76*" LIVKAFSOiV. a6® VOLTTME. ^iOi REVUE ENCYCLOPEDIQU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA UTTERATtJBE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour les Sciences physiques et mathemaliqiies et les Arts imlustiiels ; MM. Ampere, Ch. Dupin, Cbai'TAi., Focrier , Gibard, NAVXF.R.de riiistitiit; C. CogrEREL, Ferry, Franooeur, Lf. Mormanu, A. Micaur.oT, de ^lo^ ■ GERY, MOTIEAU DE JoHKES, WARDEN. 2° Pour Its Sciences naturcUes : MM. de LACEpfcDE , Geoffroy-Saikt Hii,AiRE,del'Inst'itut;BoNAFOus, de Tuiiu; Bor.YUESAtNT-ViHciFNT, DpSjm REST, V.AcDouiK, Brongniari' CU; Fi.ourehs, D.-M. ; v. Jacqukmos T, I I i" VourXes Sciences medicales : MM. Adelos, BAr.i.y,DAMiROrf , (>,-T. Uni:. DlTPAn, ESQUIROL, GeORGET, MaGENIUE, ORFtI,A,RlGOI,I,0T Ills, U.-M., t(i 4° Pour les Sciences phitosnphiques et morales, jiolitiqius , giosiiuphiques , kisloriques :MM. Lakjdiwais, de I'lnstilut; M. A. JoixiF.W, d(; Paris; uk G< rakdo,At.ex. bk lABoRfiE, dc I'liistitut ; Ag6lib, Annke , Artaud, Avfnk r BERvnxE, avoeat; Barbie nv Bocage, del'fustltut; A. Beugnot; tHASivoi LtON-FiGEAC, corrcspondaut de I'liistitut: CHAnirot.r.ioN jciiuc , Dkppini CP.lVEr,I,t, A. DdFRAYER, DlTPlN AiNK, UuFAU, 1>L'\ tRGtJCR, OuADET, T'.o [ chene-Lefer.Docbi.et-de-Boisthibact.t, a. TAti.i.ANUiEU, avocat.s;/'nK,l JACBERT; JOMARI) ,derinstitut; LaFFOH nEljADEBAT, ^l.i.x. Lameih , P.La V 1 Massias, J. Mauviei., a. MiirRAr. ; Mkyxr , d'Ainsterdam ; Pirent-Bk>. ^ PotIQtIEVIt.I-E; CI). R'.KOUARD, avoeat; EuSCEtSALVEATE.J.-B.SAY, SlSMOM' DE SlSMOWDI, Sl'ii.PFER.SuKUR-Mj'Bt.IN. 5* Pour la Liilerature fraiicaise et efrttiigci'i', la l}ib/iogrt/p!,ie , \' Archeohoi,- < le.s Beaux- Aits:l\'\'S\. Akdrieux, ■\mat;kt-Diivax, Eiueric David, V.Deno- IjEMKRCIer, dk. SKGiiR, de riDStitut: BAnB-lF.R, ancicu ronscrvateur des Inbli' thcques du Roi ; T.-'P.Brks, Ai.ph. Mahi t.; Ph. Golb/:ry, de t'olunar; Km KHOFF, D.-M , d'Auvrrs M. Uiamohi, Mim-.L. Bei.t.oc, K. Ht.-.EAti, 1Ii-;nru;h> M. Bfrr ,FEr.ix BoDiN.Accnoif, CAaRtuN-]NiSAS,lils, CBAitvn'; (^hfnkiuhi Tils, deLii'ge; J.Dho/, Dumersan, Ko. Oauttifr, GoErp.HnrBKnr,, Kraft j V.Lf.cr.ERC. Loeve-Veimars , Marron,Mazoi.s ; Cn. Mosnard, duLausanu A.deIMontemowt; Ntroi.o-PnCLO, Patih , PELT.rssrER , PoNGF.RVtr.r.F. Quf TELET, DeReIFFF.NB'ERG; DE St A SS ART, ^\ 2 mdm»ntn run wafcjgcrM AVIS ESSENTIEL AUX SOlISGRiPTEURS. MM. LES SOtlSCRIl'TEURS (lont I'aBONNEMENT KST EXl'lUK LB i''' JANViEU, sont invites a le faire renotjveleu tres- i\CESS\MMENT, pouf quc le service ties envois n'eprouvo aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier 1819, il parait, par annde, douze ca'.., (le ce Recucil ; cbaque cahier , public le 3o du mois, se compose a'cn- _ viron i/J feuilles d'impression. On souscrit a Paris, au Bureau central d'abonnement et d'expedidon indiqu6 sur le litre. Prix de la SomcripUon , h partir da l" ;an\'ier l8a4- A Paris 46 fr. pour uii an; 26 fr. pour six uiois. Dans les departemeiis, 53, 3o A I'etranger 60, 34 La difference entre le prix d'ahoniiemenl, ioportionnelle aux frais d'expe-: dilioii par la poste, a servi de base a lalixatioa dcfitiitive portee ci-dessus. Le montantde la souscription, Cnvoye par la poste, doit etre adressj^ d'avance, FHAJic deport, ainsi que la correspondance, au Directeitr de la Hifue Encxclopidique , rue d'Eiiptr-Saint-Michel, n" 18. C'est a la raSrae adresse qu'ou devra euvoyer les ouvrages de tons genres et les gravures qu'oii voiidra faire annoncer, ain^i que les aiticles dont oa desirera I'iasertion. On peut aussi souscrire cbez les Directeurs des posies et cbez les principnux Libraires, k Paris, dans les departemeus et dans Ics pays Strangers. Trots cahiers ou livraisons fonnent un volume. Chaqne volume est termine par uiie Table des matit'ires aljjliabetique et analytique, qui ^claircit et facilite les recliercbes. Cette Table est toujours jointe au !"■ cabier da volume suivant, a rexceptlon de la derniere Table de Tannic, qui esiexpediee isol6ment a tous ceux qui peuyent y avoir droit. On souscrit, seulemeat & partir de deux epoques , dil f'^ Janvier oil du ler Jiiillet de cbaque annde , pour six mois , qu pour un an. On trouve , av liURSlU CKSiTKAi., les collections des (irinecs i8ii), l8ao, i8ii, iSaa ct i8a3, au prix de 44 francs chaque ; et celles de 1824 , r.u prix do /\6 francs. REVUE ENCYCLOPfiDIQUE. 1^. lo-tro PARIS. UE tlMPRIMERin DE RIGNOUX, ruu des Ffancs-Bourgeois-S. -Michel, U" 8. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS, LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXVI. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE RUE d'f.nfer-saint-michel, n° i8. AVRIL 1825. <• Toutes le« sciences sont les rameanx d'une meme tige. » Bacon. <« L'art n'cst autre cliose que le contr6Ie et le registre des meillenres prodnc • tioDs... A contr6ier les productions (et les actions) d'un cbacim, il s'engendre euvie des bonnes, et mepris des mauvaiscs. » Montaigne. « Les belles-lettres et les sciences, bien etndiees et bien comprises, sont des instrumens universels de raison, de Tertn, debonheur. » REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou A.NALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQtJABLES DANS LA LITTER A.TURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DES ACADEMIES, ET DE LEUR INFLUENCE SUR LES PROGRES DES CONNAISSANCES HUMAINES. Le mot AcADEMiE a, dans notre langue, des acceptions si diverses, qu'il nous parait necessaire de fixer le sens que nous voulons y attacher. Nous I'emploierons ex- clusivement pour designer une compagnie savante ou litteraire, etablie par I'autorlte publique, et dont I'en- seignement n'est pas le but. Les reunions formees par de simples particuliers pour cultiver en rommun les sciences et les lettres prennent ordinairement le nom de Societes : nous I'adopterons dans le memc sens, el par le meme motif. 6 DES ACADEMIES L'ltalie fut le berceau des Academies modernes et des Societes qui ambitionnerent aussi la gloire d'etendre le domaine ir.tellectuel de I'liomme. Les Academies fu- rent introduites en France sous le ministere de Riche- lieu et sous le regne de Louis XIV; elles y prirent sur-le- champ une grandeur qu'elles ne pouvaient at- teindre aux lieux de leur naissance. Comme elles con- tribuerent a I'eclat d'un regne dont I'Europe etait eblouie, elles furent imitees, ainsi que le faste et les modes de la cour de France, mais avec des modifica- tions dont leconomie etait le motif. Les attributions de V Academie des sciences de Paris recurent quelque ex- tension; on crut sans doute que la litlerature prospe- rerait dans chaque etal , sans I'encouragement d'insti- tutions analogues a I'Academie francaise. Ainsi, les sciences obtinrent presque partout, en Europe, des etablissemens destines uniquement a les perfection ner. Ces etablissemens ont subi I'epreuve du tems , des hommes, des evenemens; des savans du premier ordre les ont illustres; plusieurs generations ont recueilli le fruit de leurs travaux : on peut done les comparer les ims aux autres, non d'apres un petit nombre d'annees, et encore moins en se bornant a leur situation presente, mais relativement a I'ensemble des services qu'ils ont rendus. Gette recapitulation dune partie esseiitielle de I'histoire des sciences est un devoir impose a la Rci'ue F.ncyclopedique : le tableau qu'elle veut tracer ne serait pas coniplet, si les relations du passe avec le present n'y etaient pas visibles , si Ion ne pouvait y voir que la forme et la tendance actuelle de I'esprit, sans decou- ET DE LEUR INFLUEIVCE. 7 vrir aucune de ses anciennes traces, sans reconnaitre les alterations qu il a subies par Taction des causes qui f'avorisent ou contrarient ses developpemens. Nous pas- serons done successivement en revue les travaux des principales Academies de lEurope , depuis leur originc jusqu'a nos jours, en designant a la reconnaissance de tous les peuples ceux de ces travaux qui ont contribue le plus efficacement aux decouvertes utiles, au perfec- tionnement des arts et au bien de I'humanite. L'exanxen des travaux academiques dolt etre precede et suivi d'observations sur I'origine et la nature des Academies , et par consequent sur le regime qui les rendrait aussi utiles qu'elles peuvent le devenir. Les questions politiques, administratives ou seulement scien- tifiques auxquelles ces institutions donnent lieu, peu- vent etre resolues a priori, au moins dans plusieurs cas 5 et les raisonnemens qui en donnent la solution sont justifies par les resultats dune experience assez- prolongee pour qu'on puisse la regarder comme deci- sive. II convient done de considerer les Academies sous ce double aspect, d'abord en elles-memes, ensuite par- rapport a ce qu'elles ont produit. Dans ces sortes de recherches, I'esprit s'eleve necessairenient au-dessus de- toutes les affections parliculieres et locales : il n'aper- cevrait pas les rapports generaux dont il s'occupe, s'il arretait trop long-tems sa pensee sur un seul objet. Mais il ne perd jamais de vue les interets de la patrie : ap- prendre et savoir ne sont pas le premier de ses besoins; il met en premiere ligne le respect des lois et des insti- tutions, el le devoir de s'y conformer. Conune il s'agit -S DES ACADEMIES ici, non-seulement des Academies de France, niais de celles de I'Europe, on ne peut se dispenser de parlor de corporations, de noblesse, de formes de gouverne- mens ; en un mot, on est force de considerer son objet sous un rapport tout politique , ce qui nest pas sans inconvenient. An risque de meriter le reproche d'avoir manque de courage, nous procederons avec une ex- treme reserve , sondant le terrain , et ne niarchant quappuyes sur des verltes universellement reconnues, a I'exception d une seule, par laquelle nous allons coni- mencer. Auxlieux oil I'amour de la patrie peut deployer toute sa puissance, il n'estpas plus admirable dans les grandes occasions que dans le cours ordinaire de la vie civile. II appelle a lui tons les sentimens honnetes, les exalte, les rend plus delicieux. L'ame qu'il remplit d'une douce satisfaction n'est point ouverte a une ambition vulgalre, avide de pouvoir : le titre de citoyen lui suffit. Mais les charmes de la verite I'entraineront 5 aucun genie ne demeurera sterile, le savoir penetrera partout, sans que Ion alt eu besoin d'institutions pour lintroduire. Si les biens et les niaux de la societe ne sont pas equitableinent repartis, I'aniour de la patrie sera non- seulement affaibli, mais altere : il faudra qu'il degenere en esprit national, peut-etre meme en esprit de corpo- ration. Cependant, il pourra se rapprocber de sa noble origine, a mesure que I'elat social s'ameliorera : mais, la verite possede seule le pouvoir d'ameliorer. Quelle que soit la serie d'evenemens qui ont amene I'Europe au point ou elle est, si elle ne marcbe a grands pas ET DE LEUR INFLUENCE. 9 dans la route de I'instruclion , quelle renonce au pou- voir quelle exeice aujourd'hui sur tout le globe, a ^a propre independance, et quelle se resigne a tous les niaux qui pesent sur les peuples avilis. On nous dit sans cesse que notre civilisation a vieilli , et qui! faut la la- mener a un etat de jeunesse que Ion noUs montre dans le passe 5 mais est-il bien certain que nous soyons deja parvenus a la vieillesse? notre entance ne dure-t-eile pas encore? devons-nous croire aveuglement aux con- seils interesses qu on nous prodigue, et pour mieiix connaitre notre situation et nos veritables interets , n'est-il pas prudent de continuer a nous instruire? L'instruction repandue par les corps enseignans ne suffit point : nos besoins sociaux en exigent une autre beaucoup plus elevee , et qui ne peut appartenir qua un petit nombre d'hommes. Celle-ci n'est jamais sta- tionnaire ; le savant commence ses etudes au sortir du college, et ne les quitte qua la fin de sa carriere. Si Ion croit a la necessite d'avoir des savans, on accordera . sans peine qu'il faut 3'occuper des moyens den former, et ne pas demeurer, a cet egard, trop au-dessous des peuples voisins. Dans les etats qui adnieltent une noblesse hereditaire, on ne peut e viler que le nierite ne soit frequeniment aux prises avec les pretentions de la naissance. Un gen- tilhomme , fier de I'anciennete de sa race, se croira fort au-dessus dun Newton roturier; mais il aura plus d'egards pour une Academic. Cette institution envi- ronne le savoir dune consideration qu'un savant isole n'evit point obteiuie. Plus elle est lionoree par !e pou~ lo DES ACADliMIES voir qui I'a ereee, plus elle est assuree d'atteindre son but. Mais si unc cour ne voit dans une Academic que des faiseurs d'alraanachs ; si un grand geometre (Euler) y est charge de limportante fonction de tirer un horos- cope; si un souverain (le pere du grand Frederic) dit pubhquement qu'il a quelque envie de chasser ses Aca- demiciens, et de les remplacer par des chirurgiens et des sages-femmes, le charme est detruit, et I'institution devient incapable doperer aucun bien. Malheureusement, les Academies ne sont pas exemptes de toutes les faiblesses humaines. Tous les Academiciens n'usent pas avec les grands de la sage reserve de d'A- lembert; ils ne repoussent pas leur fainiliarite par le respect; ils ne les tiennent pas assez loin d'eux et de I'Academie. Cest ainsi qu'une compagnie savante on litterairese charge de noins inconnus dans la republique des lettres, se prive de grands talens et de Testime , publique. On a vu des Academies repousser avec cou- rage des choix qui leur elaient imposes ; mais d'autres n'ont pas imite cette noble resistance. Les entreprises contre la liberte des elections academiques n'annoncent pas une grande habilete politique ; les institutions de cette nature peuvent reparaitre avec un nouvel eclat et de plus grandes forces, apres avoir ete supprimees : si elles sont avilies, le tems de leur influence est passe sans retour. L'Europe est encore loin de pouvoir se passer de ses Academies. Si les sciences et les lettres perdaient ces points d'appui, les societes libres ne les remplaceraient pas en Europe, qiiand nieme elles y seraient tolerees. ET DE LEUR LNFLUEXCE. ii L'enseignement ne tarderait pas a retrograder, les or- donnances relatives aux Universites espagnoles passe- raient les Pyrenees, et serviraient de modele a une nouvelle organisation des Universites d'AUemagne. Le feu sacre serait conserve dans plus d'un lieu , toujours pret a se rallumer partout ; et d'ailleurs , rAmerique. nous le garde : il ne faudrait pas renoncer a I'espoir d'un meilleur avenir; mais il serait ajourne pour long- tems. On ne pent trop le repeter : dans I'etat actuel de I'Europe, les Academies nous sont necessaires ; et si nous perdions leur secours, nous ne jouirions pas long- tems de la liberte de la presse. Et plus nous sentons le besoin de nous fortifier contre tout ce qui peut attaquer cette precieuse liberie, plus nous faisons des voeux pour que les conipagnies savantes et litteraires ne se recrutent que d'hommes dignes d'elles et de leur haute destination. II nest plus necessaire aujourd hui de re- futer les paradoxes, ou plutotles boutades de J.-J. Rous- seau contre ces institutions : on convient sans peine avec lui qu'il y a plus d'erreurs dans vine Academic que dans un peuple de sauvages; il n'y a point d'erreurs dans une tete vide; il peut y en avoir beaucoup dans une tete pleine : les verites de cette force ne sont jamais contestees. Lorsque les Academies jouissent dune entiere liberte dont elles ne peuvent faire qu'un bon usage, elles sont le plus bel ornement du trone. Elles rassemblent autour du monarque les forces intellectuelles de la nation. Le moyen de rendre ces institutions aussi utiles qu'elles peuvent leUe n'est pas difficile a trouver, ni a mettre 12 DES ACADltMIES en pratique : 11 suf6t de les honorer, et de les consulter soiivent. Nous n'avons parle jusqu'a present que dwleur influence morale et politique : voyons maintenant quelles peuvent etre plus specialement leurs attributions rela- tives aux sciences et aux leltres. II n'y a que tres-peu de cas ou la culture des lettres exige une grande variete de connaissances approfondies, et par consequent un concours de savans; mais quel- ques sciences en eprouvent le besoin. Plusieurs decou- vtTtes ne pouvaient etre t'ailes qu'avec un developpement de nioyens et de secours qui manquent souvent au sjonie. S'il taut interroger le terns , prolonger des obser- vations au delii des Kmites d'une longue vie; si les don- nees de la question dont on s'occupe sont eparses sur le globe, et si les plus importantes ne peuvent etre re- cueillies que, dans des pays lointains ; si cette question est complexe, et donne lieu a des travaux divers et simul- tanes dont chacun exige les lumieres et la direction d'un savant, c'est a une compagnie savante qu'il faut confier ces reclierches. 11 en reste encoie beaucoup a faire , lueiue sans sortir de I'Europe. Nous n'avons que des experiences mesquines et insuffisantes sur I'iniportante question de la resistance des fluides; I'art du construc- teur de machines nest pas encore assez eclaire dans toutes ses operations; I'exploralion de notre sol n'est point terminee; quelques sciences s'embarrassentde plus en plus dans le dedale d'une synonymie beaucoup plus etendue que les sciences menies, etc. Qiiand meme les travaux de cette nature ne seraient pas au-dessus des forces d'un seul savant, leurs resultats ne seraient pas ET DE LEUR INFLUENCE. i3 recus avec la meme coiifiance, aussi promptenient et generaleraent adoptes que lorsqu'ils se presentent avec la garantie reelle de tout un corps savant. Les Societes memes n'obtiennent pas un credit aussi puissant et aussi utile que celui d'une Academic : les recompenses qu'eiles decernent ont moins d'eclat, et n'occupent pas autant la renommee ; elles n'exercent leur ascendant que dans un cercle plus retreci, et I'effet qu'eiles ont produit n'est pas aussi durable. Telle est, dans une monarchic, la superiorite des institutions monarchiques, et les Aca- demies ont essentiellement ce caractere. Le discernement republicain a constamment repousse la proposition souvent reproduite d'etablir aux Etats- Unis d'Amerique une Academic a I'imitation de celles de I'Europe. Cette partie du monde civilise n'aura done que des etablissemens d'instruction publique , des sa- vans et des homrnes de lettres isoles, des Societes sa- vantes et litteraires. Si elle parvlent a se placer au pre- mier rang par les" decouvertes dont elle enrichira les sciences et par les chefs-d'oeuvre de sa litterature natio- nale, I'Europe n'aura plus rien qui puisse exciter son envie. L'existence des Etats-Unis est la plus grande t't la plus belle experience qui ail jamais ete f'aite en poli- tique; le spectacle que cette nation nous offrira dans I'ordre intellectuel ne sera pas moins interessant, moins digne des plus hautes meditations. N. B. Ce premier article, servant A' Introduction, sera suivi cl'un Resume des travaux des priiicipales /tcademies et Societes savantes de I'Europe, depuis quelques annees. M ESQCISSE DUN COURS D'ECONOMIE ET DE MORALE (i). « Nous ne sortons de I'etat de depcndance ou la nature nous a mis, que par nos conquctcs sur les choses, et par nos vic- toires sur nous-mcmes : nous ne devenons libres, qu'en deve- nant industrieux et nioraux. Telle est la verite fondamentale que je me propose de developper, en traitant a la fois de Veconoinie et de la morale : mon dessein est de faire voir comment ces deux choses donnent naissance a la liberie. « Je ne sais point sije m'abuse, raais il me semble que, dans notre tendance vers la liberie, nous commeltons plusieurs sortes de meprises : « La premiere, et a mon sens la plus capitale, c'esl de ne pas assez voir les difiicultes ou elles sont; c'est de ne les aper- cevoir que dans les gouvernemens. Comme, en effet, c'est ordinairement la que les plus grands obstacles se montrent, on suppose que c'est la qu'ils existent, et c'est la seulement qu'on s'efforce de les attaquer. On ne veut pas arriver jusqu'aux nations qui sont par dcrriere. On ne veut pas voir que les na- (i) Cette ESQuissE est le resume de la seance d'ouverlure du Cours fait a I'Athenoe de Paris par M. Dunoyer. Ce cours, dans lequel la politique est presentee sous un jour tout nouveau, et trai- tee d'apres de meilleurcs methodes , a dcj a obtenu et continue d'ob- teuir beaucoup de succes ; nous soinnies foudes a croire que les lecteurs de la Revue Encyclopediqiie aimcront a trouver icl la sub- stance des lecons du professeur de rAlheiice. (n. d. is.) ESQUISSE D'UN COURS D'fiCONOMIE, etc. i5 tions sont la matiere dont les gouvernemens sont faits ; que c'est de leur sein qu'ils sortcnt; que c'est dans leur sein qu'ils se rccrutent, qu'ils se renouvellent ; que, par consequent, lorsqu'ils sont mauvais, il faiit bien qu'dles ne soicnt pas excellentes. On ne veut pas voir que tout le mal qu'ils font alors a ses veritables causes, ou dans la corruption du public qui le provoque, ou dans son ignorance qui rapprouve, ou dans sa pusillanimite qui le tolere , quand sa raison et sa cons- cience le condamnent. On ne veut voir que les gouvernemens : c'est contre les gouvernemens que se dirigent toutes les plainles , toutes les censures; c'est sur les gouvernemens que portent tous les projets de reformation ; il ue s'agit que de reformer les gouvernemens; il n'est pas question que les peupless'amendent; on ne parait pas adraettre qu'ils en aient besoin : on leur dit bien assez qu'ils sont victimes des cxces du pouvoir; on ne s'avise point de leur dire qu'ils en sont coupables, et ceci, qui n'est pas moins vrai, serait pourtant uu peu plus essentiel a leur apprendre. <> Ce n'est pas tout. Tandis qu'on ne veut pas voir les obsta- cles ou ils sont, on ne veut apercevoir qu'une partie de ces obstacles, on ne veut considerer que ceux qui naissent des vices des gouvernemens, ou, comme il serait plus exact et plus juste de s'exprimer, ceux qui resultent de I'imperfection de nos idees et de nos habitudes politiques. Cependant, il est surement tres-possible que nous ne soyons pas imparfaits sen- lement dans cette partie de nos raoyens. Il est possible que nous ignorions les arts et les sciences; il est possible que nous ayons beaucoup de vices personnels; il est possible que nous tombions, les uns envers les autres, dans un grand nombre d'injustices et de violences particulieres. Or , tres-certaine- ment, ce defaut d' esprit et ces travers de moeurs , s'ils n'af- fectent pas la libcrte au meme degre que le manque d'instruc- tion et de moralite politiques, ne laisscnt pas de lui ctre cm-ore M) ESQUISSE IVUN CODRS t'xccssivciiietit periiiciriix. On a done tort de iic pas les coni- prendre an nonibif dc^ causes qui nous empechent d'etre ill) res. « Une troisieme erreur fort accreditee, et qui peut-etre n'est pas nioins grave, c'est, en meme terns que nous ne voiilons pas prendre garde a tous nos defauts, ni meme, en general, tenir compte de nos defauts, de croire que certains de nos progres nous sont nuisibles, de pretendre, par exemple , que lindustrie, I'aisance, les lumieres sont des obstacles a la liberie. II n'est surement pcrsonne , parminous, qui n'ait (re- cjiiemmcnt entendu dire que nous sommes trop civilises, trop liches, trop heureux pour etre librcs. C'est une expression uuiversellement recue et dont les beaux csprits, et quelquefois meme lesbons esprits, se servent comme le vulgaire. Un de nos publicistes les plus justernent rienommes, M. B. de Constant, dans son ouvrage sur les Religions, croit que I'Europe mar- che a grands pas vers un etat pareil a celui de la Chine , qu'il represente a la fois comme tres -.>civilisee et tres-asservie. M. de Chateaubriand, dans, son pamphlet en faveur de la septennalite , enseignait expressement, I'annee derniere , que plus les hommes sont eclaires et moins ils sont capables d'«';tre libres. De sorte que, suivant ces ecrivains, I'espece humainc se trouverait i eduite a la triste alternative de rester barbare ou de devenir esclave, et qu'il lui faudrait necessairement opfer cntre la civilisation et la liberie. « Eufin, tandis qu'on veut que la liberte soil diminuee par de certains progres, il semblerait, h voir I'insouciance que Ton montre pour des perfectionnemens d'un ordre plus eleve, qu'on rcgarde ces perfectionnemens comme inutiles. Nous tra- vaillons de toutes nos forces a I'accroissement de cette Indus- trie, de cette aisance, qui sont mortelles, disons-nous, pour la liberte, et, en meme tcms , nons ne meltons aucun zele a developper nos facultes morales, qui lui ponrraient etre si D'tCONOMIE ET DE MORALE. 17 favorables. Nous faisons aux arts de merveilleuses applica- tions de la mecanique , de la chimie et des aulres sciences natiirelles, et nous ne songeons point a y appliquer la science des inaeurs , qui pourrait tant ajouter a leur puissance. Nous ne voulons pas voir combien sont encore inoparfaits les peuples tjui ne sont qu'habiles, et combien se montrent plus habiles ceux qui sont aussi moraux. Nous ne sentons pas assez d'ail- leurs qu'il n'est pas seulement question d'habilete, mais aussi de dignite, d'honneur, de liberie; etque, si la liberte nait de I'industrie, elle nait surtout des bonnes habitudes, soit pri- vees, soit publiques. « M. Dunoyer annonce ici que , sur tous ces points fondamen- taux, il s'ecartera des idees qui paraissent le plus generalement recues. « D'abord, dit-il, je ue parlerai point des gouvernemens , ou du moins ce que j'en pourrai dire ne se distinguera pas de ce que j'ai i dire des populations. Je ne porterai roes regards que sur les masses; leur industrie et leur morale serout Ic sujet de toutes mes observations, la matiere de toutes mes expe- riences. C'est en effet la que sont tous les moyens de la liberte , et aussi toutce qu'elle pent rencontrer d'obstacles, meme ceux qui naissent des mauvais gouvernemens , lesquels ne sont jamais, au vrai, que ce que I'etat des peuples veut qu'ils soient. Je trouverai les obstacles dans le defaut d'industrie, de savoir, de capitaux, de bonnes habitudes, particulieres et sociales. Les moyens sorliront du progres de tout cela. « Je considererai ce progres dans les masses , parce que c'est la qu'il doit se faire pour etre de quelque effet, et aussi parce que c'est reellement la qu'cn est le mobile et que s'en opere le developpement. Les nations vivent d'une vie qui leur est propre. Elles ont, en toutes choses, I'initiative des ameliorations. Ce sont les agriculteurs qui perfectionnent I'agriculture; les arts sont avances par les artistes, les sciences T. XXVI. — Airil 1825. 2 i8 ESQUISSE D'UN COURS par les savans , la politique et la morale par les moralistes et les politiques. II y a seulement, entre les choses qui sont I'af- faire particuliere de chacuii et celles qui sont I'affaire de tout le mondc, cette difference, que, dans les premieres, les per- fectionncmens sont immediatement applicables par celui qui les inveiite, tandis que, dans les secondes , a savoir dans les politiques , les applications ne peuvent avoir lieu que lorsque la pcnsee du publiciste est devenue la pensee commune du public, ou dumoins d'une portion tres-considerable du public. Jusque-la, on ne pent faire, pour les realiser, que des tenta- tives impuissantes. II est possible qu'un pouvoir de bonne vo- lonte entreprenne de les etablir ; mais il ne fera point ceuvre qui ticnne. Il est possible que la chose soit essayee, lalgre le pouvoir, par un parti qui le renverse et le remplace; mais les insurrections les plus heureuses n'auront pas plus d'effet que les concessions les plus bienveillantes. La chose ne s'ela- blira que fort a la longue, a mesure qu'elle passcra dans les idees et les habitudes du grand nombre. Par ou Ton voit que ce dernier ordre de perfeclionnemens , qu'on voudrait reserver exclusivement a certains pouvoirs ou a certains hommes, est, plus qu'aucun autre, I'affaire de la societe; puisqu'aucune amelioration de ce genre n'est praticable que lorsque la societe y donne son consenteraent, et ne devient effective que lors- qu'elle I'a reellement adoptee. "Encore une fois, poursuit le professeur, je n'envisagerai done que la societe ; je ne chercherai les moyens de la liberte que dans les progres de la societe. xEnsuite, je me garderai bien de ne considerer qu'une partie de ces progres, je tiendrai compte de tous. Je me gar- derai bien de dire que certains sont nuisibles a la liberte , ou d'avoirl'air de croire que d'autres lui sont inutiles : je dirai qu'ils lui sont tous favorablcs et necessaires, les progres in- dustriels comme les progres moraux, les moraux comme les D'ECONOMIE ET DE MORALE. 19 industriels. Telle est I'idee que je me fais des uns et des autrcs, qu'il me serait fort difficile de dire Icsquels la servent le mieux, et quels hommes travaillent davantage a se rendre libres, de ceux qui acquierent de I'induslrie, de ceux qui contractent de bonnes habitudes personnelles , ou de ceux qui se forment a de bonnes habitudes civiles. Cet homme est un habile nauto- nier ? il ne sera pas embarrasse pour conduire une barque et franchir une riviere. Cet autre a vaincu son penchant a I'in- temperance ? Tivresse ne le fera plus trebucher malgre lui. Ceux-la renoncent mutuellement a toute pretention injuste? lis vont cesser par cela meme de s'entraver dans I'usage inoffensif de leurs facultes. On voit ainsi que nos progres de toute nature contribuent egalement a nous rendre libres : les uns nous tirent de la dependance des choses, les autres de la depen- dance de nous-memes , les autres de la dependance de nos semblables. « Apres cela, on verra que ces divers developpemens, bien loin de se contrarier, comme oh vent le dire, se soutiennent, s'aident reciproquement, et contribuent a 1' extension les uns des autres , de meme qu'ils contribuent tous h I'accroissement de la liberte. Nous ne faisons pas une espece de progres qui n'en provoque plusieurs autres sortes. Nous ne pouvons pas developper ime partie de nos moyens sans travai'ler par cela meme au developpement de tous. L'amelioration des mceurs ajoute aux pouvoirs de I'industrie; les progres de I'industrie amenent ceux de la morale. II n'est pas vrai qu'en acquerant plus de bien-etre nous devenions moins sensibles a la conside- ration. Je ne veux pas admettre que les habilans de Paris aient moins d'honneur aujourd'hui qu'ils n'en avaient au tems de la ligue ou a des epoques plus reculees et partant plus barbares. Je ne saurais imaginer qu'en pavant et eclairant leurs rues, en purifiant et ornant leurs demeures, en se pro- curant de meilleurs habits et de meillcurs alimens, en se tirant ao ESQUISSE D'UN COURS par le travail de I'ordure et de la misere, ils aient du perdre de Icur diguite. II est vrai qu'en nous clevant sons un grand noinbre de rapports, nous semblons avoir decline sous quelques autres. On pent observer avcc raison, par exemple, que beau- eoup de viiles ont aujourd'hui moins de pouvoirs municipaux qu'elles n'en possedaient aux xiii" et xiv'= siecles ; mais 11 ne serait ni raisonnable , ni historiqucment vrai de dire que c'est la faute de I'industrie. C'etait au contrairc a I'industrie que ces villes etaient redevables de ces pouvoirs, qn'elles ne purent defendre plus tard centre les envahissemens de la puissance royale. C'etait I'industrie, au moyenage, qui avait affranchi les communes de la tyrannic des seigneurs; ce sera elle, tot ou tard, qui les delivrera du despotisme plus concentre des cours et de la domination des capitales. L'industrie prepare les peuples a I'activite collective comme a tous les genres d'activite necessaires au developperaent et a la conservation de I'espece. 11 ne faut qu'ouvrir les yeux pour voir que, de notre terns, les populations les plus industrieuses et les plus cullivees sonl aussi celles qui ont le plus de vie et de capacite politiques. Les Espagnols du littoral, plus laborieux et plus aises que ceux du centre, ont beaucoup mieux defendu les institutions protectrices qu'une partie de la nation avait voulu etablir. Nous voyons en Grece les hommes riches et eclaires donner, tout les premiers, I'exemple des devouemens heroiques. Enfin, ne sont-ce pas, en France, les villes commercantes et manu- facturieres qui nsent de leurs droits politiques avec le plus d'intelligence, de mesure et de fermete? « II n'est done pas vrai que le developpement de nos facultes morales soil incompatible avec celui de nos facultes industrielles. Mais ce qui est vrai, et ce que j'aurai soin de reconnaitre, c'est que certaines dispositions de notie ame peuvent mettre de crands empechemens aux progres des unes et des autres. Voila ce que font notamnient la passion du faste et cette sensualite D'ECONOMIE ET DE MORALE. 21 excessive auxquelles on accuse les peuples de notre at^e de se laisser entrainer. II ne faiit pas croire ce qu'on dit de ces vices, qu'ils sont un fruit de la civilisation, qu'ils sont parti- culiers aux nations que I'industrie a rendues tres - opulentes. On verra bien, au contraire, que ces nations, toute propor- tion gardee, s'y laissent infiniment moins eraporter que les peuples barbares, et que la civilisation, qui nous eloigne de tant d'exces, tend aussi ^ nous detourner de celui-la. Mais enfin , il parait vrai de dire que nous y donnons beaucoup trop encore; et qu'au point ou ils nous dominent, ils conti- nuent k opposer de tres-grands obstacles aux progres de I'in- dustrie, et surtout a celui des moeurs. Certainement, si nous consacrions a I'avancement de nos travaux ce que nous donnons de trop a la satisfaction de nos plaisirs, la richesse et les arts, qui en sont les createurs, prendraient des accroissemens bien plus rapides. Certainement encore, si nousetions aussi sensibles a Thonneur qu'a la volupte ; si nous prenions de notre dignite morale autant de soin que de notre bien-etre physique, les moeurs ne resteraient pas autant en arriere de I'industrie. C'est, il n'en faut pas douter, a notre amour trop exclusif pour les jouissances sensuelles , c'est i\ I'universelle preference qu'elles obtiennent sur des plaisirs plus nobles et plus releves qu'il faut attribuer cette disproportion choquante qu'on remarque entre la perfection des arts et celle des habitudes, entre la capacite industrielle et la capacite politique, entre la grandeur des for- tunes et le peu d'importance des personnes. Je m'attacherai done ii faire sentir combien il nous importe de ne pas nous laisser absorber par le soin de nos facultes productives , com- bien nous avons besoin aussi de cultiver nos facultes morales, et a quel point le progres de ces dernieres , si necessaires a celui des autres, est particulierement indispensable a la liberie. « Je commencerai par dire ce qu'il convient d'eptendre par ce mot. 7-1 ESQUISSE D'UN COURS « Je chercherai ensuite success! vement: si lesdiversesvarietes de I'espece humaine sont egalement aptes li devenir libres; si la liberie pent etre la meme ^ tous les degi'es de la civilisation ; quel degre de liberie est compatible avec la maniere de vivre des penples sauvages; des peiiples noraades; des peoples se- dentaires qui se font entrelenir par des esclaves; de ceax qui n'ont pas d'esclaves, mais chez qui tout esl privileges; de ceux qui n'ont pas de privileges , mais ou tout esl emporte vers la recherche des places; de ceux enfin ou I'activite imiverselle est dirigee vers I'industrie; ou Ton ne voit plus ni maitres, ni es- claves, ni privilegies, ni soUiciteurs; ou il n'y a que du travail at des echanges, et ou le gouvernenient lui-meme n'est qu'un travail, fait par une petite portion de la societe au nom et pour le compte de la societe tout entiere. « Parvenu a ce dernier terme, le plus eleve oh il paraisse que nous puissions atteiudre, je m'arreterai quelques instans pour faire remarquer les obstacles qu'y Irouve encore la liberie, et les bornes inevitables qu'elle rencontre dans la nature des choses. « Apres quoi, je considererai cet etat dans les divers modes d'aclivite individuelle et collective dont il presente le spectacle ; dans I'agricullure, les arts, le commerce, les echanges, les transmissions graluites de biens entre vifs eta cause de mort, les communications intellectuelles, les beaux-arts, les persua- sions et les observances religieuses; dans les associations , in- duslrielles, scientifiques, litteraires, morales, religieuses, do- mestiques, municipales , politiques. Et, de meme que j'aurai d'abord cherche quel est le mode general d'existence ou nous devenons le plus libres, de meme je chercherai comment nous devenons libres dans chacun de ces modes particuliers d'ac- livite , et quelle influence la liberie de chacun exerce sur celle de tous les aulres. « A ces developpemcns sur I'objet et le plan de son travail. D'ECONOMIE ET DE MORALE. a3 M, Dunoyer fait succeder des considerations sur la methode qu'il se propose de suivre. << II me senible, dit-il, qu'en me reduisant ainsi h. de simples recherches sur un ordre de fails assurement tres-susceptibles d'observation; en me bornant a demander ce qui resulte pour la liberte de telle maniere de vivre, de telles connaissances, de telles vertus, je n'ai pas a craindre de me laisser egarer par I'esprit dc systeme. Que veux-je prouver ? Rien. Je cherche une chose : je voudrais savoir comment se produit cette maniere d'etre que nous appelons liberte. J'ai Irouve qu'elle naissait des progres de I'industrie et de la morale, de tout ce qui etend nos facultes et tout ce qui en rectilie I'usage. Je veux exposer comment cela se fait. Je pourrai surement me tromper dans mes explications; mais ce ne sera pas la faute de ma methode. Je pourrai me tromper, comme je le pourrais en faisant un calcul, sans que pour cela on dut faire le proces a I'arithme- tique. Mes erreurs d'aillcurs seront faciles a rectifier; en vous donnant le resultat de mes observations, j'en mettrai sous vos yeux la matiere; de sorte que, si je me trompe, il sera bien aise de le voir : chacun de vous pourra refaire mes experiences. « Vous remarquerez sans doute, ajoute le professeur , com- bien cette methode differe de celle de ces publicistes dogma- tiques qui ne parlent que de droits et de devoirs; de ce que les gouvernemens ont le f/eco//' de faire, de ce que les nations out le droit d'exiger : chacun doit etre maitre de sa chose ; chacun doit pouvoir dire sa pensee ; tout le monde devrail participer a la vie publique. Voila leur langage accoutume. Je ne m'ex- pliquerai point de la sorte. Je ne dirai pas sententieusement : les hommes ont droit d'etre litres; je demanderai: comment arrive-t-il qu'ils le soient ? a quelles conditions peuvent-ils, I'etre? par quelle reunion de connaissances et de bonnes habi- tudes morales parviennent-ils a exercer librement telle industrie privee ? comment s'elevent-ils a I'activite politique ? Il n'y a la, 24 ESQUISSE D'UN COURS conimc vous voyea, rien d'imperieux , rien qui oblige. Je ne dis pas : ilfaut que telle chose soit; je raontre commeut elle est possible. Chacun sans doute pourra voir si elle vaut que nous acquerions les qualites necessaires pour en jouir; mais je n'im- pose rien, je ne propose meme rien : j'expose. « Non-seulement cette raethode ne tend point a surprendre ou a violenter les esprits; mais elle est la seule propre i les eclairer. C'est celle qu'on suit dans toutes les sciences d'obser- vation; c'est par elle que , depuis Bn quart de siecle, ces sciences out fait de si reraarquables progres. On ne parle point en phy- sique, en mathematiques de ce qui doit etre; on chcrche sim- plement ce qui est , ou comment il arrive qu'une chose soit. Le geometre remarque dans quelle circonstance deux lignes forment un angle; mais il ne dit pas que deux lignes ont le droit de former un angle. Le chimiste observe que Teau , sou- mise a Taction du feu, passe a I'elat de vapeur; mais il ne dit pas qu'un des droits de I'eau est de se transformer en gaz. Le publiciste peut observer de meme dans quelles circonstances I'homme parvient a la liberie; mais il ne doit pas dire, s'il veut parler scientifiquement , que I'homrae a droit d'etre libre. Que nous apprendrait en effet ce langage ?"et que pretend-on en disant ici que I'homme a droit ? Veut-on dire qu'il est desi- rable qu'il devienne libre ? mais esprimer des voeux n'est pas expliquer des verites. Veut-on dire que la liberte est une pro- priete de sa nature? mais cela n'est vrai qu'a de certaines con- ditions. Deux lignes droites ont la propriety de former un angle; mais ce n'est que lorsqu'elles se rencontrent en un point. L'eau a la propriete d'etre compressible; mais il faut qu'elle soit re- duite a I'etat de gaz (i). La liberte est une propriete de la na- (i) Get exemple est mal choisi : des experiences recentes ont ap- pris que l'eau a I'ctat liquide, qu'on avail crue jusqu'alors incom- pressible, peut en effet ^tre comprimee; mais cela n'affaiblit point la verite que le professeur cherche a etablir. D'tCONOMIE ET DE MORALE. aS ture humaine; mais seulement quand celte nature estcultivee. Vous avez beau declarer a priori que I'homme est une force litre , tant qu'il conserve son ignorance et ses vices, il reste en effet tres-depcndant. Au lieu done de nous dire dogmati- quement que la liberte est sa loi, enseignez-nous conuiient elle devient sa maniere d'etre. Ce n'est qu'ainsi que vous pourrez nous eclairer. « Enfin, tandis que cette melhode est plus proprc a instruire, elle est aussi plus propre ji faire bien agir. Quand on dit aux homnaes : vous avez droit d'etre litres, laj'usticeordonnequevous le sojfez, on parle vivement k Icur imagination, on leur inspire le desir de ia liberte, mais sans leur rien communiquer de ce qui la donne, et il est possible qu'on les pousse pour la conquerir a des resolutions violentes, qui leur attireront de grands maux, sans laisser peut-etre apres elles aucun bon resultat. Mais si Ton se borne a leur dire : « plus vous serez cclaires et mieux « vous disposerez de vos forces; plus vous aurez de bon sens, « d'equite, de moderation, de courage, et plus vous aurez de "liberte «; on n'a surement rien de pareil a craindre. Il se pourra que ce langage louche peu ; mais s'il excite a agir, ce sera d'une facon utile. Les actions qu'il recommande en effet, c'est de s'instruire, de se fortifier, de se rendre meilleur; il n'excite a la liberte qu'en exhortant aux qualites qui la pro- curent. II ne saurait y avoir de danger a inspirer aux hommes I'amour du travail et de la vertu, et Ton est sur, en les pous- sant dans les voies de I'industrie et de la morale, de les mettre sur le vrai chemin de la liberte. « J'aurai done soin, dit en finissant le professeur, de roster fidele a I'objet de ce cours, qui est de montrer la liberte dans ses causes. Au lieu de la considerer comme un dogme, je la preseuterai comme un resultat; au lieu d'en faire I'attribut de I'homme, j'en ferai I'attribut de sa civilisation; au lieu de me borner, comme on la presque toujours fait, a imagincr des 26 ESQUISSE D'UN COURS D'ECONOMIE, etc. formes de goiivernemcnt propres a I'etablir , ce qu'aucune forme de gouveruemont n'est, a elle seule, capable de faire; j'exposcrai de men miciix comment elle nait de tons nos pro- grcs.... » Telies sont les reflexions preliminaires par lesquelles M. Du- noyer a fditprccedevlecours d'etudes politiques qu'il a ouvert al'Athenee. Cos reflexions laissaient peut-etre desirer une defi- nition plus explicite de ce qui devait faire specialement I'objet de ses Iccons , c'est-a-dire de la Uberte. Mais ce mot ne pou- vait etre bien explique que dans le cours meme, et M. Dunoyer a consacre sa premiere lecon tout entiere a le defuiir. Nous comptons offrir a nos lecteurs, dans I'un de nos prochains cahiers, une analyse detaillee de cette lecon et de quelques autres. Le professeur a bien voulu mettre a notre disposition les materiaux necessaires pour donner xine idee juste et com- plete de sa doctrine, qu'il est bien aise de soumettre a une nouvelle epreuve avant de songer definitivement a la publier. REMARQUES SUR LES BONNES ET LES MAUVAISES INNOVATIONS DRAMATIQUES, Lues a V Acadeinie francaise , le mardi^ avril 182S. Nous voalons du nouveau, n'cn fiit-il plus au nionde. La meilleure source des nouveautes sur la scene fran9aise est encoi'e I'imitation des theatres anciens, et non I'imitation des theatres etrangers modernes. II nous sera facile de le prou- ver : mais, avant tout, contestons la necessite de chercher du nouveau dans les genres que Part a crees, et I'insuffisance des regies de ceux-ci pour representer la nature sous tous ses as- pects, d'une maniere toujours nouvelle. Jepense qu'on ne doit rienexclure, rien proscrire , mais qu'il faut tout classer el tout SUR LES INNOVATIONS DRAMATIQUES. 27 onlouner. — Interrogeons d'abord les personnes qui deman- dent des innovations : a qiioi tendent-elles en les recherohant ? Sans doute, au but d'un perfectionnement dontrait leur paiait encore susceptible : mais , quelles conditions lui nianquent pour etre en etat de tout produire ? N'a-t-on pas recu classi- quement les modules de la tragedie et dc la comedie , dont I'une pcint en grand les moeurs historiqucs , dont I'autre peint en detail les moeurs privees ? Entre ces deux genres fonda- mentaux , I'anliquite ne placait - elle pas elle -meme plusieurs especes moyennes, telles que les pieces allegoriques dont le Plutus d'Aristophane est un bon exemple , des tragi-comedies ou le grave s'unit au plaisant , comme dans le Penth.ee et dans le Polypherne antiques, comme dans Amphitryon meme, ou les adulteres des Dieux sont livres au rire , ainsi que les folles in- trigues des liommes; enlin , des pieces touchantes et serieuses, comme les Captifs de Plaute, et \ Andrienne de Terence ? Les heriliers des anciens n'ont-ils pas ajoute a ces primitives espe- ces deux modes derives de celles-ci ? Les drames heroiques , tels que le Don Sanche , de Pierre Corneilie, le Prince jaloux , de Moliere, que le style et les sentimens temperes rangent au- dessous de la haute tragedie ; et les drames domesliques, que le langage familier , le pathetique ordinaire, et les mceurs bourgeoises rangent au-dessous de la liaute comedie ? Melpo- mene et Thalie n'etablirent-elles pas toutes deux des dcgres et des distinctions diverses entre leurs compositions, qui se divi- sent, d'un cote, en tragedies fabuleuses, merveilleuses et histo- riqucs; de I'autre , en comedies moralementsatiriques et bouf- fonnes? A tant de differentes especes que pretend- on ajouter profitablement ? N'ouvrent-elles pas une assez vaste carriere au jeu de I'imagination ? et croit-on I'agrandir en effacant toutes leslimites que I'experience et le gout leur out jadis imposees ? Nos doctes maitres, qui surent les observer avec scrupule , creerent des chefs-d'oeuvre, sans outre-passer les bornes pros- 28 SUR LES INNOVATIONS elites par chacune. lis furent originaux dans leiirsiuiiovations, parce que leiir vigueuret leur audaee toujours reglees ne sorti- lent pasdes routes speciales. Cette soumission au frein ti'alUedit done pas la chaleur de I'originalile, puisque la leur eclata , meme en imitant leurs doctes predecesseurs. Si le plus original parmi nous fut Pierre Corneille, c'estqu'il appiiqua purement les formes tragiques a I'histoire : cette innovation ameliora le genre et le rendit plus efiicacement et plus populairement ins- tructif. Apres avoir medite ce puissant exemple et celui de I'Amphitryon latin et fran^ais, je m'effor^ai d'appliquer aussi les formes comiques a I'histoire, de traitor familierement les grands, comme les Muses traitaient lesDieux, etdecreerla Comedie historique , dans la conjuration de Pinto, dans la Journee des Dupes, du cardinal de Richelieu , dans la conquete de Christophe Colomb. Jeprisle soin, dans la premiere de ces iimovations, de m'ecarter peu de I'unite de lieu, et de m'as- treiudre a celles de temset d'action ; dans la seconde, plus rec- tifiee et mise en vers, je respectai les trois unites striclement ; dans la troisieme, ou j'associai le comique a I'heroiique , je m'af- franchis entierement des regies de tems etde lieu, je neconser- vai que celle d'action. Ces essais dun disciple parurent un progres utile aux genres sccondaires, a I'epoque ofi Ton encou- rageait les innovations raisonnables : mais ces extensions des res- sorts del'art n'etaient pas I'affranchisssement de ses !ois les plus importantes : elles n'autorisent pas la mixtion confuse de ses principes elementaires et le renversement total de ses m^thodes. Supputez done le nombre des genres d'imitation que nous venons d'enumerer, et voyez si chaque chose n'y trouve pas son acces, son rang, sa place, sa representation ou Active ou na- turelle. Que veut-on, quepeut-on imaginer de plus, dont notre art ait un reel besoin? Mais, repondra-t-on encore , comment introduire du ncuf, en se trainant dans les voies que le tems a creusues ? Ce ne sent pas , repliquerai-je , les routes nouvelles DRAMATIQUES. ig qui produisent la nouveaiite des spectacles, ce sont les objets iiouveaiix qu'on fait passer sous les yeux des spectatenrs dans les cheinins battus, dont il faut eviter seulement les ornieres. On y fit marcher teis et tels ages, tclles et telles moeurs : trans- portez-y d'autres siecles, d'autres coutumes et d'autres carar- teres : I'iniage exacte des epoques et les traditions locales vous fourniront les effets curieux apres lesquels court la multitude. La meme methode que j'employai dans le sujet A'Jgamemnon, je I'appliquai dans la creation des sujets de Clovis, de Frede- gonde, etde Charles FI, mes plus originales tragedies : je ne changeai point de regies , mais de fonds. Innovez dans le choix des fables, et n'innovez pas dans les plans et dans la diction : rendez le tout conforme a la nature, a la verite, a I'ideal que les peuples ont pu s'en former; etvous deviendrez originaux, comme ont su I'etre vos premiers modeles, sans alterer les me- thodes adoptees par le genie. Est-ce que les motifs de la melo- die et de I'harmonie musicales ne sont pas innombrables, inde- finis, quoique leurs sources nes'ecoulent que de rinvariabilite des memes gammes et des memes rapports , strictement pres- crits, de ton, de mesure, et de combinaisons mathematiques? Un cri perpetuel des sectateurs de la licence litteraires'eleve contre la chame qu'impose a I'esprit la loi des trois unites de jour, de lieu et d'action. Mais, si la rigueur de cette triple unite accroit et complete Tillusion du spectacle , en assimilant la proportion et la duree de la fable a la marche reelle et vrai- semblable du fait represente , on doit en admirer la triple condition qui me parait preferable a toutes , dans OEdipe , dans Philoctete , dans Athalie, et dans le Tartufe. Neaumoins, le systeme grec et francais n'exige absolument que I'unite d'ac- tion, etsouffre I'abandon des deux autres, quand la necessite du sujet, et non le seul caprice , reclame cette liberte. La premiere representation de Christophe Colomb, accueillie par des applaudissemens unaninies, prouva que les spectatenrs 3o SUR LES INNOVATIONS ne se montrerentni retifs aux hardiesses, ni cheques du deve- loppement d'line action ecoulce durant le cours de plusieurs mois et dans I'espace d'un quart du globe tcrrestre : a peine s'apercurent-ils de ces ixitervalles parcourus en deux heures. J'appuie sur cette experience faite; car le tumullc de la se- coude representation resulta d'une provocation personnelle dans le parterre, ct d'une influence politique, cause tres-etran- gere aux epreuves de I'art. La recente imitation Shahespirienne que j'ai hasardee dans le drame de Richard III ct Jeanne Shore , dont Taction rem- plit indispensablement cinq jours, n'a point ete reprouvce par Ics preventions du parterre. Or , nous avons vu que la multi- plicite des genres principaux , intermediaires et inferieurs , suftit au besoin de nos muses theatrales ; et nous voyons , de plus , que I'infraction de deux unites Icur est encore permise par la judicieuse tolerance du public : mais , je le repete, dans les genres inferieurs a celui de la pure tragedie. Quelle decouverte profitable, quelle conquete fructueuse aurions-nous done a faire sur les theatres etrangers? Sera-ee la puissance des visions fantastiqnes et surnaturelles dont ils etablissent I'cmpire a la scene ? Mais le merveilleux de la Melpomene grecque en offre un magnifique modele dans la tragedie intitulee Xerxes, oil I'ombre de Darius apparait: mais Voltaire reproduisit un pareil spectre dans sa Semiramis ; avantlui, Moliere et Thomas Corneille n'avaient pas craint d'emprunter a la comedie espagnole cette statue parlante et animee, simulacre toujours present du souvenir d'un nieurtre qui poursuit I'athee Don Juan au milieu d'un festin. Ces moyens extraordinaires nous sont dcpuis long-tcms acquis; et I'igno- rance seule a pu s'etonner de leur emploi dont abuserent sou- vent Shakespeare et Lope de Vega ; mais dont I'usage modere ue raerite aucun blame et nc constitue pas une innovation bar- die. S'ensuit-il, en induira-t-on qu'il faille personnifier a la DRAMATIQUES. Si scene toutes les reveries des superstitions, ne peupler les cou- lisses que de sorciers, de magiciennes, de diables et de vam- pires? Jusqii'a present, rien ne nous manque pour faire agir la nature au theatre : devons-nous y faire intervenir ce qui n'est plus clle, ce qui n'est point en elle, et superposer I'absurde fictif a ses realites frappantes et positives ? Notre bon sens re- pousse de telles fantasmagories. Mais, dit-on, ces cliimeres naissent dans les cerveaux hu- mains; elles en sortent : done, elles ont aussi leur existence naturelle. Or, il faut les saisir et les reproduire, parcequ'on peat admettre etpeindre tout ce qui est. Quoi! Vousnous of- frirez sans choix toutes les abstractions intellectuelles, toutes les melancolies de I'aberration des coeurs et des sens , tous les reves de la folic, commedes agens merveilleux ! Vous suppleerez les passions par ces idealites extravagantes ! et vous presumerez de la que la tragedie atteindrait a des hauteurs plus eminentes que celle ou la sublimite des sentimens vrais et des grandes pensees I'eleva dans les Horaces, dans Cinna , dans Polyeucte, dans Phedre , dans Brutus , dans Merope et dans Mahomet! Quelle ridicule erreur est lavotre! Sommes-nous reduits a la refuter ? Arrivons an dernier reproche qu'on adresse a ces conve- nances poettques , liens etroits dans lesquels on nous accuse de resserrer notre Melpomene. Les uns, comme on I'a dcja vu, nous plaignent de ne pouvoir monter asscz haut dans I'extraor- dinaire : les autres, par une contradiction etrange, nous bla- ment de ne pas abaisser nos personnages et leurs discours jusqu'aux triviali tes les plus vulgaires de la vie. Cost a par- tir de ces deux points extremes qu'ils niesurent I'etendue d'un art deregle dont les dimensions n'ont aucune borne a leurs regards. Liscz Robert , chef de brigands , et le tissu complique dune intrigue subversive de toutes les idees d'ordre social ne vous 3a SUR LES INNOVATIONS conduira qua vous apitoyer bassement sur le sort d'un assas- sin ct d'un volcur sensible et repentant. Liscz leiir Marie Stuart ; vous y verrez deux reines, enne- mies politiques , s'entre-accuser sur leurs rivaliles galantes, ainsi que deux femmes sans pudeur ; un jeune page tout pret a violer I'une d'elles au fond d'un cachot, et les apprets horribles d'un echafaud que devance une confession. Lisez la Fiancee de Messine , ofi toutes les circonstances incestueuses de la famille d'OEdipe s'accumulent ensemble , sans qu'aucun autre effet en sorte que celui d'un enterrement solennel eclaire par des cierges d'eglise. Lisez les aventures de Faust qui se voue au dennon , et tombe des regions sublimes de la melaphysique dans le lit d'une pay- sanne qu'il pousse k la potence pour crime d'infanticide et de meurtre d'une mere. Lisez le Vingt-quatrefcvrier; vous y retrouverez les fatalites du sort des Pelopides, mais appliquees au guet-a-pens execra- ble d'un soldat et de sa femme qui , dans une chaumiere, assas- sinent a leur insu leur propre fils, pour lui -voler I'or qu'il ap- portait a ses parens. Vous croirez avoir parcouru les atrocites de la plupart des noirs proces criminels translates dans les volumes des Causes celiibres. Les Muses , dont le pouvoir ne tend qu'^ 1' elevation et a Tepuration des ames , puiseront-elles rien de beau, de genereux, d'utile, dans ces horreurs qui de- pravent I'imagination et qui vicient les pencbans du cceur , en excusant les crimes par la fatalite, dogme que les anciens appli- quaient tres -moralement aux tyrans et aux rois, devenus in- violables , mais tres-immoral pour les hommes soumis au cha- timent des lois ? Lisez Don Carlos, et vous aurez vu se deployer tons les feuillets d'un long poeme historique dialogue , dans leque! I'auteur n'a pas su choisir le point central d'un fait, ni saisir le pivot unique sur lequel doit rouler son action et les ressorts DRAMATIQUES. 33 c'.es caracteres. Ne tirez de la que quelques bons traits de la physionomie du sombre Philippe II, qui, rouvrant le registre ou les noms de ses serviteurs sont inscrits, nese souvientplus des actes de devouement, et ne se rappelle que les offenses. Ne vons eniparez que de la sublime scene d'un inquisiteur centenaire et decrepit qui terrifie ce roi comnieun enfant, et I'absout du meurtre desonfils, aunom du Pore eteruel sacri- fiant le sien. Lisez les trois drames qui renferment I'histoire de Walstein : vous y trouverez I'image vraie de la defection des chefs d'une armee trahissant leurs sermens et livrant leur general, telle que nous en avons vu la realite : mais cette instructive pein- ture, noyee dans la surabondance de mille incidens et de mille details superflus , ne vous fournira que des raateriaux a em- prunter, et non les proportions d'un bon modele a copier. Lisez I'absurde Jeanne d'Arc de la dramaturgie germa- nique : votre gout , votre savoir , votre raison s'indigneront de I'entassement de toutes les invraisemblances, de toutes les bigarrures qui travestissent I'histoire de France en roman ridi- cule, et de toutes les trivialites jointes a ce fatras tire des plus fausses chroniques. N'exceptez de tant d'ouvrages informes que la belle piece de Guillaume Tell : celle-la , seule , par I'exacte representation des moeui-s et la beaute des contrastes, se place a cote des plus fortes et des plus naives creations de Shakespeare. Les Alle- mands se flattent-ils d'avoir herite du genie de I'Eschyle anglais, en ne s'emparant que de ses irregularitessauvages et grossieres, en abatardissant les grandeurs de ses oppositions energique- ment theatrales ? Celui-ci met en presence des personnages de toutes les classes , mais unis par des interets reciproques dans la meme affaire publiquc ou personnelle, mais concourant tous, par leur opposition iheatrale, au meme but d'un sujet moral ou politique : ceux-la ne rapprochent les grands et les petils dans T. XXVI. — .4\'iil 182IJ. 3 34 SUR LES INNOVATIONS un meme tableau, ne les gtoiipent sous un meme cadre, que pour changer de ton et d'objet : I'un developpe toujours le vrai positif, et le sentiment draniatique ; les autres affectent par- tout le fantastique, le sentimental et le pittoresque : notez bien ces differences ; et remarquez aussi que ni lui, ni eux, ne sa- vent garder cette coordonnance noble et gracieuse, cette ele- gante conformite des parties dont se compose la beaute par- fa ite. Empruntez de Shakespeare les eclaiis de genie, la vehemence pathetique et terrible, les grands traits de earactere et de subiimite frappante, par lesquels il ressemble aux tragiques grecs, vous innovcrez utilement sans blesser les regies de notre gout quelquefois trop timide : mais n'empruntez pas ses plans defectueux et sesdissonnances de ton ; vous n'innoveriez plus: vous vous traineriez sur les pas de ces muses a peine hors du berceau qui raarchent encore sur leurs langes, ou qui, dans leurs emportcmens, se precipitent par sauts et par bonds en Bacchantes enivrces. Nepoursuivez pas, comme elles, les amours dans les rues : ne eherchez pas la pitie sous les echafauds, et la terreur dans les cimetieres : ne denaturez pas les sympathies des jeunes coeurs, des ames tendres, par des elans a la fois sensuels et mystiques : ne confondez pas sans cesse les extases de la volupte et de la religion daus votre langage indecis. Que chaque sentiment parle comme il doit parler : et ne croyez pas que la simplicite des discours dignes de Melpomene puissc descendre au-dessous de la simplicite de ceux du vieil Horace, de son fils, et de son gendre, dans leur heroique maison; de ceux de Lcontine, qui, nourrice du royal Heraclius, tient en echec la cour entiere d'un usurpatcur, et Phocas lui-meme; de ceux d'Auguste en ses entretiens familiers avec Cinna ; de ceux de I'enfant Joas , dans le chef d'oeuvre le plus pompeux; de ceux de Nicomede, enfin, dont la fierte s'explique sur le ton d'une haute ironie qui tonche presqu'a celui de la comedie DRAMATIQUES. 35 meme, et garde poiirtant encore une dignife snperienre. Sim- plifiez ainsi , sans ricn avilir. Corrigez, s'il le faut , la inonoto- nie et I'emphase des tirades : supprimez ces formules d'edquette et do galanterie , trop discordantes avec les passions ou les moeurs : animez le djalogtie : evitez le faste epique et descriptif : innovez en achevant d'imiter les decs dans les parties echap- pees an genie de leurs savansimitateurs : empruntez-leur cette elocution elegamment naive qu'Euripide pretait a la famille d'Hecube , a celle d'Alceste : introduisez , oomme Sophoclc dans*«'J deux OEdipe , des patres a cote des rois, et le desert dn Cytheron pres des palais ou leur grandeur reside. Innovez en traijant les moeurs du moyen age et des tems feodaux aver franchise, vigueur et fidelite, commeles Grecs peignaient celles de leurs ages barbares : offrez, comme eux, ces exeniples des fastes de la cruaute superstitieuse et tyiannique a I'liorrenr dune posterite plus eclairee ; luais ne deshonorez pas vos pinceaux, en colorant les images de la depravation des etres les plus vils de la societe, sous les enseignes trompeuses de Mel- pomene. N'oubliez jamais le noble principe de cette Muse qui ne doit trailer dans un langage elcve, melodieux, choisi, que les interets des nations , de leurs dieux , de leurs souverains et de leurs tribuns , et qui rejette les intrigues vulgaires et la familiarite prosaique dans les genres subalternes. Elle attache an icrme des souffrances do Philoctete le destin de Troie, et ne vous emeut de ses douleiirs physiques que dans cette grandr vue : elle ennoblit la passion de Phedre, en la considerant comme I'effet des vengeances de Venus: toujours ellerehansse par de semblables artifices les infirmites et les desordres hu- mains. Ne souillez done pas la purete du beau langage conforme a ses belles fictions , puisqu'il sert de musique a ses paroles harmonieusement mesurees : ne renouvelez pas les sophisiiics du bel esprit de La Mothe et ceux du president Henault qui, depouillant Melpomene de I'eclat poetique des beaux vers , 36 SUR LES INNOVATIONS doimerent le ridicule exeinple d'ecrire la tiagedie en prose. Un vers coutc a polir, et le travail nous pese; Mais, en prose dii inoins, on est sot a son aise. Releguezlc comnnin natiuel dans les dramcs romanesquesetcom- muns , compositions de genre oti tout est passable, hors I'ennui. Relrancliez lesbizarreries, corrigez les vices des choses que vous empruntez; maisnevous corrigez pas devos propres regularites. Sachcz cmbcUir le gothiqne m-vMiie, a la maniere de I'antique , el n'allez pas modeler vos figures sur la roideur des saints de vos chapelles, sur les statues grotesques de vos Dagobert et sur les difformes manequins de la chevalerie. La carriere d'exploitation des theatres germains fut depuis long-tems ouverte a I'opera comique et sur vos boulevards : laissons le melodramme suivre les heureux filons de leurs muses batardcs, dugrossir les premiers matoriaux qii'elles nous pro- cureront; et quand des essais long-tems soumis au creuset public nous auront fourni quelques lingots d'un metal precieux dans ces immenses alliages, approprions-les au tresor de notre litterature epuree. Surtout, et je ne cesserai de le repeter, ne melez pas les genres, dans I'espoir de creer une tragedie plus simple et plus vraie. Celle que nos maitres nous out leguee n'est monotone que lorsque I'inhabilete des poetes ou des ac- tcurs la rend declamatoire : dans leurs chefs-d'oeuvre, bien joues, elle ne Test jamais. Or , tiichons d'atteindre le beau, par les regies; et ne soyons pas ennuyeux dans les regies : ce ne serait jilus etre vraiment classique. Mais, afin de mieux disctrner lesdegres du bon et du beau dans les especes primitives, comparez la peinture historlque de Raphael , de Jules Remain , et de David, et la grande sculp- ture antique, ([uilui ressemble, h la peinture de genre vers la- quelle redescendent deja les artistes de nos ecoles degonerees ; comparez la grande architecture ^celle qui construitnoshabi- DRAMATIQIJES. ^7 lations particulieres et nos usines dc ville et df canipagnc : vous reconnaitrez d'lin coup d'oeil les qualites qui les distin- guent dans leur ordre relatif. Que diriez-vous d'un arcliitecte qui, pour satisfaire la gene- ralite des gouts et des commoditos de la vie, construirait un edifice compose des ordies egyptien, dorique, moresquc et go- thique; entremelerait leurs frontispices , leurs colonnes, Icurs domes, leuis ogives, dans un nieme batiment; assortirait de liauts vestibules, des galeries spacieuses a des toils de niasures, a des hangars, a des ecuries dcpendantes de sa facade et de ses pompeux compartimens ? Ce chaos batiblesserait vos regards, apres les avoir frappes par ses contrastes singuliers : il ne con- viendrait ni a I'auguste appareil des ceremonies religieuses ou civiles, ni au logement habituel des princes et de leurs com- mensaux. Tel est I'ensemble bizarre qu'offe la tragedie alle- mande. La tragedie ancienne, plus perfectionnee, n'eleve que des temples, des palais reguliers , des constructions monumen- tales, et ne les remplit que dc nobles et decentes figures. Voila le grand et premier ordre dont il faut craindre de deteriorer la beaute par des innovations qui , loin de I'ameliorer, I'alterent et le degradent. Eschyle, inventeur de la tragedie, lui donna de si hautes proportions, qu'elle sembla n'etre lyriquement formee que pour faire parleret agir des dcml-dieux; I'art epure de Sophocle sut lacorriger d'un exces d'elevalion, pour larendre plushumaine en la ramenant au ton des passions qui aniraent les heros : la philosophic d'Euripide rendit son langage plus conforme aux I'aiblessesdcshomnies etphis popiilaire. Bientot, les Atheniens lui reprocherent de I'avoir fait degenerer de sa primitive no- blesse: c'est ce qu'Aristophane nous apprend par sesraordantes censures, pleines de sel attiqne. Qu'auraient pense des esprits si fins, et si bien cultives , de I'etrange cnlaccment de scenes hero'iques et vulgaires en des k 38 SUR LES INNOVATIONS pieces demi-noblcs et demi-bourgeoises ? Quelle estime en eus- senl fail Coniciile, qui ne traca rien que de grand, soil en vertu, soil en crime; Racine, qui n'expnma dans le langage le plus exquis que les passions les plus delicatement ennoblies et les transports les plusdivins; Voltaire, de qui la muse constam- ment brillante et correcte fut I'interprete des saintes lois de I'humanite ? Ces doctes ecrivaius auraient-ils cru corriger la tragedie en I'abaissant, et la rendre phis uaturelle paries fa- miliarites du drame? Auraient-ils cru que la ressemblance des rois et des chefs d'etat deviendrait plus philosophiquement instructive et plus fidele, si I'art les exposait dans Icur nudite defectueuse ou accidentelle, au lieu de les traduire tels que le prestige des rangs, le prisme de la renommee, la perspective de I'antiquite des annales les figurent a I'imagination des peu- ples; enfin, si le parterre les revoyait comme leurs serviteurs ou leurs valets de chambre ont pu les voir ? Non , quelque vraies que soient ces copies des petits defauts des grands per- sonnages, elles deplaisent dans les tableaux tragiques, et ne doivent entror que dans les cadres de la satire et de la tragi- comedie des Calderon et des Lnpe de Vega; ces genies espa- gnols se raillaient eux-memes des folies qu'iis cieaient pour exciter i la fois le rire et les pleurs, par les imbroglio de leurs pieces, mieux intriguees, plus viveset plus originales que celles del'emphatique Schiller et du triste Werner. Ce queje dis de ces auteurs, dont le genie s'accorde avec le gout de leurs nations moins avancees que la notre, n'attaque point les droits qu'iis acquirent a I'admiration de leurs compa- triotes par leur fecondite de verve , par leur variete de couleurs, par leur inspiration poetique en leur idiome, par leur superio- rite relative en leur pays. lis ont en leur langue des graces qui leur sont propres, dont nous ne pouvons etre les juges, qui parfois nous peuetrent dun charnie vaguement agreable , et que trop souvent les traductions nous voilcnt. Mon blame ne DRAMATIQIIES. '^Q porte que sur le syst^me dt-sordonne qii'ils siiiven I encore , que les veritables lettres allemands reprouvent enx-menies, et que reneur et I'exageration dun fol enthousiasme s'efforcent de nous communique!'. Du reste , jamais je n'ai pu comprendre quel debat on suscite entre ce qu'on nomme le classiqite et le romantique : de ces deux teinies, I'un est defini, I'autre est indefinissable. Je recohnais connne etant classique le beau , c'est a-dirc I'eclat du bon et du vrai : je ne sais ce >o«r Tulliu.s, pour Scaurus, et du discours prononce contre Clodius dans le senat. Nousavous aujourd'huil'exorde presque entier duplaidoyer pour Tullius. Dans le reste , il y a sur I'interdit Vnde vi , et sur le sens de dolo mala dans la formule du preteur , des observa- tions et des distinctions faites pour interesser ceux qui aiment a eclaircir les obscuriles de la jurisprudence romaine. (i) Voy. Rev, Enc, , tome xx, page SSy, I'analyse que M. Barbier a faite du Gicerom de M. Jos.-Vic. Le Clerc, oil se trouvent, avec una traduction fran^aise , la Republique, les Discours recernvnent decou verts , et oii se trouveront aussi ces nouveaux textes. w.'d. r. 42 NOUVEAUX FRAG MENS Les nouvelles parties du discoms contre Clodius , bcaucouj) inoins dignes d'interet, ont ccpendant I'avantage de scrvir de (•omplcment et d'explication aux restos epars dans le scoliaste ;imbrosien: dies nous font regretter plus encore les details de cette altercation politique, dont nous n'avons qu'un recit abrege dans les Lettres a Atticus (I, 16 ), et ou I'indignation de la haine et la gravite d'une deliberation du senat faisaient sou- vent place a une gaiete railleuse, a une piquante ironie, qui suffisaienta la vengeance de Ciceron. Les morceaux que la nouvelle decouverte ajoute au plai- (\oyer pour Scaurus , deja connu par les conuiientaires d'As- conius et par les fragmens qu'on doit a M. Mai, meritent toute I'attention des savans. D'abord le manuscrit de Turin contirme pleinement les conjectures de M. Niebuhr sur la nianiere de tlisposer les pages de celui de Milan ; il nous fait connaitre ensuite, du moins en partie, une fort belle peroraison, dont les grammauiens nous avaitnt seulenient conserve quelques mots, et qui sc distingue encore, quoicpie mutilee, par un grand caractere de philosophic et d'eloquence. II ne faut pas s'affliger trop des quatre lacunes oh il manque sept lignes : ce sont des lignes de douze ou qninze lettres, et qui en valent a peine deux de nos pages ordinaires. On a coupe par le bas , pour changer le format , la feuille de parchemin dont cette |jeroraison remplissait les deux cotes , et on a tronque ainsi chacnnc des quatre colonnes. La curiosile de tons ceux qui ont etudie les anciens sera sur- tout excitee, j'ose le croire, par les deux fragmens que M. Pey- ron ajoute aux chapitres 12 et i3 du eelebre plaidoycr /;o///- Melon. Benjamin Weiske, dans une edition de quelques Dis- cours choisis ( Leipii^ , 1807), avait deja cm voir une lacune dans ce bel ouvrage ; mais ii la placait ailleurs, au chapitre 10, dans la narration. La place du second ftagmLiit , extiait par M. Peyron du manuscrit dc Turin, est claircnient indiquec, DE CICfiRON. 43 puisqiie dans la meme ligne, quoique fort courte, se trouvent et plasieurs lettres du texte que nous connaissions, et plusieurs lettres du texte nouveau ; et j'avoue qu'il me semble difficile de n'en pas admettre I'authenticile. Je n'examinerai ici ni cette question, ni les suivantes : d'ou vient qu'on n'a trouve jusqu'a presentee passage dans aucun nianuscrit, meme dans ceux des epoques les plus reculoes ? L'auteur avait-il donne differentes editions, comme il la fait pour d'autres ouvrages ? Co fragment ne pourrait-il pas meme appartenir au premier plaidoyer pour Milon , le seul qui fut prononce , que les tachygraphes recueil- lirent, et qui existait encore au terns d'Asconius et de Quinti- lien ? Et comme le manuscrit prouve que ces nouvelles iignes sont etroitement liees aux anciennes, ne pourrait-on pas re- pondre que cette page etait a peu pres la meme dans les deux discours ? Bien d'autres questions se presenteraient; je les ne- glige : il faut laisser aux savans le terns de prononcer (i). Je crois que I'autre fragment leur inspirera, comme amoi, (i) Voici les nouvelles phrases, qui doivent etre placees au chap. i3 , aprfes ces mots de I'ancien texte, irasci certe non debeo. Les quatre premiers mots et la moitie du cinqui^me sont restitues par conjecture : « Aitdistis , juJices, quantum Clodlo proinerit occidi Milonem ; convertite animos nunc vicissim ad Milonem. Quid Mi- lonis intererat interfici Clodium? quid erat, cur Milo, non dicam, admitteret , sed optaret? Obstahat in spe consulatus Miloni Clodius. At eo repugiiante fiebat; imo vero eo fiebat magis; nee me suffra- gatore meliore utebatur, quani Clodio. Valebat apud vos, judices, Milonis erga me remque publicam meritorum memoria ; valebant preces et lacrymse nostrse , quibus ego tum vos mirifice moveri sen- tiebam; sed plus multo valebat jieritulorum impendentium timor. Quis enim erat civium, qui sibi solutam P. Clodil prajturam sine maximo rerum novarum metu proponeret ? Solutam auteni fore videbatis... » Et le leste , comme dans les editions. A/» NOUVEAUX FRAGMENS j)liis de dctiaocc. M. Peyton la forme de plusieurs elcraeii? divers, de Quintilieu et dii scoliastc a qui Ton doit quelques phrases du discours long-tems inconnu sur les dettes de Milon. C'est deja une presomption defavorable ; et, pour dire la verite, je n'oscrais jaoiais introdiiire dans le magnifique plaidoyer de Ciceron un texte douteiix, et qui y laisserait encore des la- cunes. Toutefois, comme j'invite les savans a prononcer dans cette cause, je dois leur f'aire part de ce que m'ccrit de Turin M. Amedee Peyron, le 6 fevrier iSaS, pour m'expliquer com- ment M. Mai, qui a fait connaitre le discours sur les dettes de Milon, a pu prendre pour un passage du texte une citation duscoliaste : «■ Je vous engage k considerer le commentaire ambrosicn de Milan comme un adversaria trcs-confus dequel- que gram.'nairien , qui dictait ses scolies a la hate, et qui avait a peine indique les premiers et les derniers mots de sa citation, Atque per... denostr. omn., etc., comptant inserer plus tard la citation cntiere, lorsqu'il tirerait au net ce cahier , ou 11 ccri- vait sans ordre ct sans suite. » Ces renseignemens sont precieiix ; mais le texte me semble toujours ici trop incertain, trop con- jectural , pour ne pas laisser desirer de nouvelles lumieres. Applaudissous cependant, comme doivenl le faire tons les amis des lettres, aux nobles efforts des investigateurs habiles qui cherchent a rendre fecoude la poussiere des bibliothequcs de Rome, de Florence, de Milan, de Padoue, de Verone, de Turin; et faisons des voeux pour que I'llalie, si riche en debris du passe, tire encore de ses vieilles archives quelques monumens oublies depuis tant de sieclcs , et repande elle-meme un jour nouveau sur ces brillantcs epoques de son ancienne gloire. Je tormine cette notice par une traduction de la nouvclle peroraison du plaidoyer pour Scaurus , dont j'essaie de rem- plir de terns en tems les lacunes, soit par conjecture, soil A I'aide de quelques mots que les ancieus en ont cites. L'orateur DE CIC:^RON. 45 s'ccrie : « De quelque cote que se tournent mes yeux, je trouve de quoi defendre Marcus Scaurus. Le palais que vous voyez rappellera toujours les vertus de son pere, prince du senat; et Ton dirait que L. Metellus lui-nieme, son aieul maternel, n'a place dcvant a'ous dans ce temple les plus augustes divinites , que pour obtenir de vous, par leur intercession, le salut de son petit-fils, surtout quand ces divinites memes ont souvent protege les malheureux qui imploraient leur secours. Ce Capi- tole illustre par trois temples, ces magnifiques offrandes dont le pere et le ills ont orne I'entree du sanctuaire du roi des dieux, de Junon, de Minerve, defendcnt Scaurus aupres de vous... II est defendu encore par le souvenir du grand pontife Metellus, qui, dans I'incendie de ce temple, se precipita au milieu des flammes, et sauva ce Palladium, confie a la garde mysterieuse de Vesta comme le gage de notre immortel empire. Queue peut~il renaitre un moment! Ccrtes il arracherait au peril qui I'environne ce rejeton de sa famille , lui qui deroba aux feux devorans I'image sacree de Pallas... Et toi, M. Scau- rus, je t'ai vu, je te vois encore; et ce n'est pas seulement ton souvenir qui s'offre a moi , c'est toi-meme, toi dont le noble aspect m'attriste et m'afflige , quand mes yeux sont temoins du deuil de ton fils. Que ne peux-tu, apres avoir ete present a mes regards pendant toute cette cause, que ne peux-tu remplir aussi de ta memoire la pensee de nos juges, et descendre au fond de leurs ames! Oui, ton image seule parlerait pour ton fils, et ton nom, que tons les peuples ont entendu prononcer, lui servirait de rempart. Ceux meme qui ne tout jamais vu reconnaitraient en toi le premier citoyen de Rome. Sous quel nom dois-je t'invoquer ? Faut-il te compter parmiles hommes? Mais tu n'es pas avec nous. Parmi ceux qui ne sont plus ? Mais tu vis, et d'une vie incorruptible et pure; tu vis dans le coeur, devant les yeux de tons les Remains. Une ame divine n'avait rien de niortel, et ton corps seul a pu mourir. En quelque 46 NOUVEAUX FRAGMENS DE CICERON. lieu que tusois, jette sur ton (lis un regard tntelaire, inspire a SOS juges cctte moderation qui fit ta gloire , et conserve aux allies un protecteur fidele, an senat un de ses plus illustres membres , k Rome un grand citoyen. » Voili de belles ruines ! Faisons encore une fois des voeux pour que les savans d'llalie poursuivent avec autant de succes que de zele leurs merveilleuses decouvertes , et augraentent le nombre de ces oeuvres nouvelles de I'ancienne Rome , qui re- naissent pour ne plus perir, qui n'ont plus a craindre les tene- bres oil elles ont dormi si long-tems, et qui sembknt recom- mencer sousnosyeuxleur immortalite. Jos.-Vict. Le Clerc. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Hecherciies sur les eaux ptjbliques de Paris, les distributions successives qui en ont ete faites et les di- vers projets qui ont etc proposes pour en augmenter le volume; par M. P.-S. Girard, ingenieur en chef des ponts et chaussees , etc. (i). Quoique cet ouvrage soil public depuis treize aiis, des cir- constances tres-singulieres I'avaient condamne h. une obscuiitc que I'imporlance du sujet et le nom de I'auteur rendent encore plus niysterieuse. Sorti de rimprimeiie alors imperiale, il dc- vait s'attendre a une protection speciale de la part du gouver- nement de cette epoque : I'attente de I'auteur fut bien trompee; car, apres les distributions ordinaires aux autorites et au.v bibliotheques, toute I'edition fut rassemblee par ordre de la police, et confinee dans ses bureaux. M. Girard n'a jamais pu deviner ce qui put rendre suspect un ouvrage d'hydraulique : les lectenrs ne I'aideront pas a trouver le mot de cette enigme; et ceux des honunes de notre tems qui ont ete mis dans la con- tideuce de ce tres-inutile secret ne s'empresseront pas de le reveler. Voila comment nous sommes dans le cas, en iSaS , et a Paris, dans uu recueil consacre specialement aux produc- tions les plus nouvelles dans les sciences et les lettres, d'an- (i) Paris, 1812 ; Imprimerie imperiale. Grand in-4" de 3^9 pages, avec 4 planches. /,8 SCIENCES PHYSIQUES. noncev un ouvrajje public en 1812, sur un sujet aiiquel tout Paris ne pent manquer de s'interesser vivemcnt , et qui cepen- dant n'a pu etre connu que d'nn petit nombre d'ingenieurs et de savans. En 1807, M. Girard fut charge de la direction des eaux de Paris , et il s'agissait de distribuer celles du canal de I'Ourcq dans I'interieur de la capitale, selon les besoins des differens quartiers. II fallait done acquerir les connaissances les plus completes sur I'hydrographie de Paris, afin de comparer entre cux, quant a la repartition des eaux, les besoins reels, ordi- nairement plus bornes que les demandes, et de preparer les uioyens d'y pourvoir. A mesure que M. Girard accumulait des materiaux pour le memoire qui devait preceder le devis ge- neral des travaux de distribution des eaux , il scntait de plus en plus la necessite d'etendrp ces recherches, de joindre la connaissance de I'histoire des ctablissemens hydrauliques a celle de leur etat present , d'examiner de nouveau les divers projets formes autrefois pour procurer a la capitale des eaux plus abondantcs , et les motifs qui les lirent admettre ou rejeter. II conlinua done ses laborieuses investigations , les mit en ordre , et composa cet ouvrage, dont ses successeuis se montreront sans doute reconnaissans ; car I'auteur les a dispenses d'un travail de longue haleine par lequel ils auraient du commencer. Pour ne pas interrompre I'exposition de ses recherches, et pour mettre ses lecteurs plus a portee de saisir I'ensemble des faits, M. Girard a reuni toutes les pieces justificatives et les documens authentiques qui occupent a pen pres la moitie du livre, et dont plusieurs ne meritent pas moins de trouvcr place dans I'histoire de la legislation que dans celle de I'administra- tion des eaux de Paris. On y voit sc renouveler a toutes les epoques la lutte du privilege contre le bien public, les abus ! eprimes un moment, et reparaissant presque aussitot; quelques actes de fermcte, beaucoup plus d'exemples de faiblesse repre- h SCIENCES PHYSIQUES. Zig l».ensible : en un mot, on y remarque d'un bout a I'aulre , el jusque dans les moindres details, que les socieles ont besoin de lois positives, qui ne laissent rien i\ I'arbitraire, qui fracent aux magistrats la ligne de leurs devoirs, et qui garantissent aux citoyens I'integrite de leurs droits. Voila peut-etre ce qui deplut, en 1812, a un gouvernement qui n'avait pas tout-a-fait .secoue le joug de ropinion , et qui, jusque dans ses attentats centre les liberies publiques et les droits des citoyens, ne de- daignait pas de sauver quelques apparences et de se soumetlre a une sorte de pudeur. La premiere paitie du livre est divisee en cinq chapitres : le premier, qui est le plus court, embrasse cepent^ant le plus long espace de terns ; car on y irouve h peu pres tout ce qu'il est possible de recueiilir dans les monumens hisloriques rela- tivement aux eaux de Paris, depuis la fondation de cette ville jusqu'a I'etablissement de la machine hydraulique du Pont- Neuf, dite la SamarUaine , sous le regne dc Henri IV. An sujet de cette machine, M. Girard fait remarquer une etrange erreur dans iaqueile sont tombes dom Felibicn et Piganiol de la Force , trompes Tun et I'autre par un ecrivain plus ancien , lequel fait remonter jusqu'au regne de Henri III la construc- tion de la Samaritaine, sans faire attention qu'elle etait appli- quee au Pont-Neuf, et par consequent posterieure a cepont, que Ton doit a la munificence de Henri IV. Les Romains avaient construit un aqueduc a Arcueil pour amener des eaux a I'ancienne Lutece. Les moines de Saint-Lau- rent avaient amene les eaux des Pres Saint-Gervais, et I'abbaye de Saint-Martin-des-Champs avait fait construire I'aqueduc de Belleville. Ces deux couvens partagerent avec la ville de Paris le produit dc ces deux conduites d'eau, ce qui suffit pour les besoins du moment; mais Paris s'agrandissait tons les ans, et les concessions particulieres detournaient les eaux destinees aux fontaines publiques. Ces concessions, faites et retirees T. \xvi. — yh'/il 1825. 4 5o SCIENCES PHYSIQUES. tour a tour, donnaient bcaucoup d'occupation aux magistrats. Le corps municipal de Paris dcfendait ses droits avcc unc louable fermete ; il ne codait pas nicme aux ordres du mo- narque, ct I'on vit Fran9ois I^"^ solliciter ct n'obtenir qua peine, et apres une asscz longue altenle , unc concession d'eau pour la maison d'un seigneur de sa cour. Lorsque Henri IV out fait etablir la Samaritainc, cette pompe fournit des caux au Louvre, aux Tuileries et a quelques Fontaines dc Paris. La capitale eut ele eucore une fois au niveau dc ses besoins, si ellc eut cesse de croitre, et si les concessions particulieres n'avaient pas recommence. Le second cliapitre ne comprend qu'un espace de 63 ans entre la construction de la Samaritaine et celle de la pompe Notre-Dame. Immediatement apros la mort de Henri IV, le de- sordrese rait dans la distribution des caux de Paris, comme dans les affaires generales de I'Etat. Le projet de reconstruire I'aque- duc d'Arcueil avait ete prepare par le roi que la France avail perdu; il fut repris, ot les constructions commencerent en iCi3. Lorsque ce grand ouvrage fut aeheve, ce fut le public qui pro- (ita le moins des eaux qu'il amcnait : sa part fut tres-pctite; niais on pourvut abondamment les comniunautcs religieuses et los maisons des courtisans, sans reussir toutcfois h contenter personne. Apres de longues. tracasseries et une multitude de decisions et d'arrcts relatifs aux concessions, le bien public pre- valut durant cinq ans, ct Paris eut trcnte fontaines bien entre- tenues. En iSaS, un arret du conseil nevoqua toutes les con- cessions anterieures ; le jour mcme ou cet arret fut rendu , des concessions uouvelles furent delivrees. Tous les abus repa- rurent bientot : il fallut rccherclier et amener de nouvelles caux; mais ces augmentations de richesses n'etaient pas au profit du public, ellesetaient dissipeesen dilapidations. 11 falint recourir a de nouvelles machines hydrauliqnes snr la Seine; olios furent appliquues au pont Notre-Dame. Le troisieme cha- SCIENCES PHYSIQUES. , 5i pitre commence n preparer unc revolution daiislesetablissenicns liydraiiliques .■ Ferry. SCIENCES MORALES E T POLITIQUES. Principes du Droit politique, mis en opposition avec le Contrat social de Jean- Jacques Rousseau; par //o/iore'ToROMBERT, membre de plusieurs Academies, avec la refutation du cliapitre intitule : De la Religion civile; par M. Lanjuinais, pair de France, etc.; suivis du texte entier du Contrat social (^i). L'auteur est un jurisconsulte fort distingue du barreau de Lyon. II s'est deja fait connaitre comme ecrivain elegant et com me publiciste habile, par dcs ouvra'ges d'une philosophic clovee. 11 piiblie aujoiird'hui siir le Contrat social un livre analogue a celui que M. de Tracy nous a donne sur XEsprit des lois. Los progres dcs sciences morales et politiques depuis Rousseau , les lumieres quon doit a la nouvelle science de reconomie publique , enfin les phenomenes que presentent les divers etats de rAmerique, tcls sont les motifs qui ont determine I'entreprise de M. Torombert, et qui la justifient. Comment se fait-il que l'auteur lui-meme declare d'abord .t ses lecteurs^ fort prevenus peut-etre en faveur de Rousseau, qu'il a des principes politique3 tout-a-fait en opposition avec ceux du Contrat sociaH Sans doute, il n'y a point la d'artifice; il y a plutoi beaucoup de franchise et d'abandon. Mais il existe des reVrogratfei' plus choques des frequens paradoxes et des contra- dictions indeniables de ce livre celebre, que sensibles aux ve- (i) Paris, 1825. In-S" de 54o pages. Rey et Gravier, Aimt; Andrd , Amable Coste , etc. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 67 rites qu'il enonce ; et il pent se trouver aussi des liberaux d'autant plus disposes en faveur de ce meme livre, qu'il est plus contraire au systenie de la Charte, dont lis se degoutent en aperce\'ant qu'elle est siispendue on violee dans la plupart de ses articles. Voici encore une reflexion tout-a-fait analogue a la premiere. Lorsqne les attentats journaliers de rultraniontanismeetdujesui- tisme indisposent en France tant de citoyens contre la religion elle-meme, qui sert de pretexte au mal et qui en gemit sans cesse, il nous est permis de douter que ce soit prevenir en faveur d'une refutation du systeme de Rousseau sur la Religion civile, d'annoncer, des le frontispice, qu'elle est I'ouvrage de M. le conite Lanjuinais, qu'aucun scandale sacerdotal n'a pu deta- cher de son devouement au catholicisme. Cependantjsi nous relevons des prejuges si naturels et au fond si peu decisifs, c'est uniquement pour tacher d'en pre- server le lecteur. Il faut lire sans prejuges pour ni contre un ouvrage aussi important que celui de M. Torombert, qui n'a pour but de flatter ni les agens du despotisme, ni les amis de I'anarchie, mais qui defend. partout la loi du devoir, et combat la morale des interets materiels , qui tend sans cesse a mon- trer I'excellence d'un vrai gouvernement constitutionnel repre- sentatif , tel a peu pres qu'il serait dans un grand royaun.e de I'Eiirope , si Ton y etait plus soigneux d'observer ia Charte juree. L'ouvrage commence par des reflexions preliminaires 011 I'auteur s'exprime avec ime "modeste assurance, et avec la conscience des forces que donnent I'etude et I'experience. On airae h. le voir adopter ce mot brillant de M. Villemaih : Il est permis d'etre severe avec Rousseau, parce que la plus ri- goureuse censure n'atteindra point jusqu'a sa g'.oire. Le livre entier du Control social repose sur un seul principe. Admettezce principe, qui est le premier mot de Rousseau, vons 58 SCIENCES MORALES ristjiiCT: d'efic force d'admeltix- tout Ic volume. Aecoiue-t-ou «ju'il y a on contrat social, que les conyentions soiit Torigine des principes du droit politique, on rcconnait im[)liciteiiient que la volonte de I'liomme est sous'eraine, qu'elle est la n-gie du juste, on separe ainsi la politique de la morale, on relegue colle-ci dans la classe des abstractions, des utopies, des inuti- lites. L'interct personnel et materiel devient la mesure des droits et des devoirs; la justice ainsi depourvue de sanction ou de moralite, I'inegalite naturclle devient bicntot pour quelques- uns une source de nouveaux droits, et la force ne tardera pas a les faire triompher. Prenant ce point de depart, il est impos- sible de fonder un droit politique stable et juste ; on ne fondcra que le despotisme legal on illegal, qui est en effct Tunifjue resul- tat du systeme de Rousseau, et de tons ceux qui ne voient dans la morale que des se/isntions tran.sfonnees. C'est la ce que M. Toiombert a cru devoir censurer particu- liercmcnt dans une introduction dc 99 pages, et il nous semble qu'il I'a fait avec uu plein succes. Ce beau travail a tout I'inte - ret d'une histoire exacte de la philosophic morale, et d'un tissu bien serre de raisonnemens soiidcs conti'e le systeme de I'e- go'isme ou de I'interet personnel , autrement de la convention presentee comme premiere base de la justice. Cettc scale par- tie de I'oiivrage est un grand service rendu a la science de la morale et de la politique. Oserions-nous dire qu'aucuu livre edit en francais dans lannee if^ci/, n'est peut-etre plus digno du prix d'utilitc que 1' Academic francaise est chargce de distri- bucr periodicpiemcnt ? Apres cettc introduction, M. Torombert examine successivc- ment, et chacuu dans son ordre, les chapitrcs du Coiitnil social , cu les comparaut avec d'autre.s textes dc Uousseau lui-mcme, afui de ne pas se mepreudre sur le veritable sens, et de faire mieux ressortir les contradictions. Eclairc, dirige par les lumiercs dc scs dovancicrs, il rcconnait, il classc avec ET POLITIQUES. 5.) discernement les veriles et les eireurs de ce livie laiit rc- nomine; il en fait reniarquer les paradoxes, en remontant a leiir source, il signale cc qu'on y trouve de vrai, de faux, d'u- tilo, et de pernicicux. L'homme nait sauvnge ; c'est la son clcu de nature ; il ne pent en sortir que par des corn'cntions. Tulle est la grand*! er- reur de Rousseau; il detruit ainsi, sans le vouloir, toule mora- lile, toute vertu sociale; il n'aboutit qu'a fonder le despotisme. Au contraire, M. Torombert demontre que Thomme est un etre raisonnable, moral et social, qu'ila des droits naturels etinalie- nables, anterieurs et suptrieurs a toute convention : savoir , la vie, la liberte, la propriete, la surete, I'egalite morale; on sorte que chaque legislature ne peut approuver que les lois necessaires ^o«r la garantie de ces droits primitifs. Tout ce qui se fait de contraire a ces droits est de la violence ou de la deception, et nondu droit. La morale et consequemment la politique purement conventionnelles ne sonl, a vrai dire, que de la tyrannie. V omnipotence parlemenlaire n'estque cela , en quelfjue lieu qu'on la mette en pratique, soil avec phis, soit avec moins d'artifice et de circonspection. Elle est quelque chose de pire; car elle appelle, de pres ou de loin, les plus fii- nestes calaniites, les insurrections, les revolutions, les con- quetes el les contre revolutions. (V. p. 85, io5 et 387.) Mais qu'est ce done que ceLte omnipotence parlementaire, si connue dans I'Europe, et dont neanmoins vous dites tant de mal ? C'est, repond M. Torombert, le pouvoir de faire et de defaire toutes les lois, y compris la constitution, la loi modele, la loi des loisapresla loi de nature. J. -J. Rousseau suppose que la sauvagerie est I'etat prbnilif c^'natiirel de rhomuie; c'est aussi I'etat on il place la libciti- et Vegalile. II pretend que I'etat social ne , dil-il, de la conveii- lion, aneantit cette liberte, cette egalite , leur substitue la me- chanccte, la corruption ct I'esclavage. M. Torombert combat 6o SCIENCES MORALES ces d().ctrines , pages 1 12 et suivantcs, avec une raison victo- rieuse et tout I'eclat d'lin beau talent. Nous croyons devoir transcrirc les deux tableaux synop- tiques ou il presente, page 53, le sysleme de Rousseau ,sous le nom de Systeine des sensations , et le sien sous le nom de Sentimens neccssaires , ou naturels, ou innes, au sens de Des- carte;. Premier systeme. Sensatioms transformees. Passivete. Plaisir et doule Jr. Necessite. Int^ret personnel. Conventions, d'ou : | societe. TT •!• - 11 ■ ( crime, Utiute, d ou : Force. Despotisme. Spontaueite. Second sjsteme. I Sentiment du juste et de I'injuste, Sentimens hecessaikes OU NATURELS. de I'honn^te et du deshonn^te. Sociabilite. Sentiment du devoir et du droit natural. ivertu , crime , responsabilite. Justice , Liberte sociale. Le premier systeme a conduit Rousseau au despotisme de- mocratique et a d'autres aberrations que M. Torombert deve- loppe et combat victorieusement dans la partie speciale de son livre , qui est la plus etendue. Le second amene un resultat fort different, la societe recefe- naissantles lois naturelles ou les droits communs des hommes, et les protegeant par des lois ou garanties constitutionnelles , et par des lois secondaires conformes aux principes de la consti- ET POLITIQUES. 6i tution. Ce second resuUat est bicn developpe dans Ic lablean suivaut , page i43 : Droits natuhels et CIVILS. soci6t6. Garamties de ces DKOITS. ,'Lois constitu- tionnelles, ou institutions sociales qui fondent les meilleures garanties des droits des hommes. Liberie personnelle. Liberie d'opinion et de religion. Liberie de publier ses pensees. Propriete et liberie d'industrie. Egalite civile devant la loi. Un pouvoir national elec- toral. Elections libres vraies et non deceptives. Un pouvoir consliliiant pour faire la constitu- tion et la reviser. Un pouvoir legislatif a deux ou trois branches. Un pouvoir executifres- ponsable , et surveille par le pouvoir legisla- tif. Un pouvoir judiciaire indepeudant. Un pouvoir local admi- nistratif ou municipal, nommfi ou presente par les citoyens. Une garde nationale. Le droit de petition in- I dividuelle publique- nienl rcpandue, par le pouvoir legislatif ou executif. Nous avons dans ce tableau ajoute quelques mots, pour eclair- cir et completer le sens, d'apres des te.xtes de I'auteur. On concoit aisement aussi que la condition essentielle du maintien des ga- ranties sociales est dans la publicile de la discussion des iois, et de la discussion qui doitpreceder les jugemens, et suivre toutes les decisions generalesd'execulion. Nous devons dire encore que I'auleur ne concoit point do vraies garanties individuelles sans 6i SCIENCES MORA.LES le jiigoinont des crimes et des dclits par uu veritable jury, appan'iiiment d'accdsalioii et dc jugeincnt. Car rexperience proiivc que , faiite d'lin jury d'accusation , ct avec la liberte d'emprisonncmont prodiguee a trop d'officiers publics, avec la torture du secret dans les prisons, enfin avec le pouvoir dis- cretionnaire qui instruit en secret, qui en secret emprisonne et accuse, il arrive , en matiere politique surtout, que des preve- nus et des accuses innocens eprouvent long-tcms et sans espoir d'indemnite, des souffranccs grandes et immeritees. L'auleur, apres avoir bien etabli la necessite de reconnaftre le droit naturel, la loi eternelle ct divine, la loi de toutes les lois, des lois memc constitulionnelles, en un mot, la loi ante- rieure et superieure a toute convention , la loi dont toutes les conventions tirent leur legitimite , continue ainsi : « Ce point (ixe, que cliacun veut avoir et se dispute, que devient cette pretendue omnipotence que Rousseau attribue au peuple , que d'autres adjugent aux rois, et d'autres ti I'aristocratie? Que devient le livre du Contral social? Il fauten convenir, lasou- verainete populaire , commc la souveramete parlementaire, ou toute autre souverainete qui n'est pas celle de la loi naturello, nest plus que le clespotisme d'un ou de plusieurs. Dans tout autre systeme, au lieu d'un droit vrai, de la fixite, de la con- fiance, de I'ordre durable, vous n'avez qu'arbitraive , inquie- tudes, revolutions ou contre-revolutions successives. II pour- suit ainsi : « Des constitutions moderncs sont pleines de conces- sions que Ion croit faire aux peuples, tandis qu'on rcconnait seulement des droits qu'ils tienncnt de Dieii meme ; on leur concedeX^ liberte d 'opinion ctde conscience, laliberte de par- ler et d'ecrire, I'egalite devant la loi, la disposition de leur personne, de leur propriete, de leur Industrie, etc. La conces- sion, dansce cas, offre un sens qui a sa source dans des habi- tudes de dcspotisme et d'avilissenicnt, dans un oubli total des droits et dc la dignite des hommes. Que ne leur concede-t-on ET POLITIQUES. 6■^ aussi !c droit de respiier, conimc Robespierre voulait Lien proclamerrexistencc de I'Etre supreme ?Lcs peuplessont libres ct c'gaux de par Dieii et la nature, sans cliarle, sans palenteet sans convention. » II ajoute, p. 2o3, 204, etc. " Apres les lois naturellcs sociales anxquelles toute volonte doit ctre sonmise, viennent les lois constitutionnelies, celles qui organiscnt ies grands pouvoirs de I'etat, qui ne sont faites que pour garantir I'execution des pre- mieres; etalenrtoursuiventlesloissecondaircs, qui ne doivent etre que des consequences des premieres et des secondes. Ces lois du troisieme ordre, si elles sont conlraires h I'esprit des lois fondamentales , sont nulles en droit... Cela veut-il dire qu'on doive se revolter contre une loi injuste ? Non, sans doute ; ] insurrection tient a renfancc des socieles. Elle ressemble a la peine de niort infligt'e aux nialfaiteurs; on laisse faire le mal qu'il fallait prevenir, et on le punit. Mais tout citoyen, dans le gouvernement represcntatif surtoiit, a le droit etle devoir d'en solliciter la reformation. (Page iSa.) Dans la doctrine de Rous- seau, le peuple est livre a sa volonte, a son activite souve- raines. Dans le systemc de M. Torombcrt, le peuple reste passif et petitionnaire; mais il a le droit de parlcr, d'ecrire, de se faire ecouter; ces moyens peuvent suffire pour prevenir les malheursdes insurrections, pourvu que d'une part on aitassez de bon sens et de vertu pour les employer, et de I'autre, asscz de prudence pour s'arreter dans les envahissemens du poii- voir, dans la carriere deplorable des lois injusles. Dans nos societes modernes, dit M. Torombcrt, p. 24/4, nous n'avons plusbesoin, comme les ancicns , d'esclaves pour etre libres, ni de despote pour etre a I'abri de I'anarchie. Graces an gouvernement representatif, nous pouvons jouir d'une li- berte calme, aussi eloignee du despotisme que de la democratic. Toutefois,il est un danger a eviter, celui iVime/ausse represen- tation. S'il arrivait que par intrigues, par corruption, par 6/f SCIENCES MORALES force, la representation devint reellement celle de certains in- terets particuliers,et non des interets nationaux ; si les talens, les vertus, le civisnic n'avaient point la preference ; alors la nation, ne poiivantplus manifcster utilement ses voeux, ses be- soins , il n'y aurait plus de vraies lois , on fonderait le privile^ije, il n'y aifait plus de constitution ; car le principe vital eu serait altere. Le gouvernement marcherait au hasard , on se mettrait a la tete d'un parti, au lien d'etre a la tele de la nation. La de- fiance et la desaffection mutuelic gai^neraient tons les ccenrs. Dans I'esprit des doniinateiirs, le despotisme paraitrait legitime; car, aux yeux du pouvoir usurpe, ce qui lui resiste est criminel; et dans I'esprit des peuples trompes, la resistance h I'opprcs- sion, la revolte semble permise, tout simnlacre de represen- tation serait tot on tard une cause assuree de revolution. Le despotisme durerait tant qu'il y aurait ignorance, apathie des classes non representees; ces classes pourraient tomber dans I'esclavage. Mais ce serait toujours la une source plus on moins prochaine de calamites , de catastrophes inevitables. Les so- cle tes , surtout les societes eclairees, tendeuta I'ordre; et , ce qu'il ne faut pas oublier, le retablissement, comme le renverse- ment de I'ordre ne s'opere trop souvent que par des secousses, par desdechiremens. » C'est avec cette superiorite de lumieres et de raison , c'est avec cette moderation que tout le livre de M. Torombert est ecrit. Depuis long-terns, il n'a paru , en Europe , sur les grands interets de la societe , im ouvrage plus important. Nous vou- drions continuera le transcrire. II demande a etre hi en enlier, et soumis aux meditations des lecteurs les plus habiles. L'anteur , ayant suivi Rousseau a la trace, chapitre par cha- pitre, a du tomber frequemment dans des repetitions qui s'a- per^oivent et fatiguont parfois, malgre tout le talent de recri- vain. C'est le seul reproehe qu'il nous semble avoir luerite. N. ET POLITIQUES. 63 A Dissertation? on the nature and extent of the ju- RIDICTION OF THE CoURTS OF THE UnITED -StATES , CtC. — Dissertation sdr la nature et e etendue de la Jdridiction des (^gurs des Etats-Unis; Discours de cloture adresse aux Etudiaiis afe ^'Academie de legisla- tion de Philadelphia, h la fin de V annee acadeniique ^ le 0.1 avril iSaS; par Pierre Duponceau , Prevot de I'Academie (i). L'auteur de cette dissertation s'est propose de trailer ex pro- Jesso une question de jurisprudence americaine qui a donnt- lieu dans sa patrie a des divisions d'opinion , et menie a des discussions animees de toute la vivacite du sentiment national. Quoiqiie le sujet perde beaucoup de son importance pour des ctrangers, un debat danslequel tout le systeme de la jurispru- dence des Etats-Unis se trouve mis en question ne saurait etre sans interet pour ceux qui veulent se tenir aucourant des progres de la legislation chez les autres peuples. La principale question traitee dans cette dissertation est celle desavoir s'il existeune loi commune dans les Etats-Unis ? Cette expression ( common law ) rappelle le systeme de la ju- risprudence anglaise , que l'auteur definit a pen pres de la ma- niere suivante : « On appelle en Angleterre loi commune un etre metaphysique, qui ne consistait d'abord que dans la tra- dition de quelques coutumes feodales; mais qui , seconde dans sa marche progressive par la force des evenemens, s'est etendu a tons les objets de la jurisprudence nationale, s'est identi- fie avecelle , et meme a penetre, sous le litre de constitution, dans le gouvernement du pays. C'est la loi commune qui regie la prerogative du roi, commc les droits du sujet. La loi com- mune est aussi consideree comme la source des diverses juri- dictions... Elle fait partie de toutes les institutions politiqqes et (i) Philadelphie, 1824. i vol. in-8°. T. XXVI. — Avril 1825. 5 G6 SCIENCES MORALES civiles , ct rien dc ce qui tient an gouvcrncmont du pays no liii est elrangcr... » Cette loi commune cstellela loi dcsEtats-Unis? — Al'epoque dela formation des colonics anglaises en Amerique, Icurs fon- dateuis apportcrent avec eux la loi commune , que tout Anglais regarde comrae son patrimoine. Mais chaque colonic jugca par elle-mcmc de ce qui pouvail convenir £\ sa nouvellc situation ; et, soit par des actes legislatifs, soit par des decisions judi- ciaires, soit par des usages constamment suivis , modifia la loi commune d'Angleterre , en adopta ccrtaines parties ct rejeta les autres. Si Ton parcourt les divers etats de I'Union, Ton dccouvre que la loi commune d'Angleterre n'a ete complete- ment introduitenulle part; que des etats ont rejete ce qui a ete adopte par d'autres, el qu'il existe entre eux la plus grande diversite, relativement a Tapplicalion de la loi commune. Tout an plus peut-on dire que la loi commune d'Angleterre fait loi dans chaque etat, sur les matieres a I'egard desquelles il n'y a pas ete deroge. Mais la loi commune d'un etat n'est point ccUe d'un autre etat, ni a plus forte raison celle de I'Union. Enfin,la revolution d'Amerique a fourniun argument decisif a ceux qui repoussentla loi commune de I'Angleterre.Elle a don- ne une base nationale a la legislation des Etats-Unis dans leurs constitutions. Desormais, c'est dans ces constitutions et dans les actes legislatifs qui en ont developpe les principes,que lesau- torites etablies trouvent la source et la regie de leurs pouvoirs. Aussi I'auteur reconnait que I'autorite judiciaire de I'Union ne pent puiser dans la loi commune un droit de juridiction qui ne lui serait point delegue par la constitution ; mais il pense que sa juridiction, rcnfermee dans le cercle constitulionnel , pent s'exercer par I'application de la loi commune , a titre de loi civile ou penale. L'autcur soutient que, sous ce double rapport, il existe une loi commune americaine i{m n'est autre cho^e (\\.\e\!^ loi anglaise ET POLITIQUES. 67 perfectionnee. II fait connaitre les ameliorations que ccttc loi a recues dans sa patrie. Au nombre des ameliorations les plus importantes il oonipte I'etablissement, non de la tolerance ^ mais de Yegalitd des cultes ; la liberte de la presse, garautie uonpasseulementpar I'absence des lois prohibitives, mais par una sanction conslitulionnelle; I'assistance d'un conseil donne a tout accuse ; le bienfait de X habeas corpus mieux assure qu'en Angleterre , par le droit et le devoir qu'ont les juj,'es de prendre eux-memes oonnaissance de la realite du fait impute au detenu j des chatimens plusdoux rempla<"ant les peines bar- bares qui souillent encore le code de 1' Angleterre ; cnfin, le regime elabli dans I'interieur des prisons, surtout dans celle de Philadelphie , qui parait avoir completement realise les vceux de la philanthropie. L'auteur felicite aussi ses concitoyens des progres qu'ilsont faits dans la jurisprudence civile. Les droits de primogeniture sont maintenant abolis dans tous les etats. L'ancien systeme feodal croule de toutes parts, et dej^ Ton n'en retrouve plus les traces que dans quelques vaines formes, dans quelques lo- cutions insignifiantes. Enfin,'le dtdale inextricable de la pro- cedure anglaise a ete aplani, I'enormite des frais diminuee, et la justice rendue accessible pour le pauvre aussi- bien que pour le rifehe. Esperons que ces principes liberaux seront rassembles et coordonnes dans des Codes oil TAraerique trouvera sa legis- lation nationale, sans avoir besoin de recourir aux recueils des coutumes de la vieille Angleterre, et de s'asservir aux deci- sions des juges d'un pays etranger : inconvenient grave, et qui parait inevitable, si Ton persiste a se conteuter de la legislation traditionnelle connue sous le nom de loi commune. C'est un veritable prodige que des usages qtfci ne sont ecrits nulle part, qui ne se transmettent de siecle en siecle que par tradition, qui n'ont d'autres monumens que des decisions judiciaires, aient 68 SCIENCES MORALES pu se conserver jnsqu'a ce jour sans alteration. Ce prodige n'cst (lu qn';\ rextreme concentration dc I'auforite judiciaire chez les Anglais. Elle n'a quun siege unique a Westminster, et reside dans la personne de douze jugos qui sc reunissent pourconferer ensemble dans les cas douteux, afin de conser- ver toujonrs I'unite sinecessaire dans leur jurisprudence. Mais il est presqne impossible d'obtenir la meme unifor- mite de jurisprudence, avec I'organisation judiciaire etablie aux Etats-Unis. On y compte vingt-quatre tribunaux souve- rains, sans parler d'un nombre inQni de justices inferieurcs> dispersees sur une immense etendue de territoire. La Co«r su- preme des Etats - Unis n'a qu'une juridiction limitee, et ses decisions ne reglent point la jurisprudence des autres tribu- naux, si ce n'est sur un petit nombre d'objets. Or, la diver- gence de ces tribunaux souverainsdoit bientot devenir extreme dans un pays qui ne possede ni une legislation ecritc, ni une autorite regulatrice de la jurisprudence. Alors il est a craindre que les juges americains ne soient reduits a chercher dans Westminster le fanal qui leur manque, et qu'ils ne s'accoutu- ment a considerer comme des precedcns et des exemples obli- gatoires pour eux , les decisions rendues chez un peuple etran- ger , sous I'influenoe d'une constitution differente. Aussi-bien, la loi commune de I'Angleterre, transplantee chez un autre peuple, ne presente plus ces grands avantages qui rachetent aux yeux des Anglais ses nombreuses et cho- quantes imperfections. EUe plait aux Anglais comme la tradi- tion de leurs antiquites nationales- Dans ce vaste chaos se trou- vent confondus les monumens de la liberte avec ceux de la barbaric et de la feodalite du raoyen age. La le tcms a scelle I'alliance d'institutions par tout ailleurs inoompatibles, et les a fait passer ensemble dans les habitudes et dans les moeurs du peuple anglais. Ces elemcns heterogenes se sent meles , et ont fini par former un systeme auquel il ET POLITIQUES. 69 scmble qu'on ne peut toucher sans ebranler les antiques fonde- inens de la liberie anglaise. Mais les Americains n'ont point les memes motifs pour conserver cette veneration superstitieuse a I'egard de la loi commune anglaise. Le souvenir de leur glo- rieiise revolution leur tient lieu d'antiquites nalionales. lis trouvent les garanties de leur liberie politique et civile, non plus dans des traditions obscures et incertaines venues d'outre- mer, mais dans des constitutions Rentes , qu'ils sauront garder comme ils ont su les conquerir. II ne leur manque plus que de rediger une legislation conforme aux principes de leur pacte fondamental, legislation dont ils possedent deja tons les ele- mens. Le seul exemple qu'ils doivent prendre chez les Anglais , est celui de conserver et de faire dominer dans toules leurs institutions leur individualite nationale. Cela vaudra mieux pour eux que d'interroger les jugemens qui se rendent en An- gleterre pour en faire la regie des jugemens a rendre par leurs propres tribunaux. Dupin, ai.• La question du cadastre est jugeepar les principes de I'eco- nomie politique. Les gouvcrnemens , en etablissant un impot foncier, sesont empares d'uue portion du revenu de toutes les terres,et ils ont diminuc d'une portion correspondante la va- lour mcnic dc leur fonds. L'inipot n'a pese reellement que sur les 7 A SCIENCES MORALES posscsscurs dcs tcrrcs, a Tepoque oii il a cte ctabli. — Dopuis, elles ont change tie mains, par I'effct, soil de ventes libres , soil de successions libreinont acccptees; ct , quelqiie inegale qii'ait pu ctrc sa repartition primitive , rinjiistice aujourd'iiui n'existe plus. Tout degrevcment est un don gratuit anquci nul n'a droit, puisquc cliacun, en achctant dcs tcrres, a calcule , nonsurleur revenu brut, mais sur leur revcnii apresl'acquit- tementde I'impot, et les a payees en consequence. Si le dcgre- vcmcnt est done un don gratuit pour I'un, I'elevation de la taxe n'cst-elle pas une injustice revoltante pour I'autre ? Et voila la justice distributive du cadastre ! Institution absnrde dans son principe, funcste dans son application, et qu'on pour- rait definir avec justesse une amende an travail et une prime a la paresse. II est evident que la base nouvelle d'appreciation sur laquelle sculcM. dcMarivault voudrait la voir etablir n'au- rait d'autre cffot que d'agrandir encore domcsuremcnt ses in- justices. Plusieurs ecrivains, se fondant sur I'exemple des Romains, ont emis le voeu qu'on fit servir en terns de paix I'armee a ou- vrir des routes et a executer d'autres grands travaux publics. II semblerait que les raisons opposees a ces ecrivains cussent du faire renoncer pour toujours a ces idees, que M. de Marivault a pourtant reproduites : elles sont en opposition directe avec nos moeurs et nos institutions. Quant aux moyens d'influence d(!S particulicrs sur ramelio- ration deTagriculturc, I'autenr ne dit guere autre chose, si ce n'est qu'ils consistent a mieux cultiver ; en revanche, il s'etend avec complaisance sur ceux qui sont aupouvoir du gouverne- ment. II voudrait que I'etat protcgeatretablisscmcnt do colonies agricoles, semblables a celles que Ton a fondeos depuis quelques annees en Allemagne et en HoUande; sans proserire absolu- nientles exporienccspiibliqucs, il prefererait qu'on affcctat a des distributions de prix pour les experirucos privees, l<;s sommes ET POLITIQUES. 7i allouees aux fermes expt-nnieiitales ; « II serait, dit-il , d'une haute importance, /war nous affranchir des tributs payes a I'e- tranger, d'acclimater le colon herbace, \c Phormium tennxow lin de la Nouvelle - HoUande, I'arbrc a the, etc.; ces tenta- fives ont ete faites, mais ellcs sontlongues et cotiteuses; il faii- drait soiatenir par des recompenses la perseverance de ceux qui s'y livrent , etc. >> Quand on pense que MM. J.-B. Say et Tracy ont eorit, il y a plus de vingt ans, leurs livres d'economie politique, on ne pent concevoir comment on emploie serieusement encore au- jourd'hui cette ridicule et absurde expression de tribut a I'e- tranger. Sans doute il serait a souhaiter que les productions de notre sol fussent plus varices; mais, pour nous suffire a nous- memes,pour nous affranchir de ce uibut a I'etrangcr , faut-il cultiver chez nous des plantes equinoxiales, et demander anotre climat les productions des tropiques ? Le sysfeme continental , en nous livrant a nos seules ressources, a sans doute servi utile- ment notre industiJe sousplusicurs rapports; mais cet etat vio- lent a fait prendre a quelques-uncs de ses branches un deve- loppement force et une direction contre nature. Cependant, cette prosperite factice n'a pas ccsse tout a coup avec le sys- Icrae qui I'a vait fait naitre,parce qu'a la chute de Napoleon, quand les peuples de I'Europe eurent depose les armes, ils continue- rent de se faire la guerre avec les douanes. Ainsi, a la faveur des prohibitions, ilexiste encore en France quelques fabriques de Sucre de betterave ; ct beaucoiip de gens desirent voir se consolider et s'etendre cette fabrication precaire , et ils la re- gardent comme une conquete precieuse ! Quand done la libcrte dii commerce fera-t-elle justice de ces absurdites politiques? 11 en est dii coton comme du Sucre : en decuplant le droit d'entree sur celui que nous tirons de I'etranger, peut-etre Ic eoton indigene pourrait il en soiitenir la concurrence ? Autre 76 SCIENCES MORALES conqiu'tc prccieusc pour notre industric , et glorieuse pour la France ! M. de Marivault termine son ouvrage par I'exposition d'un projct d' association agricolc qui offrirait d'apres lui de plus grands avantages que la plupart des autres placcmcns de fonds. Cc projet parait d'une execution difficile, et le systeme de I'tlablisscnient exemplaire de Roville ( Voy. Rev. Enc, t. xxiii. Scptembre 1824 > p-56i), me semble tres-preferable,et pour les associes, et pour I'amelioration de I'agriculture. Au reste, quels que soient les perfectionnemens de cet art, le malaise dont se plaignent les proprietaires rnraux tient a une cause plus gene- rale , qui est un bienfait pour la societe, et dont I'effet ira tou- jours en croissant. L'interctdes capitaux diuiinue tous les jours, a mesure que la masse de ces capitaux augmente : un fonds de terre est un capital, comme un vaisseau, une maison, ou une somme d'argent; le rentier voitson revenu reduit par le ban- quier; I'etat aussi le menace de lereduire : pourquoi leproprie- taire echapperait-il a cette reduction generale qui frappe tous les autres capitalistes ? La France n'est pas le seui pays ou Ton se plaigne de la trop grande abondance et du bas prix des produits de I'agriculture; on exprime aussi les memes plaintes en Italic. II n'est pas dou- teux, en effet, que, depuis la paix, les proprietaires ne voient diminuer leurs revenus; cette diminution est inevitable dans la baisse generale de I'interet de tous les capitaux , mouvement devenu tres - sensible en Europe, depuis dix ans que la masse de ces capitaux s'est beaucoup augmentee par le travail plus eclaire, par le commerce plus libre, et par I'economie ; mais cette cause d'appauviissement n'a pas ete la seule pour les proprietaires fonciers; dans le progres general de tous les arts, de toutes les industries, celle dont les profits composent leui ET POLITIQUES. 77 revenu , est restee piesque stationnaire ; et ainsi , ils ont perdu , ail double litre de capitalistes et de fabricans inhabiles. M. le general Colletta , dans un discours fort remarquable , a rappele brievenient les doleanccs des proprietaires toscans sur la depreciation des denrees rurales et I'exees pretendu de leur abondance ; il a examine avec impartialite I'etat des choses qui y donnent lieu ; il en a determine les effets et indique les remedes. Je rapporterai quelqucs passages de ce discours, pour faire voir Ic point de vue elevc sous lequel M, Colletta a con- sidere cette question qui, d'ailleurs, est, dans sa generalite, la meme en France qu'en Italic ; j'ajouterai a cette courte analyse quelques reflexions qui paraitront peut-ctre la critique juste et utile de voeux souvent emis parnii nous par un patriotisme ignorant. An'entendre que les proprietaires timides et peueclaires, il semble vraiment qii'il n'y ait plusde profit k cultiverles terres, qu'il faille les laisser en friche; etpour interesser davantage a leur position, ils ajoutent que, dans cet etatde choses, le tra- vail des journaliers restesans emploi, et que toute cette partie de la population souffre et languit dans I'oisivete et dans la misere. Mais, en meme tems, ils se plaignent de la cherte de la inain-d'oeuvre , et Ton a meme entendu proposer deS moyens d'eu faire baisser le prix; proposition qui, pour le dire en passant, indique la juste mesure de I'interet que prennent les proprietaires i la detresse des journaliers. Des assertions si contradictoires ne peuvent toutes etre vraies; voici, sans exa- geration et avec plus de bonne foi, la situation des uns et des autres. Lescapitaux qui ont ete employes a des acquisitions ou a des ameliorations rurales rapportent moins que places de toute autre maniere. Employes dans le commerce, ils rendraient 5, 6, et memejusqu'a 9 pour cent; consacresa ragriculture,leur interet s'eleve a peine a 3 pour cent. Quoi qu'il en soit, main- 78 SCIENCES MORALES tenant qu'ils sonl engages dans la tenc, il faut bien , ou les en retirer en vendant celte leire, ou les y laisscr et la conserver ; ot alors , choisir cntre un faible rcvenu en la cultivant et point de revenu en la laissant inculte. Entre/^e« etrien, le choix n'est pas doutenx; le propiictairecultivesonbien,seplaintbcaucoup ct cspere dans I'avenir. Si done, malgre lo bas prix dcs recoltcs, on continue necessaireraenttous les travaux des champs, comme dans dcs tems plus prospercs, la demandc de travail, Ic be- soin de travailleurs y sont restes les memcs et leurs salaiies n'ont pas du diminuer. Dans cet ctat de choses , la classe des journalicrs, autrefois si miserable, et qui aujourd'hui vend son travail plus cher et achiitc sa subsistance h meilleur marche, economise sur ses salaires^ et du produit de ses epargnes achete un petit champ, une habitation, et eleve dans le bien-etre une famille plus nom- breuse. Leur condition s'ameliore ainsi, tandis que la richesse des proprietaircs diminue ; d'un denuement deplorable , ils pas- sent pen a pcu h une modeste aisancc. La civilisation etend ses bienfaits k un plus grand nombre d'hommes, etl'liumanite sourit. Cependant, si la valeur dcs denrees agricoles dimiuuait en- core pendant long-tems , ct si la gene des proprietaires conti- nuait de s'augmenter, les travaux deja commences etou sont engages des capitaux qu'on ne pourrait en retirer sans pcrtes considerables, seraicnt sculs poursuivis ; mais on ccsscrait d'en (mtreprendre de nouveaux, ct tous les capitaux iraient se por- ter vers des industries plus fructueuses; le travail manquerait bientot ;\ la population dcs campagnes accrue au sein de I'ai- sance : le prix de ses salaires diniinuerait consequemment ; la subsislance en meme tenis redeviendrait plus chere, et la so- ciete eprouverail un malaise general. Pour soulager les proprietaircs et arretcr cc mouvcmcnt dc baissc des produits de la terre, les mesures qui ont etc le plus sonvcnt invoquees sont la diminution dc I'impot foncicr et la ET POLITIQUES. 79 prohibition des grains etrangers. Mais il est evident que le premier de ces moyens n'anrait qu'un effet temporaire, qu'il ne procurerait qu'un bien-etre passager , et seulement aux pro- prietaircs actuels a qui serai t faite la remise d'une partie de I'impot. Le second serait funeste;car I'appui inconstant des- lois prohibitives, continuerait de fairesuivre k I'agriculture de fausses directions, taudis qu'il faudrait la contraindre peu a pcu, par I'abolition graduelle de ces lois, a suivre les routes tracees par la nature et indiquees dans chaque territoire , sur- tout par le climat. Done , si les bles de la Toscane ne peuvent soutenir la libre concurrence de ceux d'Odessa, d'Egypte et de Barbaric, il faudra peu A peu abandonner la culture des grains sur le littoral et dans les provinces ou ces grains etran- gers pourront arriver par des voies economiqnes. Il devrait en etre de meme en France ; des i-ecoltes niieux appropriees au sol et au climat occuperaient la place de ces cereales que la Provence s'obstine a produire, malgre sa secheresse et son ari- dite; le murier, dont les produits s'elevent constamment, y serait multiplie davantage; car c'est assurement aujourd'hui la plus avantageuse de toutes les cultures auxquelles on pent se livrer dans le midi de I'Europe, et M. Colletta I'indique aussi comme la plus utile a etendre dans la Toscane. Enfin, par de meilleures methodes , par I'eniploi d'instrumens perfectionnes et la substitution economique de diverses machines aux bras de I'homme dans certains travaux de I'agriculture, on pourrait peut-ctre diminuer les frais de la production des gi'ains, en Italic, et sur les bordsdela Mediterranee, en France, au point de rcpousser, par la seule modicite des prix europeens, ces grains etrangers de la mer Noire et de la cote d'Afrique. Ce- pendant, et il faut I'esperer, les perfectionnemens de nos arts franchiront un jour toutes les mers; et alors ces contrees, que la nature a plus favorisees que les notres, enrichies de toutes les ressources de notre civilisation, acquerront dehnitivemcnt 8o SCIENCES MORALES sur nous unc superiorite assurce, dans la production du ble et de plusieurs aulrcs ccreales. Malheur alors aux pays oii une politique bornce dans ses vues aura excifu dans I'industric agricole , par des encouragcmcns imprudens et par la dange- reuse protection des douanes, le dcveloppenicnt de branches qui tomberont avec ces vaines barricnes que tot ou tard la li- berte renversera chez tons les penples. Leur prosperite factice soutenait des existences nombi'euses qui seront entrainees dans leur chute, et sacrifices a des prosperites plus nonibreuses encore. Toutes les fortunes territoriales seront alors ebranlees chez ces nations imprevoyantes. Aprescette sccousse, la culture s'y reta- blira, d'apresles seules indications qu'elleeut dusuivre, celles de la nature, dont les lois invariables assurent eternellement a chaque contree les avantages promis p.ir sa latitude et par sa constitution physique; mais bien des maux particuliers marque- rontce passage violent d'uu systeme agricole force a un systeme libre et rationnel, tandis que les nations prevoyantes y seront arrivees graduelleraent par I'abolition des'douanes prohibitives, et qu'elles auront joui deja depuis long-tems de ses avantages. L'Angleterre , qui marche Gerement a la tete de la civilisation europeenne, donne I'exemple de cette politique eclairee , par sa direction constante vers la liberie absolue du commerce. Victor Jacquemont. Du Commerce exterieur et de la question d'un Entrepot a Paris; par M. D.-L. Rodet(i). II y a plusieurs annees qu'en Angleterre les ecrits sur les interetspresensde ragriculture, des manufactures et du com- merce, sent bases sur les principes de Teconomie politique (i) Paris, i8j5. In-S" de aoo pages Renard , libraire, rue Sainte-Anne, n° 71. ET POLITIQIJKS. St raodernc, qui reconnait ponr son fondattur Adam Smith. En France oil , selon Expression dc Voltaire, on arrive tard a tout cequi est ban , nous commencons seulement a suivre la meme marche et a faire, si ce n'est dans nos lois, au moins dans iios ecrils, des applications iuteresssntes des lumieres du siecle. L'ecrit que nous annoncons ici en offre la preuve. C'est un expose raisonne , ct fort bien raisonne, des progres commer- ciaux qui se sont operes depiiis trente aus et des consequences que Ton peut en lirer. L'auteur a reuni une immense quantite de faits et les pre- sente dans le cadre extri-mement resserre d'une brochure de aoo pages. Les negocians, les t'conomistes politiques y trou- veront une fonle de donnees precieuses, qui pourront servir de bases aux speculations lucratives des nns, et aux specula^ tions philosophi(jues des autres. Nous ne pouvons qu'en rap- porter ici quelques exemples. — Depnis 1821 , le gouverne- ment anglais a diminue progressivement la masse des impots ; ce degrevement a ete, pour les 4 annees, de 2i3 millions de francs ( page 69 ); et ce qu'il y a de plus heureux, les con- sommations, c'est-a-dire les jouissances de la nation, ont beau- coup augmente. La consommation du sel a quadruple; ce qui permettra au gouvernement de porter les degrevemens fort au dela de ce qu'il avait espere ; car , a mesure qu'il baisse les droits, I'augmeutation de la production et de la consommation les fait porter sur une plus grande masse de marchandises , et les fausses declarations, les contrebandes diminuent. L'effet contraire avait eu lieu , sous le ministere de Pitt et de ses con- tinuateurs.De 1800 a 1820, I'impot sur I'importation des vins, en Angleterre, avait ete successivement accru de no a 144 liv. ster. par tonneau sur les vins francais; et sur les autres a pro- portion : en consequence, la consommation s'etait reduite de 43,397 tonneaux a 23,257 tonneaux. — Si Ton veut avoir une idee des secours que les nouvelles republiques d'Anierique ont T. XXVI. — jivril 1825. 6 8i SCIENCES MORALES trouves dans les capitaux de I'Aiigleterie, pour leur emanci- pation, on voit ( page 83 ) que , depuis Tanuee 1822 jusqu'a!! mois de novembre 1824, les etats suivans ont emprunte en Angleterre , savoir : Pour un cnpital de La Colombie 5,883,75o 1. st. 6,750,000 1. st. a 6 p. c. d'in. Le Chili 700,000 — 1,000,000 — a 5 Le Perou i,oi/i,25o — 1,200,000 — a 6 Ruenos-Airts 85o,ooo — 1,000,000 — a 6 Le Mexique i,856,ooo — 3, 200,000 — a 5 Les Mines \ „^ ^^ , „ , . i,o5o,ooo — t,oDo,ooo — a 5 du Mexique. / LeBresil 2,400,000 — 3, 200,000 — a 5 Totaux. . . 14,354,000 — 18,000,000 liv. St. C'est-a-dire, qu'il y a eu i4,354,ooo liv. St., ou SSg millions de francs, recllement avances par la nation anglaise, sans par- ler des sommes pretees aux Grecs , ni dcs empruntssubsequens que ces memes etats feront probaLlement encore. II est vrai que Taristocratie europecnne n'a pas trouve des secours moins puissans dans les capitaux anglais. Les gouverncmens soumis a I'influence de la Sainte Alliance, ont emprunte, en Angleterre, depuis 1818, au dela de 3o millions ster. ou 7 5o millions de francs. Les republiques d'Ameriqne ont fait de plus grandc5 rhoses avec la moitie de celtc somme. On est etonne de voir les progres de la marine marchande des Etats-Unis. Le tonnage general des navires anglais enre- gistreetait, en 1822, de 2,5 19,044 tonneaux; celui des Etats- Unis etait en 1816 de 1,372,218 tonneaux ; et il est bon d'observer qu'il s'est fort accru depuis 181 6. — L'auteur sou- tient avec force la demande que forme le commerce de Paris, d'un entrepot reel des marchandises d'outre-mer, dans cetle capitale, commc il y en a plusieurs a Londres; c'est-k-dire , d'uu depot oil les negocians poiirraient faire arriver leurs mar- chandises , et n'acquitter les droits d'entree que lorsqu'elles en ET POLITIQUES. 83 sortiraient pour etre consommecs; il croit qiit- noire commerce tie transit y gagnerait bcaucoup, et que les consommaleurs etrangers du Continent trouvant, en tout terns, de grands as- sortimens a Paris, viendraient y faire leurs achats, ou y cnver- raient leurs ordres. Les negocians des perls de mer, de leur cote , qui deja jouissent de la facilite d'un entrepot, soutiennent qu'il est inutile de faire ce nouvel avantage a une grande capi- tale qui en posscde deja tant d'autres ; ils pretendent qu'ils peuvent exccnter les ordres des etrangers aussi hien que les Parisiens. C'est ime question qui n'est point resolue; mais ce qui conviendrait a tout le monde, serait de rendre les di'oits d'entree beaucoup plus legers. Les consommateurs paieraient les denrees d'outre-mer moins chcr, Ic commerce acquerrait bien plus d'activite, et le fisc retrouverait sur une plus grande masse de matiere imposable, plus qu'il ne perdrait a la mode- ration des droits. I La maniere d'tcrire de M. Rodet est claire et precise ; il est: fort adesirer qu'il poursuive ses reclierches statistiques et qu'il en fasse jouir le public. Nous I'cngagerons a se mettre en garde contre quelques anglicismes , bien pardonnables , au reste , quand on est oblige do beaucoup consulter les ouvragcs pu- blics en Angletcrre et aux Etats-Unis. Le mot anglais manu- factures ne veut pas dire mamifactures en francais ; mais objets manufactures. Ainsi , a la page Sa et dans d'autres endroits , au lieu de dire V exportation des manufactures , il serait mieux de dire : Vexportation des produits manufactures. Le mot an- glais taxes ne doit pas se traduire par taxes: toute taxe eleve les prix (page 69 ) n'est pas une proposition toujours vraie : la taxe du pain en reduit quelquefois le prix; mais les impots augnientent toujours le prix des choses et en restreignent la consomniation. Les taxes assises ( assessed taxes ) est une ex- pression anglaise inintelligible pour des lecteurs francais ; on pourrait pcut-etre lui substituer ces mots : les conirihufions «4 SCIENCES MORALES personnelles el somptuaires. — Uu ouvraj;e doniie bien peu tie prise a la critique, quand elle s'attache aux expressions; poui elre juste elle doit ajouter que celui de M. Rodet lui fait beau- coup d'honneur, et qu'il devrait se trouversur la table de tons les negocians qui ne sont pas de simples routiniers. J.-B. S. EsQUISSES HISTORIQUES DES PRINCIPATJX EVENEMEN9 DE LA REVOLUTION FRANCAiSE, depuis Ici convocatioTi des Etats generauxjusqu'au retablissement de la maison de Bourbon^ par Dulaure, aiiteur de VHistoire de Paris (i). La Revolution francaise n'est pas un de ces evenemens qui ne louchent qu'une seule nation , et qui appartiennent a une seule histoire. Son but primitif fut la regeneration sociale et politique de notre patiie ; ses consequences necessaires de- vaient etre I'emancipation du monde entier. Le combat dont elle fut suivie, ne fut pas seulement une lutte pour des interets materiels; mais la discussion armee de la plus importante des questions morales, du premier des problemes politiques. Au- cune nation, aucun des membres de la grande faniille humaine ne dut se regarder comme dcsinteresse dans son issue; nul ne peut se dispenser de la connaitre, parcc qu'clle fut une epoque europeenne, parce quelle appartient d'abord a I'esprit humain. Les consequences de ce grand niouvcmenl social ont ete ■vastes, et seront durables. Vainement se debat-on encore (i) Paris, i8a3-25, 6 vil. in-S", accompagnes de gravures, por- traits , monumens et medailles du terns, publics par cahiers de 5 a fi feuilles. ay livraisons sont en vente; prix de chacune, 3 fr. 5oc. Baudouiu freres. ET POLITIQUES. 85 conlre elles ; leurs ennemis meme oot siibi leiir loi : iis sorrt forces de reconnailre que tout est change en nous, et aulour de nous. Partout la condition de I'espece humaine s'est ame- lioree; anx procedes d'une politique ignorante et mensongere ontsuccede les maximes d'une politique franche et raisonnable; des verites qui, jusqu'alois elaient exilees dans le secret des coeurs de quelques sages, ont obtenu le droit de naturalite dans les lois, ont penetre jusqu'au sein des cours, ont occupe le faite de I'edifice social. Une direction nouvelle a ele impriniee a tous les rapports des homines entr'eux. Les etats les plus despotiques de I'Europe , qsioiqu'ils n'aient pas change de forme, n'ont point echappe a une irresistible influence, et if leur a fallu accepter plus d'une de ces verites nouvelles , de- venues aujourd'hui des conditions de duree. On a du, malgre soi, entrer en arrangement avec cette Revolution qui, ebran- lant a la fois toutes les bases de I'ancien despotisme, a rendu difficile, impossible peut-etre, I'artjadis si pratique de regner par I'injustice, et a replace les principes de tout gouvernemont veritable dans I'observation de la loi. En relevant la dignite humaine, en developpant toutes les intelligences, on pent dire de la Revolution francaise, qu'elle a rendu le plus eminent service que la civilisation put attendre ; celui de donner a I'homme individuel et social un accroissement de force et de valeur. Avant de poursuivre, je dois faire une distinction trop me- connue, qui placera nies pensees a I'abri de toutes les inter- pretations de la mauvaise foi. Par ces mots Revolution francaise, je n'entends pas les catastrophes innombiables, les exces de lout genre, les folies absurdes et les folies cruelles qui ont marque quelques-unes des annees de cette grande periode. Je lestitue aux termes leur veritable sens. La Revolution tout entierc est dans le changtuient des principes sociaux , dans I'introduction de la raisoii, de 1 1 justice, parlont ovi regnaient 86 SCIENCES MORALES la deinence et I'arbitraire. Tels furent les desirs constans, la continuelle espeiance de ses premiers apotres, a une epoque oi^ elle avail enthousiasme toutes les classes, oi\ elle comptait presqiie autant dc soutiens qu'il exislait de Francais. Qiiant i\ cetlo longiic et lamentable serie dc troubles et de malheurs, que trop d'ecrivains confondent avec la Revolution, si ces deplorablcs evenemcns en devinrent la consequence im- mediate, on serait injuste d'oublier qu'ils rcsulterent , non des principes que la Revolution voulait faire triompher, mais du combat qu'allumerent a la fois les interets et les passions^ Aux choses que les reformateurs venaient detruire, etaient lies des interets. Les abus, les prejui;es constituaient la fortune de plusieurs classes. Ou trouver I'homme doue d'une plijlo- sophie assez desinteressee pour se laisser depouiller d'un bien dont une longue possession semblait relernelle garanlie ? On ne voulait point ceder; il fallut combattre. D'abord genera- lement souhaitee , la Revolution mit bientot la societe en etat de guerre. Le droit attaque par le privilege dut niesuror la resistance a I'aggression. On s'est fait tout le mal qu'on a pu; on n'a menage ni les hommes ni les fortunes ; tout est devenu line arme entre les mains des partis. Quand un edifice est en proie a I'incendie, les voleurs arrivent, sous pretexte de lui porter secours. Pareille chose est adventie dans I'effervescence des troubles revolutionnaires. Le manteau du patriotisme n'a souvent couvert que I'interct on I'ambition, I'intrigue ou la perfidie. Toujours prompts ;i niettre a profit les desordres de la France, les cabinets etrangers ont lance contre elle , outre de formidables armecs , une nuee de traitres qui n'ont feint I'en- thousiasme que pour etouffer la liberte , en la souillant par d'odicux execs. Rapproclipz ges elemens de troubles; combinez ensemble et I'intrigue interieurc et I'intrigue etrangere ; .ijoutez-y les erreurs des passions, les cmportemens de la liaine, les crimes ET POLITJQUES. 87 du faualisme; voyez Ics trames s'ourdir, se croiser, et couvrir toiUe la France d'un immense reseau, et dites-nous si toutes les catastrophes qui ont siiivi la Revolution francaise ne sont pas siiffisaniment expliquees et jugees. Mais, en detestaiit les hom- nies qui ont pris part a do grands crimes, n'oubliez jamais de remonter a I'origine, de reporter votre pensee vers le but primitif, but legitime et necessaire; et balancant avec reternel bienfait de la verite victorieuse et des principes sociaux ame- liores, les maux passagers qn'il a fallu souffrir ; osez dire si la Revolution est un mal , et s'ii est a regretter qu'on I'ait faite. J'interroge toutes les classes de la societe, et je demande a celles meme qui se croient le plus en droit d'acciiser la Re- volution, si elles consentiraient a renoncer ala phipart des prin- cipes qn'clle a etablis.Cefils d'une ilUistre I'amilie, qui s'imagine que c'estponr la noblesse un devoir de detester tout ce qii'a fait la Revolution , consenlira-t-il au retour de ces lois siir les suc- cessions, en vertu desquelles son aine devait liii ravir le patri- moine de son pere, lui laissant ratternative d'nn cam]) on d'tui monastere?Qui voudrait anjourd'luii que la justice luifut rendiie dans le secret, que les genes et tons les instrumcns de torture fussent encore deployes pour arracher souvent a la victime I'aveu d'un crime qu'elle n'a pas commis. Je ne parlerai ni de la bourgeoisie ni des classes populaires. Desheritees long-temsde tout avantage social, tout ce qu'elles possedent anjourd'luii I'egalite d'impot , le droit d'admission a lous les emplois , la liberie de I'indastrie, le jugement par ses pairs, la liberie des cultes, tant d'antres droits meconnus pendant des siecles- o'est la Revolution qui les lenr a rendus. lis lui doivent tout; ils ne penvent I'accnser sans ingratitude. Puisqii'il est pour tous les peuples, pour tons les hommes, d'un inleret aussi direct que pressant de bien counaifre la Revolution, applaudissons aux ecrivains dont les savanfcs veilles sont consacroes a racontcr son histoire. Maliieureuse- 88 SCIENCES MORA.LES meiit, si les resultats generaux sont evidens et partout re- conniis , si les fails mefme qui ont marque cette longue et grande epoque, sont pour la piupart eclaircis et fixes, il n'en est pas de mcme des influences secretes qui ont amene ou mo- difie ces faits, Souvcnt les ressorts de ce drame compli(|ue echappont a la plus attentive investigation. Que de mysteres dont on cherche vainement I'explication ! Que de manoeuvres sourdes, que de crimes dont les instigateurs ne sont pas encore connus! Tant que nous n'aurons point une histoire des factions pendant la Revolution , tant que la partie secrete des evene- mens ne sera pas devoilee , on pourra dire (jue notre rege- neration politique attend encore un historien. Une foule d'athletes a cependaiit paru dans I'arene, jalouse de se mesnrer contre I'obstacle et d'en triompher. Quelques- ecrivains I'ont aborde avec franchise ; un plus grand nombre I'a tourne ; il en est qui ont adopte I'expedient d'Alexandre ; mais , le dirons nous , jusqu'ici personne n'a completement resolu la difficulte. Le problenie, aprcs avoir exerce la sagacite de trente auteurs, a trouve nioins ime solution fondee sur des faits averes, que des explications reposant sur des hypotheses plus ou moins plausibles. Lorsque jadis I'elite des geometres con- sacra (les annees a chercher la quadrature du cercle, I'examen de ce probleme sans solution eut au moins cela d'utile , que, sans conduire au but desire , il fit decouvrir plus d'une verite secondaire que Ton ne cherchait pas , et ne fut pas entiere- ment perdu pour la science. .T'en dirais vo'iontiers autaut des ecrivains qui ont cherche les causes secretes des principaux evenemens de la Revolution. Le probleme fondamental n'a pas ele resolu; mais ou a decouvert une foule de verites partielles qui pourront conduire a le resoudre un jour. Le savant autcur de VHistoire tip Paris, M. Duiaure a, commc les autres, fait reposer ses Esqnixsex II partit en disant ces mots , et, suivi de quelques gens de guerre, il alia met- tre le feu a une portion du chateau du GAvre. Ce fut avec les matc- riaux qu'il en retira qu'il Ct construire .1 son chateau de Blain la Tour du Conneiable dont il est question ici. » Pag. 86. J LITTER ATIJ RE. if)5 fit en Brctagne, cette princesse se rcfugia au chateau du G;ivre pour se soustraire a sa tyrannic. Enfin, si Ton en croit les ha- bitans des campagnes voisines, cc lieu fut aussi habile par la cclcbre reine Anne, avant son manage avec Charles VIII, Je n'cntreprendrai pas non plus de suivre M. Richer dans la foret du Gavre, qu'il parcourt peut-etre un peu longuement. A peine ai-je donne quelque attention au bourg du Pallet, patrie d'AJje- lard, tant j'etais inipatiente d'arriver a Clisson. J'avais entendu vanter ce site comme un des plus delicicux de la France; je m'y etais transportee en imagination. Les evenemens d,e la Ven- dee , les Memoires de M™« de la Rochejaquelein avaient encore excite ma curiosite : je comptais sur M. Richer pour la satis^ faire pleinement, et mon attentc a etc tronipee. J'ai vainemcnt cherche a deviner I'ensemble du paysage, je me suis egaree dans une foule de details qui ne ra'ont rien laisso de net dans I'esprit. Mon Cicerone n'a ricn oublie, il est vrai ; mais, a force de vouloir tout montrer, il a fait passer devant moi, comme dans une lanterne magique , une suite d'arbres, de ruisseaux, de cascades, de rochers, d'edifices dont je ne connais ni le plan, ni la distribution. M. Richer voit la nature au travtrs d'une loupe grossissante, et cela nuit a I'effct general en multi- pliant trop les details et les memes expressions. Tout ne pent avoir un interet egal; il faut sacrifier adroitement quelques parties pour en faire valoir d'autres plus importantes. Le rtcit du voyage a la Trappe de Melleray a un grand avantage sur celui de Clisson ; le voyageur est en scene. II pout dire : « J'etais la ; telle chose m'advint. » On le suit, on Tecoute, on partage ses emotions. « L'edifice apercu dans le lointain, dit-il, offre un aspect im- posant. II date de I'annee iiSa; mais il a ete reconstruit dans le dernier siecle. L'architeclure moderne en est d'une belle regularite. En avancant, nous entendinies le chant mesure des religieux. Le silence dc la nature, trouble par ces seulcs vois , lo6 UTTERATURE. seiubkit eucore plus majestueux. Nous marchions lentement, comme si nous eussions craint dc detruire la solennite de cette impression. Quelque chose d'auguste semblait nous entourer; on eiit dit que le bruit de la vie expirait dans ce desert tran- quille pour faire place aux concerts de I'autre monde. « En 179a, les trappistes de Mortagne, disperses et rendus a la liberie par la revolution francaise, se leunirent en Suisse, et fondercnt, pres de Fribourg, le convent de la Val-Sainte. Inquietes de nouveau dans ce refuge, ils emigrerent eucore; et leur nombre ayant augmente , ils formerent plusieurs colonies, dont quelques-unes se dirigerent vers I'Espagne, d'autres vers le Piemont, la AVestphalie, la Hongrie et le Ca- nada. L'une d'entre elles s'arreta en Angleterre, dans le con- vent de Lulv7orth, dans le Dorsetshire, que lui donna un riche gentilhomme anglais; mais ces religieux , impatiens de revoir la France, profiterent de la paix pour acheter I'abbaye de Mel- leray, qu'ils vinrent occuper en 1817. lis exercent I'hospitalite envers les voyageurs : on ne pernaet a aucun membre de la cominunaute de rester oisif; tons sont employes a cultiver la terre, a soigner les bestiaux, a exercer iin art ou un metier; car rien ne se fait au dehors. Cette pe- tite republique se suffit a elle-meme , et trouve dans son indus- trie, non-seulement dc quoi satisfaire a tons ses besoins, mais encore un superflu qui se depense en abondantes aumones distribuees chaque jour aux pauvres. Loin de se declarer en- nemis des innovations et des perfectionnemens , les trappistes de Melleray ont importe en Bretagne les meilleurs instrumens aratoires de I'Angleterre, et ses modes de culture. Entoures, pendant leur sejour dans ce pays, d'hablles cultivateurs, de grands propiielaires, ils y ont fait une cspece de noviciat, et leur presence en Bretagne a deja produit d'excellens resultats. Leur etablisscment pent etre considere comme une sorte dc ferme departemcntale dans laquelle les agriculteurs peuvent LITTER A.TU RE. 107 puiser des lumieres pr6cieuses, d'autant mieux qu'ils sonttres- accessibles, et ne cherchent point a derober aux habitans le fruit de leurs experiences et de leurs travaux. Plus de vinj^t hectares, qui, i leur arrivee, n'etaient que des landes, sont aujourd'hui en plain rapport. Les prairies artificielles, in- connues jusque-Ia dans toute la province, se sont multipliees avec succes sur plusieurs points. Les charrues apportees d'Au- gleterre, ou construites par les religieux sur les memes mo- deles, sont d'une forme elegante et savante a la fois. Elles sont beaucoup plus legeres et plus aisees a faire marcher que celles dont se servent nos paysans. Les charriols pour porter les recoltes different des notres, et sont beaucoup mieux enten- dus. II y a dans le couvent une forge toujours en activite, oil Ton fait des beches, des baches, des serpes, des clous. On y ferre les bceufs et les chevaux a la maniere anglaise. On fabrique aussi la toile et les etoffes necessaires au couvent. Dans un autre endrolt, on tanne des cuirs pour les chaussures des religieux et les harnais des chevaux, d'apres un procede nouveau imite des Anglais. lis brassent aussi de la biere fort superieure a celle qu'on boit a Nantes et a Angers : aussi leur adresse-t-on des demandes continuelles dc ces deux villas. Ne vivant que de legumes, ils s'appliquent surtout a la culture des jardins, qui sont admirables par I'ordre qui y regna et la baaute de leurs produits. lis tirent la plupart de leurs arbres des pepinieres royales du Luxembourg, et ils forment u leur tour une pepiniere dont les sujets greffes sur ces arbres seront une rassource precicuse pour tout le pays. Les objels peut-etre les plus importans du monastere sont la laiterie et la vacherie. Rien n'egale le soin et la proprate de ces etablissemens, si ce n'est le gout et I'esprit d'ordre qui a preside a leur construction. Tout est distribue de maniere a simplifier le travail, a le rendrc plus agreable et plus facile. Cette activite si bien dirigee, cette vie reniplie par I'occupa- Jo8 littii:rature. tion ct la priere, a qiitlqiic chose de doux et d'iniposant. On chercherait en vain sur ces visages tranquilles une expression de colere ou d'orgueil. Tons sontegaux devant le Seigneur. La eellule du R. pere abbe est an milieu du dortoir, et son lit n'a rien qui le distingue de celui des autres. Son seul privilege est de donner I'exemple. II est tonjours leve le premier de la communaute : c'est lui qui sonne la cloche pour appeler les religienx a matines. M. Richer mele a son recit une foule de reflexions interes- santesetd'apercus curieux sur I'tiabitation et les coutumes des trappistes de Melleray : je ne puis que les recommander a I'at- lentiondulecteur, ainsi que le voyage iPaimbeuf, a Guerande, et la description du Croisic et d'unepartie de lacote voisine.On ne saurait puiser a une meiileure source pour bien connaltre ces differentes parties de la Bretagne dans toute leur particu- larite , et il serait a souhaiter qu'on nous donnat des tableaux aussi bien faits de chacune de nos provinces , en evitant les longueurs et les niinuties. Ce genre de travail aurait encore un grand avantage, celui de creer des etudes et une litterature pour ainsi dire locales. Paris est, depuis trop long-tems, le centre dans lequel s'absorbent tous les interets, toutes les am- bitions, tous les talens : il serait plus que tems qu'il s'etablit une rivalite salutaire entre la capitale et les principales villes de France; qu'il y eut , conmie en Angleterre, un echange inutuel de lumieres et d'obligations; que Ton combattit enfin cet esprit d'ironie qui s'eveille en province au moindre effort genereux, et qui tend a decourager les liommes de talent, et a les faire renoncer a toute tentative pour creer autour d'eux. . L'habilude de recevoir la loi et d'adopter les opinions toutes faites de qnelques journalistes, qui souvent n'ont pas lu les ou- vrages dont ils rendcnt compte, est tellemcnt inveteree, qu'oa n'ose se perincltre ni louange ni critique avant d'y etrc auto- nse par les oracles de Paris. Et cepcndant les monumens, le$ LITTtRATURE. 109 sites, les curiosites de toute espece, enfouis dans nos depar- temens , ne peuvent etre bien connus et bien dccrits que par les habitans memes des provinces, qui sont plus pres de la nature, et sur lesquels I'esprit de coterie, la mode, I'opinion du moment , exercent une bien moindre influence. Depuis la pais, quelques villes ont eprouve le besoin de se former ime litterature independanle de celle de Paris. Des journaux ont paru, entre autres le Lycee armoricain a Nantes, et le Musee d'Aquitaine h Bordeaux. Je ne connais pas le premier, mais j'en ai entendu faire I'eloge; quelques cahiers du second sont tombes entre mes mains, et je les ai lus avec le plus grand plaisir. lis se composaient de recherches sur I'histoire de la Guienne; de la description des monumens antiques el des sites curieux des environs ; d'un coup d'ceil sur V administration des prefets qui s'etaient succedes dans le departement de la Gi- ronde; de nouvelles originales ou traduites ; enfin , d'un exa- men de I'industrie et de ses progres. Ce journal , imprime avec le plus grand soin , etait orne de lithographies charmantes ; chaquenumcroavait 40 a 48 pag. Le prix del'abonnement etait de 20 fr. par an, et les redacteurs ont ete forces de le disconti- nuer, faute de ponvoir couvrir leurs frais. Malgre cette preuve d'apathie et d'indifferencc de la part des provinciaux, je ne doute pas qu'on ne parvienne a en triomphcr avec un peu de perseverance; et les hommes qui se devoueront a cette tache penible ne tarderout pas, j'espere, a en recueillir les fruits. M. Richer doit etre de ce nombre. L'Essai sur le genre des- criptif, place en tete de son ouvrage, est plein de talent et de gout :l'auteur peut contribuer d'une nianiere remarquable a I'illustration de son pays, et il parait I'aimer d'un amour trop sincere pour ne pas saisir avec empressement I'occasion de lui etre utile. L.-Sw. Ijelloc. iio LITT^,RATURE. Voyage dans dne partie de la France, ou Lcttres descriptivcs et Idsioriques , adressees a M""" la comtesse Sophie DE Strogonoff, par M. le comte Orloff , s^nateur de Russie (i). Voici le quatrieme grand ouvrage que public M. le comte Orloff. Dans le premier , qui a pour titre : Memoires sur le royaume de Naples (Voy. Rev. Enc, t. i, p. io4; t. iii , p. 223 et 292; t. VI, p. 2i3; t. xi, p. 3o6 et i85), il avail re- trace I'histoire politique et litteraire d'un pays que la nature avail fiait riche et beau , et que les divers gouverncmens qui ont pese sur lui ont rendu pauvre et malheureux. Peu apres, il publia VHistoire de la Musique (voy. Rev. Enc.y t. XV, p. 604, el t. XVII, p. 84 ), el ensuile VHistoire de la Peinture en Italie. (Voy. Rev. Enc. , t. xviii, p. 197 el I. xxi, p. 345. ) Pendant plusieurs annees il avail parcouru celte pe- ninsule en amateur eclaire des beaux-arts. C'est aujourd'hui de la France qu'il s'occupe ; de celte France qu'il parail aimer avec predilection, ou il compte de nombreux amis qui savenl I'apprecier, et donl les voeux se- raienl de I'y retenir, pour qu'il puisse long-tems encore enri- chir noire lilterature du fruit de ses veilles, Je m'honore d'etre de ces amis; et je n'en rendrai pas moins un compte impardal de son nouvel ouvrage, parce que je le connais assez pour savoir que loute flatterie lui serail peu agreable, el qu'il prefererait a des eloges non merites une cri- rique juste etmeme severe. D'ailleurs, si I'auteur d'un voyage est exact dans ses descriptions, clair et precis dans les fails qu'il raconle, il faudrail etre bien exigeanl pour lui demander rien (i) Paris, 1824- 3 vol. in-8°. Bossange pere , libraire, rue de Richelieu, n" 60. Prix aS fr. litt£rature. 1 1 1 de plus. Or , exactitude et clarte , voila ce que, des I'abord, j'ai trouvo dans le voyage de M. Oiloff. Je pourrais ajouter que plusieurs pages dans lesquelles il prend le parti des opprimes centre la puissance injuste, de la raisou conlre les prejuges, semblent annoncer qu'il est imbu des principes d'une douce et sage philosophie. Un devoir pieux attirait le comte Orloff dans les departemens d« midi de la France. II conduisait aux celebres eaux des Py- renees une aimable et digne compagne que , depuis plusieurs annees, de continuelles souffrances privaient de ces plaisirs de la vie que semblaient lui promettre sa fortune et plus encore les qualites de son esprit. Un si long voyage n'eut paru a bien d'autres qu'ennuyeux et penible ; mais tout est source d'ins- truction et d'interet pour I'esprit observateur. M. Orloff a voyage en amateur des arts , en historien , en philosophe. Toutes ses observations sur les pays qu'il traverse, sur les villes oil il est oblige de sejourner ; les impressions qu'il re- coil et des lieux et des hommes, il les transmet a une aimable parente (la comtesse Sophie de Strogonoff ), qui, si Ton en juge par divers passages des lettres, doit unir a beaucoup d'esprit le gout des etudes utiles. Jene suivrai point, ici, le comte Orloff dans tout le cours de son voyage : je m'arreterai seulement avec lui dans quelques contrees et dans quelques villes principales qui semblent avoir ete le sujet de ses plus graves observations. Telies sont Poitiers, Angouleme, Bordeaux, Toulouse, les montagnes des Pyre- nees, etc., etc. Le gout de M. Orloff semble le porter de predilection vers riiistoire. Aussi, quel que soit le pays qu'il parcourt, a peine a-t-il decrit les sites, les principaux monumens, tout le materiel enfin de la contree , ainsi que ses productions les plus rechercliees , ses manufactures, son commerce; a peine a-t-il donne une idee des mceurs, des usages des habitans, qu'il iia LITTER iVTURE. passe h I'hlstoire dti pays; et il nc la retrace pas, h dater des terns modernes, mais des I'origine. C'cst ainsi qu'il a donne uue histoire abreyec de Bordeaux, de Toulouse, de la province toutenliere du Beam, de cette province que lenom de Henri TV et de sa courageuse mere rendra a jamais celebre. L'antique ville de Poitiers attire quelquo terns son attention. Il voit avec interet les raonumens ccltiques que conserve encore son territoire, et les mines des monumens romains que renfer- ment ses murs. Sa vaste enceinte et sa tres-petite population le frappent d etonnement; il se croit dans une de ces villes de I'l- talie dont le grand noni donne une imposante idee, mais qui n'offrent aux yeux du voyageur (jue des rues desertes oh I'herbe croit, qu'une vaste. enceinte occupee en grande partie par des vignes , par des restes d'aqueducs et de temples. Mais il par- court ensuite les environs de cette ville, si feconds en souvenirs historiques, ces champs abreuves tour a tour du sang des Gau- lois, des Romains, des Francs, des Visigoths, des Maures et des Anglais. Apres avoir traverse les tristes Landes qui precedent I'une des plus belles et florissantes villes de France, M. Orloff trouve enfin cet admirable pont, monument de notre age, puisqu'il fut commence en 1810 et qn'il n'a ete que tout recemment achevc, qui joint par 17 arches les deux I'ives de la Garonne. Il le decrit avec soin dans une note instructive. L'aspect de Bordeaux excite son admiration. « Cette cite, dit-il, justifie, des qu'on la voit, la reputation de beaute dont elle jouit, et sa celebrite , des qu'on cntre dans son enceinte. Des hotels magni- fiqucs , des quais immenses, de belles rues et de belles places publiques, et surtout le port le plus sAr et le plus grand qu'ait aucune ville commercante en France : voila quels sont ses droits pour interesser vivement le voyageur. » Et aussitot il decrit non-sculemcnt ses monumens antiques, tels que son am- phitheatre on mines, ses portiques , etc.; mais ses monumens LITTER ATI] RE. 1 13 modernes, son theatre, ses eglises, ses promenades, surtout ses allees de Tourny et la nouvelle place construite siir les mines dii Chateau Trompetle. II passe a I'histoire de cette ville, retrace les vicissitudes qu'elle a eprouvees des les terns les plus anciens, cite les hommes celebres qu'elle a produits. Arrive a I'epoque de notre revolution, il raconte avec quel enthousiasme elle en adopta les principes , cite les hommes distingues, les orateurs eminens qu'elle envoya briller dans nos assemblees nationales, et fait mention de quelques hommes vivans dont elle peut s'honorer. Les Pyrenees s'offrent bientot a sa viie, ot il decrit avec in- teret leur aspect general, leurs productions, leurs habitans. II parcourt ces montagnes dans tous les sens , raonte sur leurs sommites accessibles, descend dans leurs valleos, visite leurs cascades, suit le cours de leurs torrens. Voici ensuite le juge- ment qu'il en porte : « Elles sont loin d'offrir I'aspect imposant et majestueux qu'offrent , soit dans leurs details , soit dans leurs masses, les montagnes colossales des Alpes. J'avais vu et tra- verse les priiicipales chaines des montagnes d'Europe et visite les Alpes, les plus hautes de toutes, lorsque j'abordai celles des Pyrenees que je decris , et je ne m'attendais pas a ce qu'elles livalisasscnt avec elles, ni en etendue, ni en elevation... Ou trouver, en effet, dans cette succession de montagnes , quelque longue qu'elle soit, des masses qui egalent en elevation la Jung- frau et le Mont-Blanc, ces Cordilieres de I'Europe? Des lors, c'est en vain qu'on se flatterait d'y voir aussi ce qui cause tant d'admiration pres de ces immenses et eteruelles sommites, c'est- a-dire leurs glaciers, qui marchent, s'avaucent dans la nuit des siecles au sein des larges et profondes vallees que leurs eaux ontcreusees; c'esten vain aussi qu'on voudrait y retrouver ces flenves nombreux qui , nes sur leurs pics glaces, dans les Jlancs des rochers les plus eleves, vont abreuver de leiu's inta- rissables ondes I'Europe entierc, et grossir, comme le Rhone T. XXVI. — AvriL 1825. 8 n4 LITTERATURE. et Ic P6, la Mediterranoe et rAdriatique; commc le Rhln et le Danube, TOcean et I'antique Pont-Euxin. n Mais, pour etre moins hautes, moins imposantes que les Alpes, les Pyrenees n'en sont pas moins dignes d'etre vues, d'etre explorees. Leurs somniites, en grande partie, sont boi- sees, leurs vallees sans glaciers, leurs coteaux orues de ver- dure, et debarrasses de bonne heure de la livree de I'hiver , et les plateaux qu'on y rencontre parmi leurs nombreuses et accessibles pontes sont changes en prairies. » Leurs eaux minerales deviennent ensuite I'objet des obser- vations de notre autcur, comnie elles Tavaient etc de son voyage. On sait qu'elles attirent annuellement, de presque toutes les contrees de I'Europe, plusieurs milliers de voyageurs, qui sont, ou croient, ou disent etre maladcs. Ces voyageurs, de nations si diverses, offrent il robservalcur un spectacle instructif. Malheureusement, dans I'annee 182^ , le nombre de ces amateurs de bains, de douches, d'eaux minerales de toute espece, fut tres-peu considerable : la guerre etait flagrante en Espagne; et ce n'est pas le bruit des armes que Ton cherche lorsqu'on se decide a venir boire les eaux- bonnes on se plonger dans les bains de Bareges et de Bagneres. C'est dans lelivre mcuie qu'il faut lire les details que donne le voyageur , non-seulement sur la position de ces bains celebres, sur leurs environs, mais sur I'aspect des principales montagnes de cette longue chaine qui forme les Pyrenees ; sur leurs productions tant vegetales que minerales; et, ce qui offre encore plus d'interet, sur les mceurs, les costumes de leurs habitans, sur les dialectes de ces populations, dialectes dont quelques-uns (celui des Basques , par exemple, ) sont si extraor- dinaires , et paraissent les restes de langues tres-anciennes. A son retour de ses courses dans les Pyrenees , M. Orloff traverse une ville tres-renommee en France par la fougue, I'enthousiasme irreflechi, disdns le mot, par le sanguinaire LITTfiRATURE. ii5 fanatismc dc ses habitans, et, ce qui est plus deplorable, de ses niagislrats. Le lecteur a deja dcvine, sans doute, que je veux parler de Toulouse. L'histoire de cette malheureuse cite arrete long-tems le voyageur, surpris de n'y trouver que des traits de barbaric. Le sang-froid, la pr(''voyance,rhumanite, semblent avoir ete des qualites etrangeres a toute la contree. On s'y exalte pour de ridicules prejuges, pour d'absurdes superstitions; on s'y tue sans scrupule pour des mots, pour des riens- Qu'im- porte, apres cela, qu'on y trouve une grande vivacite d'esprit, du gout pour la poesie et les beaux-arts! Des le xiii* siecle, a I'epoque de la guerre des Albigeois , nous voyons les Tou- lousains joucr un role importaut dans l'histoire de France, et des lors on y reconnait les principaiix traits de lenr carac- tere. Cette fois, du nioins, la cause qu'ils souteuaient elait juste; ils s'opposaient aux orgueilleuses pretentions, aux into- lerables envahissemens du chef de I'Eglise : mais, plus tard, avec quelle frenetique rage ils pcrsecuterent , egorgerent par milliers les protestans, qui n'etaient, a vrai dire, que des Albigeois sous un autre nom. Par exemplc, aucune autre ville ne signala plus que Toulouse le fanatisme qui animait tous les catholiques, a I'effroyable epoque de la Saint-Barthelemi. Ce fut alors que les Toulousains donnerent le premier exemple de I'egorgement, dans les prisons, d'hommes paisil)les et desarmes; exemple malheureusement reproduit dans ces der- niers terns , par quelques brigands rassembles dans la capitale de la France, mais dont le crime du moins ne rejailiit point sur cette grande cite , qui ne I'apprit qu'avec horreur. Au contraire, une grande partie des habitans de Toulouse fut coupable ou complice d'un forfait inoui jusqu'alors. Voiia ce que prouve un document authentique, recueilh par le comte Orloff. C'est une relation faite dans le tems meme par un temoin oculaire. Ne pouvant la citer en entier. j'en offrira'i du moins quelques phrases de la fin. ii6 LITTER/VTUIIE. II faiU d'abord savoir qii'a peine on reciit la nouvelle, a'J'oii- lousc, de rhorrible unit de la Saint-Barthelemi , on s'y pre- para a imiter, a siirpasser ui.'me la capitale en barbaric. Les membrcs du parlement et lus magistrals do la ville usercnt de toutes sortes de ruses, que decrit le narrateur original, pour attirer et reunir dans la ville les protestans quietaienl disse- mines dans les cannpagnes voisines. lis les firent ensuite arre- ter. Laissons parler a present notre vieil ecrivain dans son style naif et veridique: « Les trois seniaines expirees, ils mirent tons ces prisonniers ensemble dans la conciergerie ; en quoi on commcnca a con- noilre leur intention : car ils n'avoient differe que pour amples mandemens de Paris, qui leur furent aussi apportez par leurs deputes, uommez Delpech et Madron, riches bourgeois de la \ille, lesquels exhiberent le commandement de par le roi, que si le massacre n'estoit encore fait, ils ne differassent plus lon- guement de mettre a execution sa volonte. A quoi ils furent prompts. Et un samedi matin, avant soleil leve, quelques eco- liers, batteurs de pave, et autres garnemens au nombre de sept ou huit, armes de baches et coutelas, entrerent dans la- dite conciergerie; et faisant descendre ces pauvres prisonniers les uns apres les autres, les massacrerent au pied des degres d'icelle conciergerie, sans leur donner aucun loisir de parler, n'y moins prier Dieu. On tient qn'ils massacrerent jusqu'au nombre de trois cents (i). Apres les avoir pilles et depouilles (i) De Thou u'en porta le nombre qu'a deux cents, parmi les- quels il noninie le fameux Ganelon , trois conseillers , quelques officiers du senechal et plusieurs notables bourgeois. Mais, d'api'es les renseignemens que j'ai puises a Toulouse mdme, dans les meil- leures sources, le massacre a ete en effet de trois cents personnes; il parait qu'il n'y eut que deux conseillers du Parlement de tues; I'un d'eux etait Coras , un des hommes les plus satans et des plus probes qui aient exists. (Note de I'auteur. ) LITT^RATURE. 117 de leurs accoiitriiiiens, ils Ics estendircnt snr la place tons nuds, leur otant meme la chemise, ct leur laissant pour toiite couverture une fetiille de papier a chacan d'eiix sur leurs par- ties honteiises. Ils les laisscrcnt en vue de tons, I'espace de deux jours entiers, pendant lesquels on cava de grandes fosses en I'archeveche dudit Toulouse, ou les corps, cruellement muliles, fui'ent jetes I'nn sur I'autre ainsi nuds. Quant aux conseillers prisonniers, apres avoir este massacrez, ils furent pendiis avec leurs robes longnes, an grand orme qui est en la conr du palais; et cependant, les niaisons des ditsdc la religion furent saccagees et pillees. » ^ En lisant avec horreur de tels faits, pent-etre nous felicitons- nous d'etre pour toujours a I'abri de seniblables fureurs; nous nous disons : Tant de fanatisme ne pent renaitre. Eh! laissons la nation se separcr oi\ deux partis, effet inevitable de quel- (|ues nouvelles lois que Ton prepare; laissez le clerge usurper de nouveau une partic de la puissance temporelle (ce quideja se tcnte, s'execute ); laissez une celebre societe s'etablir de nou- veau, reprendre et repandre ses coupables doctrines; enfin, laissez I'ultramontanisme renaitre : et la periode on nous en- trons sera cent foispliissanglante que celle d'oia nous ne som- mes sortis que depuis un quart de siecle; elle sera et plus san- glanle, et plus honteuse pour la nation qui n'aura pas su profi- ler des lecons niultipliees que lui donnait sa propre histoire. Apres des traits si pen honorables, que presentent les An- nates de Toulouse, il parait supeiflu d'ajouter encore aux sen- timens^qu'ils inspircnt,en rappelant les erreurs de son parle- ment et son fanatisme. L'injuste arret qui fit perir Calas, sans ])arlcr de vingt anfres arrets dn meme geure , est une tachc indelebile qui fletrit a jamais la memoire de ses juges. M. Or- loff a rassemble quelques documens qui prouvent, a n'en pou- voir douter, I'innocence du condamne et I'iniquite de ceux qui le trainerent a I'echafaud. ii8 LlTTfiRATURE. Notre voyageur semble vouloir attcniier la penible sensation qu'excite dans Tame dcs lecteurs I'histoire de Toulouse , en tap- pelant les noms de plusieurs hommes illustrcs qu'elle a pro- duits. Mais n'a-t-il paspousse trop loin son admiration pourle genie, en comblant d'eloges quelques hommes encore vivans, clogcs que la posterite pourrait bien ne pas ratifier ? La derniere ville qui occupe notre voyageur, lorsqu'il revient dans la capitale , est Fontainebleau. II dccrit avec exactitude et admiration I'immense chateau , a la magnificence duquel ont concouru plusieurs de nos rois. Lorsqu'il en est a cette galerie qui doit sa principale celebrite an menrtre qu'y commit une reine a qui Louis XIV avait offert un asile , il raconte ce fu- ueste evenement avec detail , et inscre nieme dans son recit la relation authentique qu'en a laissoe le bon pretre a qui la vin- dicative Christine avait eonfie le soin de confesser le malheu- reux qu'elle voulait faire egorger. Rien de plus touchant que ce recit; rien de plus propre a eloigner tout hommc sage de I'intimite des grands et des palais des rois. Par ce coup d'oeil sur Touvrage du comte Orloff, on pourra juger de I'interet qu'offre sa lecture. On y trouvera, comme nous I'avons annonce en commencant, de la franchise et une douce philanthropic. Sans doute aussiles Francais verrontavec satisfaction qu'un savant ctranger public les resultats de ses observations et de ses travaux, dans leur langue, de preference ;> toute autre. Am. D — L. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I. — * Annalis of the Lycceum , etc. — Annales du Lycee d'his- toire naturelle de New-York. N° VI. Decembre , 1824. New-York. In-S". ( Voy. Rev. Enc. , t.xxv, p. no). Ce cahier , qui complete le demi-volume , contient d'abord des observations de M. Witt Clinton, sur Vhimndo ftilva, decrite par ]^. Vieillot dans son excellent ouvrage intitule : Histoire naturelle des olseaux de VAmeriqiie septentrionale (^ Paris , 1807 ). Get auteur n'avait rencontre cette espece d'hirondelles, qu'a bord d'un vais- seau , oil plusieurs vinrent se percher sur les vergues ( sous la la*, de Hallifax , Nouvelle-Ecosse). 11 y a quelques annees qu'elles frequen- tent les bords de I'Ohio , oil elles arrivent ordinairement vers le 10 avril ; elles construisent leurs nids dans I'avant-toit des maisons, et disparaissent aussitot que leurs petits sont en etat de voler (2). (i) Nous indiquerons par un asterisque (*) , place a cote tlu titrede cliaque ouvrage, ceux deslivres etrangers ou francais qui paraitroutdigncsd'une attir- tion pardculicre , et nous en rendrons quelquefois coinptc dans la scctiou des Analyses. (2) Ces oiseaux cominencent seulemeut a se rapprocher des lubitatious de riiomme, et conserTeut, dans ce nouveau sejour, les habitudes socialcs qui les distinguent dans les solitudes oik lis vivent en troupes nomhreuses, exe- cutant des travaux coinmuns, se pretant des secoiirs iniituels, attaquant et se defendant tons en meme tems. Ces moeurs ont merite a leur espece le uoni d'/iirnndelle republicaine . Leurs societes sont quelquefois de plusieurs ceu- taines de couples , et tout prouve (ju'lls sont unis par un instinct de socialji- lite ; car on trouve aussi quelques couples solitaires, silencieux , confines dans les deserts, et par consequent, ce n'est point a des besoins communs que Ton doit attribuer les associations formees par le plus grand uombre de ces oiseaux. II n'y a pas de tems a perdie, si I'ou veut constater par des ob- 120 LIVRES ETRANGERS. — Uii autre article du ind-nie auteur ( M. Audubou ) rcnferme des- fails et des remarques sur le sejour permanent des hirondelles dans la Louisiane, oil elles sont en quantite innombrable, au mois de novembre. II rapporte que ees oiseanxsont en si grand nombre a la Nouvelle-Orleans , que Ton peut en titer jusqu'a i4 d'uu coup de fusil , et que les marches sont abondamment fournis de ce gibier , trfes-estime des gourmets, qui le trouvent tendre , succulent, et d'un goiit exquis. — Uu troisi^mc article donne la description de aanou- velles esp^ces d'insectes dansl'Amerique du Nord, avec ig planches, par le capitaine John Lecomte , au service des Etats-Uiiis. — L'ar- ticle IV se compose d'observations sur la forme des Tri/obites (ani- niaux doiit I'esp^ce est perdue, et dont on a trouve des restes ense- velis dans les roches calcaires du Jura et dans celles de mdme formation , dans les deux continens ) , et la description d'une espece qui parait nouvelle , par J.-E. UeKay; puis des notes sur la geo- logic des chutes d'eait de Trenton , par le professeur James Renvrick. Dans cet endroit , les eaux se sont ouvert nn passage a travers des rochers calcaires, sur une longueur de pres de deux milles, et elles forment une succession de chutes, dont la hauteur totale est d'en- viron 3oo pieds , en laissant a decouvert les couches horizontales dont ces roches sont composees. On y trouve une grande varietc de debris organlques, qui caracterisent un calcaire de transition. — L'article v el dernier conlienl des remarques sur le pore-epic de scrvations exactcs ft suivies Ve\.a^ present de cette espece, afiD au lieu que la 4* edition de I'autre fut publiee en 1823. Dans la preface du pre- mier, I'auteur expose les motifs qui le determinerent a rediger un traite plus etendu que les Elemens, et comment il partagea ce tra- vail avec uu dame qui, placee a Troy, dans I'elat de New-York, avait concu le meme plan, dispose les materiaux dans le meme ordre , adopte la meme metliode de classification. Cetle dame ( mis- tressWiLLARu) etait directrice d'unemaison d'education {principal of the female Seminary) ; sesvues sur renseignemeiit dela geographic efaient le resultat de son experience et de ses observations. Ces vues etant precisement celles du professeur Woodbridge , une coinci- dence aussi exacte ne pouvait etre entierement fortuite; il fallait qu^elle fut une consequence de verites apercues en meme terns par les deux auteurs, et un garant de la boiite de leur methode. On re- marque aussi une grande analogic enJre les deux ouvrages donl nous parlous, et quelques autres publics en Europe depuis I'appa- 122 LIVRES ifeTR ANGERS. litlon lies Elemens en Apierique ( voyez , ci-apr^s, la seclion des lii'ref fKancais). Que les goograj)hes europeens aient devine, ou seulement iinite la methode des deiix traites am^ricains, I'une et I'autre liy- poth^se fait ogalement I'eloge de ces derniers. Le notn de mistress Emma Willard iie pariit point dans le premier ouvrage ; dans le Syst6me de geographie universelle , cette dame s'est chargee specia- lement de la geographie ancienne , et n'a plus craint de se nommer. Les Elemens ou riidimens de geographie ne sont pas une seche et ennuyeuse nomenclature de villes, de rivieres, de pays, de noms qui ehargent la niemoire, sans rien offrir a I'imagination ; I'instruc- tion s'y prcsente avec tous ses attraits. La geographie physique, rhistoire naturelle de chaque contri'e, les niceurs des habitans, etc., mettent sous les yeux de la jeunesse un spectacle plein d'inter^t, et tres a sa portee, Les auteurs n'ont pas adopte la redaction par de- mandes et reponses, a laquelle on peut faire plus d'un reproche, et surtout celui de ne point exercer I'intelligence; mais ils ont mis, a la fin de chaque section de leur ouvrage , I'enonce des Questions que rinstituteur peut faire , et de quelques problc'mes qu'il peut faire resoudre par ses eleves. On s'etonne que 206 pages d'un petit in-i2 , dont il faut retrancher la preface et I'espace occupe par plus de 60 gravures en hois , puissent contenir cette universalite de no- tices instructives. On se rend compte de ce phenomfene en jetant les yeux sur les tableaux ou les objets analogues sont reunis et compa- res : ainsi la longueur du cours des rivieres, la hauteur des monta- gnes , la population des villes , etc. , ont fourni des tableaux dont les lecteurs, en jetant les yeux sur la carte, peuvent verifier I'exac- titude. Le Sjsleme de geographie univenelle a deux prefaces , I'une de M. Woodbridge , et I'autre de mistress Willard : I'une et I'autre mcritent qu'on les lise, et les remarques qui viennent ensuite sur les moyens de faire usage du litre pour i'insCruclion veulent etre medi- tees , parce qu'elles font bien connaitre la methode de I'auteur. II divise les sciences geographiques en troisTparties, physique, policique et stntistique : I'oidre de ces divisions est tout-a-fait conforme k celui des idees. La premiere partie, plus positive que les autres et beau- coup ijAns geographique , n'avait cte traitee que superficiellement dans presque tous les ouvrages de geographic ; ici elle est retablie dans ses droits , et occupe prcs de la moitie du volume. Mais il semble que M. Woodbridge I'a fait sortir de son domaine, en lui attribuant dfs notions assez ctcndues sur les langues des diverges races de I'es- J ETATS-UNIS. I '2 3 pece humaine. L'origine de ces langues, leiirs migrations, leurs modifications, etc., appartiennent a I'histoire, et n'ont de rapports avec la geograpliie que par la necessite de completer la connaif- sance des fails historiques , en y joignant celle des lieux ou les faits se passerent. Les deux autres parties ue donnent aucune prise a la critique; on est particulierement satisfait de la sagesse avec laquelle I'auteur a traite les articles delicats des religions et des formes de gouvernement, de son exactitude dans les donnees et les resumes statistiques. — Le traite fort succinct de geographic ancienne est destine specialement a diriger les etudes historiques. L'auteur ex- pose clairement, dans son introduction , les relations necessaires qui font dependre I'une de I'autre ces deux divisions de nos connais- sances. En suivant I'ordre etabli dans la geograpliie universelle, la geographic politique precede celle que Ton peut nonimer statistique, quelque imparfaite qu'elle soil d'apres le peu de documens transmis par les anciens ccrivains. Outre les changemens des divisions poli- tiques, des noms de villes , de rivieres, etc., on voit dans ces tems recules que la geographic physique est sijjette a varier par des causes dont Taction est plus lente, mais plus durable. L'auteur etablit les relations entie la chronologic et la geographic; puis le texte des ecritures saintes est compare a la description des lieux. Une me- thode de construire des cartes qui puissent servir a I'etude de la geograpliie, de la chronologic et de I'histoire , et une comparaison entre les croyances mytliologiques et les traditions ou les rccits des liistoriens terminent ce petit ouvrage, auquel on ne reprochera d'autre defaut que celui d'etre trop court. M. Woodbridge v a joint des problemes de geographic astronomique et mathematique , et un precis de la construction des cartes : il eut peut-etre fallu les mettre au commencement du volume, plutot qu'a la fin. Uatlas est assez bien grave, moins bien enlumine; mais comme ces ouvrages sont faits pour I'enseignement , ils devaient n'dtre pas trop chers. Le m6me motif fera supporter la mediocrite des gravures en bois re- pandues dans les deux ouvrages : mais si Ton faisait passer ces ou- vrages dans notre langue , il serait indispensable d'y mettre les gravures au niveau des progres que les arts du dessin ont faits chez. nous. F. HAITL 4- — Discoiirs que feu Djix,iLl-K-LAi'REE , direcleur du Lycee national du Port-au-Prince, devait pi ononcer , le i5 decembre 1828, aVexamen 124 LIVRES KTRANGERS. public des ele\'es de cet etablissement ; »\\\\\ 6.e pieces fugitives diwwiimc auteur. Port-;w-Prince, iSaS. Petit in-4° de ag pages. L'homme de bieii qui coniposa ce cliscouis mourut, le 24 deceti)- hre 1823 , universellemeiit regrette , et c'est par veneration pour sa menioire que ses ecrits posthumes ont ete publics. On ne fera point ici I'eloge de ses vers ; on ne peut les juger que d'apn^s Ics pr^ceptos littcraires et le senliment du gout : mais , dans unerepuMique nais- sante doiit la litterature n'est pas plus ancienne que raffranchisse- nientde la nation et des lois qu'elle s'est donnees , on n'esf pas aussi difficile qu'a Paris, surtout lorsqu'il s'agit de chants nationaux. II parait que les poesies de Delille-Lapree sont tres-goutees a Haiti , comme on le voit par les vers suivans, qui doivent etre graves sur son tombeau : De I'limi des beaux-arts , de I'liomme vertueux. Passant , respecte ici la ceudre. Daus la tomhe pret a desceudre, II secl)ait d'uue main les plenrs du lualheureux ; Et de I'autre il peiguait, en vers harmouieux , Les derniers mouvemens d'une ame noble et tendre. Citons quelques pensees du discours : nos lecteurs en seront satis- faits. — >< C'est le coeur plein de I'avenir que rimmortel Petion , ( foudateur et premier president de la i-epublique d'Haiti ) , a dit : Que cliaque Hititien , la constitution a la main , sache ce qu'il peut et ce qu'il doit. C'est inspire par les idees liberales les plus pures et les pins sublimes , que son digne successeur s'est eerie : « Jeunes Ha'itiens, livrcz-'vous avec ardeur a V etude, mais aiinez la patrie par-dessus tout, » Par leurs soins, des lois sages ont regie lemode, I'epoque, la duree de rinstruclion publique. Desecoles primaires fondees sur le systeme de I'euseignernent mutuel sont etablies progressivement sur lesprin- cipaux points de la republique. Le Lycee national recoit , d'annee en annee , de nouveaux encouragemens , et il est Fob jet de nombreux perfectionnemens. L'antique universite de Santo-Uoniingo est res- suscitee , depuis Theureuse reunion de I'Est a la republique. Des cbaires de droit civil, de droit canon, de philosophic, de morale , de medecine, y ont ete etablies , et confiees a d'hal)iles professeurs. Partout, I'education va marcher compagne de I'instruciion... Ainsi Hailijjeune, forte et belle, se presente , la tete ceinte de deux cou- ronnes immortelles, celle de la conqufite de sa liberie et de son in- dependance, et celle de la confection de ses loiset dc sa constitution. ^,lle s'est fiancee avec une juvenile ardeur dans la carriere de la ci- AMERIQUE MERIDION.— GRANDE-BRET AlGNE. ia5 vilisation. C'est a vous , jeunes Ha'itieiis, qu'il appartieut'de prouvei-, h la honte de nos eternels detracteiirs et a la gloire des immortels defenseurs de nos droits, que rien n'est impossible aux desceiidans des fils de I'Afrique; et que , si Haiti, par sa constitution , a mis des entraves a I'esprit beliiqueux de ses nobles enfans, en s'assignant elle- meme I'Ocean pour limites, aucun obstacle ne peut les empecher d'aspirer a une gloire plus durable et plus douce , a la conquele des sciences et des beaux-arts, etavecelle, a celle du respect et de I'ad- miration du monde. » F. AMERIQUE MERIDIONALE. 