precedes. — Ces nombreux temoignages d'encouragenient , accordes a I'industrie departementale , ne sonl pas les seuls travaux consignes dans ce recueil. En choisissant pour I'epoque de sa seance publique I'anniversaire de la naissance de Corneille, du createur de la sc^ne franca ise, la Societe d'emulation de Rouen se rappelle , comnie I'a dit son president , que I'amour des lettres a toujours regno concurremment avec le gout des sciences et I'industrie dans la patrie des deux Corneille eX. de Fonlenelle. Fidfele a la litterature classique, M. Le Marquis a presente, dans le dis- cours d'ouverture, des considerations spirituelles et ingenieuses sur I'ecole romaniiqtie , et particulierenient sur le caractere distinctif de ses productions en France et dans les contrees ctrangeres. II ne considere ce genre que comnie une des nuances varices a I'inCni que peut offrir la litterature , conime une maniere en vogue aujourd'hui , convenable a certains tableaux seulement , mais dont la mode vou- drait en vain generaliser I'emploi. Une notice liistorique tr^s-eten- due, pleine de recherches erudites ir/r /e tombeau des enerves de Jn- mieges, et sur quelques decorations iiitcrieures des eglises de cette abbaye, donne a ce recueil un degre d'inter^t litteraire fort attacliant. Elle estdue a M. Hyacinthe Langlois, du Pont-de-rArche, dontlaplume rivalise avec I'elegante perfection de ses crayons. Dans cette notice , I'auteur, penctre de I'importance de I'illustre abbaye de Jumieges, sous le rapport de sa structure et du role qu'elle occupe dans I'his- toire de la Normandie, s'empresse de jeter un coup d'oell rapide sur les principaux evenemens des annalcs d'un monument , dont le sol bouleverse n'offrira bientot plus qu'un amas de mines eparses et informes. II demontre que le torabeau des enerves, que renfer- niait cette abbaye avant la revolution, et qui, dans une legende francaise desainte Batbilde, nianuscrlt du fonds de Cange, conserve a la Bibliotheque royale , est considere comme le tombeau de deux fils de Clovis II et de Bathilde, premiers-nes revoltes contre lour pfere, et supplicies par ordre de leur nifere, n'appartient point au vm* ou ix' siecle , et encore moins a nn terns plus recul^. II refute , M^MOIRES ET RAPPORTS. 827 comme une fable , I'erreur long-tems accreditee de I'existence de ces pretcndus fils de Clovts II et de leur enervation , au moyen de la rupture ou de la cuisson de leurs jarrets. II prouve, d'apres une t^te, seul debris conserve de ce tombeau , et dont il donne plusieurs figures , comparativenient avec d'autres analogues , que ce celebre niausolee ne peut remonter a une epoque plus eloignee que la moitie du xiii"^ siecle. — Un tableau analytique des genres et des especes de lichens , decouverts jusqu'a ce jour aux environs de Rouen , quelques observations sur la fondation d'une compagnie etablie dans cette ville, pour la distribution du gaz portatif extrait d'huile pour I'eclairage, et un resume des nouvelles experiences faites pour le chaulage du ble , a I'aide du sulfate de cuivie ( vitriol bleu ) com- posent les principaux articles du ckapitre des sciences dans cet utile recueil. B. G. 4i5. — Memoires de la Societe d'emulation de Cambrai. Seance publique du 16 aout 1824, sous la presidence de M. I'abbe Servois, vicaire general du diocese de Cambrai. Cambrai, 1825; Bertboud , imprimeur du Roi. In-S" de 464 pages. Nous serions beureux de pouvoir etendre a toute la France le jugement que Ton portera de Cambrai , apres avoir lu ces memoires. On dirait que cette cite est encore dirigee par I'esprit de Fenelon. Le sage, simple et eloquent discours du president, I'expose lumineux des travaux de la Societe durant I'annee academique , les rapports interessans sur les concours sunt suivis de deux pieces de vers qui rappellent une perte recente et douloureuse ; ce sont deux produc- tions de M'"*! Dufrenoy, auxquelles la Societe avait decerne une lyre d'argent. Six autres poetes , mentionnes bonorablement , ont aussi depose dans ce recueil les compositions qu'ils avaient envoyees au concours. Le concours pour le prix d'eloquence n'avait pas ete aussi productif; le sujet etant determine, et peu connu hors du petit cercle des erudits francais, il n'y a point eu de concurrence. Cependant, la Societe a recu un mcmoire qu'elle a juge digne du prix : c'est une notice historique et litleraire sur Pierre D'Ailly, ev^que de Cambrai au quinzieme siecle; par M. Arthur Dinaux , de Valenciennes. Ce n'est point un eloge academique; I'erudition , la sagesse des pensees et I'exactitude bistorique recommandeiit assez le travail de M. Dinaux pour que Ton n'y clierche point de I'elo- quence. — Trois memoires de rnedeciue, deux de cbimie et un de physiologic vegetale temoignent que la societe de Cambrai ne ne- glige pas cette division de connaissances bumaines. — La litterature 828 LIVRES FRANCAIS. termiue le volume par une nouvelle de M. Gi.ay, le Captif du Forestel ( oiqx. cl-dessus , p. Saa ), et un conte en vers, par M. Delcboix. Ces compositions diverses sont necessaiiement inegales en merite litteraire; niais on ne trouve dans aucune rieii que le bon goiit desavoue , qu'une morale severe ne puisse admettre ; rien , en un mot , ne fait douter que ce recueil ait ete public dans la ville de Fenelon. F. Ouvrages periodiques. 4if>. — * Revue Protestante , paraissant tous les mois, par livraisons de 3 feuilles. Paris , Dondey-Dupre, pfere et fils , rue Richelieu, n° 67; et au Marai- , rue Saint-Louis, n° 46- Prix de I'abonne- ment : pour Paris, 10 fr. ; pour les departemens, 12 fr. ; pour I'etrangcr , 1 4 fr- Ce recueil est digne de I'interet de tous les amis de la tolerance, et de tous ceux qui s'occupent des progres des sciences religieuses. II est redige par un assez grand nombre des pasteurs et des profes- seurs les plus distingues de I'Eglise reformee de France. C'est le premier recueil de ce genre dont les redacteurs aieut place leurs noms a la t^te des pages oii ils defendront la tolerance, ou ils ex- poseront leur avis sur les nombreuses questions qui se rattachent aux convictions religieuses de I'homme. — Le prospectus annoncait un plan vaste et des idees elevees ; les livraisons qui out paru jus- qu'ici nous paraissent acquitter ces promesses. On y remarque spe- cialement une introduction, oil I'auteur, M. Charles Coquerel , redacteur de la Bevue Protestante , et I'un des coUaborateurs de la Revue Encyclopedique , presente les rapports de sciences naturelles et pbj-siques avec la revelation ; dans la seconde livraison , cntre autres articles remplis d'inter^t, des details nouveaux et importans sur les populations religieuses de TAmerique , par le celfebre savant M. DE Humboldt , qui n'est etranger a aucune des connaissaiices humaines. Z. ^in — * Journal des iquette. — La gaaette geographi- que conlient une notice fort curieuse sur lady Esther Stajvhopb , voyageuse infrepide, qui se trouve actuellement dans les montagnes de Syrie, ou son existence et ses occupations sont un mystere incom- prehensible pour les Arabes de son voisinage. L'influence que cette etrangere exerce sur les pachas de Damas , d'Alep , d'Acre, de Tri- poli, en un mot, sur les cotes de la Turquie asiatique, est un fait des plus remarquables. C'est a un nouveau recueil italien tr^s-recom- mandable , et que nous avons annonce avec soin , y4nnali universali distatistica ( Voy. Rev. Enc. t. xxiv, p. 4i3 , et ci-dessus , p. 760 ) , que cette notice est empruntee. On voit que les redacteurs fraucais savent faire un bon choix , et tout annonce que le recueil qui leur est confie prosperera sous leur direction. 4 1 8. — * Bulletin de la Societe de Geugraphie , T. Ill , u"^ ar et 22. M. UE i-A. RoQtJETTE , Tcdacteur. Paris, i8a5. In-S" de i34 pages. Arthus Bertrand , rue Hautefeuille , n° a3. — Ce Bulletin , qui vient de recevoir une nouvelle organisation , et qui promet d'offrir uu grand iuteret, parait , tous les mois , par uumeros de 4 feuilles d'impression. 8 numeros forment un volume. Prix pour Tanncc , T. x.w. — Mars i8a5. J>4 83o Ln RES FRANCMS. I a fr. , a Paris ; — i5 fr. pour les d(^partemens; — i8 francs pour I'Etranger. Le Bulletin pulille par la Societe de Geograpliie contiendra I'his- tolre et les resultats des tiavaux de cette Societe. Si la dignite dei premieres academies de TEurope leur permettalt d'imiter, au lieu de servir de module, elles adopteraient peut-etre aussi I'usage des bulletins , et communiqueraient ainsi plus frequemment avcc tous les amis de Tinstruction. On ne peut trop repeter line veiite qui devient chaque jour plus evidente, c'est que les Societes libres ont un sentiment, un insdnci de la route qui peut les conduire plus su- rement et plus tot a leur but , faculte que Ton ne remarque pas au meme de"re dans les institutions analogues qui n'onl pas la m4me independancc. La Societe d'cncoiiias:emeitt pour findttstrie nallonale est celle qui arentlu jusqu'ici les plus imjiortans services a la France, en excitant et encourageant les progr^s des arts industricls. Si la Societe dite des Bonnes ie«/-ei pouvait s'affranchir de la ridiculemanie d'etre une Societe politique et voulait devenir purement litteraire, elle fe- rait peut-etre plus que I'Academie francaise, en faveur de notre litterature. — La Societe de Geograpliie va fortifier par des preuves nouvellesl'opiiiion qui place les institutions libres a la tete de tous les movensdeperfectlonnement.Ses premiers essaisfurent lenfs,et mdme penibles ; elle parvint enfin a surmonter les resistances qui genaient ses mouvemens ; rien ne I'arr^tera plus dans la belle carricre oii elle est entree. Elle vient d'adopter , pour la redaction de son bulletin , un ordre qui en rendrala lecture plusagreable et plus instructive. Ce recueil sera divisc en quatre sections : la premiere comprendra \e» notices de decouvertes , d'ouvrages , de cartes , de journaux , etc. : elle doit 6tre metliodique , assujetie a un ordre fixe, et par conse- quent elle doit elre confiee ^ un redacteur responsable. — la se- conde sera I'analyse d'un ouvrage de geographic, d'un seul ouvrage pour chaque cahier, et ce travail sera confie a des membres desi- gnes par la Societe : les auteurs de ces analyses pourront signer leurs articles, ou rester inconnus. — La troisieme partie , ou sont rassembles les actes de la Societe , et la quatrieme, qui compresd le resume de sa correspondance , sont preparees dans le bureau de sa Commission centrale ; mais, ici , le besoin d'un ordre constant so fait encore sentir , et dela, lanecessite d'un redacteur responsable. Les motifs qui ont determine la Societe a regler ainsi le travail de son bulletin sont exposes dans un rapport fait a la Commission centrale par M. Roiuc , dans la seance du i4 Janvier de cette annee, OUVRA.GES PERIODIQUES. S3t et ce rapport, qui est lui-m^me uii memoire tres-remarquable, est i tisere dans le cahier que nous avons sous les yeux. On n'adoptera pour- tantpastoutes !es opinions du rapporteur : on pensera, parexemple. que I'iiiteret de riiistoire exige se\crement que I'ordre des faits ne soil pointchange.et que, par consequent, onne se permette point de grouper et d'assortir ccs faits pour le plus grand plaislr des lecteurs ; on demandera que Thistoire soit sterile dans les ferns de disette. ennuyeuse tneine , s'il le faut , pourvu qu'elle soit fidele. — Le cahier comprenant les numeros ar et 22 est redige suivant le nouveau plan. La premiere partie intitulee : Revue geographique , est d'une telle importance, que nous aurons a I'examiner soigneusement , en detail, ce que le tems ne nous permet pas aujourd'hiii. Plusieurs ouvrages relatifs a la geographic et des recifs de -voyageurs sent juges, dans ceXXe revue , autrement qu'ils ne I'ont ete dans les jour- naux : d'oii viennent ces differences d'opinions entre des juges auxquels on est porfe naturellement a supposer le m^me deTe de lumi^res et les memes sentimens d'equite ? Cette question n'est pas facile a resoudre; mais elle merite bien que Ton s'en occupe serieu- sement. — Dans la seconde section, M. de l^ Rewaudierf. fait I'analyse du P'ojnge dans la Republirjue de Cohinbie , etc., par M. MoUien. « En general-, ce nouveau voyage de M. Mollien sera consulte avec fruit, et hi avec plaisir, n^me par ceux qui, comme nous, ne sont pas d'accord avec lui sur tous les points. La carte qui I'accompagne aurait pu etre plus complete et plus exacte : un grand nonvbre de lieux cites par le voyageur ne s'y trouvent pas. .. — La troisieme section n'est pas celle qui sera consultee le plus sou vent, quoiqu'elle soit n<^cessaire a I'ensemble; mais la quatrieme abonde en documens qui setont employes avec confiance , non-seulement au profit de la geographic, mais de la statistique. Cette partie du Bulletin est peut-^tre celle qui donne a la Societe de Geographic le plus de droits a la reconnaissance du monde savant. F. 419. — * Journal des Avoucs , ou Recueil general des lois , ordon- nances , decisions des conseils d'etat et des ministres , arrets de la cour de cassation et des cours royales sur des matieres de proce- dure civile, criminelle ctcommerciale; public par M. A. Chauveau, avocat pres la coar royale de Poitiers. — On s'abonne a Poitiers , au bureau du Journal , rue de la Chaine , n" 2 , et a Paris , cher Artlius Bertrand , rue Hautefeuille , n«s3. Uo avocat distingue du barreau de Paris , M. CopFiNiEtiFs , est le premier fondateur de ce journal , dont Torigine rcmonte a I'annee 83a LIVRES FRANCAIS. i8io. II etait utile, en effet, de mettre les avoues a m^me de troii: ver dans un seul rccueil le tableau complet de la jurisprudence sur des matieres de procedure. Plus cette partie du droit est aride , plus on doit savoir {jre aux laborieux auteurs qui se chargent de rcclairer, soit par un corps de doctrine comme Tout fait MM. Pi- geau , Carre et Berriat Saint-Prix , soit ni(*me par un resume de la jurisprudence, dont M. Portalis disait qu'on ne pouvait pas plus se passer que des lois. Des occupations nomhreuses ont enipeche M. Coffinieres de continuer ce travail , et il a ete dignement rem- place par M. Chauveau , avocat a la cour royale de Poitiers. Ce jurisconsulte a dcja public deux volumes du Journal des Avoues ( les tomes 26 et 27 de la collection) et il nous paraissent en tont dignes des premiers. Ce recueil se recommande par une exactitude scrupuleuse des arrets et par une grande clarte de redaction. A. T. 420. — * Archives historiques et stalistiijues da departement du Rhone ; novembre et decembre 1824. On s'abonue a Lyon, chez J. M. Barret, place des Terreaux, palais des Aits; a Paris, chez Audin , quai des Augustins. Prix de I'abonnement ao fr. , a Lyon. Un cahier de 5 feuilles parait chaque mois; 6 cahiers forment un volume, avec une table des matieres. Le departement du Rhone est I'une des parties de la France qui attir^rent le plus, et dans tous les tems, I'attention des hommes d'etat , des commercans et des fabricans , des antiquaires et de tous ceux qui cultivent les sciences historiques. Les developperaens de I'industrie sont necessairement accompagnes de ceux de la statisti- que : on ne manquait done point de materiaux pour le travail dont ces archives sout robjet.)On avail deja une Description physique et politique du departement du Bhone , puhliee en 1802; mais ce n'etait qu'une notice ou rien n'etait approfondi. Afin d'obtenir une histoire et une statistique completes , le Conseil general du departement en a charge une commisson ad hoc. Cette commission , composee de neuf membres, a subdivise le travail : les uns se sont charges des recherches, et les autres de la coordination des materiaux et de leur emploi. Mais ceux-ci n'ont pas tarde a remarquer I'inipossibilite de lier entre elles des parties tronquees , defigurees et separees par des lacunes que Ton ne savait comment remplir. II s'agissait done d'agrandir le cercle des recheiches , d'appeler un plus grand nombre de collaborateurs et de consulter les hommes instruits, et m^me ceux qui, sans pretendre au savoir, anraient cependant re- OUVRAGES PERTODIQUES. 83^ Cueilli des fails relatifs an departement du Rhone. L'idee d'arriver jusqu'a ces connaissances eparses, au moyen d'un ouvrage periodi- que oil dies seraient deposees , s'est presentee sur-le-clianip , et telle est I'origine de ces arcliives. II ne s'agit done point ici d'unc entreprise litteraire dont I'inter^t soit le mobile, mais d'un travail dont le but est connu , I'etendue limitee , et qui sera tertnine d'autant plus tot, que des cooperateurs plus nombreux et plus capables vou- dront y contribuer. Mais, si tous les cabiers de ce recueil sont composes comme ceux de novembre et decembre 1824 , la collection n'aura point de limites assignables, et il faudra nous passer de I'histoire et de la statistique du departement du Rhone. Des ana- lyses d'ouvrages , des recherches geologiques poussees beaucoup plus loin que ne le demandent la statistique ou I'histoire, ce melange de choses bonnes en elles-mdmes, excellentes lorsqu'elles sont a leur place , cette veritable confusion disparaitra sans doute ; car on apercoit avec satisfaction dans cette production nouvelle tout ce qu'il faut pour lui imprimer la direction la plus utile , et pour la lemettre sur la voie , si des causes etrang^res parviennent quelque- fois a Tea ^carter. Suivant la definition de la statistique qu'on lit dans le premier article du cabier de novembre [^Considerations sur la statistique du departement du R/idne), cette science mettrait en oeuvre toute la geographic physique. Mais, quoiqu'elle en recoive de nom- breux materiaux , il en est cependant qui lui sont inutiles; et , en general, toute application d'une science a un objet parficulier la renfcrme dans les limites de cet objet. Toute la geognosie n'est pas dans la geographic physique, ni toute la geographic physique dans la statistique; et de la premiere de ces sciences a la dernlere, la transition immediate ne serait ni facile , ni satisfaisante pour les esprits justes. — Dans un article sur le Cercle religieux et Htleraire de Lyon, qui n'a rien de commun avec la statistique, et qui ne pent occuper dans I'histoire qu'une place bien obscure , on rencontre des verites de tous les tems et des erreurs du moment, des traces de quelques passions politiques dont malheureusenient presque aucune production litteraire ne pent se dire exempte. Dans I'insfitution de I'academie des bonnes letlres et des societes analogues a celle-la , ce qui a subi un ridicule mcrite , ce sont les pretentions de refor- mer un monde dont on partage , plus qu'on ne le pense, les vicei et les travers , sans avoir plus qu'une part moyenne dans les bonnes qualitcs dont, apres tout, ce moiidc n'est pas dcpourvu. De tout tems, le role de reformateur ne fut pas sans perils, et celui de «34 LIVRES FRANCAIS. censeur ne fut jamais airaable. Lorsqu'une acadeniie des bonnss lettres produit de la litterature qui n'est pas belle , comment tromper le gout puLlic au point de la lui faire trouver bonne ? Quant aux bonnes etudes , les socletes qui entreprennent cette sorte de reformc travailleront sans doute au perfeclionnement des nielliodes ; elles separeront I'erreur de la veiite, assigneront a I'une et a I'autre des caracteres qui empeclient de les confondre. Loisque ce travail sera pret, nous I'examinerons avec quelque defiance, a cause des hautes pretentions de ceux qui Tauront execute; niais, dans tous les cas , les bonnes lettres et les bonnes etudes seront considerees comme un hors-d'oeuvre dans la statistiqiie du depaitemenl du Bho/ie. F. 4a I. — * Le I-yc.ee armoricain. Annee i8'i5. V' vol. , 25<', iS" et ayeli- vraisons. Nantes, Janvier, fevrier et mars 182S. Mellinet-Malassis. — II parait, du 3 au 5 de chaque mois, un caliier du Ljcee armori- cain , de 5o .i 80 pages in- 8°. Prix de la souscrijition , i 2 fr. par an , et de 1 5 fr. par la posie. On souscrit chez tous les libraires deBre« tagne, et a Paris, chez Raynal, libraire , rue Pavee-Saint- Andre. Ce recueil, qui compte maintenaut deux annees d'existence, ne doit pas craindre de finir, comme la plupart des productions dq meme genre qui meurent tristement confinces dans le departement oil ellei- ont vu le jour. Le defqut general de ces preteiidues feuilles litteraires est de n'ofCrir d'lnteret qu'a un fort petit nombre de lec» teurs. Des plaisanteries sur certains salons et sur cei tains person- nages , des anecdotes purement locales peuvent avoir beaucoup d'atlrait et de merite pour les beaux espiits d'un chef-lieu et des environs; mais, cette l.mlte une fois depassee, que devient le sel d'une pareille lecture ? elle n'est plus qu'insignilianle , et deconcerte d'une maniere penible riiomme eclair^ qui clierchait de rinstructiou et des lecons de gout. Les redactcurs du Ljcee armoricain se sont gardes de tomber dans ce vice trop commun, et que Ton pent mpmg reproc'i.er a plusieurs journaux de la capitale. Aussi leur rti cueil , veritablement scientifique et litteraire, s'est-il piomptemeut repandu hors des fronlieres de I'Armorique. La viugt-cinquieme livraison ouvre cette troisifeme annee sous les plus henreux aus- pices. La plupart des articles dont elle se compose meritetit d'etre cites avec eloges , soit pour la profondcur de I'l'iudition , soit pour la sagesse des doctrines en philosojiliie et en liiteiature, soit pour la correction et la variete du style. Dans le premier de ces articles, qui traite de Torigine des peuples de I'Armorique et du pays de Galles , I'auteur, en soutenant une assertion peut-dtrehasar- OUVRAGES PERIODIQUES. 835 dee , a deploye du raoins un riche fonds de connaissances histpri- ques. Nous passons a uii morceaii moins serieux ; c'est un dialogue, plain debon sens, d'esprit et de verve ,entre un poete, un antiquaire et un academicien , sur diverses questions quiagitent maintenant 1? r^publique des lettres. Vienuent ensuite un expose liistorique, clair et concis, de la naissance, des succes, des revers et de la chute de la Compagnie francaise des Indes; une notice sur lord Byron , qu'on ne lira pas sans intercut, apres tout ce qu'on a deja lu sur ce grand poete , et oia Ton apprecie avec une impartialite remarquable son caractere et son genie; quelques autres notices uecrologiques consa- crees a des compatriotes nantais et bretons , et, sous le litre de pre- miere note en Jialie , une description pittoresque des iles liorromees, d'Arona , de Varfere , du lac de Come , de Milan , dans laquelle ecla- tent une imagination feconde, brillante, mais quelquefois bizarre, etun vif sentiment d'admiration pour les cliefs-d'ceuvre des arts. B. N.d. R. Les deux livraisons suivantes contiennent des matieresdi- ■verses dont il faut faire le depart ; le metal precieux n'y est pas exempt d'alliage. Apres cette operation, lesvers auront disparu; on cher- chera vainement les tablettes luieraires ; on retrouvera difficilemeut quelques vestiges Au journal d'line jeune Nantaise, qui pourrait se dire tout aussi bien Parisicnne , Anglaise , Allemande , etc. ; portrait sans physionomie caracterisee, et qui n'attire point I'attention du spec- tateur. Les notes du Vojage pktoreique en Italie seront considerable- ment reduites : on a deja tant de volumes sur ce pays! qui nous deiivrera des voj-ages en Italie, et surtout des voyages pittoresques! De I'article sur la melhude que I'on doit suivre dans la lecture , il restera quelques pensees bonnes et utiles. La censure que nous exercons en ce moment est celie d'un zele bienveillant, de I'amour du bon et du vrai : les redacteurs du Ljcee armoricain ne s'y mepreudront pas. Nous ne savons que trop, par notre propre experience, qu'ils peu- vent etre quelquefois dans la necessite de se charger d'articles me- diocres, et menie mauvais; lorsqu'ils essaient de se soustraire an joug des influences locales, des critiques venues de loin, un peu severes et bien notoires . sont le secours le plus utile qu'on puisse leur offrir. Celles-ci n'ont pas d'autre but; et si par la suite nous parlous encore du Lycee armoricain avec la meiue franchise, ce sera par le m^me motif. 