5. — *Cuerpo de leyes , etc. — Recueil des lois de la republique de Colombie. Bogota, iSaa. i vol in-4''. On trouve dans ce recueil une loi sur les delits en matiere de religion, portant (art. i"'') : « Le tribunal de I'inquisition ou Saint- Office est aboli pour toujours ; — ( art. 2 ) les ev^ques reprendront la juridiction purement spiriluelle , et pourrout appliquer les peines ecclesiastiques , neanmoins avec recours des delinquans aux tribu- naux civils; — (art. 3) les elrangers qui viendront s'etablir dans la Colombie, et leurs decendans , ne pourront 6tre inquieles en au- cune sorte dans I'exercice de leur croyauce , pourvu qu'ils respec- tent la religion catholique. L. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 6. — * Letters written from Colombia , etc. — Lettres ecrites de Co- lombie , pendant un voyage de Caracas a Bogota, et de Bogota a Sainte-Marthe , en iSaB. Londres , 1824; Cowie. i vol. iii-8° de 208 pages. Depeindre avec exactitude les contrees que Ton visite , en decrire les nioeurs, en etudier les ressources, voila les principaux objets qui paraissent devoir fixer I'attention d'un voyageur judicieux. Tel est aussi Ic but que s'est propose I'auteur anonyme de I'ouvrage que nous annoncons. II retrace avec bonne foi , et sans exageration , ce qu'il a vu , ce qu'il a appris, ce qu'il a eprouve. On regrette qu'il ait consaere seulement quelques mois a son voyage, et que, par con- sequent, ayant rapidement traverse le vaste territoire qu'il nous fait connaitre, il n'ait pu observer, pour ainsi dire, qu'en courant une nation qui, courbee depuis quatre siecles sous le joug espa- gnol, s'est enfin relevee pour cbasser ses oppresseurs. L'ouvrage du voyageur anglais est ecrit en forme de journal; la 126 LivRES Strangers. premiere lettre est datee de Caracas, oii I'auteur abordeapres une traversee de trente-trois jours. Quoique incomplete , la description qu'il donne de la seconde capitale de Colombie ne manque point d'interet , et la continuation de son voyage par Santa-Fe de Bogota jusqu'a Sainte-Marthe, a travers un pays immense convert de hautes montagnes, de magniliques forets , et de fertiles plaines, arrosees par dfe nombreuses rivieres , et ou « la lerre demande seulement a ^tre remuee pour donner au bout de quelques mois des recoltes abondantes», offre des scenes varices, pittoresques et merveillcuses. C'est un melange curieux et bizarre de la nature brute et de la na- ture cultivee : ce sont dessavanes incultes a cote de vertes prairies; de riches plantations de cafe, de sucre, de cacao, d'indigo, etc. , jetees au milieu de landes steriles ; des arbres fruitiers de toute es- pece, mt^les aux arbres sauvages de la foret ; I'olivier et la vigne , couronnant le sommet de quelques rocbers arides; des animaux immondes rampant sur le limon fangeu.x d'nn fleuve commercant , ou la butte d'une famille indienne contrastant avec la demeure de I'habitant c!es cites. — La variete de clitnat et de sol rend Colombie, piopre a toutes les sortes de productions , et convenable a toutes les especes de temperamens. II n'y faut que des hommes:les marais malsains deviendront des cbamps fertiles; les eaux stagnantes, des canaux utiles , les vieilles forets , des plaine.« fecondes ; et au lieu du tigre, du lion, du crococile et du serpent, de nombreux trou- peaux fouleront un sol autrefois impraticable. Nous renvoYons a I'ouvrage meme pour les details relatifs a I'e- tat actuel de Colombie , aux moeurs, aux usages de ses habitans, a la forme du gouvernement de la republique, et aux personnagesqui en dirigent les destinees. Aujourd'bui que tons les regards sont tour- nes vers I'Amerique du Sud, I'ouvrage que nous examinons plaira sans doute a la presque generalite des lecteurs. Mais il ne pourra .satisfaire ceux qui voudront etudier et connaitre dans tons ses do- tails la republique de Colombie ; ils devront avoir recours a d'autres ouvrages et je leur indiquerai ceux du capitaine Cochrane sur Co- lombie ( Voyez I'article ci-aprfes), et de M. Caldcleugh sur I'Ame- rique du Sud. C'est ce qui , je crois , a ete ecrit de plus ej^act et de plus circonstancle. Nous cousacrerons un article au second de ces ouvrages dans un de nos prochaiiis cahiers , et nous tacherons de doniier une juste idee de I'etat politique, militaire, commercial, agricole et litteraire des differcns etats de I'Amerique du sud. Fiederic DegkoRGK. ( GRANDE- BRET AGNE. 127 "7. — * Journal of a residence in Columbia , etc, — Journal (i'un sejour bt la Colombie pendant les annees iSaS et 1824, par le capi- taine Charhs-Sctiart CocHti.^'av.. Londres , i825. 2 vol. in-8°. Independamment des notions prdcieuses que contient cet ouvrage sur la situation actuelle de la Colombie et sur les destinees pro- bables de ce nouvel elat, il se recommande encore par la maniere dont il est ecrit : aussi no peut-il manquer d'obtenir un grand suc- ces. D'apres la relation du capitaine Cocbrane , les ameliorations qui ont eu lieu et qui sonl encore introduites tons les jours parmi les Colombiens , prometteut les plus beureux resultats ; et si Ton com- pare ce tableau a la situation des anciennes colonies americaines , condamnees par les Espagnols a la degradation et a Tignorance la plus complete, les rapides progres que les Colombiens ont deja faits dans la carriere de la civilisation , permettenl d'esperer dans un avenir pen eloigne un ctat de choses qui comblera les voeux des amis sinceres de I'humanite. La grande masse de la nation est encore pen eclairee sur beaucoup de sujets : c'est a quoi Ton devait s'attendre. Mais le desir d'acquerir des connaissances est general ; le gouver- nement , de son cute, s'occupe , avec un soin tout particulier, a repandre Tinstruction ; il s'empresse, dans ce but , d'etablir des ecoles et des colleges. Le peuple apprecie ses efforts, et parait re- connaitre tous les avantages qu'il doit en retirer. Peu de gouverne- mens nouveaux se sont signaies par des actes aussi honorables que le congres de Colombie par sa loi pour I'abolition de I'esclavage dans toute I'etendue de la republique. A dater de la promulgation de cette loi, aucun esclave ne pourra (}tre introduit dans la Colom- bie , et tous les enfans d'esclaves naitront libres. — II n'existe entre les diverses parties des provinces colombiennes que des moyens de communication encore tres-defectueux. Nous pensons que I'etablis- sement de bonnes routes, et I'amelioration de la navigation des rivieres , paraissent devoir surtout meriter I'attention du gouverne- ment. H — d. 8. — *A Visit to Greece , etc. — Visile en Grece , en i8a3 et 1824; par George Haddington, de I'Universite de Cambridge. Seconde edition. Londres, i825 ; Murray. ln-8° 248 p. ; prix 8 s. 6 d. Cet ouvrage est compose de notes recueillies sur les lieux par un homme qui n'avait d'autre objet que de rassembler des faits authen- tiques ; c'est le temoignage impartial que rend au patriotisme et a la liberte le citoyen d'un pays libre. Une autre circonstance qui repand un interet tout particulier sur le livre de M, Haddington, c'est que 128 LIVRES ETRA.NGERS. I'autiiur s'est t'amiliarise dans une des plus ilhistres iiniversiles de I'Europe avec le texte original des poetes et des orateurs deTan- cienne Gr^ce; et c'est a celui qui sail puiser a leur source les tresors du g6nie des Hoinere , des Thucydide et des Deinosthene , qu'il ap- partient peut-etre ])lus qu'ii tout autre de raconter les exploits des deseendans et des dignes eniules des Miltiade et des Leonidas. Dans une introduction fort bien faite , I'auteur cherche les causes qui out du accelerer la revolution en Grece. — Selon lui , Tun de ses principaux instrumens fut une societe secrfete, formee en i8i4 pa'' les amis de la liberie , sous le uom d'Hctcerie ou Societe d'amis : qui est representee , a bon droit, coniine « une conspiration centre la de- bauclie etl'avarice, contre I'ignorance et le fanalisnie. » Obliges de renvoyer nos lecteurs a I'ouvrage m6me, pour le detail des ceremo- nies touchantes de I'initiation dans cette Societe , nous transcrirons du moins la derniere partie du principal serment des inities : « Enfin, je jure par toi, patrie inalheureuse ; je jure par tes longues souf- frances ; je jure par les larmes am(^res que tes fils infortuncs n'ont cesse de repandre pendant tant de siecles ; par les jjleurs qui en cc moment inondent mon visage; je jure, par la liberte future de nies compatriotes , que je me dcvoue tout entier a toi ; que desormais tu seras leprincipe et la fin de mespensees, que ton noni sera la regie de mes actions , et ton bouheur le digne prix de mes travaux. » Le corps de I'ouvrage comprend un grand nonibre de notes datees des differeiites parties de TArchipel et de la Grece continentale. L'auteur y presente un resume rapide des principaux evenemens qui ont signale la guerre de rindepeiidauce, de 1821 a 1824; il t^"- celle surtout dans les portraits et dans les descriptions : >< Les Psa- riotes ( dlt-il ) sont de veritables Grecs sans melange de sang turc ou albanais. Leur caractere, ainsi que leur exterieur , denote essen- tiellement la nation a laquelle ils appartiennent. Ingenieux, grands parleurs , vifs a I'exces , actifs, enti'eprenans, fanfarons, et argu- mentateurs, ils forment un contraste singylier avec les Turcs, que Ton voit promener leur digiiite nonchalante dans les rues de Constanti- nople. Je dois ajouter que je n'ai jamais vu un peuple dont les traits r^unissent a un degre plus eminent I'intelligence et la beaute. » Le fait auquel le fameux Odysseus dut son avancement meritc d'etre rapporte. II etait au service d'Ali-Paclia ; il proposa un jour de disputcr le prix de la course au plus rapide coursier de son mai- tre, offrant sa tdte comme prix de sa defaite. II jie pouvait proposer uue condition qui fut plus du goiJt d'Ali ; mais Odysseus fut vain- I GRANDE - BRET AGNE . 129 queur , et son niaitre lui presenta une des plus belles femmes de son harem , et le combla de faveurs. Nous ne pouvous mieux terminer ccs extraits qu'en citant les re- flexions de I'auteur au sujet de quelques pertes eprouvees par les Grecs. '< Si la confederation est aujourd'hui moins elendue, sa popu- lation est plus nombreiise et plus concentree ; I'energie dont sont animes les individus qui la coniposent rendrait leur extermination difficile, leur asservissement impossible; ils ont acquis I'habitude de I'independance; sans cesser de detester Icurs aiiciens despotes, ils ont appris a les m^priser et a les dedaigner; ils se sentent supe- rieurs en energie, en talens et en courage , et c'est ce sentiment qui garantit leur iiidependance presente et future. » R. L. W. 9. — A Narrative of lord Bjron s lait journey to Greece. - — Recit du dernier voyage de lord Byron en Grece. Extrait du journal du comle Pierre Gamba , qui accompagna le lord dans cette expedition. Londres , iSaS. In-8°. II est inutile de rappeler les motifs qui determin^rent lord Byron a se joindre aux Grecs dans leur lutte centre la tyrannic turque : oes motifs sont assez connus.Les principales circonstances dontl'ou- vrage du comte Gamba contient le recit etaient deja parvenues a la connaissance du public : mais ici nous trouvons des details plus nombreux et plus authentiques. Cette partie de la vie de lord By- ron , et sa conduiteenvers les Grecs, si honorable pour lui, sont en m^me tems bien propres a faire apprecier I'originalite de son carac- tere. II se rendit en Grfece apres de mures deliberations , et dans I'espoir d'etre utile a la cause de cette belle contree, soit par des secours pecuniaires, soit par ses efforts personnels en sa faveur. Si Ton se represente I'etat de ce pays , tourmente alors par des divi- sions intestines et par la lutte des factions , auxquelles il sut rester toujours etranger , on reconnaitra combien il mit de prudence dans sa conduite, et la prudence etait alors la plus utile des vertus. — La narration du comte Gamba est tres-interessante, et nous croyons qu'elle doit contribuer a relever encore le caractere de lord Byron dans I'estime detous ceux qui la liront. 10 . — * The Annual biography and Obituary for the year, iSaS. — Annuaire biograpliique et necrologique pour I'annee iSaS. p'^e yoj de la nouvelle serie. Londres, 1825 ; Longman. In-S" de 470 p. Le but de cet ouvrage est d'offrir la biographic des Anglais les plus celMires et des personnes appartenant a I'Angleferre par leurs relations , qui ont peri dans le cours de I'annee ecoulee. II contieat T. XXVI. — ^(77/1825. y i3o LIVUKS ETllANGERS. fie plus , im index des dcc^s , oi'i soiit lnser(5es de courtes notices snr des persoiinages moins celebres , mais distingues cependant par leurs qualites on leur position sociale. Les mat^riaux qui servont a la redaction de cet Annuaire sont de deux sortes : les publica- tions contemporaines les plus accreditees founiissent les premiers ; les seconds sont dus aux communications partlculi^res ; entre au- tres, a celles des amis et des parens des personnages deccdes. Le volume que nous anuoncons contient plusienrs notices interessantes. Nous citerons celles de Uelzoni et de Bowdich, morts tousles deux dans le cours de leurs voyages de decouvertes en Afrique , du major Cartwright , connu par ses efforts et ses vceux pour la reforme, du graveur Sharp , de lord Byron , et du celebre lord Erskine. (Voy. la notice sur ce celebre arateur, inseree dans la Rev. Enc, t. xxii, p. aS). II. — Memoirs of the lifeofJohn-P. Kemble , etc. — Memoires sur ia vie cle John-P. Kemble, Esq., contenant I'histoire du thedtre, depuis Garrick jusqu'a ce jour; par /. Bradew. Londres, iSaS. a vol. in-S", avec un portrait par sir T. Lawrence. Nous recommandous cet ouvrage a tous ceux qui veulent con- naitre I'histoire du theAtre anglais-- pendant les quarante dernieres annees. L'anteur, doue d'un jugeihent sain , et fort instruit, parait tres-propre a bien renipUr les conditions que Ton exige d'un critique dramatique. — Kemble etait le plus celebre acteur de son terns en Angleterre; et les grandes ameliorations qui furent introduites dans les representations theatrales furent dues en grande partie a ses soins, lorsqu'il etait directeur d'un des grands theatres de Londres. Telle est la liaison de I'histoire de sa vie a celle du theatre anglais, que I'onne pent entreprendre d'ecrire la premiere avec succ^s, sans y rattacher la seconde. — M. Bradeii etait un des plus intimes amis de Kemble, qu'il a connu pendant les trente dernieres annees de sa vie. II eut ainsi des occasions peu communes de se mettre an courant des affaires du thedtre. D'ailleurs , il connaissait a fond la littera- ture dramatiquede son pays, et frequentait assidiimeut les theatres. Avec de tels avantagcs , on ne peut douter que I'ouvrage de M. Bra- den ne soit tres - interessant. Ses remarques critiques sur le merite dequelquesacteurs contemporains annoncent un talent remarquable. Les nombreuses anecdotes repandues dans tout le cours de I'ouvrage le rendent fort agreable a lire. D'ailleurs , il est ecrit dans un style elegant et facile. 15. * The Spirit of the age. — L'Esprit dusifecle, on Portraits contemporains. Londres, i8?5. i vol. iu-8" de 4a4 pages. GRANDE-BRET AGNE. i3i Que cet ouvrage soil de M. Hazlitt, I'auteur des Conversations de table ( Table Talk ) , et de quelques autres Merits devenus populaires , c'est ce doiit ne doutera aucun de ceux qui le liront et qui seront deja familiers avec les formes de style de cet ecrivain. Comrae toutes ses autres productions, ce volume, ou Ton trouve cependant beau- coup d'idees fines et elevees et quelques passages tres-remarquables, estecrit inegalemeut , souvent avec negligence, et contient plusieurs erreurs. Les caiacteres traces par I'auteur sont au uombre de vingt- trois. Jeremie Bentham ; TFiltiam Godwin (auteur de Caleb William ) ; Coleridge, le poete ; le Rev. M. Irying ( voy. Hev. Enc.,l. xx,p. 124) > dome Tooke ; sir IVa/ter ScoU ; lord Byron; Thomas Campbell, le poete; Crabbe , le poete; sir James Mackintosh; IVerdsunk , le poete ; Malthas , auteur d'ouvrages sur Teconomie politique ; M. Gif- ferd , aucien editeur du Quarterly Review; M. Jefferj , ancien edi- teur de la Revue d'Edimbourg ; M. Brougham ; sir Francis Burden; le lord chancellier Eldnn ; JFilberforce ; Robert So u they , le poete lau- reat ; Thomas Moore, auteur des Amours des anges et des Melodic* iriandaises ; Leigh Hunt, poete, et ami de lord Byron ; Elia (M. Char- les Lamb , membre du parlement ) ; Geoffroy Crayon ( Washington Irving ). — La plupart sont des caricatures, oil Ton trouve quel- ques traits de resseTnblance avec les personnes representees, mais qui tout a la fois s'ecartent du caractere veritable des originaux, et presentent en elles-memes une foule d'inconsequences dans les de- tails. Plusieurs de ces portraits ont evidemment ^te saisis par sur- prise et a la derobee, dans les courts momens d'une rencontre accidentelle. Nous soupconnons meme que I'auteur n'a souveut d'autres autorites a I'appui de ses peintures , que des bruits de jour- naux et de salons. Quoique nous ayons trouve beaucoup a bl4mer , nous devons ajouter qu'il est peu d'ouvrages ou Ton puisse trouver plus de details interessans sur plusieurs des hommes les plus distin- gues de I'Angleterre : pour appuyer cette opinion , nous citerons les portraits de Cbleridge , Irving, Walter Scott, Byron, Godwin, Soutbey et Wilberforce. i3. — The Italian Novelists, etc. — Les Roqianciers italiens , cboisis parmi les auteurs les plus estimes , depuls les premieres epoques jusqu'a la fin du xvni^ siecle, et arranges dans un ordre historique et chronologique; traduits del'italien et accompagnes de notices cri- tiques et biographiques; par Thomas RoscoE. Londres, 1825. 4 vol. grand in-8° , avec des gravures. Je ne connais rien en litterature qui soil plus cap.ible d'inte- lU LH RKS fiTR ANGERS. resSer et d'aniuser que les lomnnciers italieus , fort peu rcpandus cr- pendant hors de leur pays. M. ^oscoe, auteur des Ties de Lau?fntde' Medlcis et de L6on X , deux des meilleurs ouvrages que possede la Htterature anglalse, vient de lui reiidre un nouveau service, par son excellent choix et ses belles traductions des meilleurs roniaiis italiens. Sa connaissance approfondie de la Htterature de I'ltalie , son gout bien reconnu , et son talent pour apprecier le inerite litte- raire, le rendaient plus que tout autre propre a I'execution d'une semblable entreprise. Les ronians dont se compose cette collection sont choisis parmi les ouvrages qui ont paru depuis la publication des Cento Novelle andche jusqu'au terns de Gierno. Les notes, quoi- qu'en general tres-courtes,prouvent que M. Roscoe s'est livr6 a des recherches savantes ; elles annoncent un grand fonds de connais- sances sur la vie des auteurs , et sur la Htterature italienne en general. On doit regretter que les gravures jointes a cet ouvrage ne respondent point aa merite du texte. H — d. x4. * The oriental Herald and Journal of general literature. — Le Herault oriental , et Journal general de Htterature : contenant des articles originaux sur differens sujets , et specialement sur le gou- vernemenj: et les affaires de I'lnde; dirige par James-S. BucKrN- GHAM ,-ex-'(?'diteur du journal de Calcutta, auteur de Voyages dans la PatelitliiS et dans les contrees situees .i Test du Jourdain, mem- bra des Societes litti-raires de Bombay et de Madras , et de la So- cietd Asiatique du Bengalc-.N" XV, vol. IV. Londres, mars 1825. J.-M. Richardson , 23 Cornhill. Prix 3 sh. , 6 d. — II en parait un cahier tons les mois. La simple indication des malieres traitees dans ce journal parait devoir interesser nos lecteurs, en ce quelle appelle leur attention surl'etat actuel de contrees eloignees el peu connues, et sur quel- ques -unes des questions qui se rapportent , soit a leur emancipa- tion , soit a la religion des habitans , soit a la reforme d'une admi- nistration souvent oppressive. ( Voy. sur le ffsteme colonial suivi par lei Anglais dans I'lnde, Rer. Enc. , t. xxiv.jDecembre, 189.4, pages635- 656. ) Voici les titres des articles contenus dans le cahier que nous avons sons les yeux : 1° L'aurore de I'esperance est pour rinde dans I'esprit de speculation du siecle ; i" Amour et ami- tie ; 3" Traces de christianisme parmi les Yezeedees, people de Meso- potamie , qui adore un seul Dieu , mais rend un culte an diable , sur J'autorite de I'Kvnngile ; 4" La justice , la polilique et la prudence exigent la liberation immc'-diule de lous les esclaves dans les ludes GRANDE-BRET AGIN E. — SUEDE. I'i^ occidcntales ; 5" Dc la constitution adoptee et promulguee par le ^ouvenienieut du Mexique ; 6" De I'education desjeunes gens desr tines aux eraplois civils dans Tlnde; 7" Sur le preteudu ballotiige a la. maison des Indes orieutales [East-lndia-Uoiise ) ; 8° Sur le greffe de la Cour supreme de Tlnde : inconveaiens de la pratique actuelle , et remfedes proposes ; y° Somniaire des deruieres uouvelles recues des Indes et des autres contrees de I'Orient ; 10° Les eveneniens de I'Europe daus leurs rapports avec I'Orient ; 11° Bateaux a vapeur pour rinde , et prospectus des entrepreneurs ; 12° Debats a la mai- sou des Indes orientales; i3° Sur les papiers d'Hyder Abad , en tant qu'ils out rapport a la conduite du marquis de Hastings, ex-gouver- neur general de I'lnde; i4° Nouvelles civiles et militaires; i5° Nou- velles commerciales de I'lnde; 16° Naissances , mariages , deces , etc., etc. SUEDE. 1 5. — Redovisning och Bercitteher 'vid allindiina Ars - Saniman- iiomsteii i Sdlls/tapet fur Vexel -Undervisnijigens lieframjande , etc. — Compte rendu et Rapports faits a la Societe pour la propagation de i'enseigncitiertc miituel , dans sa seance generale annuelle du 19 mai 1824. Stockholm, 1824 ; iniprime cliez Fr.-B. Nestius. In-8° de aS p. Ce petit ouvrage, adresse a la Societe pour I'amelioration de I'enseignement elementaire etablie a Paris , par la Sociele pour ravancement de I'instruction mutuelle, qui existe a Stockholm, avec une lettre en date du 4 decembre dernier, contient : x° la liste des niembres du conseil de direction de la Societe, dont le president est S. Exc. IM. Je comte Jacques de la Gardie , lieutenant general , et le vice-president M. Charles de Rosenstein , archev(5que de Suede ; 2° la liste des membres ordinaires de la Societe, au nombre de quarante-un ; 3" le compte rendu des travaux qui ont occupe le conseil de direction; 4° le rapport annuel sur les progres de I'en- seignement mutucl en Sufede. Des sa fondatiou, la Societe a ete secondee par le zele des amis de I'educatiou; mais c'est surtout en iSaS et i8a4 que ses efforts ont oblenu un succes plus marcjue. Dans la derniere session de la Diete , plusieurs representans de la nation ont fait des motions en faveur de I'instruction mutuelle, et le roi , en accueillant avec bienveillauce une demande qui lui a ete adressee sur ce sujet par les etats du royaume, le 12 novembre 1823 , a ecrit une lettre circulairc a tons les consistoires du royaume pour Jpur recommander I'adoption et la propagation de la nouvellr i34 LivREs Strangers. methode, afin qu'elle soit appliquee, iion-seulenieDt dans les ^coles des villes, mais dans celles des villages oii les locallt^s le permet- tent. La direction est entree en correspondance avec les Societ^s de Londres, de Paris, de Bruxelles , de Copenhague; avec la Nor- v^ge , par I'intermediaire de M. le docteur Sorensen, ev^que de Christiania. Elle a fait imprimer un nombre de tableaux elemen- taires proportionne aux besoins des ecoles , et en a distribu^ une grande partie ; elle fait preparer un Manuel des insliliiteurs des ecoles suedoises d'enseignement mutuel. La provision considerable d'ardoisei et de crayons qu'elle avail fait venir d'Aiigleterre, I'annee derniere, etant epuisee, elle a fait une nouvelle demande de deux mille ar- doises et de dix mille crayons. Le nombre des ecoles nouvelles est de soixante, dont prfes de vingt ont pris naissance en iSaS, y compns une ecole pour trente jeunes filles , qui a ete fondee, le i4 juin iSaS, k Wisby, dans I'ile de Gottland, par une societe de dames bien- faisantes. Les jeuucs filles sont babillees, nourries' dans I'etablisse- ment , y recoivent une bonne instruction leligieuse , et appreiinent a lire, a ecrire , a compter , les elemens de I'bistoire sacree , et les divers ouvrages de leur sexe. — Le rapport est termine par un tableau synoptique de soixante ecoles mutuelles, reparties dans les douze arrondissemens episcopaux de la Suede, avec les dates de la fondatiou de ces ecoles et le nombre des eleves qui les ont fr^quen- tees, en i8aa et iSaB , et qui a toujours ete en augmentant. — On trouve dans la meme brocbure un extrait des recettes et des d6penses de la Societe, une liste de quatre-vingt-six membres qui la composaient le 19 raai 1824, et un discours de M. Fryxell , ar- chiviste , sur I'utilite de la nouvelle methode. M. A. J. DANEMARCK. l6. — jSmsviiiHga saga, etc — Cbroniques de Jomsviuk, d'apres un parchemin mauuscrit de la Biblioth^que royale de Stockholm. Copenhague , iSaS ; H.-F. Popp. Comparee a I'liistoire de la Germanic, I'histoire des peuples ce I'extr^mite septentrionale de I'Europe offre cet avantage qu'elle fut toujours ecrite dans un dialecte national : tandis que les annales des autres contrees eufopeennes , abandonnees aux soins des moines, recevaient de la langue latine une teinte uniforme, cette histoire ne vit point s'alterer ses traditions originales par I'insuffisance on I'infidelite des traductions etrangeres : aussi n'est-ce que dans les debris de cette litterature que Ton retrouve des notions intactes sur DA'NEMARCK. i35 les inceurs locales, I'etat primitif des races, les habitudes de I'etat sauvage et les premiers essais de culture des anciens peiiples de notre continent. — Muller, Danois de naissance, a le premier fail connaitre en AUemagne tout le prix des chroniques islandaises, en rCpondant victorieusement , dans sa Bibliotheque des Traditions ( Sa- gen Bibliothek), aux objections des savans, qui les regardaient comnm un melange obscur et diffus de recits mythologiques et de faits con- trouves, et a ceux qui se defiaieiit des intermediaires par lesquels elles avaient ete transmises. Grace a Muller, ou plutot grAce a la tendance actuelle des esprits , la publication des Chroniques de Jomsvink a produit une vive sensation dansi le Nord. Rien n'est en effet plus curieux que les faits qu'elles renfermenl ; rien de plus original , de plus vrai que les moeurs qu'elles decrivent. Le lieu de la scene est, comrae le litre I'aunonce, a Jomsvikingou Joms-vik , sur les cotes de la Pomeranle suedoise. Les habitans de ce rivag^ etaient encore attaches au culte d'unpaganisme grossier, et ils me- naient la vie des hommes du Nord ; c'est-a-dire qu'ils exercaient le metier de pirates. Peu a peu I'esprit superieur de quelques chefs r^unit ces peupl^des eparses sur les greves de la Baltique en un etat federatif dont I'organisatiou fait le sujet du viii^ chapitre. II y eut aussi entre les citoyens une confederation par laquelle ils s'engageaient a se defendre mutuellemeut en freres , et a niettre en commun les fruits de leurs rapines ; les commencemens de Rome ne sont pas plus nobles. La stricte observation des lois de cette espece de chevalerie les rendit redoutables dans tout le Nord , jus- qu'a ce qu'ils eurent succombe dans une expedition centre les Nor- vegiens. — Cette guerre et ses suites fuaestes fortnent reveuement principal de ces chroniques , et le combat qui eut lieu pres de Hio- riingavagr, dans lequel perirent ud grand nombre de Scaldes islan- dais, excite |)artlculierement la commiseration du chroniqueur, donl les recits, pleins de simplicite , portent le caractere d'^motion ct de miuutie qui n'appartient guere qu'aux contemporains. Les epi- sodes sont racontes avec un certain charme , et portent souvent leur interet en eux-memes. Tel est le trait du jeune Vagn , qui , ayant perdu les deux mains dans le combat naval de Palnatoki, se servait des moignons qui lui i-estaient pour jeter a la mer I'or donl le navire elait charge, afin de le soustraire aux vainqueurs. Mais la parlie la plus reniarquablede ces chroniques est letableau des supplices que les Norvegiens infligerent a leurs prisoiiniers, el du courage et de la Constance de ces malhenreux. II y a la des page* i36 LIVRES ETRANGERS. que ne d^savouerait pas Tite-Live. Je crois devoir clter une circonstance qui peint la superstition de ces tems et celle des homines qui les dccrivent. On doit reniarquer neanmoins que le chroniqueur rapporte cette circonstance comme une tradition nor- vegienne , a peu pr^s comme Heiodote rapporte les contes merveil- leux qu'il tieut des prdtres de I'Egypte. Le cliof iiorvegien , nomme Jarl Hakon , est iiiquiet de I'issue de la hataille; il prend tene dans une lie prochaine , se rend seal dans une fordt, s'agenouille, et prie, le visage tourne vers le nord. La divine vierge Thoigerd Hoegabrudr est irritee, et refuse de I'entendre. II lui promet des sacrifices, elie les rejette; il lui jiresente des victimes huniaines, et ne pent I'apai- ser. Enfiu il lui offre son Ills Erling, jlge de sept ans. II lui semble, par les conjurations auxquelles il a recours, qu'elle acccpte cette offrande, et sans hdsiter il le fait raettre a niort par un esclave, puis il retourne avec confiance an combat. Thorgerd et sa soeur descendant, comme les divinites d'Homere, au-dessus des vaisseaux norvegiens ; de cliacun de leurs doigts elles lancent des milliers de flfeches, etc. On sail que Snorro (i) et Torfacus (2) parleut I'un et I'autre de cette vierge divine et de sa sceur Irpa , dont le cultc, qui etait en honneur dans le Nord , rappclle ce que dit Tacite de la Vel- leda et de I'Aurinia des Germaiirs. Les Chroniques de Jomswink fornient la premiere livraison d'une collection que public une societe de savans danois; on axinonce, pour I'annee 1826, la publication de la Chronique d'Olaf Triggva- son ; chaque chronique sera accompagnee d'une traduction danoise et latine. Cette entreprisc ne pent manquer d'exciter un grand in- ter^t. Loeve-Veim\hs. 17. — L. Holbergs Coiniedicr. — Comedies du baron Louis Hol- BKRG , publiees par M. K.-L. Rahbek. T. 1'='^. Copenhague , 1822. In-S" de 408 pages. T. II, 1824 > 4o4 pages. II manquait a la litterature, ou plutot a la librairie danoise, une edition portative des comedies dc cet illuBtve fondateur du theatre national , dont les grands talens et les nombreux travaux ont donne, en Danemarck, a presque toutes les sciences une im- pulsion que la nation reconnaissante ne pent jamais oublier. M. Rahbek, qui, par une foule de travaux, a lui-meme si bien in6rite des amis des lettres, en Danemarck, paraissait , mieux que ^i) Edda. — (2) Hist, dc Norvege. DANEMARCR. i37 tout autre , appele par ses talens a remplir cette lacune. Apr^s avoir associ^ son nom a celui de Holberg par la publication des ouvrages clioisis de ce dernier, en 21 vol. in-S"; apr^s avoir donne une Notice raisonnee des osuvres de cet homme illustre, en trois volumes , et apres avoir consacre au ni<5me sujet beaucoup d'autres ecrits deta- ches, dont la nomenclature nous conduirait trop loin, il a enfin commence la publication de I'ouvrage dont le litre se trouve en tete de cet article. Les quatre cabiers, formant deux volumes, que nous annoncons aujourd'hui, ne contiennent que dix pieces de thedtre ; et comme Holberg en a ecrit plus de trente, on voit que cette collection formera au moiiis six volumes. Nous n'avons que des eloges a donner a I'editeur ; mais qu'il nous soit permis d'adresser a I'imprimeur un reproche qu'il pourra partager avec ses confreres d'AUemagne, d'Augleterre , et meme de France. Depuis quelque tems il s'est glisse dans I'imprimerie de plusieurs pays une espece de caracteres fails pour decorer les frontispices des iivres , et destines, a ce qu'il parail, a former un nnneau de la cbaine qui lierait les caracteres romains avec les caracteres gotbiques. Tant que ces caracteres n'ont servi qu'aux carles de visile, on y a fait pen attention. Plus tard, on les a employes pour les affiches de nouvelles publications, afln , sans doule , d'eveiller par ce moyen la curiosite des .icbeteurs; aujour- d'hui, ces caracteres semblent vouloir envabir le fronlispice des Iivres; mais ils sout tellement surcharges de prelendus embeljis- semens, qu'ils sont presque illisibles. Nous ne voulons, pour preuve de noire assertion que le frontispice de I'ouvrage que nous an- noncons : il est certain que Thomme qui ne connait pas le nom de Holberg serait tres-excusable s'il soutenait que le celebre auteur des meilleures comedies que possede le Danemarck s'appelle il/o/- berg (1). Heiberg. (i) Cette observation de M. Heibcrf; est fort juste, et cleja elle a pu frapjier tons les bous esprits. La premiere conditiou exigee d'un typograplie est de se faire lire; la nettete des caracteres doit etre rccherchee par lui , avec autant de soin que la clarte du style doit I'etre par tout ecrivain. Mais, tout se lie dans un syjterae general : a7ec les idees golliiques, avec les eui- pi'uuts inconsideres faits a la litterature de nos voisius, on nous raineue aussi les caracteres gotliiques qui sont eu usage cliez eux ; et malheureusc- ment, nos tneilleurs typngraphes francais , ceux ineraes auxquels nous devons tant de cliefs-d'oeuvrc, nous sembleut ne pas se tenir asser. en garde contrt 1 38 LITRES Strangers. RUSSIE. 1 8. — L'Inondation, poeme, dedie 4 S. E. M. le lieutenant general de lienkendorff, aide-de-camp general de S. M. I'empereur de loutes les Russies ; par y/«§-HifcDESAiNT-THOMivs.Saint-Petersbourg, lo iiovembre 1824 ; Saint - Florent et Hauer, libraires de la Cour. B^och. in-8° de 8 pages d'impression. Deja nous avons annonce avec eloges , dans notre caliier du mois de Janvier dernier ( t. xxv, p. aiio-212 ) , un dilhjrambe de M. Chopin siir I'inondation de Saint-Petersbourg, public a Paris au proflt des [lauvres orplielins dont los parens ont ete victimes de ce desastre (i). Ua evenement dont Timpression a ete si profonde a une distance si eloignee de la scene ou il s'est passe, devait avoir 6mu plus vive- iiient encore ceux qui en ont ete les temoins, el la muse de M. Saint- Thomas a pu puiser.^ leur source m^me les inspirations les plus beu- reuses. — M. A. de Saint-Thomas est I'auteur d'une traduction des neuf premiers volumes de VOistoire de Russie, par M. Karamsin, dont nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs. La fidelite de cette traduction, faite sons les yeux de I'auteur russe, la sagesse et en meme terns I'elegance du style, feraientregretter sans doute qu'il ne piit achever cette utile et belle entreprise; et si, comme on nous I'assure, elle doit passer en d'autres mains, nous craignons que les nouveaux traducteurs n'aient pris une responsabilite bien grande auprfes desnombreux souscripteurs qu'elle interesse. E. H. ALLEMAGNE. ig. — Urknnden und Abhandhingen zur Geschichte des Niederrheins mid der Niedennaas , etc. — Titres , Charles et Dissertations pour servir k Vhistoire des provinces du Rhin inferieur el de la Mcnse; jiar Giiil/aiime Ritz , conseiller de la regence prussienne d'Aix-la- Chapelle. Les documens fournis par I'auteur ne concernent que les pays anciennemeul occupes par les Ubieas et les Tongres, puis par les Ripuaires, pays dont les limites sonl reslees a peu pres les memes res dangereuses innovations, qui menacont d'envahir I'art typograpliiquc 411 France, et de lui en)ever ce caractere de beaiite, de uettete ct de simplicitc quL avail etabli sa reputation et sa superiorite. (s. d. b.) (l) Paris, i8»5; DoudeyDupri'. Iu-8" d'une demifeuille d'impression. ALLEMAGNE. iSq jusqu'auxvif si^cle, el dont la langue, les mceurs et le caractfere des habitans ont conserve une physionomie particulifere. Les pieces relatives k I'histoire de ces contrees sont divisees par I'auteur en cinq classes, selon qu'elles appartiennent a Cologne, a Juliers, au pays de Gueldres, a Liege ou au Brabant. Dans la preface, on donne des notices sur les ouvrages relatifs a riustoire de la province , et Ton fait remarquer que , la conitne ailleurs , on s'est beaucoup plus occupe de la biographie des princes et des intrigues de cabinet, que de la marche generale de I'esprit humaiii et des institutions des peoples. II ne pent entrer dans iios vnes de presenter a nos lecteurs le detail de toutes les charles imprimees dans cerecueil; il nous suffit de dire qu'elles sont la plupart importantes pour I'bistoire desabliayes, des villes et des villages. Martens et Durand avaient fait imprimer une collection de titres, dans laquelle il y en avait beaucoup de I'ab- baye de Malmedi ; M. Ritz en donne 70 de plus , qui sont egalement tires d'un manuscrit du xiiie siecle , et s'etendent de 748 a i i5o. On remarque encore ce qui concerne les investitures de Crevelt , qui etait un fief de Gueldres , et non de Cleves. Enfin , cette collection pent servir aussi de monument pour les langues ; il s'y trouve du plat allemand , du vieux fraiicais, du wallon , et du latin du moyen age. 20. — De inscriptione phocnicio-grceca in Cyrenaica nu[:er reperta ad Caipocralionanim kecresin perdnenle coinmentalio pldlologico historica ; uitctore Giiill. Gesenio. Hall, iSaS. Iii-4"- M. Gesenius fait remarquer que I'antiquite nous a laisscpeu u'ins- criptions relatives au christianisme : encore sont-elles, la plupart, d'un interet bien restreint; car le plus souvent ce sont, ou des epi- taphes, ou des mentions de la fondation d'un edifice. Celle dont il s'occupe, au contraire , lui parait propre a ^claircir un point de I'histoire de I'Eglise , et se rapporter a la secte des Carpocratiens , secte a laquelle les Peres reprochent tant d'horreurs que, malgre leur temoignage unanime , on a recemment entrepris de nier I'exis- tence de chretieas aussi coupables. lis affectaient de ramener les societes a leur etat primitif, et regardaient comme I'un de leurs preceptes les plus essentiels I'usage en commun de toutes les femmes; attetidu, disaient-ils, que les desirs nous sont inspires parDieu, et que c'est lui desobeir que de ne point leur ceder. I/auteur de cette heresie tut C;irpocrated'Alexandrie; prrjpagee par son filsEpiphane, elle se repandit bientot dans tout FOccideni , et surtout a Rome , oii Marcelline la fit accueillir. Cette Marcelline , celebre par sa perver- site,est I'objet de toute I'indignation de saint Irenee. Les Carpocratiens Mo LIVRES liTR ANGERS. rcgardaient Jesus conirae fils de Joseph et de Marie selon les lois de la nature; ils iie I'elevaient pas au-dessus de Zoroastre et de Pytha- gore, dont ils adoraient les statues, ainsi que celles de Platon et d'Aristote, en brulant de I'encens devant elles. Le Nouveau-Tes- tament etait parfois invoque par les Carpocratiens ; mais eux seals pretendaient en posseder la veritable interpretation. Enfin , ils recon- naissaient une espece de pantlieisme, seloii lequel la divinite pene- trait tout et se repandait dans tout. II serait trop long d'exposer toutes les croyances de cette secte ; il vaut niieux examiner pour- quoi M. Gesenius lui donne I'inscription de Cyrene ; le voici : elle .sigiiiCe dans sa partie grecque : La cominunaute de tons les biens et de loutes les femmes est la source de la justice divine el la paix des hommes d'elite, distingucs d'une foule aveugle , et aiixquels Zoroastre et Pjtha- gore ont appris a vivre en commiin. L'iiiscription est dalee de I'olym- j^iade 86e annce. M. Gesenius la comnieiite et la rapproche d'une autre; puis il traite de la partie jjlienicienne de I'ocriture : il eta- blit, avec uiie grande puissance d'crudition , que c'est uii iniposteur qui I'a fabriquee et dutee, et que cet imposteur a voulu par-la don- ner a sa secte I'autorite des grands noms qu'ii y a places et du siecle auquel ils appartiennent. Uu Jac simile inontre I'inscription telle qu'elle est. On y voit aussi un cliar aile attele de serpens. 21. — Harpocrationis Lexicon cum annolationibus irterpretinn , etc. — Lexique d'Harpocration , avec les remarques des interpretes. Ereslau , 1824. a vol. in-8°. Ce n est point ici une simjjle reimpression des deux editions de Hollande ; on y a joint une collation du raanuscrit existant a Ijreslau , qui est precedee des prefaces de Gronove et de Maussac. Cette collation a ete faite, en i8i5 , par M. J.-G. Schneider : il eut (>te bon d'y reunir les variantes du manuscrit de Darmstadt, qui occupent les pages 235-270 des j4cia philologica Monacensia'( de Mu- I'.ich ) au tome iii. L'editeur renvoie encore aux variantes- de ueux manuscrits de Cambridge , dout il est fait mention dans les supple- mens Aristophanica de Porson , celebre philologue anglais. Enfin, il espere que M. le profeseur Bekker publiera celles de VEpitome Palatina, dont il est question dans ses notes sur Demosthfene. Le texte porte en marge la pagination des editions de Gronove et de Maussac. II est suivi de I'iijdex selon Gronove. Par une disposition peu commode pour le lecteur, les notes de Gronove, qui, dans I'edition dc Hollaiule , sont au-dessous du texte, suivent ici I'index. Elles sont elles-mc-mes siiivies d'un index des choses et des mots ALLEMAGNE. i-li evpliqucs. On lit , apres ce second index, une dissertation de Henri Etienne sur Isocrate. Voila ce que renferme le premier volume. Quant au second , on v trouve une dissertation et des notes cri- •tiques de Maussac ; puis , des notes de Henri de Valois sur Harpo- cration et sur les notes de Maussac, des additions, etc. Les editeurs y ont joint des tables qui facilitent beaucoup les recherches. L'im- pression de I'ouvrage est tellement soignee, que Ton n'a pas eu be- soin de recourir a un errata , et que Ton s'est contente de quelques cartons. C'est un grand service rendu a la philologie que la publi- cation de cet auteur, qu'il etait presque impossible de se procurer, rant les editions etaient devenues rares et cheres. On ne sait pas bien si le grammairien Harpocration vivait au ii' ou au iv* siecle. Les opinions sont partagees a cet egard ; les uns voulant qu'il ait vecu avant Tan ifig de J-.C. ; les autres le faisant contemporain de Libanius , I'orateur, ce qui reviendrait au milieu du iv' sifecle, et par consequent au terns de I'empereur Julien. 22. — Corpus scriptorum eroticorum grcecoriim , etc. — Collec- tion d'auteurs erotiques grecs , publiee par P. Passow. T. I. Par- iheiiiris. Leipzig, i8'24. In-8°. Qui ne connait le charme des auteurs erotiques grecs ? Leur lecture a quelque chose de delicicux par la naivete des expressions et par la simplicite des seiitimeiis. Comment done se fait-il que Longus ait seul les honneurs de nombreuses editions? Nous sommes loin de contester sa preeminence; mais il faut lire et relire Daphnis et Chloe, sans oublier pour cela les autres livres que nous a laisses la Gr^ce. Parthenius vivait au tems d'Auguste ; il fut le maitre de Yirgile , auquel il enseigna le grec; nous avons de lui des Ama- toria: narrationes qui forment le commencement de cette collec- tion. EUes furent publieespour la premiere fois par Koerner ( Cor- iiarius ) a Bale, en iSai, sur un manuscrit du x** sieole que Ton conserve aujourd'hui a Heidelberg, et dont M. Bast a fait connaitre les meilleures iecons,dans sa lettre critique adressee au savant fran- cais , M. Boissonnade. Ce sont ces travaux anterieurs qui ont guide M. Passovr, qui, de plus, s'est servi de I'edition de Legrand et des notes qu'y avait ajoutees le celi;bre Schneider. Aux ouvragesde Par- thenius se trouvent joints les extraits fails par Photius desromans d'Antonius Diogeue et de Jamblichus , de Syrie , plus ancien de quelques siecles que le neo-platonicien du meme nom. Dans ces extraits , on a suivi la Douvelle reimpression de Photius par l\\. Bekkei'. — Le piix de cette collection d'auteurs erotiques est 14a LIVRES ETRANGERS. fort niod6r6 ; le texte est correct , et elle ne peut manquer d'etre accueillie avec heaucoup de faveur. Nous annoncerons les autres volumes A tnesure qu'ils paraitront. Ph. Golbery. a3. — Hhbels allemannische Gedichte , etc. — Poesies alleniauiques de Hebel , traduites de ridiome allemanique en haul allemand , par Adrian. Stuttgart etTubingue,i8a4; Cotta. In-8° viii et ayi p. L'idlome allemanique est celui qui , divise en un grand nombre de dialectes particuliers, est en usage dans la Souabe et dans la Suisse alleniande. Si la prononciation des peuples qui le parlent , comparee avec celle des AUennands du nord , senible heaucoup plus rude, on anrait tort d'eu conclure que I'idiome lui-meme est inculte et grossier. La langue du niidi de rAllemagne et de la plus grande partie de la Suisse a des proprietes que lui envie la langue plus lit- teraire de rAllemagne septentrionale. Sans parler de I'interdt histo- riqne qu'offreiit ses nombreux rapports avec le vieux saxon et avec la langue poetique des Nibehingen et de tonte la poesie germanique du moyen Age, Tidiome allemanique reunit au plus haut degre I'e- nergie, la grace et la naivete; c'est la langue d'un peuple done de beaucoup d'imaginatlon et de vivacite d'esprit, dont les moeurs sont simples, le caractere vigoureux, les goijts ceux depatres lieureuxet libres. A moins de connaitre a fond cette langue et les habitudes de ceux qui la parlent, il est impossible de se faire une juste idee de tout son charnie et du caractere particulier de sa naivete. II u'est pas moins difficile de le faire comprendre que de traduire la grace d'Horaere ou d'Anacreou. Plusieurs poetes quf ont chante dans cet idiome ont acquis une celebrite que le tems ne pourra point obs- curcir. Ruttlinger , dont nous avons parle ( voy. Rev. Enc. , vol. xxi , p. i65 ) , n'est pas encore assez connu : raais trois autres poetes surtout sont devenus populaires, et depuis long-tems les eclios des Alpes repetent leurs vers et leurs chansons; ce sont trois ecclesias- tioues. M. Ki!UN a public, dans le dialects bernois, un volume de Chansons populaires (Volkslieder ) ; M. H;effliguer , doyen et pas- teur a Hochdorf, village du canton de Lucerne, est auteur d'un re- cueil de Chansons populaires suisses (Schweizeriscbe Volkslieder) dans le dialecte lucernois; le troisieme , leplus celibre de tous, et, a mon avis, I'un des plus grands poetes de notre tems, est M. IIebei. , con- seiller au consistoire et professeur a Carlsruhe , aujourd'hui membre des etats de liade. Ses Poesies alhmaiiiques (Allemanische Gedichte) ont eu un grand nonibre d'editions , et sont repandues parlout on Ton peut les comprendre. Ce nesont pas des chansons ; mais , pour ALLEMAGNE. i43 la plupart , elles appartieniient n^anraoins au genre lyrique ; quel- ques morceaux seulement sont desrecits. Dans les uneset les autres regnent I'indignatiou poetique la plus prononcee et un sentiment profond des rapports intimes entre la nature exterieure et le coeur de rhomme. L'auteur se plait au milieu des bergers et des labou- reurs; simple comme eux , il semble voir la nature parleurs yeux ; leurs travaux, leurs habitudes , leurs affections, le cours des sai- sons , les divers aspects de la nature, voila ce qu'il cbante d'un accent tour a tour enjoue , tendre, serieux , mclancolique. Bien dif- ferent de ces demi-poetes qui prennent leiir tristesse monotone pour du genie , et dont la lyre n'a qu'un ton , la palette qu'une conleur , M. Hebel est toujours vrai , parce qu'il a tons les tons de la nature et I'abondance de ses couleurs nuancees ; aussi sa melancolie et sa joie, ses descriptions et ses reveries nous reniuent-elles jusqu'aufond de I'ame ; c'est Homere chretien et assis dans un chalet. — L'idiome allemanique differe tellement du haut allemand, que les habitans du centre et du nord de I'AlIemagne ne peuvent le comprendre, sans en avoir fait une etude speciale. De la le desir manifesto depuis long-tems, que les poesies renommees de Hebel leur fussent rendues plus acccessibles par une bonne traduction. Un essai de ce genre a ete tente, sans beaucoup de succfes d'abord, par un auteur anonyme; ]>uis,par M. Girardet, pasteur a Dresde. Un troisi^me traducteur se presente , M. Adrian , docteur en philosophie et professeur de litterature a I'universite de Giessen. Quelqueestime que j'eusse de- puis long-tems pour le talent flexible de ce litterateur distingue , avec quelque bonheur qu'il eut traduit en vers allemands des poe- .lies italiennes, espagnoles, franchises, danoises, et quelques poemes de Byron, je crus sa derniere entrcprise trop temeraire et d'une exe- cution a peu pres impossible. Mais le succes de cette tentative a surpasse mon attente. Malgre ma predilection peul-^tre passionnee pour Hebel et son idiome, j'avoue que son traducteur a reproduit sans effort I'image de sa poesie avec autaut de fidelite que le per- mettait la difference des deux langues. C. Mounaud. Indication des piincipaux Ouvrages periodiques publies en Allema^ne. — Second article. ( Voy. /?ec. Enc, , t. xxv , pages 744-746.) Physique ct Chimie. a/|. — ^iiiwlei! tier Vinsik unci Clteinie. — Recueil publie a Bfillu J/»4 LIVRES ETRANGERS. par J.-C. PoGGENDORPF. Leipzig. En clep6t chez Barth. II eu pa- rait un cahier in-S" par mois. Les Annales dc physique et de chiinie sont I'un des meilleurs jour- naux scieiitifiques qui paraissent en Allemagne. Elies ont ete , pen- dant trente annees, sous la direction de M. Gilbf.ht, et on les counaissait alors sous le noni A' Annates phjsico-chimiques ( Annalen der phjsihalischen Cliemie. ) M. Poggendorff , qui a succede a M. Gilbert enleve a la science au commencement de I'annee 1824 > leur a donne le titre plus precis d' Annales de physique etde chimie, parce que , dit-il, la physique et la chimie ne peuvent actuellement marcher separees I'une de I'autre. M. Poggendorff est un jeune savant qui passe pour avoir beaucoup de merite. li est seconde par les professeurs les plus instruits de la Prusse et de la Suede. Plusieurs de ses collaboraleurs ont ete formes a I'ecole de Berzelius. Les Annales de M. Poggendorff sont, en Allemagne, ahsolument ce que sont , en France, les Annales publiees par MM. Gay-Lussac et Arago ; elles sont etablies sur le meme plan , dirigees vers le m^me but , et obtiennent un egal succ^s. Dans I'un et dans I'autre ouvrage , la meteorologie se raltache a la physique, et la mineralogie , en tant qu'elle s'occupe de determiner la composition des especes mi- nerales , prend place a la suite de la chimie pure. Des savans dis- tingues les enrichissent de leurs travaux ; et si les Annales de Berlin ont emprnnte a celles de Paris les details des belles experiences de MM. Becqiierel et Ampere sur I'clectricite , les Annales parisiennes ont extrait de celles de Berlin les interessans Memoires de Berzelius sur les combiuaisons de I'acide fluorique avec les divcrses bases , et celui d'Orfvedson sur la decomposition des sulfates par I'hydro- gene. — La nouvelle ere qui date , pour ce journal , du moment ou M. Poggendorff en a pris la direction , parait done ne devoir pas ^tre moins brillante qne celle qui a fini avec M. Gilbert. aS. — Neiies Journal fur Chemie und Phjsih. — Nouveaa Journal de Chimie etde Physique; par le D"' J.-S.-C. Schweiggeb. Halle; Hemmerde. 12 caliiers in -8° par an. Ce Journal a pendant long-temsjoui d'une grande vogue en Alle- magne. II est redige a peu pres sur le meme plan que les Annales de Poggendorff. Pent -etre pourrait-on dire qu'il s'occupe davantage de chimie organique. On a regrette dans M. Meinecke, aveclequel M. Schweigger partageait la direction du Journal, et qui est mort il V a pres d'une annee , uu erudit laborieux qui s'acquittait aver talent de la tAche qu'il s'etait plus specialement imposee de tenir ses ALLEMAGNE. i/l5 compatriotes au courant des travaux des savans etrangers. — M. Schweigger, raaintenant seul redacteur principal , insfere sou- vent des articles interessans de physique, et se fait remarquer par la profondeur de ses vues theoriques. C'est lui qui , avec M. Pog- gendorff, a, le premier , fait connaitre le petit instrument au moyen duquel on peut decouvrir les moindres traces d'electricite ; que Ton nomme multiplicaleur de Schweigger. Nous citerons , parmi ses coUaborateurs, M. Dohereiner, professeur a Jena ; M. Bischoff, professeur a Bonn ; M. Frommher, professeur a Fribourg en Bris- gau; M. Rovitz , D.-M. professeur a Copenhague , etc. M. Doherei- ner est im des chimistes les plus distingues de I'Allemagne ; 11 est connu par ses travaux sur I'analyse organique , ses procedes Inge- nieux et sa belle decouverte du pouvoir d'igiiition des Ills a de medecine de Hambourg ; par le docteur G.-H. Gbrson et le docteur Nicol.-H. Julius. Hambourg; Perthes et Besser. II en parait, tons les deux mois , un cahier d'environ 200 pag. in-8°. On trouve dans ce recueil un expose succinct des fails de mede- ALLEMAGNE. lAg cine, de chirurgle, etc. , que publient les praticlens etiaiigers. Cha- que cahier est termine par une revue tr^s-rapide de quelques ou- vrages periodiques et des livres nouveaux qui ont paru dans les aulres pqys. Nous avons sous les yeux les derniers numeros de 1824 qui nous prouvent que les auteurs sent trfes au courant de ce qui se passe chez nous , et devancent m^me , sous ce rapport , certains journanx de la capitale. 36. — AUgemeine medizinische Annalen des neiinzehnten Jahrhunderts, etc. — Annates generales de la medecine du xix' sifecle, ou Annates critiques de la medecine, consideree comme science et comme art.; publiees par le docteur J.-Fr. Pierer et £. Choulant. Leipzig; Brockhaus. Ce journal parait , tous les mois , par cahiers d'environ 65 pages in-4°. Les matieres y sent disposees dans I'ordre suivant : 1° Me- moires originaux ; a" Analyses critiques desouvrages sur les sciences medicales, publics en AUemagne et dans les pays etrangers ; 3° Revue des journanx d.e medecine; 4° Expose succinct des theses soutenues dans les principales universites alleinandes ; 5° courtes Notices sur ce qui se passe d'interessant dans le monde medical; 6° Annonces bibliographiques. — Les analyses nous ont paru faites avec soin, et la critique tres-reservee des collaborateurspourrait servir d'exemple a plus d'un recueil de ce genre. 37. — Arcldv fur die liomoopatische Heilktmst. — Archives pour la medecine homopathologique , publiees par les professeurs de I'Aca- demie chirurgico-medicale de Dresde ; docteurs, Cakus, Ficinus , Franke, Kreysig, Ohle, Raschig, Reichenbach , Seiler. Dresde; Arnold. La nouvelle doctrine medicale exposee dans ce recueil compte encore un grand nombre d'adversaires parml les medecins alle- mands. 38. — Neiie J ahrbiicher. — Nouvelles Annales de la medecine et de la chirurgie alleraandes ; par le docteur C.-Fr. H arless. Elberfeld; Schonian, Grand in-8°. Ce journal et celui qui suit jouissent en AUemagne d'une grande reputation. 39. — Journal ftlr Geburtshiilfe , etc. — Journal pour les accouche- mens , les maladies des femmes et des enfans; public par le cheva- lier docteur ji.-E. < Je dois me borner , en suivant I'ordre des chapitres, aiix questions ge- iietales qui ont ete debattues dans la commission. » M. Dumont resume en effet , avec beaucoup de clartc , les debats qu'ont fait nailre les discussions sur I'usage de la prison penitentiaire, la crea- tion de visiteurs lionoraires, et I'adoption de quelques regies de police. Dans la section du travail que Ton doit imposer aux detenus, il expose tout ce qui a ete dit pour ou centre le Moulin de discipline des Anglais , et les motifs qui I'ont fait rejeter. On a mieux aime s'en tenir aux metiers deja en usage dans les prisons de Geneve. lis epargnent au prisonnier I'ennui d'une occupation monotone et inu- tile ; ils fixent son attention, le reinvent dans sa propre estime , le ramenent a de meilleurs sentimens, et luioffrent le moyen de gagner quelque argent , dont une moitie est destinee a indemniser I'etat d'une partie de ses frais, et I'autre raoitie appartient au prisonnier. D'autres dispositions sont egalemeut enipreintes du meme esprit de douceur et de philanthropic que nous venous de faire rcmarquer. On interdit soigneusement aux employes tout profit sur les founiLi 1 54 LIVRES ETJRA.NGERS. tuj-es; oil lie veul pas qu'on puisse dire des prisons de Geneve comme de celles de France : lei , tin ecu de cinq francs ne -vaiit que cinquante sous. « Le code penal d'uue prison, dit ailleurs le rapporteur ( p. aa) ne doit (5tre ni complique , ni sevfere. » Quel espoir ne concoivent pas las homnies de bien , d'une amelioration reelle dans la basse classe de la societe , quand ils voient les legislaleurs s'occuper ainsi du bien-^tre de ceux dont, jusqu'ici, I'infainie avait ete le seul partage. La peroraison de M. Dumont ne fait plus regarder le tra- vail comme une partie de la peine ; il eu est un adoucissement ; il en montre le terme , puisqu'il fait contracter aux condamnes les bonnes habitudes d'une vie laborieuse et reguliere qui doivent lui procurer I'avantage dc rcntrer au sein de la societe ; enfin, il dispose I'esprit et le coeur a recevoir I'instruction morale et religieuse que les legislateurs veulent donner aux prisonniers. — « La contrainte, ditM. Dumont en finissant, n'obtient presque rien : I'essentiel est d'agir sur la volonte. » C'est ici le cas d'emprunter a I'auteur des paroles qu'il applique a rimmortel Howard , et de dire : Gloire soit rendue aux legislateurs lieriliers des sentimens d'Howard, quipro- clament enfin des verites trop long-tems meconnues , etqui doivent adoucir les peines d'une classe deja trop malheureuse ! » B. J. 53. — Diisystememonetciire acCtiel du canton de Genei'c; par J.-L. Odier, du conseil representatif. Geneve, iSaS; Pasclioud. Brochure in-12 de 3(i pages. On a reprochc aux Genevois d'ainier un peu trop a speculer snr le change des especes d'or et d'argent ; de mauvais plaisans ont m^me ete jusqu'a pretendre qu'un etrangcr qui enlrerait par une porle de la ville, et qui sortirait par la porte opposee , apres avoir successivenient change I'argent de sa bourse centre les diverses monnaies qui ont cours dans cette republique , ne trouverait plus rien dans sa bourse en s'eloignant. M. Odier apercoit quelque fon- dement a cette accusation exageree, dans le tarif qui fixe lu taux des diverses mounaies ayant cours. Iln'estpas possible d'etablir le pair de tant de monnaies disparates. II y a un agio , ou difference , a perdre ou a gagner sur le change ; et comme cette difference est beaucoup mieux connue des, gens du pays que des etrangers , ceux-ci ont toujours un sacrifice a faire , soit qu'ils aient a payer ou bien a recevoir. M. Odier , pour ccarter cet abus , voudrait que son pays eut un atelier monetaire , et que la monnaie nationale eiit seule un cours legal ; de maniere que toutes les pieces etrangeres ne fussent que des liugots qui seiaient re^us au poids. Son conseil SUISSE. 1 55 nous parait fort raisonnable et ne saurait manquer d'etre suivi tot ou tnrd ; seulement , nous aurions voulu qu'en se rapprochant des vrais principes monetaires, il y fut eiitre tout-a-fait, ct qu'a son tour il eiit ccoute les avis de nos meilleurs economistes. L'auteur voiidrait que la monnaie nalionaje de Geneve fut la livre qu'on ap- pelle courante , ct qui renfernie i37 grains d'argent pur. Mais , pourquoi lui donner un autre nom que celui qui appartient a iSy grains d'argent? La monnaie ne doit etre que de V argent etiquele , comme I'ont fort bien prouye Ricardo et J.-B. Say. Si la livre est aujourd'hui de iSy grains , elle pourra deniain n'etre que de i3o , et varier avec la legislation ; tandis qu'un poids d'argent determine denieure le meme , et n'est plus sujet qu'aux variations de valeur quesubit le metal lui-nieme. Un pas de plus, serait de conformer le poids de la mounaje, non a uue quantite arbitraire comme les onces ou les grains; mais a une quantite dont le type invariable se trouvat dans la nature, comme on a fait en France pour le systeme metrique. Du reste, on pourrait nieltre sur les raonnaies genevoises les insignes de la lepublique. Quand on veut operer une reforme, il ne faut pas consacrer des erreurs. L*. 54. — Lccndliche Gedichle , etc. — Poesies pastorales de J.-J. Rut- HKGER, de Wildliaus, dans le Haut-Tockenbourg, canton de Zu- rich. Ebnat, 1824; Abr. Keller. In-8°, vi et 160 pages. Le succes du premier volume de ces poesies, dont nous avons rendu compte (nioy. t. xxi, p. i65), a determine I'editeur a en publier un second , qui sera sans doute accueilli du public avec la meme faveur. Ce volume , comme le precedent , se conipo.se presque entie- rement de poesies lyriques. Les scenes de la nature et de la vie simple des habitans du Tockenboiirg , les affections du cceur, I'amour, I'aiBitie, la patrie, la poesie ellememe, qui coniprend tout le reste , voila les sujets favoris du jeune pnete. Comme il ne dolt son talent qu'a la nature , son inspiiation est aussi feconde qu'elle est vraie. II peint souvent des tableaux du meme genre , et cependant il ne se repete jamais. I'idele a la nature, il la suit dans toutes ses metamorphoses, en saisit tons les aspects, en reproduit toutes les couleurs. Si , dans ses poesies ecrites dans le dialecte saxon , la versification laisse parfois quelque chose a desirer , du mollis elles sont toujours dictees par un sentiment poetique naif et vrai. Mais, dans ce volume comme dans le precedent, les petits poemes en dlalecte tockenbourgeois I'emportent de beaucoup sur i56 LivRES Strangers. les autrts. Li, le poete a des allures plus franches , et son genie paile la seule langue cieee pour lui , celle qui s'est associee aux premieres Amotions , aux premiers besoins de son coeur. — Les cir- constances de fortune de I'auteur I'ont engage a s'expatrier , Tannic derniere; il est passe aux Etats-Unis d'Amerique , laissant a son libraire le recueil complet de ses poesies. I) reste de quoi former un troisieme volume, que I'editeur publiera si le second obtient assez de succes. Esperons que I'absence, celte muse toute -puissante , inspirera de nouveaux chants au jeune poete, qui aime sa patrie avec la passion d'une ame genereuse. 55. — Gedichte der Blinden , etc. — Poesies de LouiseY.Gl.ovv, \eune aveugle, publiees au profit des pauvres des bains de Bade. Bade, en Argovie, iSaS; Jacob Diebold. i vol. in-8° de xii et i65 p. L'autenr de ces poesies est une jeune personne d'une vingtaine d'anuees, lille d'un aubergiste de Bade, en Suisse. Peu de semaines apres sa naissance , elle fut rendue aveugle par un traitement medi- cal nial entcndu : toutefois , de I'un de ses yeux elle apercoit fai- blement la lumiere, mais sans pouvoir distinguer les objets, ni re- connaitre les formes. Ce fait est important pour la juste appreciation de ses poesies sous le point de vue psycbologique. Douee d'une vive imagination et d'une ftme sensible rendue plus poetique encore par la religion , la jeune Louise Egloff donna de tres-bonne lieure des preuves frappantes d'un talent que des poetes meme admirerent. Separee du monde exterieur par la privation du sens qui en donne a Time I'idee la plus complete et la plus feconde, elle vit davautage d'une vie interieure , que le christianisme a rendue calme et sereine. Sa poesie est celle du cocur, d'un coeur tendre, pieux, qui aime la vie, mais lui prefere ce sejour de I'immortalite oil les yeux de I'ame seront a jamais dessilles. Cependant, la poesie de Mii« Egloff ne se plait pas dans ces abstractions anti-poetiques dont quelques esprits, plusamoureux de la nouveant^ que du vrai, ont essaye d'introduire la mode sur notre Parnasse. Moins pittoresques que la poesie ne Test naturellement, les productions de notre jeune poete ne man- quent pas d'images ; mais les objets physiques qu'elle caracterise par un trait plutot qu'elle ne les decrit , sont de nature a ne pou- voir ^tre connus par d'autres sens que par la vue. Si le nom des cou- leurs se trouve de loin a loin dans ses vers, il est facile de voir que c'est une habitude de langage qu'elle a prise dans la societe qui I'entoure. Pour sou ame il n'y a que le jour et la nuit; dans ses ou- Viages comme dans ceux de quelques poetes orientaux , les parfums SUISSE. iS^ des fleurs jouent uii plus grand role que I'eclat ou les nuances de- licates de leurs couleurs. Una sensibillte profonde, une candeur vir- ginale, une paifaite siniplicite, voila le caractere et le merite des poesies de M"e. Egloff. Nous aurions desire ne jamais y trouver des noms mythologiques, signes uses d'idees qui ne sont plus les notres. Si nous avions un conseil a donner au potite , nous rengagerions a s'essayer dans le dialecte Suisse, qui est sa langue et qui se pr^te avec tant de grace aux sentimens na'ifs et religieux. Si I'auteur merite des encouragemens , la nature de son talent semble provoquer cette invitation. Ce titre d'auteur n'etait point ambitionne par la jeune Egloff. Ses creations poetiques satisfont a un besoin de son ftme, et ce besoin n'est point la celebrite. Ses poesies qu'on aime a lui faire reciter, ecrites pendant qu'elle les declamait avec autant de sensi- billte que de gr^ce, lui ont ete soustraites de cette maniere a son insu. Les vives instances de ses parens ont a peine pu obtenir ensuite qu'elle consentit a leur publication. Sa resistance une fois vaincue, la jeune poiite voulut du moins que cette publication devtnt une action charitable. EUe eut d'abord I'idce de faire du produit dc son ouyrage une offrande aux Grecs, qu'elle a chantes dans un de ses poemes , et dont la noble cause est adoptee par toutes les ames qui ont quelque elevation. Mais bientot, elle se souvint d'une classe d'iu- fortunes places plus pres d'elle , des pauvres des bains de Bade ; c'est a leur profit que se vend le volume dont nous avons essaye de donner une idee (i). II etait digne de notre jeune aveugle, qui doit toutes ses consolations a la religion chretienne , de consacrer son talent a la charite. 56. — Premiere Helvetienne. Geneve, iSaS ; imprimerie de Lador. I feuille in-8°. Depuis quelque tems, le talent poetique se reveille en Suisse d'une maniere fort remarquable, et sa direction est toute nationale. Les circonstances de ce pays expliquent ce pbenomene. L'union crois- sante des Suisses de tons les ages , les progres de I'esprit d'associa- tion, I'interet plus grand que Ton prend aux affaires et aux institu- tions publiques, le besoin qu'eprouve la nation de faire oublier, par (i) Dans le bel etablissemeut de Bade, se trouve une maisou de baias destinee aux malades indigens. Perfectionnee I'annee derniere par les soins eclaires du celebre chimiste espagnol, M. de Gimbernat (voy. hev. Enc. , I. xxiT, p. 5i6 ), cette iDstitntiou se soutient en partie et s'enrichit par la hienfalsance publique. 1 58 LIVRES ETRA^NGERS. une coiuluite sage, noble et iudependante, les fautes, la bassesse et la trabison de quelqties-uns , font naitre, au milieu d'lin peuple qui avail degenore, denouvelles vcrtus patriotiques. Dans tons les terns, la pocsie s'est associee aux gencreux elans de la nature bumaine et aux efforts des peoples pour conserver ou reconquerir leur dignile. II est done bien natiirel que la jeunesse helvetique se plaise aujourd'bui a consacrer des cbanis au souvenir de ses ancdtres, afin derappeler parnii nous le regne de leurs mceurs simples et de leur devouement. J'ignore si I'auteur de la Premihre Hshctienne est un jeune bomme; j'ignore meme son nom : ce qui n'est pas douteux, c'est qu'il est entraiiic par le niouvement gencial qui entraine la jeune generation de nos concitoyens vers la sphere des pensees elevees et des affections qui bonorent le jihis le coeur de I'bomme. II ne nie paraitguere douteux que ee sont les Messeniennes qva\m onX ^ng^eih I'idee de la Premiere HelveUenne, dont le titre annonce qu'elle sera suivie d'autres pieces analogues. Ce poeme appartient au genre ly- rique , et sa forme est celle d'un cbaut libre. Le sujet, I'emancipa- tion de I'Helvetie , est developpe dans plusieurs tableaux qui em- brassent les evenemens les plus memorables , depuis le moment ou la tyrannic des gouverneurs autricliiens devint la plus oppressive, jusqu'ala defaite de rarmeeautricbienne , a Sempacb. Ces tableaux ne sent pas tous peints decouleurs poetiquescgalement pures ; mais tous portent I'empreinte d'une ame noble et fidre. Nous regrettons d'autant plus que I'auteur ne les ait pas tous encbaines par une grande pensee , dont ils p'eussent ete que le developpement. Peut- 6tre en a-t-il eu I'intention ; mais, dans cecas, I'execution ne me semble pas y repondre. Si je ne me trompe , I'auteur n'a pas assez travaille son ouvrage; en le corrigeant, il ctait encore sous I'empire de ce premier entrainement qui ne permet pas au gout de juger avec assez de severite les productions de I'entbousiasme. Quelques pen- sees ne me paraissent pas concues avec assez de nettete ; d'autres fois , on pent reprocber a la pensee comme au vers une certaine enflure; on en jugera par les exemples que je vais citer. En s'a- dressant au vieux Melchthal , prive de la lumiere par un crime du despotisme , I'auteur lui dit : Vielllard, la lil)erte descendra sur la terre, Ils irout jtisqu'a toi ses rayous eclatans... Car il existe une lumiere Au-dessus du ciel des lyrans. La stropbe suivante sur I'orage qui surprit la barque ou Gessler I SUISSE. — ITALIE. i Sg condnisaif Tell enchaine , est , a nion avis, presque en entier , d'uu style peu naturel : Sur les monts se rrpand uue terrcur soudaiiie; Le lyran les Toit balancer, Et leurs soinmets roulans descendre dans la plaiae. Sous lui I'oude se leve; il a vu s'elancer Le heros doat sa crainte a suspendu la chaine : Le sol fuit I'oppresseur qui I'osa menacer! Les rocliers ebranles s'ecarlent du rivage, lis le rendent aux flots et lui fermeut le port; Les flots ea gemissant le liyrent a la plage, Et sur cette plage est la mort. L'auteur tombe aussi de loin en loin dans le prosaisme : Renrcrsez tos tyraDS, non point pour tout detruire , Mais pour que rien ne soil delruit. Ces deux membres de phrases ne blessent pas moins roreille que le sentiment poctique. Que l'auteur s'arme de la severite dent j'ai tacbe de lui donner 1 exemple , et il ne laissera subsister , dans les poemes destines a faire suite a la premiere Helvetienne, que les inspirations reellement dignes de so)i talent et des sujets qu'il cbante; il ne conservera que des tableaux aussi purs que celui - ci : Plus dMiymne de boulieur sur I'antique heritage. La terreur sur les monts a marque sou passage : Les vallons sout deserts; chasses vers les sommets, Les troupeaus, sans bergers , coureut sur la bruyere; Le chasseur sort de sa chaumicre, Porte sur le seutier ses regards inquiets , Fuit tristcment dans les forets, Et prepare son arc sous I'ombre solitaire. C. MoNNABD. ITAiLIE. 57. — Flora Italica.- — ^ Flore Italienne, ou Description de toutes les plantes qui croissent spontanement en Italie, rangees d'apres le systcme de Linnee ; par M. Joseph Moretti. Pavie, iS25; Fusi. In-8°. Get ouvrage , dont nous recevons le prospectus , est un edifice qu'uu homme seul ne pourrait clever, si plusieurs botanistes ne lui en avaient prepare les matei-iaux en composant des /^/o/-ej locales. i6o LIVHES ETRANGERS. A I'aicle des ecrits d'Allioni , de Balbis, de VIviani, de Pollini (vorez cl - apr^s. ) , de Berto'oni , de Savi, de Tenore , etc., M. Moretti, professeur d'economie rurale a I'uHiversite de Pavie , aussi profondenient verse dans la hotanique descriptive que dans la botanique appliqnee , va rendre un grand service a la science en renfermant dans un vaste cadre tout le regne vegetal de la Pe- ninsule. — Get ouvrage, dont nous rendrons compte a nos lec- teurs , paraitra par volume de 60 feuilles in-4°. Le prix de souscrip- tion est de 20 centimes par feuille. 58. — Flora Feronensis , etc. — Flore veronaise; par M. Pollini. Vcrone, 1821-24. 3 vol. in-S" avec planches. Si le Veronais est une des contrees les plus interessantes sous le rapport de sa vegetation, la Flore que nous avons sous les yeux est aussi une des plus riches que nous connaissious. Deja Mattioli, le comte Marzari , Sternberg , Calceolari , Pona, Seguier et Moretti, avaient fait paitiellement connaitre cette belle province de I'ltalie; mais aujourd'hui M. Pollini nous presente un travail coniplet qui ren- ferme , au nombre de pres de 3, 000 plantes, non-seulenient celles du Veronais, mais celles du Tyrol italien , du Vicentin et du Padouan, ainsi que celles qui croissent aux limites du territoire de Mantoue , de RovJgo et de Brescia. L'auteur, qui , en quatre annees , a rempli sa tache , a suivi les nomenclatures de Linnee et Wildeuow , en ajou- tant les noms vulgaires usites dans le Veronais et la Toscane. II a egalement decrit les vegetaux cultives dans les champs et dans les jardins, en les distinguant par I'initiale c {cuka). EnCn , nous dlrons, a sa louange, que, quoiqu'il ait prefer^ le systeme sexuel , il n'a point neglige de designer la classe et la famille de la methode francaise auxquelles se rapportent les genres qu'il a decrits. Get ouvrage , trfes-bien fait, est acconipagne de 20 planches sur cuivre, representant les plantes les' plus rares ou qui n'ont pas ete bien figurees. 5g. — OrCus Ripulensis , etc. — Le Jardin de Rivoli , ou Gatalogue des plantes que Ton y cultive; par M. L. Colla. Turin, i825. i voL in-4'' avec atlas. Ce catalogue contient laSo especes nomniees d'apr^s la nomen- clature de Wildeuow et le synopsis de Persoon, et dout quelques- unes etaient inedites. Get amateur ^claire, en citant chaque plante> indique les auteurs qui I'ont fait connaitre avant lui, la mcilleure figure publiee, le lieu d'oii elle provient, sa durce et I'epoque de sa fructification daus son riche jardin. — L' execution lithographique ITALIE. i6i aniionce que cet art n'a pas encore atteint, en Italic, le degre de perfection auquel les Lasteyrie et les Constaiis Tont porte en Fraifce. 60. — Calendario Georgico. — Calendrier agronomique de la Societe /ovale d' agricuhure de Turin. Turin , iSaS. Ce livre atteste que cette compagnie apporte une vive soUicitude a repandre, chaque annee, les connaissances et les decouvertes qui peuvent ameliorer I'agriculture du pays. II contient ohze memoires iniposteurs. Mais la contre-revolution avait besoin de cette calomnie pour attaquer ensuite la liberie des elections, amener le double vote, le bail septennal, etc., etc. Les journalistes remains pretendent d'abord ( page 29 ) que M. I'eveque Gregoire a eu tort d'ecrire VHlstoire. des confesseurs aiiliqites ; et pourquoi ? parce que, tous n'etant pas des saints, et participant aux faiblesses de I'humanite , le tableau de leurs ecarts peut obsciircii- la splendeiir de leur miiiistere. Avec .ce beau raisonnement , il ne faudrait plus ecrire I'histoire, ni des papes, ni des ev^ques , ni des princes, ni des magistrals, ni d'aucune profession parmi les hommes. II ne faut pas , disent nos journalistes , rendre les confesseqrs responsables d'evenemens qui ont pour auteurs veritables des ministres pervers , des courtisans , la mauvaise disposition et I'indocilite des princes. Et c'est la preci- sement ce que M. Gregoire a eu grand soin de dire et de repelerplu- sieurs fois. Ces memes journalistes semblent contester a I'autorite civile le droit de faire des reglemens sur la police exterieure du culte; et cependant, ils avouent ( page 35 ) que le pouvoir politique est pro- tecteur des canons ; raais cette protection serait iliusoire, s'il n'avait pas la faculte de ramener a leur observation ceux qui s'en eloignent. Dans uue excursion sur I'election des eveques , nos auteurs re- proclient aux lois de I'Assemblee constituante d'avoir introduit dans les corps electoraux des Juifs et des Protestans; mais, les Protestans, les Juifs etaient en ti'es-petite niinorite , excepte peut-etre dans le departement du Gard; il est douteux meme qu'ils y aient assiste. Mais les elections ne sont jamais que des presentations a I'autorite ecclesiastique : et comment n'ont-ils pas reflechi qu'on leur oppose- I'ait les nominations d'eveques , de chanoines, de cures catholiques par la tzarine Catherine II, par les empereurs de Russie , par les rois de Prusse, d'Angleterre, par d'autres princes protestans , sans compter la nomination des patriarches de Constantinople par le grand Turc? Le pape, dit-on , comme chef de I'Eglise, et comme patriarche d'Occident, a le droit incontestabje de donner aux eveques linstitution caiionique ; mais , dans I'antiquite, comme a present, les papes etaient chefs de rEglise,et comme aujourd'hui, patriarches d'Occident; et cepeiidanl , les elections devcques par lo clerge et le peuple , le sacre et I'institution des eveques par le metiopolitjin . avaient lien selon les regies plusieurs fois etablies par I'Eglise en concile a?cumeuique. Rien de plus clair, a cet egard , que les canons du premier (Concile de Nicee , et de ciiiquante autres concilcs. i66 LIVRES ETRANGERS. M. Gregoire a cite les 3Jonlta secreta de la Society des jesuites; mais quand on les supposerait apocryphes , ils coutieiuieiU du moins la theorie et la pratique de la societe , de m(!'me que les dictamina altri- bues a Grcgoire VII , en les supposant apocryphes , offrent certai- nement la doctrine qui dirigeait sa conduite. Qui faut-il croire, ou des denegations de Gretzer, et d'autres jesuites ou partisans des je- suites, alleguees par nos journalistes, oi\ des observations consignees dans la preface et les notes de certaines editions des Monica secreta , ou Ton rappelle les soins de la societe jiour en faire soustraire les exemplaires a la connaissaissance du public , auquel certainement ils n'etaient pas destines? Les jesuites ont desavoue bien d'autres ecrits fort approuves dans leur Societe. Lorsqu'on agitait en parlc- inent I'affaire de leur suppression, ils ne pouvaient se declarer ad- herens a la doctrine homicide d'Emmanuel Sa , Mariana , Santarel , Turselin , Jouvency , et de cent autres de leurs auteurs. A Toccasion du chapitre X , ou M. Gregoii-e etablit que , dans les premiers siecles , il n'y avait pas de confesseurs en litre pour les magistrats , ni plus tard pour les princes chr^tiens , les journalistes partent de la pour raoprocher perfidement les vues de Tauieur de celles de ra})ostat Torne , qui proposa la suppression du costume ecclesiastique. Entre les choses et les hommes , la distance peut etre incommensurable : nous trouvons ici les antipodes entre Torne, deserteur des principes , et M. Gr(*goire , qui , a la Convention, au milieu des menaces et des fureurs populaires, croyant prononcer son propre arret de morl , se declara ferme et perseverant dans ses . principes , comme catholique , comma evi^que. Voyez dans les Me- moires de Durand de Maillaiie , qui viennent de paraitre, le temoi- gnage qu'il rend a M. Grcgoire sur cet objet. II n'y manque que le discours energique tenu jjar cet eveque; mais on peut coiisulter sur le merae sujet les menioires publics par M. Aignan , et I'oa recon- naitra facilement, dans le rapprochement force dont il s'agit, I'envie de nuire et d'outrager. Or , ce sentiment ii'est pas chr^tien. II n'est pas vrai que J'homme qu'ils insultent haisse ni les rois , ni les je- suites : la haine des personnes est inaccessible aux ^mes chretiennes; mais hair les abus , c'est uu devoir. Les journalistes rouiains nous apprennent que le libelliste ultra- montain qui redige a Paris le pamphlet hebdomadaire intitule : r Jini de la Religion et du Roi , dans son numero du 29 Janvier, a cri- tique VHistoire des Confesseurs. Nous Tignorions completenient ; ce libelliste, presque ignore, et surtout mesestime a Paris, peut-il ITALIE. — PAYS-BAS. 167 avoir des lecteurs et des admirateurs autres que les hoinraes qui partagent ses honteux prejiiges ? M. Gregoire peut se feliciter d'etre dechiredans le Giornale ecclesiastico , ou Ton fait Feloge de M. de Maistre et du journal intitule : L' Ami de la Religion cl dii Itoi , qui devrait dtre au moins I'ami de la justice et de la verite. Quand on promet de rendre compte d'un ouvrage, I'equite exige que Ton en presente avec impartialite I'ensemble et I'analyse. Cette mani^re exacte de proceder est bonne pour les Anglais , les Alle- mantls; souvenl en France, et sans doute h Rome, on trouve plus commode de s'attacher a quelques phrases isolees qu'on tourmente, et de lancer contre la personne de I'anteur des insinuations outra- geantes qui seraient un poids hien pesant sur la conscience des accusateurs, s'ils avaient une conscience. Les journalistes romains ont cependant loue le chnpitre du livre de M. Gregoire concernant le secret de la confession , on I'auteur, revendiquant les principes contre des assertions emises dans des ccrits modernes , a reuni des details curieux et intcressans ; entre autres, la decision d'un tribunal protestant de New -York en faveur d'un pretre catliolique qu'on voulait forcer a des revelntions que son ministere pastoral kii de- fendait severement. Ces journalistes promettent une suite a leurs articles sur Yllistoire des~<:onfesseurs : attendons. Avant de Cnir cet article, nous signalerons (page 45) un eloge merite de plusieurs ouvrages de feu M. de Monta£et, arcliev6que de Lyon , en faveur de la revelation. Les journalistes ont bien voulu oublier en ce moment la vieille accusation de I'imperceptible he- resie de jansenisme. lis ont donne aussi un article concernant la vie de Pie VII (par Pistclezzi ). Nous remarquons qu'en parlant de son episcopat a Imola , ils ne disent rien de la celebre homelie publiee par ce pape , alors cardinal: monument precieux, ou I'oii montre I'heureux accord de la religion catliolique avec la liberte politique. Cette bomelie a ete traduite en francais pfir M. I'eveque Gregoire, et d'apres cette traduction ont ete faites une traduction allemande, deux anglaises, deux espagnoles, etc.; en sorte que cette homelie est actiiellemeiit repandue dans les deux mondes. Ce- tait la une belle occasion d'aiguiser quelques epigrannnes contre I'eveque francais , premier traducteur, qui beureusement est .i couvert sous I'autorite du venerable pontife auteur de I'liomelie. N. PAYS -DAS. t>5. — S(aat imii den Landbonw in lict KontKgryk dcr Nedcnandci:. 1 68 LIVRES ETRANGERS. - Etat de I'agriculture dans le royaume des Pays-Bas , public aux frais du minist^re de I'instruction publiqiie, de rindustrie , etc. La Haye, iSaS. In-S" de 122 pages. Get opuscule presente, dans un cadre resserre , un tableau de I'etat de I'agriculture dans les Pays- Bas pendant I'amiee 182a. On y trouve differentes tables concernant les observations thennome- triques et barometriques. On y rend egalement compte de I'etat de I'air.mais sans preciser son etat bygromctrique, ni les quantites d'eau qui tombent annuellenient. II serait a desirer que le gouver- nement, qui tend a encourager tout ce qui pent (5tre utile, fit mettre plus de precision dans des observations qui pourraient fournir par la suite des materiaux itnportans pour la science. On pourra du reste trouver dans ce recueil un grand nombre de ren- seignemens fort utiles pour la statistique. A. Quetf.let. 66. — * Verhandeling over den Kanker. — Traite sur le cancer, par MM. Vokstman , pere et fils, chirurgiens a Delft et a La PLaye. Otivrage coiironne par la Societe des sciences et arts d' Utrecht. Utrecbt , 1824. I vol. in-S" de 335 pages. Imprimerie d'Altbeer. Tout ce qui a pour but le soulagement des maux de rhumanite , doit etre accueilli avec reconnaissance, surtout un livre comme celui que nous signalons, qui traite d'une des plus cruelles maladies qui puis- sent affliger I'espece bumaine. La Societe des sciences d'Utrecht ne pouvait servir plus utilement I'humanite, qu'en appelant sur cette affection I'attention des bomines de I'art. Parmi les niemoires en- voyes en reponse a la question que cette savante compagnie avait mise au concours, celui de MM. Yorstman a reniporte la paline : c'est Teloge le plus flatteur que Ton puisse en faire. Nous ne pouvons rien ajouter a un suffrage aussi honorable. Nous dirons cependant quelques mots de cet ouvrage, en suivant francliement I'impulsion de notre conscience. MM. Vorstmann paraissent avoir consulte , jiour la com])osition de leur travail , la plupart des auteurs qui ont ecrit sur celte im- portante matiere, et dont ils commentent les opinions par de sages raisonnemens theoriques et pratiques. La symptomathologie du cancer est parfaitenient decrite par eux ; ils le suivent dans ses de- veloppemens avec une rare sagacite, et le traitement qu'ils exposent pour combattre la nialadie, principalement dans ses premiers d^■g^c^, est souvent le resultat de leur propre experience. Mais , tout en rendant justice aux soins qu'il ont pris de s'eclaircr et de s'appuyer par les meilleures autorites , nous croyons devoir leur reproclier di PAYS-BAS. I Ci) faire un peu trop d'etalage d' erudition , et d'avoir cite des auteurs qui lueritaient peu cette distinction. On peut reprocher aussi a MM. Vorstman de faire une trop longue enumeration de remedes contra le cancer, et d'en avoir rappele plusieurs que I'experience et la saine raison condamnent. On sfra d'autant plus dispose a leur faire ce reproclie, que, dans le traitement du squirrhe, ils ue par- lent pas d'un moyen que Ton ne saurait assez conseilier : « I'applica- tion des sangsues et de cataplasmes emoUiens , suivie de frictions d'liy- driodate de polasse reuni a I'axonge ; » Texperience a constate les bons effets de ce moyen curatif, et nous pourrions citer en sa faveur plusieurs observations qui nous appartiennent. II est vrai que les auteurs font mention des sangsues; mais voici tout ce qu'ils en disent (p. aSG) : L'application de crapauds vivans , grenouilles, jeunes cliiens et sangsues, a ete recommandee. Nous avons egalement remarque que MM. Vorstman accordent a la belladone, pronee centre les maladies cancereuses, une trop graude conliance , quoiqu'ils I'indiquent seulement comme palliatit. Cette confiance tient sans doute aux eloges que divers medecins d'Alleraagne, et notamment Richter, qu'ils semblent avoir souvent mis a contribution , ont prodigues a cette plante. Mais nous osons le dire , notre pratique nous a plusieurs fois mis a mdme de confirmer les observations de M. le docteur Rahn sur I'inefficacite de la belladone dans le traitement de la maladie en question, oii il I'a vue meme produire frequemment des effets nuisibles. Voila tout ce que nous avons trouve a critiquer dans I'ouvrage de ces deux praticiens recommandables. Apres I'avoir juge peut-etre nvec trop deseverite, nous aimons a reconnaitre qu'il reiiferme d'excel- lentes observations faites pour interesser tous les hommes de I'art. De Kihgkhoff. 67. — J.-B. GuiJi xv^u liesponsio ad qiiestioriein ab ordine discipUnarum mnthematicarum et physicanim in Academid Gandavensi propositam.l%'ii\. In-4°. Cette dissertation a remporte une medaille d'or a I'Universite de Gand , sur un des points les plus importans de la mecanique. II s'agissait de donner I'enonce le plus general du principe des vitesses virtuelles , d'indiquer la marche qu'ont suivie les geometres pour y parvenir , et enCn de faire voii comment ce principe peut etre applique aux machines les plus coniiues. Ce mcmoire, comme on pouvait s*y attendre , ne renferme rien de nouveau ; mais on pour- lait le consulter avec succes, a cause des documens nombreux que 170 LIVRES ETRANGERS. rauteur a reunis , et qu'il a su classer avec methode et clarte. Tl offre d'aillcurs une nouvelle preuve que les etudes m.-itlieniatiqnes sont loin d'etre negligees dans les universiles de la Belgiquc ; nous pouvons en dire autanl des memoires de MM. Verliulst et Verdam sar la tlieorie des maxima , et minima qui ont etc couronnes par rUniversite de Leyde. 68. — J.-G. Garnier Oratio de scientiis philosophice spectali.f. — Discours sur les sciences consider6es philosophiquement. Gand , i8a5 ; Goesin-Verbaege. Brochure 10-4". M. Garnier etait deja connu par un grand uombre d'ouvrages elementaires justement cstiines , lorsqu'il vint s'etablir en Belgique. Depuis, il en a compose plusieurs autres appropries a I'enseigne- ment des inatliematiques , qui lui est confix a TUniversite de Gand. Dans le discours que nous annoucons, cet estimable professeur, en considerant les sciences d'un point de vue plus eleve, a montre qu'il etait penetre de la dignite de ses fonctions et qu'il savait re- pondre aux vues genereuses d'un roi qui fait les plus grands sacri- fices pour eclairer son peuple. A. Q. 69. — Considerations sur la nature dii revenii national; par llenii Storch. Bruxelles, 1824. i vol. in-S". Pretendre que les rechercbes des economistes aient etesansi-esul- tat pour la prosperite publique, serait une grande injustice ; mais, par des assertions trancbantes, par des principes absolus, pardesby- potbeses cb.imeriques , par des alistractions bizarres , enfin par des raisonneniens d'une metapbysique obscure, ils ont perdu Leaucoup aux yeux des homraes qui prennentle bon sens et I'experience pour regies invariables de leur coiiduite. Ce nouvel ouvragede M. Storcb n'est pas exempt des defauts que nous venons de signaler : il ren- ferme neanmoins des fails et des remarques qu'on ue pcut manquer de lire avec fruit. Son livre annonce une connaissance approfondie de la matiere ; mais des Veritas incontestables y sont peut-^-tre eta - biles avec un soin trop minutieux. Si I'auteur refute quelquefois Smith , c'est toujours avec decence : il reserve sa mauvaise bumeur pour M. Say : sa manifere d'ecrire alors prcsente quelques traits de jiedantisme et de mauvais goiit. On sait que le depit n'est pas un bon conseiller. ( Vor. ci-dcssus , t. xxv, p. 577). 70. — Fables ihoisies ; par Frederic Rouveroy , mcmbre ct secre- taire de la commission pour I'instruction publique dans laprovince dc Liege. Liege , 1824; Latour. i vol in-r8 d< 76 p;igc» , orne d'une jolie gravure et de figures en i>ois. PAYS-BAS. 171 Six Hvres de fables channantes , piibliees eii 1822 , assigiient luie place tres-distinguee, parmi les fabulistes francais, a M. Rouveroy, qui vient de reunir,en un petit volume in-i8 , soixante apologues plus specialement propres a I'education de la jeunesse, et parmi les- quels on est fortaise de retrouver les deux Chiens, I'Ecureiiil et le re- nard , V Enfant et la tranche, les dcnx Ecureidls, le petit Declamateiir, etc. Quatorze pieces inedites, dignes sous tous les rapports de leurs ai- uees, ajouteiit un nouveau prix a ce joli recucil , destine sans doute a prendre plac^ dans la bibliotheque de tout eleve jaloux de s'ins- truire en s'amusant ; raais nouspensons que la plupart des lecteurs ne se contenteront pas d'un choix beaucoup trop severe, et qu'ils voudront se procurer aussi le recueil complet de notre Esope lle- geois. Stassart. yi. — Htilde aan de Nagedachtenis der heldeniian Huisditinen , etc. — Hommage a la niemoire des heros de Huisduinen; par E.-7F. Van Dam Vaw Isselt. Utrecht, iSaS; J.-G. Van Terveen. In-8°. Ce chant patriotique, inspire par un acte de devouc-ment, ren- ferme des passages d'une grande beaute. M. Van Dam Van Isselt, dont nous avons annonce un recueil de poesies , dans notre cahier d'octobre 1824 ( t. xxiv , p. i6f ), semble avoir consacre ses talens a chanter la gloire de son pays et les actions heroi'ques. A. Q. 72. — Vinondation, dithyrainbe; teire liospitalieie! Tui , (loot rauiour sacre Ijiule a jamais eu uou.s, ComI)leu je te clicris ! ct combieu il m'est Joiix Sur ton sol bienfaisant iVavoir va la Iiunierel »7» LivRES Strangers. Un jour, rcutlant lioiniuagc a fou Iiumauite, Les etrarigers diront, d'nne voix attendric : ■< Le Beige est fier de sa patrie, Mais nous comprenous sa Certe! » En nous renclant, pour aiiisl dire , les ti'nioins d'uu enlretieii siir la bienfaisance, M. Van de Wejer a su lajeunir , par des formes jiiquantes , des verltes qii'il est toujours utile de faire entendre. Sans doute elles sont connues depuis long-tems; inais, corame I'observe avec beaucoup d'adresse le bon vieillard que notre auteur a mis eu scene : ■< Le plus grand malheur qui put nous arriver serait que ces verites nous parussent nouvelles. » Nous ne pouvons rcsister au de- sir de mettre Tavant-propos sous les yeux de nos lecteurs ; le voici : « J ai compte, en ecrivant ce leger opiiscide, que la curiosite pu- blique serait piquee par le litre; j'ai calcule que, si tous les exeni- plaires se vendaient , ii en reviendrait qiiatie cents francs aux sub- merges : c'est au public a faire en sorte que je ne me sois pas trompe dans mon calcul. Aujourd'hui , que M. Edouard Smlts a bien voulu se joindre a moi , je siiis bien plus sTir du succes : a I'aide de ses vers, ma prose fera beaucoup niieux son cbemin dans le monde, et les lecteurs et les submerges ne pourront qu'y gagner. » Les pensees diverscs font beaucoup d'bonneur au jeune moraliste qui les a concues ; felicitons- le de repousser avec une energique elo- (pience cette lionteuse, cette degradante philosophic qni desseche le coeur en donnant aux actions les plus nobles et les plus vertueuses I'interet pour mobile :« Pourquoi , s'ecrie-t-il , pourquoi tanl do jeunes gens , au matin de la vie, sont-ils tristes et moroses ? c'esl qu'ils ont tout desencbante. Leur coeur est fletri par le souffle impur et destructeur de la morale de rinter(5t, comme les plus belles fleurs se fanent au printems, frappees d'un vent malfaisant. Rien ne jette plus d.; froid et de tristesse dans la vie que le calcul. Ne demandez done a ces tristes victimes d'une fausse pbilosopbie , ni elevation d'Ame, ni elan de cceur, ni chaleur : esperez-vous faire sortir des etincelles de la glace ? » Repetons aussi , avec M. Van Weyer, cette belle maxime : " Lesprincipes de la morale se graventdans le coeur, el non pas dans la tete. » S'empresser de se procurer cette interessante brochure , c'est faire a la fois une bonne action , et se procurer une lecture aussi instruc- tive qu'agreable. Le texte , par sa correction , atteste les soins de M. Hayer, Timprimenj' , qui, s'empressant ds payer son tribut a la bienfaisance, n'a rien voulu recevoir pour son travail. Stassakt. PAYS-BAS. 173 y3. — yerhandelingen, etc. — Menioires de la Societe roj ale Je gram- maire et de poesie d'Aiwers. Anvers, iSaS; iinprimerie de Jansseiis. I vol in-8° de vi-347 pages. La Societe de grammaire et de poesie d' Anvers, creee eii i8o3 , et instituee en 1820, sous le titre de Societe royaie , vient de publier le premier volume de ses Actes et Memoires. Elle a adopte pour ses travaux la laiigue flamande , qu'elle cherche ii perfectionner et a propager. Son secretaire, M. Willems, que divers ecrits sur cet idiome et plusieiirsexcellens poemes recomniandent a I'estiine de ses concitoyeiis, rappelle, dans la preface de ce volume, i'influence avantageuse que I'existence et les travaux de senibkibles Socieles litteraires chez las Beiges, ont exercee sur leur langue niaternelle, depuis un terns immemorial. On a rcuni, dans ce recueil , vraiment national, pres de cent pieces de poesie, fournies par des poetes beiges, pieces qui attestent que le Parnasse flamand possede un grand nombre de favoris des muses. Quelques poetes liollandais , parmi lesquels se trouvent les celebres Bilderdyk, ToUens et Immersed, ont egalement fourni un contingent a ce volume, que les bornes qui nous sont prescrites ne nous permettent pas de faire connaitre en detail. Nous y avons sur- tout hi avec un grand plaisir le Dichrrambe sur P. -P. Rubens , par M. NiERSTDASz, auquel la Societe a decerne la medaille d'or. Le poete s'y montre tout-a-fait a la hauteur deson beau sujet : on voit que sa muse a ete inspiree par cet enthousiasme que doivent faire naitre chez tout ami des arts les glorieux souvenirs de ce grand jieintre , dont les siecles a venir n'effaceront point la celebrite : des pensees fortes, une eloquence energique, un style entrainant, carac- terisent ce dithyrambe. — Nous avons distingue, dans ce m^'me vo- lume, une dissertation fort interessante de M. Moke sur I'usage de la langue flamande, qu'il considere conime la seule langue verita- blement maternelle des Pays-Bas. De Kirckuoff. 74. — * Revue DibUographicjue des Pays-Bas et de Celranger, ou In- dicateur general de I'imprimerie et de la librairie , et des cartes geographiques , gravures, lithographies et ceuvres de musique. Bruxelles, iSaS; Demat, libraire, Grande-Place, n" 1188. — II en parait un cahier, d'environ trois feuilles d'impression , par mois. Prix , 12 fr. par annee ; et i5 fr. en France et en Angleterre. Cette Revue, qui a commence, en iSaS, la quatrieme annee de ses publications, est venue, comma le Bulletin universel des sciences, sorte de Bibliographic generale pour I'usage des savans , rcproduire 17', LIYRES ETRA.NGERS. et appll([iiei- , .ivec des modifications appropiioes a son plan , la ])ensee fondanientale de la Revue EncrclopeJlque : le rapprochement des differentes nations dans [une sorte dc rcndez-vous central, oii sont exposes puhliquement et periodiqucmcnt tons les produits de I'esprit liumain dans les sciences, les arts industriels , la litterature et les I)eaux-arts. Des entreprises de ce genre etaient reclamees par les besoius de notre cpoqiie, ou une civilisation plus avancee tend a reiinir, par des inter^ts et des rapports comniuns, tous les mem- bres cpars de la grande famille huniaine. Loin de meconnaitre les services qu'ont deja rendus et que peuvent rendre encore les Recueils qui ont de I'analogie avec le notre, nous avons toujours aime a les anuoncer loyalement , et a contribuer a leur succ^s. Car , plus le gout de I'instruction et des sciences deviendra general, plus les ouvrages periodiques qui servent d'intermediaires pour les commu- nications intellectuelles, verront s'accroitre le nombre de lours lec- teurs , et pourfont eux-m^mes exercer leur action et leur influence dans une sphere plus etendnc. — La Revue Bibliographique , publiee aBruxelles, fait connaitre exactement les titres , le format, le nombre de volumes, le 'lieu dc publication , les prix d'un grand nombre d'ouvrages de tout genre qui paraissent dans tous les pays. Elle est un precieux complement de Fexcellente Bibliographie dc la France , dirigee a Paris par le laborieux et infatigable M. Beucliot. La premiere partie est consacree aux produits de la typographic des Pays-Bas; les livres y sont classes par ordre de langues, ainsi qu'il suit : livres francais , grecs, latins, anglais, hollandais, etc. La deuxieme partie, intitulee Trpographie etrangere, comprend I'an- nonce des ouvrages publics dans les pays Strangers, et surtout en France : elle est naturellement moins complete que I'autre. On pourrait y desirer une classification plus methodique des ouvrages, qui aiderait a retrouver facilement ceux qui appartiennent a chaque division principale des conriaissances humaines. Une section parti- liere est consacree aux ouvrages periodiques. Les redacteurs ne negligent pas non plus les nouveUes qui, moins intimement liees a la librairie, ne laissent pas d'y avoir quelques rapports. Nous avons remarque avec plaisir, dans le dernier iiii- mero, la description d'une nouvelle presse a imprimer, s'alimen- tant d'encre d'elle-meme, par M. Hugh Wilson, de Glasgow, avec une planche. Get appareil remplace le travail d'un honime, et fait le m6me ouvrage, avec plus d'uniformite et d'exactitude. Les libraires, les bibliophiles, et tous ceux qui ainient a con- LITRES FRA.NrA.IS.— SCIENCES PHYSIQUES. i^S iiaitre les ouvrages nouvellement publics dans tous les pays, doi- vent recherclier la Revue Bibliographique dei Pajrs-Bas , et la reuiiir a quelq-ue.s autres Recueils du m^me genre, qui paraissent en France , en Angleterre, en Allemagne, en Italic, et qui presentent le tableau vivant et anime du mouvement de I'esprit humain , reproduit sous line forme plus pliiiosophiquc , et avec des reflexions et des vues qui en font apprecier la direction et I'influence, dans notre Hevne Encjclopedique , a laquelle vienncnt s'associer , cliaque annee , de uouvcaux coUaborateurs et correspondans , qui forment une sorte de representation scientifique, morale, intellectuelle et litteraire des differentes nations civilisees. M.-A. J. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. yS. — * Considerations generales sur I'analjse organique et siir ses applications ; par M. E. Chevkeui.. Paris, 1824; Levrault. In-8° de 256 pages ; prix 5 fr. M. Chevreul, que ses savantes recherches sur les corps gras d'o- rigine animale ( Yoycz i?et'. jE«c. , tome xxi, p. 5i2)ont place au rang de nos cliitaistes les plus distingues, donne aujourd'hui, sous le titre qaon vient de lire, une veritable philosophie de la chimie , qui, n'embrassant que les sommites de la science , ne peut ^tre ex- posee, comme Touvrage celebre que Fourcroy a public autrefois sous cc dernier titre, a perdre de sa valeur par I'effet des decou- vcrtes qui peuvent en renouveler la theorie. M. Chevreul s'est place trop haut dans cet ecrit pour avoir a redouter un sort pareil, et ses preceptes , fruits d'un esprit aussi sage qu'eclaire, en contribuant a hater les progres ulterieurs de la science , conserveront toujours I'utilite qu'ils offrent actuellement. La determination precise de ce qu'on doit entendre par espece en chimie , et particulierement en chimie organique , est la base sur laquelle repose I'ouvrage que nous annoncons. Apr^s avoir etabli que , quoiqu'une philosophic gencrale doive presider a la totalite des sciences, cependant cha- cune d'elles doit en posseder une qui lui soit propre , et qui soit en rapport direct avec son but et ses moyens, I'auteur compare I'es- pece dans les diverses sciences naturelles, avec ce qu'on doit con- siderer comme tel en chimie ; il montre les differences qu'elles doivent presenter, et definit I'espece des composes organiqucs , une collection d'etres identiqucs par la nature, la proportion et Varrangement 176 LIVRES FRANCAIS. df tears e/emens : didnh'ion iiitlmement liee fivec celle du priiicipe immudiat compose, dont on ne pent separei- plusieurs sortes de inatiercs sans en iilterer evidi/nment la nature. Tout ce que I'auteur dit par la suite, de I'aiialyse organique immediate, de ses difficultes , des precautions qu'il faut prendre pour n'arriver qu'a des rcsultats exacts , est une consequence nalurelle des principes qu'il a etablis. II en est de meme de I'application qu'il en fait a la cliimie elle-meme, aux arts , aux sciences medicales et a la zoologie. En ^numerant les divers groupes de caracteres qui servent a distinguer les especes en chimie, il designe le dernier sous le nom de p7vprietes organolepti- ques , et reunit sous ce terme : I'impression des corps sur le toucher et Ic tact, Vodeur, la saveur, et toutes les actions que I'espece pent exercer sur les oganes interieiirs d'lin etre organise vivant. Toutes les proprietes thcrapeutiques , que I'auteur a tres-bien distinguees des proprietes ])hysiques, appartiennent a cette classe, et doivent etre rangees au nombre des caracteres les plus i'mportans que les substances dont s'occupe la chimie puissent nous offrir. Les courtes reflexions que nous allons ajouter, en generalisant encore les considerations de M. Chevreul, feront sentir le service qu'il a rendu en indiquant les moyens de donner plus de precision aux travaux de I'analyse , et en preparant les voies a de nouvelles decouvertes. L'(5tre vivant est soumis a I'influence de tous les corps qui I'en- tourent, et souvent cette action est energique, terrible, porte at- teinte d'une maniere instantanee et directe au principe inconnu qui lui donue le sentiment et le mouvement. Nous ignorons le plus souvent en quoi consiste cette action, et quel rajiport etonnant existe entre la substance veueneuse et I'animal qui succombe a son alteinte. Mais, cependant, c'est ici le lien qui rattache les sciences cliimiques a lamedecine. Ce qu'on pent regarder mainteuant comme une chose demontree, c'est qu'il n'est aucun des corps de la nature, que ce soil une substance clementaire ou composee , un produit •vegetal ou animal , qui se distingue par une action speciale avanta- geuse ou nuisiblea I'homme, qui ne doive cette propriete a la na- ture de ses elemens, elemens qu'il est niaintenant au pouvoir du chlmiste de connaitre et de determiner. II r^sulte de cette idee fon- damentale, qui reunit dans sa conception la science de I'homme et les sciences physiques, qu'il n'est aucun des principaux medicamens qui, a ce litre, n'ait des proprietes chimiques aussi distinctes que peuvent I'etre ses vertus en therapeutique; et que, reciproquement enGn , pnrtout ou se retrouvera une reunion des nidmes elemens , SCIENCES PHYSIQUES. 177 tin pouna jiievoir une semblable action sur I'fitre vivant. Aiusi , le chimiste puisera dans les ouvrages de medecine I'indication des substances qui peuvent lui offrir de nouveaux produits, et les traites de chimie offriront aux medecins des ressources souvent aussi utiles qu'inesperees. Tout s'encliaine dans le monde savant: le perfectionnement d'une des branches des connaissances liumaines rejaillit tot ou tard sur les autres. Rigollox fils, D.-M. 76. — Essai chimiqrie sur les reactions foudroyantes ( extraits ) ; par T.-J. Briajtchon, capitaine d'artillerie. Paris, iSaS; Anselin et Pochard. In-S" de 22 pages; prix i fr. 2 5 c. Si I'auteur n'avait prevenu, des le litre, que son intention n'a ete que de nous presenter quelques extraits sur la njatiere dont il s'occupe , le lecteur I'aurait devine. On sent, en effet, qu'il n'a publie qu'une analyse succincte d'un travail complique, d'experien- ces et d'observatlons nombreuses et varices. M. Brianchon pense qUe la theorie de la fulmination , telle que BerthoUet I'avait concue, ne rend pas compte de tous les faits , et, d'apres ses propres expe- riences, il propose celle que voici : « 1° dans leurs effets sur une surface plane, les mixtes fulminans developpent une force princi- pale qui agit dans le sens de la gravite; 1° lorsqu'une petite quan- tite de mixte fulminant est renfermee dans un grand vase de verre clos , celui-ci supporte, sans se rompre , une chaleur capable d'operer la reaction du mixte, tandis qu'il se brise , toutes les fois qu'il pent donner entree a I'air extericur; 3° tout mixte fulminant contient de I'oxigfene ; 4" les produits stables qui tendent a se former par Taction de la chaleur sur le mixte fulminant exigent plus d'oxi- gene que n'en contient celui-ci. De ces faits, nous tirons cette consequence gen^rale : la fulmination ne procede pas d'une simple expansion de gaz ou de vapeur; « il se produil, en outre , dans ces reac- tions foudroyantes une vive succion d'oxigene, exercee par le mixte sur I'atmosphere ambiante. >. Cette derniere assertion de I'auteur est celle qui eprouvera le plus de contradiction. On conviendra sans peine avec lui que la fulmination differe de I'explosion ; mais les forces depressives qu'il adraet dans les fulminations sont-elles bien neces- saires pour I'explication des faits connus, et n'ont-elles pas bfsoin d'etre encore mieux prouvees, et par d'autres experiences? La direction constante de ces forces dans le sens de la gravite peut- elle ^tre le resultat d'une action chimique, dont la direction depend de la situation respective des elemens qui tendent a se combiner ? Dans les experiences sur les mixtes fulminans, on en met une petitp T. XXVI. — Avril 1825. 12 178 LIVRES FRAiNCAIS. quantity sur une plaque horizoiit.ile, et cette plaque se troiiv? percce ou tleprinue : la force qui a produit cet cffet etait dirig^e perpendiculairement a la surface ; mais c'est peut-etre tout ce qu'il est perinis de conclure de ces fails unifornies, et dont les circons- tances ne varient pas sensiblenient. De plus, conime tout effet est proportionne a sa cause , et varie en md'nie teins qu'elle , il est a dosirer que les phenoaicnes des mixtes fulniinans soient observes sous differentes pressions atmosphcriques , et que Ton puisse aji- pliquer la niesure aux resultats. M. Brianclion est sur la voie, et il nous y met avec lui ; qu'il ne s'i.rrete point, de peur que nous ue cessions d'avancer. On pent soupconner que la cause a laquelle il attribue la fiilmination est trop faible pour la grandeur de ses effets ; on ne concoit pas comment une action cliimique pourrait deve- lopper une force dans une direction constante; on est embarrasse d'admetti e I'ensemble de sa theorie , et non moins embarrasse de la refuter : ce sera done nous rendre un double service, que de fortifier cette theorie par des preuves nouvelles, ou de la modifier d'apres de nouveaux faits. — « Le bas prix des matieres qui com- posent la poudre fulminante et la force prodigieuse que celle-ci deploie par la fusion ignee, nous font penser , dit M. Brianchon, '•■ qu'un tel mixte pourrait servir d'agent mecanique pour ecraser, " enfoncer, deprimer ou faire ebouler des corps resistans de grandes dimensions ; nous avons I'intention d'en proposer I'emploi pour ruiner subltement les ponts qu'une armee aurait interet de detruire , et nous demanderons qu'il soit fait, a ce sujet, des experiences. » — Les amis des arts chimiques demanderont aussi que cette bro- , cliure ne soit pas la derniere sur les mixtes fulminans; que I'auteur ne s'arr^te qu'au bout de la carriere, et qu'il nous instruise, a me- sure qu'il s'instruira lui-m^nie. F. •yn. — * Des sympathies , considerees dans les differens appareils d'or- ganes ; par Paul Reis, D.-M. Paris, iSaS; Lugan, Passage du Caire, n° 121; Gabon et C^. In-8° de 176 pages; prix 3 fr. 5o cent, et 4 francs. L'homme est un , la vie est une. Les organes dont Taction siniui- tan^e produit et entretient les phenomenes qui constituent la vie, sont les jjarties d'un m^me tout ; et leur connexite est probablement si intime qu'un organe ne peut ^tre lese ou detruit, affaibli ou sur- excite sans que tons les autres ne s'en ressentent. La oil cette reac- tion est assez marquee pour que nous ne puissions pas ne la point apercevoir, nous disons qu'il se developpe une sympathie enlre tel SCIENCES PHYSIQUES. i79 et tel organe. Laiss^es long-tems dans le domaine du merveilleux ou dans celui de la curiosite, les sympathies ont> de nos jours , ac- quis uue haute importance. On n'hesite plus a rapporter aux sym- pathies una grande partie des phenomfenes qui signalent le derange- ment^de reconomie animale. EUes etendent , elles transportent m^me rinitatioa d'un organe a un autre ; en sorte que I'organe af- fecte primitivement cesse souvent d'etre le siege de lamaladie essen- tielle , de la maladie que le niedecin doit s'attacher a conibattre, et qui reside desormais dans un organe secondairement affectc. Sur un petit nombre d'ohservations, on fondait jadis des hypo- theses, auxquelles on ployait tous les faits connus et a connaitre : on avait des s-yst^mes complets, et point de doctrine positive. Gui- dees par la philosophic , les sciences naturelles font aujourd'hui des pas plus lents en apparence, mais bien plus siirs. On recueille les observations , on les discute , on les eclaircit les unes par les autres ; on attend qu'elles soient astez nombreuses , assez rcethodiquement disposees pour servir de base a une theorie. La theorie n'est elle- mdme mise en avant que comme une hypothese vraisemblable , propre a simplifier I'etude, a rendre les progres plus faciles , et. destinee d'avance a ceder la place a une theorie nicilleure que per- mettront un jour d'etablir des observations plus el endues , plus generalisees et plus completes. De toutes les branches de la physio- logie, la science des sympathies etait, sous ce point de vue , I'une des moins avancees. C'est cette lacune que M. Paul Reis a essay^e de remplir. II ne cherche point d'explications ; il n'etablit point de theorie; le tems n'en est pas encore venu : en considerant les .sym- pathies dans les differens appareils d'organes, il se borne a presen- ter un cadre dans lequel , a cote des faits connus et regulierement classes , les faits que I'observation fera decouvrir viendront se clas- ser non moins regulierement. L'auteur commence par distinguer de la symfathie pathoJogiqi/e (la seule dont il s'occupe) la synergie ou srrnpathie physioloj^ique, que constitue le concours des organes pour I'exercice des fonctions qui leur sont devolues. II ecarte ensuite foute idee de sympathies, des que Ton peut expliquer les faits par une reaction purement meca- nique , par la continuite ou la contigiiite , par I'absorpt ion , ou enfin par le hasard qui fait coincider deux pheiiomenes independaus. Ces limites posees , il definit la sjinpathie pathologii/ue , la reaction evidente et particuliere d'un organe sur un autre. Est-ce par I'inter- mcdiaire des nerfs que s'exercent les sympathies ? Avec M. le pro- i8o LIVRES FRAjVf;A.IS. fesseur Broussais , qu'il s'honore d'avoir eu pour maftie , I'auieur repond affirmativement; mais il observe que, quelque opiuion que I'on adopte a cet egard, elle ne peut encore exercer sur I'etude des fails aucune influence. Parmi ces fails , il en esl de generaux qu'a- vec M.P. Reis, nous considererons comma des lols fondamentales : les organes qui concourenl aux memes fonctions sympalhisent lou- jours entre eux... Cetle dependance reciproque esl surtout mar- quee pour les organes pairs... Les organes de nutrition, plus iuli- mement unis entre eux que ceux de tout autre appareil, sont aussi plus souvent affectes par des reactions sympathiques... Un organe est d'autant plus expose a exercer ou a subir des sympathies, qu'il jouit de plus d'energie vitale , qu'il a ete mis en action plus frequem - ment , ou qu'il a ele plus habiluellemeut malade , etc. Des considerations generales, M. P. Reis passe aux fails particu- liers. La classiGcation suivant laquelle il les dispose , est mise sous les yeux du lecteur dans un tableau synoptique qui en fail ressorlir la justesse et la simplicite. A mesure que la science s'enrichira par de nouvelles decouvertes, les grandes divisions qu'il etablil subironl des subdivisions plus nombreuses : mais elles subsisteront , parce qu'elles n'ont rien d'arbitraire ; elles sont emprunlees a la nature. Distribuant nos organes dans les trois appareils de delation , de Nu- trition et de Reproduction , I'auteur examine d'abord les sympathies qu'exercent entre eux les divers organes de chaque appareil ; et en- suite les sympathies qui les lient aux organes des deux autres appa- reils. Nous ne le suivrons pas dans ces details importans : il faudrait, pour cela , le copier et non pas I'extraire; tant i! s'est applique a ne rien dire qui ne fut indispensable. Toulefois , la concision ne nuit point ici a la clarte : M. P. Reis meritedes eloges pour cette qualitc- precieuse qui, dans les sciences non moinsque dans I'eloquence et 1» poesie, prouve qu'on possede a fondle sujet que I'oa traile. Les hommes presses de savoir, ou plutot de croire, se plain- dront de la circonspectlon avec laquelle Taulcur s'abstient de pro- noncer surle caractfere sympathique de quelques fails quilui semblent pouvoir reconnailre une autre cause, ou n'^tre pas sufCsamment constates par I'observalion. Les vrais savans I'approuveront , parce que son but a elede reunir et de classer , non pas tout ce que Ton a dit mais tout ce qu'on sail vcritablement sur les sympathies. Une critique poiutilleuse I'accusera peut-elre de se conlredire, quand , apres avoir exclu du nombre des sympathies les fails que Ton peut expiiquer par la propagation directe entre deux parties condgncs on SCIENCES PHYSIQUES. 18 1 continues ( page 4 ) , il indique ( page i3 ) la continuite de tissii comme une des causes les plus f^condes d'affections sympathiques. II seiail aise, jecrois, d'etablir que la contradiction n'existe que dans les mots; plus aisenient encore , I'auteur la fera disparaitre. Fiis d'un praticien que ses qualites personnelles rendent cher a ses nombreux malades, non moins que ses connaissances el son ex- perience consommee leur rendent ses soins precieux; disciple d'un professeur qui peut trouver encore des contradicteurs dans la th^ra- peutique, mais non pas dans la physiologie ; sous leurs auspices r^unis, M. Paul Reis entre dans la carriere : il s'annonce par un ou- vrage oti se joint au m^rite de la precision , celui d'une diction pure et d'un style simple sans mauquer d'elegance. La science, deja si riche sous I'un et I'autre rapport , peut esperer en lui un bon ecrivain et un physiologiste habile. Qu'il ne s'arrete pas : qn'il travaille a remplir lui-m^me , dans sa vaste etendue , le cadre qu'il a heureuse- nient trace, et a ranger au rombre des points de doctrine prouves par les faits et les raisonnemens, la maxime d'Hippocrate qu'il a prise pour ^pigraphe, maxime jusqu'ici plutot sentieque demontree: Tout concourt, tout conspire, lout consent. Eiisebe Salvebte. y 8. — De I'epilepsie en general , et particiilierement de celle qui est de- terminee par des causes morales ; par7.-t. Doussin-Ddbreuil, D.-M., membre de la Societe royale academique des sciences, etc., avec cette epigraphe : Intus et in cute novi. Seconde edition , revue , corrigee et augmentee. Paris, iSaS; Koret. i vol. in-ia de xx et 244 pages ; prix 3 fr. Get ouvrage se divise en deux parties, dont la premiere renferme la description de la maladie, et tiaite de la duree du paroxisme , de la periodicite et des causes de I'epilepsie, de son siege dans les diverses parties du corps, de ses causes interieures ou exterieures. La seconde partie s'occupe des causes morales qui peuvent deter- miner I'epilepsie. EUe signale d'abord les chagrins, la trop grande contention d'esprit , la peur, I'amour, !a colere. EUe se termine par un examen des remedes recommandes contre cette maladie. Z. 79. — Traite cample t de la Djssenierie et de la Diarrhee , precede de riiistoire clinique de ces maladies, suivi de quelques considerations sur la contagion essentielle et sur celle de la dyssenterie; par P. YiGNEs de C. D.-M., de la Faculte de Paris, etc. Paris, i8a5; i8i LIVRES FRANCAIS. I'editeur , rue -de I'^cole de Medccine, n" 4 ; Rousselon libraire. Iu-8° de 383 pages ; prix 6 fr. La dyssenterie pent se manifester dans tous les climats et dans toutes les saisons : elle r^gne eudemiquement ou epidemiquement. Lorsqu'elle est epideniique, elle peut <5tre placee, par rapport aux ravages qu'elle exerce, sur la nieme ligne que la peste,la li^vre jaune, ou le typhus. C'est surtout dans les rassemblemens d'hom- mes, tels que les prisons, les vaisseaux et les camps qu'on la voit se developper avec le plus de violence. Cette nialadie ayant existe de tous tems, les medecins de la plus haute aritiquite I'ont ohscrvee et en out donne des descriptions phis ou nioins exactes ; mais c'est sur- tout aux interessantes recherches de Bonnet et de Morgagni qu'est due la connaissance de son siege. Pour faire un traite coniplet de la dyssenterie, M. Vignes a voulu puiser dans les ouvrages de Sydenham, de Pringle, de Stoll, etc., et surtout dans I'excellent article de MM. Fournier et Vaidy , insert dans le Dictionnaire des sciences iiicdicalcs ; mais, avec tant d'excel- lens materiaux , il n'a su faire qu'un assemblage bizarre, ou les doc- trines les plus contradictoires sont admises sans jugement. Les his- toires particulieres, tirees de la pratique de I'auteur , sont diffuses, et les traitemens qu'il a employes sont quelquefois si contraires aux principes generalement adoptes qu'on n'ose pas meme croire aux guerisons annonceesi Nous ne nous etendrons pas davanlage sur ce livre, que peu de medecins auront le courage de lire. So. — Memoiie sur V Acupuncture , suivi d'une serie d'observations lecueillies sous les yeux de M. Jules Cloquet; par M. Morand, D.- M. Paris, iSaS ; Crevot. In-/|° de 56 pages; prix > francs. 5o cent. et 3 francs. 8t. — Notice sur r. Acupuncture , son historique, ses effets et sa theorie; d'apres les experiences faites a I'hopital Saint-Louis; par M. Pellet.vn fils, niedecin du Roi , professeur de la Faculte , etc. ( Extrait de la Revue medicale , Janvier i8a5 ). Paris et Montpellier , iSaS; Gabon et C. In-8° de 32 pages; prix i fr. i5 cent, et i fr. 35 cent. Dans notre cahier du mois de fevrier dernier , ( t. xxv , p 4^9 ) > nous avons fait connaitre le menioire de M. James- P«Iorss Chur- chill , sur I'acupuncturc ; et a cette occasion , nous avons parl^ du travail de M. Pelletan, qui a ete insere en entier dans la Rente mediciile de Janvier iSaS. M. le docteur Morand a puise a la m6me source que M. Churchill, pour faire Thistoire de I'acupnncture. II SCIENCES PHYSIQUES. t83 a doiine plusieurs observations de guerisons extraordlnaircs , tirfces de la clinique de M. Cloquet et de sa propre pratique. Nous somnies convaincus de la bonne foi des observateurs ; mais, comme deja plusieurs praticiens distingues ont reoueilli des faits contradictoires, nous pensons qu'il est prudent d'atteudre , avant de porter un juge- nient definitif sur un moyen tberapeutique qui n'est pas toujours aussi innocent qu'ou a pu le croire. D- 82. — Notice sur les bains de mer de Boulogne, et sur I'etablisse- mentforr.-ieparM.Y^RSijLi.. Boulogne, i825; iniprimerie de P. Hesse. lu-S" de 17 pages, avec 4 planches. Cette brochure n'est pas seulement la description du superbe etablissenient de M. Versial, qui donne aux bains de mer de Bou- logne des agreniens qu'on n'a pas encore eu soin de rassenibler ailleurs, ni I'enumcration des bons effets de ces bains, ni I'indica- tion des lieux ou le sejour des voyagenrs sera le plus commode, etc. : des souvenirs iuteressaus de I'antiquite et du moyen age ; des souvenirs plus imposans des terns modernes ; les beautes de la nature, les nombreux avantages qu'offre un sejour liabituel ou rao- mentanne duns Boulogne, tout ce qui dans cctte ville peut exciter la curiosite ou fixer Fattention du voyageur, se trouve renferme dans un petit nombre de pages. Nous aurions transcrit cette notice presque en entier, si elle n'eut point excede debeaucoup les bornes dans lesquelles nous devons nous renfermer. Ceux qui visiterout Boulogne, soit pour faire usage des bains, soit par tout autre motif , feront ties-bien de s'en munir. — Trois planches representent le plan et deux elevations du nouvel edifice des bains, et une qua- trienie la colonne dont nous avons deja parle dans notre cahier de novembre 1824 (torn, xxiv, pag. 425). F. 83. — * Description des machines et precedes specifies dans les brevets d' invention , de perfectionnement et d' importation , dont la duree est expi- ree , publiee d'apres les ordres de S. Exc. le ministre de I'lnterieur ; par M. Christiajn , directeur du Conservatoire royal des arts et me- tiers. Tome VIII. Paris, iSaS; M™e Huzard. 1 vol. iu-4", avec 3o planches ; prix aS fr. , et 29 fr. par la poste. Ce volume deSgS pages, imprime avec une grandeprodigalite que nous avons plusieurs foissignalee dans les analyses des vol. precedens ( Rev. Enc. , t. XXIII, p. 674) , contient cent brevets, depuis le n"5g4 jusqu'au n" 693, inclus. II renferme quelques brevets plus ou moins importans, que nous allons citer selon I'ordre de leur inscription. 1° Une mecanique propre a remplacer la main dans la couture dei i84 LIVRES FRANCAIS. hubilleniens. i° Pour impriiner les porcelaines et toute esp^ce de terre cuite sous couverte. 3° Pour I'impression en coiileurs solides sur toute esp^ce d'etoffes de laine. 4° Pour la fabrication du suif artifi- ciel. 5" Sur la fabrication des vis a bois. 6" Pour une machine a couper les bois de teinture. y° Pour des perfectionnemens apportes aux roacliines a carder et a filer la laine. 8° Plusieurs mf chines differentes pour la preparation et la confection des etoffes. 9° Pour des ameliorations dans la carbonisation du bois en vaisseaux clos. 10° Pour une machine propre a fabriquer le fond de dentelle. 1 1° Pour faire le verre avec le sulfate et le muriate de soude , sans le secours des alcalis. ta" Pour un nouveau procede propre a faire I'acide sulfurique. i3° Pour la preparation de la couleur rouge, dite d'Andrinople ; son emploi dans la teinture des tissus de colon, et les moyens d'y faire des reserves pouryappliquer d'autres couleurs,etc. , Quelques autres brevets meriteraient d'etre cites. Pour faire convenablement apprecier les progres de I'industrie , et le bien que procurerait une bonne loi sur les brevets, il faudrait non-5 eulement copier litteralement toute la table de ce volume, mais, encore ra])porter le texte de tous les brevets , et surtor.t les classer par ordre de matieres. On verrait alors les progres successlfs de chaque branche d'industrie, ce qui serait tres-important. Une table methodique ajoutee a la table generate , ou bien celle-cl faite dans un ordre methodique serait iniiniment utile. Nous sommes surpris que le redacteur actuel de cette collection , qui met tant de zele a ses ouvrages , n'y ait pas songe. On s'apercoit avec satisfaction que, depuis que le ministere a pris la sage mesure de ne delivrer un brevet que lorsque la description d'une invention , d'un procede ou d'un instrument est claire et pre- cise , les decouvertes des auteurs sont plus intelligibles , et que le but de la loi se trouve ainsi mieux atteint. En effet , lorsque la descrip- tion est redigee dans un langage enigmatique, le but de la loi est 6lude, et a I'epoque de I'expiration du brevet , le domaine public ne poss^de rien, et ne pent pas mettre la decouverte a profit. La loi a imperieusement ordonne a celui qui demande le brevet de ne rien cacher de ses precedes, sous peine de voir prononcer sa decheance; il est done indispensable qu'il en donne la description parfaitement e.xacte et intelligible. II est vrai aussi que la loi dit que le brevet sera delivre sans examen prealable , c'est-.i - dire sans jugement prealable du mcrite de Tinvention ; et en cela , le legislateur a eu raison. Mais il faut faire attention quVn meme terns que la loi de- SCIENCES PHYSIQUES. i85 feud au gouveriieinent de s'occuper du m6rite de rinvea'.ion, elle lui ordoiine de veiller h ce que la description ne cache rien de ce qui doit y ^tre relate. Le gouvernement doit done s'assurer que cette description est redigee d'une mani^re iutelligible pour ceux qu'il a charges de I'examiner sous ce seul rapport. Deja il a donne les ordres necessaires pour atteindre ce but. II est certain que, lorsque cette mesure sera scrupuleusement executee,la publication des brevets d'invention sera aussi utile a notre industrie qu'elle doit I'etre. Nous faisons les voeux les plus sinc^res pour que, sous aucun pretexte, I'intention du legislateur ne soil jamais eludee. L. Seb. Le NorMand , professeur de technohgie. 84. — * Discours et lecons sur V industrie, le commerce , la marine , el sur les sciences appliquees aux arts , par le baron Charles DupiW , membre de I'Acaderaie des Sciences, etc. Paris, 182 5; Bachelier. a vol. in-8° ; prix , 10 fr. 5o cent. M. Dupin a divise cette collection en deux parties: la premiere contient les discours qu'il a prononces dans les seances de UAcademie lonienne et dans celles de I'lnstitut; et la seconde comprend ce qui est relatif au cours de mecaniqiie appliqnee que I'auteur fait au Con- servatoire des Arts et Metiers. Nous avons deja eu Toccasion de parler de ces discours, au sujet des seances publiques de I'lnstitut et de I'Acadeniie des sciences , et nous en avons insere des extraits assez detailles. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxill, p. 678 , et t. xxiv, p. 746). Nous avons rendu compte aussi du Cours de niecanique industrielle dont notre academicien est charge ; enseignement precieux que les Strangers nous envient, et quel'ignorance aurait voulu faire suppri- mer : heureusement , il parait maintenant affermi. D'ailleurs, si cette source d'instruction etait detournee , si nos arts ne pouvaient plus y puiser, M. Dupin y a pourvu. Des professeurs habiles re- pandront dans tous les ateliers le savoir qui dirige et perfectionne lesprocedes; les inventeurs seront moins exposes a s'egarer, la marche de I'industrie sera plus ferme et plus rapide, et ses travaux plus fructueux. Esperons que ces bienfaits de I'instruction ne nous seront pas enleves par la puissance occulte et malfaisante qui me- nace aujourd'hui toutes les ameliorations sociales , toutes les crea- tions de I'intelHgence , toutes les ceuvres de la raison. Les deux discours prononces dans les seances de I'Academie lonienne annoncaient deja ce que M. Dupin fcrait pour le progres des arts ; « Enseignons , disait-il , les sciences pour le grand nombre , el laissons I'homme capable de devancer beaucoiip sesrivaux, s'ou^ i8G UVRES I'RANCAIS. vnr lui-m(5tne un cheiiiin plus rapide. » Mais la destinee de I'Aca- (leinie lonieniie et du bien qu'dle eiit produit depeudait des succes de la France; tout s'evanouit, lorsque la fortune nous abandonna. Deretouren France, M. Dupin se consacra plus efficacement encore iiu service de sa patrie, si toutefois les acquisitions dans les sciences ne sont pas un bien commun .i toutes les nations 6clairees. Lors- quil fut charge de faire, au Conservatoire des arts et metiers, un conrs de niecanique appliquee , ses voeux les plus ardens furent ac- complis , et Ton sail avec quel succes il s'acquitta de cet enseigne- nient tout-a-fait nouveau pour la France. Oa pense bien que les discours du professeur sur ce sujet s'eloignent de la forme aca- ilemique, que le style y est celui d'uue conversation soignee, oii 1 ordre des pensees et la justesse des expressions sont tout ce que Ion recherche, ou la parole ne s'adresse qu'a la raison calme, a la reflexion. Des resumes substantiels et precis y montrent I'en- semble de I'instruction, enchainent les notions eutre elles, et leur assignent ainsi une place mienx determinee et plus fixe dans la nic- moire. C'est principalenient au cours de geometric et de niecanique ])our la classe des ouvriers, que M. Dupin s'est attache a donner ce caractere de simpliclte et de clarte. Nous n'avons pas encore fait connaitre a nos lecteurs I'interessaut resume general des applica- tions de mecanique fait par le professeur, le 26 mars deinier; notre cahier de ce mois n'a pu en faire mention. Apres renumeration des differentes natures de forces, et plusieurs details sur celles que I'lionime trouve en lui-meme, le professeur ex- jiose les avantages de la division du travail , du silence observe dans K'S ateliers, afin que chaque ouvrier soit tout entier a ce qu'il fait . aux ordres on aux instructions qu'il recoit;le systeme actuel des poids et mesures; les lois generales du mouvement, de I'equilibre; les ma- chines simples, la theorie du frottement et des regies pour en de- terminer I'effet. « Je vous ai signale quelques moyens d'ajouter a votre force corporelle , par un systeme de vie mieiix entendu, plus regulier; par une nourriture jjlus abondanle en substance animale; sans oublier neanmoins les regies de la sobricte. J'ai joint .i ces re- gies quelques conseils sur I'esprit d'ordre qui economise nos forces , ainsi que nos ricliesses, esprit sans lequel il n'est pas de prosperite durable dans I'industrie; sur la discipline qui doit reguer dans les ateliers , sur la bonte, sur riiumanite qui doivent lionorer le carac- tere des superieurs; sur le respect et sur I'atlachement qui doivent embellir I'obeissance des inferieurs. " D'excelleus preceptes de con- SCIENCES PHYSIQUES. 187 duite ne sont pas ce qui , dans ce cours , aura obtenu des resultats moins importans et moins prompts. M. Dupiu rend compte de ce que plusieurs villes ont deja fait pour fonder des ecoles d'industrie ; il cite Lyon, Nevers , Clermont, I'Orient, Lille: les departemens de la Meusc, du Haul et du Bas-Rhin , etc.,ne tarderont pas a entrer dans la m(5me carrifere. " Des Tautomne prochain , je reprendrai le cours que je termine aujourd'hui ; je le developperai beaucoup plus: il sera ma seule pensee, ma seule occupation , jusqu'a I'instant ou je I'aurai conduit a son terme. A mesure que j'expliquerai mes le- cons , je les publierai tout entieres, par cabiers separes, ajant cha- cuii ses figures. Une retribution'modique suffira pour que I'ouvrier se procure , une a une , ces lecons dont I'ensemble composera le syst^me d'enseignement qui peut lui etre utile. Je tcux particuli^re- ment, dans le cours de I'annee prochaine, former de jeunes profes- seurs qui puissent propager le nouvel enseignement dont vous venez d'assurer le succes. » Ces jeunes professeurs seront envoyes aux villes qui les demanderont , en reservant les talens les plus distin- gues pour les cites qui les traiteront avec le plus de munificence. " En ouvrant mon cours, j'avais forme le voeu de voir enseigner pour vous la geometrie descriptive : M. Gauttier, professeur au Conser- vatoire , ancien eleve de I'Ecole Polytecbnique, s'enipresse de repon- dre a ce desir ; il me remplacera , les mercredis , dans cette enceinte ; il vous expliquera les principes d'une science qui peut, qui doit rendre et qui a meme deja rendu les plus signales services a notre industrie. » II est cousolant d'apprendre que ce nouvel enseignement obtient beaucoup de protecteurs puissans, et qu'il ne rencontre qu'un petit nombre de detracteurs. S'il est vrai qu'un mal ne vient jamais seul, il ne le sera pas moins que d'autres biens nous viendront en meme tems que le savoir propage par le nouvel enseignement. Si Ton trouve le moyen de le repandre dans les campagnes , le bon sens est a peu pres en surete , et les efforts que Ton fait pour le retablisse- ment de quelques vieilles erreurs, pourront bien tourner a la confu- sion des ennemis de la verite. Feury. 85. — * Traite iheorique et pratique de I' art de calciiter la pierre cal- caire et de fabriquer toutes sortes de mortiers , cimens , betons , etc. , soil a bras d' homines , soil par des machines ; par M. Hassenfratz , inspec- teur divisiounaire en retraite au Corps royal des mines, etc. Paris, 1825, Mme Husard ; Carilian Gceury. In-4° de 43o pages, avec J I planches gravees ; prix 18 fr. , et 21 fr. i88 LIVRES FRANC AIS. Cet ouvrage est le plus complet que nous ayons sur urie partie cssentlelle de I'art de batir, toujours negligee ou trait^e peu conve- iiajjleinent dans les livres des archltectes ; la fabrication des mortiers et la preparation des matieres dont ils sent composes. Rondelet mc*me, quoique pins iustruit sur cet objet qu'aucun de ses devan- ciers, n'est pourtant pas sans reproche lorsqu'il traite des mortiers; les erreurs chimiques dans lesquelles il tonibe trop souvent don- naleut autrefois beaucoup d'humeur a Guyton-Morvaux. II est in- concevable que les architectes persistent a borner leur art a des cotnbinaisons de formes, a des distributions, etc.; qu'ils ne sentent point combien il leur importe de ne pas ignorer les lois de la sla- tique, s'ilf craignent d'aller trop loin dans I'etude de la mecanique; de ne pas demeurer Strangers a la chimie ; car, faute d'un savoir qu'ils pourraient acqiierir si facilement , ils s'exposent a faire usage de matieres qui compiomettent ou deshonorent leurs travaux : on en a \u plus d'un exemple, m^rne daus la capitale. — Nous ne man- quous cependantpasdebor.s memoires sur les mortiers; mais ce n'est pas a des architectes que nous les devons. Depuis quelques anuees, les recherches et les ecrits de MM. Vicat et Treussart ont fait faire de grands progres a cette partie de I'architecture; et Touvrage du premier, intitule: Recherches experimentales sur les chaux de construction , hsbetonset les mortiers ordinaires (i), est un guide que I'onpeut suivre avec conflance. M. Hassenfratz s'est propose de reunir dans un seul ouvrage la substance desmeilleurs Merits sur les mortiers, etc. , et de completer ce qui concerne cet objet, en y ajoutant la description de I'art du chaufournier. 11 avail aussi en vue de rappeler et d'etablir ses droits a quelques decouvertes qu'on ne lui a point attribuees. Le public se montre ordinairement peu attentif a ces debats , ou ne s'en occupe qu'avec un peu de malice : c'est un juge paresseux lors- qu'il est desinteresse. L'auteur a divise son travail en deux parties : dans la premiere, il traite de hi chaux -five et de la maniere de Vobtenir , et dans la seconde de I'emploi de la chanx. La premiere partie appartient en quelque sorte i* la chimie et a la mineralogie : elle est suhdivisee en trois sections, dont les deux premieres peuvent etre regardees comme la tlieorie de la troisieme , et preparent la theorie des mortiers. (i) Paris, i8iS; Goujon , nio du Bar , uo 33. In-4" de lOO p.igis, avec 25 tableaux et 3 jilanclies. SCIENCES PHYSIQUES. 189 Dans la troisieme section, I'auteur fait une description complete de i'art de calciner la pierre calcaire , c'est-a-dire de la reduire en chaux vive. On trouve dans la seconde section I'analyse de 46 va- rietes de pierres calcaires presque toutes employees daus les construc- tions. Rien ne parait omis dans cette partie de I'ouvrage. La seconde partie est traitee aussi avec beaucoup de soin. L'auteur I'a divisee en quatre sections : la premiere fait connaitre les differentes mani^res d'eteindre la chaux , et les proprietes que cette substance acquiert , suivant les preparations qu'elle a subies , la fabrication des chaux hydrauliques artificielles , etc. ; dans la seconde , l'auteur passe en revue les differentes matieres unies a la chaux dans la composition des mortiers. L' erudition y franchit peut-^tre les bornes de I'ulile; mais les constructeurs sauropt y distinguer ce qui leur convien! ; le reste pent satisfaire la curiosite. La troisieme section est a la fois theorique et pratique; I'explication des procedes , I'exposition des phenom^nes et les recherches sur leurs causes se succedent dans un ordre qu'il eut cte facile de rendre plus simple. L'auteur y a rassemble tout ce qui concerne les manipulations des mortiers, leur durcissement , soit a Fair, soit dans I'eau , I'influence du terns et de I'etat des matieres employees. Enfin , la quatrieme section traite de I'emploi des chaux et des differentes sortes de mortiers , soit pour la construction des edifices, so!t pour les couvertures , les pla- fonds , les ornemens interieurs , etc. Cette partie de I'ouvrage est la plus courte ; M. Hassenfratz la terniine ainsi , apr6s avoir decrit les procedes du badigeonnage , et donne , d'apres les commissaires de rinstitut , l^composition du badigeon-chevalier : « On volt , d'ajires tous ces details, combien il reste eucore a faire pour avoir des don- nees exactes sur les pierres a chaux , leur calcination, les cai'acteres, la bonte et les usages des differentes chaux , enfin , sur la composi- tion des mortiers , des betons , des cimens , des stucs et des badi- geons. Nous serons bien recompenses si cet ouvrage peut engager les constructeurs et les savans a s'occuper de ces objets, et si leurs recherches les conduisent a des decouvertes heureuses et utiles. » — Une table des matieres par ordre alphabetique rend les recherches faciles, et donne a cet ouvrage I'utilite d'un reper- toire. L'auteur parait I'avoir destine principalement a cet usage , auquel il convient a tous egards : il sera consulte souvent , et long-tems. 86. • — ■ Le Secret de I'hydrofuge revele a MM. les proprietaires ; par M. Prosper, brevete de S. M pour I'invention des matieres hydro- igo LIVRES I RAXCAIK. fuges. Paris, i8'j5 ; I'auteur, rue des Mouliiis, n" 3. Petit in-12 de 'V P^g^s ; prix a fr. pour les souscripteurs. Dansuu a^erthsement , qui est quelque chose de plus qu'une intro- duction, M. Prosper rend compte des motifs qui I'out determine a pubiier ses procedes , au lieu de les faire valoir a son profit, au moyen dun brevet d'invention. Afin de seconder ses louables in- tentions, nous croyons devoir nous borner a recommander son opus- cule aux amis des arts economiques. Tout ce qu'ils y trouveront parait tres-conforme aux faits chimiques connus , et Ton ne peut refuser a I'auteur une confiance acquise par de longs travaux bien diriges. 11 est juste qu'il recueille au moins quclques fruits de ses penibles reclierches. Ses procedes sont decrits avec clarte et avec tons les details que les manipulations peuvent exiger. II termine ce petit ouvrage par le post-criptum suivant : « Bien des personnes habituees a n'aclieter des brochures qu'a un prix exactement pro- porlionne a I'epaisseur du volume, trouveront peut-6tre que le prix de 2 francs est trop fort pour I'epaisseur de celui-ci , et ceux de messieurs les libraires qui n'en jiigeront que par la meme considera- tion , pourront penser de meme. Nous prions les uns et les autres de daigiier observer : 1° que ce n'est pas une brochure, mais un secret que nous livrons au public ; 2° que nous n'avons point cherche a nous indemniser des frais d'impressiori et de publication , mais de reclierches penibles et couteuses ; 3° que la voie que nous avons choisie peut amener pour le public un bien tres-desirable , une com- munication pronipte et facile de tous les procedes qui ijjiteressent la societe, et qui ne lui sont reveles qu'apres le nombre n'annees fixe par le brevet d'invention ; 4° que cetle voie peut servir a dejouer les manoeuvres des fripons qui, abusant d'une confiance nicessaire , alongent et alterent les bonnes mati^res, et se targuent de les avoir perfectionnees. » F. 87. — Traite de la Garande et des matieres et otivrages d'or et d' ar- gent, contenant les lois et ordonnances qui ont ete rendues sur le commerce de I'orfevrerie , depuis I'etablissement du poincon de maitre jusqu'a 110s jours , avec les instructions relatives au service de la garanlie et de I'argue, et a la surveillance de la fausse mon- naie; les arrets de la Cour de Cassation sur les matieres; un expose du contentieux ; et precede d'une introduction sur I'origine de I'or- fevrerie et les droits de marque d'or et d'argent; par B.-L. Raibaud, controleur de la garantie a Marseille. Paris, iSaS ; M. Carriere ancien controleur principal , rue Saint-Martin, n" 94 ; Smith , Re- SCIENCES PHYSIQUES. 19 1 iiard et Delaiinay ; Marseille, Tauteur, rue Sainte, n° 60. i vol_ .^ in-80 de 3i5 pages, avec 8 tableaux parfaitement litl;ogiapliies, rt'presentant tous las divers polncons counus , encore en usage au- jourd'hui, ou qui ont cesse de I'etre; prix , /^ fr. 5o c. et 5 fr. 5o c. Get ouvrage, que reclamait une des branches du service des con- tributions indirectes , se divise en six parties ou livres , qui traitent : 1° des employes de la garantie et de leurs attributions; 2° du service interieur des bureaux et des operations de I'essayeur ; 3° des poin- cons et de leur application sur les ouvrages d'or et d'argent; 4° des visites de surveillance chez les orfevres, horlogers, couteliers , op- ticiens, quincailliers et autres faisant le commerce des metaux pre- cieux, ouvros ou non ouvres ; 5" de la surveilUince relative aux argues clandestines et a la fabrication et emission de la fausse mon- naie, avec un tableau indicatif des signes qui distiiiguent les fausses pieces d'avec les bonnes ; 6° enfin , de tout ce qui concerne la partie conteutieuse. Cbaque livre est divise par cbapitres , suivant la na- ture et le rapport des mati^res entre elles. Cette distribution de Tou- vrage a permis a I'auteur d'entrer dans les plus grands details sur la pratique de I'art, de faire connaitre tout ce qui pent contribuer a la falsification du litre des metaux precieux, et de rappeler quel- ques anciennes dispositions legislatives concernant le droit de marque, aCn que MM. les redevables puissent etre a meme d'appre- cier les avantages qui resultent des lois nouvelles sur le commerce de I'orfevrerle. L'auteur a joint a son ouvrage les dessins lithographies de tous les poincons mis en usage sous le regime des communautes d'or- fevres ; ceux que la regie des aides employait dans les villes prin- cipales du royaume oil la perception du droit de controle avait lieu , et enfin tous les poincons qui ont existe depuis retablissement des bureaux de garantie et ceux du service courant. Cette collection complete, la seule qui existe , facilitera le commerce de I'orfevrerie, pour connaitre I'origine de cbaque espece d'ouvrage d'ancienne et de nouvelle fabrication, et consequemment a quel litre il a etc fabri- que. Les employes seront aussi mieux a portee de distinguer la spe- cialite de cbaque marque. L'auteur se propose, dans le cas de nou- velles remises , de donner les supplemens necessaires pour le dessin des poincons et les annotations a faire dans les divers cbapitres de son traite; en sorle que cet ouvrage, egalement utile aux orfevres, aux jurisconsultes, aux employes des douanes et du TMont-de-Piete, aux commissaires-priseuis et auties officiers ministeriels , pourra iga LIVRES FRA.NCAIS. toujouis ^Ue au coumiit laquelie est generale- ment estimee, nous avons remarque que le systfeme des routes 6tait SCIENCES MORALES. igS aussi complet que possible , et que M. Berthe I'a m^me enrichie de differentes routes qui ii'existaient point sur celle-ci , notainment dans le royaunie de Naples et de Sicile , les iles de Sardaigne et de Corse. Nous engageons neanmoins I'auteur, dans un prochain tirage de sa carte, a revoir cetle partie de son travail , que nous hesitons a signaler comine une amelioration. Cette carte, qui porte le millesime de iSaS, est absolument la meme qui a ete publiee en iSaS. L'orthographe des noms etrangers est due aux conseils de M. Klaproth et de plusieurs autres savans. Sueur-Merlin. N. ff. La maison du Roi a souscrit pour plusieurs exemplaires de cette carte. Sciences religieuses , morales, politiques et historiques. 91. — * Bibliothiqiie clioisie des Peres de I'eglise grecque et latlne; par M. GuiLLON, professeur d'eloquence sacree dans la Facultede theo- logie de Paris, etc. in' partie, contenant les Peres dogmathjnes; t. V et VI. Paris , iSaS ; Mequignon-Havard. In-8" de 463 et ^6^ pages. Prix, 7 fr. le volume. Nous annoncons avec autant d'empressement que de satisfaction , la suite de cet excellent ouvrage, qui est entierement termine, et dont les deruiers volumes vont paraltre successivement. Les trois premiers siecles ont fournl a I'auteur deux classes d'ecrivains eccle- siastiques, les Peres apostoliques et les apologistes, qui composent la premiere partie du recueil. La seconde, bien plus riche en mo- numens , est traitee , comme la premiere , avec Tetendue convenable, et avec la meme methode. Elle renferme aussi des analyses et des traductions fideles des passages les plus irliportans. Elle s'etend du iv"^ siecle jusqu'au xiii* , oil commencent les docteurs scolastiques. Cette troisieme partie est divisee en dix livres , dont le premier forme le t. v. Les Peres les plus remarquables dans le t. v sont Athanase, pa- triarche d'Alexandrie, le vainqueur de I'arianisme, et notre celebre saint Hilaire , ev^que de Poitiers , dont les Francais ont lu avec tant de plaisir un sublime passage dans le memorable discours de M. Royer-Collard , sur le projet de loi relatif au sacrilege. Ce pre- mier livre, orne d'un discours prelirainaire, contient les extraits de vingt autres Peres de I'Eglise et des principaux conciles du IV* siecle ; le deuxieme livre est uniquement cousacre a saint Gre- goire de Nazianze, a son illustre ami, caint Basile-le-Grand, et , a saint Gregoire de Nysse. La vie et les extraits de saint Gregoire de ujG LIVRES FRANC.-VIS. Nazianze occupent seuls tout le sixifeme tome, compose, ainsi qui; le premier, avec beaucoup de talent, dc goiit et de science tVieolo- gique et critique. L'auteur y ainsere une traduction nouvelle, pres- que complete, de la vie d^ saint Gregoire de Nazianze, ecrite en grec par ce meme saint Gregoire , et une autre semblable de I'eloge fu- nebre de saint Basile-le-Grand, ecrite aussi en grec par saint Gre- goire de Nazianze. ga. — Du proselfiisme, on de I'incapacite des mineurs de chan- ger de religion; par /).-£. Stoebkr. Strasbourg, iSaS; Schuler: Paris; Treuttel et Wiirtz. In-S" de 24 pages ; prix 60 c. L'auteur est un habile avocat de Strasbourg, qui a ele probable- ment frapp6 des intrigues de certains convertisseurs, animes d'un zele aveugle et furieux, que Ton pourrait quelquefois qualifier d'hy- pocrisie. Mais que faut-il entendre par mineurs P L'auteur voudrait qu'on ne put changer de religion , avant vingt-un ou meme vingt- cinq ans. II nous semble que la conscience, et consequemment la liberie de conscience pent naitre , avant les deux ages qui viennent d'etre indiques. Nous n'avons point d'autre loi sur cette mati^re, que la declaration de Louis XVI du 23 mars 1782, rendue pour I'Alsace, et qui defend aux jeunes Alsaciens protestans, d'embrasser la reli- gion catholique, avant I'age de quatorze ans accomplis. q3. — Du Sacrilege et des J esuites ; par M. Isidore Lebrun, auteur de \' Emigration indemnisee. Paris , iSaS ; Delaunay. Br. in-S" ; prix I fr. 5o c. Cette nouvelle brochure d'uu de nos auteurs les plus instruits dans I'histoire auecdotique de France , est uue application perpetuelle des faits les plus averes et les plus remarquables aux dispositions du piojet de loi qui repugnent davantage aux personnes eclairees et impartiales. On ne saurait trop mediter les cruelles vengeances du sacrilege de Thorn, qui coviterent la vie aux magistrats et aux ci- toyens de cette ville. Voltaire n'avait point fait assez connaitre ces barbares jugemens , ces revoltans sacrifices de victimes humaines soUicitcs par des jesuites, et obtenus de I'autorit^ au milieu d'uu peuple ignorant et fanatique. Le discours d'uu jesuite qui sollicitu publiquement et qui fit ordonner des scenes si honteuses et si cruel- les, merite la plus grande attention. nA, Les Jesuites remis en cause, ou Entretiens des -vii'uns et des morls , des partisans et des adversaires , a la frontiere des deux mondes. Paris, iSaS; Dondcy-Dupre. i vol. in-8° ; prix 6 fr. Ouand on voit tant de volumes se succeder en France, pour et SCIENCES MORALES. 197 centre les jesuites , et tant rle plaintes contre Montrouge, Saint- Acheul , etc., on est force de croire qu'il existe en France des jesuites pseudonymes en public, et loyolistes dans leur interieur; conse- quemment, qu'il y a dans le royaume une force plus puissante que la loi du pays, qui, apres une instruction contradictoire, longue et etendue , jagea I'institut jesuitique inadmissible par sa nature, con- traire au droit natutel et aCtentatoire aux deux auloritcs spirituelle et teinporelle. On sent qu'un tel etat de clioses est tres-dangereux. gS. — JSouvelles Leltres provinciates, ou fObsen'ateur des jesuites au XIX* siecle; par M. S. , avec cette epigraphe : Donnons la I'erile pour base a la censure. Paris, 182$ ; veuve Goulet. In-8°; prix 2 fr. Get ouvrage se pubiie par cahiers d'une a deux feuilles. Le pre- mier et le second cahier out deja paru. L'auteur s'y montre lidele a son epigraphe , et il ecrit avec purete, meme avec elegance. L. 96. — Lcs Fruits de I' entendement , ou Guide moral par la recherche de la nature des ^tres ; precede de Sagesse et Folie , ou les Reves de rimagiiiaiion. Paris, iSaS ; Bossange pfere. i vol. ic-8" de 388 p. . prix 5 fr. 5o c. C'est la vieille question de Vume materielle ou immatirielie que l'auteur a entrepris de trailer. D'accord avec tous les philosophes Chretiens , il regarde I'anie comme imroaterielle ; mais il s'est , dans sa discussion, enveloppe d'un style si tenebreux , qu'on a peine a suivre ses raisonnemens , nienie sur les parties les plus connues de cette question. Les exemples ne me manqueraient pas : je me borne a cette citation prise au troisicmeparagraphe de I'ouvrage : >• Cepen- dant, nous croyons conipreudre la cause de notre intelligence au simple apercu de ce que nous sommes passibles par la nature de nos sens, nos idees naissant par les effets de tout ce qui tombe en rap- port, soil avec enx, soit par eux avec nous. » — Ces raisonnemens , d'ailleurs , n'ont rien de neuf , et ue reculent point du tout les homes de la science. — L'auteur arrive en dernier lieu a coaclure I'existence et la toute-puissance deDieu et I'immaterialite de I'ame, et a I'accord de la philosophie avec la religion. Mais peu de lecteurs se sou- cieront de le suivre si long-teins , et ils aimeront mieux sans doute parvenir au meme resultat par les meditations si courtes , si claires, si concises , de notre Descartes. Je ne dis rien des R<5ves de I'imagination places avant I'ouvrage. lis paraissent (5tre d'un genre plus leger : mais je ne les ai pas com- pris. En voici la seconde phrase. — << La societe entiere des hommes i6ve dans I'agiMtion de ses esprits comme dans le calme de ses igB LIVRES FRANCAIS. jouissances , et le bizarre de son ensemble , toot comme la position d'lin cliacun, n'est que teffet de ses reves. » 97. — * Lettre de Fenelon a Louis XIF, publlee avec deux vignettes lepresentant Louis XIV et Fenelon , avec fac simile; par M. A.-D. Renouard, libraire. Paris, iSaS. In-8° de 3g pages; prix 5 fr. La lettre que M. Renouard public aujourd'hui, est un veritable monument litteraire , historique et politique, remarquable sous plus d'un rapport. Mise au jour apr^s que son existence avait long-tems ete revoquee en doute , ou lorsqu'on la croyait du moiiis perdue pour la posterite, et rev^tue de tous les signes qui en peuvent constatef I'authenticite , elle vient rem()lir dans les OEuvres de Fenelon une lacune considerable, x Une piece de cette importance , etant impe- rieusement reclamee par I'histoire , dit I'editeur dans son avertisse- ment, meritait une edition soignee et surtout tres-fidele, digne de son illustre auteur, ainsi que de la gravite des sujets qu'elle traite et des motifs qui I'ont dictee. » M. Renouard I'a conGee aux soins de son fils, qui, d^s ses premiers pas dans la typographic, parait de- voir ^galer nos meilleurs imprimeurs. La lettre de Fenelon est tin modele de belle execution typographique. Une vignette repre- sentant une belle tete de Louis XIV, le portrait de Fenelon en cul de lampe, et \e facsimile exact de la premiere page de son manuscrit donnent un nouveau prix a cette belle edition , dontle principal me- rite ne ccsse pas neanmoins de se trouver dans la lettre meme de I'ar- cheveque de Cambrai. Cette lettre etait si peu connue jusqu'ici, que Ton me permetfra sans doute d'entrer dans quelques details sur son objet et son plan. Fenelon, peu ebloui des actions brillantes de Louis XIV, louche des plaintes du peuple , fort d'ailleurs du caractere sacre dont il est re- vetu , veut fnire entendre a I'un des plus absolus despotes qu'ait eus la France, la verite tout entifere. Un court exorde amene cette pro- position courageuse : « Vous etes ne , Sire, avec un coeur droit et equitable; mais ceux qui vous ont eleve ne vous ont donne pour science de gouverner que la deCance , la jalousie , I'eloignement de la vertu , la crainte de tout nierite eclatant, le gout des hommes souples et rarapans, la hauteur et I'attention a vos seuls intcrdts. » Les intrigues des flatteurs pour augmenter le pouvoir du roi , leurs injustices , taut envers les sujets qu'envers les etrangers, les anciennes regies de I'etat faisant place au bon plaisir du roi, les brigandages decores du nom de conquetes, appuyes sur des pretextes d'une fri- Tolite ridicule, et la riullite reelle du prince au milieu de tant d© SCIENCES MORALES. 199 ininistres, tyrans sous son uom , enfin la juste defiance et la ligue des rois etrangers ; telles sont les premieres peusees qu'inspire a Fenelon son zMe pour le salut du roi, etl'araour de sa patrie. Le tableau de I'interieur de la France offre des •verites plus bardies encore, et peintes de couleurs plus sombres : •> Le peuple... est plein d'aigreur et de desespoir. La sedition s'allume peu a peu de toutes parts... les emotions populaires , qui etaient inconnues depuis si long-tems, deviennent frequentes... vous ^tes reduit a la honteuse extremite , ou de laisser la sedition iuipunie et de I'accroitre par cette impunite , ou de faire massacrer avec inhumanite des peuples que vous mettez au desespoir, en arrachant par vos impots pour cette guerre le pain qu'ils tachent de gagner a la sueur de leur visage. » Et au milieu de ce deplorable etat, le prince s'aveugle lui-m^me; il manque de ressources et n'ose pas le voir ; il ne reconnait pas ses fautes ; il ignore ce que tout le nionde sait , que I'archeveque qui a capte sa confiance ( Harlay de Chanvallon , alors archeveque de Palis ) est « corroinpu, scandaleux , incorrigible , faux, malin , artifl- cieux, ennemi de toute vertu, et fait gemir les gens de bien; » que son confesseur ( le pere Lachaise ) « craiut la solide vertu et n'aime que les gens relacbes ; qu'il est jaloux de son autorite, qu'on a poussee au dela des bornes ;... qu'il est dupe de tons ceux qui le flattent et lui font de petits presens , etc. » On avait au moins espere que niadame de M. (Maiutenon) et le d. de B. (due de Beauvilliers ) detrompe- raient le roi : « mais leur faiblesse et leur timidite les desbonorent et scandalisent tout le monde... Malbeur, malheur a eux, s'ils ne vous disent pas la verite! et malheur a vous, si vous u'etes pas digne de I'entendre ! » Je ne transcris point la peroraison, digne en tout du reste du discours ; je me hate de terminer cet article pour un avis a I'editeur : la lettre de Fenelon est une piece telleraent importanle qu'il faudrait la repandre et la mettre a la portee de tout le monde , I'edition qu'il en a donn^e et que nous annoncons, sera sans doule rapidement enlevee par les curieux et les gens riches ; mais la classe raoyenne ne donnera pas cinq francs pour avoir vingt petites pages de texte : elle reclamcrait done une edition d'un autre format, et plus a sa portee : la verite de cet avis sera facilement sentie par celui qui a voulu mettre a la portee des classes les moins aisees , la Science du bonhomme Richard et les Conseils pour faire fortune. 98. — Pensees de Christine , reine de Suede , avec une Notice sur .a vie. Paris, 1825 ; Renoivard. i vol. in-12 de xxv et joo pages, ini^ aoo LIVRES FRANCAIS. prime par Paul Reuuuard, encre rouge et noire, portrait ,/nf simile; prix 9 fr. Les Pensees de Christine offrent les defauts et les avantages com- muns a tons les livres dii m(5me genre. Dites-vous , comme Mon- taigne , que les ])liilosophes sont voire droicte balle , parce que vous pouvez les prendre et les laissei- a votre gre , vous verrez avec plaisir un recueil de 1167 maximes d'une reine cel^bre par ses talens , et plus encore par son abdication. Tenez-vous a la liaison des idees, au developpement des pensees profondes , a I'inter^t enGn dans un onvrage? vous croirez sans doule qu'on aurait pu faire un choix beaucoup plus severe; vous sentirez que ce tilre vague de Maximes ou Pensees detachecs n'annonce, le plus souvent , qu'un cadre com- mode , oil Ton inscrit, avec une complaisance infatigable , le vrai et le faux , le neuf et le commun , pour peu qu'ils soient exprim^s en style laconique; et sans sortir des pensees de Christine, vous ap- pliquerez ce reproche aux maximes suivantes, que je prends au commencement de la 4*^ centurie : — « 3o2. Avoir I'esprit et le coeur grand, c'est avoir du merite. — 3o3. La cruaute s'attire la haine et le mepris. — 3o5. 11 ne taut pas confier scs secrets sans necessite, etc. « Sans doute ces pensees sont vraies ; mais elles ne sont pas neuves. En voici de plus neuves; mais sont- elles vraies? sog. « Les princes sont plus fourbes que leurs cours. — 299. Les medians ne sont que pour etre punis. ■ — -Sgi. La liberalite est une vertu qui se detruit. — 262. Ciceron etait I'unique poltron capable de grandes choses , etc. » Je dois dire, apres avoir fait cette part a la critique, qu'il se trouve un bou nonibre de pensees qui reunissent la justesse a I'ori- ginalite. — L'un des grands merites de ce livre appartient a Tinipri- meur, M. Paul Renouard, qui a parfaitement soigne I'execution typographique , qui a fait choix d'un fort beau papier , et qui n'a fait tirer qu'un petit nombre d'exemplaires. On a d'ailleurs ajout^ une Notice interessante et fort bien faite sur Christine , un fort hesiii por- trait, bien lithographic sur papier de Chine, et le /ac simile d'une lettre qu'elle adressait a la reine de France, en 1647. ^- ^■ 99. — Pensees et considerations diverses. Paris, 1824 ; Brajeux. I vol. in-S" de II I pages ; prix 2 fr. Get ouvrage n'est autre chose qu'une suite de pensees d'un honi.me de bien; avec une tendance assez prononcee vers le mysticisme, on y r!"iuarque une conviction profonde de la faiblesse de I'homme et du besoin qu'il a du secours de la religion. Le premier tliapilre, intitule : SCIENCES MORALES. 201 Considerations surVhomme, contientunesorted'histoire philosophiquc de son esprit, depuis le sciii de sa mere jusqu'au inomeiit oil il at- teint sa maturitc. Les chapitres suivans ne sont guere que des para- phrases de tel ou tel mot des evangiles ou du Yieux Testament. — J'ai dit que le mysticisme dominait dans ce livre; on en peut juger par ce passage extrait du chapitre xv sur la croix : >< La croix est figuree par una ligne perpendiculaire et par une ligne horizontale. La ligne perpendiculaire est ascendante, sans aucune espece d'in- clinaison : si on la suppose se prolonger et s'elever vers le ciel , elle echappe a tons les yeux terrestres qui ne peuvent la suivre. La ligne horizontale n'est jamais ascendante; un des points de celte ligne n'est jamais ni plus haut ni plus has que I'autre : elle ne peut offrir ridee d'aucune espece d'elevation , et elle represente tout ce qui est inferieur, tout ce qui est de ce monde. Tout ce qui tient a la terre, tout ce qui tient aux passions et aux affections de ce monde est re- presente par la ligne horizontale. Tout ce qui tient a Dieu, tout ce qui tient a Jesus-Christ, horame et Dieu, mediateur, redempteur volontaire et modele de Hiomme sur la terre ; tout ce qui tient enfin a I'esprit saint est represente par la ligne perpencyculaire. » Du reste , I'auteur recommande partout I'humilite et la charite : cette derniere vertu surtout se retrouve dans toutes ses pages ; elle justifie ce que nous avons dit de I'ouvrage , au commencement de cet article , que c'est une suite de pensees d'un homme de bien. 100. — Rapport lu dans la seance du conseil de la Societe de la Morale chretienne , le i3 decembre 1824 , au nom de la commission nommee pour examiner le Gymnase normal , dirige par M. le colonel AiioRos , et les avantages qui peuvent en resuUer par son influence morale sur I'amelioration des moeurs et du caractere; par G.-T. Doim, D.-M. , I'un des membres de la commission. Brochure in-8° de 19 pages. Ce rapport commence par quelqiies considerations genera les sur les avantages physiques et moraux de la gymnastique , sur le soin et I'attention que lui ont toujours donnes les peuples les plus re- nommes de I'antiquite. Apres eux , les Fiancs et les Germains y attachferent aussi une grande importance ; et dans le terns de la feodalite, la reputation des chevaliers etait principalement fondee sur leur adresse dans les exercices frequens auxquels ils se livraient; I'invention de la poudre , en egalant a peu ])res les forces physiques , a presque detruit la gymnastique : mais, si elle n'est plus dune necessite absolue dans le combat, elle conserve partout ailleurs ses 2oa LIVRES FRANC IIS. avantages. M. Armoros a done rendu , par I'institutlon de son Gym- nase normal, un tr^s-grand service a ceux qui ensuivent assidumcnt les exercices : M. Doiii s'est attache, dans son rapport, k faire res- sortir ces divers avantages, que nous avons deja signales. ( Voy. /fee. £nc., t. XXV, p. 574. ) B. J. loi. — * Constitution federative lies Etats-Unis mexicains , sanctionnee par le congres general constituant, le 4 octobre 1824. Paris, iSaS; Dondey-Dupre. In-S" de 162 pages; prix i fr. 5o c. Ce volume est une traduction du recueil espagnol intitule y4cta constitiitifa de la fedcracion mexicana, qui a paru au Mexique en 1824. Nous en extrairons, sans commentaires, quelques articles tr6s- dignes de I'attention des hommes eclaires. (Art. 3.) L'exercice de toute autre religion que le catholicisme est defendu. ( Art. 8. ) La chambre des deputes est elue en totalite, tous les deux ans , par les citoyens. (Art. ir.) II sera elu un depute par chaqne etat, et par chaque population de 80 mille anies , ou fraction d'etat de 4o mille 4nies. ( Art. ig. ) Pour devenir depute , il faut avoir vingt-cinq ans accomplis au moment de I'election. (Art. 23.) Sont ineligibles comme deputes lej secretaires d'etat et les employes de leurs bu- reaux, et les employes des finances dont les fonctions s'etendent a tout le Mexique. (Art. 2 5.) La Chambre des senateurs est nommee pour deux ans, et renouvelee par moitie chaque annee. (Art. 44-) Les deux Chambres donnent des instructions pour les concordats a etablir avec le Saint-Siege, et pour les ratifier. EUes accordent ou refusent I'entree des troupes etrangeres dans le Mexique et dans les ports mexicains, lorsque le sejour doit etre de plus d'un mois. (Art. 52.) Le president partage avec les chambres I'initiative des pro- jets de loi. (Art. 64.) Les actesinterprctatifs, modificatifs ou revoca- toires de loi auront toutes les formes des lois. (Art. 74 et pS.) Le pre- sident des Etats-Unis mexicains exerce dans toute la confederation le pouvoir executif supreme. II est elu pour quatre ans par le corps legislatif. (Art. no.) Il public les lois et decrets du congr^s, etc. II nomme les juges et les procureurs fiscaux de canton et de district, sur une liste triple dressee par la cour supreme de justice. (Art. 1 1 1.) II pent faire arreter pour cause de sinete generale et detenir tout prevenu pendant quarante-buit heures ; mais il ne pent, aureste, faire arreter, ui detenir personne , ni infliger aucune peine. (Art. ii3.) II y a un conseil de gouvernemcnt , compose de la moitie des senateurs , un par chaque etat. (Art. i23 , 126, 127.)- 11 y une cour supreme de justice , dont les membres sont eius. SCIENCES MORALES. ao3 par chaque etat et inamovibles. lis terminent les contestations sur contrats faits avec le gouvernenient, sur les buUes pontificales , sur les accusations des chambres contra les deputes, les senateurs; lis jugent les affaires civiles et criminelles des employes diplomatiques niexicains, les prises de terre et de mer, les offenses contre la nation, les infractions a la constitution , etc. (Art. 148.) Nul ne peut etrejuge par une commission specia'.c. (Art. i53.) On n'exigera le serment d'aucun habitant de la republique sur des faits person- nels en mati^re criminelle. (Art. i55.) L'essai de conciliation n'aura lieu qu'en matiere d'injure poursuivie civilement ou criminellement. (Art. rfi3.) Tout fonctionnaire public est tenu de preter serment qu'il observera la constitution. Le titre 7 contient des formes speciales pour reformer la constitution. 102.^ — Du Roi dans la monarchie representative; par Charles Hiss. Paris, 1825 ; Ladvocat. In-8° de laS pages; prix 2 fr. 5o c. L'auteur est reste , nous dit-il lui-meme , sur la terre des abstrac- tions, parce que les saines doctrines ne sont pas encore etablies ; il croit que les Chambres ne sont pas encore des forces assez ineries ; et, pour que le Roi ou I'liomme de la confiance du Roi soit I'unique force motrice , 'i\ propose trois grandes institutions nouvelles qu'il a inventees : 1° une troisieme chambre , une chambre d'initiaiive royale de i5o membres cboisis et presides par le Roi; 2° une faculte rojale d'exclure cinq deputes , apres les elections, qui ne seraient plus sep- tennales; 3° une loi -vivante ou grand jury de lapresse, de trente mem- bres pris chaque annee dans les trois chambres, a la fois legisla- teurs et jugcs , identifies avec les mysthres de notre position et avec iios saines doctrines. Ce n'est qu'a ces trois conditions qu'il peut sauver d'envahissenient, peut-^tre meme de destruction, la prerogative royale , et empeclier la royaute d'etre detruite de par le Roi , et de se changer en democratic. II n'est guere probable, selon nous, que ni les Chambres , ni I'opinion publique, approuvent ces nouveautes. Sans tout cela , il n'est que trop aise d'avoir une Cliarte sur le papier; des electeurs prefectoraux ; des elus emigres, ou fonc- tionncs destituables ; des coups d'etats, des contre-lois ; des repre- sentans qui s'indemnisent par privilege; une liberie de presse regie administrativement, des jures choisis par I'autorite ; enCn, des garanties en simulacres. L'auteur a trouve, dans un des volumes de M. de Montlosier, que gentilhomme vient de genlis homo, pris pour designer I'liomme qui nait pour gouverner la nation. C'est la une grande erreur de sens el d'etymologie. Gentilhomme u'a janiais ao4 LIVRES FRANCAIS. signifie que homme de race ( cui est pater et res), des inols latius gentilis homo, qui n'ont jamais eu da sens relatif directenient au regime politique. Lanjuijvais. io3. — * De I' interpretation des lots; par M. ^. Maii-her de CH.i.ss.\T,jugesuppleant au tribunal de premiere instance de la Seine. Deuxieme edition. Paris, l8j5 ; A. Bavoux. i vol. in-8°; prix 5 fr. et 6 fr. par la posle. L'lnterpretation des lois est , si nous pouvons nous exprlmer ainsi , la logique du droit. II ne suffit pas d'y apporter de la sagacite d'esprit et un jugement sain , elle est encore assujetie a des regies que M. A. Mallher de Cliassat a reunies, avec autant de clarte que de precision , dans tin petit nombre de pages. L'intelligence des mots dans leurs diverses acceptions, les orne- mens du langage, les formes simples ou composees du raisonne- ment ; la connalssance de I'histoire des antiquites , de la philosophic morale, du droit naturel ; I'histoire du droit en general, et parti- culierement celle qui a pour objet les institutions politiques, civiles et judiciaires , celle des differentes sectes de jurisconsultes et des progres de la jurisprudence, sont les matieres dont I'auteur recom- mande I'etude preliminaire a ceux qui veulent explorer le vaste champ de la legislation. II expose sa theorie rt sa methode, d'une maniere facile, dans un premier livre ou il ajoute au precepte des exemples puises dans le droit romain, et auxquels il en fait I'appli- cation. II les applique aussi au droit francais, aprfes avoir doime une esquisse rapide de son origine , de sa composition , et des efforts de nos rois pour la simplifier et I'ameliorer. II signale les change- mens notables qui y furent apportes par les lois puhliees dans le terns intermediaire de 1789 a I'epoque de la promulgation du Code civil. II ne refuse pas son approbation a I'ordre qui a ete observe dans la classification des matieres de ce code, quoiqu'il trouvc qu'on se soit trop souvent ecarte, dans I'execution, du plan adopte par ses auteurs : mais il a mis trop de prevention et de partialite dans le jugement qu'il porte de la disposition d'esprit de ceux qui coucoururent a sa redaction. — Outre le genre d'instructiou preli- minaire qu'il exige de ceux qui s'appllquent a I'interpr^tation des lois, il veut, avec beaucoup de raison , qu'ils soient encore particu- lierement instrults des mati(!;res qui en font le sujet special, ct des clemens divers, eloigncs ou prochains, qui ont determine Ic legls- lateur. Dans le second livre, I'auteur indlque a I'inlerprete les procedes SCIENCES MORM.es. ao5 qu'il juge les plus propres a lui faire atteindre son but ; et sa division systeniatique, contenue dans les deux vers latins ci-apres , nous a paru d'une siniplicite tres-ingenieuse : Prcmitlo, scintlo, sinnmo , rasumque figuro , Perlego , do causas , connoto et objicio. Prcemitto. — C'est-a-dire, qu'il faut avoir les notions prealables a I'aide desquelles on obtiendra la facilite d'analyser toutes les par- ties d'un sujet , et de s'en rendre un compte exact. Scindo. — II faut diviser, selon la methode de la logique, les parties principales du sujet , pour s'assurer que la loi a ete bien concue. Stimmo. — Resumer la loi ou une de ses parties , pour penetrer la pensee du legislateur et sa volonte intime. Ca sum figuro. — Rechercher les cas ou les especes qui ont servi de fonderaent a la loi, pour se convaincre que la regie qu'elle ren- ferme n'est que le resume du droit applique au fait. Perlego. — S'assurer de la correction du texte , et rechercher soigneusement I'acception dans laquelle les termes y ont ete em- ployes par sou auteur. Do causas. — Penetrer les raisons ou les motifs de la loi; et dans I'incertitude des divers sens qu'elle presente, adopter celui qui re- sout le plus de doutes. Coiinoio. — Observer, dans les principes generaux de la legisla- tion , les raisons d'analogie qui doivent influer sur la solution des difflcultes qu'on rencontre dans I'application de ses dispositions speciales. Objicio. — Apres avoir interroge la volonte du legislateur; aprts s'^tre assure , par les moyens indiqu(5s , du veritable sens de la loi ; rechercher les objections dont ce sens est susceptible, et s'appli- quer a les resoudre ; moyen unique et infaillible de donner de la solidite aux preuves qui servent de fondement a I'interpretation. Comme, dans un article de loi, le legislateur ne peut pas donner tout le developpemeut qu'on pourrait di^sirer, il faut savoir sup- j)leer a I'insuffisance de ses termes par ses motifs : de la, I'interpre- tation/)ar extension, et I'interpretation par restriction. Celle-ci a lieu, lorsque les mots employes par le legislateur disent plus qu'il n'a voulu leur faire dire. L'interpretation par extension a lieu , lorsqu'un cas est virtuellement compris dans un autre que la loi donne pour exemple, lorsqu'il existe une raison equitable de similitude. L'au- ao6 LIVRES FRANCAIS. teur examine qnelles sout les lois susceptibles de cette derni^re espece d'interpretation ; si elle s'applique aux lois derogatoires, aux loi dVxcejitlou , et aux lois penales , ou si die doit ^tre restreinte aux lois genera les et de droit commun. Dans un trolsifeme livre, il donne la definition et les regies de I'in- terpretation par I'usage, de celle par la jurisprudence, et de I'inter- pretation authentique ou par voie d'autorite. — La premiere se forme par une sorte de resistance dans I'opinion et dans les mceurs a I'execution de la loi , qui finit par tomber en desuetude ; ou qui se trouve abrogee de fait par un usage contraire : ella suppose le consentement tacite du legislateur a ce quelle perde son autorite. L'auteur indique ici les conditions requises pour former un usage ayant force de loi. — L'interpretation par la jurisprudence, ou de doctrine, est celle que la loi laisse dans le domaine des magistrats charges de son application ; elle nous est transmise par leurs deci- sions rendues dans la forme legale. Elle est la seule qui leur soit permise ; celle par voie de disposition generale ou reglementaire leur est interdite, et la Cour de cassation est instituee en France pour reprimer I'usurpation de pouvoir des corps judiciaires en ma- tiere d'interpretation. Cependant, les cours et les tribunaux peuvent resister aux decisions supremes de la cour rcgulatrice, et attribuer a la loi un sens que celle-ci refuse de lui donner : dans ce cas, et lorsqu'apres deux arrets de cassation une troisi^me cour d'appel juge comme I'avaieut fait les deux premieres , il y a lieu de recourir a riiiterpretacioii authentique ou par voie d'autorite ; laquelle est don- nee , aux termes d'une loi du i6 septembre 1807 , dans la forme des reglemens d'administration publique. — Ici, l'auteur pose les veri- tables principesen cette matiere, lorsqu'il dit que cette interpreta- tion portant le caractere de loi, celui qui la donne doit avoir le caractere de legislateur; et que le legislateur seul pent la donner, parce qu'elle est I'explication de sa volonte emise dans une loi an- terieure. Mais nous eussions desire qu'il en eut tire la consequence qui leur appartient ; et qu'il eut dit que la forme qui y est employee n'est point en harmonic avec la charte constitutionnelle de I'etat. La puissance legislative etant exerceeen France collectivement par le Roi, la chambre des pairs, et la chambre des deputes des depar- temens ; leur concours devrait ^tre necesssaire aussi pour former la loi d'interpretation; etilimplique qu'elle puisse ctre donnee par une autorite qui n'est pas celle qui a fait la loi a interpreter. Telle est en substance la theorie enseignee par M. Mailher de SCIENCES MORALES. 207 Chassat. Son livrfe est le fruit. des profondes meditations d'un juris- consulte iustruit; il ne renferme riea d'inutile ; il donne a ceux qui voudront le lire avec I'attention qu'il merite , laclef d'unedes parties ies plus difiiciles du droit. Nous ne pouvons que le recommander a ceux qui se iivrent a I'etude de cette science ; ils ne manqueront pas d'apprecier lesavantages de la methode de I'auteur. CnTVELi.i,ai'oc. 104. — * OEitvres de Michel L'Hospitai,, chancelier de France; prec6dees d'un Essai sur la -vie et Ies ouvrages de fauteiir; par P.-J.-S. DuFEY, avocat. T. II. Paris, 182$; A. BouUand et coinp. , rue du Battoir, n° la. In-8° de 53 1. p., avec une livraison de figures. (Voy. Heif. Enc, t. xxv, pag. 632.) 10 5. — * OEuvres de Pothier, contenant Ies traites du Droit francais. NoHvelle edition , niise en meilleur ordre et puLliee par Ies soins de M. DupiN, avocat a la cour royale de Paris. T. I (contenant le Traite des Obligations) Paris, 1825 ; Bechet aine. I vol. iu-8° ;prix 9 francs, et pour Ies souscripteurs 7 fr. 5o c. Ce premier volume des OEuvres de Pothier etait attendu avec im- patience par Ies souscripteurs de I'edition que nous annoncons et par tous Ies jurisconsultes , curieux de lire I'eloge de I'auteur du Traite des Obligations , trace par la plume energique et piquante de M. Dupiu. Leurattente n'a pas ete trompee : la Dissertation sur Pothier, qui ouvre ce volume (i), est remplie de vues elevees et de details in- teressans sur Ies ouvrages et la vie de Tillustre professeur d'Orleans. Jamais, il est vrai , un sujet plus beau ne se presenta peut-etre a celui qui etait si digne de le trailer. Pothier fut veritablement le ju- risconsulte de la conscience. Ses ouvrages respirent cette haute sa- gesse qui eclaire et qui sanctiCe, pour ainsi dire, Ies discussions auxquelles il se livre. Aussi ue faut-il pas s'etonner si Ies auteurs de notre code civil se sont empresses de puiser a une source si feconde; cependant, nous croyons avec M. Dupin qu'ils auraient du lui en rendre temoignage dans leur discours preliminaire. Nous engageons vivement Ies jeunes legistes a lire la Dissertation stir Pothier : ils y trouveront d'excellentes lecons, et verront comment doit se guider le veritable jurisconsulte dans routes Ies positions sociales qu'il peut parcourir: dans la magistrature, au barreau et dans la chaire, Po- thier est le modele le plus digne d'etre suivi ; il appartenait a M. Du- piu plus qu'a un autre d'ecrire son panegyrique. Nous lui signalerons neannioins quelques erreurs qu'il pourra rectifier , s'il donne une seconde edition de sa Dissertation sur Po- (i) EUe se Tend separement. Prix 3 fr. 5o c. et 4 fr. 2o8 LIVRES FRANCAIS, ihicr. Aiiisi,eii parlant des textes antt-Jiistinien , il mentionne ledi- tionqu'cn adonnoe, a Berlin en t8i5, le celebre jurisconsnheGustai'e Hiigens , c'est Gnstave Hugo qu'il fallait t'crire; encore, ce dernier n'a-t-il fait que la preface et soigne I'cdition des fragmens d'Ul- pien ; lesautres textes onteterevusparMM. Haubold , Beerner, Goes- chen et Savigny. Voici le titre exact de cette prccieuse collection ; Jus civile ante/iistinianeum, codicum et optimariim editiomim oj>e,cisocietateju- risconsultorum curatiim. — (2 volumes formant ensemble 1608 pages, grand in-8°. Berlin, i8i5; A. Mylius.) En rapportantquelqueslignes de la notice sur Pothier , inseree dans la Galeric francaise , M. Dupin a omis de releverauie erreur grave que nous remarquons dans le pas- sage cit^ de cette notice , ouTauteur (M. Dupin jeune) dit que Pothier a fait ce que soix\:}iTn jririsconsnltcs clioisis par Justinien n'avaient pu faire surles lois de leur pays ! Dix-sept jurisconsultes seulenient ont ete choisis par Justinien pour la redaction du grand corps des lois ro- nialnes, ainsi que I'atteste une constitution meme de cet empereur {De conjirmatione digestorum ad senatum et oinnes populos. § g). Malgre la re- duction de ce nombre, le travail de Pothier n'en est pas moius digne des plus grands eloges et prouve qu'un homme laborieux et savant peut quelquefois plus et niieux faire qu'une societe entifere d'acade- luicicns ou une commission de jurisconsultes. Nous soumettrons une autre observation a I'auteur de la Notice. M. Dupin parle avec une sorte de dedain d'une petite secte qui s'efforce selon lui d'introduire le germanisme dans la jurispru- dence. II est evident que cette attaque est dirigee contre quel- ques professeurs de I'Ecole de Paris , qui font de nombreux efforts pour ramener leurs el6ves a I'etude des textes , et pour les enga- ger a abandonner les glossateurs et les commentateurs qui iie font, le plus ordinairement, qu'obscurcir les passages qu'ils vou- draient eclairer. Cette route a ete tracee par des jurisconsultes alle- mands, qui ont donne des editions correctes et savantes des textes ante-Justinien , et les professeurs de Paris nous semblent se propo- ser le mcnie but. L'origine allemande de ces jurisconsultes est-elle un motif pour proscrire leur exemple de nos ccoles ? nous ne saurions le penser. Heinneniiis , dont M. Dupin parle avec un si vif enthou- siasme , etait aussi un germain. Quant au reproche de subtilites que notre auteur adresse a la petite secte , j'avoue que je ne le comprends pas, si j'ai bien saisi le desir de ceux qui la composent, puisqu'ils ont declare une guerre ouverte aux commentateurs qui plus qu<' d'autres doivent etre accuses d'enseigner des doctrines subtilcs. M. Dupin a exprime , selon moi , une verito parfaitement juste, lors- SCIENCES MORALES. 5^09 qu'il a dit(p. lxxvi ) que I'etude du droit romain « aujourd'hui plus que jamais , est reduite a nous fournir des maximes de droit iiaturel, des exemples de hon sens, des modMes de simplicite dans le raisonnemeiit , de clarte dans la discussion, des raisons de douter ou de decider, de rectitude et de justesse dans les solutions. » Toute la question est done de savoir quelle est la nieilleure voie pour arri- ver a ce resultat ; et quelque poids que I'opinion de M. Dupin doive avoir, je n'en reste pas moins persuade qu'il faut faire aujourd'hui pour I'etude de la legislation roniaine, ce que les reformateurs ont fait au XVI* siecle , en mati^re de religion, aLandonner les scolies et les comnicntaires , amas confus d'ahsurdes subtilltes et de lourds raisonnemens, et s'en teijir aux textes daas toute leur purete , et eclaires par un sage esprit de critique. A. Taillandiek, avocat. 106. — - Reflexions sur le projet de loi presente aux Chambres , le 14 fevrier i8i5, par S. Exc. leministre de I'lnterieur, sur les Ecoles secondaires de medecine , les chambres de discipline et les eaux minerales artificielles ; adressees a S. Exc. le Comte de VillMe, president du conseil des mini'stres , par Amedee Dupau , D.-M. Brochure in-S" de 18 pages. Paris , 182 5. Gueffier. (Ne se vend pas.) Voici les articles du projet contre lesquels I'auteur propose ses objections. — Art 2. Des ecoles secondaires specialemeiit destinees a I'instruction publique et a la reception des officiers de sante, des pharmaciens de seconde classeet des sages • femnies , seront etablies, au nombre de vingt au plus, dans les principales villes du royaume. Les hospices, et audefaut des hospices, les villes, founiiront et eu- tretiendront les batimens nccessaires a ces institutions. — Art. 3. Les etudians pourront y recevoir le grade d'officier de sante, apres quatre ans d'etudes, et celui de pharmacien de deuxi^tne classe, apres deux ans d'etude et cinq annees de stage dans une pharmacie. Les reflexions sur ces articles prouvent que I'institution des of- ficiers de sante, mal concue et mal executee, fut toujours funeste a I'art et dangereuse aux malades ^ necessaires dans un terns ou les medecins manquaient , de semblables dispositions sont inutiles, niaintenant que nos facultes fournissent a la France plus de doc- teurs qu'elle n'en peut employer : ils eloignent deplus les veritables medecins des campagnes, et privent ainsi les paysans des secoms que pourraient leur offrir des hommes vraiment instruits. Enfin , cette distinction de haut et has enseignement medical, parait insigni- fiante et dangereuse. • M. Dupau abandonneensuite ce sujet pour etablir que le nouveau T. XXVI. — Avril 1825. i4 aio LIVRES FRANCAIS. projet dc loi offre tons les inconveniens de I'ancienne institution et ne tend m(5me qu'a les multiplier. En effet , « ces 6coles secondaires , au iiombre de vingt, ue peuvent nullenient assurer vine instruction sufCsante parmi les officiers de sante. — Elles n'offrent aux eli'ves qu'un enseignemen-t fort inconiplet. — Elles ne se composent que d'un petit nombre de professeurs, d'une instruction souvent douteuse. Enfin, elles sont impossibles a ^tablir d'une manicjre convenable. Le seul moyen de remedier a ces inconveniens, dit M. Dupau , en cela d'accord avec tous les bommes eclaires, serait desupprimer les officiers de sante, et ces 6co!es qui doivent en ^tre la pepinifere , et de creer au moinsdeux ecoles speciales de medecine dans le sud- ouest dela France : savoir, a Toulouse ou a Bordeaux; eta Nantes oil a Renues. — Voila ce qui remplacerait avec avantage les Ecoles d'officiers de sante et de pbarmacieus de seconde classe, contreles- quelles I'auteur se prononce egalement. — Si, cependant, on veut absolument admettre les ecoles que propose le projet de loi,il faudrait alors pour en rendre I'execution possible et moins contiaire aux Teritabks inter^ts de la medecine et de la societe, proposer pour les deux articles du projetlcs amendemens suivaus. — Art a. Des ecoles secondaires specialement destinees a I'instruction des officiers de sante, des pliarmaciens et des sages-fenimes, seront etablies au nom- bre de vingt au plus , dans les principales villes du royaume. — Art. 3. Les etudians en cbirurgie, apres trois ans d'etudes dans les ecoles secondaires, iront passer une annee dans une des facultes de medecine,dontle nombre sera augmente.ety recevront le grade d'offi- cier de sante , apres des exuniens sur toutes les parties dela pratique de I'art. — Les etudians en pliarmacie, apres deux annees d'etude dans les ecoles secondaires, et cinq annees dc stage dans une pliarmacie , iront passer une annee dans une des ecoles speciales de pliarmacie , dont le nombre sera augmente , et s'y feront recevoir pbarmacieus. Les sages-femmes seront recues dans les ecoles secondaires, apres deux ans d'etude. Nousjoignonsnos voeux a ceuxdeM. Dupau,pour quela loiveille d'une mani^re convenable a la sante publique, et pour que des me- decins bablles , distribues a peu prt;s egalement dans toutes les cam- pagnes, remplacent ces bommes trop souvent etrangers a leur art , qui trafiquent aveuglcment dc la vie et de la mort de leurs semblables. B.J. iQj * Observations sur le noin'cau projet de loisiir la conversion des rentes; par le comte de Mosboukg. Paris , iSzS ;DelaHnay. Brocb. in-8o de 97 pages; prix a fr. SCIENCES MORALES. 211 Cet ccrit de M. le comte de Mosbourg r^pand dc vives lumieres sur le projet de loi de la reduction des rentes. II explique ponrquoi Ton veut creep des trois pour cent ; pour qui I'ou veut les creer; an proGt de qui on paraitrait livrer, par privilege, Taction de la caisse d'amortissement; dans quelles vues les rentiers sout subsi- diairement appelos a la conversion,'et qui, en definitive, recueillerait cette masse d'un milliard trois cents millions dont s'accroitrait le capita»l de la dette publique. L'auteur expo-se ensuite quel benefice enorme recueilleront des speculateurs , des joueurs et des coulissiers. II serait trop long d'entrer dans les details ; nous extrairons seule- ment le chapitre suivant, ou l'auteur caracterise le systeme : « Le projet soumis aux Chambres sur les rentes peut se traduire dans les termes qui suivent : — Art I^''. II est prescrit a tous les creanciers de I'etat de presenter leurs inscriptions a la Bourse , pour y jouer a la liausse ou a la baisse. 2° Ceux qui ne se conformeraient pas a I'ar- ticle precedent seront frappes d'une amende egale au dixieme de leurs creances , par la reduction de leurs rentes cinq pour cent a quatre et derai. 3° II serapris telle mesure qu'il appartiendra centre ceux qui, refusant de se presenter a la Bourse, ne paieront pas I'a- mende; et en attendant, ils seront prives du benefice de I'amor- tissement. » Cet ecrit est un des plus forteraent raisonnes qui aient ete publics centre le projet de loi de la reduction des rentes ; aussi , a-t-il ete lu avec enipressement par tous les rentiers et par tous ceux qui s'inte- ressent au bien general. II a fourni matiere a une multitude de bro- chures qui ont ete ecrites dans le meme sens et publiees dans le mdme but. P.-E. Lanjuinais. 108. — Dernier cri , derniires plaintes , derniers gemissemens des rentiers. Premiere p.vrtie. La rente ( dgs rentiers ) n'est pas reductible ni rcmboursable, ou Refutniion de cette assertion tiree du Code civil : « La rente est es- sentiellement remboursablc. » Deuxieme partie. Ou refutation de quelques aberrations minis'crielles. Sous I'ancien droit , les rentes n'etaient pas remboursables ; Loiduai floreal anxj^constitutive des cinq pour cent consolides, prohibitive de reduction ou de rembourscment ; Fausse application de quelqnes lois invoquees en favenrdii pro- aia LIVRES FRA.NCAIS. jet ; destination exclusive de la caisse d'aniortissement d'apres la loi du a I floreal ; Explication dit dtre de la rente Cinq pour cent consoUdis , mal inter- prete par le ministere. CoMSEQUENCE. Projet de loi repousse par le Code civil, repousse par la loi de flor6al an x ; repouss6 par les mots Cinq pour cent consolidcs; ilk-gal , injuste, dangereux , inadmissible ; Par G. D. , avocat sans cause. Avec cette epigraphe : Divites implevit bonis el esurientes dimisit inanes. Paris, i8a5 ; I'auteur. Broch. in-8° de 8(> pages; prix I fr. 5o cent. Le titre de cette brochure sufiit pour la faire connaitre. 109. — * Resume de la coni'iclion publique ^ur notre situation Jinan- ciere, et moyen pour en diminuer les dangers; par /. Fievee. Paris, 1825 ; Baudouin. In-8° de 67 pages ; prix i fr. aS c. et i fr. 5o c. Cette brochure contre la reduction des rentes et le systcme d'a- giotage est tout a la fois une des plus courtes, des plus claires et des mieux ^crites que nous ayons sur ce sujet. L. 1 10. — Les pensions sur fonds de retenue, ou Observations sur le reglement general des pensions de retraite des fonctionnaires et em- ployes du ministere des finances ; suivies de la copie conforme de I'ordonnance du Roi qui contient ce reglement ; par un ancien chef de bureau de I'administration des Contributions indirectes. Paris, i8a5; Dondey-Dupre ; Ponthieu. Br. in-8"; prix i h. «Apr danger toujours croissant a rendu la dispute toujours plus \ive, plus envenimee; la genereuse deputation de la Gironde,epuisee pour avoir voulu venger Septenibre , pour avoir vouhi enip^clier le 2t Janvier, le Tribunal revolutionnaire et le Comile de salut public, expire, lorsque le danger \>\.vis grand a rendu la violence plus urgente , et la moderation moins admissible. Maintenant , toute legalite vaincue, toute reclamation etouffee par la susi>ension des Girondins, et le jieril devenu plus effrayant que jamais par I'insurreclion m^me qui veut venger la Gircnde, la violence va se dcployer .sans obstacles et sans mesure, et la terrible dictature composee du Tribunal revo- lutionnaire et du Comite de salut public va se completer. Ici com- wencent des sctees plus grandes et plus horribles cent fois que toutes celles qui out indign6 les Girondins. ^our e'ux, leur his- toire est finie; il ne reste plus a y ajouter que le recit de leur niort heroique. Leur opposition a ete dangereuse, leur indignation impo- litique-; ils out compromis la revolution, la liberte et la France; ils ont compromis la moderation menie, en la defendant avec aigreur, et en mourant ils ont entraine dans leur chute ce qu'il y avait de plus genereux et de plus eclaire en France. Cependant, j'aurais voulu etre impolitique comme eux, compromettre tout ce qu'ils avaient compromis, et mourir commc eux encore, parce qu'il n'est pas pos- sible de laisser couler le sang sans resistance et sans indignation. » Cette citation, qui est une analyse de ce volume, suffit pour en bien faire connaitre le contenu. 64 pages de notes et de pieces justificatives trfes-bien choisies ajoutent encore a I'interdt des recits. M. Thiers n'aspire point au merite des histor'iens parciaux ; mais son ouvrage , consacre a la verite, annonce une force, une plenitude de vie qui lui garantit une duree que ne peuvent se promettre les ecrits dictes par les passions du moment, sous la direction de quelques homines qui tombent dans I'oubli, des que le pouvoir leur echappe. F. 121 . — Chrom(pies Neiistrieiines , ou Precis de riiistoire de Normandie, ses dues, ses heros, ses grands hommes; influence des Normands sur la civilisation, la litterature, les sciences et les arts; productions du sol et de I'industrie; commerce, caractere et moeurs des habitans , depuis le ix"^ siecle jusqu'a nos jours ; suivi de chants neustriens ; parM. Marie Dumespul. Paris, iSaS; Renard. In-8°, viii et 422 pages; prix 6 fr. 5o c. et 8 fr. Get ouvrage se compose de piusieurs parties qui ne paraissent point liees entre elles. Apres quelques pages sur les evenemens qui prec^derent retablisscment des Normands, nous trouvons, i" une T. XXVI. — Ai'ril 1825. 1 :") aa6 IJVRES FRATVCA.IS. espfece de biographic des dues de Norinandie, depuis Rollon, jnsqii'r< Jean-sans-Terre, sous le regiie duquel la Normandie se detacha d<- la couronnc d'Aiigleterre pour s'unir a la couronne de France ; 2° im abrege de I'liistoire des Tancredes , et de leur etablissemeut en Italic; 3° iin coup d'ceil sur les inoeurs des Norniands, et quelques evene- mens importans de leur histoire, dans les siecles precedens; 4^ 1" precis de riiistoire de Normandie, depuis la reunion a la couronne de France jusqu'a la revolution; 5° un coup d'oeil stalistique sur cette province, et quelques details sur le caractere des Normands d'aujourd'hui; 6" plusieurs tableaux oii sont recueillls les noms des Norniands qui se sont ilUistres dans les sciences, les arts, les lettres, les armes et la marine. Nous regrettons qu'au lieu de morceler ainsi son sujet, I'auteur n'en ait pas compose une histoire suivie, a laquelle il aurait joint, par appendice, les jiarties qui ne pouvaient se fondre dans I'ensemble , telles que la notice sur les Tancrfedes et les listes de noms celebres. Nous aurions voulu enfin qu'au lieu de se borner a faire I'liistoire des dues, I'auteur nous eiit nn peu plus occupes des sujets, de leur organisation sociale , de leurs institutions. On commence a comprendre aujourd'hui que, dans les annales d'un pays, c'est I'histoire du peuple qui doit dominer, parce que c'est telle dont on recueille le plus d'instruction. L'autenr nous dit lui- nieme que Philippe-Auguste entra a Rouen sous I'expresse condition de respecter les lois, coutumes, franchises et liberies de cette ville et du duchc de Normandie; des lettres patentes donnees a cette occasion , et confirmees par plusieurs des successeurs de Philippe- Auguste, composent ce que Ton appelait la Charte aiix Normands: ces lois, ces liberies, ces privileges, cette charte, voila cequ'il nous importait de connaitre , an moins autant que les expl;)its de tel due ou detel roi. Nous avons remarque aussi, depuis la reunion de la Nor- mandie a la couronne, trop de details qui appartiennent plutot a I'liis- toire generale du royaume, tandis que nous nianquons de certains faits relatifs a la province. Au reste, nous nous empressons de recon- naitre que, malgre les defauts que nous avons cru trouver dans cet ouvrage, il annonce , dans son auteur, le talent d'ecrire : la justesse et la clarte de la pensce, la puret6 et lelegance du style sont des qualitesqui meritent assnrement beaucoup d'eloges, etelles prouvent que pour faire un bon livre, M. Dumesnil n'a qu'a s'appliquer a en soigner la composition. Telles qu'elles sont, les Chroniqiies Neustriennes suffiront A ceux qui ne veulent pas approfondir I'lustolre de cette province; elles plairont surtout aux compatriotes de I'auteur, qui sont defendusdans SCIENCES MORALES. aa? cet ouvrage avec tout le zele que peut inspirer rainonr de la pa- trie , et aussi avec cette predilection, uu peu exageree peut - etre , que Ton porte ordinairement au lieu ou fut notre berceau , et ou s'ecoulerent les jours de notre enfance. L'auteur ne s'est pas borne a louer son pays dans sa prose; il I'a aussi celebre dans des vers harmonieux. M. A. lai. — Essai siir les Fanariotes , ou Ton voit les causes primitives de leur elevation aux hospodoriats de la Valachie et de la Molda- vie, leur mode d'adniinistration et les causes principales de leur chute; suivi de quelques reflexions sur I'etat actuel de la Grece ; par Marc-Phil. Zallony, D.-M. , ancien medecin de Jussuf-Pacha ( dit le Borgne ), grand visir, et de son armee, de plusieurs pachas, muphtis , ulemas, ministres de Sa Hautesse et de divers princes , hospodars fanariotes , etc. Marseille , i8a4; Camoiu freres. Paris, Mauriac. i vol. iu-8" de 35i pages. Prix 6 fr. et 7 fr. J'ai era devoir rappeler tons les titres de l'auteur, enonces en tdte de son livre, pour montrer quelle confiance meritent les docu- mens qu'il a ressembles. Le ton de candeur et de profonde indigna- tion qui r^gne dans son ouvrage suffit pour indiquer un ecrivain de bonne foi : les places qu'il a occupes, les connaissances qu'elles exigeaient , semblent garantir I'exactitude de ses observations. L'ignorance des langues de I'Europe , commandee par la loi turque, a rendu necessaire I'emploi d'interpretes etrangers dans les relations diplomatiques. La Sublime Porte se servait anciennement de Juifs et de renegats ; en 1669, sous Mahomet IV, elle employa un Grec nomme Panayotaki , qu'on eleva bientot fi la dignite de drogman du divan. Ses successeurs , augmentant sans cesse leur puissance, ne tarderent pas a convoiter la regence des provinces valaques et moldaves. A force d'intrigues , ils renverserent et firent perir miserablement Bassaraba Brankovano, le dernier des hospodars indigenes, et s'eleverent sur ses mines. En 178 1 , le grand seigneur nomma Mavrocordatos , hospodar de Valachie; et ainsi commenca cette suite de princes tires des Fanariotes, c'est-a-dire des Grecs qui a Constantinople habitent specialement le quartier du Fanar. C'est le gouvernement de ces princes que l'auteur a entrepris de peindre. II les prend , a leur depart de Constantinople , les conduit a Bukliarest, dL^crit leur maniere de vivre, les bassr>s flatteries, les odieuses intrigues des boyards, jeurs monstrueuses concussions, favorisees, partagees par I'hospodar; leur rapacite et les malheurs inouis des peuples valaque et moldave. — Le second chapitre nous montre les Grecs du Fanar formant entre eux una 228 LIVRES FRA.NCAIS. sorte de corporation , une ligne pour enlever d'abord et se dlspuler I'lisuite les depoiiilles de ces malheureux peuples. Les intrigues, les flatteries , les crtdeaux,les conseils , ils emploient tout pour se rendre necessaires au gouvernement turc, que sa profonde ignorance empeclie de marcher sans guide, et qu'ils dirigent au gre dc leurs passions et souvent de leurs vengeances. — L'influence du parti fanariote sur la destince des Grecs , et I'iinprudente confiance de ceux-ci forment, avec les importantes revelations de trois archev^- ques , la niatiere du troisieme chapitre. — Les deux suivans retra- cent en detail la vie des hospodars deposes, leurs nouvelles intri- gues , celles des boyards , I'education de leurs enfans, etc. — Enfin , sous le titre de conclusion , I'auteur resume rapidement ce qu'il a dit jusqu'ici de I'elevation extraordinaire des Fanariotes , de leur egoisme, de leur oubli de la Grece : il prouve que ce parti n'a exerce aucune influence sur la glorieuse revolution de 182 1 ; et s'elevant aux questions de la plus haute politique, il indique la possihilite d'une reunion entre les eglises grecque et latine ; discule le mode de gouvernement qui convient aux Grecs affranchis, et apres un parallele entre Colocotroni et Mavrocordatos(i) , exaniinant quelles qualites sont essentielles au chef constitutionnel, sous le nom de ro: ou de president c^ue les Grecs doivent se choisir, il leur recom- mande surtout de rejeter un prince du Fanar. J'ai dit que ces essais sont un livre de bonne foi : ce n'est pas assez ; les connaissances de M. Zallony, ses relations avec les princes dont il expose la vie, la nettete de ses idees, la profondeur de ses vues font de son livre un ouvrage d'urie haute importance pour ceux qui voudront connaitre a fond les rapports du gouvernement turc avec les Gees. Je dois ajouter qu'on y trouve partout des reflexions inspi- rees par la justice, la philanlhropie et le patriotisme. B. J. 123. — * Histoire civile, physique et morale de Paris ; par J.-y4. Du- LAURE. Troisieme edition, revue et corrigee par I'auteur, ornee de gravures nouvelles. 4^, 5*^ et 6* livraisons. Paris, 1825 ; Baudouin frferes. {Yoy.Rev. Enc, t. xxiv, p. 192. ) Les trois premieres livraisons dc cet ouvrage avaient conduit le lecteur jusqu'au commencement de la sixi^me periode de Thistoire de Parifi , sous Philippe-Auguste; les trois que nous annoncons achfevent le tableau de ce regne et contiennent les 7^, 8^ et 9"^ pe- riodes, jusqu'a celui de Louis XII. Voici comment se termine la 6'' livraison, et avec elle le 3"= volume de cette histoire. « Le journal (i) Les Essais de M. ZAr.i.opiY etaicnt imprimes eu avril 1824- I SCIENCES MORALES. 229 de Paris, du tems des regnes de Charles VI et Charles VII, qui commence en 1408 et se termine en i449> n'offre , pendant cet es- pace de quarante-un ans, qu'une serie de calamites et de crimes, et le tableau le plus hideux de la descrganisation sociale, ou, ce qui est pire encore , le tableau d'une organisation tres-vicieuse et les deplorablesresultatsdel'ignorancegeneraleetde la feodalite. Le tableau moral de cette periode n'est pas plus satisfaisant. » — Nous avons ete effrayes a la lecture de ces trois volumes , qui nous font entrer a peine dans le xvesiecle, des rapproclieraeus que Ton peut faire quelquefois des moeurs et des usages de ces tems d'ignorance et de barbarie avec les notres. Nous ne citerons qu'un trait : (T. Ill, p. 77.) «' En 1290, une femme de Paris avait, pour la somme de trentesous, mis quelques \etemens en gage chez un Jnif, appele Jonathas. EUe vint lui demander ces vetemens pour les porter le jour de PAques, en lui promettant de les lui rendre ensuite. Le Juif alors lui repondit que, si elle consentait a lui apporter le pain de I'eucharistie, il lui reudrait son gage sans argent. La femme y con- sentit ; elle recoit, lejour de Paques, I'hostie consacree, et la porte au Juif. Celui-ci , a coups de canif , perce cette liostie ; ii en voit sans effroi collier du sang en abondance ; puis , il prend un clou et I'enfonce a coups de marteau dans I'hostie. II la jette au feu : elle -voliige au- dessiis des Jlammes ; il la plonge dans une chaudiere d'eau bouillante, qu'elle roiigic de son sang : elle n'en recoit aucun dommage. Ces pro- diges n'epouvantent pas Jonathas. Le fils de ce Juif, temoin de ces actes etranges, yoyant des chretlens aller a la raesse , leur dit : C'est en 'vain que 'vous allez adorer -voire Dieii; man pere Fa tiie. Une voisine, sous pretexte de demander du feu, penetre dans la maison de Jonathas , qui ne s'oppose point a ce qu'elle soit temoiu de ses horribles sacrileges. II lui laisse, sans difflculte , recueillir I'hostie dans sa robe ; elle la place ensuite dans un vase de bois , et la porta aucure de Saint-Jean-en-GrSve, auquel elle raconte ce qu'elle a vu. L'eveque de Paris fait arreter Jonathas, qui avoue, dit-on, le fait. Ce prelat veut le convertir ; le juif s'y refuse ; il est bhule vip ! » Et voyez comme la raison est lente dans sa marche! Ciuq siecles et demi aprfes cet evenement , il ne nous est pas encore permis d'en revoquer en doute aucune particularite. N'avons-nous pas entendu dernierement , a la Societe des bonnes-lettres (i), un de ses membres nous entretenir de miracles plus recens , avec Pair d'une convictioo (i) Seance du veudredi, 8 avril : lecture des Lettres Fendeennes. 23 o LIVRES FP.ANCAIS. parfaite, qu'il essayait de faire passer dans nos esprits ! Et dans les denii^res discussions elevees dans les Chanibres an sujet du projet de loi sur Ic sacrilege, quelques fanatiques n'oiit-ils pas regarde comme un dcni de justice envers la religion d'uu Dieu de paix, de voir dccrcler la niort simple pour la puiiition du malheureux qu'un acces de folie pourrait j)orter a commettre des actes de ni(?nie nature queceux dont nous venons d'entretenir nos lecteurs ? A-t-il de|)endu d'eux que nous vissioiis renaitre les tortures et le supplice du feu? Nous ne saurions trop le repeter : il faut repandie partout ce livre, ou I'inflexible main de I'histoire a rassemble tons les crimes du fa- natismeet de la barbarie. Que tons ceux qui exerccntune influence plus ou moins puissante sur les destinees de I'liumanite le lisent , et qu'ils voient s'ils veuleut revenir avec nous a ces terns d'erreur et de desolation ou la societe n'etait divisee qu'en deux classes, les oppresseurs et les opprimes? E. H. 124- — * Galerie francaise , ou Collection de portraits des hommes ou des femmes celebres qui ont illustre la France dans les xvi'', xvii* et xviii" sifecles; par une Societe d'hommes de lettres et d'artistes , t. Ill, 14"^ livraison; prix : lo fr. (Voyez ifef . £«c. , t. xxv, p. 534.) Cette livraison se compose des notices sur Barthelerrty, Desaiilt, Condorcet et Foltaire par MM. Ouizii,i,e , Richehanu, AniAURy- DuvAL el Behvu-lk. 125. — Memoires d' lienrietlc Wilson, concernant plusieurs grands personnages d'Angleterre ; ecrits par elle-nieme; traduction de I'anglais , revue et corrigee par I'auteur. T. I''''. Paris, iSaS; L'Huillier. i vol. in-i2 de 2i3 pages; prix 3 fr. La mere eu dcfeudra la lecture a sa fiUe. Miss Henriette commence son histoire a I'epoque ou elle quitta ]a maison paternelle. A la Cn du premier volume, et I'ouvrage doit en avoir huit , elle est a sa cinquieme liaison. Des scenes galantes, tracees avec esprit et vivacite ; des portraits varies d'hommes et de femmes, parmi lesquels se trouvent quelques noms hiscotiijues ; des aventures et des jeux de mots souvent trop libres : voila ce qui fera rechercher ce livre par ceux qui aiment a voir les personnages ce- lebres dans leurs relations les plus intimes et dans les details les plus secrets de leur vie privee. Mais une morale , tant soit peu se- vere, ne saurait approuver un pareil ouvrage : ce qui n'emp^che pas que I'editeur ne puisse compter sur un grand succes. Car on cherche plutoi des alimens a la curiosite et a la malignite , que des instruc- tions morales, dans les memoires particuliers, qui sent de nos jours LITTERATURE. 23i si fort a la aiode. Nous ferons connHilre le style p;ii' ime courte citation .• « W... vint chez nioi le lendfcmaiii , avant «|ue j'eusse tenuiue inon dejetiuer. J'essayai tons les sujets qui s'cffiirent a mon esprit; sur tous il etait tacitarne et impcuetrable. Enfin , il lui vint uiie idee originale , et qui ne pouvait venir qu'a lui. — Je m'eloiine , Henriette , que vous iie soiigiez pas a vous marier. ( Les sots , soit tlit eii passant, sont toujours pr^ts a s'etonner ) , etc. » — On ne se douterait guere que celui auquel elle donne cette qualification , est le vainqueur de Waterloo. B. J. Litterature. 126. — Notice cCun manitscrit turc , en caraclhes outgo urs , envoye par M. de Hammer a M. ^ibel Remusat; lue a la seance de la Societe Asiatique, du 3 Janvier 1825, par M. Amedee Jaubekt. Paris, 1825; Dondey-Dupre, pere et fils, iinprimeurs de la Societe. Brochure in-8° de a feuilles d'impression , avec 5 tableaux de texte lithographic ; pri-x r fr. 5o. II appartenait a I'orientaliste distingue, qui vint, pour ainsi dire , le premier , il y a deux ans, nous donner une idee de I'etat de la langue tuique au commencement du xv^ siecle, dans la Buklaarie et le Turkestan (-Ko/. t.xxi, p. 417)1 de nous faire connaitre un second monument de cette litterature asiatique. Le manuscrit qui fait i'objet de la notice publiee par M. Jaubert a ete envoye de Vienne a Paris , par le celfebre orientaliste M. de Hammer. C'est un in-folio qui se compose de 93 feuillets en papier de coton. L'ecriture en est moins belle que celle du manuscrit de la Bibliotheque du Roi , d'oii M. Jaubert a pris les extraits qui se trouvent a la fin de sa Grammaire turque. A I'exception de la preface et de la table des matieres , I'ouvrage est entierement ecrit en vers turcs. Nous observerons , en passant, que ce turc, quoique m^le d'arabe et de persan , differe beaucoup de celui qu'on parle a Cons- tantinople et dans les provinces europeennes de I'empire ottoman. — Deux prefaces, I'une en vers et I'autre en prose, contiennent la recapitulation des litres sous lesquels I'ouvrage est connu dans le Turkestan. Ces litres, bien ecrits en caracleres oui'gours , sont pour la plupart en langue arabe et persane; circonstance d'autaut plus heureuse , qu'elle a rendu possibles la transcription turque el la tra- duction francaise de ce curieux document. Entre autres titres donnes a cetouvrage^ les habitans du Touran (province en deca de I'Oxus). lii LIVRES FRANCAIS. le coiiiiaissent sous le iiom de kaoudat-lioubilik ( la science dii goitvei/ie- merit). — La preface, tratluite par M. Jaubert , nous apprend que I'ou- ■vrage n'a poiutete compose dans le pays de Kachgar; maisqu'un roi des contrees orientales en fit present au khan de Badakchhan; qu'en- suite le roi du Boukliaiakhan , I'ayant divise par ordre de matieres , ordonna qu'il porterait le nom de son vislr , Joussouf-Khan-Nedjib. Ce livre est divise en qualre articles priucipaux : — Le premier est relatif aux moyens de donner cours a la justice ; le second con- cerne la force de I'Enipire ; letroisieme , I'intelligence ; le quatrieme, la moderation. Ces quatre vertus sont representees par quatre per- sonnages allegoriques. La justice, ou le soleil levant, figure sous le noin d'Eilek, ou du roi: la force, ou la pleine lune, sous celui d'Orkhtourmieli , ou du visir; V intelligence est designee sous le nom d'Oktoulmieh , fils du visir; enfin la modefation est Cguree par Ot- khourmieli , fils du visir. — On voit par la preface , qui donne une idee assez exacte de la nature de I'ouvrnge, que ce n'est point un livre de divination, comme les premiers mots inscrits sur la marge du volume sembleraient I'indiquer, mais bien un traite de morale dans le genre de celui de Ferid-edden-Attar, si savamnient traduit et commente par M. de Sacy. — M. Jaubert donne, dans cette no- tice, une analyse assez etendue des douze premiers chapitres, une liste des mots ouigours extraits du manuscrit, et qui sont pour la plupart expliques en persan; des eclaircissemens sur la date de I'ouvrage, 1069 de J.-C. , et sa transcription. II termine par une con- clusion , d'ou il resulte : <■ \° que, des le xi*^ siecle de notre ere , la langue, ou plutot I'une des langues que Ton parlait et que Ton ecri- vait en Boukharie etait un turc mele de mots arabes et persans, et d'autres qui sont inconnus; 2° que cette langue s'ecrivait en carac- teres ouigours; 3° qu'au xv« siecle, et peu apri-s la prise de Cons- tantinople par Mahomet II , des manuscrits ouigours furent apportes dans cette capitale , oii Ton trouvait apparemment des personnes en etat de les dechiffrer ; 4° que le manuscrit communique par M. de Hammer a cte trancrit dans la meme ville ( Boukhara ), et seulement trois ans apres celui que possfede la Bibliotheque du Roi; 5" enfin, que I'epoque a laquelle le Kaoudat-kou parait avoir ete compose etant I'une de celles sur lesquelles on possede le moins de docuniens liistoriques originaux , ce manuscrit est une rarete litte- raire digne de piquer la curiosite et d'exercer la patience des savans. » — Des sentences extraites de I'ouvrage, sur la douceur, la modestie L1TTERA.TURE. 233 et la sagesse, donnent une idee du rhythme des vers dont il se com- pose. Nous regrettons de ne pouvoir en citer phisieurs qui nous ont paru dignes de fixer raltention des lecteurs. Nous terminerons cet article par une derniere observation; c'est que la notice de M. Jaubert nous parait de nature a interesser egale- ment les philologues, les personnes qui s'occupent de litterature asiatique et les geographes; elle determine pour ces derniers la contree et la race lurque des Ou'igours, peuple dont I'existence et I'origine ont ete contestees. Biakchi. 127, — * La Gaule poetique ; par M. de Marchangy. Quatriime edition. T. III. Paris, iSaS; Maurice, i vol. in-8°; prix 6 fr. (Voy. /?ei'. Enc. , t. xxiv, p. 787, Tannonce des deux premiers vol. ). L'auleur , dans ses deux premiers volumes , avail parcouru les deux premieres epoques de notre liistoire , depuis I'origine des Gau- lois jusqii'au siege de Paris par les Normands; son troisieme volume est consacre a une troisieme epoque , depuis Hugues Capet jusqu'a la premiere croisade. Fidele a son plan, il explore dans sesrecits, animes des tableaux les plus poetiques, la vie privee de nos a'ieux ; il interroge les debris de leurs institutions feodales , guerrieres , su- perstilieuses , chevaleresques et galantes .• il les suit partout , dans les camps , dans les conseils , dans leur interieur; et partout , an mi- lieu meme de leurs plus grandes erreurs , il fait ressortir des traits d'honneur et de vertu qui nous relevent a nos propres } eux , comme a ceux des etraugers. Sous sa plume brillante, notre liistoire, que les Muses ont trop negligee , devient une source feconde de tresors , qu'apprecieront egalement le poete, Tannaliste , le legislateur et I'arcbeologue. — Uu prospectus , joint a ce troisieme volume , et que nous reproduisons dans notre Bulletin supplementaire de ce mois , nous apprend que I'auteur va livrer a Timpression uu nouvel ouvrage qui a pour litre : Tristan le Fojageur , ou La France an xiv« siecle. Contraint par le plan de la Gaule poetique de traverser rapidement tons les ages de la France, M. de Marchangy parait avoir voulu s'occuper plus parliculierement , dans celle nouvelle composition, de peindre les moeurs d'une epoque. Nous nous felicitons de le voir repondre a I'appel que nous lui avions fait dans notre premier ar- ticle, el nous ne doulons nullement qu'il ne se prepare de nouveaux succes, et a ses lecteurs de nouveaux plaisirs. E. H. 128. — Lettres sur les ouvrages de M""= de Stael ; par M"« Hortense Allaru. Paris , 1824 ; Bossange pere. i vol. in-S" de i44 pages. Les ecrivains d'un ordre superieur qui concoivent et peigneul ce 234 rJVRES FRANC/VIS. (ju'il y a de plus beau , de plus grand , de plus nij sierieux dans Ic ocBur huinain, ne peuvent 6tre d'aboid sentis el apprecies par la foule. La force de leurs conceptions, I'independance de leurs pensjes les jettent loin du senlier trace par la routine : ils s'abandoiii.eiit franchement a leurs emotions, qu'ils rcndent avec la nieme liberie, lis devancent leur terns , et ceux qu'ils laissent en arriere blas- |ihement centre eux , afin de les rabaisser a leur niveau. Quelques aines superieures , il est vrai , les admirent , les del'endent avec tout le respect , tout I'aniour qu'insplrenl de nobles faculies dirigees vers nil noble but. EUes se placent entre le public et le genie dont elles sc font les interpretes : elles racontent ses sublimes beautes ; elles les citent, en les isolant comme autant de points lumineux. Elles at^randissent les vues de leurs lecteurs ; elles les familiarisent en quelque sorte avec un ordre de sentiment plus eleve , que jusqu'alors ils n'avaient pas compris; enGn.menageant les jouissances de I'amour- propre, elles lui laissent encore des decouvertes a faire apr^s Tavoir mis sur la voie. M-"" de Stael avait peut-etre plus besoin que personne de ren- contrer un de ces eloquens admirateurs. Placee a une hauteur im- mense, elle a tout vu , tout devine , tout pressenti; elle vivait dans una autre sphere que le vulgaire des hommes : tout en elle ctait plus energique, plus vaste ; . sa superiorile I'isolait. Ceux dont elle etait comprise finissaient bien par iniposer leur admiration a la masse ; mais elle s'y soumettait comme a une mode et non par sen- timent. En analysant les principanx ecrits de Mme deStael, Mile Al- lard lui a certainement concilie de nouveaux suffrages , et elle est venue fortifier la conviction de ceux qui partagent son enthousiasme. L'analyse de Delphine est admirable. Le caract^re de I'heroine, ceux de Leonce , de M°"^ de Vernon , sont sentis et peints avec une grande profondeur et une extreme verite. Je n'ai pas ete tout a fait aussi contente des apercus donnes sur Matliilde. Ce n'est point une Sme glac6e , mais un coeur encliaine par tous les liens du devoir et de la reUgion : sa sensibilite est conqirimee par une foule de barrieres etde freins, et M""' de Stael a voulu le laisser entrevoir a Iravers tous ces obstacles ; ses instances , aux approches de la mort de sa mere, sont loin d'etre froides. « Elle me pressait , elle me serrait les mains en me suppliant , dit Delphine, avec une ardeur que je ne lui avais jamais connue. » Sou zele etait aveugle, cruel , mais plein de chaleni; et dans sa jalousie contre Delphine, dans son amour pour Leonce, n'y a-t-il pas autant de passion que pent en montrer un 6tre subjugue LITT^RATURE. 235 par les lois de i'habitude , de I'education et d'une piet^ fanatique? Les dernlers momens de Mathilde me semblent done i)arfaitement en harmonie avec tout ce qui precede , et M'"*" de Stael ne s'est pas uiontree moins sublime dans rdbseivation et la pelnture de ces niou- vemens secrets indiques avec tant de mystere et de talent. Je ne m'etendrai pas sur les autres analyses ; celle de Corinne est aussi fort 1 emarquable. Celle de \' AUemagne est insuffisante , et ne rend qu'une justice un peu froide a cet immortel ouvrage, fruit des plus hautes meditations comme des plus nobles sentimens. M"« Allard ne s'est pas bornee a des eloges , elle a fait aussi la part des critiques. Plusieurs sont justes; mais peut - ^tre en a- t-elle neglige une qui s'applique a I'ensemble du caractere des oeuvres de M"'*" de Stael : elle a trop souvent ])lace le bonhenr de la vie dans I'amour : elle connaissait le danger des passions ; mais , fascinee par leur attrait , elle leur accordait trop d'influence. Douee de si grandes facultes , elle avail dii goiater toutes les jouis- sances de I'ftme , de J'imagination , de I'esprit , et ce sont celles-la qu'elle ne nous a pas assez peintes , on qu'elle n'a representees qu'au travers de la teinte tour a tour sombre on brillante que leur pretent les passions. La lecture d'un bel ouvrage faisait eve- uement dans son existence. • La scene de I'enterrement , dans VAndqiiaire , et les premiers ])oemes de Lord Byron lui cause- rent des emotions inexprimables , » dit M""" Necker de Saussure , dans sa Notice sur M"" de Stael. Et en effet , toutes ses emotions de- vaient etre vives , complfetes , et fecondees par les idees qu'elles eveillaient. Un beau paysage, un site agreste la ravissaient : son ob- servation continuelle etait une suite de plaisirs toujours renaissans : il est vrai qu'elle etudiait plutot les profondeurs du coeur liuraain que les aspects piquans et pittoresquesde la nature humaine; et ce genre d'etude est plus propre a nourrir la tristesse qu'a la com- battre. Elle ne voyait point de milieu entre les souffrances qu'en- trainent parfuis de grandes facultes et le repos de mort , I'espece d'engourdisseinent moral qui suit leur totale extinclion. Ce dedaiu des plus beaux dons du ciel afflige, surtout dans la bouclie d'une femme qui les possedait a un si haut degre. Mais il ne faut pas Ten croire : il y a une immense portion de bonheur autour de nous , dans I'air pur que nous respirons, dans un beau ciel , dans les fleurs, dans les affections si donees qui nous envelop[)ent de toutes parts , dans la contemplation de la beaute , dans le culteque Ton rend a la vertu, au genie, en ^change de leurs divins bienfaits. La nature et la vie a 36 LIVRES FRANC AIS. sont prodigues de tresors;ne les iiieprisous pas : apprcnous, an con- traire, a en jouir, et a nous mettie en garde contre les passions qui desolent et dccolorent tout ce qu'elles touchent. Louise Sw-JBelloc. J29. — * Classiqiics fraiicais , ou Bibliotheque poitativede I'ama- teur , composce des chefs-d'oeuvre en prose et en vers des meilleurs auteurs , et ornee de portraits. — Discours sur I'histoire tiniverselle , par BossuET. Paris , iSaS ; L. Debure. 3 vol. in-32 , avec une Notice sur Bossuet, et son portrait; prix 7 fr. Voici sans doute une des parties de la Bibliotheque portative de I'amateur qui merite le niieux le litre de classiyne. Seul , cat ouvrage eiit pu fonder la gloire de son auteur; et , coniine I'observe fort bieu Laharpe, il n'avait point de modele.Reniercions M. Debure de I'avoir fait entrer dans son interessante collection. II I'a fait preceder d'une notice sur Bossuet, et de variantes emprunlees a I'edition de Re- iiouard. " Quand I'histoire , dit Bossuet dans I'introductlon de son Discours, serait inutile aux. autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes : il n'y a pas de meilieur moyen de leur decouvrir ce que peuvent les passions et les interets , les terns et les conjonctures , les bonsetles mauvais conseils. Les histoires ne sont composees que des actions qui les occupent, et tout semble y etre fait pour leur usage. Si I'experience leur est necessaire pour acquerir cette prudence qui fait bien regner , il n'est rien de plus utile a leur instruction que de joindre aux exemples des siecles passes les experiences qu'ils font tons les jours. Au lieu qu'ordinairement ils n'apprennent qu'aux depens de leurs snjets et de leur propre gloire , a juger des affaires dange- reuses qui leur arrivent; par le secours de I'histoire, ils fornientleur jugement, sans rien hasarder sur les evenemens passes. Lorsqu'ils voient jusqu'aux vices les plus caches des princes , malgre hsfausses louatiges qu'on leur doune pendant leur Tie , exposes aux yeux de tons les hommes, ils ont honte de la vaine joie que leur cause la flatterie, et ils connaissent que la vraie gloire ne pent s'accorder qu'avec Ic mente. >> Cette citation ne jjaraitra pas deplacee a ceux qui sentent la necessite de rappeler les historiens a leur veritable vocation. Ce n'est pas de cette maniere que comprennent I'histoire la plupart de ces ecrivains modernes qui, faisant abnegation de leur conscience , s'attachent a la justiiication de tous les actes du pouvolr auquel ils ont vendu leur plume; niais leur exemple n'est pas dangereux , et leurs mensonges officieux seront oublies avec ceux qui en auront ete les objets, tandis que les nobles (^'crits des vrais historiens tels que LITTER ATURE. 237 Bossuet passeront a la posterite la plus reculce pour (*tre I'^tude et la lecon des princes. E. H. i3o. — * OEnvres completes de J.- J. Rousseau, avec des eclaircis- semens et des notes historiques, par P. -/J. Auguis. T. XVIII, 2« des Confessions. Paris, iSaS ; Ualibon ; i vol- in-8° de 884 pages ; prix , papier velin , 7 fr. 5o c. ; grand papier jcsus , 23 fr.; grand papier de Hollande, 36 fr. Le volume que nous annoncons, le i8c de la belle edition donnee par M. Auguis, contient les livres vii , viil et ix des Confessions. II s'etenddepuis I'annee 1741 jusqu'en 1767. Sans vouloir faireici I'ana- lyse d'un ouvrage que tout le monde connait, rappelons liri^vement ce qu'on trouve dans ce volume. — Rousseau arrive a Paris avec peu d'argent, la comedie de Narcisse , et son projet d'une nouvelle nota- tion musicale, qu'il fut admis a lire devant I'Academie des sciences. La notation de Rousseau, mal recue d'abord, a depuis obtenu de plusieurs maitres , mais particulierement de M. Galin et de ses suc- cesseurs , une approbation que les succes de leurs el^ves ont justifiee. Au reste , le refus de I'Academie fut utile , puisqu'il, procura au public la Dissertation siirla musique modeme , oil I'auteur developpe avec tant de clarte les avantages de sa notation : je ne dis rien de son voyage en Italic, dont la relation, fort interessante dans son livre, n'est d'aucun interet pour les sciences et les arts. De retour en France , s'occupant d'abord de son opera des Muses galantes , puis des Fetes de Ramire , il fut amene, par line circonstance particuliere, a com- poser le celebre discours qui obtint le prix decerne par I'Academie de Dijon. Ici commence , avec le huitieme livre, ce qu'il appelle la longiie ckaine de sesmalheiirs. La composition et la representation du Devin du 'village achevent de le mettre a la mode , tandis que sa Lettre sur la musique f I ancaise lui suscite de nombreux ennemis. Bientot il public le Discours sur I'inegalite des conditions , et s'eleve ensuite a la composition du Contrat social , de VEmile, de VHeloise , de son Essai sur In paix perpetuelle. B. J. i3i. — * OEnvres completes t.'e J. Delili-e. Nouvelle edition , dirigee par M. Amar. T. P"" , contcnant les Poesies fugitives, t. II, les Georgiques , t. Ill , le i^vol. de CEneide. — Cette edition sera com- posee de 16 vol. iu-8'', imprimes par Jules Didot, ornes de gra- vures et de vignettes sur bois , executees par les meilleurs artistes; publics par livraisons de 3 ou 4 volumes. On souscrit a Paris, chez L.-G. Michaud. Prix de chaque volume , papier grand raisin, velin , des Vosges, satine, et broche en carton, 10 fr. ; papier grand Jesus 2.38 LIVRES FRANCAIS. velin d'Annonay , saline, 6preuves avant la lettre , relic a la Bra del , a 5 fr. i32.. — * C£nvres completes d'Eiieniie Jovs , de TAcadcniie fran- <;aise, avec des eclaircissemens et des notes. T. VII et VIII, y'' et 8"^ des Essais sur les mceurs. Paris ( l8'23 ); imprimerie de Jules Didot aiiie ; Bossange p^re, Pillet aine , Ainie Andre, et I'auteur, rue des Trois-Freres, n° ii. a vol. in-8° ( T'oy. torn, xxv, p. aoi. ) i33. — * Jerusalem delivree , traduction uouvelle; par C.-J. Panc- KOUCKE, editeur de I'Encyclopedie methodiqtie. Seconde edition. Paris, 1824; C.-L.-F. Panckoucke. 4 ^ol. in-3a, de Boo a 400 P- > faisant partie d'une Traduction de tons les chefs -d'ccuvre etrangers. Prix 3 fr. le volume , et 3 fr. 40 c. par la poste. Cette traduction est precedee d'une Notice sur la -vie et le caractiie dii Tasse , par feu M. Suakd. On retrouve ici avec plaisir cette pro- duction elegAnte d'un academicien qui s'est fait une reputation dans ce genre. J'aurais desire toutefois qu'on eut corrige quelques inexactitudes echappees a ce biographe, et que ses successeurs out su eviter. Tel est le singulier contre-sens releve par Ginguene dans la traduction du beau sonnet : Se d'lcaro leggesti, e di Fetonte, ecc. Lorsqu'une erreur a etc signalee, pourquoi la reproduire ? Ce que la vie du Tasse offre de plus reniarquable , apres ses ouvrages, c'est le sentiment que lui inspira Leonore d'Este. Suard revoque en doute ce sentiment , et je le crois bien ! II ne voit qu'une in-trigue d'amour dans la passion la plus respectueuse et la plus delicate. II me parait difficile de resister aux preuves de cette passion que Ginguene a rassemblees dans sa vie du Tasse. La traduction de Panckoucke, annoncee comme litterale, offre aussi bien des inexactitudes. Voici quelques-unes de celles que j'ai remar- quees danslel'''' chant : p. 5. •< Peut-^tre qu'un jour, eXj'ose I'augu- rer,ma museo^era ecrire detoi/e5 mimes actions qu elle chante aujour- d'hiii. » Lesens litteral est : Peut-etre qu'un jour ma plume propbe- tique osera ecrire de toi ce qii'aujotird'hni elle en presage. P. 17. « Le but de tous nos desirs n'a-t-il pas ete de renverscr\i;s. murs dc Solime ?» Non certes , tel n'etait pas le but des croises. Espugnar di Sion le nobil mura, c^est \es forcer , mais non les renverser. P. 27. « Cette noble enseigne des fleurs de lis marchait sous ses bannieres accoutnmees. » Mot a mot : Cette valeureuse troupe suivait I'enseigne accoutumce des lis d'or. Drappelh signiiie ici, comme presque toujours, troupe , et non drapeau. P. 35. « Qui out abandonne... les plaines de la Campanie... et les riches et fertiles coteaux de la Toscane. » Le texte LiTTlfcRATURE. aSg dit : les plaines de la Campanie... et les doux et fertiles coteanx que varesse la mer Tyrrhenienne. Or, cette mer s'etend depuis le golfe dc Genes jiisqu'au phare. 11 ne s'agit done pas ici specialement de lo Toscane , mais de tout ce littoral, et plus particulieiement de celui de Naples. Le traducteur, p. 4' > dil en parlant de Gildippe et d'Odoard ( ou plutot Edouard ) : ■' Une nieme destinee enchaiiie leurs jours. » M. Baour-Lormian a rendu d'uue maniere a la fois plus el(''gante et plus exacte ce beau yers : Pende Da unfalo solo e Vuna e I'altra vita. Vous u'avez qu'un destin, vos jours n'ont qu'une trarae. II n'est rien de plus trompeur, en fait de langues , que la res- semblance apparente des dictionnaires. C'est ce qui fait pour nous la difficulte de I'italien ; chaque mot nous cache un piege dans cet idiome, et souvent nous comprenons d'autant moins, que nous croyons plutot comprendre. Voil.i sans doute pourquoi nous avons si peu de bonnes traductions des auteurs italiens. Celle que nous arinoncons est un ouvrage estimable, mais qui aurait du etre revu et retouclie. — L'execution typograpLique est du reste soignee et nieme elegante; le texte, imprime en regard, parait tres-correct. C. i34. — Poesies diverses, suivies A^Epicres et de Discoitrs en vers ; par Fred. DE Reiffenbekg. Paris, iSaS ; Dondey-Dupre pere et fils. 2 vol. in-i8 ; prix 5 francs. Le premier devoir, comnie le premier droit de la critique, est de se montrer egalement sincere dans le blame et dans I'eloge. La par- tialite , hostile ou complaisante, a de tout tems ete fletrie d'un juste opprobre dans I'opinion des hornmes vraiment dignes de cultiver les lettres. Une censure passionnee peut , il est vrai, devenir par- fois utile; il est rare qu'on ne rencontre pas, au milieu de ses vio- lentes exagerations, un trait, une remarque lumineuse , qui signale des ecueils oil Ton a echoue une premiere fois ; mais elle n'en reste pas moins, en general, aussi condamnable que I'envie et la- haine, dont elle est I'arme favorite. Quant a la critique exclusivenient louangeuse, elle ne peut que nuire a la litterature, soit en achevant d'aveugler le talent qui s'egare, soit en poussant a de nouveaux efforts la presomptueuse mediocrite , que le goiit et le bon sens con- damnent vainement au silence. La vraie route, celle oii conduit I'amour desinteresse du beau, n'est pas facile a suivre. Ces reflexions ne sont ici que le resultat d'observations generales, et ne m'ont pas tte suggerees par Texaraen des poesies dont jc vais 24 o LIVRES FRANCOIS. rendre conipte. Je sais trop quel prix M. de Reiffenberg attache aux saines doctrines et aux traditions des grands niaitres , et sur quels principes se fonde le culte ^'clairc qu'il a voue aux muses, pour h^siter un seul moment a m'expliquer sans reserve sur ses OEuvi-es. Quel que soit.le jugement que j'en dois porter, il y recon- naitra, je n'en doute point , la sinij)le expression de ce qui m'a paru etre la verite, I'attacliement aux memes principes qu'a embrasses sa raison, niais auxquels son imagination n'est peut-etre pas assez. constamment soumise, et surtout I'interet bien reel que m'inspire son avenir litteraire. Certes, on ne reprocbera point a ce recueil de manquer de variete. Le premier volume offre a la fois de nombreuses bal- lades, des chants guerriers, une vallemachie ( ancienne chanson erotique des Gaulois), des complaintes, des romances , des odes , quelques scenes lyriques, le tout couronne par une abondante collection de dizains, de bultaius et de quatrains. Le second vo- lume est moins varie sans etre moins riche; il contient seulement des epitres et des discours en vers. On peut croire , d'apr^s la dis- tribution des mati^res, que I'auteur a voulu menager le plaisir de ses lecteurs en les rendant temoins des premiers pas et des progr^s- de sa muse; il nous invite d'abord au spectacle de ses jeux d'en- fance, pour nous la presenter ensuite plus serieuse et non moins aimable, livree a de graves inspirations, osant consacrer sa lyre a la defense des plus nobles pensees et des verites les plus utiles , et marchant a grands pas vers une brillante maturite. Telle est du moins I'idee qui resulte pour moi des remarques que m'a pu fournir la lecture attentive de ces deux volumes. Je regarde certaines pieces conime des essais d'un jeune poete , dont I'impatiente ardeur a quel- quefois oublie que la pocsie doit dedaigner ou eviter bien des sujets , les uns conime trop futiles , les autres comnie pen propres a se plier aux graces de son allure sans lui imposer a elle-meme un air con- traint et bizarre. Je m'empresse d'affirmer que, meme dans les pifeces oil ces defauts sont le plus frajjpans, on trouve aussi, non- seulement le germe, mais deja les fruits d'un talent eleve. Ce talent se developpe avec plus d'eclat et de force dans des compositions d'assez longue haleine , dans les epitres et les discours en vers ; mais on rcgrette qu'il ne s'y maintienne pas toujours avec la m<5me purctc. Le lecteur eprouve une penible surprise, lorsqu'apres avoir admire une tirade tout entlere, irreprocliable sous le rapport de la pensee et de L'expression , et ou se font remarquer tour a tour la grAce et LITTER AtURE. 241 I'cnergie , il arrive a uiie suite de vers incorrects ou faibles , h unc locution etrange , a une image incomplete ou forcee. Je ne m'ar- reterai point a justifler raes diverses assertions par des citations detaillees ; le savant et judicieux professeur en appreciera liii- m^me le plus ou le moins de justesse et d'importance ; je me borne a lui rappeler ces beaux vers que j'extrais de son epitre sur la traduction : Sar tous ces novateurs pronoucez anatheme. N'allez pas vous heurter centre le dur rocher Qui des sources du Kliin vous defend d'approeher, Et ne versez jamais, dAt-elle etre moius pleine, - Les glacous du Volga daus I'urne de la Seine. Tel est I'arret du gout. Voulez-Tous sans dangers Cueillir des fruits uouveaux sur des bords etrangers? Voyez coinme Boileau , dans sa discrete audace, A la cour de Louis fait badiner Horace, Sous ses propres couleurs deguise son butin, Kt donne un air francais au mot le plus latin. De la correction voila le vrai modele : Qu'il soil de vos travaux le compagnon fidele; Ecrlvez sons ses yeux; que sa severile, Gourmandant la paresse ou la celerile, Ke laisse point coulcr , sagement inflexible , De yos faciles vers I'abondance penible; B. l35. — * La France en iSaS, ou Mes regrets et mes esperances. Dis- cours en vers, par un Francais attache aux veritables inter^ts de la religion , de la morale publique , de la liberte, de la patrie et du roi; avec cette epigraphe : La raison triompbante D'une ligue envleuse etouffera les cris. (Chenier, Epitre a Voltaire.') Paris, avriliSaS; Renouard, rue de Tournon , n" 6. In-8° de 23 pa- ges. Prix I fr. Se 'vend au profit des Grecs. Ce discours, annonce avec eloges par plusieurs journaux, comme exprimant des sentimens genereux et de nobles pensees en vers ele- gans et harmonieux, nous a paru defectueux sous le rapport du plan. L'auteur ne s'est point trace d'avance la marche qu'il voulait suivre. Tour a tour il rend compte des impressions que lui fait eprouver sa situation personnelle : il regrette le tranquille bonheur dont il aurait pu jouir dans uue des vallees de la Suisse; il peint la vie penible et T. XXVI. — Atril 1825. 16 2/j2 LIVRES FRANCAIS. agilee dans laquelle il se trouve tout entier absorbe, au miliea du tourbillon de Paris. 11 fait connaltre les travaux qu'il a entrepris , et surtout le plan J'une histoire abregee et periodique de la civilisation qu'il public, avec le concours de beaucoup d'borames ^claires de tous les pays. Comma cette partie du Discours en tiers est uii veritable pros- pectus pbilosophique de notre Revue, qui est en effet I'ouvrage dont il s'agit , quoiqu'elle ne soit pas designee par son litre , nous croyons devoir inserer ici ce passage tout enlier, en ajoutant meme huit vers retranches par I'auteur, conime etrangers par leur trop grande spc- cialiie a I'ensemble du sujet qu'il a embrasse , et que par ce motif nous marquons par des guillemets. Uu dessein gcnereux, d'uiie celeste flamme A frappe moD esprit, a peuetre mon ame. J'al dit : Reunissous les elemens divers Dos travaux eutrcpris daus ce vaste univers. Des savaus de dos jours consacrant la meraoire. Pour uos coutempoTains, osons tracer I'liistoire Des ecrits, des efforts, des glorieux succes Qui de I'esprit liumain attesteut les progres. Un bon cocur est lie, par une etroite chaine, Aux iuterets communs de la famiUe humaine; Entre les nations, fiUcs de I'Eternel, 11 aime a resserrer ce lien fraternel. Bietit6t, un m^me espoir, un raeme but rassemble, £tonnes , satisfaits de se trouver ensemble, D'habiles ecrivains , judicieux censeurs, Des savaus renommes, des sages, des penseurs : Tous, sans quitter Paris, voyageurs sedentaires ,. Vont, daus tous les pays, deputes litteraires. Explorer, recueillir, presenter a nos yeux De mille inventions les germes prccieux, Les heureux procedes , les ouvrages utiles. Que la science et I'art , a nos besoins dociles , Et par Tamour du bien le genie excite Ajoutent aux tresors de la societe. « Cbaque mois, un tableau dramatique et fidele cc Offre du monde entier une face nouvelle. « Ainsi qu'en un miroir, cliacun, daus ce Recueil, « Pent Toir, peut admirer avec un juste orgucil ct Les prodiges nombreux de I'active Industrie a Qui repand en tous lieux la i)uissance et la vie, <• Et des peuples divers comparant les travaux , « Distribuer les prix a ces nobles rivaux. >• LITTERATURE. 2/, 3 Le concours est onvert : I'Esprit philosophique A fall croitre et fieurir I'arbre £ncvclopedique, Dont les vastes rameaux, embrassant a la fois Et la nature, et I'liomine, et ses mceurs, et ses lois, Et I'art ingenieux, createur du lacgage, Dans I'univers an loin etendeut leur ombrage. De cet arhre, fecond en si ricbes produits , Francais , sur notre sol multlplions les fruits. Bedoublons nos efforts. Qu'une race nouvelle Merite le bonheur oil son destin I'appelle. A I'ombre d'un pouvoir sagement limite , EUe croit clans sa force et dans sa liberie. La liberie , la paix , I'amour de la patrie , Excitenl le travail, animent I'induslrie, El I'heureuse industrie, en prenant son essor, Semble promettre au monde un nouvel age d'or. Mais, avant d'accomplir ces bautes destinees. Par les progres du lems lentement amenees, De penibles combats, des obstacles nombreux Exigent le concours des esprils genereux. Ce resume du plan de la Revue Encyelopedique conduit I'auteur, qui se revfele ainsi lui-meme sans se nommer, a signaler une partie des obstacles qui f etardent en France le developpement de la civilisation. Des modernes Mathan I'ambition impie... Et ces frelons dores, ces essaims fameliques Qui, du palais des rois assiegcant les portiqnes , Par des cris importuns arrachent leurs faveurs, Du merite modeste usurpent les bonneurs, Et , sur les maux publics osant fonder leur joie , Se jeltent sur I'Etat, comme sur une proie. Enfin , il expriroe ses Tceux et ses esperances pour I't^tablissemeiit d'une liberie durable : De tout melange impur a jamais degagec; Won celle qu'un parti cruel, Tictorieux, Nous imposait jadis par ses cris furieux; Mais cette liberie qui sur les lois se fonde. Qui, portanl dans son sein la semence feconde Des publiques vertus, et de I'ordre , el des raoeurs. Rend les bommes beureux, en les rendaut meilleurs O liberie! sans toi, le pouvoir devient crime: Le pouvoir absolu n'estjamais legitime. 9.44 LIVRES FRANCA.IS. La Grece, la R^publique d'Haiti , Qui, relevant son front sous I'opprobre abattu, A dans la liberie retrouve la vertu, et les nouveaux Etats de rAtnerique du Sud , dont les dernieies victoires du general en chef et liberateur Bolivar semblent consolider I'independance, font briller aux yeux du poete philanthrope la con- solante perspective d'un avenir prospfere et glorieux , et il terniine son discours par les vers suivans : Des bords americains aux rives du Bospliore , Les lois, la liberie, la paix, vont faire eelore (Tel est le doux espoir qui sourit a mon cceur! ) De nouvelles vertus et des jours de bonbeur. Vers un mellleur destin le genre bumalu s'avance : Avec le genre liumaiu doit marcher notre France; Et rSme d'un Francais contemple avec fierte Son genereux elan vers la prosperite. t36. — La Lyre brisee , dithyrambe, dedie a M""* Dufr^noy , par M. J. Agoub , avec cette epigraphe ; L'amnur, partout oil il est, est toujonrs le maitre. La RocHEFOtJCAUi.T. Paris, iSaS; Dondey- Dupre ; Mongie. In-S" de i8 pages; prix i fr. a5 c. M. Agoub , dont la muse s'est annoncee avec eclat par un beau dithyrambe sur I'Egypte ( Voyez kerne EncycL, t. viii , p. 43 ) et par d'autres poesies, avait dedie ce nouveau dithyrambe a M">e Du- frenoy, a qui ses talens et son caract^re avaient inspire autant d'a- mitie que d'estime pour lui. II s'est empresse de le publier, comme un hommage qu'il etait jaloux de deposer sur le cercueil de cette femme cel^bre. — Cette composition erotique respire je ne sais quelle ardeur africaine, qui a dans notre langue un caractere remarquable d'originalite. Nous voudrions pouvoir donner une idee de cette pro- duction ; mais comment analyser un dithyrambe! Le lecteur nous saura gre de nous bonier a des citations, qui lui feronl niieux con- naitre le talent flexible et varie de M. Agoub. — Le poete, s'arrachant a I'ivresse amoureuse, s'adresse ainsi a I'Egypte , sa patrie : Mais, sous tes vieux debris ta gloire ensevelie Se reveille aux rayons d'un jour inattendn. * Quel est cet etranger sur tes bords dcsceudu Des plages de la Romelie? II i'arme;.! son aspect, tout fuit on s'liumilie; LITTERATURE. 2/, 5 II (larle, et tu sors du tombeau. 5a maia reparatrice a d'uu laurier noureau Sur tou front console raJQuui ta coiironne. Aly! que des beaux-arts la jialme t'environae ! Rends a rantique Isis ses honneurs disparus; Rends-lui les Pharaons. Heritier de leur tr6ue, Herite aussi de leurs vertus. tes bienfaits sout suivis d'une longue memoire. Veille aux destius du Nil a tes solos coufies; Que ses troubles sanglaus, sous ton regne oublies, Cessent d'epouvanter I'bistoire... Poursuis, poursuls, Aly; tu marches vers la gloire. Maitrise a son tour par le besoin de la renommee, le poete veut fuir la beaute qui renchaine et voler ou I'appellent les palmes du genie. Mais la douleur de Thaire I'arr^te ; il cede a son attendrisse- ment , et s'ecrie : Je suis vaincu.'... Devant toi prosterne, J'embrasse tes genoux , Tliaire, et je t'adore. Daigne , sur tou amant, daigue lever encore Ce celeste regard vers la terreincline. Mes bras te sout ouverts ; regarde-moi , Tliaire ! Que mes baisers consolateurs De tes beaux yeux exilent les douleurs. Je te rends ton amant, j'abjure raon delire... Vols a tes pieds les debris de ma lyre! Lyre coupahle , el que j'ai dA puuir! Elle n'est plus , et j'ai venge tes larmes ? La gloire m'egara , je I'immole a tes cliarOies. , Ici, jusqu'au tombeau, je veux t'apparteuir : Que m'iinportent d'un nora les trompeuses promesses? Sois desormais ma seule deite; Sois raon ambition, mon culte, mes richesses; yiens, viens... entoure-moi de ta divinite. Que cliacuue de tes caresses M'enivre d'immortalite. Apres avoir lu ce morceau, que j'ai abr^g^ a regret, on aime a se rappeler que la Ljre hrhee est une fiction poelique , et Ton ne doute pas qu'elle ne soil pour M. Agoub le prelude de nombreux succes. C. iSy. — * Cange, ou le Commissionnaire de Saint- Lazare. Fragment d'un Poeme sur la Bienfaisance ; par M. le comte Boissy d'AwGiAS ; 2^6 HVRES FRANCAIS. reimprime et veiidu au profit de la veuve Cange. Paris, iSaS; veuve Gauge, rue B.iillet , n" 3. Brochure in- 8° de i r pages; prix , i fr. Le Poeine de la Bienfaisance , auquel appartient le fragment que nous annoncons ici , se trouve dans le t. 2^ des Etudes Utteraires et poettques d'lin I'ieiUard {yoyez Rei'.Enc, X. XX v, p. 5 1 3.) C'est rhom- mage d'un homme de bien , cel^bre par le courage civil dont il a fait preuve en plus d'une occasion, a la vertu obscure et indigente, tur laquelle il appelle ratteution des puissans de la terre. «L'action genereuse de Gauge , dit M. Boissy d'Anglas dans une note, est de la classe de celles qu'on a le plus de plaisir a rappeler, parce qu'elle lie s'environne d'aucun regret, et que le caract^re qui I'a produite ne laisse apercevoir aucun sentiment qui ne soit pur. L'amour de la gloire enfante souvent de belles actions ; mais ceux a qui il les inspire ne sont pas desinteresses sur le prix qui les recompense : ce prix est noble, sans doute; mais enfin, c'est un salaire auquel on a songequand on a agi pour I'obtenir. Le b^ros brave la mort dans le combat , mais il poursuit I'empire du monde; la bienfaisance seule inspire des actes qui n'ont de mobile qu'elle-meme. » L'auteur nousapprend que la veuve de Gauge, devenue infirme, sollicite son admission dans un des hospices que la charite publique entretient dans la ca- pitale , et que I'un des fils de ce genereux citoyen , aprfes avoir ete compris, en i8i5, dans le licenciement de I'armee, ou il ctait par- venu , par sa bravoure et sa bonne conduite , au grade de lieutenant, a etabli un cafe dans le hois ou dans le village de Vincennes. II croit pouvolr appeler sur eux la soUicitude du gouvernement , et nous nous joignons a lui pour desirer que Ton recompense et que Ton encourage dans la famille de Gange les vertus civiques , seul heritage qu'il ait pu lui laisser. E. H. 1 38. — Code des gens honnetes , ou I'Art de ne pas ^Ire dupe des fripons. Paris , i8a5; Barba. i vol. in-i2 de xxiii et 252 pa£;es ; prix 4 f'"- Voici I'un des livres les plus gaiement philosopbiques que Ton ait ecrits depuis long-tenis. 11 s'agit de mettre les gens honnetes a I'abri des friponneries de toute espece dont ils peuvent etre dupes ; et combien n'en peut-on pas compter , depuis le voleur avec effraction jusqu'au mendiant qui sollicite par de feintes douleurs la pitie pu- blique? depuis \e prestidigitaCeur qui vous debarrasse subtilement de votre montre, jusqu'a I'avoue qui vous fait payer trente mille fr. de roles qui ne lui content rien ? L'auteur a tout vu , tout.etudie : il en- seigne en m^me tems a defendre son argent contre les qui^'teuses et LITT^RATURE. a/, 7 Jes societes philanthropiques; centre les joueurs et les agens d'af- faires; contre les bureaux de placement et les bons niarrlies. II a done fait uii ouvrage d'une utilite reelle pour I'lionnete homme qui ne veut pas qu'on le pille. Des considerations murales , poUtiques , lit- teraires , philosophiques , legislatives , religieuses et biidjetaires sur la com- pagnie des -volcurs , servant d'introduction aux trois livresqui suivent , et qui traitent : 1° des industries prevues par le Code, ce qui comprend les petits 'vols , les escroqneries , les -vols avec effraction ; 2° des contri- butions volontoires-forcees levees par les gens da monde dans les salons : la setrouventlei>y«eVe5, les«on£(««,les etrennes, les cadeaux, etc.; 3° des industries priviiegiees , oil les avoues , \esnotaires , les agens de change le mont de piete , les loieries et les maisons de jeux viennent naturel- lement se ranger. Chaque livre se terniine en outre par un resume. Quant au style de cet ouvrage , il est ctlncelant d'esprit et de gaiete. Ea void quelques traits : — « Les voleurs , en general , sont des industriels sans patente. Les escrocs sont les gens comme il faut de la petite volcrie. Les -voleurs avec effraction sont les docteurs , les prof cs- seiirs einerites de I'Oidre; les autres n'en parlent qixavec un certain respect. » Les conseils sont donnes avec une finesse et une gaiete ine- puisables : des anecdotes piquantes viennent toujours les appuyer et interesser le lecteur. En un mot , on pent dire que Ton trouvera dans ce livre, slnon des preceptes dont on puisse toujours facilement profiler, au nioins des conseils toujours bons a suivre , et une lec- ture fort amusante. iSg. — * Quelques reflexions sur Lekain et sur I'art thedtral ; par F. Talma. Paris, 182$ ; Tenre, rue du Paon , n° i. In-8° de 68 p. — Ce fragment fait partie d'une Notice jwr Lekain, inseree dans les Memoires dramatiques publics par Dabo. Ne se vend point. Si quelqu'un en France pouvait pretendre a nous reveler le grand talent de Lekain, a nous faire connaitre les travaux assidus qui per- fectionnerent chez lui les dons de la nature, c'etait sans doute le tragedien celebre qui, venu plus tard, et profifant de I'expcrience et des innovations de son predccesseur , a pousse plus loin que lui encore I'art de rendre la pensee des poetes , en m6me tems qu'il a doane plus de grandeur et de verite a la scene par I'introductiou d'un costume plus couvenable. Aussi les Reflexions que nous annou- cons seront I'objet d'une lecture attentive de la part de tons ceux qui portent quelque inlcret aux representations sceniques ; et quoi_ qu'on ne puisse pas les rcgarder comme un cours complet de decla- mation tragique, dont I'auteur nous fait esperer qu'il pourra s'oc- 248 LIVRES FRANCAIS. cuper un jour, on doit y voir au moins uii resum^ tr6s-substaiitiei des principaux preceptes, et des regies de conduite les pins utiles pour ceux qui veulent courir cette belle , mais perilleuse carrifere. L'absence de toute division dans cette Notice nous dispense d'en tracer le plan : contentons-nous d'en suivre rapidement les idees ; apres quoi une courte citation suffira jiour faiie apprecier le style de I'auteur. Les debuts de Lekain , les critiques qu'il essuya d'abord , les succes qu'il obtint; un court parallele entre mesdemoiselles Dunieuil et Clairon , dont la premiere « se livra sans reserve a tons les elans d'une nature que I'art ne put asservir»; dont I'autre « suivit le sys- teme de cette declamation pompeuse et fortement accentuee qu'elle avail trouvee ^tablie ; » des observations sur ce qui constituait au- trefois les belles manieres ; I'influence de ces belles manicres sur les productions des auteurs, le jeu et le costume des acteurs ; enfin , quelques lignes sur cette question : Si la tragedie sort de la nature : telles sont les idees qui se presentent d'abord a I'auteur , et qui sont exposees avec autant de clarte que de precision. Talma, exaniinant ensuite I'art en general, expose les qualites necessaires a tout acteur qui veut obtenir une reputation meritee. II attaque une opinion de Diderot , et conclut que I'intelligence et la sensibilite sont les deux facultes qui , perfectioniiees par vingt ans de travaux, peuvent donner a la sc&ne un bon acteur de plus. Aioutez a cela les a vantages exterieurs, la taille , les traits , la voix, les etudes preliminaires, les lettres et I'histoire , vous aurez une idee des qualites que I'auteur demande dans le veritable acteur tra- gique. Lekain n'eut pas tout, mais il eut beaucoup , et supplea par les ressources de I'art a ce qui lui manquait. C'est ici que Talma , laissant les idees gen^rales pour s'occuper exclusivement de son de- vancier, rappelle ses immenses travaux, les changemens qu'il in- troduisit dans le jeu tragique , et le perfectionnement qu'une longue maladie apporta encore dans son action. Je n'ai pu reproduire , comme je I'aurais desire , plusieurs observa- tions judicieuses qui ^clairent la pensee de I'auteur , et nous initient aux secrets de son art; je vais en detacher une qui fera connaitre son style. « Tandis que, dans une salle , les amateurs des vociferations se persuadent que leur Ame est emue quand leurs oreilles ne sont que dechirees , et qu'ils applaudissent a outrance , il est un certain hombre d'artistes , de connaisseurs, de gens instruitsqui ne sont sen- LITTER AT L RE. 2/,y slbles qu'a ce qui est vrai et conforme a la nature. Ces personues-la lie font pas beaucoup de bruit, mais font les reputations. » B. J. l^o. — Dictiormaire theatral , ou Dotize cent trente-trois verites sur les directeurs, regisseurs, acteurs, actrices , etc. Seconde edition , avec un supplement. Paris , 1825 ; J.-N. Barba. i vol. in-12 de 56 et 3i8 p.; prix 4 fr. M. Beuchot, dans le journal de la Librairie,n° du 26 mars, fait ob- server que le supplement de cette seconde edition est en t^te du volume avec ane pagination pnrticuliere. Nous ne preteiidons pas en conclure que ce soit une premiere edition rajeuiiie; nous reconnaissonsm^me que le Dictionnaire theatral , annonce deja avec eloges dans notre re- cueil , a tout ce qu'il faut pour obtenir du succes aupres du public : esprit, francliiseet malice sont les qualites quile dislinguent de tons les ouvrages concus sur le meme jilan. Voici un des articles du sup- plement, que nousprenons an hasard. Dilettante. C'est presqu'un emploi public aujourd'hui. Un homme qui a quelque fortune, et qui n'est ni maitre de requites, ni conseiller d'etat, ni gentilhonime d'honneur, ni eligible, acliete des entrees aux bouffes, et prend le titre de di/ellanle. II compte alors parmi nos gens de I'aristocratie ; il a le droit d'etre tranchant , et de traiter d'ignares les pauvres gens qui ne vont qu'a Feydeau ou a I'Opera. II salt cent mots d'italien qu'il place partout ; il dit : la Pasta , la Mombelli; il ne reve que Naples el Milan ,et neparle francais que pour demandersespantoufles. E.H 141.* — L'honnete homme ou le Niais , histoire de Georges Dercy et de sa famille, par L.-B. Picard, de I'Academie francaise. Premiere et Seconde edition. Paris, 1825 ; Baudouin freres. 3 vol. in -la: prix 8 (r. et 10 fr. Si la susceptibilite , disons mieux, la servilite de la censure dra- matique est devenue aujourd'hui I'excuse banale de la mediocrite, qui s'en prend a elle de tons ses mecomptes litteraires , qui pourra iiier son influence reelle sur' le talent veritable? Que pent encore essayer de produire le genie, avec des entraves aussi fortes et soumis il un joug aussi bonteux ? Aussi , depuis quelques annees , avons nous vu s'eloigner successivement de la sc6ne tous cenx qui promettaient de I'embellir pendant long-tems et dont le talent etait encore dans toute sa force; une mdme cause, une cause unique a frappe subite- ment de sterilite la muse comiquede MM. Andrieux, Duval, Etienne, Jouy, Lemercier , Picard; et ceux d-e leurs jeunescmules qtii, pleins d'un noble courage , out tente de se soutenir dans I'arene , ont appris a leurs depens ce qu'il en coute pour essayer de lutter centre I'hydre de 2^0 . LIVRES FRANCAIS. Licensure. Loin de nous de vuuloirnier les difficultes politiques de I'epoque ou nous vivons. Sans doute, au sortir d'une revolution de tieiite annees qui a remue la societe dans ses fondemens, iorsqu'on chercliepar tant de manoeuvres coupables ou maladroites a latenirdi- visce en deux partis ennemis I'un de rautre , il est impossible d'accor- der a la muse de la comedie une liberie qui se convertirait bientot en licence. S'iletait |iermis achacun de traduirelibrement sur lascfene les nioeurs du parti auquel il est oppose, la scene ne serait bientot plus qu'une arcane, ou le feu des passions nial eteintes viendrait puiser des aliinenspour enibraserdenouveau toute la France. Mais cette censure necessaire des ouvrages fails pour 4tre presentcs a la multitude assemblee, et pour produire sur elle des impressions d'autant plus fortes , cette censure devrait etre exercee par des gens lionorables el d'un caractere entierement independant. Oil les trouver aujourd'hui? Cette institution est lombee cbez nous dans uii tel degre d'avilisse- ment, qu'un bommed'honneur consentirait diflicilement a se cbarger de fonctions oil il n'y a plus desormais que de la bonte a recueillir. Perdu poXir la scene oil il avail oblenu tant de succes , M. Picard s'est ouverl une nouvelle carriere; il a continue de peindre dans des romans cette societe mobile si propre a exercer les pinceaux du moraliiito, et ou tant de vices el de ridicules ressuscites appelleraient le fouet de Juvenal. Deja nous devons a cette nouvelle direction qu'il a donn^e a son talent E/if^ene et Guillaiime , Jacques Faiivel , qu'il a compose en societe avec M. Droz ( voy. Rev. Enc. , t. xviil , p. 92 ) , t Exalte ( T. xx , p. 660 ) , le Gilblas de la revo- lution ( T. XXIV, p. 491 )» ct iHontieCe homme ou le Niais , que nous annoncons aujourd'hui, — Avant I'apparition de ce dernier ro- inan,le litre que lui a donne I'auteur avail pu effarouclier quelques esprils ; on croyait y voir un sens immoral, et I'alliance mons- trueuse de deux mots fails pour s'exclure I'un I'aulre. Mais la leplure de I'ouvrage a dii lever tons les scrupules, dissiper tousles doutes, et Tintention de M. Picard est maintenant bien connue. Comment supposer qu'un auleur donl loules les compositions ont un but si vrai, si moral, s'ecarterait un instant de cette condition, sans laquelle il n'est point de succfes durable ? Le principal personnage de son roman, George Dercy, est un parfail honn^te bonime; ce n'est pas I'auteur qui le qualiCe de niais ; ce sont les fripons et les demi- fripons avec lesquels il le met en relation. Et qui de nous n'a pas vii frapper de ridicule par des gens de ceitaines mceurs et decertaines opinions I'Lonuete bomine qui, dans aucune occasion, ne voulait LITTERATURE. aSt consentir a transiger avec sa conscience? Qui de nous n'a pas vu calomnier et peisecuter cette vertii severe, ces principes ligides d'honneur qui font la satire de ceux dont les mceurs sont plus souples et se pr^tent coinplaisamment aux vues de la coiTuplion ? Lenouvelouvrage de M. Picard est un tableau Cdele de la societe moderne; on y Tolt passer tons les etats, toutes les classes, tous les caract^res peints des couleurs les plus vives et les plus franches, et a TexceptiondesMemoires de Jacques Fauvel, pourlesquels ils s'est aide du talent de M.Uroz,aucun des romans que nous avons nientionnes ne parait mieux conduit et mieux intrigue. Cependant , coinme dans ses autres ouvrages, il y a dans celui-ci surabondance de details , et de de- tails quelquefois trop vulgaireS; c'est-la le principal defaut de toutes ses compositions , munie de celles qui ont obtenu le plus desucces a la scene. Le style laisse aussi beaucoup k desirer ; inais cela tient nioins sans doute a I'impossibilite oil se trouve I'auteur de faire mieux qu'a la rapidlie avec laquelie il esquisse ses portraits. II les prend tous d'apres nature et saisit la ressemblance avec un rare bonheur ; mais il se presse Irop de les livrer au grand jour, et il aurait besoin qu'une main amie et severe lui indiquslt les trails qui demandent une touche plus large et j>lus vigoureuse. Voila , et je ne crains pas d'etre de- menti par les personnes desinteressees qui auront lu le dernier roman deM. Picard, les seals reproches que Ton puisse lui adresser; mais si les Confessions de Giffard ont compromis deja le repos de taut d^honneces gens qui n'ont pu s'empecher de s'y reconnaitre, combieu de recriminations , combien de clameurs ne doit pas elever ce nouvel ouvrage , ou I'auteur raconte ranecdote du jour, retrace nos debats les plus recens et peint de couleurs si vraies des liomtnes qui sont encore en scene? E. Hereau. 142. — Tradition de la Germanie. Le Franc-Archer , public par A.-P. Chaaloks d'Arge. I vol. in-12 de xxxiv et 199 pages. Paris, iSaS ; Castel de Courval; prix Bertram, forestier de Lindenheim, ne veut pas donner sa (ille Lisbetli a Guillaume, parce que celui-ci n'est pas chasseur. Ins- truit de ce motif, Guillaume abandonne ses etudes pour cuurir k'S forets, et devient bientot le plus habile de tous ses rivaux. Alors , il pent, avec quelque esperance , disputer la main de Lisbeth , car le vieux Bertram la destinait a celui qui , au jour fixe pour celte epreuve , toucherait un but maique. Cependant , a I'approche de cette journee, le demon qui nourrissait un vieux ressentiment contie Bertram, prenait plaisir a detourner de leur route les balles de 9,52 LIVRES IRANCAIS. Guillaume. Ce jcune liomnie . desesper^ de sa maladiesse toujours croissante , songe eiifin a se procurer, pour le grand jour, des balles tiicltantees qui frappent iaiinanquablemeiit leur but. II a recours a uiie ceremouie maglque, fort bien decrite par M. d'Arge , etrevient cliez lui avec soixante-trois balles, dont soixante sont a lui , et trois ;i[)partiennent au diable, qui peut, a leur sortie du mousquet , les diriger a son grc. Guillaume epuise toutes scs balles dans ane cliasse , et quand il faut tirer art but pour obtenir la main de Lisbetb, il ne lui reste plus que celles du diable, dont la premiere va frap- per et tuer son amante. Le desespoir s'empare de Guillaume; on le transporte dans un hopital , ou il ne tarde pas a mourir , apr^s s'etre reconcllie avec Dieu , par I'entremise d'un pr(5tre. Un style elegant et facile , une couleur sombre et en harmonie avec la fable du poeme, la peinture exacte des mceurs du terns , et un grand inter^t, voila ce qui distingue ce conte, enti^rement fonde conmie I'opera de Robin des bois sur ime de ces traditions du moyen age qui se sont conservees dans les pays de for^ts et de montagnes , ct ffue dlssipent peu a peu les lueurs de la civilisation. 143. — Gemmalie. Nouvelle. Paris, iSaS; Ladvocat , Pontbieu. I vol. in- 1 2 de 166 pages; prix 3 fr. et 3 fr. 35 cent. Gemmalie est une goule , sorte de vampire femelle , qui veut faire pcrir, on ne sait pourquoi , Georges Guilford et Charles Lindblad, deux Anglais qui avaient combattu pour les Grecs. Elle leur inspire a tons deux un violent amour. Lindblad veut I'epouser, et Gemmalie I'avertit , on ne sait pourquoi, qu'avec elle il sera malheureux. La religion ne benit pas leur union. Lindblad , retire dans ses terres et accable d'un sommell invincible, des qu'll est au- iires de Gemmalie , ne peut consommer son mariage ; enfin, il nppelle Guilford aupres de lui ; il veut que celui-ci le reveille brus- quement pour decouvrir la cause de cet affaissement ; mais , au moment convenu , Gemmalie elle-m^me tire Lindblad de son som- meil , et le trompant par une illusion , invoque son secours, comme si Guilford voulait I'enlever a son mari. Lindblad furieux s'elance sur Guilford et le tue ; puis , rentrant chez lui , il retrouve sur son lit ce sommeil de fer qui I'accable toujours. L'ombre de Guilford vient cependant le reveiller, et le m6ne en silence au lieu meme oii son cadavre servait de p&ture a I'horrible epouse de Lindblad , qui meurt elle-m^me en dechirant sa proie. — Cettedegoiitante bistoire n'est relevee par oucun art dans le style, par aucune invention dans les details. Tout le mondc a ludans les ^litle et une Nnits I'histoire LITTERATURE. — BEAUX-ARTS. I'i^ de cet hotnme qui avail opouse une goiile , et qui fut rencontre ])ar le calife Haroun , la fouettant de toutes ses forces , apres qu'elle eiit ete changee eii cavale. Remarquons que, dans I'auteur arabe, des enchantemens , des metamorphoses continuelles nous amusent et nous font passer rapidement sur une ])einture hideuse : dans Genimalie , au contraire, c'est pour arriver au plus affreux de- noument qu'est fait un volume entier sans inter^t, sans intrigue, sans merite litteraire. Ajoutons une derniere observation : c'est que , si Ton veut peindre des etres fantastiques ou surnaturels , il faut toujours en trouver I'image dans les croyances du peuple cliez le- quel Faction se passe. Les auteurs de Gemnialie, en meconnaissant cette verite , ont fait , de leur Nom'elle , une fable qui ne tient a rien. B.J. Beaux- J?-ts. l44- — * Tableau historiqiie des costumes , des mccurs et des usages des priiicipaux peuples de I'antiquite et du moyen age , par Robert de Spal- I.ART. Metz, 1824 ;Devilly, libraii-e editeur. Paris, Arthus-Bertrand ; Renouard. 7 vol. in-8" et 7 atlas in-folio oblong, figures enluminees. Prix , 320 francs. La connaissancc des clioses passees est une science immense clans son ensemble et dans ses details. Si les histoires generales , particu- lieres ou individuelles , eclairees pa^ la geographie et la chronologie , se chargent de nous transmettre les lois , les actions, les mceurs, les coutumes des peuples et des rois; les habitations, les meubles , les armes , les costumes, et generalement tons les objets physiques , qu'un seul coup d'oeil fait mieux connaitre que les plus longues des- criptions, ne sont guere deleur ressort. C'est a la sculpture, a la gra- viire, aux arts du dessin, a la numismatique , qu'il appartient de nous les conserVer. Le langage n'est abirs employe que pour determiner les noms , les usages et les epoques , et il suffit, pour cela , d'une no- tice explicative. C'est done une idee utile que de reproduire par des gravures Gd^le des objets de tout genre qui servent aux divers besoins de I'homme; et , pour ne parler ici nides Anciens, ni des etrangers qui se sont occu|;es de ce genre de travail , tout le nionde connait en France le p^re Montfaucon , benedictin , qui s'est fait une reputation nierileepar lapublication desou anliquile expUquee, dont les enormes ill-folio sont souvent consultes par les savans. Apres lui, plusieurs ouvrages du nidme genre ont ete publics. Le commencement de ce siecle ( 1800 ) a vu paraitre le Portefeuille des artistes, destine a faire 254 LIVRES FRANCA.IS. conuaiCre aux jeunes peintres les costumes et les meubles antiques, si favorables a la peinture. Le bel ouvrage de M. Lenoir sar le Musee des monumens fraiicais a mis sous les yeux des lecteurs les edifices et quelques costumes du moyeu age. Sous le regime imperial , les en- luminures de Martinet out rendu populaires les unifoimes elcgans et varies des troupes francaises. Nous avons vu , il y a quelques annees, lithograpbier avec un succfes douteux le recueil peu authentique des costumes francais, pendant plusieurs si^cles, et maintenant m^me les journaux des modes de tous les pays, en suivent exactement les variations. Tous ces ouvrages se bornaient, comme on le voit, a un objet special, a une seule (^poque , ou du moins a un seul peuple. Le plan de M. de Spallart est evidemnient beaucoup plus vaste : il embrasse les principaux peuples de Fantiquite et du moyen Elge; ou plutot, pour eviter toute expression equivoque et inexacte, il trace riiisloire du costume de tous les peuples qui, pendant vingt-cinq siecles, ont habite les pays occupes par I'empire romain dans la plus grande etendue : il a menie fiut une petite excursion dans la Perse et dans rinde. II ne lui a pas fallu , pour un tel ouvrage, moins de 491 gra- vures, dont 291 in-S", reunies au texte, forment sept volumes , et les 3oo autres sont re.parties dans 7 atlas in-folio. Nous ne pouvons , au reste, mieux faire connailre le plan et les divisions de I'ouvrage qu'en empruntant les termes del'editeur. Nous y ajouterons quelques observations. Des sept volumes, trois sont consacres a I'antiquite, et quatre au moyen 5ge. /'''' partie , Jntiqukes. — Le premier contient I'histoire des Egyptiens et des Grecs : le a^, celle des Phrygiens, des Thraces , des Amazones , des Assyriens , des Babyloniens , des Sy- riens, des Armeniens , des Scyihes , des Parthes, des Daces, des Sarmales , des Germains , des Gaulois , des Beiges, des Bretons, des Pheniciens, des Carthaginois , des Numides, des Maures , des Celtiberiens , des Medes et des Perses. Le 3e traite des Remains , des Etrusques, des Latins, des Samnites, des Marses et des Sabins. — • //« partie. Hlojen age. — Le 4" volume renferme I'bistoire des Gotbs, des Sufeves, des Vandales, des Gepides, des Marcomans, des Quades, des Herules, des Huns , des Anglo-Saxons et des Danois. — Le 5e, celle des Francais, depuis le V jusqu'au XII« siecle, et des Nor- mands, depuis leurs conqu^tes en Angleterre, jusqu'a la fin du XIl"^ sitcle. — Le 6*" volume presente Thistoire detaillee de la che- valerie en Europe, depuis le XI'' jusqu'au XV" siecle. — ^Le ■y'' donne I'histoire des ordresreligieux et celle des Turcs. • — L'indication des BEAUX-ARTS. 255 objets tmites dans cliaque voluiue m'entralnerait trop loin : je me borne a dire que, sous le rapport du style, le texte est toujours clair, net et precis; les developpemens que I'auteur ajoute detems en terns aux explications absoluinent necessaires , ne sont jamais surabon- dans , et c'est sans doute avoir bien resserre sa mati^re que de Tavoir comprise dans sept petits volumes. Quant a I'execution, pour ainsi dire, materielle, le papier est beau, I'impression correcte, le carac- t^re net et lisible, et je saisis volontiers cette occasion d'adresser a M. CoUignon des ^loges que les imprimeurs de provinces raeritent trop rarement ; c'est une sorte de phenomene typograpliique que rimpression d'un ouvrage d'une telle etendue, hors de Paris, oil se sont malheureoseraent concentrees presque toutes les grandes entre- prises de librairie. II faut bien dire un mot des gravures ; et je suis fAcbe de ne pouvoir leur donner les m^mes eloges qu'au texte : mais les tableaux de I'e- cole francaise, les gravures qui les ont muhipliees , les lithographies qui ont popularise les croquis denos peintres et denos dessinateurs, nous ont habitues a des proportions plus exactes , a des formes plus belles , a des poses plus naturelles , a des gestes plus expressifs; et, tout en avquant que, dans cet ouvrage, la perfection de la forme humaine n'est que I'accessoire; que le costume est le principal , et que , si la grace lul manque , la verite s'y trouve toujours, je ne puis dissimuler qu'un choix plus sev6re de dessinateurs en aurait fort augniente le merite , et I'aurait fait parcourir avec plaisir a tous.-ceux qui aiment le dessin. Cette critique ne detruit ni le merite et I'erudition de I'auteur, ni rutilite reelle de I'ouvrage, que tons les savans voudront avoir dans leurs biblioth^ques , et que tons n'y placeront pas, puisqu'il n"a ete tire qu'a 3oo exemplaires. Sans doute, cette economic dans le tirage donnera bientot I'occasion de faire une edition nouvelle; et, si le succes de I'ouvrage repond a son importance, on en epuisera en peu de tems une bien plus grande quantile d'exemplaires. B. J. 145. — * Traite general et raisonne de la miisique , dedie a la me- moire de Gluck, Mozart, Haydn et Dusseck; par M. Troestler. Paris, 1825 ; Laffile. t vol. in-Zi" de i3o pag. gravees ; prix 3o fr. Nous avons , en livres modernes , quelques bons ouvrages sur I'art de composer de la musique , entre autres, celui qui est inti- tule : Traite d'harmonie par M. Catei,. Quant a ceux ou Ton raisonne sur les sensations musicales et sur leurs principes, ils sont ordinai- rement entaches de vague et d'obscurite. II s'ensuit que les artistes a56 ^ LIVRES IRANCAIS. qui font de bonne musique ne trouvent pas toujours parmi le^; amateurs de Lons juges. Le nouveau Traitc general que nous annoii- cons , est un hommage que les ombres des ceU'bres compositeurs auxquels il est dedie, ne dedaigneront pas. II offre un abrege tr6s- clair des moyeus et de la pratique de I'art. II contient assez dt- lecons de chant pour tenir lieu de solfcge , et suffit, a la rigueur , pour apprendre a lire des airs qui ne sont pas d'une difliculte com- pliquee. Un grand nombre d'exercices, destines au piano, semblent propres a fournir une manifere de doigter, sure, elegante et facile. On peut puiser dans cet ouvrage des connaissances nettes et pre- cises sur I'etendue des voix et des instrumens ; sur les tons de I'eglise et le plain-cbant , et sur les regies qui caracterisent ce genre de composition. Une partie de I'ouvrage est consacree a la science des accords , qui sert d'introduction a celle de I'harmonie; I'autre, a la science du contrepoint , qui prepare a I'etude de la melodic ; c'est done sous ces deux rapports un livre essentiellement utile. L'artiste qui I'eludiera se rendra capable de composer, et I'amateur qui se le sera rendu un pen familier, sera du moins capable de soupconner ce qu'il en coute de soins au compositeur pour procurer des sen- sations agreables a des organes auditifs , varies a I'infini dans leui- conformation et leurs habitudes. Nous ne craignons pas de le dire, ce livre est un resume metho- dique et parfaitementclair de toutes les connaissances pratiques, es- sentielles au compositeur. Dans un esp^ce d'a vant-propos, I'auteur ex- prime des regrets que nous partageons bien sinc^rement. Nous nous faisons un devoir de citer ses propres termes : « Depuis qu'on ne voit plus dans la musique qu'un simple plaisir de mode, fonde sur le ca- price , on a enti^rement ahandonne I'etude des principes fondamen- taux de cet art ; les meilleurs ouvrages y relatifs soni a peine eonntis de noni ; en use-t-on ainsi dans toute autre etude? Malgre la secheresse des elemerjs des hautes sciences , on n'a jamais dispense les elfeves de les connaitre. On ne s'attache plus en musiqne, qu'au mecanisme de I'art, aux depens des princi]ies elementaires, que Ton dit trop abstraits et au-dessus de I'intelligence des commencans. II est certain que ccs assertions ne sont pas sans fondement ; car , si Ton reflechit sur nos methodes ou traites de musique , on trouve une grande quantite d'objets inutiles , et presque tous les termes (dits de I'art) sans aucun rapport aux choses qu'ils doivent exprimer; de la I'etude devient longue et penible , parce que tout est de convention et force ». — II est trop vrai que I'etranger a droit de BEAUX- ARTS. 287 nous reprocher I'oubli des ouvrages de nos bons auteurs classi- ques , et jusqu'a Tignorance ou nous sommes de leurs produc- tions; c'est un malheur attache au Francais, de mepriser les genies qui honorent son pays. Quant aux termes techniques, inutlles et meme impropres , dont on a rempli la science , I'au- teuren cite fort peu; mais,dansun autre article, nous prendrons peut-etre le soin de suppleer a son silence ; nous desirons en cela , I'exciter a trailer (cotnnie il nous parait capable de le bien faire ) la partie vraiment theorique et philosophique de I'art , dont aucun maitre des trois ecoles , italienne , alleniande et francaise , ne s'est jamais occupe , et sur laquelle J.-J. Rousseau n'a jete que des lueurs incertaines. Lep... i46. — * Coiirs analjtique de musiqtie de Ph. De Geslin , succes- seur de P. Galin , ou Methode developpee du Meloplaste. 4"= et 5" livraisons. Paris, i8a5; I'auteur, rue de Grenelle Saint-Honore, n° 37. Dans nos cahiers de fiovembre et de decembre , nous avons parle de cet excellent ouvrage. Les ciuq livraisons dont il devait se com- poser ont paru maintenant. II est dedie a M. Cherubini directeur du Conservatoire et menibre de I'lnstitut. La reponse de ce chef de I'enseignement musical est pour I'auteur un suffrage qui nous dispense de tout autre eloge. Ce traite, qui comprend tout ce qui concerne la melodic pro- prement dite , ou un chant seul , est precede d'une introduction remplie de vues neuves et d'observations generales , remarquables par leur justesse : dans le corps de I'ouvrage, I'auteur s'est attache principalement a la clarte , a la liaison des idees et a la logique : il est termine par un resume rapide, et par une table analytique et alphabetique des matieres , qui pent servir a celui qui a lu I'ou- vrage, pour repasser au besoin, a I'aide des renvois, tout ce qui concerne chaque point de la science. M. de Geslin a enrichi la methode du meloplaste de plusieurs decouvertes qui lui sont propres. Ce traite se recommande surtout par I'ordre, la clarte, la precision , avec lesquels les idees s'enchai- nent et se developpent. L'auteur va publier incessamment un Cours d'hannonie, d'apres une theorie nouvelle dont il est I'inventeur. Nous en rendrous compte , aussitot qu'il paraitra. A. 147. — * Cinqiiante chants francais ; paroles de divers auteurs mises en musique avec accompagnement dc piano, parRouGF.T De Lisle. T. XXVI. — Ji'ril 1825. 17 a 58 LI V RES FRA-NCAIS. Paris, tSiS; I'mUeur, Passage Saunier, ii° ar. i vol. in-folio de 209 pages ; prix 5o fr. L'auteur de VHymne des Marseillait , du chant de Roland et du Fengeiir a reuni tons les airs de sa composition, qui, peiiflant la Revolution, ont eu un siicc^s populaire , et dont quelques-uns ni(?me n'ont pas ete sans influence snr le sort de nos amies. II y a joint ua grand nombre de chants qu'il a composes depiiis celte epoque , et sur des paroles qui ont toujours quelque rapport avec I'liistoire de France. Les unes sont dues a nos premiers poetes, et demeurent coinme un monument de notre aiicien langage; tels sont les vers de Marot, de Francois I'^"' , et ce couplet faussement attribu^ a Thibaut de Champagne : Las ! si j'avais pouvoir d'oublier Sa beaute, sou bien dire, Et son tant doux, taut doux regarder, Fiuirait mon martyrc... Les autres cel^brent des hommes ou des femmes , dont notre histoire a consacre les noms, comme Duguesclin, Bayard, Agnes Sorel; d'autres , enfin, appartiennent a notre epoque , comme les chansons de Beranger , ou les \ers deCasimir Delavigne. II est facile de voir, d'apres ce court expose, pourq-ioi M. Rouget de De Lisle a donne le litre de Chants francais au recueil que nous annoncons. II etait diffi- cile d'en adopter un qui indiqudt mieux la nature de I'ouvrage. Quant a la musique, elle a tout ce qu'il faut pour obtenir un succes general. Une grande variete dans Texpression de toutes les passions que representent les paroles prises pour canevus : une va- riete pareille dans la composition , puisqu'on trouve des chants a une , deux, trois et quatre voix ; une phrase musicale presque tou- jours facile et agr^able , et notee dans les tons les plus commodes , pour la voix et les instrumens ; enfin, des accompagnemens bien travailles , sans cesser d'etre naturels et dune execution facile : voila iesqualites que Ton trouve conslamnient dans le recueil de M. Bou- get De Lisle. Si Ton veut compter pour quelque chose le choix des vers et des pensees , et la reconimandation qu'ohlient toujours un ouvrage du caractere particulier de sou auteur, on conviendra que peu de travaux en ce genre ont offert plus de litres a la faveurdu public. B. J. MEMOIRES ET RAPPORTS. aSy Memoires et Rapports cle Societes savantes et d'utilitc publiqne. I 48. - — * j4nnules de la Societe des sciences , belles-lettres et arts d' Or- leans. T. VII , n" I et 2. Orleans , 1824 ; imprimerie de M""" veuve Huet-Perdoux. Les utiles publications de la Societe d'Orleans ne disconlinuent point. Nous avons deja rendu compte de rexcellent memoire de M. de MoROGUES sur I'art cenologique ( Voy. T. xxiv, p. 421 ), Un inter^t d'une autre nature , celui des sciences liistoriques et de la curiosite fera rechercher le second cahier du meme volume. On y trouve une Notice sur un coffre ancien que ton -voit dans la sacristie de I'eglise de Saint-, ■lignan ^vM. de Morogues. Ce naturaliste a reconnu que les neuf epoques bien constafees dans la formation des terrains de sediment aux environs de Paris, ne suffisent pas pour rendre compte des faits observes sur les terrains analogues dans toute la France, et a plus forte raison sur toute la terre; qu'il faut augmenler encore le nombre de ces operations successives de la nature, et des intervalles de tems qui les ont separees. Le coteau sur lequel est situe la ville d'Angouldme, lui a presente quatre formations calcaires distinctes, caracterisees par des debris d'etres organises differens; et de I'autre cote de la Charente, uue couche immense de calcaire en tables, ou bancs pen epais , conipacte, sans coquilles, qui s'^tend dans plusieurs departe- mens. De la contemplation des grands faits geologiques , M. de Mo- rogues eleve sa pensee vers I'auteur de la nature, et termine ainsi son niemoire : « Tout ramene done le sage vers I'eternite ; il s'enno- blit par I'idee de I'imniensite de I'univers, etnonobstant la bricvet6 de son scjour sur la terre, il ne pent douter que celui qui concoit la grandeur du monde ne saurait s'aneantir parmi les debris qui le recouvient. Voila comment I'etude de cette geologie que le prejuge r^prouve , force le vrai pliilosophe a devenir vertueux, en lui nion- trant tout a la fois sa faiblesse physique et sa grandeur intellec- tqelle; en lui apprenant la petitesse du siecle que mille siecles ont precede , et que mille autres siecles doivent suivre; mais en lui ap- prenant aussi qu'il n'y a rien de certain hors de I'ordre , c'est-a- dire , hors de la justice, de la sagesse et de la verite. » 149. — Societe linneenne d' emulation de Bordeaux. Rapport sur la septieme fete linneenne celebree a Labre^e , dans le domaine du grand Montesqideu.'&OTie^nx, imprimerie de Lagulllotiere. In- 8° de 5i p. Comme les descriptions de f^tes ne contribuent point aux progr^s de nos connaissances, elles ne sont pas du ressort de la Re\>ue Encj- clopcdique: mais une f^te linneenne, celebree au milieu des champs, n'cst pas un tems perdu pour rhistoire naturelle; la Societe de Bor- MEMOIRES ET RAPPORTS. 261 deaux sait faire tourner an profit de la science une solennit6 dont I'instruction n'est pas le but , et dont les lettres, plus que les scien- ces , font ordinairement les frais. Ce rapport ajoute a la Flore bordelaise plusieurs espfeces que Ton n'avait pas remarquees jusqu'a present aux environs de cette ville. On y lit aussi avec plaisir une Notice surlejiere Piiimier, niinime, natura- liste du xviie siecle, auquel on doit beaucoup de connaissances sur I'histoire naturelle des Antilles. Mais on voudrait ne pas trouver a cote de ces lectures utiles et agreables quelques ecrits peu convenables pour une f^te, et encore moius pour rinstruction. Ce reproche s'a- dresse principalement a I'ecrivain qui a fait inserer des Reflexions sur la metempsycose malerielle , ce qui, en langage ordinaire, signifie com- position et decomposition des corps organiques ou non. Dans tout cet ecrit, le defaut de justesse des ideesest denote par I'iuexactitudedes termes. Est-il bien certain , par exemple, qu'il y ait du sens dans les phrases suivantes : « Ce qui doit surtout elever notre peiisee, et lui faire decouvrir sa source , c'est I'examen de ce cercle toujours mou- vant , et partout toujours unifornie , que tous les corps parcourent ; c'est cette revolution qu'infailliblement ils doivent subir : cette me- tempsycose materielle, en un mot, qui dun animal jieut faire une plante, et qui pent , a la longue , organiser un silex , et lui communi- quer rimpulsion vitale: Quoi de jilus capable d'eniouvoir I'dme, etde lui donner la mesure de sa dignite? » Nous dirons a notre tour; quoi de plus faux en chimie et en bistoire naturelle, si le sens de cbaque mot n'est pas altere , ou de plus mal exprime, si Ton subs- titue a ces phrases les verites qu'elles laissent entrevoir ? Un silex decompose par Taction prodigieusement lente des eaux meteoriques, contribuera de quelques atomes a la composition d'une multitude de vegetaux , durant une longue suite de siecles, en des lieux tres- eloignes de la place qu'ils occnpent; en un mot, toute sa substance rentre peu a peu dans la circulation des principes elementaires. Qu'y a-t-il de coinmun entre ce phenomene et le dogme de la metempsy- cose ? Ne faut-il pas des mots differens pour exprimer des idees aussi completement heterogenes? Ou si Ton veut adraetire un prin- cipe materiel de la vie materielle , etre qui jusqu'a present n'est qu'une conception metaphysique ; si Ton quitte la route trop etroite de 1' ob- servation , pour se Jeter dans I'immense region des hypotheses, on cesse d'etre un disciple de Linne. On n'a servi ni I'histoire naturelle, quine s'enrichit que de faits nouveaux, ni la philosophic, qui n'at- tache aucun prix et refuse le nom de connaissance a ce qui n'est pa» 2G2 LIVRES FRANCAIS. mis hors de doute par dcs preuves incontestables. L'auleur de I'e- crit dont nous parlous manifeste des intentions tr6s-louables,et fait preuve de connaissances varices , mais incompletes. On apercoit bient6t, en le lisant, qu'il n'a pas assez medite sur le sens du mot attraction , puisqu'il rapproche et veut en quelque sorte confondre ce fait general, simple , uniforme , et dont les lois sont connues, avec la cause de la vie , fait particulier , compiexe , variable, oii tout est encore mysterieux pour nous. — Notre censure paraitra peut- etre un peu severe; mais nous la croyons conforaie aux veritables inter^ts des societds savantes, puisqu'elle n'a d'autre but que d'e- clairer la route des sciences , et d'avertir ceux qui s'en 6cartent. F. Ouvrages periodiques. 1 5o. — * Annales de physique et de chimie , par MM. Ga y-Lussac et Arago : T. XXVIII, fevrier iSaS. (l) — (Deconverte d'un nouvel acide. ) Get excellent recueil periodique , dont nous avons fait souvent mention , a piiblie dans son cahier de fevrier un memoire de M. Bra- CONNOT , correspondant de I'lnstitut, &ut tin nouvel acide universelle- menC repandu dans tons les itegelaiix. En effet , cet habile chimiste, auquel la chimie vegetale doit beaucoup d'autres decouvertes, a trouve le nouvel acide dans les racines charnues , dans les bulbes , I'oguon , dans les tiges et les feuilles des plantes herbacees , dans les couches corticales de tous les arbres prealablement depouilles de I'ecorce coloree, dans la sciure de bois,dans les pommes, les poires, les prunes, les fruits des cucurbitacees, les gralnes. — La maniere de I'obtenir n'est pas moins extraordinaire que ses proprietes ; void celle que M. Braconnot decrit : « Si Ton opere sur des racines qui contiennent de I'amidon, comme celles de celeri ou de carotte, on les reduit en pulpe a I'aide d'une r^pe , pour en exprimer le sue ; on epuise le marc par I'ebuUition dans I'eau aiguisee d'acide muriati- que; puis, on le lave, et on le fait chauffer avec une dissolution de potasse ou de soude extr^mement etendue. II en resulte une liqueur epaisse, mucilagineuse, peu alcaline, de laquelle I'acide muriatique separe le nouvel acide sous la forme d'une gelee abondante , qui ne (i) Co rcnieil parait , tous les mois, par cahiers de 7 feuilles au moiiif. Oa souscrit, a Paris, cliez Crocbard , libraire, cloilre Saint-Beuott , n" i6.Prix, ponr Paris, 3o fr. ; pour les departemens, 34 fr. ; pour I'ctrauger, 38 fr. OUVRAGES PERIODIQUES. aG'? demande qu'a eire bien lavce. Dans cet etat , il est a peine colore , surtout s'il provient des parties de vegetaux qui iie le sont pas. Cette gelee est seusiblement acide; elle est a peine soluble dans I'eau froide : I'eau bouillar.te la dissout mieux, la liqueur flitree est in- colore conime de I'eau , et ne laisse rien deposer par le refioidisse- ment , et donne a peine quelques indices d'acidite. Elle est coagulee en une gelee transparente et sans couleur, comma de la glace, par I'alcohol , par toutes les dissolutions nietalliques sans exception, par I'eau de chaux ou de baryte , les acides, les muriates et les sulfates de soude , etc., etc. Cet acide parait si faiblement retenu dans sa dissolution aqueuse, qu'il suffit d'y faire fondre du sucre pour que la plus grande partie de la liqueur se coagule en gelee II forme avec la potasse un sel tres-soluble dans I'eau que Ton obtient a I'etat de gelee transparente, en versant dans la liqueur de I'alcohol affai- hli qui entraine I'exces d'alcali et la matiere coloraute, s'il y en a. Cette gelee lavee sur un linge avec de I'eau alcoholisee, exprimeeet dessechee , est une combinaison neutre qui se gonfle dans I'eau en s'y dissolvant, et laisse , apres I'cvaporation du liquide, une masse fendillee qui ressemble a de la gomme arabique, et a si peu de dis- position a coUer, que le plus leger frottement suffit pour la deta- cher entierement de la capsule Je suis persuade, poursuit M. Braconnot, que ce sel recevra de nombreuses applications dans I'art du confiseur. 11 est , en effet , remarquable qu'une si petite quan- tite de cette combinaison puisse communiquer a de grandes masses d'eau sucree la propriete de se ^e'/af/n/jcr. J'ai fait dissoudre dans une quanlite d'eau tiede une partie de ce sel produit avec la racine de navet; j'ai fait dissoudre du sucre dans la liqueur; puis, j'y ai ajoute une infiniment petite quantite d'acide : un instant apres, le tout etait pris en une masse de gelee tremblante , du poids de 3o<) parties. J'ai prepare, par ce moyen , des gelees aromatisees parfai- tement transparentes et incolores, fort agreables au gout et a Toeil. J'ai fait aussi , avec de I'eau de rose coloree , avec un pen de coche- nille, de la gelee de roses d'un gout exquis. » Nous n'avons extrait du mtmoire de M. Braconnot que ce qui suffit pour faire naitre le desir de le lire et de le mediter. L'art auquel ce chimiste a prepare de nouvelles ressources n'est point, il est vrai, de premiere necessite; mais ce n'est pas toujours dans la balance de la plus grande utilite que Ton pese les ilecouvertes et qu'on apj)iecie leur mcrite. M. Braconnot propose de nomjner acule pectiijuc la subs- tance qu'il a decouverte, nom derive ^u mot grec qui signifie cca- 264 LIVRES FRANCAIS. giiltim. II est portc a peuser que ce n'est autre chose que la substance organisatrice de Gi'ew et de Duhaniel , qui se montre en gouttes ge- latineuses, partout ou de nouveaux dcveloppeniens doivent s'operer. Peut-etre aussi n'est-ce qu'une combinaison due a la science m(5me , une creation de laboratoire, un produit dont les materiaux existaient dans les vegetaux , mais que rorganisatiou n'eiit point rapproches dans I'ordre necessaire pour la formation de la substance nouvelle. Si elle est reellement une production de la nature , la decouverte de M. Braconnot en amfenera necessairenient beaucoup d'autres : les plienomenes de Torganisation vegetale commenceront a se lier entre eux, et la theorie aura fait des progres d'autant plus importans qu'ils semblaient moins prepares. UsiCide pectique , les gel^es , les gommes, les mucilages, I'amidon , le sucre, etc. , toutes ces matieres , si ana- logues quant a leurs principes constituans, pourront <5tre etudiees dans leurs transformations , et quelques-uns des mysteres de la na- ture vivante seront peut-eire accessibles a I'esprit humain. Cest dans I'interet des arts que nous avons parle aussi longue- ment du memoire de M. Braconnot. Pour I'interet des sciences, il est bien a desirer que les j4nnales de physique et de chimie continuent a repandre I'instruction sur ces deux importantes divisions de nos connaissances. i5i. — * Journal des connaissances usuelles et pratiques , ou recueil de notions immediatement utiles aux besoins et aux jouissances de toutes les classes de la socicte, et mises a la portee de toutes les in- telligences. — Ce nouveau journal parait , chaque mois , par cahiers de trois feuilles d'impression , accompagnees d'une ou plusieurs planches. L'abonnement annuel est de 12 fr. pour Paris, et i3 fr. 80 c. pour les departemens ; par M. D. de Lastetrie, editeur et MM. D'ArcetjCIi.Dtjpin, Frahcoeue. Paris, rue Saint-Marc, n° 8, passage du Panorama , a la lithographie. Le prospectus de cette uonvelle publication periodique est tres- court : « Le but que nous nous proposons, disent les redacteurs, est de populariser I'instruction ; de repandre parmi toutes les classes de la societe , mais plus particulierement parmi celles qui n'ont pas le terns de se livrer a I'etude , les connaissances positives de tout genre qui peuvent trouverdes applications dans les differentes positions de la vie, ou qui ue doivent plus <5tre aujourd'liui etrangeres, meme aux classes moyennes. Nous emprunterons done aux sciences physiques et mathematiques , a la chimie , a la mecanique , a I'histoire natu- relle , a la mcdecine , a I'economic domeslique, industrielle et ru- OUVRAGES PERIODIQUES. 266 rale, les notions simples qui pourront ^tre facilement concues par tons les esprits; et nous nous mettrons meme a la portee des per- sonnes du sexe ; car nous pensons que les femmes ont le mdme droit a Tiustructiou que les honimes. Nous ferons connaitre tout ce que le developpement de I'industrie, dans les deux mondes , nous pr^sen- tera de nouveau... II serait peut-etre a desirer que les proprietaires et les chefs d'ateliers et de fabriques, que les proprietaires territo- riaux s'abonnassent a notre journal, si toutefois ce journal doit atteindre le but que nous nous proposons, afin d'en faciliter la lecture aux ouvriers qui chercheraient a s'instruire , aux habitans des petites communes qui n'ont pas le moyen de faire meme de tres- legers sacrifices pour se procurer une instruction utile. Ce genre de bienfaisance ne serait pas sans merite , et produirait des resultats aussi favorables a la morale publique qu'au developpement de I'in- dustrie » Nous joignons nos -voeux a ceux des redacteurs ; car tout fait presager le succ^s de leur journal. Riches de leur propre fonds, places au centre de toutes les connalssances , aux foyers les plus actifs de I'industrie, leur travail se reduit a ecrire ce qu'ils savent tres-bien , ou a faire un choix entre les materiaux mis .i leur dispo- sition. Leur premier numero debute par la description d^unfounieaii de cuisine, constniit de maniere a pouvoir j preparer toitte cspece d ali- mens , sans etre incommode par la vapeur du charbon , par la fumee da bois ou par Vodeur desagreable qui se repand ordinairement dans les cuisines , lorsqu'on J fait griller de la viande ou du poissoti , etc. , etc. ; par M. D'Arcet, membre de I'lnstitut. Ce savant parle d'apr^s sa propre experience ; le fourneau qu'il decrit est place danssa cuisine, et produit tons les bons effets d'economie ct d'assaiuissement dont le besoin est si universellemeut senti danscette capitale , et dans toutes les grandes villes, peut-etre meme dans les petites. On regrette que le devis des frais de construction n'accompagne pas cette descrip- tion; car, lorsqu'il s'agit d'economie, on ne peut se dispenser d' avoir egard aux premieres depenses. « L'economieest ici evidente; elle ne peut ^tre contestee , puisqu'elle rcsulte de la reunion de toutes les economies produites par les moyens connus depuis long-tems , bien apprecies , mais rarement rassembles dans la m^me cuisine... Je desire que ce petit travail soit utile aux personnes qui souffrent par suite de la mauvaise construction deleurs cheminces de cuisine... II est question d'assainir une espece d'atelier , de conserver la sante aux nombreuses personnes qui sout obligees d'y passer leur vie , et et qui y trouvent presque toujours le germe des maladies qui leur 266 LIA RES FRANCAIS. reiident , a un certain 3ge, lecaractfere d^sagreable, quifinis.sent par detiuire leur sante, et les forcent si soiivent a changer d'etat, sur la fin de leurs jours. » Nous avons cite beaucoup, afin de faire con- naftre uon-seulement le sujet traite par M. D'Arcet, mais son style simple, abondant en pensees , et riphe de verites importaiites. Parmi les autres articles en grand nombre, les lecteiirs remarqueront une notice sur le parik, race thibetaine de moutons, qui reunit au plus haiit degre, et plus qu'aucune race europeenne, toutes Jesqualites que Ton recherche dans cette esp^ce d'animaux domestiques. Le Journal des connaissances tisiielles doit prosperer aussi long- tems que le sentiment du bon et de I'utile, et I'estime qu'on leur accorde dans ce siecle ne seront pas alteres. Mais quelles serout nos idees, dans I'avenir ? Les notions morales les mieux etablies com- mencent a s'obscurcir ; des tenebres plus a redouter que I'ignorance se repandent partout, et sur ce qu'il nous importe le plus devoir distinctemenl. Tout ce que Ton pent dire du nouveau journal , c'est qu'il partagera nos destinees : heureux , si nous le sommes ; aban- donne, si I'usage de la raison et de ses produits ne nous est accorde qu'avec des restrictions et des entraves qui arretent tons les progr^s ulterieurs , et frapjient de sterilite tous les gernies de decouvertes et d'ameliorations. F. 1 52. — * Journal des arrets de la Coiir royale de Poitiers; public par J?/. A. Chauveau , avocat pr^s la Cour. — II parait par an uu vo- lumne de 4oo pages, en huit livraisons. Prix lo fr. a Poitiers, et 12 fr. par la poste. — Au bureau , rue de la Chaise , a Poitiers, Presque toutes les Cours royales out des recueils dans lesquels les arrets qu'elles prononcent sont rendus publics. Les jurisconsultes savent apprecier ces ouvrages qui out I'avautage de presenter des monumens fideles de Tapplication des lois, telles qu'elles sont cn- tendues par les divers cours souveraines du royaume. C'est une des calamites attachees aux legislations linmaines qu'elles offrent acces aux iaterprctatioiis les plus divergentes. Si Ton joint a I'inconve- nient si difficile a eviter, du peu de precision dans les termes de laloi, le souvenir trop puissant de I'ancien droit coiitiimier dans certaines parties de la France , et du droit romain dans les autres , on demeurera convaincu que , si notre edifice juriiciaire n'etait pascou- ronne par une Cour regulatrice, chargee de maintenir runiformiie l)ienfaisante de la jurisprudence, on ne tarderait pas a voir ciiaque Cour royale se foimer un corps de doctrine qui degenererail en jin chaos presque aussi confus que celui qui existait autrefois. ^- OUVRA.GES PERIODIQUES. 267 La maniere dont le journal des arrets de la Cour royale de Poitieis est rodige nous fait penser que son succes doit s'etendre au dela du ressort de cette Cour, et qu'il peut ^tre utilenient consulle par les jurisconsultes qui veulent se tenir au courant de I'ctat de la ju- risprudence en France. A. T. 1 53. — Le Propagatcur, t. V. — Catalogue des Hvres mis a I'index. Paris, 1825; imprimerie ecclesiastique de Beauce-Rusand. i vol. in-S" de afi feuilies trois quarts. Prix 8 fr. et 10 fr. Nous avons annonce ( voy. Rrv. Enc , t. xx , p. 212 ), sous le litre de Propagalear, un recueil periodique de litterature, d'eloquence et d'histoire qui paraissait en iSa/c C'etait un choix de sermons des orateurs niodernes et d'articles litteraires recueillis dans le Journal des Debats, la Gazette, etc. , et que les edileurs prcsentaient comma formant un corps d'ouvrage propre a remplacer le Spectateur fran- cais, et pouvant faire suite au Coiirs de litterature de la Uarpe. II pa- raissait, chaque mois, un cahier, et la reunion des cahiers publics jusqu'ici forme deja quatre volumes. Les editeurs ont renonce au mode de p^riodicite qu'ils avaient adopte. Un tome V, qu'ils viennent de publier, ne contient que le catalogue des litres rtiis a I'index par la cour de Rome. Ce catalogue, qui occupe 3(Si pages in-8'', est range par ordre alphabetique des titres et quelquefois des auteurs, pre- cede d'un avis de I'editeur et de plusieurs pieces latines, telles que les regies de I'index, une instruction et la constitution du pape Be- noit XIV ( en tout i.xi pages ). « II est a regretter, dit M. Beiichot , dans son Journal de la librairie , numero du 2 avril, p. 221 , qu'eu general les dates des editions et le nombre de leurs volumes ne se trouvent pas indiques dans ce catalogue. » Voici les observations que cet estimable ecrivain a consignees a sou sujet dans ce meme numero , et que nos lecteurs seront peut-etre bien aises de voir reproduites ici. «Une lecture rapide ne m'a pas empdche d'apercevoir une faute d'imprcssion dans le nom d'un au- teur pen connu , et que par cela meme il est peut-^tre utile de signa- ler. Le Mcmoire a cunsulter et consultation sur I'appel comme d'ahus, in- terjele par Levi, de deux sentences de I'officialite de Soissoris , public en 1757, par Pothouin d'Haillet et Travers, est indique, p. 260, sous les noms de Pothovin-dAvellet et Travers. Du reste, le Catalogue parait etre au courant, autant que son ordre alphabetique sans supple- ment I'a permis. Le dernier decret lelate dans ce catalogue est, si je ne me trompe, celui du 19 Janvier i8a4, portant condamnatiou des Portraits politiijues des papes , par feu Llorente, que Ton appelle a68 LIVRES FRANCAIS. Lorente. On y voit que VHisloire critique de tinquisition , par le meiiie auteur, a cte condaninee, le 26 aout 1822. Le mdme jour(26 aout iSaa ) ont ete condamnes Y Appreciation du projet de lot des trois con- cordats , par M. le comte Lanjuinais , pair de France, imprime en 1817, et YItalie, par lady Morgan, qui est de 1821. Le nombre des ouvrages ou opuscules de Voltaire , condamnes a Rome, ne s'e- leve pas a cinquante; plusieurs sont indiques par leurs titres , sans nom d'auteur, ou sous les pseudonynies pris par le chantre de Henri IV. Parrai les ouvrages compris dans le catalogue des livres mis a I'index, je n'ai trouve ni la Collection d'anciens Evangiles, ni la Bible enfin expliquee. Ces deux ouvrages sont de beaucoup poste- rieurs a la condamnation prononcee en 1^53 des OEuvres de Toltairc, faite a Dresde en 1748. II parait que tres-souvent lescondamnations ne sont prononcees que long-tems apresla publication des ouvrages; on en jugera par les exemples suivans : le Chrinianisme dei'oile, qui est de 1756 ou 17(11, n'est condamne que le 20 Janvier 1823 ; la Contagion sacree (1768), le 17 decembre 1821; les Lettrcs persanes ( 1721 ) , le 24 mai 1761 ; les Memoires de Gorani stir titalie (1793), le 20 Janvier 1823 ; la Nouvelle Heloise ( 1761 ), le 9 decembre i8of), et YOrigine de tons les cultes ( 1794), le 16 septembre 1818. » — Parmi les articles fails pour piquer la curiosite , nous avons remarque celui-ci ( p. 288 ) ; Rosaire et chapelet de la tres-sainte et adorable Trinite , qu'on dit toutes les fetes , dimanches et jeudis de I'annee, a une heure apres midi, dans la chapelle de Notre-Dame du Remade des peres de I'ordre de la Sainte-Trinite, redemption des captifs, du convent de Toulouse. Deer. iSjanv. 1714. E. H. 154. — * Panorama des Nouveautes parisiennes , tableau periodique , historique , critique et moral de Paris , ancien et moderne, avec un telegraphe pour les dcpartemens et les pavs etrangers , et un bulle- tin general des sciences , des arts et du commerce ; dirige et public par y.-^. GouRiET. Paris, 1825. In-8° de 2 feuilles par semaine. Prix, 12 {f. pour trois mois ; 22 pour six; 40 pour I'annee. — Paris , place de I'Odeon. Ce journal , sous un titre frivole , contient souvent des vues d'u- tilite publique qui meritent d'(5tre recueillies. Nous avons sous les yeux les six derniers cahiers : ou y trouve des Promenades historiques dans quelques quartiers de Paris et aux environs de la capitale. Le redacteur rattacbe aux lieux qu'il parcourt le souvenir des evene- mens dont ils furent le tlieAtre. Le marche Saint-Honore , construit- sur remplacenieut qu'ont occupe d'abord le convent, puis la Societe OUTRAGES PliRIODIQUES. 269 des Jacobins , donne lieu a des reflexions sur I'origine et les progres de la revolution, etsur les passions furieuses qui en out corrom|)u les principes et qui en ont change la direction. On trouve ensuite quelques idees nietaphysiques, et Dependant exprimees avec clarte , sur le beau dans les arts. On lit avec interet una notice necrologique. sur le celebre professeur, M. Beclard , que vient de perdre la Faculle de Medecine de Paris , et le discours prononce par M. Tissot sur la tombe de M'"e Dufresnoy. — Qui ne serait touche de cette apos- trophe si eloquente a son ancie.une amie ? « Dis-nous surtout si la mort nous laisse la memoire des choses de la terra ; si les ames , sorties de leur prison , communiquent avec les autres slnies encore retenues dans les liens du corps : dis-nous que tu nous entends du fond de ce tombeau oii tu viens de descendre. Oh ! oui , 11 faut le croire , tu nous entends , tu recois le tribut de nos regrets , tu jouis de nos larmes , et tu aimes encore ceux que tu as taut aimes ! Adieu , ombre cherie ! nous nous reverrons ; la mort n'est qu'une absence ; sans I'espoir de I'immortalite , serait-ce la peine de vivre quelques jours pour souffrir tant de maux, et pleurer si souvent sur des pertes irreparables ? » Apres cet eloge sincere de ce recueil , on nous permettra quelques observations critiques. L'ouvrage manque de plan ; le choix des materiaux n'est pas toujours fait avec discernement. On regrette de trouver des calembours ou des naivetes a cote de considerations d'un interet general ; on lit des vers qu'un gout severe aurait du rejeter. Mais , si le principal redacteur veut adopter une meilleure distribution des matieres, et s'ilsemontre a la fois difficile, judicieux et consciencieux dans I'admission des articles , s'il reste surtout fidele a son idee premiere et fondamentale : le tableau des embel- lissemens de Paris , I'indication des moyens , des projets , des tra- vaux qui peuvent assainir et embellir encore cette grande ville; s'il s'attache a signaler les abus qui nuisent a la surete , a la proprete, et les mesures par lesquelles on peut reformer ces abus ; alors , il pourra parcourir avec succes une carriere utile et honorable , s'as- socier a la noble mission du conseil de salubrite , exploiter la mine fcconde que lui offrent les recherches et les tableaux concernant la statistique du departement de la Seine , publics par son premier magistrat, et rendre des services reels a la sante publique et a la civilisation. J. IV. NOUVELLES SCIEN TIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. "Etats-Unis. — UtabUssement agricole et philanthropiqite. (V. Revue Enc. , t. xvrii, p. 5-25. Avril iSiS , la Notice snr la colonie indttstrielle de New-Lanark , en Rcosse, /bndee jiarM.. Robert Owek. ) M. Owen a fait I'acqiiisition du terrain d'Harinoiiy , dans I'etat d'Indiana , et y a laiss6 son second fils et le capitaine Macdonald , comine surveillans. Lui-mdme parcourt une partic des Etats-Unis , avant de retourner en Angleterre, ou il doit prendre sa famille et d'autres personnes disposees a I'accompagner, et faire toutes las dis- positions necessaires pour former en Amerique un 6tablissenaent permanent, d'apres le systeme de cooperation mutuelle. Lefils aine de M. Flower, de I'etablissement voisin de M. Biibeck, doit se reunir a lui, et un grand nombre de deraandes d'admission lui sent faites. Les explications de M. Owen ont excite dans les Etats-Uuis un zele extraordinaire en faveur de son systeme. A Pittsburgh , ayant reuni une grande pai tie des habitans dans le temple presbyterien , il deve- loppa ses plans qui obtiurent un tel assentiraent, que beaucoup de , personnes nianifest^rent immediatement leur intention de se reunir en une communaute du menie genre. On pourra se faire une idee de I'effet que produisit dans cette ville I'arrivee de M. Owen, en apprenant que les tribunaux suspendirent leurs audiences pendant le tenis de Tassemblee. Harmonv, situe snr le Wabash , a trente milles a peu pr^s au-des- sou.s de I'elablissement de M. Birbeck , est occupe par une colonie d'Allemands qu'unissent des opinions religieuses parliculieres, et dont les proprietes sont en commun. M. Owen a presente le deve- loppement de ses plans a la Chambre des representans des Etats-Unis, au comuiencement de ceite aunee. Le president et d'autres membres distiiigues du congres I'ont accueiUi avec beaucoup de faveur. S. AMERIQUE MERIDIONALE. Bhesii.. — Rkpubliques de la Plata, du Chili et du Perou. . — E'xTRAlT d'inie lettre ecrile a M. Jullikn , de Paris, par un voya- AMERIQLE MERIDIONALE. 271 gem qui I'ient de 'visiter I'Atherique dii Slid. — Renseignemens siir I'etat dii commerce — En general , le Bresii, el tous les iiouveaux etats ile I'Ainerique du Sud ont besoin de recevoir de I'Europe tous les pro- duits de I'industrie manufaclurifere, depuis les draps , les divers objets d'habillement et tous les objets de premiere necessite, jus- qu'a ceux qui tiennent au luxe et aux caprices de la mode. Ces pays ne donnent en echange que les produits de leur sol et ceux d'une culture jusqu'ici tr^s-imparfaite. Fernambouc , le port du Bresii le plus rapproche de la ligne equi- noxiale, n'offre pas une trfes-grande surete aux narires entiereraent, charges, a cause de sa inauvaise rade; mais les navires a moitie charges entrant dans un port entre les recifs et la -ville, ou ils sout a I'abri. Outre les marchandises europeennes dont il a besoin , il manque aiissi de froment et de farine, et il donue en echange un coton d'assez bonne qualite, et du bois de teinture appele bois ae Brest/. Bahia de Saint-Salvador est un des meilleurs ports du Bresii, et I'un de ceux qui font le plus de commerce avec I'Europe. Les mar- chandises europeennes , surtout les produits des fabriques anglaises , que les liabitans recherchent de preference, et auxquels ils sont accoutumes, y irouvent un dehouche avantageux. Les principaux articles d'exportation sont les sucres , qui , bien qu'inferieurs a ceux; de la Havane , et meme de Rio-Janeiro , se vendent a tres-bon mar- che. L'exportation ordinaire est de 3o,ooo caisses de 4o a 5o quin- laux par annee. Le cafe n'y est pas d'aussi bonne qualite, ni aussi abondant qu'a Rio-Janeiro. Le coton est a peu pres egal a celui de Fernambouc, mais se paie plus cher, elaut plus rare. Le tabac en feuilles et en rouleaux'est a bon marche, et il s'en exporte beaucoup pour I'Europe, surtout pour les ports de la Mediterranee. Bio- Janeiro , capitale du Bresii, est aussi le meilleur port du royaume, et peut-etre du monde. Son commerce en marchandises de ['Europe est tres-considerable; mais il est entrave par un systemc detestable de douanes. Outre les obstacles que la mauvaise adminis- tration des douanes fait naitre, les etrangers, a I'exception des An- glais, doivent payer un droit de 24 pour cent, exige d'apres des evaluations arbitraires, tandis que les Anglais ne paient que ifi pour cent, d'apres des evaluations basees sur les factures. Les naturels du pays jouissent aussi de ce dernier avantage. Le froment et la farine y manquent ordinairement ; mais les Americains des Etats- Unis envoiont beaucoup de farines au prix coruant en Ameiique , 273 AMERIQUE MERIDIONALE. de 25 francs par barrique. Les articles principaux d'exportatii)n sont le cafe de bonne qualite et le sucre; le colon et. le tabae. Ces deux derni^res denrees s'y vendent plus cher qu'a Bahia et a Fernamboiic. Pono-Alegre et Rio-Grande sont de petits et mauvais ports , situes al'extremite meridionaledu Br<5sil. II s'y consomme peu demarchan- dises d'Europe , et trois on quatre mois sont necessaires pour y charger environ 10,000 cuirs , de moins bonne qualite, et qui se vendent h. peu prfes aussi cher que ceux de la riviere de la Plata. Montevideo etait autrefois le premier port de rAnierique espagnole sur la rive orientale de la Plata, et faisait un grand commerce de cuirs et de viande salee avec I'Espagne, depuis 1810. La guerre de la Revolution contre I'Espagne causa la devastation des boeufs dans les campagnes , qui fut encore augmentee par les Portugais, en i8i5 , quand ils occuperent cette place avec una force de 10,000 hommes , sous pretexte d'assurer les frontieres du Brcsil. Aujour- d'hui , I'Empereur la conserve , et elle consomme toujours quelques marchandises de I'Europe, beaucoup de vins d'Espagne, de la farine , du genievre de Hollande , ainsi que du verre et des fro- mages. Les cuirs qu'elle donne ne sont pas aussi reclierclies dans le commerce que ceux de Buenos-Ayres , ni en aussi grande quantite. Buenos - Af res , autrefois capitale de la vice - royaute du meme nom , est aujourd'hui la premiere ville et le seul port, sur ^a cote gccidentale de la Plata , des provinces unies, independantes de I'Es- paene, et regies par un gouvernement representatif et republicain. Sou commerce, depuis sa revolution, devient, d'annee en annee , plus considerable en marchandises de I'Europe , qu'elle consomme et envoie dans les provinces de I'interieur et dans le Bas-Perou, du cote des Cordilieres des Andes, et par la riviere jusqu'au Paraguay, a la distance d'environ 3oo lieues. Les articles d'exportation en Eu- rope les plus considerables sont les cuirs de boeuf et de clieval, les crins, les peaux de loutres pour la fabricatiou des chapeaux , et au- tres articles d'une valeur inferieure. Le commerce d'expedition pour le Chili et Lima , par la mer , est aujourd'hui d'une grande impor- tance pour Buenos-Ayres, qui sert de point de relAche et d'entrepot general aux marchandises destinees pour ces pays. Depuis quelque terns, le gouvernement a beaucoup favorlse ce genre de commerce, qui offre aux navires I'avantage d'entrer avec leur charge pour essaver le marche , et de sortir pour reexporter les m<5mes mar- chandises , dans le terme de six mois , moyennant le rembourse- REPUBLIQUES DE LA PLATA , etc. i^^ ment des droits payes , avec deduction de a pour ceiit seulemeiit pour droits d'entree et de sortie. Les droits de douane , qui sont les rudraes pour les habitans du pays que pour les etrangers , s'elevent de 5 a 25 pour cent, d'apres uue evaluation de lo pour cent au- dessous de la valeur reelle de la place, calculee par des negocians. Tout ce qui est bijouterie , or ou argent , y compris les raontres et d'autres objets analogues , paie 5 pour cent; les soies-ies de toute espfece, lo pour cent; les marcbandises en fil, laine ou coton , i5- les vins et les eaux-de-vie, 20 pour cent net; c'cst-a-dire le coulage deduit ; ce qui est confectionne , comme habits, souliers, etc., a5 pour cent. Le froment et la farine paient par exception un droit fixe sur la valeur de la place, qui dinjinue toujours en proportion de I'augnientation de cette valeur. — Les vins de Catalogne,de Malaga, les eaux-de-vie, les huiles,les fruits, le papier de I'Es- pagne, trouvent encore un debouche presque assure a Euenos-Ayres. Le commerce de viande seche salee avec la Havane est aussi consi- dere comme tres-avantageux pour les speculateurs , qui recoivent dans le pays, en"echange, des sucres , des cafes et des tabacs a tr6s-bon compte. yalparaiso est, dans la mer Pacifique, le premier port du Chii.i, devenu aussi independant de I'Espagne, mais qui forme une repu- blique distincte de celle de la rivifere de la Plata. Ce pays est abon- dant en grains, froment et eaux-de-vie. II ne recoit de I'Europe que des marcbandises manufacturees , et donne en echange un peu de cuivre, de I'argent et d'autres metaux precieux. — Ordinaire- ment les navires d'Europe qui s'y rendent avec des marcbandises, vont sur les cotes du Perou ou sur d'autres points cbercber leurs retours. Lima elait autrefois la capitale de la vice-royaute du Haut- Perou , et demeure toujours , jusqu'a present , par I'excellent port de Callao, I'entrepot general des marcbandises qui s'iutroduisent par terre dans I'interieur, ou qui vont par mer dans les autres ports d'Arica ou Arequipa , sur la cote, et de la daus I'interieur. Outre les marcbandises manufacturees que Lima consomme et en- voie dans I'interieur , elle recoit aussi des grains , surtout des faiines , qu'elle tire du Cbili. Les toileries de fil, les draps fins et les in- diennes ou toiles imprimees vont assez bien daus ce pays. Les retours se font en cacao, cuivre, un peu de laine, et le plus sou- vent en piastres. T. XXVI. — A\ril i^ih. 18 27A ASIE. — EUROPE. Madras. — Necrologie. — M. Alfred Duvaucei., naturalisle francais, enyoye dans I'lnde parl'Institut, comme correspondaut de dela division d'histoire naturelle, membre de la Societc Asiatique de Calcutta, doiit nous avons fait connaitre les utiles travaux , par des extraits de sa correspondance ( voyez Rev. Enc, t.xxi, p. 257), est mort a Madras, vers la fin d'aout, dans la maison de M. Herbert-Comp- ton , ecuyer, avocat-general. Ce naturalistc , qui possedait des cou- naissances tres-etendues , etait venu dans I'lnde , en 1817, accom- pagne de M. Diard , qui s'occupe actuellement de reclierches sur I'histoire naturelle de la Cocbincbine et du royaume de Siam. Les travaux de M. Duvaucel s'etaicnt principalement diriges sur I'ile de Sumatra, la totallte du Bengale, Sylab, Goudelour.et une grande par- tie de rinde. Oncroit que les collections qu'il a faites dans toutes les braucliesde I'bistoire naturelle, sent tres-nombreuses etd'une grande valeur. Ce savant qui jouissait de I'estime de toutes les personnfo qui I'ont connu , a succombe a I'influence du climat. II etait Sge de trente-deux ans. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. LoNDRES. — Societc de cooperation mutueUe. — En iSaS, nous fimes connaitre a nos lecteurs le prospectus d'une Socicte philanthro- pique, etablie en Angleterre pour le soulagement des classes labo- rieuses ( Voy. Rev. Enc, t. xx , page SSa ). Cette Societe, dont le fondateur etait M. Owen, de New-Lanark, tout en adoptant quel- ques-uns des principes de cet illnstre philanthrope , en rejetait d'autres , etrefusait de les appliquer dans leur ensemble a«x etablis- semens qu'elle avail leprojet de former. M. Owenabandonna deslors cette en treprise,et la Societe philantbropique, quiavait dejareuniplu- sieurssouscripteurs,futentierementdissoute. Depuis, M. Owen, avec la perseverance d'un homrae plein de la conscience du bien qu'il pent faire, loin d'etre decourage par une tentative infructueuse, redoubla de zele et d'efforts pour atteindre le but constant de ses voeux et de 3.es travaux , I'etablissement d'une Societe de cooperation mutueUe. II quilta I'Europe oil trop de prejuges peut-<^tre s'opposaient a I'ac- complissement de ses projets, et c'est aux 6tats-Unis qu'il pourra enfin les voir realises. (Voy. ci-dessus, I'article Etats-Unis , p. 270). Cependant , plusieurs de ses disciples , ou de ses amis, dont GRANDE-BRETAGNE. 475 les principes se rapproclient des siens , sont restds eu Angle- terre , et , en reunissant leurs moyens tl'execution , sont. aussi parvenus de leur c6t6 a des resultats satisfaisans. Deux Societes se sont formees : I'une , sous la direction de M. Hamilton , parent du due d'Hamilton , membre de la Chambre des pairs , connu par la liberalite de ses opinions, s'est ^tablie a Orbeiston, sur la Calder, a quelques lieues de Glasgow, en Ecosse. Le terrain qu'elle doit oc- cuper , cede par M.Hamilton , est peu considerable, puisqu'il n'a qu'une ^tendue de 3oo acres anglais (357 arpens), mais parait devoir suffire aux besoins actuels de la communaute. On s'occupe avec activite d'y construire une habitation vaste et commode , dans une situation agreable et pittoresque. Cette construction achevee -, et elie le sera d'ici a peu detems, les differens membres de la com- munaute viendront s'etablir a Orbeiston. — La seconde Societe se compose egalement de souscripteurs , dont I'intention est d'entrer dans la communaute et de prendre part a toUs ses travaux, a toutes ses operations : en cela , elles different toutes les deux , de la Societe philanthropique que nous avons d'abord citee, et dont les membres etaient de simples bailleurs de fonds. Quant aux principes d'apr^s lesquels sont rediges les reglemens de ces deux nouvelles associations , nous essaierons d'en donner une idee , en citant les priucipaux articles arr^tes par I'assemblee geni5- rale des membres de la seconde , formee derni^rement a Londres , sous le nom de London Cooperative Society ( Societe cooperative de Londres ). Nous ne nous arreterons pas a signaler les differences qui existent entre ce nouveau reglement et le premier projet dont nous avons donne I'extrait dans I'article de notre Revue deja cite. — Le premier article est, pour ainsi dire, la declaration de principes. Le but de la soci^t^ , y est-il dit , est le bonbeur des differens individus qui en font partie ; dans I'etat de choses qui subsiste aujourd'bui , m^me dans les pays les plus heureux et les plus av.inces en civilisation , bien loin que la toialitc des membres de la societe y soit appelee a jouir des commodites et des agremens n^- cessaires a la vie et h la sante , ces commodites et ces agremens ne sont mdme pasle partage de la majorite... Cesmaiix nous paraissent naitre en grande partie du systeme de concurrence individuelle et (^ac- cumulation privee ( individual competition and private accumula- tion ), qui excite les hommes a chercher la richesse par tons les moyens , aux depens du bonbeur , et meme de la vie de leurs sem- blables. Conime il nous parait que des hommes industrieux, r^unis 276 EUROPE. en assez grand nonibre , peuvent subvenir abondamment a tons fes besoiiis les uns des autres , nous croyons , en substituant au syst^me actual de concurrence individuelle , un systeme de cooperation mutuelle dans la production des richesses, et d'egalitedans leur distribution, faire cesser la plus grande partie desmaux qui tourmentent aujour- d'hui la societe. Suivent treute - cinq articles fondamentaux. Le premier traite de I'adniinistration. — L'association se gouvernera elle - m^me , eu prenaut ses decisions, a la majority des suffrages , dans une assemblee generale de ses membres adultes, et en n'abandonnant que dans les cas d'absolue necessite a des comites ou k des indi- vidus le pouvoir de juger et d'agir. Dans les deux articles suivans , il est question du maintien de la bonne intelligence, et de la li- berte de pensee et de jugement, accordee a tous les membres, par- ticuliferement sur les sujets religieux. Les articles viii et ix sont rela- ;tifs aux femmes, assimilees aux hommes, dont elles partagent les droits et les occupations ; I'education est commune , si ce n'est I'edu- cation religieuse, que les parens des enfans pourront diriger a leur gre. Les articles xiii, xiv, xv, xvi et xvii, traitent des divers tra- vaux. Huit heures par jour serosjt consacrees au travail cooperalif; ( ce terns m^me sera diminue plus tard ). Aucun membre ne pourra ^tre contraint i se livrer a une occupation nuisible a sa sante , ou contraire a ses gouts. Bien loin de bannir les arts , la communaute , les encouragera , en accordant a ceux de ses membres qui vou- draient s'y livrer la liberte d'eniployer a leur culture les beures destinees au travail cooperalif, en etablissant des musees, des tbeatres , des bibliotheques. Les sciences y trouveront les memes encou-ragemens. — La communaute ne se livrera pas seulenient a la culture ou a la production indnstrielle des objets qu'elle devra consommer ; mais elle chercbera quelques branches d'itidustrie dont les produits pourront ^tre echanges contre des objets d'utilite ou d'agrement, qu'elle ne pourrait se procurer avec economic par son propre travail, ou serviront aacquitter les contributions auxquelles l'association sera soumise, comme partie de' la societe generale. Eu reste , le commerce de la communaute se bornera a ces echanges, nccessaire a ses besoins : tout autre traCc, dont le but est d'amasser lui paraissant contraire a son institution. Nous nous sommes contentes d'exposer le plan de la Societe coo- perative, dans ses parties principales , et nous n'essaierons pas de decider d'avance a quels succ^s elle peut pr^tendre. L'experience GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 9.77 aura bient6t prononce. Deja , les souscripteurs sont reunis au nom- bre de cinquante, quoiqu il y ait a peine une ou deuxsemaines que le premier noyau s'est forme. On compleparnii eux quelques hommes de merite , entre autres M. Thompson , auteur d'un ouvrage consacre a I'exposilion du systeme de cooperation mutuelle et annonce dans la -Rec. Enc. ( t. xxiv, p. 67 ). En attendant que la souscription entierefixee a 20,000 1. st. (environ 5oo,ooo francs), soitremplie , les premiers membres de I'association vivent reunis a Londres , ou ils ont fait I'acquisition d'un beau local. Ce sera dans I'assemblee gene- rale des souscripteurs deflnitifs qu'.fura lieu le choix d'un terrain qui toutefois , d'apres une decision deja prise , devra ^tre eloigne de Londres d'une distance deSo milles au moins ( 20 lieuesde France). RUSSIE. Commerce. — Depuls le i^'' Janvier jusqu'au ler noverabre 1824, il a etc importe par la douaue de Teflis pour 586,458 roubles de marchandises et par celle de Kisliar pour 527,478 roubles 10 kop. L'exportation par la premiere s'est elevee, dans le meme espace de terns, a 216,760 roubles 33 kop; et par la deuxiemea 3i)3,428 roubles 83 kop. Les principaux articles d'importation ont ete les etoffes de soie , de colon et de laine, le colon, la sole et les couleurs. L'exportation la plus importante a ete en etoffes de colon, coutil , loile et coclienille. Voyage philologique. — Depuis long-tems, on a remarque qu'il exisle une ressemblance frappanle enlre les Finois et les Zyrianes , lesPermiens, les "Votiakes, les Tcheremisses, les Mordvines, les Tchouvaches, les Vogoulilches et les Ostiaks, dans leurs langues , leur genre de vie'et leurs mceurs ; mais il resle encore beaucoup a faire pour eclaircir ce point. Sur la representation de M. le baroa de Rhebinder, secretaire d'etat de Finlande, S. M. I'empereur a consenti que le docteur Sjogren , ne en Finlande, et qui, outre I'his- toire et la langue de sa patrie , a aussi eludie celles de la Russie , fit aux depens de la tresorerie de Finlande un voyage en Russie pour ob» server les races que Ton a mentionnees. M. Sjogren a commence son voyage , vers le milieu de I'annee derniere. Comme il est Ires- probable qu'il trouve pen de monumens hisloriques , les langues, les rocEurs , les usages etpeut-etre quelques traditions doivent attirer toule son attention. M. Sjiigren visilera d'abord les Lapons, qui liabitent a I'ouest de la mer Blanche , et sur la langue desquels , par rapport a celle des 37S EUROPE. Lapons Suedois et des Fiiiois Norvi-giens , on n'a encore niiciif,- tclaircissement. Les Samoiedes in savoir : la ihi^ologie, le droit , la medecine , et la philosophie, qui com- prend ce que nous appelons Facu/ce des sciences , etFaciilCedes letlres. A Upsal , la Faculte de theologie reunit cinq cours : \° I'hebreu et I'exeg^se du nouveau Testament; 2° la theologie dogmatique; 3° la theologie pratique; 4° I'histoire ecclesiastique ; 5° la theologie apologctique. ^ La Faculte de droit comprend deux cours : 1° la jurisprudence, reconomie et le commerce; 2° le droit national et le droit romain. — Dans la Faculte de medecine , on trouve les cours suivans : 1° histoire naturelie; 2° medecine pratique et clinique ; 3° anatomic et physiologic ; 4° dietetique ; 5° medecine theore- tiqne. — La Faculte de philosophie renferme un nombre de cours, hors de proportion avec les autres : 1° la physique; 2° I'esthetique; 3° la statistique ; 4° les mathematiques; 5° la philosophie pratique; 6° les langues orientales; 7° I'astronomie; 8° la langue latine; 9° la philosophie theorique ; 10° la langue grecque ; 11° I'histoire; 12" I'economie pratique ; i3"la chimie. Outre les professeurs charges specialement de ces differens cours, I'universite d'Upsal compte encore quarante membres, adjoints aux professeurs, ou docteurs simplement attaches a I'Universite ; et de plus, des maitres d'arts d'agrement et d'autres maitres pour I'enseignement des langues eu- ropeennes raodernes. L'universite de Lund compte un moins grand nombre de profes- seurs et d'eleves : elle presente aussi quelque difference dans I'ordre et le choix des mati^res qu'on y enseigne. La Faculte de theologie n'a que trois cours. — On enseigne dans la Faculte de droit : 1° la jurisprudence etla morale; 2° le droit national. Dans la Faculte de medecine, 1° I'anatomie et la chirurgie ; 2° la medecine theorique; 3° I'art de I'accoucheur; 4° 1* medecine pratique : dans la Faculte de philosophie, 1° I'esthetique ; 2° les mathematiques; 3" la langue grecque ; 4° I'histoire naturelie ; 5° la botanique et I'economie pra- tique ; ()° la chimie et la physique ; 7" I'astronomie; 8° I'histoire; 9° les litteratures francaise , allemande et anglaise; 10° la langue latine; 11° la philosophie theorique. A Christiania, les etudes sont divisees sous les litres suivans ; 1° medecine; a° langue grecque; 3° histoire naturelie ; 4° mathe- matiques theoriques ; 5° histoire , geographic et statistique ; 6° me- decine; 7° chirurgie et accouchemens ; 8° physique et chimie; SUEDE. — DANEMARCK. 281 g°theologie; 10° mineralogie ; 11" mathematiques pratiques. la" ju- risprudence ; iS" histoire ; 14° theologie, i5° jurisprudence; 1 6° technologie. II. Gymnases. — Les gymnases sont des colleges on les etudiaus recoivent les connaissances necessaires pour suivre les cours de rUniversite. Ony eiiseigne lalangue et Feloquence latines , legrec, I'hebreu , la theologie , la philosophie , les mathematiques et I'his- toire. Leur nombre est de douze , et lis sont distribues dans les villes dent les noms suivent : Stockholm, Gefle , Liiikoping , Skara, Strangnat, Wetteras, Wekio, Gottembourg, Calmar, Carlstad, Hernosand , Wisby. III. EcoLES SPECIALES. — A Stockholm, Institut medico-chirnr- gical , sous I'inspection de A, J. Hagstromer, conseiller de mede- cine, directeur-general des hopitaux de la Suede. — On y enseigne 1° la chimie et la pharmacie ; 2° la medecine theorique; 3° la me- decine pratique et la chirurgie; 4° I'art des accouchemens ; 5° I'his- loire naturelle ; 6° I'anatomie. — A Carlberg , Jcademie militaire. Des officiers y professent : 1° I'artillerie ; 2° la fortification ; 3° la marine, et les sciences et les arts nautiques ; 4° la topogra- phic. Des lecieurs y enseignent : 1° la theologie, la morale, le droit naturel ; 2° la geometric ; 3° la geographic, la grammaire, les langues suecloise et anglaise ; 4° les mathematiques, la physique et rastronomie ; 5° I'histoire et la geographic politique. On y apprend aussi le francais et rallemand , et Ton y pratique la gymnastique. Les autres ecoles speciales de la Suede sont Y Institut d' artillerie , a Marieberg , pres de Stockholm , ou Ton enseigne aux jeuiies officiers d'artillerie tout ce qui se rapporte a leur etat , les mathe- matiques , la physique , la chimie, etc. ; Vinstitut veterinaire a Stock- holm ; VInstittitlon des Sonrds-muets et des aveiigles , pres de Stock- holm; VEcole des mines, a Tahlun ; Y Institut I'eteiiiiaire , a Skara. IV. Academies. • — La Suede compte aussi quelques academies, savoir: Tacademie des sciences ; I'academie des sciences militaires; I'academie d'agriculture ; I'academie suedoise , qui s'occupe de la langne et de la litterature du pays; I'academie des belles-lettres, d'histoire et des antiquites ; I'academie des beaux-arts, et I'acade- mie de musique. P. DAINEMARCR. CopENHAGUE. — On s'occupc daus cette -ville de retablissement d'une Societe de commerce de la UaUique , qui aurait surtout pour but 282 EUROPE. tie remlrc cette capitale IVntrepot de tout le commerce de ce grand golfe. Le nombre d'actions sera de 3oo, cliacune de 4oo rixdales. Des maisons de commerce ctrangeres se sont dejamises sur les raiigs pour y prendre part. — Publication prochaine dcs leltres de Christian IV. — M. MolbeCH , occupe de recueillir toutes les lettres autograplies du grand roi Christian IV, de Danemarck , pour en former une edition complete , a invite, par la voie des journaux, tousles possesseurs de lettres de ce roi, de contrilnier a cette entreprise, en les lui communiquant. — Ce m^me litterateur, qui est un des lionnnes les plus verses dans !a connaissance de la langue danoise, coUaborateur du grand Dlction- naire de TAcademie , et auteur lui-meme d'un tres-bon Dictionnaire abrege de cette langue , se prepare a nous donner trois nouveaux dictionnaires danois. Le premier contiendra les mots et les phrases de la langue actuelle, d'apres les meilleurs auteurs et telle qu'elleest parlee dans la bonne societe. Le second renfermera les mots de tous les dialectes danois; et le troisienie presentera par ordre alphabe- tique tous les mots de rancienne langue danoise .i toutes les epoques. H. flls. ALLEMAGNE. Leipzig. — Societe d'antiqiiilis nationales. — II vient de s'etablir dans notre ville une Societe pour la recherche et la conservation des Jintiquites nationales. Tous les objels d'art, les litres, les manuscrits, depuis les tems les plus anciens jusqu'i la guerre de trente ans , seront recherclics avec soin ; on decrira les monumens et Ton publiera lesecrits susceptibles de I'etre. A peine la Societe a-t-elle cte formec, que le patriotisme des habitans lui a fourni de nomhreuxsecours , et les membres qui la composent recoivent chaque jour de nouveaux coliegues , aussi zcles qu'eux pour la gloire de la Saxe ancienne. Pbusse-Rhekane. — BoKN. — Publication nouvelle. — On vient de faire paraltre chez le libraire Weber la premiere partie du 12" vo- lume des Actes physico-medicaux de ^ Academie des ctirieux de la na- ture ( Acta phpico-inedica Academife LeopoMino Carolina; naturce curio- scrum). II continue la serie des travaux des plus savans naturalistes. Cette partie de Touvrage est encore superieuie a toutes celles qui Font precede. Elle a pour auteurs MM. d'Alton , Gustave BisclioC, Boyanus, Coetus, de Chaniisso, Goethe, Koch, Lehmann, de Martins, Necs d'Esenbeck, Ileinwardt, llisso , Rosenthal , Rothe , Tilesiuset le prince Maximilien de Wied-Neuwied. — DucHii DK Mecklekbouug. — II a paru ici , du i" Janvier au ALLEMAGWK. -^ST i'''aoul 1824, unegrande quautite d'ouvrages nouveaux. Nous a lions citer quelques-mis des plus niarquaiis par le sujet qu ils traitent : 1° MJustns Herman Beceeu a doune des Recherches sitr Vhistoiie de la seconde guerre Pi.niqite; 1° M. Fault, a public un Almanack poUiiqne et statistiqiie dii pays de Mecklenbourg-Schwerin ; 3° M. Philippe HusCHRn^ l)rofesseur de droit, un traitc intitule : De causa siliana. Cette dis- cussion a ete ecrite par M. Rest; elle est relative a un passage de la lettre ar, livre vti, des Lettres familieres de Ciceron ; 4° M. Kars- ten a fait impriiner la 11" annee des lUemoires de la Societe d'agricid- titre ; 5° M. CAaWejM ASCII publie une Introducdon au.r genealogies des principales maisons regnantes de V Europe ; 6" II a paru des Jitliguites slaves et gcrmaines , avec six lithographies , par M. Rodolphe de ScHR^TER ; 7° M. DANNENBEaG a pubUc dcs Observations recueillies pendant un voyage de Hanibourg en Greoe, en 1822. Nous ne fai- sons point mention des ouvrages qui ont un inter^t moins general. Heidelbehg. — Publication prochaine. — M. Mone, deja connu par sa Mjtliologie du Nord , qui est la suite de la Sjmbolique de M. Creittzer, va publier incessamraent une Theorie de la stattstique. Yoici les divi- sions de ce livre : 1° Statistiqiie pure , en trois chapitres, dont I'un est consacre au sol, I'autre a la population , et le dernier a I'administra- tion ; 2° Statistique appUqiiee. L'auteur se propose de combattre IVn- tbousiasme aveugle dont cette science est deveuue I'objet, et de repondre en meme tems a ses injustes detracteurs. — IIambourg. — Le libraire Perthes annonce une nouvelle edi- tion des OEuvres choisies de Luther; elle formera 10 vohiraes in-i6 , et le prix sera d'environ 12 fr. Le choix sera fait d'une maniere conforme aux besoins du tems; on donnera ce que Luther a ccrit de plus important sur la Bible, ses sermons, ses lettres, ses hymnes; enhii , ses conferences avec ses amis. La souscription demeure ou- verte jusqu'en septembre : les premiers volumes seront distribues', le i'"' decembre; les cinq dernicrs ne paraitront que six mois apres. P. GOLBEKY. Berlin. — Beaux-Arts. — Exposition de tableaux et de pioduits de I'industrie. — Vers la fin de I'annee 1824, Berlin a eu sou exposiliou de tableaux et d'objets d'art et d'industrie, sans doute bieu moins brillante que la belie exposition qui avait lieu a Paris vers la meme epoque , mais riche cependant des productions de quelques artistes distihgues. On y a remarque trois grands tableaux d'cglise, peiut.s par MM. Jf'. Schadow , Eggek et Beg assb , de Cologne. Le premier est un pcintre dcja t;onnu en Allemague : le sujet de son tableau 28', EUROPE. etait V Adoration des bergers. Les deux autres, qui continuent encore leurs^etudes a Rome, font concevoir de grandes esperances. lis ont donn^, Begasse, le Bapteme dans le Jourdain, et Egger, une Visits chez Marie. Les cxposans qui ont obtenu avec eux le plus grand nonibre de suffrages, sont le professeur Wach, deja celebre, un jeune peintre Hii.debkand, elfeve de Schadow, dont on a vu avec plaisir le tableau de Faust et MephisCophelesdans I'enfer; C.vtel, celfe- hrepaysagiste, dont la principale production representait YEgUsede Stunt - Pierre , a Rome, eclairee parla luiie , Helms DOR F et Maxiinilien de Meuron, de Neuchatel , qui tous deux avaient envoy^ des Viies de Rome , trfes-remarquables, mais par des qualites differentes. Deux artistes francais ont aussi contribue a embellir cette exposition : Gerard y avait nn portrait de M'^^ Recamicr, Robert, plusieurs ta- bleaux de genre. Du reste , les portraits et les paysages y etaient en majorite. La sculpture n'avait fourni que des bustes. Quant aux productions des manufactures et des fabriques , elles annoncent les progres faits par I'industrie prussieune dans quelques-unes de ses branches les plus importantes. W. Z. WuRTZBouRG. — Necrologie. — Le 17 novembre dernier, nous avons perdu M. Aloyse KLEiif-ScuROD, professeur en droit , connu par de nonibreux ecrits sur la legislation criminelle. II etait I'un des colla- borateurs de la Gazette litteraire de Halle. P. G. SUISSE. Bebne. — Economie rtirale. ■ — ■ Sur la proposition de M. le con- seiller de Lerber , le gouvernement bernois a achete de M. Ternaux un bouc et plusieurs chevres du Thibet , qui viennent d'arriver a Berne , d'ou on les transportera a Untersee , pour les placer sous la direction de M. Kasthofer, intendant general des for^ts. On sait _ qu'il existe des rapports entre le cliniat du Thibet et celui de I'Ober- H land beruois. Ce nouveau sacrifice d'un gouvernement eclaire pro- ™ met d'heureux resultats a I'industrie. AkGOVIe. — Ecoles d'enfans pauvres. — La Societc generate pour in culture patriolique , au zele et au devouement de laquelle le canton d'Argovie doit un si grand nombre d'institutions utiles, vient de re- soudre le probleme difficile de rctablissement A^Ecoles des pauvres. II va se former dans chacun des onze districts du canton une de ces ecoles. EUe sera placee sous la direction immediate de la Societe particuliere du district, affiliee .i la Societe generale. Le Comitr cen- tral d'Arau surveillera rensemble des travau.v. La Societe argovienne SUISSE. 285 se propose iion pas seulement de retirer les enfans pauvres pendant quelques heures du jour du gouffre de I'oisivete; niais encore de mettre fiu a leur misere en leur apprenant .^t gagner leur vie. Comma le succes de ces series d'etablissemens et quelquefois leur destinee enti^re depend du personnel des maitres, la Societe ne manquera pas d'en clioisir qui soient bien capables de remplir ses Tues. Les belles ecoles d'Hofwil, du Bloesihof et d'Eschersheim peuvent offrir aux ecoles que Ton veut etablir des raodeles perfectionnes par I'ex- perience et des instituteurs habiles et zeles. — ( Xoiu'e'liste I'andois.) NiiucHATEi.. — Necrologie. — Georges de Rougemokt.^ — Les hommes que le bonheur des circonstances a places sur un grand theatre ou leurs talens ont pu se developper, ne sauraient mourir inconnus; et lorsque le cours de leur vie publique est termine, on s'empresse par un dernier hommage que dicte le respect ou la reconnaissance, de parler de ce qu'ils ont fait et de retracer leurs services. Qu'il nous soit permis de donner ici une courte notice sur un magistrat qui, par ses eminentes qualites et la vigueur de son caractere, n'aurait pas manque de paraitre avec distinction dans un etat puissant, et qui , dans la sphere d'activite oii il s'est trouve, a fourni une carriere aussi honorable qu'utile. Nous voulons parler de J!, de Rougemont, membre du conseil d'Etat de Neuchdtel , niort dernierement h sa campagne de Saint-Aubin , ( entre Neuchatel et Yverdun ) ou le delabrement de sa sante I'avait force de se retirer, aprcs avoir pris pendant long-temps une grande part aux affaires publiques de son pays. Georges de Rougemont, procureur general, et I'un des quatre pre- sidens du conseil d'Etat, etait ne a NeuchStel en Suisse, en lySS , d'une famille noble , et qui a do^nne en divers tems a I'Etat des serviteurs habiles et fidfeles. Apres avoir fait des etudes a Gottingue, il entra dans la carriere des emplois publics, qu'il parcourut avec rapidite. Des I'age de trente aus, il fut admis dans le corps qui est charge du gouvernenient de la principaute; et lorsqu'il en devint Fun des chefs par son rang d'anciennete, il etait encore dans les annees de la maturite et de la vigueur. La place de procureur ge- neral qu'il occupait en meme tems , et qui ne tient point a I'ordre judicialre,-lui donnait acces dans tons les details de I'administra- tion. La principaute de Neuchsitel, soumise depuis Fan 1707 a la raai- son de Brandebourg , n'a jamais ete incorporee a la monarchic. EUe a conserve son existence individuelle comme Etat, et elle est regie 28G • l.UROPE. scion ses propres formes. Par une heureuse ri^uiiion de circonstan- ces, ses institutions se sorit deveIopp<3es dans le cours de quelques si^cles , regulierement et avec lenteur, et toujours en rapport avec les besoins et les int^rets du peuple. Peiit-i'tre n'est-il pas de pays en Europe oil la liberie civile existe avec plus de plenitude et do mesure, et cet etat de cboses a fait iiaitre dans toutes les classes uii sentiment de bien-etre , et les a elevees a un degre de developpe- ment intellectuel et moral qui ne se rencontre pas dans de grandes monarchies , oil I'iniportance des choses et des evenemens fournit a un certain nombre d'hommes I'occasion de se montrer avec eclat; mais oil la masse du peiiple, trop eloignee de ce mouvement, se resout, pour ainsi dire, en une multitude d'individus isoles. I^es princes de la maison de Urandebourg n'ont point contrarie cettc tendance des NeucbAtelois a se former en peuple libre; ils I'ont au contraire favorisee, et telle est la cause de i'anionr et de la fidelitd qui les attachent a cette maison royale. Ce n'est pas cependant une chose facile que de conduire ce peu- ple, peu nombreux a la verife, mats sensible a I'exces , et toujours pret a agir centre le gouvernement par I'organe d'une multitude de corporations qui ont le droit d'elever la voix sur les questions d'in- teret public, llfauta I'autorite un melange adroit de prudence etde force pour s'ouvrirun passage; et dansle choix etTemploidesmoyens, M. de Rougemont marchait a la tete de ses coUegues. Nul ne I'cga- lait dans le sein du conseil par la justesse des vues et la vigueur de I'argumentation; au dehors, par la vivacite et la Constance de I'exe- cution. Cette marche eclairee et ferme, et I'art de se degager des intercuts particuliers et des vues locales on personnelles pour remon- ter a I'inter^t general ont surtout fai-t briller en lui les qualites qui constituent le veritable homme d'Etat. Aussi, I'opiniou que Ton s'e- tait formee de la superiorite de sa raison et de I'energie de sa vo- lonle, lui avait donne un tel ascendant que, pendant ])lusieurs an- nees, il a ete I'dme de toutes les operations du gouvernement de son pays. Lorsque la principaute de Neuchatel fut cedee, en i8o6, au prince Alexandre Berthier, I'ensemble des institutions , par lesqiielles ce petit Etat avait prospere, inenaca de sVcrouIcr, et Ton put craindre un instant qii'il ne se perdit, comme un atome, dans la masse des combinaisons sociales dont on s'occupait a cette epoque. Heureuse- nient, le nouveau souverain du pays ne recherchait pas les change- niens. L'influence deM. de Rougemcnt fut alors tvt-s-considerablc , SUISSE. 287 et il remploya tout cntii^re a sauver sa patrie des hoiileversemens qui allaient Fatteindre. Le baron L..., envoye a NeucliAtel pour exercer les fonctions supr^mes du gouvernement , etait un liomme sage, modere, et ami du Lien. II fut ebranle par le tableau que, dans un entretien de quelques heures , M. de Rougemont lui fit de la constitution de I'Etat et des garanties sociales qu'elle presentait; cependant, il voulu consulter Volney , I'auteur du P'oyage en Egypte, ami du marechal Berthier et le sien. Quelques jours apres, il revint aupres de M. de Rougemont. Volney, dit-il, vous donne gain de cause : rien ne sera change parmi'vous. Ce n'est pas sansdoute qu'urie autorite illlmitee ne froissAt quelquefois ces institutions dont nous avons parle; mais, comme elles continuaient a subsister, elles pou- vaient reprendre leur ressort, quand I'occasion serait favorable ; et enfin elle s'est presentee. Cet espace de tems oil les obstacles que la resistance des particuliers et des corporations opposait a Taction du gouvernement avail cesse , fut mis a profit pour le bien general. De nouvelles routes furent ouvertes, les anciennes furent reparees; et les communications, si necessaires dans un pays qn'animent de toutes parts le commerce et I'industrie , devinrent commodes et fa- ciles, depuis les plaines qui s'etendent an pied du Jura jusqu'aux sommets eleves des montagnes. M. de Rougemont etait le mobile ou I'appuide toutes ces entreprises. En memetems, exercantson activite surle corps meme anquel il appartenait, il clierchait a attenuer I'es- prit exclusif qui avait mis les places du gouvernement dans la pos- session presque bereditaire d'uu petit nombre de families ; tendance que certains exemples rapprocbes avaient probablement fait naitre, que I'autorite d'un prince, trop eleve au-dessus de ses sujets ponren favoriser quelques-uns exclusiveraent , devait naturellement mode- rer , mais a laquelle I'eloignemeut de ce meme prince avait laisse prendre un trop libre cours. Les evenemens de i8i4 ameuerent un nouvel ordre de choses. On vit alors , sur toute la surface de I'Europe , les grands et les petits Etats cliercher a reprendre une assiette fixe et a reparer les desor- dres que Tabus de la force avait introduits dans leur sein. Neucba- tel participa a ce mouvement, quoiqu'il n'eut que peu de changemens' a faire, et qu'il ne s'agit que d'enoncer et mettre au jour ce que ses anciennes constitutions renfermaient deja implicitement. A peine le pays etait-il rentre sous le sceptre bienfaisant de la maison de Bran- debourg, qu'une declaration roynle fixa les rapports interieurs de TEtat,et cett« declaration est devenue la base du droit public de la 288 EUROPE. priiiclpaute. II fallait encore rincorporer deflnitivement a la Suisse, reunion que le prince et les snjets avaient souvent appelcc par leurs voBux, et qui n'ctait pas moins desirable pour le corps politique auquel on chercliait a s'agreger, que pour I'Etat qui sollicitait son admission. Cette reunion s'est operee ; et, ce qui n'est pas indigne d'attention , c'est que Ton voit figurer dans une confederation de republiques un canton soumis a iin prince ctranger, sans que la voix puissante de ce prince puisse se faire entendre et gener les delibera- tions publiques, et sans qu'il soit porte atteinte aux droits qui lui appartiennenl comma souverain , etat de choses tres-delicat , qui, etabli par le consentement du souverain lui-nieme et par les actes qui en ont ete la suite , ne prendra une pleine consistance que par le laps du terns, et par la conduite sage et mesuree de ceux qui seront appeles a le maintenir. Ces changemens ne furent pas I'ouvrage d'une seule personne , mais de quelques liomraes eclaires qui avaient rcuni leurs efforts pour le bien de leur patrie. M. de Rougeniont etait du nombre, et fort, comme il Tetait , dans la discussion, prompt a sai- sir dans une question toutes les faces qu'elle presentait, il exerca une graude influence sur tout ce qui se fit a cette epoque. Aussi, peut-on dire qu'il a beaucoup contribue a faire adopter la forme politique qui a ete donnee a son pays. Ce n'est pas seulement dans la carri^re d'homme public que se manifestaient la trempe et I'activite de son esprit, les hautes ques- tions de politique et d'administration , qui se traiteut dans les grands Etats , lui etaient familieres , et il aimait a s'en entreteuir. Sa conversation abondail en traits vifs et piquans, et en observations profondes. II etait menibre de quelques-uues de ces societes qui se sont formees en assez grand nombre en Suisse , et qui , tout en s'oc- cupant d'objets d'ulilite publique , ont un but plus general, celui de rapprocher des liommes que la tendance de chaque canton a s'iso- ler tiendrait toujours eloignes les uns des autres , au grand detriment de I'esprit public. M. de Rougemont etait recherche et honore des principaux magislrats de la Suisse , et son opinion avail parmi eux de I'autorite. Tout ce qui 6tait grand et genereux , ou qui en avail I'apparence, le saisissait vivenient; et, comme la force de I'impres- sion Temportait alors sur son jugement, d'ailleurs si eclaire el si sain, ou ne pent disconvenir qu'il ue soit tombe dans quelques er- reurs. En i8i5, M. de Rougemont se rendit encore a Paris oil les mi- nistres du roi de Prusse se trouvaient reunis a ceux des puissances SUISSE. 289 alli^es, et, par quelques modifications qu'il obtint aux actes qui avaient regie I'etat interieur de son pays, il mit la derniere main a son organisation politique. Rentre alors dans le cours ordinaire des affaires , et lionore par le prince de Hardenberg d'une confiance et d'une amitie particulieres, il aiirait continue a developper les qua- lites qui I'avaient distingue dans les belles annees de sa vie, si le delabrement de sa sante n'y eiit mis obstacle, Mais , accable de souffrances , et se livrant trop a quelque chose d'imperieux et de susceptible qu'il avait toujours eu dans le caractere , il pirovoqua de la resistance, et son credit et son influence s'en ressentirent. La haute opinion que Ton avait de lui dans le public, opinion partagee par ceux meme qu'il avait froisses dans le cours de son adminis- tration , la passion qui I'animait pour le bien public , et la grande experience qu'il avait acquise, n'auraient pas manque de lui faire reprendre I'ascendant qui lui echappait, si la douleur physique, prenant le dessus , ne I'eut contraint a une entiere retraite. Sa me- moire se conserveia dans le pays oa il a vecu , parce qu'il a fait des choses importantes et utiles; et I'illustration de sa famille se perpe- tuera sans doute par I'un de ses fils que des talens naissans et des qualites aimables recommandent deja a I'attention de ses conci- toyeiis. J. H. N. B. J'eprouve le besoin d'ajouter ici quelques lignes, comme un tribut d'estime et d'affection pour un homme respectable que j'a- vais connu en Suisse, qui m'honorait de son estime et de son amitie particulieres , dont j'avais eu I'occasion d'apprecier I'excellent coeur , le noble caractere , I'esprit superieur a ces vues etroites et a ces pre- ventions de parti qui dominent les esprits vulgaires. II etait venu me voir plusieurs fois , dans le dernier voyage qu'il a fait a Paris, il y a peu d'annees; il ni'avait temoigne un vif inter(?t pour le succes de la Rei'ue Eiicyclopcdlqiie , dans laquelle il voyait une grande insti- tution d'utilite publique propre a mieux faire connaitre les nations les unes aux autres et a les rapprocber par des communications et des services mutuels. II s'etait egalement associe, par les voeux les plus aidens, et quelquefois par sa correspondance, aux travaux de la Societe etablie k F'aris pour I'amelioration de I'enseignement elementaiie dont il avait ete nomme, surma demande, en i8i5, I'un des premiers correspondans etrangers, ainsi que MM. Pestalozzi Fellenberg et le R. P. Girard. — La Suisse vient de perdre dans le court espace de quelques mois, quatre citoyens illustres, distin- gu^s par leurs vertus et leurs talens : MM. Retnier , de Lausanne, T. XXVI. — Avril 1825. 19 i^go EUROPE. PiCTET DE RocHEMOTJT, et en dernier lien, Mnrc Augusta Pictft , son frJjie, et Rougemokt de Nencbatel. M. A. J. ITALIE. Pomone en relief. — Les agronomes n'ignorent point combien il est difficile de determiner avec precision les diverses espt-ces el les varictes inilnies de fruits qui font I'ornement des jardins et les delices de nos tables. II y a long-tcms que Masioli , Anguilara, Micbeli.Aldrovandi, et plus recemment Targioni-Torzetti , Savy GalizioH, Gallesio, etc. , en Ilalie ; Laquintinie , Duhamel, Rozier, Noisette, etc., en France; la Societe d'agriculture de Londres , Kooker ,'dnns sa Pomona Londlnensis ; Knigbt , dans sa Pomona here- fordiensis, en Angleterre, ont cbercbe , par des descriptions et des figures coloriees des fruits , a faire connaitre cette partie de I'agn- cuhure encore pen avancee.Mais, kurs ouvrages, nialgre I'babilete des meilieurs iconograpbes , ne representent point la nature telle • quelle est ; cet inconvenient a fait naitre I'idee a MM. Pizzigalli et Deo-aspari , de Milan , d'entreprendre un travail qui prcseniat aux am'^ateurs une Fomone en relief, c'est-a-dire nne collection de tous les fruits cultives en Europe , a un tel degre de perfection qu'il est impossible , a moins d'y toucher, de ne pas les prendre pour des fruits naturels; les petits fruits sont modeles en cire ; les gros en stuc reconvert de cire , et d'autres , tels que les raisnis , les gro- seilles, etc., sont faits en verre souffle. Cette collection plasttque, deia fort avancee , comprendra plus de 5oo fruits. B. Savoie. — nains d-Alx. — M. de CnEViLi-AnD , ancien colonel , syndic de la viUe d'Aix , avec I'aulorisation et I'agrement du gou- verneur du ducbe de Savoie, a ecrit d'une maniere pressante a M deGimbehnat, consclUer delegation de S. M. le roi deBav.ere, dont nous avons deja fait connaitre les travaux philantbrop.ques ( Voy Re.. Enc. , t. xxiv, p. 5ifi ) pour I'inviter a reahser I'espo.r qu'il a donne et la promesse qu'il a bien voulu faire, d'aller aux bains d'Aix, en Savoie, pour y completer les belles decouvertes deja faites par kii en 1822 , et communiquer ses Inmiferes et ses vastes connalssances , afin de perfectionner I'etablissement thermal ,et de rendre plus efficaces et plus utiles les autres sources minerales situees a peu de distance de cette ville. L. S. Rome. — Acquisitions failes par la nlbllotheque el h Mnsee du J- o- tican — S. S. le pape Leon XII a beaucoup enricbi cette biblio- th^ue par I'achat de celle du chevalier Cicognara. Elie a port6 ITALIE. — PAYS-BAS. 291 egalement une attention serieuse an Musee des Antiques da Vatican , qui se trouve inaintenant augmente dc plusieuis statues de la plus grande beaute et du plus haul interet. Le Vatican -va se trouver, en outre , eurichi de la siiperhe collection de Vejenti et de feu la du- chesse de Chablais. P. Naples. — Necrologie. — Giovanni Bf.netti , jeune encore, avail deja donne plusieurs preuves de son talent et de ses counaissances. II est niort, le 28 Janvier dernier, 3ge seulement de vingt-trois ans. Attaque de phtisie, il a succombe a une longue nialadie. Quoiqu'il se fut consacre a la profession d'avocat , il cultivait avec succ^s les belles-lettres, objet de sa predilection, et faisait ses delices de la lecture des meilleurs ecrivains classiques, latins et italiens. Mais , c'etait moins des mots que des idees qu'il s'occiipait, et I'etude des sciences morales et politiques etalt surtout celle qu'il conseillait aux jeunes gens, dont il aimait a diriger les travaux. II pensait que la plus noble fonction des Muses devait etre de seconder les progres de ces sciences, les seules qui lui parussent propres a relever la gloire de sa patrie. Quelques jours avant sa mort, il avail Iraduit lui-meme le beau psaume : Super flumina Babylonis , et le recitail a ses amis , qui pieuraient avec lui le sort des Hebreux , chasses de leur patrie. II faisait aussi profession d'une grande estime pour le genie de lord Byron, qu'il avail connu personnellement. II I'a imite , surtout dans une de ses Melodies liebra'iqiies , adressee a la memoire du Dante. Ses amis s'occupent du soin de recueillir ses ecrits. F. S. PAYS-BAS. Amsterdam. — La Societe pour V amelioration morale des dilcnus , dont le coniite directeur est etabli dans cette ville, a tenu sa pre- miere assemblee generale le 21 octobre 1834. Deja , dans le mois de mai 1823 , la Societe comptait a, 600 membres. Dans le mois de no- vembre de la meme annee , epoque oiielle a commence ses travaux , ce nombre etait accru de 856, et a cette premiere assemblee gene- rale , on a p» compter un total de 4)39o membres. M. Ch. C. van Hall, president du comite , a donne a I'assemblee les renseigne- mens les plus satisfaisans sur I'etat actuel de la Societe, et sur les efforts qu'elle a fails pour atteindre ie noble but qu'elle s'est propo- se. Nous esperons que cette Society , dont la premiere fondation appartient a MM. Suringar, de Leuwarden , Nierstrasz, de Rot- terdam, et Warusinck, d'Amsterdam , repandra bientol partout i^ga EUROPE. sou influence salntaire. H y a encore dans ces lieux die misi^re et de desolation, beaucoup d'infortiines dont la regeneration morale doit exciter le z^le des vrais philanthropes. — M. le professeur van Lennep a presente dans la Societe Felix AJericis , le lo mars dernier, une analyse du systeme hieroglyphique de M. ChampoUion le jeune. II a eclairci son expose par beaucoup de dessins et de gravures, et I'a accompagne de reflexions fort inte- ressantes sur les resultats auxquels cette decouverte pourra couduire encore. II a paru iciune Lettre surle systeme hieroglyphique de M. Cham- poUion , considere dans ses rapports avee I'Ecriture Sainte : Amster- dam, i8a5. M. CoQUEREL, pasteur de I'Eglise reformee, dans cette ville , en est I'auteur. Le discours de M. van Lennep , et la lettre de M. Coquerel , prouvent qu'en HoUande on sait tres-bien apprecier toute I'importance de la decouverte du savant Francais dont il a ete deja plusieurs fois fait mention dans ce recueil. ( Voy. Jiev. Enc, t. xxir, p. 462- ) Liege. — Necrologie. — M. Wagemann, professeur d'histoire et d'economie politique a notre Universite , vient de nous^tre enleve, le 3i mars dernier. Disciple du celebre Heeren , de Gottingue , il enseignait I'histoire avec beaucoup de succes. Ses cours d'economie politique etaient aussi fort estimes. C'etaient surtout les doctrines de Smith, de J.-B. Say, de Storch , qu'il tclchait de repandre parmi ses concitoyens. FRANCE. Societes savantes; Etablis semens ctutilite puhliqiie. C AEN.( Calvados ) — Nominations academiques — L'Academie royale des siences, arts et belles-lettres de cette ville a , dans sa seance du 28 Janvier dernier, nomme membres residans, M. Spencer Smith , deja associe de cette academic, et membre de la Societe royale de Londres; associe residant M. Deslongchamps, D. M., et associe correspondant , M. Elie de Beaumont, ingenieur des mines, natu- raliste distingup. B. Marseille. ( Douches-du-RhSne.) — La Societe academique de me- decine de cette ville, dans sa derniere seance, a proroge jusqu'au i'^'' novembre prochain, le concours qu'elle avait ouvert sur les questions suivantes. 1° Determiner, par des observations cliniques, quelles sont les maladies dans lesquelles I'application des sangsues est preferable aux saignees generales? — 2° Indiquer quelles sont les affections oil ce dernier moyen est plus utile que les saignees DEPARTEMENS. — PARIS. ig? locales, et les cas qui reclament leur emploi simultane. — Le prix consiste en una medaille en or de la valeur de trois cents francs, que la Societe decernera, dans sa seance publique de 1825, a I'auteur du memoire qui en sera juge digne. Les memoires doivent etre ecrits IksiLlement, en francais ou en latin , et adresses, franc de port, a M. RicAKD, medecin , secretaire general , rue du Bausset , n° 2, a Marseille. R. Toulon, (f^ar. ) — \J Jcademie des sciences , belles-lettres et arts , dans sa seance du 2 mars dernier, a admis au nombre de ses mem- bres correspondans, M. le baron de Reiffenberg, professeur de philosophie a I'universite deLouvain, etc. M. Winkei, , litterateur hollandais, vient de consacrer a cet estimable sayant, dans VAlge- meen Konst en Letterbode , une notice biographique pleiiie de details interessans sur sa carriere litteraire. K. PARIS. Institut. — Academie des sciences. — Hlois de mars iSaS. — Seance du y. — M. Fekratjd adresse un nouveau plan de son levicr marin. (Commissaires dcja nommes. ) — M. De Lacepfede rend un compte verbal de Vhistoire du genre humain par M. Virey. — MM. Poinsot, Navier et Mathieu font un rapport sur un noiivel instrument de perspective invente par M. Puissamt. Cet instrument, que I'auteur a norame panorographe , est destine specialeroent au trace Aes pano- ramas , en voici la description : Un arc de cercle, d'un peu plus de 60° et garni de dents , est attache invariablement sur une table , ou il forme une portion de la base du cylindre sur la surface duquel on veut avoir la perspective. Une alidade, qui en est le rayon et qui tourne autour du centre , porte deux tiges verticales : I'une , dirigee suivant I'axe du cylindre porte I'oculaire; I'autre, placee a I'extremite de I'alidade se trouve toujours a la surface du cylindre. Cette derniere tige est garnie dans la partie infcrieure d'un pignon qui cngrene dans Tare dente, et elle porte une mire mobile. Cette mire est liee par des cordes et des poulies de renvoi a un porte-crayon qui glisse le long de I'alidade , de maniere que quand la mire des- cend d'une certaine quantite, le crayon se rapproche du centre de la m^me quantite. Une tablette ou porte-dessin , place entre la table et I'alidade, pent changer de place circulairement au moyen de quatre petites roulettes qui la supportent. Sur le hord de cette tablette , qui est oppose au centre , se trouve une cremaillere. Le pignon engrenant a la fois et dans Tare immobile et dans la crt*- 294 FRANCE. inalllere, foixe celle-ci a s'enrouler sur Tare en restant toujours tangenfe a cet arc et perpendiculaire a I'alidade. Au moyen de ce mecanisme, quand I'alidade marche, elle entraiiie le pignoa qui fait toiinier la cremaillere el la tablette, de telle sorte que le crayon en glissant le long de I'alidade, pourra tracer successivement sur la tablette des ligiics paralleles qui seront les aretes du cylindre et qui forineront le developpement de sa surface. Si Ton fait lourner len- tement I'alidade avec une vis sans fin, on pourra facilemcnl amener la mire sur le ravou qui va de I'oeil a uii point exterieur. Alors la perspective de ce point sera indiquee par la mire sur le cylindre et tracee par le crayon sur le papier de la tablette. On aura , par ce procede , la perspective d'autant de points qu'on le jugera conve- nable. L'Academie pense que si cet instrument est bien execute , il pourra (?tre d'une grande utilite aux artistes. — M. Arago entretient I'Academie de ses experiences sur Taction que le cuivre cxerce sur I'aiguille aimantee, et en presente la principale sous une forme plus sensible. — M. Geoffroy Saint-Hilaike termine la lecture do son memoire sur le crocodile fossile de Caen , qu'il propose de nommer teleo-saums , et en annonce un autre sur la tete osseuse d'un croco- dile trouvee a I'etat de momie dans les catacombes de Thebes, et sur le rapport de ce crdne avec ceux des animaux presumes de la mdme espece et presentement vivans en Egypte. — M. de Humboldt lit un memoire sur quelques phenomenes physiques qu'offrent les andes des Cordillieres de Quito et la partie orientale de I'Himalaya. — M. Edwards lit une note sur les contractions musculaires pro- duitespar le contact d'un corps sollde avec les nerfs, sans arc gal- vanique. (MM. Magendie et Ampere, commissaires.) — Du l/j. — M. Jean-Michel Saccati, ingeuieur-geometre a Acqui, adresse a I'Academie un memoire intitule : Contra il nuot'o sistema PlntioCario. (M. Bouvard, commissaire. ) — M. Desyeux fait un rap- port sur un memoire de M. Oroix relatif a un moyen de conserver le beurre frais. Le moyen propose par M. Opoix consiste princi- palement a laver avec de I'eau chaude le beurre nouvellement fait. Sans doute , I'eau chaude enleve mieux que I'eau froide le lait de beurre qui contribue a liiter la rancidite de cette substance, mais elle a rinconvenient de la priver de cette odeur et de cette saveur agreable du beui're recemment fait, et d'en alterer les bonnes qualites. M. Opoix n'a done pas resolu le problfenie qu'il avail propose lui-meme , et de nombreux lavages a I'eau froide sent encore le meilleur moyen de retarder la rancidite du beurre. PARIS. 295 L'Academie ne peut done approuver le travail de M. Opoix ; mais elle I'engage a de nouvelles recherches que sans doute il est bien eu etat d'entreprendre. — M. Matliieu lit un rapport sur im instru- ment de perspective propose par M. Boscart , officier d'artillerie. Sans porter un jugement definitif sur I'invention de M. Boscary, I'Academie I'engage a coniinuer un travail dont il s'est deja occupe avec beaucoup de zele. — M. de Humboldt acbeve la lecture de son memoire sur les andes de Quito et I'Himalaya. II fait preceder cette lecture d'observalions verbales concernant des rapports tres-reniarquables entre la hauteur nioyenne des cretes ou lignes de faites et les points culminans, dans les principales chaines de I'Europe, de I'Amerique et de I'Asie. — M. Cuviek lit un memoire sur le myri- pristis , nouveau genre de poisson de la famille des perches, remar- quable par la connexion de sa vessie natatoire et de son oreille. — M. Auzoux presente une piece d'anatomie artilicielle, et lit una note a ce sujet. ( MM. Portal et Duineril , commissaires. ) — M. Ba.