422 — * Journal Asiatique , on Rec-jeil de niemoires , d'extraits et de notices relalifs a I'histoire, a la philosophie , aux sciences , a la litterature et aux langues des peuples orientaux : rcdige par 836 LIVRES feXR ANGERS MM. ChKZY , CoQUr.BFRT DK MoNTBRET , DeGERANDO , FaUHIEL, Gaiicin de Tassy , Grangeret de IjAgrange, Hase, Klaproth , Raoul-Rochette, Abel Reiwusat, St. -Martin , Silvestre deSacy, ^t autres academiciens et professevirs francais et etraneers,et publie par la Societe .4sintiqiie. Paris , i8a5 ; Dondey-Dupre. — Ce journal jiarait , tons les mois , par cahiers de 4 feuilles d'impression. Douze cahiers formeiit deux volumes. Prix de la souscription , 12 fr. pour f) mois , et 10 fr. pour I'annee. Pour le port dans les departemens , I fr. zS c. par volume , et dans les pays etrangers , 3 fr. 5o c. Ce recueil , pleiri d'une Erudition qinde jour en jour devient plus importante pour les sciences en g<5nerai , et merae pour ta science de notre terns , pour la politique , tiendra lieu quelque jour d'un j^rand nombre de volumes raresecrits en langues peu connues , dent les auteurs n'ont pas toujours autant de reputation qu'ils en ont merite. De laborieux orientalistes nous preparent une instruction facile , debrouillent pour nous un veritable cbaos , fouillent des mines inaccessibles au vulgaire , les exploitent au profit des hommes avides de s'iastruire, et font arriver chez nous les produc- tions des contrees lointaines. Pour juger de rutilite dn travail que nos savans se sont impose relatlvement aux livres des Orientaux , il sufOt de Jeter les yeux sur Tun des cahiers de ce journal , et le dernier est cehii que nous choislsson'!. II debute par un article sur le Choumililiaiidam , section du Padmapordna , I'un des livres sacres des Indiens , les Pouranas ou livres d'antiquites , recueil de pres de 800,000 vers , oil sont consignees beaucoup de merveilles , et que les Indiens regardent comme leur histoire ancienne.Le Bhoumikhan- dani est. \\n poeme , ou composition versifiee , en ii4 chants, ou chapitres, et de 11,269 vers. Les chants indiens, dont la longueur n'excede guere loo vers, et qui par consequent pourraient ^tre cliantes , sont des apologues moraux 011 la vertu estpresque toujours au-dessus de I'hunianite, et digtie des personnages divins dont le poele raconte les actions. — Apres cette esquisse des livres de la th^ologie indienne , on trouve I'analyse d'un ouvrage de M. Ras- mussen , intitule: Essai histon'que et geographiqiie sur le commerce et les relations des Arabes et des Persans aver la Russie H la Scandi- navie , dnrant le moyen Age. Tout ce que les auteurs arabes ou ])ersans racontent sur cet objet semble indiquer seulement le nord- est de I'Asie , ou le Tibet , et nullement des contrees et des peuples du nord-nouest ; i! semble quo ces narrations ne se rappovtent ni a la Russie, ni , a plus forte raison , a la Scandinavie, — Un ouvrage PUBLICS EN FRANCE. 83; He politique , en caracteres oingours , en usage dans la Boukharie , adresse a M. Abel RejMusat par M. dk Hammek , de Vienna , clonne une idee fort singuliere des opinions monarchiques dans cette partie de I'Asie centrale. L'ouvrage est divise en quatre parties : la justice , la force de Pempire, T intelligence , la moderation . La premifere vertu est representee par le soleil levant, ou le rol ; la pleine lune , ou le visir, est Tembleme de la force : lejils du visir est I'intelligence ; etlefreredn visir est la moderation. Ces quatre personnages alle- goriques ont entre eux des entretiens qui sont les matieres du livre. On salt ea general que les Orientaux ont fait peu de progr^s dans tes sciences et dans les lettres; mais enfin , ils sont nos aines : ils sout depositaires d'une grande partie de notre histoire , et de la plus precieuse; c'est chez eux qu'on pent retrouver I'empreinte des pre- miers pas que la race humaine a faits dans la carriere de I'instiuc- tion. Etudions done leur histoire, compulsons leurs bibliotheques , interrogeons leurs monumens ; en un mot , mettons ci profit les travaux des savans redacteurs du Journal Jsiatique. F. Livres en langiies etrangeres publics en France. 423. — * Flora Brasiliee meridionalis , etc. — Flore meridionale, par Auguste DE Saint-Hilairr, membre de TAcademie des sciences de Paris, 2'=cabier du tome V^ . Paris, 1824; Belin, rue des Mathurins Saint-Jacques In-4° de 5 feuilles , plus 8 planches. — Cefouvrage aura trois volumes , qui paraitront par livraison de deux en deux niois. Prix : in-4° , Jesus , papier satine , i5 francs ; in fol. , Jesus , papier velin d'Annonay, satine, avec figures coloriees , 60 francs. 424. — Teoria de las penas legales , etc. — Theorie des peines le- gales, par J. Bf.nth\m , autenr de la Tactique des .Assemblies h'gls- latives. Paris, iSaS ; imprimerie de Smith. 2 vol., in-i8 , ensemble de 12 feuilles trois quarts. Prix : 8 francs.' 425. — Parte de discurso , etc. — Extra it du discours de M. i)F. Chateaubriand sur la loi contre le sacrilege , prononce dans la Chambre des Pairs, le 18 fevrier. Paris, iSaS; imprimerie de Pochard. In-8° d'une demi-feuille. 426. — The spirit of the age , etc. — L'esprit du siecle , ou Por- traits contemporains , par lyilUam Hazi.itt. Paris, i825; Ga'i- gnani. 3 vol. in-12 , ensemble de 20 feuilles, imprimes chez Belin. 427. — I. E. Bepvap^ivou 2ai[ji.— lepou ra xoiTa IlauXcv xai R'.p-civ.av. — Paul et Virginie , Iraduit en grec moderne. Paris, 1824. Firmin Didot. I vol. in-i8 de 206 pages ; prix 3 fr.. et 3 fr. 5o c. 838 LIVRES ETRAWGERS PUBLIES EN FRANCE. II scrait superflu de faire ici I'eloge du roman de Bernardin de Saint-Pierre (voy. Bev. Enc. , t. xvii, pag. 38i). Qui ne I'a pas lu ? Qui n'a ]5as admire la verite des caractcres, I'exacte observatioD des couleurs locales, le charme etonnant de son style, aiissi pur , aussi enchanteiir que ses personnages? C'etait la ce qu'il s'agissaitde faire passer dans le grec moderne. Le traducteur y a reussi. — Je n'essaierai point d'en fournir des preuves : la langue des Grecs mo" dernes est encore trop peu repandue parmi nous. Qu'il me suflise de dire que I'auteur a employe le style le plus eleve , e'est-.i-dire le lang.Tge le plus rapproche du grec ancieu , et dont la plus haute classe affecte de se servir. Nous avous exprime ailleurs notre opi- nion sur cette distinction de deux langues dans le m^me peuple (voyez ci - dessus , pag. 798). Maintenant , puisque la littcrature grecque moderne est encore a faire , c'est le langage populaire que les 6crivains devraient employer depreference. Mais il estacraindre qu'on ne prenne le parti contraire;du moins c'est ce qu'ont fait jus- qu'ici les auteiirs les plus renommes. II en rcsulte pour les lecteurs qui savent dej.i le grec ancien une intelligence plus facile d'un texte ecrit ; mais ce faible avantage s'evanouit enti^renient dans la conversation. Quoi qu'il en suit , I'ouvrage que nous annoucons , a recu la plus flatleuse approbation de M. Clonares ,qui en fait, dans son cours de grec , le siijet de ses explications ( voyez ci - dessas , pag. 282 ). C'est ici le lieu de rappeler que ce savant professeur , apres s'etre consacre, en France , a I'enseignement de la langue de sa patrie , vieiit de recevoir du gouvernement grec une marque de la plus haute confiance. B. J. 428. — * Fables rtisses , tirees du recueilde M. Krilofp , et imitees en vers francais et iialiens, par divers auteurs ( avcc le texte en regard ), precedces A^une Inlroduction francaise , par INI. Lemomtey, et d'une Preface ilalieniie , par M. F. Salfi ; publiees par M. le comle Orloff, senateur de I'einpire de Russie, avec une dedicacc en langue russe ,a M. Kkii,ofp; ornees du portrait de ce dernier, et de cinq gravures de M. Boyeu , d'apifes les meilleurs dcssinateurs. Paris, iSaS ; Bossange fieres. 3 vol. iu-S"; pvix i3 fr. et i5 fr. Nous consacrerons, dans I'un de nos plus prochains cahiers , une analyse a cct ouvrage, remarquabie suitout par le nombre conside- rable d'ecrivains francais ou italiens qui ont pris part a sa traduc- tion , et parmi lesquels on retrouve les soutiens les plus distingues deux litteratures francaise et etrangere. E. H. IV. INOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. Watertowm. — Petite ■verole. — Faccine. — Un jeune honime do cette ville ayant ete atteint de la petite verole, au niois de novembre i8a4 . on prit sur-le-champ les plus graiides precautions pour que la nialadle ne se repaiidit pas dans la ville , surtout parce qu'une ecole tiL's-frequentee se Irouvait tout pres du foyer de la contagion, Le docteur Sjlvanus Fan.'her fut charge de vacciner tous les liabitans qui n'avaient pas eu la petite verole , ce dont il s'acquitta avec le zele le plus louable, ct avec tant de succes que le seul nialade que Ton iiiteu dans la ville est le jeune honinie qui fut cause de toutes ces alarmes. AGn de mieux couslater I'efficacite de la vaccine pour pre- server de !a petite verole, le doclcur Fansher inocula le virus vario- lique le plus eflicacea 22 personnes qu'il avait vaccinees : aucunene prit la nialadie. Si ces fails ne sont pas concluans eu faveur de la vaccine, il faut avouer qu'un sccpticisme universel est, en niede- ciiie , la seule croyance raisonnable. Esperons que la vaccine Cnii a par triompher de ses ennemis, qui sont aussi ceux de I'iustruction , de renseiguement inutuel, du progres des arts, de la libertc et du bonlicur du genre bumain. Les liabitans de Watertown ont exprime digiienient leur gratitude envers le docteur Fansher : les services rendus par cet honime de b;en ont ete constates legalement, et jjiiblies par les inlerprfetes ordinaires de toutes les' veiites utiles. Puissent de seniblables recompenses ^tre toujours decernees aux amis de I'luimaiiite ! — Navigation. — II parait que le projet de mettre en communica- tion, au moyea d'uu canal, YAtlantique et la mer Paci/iqiie (voy. ci-dessiis , p. 541 ), ne lardera pas il ^tre mis a execution. Doja Ton s'occupe des travaux preliminaires; la direction qui a ete choisie est ce.lle de la riviere Saint-Jean, et du lac Nicaragua. New-York. — Statistique. — Population. — D'api^s un ra|)port re- cemment public , la population de cette ville s'eleve a 140,000 hahi- 8/,o AMERIQUE SEPTENTRIONALE. tans. Pendant I'annce i8a4, la mortalite a ^t^ de 4,34'. savoir : 1,244 hommes , 887 femmes , 1,204 enfans mAles, 1,006 enfans du sexe feminin ; 345 sont morts pendant le inois de Janvier, 3fi3 en fe- vrier, 385 en mars , 411 en avril , 333 en mai, 3 18 en juin , 357 en juillet, 44^^ en aout, SSa en septembre, 385 en octobre, 34o en no- vembre , et 286 en ddcembre. La petite verole a enlevt- 3g4 per- sonnes, dont ii3 de couleur; y3G personnes sontniortes de maladies de consomption. — Hautes ecoles. — La Societe qui a forme un ^tabjissenient pour les degies superieurs d'enseignement a rencontre plus d'obstacles qu'elle ne devait s'y attendre. Les instituteurs ont pris I'alarme , et ont port6 leurs reclamations a la legislature. L'un de DOS journaux a ^t^ leur organe : dans un article qui semble avoir ^te redige sous leur dictee , la methode d'enseignement mutuel est fortenient attaquee. On n'a rien omis de ce qui pouvait contrarier une institution si digne d'etre accueillie par I'assentiment universel. Mais la Societe ne fait que redoubler de zele pour le succ^s de sa noble entreprise. Si le mode d'enseignement qu'elle a introduit ne convient pas, il sera change : si eiie reussit an point que certains instituteurs manquent d'occupation , c'est un inconvenient passager et de peu d'importance , dans un pays oil toutes les industries sont libres. Au bout de quelques annees, les plaintes auront cesse , et le bienrestera; mais , en Ameriqiie comme dans i'Ancien-Monde , il faut, pour faire le bien , du courage et de la perseverance. NouvELLE-ORLEiNS. — Affranchissemeiit des esclaves. — M'"^ Hu- lin, proprietaire dans celte ville , avait demande a la legislature la permission d'affrancliir quelques esclaves ; elle ne I'a pas obtenuc. Les motifs d'un refus aussi etrange ne nous sont pas connus : la le- gislature ne merite peut-etre point de reproche; mais les amis de rhumanit6 s'affligent, en voyant que le bien est si difficile a faire , m^me dans les pays ou il ne devrait rencontrer aucun obstacle. — Voyages dans les ilats - Uiiis. — Quatre Anglais , que Ton dit ^tre membres duParlement britannique , MM. Stanley , Wor- tley, Dennison et Hardesley , sont arrives dans cette ville, le aa decembre, apres avoir visite les etats du nord et de Test. Le but de ces voyageurs est, dit - on , d'acquerir une connaissance exacte de notre situation , de notre caract^re, de nos institutiuus , ennnmot, de tout ce qui nous concerne comme nation. U y a lieu de penser qu'ils ne garderont pas pour eux seuls une aussi precicuse instruction : nous pouvons done esp^rer de voir enfin ETATS-UNIS. 84 1 paraftre uu ouvrage oii nous serons juges franchemeut et avec con- niiissance de cause, en bien coinme en mal. Forage de La Fayette aux Etats-Uiiis. — Ce voyage , et I'accueil fait par un grand penple a Tun des plus illustres defenseurs de sa liberte , sent des evenemens si remarquables , qu'ils attirent par- tout une attention qui n'est point celle de la curiosite. Ce que Ton observe avec un grand inter^t , c'est la manifestation reelle, evi- dence, unanime du voeu national , non dans les niuis d'une ville, en un seul jour, entre des honimes reunis en assemblee, et qui peuvent ^tre inus tons a la fois par une meme impression , mais sur u!i territoire immense, malgre les difficultes et la lenteur des commu- nications , quelques diversites dans les lois , et meme dans les in- ter^ts , riuterpositiou des fleuves , des montagnes, etc. ; I'eloigne- ment m^nie n'a pas empeche la manifestation des sentiment du peuple americain envers I'liomme qu'il a nomme son hote , et qu'il feie comrae tel. Les citoyens des ^tats-Unis qui se trou- vaient a Rio-Janeiro se reunirent , le 20 novembre 1824 , en une assemblee regulifere, presidee par le consul de leur nation, pour e.xprimer en commun leurs regrets de ne pouvoir solenniser avec leurs compatriotes I'heureuse visite qu'ils ont recue. Les resolu- tions prises dans cette assemblee furent transmises a Lima , a Val- paraiso, a Buenos-Aires, a Montevideo, a Bahia , a Fernambouc, dans tous les ports de I'Amerique du sud, oil le gouvernement des Elats-Unis entretient un consul. Tandis que ces honiraages loin- tains viennent trouver I'illustre voyageur, les invitations les plus pressanles lui font parcourir successivement les Etats de I'Union , et Ton ne sait a quelle epoque cette fete de famille sera terminee. A la fln de Janvier , la legislature du Maine jirit la resolution de faire jouir ses concitoyens de la presence de Yhute de la nation , et le message le plus honorable fut adresse au general pour obtenir son consentement. Les citoyens des Etats-Unis auront appris au monde ce que c'est que la reconnaissance des peuples ; et puisqu'il est si honorable et si doux de se d^vouer j)our une patrie etrangere , en sentira mieux encore ce que I'amour de la patrie pent inspirer de grand et d'heroique a ceux qui ont le bonheur d'en avoir une. Situation politique du Kentuhf. — Cette belle partie de I'Union , qui semblait devoir etre a jamais I'asile de la paix , est menacee d'une guerre civile. La constitution de cet etat avail etabli une cour d'appel dont les juges etaient iuamovlbles : le cholx de ces magistrals ne fut pas heureux ; le tribunal est devenu si odieux a une partie de 84a AMERIQUE SEPTKNTRIONALE. la nation, que la legislature a pris le parti de le dissoudre, ce qui I'a mis dans la necessite de changer la constitution avant le tems prescrit, et sans les formalites ordonnees jiar la constitution tnenie. Apr^s cet acte perilleux , les embarras ont anginente ; la nation s'est divisce, et de nombreuscs reclamations ont deinande le retablisse- ment de I'ancienne constitution. On ne sait pas encore si les magis- tiats deposscdes voudront se soumettre, si Ton ne sera pas dans la necessite de recourir h la force, ni, dans ce cas extreme, jusqu'a quel point on pent compter sur les milices. L'inamovibilite des jiiges peut (5(re utile dans une monarcliie : le gouvernement d'une repu- blique n'en a pas besoin, et I'experience fait voir qu'elle n'y est pas sans danger. Papier - monnaie en circulation. — • Les capitaux de cetfe nature menacent de prendre une extension indcfinie. et dont il est impos- sible de prevoir le rcsultat. Aux 35 millions de dollars emis par les banaucs actuellement autorisees , on propose d'ajouter encore plus de 9 millions fournis par treize npuvelles banques , plus de la millions verses par trente-une compagnies d'assurances , et d'autres fonds encore, d'origine diverse, qui eleveront nos capitaux de 25 millions de dollars. Si rutilile publique ne prescrit aucunes limites aux capi- taux des banques, que Ton ouvre les portes a tous ces etablissemens^ qu'ils soient entierement libres, niais soumis a des lois rigoureuse* contre les faillites. [New-York American Advertiser.) HAITI. Po»t-\u-Prince. — Rtat actuel de I' instruction publique. — Depuis trois ans, I'agriculture de Haiti a eprouve un accroissement et des ameliorations remarquables. La meme observation s'applique h la culture de I'esprit et du coeur. On peut s'en assurer ])ar I'etat com- paralif des travaux da Lyceehaiitien dans les premieres annees et ccux de 1844 » annee vingt-unieme de I'independance. Nous avons sous les yeux le programme des exercices publics qui ont eu lieu au Port-au-Prince, a la fin de decembre. De nouvelles chaires ont ^te fondees pour les langues espagnole et anglaise, dont la connais- sance est tres-importante dans cette ile pour les relations commer- ciales. L'histoire sainte et I'histoire civile sont enseignees simulta- nement. Des morceaux clioisis dans nos classiqnes francais, poetes et prosatcnrs, vivifient les cours de litterature. La , comme dans les lyc^es fi'Europe, Ggurent avec honneur Virgile, Horace , Ciceron , Salluste , Tite-Live , et ce Tacite dont on a dit que tcs irrans sont AMERIQUE MKRIDIONALE. 843 punis qiiand il les a peints. Nous reinarquons avec plaisir qiie , pour I'algebre et la geometric , on emploie les onvrages de nos comp.a- triotes MM. Legendre et Lacroix. Les progres des eleves ont justifi6 le plan etabll et suivi avec perseverance par le directeur du Lycee M. le docteur Fouriiier Pescay, savant niedecin connu en France par ses ecrits. Ces progres sont une nouvelle reponse aux insinua- tions calomnieuses , et aux impostures coloniales qui voulaient refonler an dernier degre de rechelle des etres humains , les enfans de I'Afrique. AMERIQUE MERIDIOIN^ALE. Buenos-Aires. ( Repriblique des Provinces - Unies de la riviere de la Plata.) — Encotirageinens donne spar les capitalistes anglais au deve- loppement de la civiiisalion duns les noiiveaitx efats de I'Ameriqiic meri- dioiiale. — Population. ■ — Legislation ; commerce des Noirs , declare crime de piraterie. — Instruction piibliqiie. — Envoi de j'eiines americains pour etre eleves en Europe aux frais du gouveniement. — Les regards de I'Europe sont maintenant fixes sur ces vastes contrees de I'Ame- rique, qui , en conquerant par de conrageux efforts et en etablissant d'une mani6re durable leur independance , sont, pour ainsi dire, de- couvertes une seconde fois, au profit de I'Europe et de la civilisa- tion. Nous saisirons avec soin toutes les occasions que nos relations nous procurent de bien faire connaitre a nos lecteurs ces etats nou- veanx, si eloignes de nous, raais que la navigation, perfectionnee au moyen des b^iimens a vapeur , tend a rapprocher chaque jour davantage des nations europcennes qui auront le bon esprit d'eta- blir des relations commerciales et amicales avec la jeune Amcrique. Celle-ci nous fournlra les produits de ses mines, de son climat , et quelquefois de nobles et utiles exem[)les d'organisation sociale et de Tertus civiques , en echange des productions de nos manufactures et de nos arts, et des ouvrages oil nos savans et nos penseurs ont depose les fruits de I'experience des siecles. Les deux continens profiteront cgalement de leurs rapports mutuels , et une ere nouvelle de developpement social et de prosperite semble promise au monde civilise , si des passions aveugles, opiniitres et insensees ne reussis- sent pas a troubler encore la paix des nations , et a les priver des avantages qui leur sont offerts. Deja , les ~ Anglais ont exploite habilement des circonstances aussi favorables. Une Societe /inglo- Colombienne , et une Society Angh-huenos-Airienne , s'organisent a 8/, 4 AMERIQUE MERIDIONALE. Londres , et niettent en avant des fonds considerables pour procurer aux deux republiques de Colombie et de Biicnos-Aires d'immenses capitaux destines a feconder leur agriculture, leur Industrie, a faire etablir promptenient des routes, des canaux , des baltimens a vapeur, des chemins de fer, et tous les moyens de communications rapides et perfectioniiees que nous devons a notre civilisation moderue. Les autres jiarties de I'Aiuerique meiidiouale eprouveront aussi les effets de cette bienfaisante influence. Ainsi , les decouvertes de quelques savans, et les progres des sciences les uioins accessibles au vulgaire des liommes , devienuent , par d'utiles applications, le patrimoine commun des peuples , dans les deux heraisphferes , et ouvrent de nouvelles sources de richesses et de prosperite. — La Revue Encyclo- pedi'jiie aura soin de recueiUir et de signaler tous les faits inipurtans qui caracterisent ce grand mouveraent imprime aux socletes hu- luaines. Ses relations, deja tres-niultipliees , qui s'etendent peu a peu sur tous les points du globe, lui permetlront de presenter, oomme dans iin \ivant niiroir, I'image Cdele de la civilisation pro- gressive dont chaque contre eoffre des sympt6mes plus oumoins pro- nonces, mdme dans les lieux ou le systeme du gouvernement est stationnaire, ou dans ceux oil Ton voudrait imprinter aux homnies et aux choses une marche retrograde. — Aujourd'hui , en attendant que nous puissions publier une notice sur I'etat moral et social , agri- cole , statistique , industriel , commercial , de chacune des republi- caines americaines , nous donnerons seulement quelques details relatifs a celle de Buenos-Aires, que nous avons recueillis dans la conversation d'un habitant dn pays , M. Sebasden Lezica , I'un des negocians les plus recommandables de Buenos-Aires , oil il a ete honore de la conGance de ses concitoyens , et appele a les repre- senter dans une assemblee legislative , qui se trouve momenta- nement a Paris , et qui a bien voulu nous prometire de completer les premiers renseignemens que nous allons publier. — L'ancienne -vice-rojatite espagnole de Buenoi'Aires forme aujourd'hui la Repu- blique des Provinces-Uiiies de la riviere de ta Plata. Sa population totale est d'environ un million d'habitans. La capitale , Buenos-Aires , situee sur le bord occidental de la riviere de la Plata , n'avait que 65,ooo habitans , sous I'ancien regime espagnol, et en compte au- jourd'hui pres de 75,000. Cette grande et belle riviere, d'environ dix lieues de largeur en face de la vitlo , offre sur ce point une rade vaste et commode , trfes-favorable au commerce. — Jusqu'ici , les Provinces-Unies out eu des gouverneniens locuux presque vndepen- BU^NOS-AIRES. 