- BiNET lit un memoire dont Tobjet est d'exposer une nouvelle me- thode pour determiner les masses des planetes.. ( MM. Legendre , Bouvard et Mathieu, commissaires.) — Du 21. — Le commodore Krusejcstern adresse I'atlas de I'ocean Pacifique , avec des menioires qui y sent relalifs. (M. de Rossel, pour un rapport verbal.) — M. Girard, ingenieur des ponts-et- chaussees, adresse un memoire sur la composition de nouveaux mortiers hydrauliques et sur la theorie geuerale des mortiers. — M. de HuMBOLUT adresse une nouvelle section verticale du sud de I'Allemagne ct de toute la France, depuis la for^t Noire jusqu'a Paris, fondee sur im nivellement barometriquc de MM. d'Oyelausen, Laroche et Decheux , ingenieurs du corps des mines de Prusse. M. de Humboldt a fait placer a cote de ce jirofil de la France, son profil de I'Espagne. — L'Academie recoit d'un anonyme un manuscrit intitule. Traite du calcul hyper -arcliisophique et du calcul olopalingene par M. AsTKOPHii-iUMOs. (M. Cauchy, com- missaire. ) — M. Lamoukoux adresse un memoire sur une nou- velle classiGcalion du regne animal. — On communique une letlre de M. Bredin, dirccteur de I'Ecole vettrinaire de Lyon , sur les os d'elephans deterres pres de celte ville. — M. Caucliy fait un rap- port sur le memoire de M. Brisson intitule : Nouvelles recherches relatives au calcul integral des differeiitielles partlelles. Les con- clusions de ce rapport ne sent pas adoptees par I'Academie. — M. CuviER lit un memoire sur des poissons d'eau douce de Tlnde 296 FRANCE. qui ont la faculte de vivre long-tems hors de I'eau , et sur les or- ganes qui leur procurent cette faculte. — M. Guix.lem.vin lit un raemoire sur le pollen des plantes et sur la generation des vegetaux. ( MM. Desfontaines et Mirbel , commissaires. ) — duaS. — M. DE HuniBoinT preseiite a I'Academie, au uoin de MM. Noggera et Bischof , professeurs de chimie et de mineralogie a I'universite de Bonn, I'echantillou d'une masse de fer meteorique ( du poids de 3, 400 livres ) , trouvee a Bitburg, pres de Treves , au haut d'une coUine. Elle renferme du nikel et da soufre, mais point de chrome et de carbone. — M. Geoffroj Saint-Hii-aire met sous les yeux de I'Academie la t(5te d'un poulain monstrueux , n^ deux jours auparavant dans I'hopital de I'Ecole royale d'Alfort, et qu'il. a disseque avec M. Serres. Cette t^te, dont la partie gauche etait beaucoup plus volumineuse que la partie droite, ne presentait a la premiere vue dans I'interieur du crane aucune trace de trous et de iierfs optiques, quoique les yeux fussent en apparence bien confor- mes. M. Geoffroy annonce que M. Serres se propose, au moyen de travaux comparatifs sur les yeux de la taupe et de quelques ron- geurs, de donner la clef principale de ces anomalies et de les ex- pliquer par les regies ordinaires de I'encephalogenesie. ■ — On lit unc note communiquee par M. de Ferussac au sujet de I'animal de \' Ar- goiiauie. — M. Gaudin, professeur de mathematiques a Nantes et ancien eleve de I'Ecole polytechnique , ecrit a I'Academie pour lui presenter son ouvrage qui a pour obj«t le developpement d'une pensee de d'Alembert sur la nature des quantites negatives. — M. Traulle lit un memoire intitule : Apercu sur le deluge , sur ses consequences , sur la cause qui I'a produit , et sur la presence, dans le nord des deux continens, des ossemens des animaux du midi ( MM. Brochant et Beudant , commissaires. ) — La section de me- decine et de chirurgie presente les candidals suivans pour la place vacante par la mort de M. Percy. Chimrgiens : MM. Larrey, Riche- rand et Roux , ex ocquo ; Dupuytren et Jules Cloquet. • — - Medecins : MM. Alihert, Serres et Desgenettes. L'Acaden-.ie discute le merite des candidats. A. M— t. — Seance anwielle des quaere Academies, presidee par M. Ray- KouiiRD ( Dimanche a4 avril i8a5. ) — Cette solennite litteraire , institute par le feu roi , pour celebrer I'anniversaire du jour de sa rentree en France, consacre le rctablissement des anciennes v/crtc/e- mies, dontlenom, confondn desormais avec celui d'lnstitut , ajoute a tout I'eclat dc cette illustie cor])oration la splendeur dont elics PARIS. 297 OVaienl brille depuis Louis XIV, elle realise en menie terns , par la reunion des quatre Academies, dont chacune paie son tribut dans cette seance, la grande et belle pensee de Bacon : I'unite des sciences et des arls ne fornsant qu'une seule famille. M. Raynouabd , secre- taire perpetuel de I'Academie francaise et president de TAcademie des inscriptions et belles-lettres , a ouvert la seance par un discours dans lequel il a d'abord rendu hommage a la memoire du fondateur de cette fdte annuelle, « ce prince que les lecons du malheur avaient prepare a la gloire de regenerer I'antique monarchie et de renou- veler, par des institutions, auxquelles son nom restera si noblement uni, I'alliance du trone et des liberies publiques. » Citant ensuite les paroles de Cbarles X qui « a regarde la mission de devenir le protecteur de I'lnstitut, comma une noble portion de I'heritagede son auguste frere, » M. le president rappelle que ce prince qui avail autrefois invite nos muses a celebrer le heros qui peril dans les flots de rOder, victime deson devoument pour riiamanile, vient aujour- d'hui, a peine monte sur le trone, d'honorer dans la famille de I'au- teur du Cid et des Horaces cette gloire lltleraire qui survit a tant d'autres gloires. « Charles X , dil M. Raynouard , s'est empresse de venir au secours des descendans du grand Corneille , el il a mis dans ses bienfaits cette effusion de cceur qui ajoute tant de prix a la bien- faisance et surtout a celle des rois. » Apr^sce discours, ecrit avec dignile et oti Ton a remarque celte force de pensee et cette noblesse d'expression qui caracterisent le talent de I'auteur des Templicrs, M. de Sacj a lu un rapport sur le concours relatif aux fondations de M. de Volney. Les deux prix qui devaient dire decernes dans cette seance, sont remis. Tun au s4 avril 1826 , et I'autre , de la somnie de 2,400 fr. , au mcme jour de I'annee 1827. M. Naudet, membre de VAcadimiedes inscriptions et belles-lettres , a lu ensuite un exlrait de Touvrage qu'il se propose de publier sjir la pocsie latine , et en particiilier sur le theatre des Remains. Ce mor- ceau , resultat de profondes reclierches , offre , dans un cadre dra- matique, quoiqueun peu use, des apercus ingenieux, des observa- tions bien saisies el des traits piquans sur la litterature el sur les TOoeurs des Romalns, au terns de Ciceron. L'auleur suppose qu'un Syracusain, venu a Rome pour reclamer contre les spoliations de Verres , ecrit a un de ses compalriotes en Sicile. Le jeune etranger critique avec esprit les arts et le tliefttre des Romains ; cependanl , il accuse moins le genie des auteurs que le goiit et les prejugcs d'un 298 FRANCE. peuple qui prefere , a la representation d'uii ouvrage dramatique, les combats des ours et des leopards, et qui n'accorde que le mepris aux artistes qui prtHent leur talent aux jeux de la sctne. On sail , en effet , qu'une des meiUeures pieces de Terence, Heycira on la belle- mere , ne fut point achevee , parce qu'au milieu de la representation on aunonca un combat de gladiateurs , et que les speclateurs, aban- donnant aussitot le theatre, courureut en foule prendre place au cirque. Autre terns , memes moeurs ; au milieu du progrfes des lu- mieres et de la civilisation, dans le xix" si^cle, ne voyons-nous pas chaquejour I'clite de la societe deserter les chefs-d'cEuvre de Racine et de Moliere , pour courir aux treteaux des boulevards , s'enthou- siasmer aux tours de force des Alcides francais et aux gambades d'un habile sauteur, sous la figure du singe Jocko. Non-seulement , a Rome, les acteur.i etaient exclus de la societe et places hors de la loi commune, au point quele nioindre magistral pouvait , au gre de son caprice, les fairehonteusement fouetter de verges ; rnais I'orgueil de I'aristocratie romaine opposait encore a I'art dramatique des obstacles insurmontables. Le vice titre etait a I'abrl des attaques de la muse comique. II elait interdit aux poiites de peindre les ridicules nationaux , et pour les traduire sur la scene, il fallait les affubler d'un costume et d'un noni etrangers. Ce n'est point aiusi qu'une nation pent avoir un theatre; sans liberte, point d'art dramatique; etcertes, de nos jours, il est facile devoir la deplorable itifluence qu'une censure ombrageuse exerce sur ce genre de litterature, qui avait place la France au-dessus de tous les peuples anciens et mo- dernes. Ce rapprochement n'a point echappe a I'assemblee nom- hreuse et choisie qui composait I'auditoire de I'lnstitut, et Ton a vivement applaudi toutcs les critiques du jeune Syracusain. Digue representant de \ Academic des sciences , M. Fourier , I'un de ses secretaires perpetuels, a lu un Rapi^ort sur les progres et les ap- plications des sciences maihematiques. M. Fourier sail preter aux aus- terites de la science un charme aimable et un laugage attrayant qui se fait ccouter mdme par un sexe qu'effarouche souvent le seul mot de savoir. Ce rapport, plein d'une foule de faits curieux etqui at- testent les progres de la science, a eteentendu souvent avec plaisir et toujours avec intcret. Nous esperons en donner un extrait dans I'un de nos procliains cahiers , ce qui nous dispense d'en faire I'a- jialyse. IS Aca demie des beaux-arts avait charge son secretaire perpetuel de payer son tribut dans cette solennile littcraire, et M. RiouL-Ro- PARIS. 239 cHETTEalu, pour M. QuATREMERE DE QuiNCY, line dissertation sur Vemploi des stijets d'histoire moderne dans la poesie et siir Vabtis de ces siijecs duns In pe'inture. Ce morceau, extrait de la fie de Raphael deja publiee par Tauteur , a parii generalement long et froid. M. Quatremere, qui a souvent des apercus delicats et de la finesse d'observation, et qui saisit liabilement les nuances que presentent les sujets qu'il traite , abuse aussi parfois des antitheses de njots et de pensees, et se laisse trop souvent aller a des subtilites qui , quoi- que spiiituelles, n'en deviennent pas moins fatigantes, parce qu'elles se reproduisent sans cesse et a tout propos. II est des verites qu'il suffit d'indiquer et qui ne component point ramplification acade- mique. S'il est reconnu , par exemple, suivant le precepte d'Horace, tit piciura poesis , que la poesie et la peinture doivent avoir le mdme but, celui d'iuteresser et d'emouvoir, personne ne conteste les dif- ferences qui doivent exister dans le clioix des sujets qui conviennent a ces deux arts. La poesie est rimitatlon du coeur liumain; elle peint surtout I'interieur de rhomme, tandis que rinriitation des formes, le 'visible , en un mot, est le domaine de la peinture. II est certain , d'un autre cote, que le nu qu'admettent les sujets de la mytholcgie et les costumes des terns heroiques de la Grece et de Rome, sont plus favorables a I'art du pinceau que les personnages modernes qui n'offrent , pour ainsi dire , que des accessoires de costumes , au prejudice de la beaute des formes. Et comine d'ailleurs, dans les sujets trop pres de nous , I'imitateur a Tobligation d'une sorte de fidelite qui tend a remplncer I'effet de la fiction par I'effet de la realite, et la creation de I'inventeur par Taction du copiste, on doit en conclure que, sans proscrire les sujets nalionaux, le talent doit se former de preference a I'etude de I'antique. Certes , la regenera- tion operee par notre celebre David et les succ^s de Tecole qu'il a fondee, avaient bien victorieusement prouve la verite de ces prin- cipes , avant que M. le secretaire de 1' Academic des beaux-arts prit la peine d'en faire I'objet d'une dissertation. La seance a ete terminee par M. Daru , de V Academie francaise. — L'elegant traducteur d'Horace, d'une voix d'abord emue, mais bientot accentuee par un debit rapide et anime, a recite de memoire un discours en vers sur les facidtes de Vhomine. Un admirable cha- pitre des Pensees de Pascal (Art. iv , premiere partie ) a fourni au poete lesujet et les principales idees de cette epitre, souventremar- quable par des mouvemens poetiques, des images frappantes, des details bien rendus et une force de raisonnemens, qui, sans avoir 3oo FRINGE. toiite la profondeur du grand ecrivain de Port-Royal, n'en atteste pas mollis dans M. Daru un talent exerce aux plus hautcs questions de la philosophic et de la morale. Le poete commence ainsi : L'liomme uVst qu'uu roseau, nous dit dans sa colere Un sublime reveur, pleux atrabilaire; L'liorDmc n'est qii'un roseau, mnis uq roseau peosant. Qu'cst-ce done que penser? sentir? — La brute sent. Retenir? — Elle appreiid. — Jiiger?- — Ellc combine; Au gre de ses besoins elle se determine. Dans un cercle trace par d'immuables lois, Soumise a la nature, elle ecoute sa voix. Par cette voix , dit-on , les brutes eont guidees : Elles n'ont que I'instiuct. et I'iiomme a ses idees. Je le Teux; mais, enfin, de qui les tenez-vous? De Tos sens. Et la brute a des sens comme nous... L'auteur refute ensuite le systfeme de Descartes. On a vivemeut applaudi les vers suivans : ' Le castor est prudent; I'abellle est prevoyante; Le coursier reconnatt uue main caressaute; Le chieu suit, vers la tombe un maitre infortune , Par des enfans ingrats peut-etre abandoune. Decrivant tour a tour I'organisation physique et morale de- rhomme , sa puissance et sa faiblesse , sa grandeur et sa misere ,. le poete poursuit : Au-dessus de la terre elever sou genie; Des mondes radieux compreudre I'liarmonie; Conquerir la nature; avec de f.iibles yeux Observer un insecte et mesurer les cieux; Redesceudre en soi ineme; interroger son etre; Se sentir tourmente du besoin de connaitre; Gardien du tresor par le tems amasse, Trausmettre a I'avenir les lerous du passe; Se former des vertus une image clierie; Connaitre des devoirs, des lois, une patrio; Sender de ses regards I'espace illimitc, De la source des tems jusqu'a I'eteruite; Et, toujours s'elevant de probleuie en problemc , Arriver jusqu'aux pieds du crealeur supreme : Vuila I'etrc anime par le souffle dlvin, ■ ' " PARIS. 3oi Xa puissance de rhotnme et son noble destiu. Mais, helas! au milieu de toutes ces merveilles, Dans I'orgueil du triompbe obtenu par ses vcilles, Tandis qu'il lit au front des astres etonnes Les mouvemeus futurs qui leur sout ordounes , Que fautil a ce rol de la terre soumise Pour tomber au-dessous des brutes qu'il meprise ; Pour que de la raison s'eteigne le flambeau? Qu'un pen de vin fermente en son etroit cerveau , Qu'un abject animal de son ecume immonde Alt souille cette main qui sut peser le monde. Le Toila furieux, troublant I'air de ses cris, Stupide, objet d'effroi, d'horreur et de mepris. Quel est done cet esprit, sublime intelligence, Dont le plus faible alome a corrompu I'essence? Comment d'un etre pur, sans organe, sans corps. La matiere peut-elle altererles ressorts? O grandeur! 6 neant! tout dans I'liomrae est mystere. Demandez-donc aussi par quel effct contraire Un etre tout moral, tel que ma volonte. Pent soulever ce bras qui pend a mon c6te? Comment, par quel pouvoir ignore de raoi-meme, Un levier de mes uerfs ebranlc le systeme ; Comment sur ce levier mon esprit pent agir? Mes merobres aujourd'hui sont prets a m'obeir ; Demaia je ne puis plus, par ma fibre emoussee, Envoyer a ma main I'ordre de ma peusee... Apres ce morceau , plusieurs fois interrompu par les applaudis- semens de I'auditoire , M. Daru rappelle les reveries de quelques philosophes anciens; prenant ensuite Neivton pour guide et Pascal pour modele , il s'elance dans la profondeur des cieux. Pascal avail dit : « Que riiomme conteniple la nature entiere dans sa haute et pleine majeste; qu'il considere cette eclatante luniiere, misecornme une lampe eternelle pour eclairer I'univers; que la terre lui paraisse comme un point , au prix du vaste tour que cet astre decrit ; et qu'il s'etonne de ce que ce vaste tour n'est lui-meme qu'un point tres-delicat, a I'cgard de celui que les astres qui roulent dans le firmament, embrassent. Mais, si voire vue s'arietela, que I'ima- gination passe outre. Eile se lassera plutot de concevoir , que la nature de t'ournir. Tout ce que nous voyons du monde n'est qu'un trait imperceptible dans I'ample sein de la nature. Nulle idee n'ap- procbe de I'etendue de ses espaces. Nous avons bfsnu enfler nos :5o2 FRANCE. conceptions, nous n'enfantons que des atomes , au prix de la realite des choses. Cost una sphere iiifiuie , dont le centre est partout , la ciiconference nulle part. .. M. Darn donne a son tour una idee de rimmensite de la creation. Ce soleil , dil-il , N'est qu'uri jjoiut imiDobile, et, sans etre apercue , La terre autoiir de lui uage daus I'ctcudue. Dix globes iiipgaux , daus leur course eraportes , Du souverain des deux recoivcEit les clartes ; Et la fllle d'Herscliell decrit son orbe immense Loin des torrcns de flamme oii Mereure s'tlance... Et pourtant ce flambeau , ce siiperbe geant , Quel est-il ? uue etoile , un atome, un neant; Invisible , perdu dans I'etendue immense, I'our les mondes loiutaius il n'a pas d'existeuce. S'elevant alors jusqu'a la Divinite, le poete terniine ainsi: Cette image de Dieu, de votre bicnfaiteur, Si Ton pent s'en faire une, e'lc est dans TOtre coour. We me demandez point sou nom et son essence ; Adorez sa justice et voyez sa puissance. Jamais vous n'atteindrez, par vos efforts constaus, A celui qui remplit et I'espace et le tems, Seul etre illimitii , seul etre necessaire. S'il demeure invisible au fond du sanctuairc, Si ses mains ont peuple d'etres moins imparfaits Tons ces mondes brillans que sa parole a faits; Lorsque I'eteruite devieut mon heritage, Asscz de gloire cncor de I'lionnne est le partagc. Sensible, intelligent, ne pour la liberie, Sa vie est le travail , son but la verite : Falble , de son gcule il recoit la puissance; Sa sagesse est le doute , ct son bien I'esperance. II ennoblit sou etre , en regardant le ciel ; II y voit sa patrie , et se sent iramortel. . Ce discours , qui rappelle souvent la maniere du pliilosophe de Feruey, et celle du poete auquel nous devons I'Essai sur I'homme, ue peut mauquer d'obtenlr dans le monde litteraire le succes qu'il a merite dans la seance des quatre academies. II vient de paraitre chez Firniln Uidol , rue Jacob, n° 24- Pelissier. SocieCe de geographie. — Stance geiierale annuelle pour le premier -emestre del'annee 1826 ( 28 mars 1825.) En I'absence de M. de Chateaubriand, president de la Societe , PARIS. 3o3 M. Barbie-du-Bocage, president de la commission centrale, occupe le fauleuil. M deFerussac litun rapport, au nomdela commission, sur le concours ouvert relativement aux chaines de montagnes de I'Europe. Elle n'a pu decerner, a litre d'encouragement , que la moi- tie du prix , a I'auteur d!un Memoire qui satisfait a quelques-unes des conditions du programme, mais qui laisse encore quelque chose a desirer. La stance a etc termiu^e par la lecture d'une notice de M. Roux sur le departement du Jura , et par le renouvellement du bureau de la Socicte. M. Chabrol de Volvic , prefet du departement de la Seine, a ete nomme president. Void les sujets de prix mis au concours par la Soclete, pour les annees 1826 et 1827. i'''' pnix : medaille d'or de la valeur de 2,400 francs , qui sera donnee dans la premiere assemblee generale de 1827: Encouragement pour )in I'oyage dans la partie me.ridionale de la Caramanie , contree de I' Asie mineure. — 11° Prix : Medaille d'or de la valeur de 3, 000 francs ; elle sera decernee dans la premiere assemblee generale de I'annee 1826 : Encouragement pour un vojage dans la Cjrcnaique. — iiic Prix : Medaille d'or de la valeur de i5oo francs , qui sera decernee dans la premiere assemblee generale de 1826 : Determinei- la direction des chaines de montagnes dc f Europe , leurs ramifications et leiirs elevations siiccessives dans leiir etendue. C'est cette question que la Soclete remet au concours. — iVe Prix : Medaille d'or de la valeur de 1200 francs, qui sera decernee dans la premiere assemblee generale de 1826 : Recherches sur toriginc des divers peuples repandiis dans I'Oceanie , ou les ties du grand Ocean , situees an sua est du contitient d'Asie. Cette question est remise au concours , depuis 1824- — v<' et vi" PRIX : Medaille d'or de la valeur de 800 fr., et une autre de la valeur de 400 fr. , qui seront decernees en 1826, pre- miere assemblee generale : — Description physique d'une partie quel- conque di territoire francais formant une region naturelle. — VI16 PKix : Medaille d'or de la valeur de 600 fr. (les fonds ont ete faits par M. Benjamin Delessert ) , decernee a la premiere assemblee generale de 1826 : Ilineraire statistique et commercial de Paris au Havre-de-Grace. — villi' PKIX : Medaille d'or de la valeur de 5oo fr. (les fonds sont faits par M. le comte Orloff), qui sera decernee .i la premiere assemblee generale de I'annee 182(1 : — Analyser les ouviages de 3o4 I'RANCE. geographic publies en langue russe, et qui ue sont pas encore tra- iluits en francais. On desire que I'auteur s'attaclie de preference aux statistiques des gouvernemens les plus recules , et qui ont pour oLjet les regions les moins connues , sans neanmoins exclure un autre genre de travail , et notamment les memoires relatifs a la geo- graphie russe du moyen Age. Outre ces liuit prix , la Societe en propose un autre de 2,000 fr. pour un voyage a Toinbouctou etdans Vinterieiirde V Afrique. Ce voyage, du plus grand interet, provoque d'abord par un anonyme, membre de la Societe, qui a depose une somme de 1000 fr. pour y contri- buer, et par M. le comte Orloff , qui a fait don d'une seniblable somme pour le m^me objet, encourage par les ministeres de la marine et des affaires etrangeres, qui contribuent cliacun pour a, 000 fr. , et par le minisl^re de I'lnterieur, qui lui consacre aussi la somme de 1,000 fr. , est I'objet d'une souscription ouverte chez M. Chapelier, notaire, tresorier de la Societe, rue de la Tixeran- derie. On peutsouscrire aussi au bureau de la Societe, rue Taranne, 11° 12. Theatre. — Theatre francais. — Premiere representation de 7"- dilh, tragedie en 3 actes de M. de Comberousse. (Saniedl 16 avril.) — La Judlcli de Boyer fut tuee jadis par une epigramme; c'etait as- surement la faute de Boyer; mais c'etait aussi un pen celle de I'lie- roine de Bethulie. Son histoire ne parait guere propre au theatre ; c'est done une veritable preuve de talent de la part du nouvel au- teur d'avoir su echapper aux ccueils qui s'offraient de toutes parts , et oil s'etaient , I'un apres I'autre, brises ses devanciers. Tout le monde connait le sujet de Judith, et quelques mots feront comprendre les changemens que M. de Comberousse a cru devoir faire aux tra- ditions des livres hebreux pour les accommoder a notre scene- Fatigue des horreurs d'une guerre a<;harnee et d'un long siege, le peuple de Bethulie est frappe d'un profond decouragement ; le roi et le grand pretre s'efforcent en vain de ranimer son antique valeur. Cependant Acliior, I'un des princes attaches a la fortune d'Holopherne, louche de Theroisme des ennemis qu'il a jusqu'alors combattus , abandonne les drapeaux de I'etranger, et vient offrir ses secours aux Hebreux, dont il embrasse le culte. iMais bienlot, malgre cette assistance, sur laquelle ils ne comptaient pas , les habitans de Bethulie declarent au roi qu'il faut ouvrir les portes a Holopherne, quand Judith, fllle du grand pretre, qui a passe quelques jours dans )e jeune et les larmcs , apparait tout-a-coup au milieu de ce PIRIS. 3o3 peupie mutine , couverte encore des habits de la penitence. Son pa- triotisnie parvient a itispirer a cette multitude des sentimens plus genereux. Mais, au second acte , un envoj6 d'Holopherne menace la villa du plus terrible cbatiment, si elle ne se rend a son maitre: femmes, enfans , tout doit perir dans un epouvantable massacre. Le peupie est mointenant resigne <\ soufhir les plus dures extrcmites plutot que de subir un joug infame, et le grand pr^tre ordonne aux levites de faire entendre le cantique de mort. Mais voici qQe Judith, paree de ses vetemens de fete , et toute remplie de I'esprit de Dieu , annonce, dansune extase yjrophetique, accompagneede rharmonie des harpes sacrees , que I'Eternel a choisi sa faible main pour la de- livrance de Bethulie. Elle ne sait encore quels moyens elle doit em- ployer pour achever ce grand dessein; niais elle s'abandonne a I'inspiration qui la conduit, et sort des murs de Bethulie. Au troi- sifeme acte, un assaut a ete livr6 , I'etranger est maitre d'une partie de la ville , et la consternation est a son comble, quand on apprend que Judith elle-meme a trahi la cause sacree du peupie d'Israel, qu'elle a pris part aux fetes de I'impie, et s'est assise a sa table. Pretre et citoyen plus encore que pere, le pontife desespere lance sur Judith sa malediction paternelle, lorsque Judith elle-meme parait et annonce que Bethulie trioniphe et n'a plus d'ennemis. On sait qu'au theatre Tinterdt qui ne s'attache qu'au salut d'une ville est necessairement faible, et ne saurait remplacer cette deli- cieuse emotion produile par la sympathie qui s'etablit si naturelle- ment entre les spectateurs et un personnage. M. de Comberousse ne I'ignorait pas; mais il a cru sans doute que les sentimens d'un bru- lant patriotisme , I'enthousiasme sacre qui d'une faible femme fait le sauveur de tout un peupie , ce mouvement d'une multitude tour a tour ardente et abattue, soumise et revoltee , occuperaient suffi- saniment la scene pendant trois actes ; tout cela pent fournir de beaux vers (et il y en a beaucoup de beaux dans la piece de M. de Comberousse), mais ne fournit pas une action; et Ton ne saurait trop repeter qu'au theatre rieu ne peut tenir lieu d'actioii. L'auteur, connu par de jolies comedies, mais dont Juda'i est le debut tragique, a montre beaucoup d'adresse a presenter au spec- tateur certaines parties de son sujet qui offraient de veritables diffi- cultes; sous ce rapport, le recit que fait Judith de la mort d'Holo- pherne merite beaucoup d'eloges; le chatinient de I'ennemi du peupie d'Israel est tout entier I'ouvrage d'un Dieu venceur, et la Ijb^ratrice de Bethulie, instrument involontaire de ses eternels des- T. XXVI. — .■4i'n'l 1825. 20 3o6 iRANCE. Aeiiis, io FRANCE.— PARIS. j,'aiie s'aiiinier en qiielque sorte pour nous faire comprendie son mode d'<3tre , le mecanisme de ses fonctions et I'iinpoitance qu'il avail dans I'ecoiiomie : c'etriit le dieu de la medecine revelant les secrets de la creation. Digne emule de Bichat , il ne lui maiiquait pour imprimer et repandrc des Prospectus et dcs Annonces <;('ouvrag(s, devronl les envo.yer, francs dv port,au Bureai; cen-. TRAL DE LA KeVUE EnC YCLOPEDIQDE, KXJE d'eNFER-SAINT-MICUEL, n° 18, avant Ic j5 du nrois (i). OUVRAGES FR.iNCAlS. 17. HISTOTRE PHYSIQUE, riVILE ET MOHALE DES Ei\- VIHONS DE PARIS, dcjyuis les jjrcniiors terns co>i7ius jusqu'd nos jours; coiilcuant I'liistoira et la description du p;iys et dfi t'Jus les liicux remarquablcs compris dans Ic rayon de 25 a 5o licues julourde la capilale; enrichie d'une belle carte des environs de Paris , et de beaucoup de gniTures , represen- tant li's prineipaux edifices, tcis qu'egliscs, paiais , chateaux, mii- sons de. plaisance , eanaux, vues pilloresques, elo. , elo. ; par J . A,. DuLAiBE , do la Sociele royalc des antiquaires de France. Conditions dc la Souscriflion. L'Histuiie , physique et monilB des environs dc Paris lera environ 5 volumes in-S, ct se puhliera par Jivraisons. Deux livraijons forrup- ront un volume in-8. II en sera tire cinquante excniplaires sur pa- pier velin, auxqiicUon joindra des figures avant la Icllre. 11 en parai- tra une livraison par mois. La pre- rhiere a paru. Le prix de cbaquc livraison est de 7 t'r. 5o cent, papier fin, et dc 1;') I'r, p:ipicr velio, pre- rnieres epreuves. Les exemplaues de soiiscription seroutdelivres dans Pordre du tirage des s^ravures , de nianiere que les premiers souscrip- leurs serodt surs d'avoir les jire- Miieres epreuves. On souscrit en se faisant inscrirc, et en payant d'a- vunce 7 I'r. 5o cent., im])ulal)lessur le jirix de la derniere livraison. 11 Taut payer 76 cent, de plus par elia- que livraison , pour les recevoir I'j-anchcs de port. La t-oji^criptiyn est ouverte a Paris, choz les librar- rcs GcitLAUME, edileur, rue Uaute- I'euillc, n. i4 ; P. Cobnbilie , rue de la. Fcuillade , n. 4 ; Pontiiiku, au, Palais-Royal, gnleries de bois. Avis impnrtanl. Nous invilons Ics proprielaires di; chateaux dans Ics environs de Paris, les savans , les litterateurs, en un nn)t , tous les amis dc la science historique et des arts , ^ nous transmetire les renseigne- mens qu'ils croiront pouvoir 6trc utiles a notre enlreprise , soil pour le texte , soit pour les gravurcs. Nuus les accueillerons avec em.- pressemcnt. iS.TRISTAN LEVOYAGEUR, ou ill France au xiv siiolc ; par M. dc Mabcuancv. Prospectus. Presquo Imites les IHtoratiirps etranf^eres porteoll'empielnte d'uri caractere national ; leurs eciivains s'appliquent a rccuedlir , couimc dc precieux debris sauves du iiaii- (Vage des leais, les croyances. les usages, les traditions, et tout ce qui peut servir a conslater la vie privce et les niceurs dcs vieux sie- (i) On sou'irril a la ni£n:c adrc.s.'^e pour ce Reriieil, dont il par.iit un c^ihicr do qiialoizc I'liiilles d'inipicssion :iu moiiis lous Jcs inois. Piix, a Parl.« , !fi fr. pour laiiucc; ilaiis !cs ilcparlcintus , 63 IV,; daus les pnjs elrangxTS, (Jo fr. (3) eles. lis ne dt'd.iigiipiil pas niiime Ics fahlfH et \cx prejiigcs qui, se fondant par degrcs dans le carac- terc, les liabiludes, la poesic, les loi» ct la religion d'un pcuple , ne peiivcnt Olrc elrangcrs a son his- toire. C'c^t principalemcnt i ce cliarme, a - I'ois liislorique, rcll- gieux et moral , que Walter Scott uoit la (aveur dont il jouit , malgre la lenleiir manotone de certaines parties do ses romans. Les Fran- ^ais, plus riches peut-etre encore que les aulres peuplcs , puisquo lo moyen 3ge dc leur hisloire est qne source inepuisable de pratiques ex- traordinairea , de superslllions in- genues, d'instilulions naives , de fables nnlionales et de coutumes pleincs d'interet ; les Francais, di- sonsnous , sent restes en arri^re de leurs voisins dans ce genre de litle- ralure patrimoniale, qui reveille li;s senlimens par les souvenirs , ct jionl la lecture seduisante nous p6- uctre et nous saisit comme la vue 1 u- llautefcniUe , u" i'a. — ' ■, i'ARI.S. — ^])E I.'lMl'RIMlUlF 1)1' r, ii;m : \. nif dos H'rancs-IIiHiri^rois-S.-Miflit'l , m^ ^. a6* VOLUME. 77° LfVRAisoir. REVUE ENCYCLOPEDIQU on ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES D.ViSS LA UTTERATCKE, tES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour les Sciences physiques et mathematiques ct les Arts industriels: MM. Ampere, Ch. Dupin, Cbaptal, Focrier, GiRARD.NAviER.de I'lustitut; C. CoQUEREt, Ferry, Frawkoeur, Le Kormaku, A. Michelot, de Mont- GERV, MOREAU UK iOSvks, WaRDEM'. 2," Pour les Sciences naturelles : MM. de Lacepede , GEOFFROY-SAtHT- Hii.AiRE,del'In.stitut;BoNArons, de Tuiiu;BoRY be Saint-Vincent, Desma- iiEST, V.AuDOOin, BRo:fGiriART £ls; Flocreks, I).-M. ; V. Jacquemont, etc. 3" Pout les Sciences merlicales : MM. Adelon, Bai,ly,Damirok , G.-T.Dom, DnPAD, EsQtriRot, Georget, MAGEKniE, ORtiLA.RiGOLr.oT Ills, D.-M., etc. 4" Pour I'es Sciences philosojildqucs et morales, politiques , giogiapkiques et hisloriques :M.^. Lakjuinais, de I'lnstilut; M. A.Jui-men, de Paris;UEGE- RANDO,Ai.EX. delaBoriie, de I'tDstiliit; AcouB, Abkee, Artattd, Avkhet.; Bervillp. , avocat; Barbie uu Bocage, de I'lnstitiit; A. Becgbot; Champol- LfON-FiGEAC, correspoudant de I'lnstitiit; CnAMroLLioif jeiine, Deppisg; CrIVELI.I, A. PCFRAYER, DuPlN AINE, DuFAU, DcVERGIER, GdADET, BoC- i:,iiENE-LtFER,Doi;Bi.ET-DE-BoisTHtEAi;LT, A. Taili-anuier, avocats: Anieileo Jadbert; JoMARi),de I'lustitut; Lapfon deLadebat, Alex.Lamei u, P. La>jI, Massias, J. Mauviei,, a. Metral ; Meyek , d' Amsterdam ; Parent-Reai., PocQCEViLtE; CIi.Renocard, avocat; EusEBESAi.y,ERrE,J.-B.SAY, Sismosde DE SlSMOWDl, STAPFER.ScEBR-MERI.tJt. 5"* Pour, la Litterature francaise et etiMigere, \a, Libliographie ,\'Archealogie n les .fifaui-^ifAff MM. " Andriecx, AmacRy-Ddval, Emeric David. Lemercier'', liEi&EJcR* dc rinstitut; Barbier, ancien conservateur des Mblio- theques du^oi ; J.-P. Bres, AtPH. Mahcl; Ph Colkery, de Colmar ; KirC- KHOFF, D.-J.I,, d^'A!ive'rs;M. BiAjjcHi, ii" : ic, E. Hereat, IIehrichs, M. BERR,FEyx'BoDtW,BuCHON:CARRl' ChAPVET; CHP.irEDOI,I,E fils, dcLref:e;'J..T)ifo/i DuMERsAN, Ed. (', ^ r ( .oepp.Heiberg, Krafft V.l-ECT' I ' "s , MARRpMjiVlAzois ; Ch. iVIoNMARD, deLausanne; A.nE".: ' !*otn.o,' PAif::^, Pellissier , PosGERviLtE. QuE- TFitT. , . .. . ^-- .^...o, u^Stassa'rt, deBruXClleSi>I'"R.SAI.FI;SCH«lTZLER; •ScHNM icH F.iiSBR Jjls.de Strasbourg;. Leok TwiBsSfi, F. Tiasoi, Y«aDXca,etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA I\EVUE ENCYCLOPi^DIQUE , l^ue d'Enfer-Saint-Michel, n° i8; ARTHL'S BERTRATS'D, rue HauleiVuiile, n° 28; Au MusiBENCYCLOPEDiQuEjCHisz Boss ANGK p^re,rue JRichelicu , n°Go; Renouard, rue de Tournon, n'.fi; LONDRES. — Theuttel et Wurtz; Boss.vkge; Dujlad et comp. m^ AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. tES SOUSCRIPTEURS doRt I'aBONNEMENT EST EXPIBK 1-E i" JANVIER, son t invites a le faire renouvelkr tres- INCESSAMMENT, pouF quc le service des envois n'eprouvu aucua retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier iSrg, il parait, par aiinde, dou/.e caliier* de ce Recueil; chaque caliier , public le 3o dn inois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression. On souscrit a Paris, au Bureau central et abonnement el d'expidition iodique sur le litre. Prix de la Sonscription , a partir dn \" Janvier i8a4. A. Paris 46 fr. pour uii an; 26 fr. pour six inois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger ...... 60 34 La difference entre le prix d'abonnement , h Paris, dans les departe- mens et dans Tetrangcr, devant dtre proportionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive porlee ci-dessus. Le montant de la sonscription, envoyd par la posie, doit 6tre adress^' d'avance, frakc de port, aiusi que la correspondance, au Directeur de la Reviie Rncyclopidique , rue d' Enfer-Saint-Michel , n" 18. C'est A la ra^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de toas genres et le» gravures qu'on Toudra faire annoncer, aiusi que les articles dont ou d^sirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les Dlrectenrs des posies et chez let principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment «n volume. Cliaque volume est termini par une Table des matiferes alphabetique et analytique, qui iclaircit et facilite les rechercLes. Cett Table est toujonrs jointe au r" caliier du volume suivant, a I'exception de la dcrnifere Table de I'ann^, qui estexpediee isol6ment a tons ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement h partir de deux epoques, du i" Janvier o\\ du i" juillet de chaque annee , pour six mois , ou pour un an. On trouve, au BUHEau CEifTRiL , les collections) des annees 1S19, i8ao, 1891, i8ai et i8a3, au prix de 44 franci chaque ; et celle de i8a4 su prix de 4fi fr«ne». REVUE ENCYCLOPEDIQUE, OIJ ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LKS PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERA.TURF, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1 MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE SUR LA VILLE D'AIK, EN SAVOIE, ET SUR SES EAUX THERMALES, Avec un Plan lithographie des Bains d^Aix (i). I. Sites et localites. II est peu de villes aussi favorisees par la nature que Test Aix en Savoie. La fecondite du sol, la salubrite de I'air, la bonte des alimens, les plaisirs qu'offrent une societe choisie et une admirable campagne, des sites enchanteurs, des prome- nades charmantes, enfin I'abondance et la qualite des eaux ihermales font de ce sejour un des plus agreables de I'uuivers. (i) Voy. la Notice sut les etablissemens ikermaux des Pyrenees, Her. Enc. , t. xm , p. 2fi8. T. XXVI. — Ma: iS-/.i>. 21 3i4 NOTICE La ville d'Aix est situce dans la vallee qui s'etend de Cham- bery a Geneve, et qui se prolonge, d'une part, a Grenoble dans le Gresivaudan , et de I'autre, snr le lac Lonian et dans le pays de Vaud. line belle route de poste y conduit, et les voyageurs trouvent a peu de frais des voitures publiques pour y arriver, surtout dans la saison des eaux, qui commence des les premiers beaux jours de mai , et qui dure jusqu'a la fin de septembre. En partant de Geneve, un jour suflit pour aller h Aix ; il faut un jour et une nuit, lorsqu'on part de Lyon. Dans ce dernier cas, on doit partir de preference le soir, non-seu- lement parce qu'on a plus de facilite pour subir la visite des douaniers, au pont de Beauvoisin; niais aussi pour traverser durant le jour la belle contree qui commence des cette ville. n On sait deji ce que j'entends par un beau pays, a dit Rous- seau, dans ses Confessions. Jamais pays de plaine, quelque beau qu'il fut, ne pariit tel a mes yeux; il me faut des torrens, des rochers, des sapins, des bois noirs, des chemins raboteux a monter et a descendre, des precipices a mes cotes qui me fassentbien peur (livre iv) «. Telles sont les vues pittoresques que Ton ne cesse d'avoir, depuis le pont de Beauvoisin jusqu'a Chamb^ry. On traverse la Ckailles , ou la belle route faite par les Francais regne sur le p enchant dune montagne qui senible avoir ete dechiree violemment pour la separer de celle qui lui est opposee. Entre ces deux montagnes est un gouffre affreux; on y admire le Guiers , petite riviere qui roule ses flots ecu- mans au fond du precipice. Rousseau dit qu'il se plaisait a ad- mirer ces escarpemens, a y lancer des pierres qu'il faisait bon- dir sur la pente rapide des rochers, et a contempler, des heures entieres, ce bouleversement de la nature, jusqu'a gagner des vertiges. Plus loin , on suit la nouvellc route des Echelles : c'est une grotte creusee dans les rochers, a travers la masse d'une mon- tagne a pic. Le jour n'est sensible que par les reflexions de In- SUR LA VILLE D'AIX , EN SAVOIE. 3i5 miere qui ont lieu aux deux ouvertures. Ce bel ouvrage, du a Napoleon, fut termine en i8i3 ; le gouvernement de Savoiea fait achever la superbe rampe qui conduit al'une des entrees et qui semble etie suspenduepar les fees au milieu des airs. Enfin, en anivant pres de Chambery, on trouve, sur le bord meme de la route, la superbe cascade de Saint- Cassin, dont Rousseau fait une description si vraie; car il faut parcourir ce pays pitloresque , les Confessions en main. « La montagne, dit ce pliiiosophe, est tellement escarpee, que I'eau se detache net et tonibe en arcade , assez loin pour qu'on puisse passer entrela cascade et la roche, quelquefois sansetre moiiille : mais, si Ton ne prend pas bien ses mesures, on y est aisement trompe; cqr, it cause de I'extreme hauteur, I'eau se divise et tombe en poussierc; et lorsqu'on approche un pen trop ce nuage, sans s'apercevoir d'abord qu'on se niouille, bientot on est tout trempc. » Lorsqu'on arrive de Paris par Dijon et Poligny ou Lons-le- Saulnier , et par Geneve, on traverse le Jura, et Ton a le spec- tacle de beautes sauvages d'un autre genre. Les environs d'Aix presentent beaucoup de promenades char- mantes, et les etrangers que la maladie n'empeche^oint de mar- cher occupent leurs loisirs a parcourir la contree. On trouve k bas prix des voitures legeres qui servent a franchir les dis- tances; on pent aussi louer deschevauxou des anes pour faire ces excursions salutaires. L'admirable campagne qui entoure la ville est un sujet inepuisable de contemplations; et, de quelque cote qu'on dirige ses pas, surtout si Ton ne craint pas de gravir les rochers et les montagnes, on pent, en abandonnant sa marche presque auhasard, trouver entre deux haies vives, i\ I'ombre des noyers et des chataigniers, un exercice agreable et des vues tres-pittoresques. La vallee dans laquelle est situee la ville d'Aix est comprise entre deux chaines de monlagnes a pic, parallelcs , allant oiir aller d'Aixa I>yon par cctte voic. La colline de Tresserve, oii est situe un batiment, nomme, je ne sais pourquoi , la Maison du diable , est une des promenades les plus agreables du pays. De tres-belles alleesy conduisent, le long d'uu ruisseau linipide qui court en melant le nnirmure de ses flots aux gazouillemcns des oiseaux de la prairie. II y a encore pres de la ville une promenade, nommee le Gigot, a cause de la forme triangiilairc de sou plan ; une allee de superbes peu- pliers, qui a plus de 800 toises de longueur, conduit au lac du Bourget, ou Ton pent se promener en bateau. On fait volon- tiers la traversee du lac pour visiter, sur I'autre rive , le pied du Mont-du-Chat, le hameau de Bordeaux, I'abbaye d'Haute- comble et la fontaine intermittente qui, surtout en ete, a sou- vent le caprice de se refuser aux prieres des voyageurs venus pour etre temoins de ses singulicrs paroxismes, et de ne temr SUR LA VILLF, D'AIX , EN SAVOIE. 3i7 aucuii compte de la peine qn'ils ont prise de visiter scs uaiades. Lorsqu'on ne craint pas de s'cloignei- de la ville, on va aux montagnes de la Chartreuse, cii passant par ]es Echelles, el Ion so rassasie des bcautes sauvagcs de ce desert : o;i bien on fait, aupres de Chambery, un peleriiiage aux Charmettes que le philosophe genevois a rendiies celebres ; on y inscrit son noni sur uu livre presente aiix elrangers, trisic rccueil de sot- tises et de vaniles, ou Ics uns peignent leur entliousiasme pour ce beau genie, et Ics autresl'oiitragent par esprit de parli. On peut encore, non sans fatigue et meme sans quelque danger, gravir le ISivollet ou la Dint-du-Chat, sommets d'ou Ton de- couvre les circuits du Rhone, la plus belle campagne et memo la ville de Lyon, quand'le ciel est serein ; I'amafeur de la na- ture y trouve une multitude de plautcs alpines et d'insectes rares : il peut encore aller voir, pres des Ranges, un lac son- terrain fort singulier. Une des excursions les moins fatigantes est celle de la Cas- cade de Grf^sy. Dans un dechirement de la montagne, nn toi-- rent roule ses eaux et s'elance sur un fonds boulevcrse, an milieu des rochers et des precipices : I'onde chassee dans des sens divers, et violemment heuitee, va se briser en ecunie sur les picrres, et tournoycr dans les puits crciises par la nntni'e. Des moulins construits sur les rives, en donnant aux eaux des directions diverses, ajoutent encore au sj)ectaele que presente cette espece de gouffre. Le sentiment melancolique que jette dans I'ame la vue d'un monument funebre eleve an milieu du torrent, et Tinscriplion touchante qui avertit le curieux du danger qu'il court, donnent au paysage une vie dont on ne peutexprimer I'effet. Ces lieux ont ete temoins, en i8i3, d'un malheur dont un marbre est destine a consacrer le souvenir. ].a reine Hortense visitait cetle cascade et etait accompagnee de I'.i"^'" de Rroc, dame du palais. Forcee de passer sur une planche que la mousse et lo frottement des eaux avaieiit renj- 3i8 NOTICE due glissantc, ct repugnant h s'appuyer fernicnKiit siir le bras d'un meunicr qui la guidait, M™<^ dc Broc glissa et disparut dans les flots. Les secours qui lui fureut prodigues trop tard ne purent la rappeler a la vie. On a depnis pratique un esca- licr solide qui pcrniet de desccndre sans danger sur le theatre de ee douloureux evenement, et luie balustrade en fcr iixec aux rooliers, ne laisse plus aucune erainte an spectateur qui vient admirer I'epouvantable fracas des eaux dc la cascade. De tons cotes I'etranger trouve dans Icshabitans une grandc bienvcillance. Le Savoyard est bon et honnete, cordial et hos- pitalier; on n'a point a craindre d'etre vole ou ranconne; et bien que mes effets et mon argent fussent souvent abaudounes sans precaution, je n'ai jamais eu a nie rcpenlir de ma con- fiance. L'habitant sait que les voyageurs laissent en Savoic Icur argent, que la prosperile du pays lient a ce concours qui donne de la valeur aux riehesses du sol, et il se monlre atlen- lif et rcconnaissant. Mais, dans ces contrees si pittoresques, le voyageur est souvent fatigue par les instances des mendians : presque tons les enfans sont eleves a demander I'aunione, et il semble que la mendicite, presque inconnue sous le r-egime francais, prenne en Savoie plus de force chaq ue annee. On vient d'etablir, dans un tres-beaii local, uu salon de reunion oil, pour une contribution annuelle modique ( i5 fr. pour les hommes, 8 fr. pour les dames), on pent aller a toute heure du jour. Ces assembk^es sont fort agreables; on y fait de la musi- que; on y joue au billard , aux cartes, aux echecs, etc.; on y trouve divers journaux ( le Moniteur, la Revue Encyclopc- dique, le Journal des Debats, etc.); des bals tres-bien ordon- nes ont lieu tous les dimanches, et une petite salle de spectacle permet d'y jouer la comedie et I'opera. Les etrangers, au mi- lieu des soins qu'exige leur sante , ne peuvent trouver un mo- ment d'enntii ou de desocuvremcnt. SUR LA VILLE D'AIX , EN SAVOIE. iig II. Des eaux thermales el cle la maniere de les ddrninistrer. Comme la ville d'Aix est construite sur le penchant d'une coUine assez i;apide, les eaux chaudes qui jailllssent des rochers peuvent y etre employees immediatement, sans qii'on soit dans la necessite de les elever; on n'a pas non plus besoin de les cchauffer ou de les laisscr refroidir, comme on le fait k En- ghien, a Bourbonne et dans d'autres lieux; car leur tempe- rature est celle qui convient au mode qu'on suit dans leur administration. Pour donner au jet des douches la hauteur fa- vorable aux differentes maladies, il n'a fallu que creuser Ic terrain afin d'en abaisser le sol au degre desire. Le batiment royal ne sert qu'aux douches et aux bains de vapeurs; les bains domestiques sent portes a domicile ; on les prepare quelques heures d'avance, pour que I'eau soit rcfroidie jus- qu'au degre coavenable. Deux sources d'eaux thermales jaillissent des rochers, a 45 toises I'une de I'autre, avec une abondance extraordinaire dont nofre description donnera I'idee (i). La premiere, dite eau d'alun, est situee dans une partie elevee de la ville; on peut la suivre sous terre, en remontant durant un assez long espace; elle repand dans ce souterrain des vapeurs a 89 degres de Reaumur. La couleuvre verte et jaune s'y refugie et y pond ses oeufs : ce qui a fait donner le nom de grotte des Serpens ■A I'un des embrancheraens du souterrain. Ce reptile est fort (i) Nous ne parlons pas d'une troisieme source qui est sans eniploi ; elle se trouve dans le jardin d'un particulier et porte son nom, Source Fleurj. Quoiqu'elle tarisse quelquefois , elle serait sus- ceptible d'etre tres-utile au public et a son proprietaire, si on pre- nait la peine de faire quelques travaux d'art pour lui donner d? reiiiploi. 3/0 " NOTICE commun k Aix; quoiqu'il soil innocent, on lui fait la chassc tt il n'est pas de jour qu'on n'en detruise plusieurs. Comnie il n'y a pas de traces d'aluri dans cette eau, on a change la fausse denomination de cette source en celle de Thermes Berthollet, en honneur du chimiste celebrc et de I'excellent liomme qui elait ne pres de ces contrecs. Cette source sert presque uniqiienient aiix boissons et aux bains; son abondance ferait la richesse d'un autre pays; ici elle est presque sans usage, si ce n'est pour les indigens malades et les animaux domesliques. .Te dols cependant dire qu'on vicnt d'y etablir iin vaporarium et une piscine A grande eau; mais cos deux etablisseniens sont encore peu developpes, et il est a croire (jue Ton en obtiendra bientot dcs cures nonibreuses, lors- <]u'ils seront plus etendus et niieux regies. L'administration , iin peu lente a perfectionner I'cmploi des eaux salutaires dont elle dispose, parait niettre niaintenant plus d'activite dans ses en- t rep rises. L'eau d'alun qui sort du rooher par de larges ouvertures, est recue dans un petit bassin semi-circulaire , d'ou elle s'ecoule dans un conduit qui traverse une petite place et se jette dans le bain royal , autre bassin destine a la natation , a baigner les aniraaux domestiques, etc. C'est la source d'e?«M de sou/re qui fait I'objet principal des medications, et fournit les douches ct les bains de vapeurs du batiment royal dont il nous reste a parler. Chaque malade y ar- rive a I'heure designee, et recoitle bienfaisant secours de cette eau, dont la temperature est de 33 a 35 \ degres de Reaumur. Deux doucheurs dirigent l'eau avcc de longs tubes de fer-blanc en forme de cornets sur les diverses parties du corps, pendant qu'ils frictionnent la peau , massent les chairs , plient les articu- lations du malade : la vapeur d'eau retenue dans la cliambrc s'y conserve a une temperature pen differentc de celle de l'eau (environ 3o degres); ct une sueur abondante couvre tout Ic SUR L.\ VILLE D'AIX, EN SAVOIE. ^21 corps. Apres s'etre soumis un terns convenablc a cette action (dcpuis 5 minutes jiisqu'a 20 et plus, selon la force du sujet), le nialade est enveloppe de serviettes , de draps et de couver- lures, et transporte dans une chaise a porteurs ferniee , jusqu'a son lit qu'on a bien chauffe, et ou il acheve le paroxisme de fievre cause par la douche ou par le bain de v Pt 5 fr. par la pcste. SCIENCES PHYSIQUES. J',7 '. Get essai philosophlqiie, dit M. de Laplace, est It- devclop- pement d'urie lecon sur les probabilites, que je donnai, en 1795 , aux ecoles norinales ou je fus appele comme professeur de malliematiqucs avec Lagrange, parun decret de la Conven- tion nalionaie (i). J'ai public depuis peu, snr le menie slijet, iin ouvrage ayant pour litre : Theoric analytique des prohabi- lites. Je presente ici , sans le secours de I'analyse , les principes et les resultats generaux de cette theorie, en les appliquant aiix questions les plus importantes de la vie , qui ne sont en effet que des problemes de probabilites. On pent meme dire, a parler en rigneur, que presquc toutes nos connaissances ne sont que probables ; et dans le petit nombre de choses qne nous poiivons savoir avec certitude, dans les sciences mathe- matiqucs elles-mdmes, les principaux moyens de parvenir a la verite, V induction et Vann logic se fondeut sur les probabilites; en sorte que le systeme en tier des connaissances humaines Se rattache a la theorie exposee dans cet essai. On y Verra sans doute avec interct qu'en ne considerant meme dans les prin- cipes eternels de la raison, de la justice et de rhumanite, que les chances heureuses qui lenr sont constammcnt attachees , il y a un grand avantage a suivre ces jirincipes , et de graves in- conveniens a s'en ecarter ; leurs chances, comme Celles qui sont favorables auxloteries, finissant toujoilrs par prevaloir au mi- lieu des oscillations du hasard. > Nous avons transcrit cette exposition clairc et precise dc I'objet de cet ouvrage , parce qu'elle en prcsente une analyse ^laquelle il suffira d'ajouter quelques developpenlens, et parte qu'elle semble donner I'explication du phehomene qui nous oc- cupe. Le travail de M. dc Laplace stu- les probabilites a paru pour la ])re:Tiiere fois sous la forme de theorie analvtique; il a (1) Ajoutons a ces deux iioms illusties celui de Monge, et dan> un autre ordre rk- connaLssances, ceux de Vanorb monbr , Sicabd, Gar.\t , etc. 3r,8 SCIENCES PHYSIQUES. obtcnu, soiiscctte forme, le succcs qu'il nicritait ; il nepoiivait demeurcr sterile pour les sciences. Mais, precisement parce que les geometres I'ont adopte , parce qu'il a fourni des me- thodes de calcul, \cs, philosophes qui ne calculent point ont pense qu'ils n'y trouveraient rien qui leur convint, et qu'il ap- partenait exclusivement a des sciences qui ne sont pas I'objet de leurs meditations. Si Vessai philosophique avait paru le premier, meme sans la recommandation de la grande renom- mee de son auteur, il n'aurait pas etii neglige; on n'eut pu se dispenser de le lire; les esprits justes I'auraient compris; les amis sinceres de la verite professeraicnt aujourd'hui ses doc- trines : la Thcorie analytique des probabilites aurait trouve les esprits encore mieux prepares h. la recevoir , et peut-etre ses applications auraient ete plus nonibreuses encore , et plus im- portantes. Mais, comment pre voir ces chances de I'avenir ? Elles ne donnent aucune prise au calcul, et restent dans le domaine de ce qu'il faut encore nommer lehasard. Ijeamols pro habiliCe , causes, hasard , certitude, obscurcis par la metaphysique, reprennent ici leur clarte primitive. A I'aidft de ces notions devenues lucides , I'auteur etablitles prin- cipes generaux du calcul des probabilites. Rapportons la defi- nition qu'il donne de Xesperance. « C'est, en general, I'avantage de celui qui attend un bien quelconque, dans des suppositions qui ne sont que probables. Cet avantage , dans la theorie des hasards, estle produit de lasomme esperee par la probabilile de I'obtenir : c'est la somme partielle qui doit revenir, lors- qu'on ne veut pas courir les risques de I'evencment , en supposant que la repartition se fasse proportionnellenient aux probabilites. Celte repartition est la seule equitable, lorsqu'on fait abstraction do toutos les circonstances etrangeres; parce qu'un egal degre de probabilile donne un droit egal a la somme esperee. Nous nommerons cet avantage esperance mathema- tique. » On voit que M. de Laplace n'a pas en vue la plus pre- SCIENCES PHYSIQUES. 3/,9 cieiise ties esperances, ce lien qui nous attache a la vie au mi- lieu des plus grandes infortunes. II n'appartient pas encore , meme au genie, de soumettre les affections morales au calcul mathematique, etde rcpiesenter iessentimenspar des nombres. En traitant des methodes analytiques du calcul des probabi- lites , M. de Laplace met a la portee des lecteurs tres-peu ins- truits en matheniatiques la theorie gcnerale des combinaisons; mais il ne peul. qii'iniiiquer les methodes matheniatiques d'un ordre plus eleve. C'est dans d'autres ouvrages qu'il faut se fa- miliariser avec les equations aux differences finies parlielles a plusieurs indices , etc. Les applications du calcul des probabilites commencent par les jeux ; mais elles s'etendent a des sujets plus graves, aux re- cherches relatives au systeme du monde et aux lois generales des phenomenes qu'il manifeste, a quelques sciences morales, entr'autres, a I'economie politique, al'autoritedes temoignages, aux choix et aux decisions des assemblees, aux jugemens des tribunaux. Arretons-nous un moment sur ce dernier sujet. Apres avoir discute avec etendue la question de la pluralite dans les decisions du jury, et fait toutcs les applications de calcul dont cette matiere est susceptible, M. de Laplace arrive a cette conclusion remarquable : < La probabilite des decisions esttrop faible dans nos jurys, et je pense que, pour donner une garantie suffisante a I'innocence, on doit exiger au moins la pluralite de neuf voix sur douze. « Cette opinion de I'au- teur est connue depuis long-terns; et cependant, on n'a point hesite a prononcer des arrets de mort a la pluralite ordinaire. On est alle beaucoup plus loio dans les proces politiques ; ua parti s'est reserve le choix des jures, la passion a pris quelque- fois la place de la justice : dans la crainte de ne pas sevir centre ce que Ton appelait des crimes, on n'a pas craint de laisser tomber ia hache sur des tetes innocentes. Malgre I'importance et la solennite des jugemens criminels. Viu iiCIENCES I'liYSIQUES. ft les hautfs meditations qu'elles provoqiient , rcsprit philoso-- pliique s'arretera petit-eire encore plus long-terns sar un autre sujetjlcs illuxionsdans V estimation des piohabilitex. On apprend avec quelque etonnement que les meillcurs esprits ne sent pas a I'abri do cettc; source d'crreurs; et, parmi ecs esprits, on ooniptc dcs yeometres dii premier ordre, Leibnitz et Daniel Rernoulli. L'anteur traifc un genre d'illusion qui, dependant specialement des lois de I'organisation intellectuelle , exige, pour s'eii garantir, un examen approfondi de ces lois. « Aux limites de la physiologic visible, commence une autre physio- logic dont les phenomenes, beaucoup plus varies que ceux de la premiere, sont, comnie eux, assujetis a des lois qu'il est tres-important de connaitre. Cette physiologic que nous desi- gncrons sous le nom dm psychologic , est sans doute une conti- nuation de la physiologic visible. Les nerfs dont les filamens sc perdent dans la substance medullaire du cerveau , y propa- gent les impressions qu'ils re^oivent des objets exterieurs, et ils y laissent des impressions permanenlcs qui modifient, d'une maniere inconnue, le senscriiirn ou siege de la sensation et dc la pensee. » Le developpement de eettehistoire occuperait trop de place ; il nous est interdit dcl'inserer ici. L'anteur joint a ses observations plusieurs fails d'un grand inleret, et feconds en instruction. Ce n'est pasde methaphysique que son ouvragc est compose : les fondemens de ses doctrines nc sont point hors de la nature et des voies qui pcuvent conduire a la certitude. C/est par la recherche de ces voies qu'il termine son ouvrage. On y remarquera des observations sur Vanalogie dont les operations sont essentiellementfondees surle calculdesprobabilites, etne pcuvent etre utiles que dans les cas ou lecalcnl pent les verifier. Une notice hislorique sur le calcul dcs probabilites eut pu servir d'introduction a cet essai, au lien dc ne se presenter qu'a la fin: cependant , on convicndra volonticrs que l'anteur ne ]>oiivait enlrer trop promptcm^'Ut en matiere, et qu'apres SCIENCES PHYSIQUES. 35 1 avoir lu son ouvrage , on est encore fort dispose i suivre, dans cettc notice, I'histoire des connaissances que Ton vient d'acquerir. Cette cinquieme edition s'ecoulcra peut-etre en- core plus rapidement que les precedentes. Esperons que Ton ne se contentcra pas d'avoir le iivre , et que Ton se mettra de- cidement a I'apprendre. . Ferry. Description h^drographique et historique des Ma- RAis PoNTiNS. Relief du sol, cadastre, details inte- rieurs ^ et analyse raisonnee des principaux projet^ pour leiir dessechement ;■ histoire critique des travaiix executes dapres ces projets; ctat da sol pontin au rnois de septemhre 1811 ,* projets ultcrieurs pour son dessechement general et complet , avec V exposition des principes fondes sur la theorie et t experience qui ont servi de bass a ces projets , redigcs dapres les ren- seignemens recueillis et. les operations faites sur les lieux. Par M. de Prony, chevalier de lortlre du Roi, officier de I'ordre royal de la Legion d'honneur, membre de Tlnstilut royal de France (Academic des sciences), du Bureau des Longitudes de France, de la Societe royale de Londrcs , etc.; inspecteur general, directeur de I'Ecole royale des ponts et chaussees (1). Pendant que nous etions les maitres de I'ltalie, il y a quel- ques annecs, et qne I'on essayait, par I'execution de travaux utiles au pays, d'y faire supporter avec plus de resignation le joug d'une domination etrangere, le projet d'ameliorer la (i) A Paris, chez Fiiinin Didot peie et fils , rue Jacoli , n° 24' Iii-4^ de 454 [)ages. 352 SCIENCES PHYSIQUES. campagne de Rome fixa particulierement I'attention dn gou- vernement fran^ais; au mois de septembre i8io, il forma iine commission de Vagro romano (i), dent les instructions em- brassaient la presque totalite des objets relatifs k la prosperite interieure de ce territoire; les commissaires se diviserent Ic travail, et M. de Prony, I'un d'entre eux, fut specialeraent charge de s'occuper du dessechement et de I'assainissement des marais pontins. La nature meme des connaissances qui distinguent cet habile ingenieur etqui ont etendu sa reputation dans toute I'Europe, le designait pour remplir cette mission. Aussi convient-il qu'il I'avait ambitionnee. H lui appartenait en effet plus qu'a per- sonne d'en apprecier I'importance. Ce n'est pas I'etendue des marais Pontins quiles a rendus fameux ; ils occupent a peine un espace de 8 lieues de long sur 4 ou 5 de largeur, compris entre un appendice de la chaine des Apennins et une double ligne de dunes formant le bord de la mer Tyrrhenienne, depuis le cap d'Astura jusqu'au mont de Circe, et de la jusqu'a Terracine. C'est aux grands souvenirs qui se rattachent a cette contree qu'elle doit sa ce- lebrite. L'lle dans laquelle les compagnons d'Ulysse subirent une si triste metamorphose est aujourd'hui reunie h. son ri- vage. Virgile a fait de cette partie du Lalium, agrandie par son genie, le theatre des evenemens qui remplissent les six demiers livresde I'Eneide. Enfin aprescestems heroiiques, vers I'epo- que de la fondation de Rome, I'histoire y a place le pays des Volsques , peuple puissant et belliqueux , ou Coriolan vint chercher des soldats. Ce n'etait point alors un territoire (i) Cette commission etait composee de M. le comte Fossom- broni , de Florence; de MM. de Prony et Yvart , membres de I'lns- tltut; de M. Rigaud, de Lille, et de M. Desfoug^res, inspecteur divisionuaire des ponts et chaussees. SCIENCES PHYSIQUES. 353 inonde; une population active y cntretenait le libre ecoule- ment ties eaux; mais, qiiand cette population eut cte assujetie par les Romains, la perte de son independance gntraina la ruine de son agriculture , et biontot la submersion des parties les plus basses du pays le condamna a la sterilite. II etait deja reduit a cet etatlorsque, Tan de Rome l\t\i , Appius Claudius fit construire a traverslesmarais Pontins cette route fameuse qui a conserve jusqu'a nos jours le nom de son auteur. Un siecle et denii apres, le consul Cornelius Cethegus entreprit pour la premiere fois le dessechement de ces marais; negligee pendant aSo ans, cette grande entreprise fut pour J. Cesar, devenu dictateur perpetuel, I'objet de soins particu- liers; les travaux qu'il avait commences furent suspendus a sa mort, et repris quelque tems apres par son successeur qui en a laisse des vestiges; plus tard, Nerva et Trajan firent pratiquer sous la voie Appienne des ponts destines a I'ecoulemeut des eaux dont elle interceptait le cours ; enfin Theodoric ayant concede les marais Pontins au patrice Decius, il fut entrepris par ce dernier, a la fin du viesiecle et au commencement du v]i% des travaux considerables auxquels une inscription lapidaire conservee a Terracine attribue un succes complet. Parmi les souverains pontifes, Leon X et Sixte V sont les premiers qui aient fait executer, pour le dessechement des marais Pontins, quelques ouvrages dignes d'etre cites. Mais c'est a Pie VI que Ton doit d'avoir envisage cette grande ope- ration sous le point de vue le plus etendu. Pres de 9 millions de francs ont ete depenses sous sa direction immediate a des ameliorations dontil avait lui-meme concu I'idee, et quoiqu'on n'ait pas retire de cette depense tons les avantages qu'on en attendait, le pape Pie VI n'en a pas moins acquis par sa per- severance des droits immortels a la reconnaissance publique. Les temoignages de cette reconnaissance eclataient encore i54 SCIENCES PHYSIQUES, dans I'etat romain, lorsque la commission fran^aise fut appelee a prononcer sur des tentatives infructucuscs, ct i indiquer des nioyens |)las efficaces d'arriver an but que Ton paraissait avoir manque; or, ilfallait etrc guide dans la recherche de ces moyens non-seulcment par une connaissance parfaite de la topogra- phic actuclle des marais pontins, du relief de Icur surface, du cours des eaux qui y affluent, il fallait encore remonter dans les sieclcs passes et se rendre compte des causes diverses qui ont amene ces marais a I'etat fiicheux oil ils sont aujourd'hui. Pour pen qu'on ait eu occasion d'observer la marche de la nature dans la formation ties terrains d'alluvion, on recon- nait bientot, en jctant les yeux sur une carte des marais pon- tins , qu'ils occupent I'emplacement d'un ancien golfe qui s't'tendait jusqu'au pied de I'Apennin; il s'est d'abord trans- forme en ime grande lagune, laquelle s'est ensuite clle-meme comblee pcu a peu par les terrcs que les rivieres ou les tor- rens y ont entrainees des sommites voisines, et par la decom- position des vegetaux qui y croissaient; et comme ces atteris- somens ne se sont point exhausses de maniere a presenter une surface reguliercment inclinee, a partir du pied de ces sommites jusqu'au bord de la mer, il est arrive que les eaux rerues dans ces laguncs y sont restecs stagnantes sur plusieurs j)oints, quand Ic travail des hommes a cesse de provoquer leur ecoulement, ou qu'elles n'ont pu s'ecouler naturellemcnt par la seule issue qui leur soit restee ouverle pres de la tour de Eadino, a peu dc distance a I'ouest du port de Terraeinc. Au volume de ces eaux superieures, il faut ajouter celui des pluies qui tombent sur toutc letendue des marais Pontins, et celui des sources qui surgissent de differens points de leur sur- face. C'est bien a la stagnation de ces eaux sans distinction d'originc cjuil s'agit de remedicr : niais cette distinction d'ori- gine devieut indispensable pour Otablir avcc succes les diffc- SCIENCES PHYSIQUES. 35;> rens canaiix destines a leur prociirci' I'ecoulement le plus facile et le plus prompt. Do ce piincipe simple, derive toute la theorie qui est developpec dans I'ouvrage de M. de Prony. Ce savant ingenieur entre en matierc par dcs considerations generaies applicabies aux grands dessechemens; s'attachant d'abord aux phenonienes cpu suivont la chute des caux plu- viales, il rappellc comment il se fait trois parts de ces eaux ; la premiere retourne dans I'atmospbere par Tevaporalion; la seconde coiile a la surface du sol et se rend immediatement dans les lils des ruisscaux ou dcs torrens; la troisieme enfin s'infdtre dans la fcrre, et descend vcrticalemcnt jusqu'a ce ([u'elle arrive snr des couches impermeables , dont elle suit la (leclivite pour former des sources, partout ou ces couches impermeables rencontrent la surface du sol. Les trois resultats de cette repartition des eaux de pluie ont entre eux des rapports de volume qui varieut toujours siiivant la nature et Ic degre d'inclinaison des terrains sur les- quels elles tombent, suivant I'espece de vegetation dont ces terrains sont converts, en un mot suivant une multitude d'ac- cidcns de localite propres a inflner d'unc maniere quclconquc sur la continuite ou I'intermittence des sources que les eaux pluviales alimentent. An milieu des circonstanccs diverses tjui modiiient la circu- lation des eaux courantes a la surface de la terre , un pheno- mene reste constant; c'cst I'cxhaussemcnt du sol des vallees par le depot des terres que ces eaux y transportent des con- trees plus elevees d'ou elles descendent. L'obscrvation de ce phenpmene a siiggere I'idee d'operer le dessechemcnt des ter- rains submerges en y recevant des eaux chargees de limon. Ce precede de dessechemcnt, designe depuis long-teins en Italic sous Ic nom de colmatcs , fut adopte par Pie VI dans les ma- vais ponlins, et il parail que M. Fossombroni , Tun des mem- 356 SCIENCES PHYSIQUES. brcs de la commission de Vagro romano , le preferait ik loat autre. M. de Prony est d'une opinion differente. II pense qu'il convientde se rendie maitre des eaux superieures a\ suit qu'elles n'arrivent sur le sol meme des marais ; qu'en consequence il faut les recevoir dans des canaux de ceinture qui les portent a la mer en les soutenant dans tout leur cours au-dessus des terrains a dessecher. Quant aux eaux superieures qui surgissent des parties basses de ces terrains, ou qui s'y accumulent par I'effet des pluics, elles doivent etre reunies dans un canal principal, auquel il faut donner pour axe longitudinal la ligne dii plus prompt ecoulement , ligne dont le nivellement du sol conduiia tou- jours a trouver la direction. Cette direction du canal prin- cipal d'ecoulement , sa pente, et les dimensions de sa section Iransversale etant determinees, il restera i\ assigner les direc- tions, les pentes et les dimensions respectives des canaux auxi- liaires qui devront porter les eaux de I'inondation dans le canal principal. M. de Prony fait voir comment la geometric ct les lois de I'hydraulique s'appliquent a ces importantes de- terminations. Ses recherches particulleres ont consideraLle- ment etendu la theorie des eaux courantes. II etait naturel qu'il en rappelat les principes dans un ouvrage specialement destine aux ingenieurs et aux personnes de I'art. Au surplus ce n'est pas seulement a son propre systeme de desscchement que ces principes theoriques sont applicables; la metiiode des colmates, recommandee paries plus celebrae Italiens, ne dis- pense pas d'ouvrir des canaux qui conduiscnt les eaux trou- bles sur les terrains a colniater, ct de-la, quand elles sont devenues claires, dans leur dernier recipient. Ainsi rentre sous les lois rigoureuscs de la theorie des eaux courantes une me- thode de dessechement qui scmblerait, au premier aper^u, en etre corapletement affranchie. SCIENCES PHYSIQUES. :?57 M. de Proiiy a divise son ouvragc en quatre sections. La premiere contient la description detaillee du bassin des marais Pontins; la seconde est destineea faire connaitre I'etat de ces marais en 1777, lorsque Pie VI en entreprit la bonifi- cation; la troisieme indique leur situation eu 181 1, apres I'execution d'une partie des travaux qui avaient ete entrepris; enfin, dans la quatrieme et derniere section, I'auteur expose ses vues particulieres et ses propres projets pour I'ameliora- tion ulttrieure de cette partie de I'etat romain. Nous sortirions des bornes de cct extrait si nous ajoutions de nouveaux details a ceux que nous avons deja donnes sur I'histoire et la topographic des marais Pontins; M. de Prony, apres avoir rappele ce qu'il mu a deja dit dans son introduc- tion, s'arrete a decrire les differens cours d'eau qui y affluent et les bassins de cliacun d'eux ; le premier qu'on trouve en comniencant par le Sud , et en se portant a I'Est de la voie Appienne, est celui du canal de Terracine; le second est celui de la Scara vazza ; le troisieme, celui de \ Amazeno , est le plus grand de ceux qui sont places au perimctre oriental des marais; il renferme les villes de Piperno, de Sonino, de S.-Lo- renzo. La riviere qui lui donne son nom prend sa source aux environs de cette derniere ville; elle debouche dans les marais jjres de I'ancienne abbaye de Fossa nuova. Apres le bassin de X Amazeno viennent ceux de la Ceriara et du Brivolco, torrent qui contourne le pied de la montagne sur laquelle est batie la ville de Sezze. Le Fosso venerea, le Fosso di Basciano et le Fosso di Sermonetta sont trois autres pelits torrens dont les bassins sont contigus ^ celui du Bri- volco. Le bassin de la Tepia, qui s'etend dun ord-ouest au sud-est, presque parallelement a la voie Appienne, est, apres celui de \ Amazeno, le plus considerable de ceux qui debouchent sur le so! pontin. II renferme les sources de la Ninfa , autre •.5tf SCIEiNCES PHWSIQUES. riviere dout Ics caux se reunissaient autrefois aiix eaux de l;i Tcpin. (lellc-ci traverse la voie Appienne aii-dessoiis de Tor treponli , et vient se repandre sans encaissement ni digues dans les pAlurages de Piscinara. Plus au nord , et toujours l\ I'ouest de cette \oic, se trouve le bassin du Fosso di Ciste/na, qui a son origine un pen au-dessous de Felletri ; on rencontre ensuiteceux beauconp plus petits du Giunco, du Mnschero, du Fosso (li Gorgo ; enfin ceux du Rio Francesco etdu Flume Suio, canal factice ou n'arrive qu'nne paitic des eaux des deux dor- niers bassins dont nous venons de i)ailor; I'autre partie se rendant directement a la mer i)ar le Rio Mdrlino, qui a cle ouvert transversalement de Test a I'ouest, a Iravcrs les Mac- chie ou bois do Cistcrna, jusqu'au lac ou lagiine de Fogliano. La superficie de tous les bassins dont I'enumeration vient d'etre faite , y conipris la superficie des niarais qui etaicnt constammcnt couverts d'eau avant le rcgne de Pie VI, est de i3o,26i hectares, dans lesquels les terrains proprenicnt dits infectes entrentpour3o,32g hectares seukniont. Les eaux qu'ils rocoivent s'ecoulent a la uier par le canal de Terracine et le Porlatore di Badino, autre canal que Jules de Medicis, ncveu de Leon X, fit ouvrir au commencement du xvi*^ siecle; la longueur developpee des lits de rivieres , lorreus ou canaux factices qui amenent les caux dans les marais Ponfins, et qui servent a les en fairc sorlir, est d'environ ]65,ooo metres. Parmi ccs canaux d'evacualion, il faut bien distinguer le canal Pio, lequel, conligu et parallele a la voie Appienne depuis le Foro ^/;>/jio jusqu'au Portatorc, remplit, quoique imparfaite- nient dans le systcmc de dessechement adopte jusqu'ici, des fonclions equivalenlesa celles d'un axe principal d'ecoulenienl. La quantite d'eau de pluie que recoivent chaque annee les terrains a desseclier, et qui n'en est point enlevee par I'eva- porafion, est une des ]uemieres donnees sur lesquelles tout projet do dessecbeuu-nt de ces terrains doit etre assis. Dej SCIF!NCES PHYSigUES. iScj observations, rccucillies dcpuis 1778 jusqu'en 1808, ont fait connaitie que I'epaisseur de la couclur moyenne anniielle d'cau de pliiie, que recoivent Ic bassin principal et les bassins sccon- dairc'S des niarais Pontins, a ele dans cct intervalle de terns de o ni. 8o5 millimetres (1). D'aulres observations ont oppris que I'epaisseur de la couclie d'eau qui s'evajiore annuellcment de ces uiarais est de o ni. 091 mil. ; il n'y reste plus par conse- quent qu'une couche d'eau de cm. 714 mil. d'epaisseur, ce qui, eu ej,'ard a leur superficie, produit un volume de g3o,o64,o4o metres cubes d'cau a recoulement desquels il faut pourvoir. Mais ici vient s'offrir un fait tres-remarquable : toutes les eaux des niarais Pontins, a I'exception d'une tres-pelite quan- tite que Ton peut rigoureuscment negliger, se jettcnt a la mer, ainsi qu'on I'a dit, par le Portarore di Badino ; or le volume de ces caux lorsqu'elles sont les plus basses, c'est-a-dire pendant les mois de juillet et d'aout, a ete trouve de 3i m. 335 mil. par seconde, tandis qu'a IV'poqne de leurs crues , qui ont lieu aux mois de mars et d'avril, ce volume d'eau par seconde s'eleve a i3o metres cubes. En appliquant les regies de I'interpollation aux jauges qui ont ete faites des eanx du Portatore en diffe- rentes saisons de I'annee, M. de Prony a trouve que leur pro- duit moyen pouvait etre exactement represcnte par les ^ de leur produit le plus faible; ce produit moyen, calcule pour I'annee entiere, s'eleverait par consequent a 2,352,573,939 m. cubes. Mais nous venous de dire que pendant cet intervalle les pluies ne versaient que 930,064,040 metres cubes d'eau sur le bassin general des niarais Pontins : il en sort done un volume d'eau plus que double de celui des pluies qu'il rccoit. D'ou proviendrait cet enorme cxcedanl de depense, si ce n'est des (i) L'epaisseur moyenne de la couche d'eau de plnie qui tombe annuellement a Paris n'est que de 53n milllnierrps. 36o SCIENCES PHYSIQUES. sources nombrciiscs dont les boids et Ic fond des marais Pon-' tins sont converts? Sources evidemment entretenues par les infiltrations qui ont lieu a des distances plus on moins consi- derables du cote de I'Apennin. Apres avoir etabli sur ce fait une distinction necessaire entre le bassin apparent et le bassin reel des marais Pontins, notre auteur indique le relief de I'espece de conque qu'ils occupant, et des raontagnes qui lui servent de limite. Ses propres nivelle- mens et ceux fails en 1777 par MM. les ingenieurs Rapini, Astoffi et Scaccia, lui fournisscnt les elemens des recherches auxquclles il se livre a ce sujet; il annonce au surplus qu'en se placant au sommet de la niontagne de Palestrine, le specta- teur pent se former d'un coup d'oeil une idee assez juste de la configuration des montagnes et des collines qui bordent a Test le territoire pontin. Co grand alterisseraent s'incline , suivant une certaine loi de penles decroissantes, depuis son extremite septentrionale au-dessous de Velletri jusqu'aux dunes qui le terminent au sud entre le monte Circeo et Terracine. Sa pente transversale diminue aussi depuis ses limites a droite et a gauche de la voie Appienne jusqu'au canal Pio , qui occupe la par tie la plus basse des terrains inondes, sans neanmoins rem- plir, malgre la convenance de son trace, I'objet essentiel auquel il avait ete destine. Pour expliquer ce pen de succes, M. de Prony, en com- mencant la deuxieme section de son ouvrage, reporte son lecteur aux terns qui precederent le regue de Pie VI. Alors, les eaux superieures sorties de leurs lits inondaient les campa- gnes , franchissaient la voie Appienne qui etait abandon- nee, et venaient se jeter a droile de cette route dans le Fiurne Sisto, d'oii elles se rendaient par le canal delle Volte au Fosso di Badino. UUjfente, VJmazeno et leurs affluens tenaient egalement la campagne submergee, et leurs eaux n'arrivaient au Portatore qu'apres s'eti-e repandues dans la portion de ma- 1 SCIENCES PHYSIQUES. 36 1 rais la plus infectee, que Ion designe sous le nom de Pantano d' Inferno. Le defaut de pente et de capacite des cours d'eaii naturels et des cauaux de dessechement qui sillonnaient en sens divers la surface des marais Pontins , I'abondance des plantes aqua- tiques qui y croissaient avec une activite de vegetation exti-aor- dinaire , etaient sans doute !a cause premiere de cette funeste stagnation, mais une multitude de barrages ou pecheries con- tribuaient puissamment a la maintenir; et bien que le revenu de ces etablissemens fut un des principaux produits du terri- toire , ce revenu ne pouvait ctre mis en balance avec tons les dommages qui en resultaient, et I'insalubrite au prix de la- quelle on Tobtcnait. Ce fut a cet etat de choscs que I'ingenieur bolonais, Gae- tano Rapini, fut charge par Pie VI d'apporter les remedes dont I'art indiquerait I'emploi; cet ingenieur devait recevoir les ordres immediats du cardinal Buoncoinpagni , qui avait alors la suriutendance des eaux de cette province; cependant, on attribue generalement au souverain pontife lui - meme la premiere idee d'ouvrir parallelement a la voie Appienne un canal principal decoulement. L'ancien lit du Fiume Sisto ne pouvantservira cet usage, a cause de sa tiopgrande elevation au-dessus de la partie la plus deprimee des marais. Suivant le premier systeme de I'ingenieur Rapini, I'Ama- zeno, rUffente, la Cavatella , le Fosso di Cisterna, ainsi que la Cavata, reunie au Fosso di Serinonelta, a la Ninfa et a la Tepia, devaient-etre les grands affluens du nouveau canal Pio. Par ime exception particuliere , \ Amazeno ne devait ce- pendant y entrer qu'apres avoir depose sur !e Pantano d' In- ferno les troubles qu'il charrie. Les autres torrens, fosses ou courans d'eau , de moindre importance, y auraient ete intro- duits suivant les directions qui auraient ete reconnues les plus convenables. T. XXVI. — Mai 1825. a4 36a SCIENCES PHYSIQUES. On commenca les travaux an mois de decembie 1777 , par I'elargissement du Portatore, du cote de la mer. lis etaient acheves eu 1778, jusqu'au Ponte Maggiore sur la voie Ap- pienne , et ils avaient produit un effet aussi prompt que salu- taire ; on continua le crcuseraent du canal Pio pendant les annees suivantes, et a la fin de 1781. II se troiiva termine jusqu'au Foro Appio ; on y fit creuser successivement , jus- qu'en 1783, quelques-uns des cours d'eau qu'il devait rece- voir. Sa pente avail ete beaucoup niieux reglee que celle d'aucun des canaux qu'on eut executes jusqu'alors; nean- moins, on ne tarda pas a s'apercevoir que le canal Pio n'of- frait pas memo aux campagnes qui le bordent les moyens d'ecoulement qu'elles reclamaient ; a plus forte raison, il au- rait ete insuffisant pour les eaux superieures de la Ninja^ de la Tepia, etc., qu'il devait encore reoevoir : il fallut les en delourner, et cette derivation obligee fut la premiere modifi- cation que recut le projet primitif dont on avait approuve I'execution. Ainsi , Von se vit amene a reconnaitre la necessite de re- creuser le Fiume Sisto pour en former un canal de ceinture ou Ton conduisit les eaux de la Ninfa , en leur faisant tra- verserla voie Appienne sous le pont de Tor treponu[i). Malheu- reusement, le lit du Fiume Sisto ne fut point assez approfondi, et ses digues ne furent point assez elevees pour contenir les eaux nouvelles cpi'on y faisait entrer ; des lors, les campa- (i) A cette occasion, M. rle Prony rapporte un nivellement du cours de la Ninfa , duquel il resulte que sur un developpement de 40,000 metres environ , la pente de cette rivifere va toujours en de- croissant a partir de son origine, de telle sorte que, pr^s de la villa de Kinfa, qu'elle contourne, cette pente est de -^^, tandis qu'a I'extremite opposee vers son embouchure , elle n'est plus que de T^. SCIENCES PHYSIQUES. H63 gnes limitrophes ne furent point raises a I'abri des inondations auxquelles elles etaient exposees quand il survenait des crucs accidentelles. De sorte que ce projet secondaire execute apres coup, comme un correctif indispensable, ne repondit point anx esperances qu'on en avait concues. Celui de jeter los eaux de V Amazeno , et de WJ'fente dans le Pantano d' Inferno pour en opererle desseclicmcnt par Col- mates , n'a ete effectue qu'imparfaitement. Cependant, les alluvions que ces tours d'eau ont deposees sur ces marecages en ont exhausse le fond de o" 76* en 24 ans, on de o" o3i2 par annee raoyenne , ce qui porte a 68 mille metres cubes le volume des matieres deposees annuellement sur toute leur su- perficie. A ces differens travaux, Rapini ajouta, en 1788, ceux du canal de Terracine ; ce canal, alimente par les eaux de la Pe- dicata, fut creuse a 12 decimetres environ au - desspus du niveau de la mer; mais il s'est atteri depuis, et aujourd'hui son fond n'est plus qu'a 7 decimetres au-dessous de ce meme niveau. L'insuffisance de la Ugne Pio , consideree comme axe prin- cipal d'ecoulement, a provoquo d'autres dispositions qui n'a- vaient pas ete prevues; il a fallu ouvrir dans la meme dit-ection quelques grands canaux auxiliaires. Des 1789, Rapini fit creu- ser a gauche de la voie Appienne , et a deux mille metres environ de distance, parallelement a cette voie, le canal de la Schiazza qui prend son origine vis-a-vis le Foro Appio, et se jette dans le canal Pio, a 1800 metres plus bas. Par les memes motifs, entre ce canal et le Fiume Sis to , il en fit ou- vrir un troisieme, appele Delia Botte , lequel se jette dans le Portatore di Badino. Enfin , un certain nombre de fosses transversaux , appeles fosses rnilliaircs , parce qu'ils corres- pondent aux anciennes bornes milliaires de la voie Appienne , conduisent les eaux qui submcrgcnt la campagne , d'nn cute 364 SCIENCES PHYSIQUES, dans le Fiume Sisto et le canal Delia Botie ; de I'autre dans le canal Pio , el cehii de la Schiazza. On a maintenu la liberie des anciennes comniunicalions que I'ouverture de tons ces canaux aurait interceptee , en construisant sous la voie Ap- pienne et sous d'autres chemins moins importans , une cen- taine deponts, grands et petils, quatre aqueducs souterrains, ou bolte, une vingtaine de chiaviche on clapets places i Tembouchure d'autant de fosses milliaires. II faut ajouter a ces constructions une eglise et un couvent de capucins a Tor treponti , des maisons de postes, des magasins en diffcrens endroits, et a Terracine un vaste edifice destine soit a rece- voir par occasion les grands dignitaires de I'etat romain, qui avaient les marais Pontins dans leurs attributions, soit h. loger habituellement le directeur, le caissier et les autres princi- paux ageus attaches a I'execution des travaux. Depuis 1777 jusqu'en 1796, ces travaux ont occasione une depense de 8,677,611 r, dans laquelle le dessechement, proprement dit, n'entre que pour 5,735,iii f. , et les batimens et constructions de luxe, pour a,35/i00o f. On regrette en comparant entre elles ces deux especes de depenses que les dernieres n'aient point ete ajournees, ou du moins reduites au plus strict neces- saire. En agissant avec cette reserve, on eut pu consacrer aux travaux hydrauliques, deux millions de plus, dont le bon emploi aurait procure d'immenses avantages. La troisieme section de I'ouvrage de M. de Prony, est des- vj tinee a faire connaitre I'etat dans lequel il trouva les marais Pontins en 181 1, apres les tentatives d'amelioration que nous venons de rapporter. Depuis le raois d'octobre de chaque annee jusqu'au prin- tems suivant, les parties les plus basses de ce territoire, sont couvertes de deux metres d'eau , et comme si les elemens les plus contraires conspiraient a I'envi contre cette malheureuse contree, a cette calamite d'une longue submersion dans la' SCIENCES PHYSIQUES. 365 saison des inondations , en succede quelquefois une autre dans la saison des secheresses : c'est la combustion du sol, qui est forme presque partout de debris de vegetaux dont la decomposition n'est pas consommee ; cet accident , suite de la negligence des habitans , et souvent effet funeste de leurs haines et de leurs vengeances particulieres , produit sur la surface du terrain des cavites plus ou moins profondes qui se remplissent d'eau, et demeurent improductives jusqu'a ce que de nouveaux depots de limon , et une nouvelle decom- position de plantes les rendent encore une fois propres a la culture. Les travaux entrepris pour le dessechement des marais Pontins avaient certainement des vices de conception; ce- pendant, ils auraient produit plus d'ameliorations qu'ils n'en ont reellement produit s'ils avaient ete entretenus avec plus de soin ; mais pendant plusieurs annees leur entreticn s'est borne a debarrasser les canaux des herbes qui les obstruent , ce qui n'exige pour ainsi dire ni soins ni depenses; tan tot on fait promener dans un canal un troupeau de buffles qui, fou- lant aux pieds le fond de son lit, en deracinent les plantes aquatiques qui viennent flotter a la surface de I'eau ; tantot on fait trainer par une barque un cilindre de bois arme de palettes de fer disposees en helices. Pendant qu'il tourne horizontale- ment sur son axe , ses palettes s'enfoncant dans le sol , sai- sissent et arrachent les herbes dont il est convert; tantot enfin on se sert d'une espece de faulx que deux hommes trainent par saccades au fond de I'eau, en remontant le courant, afin, que le tranchant de I'instrument ait plus de prise sur la tige des plantes qu'il rencontre ; I'effet de ce dernier moyen est prompt et assure , mais la fauchaison accroit la force vege- tale , et les plantes ainsi coupees repoussent en tres-peu de tems avec une nouvelle vigueur. Les portions du territoire Pontin qu'on a pu livrer a la cul- 366 SCIENCES PHYSK^UES. ture sout d'uue fertilite remarquable. Le froment, le mais et I'avoine en sdnt les principalcs productions. Les patiirages offrent une autre source de richesses d'autant plus precieuse , qu'elle depend beaucoup moins des travaux uUcricurs de dessechemcnt a I'aide dcsquels on voudrait I'ac- croitre : les paturages peuvent en effet, sans perdrc beaucoup de leur valeur, resler inondcs une partie de I'annee. On y eleve des troupea'HX de buffles ; une multitude de pores vit dans les bois ou macchie , dont qnelques cantons des niarais Pontins sunt couverts. Enfin la chasse des animaux aquatiques offre i leurs habitans quelques moyens de subsistancc. Un tableau qui parait avoir ete dresse avec beaucoup de soin presente la superficie des marais Pontins divisee enterres a ble, en terres propres a la culture du mais, en paturages, en marais occasiones par la combustion du sol, enfin en terrains marecageux d'origine. Cette superficie totale est de i8,84G hectares. Les rivieres qui affluent dans les marais Pontins et les prin- cipaux canaux qui les traversent, sont navigables pour des bateaux appeles sandali, dont les plus grands portent ii ^ 12 tonneaux. On rcgrette, en parcourant les renseignemens statistiques recueillis par M. de Prouy sur cette partie de I'Etat romain, qu'ils n'aient point ete completes par quelques recher- ches sur sa population, et la loi de mortalite a laquelle elle est souraise. Cela tient k I'inexecution des ordres donnes en 1811 de dresser les tableaux qui sont les premiers elemens de ces recherches. Si Ton examine avec attention les divers projets de desse- cheraent des niarais Pontins anterieurs a 1810, on reconnait bientot qu'ils forment deux systemes differens : suivant I'un, les eaux superieures descendant du perimetre de ces niarais devaient elre rassemblees dans le canal Pio ; suivant I'autre , (in faisait econlcr res eaux directemcnt a la mer par des canaiix SCIENCES PHYSIQUES. 367 (lislincts. Le projet de titer ainsi parti du Rio Martino estcelui qui presente le plus d'interet. M. de Prony en a donne une description assez etendue. L'idee en fut concue par I'ingenieur Vici; le chevalier Passega , ingenieur de Ferrare, ayant etc consiilte par le pape Pie VI, ne fit subir a ce projet qne de legeres modifications; en consequence , les travaux en furent adjuges en 1797 pour 749,000 fr. Les e"venemens politiques tinient, pendant 12 ans, leur exe- cution suspendue. On y revint en 1809, et la consulte de Rome paraissait disposee a I'entreprendre, lorsque M. de Prony vint remplir en Italic la mission dent il avait ete charge. La quatrieme section de son ouvrage est consacree a decrire ses propres projets. Apres avoir rappele les principes theo- riques sur lesquels ils sont appuyes, et rapporte les observa- tions locales qui juslilient ces principes, il propose de recevoir les eaux interieures provenant des pluies et des sources, dans an canal central dirige suivant X axe principal d'ecoulement , et de Jeter dans des canaux de ceinture, qui les portent directe- tnent k la mer, les eaux exterieures , torrentielles ou perennes, qui affluent de differens points de son perimetre dans le terri • toire infecte. Voila done des travaux de deux sortes ayant respectivemeni pour objet les canaux inlerieurs et les canaux de ceinture. Ou concoit aisement que les premiers de ces ouvrages seront d'au- tant plus promptement executes, et exigeront d'autant moins de depenses, qu'ils auront i recevoir un moindre volume d'eau ; il faut done coramencer par diminuer ce volume de tout celui des eaux superieures , perennes ou torrentielles, qui s'y reu- niraient. Le meilleur ordre a suivre dans I'execution du desse- chement se trouve ainsi naturellement indique. Le conrs de la Ninfa est un axe principal d'ecoulement qui prend son origiue dans la partie du territoire Pontin la plus •'•levee vers le nord. A I'oucst de corte riviere se tiouvcnt \c\ 368 SCIENCES PHYSIQUES. bassins secondaires 0L1TIQL1ES. ^85 toumette au public les memoiies d'mic ijueiie qui vn est encore k ses commencemens; il est plus rare qu'on en entrc- prenne I'histoire, comme I'ont fait trois des auteurs que nous avons sous les yeux; niais cet cmpressement meme doit etre regarde peut-etre comme un symptome de I'interet putilic. En effet, si nous sommes hommes, si nous sonimes chretiens, si nous sommes civilises, jamais spectacle fait pour emouvoir plus profondement les ames ne fut prescnte A nos regards; jamais nos ancetres n'en virent un pareil a celui que nous donne aujourd'hui la Grece. Jamais des souffrances plus cf- froyables n'ont atteint une des grandes families du genre humain ; jamais des dangers plus terribles n'ont menace un plus grand nombre de t^les; jamais des efforts plus hero'iqucs n'ont ete tentes pour sauver tout ce qui est cher aux ames elevees, la religion, la liberte, la pudeur des femmes et des iilles, le souvenir des ancetres, le nom d'une patrie autrefois glorieuse, le langage enfm qu'on prefendait que les dieux avaient enseigne aux hommes. Sans doute, en effet, I'interet qu'excite la guerre de la Grece est grand, il est universel; il s'est manifeste par plusieurs actions heroiques; on a vu plusieurs braves partir de France, d'Angleterre, et surtout d'Allemagne, pour offrir aux Hellenes leurs bras, leur fortune et leur experience : on a vu des souscriptions ouvertes en leur faveur, qui, sans repondre a I'opulence actuelle de I'Europe, prouvaient cependant que toute sympathie n'etait pas detruite entre les chretiens par I'egoisme des richesses; on a vu un emprunt ouvert aLondres, I'annee passee, par le gouvernement grec, se remplir a des conditions qui n'etaient point trop desavantageuses; on a vu enfin, il y a pen de scmaines, les banquiers de Paris rivaliser avec ceux de Londres pour ncgocier un nouvel emprunt, et le gouvernement grec jouissant d'assez de credit pour refuser ^ des millions qui lui t'taient offerts a un taus auquel Napoleon 384 SCIENCES MORALES dans toiite sa gloire n'aurait pu Ics obtenir, il y a dix-hnit ans. Toutefois, il s'en faut encore que I'interet tie I'Europe soil propoitionne a la grandeur, a la beaute des evenemens qui se passent sous ses yeux. En Allemagne, il est vrai, et plus en- core en Suisse, la nation entiere semble remplie d'un senti- ment d'affection sympathique pour les Grccs ; les paysans arrivent de leurs villages aux marches , pour demander des nouvelles de la Grece : ils se racontent avcc enthousiasme les actions hero'iques de Botzaris, de Canaris, de Miau- lis, d'Odysseus; ils reconnaissent pour leurs freres les Grecs, les Chretiens qui combattent dans I'Orient cdntre les Turcs; et lorsque les polices d'Europe, avec un concert scanda- leux, s'efforcerent de fermer presque tousles cherains a una bande de proscrits grecs qui voulaient rentrer dans leur patrie , les paysans suisses leur offrirent une hospitalite gc- nereuse, les defrayerent, et les convoyerent sur leur route. Mais la masse de la nation, eu France, en Italic, dans le reste de I'Europe, est bien loin d'accorder un egal interet a ce terrible drame : peut-etre la plupart des habitans des pro- vinces ne savent-ils pas meme que le glaive est leve sur leurs freres d'Orient et que le nombre des martyrs pour la foi chre- tienne a surpasse dans ces trois annees celui des victimes des plus terribles persecutions suscitees a la primitive Eglise. Les Anglais eux-mcmes, les Anglais, qui, par leurs vaisseaux, tou- chent a tout I'univers, se sont a peine apercus de ce combat a mort. La plupart savcnt seulement, d'une nianiere confuse, qu'une guerre civile desole la Turquie d'Europe, qu'il s'y commet des crimes qui font fremir I'humanite, et ils detour- nenl les yeux pour ne pas s'affliger inutilement. lis repoussent les livres qui les instruiraient du sort de la Grece; ils ne lisent point dans leurs journaux les paragraphes qui se rapportent a cette guerre d'extermination. ^ ET POLITIQUES. 385 Cette apathie dans In partie la plus civilisee de I'Europe forme un contraste etrange avec I'adoucissement de nos moeurs, avec I'empire que la pitie a pi'is sur nos cceurs, avec notre sympatliie pour toutes les douleurshumaines, qui sem- ble , en general , nous rend re j)resens et sensibles les maux de nos freres dans toutes les parties du globe. Sans doute, nous devons en chercher la cause dans les revolutions qui depuis quarante ans boulcversent I'Europe et le nionde entier. Nous avons tous ete si violemment tourmentes, que notre imagina- tion meme a besoin de repos. Nous detournons nos yeux de tout ce qui nous agite, a plus forte raison de ce qui nous de- chire ou nous glace d'horreur : chacun , force de se defendre, de se sauver soi-raeme au milieu des dangers de tous, s'est accoutume a I'ego'isme; il s'y renferme encore, depuis que le peril a cesse; et nous imposcrions volontiers aux autres peu- ples le devoir de nous sauver le spectacle de leurs combats et de leurs douleurs. Reveillons-nous cependant , au noni du christianisme, au nom de I'humanite! Pouvons-nous entendre raconter froide- ment qu'un souverain a arrete dans son conseil d'exterminer une nation tout entierc, une nation de plusieurs millions de Chretiens; que cet ordre, transmis aux gouverneurs de pro- vinces, a la fin del'annee 1820, devait s'executer au printems de I'annce 1821, sous les yeux des ambassadeurs de toute I'Europe, dans un pays situe en face de I'ltalie, dans un pays si rapproche de nous qu'on y arrive aisement le quinzieme jour depuis qu'on est parti de Paris? n Lesdcsseins des infideles ( les chretiens) nous sont connus,>< mandait Khalct Effendi au Scrasker Ismael Pacho Bey, grace aux soins d'une legation amie qui nous a cclaires. C'est a nous de les prevenir, en frappaut dans I'ombre dont ils s'envelop- pent les Kaffirs excites a nous devorer. Tout chretien capable de porter les armes doit etre efface du nombre drs vivaus; les 38G SCIENCES MORALES enfans males sei ont circoncis et teniis en leservc , ijour en composer des legions de Bektadgis dressees i la tactique emo- peenne. Afin de ne pas effrayer les Ulemas, nous laisserons a cette milice le nom de janissaires; et ils composeront en effet une nouvelle milice (c'est la significalion du mot janissaiie) qui 1 egenerera I'empire. >^ Passant aux details d'execution, il enon- cait comment on se defcrait des Souliotes, des Armatoles, dei peuplades grecques de terre-fetme, et des insulaires de I'Ar- chipel, Enfin I'instruction finissait par cette phrase : « La faux doit etre mise dans le champ de la moisson , avant que I'epi soit venu a matnrite : le mot de I'enignie te sera donne par Kourchid-Pacha , qui te prendre pour le bras terrible de I'execution des volontes supremes de noire glorieux sultan (i). » Cette instruction du favori da sultan, interceptee par Ali- Pacha, et communiquee par lui aux envoyes des Souliotes, comme elle fut la cause de la guerre, en est la justification, et en montre Tissue. Dans les commencemens , on put croire qu'Ali calomniait le Sultan pour pousser les Giecs a la lebel- lion , mais bientot les preuves s'accumulerent; aujourd'hui, on ne peut plus douter que le projet de ue laisser aux chretiejjs que le choix entre la mort et I'apostasie n'ait ete arrele par le Divan, et que le supplice du prince Morousi avec une foule de Chretiens de Constantinople, le supplice du patiiarche Gre- goire et de tons les prelats du saint synode n'aient ete le com- mencement de son execution. Quant a la conjuration des Chre- tiens de Constantinople contre les Tnrcs, conjuration qui , dans les instructions de Rhalet Effendi , servait de pretexte au massacre d'une nation entiere, et qui fut alleguee de menie pour justificr le supplice du patriarche, pendu, a I'age do quatrc- vingt-quatre ans, en habits pontificaux, le jour solennci dc Paques, a la porte de sa cathedrale; elle est digne de figurer (i) PouQunviiLF. , 1. rii , ell. 7 , t, II , p. rj r. 1 ET POLITIQUES. 38? i cote des conspirations de prisons qui inolivercnt tant de supplices en France. En cffet, la population chn'-tienne de Constantinople ne montait a cette epoqne qu'k soixante mille individus de tout age et de tout sexe, et on I'accusait d'avoir voulu surprendre et massacrer une population turque de sept cent mille habitans, sur laquelle cent cinquanle mille janissaires sont inscrits au controle, et trente-quatre mille huit cents hommes de troupes de li^ne sont en activite de service (i). Si en pleine paixle Sultan avait resolu le massacre d'une na- tion qu'il avait trop opprimee pour ne pas la craindre, etqu'il regardait comme secretement d'intelligence avec lesRussesses ennemis, depuis la guerre il ne luia plus etc possible d'avoir d'autrepensee ; il n'y a plus d'autre terminaisona atlendre des hostilites, s'il est vainqueur. Le sort de Chio, la plus florissante et la plus paisible des lies de TArchipel , snffirait pour nous en convaincre: I'jnsurrection de Chio n'avait pas ele volontaire, elle n'avait dure que peu de jours; cependant trente mille habitans furent passes au ill de I'epee, trente mille fureul vendus comme esclaves , et I'lle est detruite de fond en com- ble : les populations de Patras, de la presqu'ile de Cassandra, de Psara, et de tons les lieux ou les Musulmans sont entresen vainqueurs, n'ont pas ete plus epargnees. Qui pent douterque le meme sort ne fut resei've i tousles habitans de la Moree, de I'EtoliCjdelaLivadie, des lies qui, depuis troisans,ont provoque les musulmans par tant de victoires, si a leur tour ils etaient vaincus. Ce n'est pas dii moins la diplomatic europeenne qui en doute : elle sait quel doit etre le resultat de ses efforts, lorsqu'elle travaille de tout son pouvoir a empecher une rup- ture entre I'empire lure et I'empire russe , a reconcilier le Turc avec le Persan. Elle veut laisser libre la main qui tient le. poignard leve, et elle sent si bien qu'elle ne pent sauver les (i) PocQUKvii-LK, 1. V, cb. I , t. II, p. 4n-456. 388 SCIENCES MORALES victimes designees, qu'elle s'est abstenue d'intervenir par un seul mot eu leur faveur. Les contemporains seront peut-etre forces de se taire; la posterite qualifiera cetle politique; elle rendra justice a qui il appartient, entre Ics farouches musulmans qui s'abandonnent a leur ferocite nalurelle ct a leur fanatisme, et les chretiens qui calculent froidement quel avantage pourra resultcr pour eiix du massacre de toute une nation chretienne, et qui, pou- vant terminer la guerre par une seulc declaration energique et unanime, la prolongcnt d'annee en annee pour se conserver les chances d'un crime dont ils voudraient pourtant repousser la honte. Pour nous, nous n'oublierons point que la nation sur laquelle le glaive exterminateur est leve est la meme qui est chere ^i tous nos souvenirs. Ce sont ces Grecs qui furent nos maitres dans tous les arts, dans toutes les sciences, dans la poesie, dans la philosophic : ces Grecs dont nous avons si bien adopte la gloire, que leur histoire, leur mylhologie, repro- duites dans nos ecojes et sur nos theatres, nous sont cent fois plus familieres que I'histoire ou la mylhologie de nos ancetres : ces Grecs auxquels nous devons les premieres notions de la dignile hiuuaine, les premiers rudimens d'un gouvernement libre; ces Grecs qui, non-seulement professent notre religion, mais qui nous I'ont transmise : I'Evangile fut ecrit en grec, les premiers apotrcs de I'Occident furent des Grecs, les premiers martyrs qui, meme dans nos contrees, versercnt leur sang, plutot que de renoncer a leur foi, furent des Grecs; ils nous enseignerent ce courage religieux que leurs descendans prati- quent encore aujourd'hui; ils nous enseignerent tous les genres d'heroisme, et ils recommencent aujourd'hui a nous donner les memes sublimes lecons. IVous nous bornerons, dans ce premier article, a faire con- naitre sommairement les ouvrages ou nous trouverons le tableau ET POLITIQUES. 3 89 de cette graude catastrophe; dans un autre article , nous en produirons quelques details sous les yeux de nos lecteurs. Parmi ces ouvrages, dont nous avons donne le litre en tete de cet article, le plus important, sans comparaison , est celui de M. Pouqueville. Seul il peut etre considere comnie une his- toire complete de ce que la Grece a tente , de ce qu'elle a souf- fert pour sa delivrance. M. Pouqueville, consul de France k Janina, tandis que son frere occupait en Grece un autre consu- lat, a passe dans le Levant la plus grande partie d'une vie longue et honorable. II en parle les langues diverses, et le grec et le turc lui sont aussi familiers que le fran9ais; il a vu de ses yeux les plus importans des evenemens qu'il raconle; ses fonctions ont fait parvenir entre ses mains un grand nombre de pieces ofGcielles, inaccessibles a ceux qui n'ont passe dans la Grece que comme vnyageurs. II a etc lie inlimement avec la plupart des personnages qui ont joue un role dans ces grandes revolutions : comme ministre d'une puissance toujours redoutee, il a meme vu de pres, long-tems , et avec une familiarite qu'au- cun autre n'a partagee, ces farouches pachas qui se sont si long-tems baignes dans le sang des Hellenes, et entre autres Ali Tebelen, pacha de Janina, le plus feroce, mais aussi le plus extraordinaire de tous. Aucun temoin no saurait meriter une confiance plus entiere que M. Pouqueville; il connait a fond la Hellade qu'il a long- tems habitee, qu'il a parcourue dans tous les sens, et qu'il a decrite en antiquaire et en geographe, dans un precedent ou- vrage. (i).Il connait les moindres details de moeurs, d'opinions, de superstitions, de coutumes , des habitans de race diverse de cette vaste contree; ces details donnent souvent la clef du ca- ractere d'un peuple, et expliquent des evenemens qui doivent (i) Voyage dans la Grece, par F.-C.-H.-L. Pouqueville. 5 vol. in-8°. 1820. — Voy. Rev.Enc. , t. xx, p. 5ii. 390 SCIENCES MORALES paraitre incomprehensibles i I'titranj^er : il connait les arts, Ics antiquites, la litterature grecque; et son autorite dans toutes les questions de paleographie a etc depuis long - tems invo- quee, comme celle dun des homines les plus savans que compie I'Europe. II aime les Grecs et il en est aime : or, Ton no com- prend jamais bien que ceux que Ton aime. Sa conduite a etc , au plus haut degre, humaine , desinteressee , honorable, cou- rageuse; c'est par milliers que lui et son frere peuvent compter les victimes qu'ils ont derobees au martyre, et non pas i la njort seulement, mais a la souillurc, et aux tourmens les plus af- freux. Un sentiment d'affection et de respect s'unit done a la confiance qu'il inspire. PourqTioi faut-il qu'un gout deplorable lui ait fait adopter pour ecrire le style le plus pretentieux, le plus charge de faux orncmens, le plus embarrassc qui ait jamais ete employe a transmcttre de nobles pensees ? Nous croyons avoir contracte envers le public I'obligation de lui dire la verite tout entiere sur les livres dont nous lui rendonscompte; mais cette obligation nous coute beaucoup a remplir, quand nous devons affliger im homme pour lequel nous entrelenons un haut degre de respect, un homme qui a bienmerite des lettres, et mieux encore de I'hnmanite, Tonte- fois, nous Iromperions nos lecteurssi nous ne leur disions pas que M. Pouqueville s'est toujours propose d'etre, en ecrivant, autre que lui-meme ; que chaque page de son livre est ecrite avec effort; qu'elle ne represente jamais ses emotions natu- relles ou ses pensees du moment, mais qu'il veut tour a tour faire des pages de Telemaque, de Tacite, de Demosthene , des peres de I'Eglise, et de Chateaubriand. Par cette affecta- tion, qui a du lui couter un travail prodigieiix , il a inflige a ses lecteurs toutes les souffranccs que ])euvent faire eprouver la prose poetique, I'enflure, le pathos sans clialciir, I'obscurile, les citations a toutpropos et hors de propos , les comparaisons avec tons les cbjets coiinus et inconnus, renlhousiasme affecte ET POLITIQUES. 391 ponrles choses, les sentimens, les personnages qui en meritent le moins. Malgre ces defauts, qui nous ont fait a nous-memes poser cent fois le livre avec impatience, nous dirons a nos lecteurs qu'ils ne doivent point se laisser decourager , qu'ils doivent rcprendre la lecture de Pouqueville, et qu'ils en seront riche- ment recompenses. lis s'apercevront bientot qu'ils sont a la source de toutcs les connaissances positives qui leur ont ete presentees depuis vingt ans sur la Grece el sur ses nialheurs; que toute I'heroique histoire des Souliotes , que tous les renseignemens sur les Klephtes et les Armatoles, que tous les tableaux si originaux des moeurs des peuples de I'Epire , qu'ils ont vu reproduits depuis dans un grand nombre d'ou- vrages, ont ete empruntcs au consul qui a vecu au milieu de ces horames sauvages et souvent heroiques, et qui a su les ap- precier. lis rendront ensuite a M. Pouqueville la justice de reconnaitre qu'il a <5tudie consciencieusement son sujet, qu'il I'a distribue dansl'ordre le plus convenable, qu'il a eclaire les faits les uns par les autres , et qu'il a excite par eux un interet proportionne a la grandeur, a la bcaute de la lutte qn'il a de- crite. lis souhaiteront sans doute que quelqu'uneut essaye de traduire ce long ouvrage en prose; mais ils voudraient retrou- ver dans cettc version tous les resultats du travail d'un auteur qui seul fait connaitre a fond la Hellade et tous ses person- nages. L'ouvrage de M. Raffenel, dont le premier volume fut . public en 1822 , et le second en 1824, s'annonce aussi comme nne histoire generale de la guerre des Grecs. L'auteur nous est indiqne par le litre , comme attache a I'un des consulats ■ de France pendant les troubles : son introduclion nous ap- prend qu'il fit un premier voyage a Smyrne, en 1 818. II ajoute: « Pendant mon sejour en Asie, attache long- tems a la personne Sga SCIENCES MORA.LES d'uii consul francais non moins distingue par ses rares vertus que par ses profondes lumieres , j'eus en qnelque sorte la faci- lite de puiscr a la source des fails, tandis qu'une connaissance suffisante dea lieux m'aidait a en discerner I'exactitude. D'un autre cote , redacteur de la premiere feuille publique qui eut ose paraitre dans les etats du Sultan, le Spectateur oriental , j'etais force de suivre attentivement tous les fils de la revolu- tion qui s'operait sous mes yeux. L'existence de ce journal , qui etait en quelque sorte un phenomene en Turquie , n'etait due qu'i une grande consideration : il etait de I'interet meme des Grecs que I'Europe connut leur sort ; le recit de leurs mal- heurs ou de leurs exploits devait interesser vivcment en leur faveur, soit par la compassion que Ion doit aux grandes in- fortunes , soit par reuthousiasme de la liberte. Un journal seul pouvait remplir un pareil but. Mais , dans Tcmpire otto- man et sous le glaive du despote, un journal qui eut ose se constifuer I'apologiste de I'insurrection eut, a coup sur, en exasperant les Turcs , attire de nouveaux malheurs sur la tete des Hellenes; il eut meme compromis l'existence du redac- teur. II failut done eviter ce double ecueil, sans renoncer aji seul moyen d'eclairer I'Europe sur la marche de cette grande revolution; le journal fut continue dans un esprit favorable, en apparence, au pouvoir dominant: la situation des redac- teurs , et I'etat meme des choses, en expliquent assez la raison. « J'etablis alors des correspondances regulieres avec toules les parties de I'Orient. Je choisis des hommes dont I'impartia- lite m'etait connue, et lis m'instruisirent toujours avec une extreme regularite de ce qui se passait de remarquable au- tour d'eux ; des temoins oculaires, des voyageurs etrangers aux debats des deux nations aux prises , me donnaient des details positifs sur les cvenemens arrives trop loin de moj. Voila par quels secours j'ai pu completer mon ouvrage ; tout ET POLITIQUES. 393 ce que j'y relate est le fruit de mes propres observations, on bien ye I'ai puise dans des rapports semi-officiels (1). » Les titles a notre confiance que M. Raffenel expose dans ces paragraphes nous font comprendre que, sans etre a bcaucoup pres aussi bien place que M. Pouqneville , il s'est trouve cependant a portee de recueillir d'amples informa- tions. II a vu la Grece d'un point de vue different et du livage d'Asie ; il s'est trouve au milieu des scenes d'horreur de Smyrne , et presqu'en vue de celles de Chio et de Scala- Nuova ; il s'excuse d'avoir contracte quelque chose d'etranger dans son style, par I'habitude de parler d'autres langues que la sienne : toutefois, ce dofaut n'ariive point jusqu'A rendre sa lecture fatigante, et nous montrerions bien peu d'ardeur pour la verite, si nous nous laissions rcbuter par quelques erreurs de langage. M. Raffenel tombe bien quelquefois dans I'emphase et la declamation; mais il parait simple quand on le lit apres Pouqueville. II merite done d'etre aussi consulte : mais,il faut en convenir, c'est lui-meme qui ebranle notre confiance, en nous disant qu'il a ledigc le Spectateur oriental. II cherchait, dit-il, a repandre la verite sous les voiles du mensonge, a servir les Grecs en flattant leurs oppresseurs. Peut-etre la lutte nontre la tyrannic reduil-elle souvent a com- mettre des actions , a tenir un langage que ne saurait approuver la morale plus severe d'une societe qui protege tons ses membres. Nous ne condamnerons point les journalistes ser- viles, lorsqu'ils font parvenir des sentimens moraux , des ve- rites, des lumieres, en quelque sorte par contrebande , a ceux qui gemissent dans I'oppression ; nous sentons seulement que celte adresse utile n'est pas un titre a la consideration pu- blique. Ceux qui out tenu, mcme pour un but louable , un langage que leur cceur desavoue , ont perdu le plus sacre des ; ( (l) Raffenel , t. i , Infrod., p. xviii. T. XXVI. — 3Iai 1825. 26 39/1 SCIENCES MORALES caraclcres de Ihoiumc do leltifs, ccliii de ptotres dc la veritc. A la (in dc raniiec 1823, dcs memoires siir la gtierre des Grecs furcnt publies a Paris sons Ic 110m du colonel Voutier. Ecrits avec sensibilite , avec chalcur, par qiielqu'un »]ui se donnait, non-seiilemcnt comme teraoin oculaire, mais comme acteur principal dans les deux campagnes de 1821 et de 1822, ils fnreiit recus par le public avec empressement : les Grecs eux-memes rcndaient temoignage de la verite des pein- tures de nioeurs qui s'y trouvaient presentees avec talent ; Toppression d6 la Grece avant I'insurrection y etait exposee de maniere a faire une impression profonde : la part que I'auteur s'attribuait dans les operations militaires , qnoiquc considerable , etait racontee sans orgueil et sans pretention ; il semblait dire ce qn'il avait fait , ce qu'il avait vu , et ne vouloir parler que de ses impressions personnelles. La criti- que d'ailleurs etait desarmee par le respect pour le caractere d'un de ces genereux Philhellenes qui avaient offert leurs talens et leur vie a une nation presque reduite aux abois , au moment oCi elle conibattait sans argent, sans amies, sans vivres , sans discipline , sans connaissance de la guerre , lorsque des terreuts paniques assiegeaient ses soldats, lors- qu'on risquait jusqu';\ son honneur par la pusillanimite ou la ferocite de ceux sous les etendords desquels on venait exposer sa vie. Les Memoires du colonel Voutier sont au nonibre des au- torites auxquelles MM. Pouqueville et Raffenel out eu recours pour composer I'histoirc des sieges de Tripolitza , d'Athenes et de Missolonghi. Cependant, quelques personnes annoncaient deja que cet officier n'avait jamais pu ecrire le livre qui Uii etait attribue , qu'un temoin oculaire n'aurait pu tomber dans les crreurs grossieres , dans les contradictions qu'on pretendait pouvoir' relever dans sa narration ; deja le bruit se repandait qu'il ne fallait voir dans ces memoires sur la Grece qu imt ET POLITIQUE8. SgS speculation de libraire; que le colonel Voutier, a son relour, avail raconte a ses amis ce qu'il avail fait avec ses 'com- pagnons d'armes, et que quelque ecrivain obscur, mais non depourvu de talent , avail mis de I'ensemble dans ces recits , et en avail fait un ouvrage plus agreable que veridique. La publication toute recente des memoires de M. Maxime Raybaud senible confirmer cette supposition. Get autre officier des Philhcllenes est, comme M. Voutier, arrive en Grece au milieu de I'ete de 1821, et il y est reste comme lui jusqu'i la fin de I'annee 1822. Tons deux onl ete en meme terns membres de I'etat-major general , et aides-de-camp du pre- sident (1). II scmble qu'ils onl eu a se plaindre Tun de I'autre , et M. Raybaud s'attache a relever de graves inexactitudes dans Touvrage de son pr^decesseur. II ne nous apparlient point de juger cette querelle entre deux hommes qui out montre un beau devoucment a une noble cause, qui onl rendu dc grands services a la Grece, comme militaires , et qui en ont rendu de nouveaux, comme ecrivains , si leurs memoires sonl bien enlierement d'eux. La lecture de Tun et de I'autre est agreable; mais le livrc de M. Raybaud I'emporte sur celui de son devancier, par la clarte , par la suite , par I'abondance des details, et il deviendra de nouveau robjct de notre attention , dans un des prochains cahiers de ce recueil. Les ecrivains francais que nous avons passes en revue onl peut-etre trop voulu faire un livre : I'ecrivain anglais que nous sommes appeles a leur comparer I'a voulu trop pen. Le colonel Leicester Stanhope a ete conduit en Grece par les plus nobles motifs; il y est arrive, dans I'automne de 1823, comme agent du coraite grec de Londres , pour porter les riches subsides des hommes les plus genereux de la nation britan- niquc a cos memes Hellenes auxquels d'autres Anglais avaient (i) Raybvi'd , Slanoires sur la Grece , cli. xwi, t. 11, n. 255. 396 SCIENCES MORALES fait taut de mal. Pendant rhivor dc iSa^ a i8a/| , lo colonel Stanhope a tiavaille, avec le zele et I'activite les phis hono- rables, a tout ce qu'il regardait comme phis avantageiix pour les Grecs ; non toutefois sans offenser souvent des homines dont ilsemblait oublier la reputation superieure de penetration et de finesse , lorsqu'il les traitait comme de grands enfans. II se proposait surtout de donner e^ ancien eleve des Ins- tituts d'Hofwyl (i). Une ignorance presomptucuse pourrail seule meconnaitre I'utilite reelle des defrichemens qui ont lieu dans le vaste champ de I'erudition. Les anciens monumens, les religions , les coutumes, les moeurs, les langages devenus souvent inin- tclligibles , que les erudits se chargent de nous expliquer et font en quelque sortc rcvivre sous nos yeux, indiquent des mines fecondes a exploiter et fournissent d'utiles sujels de meditations. L'etude des mysteres dcs anciens cultes est, sous ce rapport, une des parties les plus philosophiques de (i) Geneve, iSaS. i vol. in-8" dc i54 pages. Paschoud , Paris, le m(;me. f ET POLITIQUES. igg rcrudition, appliqiiee h I'liistoiie et i la philologie. L'homme crudit et laborieux, qui, apres s'l-tre livre a de longues ct sa- vantes recherches dont il vcut nous upargner la fatigue, nous fait entrer en partage de rinstrnction qu'il a peniblenient ac- quisc , nierite sans doiite notie reconnaissance. Nous aimons a trouver ici, dans I'auteur d'un travail de ce genre, un homme jeune encore, dont le nom et la patrie sont deja d'un heureux augure, et qui est sorti d'une institution celebre dans laquelle il s'honore d'avoir puise ses premieres lecons. Neanmoins, pour aller au devant des preventions de ceux qui demanderaient en quoi peut les interesser une dissertation sur le culte des Cabires, je leur rappellerai un article de notre Revue , dans lequel des recherches sur le culte de Bacchus { Voy. ci-dessus , t. xxv , p. /|o5-4i4 ) ont donne lieu a des observations savantes et instructives, etje leur citerai un pas- sage de Sanchionaton, rapporte par Eusebe, qui leur rappel- leral'origine des Cabires et les actions qui leurontete attribuees et qui leur ont merite les honneurs du culte dont ils furent long-tems I'objet. n Les Dioscures appeles Cahires, Corybantes etSamothiaces, avaient ete engendres par Sydyk ( Jupiter, suivant Bochart , etNoe, suivant quelques autres ); ils trouverent les premiers I'art de batir des navires , ct du tems de Cronos ( le Saturne de la fable ) , leurs descendans naviguant sur la mer avec des ra- deaux et des vaisseaux qu'ils avaient construits , echouerent sous le mont Casius , ou ils consacrerent un temple. Dans un autre endroit, on rapporte que Cronos donna la ville de Be- ryte a Neptune et aux Cabires. « Il y a tout lieu de juger, ajoutent les auteurs de YEncy- clopedie methodique ( Antiquitks , Mythologie , t. i^'' ) , que les C<2^;fVci- furent deifies ensuito par les Pheniciens, comme I'ont etc presque tons les hommes qui dans les premiers teins s'ctaient dislingues, soit par dc grandes actions, soil par Tin- /,oo SCIENCES MORALES vention ties arts utiles aii genre humain ; et Ton concoit aisc- mentque les navigateurs qui passeient les premiers de Phenicie en Grece, y introduisirent le culte qu'ils rcndaient sans doute aux Cabires, comnie auteurs de la navigation. » Dans un avant-propos , qui sert cVinfroduction,M. A. Pictet fait apprecier I'importance des recherclies de la nature de eelles dont il s'est occupe. Le peu qui nous reste de I'histoirc des Celtes, c'est-a-dire des habitans les plus anciennement connus de la plupart des contrees occidentales de I'Europe , nous fait voir , dans les colleges des Druides , les dcpositaires d'une religion , appuyee sur un edifice hitrarchique fortement construit, d'une doctrine qui renferme quelques-unes des bases les plus essentielles de la morale, etd'iino philosophic profonde qui considere les objets sous le point de vue le plus eleve. On ne peut meconnaitrc quelques rapports frappans entre les mythologies de I'lnde , de la Perse ancienne et de I'tgypte des Pharaons, et la mythologie des Druides : on trouve dans la religion de ces derniers I'origine de pliisieurs fables de la Grece. II est encore plus evident que, si les plus anciens philosophes grecs n'ont pas emprunte des Druides les plus sublimes prin- cipes de leur philosophic, ces philosophes, du moins, et les Druides ont puise , a des epoques differentes , a la merae source. Cette religion, cetle hierarchic , ces doctrines, ne sont point nees dans les forets de la Gaule et de la Grande- Bretagne : les Celtes Ves y ont importees avec eux. D'ou venaient- ils ? On est bien tente de soupconner que c'est de I'Asie , ou I'ou cherche naturellemcnt le berceau de la plupart des nations, puisque cette contree est deja reconnue comme la source fe- conde des traditions primitives; et cette supposition cesse en- tierement d'etre gratuite, lorsquc la comparaison des idiomes prouve que ics langues celtiques apparticnnent a la grandc lamille philologique dontVe saniscrit est le type. i ET POLITIQUES. /.or C'est dej^ une application utile des forces inteliectuelles, que dc chercher a connaitre, par la solution de differens problemes historiques , les migrations des anciens peuples ; mais il serait bien plus important encore de ressusciter pour nous leur reli- gion, leur philosophic, leurs doctrines, de rassembler des notions exactes sur ce que ces peuples fiu'ent et sur ce qu'ils penserent. Pouvons-nous faire quelques pasde plus, en fouillant encore dans la mine epuisee des ecrivains grecs et romains , qui nc nous ont jamais offert que des fragmens sur les Druides etsur les Celtes ? Est-il raisonnablement permis d'esperer quelques decouverles precieuses, en cherchant exclusivement en Asie , dans cette Asie qui est si loin de nous, et dont la moitie est interdite a la curiosite des Europeeus et fermee a leur avi- dite. Mais, les races celtiques et leur langue, subdivisee en dia- lectes, ont survecu a cent catastrophes , a leur importance politique, a leur gloire ancienne, et elles sont tout pres de nous ! — Dans quatre dt'partemens de I'ancienne Bretagne , la masse de la population parle le bas-brelon; — dans la Grande- Bretagne, les habitans du comte de Cornouailles parlent le cornique; ceux de la principaute de Galles, le gallois , et les montagnards de la haute Ecosse, Terse; — enfin, Ton re- trouve, comme langues Yivantes, le manx dans I'lle de Man , et I'irlandais chez les paysans del'Irlande. Pourquoi ne pas demander a I'etiide appi'ofondie de ces idiomes, au rapprochement critique des divers dialectes, qu'il serait facile de comparer avec les langues classiques et avec celles de I'Orient, tout ce qu'ils peuvent nous apprendre sur I'origine et I'histoire primitive des Celtes ? Mais il ne faudrait pas se borner la. Les traditions historiques et mythologiques des Celtes, leur lilteraturc poetique, qui est tres-richc, sont ecritcs; le nombre des manuscrits anciens, enirlandais, es' /»o2 SCIENCES MORALES tr^s - grand ; ics richesses litteraires des Gallois sont plus grandes encore. Mettez la main a I'cenvre, historiens, philo- sophes, antiquaires, philologues; collationnez les nianuscrits , soumcttcz-les a une critique severe , separez les interpolations du texte original, retablissez ce qui a ete altcre; publicz les resultats de vos rechercbes, et soumettez - les al'Europesa- vante. M. A. Pictet donne I'excmple : il a choisi , dans la mytho- logie irlandaise, un sujet qui lui a paru interessant, et il offre modestement sa dissertation, conime un essai incomplet, a I'in- dulgence des juges competens. L'auteur s'appuie sur un passage de Strabon , pour prouver que Ton savait deja , dans une antiquite reculee , que Ceres et Proserpine avaient, en Irlande , unculte dont les rites elaient les memes que dans la Samothrace; il prouve qu'iln'y a qu'une manierc d'entcndre ce passage de Strabon ; ct tons ceux qui ont etudie ces matieres , savcnt que le culte de Samothrace utait cehu des Cabires. Les ecrivains grecs et remains nous fournissent quelques materiaux sur le culte de Samothrace; nous ne possedons , quant au culte irlandais, que le passage de Strabon; les nianus- crits irlandais, les traditions nationales, nous en apprendront- ils assez sur ce culte des plus anciens habitans de I'lrlande , pour juger de son analogic avcc cclui des divinites adorees en Samothrace ? Au premier anneau de lachaine mythologique des Irlandais, sc trouve place le dieu Acsar. II nous semble que l'auteur de la dissertation a demontre que Aesar n'est autre chose que le principe generateur du feu, ou \ajbrce nctiwde la nature. C'estdans la dissertation meme qu'il faut lire les preuvesde cclte assertion. Ellcs anuoucent , dans l'auteur, des connais .sanccs philologiqucs ctcndues <;t profondes, et en meme tcius un esprit de critique tres-judirieux , qui lui intcrdira toujours ET POLITIQUES. 4o3 Tabus des recherchos etyniologiques, ct ne liii permellra ja- mais de les estiniei' plus qu'cllos ne valent. En face du dieu Aesar, la mytholoyie irlandaise nous prcsenle la deesse Eire; scion I'auteur, elle est une divinite primitive, ]e j^rincipc passif dans ]r natuic, la mat/ice universellc, qui contenait tous les gernies de rexistencc, la matierc informe , condamnee a une eternelie stcrilite, sans le concours d'Aesar, qui est le principe aclif , le feu intelligent, devant tout pro- duirc par son action vivifiante. Les ancicns Irlandais avaient vingt-un noms differens pour cette divinite primitive, a laquelle ils attribuaient aussi diverses epithetes. Si Ton suit I'auteur dans ses savantes recherghos , sur la veritable signification de ces noms et de ces epithetes , il sera difficile de lui contestcr I'evidence de son explication, re- lative a la deesse allegorique Eire, ou Ith, ou Anu. Aesar et Eire reprcsentent cette dualite primitive que Ton retrouvedans toutes les mythologies : enchaines I'un a I'autre par une eter- nelie necessite, se manifestant mutucllemcnt, ils produisent sans ccsse la realite par une action reciproque, simultanee, et, en quelque sorte , magique : c'est ainsi- qu'ils constituent la force fondamentale de I'univcrs. Cet extrait a pour objet de justifier notre opinion sur la dissertation de RI. A. Pictet, et d'inspircr auxjuges competens le desir de la connaitre. Ceux qui aiment les discussions lumi- neuses sur les questions obscures en elles-memes, liront avec plaisir, dans I'original, des developpcmens pleins d'interet sur le second anneau de la chaine mythologique des Irlandais. Nous nous bornerons a dire que ce second anneau sc compose du dieu Ain, et de la deesse Eo-Anu, ou la seconde Ith ( observez que Ann etith sent deux des noms de la deesse Eire ). — Ain n'est pas le feu intelligible; il est le feu reel , allume par Aesar ; — Eo-Anu , ou la seconde Ith , derivee de la premiere, ou de la divinite primitive Eire, est le commence- 4o/, SCIENCES MORALES inent tie la nature, ou la naissance de la realitc. — Ain et Eo-Aiiu nous presenteiit la meme opposition que Aesar et Eire, ou la premiere Itli ; mais, a ce second anneau, I'opposi- tion est transportee de I'existencc potentielle dans le domaine de I'existence reelle. Passant au troisieme anneau de la chainc mythologique des Irlandais, nous y trouvons Ic dieu Ccaras et la deesse Ceara. Cearas est le feu du ciel , comnie Ain est le feu terrestre. II estle feu celeste considerecomme leliberateur de la nature , le distributeur de la chaleur vitale et de la fecondite , le produc- teur de toutes les formes. loise rencontre une des preuves les plus remarquables du rapport intime du systeme mythologique des CabiresdeSamo- thrace avec le systeme mythologique des Irlandais : les Irian- dais appellent Cearas, Axcearas; un des Cabircs de Samothrace est nomme Axiokersa ; dans les deux mythologies, Axcearas et Axiokersa ont precisement les memes attributions ; enfin , I'Axiokersa de Samothrace occupe, dans la chaine theurgique, le troisieme dcgre, comme I'Axcearasd'Irlande. La deesse Ceara, placee vis-a-vis de Cearas , signifie la nature, non pas la na- ture gcrme, comme Eire, ni la nature naissante nomnie Eo- Anu, mais bien la nature dans samaturite et dans la plenitude de son developpement. Ceara est identique avec la Ceres de la mythologie grecque ; et ce qui prouve cette identite , c'est que tons les poetes irlandais donnent a leur Ceara une fille et qu'ils la nomment Porsaivean, comme les Grecs appellent la fille de Ceres Persephone , et les Romaius Proserpine. Cearas et Ceara forment entre eux la meme opposition d^ esprit et de matiere , de principe male ou generateur, et de principe femelle ou re- |)roducteur par un concours necessaire que Ton a pu observer dans les dicux des epoques anterieures. M. A. Pictet convient ici, avec une bonne foi remarquable, qu'il entre dans le vaste champ des conjectures et des incertitudes, au moment ou d ET POLITIQUES. 4o5 qnilte le troisieine degre de la chalne mytliologiquc. Nean- nioins, on devra convenir,en lisant son ouvraj^c, etcn pesant attentivement toutes ses inductions, qu'il est fort probable que des recheiches plus approfondies, dans la mine des anciens monumcns des traditions irlandaises, confirmeraienl la phipart des suppositions qu'il a faites, parce qu'il ne s'en est pas permis une seule qui soit graluite , et a laquelle il n'ait ete conduit par des raisonnemens d'une saine logique et par des analogies tres- bien etablies. Suivant les conjectures de I'auteur, lequatrieme anneau de la cliaine est forme par la deesse Aedh ou Aodh , qui est la vitalite, si Ton veut, le principe vital, et par le dieu Lute ou Lufe , qui est le principe de la force ou du desir. Au cinquieme anneau, on voit, d'une part, une deesse en trois personnes , une sorte de triple Hecate, qui est a la fois , sousle nom de Lann, la lune,consideree comme exercant une influence malfaisante sur les forces vitales; sous le nom de Ceacho, la deesse de la medecine; et sous celui de Brighit, la deesse dela poesie, de la metallurgie, etc. ; — En opposition, un dieu egalement en trois personnes qui, sous le nom de Geamhar, est la vegetation potentielle; — Sous le nom de Dins, la vegetation naissante; — Sous le nom de Tath, la ve- getation developpee. Enfin, Ton trouve au sixieme anneau de la chaine, d'une part, la deesse Nath, qui est I'intelligence, la deesse de la sa- gesse ( I'Athene des Grecs ) , et de I'autre , le dieu Neith , ou le dieu de la guerre. Nous recommandons a I'attention des lecteurs le paragraphe 17, qui presente, avec une grande nettete et beaucoup de force logique , des considerations philosophiques sur I'ensemble du systeme des Cabires irlandais. Au-dessus de tons les Cabires irlandais, est place, par la mythologie dont nous nous occupons, un plus grand dieu, le 4o6 SCIENCES MORALES dicii Samhan. M, A. Pictet proiivc tres-bion qu'il est i la fois, ii regard du grand Denii-Urgos, on du diou supreme, son ser- viteiir; par rapport aux dicux Cabires, une sorte do media- teiir, un representant intermediaire du dieu supreme, dont tous dependent; enfin, pour les hommes, le delegue qui jugera leurs ames separees du corps. Samhan remplit les memes fonctions que le celebre Schel- Hng demon tre devoir etre attribuees au Kadmilos de Samo- thrace, identique avec le Camillus des Elrusques, et ce qui est singulierement remarquable, c'est que M. A.Pictet rend tres-probable que Samhan , qui avait plusieurs noms chez les anciens Irlandais, portaitentre autres celui de Cadmaol. M. A. Pictet justifie le nom de Cabires, place au litre de son cssai, par un fait entierement nouveau, qui decide peremptoi- rement de I'identite des Cabires de Samothracc avec le s)'steme niythologique des anciens Irlandais. Schelling nous avidt ap- pris que le nom des Cabires signide D'd socii , ct il avait rap- proche ces Cabires de Samothrace (\es,Diico//setitcs- oncompUces des Etrusques. M. A. Pictet a trouve, dans lesmonumens irlan- dais , que la serie elex dieu.v , suhordonnes a Samhan , s'appelait Samhandraoic, c'est- a-dire, Cabur; et les dictionnaires gaeli- ques lui ontapprisque Cabur, en irlandais , sigruji ait associa- tion , confederation inutuelle. Samhan n'est que le serviteur du Dieu supreme, verslcquel tout le systeme s'eleve , comme a sa derniere fin. Les Irlandais ont donne au grand Demi-Urgos une foule de noms , et pres- que tous fort reniarquables. Il porte celui deSeadhac: remar- quez une singuliere analogic avec le Sydyk, dont Eusebe nous dit (]u'il etait le ])ere des sept Cabires. Il porte aussi , chez les Irlandais, le nom d'AUa , qui est repele dans tout I'Oricnt. — Mais la denomination qui doit fixer davantage I'atteution , est celle de Comhdhia, qui signifie, le Dieu qui est a la fois un ei plusieurs. ET POLITIQUES. 407 A ce sujct, M. A. Pictet fait robscrvation siiivante , dont I'expression est aussi precise (jue Ic sens en est jus!e : « Lc nom de Comhdhia indique un rapport d'identite fondamentale entre rassociatioii cabiriqne et le supreme Demi-Urgos. Sons ce point de vue , les Cabires sont les membres on les organes divers d'un grand tout, dont I'etre des etres est a la fois le centre et la circonference, ou, pour nous exprimer d'une ma- niere plus confonne a la disposition de ce systeme irlandais, la base et lesommct. Le Dieu absolu est nianifeste, et se manifeste kii-menie , par I'association cabirique , dontil estle commence- ment , le milieu et la fin. » De la page 108 a la page ii5 , notre auteur resume les re- sultats de ses recherches, et presse le developpement des consi- derations qui kii semblent justifier son opinion. Ici, I'ecrivain est si serre, sans cesser d'etre lucide, qu'il est rigoureusement impossible d'analyser ; il faut renvoyer a 4'ouvrage ; mais nous lui emprunterons le tableau suivant, propre a donner I'idee la plus juste du sysleme des Cabires irlandais : — « D'une dualite primitive, conslituant la force fondamentale de I'univers, s'e- leve une double progression de puissances cosmiques , qui , apres s'etre croisees par une transition mutuelle, viennent tonics sc reunir dans une unite supreme, comine dans leur principe essentiel. » Les paragraphes 23, 24 et aS offretit des details precieux , qui ne sont point episodiques, et que I'auteur sait rattaclicr a la solution de la question principale. Le paragraphe 26 doit exciter le meme interet , et Ton y trouve le meme genre de mei ite. M. A.Pictet pense qu'on nesaiuait, apres I'avoirlUjSe refuser a une conclusion qu'il exprime dans les ttrmes suivans : « II ti exisle fort anciennement, en Irlande, un culte particulier qui, par la nature de ses doctrines, par le caracterc de ses sym- boles, par le nom meme de ses dieux , se lie de pres a cctte religion des Cabires de Samothrace, emanee probablement de /jo8 SCIENCES MORA.LES ET POLITIQUES. la Phonicie, ct dont nous retrouvons des vesliges dans une grandc partic dii monde ancien. Ce culte reposait siir iin sys- feme vaste et profond , qui scmble avoir cte conime le centre generateur des plus antiques croyanccs. II s'expriinait enfin par des symboles , que le terns a respectes, et qui re^oivent leur explication de la doctrine qui leur servait de type. » Cette dissertation est ecrite, comnic doivent I'ctre les ou- vrages de cc genre, et le style de I'auteur est une preuve de son gout. Nulle part on nest blesse par cette sucheresse qui a fait repousser tant de volumes estimables en eux-memes , et I'ecrivain n'a pas cede , une seule fois , a la tentation d'y semer des ornemens qu'un gout exerce reserve pour un autre genre d'ecrits. L'ouvrage sera lu avec interet , parce qu'il y en a dans le sujet, et qu'on y trouve des verites ncuves. — II sera utile , moins encore parce qu'il est savant , que parce qu'il est em- preint d'un esprit d'analyse, applique a raccroissemenl denos connaissanccs philologiques. L'autcur s'cxprime avec modcstic sur ses espt-rances, et il reclame I'indulgence des liommcs instruits. Nous osons lui pre- dire d'honorables succes dans la carriere ou il se montre deja d'une maniere si distinguee. Connaissant bien la langue francaise, et mieux encore la langue allemande, il nous parait destine a devenir un jour un mediateur , un Samhnn , entre les deux litteratures, entre les, deux philosophies. — II se pent que M. A. Piclet dirige ses recherches vers d'autres objets; mais, du moins, on a I'assu- rance qu'il se iiviera tout entier a des travaux scientifiques et litteraires. C'est ainsi qu'il soutiendra I'honneur d'un nom, que son pere et son oncle , enleves dcpuis peu de mois a leur patrie et a I'Europe savante, out rendu difliciie a porter; et qu'il jus- tificra la renommee des institutsd'Hoffwyl oi\ il a ele forme pour les sciences. V. LITTERATURE. L. Ann^i Senec/E TRAGiEDiAS, penitus excnssis niemhra- nis Florentinis ^ adhibitisque codice Ms. Ultraj. , editione prima Car. Fernandi , et aliis spectator Jldei libris item Joannis Friderici et Jacohi Grono\>iorumnotis ine' ditis recognovit Frid. Henr. Botiie , d. phil. et AA LL. M. , Archiducali, quae Jense est, societati latinoe Berolinensiiimque Teutonicse, hon. c. adscriptus Lipsiae, in libraria Hahniana, 1819. — Tragedies DE Seneque , corrigees d^apres les manuscrits de Florence , un manuscrit d'' Utrecht ^ Vedition Princeps de Ch. Fernand.^ d'autres textes fideles ^ et d'apres les notes inedites de Jean-Frederic ct Jacques Gronoi'ius ; par Fred. Henr. Bothe, doct. en phil., maitre en arts liber., membre de la Societe latine arehiducale de Jena, membre konoraire de la Societe allemande de Berlin (i). L. Anncei Senecce Tragcedice. Recensuit Torkillus Baden , mag. art. lib. et d. philos., professor emeritus, arei reg. Charlottenburgensi praefectus, Acndemiae reg. Artium , etc. Lipsiae , apud Gerhardum Fleischer , 1821. — Tragedies de Seneque, revues par Tor- killus Baden , maitre en arts liber, et doct. en phil., professeur emerite, gouverneur du chateau royal de Charlottembourg, de I'Academie royale des arts, etc. (2). Voila deux editions des tragedies deSeneqne qui viennentde paraitre presque a la fois en Allemagne, comme pour venger (i) Leipzig, 1 819. 3 vol. in S". (a) Leipzig, 182 1 ; chez Gerhard Fleischer. 1. vol. in-S". T. XXVI. — Mai \%iS. 27 /, 111 LITTliRATURE. ce poetf dii loiiy oubli des commeiitaleitrs ct Acs critiques. .Te ne ci'ois pas, vn erfet,que,dcpuis I'edition publire en 1728 par Schrosdci'ijuscpra la {indu xviii'= siecle, on se soit specialcment occupe do Icclaiicisscmentet dc la correction de son textc, tou- jours obscur, nialgre lant d'ouvrages entrepris pour I'expliquer. Apres les immenses travaux de Delrio , de Jusle-Lipse ct do Gronovius, Schroeder avail propose d'utiles et d'ingenieuses observations : on en pouvait encore trouver apres Schroeder, qui ne s'etait pas flatte sans doute d'avoir tout dit sur un au- teur d'line concision si travaillee et si myslerieuse. Cependant, jusqu'a MM. Bothe et Baden, on seniblait avoir renonce a un nouvel examen du sens gcneralement recu depuis pres decent annees, et surtout des lecons adoptees d'apres les manuscrits ou introduites par conjeclure. Lessing, dans" son ouvrage inti- tule : Thcatralische Bibliothek (Bibliotheque dramatique ) , a considere les tragedies de Seneque sous d'autres rapports que ceux de I'explication litterale et de la criiique du texte. L'edi- tion qui a paru en 1754 , a Breslau, n'elait pas accompagnee de notes, et celle qu'on a publiee, la meme annee, a Padoue, nc contient que les ancienncs notes et les observations surannecs deFarnabe. Les editions de Deux-Ponts( 1785011796), presen- tentpresque s^nschangemen tie texte de Jac. Gronovius( 1682); et, comme toutes les editions d'ecrivains ancieus publiees par la meme societe, elle n'offre auoun comnientaire. Je ne parlc pas des traductions qui ont paru pendant un si long intervalle ; car on sait que gcneralement les traducteurs s'occupent pen de la discussion et de I'amelioration des textes. L'abbe Coupe et M. Levee, dans leurs versions francaises, publiees Tune en 1795, I'autre en 1822, n'ont pas miJme corrige les erreurs de sens accreditees avant eux. Voila ou la critique avail laisse les tragedies de Seneque, quand MM. Bothe et Baden ont entrepris d'en reformer Ic texte et d'en faciliter I'intelligonce. M. Bothe, editeur de Plaule el J LlTTli^RATURE. 4ii de Terence, se presentait avcc avant.ige a cette deiniere etude dii theatre latin. Outre des notes inedites des deux Gronovius et I'extrait dcsMecons du mannscrit de Florence, negligees par Fred. Gronovius, il possedait un nianuscrit d'Utrecht, qui of- frait des iecons nouvelles de plus dun passage de VHercule fiirieux, de YHippolyte el de VOctavie. Il aurait pu en consulter beaucoup d'autres , qui etaient a sa disposition ; mais il ne Irou- vait dans aucun ni la correction, ni le caractere d'antiquite in- dispensables pour balancer I'autorite du fameux manuscrit de Florence , dont Gronovius a proclame I'excellence et presque rinfaillibilite. Quant aux editions , M. Bolhc a eu sous les yeux celle de Caietan de Cremone, dont on peut placer la date a I'annee 1 4y3 , celle de Bad. Asccusius ( 1 5 1 4) , d'Avantius ( 1 5 1 7) , de Dclrio , de Gronovius, de Schrceder. Mais celle a laquelle il attache le plus de prix, celle qui doit surtout, a son gre, donner de I'importance et de I'utilite a son travail, c'est I'an- cienne edition, publiee par Ch. Fernand, qu'il a decouverte k Manheim. Ni Maittaire, ni Debure , ni Panzer n'en ont parle. Il en a vaincment fait chercher un second exemplaire dans les bibliotheques d'Allemagne , et particulierement dans celles de Goettingue et d'Heidelberg. M. Bothe, si joyeux et si fier de sa bonne fortune, ne va-t-il pas nous porter envie, quand il saura que nous possedons a Paris deux exemplaires de cette precieuse edition , generalement inconnue nujotird'hui, (vulgo hodie incognita ), et dont il se croit oblige de rapporter jusqu'a la preface? Je les ai cues toutes deux entre les mains , et j'avouerai que si j'ai partage I'opinion de M_ Bolhe sur I'antiquite et I'originalite de I'edition, je n'ai pas ete frappe comme lui des secours qu'elle offre aux nouveaux commenta- teurs. Son texte differe pen de celui des quinze a vingt ma- nuscrils des xiii^ et xiv^ sienles, que Ton peut consulter a la Bibliotheque royale : elle en a conserve les incorrections et les fautcs evidentes, sans proposer d'ailleurs de Iecons neuves 4 12 LITTERATURE. ou curieuses. Je ne vois pas que M. Bothe, pour lequel elle re- presentait du jnoins les manuscrits de Paris , qu'il n'a pas connus, en ait lire un grand parti. II s'en tierit presque tou- jours au texlc do Gronoviiis, et ne rapporte les ancienncs lecons de Fernand que pour les rojeter. Ce n'est pas ici le lieu de discuter le sens du texte de Seneque : mais il me serait facile de citer plusieurs passages alteres depuis long-tems par le caprice ou la vanite des editeurs, et que M. Bolhe pouvait re- tablir sur la foi de son edition princeps. A ce defaut s'en joint un autre tout oppose : M. Bothe, si timide dans la refornie du texte, est cependant tres-hardi dans ses conjectures: il s'en pernict trop et les pousse trop loin : assez souvent , il en fait d'inutiles, conime s'il voulait seulement exercer son esprit in- genieux. Les conjectures sont la parlie brillante de la critique, renfermee dans les bornes ou nous la eonsiderons; mais elles en sont aussi I'ecueil. Le ministere du cornmentateur est or- dinairement grave et severe ; il a moins besoin d'imagination que de justesse, de savoir et de simplicite. M, Torkillus Baden avait promis, depuis plus de vingt ans, I'edilion que nous annoncons aujourd'hui. En 1798, il fit pa- raitre uu xpecimen du travail qu'il preparait. II annoncait, dans la preface, qu'il avait revu le texte de Gronovius sur dix sept manuscrits d'ltalie et d'Alleniagne, sur I'edition de Ferrare ( 1481 ), et sur les ancieunes editions de Lyon ( lAgi )> de Venise (1492, 1498 et iSaa), et de Paris (i5ii et i5i4). II avait du a ces secours, bicn moins qu'a la subtilite et a la finesse de son esprit, de pouvoir proposer au texte de Grono- vius quelques changemens, presque toujours fondes sur de spirituelles conjectures, mais qui laissaient desirer plus de so- lidite et plus de gout. On sent trop souvent dans cet essai I'envie de briller par i'erudition ow la sagacite; la discussion n'y est pas toujours assez precise, ni le ton assez grave; on y trouve des phrases declamatoires, comme celle-ci, sur une maxima d» LITTliRATURE. Iti3 tyran Lycus, dans I'Hercule furieux , v. 353 : j^rs prima regni, posse te invidiam pati : « Si ars prima et gravissima tyrannidis in contemnenda invidia cernitur, unde tibi, ignave exsul, ilia ars tam repente exstitit ? Heri scilicet didicisti : docile ingenium admiror , etc., etc. « « Le premier talent dans nn roi, c'est de savoir supporter la haine. — Si c'est le mepris de la haine qui est la premiere et la plus utile science du tyran , dis-moi, lache exile , d'ou t'est-elle venue si subitement ? c'est d'hier sans doute que tu la possedes : j'admire la docilite de ton esprit, etc. >- Ce n'est point la le caractere de style , ni le genre de critique qui conviennent a un commentaire. An reste, M. Baden semble avoir traite ce premier ouvrage avec plus de severite que nous- memes : nous y louerions volontiers bien des passages, tandis que, dans les deux volumes qu'il public, on ne retrouve pas unmotdu5/7ecj/7ve/z,destineaulrefoisaendonnerridee. M.Baden a renouvele entierement son travail : il a change d'avis sur tout; il adopte ce qu'il avait rcjete, et il rcjette ce qu'il avait admis. Ce dernier commentaire me parait plus precis , plus simple et plus jiidicieux que le premier. Outre la discussion des lecons, I'auteur y a rassemble un assez grand nombre de passages d'au- teur grecs et latins, qui expliquent la pensee de Seneque on qui en justifient le style. Ce genre de notes convient parfaite- ment dans la critique d'un auteur contemporain de la deca- dence dn gout, a laquelle il a contribue, mais qui ccpendant se plaisait quelquefois a reproduire les pensees et les poetiqties imaginations d'un meilleur siecle. M. Baden a signale beaucoup d'imitations, dont Delrio et Gronovius n'avaient point parle: c'est xm avantage qu'i! a sur M. Bothe. Un defaut comniun des deux commentateurs , c'est une con- descendance excessive pour Gronovius : leur respectueuse sou- mission aux arrets de ce fanieux critique va jusqu'a la supers- tition et I'idolatrieron ne peut, h leur gre, le contredire sans sacrilege. Schroeder en a fait I'epreuve : apies avoir (to fort 4i4 LlTTfiRATURE. inaltraile autrefois par Cortius et Ducker , indignes de son aii- dace k censurer le inaitre , quoiqu'il se fut contente de discuter quelques passages du texte de Gronovius, sans en cbwngcr un un mot dans son edition de 1728, il a etc gourinaude de nou- veau par M. Baden, partisan declare du commentateur Ham- bourgeois et de son naanuscritde Florence. Ce manuscrit a ete tres-utile sans doule; mais il presente des lemons si particulieres et si peu semblables anx lecons de tous les autres nianuscrits des bibliotheques d'Aliemagne, de France et d'llalie, queje suis tente d'y voir I'ouvrage d'un copiste habile , quiamoins cherche a conserver le texte de Seneque qu'a Taccommoder a son intelligence et a son gout. Que ses corrections aient toujours du sens, qu'elles soient souvent elegantes et ingenieuses, c'est ce qu'on ne pent nier sans injustice : mais , si, comme il est permis de le soupconner, elles n'etaient que d'habiles conjec- tures, elles fomberaient au rang des opinions individuelles; elles n'auraient plus d'autre autorite que celle du talent et de la sagacite de leur auteur. Je ne doute pas qu'un homme d'es- prit ne puisse changer le veritable texte de Seneque, de ma- niere a plaire aux commeritateurs plus que Seneque lui-meme: cependant, c'est le texte de Seneque qu'il fautdonner, tel que I'antiquite I'a transmis au moyen age, dans la purele de son caractere original, et sans les adoucissemens de la phiiologie inoderne. Je voudrais done que, lorsque les manuscrits et les anciennes editions s'accordent sur une lecon, que cctte lecon est intelligible , et n'est contredite ni par le genie de la langue, iii par renchainement des idees, on ne substitnat pas, sur la foi d'lm seul manuscrit, une expression plus naturelle, plus brillante , on plus forte : car il est probable qu'on achete alors un leger avantage de style, au prix de la verite, dont rien ne pent excuser le sacrifice ni reparer la perlc. Ce tort est souvent lelui de MM. fiothe et Baden, de celiii-ci surtout, qui, a i'ext'Uiple de Gronovius, menage assez pen le texte piimilif et LITTER ATI] RE. 4i5 sa roalite, fondee siir le temoiynage presqu'unaiiime dcs ma- il usciits. Je reprocherai encore h MM. Bothe et Baden de n'avoir pas donne des notes explicatives sur le sens d'line infinite de pas- sages difficiles, dont I'interpretation n'est pas nettenient arretee entre les tradncteurs. L'examen des lecons pent etre la prin- cipale etude qu'ils se soient proposee : mais ils u'ont pas du oublier que I'objet meme de cet exainen est rinlelligence plus parfaite de I'ecrivain , et qu'il n'est pas moins essentiel d'eclairer par des developpemens les endroits obscurs sur lesquels les lextes s'accordent, que d'eclairer par des changeniens et des corrections ceux dont I'expression latine n'est pas irrevoca- blement fixee. Le meme genre de commentaire ne convient pas a tous les auteurs de I'antiquite : il en est qui n'ont pas besoin qn'on aide ^ rexplication do leurs idees : soit par I'influence des choses dont ils traitent et du genre dans lequel ils ecrivent, soit par I'heureuse simplicite et le nature! exquis de leur style, ils se font entendre sans effort; ils coinmuniquent avec leurs lecteurs sans I'entremise des iuterpretes. Mais Seneque n'est pas au nombre de ces ecrivains simples et faciles : tout a la fois diffus et concis avec exces, il gene I'intelligence et par la pro- fusion des idees, qu'on lie quelqiiefois avec peine, et par la brievete de chaque phrase, qui derobe a I'esprit le sens qu'elle renferme. Les versions fran^aises des tragedies de Seneque fourmijlent de conlresens. La derniere, publiee en 1822 , dans I'ouvrage intitule Theatre complet des Latins , est copiee pres- que entierement sur la mauvaise traduction de Coupe. A defaut des traducteurs, que les comnientateurs au moins, plus ins- truits it plus soigneux , s'occupent de I'explication du texte. Qu'ils laissent, s'ils le veulent , a la critique litteraire eta la haute philologie le soin d'apprecier les tragedies de Seneque sous le rapport de I'art, de le comparer aux poetes grecs, dont il a gate les beaux ouvrages en les Iransporlant sur la scene 4x6 LITTER ATURE. 'latiiie, de demeler, dans son Immense inferiorite, ce qui vient de la difference des nations ou des terns, ct de la difference des i^enies : niais qu'iis n'omettentrien de ce qoi pent eclaircir sa phrase et sa pensee; c'est la toute I'utilite , et, dans I'utilite, toute la gloire de leurs travaux. J. Pierrot. Lks Lusiades, ou tES PoRTUGAis, pocme de Camoens, en dix chants; traduction nouvelle , avec des notes ^ par J.-B.-J. Millie (i). Le flambeau des lettres venait d'etre rallume dans le midi de I'Europe; I'ltalie possedait dejales sombrespeinturesdu Dante, Ics poesies pleines de grace do Petrarque, ct les brillans recits de I'Arioste, lorsque Camoens enrichit la litterature portu- gaise de la premiere epopee publiee depuis la renaissance des lettres; car nous ne pensons pas que Ton puisse donner ce nom a la faible composition du Trissin, presque oiibliee au- jourd'hui. Homere avait pris le sujet de ses poemes dans I'histoire des terns fabuleux et heroiques de la Grece, sa patrie. Virgile, en chantant I'etablissement des Troyens dans le Latium, celebre la fondation d'une colonic qui fut le berceau de Rome. Sa muse adulatnce avait saisi avec empressement I'occasion de flatter I'orgaeil d'Auguste , auquel elle donnait pour ancetre le heros de cette entreprise , fils d'une deessc. Camoens prit aussi le sujet de son epopee dans I'histoire df son pays. Mais ce ne fut point pour se concilier les faveurs di prince et des grands qu'il composa son poeme. Un motif plus noble I'animait. U voulait perpetuer le souvenir de I'un dei (i) Paris, i8a5. 2 vol. in-S". Firmin Didot, rue Jacob, n" 24. Prix t6 fr. papier superfin satine ; ii\ fr. velin. LITTJfeRATURE. 4 17 evenemens les plus importans de son epoque, et qui devait repandre une gloire immense snr sa nation, la decouverte des Indes orientales. Refugie k Goa, pour uvitcr les persecutions qu'il eproiivait dans sa patrie; exile de cette colonie,pour avoir public une satire dans laquelle il atlaquait la ir.auvaise admi- nistration des "vice-rois de I'lnde, il consacra an culte des muses les loisirs que lui avaient faits ses ennemis. Chretien «t Portiigais, il puisa dans cette double qualite les sentimens qui eclatent dans son poeme : la haine du maliome- tisme, I'amour de sa patrie. Son vaste genie embrassait d'un coup d"oeil I'influencc que la decouverte des Indes devait avoir pour la prosperite du Portugal, comme pour la propagation de la foi evangelique dans de lointains climats ct pour I'affer- missement dans Europe de la religion chretienne, menacee par les conquetes des Ottomans qui allaient etre contraints de se replier vers I'Orient. Aussi Camoens ne cesse-t-il d'exciter ses compatriotes a repousser Tinvasion des infideles, et de donner au prince de sages conseils pour la direction des af- faires publiques. les Lusiades ont ete I'objet de nombreuses critiques; des litterateurs distingues ont pris leur defense. En general, ce poeme n'a pu etre bien juge en France, parce qu'il n'en exis- tait que des traductions infideles. Il est meme permis de croire que quelques-uns des censeurs de I'ouvrage ne I'avaient lu que s'jperficiellement; et nous n'hesitons pas a placer dans cette classe Voltaire lui-meme. Son genie, qui voulait tout em- brasser, ne pouvait que glisser rapidement s»ir certains objets. Aussi, raalgre les corrections qu'il a fait subir a son Essai snr la pcesie epique, I'article de Camoens presente-t-il encore des inexactitudes et des jugemens hasardes. Voulant a la fois faire connaitre le plan des Lusiades, et donner une idee des difficultes que le traducteui- a du vaincre, nous allons presenter I'analyse sommaire de co poeme. /ii8 LITTERATLRE. Le poele, apres avoir expose son sujet, invocnie les iivm- plics (hi Tage, et s'ctre recomaiajide au roi Sebastien , entre tout a coiip en matiere! II nous presente la flotte portugaise, sous les ordres de Vasco de Gaiiia, au moment oii elle vient de di'passer le cap des tempetes. Jupiter convoque les dieux et Icui- annonce que I'inexoiable Destin a promis aux enfans de Lusus la longue domination des mers de TOrient. Bacchus, an- cien conquerant de I'lnde, voit a vcc jalousie leur entrcprise, et s'oppose a sa reussite. Mais Venus, (|ui letiouve dans les Lu- sitaniens les vertus heroiques des Roniains , et Mars , qui devait pioteger la cause des heios, prennent lenr defense. Les dieux adoptent leur avis, et la flotte arrive a Mozambique. Elle est visitee par les Maures. Leur chef, qui a en horreur le culte des chretiens, forme le projet de la detruire. Bacchus hii apparait el le confirme dans ces dispositions. Les Maures atlaquent les Lnsitaniens et sont battus. lis ont recours a la clcmence des vainqueurs et leur donnent im pilote qui doit les conduire au naufrage. II les fait arriver dsvaut Mon- baze, qu'il pretend etre habitee par des chretiens. Bacchus se rend a Moubaze; il prend la figure et les vetemens d'un Chre- tien et trompe les envoyes de Gama. Celui-ci allait entrer dans le port. Mais Venus, effrayee de son danger, a recours aux nymphes de la nier qui entourcnt la flotte et I'eloignent du ri- vagc. Elle s'adresse a Juniter, qui lui revele les destinees qui attendent les Portugais , et donne I'ordre a Mercure d'appa- raitre a leur chef et de lui niontrer la rive qui doit lui prefer im abri. La flotte arrive a Melinde dont le monarque accueille les Portugais. Il prie Gama de lui presenter un tableau fidele de son pays, des fastes de sa nation et des perils de sa navigation. Gama lui fait la description del'Kurope, lui raconte I'liis- loire des princes du Portugal, depuis le cointe Henri jusqu'a Emmanuel , par les ordres duquel a lion rexpedilioii d'Orient; Il lui fail Ifc tableau tin depart de la fli)tte, de sa navigation et LITTER ATURE. l,uj dc son arrivee au cap des toiirmentes que le j^cnic des teni- petes veut en vain I'empecher de doiibler. Gama quitte Melinde; Bacchus fail de nouvcaux eiTorts au- pres de Neptune et des divinites marines pour faire echouer son entreprise. line tempete horrible s'eleve. Venus et les nymphes ses conipagnes viennent au secours de Qama. Le cahne renait. La flotte arrive devant Calicut. — Le saniorin envoie le cotual, ou chef de ses ministres , au-devant de Gama pour le recevoir. Le heros portugais fait son entree triom- phale a Calicut. II propose au samorin une alliance avec son souverain. Le cotual vient visiter la flotte. — Gama, sur la de- mande du cotual , lui explique les actions qui sont retracees sui" les bannieres portugaises. II retourne a Calicut. Les Maures, craignant de perdre le commerce qu'ils font avec les Indes, et excites par Bacchus, qui visite en songe un ministre de I'Alco- ran, seduisentles ministres du saniorin et les excitent a anean- tir les Portugais. Gama, retenu sur le rivage, ne pent rejoindre la flotte; il parvient cependant a recouvrer la liberie. La flotte quitte le Malabar. EUe va porter a Lisbonne la nouvelle de la decouverte des Indes. EUe s'arrete dans une He , ou, par les mains de Thetis et des nereides, Venus decerne a Gama et a ses compagnons les honneurs de rapotheose. — Thetis, dans un chant prophetique, annonce aux enfans de Lvisus les destinees qui sont reservees a leurs descendans. Elle leur racoute I'histoire de tous les vice-rois de I'lnde jusqu'a Jean de Castro. Elle les conduit sur une monlagne d'oii elle leur decouvre toutes les contrees sur lesquelles s'etendra la domination du Portugal. lis s'embarquent et viennent annoncer a Lisbonne le succes de leur entreprise. Tel est le plan de Camocns ; telles sont les machines epiques dont il a forme, si Ton pent parler ainsi, la grande charpente de sa composition. C'est par I'ouvrage meme, plutot que par IVxpose tres-succiact que nous veuons d'en faire, que les lee- 1,10 UTTIlRATURE. teiiis pouriont jiiiJ;er do I'effet prochiit dans le cours di^ poemc par I'application da merveilleux des ancicns h des evenemens aussi receiis. 11 fallaitun prodigieiix talent, un art infini, pour adapter ainsi a une epopee essenliellement chretienne Ics fic- tions du paganisme; ct, si nous en jugeons par I'impression qui nous est restee des Lusiades, les lecteurs penscront, comme nous et comme M""= de Stael, que le poete a su presque tou- jours sauver les dissonances qui semblaient devoir lesulter d'un pareil rapprochement. La pUipart des litterateurs qui ont eniis leur opinion sur les Lusiades, trouvent dans ce poenie une morale pure et elevee, de beaux sentimens, des fictions ingenieuses, de brillantes des- criptions, Hn style harmonieux. Le succes qu'obtient depuis plus de deux siecles cette epopee traduite plus de vingt fois en hebreu, latin, francaisj italien, anglais, allemand et espagnol, ne laisse d'ailleurs aucun doute sur son merite. La France avail deux traductions des Lusiades; Tune par Duperrou de Castera; I'autre par Laharpe. La premiere est consideree comme une longue paraphrase du poeme portugais. EUe peche egalement contre le goiit et contre le bon sens et ne pent donner qu'une idee tres-imparfaite de I'ouvrage original. Laharpe, etranger a la laugue portugaise, a fait sa version sur celle de Duperron. C'est assez dire qu'il n'a point donne une traduction, mais une simple imitation du texte. II ne s'est pas contente d'ailleurs de polir le style de son devancier; il a sup- prime plusieurs passages et en a transpose d'autres. Si Ton ue pent refuser a son ouvrage le merite du style, on lui refu- sera celui de la fidelite, premier devoir d'un traducteur. M. Millie qui, pendant son sejour dans le Portugal, s'etait familiarise avec la languc de Camoens, resolut de nous donner une traduction de son poeme. Les motifs qui I'y determinerent sont trop nobles et trop eleves pour que nous ne nous fassions pas un devoir de les mettre sous les yeux des lecteurs. II sc irou- LITTER ATURE. 42 1 vait, dit-il , a Lishonne en 1808. La mer ctait alors ferrnee aux Francois par une escadre anglaise, et la terre par les Espa- gnols en armcs. La France ne se montrait plus h lui que dans un vague eloignement : il se crut exde a mille lieues de sa patrie. Que da fois sur la rive du Tage , les yeux tournes -vers r autre rive, il a repete la touchante exclamation que Canioens met dans la boiiche de Gama ! — «C'est mon pays, mon cher pays ! Puisse le ciel y ramener mcs heureux navires ! puisse-je, a la fin de ma laborieuse entreprise, revoir ses doux rivages, les fouler encore et mourir ! « Console par Camoens , il fit vxu de reveler un jour aux Francais les beautcs de son poeme; et ce vceu de I'exil , il I'ac- complit aujourd'hui. Le traducteur avait de nombreuses difficultes a vaincre. Son style devait avoir assez de souplesse pour reproduire avec fide- lite et avec elegance des recits de combats et de tempetes, la description d'un pays que la nature a embelli de tons ses dons, ainsi que la peinture des mceurs et du gouvernement des peo- ples qui I'habitent. II fallait d'ailleurs que sa version put lutter avec succes contre celles de Duperron et de Laharpe; qu'on ne put point lui reprocher de manquer d'exactitude comme la premiere , et qu'elle ne fut point inferieure a la seconde sous le rapport du style. M. Millie a triomphe avec eclat de tous ces obstacles. Il nous revele lui-meme les nombreuses epreuves qu'il a fait subir a son travail et les moyens qu'il a pris pour que sa traduction rendit fidelement le texte portugais. Si quelquefois elle s'en ecarte, ce n'est point pour eluder des difficultes, raais pour cclaircir certains passages qui seraient aujourd'hui trop obs- curs, pour adoucir quelques images trop hardies, pour substi- tuer des noms propres a des periphrases ou des periphrases a des noms propres. Au reste , il a soin d'en avertir le lecteur /,2/ LITTER ATURE. et do (lonncr dans des notes la traduction littorale dos passages qu'il a cm devoir modifier. Prcsque tonjonrs ;\ chaqiie octave de I'original correspond iin alinea dc la traduction. Mais, quoiqiie I'auteur se soit as- li eint rigoureusement a cette regie , son style est plein de mou- vement el d'harmonie; il est d'une elegance soutenue et d'une extreme purete. Vif el presse dans les recits, riche et pompeux dans les descriptions, il est toujours approprie a la nature du sujet. Nous avons remarque une ou deux expressions legerc- ment impropres qu'on ne retrouvera pas sans doute dans les nouvelles editions que cet ouvrage ne pent manquer d'obtenir. — Quelques inversions nous ont paru un |>eu hardies; mais ces legers defauts ne peuvent deparcr un ouvrage qui reunit d'ailleurs tant de merites. L'episode d'Inez et I'apparition du geant Adamastor sont les seuls morceaux des Lusiades generalement connus et estimes , parce qu'on n'a pas pu apprecier dans des traductions infideles toutes les beautes de ce poeme. La traduction de M. Millie en fait ressortir plusieuis autres qui doivent etre honorablement distingues. Tels sont : I'entrevue de Venus avcc Jupiter dans le deuxieme chant ; le songe d'Emniannel et le depart de la flotle dans le quatrieme; l'episode des douze chevaliers portugais et la description d'une tcmpete dans le sixieme ; I'apolheose de Gama et de ses guerriers dans le nenvieme, et en general toutes les moralites que Camoens a semees dans son poeme et cellos qui terminent presque tons les chants. Mais il est tems de mettre le lecteur a portee dejugerdu style du traducleur, en transcrivantun passagcque nouspren- drons parrai ceux qui ne sont pas generalement connus. Nous choisirons le depart de la flotte peint par Gama des couleurs les plus touchantes, que M. Millie a su heureusoment conserver dans sa traduction. LITTERATURE. 42?. iDeji la flotte belliqneuse est reunie clans ce port cel^bre on le dieu du Tage vient meler au\ eaiix d'Am phi trite son onde claiieet ses sables d'argent. NuUe pensee timide n'a ralenti I'ar- deur de mes compagnons. Les enfans de Mars, les enfans dc Neptune sunt prets a me suivre au bout de I'univers. ■X Les premiers couvrent la plage : Icurs armes, leurs cou- leurs sont differentes; niais un memo esprit les anime. Les autres sontsur la flotte qui repose encore immobile, abandon- nant aux zephyrs ses pavilions aeriens. A I'aspect de I'immense Ocean qui semble, a I'extremite de I'horizon, seconfondre avec les cieux, chacun de mes navires se croit destine a prendre place un jour, a cote d'Argo, parmi les astres de I'Olympe. «Tout est p ret pour le depart, vaisseaux, matelots et guer- riers. II ne nous reste plus qu'a preparer notre ame aux perils d'un avenir incertain , a la mort toujours preseiite aux yeux du navigatein-. Nous adorons I'etre souverain dont I'aspect vene- rable est I'aliment et la vie des esprits qui I'environnent. Nous le prions de nous porter, sans orage, aux regions de I'aurore, de benir des armes qui ne seront employees que pour sa gloire. « Enfin, noussortons du temple, dece temple saint qui a pris le noni de Bethleem, berceau d'un dieu. II s'eleve sur le rivage et regarde cette mer a laquelle nous allions confier nos desti- nees... O roi! pardonne un douloureux souvenir. Quand je porte ma pensee vers ces bords que je quittais avec tant d'emo- tion, j'ai peine encore a retenir mes larmes. nNos parens, nos amis, un peuple immense accourait sur le rivage. L'affliction se peignait dans tous les yeux. Et nous, ac- coropagnes de paisibles cenobites dont les pieux cantiques s'elevaient jusqu'au ciel, nous marchions lentement vers nos vaisseaux. «Le deuil general s'accroissait a chaque pas. Les femmes ver- saient des pleurs, les hommes laissaient echapper de profonds soupirs. Les soeurs, lesepouses, les meres, en proieaux alarmes 4a4 LITTJ£RA.TURE. tl'une tendresso plus defiante, augmentaient encore la tristesse d'un depart qui semblait sans retour. « La mere disait h son fils : tu ctais la seulc consolation , le seul appui de ma vieillesse. Elic finira dans la souffrance et dans Ics larmes. Tu fuis ta mere lant;uissantc et malheureuse ; tu I'abandonnes, 6 mon fils ! pour allcr, dans un loinlain nau- frage , scrvir de pature aux monstres de I'Ocean. « L'epouse eploree, les ch«eveux epars, s'ecriait : O mon bien aime ! toi , sans qui Tamour ne vcut point que je vive, tu vas livrer a la fnreur des flots des jours qui ne sont plus ii toi ! tu sacrifies a d'inquiets Iravaux nos doucesflammes, nos paisibles noeuds! Vain souvenir d'un bonhcur qui n'est plus! Bicntotles vents emportoront dans tes voiles et mon bonheur et tes ser- mens. «Tels etaient les tristcs accens de la tendresse et de I'amour. Les enfans, les vieillards, troupe faible et timide, suivaient la foule en plcurant. Les montagnes voisines repondaient a leurs voix plaintives. Des flots de larmes mouillaient le sable du ri- vage. "Nous n'osions lever les yeux sur une more, une epouse, une famille dcsolee. Chacun de nous craignait de s'attendrir, de chancelcr a I'entree de la carriere. Je me hatai d'inler- rompre des adieux si chers a I'amitie, mais si douloureux aux coeurs qui se separent. J'ordonnai I'embarquemcnt. >■ Qu'il nous soit aussi permis de donner une idee des nobles sentimens que Ton retrouve a chaque page dans le poeme des Lusiades, en citant un passage dont on sentira sans doute tout Va-propos. Heureux de pouvoir dans cette circonstance joindre nos voeux a ceux que forment tons les hommes reiigieux et philanthropes en faveur des braves Hellenes ! Camoens, s'adressant aux princes chretiens, s'ccrie : 'c Ces foudres d'airain qu'inventa le demon de la guerre, tournez-lcs contre les remparts de Byzance. Rejetez dans les LITTERATURE. /|2 5 antics des nionts Caspiens, dans Its froides cavernes de la Scythie, le vainqueur farouclie qui, des rives du Bosphore, menace la civilisation et les arts de I'Europe. <> N'entendez-vous point les decs qui vous appellent? Les peuples de la Thrace, de la Colchidc et de I'Armenie voms an- noncent a grands cris qu'un ravisseur sacrilege infecte leurs en- fans du poison de Mahomet. Vengez I'humanite qu'on outrage; allez punir des barbares et renonce/ a la gloire odieuse de subjuguer vos freres. » Nous terrainerons cet examen par une reflexion. M. Millie a pris pour epigraphe cette phrase, qu'il a empruntee au vingt- unierae chapitre du viugt-unieme livre de I'Esprit des lois de Montesquieu ( et non au dix-septieme chapitre, comme on I'a imprime par erreur, t. II , p. 297 ). « La decouverte de Mozam- bique, de Melinde et de Calicut, a ete chantee par le Camoens , dont le pof^inefait sentir quelque chose des charmes de I'Odys- see et de la magnificence de I'Eneide. » Si nous devons juger de rimpression qu'on ressentira , apres avoir lu la traduction de M. Millie, par celle que nous avons eprouvee nous-memes, nous pouvons affirmer qu'il n'y aura pas uu lecteur qui ne recon- naisse la justesse dujiigement porte par Montesquieu. M. Millie a enrichi sa traduction de nombreuses notes my- thologiques, historiques et geograpliiques qui donnent une tres- haute opinion de rerudition de leur auteur, ainsi que de re- marques litteraires dans lesquelles il compare Camoens avec les auteurs qu'il imite et avec ceux qui I'ont imite lui-meme. Il a recueilli tous les jugemens qui ont ete portes sur les Lu- siades par des litterateurs nationaux et etrangers, et les a pla- ces h la suite de son ouvrage , qui est termine par I'excellente notice que M, de Souza a publiee sur la vie et sur les ou- vrages de Camoens. Ce savant etranger a enrichi depuis pen les grandes bibliotheques et les societes savantes dc I'Europe d'une magnifique edition des Lusiadcs. M. Millie regrette qu'il T. XXVI. — Mai 1825. 28 /,26 LITTER ATURE. ne se soit pas charge de rcdiiire la voluniinoiise collection dcs odes, elegies , eglogues, sonnets et aiUres poesies legeres do Camoens aux pieces veritablenncnt digncs dc la reputation de ce grand poete, et qui le placent a cote d'Horace, de TibuUc, d'Ovide ct de Petrarque. Nous avons lu avtc plaisir, dans la notice sur Camoens, la traduction en vers de quelques frag- mens de ces poesies. A en juger par cet essai, M. Millie n'est point etranger au langage des muses, et nous formons des voeux, qui seront sans doute partages par toutes Icspersonnes qui ne sent pas insensibles au cliarme des beaux vers, pour qu'il donne a la France litteraire une traduction en vers des meilleures poesies legeres de Camoens. M. Millie aura ainsi eleve un monument durable a la gloire de ce poete, en faisant connaitre tous ses titres a I'admiratiou de la postcrite. La traduction des Luvsiades est une precieuse acquisition pour la litteralure fran^aise , et nous persons qu'il n'est pas un ami des belles lettres qui ne s'cmpresse de placer dans sa bibliothe- que le chantre du Portugal , avec ses pairs Homere, Virgile, le Tasse et Milton. J.-F. Allard. BEAUX-ARTS. ICONOGRAPHIE ROMAINE, par M. Ic ch. MoNGEZ. T. II, fais ant suite a /'Iconographie ancienne {grecque et romaine), par E.-Q. Visconti (i). Vei's la fin du xvi"^ siecle , le cardinal Fulvio Orsini, connu parini les litterateuis sous le nom de Fulvius Ursinus , rassem- bla dans la collection d'antiqniles qu'il formait a Rome , nn noinbre considerable de statues, bur.tes, medailles, pierres gra- vees, offrant des portraits de personnages celebres , grecs et ro- mains. Un Francais, nomme Ant. Lafrerie, fit graver cette suite de figures; il en joignit quelquesautres dontl'authenticiten'etait rien moins qu'averee, et publia le tout a Rome, en i56g, en un volume in-folio. Ce present fut si bien accueilli du public, que, des I'annee suivante , Lafrerie en donna une seconde edi- tion, mais revue par Fulvius Ursinus lui-meme, et accompa- gnee de quelques notes historiques de cet habile antiquaire. Theodore Galle grava et publia de nouveau la collection d'Ur- (i) Paris , 1821. In-fol. et in-4°, avec 23 planches. P. Didot I'aine. Cet ouvrage vient a peine d'etre livre au public , quoique le fron- tispice porte la date de 1821. Prix des volumes qui paraissent : Iconographie grecque , 3 vol. in-4'' et atlas de 5^ planches, outre la vignette du fronlispice , cartonne , 240 fr. Iconographie romaine, I^r vol. in-4<>, et I'atlas coutenant iy planches, outre la vignette du frontispice , cartonne , 72 fr. Idem , vol. II in-4°, et I'atlas contenant 21 planches, outre la vignette du frontispice et le portrait de Vis- conti en medaillou , cartonne, 100 fr. — Ces ouvrages se vendent ensemble ou separement, a Paris, chez MM. Treuttel et Wiirtz, rue de Bourbon, n° 17 ; a Strasbourg et a Londres, chez les monies. /,28 BEAUX-ARTS. sinus, en iSgS, in-4''; et Jean Faber ou Lefebvre accompagna les gravures de Galle d'un commentaire, dans une seconde edition qui parut en 1606. Jean-Ange Canini ( ou plutot son frere, apres sa mort ) publia encore la meme collection, en 1669, avec un commentaire ecrit en italien, etcetle collection recut alors le titre A'Iconographie. Bellori , en i685, donna un nouveau recueil de ce genre , compose presqu'en entier des memes monumens. Gronovius, dans son Tresor des antiquites grecques, reproduisit les memes figures dans des copies tres- infideles, et Bernard Picart en publia des gravures plus soignees, en 1731 , avec un texte it.'dien et francais. La collection d'Ursinus formait le fonds de tous ces recueils; i! s'y etait aussi introduit, et fort mal a propos, beaucoup d'images de divinites; et cependant le tout ne se montaitqu'a environ deux cents figures. Cette partie de I'archeologieavait fait ainsi fort peu de progres, malgre les soins et I'erudition d'Ursinus, son fondateur : c'est en France qu'elle devait recevoir son perfectionnement. M. Mongez , lorsqu'il a public le Dictionnaire d' Antiqui- tes, qui fait partie de \ Encyclopedic methodique , reconnais- sant combien il serait utile aux artistes de trouver facilement des modeles exacts, pour les personnages celebres qu'ils pour- raient avoir a representer , a fait graver, parmi les planches de cet ouvrage , environ cent trente ou cent quarante portraits , copies sur des monumens dont I'authenticite lui a paru demon- tree. Mais , fidele a son but, il n'a accompagne ces figures que de notices tres-succinctes ; il n'a discute pour cette fois aucun point de critique , et n'a exige d'autre merile dans les gravures que celui de la fidelite du trait. Enlin, un plus bel ouvrage a ete concu, et M. M(>ngez a eu la gloire d'y contribuer. Vers i'an i8o5, Napoleon demanda k I'illustre antiquaire , alors conservateur du Musee des antiques de France, s'il serait possible de rassembler un certain nombre de portraits, suffi- BEAUX- ARTS. 429 samment averes, d'hommes illustres, giecs et romains , rois , poetes, guerriers, orateurs, artistes, philosophes. La reponse ne pouvait pas etre equivoque de la part du savant qui avail pu- blic, dans les gravures du musee Pio - Clementin, tant de bustes et d'autres portraits antiques ; et sur I'affirmation de ce docte ecrivain , le travail fut sur-le-champ ordonne, et execute aux frais du gouvernement. Telle est I'origine d'un des plus beaux et des plus savans ou- vrages dont s'honore le commencement du xix^ siecle. On sentcombien de difficultes une semblable entreprise presentait a I'auteur. II fallait d'abord reconnaJtre et rassembler toutes les images antiques dont la collection devait etre composee ; en constater I'authenticite , souvent au milieu d'opinions con- tradictoires: choisir, entre des figures differentes, et decorees cependant du meme nom , celle qui offrait le plus de probabi- lite pour la ressemblance ; demander dans des pays etrangers des moules, des empreintes ou des dessins de tons les objets que Ton n'avait pas sous les yeux; surveiller les dessinateurs et les graveurs; associer enfin au savoir de I'antiquairele plus consomme , le gout exerce d'un connaisseur et d'un artiste. Aucune des qualites necessaires pour un semblable travail ue manquait a Visconti. D'un autre cote, les guerres qui trou- blaient alors I'Europene furent point un obstacle a la communi- cation des monumens de pays a pays; et enfin, le gouvernement royal surpassant encore en liberalite le fondateur de I'entre- prise, n'a rien epargne pour I'achevement d'une collection si magnifique. Au degre d'elevation oCi sont aujourd'hui parvenus ge- neralement les sciences et les arts, le public ne saurait, dans un ouvrage de ce genre, estimer rien de faux et de me- diocre. Visconti a senti qu'a des gravures dont la fidelite et I'execution ne laisseraient rien a desirer , il devait joindre des notices assez etendues pour que le personnage fut pjeinemen 43o BE4UX-ARTS. conmi, et cepcndant precises, ne lenfermant rien que de neuf, de necessaire ou du moins d'inteiessant ; ct ces notices ont du , suivant SOD plan, faire connaitre surtout Ics qnalites morales des hommes celebres, tandis que la gravure representait leur physiononiie. « Je n'ai pas suivi la meme reethode dans toutes les notices, dit-il a ce sujet; je leur ai donne pl'us ou moins d'etendue, suivant le plus ou le moins de celebritc et d'importance des personnages : je suis entre dans moins de details sur ceux qui jouent un grand r6le dans I'histoire, parcie qu'on trouve ces details dans un grand nombre de livres... Quant aux person- nages moins connus, j'ai taclie de reunir le plus grand nombre de fails qu'il m'a ete possible , et particulierement ceux qui paraissent avoir echappe aux recherclies des ecrivains mo- dernes. Pour les uns et pour les autres, j'ai cherche h saisir les traits qui peignent leur caractere, et qui retraoent, pour ainsi dire, leur physionomie morale. » Ces notices renferment, en effet, une foiile de details fort curieux. Cesont des portraits vivement traces, savans, animes, spirituels, oil le genie du peintre s'est applique a mettre en evi- dence celui du modele. Un vaste savoir , un jugement sain , des apercus ingenieux, une critique lumineuse, distinguent toutes les productions de Visconti ; mais, ici peut-etre, plus que par- tout ailleurs, il a devcloppe ces qualites solides et brillantes. Pen d'ouvragespresenfentautant desujets d'instruction dans un si petit espace. Ses notices sur Homere, Archiloque, Sapho, Py- thagore, Platon, Herodote , reunissent tout ce ipii constitue le principal merite de ce genre de travail. Mais, c'est principalement lorsqu'il discute I'autlienticite et le merite des monumens dont il a fait choix, quecet habile cri- tique deploie cet art d'analyser et de comparer, cede finesse de tact, qui doivent distinguer I'archeologue, et qu'il possedait a un si haut ilegre. Un motif preponderant a toujours deter BEAUX- ARTS. 43 1 mine I'adoption du ])ortrait qu'il a choisi. II serail difficile que , dans des jugemens si multiplies, il fut demeure constamment a I'abri de toute erreur; mais, quand on ne croira pas devoir partager son opinion, il faiidra reconnaitre encore qu'il ne s'est decide que sur I'apparence la plus seduisanle du vrai. On sait que ce savant antiquaire a completement termine son Iconographie grecque, et qu'elle renferme 3o4 portraits. II a denne ensuite un premier volume de \' Iconographie romaine qni se termine la lin de la republique. Cette seconde partie de I'ouvrage n'est pas inferieure a la premiere. Les notices sur Brutus le consul, Regulus, Scipion, Marius, Sylla, Pompee, Agrippa, ne le cedent en rien a celles de I'iconogra- phie grecque qui sont les plus remarquables ; elles sent meme en general plus developpees, par la raison que les materiaux (itaicnt plus abondans. L'ouvrage etait parvenu a ce point , quand la mort a frappe I'auteur. Un de nos savans les plus distingues a ete charge de le remplacer; c'est celui meme qui avait donne, comme nous I'avons dit , un essai d'iconographie dans I'Encyclopedie me- thodique, et que son Dicdonnaire d'antiquites designait natu- rellement pour ce travail. M. Mongez n'a rien change au plan de son predecesseur. Le volume qu'il vient de publier presente la vie et les por- traits des douze Cesars et des principaux personnages de leurs families. Les gravures avaient ete en grande partie executees du vivautde Viscouti; mais celles qu'il a ajoutees sont tout aussi soignees. La protection speciale dont LL. MM., Louis XVIII et Charles X out honore son ouvrage, lui a meme fourni les nioyens de I'enrichir de plusieurs grands camees que Visconti avait negliges, apparemment pour moderer la depense. Tcis sont deux camees du cabinet imperial de Vienne, dont un de neuf pouces de large sur sept de haul, representant I'apo- ibeose de Tibere , et un autre, un pen nioins grand, ou 4^2 BEiVUX-ARTS. M. Mongez leconnait Claude, Messaline, Britaiiiiicus et Octa- vie. La publication de ces inonumons forme la collection de grands camees la plus riche qui existe encore II parait que Visconti avait compose imc liste de tons Ics ob- jets qui devaient figurer dans son iconographie romaine; mais, en ce qui concerne le texte, on assure qu'il n'a ete trouve dans ses papiers qu'un petit nombre de renseignemens. Cet homme, si richement dote par la nature, faisait pen de notes; tons les ecrits des anciens etaient imprimes dans sa vaste memoire. II est resulte de li que M. Mongez a du presque tout creer. Mais il a eu dans son travail im soin dont on doit lui savoir gre ; c'est d'y enchasser les fragmens de Visconti, quand ils lui ont paru meriter d'etre conserves; de sorte que le lecteur jouit en meme tems de tout ce qu'il ctait possible de recueillir du premier auteur, et des importantes recherches du savant qui lui a succede. M. Mongez s'est applique comme son predecesseur a mettre au jour les vices et les vertus de ses heros. « Conformement, dit-il, au plan trace par M. Visconti, jc me suis efforce de reduire a une juste proportion les notices qui accompagnent la description des portraits de chaque empereur. Cette pro- portion etant fort resserree, je me suis attache a retracer leurs moeurs et leur maniere de gouverner. » C'etait une mission penible que d'avoir a peindre le caract^re des Cesars. L'histoire et la poesie ont rappele niille fois les proscriptions d'Auguste, la dissimulation de Tibere, les debor- demens de Messaline, les sanguinaires jouissances de Neron. Cette epouvantable famille a fatigue I'univers du bruit de ses forfaits. Peut-etre les brillantes couleurs employees a peindre les moeurs grecques ne convenaient-elles plus pour representer les calamites de Rome. L'anteur, en penetrant dans les details de tant de crimes, s'il eut parlc toujours comme de lui meme, aurait pu craindro de paraitre quelquefois outrcr la verite. BEAUX- ARTS. 433 M. Mougez a pris un autre parti, celui de rapporter, le plus frequemment cju'il le peut, le texte ties ecrivains anciens. Ta- cite, Suetone, Seueque, Piutarque, Dion, Appien et d'autres auteurs, appeles en temoignagc, deposent eux-memes contre Tibere, Caligula, Neron et Domitien. Cetle methode, bien que differente de la premiere a quelques egards, presente aussi beancoup d'interet. De nombreux passages, convenablement disposes , donnent aux affreuses peintures que reproduit I'au- teur un caractere de verite contre lequel on ne saurait mal- heureusement elever aucun doute. Son recit plein de fails offre des portraits aussi fideles que ies imitations de I'art dont il est accompagne. Le savant archeologue n'a point neglige de combattre des opinions qu'il regarde comme erronnees. C'est ainsi que, dans Tarticle d'Octavie, il cherclie, appuye d'un passage de Sene- que, ii repousser la tradition suivant laquelle Virgile aurait lu a Auguste, en presence de cette princesse, le bel episode de I'Eneide oil se Irouve le mot tu Marcellus eris ( p. 42 et suiv. ) ; mais ce sage ecrivain ne fait de semblables tentatives qu'avec une extreme circonspection, et il ne merite par-la que plus de confiance. Au sujel du camee du cabinet du Roi, A\ide la Sainte-Cha- pelle^ qui represente I'apotheose d' Auguste, comme son expli- cation est en quelques points differente de celle que paraissait projeterVisconti, il reunit sur deux colonnes Ies denominations des personnages dans Ies deux systemes, et acquitte ainsi ce qu'il pouvait devoir a son predecesseur, sans lui sacrifier son propre sentiment (p. iS? k 171 ). Le grand camee ou M. Mongez croit voir le triomphc de Claude apres la defaite des Bretons, represente ce prince, la foudre a la main , dans un char traine par deux centaures. Comme jamais triomphateur n'a pu attacher de veritables cen- taures a son char, ildoit paraitre assez evident qu'il y a if"i "ne /,3/, BEAUX-ARTS. allegorie ; aiissi M. Mongez a-t-il soin de nous rappeler que Jupiter, Bacchus, Ceres, Hercule, Esoulape, sont quelquefois representes dans des chars que traincnt aussi dcs ccntaures : il cite meme une medaille de Douiitien ou ce prince est dans un char attele comme ceux de ces divinites, el il se borne en- suite a nous dire que Claude est dans un char traine par deux de ces animaux chimeriques , parce qu'au moyen de cette image il se trouve assimile k Jupiter. Ou n'eut; pas ete fache, i cette occasion, d'apprendre pourquoi le char de Bacchus, d'Hercule ou do Jupiter, est attele do deux centaures; niais une investigation de cette nature aurait necessairement presente quelque chose d'hypothetique , et apparemment I'auteur a pense qu'un ouvrage tel que I'lconographie devait ne ren- fermer aucun ornement inutile, el surtout rien qui fut sujet a controverse. La reunion de tant de statues, de busies et de medailles graves dans cet ouvrage, presente encore, rejativement a I'histoire de I'art, un interet independant du savoir des deux auteurs, a cause des differentes epoques auxquellcs ces monu- niens appartiennent. Dix-huit statues ou busies, conserves dans noire Musee royal, figurent dans le volume public par M. Mon- gez. On voit a la plancbe XXII, sous le n° 2, un Ires-beau buste de Tibere en marbrc, de la collection du Musee, trouve en 1792, dans des fouilles ordonnees par M. le prince Bor- ghese. Sous le n°3, est une statue de Tibere, dun fort beau travail, aussi en marbre, un peu plus grande que nature, trouvee a Piperno , dans les environs de Rome , et placee au • jourd'hui dans la galerie de Pie VII. La tete de cette statue , qui n'apas ete detachee du corps, est gravee dans une plus grande dimension, sous le n" 1. Un buste de Vespasien, en bronze (planche XXXII, n" 1 et i), conserve dans notre Musee, n'est gucre nioins reniarquable par sa bcauti';. Co, monumens , et d'autrcs qu'il serait Irop long de cifoi-, lous habilement re- \ BEAUX- ARTS. 435 produits par nos graveurs, sont de nouvclles preuves de I'etat florissant ofi se niaintenait la sculpture, dans le premier siecle de I'ere chreiienne. La suite de I'lconographie nous la mon- trera tout aussi admirable sous les Antonins. On pourra voir, dans tout ce que nous venons d'exposer, que I'lconographie de MM. Visconti et Mongez, est egalement digne de I'attention des hommes eclaires, par la lidelite des gravures et par le merite du texte. Ce n'est ici qii'une opinion individuelle; mais deja elle se trouve en partie confirmee par un assentiment qui deviendra general. N'oublions pas d'ajouter, en finissant, que le continuateur de Visconti a rendu a ce dernier un juste hommage, en placaut son portrait a la tete du volume des planches. Ce portrait en medaillon est accompagne d'une inscription composee par I'il- lustre Morcelli, laquelle renferme a la fois I'histoire et I'eloge du savant archeologue. A la feuiUe suivante se voit le monu- ment funeraire que lui a consacre sa famille, ^ laquelle a voulu s'adjoindre un ancien ami (M. CoUot, directeur de la monnaie de Paris). Quelques personnes ont regrette qu'une notice histo- rique n'ait pas accompagne I'image du premier auteur de I'lco- nographie; mais, jusqu'a un certain point, rinscription de Morcelli en tient lieu , et Ton pent d'ailleurs se reposer sur les ouvrages de Visconti et sur la renommee, du soin de rap- peler son merite. l^M^Ric — David, membre de l' Institute III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE. (Etats-Unis.) i55. — * yindiciee HjberniccB , etc. — Defense des Irlandais. Seconde Edition. Philadelphie , iSaS. In-8''de 5i2 pages. Get ouvrage dont I'auteur est M. CaREy , membre de la Societe philosophique et d'autres academies, est un eloquent et savant plai- doyer en faveur des Irlandais, ses compatriotes. L'Irlande, par sa position geographique, par la fertilite du sol par le caractere de son peuple industrieux , robuste, perseverant se serait elevee au plus haut degre de prosperite , si elle pe gemis- sail depuis des siecles sous le joug d'une persecution implacable qu a tourniente sans relAclie cette contree mallieureuse , qui a fpule aux pieds toutes les notions de justice et d'humanite, qui a viole tous les droits, qui a froisse tous les sentimens natiouaux et indivi- duels. On deCe I'apologiste le plus ehonte d'assigner un autre motif a cet acharnement inou'i contre les Irlandais , si ce n'est qu'il y a parmi eux accidentellement des catholiques jesuitiques et ultra- montains, vraiment perturbateurs. Le desespoir auquel on avail reduit les Irlandais est pour eux une cause d'emigrations frequentes et nombreuses, en sorte qu'il est peu de contrees dans les deux TOioudes ou Ton ne trouve un des enfans A' Erin. C'est surtout aux Efats-Unis qu'ils sontalles respirer I'air de la liberte ! Cette contree s'est enrichie d'hommes distingues venus du pays qui a vu naitre Swift, Sterne, Goldsmitb, Flood, Furghard, Curran, Grattan , etc. Par une etrange fatalite, I'histoire et les malbeurs de I'lrlande sont peu connus, quoique deja plusieurs bons ouvrages aient ete (i) Nous indiquerons par un astcrisque (*) , place a cote du titrede cliaque ouvrage, ceux des livres etrangers ou francais qui paraitrout digues d'une atten- tion particulicre , ct noas en reudrons quclqucfois compte dans la section dc» Analvscs. 1 LivREs Strangers. — AMERiQUE. 437 publics sur ce sujet; tels sont ceux de Curry, Lawless, Francis Plowden, Senilis. On doit a ce dernier un bon ecrit, sur les lois penales , ou plutot draconniennes , publiees centre les Irlandais. Tibere et Neron ne les eusssent pas desavouees. M. Carey qui traite lememe sujet sur unjilan plus vaste, emprunte ses autorites , au moins pour les neuf dixiemes , aux ouvrages com- poses par les ennemis des catholiques ; de telles preuves sont irre- cusables et defient les contradicteurs. On y voit qu'un syst^me de persecution atroce combine entre toutes les autorites protestantes , et suivi sans relache , a etendu un bras de fer sur la malheureuse Irlande. Charles I*' fait un arrangement pacifique avec les Irlandais , et il le rompt de la maniere la plus perfide. — Elisabeth , chef de I'Eglise anglicane, deploie ses fureurs pour extirper le catholicisme. Toutes les autorites royales parlementaires , judiciaires sont d'ac- cord acetegard. Les articles de Limerik, en 1691 , qui consacraient les droits des catholiques d'Iriande , moyenuant la prestation du serment d'allegeance , furent ouvertement violes. A certaine epoque, on accorde una amnistie illusoire, comme plusieurs de celles que nous avons vu publier de notre tems ; celle dont il s'agit n'avait que 5i classes d' exceptions qui , par leurs subdi- visions, s'elevaient a deux cents. ( V. p. i34). La loimartiale etaitla tite de Meduse offerte sans cesse a I'lrlande pour effrayer les catho- liques. Du haut des chaires protestantes pleuvaient sur eux par torrens les injures et les calomnies. On les forcait a se rendre aux temples protestans pour entendre contre eux des diatribes en anglais, quoiqu'il y en eut a peine un sur cinq cents qui pussent coraprendre cette langue. On devastait, on detruisait, on brulait leurs eglises... Trois mille individus s'etaient refugies dans la cathedrale de Cashel, croyant trouver un asile aupres des autels ; lebarbare Ireton force les portes; et sans distinction de rang, d'Age, de sexe , Ton egorge ev^ques, pr^tres , hommes, femmes et enfans ( p. 428 ). Le gibet attendait tout ecclesiastique convaincu d'avoir dit la messe; quoiqu'un prfitre , accuse de ce prctendu crime, n'eut contre lui qu'un seul temoin , le juge et les jures alteres de sang le con- daniuent a la peine capitale, parce qu'un pretre est pire que trois felons ( p. 3oi ). Dans les rues , la haine repandait deslettres anonymes on pseu- donymes , ou Ton supposait que les catholiques projetaient d'egorger les protestans, quoique ces catholiques desarmes, desoles, trem- 438 LIVRES liTRANGERS. blans , fusseut paisibles comme des agneaux destinies a la boucherip. La bassesse, rirnpostnre, I'hypocrisie, la perfidie , tousles movens parureiit legitimes pour insulter sans frciii les catholiques, les pil- ler, devaster leurs raaisons , les ^gorger. Les amendes, les prisons, la famine , le feu, le fer, toutfut mis eu usage pour reaouveler des scenes de desolation dignes d'Attila et deGengiskan.Lescourtisans s'accommodaient a inerveille d'un etat de choses qui les enrichissait des depouilles de I'lrlande. Cette ile martyre presente le spectacle unique dans I'histoire d'une nation entiere qu'on a expropriee arbi- trairement. II existe en Angleterre, des fortunes brillantes qui n'ont pas d'autie origlue. On se rappelle, d'ailleurs, qu'a certaineepoque des terres de catholiques etaient vendues aux soldats devastateurs, a quatre scliellings par acre. M. Carey s'est principalement arrete sur la pretendue conspiia- de 1641, parce que le parti pers^cuteur presente sans cesse cette epoque comme une Saint-Barthelemy dirigee contre les protestans. L'auteur prouve, d'une ma.niere incontestable, que les ineurtres qui eurent lieu n'etaient que la reaction du desespoir. On a exagere le nombre des protestans qui perirent. Certains auteurs I'ont porte jusqu'a trois cent niille. La population totale du pays etait alors de 1,466,000 individus; les protestans etaieut aux catholiques comme un est a onze ( V. p. aaS ). Un des ecrivains qui a trahi le plus la verite dans cette affaire, c'est Milton. Sa mauvaise foi est complete- ment devoilee par M. Carey. II eu conclut qu'elle est une tache ineffacable au nom de ce poete. M Carey a surtout puise ses argumens dans un ouvrage de Wil- liam Petty, dont on ne pent recuser le temoignage, car c'est un des ancdtres de la famille Lansdown , prodigieusement enrichie par les confiscations operees sur I'lrlande. Petty eleve a iia,ooo le nombre des protestans morts dans ces troubles d'Irlande. Les deux tiers , dit-il, perirent par la guerre et la maladie; restent done 87,000 qu'oii suppose avoir ete egt)rges : ici Carey prouve que Petty se re- fute lui-m^me. II fait voir ces details dans I'ouvrage m^me ( p. 70 , 376 et suiv. ). Ce tableau deplorable prouve que rien n'a ete omis pour tour- menter, revolter, demoraliser une nation entiere, parce qu'elle est catholique; et, neanmoins , cette nation respectable a conserve dans tDUte son integrite sa foi , ses moeurs , son cnergie. L'histoire de I'Eglise n'offre pas une persecution plus acharnee; mais aussi la resignation °t le courage des victimes a egale et mdme surpasse la AMERIQUE. — ETA.TS-UNIS. 4 Zg rage des bourreaux. Les Anglais amis de la verity avouent ces faits et font des vceux pour IVniaucipation complete de leurs freres ca- tholiques. Les antagonistes actuels de cet acte de justice ne se trou- vent plus guere que dans le clerge anglican , qui couvre du pretexte religieux la crainte de perdre ses dimes et ses immenses richesses. G. i56. ■ — * The american Journal of science and arts, etc. — Journal americain des sciences et des arts, dirige par Benjamin Sillimam. Vol. IX, n" I (fevrier iSaS ). Ce cahier d'un excellent journal, dont nous avons deja souveut entretenu noslecteurs (voy. Bcv. Enc. , t. xxi, p. 355), est tres-riche en notices de geologic, de mineralogie et d'histoire naturelle. Les mathematiques y tiennent aussi une place remarquable : M. Alexan- dre Twinning y donne une nouvelle solution des equations du 3'^ et du 4*^ degres qui, sans eire preferable aux methodes connues, a cependant le merite de faire arriver an m^rae r^sultat par une voie toute differente. Au snjet de quelques observations critiques dont le Memoire de M. Wallace a ete le sujet, ce professeur fait lui-menr.e plusieurs remarques interessantes sur I'histoire des matbematiques, pendant le dernier siecle et dans celui-ci , sur I'ordre des decou- vertes et sur les methodes des inventeurs. — I^a physique s'enrichit aussi de faits et d'instrumens ; M. Patten a fait quelques change- mens a la machine pneumatique, qui en rendent I'usage encore plus facile. D'autres cbangemens qu'il projiose pour les gazometresn'ont peut-^tre pas tons les avantages qu'il annonce ; mais sa balance pour peser les grosses pieces de bois et en general les objets de grandes dimensions, parait tres- commode et plus exacte que celles dont on fait usage presque partout. On a fait aux Etats-Unis une obser- vation qui sans doute n'avait pas echappe a tout le nionde en Eu- rope, mais que Ton n'avait pas encore inseree dans les ouvrages les plus repandus : c'est que le mouvement des roues a eau s'accelere durant la nuit, et surtout en hiver. On regrette que les observateurs se soient bornes a constater le fait, et qu'ils ne I'aient pas soumis a la mesure. — M. George W. Carpenter donne un precede pour la preparation du sulfate de rhubarbe, medicament accredite a Phila- delphie. — On annonce la publication d'un Traite de pyrotechnie , par le docteur Cutbush , professeur de cbimie a I'Academie mili- taire. Quoique I'auteur soil mort depuis peu , son ouvrage , qui heu- reusement etait termine, n'en sera pas moins recu du public ameri- cain avec un grand interdt ; en Europe , il apprendra si les arts py- 4Ao LivRES Strangers.— ETATS-UN IS. rotechniqnes out fait autant de progr^s au dela de I'Ocean que de uotre cote, et quel est celui des deux continens qui peut ajouter en ce genre a I'instruction de I'autre. — La Societe geologique amcri- caine continue avec z61e et succ^s I'etude de rimmense territoire des Etats-Unis; aussi, nuUe autre contree ne fournit a la science des materiaux aussi nombreux, ou d'une aussi grande importance. Ce cahier contient en outre la description d'une roche, de forme et de structure trfes-extraordinaires, qui s'avance dans le lac de Sa- ratoga ( ctat de New-York ) , et s'el6ve a 200 pieds au-dessus des eaux.Ses couches contournees et repliees, fracturees dans touteleur etendne , mais avec une certaine regularite, indiquent assez claire- ment des causes dont Taction fut lente et continue. Cette roclie porte le redoutable nom de montagnc des Serpens. — Une autre notice , trfes-bien faite , nous met au courant de tout ce qui est relatif aux mines d'or de la Caroline du Nord , source de richesses dont on a beaucoup exagere I'iniportrtuce. Depuis la decouverte des mines jus- qu'en 1820 , les ateliers monetaires des Etats-Unis n'en avaientrecu que pour la valeur de 217,000 fr. , et Ton estime que c'est plus que la moitie du produit total. La nature du sol est analogue a celle des regions auriferes connues. — De nombreux correspondans ont en- voye des notes sur la geologic et la mineralogie de plusieurs coiitrees, tant des Etats-Unis que de quelques autres parties de I'Amerique : on y remarque une cristallisation du carbonate de chaiix encore in- connue jusqu'a present et qu'il est tres- difficile de faire deriver de la forme primitive des cristaux de cette substance et des lois etablies par Haiiy. — Trois articles de botanique, ou Ton trouve la suite de la monographic des carex (laiches), par M. le professeur Dewey, pre- cedent un memoire de M. Isaac Lea , de Philadelphie, sur les lieux ou differentes especes d'animaux passent I'hiver, et sur leur etat durant cette saison. Quoique ce memoire soit en grande partie un resume d'anciennes observations et de faits connus , il contient aussi quel- ques fails nouveaux,et merite I'attentiou des naturalistes. On voit que le journal de 1\L Silliman est du nombre de ceux qu'on lit avec plaisir et curiosite, des qu'ils paraissent, et qui, de- poses dans une bibliotheque, seront consultes dans tons les terns, et fournirontde bons materiaux aux savans de notre 3ge et a ceux des generations futures. ■■ F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. i^"^ .— Prodromiis florce Nepalensis ; par DavidDofi. Londres 1825 • J. Gale, r vol. in- 12. Get ouvrage contient la description latine de 37i genres et de 864 espfeces de plantes du pays de Nepaul , dans I'lndostan , et dont la plus grande partie, inconnues en Europe , n'avaient pas encore ete decrites. C'est le resultat des savantes recherches de trois natura- listes anglais , parmi lesqiiels se trouve le docteur Wai-lich , surin- tendant dujardin de Lotanique de Calcutta. — Parmi les nombreuses plantes contenues dans ce catalogue, on remarque surtout , Si es- p^ces d'orc/iiclae , 8 especes de genus primula, 4 d'androsace, r deglo- riosa , 2 de frilillaria , 3 de liliiim , 3 de inichelia , 4 de daphne , 3 de pintis, et 10 de qiiercus ; la classification en est faite avec methode , et a la fin de Touvrage , on trouve un index indiquant I'ordre et la classe qu'elles occupent dausle systeme de Linne. On regrette que I'autenr ait quelquefois change les nonis de quelques plantes pour leur en substituer de moins connus ; c'est le seul defaut qu'on puisse reprocher a M. Don ; car , quoique nous ne soyons plus a une epoque oil la langue latine soit a la mode, notreauteur, ecrivant moins pour sa patrie, ou pour un peuple en particulier, que pour les savahs de tous les pays, il a dii choisir la langue la plus gene- ralement repandue parmi les hVimmes instruits. J. T. l58. — * A statement of the claim of the suscribers to the Birmingham and Liverpool rail road to an act of Parliament, in reply to the opposition of the canal companies. — Expose des reclamations des souscripteurs de la route a ornieres de Birmingham a Liverpool , sur un acte du parlement.enreponse aux oppositions formees par laCompagnie des canaux ; par Joseph P.vrkf.s. Seconde e'c/(>/o/(,augmentee. Liverpool et Londres, 1 825; Baldwin, Cradock et Joy. Broch. in-8''de viii etgSp. l5g. — * Report on rail roads and locomotive engines, adressed to the committee of the Liverpool and Manchester projected rail road. — Rapport sur les routes a ornieres et sur les machines mobiles , adresse au comite de la route a ornieres projetee entre Liverpool et Manchester; par Charles Sylvester, Ingenieur civil. Liverpool, 1823; les m^mes: Londres ; Taylor et Hessey. Broch. in-80 de 39 pages. Ces deux ouvrages traitent le m6me sujet. Laissant de cote ce qui tient aux localites , nous nous contenterons de faire connaitre a nos lecteurs le resultat des experiences qui ont et6 faites, touchant la T. S.XVI. — Mai 1825. 21^ 44a LIVRES ETR ANGERS. cel^rit^ ct la puissance qu'on ohtient sur les routes a ornitres aTec des machines mobiles (i) : le sujet est trop nouveau, et en m^me terns tro]) fertile en consequences , pour que nous ne pensions pas faire uue chose eminemment utile en fournissant quelques donnees propres a faire apprecier les services que la construction de pareilles routes rendrait a I'industrie francaise. Sur una route bi en faiie , un cheval traine aisement un charpesant 7 quintaux, et charge, en outre, de 20 quintaux de marchandises : en consequence, la force d'un cheval, representee par 100 livres, met en mouvernent un poids de 3, 000 livres, avec une vltesse de a milles a I'heure, et le frottement que cetle force de 100 livres est employee a vainci-e peut ^tre estime a un trentieme du poids total. Sur une route a ornieres bien etablie, un cheval , faisant 2 milles a I'heure, peut tirer i5 tonneaux (2), mesure anglaise, y compris le poids des chars. Dans ce cas, une puissance de 100 livres met ea mouvernent une charge de 33, 600 livres, et le frottement surmonte est de i/33fie du poids total. Sur un canal, un cheval traine, avec une vltesse de 2 milles a I'heure , un poids de 3o tonneaux sur un bateau qui en pese lui- m^me environ i5. En reduisant le poids du tonneau a 2,000 livres pesant,pour simplifier les calculs, on trouve une masse de 90,000 livres trainee par une puissance de 100 livres; le frottement sur- monte est done de 1/900 de la charge totale. Mais la difference des vltesses en apporte une tres-grande dans le frottement ou la resistance. Dans I'eau, la resistance augmente a proportion du carre de la vitesse. Nousavons vu que, surun canal, lOO liv. niettent en mouvernent 90,000 livres, avec une vitesse de 2 milles a I'heure; par consequent, 100 livres mettraient en mouvernent 22,J>oo livres 4 milles l(l_ 1 0,000 6 id. Id. 5,620 8 id. Id. 2,5oo I'xid. Pour mettre en mouvement 90,000 livres, il faudrait done, ■ pour une vitesse de 4 milles, une force de 4oo liv. Id. fi 900 Id. 8 1 ,600 Id. 12 3,600 (i) ^"y- '** details que nous avous donnes sur ces routes, t. xxii.p. 726. (2) Le tonueau est de 20 quintau.v , de 112 livres anglaises chanm. GPxANDE-BRETAGNE. 44^, Ainsi, quand il s'agit de lutter centre la resistance de I'eau , une grande augmentation de force n'en produit qu'une petite dans la Vitesse; et, pour faire avancer un batiment trois fois plus vite , il faut unc force neuf fois plus grande; lorsqu'on veut sextupler la vitebse, il faut augmenter la force jusqu'a 36 fois. Sur les routes a ornieres, le frottement est tout different, et Ton estirae qu'il augmente seulenient dans la proportion de la vitesse. Ainsi , 3o,ooo liv. sont mises en mouvement , avec une vitesse de 2 milles a I'heure, par une force de 100 liv. Id. id. 4 'd- id. aoo Id. id. 6 id. id. Boo id. id. 8 id. id. 4oo Id. id. li id. id. 600 Ou, reciproquement, une puissance de TOO liv. ineut 3o,ooo liv., avec une vitesse de 2 milles a I'heure. 4 6 Id. 1 5,000 Id. 10,000 Id. 7,5oo Id. 5,000 II resulte de la que , quoiqu'une force motrice de 100 liv. produise un effet trois fois plus grand sur un canal que sur une route a or- nieres, avec une vitesse de 2 milles a I'heure , la superiorite de vi- tesse est perdue dans le transport par eau , lorsqu'il s'agit d'obtenir une vitesse de 6 milles a I'heure ; et que la meme force produit plus d'effet sur une route a ornieres que sur un canal , une riviere et meme sur la mer. E. 160. — Carta de el Presbytere , etc. — Lettre du pr^tre D. Antoine Beruaben a I'illustrissitne don Simon Lopez, archeveque de Va- lence. Londres, 1825. In-8° de 20 pages. M. Bernaben , pretre respectable par I'austerite de ses moeurs, la purete de sa doctrine et I'etendue de ses connaissances, a traduit en espagnol I'excellent Traite de feu M. Lecoz, archeveque de Besancon , en faveur de la divinite de Jesus-Christ. Mais, M. Bernaben a etc membre constitutionnel des Cortes , et il a public divers ecrits pa- triotiques, dont un contre I'lnquisition. Voila des titres a I'hono- rable proscription qui frappe tant d'hommes distingues de la Penin- sule, la plupart rcfugies a Londres. L'eveque catholique de cette ville, le docteur Poynter, lui avait accorde la faculte de celebrer la mesiie; mais, I'archeveque de Valence ecrit a ce prelat que M. Ber- /,/,4 I.IVRES ETR ANGERS. naben est fugitif, schismalique excommunie, auteur d'ouvrages mis a Yindex : ces oiivrages sont ceux dans lesquols il atfaque le pretendu Saiiit-OJfice. Fugitif; sans doute , car il est echappe a la haclie des bourreaux. Devait-il attendre , en Espagne, qu'elle fiit levee sur sa tete ? Schismalique excommunie; I'archeveqiie se gardera bien d'en fournir la preuve. Au reste, ces accusations calomnieuses sont de- battues et refutees avec vigueur par I'estimable proscrit, dont la lettre , forte de raisonnemens et d'erudition, etablit les droits de I'autorite, trace lenrs limites, et oppose a son adversaire des auto- rites accablantes , tirees presque toutes d'auteurs qui ont illustre la Peninsule. G. i6i. — Tiie Diiirj of Henry TuoTiGT. , etc. — Le Journal de Henri Teonge , aumonier a bord des vaisseaux de sa majestc , V Assistance, le Bristol et le Chene royal, pendant les annees 1(175-1679 ; public pour la premiere fois d'apres les manuscrits originaux. Londres , iSaS. I vol. in-8° de 827 pages. Ce journal offre un tableau anime, original et pittoresque des moeurs et des opinions du terns ou il a ete ecrit. Le manuscrit etait reste entre les mains d'une respectable famille du comte de War- wick, jusqu'au moment ou il devint la propriete de I'editeur actuel. o Ainsi que bien d'autres memoires relatifs aux aventures ou anx opinions d'individus isoles , est-il dit dans I'iutroduction , ce journal a successivement passe d'une generation a une autre sans attirer I'attention. Enlin, on I'offrit par basard a I'editeur, comme un vo- lume curieux qui pouvait etre recberclie par les faiseurs de collec- tions. Celui-ci crut y voir un objet d'interel bien plus general , et y reconnaitre la peinture fidele des coutumes et des moeurs de Ja ma- rine anglaise a I'epoque oil-, s'elevant rapidement, elle commencait a acquerir cette importance qui devait assurer a I'Angletcrre un rang si eleve parmi les nations. II y trouva , de plus , Jes resultafs de I'observation et de I'experience d'un esprit fin et intelligent, expri- mes souvent avec force et originality. Des indications curieuses per- mettent aussi d'apprecier Fetat moyen des qvialites morales et intel- lectuelles du clerge conformiste au terns de Charles IL .■ Henri Teonge ^tait recteur des paroisses d'Alcester et de Spernall , dans le comte de Warwick, pendant la republique , et fut confirm^ dans cette function lors de la rentree de Charles II. Ce n'etait ce- pendant pas un tlieologien puritain, dont le journal aurait ete une suite de sermons , mais bien un ami de la bonne chfere et de la con- versation , qui ecrit conirhe il parlait sans doute a table, au milieu GRANDE- BRET AGNE. 445 de ses amis et de la gaiete d'un festiii. — Les notes de I'editeur, choisies et arraiigees avec beaucoup de jugeinent, ne peuvent qu'a- joutei' a I'interdt et au merite de ce curieux et amusant ouvrage. H— u. 162 — * Origins , or Remarks on the origin of several empires, slates, and cities. — Origines, ou Remarques sur I'origine de plusieurs em- pires, etats et villes; par sir W. Drummomd. Londies , 1825 ; Bald- win. 3 vol. in- 8°; prix 24 sh. Le premier de ces deux volumes est divise en trois livres : le pre- mier traife de I'origine de I'empire babylouien, del'antiquite , de la grandeur, de la population de Babylone; de I'histoire du deluge; des Chaldeens, etc. Le second, qui nous entretient de I'origine de I'empire d'Assyrie, est divise en neuf cbapitres consacres a I'histoire de I'ancienne Assyrie, de Ninive, etc. Le troisieme livre traite de I'empire des Perses. Le second volume est divise eu quatre livres subdivisus en treize cbapitres, qui sont enti^rement reinplis par de savantes reclierches sur I'origine, I'histoire, I'etendue , la popula- tion , la religion , I'etat des arts et des sciences de I'ancienne Egypte. Ce n'est , comme on le voit , que le commencement d'un ouvrage immense, mais qui merite, par I'importance des matieres traitees dans les deux premiers volumes , de fixer I'attention de tous ceux qui s'occupent de chronologie ei d'histoire. F. D. r63. — * The greek revolution ; its origin and progress , etc. — La Revolution grecque : son origine et ses progres ; avec des observa- tions sur la religion, le caractere national des Grecs, etc, par Edouard Blaqvibhs, Seconde edition. Londres , iSaS ; Whittaker. I vol. in-8° de viil et 362 pages, avec une carte de la Grece ; prix 12 sh. 164. — * Narrative of -a second 'visit to Greece , etc. — Relation d'un second voyage en Grece, contenant plusieurs t'aits relatifs aux der- uiers momens de lord Byron , avec des extraits de correspondance , des documens officiels, etc.; par Edoiiard Blaqutere. Londres, 1825 ; Wbittaker. i vol. in-S" de xv, iv , 167 et lyS pages, avec une ttiie d'Athenes , et un fac simile ; prix 12 sh. Le premier de ces deux osivrages, deja connu en France, oii il a ete traduit sur la premiere edition, est compris dans un nieme ar- ticle de notre section des Analyses, avec plusieurs autres ecrits , relatifs a I'histoire de la regeneration de la Grece , publies en France et en Angleterre. ( Voy. ci-dessns , page 38i. ) M. Blaquiere y trace d'abord uu rapide tableau de I'etat de la Turquie, des 446 LIVRES ETRANGERS. rapports des Grecs avec lenrs barbares dominateurs, des pre- miers efforts tentes par les Serviens en faveur de Tindependance ; enfin , il arrive au recit des deniiers cvenemens , qu'il conduit jusqu'a la fin de la troisl^me campagne. Des remarques sur la revolution grecque, etun appendice, contenant , entre autres pieces, la declaration d'independance , terminent le volume. Outre la rela- tion du voyage de M. Blaquiere, le second ouvrage contient des details sur les derniers jours de lord Byron, I'oraison funebre de cet JUustre philliellene, par M. Spiridion Tricoupi, et enlin plus de 4^ lettres de differens personnages, places a la tete des affaires de la Gr^ce, ou Ton pourra puiser beaucoup de renseignemens sur quel- ques parties de I'liistoire des Grecs, et sur la situation de leur pays. i65. • — Universal Stenography, etc. — Stenograpliie universelle, ou Nouveau systeme siniplifie d'ecriture abregee , d'aprfes les principes generaux de feu M. Sam. Taylor ; avec de nombreuses ameliorations empruntees aux meilleurs auteurs, de maniere a donner les moyens d'ecrire correctement les debats et les cours publics, les sermons, etc. ; par JVilliam Harding, professeur. Seconde edition. Londres, 1824; Busserwortli et fils. i vol. in-i8, de viii et 38 pages; prix 3 sli. Ce petit traite de stenographic a tHe accueilli avec faveur en An- gleterre,ou I'art doiit il contient les principes est assez generalement culrive. On y trouve, outre des instructions detaillees a I'usage des professeurs et des elfeves , plusieurs tableaux contenant deux alpha- bets et des exemples varies , un discours sur les avantages de la ste- nographic, et une introduction dans laqueliel'auteur trace unrapide abrege de I'histoire de cet art , connu des anciens , et dont la pre- miere introduction en Angleterre est due au Df Bright, qui vivait en i588. M. Harding donne une liste de 88 auteurs d'ouvrages an- glais sur la stenographic, publics dans I'espace de 200 ans environ, depuis I'annee 1602 jusqu'en iSaS. Cet ouvrage se recommande par sa brievete, par le soin que I'auteur a mis a le perfectionner en con- sultant ses devanciers, et surtout par le prix raodere auquel les editeurs le vendent. A. J. i{)6. — Lord Byron en Italie et en Grece , ou Apercu de sa vie et de ses ouvrages , d'apres des sources authentiques , accompagne de pieces in^dites et d'un tableau litteraire et politique de ces deux coutrees ; par le marquis de Salvo. Londres, 1825 ; Treuttel et Wurtz. I vol. in-S", 869 pag. Cet ouvrage nous montre lord Byron pendant son sejour ea Italie GRANDE -BRETAGNE. /,/,7 ei en Grece , et nous donne des documens prdcieux qui pourront servir LIVRES liTRANGERS. du m^me genre: la Mnemosine , que nous necounaissons que de noin , et les Fleiirs dii Nord , qui reiifei ment des pieces ecrites a\ec beaucoup de talent. Quelques-unes meme m'ont paru superieures a celles de YEioile polaire. Parmi les moiceaux en prose, on remarque le lilonc Athos , extrait d'un voyage fait en Gr6ce en 1820 — Lettres stir I'ltalie . pendant les annees iSaS et 1824. — Lettre a madame la comtesse de S... stir les poetes rtisses ; par M. Pletnep. — Les pieces de vers les plus remarquables sont cinq fables nouvelles de M. Kkyi,of : la Moiiche et I'Abeille; le Riche et le Poete; le Paroissien ; le Renard et I'Ane; et le 'vieiix Lion; une traduction des Chants populaires 'de la Grece , par M. GNEniTCH ; les Chants pvpulaires des Serviens , par Ostolopof ; et plusieurs poesies de Poiichkin , Joukofsky, Glinka, du prince WiASEMSKY , etc. Tolstoy. NORVEGE. lyS. — * Norges Histories, etc. — Histoire de la Norvegesous le regne de Harald aux beaux cheveux, et sous ses descendans males; publi^e par M. C- M. F\Lsv.N. Cliristiania , 1823 — 1824; imprimerie de Lehman. 4 vol. in-8°. On doit regretter que M. Falsen , dont nous aimons ici a recon- naitre tout le talent , n'ait pas pu ecrire son ouvrage a Copenhague. LaNorvege ne fournissait a son historien que tr6s-peu de niateriaux qui n'eussent pas ete deja exploites , ou qu'on ne put trouver uilleurs. Aussi I'auteur, de son propreaveu, n'a-t-ii pu consulter que desou- vrages depuis long-tems imprimis et generalement repandus , tels que ceux de Snorro Sturlesen , de Torfociis , de Schoning et de Siihin. Le premier de ces auteurs est leseul qui, ayant ecrit au commencement \ du xiiiesiecle, puisse etre regards comme une source authenlique. Les trois autres savans , ecrivains modernes , malgre leur merite in- contestable , presentent une aulorite bien moins imposante. Si M. Falsen avait pu composer son ouvrage en Danemarck, il aurait trouve a la Bibliotheque royale et a celle de I'universite de Copen- hague une foule de nianuscrits encore peu connus et mal examines. 11 est asse/. remarquable que les anciens sagas , ecrits en langue islan- daise, et dont il existe un grand nombre en nianuscrit , sont les meilleures sources dans lesquelles un historien de la Norv^ge puisse aller puiser, desincendies etles guerres civiles ayant detruit presque tout ce qui en restait dans le pays , si I'on excepte quelques vieux diplomes , que le hasard pent faire decouvrir chez les paysans nor- vegiens , et dont la plus grande partie d'ailleuis se trouve dans NORVEGE. — DANEMARCK. 4^7 lesbibliotlieques danoises. Malheureiisement , M. Falsen a ^te prive de ces ressources. Quoiqu'il en soil, sescompatriotes lui saurontgre de leur avoir fourni un ouvrage qui remplit uiie lacune dans la litterature norvegienne , et qui ne tardera pas a se trouver entre les mains de tous ceux qui aiment a connaitre I'histoire de leur pays , et a s'entretenir des hauls fails de leurs ancelres.IiC premier volume compreiid riiistoire de la Norvege depuis I'anliquite la plus reculee jusqu'a I'an io36. Le second volume continue cette histoire jusqu'a I'au 1 177 ;lelroisieme jusqu'a 1240 > ^t enfin lequalrieme la conduit a I'an iSig. On voitquel'auteura acheve la partie la plus difficile de son ouvrage S'il lepoursuit jusqu'a noslems, salache sera infinimenl plus facile, puisqu'il pourra disposer d'une foule de maleriaux dont raullienticite est incontestable. M. Falsen merite d'autant plus la reconnaissance de ses compatriotes, qu'il a compose son ouvrage au milieu des nombreuses occupslions que lui imposaient les liautes fonctions Ae prociueur general du royaume , dont il a etc revelu, et qui semblaient devoir ne lui laisserque peudemomens pour des travaux lilteraires. Heureusement , il a echange cette charge contre d'autres fonctions egalementeminentes ,quilui laisseront plus deloisir.Nous Ten felicitons d'autant plus qu'il vient encore par-la de donner a ses compatriotes unepreuve de sonretour aux principes constitutionnels. La nouvelle et brillante charge de procureur general du royaume avait cte creee par le gouvernement d'une maniere inconstitution- nelle, et sans qu'on eut daigne consulter a cet egard I'opinion des representans a la diete. Aujourd'hui elle estvacante, et tout semble annoncer qu'elle sera definitivement supprimee , apres avoir ete exer- cee a peine pendant I'espace de deux annees. Honneur a tout gou- vernement qui s'erapresse de reparer ainsi les fautes qu'il a pu com- mettre ! Heiberg. DAKEMARCK. 179. — * Danmarks Kronihe af Saxo Grammaticus. — Chronique de Danemarck; par Saxon , le Graminairien ; traduite par Nic.-Fred.-Sev. Grundxvig. Copenhague, iniprimerie de Schultz; T. !"■, 1818, xLiv.et 3oo pages; T. II, 1819, xii et 338 pages in-4°. 180 — * JVorges Ronge-Kronike af Snorro' Sturleson. — Chronique desrois de Norvege; par Snorro Sturleson; traduite par le meme. Copenhague, meme imprimerie ; T. I'"'', 1818, lvi et 339 pages; T. II, 1819, 378 pages in-4°- Voici deux ouvrages d'une grande importance pour I'histoire des royaumes Scandinaves, et d'autant plus precieux que I'cpoque T. XXVI. — Mai 1825. 3o 458 LIVRES ETRANGERS. ou ils ont M composes se rapproche davantage des terns fabuleux de la haute antiquite. Saxon, secretaire du c61febre archeveque Jb- salon, -vivait du terns de Waldemar I'"', c'est-a-dire vers la fin du xii« sifecle; il mourut en 1204. La premiere edition de son histoire , ^crite en latin , a ete faite a Paris, en i5i4 ,par les soius d'un savant danois, nomme Chretien Pedersen. Cette edition est in-folio, et im- primee par le celebre Ascensitis. II est probable qu'elle a ete faite aux frais de Cbristiern II , alors roi de Danemarck. Depuis , cet ouvrage a ete souvent reimprime, a Bale, a Francfort, a Leipzig, et a Soroe , en Danemarck, avec les commentaires de Stephanius , eu 1644. La premiere traduction de Saxon en langue danoise a ete faite par A.-S. Wedcl , et imprimee en iSyS; njais , quoique reim- primee plusieurs fols, elle etait devenue extremenient rare, et etait trfes-recherchee. Comme le style etait tres-suranne, M. Grundtvig a cru devoir en publier une nouvelle traduction, conforme au langage de notre tems , de maniere a mettre la lecture de cet ouvrage a la portee de tout le monde. Quant a Snorro, Islandais de naissance, proprietaire et fonction- naire emi:ient dans son pays , il ecrivit la Chronique des rois de Norvege dans sa langue maternelle , vers I'an i23o. La premiere edition de cet ouvrage a ete faite a Stockholm, en 1697, P^'' ^^' ringshold (2 vol. in-folio). Elle contient I'original islandais, avec deux traductions, en latin et en suedois. Plus tard , il en a ete pu- blic a Copenhague une nouvelle edition en cinq vol. in-folio, con- tenant i'original , accompagne de deux traductions , I'une en latin et I'autre en danois. Ces cinq volumes ont paru successivement, depuis 1777 jusqu'a 1818, par les soins de plusieurs savans, tels que MM. Gerard Schoning , les deux Thorlacius , pere et fils, et TVer- lauf. M. Grundtvig a entrepris d'en donner une nouvelle traduction adaptee au gout de nos tems modernes. C'est avec plaisir que nous rendons justice aux intentions qui I'ont dirige; mais nous sommes persuades qu'il s'est fortement trom- pe. Pour rendre la lecture de ces deux ouvrages facile et presque populaire, il a recueilli avec un soin infatigahle les expres- sions etles facons de parler basses et triviales; de sorte qu'il est im- possible que les hommes instruits puissent le lire sans degout. Qu'il ne s'y trompe pas; les gens du peuple , qui , dans leur conversation ordinaire, se serveiit journellement de ces phrases vulgaires , ne veuient pas qu'on les leur donne pour leur lecture; ils demandent un style un peu plus ^lev^ , qui ne leur rappelle pas la trivialite de DANEMARCR. /.Sg leur langage habituel. D'un autre cote , le traducteur s'est ecarte de son systeme dans les poesies, qui se trouvent en grande abondance dans nos deux liistoriens : il y est tellenient, nous ne disons pas ele- gant, niais obscur, qu'il ue sera point compris par ses lecteuis; tres- souvent meme, il parait ne pas se compreudre lui-mdme. II manque done toujours au Danemarck et a la Norvege une traduction de leurs deux plus anciens bistoriens, qui reunisse a I'elegante sim- plicite une naivete que ne repousse point le bon gout. Malheureu- sementjCes traductions manqueront encore long-tems; car les limites etroites de ces deux pays » le peu de connaissance que Ton a de leur langue bors de leurs frontieres, la faiblesse de leur population et la grande mediocrite de toutes les fortunes particuli^res , sont au- tant d'obstacles qui empecheront les libraires de tenter une entre- prise aussi couteuse que celle de la publication d'une nouvelle tra- duction de deux bistoriens qui devraient se trouver entre les mains de toutes les classes de la societe. i8i. — * Indledning , etc. — Introduction aux lecons sur I'hjstoire de la langue danoise et de la littcrature nationale; parM. Christian MoLBECH. Copenbague, 1822. Brocbure de 5o pages in-8°. M. le professeur Molbecb , bibliotbecaire adjoint a la grande Bibliotheque royale de Copenbague, est deja depuis long-tems trop bonorablement connu des lecteurs de la /feiv/e Encjclopedique , pour qu'il soit necessaire d'appeler I'attention du public sur ses ecrits. Ce savant s'etait propose de faire a Copenbague un cours de litte- rature danoise, afin de montrer les progres de la langue du pays, depuis le moyen age jusqu'a nos jours, et d'assigner a cbacun des auteurs les plus distingues la part qu'il a pu prendre au perfection- nement du style et de I'idiome national. Des circonstances qu'il est inutile de detailler ici ayant empecbe I'execution de son projet, M. Molbec'i a cru devoir publier la lecon par laquelle il se propo- sait d'ouvrir son cours. La lecture de ce petit ecrit fait regretter la non-execation d'un projet que nous ne croyons pas abandonne, mais seulement ajourne a une epoque plus favorable, et qui n'est pas eloignee. Nous trouvons , a la fin de cette interessante brocbure , la nomen- clature desecrivains danoisetnorvegiens les plus estimes, ranges en deux series ouperiodes :1a premiere commencant avec le xii^ siecle, et finissant avec le xv"; la seconde periode comprend les nonis des auteurs qui se sont le plus distingues depuis le commencement du xvi^ siecle jusqu'a I'an 1800. Ces deux series etant disposees par 4Go LIVRES lilTRANGERS. ordre clirouologique , chaque ecrivaiu trouve sa place assigaee s I'aunee dans laquelle il a commence sa cani^re litteraire. Heibbrg. ALLEMAGNE. 1 8a. — Flora classica. — Flore classique, publieepar Julius Biller- BRCK. Leipzig, 1824; in-8°. L'auteur a fait paraitre, depuis 1819 , plusieurs essais sur la con- naissance que les anciens avaient des plantps; au jourd'hui il hasarde un coup d'ccil general sur leur botanique. On compicnd tout ce qu'une pareille entreprise a d'etendue , et de combien de details elle est susceptible : aussi faut-il savoir gre au savant qu'elle n'a point rehute, des efforts eclaires qu'il a fails dans I'interdt des con- naissances huniaines, lors m^me que son ouvrage laisserait encore beaucoup a desirer. Tbeophraste , Dioscoride et Pline ont ete les principaux guides de M. de Billerbeck , qui , parmi les modernes , s'est attache surtout a Voss , a Sprengel et a Sibthorp. 11 a distribue les plantes selon le sj'steme de Linne; il indique pour chacune les noms allemands , francais, grecs, latins, et souvent meme les noms qu'elle porte en grec moderne, la description, I'indication du lieu oil se trouvent les especes decrites, et les textes anciens qui en ont parle sont joints a ces noms ; et tout cela est concis et serre , sans nuire A la clarte. M. Billerbeck ne manque jamais de faire remar- quer les divergences des auteurs ; il discute et fixe parmi leurs opi- nions celles qui lui paraissent les meilleures. Les index facilitent beaucoup la conversion des noms modernes en ceux que les anciens employaient ; cependant, il n'eut pas ete inutile d'y joindre aussi una table allemande , a I'usage de ceux qui veulent traduire de cette langue en grec ou en latin. Peut-etre aussi , quand il s'agit d'espfeces peu connues , eut-il ete bon d'indiquer les planches qui les repre- sentent le niieux. Enfin , il manque a I'ouvrage une exposition cri- tique des travaux des anciens, avec la liste des livres qu'ils nous ont laisses sur I'histoire naturelle, et plus particuliferement sur la botanique. L'auteur pourra reparer ces omissions dans une seconde edition, et la bonte de ce premier essai nous garantit qu'elle ne se fera pas attendre loug-tems ; l'auteur pourra faire usage alors de I'excellente Flore ajoutee au f^irgile de M. Lemaire. P. G. 83. — Lehrbiich der Chemie, etc. — Traile elementaire de chimie , par J. Jacob Berzklius; traduit du suedois par K.-/I. BtoDBet K. Palm- ALLEMAGNE. /,6i STEDX. Seconde edition. Dresde, iSaS et i8a4 ; Arnold, a vol. de 7 « 800 pages. LachimiedeBerzeliusestjSanscontredit, I'un des ouvrages scien- tifiques les plus remarquables qui aientparu dans ces dernierstems. La premiere edition en fut publiee en 1807 ; ecrite dans une langue aussi pen repandue que le suedois , elle ne s'ecoula pas tres-rapide- ment. Cependant une seconde edition succeda a la premiere. On en fit une traduction alleniande qui, dit-on, renfermait beaucoup de fautes. C'est la seconde edition decette traduction que nous annon- cons aujourd'bui. Elle a ete revue et corrigee par M. Berzelius lui- m^me, qui I'a augmentee de toutes les nouvelles decouvertes qui s'etaient multipliees depuis I'epoque a laquelle I'oiiginal avail paru." Cependant, nous avons encore trouve dans cetouvrage plusieurs in- corrections; mais nous devons ajouter qu'elles existent egalement dans le texte suedois. Les deux premiers volumes seulement de ce traite nous sont parvenus; ils renferment la chimie miuerale en en- tier. Un troisieme sera consacre a la description des appareils , et un quatrieme a la chimie vegetale et animale. Le defaut d'ordre et le manque de table rendent I'analyse de cet ou- vrage assez difficile; nous indiquerons neanmoinssommairemeut le contenu des deux volumes que nous avons sous les yeux. — Apres avoir donne quelques idees geuerales sur les forces de cohesion et d'affinite , etc. , I'auteur s'occupe des proprietes des quatre fluides imponderables. II passe a I'etude de I'oxygene, des autres corps sim- ples ponderables non metalljques.et des combinaisons que ces corps forment entreeux. La premiere pai tie se termine par deux articles in- titules, I'un : De t Atmosphere , et I'autre de I'Eau. Plusieurs theories physico-chimiques, et meme purement chimiques , s'y trouvent rat- tachees.Telles sont celles du barometre, de la neige, de la grele, de la rosee , des aurores boreales, etc., qui appartiennent a I'article At- mosphere. Des notions sur les phenomenes de la cristallisation, I'efflo- rescence et la deliquescence des sels, I'bygrometre, les sources chau- des et froides, etc. , et I'eau oxygenee, se trouvent a I'article Eau. — La seconde partie traite des bases alkalines , des acides mineraux el organiques , et des sels des trois regnes a base alkaline. Dans le second volume, I'auteur passe en revue les differens me- laux et leurs combinaisons de loute nature. L'ordre suivant lequel il les classe est fonde sur les proprietes electriques des atomes. C'est le meme qu'il a adopte dans sa theorie des proportions chimiques , avec cette seule difference que, s'occupant d'abord des radicaux, 462 LITRES fiTRAlVGERS. des alkalis et des terres , il les separe des metaux 61ectro-positifs par toute la seriedes metaux electro-negatifs. — Le chapitre des analyses ne renferme que 76 pages; il est subdivise ainsi qu'il suit : 1" Coup d'ceil sur les lois qui regissent les combinaisons des corps; 2° Ana- lyse comprenant, 1° essais, 2° analyse proprement dite. II est im- possible de prescrire des regies gondrales d'analyse chimique. Aussi I'auteur s'est-il borne a douner la solution d'un certain nombre de problemes dans lesquels rentrent la plupart de ceux qu'offrent d'au- tres cas particuliers. II ne se contente pas d'indiquer sechement la marclie que devra suivre I'experimentateur , et entre avec un soin minutieux dans tous les details de ces petites precautions , en appa- rence superflues, dent I'observation peut cependant seule assurer le succ^s des experiences. Nous regrettons qu'il n'ait pas donne plus d'etendue a cette partie interessante de son traite. II aurait pu sans doute nous communiquer d'excellens preceptes sur les moyens de separer et de doser les diff^rens metaux , et aurait ainsi rempli una lacune qui existe dans tous les ouvrages de cliimie que nous con- naissons. M. Berzelius, riclie des fruits de sa propre experience et d'une Taste erudition puisee dans les memoires des autres chiniistes, a ras- semble dans ses elemens de chimie une foule de fails nouveaux ou peu connus, et de theories qui ne s'accordent pas toujours avec celles qui sont adoptees en France. Le traite que nous annoncons sera done un repertoire fort utile pour toutes les personnes qui font de la chimie leur etude principale. Nous nous empressons d'annon- cer qu'une personne qui a dcja enrichi notre litterature scientiCque d'un des meilleurs ouvrages du celebre professeur de Stockholm , s'occupe en ce moment d'une traduction do I'original suedois qu'elle va incessamment livrer a I'impression. Aucune des nouvelles decou- vertes n'y sera oubliee. yl'ig- Perd 184. — Testamentitm novum grcece, etc. — Le Nouveau-Testanient, en grec; texte revu et enrichi de variantes, d'apres les manuscrits de I'Europe, de I'Afrique et de I'Asie , les traductions anciennes, les saints Peres et les ecrivains ecclesiastiques , collationnes pour la pre- miere ou la seconde fois, avec des commentaires, une histoire du texte, et les remarques de tous les critiques ; par le docteur M.-^. ScHOLZ, professeur de theologie. Leipzig, i8a5; Fleischer, i vol. in-4° , comprenant les evangiles. Les savans aimeront a placer cette edition diiNouveau -Testament dans leurs bibliotheques, a cote d'une edition de Griesbach. L, I ALLEMAGNE. /,63 i85. — Calendariiim eccleiice germanicce, etc. — Calendi'ier de I'Lglise allemande, de Cologne, au ix^ siecle. Cologne, i8j4- In-8° de 32 pages. Les calendriers et les raartyrologes dans I'Eglise latine corres- pondent a cequ'on nomme tnences et menologes dans I'Eglise grecque. Ces monumens sent utiles pourconnaitre I'histoire des dioceses et de la discipline ecclesiastique. Les mart\rologes d'Adon et de Dusuard sent connus ; beaiicoup d'autres, ainsi que des calendriers, ont ete publics dans diverses collections erudites par d'Achers, Canisius, Launoy , etc. Le cel^bre Hontheim , dans son Prodrome de I'liistoire de Treves, en a insere cinq des x® et xi' siecles. Un savant tlieolo- gien catholique , professeur a I'universite de Bonn , M. Scholz, a public, en 1823 , deux menologes grecs qu'il avait exhumes des ma- nuscrits de la Bibliotheque du Roi k Paris, avec des observations sur I'avantage que Ton pent tirer de ces monumens pour rcpandre ' du jour sur la philologie sacree. D'apres ces considerations, on doit savoir gre a M. Binterim , docteur en theologie , et cure pres Dus- seldorf, d'avoir mis au jour le calendrier de I'Eglise de Cologne au IX' siecle, auquel il a joint des observations interessantes. G. 186. — * Slaatsrecht des dcutschen Biindes urtd der liiindestaaten. — Droit public de la Confederation germanique et des Etats qui la composent; par Aug. Bkumquei-i, , conseiller de la regence de Saxe. Weimar et Erfurt, i824.In-8°. L'etude du droit public de I'Allemagne pent se faire d'une maniere complete dans les livres deTilmann , Dresch , Schmidt et Rudhard : aussi, I'auteur n'a-t-ilpas eu I'intenlion de recommencer ce qui etait deja si bien fait. Son but a-ete d'examiner la constitution de I'Alle- magne telle qu'elle etait sous I'empire germanique et lors de la Con- federation du Rhin. II propose plusieurs questions, et les discute avec beaucoup de lumiere et d'impartialite. II se demande d'abord quelles sont les causes qui ont amene la dissolution de I'Empire ; ^"•quelles en furent les suites tant envers les souverains qui etaient membres de la ligue , qu'enversles sujels des divers Etats? 3° quelle <;tait la force legale des actes de la confederation du Rhin , et quelles devaient 6tre leurs consequences, soit qu'on les considerit comme nuls , soit qu'on les regardat comme -valables ; 4* quel est le but po- litique de la ligne actuelle? 5° les institutions et les principes adop- tes aujourd'hui ont-ils suffisamment pourvu a ce que I'Empire et la Confederation du Rhin avaient de defectueux dans leur organisation ? 6° quels sont les obstacles qui , a cet egard , ont arrete I'accomplis- 464 LIVRES ETll ANGERS. sement des voeux de tous? quels sont les rapports des ttats avec I'ensenible de la confederation , et avec chacun des fitats en particu- lier ? 8" que convlendrait-il d'ajouter a I'organisation et aux dispo- sitions legislatives de ces Etats ? Ces matieres importantes ont ete pour I'auteur roccasion de developper habilement des theories qui jusqu'a ce jour avaient ete plutot iudiquees qu'approfondies. II a mis beaucoup de soin a etablir les idees pour lesquellcs il differe des autres publicistes.Cependant , en general, il s'est attache a I'ou- vrage de Kliiber , qu'il cite tr^s -souvent. Dans I'introduction, il examine les principes qui sont pour les confederations des condi- tions d'existence; il traite en detail du caractere de la nation alle- mande; il s'occupe de I'influeQce du clerge ; puis il se livre a des developpemens sur les inconvcniens des cessions et des divisions de territoire, sur ceux plus grands encore que prcsentent les guerre* avec I'etranger.On voit assez par ces courtes indications de quel inte- r^t est Touvrage de M. Brunquell. P. Golbekt. 187. — Apercu des piincipaux ivencmens de I'hlitoire universelle , a Vusage des e coles ; par G. - G. Bredow , professeur d'histoire a I'uni- Tersite de Breslau, etc.; traduit de I'allemand. Tubingue, iSaS; Osian,der. i vol. in-80 de iSy pages. Apres les premiers chapitres consacres a la cosmogonie de Mo'ise , et a I'origine tres-incertaine des premiers arts et des premieres ma- chines, I'auteur entre dans le domaine de Fhistoire ancienne ; mais les principaux evenemens qu'il rapporte se reduisent a quelques no- tions tres-communes recueillies dans I'histoire grecque et romaine, et precedees des fables que Justin a debitees sur les Perses , les M6des et les Assyriens. — L'histoire moderne est debarrassee de ces contes ; mais outre que tous les faits n'y sont pas importans , et que tous les faits importans sont loin de s'y trouver, comment peut-on appeler universeUe l'histoire d'une petite partie de I'Europe ? A peine dit-on un mot des Arabes et de Mahomet ; des Russes , des Suedois et des Turcs; il n'est question ni des Chinois, ni des Indiens, nicies Tartares. Hatons-nous de le dire : cet ouvrage n'est qu'une table in- complete de l'histoire de I'Europe chretienne , qui sert peut-etre a M. Bredow de canevas pour ses lecons orales, mais qu'on aurait pu se dispenser de livrer a I'impression. B. J. 188. — Michel Ignatz Schmidt's Geschichte der Deiitscheri .—Ylisto'ire des Allemands, par Michel-Ignace Schmidt, contiuuee par le Dr L. df, Dhesch , professeur a Landshut. T. XXIII. Ulm, 1824. In-8°. Ce volume renfenne Thistoire d'AUemagne ,[depuis I'etablisseiuent ALLEMAGIME. 46 j de la Confederation du Rhin jusqu'a la guerre de 1809. Apr^s un coup d'csil sur la situation de Fempire germaniqne et sur les causes de sa dissolution, I'auteur traite de la paix de Bale,de celle de Campo-Formio, des congres de Rastadt et de Luiieville. Enfin , il monfre comment le sud de TAliemagne se ligua avec la France et comment se forma la Confederation du Rhin. M. de Dresch entre- prend la defense des personnes qui ont le plus contribue a la fonder; il entretient ses lecteurs des resultats de ce nouvel ordre de choses, de la suppression des tribunaux de I'empire , du sort de la noblesse immediate , de la cessation des assemblees de cercle. La guerre de Prusse commencee en 1806, les causes de cette guerre et la con- qudte de toute cette monarchic par les armces francaises Tiennent ensuite occuper le lecteur. Les sieges et les batailles, ainsi que le traltc de Tilsit, ont aussi leur place dans cet expose, et terminent cette section. Celle qui vient apres s'etend jusqu'a la guerre de 1809 entre Napoleon et I'Autriche. II y est parle des agrandissemens de la Confederation Ju Rhin, de la consolidation du sjstfeme conti nental, de la revolution d'Espagne , du congres d'Erfurt, des chan gemens arrives dans le duche de Berg, enWestplialie et en Baviere enfin de I'introduction du code civil francais dans les etats de I'Al lemagne. En general , I'auteur ne se livre pas a de longues reflexions ilabeaucoup abrege les recits d'evenemens militaires qui n'offraien point d'intcret particulier. II assure n'avoir avance aucun fait qui ne soit fonde, soit sur une piece autlientique , soit sur le recit d'un temoin occulaire. Sans se perdre jamais dans I'immensite des cita- tions , il a toujours soin d'indiquer ses principales autorites. On remarque dans le jugement qu'il porte des individus , beaucoup de reserve et de moderation, et une juste facility 4 recevoir les reclama- tions de ceux que I'opinion accuse souvent a tort et sans examen. Quant a I'histoire actuelle de I'Allemagne, M. de Dresch sent bien qu'on ne pent I'ecrire encore ; mais il veut que les historiens futurs sachent Timpression que les evenemens produisent sur lui,et ce motif le determine a ne point s'arreter la. P. Golbery. l8g. — Franz der Erste, Koenig von Franhreich , etc. — Francois I^"", roi de France; tableau de mceurs du xvi'' siecle ; par M. A.-L. Herrmann, professeur au corps des cadets de S. M. le roi de Saxe a Dresde. Leipzig", 1824; Gerhard Fleischer, i volume grand in-8°. Prix 2 rixd. Cet ouvrage offre un enchainement d'evenemens historiques, ra- pidement et agreablement decrits, qui tous se rattachent plus ou Jt66 LIVRES KTRANGERS. nioins a Francois h', et surtout a sonr^giie. Mais est-ce bien li> une biographic, comme I'insinue I'auteur clans sa preface? Les biogra- phies doivent 6tre riches de details particuliers; elles offrent souvent une peinture , meme minutieuse, des actions les plus ordinaires d'un homme, des coutumes et des usages del'interieur des families qu'elles representent ; c'est ce qu'on ne trouve pas dans I'ouvrage de M. Her- mann.D'un autre cote, le titre de Tableau de mocurs da x\ie'^siecle, que i'auteur donne a son livre, ne parait pas non plus lui convenir; ce n'est tout au plus que I'esquissehien legi're des moeurs d'une certaine classe d'homnies peu nombreuse. II y a bien de la difference entre le tableau de moeurs dont I'un des collaborateurs de la Jiefiie a donne Tesquisse , en traitant du roman historique de moeurs (i), et celui qu'offre Touvrage qui nous occupe. Celul-la doit (5tre la peinture de la societe a une epoque determinee ; il dojt representer tous les de- tails que riiistoire dedaigne, et les hommes dans toutes les classes : en un mot, il doit nous offrir un tableau animede la vie elle-m^me. Mais quel que soit le genre auquel I'ouvrage de M. Herrmann ap- partienne, tel qu'il est, nous ne craignons point de dire que c'est un bon ouvrage, qui tient en quelque sorte le milieu entre I'histoire generale et la simple biographie, et qui instruit en amusant. L'au- teur a traite son sujet avec beaucoup de talent. Nous aurions seu- lement un reproche a lui adresser, c'est de n'avoir peut-^tre pas assez fait ressortir dans son tableau ce que Francois I<^'' a fait pour les lettres , les sciences et les arts, de n'avoir consacre qu'un petit nom- bre de pages a un apercu trop general de I'etat des lettres sous ce prince, ainsi que des encouragemens et de la protection qu'il leur accorda. La restauration des lettres , a laquelle Francois I'"' contribua tant en France, est un des faits les plus importans du xvie sifecle , et le commencement de notre civilisation projirement diie doit dater ■ , de cette epoque. M. Herrmann s'est particulierenient attache a la verite ; il a tou- jours puise aux bonnes sources, et il a soin de les indiquer; son ouvrage porte le caractere de I'impartialite et d'une saine critique. Son style est noble , coulant, agreable ; il a cvite les longueurs dans lesquelles il est si facile de tomber dans ces sortes d'ouvrages, et s'est abstenu de reflexions et de raisonnemens qui prcsque toujours embarrassent la marche du recit , et souvent semblent n'y etre places que pour epargner au lecteur le soin de reflechir lui-meme. Un (i) Voy. tiei'. Enc, t. xvii , ji. 232 ct suiv ALLEMAGNE. 467 autre iiierite de cet ouvrage , c'est que I'auteur a su renfermer tout le tableau du r^gne qu'il ecrit dans un seul volume d'un peu plus de 400 pages , grand in-8° a la verite , mais dont I'impression est en tres-gros caracteres. C'est un talent que de savoir se borner, et de lie dire que ce qu'il faut ; ce talent , M. Herrmann le possfede au plus liaut degre. Quelques citations prises au hasard prouveraient mieux encore ce que nous venons d'avancer; mais ces citations donneraient a cet article plus d'etendue qu'il ne doit en avoir. Nous nous borne- rons au recit de Henri VIII et de Francois I"' qui commence le x^ chapitre. Les deux monarques devaient se voir, le 6 juin iSao, entre Andres et Guines, en Picardie. « A leur premiere entrevue, dit M. Herrmann , Francois et Henri se saluerent et s'embrasserent a cheval : le clieval du roi d'Angleterre broncha. Une tente magnifique avait etc dressee pour y entretenir I'illustre convive, le jour suivant; mais un orage s'etant eleve pendant la iiuit la detruisit. La superstition ne manqua pas de mal augurer de ces accidens. — D'abord , les rois ne se virent que sous la contrainte de la froide etiquette , et avec une circonspection me- fiante. La nombreuse suite de cliacun d'eux fut fixee exactement ; I'eloignement dans lequel ils devaient rester I'un de I'autre, deter- mine , et les pas , comptes. Quand le roi d'Angleterre venait voir la reine de France a Andres , le roi de France devait en meme tems se rendre cliez la reine d'Angleterre a Guines, de sorte qu'ils se ser- vaient reciproquement d'otages. Cependant , toutes ces formalites devinrent bientot insupportables a Francois. Un jour s'etant, contre sa coutume, leve de tres-bonne heure, il monte a cheval , et accom- pague de deux gentilshommes et d'un page seulement , il arrive au galop ;i Guines. Sur le pont de Guines, il rencontre le commandant de la place avec deux cents archers. « Vous etes mes prisonniers, leur crie-t-il, conduisez-moi sur-le-champ dans I'appartement du roi mon frere. » Ceux-ci, surpris, repondirent que le roi n'etait pas encore leve. Mais Francois, sans s'arreter, vient aussitot heurter a la porte du roi et se presenter devant son lit. Celui-ci tout etonne, lui dit, «vous me jouez la, mon frere, le tour le plus agreable du nionde ! Eh bien ! je suis votre prisonnier et je vous donne ma parole d'honneur. Vous me montrez par-la comment on doit vivre avec vous, » et, en memo tems, il lui presente un collier de la valeur de 1 5,000 angelots, en lui disant : «Portez, je vous prie, ce collier au- jourd'hui pour I'aniour de votre prisonnier. >> Francois I'accepte et lui fait en revanche present d'un bracelet de plus de 3o,ooo ange- 468 LIVRES ETRANGERS. lots de valeur (i). Henri voulut ensuite se lever; mais Francois lui dit,< est preci- sement ce qui manque au Journal militaire autrichien. 11 paralt qu'on ne lui laisse pas la faculte de s'occuper du present: aussi, est-il oblige de se rejeter sur le passe. On y trouve de longs recits sur de vieilles guerres, la plupart oubliees. Quelquefois, il se ha- sardejusqu'a donner I'histoire des guerres de la revolution; mais c'est avec tant de reserve el de circonspection, que Ton n'en peut tirer grand fruit. Les notices necrologiques sur des officiers autri- chiens ont quelquefois de I'interet. Au reste , ce Journal ne nous fait guere connaltre, de I'armee autrichienne, que les promotions des officiers; chose qui interesse fort pen , hors de I'Autriche. Pour les autres changemens qui s'operent dans I'armee autrichienne , on 47a LIVRES fiXRA^NGERS. lie peut les apprendre que clans quelques ouvrages sp^ciaux ou par les jouruaux etrangers. M. Schels , qui le dirige, est connu par son Histoire militaire de CAiitriche. D. SUISSE. aoi. — * Plantes rares dn Jardiii de Geneve, par Aiig.-Pyr. de Ca.w- DOLLE, professeur d'histoire naturelle et directeur du jardin de bo- tanique de rAcademie de Geneve. I"^^ livraison. — L'ouvrage sera public par livraisons de six planches avec le texte correspondant. Ces livraisons paraitront a des epoques indeterminees et formeront un volume grand in-4°, imprime sur papier grand Jesus velin su- perfin d'Annonay. La premiere livraison est en vente. Le prix de chaque livraison est de i5 francs de France. II ne sera tire que 25o exemplaires de cet ouvrage : ainsi sa rarete en fera necessaire- ment augmenter le prix. Les noms des souscripteurs seront impri- mes a la suite de la deruiere livraison. On souscrit a Geneve, chez Barbezat et Delarue, libraire-editeurs ; a Paris, chez Naudin , rue Pav6e Saint-Andre, n" 9 , et Rey et Gravier; a Londres et a Stras- bourg, chez Treuttel et Wiirtz. L'existence du jardin de botanique de Genfeve ne date que de peu d'annees , et deja cet etablissement donne lieu a la publication d'un ouvrage important , destine a presenter la description et la figure des plantes qui fkurissent dans le jardin de Geneve, lorsqu'elles se trouvent encore inconnues aux botanistes , ou que du moins elles n'ont ete figurees convenablement dans aucun ouvrage. Les des- criptions ont pour but non-seulement de faire connaitre la structure et I'histoire de la plante, mais de la comparer avec celles qui lui ressemblent. L'auteur y a souvent ajoute des notes sur les caract^res du genre et de la famille auxquels I'esp^ce appartient, aussi bien que sur les especes analogues a celles qu'il decrit. Les figures sent imprimees en couleur et accompagnees des details qui font con- naitre I'analyse de la fleur et du fruit; la plupart sont faites d'apr^s les dessins de M. Heylaivd. Z. 202. — * Precis de geographic ancienne ; par Louis Conte, pro-' fesseur de litterature ancienne a I'Acadeniie de Geneve; ouvrage adopte pour le college de Geneve. Geneve, 1824; P. G. Ledouble. r vol. in-i2 , de vii et aSo pages ; prix : 2 fr. 5o c. Voici le premier cours de geographie ancienne vraiment a I'usage des colleges et des pensionnats, que je connaisse : celui de d'Anville, en trois Yolumes , est trop savant et trop volumineux : I'abr^ge qu« SUISSE. 473 Ton en trouve dans la Geographie universeUe de Guthrie , et qui a ete aussi imprime a part, se compose de deux parties qui rentrent I'une dans I'autre , et dont la premiere, trop courte, est insuffisante, tandis que la seconde ne presente qu'une s^che nomenclature. Je conviens que le petit traite de geographic ancienne , place a la fin du Cours abrege de geographie hisiorique, par Oslerwald, n'a pas ete employe sans succes dans quelques instituts particuliers ; mais ce traite est par demandes et par reponses, niethode que je regarde comme vicieuse; il est d'ailleurs beaucoup trop concis , et se trouve a la suite d'un cours de geographie moderne; en sorte qii'il faut acheter les deux volumes dont se compose cet ouvrage , lors mdme qu'on n'a besoiu que du contenu d'un demi-volume. Le Precis de M. Conte me parait tres-superieur a tout ce qui a paru jusqu'a ce jour, en fait de livres eleinentaires sur la geographie ancienne : c'est ce qui lui a valu d'etre immediatement adopte par I'Academie de Geneve, comme remplissant d'une maniere tres-satis- faisante la lacune que nous venons de signaler. Pendant plusieurs annees , ce Precis a servi de texte a I'auteur pour les lecous qu'il donnait aux etudians de la Fuculte des lettres. L'Academie ,. esti- mant ensuite que cette etude devait plutot se fa-re dans les classes elevees du college, a invite M. Conte a publier son travail, pour servir de guide dans I'enseignement public de la geographie an- cienne. Les encouragemens nombreux que dans divers pays, niais surtout en France , I'on a accordes depuis pen , aux sciences geographiques ; la fondation recente de la Societe de geographie de Paris, ont deja exerce et continuerontd'exercer de plus en plus une influence salu- taire , meme sur les contrees qui ne peuvent se trouver en contact que par la pensee avec les pays oii ces encouragemens sont donues. La publication de I'ouvrage que nous annoncons, ne pouvait done avoir lieu dans des circonstances plus favorables : elle recoit meme un nouveau degre d'interet et d'importance de I'heureuse applica- tion faite par M. Selves fils, des procedes lithographiques a I'ensei- gnement de la geographie; la modicite du prix et la bonte de Texe- cution de ses cartes lithographiees, ont rendu I'etude de cette science beaucoup plus populaire; et ce n'est pas la un des moindres services dont est redevable I'instruction publique a I'un des honimes qui honorent le plus la France, M. le baron Cuvier, qui, depuis I'annee 1820, n'a cesse d'encourager I'entreprise de M. Selves, en aidant celui-cl des conseils les plus propres a en assurer le succes. E. T. XXVI. — Mai 1825. 3 1 /,74 LIVRES ETR ANGERS. ao3. — Chefs-d'oeuvre ou Sermons cLoisis de Jacques Saurih , pas- teur a La Haye; suivis Ae fmgmens de quelques autres sermons du mdme aiileur; recueillis par les soins de J.-J. Chenevierk, pasteiir et professeur a Geneve. Geneve, 1824; J.-J. Pascboud ; Paris, le meme. 4 vol. iii-S" ; prix : ao fr. Le ministre protestant Saurin est sans contredit le plus eloquent des predicateurs qu'ait eus I'Eglise reformee. Moins harmonieux , moins elegant, moins fleuri que Massillon ou Flechier, il a toute la dialectique pressante de Bourdaloue, toute la vehemence et le feu de Bossuet. Comme Demosthene, auquel on peat, sous certains rap- ports, le comparer, il ne voit que le triomphe de sa cause; et pen jaloux de plaire ou d'ehlouir, il ne cherche qu'a convaincre et a en- trainer. Saurin est foujours grand ; ses plans sont vastes et varies; il sait rendre sensibles des verites abstraites ; il s'eleve quelquefois jusqu'a la dignite d'un propbete. L'imagination et la raison , voila ses deux facultes dominantes ; sa sensibilite n'est guere mise en jeu que lorsque son imagination est fortement ebranlee. S'il a des orne- mens, ce sont, pour ainsi dire, des ornemens seiieux; Ivs cboses y entrainent les mots apres elles. Lorsqu'il est beau, il a un style clair et noble; il a un melange de pompe dans les images et de naturel dans I'expression , qui plait singulierement. — Un predicateur si distingue n'eut pas una jeunesse qui semblSt promettre de pareils resultats. A. I'dge de 17 ans, il avail embrasse la vie militairc, qu'il quitta pen apres pour etudier a Geneve la pbilosophie et la theologie sous les plus cel^bres professeurs (i). Consacre au saint minist^re, il fut nomme en 1701, pasteur a Londres, peu apres a La Hayc, oii il pr^cha avec un succes prodigieux, jusqu'a sa mort, arrivee le 3o septembre 1730. Saurin avait une belle figure, une voix forte et sonore , un debit anime , des gestes justes et expressifs. Abbadie , apres I'avoir entendu , se demandait a lui-m(?me, dans les transports de son admiration : est-ce un Iiomme ou un ange.^ Apr6s un tel suffrage, il est bien etonnant que La Harpe n'ait pas meme nomme Saurin, dans son Cours de litterature. II ne Test pas moins que le car- dinal Maury I'ait relegue dans le second ordre des orateurs; il n'a- vait sans doute lu Saurin que tres-rapidement. (i) Par un rapprochement singulicr, Geneve compte aujourd'bui parmi ses meilleurs predicateurs M. M....N, qui a fait sous Bonaparte les cam- pagaes de DrepeGATTi. Rome, 1824 ; Bourlie. 2 v. in-8°. L'auteur presente son ouvrage comme une esp^ce d'introduction a rhistoire moderne qu'il regarde comme beaucoup plus utile pour nous que i'ancienne. II commence a I'cpoque de la division de I'em- pire, depuis la mort de Charlemagne , et s'arrete au traite de West- phalie. Ceux qui connaissent les changemens politiques survenus en Europe depuis cette derni^re epoque,et surtout au commencement de notre siecle, ne seront pas de I'avis de l'auteur, qui regarde encore le traite de Westphalie comme la base de tons ceux qui lui ont succede, base sur laquelle, seloi; lui, repose le syst^me politique actuel de toute I'Eurojie. S'imagiaerait-il done faire oublier une epoque qu'il ne sait pas ou ne veut pas apprecier, en la faisant disparattre de son histoire ? 209. — * Memorie storiclie deW anticu e inodemo Telamone , etc. — Me- nioires historiques sur I'ancien et le moderne Telamon, recueillis et eclaircis par Ferdinand Carchidio ; Florence, 1824; Ciardetti. T. !*■■. In-S" avec figures. ITALIE. 481 Les savantes recherches contenues dans le premier volume de eet ouvrage , doivent faire regarder I'auteur comme un profond erudit. II est du petit nombre de ceux qui n'admettent rien qui ne soil bien prouve et appuye de I'autorite des monumens ecrits , ou des monumens des arts. II a souvent recours aux anciennesmedailles, et se garde surtout de leur faire dire ce qu'elles ne disent pas. On a cependant un reproche a lui faire sur un autre point; on trouve un peu d'exageration dans son style , ce qui pouri'ait faire soupconner I'auteur d'etre un peu trop prevenu en faveur de ses assertions. Mais une chose qui acheve de le rendre recoramandable, c'est qu'il ne se borne pas a I'etude de I'antiquite; il s'occupe encore d'une etude plus interessante , c'est-a-dire , de I'economie publique. C'est ainsi qu'il travaille a se rendre non-seulement illustre par ses memoires, mais encore utile par i'amour de i'industrie qu'il cherclie a repaudre dans son pays. a 10. — Lettera sopia un elrno di ferro sqiiisilamente lavorato a ce- sella, eic. — Lettre sur un armet de fer d'une ciselure exquise, adress^e par le professeur chevalier Antonio Scarpa au chevalier Luigi Bossi. Pavie, 1824 ; P. Bizzoni. In- 8° avec fig. On admirait deja les profondes connaissances et les rares tulens de M. le professeur Scarpa dans I'anatomie et la chirurgie; ses divers ouvrages prouvent de combien de progr^s ces deux sciences lui sout redevables. II a voulu nous donner aussi , dans une production d'un genre tout different, que nous annoneons, une preuve de son amour pour les beaux-arts, et de I'erudition qu'il possede pour les ap- precier. II examine I'origine, le nieriteet I'usage d'un armet dont il a fait I'acquisition , et dans lequel on remarque surtout I'elegance des formes et la delicatesse des ornemens. II tient plutot du casque romain que du casque grec. Le bas-relief cisele qui le dccore repre- sente la fable des Titans , qu'il ne faut pas confondre avec les geans revoltes contre Jupiter , a une epoque posterieure. Les Titans sont foudroyes par Jupiter, place sur son aigle. lis ne sont qu'au nombre de seize , les uns terrasses ou effrayes ; les aulres , parmi lesquels on distingue leur chef, se relevent et menacent encore. Tous sont cou- verts de nuages que traversent de tous cotes les foudres de Jupiter, qui rendent cette scene plus terrible encore. Le style f st severe et grandiose, les muscles des figures tres saillans, leurs formes vigou- reuses; les tetes , fleres et animees, semhleut dessinces par les plus grands maitres de I'art. Enfiu, la composition, d'apres lejugement dc M. Scarpa, est vraiment classique et digne des nieilleurs artistes 48^ LIVRES ETRA.NGERS. de la Gr^ce et de Rome. Il'croit que cet ouvrage est du teins de Bo- naroti ou de Jules Romain , et qu'il a ete fait pour I'un des princes ou des grands capitaines du siecie. 11 cherche aussi a determiner la Teritable signification du mot latin ccelatura , sur laquelle les philo- logues ne sont pas d'accord. 11 croit que ce mot correspond a celui de cesellatttra , qui est en usage aujourd'hui ; il s'appuie surtoul sur Tautorite de Quiiitilien, et tiche de concilier quelques passages de Pline. — M. Garavaglia a fait un dessin de ce beau monument, re- produit dans deux planches parfaitement executees , quise trouvent a la iin de la Lettre de M. Scarpa. 211. — * L'lUade dOmero, ecc. — L'lliade d'Hom^re , traduction epique de Lorenzo Mamcimi. Florence , 1824 ; Molini. 2 vol. in-8° ; les monies, in-12. L'auteur appelle sa traduction epique parce qu'elle est ecrite en otlava rima ; ce qui est, selon lui, une condition indispensable pour I'epopee italienne. Nous avons deja donne, dans ce recueil , une idee du premier essai de ce long travail de M. Mancini ; notre article ii'etait qu'un extrait des jugemens des critiques les plus eelaires de son pays, lis continuent a ne pas apprecier, du moins autant que l'auteur croit le meriter, cette traduction, a laquelle il vient de donner la derniere main. Cliercliant toujours a rabaisser celle du chevalier Monti, M. Mancini s'attaque meme a Ginguene, qui avail dit, dans son admiration pour l'auteur, qu'il desirait mourir ayant sa traduction a son cote. Pour toute reponse aux pretentious de son rival , M. Monti a donne aussi un essai de la traduction de Vlliade , en octafa rima, essai que Ton trouve dans la Bibliotheque icalienne (n° cvi, p.3i,et n° cviii , p. 289). Ceux meme qui jugerontcet essai inferieura la traduction du mdme auteur en vers sciolii , sauront en- core apprecier la difference qui existe entre elle et la traduction epique de M. Mancini. Louons toutefois les efforts que ce dernier a faits pourreussir dans une entreprise dout le succesne repondra ja- mais a sa difficulce. 2r2. — Alcurie prose , ecc. — Discouis du conite f^. ■• Z?. Giovio. Milan , 1824 ; Silvestri. In-8°. L'auteur traile dans ces discours divers sujets qui se rattachent il la morale ^ aux beaux-arts , a I'histoire naturelle et a la littera- ture. Le comte Giovio, au milieu des terns les plus orageux, aima toujours a rapprocher et a concilier les partis. Cette disposition de son coeur et de son esprit doivent le faire lire avec interet. — On trouve aussi, dans le volume qu'on publie aujourd'hui, plusieurs- ITALIE. 483 inscriptions latines, faites pour les veterans de Milan, ainsi que celles pour le Dante et pour Washington. 2 1 3. — * Versi , ecc. — Vers de Therese Albarelli-Vordoni. Pa- doue. 1824; La Minerva. In-8°, avec le portrait de I'auteur. Les vers que nous annoncons icl se distinguent par un cachet d'o- riginalite bien rare dans laplupart des auteurs de ce siecle , et qui constit'ie cependant la vraie poesie. — De tout teins , des femnies se sont fait remarquer sur le parnasse italien. II pent s'enorgueillir des Colonna , des Gambara , des Stampa, des Terracina , etc. Sou- vent meme , elles ont brille non-seulement par I'harmonie et I'ele- gance du style, mais aussi par la force et la nouveaute des pensees. I\jme Vordoni semble vouloir les surpasser toutes, par le merite de sa versification et par la difficulte du genre dont elle s'est speciale- ment occ jpee.C'est aux moeurs de son tems qn'elle a surtout consacre ses etudes et ses vers. Elle a ose trailer la satire, d'apres la manidre d'Horaceet celle de Gaspard Gozzi , dont elle se montre rimitatrice, ou plutot I'emule. On trouve aussi dans son recueil quelques sonnets plaisans, ou serieux, une ode anacreondque , sur I'innocence, jadis conipagne de I'amour, et une Vision, sur le sort de Sapho, con- damnee a aimer un honime qui nel'aimepas ; mais ces compositions, ingeuieuses et morales, sont entierement eclipsees par six Chapiires, et surtout par autantde satires qui les accompagnent. Ces dernieres interessent principalement par Fimportance du sujet, et par la ma- niere dont I'auteur les a traitees. Des critiques italiens disputent sur la question de savoir jusqu'a quel point M^e Vordoni a imite plutot Gozzi qu'Horace : itous nous contentons de remarquer que, si elle- meme avoue que les celebres Sermoni de Gozzi ont fait ses delices , ceux qu'elle a composes d'apres son exemple , font les delices de tons ses lecteurs. Elle marche dans la carriere si difficile dans la- quelle elle est entree, avec tant de franchise qu'elle surpasse pres- que tons ceux qui Tavaient precedee. Sa premiere satire est adressee a son mari; ce qui annonce qu'elle ne rougit pas de partager avec lui ses sentimens et ses projets litteraires. Elle ne sait pas encore quelle vocation elle doit embrasser ; et finit par se consacrer aux muses et £1 la satire. Sa seconde satire , adressee au poete Barbieri, a pour sujet une soirde de carnaval ; la troisieme traite de la musique. L'au- teur , au lieu de repeter ces lieux communs que les poetes italiens ont souvent epuiscs, entre dans la discussion qui agite , de nos jours, les amateurs de la musique, sur I'harmonie et la nouvelle methode de Rossini. M^'^ Verdoni retrace le caracterede la musique ancienne /,84 LIVRKS ETRANGERS. et de la miisique moderne , et tournant en ridicule les enthousiastes exclusifs de I'une et de I'autre, laisse au tems a jugerdu caract^re de la niusique actuelle , comme il a juge jusqu'ici des vicissitudes des beaux arts des siecles passes. Dans la quatri^me satire, elle s'at- tache a peindre cette esp^ce de philosophic ou plutot de /)A(7oio- phisme , dont on se sert pour justifier les vices et les prejuges du tems. La cinqui^me frappe de ridicule I'usage d'aller prendre de certaiaes eaux mint'rales qui ont plus de celebrite parce quelles servent de point de reunion a la belle societe, que parce qu'elles gu6- rissent les malades. La sixi^me et derni^re satire est adresssee au chevalier Hippolite Pindemonte; Fauteur y discute sur la veritable noblesse. Elle la reconnait et la regrette dans la personne de Ca- uova ; niais elle ne la trouve pas dans tous ceux cliez qui tout est noble, horinis le coeur et I'esprit. Elle rappelle fort a propos , a ce sujet, I'ancieune fable du vers a sole et de la niouche, et remarque avec raison que celle-ci continue a usurper impunement le fruit des longs travaux de I'autre. — Esperons que les vers de M™« Vordoni, qui font tant d'lionneur a son sexe, feront rougir en nieme tems ces nombreux poetes qui ne cessent d'inonder I'ltalie de leurs vers fu- tiles et ridicules. F. S. PAYS-BAS. 2 1 4.— jttf Catechisme de la medecine physiologique , ou Dialogues entre un savant et un jeune medecin , el6ve du professeur Broussais; contenant I'expose succinct de la nouvelle doctrine medicale et la refutation des objections qu'on lui oppose. Amsterdam, 1824; Van Tetroode. 2y6 pag- in-8°. Les medecins hollandais sont trop prudens et frop senses pour rejeter avec temeritetout ce que Boerliaave, Sydenham , Hoffmann et tant d'autres ont fait pour donner a la science medicale des bases certaines ; et le nouveau systeme de M. Broussais, quoi qu'en dise I'auteur anonyme de cet ecrit , page 266, trouve parmi les Beiges fort peu de proselytes. Pour en juger, on pent consulter la critique de cet ouvrage , qui se trouve dans le recueil intitule : Reccnsent 00k der Recensenten , Janvier 1825 , pag- 10- 13. D. T. 2i5. — Matiere medicale pratique , contenant I'histoire des medi- camens, ainsi qu'une dissertation sur I'art de les prescrire, d'apr^s des principes fixes et scientifiques ; par M. Kluyskens. T. I. Gaud, 1824 ; imprimerie de Steven. In-8°. S'il y a trop peu de bons livres de matiere medicale , c'est que la PAYS-BAS. 485 pluparl de ceux qui out ecrit sur cette science, dont I'objet est la conuaissance des medicamens , de leurs proprieles et de leur admi- nistration , n'ont pas reiini les conditions necessaires. Ponr traiter cette matiere, il faut etre un medecin instruit par une lon^ue ex- perience et tres-verse dans la chimie , la pliarmacie et Thistoire natiirelle. On a lieu de s'etonner que M. Kluystens , connu seule- nient comme chirurgien , ait aborJe ce sujet. On ne saurait lui dis- puter le merite d'excellent operateur, qui jouit d'une grande repu- tation ; mais les niedecins capables de juger son ouvrage , diront : A quoi sert ce Uvre , qui nest d'un bout a I'autre que compilation et plagiat? L'auteur, il est vrai , fait entrevoir lui-m^me qu'il n'a fait guere davantage ; mais encore , desirerait-on trouver dans cette compilation plus de goiit et de choix. X- — s. 216. — * Oi'ei dejigte infauterie , etc. — Sur I'infanterie legere , etc. ; par M. le comte de la Roche-Aymon, pair de France, lieutenant general des armees du Roi , etc. Ouvrage traduit du francais par M. le baron d'AYLVA Rejvgers , officier d'infanterie , chevalier de I'ordre militaire de Guillaume. La Haye , iSaS; imprimerie de Kloots. I vol. in-S". L'art de la guerre, qui etait reste longtems dans des bornes etroites cliez nos ancetres, a ete considerablement agrandi par I'intluence des profondes connaissances strategiques de Gustave Adolphe, de Maurice de Nassau, de Turenne et de Frederic; il a pris un nouvel essor sous Napoleon ; le regne brillant de cet homme , que I'experience nous force d'admirer de jour en jour da- vantage, en deplorantle coupable abus qu'il a fait de son genie et de sa puissance , a beaucoup contribue, avec les circonstances ex- traordiuaires de la levolution qu'il a su exploiter au profit de son ambition personnelle, a faire sortir de toutes les classes de la so- ciete d'habiles capitaines , parce qu'une libre carriere etait ouverte aux talens, et que le veritable merite, recherche dans tons les rangs , n'avait pas besoin d'exhiber d'antiques parchemins pour recevoir sa recompense. C'est aux guerres de la revolution francaise, etensuite a celles de Napoleon, que I'histoire se gardera bien de confondre , et qui out enfanle tant de generaux distingues , que la science mi- litaire est redevable des immenses progres dont elle s'est enrichre de nos jours. Aussi , la France peut-elle avec justice revendiquer I'honneur de la brillante revolution que cette science a subie depuis une trentaine d'annees. Cet espace de tems , si memorable par les evenemens politiques dont il a ete temoin, a vu naitre une quantite /,86 LIVRES ETRANGKRS. d'ouvrages sur I'art de la guerre , parmi lesquels on a xurtout dis- tingue, comme ouvrages elementaires , ceux de MM. de la Roche- Aymon et de Carion-Nisas. ( Voyez I'analyse de ce dernier ouvrage dans la Rev. Enc. , t. xxiii , p. 583. ) Le merite de I'ouvrage de M. de la Roche-Aymon , fruit de loiW gues meditations et d'une grande habitude de la guerre , est gene- ralement connu et apprecie. Nous nous bornerons a dire quelques mots de la traduction holiandaise que M. Rengers vient d'en don- ner. Cette traduction , accompagn^e de notes , dont les unes ont pour objet de confirmer les opinions de I'auteur, et les autres de les rendre plus applicables au service desPays-Bas , est faite avec exac- titude, et M. de la Roche-Aymon ne pouvait avoir un meilleur in- terprete. II est a regretter que M. Rengers n'ait traduit de cet im- portant ouvrage que la partie qui a rapport a I'infai^terie. De K. 217. — * Ideen over de scaath/ciinde , etc. — Idees sur la politique , les relations mutuelles et le commerce des principaux peuples de I'ancien monde , par M. A.-H.-L. Heeren, professeur d'histoire a Goettingue; ouvrage traduit en hollandais par M. G. Dorn Seiffen. Rotterdam, 1824; Smit. i vol. de 5ii pag. L'ouvrage du celebre professeur Heeren est trop generalement connu et apprecie , pour qu'il soit necessaire d'entrer ici dans des details sur le merite particulier qui le distingue. L'auteur vient d'en publier en AUemagne une 9«nfncme edition, tr^s-augmentee , dans laquelle il a fait usage des decouvertes les plus recentes faites par des voyageurs , tels que Kenneir, Ker-Porter, Pottiuger, Elphins- ton , Stamford-Raffles et autres; c'est cette nouvelle edition qui a ^te tres-bien tradulte par M. Dorn Seiffen. — Les notes dont le tra- ducteur a enrichi cet ouvrage ne sont pas nombreuses , mais sont quelquefois d'un veritable intcret. D. T. 218. — * La Nation holiandaise , poeme en six chants , avec des notes, traduit de Helmehs, d'apres la sixiemc edition, ^ar Jug. Ci,AVAREAu. Bruxelles, iSaS; P. -J. De Mat. In-S" de 256 pag. Jean-Frederic Helmers, ne a Amsterdam en 1767, y mourut, le 26 fevrier i8i3, sans avoir eu la consolation d'etre temoin de la regeneration de son pays , apres laquelle il soupirait depuis long- tems, geniissant tout has de la domination etrangere et ne confiant qu'a sa lyre ses regrets , ses douleurs et ses esperances. Son princi- pal ouvrage est un poeme en six chants , intitule la Nation holian- daise. II y celebre ses compatriotes sous le rapport de leur carnctc'-rc PAYS-BAS. 487 moral, de leurs exploits sur terre et sur mer, de la navigation et du commerce, de la culture des sciences et des arts. Quoiqu'on puisse, a bon droit, censurer le defaut de liaison de quelques- unes des parties de cette belle et grande composition et I'emploi trop frequent des m^mes formes , il est juste de reconnaitre que ces taches sent legeres et qu'elles n'empdchent point le poeme d'Helmers d'etre un^hef-d'oeuvre d'imagination eldepatriotisme. C'est un des auteiirs de son pays chez lequel on rencontre le plus de pensees, et presque toujours il les revet d'une forme originale et imposante. Tout le monde s'accorde a louer son style. II a meme su donner une souplesse nouvelle au vers hexametre hoUandais que les etrangers trouvent trainant et embarrasse , et oii le retour frequent des rimes en en introduit, pour eux , une monotonie qui fatigue leur oreille. Chez lui , la langue beige se montre avec son caract^re naturel, la richesse , I'energie, la verite. Quant aux eloges outresqu'on pro- digue depuis quelque terns a cette langue , aux depens des autres , rien ne nous parait plus deplace : la patrie dedaigne un pareil hom- mage, et la litteraturen'y gague rien. Le gouvernement croit devoir encourager la culture de notre idiome national , ce qui pent etre a la fois politique et moral; mais, est-ce bien a des etrangers, qui ignorent egalement et nos mceurs et notre langue , de venir nous accuser (V ingratitude envers notre pays , parce que nous cultivons les lettres francaises? M. Clavarenu, dont on ne saurait trop louer le zele , et qui joint une grande niodestie a la passion de bieu faire , ne pouvait mieux choisir qu'Helmers pour donner aux etrangers une idee favorable de notre genie poetique. M. Jansen avait traduit , il y a long-tems, en prose, le poeme epique de Van Haren , intitule Prison : dernie- remeut, M. Cohen a public la traduction de quelques pieces de Hooft , Vondel et Langendyk , en promettant d'en traduire d'autres. D'un autre cote, M. Bowring , dans son Anthologie hollandaise, a fait connaitre aux Anglais un grand nombre de morceaux remar- quables, extraits de nos meilleurs auteurs.M. Clavareau vient a son tour nous offrir le fruit de ses travaux ; et c'est un ouvrage complet, un poeme etenduqu'il met sous nos yeux. Je doute ueaumoins que Ton puisse juger d'aprfes lui du caractere de son original. En effet , il traduit libreraent , et quoiqu'on doive convenir qu'il ecrit avec facilite , qu'il a I'instinct de I'harmonie et du mecanisme du vers; 11 semble qu'il lui manque cette verve, ce coloris , cette precision , cette justcsse qui distinguent particuli^rement Helmers. Au deuxleme A88 IJVRES ETRANGERS. chant , le pocte oomparant la Hollande avec le Rhin qui vient se perdre sans gloire dans la mer , apv^s avoir jnomene ses flots niajes- tueux eii Alleniagne et dans une partie des Pays-Bas, se demande si le meme sort est reserve a sa patrle : ' Op de eeiiwige Alpen dik met sneeiiw eu ys omschorst, etc Cette comparaisou est admirable, M. Clavareau la rend ainsi : * Sur I'antique sommet des Alpes sourcllleuses Qui levent jusqu'aux cieux leurs tetcs orgueilleuses, A. travers les frimas, sous d'enormes glacons, Sorti des larges flancs de ces arides monts, Le Rliin, calme d'abord , dans sa course incertaine, Comme un faible ruisseau , serpente sur I'areue; Mais, accrus en roulant, ses flots tumultueux Se creusent, a grand bruit, iin \\t audacieux , Et fiers et menacans , du plus haut de la cime , Comme un tounerre affieux , s'elancent dans I'abtme; De rochers en rochers et d'ecueil eu ecueil, II promene vaiuqueur sa force et sou orgueil; De ses rapides eaux il couvre les campagnes, Kt traine avec fracas les debris des montagnes ; L'liabitant menace par sea Jougiieux houillons , S'epouvante a I'aspect de ses noirs tonrbillons. Obeissant enCn a Aefeconds rivages, (I s'apaise eu grondant, il cesse ses ravages, ' Et, sous des cieux plus doux, ses tributs bienfaisans De I'amant d'Erigone arrosent les presens. De la cime des monts qui courouneut ses ondes, Le Toyagcur, au bruit de ses vagues profondes, Contemplaut de son rours la fiere majeste, Salue avec respect sa sublime beaute. Mais, suivez jusqu'aux raers son ou souveraine , Avili, degrade, lentement il se traine; Ce n'est plus ce beau fleuve, altier, impetueux : II rarape dans la fange et disparatt aux yeux. L'etranger qui naguere admirait son audace , Ue son superbe lit eu vain cbercLc la trace. II s'arrete eu ces lieux d'un air triste et reveur, Oe Ingubres peusers il entretient son creur, Rt sougeant aux debris de I'antique Carthage, Du neaut des grandeurs il reconnait I'image. Pays de mes aicux ! d'un rapide pinceau Wai-je pas de ton sort reproduit le tableau? etc. PA.YS-BAS. 489 M. Clavareau a ajoute des notes a sa traduction , oil il montre toute I'amabilite de son caractere et la docilite la plus entiere pour la cri- tique. Nous aurions voulu qu'il n'eut point repete les accusations dont Spinosa est charge par ceux qui ne le lisent point. On est bien revenu depuis quelque terns sur le compte de ce philosoplie. Nous ne voyons pas non plus pourquoi Ton s'obstine a faire honneur a Koster de I'invention de rimprimerie , quand M. J. -F. Lichten- berger vient encore tout recemment de niettre cette discussion dans son jour. De Reiffejvbekg. 219. — Lettre a RJ. Charles Coqnerel sur le Sjsteine hicroglyphique de M. ChampolUon (i), considere dans ses rapports avec I'^criture sainte; par A.-L.-C. Coquerel , pasteur extraordinaire de I'Eglise wallonne d'Amsterdam. Amsterdam 1825 ; les beiitiers Hartman. In-8° de 4S pag. Pendant que le jesuitisme fait en France de grands efforts pour subvertir nos plus sages lois et nous soumettre a la plus perni- oieuse domination clericale , des protestans s'occupent a raffermir la religion chrelienne ebranlee par des scandales. Parmi ces protes- tans , il faut distlnguer I'auteur de la Lettre que nous aunoncons. Elle a deux objets bien distincfs, remplis avec un egal succes , sa- voir, I'expose difficile , fort clair et fort succinct de la belle decou- ■verte de M. CliampoUion jeune, sur le sens des hieroglvpbes egyptiens entierementoublie , inconnu depuis quinze cents ans , et I'exposition des precieux avantages que cette decouverte procure pour demontrer I'accord des monumens egyptiens avec les recitsde I'ancien Testament, pour apprccier par exemple le systeme de Du- puis sur le zodiaque, et la date relativement assez moderne du fa- meux zodiaque de Dendera ; pour detruire par ses bases le systeme de Volney sur la pretendue supposition et fabrication du Penta- teuque , apres le retour des juifs de Babylone a Jerusalem. Nous ne citerons que ces deux traits : « L'on ne demandera plus sur quoi Moise a pu ecrire le Pentateuque , trop long pour n'avoir pas ete ecrit sur des substances portatives, lorsque nous possedons a Turin des papyrus qui contiennent des actes authentiques du tenis de (i) Voy. le Precis du systeme hieroglyphique des anciens Egyptiens; par M. CHAMPOttiON le jeune. Paris, 1824; Treutfel et Viirtz. 2 vol. in-g". Imprimerie royale. Et Lettre a M. le Due de Blacas d'Aulps, pair de France, relative au Musee royal egyptien de Turin ; par M. CHAMrOLLiON I'ai'ne. Paris, 1824; Didot. Iu-S°. T. XXVI. — Mai 1825. 32 Ago LIVRES FRANCA.IS. Mpise. On ne demandera plus comment le poiitife Helchiah ou Hil- kija , sous le r^giie de Josias , put retrouver dans le temple , niille ans apres Mo'ise , le manuscrit autographe du Pentaleuque , piiisqne des papiers de cette epoqne sont dans nOs mains , et sont compris, expliques par nos savans. » II faut reconnaitre que plus la counais- sance des langues et celle des monumens historiques de toute sorte s'est enrichie depuis cinquante annees , plus a vu s'aneantir les ob- jections critiques hasardees , accumulees contre la veracite des livres de la Bible qui sont les fondeniens de la religion chretieniie. Lanjuinais , de rinstitiit. LIVRES FRANCAIS. Sciences phyxiques et naturclles. aao. — * Faune francaise , ou HIstoire naturelle , generale et particuHere , des animaux qui se trouvent en France, constamment ou passagerement , a la surface du sol , dans les eaux qui le bai- gnent et dans le littoral des mers qui le bornent ; par M. P. Vieil- t,OT, j4.-G. Desmarest, he B1.AINVIL1-E, C. Prevost, Serville , 'Wai.kenaeb et Lepelletier de Saint-Fargeau. i3(- et i4' livrai- sons , par M. de Blainvii.i.e , avec 20 planches in-S". V^ Rapet , editeur, rue Garenciere, n° 17. Prix des deux livraisons, y compris les 20 planches, 8 fr. en noir, et aa fr. en couleur. Les deux livraisons de texte donnent I'histoire des apodes, pre- mier ordre des poissons cartilagineux , et une partie de celle des proctopodes ou selnqiies , deuxieme ordre de la m(?ine classe. Le5 apodes comprennent : 1° le genre gastrobraiiche, dont on trouve une seule espece en France; 2° le genre ammocete, qui ne comprend qu'f/ne seule espece ; 3° le genre lamproie , qui en forme qiiatre. — Tues proctopodes contiennent : i" le genre ?aie , qui est compose de six sections : 1'''= raies epineuses , renfermaiit quinze especes, qui sont celles que Ton emploie le plus ordinai^rement pour la nourriture de rhomme ; ie rales pastenagues , ime espece; S"" raies aigles , une es- pece; 4*^ raies corn ties , une espece; 5'^ raies lisses ; on ne connait pas, encore d'esp^ces de cette section dans les mers de France; He raies torpilles , cette section renferme une douzaine d'especes de toutes les mers, et qui paraissent jouir pour la plupart de la singuli^re propriete d'etre electriques. On n'en trouve qu'une seule en France. 11 parait qu'on en mange sur les bords de I'Oc^an et de la M^di- terranee, et que quelques personnes la pref^rent a plusieurs anlrcs SCIENCES PHYSIQUES- /,9l especes de raies. EUe est electrique. 2° Genre rhinobate , una espece en France; 3° genre scie , deux especes; 4° genre sijuatine , une es- pece; 5° genre sqiiale : les livraisons que j'annoace conlienncnt deja vingt-trois especes de oe genre , parnii lesquelles on remarque sur- tout les requins. ( Voy. ci-apres, Annales des sciences natnrcUes , \>. 56fi). Nous avons toujours les m^mes eloges a donner a I'execu- lion des planches. A. M — t. 22T. — Recherches thcoriqties et pratiques de la meilleine methode pour faire fennenler economiquement le vin , le cidre el les aiitres liqueurs du mime genre ; par M. le baron P.-M.-S. Begot deMoro&ues, cor- respondant de la Societe royale et centrale d'agriculture. Paris , 1825 ; M""' Huzard. In-8° de aSy pages. Prix, 4 fr- et 5 fr. Cet ouvrage est le developpement du memoire que M. de Morogues a public sur le meme sujet , et dont nous avons rendu compte (T. XXIV, page 4^3). Le voeu de I'auteur ne peut inanquer d'etre accompli : « Puisse-je, dit-il , avoir reussi a constater quelques fails nouveaux et quelques pratiques utiles ! » Les treize series d'expe- riences qu'il decrit et qu'il discute amenent successivement I'examen de tous les faits asnologiques et de leur theorie , celui des divers instrumens employes ou j)roposes pour diriger la fabrication des liqueurs fermentees , la comparaison de ces instrumens entre eux, des preceptes pour en faire usage, et des tables qui rendent cet usage encore plus sur et plus facile. Quoique nous ayons deja plusieur.s traites sur le meme sujet , I'ouvrage de M. de Morogues ne vient pas trop tard , et sera consuite avec fruit. On y remarquera surtout les soins que I'auteur a pris , dans ses recherches, pour eviter les causes d'erreurs , ou les signa- ler lorsqu'elles etaient inevitables; I'altention scrupuleuse qu'il ap- porte a dem^ler ce qui est bien connu de ce qui reste encore obscur et non constate. Le lecteur assiste aux experiences , voit comme I'operateur, et adopte ses conclusions. Un livre bien fait sur im sujet d'une veritable utilite, qui plait aux lecteurs , et qui leur inspire une confiance sans reserve, est a coup sur un bon livre : c'est le juge- ment que Ton portera de I'ouvrage de M. de Morogues. 222. — Lettres sur la Physique , par Alex. Berth and , D.-M. , etc. Paris et Leipzig, iSaS; Bossange freres. 2 vol. in-8° de plus de 5oo pages cbacun. Prix , 14 fr. et 18 fr. C'est a une dame que M. Bertrand adresse ses lettres; mais on sait que ces correspondances sont presqne toujours ecrites pour des ihommes. Si les anteurs qui presentent sous cette forme un ouvrage 49* LIVRES FRANCAIS. sur les sciences ne pouvaient compter que sur des lectrices, I'ou- vrage serait expose a faire un long sejour chez le libraire. Nous ne Savons pas encore jusqu'.i quel point les grdces peuvent £'tre asso- ciees aux calculs : or il faut des grdces aux femnies et des calculs k la physique. D'ailleurs , y a-t-il une maniere de trailer les sciences qui convienne particulieiement aux femmes ? Non ; car I'lntelii- gence n'a point de sexe. Ce n'est que 'dans les nuances des affec- tions morales, des sentimens et de ce qui s'y rapporte, que Ton reconnait lo type admirable de Yame feminine : c'est dans I'ordre moral que nous sentons sa puissance , que sa force nous etonne autant que la finesse de son tact et son exquise seiisibilite. Mais les ■verites , les fails , les theories et les applications dont une science est composee ne varient point suivant I'etat, les forces el les habi- tudes de I'esprit qui s'en occupe ; toules ces choses onl une exis- tence independante de nos perceptions; elles sont hors de nous, et c'est en elles-memes qu'il faut les etudier. Quant a la mesure du savoir donl on peut se contenter, en raison de la place qu'on occupe dans la societe, de Femploi qu'on peut en faire, des con- venances, des plaisirs qu'ii procure, etc., elle peut ^-tre plus ou moins grande , pourvu que I'on sache bien ce que Ton a eu I'iiiten- tion d'apprendre. F.ffleurer les sciences , suivant I'expression des gens du monde , afin d'acquerir sur toules des connaissances super- ficielles , et de paraitre inslruil de tout, peut satisfaire certains aniours-propres; mais les avantages de cetle fausse instruction ne vonl pas plus loin. Restons a I'entree de la carriere , si le tems ou les forces nous manquent pour la parcourir dans toute son eten- due; mais que chaque pas que nous y aurons fait soil affermi ; que les verites que nous en rapporterons soient completes, sans me- lano-e d'erreur, afin que nons puisslons les appliquer avec secu- rite. Ainsi, point d'instruclion superficielle , dans le sens ordinaire de ce mot, de peur que la surface que nous aurions cru saisir ne soit qu'un vain fantome, une erreur de plus. Ces observations un peu severes par lesquelles nous avons debute n'auraient pas ete placees convenablement a la fin de cet article ; car c'est I'epigraphe du livre qui en est le sujet. M. Bertrand a choisi cetle pensee, ou plutot cette phrase de Voltaire : Je suis comme les petits uiisseaux ; ils sont transparens , parce qu'ils sont peu profonds. L'image est agr6able; mais la pensee manque de justesse. Voltaire lui-m^me, seduit par une m6taphore brillante, n'a sans doute pas pris la peine d'examiner ce qu'il ecrivait. Le mot transparens con- SCIENCES PHYSIQUES. 49^ vient a I'expressioii de I'objet materiel; mais , pour I'expressioii de la pensee , il fallait employer le mot clairs. Par un etrange abus du langage , nous appelons clairs , non-seulement les objets que nous apercevons distinctement, mais les corps qui n'interceptent pas la lumiere et ne nous otent pas la vue des objets. Ainsi, I'eau parfaite- ment clalre serait celle que nous ne pourrious nullement apercevoir. Cette inexactitude dans I'expression d'idees essentiellement distinctes ne doit pas etre reprochee seulement a nos idionies modernes ; on la remarque aussi dans les langues anciennes, et elle tient probable- ment a I'imperfectlon de I'analyse , a I'epoque dc la formation des langues. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il s'agit de sciences, on n'est point clair si Ton n'est point exact ; et pour ^tre exact il faut etre complet. Ajoutons que les notions justes et completes sont pro- fondes ; car la profondeur ne pent aller au dela du vrai. Encore une fois, que I'instruction soit bornee, mais dans le nombre des connaissances acquises, et qu'elle ne soit point superficielle. Appre- nons peu, mais saclions bien. Cette maxime devrait ^tre inculquee fortement a la jeunesse, et souvent rappelee a tons les Ages; car nous sommes fort sujets a la perdre de vue. II est terns d'en venir a I'ouvrage de M. Bertrand. L'auteur est Cdele a son ^pigraplie : il semble qu'il n'a pas assez connu la diffi- culte de son entreprise, et qu'il n'a pas fait assez d'efforts pour la surmonter. Le succes de son premier ouvrage ( Lettres surles refolu- tions du globe ) a pu le tromper : le sujet qu'il traitait alors pr^te beaucoup a I'imagination, et n'admet point les formes rigoureuses des sciences exactes. II n'est encore qu'un assemblage de notions ebauchees , de fails incomplets, sur lesquels on disserte plus qu'ou ne raisonne. Les matieres de cette sorte s'aceommodent tres-bien de la redaction cpistolaire ; mais la physique n'est pas dans le meine cas : elle s'el^ve peu a pen au rang des sciences exactes, et aspire a se placer a la suite de la mecanique et de I'astronomie. II faut le dire, M. Bertrand n'a pas rendu suffisamment intelligibles plusieurs parties essentielles de la physique, et ce n'est pas sa faute; il ne pouvait mieux faire, embarrasse comme il I'etait dans les entraves qui I'empdchaient d'approcher des notions de mecanique, et des calculs dont la physique ne pent se passer. II eiit pu faire un bon Iraite de physique; mais nous n'en manquons pas : en cherchant a donner a son travail une autre sorte d'utilite, en s'attachant a lemellre a la portee des ignorans , il ne s'est pas apercu que les ignorans aux- quels son livre pent convenir sauraient deja beaucoup de chosps 494 I.IVRES FRA.JNCAIS. que les femines et les gens dii monde coniiaisseiit fort peu. 11 u'a pas voulu faire descendre la science trop Las ; elle eut etc degradee , d^figuree, meconnaissable ; mais c'est I'intelligence Inmiaine qu'il faut elever jusqu'a la hauteur des sciences, afin qu'elle puisse les contempler dans toute leur grandeur , dans toute leur beaute. M. Bertrand a traite d'une maniere salisfaisante une partie de la theoiie de la combustion ; il ne reussit pas aussi bien dans I'expli- cation de la theorie du calorique, de I'electricite , de la luniiere ; et cela parce que les notions fondameiitales n'ont pu 6tre assez deve- loppees a des lecteurs que Ton suppose depourvus d? connaissances en mecanique et en geometrie. Comme ce jugement est rigoureux, nous aurions desire qu'il nous fiit possible de justifier cette rigueuv en discutaut quelques-unes des lettres sur les points les plus impor- tans des theories physiques ; mais il fallait etre court, et nous avons cru devoir exposer les reflexions generales suggerees par I'ouvrage , plutot que les discussions auxquelles il pent donner lieu. F. 3^3. — Za Chimid enscignee en 'vingt-six lecons , contenant le de- veloppement des theories de cette science , mises a la portee des gens du monde, et , a chaque lecon, des experiences chimiques et des applications aux arts. Ouvrage traduit de I'anglais sur la neu- viime edition , par M. Payen , I'un des auteurs du Traite des reaciifs chimiques, A\x Diction naire technologique , etc. Paris, 1826; Audin , Urbain Canel. t vol. in-iade 5oo pages; prix , 7 fr. L'industrie a pris en Augleterre un si grand developpement, que les sciences qui s'y rapportent sont presque devenues populaires. II n'est pas rare de trouver dans ce pays de simples ouvriers assez instruits des theories dont ils font chaque jour I'application a leurs travaux , pour en raisonner avec intelligence. La cliimie surtout est cultivee par toutes les classes de la societe avec une ardeur a la- queile on doit sans doute une grande partie des succ^s des manufac- tures anglaises. Si les Francaisnele cedent pas en savoir auxhommes les plus illustres de I'Angleterre, il faut convenir que chez nous le peuple est Lien loin d'avoir la m^me instruction que celui de ce royaume ; souvent mdme il n'a pas le desir de savoir, faute d'en sentir le besoin et I'utilite. L'education nationale doit 6tre faite chez nous comnie elle I'a ete chez nos voisius; il faut pour cela que la classe movcnne soit d'ahord eclairee , etqu'ensuite les lumieres des- cendent jusqu'aux classes les plus obscures de la societe. II est done convenable d'encourager tons les efforts qui tendent vers ce but, et I'ouvrage que nous annoncoue nierite, sous ce rapport, I'appui de SCIENCES PHYSIQUES. 4y5 Ions les amis de rindustrie ; il le inerite aussi par la maniere doiit il est compose. J'ignore si M. Payen est reellemeiit uii simple traducteur; car oil ne trouve aucune indication sur rauteiir auglais auquel rouvrage est attribue : au leste , ce savant manufacturier aurait bien ete capable de composer le traite qu'il public; et les tra- vaux utiles dns a son zele pour les sciences, ont prouve qu'il n'a- vait pas besoin d'uu appui etranger pour se faire remarquer du public. L'auteur, apres avoir expose diverses theories physiques sur la chaleur, I'electricite, le galvanisme , les changemens d'etat des corps , etc. , passe rapidement en revue toutes les branches de la chimie. II iie s'arrete, il est "vrai , qu'aux generalites ; car comment , en un seul volume , pourrait-il descendre aux nombreux details d'une science immense et riche en developpemens ? Cepeudant , il ne laisse pas echapper I'occasion de donner les applicatious les plus importantes de la chimie aux arts et aux besoins de la societe. C'est ainsi qu'il passe en revue I'eclairage ; les detonations dues aux combustions rapides du gaz hydrogene ; la fabrication des eaux gazeuses artificielles et de toutes les eaux minerales ; I'emploi du charbon animal pour decolorerles sirops, theorie qui doit a M. Payen de grands avantages; la composition des encres sympathiques, des crayons de plombagine , des diverses sortes depoteries et de verres;, les moyens de blanchir les toiles et les papiers , et de desinfecter, par le ehlore et les chlorines; les precedes pour diriger ou empdcher la fermentation, etc. Les Anglais s'accordent assez geueralement au- jourd'hui a regarder V ammonium et le nitriciun comme bases de I'am- moniaque et de I'acldenitrique ; nous aurions desire trouver dans la Chimie en vingt-six lecons quelques eclaircissemens sur une doc- trine que les chimistes francais ne veulent pas recoiinaitre. L'ouvrage que nous anuoncons rendra de grands services aux nombreux etudians d'une science dont I'utilite est generalement sentie , et qu'il importe de populariser. Fbancoeue. 324. — Developpement d'une pensee de d'Alembert, ou Inlrodiwtinii a ^application de I'algebre a la gcomecrie ; par A. - P. Gaudin , ancien el^ve de I'Ecole polvtechnique, professeur de mathematiques au college de Nantes. Paris , iSaS ; Bachelier. In-S" de 34 pages, avec une planche ; piix , 2 fr. 5o c. M. Gaudin s'attache, dans cet opuscule, a rendre plus claire et jdus precise la notion des quantites positives et negatives, et a jirouver qu'on a dii les distinguer , comme on le fait, par les signes (If I'addition et de la soustraction. C'est principalement en traitant /)96 LIVRES FRANC AIS. des questions de geometrie qu'il developpe ses idees sur Ja nature de ces quantites; mais n'y a-t-il pas quelque inconvenient a restreindre ainsi une question qu'on ne pent trop generaliser? Dire que « Ton ne peut trouverla signification d'une quantlte negaiive qu'en la con- siderant par opposition avec unequautite/^oitViVea, n'est-ce pas faire peidre de vue, non-seulement VIwinngini^iiK, mais la continuite de ces sortes de quantites? Lorsque nous voulous leur appliqutr la mesure, le point de depart , ])resqne toujours arbitraire, n'est-il pas la limite entie \eposiiifet le negali/\en sorte quel'un n'est distingue del'autre que par les procedes de nos calculs? Dans les cas ou le point de de- part est essentiellement fixe, il n'est autre chose que le neant, le zero absolu ; at la granrleur, ne pouvant 6tie mesuree que dans un sens, n'admet point la notion du negatif. Si le point de depart est arbi- traire, conime dans la mesure du terns, de la temperature, etc. j il devient evident que la mesure prise daus un sens est soustractive par rapport a celle du sens oppose. C'etait done par les signes de la soustraclion et de I'addition qu'il fallait distinguer I'une de I'autre « ces deux mesures d'une m^me grandeur. La question traitee par M. Gaudin est plus ideologique que ma- thematique; elle tieftt aux notions generales et abstraites des gran- deurs et des operations de noti'e intelligence : on Faborde avec plus de succ^s, si i'on ne descend point des regions de I'abstrait pour arr^ter sa pensee sur des objets d'une forme et d'une nature parti- culiere. F. 225. — Essai sur la methode dirccte du calcul integral , par M. Simo- KOFF, professeur a i'universite imperiale de Kazan. Paris, 1824 ; Arthus-Bertrand. In-4'' de 40 pages; prix, 2 fr. 5o c. Le memoire de M. Simonoff a recu les eloges de I'Acadcmie des sciences ; il est I'ouvrage d'un homme exerce a manier le calcul ana- lytique , et presente , sous de nouveaux points de vue , des theories depuis long-tcms connues, mais dont on n'avait pas encore tire tout le parti possible.- — ^ Ce memoire comprend deux parties, dont la seconde offre des applications des principes developpes dans la pre- miere. L'intcgratioii par series, appliquee a diverses expressions dif- ferentielles . conduit I'auteur a une formule dont celle de Jean Bernoulli , relative aux iutegrales simples, n'est qu'un cas particu- lier. Un memoire 011 tout est calcul n'est pas susceptible d'une ana- lyse plus etendue, qui , pour ^tre clairement concne, exigerait des developpemens elrangers au plan de la Beviie. Les mathematiciens lii'ont avec interdt I'ouvrage que nous annoncons. Francokur. SCIENCES PHYSIQUES. 497 226. — Experiences fakes par la marine francaise siir une arme nou- velle : changemens qui paraissenl devoir en resuller dans le systi:me naval, eC examen de quel'/iies questions relatives a la marine , a Tartillerie , a. tattaqiie et a la defense des cotes et des places ; par H.-J. PiiXHAIfS , lieutenant colonel d'artillerie. Paris, 1825 ; Bachelier. In-8° de 108 pages ; prix i fr. 5o c. Ce qui ne paraitra pas le moins surprenant dans les experiences dont M. Paixhans rend compte dans cette brochure , c'est qu'on les aitfaites. Dans un ouvrage intitule Nouvelle force maritime, etc. (Voy. Rev.Enc, t. xvi , p. i^S) , cet officier avait propose une grande innovation dans la marine militaire , le tir horizoutal des bombes , dans des bouches a fea qu'il nomme canons a bombes. On lui contes- tait la nouveaute de ses vues ; on alleguait d'anciennes epreuves et leur peu de succes; on redoutait le danger des epreuves , si les nou- velles bouches a feu n'etaient pas d'un poids euorme , ou la difficulte de les manoeuvrer, si Ton avait satisfait aux conditions de leur so- lidite. Tandis que ces debats faisaient perdre du tems en Europe , les Etats-Unis d'Amerique realisaient en partie les vues de M. Paix- hans, et ne craignaient pas de doubler le calibre des plus grosses pieces employees precedemment sur les vaisseaux. La possibilite de tirer des boulets d'un tres-grand poids ne pouvait plus etre contes- tee : il s'agissait de savoir quel sera it I'effet des bombes substituees a ces boulets. Toutes les resistances d'amour-propre etautres furent enfiu surmontees , et au mois de Janvier 18241 on fit a Brest, I'epreuve d'un canon a bombe du calibre de 80. L'effet surpassa I'attente de M. Paixhans lui-m^me : un boulet massif pesant 80 livres fut porte a plus de 3, 800 metres (prfes d'uue lieue) par une charge de 10 livres de poudre. Le but etait un vaisseau de 80 canons , le Pacifcateur : On tirait a la distance de fioo metres. Une premiere bombe hacha en morceaux i5o pieds carres de charpente, et repandit une fumee insupportable dans I'interieur du vaisseau. Les autres eurent des effets encore plus destructeurs , et les precautions prises pour la siirete du vaisseau ne fureut que suffisanles. Le resultat de cette premiere epreuve determina le Comite consultatif de la marine a poursulvre les recherches et a les varier. Au mois de septembre sui- vant , deux canons a bombe de 80 furent essaves comparativement avec des projectiles creux de 36 et de 24 , et a differentes distances , jusqu'a pres de 1,200 metres ( 600 toises ). Le tir des nouveaux canons et l'effet de ses bombes se sont constamment montres tels 1,9^ LIVRES FRANCAIS que dans la premiere experience, en ayant egard aux inegalites qui dependaient de la distance ou des charges plus ou moins fortes. C'est dans I'ecrit de M. Paixhans qu'il faut cherclier les details de ces fails importans, non-seu'einent pour les bien connaitre , mais pour en discuter les consequences et les applications. II n'est pas en- core au terme de ses voeux : le bien qu'il propose est certain ; mais, I'execution pent etre lente, imparfaite. M. Paixhans s'attend sans doute a rencontrer des gens qui voudront lui faire expier le tort d'avoir eu raison. A la fin des pitjces justificatives annexees a cette brochure, il a place une reponse a quelques censures que Ton a faites de son premier ouvrage. « On m'a reproche, dit-il , d'avoir garde quelque terns mon travail secret : mais alors , le secret m'etait prescrit; reproche inverse eusuite, d'avoir public : mais j'en avais obtenu la permission; puis, I'accusation ordinaire de plagiat : mais 59 pages de mon livre sont employees a citer ce qui a ete dit par plus de 60 personnes sur le sujet que je traite, et a detailler 64 expe- riences faites avant la mienne. On dit maiu'enant que la chose etait tres-facile, et en cela , la critique a raison : mais pourquoi done ne la faisait-on pas, et pourquoi, jusqu'a sa reussite, pretendait-on qu'elle etait impossible ? On m'a impute , comme une usurpation , d'avoir parle de marine , sans etre marin , ni ingenieur de marine : mais, etant artilleur , n'avais-je pas le droit de parler d'artillerie ';' et pour mettre le feu au plus bel edifice, faut-il avoir la science de le construire ?... » Mais I'habile officier d'artillerie ne devait sentir que faiblement- les traits de la critique : sa pensee etait tout entiere aux grandes choses qu'il prcparait; et d'ailleurs, comme il le dit h la fin de sa brochure, il a trouve partout des juges aussi equitables qu'eclaires , des collaborateurs aussi judicieux que bienveillans, des autorites protectrices, et de ces hommes enfin dontle suffrage , tou- jours assure aux travaux utiles, en est la plus honorable recompense. « F. 22y. — Histoire de la marine de tons les peiiples , depuis la plus haute antiqiiite jusqu'a no s jours ; par A.- J. -B. Bouvet de Cresse , profes- seur de belles-lettres. Paris, 1824; Aime Andre. 2 vol. in-8"; prix , 1 3 fr. II a ete rendu un compte impartial et detaille de cet ouvrage dans un journal qui a cesse d'exister ( /e Feuilleton titceraire) , et dans les Annates maridmes (septembre 1S24, pages 268 a 274). Voici le re- sume de ce dernier article : « On nous dispensera de suivreM. Bouvet dans toiiles lis jiarties du son ouvrage ; partout nous le retrouv- SCIENCES PHYSIQUES. 4'J9 lions tel que nous I'avons vu d'abord , se servant de son sujet comme d'lin pretexte, et I'abandonnant au moindre caprice, pour se livrer a de longues digressions sur des evenemens qui seniblent a peine s'y rattacher. Ainsi, a la fin du regne de Louis XIV, il raconteavec detail la campagne de Denain, la paix d'Utrecht, la mort du mo- iiarque, la regence du due d'Orlcans, et dans I'espace de soixante ou quatre-vingts pages , si le mot marine se presente deux ou trois fois sous sa plume , c'est presque par hasard. Enfin , dans ces deux gros volumes, digressions, anecdotes, sarcasmes, notes en vers et en prose , calembours menie , tout se trouve , excepte ce que I'au- teur avait promis. « La gravite manque tout-a-fait a M. Bouvet pour composer une histoire serieuse. Au milieu des evenemens les plus importans, il n'est pas rare de le voir s'abandonner a des saillles , quelquefois vives et piquantes, ilest vrai, mais toujours deplacees dans un livre tel que le sien. Son style est facile et coulant ; mais il manque de precision, et presente trop souvent des mots impropres et des tour- nures qixnn professenr de belles-lettres devrait absolument s'interdire. •< Ce qu'cn pent louer sans restriction dans la pretendne histoire de la riiarine , ce sont les sentimens de I'auteur : toujours il se montro bon Francais, et anime d'un zele ardent pour la gloire de sa patrie. On trouve aussi dans son livre quelques morcea.ux ecrits avec un talent remarquable; mais sont-ils de la meme main que le reste ? il est permisd'en douter, puisqu'on reconnait dans I'ouvrage des pages entieres empruntees , sauf de tres-leg^res modifications , au Siecle de Louis XlV , et Voltaire est un des auteurs que M. Bouvet place dans la liste^ assez longiie, des auteurs qu'il a consuhes ou copies. » 228. — Seances nautiqiies , ou Expose des diverses manceuvres du ■vaisseau ; T^ar P.-M.-J. de Bonhefoux , Capitaine de fregate, com- mandant en second la troisieme compagnie des eleves de la marine ; avec cette epigraphe : Un bou marin est celui qui , avec des taleus superieurs , salt, dans toutes les circonstances de la navigation, em- ployer a propos les rcssources que donne une longue expe- rience du metier, joiute a une bonne tlieorie. Le vlce-amiral Willaumez , Dictionn. de marine. Paris, 1825; Bachelier. i vol. in-8" de 870 p.; Prix 5 fr. et 6 fr. 5o. c. Le premier titre, ainsi que I'epigraphe, semble promettre un traite sur les principales parties de la marine ; mais le texterepond seulement ;ai second titre, et encore n'y repond-il pas compU'tenient. 5oo LIVRES FRANCAIS. L'auteur, charge d'enseigner la manoeuvre du navire a des el^ves de la marine royale , ne devait pas se borner a faire concaitre la maniere de disposer les voiles, le grcement et le gouvernall dans toute esp^ce d'evolutions el de manoeuvies. Les principes a cet egard sont presque les m(5mes pour la marine militaire et pour la marine marchaiide; mais le dispositif et les moyens d'execution offrent des ditfercnces essentielles. L'equipage d'un vaisseau de ligne s'eleve jusqu'a I roo marins , auxquels on joint parfois des troupes de passage ou de debarquement, tandis que l'equipage des plus grands navires de commerce se reduit a une trentaine de matelots. A bord du premier, il ne suffit pas d'ordonner qu'on deploie, qu'on serre , ou qu'on oriente telle ou telle voile; il faut avoir des roles de ma- noeuvre, parfaitement mis en vigueur a I'avance, qui designent spe- cialement les bonimes charges d'executer cbaque manoeuvre; il faut, de plus, adopter pour cliaque manoeuvre, un conimandemeut uni- fornie , clair et bref , comme on le fait pour les exercices et les evo- lutions des troupes de terre. Cette double mesure est surtout in- dispensable pour executer des manoeuvres brillantes, ou Ton veut etablir ou faire disparaitre subitement une grande partie des voiles, du greement ou de la mature , ou bien combiner quelqu'une de ces operations avec le service de rartillerie. Rien de serablable n'est decrit dans les Seances naudques. Nous pourrious adresser a leur auteur plusieurs autres reproches; mats nous nous bornerons a dire qu'en general toute la partie mi- litaire est a refaire , et que cet ouvrage convient plus aux naviga- teurs marchands, qu'aux eleves et aux jeunes of'Cc ers de la marine royale. II serait done utile de preparer pour ceux-ci une seconde edition enrichie des documens qui viennent d'etre signales. M. de Bonnefoux a traite avec beaucoup de talent certaines parties de son V sujet ; et, en I'envisageant dans son entier, il ferail sans doute un ^ livre qui manque encore a toutes les marines militaires. Nous aimons d'ailleurs a reconnaitre que les Seances naudques , dans leur etat ac- tuel et malgre les omissions que nous avons signalees , sont un ou- vrage tres-important. Les marins experimentes eux-m(5mes ne le liront pas sans fruit : ils y trouveront des recits de manoeuvres bien con^ues, executees par differens capitaines; ils y trouveront des vues nouvelles que peut-^tre ils n'appiouveront pas toujours, mais qui leur fourniront d'utiles sujets de meditations. De Montgehy. 229. — Dictionnaire portatif et raisoniie des connaissances militaire i , ou Premieres notions sur rnrganisatinn , radjuinistralion , la comp- SCIENCES PHYSIQUES. 5oi tabilite, le service, la discipline, I'insf ruction et le regime int^rieur des troupes francaises ; a I'usage des jeunes gens qui se destinent a la profession des armes; par le general Lecouturier. Paris, iSaS ; Pierre Blancbard, galerie Montesquieu, n" i , au premier. In-S" de Sao pages. Prix 7 fr. L'estimaLle auteur de cet ouvrage Ta dedie aux eleves des ecoles railitaires, aux sous-officiers et aux jeunes officiers de I'armee : il leur offre avec Llenveillance le fruit de ses longs travaux, de ses etudes ct de ses observations. C'est done ici un livre de bonne foi, suivant I'expression de MontaigBe. Le desir d'etre utile s'y montre partout, et le militaire instruit y parle partou't en ami de I'humanite, en homme qui connait le veritable honneur, en homme de bien. Ce caractere est precieux dans un ouvrage de cette nature, et qui doit 6tre mis entre les mains de la jeunesse , a son entree dans la carriere des armes. Si nous le considcrons par rapport a I'art , sans pousser la censure jusqu'a la rigueur, nous serons forces de dire que plu- sieurs articles laissent trop a desirer, et que d'autres peuvent induire en erreur ; I'instruction que Ton y cherclierait ne serait pas toujours assez sure. On n'exige pas, sans doute, qu'un dictionnaire portatif soit complet, ni que les matieres y soient traitees avec profondeur; mais on s'attend a n'y trouver que des notions exacfes et claires. II est bien penible d'avoir a declarer que ce dictionnaire ne satisfait point a cette condition indispensable. Que peuvent apprendre, par exemple , des articles tels que ceux-ci : « Escarpe. L'escarpe est un point eleve daOs une grande fortification : c'est le talus , la pente du fosse vers la campagne. .. » Tenaille , tcnai/lon. Termes de fortification. La tenaille ou le tenaillon sent des ouvrages qui font partie d'un grand systfeme de defensi;. lis s'appellent aussi lunettes. Construits vis-a-vis et tout proche de la courtine , ils couvrent la demi-lune... « Qiierelle. Les querelles entre hommes jeunes , vaillans, armes et de- licats sur le point d'bonneur, doiveut etre vives et frequentes. Aussi, punit-on d'autant plus sevferement les querelleurs , que les debats se vident ordinairement a coups de sabre , d'epee ou de bavonnette. Toutefois , on se respecte dans I'etat militaire , et il suffit d'avoir fait ses preuves, pour y vivre en repos » — II ne serait que trop facile de multiplier ces citations. L'intention de I'auteur est tres- bonne; mais son livre n'y repond pas. En expnmant ainsi notre opinion, nous devons avouer notre ignorance sur un point essentiel , c'est la signification precise de ces mots dictionnaire raisonne. Comment distinguer un dictionnaire de Tioa LiVRES FRANCAIS. cette sorte d'un autre auquel on ii'aurait pas donn^ la mfime quali- fication ? Autre observation plus importaiile : « Ceux qui in'auront lu, dit I'auteur dans sa preface, feront, avec assurance, ce qu'ils n'auraient fait qu'avec hesitation , ou ce qu'ils auraient omis de faire. » II faut s'entendre sur le sens de ce mot lire. On ne lit point un dictionnaire, comme un traite : celui-ci est lui guide, un insti- luteur; I'autre n'est qu'un repertoire, on un aide-memoire. Les dic- tionnaires seraient mieux faits et plus utiles, si leurs auteurs con- naissaient mieux la destination de ces ouvrages, et s'ils renoucaient a la pretention de diriger les etudes. a3o. — Manuel du chasseur et des garde-chasses , contenant un traite sur toute espece de chasse, un vocabulaire des termes de ve- uerie, de fauconnerie et de chasse , le precis des lois , ordonnances et r^glemens, etc., sur le port d'armes, la chasse et la p^che, la louveterie; les formules des procfes-verbaux qui doivent 6tre dresses ])ar les garde -chasses, forestiers et champetres; suivi d'un Traite sur la peche. Nouvelle edition , entiferement refondue sur celle de M. us Mersan, et plus complete que toutes les precedentes ; ornee de figures et de musique; par un ancien canonnier a cheval , retire en Poitou. Paris, 1825 ; Roret. In-i8 de aSS pages; prix 3 fr. Voila, sans contredit, ce que Ton pent appeler un ouvrage por- tatif. S'il est effeclivement complet, s'il contient la substance du grand nombre de livres sur la chasse et la p^che dont on trouve ici une lisle qu'il serait facile d'allonger encore , le redacteur a fait pluS qu'un chef-d'ceuvre ; il est alle bien au-dela de ce que les esprits timides regardent comme la limite du possible. En effet, il y a beau- coup de choses dans ce petit nombre de petites pages. L'ouvrage est divise en six parties et vingl-cinq paragraphes. II traite : i" des chevaux, chiens, armes, munitions; a" de la chasse a conrre et a tir avec chiens courans, battues, etc.; 3" des engins, pieges , ruses, filets, etc., et cette nomenclature est fort etendue ; 4° des lois, or- donnances , reglemens; etc., sur la chasse et sur la police rurale qui s'y rapporte : ici, I'histoire de la legislation vient se joindre a I'exposition de lois actuelles; 5^ traite de la p6che. Le redacteur a trouve le tnoyen d'entremdler quelque erudition a I'immensite de ces objets divers qu'il fait passer sous les yeux de ses lecteurs. Nous lui predisons cependant que son livre n'aura qu'un success limite; qu'il ne sera point traduit dans la langue des peuples qui vivent de chasse et de p^'che; qu'il ne sera point lu par les Samoyedes de SCIENCES PHYSIQUES. 5o3 I'Asie, ni par les Osages de I'Amerique, et qu'il doit borner son am- bition a dtre place dans la bibliotheque des gens coainie il faut. F. a3i. — * Dictionnaire Geugraphiqiie universel , contenant la descrip- tion de tons les lieux du globe interessans sous les rapports de la geographie physique et politique, de Thistoire , de la statistique, du commerce, de I'industrie, etc.; par une Societe de geographes ( MM. Beudant , Aug. Billiard , Den aix , Dcbrena , J. E. Eyries , Al. de Humboldt, P. Am. Jaubert, Jomard, /. Klaproth , Law. GLES, Lapie pere et fils, Malte-Brun, P. Ch. Picquet fils, Abet Remusat , DB RossEL , Walkenaer , B. B. Warden , etc. ) Paris , i8i5;Kilian, rue Vivienne, n" 17 , et Ch. Picquet , quai de Conti , no 17. 8 vol. in-8° d'environ 800 pages chacun, paraissant par li- vraisons d'un demi-volume ; prix de chaque livraison , 7 fr. , pour les souscripteurs avant sa mise en vente : aussitot apres , 8 fr. Les trois premieres livraisons sont en vente. S'il existe un moyen de populariser les sciences , c'est sans doute un dictionnaire qui doit I'offrir : I'ordre alphabetique etant ce qu'il y a de plus aise a concevoir, chacun trouve ainsl sans aucune fatigue les choses qu'il cherche ; et , si I'auteur du dictionnaire a place sous chaque titre les notions relatives aux divers sujets qu'embrasse I'ouvrage, les moins savans trouvent avec facilite tout ce qui pent les interesser dans quelque genre que ce soit. Aux noms places a la suite du titre, et qui sont une garantie de la bonne execution du travail, joignons quelques mots pour en donner une idee plus exacte. Ce Dictionnaire est precede d'une savante introduction , ou Ton a rassemble des notions generales sur I'atmosphere et ses pheno- menes, la temperature, les nieteores , les vents et les pluies ; sur la iner, les courans et les niarees ; sur la terre et ses dimensions, ses cinq parties, les tnontagnes, les volcans , les fleuves , etc. , sur les forces electro-magnetiques qui jouent dans la physique un role si important; enfin,sur les deux regnes organises, consideres surtout dans leurs rapports avec la gcographie. Apres ce resume de nos connaissances actuelles en physique, le Dictionnaire geographiqtie . proprement dit, contient dans I'ordre alphabetique les noms de tons les lieux connus. Chaque pays obtient , en raison de son importance, un article plus ou moins detaille. Beaucoup de lieux ne sont deter- mines que par leur position en longitude et latitude, ou par le nom du royaume auquel ils appartiennent : pour d'autres, on presente, de plus, des notions sur la statistique, le commerce, I'industrie, 5o4 LIVRES FRANCA.IS. les produits agricoles , la population. Ainsi , toutes les sciences se rattachent ici i la geographic, et eu font ressortir davantage I'uti- lite. 11 nous serait difficile de citer textuellement aucun article impor- tant de ce Dictionnaire, sans depasser de beaucoup les bornes de cette annonce. Nous en avons dit assez pour faire apprecier I'execu- tiou generale de I'ouvragc. Quant aux noms des lieux , la liste en sera aussi complete qu'il est possible; les connaissances etendues et le zele des editeurs et des auteurs qui participent a sa redaction, assurent d'ailleurs a ce Dictionnaire une superiorite incontestable sur tous les ouvrages de ce genre publics jusqu'a ce jour. B. J. a32. — Cours elemeiitaire de geographie ancienne et modeine , de I'abbe Pierrojt. Huilieme edition, conforme aux derniers traites d« paix; publiee par E. D. V. Metz , i8a4; L. Devilly. 332 p. in-ia; prix a fr. 5o c. L'abrege geograpliique de I'abbe Pierron n'est guere connu dans la capitale; il faut pourtant qu'il ait du succ6s dans les departemens, puisque le titre annonce une liuiti^me edition. II est par deniandes et reponses, comme le catechisme geogr.iphique anglais qui a ete reimprinie au moins vingt-cinq fois. Cette forme est commode pour repeter les lecons dans les ecoles et les colleges. L'ouvrage de I'abbe Pierron contient au moins les notions les plus essentielles , et dans les notes il donne de plus amples details sur les villes principales. II aurait peut-etre mieux valu fondre ces rensei- gnemens dans le texte meme ; car les ecoliers ne lisentpas les notes. Les details ne sont pas non plus toujours bien choisis; par exeraple au sujet de Lausanne , I'auteur dit en note : « Cette ville commerce ei orfevrerie; c'est la patrie de Perregaux, [excellent graveur. » Et ai sujet de Zurich : « Le culte catholique est permis dans cette ville assurement il y avait des choses plus importantes a dire sur cesl deux villes. Que 'signifie d'ailleurs cette remarque sur la permissioBl de professer le culte catholique ? Est-ce que ce culte n'est pas perA m/i dans toute la Suisse?- — -Les reponses ne s'adaptent pas tou-j jours bien exactement aux demandes : a la question, Quel est I'ctatl acluel de rAUemagiie? I'abbe Pierron ou son editeur repond : « LaJ constitution de I'Allemagne n'existe plus : la plupart des Etafs se sonl detaches du corps germanique pour former une confederation , et I'empereur a abdiqu6 la couronne de I'empirc. » il est evident qiiel cette reponse ne fait point connaitre a I'enfant I'etat actuel de I'AUe; magne. Dans une neuvieme edition, on fera bien de corriger ces I SCIENCES PHYSIQUES. 5o5 inexactitudes et plusieurs autres. "On lit sur le litre que cet ou- vrage a ete honore de I'approbation de S. S. Pie VII. C'est assurement une chose honorable que I'approbation du pape ; cependant , il est assez singulier de ravoir recherchee pour un livre de geographic. D— G. a33. — * Stadstiquedu departement de T-^/Vne, publice par M.Br ater, chef des bureaux de la prefecture. Paris, i825 ; Delaval, editeur de \ Atlas national, rue Geoffrey -Langevin, n°7, et dans le departe- ment de I'Aisne, au secretariat des sous-prefectures. I'" partie, i vol. in-4° , erne d'uneca/Ye, 8 fr. 2" partie sous presse , 5 fr. — La sous- cription est ouverte jusqu'au le'' juillet iSaS. Passe cette epoque , le prix de I'ouvrage complet sera de 16 fr. , au lieu de i3. En prenant I'engagement de decrire un des departemens les plus etendus de la France, M. Brayer s'est charge d'un travail d'autant plus important qu'il se proposait de rattacher I'histoire des tems anciens a celle des tems modernes. L'auteur a-t-il atteint cebut? C'est ce que nous allons examiner. La premiere partie de cette statistique comprend la topographic , la population , I'histoire , les antiquites et ce qui concerne I'admi- nistration. L'auteur fait d'abord connaitre I'aspect du territoire et les rivieres qui le traversent. Passant aux objets les plus remar- quables des trois regnes de la nature , il termine son premier chapitre par des details presentes avec clarte et precision sur les forets, sur leur amenagement et sur la destination de leurs produits. Le deve- loppenient des causes qui out influe , a diverses epoques, sur I'ac- croissement de la population donne lieu a des observations essen- tlelles : elles ne manqueront pas d'etre appreciees par ceux qui ont fait une etude particuliere de la science economique. On voit, d'a- pres un tableau fourni a I'appui de ce que l'auteur avance, combien la division des proprietes , ainsi que I'industrie, ontcontribue a cet accroissement. Nulle part, cette verite n'est plus frappante que dans le voisinage de Saint-Quentin, ou Ton trouve plusieurs communes dont la- population a presque double en moins de trente ans. Les calculs de probabilites que presente M. Brayer pour apprecier la mortalite aux diverses periodes de la vie, meritent egalement de fixer I'attentiou des econoniistes , pour pen que Ton veuille comparer ses resultats avec ceux que Ton a obtenus pour le departement de la Seine. Cette partie du travail, quoique bien concue, laisse nean- moins quelque chose a desirer. Nous regrettons , par exemple , que l'auteur de cette statistique, d'ailleurs excellente, n'ait rien dit 4ur T. XXVI. — A/a/ 1825. 33 5o6 LIVRES FRANCAIS. la nature des eaux et sur les maladies aiixquelles les habitaiis de tel ou tel canton sont plus particuli^rement sujeis. Una consequence assezremarquable a tirer du paragraphe consa- cre aux mceurset aucaracteredoshal)itans,c'est que le departement de I'Aisue est peut-d'tre un dcs plus faciles a admiiiistrer. Les pro- vinces qui font aujourd'hui parlie intcgrante de ce departement , apres avoir passe de la domination des lloniains a celle des Francs, devinrent, a titre de conqu^te , la propriete de nos premiers rois ; elles fureut successivement le theAtre des dem(51es entre Brunehaut et Fredcgonde, de la revolte des enfans de Louis-le-Deboni)aire, des guerres de Charles-le-Siniple et de Louis d'Outremer; et a une ^poque plus modcrne, des fureurs de la Ligue. Une terre aussi eminemnient classique offrait un vaste champ aux meditations de I'observateur. M. i5rayer , force de se renfermer dans les bornes prescrites par ce genre de travail, s'est attache a presenter dans rordrechronologique les principaux evenemens eta cileries person- uages celebresdont les noms s'y rattachent. En traitant les diverses l)ranchesde recouomie politique, I'auteur se trouvait plus maitre de son suj(!t ; aussi, ricn ne parait llii avoir ^cliappea cetegard. Ce n'est qu'apr^s avoir lu I'ouvrage qu'onpeut se faire une juste idee des nombrenx materiaux qu'il lui a fallu rassembler et ensuite coordonner. Les administrateurs ne liront pas sans un vif interet ce qui concerne les colleges clectoraux , I'etat ancien et moderne du clerge cath'olique , I'organisatioa du culte protestant, enfin ce qui a rapport a la justice crimincUe, aux eta- blissemens de bJenfaisance , a la partie indigeate de la popidation. Enlisant I'article Contributions , on ne voit pas sansetonnement que, dans un departement qui acquitte pres de six millions de contribu- tion foncl&re , et oii deux invasions ont lalsse des traces que le tems n'a point encore cffacees, les frais de poursuites ne s'elevent pas chaque annee a six mille francs. Ceux qui ne sont pas insensibles a la gloire de nos armes sauront ere k I'estimable auteur d'avoir rappele plusicuis traits hon"orables 1 pour nos soldats. Ce sont autant de monumens qui deposent en fa- veur d'une contree ou la valeur semble etre depuis long-tems bcr^- ditaire. La belle defense des habitansde Saint - Qnenliii , en iSSj, de ceux de Guise, en i65o, le siege soutenu par la garnison de La Ffere, en i8i5, attestent les services rendus a diverses epoques, touies les fois qu'il s'agissait de concourir a la defense de I'etat." La premiere partie de celte statistique est termin^e par la nomen- SCIENCES PHYSIQUES. 5o^ clature des communes. Une maliereaussi seche ne pDuvait presenter tl'interet , qu'autant que Ton saurait deguiser son aridife par un travail sur les etymologies raisonnees des noms d'un grand nombre de communes et fixer Tattention da lecteur sur les particularites historiques qui se raltachent a I'existence de ces communes. C'estce qu'a fail le sage et laborieux auteur de la Stalistique dont nous ve- nous de rendre compte. Nous ajouterons que I'ouvrage renferme plus de choses que ne I'annonce le prospectus ; ce qui assurement n'est pas la marche or- dinaire. Il interesse non- seulement le pays auquel il est destine ; mais il peut encore au besoin ^tre utilement consulte par tous les honimes eclaires, et surtout par ceux qui se trouvent appeles a parti- ciper a Fadministration publique. M. Brayer n'a acquitte que la moitie de la dette qu'il a contractee envers ses compatriotes : il lui reste encore deux sections de la Statistique a publier, Y agricul- ture et Vindustrie, dont lesproduitssont si varies dans le departement de lAisne. C. P. 334. — Le Guide on Conducteiir de I'etranger a Bordeaux , avec ou sans le plan da Bordeaux, orne de plusieurs gravures ; redig6 par M. ***. Bordeaux, iSaS; Fillastre et Neveu, editeurs, fosses du Chapeau-Rouge, n° 2. In-i8 de viii et 828 pages. Prix, avec le plan, 7 fr. 5o c. ; sans le plan, 3 fr. 5o c. Nous n'avons qu'un mot a dire de ce Guide , qu'il suffit d'indiquer a ceux qui pourront avoii besoin de le consulter. L'interdt qu'il pr^- sente depend des lieux qu'il fait conuaitre,et sous ce rapport, il etait difiicile de cboisir une ville plus digne de fixer I'attentiorv. Mais nous regrettons que le plan n'ait pas ele ])lus nettement trace, et que I'auteur, au lieu de donner sur cbaque objet ime notice claire et simple, &e soit livre trop souvent a des phrases declamatoires et ambitieuses. L'ouvrage est termine par une table cbronologique des principaux evenemeus arrives dans la Gujenne et par tine liste al- phabetique des bommes celebres qu'elle a produits. On est etonne que I'auteur, en citant les ouvrages de Montesquieu, ait oublie YEssai sur la grandeur et la decaderice des Romains. Le Guide bordelais est accompagne d'un assez grand nombre de gravures au trait, qui concourent avec le texle a donner une idee complete des objets les plus remarquabies. Les gourmets feront particulierement cas d'une liste de tous les vins des environs de Bor- deaux, ranges selon le degre d'estime qui leur est accorde. B. J. 5o8 LITRES FRANCAIS. Sciences religieuses , morales, politiques et historiques. a35. — Refutation de I'instruction pastorale et de /'ordonnance dc S. A. Monseigneur I'archeveqtie de Rouen , prlmat de Normandie , pour le retablissement de la discipline ecclesiasliqiie ; avec les pieces jus- tificatives, par ytl. Dumesnil. Paris, iSaS; Baudouin. Ir-8° de 3y pages; prix i fr. 5o c. On sait combien les nouvelles ordonnaiices que I'archev^que de Rouea arendues, sans avoir consulte son chapitre , out excite de troubles excusables et de plaintes legitimes. La refutation de M. Du- mesnil est sans doute instructive et piquante, mais non pas aussi complete, aussi exacte qu'on pourrait le desirer. Ceux qui out lu le doctc opusculepublierecemment pai'M.MAUKOY, avocat au conseil, sur les refus arbilraires et toujours impunis des sacreinens et de la sepulture ecclesiastique , aimeraient a le voir publier son avis detaille sur les contraveations et les inconveniens des deux nouvelles ordonnances. II nous parait que les abus nombreux qu'on leur reproche , peu- vent se reduire a deux ou trois chefs principaux : I'enseignement public de la fausse , pernicieuse et anti-legale doctrine de la nullite des maringes civils , le desordre vexatoire des excommunications qui seraient censees encourues par le seul fait; enfin, I'espece de ligue formde sous pretexte de quotes ou d'aumones , ou levees de deniers non autorisees par la loi ni par I'autoritc executive. 236. — Histoire abregee du sacrilege chez les differens peuples , et par- ticidierement en France, avec des notes historiques sur les persecutions religieuses et leurs ■viciimes; par L. ■ F. du Loirex. Paris, i8a5 ; I'auteur, rue Saint-Hyacinthe Saint-Michel , n" 33 , et chez les mar- chands de nouveautes. In-S" de 228 pages ; prix, 6 fr. C'est un ouvrage utile, qu'il faut joindi-e a labrochure de M. Isidore Lebrun, intitulee, Du sacrilege et desjesuites (voy, ci-dessus, p. 196), et aux discours prononces dans les Chumbres contre la nouvelle loi du sacrilege, si en desaccord avec les principes de la justice hu- maioe , avec nos besoins , nos opinions et uos mceurs. 1Z1. — Des comediens et du clerge , suivi de Reflexions sur le man- dement de tig'' i'archeveque de i?o«e«,parle baron d'Henin de Cu- viLLiER , mar6chal decamp, etc. Paris, 1825 ; Dupont et Delaunay. In-i2 de 45o pages; prix 3 fr. Dans le moyen &ge , epoque d'ignorance et de corruption gene- rale, qui nous donna les guerres de croisade , meme contre les Chre- tiens ; I'inquisition atroce contre les mal-pensans et les mal-croyans; SCIENCES MORALES. 809 la cruelle theorie du sacrilege; la deposition des rois par les 6v^ques et les abbes, ensuite, par les papes ; les fetes scandaleuses des fous et celles de I'^ne, et les pretres danseurs , farceurs , comediens, fau- tcurs et spectateurs de comedie dans les eglises ; enGn , tant d'au- tres deregletnens dans le clerge , conime dans le peuple , on ne son- geait guere a excommuuier les comediens de leur vivant, ni a leur refuser la sepulture ecclesiastique. C'est un exces que Ton ne con- nait point a Rome , oil les papes bfltissaient des theatres, et encou- rageaient, comme ils le font encore, I'art dramatique. On sail que les jesuites etiiient fort curieux d'elever des theatres dans leurs col- leges, et d'y faire jouer des comedies et des ballets, sous leur di- rection, par leurs ecoliers. Selon nos liberies gallicanes et la purete de la discipline ecclesiastique , il ii'y a point d'excommunies par le fait; pour que Texcommunication produise un effet exterieur, il faut qu'elle soit precedee de trois monitions , et specifiquement , personnellement prononcee et denoncee au prone de la paroisse. Mais, dans les dernirs tems, la doctrine contraire s'est etablie en France, non pas en loi, mals par ecrit et verbalement , et meme par des ordres secrets des superieurs ecclesiastiques. Ainsi, contrc la prohibition de I'Evangile, les cures se sont arbitrairement , et sans aucunes formes , eriges en juges exterieurs des artistes de nos thea.tres ; et de fait, il n'y a plus de justice en France contre ces at- tentats. C'est contre un desordre aussi criant , et qui a plusieurs fois, a Paris m^me, donne lieu a des emeutes dangereuses, ques'eleve ici M. le baron d'Henin ; et il le fait avec grande raison , quoique nous ne pretendions pas souscrire a toutes ses paroles. Ce qu'il y a d'essentiel dans son livre , pour Tobjet qu'il se pro- pose, est certain et doit porter la conviction dans les esprits.Quand, par les conjonctures des tems , il n'y a point de justice a esperer contre certains delits , c'est une consolation et un grand bien qu'il soit permis au moins de bldmer par ecrits publics les perturbateurs de I'ordre et de la palx. Sous ce point de vue, on doit des eloges a I'auteur de ce livre. L'ouvrage est ecrit sans beaucoup d'ordre ; mais cet inconvenient est pallie par une table des matieres et par un sommaire analytique dont nous allons presenter la substance divisee en numeros. i'''' De I'etat des comediens chez les Grecs , chez les Romains , chez les Francais. a^ Le refus de sepulture ecclesiastique , fait par des cures de France aux artistes de nos thelltres , est une infraction punissable des lois civiles qui les protegent, et des liberies gallicanes qui re-. 5io LIVRES FRANC.ilS. prouvent toiite pr^tendue excommunication i'oiulee sur inie preteii- due notoriete de fait. 3* Notice de plusieurs coniediens canonises , qiioique morts, quelqiies-uns sur le theatre nwime. 4'' Indication fort detaillcedesjeux , des danses , des farces et des comedies jouees autrefois par les ecclesiastiques memes , dans les eglises , ainsi que de leurs mascarades et processions prctendues religienses , et plus indecentes encore. 5" Recueil de canons anciens et modernes qui ont rappelc le clerge a la decence et aux devoirs de sa profession. 6" Expose de la domination clericale affeciee anjourd'hui scanda- leusement en France a I'egard des comediens. y" Devoir des rois et des magistrats de reprimander et de punir le clerge pour les infrac- tions qui font le sujet du livre , et pour toute espece de trouble a la pais publique. 8^ Tableau statistique du clerge de France en 1789 et en i8s5. 9* Reflexions sur le nouveau mandement de I'archev^que de Rouen , avec une'exhortation charitable pour engager ce prelat a cesser ses entreprises , et a donner I'exeniple de la soumission au canon suivant!'du concile de Carthage, de I'an 898, qui fait partie des codes de droit canonique : « Celui qui est ev^que doit avoir son petit logis prfes de I'cglise; se* meubles doivent etre de bas prix, et sa table pauvre. C'est par sa foi et sa vie exeniplaire qu'il doit sou- tenir sa dignltc. » Nous observons que la pagination de cet ouvrage est vicieuse depuis la page 36o; d'ailleurs, la derni^re page y est cotee 427, et I'ouvrage a reellement 45o pages. Si c'est la tromper son lecteur, ce n'est pas lui faire tort. Lmuvinajs, de I'Insikut. aSB. — * Nouveau Christianisme, Di.vLOGtrEs enire un conservateuret un novateur. — I^ Dialogue. « Celui qui ainie les autres a accompli laloi...Tout est compris en abrege clans cette parole : tu aimeras ton prochaia comme toi-m^me. ( Saint-Paul , Epiire aux Romains. ) In-8°, 100 pages. Bossange pere, rue de Richelieu, n° 60 , et Sau- telet , place de la Bourse; prix 2 fr. 26 c. Tel est le titre d'un ecrit qui, par la gravite du sujet, la maniere frauche et energique avec laquelle il est traite , etl'interet puissant des circonstances , commande une serieuse attention. L'auteur qui ne s'est point nomme, mais que Ton reconnait a sa doctrine, an- nonce, dans un avant-propos, que cet ecrit etait destine a faire partie du deuxifeme volume des Opinions litter aires , philosophiqiies et industricUes , ouvrage dont nous avons rendu compte (Voy. Rev. Eric. , t. XXIV, p. 760 ). " Mais , ajoute-t-il , I'objet qui s'y trouve traite est tellement important en lui-meme, et a cause des circonstances po- SCIENCES MORA.LES. 5it lillqiies actuelles , qu'il a ete jugo convenable de le publier s<^'pare- ment , et dfes a present. X Rappeler Jes peuples et les rois an veritable esprit dn christia- nisme , alors memo qu'oii s'eu ccarte le plus, que des lois sOr le sa- crilege soiit proniulguees , et que les catholiques et les protestans ', en Angleterre, cherchent les nioyens de terminer uiie lutte longue et penible; en m(*me tems, essayer de preclser Taction du sentiment religieux dans la societe, quand tous Teprouvent , ou du moins sen- tent le besoin de le respecter dans les autres ; quand les ecrlvains les plus distingues s'occupent d'en determiner I'origine, les formes et les progres, et que, d'une autre part, la theologie cbercbea I'c- touffer sous le poids de la superstition : tel est le but principal qu'on s'est propose dans les dialogues suivaus. » Ce pen de mots, que nous empruntons a I'avant- propos , font apprecier le degre d'inter(5t que I'ouvrage devra aux circonstances; I'analyse sommaire que nous allons en faire montrera ce que cet ecrit doit a lui-m<;me, et au talent philosophique de I'anteur, et mettra nos lecteurs a menie de juger si le but quil s'est propose a 6te atteint. Void les points fondamentaux de cette nouvelle doctrine reli- gieuse, uniquement basee sur les interdts positifs de la societe : « Dieu a dit : Les homines doivent se condtiire en f re res a Vegard les tins des autres; ce principe sublime renferuie I'essence de la morale cliretienne. — D'apres ce principe, les liommes doivent organiser leur societe ci'e la manifere la plus avantageuse a la majorite. — L'E- glise est infaillible , dans le cas seulement ou elle a pour cliefs les hommes les plus capables de diriger les forces de la societe vers le but divin, c'est-a-dire vers la plus grande amelioration de I'exis- ' tence sociale du plus grand nombre. — Jamais il n'a existe un si grand nombre de bonscliretiens; mais aujourd'hui ils appartiennent presque tous a la classedes laiques. La religion chretieune a perdu, depuis le xv" siecle , son unite d'action ,• depuis cetie epoque , il n'exisle plus de clerge chretien. ■ — L'auleur est novateur, parcequ'il tire des consequences plus directes qu'on ne I'avait fait jusqu'a ce jour du principe fondamental de la morale divine. — Ce principe qui appartient au christianisme primltif , doit eprouver une trausfi- guration (i) , et dtre presente de la maniere suivante : La religion doit (i) L'auteur est ici d'accoid yvec M. Beujamiu Constauf, qui dit : « Les formes religieuses sont progressives, les uues toujours meilleurcs que les. 5ia LIVRES FRAjNCAIS. dinger la societe vers le grand but ue f amelioration la plus rapide pos- sible dii sore de la classe pauvie. Apr^s avoir pose ses bases , I'auteur passe en revue les diffe- rentes religions qui existent aujourd'hui, et il compare leurs doctrines avec celle qui se deduit directement du priucipe fon- dameiital de la morale divine. II rappelle que le veritable chris- tianisme commande a tons les hommes de se condulre en fr^res a I'egard les uns des autres , et que Jesus-Christ a promis la vie efer- nelle a ceux qui auraient le plus contribue a ameliorer, sous le rapport moral comme sous le rapport physique , I'existence de la classe pauvre. II se croit done fonde a porter centre I'Eglise catho- lique quatre accusations d'heresie : i° L'enseignement que le clerge catholique donne aux laiques de sa communion est vicieux ; il ne dirige point leur conduite dans la vole du christlanisme. — 2" II accuse le pape et les cardinaux de ne point posseder les connais- sances qui les rendraient capables de diriger les Cdeles dans la voie de leur salut; de donneruiie mauvaise education aux seminaristes , et de ne point exiger de ceux auxquels ils accordent la prdtrise I'instruction qui leur serait uecessaire pour devenir de dignes pas- teurs. — 3° II accuse le pape de tenir uue conduite gouvernementaJe, plus contraire aux inter6ts moraux et physiques de la classe indi- gente de ses sujets temporels , que celle d'aucun prince laique envers ses sujets pauvres. — 4" H accuse le pape et les cardinaux actuels, tous les papes et tous les cardinaux qui ont existe depuis le xv' siecle, d'avoir consenti a la formation de deux institutions diametralement opposees a I'esprit du christlanisme, celle de I'inquisition et celle des jesuites ; d'avoir, depuis cette epoque , protege ces deux institu- tions. — Apres avoir developpe ces quatre accusations par des rai- sonnemens et par des faits, I'auteur passe a la religion protestante. — An xv" siecle , dit-il, I'esprit europeen avait pris un grand essor ; jusqu'a cette epoque , I'eglise avait suivi assez exactement la direc- tion chretienne... A la fin d'u xv^ siecle, le sacre college se place sous la protection du pouvoir temporel avec lequel il avait lutte jusqu'alors. — Leon X avait entrepris d'exploiter la papaute, comrae si die eiit ete uue puissance essentiellemenl temporelle, lorsque Luther conimenca son insurrection contre la cour de Rome. — Les travaux de ce reformateur se divisercnt naturellement en deux par- aulres, et les meilleures donnees a I'lioramr en terns opportun pour la Dlvi- Hite. » {Encjrcl; mod., art. Clirisdanisme.) SCIENCES MORALES. 5i'i ties : Tune critique , a I'egard de la religion papale ; I'aiitre , ayant pour objct de reorganiser la religion chretienne. — La premiere partie de ses travaux a ete complete; mais , dans la seconde partie de sa reforme , il alaisse beaucoup a faire a ses successeurs ; la re- ligion protestante, telle que Luther I'a concue, n'est encore qn'une heresie chretienne. — L'auteur porte contre les luthcriens trois ac- cusations d'heresie : — 1° II les accused'avoir adopte unemoralequi est tres-inferieure a celle qui peut convenir aux chretiens dans I'ctat actuel de leur civilisation ; — 2" D'avoir adopte un mauvais culte ; — 3° D'avoir adopte un mauvais dograe. — Ces trois accusations , comme celles que l'auteur a portees contre la religion catholique , sent tellement graves , que nousdevons nous borner a les enoncer , sans chercher a resumer les fails et les observations qui servent a les developper. C'est dans I'ensemble et dans la serie que consistc surtout la force des raisonnemens de l'auteur; et ne pas en presenter la totalite, ce serait les affaiblir : nous aimons mieux reiivoyer le lecteur a I'ouvrage meme. Apres ce double examen du catholicisme et du protestantisme , l'auteur ajoute ; Je ne m'arr^terai point a examiner toutes les sectes religieuses nees du protestantisme ; la plus importante de toutes, la religion anglicane, est tellement liee aux institutions nationales de I'Angleterre qu'elle ne peut etre envisa- gee conveuablement qu'avec I'ensemble de ses institutions ; et cet examen aura lieu , lorsque je passerai en revue toutes les institutions spirituelles et temporelles de I'Europe et de I'Amerique. Le schisme grec s'est trouve jusqu'a present en dehors du systeme europeen ; je n'aurai point a en parler, et d'ailleurs , tous les elemens de la cri- tique de ces differentes heresies sont renfermes dans celle du protes- tantisme. Mais je n'ai pas seulement pour but de prouver I'heresie des catholiques et des protestans ; il ne nie suffit pas , pour rajeunir entierement le christianisme, de le faire triompher de toutes les anciennes philosophies religieuses ; je dois encore etahlir sa supe- riorite scientifique sur toutes les doctrines des philosophes qui se sont places en dehors de la religion ; je dois reserver le developpe- ment de cette idee pour un second entretien. » Tel est, en substance, cet ecrit, beaucoup trop remarquable, trop important, trop positif, pour qu'il puisse rester saus reponse. Dans cette grande cause , nous devons nous borner au role de rap- porteur; c'est au public a juger , puisqu'il s'agit ici de ses plus chers ft de ses plus graves interets. Une derniere citation donnera a nos lecteurs une idee claire'et 5i4 LIVRES FRANrAIS. precise de ce nouveau Chi isiianismc qui vieiit de trouver un premier et courageux apotre. « Le nouveau cliristianisme est appele a faire triomplier les prin- cipes de la morale generale dans la lutte qui existe entre ces prin- cipes et les combinaisons qui out pour objet d'obtenir un bien particulier aux dcpens du bien pulilic. Cette religion rajeunie est appelee a constitucr tons les peuples dans un etat de paix pernia- neiitc, en les liguant tons centre la nation qui voudrail' faire son bien particulier aux dcpens du bien general de I'espece humaine... Ella est appelee a lier entre eux les savans , les artistes et les industriels , et a les constituer les directeurs generaux de I'espece humaine, ainsi que des intercuts speciaux de chacun des peuples qui la cotnposent ; elle est appelee a placer les beaux-arts, les sciences d'observatiou et I'industrie a la tif-te des connaissances sacrees, tandis que les ca- tboliques les ont ranges dans la classe des connaissances profanes; elle est appelee eniin a prononcer anatlienie sur la theologie , et a classer comnie impie toute doctrine ayant pour objet d'euseigner aux bommes d'autres moyens pour obtenir la vieeternelle que celui de travailler de tout leur pouvoir a I'anielioration de I'existence de leurs semblables. » L'ouvrage entier est ecrit avec cette fermete , avec ce calme qui a taut de force , lorsqu'il semble I'organe de la conviction. Ce n'est point la seulement une simple publication litjeraire; c'est une sorte de fait caracteristique de I'epoque oil nous vivons ; c'est un evene- ment politique et religieux. Leon Halevy. 2Jt). — Memoires sur I'ctat Jes Israelites , dedies et presentes a LL. MM. I. et R. , reunis aux congres d'Aix~la-Chapelle. Paris, iSjg; Firmin Didot. In-8° de 79 pages. La question de la rehabilitation civile et politique des Juifs est telle- nrent importante que nos lecteurs ne trouveront pas superflue , quoi- que un pen tardive , I'annonce de ces memoires sur I'etat des Israe- lites. Le livre que nous avons sous les yeux contient deux memoires adressos a I'empereur de Russie. Le second, divise en trois parties, considere les juifs, 1° sous I'aspect religieux; 2° sous "I'aspect moral et politique; 3° sous I'aspect administratis Dans la premiere partie, I'auteur s'attache a etablir la certitude du retablissement futur des juifs , et le procliain accomplissemer.l des desseins de Dieu sur eux. Si nous pouvons le dire , cette premiere partie est entierement mys- tique. SCIENCES MORALES. 5i5 Je pref^re la seconde , et surtout la troisdiBe ou I'auteur place en regard les concessions que Ton doit faire aux juifs dans les differens etats de la chretiente, ft les avantages qui resulteroiit de ces conces- sions. Encore ai-je regrette, je Uavoiie, de le voir conserver entre les juifs et les autres citojens une ligne de demarcation qui exclura ne- cessairement les premiers de la jouissance du droit commun. Pour- quoi les obliger de cultivcr leurs terres par eux-memes? Pourquoi leur defendre d'aliencr ces terres? En fera t-on des majorats? s'ils continuent de se livrer a une Industrie reprehensible, doivent-ils etre punis autrement que les autres liabitans du pays ? On tombera dans des erreurs pareilles , loutes les fois que Ton confondra deu;c clioses aussi'etrangeres Tune a I'autre que la reli- gion etla politique. 11 n'existe plus de nation juive : il n'y a que des individus, on mieux des religionnaires juifs. Leurs droits, comme habitans de tel ou tel pays , doivent 6tre absolument les niemes que ceux des autres hommes. La fusion du peuple juif ayec les autres nations, que I'auteur Veut empecher, ne depend pas des gouverne- niens. Les mariages sont individuels : I'autorite civile les constate; Tautorite religieuse accorde ou refuse sa benediction ; mais on ne peut rien exiger de plus, et tout erapechement a I'union civile d'un juif et d'une chretienne , ou d'uu cliretien et d'une juive serait une tyrannic. En relevant ces idees de I'auteur, je n'en reconnais pas moins ses intentions charitables, religieuses et bienfaisantes. J'unis volontiers mes voeux aux siens pour la rehabilitation des enfans d'Israel, dans les droits qui leur ont ete si long - teiHS et si injustement enleves. Au reste, les princes Chretiens paraissent avoir veritablement I'in- tention d'ameliorer leur sort, et I'auteur de ces memoires peut se flatter d'y avoir contribue, d'apres ce protocule de la seance du 21 no- vembre 1818 , entre cinq cabinets , imprime a la fin de son livre. "'MM. les SS. , de Russie , ont communique I'imprime ci-joint, relatif a une refornie dans la legislation civile et politique en ce qui coucerne la nation juive. La conference, sans entrer absolument dans toutes les vues de I'auteur de cette piece, a rendu justice a la tendance generale et au but louable de ses propositions. MM. les SS., d'Autriche et de Prusse, se sont declares prets a donner siir I'etat de la question dans les deux monarchies tous les eclaircisse- mens qui pourraient servir a la solution d'un problerae qui doit ega- lement occuper I'homme d'Etat et I'ami de I'humanile. Signe , Met- 5i6' LIVRES FRANCJAIS. r£R>icH , Richelieu , Castei.reagh , Weli-imgton, Ha.hdenbekg , BkRNSTORP, NeSSEI-ROUE, CvPODlSTRIA. a4o. — Journal de Jean Migault , ou Malheurs d'line fainille protes- tante dn Poitou , a I'epoque de la revocation de I'editde Nantes, d'apres un manuscrit recemment trouve entre les mains d'un des descen- dans de I'auteur. Paris, i8a5 ; tfewr/ Sekvier. i vol. in-ia de viii et 178 pages; prix : i fr. 80 c. On'se dt'fie generalemeiit , avec raison, de ces ouvrages supposes anciens, et publics pour la premiere fois, sur des memoires que Ton retrouve a point nomnie, dans le terns le plus favorable a leur pu- blication. II senible cependant que celui-ci merite une e.\ception : le ton de candeur qu'on y trouve partout , I'exacte relation des lieux et I'etat toujours passif de Migault et de sa famille semblent prouver que I'auteur ii'a point fait un roman. Disons plus : il importe peu que ce journal soit reel ou suppose : si les malheurs que I'on y re- trace ne sont pas arrives a un individu nomme Jean Migault, ils sont arrives a mille autres, dont les deux tiers au moins auront eu des aventures plus extraordinaires. 11 ne faut done cherclier dans ce Journal que I'iut^r^t de I'histoire, et point du tout celui du roman. Les faits ne sont point grouppes pour arriver a un denoiiment qui surprenne : ils se suivent, sans 6tre la consequence les uns des autres ; ils ne s'amplifient pas, ne se font pas ressortir ; la peinture meme de la persecution est adoucie par la charite du narrateur qui ne s'arrdte qu'a regret sur cette exe- crable execution , et qui decrit plus volon tiers la joie qu'il ressent de voir ses enfans perse verer dans leur religion, et d'arriver enfiu sur une teri-e plus hospitaliere '( la HoUande). C'est sous ce rapport que nous avons du signaler le Journal de Migault , pour que nos lecteurs ne s'attendent a y trouver ni la force, ni I'inter^t toujours croissant, qui distinguent le ■vieux Ccvenol , de Rabaut Saint-Etienne , mais seulement la verite, que I'auteur du journal fut mieux que tout autre a portee de connaitre. B. J. 241 — * Essai sur les rapports primitifs qui lient ensemble la philoso- phic et la morale , par le chevalier Bozzelli. Paris , 1826 ; Grimbert. I vol. in-8° de 5o6 pag. ; prix 7 fr. L'auteur entend par philosophie Xa. science naturelle du d6veloppe- ment de I'esprit humain , ou de I'homme considere couime ^tre pen- sancet ■voulant. On sait assez que la morale est la science des regies de Kos actions , ou la science naturelle de Thomme considere comme SCIENCES MORALES. S17 etre agissant. Siir le developpement de notre esprit , M. Bozelli adopte la tlieorie d'Aristote, de Locke, de Coiidillac , etc. De la sensibilite, il passe a la sensation, aux sentimens de la douieur et du plaisir, au jugement et a la volonte , au plaisir qui, precede et suivi de plaisir ou de douieur, parait a M. Bozelli la source unique et necessaire des determinations de la volonte. C'est ainsi qa'il arrive a deduire la morale, et , il faut en convenir , la morale la plus se- vere , la plus pure, la plus religieuse de ces deux seuls phcnomenes, la douieur et le plaisir, ou de ces deux uniques penchans de I'homme, fidr la douieur et chercher le plaisir. Le fond de cette doctrine est bien ancien ; il a ete souvent decrie par d'habiles mattres (i); et il faut avouer qu'en s'arretant a ce qui en fait la base , on a ete souvent conduit aux plus coupables theo- ries , aux plus pernicieux dereglemens. Ce n'est point la sans doute le platonisme ni le sto'icisme ancien ou moderne ; mais il faut pren- dre le systfeme dans son entier, avec toutes les conditions que notre auteur accepte , en distinguant fort bien le plaisir sensuel d'avec ces plaisirs sublimes d'un esprit eclaire , d'un ccEur droit ; ces plai- sirs qui naissent des rapports avec Dieu et de la contemplation de linfini. Entendu et pratique de la sorte, ce syst^me parait sans dan- ger ; il se confond aisement avec celui de la double delectation de S. Augustin, et des theologiens de son ecole , avec cette maxime du rigide Pascal : On tie quitte les plaisirs que pour des plaisirs plus grands, et avec cette pensee de Mallebranche : L' amour-propre , ou le desir invincible delre heureux, est le motif qui doit nous f aire aimer Dieu, nous unira lui , nous soumettre a sa loi. Pour fuirla morale de I'interetbien entendu , Ton est tombe , dans toute I'Asie , en un quietisme le plus desordonne , qui a gagne notre Europe et cause beaucoup d'erreurs, de scandale, en detruisant, mdme chez les plus belles ames, la vertu d'esperance imposee aux cbretiens comme d'obligatiou la plus etroite. M. Droz , dans son livre si estime de la Philosophie morale ( voy. Rev. Enc. , t. xxi , p. 53o), appreciant ( chap, viii) le principe d'ac- tion fonde sur le desir du bonheur, a juge d'avance avec justesse et sagacite le fond du systeme de M. Eozzelli. Nous devons ajouter que , dans les Essais qui font le sujet de cet article , I'auteur se ditingue eminemment par la force de la dialec- (i) Voy. M. Benjamin Constant, t. i de son ouvrage De la Religion dans sa source, ses formes et ses developpemens , et M. Torombert, Princlpes du droit politique. 5i8 LIVRES FRANr-US. tique, ainsi que par la clarte et I'elegance du style. Mais nous se- rious iiijustes , si nous n'ajoutions pas aussi que son ouvrage est riche ea apcrcus , qui senibleiit avoir au uioins la grace de la nouveautt" dans la pensee ou dans Texpression. Ses defiui'ions de I'homnie, de la propriete,de laloi, de la religion, de la vertu , sont ])iquantes par ce genre de merite. II delinlt I'homme un 6tre qui sent Texlstence des objets doiit il est enviroime, et qui i^e/ii posseder tous ceux qui lui donnent des affections de piglsir, mais surtoiit de plaisir solide, permanent, veritable. II appelle ^)ro/;W<>'re' tout ce qui pent Hre\e .'oiitien de riicmme dans le terns aveuir, c'est-a-dire , non- seulement la richesse, niais I'honneur, that et tous les droits attaches aux personnes; delinir les lots, les garanlies de I'avenir; et ilajoute avec graude raison : >< Paitout ou ces garanties raanquent, la foule des hommes degrades va les clierclier dans la fourberie , la delation et dans les autres vices qui, alors , procurent les biens terrestres et rimpuuite. » II nomme la religion , I'infini de tavenir. EnCn , il appelle •vertu , cette f(»ce acquise par \ habitude , et qui rend I'anie capable de subjuguer toutes les douleurs et de resister aux appats de tous les faux plaisirs. Lakjuin ais , de I'lnstitut. 242. — Code moral , ou Choix de Sentences et de Proverbes grecs, latins, francais, anglais, Italiens, espagnols et orientaux, tires des nieilleurs auteurs, avec la traduction francaise en regard, et I'ex- plication, lorsqu'elle est necessaire. Ouvrage precede de quelques observations sur les proverbes , consideres coinnie moyen d'educa- tion, par M. Boikvii.lieks; avec cette epigraplie : Fox populi, vox Dei. Paris, iSaS ; Eymeiy. i vol. in-12 de viii et 33o pages; prix : 4 fi"- M. Boinvilliers croit que ce petit recueil sera utile a la jeunesse francaise pour la conduire a la pratique de la vertu. Nous ne con- testerons point I'utilite de ce livre, qui a I'avanlage de renfernier un grand nombre de sentences dont on pourra profiler dans I'occa- sion. Du reste, on n'y trouve d'aufre plan que I'ordre des langues dans lesquelles sont ecrites les sentences ; nous engagerons I'auteur a restituer le YvoBi csaurov ( connais-toi toi-nieme), qu'il attribue a Platon, au temple ue Delphes , sur les niurs duquel cette maxime ctait gravee. Quant aux conseils de To])ie, qui terniiiient le volume, M. Boinvilliers a pense avec raison que les lecteurs les verraient avec plaisir : mais nous croyons qu'il aurait du les donner en prose, et lion dans des vers qui en altcrent souvent la noble simplicite. ■ — Les vieux proverbes francais, rccueillJs par-M. Francois de NeufcliA- .SCIENCES MORALES. Sig teau, seront encore ce qu'on lira avec le plus de plaisir. Citons-en deux ou trois. 23. Mieux vairt se rcgaudlr avec son patrimoine , Que de le delaisser a quelque ribaud moine. Fais quatre clioses a la fois ; Tu dois en manquer pres de trois. 97- Le grand qui tous promet est quitte ; Mais un liomme d Iionneur s'acquitte. B. J. 243. — * Essai d' education nationale , ou Plan d' eludes pour la Jen- nffjie; par Mpssire Louis-Rene de Caradeuc de La Chalotais, pro- cureur-general du Roi au parlement de Bretagne. Nouvelle edition. Paris , 1825 ; Louis Tenre. i vol. in-18 de a44 pages. Prix 2 fr. Le procureur general de La Clialotais, si celehre dans les fastes de la niagistrature par ses infortunes et par son heroisme tout par- lementaire, deposa au parlement de Bretagne, le a4 mars 1763, devant toutes les cliambres assemblees, un essai d'education natio- nale, dont on vient de donner une nouvelle edition. L'auteur s'elcve avec force centre les etudes en usage dans les colleges, centrales inutilites dont on surcliargeait la t^te des enfans, et qu'ils sent obli- ges d'oublier ensuite, centre le regime monastiqne des maisons d'e- ducation. Le sentiment confus d'uue verite qu'il demele mal, et dont il ne se rend pas exactemcnt compte a lui-meme, le porte a regretter que rinstruction soit Irop rejiandue. II se plaint qu'on apprenne a lire et a ecrire a des gens « quin'eussent du apprendre qu'a dessiner, et a manier le rabot et la lime , mais qui ne veulent plus le faire. » II souhaite que Ton vole diminuer le nonibre des etudians. Le bon sens de La Clialotais , justement choque du peu d'ap])lications que I'en- seignenient de nos colleges trouvait aux usages ordinaires de la vie, aurait du I'empecher de conclure si vite des vices de rinstruction , a la necessite de ne pas instruire. L'universalite de I'education reli- gieuse et morale , de la lecture, de I'ecriture, du calcul , serait, au contraire, pour I'bumanite le plus precieux des bicns. L'unique dif- ficulte,. apres avoir donne a tous une instruction primaire, quipeut, sans aucun danger, etre completenient uniforme, consiste a varier convenablement I'cnseignement secondaire, suivant la diversite des besoins et des devoirs sociaux. Le plan d'etudes de La Chalotais fiao LIVRES FRANCAIS. offre beaucoiip de donnees jiistes et sages , qui peuvent /?tre meditc'es avec fruit par les personnes qui s'occupent de composer des livres elemeiitaires. Urie assez graude partie des idees qu'il propose ontete raises a execution ; car, depuis I'epoque oil ce Memoire a paru, I'en- seignement de nos colleges a fait d'incontestables progres. Je me garderai bien de ranger j)armi ces progres le retour recent et bizarre a I'enseignement de la philosophic en latin. La Cholotais blSmait I'absurdite de cet usage : qu'aurait-il dit de son retablissement , dans le tems m^me oil sa suppression etait victorieusement justifiee par la prosperite des etudes philosophiques ? 244- — Sur I' Instruction primaire ; discours qui a obtenu le premier accessit a I'Academie d' Arras, dans sa seance du 28 aoiit 1820, sur cette question : Quelle injluence Finstruction elementaire du peuple peut- elle exercer sur sa maniere detre et sur I' amelioration on la stabilite des institutions sociales ? par J. B. Geruzez , ancien professeur au college royal de Reims. Paris, 1824; Tourneux. Broch. in-S" de 59 pages. Prix I fr. 5o cent. La question proposee pour 1820 par I'Academie d'Arras est du nombre de celles qui honorent tout a la fois les societes savantes qui les proposent et les concurrens qui les traitent. Deux des ou- vrages que ce concours a fait naitre ont ete imprimes; celui qui a obtenu le piix , dont I'auteur est M. Serel-Desforges , avocat a Saint- Malo, et celui de M. Geruzez , livre plus tard a I'impression. Le dis- cours de M. Serel-Desforges ( de Tlnjluence de Vinstruction Elementaire du peuple sur sa maniere d'etre, et sur les institutions politiques. Paris; Renouard , 1820 ) se recommande par une meilleure methode , et par plus de soin dans le style et dans la maniere d'exposer les principes generaux relatlfs a la question. Le discours de M. Geruzez presente plus de faits et beaucoup de vues utiles, melees a quelques autres dont il serait facile de contester la justesse. Voici son debut, qui exprime une pensee que Ton ne saurait trop souvent reproduire : « Repandre les lumieres sur la classe aisee de la societe, lui faciliter les moyeus de s'instruire par des etablissemens entretenus aux de- pens du tresor public , c'est sans doute un devoir pour les gouver- nemens eclaires , et qu'ils s'empressent ordinairement de remplir. Mais il en est un plus important encore, et qu'ils ont presque tou- jours neglige, c'est d'arracher a I'ignorance la derni^re classe du peuple, de la tirer de I'etat sauvage, de la rendre a la civilisation et de I'instruire assez pour lui inspirer I'amour de I'ordre et des lois. Ici , presque tous les gouvernemens peuvent etre accuses de negli- SCIENCES MORALES. 5«i gence. lis se sont liAt6s de faire ce qui, a la rigueur, aurait pu se faire sans eux; ils se sont charges de I'instruction d'une cl.asse qui avait assez d'aisance pour se passer de leur secours , et assez de loisir pour exercer son esprit sans qu'on I'y excit^t : et ils ont aban- donne a elle-meme la portion la plus nombreuse de la societe , qui , pressee par les besoins , par la necessite de travailler pour se pro- curer de quoi vivre, met peu de prix a I'instruction, et n'est pas en etat d'en apprecier les avantages. Ils se sont montres prevoyans ou leur improyance aurait pu etre sans danger, et ils ont ^te insoucians oil leur insouciance peut entrainer des desordres f t des maux nom- breux. lis ont presque imite celui qui commencerait a bAtir sa maison par le toil. Dans la classe aisee, tout allait de soi-tneme ; elle aurait bien su, malgre I'oubli des lois , se procurer I'instruction qu'elle regarde comme un besoin , comma le seul moyen d'etre utile et de s'avancer: dans la classe pauvre, au contraire, une interven- tion etrangere etait indispensnble ; sans les soins et la vigilance du legislateur, il n'y a chez elle nul desir, nul moyen de s'instruire; elle ne songe qu'a sa subsistance , tout le reste lui est indifferent. » On peut juger, par celte citation, de la purete des intentions et de la sagesse des principes qui ont dirige M. Geruzez. Son discours est celui d'un ami de I'liumanite , tolerant et eclaire; sa veneration pour la religion ne lui permet pas de separer la cause de I'Evangile de celle de I'instruction populaire. Quelquefois il va trop loin dans la part d'influence qu'il veut accorder au clerge sur I'instruction pri- maire. Sans doute, il n'est pas un seul ecclesiastique, vraiment digne du caractere dont il est revetu, qui ne mette au premier rang' de ses devoirs le soin de repandre I'instruction dans le peuple; maisil faut que la liberie la plus entifere laisse a tous les citovens les moyens de concourir a la propagation de I'instruction. Ce n'est pas trop des forces et des travaux de tous pour remplir une tache aussi vaste et aussi honorable. Que les associations privees , que les fondations de la bienfaisance ne rencontrent aucjn obstacle; que les communes, rendues enfin a I'independance, puissent travailler au bien-^tre du pays, sans attendre que le bon plaisir d'un commis leur en octroie la permission; que toutes les classes de la societe soient admises a rivaliser d'efforts, afin de diminuer la masse ignorante qui est la plaie et la bonte d'un etat : voila ce que tous les hommes eclaires s'accordent a reclamer avec instance. Quelques passages du discours de M. Geruzez indlquent qu'il est ecrit depuis plusleurs ainiees. C'est ainsi qu'il parle de I'Ecole nor- T. XXVI. — Mai 1825. 34 5a2 LIVRES FRAWCMS. male qui aiijoni (I'liiii ii'existe plus , et (lout la destruction inipriniera uiie taclie iueflacable sur radmiiiistration qui a pris la resolution de I'ordonner. Ch. Renouar d, acocaf. 245. — * Dii droit cTAubaiiie et des etrangers en Savoie ; par C.'/i. Manzord. Paris, Fanjat aine, libiaire-cditeur, rue Christine, n° 3, a vol in-4°, I'un de 402, I'autre de 434 pages, imprimes a Cham- bery. Get ouvrage , d'une vaste erudition , s'etend a toutes les branches de la legislation civile et publique qui se rapporteut au droit d'au- baine et des etrangers. L'auteur, en se placant dans la Savoie, sa patrie , enibrasse les lois, les traites et les coutlimes des divers peuples du nionde sur ce droit, et nous fait connaitre comment il a cte interprete, applique et modifie par les ministres, par les cabi- nets et par les tribunaux. La Savoie est, en raison de son etendue , celui de tons les pays d'oii s'expatrie un plus grand nombre de personnes. Duraiit sept mois de I'aniiee, les liabitans de ses hautes montagnes sont ensevelis dans les neiges , qui les obligent d'aller chercher sous de ineilleurs climats une existence que leur refusent des glaces , des avalanches et des rochers. lis ne vendent pas , comme les Suisses, leur sang a des princes etrangers; niais, suivant une coutume ancienne et honorable , ils vont porter leur industrie en France, en Italic, en Alleniagne et dans les autres contrees de I'Eii- rope. On a compte que cette emigration s'elevait chaque annee au moins a dix mille individus. Si les uns , par amour pour la patrie, reviennent placer leur tombeau sur le nieme rocher ou fut leur berceau , les autres j surpris par la mort , ou retenus par des cir- constances de fortune ou d'etablissemeut , ne retournent point dans leurs foyers. II y avail done en Savoie peu de families qui n'eussent des parens a I'etranger; ce qui donnait lieu a une foule de discus- sions qui se rattachaient au droit civil et au droit public. J'ai plaids a ce sujet devant la cour de Grenoble, qui tenait alors la Savoie sous sa juridictioii , plusieurs proces dont les decisions ont ete mises dans les recueils de jurisprudence ; elles sont rapporlees dans ce traite. M. Manzord n'a rien neglige pour donner a sou ouvrage toute la perfection dont il est susceptible. Pendant qu'il remplissait a Paris les fonctions de depute, les registres du ministere des relations ex- terieures ont ete mis a sa disposition; il a ouvert une correspon- dance avec des consuls et des ambassadeurs , il a consult^ les tresors de science que reuferment les bibliotheques. Apres avoir employe SCIENCES MORALES. S^-^ uii terns considerable a rassembler de nombreux materJaux, il les a disposes avec ordre et clarte ; il presente mi grand nombre de ques- tions importantes dont il donne la solution, s'aidant autant qu'ilpeut des decisions des cabinets etdes arrets des tribunaux; et, quandces autorilesluimanquent, il decide lui-menie, tantot avec la circons- pection du doute , taniot avec cette conviction que donne une raison eclaireeet superieure. Le traite du droit d'aubaine n'est pas un livre fait avec d'autres li vres. M. Manzord n'est pas moins verse dans la pra- tique que dans la theorie des lois. Sa longue experience des affaires se reconnait facilement dans un traite ou il suit I'etranger partout oiiil porte ses pas, soit dans I'ancien, soit dans le Nouveau-Monde. Rien n'est omis; la protection politique qu'on lui accorde, le droit d'asile et d'hospitalite , les hospices, le droit d'arrestation , les sauf-conduits, les naissances accidentelles, les mariages entre les families des d^verses nations , I'ouverture des successions , selon les lois de chaque pays, les contrats, leurs formalites , les rentes sur I'Etat et sur les communes, la difference des monnaies, les pres- criptions, la violation du territoire, les otages, les droits des am- bassadeurs, des envoyes , des consuls, toutes ces matieres sont traitees avec I'etendue convenable; et cet ouvrage, se rattachant ainsi au droit civil et public , offre un double interet dans les cir- constances presentes , ou les nations tendent a se rapprocher et a s'unir par le commerce, les arts, les sciences et la philosophie, pour former, autant que possible, une seule et grande famille. A. Metrai.. 