845 dans ; niais , le aa decembre i8a4 > a eu lieu I'ouverture d'un con- gres general qui doit etablir uu gouvernement central et une orga- nisation definitive pour liar par iin pacta commun les parties s6- parees de ce grand etat. — Trois lois rendues dans les derniers tnois de I'annee 1824 faront connaitre I'esprit qui dirige les legis- lateurs. — L'une declare le commerce das Ncirs crime de piraterie. — Dcja beaucoup de riches proprietaires avaient volootairement affranchi leurs esclaves , qui , de leur cote , sont restes volontaire- mant a leur service , comme domestiques libres. Un das premiers commercans de Buenos-Aires , aprfes avoir achate un negre pour a,5oo fr. ,lui a donne sa liberte; et ensuite, satisfalt de sa fidelite et de son intelligence , il lui a accorde une part d'inter^t dans une branche desou commerce. Le gouvernement avail achete, pendant la guerre, an certain nombre d'esclaves qu'il a employes au service militaire en les declarant libres , et en leur attribuant la meme solda qu'aux autres individus des differens corps de I'armee. — Una autfe loi affecte une somme considerable mise a la disposition du gouverne- ment , dans chaque budget annuel , pour envojer et faire elever en Europe , aux frais de I'etat , quarante jeunes Buenos-Airiens , qui reporleront ensuite dans leur patrie les bienfaits d'une education soignee. — Le gouvernement central fait elever dans la capitale un certain nombre d'enfans et de jeunes gens , venus de I'interieur du pays et des differentes provinces. — Enfin , una troisieme loi etablit deux colleges publics , I'un pour les garcons , I'autra pour les jeunes filles , qui seront entretenus par le tresor national. — On sent la necessite de fonder I'ordre social sur la bonne direction et le deve- loppement de Tinstruction piiblique. — Plusieurs ecoles , ditei Lancasterifnnes , 6u d'enseignement mutuel, sont en pleine activite. parmi leurs principaux fondatcurs , nous airaons a citer M. le Doc- teur Satunio Segurola, pretre, qui a ete seconde dans sas travaux philanthropiques par la municipalite de Buenos-Aires et par un mi- nistra anglais M. Thompson , qu'avait envoye la Societe des ecoles britanniques et etrangeres , etablie a Londres. M. Segurola , veritable bienfaiteur de ses conciloyens, a egalement introduit , repandu , propage, soutenu la vaccine-; il a etabti la Bibliotli^que publique de la vill* et un cabinet d'Histoire naturelle. — L'un des hommes d'eiat les plus recommandables de Buenos-Aires , et dont I'adminis- tralion a laisse de grands et utiles resultats, M. Bernardino Riva- Divii , que nous avons possede quelque terns a Paris , oil il con- serve des amis sinceres , penetres d'une haute estime pour son T. XXV. — Mars 1825. 5i> 8/,6 AMIERIQUE MERIDIONALE.— ASIE. caract^re et ses talens , est inaintenant a Londrcs , et ne sert pas inoins utilemeiit sa patrie , quoiqu'il soil inoTnentanenient eloigne d'elle , que lorsqu'il avail une grande part dans la direction des affaires. — Nous reviendrons en detail sur la situation et les progr^s de la Repuhlique des provinces de la Plata et des autres ctats de I'Amerique ci-devant Espagnole, ct lieureusement appeles a jouir desormais d'une existence libre et independante. — Nous termi- nerons cet article en rapportant un trait qui honore le general en chef Bolivar , appele le liberaieur, et la noble cause qu'il fait triom- pher. Nous trouvons dans la Gazette mercantile de Buenos-Airos , 11° du II decembre 1824 » "le letlre du general Santa-Ckuz, chef de I'etat major de I'arniee de Bolivar, adressee au genera! Canterac, commandant en chef de I'armee espagnole ; le hbcrateurXn'i fait ren- voyer libres uu pretre , une dame et deux autres in'dividus con- vaincus d'espionnage, envers lesquels il n'a point voulu appliquer le droit/le la guerre , et il fait declarer au general espagnol qu'au lieu de confier des missions de ce genre , perilleuses ethonteuses , a des individus obscurs qui ne s'en chargent qu'avec peine , craignant de perir victimes de leur devouement , il peut envoyer des officiers de I'armee royale pour observer en detail , comme temoins oculaires , les positions et I'interieur du camp de Tarraee republicaine; que ces officiers pourront prendre toutes les informations qu'ils jugeront leur ^tre utiles, et relourneront ensuite librement aupres de leur general. — Cette conduite noble et genereuse sufCt pour refuter les meusonges de certains journaux espagnols qui voudraient peindre le general Bolivar et les chefs de la repuhlique de Colombie et des autres contrees recemment affranchies comme des barbares. M. A. J. ASIE. Perse. — Shiuaz. — Tremblement de terre. — Le aS juin 1824 » vers cinq heurcs et demie , la commotion violente d'un tremblement de terre se fit sentir a Shiraz. La belle mosquee Shave Meez Ally Ebna Hoonza , situce a 400 pieds de Shiraz , fut entiereroent de- truite. Sa coupole, enrichie d'ornemens brillans , 6tait tombee, et le corps du bdtiment fut rompu dans tontes ses parties. Shiraz etait enveloppee d'une vapeur epaisse, qui, en se dissipant, laissa voir les mines des inosquees et des minarets. Presquc toutes les tours sont renversees : celles qui restent ont beaucoup souffert. Mais tous ces malheurs ne sont rien encore , lorsqu'oii les compare aux souf- ASIE. — OCfeANIE. — AFRIQUE. 847 frances des malhenreux habitans , dont les gemissemens et les plaintes appelaient les parens et les amis qu'ils veiiaient de perdre. Depuis la premitre commotion et avant dix lieures, trois autres se sont fait sentir. Elles etaient tres-fortes , mais n'etaient pas a com- parer A la premiere. Les habitans abandonnerent la villa, et dres- serent a la hate des tentes dans les campagnes. La plupart des maisons etaient en ruiiie : le beau Bazar a resiste a la violence du choc; mais 11 etait sillonne de crevasses. On 6value a pr6s de raille le uombre des personnes qui ont peri. OCEANIE. Mer uu Sud. — Decouverte d'une ile nouvelle, — Cetteile, decou- verte par M. Hunter, capitaine de la Donna Carmelita, est situee a i5° 3i' latitude sud, et 176° 11' longitude orientale du meridien de Greenwich. On I'a nommee Onacuse , ou ile de Hunter. Ses habi- tans sont a peu pr6s de la couleur des Malais ; leurs traits se rap- prochent davantage de ceux des Europeens ; hommes et femmes ont le petit doigt de la main gauche coupe a la seconde phalange. La plupart ont des cercles sur les bras ; quelques-uns sont tatoues en rouge. Les joues des femmes seulement sont tachees de sang et percees. lis sont excellens nageurs. L'equipage a ete temoin de I'adresse avec laquelle ils remettent a flot leurs embarcations , qu'ils voient souvent reuverser, sans en paraitre fort inquiets. Ils ont montre dans leurs relations beaucoup de probite, et m^me une po- litesse peu commune. L'lle est en graude partie coraposee de lave , qui dans quelques endroits ressemble a du metal. G — m. AFRIQUE. Ile de Sainte-Helene. — Toinbe de Napoleon. — Le lieu de la sepulture de Napoleon a Sainte-Hel6ne a occasione uue affaire qui a quelque tems occupe le gouvernement anglais et la Compagnie des Indes. M. Torbet, proprietaire du terrain ou se trouve le der- nier asile d'un homme qui a touche a I'empire du monde , avait fait la speculation de gagner 3 ou 400 livres sterling par an, au moyen d'un peage impose a la curiosite des nombreux visiteurs. Les autorites de Tile ayant voulu faire cesser ce monopole humi- liant qui les compromettait , M. Torbet demanda que le corj)s fut exhume et change de place. Le gouvernement vienl de faire cesser ce scandale , en decidant qu'il sera paye par la Compagnie des 848 EUROPE. Indes une somme de 5oo livres sterling a M. Torbet, pour qn'il conserve le corps de Napoleon dans son champ. Ce dedorama- geiQent ayant ete accepte , la tombe celfebre ne changera pas de plcTce, et sera desonnais visitee sans retribution. EUROPE. ILES BRITANINIQUES. LoNDBES. — Projct de creiiser une nouveUe riviere entre cette ■ville et Arundel. — Quelques-uns des priucipaux negocians de Loudres chercheut a former une compagnie, dans le but de creuser une nou- velierivifere entre cette ville et Arundel. EUe aurait 45 milies de lon- gueur et une largeur suffisisnte pour que les vaisseaux de 74 t)ussent se croiser sans se heurter les uus les autres. L'execution dece pro- jet diininuerait en grande partie les delais et les dangers attaches depuissi long-tems aux debarquemens. G — M. Chemin sous la Tainise. — Le 2 mars de cette annee, les directeurs de I'eutreprise, qui a pour objet de creuser iin chemin sous la Tamise, d'aprfes les plans de M. Brunei , ingeuieur francais ( voy. Rev. Enc^ t. XXIV, p. 5n), out commence cet important travail av ec Ijeancoup de solenuite, et en presence d"un grand nombre de s|)ectatenrs. — Publication prochaine d''un poeme. — On annonce la prochaine publication d'un poeme en six chants par un noble lord. Le l!eu de la sc^ne est le sud de I'Espagne, et I'auteur a pris son suiet dans les evenemens qni ont precede la chute de Grenade au XV* siecle. Le contraste des caracteres entre les Maures et les Chre- tiens lui a donne I'occasion de piesenter le tableau de I'etat de la societe en Espagne , vers la fin du xv*^ siecle. Les localites du pajs sunt decrites d'aprfes des observations lecentes , I'auteur ayant seiourne en Espagne pendant les dernieres guerres civiles , et un peu avant I'entrce de I'arniee francaise. Un chant tout entier est consacr^ a decrire les moeurs des guerrillas montagnards , mceurs qui ont du subir peu de cbangemens depuis les trois derniers sifecles , et que I'auteur a du peindre avec d'autant plus d'exactitude, qu'il doit bien les connattre , puisqu'il a ete arrets par ces bri- gand.'; dans son voyage. — D'apr^s cette derni^re circonstance , on presume que I'auteur de ce poeme doit ^tre lord PoRcnrsxtK. — On va publier un volume supplementaire de la Correipoudance de Pope, tout compose d'apies des manuscrits originaux. GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 849 YoH». — Projft de fondation d'line Universke. — En conscqupiice de raffliience des etudians a nos deux universites , il est question d'eii fonder une troisi^me dans le volsinage de la ville d'Yoik ; et le v6- iMji able coinle de Fitz- William a proniis de souscriro pour une somine de 5o,ooi> livres sterling en faveur de ce nouvel elablissement. ( Globe and Traveller. ) RUSSIE. AsTBAKHAlf. — Sante pnbllque. — Irruption dii cholera-morbiis pesti- lenliel (i). ~ Au raois de septenibre 1823 , le cholera-morbiis pestileii- tiel eclata inopinement daus cette ville jiopuleuse. Le gouvernement rtisse y envoya sur-ie-chanip six luedecius, a(iu d'observer la ma- ladie, et d'iudiquer les moyens propres a en arreter les ravages. Cette comniissioii reconnut les symptomes suivans : voinissemens violens et dejections alvines d'un flux sereux , prodigieusement abondanf; crampes donloureuses et atroces dans les membres; resserrement de la poitrine et du bas-ventre; anxiete, soif ardenie, agitation, trem- blement continuel, refroidissemeiit du corps, cessation des batte- uens du cceur et du pouls , coloration de la peau en brun fonce , suspension de la circulation du sang, qui refuse de couler lorsqu'on ouvre les veines. Conservation des facultes mentales, ce qui permet aux malades de repojidre avec justesse aux questions qu'on leur fait. Cessation de la vie, quelquesheures apres I'invasion. L'autopsie of- fiit les caracteres suivaus : anias considerable de sang noir et cailie dans le crane et les arteres meningees ; s6rosite abondaute dans les ventricules du cerveau, epancliement considerable de sang dans les poumons, qui paraissaient a I'exterieur presque sains ; accroisse- nient volurnineux du coeur, dout la substance offrait peu de cohe- sion; legere inflammation de la surface interne de I'estomac , qui etait vide. Inflammation tres-vive des gros intestins et des intestins gr^les; sang coagule dans la rate et daus le foie , qui etaient disten- dus. — On adopta le traitement ci-apre«, emprunte en grande partie a la pratique des medecius anglais du Bengale : forte saignee; calo- (i) Cette Notice a ete communiquee a TAradi'inic royale des scleuces , daus ."ia seance du aS jauvier iSiS, et au Conseil superieur de sante du royawme , eu 1824 , par M. Moreau de Jouues, membre du Conseil; elle f;iit counaitrc rirruption daus laquelle le cliolera pestileutiel s'est le plus rnpproclie de VEurope; la uouvelle rcccute do ioa apparitiou dans la campigne dc Rome ttant denuee de fondeuient. 85o EUROPE. meliis iiiii ail sucre el a J;i goiiime arabique en poudre; potion com- posee de 4o a fio gouttes de laurlanum , ao goiittes d'huile de menthe poivr^e , et 2 onces d'eau de inelisse distillee. Frictions arnmoniacales sur restomac , ventouses scarifiees sur le ventre; frictions da corps tout entier, avec de I'alcool simple ou camphre ; lavemens mucil.t- gineiix, auxquels on joignait de la teinture d'opium , portee jusqu'a 3o gouttes. Le calomelas etait administre depuis 10 grains jusqu'a 20; et, quand les accidens persistaient , on renouvelait I'usage des m^mes medicamens , I'experience ayant niontre le danger de demeurer seu- lement quelques lieures dans I'inaction , et surtout la necessite d'agir avantque les cranipes ne survinssent. — Malgre Tenergie de ces re- itiedes, sur aifi indtvidus attaques du cholera i44 succomberent; ce qui borne les chances de saint a I'effrayante proportion d'un sur trois. — La maladie cessa entiferement vers le milieu du mois d'octobre, six setnaines tout au plus apr^s son apparition. On n'osa point ex- primer explicitement quelle elait sa nature, et decider si son deve- loppement etait spontane et provenait d'un dtat particulier de I'at- mosphere, ou bien si elle avait etc importee d'un endroit eloigne; niais la commission sanitaire recommanda , et le gouvernement russe a adopte toutes les precautions necessaires pour empecher que la maladie ne se repandit par contagion. — Dans le cas oii cette decision ne paraitrait pas manifester suffisamment I'opinion des medecins et du gouvernement russe sur la nature contagiense de la maladie, on en trouverait la preuve complete dans I'apprehension que la com- mission sanitaire d' Astrakhan a manifestee , que le cholera ne repa- rut cet ete dans les provinces meridionales de I'empire russe , et que de la il ne s'etendit dans toutes les contrees du midi de I'Europe. Ainsi se trouve reproduite en 1823 , par une commission de medecins russes, rassemblee sur les bords de la mer Caspienne, I'opinion que j'ai enoncee en 1820 dans le sein de la commission sanitaire centrale, et dont I'adoption fut alors contestee comme une erreur. 11 est evi- dent, par les precautions prises contre J'introduction du cholera- morbns en Siberie, que les medecins russes, ainsi qne I'autorite, reconnaissent le caract^re contagieux de cette maladie , et la possi- l)ilite d'en arr^ter la propagation nu moyen d'un systeme de mesures sanitaires. S'ils n'ont pas indique I'origine de I'miportation de ce fl^au, c'est qu'elle lient peut-etrc a des relations comraerciales, sur lesquelles on ne croit pas devoir appeler I'attention publique. Des caravanes russes se sont ouvert depuis peu,a travers les steppes arides de la Haute-Asie , une route qui les conduit d'Orenbourg a RUSSIE. .85 1 Boukhara,et leur permet de traverser 400 iieuesde deserts en 72 jours, avec 5oo chameaux , 5oo homnies de troupes et plusieurs pieces d'ar- tillerie. Le commerce , qui est le mobile de ces expeditions , les met en rapport avec les caravanes de Cacheniyr, de Caboul et de la Perse, coutrees ravagees par le cholera-morbus pestilentiel ; et quand celte maladie parut a Astrakhan , on pretendit qu'elle y avail lite importee par cette voie, ce qu'autorisait a croire I'arrivee re- cente de Tune de ces caravanes aOrenbourg. — • Ce qui [)arait certain, c'est que la maladie n'a point ete propagee jusqu'a Astrakhan par una suite d'importations, depuis la Perse septentrionale, a iravers la Georgia et les possessions russes entre la nier Noire et la mer Cas- jiienne; mais iln'est pas impossible qu'elle ait ete iutroduite par les communications niaritinies qui ont lieu sur cette derniere Mediler- ranee. Nous inclinons mdme a le croire, en apprenant, par M. le conseiller d'etat Hufeland , que le cholera se mpntia d'abord sur les bdtimens de la floite russe sur cette mer, et en voyant qu'il existait simultanement sur son rivage occidental , dans leChirvan, ou, d'a- prfes une lettre de M. Gamba , 4" personnes avaient snccomb^ en 4 jours dans la population d'uue ville de 5 a 6,000 dmes. L'irruption du cholera pestilentiel de I'lndc dans la province russe d'Aslrakhan, et las circonstances qui I'ont accoinpagnee , presentent les conside- rations suivantes : 1° Ce fleau a ete importe a Astrakhan , ou par les caravanes qui en ont ete les moyens de propagation en Syrie , ou par des communications marilimes , comuie celles qui I'ont pa- reillement repandu dans la plupart das iles de I'Ocean indieu. 2° Quoique originaire du Delta du Gauge , il n'a point trouve d' obs- tacle a son introduction et a ses jirogres dans une ville gisaht au milieu de la zone temperee, sous le 4^*^ parallele, dans tni a si- tuation correspondante a celle de La Rochelle, mais dont le climat est plus froid , puisque sa temperature moyenne, ne s'elevant qua 7° S":™'. centesimauxau lieu de 1 1° ri^e"'., est beaucoup plus basse que celle d'aucune partie de la France, au niveau de la mer, ou m^nie 4 a 5oo metres au-dessus. 3" Que, nonobstant cette situation bi- reale at les secours les plus actifs de la niedccine , il a deploye la m^me violence qu'entre les tropiques parmi les ])opulations les moins favorisees par les ressources de I'art, et qu'il a fait succomber a son action les deux tiers des individus qu'il a pu atleindrc. 4" Que nean- moins, soit par le concours des causes nalurelles appartenant au climat , soit par les soins efCcaces de I'autoriSe i)our arreter ses ra- vages, sa propagation est demeurce dans des borne? buaucoup phis 85a EUROPE. ^troites que dans les coiitrdes m^ridionales qu'il a pr^c6demment ra- vagees, et dont radministration lie pouvait s'opposer A ses progr^s avec autant de puissance. D'ou il suit : i" que le cholera - morbus pestilent iel de I'lnde et de Syrie peut 6tre introduit en Europe par les communications commerciales de terre et de mer; 2° qu'il est certain que, jusqu'au 56° parallele, les contrees niaritimes ayant une temperature au moins egale a celle d'Astrakhan,il n'y en a point ea Europe, jusqu'acette latitude, ou ilne puisse ^tre introduit et se propager pendant la saisou chaude ; 3° que ses progres scraient Traisemblablement moins grands et nioins rapides dans les pays de I'Europe que dans ceux du Levant, soit par I'effet de leur climat , soit peut-^tre plutot par celui de rorganisation sociale , qui eom- porte plus de succes dans les mesures propres a circonscrire ses effels; mais que I'exemple d' Astrakhan ne laisse point d'espoir qu'en penetrant en Europe, ce fleau devint moins meurtrier , et perdit la puissance fatale qui lui permet de tuer deux hommes sur trois qu'il atteint , et de faire survenir, au bout de quelques heures seulement, une mort inevitable. A. Mobeau de Jonnes. POLOGNE. GouvERNEMENT DE PoDOLlE. ■ — Statistique. — Un ouvragc po- lonais de M. Maeczguski , sur la statistique de la Podolie , con- tienl les donnees suivantes : Classes. Masc. F5 medailles, et le second 3,4So, toutes en urgent. Total, 8,245. Ces pieces sont, en general, d'une plus belle con- 866 FRANCE. Aervatiqa que celles qu'on avait trouv^es jusqu'a present : on a remarque un petit nombre de coisulaires , des Aiiguste, Othon , etc. , jusqu'aii siecle de Constantin-le-Grand. Celles de cette derni^re epoque sont aussi neuves et aussi brillantes que si elles sortaient du coin ; ce qui fait presumer que ce depot metallique a ete confie a la terra peu aprt;s )e r^gne de cet empereur , au com- mencement du ive siecle. Caen ( Calvados ). — Necrologie. — M. Jean - Felix - Vincent Lamouroux, professeur d'histoire naturelle a I'Academie de celte ville, pere de famille, savant laborieux, auteur de plusieurs outrages estimes, qui dirigeait avec autant de zMe que de succes la publica- tion d'une nouvelle edition des OEuvres de Buffon, correspondant de rinstitut, coUaborateur du Dictionriaire classiqtie des sciences na- turelle s , et qui etait devenu I'un des correspondans actifs de la Revue Encjclopediqne , a ete enleve subitement, le 26 mars, par une attaque d'apoplexie foudroyante, a sa famille, a ses nombreux amis et a ses utiles travaux. 11 n'etait age que de quarante-cinq ans et dix mois. — M. Laniouroux, jeune medecin , et I'un des naturalistes distingues de Paris , sera sans doute le digne continuateur des tra- vaux de son fr^re. Societes savantes; Etabiissemens cTutilite puhlique. Ml£TZ ( Moselle). — Seance generale de la SociSte d' encouragement des arts et metiers parmi les Israelites , tenue le 8 Janvier. — La Societe s'est reunie sous la pr^sidencede M. Oulif, I'un desavocats les plus estimes a la Cour royale de Metz, et I'un desliommes qui out le plus contribue a I'etablisseraent de toutes les institutions utiles et dout les effets se font sentir aux Israelites de cette contree. MM. les mem- bres du Consistoire et du Comite cantonal, une quantite conside- rable de spectateurs et de dames de differens cultes et de differentes classes de la societe, etaient venus donner de la solennite a cette f^te , la premiere dans son genre. Les ouvrages confectionnes par des ouvrlers et des apprentis israeliles etaient exposes aux regards de I'assemblee , et les murs de la salle etaient decores de nombreux dessins executes paries eleves de I'Ecole de dessin lineaire et de geo- metrie descriptive, cre^e sous les auspices de la Societe. Le presi- dent a ouvert la seance par un discours dans lequel il a demontre avec force et taleni , que les Israelites ne peuvent trouver desormais f n France , qjie dans I'agriculture el les arts et metiers , les moyens . de soulenir convenablenient leur existence et celle de leur famille ; DtPARTEMENS. 867 que c'est a la foispour eux nne question de devoir et d'exisfence. Ce discours rempli d'observalions justes et de verites utiles, a excite les plusvifs applaudissemens. — M. Anspach , le jeune, egalement avocat a la Cour royale de Metz , dont le fiere aine est a la fois meni- bre du Consistoire departemeutal israelite et de la Societe litteraire de Metz, a presente ensuite un rapport circonstancie sur les travaux de I'annee, ainsi qu'un compte detaille des recettes et des depenses de la nouvelle institution. — M. Wittersheim aine, grand rabbin de la circonscription , president du Consistoire et du Comite canto- nal, a prononce un discours plein d'onction et de philanthropie , dans lequel il a pris pour texte le verset de I'Ecriture, qui recoin- mande de chercher a la fois a etre agreable a Dieu et utile aux hom- mes. — Le president a fait connaitre diverses propositions qui lui ont eie remises pour eire placets sous les yeux de la Societe , et qui seront I'objet d'un examen ulterieur. L'une d'elles , faite par M. Salomon May, a pour (.lijet de faire creer un comite special , charge de propager I'agriculture parmi les Israelites ; une autre par ' M. Anguste Terquem , a pour but de faire etablir un atelier de cha- rite, destine a recevoir les indigens israelites et a leur procurer de I'ouvrage. Le president a annonce que les prix d'encouragenient et de recompense ailaient etre dectrnes a trois apprentis qui ont fixe le choix du conseil et qui sont venus recevoir les outils d'houneur qui leur etaient destines. M. B. Nevers (^Nievre). — Instruction des ouvriers. — ^Nous avons annonce dans notre dernier caliier (to^-. ci-dessus , p. 566) le cours gratuit de inecanique et de physique appliquee aux arts, quevient d'ouvrir M. MoBiN, ancien el6ve de I'Ecole Poly technique et ingenieur des ponts et chaussees. Les fonctionnaires publics et les chefs des manu- factures assistaient a la premiere seance de ce cours , qui a eu lieu , le 3i Janvier dernier. Apri-s un discours dont nous regrettons de ne ponvoir transcrire ici les pensees les plus remarquables , le profes- seur a expose I'ordre qu'il suivra dans ses lecons et les matiferes qu'il traitera. — Quoique ce programme soil assez long, nous croyons devoir le faire connaitre en entier , afin d'etablir d^s ce moment d'utiles com- munications entre les professeurs qui, repondant a I'apnel de AL Du- pin, voudront , comme ]>L Morin , contribuer a repandre dans nos ateliers des connaissances si necessaires aux progres de I'industrie. M. Morin traite d'abord de la statique et de I'hydrostatique : it passe ensuite a la dynamique; puis a Thydrodj-namique. Enfin, il ex- pose tous les moyens connus de combiner detix a deux les diverses 868 tRANCE. surtes lie inouvemens. Ces premieres cunuuisftances sont appliqu^es au nivelleiiient, aux cours d'eaux, au calcul del'effetdesmoulins,des laminoirs, etc., eta la composition des machines. — Le professeur donne ensuite des notions d'astronomie et du syst^me du monde ; puis, il ies applique a la geographic, a la navigation, a la guomouique et au calcul des eclipses. — Avant de commencer la physique propre- mentdite , M. Morin a cru devoir exposer de nouveaux phenomenes du mouveraent des fluides , decrire le harom^tre et la balance de Nicholson , et faire quelques experiences chimiques. II donne a ces connaissances preliminaires assez d'etendue pour qu'il puisse en de- duire I'explication des marees , du roascaret ( mouvement des eaux de la mer refoulees a I'entr^e des rivieres ) , etc. — La theorie de la chaleur vient ensuite, et le professeur la suit dans toutes ses appli- cations, d'abord aux fails naturels , et ensuite aux arts. De la, des notions de I'art du furaiste, de la: construction des fourneaux, des machines a vapeur, de la fabrication de la faience et de la porce- laine; et ce qui semble detourner un peu le professeur de sa direc- tion, et le forcer a revenir sur ses pas , il donne la theorie de I'hy- grometrle et il expll38o,ooo , 4° Deriniportation despaysetrang. 