246.— Code rural; par M. Biret. Paris, 1824; Arthus Bertrand. I vol. in-8° de 33o pages. Prix 6 fr. Depuis long-tems les jurisconsultes attendent avec impatience un Code rural officiel. Deja , pour suppleer a cette lacune impor- tante de notre legislation, M. Fournel a public un recueil des dlverses dispositions relatives aux lois rurales , tant anciennes que modernes. M. Biret, connu par un tres-grand nombre de livres de jurisprudence, nous donne, sous le titre que nous venons de trans- crire , un nouveau travail du meme genre que celui de M. Four- nel , mais qui nous parait beaucoup moins complet. Toutefois, nous ne pretendons pas en contester I'utilite; ilsera d'un usage commode pour les jugesdepaix, les maires et autres officiers municipaux qui ont besoiu d'etre guides d'une maniere simple et facile dans Tap- plication des lois rurales. y^ ■j' 247- — Code del' Eitregistremenl et du Timbre ; i^ar J.-.tJ. Dufour, 524 LIVRES FRANCAIS. avocat A la Com- loyale de Paris, ancien juge au tribunal da la Seine, Paris, i8a5 ; Antoiiie Bavoiix. r vol. in-S"; prix 6 francs, et 7 francs 5o cent. M. Dufour a deja public plusieurs ouvrages, dans lesquels il fait, comnio dans celui-ci, pieuve d'un genre de merite modeste , mais qui a aussi son degre d'utilite. II s'y est applique a reunir sur diverses matieres , les lois , decrets et •ordonuances , epars dans la volumi- neuse collection du Duileiin des lois. — Ainsi , il a donne : i° un Manuel dei gardes cliainpetres , gardes forestiers , et gardes peche ; i° un Manuel des jiiges de pai.o, coiitenant un resume de tout ce qui con- cerne leurs attributions , accompagne d'instructions simples et fa- ciles, et de fonnules des differens actes de leur ministere; 3° la Jurisprudence des cinq Codes , auxquels il fait I'application des lois ulterieurement rendues , des actes du gouvernement, et des deci- sions de la Cour de cassation jusqu'en 1822 ; 4° Enfln, un Diction- naiie admiiiistraiif, contenant les instructions relatives aux fonctions et attributions des prefets, sous-prefets, niaires, adjoints , etc. (i). Aujotird'bui , il public, en un volume de 4^6 pages , les lois , de- crets, ordonnances , et les avis du conseil d'etat, rendus, depuis I'an VII jusqu'en iSaS, sur le timbre et I'enregistrement ; avec un comuientaire sur chaque article, qui a pour objet d'etablir la con- cordance de leurs dispositions diverses, et de faire connaitre les decisions des cours intervenues sur les difficulfres que leur execution a fait naitre. — Le volume est termine par une table alphabetique et raisonnee des matiferes, qui nous a paru bien fait^ et devoir 6tre d'un grand secours pour faciliter les recbercbes. Get ouvrage est du nombre de ceux qui ne fournissent point ma- tiere a I'eloge, ct qui ne donnent point prise a la critique. On ne peut y exiger de I'auteur que de I'exactitude; et nous pensons que M. Dufour a rempli cette condition. Ckivelli, avocat. 348. — Manuel du Praticien , ou Traite complet de la Science du Droit inise a la portee de tout le monde. Par M. D... , avocat a la Cour royale. Paris, i825; Roret. i vol. in-i8 de 5i4 pages; prix : 3 fr. 5o c. Ce petit Manuel est divise en cinq parties : la premiere traite des matieres civiles; la seconde, des matieresyV/A'c/a/rei; la tro-isi^me, des matieres com;«e-/-ci«/ej; la quatriemes , des matieres criminelles ; et la einquieme des matieres adininisiratives. Un si vaste sujet, renferme (t) Ces ouvragps sevcndeht chcz \e m^me libr.iir SCIENCES MORALES. 5i5 dans des homes s'l ^troites , laisse necessairement beaucoup a de- «irer. La cinquieme partie surtout pour laqiielle Taiiteur a employe la forme de dictionnaire, contient un grand nombre de lacunos. Cependant, les forniules que I'auteur a eu le soin de placer conve- nablement feront rechercher son livre par les jiraticiens auxquels il le destine. A.. T. a4g. — Precis de Thistoire des tribun tux secrets , par J. Loeve Vei- MARS. Paris, 1825 ; J. Carez ; i volume in-i8 de 3o6 pages; prix a francs 5o cent. De toutes les enigmes sans mot dont abonde I'histoire du moyeu Sge , I'origiiie et la nature de I'horrible tribunal connu sous le nom de Wehmique , est peut-etre la plus importante et la moins eclaircie. Les premiers liistoriens qui se sont livres a Ta lecberchede cetle institution , bizarre et sanglante , en ont atlribue la creation a Char- lemagne. Voltaire, adoptant cetteorigine , Ta consacree par divers passages de YEssai surhs mccurs et des Annales de I'empire. Mais, de- puis, des erudits allemands, apres de nouvelles recherclies , ont paru ebranler I'opinion accreditee par leurs predecesseurs et par Voltaire. lis ont absous Charlemagne, mais sans decouvrir le veri- table fondateur des trihunaux secrets ; de sorte que le rcsidtat de leur travail, entierement negatif , a ete de nous retablir dans une ignorance complete , et de nous rendre les tenebres que nous avions cru dissiper. L' absence de tout renseignement positifetant constates, unelibre carriere a ete ouverte aux conjectures, aux interpretations bene- voles , aux assertions hasardees. Les uns ont pretendu que Tinstitu- tiou des cours wehmiqnes a ete long-tems utile et salufaire ; que , servant de remede a un ordre de chose? affreux, elle a souniis la barbaric aux formes regulieres de la justice; que, dans un tenis oil le despotisme pesait sur les classes populaires , elle a remis tons les rangs sous le niveau d'une justice egole; qu'elle a servi la liberte contre les rois, et les rois ainsi que les peuples contre la feodalite. D'aulres , repoussant cette version , ont pretendu que les trihunaux secrets, sorte d'inquisition politique et religieuse, ont servi d'horrihle supplemental la tyrannic sacerdotale et au despotisme des rois. lis ont represente les conrs vrehmiques comme une police secrete , et toujours agissante, qui dcuon^it , jugeait, condamnait, assassinait les prevenus de delits contre le prince et contre la religion ; espece dejesuitisme anticipe, servant les rois qui le protegeaie^t , ahan- donnant ceux qui eesayaieut de lui lesister. 5a6 LIVRES FRANCAIS. Tel est aujourd'hui I'etat des oj)inions sur les trihunaiix secrets. L'examende la question a produit une foule de livres herisses d'eru- dltion , dont le r6sultat est le doute; c'est de ces livres aussi nom- breux que penibles a lire que M. Loeve Weimars, qui , jeune encore, a toute I'erudition d'un vieil academicien dcs inscriptions, a extrait un petit volume , plein de faits curieux , de vues justes , de reflexions solides. Get ouvrage, sans offrir aucun tclaircissement sur le fonda- teur et la nature de I'institution wehmique, renferme de nombreux de- tails sur les formes judiciaires qu'elle a suivies ; sur ses precedes, ses differentes vicissitudes, depuis le moment oil elle fut gdneralement connue en Allemagne , jusqu'a son enticre destruction. L'ouvrage de M. Veimars, qu'il faut regarder plutot commeune dissertation blen faite que comme une histoire, est le plus complet qui ait paru en France sur le m^me sujet. II est indispensable aux erudits; et s'il se trouve quelques poetes qui, sans etre effrayes d'une tentative dra- matique dont personnen'a mieux connu que nous les dangers, osent encore essayer d'adapter a la scene des sujels relatifs a la cour web- mique, nous les engageons a lire M. Loeve Veimars. II leur offrira une foule de notions utiles et de faits curieux dont nous regrettons beaucoup d'avoir ete prives. Leon Thiesse. ■iSo. — Histoire dii gouferr:ejnent/eodal,pa.r B.tKGlNET, de Grenoble. Paris, 1825 ; Raymond. In- 12 de 336 pages; prix i fr. 5o c. pour les souscripteurs a la Bibliotheque da xm." siicle , en 100 volumes, et 3 fr. separement. Le titre de cet ouvrage promet plus que I'auteur ne donne ; Ton n'y trouve que I'histoire du gouvernement f^odal particuliere a la France, et Ton pouvait s'attendre a I'histoire feodale de cbaque pays de I'Europe et de cbaque grand fief du royaume des Fran^ais. Pour bien faire cette histoire , il faudrait approfondir et resoudre des difficultes fort grandes sur I'origine et les progres de ce regime , surtout lorsqu'on aurait fixe le vrai sens de tons les mots qui se rapportaient jadis a cette institution, et qui appartiennent aux plus anciens dialectes germaniques. En attendant, on puisera dans le livre de M. Barginet des connaissances fort utiles, quoique peu exactes en certains points ; on y trouvera aussi les plus jutes motifs pour hair le gouvernement feodal et les abus epouvantables qu'en ont fait si long-tems nos anciens seigneurs de fiefs. Lanjuinais. 25 r. — * Hisloire du sacre et du couronncnient des rois et leines de France, precedee d'une introduction dans laquelle I'auteur, apres. SCIENCES MORALES. 5^7 avoir considere le sacre sous ses rapports politiques et religieux , fait nil tableau general du mode d'inauguration du souverain , adopte chez les nations, tant anclennes que niodernes. Ouvrage de- die au Roi , par Alexandre Lenoble , avocat , membre de la section historique des Arcbives du royaume, et de plusysurs societes savantes et litteraires. Paris, iSaS; Dentu et Pelicier, an Palais-Royal; lediteur , rue Sainte-Avoye, n° 5o. i vol. in-8° ; prix 7 fr. L'approche de la solennite religieuse et politique qui doit etre ce- lebr^e incessamment a Reims , a ete I'occasion de plusieurs ou- vrages sur le sacre des rois , parmi lesquels on .cite avec eloge celui de M. Clausei, de Coussergues, qui ne nous est point parvenu. ( In-8°; prix 8 fr. ) L'auteur de I'ouvrage que nous avons sous les yeux. a soigneusement recueilli tous les materiaux que Ton avail sur cette matiere; il les a coordonnes et en a fait un ensemble bistori- que, oil Ton voit clairement les modifications que cbaque siecle a fait eprouver a cette antique ceremonie. Tout le corps de I'ouvrage est consacre a la France et au sacra de ses rois. Mais , dans une introduction fort bien faite , M. Lenoble jette un coup d'oeil sur I'origine connue de cet usage, en dessine la physiofiomie generale , aux differentes epoques de I'histoire , chez les principales, nations, et rapprocbe entre eux leurs differens traits distinctifs. Cet avant-propos , dans lequel il s'attacbe plus aux fails qu'aux opinions , nous a paru presenter les vrais rapports que le sacre des monarques peul avoir avec la politique. Arrive aux rois de la premiere race , l'auteur examine d'abord la question de savoirs'ils onl ete sacres, question que beaucoup d'eru- dils onl debatlue. II se decide pour rafiirmative , en s'appuyant sur un passage assez concluant des annales anciennes de France , ainsi concu : « Slepbanus autem papa , ipsum piissimum principem regem Francorum ac patricium Romanorum oleo unctionis perunxit, secundum morem majorum. ( M artene, lorn. V.) Ce texte est formel , aussi bien qu'un autre passage, extrait des Annales de Metz, que l'au- teur a rapprocbe de celui-ci. Vienl ensuite I'historique le plus circonstancie des differens sacres qui se rapportent aux rois de la seconde race, jusqu'a Pbi- lippe-Auguste. A I'article de ce pince , on trouve reproduit en entier I'ancien formulaire , tel qu'il fut arrete par Louis vii, dil le Jeune, a I'Dccasiou du sacre de Philippe , fon ills. Continuant alors I'ana- lyse comparative des sacres , pour les rois de la troisieme race , l'auteur arrive au sacre de Louis xvi , et donne egalement, a cette 5a8 LIVRES FRANCAIS. occasion, le foimulaire nioderne en sou entier , aiiisi qii'il a et« suivi pour cette solennife , la deniieie de ce {^enre qui ait eu lieu dans la famille des Bourbons. M. Lenoble etaiit attache aux Archives du royaume , etait dans une positiou trts-favcyable pour entreprendie son travail. II y a pu fouiller tous les manuscrits , tous les depots , et tirer un grand parti des notes in^dites que Lancelot et Levesque ont laissees sur ce sujet. Ayant suivi I'ordre chronologique , iiidique par la matiere m^me , I'auteur s'est impose un surcroit de travail dont tous ses lecteurs lui sauront gre. Les nombreuses epoques de chaque ceremonie se trou- Tent liees dans sou ouvrage par d'excellens tableaux historiques , de telle sorte que la reunion de ces tableaux offre uu resume tres- substantiel de notre histoire sous ce rapport. Jules IVLvuvyii.. a5a. — Bibliotheque du xix""? Steele, tome 78. HIsloire Jes Etats-Unis derAinerique septentrionale ; par ^/-noWScHnFFEK ; Paris, iSaS ; Ray- mond, rue de la Bibliotheque, n" 4. ivol., in-i2 de 3i2 pages; prix, I fr. 5o'c. L auteur a divise son ouvrage en trois epoques, comprises sous les litres suivans : i" Histoire des colonies anglaises dans I'Ameri- que septentrionale , depuis leur fondation jusqu'a I'origine de's trou- bles de 1764 (i6ofi-i7fi3). 2° Histoire de TAnierique septentrionale , depuis le commencement de la luttedes colonies contre la metropole jusqu'.i la fin dela guerre del'independance (1764-1786). 3° Histoire des Etats-Unis, depuis la paix de 1783 jusqu'a nos jours (1784-1825). Une narration simple et partout veridique , des reflexions qui prouvent dans I'auteur une rare cnergie de sentiment et de pensee, une instruction solide, etun attacbement de conviction aux eternels principes que la raison elle-m^nie a poses pour bases de I'Drganisa- tion sociale : voila ce qui se fait remarquer dans cette nosvelle pro- duction historique de M. Scheffer, et ce qui la rend digne de fixer I'attention des homnies eclaires et des amis de la liberie. On regret- tera peut-etre que I'auteur n'ait pas donne plus de couleur a son style, en gcneial , ni plus de vie et de dcveloppement a certains tableaux. Mais on n'aura point .a lui reprocher d'avoir sacritie i cette brievete concise, dont il sen-.ble s'elre impose la loi, un seul evenement de quelque importance. Les dernieres pages de la troi- sieme partie sont consacrees a d'interessans details sur la rece])tion du general La Fayette aux £tats-Unis. « 11 serait impossible, dit I'historien , de decrire en pen de mots le spectale toucbant de trois generations qui se pressent autour de La Fayette, des vieillards qui SCIENCES MORALES. Sag lui rappellent leurs travaux conimuns , des hommes qui lui en mon- irent les lesultafs, et des enfans qui viennent demander sa bene- diction. II suffit de dire que I'histoire nous offre pen d'exemples qu'un honime ait ete I'objet d'un entbousiasme aussi vrai et d'hon- neurs aussi reels que La Fayette Test de nos jours. Le gonverne- ment federal s'est rendu I'interprt'te du Toeu universal, en recevant I'hote de la nation dans une seance solennelle du congres. Lorsque les Etats-Unis etaient sans credit et pr^ts a succomber sous leurs ennemis, il leur sacr'.fia sa fortune ; maintenant, la Republiqne pros- pere, et elle a paye a son bienfaiteur la dette de la reconnaissance et de I'honneur. ■> M. Scheffer a joint a cette histoirc, sous la forme de notes , deux pieces egalement reniarquables. L'une est la bulle du pape Alexan- dre VI , par laquelle il fait don a jamais a la couronne d'Espagne de la propriete exclusive du continent de rAmerique, avec toutes ses dependances. L'autre est la relation d'un essai de colonisation desbuguenots francais en Amerique, sous Ic regne de Cbarles IX. On ne peut lire, sans eprouver la plus vive indignation, toutes les borreurs commises sur ces malheureux colons , par les ordres de Philippe II , et avec I'autorisation du roi de France. B. 253.- — * liihKotheque du xixc siecle. — Histoire des Grecs modernes, depuis la prise de Constantinople par Mabcmet II, jusqu'a ce jour; par C.-D. Raffenei.. Paris, iSaS; Raymond, i vol. in-12 de 332 p. Prix I fr. 5o c. pour les souscriptcurs. Les editeurs de la Eibliotheque du %ixe siech ont eu raison de com- raencer leur publication par des livres bistoriques. II n'en est pas qui conviennent mieux aux besoins de notre epoque. L'bistoire des Grecs modernes de M. Raffenel est surtout faite pour entretenir le gout de semblables lectures. La belle cause des Grecs , I'intcr^t qui s'altache a leurs succes, I'inquietude generale sur leur sort futur, le mouvement d'un peuple nouveau , la marcbe rapide des evenemens qui auront peut-etre par la suite quelque influence sur la vieiMe Eu- rope, tout concentre notre attenti*jn sur le livre que nous annon- cons. II se divise en trois parties : 1° I'asservissement ou les envahis- semens successifs, par Mahomet II, de tout ce qui, dans I'Europe , avait fait partie de I'empire d'Orierit ; 2" I'esclavage , ou le tableau des malheurs qu'ont soufferts les Grecs, sous unelongue suite de sultans, depuis i5oo jusqu'au xixc siecle; 3° la delivrance , ou la peinture animee des efforts constans des Hellenes pour reconquerir leur pa- trie, surtout depuis i8ai. — Cette pcriode si courte est la plus fertile 53o LIVRES FRANr.AIS. en eveaemeiis de tout genre : I'auteur a souvent mis dans son style line rapidite egale a celle des fails ; son expression , quoique simple, n'est pas au-dessous de son sujet, et les lecteurs remnrqiieront sans doiite le recit du suppllce de Gregoire, patriarche de Constanti- nople, et de la derniere expedition de Marc Botzaris contre les mu- suhnans. Les Francais reciieilleront avec plaisir, dans cette liistoire, le temoignage que leur gouvernement iie s'est j)as deshonore, en em- brassant, a I'exemple de quclques autres cabinets europcens , le parti de la barbaric contre la civilisation. lis souhaiteront que , quelque jour, une amitie Tranche et solide unisse deux peuples faits pour s'eslimer et se cherir ; et aux nonis immortels des Mavrocordato, des Canaris, des Botzaris, qui verserent leur sang pour la patrie, des Conduriotis qui la sauvent par leur sagesse, ils joindront le nom de I'auteur de la Charte , qui secourut la Grece par ses officiers, et que les Grecs ont inscritsur leurs actes, avec reconnaissance, en tete de la liste des monarques cliretiens. ( Voy. Re\>. Enc. , t. XIV, pag. 428. ) 254. — Resume de Vhistoire de la regeneration de la Grece , jusqu'en 1 82 5 ; precede d'une Introduction stir les revoliitiuns de V empire d' Orient , depuis sa fondation jusqu'a la fin du xvii° siecle ; par P.-J.-S. Dufey (de I'Yonue); avec une carte generale de la Grece. Paris, i825; M6- quignon-Marvis. 3 vol. in- 18 de 1206 pages en tout; prix 9 fr. L'histoire des deux peuples de I'Europe moderne ( les Anglais e.t les Francais) qui ont exerce le plus d'influence sur les autres peu- ples, avail fourni a un jeune ecrivain la matiere de deux volumes, auxquels leur jietitesse, et surtout leur nature , avaient fait donner le nom tres-juste el tres-expressif de resume. M. Felix Bodin a eu de nonibreux imitateurs; mais pen d'enlre eux paraissenl avoir compris la veritable acception du mot resume: Ce qui avail elepourluiun tra- vail de clioix etant impose comme taclie a ses successeurs,n'a du pro- duire souvent que des imitations maladroites, et des ouvrages sans but comme sans forme. Ces reflexions doivent s'appliquer surtout a celui que nous anuonconsaujourd'hui, et qui comprend , sous le litre de Resume d'une tres-petite periode de l'histoire d'unpeuple dont I'exis- tence est a peine reconnue, trois volumes de pres de 4oo pages chacun. L'ouvragede M. Dufey n'est qu'une narration souvent tres-diffuse de choses meme peu importantes : les moindres details lui semblent dignes de raltention du Lecteur ; il n'oublie pas de compter tons les articles d'un iraile viole; il rapporte les propres paroles des Grecs SCIENCES MORALES. 53 1 etcelles du pacha Je Jaiiina; il notecomme descvenemens importans les orgies d'Ali on de ses fils , ou les vengeances particiilitres de ses femnies; tout son travail, en un mot, n'estguere qu'uiie reduction de I'histoire plus etendue encore de M. Pouqueville. Ce dernier liisto- rien a paru aussi , comme ecrivain , un fort bon modele a M. Dufey ; on n'en peut douter a I'abondance des descriptions qui remplissent son livre , a ce style poetique qui lui fait annoncer d'avance ce qui doit arriver , a ces peintures repelees des caracteres ou des passions, a ces expressions figurees dont I'usage frequent convicnt peu a la gravite du genre historique. L'auleur aurait dii sentir qu'il ne peut pas encore etre question de resumer I'histoire de la Gr^ce moderne, puisqu'un peuple nalssant u'a pas encore d'histoire. S'il veut lire et mediter Hume , Montesquieu , Voltaire , Vertot, et attendre que les grands evenemens dont la Grece est le iheAtre soient arrives a un denoument definitif , il pouira nous donner alors une histoire abre- gee, philosophique , instructive , et fonder sa reputation litleraire sur un ouvrage bon et durable. B. J. 255. • — • Resume de rhistoire de Rtisn't , depuis I'etablissement de Rourik et des Scandinaves jusqu'a nos jours; par Jlphonse Rabbe. Paris , 1825 ; Lecointe et Durey. i fort volume in-i8 de viii-68r p.; prix 3 fr. 5o cent. Un journal , en rendant compte du Resume de I'histoire de Portugal, par le mdrne auteur, a fait I'observatiou que ce titre n'aurait pas paru francais autrefois, dans le sens oii on le prend maintenant : il s'appliquait aux recapitulations d'un discours , a des analyses de raisonnement et non aux depouillemens de I'histoire. En examinant soigneusement le Resume de I'histoire de Russie, on trouve que , malgre son ampleur, il justifie la veritable acception de son titre ; car I'histoire de Russie s'y trouve depouillee d'une infinite de faits de la plus haute importance. Ce Resume est en meme tems rempli d'er- reurs graves, provenant sans doute des sources auxquellesM. Rabbe a puise. L'histoire de Levesque n'a ete consultee pendant long-tems qu'a defaut d'une meilleure; mais, depuis que Karamsin a public onze volumes de son histoire, celle de Levesque n'est plus aussi re- cherchee : il en resulte, que , comme I'histoire de Karamsin s'etend seulement jusqu'au commencement du xvii" siecle , et comma M. Rabbe a dedaigne de la prendre pour guide, le Resume de 41 I'histoire de Russie est encore a faire. D'ailleurs , un ecrivain qui , dans sa preface , convicnt, pourainsi dire, de sa partialite ( Voy. p. iii ), peut-il meriter une entiere 53a LIVRES FRANCAIS. confiance ? Jugeia t-il bien uiie nation contre laquelle , sans la connaitre, il tiprouve une prevention aussi fiuieste ? — Loin de vouloir <■ jidiiiie la plume de I'historien a ii'etre qn'iin tube de plomb , par oil tombe tine eau froide, » je I'engagerals a emettre librement ses opinions ; le lecteur serait libra, a son tour, de ne point les adniettre conime articles de foi , maiselles ser-viraieut de base a ses reflexions. L'histoire demande pour organe un pliilosophe cosmopolite, de- pouille de toute prevention , sans liaine, sans passions : excepte la haine pour le crime et la passion de la vertu. Voila, certes , ce que Ton ne rencontre pas dans raiiteur du Resume que nous annon- cons. Le trop de precipitation qu'il a sans doute apporte dans la redaction de son ouvrage, I'a fait tomber dans des contradictions et dans des inexactitudes assez frappantes. L'espace ne me permet pas de relever toutes ces fautes ; je vals en signaler quelques-unes. En pariant de I'introduction de la religion cliretienne par Vladimir, il s'exprime ainsi ( page 43 ) : » Vladimir introduisit ce grand clian- genient, sans cprouver de ces resistances obstinees, si ordin aires cliez les peuples ou une religion quelconque a jete de profondes racines et s'est rendue dominante par le charme de ses fables , la saintete de ses enseignemens , ou par Tempire meme de ses terreuis. Cette indifference est un effet assez. remarquable de I'organisation si nie- diocrement intellectuelle des liommes du Septentrion. » Et plus loin (page 58 ) , I'auteur s'enonce de la manifere suivante : « D'ailleurs , le christianisme fut force de s'asseoir parmi les vestiges opini^tres de I'ancienne idolatrie. Le culte des faux dieux ne fut point extirpe d'une maniere complete ni soudaine. Pendant long-tenis encore , les Russes n'eurent dechretien que le bapleme, le symbolc de la foiet quelques autres pratiques communiquees par I'Eglise d'Orient. Le peuple -voyait avec horreur cette religion nouvelle abstraite dans ses dogmes , austere dans ses prescriptions, anti-natiouale dans ses formes , remplacer I'ancien polylheisme slave , qui parlait a I'imagi- nation et qui surtout flnttait les passions sanguinaires et les instincts belliqueux transmis par ses ancetres. » C'est ainsi que les opinions de I'auteur se contredisent en plusieurs endroits. Malgre la rapidite avec laquelle la Paissie s'est civilisee , rapidite qui a fait naitre I'etounement de tous les hommes eclaires et obser- vateurs, la civilisation lui parait craindre les glaces etles frimas ; j'ignore quelle est cette civilisation frilleuse dont parle M. Rabbe ( page 55 ). Ailleurs, il dit , en citant le temoignage de L^on Diacre, • que les anciens Russes eroyaient que celui qui 6tait tue dans un SCIENCES MORALES. 535 cotnbnt serait daus I'autre monde I'esclave de celui sous lequel il avait succonibe. » — « Aussi, ajoure-t-il, se poignardent - ils eux- meraes , quand ils n'oiit plus I'espoir de fulr ou de vaincre , etc. >■ • — « Nous avons vu chez les Russes de nos jours , poursuit M. Rabbe , les mdmes idees , les m^mes croyances , que huit siecles avaient legerement alterees ou modifiees, ce qui prouve combien ce peuple marche lentement en civilisation , ou plutot combien il est peu propre a s'avancer dans cette route. » — Rien de plus faux ; ja- mais cette idee , depuis Fetablissement du christianisme, n'a germe dans la tete d'un Russe; jamais on n'a vu depuis cette eooque un soldat se poignarder; au contraire, le soldat russe est intimement persuade qu'il se bat pour la religion , que les eiinemis de I'etat sont des mecre.nns, et qu'enfin , victime de la guerre, la couroune de martyr I'atteud dans I'autre monde. En parlant des Slavei, I'auteur dit que leur nom parait dtre un derive du \c\oX.5lava, qui signiile gloire. I\ous en avons tire , dit-il , I'ignoble denomination ^Esclavons , et il commence le cha[)itre sui- vant ainsi : » Les Slaves ou Esclavons, etc. » L'historien aurait dii savoir ^\\esclave ne signifie rien ni en russe ni en slavon, et que , par consequent, il ne faisait ici qu'un jeu de mots touta-fait de- place; nous apprenons a M. Rabbe ^utnclave , en i usse et en sla- von , se rend par le mot rabc. Dans la partie relative au regne deCatlierine II, I'auteur invoque partout les autorites de Castera et de Masson, deux ecrivains dont les ecrits sont signales comme des libelles. — Sa description de la campagne de 1812 est tiree fle I'ouvrage de M. le comte de Segur , et forme un episode de I'histoire de France plutot que celle de Ri^ssie ; le lecteur cherche des renseignemens sur ce qui se faisait en Russie, et non dans le camp de Bonaparte; tons ces details ne doivent ^tre qu'accessoires , surtout dans un resume ; I'auteur aurait du consulter plutot I'histoire de cette campagne par M. Boutourlin. En parlant des steppes , il dit, « qu'on entend par ce mot une vaste plaine habitable ou hahitee. » Rien de plus inexact ; steppe , en langue russe, veut dire desert inculte et qui n'est pas abritepar les bois, ni arrose par les eaux. — Jetons maintenant un coup d'oeil sur les noms propres. — II etablit une distinction ( p. 4 et 5 ) entre Nova'ia-Zemlia et la NoiweUe-Zemble , qui ne sont qu'uue seule et m^me ile : le mot russe novaia-zemlia , mot a mot, nomel/e terre , s'est change par corruption, pour les etrangtrs, en celui deNouvelle- Zemble. Au lieu de Resan , il ecrit Riiesar; de Tamhof, Tambou ; 534 LIVRES FRA-ATAIS. Saralof , Saratok; de Nijni-NovgorotI, Nichegorod ; eafiri, le noni harmonieiix de Gitomir est remplace dans le Resume, par celui de Gtioniiekz , nom fabrique sans doute par I'auteur. 11 lie faut plus ^tre surpris, apres cela, d'entendre M. Rabbe s'ccrier ( p. 14) : « Si cette connaissance coute quelque chose aux lois de Veupkonie , si les oreilles d'un lecteur trop chatouilleux sont blessees de cat amas de noms barbares , qu'il -veuille se souvenir que la muse de riiistoire moderne n'est pas Clio. » II serait trop long d'indiquer ici toutes les fautes que j'ai remai- quees dans ce Resume ; je me propose d'en faire le sujet d'uue bro- chure, que je publierai incessamment, sous le titre dC/tppendice an Resume de thistoire de Russie. Tolstoy. 256. — * Tableau historique , geographiqiie et politique de la Moldavie et de la f^alachie , traduit de I'anglais de JV. Wilkinson, par M. Dezos de la Roqhette, I'un des rcdacteurs de la Biographie uni- verselle. Deuxieme edition. Paris , 1824 ; Michaud et Delaunay. 1 vol. in-8° ; prix 5 fr. La premiere edition de cet ouvrage parut , en 1 82 1 , a rcj)oque oil les premiers cris de liberte se firent entendre dans la patrie des Themistocle et des Philopoemen ; elle eut un debit rapide. La se- conde n'aura pas moins de succes : enrichie par le traducteur de documeiis importans , entre autres , de traites de paix perpctuelle entre la Russie et I'empire Ottoman , elle forme , pour ainsi dire , un ouvrage nouveau ; et, comme nous nous sommes bornes a an- noncer la premiere edition , nous allons parler de celle - ci avec les details propres a la faire apprecier. La Valachie, la Moldavie, ainsi que la Transylvanie, conquises sur les Daces et repeuplees par les Romains , qui transmirent aux liabitans leur idiome et une partie de leurs usages , ont servi, aprfes la chute de rempire d'Orieut , de passage aux migrations des peu- ples nomades. Wilkinson remonte aux Daces , et consacre quarante pages au recit rapide des insurrections et des guerres qui se succe- derent dans ce malheureux pays. Pendant le cours du siecle der- nier , un grand nombre de princes grecs furent successivement nom- mes an gouvernement des deux principautes ; presque tous perirent d'une mort violente et sous le clmetere turc. Constantin Mavrocor- dato ( 1735 ) eut, seul, assez de terns et une volonte assez ferme pour operer quelque bien : il reuaissait les deux principautes. Ce prince abolit I'esclavage des paysans et composa une grammaire a I'usage des boyards , innovation reniarquahle dans un pays oil Ton SCIENCES MOR/VLES. j"?;") apprend, encore aujourdhui , les laiigues sans graminaire el la reli- gion par tradition. L'observateur anglais ajoute qu'il y a beauconp de superstition et point de fanatisme : on pratique , on ne dispute point. Fixe a Bukarest , en qualite de consul general d'Angleterre , I'au- teur s'occupe surtout de la Valachie; mais les m^mes particularites caracterisent les deux provinces; d'ailleurs , un.memoire interes- sant, de M. le comte d'Hauterive, dontle traducteur nous donne un extrait, a pour objet special la Moldavie. Selon M. d'Hauterive , la langue des Moldaves est celle des descendans de Romulus. « 11 n'existe peut-etre pas un peuple , dit M. Wilkinson , plus op- prime par le despotisme , plus ecrase de taxes que les paysaas de la Valachie et de la Moldavie; leur inconcevable patience degenere en une sorte d'apathie et de stupeur. » En 182 1 , Ypsilanti a essaye de les sortir de cat etat d'apathie : on sail quel a ete le resultat de cette entreprise. Les Bobemiens formeut line partie nombreuse de la population; rien de plus abject et de plus deprave que cette classe , qui s'eleve a cent cinquante mille individus. C'est aux Boh^miens que les boyards confient le soin d'elever leurs enfans et de conduire leurs voitures. Ce rapprochement est assez curieux : il pourrait , seul, constater le degre de civilisation oil les deux priucipautes sont par- venues. Ces fertiles provinces pourraient nourrir dix fois plus d'habitans qu'elles n'en contiennent ; elles recelent dans leur sein de riches mines d'or que nul n'ose exploiter ; mais la richesse veritable , c'est la culture , et la terre est mal cultivee. La reparation des routes est negligee a dessein : s'en ocouper , serait , aux yeux de la Porte , vouloir faciliter I'entree des troupes etrangeres. Les monasteres sont nombreux , et des legs surpris ou volontaires les out rendus pro- prietaires d'une partie du territoire ; aussi , les hospodars les met- tent-ils frequemment a contribution. Chez les nobles , I'ostentation et I'avarice se concilient parfaitement ; ils ne negligent aucune oc- casion de faire des dettes , parce qu'ils savent bien que leur qualite les protegera contre les poursuites de leurs creanciers. De tons les arts , dit I'auteur, celui des spoliations est le mieux cultive. A Bu- karest , la population la plus florissante est celle des feniines prosti- tuees; on a essaye, mais sans succes, d'assuj^tir leur Industrie a une taxe. Pour completer le tableau de I'etat social de ces pays, il faut ajouter que I'annee ne conipte pas moins de deux cent dix fetes k 536 LIVHF.S FRANCAIS. elont robservatioii est rigoureuse; et, comme detail de ttatistiquc , qu'il u't'xiste qu'un seul hotel garni a Bukarest. Apres avoir lu ces traits caractcristiqiies , fidelemeiU recueillis dans divers chapitres oil ils sont disseniiiies , qui croiraitque, de- puis peu d'annees, environ vingt mille paysans He la Transylvanie, siijets de I'Autriche, sont veniis chcrcher du travail et de la sub- sistance sur les terres de la domination des hospodars? « Les pre- cautious qu'une sage politique devrait suggerer , dit I'ancien consul de S. M. B. , seraient de remettre la Valachie aux Autiicliiens , afin de s'opposer aux envahissemens des Russes, qui iie pourraient plus faire un pas en Turquie sans la permission de I'Autriche Aussi long-tenis que les provinces an dela du Danube continueront d'etre une source de discorde, la paix en Europe n'aura qu'une stabilite imaginaire. Uepuis le commencement de la decadence du pouvoir des Turcs, la politique de la cour ottomane a ete de violer peu a peu les privileges accordes aux nations etrang^res , par des traites, et de conduire par de purs stratagemes , une administration sans energie; elle s'est habituee a considerer la Moldavie et la Vala- chie comme deux riches possessions qui doivent lui echapper. » Telles sont les graves considerations qui se presentent sous la plume de I'auteur. Pour en apprecier encore mieux la justesse , il sufiira de jeter les yeux sur la traduction du Mizami dgedid (^noiweil ordre de choses ) qu'il a insere dans son ouvrage de Richid-Mus- tapha. La publication de ce nouvel ordre de choses eut pour resul- tat la deposition du prince qui voulait I'etablir. On croit lire la suite des Memoires du baron de Tott. C'estdans le cha^iitre vi qu'il est question du syst^me de poli- tique introduit par les Grecs du fanar. 11 nous semble que ce sujet a ete tiaite plus completement, I'an dernier, par M. Zallony ( voy. ci-desstis p. 227 ). C'est un Grec qui parle des Grecs ; le ressentiment lui fournit des developperaens et des traits que ne desavoue pas la T^rite. Je terminerai cet examen , en rapportant un passage dans lequel I'auteur prouve qw'il n'a pas oublie sa qualite d' Anglais. « Lesvoya- geurs de la nation anglaise , dit-il , I'emportent sur tous les autres par le zele qu'ils apportent a decrire la situation et les progr^s des differens pays de I'Europe. » II est bien d'avoir une bonne opinion de soi-meme; mais il y a un peu de naivete a I'exprimer ainsi. Au reste, I'ouvrage de M, Wilkinson s'est considerablement antcliorc, en passant par les mains d'un de nos compatriotes, qui cependant n'en tire point vanit^. P. A. SCIENCES MORALES. 587 255. — La Republique de Buinos-Ayres , telle quelle eat aiijourd'hiii ; j)ar Edinond de G**' S***. Paris, t8a5; Lenormant fils. In-S" de 24 pages; prix i fr. L'auteiir de cette brochure a divise ce qu'il appelie un Memoire sur la republique de Buenos-Ayres en trois parties intitulees : Aspect phy- sique ^ Aspect moral. Aspect politique; ces deux derniers ne contieii- uent qu'enviroii dix pages. II est inutile d'avertir le lecteur qu'il ne trouvera , dans cette espece de pamphlet, que des notions extr^ine- ment superficielles. Le sejour de dix-huit niois que I'auteur annonce avoir fait dans un pays oii Ton devrait recueillir une si abondautt^ nioisson de renseignemens, nous semble avoir ele bien peu fructueux pour lui , s'il ne sait ^ue ce qu'il nous apprend. Il parait qu'il ignore jusqu'au nom de I'Etat dont il parle : « On I'appelle poetiquement , dit-il, Republique argentine. » Tout le monde sait que depuis long- tems cette denomination n'existe plus , et que cet Etat est connu au- jourd'hui sous le nom de Republique des provinces unies du Rio de la Plata. Au reste, le but de I'auteur semble bien moins de nous faire connaitre la situation reelle du pays , que d'indiquer le moj'en de le reduire sous le joug espagnol. Cet infaillible moyen , selon M. de G. S., est de s'allier avec le dictateur du Paraguay, ce Francia qui a jt'te dans ses prisons le compagnon de Humboldt, le savant Bonpland. Taut que les enneinis de la liberte du Nouveau-Monde n'auront que de pareils secours a offrir a la tyrannic espagnole , I'Amerique pourra se rire de leurs vains efforts. - Si nous passous des idees a la forme sous laquelle elles sont pre- sentees dans cette brochure , nous trouverons des phrases tfelles que celle-ci : <• La salle des representans, qui est, quant a I'edifice , une veritable miniature de celle des deputes de France a Paris , est pour la plupart du terns aveugle dans ses demarches. » On voit que le style de I'auteur est au niveau de sa politique. M. A. 258. — * Precis de I'histoire de Napoleon, du Consulat et de V Em- pire, avec les reflexions de Napoleon sur les principaux evenemens et les personnages les plus importans de son epoque, par MM. Tou- OHAaD- Lafosse , ancien officier de I'admnistration superieure de I'armee, et Saint-Amant. Paris, iSaS; Thoisnier-Desplaces, rue de Seine, n" 29, faubourg Saint-Germain, i vol. iu-S", in et 543 pag. avec un portrait lithographie; prix : 9 fr. La Fi^ince, long-tems devouee a I'anibitiou d'un homme , et pre- cipit^e de victoires en victoires dans d'effroyables revers , comprit alors qu'uu peuple n'abdique pas impunement ses droits ; cette X. XXVI. — Mai i8a5. 35 538 LIVRES FRANCAIS. lecou , seul fruit de no« infortunes , ne doit ^tre perdue ni pour nous, ni pour la posterite; et, quelle que soit notre douleur aux recitsd'une funeste epoque , nous devons subir notre histoire, fiers du moius de n'^tre jamais dans nos malheurs au-dessous de notre £[loire. Cependant, les auteurs de I'ouvrage annonc6 n'ont pu lire Y Histoire de Napoleon et de la grande arinee , en i8ia, sans reprocher a M. de Segur le choix d'uu sujet aussi deplorable, au public I'a- ■viditc avec laquelle il accueillait cetle production ; et sans juger notre gloire compromise, s'ils ne se liAtaient d'opposer au souvenir de nos desastres les souvenirs nombreux de nos triorapbes : cette susceptibilite d'orgueil national a dicte leur livre , et en explique les defauts et le merite. lis n'ont pas pris le terns de murir un plan, et les diffcrenles parties de leur composition manquent de proportions entre elles : I'impartialite, dont ils font preuve, en discutant plusieurs repro- ches adresses a Napoleon, et en refusant de ratiCer tous les juge- mens qu'il a portes sur les evenemens de son regne et sur ses con- temporains, semble souffrir de I'omission de quelques faits, de I'exposition trop rapide de quelques autres, ou ceder a leur enthou- siasme pour le guerrier. Le style, anime, brillant, souvent noble sans enflure, degen^re quelquefois en prose poetique, et nous offre, au lieu d'une histoire, un bymne en I'honneur de nos armes ; au lieu de faits, des mots. Jaloux sans doute de retracer nos victoires avec des couleurs aussi eclatantes que celles dont M. de Scgur a peint urt tableau plus lugubre , ils n'ont pas evite I'elcgance ambi- tieuse qu'ils avaient critiquee chez lui; car chaque genre de beaut^s est place aupres de defauts qui lui sont propres, et qui imite les unes, echappe rarement aux autres. Nous engageons done les auteurs a revoir soigneusement leur ou- vrage, compose avec autant d'ardeur, de precipitation et d'enthou- siasrae qu'ils ont fait autrefois I'une de ces campagnes courtes et brillantes dont ils nous entretiennent. E. B. aSo. — * Voyage dn general La Fayette aux Etats-Unis, en i8a4 , II* partie. Paris, iSaS ; L'Huillier, editeur, rue Poupee , n» i6. In-S" de ii8 ; prix a fr. 5o c. , et 3 fr. (Voy. t. xxiv, p. 778). Ce voyage qui occupera dans I'histoire une place plus impor- tente , a mesure que les Societ^s politiques se perfectiouneront j meri- tait bieu de trouver dfes a present un historien. II fallait contempler ce grand 6venement dans son origine, le suivre dans ses develop- SCIENCES MORALES. 539 pemens, assister a sa conclusion ; et durant ccs observations pieines d'iuter^t, ii'etre distrait que le moins possible par les antres faits contemporains : il fallait extraire de toutes les gazettes, amies ou ennemies , les recits partiels , isoles et quejquefois alteres ; rappro- cher, comparer, discuter , et ne rien admettre qui ne fut Lien cons- tate. On a fait plus encore ; les evenemens de I'independance ame- ricaine sont rappeles a I'occasion de I'un des hommes illustres qui y prirent part , des compagnons d'armes qu'il rencontre , des lieux qu'on lui fait parcourir au milieu de fetes veritablement nationales. Les deux petits volumes qui ont deja paru feront desirer vivement ^ le troisieme : le sujet et le merite de la redaction concourent a les rendre non-seulement agreables a lire, mais instiuctifs; on en re- tiendra beaucoup, et tout ce que la memoire en aura conserve trouvera frequemment d'utiles applications. A la suite de la seconde partie, on a place la traduction d'un discours tr^s-remarquable de M. IngersoU, a une seance de la Societe philosophique americaine, et dont nous avons deja parle. (Tome xxiv; Decembre 1824, p. 697.) Ce discours , le Voyage du general La Fayette et I'accord iinanime Dansim chapitre a part, intitule: de I'Angleterre, l'auteur examine la situation politique et morale de ce pays. II dit que les mots liberie civile et religiettse , que proclame I'Angleterre , ne sont qnoubli de Dieu et mepris des rois ; que I'Angleterre est consumee d'une cnrie physique et morale; qu'elle est sansjoi, usee par le terns, ecrasee sous le poids de sa dette , et sur le penchant de sa ruine; il prie les rois, dans I'interet de leur conservation , de declarer la guerre aux Anglais et dc re- nouveler contre eux le blocus continental , tres-facile a maintfuir au 544 LIVRES FRANCAIS. moyen de la Sainte-AUiance. La legitiinite , dit-il, est aire de vaincre par la guerre ; mats elle sera infailUbleincnl I'ainciie par la bourse, ou elle a contre elle les hommes et les choses. 265. — * Plaidoyer en faveur des [>euples , prononce a la barre de la Sainte- Alliance. Paris, r8a5 ; Baudouin. Broch. in-8° de 29 pages ; prix I if. 26 cent. L'auteur garde I'anonyme (i), ainsi que I'ecrivain de la brochure annoncee dans I'article precedent. Mais quelle difference dans le but, dans le ton , dans les pensees , dans le style? Le premier est un /veri- table incendiaire qui, sous pretexte de defendre la revelation et la legitimit^, Dieu et les rois, I'autel et le trone, voudrait sacrifier toute une generation qu'il accuse de rebellion , parce qu'elle defend les droits imprescriptibles que la Providence a donnes a rbomme; I'autre est un ecrivain eclaire, genereux , conciliateur, qui veut pe- netrer les conseils des rois de cette verite, deja proclameepar L'Hos- pital, Sully, Fenelon, Massillon, que I'interet du monarqueet celui de la nation qu'il est appele a gouverner, sont indivisibles. « Rois Chretiens, dit-il, ecoutez enfin la voix de la justice, la voix de vos coeurs. Les peuples , en ce moment , tournent vers vous des regards inquiets : ils en appelleut a la nature, a la religion; ils demandent a jouir, a Tombre d'un pouvoir legal, bienfaisant et protecteur, des droits que le ciel leur a departis; ils demandent a vous benir, a combler Tabime que I'on s'efforce de creuser entre eux et vous. 11 n'y a de sainte alliance que celle que vous formez avec les peuples; marchez a leur td-te, et vous serez heureux , vous aurez des jours glorieux et sereins. — Rois chrfetiens, faites alliance avec les peu- ples. Ecartez cette foule altiere et rampante qui obstrue les portes de vos palais , et qui vous cache vos enfans; tendez-leur une main confiante : vous trouverez partout des coeurs empresses et lideles. Vous jouirez d'un immense bonheur. Cette alliance , fondee sur la justice et la raison , ciraentee par la bonne foi, recevra la sanction divine, et vous assurera le destin le'plus glorieux auquel il soit permis a I'homme d'aspirer. » P. E. Lahjuinais , fils. Littcrature. a66. — * Grammaire francaise-anglaise , a I'usage des Anglais qui veulent apprendre le francais , et dans laquelle on a place en regard (i) On nons assure que c'est M. Torombert, de Lyon , dont nous avons annonce les Principes du droit politique. (Voy. ci-dcssus, p. 56-) i LITTER ATURE. 545 la traduction anglaise des principes de la langue francaise, ecrits dans cette derniere langue; suivie d'un repertoire de tous les verhes francais irreguliers, soumis a un systeme regulier de conjiigaison. Par M. BoiKviLLiERS , correspondant de rinstitut, etc. t -vol. in-ia de 326 pages avec cette epigrapbe : Alter ut alterius popitli, linguce alterius sic Altera poscit opem. Paris, 1824; Alex. Eymery, Aug. Delalain, Baudry et Galignani. I vol. in-i2 de 826 pages. Prix 3 fr. 267. — * Gramma ire italtenne , elernentaire et raisonnee, suivie d'un Traite de la poesie italienne , par G. Biagioi-i, etc. Troisihne edition. Paris, 1826; I'auteur, rue Bameau , n° 8. I vol. in 8°. M. Biagioli s'est fait, depuis long-tems, remarquer parnii ceux qui enseignent I'italien a Paris, comme le premier qui ait applique a la grammaire italienne les theories de Dumarsais, de Condillac et de M. Destuit de Tracy. Son travail a obtenu I'approbation et le succes qu'il meritait, et il a ete surtout apprecie par les personnes (jui ont le plus approfondl les principes de la grammaire generate, et specialement ceux de la langue italienne. Neanmoins M. Biagioli, profitant de ses longues etudes et de sa propre expe- rience, a refondu presque en enlier et perfectionne son ouvrage, dont il nous donne la cinquieme edition , que nous annoncons. II lui a donne une nouvelle forme d'analyse et un plus grand developpement tout en diminuant son volume. II cberclie toujours a sanctionncr ses preceptes ou ses remarques par I'autorite de la logique , et a les rapporter aux memes principes generaux qu'il avait etablis : ainsi il ramene les locutions les moins communes ou les plus etranges a leur expression primitive ou a leur construction la plus simple et la plus directe. II met ses eleves a meme de dJstinguer les nuances les plus delicates dans les diverses manieres de parler a peu pres semblables , et les differences attributions que Ton donne sou vent au meme signe de rapports ; ce qui nuit infiniment a la pre- cision du discours. Enfin, d'apres la methode de M. Biagioli, on apprend a parler et a raisonner a la fois. S'il nous etait permis de suivre I'auteur dans les details de son plan, nous lui presenterions quelques remarques sur le traite qu'il a donne de la poesie ou plulot de la versification italienne. Ce traite nous semble un peu trop diffi- cile, et par consequent ne ponvoir guere atteindre le but que 1 auteur s'est proposf'. Mais ,~comme un litterateur francais s'occupe dans ce moment d'e\aminer fes principes et sa methode , nous reviendrons 546 LIVRES FRA.NCA.1S. sur ce sujet a I'occasion du nouvel ouvrage qui doit iStre inc.essam- inent public. F. Salpi. 268. — * Manuel des amateurs de la langue francaise , coiitenant des solutions sur retymologie, rortliograplie, la prononciation , la syntaxe et sur les principales diflicultes de la langue francaise , oil Ton trouve un traite tres-etendu sur Femploi du nombre, la syntaxe complete du pronom, I'eniploi des modes et des terns, rorthographe des substantifs composes, des participes, soit actifs , soit passifs; des solutions sur les difficultes qui partagent encore les grammai- riens; lesprincipaux articles desproces-verbaux de I'acadeniiegram- maticale ; des origines d'expressions proverbiales , des exameng d'ou- vrages sur la langue francaise, etc.; piecede d'une Notice sur Do- merguc , et suivi de deux tables des matieres , I'une methodique et I'autre alpbabetique ; par A. Boniface , instituteur, et par plusieurs grammairiens. Secondt edition , avec des ameliorations considerables. Paris, 1825 ; Pillet. In-8° de 604 pages ; prix , 7 fr. et 9 fr. J'ai transcrit en entier le tifre de cet ouvrage, parce qu'il ni'a paru donner une idee exacte de son contenu. Mais les developpe- mens mdmes de ce litre montrent que I'ouvrage aurait du etre inti- tule : Remarques et dissertations sur les principales difficultes de la langue francaise , au lieu de Manuel des amateurs de la langue francaise , puisqu'on appelle ordinairement njaniiel, un abrege concis et me- thodique des principes et des fails les plus importans d'une science ou d'un art. Celte remarque ue ttjnd nullemenl a dimlnuer le merite du livre t on a d'ailleurs un siir garant de son utilite, non-seule- ment dans le succes de la premiere edition , mais encore dans la reputation que s'est juslement acquise M. Boniface , comma gram- mairien et comme professeur. M. Ballin , son digue collaboraleur, a qui Ton doit la Notice sur Domergue, a remedie , autanl qu'il etait possible, a Vcspece dc desoidre ( c'est I'expression m^me de M. Ballin ) qui regne dans ce Manuel, et qui I'aurait rendu peu propre a I'enseignement. La Table metho- dique des matieres donne le moyen d'en rapprocher et d'en coordon- ner loules les parties , et 'permet aux jeunes gens d'en faire I'objet d'une etude suivie. Le meme granimairien a redige la Table alphabe- tique des matieres et des auteurs , dans laquelle on trouve un grand nombre de definitions et d'etymologies utiles , et une courte notice sur la plupart des personnes ciloes dans I'ouvrage. Les amateurs de la langue francaise , a qui M. Boniface a, pour ainsi dire, dedie son Manuel , apprendront sans doule avec plaisir litt£rature. 547 que ce laborieu* instituteur va en reprendre la publication perio- dique , sous le litre de Correspondance grammaticale. II en paraitra tous les trimestves un cahier de tiois feuilles. Le prix de I'abonne- ment est de 6 fr. par an pour Paris , et 7 fr. pour les departemens. On s'abonne chez I'auteur, rue deTournon, n° 33 et cliez Pillet , rue Christine , n° 5. A. M — t. artg. — *Tradiictions de tous les chefs-d'oeuvre classiqiies, 6^ livraison. Oberon, ou Huon de Bordeaux, poenie de Wieland, traduit de I'allemand par le baron d'HojLBACH. Seconde edition , entierement revue et corrigee , et precedce d'une notice ( sur Wieland ) par A. Loeve-Veimars. Paris, iSaS ; Panckoucke, editeur. i vol. in-Sa de XIX — 265 pages. Prix 3 fr. et 3 fr. 40 c. ( Voy. ci-dessus ; p. a38, I'annonce du poeme de Jerusalem delivree, en 4 vol., formant les quatre premieres livraisons de cette collection. La 5c se compose du t. I^"' des Satires de Juvenal, dent nous parlerons, lorsque le t. II aura paru. ) Le poenie iVObero/i, par Wieland , est assez connu pour que nous ]iuissions nous dispenser d'en donner ici une analyse. On sait qu'il passe generalement pour ^tre le chef-d'oeuvre de son auteur. Quel- ques Critiques ont reproche a ce poeme de manquer d'unite; I'inter^t, ont-iis dit , s'y partage en trois actions principales, savoir : les pe- rilleuses aventures que Huon de Bordeaux eiitreprend , par ordre de I'empereur, les amours de ce guerrier avec Rezia, et la reconci- liation d'Oberon et de Titania. II me semble qu'en cela on a ete, sinon injuste, du moiiis bien severe a I'egard de Wieland; les deux premieres actions sontintimement liees, elles se rapportent au m^me personnage et concourent a la njeme fin; quant a la tioisienie, il ne faut la ronsiderer que conime un episode adroitement rattache a Taction principale : le seul tort de I'auteur est d'avoir tire de cet ('■pisode le titre principal de son poeme, auquel le second convient beaucoup mieux. , La traduction que Ton rcirnprime ici est celle de M. le baron d'Holbach , ancien officier de cavalerie, et fils du cel^bre ecrivain de ce nom (i). Elle a ete entierement refondue , pour ainsi dire, par M. Lo^ve-Veimars , jeune ecrivain, deja connu par un travail sur les oenvres de Wieland , une traduction de quelques-unes de ses (i) M. Heanequiu, dans sou Cours de litterature ancienne et moderne. (Voy Rev. Enc, t. XXV , p. 721 ) fait mention (t. 11, p. 1 10) d'une autre traduc- tion, de M. Labauine, qui nous est inconnue. 54 S LIVRES FRANCATS. productions ct par plusienrs ouvrages litieraires ( voy. ci-dessm , p. SaS ); il i'a enrichie de quelques notes indispensables et d'un Prrcis de la vie de TVieland. On y voit que ce pocte , seniblable en cela a beancoup d'autres bommes de genie , de dii'ferentes nations, n'a pas toujours ete a I'abri du besoin dans les commenceniens de sa vie litteraire. Gr;\ce a M. Loeve-Veimars, les amateurs d'ouvrages lie feerie et de cbevalerie pourront lire maintenant avec plaisir ce poeme de Weiland, celui de tous les ecrivains distingues de I'Alle- magne, conime I'a tort bien observe un de nos coUaborateurs ( voy. t. XXII, p. 449 )j clout la maniere se rapproche le plus du gout iVancais. E. Hereau. 270. —V- * Classiqiie': francais, on Bibliotheque portative dc V yimatetir , coniposee des cbefs-d'oeuvre, en prose et en vers, des meilieurs au- teurs ; en loo volumes in-3a, imprimes par F. Didot, sur papier velin graud raisin satine, avec les jjortraits des auteurs compris dans la collection, xvii'^ livraison : T. la IV des OEnvres de Mo- lii-re. L. Debure , editeur ; prix 12 fr. , et i3 fr. 3o c. par la poste. Ces quatre premiers volumes, sur trente pieces composees par Moliere, depuis I'au i658 jusqu'en ifiyS , c'est-a-dire, pendant I'espace de quinze annees , nous en offrent dix-neuf ; les quatre autres volumes qui restent a publier comprendront , outre le com- plement de ses ceuvres, les principales variar.tes des editions mo- dernes, que JW. Debure se propose de donner, a la fin du dernier volume. En t^te du premier est un AverUssement et la Vie de Mofieie, ecrite par Voltaire. Cette edition est tres-correcte, et Ton s'y est attacbe a refablir Ic texte dans toute sa purete; mais n'a-t-on pas eu tort de suivre si scrupuleusement celui que M. Auger a donne dans son Edition , et d'ecrire par exemple galeche, an lieu de caliche. (T. II, p. ao8, scene 1''' Des Fdcheiix) , et plusienrs autres mots dont la Ibrme a cbange, et qui sembleront autant de fautes a la plupart des lec- teurs? Je j)e crois pas que cette affectation de reproduire I'ortbo- grapbe du terns de Moliere donne une grice de plus a ses ouvrages , et cela ne pent qu'embarrasser dans la lecture d'un auteiir qu'ou - chercbe a rendre populaire , et qui ne saurait I'etre assez. E. H. 371. — * OEiwres completes )uve que I'exactitude n'excluait point I'elegance. Le depart des bourgeois nous semble surtout en offrirla preuve ; Par I'ordre de Coucy, Boulogne ouvre ses jfortes : Ses vaillans citoyens, Iraliis et non vaiucus, Abandonuent ces murs par cux seuls defendus. Ils vout l)raver I'exil, lionteux de reconuaffre Les Anglais j>our vaiuqneurs et I'etranger pour maitre. Les fcmmes, les vieillards, cedant aux coups du sort, Tristes, mais resigues, s'avancent vers le port. UEssai topographiqiie , que M. Alex. Marmin a place a la suite du poeme de M. d'Ordre, a 6te compose, non-seulement a I'aide des inonumens et des traditions que Ton pent encore recueillir dans le pays, mais aussi avec le secours de tous les historieus francais ou anglais du xvi"" siecle qui ont parle du siege de i544- — Get opuscule, int6ressant pour les habitans de Boulogne, ne Test pas nioins pour les hommes de lettres qui ont a s'occuper de I'histoire de cette ville. P. Lami. ayS. — Discours en vers stir les facnllt-s de Vhomme ; par P. Daru, membre de I'Acaderaie francaise. Paris, iSaS; Firniin Didot pere et fils. Brocli. in-8°. Prix i fr. aS c. Les extraits de ce Discours , cjue nous avons donnes dans noire ilernier caliier(voy. ci-desms, p. ang — 3o2 ), en rendant compte de i LITTERATURE. 557 la seance anniielte cles qiiatre academies , out du doiiner a iios lecteurs le desir de se le procurer , et nous dispensent d'y revenir. 379. — Le Merite des femmes , trcLvesti , par J.-B. Simonnin. Paris , 1825 ; Louis. I vol. in-i8 de xij-214 pages, avec gravures et vi- gnettes, d'apres le dessin de Chasselat; prix : 3 fr. et 3 fr. 5o cent. L'auteur de ce badinage, connu par des succes obtenus sur nos theatres secondaires, parait venir bien tard pour parodier le char- inant poeme de Legouve. II a prevu lul-menie ce reproche, et il y repond d'avance , dans une preface en action , ou il objecte qu'il n'est pas en retard avec son sujet autant que Scarron a I'egard de Virgile, a qui il a fait attendre la parodie de YEiteide pendant seize cent soixante-dix-sept ans. D'ailleurs, I'ouvrage de M. Simonnin n'est pas proprement une parodie. Le Merite des femmes lui a servi de sujet pour un poerae burlesque, semi-panegyrique et semi-cri- tique , oil , dit-il , on trouvera encore un hommage au beau sexe , avec cette difference , que Legouve peint les femmes de la haute so- ciete , et lui celles des classes inferieures, persuade qu'il y a partout de bonnes epouses, de bonnes m^res et de bonnes lilies. Du reste, il suit fidelement son module dans les diverses distributions de son poeme , et de tems en tems , quelques vers parodies de pres, servent au lecteur de point de rappel, et lui annoncent le passage dont l'auteur va douner la contre-partie. II a meme ete chercher dans d'autres ouvrages pour enrichir encore le fond sur lequel il avait a broder ; c'est ainsi qu'on lit , pages 9 et 10 , une parodie fort origi- nale des regies du sonnet tracees par le severe Boileau dans son Art poetique » appliquees par M. Simonnin a la composition d'un civet , et plus loin (pag. i5) , celle de la description du temple del'Amour , dans la Henriade : Sur les Lords fortunes du caual Saint-Martin , Lieux oil finit Paris, ou commence Pantin, S'eleve un 'cabaret kabite par Gregoire, etc. L'auteur a tire un assez bon parti de son sujet , on y trouve des passages piquans et plusieurs vers lieureux , qui sont bieu dans le genre. Ce genre , bien plus difficile a traiter qu'on ne le croit com- munement , a ses regies, dans les bornes desquelles il n'est pas aise de rester , et qui demande autant de gout que de delicatesse dans I'esprit : « Sous I'eaveloppe du burlesque , dit Marraontel dans ses Essais de Utterature , il pent se cacher beaucoup de philosopale et d'esprit. Le but moral de ce genre d'ecritsest de f-aire voir que tons 558 LIVRES FRANCAIS. les objets ont deux faces , et de dcconcerter la vanite liumaine, en repr^sentant les plus belles choses et les plus serieuses du cote ridi- cule et badin , et en protivant a I'opinion qu'elle tlent souvent a des formes. » C'est sur cette meme autorite de Marniontel , trop ne- gVige axijourd''hm, qu'esthasele Traite du biirlesffiie que Ton trouve apres les notes du poeme de M. Simonnin. On y trace I'histoire de ce genre, en citant les auteurs francais qui s'y sont exerces depuis Scarron , et ceux qui y ont le niieux r^ussi. Ne pouvant disposer d'un espace suffisant pour faire connaitre a nos lecteurs , par des cita- tions, le poeme du Merite des femmes , travesti, qui deja sans doute estentre les mains de plusieurs d'entre eux , nous jireferons trans- crire icijquelques vers d'un nomme Lepetit , emule de Scarron , et auteur d'une Chtonique de Paris , dont il est parle dans le chapitre v du Trait6 du burlesque : Adieu, 6 Paris la grand' ville. Qui aux grands voleurs sert d'asile! Bien le bon soir, monsieur Paris; Quoique vous emportiez le prix Sur toutes les villes du moude. Ma foi je veux que Ton me tonde , Que Ton me berne, et qu'en un mot Cliacun me tienne pour un sot Si jamais plus cliez vous je rentre. Oncqnes plaise au grand Dieu beni Nous octroyer qu'en soil de meme De monsieur de MJazarini, Grand ministre que pen on aime , Pour ce qu'il uous prend force argent Pour ce dire dedai*s nos poches , Pour se bailler son contingent, Se moquant prou de nos reproches. Quoique nous soyons loin du terns oil cette mazarinade a ete com- pos^e, grace a I'esprit du siecle, plus d'une personne en France pourra faire I'application du passage que Ton vient de lire. E. Hekeau. a8o. — L'Erinice du Gauge , ou l'.4posCat, conte moral indien; par Marin de La Voye, membre de I'Universite. Paris , i8a4 ; galerie de Bossange pere. i vol. in-i8; prix : 2 fr. et 2 fr. 5o cent. a8,. — ^r/on/^e, nouvelle historique , publiee par M-B. Saint- LITTERATURE. Sag £dbie. Paris , iSaS ; I'editeur , rue de Gieiielle-Saiut-Germain , n" 38 ; Vernarel et Tenon. In-12 de 247 pag- ; prix : 3 fr. 5o c. TiroHS un voile sur la maiiieureuse aventure qui a donne lieu a cette noiivelle : il n'appartient pas a la Revue Encjclopedique de des- cendre dans Tinterieur des families et d'en trouliler la paix. Les jouraaux out racoute " qu'un jeune officier, attache a la personne d'un due, marcchal de France, s'etait marie depuis peu : que la duchesse, qui avail eprouve pour lui une violente passion, avail exige qu'il ne cessat pas d'etre assidu pres d'elle, meme apres son mariage : que la jeune epouse , dans uu mouvement de jalousie , s'etait empoisonnee, et quelemari, I'ayant trouvee morte , I'avait euveloppee dans un schal , et la portanl aux pieds de la duchesse, lui avail dit , avee I'accent du desespoir : « Madame , contemplez voire ouvrage. » Telle est la catastrophe qui a donn6 naissance a la nouvelle que nous annoncoiis. Redigee sur les inemoires du jeune officier , epoux de I'innocente victime , elle donne sur les evene- raens anterieurs des details que tout le monde voudra connaitre, el qui , dans ce mosnent surtout, appelleronl I'attention geneiale. Nous ne devons parler ici que du merite litteraire de I'ouvrage. Le style en est generalement clair , rapide , anime ; I'interet, d'abord assez faible , va toujours croissant , et il attache constannnent le lecteur. On voudrait u'avoir lu qu'un roman , el pouvoir se persua- der encore que le caractere de la duchesse n'est qu'une concep- tion habile , puisee dans une profonde connaLssance du coeur humain. 282. — Tamelia , reine des lies Sandwick, morte a Londres, en juiilet 1824 , ou les Revets d'un fashionable ; roman historique et cri- tique, par I'auteur de Sabina d'Erfeld, etc. Paris, i8a5 ; Lecointe et Durey. 2 vol. in-12 de 240 et 232 pages ; prix : 5 fr. Taniehameha , roi des ties Sandwick, et Tanieha sa femme , sont a Londres. La beaute des deux sauvages fait naJtre I'amour dans le coeur de lady Barrington et de sir Henri Graham, dont la cor- respondance avee lord Crawfurd nous tient au fait de tout ce qui se passe autour des deux majestes, centre conimun de rinterdt du ro- man. Sir Graham se declare en tout et partout le prince Ae& fashio- nables ; la belle Barrington est la plus seduisante coquette de I'An- gleterre : I'un et I'autre mettent tout en oeuvre pour arriver a leur but ; mais li-urs artifices sont toujours dejoucs par la simple et naive bonte des deux sauvages. Les incidens que fait naitre en grande parlie sir Graham, pour inspirer un tendre retour a la belle Tameha , forment I'intrigue du 56o LIVRES TRANCAIS. rom.Tn ; ils (ournissent I'occasion d'une pciiitiire gaie et piquaiite des moeiirs de TAnfjIeterre. C'est de cette peinture con,tinuelle que le roman tire son principal merite. Ecrit avcc beaucoup d'esprit et dc leg^rete , quoique souvent incorrect , il deridera le front des lec- tenrs les plus nioroses : on y reconnaitra des yucs saines et philoso- phiques sur presque toutes nos coutiimes , et une critique variee de nos ridicules. Le denoument etait donne par I'liistoire : la mort dn roi et de la reine des iles de Sandwick termine le livre; niais I'auteur suppose que Tameha meurt de chagrin d'avoir vu son mari s6duit une fois })ar lady Barrington, etTamehameha, du remords d'avoir faitniou- rir sa femme. Cette sc6ne de douleur est assez touchante pour prou- ver que I'auteur aurait pu , s'il I'eut voulu , ecrire yii livre moins gai que les revers d'un fashionable. B. J. 283. — Blanche , ou la Dame des bois , par E.-M. Masse. Paris , 1825 : Audin , Urbain Canel. a vol. in-12 ; prix : 6 fr. Beaucoup degens aujourd'hui ont I'imagination travaill^e par les souvenirs du xv= siecle, et bdtissent, sur cette triste epoque de la feodalite, dont ils revent le retour, de veritables chateaux en Es- pagne. — M. Masse a puise dans les vieilles chroniques de ces fenis antiques le recit des eveneniens dont se compose son romau , que nous avons lu avec un vif inter^t. Tout y parait naturel, quoique extraordinaire. La scene est en Provence , en Tan de grace i435 , sous le regne du bou roi Rene, qui faisait diminuer les tallies, quand le mistral soufflait trop fort. Ambard et son epouse Blaiiche habitent le cha- teau de Julhans. Ambard avail eu pour premiere femme Mabile. Emporte par un soupcon injuste, il I'avait enfermee dans un cou- vent. Blanche avail ete unie par un premier hymen a Roncelin , seigneur du chateau de Fonthlanque, situe pres de celui de Jul- hans; elle etait alors simple bergere. Roncelin I'avait elevee au rang de son epouse , et en avait eu une fille nommee Guillemctfe. Mais Blanche nourrissait une passion criminelle pour Ambard ; el , lors- qu'elle le sut libre par la mort supposee de Mabile, elle chargea Peyron Morrut d'assassiner Roncelin. Peyron etait un vieux soldat int^gre a qui cet ordre fit horreur; il feignit neanmoins de I'avoir execute Blanche epousa Ambard; et Roncelin, que Ton croyait mort , ajournant la vengeance d'un crime dont la honte aurait re- jailU sur Guillemette , vivait retii-e dans les mines du chateau de Fonthlanque desormais abandonne, et, dout line sortait que la nuit, sans se faire connailre. Mabile, qui etait parvenne a se sauver LITTERATURE. 56 1 (Je son convent , menait aussi une vie erraiite et cachee dans les en- virons de Julhans et de Foritblanque, et jouissait du seul bonheur de voirquelquefois a la derobee son fiis Loys , qu'elle avait eu d'Am- bard. Guilleniette et Loys croissaient au chateau , et en m6me tems raniour qu'ils avaient concu I'un pour Tautre. Ambard se proposait de les unir ; mais Blanche qui haissait Loys , parvint a I'eloigner en faisant confier son education a Gantelmi, venerable cure de Ceireste; elle I'obligea meme par ses persecutions a fuir en Italie une maratre injuste. Blanche voulut forcer ensuite Guillemette a epouser un homme nomme Rambaud, d'une ame aussi basse que son origine et que le crime avait enrichi. Ambards'y opposa; mais, penetre de remords de sa conduite envers Mabiie , ne pouvant souffrir la vue de Blanche, dont les forfaits n'etaient deja plus un mystere pour le public, il se fit reclus. Des lors , cette derniere , maitresse de ses actions, se livre a son penchant criminel pour Rambaud, et presse le mariage de celui-ci avec Guillemette. Ron- celin, instruit de ce cjui se passe, se determine a faire subir a Blanche la punition qu'elle merite : dans une fete qu'elle donnait a Julhans , il se presente accompagne de Pej'ron Morrut et de Robert de Castilion, tuteur de sa lille, tous Irois deguises en Mores. lis enlevent Guillemette ; et Blanche n'evite la mort qui lui etait des- tinee, que parce que sa fille a detourne le bras leve sur elle. En ce tems la , le roi Rene vient tenir un plaid en Provence. Blanche de- mande justice des ravisseurs ; mais Roncelin se decouvre; le crime est demasque ^ dans son desespoir , elle court se precipiter du haul d'une roche voisine,etle roman finit par I'heureuse union de Loys avep Guillemette. Get ouvrage est bien conduit, et se denoue d'une maniere simple et naturelle. Nous y avons trouve bien plus a louer qu'a blamer. II y a bien encore quelques-unes decestachesde style que nous avions signalees dans le Tasse. ( Voy. Rev. Eiic. , t. xxv , p. 524.) Mais , en general , il est pur et meme elegant : les personnages parlent et agis- sent, suivant leur rang et leur caract^re. L'auteur, d'ailleurs , pense fortement et il exprime ses pensces avec precision. Plusieurs pages de son livre annoncent un observateur du coeur humain. Les bornes de cet article ne nous permettent pas de faire des citations; nous lenvoyons au livre lui-m(5me,eu indiquaut I'episode de la nonnain ■voyageuse , de la mechantefcinme , etc... comme des modeles de frai- cheur et de grace. Le morceau siu' I'inulilite des raoines est pleiti de vei ites , et coutraste fortement avec les sophismes que Ton entend 56j LIVRES FR/VINCAIS. tlebiter aiijourd'liui en leur faveur. Le caractere dubon cure Gau- telmi «'sl touchant, et fait aimer la religion qu'il honore. En un mot , Touviage do M. Masse se fait lire avec beaucoup d'interet. L. Crivelli. 2S4. — Le manage en Ecosse , ou Le bon terns viendra ; tradnit de I'anglais par M""" /e«/?r Palmer. Paris, iSaS; Lecointc et Durey. 4 vol. in-ia, de 246, 'J27 , 214 et 264 pages; prix 10 fr. Henry Merton , le lieros de ce roman, est poursuivi par une sorte de fntalit6 : a peine la fortune lui sourit de terns a autre pour lui faire mieux seutir onsuite toute la rigueur de son sort. 11 aime pas- sionntnienl Fauny Meadows, dont la mere n'a d'autre desir que de marier sa fille a un homme riche et d'un rang eleve, et de I'intro- duire ainsi dans la liai;te societe, dont les jouissances et les plaisirs lui paraissent seuls composer le bonheur. Merton, flls d'un honndte gentiiliomme de campagne , ne peut convenir pour gendre a Mine Meadows : elle lui refuse la main de Fanny , qu'elle destine a un brillant petit-maitre, heritier d'nne fainille noble. Les deux jeunes gens ne peuvent renoucer a I'esperance d'etre unis , et bra- vant I'autorite d'nne mere, ils s'echappent pendant la nuit, et se dirigent vers Gretna-Green , village situe sur les frontieres de I'E- cosse et de I'Angleterre, cel^bre par I'hospitalite qu'y trouvent les amans. Ici commence la. serie des infortunes de Merton , dont la deslinee est de voir echouer tous ses projets : s'etant arrete dans une petite ville, il y rencontre son rival , perd sa maitresse , est ameue devant un juge de paix , n'obtient sa liberte que pour toniber dans de nouveaux embarras, et lorsqu'enfin, arrive a Gretna-Green, il se croit au terme de ses peines , lorsque le marchand de tabac de I'en- droit va prononcer la benediction DUj)tiale du jeune couple , il est surpris par M'"*' Meadows, qui emmeue Fanny. Nous ne suivrous pas Mer!on a Londres , ou diverses me])rises empdchent un rap- prochement entre lui et la famille Meadows, rapprochement que paraissait devoir amener la mort de Felton , son rival; nous ne par- lerons point des pertes successives qu'il eprouve, de la mort de son pere, de I'iucendie d'une maison de campagne, sa seule propricte, des intrigues d'une certaine Kate Etherington , par laquelle Henry se laisse subjugtier jusqu'au point de I'epouser, de I'accusation capitale qui meae notre lieros jusques au pied de I'echafaud; nous croyons avoir fait assez connaitre , par le peu de fails deja cites, quelle est ia marche de I'intrigue. Comnie beaucoup d'autres elle se terinine par un heureux mariage. LITTERATURE. — BEAUX-ARTS. ^C,■^ i('il parait peu vraisemblable qii'uu seul homme soil coiidainne a supporter tous les malheurs reunis clans I'liistoire de Henry Mer- ton , on ne pent nier cependant qne la plnpart des eveneraens ne soient amenes naturellement, etn'aient rien d'improbable. Peut-dtre ineme I'auieur s'est-il propose , tout en cherchant a exciter I'lnter^t par la variete et le nombre des incidens, de faire plutot un roman de mceurs qu'un roman d'intrigues. Du moins, dans plusienrs par- ties s'attache-t-il a tracer des esquisses , et des scenes de la societe et de la vie ordinaire : c'esi meme a ces parties que nous accorderions le plus d'eloges, quoiqu'elles^ soient traduites avec moins de bon- heur que le reste. D'un autre coTe, nous pourrions remarquer que souvent , et bien a tort, I'auteur amodifie les caracteres de ses per- sonnages au gre des evenemens; ce qui ferait croire que ceux-ci ku ont paru la partie principale de son ouvrage. En resume, ce roman est iuteressant : c'est une agreable acquisi- tion que notre litterature doit a la plume deMinf^ Jenny Palmer, on de la personne qui s'est cachee sons ce nom eiranger. A. J. Beaux- Jits. 285. — Recherches sur I'EglLe mttinpolkaine de Cambrai ; par M. A. Le Glay , secretaire perpetuel de la Societe d'emulation de Cambrai, etc., etc. Paris, iSaS ; F. Didot. In-4° de aSfi pag. , avec I 2 planches lithographiees. Treuttel et Wnrtz. Apres les actesde vandalisme qui, pendant et depuis nos troubles revolutionnaires , ont mutile ou detruit, dans toute I'etendiie de la France, un si grand nombre de mohumens , il etait devenu impor- tant de conuattre ce qui a perl et ce qui subsiste encore, de faire le denombrement de nos richesses, et de preparer par ce travail les niateriaux d'une histoire de I'art, en France, depuis les D.ruides jusqu'a nos jours. L' Academic des Inscriptions et Belles-lettres , pe- netree de ce sentiment, a obtenu du niinistie de I'interieur, qu'il serait prescrit a tous les prefets de departement d'inviter des hommes eclaires a dresser cette sorte de releve general, et a composer des descriptions des objets les plus curieux de toutes les epoques. Get appel a deja jiroduit plusieurs bons ouvrages , dont I'Academie a rendu conipte dans ses seances jiubliques , et dont quelques-uns ont ete publics. Les Recherches de M. Le Glay mr Ceglise melropolitaine de Cambrai S)nt de ce nombre. ■< C'est , dit I'auteur, pour repondre autant qu'il etait en nioi a cet appel , que je me suis livre a la redaction de I'ou- 564 LIVRES FRANCAIS. vrage qii'ou va lire. » Malheureusement , I'ediGce devenu I'objet des travaux de cet estimable ecrivain , est un de ceux qui ont ete ren- verses de fond en comble dans la revolution. La tour principale etait .seule demeuree debout ; niais , privt-e d'appui , elle s'ost ecroulee en 1809; de sorte qu'il ne subsiste plus rien d'un vaste Edifice dout la construction etait I'oeuvre de plusieurs siecles. Le travail fut commence, vers Fan 1162; le portai! et la tour qui le surmontait , etaient dcja eleves en i i8a ; le choeur fut termine en 1 231, et I'edifice entier se trouva completenient acheve en 1472. Le portail etait orne de quotorze statues de sept pieds de proportion , en pierre blanche, qui dataient du nieme tems que 1 'architecture , et de plusieurs bas-reliefs qu'on croyait avoir appartenu a I'eglise anterieure, coramencee en ioa3 et terniinee en io3o. Sur le bois de la porte etaieut sculptes les travaux d'Hercule, huit des signes du zodiaque et les quatre evangelistes , qui remplacaient les quatre au- tres signes , ce qui est un exemple de plus , suivant la juste re- marque de I'auteur, des associations de ce genre usitees a cetle cpoque. II parait que les murs interieurs avaient ete originairement ernes de peintures , comme ceux de beaucoup d'autres eglises des sixieme , huitieme , douzierae et quatorzierae siecles. L'auteur n'affinne pas ce fait expressement ; mais il donne lieu de le supposer, lorsque , a I'Dccasion d'un blanchiment general , au lait de chaux , execute en 1619 , il ajoute que « ce lait de chaux a rinconvenient de faire dispa- raitre une foule de peintures et d'ornemens qui donnaient une idee de la decoration primitive, et pouvaient meme servir a I'histoire de I'art » ( pag. 2 5 ). Apres avoir donne I'histoire et la description de I'edifice lui-m^me, M. Le Glay trace I'histoire litteraire du clerge attache a cette metro- pole. On voit figurer dans ce tableau'pres de cent litterateurs, qui ont laisse des ecrits plus ou moins considerables. Cette partie du travail, enrichie de beaucoup d'eclaircissemens et denotes, fait beaucoup d'honneur aux connaissances de l'auteur, et doit confir- mer et accroitre I'estime que lui avaient obtenue ses precedens ouvrages. Personne n'ignore que F<^nelon est mort a Cambrai, apres avoir exerce dans cette ville , dont il etait le pasteur, les vertus les plus touchantes. M. le Glay raconte qu'en 1794 ) 'e besoin de se pro- curer du plonib pour fondre des balles de fusil , porta des mains sacrileges a enlever celui de son cerci»eil ; mais un homme sage , BEAUX-ARTS — MEMOIRES ET RAPPORTS. 565 force de surveiller celle operation, fit respecter les ossemens de ce Tertueuxprelat. lis furent laisses dans le caveau , et son buste meme, qui suriuontait son tombeau , fiit conserve a la veneration publique. Eli i8o4 , le caveau qui se trouvait au milieu des decombres , fut ou vert par I'autorite, ainsi que ceux de plusieurs autres eveques. Les ossemens furent recueillis dans de nouveaux cercueils, et do- poses dans la chapelle d'une maison dite de Sainte-Agnes ; enfin , en i822,apres une solennelle exposition de ces precieux restes dans une des salles de la maison commune , de pompeuses et dignes obseques les ont reconduits dans la nouvelle eglise cathedrale. Deja M. le cardinal de Bausset avail fait connaitre une partie de ces details dans son histoire de Fenelon ; mais la dernlere ceremonie n'avait pas pu trouver place dans son recit. L'onvrage de M. Le Glay, sans donner une histoire complete de la ville de Cainbrai , presente ainsi tout ce qu'une histoire de ce genre offrirait de plus interessant dans les sciences, les arts , la Utterature, les moeurs , les fiefs njemes et leur regime. L'auteur a eu le bon esprit et le talent de reproduire tout ce qui pent animer la description d'une ville du second ordre , et qui n'a jamais 6te le centre d'un grand gouverxiement. E. D. Memoires et Rapports de Societes savnntes ct d'uttlitc publique. a86. — Seance publique dc la Sociele academique du departement de la Loire-Injerieure, tenue a Nantes, le ig decembie 1824 , dans la grande salle de I'enseignement mutuel. Nantes, 182!); imprimerie de Melli- net-Malassis. In-8° de 122 pages. Le rapport du secretaire general sur les travaux de la Societe academique, de 1828 a 1824, nous apprend que le comite de me- decine de cette Societe publie par triraestre le recueil de ses'obser- vations, au prix tres-modique de 4 f"- par an, et de 5 fr. 5o c. par la poste. Ce recueil est intitule : Journal de la section de midecine dc la Societe academique du departement de la hoire-1 nferieure . II serait a desirer que les autres sections de la meme Societe imitassent cot exemple , et que lours communications avec le public devinssent ainsi plus rapides , plus multipliees et plus ttendues. Deja , quelques societes savantes ou litteraires ont adopte la forme de journaux pour la publication de leurs memoires : a niesure que cet usage de- viendra plus general, I'instruction appellera I'instructlon; les pro- gres que Ton aura faits prepareront d'autres progres, et la civilisa- 566 LI V RES FRA.A'CAIS. tion generale ic'paii'.lra plus de bienfaits sur cette race liumaine qui ii'a que trop expic par (les sifVles de calaniites tous les vices qu on lui reproche. Quanl aux giandes academies dont les inemoires pa- raisseiit quelquefois si lard , leur direction vient de plus haul; elles ne suivent point les routes vulgaiies et disposeiit du fruit de leurs travaux , repandeiit la lumieie ou la refusent, suivaut des maxinies ou des motifs qu'il serait inutile de scruter. S'il vient un tems ou leurs memoires paraissent aussi plus d'une fois par an ; si elles ne dedaignent point de publier des journaux, la raisou publique leur en exprimera sa gratitude : I'influence de ces graudes institutions ne sera plus contestee; elle se fera sentir par ses effets salutaires, par des ameliorations intellectuelles, sources de tous les perfection- nemens sociaux. — Plusieurs des memoires des academiciens de Nantes ayant et^ inseres dans le Lycee tirmoricain, nous aurons I'oc- casion de les rappeler, en pnrlant de cette interessante collection dont nous nous plaisons a suivre les piogies. — l-a poesie est undes gouts dominans parmi nos compatriotes de la Loire-Inferieure : on en trouve a la suite du proccs-verbal de cette seance academique, et I'on y remarque uue fable du rat de ville et du rat des champs qui plairait peut-«5tre encore plus, si I'auteur n'avait pas suivi pas a pas I'inimitable narration d'Horace. On ne peuteviter ici I'inferioriti; de la traduction, et a plus forte raison , de la paraphrase: le plus sur est de choisir nn autre sujet. F. Ouvragcs periodiques. 287. — Annates des Sciences natiirelles, comprenant la physiologic vegetale et animale, I'anatomie compar^e des deux regnes , la 7,00- logie, la botanique, la mineralogie el la geologic; par MM. Au- uoiN , Ad. BRONGifiART ct DuMAS. T. 11. Paris , juillet et aout; t. Ill; septembre, octobre, novembre et decembre , avec cinq ca- hiers de planches. iSa/j; Bechet jeune, et Levrault: Strasbourg , le m^me. Prix 3fi fr. par an avec I'Atlas. Les cahiers de cet important reeueil sont toujours publics avec une grande exactitude. Le n° VII commence par un memoire , lu par M. Desmarest, a la Societe philomatique , le 5 juin dernier, Pt qui a pour objet un insecte des environs de Paris, le Dryle (lavescent dont la famille a ele decouverte lecemment a Geneve, par M. Mielziiisky, et decrite par lui sous le nom de cocldeocionus vorajc; il vit a t'elat de larce , de la chair de limacon , appele heli-r nemoralis , et subit toutes ses metamoijihoses dans la coquille de ce OUVRA.GES PERIODIQUES. 567 mollusque. M. Andouin a doiine iin iravail fort curieux sur I'ana- tomie delicate de ces pelits insectes : une planche fort bien executee accompagne son menioire. — Le second article est une revue des genres et des espcces de la famille des Ternstrcemiacees , d'apres les otivrages les plus recens, par M. ytd. de Jussieu. — Je ne parlerai pas des liouvelles recherches de M. Audouin, sur la generation des insectes, dent j'ai deja fait mention dans les bulletins de rAcademie des Sciences , et qui d'ailleurs seront comprises dans le travail ge- neral dont cet habile anatomiste doit bientot enrichir la Science. — Parmi les autres articles qui se trouvent dans ce cahier, je citerai des considerations tres-remarquables sur la determination- dii sjsieme solide et dii sjsteinenen'eiix des animatix artictdes. Apres y avoir expose les combinaisons hardies de M. Geoffroy Saint- Hilaire sur ce sujei, on y fait connaitre les vues d'un ordre different, presentees par un naturaliste anonyme , et qui conduiraient a des consequences dignes d'un profond examen. Le menioire de M. B.vii.i,y, surl'usagedescornes dans quelques ani- maux etparticuli^rement dans le buffle, offre plusieurs observations nouvellesetcurieuses. Les comes dubuffle etantdirigeesen ariiere,lui sontpresque iuutilesconimearmes offensives et defensives. Mais, quel peut etre leur emploi? c'est ce que M. Bailly a decouvert avec beau- coup de sagacite. II avail remarque que le buffle tient toujours sa tete de maniere que le niuseau soit plus eleve que I'extremite des cornes. De plus, en dissequant la t^te d'un de ces animaux , il re- connut que ces cornes, entierement creuses dans toute leur longueur, communiquent par toute la largeur de leur base avec les imnienses cellules frontales qui ne soi.t que la continuation de la cavite des narines, et que la membrane muqueuse qui les tapisse ijiterieure- ment, est la continuation de la membrane pituitaire. JL Bailly ne balanca point a les regarder comme un organe supplementaire de i'odorat, et comme etant tout-a-fait inutiies pour I'attaque et pour la defense. Deslors, il put donner I'explicatiou de I'allure si remar- quable de cette espece. — Les recherches anatomiques sur les cara- biques et sur plusieurs autres insectes coleopteres, ne peuvetit qu'a- jouter a la reputation de M. L^on Dufouh. — « L'etude de la struc- ture iiiterieure des insectes, dit I'auteur, parait au premier apercu ne devoir etre que rohjet d'une piquante curiosite. La distance enorme quisepare les animaux invertebres des niammiferes, a la tete desquels se place Thomme , semble d'abord repousser I'idee d'une application trfes-utile de cette connaissance. Mais I'ohservateur philosophe sail 568 LIVRES FRANCA.1S. I'attacher les petites choses aux grandes, remonter a leur source com- mune , mettre en evidence le til de leur dependance mutuelle, et s'e- lever ainsi a des principes d'une .consequence generaie. L'anatomie entoniologique contribuera , n'en doutons pas, a eclaircir quelques points obscurs ou douteux de la pliysiologie humaine. » Les observa- tions de M. L. Dufour Tent conduit a un resultat tres-remarquable : c'est que la metbode entomologique de M. LatreiUe se trouve en ge- neral dans una barmonie parfaite avec les fails anatomiques. L'a- natomie des carabiques forme la partie principale du mcmoire de M. Dufour; mais, a I'article de chaque organe, il parle des diffe- rences de configuration , de nombre ou de structure qu'il a observees dans les autres coleopteres soumis a ses experiences. Des dessins litbographies avec beaucoup de soiii completent les descriptions et souvent menie les reinplacent. MM. Prevost et Dumas, dont nous avons deja fait coanaitre les premiers travaux sur la generation , out insere dans le cajiler de Septembre un meraoire sur le developpeinent du caeiir et la formation du sano dans le foetus d'un poulet, oil Ton retrouve le talent d'observation et la force de raisonnement qui distinguent ces jeunes savans. Bickat lie pouvait penser que les fonctions du foie se bornassent a secreter la bile. MM. Prevost et Dumas ont etc conduits par leurs experiences a conclure que c'est dans le foie que s'opere la sanguification, c'est-a- dire, la conversion du cliyle en sang. — Dans iin troisieme memoire, MM. Prevost et Dumas ont expose lears observations sur la genera- tion des mammiferes et sur les premiers indices du dcveloppement de feln- brjon, Dans la generation des batracieiis , la moelle epiniere s'est toujours montree bien avant I'apparition des autres organes , et c'est , pour ainsi dire, autour de ce centre de cristallisation que les divers systemes sont vemis vegeter successivement. Les auteurs ont reconnu que cette loi pent egalement s'appliquer aux mammiferes, — Dans une notice fort bien faite,M. Huot demontre que le pretendu Jioinme fossile de Moret n'est qu'un morceau de gres de m(5me nature que le rocber d'oii on I'a extrait , et qu'on le doit ranger parmi ces configurations accidentelles, dues pour la plupart a Taction de I'eaii et dont les stalactites offrent tant d'exemples. — M. Mitsclierlich a clierche a ramener a quelques regies generales et peu corapliquees le calcul des angles des cristaux , et la determination du rapport de position de leurs surfaces. Pour y parvenir, il einploie la trigonome- trie splierique et quelques constructions geometriques, de preference a la trigonoraetrie rectiiigue. — Le beau travail de M. Geoffrov OUVRAGES PJfeRIODIQUES. S6g Saint-Hilaire , sur la composition de la tete osseuse de rhomme et des animaux , nieriterait un examen appi-ofondi, auquel le defaut d'espace ne me permet pas de me livrer. — On doit a M. Latreille un niemoire qui a pour titre : Esqidsse d'une distribution generale des jnollusques , d'apres un ouvrage inedit intitule : Families naturelles du regne animal , exposees succinctement et dans un ordre analytique , avec I'indication de leurs genres. — Je terminerai cet article par quelques fails tires des remarques de MM. Quoy etGaimard, sur quelques poissons de mer et sur leur distribution geographique. Quoi qu'on en dise, les auteurs pensent que le vrai requin {squalus charcharinus) habite toutes les mers : il frequente I'ocean Atlantique, la Mediterranee , les rives de I'Inde, les Moluques, les plages de la Nouvelle-HoUande et celles des archipels du Grand-Ocean. Les al- lures de cet animal sont naturellement lentes. Sa voracite est extreme dans certains cas ; dans d'autres , elle est nulla , sans qu'on puisse en donner la rai.son. Les auteurs du memoire refusent aux requins la faculte de s'elancer liors de I'eau pour saisir leut proie, et regar- dent comme une fable I'histoire si connue de ce matelot qui eut une jambe coupee par un requin, au moment ou ses camarades le reti- raient de la mer pour le placer dans leur canot. MM. Quoy et Gai- mard ne croient meme pas que la force de leurs machoires et la position de leurs dents soient telles que les requins puissent em- porter aiusi un membre , et moins encore couper un homme en deux, comme Tout dit quelques marins. « L'Ocean a, comme la tene, ses solitudes et ses deserts, dans lesquels errent certaines especes , telles que les coryphenes et les scombres. II arrive quel- quefois au navigateur de parcourir d'immenses espaces de mer, sans rencontrer un seul poissou. Ce n'est reellement que sur les grands bancs sous-marins et aux approches des cotes qu'on les voit en grand nombrc. » » Quoique je n'aie guere parle que d'articles de zoologie et de physiologic animales ,parce qu'ils m'ont paru les plus propres a interesser les lecteurs de la Revue , il ne faudrait pas en conclure que les Annales se bornent a recueilllr les travaux relatifs a ces deux sciences. La geologic, la mineralogie et la botanique , la physique et la chimie n'ont pas et^e negligees par les redacteurs, et I'instruc- tion qui resulte de la lecture de leur estimable recueil , n'est pas moins variee que profonde. — Les planches sont, les unes gravees, les autres lithographiees avec beaucoup de soin. J'ai remarque par- ticujierement les figures relatives au memoire de M. Lauth , mr les T. xxvi. — Mai 1825. 37 570 LIVRES FRANCOIS. vaisteaux lyinphatiques des oiseaux et siir la manie'e de les preparer. Les art^res coloriees en rouge , les veines sanguines en bleu et les vaisseaux lymphatiques en jaune donnent une grande clarle a ces planches, oil I'animal choisi pour exemple est represente au moins de grandeur naturcUe. Quelques figures , et notamment celles de bo- tanique gagneraient beaucoup a ^tre coloriees. Le dernier caliier de I'atlas est accoinpagne de deux tables des planches : I'une par ordre de numeros, I'autre par ordre des matieres. C'ctait un nioyen de re- medier ti I'inconvenient d'un atlas scparc du texte, et les auteurs, en faisant cette nouvelle depense, ont donne la preuve qu'ils ne negli- gent rien pour rendre aussi parfait qu'il est possible leiir intcressant recueil. A. Michelot. 288. — * Annales de V Agriculture francaise , contenant des obser- vations et des niemoires sur toutes les parties de Tagriculture ; redigees par MM. Tessier et Bosc , de I'Academie des sciences, etc. Deuxieine serie. T. xxv-xx-vm. Paris, 1824; Mme Huzard. 4 'vol. in-8° avec planches. Prix, aS fr. par an, pour Paris et les departemens ; 3o fr. pour Tetranger. Cette precieuse collection contiendra quelque jour toutes les connaissances acquises sur I'agriculture , et les materiaux de I'his- toire moderne de cet art. Les memoires qu'elle renferme ne sont pas consacres exclusivement a des choses nouvelles ; les aiiciens precedes y sont discutes , les theories accreditees sont souniises a un nouvel examen ; tout le savoir agricole y est passe en revue, et s'y perfectionne. Ce que Ton y trouve pour I'histoire de I'agricul- ture merite la plus entifere confiance; car nulle passion n'a pu alterer la verite des recits : et comme cette histoire presente la chronologic des experiences et des resultats , elle est necessaire a I'expositiou des theories agrononiiques. C'est done sous la forme iC annales qu'il* convenait le ijiieux de rediger ce recueil de faits , d'observations et d'instructions. On s'attend bien , avant de le parcourir , que tout n'y sera pas du uieme inleret ; que certains documens paraiirout suspects a des lecteurs difficilc-s, et qu'ils en diront a pen pres ce qu'Horace disait autrefois des vers de Luci- lius : Erat quod tollere velles. On n'applaudira pas, par exemple, a la munificence de I'administration , qui consacre la somme de 3,000 fr. aux encouragemens de la culture de I'olivier en Corse, au lieu de s'occuper avant tout dis moyens de garanlir, dans cette lie, la siirete personnelle des cultivateurs. On aurait desire un peu plus de clarte et de precision dans un rapport sur I'emploi de I'hy- drochlorate de chaux, soil comme engrais, soil pour remplacer le OUVRAGES PERIODIQUES. 571 sel commun que I'on distribue aux bestiaux. On regrette qu'a I'oc- casion du fromage parmesan ou lodesan, on n'ait pas rappele I'excel- lente description des procedes da cette fabrication , par Gaspard Monge, qui I'avait bien obser-vee, avec le projet de mettre les cul- tivateurs francais en etat d'imiter cette industrie. — Nous avons fait une forte part a la critique, afin de lui imposer silence, et d'acquerir le droit de louer sans interruption tout ce qui est digne d'eloges, e'est- a-dire presque tout I'ouvrage. En ceci , Tembarras du choix est la seule difficulte qui puisse nous arreter. Puisqu'il nous est impossible detout citer,nous prendrons nos indications, tantot au hasard, tan- tot en curieux plus qu'en agronomes. Nous n'omettrons point la note stir les orangeries economiqucs , par le docteur Percy : I'ame candide de cet homme de bien se montrc dans toas ses ecrits, sans en excepter ceux oi'i Ton s'attend a ne trouver que du savoir. Qu'on lise la description de son orangerie veritablenient economique , puisqu'elle n'exigeait aucun chauffage, mdme dans les plus grands froids. Mais on ne pent I'imiter que dans une habitation cham- p^tre : elle exige une etable plutot qu'une ecurie ; il parait meme que la propagation d'une chaleur coiivenable et suffisante oie peut etre mieux assurce que dans une orangerie adossee a une etable, et qui n'en est separee que par une cloison de pelt d'epaisseur, sans aucune fente , afin de preserver les plantes de la transpiration des vaches et des autres animaux de I'etable, mais 'construite avec une matiere conductrice de la chaleur. Le docteur Percy a constat^ que le platre possede assez bien cette propriete , lorsque son epais- seur n'est pas trop grande. Que nos architectes profitent de cette observation : a force de diminuer i'epaisseur des murailles et de prodiguer le platre, ils parviendraient a rendre les niaisons inhabi- tables durant I'hiver. Dans le meme volume on trouve une bonne analyse d'un bon ouvrage sur Fagricullure dans le Jura. En lisant cet article, trfes- instructif , on acquiert de nouvelles preuves d'une verite qui sans doute ne sera plus contestee ; c'est que les connaissances geolo- giques ne sont rien moins qu'inutiles a I'agronome. Cette verite se montre encore dans une notice assez etendue sur les landes de Bre- tagne , et principalement sur celles du departement des Cutes-du-]S'ord , oil les ressources que le territoire de la France offrirait a ime popu- lation plus eclairee, plus industrieuse ou mieux dirigee rassure- raient sur I'ctat futur de cette population , si Ton obtenait au moins la certitude que des obstacles imprevus ne les rendront pas iiiutiles, 572 LIVRES FRANC AIS. et qii'il sera permis de faire le blen. — Extrait d'ane notice sur les chevres asiatiques a duvet de Cachemire , etc. Les recherches sur ce duvet prccieux continuent avec succ^s , et le lenis est peut-^tre asse/, prochaiu oi'i I'Europe sera mieux pourvue que I'Asie de cette ma- tiere si necessaire a notre luxe. — Une note sur le phormiuin lenax (lin de la Nouvelle-Zclande) merite aussi beaucoup d'attention, quoique les espcrances que Ton avait concues sur la propagation de cette plante soient deja diminuees, et surtout ajournees a un tems tres-eloigne. — Couvertures de paille rendues incombustibles par I'argile : cette pratique importee, dit-on, de Russie , meriterait d'etre propagee ; mais, ce qui vaudrait mieux encore, ce serait uu systeme complet de constructions rurales , qui fiit a la fo!s econo- mique et durable- — On pense bii'n que la ferine de Roville, les experiences et les ccrits de M. de Dombasle , ont fourni plusieurs articles a ces Annales : tous seront lus avec interet. Apres les ecrits cenologiques de M. de Morogues , on recliercbera encore le rapport fait a la Societe cV Agriculture sur tin procede de unifi- cation de M'"^ la baronne de Lort , et une note sur la fabrication du , cidre, oil Ton trouve un procefle qui pourrait etre applique auperfec- tionnementdequelques vins du nordde la France. — Lesabeilles, trop negligees aujovird'hui, depuis que le miel a cte j)resque supplante par le Sucre, et que la cire est menacee parl'hydrogene, les abeilles n'ont pourtant pas perdu tous leurs droits a I'attention des cultivatcurs , dout elles peuvent encore recompeuser le travail , s'ils veulent s'cn occuper avec soin. Le cours de M. Lomb-vrd sur cette partie de I'economie rurale contient, non-seulement des preceptes relatifs aux ruches et a leurs produits, mais de nouvelles observations sur ces insectes traites quelquefois si cruellement par I'liomme, dont la pro- tection apparente n'est pour eux qu'un piege qu'ils auraient du fuir. — Un rapport d'unc fermiere sur le produit des ponies debute ainsi : n J'ai eu , des ma tendre jeunesse, un gout decide pour elever la vo- laille; le tems que j'employais a cette besogne etait pour moi une grande jouissance; et cette jouissance doublait, parce qu'il fut un tems ou le benefice couvrait tous mes soins et mes depenses. Quoique ce tems soit bien change pour nous , ce gout cependant ue me quitte point; mais ma basse-cour se ressent de notre situation. » Quoique le reste de ce rapport soit entieremeiit lechnologique , il y regne d'uu bout a I'autre une tristesse qui sans doutc n'a pas permis a I'auteur de dire tout ce qu'elle savait; car elle n'apprend presque rien de nouveau. — Citons encore quelques faits du tems passe , et qui ne OUVRAGES PERIODIQUES. 873 sont pas du nonibre de ceux que Ton cheiclie A leproduire. En 1774, un troupeau de moutons anglais a longue laine fut importe par Francois Delporte , et ce digne citoyen ( le Ternaux de son epoque), forma, pres de Boulogne-siir-Mer, un etablissement pour la multiplication de cette race dout les produits etaient si neces- saires a nos fabriques de draps. Una notice sur rhistoire, les resul- tats et I'etat actuel de cette importante acquisition devaient oc- cuper une place dans ces Annales : on I'y cherchera, non - seu- ment par cnriosite, mais puree qu'elle est accompagnee de notes d'un grand inter^t. — Ce que nous avons dit de ce recueil ne suffit point pour le faire bien connaitre; mais nous aurons alteint notre but si nous avons pu inspirer le desir de le consulter. F. 285. — Annales maritimes et coloniales, ou Recueil de lois et or- donnances royales , reglemens et decisions ministerielles , memoires, observations et notices particuli^res , et generalement de tout ce qui peut interesser la marine et les colonies , sons les rapports mili- taires, administratifs , judiciaires, nautiques, consulaires et com- merciaux, publie avec I'approbation de S. E. leministre de la marine et des colonies, et sous les auspices de S. A. R. I'amiral de France. Paris, i8a5 ;imprimerie royale. On s'abonne au bureau, rue Royale, 11° 2 , pres la place Louis XV. Prix 20 fr. et 26 fr. Ce reciieil , dont il parait un cahier de 5 ou 6 t'euilles d'impres- sion tous les mois, est a la dixi^rae annee de son existence. — Utile et nienre necessaire aux navigateurs et a ceux qui veulent sc tenir au courant des mouvemens de tout genre de notre marine , il leur presente une lecture extremenient attachante par la variete des ex- periences et par celle des lieux mdnies ou sont puisees les observa- tions. On sent , en effet, que celles-ci, pour rentrer dans le plan du journal , doivent etre faites sur les mers ou au-dela des mers , et avoir Tin rapport direct a la navigation, aux sciences et aux arts nautiques, a I'astronomie, aux voyages, etc. Hatons-nousd'indiquerquelques-uns des articles qui seront lus avec plaisir, non-seulement par les marins et les negocians , mais par tous ceux qui aiment les sciences. Les cabiers de fevrier et mars contiennent la determination geographique et la description de plusieurs points importans pour le commirce. On dis- tingue, dans le cahier d'avril , la relation d'une residence dans le royaume d'Ashantees, par Joseph Dupuis, envoye et consul d'Angle- terre. On y trouve quelques details interessans sur I'histoire natu- relle , et sur un reptile formidable , le serpent constrictor, » plus redoute des natifs, que le lion meme et la panthere ; il attaque les liommes et 57A LIVRES FRANCMS. les animaux les plus forts, a I'exception de I'el^phant. » La fourmt noire est une des plaies les plus terribles du Wangara. Des bandes innombrables de ce genre d'insectes traversent quelquefois ce pays sur uue longueur de plusieurs milles , devorant et dessechant tout sur leur passage. Malheur aux animaux qu'elles surprennent et qu'elles ont le tems d'attaquer ! « Rien ne pent les sauver , disaient les Ashantces a M. Dupuis. La force du lion et du boa, et la legeret^ de I'ecureuil, ne les derobent point a la mort : I'eau seule a le pou- voir d'arreter et de detruire ce formidable ennemi. » Les mceurs , les habitudes et quelques ceremonies de ce peuple sont rapidement exposees dans cet extrait du voyage de M. Dupuis. On retrouve aupres des cabocirs ( commandans , prefets, gouverneurs ) , comme aupres de nos seigneurs feodr-ax, des hommes d'armes, des trou- vferes, des boufi'ons. — Voici un passage d'une chanson recueillie par M. Dupuis. Elle ne manque point de mouvement, ni d'origina- lite : « Qui est riche et liberal conirae notre cabocir? qui est vaillant et terrible comne lui ? Son nom est puissant : ses ennemis meurent , quand il est irrite : on ne peut Yoir son fetiche et -vivre. • Nous pourrions citer encore beaucoup d'autres articles; nous in- diqucrons seuleraent : i ° Les recherches deM. Artand, pharmacien, chimiste et naturalists, sur la phosphorescence de I'eau, que plu- sieurs experiences peremptoircs lui prouvent ^tre le resultat d'un mouvement Tolontaire d'animalcules innombrables qui y nagent dans tous les sens , et non d'une propriete inherente fi I'eau de la mor; a° les remarques de MM. Quoy et Gaimard, medecins, sur quelques poissons de mer, et sur leur distribution geographique, qui leur ont fait reconnaitre que I'Ocean a, comme la terre , ses so- liuides et ses deserts, partourus de tems en tems par quelques fa- milies errantes ; 3° des observations curieuses sur les facultes des sqrales et de certains poissons des regions equatoriales, etc. Tout n'est cependant pas du meme interct dans ce journal. II est dlvise en deux parties, dont la premiere est consacree exclusivement anx lois et aux ordonnaaces, aux listes des officlers de marine. Celle-ci n'interesse guere que les gens du melier. Nos citations ont donne unc idee de I'autre. Nous ajouterons que le douzieme numero de chaque annee comprend une table generate , annexee a chaque partie, et dastince a terminer ainsi les deux volumes qu'une pagi- nation distincte permet de separer facilement. B. J. ly. NOUVELLES SGIEN TIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERTQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis. — Philadelphie, 2 Janvier iSaS. — Extrait d'une lettre de M. Le Sijeur , dessinateur attache a VexpeJition du celebre vojageiir Peron , et qui depuis s' est fixe aitx Etats-Unis. — Travaux re- latifsaux sciences naturelles. — L'Listoire naturelle fait ici beaucoup de progres. M. le docteurH.vKi.AND, jeune et savant physiologiste, s'occupe avec ardeiir d'anatoraie comparee ; M. Say continue ses travaux sur les insectes, dont il vient de publier le premier yo- lume avec des planches coloriees : I'execution merite des eloges. M. Charles Bonaparte, ills de Luclen Bonaparte, ne neglige rien pour completer les oiseaux de Wilson , dont il vient de publier un volume bien execute. La mineralogie avance toujours; et ceux de nos compatriotes qui visitent I'Europe en rapportent des mineraux. Nous en recevons aussi du Mexique , ou vont beaucoup d'Ameri- cains. La conchiliologie n'est pas non plus negligee ; et de tous les cot^s , les jeunes gens qui voj agent dans les pays etrangers revien- nent avec des collections de tous genre, mollusques, poissons , co- quillages , parmi lesquels il v a toujours quelque chose de neuf. — Harland a trouve un quadrupede tres-curieux , raais entierement inconnu jusqu'ici , et qui parait former un nouveau genre. — Le journal de I'Academie des Sciences naturelles ne suffit pas pour les matieres et les planches que chaciin s'empresse de fournir. — Peale, Ills du directeur du Musee de Philadelphie, qui dessinait les in- sectes, est raalade, et dans les Florides pour sa sante. — Les qua- drupedes d'Amerique m'ont ete offerts pour les dessiner ; je viens de terminer le bison. — Le besoin de planches pour I'histoire natu- relle a fait sentir la necessite de s'appliquer a dessiner d'apres na- ture. On commence a se rendre a ce que je n'ai cesse de d::-e; et avec un pen de patience, ceia se perfectionnera. — J'ai un de laes eleves qui a fait beaucoup de progres , ct qui a suivi mes conseils de ne rien faire que d'apres les objels. Corame it enlend bien I'histoire 576 AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. naturelle, il est a m^me de me remplacer, s'il continue. Je I'ai pro- pose comme membre de la Societe, ce qui I'encouragera sans doute. — II a execute plusieurs dessins tr6s-bien fairs pour le docteur Har- land. — II a egaiement decrit plusieurs poissons. — Le journal vous donnera una id^e de Tactivite de ses menibres. A. Le Sueur. Flokides. — Irruption de la fievre jaiine a Saint- Aiigustin (i). — Les ^veneiuens dont le theatre est au-dela des mers, restent sou vent ignores de I'Europe, etl'exemple qu'ils pourraient offrir est presque toujours perdu pour I'utilite publique. C'est ainsi que I'apparition de la C6vre jaune a Saint-Augustin , et les circonstances remarquables qui ont accompagne son irruption, semblent ^tre demeurees jusqu'a present inconnues , lorsque cependant, elles peuvent eminemment servir a reveler le mode de propagation de ce redoutable fleau. Voici la relation succincte des faits , d'apres les temoignages les plus res- pectables, notamment ceux du docteur Francis, de New-Yorck , de MM. Delespine et Andrews , juges, et du colonel Forbes, principal magistral a Saint-Augustin. On sait que cette villa , capitale de la Floride orienfale , est situee sur le littoral de I'Atlantique, par fe 29° 45' de latitude. Quoiqu'elle eut de frequentes communications avec le port de la Havane , qui n'en est qu'a une distance de i5o lieues , la sante publique s'y con- servait, sans alteration , sous la domination espagnole, parce qu'elle n'etait alors habitee que par des indigenes de races europeenne et africaine aussi peu susceptibles que les Creoles des Antilles d'etre attaints par la fievre jaune. Mais, lorsque les Etats-Unis eureut pris possession du beau territoire des Florides, une multitude d'individus des provinces septentrionales, et consequemment aptes comme les Europeens a ^tre attaques par cette cruelle maladie, vin- rent s'etablir a Saint-Augustin, et pour qu'ils en devinssent victimes, il fallait seulement que son germe fut apporte au milieu d'eux. L'insuffisance des mesures sanijaires, ou I'incurie, qui les rend inutiles, ne tarda pas a produire ce funeste evenement. Le scliooner la Floride, capitaine Johnson, revenant de la Ha- vane, au mois d'aoiit 1821 , la fievre jaune, qui exercait dans cette ville de grands ravages , se communiqua aux hommes de son equi- page : plusieurs d'entr'eux en moururent, et le capitaine lui-meme succoraba, pendant la traversde. LorS del'arrivee du navirea Saint- (i) Noticu couiniuiilquee au Contell superieur de saute du royaume , daus ■5a seancB du ft octobre 1824, par M. Moreaudt; JoDueii, membre du Couseil. AMjfcRIQUE SEPTENTRIOINALE. 577 Augustin, on en desceudit une quantite de linge, qui fut envoye a terre, pour etre lave. Cette tdche fut remplie dans la maison d'une famille irlandaise, nommee Develin. La feinnie, qui avail fait le blanchissage, son mari et ses cinq enfans furent tons assaillis par la fievre jaune; et quatre d'entr'eux en moururent. Deux autres indi- vidus, qui deiueuraient sous le meme toil, furent atteints pareille- nient de la maladie , et perirent egalement. Un autre schooner, I'Alexandre , capitaine Rogers , etant parti de la Havane, apres avoir recu , dans ce port, le gerine de la meme contagion, tout son equipage, y compris le capitaine, mourut , pendant la traversee; et ce furent deux matelots espagnols , passa- gers a son bord, qui le conduisirent a Saint- Augustin. Le conseil de la ville persuade du danger de I'importation de la fievre jaune, par le linge et les vetemens des personnes , qui ont ete frappees de cette maladie , ordonna de les detruire ; mais nne criminelle rapacite les fit transporter secretement a terre, malgre cette sage disposition de I'autorite. Un matelot jete a la mer, ayant ete porte par ses eaux , dans celles de la riviere de Saint-Augustin , et raraasse par les domestiques d'une habitation ou residait M. Fitch , I'un des magistrats du pays, cet homme respectable s'en servit, sans savoir qu'on I'avait mis dans son lit; bientot il fut atteint de la fievre jaune, et il en mourut, ainsi que sa femme et ses trois enfans. Tons eprouverent la maladie dans sa plus grande malignite, et leur agonie fut precedee par le voniissement noir. C'est ainsi que ce fleau s'introduisit parmi les habitans de Saint- Augustin , epargnant ceux qui etaient nes dans le pays, ou aux Indes Occidentales , et sevissant avec fureur contre les personnes arrivees recerament des Etats septentrionaux de I'union americaine. La maladie fut caracterisee par tous les symptomes qui la signa- lent : principalement la suffusion icterique et le vomissement noir. Son tenne fatal survint communement du 3« au 5e jour, apres I'in- vasion; quelquefois la niort eut lieu dans les 48 heures; rarement la maladie dura jusqu'au fi"= jour. Dans les efforts qu'on lui opposa , la saignee fut constamment inefficace; il en fut ainsi du calomelas, dont Taction salutaire etait nioins rapide que I'effet du mal , qu'il devait combattre; on crut reconnaitre quelques avantages dans I'application des vesicatoires , sur la region epigastriqne, on attribua une heureuse influence k I'hulle de terebenthine , dans quelques eas, 011 il y avait une grande 578 AMERIQUE SEPTENTRIONALE. irritation gastrique ; inais on reconnait que les tentatives de I'art de guei'ir furent gencialeinent impuissautes , et qu'elles ne purent ar- r^ter le vonussement noir. Cependant , dans un cas , oil il avail lieu, ducharbon de bois pile, ayant etc donne au malade, il cchappa a la iriort. La maladie cclata au commencement de septembie ; elle se pro- pagea jusqu'au milieu d'octobre, avec une violence progressive. II peril alors dix a onze personnes, par jour, sur environ 200, qui, dans la ville, etaient susceptibles d'en (^tre atteiiites. De ce nombre i4o en furent attaquees, et i33 y succomberenl ; d'oii il suit que prfjs des trois quarts des individus qu'elle pouvait frapper, en furent assaillis, el que sur 17 malades , 16 perirenl. Parmi las troupes de la garnison , auxquelles la maladie se communiqua , il y ^ut 40 de- c^s, sur un effectif de 120 soldats ; et sur 4 medecins qui tenterent de donner leurs secours aux malades, il n'y en eut qu'un seul , dont ce devouement genereux ne fut point paye par la mort. II resulte de ces fails : 1° Que la fi^vre jaune a et6 importee , en 1821 , au moyen des communications marilimes , a Saint-Augustin, capilale de la Florida orientale. 2° Qu'elle a ete introduite, dans cette ville, comme elle Test le plus souvenl dans les ports des Etat-Unis , par des navires , venant de la Havane, qui depuis vingl ans n'a pas cesse d'en elre infectee. 3" Que c'est particulierement au moyen du linge et des v^temens des individus, qu'elle avail fait perir a bord , pendant leur iraver- see , que la maladie s'est propagee parrai la population de Saint- Augustin. 4° Que I'iramersion dans I'eau de mer n'a point detruit, dans les objets qui avaient servi aux malades, le germe de la contagion. 5° Que la population indigene jouit sous le 29° parallele , dans le Nouveau Monde, de I'immunite qu'on avail, cru jusqu'a present ap- partenir exclusivement aux habitans des regions ^quatoriales , qui ne sont point susceptibles d'etre atteiuts par la flfevre jaune, atlendii I'obliteration du systeme absorbant, produite par Taction prolongee de la haute temperature du climat des tropiques, sur I'organe cu- tane. Ce phenomene est analogue a celui qui rd'sulte de la vieillesse, et qui , dans les personnes Sgees , constitue leur inaptitude a con- tracter la variole. 6° Qu'en eclatanl dans un lieu , 011 elle n'avait pas paru de terns immemorial, la maladie deploya les memes syraptomes et la meme AM^RIQUE SEPT.— AM]£RIQITE M^RID. 579 malignity que dans les contrees ou une longue suite d'imporlalions la rendent comme endemique. 7" Que I'actlvite de son principe contagieux fut si grande , qu'elle attaqua les trois quarts des individus qui pouvaient en etreatteinls , et que sa puissance fut telle qu'ils perirent presque tous. 8° Qu'une experience unique, mais qu'il est a desirer qu'on rei- t^re par les soins bieufaisans de I'autorite, a donne lieu de croire que I'administration du charbon de bois pulverise pent arreter le vomissement noir, et tn^me empecher la maladie de devenir mortelle. 9° Enfiu , que la prolongation de cette irruption jusqu'au mois de decembre , manifeste que la periode pendant laquelle la fievre jaune peut ravager une contree, est plus ou nioins etendue, selon les limites que lui assigne la temperature liivernale , ^ui est une des conditions necessaires de la cessation de ce fleau. A. MOREAU DE JojfNES. AMERIQUE MERIDIONALE. Renseignernens stir la statistique et Vadminiatralion de la Repiibliqiie dii centre de VAinerique. — Cette republique , autrefois province de Gua- temala, situee entre la Colorable et le Mexique, et qui s'etend jus- qu'a I'isthme de Panama , etait une capitainerie generale gouvernee au nom de I'Espagne, et independante des autres gouvernemens et Tice-royautes de TAreerique espagnole. La population totale , d'apr^s le recensement fait il y a quinze ans, etait d'un million et demi , et peut maintenant etre evaluee a pres de deux millions d'individus. La capitale , Guatemala , au centre de I'etat , presque eniierement detruite , il y a cinquante ans , par un tremblement de terre , rebalie dans le voisinage de I'ancienne ville, sur une bauleur, et qui domine une vaste plaine, compte environ quarante mille habitans. Elle est le siege du gouvernement central, lien comraun entre sept etats fe- deres, qui formaient des districts particuliers appeles /toc/tzc^ sous le regime espagnol. Le gouvernement supreme, tel qu'ij a ete jus- qu'ici organise provisoirement, esfconcentre dans la personne d'un president nomme pour trois ans , qui nomme trois ministres , I'un de la guerre et de la marine, I'autre des affaires interieures et eccle- siastiques et des relations etrangferes et commerciales , le troisieme des finances. Aupres du president est une sorte de conseil adminis- tratif nomme par le peuple. Le corps legislatif est forme d'une seule chambre d'enyiron soixante deputes. Les productions princi- 58o AM£RIQUE MERIDIONALE. — ASIE. pales (!u pays sont I'indigo , la cochenille , le colon , des bois tie tcin- ture , le cafe, le sucre, le tabac , qui s'exportent, les premiers ar- ticles, eu Europe , aux Etats-Unis, a la Havane ; et les autres, dans les provinces interieures du Mexique, dans le Perou et le Chili. Les droits d'exportation et d'importatiou sont tres-moderes. On importe des toiles d'Allemagne, de France, des ctoffes de colon des manu- factures anglaises et fraucaises, des draps , des soieries , desvins de Fnance et d'Espagne. — Le pays produit assez de ble pour sa consommation. — L'Espagne avail inlerdit la culture de la vigne; on espere , d'ici a six ans , avoir assez de vignobles pour commencer a faire des vins dans le pays. — L'instruction publique, ires-negli- gee sous les Espagnols , est devenue I'objet de la sollicilud^ parti- culi^re du gouvernement. Cependant , on n'a pas encore etabli des ecoles priniaires d'enseignement muttiel ; mais on fail venir des Etats-Unis quelques hommes capables d'organiser et de diriger de semblables ecoles. II exisle deux universites dans la Republique, I'une a Guatemala , I'autre a Leon : on y enseigne la theologie, la philo- sophic et le droit, et la langue latine. — Depuis quatre ans que I'independance a ete proclamee (en 1821) , le gouvernement n'a pas encore eu le terns de s'offcuper des reformes el des ameliorations qui sont necessaires, et qui auront lieu successivement. Le clerge est gt^neralement bien dispose en faveur de la revolution. N. B. Cette note, aiusi que celles qui onl deja ete inserees dans ce recueil sur plusieurs des nouveaux etats de I'Amerique dn sud {'voyez ci-dessus p. 270-273 , et t. xxv, p. 843-846), nous a ete fournie par des envoyes de Colombie , de Buenos-Ayres , de Guatemala , etc. , qui sont entres en relation avec nous , et qui nous onl fait connaitre que la Revue Encjclopediqite , deja bien counue el recherchee dans leurs pays, fournit les indications d'ouvrages nouveaux que les commis- sions etablies pour la formation des bibliotheques nationales , choi- sissenl avec soin, d'apres les comptes rendus dans nos deux sec- tions des yhialyses et du Bulletin bibliographiqiie , el qu'elles font venir soil de France, soil des autres pays ou ces ouvrages sont publics, jjour repaiidre pariui leuis compatriotes l'instruction et les lumieres de I'Europe. M. A.J. ASIE. SiBERlE. — Mode deja ancien d'enseigitement eleinentaire du ctilciil, au nioyen dc chiffies traces sut le sable. — M. le conseiller-d'elal Slovtsoff, inspecteur des ecoles de la Sibrrie, faisail, a laiin de I'annee dernitre. ASIE. — AFRIQUE. ' 58 1 nne tournec d'inspection dans les cantons sitnes au.dela dii Baikal ; en expliquant au\ anciens des tribus de Bouriates de la Selenda le mode le plus facile a employer pour faire apprendre a ecrire a leurs enfans , il fut fort etonne de leur entendre dire que leurs lamas se servaient , pour enseigner rarithmetique , de planches couvertes de sable , et que cette methode avail ete originairemer.t empruntee du Thibet. Cette decouverte inattendue le porte a conclure que Lan- caster, qui passe pour avoir invente dans I'lnde la methode de I'en- seignement mutuel , a pris lui-meme des pretres de ce pays , celle d'ecrire sur le sable. ( Extrait du Journal de Petersbourg , 28 fevrier, ou 1 2 mars. ) AUSTRALASIE. Prise de possession de deux lies , att nom du roi d' /ingleterre. — Une expedition composee de qnatre-vingt dix colons , sous les ©rdres du capitaine Barlow, partie de Sidney, capitale de la Nou- velle-Hollande , a bord de deux navires marchands escortes par ie b&timent de guerre le Tafnar , a pris possession dans les pre- miers jours du mois de novembre dernier , au nom du roi d'Angle- terre , de I'extremite septentrionale de la Nouvelle-Hollande, main- tenant appelee ^'Sustralasie , ainsi que des lies Melville et Bathurst , qui n'en sont qu'a la distance de trois journees de navigation. Le port de I'lle Melville , oil ces batimens ont jete I'ancre , a recu le nom de port Cockburn. Les cojons , aussitot apres leur d6barque- ment, se sont empresses de construire un fort , deux grandes mai- sons, dix-huit chauraiferes et un grand magasin dans un lieu qui a ete appele Kings-Cove , oil ils se sont etablis. AFRIQUE. Egypte. — Alexandrie , i" mars, iSaS. — Adminiuration ; Finances , Commerce. Le vice-roi , qui est dans ce moment au Caire , s'occupe avec assiduite de donner plus de regularite et d'activite a I'administration des finances. A cet effet, il a appele aupres de lui tons les conimandans des diverses provinces de I'Egypte , afiu d'exa- miner, de concert avec eux , les mesures les plus convenables pour atteiudre ce but. On pretend geueralement que les depenses enormes que Mehemet-Ali a ete force de faire pour I'entretien des armees qui font la guerre dans la Haute-Nubie et dans I'Arabie , ainsi que pour I'armement de la flotte et I'dquipement des troupes qu'il s'est cru force par sa position d'envoyer contr^ les Grecs , I'ont engage a im- r)8a AFRIQUE. — EUROPE. primer plus de c^l^rlte a la marche des affaires Cnancieres dans les provinces soumises a son autorite. Divers corps de troupes se r^unissent aux environs du Caire. Parmi ces troupes , i.1 y a un corps de quatre miile honimes d'in- faiiterie egyptienne , et deux milie homines de cavalerie turque ; disciplines a I'Europeenne et destines par le pacha a se porter en Syrie , sous les ordres de Jussum-Bey, son neveu , pour soumettre le clieik Bescir , qui est en etat d'hostilites ouvertes avec Terair Bes- cir du mont Liban. Le pacha continue a prohiber I'exportation des grains pour les pays etrangers. La quantite de coton qu'on exporte d'Egypte en Europe , et par- ticulierement en Angleterre, est immense. II n'en est pas de ni^me du lin , dont Texportation est prohibee , parce qu'il en faut expe- dier une grande quantite a Constantinople. EUROPE. ILES BRIT ANTIQUES. LoNDRES. — Societe anglo-colombienne pQur I'agricuhtire et d'autres entreprises d'utitite ptiblique. — Capital, i,3oo,ooo livres sterling. President, S. Exc. Manuel-Joseph Hurtado , president de I'assem- blee; sir James Makintosh , membre du parlement, vice-president de I'assemblee. La liste fort nombreuse des directeurs, des censeurs et des officiers de la Societe offre les noms de plusieurs membres du parlement et des principaux banquiers de Londres. La republique de Colombie offre de'grands avantages pour la co- lonisation. Avec un sol capable de rapporter presque toutes les diffe- rentes productions naturelles , elle possede une variete de climal propre a la culture des fruits des tropiques et de ceux de I'Europe, et favorables aux divers temperatnens des colons (suivant son eleva- tion au-dessus de la mer. ) La Colombie s'etend sur les cotes de I'Atlantique, depuis rembou- chure de rOrenoque jusqu'a I'isthme de Panama, et sur ceux de la mer Pacifique, depuis Guayaquil jusqu'au mdme isthme. Le pays est coupe par une quantite innombrable de fleuves et de rivieres. La republique est maintenant dans la quinzieme annee de son inde- pendance : son territoire est enti^rement debarrasse des forces et de Tautorile etrangere. Des consuls anglais sont 6tablis dans la capitale et dans les principaux ports ; I'Angleterre est sur le point de GRANDE -BRETAGNE. 583 conclure un traite de commerce avec la republiqiie. Le gouverne- ment de Colombia desire attirer des personnes capables d'etendre les ressources naturelles de ce pays. Una loi du congres , du 1 1 juin i8i3 , donna au gouvernement le pouvoir da ceder des terres avac des privileges pour les colons. D'apri's cette loi , on en a fait deux concessions a la Compagnie , niontant environ a un million d'acres anglais. Les deux tiers ont ete cedes gratuitement , at le resta a tres- bas prix. Tous las colons qui occuperont I'una ou I'autra de ces deux parlies , jouiront des privileges suivans ; lis seront exemptes pendant dix ans du service militaire , excepte da celui qu'exigera la defense locale. lis Esront exempts d.es droits d'importation pour leur liabil- lement : las instrumens d'agricullure jouissent du meme privilege. 11 n'y aura point de contributions directes ni de dimes ecclesiastiques a payer pendant six ans , dans une des concessions , et pendant dix ans dans les autres. Les recoltes des colons ne seront sujettes aux droits d'exportations qu'au bout da six ans. Les colons ne seront nid- lement contraries sur le mode de leur religion. On a pris des mesures pour etablir sur les lieux , das cultivateurs habilas at experimentes , afin que I'exploitation des portions de territoire cedees a la Societe puisse lui donner des benefices. On disposera des terres par petites quantites , soit a nn prix fixe une fois paye, soit pour une redevance annuelle , en favaur de ceux qui voudront les occupar , et on leur garantira les avantages suivans. On leur fournira les moyens de se transporter dans la Colombie , de la manieie la plus econoiiique ; des agans seront charges de les racevoir a leur debarquement, de laur donnar toutes les informations necassaires pour leur conduite ; at da les diriger dans las lieux qui leur sont assignes, an leur assurant des secours suffisans pour leur premier etablissement. On pourra meme leur faire des avances d'ar- gent, s'ils an ont besoin. Pour le remboursement des avances avec les intercuts , la societe conservera les litres de cession et le droit de recours sur les bestiaux et les recoltes sur pied , jusqu'a ca que le ])ret, plus I'acliat de la terra, ou les arrerages de rentes, soient paves. Des delegues de la Societe sont alles dans la Cplonibie pour choisir et arpenter les terres, et plusieurs artisans ont ete envoyes pour pre- parer les lieux. On a donnedes instructions precises pour que, dans le cboix desterritoires cedes, on fit una scrupuleuse attention a la salu- brite des lieux, a la fertilite du sol, a la facilite de communiquer avec la mer, et pour que la climat convint a la constitutions das Euro- peans. Dernieremeut, on a recu la nouvelle que ces instructions sont 58/, EUROPE. snivies exactement dans une partie considerable des terres dont la Societe a pris legalement possession. La Sociele veillera surtout a ce qui peut interesser la sante des colons. Lcs terres que Ton a choisies sent eloignees de deux journees de communication par eau. La Colombia produit maintenant du cafe , du coton, de I'indigo , du Sucre , du riz , du mais , du tabac , du ble et les graines de I'Eu- rope; mais le manque de bras pour la culture est tel que , quoique le ble soil abondant dans les parties elevees, la ville de Caracas im- porte annuellement , pour la consommation des nouveaux etats , en- viron quarante mille barils de farine , a un prix trfes-considerable. N. /I. Notre honorable correspondant et ami , M. Hortado , doit nous tenir an courant des travaux et des progres de la Societe de colonisation anglo-coloinbienne , que nous aurons soin de faire con- naitre a nos lecteurs. LoNDRES. — Societe d'hiimanitd. — Cette Societe a celebre dernie- rement le 5ie anniversaire de sa fondation. L'association a deux objets principaux : i° de sauver les personnes qui sont en danger imminent de se noyer; 2° de rappeler a la vie les individus chez les- quelsles fonctions vitnles sontsuspendues par suffocation, asphyxie, etc. — La Societe a donne pres de 21,000 fr, pour recompenses a des hommes qui s'etaient distingues par leur intrepidite, leur de- vouement et leurs efforts de lout genre pour arracher leurs sem- blables a la mort. Elle a sauve la vie a plus de 5,ooo individus dans la capitale seule. — Maniiscrit d'Homere stir papyrus. - Le capitaine Clifford vient d'apporter en An^leterre une partie du manuscrit de I'lliade, ecrit sur de I'ecorce de papyrus. II appartient a M. Bankes, membre du Parlement. Ce manuscrit aete trouve dans I'ile d'Elepbantina , dans la haute Egypte, par un Francais qui voyageait pour M. Bankes. II est ecrit en lettres capitales , et en tres-beaux caract6res ; il doit avoir ete fait dans le tems des Ptolemees. — Cet objet precieux, le plus vieux des livres classiques , excite une grande curiosite parmi Ic monde litteraire. Des ordres ont ete envoycs aux officiers de la douane , par le gouvernement , pour que ce manuscrit soit envoye a M. Bankes , afin d'etre ouvert en sa presence. Bell's weehly Messenger. N. B. M. Jomard nous fait connaitre qu'il vient de recevoir de Londres une lettre datee du i^' mai, dans laquelie on luiapprend que M. Bankes a maintenant entre les mains le papvrns dont il est fait mention ci-dessus. Le volume contient de 800 a 900 vers de I'l- GRANDE-BRETAGNE. — RL'SSIE. 585 liade, a comniencer par le i6o* vers. Les lettres sont belles et bien conservees. Chaque centaine de vers est numerotee. Les accens , dit- on , sont d'une epoque posterieure a celle du manuscrit. — -Du reste M. Bankes , ajoutele correspondant de M. Jomard (31. Hamilton ) , ii'avait pas encore vu le niauuscrit deroule, a Tepoque oii il ecrit cette lettie. PvTN^Y-llli.1., pres de Londrcs. — Necrohgie. — FusELI. — Le l6 avril dernier , est mort ici , a I'sige de 87 ans, apres une maladie de deux ou trois jours, un des premiers peintres anglais, H. Fuseli esq"" , natif de Zurich , professeur de 1' Academic royale de peinture. II commenca sa reputation par un grand tableau , commande par lord Oxford : Theodore et Honoria , et se rendit ensuite cel^bre par ses peintures de Milton and Shakespeare Galleries. Parmi sesouvrages, les artistes distinguent particulierement VOinbie d'Hamlei. M. Fuseli u'etait pas seulement celebre comme peintre, il fit un cours qui le placa parmi les litteiateurs distingues de I'epoque , et un savant hel- leniste a dit qu'il n'avait connu personne qui comprit aussi bien Homere, que M. Fuseli. II vecut pauvre; et, a la honte de I'Angle- terre, dit un journal anglais, le prince des peintres d'histoire mo- derne serait mort de faim , ^ la niodique place de gardien (keeper) de I'Academie royale de peinture , nelui avait el6 donn^e. F. D. RUSSIE. Moscou. — Societe d agriculture. — Cette Societe , presidee par le gouverneur general de laville, prince D. Galitzin, a tenu sa seance annuelle, le 17 fevrier dernier. — Apres le discours d'ouverture M.le secretaire a donne lecture d'une communication du ministere de I'interieur, qui annonce que la Societe doit a la munificence de S. M. rempereur la concession de a4o decetines ( chacune d'environ 3200 sageiies carrees, en tout 36o hectares ) de terrain , situe pres- qu'a la porte de Moscou , oii la ferrae de la Societe est etablie. Le rapport sur YEcole d'agriculture a ete ecoute avec un grand interet. Cette ecole, dont I'objet est de former des agriculteur. vientde declarer , dans le Journal de Saint- PeCersbourg , que les passages con- cernant ce voyage, qui ont ete inseres dans phisieurs journauxfran- cais et allemands, sont inexacts et peu conformes a la verite ; il promet de fournir , sous peu , des extraits du journal offlciel de cette entrej)rise. — Publication de deux ukases relatifs au commerce et a I' economic . — Un ukase de I'empereur, en date du 8 fevrier, present a toutes les maisons d'education de I'enipire de ne se servir dorenavant que de llnge et de draps sortant des manufactures nationales. — Un autre ukase etablit des marcbes annuels de laines uation8les a Orel, Vo- ronege , Kief, Kharkof et Poltava. Moscou. — Embellissemens dela 'vi/le. — Theatre. — Aucune ville , dans les tems modernes , n'a ^te aussi completementruineeque Mos- cou , et aucune ne s'est relevee de ses cendres avec plus d'eclat. A peine douze annees se sont ecoulees depuis qu'elle a ete la proie des flammes , et uon-seulement , Ton y cbercherait en vajn les vestiges de I'incendie ; mais les embellissemens successifs qu'elle a eprouves Font rcndue plus belle et plus florissante qu'avant son desastre. . — Les fosses du Kremlin, autrefois le receptacle fangeux des decom- bres et des immoudices de la ville , ont ete metamorpboses en jar- RUSSlE. 587 dins delicieux, qui seiveut de promenades piibiiques aux hahitaus. — Les boulevards qui entourent le Beto'i-Gorod , long-lems negliges , ontrecu de nouveaux embellissemens. — La grande voie circulaire bordant le Zemleno'i-Gorod , et appelee le rempart de terre , autrefois impraticable dans I'arriere saison, est actuellement pavee au milieu et bordee, des deux cotes , de jardins qui decorent agreablement les facades des maisons auxquelles ils apparliennent. EUe offre aux equipages et aux pietons une etendue d'environ quatorze verstes (trois lieues) que I'Dn parcourt au milieu de plantations pittoresques dont la -vegetation assainit I'air. — On exhausse le sol de la vaste place , connue sous ie nom de Balotn ( le marais ) , pour la garantir des inondations, causees par le debordement du canal de derivation lors de la crue des eaux de la Moskva , et Ton met en meme terns ce canal en etat de porter des barques, afin de faciliter Tarrivage des approvisionnemens au niarch^ qui se tient sur cette place. — La Ne- glinka, ruisseau qui traverse une partie de la ville, et dontl'eau, devenue stagnante par les inegalites du terrain , formait plusieurs efangs , Coule maintenant, renfermee dans un acqueduc, au-dessus duquel se trouve une belle et large rue. L'endroit 011 etait le pont des Marechaux a ete comble , mis de niveau avec les rues adjacentes, et forme aujourd'hui un carrefour, oii quatre belles rues viennent se croiser a angles droits. Cesmesures, dues au zele eclaireet a I'infatigableactivite denotre gouverneur general , le prince D. Galitzin , paraissaient d'abord uMtre concues que pcur rembellissement de la ville; mais on n'a pas tarde a reconnaitre leurs heureux effets pour la sant<5 publique. Plusieurs iraladies, surtout les fievres intermitlentes, que multi- pliaient autrefois les vapeurs raalsaines exhalees de tant de lieux humides , ont considerablement diminue. Tout unquarlier, dont I'in- salubrite faisait fuir les babitans , est erne aujourd'hui de beaux edifices , de riches magasins , et il est devenu I'uu des plus frequen- les de la ville. C'est la qu'on voit s'elever un magnifique monument qui vient d'etre acheve, et dont I'execiition attesle le progres des arts et du gout en Russie. — Nous voulons parler du grand theatre impirial , situe a I'extremite de la Pelrovka , vers la cite. — L'ar- chitecture en est imposante, les proportions en sotit belles, et Ton remarqueune elegance pleine de godt dans toiis les det;iils. Le style de la facade est grand et noble, tel qu'il convient a un edifice des- tine a rurnement d'uiie cipitale ; liuit colonnes d'ordre ionique, exhaussees sur plusieurs marches, supporteut uu fiuniuu surnionte 588 EUROPE. d'un nttique. Une statue d'ApoUon siir un qnadrige indlque que ce lieu estun temple consacre aux Muses. Ce thefttre, infiniment plus spacieux que I'ancien , sur les ruines duquel il a ete constrnit, peut parses tlimenslons eutrer en concur- rence avec les snlles les plus vastes de I'Europe , et particuli^rement de ritalie. La longueur totale de I'edifice , non corapris Ic perystlie , est de 329 pieds ; sa largeur de 2 in. La salle est longue de 77 pieds ct haute de 70 ; la hauteur de I'ouverture de la scene est de 56 pieds ; celle du rideau de 5i i sur une largeur de 63. La scene a une lon- gueur de i33 pieds , une largeur egale et une hauteur totale, y com- pris la partie souterraine, de ifiS. Les loges , au nombre de l53, torment quatre rangs , sans y compreudre les baignoires et la galerie (le paradis). Elles sont supportees , d'une maniere aussi ingenieuse que bardie, par des consoles en fnnte, d'une nouvelle invention et invisibles a I'exterieur. II en resulte que le spectateur , place dans une partie quelconquc de la demi-circonference , peut porter sa vue sur tous les points de la salle et de la scene, sans rencontrer d'ohs- tacle. Le nombre total des places est de 3, 000. La moitie des personnes au parterre sont assises dans des fauteuils ( ap^des sialles a Paris) , dont chacun porte un nuniero indiqueau spectateur par celui qui se trouve sur son billet d'enlree; I'autre moitie est assise sur des chaises piireillement numerotees (l). Outre la salle de spectacle, Tedifice contient encore un tres-beau foyer et plusieurs grands et petits salons , destin6s a des concerts et a des bats masques. Au-dessus du cintre du parterre, on a etabli un atelier de peinture d'ou les decorations sont descendues directenient sur la scene. On a le projet de placer au-dessus de la sc^ne des reservoirs , comme rcssouices assurees en cas d'incendies; et pour prevenir au- taiit que possible de semblables accidens , on a eu la precaution de placer tous les poeles et leurs conduits dans I'epaisseur des murs ; les marches des escaliers sont faites en fonte; Afin d'eviter I'embar- ras dans les sorties, on a etabli trois portes pour le public, et deux f i) Ctlte disposition exisle de trms immemorial eu Russie, en Allemagne et daus la jilupart des pays de I'Europe ; elle est la critique de I'usage con- traire qui existe cii France, daus le pays qui passe a Lien des titrcs pour etre le plus civilise du monde, et oil cepeudant il faut aclieter le plaisir du spectacle par une foule de dtsagremens que des racsures simples et bieu eu- tcnducs auraient biontAl fait disparaitre. (n. d. K.) RUSSIE. — DANEMARCK. SScj autres pour le personnel du theatre. II existe aussi una entree parti- culifere pour le paradis. Les degagemeiis sent partout faciles ; les couloirs out 17 ^ pieds de large. La construction de ce bfttlment a ele coufiee par Ic gouverneur general, prince U. Galitzin aux soins d'un architecte, M. Beauvais, qui a execute les travaux d'apres un plan presente par M. Mikhai- loff, professeur a TAcademie des beaux-arts de Saint-Petersbourg, et qui a recu plusieurs modifications. Les loges suspendues, ainsi que le cintre, I'archivolte de I'avant-scene , le plancher a bascule et la belle charpente des combles sont Touvrage de M. I'ingenieur Davies. L'inauguration de la salle a eulieii, le 6 Janvier de cette ann^e ; un public nonabreux y assistait et a paye un juste tribut d'eloges a tons ceux qui ont pris part a ces beaux travaux. Un prologue lyrique, compose par M. Dmitrieff, musique de MM. Verstofsky, Alabieff et Scholz , a ete accueilli avec les plus vifs applaudissemens. Cette pifece a ete suivie du ballet pantomime de Cendrillon et d'un bal masque. H. DANEMARCR. CoPEMHAGTJE , 4 niai i8a5. — Navigation des bateaux a vapeur. — Ce mode de navigation , dans celte capitale, parait prendre une acti- vite toujours croissante. Un des principaux negocians vient de de- mander un privilege pour des paquebots a vapeur entre Copenhague et le Jutland. On travaille aussi a etablir une communication du meme genre avec Christiania. — JSecTolm^ie. — Degen. — L'universite de catte ville vient de faire une grand3 perte dans la personne de M. le professeur Charles - Ferdinand Degen, ne le i" novembre 1766. Son merite et ses vastes connaissances I'avaient d'abord fait choisir pour precepteur des deux princesses filles du feu prince Frederic , oncle du roi acluellement regnant , et du prince Ferdinand , leur frere. Plus tard , M. Degen a occupe differens emplois dans I'instruction publique , et partout il a laisse des souvenirs tres-honorables. Doc- teur en philosophie en 1798, il fut nomme, eu i8i4, professeur de mathematiques a l'universite de Copenhague. II a public un traile intitule: Canon Pellianus , sive Tabula simplicissimam ceqtiationis cele- bratissimce y ^ n: a j: ' + ' soliitionem pro singulis numeri dati valori- bus ab I ad 1000 continens , Hafnice , 1817, in-4''. On trouve aussi plu- sieurs de ces memoires dans les Acte^ de la Socicte des Sciences dc Jigo KUROPE. Copenhagi.e , ct daus qiielques autres recufils. On a aussi de liii deux cahiers d' Aphoiismes pedagogiques , publics d Copenliague en 1799. Heibebg. ALLEMAGNE. Hambourg. — Chiiurgie. — Un niedecin de cette villa , nomme BuUer, vient d'iuventer un nouvel instrument de chirurgie, a I'aide duquel on pent couper uue jambeeu uiie secoude, et quiengourdit la douleur du patient par une pression simultanee qui accompague I'aniputation. HoNGRiK. — AuGSBouRG. — PiibUcaiioii prockaine. On annonce que I'empereur a charge un comite des ctats de Hongrie de rediger un Code de drou public pour le royaume, en y conciliant les privileges de la couroune avec ceux des etats. Le comite est preside par le pre- sident de la C'jur aulique, comte Czinakv , connu avantageusement par un ouvrage en latin sur les ancitnnes lois de succession chez les Hongrois. Ce livre est devenu populaire en Hongrie. Le code de droit public hongrois remplit une lacune qui depuis long-tems se taisait sentir. II est a remarquer que, tandis qu'on ne craint pas de rendre le droit public I'objet special des etudes de tous les citoyens en Alleniagne , son enseignement est supprime en France ! J. D. u£ B. Leipzig. — Traduction nouvelle. — A peine le nouveau roman de M. Picard ( VHonnete hcmme ,011 le Niais )est-il connu en France, que deja il s'en public une traduction allemande. C'est M. Gleick ■qui s'est charge de ce travail. Pkusse. — Berlin. — Censure. — Un rescrie royal vient de defendre rimpression des ecrits qui altaqueraient la religion , en versant le ridicule sur les doctrines , ou en niant des points d'histojre ou de f'oi enseignes par les livres saints. La meme ordonnance veut aussi que, dans les discussions de ce genre, on s'abstienne d'invectives et de personnalites. Les ecrits diffamatoires sont formellement in- terdits ; et , s'il arrivait que le censeur en permit I'impression , ils n'en pourraieut pas moins etre saisis. Dans ce cas , I'editeur aurait son recours contre le censeur; et, si celui-ci se trouvait insolyable, I'etat se chargerait de la dette. A dater du premier Janvier de cette annee , le traitcment des censeurs est supprime ; niais ils percoivent une retribution j)ayee par I'editeur, qui est de plus oblige de de- poser deux exemplaires de chaque ouvrage , I'un a la bibliothcque de Berlin , I'autie a celle de I'uuiveisite dan.s le ressort de laquelle ALLEMAGNE. — SUISSE. Sgi Touvrage se public. Un troisieme exemplaire est acquis de droit au censeur , comme precedemnient. Les libraires qui ont des etablis- semens a I'ctranger, ne pourrout vendre en Prusse ce qu'ils auront fait imprinierau dehors, sans rautorisrtion prealable de la censure. Baviere. — Munich. — Necrologie. — M. ChrLtophe d'Aretijt, pre- sident d'une cour d'appel du royaume , chevalier de I'ordre du merite civil, et membre de la classe de philologieet d'histoire, de I'Academie des sciences de Munich, est niort , le 24 decembre der- nier, dans cette ville oil I'appeiaient des affaires politiques. II etait depute aux etats. M. Christophe d'Aretin est auteur de plusieurs ouvrages estimes. — Prusse. — Berlin. — Radloff. — Dans lecourant dedecembre dernier, M. Jean-GotiUeb Radloff, professeur a Bonn, est mort au moment ou il se disposait a retourner a son poste. M. Radloff est auteur de plusieurs bons ecrits sur I'histoire primitive de la Germa- nic et sur la langue allemande. II etait ne a Lauchstaedt, le 27 mars 1775. P. G. SUISSE. Zurich. — Societe ziirichoise d'histoire iiaturelle. ■ — Dans sa seance du II avril , cette Societea entendu lerapport interessanl que lui a fait son secretaire, M. le docteur Locher Balber sur les travaux de I'annee qui vient de s'^couler, sur les evenemens qui toucbent particulierehient la societe et sur sa situation actuelle. Le nombre des menibres est de cent six ; trois membres morts et un demission- naire ont ete rem;)laces. La Societe a perdu deux membres hono- raires, M. L. Reynier, a Lausanne, et M. le conseiller d'etat d'Istner , a Constance. EUe s'est assoclee dans la meme qualiie M. le professeur Paolo Savi, a Pise. Parmi les collections de la Societe, celles qui se sont le plus enrichies, sontla Dibliotheque et le Mitsee de zoologie. Ce dernier s'est accru par des dons considerables. Les particuliers qui possedent des objets utiles a I'instruction , comprennpnt que ceux-ci ne sont perdus ni pour eux , ni pour leurs families, lorsqu'ils les deposent dans les t'-tablissemens publics', et les niettent ainsi a la disposition de tons. M. le secretaire a resume ensuitelc' travaux de la Societe, et les memoires lus pendant I'an- nee dans trente-sept seances. Berne. — Societe econoiiiique. — Cette Societe a tenu , le 20 avril , son assemblee ordinaire de printems , qui a ete fort iiombreuse. M. le conseiller Tscharner la presidiit. M. d'Escher a communique 59a EUROPE. a la Society , des extraits d'ouvrages anglais sur les moyens d« titer de la terre-glaise , par la combustion, un excellent engrais; M. Courant lui a envoj'c diverses especes de charrues , ainsi qu'un inemoire comparatif des experiences rjn'il a faites avec cliacun de ces instrumens. M. le commissaire Manuel a fait un rapport sur I'etat de la biblioth^que. L'objet le plus important dont la Societe s'est occupee dans cette session , a ete I'assurance mutnelle contre la gr^le. Le rapport de M. le president, a prouve que cette entreprise, eminemment utile et patriotique , marche vers son but. Le comite administratif provisoire , ayant communique les rcglem'>ns orga- niques a tous les cantons confederes , en les invitant a se joindre a I'association, plusieurs de ces cantons ont temoigne I'intention d'y acceder. L'impulsion donnee a I'opinion publique par le plus grand des cantons , par les hommes les plus eclaires et par les journaux les plus estinies de la Suisse, triomphera sans doute des obstacles que rencontre cette entreprise , et de I'inertie , qui, en toutes choses , est de tous les obstacles, le plus redoutablc. Ainsi, Ton pent esperer de voir se former peu a peu une compagnie helvetique d'assurance contre la grele : il faudra cependant excepter de I'asso- clation ceux des cantons qui , par I'etablissement des paragre/es , ai- nieront micux prevenir I'actiou de ce fleau que de remedier a ses effets. . — Pompes a incendies , du mecanicien Uliich Scuekk , le jeiine. i" Cette pompe est placee sur un chariot d'un transport facile, vu qu'il n'a que sept pieds de long , et que la yoie en est de moyenne dimension ; par le moyen d'un mecanisme fort simple , letinion s'en- l^ve et s'adapte avec une grande promptitude. 2° Elle est destinee a la fois a agir immediatement pour eteindre I'incendieet a fournir de I'eau a d'autres pompes mises en activite. Quand elle est em- ployee uuiquement a ce dernier usage, elle suffit pour fournir de I'eau a quatre ou cinq pompes ordinaires a la fois. 1,'^ Au corps de pompe est adapte un sac faisant la fonction de pompe aspirante doni I'ouverlure est ir,3 lignes de diamfetre (mesure de France). Ce sac place dans un ruisseau ou un reservoir, fournit a la pompe, par chaque coup de balancier , 5oi pouces cubes d'cau. Le balan- cier mis en mouvement pur vingt-quatre ou vingt-hiiit hommes, lance I'eau sans interruption Ji une distance de cent a centdix pieds, avec une force sulfisante pour cnlever sans peine les paves des rues , les tuiles de dessus les toils les plus eleves, et pour demolir aa pre- mier ou au second 6tage , la maqonneric qui remjilit tes trayees. SUISSE. 595 [\° L'eau peut , si Ton veut , se diviser entre trois tuyaux dont i'ou- verture a un diametre de sept a hnit lignes. Chacun de ces tu yaux fournit , par coup de piston , 167 ponces cubes , lances, il est vrai un peu moins loin que par un tnyau unique : cependant, la diffe- rence est peu considerable , si Ton ajoule aux trois tuyaux des pro- longemens. 5° La pompe est construite de telle facon que Ton peut diriger immediatement deux des tuAaux contre le feu et employer le troisieme a remplir d'eau une grande pompe ou deux moyennes. Voila ce qu'il y a de particulier dans la construction de la pompe a incendie de M. Schenck. En voici les priucipaux avantages. 1° On n'a pas besoin de puiser ct de porter de l'eau pour remplir la pompe : neanmoins , on peut la remplir de cette maniere, qucnd la localite ne permet pas de faire usage du sac d'aspiration. 2° En comptant 60 coups de piston par minutes , la nouvelle pompe as« pire , dans cet espace de terns, 3o,o6o pouces cubes d'eau, c'est-i- dire, autant que trois pompes ordinaires , dont le corps de pompe a 5,5 pouces de diametre et de 10 a 12 pouces de levee. En eftet , une pompe a incendie de cette dimension ne recoit et ne lance par minute que 10,020 pouces cubes, et exige les bras de 20 a 24 hommes; Tandis que celie de M. Sclienk fournit le triple d'eau, et n'exige que quatre hommes de plus. 3° Enfin , la force avec laquelle l'eau est lancee fait gagner dn tems , et epargne beaucoup de peines et de dangers a ceux qui travaillent a eteindre les incendies. Ces details sont extraits de plusieurs temoignages officiels accor- des a M. Schenk par des autorites communales , par le directeur de la police et les chefs du corps des pompiers de la ville de Berne. Thukgovie. — Maison de p/aisarice mise a la disposition des ■vnja- geurs. — Un ancien colonel , M. Parquijv, proprietaire du chateau de Wolf berg, transformant cette belle habitation en une auberge somptueuse, a ouvert , le T^''mai, ce nonvel etablissement ; des etrangers et des famiUes entieres y trouveront, pour tout le tems qu'ils voudrout v rester , les plaisirs de la campagne reunis aux jouissances que I'on ne peut guere se procurer q-.ie dans les grandes •villes , des promenades charuiantes , une societe choisie , un mede- cininstruit, une tres-bonne table , servie aux memes heures qu'a Paris , d'excellens domestiques , un glacier, etc. ; ils auront a leur disposition des bains , des chevaux, des voitures de foute espece, des barques et des nacelles, les plaisirs de la p^che, de la chasse , les principaux jouruaux de France et des autres pays , etc. — Le prix de la pension est de 140 florins par mois ; on ajoute 35 florins ^'i KUROPE. pour nil (lomestiquc. Le cbiteau de Wolfberg est dans la plus belle exposition. Lausaane. — Neciologie. — Louis Reynier. — La Societi des sciences iiatnreHes dii canton de T'aud a perdu , le 17 decenibre 1824 , M. Reynier, I'uii de ses membres les plus actifs et les plus instruits. M. le general Labarpe, president de la societe , a pay6 a sa in^- moire un juste tribiit d'^loges , parmi lesquels devait surtout se trouver la mention des ouvrages les plus remarquables de M. Rey- nier. On y distingue, en effet , les Considerations generales siirVagri- culture de VMgrpte et sur les ameliorations dont elle est susceptible , im- primees dans le quatrifeine volume des inemoires sur I'Egypte ; I'eco- nomie pnbliqutf et rurale des Celles , des Cennaius et des autres peuples da Nord et du centre de I' Europe , ouvrage publie en 18 18 ( voyez Rev. Enc, t. viii, pag. 492); et suivi , en 1819, 1820 et 1823, de recbercbes nnalogues sur les Perses , les Pheniciens, les Arabes et les Juifs, les F.gyptiens et les Cartbaginois. ( Voy. Rev. Enc. , t. xviii, p. 3o2. ) II s'occufiait d'ua ouvrage semblable sur les Grecs , lorsque la mort vint le surprendre an milieu de ses travaux. M. Louis Reynier avait encore rendu a ses concitoyens d'autres services importans. Conservateur des antiquites du canton de Vaud, il etajt encore I'un des fondateurs de la Socieie litteraire et de la So- ciete des sciences naturelles. Place a la t^te de la regie des postes du canton de \aHd, et charge anpres du gouverneraent Sarde et Lom- bardo-Venitien de missions delicates et iniportantes, il m^rita tou- jours I'estime et la recoriuaissance du public, et I'affection de ses interieurs. Dureste, il conserva toujours la simplicite des rooeurs republicaines , et un desint^ressement bien rare de nos jours. Le general Labarpe a fait imprimer, a la suite de sa notice sur M. Reynier, la liste de la plus grande partie de ses ouvrages, ils consistent presque tous en dissertations sur divers points d'bistoire ancienne , ou sur I'agriculture et la botanique. Nous avons cite les plus importans. — Gbneve. — Marc - Auguste Pictet. — Notre republique et les sciences physiques et naturelles vienuent de faire une perte immense dans la personne Ae M. le prolesseur Marc - Auguste Pictet, qui est mort dans la nuit du 19 au 20 avril. Quatre mois sout a peine ecoules , depuis que la mort nous a enlev^ dans son frere cadet M. le conseiller d'honneur Cb. Pictet de Rochemont (voy. Rev. Enc. , t. xxv , p. 255) , un de nos magistrals les /plus distingues , et deja la lombe se rouvre pour nous ravir, au bout de trois semaines SUISSE. — ITALIE. agS de maladie, un homme que ses vastes connaissances et I'utile et geiiereux eniploi qu'il savait en faire rendaient clier a tcais ses con- citovens. La parte de ce savant distingue , vivement sentie en Suisse, le sera egalemeiit dans tous les pays oii i' entretenait line correspon- dance scientifique, mais surfout en France, ou il avait rerapli avec distinction, pendant plusieurs annees , les fonclions d'inspec- teur general des etudes. ( JSouveliiste P'audois. ) ITALIE. PiEMONT. — Education des 'vers a sole — On eleve ici deux varietes principales de vers a soie, I'une dont le cocon est jaune ; c'est la plus lepandue : I'autre dont le cocon estblanc. Celle-ci est elevee , surtout autour de Novi, En France , outre ces deux varietes , on en eleve aussi dans les environs d'Alais, une troisieme que le gouvernement a fait venir de la Chine, il y a cinquante ans , et qui donne une soie d'une blanclieur parfaite. M. Bonafous, de Turin ,• a fait deux edu- cations comparatives avec des quantites egales de graine de NOvi et de graine de Chine, tiree d'Alais et d"un proprietaire qui a con- serve la race chinoise parfaitement pure : il s'est assure que la petite superiorite de prix de la soie blanche de Chine, sur la soie blanche de Novi , est tres-loin de compenser la perte qui resulte , dans I'edu- calion de la race chinoise, de la moindre quantite de soie que Ton obtierit avec la m^me quantite de feuilles consommees. V. J. Florence. — Publication prochaine. — M. Vleusseux a entrepris de publier un choix de prosateurs italiens cjassiques. Le nom de M. Pierre Giordani , qui dirige cette edition, parait devoir la faire distinguer de toutes celles du meme genre que nous connai'^sons. M. Giordani est du petit nombre des Italiens qui reunissent a Tele- gance et a la purete du style la force et la precision de la pensee. Dans celte collection, qui sera moins volumineuse que celles qui I'ont prccedee , I'editeur a substitue a plusieurs auteurs pretendus classiques , d'autres ecrivains moins connus et plus dignes de I'^tre , tels que Dino Compagni, Giambullari , Giannotti , J. B. Adriani , Andre Palladio, Paruta , J.B. Doni , Speroni, leTasse, Ratnusio, et surtout le P. D. Bartoli. II croit pouvoir renfenner en vingt-cinq volumes in-8°, au plus, tout ce que les Italiens ont ecrit de meilleur jiendant le cours' de cinq siecles. M. Giordani promet de faire pre- ceder chaque volume d'uu discours , ou il determinera le genre de talent de I'ecrivain et le caractere de I'ouvrage. La reunion de ces discours formera un tableau comparatif des cinq derniers siecles de 5yG EUROPE. la litterature italienne. Celte edition int6ressera done non-seuleineut les Iialiens , inais aussi les etrangers jaloux d'apprecier cette riche litterature , souvent nial coiinuepar ceux qui Tenseignent etpar ceux qui radmirent. Le nom de M. le marquis Gino Capponi , qui favo- rise cette utile entreprise , nous parail ua sur garant de son succes. On publiera an moins quutre volumes par anuee. Les souscripteurs paieront en recevant cliaque livraison. Le prix sera de 17 centimes par feuille , papier ordinaire ; et chaque volume cwntiendra de vingt ^ vingt-cinq feuilles d'impressiou. On souscrit au cabinet litteraire de M. Vieusseux. Rome. — Necrologie. — Rossi. — Les savans et les philologues deploreut la perte d'Ignace de Rossi, mort le 25 nbvembre i8a4- Apres avoir professe la philosophie et les matbematiques cbez les jesuites , a la societe desquels il etait affilLe, il se voua specialement aux eludes pbilologiques , et surtout aux langues orientales. Norame professeur de iangue liebra'ique dans Tuniversite gregorienne, il nierita I'estime et I'amitie d'E. Q. Visconti, de Lanxi, de Mariui , d'Heyae, etc. Parmi les diverses productions qu'il a publiees, on remarque ses Commcntaires sur Laerce, et les Origiiies de la Iangue egjptlenne. Ces ouvjages se dislinguent a la fois par la profondeur de I'erudition et par I'elegance du style de I'auteur. — Milan. — Stratico. — L'ltalie a fait une j)erte plus grande encore dans la personne du comte Simon Stratico, directeur de la classe littetaire de I'lnstilut de Milan, mort eu juillet 18241 a I'age de 94 ans. Sa famille etait oiigiuaire de Candie. II fut instruit dans les belles-lettres, surlout dans la litterature grecque,par le savant Antoine Stratico, son oncle ; il s'attacha specialement aux matbema- tiques et a la profession d'ingenieur. II fut cbarge de plusieurs mis- sions sous I'ancien gouvernement de la republiqne de Venise. II se fit ensuite distinguer successivement comme professeur a I'universite de Pavie, dans le corps des ingenieurs des pouts et cbaussees, a I'lns- titut de Milan et a I'Academie des beaux-arts. II fut enfin nonime se- iiateur, et decore des ordres de la couronne de fer et de la legion d'bonnenr, puis de I'ordre de Leopold, que lui confera I'empereur Francois. Stratico avait voyage en Italic, en France et en Angleterre; il entretenait des relations avec les liommes de lettres les plus distin- gues de I'Europe. 11 a conserve toutes ses facultes et toute la force desou esprit jusqu'.i sa dernieie vieillesse; son caractereet ses vertus n'ont jamais ete alien's ni par ses malbeurs personnels ni par ceux qui ont accable sa pati ie. Nous lui devons un Diclio/mnire de marine ITALIE. — GRECE. 697 dans les trois laugues , francaise, anglaise et ilalienne ; une traduc- tion du Traite de Navigation d'lvan; un cabinet de modeles de vais- seaux , et une collection de livres concernant la marine. Cette collec- tion et son cabinet furent donnes, de son vivant, a I'etat lombard- venitien, et le gouvernement en a enriclii la bibliotheque de I'lnstitut. Ou a de lui beaucoup de niemoiies relaiifs a I'aichitecture , aux beaux-arts et a rarcheologie. 11 avait fait pliisieurs experiences sur I'optique, et quelques recherches ingenieuses sur la science de I'hartnonie. II a laisse, dit-on, des conimeutaires sur les ouvrages de Leone Alberti et sur Vitruve. F. S. GRECE. Missox-oNGHl , 6 avril. — Instruction piiblique. — On trouve dans fy^mi de la hi les details suivans , qui prouvent les efforts du gou- vernement grec pour faire avancer I'instruction publique , malgre les obstacles resultant de la guerre. La ville d'Argos possede un ecole, ou d'habiles professeurs ensei- gnent la langue d'Honiere, I'histoire, la phiiosophie et plusieurs langues etrangeres ; une ecole d'enseignement muliiei , etablie dans cette ville depuis la revolution, reunit deux cents eleves , et a deja fourni des sujtes capables de propager cette excellente me- thode d'instruction dans les parties de la Grece qui en sont encore privees. Uecole HcUenique d'Hjdra vient de se reconstituer par les soins du^enerable evdque Bartholome, qui saisit toutes les occasions de moutrer son zele ardent pour la propagation des luinieres. A Athenes , qui parait etre destince a eclairer de tout terns le reste de la Grece, les deux ecoles qui existent, ne peuvent , quoiqu'elles soient assez spacieuses, contenir tous les jeunes gens accourus de toutes parts pour y recevoir les premiei s elemens des lettres ; I'ecole hellenique que possede celte ville promet de devenir une des plus brillantes institutions de la Grece, sous la direction du professeur Georges Gennadius, dont les vastes couuaissances et les seutimens patriotiques inspirent la plus grande confiance. Deux tragedies, I'une intitulee, Narco Botzaris , et I'autre, Miga- cles, ont etc representees dans Tile de Tiuos. Les acteurs et les pieces ont obtenu de vifs applaudissemens. La methode lancasterienne fait des progres rapides dans cette ile, qui possede aussi une ecole helle- nique , fondee sous les auspices de ses primats. — ISicrologie. — Meissel. — Le aa octobre dernier, est mort ici, 5^8 EUROPE. .■Iiigttstf- Henri Meissel, doctenr eu droit, ne a Drosde, le sd sep- tembre 1789. II avnit reinpli avec succes plusieiirs missions diplo- niatiques. En 1818, il etait secretaire de legation a Berlin; pen apres, il fut envoye a Madrid, avec la tneme qualite; mais il revint bientot dans sa patrie, d'oii il entreprit, en i8a4i "i '^''J'-'igc en Italic et en Grece. M. Meissel est connu par phisieurs bons ouvra- ges, cites dans t AUemagne Savanle (Gelehrten Deutschland); il fant y ajouter les suivans : 1° Elat politique de la revolution (T Espngne , par un temoin occulaire. Dresden, 1821 ; 20 Materiaux pour servir a V Histoire de la revolution francaise , n° i ; 3" Cours de style diploini- tique. Dresden, iSaS et 1824. 2 vol. P. G. PAYS-BAS. Bruxelles. — Academie des Sciences. En 1823, cette Acadrniie avail mis au concours, la question suivante : « Determiner les clian- gemens que pent occasioner le deboisement de forets considerables sur les contrees adjacentes , relativement a la temperature et a la sa- lubrite de I'air , a la direction et a la violence des vents dominans, a I'abondance et a la localile des pluies, d'ou derivent les sources et les eaux courantes, et en general a tout ce qui constitue I'etat phy- sique des pays. >> Ce probleme qui se lie aux premiers inter^ts de la Societe, excita pareillement, et presqu'.i la m(*me epoque, I'attention du gouvernement francais ; il fut prescrit, par une'circulaire aux prefets des departemens du royaume. d'en faire I'objet de leurs re- cherches, et d'examiner I'influence que le deboisement exerce , par les modifications du climat , sur I'agriculture, et par la diminution des eaux, sur I'arrosement du sol ainsi que sur la navigation inte- rieure. On s'occupa, en 1822 et 1823, de cette importaute investiga- tion; mais les travaux partiels dont elle se composait etant neces- sairement bornes a des localites, et n'embrassant ni des perlodes, ni des territoires suffisamment etendus , leurs resultats ne donn^rent point les lumieres qu'on en attendait ; et I'Academie des sciences de Paris , qui fut chargee , en 1824, d'en faire iin rapport general, declara qu'on ne pouvait tirer de leur ensemble aucune conclusion certaine. Le premier concours, que TAcademie de Bruxelles avail ouvert sur cette vaste question , ne remplit pas mieux son espoir; et il ne lui parvint aucun memoire qui lui parut offrir une solution satisfai- sante. Mais , I'importance que I'Academie attacbait a ce sujet la de- terraina a le remettre au. concours, pour 1825 ; et dans sa seance PAYS-BAS. — FRANCE. Syy generaie du 7 de ce mois, elle vient de decenier k rupanimite, le prix qu'elle avail propose a un ouvrage intitule : Recherches sur /cs changemens prodiiics dans I'etaC physique des contrees par la destruction desforets. L'auteur est M. Moreau de Jonnes , officier superieur au corps royal d'etat-major, correspoiidant de I'lnstitut de France, et I'un de nos collaborateurs. C'est la cinquieme fois, depnis quatre ans, que ses ouvrages ol)tiennent I'honneur d'etre couronnes par les premieies Academies de TEurope. Amsterdam , 10 mai. — Bateaux a -vapeur. ■ — On s'occupe active- ment a Amsterdam de la formation d'une Societe amsterdamoise de navigation pur bateaux a vapeur, dont le but provisoire sera de mettre eu activite deux bateaux a vapeur pourle transport des pas- sagers et des marchandlses, I'uii entre Amsterdam et Londres ; I'autre entre la meme ville et Hambourg, de maniere que Ton pourra , dans quatre fois vingt- quatre heures, aller et venir de Londres a Hambourg._ FRANCE. Bagjxoles ( Onie ). — Eaux ininerales. II existe dans ce departe- ment une source d'eaux therniales, autrefois renommees en France, et que la negligence des anciens entrepreneurs avait fait tcmber dans I'oubli. Mais les soins que le nouveau proprietaire , M. Lema- cliois , a doniies a cet utile etablissement ont ete couronnes dts plus heureux resultats , et cette source a de nouveau attire I'attention des medeclns et des malades. C est ce qui nous engage a donnersur sa situation et ses proprietes chimiques et medicinales quelques de- tails puises dans le rapport de M. Boin , inspecteur general des eaux tninerales de France. C'est aupr^s de la commune de Couterne, a quatre lieues deDom- front , chef lieu d'arrondissement , que jaillit, au pied d'immenses roches trancliees , la source minerale thermale de fiagnoles , dans une jolie vallee, a cote d'un petit hameau qui lui a donne son nom. A la vue des materiaux qui composent ces masses enormes et de leurs situations respectives, il est impossible de mettre en doute que cette contree n'ait jiidis ete tourmentce par des secousses volca- niques; et la jiresence d'une source thermale au milieu de ces roches bris^es rend encore cette opinion plus vraisemblable. La temperature de la source de Bagnoles est de 22 degres Reau- mur, pres de 26 degres du thermom^tre centigrade. L'eau minerale thermale de Bagnoles iaisse exhaler une odeur prouoncee d'hydro- aene sulfure. Sur I'eau du bassiii qui seit de reservoir a la source, oil voit un bouillonnenient contiiiuel produit par le degagemeiit de I'acide caiboiiiqiie et de I'azote. Ces gaz s'elevent du fond du bassin en bulles qui vieuueut ciever a la surface avec un Icger bruisse- ment. Ces eaux paraissent particulierement appliquables a la gue- rison des rhumalisnies et des affections nerveuses, etc. Considere sous le rapport de sa construction et de sa destination, retablissenient thermal de Dagnoles est bien concu et bien execute. I.a forme et la disposition des Ingemens et des bains peuvent ^Ire proposees comme modeles dans ce genre de construction. iV. Ji. Pour avoir de plus amples renseigneniens sur les bains de Bagnoles on peut s'adiesser a Paris , rue et hotel du Mail. Caen (Calvados). — Soiiscriptioii j:o!ir nne pierre tu7iiulai:e a la ine- moire de M. Lamouroux. — Quand un homme ne s'est distingue que par des vertus privees , une modeste pierre marque la place oil , chaque jour, une epouse, un fils, un ami viennent en silence pleu- rer pr^s de sa cendre ; mais il a droit a des temoignages publics de gratitude , celni qui joignit aux qualites du cceur un profond savoir, qui consacra sa vie a etendre le domaine des sciences , qui enrichit la societe du fruit de ses veilles, et forma des hommes capables de marcher, un jour, sur ses traces : les sciences lui doivent de la reconnaissance; la society, un monument. Le moment est venu d'acquitter cette dette contraclee envers M. Lamouroux. Corres- pondant du premier corps savant de la France, membre d'uu grand nombre de Societes nationales ou etraugeres , professeur a I'Aca- demie de Caen , et I'un des correspondans actifs de la Revue Eucy- clopedique , M. Lamouroux s'est illustie par des ouvrages qui ont cree ou developpe beaucoup de principes d'histoire naturelle , et qui ont contribue , nou molns que ses lecons , a repandre le gout de I'etude. Une mort prematuree qui I'a suhitement enleve aux sciences et a sa famiUe, est venue I'arr^ter au milieu de sa carriere. Ses nombreux amis se sont rassembles pour elever sur le lieu ou repose sa depouille mortelle un monument funebre, qui eternisera sa memoire et attestera leurs regrets, lis ont cru devoir publier ce proiet , aGu de mettre a portee de se reunir a eux les emules , les ^Ifeves et les amis de ce savant professeur. — La Souscription et ou- verte a Caen , chez M Crouy, notaire , place Saint-Sauvenr. On pourra deposer egalement son offrande chez M. Trebutien, llbraire , pont Saint- Jacques , et i Paris, chez MM. Leblond et Lange , rue des Fosses-Montmarte , n" 6. Go I PARIS. Societes savantes; Elablisscmens cTutilite publique. IlfSTlTUT. — ylcademic des Sciences. — Mois c^'avKII. i825. — Seance du 4. M. Brisson reclame centre la decision prise dans la seance du 21 mars, au siijet de son Memoire intitule : » Nouvelles reclierches relatives au calcul integral des differentielles partielles. " II demande la permission de le deposerpendan't trois mois au secre- tariat, pour qu'il puisse en etre pris plus ample connaissance. Cette demande est accordee , et I'Academie arrete qu'il sera fait un nou- veau rapport. ( MM. Legendre , Lacroix, Ampere, Fourier et Cau- chy, commissaires. ) Plusieurs des candidats presentes par la sec- tion de medecine pour la place vacante dans son sein , par la mort de M. Percy, declarent a lAcademie qu'ils se retirent du concours. M. Thenard fait un rapport verb&l sur le Memoire de M. Coi-in , relatif a la fermentation du sucre, qui a ete imprime depuis qu'il avait ete presente. — MM. Portal et Dumeril font un rapport sur la pi^ce d'anatomie artificielle presentee par M. Auzoux. « Personne n'ignore , dit M. le rapporteur, combien est grande la repugnance naturelle qui eloigne de I'etude de I'anatomie, et surtout de I'obser- valion des objets meme qui en font le sujet. Cependant, il serait a desirer que les idees generates sur I'organisation fussent connues des jeunes gens dout la premiere education doit etre soignee. » On a fait dans ce but des preparations d'anatomie artificiellesen cire co- loriee, qui representent a\ec la plus grande verite I'apparence des differentes couches de nos organes , meme de ceux dont la structure est la plus delicate. » Mais ces preparations sontsujettes a de grands inconveulens auxquels les expose m^me la nature de leur substance , savoir : la fragilite , les felures et la decoloration. D'ailleurs, le prix en est infininient plus eleve. Plusieurs artistes et quelques ana- tomistes , entre autres M. Ameline de Caen , ont substitue a ces pre- parations en cire des imitations en pate de carton colorie. M. Au- zoux a perfectionne ce genre d'execution, en composant des monies creux , dans lesquels il fait couler une pelte ductile , coloree, quis'y imprimeet s'yconforme demanifere qu'apris avoir acquis une grande solidite , elle donne une idee assez exacte des os , des muscles et des autres organes quelle doit representer. « Vos commissaires pensent que les travaux executes par M. Auzoux meritent de I'encourage- ment pour qu'il puisse les perfectionner et les rendre ainsi ^iropres a 4tre deposes dans les ecoles de dessin. » ( Adopte. ) — L'Academie va au scrutin pour I'etection d'un membre dans la section de mede- T. XXVI. — Mai 1825. 39 6o2 FRANCE. cine et cle chirurgie , en reniplacenieut de M. Percy. M. Dupuytren obtient quarante et une voix ; M. Roux , cinq ; M. Larrey , trois ; MM. Alibert, Richeraud et Jules Cloquet, chacuii une. M. Dupuy- tren est declare elu. M. Arago communique une lettre de M. le capitaine Duperrey , conceruant le voyage autour du nionde qu'il vient d'executer. Cette lettre contient une listede tons les points par ou il a passe et des iles qu'il a decouvertes , ainsi que des princi- pals observations de physique qu'il a eu occasion de faire. — Du II. M. Delobei. , qui avait adresse precedemment son ou- vrage intitule : Nouvelle theorie de runivers , exprime le desir de connaitre le jugement que I'Acad emie a porte de cet ouvragc. On I'informera que ses recherclies ayant ele publiees ne peuvent etre I'objet de I'examen de 1' Academic. — M. Cohdier prie 1' Academic de vouloir bien envoyer a son domicile «n ou plusieurs de ses membres pour examiner un globe mouvant representaut les jours croissans et decroissans , ainsi que les eclipses de lune et de soleil. II sera invite a donner de vive voix quelques details au sujet de I'examen qu'il sollicite. — M. J.-B. P««/Pacchiakotti ecrit a I'Aca- demie pour lui adresser un Memoire italien , intitule : Experiences physico-medicales sur la fifevre maligne. ( MM. Boyer et Magendie, commissaires.) — M. Lemaire^Lisa]vcourt , membre de I'Academie royale de Medecine , pjie I'Academie de vouloir bien I'admettre au nombre des candidats pour la place de professeur adjoint a I'Ecole de pharmacie de Paris. ( Renvoyc aux sections qui doivent faire la presentation. — M. Martin adresse un ouvrage dont il est Tauteur, et qui a pour titre : Dictionnaire universel des divisions faites, avec quatre tableaux pour servir a la demonstration. ( M. Mathieu est charge d'examiner cet ouvrage. ) MM. Bussy et Lecanu desirent que I'Academie veuille bien recevoir le depot d'un paquet cacbete. Ce depot est accepte. — M.GEorFROY-SAiNT-HiLAiRE lit un Memoire intitule :' Recherches sur quelques faits de I'organisation des gavials et sur la necessite de les distinguer, comnje genre a part, des cro- codiles. — M. Arago communique diverses observations relatives aux ph6nomenes designes sous le nom dehalos. Ilannonce qu'en exa- minant avec un instrument de son invention le halo qui s'est montre autour du soleil dans la matinee, il a reconnu dans la lumifere qui se formait , des traces non equivoques de polarisation par refrac- tion. M. Arago avait deja fait cette experience une premiere fois , il y a quelques annees ; elle exclut toute explication du phenomene des halos qui seruit fondee sur I'hypothese d'une reflexion et parait ' PARIS. 6o3 tres - favorable a celle que Mariotte a inseree dans ses CBuvres. M.Arago pensc que rinstrument dont il s'est servi pourra plus ge- iieralement lui apprendre quand un nuage sera gele, et fournira con- sequemment les moyens d'etudier la loi du decroisseraent de chaleur dans I'atmosphere. — MM. Dunioril et Cuvier sont nomnies com- missaires pour I'examen d'un Memoire de M. le docteur Colas. — M. le docteur Pasture presenteun Memoire intitule :Essai sur le rap- port des proprietes medicanienteuses des plantes avecla naturedes lieux qu'elles liabitent. (MM. Desfontaines etMirbel, commissaires.) — Du 1 8. M. DE i-A PiLAYE ccpit a I'Acadeniie pour lui presenter deux ouvrages manuscrits qu'il soumet a son jugement. Le premier, en 2 Tol. in-4°5 est intitule : Essai siirla Flore de File de Terre-Neuve ; et le deuxieme, en 3 vol. in-8° a pour litre : Essai sur la Flore de Bretasne et sur la Flore d'Oiiessant. — Le ministre de I'fnterieur an- nonce qu'ayant pris conna»issance du rapport fait a TAeademie sur les manuscrits de la version latine et francaisede feu M. Peyrard , il desire favoriser la jiublication de cet ouvrage; en consequence , il a decide qu'il serait pris par le ministere soixante-cinqexemplaires, dont cinquante sur papier fin et quinze sur papier velin. • — M. de Humboldt communique a I'Academie des observatitjns faites par M. Gustave Rose , a Berlin , sur un grand ecliantillon de I'aerolithe de Juvenas. Ce savant mineralogiste est parvenu a separer des cristaux dont il a mesureles angles avec le goniometre a reflexion. (Un deces cristaux est la variete del'octaedre, fig. g, de la Minerahgied^'ilw\.) Le meme tissu rocheux renferme des cristaux hemitropes microsco- piques, qui |)araissent etre du feldspath abase de sonde, c'est-a-dire , de Valbiie. J\L Rose a examine egalement, a la priere de M.de Hum- boldt, I'aerolitlie de Pallas , et les trachites recueillis au Cliimborazo et sur d'aulres volcans des Andes. M. Rose a reconnu que I'olivine de la masse de Pallas est parfaitement cristallise , et que les tra- chites des Andes sont en parties les melanges de pyroxene et d'albite. comme I'aerolithe de Juvenas et peut-^tre ceux de Fouhae et de Hannorn , dont les tissus n'ont pas encore ete examines mineralo- giquement par les moyens de la trituration , du microscope et du goniometre a reflexion. • — M. Magcndie, au nom d'une commission , lit un rapport sur les collections d'animaux et les preparations ana- tomiques'de M.. Dupont. « Nous avons exprime a M. Dupont notre satisfaction pour la maniere dont il prepare et empaille les oiseaux , et dont il conserve les papillons ; mais ce nVst pas sur ce genre de merite que nous voulons arr^tcr I'attention de I'Acndemie. M. Du- 6o4 TRANCE. pont se liTre depuis plusieurs annees , avec un succfes non douteux, au modelage en cire... Les ouvrages qu'il nous a presentes ont toute la perfection dent ce genre de production est susceptible. Sous certains rapports nieme, tels que la verite des couleurs et la transparence des organes, il a, selonnous, depasse les artistes qui I'ont precede. Vos commissaires pensent done que ce jeune natura- raliste est doue des talens necessaires pour cultiver avec le plus grand succ^s le modelage en cire , qu'il mcrite les eloges de 1' Aca- demic, et qu'il serait a desirer qu'un art aussi utile fui encourage. ( Adopte. ) — M. JoMARD lit I'extrait d'un Memoire sur le cours du Nil des Noirs ou Niger, et celui duNil d'Egypte, et des remarques sur la hauteur et la temperature du lieu ou a peri le docteur Oudeney, a Test du royaume de Boa-nou. MM. Arago et df. Humboldt pre- sentent diverses observations sur les questions traitees dans ce Me- moire. — M. Cauchy presente un Memoire sur I'analogie des puis- sances et des differences, et sur I'integration des equations lineaires. — M.le docteur Dlleau lit un Memoire contenant des observations sur le developpement de I'ouiie et de la parole d'un jeune sourd- muet de naissance. — ■ Du 25. M. Akago, presente, au nom de M. le capitaine Du- PEKREY, present a la seance , une partie des manuscrits et des des- sins relatifs a I'expedition autour du monde que cet officier vient de terminer. II demande qu'une commission soit nommee a I'effet de rendre compte des travaux et des observations auxquelselle a donne lieu. ( MM. Desfontaines, Cuvier, de Rossel , Arago, de Humboldt, Cordier, commissaires.) — M. le docteur Duleau termine la lecture de son Memoire sur les operations par lesquelles il a rendu Touie a des sourds-muets. (MM. Geoffroy, Dumeril , Fourier etMagendie, commissaires.) MM. Fourier, Rossel et*FHESNEi. sont nommes pour assister a I'examen de I'Ecole des ponts et cbaussees. — MM. QuoY et Gaymard liseut un Memoire intitule : Description de cinq nouveaux genres de mollusques et de quatre nouveaux genres de zoophytes decouverts pendant le voyage autour du monde, de M. le capitaine Louis de Freycinet. ( MM. Cuvier, Bosc et Dumeril , commissaires.) — M. Duveau lit un Memoire intitule : Nouvelles recherches sur I'histoire naturelle des pucerons. ( MM. Cuvier, Bosc et Dumeril, commissaires. ) — MM. Bouvard et Mathieu sont nom- mes pour examiner un globe n-iouvant present^ a I'Academie par M. CORUIF.R. A. MlCHELOT. PARIS. 6o3 -^ \]Academie fraticaise , clans sa seauce du niardi 3 mai, a en- tendu la lecture de VEloge historique de Vicq-d'Azir , par M. Lemon- TET , et celle d'uii Discours en vers sur h perfectionnement de I'homme , par M. Andrieux. — Academie des inscriptions et belles-lettres. — Extrait dil rapport de la commission speciale nonimee par I'Acadernie, dans sa seance du i4 fevrier iSaS, sur les mojens d' encoiira ger et de faire contimier la recherche des artliquites de la France, — La commission a pense que, pour rendre .i ces recherches I'acti'vite qu'elles ont perdue, il suffirait que I'Academie annoncat publiquement son intention de s'en occuper avec le mi^me interet qu'elle I'a fait precedemment , en repevant des savans et des antiquaires de nos departemens toutes les communications qu'ils Ini feraient a cet egard. Quant a - la methode a suivre dans la recherche des antiquites , la commis- sion n'a pas cru pouvoir rien ajouter aux instructions precedemment dressees par TAcademie, et suffisamment connues de toutes les per- sonnes qui se livreut a ce genre de travaux... — En continuant de signaler a I'attention et a I'estime publiques , dans sa seance annuelle, ceux des travaux qui lui auront ete adresses avant le i*'' juillet iSaS, I'Academie prouvera' sans doute qu'elle veut , dans I'inter^t de la science historique specialement confiee a ses soins , soutenir la sage et utile direction donnee a ces etudes nationales. La commission a done ete unanimement d'avis que la continuation du rapport an- nuel est un des moyens les plus surs et les plus actifs que I'Aca- demie puisse employer pour encourager la recherche de nos anti- quites francaises. — Un autre moyen sur Tefficacite duquel la com- mission n'a pas ete moins unanime, ce serait qu'il fiit fait, sous la forme de rapports, des exlraits des menioires precedemment en- voyes a I'Academie , ou qui lui seraient adresses par la suite. Une distinction pareille , accordee a des travaux entrepris jusqu'ici dans le seul interet de la recherche ou de la conservation des antiquites locales , agrandirait le cercle dans lequel ils sont demeures circons- crits , en leur donnant plus d'eclat , d'importance et de solidite; elle deviendrait un motif d'emulation salutaire; et I'Academie n'au- rait sans doute qu'a s'applaudir d'avoir ouvert cette carriere nouvelle au zele de nos antiquaires francais. Pour se resumer, la commission est d'avis que le rapport annuel relatif aux memoires sur les antiquites de la France continuera d'etre fait, comme les annees precedentes , et soumis a I'approbation de I'Academie. Ce rapport, qui devra comprendre des analyses des 6o6 FRANCE. memoires ca question , ue pouria exceder, dans tous les cas, liuii. feuilles d'tiupiessioii , dii format et de la justification des rapports ordiiiaires de I'lnstilut, et sera iiisere, s'il y a lieu, a la suite de I'Histoire de i'Academie , apr^s avoir ete envoy6 a I'exanien de la conimissiou d'inipression. Un extrait de ce rapport |)Ourra etre lu, dans la seance publique de julllet. L'Acadeinie adopte les propositions contenues dans le present lapport de sa commission speciale pour les auliquites de la France, et decide qu'afin de donner de la publicite a cette deliberation , ce rapport sera imprime et distribue. ( Les membres de la commission speciale etaient MM. Raoul-Ro- chelte, rapporteur, Abel Remusat, Alex. deLaborde, Quatremere de Quincy, Jomard, et les membres du bureau. ) Dacieu SocieCe d' encouragement pour Tindustrie nationale. — Cette Sociele a tenu, le mercredi 27 avril , sa seance generale d'hiver. Apr^s la lecture des differens rapports sur les travaux et sur la situation de la societe, les prix ont etc distribues. Les deux medailles d'or de premiere classe ont ete accordees , la premiere a M. Ckespel d'Arras ( Pas-de-Calais ) , pour la fabrication du Sucre de betterave. Ce fabricant livre au commerce , tous les ans, i5o,ooo livres de Sucre. II a imagine un grand nombre de inoyens pour abreger les travaux; et, plain d'un noble desinteres- seement , il ouvre ses ateliers a tous ceux qui veulent conuaifre ses precedes ; il fournit meme des ouvrlers instruits a toutes les fabri- ques. On remarque qu'uu prince de I'Ukraitte a quitte sa patrie pour venir chez M. Crespel endosser la blouse de travail et etudier la fabrication du sucre. La seconde medallle a ete donnee a MM. Masby et Wilson , qui ont importe en France la plupart des machines anglaises. Ces deux negocians ont etc soumis , en Angleterre , a une enqu^te , et con- damnes a une amende de 5o,ooo francs, qu'ils ont envoyes de France, par respect pour les lois de leur pays. MM. Manby et Wilson s'applaudlssent beaucoup de I'intelligence des ouvriers francais , par lesquels ils ont remplace les ouvriers qu'ils avaient amenes d'Angleterre. Ils citent particulierement un simple charretier, qui est parvenu en tres-peu de terns a'leur rendre les m^mes services qu'un fondeur auque! ils donnaieut vingt-deux fr. par jour. La Societe a ensuite proccdc au ienou\ellement de son bureau en enticr , et de ses comites, par tiers. Tous les membres ont etc rcelus. PARIS. 