34fi,020,ooo . 438, 400,000 tr. 5" De I'importation dans les entrepots 52, 000, 000 ] 6,498,8 1 0,000 fr. Faisant ensemble 6,937,210,000 fr. La destination recue , par cette masse, est approximativement ainsi qu'il suit : 1° L'exportation des produits industriels monte \ a a6o ,000,000 fr. I 2° Celle des produits naturels a 1 49,o5o,ooo fr. / 46i)05o, 000 3° Celle des produits etrangers des entrepots a 62,000,000 fr. 4° La consommation des produits industriels a i,56o,io2,ooo fr. 5° Celle des produits naturels a 4,529,fi58,ooo fr. \ (1,476,160,000 6* Celle des produits coloniaux et etrangers a 386, 400,000 fr.^ Faisant ensemble 6,937,210,000 f. D'apres ces termes gcneraux , le commerce interieur agit sxir une masse : 1° De produits indigenes, naturels et industriels de 6,089,760,000 f. a" De produits coloniaux et etrangers de 386, 400, 000 Valeur du commerce interieur forme par la con- sommation 6,476,i6o,ooofr. Le commmerce exterieur est compose : 1° D'une exportation de produits indigenes, naturels et industriels 409,060,000 fi'. a" D'une reexportation des entrepots de ...... 52,ooo,ooo 3" D'une importation de nos colonies, au moins de 4o,38o,ooo 4° D'une importation des pays etrangers de 346,020,000 Valeur du commerce exterieur forme de l'exporta- tion et de I'importation 847,45o,ooo fr. Montant total du commerce francais, tant interieur qu'exterieur - . . , 7,323,610,000 fv. PA-RIS. 6^9 Ainsi la valeur des transactions conimeiciales de la France, ex- c^de aiiuuellemeiit rcnorme soinme de sept milliards , trois cents millions. Quelle serait done la prosperite de cet empire, si les sources de cette immense ricliesse n'avaientpas ete detournees ou taries, par vingt-cinq ans de guerres civiles et etrangeres , deux invasions, la perte de nos colonies, et le malheur d'avoir ouhlie souvent depuis Colbert , que les premiers inter(5ts de I'etut , sont ceux de I'agricuU ture, de I'industrie et dii commerce! A. IMokrau de Jonjies. Theatres. — The\treFkanc\is. — Premiere representation du Cid e;a {la ?fina de plata), iu- 88/, FRANCE. remarquable. II a suivi , dans cette pi^ce , le dessein , commence dans Marie Stuart, de peindre des moeurs modernes avec des couleurs modernes; de donner a ses persoiinages cette vie rcelle dontla ve- rite nous saisit, et non cette vie de convention dont la plupart de nos poetes dramatiques animent leiirs litres. Sous ce rapport , les deux premiers actes da Cid d'Afidahusie offrent line tentative tres- heureuse; c'est bien une cour moderne, ce sent ))ien deiix amans espagnols que j'ai sous Jes yeux ; le personnage de Buslos est tr^s- beau; celui de I'esclave maure est verltablenient ncuf , et jete dans I'intrigue avec beaucoup de bonheur; cette grande scene de nuit entre Estrelle et son amant, brille des plus heureux details et nous semble toute remplie d'un charme inexprimable ; elle a paru longue a quelques spectateurs, et ce jugement est tout-a-fait conforme a I'impatience francaise, qui craint surtout les developpemens, qui ne permet pas a Taction de prendre haleine, qui veut des peripeties redoublees, et des catastrophes I'une sur I'autre. II y a dans Cor- neille de grands developpemens politiques, et dans Racine d'admi- rables epanchemens du coeur qui lassent les spectateurs d'aujour- d'hui; cependant, ilneserait pas difficile de montrer a ces critiques, si presses d'arriver au denoiiment , que , dans tons les theatres , depuis Eschyle jusqu'a Schiller , on trouve beaucoup de scenes q«i servent peu aux progr^s de Taction, et qui n'ont ete imaginees par les poetes que pour developper les caractereset les situations , pour nous faire connaitre , aimer les personnages, pour les nieltre , si j'ose ainsi dire , dans notre intimite. C'est ainsi que la scene du jar- din interesse vivement sans avancer Taction; le bonheur des deux amans, les souvenirs de leur amour, les esperances de leur hymen sont d'aiitant plus delicieux pour le spectateur qui sail jouir de ses emotions, que peut-dtre ce bonheur seia bientot detruit , ces esperan- ces seront bientot evanouies , puisque voici Theure ou la trahison doit ouvrir au roi les jardins d'Estrelle. Nous donnerons les memes eloges a la premiire scene du quatrieme acte, que Ton n'a pas craint de reprocher a Tauteur commeune sc^ne d'opera , et qui reunitaux details les plus gracieux Teffet le plus pathetique , en nous mon- seree dans la traductioa des Xlieatres etrangers sous le litre de : la Perle de Seville ; mais cette piece offre seulement quel(]iips traits de rcsseuiblancc avec cclle de M. Le Bniu ; on auuoacc la publicatiou prochaine de la traduction d'une autre piece rspagiio'c oil I'auteur du (id d' Andalousie pnrait avoir puise son sujet PARIS. 865 trant Estrelle qui se couronne de fleurs , 4 I'iustant m^me ou son frere et son amant s'arrachent la vie. On a blSme aussi la presence de D. Sanche dans une maison qu'il vient de remplir de deuil ; mais ramour violent , desespere , ii'entend pas tous ces calculs de bien- seance ; D. Sanche a besoin de se jeter aux pieds d'Estrelle, d'lm- plorer son pardon , de Ini dire un dernier adieu. D'ailleurs , jede- mande si la fatale nouvelle , annoncee par lui-meme ne produit pas un effet bien plus draniatique ? Et par quoi pourrait-on remplacer les terribles paroles : Cestmoi , mot , moi, qui I'ai cue , paroles dont rimpression est si tragique, surtout avec I'accent sublime que salt leur donner Talma? A la verite, cette scene etait d'abord trop longue, le poete I'a reduite a de justes proportions , et maintenant il nous semble qu'elle doit saiisfaire les critiques les plus difficiles. — On ne saurait trop encourager les auteurs qui sentent tout leprix de la verite dans les arts, et qui tentent de sortir des ornieres de la routine : lis ont d'autant plus besoin de I'appui du petit nombre des connaisseurs, que la masse du public est rarement juste a leur egard; il faut , pour juger les innovations, la mdme pcrspicacite, la m^me surete de gout, que pour les tenter, et les jugemens ainsi que les ouvrages de routine sont bien plus facijes etbien plus a la porteede tout le monde. L'eclatant succes de Marie Stuart et meme le succes du Cid cT Andalousie , quoiqu'il ait ete conteste le jour de la premiere representation, doivent encourager M. Le Brun a marcher dans la route qu'il s'est ouverte,et I'avertir en meme terns qu'il ne saurait trop prendre de soin pour etablirsur des fondemens solides etavoues par la raison , les combinaisons dramatiques auxquelles il demande des effets nouveaux , et qu'il vent revetir de couleurs nouvelles. II est encore, pour faii'e passer des situations hardies, un talisman indis- pensable ; c'est la perfection du style , et les vers du Cid d'/inda- lou.de nous ont semble frop sonvent manquer d'elegance. Cependant, il y a des morceaux remplisde charme ; le poete trouvefrequemment I'e^pression de la nature et le cri du cceur : c'est ce que ne donne point le travail; mais il pent donner I'elegance , M. Le Brun doit la lui demander. Docile aux conseils de la critique ainsi qu'aux avertissemens du public , I'auteur du Cid d' /Indalousit. j fait a sa piece de nombreuses coupures ; maispeut-etre le cinquieme acte, ou I'interet est visiblemeut plus faible qu'au quatrieme, est-il encore un pen trop long. — La Revue Encrclopedique a Irop peu d'espace a consacrer au theatre pour entreteuir le public du jeu des acteurs , d'ailleurs, des jugemens qui paraltraient presque toujours un mois 886 FRANCE. aprfes line representation , auraieiit ^videniment peu d'inter^t. Ce- pendant, il faut bien, a roccasion du Cid d'Andalousic , dire quel- que cliose d'un evenement theatral qui a fait uiie veritable sensa- tion parmi les amateurs dc la sc^ne Iraucaise ; nous voulons parler de I'apparition de M"*^ Mars dans un premier role trngiqiie. Cetfe habile actrice a rendu plus de la moitic du personnage d'Estrelle avec ce cliarme dont elle a seule le secret; mais, dans les momens tout-a-fait tragiques, on sent que cet oigane si suave ne suffit pas aux accens terribles. C'est , selon nous , la seule chose qui ait man- que a M"'' Mars ; sa pantomime aussi simple que pathetique , sa dic- tion si naturelle , et qui trouve si bien le chemin du coeur, I'expres- sion de ses trajts dont la douleur n'altdre jamais la beaute, tout cela nous a fait eprouver un plaisir que nous ne sommes pas ac- coutumes a gouter ; et ceux qui apjirecient avant tout dans les arts d'imitation le natiirel et la verite, conviendront sans doute que M'''^ Mars, sans atteindre, dans toute I'etendue de ce role, la per- fection a laquelle elle nous a depuis long-tems accoutumes , s'y est montree evidemment superieure a toutes les actrices tragiques qui auraient pu en 6tre chargees. ftl. A. — Odeon. — Jeanne d'etre , tragedie en cinq actes et en vers , par M. /Ilexandre Soumet. (Premiere representation; i4 mars i8a5). — Plus on s'efforce d'adapter a la scene fraiicaise le sujet de Jeanne d'Arc , plus on doit se convaincre que ce sujet, essenliellement epique, n'est point de nature a fournir une tragedie veritable. Si les Allemands ont mieux reussi que nous dans une entreprise oil nous devions echouer, il faut expliquer ce contraste par la diffe- rence des deux systtmes dramatiques. La tragedie allemande, af- franchie de toutes les regies adoptees par la raison francaise, n'est, a bien parler, qu'une epopee en dialogue. Elle n'admet ni I'unite de lieu , rii I'unite de tems ; Schiller a pu embrasser dans un seul drame la vie tout entiere de riieroine de Vaucouleurs. II a pu choisir dans ce que cetle vie offre de plus interessant ; multiplier les contrastes, et creer des alternatives de crainte et d'esperance. Mais ce que peuvent comporter les pieces allemandes est interdit aux tragedies francaises.qui ne doivent former qu'uneaction unique et qu'un seul tableau. II nous serait impossible de mettre en tra- gedie la premiere partie de la vie de Jeanne d'Arc , parce que I'ou- vrage manquerait de deiioument ; c'est en vain que Ton essuie de mettre la secoude sur la scene, attendu que, par un defaut contraire, elle n'offre qu'une parcelle d'actiou , qu'une simple catastrophe PARIS. 887 sans exposition ut sans noeud. — Voyons par quels moyens I'auteur de la nouvelle tragedie s'est efforce de pallier le vice de son sujet. Apr^s nous avoir niontre Jeanne d'Arc en prison , accusee de niagie , il suppose que Pierre Cauchon , ev^que de Beauvais, ennemi de riieroine , est allc a Vaucouleurs chercher des preuves de son crime. Ce monstre a trouve le pere de Jeanne d'Arc , et il est parvenu a le decider a deposer contre sa fille, lui persuadant que c'est le seul moyen de la sauver. Mais, tandis que I'ev^que de Beauvais revient plein de joie du succes de sa perGdie , le mal- heureux pere, ne pouvant se defendre d'une secrete inquietude , se reud a Roaen , et la il apprend que sa deposition, loin de sauver sn fille, doit la perdre. II parait devant les jiiges, et sa retractation fait suspendre leur arret. Le due de Bt^dfort preside le tribunal. Pr6s de lui, figure Philippe-le-Boii , due de Bourgogne , allie , pour venger la mort de son pfere , a I'Anglais qu'il deteste et dont il est deteste. Ce prince, egare par la haine, poursuit le supplice de Jeanne d'Arc ; il veut I'interroger lui-nieme; mais cette pieuse fille lui reproche dans des termes si touchans sa trahison envers son pays , qu'il change ft I'instant el devient sou plus ardent defen- seur. Lorsque riieroine est condamnce a mort , on le voit invoquer en sa faveur le jQgement de Dieu. II se bat pour la sauver contre un simple officier anglais ; mais il est vaincu, et I'heroiine monte 9ur le biicher , tenant a la main I'ctendard royal. Telle est en quelques mots I'analyse de la piece. Parnii les personnages secondaires dont nous n'avons point parle, on reniarque le juge Ermangard, et un solitaire que I'auteur nomme Adhemar, qui defend Jeanne d'Arc de- vant le tribunal. — II sufi'it de cette rapide analyse pour reconnaitre que I'auteur a vainement espere de remplir le vide de son sujet. On pourrait dire que sa piece n'est , a pen de chose pres , qii'un proces criminel mis en vers. L'interdt puissamment excite par la lutte de deux puissances egales , et soutenu par I'incertitude de Tissue, n'existe plus, si Ton met d'un cote la puissance, et de I'autre la faiblesse. Le combat devient impossible; le resultat est connu d'a- vance; les choses marchent d'elles-m^mes par la force de la necessity; il ne pent y avoir de fable, de tissu , et partant, il n'3' a point de piece. — Outre cedefaut capital, oserons-nous dire que la disposition de la piece de M. Soumet semble presenter des defauts graves. Les ressorts imagines par I'auteur ne paraissent pas toujours avoues par la raison , ou justifies par la vraisemblance ; quelquefois , ils n'ont point de but. Dans la prfjmi^re classe , nous rangerons I'introduction 888 FRANCE. de Philippe-le-Bon , due de Bourgogne , doiit la presence produit sans doute une fort belle scene , mais qui ne parait le plus souvent que pour manquer a son caracti're historique et pour se repandre en inutiles bravades , aussi indignes de lui que des convenances tia- giques. Dans la seconde classe , nous citerons I'intervention du jugement de Dieu, que I'auteur ne semble invoquer que pour justifier les bourreaux de Jeanne d'Arc , outrager la justice du ciel , et donner iin dementi a rhistoire. — La couleur locale n'est pas toujours bieii observ(5e, et'les caract6res, souvent vagues, manquent en general d'indh'iduaUte. Sans parler du due de Bourgogne , le due de Bedfort n'est point le sombre despote que nous offre I'histoire. Si le role de Jeanne d'Arc, ecrit de verve, est beaucoup mieux trace, on reprochera toutefois a I'auteur d'avoir trop oublie que Jeanne, pri- sonniere , est une femme naive et simple, dont I'hero'isme ne doit point faire oublier le sexe. Enfin , pour terminer cet examen critique, I'auteur ne montre pas toujours assez d'entente de la sc^ne ; on ne sail le plus souvent en quel lieu sont les personnages , quels motifs les font entrer et sortir. II en est un ( le solitaire Adliemar) dont I'existence, la profession, la position au milieu des autres personnages sont une perpetuelle enignie; il est vrai que cette obscurite est peut-etre moins la faute de I'auteur que celle d'une censure ombrageuse, qui a exige beaucoup de retranchemens. Enfin , le denoiiment en action , approuve par quelques nova- teurs , a paru contraire aux convenances dramatiques : un bu- clier sur le theatre , la scene convertie en une place de Gieve , et les spectateurs rendus temoins d'une execution publique , ce sont des emprunts a la scene anglaise qui prouvent moins de ressources dans le talent , que de cliarlatanisme tliedtral , et qui revoltent les bons juges , plus emus par un beau vers, par une situation touebante, que par une fantasmagorie d'opera. — HAtons- nous de balancer par des eloges merites ces reflexions severes. La piece nouvelle offre de grandes beautes. Deux scenes, I'une au troisi^me , I'autre au quatrit^me acte , ont et6 vivement et justement applaudies. Le role de Jeanne d'Arc est d'un grand effet ; Tiiitroduc- tion de son pere et de ses soenrs , quoiqu'elle serve pen a Taction, produit des situations tres-dramatiques. Mais, ce qui a sauve I'ou- vrage, c'est un style toujours elegant et souvent plein d'elevation ; des mouvemens heureux , un dialogue souvent presse , des traits d'une sensibilitc j)rofonde et surtout des pensees genereuses qui , dans un sujet national , devaient electriser les auditeurs. On peiM PARIS. 889 dire de la nouvelle Jeanne d'Art que les beautes de la forme out fait oublier les vices du fond. Cette observalioii explique le grand succ^s de la premiere representation , succ6s qui se soutient , et que le patriotisme francais doit prolonger long-tems encore. Nous ne pensons pas toutefois qu'un ouvrage aus-si defecteux sous plus d'un rapport reste au repertoire (i). 0. Necrologie. — Le comte Ferrand (^Anioine), pair de France, mem- bre del'Institut (Academie francaise), estmort a Paris, le 17 Janvier, age de 72 ans. Au commencement de la Revolution, il etaitpourvu d'une charge de conseiller aux enqn^tes dans le parlement de Paris, oil il s'etait fait remarquer par sa science profonde du droit, ses talens et son eloquence. Lorsque Louis XVI vint, en 1787, pre- senter au parlement un edit qui portait la creation d'emprunts gra- duels et successifs pendant cinq ans, M. Ferrand fut un des membres qui cliercherent le plus a detourner le roi d'une pareille resolution , et il prononca , dans cette circonstauce, un discours fort eloquent. Puis , il proposa a sa compagnie de demander a Louis XVI la con- vocation des Etats generaux ; mais, des le mois de septembre 1789, effraye de la direction que prenaient les affaires publiques, il passa en pays etranger, s'attacha au sort des princes, el lit partie du consei4 du prince de Conde. Pendant son emigration, il fit paraitre plu- sieurs ecrits en faveur du parti auquel il s'etait devoue. Rentre en France en 1801 , il consacra ses loisirs a la litterature , et publia un ouvrage recommandable , intitule : V Esprit de I'histoire , 4 vol. in-8°. Depuis le retour du Roi, en 181 4, ses travaux politiques, comme ministre d'etat et pair de France, ont employe tous les moirens que ses nombreuses iufirmites lui ont permis de consacrer a la chos6 publlque. J. — M^e DiJFREJNoy. — Une des femmes qui ont le plus honore la litterature, M""= Dufrenoy, a ete arrachee par une mort imprevue, le7 mars dernier, a ses travaux, .i sa famille eta ses nombreux amis. — Adelaide Gillette Billet etait nee a Nantes , le 3 decembre 1765, (i) La tragedie de Jeanne d' Arc est imprimee et vient de paraitre clicz Barba, libraire, editeur des OEuvres de MM. Pigault-Lebran , Plcard et Alexaudre Duval, Palais-Royal, derriere le Tlieatre-Francais, no 55. Iu-8" de 80 pages, avec une gravure rcpresentant M"'' Georges, dans le r6!e de Jeanne d'Arc , montaat sur le bAcher en tenant le drapeau francais daus ses mains. Prix 4 fr. Sgo FRANCE. d'une famille consitleree dans le commerce. Mariee k I'age de quinzc aiis a M. Dufrenoy , jirociirour au CliAtelet, elle maiiifesta de tres- boiiiie heiire un gout determine pour la poesle. Ce gout fut deve- loppe par la frequeutation d'un grand nombre d'hommes de lettres et d'artistos distingucs quL composaieiit la societe de son mari : il le fut aussi par des etudes constantes et sevfTes , qui contrastaieut avec les illusions de la jeunesse et de la beaute. Di's I'annee 1787, Y y4lmanach des Muses levela le talent precoce de M'ne Dufienoypar une j)iece intitulce : lioutade a un ami. En 1788, elle fit representer au theatre francais Y y4moiir exile des cieux , petite pi^ce allcgorique qui eut du succes. Les Almanachs des Muses des annees suivantes contiennent de nonibreuses productions de M^c Dufrenoy, dout plu- sieurs, telles que /e Pouvoir d'un amant, la Jotirnee d'une amante, l'j4n- niversaire , figurent encore aujourd'hui parmi ses litres de gloire. Cependant, les orages politiques avaient detruit la fortune de son epoux. M"'e Dufrenoy n'avait jamais vu dans I'opulence que le moyen de faire du bien ; mais elle etait epouse et mere; elle cprouva done ce que I'infortune a de plus amer, les privations et les souf- frances de ceux qu'on aime. Au milieu des troubles de la France, ijne place de greffier dans une ville d'ltalie fut la seule ressource offerte a son mari. M""^ Dufrenoy sliivit dans cette espece d'exil un vieillard presque a\eugle,que ses infirmites exposaient a perdre a chaque instant ce chetif eniploi. Forte d'un pieux courage, elle resolut de suppleer son mari dans les travaux qui lui etaient impo- ses; elle se mit au fait des details arides d'un greffe, et pendant plusieurs annees en transcrivit laborieusement les ecrilures. Singu- lier jeu de la destinee ! la Muse a qui la France doit de si suaves accords , condamnant sa plume poetique a copier les dossiers pou- dreux de la chicane! Mais son mari, dont les infirmites s'accrois- saient de jour en jour, fut euCn prive de sa place. M'"' Dufrenoy revint avec lui en France , oil sa position devint encore plus penible ; et peut-^tre le malheur eut eteint son genie , si un de nos poetes les phis distingues , M. Arnault p&re, ne I'eut recommandee a M. le comte de Segur. Get homme \ertueux, donl la vie est nn tissu de belles actions et de nobles travaux, devint le protectcur et I'ami de M'"f Dufrenoy sur laquelle il attira les bienfaits du gouvernement. Rassuree sur le sort de sa famille, M'"« Dufrenoy pubiia , en 1807, la premiere edition de ses Elegies. Ce recueil a eu troi^ editions, dont la deruicre a paru chez le libraire Eymery, en 1821. Devenue veuve, cu iSi^, M"'« Dufrenoy se consacra bientot a de nouveaux devoirs, PARIS. 891 en prenant aupres de sa -vieille mere la place qu'elle avail long-tems occupee aupres de son epoux infirme. Sa sante s'etait usee dans ce devouement continu. Elle commencait a peine a vivre pour elle- m^me, quand la mort est venue la frapper au milieu de ses travaux, tandis qu'abuses par la chaleur de son aine et par la vigueur de son esprit, ses amis esperaient encore la voir parcourir une longue car- riere. — M'^e Dufrenoy a laisse un grand nomhre d'ouvrages. Elle publia, en ijyS, plusieurs ronians traduits de I'anglais, et fit reprc- senter vers la m^me cpoque quelques vaudevilles dont I'un, le Petit Armand, eut beaucoup de succes. Elle a compose un roman intitule : la Femme aiiteur; les Elrennes a ma file, recueil de Nourelles en deux volumes; les Francaises , autre recueil egalement en deux volumes. Elle a aussi public plusieurs ouvra^es destines a I'education ; les principaux sont la Biographic des demoiselles , le Tour da moiide, enfin les Beanies de la Grece mode me , qui ont paru quelques n ois avant la mort de I'auteur, comme pour rendre temoignage de I'entbousiasme dont elle etait animee pour la cause sacree des Hellenes. Nous nous bornons a mentionner ici ces productions, qui auraient illustve une autre plume que la sienne, mais qui toutes sont effacees par son re- cueil d'Elegies. Un sentiment vrai et profond fait le charme de ces compositions , auxquelles le sexe de I'auteur donne un caractere particulier de grdce et d'originalite. II est impossible de les lire sans partager I'emotion qui les a inspirees, sans ^tre initie a tons les se- crets d'une ame tendre dont le devouement etait la disposition ha- bituelle. Outre I'elegance continue du langage et des formes poetl- ques, cette sensibilite communicative qui a elle seule fait un poete , assure a jamais le succes de ce charmant recueil, que liront toujours avec delices ceux qui connaissent les peines du coeur. — Mi"" Dufre- noy etait , dans sa vie privee , telle qu'elle se peint dans ses ouvrages, Elle cliercba constamnieut son bonbeur dans le bonbeur de ceux qu'elle affectionnait, et elle affectionnait tous ceux qui meritaient son estime. Faire du bien fut I'occupation et le plaisir de toute sa vie. Elle eprouvait surtout une vive jouissance a distinguer le me- rite obscur, et a reclamer avec eclat les eloges qu'elle lui croyait dus. Superieure a I'envie et a tout esprit de rivalite , elle etendait sur ses amis I'influence de son noble caractere ; les personnes qu'elle bonorait de son affection ne tardaient pas a s'estimer et a s'aimer Teciproquement. C'est ainsi que, malgre ses malbeurs, elle fut autrefois le point de reunion des esprits les plus distingues , tel.* que Laharpe, Champfort, Thomas, Condorcet, Parny, Legouve , 892 FRANCE. Fontanes, le vertueux Camille Jordan. Parmi ceux qui la pleurent aujourd'hui on remarque un grand nombre d'hommes celobres dans la litterature, dans les sciences et dans les arts (i). UE PONGERVILLE et ChAUVET. ELEGIE SUR LA MORT DE Mme DUFRENOY Elle me salua d'uu aimable souriic, Et me tendit la main, et se prit a me dire : « Veuez, je vous attends; vous etes convie Au dous banquet de I'amitie. » Et cette main bientot glacee Pour la derniere fois par ma main fut pressec; Ce sourire a mcs yeux n'etait plus destine ; Et je ne devais plus rentendre, O Dufreuoy, cette voix tendre Dont reteutlt eucor mon coeur infortune! Helas! en te quittant, I'arae emue et ravie, Je me disais ; Les cieux s'arquittent envers moi; Oui, I'amitie de Dnfrenoy De leur longue rigueur dedommage ma Tie. Eutre sa gloire et mon obscurite Cette amitie clierie a comble la distance. Riche des dons promis a I'immortalite, Sou esprit offre au mien une intime alliance. O fortunes tresors, la main qui vous dispense Ne m"a done pas desberite! (i) Les amis de Mme Dufreuoy, et un grand nombre de pcrsomics attachces a cette fcmme celebrc par I'estime due a ses rarcs talens , out assiste a ses fu- nerailles qui ont eu lieu, Ic 9 mars, au cimetiere da Pere La Chaise. M. de Pougerville a lu sur sa tombe uu eloge compose jiar M. le cornte de Segur. MM. Tissot et Agoub out exprime dans des discours tonrlians lems regrets et lour douleur, qui ont ete vivement partages par tous les teraoius de cette picuse ceremonic. ::z Nous regreltons de ue pouvoir inserer ici uue Nntice de M. Tissot, qui contenait un extrait des trois discours; mais elle uous a ete remise trop tard pour etre inseree , et se trouve d'ailieurs en grandc partie dans le Meicure du xtx'' siech ( ijO dii rg mars iS^S ). PARIS. Pres d'elle a mes sonhaits la muse est.moins avare. Quels feconds souvenirs suivent ses entretiens! Oubjiez , 6 destius, I'age qui uous separe ; Destins, Latez mes jours, ou prolongez les siens. Ainsi mon bonbeur timide Dans son cours vague et rapide Esperait fixer le sort; Et deja victorieuse, Sur ta tete glorieuse Planait I'alle de la mort. Non, tu n'as pu mourir, Dufrenoy, noble amief O Tous qui viviez de sa vie, Enfans bieu-aimes, tendre soeur , Vous qui de la servir faisiez votre bonheur, Vous , conCdens de sou geuie , Dites si cliaque jour, comme un songe odieux Repoussant de sa mort la fatale assurance , Une douce et vague esperance Ne I'offrira point a nos yeux. Non, tu u'as pu mourir! De ta lyre sonore Vivent les doux concerts a jamais repetes. Le teudre amant d'Eleonore A I'elernel banquet t'appelle a ses c6tes. Mais ceux qu'ont inspires de plus nobles teudresses , La vertu, la patrie, amours dignes des cieux, De tes transports religieux Invoquent a leur tour les sublimes ivresses , Et, versant sur ton front une sainte clarte , T'cDtraiuent radieuse au sein des allegresses De leur double immortalite. Nous cependant , pleins de pensers funestes. Vers le tombeau qui reclame tes restes Nous te sulvons dans un mome appareil. Helas .' d'ou vient que le soleil Epancbe un feu si pur aui regions celestes ? Voila done ce printems qu'implorait cbaque jour Sa poetique impatience ! Ce printems dont ses yeux epiaient I'esperance Sur ces modestes flenrs, I'orgueil de son sejoari Que servent ces parfums et ce ciel sans nnag«s? Verts gazons, ombrages touffus, XXV. — Mars 1S2S, 58 893 894 FRANCE. — PARIS. A quoi Lon parer nos rivages ? Oil! qui vous chantera? Dufrenoy ne vit plus! Dn molns k I'heure sombre oil souvent mes pensees , Libres des vains plaisirs et des soins d'ici-bas, Retourneat tristemeot aui amities passees , Eprises des dour nceuds qu'a rompus le trepas, Reviens, 6 Dufrenoy, consoler ma tristesse ; De poesie et de tendresse Viens t'entretenir avec moi. Ne crains pas que ta vue excite mon effroi. Non, le bonheur te suit encore. Oh! que ne peut la tombe a ma voix qui I'implore Ouvrir son sein cruel referme pour toujoprs '. EUe m'a tant ravi! Levez-vous, ombres cheres j Repeuplez mes nuits solitaires Do tout ce qui manque a mes jours. Juste ciel! je la vois. C'est Dufrenoy , c'est elle ! Son front s'est couronne d'une gloire immortelle. Et toutefois ses nobles mains Semblent encore des Immaius Attendre quelque fleur uouvelle. S'il etait vrai, de sa mourante voix Si quelques suaves cantlques Briguaient encor la palme aux luttes poetiques!... (i) Heureux qui , presidant a ces nobles tournois , Pourrait sur son cercueil deposer ces guirlandes ! Dons sacres, pieuses offrandes , Ainsi Ton vous vit autrefois , Tardifs consolateurs du cbantre d'Herminie, Ceindre un front glorieux quitte par Ic genie. Mais du divin sejour le geuie ici-bas Conteraple ces bonneurs qui cliarment le trepas ; Du destin qui s'apaise il benit la clemcuce; II sourit. Trop souvent, belas! Pour lui c'est a la mort que le bonbeur commence. Chauvet. (i) Allusion a une derniere prodaclion de Madame Dufrenoy, qui concoart en ce mo- ment poor un prix academiqne. Tin douloureux interet s'attacbe ^ cet oavrage , dont la composition a , suirant toute app«i*nee, nbrege les jours d« I'Stjteiir. ' ' TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE SOIXANTE-QUINZIEME CAHIER. MARS 1825. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. De la population en France A. D. 589 2. Essai litteraire sur le genie poetique en France. . . Artaud. 601 3. Sur la Colonne de la place Vendome Cuutdle. 619 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Manuel de la metallurgie du fer, par Karsten ; traduit de I'allemand par Culmann Ferry. 6a5 5. OEuvres de Michel Lhospital, publiees par Dilfey. Dupin aine. 63 j 6. De la science des finances, par M. Ganilh. . . . J.-B. S. 641 7. De laMonarchie francaise,au 1*' Janvier 1824; par M. le comte de Montlosier M. Aveuel. 649 8. Guerre des Vendeens et des Chouans centre la Republique francaise F- 676 9 OEuvres completes de M. le comte de Segur. — Memoires , ou Souvenirs et anecdotes p***_ ggg 10. Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, par M. Barbier. T. Ill 'a. Mahul. 703 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i33 ouvrages , francais et ctrangers . Ameriqtje. — Etats- Vnis , 2 718 Europe. — Grande-Bretagne , 8; — Russie ,' i ; — Danemarck , 5; — AUemagne , 18 ; —Suisse , 5 ; — Italie , 10; — Pays-Bas , 9. 7^3 Frauce , y5; SAYOiT : sciences physiques et naCurel/es , 10 766 Sciences religieuses , morales , politiqucs ethistoriques , 26 773 Litterature , 18 79(1 Beaux-arts ,5 817 Memoires et Rapports de Societes savantes , 3 8aa Ouvrages periodiques , 7 828 Livres en langues etrangeres imprimis en France ,6 837 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique septentrionale. — Etats-Unis : Watcrtown , Petite- verole, Vaccine; — Navigation. — New -York, Statistique, Population ; — Hautes ficoles. — Nouvelle - Orleans , Alfrau- chissement des esclaves ; — Voyage de quatre Anglais dans les Etats-Unis. — Voyage de La Fayette. — Kentuky , Situa- tion politique. —7 Papier- monnaie en circulation. — Haiti; Port-au-Prince, Etat actuel de I'instruction publique 839 896 TABLE U£S ARTICLES. AmERIQUE MEHIDIONA.I.E. — - BuENOS-AlRES { Republique des prO' vinces-iinies de la Plata), Population; — Legislation; — Progres de la civilisation 843 AsiE. — Perse; Schiiaz , TremLlenient de terre S/Jfi OcEASiE. — Mer dit Sud, Decouverte d'une ile nouvelle. . . . 847 Afrique. — //e ^ainfe-Z/e/ewe, Tombeau de Napoleon Ib^ EUROPE. Iles Britanniques.- — Londres , Projet de creuser une nouvelle riviere ; — Pont sous la Tamise; — Publication prochaine d'un poeme et d'un volume supplemeutaire de la Corres- pondance de Pope. — York, Projet de fondation d'une Uni- versite 848 RussiE. — Astrakhan, Irruption du Cholera morbus 849 PoLOGNE. — Gouvernement de Podolie ,S\aLt\sli(:^ue 85a Svi,ov..-~Stochhohn , Direction gencrale des prisons. — Adminis- tration du Cadastre. — &/-a/^7(«rf, Publication nouvelle. . . . 854 Danemarck. — Copenhague , Publications prochaines Allemagjje. ■ — Stuttgart, Navigation par la vapeur. — Vienne , 855 Antiquites romaines. — Wisbaden , Necrologie : Rebmann. . Suisse. — Canton de Vaiid ; Yverdun , Navigation par bateaux a vapeur. — Lausanne , Jonction des deux lacs de Geneve et de Neuchdtel. — Geneve , Monument a elever a la memoire de Pictet 85& IxAJLiE. — Florence , Academic des Georgofiles. — Naples , Ins- titut des beaux-arts. — Rome, Pelerinage; — Continuatiou du Journal eccU'siastique SSg Pays-Bas. — Leyde, Fete seculaire de I'Universite. — La Baye, Necrologie : Paulus Van Hemert 860 France. — Gevrcy, Rectification. — Dieppe, Antiquites. — iJa- mar^, Fouilles. — Cnfn , Necrologie : Lamouroux 863 — Societes savanles et Etablissemcns d'litiUte piiblique : Metz , Societe d'encouragement des sciences, etc. — Nevers , Ins- truction des ouvriers 86fi Paris. — /«j^/«/f .• Academic des sciences : Seance des j, 14, 21, et 28 fevrier; — Opinion de M. Geoffroy Saint -Hilaire sur la formation d'une nouvelle classe pour les sciences phy- siologiques. — Societe des sciences medicales: Seance du 2 fevrier. — Anencephale. — Societe philantbropique en fa- veur des Grecs : Annonce d'une souscriptiou. — Etat general du Clerge en France. — Apercu statistique sur le commerce de France. — Theatres : Thedtre-Francais , I'^ representation du Cid d'Andalousie , tragedie en 5 actes, — Theatre rojal de /'Ode'on, I''e representation de Jeanne d'Arc, tragedie en 5 actes. — Nkcrolog IB :Fcrrrt«rf, pair de France; Mme Dufrenoy. ^%48i, 482. AxHENEE ( Fondatioii d'un ) , ou Societe de lecture a Copen- hague , 553. — ■ de Paris ,276. — des Beaux-arts, 279. Athfenes ( L' ) nioderne ; Analyse des horumes et des choses dans la capitale de I'Ecosse, 725. Au/schlager {J. F.). Das Elsaz , 23l. Anguis (P. R. ). f^oy: Rousseau. Aiili Gellii Nodes atlicce , cur. A. Lion , 1 38. Avenel ( M. ). C. — A. , 78 , 64y. B. , 190. Avis aux Chambres, aux Emigres, aux Contribuables , etc. , j)ar Ch J. Coube, 796. B Baden (Torkel). De la nullit6 des ressources que presente aux beaux-aits la inythologie da Nord , 140. Bailleiil ( J. Ch. ). fajf. Rembour- senient. Bailly ( C). Manuel du Jardinier. 462. Balbo {P.). Del metro sessagesi- inale , a/ilica misitra egizia , rin- norata in Piemonle , /\So. Barante. Histoire des dues de Bourgogne , A. , 378. Darbacovi (F. ^. ). Memorie stori- che della citia et del territorio di Trenta , l49- Barbier. Dictionnaire des ouvra- ges anonymes et pseudouymes, A. , 703. — C. — A.,95. Barreau anglais , ou Choix de plaidoyers des avocats anglais , traduits par Clair et Clapier , 491- — franqais. Collection des chefs- d'oeuvre de TEloquence judi- ciaire en France , recueillis par Clair et Clapier, 492. Barth , graveur allemand, 32fi. Basse ( jigostino ). JShwva maniera di Jabbricare it I'ino , 449- Bast (M. L. de ). Messager des sciences et des arts, 765. Baston ( L'abbe ). Reclamations . pour I'Eglise de France , etc. , 486. Bastonnade (La) et la Flagellation penalcs , etc. , par le comte Laujuinais, 178. Bavesi ( £. ). Delia medicina ita- liana, et della dottrina di Broits- sais , 145. Bayard. Roman a vendre , come- die, 584. Bazar parisien, ou Choix raisonne des produits de I'induslrie pa- risienne , par Faure-Finanl t-t de Missolz, 480. Beautes de i'llistoire de la Giece moderne, par M"^ Dufrenoy, 495. PES MATIERES. 901 — de lord Byron , ou Clioix des morceaux les plus remarqua- bles extraits de ses ecrits , 201. — et Merveilles du ciel , ou Cours d'astronoraie , etc. , par Th. Squire, 162. Beaux- ARTS , i5,224, 225, 226, 25 1 , 282 ,3 10, 4fio , 533 ,619, 760, 765 , 8x7, 8i8, 821, 822, 859. Beauzee. f^oy. Imitation de J.-C. Begin (L. J.). Lettre a Francois- Joseph-Victor Broussais , 766. Belles-lettbes. f^oj: Littera- TURE. Belloc , peintre. Portrait de la duchesse de Berry. Tableau de la deruiere exposition a Paris , 3i6. — ( M'"" Louise Swantou ). foy. Byron. Dentelii ( Itichardc') et doctorum vi- Toriim Epistolce , i36. Bentham (Jeremie). Theorie des preuves judiciaires , traduite en italien , par B. V. Zambelli , 45i, 837. l)»pvap(5'tvou 2a[Airt£pou ra Jixrct Ilay- Xov jcai B'.p-ctvtav , 837. Berre , peintre flauiand, 320. Berlin , ])aysagiste, 3 18. Betti ( Salvator ). Dialogue sur ce qu'a public le marquis Cesar Lucchesini au sujet de I'eta- blissement de la veritable tra- gedie par Eschyle, 559. Beugnot ( Amedee ). Vojr. Palla- dio. Beyer (M''^ Elise). Voy. Titauia. Biamonti (L'abbe ). ^oy. Necro- LOGIE. Bible ( La ) vulgate en latin , selon les editions de Rome, par L. Van Ess., i34. Dibliografia universale , i5o. Bibliogkaphie , 109, 237, 4i5, 702 , 718. Bibliotheque instructive et mo- rale pour la jeunesse, par L. Seb. LeNorraand ,171, Biet (J. E. ). Souvenirs du Musee desmonuniens francais. Collec- tion de quarante dessins graves par Norma nd , pere et ills, avec un texte explicatif , par J. P. Bres, 533. Diografia universale antica e. mo- de rna , 453. BioGRAPHiE , I 85, 193 , 227, 336, 439, 441 , 460, 539, 719, 787, 79O' 79'- - — du conite Pierre de Griffenfeld, par Odin Wolff, 129. Biographische Denkmale , von K. A. IVarnhaoeiiiwii Ense, i35. Biret. Traite de I'Absence et de ses effets , 781. Blair ( H. ). Abrege du cours com- plet de Rhetorique et de Belles- Lcltres, traduit de I'anglais , 796. Blanc ( L. G. ). Manuel de tout cc que la nature et I'histoire de la terre offrent de plus curieux, i33. Blancliard (M'le). Notre -Dame de Bon-Secouis ; tableau de ia dernifere exposition a Paris , 3i5. Blaquieres ( E. ). Histoire de la Revolution actuelle de la Grece, 787. Blein (Le baron). Nouvelles vues sur Tamortissenient de la dette publique , 493. Blondel ( M"'« ). Lecons religieu- ses et morales, 776. BoileauDespreaux.OEuvres,avec un Conimentaire , par Saint- Surin , A. , 95. Boissy-d'Aiigias. A-'o^. Etudes. Bolste ( P. C. V. ). Voy. Necrolo- GIE. Boistard. yoy. Jardinier. Bonnelier (Hippolyte ). Urbain Grandier , 814. Bennington, peinti e anglais, 3lf>. Bonstetten (Ch. V. de ). L'Honmie du Midi et rilomme du Nord , i4i. 902 TAULE ANALYTIQUE Bo|)j). yoy. Laiifjue sniiiscitte. Uoida. P'oy. Neckologir. Hordier-Marcct ( G. A. ). For. Pa- rabole. Fof. Faiial. Ilorghi ( Giuseppe ). Le OJi di Pin- daro; iradiizione , ccc. , 45.i. Bosio, sculi)tfur. Statue (!e Nvin- plie, 327. lios.si (Louis), llihtiiiic dc Cluis- to]ilie Colond), etc. , rS5. BoT.vNiQUE , 127, i5S, 458, 8]7. . Bolsaris (Eloge funelire de), ]>ar Michel Scbinas, 233. Biittigers (C/i. G. ) Deucschc Ge- schichte fiir Gjimnasie'i undSchii- leii , 44o- Bottin (Seb. ). f'oj. Aliuaiiacli. Boucher de Conr.soii. T'oj. Lettre a uu Francais. Bouzique ( U. E. ). Les viii'^, x" el xiv*^ Satires de Juvenal, tra- duites en vers francais , 5io. Bowriiig (^Jolin). Ancient poetry and romances , etc. , J 22. Beyer. For. Nominations ac\- IJEMIyUFS. BredsdorfJ ( J. H. ). Om Buneskri- Jlens Aprindelse, i3i. Br^s (J. P.). I oy. Biet. brougham ( H. ). Practical Gbsena- ttons on the education of the people, 727, Bronssais. Vuy. Bave.si. — Foj. Begin. Brngnalelli {G.). Siq>plemenlo alia Guida alio studio della chimica generate , i45. Buchon ( J. .\. ). For- Clnoni- qnes. Buenos-Ayres , 38. — — ou Bepublique des Pro- vinces unies de la riviere de la Plata , 843. BuLGAIUE , '.>. 2. Hct-LETIN EIBLIOGRArHIQUK ( HI ) : Alleniagne, 1 32, 4279 738. — Amerique ineridionale, ii5. — Daueniarck, 129, 433, 735. — Etals-Unis , log , 4' J . 718. — France, l58 , 4^12, '^GC^. — Grande - Bretagne , ii(), 421, 723. — Haiti, 111,430. — Indes orientales , 11 5. — Italic, i44. 448, 732. — Pays-Bas , i53, 458,751. — Poitugal, 458. — Enssie , lafi, 73i. — Suede, 127. — Suisse, 141, 4'14>747- Biirger. OEuvres completes, pu- bliees par Charlies de Beinhard, 742. Butler ( Charles ). The Booh of the roman catholic Church, 423. Byron (Lord), par M'"" Louise ■ Swanton BcUoc, t. II, 808. f'oy. Beaiites. Foj. Med win. Cabanls. Foj. Destutt de Tracy. Cahen (S.). Cours de lecture he- braique, 192. Calf.kdkier pour 1825 ; suivides Conseils pour faire fortune, (lar B. Franklin, 171. — de Floie, de Faune et de Po- inone, 647. — francais , ou le veritable Alma- nacli pour I'annee 1825, par L. Denieison , 482. Camberlyn d' Amougies. Ejchii im- mortali genio , 76 jj . Campbell ( TLoina': ) . Thcodoric , a domestic tale; and other poems , 425. Caun.ibich. For. Geograi'hie. Cappi {A.) Fersi, ecc, 760. Captif (Le) Ju Forestel , Nou- velle, par A. Le Glay, 532. Carbonneaux, scnlpteur. Hercule cunibattant Acheloiis , 328. Cardelli. Manuel dii cuisinier , 4(i3 Garnet inilitaire. lufanlerie, 785. Carre. Les Lois de !a prorednre civile , 176. Catalogue des livres imprinies et maiiuscrits composant la bi- bliotlieque de feu M. I^angles, Carles cosmograpliiqnes elemen- taires, dessinees par S. Vis- coiili, gravecs par A. Gianni, 772. Catholiques en Autiiche qui, an nombre de qiiatre cents, em- brassent la religion iirotestante, 555. Gazes ( F.). La verite sur I'Espa- gne, 5o6. Cellerier (J. E. ). Eleraens de la gramniaite hebraique , suivis des principos de la svntaxe he- braique de W. Gesenius, 143. Cliabert. Voj. Instructions. — for. Necrologie. Chapellerie. P^oj. Guichaidifere. Chaptal. Voy. Chimie. Chapny. Vues pittoresques de la cathedrale de Paris , avec un texte descriptif, par Jolimonf , 226. yojr. Palladio. Charbonnier. yoy. Acupuiictiirp. Cbarrin (J. P.). Contes et conseils a nion fils , imites de Kotzebue, 214. — yoy. Album. Chasse, 149. Chateaubriand ( Vicomte de ). Extrait de son discours sur la loi contre le sacrilege, traduit en italien, 837. Chauveau (A.). Journal des avoues , 83r. Cbanvet,C. — N. , 892. — • yoj. Elegie. Chauvin, paysagistc, 3 18. Chimin sous la Taniise, 848. Chenier (Marie-Joseph et Aiidre). CEnvres completes, prccedees d'une notice sur le premier, par Dauuou, 801. Chili , 38. Chimie , 4'^7- — (Supplement au Guide pour I'etude de la ) , par G. Brngna- telli , 1 45. DES m\tiAf.es. 9o3 — (Couis aualvtiquc de), par Mojon, 448. ' — appliquoe a ragricnlture, par Chap.tal,et traduite en italien par Priino, 449- Chirurgie. T'oj, Sciences me- DICALES. Choiseul Gouffier ( G. F. A. de). Voyage pittoresque de la Grece, 818. Cholera morb-is. Progres de cette maladie aux Indes orientales , 543. Irruption de la memo mala- die a Astrakhan, 849- Chopin (J.), yoy. Dilbyiambe. Chroniques (Collection des) na- tionales francaises , etc. , par J. A. Buclion , 181. — du Levant , on Memnires sur la Grece et les contrees voisines, 229. Chronograpbie, par I'abbe La- chcvre, iSi. Churchill (James Moiss). foj: Arupuncture. Ciceron. Voy. Peyron. Cid (Le) d'Andalousie, tragedie de M. Le Bi un , 879. C1VI1.ISATION (Progres dela) dans- la republique des Proviuces- Unies de la riviere de la Plata, 843. — (Progres de la) en Egypte, 545. Clair. Voy. Barreau. Clapier. Ibid. Clarkson (Th.). Pensees sur la ntcessite d'ameliorer la condi- tion des esclaves dans les colo- nies britanniques, 4'-4- Classen-Horn. Poesies fugitives traduites du sui-dois en danois par Rahbek, 737. Classeur , on Methode siire et fa- cile pour classer tous ses pa- piers, 577. Classiques ( Collection de) grecs et latins publiee par Tcubner, n Ijeipzig, 55(). 9o4 TABLE AN — francais (Choix des), public A Londres et dirige par L. T. Ventouillac, lii. Edition de Debure, lyS. Clef pour le Testameut grec, par Jaraes Hamilton, 117. — (La) de I'industrie et des sciences qui se rattachent aux arts industriels, etc., par G. R. Armonville, 479- Clerge ( Etat general du ) de France, 877. Clery (Journal de), 786. Clinique (Manuel de), par L.' Martinet, i6t. Cloquet (Jules), f^oy. Anatomic de rhomme. Clugny (De). Le Penitent de Luxeuil, 53o. Code ci vil ( Qu'est-ce que le ) ? par le docteur V. J. Ferreira Car- doza da Costa, 458. College royal de Boulac, en Egypte, "545. Culoiiib ( Christophe ). Journal autographe de ses voyages, et de plusieurs autres illustres na- vigateurs , afir. Vof. Bossi. Coi.oMBiE, 38, ii5, 55i. Colombo [Michele). Opere , i5l. Colonic francaise du Senegal. In- troduction et multiplication de la cochenille, 241. Colonies danoises, aSi. Colonne (Sur la) de la place Ven- dome, a Paris, M., 619. Comfete observee I'annee derniere par plusieurs astronomes, afio. Commerce, 943 , 48o, 55o, 55 1. — (Apercu siatistique du) des Etats-Unls, 239. de I'Angleterre, 549- de la France, 877. Communication de Londres a Calcutta par des vaisseaux a vapeur, 242. Compaguie des mines de houille M. , 1. Coupin ( P. A.), C. — M.- , 336. Cours de grec modenie, 282. — gratuit de mecanique et de phy- sique appliquee aux arts, ouvert a Nevers, par M. Moriii , 566, 867. Courtivron (Le vicomte de). Voy. Natation. Coutelle(Le colonel), C. — M.,619. Cramoisi. ^of. Arbuste. Crivel/i (Fraricesfo), Sloiia cronolo- gica de Bornani , 45 1. Crivelli, avocat, C. — li., 177, 627, 757, 780, 782. Crusv. f^oj. Recueil general. Culiiiann (F. J.). Tty. Manuel. CULTE. f^OJ. ThEOLOGIE. — de Bacchus (Recherches sur le), par P. N. RoUe, A., 4o5. Culture du riz dans le canton de Vaud, 558. Ciivier (G.). Recherches sur les ossemens fossiles. A., 35o. D Dagneaux. ^'5. Destiiveaux ( P. J. ). Voj. Dis- cours. Destutt de Tract. Elogio di Cuban is, i5o. Develey (Em.), f^oy. Memoire. Developpeniens de la proposition faite au conseil des ministres par S. S. le vicointe de Cha- teaubriand, etc., igi. Devilleneuve (N.). P^oj^. Frick. DiCTioNNAiRE auglals et itahen, italien et anglais , avec les mots equivalens fraucais, par J. Da- venport , 728. — danois, 'public sous la direc- tion de la Societe des sciences , A., 91. — du langage (rowels/i) des Bohe- mlens et d'autres vagabonds re- pandus dans le Jutland, par N.N. Dorph, 555, 735. — fraucais-wolof et fraucais-bam- bara , suivi du Dictionnaire wolof-francais, par J. Dard , Soy. — des ouvrages anonymes et pseudonymes, par Barbier, A. , 703. — de la Penality dans toutes les parties du monde connu, par B. Salnl-Edme, 177. DiPLOMATiE, 420, 494. Direction generale des prisons , nouvellenient 6tab!ie a -Stock- holm , 853. Discours sur I'lnstructiou publi- que, par G. J. Destriveaux, i53. — de J. B. Niccolini, 453. — d'introduction au cours de lit- terature grecque moderne, par G. A. de Mano , 798. Distribution desprix au gymnase de Strasbourg, 269. Dithyrambe sur rinoudatioii de Saint-Petersbonrg , par J. Cho- pin , •no. — sur la liberte , par D. Salonios , traduit du grec moderne par S. Julien , 234. Documents accompanying the mes- sage of the president of the Uniirif Slates , etc. ,718. Doin (G. T.), C— B., 179. Dombasle (^fathieu de). f^oj-. Nominations academiques. Don de Cepiau. Eloge de Riquet de Bonrepos, 790. Dorpb. f-'Or. Dictionnaire. During (Geotg). PhantasiegemiiUle, 743. Drago ( V. ). Sioria dell' antica Grecia , 757. Droit canonique, 10. NATUREI. , 761. — PUBI.IC de la confederation lielvetique, par E. Henke, 444- yoj. aussi JuRISPRUIIENCE. Ducamp. Voy. Retentions d'urine. Ducarel. Foy. Antiquites anglo- normaiides. Ducis (J. F.). OEuvres complfetes, faisant parlie de la Collection des classiques francais, publiee par Debure, igS. Ducom. Foj. Inventions. Dufaii (P. A.). P'oy. Constitu- tions. Dufey (P. J.). Resume de I'his- toire de Bourgogne, 49^- — For. L'hospital. Dufrenoy (M""=). Hommage aux demoiselles, 520. — Foy. Beautes. — For. Neckologie. - For. Elegie. Dufresne ( Abel ) Foy. Contes. Dulaure (J. A.). Esquisses his- toriques des principaux evene- mens de la revolution francaise, 499 ' 786- — Histoire civile, physique et morale de Paris, 5oi. Dumersan , de la Bibliothequp du Roi, C. — A., 104. Dumesnil ( Alexis ). loy. fiancaise. Dupaty, sculpteur. Biblis changee eii fontaine, SaS. Dupin (Charles). Second discours sur la geometrie et la mecaiii- que appliquees aux arts, i6^. Dupin aine, avocat. f oj. Lois. — C — A., 832. -*- jeune. f'oy. Plaidoyer. Dupre, pensioniiaire a Rome. Diverses aquarelles de la der- niere Exposition a Paris, 3io. Duraiid de Maillane. Memoires , 786. Dusaulx. Foy. Rectification. Duvergier(J. B.). Collection com- plete des lois,decrets,etc., 175. — f^'oj^. Constitutions. E Eaton ( /. H. ). The life 0/ Andrew Jackson ,719. ECLAIRAGE , 473. EcoLE d'enseignement mutuel nouvellement fondee par M. Benjamin Delessert , a Cosso- nay , canton de Vaud , SSg. — militaire du Caire, 546- — publique de Chios, 56i. Ecoi.Es supei ieures de New- York, 54a , 840. EcoNOMtE DOMESTIQUE, 4 » 5 , 463. • POLITIQUE, lO. PUBLIQUE , 7^0. Voy. Decazaux. -^ RUKALE, 267 , 41 5 , 449 > 745. EcossE, 724, 62,5. f^oj. aiissi Gr AH de-Bret A GIVE. Ediles (Des) Romains; disserta- tion de P. G. Schubert, 137. Education (Esquisse du systeme d' ) suivi a New-Lanark, par R. D. Owen ,119. — des fenimes (E.'