607 Societe Asiatiqiie. — Cette Societe a tenu, le aSavril, sa seance generale annuelle. On y a entendu le rapport de ses travaux, pen- dant I'anuee qui vi'ent de s'ecoiiler, par M. v^Jc/Remusat, secretaire de la Societe. II a fait connaitre les principaux ouvrages relatifs a la litterature orientale , qui ont et6 composes par des membres nationaux et etrangers. II a ensuite annonce I'achevement de deux ouvrages ordonnes par la Societe : la Grammaire japonaise , du P. Rodriguez, traduite du portugais par M. Landresse, avec nne Exposition des sjUabaires japonTlis , par M. Abel Remusat , et le Reciieil des fables de Varian , traduites de rarmeiiien en francais, par M. Saint-Martin. Le rapporteur a pave un juste liommnge a la memoire de M. A. Duvaucel, membre de la Societe, auquel elle est redevable de I'ac- quisition de plusieurs manuscrits indiens tres-precieux. ( Voy. Rev. £nc. , t. XXI, p. aSy). Quelques membres ont lu divers morceaux do poesie et de litterature orientale. Un episode du poeme samskrit, le Ulahabharata , traduit par M. de Cliezy, et wn morceau , tire du persan, par -M. Grangeret de Lagrange, ont ete ecoutcs avec inte- ret. M. Garcin de Tassy a termine la seance par la lecture d'un petit poeme tres-piquant, traduit de I'indostany, langage moderne de I'Inde. Eu reunissant ainsi I'agreable a I'utile, la Societe Asia- tique a fourni une nouvelle preuve des avantages que presenfent au deveioppement de I'esprithumain, les associations libres, lorsqu'elles se proposent uji but determine. iconomie rtirale. — Ouverture des Silos de M. Ternaiix , a faint-Oiien, ores Paris. — Le jeudi igmai , une societe nombreuse et clioisies'est reunie chez M. Ternaux, a Saint-Ouen, pour assister a I'ouverture des silos ou fosses souterraines destinees a conserver les grains. C'es experiences, qui datent deja de plusieurs ann^es, ( voy. Rev. Enc. , t. XVIII, p. 4(^C)), ontpresente les resultats les plus satisfaisans. Les grains de di verses especes, retires des silos oil ils etaientrenfermes depuis plusieurs annees , ont ete trouves dans un etat parfait de conservation. Les couches les plus voisines du sol et des parois n'offraient qu'une tres-legere humiditc. II est done bien constate maintenant que Ton peut faire arriver les annees d'abondance au secours des annees de disette , avec autant de facilite que d'econo- mie. Peut-^tre un jour radministration eclairee par la solution de ce grand probleme d'economie puhlique, sortira du systeme vicieux d'approvisioiinement que Ton suit depuis un siecle,'^et dont le terns fioS FRINGE. a dumontie rinsiiffisance et la prodigalite. — Un autre objet tr^s- important pour les proprietaires, et qui le sera plus tard pour les manufacturiers, avait attire la foule a Saint - Ouen. On v a vendu des beliers et des brehis de la race electorale de Saxe et du Leices- tersbire. Cette derniere espece surtout , a peu pres inconnue en France, etait robjet d'une curiosite particulii'-re. Cependant , la vente a ete au-dessous de ce qu'on pouvait esperer. Des beliers de Saxe et d'Angleterre ont ete adjuges pour 5oo ou fioo francs , c'est-a-dire , pour un prix infcrieur a ce qu'ils ont coute. En les cedant a perte , M. Teniaux a donne une nouvelle preuve du noble desinteresseinent qui preside a toutes ses actions. II contrlbue ainsi a propager en France des races dont I'utilite sera d'annce en annee mieux appreciee, a mesure que les manufacturiers sauront employer le prodult des riclies toisons qu'on naturalise dans notre pays- Archeoi.ogie. — Hlonumens de la sculpture egyptienne. — Une se- conde collection des antiquiles egrptierines , rassemblee par les soins du chevalier Drovetti, consul general de Sa Majeste a Alexandrie, est offerte a la France par cet ami des arts , par ce protecteur genereux des voyageurs en Egypte , qui essaie de nous consoler de la perte irreparable de sa premiere collection. Soixante mouumens en pierre dure sont deja arrives dans nos ports, en outre de plusieurs milliers d'objets arcbeologiques. L'un de ces monumens, pesant aS milliers, a ete charge sur deux voitures, et est arrive a Paris le 14 mars der- nier. C'est un sarcophage de granit intact, avec son couvercle, enri- chis l'un et I'autre , en dedans et en dehors, d'une muliitude de figures et d'hieroglypbes. Le travail en est tres-soigne et tres-fini. La longueur est d'environ 8 pieds 8 pouces, et la hauteur, avec le couvercle, de 5 pieds 7 pouces. Ce monument a ete trouve au fond d'un tombeau souterrain, dependant de la ville de Memphis. II a fallu trois mois pour Ten tirer. La forme du couvercle a cela de par- ticulier, que la surface superieure est celle d'un cone, tandis que le bout du cote de la t(5te est cjlindrique , d'oii resulte Vintersection d'un cone et d'un cylindre, qui ne sont ni l'un ni I'autre a base cir- culaire; et cette courbe , d'un trace difficile, a ete purement exe- cutee. M. Drovetti n'a epargne aucun soin , aucune depense pour former, et pour exp^dier en France cette collection qui , il faut I'es- pcrer, n'anra pas le sort de la premiere. M. le directeur du Musee royal , et ensuite le vicomte de La Rocliefoucauld , charge du depar- tement des beaux-arts au ministere de la maison du Roi , et M. le vicomte de Clarac, se sontrendus a I'liotel La Rochefoucauld oil est PARIS. 609 depose le sarcophage, et tout fait presumer qu'on ne laissera pas aller en Italie, en Angleterre oii ineme plus loin, ce precieux ouvrage de I'antiquite. L'epoque a laquelle il remonte, sans etre tres-reculee (le viii'si6cleavant J.-C), est d'unebaute importance pour rhistoire : c'est ce'le de Psammetiqne, le premier Pharaon sous lequel les Grecs ont penetre et se sont etablis en Egypte , et Ton sait quelles conse- quences a eutrainees cet evenement. On lit en effet le nom de Psam- metique frequemment repctee sur le sarcopliage et sur le couvercle, en procedant d'apres ringenieuse methode de M. ChanipoUion jeune. La place du monument semble marquee a cote du temple monoUthe qui vient d'arriver a Toulon sur lui bailment du Roi. Celui-ci est offert en present a S. M. par M. Drovetti. La matiere est aussi de granit. II est orne d'bieroglypbes ; son poids est de aS milliers. S. E. le ministre de la maison du Roi a ordonn6 qu'une salle du Louvre serait consacree a le recevoir. Qu'on y joigne toutes \es pieces motui- tnentales en granit , en albatre , en pierre, qui sont en France et que Ton possede ou qu'on pent acquerir, et Ton aura une Salle egyptienne digne de ce nom , un commencement de galerie qui , s'il ne peut rivaliser avec les Musees de Londres et de Turin , prouvera du moins que la France ne veut pas rester la derniere a ouvrir un asile aux monumens les plus anciens de la sculpture. Comment pourrait-elle renoncer a I'bonneur qui lui appartient, d'avoir la premiere, tire de la poudre les grands ouvrages de I'Egypte, et reveille, pour ainsi dire, le genie de ce peuple colossal, enseveli sous ses mines depuis vingt sieclesPTant de sacrifices qu'elle a faits pour montrer a I'Eu- rope ce que fut I'Egypte au terns de sa splendeur n'aboutiraient- ils qu'a en perdre I'bonneur et le prix ? II est terns de recueillir le fruit de tant de soins et de tant d'efforts, ou bien il faudra que les Francais fassent des voyages dispendieux pour aller s'instruire de I'histoire de I'art; tandis que, si Ton reunissait avec ordre dans le Musee royal de Paris les ouvrages de la baute antiquite , ceux de la Grece et de Rome, ceux du moyen ige et de la renaissance des arts, enfin ceux des siecles les plus recens , on aurait le moyen d'e- tudierpar les monumens, le gout, les moeurs et I'bistoire des peuples : car les arts sont aussi un langage eloquent, qui se fait entendre aux esprits atlentifs , et qui revele des faits ignores. Et croit-on qu'une serie de monumens de ce genre n'aurait pas , pour les nationaux et les etrangers, I'inter^t d'une bibiiotheque ; qu'elle n'attirerait pas chez nous I'or de ces derniers , et que I'Etat ne serait pas , de cette maniere, promptement couvert de quelques faibles avances ? Enfin , Cio FRANCE. qu'on se lappelle lout rintcrct que Louis XIV portait aux merveilles tie I'Kgypte, les efforts qu'il a fails pour les connaitre, et Kopiniou qu'un Bossuet et un Leibnitz inanifestaient en inenie terns devant un prince fait pour les entendre. Charles X, le digne heritier de ce grand nionarque, et plus heureux que lui, puisqu'il assiste en quelque sorte a la resurrection de I'Egypte, ne laissera pas imparfaite une oeuvre glorieuse , et il daignera se rendre au voeu des amis des arts et de I'honneur national. Jour ard. THi.\Ts.v.s.— Theatre francais. — Premiere representation de YHc- ritage, comedie en cinq actes et en vers de M. Mennechet. (Samedi, 7 mai. ) Merinville et Duchatel sent deux freres auxquels une m6me naissance n'a point donne des caractferes seinblables ; I'un vit a la campagne, satisfait d'une lionn^te aisance ; des gouts simples, une ame desinteressee , lui font trouver au sein de sa famille un facile bonheur; I'autre, qui tient a Paris tin grand etat de maison, pro- digue dans de folles depenses une fortune de plusieurs millions, que lui a leguee un oncle ; les paisibles vertus dont son frere lui offre le module sont pour lui un objet de railierie; ii a tous les vices que donne la richesse, et n'est heureux que des jouissances du luxe et de I'orgueil. Duchatel a un fds, jeune etourdi, qui n'a que trop bieil misen pratique les principes recus d'un tel pere; et une fille simple et uaiveencore, qui sort de pension, et que Ton va marier le jour meme au colqnel d'Estange, fils d'un marechal; alliance qui flatte singu- liferementla sotte vanite de Duchatel. Mais le colonel a vu Sophie, la fille de Merinville , arrivce a Paris depuis quelques jours pour assister aux noces de sa cousine, et I'impression qu'clle a faite sur lui, a la premiere vue, I'a bientot convaincu qu'il n'aime pas Elvire, sa pre- tenduc. Fort embarrasse pour retirer la parole qu'il a donnee, il s'y decide pourtant, au moment de signer le contrat, lorsqu'un inci- ,dent vient donner a toute Taction une face nouvelle. On apprend que, par un second testament, toute la fortune dontjouit Duchatel a ete donnee a Merinville. Alors d'Estange fait taire sa passion pour n'ecouter que la voix de la delicatesse , et il signe le contrat. Mais bientot tout s'arrange ; Merinville dechire le testament fait en sa faveur, et partage avec son frere la fortune de leur oncle; d'Estange epouse Sophie dont il est aime, et a laquelle le petit cousin faisait la cour a sa maniere , c'est-a-dire avec une legferete voisine de I'im- pertinenre. Quant a la jeune Elvire, comme au theatre on ne se marie jamais sans amour, il est tout simple qu'elle attcnde une meil- Jeure occasion. J PARIS. (ill Telle est la fable imag'uice par le poetc , et Ton voit tout tie suite que la peripetie du 3>-' acta est bicn pres de fiuir la pi^ce ; car la de- licatesse de d'Estauge , qui seule retarde le denoiinient, n'a plus d'objet des que le spectateur comprend que Merinville va partager sa fortune avec Duchatel ; el Ton n'en doute pas un instant. Aussi , nous croyons que la piece gagnerait beaucoup a 6tre abregee de deux actes. Nous ne nous arreterons pas a critiquer quelques inci- dens mal imagines, quelques traits de caractere nuaiic<^-s avec peu d'art (juelques inconvenances de dialogue , dont les aristarques du parterre ont fait une justice quelquefois trop severe; nous adresse- rons a I'auteur un reproche plus grave , et qui lui sera sans doute moins sensible; car il en trouvera I'excuse dans I'absurdite de la censure dramatique. 11 n'y a dans sa piece aucune peinture de moeurs; et, si par basard un des personnages ne nommait le jardin Beaujon, il serait impossible au plus habile observateur d'assiguer I'epoque oil se passe Taction. Ce n'est pas en forcant les auteurs de suivre un pareil systeme qu'on niaintiendra parini nous Thonneur de la scene comique; et I'immorale protection, accordee aux ridi- cules et meme aux vices de notre terns, paraifra un jour aussi deshonorante pour I'epoqtie oil nous vivons qu'elle est funeste a I'art illustre par Moliere. Si ce grand homme eiit eu le malheur d'etre livre a des ceuseurs aussi ridicules q«ue ceux d'aujourd'liui , il nous eiit peut-etre laisse YEtourdi et les Fourberies de Scapin ; mats ses chefs-d'oeuvre eussent infailliblement peri sous leurs ciseaux. Tant que la scfene sera en proie a ces harpies qui souillent tout ce qu'elles touchent, la veritable coreedie sera perdue pour nous; et il faudra nous resoiidre a voir des pieces sans mceurs , sans verite, et par conisequent sans comique. Heureux encore quand des scenes agreables , de jobs traits et un style elegant et spirituel nous dedom- mageront, comme dans la piece de M. Mennecbet, d'une conception faible, de peintures decolorees et de I'abseuce de ces tableaux vivans sans lesquels il n'est point de comedie. M. A. Odeoii. — Premiere representation de la HJort de Cesar, tragedie en cinq actes et en vers, par M. Royou. ( Lundi , 9 mai. ) — C'etait une id^e malheureuse que de vouloir reprendre, dans un sens tout-a-fait contraire a la verite bistorique et a I'opinioii des sifecles , un sujet deja traite par Voltaire dans une de ses belles tra- gedies. — Donner un dement«i a I'histoire , controuver les fails, tra- vcstir les personnages , denaturer les caracteres, se proj)oser un but r>i2 FRANCE. faux, Immoral, servile, I'apologie de la tyrannic : c'etait un sur moyen de faire un mauvais ouvrage, dans lequel on ne trouve en effet qu'un long parlage en action et des declamations ecrites en style tour a tour barbare ou vulgaire. Le nom de I'auteur, connu beau- coup moins corame poete que comnic censeur dramatique, etait loin de disposer favorablement les spectateurs. Aussi , quoique cette nouvclle tragedie, qui faisait partie d'une representation extraordi- naire, donnee au benefice de Joanny, acteur justement aime du pu- blic, et pour laquelle on avait presque double le prix des places, eiit attire line reunion brillante et cboisie, les juges ont use de leur droit avec severite. Un incident assez singulier a dii les indisposer encore davantage. Vers la fin du quatrieme acle , un vieillard, v^tu de noir, s'est avance sur la scene, a brusquement arrache le manus- crit des mains du soufleur, et s'est retire en nienacant le parterre : c'etait I'auteur. Malgre cette grave imprudence que rien ne saurait justifier,la pi^ce a etecontinueejusqu'au bout,et le nom deM. Royou a ^te proclame au milieu des eclats de rire et des sifflets. — Les Noces de Gamache , opera bouffon en trois actes , dont les paroles sont de MM. Svuvage et Dupin, et dont la musique facile et legere est de Mercadente , ont obtenu un succes qui parait de- voir se soutenir. U. — Un dernier Jour de foUes , comedie en trois actes et en prose , par MM. Romieu et Bayard ( representee, pour la premiere fois, le ig mai i8a5 ). — - Un avocat stagiaire, le jeune Verdier, a recueilli cbez lui im ami d'enfance, nomme Gilbert, qui vient d'etre recu doc- teur en medecine , et qui doit epouser la soeur de Verdier qu'il aime depuis long-tems. Le pere de Verdier, arrive a Paris, un jour avant celui oil il est attendu , ne voit pas sans etoniiement la prodigalite qui regne chez son Cls et les folios depenses auxquelles il parait se livrer. Celui-ci , pour conservera son ami Gilbert I'estime de son p^re et la main de sa soeur, laisse croire que les torts de son ami sont les siens; et il resulte d^ cette meprise quelques scenes assez comi- ques. A la fin , tout s'eclaircit et s'arrange , el la piece finit par deux mariages. — On a trouv^ que Gilbert ne meritait gu6re les sacrifices que lui fait son ami. — Le jeune Verdier, si bon, si devout, ne p»ut-il pas ^tre accuse de sacrifier sa soeur, en la donnant a un homme dont il connait trop bien la mauvaise conduite? Malgre ces defauts et I'inconvenance de quelques scenes qui ont doniie lieu a des signes d'improbation, la piece a ete entendue jusqu'a la fin, et les auteur* ont pu etre noinnies. C'etait au moins une imprudence PARIS. 6i3 que d'oserreproduire avec moins de talent etde gaiete un sujet ex- ploitc depuis long-tems par MM. Aadrieux et Picard dans les Etour- dis et dans Les deux Philibert. Be\ux-Arts. — Panorama de Constantinople. — Placee a I'entr^e dii Bosphore, sur les limites de I'Europe et de I'Asie , la ville de Bysance , petite colonie grecque , fondee par les Megariens , devint, sous le premier empereur chretien , le siege de I'empire et la capi- tale du monde. Les Croises et les Tiircs, les incendies et les trem- Llemens de terre ont successivement fait disparaitre les palais et les richesses de toute nature dont , pendant pres de dix siecles , les enipereurs d'Orient I'avaieut enrichie. Ce n'est plus la capitale du monde que nous avons sous les yeux; c'est la capitale de I'empire turc; mais , si les sectateurs de Mahomet ont abaltu ou laisse tom- ber en mines les anciens monumens, ils n'ont pu detruire Tadnii- rable position de cette ville, ni les souvenirs qui se rattachent aux lieux qu'elle occupe. — La vue est prise d'une tour de Galata , fau- bourg de Constaniinople , place de I'autre cote du port. La ville , situee sur une pente assez rapide , se presente en amphitheatre aux yeux du spectateur. L'espace que Ton embrasse est immense ; a Test , on voit , au dela du detroit, Scutari, ainsi que plusieurs villages qui I'environnent ; le mont Boulghourlou , au sommet. duquel sont quelques arbres qui ont sonveut pr^te leur ombrage a notre cel^bre Delille, auquel ce beau lieu a inspire de beaux vers. A quelque distance du rivage , toujours du cote de I'Asie , est une ancienne tour, baignee par la mer, que les Turcs ont nommee : Tour de la Fille , et que I'auteur de la notice appelle la Tour de Leandre. II y a ici une double confusion de nom. La tour qu'occupait Hero, a laquelle les Turcs ont evidemment voulu faire allusion, etait sur le bord de I'Hellespont , pres de Sestos ; Leandre partait d'Abydos pour venir la rejoindre. C'est I'endroit oii les deux rives du canal sont le plus rapprochees , et c'est dans ce mdme endroit que Xerxds fit Jeter des ponts sur lesquels 11 passa avec toute son armee. Le lieu ou I'infortunee Hero s'est precipitee dans la iner , apres avoir vu perir son amant, est done separe de la tour que les Turcs nomment Tour de la Fille , par toute la Propontide et la moitie de I'Helles- pont. Apres avoir releve cette erreur, fort excusable chez les Turcs, je reviens au Panorama. Le premier objet qui frappe les yeux , de ce c6te-ci du canal, est le serail , grand espace convert de palais et de jardins, dont I'en- eeinte , fermee par de hautes murailles , occupe a peu pr^s le ra^me 6i4 FRANCE. emplacement que I'ancienne Bysance. Ce lieu qui forme Textiemitc de la poinle siir laqiielle s'eleve Cdnstantinojile , baigne de deux cotes par la mer qu'il domine , est vraiment enchanteur; de la , en parcourant I'espace dans la direction de Test a I'ouest, la vuc emhrasse successivement toute Telendue de Constantinople; au dela , on apercoit la Propontide , et I'horison est termine par le mont Olympe , convert de neige. Les b;\tiraens Ics plus remarquables sent les mosquees environnees d-e minarets dont la construction svelte et elevee doune un aspect assez pittoresque a ces edifices. L"e- glise de Sainte-Sophie , batie par Justinien et convertie en mosqu<5e par Mahomet II ; un grand et bel aqueduc que les Turcs laissent tomber en ruines ; enfin , les debris du palais de Constantin, sont les seuls monuniens anciens qui existent encore. Du cote oil le spectateur est place , les regards se portent succes- sivement sur Galata , faubourg ou sont r^unis les etablissemens re- latifs a la marine , et sur Pcra , village place sur une eminence a Textremite nord de Constantinople , et sejour des ambassadeurs etrangers. Ce qui caracterise particiili^rement I'aspect de cetteville, c'est le grand nombre de jardins et d'arbres qui se trouvent repandus au milieu de toutes les habitations ; ensnite , le pen de largeur des rues; enfin, le grand nombre de mosquees qui m'a paru superieur au nombre d'eglises que presenterait une capitale chretienne d'unc egale importance par sa population. Si Ton ne considore que les lieux , ils ne laissent rien a desirer; certes, ils sont d'une grande magnificence, et Ton conceit facile- ment que les Grecs les aient converts de colonies; mais les cons- tructions actuelles sont loin de repondreau luxe de la nature ; il faut en excepter, toutefois , les mosquees ; autant que Ton pent en juger par une vue, a vol d'oiseau, ce sont les edifices les plus somptueux et surtout les plus considerables. Au reste. Gibbon , et plus recem- ment Dallavi'ay et M. Lechevalier ont public des descriptions de Constantinople qui ne laissent rien a desirer, et que Ton fera bien de retire avflnt de monter a la tour de Galata , afin de ne rien laisser eohapper de I'inter^t que I'etat actuel de cotte ville et ses epoques historiques meritent d'inspirer. Sons le rapport de rexecutioii, je trouve que ce tableau, execute par M. Ronmy d'apres les dessins fails sur les lieux parM. Prevost , laisse a desirer. Le ton general de ratmosphere , du cotcde la ville, placee au midi par rapport au spectateur, est assez cbaud ; mais, i\ PARIS. (J 1 5 I'oppose , c'est-a-dire , vers Pera , le ciel est froid, et troj> pen vapo- reux. En general, il n'y a pas assez d'air et de lumiere. Verne dcs desnns et aiitres ouvruges de Girodct. — Si la inort du grand peintre dont on ne saurait trop deplorer la parte, a cause des regrets unariimes , rempressement que les amateurs et les artistes ont mis a acheter ses ouvrages , est uii nouvel hommage rendu a sa memoire. Aussitot que Texposition aeulieu, tout ce que Paris pos- sede de plus distingue y a couru. M"'" la duchesse de Berry et Ms'' le due d'Orleans, avec toute sa famille, sont venus successivement considerer cette immensite de travaux , connus seulement d'un petit nombre d'amis. Lorsque I'exposition a ete publique, I'affluence est devenue immense ; enfin , a la vente , on s'est di-sput^ ses moindres ouvrages avec unesorte d'acliarnement qui en a beaucoup fait elever le prix. Un petit dessin, legerement indique, dans lequel il avait represente une femme tenant un enfant sur ses genoux , a ete vendu i,4oo fr. Sa bibliothfeque pittoresque, tres-nombreuse, ses dessins de maitres , les tableaux anciens et modernes qu'il poss6dait, tout a ete egalement bien vendu. Dans le nombre des productions mo- dernes, il s'est trouve un ouvrage capital qui a vivement attire I'at- tention publique et qui le meritail a tous egards : c'est une esquisse peinte representant la rentree de Marius dans Rome. Je ne puis resif- ter au plaisir de decrire cette belle composition , concue par M. Ge- rard a I'age dix-huit ans; Girodet auquel il I'avait donnee, en par- lait toujours avecenthousiasme. Les ambassadeurs que le senat a envoyes au-devant de Marius , pour implorer sa clemence, I'ont trouve pres de la porte dela ville , au moment ou il entrait, a pied, convert, pour ainsi dire, de hail- Ions, el suivi des esclaves et des brigands dont il s'est fait une ar- mee. Marius les ecoute, sans leurrepondre ; mais son regard sombre et farouche les penetre d'effroi. 11 tient a sa main la liste de proscrip- tion qu'il a dressee. A quelques pas eu arriere , I'un de ses satellites egorge un senateur. A cette vue , celui qui a porte la parole, attache ses levres tremblantes sur la main de Marius, derriere lequel un soldat , convert de son bouclier , tient son epee sanglante levee, pret a frapper au moindre signal de son general; a droite , une femme s'enfuit eperdue, en reconnaissant dans Tune des tetes portees par les soldats de Marius, au bout de leurs lances, celle de son mari; plus loin , d'autres soldats armes de torches vont mettre le feu a un temple vers lequel la foule epouvantee se refugie. Le fond de la sceneest occupeparla porte sur laquelle est lalouve allaitant lesdeux Ci6 FRANCE. fils de Mars. Cette composition, execut^e avec une verve, una viva- cite de sentiment et un eclat de couleur qui en font un chef-d'oeuvre, a ete I'objet d'une longue lutte entre plusieurs amateurs ; elle est en fin restee a M. Firmin Didot fils , qui , dans le jour m^'me , aurait pu la ceder avec un benefice assez considerable que Ton coniprend tres-bien qu'il ait refuse. Gravure. — M. Picot,dont lepinceauest facile et gracieux, a re- presente , dans un tableau d'une petite dimension , Raphael assis et dessinant sous un arbre, a quelques pas en avant de sa maison. La Fornarina est venue se placer debout , derriere lui , pour regarder ce qu'il fait; et , cedant a un mouvement de tendresse , elle a passe ses bras autour du col de son amant. Raphael tourne la tete pour regarder sa maitresse dont il presse le bras contre son coeur. Cette scene muette, fort bien exprlmee , a valu des eloges a son auteur. M. Garnter vient de graver ce tableau. Cette estampe reunit au cliarme du sujet une execution assez remarquable pour qu'elle me- rite d'etre recherchee; et, comme le fond du tableau est une vue fidele de la maison de Raphael, elle forme une suite, pour ainsi dire, necessaire aux deux charmans tableaux lithographies par M. Aubry le Comte, dans lesquels M. Dejuine a fail egalement entrer la vue des maisons duTasse et de Michel Ange. ( Rev. Enc, t. XXI et xxiv, p. 493 , et 55o'.) La gravure de M. Garnier coiite 40 fr. avant la lettre et 20 fr. avec la lettre. — L'Angleterre s'enricliit successivement des plus belles produc- tions des arts ; c'est ainsi qu'elle poss6de maintenant un beau tableau de Raphael , conserve long-tems a Rome dans le palais Aldobran- dini, et qui represente sainte Catherine d' Alexandria. Je remarque, a cette occasion, que M. Quatrem6re de Quincy n'en a point fait mention dans I'histoire qu'il a donnee de la vie et des ouvrages de Raphael. M. Desnoyers est alle a Londres faire de 'ce tableau un dessin qu'il vient de graver et de publier. II me seriible impossible de ne pas reconnaitre, dans le caractfere de la tete, la maniere dont elle est coiffee , la disposition et le style des draperies , le maitre au- quel cet ouvrage est attribue. Je trouve aussi que, dans ce nouvel ouvrage, M. Desnoyers a peut-^tre donnea sou burin plus de finesse et de douceur qu'a I'ordinaire ; c'est done une gravure qui sera re- cherchee des amateurs ; elle coiite 3o francs avant la lettre, et 11 fr. avec la lettre. — LuiNi est considere comme I'eleve le plus habile qu'ait pro- ,duit Leonard de Vinci; ses peintures sont tres-estiraees et tr^s- re- PARIS. 617 cherchees en Italic. La France possedait plusieurs tableaux de ce maitre , que les evenemens de i8i5 lui ont ravis; saini Jean, encore en/ant, j'ouant avec tin agneari , est du nombre. Depuis que ce tableau est revenu a la Bibliotheque ambroisienne , M. Andehj-oih I'a grave; M. MiitLER, auquel nous devons plusieurs plancbes tres-habilement executees, notamment la Psyche de M. Prudhon, vient de le graver a son tour. Les cbairs ont de la souplesse , la t^te a de la vie; le travail de la main est bien concu , enlin c'est une gravure a laquelle le nom du maitre et celui du graveur assurent le succes qu'elle merite. Elle coiite ao fr. avant la lettre , et 10 fr. apr^s la lettre. C'est egalement a M. MiiUer que Ton doit la gravure de I'une des compositions que Girodet a vait executees pour sonpoeme dela pein- ture. Le peintre-poete suppose qu'un jeuue amant des arts et de la belle antiquite est alle visiter Atbenes , et se nourrir de cette melan- colie que fait naitre dans les 4mes genereuses le spectacle d'une grande infortune. A la vue de I'acropole et des nobles debris qui la couvrent, il a pris ses crayons; il retrace sur le papier I'aspect de ces lieux que les arts et les lettres avaient choisis pour leur sejour. Pendant que , par la pensee , il se transporte a ces terns ou la victoire venait arreter son vol sur le sonimet du Partbenon ; ou Phidias creait ces ouvrages dont les debris font elicore aujourd'hui notre admiration ; on la scene retentissait des accens tragiques de So- phocle. Le genie de I'ancienue Grece lui apparait , la tdte penchee vers la terre, le visage a moitie cache dans sa tunique, et tenant iil!i TABLE UES ARTICLES. IV. NOUVELLE.S SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique septentkionalb. — Etats-Unis , Extrait d'une leftre de M. Lesueur, sur I'histoire naturelle de ces contres. — Flo- rides , Irruption de la fievre jaune SyS Abierique jiiERinioNALE. — Renseignemeiis sur la statistique. 679 AsiE. — A'^f'We, Mode d'enseignement elementaire du calcul. . 58i» AusTHALASiE. — Piise de possession de deux iles par les Anglais. 58 c Afrique. — Egrple; Alexandrie , Administration ibiii. EUROPE. Iles Britanniques. — Londres , Societe anglo-colombienne. — Societe d'humanite. — Manuscrit d'Homere sur Papyrus. — Putney-Hitl , Nccrologie : Fuseli 5821 RussiE. — HJoscou, Societe d'agriculture. — Saint-Petersbourg , Academic des sciences. — Voyage scientifique. — Publica- tion de deux ukases relatifs au commerce. — Moscou , Embel- lissemens de cette ville. — Construction d'une nouvelle salle de spectacle 585 Dakemarck. — Copenhague , Navigation des bateaux a vapeur. — Necrologie : Degen SSg Allemagbe. — Hamboiirg, Chirurgie. — Aagsbnurg , Publication prochaine. — Leipzig, Traduction du nouveau roman de M. Picard : THonnete homme et le Niais. — Prusse ; BerUn , Censure. — Munich et Berlin , Necrologie : d'Aretin et Radlof. 590 Suisse. — Zurich, Societe d'histoire naturelle. — Berne, Societe economique. — Pompes a incendie. — Thtirgovie , Maison de plaisance. — Lausanne et Geneve , Necrologie : Reynier et M. A. Pictet. . . .^ Syi IxALiE. — Piemont , Education des vers a soie. — Fltrence , Publication procliaine. Rome et Milan, Necrologie : Rossi et Stratico 5(j5 Grkce. - — Missolonghi , Instruction publique. Necrologie : Meissel Sgj Pays-Bas. — Bruxelles , Academie des sciences. Amsterdam, Bateaux a vapeur SyS France. — Bagnoles, Eaux minerales. — • Caen, Souscription pour une pierre tumulaire a la memoire de J. Lamouroux. 591:) Pahis. — Insiittit , Academie des sciences; Academie francaise; Academic des inscriptions. — Societe d'ercouragement. — So- ciete Asiatlque. — Ouverture des silos de M. Tcrnaux, a Saiiit- Oucn. — Archeologie : Monument de la sculpture egyptienne. — Theatres : Theatie- Franca is , I'''' representation dei'Heritage. comedie. — Thedtreroyal de fOdeon, !'<■ representation de la Mort de Cesar, tragedie,et d'un Dernier jour de Folic, come- die. — Beaux-Arts : Sculpture , Gravure et Lithographic. — Couis de lyre harmonique. — Necrologie : Courrier, f>f>f N" 5. r- Mai 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS r)'oi;VHAGES NOCVEAUX ET DE ITBLICATIOSS PnOCHAINEs, Pour la France et Ics Pays Etrangers ; BULLETm SUPPLEMENTAIHE annexe a la r£vce i.rTIQUES SUR LE DAUPHIN E , formant aujour - d'hui Ics trots dcparteinens de V I sere, de la DrOme et dcsJlautes- Alpcs. BXTBAIT DU PaOSPECTCS. Ln division de cct ouvrage sera simple : la premiere partie s'elen- dra jtisqu'a I'annee 1788, oil le Dauphinc perdit son existence pro- pie pour dooncr naissance aux trois departemens de I'lsere , de la Diome et des Hautes-Alpes , dont la stalistique speciale forraera la se- conde partie. L'agriculturc, I'in- duslrie , le commerce, I'elat des routes et des caiiaux , les elablisse- mens de charite et d'education Irouveront unc place specialcment consacrees a ce qui les concerne. Les auteurs ajouteroot a ces no- tices plusieurs cartes; savoir : celie de la province sous les Roniains ; cclle du Dauphine avant 1788,61 cellc des departemens depuis la division de la province. L'ouvrage entier doit former qua- tre ou cinq volumes in-S". Aucune vue d'inlerel ne se melant a cette entreprise le prix de chaque volume sera fixe de niaiii^re a couvrir scu- lement les dubourses. On s'inscrit a Paris, ehcz Potey , libraire, rue du Bac , et a Grenoble , chez les I'leres Baeatier. 4, LES AMOURS DES DIEUX, reciieil do compositions dcssinces parGiBODET, et lilhographiees par MM. AcBKY LE COMTE, ChATILLO?(, CoiNlS, CoCPINDEtACOLPBIE, DaSSY, Dejcin.vb , Dklorme, Lakcrenon , Mo:E ; BlUXellcs, AvAPiZO kt Comp. ; Londres , Rod-v\el ei AIabtins ; B^le, Bibmann et Fiift. 25. On vieiit de niellre sou.s prcsse un livre intitule : ?iapoleoh et i.a Geakde Aim-iK EN liiissiB, par le general Golrgaud. Gel outrage , qui rciutc ceiiii dc M de Segur, jcllera uu grand jour sur I'liisloire de celln opo- que. Il paraiira chcz I03 Irpres Ugs— snngc, dans le courant dc juin; un fort vol. in-8. sC. MAISON DE SANTE DE JI. SULPICY , D. M. , A CHOl- SY-LE-I'.OL Parmi les nombreuses niaisons de siinle qui exislent soil a Paris , soit duns ses environs , quelques-ung de nos lecteurs nou» suurunt grc de leur avoir indique cclle qu'a ttablie et que dirigc M. Snipicy, docteur en mede- cine. Elle est siluec a Cboisy-le- Boi , dans un site fort agvcuble. Outre I'avantage dc I'air pur de la canipagne , on y trouve les soins el les altentious d'un bommc habile dans son art. D'ailieurs, la proxi- mite de Paris permei aux maladcs d'avoir rccours, lorsqu'ils le jugent a propos, a leurs medecins habi- tucis, Les Maladies auxquclles cet etablissement parait surlout des- tine , sont les affections nervcuses et lcs maladies chroniques. Uue partie de la maison, eniiercment isolee , c.«t consacrie au traitc- nient des deviations de la colunne dorsaie. Immedialtment a cOle de la Maison de sante, existe un be! ejahlissemcot de bains simples, de bains dc vapcur et de fumiga- tion. Ainsi tout cc qui peut le plus conlribucr au soulagenient des ma- ladcs, se Irouvcreuni dans lemfime lieu, les Personnes qui voudraient conuaitre plus en detail cet utile etablissement , pcuvent s'adressei' a M. Briquet, rue des Deux-Boules, n. 5, a Paris ; ou a M. Sulpicy , Maison de sanle , avenue de Choi^ sy-le-Roi , n. 96. iMrniwfRiE D Hirror.TTE tii.liarii, rue de la Ilarpe, 11° 78. Avi4 JlVX AMiTEUlElS PE L/l LITTERATURK ETRANOiRK. On peut s'adresser it Paris, par I'eutremise du Bureau cemtbai. dk LA Revue Ehctclopedique, a MM. Treutxki. et WuRiz, rue d« Bourbon, n° 17, qui out aussi deux maisons de librairie, I'une k Stras- bourg , pour I'Allemagne, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthuii Bertrand, rueliautefeuille, n" a3; — Rekotjahd, ruedeTournon,n°6; — Levrauet, rue des Fosses-M.-le-Prince,o° 3 i,et 4 Strasbourg; — Bos- tLUGv. pere , rue Richelieu, u°6o; et a Loudres pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, huUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrangere. Le prix d« ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pay* Strangers ou ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de jjort, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction dela RevueEncyclopediquen'a. d'autre but, en pnbliant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui risultent de ses publications mensuelles, les communications scientiflques et litteraires entre la France et les pays etrangers. AUX ACADEMIES ET ATJX SOCIETES SAVANTES de tOUS ICS payS. Les AcADEsriES et les Societes savantes et d'htii-ite publiqub, francaises et etrangferes, sont invitees k faire parvenir exactement,//'anc deport, au Directeur de la Revue Encyclopediqiie , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afln que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. Atrx EDITEURS d'oOVRAGES et AtlX I-IBRAIRES. MM. les editeurs d'ouvrages periodiques, fran9ais et etrangers, qui d^sireraient eclianger leurs recueils avec le ndtre , peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. AuX EDITEURS DES AeCUEII-S PERIODIQUES EIT AWGLETERHB. MM. les Editeurs des Recueils periodiques puhlies en Angleterre sont pries de faire deposer leurs mimeros chez M. Degeohge, correspondantdt la Revue Encjclopediijiie a Londres, m" 20, Bbrher's street, Oxford street; M. Degeorge leur fera remettre, chaque mois , en echange, les cahiers de la Revue Encyclopediqiie, pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annee courante, soit pour se procurer les collections des anneesanterieures, de.xSiga 1834 inclitsivement. Avis aux voyaceurs ^tranoees qui Vowt a londres. Nous croyons rendre service aux Francais qui se rendent a Londres, en leur designant M. A. Rot , Francais etabli it Londres ^ rt°ao, New- mann-Street, piks d' Oxfbrd'Street , au centre des affaires et dans le plus beau quartier de la ville. Ilsy trouveront, pour l5o ou aoo fr. par mois, une jolie chambre, unbon dejeuner, une collation k midi, un fort bon diner a cinq heures, et le the, le sdir. M. Roy donne de« lemons de langue anglaise , et «a maison eit tenue d« la manifere \a pluf convenable. LiBaAiRBS cAez lesquels on souscrit dans les pays etrangers Aix'la-Chapelle, Laruelle fils. Amsterdam , G. Dufour; — Dela chaud ; — ; Abbink. Anvers , Ancelle. Londres, Dubu et Compagnie ; — Treuttel et Wiirtz; — Bossauge. Madrid, Dennee; — Perfes. Mii'an, Giegler;— Vismara. Bocca. i>/o.sco«,Gautier;— Riss.pfereetfils. Naples , Borel ; _ Marotta et Wanspandock. lieuchdtel (Suisse), Grester. NewYork ( Etats-Uiiis ), B^rard et Mondon. Nouvelle-Orleanj , Jourdan ; — Roche , fr^res. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratorI;_Eoeuf (Ch.). Pctersboiirg, Saint - Florent ; ~ Graeff;— Weyher;— Pluchart. Tubingen , Cotta. Utrecht, Van Sclioonhoven. Todi, B. Scalabriai. Turin, Bocca. Farsovie , Glucksberg ; — Za- vadsky. yienne (Autriche), Gerold ; — Schaunibourg ; — Schalbacher. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne , Clias , au cabinet litt^- laire ; — Bourgdorfer. Breslau, Th. Korn. Bruxeiles, LecharJier; — Demat. Bruges , Bogaert; — Duraortier. Florence, Piatti. Fribourg (Suisse) , Aloise Eggen- dorfer. Francfort-sur-Mein , Scbaeffer ; — Bronnef. Genive, J.-J. Paschoud. La Haje, les freres Laugenhuysen. Lausanne , Fischer. Lcipsig , Grieshammer ; — G. 2irg6s. Liege , Jalheau , pere. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet ain6. Ile-de-France (Port-Louis), E. Burdet. Martinique, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARI.S, Au BuHEAO DK KEDACTiojf, rub d'Ekfer-Satnt-Michel , n» 18, ou doivent^tre em^oyes, francs de port, les livies , dessins et era- vures, dont on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires, Notices ou Lxtraits destines A 6tre inseres dans ce Recueil. Chez Treuxtel 2t WnEiz , rue de Bourbon , n° i"; Bey et Gravier, quai des Augustins, n» 55^' Bechet, libraire-commissiorinaire, quai desAueustins, u« S?; Do.VDEr-DnpKE rue Sakt-Louis, n" 45, au Marais; et rue Ricbeiieu, n" 6j. MoMGiEaine, boulevard Polssonnifere, n° iS; Eymery , rue Mazarine, n" 3o ; RoRET , rue HautefeuiJle , n" 1 2 ; Bachei-ier, quai des Augustins. n" 54 ; LEVRAtJiT, rue des Foss6s.M.-le-Prince ,' n<> 3 1 , et ii Strasbouvg • A. Baudouiw , rue de Vaugirard , n» 36 ; Deladnay, PEi.iciKR,PoiviHrEu, au Palais-Royal; Urbatn Carel, place Saint-Andre^des-arcs. A LA Tente, Cabinet Litteraire, tenu par M. Gautiek, anciea mUitaire, Galene de Bois, n" 197, au Palais-Royal. HaSeuiUe' n-Tcf " """"""^ ^' '=» ^"""^ "^ trourcnt aussi clier Roret , rue PARIS. OE 1,'lMPRIMERIE DK BIONOUX, rue (les Francs-I'.nuiffeols S.-Mirh.l . n- s aB' VOLUMK. "jS^ LIVP,A'S();X. m m m m i Eii?ri>. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ANALYSE RATSONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUA13LES DANS T-A LlTTlinATUUE, LES SCIENCES ET I-ES AHTS. l" Pour les Sciences yhysirjve.t Pt mattiematicjuex el Vs /^rK JowNts, VVAnnr.rf. 2" Pour If!) Sciences nalii relics : MM. bk LArFPEiiE, CEOFir.OV-'^AiKT- lIii-».iKR.del"li)stinit; Bo:N^AFaus, (IcTuuB; Hor.^' i>r SAtSr-'ViKciirfT, DrsMA- BEST, V AcDoiiijt, BROSOSiAr.T U'.',; Vr.Ol.iXK.Ks.D.-M. ; V. J\r.n>T, etc. S'^ Vo^>r )cii.'icie?ices medka'cs : MTJl. AufLO:?, BAt.ty, DAiMriiO!< , (i.-T. UoiK, DiipA-u, KsQuiROt, Oeof.gkt, MAGfsntf,, OsrH.A, KtooM.oT iils,' D.-M. ,cto 4° I'our \c% Sciences philnsophiqii/'s et iiioiaUs, pnHOqjte.'' , ^eofraplu'rjiies el liisloriqiies :tHyi. LakJUISAIS, dr I'lustilut ; M. A. 3v.l>h•x^tl , iIk Paris, DE Gk- RAMUo, Alrx. df. i.\l>OKiiE, di: riiistitut; Agotjh , Ans tr , At.TAIjD, AvmEi., Bervili.e, ayurat; ilARjaiE liv Docaoe, He ITubtitut ; A. BtjrtjitoT; flUAMPOr.- i.io>-KiOSAC, rorre.'ipoudout tie I'lustitut; CuAJMPor.i.ioN jeiiiif , DKprtKGi Chivei.t.i, a. Dofrayer, r)i;piN aIuk, Dofau, Dcvuiuiihr, Guauft. Bou- oi«exeLffer,Doxidi.kt-de-Coisthih-a«i,t, a. TAir,i,ATii)i;-r., .-ivoiiits; AmoJee JaUBEKT; JOJIARI) ,dt.rhlStiiut; LaFF OM DeLa lUBAT, AlRX. LaMK 1 11 , I'. La>:I, Was.sias, J. MAOvifX, A. Metrat. ; >Iey£r , d'AiastcriUun ; rAREKi-BEAr., PoUOCF.Vir.T.E; CIl.UliKOUAfiT), avocat ; EosEBESAi.vERTE.J.-r'.SAY. Sismosde DK SiSMOKDl, STArFEt«,SuFtIlV-MEBI.tN. a" i'liiir !a Lillet ature francaise i^t eliangrrf, \a Dihliojlogie ct les Heaux-A'ts: 'iA.yi. AiiDElrcx, AMAVUV-DcvAii, Ksitaio David, l.EiMERciER, DE Sf.r.cR, dc riuslitut; JiARBihR, aDficn rotiscrv.-ifciir ilc.t liiblin- thequci -Enoi.iX tils, de I.ieije; J. I)ro7, , DumkRsah, En. GAiiVTitR , Gofpp .llKinunr., Krafft, V. LEr.r.KR<:. Lofve-Vejmars , MAnnoi?,MA-/.nis ; Cb. Moknari>, diL.msauue, A.ueMi>ntfmost;Nicoi.o-I*OU1,o, I'aKtt, Pri.i.i.^siF.R , !'o: /^'s JUJN 12'r;5. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. M?tl, iES SOU6CUIPTEURS cloilt rABOlfNEMENT EST EXPIRE rx I*' nriLLET, sont invites k le faire renodveler tres- iNCESSAMMEMT, pouF quc Ifi servicc (les envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depnis le moisdejanvier iSrg, il paralt, par ann6e, douze cahiers de ce Recueil; chaque cahler , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'iinpression. Oh souscrit k Paris, au Bureau central d'abonnement et d'expedition ind'tqu^ sur le litre. PrLc de la Souscriptlon , francs. REVUE ENGYCLOPEDIQUE, r OV ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. Rapport jfait a I'Academie rojale des sciences , sur la PARTIE ZOOLOGIQUE DU VoYAGE AtJTOUR DU MONDE, pendant les annees 1817, 1818, 1819 et 1820, dans sa Seance du 9 mai iSaS; par M. Geoffroy-Saint- HlLAIRE. L'Academie royale des Sciences m'a charge de lui faire con- naitre, dans un rapport verbal, les travaux zoologiques que MM. Quoyet Gaimard publient en ce moment par livraisons (i). (i) Voyage autour du monde fait par ordre du Roi sur les corvettes de Sa Majesle YUranie et la Phjsicienne , pendant les an- nees 1817 , 1818, 1819 et 1820 ; par M. Louis de Fkeycinet, capi- taine de vaisseau. — Piirtie zoologique , par MM. Quoy et Gaimard. I vol. in-4'', avec un atlas in-folio. Paris, 1824 et 1825 ; Pillet aine , imprimeur-libraire , editeur du Voyage autour du monde, rue Chris- tine, n° 5. — Dijc livraisons, ou les deux tiers de I'ouvrage, ont deja paru.CVoy.- Rev.Enc, t. xxiv, p .4i-5o.) T. XXVI. — Juin 1825. 4' 626 RAPPORT SUR LA. PARTIE ZOOLOGIQUE Ces savans naturalistes ont ct'j employes dans rexpedition dc circumnavigation ct dc dccouvcrtcs, comme mcdecins a bord des corvettes du Roi, YUranic et la Physicienne, commandees par le capitaine de vaisseau, M. Louis do Freycinet. Le voyage autour du monde , fait par ordre du roi pendant les annees 1817, 1818, 1819 et 1820, a procure une grande richesse d'observations et de fails curieux, et se trouve, grace aux puis- sans encouragemens des ministrcs de Sa Majcste, presentement en pleine publication. L'histoire du voyage, des recherches sur les langues des sauvages, lazoologie, la botanique, des obser- vations sur le pendule et sur le magnetisme terrestre, la niete- reologie et I'hydrograpliie deviennent , dans le plan des auteurs, autant de sections oU d'ouvrages a part, dont ce seul enonce niontre suffisamnicnt que nos richesses intellectuelles vont s'ac- croitre dun nouveau monument de connaissances nautiques, litteraires et scientifiques. Je ne dois ici m'occuper que de la partie zoologique du voyage. Quand les gouverneraens se dcterminent a faire faire de pa- reilles explorations par toute la terre, quand ils procedent avec la plus grande munificence pour que leur auguste protection profile au perfectionnement des societes humaines, ces soins genereux sont aussitot accueillis par le public avec un senti- ment de respectueuse gratitude, dont I'intensite se developpe suivant le plus ou le moins d'esperance que Ion a pu concevoir. Cependant, les corvettes rc//a«feet la Physicienne furent-elles saluees a leur depart par les acclamations et les joies eclatantes qu'enfaute ordinairement I'espoir d'un grand succes? Je ne dissimulerai pas qu'il en fut autrement de ta part des natura- listes. On avait , dans les precedcntes expeditions, comme dans toules les expeditions anglaises et russes de meme nature , place l'histoire naturelle sur la meme ligne que les explorations nautiques, que la geographic, but principal des voyages de cir- DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. G27 ciimnavigation. La France avail la premiere donne cet exemple : j'admets que c'etait-peut-etre avoir trop accorde aux recherclies philosophiqiics; mais donncr dans la suite un exemple con- fraire, faire prononcer (i) qu'il n'y aurait a bord des corvettes VUranic et la Phjsicienne aucune personne pour representcr riiistoire naturelle, et que cctte science devrait se trouver sa- tisfiiite de quelques aumones qui lui seraient accordees par les mains des marins, j'oserai dire que ce n'etait point non plus avoir assez fait. Est-ce que la precedente expedition avait eu a regretter le concours du natiiralisle Peron, eel; homme de feu, dont le genie tout puissant a burine les noms et protegera a toujours la memoire dc ses infatigablcs compagnons el col- iaborateurs ? Au depart des corvettes, on craignil que les medecins da bord ne pussent , comme on I'annoncait cependant, cuniuler les soins a donner a la fois et a I'equipage et a I'liistoire natu- relle, de facon a suffire egalement aux deux genres d'occupa- lions : de la le sentiment penible qu'eprouverent alors les na- turalisles. Cependant, la Providence nous reservait quelques consola- tions etvoulutbien nous accorderun ample dedommagement.Un homme que recommandent I'etendue de ses lumieres , la finesse de son discernement et la noblesse de son caractere, etail alors, comme il est toujours, a la tele du service de sante de la ma- rine. M. le docteur Keraudren, inspecteur general du ser- vice sanitairc, prit les ordres du ministre, vicomte Dubouchage. L'omission des naturalistes a bord sera d'autantmoins sensible (i) « Invest! du commandement de VUranie , M. de Freycinet pensa qu'il devalt avoir un droit posltif sur toutes les personnes qui I'accorapagnaient; etc'est ce qui I'engagea a ne prendre a son bord aucun iudividu etranger au corps de la marine. » Extrait du Bulletin des sciences natiirelles et de geologie , tome in, page 63. 628 RAPPORT SUR LA PARTIE ZOOLOGIQUE et regrettable que lesmedecins a choisirserontmieux en mesure d'en reprodiiirc raclion, c'est-a-dire , qu'ils seront choisis, joignant a un eminent savoir la force ct I'activite de la jeu- nesse,leplus enlier devonemcnt, et cctte abnegation de soi que devront exiger tant de devoirs si differens et si multiplies. MM. Quoy, Gaimard et Gaudichaud deviennent, aces litres, les deux premiers Ics medecins, ct cc dernier le pharmacicn de I'expcdition en parlance. M. Gaudichaud redige en ce moment, et donnera la parlie botaniquc du voyage. Tout talent deniande qu'on s'y prepare par une forte instruc- tion anterieure et parun exerciceconlinucl; et de plus, I'attente du public est tonjours exigeante. Ces deux idoes preoccupent a leur depart, mais ne decouragent pas nos deux zoologistes designes : et leurs travaux, qu'ils publient prcsentement, te- moignent qu'ils ont fait, rclativement a leur position, tout et sans doute beaucoup au-dela de ce qu'on devait attendre de leur zele et de leur devouement pour les sciences. Comme ayant paiu les premiers, ces travaux sont de pre- miers fruits qui ont puissamment recommande I'expedition a la bienveillance du monarquc : car les rechcrches zoologiques du voyage vicnnent tout recemment d'etre honorees par les plus grands et les plus angustes suffrages. Le Roi et sa fa- mille se sont interesses a elles, jusqu'a examiner I'ouvrage de MM. Quoy et Gaimard dans le plus grand detail, et jusqn'i permettre que le temoignage de leur satisfaction se repandit dans le public. Ainsi, I'histoire naturelle, plutot soufferte qu'in- troduite a bord des deux corvettes , aurait, elle seule , valu deja a I'ensemble de I'expedition la plus flatteuse des recom- penses, et au chef de I'entrcprise I'avantage de voir rapportee a sa personne la plus grande part de I'auguste approbation. MM. Quoy et Gaimard ont distribue leurs matieres en cha- pitrcs et selon I'ordre des series nafurelles. Ainsi, ils traitent successivement de rhomme, des raammiferes, des oiseaux , des DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 629 reptiles , des poissous, des mollusques, etc. lis se sont deja oc- cupes de ces derniers, ayant ainsi foiirni plus des deux tiers de leiir carrieie. Dans le tiers qui doit terminer I'ouvrage, se- ront decrits a leiir tour les animaux des derniers embranche- niens , comme les mollusques, les animaux articules et les ani- maux rayonnes. Chap. i. On est introduit dans Touvrage par des considera- tions sur Thomme a demi sauvage, et principalement sur celui du petit Archipel desPapous. Les descriptions ont ete etendues jusqu'aux cranes, dont on s'est procure plusieurs, toutefois avec quelques difficultes, le respect pour la tombe formant mdc des principales idees religieuses des naturels de ces contrees. MM. Quoy et Gaimard ont eu recours au systeme cranioscopique de M. le docteur Gall, considere comme vine niethode d'in- vestigation , et ils citent des cas ou ce moyen leur a ete utile pour apprecier I'accord de la constitution physique des Pa- pous avec ce qu'ils connaissaicnt de leurs habitudes. Chap. 11. Ces savans medecins preludent a des desci'iptions plus etendues et plusspeciales par des considerations tres-cu- rieuses sur la conformation, les rapports generaux et la dis- tribution geographique des mammiferes et des oiseaux qu'ils ont vus dans les principaux lieux de leur relache, au Bresil, au capde Bonne-Esperance, a Timor, a Rawack etaVaigiou, aux lies Mariannes, auxiles Sandwich, a la Noiivelle-Hollande et aux lies Malouines. Chap. hi. Six mammiferes deviennent ensuite le sujet de descriptions fort etendues: tels sont une nouvelle espeee de pteropus , sous le 110m de roussette Keraudren , et cinq niarsu- piaux des genres que j'ai etablis autrefois sous les noms de das jure , Ae peramele , de phalanger ^ Ae potoroo et de /lan- guroo. Trois de ces animaux a bourse sont nouveaux, le pe- ramelc Bougainville, le phalanger Quoy et le kanguroo laineux; cette derniere espeee est surtout tres-remarquable par Ja quaiite 63o RAPPORT SUR LA PARTIE ZOOLOGIQUE de son poll, rappclant tout-a-fait celiii dc la vigogne par la vivacite dc sa teinte [le roux ferrugineux) , at par sa finesse et soil abondaiice. CiiAP. IV. Puis, i'histoire des mammiferes recucillis dans le Voyage, sc troiive completee pai" un appendice siir les phoques et les cetaces, dont les deiix auteurs decrivent plusieurs nou- velles espcces, et dont ils se sont principalement attaches a donner les habitudes, commea faire connaitre les divers usages qu'en Ibnt nos arts economiques. Dans le nombre sont iin dauphin, dit rhinoceros , d'une eminence considerable sur le museau; un deuxieme, nomnie albigene, d'une rale blanche sur les joues; un Iroisieme , le crucigerc , en raison aussi d'une disposition de ses coideurs ; puis, cnlin, le cachalot bossele, lion decrit, mals figure d'apres un dessin communique par le capitaine Hammat. On a peu d'occasions de rencontrer de pa- reils animaux, etsurtout d'en donner de bonnes figures: celles de ces grands cetaces ne sont pas I'un des nioiiidres services rendus aux sciences naturelles par le Voyage. Les cetaces rejettent de I'eau par leurs events : Spallanzani auraitetc temoiii de ce fait. Nos deux auteurs, qui ont rencontre de ces animaux par ceutaines, n'ont jamais ete a meme de I'observer, si ce n'est a I'egard d'une baleine a museau pointu , qui etait echouee sur un bas-fond des Malouines, et qui, a mer basse, rejetait de terns en terns, par ses events, de I'eau, en respirant avec bruit. MM. Quoy et Gaimard assurent avoir tres-dislinctement remarque que I'eau lancee par cette baleine jaillissait en pluie des sa sortie des events; et ils opposent cette observation a I'opinion du celebre navigateur Scoresby, qui dit le jet des events visibleraent compose, non pas d'eau, niais d'air et de mucus condense. Chap. v. Un cinquieme chapitre est consacre a la descrip- tion de vingt-huit oiseaux, dont di\-huit sont entierement nouveaux , et les dix autres n'etaient qu'incompletement connus. DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 63 1 Toutes ces especes sont d'un grand interet, particulierement un des plus beaux oiseauxde la Nouvelle-Hollande, qui habite les bords de la riviere Patterson , et que les Anglais de la Nouvelle Galles du Sud connaissent sous le nom de prince- regent, en memoire de Georges iv qui, sous ce meme nom, a long-tems dirige les affaires de I'empire Eritannique. Nos deux auteurs I'ont rapporte aux loriots, I'appelant le lor iot prince -re gent, orlolus regens. Le celebre ornithologiste Temminck vient aussi de le donner et de I'appeler de meme , dans les planches coloriees qu'il publie de concert avec le raaire d'Arles, le baron Laugier. Cependant, peut-etre faudra- t-il revenir aux premieres vues de M. Lewin, dessinateur et graveur sur les lieux-memes a Sydney , lequel aurait annonce plus ancienneraent qu'il classerait a part, le prince-regent sous le nom generique de melUphaga. 'L.e prince-regent peut etre en effet ballotle des loriots aux oiseaux de paradis : car, s'il est plus voisin des premiers en vertu des earacteres systematiques, il se rapproclie aussi des oiseaux de paradis par le tissu ve- loute et les teintes eblouissantes de ses plumes. MM. Quoy et Gaimard n'en avaient possede qu'un dessin; mais I'oiseau hii- meme, dans toute saparure, nous est aujourd'hui rapporte par MM. Garnot et Lesson , medecins de la derniere expedi- tion de decouvertes, de la Coquille, qui rentre presentement dans nos ports, apres un tres long cours , sans perte d'un seul homme; expedition deja memorable a ce titre, et que chacun sait avoir ete commandee par le capitaine Duperrey, et en second, par un habile botaniste, le lieutenant de fregate Durville. Je place sous les yeux de I'Academie non-seulement cet oiseau, mais de plus une nouvelle cspece d'epimaque des mcmes contrees , superbe oiseau qui provient egalement des recherches de MM. Garnot et Lesson, et qui laisse loin derriere lui \e prince-regent , presentant un plumage plus foarni, plus soyeux et comme veloute , que relcvent un jeu de couleurs 63a RAPPORT SUR LA PARTIE ZOOLOGIQUE harmonieux et variable ^ I'infini, des teintes raetalliques et les feux (iblouissans de I'iris. Nous citcrons encore, comnie faisant partie des richesses ornithologiques de I'oiivrage que nous cxaminons , un genre nouveau , les inegapodcs , trouvu sur les terres des Papous, et que M. Dussumier , riclie armateur de Bordeaux , aussi hono- rable par son desinteressement au profit de nos cabinets que distingue par le savoir de rornithologiste, avail aussi decouvert aux Philippines. Les deux especes de ce genre ont recu des noms destines a consacrer les sentimens des auteurs pour deux celebres navigateurs ; I'une s'appelle megapode Lapeyrouse et I'autre megapode Frejcinet. Une fort belle colombe a recu le nom de Pinon ; ce qui est aussi un hommage : celui-ci fut la dette de la gratitude et d'une respectueuse galanterie, etant adresse a I'epouse du commau- dantj M de Freycinet, nee Pinon, qui a partage les fatigues du voyage. Une autre colombe a nom Macquarie; le precedent gouver- neur de la Nouvelle Galles du Sud , ainsi nomme , avail donne cet oiseau a M. de Freycinet. D'autres especes portent aussi des noms d'hommes; tels sont le carouge Gasquet , le martin-pecheur Gaudichaud , le grebe Holland, et \e petrel Berard : elles sont dediees au brave general Gasquet, oncle de Tun des auteurs, au botaniste du voyage, k M. Rollaud, maitre canonnier de I'Uranie, quia procure le nouveau grebe, eta M. Berard, I'un des officiers dc I'expedi- tion, dune grande adresse a la cliasse et d'un zele ardent pour I'histoire naturelle. M. Berard s'est reengage dans I'expedition de la Coquille , et nous sommes informes que I'ornithologie lui doit de nouvelles et precieuses acquisitions. Comme ces homraages tiennent a des causes de merite per- sonnel dont on n'est point depossede du soir au matin, on doit esperer qu'ils aurontplus de duree que ceuxqui ont ele accordes DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 633 par certai'ne nomenclature qiii\ a fallu promptemcnt repudier. D'un autre cote, c'est une innovation, a de certains egards : car, jiisqu a present ces honimages n'avaient ete rendus qu'a des noms consacres par des travaux scientiiiques et deja cases dans la memoire des naturalisles. Chap. vi. Des remarques sur les oiseaux pelagicns et sur quelques aiitrcs palmipedes terminentla partie ornithologique: c'est un des cliapitrcs qu'on lit avec le plus de fruit etd'agre- ment. Chap. vii. Le septieme chapitre traite des reptiles, savoir : d'une tortue noire provenant de la Californie et qui fut donnee vivante au commandant, de trois scinques decouverts atix en- virons de Port- Jackson et d'une rainettc trouvee dans Rio-Ja- neiro : aucun de ces reptiles n'etait connu. Chap. viii. L'icthyologie est plus riche. Nos deux savans naluralistes ont cru d'abord devoir arreler leurs pensees sur quelques considerations elevees touchant la distribution des poissons dans les divers bassins des mers, et principalement sur les especes qui se plaisent de preference dans des parties cen- trales. Chap. ix. La description des especes en fait connaitre plus de i5o, dont les -^ sont entierement nouvelles : clles se font presque toutes remarquer par la singularite des formes et par une beaute vraiment surprenante des couleurs. Je crain- drais de fatiguer , en en donnant ici ime enumeratlou complete. Cependant, j'en aurai indique deja un assez bon nombre, en me bornant a mentionner celles qui ont recu des noms d'liommes. Ce sera nommer les poissons les plus curieux, rappeler les sen- timens de gratitude des auteurs pour les services qu'on s'est plu a leur rendre , faire connaitre I'esprit de leurs hommages, dont aucun u'estentache de flatterie, et nous reunir a euxpour honorer la memoire de confreres que trop d'ardeur et de de- Gift RAPPORT SUR LA PARTIE ZOOLOGIQUE vouement aura peut - etre prccipites dans rimpnulence ct rendus les martyrs de la science. Trois especes des genres roussette , baliste et periophthalme sont dtdiees au commandant, M. Louis deFreycinet; puis, les suivantes aux autres officicrs de I'expudition , savoir : la leiche Laborde, le baliste Pcllion, la girelle Gaimard, la girelle Du- perrey, la murone Prat-Bernon, le picarel Raillard, Ic muge Ferrand, le percoplus Fabre, I'aspisure Lamarche, le pinie- lode Quelen, le labre Arago et le chetodon Taunay. MM. Que- len, J. Arago (i) ct M. A. Taunay fils faisaient partie de I'expedition , le premier , aujourd'hui chanoine titulaire du chapitre royal de Saint-Denis, comme aumonier, et les deux autres, comme dessinateurs. Nous poursuivons cette enumeration , ainsi qu'il suit : le bali'stc Mcdinella, le baliste Oxiey , I'orphie Almeida et le cli- uus Bazat. MM Medinella, gouvcrneur des iles Mariannes , Oxley , ingenieur geograplie au Port- Jackson, Almeida , secre- taire d'ambassade, et le docteur Bazat, voulurentbien partager les travaux de nos naturalistes aux lies Mariannes, a la Nou- velle-HoIlande et a Rio- Janeiro. MM. Agraux, Bourignon, Boursin , Chretien, Gilbert, Le- cluse, Marciac, Monnotct Vidal sont desmodecins ou chirur- giens de marine qui ont peri par la fievrc jaune, victimes d'un devouement sans bornes; de nouvelles especes des genres ci-apres leur sont consacrees, savoir : baliste , serran, scrran diacope, curimate, muge, rason, primeleptere , percis et gly- phisodon. Nos deux auteurs ont aussi etendu leurs hommages aux (i) M. Jacques Aiago s'est fait connaitre par une relation liisto- rique du Voyage, fort agreable a lire et portant pour litre, Prome- nade aucour du monde pendant les annees 1817, l8i8, l8ig et l8ao. u vol. in-8°. Atlas in - fol. Paris; Leblanc , rue Furstenberg, n° 8. DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 635 natuialistes ci-apres, Commeicon, baron Cuvier, Geoffroy- Saint-Hilaire, comte de Lacepede, Lamouroux et Pcton, aux- quels sout dedies des poissons faisant partie des genres gom- phose, anainpscs, girelle, baliste et clietodon. Chap. x. BIM. Quoy et Gaimard, avant de passer a la des- cription des mollusqnes, traitent dans un ecrit particulier d'une des questions les plus interessantes pour les navigateurs qui parcourent les mers equatoi'iales, de la phosphorescence des eaux qui apparait subitement a des distances considerables , en certains lieux et a de certaines epoques de I'annee. Ce me- moire, fort remarquable par I'elevation de la pensee, la finesse des apercus et ie talent de la diction, eontient le recit de quel- ques experiences , d'apres lesquelles les deux auteurs coufir- ment I'opinion que les causes de la phosphorescence de la mer tiennent a la subite apparition on formation d'aninialcules in- nombrables. «Ce spectacle merveilleux se developppait aleurs yeux, pnt-ils ecrit, la ou des torrens de lumiere et de chaleur allaient penetrer et echauffer les eaux, et oil I'electricite parais- sait se repandre sur tous les corps. II leur semblait, lorsqu'aux brises legeres quiagitentla surface de la mer succede un calme parfait, qu'une baguette magique animait le sein des eaux et que leurs principes constiluans se reunissaient et se concre- taient pour produire les apparences de la vie. » CuAP. XI. La description des moUusques suit : il n'en est en- core public qu'une portion : le reste de ce chapitre et, je puis ajouler, la fin de la partie zoologique du Voyage, ne tarde- ront pas a paraitre. Les figures des animaux composent un tres-riche atlas :j'en connais pen d'aussi importans : faites par les plus habiles des- sinateurs et graveurs de cctte epoque, elles sont les meilleures qu'on pouvait donner. Rien n'a ete epargne pour leur perfec- tion : ce qui est fondamental en histoire nalurelle. 11 est aise de se convaincre, par I'expose precedent, que la 63fi RAPPORT SUR LA PARTIE ZOOLOGIQUE partie zoologique dc rexpcdition Freycinet procurcra h la science un notable accroissenient. Les deux autcurs en seront recompenses par I'estime, etje vais jusqu'a dire, par la recon- naissance du public. Car, niedecins du service de la marine, ils ne s'etaient point prepares a dcs rccherches suivies d'his- toire uaturelle; etde phis, des devoirs multiplies et justement preferes les en ont sans cesse detournes : ccpcndant, voila leurs travaux (i). Qu'il me soit permis , en finissant, d'ajouter qu'apcrcevant les choses sous un autre point de vue, I'expedition , aurait pu, et du par consequent, produire davantage en faveur des sciences natureiles : elle devait a cette branche des connais- sances humaincs des fruits proportionnes au cout de deux batimens enlretenus par I'etat durant quatre annees; et c'est ce qui fut arrive , si Ion avait, comme par le passe , laisse a des naturalistes le soin de leurs affaires (2). (i) Ajoutons que MM. Quoy et Gaimard ont remis au Jardin du Roi tous , absolument tous les objets qu'ils ont recueillis dans leur voyage : cependant , plusieurs de ces objets avaieut ete acquis par eux a grands frais et de leurs deniers. (2) Quelqu'un m'a prevenu qu'on pourrait voir dans ce passage une allusion critique dirigee contre rAdniinistration de la marine ; a Dieu ne plaise que j'aie eu cette intention! Je vais bien, au con- traire, proCter de cet avertissement, pour manifester les vrais sen- timens des naturalistes. Comment ne seraient-ils pas ceux d'une vive et profonde reconnaissance, quand il est connu que I'Adnii- nistration de la marine recommande journellement les inter^ts de I'histoire naturelle aux medecins quelle place sur les batimens de r^^tat? Certes, elle ne saurait 6tre capable de la contradiction qu'il Y aurait a etre autant soigneuse lors du depart des bdtimens enga- ges dans les divers services publics, et tout-a-t'ait oublieuse des m^mes inter^ts, lors de la composition d'expeditions entierement DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 637 Esperons que , lorsqu'il plaira au Pioi d'ordonner k I'ave- nir que des depenses considerables soient de nouveau af- fectees a des recherches ayant pour objet d'agrandir la sphere de nos connaissances, on n'argumentera pas dii passe pour restreindre les voyages de long cours a quelques spe- cialites. D'aussi grandes depenses faites par I'etat appellcnt tous les fruits possibles, exigent en effet que tout ee qui est observable puisse etre et soit observe. II ne faudrait pas que des particuliers, quelle que fut leur elevation dans la hierarchic sociale, se crussent, aux avantages de ces grandes et memo- rabies entieprises, des droits absolument personnels et exclusils de tous les autres services publics. Tout, dans la monarchic frannaise, se fait pour et par le Roi : son action plane sur ses peuples, comme celle de la Providence sur toule la terre; et en effet, sa surveillance s'etend egalemcnt sur toutes les bran- ches de I'administration publique, comme sa royale protection sur toutes les classes de Francais. ESQUISSE DUN COURS D'ECONOMIE ET DE MORALE. SECOND ET DERNIER EXTRAIT. (Voy. cj-dessus, p. 14-26.) Ce qui, dans ce Cours, a fait I'objet unique des recherches du professeur, c'est, avons-nous dit, la liberie, consideree dans scs causes, dans ses nioyens, dans son influence. Nous scientifiques. Ce sont alors de nouveaux lieux qu'il s'agit de con- naitre , et Ton s'iuterdirait plusieurs moyens d'en rendre I'explora- tion tout-a-fait complete! A du savoir prealablement acquis, il ap- partient seulement d'enfanter de I'habilete et des succes. O^S ESQUISSE D'UN COURS aliens, conimc nous I'avons annonce, rapporter, de la defini- tion que M. Dunoyer a donnue de ce mot, cc qui parait Ic plus propre a montrer les ideas qu'il y attache; apres quoi, nous arrivcrons, tout d'un coup, au resume de ses lecons, vt nous donnerons ses conclusions genorales. Cc qu'il faut entendre par le mot liberte. L'homme, aux premiers regards que nous portons surUii, a dit le professeur, se presente a nous comme im etre sujet \\ des besoins et pourvu de facultes pour les satisfaire. Nous sa- vons tous qu'il lui faut se nourrir, se desalterer, se vetir, s'a- briter, etc.; nous savons aussi qu'il a, pour ccla, une intelli- gence, ime volonte, des organes. On a beancoup cherche si le mobile de ses facultes etait en lui-meme on bors de lui, en sa puissance ou hors de sa puissance; s'il donnait son attention, compai'ait, jugeait, desi- vait, deliberait, se determinait, parce qu'il le voulait et comme il le voulait; ou bien si ses facultes etaient mises en jeu sans lui, memo malgre lui, par I'influencc de causes sur lesquellcs il n'avait aucun empire, et si le resultat de leur travail etait aussi indcpendant de sa volonte. Nombre de philosophes ont pretendu qu'il etait egalement maifre de leur action et des re- sultats de leur action, et ce supreme ascendant qu'ils lui at- tribuaient sur elles, ils I'ont appele libre arbitrc, Uberte morale. .le n'ai nuUement a m'occuper ici de cette sorte de liberte. Il y a une autre recherche a faire. Que l'homme ait ou n'ait pas en lui-meme le principe de son activite, on m'accordera qu'il n'agit pas toujours avec la meme aisance; on conviendra sans doute qu'il pent exister, au dedans de lui-meme et en dehors de lui, dans ses infirmites, dans les choses, dans ses semblables, une multitude de causes (jui I'empechent plus ou moins de se servir de ses facultes. J'appelle liberte I'etat ou il se trouve, quand il lui arrive de D'ECONOMIE ET DE MORA.LE. 639 pouvoir sen scrvir .inns obstacle; je dis que I'etat ou il est le plus librc est celui ou il pent en user avec le moins d'empe- chement. II nest guere pcrsonne qui ne place ainsi la liberie dans le pouvoir de se servir sans obstacle de ses forces. Mais, ce que les hommes veuleiit faire n'est pas toiijours ce qui presente le nioins de difficultes. II leur arrive a lout moment, au contraire, de tenter I'impossible, de chercher la liberie dans les manieres d'etre el d'agir avec lesquelles elle est le moins compatible. II s'agirait done, si nous voulons savoir precisement en quoi la liberie consiste, de chercher quel est I'et^t ovi I'usage de nos fa- cultcs doit rencontrer le moins d'empechement. Natureliement I'homnie, dans I'exercice de ses facultes, pent etre empeche par plusieurs causes tres-generales. II est d'abord clrconscrit par les lois de son organisation, lesquelles ne lui permettent pas de sortir d'une certaine sphere d'activite. Tandis qu'en un sens , il pcut se developper et s'etendre presque a I'infini, sous un autre aspect il louche im- mediatement aux limites du possible. Tout ce qui implique contradiction avec sa nature , il est dans I'impossibilite la plus absolue d^ Texecuter. Il n'est aucunement en son pouvoir, par exemple, de se derober aux lois generates dela pesanfeur, de respirer dans iin lieu prive d'air, de voir en I'absence de toute lumiere, etc. IKne faut done pas demander en quoi consiste a cat egard sa liberie; car, un obstacle insurmontable s'oppo- sant ici a son action , il est visible qu'en ceci toute liberie lui est refusee (i). (i) Le mot liberte n'exprime jamais qu'une quantlte relative. II n'y a point de libertd absolue. Tout etre cree est soumis a des lois et ne peut agir que dans des limiles fixes et precises. L'expression libre comme I'air, dont on se sert quelquefois, comme pour designer une liLerle sans homes, n'exprime qii'nne liberte tres-limitee : I'at- 64o ESQUISSE n'UN COURS .Ensuite, dans la sphere meme qui a cte ouverte a son acti- vite, rhoinme pcul naturellement otre empeche d'agir, d'uu cote par I'ignorance qui retient toutes ses facultes dans I'iner- tie, ct d'un autre cote par la passion qui leur donne une ac- livite dereLjlee , qui I'excite a s'eu servir d'une maniere preju- diciable pour lui-meme ou pour Ics autrcs, et qui tend ainsi pcrpetuellcment a en affaiblir, a en entraver I'usagc. L'honimc, par les lois invincibles de sa nature, ne peut done user de ses forces sans empechement ou avec llbertc , que dans I'espace ou il lui a etc donne d'agir; et, dans cet espace meme, pour qu'il puisse en disposer Ubrement, il faut, pre- mierement, qu'il les ait developpees; secondenient , qu'il ait appris a s'en servir de maniere a ne pas se nuire; troisieme- ment, qu'il ait contracle I'habitude d'en renfermer I'usage dans les bornes de ce qui ne peut pas nuire aux autres liommes. Je dis, prcmierement, qu'il doit les avoir developpees. Et, en effet, qui ne voit qu'il n'a pas la liberie de s'en servir, tant qu'il n'a pas appris a en faire usage. Mettez le clavier d'un piano sous les doigts dun liomme qui, de sa vie, n'aura nianie que la beche ou la charrue : sera-t-il libre d'executer une so- nate? Nos organes, avant que nous les ayons formes, sont pour nous comme s'ils n'existaient point ; nous ne sommes nul- lement les maitres de nous en servir. Il est bien, en general, en noire pouvoir d'apprendre ce que nous ignorons ; mais nous ne sommes les maitres de le faire qu'apres I'avoir appris; mosphere est invinciblement lice a la terra; les vents sont soumis a d'irrefragables lois : Fair n'est done pas indefiniment libre. Nul corps materiel ne Test; les etres animes ne le sont pas davantage, et riionime ne Test pas plus que le reste de la creation. L'homme, ainsi que les animaux, ainsi que toutes les forces repandues dans la na- ture , n'est susceptible que d'une certaine espace et d'une certaine etendue d'action. D'ECONOMIE ET DE MORALE. 64 1 I'ignorance a pour nous tous les effets d'un insurmontable em- pecheraent, et le plus violent despotisme ne nous mettrait pas dans une impuissance plus absolue d'agir que ne le fait le manque d'exercice et d'experience. « En second lieu , je dis que , pour etre libres d'user de nos facultes , il faut que nous sachions en renfermer I'usage dans les bornes de ce qui ne peut pas nous nuire. II est clair, ea effet, que nous ne pouvons pas nous en servir de maniere k nous faire du mal sans diminuer par cela meme le pouvoir que nous avons d'en faire usage. Nous sommes bien les maitreSj jusqu'i un certain point, d'executer des actions qui nous sont prejudiciables ; mais nous ne le sommes pas, en executant de telles actions, de ne rien pei'dre de notre liberte. II est d'uni- verselle experience que ce qui deprave, enerve, abrutit nos facuUes, nous ote la liberte de nous en servir, et de toutes les pretentions, la plus absurde et la plus contradictoire serait sans doute de vouloir a la fois en abuser et les consefver saines, vivre dans la debauche et ne pas nuire a sa sante, pro- diguer ses forces et n'en rien perdre, etc. Je dis enfin, et cette troisieme proposition n'est pas moins evidente que les deux premieres, que, pour disposer librement de nos forces , il faut que nous nous en servions de maniere k ne pas nuire a nos semblables. Nous avons bien, dans une cer- taine mesure, le pouvoir de nous livrer au crime; mais nous n'avons pas celui de nous y livrer, sans diminuer proportion- nellement notre liberte d'agir. Tout Homme qui emploie ses facultes a faire le mal, en compromet par cela taeme I'usage : c'esl, en quelque maniere, se tuer que d'attenter a la vie d'au- trui; c'est exposer sa fortune que d'entreprendre sur celle des autres , etc. II n'est surement pas impossible que quelques hommes echappent aux consequences, ou du moins a quel- ques-unes des consequences d'une vie malfaisante; mais les ex- ceptions , s'il en est de reelles, n'infinnent point le principe. T. XXVI. — Juin iSaS. 4a 64 a ESQUISSE D'UN COURS L'inevitablc effct de I'iiijustice et de la violence est d'exposer I'homme injuste et violent a des haines, a dcs vengeances, a des represailles, toiites choscs qui diminuent evidcmment sa liberie. II n'est au pouvoir d'aucun homme de rester libre en se mettant en guerre avec son espece (i). On peut dire meme que cela n'est au pouvoir d'aucune reunion d'hommes. On a vu bien des partis, on a vu bien des peuples chercher la liberie dans la domination; on n'en a pas vu que la domination, a travers beaucoup d'agitations , de perils et de malheurs pro- visoires, n'ait conduit, tot ou tard, a une mine definitive (2). Ainsi, rhorame, par la nature mome des choses, ne peut avoir de liberie, dans I'espace oii il lui a etc permis d'exercer ses forces, qu'en raison de son industrie, de son instruction, des bonnes habitudes qu'il a prises a I'egard de lui-nieme et envers ses semblables. II ne peut etre libre de faire que ce qu'il sail, et il ne peut faire avec surele que ce qui ne blesse nilui, ni les autres. Sa liberie depend tout a la fois du deve- (1) » Si vous voulez , disait Sully a Henri IV, soumettre par la force des armes la majorite de vos sujets, il vous faudra passer par uue milliasse de difficultes, fatigues, peines , ennuis, perils et tra- vaux, avoir toujours le cul sur la sella, le halecret sur le dos, le casque en t^te, le pistolet au poing et I'epee a la main... » ( Economies royales. ) (2) HoLbes dit qu'en I'ctat de nature il est loisible a cliacun de faire ce que bon lui setnble. [E/einens pliilos. du citoren. ) II n'est pas douteux qu'en quelque etat que ce soit , un homme n'ait le pouvoir physique de commettre un certain nombre de violences. Mais est-il quelque etat, selon Hobbes, ou I'homme puisse dtre injuste et mediant avec impunite? N'est-il pas egalement vrai , dans tous les terns et dans toutes les situations, que I'injure provoque I'injure, que le meurtre expose la vie du meurtrier ? Que siguifie done de dire qu'en I'etat de nature il est loisible a chacun de faire ce que ban lui semble?... D'JilCONOMIE ET DE MORALE. 64^ loppemeut de ses facultes, et de leur developpement dans une direction convenable. Si, pour etrelibres, nous avons besoin de developper nos facultes , il s'ensuit que , plus nous les avons developpees , plus est etendu, varie, I'usage que nous en pouvons faire, et plus aussi nous avons de liberie. Ainsi, nous sommes d'autant plus libres que nous avons plus de force , d'activite , d'indus- trie, de savoir. que nous sommes plus en etat de satisfaire tons nosbesoins, que nous sommes moins dans la dependance des choses : chaque progres etend notre puissance d'agir; chaque faculte de plus est une liberte nouvelle. Tout cela est evident de soi. Rousseau a beau metire la liberie de I'homme sauvage au-dessHs de celle de I'homme civil , son eloquence ne fera point que celui dont les facultes sont a peine ebauchees en puisse disposer aussi librement que celui qui les a develop- pees, fortifiees, perfectionnees par la culture. Si, pour etre libres, nous avons besoin de nous abstenir, dans I'exercice de nos facultes, de tout ce qui nous pourrait niiire, il s'ensuit que mieux nous en savons regler I'emploi relalivement a nous, plus nous avbns appris a en faire un usage eclaire, prudent, modere, et plus aussi nous sommes libres. Mettez un homme qui ait de bonnes habitudes morales a cote d'un homme incapable de regler aucun de ses senli- timens, de satisfaire avec mesure aucun de ses appetits; el vous verrez lequel, en toute circonstance , conscrvera lo mieux la libre disposition de ses forces. Si , pour ctre libres enfin , nous devons nous defendrc, dans I'emploi de nos facultes, de tout acte prejudiciable a autrui, il s'ensuit que, mieux nous savons lous en tirer parti sans nuire, plus nous avons appris a leur donner uuc direction utile pour nous momt'S sans etre offensive pour les aulres, et plus aussi nous avons acquis de liberte. Celle proposition a toute la cer- titude des precedentes. Comparez I'etat des peoples qui pros- 644 ESQUISSE D'UN COURS pe'rent par cles voies paisibles, ;^ I'elat des peiiples qui ont fonde leur prosperite sur la domination; comparez les nations guer- rieres dc I'antiquite aux nations industrieiises des ages mo- dernes; comparez I'Europe, ou tant d'homraes encore cher- client la fortune dans le pouvoir, a ces Etats-Unis d'Amerique ou I'universalite des citoyens n'aspire a s'enrichir que par le travail, et vous decouvrircz bientot ou il y a le plus de liberie veritable. Les hommes ne sont done esclaves que parce qu'ils n'ont pas developpe leurs facultes et appris a en reglcr I'usage. lis nc sont libres que parce qu'ils les ont developpees et regleesi. 11 est vrai de dire, a la lettre, qu'ils ne souffrent jamais d'autre oppression que celle de leur ignorance ct de leurs mauvaises nioeurs; comme il est vrai de dire qu'ils n'ont jamais de liberie que celle que comportent I'etendue de leur instruction et la bonte de leurs habitudes. Plus ils sont incultes, et moins ils peuvent agir; plus ils sont cultives, et plus ils sont libres : la vraie inesure de la liberie, c'est la civilisation. » M. Dunoyer a fait succeder a ces developpemens un examen rapide des diverses definitions qu'on a donnees de la liberie, el il a acheve par-la d'eclaircir et de confirmer I'idee qu'il con- vienl de s'en faire. Nous nous bornons a rapporler les observa- tions suivantes, par lesquellesil a termine cette revue et lalecon donl nous venons d'offrir I'analyse : « L'idoe la plus facheuse, a-t-il dit, est celle que Ton a com- munement des sources de la liberie. On veut qu'elle resulle, non de I'elat de la societe, mais de celui du gouvernement; et par gouvernement, on entend une chose distincte de la so- ciete, et exislant en quekiue sorte en dehors d'elle. C'est uae maniere Ires - inexacte el en meme terns ires-in- complele d'envisager la chose. 11 n'y a pas moyen, d'abord, de distinguer le gouverne- ment de la societe. Le gouvernement est dans la societe; il en D'tCONOMIE ET DE MORALE. 645 fait intrinsequement partie : il est la societe meme, coiisideree dans Tun de ses principaux modes d'action; savoir, la repres- sion des violences, le maintien de I'ordre et de la surete. Les formes suivant lesquelles il exerce cette action , et la maniere plus ou moins eclairee et plus ou moins morale dont il I'exercc, dependent essentiellement de la volonte de la societe. II est, dans tous les tems, I'expression exacte des idees et des habi- tudes politiques qui predominent au milieu d'elle. Plus ces idees et ces habitudes sont imparfaites, et plus le gouvernement est impaifait. II est d'autant meilleur qu'elles sont meilleures elles-memes. II n'est pas une institution defcctucuse, il n'est pas un acta vicieux du pouvoir dont on ne puisse niontrer avec detail toutes les causes dans I'etat de la societe. Done, au lieu de dire que la liberte depend uniquenient de cet ensemble d'individus et de corps constitues auquel on donne le noni de gouvernement, il faudrait dire qu'elle depend de la bonte des idees et des habitudes politiques qui predominent parmi les peuples. Ensuite, cette expression, quoique plus exacte, aurait en- core le defaut de ne pas donner une idee complete des sources de la liberte. La liberte, en effet, ne depend pas uniquenient de la bonte de nos idees et de nos hahitudcs politiques , elle depend de la bonte de toutes nos idees et de toutes nos habi- tudes; e'est-a-dire, que nous sommes d'autant plus libres que nous Savons faire, sous tous les rapports, un meilleur usage de nos facultes. II est vrai que les connaissances et les vertus, propres a constituer le bon citoyen, en pcuvent faire supposer un grand nombre d'autres, et que, lorsqu'un peuple est par- venu a un point de culture assez eleve pour se bien conduire politiqueraent, il y a lieu de croire qu'il a fait des progres con- siderables dans les autres parlies de la civilisation, et qu'il jouit, sous tous les rapports, d'une liberte fort etendue. Mais, de ce que la capacite politique en fait supposer ordina^irement 646 ESQUISSE D'UN COURS un grand noinbre d'autres, il ne faut pas conclure que la li- berie vient uniquement de celle-la; elle vient de celle-la et des autres; elle decoule generalenoent de toutes; elle s'accroit par le progres de tons nos moyens. Je ne vois pas la moindre raison pour dire que nous devenons libres en nous formaut a la justice publique, el non en nous formanl a la justice privee; en devenanl habiles dans le gouvernenienl, et non en deve- nant liabiles dans I'agricullure, le commerce ou tel autre mode special d'activite. Nos progres, en effet, ont lous egalement pour resultat d'ccarter quelques-uns des obstacles qui s'oppo- sent h I'exercice de nos forces : ils ont done lous pour resultat de conlribuer a I'extension de noire liberie. Non-seulement la liberie ne gil pas tout enliere dans ce que nous avons de vertu el d'habilete politique; mais nos au- tres developpemens meme ne dependent pas necessairement de celui-la. Nous commencons a faire des progres en intelli- gence, en industrie, en richesse, en morale, long-lems avant d'etre sorlis politiquement de la barbaric. II est vrai que la barbaric politique rend d'abord ces progres excessivement lents; mais I'experience demontre qu'elle ne les rend pas abso- lument impossibles. II suffit, pour s'en convaincre, de consi- derer a Iravers quelle serie de guerres, de violences el de de- sordres publics de toule especc la civilisation est parvenue a se faire jour. Encore une fois , il n'est done pas vrai que toule la liberie soil renfermee dans ce que nous avons de capacite politique, ni meme que nos autres progres dependent necessairement de ceux que nous avons fails sous ce rapport. La capacite poli- tique est ordinairement la dcrniere qu'un peuple acquierl. Se bien conduire politiquement est la dcrniere chose dont il de- vienl capable. Ce dernier progres couronne la liberie; mais il n'est pas la liberie tout entiere. II rend, h mesure qu'il s'ac- complit, les autres progres beaucoup plus faciles; mais il n'est D'ECONOMIE ET DE MORALE. 647 surement pas la condition de tout progres. Un peuple peut jouir d'line immense liberie avaut de s'etre eleve au gouverne- ment de lui-mcme, et surtout avant d'avoir appris a se gou- yerner raisonnablement. II peut y avoir chez lui beaucoiip de savoir, d'industrie, de capitaux accumules, de bonnes habi- tudes personnelles et relatives. Or, il est visible qu'il ne peut avoir acquis tout cela sans s'etre procure par cela meme une grande puissance, sans s'etre donne beaucoup de facilile ct de latitude pour agir. II ne faut pas sans doute exclure la plus haute des capacites, la capacite politique, de I'idee de la li- bcrte; mais il ne faut pas I'y comprendre seiile. Pour la definir avec exactitude, il faudrait faire I'inventaire de tout ce que 1 humanite possede de connaissances reelles et de veritables vertus. EUe est egale pour chaque petiple a ce qu'il a fait de progres dans toutes les branches de la civilisation i elle se compose de tout ce qu'il a de savoir-faire et de savoir-vivre : c'est la sa veritable definition. « Resume du cours. Le cours de M. Dunoyer n'a ete , d'un bout a I'aiitre, que le developpement progressitde ces simples priucipes. 11 a trace d'abord le tableau des principales varietes de notre espece, et Ton a aisement reconnu que les races les plus susceptibles de culture sont aussi les plus susceptibles de liberte. Faisant en- suite abstractioude la difference des races, il a pris seulemcnt en consideration le dcgre de culture, et Ton a vu qu'un peuple est d'autant plus libre qu'il est parvenu a un etat de culture plus perfcctionne. L'etude des fails a pleinement confirme cette derniere remarqne. Parcourant, I'un apres I'autre, les prin- cipaux modes d'existence par lesquels a passe I'espece hu- maine, on a vu la liberte croitre a mesure qu'elle s'est elevee dans I'echelle de la civilisation. Ainsi, Ton a trouve plus de liberte dans la vie nomade que dans la vie sauvage , dans la 648 ESQUISSE D'UN COURS vie s^dentaire que dans la vie nomade, dans le regime du pri- vilege que dans celui de I'esclavage, dans I'ctat social enfante par la passion des places que dans le regime ne de I'amour du privilege. Enfin, parvenu au regime de I'industrie, on a re- connu avec le professeur que ce mode d'existcnce etait visible- ment celui ou les hommes pouvaient faire de leurs forces I'usage le plus etendu, le plus moral, le plus exempt de violence, et on a conclu avec lui qu'il etait I'etat ou ils pouvaient acquerir le plus de liberie. Ce tableau que M. Dunoyer a trace des principaux ages de la societe n'a pas seulement servi a justifier ses idees fondameu- tales; il lui a permis de donner de la marche de la civilisation une idee plus juste peut-etre que celle qu'on en a communement. «Nous pouvons, a-t-il dit, tirer de la serie des faits que nous avons observes, cette premiere conclusion generale : que I'espece, en parcourant les divers etats que j'ai decrits, et dans son mou- vement de progression vers la vie acluelle, s'est peu deter- minee par des idees de raison ou de justice; qu'elle n'a jamais fait, en quelque sorte, que ceder a la neces'site; qu'elle n'a change d'etat que par force; qu'elle n'a pas abandonne une maniere de vivre parce qu'elle etait odieuse, mais parce qu'elle n'etait plus possible : qu'ainsi, par exemple, les peuples no- mades n'ont mis un terme a leurs depredations que lorsqu'ils n'ont vu rien de mieux a faire, et qu'il ne s'est plus trouve de- vant eux de pays a ravager; que les derniers vcnus de ces peuples n'ont renonce a leurs incursions que lorsque les pre- miers etablis ont ete capables de les en degoutcr, et que, de- cidement, il n'a plus ete en leur pouvoir de continuer les memes brigandages; qu'on n'a abandonne I'usage d'exterminer les prisonniers que lorsqu'on a eu besoin d'esclaves; qu'on n'a commence a adoucir le sort des esclaves que lorsqu'il est dcvenu tres-difficile de s'en procurer de nouveaux, qu'il y a €u beaucoup de nations sedcnlaires et que chacun a eu besoin D'fiCONOMIE ET DE MORALE. 649 de garder pour soi ses prisonniers; que depuis, et k raesure que les classes asservies ont fait des progies , on iie leur a ge- neralement accorde que ce qu'elles ont eu la force de prendre, et qu'elles n'ont guere obtenu que ce qu'elles ont arracho. D'une autre part, les faits nous conduisent encore a cette conclusion, que, du cote des classes laborieuses, les progres n'ont pas toujours ete plus volontaires; que le travail a com- mence dans les fers; que I'homme ne s'y est resigne que par force; qu'il n'a continue a travailler que parce qu'on a long- tems continue a I'y forcer; qu'il ne s'est decide que tres-len- teraent et avec une excessive repugnance a considerer le travail comme sa ressource naturelle; que, meme au sein du travail, sa tendance la plus forte a ete vers la domination; que cette tendance dure encore, et qu'il ne faut pas moins que la reaction violente et toute-puissante qui s'opere depuis dix ans pour ra- mener vers I'industrie tant de milliers d'hommes des classes laborieuses dont I'activite s'etait egarec dans les voies de I'am- bitioq.. Ainsi, d'une part, on n'a renonce au brigandage que for- cement, et, d'un autre cote, on ne s'est non plus soumis a travailler que par force; de sorte que la civilisation est nee d'une double contrainte , de celle que le vainqueur a exercee sur le vaincu pour I'obliger au travail , et de celle que le vaincu a exercee sur le vainqueur pour se derober a sa puissance , et lacher meme, s'il le pouvait, de le subjuguer a son tour. Considerees dans leur objet, cette action et cette reaction ont rarement ete morales; mais, envisagees dans leur resultat, elles ont ete emincmmcnt utiles. Telle est la paresse naturelle de I'homme, qu'il ne se fut jamais decide au travail s'il n'y avail ete contraint par lavictoire; et, d'un autre cote, tel est son penchant a la domination, que tout progres du travail eut ete impossible si I'injustice et I'insolence du vainqueur n'avaient ete contenues. Tout ce qui a eu pour effet d'assujetir I'homme a 65 o ESQUISSE D'UN COURS I'industrie a servi la civilisation; mais tout ce qui a tendu a mettre des borups a la violence ne lui a pas ete moins avanta- geux. L'action de laSainte-alliance a sans doute son bon cote; mais Taction centre la Sainte-alliance a bien aussi son cote fa- vorable; et si je me rejouis de voir la Revolution contrainte de tourner son activite vers I'industrie, je me rejouirais bien da- vantage encore de voir la societe industrielle arrivee k I'epoque oil, degagee de toute pensee ambitieuse , elle sera en meme terns assez puissante pour renvoyer aux occupations utiles cette cohue tumultueuse d'intrigans et d'ambitieux qui la de- pouillent et qui I'oppriment. De ce double effort que n'ont cesse de faire, depuis I'ori- gine de la societe, une partie des hommes pour contraindre les autres au travail , et ceux-ci pour restreindre la puissance de ceux-la, sont nes, dans la marclie de la civilisation, deux mouvemens distincts, I'un d'ascension de I'esprit d'industrie, I'autre de decadence de I'esprit de domination; I'un d'accrois- sement des classes laborieuses , I'autre de decroissement des classes dominatrices. « Dans le commencement, les classes dominatrices etaient tout et les Classes laborieuses rien ; a la fin, les classes domi- natrices ne seront rien, du moins comme dominatrices, et les classes laborieuses seront tout. Dans la vie sauvage, la classe laborieuse n'cxiste point on existe a peine : elle se compose seulement des femmes. Dans la vie nomade, il s'y joint un petit nombre de captifs qui sont preposes a la garde des troupeaux. Dans les premiers terns de la vie sedentaire, elle s'accroit d'un nombre beaucoup plus considerable de vaincus, qui sont em- ployes a la culture du sol et a I'exercice des divers metiers. Dans cetetat, elle ne tarde pas a etre aussi nombreuse que celle des dominateurs; bientot, elle Test davantage; elle le de- vient, avec le tems, incomparablement plus; elle finit par for- mer la population presque entiere. Qu'est-ce que le Tiers? de- D'ECONOMIE ET DE MORALE. 65 1 niaudait parmi nous, il y a trente-scpt ans, un humnie fort connu : Le Tiers est tout, repondail-il; et en effet, des cette epoqiie, il formait dcja les 39/40* de la population , et la classe specialement privilegiee, importante encore comme proprie- taire, avait entiereinent cesse de I'etre comme corps de domi- nateurs. Ajoutez que, dans ce mouveraent de progression, les classes laborieuses ne croissent pas seulement en nombre, en richesse, en lumieres, mais aussi en dignite et en elevation. D'abord es- claves, elles deviennent ensuite tributaires ; puis, elles sont affranchies; puis, elles ont leurs privileges ; puis, elles effarent les privileges et peuvent parvenir a tout; puis, elles se mettent au-dessus des places et subordonnent le gouvernement ^ I'in- dustrie : ceci a deja lieu dans les Etats - Unis d'Amerique. En Amerique,ce qui predomiue, c'est le travail, c'est la masse des hommes travaillant, c'est la societe industrielle. Le gou- vernement remplit, dans cet immense atelier, la fonction par- ticuliere que la sociele lui assigne; mais il ne domine pas la societe. Bien loin de la, il est son serviteur, el il s'en honore. C'est elle qui lui communique tout ce qu'il a de pouvoir, de dignite, de lustre. Il s'en faut sans doute que la societe indus- trielle soit parvenue en Europe a ce degre d'elevatiou; mais elle y aspire avec force; c'est la que sa nature la pousse, etc'est la qu'elle !a conduira. » nVoila, ajoute M. Dunoyer, ce qui resulte, relativement a la marche de la civilisation, des faits generaux que j'ai exposes. Ces faits montrent clairement que, malgre I'aversion naturelle de I'homme pour le travail et malgre son amour nalurel pour la domination, I'csprit de domination a toujours tendu a s'af- faiblir et I'esprit d'industrie a se fortifier. lis montrent que ce double effet est tout nature] lenient resulte du besoin que les classes dominatrices avaient de lichesse et les classes labo- 65a ESQUISSE D'UN COURS ileuses de justice ; de I'effort qu'ont fait les dominateurs pour fomenter I'esprit d'industrie , et les hommes industrieux pour reprimer I'esprit de dominatiou. lis montrent, en un mot, qu'il est dans la destinee des classes dominatrices de s'affaiblir, de s'effacer, de se fondre dans les classes laborieuses, et que le mouvement de la civilisation consiste precisement a nous conduire a la vie que j'ai appelee industrielle. Mais, ce quo cos fails montrent surtout avec evidence, c'est que les hommes disposent d'autant plus librement de leurs forces qu'ils approchent davantage de cette maniere de vivre. On a vu, en effet, que chaque pas vers cet etat etait marque par quelque progres dans les sciences, les arts, la richesse, la morale privee, la justice sociale. On a vu qu'il y a tres-peu de tout cela dans les premiers ages de la civilisation, ou Ton n'a- per^oit encore que des barbares occupes a s'entr'exterminer; qu'il en existe un peu plus, h I'epoque ou Ion voit deja une classe d'esclaves qui travaillent; plus, a I'epoque ou ces escla- ves sont parvenus a la condition de tributaires; plus, a celle ou iis sont affranchis et jouissent de certains privileges; plus, a celle ou il n'y a plus de privileges et ou ils peuvent parvenir a tout; plus enfin, a celle ou ils sont corriges de lamanie de parvenir aux places, ou I'esprit d'industrie I'emporte sur celui d'ambition et ou la vie sociale est essenliellenient industrielle. On s'est done progrcssivement assure que ce dernier genie de vie est celui ou se developpent et se perfectionnent au plus haut degre I'instruction, les arts, les moeurs, la justice; et comment nier que I'etat ou ces choses sont le plus repandues et le plus parfaites, ne soit aussi celui ou les hommes disposent de leurs forces avec le plus de liberte ? » M. Dunoyer a passe en revue, en terminant sa derniere le^on, les objections diverses qu'on a elevees contre sa doc- trine. Nous nous bornons a rapporter celle de ces objec- D'ECONOMIE ET DE MORALE. 653 tions qui nous a paru avoir le plus besoin de reponse, et dont la refutation est le plus propre a fairc juger de la verite des principes que le professeur a exposes. Objection. « II est tres-vrai que la liberie d'un peuple depend de I'etat de ses arts et de sa morale; mais depend-il toujours de ce peuple d'acqucrir des moeurs et de I'industrie? Un gou- vernement qui veut abuser de ses avantages, n'a-t-il pas le moyen de rendre impossibles lous les progres qui peuvent honorer une nation ou lui etre proiitables? « Je reponds, a dit le professeur, que les nations s'appar- tiennent; qu'elles disposent d'elles-memes; qu'elles ont I'initia- tive de leurs progres; que ce sont elles qui font leurs gouver- uemens, et non leurs gouverneniens qui les font ; que leurs gouvernemens ne sont jamais que I'expression des sentimens, des idees, des habitudes politiques qui predominent au milieu d'elles ou parmi les peuples dont elles sont entourees et a I'in- fluence desquelles elles sont plus ou moins soumises; qu'en un mot, les obstacles a leurs progres qui paraissent venir des gou- vernemens, ne viennent jamais que de leurs propres idees. Mais enfin, poursuit-on, n'est-il pas au pouvoir de ces idees d'empecher que des idees meilleures ne deviennent pre- dominantes, de maintenir leur autorite sur ces nations et d'y perpetuer les memes obstacles ? Je reponds que non, replique le professeur, et I'experience I'atteste. A quelle epoque, en effet, les obstacles a tout progres ont-ils ete plus forts que dans la grossierete de nos premiers ages , et lorsque les nations de I'Europe n'etaient encore que des ramas demaitres feroceset d'esclavesabjects? Cependant, a-t-il ete au pouvoir de I'avilissement et de la barbarie qui gouvernaient en ce tems de nous empecher de devenir ce que nous sommes ? N'est-il pas permis de concevoir quelque espe- rance, en voyantles serfs du x* siecle devenus les nations flo- rissantes et nombreuses de I'age present? Sommes-nous moins 65A ESQUISSE D'UN COIJRS capables de progres que nous ne I'etions a cette epoque ? Avons-nous plus d'obstacles a vaincre ou nioins de inoyens de les surniontcr ? Je ne veus. surement pas nice la puissance des erreurs ou des vices publics qui regnent encore, et qui consti- tuent tout ce qu'il y a d'excessif dans les dominations du tems. Mais j'espere que ces travers ne sont pas indestructibles. Je crois que le jesuitisnie est destine h etre vaincu par I'esprit de morale, que la manie des privileges sera subjuguee tot ou tard par I'esprit d'equite, que les idees favorables a rcmanci- pation des colonics et a la liberte du commerce finiront par remplacer I'esprit de monopole et I'esprit colonial, etc. Quelle nation a eCe plus entetce que la nation anglaise du systeme qui fonde la prosperite d'un pays sur I'appauvrissement de tons les autres? Cependant, ne la vovons-nous pas embrasser aujour- d'hui d'autres idees? Les nations reviennent done de leurs sottises, cela n'est pas douteux; et il est certain aussi qu'a mc- sure que de meilleures idees devienncnt franchement pre- dominantes , le sceptre passe tout naturcllement dans leurs mains. On trouve cette marcbc trop lente, trop pacifique. II faut convcnir, me dit-on, que cette manieie de proceder n'a rien de bien ojfensif pour le pouvoir, et qu'il doit pen s'inquietcr des progres qu elle pourrnit faire . Il ne s'agit ni d'offenser, ni de flatter le pouvoir; il s'agit de reconnaitre comment on pent combattre utilement Ic des- potisme : faut-il faire la guerre aux vices sur lesquels il s'ap- puie, ou seulement aux fripons qui les exploitent?... Je sens, comme un autre, tout ce que meritent de haine les hommes qui profitent sciemment des travers d'une nation pour I'opprimer; mais je sais aussi que, lorsque ces hommes se senteut proteges par I'ignorance ou la lachete du grand nombre, ils se rient entrc eux des haines isolees qu'ils inspirent et des attaques particulieres dont ils sont I'objet. On se persuade D'ECONOMIE ET DE MOKALE. 655 qu'il est possible de detruire un abus avant d'avoir dt^triiit le vice ou I'erreui' populaires snr lesqnels ils est fonde, avant d'avoir rendu predominantes les idees quilui sent contraires : c'est une illusion deplorable, et qui nous a enormement nui. Qu'ont fait contre la tyrannic de la censure tous les boule- versemens politiques operes parnii nous depuis pres de qua- rante annees? A-t-on vu cette tyrannic disparaitre avec les pouvoirs a rexistence desquels on la croyaltliee? NuUeinent. Et pourquoi cela ? Parce que sa force n'etait pas sculemenl dans le pouvoir, mais dans nos prejuges; parce que la censure ne repugnait pas assez a la raison commune ; parce que, des- lors, on pouvait la conserver ou la retablir sans faire vio- lence au sens commun; parce que la nation ne sentait que faiblement encore I'importance de la liberte de la presse; parce qu'on avait la simplicite de croire que la discussion des affaires publiques ne regardait pas le public, ou bien que la liberte d'ecrire n'interessait que les ecrivains , ou je ne sais quelle autre sottise encore. Pourtant la censure a fini par etre reelle- ment abolie; et tandis qu'aucune revolution n'avait pu la detruire, il semble qu'aucune contre- revolution ne saurait de- sormais la retablir; puisqu'elle est repudiee par lacontre-revo- lution meme. Sait-on comment nous en sommes venus la? Par le benefice du tems; par I'effet de la discussion, qui est par- venue a ruiner dans les esprits les mauvaises raisons qui la soutenaient; parce qu'on sail beaucoup mieux a quel point elle est inique, insolente, effrontec; parce qu'on a vu qu'elle ne respectait personne , pas plus les grands que les pclits, pas plus les princes que les sujets ; parce qu'enfin la liberte des debats publics est bien pres d'etre devenue une necessite pu- blique et que personne n'est plus gutre dispose a supporter dans qui que ce soil I'insupportable pretention d'imposer si- lence a tout le monde. « Je passerais successivemcnt en revue tous les genres d'op- 656 ESQUISSE D'UN COURS D'ECONOMIE , etc. pression qu'un peuple peut souffrir, que je serais assure d'eli decouvrir ainsi les appuis dans des errcurs repandues, danS des vices accredites. Bicn loin de tirer leur force du despo- tisme, c'est de ces vices et de ces erreurs que le despotisme en general recoit la sienne. Ce sont eux qui le constituent, qui le maintiennent, qui le perpetuenl; et Ton aurait beau lede- truire sous une forme, ils ne cesseraient, tant qu'ils seraient les plus forts, de le reproduire sous une autre. » M. Dunoyer, apres avoir defini la liberie , dans son cours de cette annee, et s'etre clevo, de degres en degres, jusqu'au mode general d'existcnce avec lequel elle parait le plus compatible, a maintenant a considerer cet etat social ( Velal industriel) dans les divers modes d'activite, dans les divers ordres de travaux et de fonctions qu'il embrasse, dans I'agriculture, les arts, le commerce, les tchangos, etc. (i). On peut prevoir d'avance que, dans I'examcn de tons ces modes parliculiers d'action, comme dans la recherche du meilleur systeme general d'exis- tcnce, il trouvera que I'liommc est d'autant plus libre que ses facultes sont, a tons egards, plus developpees. (i) Voy. ci-dessus (cahier d'amZ), p. 22. 11. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. FONTS ET CHA.USSEES. ESSAIS SUR tA CONSTRUCTION DBS ROUTES, DES I'ONTS SUS- PENDUS , DES BARRAGES, ctc, extruits de divers outrages anglais^ traduits par M. J. Gordier. Tome P"^ (i). Une annonce de cet ouvrage a deja ete donnee dans notre Bulletin bibliographique (2) ; nous y renvoyons pour le detail des parties dont il est compose. L'autcur passe en revue, dans le discours preliminaire, les divers objets auxquels se rapportent les ecrits anglais dont il donne la traduction ou I'extrait. Nous presenterons ici succinctement ses idees,et nous y ajouterons quelques remarques. On se plaint avec raison de I'etat des routes en France ; et ces plaintes deviennent plus vives et mieux fondees par la compa- raison que Ton peut faire de ces routes avec celles de quelques autres pays, etsurtout avec celles del'Angleterre. Trois circons- tances principales influent sur I'etat des voies publiques : le mode d'administration , les reglemens relatifs au roulage , et les pro- cedes materiels adoptes pour la construction et I'entretien. Le mode d'administration des routes fran^aises consiste en ce que les fonds d'cntretien sont fournis par I'Etat pour les routes royales , votes par les departemens pour les routes de- (i) Lille, 1823. Un vol. in-S" , avec atlas in-folio. (2) Voy. le cahierdejuin 1824, t. xxii, page 679. T. XXVI. — Juin 1825. 43 658 SCIENCES PIIYSIQDES. partenientalcs , et \otos par les communes, en vertu tl'une loi recente, pour les chemins vicinaux. Les travaux sont projetes et dirigcs par les ingenicurs des ponts et chaussees, qui sont a la solde de I'Elat. L'execulion est generaleraent confiee a des entrepreneurs, au moyen d'adjudications publiques. La dis- position des travaux, les conditions des adjudications sont soumises a I'approbation de I'administralion centrale. Les fonds^que Ton consacre actuellement a I'entretien des routes sont tres-insuffisans. Un grand nombre de routes depar- tementales, et la presque totalite des chemins vicinaux, n'ont pas etc entretenus dcpuis long-tems. II est bien essenliel de re- marqucr, d'aillcurs, que rien ne lixe la quotite de ces fonds. Si le budget des I'outes royales, departemenlales et vicinales etait reduit par la volonte du gouvernement , des depar- temens et des communes, ccla cxciterait sans doute des plaintes ; mais aucune action ne pourrait ctre exercee centre personne pour y I'cmedier. Les prefets, les ingenieurs et leurs agens metlent tons leurs soins a bien employer, d'apres les, usages 'etablis, les fonds qui leur sont .iccordes. Si ces fonds ne suffi- sent pas et si les routes sont niauvaises, aucune responsabilite ne pent porter sur eux, puisqu'ils ne sont pas les maitres de proportionner Ic^ depensesaux besoins. II n'existe aucun moyen de forcer le gouvernement, les departemens et les communes a donner les fonds necessaires pour I'etablissement et I'entre- tien des routes. La loi permct de s'imposer pour subvenir a cette depense de premiere utilite, mais elle n' oblige pas. L'administration des routes, en Angleterre, est etablie sur des bases totalement differentes (i) : cette administration est fondee sur le principe que chaque paroisse doit entretenir en (i) Voyez sur ce sujet les Memoires sur les travaux publics de V An- gleterre, par M. DuTENs; et les yoyages dans la Grande-Bretagne , par M. Ch. DupiN , 3™'' partie, Force commerciale. SCIE]N'C£3 PHi^SIQUES. 659 bon etat les routes qui traversent son terriloire. On subvient a cet eulretien par des contributions en argent ou en journees de travail , contributions qui ne peuver.t depasser uu maximum fixe par la loi. S'il est rtconnu que ces subventions sont au- dessous des besoins, le parlemcnt permet d'etablir des peages sur les routes trop frequenC;!es. L'adiuinistration publique ne prend aucune part a la direction des travaux. Les subven- tions en nature ou en argent, les produits du peage, sont ad-^ ministres par les autorites ou des associations locales, sous la surveillance de I'autorite j'udiciaire. Les communes sont repre- sentees par des sunejors, dont les fonctions annuelles sont lantot gratuites et tantot salarices. Ces surveyors exercent au nom des paroisses les actions judiciaires necessaires pour repri- mer les delits et les empictemens nuisibles aux routes. lis peu- ventegalementetrepoursuivisdevant lesjuges de paix par tout particulier qui croit avoir a se plaindre du mauvais etat d'un chemin. lis sont condamnes a nne amende, si la plainte est fon- dee : dans le cas contraire, I'amende est payee par le denon- ciateur. Les curateurs cnargcs de la perception et de I'cmploi des produits des peages sont autorises a faire des emprunts , lorsqu'une amelioration importanle exige des depenses extraor- dinaires. La difference qui se trouve entre ce systeme et celui qui existe en France est evidente. Chez nous, il n'y a point de res- ponsabilite; ou bien, comrae laresponsabilite portesur legou- vernemeul, elleest lout-a-faitillosoire, puisque legouverne- mentabeaucoup plus de force qu'ii n'en laut pour se defendre lui-meme, ainsi que ses agens contre les plaintes vagues du pu- blic. En Angleterre, la responsabilite porte sur les paroisses oti les curaieurs des peages, dans la personne des surveyors : cette responsabilite est tres-reelle, et s'exerce avec severity. Le re- sultat est qu'en France on ii'accorde pas aux routes, a beau- coup pres, les fonds necessaires; que les routes principales 66o SCIENCES PHYSIQUES. sont presque partoiU mauvaises , et que les chemins vicinaiix n'existent pas, pour ainsi dire; tandis qu'en A.nglelerre les grandes routes sont excellentes, ct les derniers chemins vici- naux sont soignes a I'egal des grandes I'outes. M. Cordier voudrait que Ton donuat aux departcmens etanx arrondissemens I'administration libre des chemins. II propose d'etablir, pour subvenir aux frais d'entretien, un nouvel ini- pot, percu partie en argent, partie en journees de travail. I>a direction des travaux serait conficc a un petit nombre de com- missaires nommes par les electcurs ou les principaux proprie- taires. L'auteur propose egalement de retablir les peages , ou ' droits de barrieres. L'opinion de M. Ch. Dupin est aussi favo- rable a cette taxe, dont on a fait sous le Directoire un essai malheureux, et qui a disparu sous le gouvernement consu laire; mais on ne dit pas comment la perception du peage serait faite, dans quelles caisses les fonds seraicnt verses, et par qu^ s'effectueraient la distribution et I'emploi v»'e ces fonds. Ne perdons pas de vue qu'en France, le gouvernement fait tout et repond de lout. Si Ton etablit des peages sur les routes , les fonds iront au tresor : ils scrout repartis, comme le sont au- jourd'hui les autres fonds accordcs par I'Etat. lis pourront etre ^etournes de I'usage auquel on les aura d'abord destines, sides besoins plus urgens se font sentir. On aura cree un nouvel impot, d'une perception couteuseet vexatoire, nuisible au commerce, et Ton n'aura acquis aucune nouvelle garantie que les routes seront mieux entretenues. II est evident, ainsi que M.'Dutens I'a judi- cieusement remarque, que I'etablissement des peages, pour itre utile, suppose I'existence d'un regime municipal. Le pro- duit des peages serait d'ailleurs bien au-dessous des depenses uecessaircs. Le fondement de I'entretien des routes doit etre dans un impot local, percu en grande parlie en nature. Les peages doivent etre, comme en Anglett^rre , le moyen de sub- SCIENCES PHYSIQUES. 66 1 venir a I'insuffisance de cet impot; mais il faut que ces peages soient percus ct depenses par les autoritos locales, sans que le gouvernement ])uisse disposer des produits. On ne pent se dissimuler que les depenses nccessaires pour mettre et maintenir en bon etat les routes de divcrses classes , et les chemins vicinaux d'un pays aussi vaste que la France, oil la plus grande partie des transports s'effectue par terre, sont tellement considerables, que Ton n'y suffira jamais au moyen des fonds portes au budget, ou votes par les departemens. Il est done necessaire de recourir a d'autres moyens. Le reta- blissement d'un impot analogue a la corvee de I'ancien regime parait indispensable. Mais cet impot, quelque adoucies qu'en soient les formes, sera toujours odieux, s'il est administre par lesagens de I'autorite centrale, et s'il est considere corameun moyen de subvenir a rinsulfisance des fonds preleves sur la masse des contributions publiques. Le peuple regardera tou- jours comme etant responsable de I'etat des routes le gouver- nement, qui les administre et qui percoit les impots destines a subvenir aux frais d'entrctien. II lui paraitra tyrannique de s'eu prendre a lui de la modicite des fonds que Ton destine a cet objet, et de I'obliger a y suppleer par son travail. Les droits de barrieres seraient juges a peu pres de la meme ma- niere. On persuadera difficilement au public qu'il n'existe pas de meilleur moyen pour se procurer I'argent necessaire. I! pa- lait resuUer de la que, si Ton voulait etablir en France une veritable amelioration dans I'etat des voies publiques, il fau- drait changer totalement les bases du systeme d'administration qui existe aujourd'hui. Mais , comment esperer que I'adminis- tration centrale se depouille elle-meme de ses attributions , pour les remettre a des autoi'ites ou a des associations locales ? Quoi qu'il en soit, il est facile de juger que Ton u'aura jamais des routes et des chemins vicinaux bien entretenus , s'il n'existe dans chaque lieu une personnc a laqueHe on ait donne It^s 06i SCIENCES PHYSIQUES. moyens necessaires pour subvcnir aux depenscs, qui soil res- ponsable de I'emplqi de ces moyens , et qui puisse etrc pour- suivie pcrsonnellement devant les tribunaux. II serait plus facile d'apporter dcs changemens aux regle- mens sur le roulage et aux precedes de construction et d'en- tretien des routes, qu'au mode d'administration. M. Cordier a donne Li traduction d'un cuvra^^e de M. Storss Fry sur la construction des roues de voitures. L'auteur parait approuver beaucoup la marche de cet ecrivain , qui « ne presente point , dit-il, une theorie abstraite, mais qui expo^ avec simplicitc des veritesfaciles a concevoir, etquiindique des perfectionnemens justifies par des experiences a la po'tee de tout le monde.» Cet eloge p^raitrait p^ut-etre mieux fonde, si, parnai les pi'oposi- tions donrees comma le resuu^e d*^ ce^ ouvrage, on ne trou- vait pas la suivante : « Lorsqu'un? roue rencontre un obstacle, la force ejpployee a le passer, ou la force pgrdue , est exac- tement la meme , quelle que soit la vitesse de la voiture. » Ce sont la de ces assertions dont la faussf te est evidente. L'assertion contraire pourrait etre demontree par les lois de la mecanique, si I'e^perience journaliere ne suffisait pas. D'autres propositions, tclles que la suivante : « Les traits de& chevaux do4vent etre paralleles a la route » , sont tres-suscep- tibles d'etre contestees (i). On fait ici ces remarques, parce que l'auteur parait un peu Irop dispose a louer la maniere de proceder des ingenieurs anglais, aux depens des ingenieurs des autres pays. « lis se sont exerces, dit-il ( p. xcij ), k con- naitre, par des experiences en grand , la force, I'elasticite, la (i) L'auteur expose les resultats des experiences deCoulomb sur lefrottement, experiences qui n'ont guerede rapport a la question du mouvement des voitures sur les routes. II donne ( p. lix ) un tableau *M des resistances qu'apportent au transport diverses esp^ces de che- mills, supposes horizontaux. On voit, dansce tableau, que la resis- tance sur un chemin en fonte de ame coulee etant representee par i ^1 SCIENCES PHYSIQUES. 66"^ tenacite des materiaux ; ils ont sourais des volumes conside- rables de chaque espece a de nombreuses epreuves , a I'aide de machines d'une force prodigieuse ; et au lieu de conclure de I'infiniment petit a rinfiniment grand, en operant sur des atomeseten employant des theories subtileset contestees, ils ont dednlt d'une suite de faits importans, le:-> analogies essentielles qu'ils ont mises a la portee des mecaniciens. » Ce tableau n'est nullement fonde sur les faits : la verite est, qu'a I'exception d'un petit nombre d'experiences sur la force du fer forge, faites recerament avec les machines destinees a essayer les chaines employees dans la marine, il n'existe en Angleterre aucune re- cherche importante de ce genre. Buffon avail soumis depuis long- terns en France les bois de construction a de nombreuses experiences faites ires en grand , et la force des pierres n'est bien connue que par les travaux de M. Piondelet. Ce n'est qu'a- pres de longs latonnemens qu'on est parvenu , en Angleterre , a regler convenablement les dimensions des charpentes en fer fondu (i). On a vu des grues ei d'autres machines, construites par les artistes reputes les plus habiles, se rompre sous les far- deaux. II est facheux qu'ua eleve de I'Ecole polytechnique semble faire pen de cas des thJories. Rien n'est plus dangereux que cet eloiguement pour toute theorie, que cette disposition a n'admeltre ou a n'approuver que ce qui est h laportee de If elie le serait par 3 ~ sur un chemin en cailloutis en tres-bon etat. Mais il resulterait dela qu'un cheval pourrait trainer sur un cliemin en fer fondu un polds \l\ fois plus grand que sur un tres -bon che- min en cailloutis ; ce qui est tout-.i-fait coiltraire a I'experience et a I'assertion rn^me de I'auteur, qui admet ( p. cx,ix ) que Ton peut transporter sur les routes en fer, avec un seul cheval, 5, 6 et meme 8 tonneaux. (i) Le premier ouvrage public surce sujeJ, dii a M. Tredgold, a paru en 1822. 664 SCIENCES PHYSIQUES. tout le monde. N'oublions pas qu'il s'agit avant tout de con- naitre la veritc : qu'il nous soil permis d'employer pour y parvenir tous les moyensdont nous pouvons disposer, et meme les recherches scientifiques. Les regleraens sur le roulage qui existent en France ont ete imites des reglemens anglais, et n'en different pas essentielle- ment: seulement,la charge desvoitures peutetre plus conside- rable. Les constructenrs de voitures eludent en Angleterre la loi, en donnant aux jantes non pas une surface cylindrique , mais une surface convexe dans le sens de I'epaisseur de la roue. II en resulte que, sur une route en bon etat, comme le sont les routes anglaises, o£i les ornieres sont inconnues, les "roues ne portent que sur une tres-petite largeur. D'apres cela, les ingenieurs n'attachent aucun prix aux regleraens qui flxent la largeur des jantes. II parait que M. Cordier voudrait aussi que ces reglemens fussent abolis en France. Mais tout le monde ne sera pas de son avis sur ce point. On ne voit pas ce qu'on pourrait gagner a revenir a ces roues tranchantesqui semblaient faites expres pour couper la surface de la route, ct la slllon- ner profondement. Nous pensons seulement, comme I'auteur, qu'il serait utile de diminuer sensihlement les chargemens de nos voitures, qui sontbeaucoup trop considerables pour la ma- niere dont la plupart de nos routes sont coustruites. 11 est vrai- semblable que I'augmcntation de depense qui pourrait en provcnir serait phis que compcnsee par I'avantage d'avoir des routes meilleures , et de moins fatiguer les chevaux. Les procedos d'entretien des routes, d'apres le systeme de M. M'Adam, ont ete exposes dans ce recueil (i}. La disposition materielle des routes, en France et en Angleterre, ne differe guere moins que le mode d'administration. En France , les routes sont tres-larges : une chaussee en pave ou en empicr- Ct) Voyez la Rev. Enc. , Janvier 1824 , t. xxi, p. 35-48. SCIENCES PHYSIQUES. 665 rement occupe le milieu ; de chaque cote sont des accotemens en terre; au-dela, des fosses, et plus loin la Ugne des planla- tions. Pendant la plus grande partie de I'annee, la cliaussee est la seule partie praticable de la route : le reste de la surface est perdu (i). La bouc qui s'y forme se mele avec les materiaux de lachaussee, les altera, ets'oppose ace qu'ils se dessechent, se consolident et forment un corps. En Angleterre , les routes sont etroites, et ne presentent proprement qu'une chaussee, de 6 Ji 9 metres, entierement empierree ou cailloutee. Des trottoirs egalemcnt cailloutes , et eleves au-dessus du niveau de la chaussee, regnent des deux cotes, ou d'un cote seulement. Au-dela des trottoirs, sont leshaies, et de I'autre cote des haies les fosses. Les eaux de la route passent sous les trottoirs par des acqueducs pour se rendre aux fosses. Ces dispositions sont eminemment propres a rendre les routes bonnes et la circula- tion egalement sure et commode pour les pietons et les voi- tures. En effet, xm des principes les plus essentiels de la cons- truction et de I'entretien des routes, que I'experience des ingenieurs a consacre dans tous les tems , est qu'il ne soit employe a la formation des chaussees que dela pierre ou du caillou purs, sans melange d'aucune matiere argilleuse, sus- ceptible d'absorber ou de retenir I'eau. II en resulte que les chaussees frequentees par les voitures doivent etre entierement isolees , et quo I'espace qui leur est destine ne doit pas, comme chez nous, etre forme partie en terre et partie en empierre- ment, ce qui rend inevitable le melange de la terre avec les materiaux de la chaussee. Les autres principes, deja connus,mais enoncesplus expli- citemeut, et appliques avec plus d'exactitude par M. M'Adam, consistent : i° en ce que les materiaux doivent etre casses avec (i) Les pietons ne savant oil passer , et cholsissent piesquc tou- jours la ligiie frajee par les chevaux. 666 SCIENCES PHYSIQUES, soin, de manieie qu'aucun niorceau n'excede une limite don- nee de grosseur on de poids (2 pouces de grosseur ou 6 onces de poids); 2° en ce que les nioyens d'ecoulement des eaiix doi- vent etre etablisavec soin ; 3° en ce que Ton doit enapecher que les ornieresnese forment siir la route , en ayant soin, apres la premiere construction, d'egaliser de nouveau les materiaux, a mesure que le passage des voitures tend a les sillonner. Ces materiaux presentent bient6t une surface ferme et unie, sur laquelle les roues ne forment pas de trace sensible. La route s'use, mais n'est pas sillonnec. II s'y forme en ete de la pous- siere, en hiver une boue liquide, que Ton enleve avec des ra- teaux; I'epaisseur de la route diminue par la, mais c'est la seule alteration qu'elle subisse, et on la retablit par des rechar- gemens formes de couches peu epaisses. Cette methode exige des soins, mais non des depenses extraordinaires. En effet, entretenir une route, c'est y apporter chaque annee un certain volume de materiaux qui disparait, ecrase par led voitures, en se changeant en boue eten poussiere. Or, n'est-il pas evi- dent qu'il doit se consoramer une moindre quantite de mate- riaux sur une route dans laquelle on a preveuu la formation des ornieres, que sur celle ou il en existe de profondes ? On obtient,au moyen de ces procedes, d'excellens resultats, et Ton aurait tort d'attribuer la perfection des routes auglaises a ce qu'clles sont beaucoup moins frequcntees que les notres par des voitures pesamment chargees. L'experience d'un grand nombre de portions de route en empierrement, situees aux abords de Londres et du faubourg de Southwark, et penetrant meme dans I'interieur de la ville, routes sur lesqaelles il existe une circulation prodigieuse , et qu'on n'entretient qu'avec d'as- sez mauvaiscaillous, suffitpour etablirque les procedes dont il s'agit sont immanquables, dans les circonstances memes les plus desavantageuses. En France, les materiaux des routes ne sont pas, en general, purges de terre avec assez de soin, et \ I SCIENCES PHYSIQUES. 667 sont partout casses beaucoup trop gros. II existe un prejuge tres-facheiix, qni est que les materiaus casses plus gros se con- somment moins rapidement : une opinion seir.blable est un puissant obstacle a toute amelioration. On ne pent se dissimu- ler que I'exisfence de bonnes routes en France suppose la suppression des accotemens en terre, etdes modifications con- siderables dans les usages adoptes generalement pour la direc- tion des travaux. Les dernier^ articles du,discours preliminaire de M. Cordier sont employes a presenter des remarques assez etcndues sur divers genres de travaux publics, tels que les barrages cons- truits dans les fleuves pour en faciliter la navigation, les ponts suspendus et les chemins en fer. On distingue parmi ces re- marques celles qui sont relatives a ['extension dusystemede navi- gation interieure,etsurtout alanecessite de fairecommuniquer, par des canaux ou des rivieres navigables , les ports maritimes avec les provinces interieures. L'auteur observe que la plu- part de nos ports sont en quelque sorte plus rapproches des coles du Nouveau-Monde que des villes appartenant a \a. meme province, puisque le transport a 3o lieues de distance sur nos mauvaises routes coute plus que celui des Etats-Unis en France. II insiste sur la necessite d'offrir au commerce, dans les ports maritimes, de nouvelles facilites, en simplifiant les formes ad- ministratives, et meme en permettant, par la suppression de quelques enceintes fortifiees, I'etablissement de bassins a flot, et I'agrandissement des villes. Nous ne pouvons presenter ici les details relatifs au mode de construction usite sur la Tamise, et propose par l'auteur, pour les barrages a etablir sur les fleuves. Nous n'entrerons point non plus dans la discussion des remarques qu'il a pre- sentees surle nouveau mode de construction des ponts sus- pendus. Les idees de l'auteur sur ce sujet paraissent suscep- <>ti8 SCIENCES PHYSIQUES. tibles il'etie coiitrcdites (i -; mais la refutation que Ton pounait en faire exigerait des details qui ne peuvent trouver place dans ce recueil (2). On remarquera seulement que si, comme Tavance M. Cordier, les ponts suspendus k dcs chaines de fer elaient ies plus chers de tous , toute discussion a cet egard devien- r nous-memes les besoins de notre dignite ; nous usons du droit de mainlenir notre independance et notre reputation, mais nous ne nous abandonnons pas a cette fierte toute exterieure qui prend la decoration pour la dignile et les expressions pour les choses; non plus qu'a cette vaniteaveugle qui nevoitet n'apprc- cie ni elie-mtme, ni les autres. Par lui , enfin, nous nous effor- cons de nousameliorer, sansqu'un motif venal, sans qu'uncalciil d'intoret nous y porte; mais puree que nous nous plaisons Jans ET POLITIQUES. o?? i'obeissance ;i I'autorile de la conscience et de la raison , et parce que le travail et la disposition libre de nos facultes de- \ ionnent tout a la fois pour nous un droit et un devoir. L'a- mour du bien nous souinet a la justice par dtvoiuMneut blen plus que par prudence; il nous sauve de la confusion, si fre- quente, qui s'etablit entre les droits et les interets ; il voit que les premiers doivont etre ei;aux pour tousles hommes, tandis que les seconds doivent etre subordonncs les inis aux autres, suivant les besoins de la sociele; il sait que I'intertH particu- lier doit flecliir devant I'interet general , niais que le droit dii plus humble d'entre les hommes nc saurait, sans tyrannic, etre sacrifie nieme a I'interet universel. II ne se contente ])as d'admirer la justice corarae une belle speculation de I'esprit ; il la pratique, il I'aime, et, parce qu'il I'aime, elle est pour lui constante, uni forme , toujours egalc ; elle surmonte les desirs passionues de la vengeance et nous cnseigne que le aiepris (]ue d'autres feraient de leurs devoirs envers nous, ne nous auto- rise pas a briser nos devoirs envers eux; elle s'embcllit par la delicatesse, cette fleur de Injustice, qui respecie avec j)robite les jouissances morales des elres qui nous entourent; elle s'at- tache avec amour a la recoi.naissaiice, cetle touchante justice du coeur. L'amour du bien epure les affections ; il les contient pour les rendre fideles et durables; il les degage des liens de cette pei-sonnalite qui senible aimer les autres, et n'aime qu'elle nieme ; il les soumet a la justice, etne consent pas a causer du nial a quelques-ims pour apporter du bien a quelques autres; il vivifie par les vertas privees et publiques les relations de famille et le devouement au pays; il etend la generosite et le sacrifice de soi au bien-elre de Thumanite tout entiere. La bonte est un des fruits de l'amour du bieu; elle n'a rien de commun avec la faiblesse qui ne sait pas refuser et qui n'ose pas contre- dire; pleine de force, de zele, de courage, elle ne procedc point par elans et par caprices, elle est notrc compagne assidtic 678 SCIENCES MORALES de tons les instans, fuit Tostentation, et prefeie les actions aux paroles; ellc so compose de la tolerance qui snppoite toutes les opinions , paice qu'elle leconnalt a tons los honinies le droit d'en avoir ime; de rindulgence, sans inollesse pour les prin- cipcsjsans rigueur pour les personnes, qui pardonne les of- fenses, et , ce qui est mieux encore, qui les oublie ; de la condesccndance , enfin, qui, sans se parer des dehors d'une bonhomie calculee, se complait h sabaisser a la porlee de ceux avec qui elle est en commerce, se resigne aux impor- tuait^s, a I'ennui : sacrifices obscurs, meritoires, dont la per- fection est de restcr inconnus aux personnes pour lesquelles on les fait. L'amour du bien so defie de cctte sensibilite fausse qui cache toujours unc secrete recherche de soi; qui dedaigne les actes pratiques et reels pour se repailre de romanesques illusions ; qui fremit a la viie du sang et ne se sacrific pas pour empecher qu'il ue coule ; qui recueille avec superstition les souvenirs de ses amis abscns , et, s'ils sont presens , les ne- glige ; qui vent un grand theatre et a bcsoin de s'exalter pour agir; qui, si elle agit, lef ait parce qu'elle est excitee par le sen- timent du beau et ne se devoue que pour ce {|ui la seduit et lui plait. L'amour du bien saitet voit ce qu'il veut; il est franc avec les autres, parce qu'il Test avec lui-meme; il n'est point oblige do se laisser entrainer a mille impulsions contradictoires, comme les hommes qui, prenant les moyens pour le but, se pcrsuadent queux seuls tendentvers un terme certain, qu'eux sculs savent positivement ce qu'ils veulent, lorsqu'ils s'atta- chent a la poursuitc du pouvoiv, de la fortune, de la renoni- mee. Mais ils ont beau faire : jamais, a leur gre, ils n'auront assez de pouvoir , de renommee , de foilune ; jamais ils ne se- ront d'accord avec eux-memes sur leur but, ni sur leurs desirs. La droilurc des intentions procure dessucces, plus lentsdor- pui de la religion et de ses mi- nistrcs, a la connaissance et a I'habitude des affaires. lis de- vraient se sou\ enir que ces droits n'ont pas ete prescrits , p.nce ■704 SCIENCES MORALES que la violence des usurpateurs et la resistance des oppiimes n'ont jamais cesse ; que les Turcs enfin soiit les vrais revolu- tiouoaires , car ce sont eux qui, a I'aide de la force brutale de la populace, regnant sur la classe distinguee, sur celle qui joint aux lumiores, a I'education, les talens, et jusqu'aux pre- juges de I'aristocratie. En effet , les Grecs ne s'enorgueillissent pas seulement d'etre desccndus de la nation qui a donne au monde la civili- sation etles arts; ils attachent aussi a leur naissance toutes les petites vanites que nous cherissons dans notre Europe feodale. Ilsse font grands par Icurs ancetres; ils se disent descendus, les uns des Cesars de Constantinople; d'autres, des despotes de la Moree, des princes des diverses lies, des grands officiers d" I'empire, des seigneurs terriens , des capitaines d'Armatolis : ils invoqueut sans cesse desnoms historiques etdesprejuges nobi- liaires. Les Turcs, au conlraire, qui se glorifient d'etre esclaves du Grand-Seigneur, se complaisent presque tons a faire parade d'uneorigine abjecte, parce que la rapidite de la fortune d'un parvenu temoigne en faveur de ses talens ou de son bonheur, et qu'il est flatte d'avoir su faire autant de chemin. II n'y a guere que les Turcs issus d'apostats, qui, nourrissant encore quelques prejuges grecs, se complaisent a rappeler les honneurs dont leurs ancetres etaient revetus. De menie, les Grecs con- servent presque seuls I'espece de lustre attache ^ d'antiques proprietes territoriales. Quoiqu'une moitie des terres de la Grece ait ete attribuee a des Turcs par des confiscations , les Grecs possedaient encore I'autre moitie, ct seuls ils pouvaient se vanter de les tenir par une transmission reguliere, tandis que ce que le Barbare s'elait attribue avec le sabre, lui etait bientot apres cnleve avec la meme violence. Mais ce qui est moins connu et ce qui est plus digne de re- marque, c'est que les Turcs, par leur grossierete el leur igno- rance, s'etaient mis hors d'etat d'exerccr le pouvoir qu'ils ET POLITIQUES. 7o5 s'etaient exclusivement reserve. Dans les tems qui out precede immediatement le soulevemcnt de la Grece, la machine entiere de I'administratioude I'empire ottoman etaitconfieeaux Grecs; quoique I'orgueil des Turcs ne permit jamais qu'un Grec exer- ^at ostensiblement aucun pouvoir, qu'il donnat aucun ordre auquel un Musulman dut obeir. Legalement, le Grec n'etait qu'nn esclave, un raya, devoue a la mort, auquel la miseri- corde du sultan permettait de vivre seulement d'annee en an- nee, moyennantune capitation nommee karatsch, par laquelle il rachetait sa tete. Cependant , ce raya si meprise , si opprime, disposait des places militaires et judiciaires de I'empire ; il les faisait administrer pour son compte ; il faisait seul mouvoir tous les rouages de I'etat. Sans lui , toutes les affaires etaient arretees, etaient impossibles ; parce que ce raya seul etait civi- lise , tandis que son maitre etait barbare ; que seul il ayait recu une education qui ouvrait son esprit, que seul il connais- sait I'empire ottoman , que seul il avait des correspondances , que seul il savait ecrire , il savait compter , que seul enfin , il disposait des richesses mobiliaires et du credit. Ce retour dc la puissance , qui passe du maitre a I'esclave , est si bizarre que nos lecteurs seront peut- etre bien aises de le voir expliquer avec quelque detail. Tous les gouverneraens t^ns I'empire turc sont en meme tems des commandemens militaires et des fermes. Le represen- tant du Grand-Seigneur est charge de defendre la province et d'en percevoir les impots : la force armee dont il dispose lui est eonfiee dans ce double but. II ne rend point compte de son administration ; mais il soumissionne pour une certaine somnie le revenu total de deux ans : un moindre terme laisserait trop de chances a la charge du fermier; un plus long serait con- traire a la politique de la Porte, qui vit au jour lejour, et qui repugne a se dessaisir de ses pouvoirs. Mais tout est venal en Turquie, et tandis qu'une enchere publique semble fixer ie T. XXVI. — Jitin 1825. 46 7o6 SCIENCES MORALES prix do la forme qui sera payo an Grand-Soigneur , le grand- visir n'approuve et ne rocoit comme soumissionnaire que celui qui lui a fait en secret le present le plus considerable. Toutefois , il ne vent pas se compromottre en recevant de toutes mains indifferemment ; il craint d'etre denonce pour sa venalite, et de la payer de sa tete. II ne traite done qu'avec ceux dontil connait la richesse , la discretion et la dependance : uu Turc lui insjjirerait plus de defiance ou plus de honte , en raison de cetle loyaute memo que Ton Vaccorde a reconnaitre chez les niarchands tuixs ; il prefere les Grecs : et en effet, il n'y avail qu'un petit nombre de banquicrs grecs du Fanar inities dans toutes les intrigues du serail, et dont il cunnaissait aussi bien les immcnses richesses que la discretion, qu'il admit h ce genre de marches. Celiii dont I'offre etait acceptee obtenait un firman du Grand- Seigneur, qui accordail au porteur, dont le nom restait en blanc, le gouvernement de la province, de la ville, ou de la forteresse concedee, avec le droit d'y percevoir le karatsch ou capita- tion, la dime de lous les produits agricoles, la douaue , et tous les autres droits appartenans au souverain. En retour, le ban- quier remettait au visir six obligations de lui, payables de quatre mois en quatre mois, pour le montant dcs produits de la province au prix convenu. Tous ces paicmens etaiont faits par anticipation, et c'etait ensuite I'affaire du banquier d'en recouvrer le montant dans la province , par toutes les voies de rigueur. Mais le Grec qui avait acquis le droit d'administrer et de pressurer unc province, ne devait jamais paraitre atix yeux des fideles Musulmans. Ceux ci se seraient revoltes , s'ils avaienl vu confier a uu raya un pouvoir quelconque sur eux. Le banquier grec devait done trouver uu Turc qui lui servit de prete nom, qui gouvernat pour lui la province, qui perciit les impositions, et qui par des menaces et dos toiirmens forcAl ET POLITIQIJES. 707 ies malheureux tributaires a livrer au fisc tout ce qu'ils possc- daient. Quelquefois, un Turc traitait avec le banquier pour etre son homine, et tyranniser de compte a demi ; plus souvent , il se contentait d'une fonction subalterne et d'un salaire fixe. Quand Ies contractans ctaient d'accord, le banquier inserait dans le firman de la Porte le nom du Musulman , et celui-ci parlait pour la province qui lui etait abaudonnee, avecle titre de mousselim, de vayvode on de pacha. Un Turc, voue aux armes et aux emplois, n'est pas en etat de tenir des coniptes; aussi le banquier ne pouvait se fier a son deiegue , ni pour la comptabilite , ni pour le maniement des es- peces : rapace, venal, et sans foi, iln'aurait jamais manque de detourner a son profit la plus grande partie de I'argent qui aurait passe par ses mains. Le banquier grec envoyait done avec le Turc auquel il avait donne un gouvernement, un clerc a lui, un gramrnatiste , Grec de nation et de religion, qu'il chargeait de tenir la caisse et Ies comptes, et d'etre en meme terns I'espion et le conseil du Musulman. Ce dernier, qui etait incapable de tout travail, qui n'avait lien ap[»ris, qui ne pre- nait aucun interet au payr. , qui n'avait aucun honneur a mena- ger, et aucun sentiment de probite qui luiservitde frein , ne sougeait qu'a bien persuader tous Ies tributaires de sa ferocite , pour qu'ils fussent plus empresses de payer tout ce qu'il leur demandait, et pour qu'au terme de son marche un autre ban- quier , voyant ses succes, lui confuUplus voloutiers une autre perception. II gouvernait done la province comme un Turc couimande un vaisseau, oil, sans entendre rien a la manoeuvre, il nv se reserve d'autre fond ion que de donner des coups de baton aux matelots. L'achat a I'enchere des gouvernemens n'etait pas la partie la plus scandaleuse du systeme de venalite dont Ies Grecs etaient en meme tems agens et victimes. L'achat des places de judicature n'etait pas moins constant, et ses con.sequences 7o8 SCIEiVCES MORALES etaient plus funestes encore. La justice , aux yeux des Musul- mans, est une sorte de fonction religieuse ; il semble done qu'elle otait, plus qu'aucune autre division du pouvoir, hors de la portee des banquiers fanariotes; il n'en etait rien ce- pendant. Le muphti, le chef de la loi et de la religion, a Ic droit exclusif de nommer a toutes les places de judicature de I'empirc : mais, a cet immense patronage , aucun ou presque au- cun revenu n'est attache. Le muphti n'en est pas moins riche pour cela ; il vend la totalite des places qui sont a sa dispo- sition : et commc elles ue sont accordees que pour un terme assez court, do deux ou de trois annees, cette vente equivaut pour hii a un revenu fixe. Toutcfois, on concoit qu'un si grand personnage n'entrepas dans les details d'une administration si compliquee. Les Turcs ont eu pour raaxime de ramener la justice h la porte de chacun des sujets de I'empire. Chaque ville, chaque village a son juge, son cadi, dont I'autorite est absolue et sans appel ; elle em- brasse indifferemment la propriete, la personneet la vie; non pas I'honneur cependant, car il n'y a point d'honneur dans I'empire turc; aussi les plus odicux chatimens corporels , que les jui^es turcs distribuenl liberalement, n'impriment-ils point de tachc. Il faut nommer des milliers de cadis chaque annee , et le muphti ne connait ni les hommes ni les lieux. Au-dessous de lui, il n'a point de subalterne musulman qui veuille sc donner la peine d'apprendre ce que le muphti n'apprend pas. C'est encore aux Fanariotes qu'il faut avoir recours; c'est de nouveau le banquier grec qui se presente. D'ailleurs , le muphti st-rait embarrasse s'il devait avouer toute sa venalite a nn Musulman; mais il ne rougit pas devant un Grec, comme sa femrac ne rougit pas devant un eunuque , comme un blanc ne rougit pas devant un esclave negre, comme un grand prince ne rougit pas devant ses courtisans. C'est un des profits qu'on trouve k aviUrles subalternes; leurs regards alorsnegenent pas ET POLITIQUES. 7f'9 plus que ceux des animaux. Le banquier fanaiiote traite avec le muphti pourles places de judicature du toute une province : il recoil en letour des nominations en blanc pour piusieurs centaines d'offices ; c'est a lui a trouver des Turcs pour les remplir. Toutefois, le Fanariote ne traite pas lui-meme immediate- ment avec les aspirans a la judicature. Ses nominations sont des effets de commerce; il les negocie , il les met en gage ; il emprunte sur cette hypotheque les somnies qu'il doit avancer au muphti; et souvent les diplomes ont passe dans qualre ou cinq mains avant d'etre envoyes dans la province, ou ils doi- vent etre vrndus en detail. Le traitant de province qui s'en charge enfin ne se hate pas non plus de s'en defaire. Les villes sont divisees par des factions ; il y a entre les families des haines hereditaires , qui exigent des vengeances, du sang et des confis- cations. Le traitant fait venir tour a tour les chefs des deux partis; il leur demande ce qu'ils veulent donner pour avoir un juge tout a enx , un juge qui sera sans yeux pour leurs propres mefaits, sans misericorde pour ceux de leurs ennemis. 11 leur fait savourer d'avance toutes les douceurs de la vengeance, et pressentir aussi tons les dangers qu'ils courent, si ce sont leurs ennemis qui achetent la place de juge. II leur arrache ainsi la plus forte somme que la haine ou la crainte puisse les enga- ger a donner. Alors uu Turc feroce est nomme pour juge par I'un ou par I'autre parti : son nom est inscrit dans le blanc laisse par le muphti ; il coupe des tetes, il prononce des amen- des et des confiscations; et le sous - traitant qui lui a vendu sa place , recoit la moitie ou les deux tiers de ces confiscations ou de ces amendes. Ces memes Grecs, par leur superiorite d'intelligence, par leur richesse, etpar le talent de I'intrigue que I'oppression les a reduits a exercer, penetrent encore dans les lieux ou Ton s'altendrait le nioins a les rencoutrer: dans I'intimitc du serail 7(o SClEiXCES MORALES et des niaisoiis niusiilmanes; partout ils sont necessaires, en meme terns qu'avilis : ils commandent , et ils sont esclaves. Lc Grand-Seigneur n'est guere geuereux qu'avec ses femmes ; Sa Hautesse, qui n'a besoin que de commander dans son serail , s'y montre toiijoius en amant magniftquo; et ses dons ne sont pas uniquement des robes ou des joyaux de prix. Souvenl les odalisques recoivent de lui des sommes d'argent considerables' etpresque toutes ont le caprice d'acheter des fonds de terre, que la plupart sont destinees a ne jamais voir. Cost encore une bonne fortune pour le banquier fanariote; celui qui a reussi {\ gagner la faveur du chef des eimuques noirs. est bien sur de sa fortune. C'est lui qui fait tous les achats de terres pour les sultanes, et il croirait gagner bien pen, si sur chaque marche il ne trouvait pas cinquante pour cent. Un seigneur turc n'est pas plus capable d'administrer ses propres affaires que celles du gouverneraent ; aussi les memes banquiers qui tenaient a fernie tous les revenus de I'empire , administraient toutes les fortunes privees des riches Musid- mans. lis prelevaient en general une provision de vingt pour cent sur leurs revenus; mais, en retour, ils leur faisaient tou- cher leurs rentes d'avance; et le plus souvent mois par mois; car c'est demander trop de prevoyance k un Turc que de lui faire admiuistrer son argent pendant un trimeslre. Ce n'est pas que les Musulmans soient en general dissipateurs; nuUe part au contraire la manie de thesauriser et d'enfouir I'argent n'est plus commune. Le sultan en est atteint plus qu'aucun de ses sujets; mais les uns et les autres ne connaissent ancun niiheu entre la prodigalite et Tavarice; aucune autre ec(JUomie que celle de ne jamais debourser un ecu. Si Mahmoud, au com- raencemeut de la guerre, avail ouvert son tresor, il aurait aisement aneanti I'insurrection : heureusement, il ne saurait prendre sur lui de se dessaisir dun para; tout ce qui est entre dans ses coffres est perdu pour I'empire : ses tresors, . Tel est le gouvernement dont la Sainte-Alliance voudrait re- tarder la chute : un gouvernement dont le chef stupidement feroce n'a jamais connu que trois passions, la lubricite , la cupidite et la soif du sang , et n'a jamais agi d'apres une pensee ; un gouvernement si venal qu'il n'y a rien qui ne s'y acliete , si perfide qu'il ne peut plus trouver personne qui croie a ses promesses; un gouvernement qui a tellement abrwti le peuple vainqueur qui I'a fonde, qu'il esthors d'etat de retenir ou d'exercer aucun des pouvoirs que la loi lui reserve exclusi- vement; un gouvernement qui a tellement degrade ceux d'entre les vaincus qu'il emploie, que ceux-ci sont les agens les plus empresses de la tyrannic sous laquelle ils succombent. Si I'ef- fort que fait aujourd'hui la Grece pour rompre des chaincs aussi honteuses , ne devait profiter qu'aux Fanariotes, qui faisaient mouvoir tous les rouages de cette scandalcuse admi- nistration, a peine pourrions nous faire des vceux pour eux. Mais le sultan n'a point laisse cette alternative; il a detruit lo Fanar , il a massacre , exile ou mine toutes les riches families qui gouvernaient en secret son empire ; personne n'a pu les remplacer, et la desorganisation actuelle de la Turquie,sa ruine prochaine et inevitable, sont les consequences de cet acte 7i6 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. de fureur par lequel il s'est prive des seuls hommes en m^me terns assez habiles et assez bas pour le servir. Heureusement, il y a dans la Grcce une autre population , plus digne de notre interet et de nos voeux. Cette population comprend d'abord les peuplades guerrieres et libres depuis plusieurs siecles, qui se sont signalees par des traits d'lieroisme que le reste de I'univers n'a point cgale, niais qui en meme terns ne saventscplier a aucuneloi, se soumettre a aucun ordre public, ni meme a aucune discipline : on trouve ensuite les paysans quel'oppression avail rendus laches, que lamisere rete- nait dans une profonde ignorance, et qui ont donne au com- mencement de la guerre de deplorables preuves de leur timidite; mais qui, depuis qu'ils ont appris a connaitre quel- que aisanceet quelquesecurite, ont aussi commence a s'elever aux vertus civiles et militaires. Les marchands forment une troisieme classe ; on trouve chez eux un esprit tres-delie, beaucoup de connaissance des affaires , une education toute europeenne, souvent des talens distingues, joints h. un ardent patriotisme; mais souvent aussi la cupidite, la mauvaise foi et les vices qu'engendrent I'oppression. Les marins, enfin , for- ment une quatrieme classe, qui I'emporte peut-etre sur toutes les autres par la reunion de la valeur la plus hero'ique, aux talens , aux connaissances de leur art et a la discipline. La guerre actuelle a, pour la premiere fois, rapproche ces classes diverses , et les a mises en rapport les unes avec les autres. Non-seulement elle a produit en evidence les vertus propres a chacune, elle a encore nationalise ces vertus, elle a ete cause que le petit nombre les a communiquees au grand. Dans un troi- sieme article, en suivant les auteurs des divers nieraoires que nous avons sous les yeux , nous signalerons les fails les plus memorables, qui, dans cette lutle terrible, ont honore tour a tour les differentes classes de la population grecquc. T.-C.-L. De SiSMONDi. LITTERATURE. Fables russes, lirees du recueil de M. Kriloff, et imi- tees en vers francais et italiens par divers auteurs; precede-es d'une Introduction francaise de M. Lemon- TEY, et dune Preface Italienne de M. Salfi ; publiees par M. le conite Orloff (i). '( II est vraisemblable , a dit Voltaire, que les fables dans le gout de celles qu'on attribue a Esope, et qui sont plus anciennes que lui, furent inventees en Asie par les premiers peuples sub- jugues; des homines libres n'auraient pas eu toujours besoin de deguiser la verite. » Cette origine , que la plupart des auteurs s'accordent a donner a la fable, parait en effet tres-probable , quoiqu'il ne soit pas possible de remonter a I'epoque precise ou naquit ce genre de litterature, ni de decider celui qui en fut le veritable inventeur. Quoi qu'd en soit, on sait que, de terns immemorial, presque a toutes les epoques et chez les differens peuples de la terre, la fable a joui des mcmes honneurs. Mais son application, d'abord restreinte, est devenue plus generale : on a reconnu que les rois et les grands n'etaient pas les seuls dont I'oreille chatouilleuse se refusal a entendre des verites i.'op directes, et que tons les honimes indistinctemeut, doues par la nature du meme amour- propre, etaient aussi sensibles les uns quelesautres au blame et a I'eloge. C'est done bien a tort que quelques esprits positifs, prenant trop a la lettre I'opinion de Voltaire, voudraient pros- (i) Paris, 1825 ; Bossange pere. s -vol. in-8°, avec le texte russe , le portrait de Kriloff et cinq gravures; prix, aSfr., et 18 fr. par la poste. 7i8 LITTERATURE. crireanjoiird'Iiiiila fable, coinme une creation des siecles d'escla- vage et d'ignorancc, et comme iia genre de litteratiire devenu desorniais inutile, depuis que la verite pent sc montrer sans voile aux yeux des grands, et se faire entendre jusque dans le palais des rois. Tant qu'il y aura des vices et des ridicules chez les hommes, c'cst assez dire tant que I'espece humaine exislera, nous aimerons a voir les poetes employer la fable pour nous don- uer des lecons d'une morale douce et indulgente, et nous bla- mer de nos defauts , sans affecter avec nous cette morgue severe ni cette superiorite offensante que Ton peut souvent reprocher aux moralistes en general. 'cLamotte, dit Marniontel dans son excellente Pnetique , a observe que le succes constant et universel de la fable venait de ce que I'allegorie y menageail et flattait I'amour-propre. Rien n'est plus vrai ni mieux senti; raais cet art de menager et de flatter I'auiour-propre au lieu de le blesser, n'est autre chose que I'eloquence naive, I'eloquence d'Esope chez les an- ciens, et de La Fontaine chez les modernes. De toutes les pre- tentions des hommes, la plus generale et la plus decidee regarde la sagesse et los moeurs. Rien n'est done plus capable de les indisposer que des preceptes de morale et de sagesse presentes directement... Les poetes nous ontmontre la verite au theatre et dans I'epopee, en exemples, et comme sans dessein; ce menagement I'a fait recevoir sans revoke : mais toute verite ne j)eut pas avoir au theatre son tableau particulier ; chaque piece ne peut aboutir qu'a une moralite principale, et les traits ac- cessoires repandus dans le cours de Taction passent trop rapi- dement pour ne pas s'effacer Tun 1' autre : I'interet meme les absorbe, et ne nous laisse pas la liberte d'y reflechir. D'ail- leurs, I'instruction theatrale exige un appareil qui n'est ni de tous les lieux , ni de tons les tems ; c'est un miroir public qu'on n'eleve qu'i grands frais et a force de machines. II on est a pen pres de meme de I'epopcc. Oa a done voulu nous donner LITT^RATURE. 719 des glaces portatives aussi fideles ot plus commodes, ou chaque Yerite isolee eut son image distincte : et de 1^, I'invention des petits poemes allegoriques. " Mais, lors meme que Ton coiisidererait la fable sous un rapport purement litteraire, c'est-a-dire, independamment de son inQuence morale, il n'en faudrait pas moins reconnaitre I'interet puissant qui se rattache a ce genre de composition . Riche d'images, se pliant a tous les tons, adoptant tous les styles, depuis le plus simple jusqu'au plus eleve, la precision fait surtout le charme de I'apologue, que La Fontaine definit ainsi : Une ample comedie a cent actes divers, Et dont la scene est I'univers. « L'apologue, dit Florian, dans la preface qu'il a mise en tete de son recueil, est une espece de petit drame : il a son exposi- tion, soniioeud, son denoument. » Ce precieux avantage de pein- dre beaucoup de choses en peu de mots a du mettre la fable en credit. Ne nous etonnons done point des nombreux essais qui ont ete faits dnns ce genre cliez tous les peuples, et des efforts infructueux de tant d'auteurs dans une carriere oii les succes sont d'autant plus difticiles a obtenir qu'ils paraisscnt d'abord devoir etre faciles. '(Les Russes, dit M. Lemontey dans I'introduction qu'il a mise en tete des fables qui font le sujet de cet article, sont entres assez tard en partage de la civilisation nioderne des Europeens. Deux invasions de Tatarcs et de Lithuaniens avaient (commeTa fait remarquer Karamsin, dans son Hlstoire de Riissie) arrete I'essor de ce peuple, naturellement gai, sociable et ingenieux. Mais ses progres furent rapides dans toutes les carrieres que lui ouvrit le regne de Pierrc-le-Gcand. » Ce ne ftit pas, comme on voit, le besoin de faire entendre la verite aux puissans de la torre (jiii porta les auteiirs russes a 720 LITTERATUKE. » cultiver la fable ; Soumarokoff est le premier qui ait introduit ce genre de poesie en Rnssie, el il vivait au xviii" siecle, a une epoque ou le despotisme n'existait presque plus que de nom. Son entreprise ne fut guere qu'une etude litteraire. Comme les autres poetes, ses compatriotes et ses contemporains, il sentit qu'il etait trop tard pour se creer une litterature toute natio- nale, et qu'il fallait prendre les lettres au point oii elles etaient parvenues en Europe. II a laisse un volume de fables, dont la plus grande partie ne sont que des traductions d'auteurs etran- gers, et suftout de notre inimitable La Fontaine. Elles sont presque oubliees aujourd'hui, et son style , qui etait deja vieux pour Tepoque , est la principale cause du discredit ou cet auteur est tombe (i). Apres lui, vint Khemnitser , qui mourut en 1784, et que les Russes pourraient avec quelque raison suniommcr leur La Fontaine, quoique ses oeuvres n'aient pas ete appreciees aulant qu'elles le meritaienl par ses contemporains. Un talent ana- logue a celui de notre immortel fabuliste s'unissait en lui a la meme bonhomie; il portait dans la societe la meme distrac- tion, les memes bizarreries, la meme simplicite. Plusieurs traits de sa vie, rapportes par M. Olenine, dans I'edition qu'il a donnee des fables de Khemnitser, en 1799, pourraient etre cites a I'appui de cette assertion, s'il devait faire le sujet prin- cipal de notre article. Khemnitser possede a un degre eminent la naivete, cette qualite qui constitue le vrai fabulisle, et il ne le cede pour le style a ceux qui I'ont suivi dans la meme car- riere, que parce que la langue russe n'etait pas enco-re formee lorsqu'il ecrivit, et que ceux-ci eurent des niodeles dont il dut se passer. (i) Soumarokoff a laisse des tragedies qui sont plus estimees que ses fables, et dont les sujets sont nationaux ; mais elles p6chent cgalemeut par le style. Cependant, il ecrivait dans le meme terns ou Lomonossoff leformait avec tant de bonheur la langue pot'tique. LITTfiRATURE. 721 Parmi les auteurs modernes qui ont traito en Russie le genre (le la fable, on distingue suitout MM. Dmitriejf vX Kriloff, qui se disputent la palme du talent , et qui tous deux semblent y avoir des droits egaux , mais differens (i). Les fables du pre- mier de ces deux ecrivains peuvent etre regardees comnie autant de chefs-d'oeuvre. II joint I'elegance an naturel et a la simplicite; aucun auteur russe , pent -etre, n'a porte plus loin I'esprit et la grace; un clioix toujours heureux d'ex- pressions fait de sa poesie une musique harmonieuse, qui dispose parfaitement I'ame aux preceptes ingeuieux du mo- raliste. II a surtout iinite La Fontaine avec un art admirable, et plusieurs de ses fables semblent avoir ete ecrites en russe par notre incomparable fabuliste ; mais il n'a presque rien invente : Florian, Le Bailly, Arnault et quelques autres fabu- listes etrangers, lui ont fourni le plus grand nombre des pieces dont se compose son recueil. Kriloff est plus original ; uhe moitie des sujets qu'il a trailes lui appartient. Voici le jugement qu'en porte M. Lemontey : n Les fables de M. Kriloff ont ouvert la periode glorieuse ou la Russie, apres s'etre essayee dans une litteralure qu'on pourrait presque appeler exotique, voit naitre ensemble une litterature toute nationale et un public qui I'ecoute. Ces fables sont, je crois , jusqu'a present, ce que le Parnasse de la Neva possede de plus acheve. Aucune nation n'a de fabuliste qui surpasse eel auteur en originalile et en inven- tion. Presque tous ses sujets lui appartiennent. Sa narration est a la fois fine, naive, vraie, et semee dc details gais et spirituels. II emploie avec un rare talent les couleurs locales, et son pinceau eminemment russe reproduit, comme en un miroir, la singuliere physionomie d'un peuple qui recoit (i) On peut encore citer MM. Izmailoff el B. Pouschkine. T. xxvi. — Juin 1825. 4? yaa LITTER ATU RE. aiiLint de simpksse de sa vie patriarcale que de finesse du mode de son etat social. Les conceptions de M. Kriloff sont en general pleines de sens. II joue rarement avec ses lecons; sa morale a do la franchise et de la fermete, et tient nicme quelquefois de repigraininc, ou de cette satire i^enerale qui est I'arme de la vertu. Son style, dont ses com- pairiotes seutent vivement la perfection, reunit deux genres de beaules inabordables anx traducteurs : d'une part, il abonde en mots d'une harmonic imitative, et de I'autre, il tire avec art du langage vulgaire des expressions speciales et inatten- dues, qui reveillent a elles seules une foule d'idees, de senti- mens et de souvenirs chcrs aux nationaux. » Ce jugement ou, comme on le voit, 31. Lemontey n'a rien donne a la critique, est un veritable panegyrique; mais il sera tempere par celui de M. Joukovsky, poete russe egalemenl lort distingue, qui dit, dans ses Reflexions sur la fable en general, et en particulicr sur celles de M. Kriloff, apres lui avoir rendu d'ailleurs toute la justice qui lui est due : « que son style peche quelquefois par un pen de faiblesse et de prolixite ; qu'on y apercoit 9a et la des fautes contre lalangue, des expressions dures et contraires au bon gout. » M. Lemontey, auquel la langue russe est sans doute etrangere, a du s'en rapporter a M. le corate Orloff, qui joint a sa qualite d'editeur des fables de M. Riiloff, le litre de son ami, et qui, par ce double motif, n'a dii voir que des beautes dans I'auteur qu'il s'etait propose de nous faire connaitre. Du rcste, on no pouvait guere faire un plus heureux choix pour nous familiariser avec les idees poetiques du nord ; et Toiiginalite seule de Kriloff lui raeritait I'honneur qui vient de lui etre accorde. Malheiueusement, cette originalite ne lui a ete conservee que par un bien petit nombre de ses traducteurs (i). (i) Je ne connais que Derjavine , I'un des auteurs lyriques les plus LITTERATURE. 7*3 Le recueil que I'on nous offre est compose de cinq livres contenant ensemble quatre-vingt-six fables; les sujets de toutes ces fables, a I'exception de deux ou trois , appartiennent a I'auteur russe , dont I'imagination est aussi riche que variee. Le choix que M. le comte Oiloff en a fait est en general tres- heureux. Je pense cependant qu'il a eu tort d'y comprendre la fable i/i^ du livre i^'', dont M. Amaury Duval nous a donne une imitation assez libre sous ce titre : le Mari de trois fernines ; c'est la veritablement un conte el non une fable (i). On aurait pu egalement substituer d'autres fables a quelques-unes dont I'invention me parait malheureuse, ou qui pn'sentent des cou- leurs locales trop prononcees et des images qu'on ne peut essayer avec succes de faire passer dans une langue aussi de- licate que la notrc. Telles sont les fables 9* du liv. 11, 3« du liv. Ill , et 9" du liv. iv. M. Kriloff a choisi piesque tons les personnages de ses fables parmi les animaux, evitant avec raison les etres inani- mes et surtout les etres abstraits, dont I'adniission a fait paraitre Lamotte si froid et si pen uaturel [1). Comme La distingues qui aient jamais existe, donl les poesies offrent plus d'o- riginalite; niais, par cela mdme, je crois encore plus difficile de les faire passer dans notre langue. (i) II en est de raeme de la dernifere du livre iv, le Menteur, imitee par M. Alex. Duval, et qui rappelle d'ailleurs le Depositaire infidele de La Fontaine. (2) On peut citer des exceptions a la regie qui veut que I'on em- ploie de preference pour personnages de la fable des <5tres animes, et la plus belle fable peut-dtre de La Fontaine, le Chine et le Roseau en est uue; mais il n'eu est pas moins vrai que notre esprit se pre- taut plus naturellement a supposer un laugage aux animaux qu'aux ^tres inanimes ou metaphysiques , les premiers .seront toujours em- ployes avec plus de succes que les autres. 724 LITTERATURE. Fontaine, il place I'affabiilation, ou nioralite, tantot a la fin, tantot ail commencement de ses fables; qiielquefois meme, il se dispense de I'indiqiier, et laisse au lecteur le plaisir de la deduire lui-meme. En general , sa conclusion est plus heureuse que chez le fabuliste francais; de ce qu'un gland et non pas une citrouille tombe sur le nez de Garo, il ne concluera pas que tout est bien; il ne dira pas, commc dans la fable du Loup dc guise en Berger , Quiconque est loup agisse en loup. comme, dans la fable des Pois<;ons et du Berger, il ne conseillera pas auxroisd'userde violence. Depareillesleconsoudepareillcs verites, ainsi que I'observe fort bien Marmontel, ne sont rien moins qu'utiles aux moeurs. « La Fontaine, dit-il, n'apastoujours evite les imperfections des sujets qu'il empruntait aux anciens, pour lesquels il temoigna souvent trop de respect : presque loutes ses beautes sont de lui, presque tousses defautssont d'au- trui.» Quant a M. Kriloff, il a su tout-a-fait se mettrea lahautcur de son siecle; les applications de ses fables sont surtout d'une hardiesse tres-remarquable (i). Mais un point oil le fabuliste francais reprend toute sa superiorite et que le poete russe parait avoir beaucoup trop neglige, c'est la vraisemblance d'aclion, si necessaire a I'apulogue oil, sans elle, il n'y a plus d'illusion possible. Comment admettre avec I'auteur (liv. i''-^, fab. 4*) qu'un brochet se mette en campagne avec un chat pour attraper des souris? qu'un villageois [ibid, fable S') confie la garde de son jardin a un anePqu'une vipere(liv. in, fab. 2'=) s'offre pour elever les enfans d'un autre villagois? qu'un brochet, un cygne et une ecrcvisse ( liv. v, fab. 8) puissent s'atteler en- (i) Telles sont celles des fables 7<' du livre i", 6<> du livre 11, S"- du livre v, etc. , que I'auteur a dirigees contra les ministres de IVpo- que, qni n'ont pas cru devoir lui faire perdre pour cela ses litres d'arademicien et de bibliothecaire. litti:ra.ture. 7^5 semble a une charrette? etc. C'est ici que les imitateuis de Kriloff auraient pu s'ecarter de leur modele, sans uveiller la critique; et, malheiireusement, la plupart d'entre eux, inlia- biies a reproduire les beautes du fabuliste russe, n'ont su qu'exagerer ses defauts. Cinquante-huit auteurs francais (parmi lesquels on coinpte dix dames) et trente-un Italians se sont reunis pour la traduc- tion des fables de M. Kriloff; dans ce nombre il en est tout au plus une vingtaine qui eussent des droits veritables a etr<; charges d'une mission aussi difficile. Aucun d'eux peut-etre ne connaissait la langue du poete auquel il se preparait a servir d'interprete. «■ Pour parvenir a ces imitations, dit M. Lemon tey , M. le comte Orloff a com- mence par traduire en prose francaise , le plus litteralement possible , les fables de son compatriote ; et la matiere ainsi disposee a efe mise en oeuvre par les poetes francais et italiens , avec la liberte du talent , et loin des entraves du texte origi- nal (i). Ainsi, ajoute-t-il, nous possederons de rouvrage de M. Kriloff ton tee qui pouvait franchir les limites de la Russie, et des beautes nouvelles lemplaceront sans doute celles qu'il ne nous etait pas permis d'atleindre. « (i) II a pu se glisser dans cette traduction litterale quelque» fautes qu'il ne faudrait pas iinputer aux imitateurs francais ou ita- liens qui les auraieut reproduites. En voici un exemple. M. Deville , qui a traduit asscz heureusement, et surtout avec fidelite, la fable 1 3= du livre ler, le Paysan dans le malheur, s'est trouve long-tems arr^te par la qualification de luminaire donnee au heros de la fable par un de ses voisins. Le texte russe dit : svett; mot a mot, lumifere, terme d'amitie ou de familiarite, qui repond a ceux-ci : mon ftme mon cceui , lumiere de ma vie , etc. II y a loin de la saus doute au mot luminaire , qui n'avait nuUement affaire ici el que le traductenr francais a sagement elude. 7*6 LITTfeRATURE. On sent bien qu'iiue entreprise de la nature de celle que nous annoncons a du s'executer diflicilement. Plusieurs annees y ont cte employees, et jamais elle n'anrait ete conduite a sa fin , si Ton avait ete hop difficile sur I'admission des auteurs. Pour la plupart d'entre cux, ce n'a pas ete un travail de choix, vers lequel ils se sentissent apjieles par la nature de leur talent. On a parie du projet de M. le comte Orloff dans plusieurs sa- lons de la capitale ; il est dcvenu en quelque sorte une affaire de mode; chacun a voulu etre pour sa part dans ce concours que M. Lemontey lui meme appelle " une espece de tournoi celebre dans Paris en faveur du fabuliste eiranger ; » et voila comment plusieurs hommes du monde , dont les noms sont entierement inconnus au Parnasse, sont devenus les collaborateurs de quel- ques gens de leltres qui ont fait depuis long-tems leurs preuves, et que M. Kriloff doit d'autant plus s'enorgueillir de compter parmi ses imitateurs que lui-meme s'est quelquefois enrichi de leurs travaux. Dans la crainte d'affliger quelques personnes , fort estimables sans doute, je ne revelerai point ici des noms que je m'etonne de rencontrer plusieurs fois dans le recueil des imitations de M. Kriloff; je me bornerai a indiquer, comme etant entierement a refaire, les fables 4^, 7", 8'^ et 10" du liv. i"^; 6' et i3- du liv. ii; 6% 7% 8" et i3« duliv. 111,6% 10*, 11', i3* et i5^ duliv. iv; r* et 7*^ du liv. v. Je vais maintenant choisir dans les autres quelques citations qui pourront mettre le lecteur ;i portee dejuger lui - meme du genie de I'auteur russe et du talent de ses imitateurs. La ire fable du liv. ler^yji^le et I'Araignee, dont le sujet n'appartient pas entierement a M. Kriloff, a ete traduite par M. Daru avec assez de fidelite; on peut lui reproclier toute- fois d'avoir remplace le cedre centenaire dont parle I'auteur russe par un cliene audacieux , epithete fausse et qui sans, doule n'a ete admise par le traducteur que piur la rime. II a p LITTER ATURE. 7^7 tort aussi de faire dire a I'aigle par I'araignee occupee a tendre sa toile : lln moment, j'y travaille , et bientot sous ce voile Tu vas ^tre a I'abii d'un soleil trop ardent. L'auteur russe dit simplement que I'araignee travaillait a tendre sa toile << conime si elle voulait cacher le soleil a I'aigle » ; ce qui est une image , una metaphore du poete, et nou un des- sein fornae qu'il prete a son personnage. La fable 3me, le CoJ/ret , a ete imilee par feu M. Aignan , qui, en developpant le preambule et le detournant du but que l'auteur russe avail eu en vue, eu a fait line fable litteraire, genre tres-froid, en general, et beaucoup moins interessant que celui qui a pour but la peinture des vices et la reforrae des moeurs. Le Renard architecte, une des fables les plus jolies de M. Kriloff et la 6me du liv. i", a ete tres-bien Iraduite par M. Justin Gensoul ; je lui ferai seulement observer qu'il n'est point question dela broche du lion dans I'original. La fable i \^^ du meme livre , le Serpent et le Calomniateur , sujet dont I'inveution n'appartient pas non plus a M. Kriloff, a ete raise en fran9ais par M. Arnault; cede imitation porte le cachet de son auteur, causticite dans Ics idees, negligences dans le style, deux points par lesquels ii a beaucoup de rap- port avec son modele. Le sujet de la fable 1%"^^, VJrbrisseau, u'elait pas neuf ; il a deja ete traite sous bien des formes. Du reste , la fable est tresbelle en russe, et M. Soumet I'a parfaitenieul rendue en francais. Son imitation est pleine de poesie ; seulement , on pourrait y relever quelques lermes impropres, lels que la chevre qui blcsse I'arbrisseau, expression trop faible que l'au- teur a employee pour la rime, ainsi que les moi^-brii/ant nau- 7:i« LlTTJilRATURE. frage , que Ton trouve plus bas appliques a la chute de I'ar- brisseau. M. Stassart, imitateur de la fable i6nie, intitulee le Roitelet, assure, dans uu preambule, qu'il ne veut rien changer au recit de I'auteur original : c'est ce qu'il fait cependant ; mais per- sonne sans doute ne sera tente de lui en faire un reproche. Ses additions sont tres-heureuses et nous engagent a citer la fable tout entiere. Voulant reiidre a jamais son i6gne memorable, De I'Jigle. successeur, un jour, le Roitelet , . Qui s'etait perche sur un cdbie , La tdte au vent, con9Ut le beau projet Ue mettre en feu la mer. » Pour la rendre inflammable , S'ecria-t-il, je possf-de un secret. Si Ton en croit certaine histoire , Deux chiens jadis avaient voulu la boire; Ce que j'imagine vaut raieux... De distance en distance, allumez de grands feux. « II s'adressait a la troupe ebahie Des mesanges, des grimpereaux , Des pinlades et des corbeaux. Sa harangue fut applaudie, Mit tout ce moude en mouvemeut, Et cbacun d'obeir tres-ponctuellement. « Quelle noble conqudte enrichit la patrie ! Que je me rcjouis de voir a gros bouillons S'evaporer cette mer en furie!... On fera du terrain, certes , je le parie, Des majorats pour las dindons. ■■ C'est ainsi qu'un coq-d'inde avait pris la parole : Pourquoi done ce propos frivole ? Au fait , au fait, monsieur i'auteur, Va me dire maint auditeur... JEh bien , au fait! La mer toujours resta la m^nie ; Op se moqua du prince et de ses conrtisans. \ LlTTfiRATURE. 7^9 Une moralite se rattache a mon th^me : II n'est projet si fou qui n'ait des partisans ; Mais vouloir, comme bien des gens Qui portent mitre ou diad^me, Faire retrograder les terns , Retablir dime et glebe au siecle dix-neuvi6me , C'est ^tre, au inoins je le pretends , Plus que mon Roitelet , d'une folie extreme. Cette fable est a I'ordre dii jour; elle est remplie d'applica- tions malignes aux efforts ridicules de quelques homtties qui ue sont point de leur siecle, et qui voudraientnous faire retro- grader, parce qu'ils sont restes stationnaires. Dans I'original, cette fable a une application plus generale , quoique le recit petille de cet esprit epigrammatique qui est, comme je I'ai deja fait observer , un des caracteres distinctifs du genie de Kriloff. Quand on veut modifier un sujet, c'est ainsi qu'il fautle faire; mais ce talent n'est pas donne a tout le monde.Nous le retrou- vons plus loin, au memedegre, dans une autre fable du meme traducteur, intitulee \ Habit de Jocrisse , (i4® du liv. m). Cette fable ou le heros, apres avoir raccourci les manches de son habit pour boucher les trous que lui ont faits les injures du tems, se met k couper les basques , afin de se faire de nouvelles manches, et finit par n'avoir plus qu'un gilet au lieu d'un habit, avail eterefusee parplusieurs auteursqui desesperaient de tirer aucun parti d'un sujet ea apparence si bizarre. M. de Stassart s'en est charge, et il en a fait une ingenieuse applica- tion ^ la charte qui, Etendue ou restreinte au gre du magistral, Suivant le besoin, le caprice, GrSce aux adroits ciseaux de nos hommes d'etat, Ressemble a I'habit de Jocrisse (i). (() L'auteur russe avail voulu faire allusion a cette classe asser nombieuse de jeunes dissipateurs qui vendent morceau a inorceaij 73o LITTER ATURE. Citons encore, comme des modeles dans ce genre, deux fables, I'une de M. Andrieux et I'aulre de M. de Scgur , que nous re- trouvons ici avec toute la vigueur et toute la fraicheur de leur talent. Le Singe et les Lunettes. (Liv. ii , fab. i".) Arrivant au declin de I'age; Un Singe avec douleur vint a s'apercevoir Qii'il commencait a u'y plus "voir, Qu'il perdait de ses yeux et la force et I'usage. Par bonheur, on lui dit qu'il etait un moyen De rendre aux gens Sges les visieres plus nettes, Et qu'en un cas pareil au sien Les homnies empruntaient le secours des lunettes. « Lunettes ! Qu'est cela ? dit-il ; je n'en sais rien. » Mais bientot il en eut une demi-douzaine; On ne dit pas comment il se les procura. Les ajrant une fois , le voila bien en peine De savoir ce qu'il en fera. Entre ses mains tenant le double verre, L'ignorant animal tantot le considere , Le tourne , le retourne , et cherche a s'en servir. D'abord son nez trop court ne les peut soutenir ; Besides tombent, et la b^te, S'y reprenant i plusieufs fois , Les met en bague sur ses doigts , Puis sur sa queue, enfin les place sur sa t^te , Et n'en voit pas plus clair... « On s'est moque de nous, Dit-il, grincaut les dents, grimacant de courroux; On nous vante les arts et les progres des hommes; Ell ! que sert d'avancer ? Restons oii nous en sommes. I'heritage de leurs peres pour payer de folks depenses , et qui se ]| troiivent un beau matin dans I' habit de Tricheka, personnage qui repond en russe a uotre Jocrisse. LITTER ATURE. 73« De ce bel instruTnent les singes nos aieux Se sont fort bieii passes; passous-nous-en comme eux. Imitoiis ; ne faisons que choses dej.i faites. Surtout n'inventons point; rien n'est si perilleux. » Cela dit, notre singe, aussi sot qu'orgueilleux , Brise en mille morceaux, jette au loin les lunettes , Et s'en tient a ses inauvais \eux. Que de petits esprits dedaignent et rebutent Tout ce qu'ils ont le mallieur d'ignorer ! Deviennent-ils puissaus, ces messieurs persecutent Ceux qui pourraient les eclairer. Akdrieux. Le Renard et la Mannotte. (Liv. v, fab. i8«.) « Oil vas-tu , mon compere , et quel trouble t'agite? . Disait une Marmotte assise dans son gite , En voyaut le Renard , son voisin , qui fuyait. — « Ma commere , r6pond le matois inquiet , Je suis chasse, proscrit, exile par I'envie : Victime d'une noire et vile calomnie, Mon bonneur est en proie aux fureurs des mechans Tu connais ma candeur, mes modestes penchans; Quelques poules aussi m'avaient choisi pour juge : Je cours au poulailler qui leur sert de refuge ; La , des coqs orgueilleux , querelleurs et tyrans , Par des combats cruels -vidiiient leurs differends. De poulets expirans Id terra etait jonchee; Mainte poule criait , battue , effarouchee. Sans gouter de repos , saus prendre aucun repas , Je n'epargne pour eux ni mes soins , ni mes pas : La raison , la verlu leur parlent par ma bouche; Mon eloquente voix les emeut et les louche; k force de travaux , de fatigue et de tems , Je ramene le calme entre les combattans ; :'^i LITTfiRATURE. Je les lapproche tous, les unis, les aceorde , Et le silence enfiii succ^de a la discorde. Oil m'accuse ponrtant de dol et de larciu, Et je suis poursuivi comme uii vil assassin. Toi qui connais mes moeurs, embrasse ma d^fenie Et que ta probite venge mon innocence ; // n' est plus de ■verlus a I'ahri du soiipcon , Si de la calomnie on souffle le poison. • — « Tu me touches, yraiment , replique la Marmottc , J'en croirais tes discours et ta mine devote; Ton plaidoyer, compare, est path^tique et beau ; Mais, prends garde au duvet- qui couvre ton museau. O combien de Renards parmi les gens en place , Que I'on vanle d'abord , et puis apres qu'on chasse ! Leur zfele ardent et pur ne se repioche rieu. Croyez qu'ils u'ont jamais voulu que notre bien. Mais, pauvres en entrant , riches a leur sortie, Le bronze, I'acajou , la campagne jolie , Et la maison de ville, et le petit chateau Sont plumes et duvet pendans a leur museau. Le comte dk Segub. Combien nous nons felicitous de pouvoir citer, comme les nieilleures fables du lecueil que nous annoncons, celles que Ton vientdelire, et qui appartiennent toutes trois a des colla- botateurs de la Revue Encyclopcdiquc. Nous n'avons pas a craindre que le lecteur en voyant les louanges que nous aimons a leur accorder , pense que nous avons ete prevenus par ce litre ou par leur reputation dejii bien etablie. D'autres noms egalement connus figurent parmi les imitateurs de M.Kri- loff; mais nous les tairons, parce qu'il nous semble que les pieces au-dessous desquelles ils sont places , ne sont pas (lignes de lours auteurs. Nous citerons encore parmi Ics bonnes fables franij-aises qu'offre ce rccueil : X Aigle et la Taupe (liv. LITTER ATURE. 733 II, fable 7" ), de M"" la princesse de Salm ; le Bon Renard (liv. le-^ , fable i5*), les Villageols et la Riviere (liv. iii, fab. ae) et le Partage (liv. iv, fable i"= ), de M. Le Bailly, qui s'est fait un nom dans ce genre; le Chat et le Cuisinier ( liv. iii, fable 1^^), et la Fourmi[ liv. iv , fable 3^ ) , par M. Viennet; Ij'Amitie des chiens (liv. v, fab g^), par M. L. Arnault; C Abeille el les Mouches , [ibid, fable i/je), par M. Resseguier; le Ruis- seau(ibid, fable i5e), de M. Casimir Delavigne; enfin, la plupart des fables traduites par M. Naudet , jeune litterateur dent nous avons plusieurs fois deja saisi I'occcasion d'entretenir nos lecteurs, et dont le talent tres-distingue promet a la France un bon fabuliste de plus. Regreltons que M. le comte Orloff ait cru devoir com- prendre dans son recueil les fables q^ du liv. ii, 3* du liv. iii et ge du liv. iv, que nous avons deja citees plus haut, et sur- tout que la traduction de ces fables soit echue en partage k deux de nos plus aimables muses francaises. Comment leur talent aurait-il pu paraitre avec avantage dans un travail aussi ingrat, et quels tableaux gracieux, quellelecon interessante pou- vait-on retirer de sujets pareils a ceux de la Soupe au poisson, du Cochon et du Peigne ? (i). (i) Voici le sujet de ces fables : dans la premiere, un paysan russe , apres avoir fait manger a un autre paysan qu'il a convie a diner, une, deux , trois, puis quatre assietees d'une soupe au poisson, qu'il dit excellente, veut I'engager a en manger une cinquieme ; mais celui-ci , dit le traducteur, dont le coeur bondit... creve... s'enfuit brusquement a cette proposition : d'oii I'auteur russe conclut une moralite pour les poetes qui ne sa vent ni s'arr^ter, ni se f aire a propos. • — Le heros de la seconde fable est un cochon qui s'etant introduit dans un ch4teaumagnifique, interrog^ a son retour sur les merveilles qu'il a dii y voir , repond qu'il n'y a remarque que du fumier: dom pourceau s'etait conlente de se vautrer dans la basse cour. Avis aux critiques dont I'esprit mal fait ne voitque les defauis d'un ouvrage. 7^4 LITTER ATURE. Disons maintenant qiielques mots ties traducteurs italiens. En j,'eiioral, nous avons remarque cliez eii:i un defaut qui dent sans doiite a la langue; c'cst rabondauce, on pliitol la prolixite. Presqiie toutes It-ur imitatious ont an moiiis le double de vers employes par I'aiiteur russe; nous comptons dans \ Aquila e la Talpa de M. Giannone, ( fablo 7*^ du liv. 11 ) 170 vers, tandis que cette fable n'en a que 41 dans I'original; et cette abon- dance, qninult cssentiellement a la siuiplicite du genre, n'existe pas seulement dans les mots , elle se rencontre encore dans les idees, que les auteurs retournent dans tous les sens, ct semblent vouloir epniser. Quoiqu'en j^eneral les imitations ilaliennes nous aient paru encore nioins satisfaisantes que les imitations francaises, nous ne laisscrons pas d'en signaler quelqucs-unes, dont les auteurs etaient dignes de rivaliser avec ceux de nos compatriotes que nous avons nommes; telles sont les fables suivantes : // Succo, de Monti, U Villano et I'Asce, de Pindemonte, 11 Liiccio e il Cdlto, Le Cartete ,la Fortuna in vis/la, de Lampredi, qui a sii de^uiser avcc assez d'.irt le defaut de vraisemblance que nous avons reproche a la premiere de ces fables ; la T'olpe corn- passioiianle , d'Angeloni ; II Calunnialore ed il Serpente , de Biondi; 11 Ras;no et I' Aquila , de Ricci, la menie dont nous avons deja parle et qui a ete traduite en francais par M. le comteDaru; enfin, plusicurs fables de notre honorable colla- — Le sujet de la troisieme est un peigne qu'une mtre a donne en present a sou ills ; celui-ci s'amuse tout le jour a le passer et re- passer dans ses cheveux; le lendcinain , sa chevelure se trouvant mdlee , le peigne refuse son ofuce et blesse I'enfant , qui ie jette dans la rivifere, oil, dit I'auteur russe, « les Naiades s'en servent mainte- nant. » Et la moralite de cette fable s'applique a. la verite qui est bien venue des hommes, tant que leur conscience est nette ; mais qui leur deplait sitot qu'ils out quelque chose a se reprocher ! UTTERATURE. 