.sai sur 1' ), par IVlnie (le Remusat , 776. — du peuple ( Observations sur r ) , par H. Brougham , 727. Eglise c atholique. '•'. Situation. DES MATIERES. Nation — de France, yoj-. K^clamations. To jr. France. Egypte , 533. Eichboff ( F. G. ). Ktudes grec- ques sur Virgile, etc. , 609. Elegie sur la mort de M»»: Dufre- noy, par Chanvet , 892. Eiie de Beaumont ( L. ), Voyez Mines. Eloge de Cabanis, par le comte Destutt de Tracy, traduit en italien , i5o. — du pape Pie VT, avecl'Histoire religieuse de I'Europe sous son pontiCcat , par Charles du Ro- zoir, 787. — P. P. Riquet de Bonrepos , auteur du Canal de Languedoc, par Don de Cepian , 790. Eloquekce , i5o , 233 , 787, 790. — delachaire, 128. Emigration (L') indemnisee pai' I'ancien regime et depuis la res- lauration , pai Isidore Le Brun, 5o5. Encouragemens donnes au com- merce par I'erapereur de Rus- sia, 55 1. Enseignement mutuel, 7, 559- Enterremens ( Ex])ose des dangers resultant des) dans les villes , -etc., par Felix Pascalis , ^ifi. Epitre au comie de Las - Cases , preccdee d'un chant triomphal sur la delivrance de la Gr^ce , par Emile de la Bretonni^re , 209. EscLAVAGE. Articles y relatifs . 424, 425, 840. ESPAGNE, 29, 2fil , 78(1. — ( Note snr la situation de 1' ) . 190. — Vo) Cazes. — I oy. Moyten. Esprit du Dioit , et ses applica- tions a la Politique, etc. , par Albert Fiitot, 177. Essai liiteraire sur le Genie poe- tique au xix" siecle, M., 6ui. TABLK ANALYTIQUK So8 Et\ts-Unis, It), 109 , 289 , 4'5 , 718, 83y. ExHwoGRAPHiE , i33, 433, 435, 724, 725. Etraiigere ( L' ) , par le vicomte d'Arliiicouit ,218. Etudes ( Les ) litteraires et poeti- ques d'uu vieillard, par le comte Boissy-d'Anglas, 5i3. Ettropa in seirtem gegeitwartigen Zustande , I'oii I. JVeitzel , 438. Exameii de deux propositions de lois qui seraient faites aux. Chauibres ; I'uue surla celebra- tion du niariage , I'autre sur la tenue des registres de I'etat ci- vil , 488. — du huitienie chapitre du Con- trat social de J. -J. Fiousseau , intitule : De la Religion civile , par M. le comte Lanjuinais , Expedition d'un brick suedois pour la Colombie, 55i. — pour reconnaitre I'interieur de la Guiane , 543. Exposition (Notice sur 1') des tableaux en 1824. Cinquienie article, M. , 3io. — particuliered'objets des beaux- arts a Copenhague , aSl. — du Systeme du Monde , par Laplace , A. , 48. Extrait des Memoires relatifs a I'Histoire de France , depuis I'annee 1767 jusqu'a la revolu- tion, par Aignan et Norvins , 184. Eyck ( Hubert van ). Voj. Ciiin- berlyn d'Amougies. Fables russes tiroes da recueil de M. Kriloff, et iinit^es en vers francais et ilaliens, publiees par lecomleOiloff,838. Fanal ( Notice descriptive d'un ) a double aspect, par G. A. Bor- dier-Marcet , 473- Faure-Finant. yoy. Bazar. Feith. Odtti en Cedichien , iSj. Ferniier (Le) aniericain, par J. S. Skinner , 4 M- Ferrand ( C. Antoine ). f o/. Ne- CBOl-OGIK. Ferreini Cardoza da Costa ( ^. •^. ). Que he o Codigo civil? 458. Ferry, C — A., 625. — B., 180. Fete ( La ) de Moli^re , comedie", par Snnison , 287. — seiui-seculaire de I'Universite de Leyde , 860. Fielding, peinire anglais ,319. Fievre jaune ( La ) est-elle ou nou contagieuseP parG.Palloni, 449- Finacci. 11 Propagatore , iSi. Finances, 493, 64'! 79^' 79^- Flandrin. Voy. Instructions. Flesselles ( M'ne de). Deux Nou- velles forinant le quatrieme vo- lume deRicardo leproscrit, 8 1 6. Fleubere, C. — N., 286. Fleurigcon. Additions au Code administratif , 176. Fleurs poetiquesdediees a S. A.R. Madame la ducbesse de Berry, par P. Denne-Baron, 5 16. Flora Brasilice meridionalis , %'ij. Florian. OEuvres. Nouvelle edi- tion en 1 3 volumes , igfi. Forbin (C. de), paysagiste , 3 18. — Voy. Un mois a Yenise. FoRETS, 168. Formation de la craie, 54 1. Fossile encore inconnu , decrit par M. Bowdicb , 242. Fouche , due d'Otrante. Voy. Me- moires. Fracastor ( /. ). La Sifilide , 759. France , 25 , Sy , i 58 , 262 , ^Pii, 56'i, 786, 853. — (La) ciitliolique , nu Recueil de dissertations religieuses sur I'etat actuel des affaires de I'E- glise, 539. — (La) , rfirnigration et les Co- lons , par M. de Pradt, A. , 78. — (La) pacifice , pocme, par N. J. B., ao2. 1 DES MATIERES. gOQ Francesco I in Trento /telle /este di Natnle del 1822, etc , 452. Franchini ( Pielro ). Saggio siilla slo- ria delle Maleinatiche , etc. , ySi. Francoeur, C. — A. , 48. — B. , 164,467, 472.— N., 266, 54y. — P^ox- Reclamation. Franklin ( Benjamin ). Conseils pour faire fortune, etc., 171. Freycinet (Louis de). /'07. Voyage de decouvertes. Frick ( D. ) et N. Devilleneuve. Journal des Voyages, 828. Fritot (A.), f'o). Esprit du Droit. Flinch ( General -von ). Gemdide aus dern Zeitalter tier Kreuzzuge , 439- G Galanti (^Liiigi). Instituzioni di gco- grajia fisica e politica , i4y. Galerie trancaise, en estampes , des hommes les plus illustres dans tous les genres, par Al- lent , 227. par una societii d'hommesde lettres, 534. Gallesio ( G. ). Pomona italiana , 144. GauilU. De la science des finances, et du ministere de M. de Vil- lele. A., 64 1. Gamier (J. M.). J^oy. Moyen. Gaspari. I'oy. Geogkaphie. Gassies , paysagiste, Sig. Genes sauvee, ou Fiesque et Doria , tragedie , par Laniarte- lifere, 212. Genie poetique (Sur le) au xix* siecle, ]M. , fioi. Geoffroy Saint Hilaire. Opinion dans la question de candida- ture pour la place vacante dans le sein de I'Academie des scien- ces par la mort de M. Des- champs, 873. GeoGa>osie, 268, 541. Geogkaphie, 5, i33, 261, 443, 477, 478, 544 ) 545, 760, 772, 828,829. — (Institutions de ) physique et politique, par L. Galanti , i47> — (Manuel complet de la) nioder- ne , par Gaspari , Hassel , Can- nabich , Gutsmutlis et Ukert, l32. Geometkie , 164. Gerard. Daphnis et Chloe.Tableau de la deruiere Exposition a Paris, 3 10. — Portrait du mareclial Soult, et celui de la conitesse de Gou- rieff. Meme Exposition , 3i5. Germanic ( La ) et les Germains , depuis les terns les plus an- ciens jusqu'a la mort de Char- lemagne , par A. Schreiber , 739- Gesenins (W. ). J^oy. Cellerier. Gianni (A.) T'oy. Carles cosmo- graphiques. Gil Bias de Santillane, traduit en italien par le docteur Crocchi Sane.se , i23. Ginouvier (J. F. J.). Tableau de I'interieur des prisons. A., 67. Girodet(Noticenecrologiquesur), M., 336. — (Sur), par Mme la princesse Constance de Salm , 811. Gleich(F.). Voy. Picard. Goethe's Philosophie , von Schtitz , i35. Golbery (Ph.), C. — B., i39, 233, 444? 741, 743. — De Tibulli vita et carminibus , 539. — Toy. Antiquises de I'Alsace. Gordon (N.J.). Kqr. NECROLoGlK- Gorgeret ( E. de). yoy. Lettre a un ernig: e. Gottschalck (W. ). Toy. Tilanid. Gkammaire, 447, 74'- hebra'iqiie (Eleinens de la), par J. E. Cellerier fils, i43. de la langue frise , par Rask. Publiiiiti.iu prochaine, 854- — espagnole, par lem6me,735. — ( Noiivelle) pralique de lu Ian- 9"^ TAItLK ANALYTIyUF gue fran^aise, par G. Hirzel, 446. Gkande-Bketagive, Ji, 60, I l6, iii, 421, 547, 723, 848. Gniiiet. Vuedela villa Aldobiaii- clitii. Tableau de la deinieie Exposition a Paris, 3 18. Gkavure, 225, 227, 325, 533, 534, 535, 818,822. GuEOE, 34 , 308 , 209, 229 , 260, 4y4, 495, 5iy, 56i, 757, 818, — (Tableau moral et politique lie la), en 1824, M., 293. (^riffeiifeld. roj. Wolff. Guadet (J.). For. Constitutions. -C.-B.,i74: Gudiu, peintre, 32 1. Guerres des Vendeens et des Chouans contre la Republique t'lancaise, 4y8, A. , 676 GuiAKE, 543. C/uichardieie. Mcmoires sur les perfectioiHieniensapporlesdans I'art de la chapellerie, etc., 167. Guillemot. Portrait equestre de Rene d'Anjou. Tableau de la dernifere Exposition a Paris, 3x4. Guinea (Cote de). ^0/. Mon- nard. Ciiizot (Mm- ). Nouveaux routes, 214. (Tiitsmuth.s. yoj. Geographie. <'ymnase militaiie dirige par le colonel Anioros , 574- (irMJXASTIQUE, 474) ^74. — (Considerations sur la), pai Junod, 1 66. H Hag en (F. H. iion der^. Gottfried Ton Sirassbiirg T'eike, 74 1 • lIviTt, 37, 64 ) rri) 4'o, 842. Hamilton's ( James ) Key to tite greek Testament , 117. Hnndbiicli der Gesckichtc Jer Lite- lattir, -von L. fFachler , iSq. — des TFissenswilrdigsten ans der Natiir iind der Geschichte der Erde and Hirer Bewo finer. Ton L. G. nianc, i33. — ( f'oUsliindiges ) der neiisten Erdliesclireibiing , Ton Gaspaii, U asset, etc. , 1 32. Hardivilliers (J.). T^oy. Neces- saire parisien. Hassel. For. Geographie. tlaus i^J. y. ). Elemenia docCrinac juris philo^ophicae , 762. Hausset (Mme du). Memoires , i85. UazUtt ( JF.). The spirit of the age, 837. Heiberg, C— B., i32, i4i, 435, 436, 723, 737,854. — fils, C— B.437, 553, 736, 738. Henkes {£.). Oeffentliches Recht , 444- Henuequin ( P.). Cours de litte- rature ancieune et moderue , 73.. Henry (D'). Expos6 des cbange- mens operes clans la legislation penale en Belgique, 763. Herbette (A. L. J. ). Du projet de loi surl'iudemnite des Emigres, 5o4. H.ereaii (E.), secretaire general de la Kevue Encyclopedique , C. — B., iio, 196, 208, 212, •122, 5o3, SiQ, 735, 796, 8o3, 811, 8i3, et les articles signes E. H. Hersent. Les religieux du mont Saint-Gotbard. Tableau de la dernifeie Exposition a Pari' , 3 12. Heures de devotion pour Tavaii- cement du vrai clirisliniiisn)e et du culte doniestique, 747. Heuriault (M. J.), yoy. Necko- LOGIE. Highlands ( The) and western isles of Scotland, etc., by John i\lac- cidloch , 724. flirzels Neiiepraktische Franzosische Gramniacili, 44t>- DiS MATlEREs. ;)" flisely ( Jos. ). Disserlatio hisCorica inaiiguralis de Ouilielmo Teltio , 763. HiSTOIKE , 12, 148, 149, l55, i8i,i83,i84, i85, 186, aoS, 293 , 389 , 4'^5 , 438, 439, 44 1 > 452 , 494 , 495 , 497, 498 , 499 , 5oo, 5o3 , 676 , 690 , 739, 760, 763, 787, 832,855. — chronologique des Romains , par F. Crivelli, 45 i. — du Danemarck. yoy. Ijami. — de la Suede, par Rhus, 128. — de Charles X, roi de Suede, par J. F. de Luudblad , 854- — d'AUeinagne a I'usage des eco- les , par Ch. G. Bottiger, 44t>. — des Suisses. ^'0. Introduction. — du rovaume des Ostrogoths en Italie, par J. C. F. Manso , 738. — de la domination des Arabes et des Maures en Espagne et en Portugal, 786. — de I'ancieniie Gr6ce , etc, , par V. Driigo , 757. — de la Grece moderne. ycy. Beauies. — de la revolution de la Grece etc., par E. Blaquiferes, 787. — • des troubles des Pays-Bas sous Philippe II, par Vandervynckt, 458. — des dues de Bourgogne, par Barante, A., 378. — de Bourgogne( Resume de 1'), par Dufey, 49^- — politique et sratistique de I'Aquitaine, par Verneih-Pui- raseau, 182. — de Paris, par Dulaure , 5oi. — (Resume de I' J , par Lucas, 5oi. — de son terns, par J. B. Adrian! , 45i. — de Christophe Colomb , par L. Bossi , 185. — de I'exp^dition du geneial Xavier Mina dans le Mexique , par Uubinson , i35. — de la Philosophie morale, par Ch. Fr. Staeudlin, i34. — (Essai sui- 1'} des maihema- tiques, par P. Franchiui , 7.53. — de I'invention de I'imprimerie, par Lichtenberger , aSo. — abregee de FAcademie royale des beaux-arts d'Anvers , par J. R. L. deKirckhoff, 765. — de la litterature grecque , par Schcell , 5o8. LITTERAIRR, l39, IQ3 , 5oS. JfATURKLLE, ItO, Il6, 24'.i, 2fio, 262 , 35o, 547, 744- IJii'e (^The), or JVeehly register of remarkable events , etc., I25. Hiver extraordinaire, 54i. Hoguer ( M"i' ) , peintre sur por- celaine, 323. Homniageaux demoiselles, redige par Muif Dufrenoy, 52o. — rendu au commerce, 243. Homme ( L') du Midi et rHomme du Nord , ou I'lnfluence du climat , par Ch. V. de Bon- stetteu , i4i. Horlogerie. Voy. Rectification. Huzard. T'oy. Instructiohs. Hydrographie, 261, 264. Hydrotechnie , 541, 848. Hygiejie, 268. ^ — physiologique de la femme , par C. Lachaise , 4^8. I ICONOGRAPHIE, l44- Idees sur la noblesse, les litres et les majorats, 5o4. llliistrazione storico-crilica d'liua rarissima viedaglia , etc., i52. Imitation de Jesus-Christ, tra- tluite par Beauzee, avec des notes explicatives par I'abbe Labouderie, 483. Imprimerie, 23o. — royale etablie a Boiilac, en Egypte, 546. IjvDEMNiTE accordee aux eiiii"res. gtl TABLE AN Articles y lelatlf's, igo, 191, 5o4 , 5o5, 7;)fi. Indesokiektales,! 1 5, 24 1, 543. Industrie, ifiy, 179, 264, 478, 480, 566,577. Incsilla, or the Tempter^ a ro- mance , with other tales , bj Ch. Oilier, 4i5. Ingimann (U. S,). JVahleinar den Store , 435. — Esquisse de la iiiythologie slave , 735. Inondation de la -ville de Saint- Petersbourg, 210, 245. Institut de France. T'oj, Socie- TES SAVANTES. — royal des beaux-arts, de Naples, 859. — politique de Zurich, SSg. - de Pestalozzi , a Yverdun , 253. Instruction elememtaire, 273. — gratuite des ouvriers , 566, 867. -^ POPULAIRE , l53. PUBLIQUE, 25l, 269, 542, 555 , 559 , 561, 840. f'ojezaiissi EcoiEs , Universites. ( Etat actuel de 1' ) a Haiti , 842. — keligieuse des esclaves dans les Indes occidentales , par R. Watsou, 425. Instructions et observations sur les maladies des auimaux do- mestiques, etc., par Chabert, Flandrin et Huzard, 768. Instrumens graphiques de M. De- jernon, 283. Instrument pour faire des recher- cbes au fond des eaux des ri- vieres , 548. Introduction ( Essai d'une ) a I'hisloire des Suisses , 443- Invejvtiuns, 283, 548, 577. — de M. Ducoin , professeur d'hydrograpliie a Bordeaux , 264". Ihi,andf. , 725. ^. 462. Jardinier ( Le bon ) , almanacli pour 1825, par Vihnorin , Noi- sette et Boitard, 159. Jaubert de Passa. 1^'oj-. Nomina- tions academiques. Jeanne d'Arc, tragedie d' Alexan- dre Soumet , 886. Jesuites , 794- Joiimonf (F. T. de). f^oy. Chapuy. Jonction de la mer Atlantique avec rOc6an pacifique, 54i , 839. — dcs deux lacs de Geneve et de Neufchatel, 857. Jourdan. ? ojr. Recueil general. JouKNAUXET RECUEIiS PEIilOni- QUES publics en Allemagne : Zcitschrift Jilr Physiologie , a Halle, 253.- — Indication dcs principaux ouvrages periodi- ques publics en Allemagne, 744- — |)ublies en Anglelerre : Philoso- phical Magazine, a Londres, 124, 7^0. — The Hive, a Londres, 1 25. — The JFestminster Review, a Londres , 43i. — publics en Danemarck : Le Messager francais du Nord , h Cojienliague, 554- — publics aux Etats - Unis : An- DES MATIliRES. rials of the Lyceum of natural history oj New-York , no. — publics en France : Chroniques du Levant , etc. , a Paris, 229. - — Recueil agronomique , a Montauban , SSy. — Revue ine- dicale , a Paris, 53j. — La France Catholique, a Paris, SSg. — Revue protestante, a Paris, 828. — Journal des voyages, a Paris, 828. — Bulletin de la Societe de geograjihie, a Paris, 829. — Journal des Avoues , a Poitiers, 83i. — Archives his- toriques et statistiques du de- partement du Rhone, a Lyon, 882. — Le Lvcee armoiicain, a Nantes, 884. — Journal Asiali- que , k Paris , 835. — jjublies en Italie : U Propaga- tore , a Turin, i52. — Journal Arcadique de Rome , 55g. — Aiinali universali di statistica , economia publica, ecc. , a Milan, 760. — Journal ecclesiastique, a Rome, 860. — (jublies dans les Pays-Bas : Dc Rotterdamsch niemv letterhiindig tydschrift Urania , 46 1 . — Biblio- theque medicale, a Bruxelles, 461. — Annales de la litterature medicale britannique , a Gaud, 4fii- — Mes.'snger des sciences et des arts, a Gand, 765. — publics en Russie : Journal du Comnierce, a Petersbourg, 55o. Jouy (Etieune). OEuvres com- pletes, 201. Julien (Stanislas). >^or. Ditln- ranibe. JuUien ( B. ) , C— A. , 889 . et les articles signes B. J. Jullien (M. A.), fondateur-direc- teur de la Revue Encyclope- dique,C. — M., i,et les articles signes M. A. J. Junge. Surlecaractere,les raosurs, les opinions et la langue des paysans de File de Solande, 435. 913 Junod. Considerations s«r la gyni- nastique, t66. JuKISPltUDENCE , I77, 45l, 49'i 492, 781, 7S2 , 83 I. F'o)-. aussi Duoir et LjiGisLATiou. Juvenal, f^oj. Bouzique. Juvigny y^J. B.). Voy. Moyeu. K Karsten ( C. G. B. ). roj. Manuel. Katholicon, fiir Alle unter jeder Form das Eine , 749- Kentuky (Situation politique du), 841. Keratry. Les derniers des Beau- manoir , 216. Kirckhoff (De), C. — B., ii(i, 4(>o , 4^2 , 755. — lieknopleGeschiedeiiis derKoninh- lyhe Acadeinie van schnoiie Kinisten te Aiitwerpen , 7(15. Kotzebue. yoy. Chairin. Krnsc. 5)V Aur ^ 4^7- Kruse ( T. ). Deutsche Alterthiimer , 448. Kuntz, peintre allemand, 821. Laboide ( Alex, de ), de I'Listitut, C — A., 858. — B., 532. Labouderie ( L'abbe ). yoy. Imi- tation de J.-C. La Bretonniere ( Emile de ). yoy . Epitre. Lacepede ( B. G. E. de) , de I'lns- titut , C. — A. , 35o. Lachaise (C). yoy. Hygiene. La Fayette ( Le general ). Son voyage aux Etats-Unis , 84r. Lamarteliere. Voy. G^nes sauvee. Lanii (P-)- F>esume de I'Histoire du Danemarck , 4yj- Lamouioux (J. \. F. ). yoy. Ci>- ralliua. yoy. NEcnoLOGri;. Lainpredi. Alia inemorie della con- tessa Anna Orloff. Ode trnduite 61 9' 1 TABLE ANALYTIQUE eiifraiicaispar Amaurj-Diival, operas dans la) en Belgiqii 540. Lanrion ( C. P. ). Annales du Miisee de I'Ecole moderne des Beaux-arts, aaS, 822. Langle (Ferd. ). f'oy. A|Jollon II. Langles. f'oj'. Catalogue. Langne samscriie (RecUerclies sur le sysit'ine grammatical de la), par Bopp , 74i- Lanjuinais, de I'lnstitut, C. — B. , 171, 175, iy6, 458, 486, , 488 , 489 , 494 1 5o5 , 5ofi, 507, 539 , 769. — foj Bastonnade. — f^oy. Examen. — fils, C. — B. , 192. l^aplace. Exposition du systeme du monde, A. , 48. Laromiguiere. f'oj . Paradoxes. Lasteyrie(C. de). f^oj. Anatomie de I'homme. f^oy. Autommarclii. La Tynna (J. de) Fnjez Alma- nach. Lazareth ( Projet d'etablir uii ) a Alexandrie, 54fi. Le Brun. Le Cid d'Andalousie , tragedie , 879. — (Isidore), foj. Emigration. Lechande d'Anisy. f'oj'. Autiqui- tes anglo-norinandes. Le Clerc (J. V.), C — B., 448. Leclerc ( MH" ) , peintre sur por- celaine , SaS. Lecons d'Aritlimetique. royz Le Haitre. — religieuses et morales, jiar M""^ Blondel , 776. Lectures archeologiqnes sur quel- quesmonuniensdu Museeegyp- tien de Turin , 455. ■ — sur la tragedie grecque, 280- Legislation , 11, ii5, 17 4) '75, 176, 177, 372 , 458, 487, 488, 491 , 492 , 780 . 781 , 837. — PEKALE (Essai de), par Puc- cinelli , 757. ( Expose des cliangenieiis 763. f^oj. Nomotesia. Le Glay. Le Captif du Forestel , 532. Legraverend (J. M.).Un mot sur le projet de loi relatif au Sacri- lege, 487. Le Haitre. Lecons ^lementaires d'Aritlimetique, i63. Leigh. Foj'. Londres. Le Monnier. f'oyez Necrologir. Lenoimand ( L, Seb.). yoj-. Bi- blioth^que instructive, [^eshios (B.). For. Necrologie. Lesur (C. L. ). fo/. Annuaire his- torique. Leteliier, paysagiste, 3x8. Letters from the Irish Highlands , 725. Lettre a un emigre sur la deuxieme leltie de M. de Chateaubriand , par E. de Gorgeret, 191. — a un Francais , sur une ques- tion d'Etat convertie en propo- sition d'indemnite , par Bou- cher de Courson , igo. — a M. ,Touy, sur un article si- tirique de sa Biographie des contemporains , etc., par De- cremps ,791. — de L. J. Begin , a F. J. \ . Broussais , 766. Lettres (Collection de ) de Nicolas Poussin , 224- — de Richard Bentley et d'autres savans , i3f!. — ecrites de Paris, sur les causes et les resuitais de la Revolution francai.se , pai W. C. Sonier- ville, 109. — a Betlina sur la Religion; ou- vrage posthume de C. Th. Ptel- fel; iradiiit de I'allemand ))nr J. WiUm , 4S(;. L'Hospital ( Michel) , chancelier de France. OEuvres puhlii'cs par Dufey , A. , ()3 <. Lichtcnbcrseis Geschickie der Er- UES MATIERES. dcr Buchdiucher Kuiist, yia fnd<. _ Lion ( Albert ). Nuits attiques d'Aul'.i-Gelle. Nouvelle edition, i38. LiTHOGRAPHIE, l6l, 2l(i, SaS, 766 , 800, 821. LiiTERATURE : allemande , 4^6 , 741 , 742 , 743 , 744 ; — a'l- cienne classique, 42 , 44^5 454) 5o8 , Sog , 5io , SSg , 800 ; — anglaise , 123,124, 125,201, 426, 427, 429, 73o, 816, 848 ; — belgique, 563 ; — biblique , 117, 1 33; — danoise, 91, 4^5, 436, 437, 736, 737 ; — espa- gnole, 1 22, — das Etats-Unis, 2i3; — francaise , t4, 4^ , 95, 121, 123, i4i, i5o , 195, 196, 198, 201 , 202, 204, 208, 209, 210, 212, 21 4, 2x5, 216, ai8, 222, 223, 287, 389, 5l2 , 5i3, 5i(), 5i(), 520 , 523, 524, 527, 53o,53a,58i, 582,584, fioi , 801 , 8o5 , 808, 811, 812, 8i3, 814, 8i5, 834, 837,879, 886, 892 ; — grecque moderne, t3, 233 , 234, 798; — haitienne, 112; • — hebraique , 192; — hollandaise, 157, 461 , 764 ; — liongroise , 252 ; — itallenne , 122, i5i , 1 52 , 452 , 453 , 454) 540, 759, 760; — orientale, 835 ; — peisane, 8o3 ; — rnsse, 838; — samsciile, 74t; — suedoise, 25(), 737. — ( Cours de ) aiicienne et mo- derne, etc., par P. Hennequin, 73r. Linncei ( Caruli ) Philosnphin bota- nica ; editio aucta et cinendata , 458. Livre ( Le) de I'Eglise catholiqne roniaine, etc. , p;ir Ch. Butler, 423. LiVRES DESTINES V LX JEUNF.SSK , 171 , 2i4 ) 776- Loeve-Veiin;irs, C. — B. , 459- Lot sur le Sacrilege, f'oj. Legra- verend. — — f^ojr. Mennnis. — sur les Maisons religleuses de femines. r-'oy- Meiiiiais. Lois ( Recueil complet des ) et Ordoiinances du royaunie, par Isambert, 174. — ( Collection complete des), Decrets , Ordonnauces , etc. . par J. B. Diivergier , 175, 781. — ( Les ) de la Procedure civile , par Carr^, 176. — sur la competence des fonc- tionnaires publics de toutes les hierarchies, par Dupin , avo- cat , 372. — ( Ancieunes ) fraocaises. I'oj: Recueil general. Londres ( Nouveau tableau de ) de Leigh , lao. Louis .\IV et ses piincipaux nii- nistres , 497. — et ses amours, 497- Lucas. Resume de I'Histoire phj sique, civile et morale de Paris, 5oi. Ludovic, ou THomme de ifua- rante ans , 223. Lundblad ( Jean Frederic de ). Histoire de Charles X , roi de Suede , 854- Lead's {Robert) Answer to th.^ Ob- seri'ations on the character of the Russians, etc., 726. Lycee (Le) armoricain , 83/i. Lydie , ou les Mariages manques , par M'le Simons-Candeille, 81 5. Auxo; X.0L1 repavo;, 800. Lyon's IV^frative of an unsncces-ful attempt to penetiiite as far as Re- pulse Bay , etc. , 422. M MaccuUoch ( J. ). Etat present des montagnes et des iles a I'ouest de I'Ecosse, 724- Maclean { Ch. ). Obser nations no. Quarantine , 723. Mahul (A.),C. — A., 703. gi6 TABLE ANA Maisons ( Des ) rcutrales cle de- tention, par Marquet.Vasselot, A. , 67. Malatides (Daniel). Gregor Edesi, ou le Triomphe des mociirs , draine en vers magvares, aSa. Malbouche (F. ), C. — B., 119. Maiio ( G. A. de ). f^-'or. Discours d'ijitroduetion. Manso ( /. C. F. ) Geschichie des Ost-Gothischen Reichs in Italien , 738. — Uebersicht der Staatsiimter iind Venvaltungibchorden unter Theo- dorich, 44 '• Manuel de la melallurgie du fer, par C. G. B. Kaisten ; tradiiit de I'allemand par F. J. Cul- mann, A. , fiaS. — du puhliciste et de riiomme d':^tat, 494. — veterinaiie , {)ar Sandri, 752. — ■ de clinique. Voy. Martirtet. — coniplet , theoriqiie et pratique du Jardinier , par C. Bally , 4fi2. — du Brasseur, par Accum; tra- duit de I'anglais p.ir Riffaull , 463. — du Cuisinier et de la Culsinii>re, par P. Cardelli, 463. — du Sapeiir-Pompier, par A. J. B. Plazanet , 476. Manuscrits historiqups et politi- ques de feu M. Reuterholm, a5o. — de ranciejine abba^e de Saint- Julien a Bri(jude, publics par Augusta Triiguon , A. , 389. Marbre.'s statuaires ( Des plus an- ciens) employes dans la sculp- ture clie/. les Italiens , 760. Marcel ( M"<= ) , peintre sur por- celaine , 3^3. Marine des Etats-lJnis, 719. Maries ( De). Voy. Conde. Marotte (La) de Ste-Pelagie, Sao. Marquet-Yasselot. f'oy. Maisons de detention. LYTIQUK Martinet ( L. ). Manuel de clini- que, etc. , 161 Masse ( L. M. ). roj. Tasse. Mathematiqcks , 753 , 769. — ■ (Traite clementaire de) , de physique et de chimie , par Reynand, 467- Mauioy. Des refus publics de sa- cremens et de sepulture, 170. Mecanique, ifi4- Medaille (Explication d'une) tres- rare, representant Bindo Altoviti. Ouvrage de Michel-Ange Buo- narotti, i5a. — frappee en Thonneurdes Scien- ces medicales, 283. Medailles ( Description de) anti- ques grecques et romaines, par T. E. Mionnet, A., io4. Medecine. Vof. Sciences MEDI- CALES. — (De la) italienne, et de la doc- trine mtdicaledeBroussais, par E. Bavesi , i45. Meditations metapliysiques , par Descartes , 489. Medwin ( Thomas ). Journal of the comersations of lord liyron , etc., 236. M^glin. rqr. Necrologie. Meisner {Fr.). yinnalen der allge- meinen scliwcizerischen Cesell- schaft fur die gesammten Naliir- wissenschaften , 76 I . — ^ Toj-. Necrologie. Memoire sur la meilleure marche a suivre dans I'enseignement de la geometric el^mentaire , par Em. Develey, 747- Memoirfs, Notices et Melvjn- GES (I) : Coup d'oeil sur les pro- gres des connaissances humai- nes en i8a4 ( -W. J. JuUien ), 1. — Bevue des effoi ts et des pro- gres des peuples dans les vingt- cinq dernieres annces (/. C. L^ de Sismondi) , 17. — Fragmens d'une traduction inedite de I'O- dyssee, en vers fran(;ais, par feu M. Aignan ( I. M. ), 42. — Ta- DES MATliRES. 9'' bleau moral et politique de la Gr^ce, en 1824 {Scki/ias ), 293. — ■ Exposition des tableaux en 1824 {P. A.), 3io. — Notice necrologiqiie sur Girodet ( P. A. Coitpin), 33fi. — De la popula- tion en France {A. D.) , 589. — P^ssai litteiaire sur le genie poetique en Fiance {Artaud), 60 r. — Sur la Colonne de la place Vendorae (Coiitelle),6jQ. Memotres et Rapports de Socie- tes savantes et d'ulilite publi- que en France, 228, 535, 822. — de I'Acaderaie des sciences et arts deBatavia, 11 5. — de la Societe de litterature neerlandaise de Leyde, 764- — (Collection des) relatifs a I'His- toire de France , 19^ livraison, 786. — de Joseph Fouche , due d'O- trante, 499. — du docteur Antommarchi , 5oo. — de M'n'- du Hausset , i85. • — ou Souvenirs et Anecdotes , par le comte de Segur , A., 690. — d'un homme de lettres, 8o5. — sur la Grece, jiour servir a I'Histoire de la guerre de I'inde- pendance, par Alplionse Rabbe, 494. — bistoriquesde la ville deTrente, etc.,parF. V. Barbacovi, 149. Memoirs of the affairs of Europe from the peace of Utrecht , 4i5. — ( The private ) and Confessions of a justifed Sinner, 427. — of the rose , etc. , I 23, Memorial (Petit) statistique et ad- ministratif des forets du royau- me , 168. Mennais (L'abbe de la ). Du pro- jet de loi sur le Sacrilege, 487. — Du projet de loi sur les Mai- sons religieuses de feninies , M ETALLUKGir,, baa. Metaphysique, 489. Meteoroi-ogie, 481, 483, 577. yieleorologicnl Essays and Observa- tions , by F. Daniell , 421. Metre ( Du ) sexagesimal , an- cienne mesure egyptienne re- nouvelee en Pieniont , par le comte P. Balbo, 45o. Metrochrone francais , 180. Mexique , 38. Mezzanotte [Antonio ), Poesie, y6y. Micbel-Ange. fof. Medaille. Wichelot (A.). C. — N. , 573, 873, et les art. sig. A. M — t. Milice (Recberches sur I'impor- tance de la ) dans un etat repu- blicain, j)ar W. Sunmer, 418. Mina ( Le general ). Foj-. Ro- binson. MiNERALOGin , 5^17. Mines ( Coup d'oeil sur les), par L. Elie de Beaumont , 467- Mionnet (T. E.). Foj. Medailles. Miracles et merveilles dans I'e- glise de Notre-Danie de Cei- gnac , 171. Mirbei. L'Academie des sciences de Paris le nomnie a la chaire de culture au Museum d'his- toire naturelle, 272. Missolz. f'o-> . Bazar parisien. Mojon. Corso analitico di Chimica. 448. MOLDAVIE , 22. Moll. Redevoe ring over Jan Hendrich •van Stvindcn , 4^0. Mollusque (Description d'un ) en- core peu counu, 262. Monarcliie francaise ( De la ) au IT Janvier 1824. par le comte de Montlosier, A. , 649- Monard ( H. C ). Essai d'un ta- bleau de la cote de Guinee et de ses babitans , 0^. Mongalvv. f^'oj: Recueil. Monnard(C.). C. —B., 447, 751, 764. Moiirad. Descrij)tion des colo- nies danoises, 25 1. Monsieur le Prefct , roman , 527. f)*8 TABLE ANALYTIQUr Moiitemoiit (Albert). C. — B., Sao. MoiUgery (De), C — B. , 4yG. M()titlosier. fo/. Monarchie fran- chise. Morale , i34 , 171, 490, 776. Mureaii de Jonn^s , C. — N., ^.Jq, 543, 544, 55o, 852, 879. Morel de Vinde. foy. Nomina- tions ACADEMIQUES. Morin. P'oj-. Cours gratuit. Moteur. roj. Moyen. Motiravief- Apostol. Voyage en Tnuride, 12(1. Moyen de suppleer par rarilhme- tique a I'emploi de I'algebre dans les questions d'interets , etc. , par J. B. Juvigny , 470. — jinur prodiiire un moteur ca- pable de suppleer anx pompes fi feu , etc., par J. M. Gamier, 472. — ( L'unique) de |)acifier I'Espa- gne , 507. — ( Snr le ) de venlr au secours de I'agriculture, etc., 784. Muiron (Just. ). Sur les vices de nos precedes industrieis , etc., 179- Musee d'histoire nalurelle nouvel- leraent etabli a Pise , afio. Mythologie, 4o5. — du Nord. De la nuliite des res- sources qu'elle presente aux beaux-arts , par Torkel Baden, 140. — slave (Equissede la) , par In- gemann, 735. N NacJie, graveur allemand , laS. Nancy ( A. P. F. ). P'ojr. Decker. Natation ( De la ) et de son ap- plication a I'ai t de la guerre , par le vicointe de Courtivioii, 474- Nation franraise (I>a) el son roi apjieles a jnger de la conspira- tion permanente et progressive du parti jpsuitique, par Alexit Dumesnil, 794- Navigation, 4'J3, 839. — par la vapeui- , 242 , 855 , 856. Necessaire parisien , contenant un Dictionnaire coinplet des lues de Paris , par J. Hardivilliers , 774- Necrologie : Charles Pictei de Roc/temoiit , a Geneve, 255. — " L'abbe Ihamonti, a Turin, 2(10. — Benjamin Leshios , a Naples de Ronianie , 260. — Jean Paul Delickeres, a Aubenas, 287. — J. P. Tkierrj, a Caeu , 289. — Andre Chaberc , a Grenoble , 289. — Le docteur Meglin , a Colmar, 290. — P. C. J'. Boislc, a Paris , 290. — M. J. Heiiriaidi, architecte, a Paris, 290. — • Girodet , peintre, a Paris, 336. — iV. J. Gordon , voyageur an- glais , en Egypte, 547. — De Sil/WnCo/pe , liistoiiograpbe da royaunie de Suede, a Stock- bolni , 55i. — 3/. F. Arndt, sa- vant Danois , pi es Venise , 555. — Angelo des coiutes >V Elici , Florenlin, 4 Vienne, 557. — Le piufesseur Borda , a Milan, J 6 1. — L'abbe Giuse/ipe Ltiigi Biamonti, a Milan, 56 r. — Le Monnier, peintre , a Paris , 586. — Cainille Defter, professeurde mathematiques , a Paris , 586. — Fr. Meisner, professenr d'his- toire naturelle, a Berne, 752. — Andre de Rcbmann, president de la Cour d'appel de Deux- Ponts, a Wisbaden, 856. — Le professeur Paulus Van He- men , a La Have, 862. — Le professeur/. F. /'. Lainouronx, A Caen , 866. — Le conite Aii- loine Fcrrand,inemhre de lliis- titut de France , a Paris , 889. — M«"^ Dufrenoy , poele , a Paris , 8S9. Psiccolini (J. B. ). Discours, 453. Nicolo-Pdulo, C— B. , 800. DRS J! A ^iil)hlcssp, P'of. If^ees. Nc)i«ette. Voy. Jiirdinier. Nominations academiquf.s : Le cointe Andieossi , acadetnicien libre de I'Acadetnie des sciences de Paris, ayi. — Le vicomte Hflorel de T'inde , membre de la Section debotanique dela meme acadeiuie, ayi. — Jaubert de Passu, residant a Perpignan , oorrespondant de I'Acadeiuie des sciences de Paris, 568. — Casimir Delavigne, membre de I'Academie francaise, SyS. — Theveiun , membre de I'Acade- mie des beaux -arts de Paris, S^S. — Mathieu de Dombasle , de Nancy, correspondant de I'Aca- demie des sciences de Paris, 8^0. — I.e docteuT Boje!\ mem- bre de la meme academie , 870. Nomotesie penale, ou I'Art de faire les lois penales, par J. Raffaelli, 754. Normand pere el fils, graveurs. f^oj. Biet. Norviiis. f'oj: Aignan. Note sur la situation de I'Espagne, 190. Notice sur le tableau de la fonda- tiondela principauted'Orange, 4fio. NouvELi.E Orleass. Etat sani- laire et agriculture, aSc). NnnVELLES SCIENTIFIQUES ET iiTiER AIRES ( IV ) : Afrique, 24' > 545, 847. — Allemagiie , 252, 555, 855. — Amerique sejitentrionale, aSi) , 5/, i, 8jg. — Amerique meridionale, 543, 842. — Danemarck , 25i, 553 , 854. — Egypte, 545. — Espagiie, 261.— Etats-Unis, 239, 541, S'ig. — France , 262 , 5fi4 , 863. — Grande-Bretagne, 242 , 347, 848.— Gr^ce, 260, 56i.— Haiti, 842. — lie de Saiute-Helene , 84''. — Indes orientales, 241 , 543. — Ttalie, afio, 559, 859. — Oceanic, 544) 847- — Paris, TiiftEs. gif) 271,567,869. — Pays-Bas, 261, 563 , 856.— Ferse ,' 846. — Po- logne, 852. — Russie, 245, 55i>, 849. — Suede, aSo, 55i, 853. — Suisse , 253 , 557, 856. NUMISMATIQUE, 104, l52. o Observociones de G. T. sobre la let de manumision del sobrano con- greso de Colombia, ii5. Observations on national defense , 418. OCF.ANIE. 544 1 847- Ode sur I'lndependance, par un Haitien, 112. Odes et poesies, par Feitli, 157. Odier (P. A.). Cours d'etudes sui- radministration militaire, 784. OEri , lithographe allemaiid, 325. OEiivKES d'Adrien Sarrazin , 8o3. — de I'abbeD. M. Colombo, i5i. — deMicbel L'Hospital, A. , 632. — de Godefroi de Strasbourg , publiees par F. II. von der Hagen ,741. — de Boileau Despreaux , avec un commcutaire , par baint-Surin , A., 95. — de Florian , 196. — d'Arnault , 198. — coMPX-iiTEs de Biirger, publiees par diaries de Reinhard, 74a. de Palladio, 534 , 817. de J. J. Rousseau , 5i2, 80 r. de Marie Joseph et d'Andi e Chenier, Soi. de J. F. Ducis , ig5. de Jouy, 201. de Segur, A. , 690. -- j)oetiques de J. Vandenvondel. 157. Oise.iu trompelte, 547- Olaiis ,ou la Vengeance, tragedie Uduvelle de Smits, representee an tht'4tie royal de Bruxelles , 563. Oilier ( Ch. ). roy. Inesilla. Crdonnancedel'elerteurde Hesse 920 pour I'inspection des cadavres, Origine (De 1") de I'ecriture ru- nique, par J. H. Bredsdorff, i3i. — et utilite de la fable, 800. Orloff (Le conite). ^oy. Fables russes. Orplielin de Bethleem, tragedie , 58a. Oscar, prince royal de Suede, elu par I'Academie de Lund pour son chancelier, aSo. Ossemens fossiles. yoy. Cuvier. Outkin, graveur russe, 327. OUVRAGES PEKIOniQUES. ^ 5og , 53g, ySi. Philosophie , y, i34, 1415 749 > 75r, 775, 777. — de Goethe, ou Recueil de ses ideas sur la vie, I'aniour, etc. , par Schutz, i35. — Kantieiine ( Priiicipes de lu), par Thomas Wirginann, 118. — du droit ( Elemens de la ), par J. J. Haus , 7(12. Physiologie, 6 , 253 , 468 , 762. — de rhomme , par N. P. Adeloii, i6i. Physkjue, iiG, 267, 467, 472, 473, 548, 761. ■^(Traite elementaire de),par C. Despretz, 465. — (I-a) mise au niveau des nou- velles decouvertes, etc. , par G. Raccagni, i45. Picard. L'Exalte, traduit en allp- niand par Fred. Gleich , 14 1. Picot. Quatre ouvrages elemen- taires pour I'enseignement de la langue grecque , 800. Pictet de Rochemont. Voj. Ne- CROLOGIE. — Voy. Projet. Pieces officielles relatives aux negbciations du gouverneinent francais avec le gouveruement ha'itien . 420. Pindare. Voy. Borghi. Places (Des), emplois et antori- tes adininistratives sous Theo- doric , 44i- Plaidoyer de M" Dupin jeune pour M. Barba libraire, etc. , 782. Plates cryptogames du nord de la France , par J. B. H. J. Des- mazieres , i58. Plazanet (A. J. B. de). Manuel du sapeur-pompier, 476- Pluquet (Frederic). Notice sur la vie et les ecrits de Robert T. XXV. 921 Wace, poete normand du xn' si^cle , 193. Plutarque nioraliste, par de Pro- piac , 490- Poemes ele'giaqaes de feu Joseph Treneuil,8o8. PoESlK,42, 112, 122, 157,202, 208, 209 , 210 , 23,i, 269, 426, 435, 454, 5i6, 5i.Q,52o, 540, 760, 808, 811, 812 , 892. — dramatique, i5r, 21a, a5o, 252, 287, 563, 58i, 582, 584, 879, 886. — i-atine , 764. — ( Anciennes ) et romances d'Es- pagne, traduites en anglais, par J. Bowring, 122. — fugitives de Classen - Horn , 737. — d'Autonio Mezzanotte, 739. Politique, 78, 109, iii, igo, 191, 425, 438, 494, 5o4, 5o5, 5o6, 649, 727, 792, 794, 837. POLOGNE , 833. Pomone italienne, ou Traite des arbres fruitiers de I'ltalie, par G. Gallesio, i44- Pongerville, C— N. , S92. Pons (P.). rqv. Roselina. PoNTS ET CHaUSSEES, 848. Pope. Publication prochaine d'un volume supplementaire de sa correspondance , 848. Po|)ulation de la villa de New- York, 83g. — de la Sufede proprement dite, la Finlandenon comprve, 853. — des etats prussiens, 232. — (Sur la) en France, M., SSg. Portugal. 458, 786. Pougens (Ch.). Voy. Archeologic francaise. — Voj. Pavilion chinois. Poussin ( Nicolas ). yoy. Lettres. Pradier , sculpteur. Scs travauv a la dernien- Exposition, 32y. Pradt (L'abbe de). La France, I'Emigration et les Colons , A., 78. — Exaiuen de I'exjiose des motifs 62 ya?. TABLE ANALTTIQUE de la loi relative a riiirk'iniiite ties emigres , 5o5. Prenves judiciaires. y. Bentham. Primo. T'oj. Chimie. Principes de I'art de rechauffer et d'aerer !es edifices publics, etc. , par Th. Tredgold , 1 16. Prisoms, 67, 358 , 853. Prix decernbs : par la Societe des lettres, etc. de Met/,, 825. — par la Societe d'emulation de Cambrai ,827. — PRorosE.s : jiar I'Acaderaie des sciences de Besaiicon , 228. — par rinstitut des sciences , etc. de Biuxelles, 261. — par la Societe d'amateurs des scien- ces, etc. de Lille, 267. — par la Societe des sciences , etc. de Toulon, 270. — par TAtlienee de.s arts de Paris, 279.^ — ^ par la Societe des lettres, etc. de Melz, 825. — par I'Academie des Georgophiles de Florence , 859. Problemes amusans d'astrono- mic et de sphere , 474- Production ( Sur la ) des formes , par G. C. B. Surlingar, 7(12. Pkogres (Coup d'oeil sur les) des connaissances humaines , en 1824, M., I. — ( Revue des efforts et des) des peuples dans les vingt-cinq der- nieres annees, M. , 17. — de la civilisation, 545, 843. Projet de creuser uue nouvelle riviere eutre Londres et Arun- del, 848. — d'elever nn monument a la memoire de Pictet de Roche- uiont , mort a Geneve, 858. Propiac. f'oy. Plutarque. Publication prochaine d'un poeme anglais altiibue a lord Por- cliester , 848. d'une edition critique de tous les ouvrages bistoriques et fabuleux dn moyen age ecrits en langue islandaise, 855. Puccinelli. Essai de If^gislatiou p(5nale, 767. Quarantaine (Observations sur la), par Charles Maclean , 723. Questions proposees par la So- ciete helvetique d'utilite publi- que, 558. — proposees aux voyageurs et a toutes les personnes qui s'inte- ressent aux progr^s de la geo- graphic, 478. Qiiinti)io (^Giiilo tU 5.). Lezioni ar- cheologiche , 455. K Rabbe ( Alphonse). Meraoires sin- la Gif^ce, 494- Racagni (G.) t'isica in rigardo alle nuove scoperte , ecc. , i45. Racpsaet (J. J.). Foy. Analyse. Raffaelli [G.). Nomotesia penale, 754. Raggi , sculpteur. Herculean mo- ment ou il tire de la nier le corps d'Icare , 33o. Rnhbe/i (K. L.). Erindringer af init Lh , 736. — Smaadigle , etc. , 737. Rapport general sur les travaux du Conseil de salubrite pendant I'anuee '1823 , 535. — ( Cinquienie) de la Societe des prisons de Londres, A., 358. Rask. Spansk Sprogiaere , 735. — Graniniuire de la langue fran- caise, 854- Ranch, sculpteur allemand , 33o. Ravichio dePeretsdorf. T'oy. Dec- ker. Rebniann ( Andre de ). Voy. Ne- CROl-OGIE. Reclamation de M. Hornemann au sujet d'un article de M. >ie- ber, insere dans I'Lsis , recueil litteraire public a lena , sur le DES MATlfeRES. 123 Jardin des Plantes de Paris , 553. ^ — de M. Ph. Scolari , au siijet d'un article inseredans le xxiii'^ volume de la Revue Encyclo- pedique , 56o. — de M. J. B. Say, au sujet du Cours d'Economie politique de M. Sforch , 577. — de M. Francosur , au sujet d'une note |)lacee a la suite de I'analyse de I'Expositioii du sys- t6me du Monde, par Delaplace, 579- Reclamations pour I'Eglise de France et pour la verite, con tre les ouvrages de M. le comte de Maistre , etc. , par I'abbe Baston , 486. Recompenses accordees par le Rni aux artistes , a I'occasion de la derniere Exposition publique de leurs ouvrages a Paris, 333. RECTlFlCATlojf ci'une eireur, :ui sujet des Fleurs poeti(|ues de M. Denne-BaroH, par M. DeJ- niasse, 863. — d'une erreur, an sujet du nom de Dusaulx , 564. — a I'egard de la fabrique d'hor- logerie etablie a .Saint-Nicolas- d'Alihermont, 264. Recueil Agronomique public par la Societe des sciences , etc. du departement de Tarn -et - Ga- lonne, 537. — de Voyages et de Meraoires publics par la Societe de Geo- graphic de Paris , 228. — general di-s anciennes lois f'ran- caises , depuis I'an 420 jusqu'en 1789 , par Jonidan , de Crusy et Isambert , 780. — geneial des lc>is et arrets con- cernant les emigres , deportes , etc. , par Taillandier et Mon- galvy, 4y,. Reflexions sur riiideniiiite due aux emigres , ipi. Ref'us (Des) publiLS Je sr.cre- mens et de sepulture , ])ar Mau- roy, 170. Regnier, paysagiste, 3 19. Reiffenberg(De) ,C.— B., i57, 460 , 7(i(>. Reiiihard ( Charles de ). yoy. Bur- ger. Ilelation de Madame, au Temple, 786. Religion, f^oj. Thkologie. Rembourscment (Du ) et de la Reduction des rentes sur I'Etat, par J. Ch. Bailleul , 796 Remusat ( M>i>e la comtesse de). Essai sur I'education des fern mes, 776. Rej)ertoire de la litterature au- cienne et nioderne, 3° et 4"^ ''" vraisons , 193. Reponse de Robert Lyall aux Ob- servations sur son ouvrage in- titule : Caractere des Russes , etc., inserees dans le Quarlerljr Review , 726. — de M. A. VanSolingeu a M.Ca- puron , 1 53. — a la Reclamation de M. Fran- coeur, 58o. Hepulse-Bay. yoy. Lyon. Resume des articles, classes par sciences, qui sont conteuus dans les quatre volumes de la Revue EncYclopedique , publics en 1824, M., ifi. Retentions d'urine (Traite des), avec les nioyens de gueiison indiques par Ducamp , tradnit en allemand , 437. Reveil ( Le ) de la Gri-c©, pre- miere Ilellenide , par Pellet , 5rg. — ( Le ) de la Gr^ce , poeme lyri- que, dediea M. CasimirDelavi- gne , par A. F. D. , 20S. Revolution fkanc vise, 109, 190, 199 > 7*^''- 'iHECylTE , 787 REvuEENcvcLoi-huiQUF. Articles yrelatifs t, 16, 553 , 5(io, 5fi4. J79, iifi''!- 9^4 TAIILK AN — luedicale francaise etetrangere, et Joui-nal de cliiiiqiie de I'Ho- tel-Dieu et de la Cliarile de Paris, 53 J. — de Westminster, 43 1. — des efforts et des progrt-s des peuplesdans les vingt-ciuqder- nieres annees , M. . 17. — des Operas rejiresentes au thea- tre de rOdcon , dans les der- nlers mois de I'annee 1824 , a84. — des argumens qu'on oppose a I'intervention parlementaire, en ce qui concerne les negres esclaves , 425. — politique de TEurope en iSaS , Reynaud. Traite eleraentaire de matlieraatiques , de physique et de chimie , 467. "Rhetorique. r^!)-. Blair. Rhus. Sweae Rihets Historiu , ia8. Ricardo le proscrit, traduit de I'anglais ,816. Richard (T. ), C. — B., 728. Riffault. Vor. Accum. Riviere Brisbane, dans la Nou- velle-HoUande , 644. Robinson. Geschichte der Expedi- tion des Generals X. Mina , i33. Rolle ( P. N. ). Recherches sur le culte de Bacchus, A. , 4o5. Roman a vendre , ou les Deux Libraires , coinedie de Bayard, 584. Romans, i23, 2i3, 214, 2i5, ajf) , 2i8 , 222 , 223 , 4'-7' 429, 436, 437, 523 , 524, 527, 53o, 532, 537, 8i3, 8r4,8i5, 816. Romieu. ycy. ApoUon II. Roquette ( Ue la ). Bulletin de la Socieic de geographie, 829. Rosaline de I'ere , /, 29. Rose ( Meuioires de la ) , ou I5e- cueil de lettres comprenaiit riiistoire botanique et poetique de cette fleur , i23. Roselina, 011 Amour et \ euge.uice, par P. Pons ,223. ALYTIQtJE RotvelsA Lexicon , af Dorph, 555, 735. Rousseau (J. J.). CEuvres com- plfjtes , ave'c des eclaircisse- mens , etc. , par P. R. Auguis, 5i2 , 801. Rozoir ( Charles du ). J^lloge du ]):ipe Pie VI , 787. Rumilly ( M'le). line distribution (le prix. Tableau de genre de la derniere Exposition a Paris , 3i6. RussiE , 33 , 126 , 245 , 55o, 726, 73i, 849. Saddler, areonaute anglais , mort en tomhant de son ballon, 242. Saint Chrysostome , ou la Voix de I'Egiise catholique , etc. , par L. Van Ess, i33. — Domingue ( De ), et de son independance , par Dagneaux, 1 1 r. — Edme (B.). Dictionnaire de la Penalite dans toutes les parties dii monde connu, 177. — Hilaire ( Auguste de ). Flore du Bresil meridional, 837. — Surin. Voj. Boileau. SaI/i(F. ).C.— B. 122, i5.2, i85, 455, 729, 704 , 760. — N. 56i. Satm (M'"" la princesse Constance de ). Sur Girodet, 811. Salomos (Dionysios ). Voy. Dithy- rambe. Salvator Rosa. Voy. Satire. Samson. La fete de Moliere, co- medie, 287. Sandri Ai'aniiale di P'elerinaria.-jSl. Sanese (Crocchi ). yny. Gil-Bias. Sarra/.in ( Adrien ). OEuvres, 8o3. Satire di Salvator Rota , 122. Say ( J. B. ). ^' — aux Indes oriencales : Academie des sciences et arts de Batavia, n5. — Societe des sciences et des arts de Batavia , 544- — en Angleterre: Soriete g^ologi- que de Londres, 242. — Societe des prisons de Londres, 358. — en Danemarck : Societe forniee a Copenhague, pour repandre la connaissance de la physique experimeritale, aSi. ■ — en Allemagne : Societe d'anti- quaires saxons nouvellement formee a Leipzig, 555. — en Suisse : Societe helvetique d'utilite publiquede Lausanne, 558. — Societe helvetique des sciences naturelles, 751. — en Italie : Academie des Geor- gophiles de Florence, 859. — en Grece : Societe formee a Napoli de Romanic, sous le nom d'Uclerie philanthropiqite, 562. — dans les Pays-Bas : Institutdes sciences , etc. , de Briixelles , 261. — Socipte de litterature ncorlandaise de Leyde, 764. — en France ( dans les departe- mens) : Academie des sciences et belles-lettres de Besancon , 228. — Socieie linneenue de Bordeaux , 267. — Societe d'a- maieurs des sciences, etc., de Lille, 267. — Societe des scien- ces, etc., de Toulon, 270. — Societe academique du depar- teraent de la Loire-Inferieure, 565. — Societe de'; lettres , sciences et arts de Metz , 822. — Socieie libre d'emulation dc Rouen, 825. — Soriete d'emu- lation de Cambrai, 827. — ( « Paris. ) Institut : Academie des sciences, 271, 567, 869; — Academie francaise, 273 , 673; — Academie des beaux- arts, 373. — Societe de geographic, 228 , 829. — Societe pour I'en- seignement elementaire , 173. — Socieie rovale de.s bonnes- 5'-^^ TABLE AN.VLYTIQUi: letires, 279. — Societe Asiati- qiie, 835. — Societe mcdicale d emulation, 874. — Sociele iiliilanthropique en f'aveur des Grecs , 875. Soldat (Uii) a un soldatsur I'His- toire de la campagne de Uus- sie, publiee par M. de Segur, 787. SomervtUc ( JF. C). Letters from Paris oil the French /evolution , 109. Soumet ( Alexandre ). Jeanne d'Arc , tragcdie , 886. Scjuvenirs du Musee des menu Sjseeina algaritin adiimbravit E. A. Agiirdh, J 27. T mens francais, par J. E. Biet , 533. — de ma vie, par K. L. Rahbek, 736. Squire (Thomas). Beauteset mer- veilles du ciel, 162. Stassart.C. — B., 461,763. Statistique , 168, i8a , 239, aSa, 481, 549, 589, 760, 832, 839, 852, 853, 877, 879. — ( Donnees sur la ) de la Podo- lie,852. Sliiiidlin ( Ch. Fr. ). Geschichte der Moralphihsoplue , i34. Stephen ( James). JFest Indian Pre- tension refuted, etc., 4a 5. Slunden der Andacht , nl^-j. .'uicre des Indes orientales,ou Re- cherches sur les moyens d'en ameliorer la cjualite, 4^5. SuEUE, 33, 127, aSo, 55i, 853. •Sueur-Merlin , C. — B. , 170, 774. .Suisse, 33, 62, i4r, 253,444, 557, 747, 856. Summer's Inquiry into the impor- tance of the militia to a free commonwealth , 418. Suppleiueiit au Bulletin des lois , annee i8a3, pag. 175. Suringar ( G. C li. ) . "Dissertatio me- dica de nisu formativo ej usque er- roribus, 7()a. -Svvinden ( J. H. van ). I^oy. Moll. Syphilis ( La), poenie latin de J. Fracasior, trad, en ital., 759. Tableau de I'interieur des prisons, par J.-F.-J. Ginouvier, A. 67. — moral et politique de la Grece, en 1824. M. 293. Tableaux de f'antaisie, par Geor- ges Doering, 743. — tires du si6cle des croisades, 439. Taillandier ( A. ). C. — A. 55. — P'oy. Recueil. Tardif, avocat. C. — A. 372. Tarte. Foj. Vandervynckt. Tasse( Le ), on Genie ei Malheur, par L. M. Masse, 524. Taylor's (^Richard) Philosophical magazine , "jio. Telegi aphes ( Etablisseraent de ) en Egypte, 545. Tell (Guiliaunie). ^oj. Hisely. Teihpekatuiie, 541, 577. Testament ( L'ancien ) grec de la version des Septante, etc. , par L. Van Ess, i33. The ( Sophistication du ), 548. Theatre comique italien de G.-C. Cosenza, i5i. Theatres : — de Paris, 284, 58 1, 879. — de Stockholm, a5o. — d'Allemagne, 556. — de Bru.xel- les, 563. Themes grecs. f^oy. Vaucher. Theodora ou la Famille chre- tienue , par Camille Paganel, 2 1 5. Tlieodoric , coiite, et autres poe- mes, parTh. Campbell, 4a6. TUE()X.UGIK, REX-IGIOff, CuLTE , etc., 128, r33 , 4a3, 483, 484, 486,487,488, 539,775, 776, 828. Tiievenin. f^oy. Noiurjv itioks aca- nEMiyuES. Thierry ( J. P. ). t-'oy. Necrolo;- GIR. Thiollet. L'Art de lever les plans, etc. yfig. Thurmer, architecte a Munich , 327. Tibulle ( Dissertation sur la vie et les ouvrages tle),par Philippe- Aime de Golhery , 539. Tiech , sculpteur alleinand, 33o. Tiedge ( Ch. Aug. ). Ch. Dortthea lelzte Herzog'm iwn Kurland, !\t\l, Titloch's [Alex. ) Philosophical ma- gazin, 124, Titania , ou le pays d'enchante- ment , par W. Gottschalck, traduit de raliemand en danois par jM'le Elise Beyer, 436. Toggia ( F. ). Velerinaria legale, ecc. , 147. Tombe de Napoleon a Sainte-He- I6ne, 847. Tombeaux (Les) de Saint-Denis, 5o3. Topfer ( R. ). Harangues politi- ques de,Demosthene, 76 1< TopoGKAPHiE, 120, a3i, 774- Traduction (Sur une ) inedite de rOdyssee, en vers fraucais, par feu M. Aignan, M. 42.' TuADucTioNS : en alleinand: de I'anglais, i35; — du danois , 140 ; — du francais, i4i, 437- — en anglais : de I'espagnol, 122 ; — du francais, 116, 4'6 ; — de I'itaiien , 4ifi. — en danois : de raliemand, 436 ; ' du suedois , 737. — en francais : des langues an- ciennes classiques , 42, 5io, 761 ; — deTallemand, i43,2i4, 486, 625, 771 ; — de I'anglais, 162, i83, 201, 2i3, 463, 474j 491, 787, 796, 816; — de I'es- pagnol , 786 ; — du grec mo- derne, 234; — du latin, 483; — du persan , 8o3 ; — du russe, 838 ; — du suedois , 854- — en grec moderne : du francais , 337. — en italien : des la;i"ues anciennes DES MATIERES. 9^7 classiques, 454> 7^9; de I'an- glais, 45 1, 837; - — du francais. i5o, 449. 453, 837; — du russe, 838. Tkaite uesNoiks, 718, 843. T-'cj-. aussi EscLavaGE. Travaux hydrographiques en Cor- se, 262. Tredgold ( Th. ). Principles of War- ming public buildings , etc., it6. Tremblement de terre aux An- tilles , 542. a Shiraz , 846. Treneuil ( Joseph ). Poemes ele- giaques, 808. Trente ( La ville de ). fo/. Bar- bacovi. Tresor accnmule a Rangoun , ca- ])itale du Pegu, 241. Trognon (A.). I'or. Manuscrits. Turpin de Crisse, paysagiste, 3 1 8. u Uebfr den Neapolitanischen Kriegs- dienst. 445- Ukert. Voy. Geograpliie. IJn mois a Venise.Recueil de vues pittoresques , dessinees par M. le comte de Forbin et M. De- juinne, 821. UuivEKsiTE ( Projet de fondatioii d'une ) dans le voisinage de l.i ville d'York, 849. — De Lund. P^llevient d'elire pour son chancelier le prince Oscar, aSo. — protestante de Vienne. L'em- pereur lui accorde 3o bourses annuelles , 555. — de Lsyde. Celebratian de tnaatschap- py der nederlandsche letterkiinde te Lejde, 7fi4- Verneilh-Puiraseau. Histoire po- litique et statistique de I'Aqui- taine, i8'2. Veinet (Carle). La prise dePam- ])elMne ; tableau de la dernicre exposition a Paris, 3i5. — Divers tableaux d'animaux , ind-me exposition , Sai. Vers du conite Alex. Cappi, 760. Vices ( Sur les ) dc nos procedes industricls, par J.Muiron, 171). AI.YTIOUE Vie du general Andre Jackson , par J. H. Ealou , 719. — d'Anne- Charlotte- Dorothea , dernicre duchessc de Cour- lande, par C. A. Tiedge, 44i- Viluiorin. f'oj. Jardinier. Vin ( Nouvelle maniere de fabri- quer le ) , par A. Bassi, 4''i9- Virgilo. yuj. Eicbhoff. Visconti ( Sigismond ). P'oy. Car- tes cosmographiques. Vocabulaire des mots anciens tombes en desuetude. Voy. Ar- cheologie francaise, 396. Voierie ( Traite de la ) rurale et urbaine, parlsambert, 492. Voyage de decouvertes aux Tei- res Australes , etc. , redige par Peron , et continue j)ar L. de Freycinet , 772. — de quatre Anglais dans les Etats-Unis, 840. — de La Fayette aux Etats-Unis , 841. — en Tauride , fait en 1820 , par Mouravief-Apostol , 126. — pittoresque de la Gr^ce, par G. F. A. comte de Choiseul- Gouffier, 8t8. Vues pittoresques dela cathedrale de Paris , 226. w Wace ( Robert ). Voy. Pluquet. W^achler(Louis). Manuel de I'liis- toirc de la litterature, i3c). Waldeinar, nouvelle tragediesue- doise, 25o. Wal(lemar-le-Grand et ses braves, Ijoeine epique danois, par B. S. Ingemann , 4^5. Wallin. yoy. Sermon. W^aruhagen von Ense. Souvenirs biographiques , i35. W^atelet, paysagiste, 317. Watson's ( Richard) ReVigioiis in:- t ruction, 42 5. Weitzel ( J. ). Foy. Europa. DES MATliRES. yijy JVendt. Abhandlung iiber Urinver- hahiing , etc. , 4^y. Wild , peintre anglais , Sig- Willm (J.)- Lettres a Bettina, 486. Wirgmann ( Thomas ). Principes de la philosophic kantienne , etc. , ii8. JFilch Finder ( The ), by the author ofCalthorpe, etc.,^iy. JFolJJ ( Odin). Greve Peder Grif- fenfelds Levnet , lag. z Zambelli ( B. V. ). Vor. Bentham. FIK DE LA TABLE. SUPPLEMENT ACX ERRATA DU TOME XXIV. Page 758, ligne 27, rechauffe , Hsez: rehausse; — p. SgS , 1'' 11- gne dii Supplement aux Errata du tome xxiii , p. 4 , lisez : 453. ERRATA DU TOME XXV. Page 61 , ligne 9, Sa^ annie du regne d'Edouard 111 , Hsez : 52° an- n^e du regne d'Henri III ; — p. ibid , 1. 10 , 25^ annee du regne d'Eli- sabeth , lisez : aS"^ annee du regne d'Edouard I ; — p. i aS , 1. 3 , remar- quable, lisez : remarkable ; — p. i32, 1. 18 , neuster, lisez : neusten ; — p. 143, 1. I", sentations, lisez : sensations ; — p. i44)l- 4> Rome., subs- tituez une virgule au point ; — la pagination de la p. 177 manque; — p. 178 , 1.16, qu'elle renferme , lisez : qu'il renfeime ; — p. 190 , 1. 34 , Boucher de M. Courson , lisez : M. Boucher de Courson ; — p. 192 ,en rattachantle Cours delitteratiire hebra'ique, public a Paris par M. Cahen , aux Elemens de la grammaire hebra'ique , publics a Geneve par M. Cellerier , nous avons fait un rapprochement qui pourrait faire croire que ce dernier est Israelite ; M. Cellerier appartient a I'Eglise reformee ; — p. 201 , 1. 20 , /a I'oir, lisez : Ic voir ; — p. aaS , 1. 4> ^^^ ouviage , lisez : les ouvrages , p. 226; — I. 3 , t. xiv , lisez : t. xxiv ; — p. 233 ,1. aS , Hading, lisez : Radius ; — p. ibid. , 1. 26, uu , lisez ; un; — p. a34, succdeeront , lisez: succederont ; — p. a4a , 1. 4 J ««/"'/'S , lisez : nopals; — p. 244) 1- 5, New-lVouth- Sales , lisez : New-South- Wale s ; — p. a8l , 1. 7, ce qui, lisez : et qui ; — p. ibid., 1. 37, 1789, lisez: 1790; — p. 286, 1. 2, comparaison , lisez : comparaison; p. ibid., 1. 5, 'vojellcs intermediaires , lisez: consonnes inlermediaires ; — p. 292, 1. 24 > Table des matiferes, Pictet de Rochemond , lisez : Pictet de Rochemont ; — p. 3o() ,1. 29 , I'exposi- ■I. XXV. . 63 gSo SUITE DF. l'eT.RATA DU TOME XXV. tion , lisez : I'expedition ; — p. 3a5 , I. 3o , exposees , lisez : exposes ; — p. 3ga ,1. 3i , vouee , lisez : vone ; — p. 897, I. 19 , laisses , lisez : laissi ; — • p. 4o3 , 1. 6 , out , lisez -.a; — p. 417, 1, 3^ de la note ^°, rnettez un point avant le mot Muracori ; — p. 425, 1. 11 , Pretention, lisez : Pretension; — p. 452, titre courant , livres francais , lisez : livres eCrangers ; — p. ibid., 1. a3, Francesco i' , supprimez I'apos- troplie ; — p. 461 , 1. i3 , Cimbtie , lisez f Cimabue ; — p. 5o8 , I. 22, oublice , lisez : otiblie ; — p. 535 , 1. 4 > Denis, lisez : Diicis ; — p. 55o , I. 8 , le commerce interieur , lisez : le commerce exle- rieur; — p. 55i , I. i3 , M. A. , lisez : M.-A. J.; — p. 559 > '• ^^ » depute , lisez : ex-depute ; — p. 56o , 1. 28 , t. xxxiii, lisez : t. xxiii ; — p. 577, avant-dernifere ligne , dresserent, lisez : presserent; — p. 591 , 1. II, correspondans , lisez : correspondanc ; — p. 5g6 , 1. aS , presente , lisez : presentent; — p. 697, derniere ligne, t affaiblissant , lisez : les affaiblissant; — p. 598 , 1. 1^'=, le deCruire , lisez : les de- truire; — la page 633 est paginee par erreur 833; — p. 65a, 1. ir , ce ne seraie, lisez : ce ne seraient ; — p. 690 , 1. 8 , qu'aucun un , sup- primez le mot un ; — p. 741, 1. a6, Gostfrid von stratsburg, lisez : Gottfried von Strassburg; — p. 778 , 1, s , ressorts , lisez : rapports; — p. 775 , !. 10 , dans cet ouvrage : supprimez la -virgule ; — p. 796, 1. II, Coupe, lisez ; Cottbe ; — p. 801, avant-dernifere ligne, jenne , W&ez I jeune ; — p. 8o4 , I. i3 , sous ce tissu, lisez : sous le tissu; — p. 838 , 1. 34 , i3fr. et i5 fr. , lisez: i5 fr. et 18 fr. — p. 855, 1. 2 , irlandais , lisez : islandais. AVIS CONCF. RIfAKT LES TABLES QUINQUENNALES DE LA REVUE ENCYCLOPE DIQUE , Repertoire general des Matieres contenues dans les -vingt premiers volumes de ce Recueil^ pour les cinq premieres annees de sa publication, 1819 , 1820 , 1821, 1822 et 1823, formant la premiere serie. ( Voy. Rei^. Enc. , le n° 6 du Bulletin Supplemen- taire des Annonces Bibliographiques annexe a notre cahier du mois de Juiii 18 23. ) Dcpuis que nous avons annonce nos Tables quinquennai.es, un tres-petit nombre de personnes se sont fait inscrire pour les recevoir. Ces Tables avaient d'abord ete redigees avec beaucoup de soin, mais sur nne trop grande echelle. La surabondance des noms ct des choscs qui s'y trouvaicnt mentionnes, en au- rait fait un ouvrage de deux forts volumes in- 8°, trop dispro- portionne avec le nombre de volumes dont elles doivent reufermer la substance, et d'un prix necessairement beaucoup plus eleve que celui qui avait ete annonce. II a done fallu rc- commencer tout le travail, et refaire les tables d'apros un nou- veau plan qui les reduit de moitie , en supprimant beaucoup de details, peut-etre superflus, et de noms proprcs cites dans notre recueil ; mais sans que Ton ait jien rctranchc de cc qui est essentiel pour faciliter les recherches veritablement utiles. Dans cetetat de choses, nos Tables quinqaennales fqrmeront encore un volume in-^" (V environ 900 pages , qui ne pourra etre maifitenu au prix dc 6 fr. , excepte pour ceux qui out pave jusqu'ici. Le prix reste desorinais iixu a dix francs pour les abonnes de la Revue Encyclopedique et pour ceux qui au- ront souscrit d'avance , mais sans etre tonus h. aucun versement anticipe du montanl de lour souscription, et a 12 fr. pour les non- souscriptcurs. L'ouvrage ne sera livre a I'impression qu'aiitant que Ton aura le nombre de souscripteurs necessaire pour couvrir les frais. Les Tables des articles ( mensuelles ) , placees a la fin de chacun de nos cahiers, et les Tables des maticres ( trimestrielles ) , qui terminent chacun de nos vo- lumes, ayant suffi jusqu'ici pour les besoins les plus urgens, le retard qu'eprouve la publication des Tables quuiqitennales , presente peu d'iuconveniens. Nous avons desire, d'ailleurs, en faire un ouvrage, assez complet dans son genre, qui put tenirlieu des vingt premiers volumes pour ceux qui ne les auraient point en Icur posses- sion , et qui put offrir un guide sur et commode a ceux qui , possedant ces vingt volumes, voudront y rechercher, soit les progres snccessifs des diffiirentes nations dans la civilisation , soit les principaux faits scienlifiques et litteraires, les ouvrages et les travaux qui caracterisent les acquisitions nouvelles et importantes qu'ont faites les differentes parlies des connais- sances humaines. Les personnes qui, d'apres cet expose, voudront souscrire pour les Tables quinquennales, dont !a redaction reduile est termiuee, sont invitees a sc faire inscrirc, di'iciau 1^'' aout pro- chain , au plus tard, sans aucune avance dejonds , a notre bu- reau central, rue d'Enfer-Saint-Mjchel , n** 18, pour un ou plusieurs exemplaires de ces tables, au prix dc dix francs par exemplaire; alin que nous puissious determiner le nombre d'exemplaires a. faire tircr, en raisou des demandcs definitives qui nous auront ete adressoes. N°3. — Mars 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS d'oCVRAGES NOCVEAXJX ET DE PUBIICATIONS PR0CHA1NE8 , Pour la France et Us Pays Etrangers ; BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la eevue liNcycj.orr.DrrjLE (i). AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les AiUeurs^ Libraires^ et Editeurs d'ouvragcs^ a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. La Revue Enctclopedique ayant donn6 une grande exten- sion a ses relations, pendant six annees d'un succes continu et loujours croissant, se trouve maintenant en circulation dans toutes les parties du monde civilise, oti elle est lue par tons ceux qui veulent se tenir an courant des progres de la litterature et des sciences, et qui cherchent, dans les livres, de I'instruclion et du plaisir. Elle croit servir les in- t^rets des ecrivains et des libraires, en leur offrant , dans un BULLETIN SuppLEMENTAiRE , joint a chacun de ses caliiers , un mode de publication et de circulation rapide , ^cono- mique et universel, pour les Annonces et les Prospectus des ouvrages qu'ils publieut. Ces annonces poiirront com- prendre egalement les publications procliaincs des ouvrages sous presse et les ouvrages manuscrits que leurs auteurs, ou ceux qui en sontdepositaires,voudraient i'aire connaitre d'a- vance aux libraires et au public. L'inscription des Annonces et des Prospectus est fixee in 25 c. par ligne; elle est reduite u 20 c. par ligne , pour les libraires qui out fait prendre au moius douze abonnemens a la Revus Encyclopedique. (i) Ce Bulletin Supplementaire est compoic d'annonccs fournics par SDI. les Libraires , Auteurs ct EilitcuTs, et qui iic doivcnl pas ftrc confondues nvcc les juqctncns portcs snr los ouvrngcs enli^rcment publics , dans les deux sections dc« Analyses ct du Bullelin Kihliograt/hique , qui font partic de cbacuu Act cahicvs dc lo Revue. MM. les libraires, ^diteurs et auteurs, dc Paris, des dc- partemens et des pays etrangers, auxqucls il conviendia de taire usage du moyen que nous mettons a leur disposition pour iuiprimer et rcpandie des Prospectus et des Aniwnccs d'ourragcs, de\ront les envoyer, francs dc port, au Bureau cen- TRAI, DE LA Revue EnCYCLOPEDIQUE, rue D'ENFER-SAlNX-aHCHEt, n° 18, avant Ic i5 du mois (1). OUVRAGES FRANCAIS. 10. MORALE DE LA BIBLE , par i. B. G. Ghahd. 2 vol. in-S" , avec le latin en regard ; et ornes d'une jolie vignette. Prix : 12 fr. , et i5 fr. par la poste. A Paris, chcz Blush jeune, libraire , quai des Augustins, n. 09. Cet ouvrage est , comme son titre I'indique , un recucil nietho- dique de lous les preceptes , sen- tences et maximes de I'Ecriture relatil's a la morale chretienne, et dans lequel on trouve ranges sous les memes articles tqus les passa- ges qui ont rapport au meme su- jet. Dans V Introduction , qui peut efie elle-meme consideree comme un ouvrage a part , I'auteur s'est allaclie a prouver que cette mo- rale n'est si belle et si sublime que parce qu'ellc emane d'une source sacree. L'cxistencede Dieu et I'iin- mortaliti da Vdmc i'orment la pre- miere partie ; la deuxieme est con- sacree ^ I'examen dLe.\'idoldtrie, du judaismo et du mahomitismc ; en- fin, la troisieme et dernifire em- brasse Ic Christianisme , dont la divinile y est demonlree avec tons Jes developpemens que comporte le sujet. II. Le meme libraire vient de I'aire i'acquisition du restant de I'edition et de la proprieic des planches et discuurs des ANNA- LES DES ARTS ET MANUFAC- TURES , par MM. O'RE.LLy et BAHBiEH-VErsiAHs, mcmbres dc la Societe d'encouragcment pour I'industrie nationale , et de la Sociiile rovale academique des sciences de Paris. 56 vol. in-S" , avec 666 planches en taille-douce. Prix, brocbe , 3oo fr. au lieu de 36o fr. Seconde collection faisant suite aux 56 premiers volumes , formant 5 volumes avec 53 plan- ches, broches, 38 fr. Les personnes qui possedent des collections in- completes sont averlies de nc pas trop differcr leurs demandes, vu le petit nombre d'exemplaircs qui reslent , aCn de ne pas eprouver le desagrement de ne pouvoir com- pleter une collection si precieusc pour les amis des sciences et des arts. 11 n'est pas un seul des pro- eedes decrits dans les arts et me- tiers de rp^ncyclopedie qui n'ait ete essenliellement ameliorc par quelque procede nouvnau consi- gne dans les Annates des arts et manufactures. Les progres de I'in- dustrie ont (ite si rapides dans I'in- tervalle qui a separe la publication de CCS deux ouvrages importans , que tous ceux qui possedent le premier ont absoluraent besoin dc le rectifier ou de le completer a chaque article par les docunicns qu'ils trouveront reunis dans Ic (1) On souscrit h la memo adressc pour re Rcriioil , dont il parait un cahitr euvent rendre Icmoignage de leur lidelite i remplir leurs cngagc- mens. Ce Recueil, comme ils I'a- vaient annonce, est un Journal fait de ionne foi; ilsont su rosier inde- pcndans au milieu des coteries sans nombre qui etouffent la republi- que des lettrcs ; et cette indepen- dance , ils la doivent peut-etre au secret dont ils se sont entoures. En ell'et , si cette tactique est condam- nable dans ces ecrivains sans pu- dcur qui la font servir a leurs pas- sions , et dont la critique toute personnelle porte ainsi dans I'om- bre des coups d'autant plus assu- res qu'ils sont certains eux-memes de I'impunite , elle peut devenir une verlu chez ces critiques hon- nttes qu'elle degage dc toutes ces vaines convenances de society, de- vant lesquelles la verite est souvent forcee dc se voiler. Les redacleurs de la Scmaine ont cru devoir re- produire aussi les eloges que la licvuc Encyolofcdique a plusieurs fois saisi I'occasion de leur adres- ser. Bieii differens des autrcs edi- tcurs de recueils ; entrepris , pour la plupart, dans un but de specu- lation ou d'inleret de secte et de parti , qui emploient la conspira- tion du silence envcrs ceux de leurs rivaux qu'ils n'csp^rent pas pouvoir parvcuir a decrier, les re- dacteuis de la Revue Encyelopedi- que sc sont toujours fait, non-seu- lemenl un devoir, mais un plaisir d'encourager et de seconder de tons leurs moycns les honimes es- timables qui semblaicnt vouloir rivaliser avec cux dans la tache dif- ficile qu'iis ont ontreprise ; et les editcurs de la Semaine ont ainie a rappcler et a signaler cet acte ho- norable de justicceld'impartialite. ijirniMEniE n hippolyte TiLLiiiiD, rue de la Har^)e , no 78, Avis AUX AMATEURS I)E I.A LITTERATUBE ETRANCiRK. On peut s'adressera Paris, par reritremise du Bureau CBifTBAL ux t.A Revue Ewcyclopedique, a MM. Treuttei. et Wurtz, rue de jBourbon, n° 17, qui ont aussi deux maisons de Hbrairie, Tune k Stras- bourg , pour 1 Alletnagtie, et I'autre a Londres ; — h MM. Arthus Bertrand, rueHautel'euille, n°a3; — Renouard, ruedeTournon,n°6; — Levrault, rue des Fosses-M.-le-Piince,n° 3 1, eta Strasbourg; — Bos- SMSGv. pire , rue Richelieu, n°6o; et a Londres pour se procurer le» divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, hollandais, etc., ainsi que lesautres productions de la litlerature etrang^re. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etraiigers oil ils se publient» augnoente de 10 pour roo, pour frais de j)ort , droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Refiie Eiicyclope'diyiieja'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les nioj-ens qui resultent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays Strangers. AUX AC4DEMIE&ET AUX SOCIETES SAVAMTES iic tOUS leS pajS. Les Academies et les Societes savaktes ex d'utilite publiquk, francaises et etrang^res, sontiiivitees a faireparvenir exactement,_//-a/ic de port , au Direcieur de la Revue Encyclopedique , les coniptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, aCn que la Revue puisse les faire connaitre le plus promplement possible k ses lecteurs. AUX EDITETJRS d'oTIVR.',GES ET AtJX HBRAIRES. MM, les editeurs d'ouvrages p^riodiques, fran^ais et etrangers, qui desireraient ecbanger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. AtJX EDITEURS DKS RECUEII,S PERIODIQUES BN AKGLETERRE. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre, sont pries de faire deposer leurs numeros chezM. Th. Richard fils, pro- fesseurde matltemaUqiies et de langue francaise , correspondant de la Revue Encydopedliue a Londres, w" 20, Berner's street, Oxford street; M. Ricliard leur fera remettre, chaque mois , en echange, les cahiers de la Revue Encychpedique , pour laquelle on peut aussi souscrire chez lui, soit pour I'anuee courante, soit pour se procurer les collections des annees anterieures, de 1819 a 1824 inclusivement. Avis aux voyacecrs etranoers qui vont a lop'dres. Nouscroyons reiidre service aux Francais qui se rendent a Londres, en leur d^signant M. A. Roy , Francois etabli a Londres , n° io , Netv- mann-Street,presd' Oxford-Street, au centre des affaires et dans le plus beau quartier de la ville. Ils y trouveront, pour i5o ou 200 fr. par mois, une jolie chambre, uu bon dejeuner, une collation a midi, un fort bon diner a cinq heures, et le the, le soir. M. Roy donne des le9ons de langue anglaise , et sa maison est tenue de la mani^ra la plus conrenahle. KnT^*--. i7V;'r,'^r'.. ,riiii>e» , Colta. Uttecht, Van Schoonlioven. Todi ^ B. Sralabrini. Turin , Bocca. J'arsoi'ie , Glucksberg ; — \adsky. Fienne ( Antilchc ) , Gt'r.il .Schaumbourg ; — §chr»!iK, raire ; — Boiirgdorfer. Breslaii , Th. Korii. Jirnaelles, Lecharlier; — Demat. Ilngcs , BogacTt; — Dumorlier. riori-nce , Pioui. Fiibotirg (Suisse) , Aloise Eggeii- dorlcr. Fiancfoit-sur-Mein , SchaefftJr ; — Broiiner. Geneve , J.-JT. Paschoud. 1m Haje, les fieics Laugeuliuysen. Lausanne , Fischer. Liipsig ,. GfieshaLume.r ; — G. Zirges, , , Xi(;°(? , Jalhean , p^re. Lisboime , Paul Martin. . , COLONIES. CitadeJonpe (Pointe-a-Pitrc), Piolet aiae. Ile-de-Fraiice (Poi;t-Louis) , E. Burdet. Marliiiiqve , Thouiiens, Guujoiix. ON SOUSCRIT A PAUIS, Ao BrPEAU DE HEnACTIOA-, BI.'E l>'EiFER^S.\INX-Mlcnr.t. , Tl" I«, oil doivftnt i-tr e envojes , francs de pori , les iivre s , dessins c-t nra- \iires , dttnt on desire I'annonce, et Its Letife&; Memoires, N( ' ■■'; ou Exiraits destines ac'tre iii'^eiYs dans ce llecueil. Chez Tkkottel et Wu'rt/, , lue de Bourbon , b" 17; Ri'.Y r.T GdAViEK , ».)uai dc; Augusiiiis, 11° 55; Becuet ainc, quai des Angusiins, u" 5'; Do^■DKY-DuPKE, rue Saiut-Louis, u° 4^1 f*" Marais; cl rue PiicheUcu, n" 67. ' MosciE aiiie, Iionlev^ird Poissoniiiere, n" 18; EvMEHY,riie Mazarine, n°3o; RoREX, rue H.;utefeui)le| n" 12 ; B.vcHELiE';, qnai des Aiignstins, n" 54 ; ■ • Lr.vK,\ci.T, rue des Fosscs-»M.-le-PriiiCe , n° 3 r , et a Strasbourg ; A. Bvi'DoOiN , rue de A'augirard, n" 3(1 ; Df.i.aiin.\y, PELrcip.K, Po^ruII•.u, au Pahiis-Royal; Ukbvin CA^r,x,, place Saiut-Andrc-des-arcs. A LA Tewxe, C.\binet LrrTERAUiE^ teuu par M. GAUTiEiji,';^nciea uiilisairc, Galerie de Bois, n" 197, au Paluis-Rojal. , •' • ' Kota. Les ouTr.nges annoncus dans la Revue'so. trouvcut aussl clil?: R;>?.r:T, rue Hautefcuillc , u** 12. * — r— ^ — ■ iwir.iii ni; n icNmrx . im^:i.^i^:h^:sxSj:i.^i/C ^^:H/i7i.'L:s^.m:ms^^y^. > ;^