735 borateurM. Salfi, qui en a fourni sept ace recueil, parini les- quelles nous avons remarque surtout XElefante e il CagnoUno ( liv. I , fable %^) , 11 Nugolo ( liv. ii , fable 2« ) et VJsino ( liv. V, fable 30- Mais cette analyse depasse deja de beaucoup les borues que je m'etais proposees ; il me reste a peine la place d'ajouter, pour tout dire sur ce livre dont la publication a cause une sorte de sensation dans le nionde litteraire, qu'il est precede d'une Epitre dedicaloire, en prose russe, a M. Kriloff par M. le corate Orloff, qu'on ne saurait assez louer du noble usage qu'il fait de sa fortune. Apres cette dedicace vient Y Introduction de M. Le- nioutey, dont nos lecteurs ont pu prendre une idee paries pas- sages que j'ai rapportes; puis un Discours de M. Salfi, sur la fable consideree principalemcnt chez les Italiens, morceau d'un grand interet, oii eel habile critique a trace de ce genre un essai historique plus exact ct plus complet que tout ce qu'on possedait jusqu'alors sur ce sujet dans la langue du Dante. L'ouvrage , orne du portrait de I'auteiu' russe et de cinq gravures , dont lesdessins sont dus a nos meilleurs artistes, est iniprime chez Firmin Didot, avcc cette correction et cette belle simplicite qui deviennent plus rares de jour en jour. Les caracteres russes, fondus expres pour le texlede cette edition, sont tres-beaux, et lesepreuves en ont etc lues avec beaucoup de soin (i). Nous regrettons seulement de ne trouver d'aiitres tables pour ces deux volumes que celles que Ton a misps a la fin de chaque livre, et ou Ton s'est borne a rapporlor le titre des fables dans I'ordre adopte pour I'impression , sans autre classement et sans indication du nom des auteurs. C'est la ce qui nous a engages a marquer avec soin (ous les renvois, pour (i) II s'y est pourtant glisse quelques fautes, telles qn'un/» em- ploye pour i (t. i"^"", p. 211 , ligne ire ), un ch ponr un r ( vers 4« et 3i« de la fable r4e du liyre ii ) , etc. 73G LITTERATURE. la coramodite des lecteurs qui voudiaicnt verifier le travail auquel nous nous sommes livres avec plus de conscience sans doiite que de talent. E-. Hereah. Chant du Sacre, ou le Veit.le des armes; par A. DE Lamartine (i). L'epoque des grandes solennites politiques est un tems de jubile pour les poetes qui les chantent. Depuis Alexandre ct Cherille, il est ecrit : \ En pareil cas, I'intention Pour le fait sera reputee. Les Cherille le savent fortbien; aussi s'elevent-ils toujours aux plus belles intentions du monde : c'est en pareil cas , ce que disent ou signifient les journaux , qui auraient mauvaise grace a se montrer plus severes qu' Alexandre. Pour tout dire cependant, on assigne une autre cause a I'usage de laisser passer les pieces de circonstance , sans que la critique y naorde : oil il ny a rien le Roiperd ses droits. Mais cet heureux privi- lege doit admetti-e quelques exceptions, puisqu'enfin il n'est pas impossible qu'une piece de circonstance soit un ouvrage remarquable. Quelquefois meme eel ouvrage peut etre digne de remarque dans plus d'une acception du mot. Tel nous a paru le Chant de M. de Lamartine. D'un cote, I'attention toute particuliere dont il a ete Tobjet semble prouver que la Direc- tion des beaux-arts a considere ce poeme comme specialement destine a retracer a I'Europe , a rappeler un jour a la posterite I'anguste ceremonie dont il porte le nom : aussi bien y a-t-il dans son litre quelque chose d'officiel : le Chant du Sacre. En (i) Paris , 1825. Brochure in - 8° de 64 jisges. Baudoiiin frties at Urbain Canel ; prix 4 fr. LITTfiRATURE. 737 second lieu, la celcbrite de Tautenr, les acclamations qui ont precede et suivi I'ouvrage a son entree dans le monde, parais- sent y attacher une autre sorte d'importance. M. de Lamartine, jcune encore, a deja obtenu une celebrite qui s'etend tres- loin et s'eleve tres-haut.Il y a pen de mois, Taugiiste suc- cesseiir dune impcratrice fameuse entre les correspondans couronnes de Voltaire, parut avoir retrouve la plume polie de son aienle , en ecrivant au pieux auteur des Meditations pocd- qiie.'!. Un pen plus tard, les etrangers reglant les rangs sur notre Parnasse, comme s'ils I'avaient conquis avec la butte Saint-Chaumont, ou les hauteurs de Saint-Cloud, sont A'enus nous declarer, par I'organe de leurs journaux, que M. de Lamartine est le premier poete de France, unquestionably , incontestablement; et anjourd'liui, nos propres journaux s'em- ])ressetit, a leur lour, de repandre en Europe que M. de La- uiaitine s'est surpass;; dans le Chant da ■S«c/-('; que jusqu'a present (je copie), il n'avait pas eu d'aussi sublimes inspira- tions. Certes! en voila plus qu'il ne faut pour que M. de Lamartine s'cfforce d'etre toujours inspire de meme, pour que tous nos jeunes poetes travaillent a etre inspires comme lui. Ainsi, de deux choses I'une, ou on le trompe et on les trompe, ou le Chant du Sacre est un modele. C'est ce dont nos lecteurs vont juger : voici le poeme analyse avec toute I'altention que meritent le sujet et le poete. Avaut tout, je dois avertir que ce poeme d'environ six-cents vers, se compose de differentes parties, liees enlre elles dans I'ordre des idees, mais qui ne tiennent I'une a I'autre par au- cune liaison de mols. Les transitions sont remplacees par des ornemens d'imprimerie, que je remplacerai, a mon to-.'.r, par des tirets — . S'il arrive que cette bigarrure rappelle le vers fameux : Et cliaque acte en sa piece est une piece entiere, on se souviendra que ce n'est point ma faute. T. xwi. — Juin i8i5. 48 738 LITTER ATURE. — II est nuit. Mille flambeaux sement la voute de la cathe- drale de Reims (i). Les parvis sont tendus de soie et de velours; les ccussons royaux, suspendus aux \n\\ers,JIottarit au souffle de la brise, font ondoyev la devise de soixante rois. L'autel est ombrage d'etcndards que le poetc enumere et caracterise d'un trait, depuis Ceux conquis (2) par Philippe aux plaincs de Bovines jusqu'a ceux... Qui n'ont rien rapporte de Vienna et d'Austerlitz Que cent noms immortels sur leurs lambeaux ecrits. Cette enumeration chevalercsque et cc tableau poetique, ou des fautcs que je suis loin d'avoir toutes indiquees ne doivent cependant pas faire meconnaitre du tour, de la pompe et de rharmouie , sont termines par ce beau vers : Voila I'ombre qui sied au front d'un roi de France. — Le temple est vide encore. Cependant, des la fin du vers dont c'est ici le premier liemistjche , nous voyons aux marches de l'autel un pontife revetu de I'ephod, et trois lignes plus bas, Cent levites converts de veteniens sacres. Tout est prct. Qu'attend-on ? se demande le poete. L'ombie deja blanchit; cc qui semblc vouloir dire, I'aube se leve : ma is il faut qu'il fasse jour de bonne heure dans la cathedrale de Reims; car, immediatement apres que I'ombre vicnt de blan- chir, on eritend la-haut rouler ce vaste son , Qui , comme iin bruit des vents dans les forets plainti ves , (i) Mille flambeaux se?naient la voute triompale. (a) Ne rendons pas M. de Lamartine seul responsable d'un soU- cisine que presque tous nos ecrivalns font aujourd'hui ; mais remar- quons, dans I'interet de la langue, que cet emploi vicieux du pronom et de I'adjectif, ceux conquis, est one faute grossiere : iine langue se perd , quand de parellles fautes se niultiplient. LITTERATURE. 739 Gronde avec raajeste d'ogives eii ogives, et c'e&l minuit qui sonne. Minuit! I'heure sacree! ecoutez! a ce bruit, Les lourds battans d'airaiu , brisant leurs gonds antiques , Ouvrent du temple saint les immenses portiques. Peut-ctre sera-t-il a propos d'avertir les etrangers que c'est ici una figure poetique, et qu'au sacre de nos rois on ouvre les portes sans briser les gonds. Cent chevaliers, couverts de I'eclatant citnier, Entrent. Quel est celui qui marche le premier?... La se trouve naturellement et heureusenient place iin portrait du Roi , dont voici quelques traits : Avant les jours d'hiver, deja ses cheveux blancs Ont empreint sur son front la saintete des ans, Et leur boiicle d'argent qui s'echappe avec grAce A son panache blanc se confond et s'eiilace. Son osil superhe et donx brille d'un sombre azur, Son regard eleve, mais franc, sincere et pur, Lancant sous sa visiere un long rayon de flamme, Semble a chaque coup d'ccil communiquer son Sme. Certainement, un regard qui semble communiquer une dme h. chaque coup d'oeil, est une idee tout au nioins singuliere, plus singulierement exprimee : mais, a une legere incorrec- tion pres (se confondre a pour se confondre avec), les premiers vers ont de la grace et ne raanquent point de dignite. Le Roi impose silence a lafoule , qui ne doit pas etre bien grande, attendu que, depuis I'instant ou le poete vient de nous dire que le temple est vide encore, il n'est entre que cent chevaliers, y compris le Roi lui-meme. Quoi qu'il en soil, ici commence sans preparation, sans transition, et pourtant sans ornement typographique, un dialogue entre Xarchcveque qui demande au monarque : « D'oii viens~tu P et le monarque qui 7/iO LITTERATURE. repoiid : Dr I'exil. > Ainsi, voila d'lin soul mot dix amn'cs ct tout !e ii'f^no i\i- Louis XVIII effaces de notre histoiio. IJne distiaction dii poi-te a prcte an Hoi tie France, en 1825, la rt'poiisf (ju'aiunit pu faiie, en 1H14, Ic lieutenant general du royaume , a son retour de I'e.ril. Dix on douze pages plus loin , uue distraction dii poete fi la parler le nionarque, conime si, des son exil , il cut dtja cti; loi : Errant sans trunc et s;nis juitiie, etc. ( Page a4.) II faut en convenir, ces expressions vai^ues, ces meprises de mots qui sembleraient accuser la confusion des idees, sont le dcfautpresque habituel du style de M. deLamartine. Tons ceux qui s'intt lessen t a ses succes, et qui les voudraient durables, ne sauraient trop lui repeter que, dans quelque sujct que ce soit, mais plus particuliereinent encore dans les pcintures his- toriques, rien au monde n'est plus capable d'exchire tout inleret, en bannissant toute verite. L'archevcquo, prolon^jcant I'lntorrogatoirp, deniande au Roi s'il coimait les devoirs de la royaule, et s'll onejurerA'y etre fidele. Ici, se trouve un serment qui n'est pas tout-a-fait celui du sacrc, et celni du sacre vaut niieux. Oii sont, poursuit le pontifo, les saints garans de tes paroles? Le monarque repond : aux cieux ! Les mines couronncs de mes soixante a'ieux; ot il cite aussitot Charlemagne, qu'on n'avait pas compte jusqu'a present parnii les rois de la troisieme race. Ce n'est la cependant qu'une nouvelle meprise de mots [nieu.r); mais je Grains bieu que ce qui suit u'offrc un contre-sens plus :;rave, je veux dire, un sentiment faux; car li me parait impossible qu'apres avoir atteste ces Louis, ces Francois, ces yenereux Henris , qui ne sont pas seulement comme Cliarlemagne les predecesseurs, mais bien les aieux couronnes de Sa Majestc, I.liTE[\A.Ti;RE. 7', I I'idee liii vienne qii'on jx'iit recuser de tels garans, et cepcndaiit se fipr a A'autres , connne soinbleiit riiiditjuer ctis deux vtrs : Et si (le ces horos tu recuses la gloire , J'eii ai iV attires encore en qui le ciel /7e»f croire ; Oil sont-il.t , (lit Tarcheveque , ou sont tes doiize pairs P et le lloi los monlre; nomrne-les , et le Roi, qni les nomme, s'empresse de les louer;... eloge sans restriction ponr tons, a rfxcoplioii d'un seul, comme on vcrra tout a riieurc. La plupart de nos feiiilles quotidiennes ont leproduit tout ce morcean, le plus important du poeme. 11 me parait indis- pensable d'en donner au moins qiielque echanlillon. 1,'arcukveque. Quel est ce mareckal qui d'une main frappte Cherche en vain a presser le pommeau d'une epee ? L'etoile des heros etincelle siir Itii , Et son btlton d'azur semble etre son appui? LE ROI. C'est le second Bayard! c'est Victor', c'est Bellune I Plus brave que son noin , plus grand que sa foitune! Partout oil la patrie a dcs couj s a pleurer. Son corps cribte de balle est la pour les parer; Et, fidele au malheur encor plus qu'a la gloire, Ses revers ont toujours I'eclat d'une victoire ! i.'archeveque. Et celui qui soutient de son bras triomphant Les pas tremblans encor de ce royal enfant, Et qui d'un ceil de pere, en regardant son miiitir, Semble dire en son coeur : c'est nioi qui I'ai vu naitre?... II serait superflu sans doufe de relever toutes les expressions que jo vicns de sofdigner. Denx senlenu-nt exigent (jiielqne exjjlication : i° Quand la patrie a des coups li plcurcr, c'est cpi'dle les a reciis; il n'est plus lenis de les parer , connne ccux - qu'elle aurait a craindre; 2° qnoiqne le due d'Albufeira ait vii iiaitt c le due de Bordeaux , il ne pent I'avoir pour maitre , an 7/(2 LITT^^RATURE. sacre de Charles X. Quelqne sens qu'on attache a ce mot, il est ici tout au moins deplace. Mais on oublie el ces inadvertances et les inexactitudes grammaticales, et jusqu'a I'etrange calem- bour qui serait beaucoup meilleur, si le mot latin victor zyaiX. vouki dire vaillant, quand on rencontre, un pen plus loin, le '< dernier Conde qui pleure son fils absent (i) , » et tout aupres, le due d'Orleacs dont le Roi est cense dire : Ce grand nom est couvert du pardon de noon fr^re : Le fils a rachece les armes de son p6re! Et , comme les rejets d'un arbre encor fecon<5f , Sept rameaux ont couvert les blessures du tronc. Ces paroles qui , meme dans la bouche du poete, auraient bless^ toutes les convenances, ont ete relevees par quelques journaux d'une maniere tres-dure. Quant a moi, je n'y ai rien compris. " Ou le second vers vent dire : « le pere avait vendu i'ej armes (armoiries, armes de chasse, il n'importe) j le/ils les a rache- tees pour la somme de « , ou bien tout cela est ecrit dans une langue qu'on ne parlait point encore quand j'aiapprisa parler. Dans ce tems-la, le mot rejet n'etait qu'un terme de pratique; il est devenu terme d'agriculture : niais rem verba sequurttur , et les mots ne sont pas ici moins extraordinaires que la pensee, ou meme la rime (tronc et iecond). Je suis entre dans quelques details sur cette partie de I'ou- vrage , la plus etendue de toutes et la plus generalenient vantee. Je me bornerai a indiquer les autres, qui n'en sont que le developpement. — Apres rcnumeration des douze pairs , com- mence lapriere du Roi, piece lyrique en stances de six vers, et qui remplit seize stances. — L'aurore vient de naitre, et le poete decrit la foule qui inonde les tribunes et en dcborde. — L'nirain guerrier resonne, et le poete decrit aussi les enfans dc Mars qui viennent assistcr a la pieuse ceremonie. II apercoit sons un dais les princesses et les enfans du sang royal, et le souvenir fi) Certes ! on n'accusera pas cette fois Texpression d'etre exngerie. LITTERATURE. 743 des malheurs de V Orphcline du Temple lui inspire un morceau plein d'interet que je nie reserve le plaisir de citer. — Suivent, 1° un discours de I'areheveque, aussi en stances de six vers; 2° — des stances encore, que I'auteur appelle nl'ardent Te Deum «; quoique ce Te Deum finisse par le souhait de voir naitre un dernier age d'or : — enfin, la brochure est terminee par une apostrophe h la Liberie, oh, malgre des incoherences nombreuses, sinon de pensees, au moins de mots, brillent des traits pleins d'eclat et de grandeur. Regne , dit le poete a celle dont la voix vient de tirer la Grcce du tombeau : Regne. Mais souviens-toi que I'illustre exile Par qui, flans nos climats, ton deuil fut console, Precurseur couronne que salua la France, T'annonca dans nos murs comme une autre esper an ce, Et t'arrachant lui seul aux mains des factions. Fit de tes fers brises I'ancre des nations. Le dernier de ces beaux vers est admirable : c'est la vraie, la riche poesie dans toute sa magnificence. Comment I'ecrivain capable d'atteindre a ces beautes elevees, se laisse-t-il aller souvent aux negligences les plus impardon- nables, et disons tout, aux fautes les plus grossieres?N'a-t-il pas un ami sincere et de bon sens ? Le Chant du Sacre four- mille d'incorrections : mais on oublie, on est force de compter pour rien jusqu'aux solecismcs, quand on rencontre, dans une meme page , et la cendre hanale , pour les cendres du vulgaire, et les tempetes d'hommes , pour les revolutions, qu'on s'etait contente jusqu'a present d'appeler les tempetes du monde po- litique, etc., etc. Ailleurs, M. de Lamartine, celebrant I'industrie que pro- tegent la paix et I'ordre public, ajoute, en parlant de Xhomme : La sueur de son front ne germe que pour lui. il eut etc si facile d'eerire : Le fruit de ses sueurs ne germe que pour lui , 744 LITTERATURE. qu'on est presque autorise a craindrc que ce vers raisonnnble et pur ait paru trop viilgaire au poetc, qui aura prefere la premiere lecon. Au reste, ce malheureux verbe genner est employe, dix ou douze lignes plus haut, bien plus malheu- reusement eucore : La terre germe Vhomme , et n"a plus soif de sang! En general , le changemcnt du vei'be neutre en verbe actif ne reussit point a M. de Lamartine : on en jugera par cette strophe, la premiere de son Te Deum : Que la terre et las cieux et les mers te benissent ! Qu'au choeur des cherubins les seraphins s'unissent Pour celebrer le Dieu , le Dieu qui nous sauva! Saint , saint, saint est son nom. Que la foudre le gronde, Que le vent le munnure et Tabiine reponde : Jehova! Jehova ! Assurement, grander Dieu , ou meme son nom (car le pro- nom le fait equivoque] , est une terrible hardiesse ; non , certes , que la metamorphose du verbe soit une licence inoiiie : bien loin de la, en voici un exemple qui est un modele : Amour dictait les vers que soupirait Tlbulle. ( Boilbau. ) Mais remarquez bien qu'il n'y a point ici d'equivoque pos- sible, et que, dans aucune acceplion re9ue, I'expression ne peut offrir ni admettre un sens ridicule; tandis que, si mur- murer Dieu , ou son no/n , peut a la rigueur ne paraitre que bizarre, grander Dieu , ou le nom de Dieu, est un pea plus ; et il semble difficile de voir une exhortation a la foudre de grander le nam de Dieu , sans croire lire une parodie. Il serait malheureusemcnt trop aise de multiplier ces re- marques ; mais, bien que le premier devoir impose a la critique soit d'avertir le talent qui s'egare, et que ce soit meme I'honi- mage le plus franc, le phis utile qu'on puisse rendreau vrai talent, la tache de noter ses fautesau passage est affligeantc et penible. Je me hate de me dedommager, et avec moi les lec- LITTERATURE. 7/, 5 tcurs de la Revue , en mettant sous leurs yeux le fragment que j'ai promis de transcrire. Peut-etre le dernier trait ne leur paraitra-t-il pas d'un gout bien severe; mais une emotion vraie s'allie, dans tout le morceau, al'elegance, a la douceur, a la dignite du style. A Tonibre de ces lis entoures de cypres , Dont la tige sur elle avec amour s'incline, Voila I'ange exile .' la royale orplieline ! Son front que des bourreaux le far a respecte Garde de la douleur la noble majeste ! On sent a son aspect, que, digne de sa mere, Le ciel lui fit une nme egale a sa misere ! A ces pompes du trone on la ramfene en vain, Son coeur desanchante les goiite avec dedain ; Et peut-etre , au moment ou son oeil les contemple , Son 4me, s'envolant dans les cachets du Temple , Reve aux jours de I'enfance oii , sous ces murs affreux Que la main des bourreaux obscurcissait /lozir eux, Un rayon de soleil, a travers une grille , Etait la seule pompe, helas! de sa famille!... II y a bien encore ici negligence , peut-etre meme, une on deux (ois , pretention : mais, au total, c'est le passage ecrit avec le moins d'effort. Si M. de Lamartine ecrivait toujours ainsi , on serait heureux d'avoir a rendre compte de ses ou- vrages. Qu'il s'attache surtout a deux choses que je lui souhaite de tout mon coeur , justesse de pensee, verite d'expression. Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est durable. P. L. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (r). AxMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. ago — *First annual report of the proceedings of Franklin Institute, etc. — Premier rapport annuel sur les seances et les travaux de Yinstitut Franklin , de I'etat de Pensylvanie , pour l' encouragement des arts industriels. Philadelphie, iSaS. i vol. in-8° de io8 pages; imprime- rie de J. Harding. A peine uue annee s'est-elle ecouiee depuis la formation de I'lns- titut Franklin, et il compte deja plus de six cents membres , qui contribuent par leurs souscriptions et leurs lumieres a I'encourage- nient des arts utiles et a la propagation des connaissances indus- trielles. Non-seulement cette Societe naissante decerne des prix et des medailles pour les inventions et les dccouvcrtesquilui sont sou- mises ; mais elle a institue une sorte de Conservatoire des arts et me- tiers , avec une bibliothfeque choisie , une collection de modeles et un musee mineralogique. On y fait, comme dans le Conservatoire de Paris , des cours publics et mis a la portee des ouvriers , de phy- sique, de chimie, de mineralogie, appliquees aux arts, et Ton y a egalement place des ecoles de dessin, d'architecture , de mecanique, qui sont deja frequeutees par un grand nombre de personnes. On a fait aussi , dans le local de la Society, une exposition annuelle des produits de I'industrie; et, quoique ce ne fut qu'un premier essai , le resultat a ete tres - satisfaisant. Plusieurs de ces dispositions semblent calquees sur les regle- mens de I'utile et celebre Societe d' encouragement de Paris. Celle-ci (i) Nous iudiquerons par un asterisque (*) , place a c6te du titrede cbaque ouvrage, ccux des Uttcs etrangers ou francais qui paraitroutdignesd'une atten- tion particnlicrc , ct nons en reudrons qiielqiiefois compte dan.s la section des Analyses. LIVRES ETRANGERS.— ETATS-UNIS. 7 47 ne devrait-elle pas, de son cote, a I'imitation de I'lnstitut Franklin, etablir des cours propres a perfectlonner I'instruction des classes industrielies ? L'Institut de Franklin a ete precede, aux Etats-Unis , par I'eta- blissement de I'lnstitutiou mecanique et scientifiquede New-York , dont le but est a peu pr^s semblable , et qui public deja un Journal d'Industrie. Son emule se propose de publier une feuille du meme genre, des que le goiit du public se sera suffisamment prononce pour que les deux ouvrages paraissent simultanement , sans se nuire I'un a I'autre par une concurrence prematuree qui entrainerait au moins des depenses superflues. En attendant , la nouvelle Societe s'est abonnee au journal de New-York, dont elle distribue un exem- plaire a cbacun de ses membres. 11 est probable qu'elle n'aura pas besoin de differer long-tems la publication d'un ecrit periodique. Les sciences et les arts industriels doivent particulieremeut etre cliers aux peuples libres , qui n'ont point a partager les fruits de leurs travauxavec des classes oisives et privilegiees , toujours dispo- s6esa s'attribuerla part du lion. C'estd'ailleurspar I'industrie que les tJtats maritimes consolident leur independance. Que serait deveuue recemment la federation americaine,malgre ses courageuses milices, si ses batimensde guerre n'eusseut pas ete mieux armesqueceux de la Grande-Bretagne ? On peut predire que les principales villes de I'U- nion ne seboraeront pas a donner des applaudissemens aux Societes creees a New-Yorkjet a Philadelphie, pour rencouragemeut de Uin- d'industrie : Boston, New-Haven, Albany, Baltimore, Wasliington, Charleston, Savannah, la Nouvelle Orleans , etc., forraeront bien- tot des Societes semblables. Parmi les objets qui ont merlte les recompenses decernees par le nouvel Institut, on remarque une machine de Th.-F. Sakchett , avec laquelle un homme peut couper et percer d'un seul coup trois feuilles de tole pour les tuyaux de poeles ; une autre machine de MM. Phillips pour faire les vis ; une horloge de J. Saxton , dont rechappement est, dit-on, surun principe entierement nouveau; un fusil a deux coups, quoiqu'a une seule platine et a un seal tube, par Flp.xcher et Gardiner ; du papier d'une longueur indefinie , de la manufacture de J. et T. Gilpih ( i); une charrue dont le soc conserve (i) II y a au moius six ans qu'on fabrique du papier sans fin dans cette manufacture, situec a Brandy-Wine. L'auteur de cet article, qui a visite.ce bel etahlissement en 1820, a conserve le souvenir le plus avautagetix des 748 LIVKES KTR ANGERS. ou retablit de lui-ni(5ine son traiicliant, par C. et O. Evans; des editions stereotypes de A. Rama&e et de J. Ronaluson; un grand nombre de pieces d'etoffes de laiiic, de colon , de lin et de chanvre, dont nous ne pouvons apprecier le degre de perfection , niais qui sont fr^s-estimees des Americains ; enGn, une foule d'autres prodults comtnuns en Europe, mais dont la fabrication n'avait encore penetre qu'imparfaitement dans !e Nouveau-Monde. De Mont&ery. Observations. — L'idee de reunir dans un seul etablissement tout ce qui tend a eclairer, a developper et a propager I'industrie , prcsente de si grands avantages , que Ton est surpris de ne la voir appliquee, d'unemanierea peu pres complete, et vraiment populaiie, que si tard et si loinde nous : on est rente de la regarder comme une des verites importantes et fecondes dont se compose la science de Tadministration, et que nos pretendus hommes d'etat affectent trop souvent de meconnaitre et voudraient m^me proscrire. Outre le rapport annuel de ses operations, I'Jfnsritiit Fra/iAlinpu- Llie ceux que son bureau est charge de faire par trimestre. Durant cette premiere annee , ces rapports partiels qui niontrent les rapides progres de I'institution , ne sout pas moins digues d'attention que \e resume general qui les termine. On se plait a vo» comment I'amour du bien a surmonte tous les obstacles ; comment une Societe qui, au mois de fevrier 1824, s'occupait encore de son organisation , qui n'avait pi local pour ses seances , ni livres , ni modules pour I'ensei- gnement, est parvenue, dans I'espacede quelques mois, a fonder des ecoles, ou de nombreux elfeves s'empressent de venir ecouler des ])rofesseurs habiles et zeles, a former une bibliotbeque publiqae et une salle de modeles, a faiie une exposition des principaux produits de I'industrie du pays; en un mot, a se mettre en pleine activite. Neuf medailles out ete decernees ; un plus grand nombre de mentions honorables ont ete, pour les fabricans , de puissantes recommanda- tions , el ils en ont apprecie les resultats avanlageux pour le succes de leurs entreprises. En 1825, 83 medailles seront distributes, dont I'une en or, pour la fabrication du meilleur acier. Ulnsticut Franklin fait aussi un appel aux savans, et les engage a talens et du caractere des propritJtaires. 11 y a , autour des ateliers, uu vil- lage euliernneut people de leurs onvrierf. La plupart sout quakers , aiu.si que MM. Gllpiu , dout la charitc cclairec repaud partout .lutour d'cux I'.ii- sanae , I'ordre, la proprete et le bonlieur. AMERIQllF..— liTATS-UNIS. 74jj rediger des Descriptions d'aris ec metiers et des ouvrages elementaires pour I'instructinn des ouvriers. A la fin de la liste des objets pour les- quels des medailles seront decernees, on lit une invitation aux edi- feurs de Papiers-Nouvelles , a laquelle lis n'auront pas manque, sans doute, de se rendre avec empressement. C'est une bonne fortune pour les journaux et pour les ouyrages periodiques, qued'avoir I'occasion d'annoncer des programmes de prix qui exciteront une louable emu- lation d'industrie , et qui provoqueront le genie des inventions etde nouveaux perfectionnemens dans les arts. Nous regrettons souvent qu'a la distance ou nous sommes , et a cause de la lenteur et de la difficulte des comrauuications, ou du trop petit nombre de correspiindans actifs et zeles que nous avons pu nous procurer jusqu'ici dans les differentes contrees de I'AnK'- rique , il ne nous soit pas encore possible de recueillir et de faire connaitre, aussi promptement que nous le voudrions, cequ'on fait, nu dela de I'Atlantique , pour le bien de I'humanite. Ulntttut Fran- klin rendra desormais notre tache plus facile , au moins pour les Etats-Unis, en nous offrant , a des epoques assez rapprochees, le tableau des progres de I'iudustrie americaine. Nons avons donne de grands developpemens a cette note et au compte rendu du premier rapport des travaux de la nouvelle insti- tution fondee a Philadelphie, parce que ce rapport reriferme, sous uu petit volume, beaucoup de choses dont I'imitation pent etre pro- posee avec confiance. — D'abord , nous avons dcja vu , par notre correspondance , que souvent notre Revue a contribue a faire trans- porter d'un pays dans un autre des institutions dont elle avaitexpose la nature, le but et les salutaires effets; puis, comme nous ap- precions les ouvrages par leur importance et leur valeur rcelle, nonpar leur etendue, en preferant toujours la qualice k la quan- tite , nous aimons a fixer I'atteation sur un ouvrage qui offre plusieurs traits caracteristiques de la physionomie nationale des Etats-Unis. EnCn, nous esperons que plusieurs Americains , amis de leur pays et du bien public , mdme parmi ceux qui n'ont pas en- core eu jusqu'ici de relations avec nous, se feront un plaisir et un devoir de nous adresser , lorsqu'ils en auront I'occasion , des ren- seigaemens detailles qui nous permettront de presenter avec fideiite I'etat moral et social, agricole, industriel, scientifique et litteraire de leur patrie , et que , peu a peu, gr^ce a d'autres communications analogues, bien appropriees a notre plan , nous jiourrons suivre et faire connaitre la marche et les progres de la civilisation cliez routes 75o LIVRES ]feTRA.NGERS. les nations, pour contribuer S les faire avancer les unes par les autres, a la faveur d'une sorte d' enseignement miiuiel perfectionni et g^n^ralise. M. A. Jullien. agi. — * /i review of the efforts and progress of nations, etc. — Revue des efforts et des progr^s des nations durant les vingt-cinq dernieres annees; par-J.-C. L. de Sismondi , traduit du francais par Pierre-S. DcpoifCEAU. Philadelphia, i8i5 ; Harrison Hall, 64, South-Fourth- Street. In-8" de 36 pages. Le discours de M. de Sismondi, traduit par M. Duponceau, est tir6 die \& Revue Encrclopedique {I'oj. le cahier Ae. Janvier , t. xxv , pag. 17-41 )■ Le traducteur en a fait, dans sa preface, una analyse exacte, precise, eloquente : nons regrettons de ne pouvoir en pla- cer ici qu'un seul extrait. Apres avoir dit que les monarques de I'Eu- rope , sourds aux avis de'l'histoJre et negligeant les lecons de I'ex- p^rience des sifecles , poursuivent encore une guerre inutile contre Topinion qui finira par les soumettre, il ajoute : " Get essai contient une peintura vivante des divers succes de cette guerre durant les vingt-cinq dernieres annees. L'auteur montre comment I'opinion publique a rcsiste a tous les efforts tentes pour I'aneanth', comment elle s'est avancee et continue sa marche (jui la conduit a la victoire. En Angleterre, elle ^tait inattaquable. En France , ou des empiete- mens successifs resserraient de plus en plus la liberte constitution- nelle, la liberte de la presse n'a pas cesse de repandre sa luniiere et d'eclairer tout I'horizon. En AUemagne , en Espagne, en Italic, il fait voir que les efforts plus heureux du parti retrograde n'ont pu qu'obscnrcir les lumieres chez ces grandes nations, mais qu'elles n'y sont pas eteintes. II nous presente la Grece, I'admirable Grece, pour prouver que la flamme brule encore sous les ruines qui la couvrent, et finit par trouver une issue : enfin , il ranime les esperances des amis de la liberte , en leur offrant le tableau de ce continent favo- rise , qui, dans son entier, n'est compose que d'etats libres et r^pu- blicains, spectacle tout-a-fait nouveau sur laterre.» — Le traducteur parle avec eloge de notre recueil et de I'attention soutenue que les redacteurs portent jusque dans les details de chaque publication. Ces temoignages d'approbation sont des encouragemens que nous nous attacherons a meriter de plus en plus , et qui sont la plus pre- cieuse des recompenses que nos travaux puissent obtenir. AMERIQUE MERIDIONALE. 39a. El Na Clonal, etc. — Le National, journal politique de Buenos- Ayres. Impriraerie de I'independance. ( Decembre 1824.) A^IERIQUE MiJlIDIONALK. 761 Nous ne coniiaissons pas encore assez cet ecrit periodique pour qu'il nous soil possible de le juger, quaut a present, ni de prevoir ses destinees et son influence sur la nation pour iaquelle il est pu- hlie. II faut en convenir : son epigraphe n'est pas rassurante, non plus que son prospectus. Ces deux parties essentielles d'un journal qui debute dans la carriere nous representent les anciennes colonies espagnoles comme plongees dans un sommeil letbargique , dont il est d'autant plus difficile de les tirer, que le mal a dure plus long- tems, et que le reveil ne pent avoir lieu que brusquement, an bruit des armes, a la vue de tous les fleaux d'une guerre civile et etrangere. Les editeurs ne se nomment point , et aucun mode de souscription n'est indique; ce qui donne a ce journal un air officiel. S'il est, en effet, I'organe du gouvernement de la nouvelle repu- blique , il ne se montre pas indigne de cet emploi : ajoutons meme que ce gouvernement se montre digne d'obtenir , dans sa noble entreprise , les succes quelui souhaitenttous lesamis de I'humanite. Nous n'avons entre les mains que les deux premiers numeros du National; les premieres lignes du prospectus nous revelent des phenomenes que I'Europe n'a point connus ; ce sont les tcmpeces , disent les redacteurs , qui ebraulerent , en 1822 et i8a3 , toutes les presses de Buenos-Ayres, et auxquelles succeda, en 1824, un calme plat, un silence universel. En effet, de tels evenemens ont besoin d'etre expliques. Des que les presses eurent cessede faire circuler la pensee, et d'etablir une correspondance entre tous les citoyens , les liens du faisceau republicain furent affaiblis , et sur le point de se rompre ; il s'agit maintenant de les ra'iltiplier et de les rendre plus solides. Loin d'encourager I'indifference pour la chose publique , et I'apathie politique dont les gouvernemens absolus font tant de cas , les nouvelles republiques americaines sentent la necessite de creer un esprit public , fiit-ce meme au prix de plus grandes fatigues et de quelques dangers pour les gouvernans. Tel est le but de ce journal. « Nos opinions politiques , disent les editeurs , ne plairont pas a tout le monde; mais elles auront I'approbation de tous ceux qui, depuis la reforme , se sont attaches a la cause de la civilisa- tion. » — Dans le premier numero , on trouve un precis sur les trois reunions des provinces de la federation, de 18 10 a 1816. La pre- miere fut dissoute , parce que <■ le mot soiwerainele du peiiple , que 1? citoyen de Geneve avait fait entendre jusques dans ces contrees , flit pris dans le sens le plus rigoureux , et que personne ne voulut y admettre aucune restriction ni modification. » Ce premier essai ne 752 LIVRES ETRANGERS. fut pas sans consequences funestes pour It^ciuse de rindependance ; niais elle etait soutenue par reiitliousiasme , elle resista md-me aux discordes civiles. En i8i3 , une seconde assemblee, dite constituante, se rcunit a liuenos-Ayres , et s'occupa reellement d'un projet de constitution : niais elle prit encore une fausse route, quoiqu'elle fit J pen pres tout le contraire de ce que I'on avait reproche a la pre- miere assemblee. Celle-ci avait voulu, non-seiilement dominer, mais subjuguer le pouvoir executif; I'autrelui fut entierenient soumise, et ses membres , depouilles de toute consideration personnelle, n'evitfe- rent, grace a la ISchele de leur conduite, aucun desmaux quialfligent les republiques desorganisoes. Les persecutions devinrent cruelles, la cause commune fut oubliee ; et, chaque etat iie pensant qu'a lui seul et a ses interdls du moment , la Republique n'offrit plus que I'image du cbaos. Enfin , en 1816 , un congres fut assemble dans le Tucuman (province voisiiie du I'erou ) ; son premier acta fut une declaration solennelle de I'independance , et le bien qui en resulta fut immense ; les esprits furent rassures , et une sorte de calme permit d'etablir une forme permanente de gouvernement. Suivant la constitution que le congr^s proposa , il devait se transporter a Buenos-Ayres , parce que cette ville est le centre des relations entre toutes les provinces de I'Union. Mais, tandis que cette assemblee preparait avec sagesse la prosperite de la patrie, I'abime se creusait sous ses pas. La funeste proposition de doiiner a I'Amerique espa- gnole un souverain venu d'Europe avait traverse I'Ocean etrepandu I'alarme dans toutes les contrees qui avaient secoue le joug de la metropole. Le congrfes fut accus6 de s'> Ce discours tres-remarquable sera conserve par I'lilstoire ; c'est par T. XXVI. — Juin i8a5. 49 7b4 LIVRES ETRA.NGERS. ce motif que nous en avons cite les passages qui font le inieux con- naitre la position actuelle clelano|ivelle republique de Buenos-Ayres. Le journal d'ou nous Tavousextiait est liebdoniadaiie.il est a desirer qu'il se rcpande en Europe ; car tout annoncequ'il seratres - propre a donner des notions precises sur des contrees que I'Europe observera long-terns avec un inteiet niele de craiules et d'esperances , qu'il fournira des materiaux a I'histoire , des donnees aux publicistes, et peut-etre aux liommes d'etat des documens qu'ils seraienl embar- rasses d'obteiiir par uue auUe voic. EUROPE. GRANDE-BRET AGNE. 293. — Reprint ofM. Campbell's letter to M. Brougham on the subject of a London University , etc. — Lettre a M. Brougham, sur I'etablis- sement d'une universite a Londres, etc., par Thomas Campbeli,. — Londres, i8a5 ; Longman. In-8° de 21 pages. Presque tousles journaux de Londres , quotidiens ou periodiques, out pris parti dans I'affaire qui fait le sujet de cette lettre, et se sont coustitues les adversaires ou les champions du poete. Les rai- sons donnees en faveur du projet de M. Campbell paraisseiit sans replique. Londres est peut-etre la ssule capitale de I'Europe oil il n'exisle point d'ctablissenient public coasacre a I'enseignenient des hautes branches de I'instruction. II faut que I'habitant de cette ville immense envoie ses fils a Oxford ou a Cambridge , pour y recevoir I'instruction, et sacrifie 6 ou 8,000 fr. par an pour I'education de cliacun de ses enfans. Londres aboude en ccoles primaires pour I'usage des classes pauvres ; elle n'en a point pour les classes moyennes : c'est un inconvenient grave que deplorent tous les homnies cclaires. M. Campbell merite bien de son pays, en indi- quant le moyen de le faire cesser. F. D. 204 — * A summary View of America. — Tableau sommaire de I'Amerique. Londres, iSaS ; Cadell. i vol. in-S" de 5o3 pages. L'esprit de parti et la vieille querelle de I'Angleterre avec I'Ame- rique out produit tant d'ecrits contradictolres sur ce dernier pays, qu'il semble difficile de se former uue idee bien exacte du veritable caractere des habitans de ces vastes contrees. M. Fearon et M. Faux les representent sous uiijour tres-defavorable ; M. Welby etM. Ho- \'ett les peiguent encore avec de plus noires couleurs ; tandis que M. Sudcliffe et Miss Wright leur attribuent tous les genres de per- GRANDE-BRETAGNE. 755 fectlon. L'auteur de ce volume, nomme, dlt-on, M. Isaac Candler, a pris un terme moyen, et parait ainsi se rapprocher le plus de la verite. II a visile I'Amerique, en 1822 et iSaS, et il a parcouru dix ties piincipaux etats de I'Union. Comnie il a voyage de differente maniere, qu'il s'est mele a toutes les classes de lasocicte, se pliant aux habitudes des naturels, et vivant avec eux pendant des mois «ntiers, il a Leaucoup vu et il peut, par consequent, beaucoup nous apprendre. — Son volume est divise en trente-trois cliapitres. Les trois j)remiers traiteut de I'aspect general du pays , des villes , de la maiiieie de voyager, etc. Les aiitres, sous divers litres, sont consacres a la description des habitudes, des nioeurs et des usages sociaux en Amerique : il y en a six exclusivenient reserves aux de- tails concernant la religion et les differentes sectes , etc. Eufin, ce livre offre plusieurs renseignemens siir tons les sujets qui out quel- que importance. On pourrait reproclier a l'auteur un style trop ne- glige et une grande preoccupation de lui-menie; mais ces details sont rach.tcs par une apparence de franchise et de candeur qui semblent garantir la veracite des faits et des remarques. L. S. B. 2g5. — ' Dtnmarch delineateJ. — Esquisse de I'etat actuel du royaume de Danemark, par M. A. Akdersen Feldbohg. Troi- sifeme et derniere partie. Edimbourg, 1824. Grand iu-8° de 146 pages, et de Timprimerie de Brewster, avec gravures. Nous avons fait connailre aux lecteurs de la Revue Encjclopediqtie (Voy. ci-dessus, t,xxii, p. 729) les deux premieres parties de cette esquisse, qui esit plutot une description pittoresque du pays, qu'un ouvrage destine a douner aux etrangers des notions satisfaisantes sur I'etat politique du Daneraarck. L'auteur aurait done mieux fait de I'intituler : Description pittoresque de Vile de Selande; car il ne sort point de cette ile , et ne donne pas une seule vue apparteuant a une autre province danoise quelcouque. Ce que nous avons trouve dans son livre de plus lemarqnable , comme cessant d'etre special et appartenant au royaume entier, c'est un supplement de 74 pages, contenant une esquisse kistoriqrie, assez exacte et bien ecrite , de la litteraliire danoise , depuis i588 jusqu'hnos jours. De pareilles notices, fournies par un auteur indigene, ont deux avantages sur les re- cherches faites par un etranger :d'abord, elles sont plus authen- tiques(en admettaut toutefois que I'ecrivain soit impartial); ensuite, les noms propres 3ie sont pas defiguies par une mauvaise ortho- graphe. Nous u'avons trouve qu'une seule faute de ce genre dans la Notice litteraire de M. Feldborg : c'est a la page 47, ou l'auteur du 756 LITRES ETRANGERS. magnifiqne P'itnive danois , public a Copenhague, en 174^') «" plus declamatoires que profonds , que Buike puhlia centre la Revo- lution francaise. lis sont ecrits avec purete, avec elegance ; mais ils sont faibles et sans vie , compares aux philippiques des grands ora- teurs de I'Assemblee constituante et dc la Convention nationale. Quoique fiers des richesses de uotre langue, nous sommes loin cependant de repousser comme niodeles les orateurs de I'ancienne Grece. Plus on les etudiero, plus un gout pur et severe distinguera 762 LIVRES ETR ANGERS. les discours des modernes, et leur permettra d'approcher de cede perfection athenicnne que nous admirons. Craignons cependant , dans cette ('tude mdme, de nous livrer a un exces funeste ; et en recommandant la lecture des anciens, gardens- nous d'approuver le systeme absurde d'education suivi dans quelqaes -iins de nos comtes, oil dix a douze des plus importantes annees de la vie sont entierement sacrifices a la connaissance souvent superficielle des langues savantes. Nous pensons que ce systeme s'ameliorerait, si I'e- tude du grec etait plus suivie , et un tiers du tems que Ton y con- sacre habituellement suffirait pour en acquerir une connaissance suffisanfe. M. Brougham lui-nieme est un exemple frappant des heureux effets produits par cette etude; il est le premier des ora- teurs anglais de notre epoque, et le plus eclaire des publicistes. II offre aussi un modele de cette nolile conduite qu'il recommande dans la seconde partie de son discours. Defendre les opprimes contre la tyrannic ; combattre pour les principes sacres de I'egalite religieuse et de la liberie civile; repandre I'education parmi toutes les classes de la societe : voila les principes qu'il professe et auxquels il con? acre ses talens et son influence. C'est dans la ville de Glasgow, que fut etablie la premiere de ces admirables t'coles, qui promettent de faire plus pour le bonheur de I'humanite, qu'aucune autre invention ( excepte les ecoles lancas- triennes ) que nous connaissons. Nous voulons parler des etablisse- mens f'ondes pour I'instruction dans les sciences et la philosopliie au profit des classes pauvres de la societe. Le moment choisi pai' M. Brougham, pour parler de ces institutions est tr^s-opportun ; cet objet important fixe aujourd'hui I'attenlion de tons les bons es- prits ; et ce qu'il en dit lui-m(5me, est d'autant plus intcressant , qu'il est uu des pronioteurs de ce plan , qu'il a ecrit plusieurs ou- vrages sur I'education du peuple, et qu'il parle au milieu d'une ■ville manufacturiere, habitee par de nombreux artisans, a qui ces nouvelles ecoles sont particuli^rement destinees. Les lecteurs fran- cars de la Revue Encyclopedique apprendront sans doute avec sur- prise, qu'en Ecosse, la ou le clerge est si puissant, les elablissemens d'instruction publique ne sont pas soumis a son influence , et leur etonnement augmentera encore, quandils sauront qu'une semblable education, regardee dans certains pays,comme peu orthodoxe, n'est point jugee par le clerge presbyterien , contraire a la religion, ni a la morale. En resume , ce petit volume est dlgne de fixer I'attention publt- GRA.NDE-BRETA.GNE. 7^-3 que , et nous ne connaissons aucun homme qui ne fiit Cer de I'avoir ecrit. Quand nous reflechissons que c'est un ^crlvain politique, un chef de parti de la Chambre des communes, un des avocats lesplus occupes de I'Angleterre qui, au milieu de ses immenses travaux , a compose ce livre ou brillent a la fois , Terndition du professeur, reloquence de I'orateur et la philanthropic du phllosophe, notre etonneraent egale notre admiration. R. K. de T Universite de Cambridge . 3oo.^ — • Westminster Hall, or Anecdotes and Reminiscences of the bar, bench, and woolsack. — Le palais de Westminster, ou Anecdotes et Souvenirs du barreau et de la tribune. Londres, i825 ; Knight et Lacey. 3 vol. pet. in-8° ; prix 21 sh. 3oi. • — Lambeth and the Vatican, or .Anecdotes of the church of Rome , the reformed churches, etc. — Lambeth (i) et le Vatican , ou Anec- dotes de rEgliseromaine et des Eglises reformees, des sectes et des scctaires les plus remarquables de la religion chretienne, depuisson etablissement; par un membre de I'universite d'Oxford. Londres, 1825 ; les memes. 3 vol. petit in-8''. Prix 21 sh. Ces deux ouvrages, publics chez le menie llbraire , se ressemblent a beaucoup d'egards. Le premier contient une vingtaine de portraits fort bien graves des jurisconsultes anglais les plus celebres ; le se- cond, des portraits dans le mdme style de quelques-uns des person- nages les plus marquans dans les annales de la religion chretienne ; et chacun des six volumes est orne d'un joli frontispice. Au premier ouvrage est attache un tableau chronologique des juges les plus fameux dans I'histoire de la juris})rudence anglaise; au second, trois tableaux successifs contenant les noms des popes , ceux des hommes les plus celebres et I'indication des principaux evenemens de I'histoire ecclesiastique. Du reste, ces recueils manquenl de methode : le second surtout, dans lequel les memes anecdotes sont quelquefols repetees , les noms sont denatures, les citations inexactes, et Ton trouve une tres- grande quaulite d'erreurs typographiques. — De semblables recueils renferment sans doute beaucoup de fails interessans; mais comme les autorites sont rarement citees , on ne peut point admettre ces faits comme bien constates , et Touvrage ne saurait inspirer de confiance. (i) Partie des faubourgs de Londres, vis-a-vis Westmiuster, oil se trouve UQ palais attache au siege episcopal dc Cautorbery. 7^4 LivREs Strangers. Nous citerons seulenient un distique rapporte dans le second de ces recueils , parce qu'il presente line question qui est encore a ic- soudre. — Le sujet de ce distique est le present que fit la ville de Dole aux jesuites en leur donnant le couvent de I'^rc; ces saints peres possedaient deja le couvent de La Flt^che en France. « yJrcitm Dola dedit patribus; dedit alma Sagittam Gallia ; quis fuuem qucm nieruere dabit? » R. L. W. 302. — Fairy legends and tradicions of the south of Ireland, etc. — Legendes , feeries et traditions du sud de I'lrlande. — Londres , 1825 ; John Murray, i vol. in-S" de 363 pages, avec gravures; prix: 10 s. 6 d. Depuis long-terns les superstitions de TEcosse sont en possession de fournir des materiaux aux romanciers et aux poetes ; les tradi- tions de ses montagnards avaient deja parcouru le monde avant que celles du peuple irlandais fussent sorties des regions oil elles exercent leur mysterieuse influence. Le volume que nous annoncous est le premier qui traite des superstitions de I'lrlande. Les tradi- tions qu'il contient sont biznrres , pittoresques, et paraissent etre le fruit d'une riclie imagination; elles sont plus amusantes, sans etre aussi sombres et aussi lerribles que celles de TEcosse. D'apres les nombreuses et Interessantes notes qui sont jolutes a cet ouvrage , 11 faut croire que ces superstitions existent encore aujourd'hui , et que les paysans du Sbefro, du Cliuricaune, du Bansliee et du Phooke croient a tous les recits que Ton reproduit ou que Ton rappelle, les respectent et les transmeltent a leurs en- fans avec une credulite qui nous paraltrait incroyable, si nous ne connaissions Taveugle et cruelle politique qui regit I'lrlande et qui voue ses habitans a I'ignorance et a la nsisere. Le coeur saigne, en voyant un peuple si hardi, si brave, si intelligent, livre aux te- nebres du moyen age; I'ame s'etonne et s'indigne au spectacle d'une nation libre qui , joignant I'ironie a I'injustice , refuse a plusieurs millions de citoyens les droits qu'ils reclament a tant de titres. La difference qui existe entre la situation de I'Ecosse et celle de I'lr- lande, est peut-dtre la meilleure preuve de I'influence qu'exerce un bon ou mauvais gouvernement sur la condition et sur le caract^re du peuple. Fanny Skymovv.. 303. — The last days of lord Byron, etc. — Les derniers jours de lord Byron, ses opinions sur divers sujels, et particulicremenl sur GRANDE -BRETAGNE. 765 I'etat present et futiir de la Grece; par JVilUani Paebt , major de la brigade de lord Byron. — Loudres, iSaS; Knight et Lacey. i •vol. in-8° de 3(So pages; prix: 12 schellings. Le lecteur ne retrouvera point dans cet ouvrage , lord Byron , tel qu'il a ete peint par le marquis de Salvo, le capitaine Medwin, le colonel Stanhope, ou par I'auteur anonyme du London Magazine: ce n'est plus le poiite du si^cle, recevant les inspirations du genie snr les rives de TArno , de I'Adige ou du Tibre; ce n'est plus I'homme du monde celebre par ses compagnons deplaisirs et de table ; ce ii'estplus un rival illustre dontbeaucoup d'hommesenvieux etmal- veillans cherchent a noircir les actions et a diminuer la gloire... C'est le genereux lord britannique , consacrant sa fortune et sa vie a la plus glorieuse et la plus sainte des causes, tel que nous I'a sur- tout fait apprecier et admirer la plume elegante et poetique de Mme Belloc (i); c'est le citoyen , le guerrfer, je dirais presque le If'gislateur, juge par un de ses freres d' amies et defendu contre les traits empoisonnes du mensonge , de I'envie et de la haine. Different '^.e la plupart de ses devanciers, le major Parry ne nous inet point dans la confidence des aventures secretes de lord Byron ; il ne nous revele pas certaines particularltes de sa vie privee qui auraient du rester couvertes du voile de I'oubli; il ne nous repete point des propos de table echappcs dans la faniiliarite d'uu festin , ou dans les epanchemens de I'amitie. II nous montre lord Byron en Grece : au milieu des deputes des Hellenes ; a la tete de sa brigade etrangere ; dans sa maison de Missolonghi; dans sa vie privee, dans sa vie publique; pendant le cours de sa maladie; enfin, dans sa derniere heure; quelquefois decourage; se plaignant avec amer- turae des atlaques, des rivalites, des jalousies auxquelles il etait en butte; accusant la tiedeur des patriotes anglais; murmurant contre I'apathie des Grecs , contre I'ambition et la venalite de quel- ques-uns de leurs chefs; mais , partout et dans tons les instans, travaillant a la delivrance du peuple dont il avait embrasse la cause. L'inter^t qu'inspirent les faits que rapporte M. Parry fera excu- ser les negligences de style que Ton remarque dans son ouvrage; et, en faveur de I'amitie qu'il portait fi son heros , on absoudra sans doute le biographe des attaques souvent trop violentes et meme (r) Lord Byron. Paris, 1824 et iSaS. 2 vol. in-8", Rfnoiicnl. Vov. Piev Enr.,t, XXIV, p, 356; et t. xxv, p. 808. 766 LIVRES ETRAINGERS. injustes , qu'il dirige contrc quelqucs liommes , clans lesquels 11 a cru voir des ennemis de lord Byron , et qui sont honoies de I'estime de I'Euiope. Frederic Degeorge. , 3o4. — Specimen oj the earlier english poets. — Specimens des plus anciens poiites et auteurs draraatiques de I'Angieterre. Loudres, i8'i5 ; Simpson. Plusiuurs des poetes qui ont precede Shakespeare, ou qui ont Tccu de son tems , sont restes long-tems inconnus au public anglais. Cliaucer meme est peu lu, quoique les oeuvres de ce patriarcliedes poetes figurent dans toutes les bibliotheques. Des inversions vieillies, des expressions devenues etrangeres aux Anglais eux-memes oppo- sent de grands obstacles a I'etude approfondie de ces ouYrages. Ce- pendant, sous leur tour ancien se caclient des graces delicates et naives. La poesie anglaise, beaucoup plus facile que la poetiie fran- caise, semble ^tre, surtout chez les vieux auteurs, une suite de sen- sations et de jouissances. Rien ii'y rappelle le travail ou I'effort , si ce n'est pourtant certaines reclierches et des concetti a la mode avant et pendant I'epoque de Shakespeare. Mais , des qu'ils s'abau- donnent k leurs inspirations , ils redeviennent libres , et gra- cieux. Les vers ne sont point peniblement travailles : le sentiment domine toujours , et les mots se plient a ses inspirations. L'esprit qui r^gne exclusivement en France a donne a nos vieux poetes une tout autre direction que celle de la vieille ecole anglaise. Nous avons de bonne heure analyse I'amour , les passions , la douleur , le ridicule, enfln tous les penchans que developpe et cultive la so- ciete. Les Anglais, au contraire , se sont attaches a peindre le pitto- resque , les sensations en quelque sorte physiques que leur inspiraient les beautes de la nature, le bruissement des eaux, le fremissement des feuilles. Ravis de tout ce qu'ils voyaient d'enchanteur autour d'eux, ils n'ont rien cherche au dela ; niais ils ont excelle a tracer des tableaux varies et mobiles. Aujourd'hui que la poesie anglaise vit de mystere et se plait a derouler les replis les plus caches du coeur huniain , on aime a lui opposer ces compositions naives et franches qui marquerent sa naissance. C'est un conlraste fort cu- rieux et plein d'inter^t. Ces specimens bien choisis sont tres - propres a faire apprecier les vieux auteurs de la Grande-Bretagne. Le pre- mier volume contient le poeme de Hero et Leandre par Marlowe , qui , si je ne me trompe, fut le premier inventeur du bizarre drame de Faust, qu'il n'avait qu'ehauche , et que Goethe a reproduit avec tant de verve et de profondeur. Louise Sw. Bklloc. 767 RUSSIE. 305. — Journal Tiistorique , statistique et geographiqtte. — Moscou , i8a4; imprinierie de rUniversite. 4 cahiers in-8°; mai, j'liirt , juillet et aouc. La couverture de ce journal ne porte aucun nom d'cditcur ni de libraire: on n'iadiqiie ni le prix, ni le mode d'abonnenient. C'est probablement une de ces feuilles officielles , ou plutot officieuses , que Ton cherche a repandre dans le public et qui ne s'obtiennent pas a piix d'argent. II est aise de s'en convaincre en parcourant les caliiers qui sont tombes entre nos mains et que nous annoncons. lis contienuent la continuation d'un Coup d'ail historique et politique sur I'annee 1823. Pour donner une idee de la maniere dont on a (laite le sujet , 11 sufCt de rapporter Tasserlion de I'auteur , qui dit que la France, au commencement de cette meme annce ( iSaS ) etait a deux doigts de sa perte, et qu'elle n'a ete sauvee que par I'exclusion de Manuel de la Chambre des Deputes. On voit que le journal his- torique est a pen pres, pour la Russie, ce qu'est pour !a France VJniniaire historique de M. Lesur, avec toute la difference neanmoins que peuvent apporter entre ces deux ouvrnges le talent et le respect des convenances dont ou nt; peut pas entierement se passer en France. Apres ce coup d'oeil, qui est la piece importante du recueil , vient un amas de ces petites nouvelles politiques bien niaises dont on rem- plit les gazettes, nouvelles , qui, lors meme qu'elles ue sont pas controuvees n'ont qu'un inteiet local et du moment , et que les au- teurs empruntent a celui de tous nos journaux quotidieus qui est le plus has dans I'opinion publique , a VEloile. 306. — * Literatournie List/ii , etc. — Feuilles litteraires : journal de nioeurs et de litterature, redige par Boulgarin , editeur des Archives du Nord. N°' I a \6 , Janvier- aoilt iSiq- Saint-Petersbourg ; impri- primerie de retat-major-geueral. Nous avons deja, sur la foi d'un de nos correspondans, annonce cei feuilles Ultteraires , qui font suite aux Archives du Nord, et qui sont publices par le meme editeur. Ce que nous avions prejuge de ce recueil , d'apres les renseignemens qui nous etaient jiarvenus , sa lecture vient de le confirmer. II est ecrit avec gout et avec esprit ; mais il n'est peut-etre pas encore assezvarie, et trop peu de colla- borateurssemblenty prendre part. Nous lui reprocherons aussi d'ac- cordertrop de place a cettepolemique,ou plutot a ces petites qucrelles d'auteurs , dont les journaux francais donnent trop souvent I'cxem- 768 LIYRES ETRANGERS. pie, mais qui n'int^ressent les lecteurs d'aucun pays. Du reste, nous convlendrons avec plaisir que ce journal est en general Lien com- jios6, qu'on y trouye un melange agreable de prose et de vers , et que la critique y parle un langage decent et tout a la fois eclaire. Nous puiserons pour nos lecleurs quelqiies renseignemens sur I'etat de la litteralure russe, epars dans les cahiers que nous avons sous les yeux. (i) E. H. DANEMARCK. 3oj. — Kongelig Daiisk Hof-og Statf-Kalender. — Almanacli. royal de la Cour et de I'etat de Danemarck , ])our I'an 1824 , redige et pu- blic par M. le conseiller Frosct. Copenhague 1824; imprimerie de Schubart. 620 coionnes, ou 3io pages in-4". L'analyse de Talraanach officiel d'un etat quelconque n'est pas une entreprise aussi frivole et aussi inutile qu'on serait tente de le croire. Un pareil livre, ayant le inerlte d'etre autlientique , est une sorte de supplement assez precieux a la statistique du pays. Sans doute on n'y trouve que le materiel de toutes les branches de I'ad- ministration d'un etat; mais la division et les subdivisions de ce ma- teriel condulsent involontalrement le publiciste et Thomme d'etat .^ en tirer des conclusions assez exactes sur I'excellence ou les dc- fauts de I'organisalion sociale. Le nombre du personnel, salarie par le gouvernernent , sert egalement a faire connaitre si une sage eco- nomic ou une prodigalite reprehensible preside a I'emploi des res- sources nationales. Ces considerations, et beaucoup d'autres que les bornes de ce recueil nous empechent d'enumerer , nous font croire que les lecteurs de la Revue Encyclopedique liront avec plaisir quelques details sur I'organisation des etats de Danemarck , extraits de I'Almanach royal de 1824. Nous voyons d'abord qu'ily a en Danemarck six departemens mi- nisteriels, composes chacun d'un president et de quatre ou cinq de- putes , chefs de differentes divisions du niinistere , qui deliberent ensemble sur tous les objets d'une certaine importance. Le president (i) Dans leur uo xvi , les editeurs citent la Revue Encyclopedique comme I'un des meilleurs journaui europeeus. Nous voudrions blen justiCcr cette bonne opinion ; et pour etre en etat de mieu::. faire connaitre i'etat des sciences et des lettres en Russie, nous Icur proposons de faire recliange de Jrur recueil aVec le n6tre, persuades que les lecteurs de I'un et I'autre iie {lourront qu'y gagner. 7 DANEMARCK. i!,99 fait son rapport verbal devant le conseil supr^tae de I'etat, compose aujourd'hul de huit ministres, ayant voix purement consultative, et preside par le roi, auquel appartient la decision souveraine. Cette administration coilective est d'nn grand avantage pour le pays , en ce qu'elle tempere Taction du pouvoir arbitraire, etabli par ce qu'on appelle la constitution dauolse. Si, comme cela se pratique dans plu- sieurs autres pays, la direction des affaires de chaque departemeiit ministeriel n'etait confiee qu'a un seul individu, il y anrait autant de sous - despotes que de ministres , et I'arbitraire exerce par eux rendrait la souverainete absolue tout-a-fait insupportable. Les six departemens ministeriels sont ; i" La Chancellerie ou le mi- nistere de la justice et de la police , composee d'un president et de six deputes. 2° Le College des rentes, qui comprend dans ses attributions la Direction des Finances. Ce college a un president et quatre deputes. 3" Le College des douanes et du commerce , avec un president et cinq deputes. 4° Le College de Vamiraiite , qui n'a pas de president, parce qu'en vertu d'une resolution, prise le 20 mars 1808 , le roi s'est re- serve le droit de le presider en personne , dans les circonstances les plus importantes. Les deputes sont au nombre de cinq, doutle plus ancienest rapporteur au conseil supreme d'etat. 5" Le College du commissarial-gineral , ou de guerre , preside par le feld marecbal land- grave Charles de Hesse, beau-pere du roi , et, pendant son absence, par le plus ancien des deputes, qui sont au nombre de cinq. Enfin, fi° Le Departement des affaires ctrangeres , qui fait exception a la regie generale, en ce qu'il est confie a la direction d'un seul mi- nistre, sans aucun depute adjoint. On comprend facilement les mo- tifs de cette disposition. Des envoyes extraordinaires ou des charges d'affaires , accredites par toutes les puissances du premier ordre , et par quelques-unes dn second , resident k Copenhague. Le roi de Danemarek, de son cote , se fait egalement representer aux m^mes cours , a I'exception de c«lle de Rome, oil Sa Majesle n'entrctient qu'un consul. (Le consul actuel e«t italicn de naissance et s'appelle Chiavari. ) Nous entrons dans ces details , parce que plusieurs personnes pretendent qu'il y a a Rome un agent diplomatique danois ; ces personnes sont dans I'erreur, et, au besoin, les Almanaclis royaux des vingt dernieres annces en fe- raient foi. II exisfe a Copenhague un tribunal supr^m.e pour tous les etats du roi de Danemarek , devant lequel il peul etre appele de toutes Its sentences prononceespar les nombreux tribunaux inferieurs , etabli's T. XXVI. — Jiiin 189,5. 5o 770 LIVRES ETRANGERS. dans les rlifferentes localites. (^e tribunal n'a point de prcsideiif,, parce que le roi est cense le presider en personne. Les avocats plai- dans scmt obliges d'adresser la parole a Sa Majeste, comme si elle etait presente; et toutesles sentences sont prononcees au nom du roi et en dernier ressort. Les fonctions ordinaires du president sont remplies par le plus ancien des juges, appele justiiiarius , et qui a lui-mdme un substitut. Les r,«tres j,uges, appei*3s assesseitrs , sont au nombre de ii membres ordinaires, et de 29 extraordinaires, ou plutot lionoraires , qui, en cas de besoin, peuvent ^Ire appeles a sieger. — L'administrationclvileest repartie entre 5o grands-baillis ou simples baillis, aj-ant sous leur surveillance plusieursfonclionnaires subalternes. — La marine danoise compte unamiral, un vice-aniiral, 7 contre-amiraux , 9 conimandeurs , 5 capitaines-commandeurs; 47 capitaines et 77 lieutenans. — H y a i general-feld-marechal, zgeneraux, i lieutenans-gciieraux, i5 generaux-majors , et 28 adju- dans-generaux ou autres adjudans, attaches a retat-major-generaL Independamment de la garde rovale a cheval et a pied, il y a un corps d'artillerie, un corps du genie, y regimens de cavalerie et r8 d'infanterie. Le Dnnemarck possede deux universites ; celle de Copenbague compte 49 professeurs, tant ordinaires qu'extraordinaires ; celle de Kiel en a 36. Dans le College de Soro'e , fondc par le celebre baron Holberg, ies differentes parties ds I'instruction sont confiees a 1 4 professeurs ou adjoints. 11 y a , de plus, dans les differentes pro- vinces , un grand nombre de colleges royaux, sans parler des ecolcs primaircs , dont le nombre est proportionne aux besoins de la po- pulation. On compte, a Copenbague, troii blbliothequcs piibliques , dont la plus considerable , celle du roi , se compose de plus de 3oo,ooo volumes. La ville de Copenbague possede encore une Aca- demie de chimrgie , avec 9 professeurs ou adjoints, et une Academic des beaux-arts , qui cOmpte 12 professeurs. — Parmi les societes lit- teraires , etablies avec autorisation roj'ale, nous nommerons d'a- bord la Socicte rojale des sciences , composee de 55 membres indigenes ou residans , et de 6fi correspondans ctrangers , au nombre desquels sont 8 s.ivans francais du premier merite. Vieunent ensuite la So- cicte pour I'histoire et la langiie tiationales , celle de littriatiire stan- dinave ; la Societe rojale de medecine ; celle d'art veterinaire ; celle A'economie rural e , fondee en 1769, et plusieurs autres , qu'il serait trop long d'eiiumeier. Le Clerge est aisez nombreux , il se compose de i3ev^ques, et dir DANEMARCK. 771 J)lus de i,5oo ininistres clu ciilte, tant dans les villes que dans les campagnes, ou le plus grand nombre a deux paroisses a desservir. Avant I'avenement du roi actnel, on ne connaissait , ea Dane- Snarck, que les grands-croix des deux ordres de Chevalerie, de V Elephant et du Danebrog. Le roi, voulant r6compenser le merite par des distinctions honorifiques dans toutes les classes tie la so- ciete, rcsoiut, en r8o8, a I'exemple de Bonaparte en France, d'eta- blir differens grades pour le dernier de ces deux ordres. Bientot fu- rent elevcs a ces grades un grand nombre d'hommes distingues par leurs talens et par leurs services, mais dont le merite modeste se cachait dans I'obscurite. L'Almanach royal de 1824 donne la no- menclature de 4S chevaliers de I'ordre de I'Elephaut, dont a-r etrangers, tant. princes que parliculiers. L'ordre de Danebrog compte aujourd'hui 2 grands commandeurs, 90 grands-croix. 56 commandeurs , 687 chevaliers et 766 individus decores de la croix d'argeat. Ajoutons a cela i5o chambellans et 240 gentils- horames de la chanibre. On remarquera sans doute que c'est bean- coup pour un Etat dont la population ne surpasse guere un mil- lion et demi d'habitans. II est juste d'observer qii'au nombre des chambellans el des gentilshommes de la chambre , se trouvent beaucoup d'individus qui ne sont pas nobles, ce qui ne se voyait jamais autrefois. Nous voyons, meme parmi les miuistres, membres du conseil d'etat supreme , figurer un homme d'un merite incontes- table, et qui appartient encore aujourd'hui a la bourgeoisie, ce qui est sans exemple dans les fastes de la monarchic danoise. Nous ne parlerons pas de la multitude iunombrable de conseillers-'royaux. La facilite que Ton a d'obtenir ce titre a force d'argent ou de sollicita- tions, est une aucienne plaie des Etats de Danemarck ; et il y a pres d'un demi-siecle que , dans un ouvrage d'economie politique, le ce- lebre Fabricins disait , que le roi de Danemarck avail tmefotile de con- seillers toiit-a-Jait incapables de se donner un bon conseil a eux-meines. L'Almanach royal est precede d'une table genealogique de toutes les maisojis imperiales , royales et princieres de I'Europe. Nous avons cherche, dans plusieurs geographies , nour apprendre oii est situe un certain duche de Gluchsbjerg , dont le nom est si singuli^- rement compose, que la premiere syllabe est allemande, et la se- conde danoise. Nosrecherchesont etc infructueuses; I'Almanach lui- meme garde le silence a cet egard ; il nous dit seulement , que le ti- lulaire de ce duche demeure a Paris. — Nous avons ete etonnes de voir que cet Almanach , qui, en 1809, n'avait que aoo pages ou 11 "x LIVRFS ETR ANGERS. 4uo coloiines, s'est accru aiijourd'hui .i tin tel point qu'il se com- pose do 3io pages ou 6v!o colonnes. Et cependant, la creation des differens grades de I'ordre de Danebrog existait en 1809 , et le Da- nemarck depuis a perdu la Norvege , c'est-a - dire plus d'un tiers de sa population. Nous felicitous I'editeur d'avoir trouve ce mojen jn- genieux de dissimuler, ailtant que possible, une perte si cruelle. Heiberg. ALLEMAGNE. 3o8. Die Kechdsche Traiibeninilhle etc. — Le Moulin a raisin c'e de Kecht, examine par Hobrter, vigneron des bords du Rhin. Treves , iSaS ; Gall, Brochure in-80. M. Kecht, auteur d'un livre intitule : Der verbesserte jreinban (la culture des vignes perfectionnee ), avait prt'-tendu , dans ce livre, proscrire Tusage des pressoirs, pour y substituer ce qu'il appelle Traiibenmiihle ( monlin a raisin). Selon lui , rien n'est plus funeste 'M a la qualite du vin que I'usage oil Ton est de pressurer le raisin ; il i regarde cet usage comme propre a le gater par I'aigreur que lui communique le hois des grappes et Tadjonction de beaucoup d'in- secles. M. Hoerter, dont nous avons annonce les travaux sur I'art du vigneron, entreprend aujourd'hui de refuter M. Kecht. Pro- prietaire sur les bords du Rhin, et fort d'une longue pratique , il re-commande I'ancienne me.thode , non par prejuge , mais par- des raisons solides, qu'il developpe en fort peu de'mots. Appelant a son secours les connaissances en mecanique, il fait voir Tinsuffisance de la machine proposee , et reproche a I'auteur , son adversairc , d'a- voir neglige de faire connaitre la quantite de raisins qu'on pourrait soumettre a son moulin dans un terns donne , et d'avoir omis plu- sieurs autres choses essentielles. II lui oppose les avantages du pres- solr , qui n'exige pas, comme I'invention de M. Kecht, vingt-cinq lOurs et six ou sept ouvriers pour que le vin soit acheve , ou plutoi gate; car M. Hoerter demontre, par descalculs, qu'iln'en peut £'tre autrement. II attaque aussi la theorie de M. Kecht sur la fermenta- tion, et pretend que ce dernier ne connait pas mdme le procede suivi par les habltans des botds du Rhin , qu'il a fort mal h propos accuses de gater et de falsifier leurs vins. P. G. ■^og. — Der heilige Chrisostomus , etc. 3 10. — Jhr Priester , etc. — St. Chrysostome, ou la voix de I'Eglise ratholique sur I'utilite de I'Ecriture-Sainte.- — « O prefres , donnez et expliquez la bible au peuple ■>. Darmstadt, i8a4- Brochures in-iS° de 8fi pages et 84 pages. ALLEMAGINE. 773 Ce sout deux utiles ouvragcs pour rinstruction publique , Merits par M. le docteur LEAUDfiR Van Ess, cur6 catholique. Les deux titxes nous dispeusent de toute explicalion ulterieure. L. 3 1 1. — *Iter italicuin I'on Doct. Blume Professor der Rechte zu Halle. — Voyage en Italic par le docteur Bldme, professcur de droit A Halle. T. I. Berlin, 1824. In-8e. Oil ne doit pas s'attendre a trouver dans cet ouvrage tout ce que son titre seinble afluoncer. L'etude de la jurisprudence est le seul but que I'auteur se soil propose. Son premier -volume nous fait con- naitre les reclierches qu'il a faites dans les arcliives des provinces sardes et autrichiennes. En parcourant leurs bibliotheques, de 1821 a iS-iS, en recueillant les inscriptions anciennes,M. Blume n'a voulu d'abord s'occuper que des sources du droit remain; mais la duree de son sejour, I'abondance des materiaux qui se presentaient en foule a ses yeux, I'ont engage a etendre le cercle de ses travaux. En consequence , il a cm devoir etudier aussi I'histoire litteraire du droit , la jurisprudence des Lombards , et les sources de I'bistoire d'AUemagne. Son livre pent servir de guide aux voyageurs qui viendront apres lui, et qui voudraient s'occuper de recherches ana- logues. II a juge necessaire d'initier ses lecteurs aux etudes jirea- lables qu'il avait faites sur son sujet , et son introduction contient une histoire abregee des archives et des bibliotheques de ritalie,des les premiers siecles du christianisme jusqu'a nos jours. II donne , dans le i*"^ livre, des details sur les collections des eglises dans les- quelles on peut trouver souveut des notices precieuses sur des ecrits qui u'existent plus , et qnelquefois mdme des extraits de ces ecrits. Le second livre contient I'enumeration alphabetique des villes , vil- lages, couvens de la Sardaigne dans lesquels on trouve des inscrip- tions , des archives , ou des bibliotheques. Les m^mes details sont reproduits pour les provinces autrichiennes. Genes, Verceil, Ro- veredo , Treule , Venise , Padoue et Verone , arr6tent plus speciale- ment les regards du lecteur qui trouvera sans doutebeaucoup d'in- terdt dans ce que I'auteur rapporle , a I'article de cette ville , de la decouverte de Gajus. On espere que M. Blume ne ferapas long-teins attendre le second volume d'un ouvrage aussi interessant pour les jurisconsultes et les historiens. 3 12. — * Historische Bilder. — Tableaux historiques des tems an- ciens et des tems modernes ; par Chart<:s Hirschf£ld. T. II et der- uiei'. Leipzig, iSiij- In-80. Les materiaux qui composent cet ouvrage sont aussi varies qu'in- 774 LIVRES liTR ANGERS. teressaiis ; iios lecterns voiit ei) juger par une liidicatioii du conteuu du volume que nous aniioncons : Ics trc:ite picmicres pages sont occupees par la condamnation d'hefesie prononcee , an liii'^ si^cle, coufre Arnold de Brescia dont on expose sommairement la doc- trine. I,e second morceau est intitule : les Turcs deyant Vienne en ifi83, et la delivrance de cette ville , relation de Jean Sobiesjiy, ex- traite d'une lettre de ce roi a sa femmc. 3° Quelques traits sur le caractere de I'empereur Leopold P'' et sur son gouvcruement , avec des anecdotes sur sa troisi^nie femme, laprincesse de Baviere, Eleo- nore-Madeleine-Therese. 4° Guerre des Anglais pour la liberie, de i688 a 1697. 5° Intrigues de la cour d'Espagne, a la fin duxviii* sifecle : il est principalement question des rapports qui, avant I'ave- nement de Charles IV, existaient entre lul et Louise de Parme, pour laquelle d'abord il se sentait de I'aversion. Une seconde section de ce livre renferme des notices biographiques. 1° Sainte Sympliorose et ses fils, martyrs sous le r^gne de I'empereur Adrien. 2° Anne de Boulen, reine d'Angleterre. 3° Traits tires de la vie du pape Pie II, qui etait le celebre /Eneas Sylvius. 4° Galilee et I'inquisition de Rome , pour servir a I'histoire du fanatisme. En i633, et a I'age de 70 ans, Galilee fut oblige de se retracter : c'etait le seul moyen d'ecbapper au buclier. On a recemnient fait connaitre sur lui des pieces autlientiques que M. Hirsclifeld n'arait j)iis en sa posses- s ion. 5° Jean Egede, surinteudant de la mission groenbindaise de Danemarck. 6° Le compositeur Tartini , ne a Pesano , en lstrie,eu 169-2. 7°. Le comte Alfieri, celebre poete tragique. 8° Le poete Da- niel Schubert, mort en 1791. La troisieme section contient des his- toires lointaines et aventureuses; ct d'abord il s'agit des pirates des Indes occidentales qu'au xvii' siecle on voyait reunis sous le nom de flibustiers, boucaniers, etc. Le morceau suivant est intitule : I'Er- mite; il est dans le genre de Robinson. II est question, dans le troi- sieme, de navigations extraordinaires, et , par une opposition toute bizarre, on passe immediatement de ces recits etranges a la prome- nade de Longchamps. 5° Aventures effrayantes d'un voyageur qui seul a parcouru les Indes orientales, racontees par lui-meme. 6° Ambassade anglaise a la Chine. La quatrieme section est corapo- see de melanges : on y trouve des cboses curieuses sur plusieurs personnes ou sur des faits marquans, par exempte, sur un duel qui eut lieu a Saragosse en iSaa. Les anecdotes qui suivent , et qui sont en grand nombre, forment la cinqui^me section, ainsi que la sixieme^ qui ne difffere de la precedente que par le litre. allEmagne. 775 Les lectures dece genre sont tres-utilcs aux gens dti morideqii'elles iiistruiseiit , tout en leur procurant de ragremeiit , et dont la pensee est beaucouj.1 niieux occuueepar ces souvenirs que pi'.r les r6ves des auteursde romans. C'est ainsi que Ton peut dire qu'en Allemagne le gout des choses solides se mauifeste jusque dans les livres destines a I'amusement. 3i3 — Anli-SymboUh. — Anti-symbolique ; par Jean-Henri Voss, Stuttgart, 1824. Ia-8°. L'auteur de ce livre acerbe est le poete celebre qui a donne Ho- inere et Virgile , et tant d'autres ecrivaius anciens, aux muses alle- inandes, qu'il a enricbies ausside fort belles conceptions. Malheureuse- inent, son genie n'a pas toujours demeure dans les hautes regions oii son imagination s'est exercee avec tant de succes ; il ii'a pus toujours parle le langage des dleux ; ou plutot, il a prouve en plus d'une occasion que, si la vengeance est le plaisir des dieux , elle Test aussi parfois de ceux qui paraissent en avoir recu leurs inspirations. Heyne, le maitre de Voss , I'illustre Stolberg, son ami, et en der- nier lieu le savant Creutzer , ont ete tour a tour les objets de I'aver- sion de cet irascible auteur. II a successivemAt epuise centre eux les traits les plus amers ; et si quelquefois d'heureuses saillies se sont melees a ces attaques , le fiel dont elles etaient assaisonnees emp^- chait le public d'y prendre auqun plaisir. L'ouvrage dont nous parlous ici est un nouvol exeniple de ce que nous venous de dire. Ou sait quel succes a obtenu dans I'Europe savante la mytbologie que M. Creutzer a dounee il y a quelques annees. En 182 1, a I'occasion d'une seconde edition, le joiunal d'lena vit remplir ses colonnes des invectives de M. Voss. Cet ar- ticle commence aujourd'hui le volume, qui n'est ainsi qu'une col- lection de tout ce qu'a dit son auteur en differens tems et en differens endroils. II y a ajoute, toii.tefois , des choses neuves, et Ton ne saurait nier qu'une profonde erudition et une grande sagacite ne soient les qualites distinctives de ce travail. M. Voss chercbe a eloi- gner toutes les suppositions ingenieuses qui lui semblent depourvues de faits; il combat snrtout \ii tnystieisine des ecrits de son adversaire. La theorie du culte de Bacchus est celle qui Toccupe le plus long- tems. L'auteur accorde aussi beaucoup de soin aux mysteres, a leur origine, a la doctrine des eiifers et de I'immortalit^ de I'dme. II s'en prend ensuite a la collection que Tischbein public sur Homere et qui est accompagnee de notes de Heyne , dc Schorn et de Creutzer ; car il cherche son adversaire parlout, et ne reste pas avec lui sur le 7:6 LIVRES ETRA.NGERS. terrain de la SrnboUque. II s'<§l6ve enccre dans cet ouvrage contre la methode de dej-ivr tons les mythes grecs de la doctrine des prdtres orientaux. Le livre est termine par de fAcheuses personnalites. Par una manie fort singuliere, I'auteur voit partout du proselytismereli- gieux ; lemjsticismelui parait conduire droit aucatholicisme, etcelui- cl najemUisme. Bien qu'il soit de la m^tne religion que son adversaire» il Va plus d'une fois accuse de pnpisme. Tout ceci ne laisse pas que d'etre fort joll apropos d'une qiierelle de mythologie. P. Golbery. Indication des principaux Ouvrages periodiquks publics en Allemagne. — Quatrieme article. (Voy. Rev. Enc, t. xxv, pages 744-746; et ci-desius, p. i43-i52, et 468-470.) Geographic et Voyages, Slatistiqiie et Commerce. 3 £4. — Allgemeine Hamllungs Zeititng. — • Gazette generale du com- merce. Nuremberg. — Outre les uouvelles du commerce, cette ga- zette contient aussi beaucoup d'articles sur la geographie et la statistique , extraits pour !a plupart d'autres journaux, tant de I'Al- lemagne que de l'etr,anger. On peut dire, en general, que, de tous les pays de TEurope, I'Allemagne est celui oil Ton prend le plus de soin de propager et de conserver les connaissances nouvelles relatives a la geographie et a la statistique; niais il faut ajouter que le travail de compila- tion y domine, et que Ton multiplie trop les traductions et les extraits. 3i5. — Journal fur die neiiesten Land und Seeieisen. — Journal pour les voyages de terre et de mer les plus recens ; par Spiker. Berlin; Rucker. Gr. in-8°. C'est un recueil de traductions des voyages publics dans I'etranger, surtout en Angleterre. II y a en Allemagne trois ou quatre collec- tions uniquement composees de traductions abregees des relations des voyageurs Strangers. 3 1 6. — Neue allgeineine geographisclie Ephenieridrn. — Nouvelles Epli6n»6rides generales geographiques ; par une societe de savans. Weimar, au bureau de I'industrie. Gr. in-8°. L'etablissement de Weimar, qui porte le nom de Bureau d'indusirie et di' institution geograjihique , est tout simplemerit une maison de li- brah'ie qui fait la oojuimerce de livres et de cartes de geograpliie, et qui appartient a la familie Bertucb. Cette maison a fait beaucoup de .speculations utiles h la science. La publication des Ephimeridei ALLEMAGINE. 777 g^ographiqiies est de ce nombre : c'est sans coutiedil im des meilleurs ()uvi:i{;es periodiques que Ton public sur la geographic et la sltitis- tique. La pliiparl des voyages nouveaux , ainsi que Ics cartes, y sont aniionces et analyses, un peu secliemenl, il est vrai, mais dune manifere suffisante pour en faire connaitre le plan et le contenu. Des niemoires et des dissertations savantes sur la geograpliie ancienne et ir.oderne occupent ordinairenient la premiere partie du cahier. En general, dans ce recueil. Tag-cable est sacri£ie a Futile; la lec- ture en preseute peu d'agrement; maisl'instruction y est abondante, et les fails y sont presentes avec precision et convenablenient. QueK ques-uns des meilleurs geographes de TAllemagne, tels que Hassel, lleichard, etc., en sont collaborateurs. Les Ephemerides paraissent depuis long-tems par cahiers mensuels ; une nouvelle serie a etc com- niencee, il y aplusieurs annees, et ne differe de I'ancienue qu'en ce qu'on y donneplus de portraits et d'armoiries , choses assez inutiles, en effet, a la science. Depuis le commencement de cette annee , les Ephemerides sont deveuues hebdomadaires : nous ne voyons pas comment elles peuvent gagner a ce changement. La m^me maison public une Collection de relations de voyages , qui, d'apres les premiers editeurs ou redacteurs, s'appelle la collection de Sprengel et Ehrmann; les Voyages publics, dans I'etranger, ordi- nairemcnt tr^s-coiiteux, y sont traduits ou abreges , et presentes sous une forme peu dispendieuse aux lecteurs allemands. 317. — Ethiiographisches Archiv'. — Archives ethuographiques ; par Fr. A. Br.vujv. Jena; Brauu. La plupart des articles contenus dans cc recueil periodique sont truduits de I'anglais ou du francais , ou sont des extraits de voyages publics dans ces deux laugues. 3r8. — Globus oder Zeitschrift der neueUen Erdbeschreibung. — Le Globe, journal consacre a la geographic moderne, etc. ; par Stiiejt et Cannabicu. Erfurl; Ackermann. C'cst un depot de renseignemens geographiques deja publics ail- leurs; ce journal ne contient guere de morceaux originaux. Cau- nabich est auteur de plusieurs ouvrages de geographic. 3ic). — Hertha. — Hertha, nouveau journal destine a la geogra- graphie, public par Bekghaus et Hoffmann. Stuttgart etTiibingue; Cotta. II n'a encore paru qu'un seul cahier de ce journal , qui a com- mence avec I'annee actuelle. Ce cahier contient plusieurs memoires originaux ou traduits, entre autres un sur des opi^ralions geodesi- 778 LIVRES ETKANGERS. ques ft baiomt-tiiques t'aites dans une partie de I'Alleniagne et de la Fraiu'i'. Une ample gazelte geogra[>!tiqiie, ou les renseignemens les plus nouveaux sont ranges par ordre des pays, occupe le reste du cahier, qui est ofiie de plusieurs cartes. UHertha parait avoir eto fondee sur une base plus large , et dans des vues moius econonii- ques que les tphemerides qui sont calculees pour les petites fortunes des savans allemaeids. Malheureusement, les recueils un peu chers out de la peine a se soutenir dans ce pays, et il faudra que VUertha dcvienne bien interessante pour pouvoir compter sur I'appui dii public. Le premier cahier autorise a esperer qu'elle le deviendra. Ij'un des redacteurs, M. Bergliaus, officier pi-ussien , et professeur .1 I'Academie d'architecture de Berlin , a public plusieurs belles cartes geographiques. M. Hoffmann s'est occupe de travaux sem- blables. 3 20. — Taschenbuch zur Verbreitung geogtaphischer Kentnisse. — Annuaire pour servit a propager les connaissances geographiques ; par y.-G. SoMMER. Prague; Calve. In-12. II parait, tons les ans, un volume de cette compilation interes- sante, contenant des traductions et des extraits des relations de voyages les plus recens, avec des gravures. Outre ces recueils ge- iieraux, plusieurs conlrees de rAUemagne en ont aussi de speciaux qui ne s'occupent que de la geographic et de la staiistique des pays oil ils sont publics; tels sont les deux suivans. Bar. — NeiiesTjaterldiidisches Jrc/iif fur Hannover. — Nouvelles archives patriotiques pour le Hanovre ; recueil destine a mieux faire connaitre I'etat actuel de ce royaume et sa situation passee, fondees parG. H.G. Spiel, continuees par D. JE. Spangenberg. Lunebourg; Herold. 32a. — Wurtembergische Jahrbiicher. — Annales Wurtembergeoises pour I'histoire, la geographic, la statistique et la topographic ; par Memminger. Stuttgart; Cotta. In-8°. D — g. N. B. — Nous aurons plus tard, en rendant compte des journaux consacres a VHisloire , I'occasion de parler des Archives publiees a Vienne par M. de Hormayr, et dans lesquelles cet ecrivain distingue doniie souvent des articles fort interessaiis sur les pays autrichiens. — La Prusse a aussi un ouvrage periodique ou Tou depose les nou- veaux renseignemens recueillis sur la statistique de cette monarchic. Cette Rei'iie soinmaire des journaux allemaiids , qui en coniprend jusqu'ici 65 . sera continuee, et nos corrcspondans d'Allemagne sont SUISSE. 779 invites a nous fournii; les moyens de la completer successiveinent , pour toutesles branches tie connaiss.inces. SUISSE. 323 — * Dissertation sitr le principe de la sotiverainete , presentee au concours pour la chaire de droit siaturel , public et federal, dans I'Academie de Lausanne, le i4 septembre 1824; par M. H. Cegue Lefort de Saint-Genies , docteuren droit. Lausanne, 1824. In-8° de 34 pages d'impression. Lorsque la chaire de droit naturel a Lausanne devint vacante par la retraite forcee de M. Cotnte , publiciste francais, connu par sa participation au Censeur , ce professorat fut mis au concours. M. Begue Lefort se presenta dans I'arene avec la these dont nous venons de transcrire le litre , et que nous allons essayer de faire counaitre a nos lecteurs. L'auteur n'a pu se dissimuler toute la de- licatesse du sujet que le sort lui avait devolu , quoiqu'il eut a le trai- ler pour un etat republicain. II examine d'abord la doctrine de Montesquieu sur la definition des divers gouvernemens ; il prefere celle de M. de Tracy, qui reslreinl la nature des gouvernemens a deux seuls, ceux qui se fondent sur les droits generaux des hommes, el qu'il appelle nacionaux ou de droit coinmun , et ceux qui se fon- deut sur des droits particuliers , el qu'il appelle speciaax ou de droit parliculier el d'exceplion. M. Begue Lefort analyse ensuite les di- verses opinions des nietaphysiciens et des publicistes les plus cele- bres qui onl traite le meme sujet que lui, et il arrive a sa propre doctrine , qu'il analyse ainsi : « Mais quel spectacle se decouvre ? I'ordre moral etait dans le coeur de I'homme , et le chaos est dans la societe ! Au lieu de s'occuper de ses devoirs, chacun revendique des droits! « Reguer, c'estproteger les droits de I'homme , disait la Beotie.» Chez nous, au contraire', ce sera proteger ses devoirs ! Les droits, comme nous I'avons vu , ne s'appliqueraient qu'aux actions indifferenles. Or, s'il ne s'agissait que de proteger de semblables actions, a quoi servirait la societe ? Nous void parvenus a pouvoir decouvrir le veritable principe de la souverainele. Je ne distingue plus que deux esp6ces de gouvernemens , non pas , comme Helve- tius, des bons qui sonl a faire, et des mauvais qui existent; mais seulemeul ceux oii les lots se fondent ^ur les devoirs moraux , que je reconnais pour ions , et ceux au contraire oii elles les offensent ^ el que j'appelle mauvais. Mais, quelle qu'en soil la forme, qae le gouver- nement soil direct ou de convention, je dis que c'est toujours un pou- 7So LITRES tTRANGERS. voir de coiillaiice accoide a un homme ou a plusieurs pour forcer tous !es autres a remplir Iciirs devoirs. Les conventions sont bonnes , sans doute, quand on les respecte; mais qui sera juge d'un contrat entre le souverain et sou peuple? Quelle garantie peut-il y avoir de son execution? Que I'un et I'autre restent done dans la limite de leurs devoirs , et ne reclament plus aucuns droits. Dans ces etats iB^me, oil I'on ne reconnait de loi que la Tolonte gen^rale, n'est-ce pas toujours a des homnies que le peuple confie un pouvoir? En ge- neral, on ne connait que les homines. Les hommes sont quelque chose de plus positif encore que les institutions. La souverainete n'tst qu'un pouvoir qui leur est conlie pour I'execution des lois, el le principe de tout gouvernement , cest la con fiance! « .^ssurement, ces principes' pourraient donner lieu a Lien des observations; mais nous n'en croyons pas moins que la dissertation de M. B^gue Lefort pent etre consideree comme I'esquisse d'un plus vaste tableau destine a presenter Pimportant sujet de la souverainete sous toutes ses faces ; et nous ne saurions trop I'eucourager a le terminer et a le donner au public. A. T. 324. — *Heinrich Zschohkes ausgewcEhlte Schriften. — OEuvres choisies de tfenn ZscHOKKE. T.I. — IV. Aran, 1825 ; Sauerlsender. Gr. in-i6. M. Zschokke est I'uu des ecrivains les plus feconds et les plus spi- rituals de la Suisse , et I'un de ceux dont le nom est plus connu en France. 11 naquit a Magdebourg, en 1771. Apres une jeunesse stu- dieuse et remplie d'evenemens, il vint pour la premifere fois en Suisse, en 1795. L'annee suivante, il s'etablit dans les Grisons, ou il consacra son talent et ses vastes connaissances a I'instruction pu- blique et a I'edacation populaire. Le droit de cite fut la recompense de ses utiles travaux. Devenu plus tard citoyen Suisse, il fut em- ploye, pendant la revolution helvetique, par le gouvernement uni- taire. 11 quitta volontairemeut la carriere politique, a la decheance de ce gouvernenement. Bien different de tant d'homraes de ce si^cle, il trouva I'exercice de ses fonctions incompatible avec un ordre de clioses oppose a ses principes. II se retira dans le canton d'Argovie , ou ses services lui meriterent bientot I'offre honorable du droit de bourgeoisie du chef-lieu. Dans une carriere en apparence plus cir- conscrite, son activite patriotique et litteraire exerca des lors une grande influence sur I'esprit public et sur tout le peuple de la Suisse allemande. Les journaux qu'il crea ou auxquels il coopera, ainsi que les ou- trages dus a sa plume , rendirent son nom celebre datis toute I'Eu- SUISSE. 781 rope. Depuis long-tems , les nombreux amis de son talent original I'invitaient a reunir ses ccrits en collection. Cedant enfin a leur voeu , il s'est decide a publierses OEuvres choisies. M. Sauerlsender, ami de I'awteur et honorablement connu dans la libraiiie , s'est charge de cette entreprise. La collection se composera de deux parties, cha- cune de la volumes d'environ aS feuilles : la premiere compren- dra les ecrits bistoriques , pbilosopbiques et politiques , ainsi que les ouvrages destines a I'instructibn du peuple; la seconde partie comprendra les ouvrages de litterature proprement dite , remans , contes, poesies, pieces de theatre. Le format, commode etagreable, est celui de plusieurs collections du meme genre, telles que les ceuvres de Schiller, de Klopstock el de Wieland. La partie typo- graphique se recommande par la correction et la nettete. La modi- cite du prix assure a cette entreprise un succes rapide. La souscription est encore ouverte;leprix est de 27 fr. , de France, pour la collection entiere , sur papier ordinaire, et de 87 fr. 5o c. , pour le papier fin. La publication doit etre terminee a la fin de cette annee. Le merite des ecrits de M. Zschokke pourra dtre mieux apprecie, lorsqu'il nous sera permis de les juger dans leur ensemble; ils reclaraeront alors un article plus developpe. Aujourd'hui , nous donnerons seule- meut une idee du contenu des quatre volumes qui forment la pre- miere livraison. T. I. Notice biographiqite sur Vauteur, ecritepar lui-meme; pleine d'interet, elle fait connaitre , sans amour-propre et sans timidite , sa vie interieure aussi bien que sa vie exterieure. — Souvenirs de la Rhetie (les Grisons) pendant la revolution des annees It^'J — '799. Ce n'est pas seulemeut un recit d'evenemens memorables, mais I'his- toire des idees d'un peuple et I'expose pittoresque de ses moeurs. — Nous devons dire la meme chose de la Guerre civile de la Suisfe italienne. T. IL Le Soulevement de Stanz et des cantons primitifs, pendant I'ele de 1799; scene forte et caracteristique du drame de la revolution Suisse. Quatre biographies d'hommes celebres : de M. Frederic-Cesar DE LA H.iRPE, precepteur de S. M. I'empereur de Russie, et I'un des principaux acteurs de notre revolution; de Nicolas-Frederic de Steiguer , avoyer de la republique de Berne immediatement avant la revolution helvetique et au commencement de ce grand mouvement; de Schwarz de Sonnenbourg, missionnaire protes- tant aux Lides orientales, vers le milieu du 18'' siecle; de Louis Ktip.khard de Bale, jeune et infrepide voyageur, mort en 1817, 7851 LI\ RES liTRANGERS. I'uiie de cesnombreuses victimes de la science que le sol de I'Afrique a englouties. T. III. Sig7ies de Clio; ce sonl des traits, des anecdotes, des tii- bleaux, recueillis dans le vaste domaine de I'hlstoire de tous les slides et de tous les hommes, par un penseur qui aime a considerer dans chaque fait particulier quelque interct general de I'humanite. T. IV. La Digiiite humaine def endue de nos jours par f elite de I'hu- manite ; ce litre est celui d'un tableau comparatif et philosophique des bienfaits repandus sur la vaste surface du globe, et de I'impul- sion puissante donnee au si^cle par I'esprit d'association et par cette philantliropie que notre epoque a fait passer de la theorie dans la ■vie pratique. — De la Grandeur et de la decadence de la republique de Venise. — Les destinies de la Hollaude. Nous offrirons a iios lecteurs une indication sommaire du con- tenu des autres volumes a mesure qu'ils paraitront. C. MOWNABD. SaS. — * Leonard and Gertrude, «a booh for thepoor.n — Leonard et Gertrude, livre a I'usage des pauvres , par Pestaxozzi, traduit de rallemand, par Eliza Shephekd. T. i". Geneve , aout 1824- Impri- merie de W. Pick; prix : 5 fr. , tire a 1,000 exemplaires. De tous les ecrits du celebre Pestalozzi, celui-ci est peut-^tre le plus remarquable ; du moins, c'est le plus connu. Traduit depuis long-tems en francais , par une dame de beaucoup de merite , ma- darae de Guimps, amie de Pestalozzi , il vient encore d'etre trans- porte dans la litterature anglaise par les soins d'une dame, institu- trice eclairee, qui a travaille, pour ainsi dire, sous les yeux de I'auteur, pendant un sejour de quelques mois a Yverdun, ou existait alors (en 1821) I'institut d'education, fonde et dirige par lui. Dans Leonard et Gertrude, Pestalozzi parait avoir voulu tracer un tableau des mceurs populaires. C'est dans les evenemens les plus ordinaires de la vie commune, c'est parmi les hommes des classes inferieures, qu'il va chercher les principales scenes et les person- nages les plus importans de son roman. Le style, denue de tout or- nement, toujours simple et naturel, est entierement approprie au sujet. Le premier volume que nous anaoncons est le seul qui ait paru en francais et en anglais. Le talent avec lequel mademoiselle Shepherd est parvenu a reproduire sou modele, doit faire desiier.i tous ceux qui liront ce premier essni qu'elle veuille terminer sow utile travail. A. J. ITALIE. 326. — Experiences stirlachaine aspiranle, teiidantes a dcmonlrer scs avantages sur les machines hrdrauliqiies coniiues, avec les rapports ap- prouves par I'lnstilut de France , et par la Societe d'agriculture de la Seine; faisant suite au Memoire, pour servir de parallele entre le chapelet et la chaine aspirante. Turin, 1825 ; imprimerie d'A. Aliiana. ln-8° de 129 pages. L'auteur des memoires sur la ckaine aspirante , est I'inventeur de cette machine, M. C\stei,l\ivi , hydraiilicien , major et iuspecteur des ponts et cliaussees a Turin. En cherchant a corriger les defauts des pompes pour elever I'eau, il pensa qu'on pouvait supprimer le piston et les soupapes, substituer le mouvement continu au niouve- ment de a»a ct-vient, et (jue, pour operer ces perfectionnemens , il suffisait de prolonger lo corps de pompe, bien calibre dans toute son etendue , jusque dans le reservoir iuferieur, et d'y faire mou- voir une chaine armee de disques qui feraient Toffice de pistons, et dont la distance serait, dans tous les cas , un peu moindre que la hauteur du corps de pompe , et moindre que la hauteur de la co- lonne d'eau qui ferait equilibre a la pression atmospherique. La machine ainsi disposee, ne differait du chapelet ordinaire que par la longueur du tuyau calibre , et par le petit nombre de disques dont la chaine est chargee; ainsi, on ne pouvait la regarder que comme un perfectionnement du chapelet, et c'est le jugement qu'en porte- rent les commissaires de I'lnstitut et ceux de la Societe centrale d'a- griculture. A cette decision que Ton croirait sans appel, M. Castel- lani oppose un certiflcat dont nous ne pouvons nous dispenser de citer la traduction. « Nous hydrauliciens et phy.siciens soussign^s, apres avoir examine un ecrit, intitule : Parallele enire le cliapelet etla chaine aspirante, nouvelle machine hydraulique, proposee par M. Caslellani , declarons qu'un connaisseur ne peut confondre cette mach'iie avec le chapelet ordinaire, ni quant a sa nature , ni quant a ses effets. » Signatures , Tallauo , professeur aux ecoles d'artil- lerie; B. Brunati, hydraulicien du prince Borghese; F. Febaggio, professeur aux ecoles militaires de France; G. Biuowe, professeur d'hydraulique a TUniversite de Turin ; C. Alloati, professeur de physique; Fukno-Felice , architecte hydraulique, lieutenant au corps royal du genie; F. AHr.iGo, professeur de physique experi- mentale a I'Universite de Salerne; Joseph Caruone, architecte ; E. Melchiom, ingenieur en chef du departement d'A^ocna ; Bru- 784 LIVRES I1TRA.NGERS. NACCt, professenr d'hydraulique a I'Universite dePavie; Pf.unigoit.% hydraulicieii , voyer et inspecteur des eaux ; Muttosi, idem. — Voiladonze autorites italiennes contre neuf francaises : celles-ci soitt MoNGE, Cabnot et Pjerier, pour I'lnstitut, et dk Pehthuis, Gii.i,f.t- L.MJMONT, YvART, ChALI.AND, G/VBIOJT et MoLARD, pOUF la So- ciete d'agriculture. On voit, d'un cote, la force du nombre , et de I'autre, quelqiies nonis d'un grands poids, de veritahles connaissenrs. Si Ton prend le parti -d'examiner soi-meme, il faut avouer que M. Castellani est loin de satisfaire les esprits accoutumes a quelque exactitude. Ses experietices, trop peu nombreuses et mal decrites, ne peuvent i5tre employees dans lYtat oii il les prdsente, et le soin qu'll prend pour accumuler des attestations insigtiifiantes ne sert qu'a lui faire perdre la confiance des lecteurs. Qu'importe que le grand- maitre Fontanes, le directeur des ^onts et chaussees Falbroni et le secretaire de I'lnstitut italien Araldi, aient accuse, avec beaucoup de politesse, la reception des memoires que M. Castellani leur adressait? Que signifie Texperience faite, en i8i6, dans les do- maines du marquis Ghilini , en presence des gens du marquis, les- quels attestent qu'ils virent couler una gran qiiantiia d'acqna ? L'auteur annonce des miracles : il nes'agit de rien moinsque d'une machine, capable d'un effet superieur a la force motrice, nouveaute qui ren- verserait de fond en comble les theories mecaniques. Pour operer cette revolution , il faudrait presenter une serie complete d'expe- riences , faites avec le plus grand soin , soumises a un exaraen severe et aux iuges les plus cclaires. Celles de M. Castellani n'ont point assezd'authenticite ; on y rcmarque, entre certains resultats, des ir- regularites beaucoup trop grandes pour que Ton puissc les attribuer a des erreurs de mesure , et qui deposent contre la maniere d'operer, ou contre les observations. L'auteur est au courant des ecrits sur la mecanique; on ne peut clone lui reprocher que des fautes de raison- nement et de methode. Mallieureusement, !es fautes de cette csp&ce ne peuvent etre evitees qu'a I'aide de conseils sinceres, et peu com- plaisans : il est a craindre que les douze signatures , que nous avons rapportces, ne soient des actes de condescendance, dont leresultat est toujours nuisible aux sciences et aux arts, et par consequent au public, et qui reussissent rareraent a rendre des services reels a ceux qui en sont I'objet. Nous avons cite ces noms , parcequ'ils sont rcs- ponsables du credit passagerque Terreur peut obtenir, si M. Castel- lani s'est trompc, et aGn qu'ils obtiennent une justice merit^e , s'ils ITALIE. 785 ont pris la defense de la veritc- contre rerreur commune , dans le cas ou I'inventeur de la cliame aspirante aurait eu raison contre tons. Ferry. 32^. — * Scoria di Milano , etc. Histoire de Milan, par le conite PifiCro Verri , avec les passages latins, traduits par le comte Bossi. Milan , 1824 ; 3 vol. in-S". Les divers essais qu'on a publics depuis quelque terns sur I'his- toire de Milan n'ont servi qu'a faire niieux apprecier celle du comte Verri , et a faire sentir la necessite de la reimprimer. Ce n'est plus des antiquaires et des rhetoriciens qu'on attend aujoiird'hui une histoire telle que I'exigent les besoins et les lumieres de notre siecle. — Le comte Verri ne se borne pas a exposer les faits , il in- dique aussi les causes qui les ont amenes , et les resultats qu'ils ont produits. II ne menage point les prejuges et les pratiques qui ont fait le plus souvent le malheur des peuples, et ne se laisse pas imposer par le pouvoir de ceux a qui ces prejuges et ces pratiques etaient encore favorab'.es de son terns. C'est aux inter^ts de sa nation qu'il consacre sa plume. M. le baron Custodi a redige une Fie de cet il- lustre historian , placee en tete de I'edition que nous annoncous ; inais , ce qui lui donnera de nouveaux droits a notre reconnaissance, c'est un 4"^ volume de Fragmens inedies , qu'il nous proniet. II nous fait remarquerque, la mort ayant empdche I'auteur d'achever I'edi- tion qu'il avait entreprise , le chanoine Frisi , son ami, et son con- tinuateur , crul pouvoir en remplir quelques lacunas par des supple- naens, sans distinguer son propre travail de ce qui appartenait a I'auteur , qu'il altera mdme dans quelques endroits. Ces considera- tions rendaient necessaire une nouvelle edition de I'histoire du comte Verri, d'oii Ton eut fait disparaitre les defauts des editions precc- dentes , et qui contiut meme les fragmens precieux, que cet ecri- vain avait laisses pour la continuation de son ouvrage , jusqu'aii regne de Marie-Therese. Remercions M. Custodi de s'etre charge de cette tache , qui ne sera pas sans honneur pour lui.- — Le quatrieme volume de cette histoire nous conduira jusqu'a la mort del'empereur Joseph II. 3a8. — Doveri dei stidditi -verso il loro monarca, etc. — Devoirs des sujets envers leurs rois , pour servir d'instructiou et d'exercice de lecture dans la seconde classe desecoles elementaires. Milan , 1824 ; imprimerie I. et R. Ce catechisme est considere commc une des preuves du zele du gouvernement autrichien pour I'instruction de ses sujets, en lialie. T. xyvi. Jitin iBaS. 5i 78S LIVRES ETRAiVGERS. II est r<^dige a vec une grande simplicity , et appropri^ ii hi con- dition de ceuK auxquels il est destine. Les maximes en soiit toutes clioisies dans le m^me esprit , et coiisacrees par I'autori'te des saintes Ecritures. Or, void la premiere; c'est que les supdrieurs ont recu de Dieu letir pouvoii-, et qu'ils tieniient iniSnie la place de Dieu sur la terre, quelle que soit lenr religion ( pag. 7 ). II v est dit nussi que les citoyens doivent vivre en paix. Hoii-seuleinent entre eux , mais avec tous ceiix qui professent des religions differentes (p^ig. 9). Ce que I'on recommande surtnjit, c'est que les sujets se comportent eoversleur monarque, comm« les serfs envers leur maitre, parce'qu'il a tout ponvoir sur leurs bieii<: et sur leur vie; etc. V. S. 3 29. — * Cateckismo d'economia politica , etc. — Catechisme d'econo- mie politique, par /, /?. S.iy, traduit par F. C. Seconde edition. ?ililan, 1824 ; Silvestri. In-3s ; prix, i livre ital. a5.( i fr. 25 c. ). 33o. — * Storia della Regenerazlone delta Grecia, etc. — Histoire de la Regeneration de la Grece, par F. Pouquevillf. , traduite par S. Ticoz/.i. Pr.iio, 1826; Giachetti. 33 1 — * Dizionario irecetcu'O ,critico ed istoricodellft poesia'volgaie, etc. — Dictionnaire contenant les preceptes,la critique et I'histoirede la poesie italieniie, par le P. Ireneo kvvo. Milan, i8a4; G. Silvestri. In- If). Ce volnrae fait partie d'une liibHotheque rhoisie que public M. Sil- vestri, et qui comprend deja i5o volumes. Lc nom d'Affo esttres- connu, surtout en histoire. Ce petit dictionnaire renferme ce qu'il y a de plus remarquable dans la poesie italieiine. II est precede d'un Discours historique sur I'origine et les progr^s de la poesie en Italie. Entre autreschoses, ou singulieresou ingenieuses, Tauteurysoutient que les versificateurs italiens out pi is la forme de leurs vers des Grecs et des Latins, et non des Provencaux, comme ou I'a tou jours cru ;ivant lui. II parcourt toutes les epoques et decrit toutps les vi- cissitudes de la poesie italienne jusqu'a son retablissement , au 18* siecle. Ce dictionnaire presente I'explication de toutes les espeues de metres et des rhytlmies, des prcceptes generaux et particuliers rela- tifs a chaque composition; enfin , tout ce qui constitue uiie bonne poetique. A la fin ou vdlume , on tronve one mcthode pour retirer de ce dictionnaire toate I'utilite qu'il peut offrir. F. S. 333. — * Stona della Verccllense Utterafura , etc. — Histoire de la lit- terature et des arts de Verceil et de son territoire, par M. Df. Gre- gory. Turin, 1819, 1870, 1821 et i8a4. Paris, Rey et Gravier , PayoUe. 4 vol. giand in - 4° formant ensemble 1748 pages, ITALIE. 7B7 avec 40 portraits et 24 gravures de inonumens publics; prix, 80 francs. Le territoire de Verceil, dans le Piemoiit, est ce qui foi niait, sous Napoleon , le departement de la Sesia, qui a donne a i'empire ie senateur dfi Giegory du Mavcorengo , de la famillede notre auteur. Celui-ci a ^le membra de notre corps Icgislatif, en 1810; il avait €te procureur Imperial a Asti, et il fut nonime president dela Cour royale de Rome , de iSii a i8r4 inclusivemeut , apres avoir public la Statistiqne de i'arroiidisscment de Lanzo, dont il a etc sous-prefet, et plusieurs traites de legislation civile et de legislation criminelle. — Lorsqu'il etait menibre du corps legislatif , un de ses doctes colle- gues, M. Verneilh de Puyrazeau , dans son projet d*: Code rural , s'exprima fort dcspectueusement sur I'etal de la culture des sciences et des arts a Verceil. M. de Gregory, ne a Crescentino, pros Ver- ceil, pique de ses assertions, L't'anime d'un noble z6le patriotique , «ntreprit I'histoire complete de cette portion de I'ancienne Loni- bardie, sous les rapports des sciences etdes arts. 11a consacrequa- torze annees de sa vie a ce beau travail. Cette hisloire qui commence au i*"' siecle de I'ere clirctienne , sous Aiiguste, etqui s'etend jusqu'auxix^ siecle, est distribuee en dix ta- bleaux dessin,es a grands traits pour ce qui est etranger a Verceil, et detailles le plus qu'il a ete possible pour tout ce qui concerne les ecrivains , les artistes et mdme les typographes de Verceil et de son territoire. Chacun de ces dix tableaux est accompagne ou suivide notes et de supplemens, ou I'auteur a recueilli les inscriptions re- Tnarquables , les actes interes'-ans , les documens et les dessinsdes monumensdetous lesages qui appartierinent a Verceil. II ne pouvait pasoublier le celebre Jean Gersen, moine benedictin, abbe de Saint- lEtiennede Verceil, auxm^ siecleetl'un des aiiteurs presumes du livre admirable de limitation de Jesus- Christ , attribue aussi , par les uns , au chanoine regulier Thomas a Kempis, et par d'autres au doctenr Gerson , qui tons deux vivaient au xv*" siecle. M. de Gregory se de- clare pour Gersen. II est le premier qui ait tire ces argumens du livre mdme. Le public attend sur ce sujet le grand travail promis par M. Gence , tout en faveur de Gerson. 1,'cdition tres-soignee de I'ouvrage de M. de Gregory est impri- mee sur papier velin. Les gravures sont an nombre de S'\ , savoir : 4o portraits d'ecrivains ou d'artistes , et 24 gravures de monumens publics. On remarque.parmiles portraits, celuide Crispus Vibius, »?f)iirtisan et oiafeur aiiquel on attribue cc mot piqnniit snr Teii'ie- 788 LIVPxES ETRANGERS. reur Doniilieii : I'emiiereurest setil , il ii'j a pas meme unemouche avec liii : ne iniisca qiddem ; ceux de I'abbe Jean Gerseu ; du Cardinal Mercurin Guttinara, grand chancelier deTempereur Cliarles-Qnint; du president del Pozzo , qui dirigea la defense de Nice assiegee par ies Turcs ; enfin , du ])oete et magistral Durandi, mort depuis quel- ques annees ; et parmi Ies portraits des artistes de Verceil , on dis- tingue celui de Gaudencio Ferrari, de Lanino , de Sodoma, de Galiari, et surtoul de Serra, simple macon, qui, en 1776, conserva I'ancien clocher de Crescentino, lieu de sa naissance , en le trans- portant a six pieds de distance par le secours de la mecanique; ce clocher, bati en briques , etait de 20 metres de hauteur. Lanjuijvais , del'I/iscitut. 333. — * Caiacalla , tragedia , etc. — Caracalla , tragedie AeJean- Daptiste Marzuzi , Remain; representee a Rome pour la premiere I'ois , le 26 octobre 1824. Rome, 1824 ; Vincent Poggioli. L'avocat Marzuzi, de Rome, et substitut au tribunal de premiere instance tie Foligno, connu dans la republique des lettres par plu- sieurs productions, telles que ses tragedies : Ahneon , imprimee a Milan , et la reine Jeanne , imprimee a Rome , a public recemment , dans cette derniere ville , sa tragedie de Caracalla , rep"? esentee sur le theitre Della-Valle , par la troupe Tessari , autrefois dite troupe royale itallenne. Les haines, Ies jalousies, Ies dissentions des lils de Septime Se- vere, Antonin Caracalla et Septimius Geta, y sonl peintes avec une effrayante verite. Le caractere a la fois feroce, sombre et terrible du parricide Bassieu, la loyaute, la douceur du jeune Geta, y sont mis en opposition pendant tout le cours de la piece, et forment un beaucontraste. Rien de plus dechirant que la situation de Julie, la malheureuse veuve de Severe. Les efforts continuels et superflus de cette nouvelle Jocaste pour reconcilier ses fils, I'espoir momentane quelle concoit de reussir, par suite de la convention qui donne a Geta rAsie,tandis que Caracalla conserve Rome etrempire d'Oc- cident.produisentl'effet le plus pathetique. — Faustine, cette autre Antigone, dont la main est destinee a Caracalla, amante adoree de Gelaet seconde cause de la rupture et des fureurs des deuK fr^res , n'est pas moins iiiteressante que Julie. Cette production ne se ressent nullement de la g^ne des regies d'Aristote que I'auteur a suivies avec une scrupuleuse severite. L'inter^t va toujours rroissant, et la catastrophe, amenee par la ti.ihison de Caracalla, qui attire son frere dans un piege odieux . ITALIK. ']^[) est des plus teriibles. La mort de Faustlne et I'assassinat du ver- tueux Geta terminent la pi^ce , dont le style est noble et soutenu. Nous ne craignons pas d'avancer que nous considerons la tragedie de Caracalla, comme un des ouvrages les plus remarquables que possede le theatre italien moderne. Sigisrnoiid \iscoiiTJ. 334. — Uuondelmonte , etc. — Tragedie de Carlo Tebalui. Cie- inone, 1824; D. M. Bellini. In-ia. L'auteur a voulu faire uiie tragedie historique. Le sujet de sa pi6ce est en effet national, et doit interesser les Italiens, puisqu'il se ratlache aux deux partis des Guclfes et des Gibelins , qui, apr^s avoir combattu long-tems pour leur independance, finirentpar se vouer, les uns aux interets des papes, et les autres a ceux des eni- pereurs. Malgre les libertes un peu grandes que l'auteur a prises , il n'a pas su tirer assez parti de son sujet. Ses personnages vont et viennent souvent sans but determine, et snns que Taction avance. On pourrait croire quelquefois qu'il s'attache plutota paraitre histo- rien que poete; mais c'est le vrai moyen de n'(*tre reellement ni I'un, ni I'autre. Puisse celte remarque profiter a l'auteur, qui annonce , du reste, beaucoup de talent. 335. — Le Rossiniane , ossia Letteie rniisico teatraU , etc. — Lettres sur Rossini, ou sur la rausique theatra'.e, par Ginseppe CiBPAJfi. Padoue, 1824; a la Minerve. In-8°,avec le portrait de Bossini. L'auteur de cet ouvrage est un amateur ^claire des beaux-arts, et particulierement de la musique; mais il nous parait apporter un peu d'exageration dans ce qu'il blime et dans ce qu'il approuve. II a ete un des premiers a defendre le syslfeme musical de M. Rossini , avec la meme ardeur qu'il avait montree auparavant a celebi-er Haydn et d'autres grands artistes. Esperons que ces disputes , aux- quelles trop souvent se mele un esprit de coterie ou de parti , servi- ront a faire inieux distinguer ce qui merite veritablenient d'etre admire ou blame dans les inventions musicales de cet illustre com- positeur. Quoiqu'il soit difficile de definir le gout, et qu'il semble varier a cliaque epoque , dans tous les pays et dans les differentes classes de la societe , il est cependaut soumis a des lois qu'on a tou- jours respectees , mdnie au milieu des plus grands egaremens. L'auteur, en distiuguant ces lois de ce qui n'est que I'ouvrage du liasard ou de la convention, chercbe a montrer que M. Rossini n'a point cesse de les observer, lors m^nie qu'il a parus'en ecarter le plus. Parmi les lettres de M. Carpani , on en trouve unc , ecrite a Venise, en 1804, sous le iKini d'un vovageur inconnw. 790 LIVRES lliTRANGERS. Lauteur y tail plusienrs obsojvatioiis plusou moiiis judicieuses sur 1 etat fie la comiWlie , ile la trygcdie et de I'opera en Italie . et doune beaucoup de details curieux sur (juelques aeteuis, musicieus et compositeurs de son terns. Ce qu'il a parfois avaiice sur queiques- uns d'entre eux doiit les progres n'ont pas veiifie ses presages, prouve combien il est difficile de porter dcs jugeniens exacts sur ses co.itemporains et , en general , sur des personnages vivans. Oa trouve, a la suite de I'onvrage de M. Carpani, un y^ppendice , dium l.t>quel il entrcprend de defendre M. llossini de ce qii'ou lui rcproche de confondre surtout le stjle coniique ou bouffon avec le stvlehe- roique et serienx. II pretend prouvcr que Tart n'a point ces ca- racteres distincts qu'on veut lui attribuer. Nous pensons, a notre tour, que c'est trop vouloir resserrer les limites de la nature et de I'art; qu'il faudraitaucontrairecherclierarnieuxdeterminercescarac- teres, pour eviter qu'ils soieiit sacrifies au caprice des compositeurs. L'auteur fait ncannioins, dans cet Appendice, plusienrs observations assez fuies et ingenieuscs dont les connaisseurs pourront profiler , tant pour la theorie que pour la pratique de Tart. 11 va jusqu'a pro- poser sur la melodie des preceptes qui ne nous semblent guere con- formes aux principcs qu'il a precedemment etablis , ou du moins qu'il a paru adopter. F. S. PAYS-BAS. 336. — * Ol>seri>ations sur les gramintes de la Flore belgique, par fl. - C. DuMORTiER. Tournay, iSaS ; Casterman. In-S". Ce premier travail est extraitd'une Flore de la Belgique que M. Du- mortier se propose de publier incessaniment. L'observation des graminces lui a fourni la connaissance d'un organe qui , dit-il, n'a jamais ete decrit nl indique. La consideration de cet organe qu'il nonime scobine{i) , et qui lui semble devoir jouer un grand role dans (i) Le iiora (le Scohine ne deslgne point un organe noiiveau dnus Ips gra^ minees, piiisque c'est celui que M. Ricliatd, .n qui I'on doit licaucoup de termes noiivonux, flppelait phoranle, et que Touruefort nonimalt thalamus ; seuloment, l'auteur y distiugue deux formes .sur Icsquellcs i! pense |)nuvoir etaljlir une clasiification nouvelle. Mais, les moyeus employes piir I'auleur pour lever plusienrs doufes , qu'il avoiie, ne semljlent pas annoucer qu'il les ait ni clairemeut , ni coinplelement resoliis. Au reste, la classification des gll^rainees ne preseute pas encore, cliez les mndcrnes , «n ordre ou systeme regulier salhtdhant. Tj'agroslcgraphie du savant Palisot de Beauvois , u'est PAYS-BAS. 79t Irt classificatiui! uiiturelle des tjiamiudes , .". fait la base de in n-c- thode iiouvelle qu'il piopose. « La .'.cobliie , dit rauleur, est ua j>l;(:- rante allonge et excave, sur lequel les fleiironssont inseres r-tr u- <6te, alternativein;^iit et sur deuxiaugs; elle pst tressouvent ;;rti- culee, et alors , le fleuron est iiisere a la basede cliaque ;irticiilation qui persiste nicliee dans la cavite de la paleole interieure. La forme de la scobine varie suivant les differens genres; elle est tres-a'ilon- i^ce dans Ics bromes , en parliculier dans le bronie sterile, tandJs qu'elle forme comine une es|.ece d'empAtenient dans les fromenta- cees ; elle parait d'abord manquer dans Varr/ienathennn , oil Ton re- connait bientot sa presence, et ou son extreniite prodiiit un processus aciculiforme, qui est le rudiment d'un troisieme fleuron : dans la plu- part des genres elle est droite ou en zig-zag, et dans Vhierochlnr: elle se rejdie sur elle-meme, en sorte que les trois fleuroiis : craisseii! inseres parallelement : dans Forge elle parait manquer tctalenient , et j'ai long-tems pense qu'elle ii'existait pas ; ce])endant, ime analyse attentive et I'analogie de Velymus europeus , ne m'asit pas laisse de doute a ce sujet. La presence ou I'absence de la :cobine\i\e founiit les deux divisions premieres des graminees que jenonime scobijlores , lorsque les fleurettes sont inserees sur la srobiiie, eXcailiJlores , lois- qu'elles sont sur le calus des glumes... Il ne faut pas confondre la scobine avecracicule ( acicu/a ), espece de support qu'on n'observe que dans les califloiees el qui se distingue facilenient en ce que ia fleurette aciculifere est tonjours inseree centralement. >• L'ouvjage de M. Dumortler renferme encore beaucoup d'aulres recherclies interessanles et I'indication de plusieurs especes noii- velles. On ne saurait trap louer le zele et I'activite de cet estimable ecH'orc c; .'uu essai informe, jihis rpiri]ili cViunovations coiifiises, que do regies gentrales et oertaines pour classer ce genre de plantes.— Dans ret etat. nulle tentative, ayan^t pour objet cette classification, ne doit i-tre repousfee Des observations nieme erronees serviront phis tard a determiner les lois iioturellcs qui regisser.t les graininees. C'esl deja beaucoup que de les avoir ucttemeut separees des plantes a fleurs qui out corolle oi; calice, cclles des grameu n'ayanl que des erailles destinecs a conserver les ori;anes sexuels. — Au reste , on ne peut porter un jugement cclaire sur I'orJre classiqi:p imuveau propose par M. C. Uumortier, qu'eii avaiit sun ouvrage sous is yeux, afin de verifier juaqu a quel poiut les parties de sen jirojet classi<;uv sout d'arcord entre cllcs. n. d. n. 79^ LIVRES IlTRANGERS. botaiiiste. Plusleurs savaus lui ont leproclie cependant quelques in- novations qui ne leiir ont pas paru suffisamnient motivees. 337 * — Essai suj- I'ophthatinie cle Varmie des Pajs-Bas , par MM. J. F. Vi.EMiNCKX etC. J. Van Mons. Bruxelles, 1826 ; Demat et Reniy. In-8° de no pages. Depuis plusieurs annees, une maladie criielle exerce ses ravages dans I'armee des Pays-Bas , sans que Ton soit parvenu jusqu'a pre- sent aladetruire, ou mvme a en arr^ter les progres. Un grand nom- bre de militaires, atteints par I'ophthalmie, ont perdu la vue a di- verses^poques , sans qu'on ait remarqu6 que cefleau sesoit fait sen- tir dans d'autres classes de la societe. C'est dans I'espoir d'en indi- quer les vraies causes et les moyens curatifs, que MM. Vleminckx et Van Mons (i) viennent de publicr I'ouvrage que nous annoncons. Guides par les recherches de M. Vansevendonck , qu'ils ont deve- loppees et etendues plus loin, ces amis de I'liumanite pensent pou- voir demontrer ^videmmentque I'ophthalmie tire sa source de la te- nue actuelle de nos troupes, et quetoutes les autres causes auxquelles on I'a aftribuee, sent fausses et erronees. Dans un ouvrage aussi bien r^dige que solidement pense, ils examinent toutes les opinions qui ont ete successivement emises, et finissent par s'arrclter aux con- clusions suivantes : il faudrait remplacer le col que portent actuelle- ment nos militaires, par un autre qui soit moins dur, moins haul, elastique et echancre sur le devant, d'apres la forme du menton ; ■J." oter les agrafes des collets ; 3° agrandir la circonferencedu collet; 4" supprimer tons les accessoires nuisibles du sehakos , et surtout son diadduie ; 5° defendre expressement aux soldats de placer aucnn de leurs effets dans la coiffe de leurs sehakos, etc. II faut esperer que le gouvernement tirera parti de ces ohservations, et essaiera au moins les moyens fort simples qui sont proposes pour detruire le Mial dans sa source. A. Q. 338. — * Ignacii Denzinger , institutiones logicce , etc. — Traite de t'gique, par Ignace Demzingeb, professeur de Philosophic a I'Uni- versite de Liege. Liege, 1824; P. J. Collardin. a vol. en 3 tomes, in - 8° ; Vol. I , VI et 396 pp. Vol. II , 769 pp. Le systeme d'instruction publique adopte par le gouvernement (i) Ce dernier est CU de M. Vau Mons, professeur de cliimit .i 1 Univer-? site de Louvain, qui a ete en Bclgique un des plus acdens promoteurs de 1* vvforme que Lavoisier a fait subir a ta cliimie. PAYS-liAS. 7^"^ des Pays-Bas est peut-etre le plus sage et le plus liberal de toule I'Europe (i). II ne proscrit rien de ce qui peut eclairer, fortifier et ennobiir I'esprit : les professeurs ii'y sont point condamnes a des niethodes exclusives ; oa ue leur dicte jamais les mots qu'ils doiveni prononcer; on ne leur niontre point du doigt le chapitre, le para- graphe qu'ils sont tenus de citer. Fonctionnaires revetus d'une haute consideration , places immediatement sous la surveillance de I'au- torite supri^me, ils ne voient point s'elever entre eux et la genera- tion qu'ils sont charges d'instruire , les pretentions de I'ignorance ou du jesuitisme. M. Denzinger a profite de cette utile liberte pour rediger des lecons de philosophic destineesa ses auditeurs. En 1818, il avait deja public, dans la langue academique , je veux dire en latin, des elemens de logique (2). C'est encore le mcine sujet dont il s'occupe aujourd'hui; mais il I'a traite d'apres nn plan nouveau, et en annoncant qu'il se borne a la logique, il donne veritablement iin cours coniplet de philosophic. Ce genre d'etude long - tems ne- glige commence a revivre en Belgique. Le dedain dont se plaiguaii si amerement Charles Villers, pour une science qu'on croyait flc- trir en la dcsignant sous le nom d'ideologie, diminue chaque jour ; et , s'il ne manque point encore de gens qui pensent avoir tout dit en decidant q\iefaire de la mctaphysique , c'est joner a Colin-WlaiUard, des esprits reflechis n'en poursuivent pes moins leurs recherches sur les phenomenes intellectuels et les lois de la volonte. M. Denzinger est ne dans la patrie de Kant , de Schelling , de Fichte, de Jacobi el de Hegel, et il ecrit dans celle de Fr. Hemsterhuis (dont, pour I'observer en passant, il est assez etonnant que M. Dugald Steward n'ait jamais hi les ouvrages), de Van Heusde, de Borger, de Van Hemert et de Kinker. Son travailest le rcsultat de longues medita- tions , d'une experience bien dirigee et d'une lecture immense. Presqu'a chaque section de son livre, il cite, avec une rigoureuse exactitude , les ^crivains des divers pays qui se sont propose le meme sujet que lui, et il presente ainsi ce que les Allemands ap- j client la liitcratttre philosophiqiie. Son traite est partage en quatre (i) Voyez VExposition du systeme de I'enseignement public dans le royaume «M /'aj.r-Baf ,• par iin professeur helge {L.-F. Baoul). Tournay, 1817 ; Casterman. In-12. (2) Piima Uiieamcnta Ingices. Lcsdii, 1818; CoUardin. lu-S". II a ele quts- licin de la Disscriativn de M. Df.wzikgkr sur le beau. {Rev. Enc, t. xrx, |.. (55.) 794 LIVRES ETRA.NGKRS. livres. Dans le premier qui sert de prolegom^ne, il envisage la phi- 'losopliie en general et son influence sur les autrt-s coiinalssances ; il clierche a en etablir la division et a delenniner nettement son objet. D'abord , il nie que la philosopliie soit nne simple ■anfo;ihie on .-a- gesse iniiverselle , opinion proiessee par les pytbagoriciens et par quelqiies modernes. II n'y voit pas non plus upe pure methodologie, soit de la cogniiion , soit de I'aciion , et se garde bien de la borner a la nsjchologie, comme semble I'avoir fait M. Laromiguifere, ou a la critique de la raison , comme le celebre ^ant. La philosopliie , selon lui , est la science des piineipes de la cognition humaine (ou du suvoir huxnikin), presentes de maniere a nous apprendie ce qu'il convicnt de pcnser dapres ces memes principes de ce qui est et se fait , de ce qui doit elre et doit se faire, II divise ensuite la logiqiie en logique eleinentaire et en methodologie logique ; I'une s'occupant des operations des lois de la pensee, et de la cognition; I'autre, de la marcbe de I'esprit i|uand il pense et connait. Une foule de notions curieuses sur le ca- ractere des differentes ecoles et les diverses parties de la philoso- phie se lisent encore dans ces preliminaires , suivis d'une courte antliropologie enipirique. Mais qu'on ne pense point que I'auteur , a I'exemple de Hartley, de Priestley et de diaries Bonnet, se jette. dfes les premiers pas, dans les h^potlii^sps pliysiologiques ; son vrai point de depart est la conscience , c'est-a-dire qu'il considcre d'a- bord les phenomenes que la conscience de nous-memes nous atteste, sans rechercber quelle est I'essence de I'^me, sans se flatter de de- couvrir par quel commerce secret le niorrde extciieur entre en rela- tion a vec le moi, Viennent ensuite plusieurs cbapitres siir les facultcs de I'ftme, ou I'auteur nous parait av )ir perdu de vue la doctrine de M. Laromigui^re, qui ne reconnait qu'une capacite dans le sentiment et lui refuse expressement le nom de facidti ; A' oil il suit qu'on n'est pas fonde a lui reprocber d'avoir neglige \at faculce de sentir la dou- leur et le plaisir , qui n'est point nne faciike ; et qui, dans tons les cas , ne meriterait point d'etre classee a part. On aurait peut-etre plus de droit de blamer M. Laromiguiere de s'^tre complu dans une espece de symetrie, aux depensde la memoire , dont il prcsente line notion fort incomplete , et en scparant Tentendement de la volonte, comme s'iis formaient deux systemes entierement distiricts, ce qu'Addisson avait condamne d'avance dans le n° fioo de son Spec- lateur. Le troisieme livre , a proprement parler, renferme la logique ; les diverses foimes de raisonnenient y sont cxpliquees , el M. Den- ?,inger a eu I'beureuse idee de s'aider des figures employees par PA.YS-BAS. 79^ Euler dans ses Lettres a uiie priiicesse d'AUemagne, moyen dont nous avons toujours use dans iios lecons. Enfin , le quatiieme livre montre les moyeiis de perfeclionner la facnlie de peuser, les maladies de Time coiitie lesqiieiles il faut se premuiiir, la necessite de bieii de- terminer Tobjet de ses recherches , et la route qu'il convient de suivre poar arriver au but. II fiiiit par uu systeme general de la cognuion liumaine , auque! il fait sucreder une hisloire de la logique , et une bibliogrophie logique, qui indique aux eleves les meilieures sources. Nous avons ete surpris de n'y pas trouver le nom de Buf- fier , regarde, a juste titre, par M. Dugald Stewart , comnie un des pbilosopbes les plus origiuaux et les plus exacts dont le xviii^ siecle puisse s'enorgueillir , non plus que celui de Bossuet qui a ecrit une introduction a la philosophie , si remarquable; ce n'est Jias, au reste, sans plaisir que nous avons observe que M. Denziuger ne se laisse nuHe part entrainer par les prejuges de ses compatriotes contra Condillac et les metaphysicians francais. Plus equitable que I\I. Fr. Schlegel, il rend a M. Destutt de Tracy I'liommage qu'il merite. II cite aussi frequemment les travaux deMM. Massias et Berard. Telle estl'analyse rapide de cct estimable ouvrage, qui merite en effet de devenir classique , bien que Ton eut pu desirer qu'il futren- ferme dans des limites plus etroites, vu I'usage auquel il est consacre. Pui.sque nous parlons de pliilosopli'e. il ne paiaitra pashors de propos de dire que tons ceux qui cultivent cette science ont ap- plaudi ici au noble caractere deploye par M. Cousin , lors da sa captivitc. C'etait une singuiieie imagination d'accuser de menees deinagogiqties un homme qui a pousse le respect des lois ctablies , au point d'oser dire que Socrate avail ete condamne legalement (i)! De Reiffetvbf.rg. 339. — * Annates acadeinice Lngdiino - liatavce i823 , 1824- — Annales de rAcademie de Leyde. Leyde, 182$ ; S. et J. Lucht- mans. In-4°. Parnii les morceaux interessans , que renferme ce volume des Annales de I'academie de Leyde, on distingue le Discours de M. le professeur de Siegenbeck siir le celebre f^an der Spiegel, dernier pensionnaire d'Hollande , et qui a ete a la t^te du gouvernement de cette province , dans le terns ou des troubles intestins ont commence a bouleverser les Provinces TJnies ( 1787-1794 ). On ne saurait parler de ce grand homme d'une manifere plus digne queN (i) OEuvres completes de Platon, t. I, p. Sg. 7y6 TJVRES ETR ANGERS. lie I'a fait M. Siegenbeck. Ce fiit en 1791 que M. V. A. Spiegel adressa aux souveiains de TAllemagne des reflexions , afin de leur persuader d'abandonner le projet d'une guerre contrc la France (Voyez le discottrs, p. 34 et suiv. ). Uii autre discours, dgalement plein d'interet , est celui de M. Reinwardt , sur les avantages , que les recherches fakes dans I'lnde one procures a I'hisloire naeurelle. On sait que M. Reinwardt a passe plusieurs anuees dans les co- lonies de rinde qui appartiennenta la Hollandc. Savant naturalisJe, homme de gout et letti-e , il s'est occupe, pendant son sejour dans ces colonies de recherches interessantes , tant sur la nature des pays, ses productions , ses curiosites, que sur I'histoire , les mceurs et les usages des habitans. II est a esperer, que bientot il paraitra une relation detaillee, dans laquelle se trouveront reunies les ob- servations importaiites, que M. Reinwardt a eu I'occasion de faire. — Un troisieme discours est de M. le professeur Kist, sur le progres des htmieres parmi le genre hiimain , dont Fhistoire des dogmes de la religion chretienne nous offre les pieuves les plus ccrtaines. L'au- teur s'est montre , dans ce discours , un digne disciple du celebre professeur Van Heusde , qui enseigne avec tant de aucces les sciences historiques al'universite d'Utrecht. — Parmi les memoires couronnes dont les auteurs sont des eleves des universites beiges , nous distin- guonssurtout ceux de MM. D. Tieboel Siegenbeck et F. de Greve, relatifs aux discours de Demosthene et d'Eschine , intitules : Dc falsa Legatione. — Un discours de M. Varider Boon Mesch , pro- fesseur de chimie et d'histoire naturelle a I'Ath^nee d'Amsterdam , termine les Annales. L'orateur a traite des avantages qui resulteiit de la perscriication de la nature , tant pour cclui qui s'occupe a faire Its recherches , que pour les autres. Les differens menioirns qui setrouvent renfermes dans ce volume, font beaucoup d'honneura Tacademie de Leyde, et nous font juger tr6s-favorablement d'une universitc on de lels docteurs ont I'avan- tage d'avoir de tels eleves. T. 340. — * Journal d" Agriculture , d' Economic ruinle et des manufac- tures des Pays-Bas, public pour la direction de la Societe agricole de Bruxelles. Tome i*", 2*^ serie; Rruxelles, iSaS. Se trouve a Paris, cliez Mongie, boulevard des Italieus , n° 10. Get ouvrage periodique , qui compte deja neuf ans d'existence, (Voj'. Rev. Eiic, t. XX, p. 374) merile les succes dont il avaitbcsoin pour parcourir une aussi longue carriere. 11 forme une colleclioii PAYS-RAS. 797 dont riiiter^t ne le c^de point a celui des inodeles dont il est rheureuse imitation; et il est, pour les Pajs-Bas, ce que sont , pour la France el I'Angleterre , les excellens recueils de rabbi- Rosieretd' Arthur Young. 11 a I'avantage singulier d'l^tre pour nous, tout a la fois , nn journal national et etranger ; il est francais par I'usage de notre langue, et par les souvenirs et les affections des pays dont il nous entretient; il est etranger par les transac- titins administratives et agricoles, qu'il nous fait connaitre et qui nous offrent souvent d'utiles exemples. La deuxieme serie, qui a commence avec I'annee actuelle, est digne, a tons egards , des meilleures parties de la collection ; nous y avons remarque, parmi d'autres articles interessans : des details sur ces Societes de Flore qui, en peu d'annees, sont parvenues a naturaliser et a multi- plier , dans la Belgique , ime foule de planles curieuses , utiles ou agreables ; des notices sur ces colonies tfindigens, etablies re- cemment dans ces contrees incultes, pour y repandre la fertilite , .donner du travail aux pauvres , et soulager I'Etat et la societe du terrible fleau de la mendicite ; un memoire sur la culture de la garance , dans les Pays-Bas , objet important qui peut accroitre d'un million les importations que font annuellement, en France, les provinces belgiques ; des considerations sur les routes et ornieres en Jer , \euTS avantages, leurs frais d'etablissement et leur com- paraison avec I'usage des canaux. II suffit de cette indication sommaire, pour faire apprecier le journal d'Agriculture des Pays- Bas , et pour le recommander a tous ceux qui considerent les pro- grfes de I'industrie agricole et manufacturiere , com me autant de conqu^^tes faites sur la barbaric , par la civilisation , ou plutot comme des bienfaits , qui tendent a rendre les hommes nieilleurs et plus heureux. A. Moreau de Jonnes. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 341. — * Memoire s du Museum d'Histoire naturelle , t. X et XI. a vol. in-4"- Enumeration des articles contenus dans le tome X. i" Anatomie comparee et Zoologie. — A. Sur la formation et les rapports des deux oviductus , observes chez la poule. — Sur I'or^.Tne et les gaz de la respiration chez le foetus. — Considerations 798 LIVRES FRANCA.IS. et rapports iiouveaux d'ostdologie comparee , concernant les ani- maiix rumiiians. — Sur les appareils de la deglutition et dii goi'if dans les aras indiens , nommes Perroqiiets microglosscs. — Suv hs pontes de perroqiiets en Europe ; par M. Geopfroy-Saimt-Hulatb)'. — B. Sur les rapports de la famille des ccureuils, separes sor.s los noms Ae tamias , macroxiis , ecureuih , sciiiropteres ct pteromis. — Si;r Tanalogie des phenomenes de Tinstinct avec ceux de I'liabitudc. — Description du saccomjs anthophille ; par M. Fkbderic Cuvier. C. Sur la patrie du cliameau a iin? bosse et sur I'epoque de son introduction en France; par M. A. Df.smoiii.ins. — D. Sui' la ponte de la perruche pavouane , faite a Paris en aout iSai; par M. le marquis de G^abkiac. •2° BoTAMQUE El AGRicux.Tii liE. — Description de la greffe Daubenlon; par feu M. Thouin. — Considerations sur la famille des Euphorbiacees ; par M. Aorien de Jussieu. — Du ginobaze considere dans les polypctales. — Description de plusieurs especcs nouvelles de plantes du Bresil. — Observations sur la famille des rutacees. — Observations sur les genres dnfourea et trislica ; par M. Auguste de Suxt-Hilaikk. — Sur quelques genres non- veaux de la famille des butineriucces; par M. Decandoli,e. — Mo- nograpbie des vraies biiltneriacees ; par M. Gay. — Histoii'P dii developpement de quelques gemmes bulblf^rcs, et principalemem de celles de colchiquo ; par M. de Tristan. — Sur la germina- tion des orobranches. — Sur la fructification des proles , jmip M. Vadcher. 3a. Mimeralogie et chimte. — Experiences sur les acetates de cuivre. — Analyse d'une resine. — Exanien chimique de I'ecorce du Sirjclmos pseitdoqiiina , appele vulgairement Qttina da Campo; par M. Vauquex-IN. — Analyse chimique de plusieurs terres envoyees du Senegal. — Examen cbimique d'une masse saline rejetee du Vesuve en 182a ; par M. Laugirr. — Des differentes manieres dont les corps agissent sur I'orgare du gout. ■ — Rechercijes sur plusleur.s points de cliimie organique, et Considerations sur la nature du sang ; par M. Chevreui.. 4° BiOGKAPHlE. — Eloge historique de RI. Haiiy ; i)ar M. le ba- ron Cuvier. Nota. Les plancbes du X^ volume, an nombre de 27, .'.out re- latives , en auatoinie comparee et en zoolngie , aux memoives de MM. Geoffroy-Saiiit-Hilairo et Frederic Cuvier; et en botmiique , SCIENCES PHYSIQUES. 799 j ceux de MM. Thouin , August? fie Saint-Hilaire, de Cuiidolle, Gay , de Tristan ct Vaucher. Enumeration des articles contends dans le tome XI. I" AjTATOMiE coaiPAHEE ET ZooLOG IE. — A. Nouvelles ob- •■ervations sur une alteration singuliere de quelques tetes hii- maines; par M. le baroa Cuvier. — B. De quelques especes de ■ ihoques et de groupes generiques entre lesquels elles se par- tagent; par M. Frederic Cuvieb. — C. Sur les parties de son or- ganisation que la Baudroie emploie comme insiruracnt de peche. — Sur i'analogie des filets - pecheurs de la Baudroie , avec une Martiedes apophyses montantes des vertebres , et specialenient avec les premiers rayons de la nageoire dorsale des silures. — Sur une iiouvelle determination de quelques pieces mobiles chez la carj)e , ayaut ete considcrees comme les parties analogues des osselefs de I'oreilie , et sur la necessite de conserver le nom de ces osse- lets aux pieces de I'opercule. — Sur la nature , la formation et les usages des pierres qu'on trouve dans les cellules auditives des poissous. — Note complementaire de I'article sur de preteudus osselets de I'ou'ie des poissons. — De I'aile operculaire ou auricu- iaire des poissons , cunsideiee comme un principal pivot sur le- quel doit rouler toute recherche de determination des pieces com- posant le crine des animaux ; suivi de tableaux syuoptiques donnant le nombre et expliquant la composition de ces pieces; par M. Geopfroy Saint-Hii-aire. — D. Description d'un nouveau genre de mammiferes carnassiers, sous le nom dc profele; par M. Geoffrot Saist-Hiliire , fils (Isidore). — E. Note sur un insecte hymenoptere , de la famille des diplopteres, connu dans quelques parties du Bresil et du Paraguay , ' sous le nom de Che- guana , et recoltant du miel ; par M. Latreille. — F. Description du cernie , poisson {poljprlon cemium) ; par M. Valewcienkes. 2° BoTANiQUE ET Agricux-ture. — A. Sur uue platation a travers des arbres , dite greffe jes charlatans ; par feu M. Thouik. — B. Observations sur les genres lenccas et phlomis ; par M. Des- PONTAiflES. — C. Monographic des genres sauvagesia et lavradia. — Flore du Bresil meridional; plantes appartenant aux families droscracees , violacecs , cistees et franAenices ; par M. Auguste de Saint-Hiiairk. — D- Sur le cocotier et ses produits, principalc- ment sur ce qui est relatif a I'extraction Je rhiiile. — Lettre aux 8oo IJVKES FRVNCATS. professeurs ut cc qui leiir parait nouveau , mais qui jugeut de la valeur des clioses , apres un exainen appiofondi des avantages qui lour sont aunonces, a me se- conder dans nies vues de repandre et de generaliser I'usage d'une decouverte aussi utile a I'liumaiiite. » Pour repandre a ce noble appel, il serait a desirer que cette brochure de dix pages, oii les precedes de fabrication sont exposes avec clarte, les depenses et les benefices evalues avec bonne f'oi et sans rien omettre , fiit repandue avec la recommandation des societes d'agriculture et des arts economiques, par les soins de tons les veritables philanthropes. « L'uii des grands avantages de ces allmens, c'est de pouvoir se conserver pendaiit plusieurs annees; il snffit de les placer dans un endroit sec. Le tef- oiien renfermant beaucoup de parties nutritives sous un assez petit volume, et par consequent facile a transporter, doit contribuer puissamment a faire arriver les annees d'abondance au secours des aiinees de disette, et finir par ^tre d'un graivd' avantage pour I'agri- culturc. » Les cultivateurs ne liront pas avec moins d'iritcr^t ni de j)rnGt le Memoire sur les i//o.f ou fosses souterraines pour la conseivation des grains. L'auleur I'a redige et fait impriiner pour elre dis- tribiie aux personnes qui se rendent annuellement -e, fussent recues avec confiance. S'il n'en est pas toujours airisi, si les passions humaines se m^lent quelquefois de ce qui n'ap- partient qu'a I'art des constructions et a la mecanique , nous join- drons nos vodux a ceux de l'auteur de ce memoire pour que nous ayons , nou - seulement sur les canaux, mais sur chaque partie des travaux et des services publics, des trailesqui renferment toutes les doctrines universellemeut admises, qui aient la force d'une autorite reconnue, auxquels on puisse s'en rapporter dans les discussions, et qui les terminent sans blesser aucun amour-propre. Le moyen imagine par M. G. pour les manoeuvres d'eau dans les ecluses , estunenouvelle disposition du siphon deja mis en oeuvre par M. Gauthey , pour les ecluses du canal du centre, mais auquel les ingenieurs out reconnu plusieurs inconveniens qui ont emp^che d'adopter cette innovation. En employant le siphon renverse, l'au- teur de ce memoire est parvenu a faire disparaitre les defauts de la construction de M. Gauthey, a prevenir, autant qu'il est possible , les effets du mouvement des eaux introduites dans les ecluses, a rendre les reparations faciles, a prolonger, m^me audela dubesoij;, la duree des siphons et des mae , un appareil analogue a Vaneo- metre des facteurs d'orgues, quoique cet instrument mesure une ac- tion qui s'exerce du dedans au dehors , au lieu que I'autre est appli- quee a une force dirigee du dehors au dedans. Un essai d'explication des effets du belier hjJraiiliqiie , en les rapportant nt je me propose de publier la description, et qui ne sera pas , j'espere , sans inier^t pour I'art. » Les arts ont ce piccieux avantage, que les perfectionneniens sont amends les uns par les au- trcs, et que I'esprit d'iuvention est presque toujours au niveau du besoin. C'est parce que les arts sont des applications d'un s.ivoir oil tout est vrai et bien connu , que leur but n'est point mysterieux , et que, dans leur pratique, chacuii sail ce qii'il fait. II est quelque* arts qui ne s'exerceut point sur des objets materiels, auxquels on attache beaucoup plus d'importance , sans leur perniettre d'employer les m^mes moyens de perfectionnement. Ferry. 3fi4. — Problemes et develnppemens sur diveises parties des mathi- matiqiies ; ipar M. Reykaud , examinateur pourl'admission a I'Ecole polyfechnique, etc., et M. Duhamel, ancien cltive de cettc ecole. Paris, 1825 ; Bachelier. i vol. in-S", avec 11 planches; prix , 6fr., et 7 fr. 5o c. Les associations de deux personnes pour composer un ouvrage de theatre sont recues avec bienveillance, dans les genres Icgers et sans importance ; il faut quelquefois se hal^r de faire paraitre une piece de circonstance , ou bien chaque auteur ne reunit pas la varietc des talens necessaires pour traiter un sujet a la fois grave et bndin. Mais, dans les ouvrages d'un genre serieux, et surtout dans les sciences, ces excuses ou ces motifs n'existant pas , le public accueille rare- ment les compositions faites en sociele. — Ces reflexions s'appliquent au livre que [nous anuoncons; car, les subdivisions n'etant nulle- ment lices I'une a I'autre , on u'y voit que deux traites reunis en ua seul volume, qui n'ont rien de commun pour le plan, les vues ge- nerales et I'esprit de la redaction : il semble que Ton ait voulu forcer les lecteurs a ne pouvoir acheter I'un de ces deux livres sans I'autre. M. Reynaud est dans I'usagc de s'aider de semblables associations, et les livres qu'il a publics ovec Bez.out, avec M. Gcrouo , avec M. Duhamel, etc. , paraisscnt <*tre des moyens d'appuyer ses labo- rieux associes , par le credit que lui donne I'emploi qu'il cxerce, et de partager les benefices des entreprises de librairie qu'il consent a faire avec eux. Assurement, M. Duhamel est un savant professeur, dont j'aimpraisa accueiUir les travaux , et qui a faitpreuve de beau- coup de talent dans I'ouvrage que nous annoncons : mais, comment comprendie que les premieres pages d'un traite soient de nature a sujjposer que le lectcur n'a aucune idee des elemcns de I'aritbm^- SCIENCES PHYSIQUES. S19 vique, tandis qu'un peu plus loin, on lui suppose des connaissaiices dans les hautes parties des mathematiques ? La partie qu'a composee M. Reynaud donne lieu a des reflexions plus facheuses encore : aucun ordre dans la redaction, aucuue gra- dation dans les difCcultcs, point d'unile dans les modes d'operer ; les probabilites , le calcul differentiel, les series, tout est mele au basard ; enfin,il est evident que ce livre n'est qu'une reuiiionde di- vers problcmes rcsolus, dont il a tire les redactions du carton ou elles etaient entassees. Les ^tndians , aides des conseils de leur maitre, pourront cependant y trouver un utile secours pour leur ins- truction; on leur iudique diverses melhodes qu'ils ne trouvaient pas aussi commodement dans d'autres traites ; car ce livre n'est, a froprement parler, qu'une compilation, dont I'etude n'est pourtant pas sans iuteret. Toutefois, nous persistons a penser que les mate- riaux qui composent cet ouvrage auraient pu etre plus methodique- ment presentes, si M. Reynaud ne s'etait pas trop b^te de les livicr a I'impression et y eut mis plus d'ordre et de clarte. 365. — * Resume complet d' astronomie , ou Connaissance de la nature et des mouvemeus des corps celestes ^-precede d'une instruction kistorique, et suivi d'une biographic des plus celebres astronomes , d'un catalogue Ct d'un 'vocabulaire astronomiques , orn6 de planches , Y>!iT C. Bailly , raembre de plusieurs societes savantes , etc. , ouvrage faisant partie d'une Encyclopedic portative, Paris, 1825 ; I'editeur , rue du Jar- dinet-Saint-Andre-des-Arts, n" 8. i vol. in-3a de 280 pages; prix , 3 fr. 5o c. Les Resumes , ouvrages qui out pour but d'exposer leselemens des sciences et des arts, et de les mettre a la portee des gens du monde, se mulliplient chaque jour : lorsqu'on voit les succes que les plus mediocres de ces livres obtiennent , on est conduit a en reconnaitre I'utilite , d'apr^s le nombre des lecteurs. Ces sortes de traites sont faciles a faire ; il suffit d'exprimer en style clair et simple les plus importantes verites des sciences, et d'en raontrer les applications. Mais il faut surtout que I'auleur evite de donner j)our vraies , des cboses fausses ; car, alors, loin de rendre service au lecteur, en di- minuant les enibarras de I'etude, il lui est extr^mement nuisible , parce qu'il tend a donner I'autorite de la raison a des explications vicicuses , a des theories sans fondement. II vaut mieux sans doute ignorer les faits que de croire les connaitre, parce qu'on leur a substi- tue des doctrines erronees. — Le petit ouvrage que nous annoiicons ne iormera sans doute pas des astronomes ; mais il sera lu avec in- »2o ■ LIVRES FRANCAIS. t(5rt}tj>ar les "per«onnes qui vouclront connaitre reireenible des mouve" mens des corps celestes. Le style est ce qu'il doit 6tre , sans preten- tion , inais correct. L'auteur a donne des notions justes des theories qu'il expose : cependant, il est en general trop superficicl, et Ton pent lui reprocher de ne pas assez approfondir son sujet , et par con- sequent de ne pas faire concevoir assez neltement les tlieorcmes. Neanmoins , on ne I'accusera pas d'avoir fausse I'esprit du lec- teur , comrae cela s'est vu recemment dans des ouvrages du m(?me genre. Le Resume d'aslronomie est le premier volume d'une Encydopcdie portative que M. Bailly se propose de publier. Les noms des savans les plus recommandables , cites en tete du prospectus, donnent a cette entreprise un grand degre d'interet : nous souliaitons qu'elle s'acheve sous leurs auspices. Le premier volume ne deparera pas cette collection, qui doit contenir 80 volumes in-Sa. L'inipressiou le format et le papier sont dun bou choix ; lis planches sent fort bien gravees ; enfin , les gens du monde auront, a pen de frais , una ecture agreab'e et faffile. 36(). — 31emoire sur quelqiies const/ iictioiu grapliiques des oibites \ planetaires ; par J. Quet:;j:.et. On trouve, dans I'astrouomie de Biot et dans celle de Delambre , la resolution de ce probldnie. Determiner trois elemens de I'orbite d'une plan^te par trois observations de cet astre. Mais long-tems avant, M. Bouvard avait etendu cette question a quatre ele- : mens et a un egal nombre d'observations ; ce savant astronome | avait dcveloppe tous les calculs et applique les formules h un [ exemple tire de I'orbite solaire. C'est ce mdnie sujet queM. Quetelet . | analyse a son tour; il donne, outre la theorie de M. Bouvard, | diverses constructions grapliiques , propres a rendre facile la re- cherche des equations , et il applique ces considerations au mou- vementdes cometes etdes planeles. On lirace Memoire avec inter^t; son savant auteur y donne une nouvelle preuve de z6le et de talent. Fkajvcoeur. 36-7. — La nouvelle Mecanique iUtaire , ou I'^rt de faire la guerre avec pen de troupes ; ouvrage contenant plus de cent nouvelles inventions , | inconnues jusqu'a ce jour,dont la plupart sont d'une utilite ge- ^ nerale pour I'emploi de plusieurs moteurs; par Legris , ingenieur- geometre, etc., Paris, iS^S ; Maurice. In-8° de 9 feuilles d'im- prassion, avec une planche ; prix 3 fr. On ne peat predire a I'ouvrage de M. Legris un brillant avenir; SCIENCES PHYSIQUES. 8 5.1. car, pour atteincire I'aveuir il fa;it traverser le present, riisister aux passions , dissiper les ten^bres , vaincre les prejuges de son terns. En fait d'arts , il est tres-raisonnablede recliercher, non cc qui est vieux , mats ce qui est eprouve ; at M. Legris est trop fe- cond pour que toutes ses decouvertes puissent recevoir , en pre- sence de I'inventeur , la sanction de I'experience. D'ailleurs, ses ex- plications ne sent pas toujours suffisantes pour le faire comprendre comma il le faudrait ; et comment aurait-il pu s'e.xpliquer assez clairement , dans son petit volume , sur jilus de cent decouvertes? Chacune de ses machines eiit exige un chapitre ; il a voulu ^tre court, at il a justifie I'observation d'Hnrace : Brevis esse laboro; Obscurus fio Si les inventions de M. Legris , ou ses importations sont reelle- ment bonnes , ce que Ton na paut savoir qu'apres des epreuves , il eut mieux fait de les proposer successivement , avec les develop- pemens necessaires pour que Ton put executer et faire des expe- riences.— II est autaur de la Mecatiique des gens da monde , ouvr;;ga qui nous est inconnu. 368. — * Manuel de perspective , du dessinateui- etdupeintre, conte- nant les elemeus de geometria indispensables au trace de la pers- pective lineaire et aerianne , et I'etude du dessin et de la peinture specialement appliquee au paysage; par A.-D. Vbrgnaud , ancien eleve de I'Ecole polytecluiique. Paris, i825; Roret. I vol. in-i8; prix 3 francs. 369. — * Manuel de chimie , ou Traite elementaire de cette science, dans Fetat actueldenos connaissances ; par M. Riffaui-t, ex-regis- saur general des poudres et salpetres, etc. Paris, iBaS ; le nieme. I vol. in-i8; prix 3 fr. 370. — * Manuel du parfumeur , contenant les moyans de confec» tionner les pates odorantes , les poudres de diverses sortes , les pom- mades, les savons de toilette, les eaux de senteur , les vinaigres, extraits, elixirs, essences, huiles, parfums , eauxde Cologne, odaurs, aromatas , cosmetiques , pastilles odorantes, sachets pour les bains, rouge et autres objets de son art , et ou se trouve iudique un grand noinbre de compositions nouvelles; par M""" Gacon-Dufouk , au- teur de divers ouvrages d'economie , d'arts et da sciences. Paris , 1823 ; la meme. In-i8 ; prix 2 fr. 5o c. Ces trois manuels joints a ceux dout nous avous deja parle ( v.oy Saa LIVRES FRANCAIS. Rev. Enc, t. xxiv , pages 746 et -jSi, et t. xxv , pages 462 et 463), ne sont qu'une partie de ceux que I'editeur enlreprend do ptiblier pour composer une Encjclopidie des sciences et des arts , format in-18, portative et toute remplie de connaissancesusuelles. M. Rifpvui-t, a qui ron doit deja le Manuel du peintre en beltimens, et la traduction du Mamiel du biasseur, par Accnm , se trouvait dcsigne par ses autres Guvrages, pour la redaction du Manuel de chimie. 11 debute par I'ex- position des proprictcs physiques des corps , a I'exception de celles qui , dependant de la figure et du mouvement , ne condiiisent qu'a des questions de geometric et de mccanique. La lumiere , ie calo- rique et le fluide electrique y sont traites , relativement a I'influence que ces matieres exercent sur Tetat des corps, sur leur action mu- ]luelle , leur formation et leur decomposition. Vient ensuite lalongue liste des corps ponderables , regardes comme simples, et I'exposede leurs combinaisons les plus remarquables. On s'etonne, aprfes avoir lu ce petit volume , du nombre et de la prodigieuse diversite des ob- jets qa'il renferme. M. Vergkaud, auteur du Manuel de perspective , a pent - ^tre mis trop de savoir dans son petit ouvrage. En entreprenant de reu- nir les notions de geometric a celles des deux perspectives, de la partie matericlle de I'art du peintre, eta des preceptes sur I'art du dessin , et de renfermer le tout dans I'espace de ai4 pages in-18, n'a-t-il pas tente I'impossible ? Une notion parait simple a ceux qui savent , parce qu'elle est susceptible d'une redaction tr^s- brfeve; mais une analyse plus attentive fait decouvrir dans cette notion nn ensemble d'idees qui ne peuvent dtre acquises toutes a la fois , qui n'arrivent que successivement , et dans un ordre determine. La plupart des verites geometriques sont de cet ordre. On se prdfe au gout des peintres, qui repoussent les etudes mathematiques : on leur fait des livres, au moyen desquels ilscroient avoir appris assez de mathematiques por.r ^tre en etat d'etudier la perspective; et le resultat de cette fausse instruction est qu'ils ignorent toute leur vie cette partie essentielle de leur art. Le plus grand service qu'on put leur rendre , serait de les convaincre de la necessite d'etudier quel- que peu At geometric, et non ce qu'on leur donne pour cette science; d'y joindre des notions de physique, de commencer par connnitre cette nature qu'ils cherchent a imiter. De tous les livres qu'un sa- voir trop complaisant a rediges pour la paresse des artistes, aucun ue contient autant de choses que celui deM. Vergnaud. Cette abon- (]anoe sera peut-^tre un obstacle, non pas au debit de I'ouvrage, SCIENCES PHYSIQUES. ^^"^ mais a i'effet qu'il est destine a produire. Ces observations sont ]>rin- cipalcment applicables a la perspective lineaire et aux pvelirvii- nairesde geometriedont elle est precedee ; quelqiies-unes desnotions de perspective aerieiine auraient besoin d'explicatious que la pby- siqiie pent seiile doiincr. Les prccepfes snr I'art do dessihoteur et du peiiitre sont non-seulemeut tres-justes , mais expriines avec line ciarte et une precision bien propres a les graver dans la memoiie. L'auteur du Manuel du parfumeur est line dame qui lie se borne pas a ccrire sur cet art-et sur qiielques autres : elle joint rexperience an precepte, et les conseils de la sagesse a la description des pre- cedes de fabrication, ou des matieres employees. Loin d'etendre les attributions de I'art du parfiimenr, elle lui interditles empietemens, et surtout la cbarlatanerie. Son petit livre est tres-propre a tenir en garde contreles annonces fastueuses, les pretendus secrets, lespifges de toiite espece dont la credulity est environnee. Dans ce livre, tout n'est pas consacre a Tagremcnt ; ce qui est utile et salutaire y tient aussi uiie place remarquable : on en sera convaincn , si Ton parcourt, page 112, la preparation, Temploi et les effets du. vinai^re aiicipu- tride ciiratif. — La lecture de ces manuels donne lieu a uneremarque relative a nos habitudes et a nos mceurs, sans que Ton puisse dire qn'elle est morale. L'art du parfumeur, compare a celul ducuisinier, parait extrdmement borne ; son dictionnaire ne serait pas la moi- tie du volume destine a recueiUir les termes crees par nos dOcte's Apicius. Serions-nous done encore plus goui'iiiaiids que nos petits- maitr^s ? question fres-dif/lcile a resoudre , et sur laquelle il ne snffirait pas de nous interroger nous-m^mes : I'avis de nos voisilis serait peut-dtre plus eclaire, et plus pres de la verity que nol"re propre jugement. F' 3y I. — Tableau stntisCique , adininistradf et commercial de la France. Paris, juin 1824; Belin-Leprieur. Grand in-folio ; prix 5 fr. Presenter, dans un tableau synoptique, ce que les meillenres ge6grapliies , les ouvrages de statistique les plus exacts , les no- tices commerciales les plus utiles offrent de notions eparses sur la topographie , la division administrative et juciiciain^ , les pro- duits naturels on indnstriels de la France, tel est i'objet de ce travail. Son but d'utilite est de faire connaiire , par des indica- tions sominaires , I'importance de cbacun des departemens , et de mettre a portee de les comparer les uns aux autres. C'est un aVan- tage que laissent a desirer les dictionnaires de geographic et les divers ouvrages oii tout ce qui appartietit a la statistique de la S24 LIVRES FRANCAIS. France se troiive morcel(5 et s^pare , en sorfeque, pouren connaitre I'ensemble, il faut se livrer a de lougues et penibles reclierches. Mis en regard d'une carte de France, ce tableau devient d'uu grand secours pour I'^tude de la geographic particuli^re du royaurne. Comme I'auteur parait avoir puise aux sources les plus sures et Ics plus recentes, on ne doit pas <5tre surpris que son tra- vail ne soit pas toujours d'accord avec les ouvrages d'une date an- terieure. II s'est opere depuis des cliangemens nombreux auxquelsil faut attribuer ces differences. Des routes ouvertes , des ponts etablis, descanaux pratiques ont apporte des changennens dans les distances ' la population s'est considerablement accrue, et I'industrie manu- facluriere a pris un essorprodigieux, qui, surtous les points, aaug- mente Timportance de ses produits. Voici Tordre des titres des colonnes au nombre de dix , re- petees trois fois dans la largeur du tableau : I. DcparCemens ; II. Anciennes provinces; III. Arrondis semens com- munaitx ; IV. Distances en lieues de paste , coloune subdivis^e en deux parties ; la l''* , des chefs-lieux d'arrondissemens a la ca- pitale , la a", da chef-lieu des sous-prefectures au chef-lieu de depar- tement ; V. Population arrefee par Vordotinance du i6 Janvier 182a , colonne forinee de trois subdivisions : 1° , des miles chefs-lieux d'arrondissemens ; 2°, des arrondissemens ; y , des depattemens ; VI. Elendtie superficielle des departemens en hectares ou arpens mitriqucs ; VII. Numeros des divisions militaires; VIII. Ressort : colonnes par- tielles ; 1° , de la division militaire ; a°, de la cour royale; 3° , du diocese ; IX. JSomhre de diputis par di'partement; X® et derniere co- lonize .• Industrie et commerce des departemens. — Ces titres suffisent pour indiquer conibien ce tableau peut-^tre utile , surtout a rhomme d'etat qui cherclie des resultats generaux , a I'admi- nistrateur, qui s'occupe de repartitions proportionneUes , et au pegociant , qui verra d'un coupd'oeil les divers genres d'industrie et de commerce , propres a chaque departement. M. A. J. 372. — * Nouvel Atlas de la France. Cartes des quatre-vingt-six (J^paftemens et des colonies francaises , precedees des cartes de la Gaule, de la France ancieniie et de la France actuelle; par MM. Au- piCK et PiiRhoT : chacune est accompagnee d'un tableau statistique et historique. 69 departemens ont deji paru , et I'ouvrage sera en- ti^rement termine au mois d'aout 1826. Les departemens publics depuis la xi° livraison sont le Calvados, le Haut-Rhiii, la Meuse , la Meurthe , la Mayenne ,\& Moselle, Vllle-et- yilaine, la Loire-Inferiewre, Maine-et- Loire , la Correze,lA Crease, la. SCIENCES PHYSIQUES. SiS f'ieniie , VOine , le Gard, les Basses- /4lpes , le Var, Visire, VAisne ^ le Jura, le Doubs , les Haittes-AIpes , les f^osges , la Sarthe, Eure-et- Loii; la Cdte-cVOr, la Haute-Loire , Tarn-et-Garonne , leiof, la Vendee, le Tarn , le Morbikan, la ZoiVe , I'l^onne, la Chare n te , la Haute-Vienne, la Blanche, etc. — La nouvelle sonscription est ouverte jusqu'au pre- mier octobre prochaiu. Les nouveaux souscripteurs recevront suc- cessivement deux livraisons par mois , ainsi qii'elles sont detaillees au nouveau prospectus. Prix des deux livraisons, la fr. Apr^s le premier octobre fixe , le prix est de i4 fr. Toutes les cartes, avec le texte dispose autour de cliacune, se \endent separement; savoir : celle dc chaque departement, 2 fr. 5o c. ; celles de la Corse, de chaque colonic francaise, et ceWe dieSaint-Doiningue,qa'\. paraitra separement, avec une description statislique et historique, 4 fr. ; celle de France, par departemens et divisions niilitaires , format grand-aigle, texte et carte, i/J fr. ; et pour les personnes qui souscriront a ladite carte avant le ler aout, 12 fr. On souscrit a Paris, cliez I'editeur, L. Du- prat-Duverger, rue des Fosses-Saint-Germain-des-Pres, n° i3. Le seul moyen d'offrir aux amateurs de geographie une descrip- tion grapliique de la France, parfaitement detaillee, sans exceder neanmoins des dimensions commodes , etait de la reduire en parties peu etendues , pour y retracer tout ce qu'elle presente d'iniportant. La division civile etablie par I'asseniblee constituante, sans multi- plier demesurement le nombre des cartes , a fourni aux editeurs des espaces assez petits pour admettre sans aucune confusion tons les signes propres a faire connaitre les diverses productions , les etablis- seniens , les richesses de toutes les parties de la France. C'est ains; qu'aux indications reunies jusqu'icl dans plusieurs cartes des cliefs- lieux de prefecture et de sous-prefecture , des canaux et des routes de premiere, deuxieme ou troisieme classe, nous trouvons joints, dans les nouvelles , celles des bureaux de postes, des lieux d'etapes, des mines , des carrieres de tous genres, des houilleres , des fontaines minerales, etc. — Les manufactures importantes, comme tuileries , forges, fonderies, papeteries , etc., sont soigneusement indiquees par des signes particuliers. — On n'a pas oublie non plus les com- bats memorables et les batailles gagnees ou perdues, les lieux oil uue riviere devient flottable ou navigable, les marais salans, etc., etc. — Enfin , on a cte jusqu'a indiquer sur la carte le nombre d'habi- tans des villes et le nombre de lieues de poste comprises sur toutes les routes cntre chaque relais. Ajoutons a cela I'exactitude du dessin trace par MM. Aupick et 8a6 LITRES FRANCAIS. Perrot, la nettete de la gravuie, diie a MM. Malo fr^res, la clart^ et la brievetc du texte explicaiif place eii regard de cliaqiie depar- tcmeiit; et noiis reconnaitrons qu'il etait difficile de faire sur la geographic de la France un ouvrage qui reiinit plus d'avantages et de chances de succes. B. J. 373. — Dissertation siirle periple de Scylax , et sur I'epoqtie presti- mce de sa redaction , par J.-F. Gail fils. Paris, 1826 ; Tauteur est Treuilel et Wiirtz In-8°,de 100 pages. Les erudits saveiit que M. Gail fils leur prepare une savante edition du recueil des geographes Grecs , donne autrefois par Hudson. Le j)reinier volume de cet ouvrage va paraitre , le nouvel editeur a ecrit sur I'epoque ou vivait Scylax, autewr du periple iiisere dans ce recueil , une dissertation latino , qu'il a refaite et qu'il \ient de publier en francais. D'apres des observation!^, la plupart nouvelles , et qui semblent trds-plausibles , M. Gail fils coiiclut que le periple dont il s'agit eut pour auteur le Scylax cite par Heroilote; que ce geographe ecrivait, vers la fin du 6^ sieclc avant I'ere chretienne , et qu'il a subi quelques alterations de copisles , qui le font paraitre moins ancien , si Ton ne veut pas compter d'autres passages plus multiplies, qui snpposent un au- teur de la fin du 6*^ siecle ou du commencement du 5"^, avant J.-C. — Cette dissertation est suivie de nouvelles recherches sur I'origine de Nessene, et des villes de Soles dans la Cilicie. L. 374- — * Encyclopedie moderne, ou Dictionnaire abrege des sciences, des lettres ct des arts, avec I'indication des ouvrages ou les divers su- jets sont developpes et approfondis ; par M. Courtin, ancien ma- gistral, et par une Societe de gens de lettres. Paris, i8a5; au bu- reau de rEncyclopedie, rue neuve Saint-Roch , n" a4- Tom. V, BR —CAR. In-8° de SSa pages. Prix : 7 fr. 5o c. et 9 fr. aS c. par la poste. (Voy. les atmonces des quatre premiers volumes , Heviit Encyclopedique , torn. XX , pag. i6g; torn, xxi , pag. 179; tom. xxii, pag. 4 '9, ettom. xxiv> pag. 173.) L'une des meilleures garanties que I'editeur d'un dictionnaire puisse donncr de la bonte de son ouvrage, c'est la liste de ses coUa- borateurs. Ceux de M. Courtin sont deja connus sous les rapports les plus honorables. Les noms de MM. Allix , pour les sciences mi- litaires ; Barbieh , pour la bibliographie ; Berton , pour la musique ; BoBY DE Saikt-Vincekt, pour I'histoire naturelle; Eyries, pour la geogra])hie; Francoeuh, pour les sciences mathematiques; SCIENCES PHYSIQUES. 827 Kbhatry, pour la metaphvsique; jilex. Lejvoiu, pour I'archeo- logie, etc., etc. , ne laissent rien ii ciaindre aux souscripteurs. On doit done s'attendre a voir \' Encyciopedie moderne justifier, 4ans tous ses volumes , les esperances que les premiers ont fait con- cevoir. Le ciuquieme volume , en effet, n'esl pas nioins interessant que les quatre qui I'ont precede. Parmi un grand nombre d'articles, remarquables sous le rapport du style et des pensees , I'attentiou des lecteurs distinguera surtout les suivans : Dre^il, Carthage, par M. Eyries ; Ctipiiulaiioii, par le general Dufriche-Valaze ; Cadran, par M. Francoeur; Ca/f/zc^riVf , par M. Saint-Martin ; Canard, par M. Bory de Saint-Vincent. L'article de M. Ymberl sur la Dureancraiie , a ete cite dans tous les journaux, et il a recu les eloges qu'il meritait: il est difficile de reunir a un style plus piquant et plus rapide une raillerie plus fine et plus juste de ces frondeurs de profession qui blAment pour blamer, et veulent detruire les effets , sans s'occuper auparavant des causes , et qui ne voient pas que la bureaucratie est une consequence necessaire de notre budget. Nous oserons cepen- dant ne point partager I'opinion du redacteur de I'arlicle sur !a centralisation, qui trop souvent entrave le bien que pourralent falre les administrations locales , et qui tend presque toujours a afferrair le despotisme , quand elle s'etend, comme en France, jusqu'aux moindres details. B. J. Sciences religieuses , morales, poUiiques et historiques. 375. — Observations de phisieiirs cures dii diocese de Strasbourg sur les motifs pour lesquels on les a repousses du minist^re. Paris , 1825 ; imprimerie de Tastu. In-8" de 3fi pages. Ces cures se plaignent d'avoir 6te destitues , par abus evident de I'autorite ecclesiastique et contre les regies certaines de la discipline ecclesiastique , tant universelle que gallicane. Leur pre- tendu crime , contre lequel on a commence a sevir depuis i8i4, est d'avoir , vers 1790 , pr^te le serment d'etre Cdfeles a la nntion, a la loi et au Roi , serment que la loi et le Roi exigerent d'eux, et qui n'est condamne par aucune decision rccue en France. On veut, apres trente ans, apres les reconciliations les plus solen- nelles avec le pape et avec les ev^ques nomme.s depuis 1802 , for- cer ces cures a retracter comme anti-catholiqud leur ancieu serment legal , ahandonne par enx a la demande du pape et de leurs supe- rieurs , il y a plus de vingt ans, suivis d'une possession longue el paisible de leur etat. On les persecute ainsi a Strasbourg et <'3i> LH'RES i RArsT.AIS. aillcuis , Ja ioicc eii main , pour les obliger de recoiinaJtre di;* bulles lion recues eii Fiance ; ce qui est severement dcfendu pai; nos lois. On veut aussi les forcer a signer que I'Eglisc catholique est independimie de toute puissance civile dans son enseig/ienienC , dans son goiifernemenc , et dans sa discipline generate; ce qui est en contradiction avee la discipline catholique de tons les siecles , et particuliereinent avec les liberies de I'eglise gallicane. Les plaiutes fort legitimes de ces cures destitues , et de tant d'autres simples prc^'tres persecutes de meme , ne sont pas entendues. Ces nialheureuses victimes de la reaction ne peuvent oblenir aujour- d'hui aucuue justice en France. De venerables ecclesiastiques , prives de leur etat, et meme de leur subsistance , s'ils n'ont pas de patrimoine, sont reduits a manger le pain de I'aumone, ou a mourir de faim. II a ete predit par I'apotre saiut Paul : Ceiix qui veulent vivre pieusement , selon Jesus-Ckrist , seronC persecutes. Cependant, il y a des evdques de France innocens de ces injus- tices; nous avons du plaisir a le publier. Lakjuinais. 376. — * Letlre de Fenelon a Louis XIF. Deuxieme edition. Paris , 1825 ; Renouard. In-80 de 28 pages, orne du/oc-^/miVe de I'ecri- ture de Fenelon ; prix i fr. aS c. Nous avions exprime le desir que Ton rendit plus populaire la belle lettre de Fenelon a Louis XIV , par une edition qui fut a la portee de toutes les fortunes. M. Renouard a satisfait a I'im- patience du public , par la seconde edition que nous annoncons , et qui contient , comme la premiere, une notice historique sur la lettre de Fenelon , et un facsimile de la premiere page. Le papier seul est reduit aux dimensions ordinaires de Fin-S" ; en sorfe que la lettre de Fenelon pent faire suite a toutes les editions completes de I'archeviique de Carabray faites dans ce format. Le caractere , quoiqu'un peu moins large , n'est pas nioins beau ni nioins lisible que le premier , et ne fait pas moins d'honneur aux presses de M. Paul Renouard. J- B. 3^7. — * Concordat entre les diverses opinions poliiiques , au moyeu de quelques dispositions qui , en completant la Charte , contribue- raient a la rendre parfaite, ayec cette epigrapbe empruntee a M. de Chateaubriant : v Ce qui nous divise reeliement est peu de chose. » Par M. /. fi. Raleste. Deuxieme edition. Paris, 1824; Bossange freres. i vol. in-8° de 400 pages; pi"ix , 6 fr. Notre immortel Montesquieu a releve et fait ressortir, avec une admirable sagacite , les avantages et les inconveniens des difle- SCIENCES MORALES. Sag Venles espfeces fie gouverncinens ; mais 11 n'a pa^ montre , et on peut facilement en pressentir la cause , comment on pourrait en former un qui fut toujours ausst parfnit qu'il est donne aux ins- titutions humaines de I'etre , et que nos passions le permettent. M. Baleste senible s'etre propose d'y suppleer : I'entreprise est vaste, bardie; ellc pourra meme etre considcree comme temeraire ; toutefois, avant de s'abandonner a cetfe prevention, il faut lire le livre que j'annonce, avec toute I'attention que lesujet reclame. Dans un terns ou la plupart des peuples s'agitent pour changer ou ameliorer leurs constitutions, il etait fort important de bien pre- ciser les diverses questions relatives a I'organisatioii sociale, deles montrer sous leur veritable jour ; e'est un merite que Ton ne sau- rait contester a M. Baleste ; et comme c'est , pour ainsi dire , le point culminant de la discussion , il a droit d'exiger qu'on le suive dans les consequences qu'il en tire. La nature de son ouvrage ne permettant pas d'en presenter une analyse exacte , je me bornerai k en signaler les parties les plus re- marquables. Dans son avant-propos , M. Baleste excite vivement I'interet, d'abord en elablissant que les lacunes et les imperfec- tions de la Charte sont les principales causes des dissensions qui existent en France , et que le meilleur moyen d'en tarir la source, de rallier et d'uiiir tous les bons francais , serait de completer et de per- fectionner nos institutions ; puis, en assurant que, pour concilier et satisfaire toutes les opinions raisonnables , non-seulement il est possible d'associer , dans un meme systeme de gouvernenient, la royaute, Taristocratie et la democratie , ipais encore qu'il est fa- cile deleur donner tbute I'extension et les developpemcns dont elles sont respectlvement susceptibles , sans exiger de cbacune d'elles que de tres-legeres concessions , et celles-la seulement qui sont necessaires pour les preserver , les unes et les autres , des exces auxquels elles sont sujettes de leur nature. Les cinq premiers cbapitres de I'ouvragecontiennentun tableau ra- pide etbrillant de ce que nos roisava lent fait pour rendre les Francais libres et heureux selon I'esprit du tems ou iis vivaient; ensuite, un examen approfondi de nos constitutions de 1791, de 1793 , de I'an 3 etdel'anS; de la Charte de i8i4 , enfin, de la constifuion anglaise. Dans les chapltres6 et 7 , en s'appuyant sur I'histoire et surl'autorite des plus grands publicistesanciens et modernes , M. Baleste essaie de demontrer que le meilleur des gouvernemens est celui qu'il appelle tn- hocratique, c'est-a-dire, qui se compose , a la fois, et dans de justes 83o LIVRES FRANCAIS. proportions , de royautc , d'aristocratie et de democratic , et on {'opinion publique cpuree, la veritable opinion publlque peut , eit se nianlfestant librement, exercer une libre et salutaire influence Suivant sa theorie , « la souverainete doit resider et se personnifiei' dans la royaute ; mais en s'y modifiant conformenieiit a la nature et a la fin de ses principaux attributs , elle doit se produire , sows les titres de pouvolr legislatif, poiwoir /tidiciaire , poiivoir adininistra- t'lf et poiwoir execHiif , non pas divisee , mais organisee diversement , c'est-a-dire , avec les formes et les conditions les plus propres a ga- rantir, pour chacun de cea pouvoirs , qu'il sera toujours exerce avec autant d'equite que cela est humainement possible. « En d'auties termes , la royaute doit se retrouver dans chacun et a la t<5te de ces m(5mes pouvoirs ; elle doit les animer et les diriger tons ; mais I'aristocratie et la democratic doivent s'y trouver em- ployees avec elle, autant qu'elles peuvent I'etre. Les chap. lo, II , 12 , i3 et i4 sent consacc^s principalement a presenter, avec les plus grands details, les moyens d'operer cet amalgame. Scion M. Baleste, il resulterait des niesures qu'il propose, que • la royaute, plus forte par son alliance avec la democratic , phis sage par sou union avec I'aristocratie, et plutot aidee que conte- nue par ces deux puissans ressorts , pourrait , bomme disait Henri IV, de lui-mdme, tout ce qu'elle voudrait , parce qu'ellc ne voudrait jamais que ce qu'elle devrait. » C'est dans le livre mdme que j'annonce qu'il faut lire les deve- loppemens de ce systeme et les principes de droit ptiblic sur les- quels I'auteur s'appuie. Lors m^me que Ton ne partagerait pas en- tierement I'opinion de I'ecrivain , ou reconnaitra , du moins, qu'il unit a un ardent amour du bien , a une connaissance pratique des hommes et des affaires, une elevation d'esprit qui prend sa source dans les plus nobles sentimeus. Mais que peat un ecrivain isole sur les destinees de sa patrie ? L'histoire est la pour nous montrer comment les changemeiis de gouvernement s'operent ; pour qu'ils soient heureux , il faut un concours de ciiconstaiices presque impossible a renccntrer : la puissance, les lumieres et la volonle forcen.t de faire le bien. P. A. 378. — Letties sur {'Education , ecrites en octobre et en decembre 1828, dans sa prison, par le publiciste C.-J.-B. Bownin, sur I'dducation de sa fille. Paris, iSaS; Vernarel et Tenon, r vol. in- 1 a de 33o pages ; prix , 3 fr. Ce livre est ecrit dans les intentions les plus ptires ; et qMoiqu''il SCIENCES MORALES. 33 1 ait 6ti compose a Sainte-Pelr.gie , oil son auteur etait detenu en execution des lois sur les dellts de la presse, k I'occasioii d'un ou- vrage public en 1821 sous ie ixive A'Etudts legislatives , il est im- possible de le regarder comme emanc d'un corrupteur de la morale publique. M. Bonnin adresse a sa fille, agee de sept ans , une lettre sur I'iiistruction, trop avancee pour elle , mais pleine de sentiniens bons et louables. Une lettre a sa femme , sur I'educa- tion physique, conlient des preceptes bygieniques, utiles a suivre. Viennent ensuite des pensees detachees sur I'education , et uu avant-propos de la Doctrine sociale publico par M. Bonnin , avec une analyse de son systeme de droit public. Tout u'est pas neuf dans ces divers ecrits ; tout n'y est point parfaitement exact et a I'abri de la critique ; mais tout y fait estimer I'autenr. Ce n'est certainement pas contre les ecrlvains aussi zeles pour la science , aussi etrangers a toutes les intrigises , et animes d'intentions aussi droites , que le legislateur a cru necessaire de sevir. R. Syg. — * Esqiiisse dii systeme d' education siiivi dans Its icoles de New-Lanark; traduit de I'anglais, de M. Dale Owkn , par M. Desfontainfs. Paris , iSaS; Lugan. i vol. in - 12 de i65 pages ; prix , 2 fr. et 2 fr. 5o c. ( Voy. t. xxv, p. ng )• D^ja nous avons signale a la reconnaissance des amis de I'hu- manite et des progr^s de la civilisation , le systeme d'education suivi par M. Robert Owen, dans la colonic industrielle qu'il a fondce a New-Lanark, en Ecosse. {^0^. Rev. Enc. , t. xxviii, p. 5). Depuis, la metliode employee par ce philanthrope, pour donner 1 instruction necessaire aux enfans des ouvriers qu'il emploie dans ses vastes ateliers , a ete assez generalement adoptee en Aiiglc- terre. On a ouverl a Londres une ecole centrale, dans laquelle on forme de jeunes professeurs qui doivent aller ensuite enseigner dans les dilferentes provinces, d'aprts les proccdes qui ont acquis a M. Robert Owen restime de tons les liommes de bien. M Dale Owen, fils du fondateur de la colonic de New-Lanark, a public un petit ouvrage intitule : y/« outline of the sjstein of educa- tion at New-Lanark , dans lequel il developpe la methode de sou pere. II explique comment on a remplac6 les traitenjcns ignobles auxquels sout soumis les enfans dans la plupart de* ecoles , par des raisonnemens simples comme ceux pour lesque's ils sont faits,et a la portee des intelligences les plus bornees ; il fait suitout ressortir les inconvenicns qui resulteat des moyens ordinaires de stiniuler les enfans , les recompenses et les chatimens , qui excitent une cnui- 83a I.IVRKS 1 RANCAIS. latlon dangereuse , germe I'econd de I'anibitlon, de Torgnell , de la vanitc, vices contagieux pt funestt's , dont la sociele snbit plus tard rinflueiice. Ce petit ouvrage, dont la lecture doit etre utile a tous ies chef* d'institutions , a tous Ies pries de families, vient d'etre traduit en francais par M. Desfontaines , aucniel on saura sans doute gre d'avoir fait ce qui dependait de lui pour liater le moment on Ies degouts inseparables de la nianiere actuelle d'enseigner n'eloigne- ront plus de I'amour de I'etude des enfans animes du desir de s'instruire, mais qui sont incessamment rebut^s par des difficultes qu'on ne cherclie point a aplanir, et par des violences aussi hon- teuses pour celui qui Ies exerce qu'huniiliantes pour celui qui en est victime. Z. 38o. — * OEuvres completes de Montesquieu ; avec des notes de differens auteurs , suivies des Tableaux analrtignes de I'Espnt des lots, par Theodore Regnault , avocat a la Cour royale de Paris, ire et 2* livraisons. Paris, iSaS ; Antoine Bavoux. i' vol. in-S" ; prix lo Francis. ■ — Pour faciliter I'acquisition des oeuvres de Montes- quieu et des tableaux qui peuvent y (*tre annexes, ou (5tre achetes separement, au clioix des acquereurs , la vente s'en fait par livrai- sons. EUes seront au nombre de six que Ton paiera 5 fr. chacune , et 5 fr. 5o eent. par la poste. L'epoque de la derniere livraisoii est fixee au i5 septembreprocliain. Apres ce terme, cliaque livraison se paiera 6 fr. prise a Paris, et 7 fr. 5o cent, par la poste. — Les Ta-' bleanx se vendent separement eu un volume petit in-foUo , avec le portrait de Montesquieu, 8 fr. ; et sans le portrait, 7 fr. 5o cent, pris a Paris. Multiplier les editions des ouvrages immortels d'un des grands ecrivains qui ont le plus illustre leur pays, c'est honorer sa memoirc et bien meriter de la generation actuelle. — Le nouvel editeur a, de plus, le merite d'avoir reuni toutes les ceuvres de Montesquieu dans un seid volume soigneusement imprime, et ou la beaute de I'exe- cution le dispute a la correction. II I'a enricbi de I'elogede I'auteur, par d'AWmbert ; des notes de Voltaire, d'Helvclius, de Condorcet , de Guy , de M. Destutt de Tracy, deM. Edouard Gauttier, de M. Depping , et d'autres notes inedites de plusieurs ecrivains re- commandables , qn'il a judicieusement adaptees aux passages de celles de ces oeuvies auxquelles elles se rapportent. — L'ou- vra"e de M. Keratry sur le bean dans les arts d'imitalion lui a fouriii des observations qui seront lues avec inter^t , et SCIENCES MORALES. 833 qui sont placees au bas des pages de YEssai sur le godt. On trouve , en t^te du volume, un beau portrait de I'auteur, orn6 de la tne- daille que I'Angleterre fit frapper en son lionneur. Le libraire qui a acquis cette edition y a joint les Tableaux synop- liqiies et analytiques de I'E^pril des !'ois , parM. Theodore Regnault, avocat a la Cour royale de Paris ; a Paide desquels on obtient la fa- cilite de decouvrir les liens, quelquefois difficiles a apercevoir, qui rattachent entre eux les differens chapitres d'un m^me llvre, et dont I'utilite ne manquera pas d'etre appreciee. M. Regnault a eu parti- culiirement en vue , en se livrant a ce travail . de mettre le livre de I'Esprit des lois a la portee de toutes les intelligences , et nous pen- sons qu'il a reussi. 38 1 . — Jurisprudence des codes crimineh , et des lots s7ir la repression ■des crimes et delits cominis par la voie de la presse et par tous les autres morens de publication, faisant suite au Manuel d' instruction criminelle , par M. BoTiBGUiGNON, conseiller honoraire et avocat a la Cour royale de Paris. T. I^"". Paris, iSaS; Antoine Bavoux. — Cetouvrage sera compose de trois volumes : le second est sur le point de pa- raitre , et le troisieme est sous presse. — On souscrit a raison de 6 fr. par vol. — Ceux quiprendront aussi le iWa/zf/e/ ne paieront les deux ouvrages que 25 fr. — La souscription sera fermee, apres que le troisieme volume aura paru. Alors , la. Jurisprudence des codes crimi- neh se vendra 22 fr. , et le Manuel 12 fr. ; et les deux ouvrages reu- nis, 3o fr. — On devra ajouter les frais de port. M. Bourguignon a fouriii une loiigue el honorable carricre dans la magistrature. — Au milieu des travaux attaches aux fonctions qu'il exerca, il trouvait encore Ic lolsir de satisfaire a son continuel be- soin de I'etude : il employait h des objets d'utilite generate , let niomens dont elles lui permettaient de disposer; il recueillait les lecons de I'experience, il les murissait dans le silence de la retraite; et sa plume nous en transmettait les fruits dans des ouvrages qui ont merite a son noni une place distinguee parmi les criminalistes du barreaufrancais. Rendu a la vie privee , il n'a pas cesse de servir I'humanite ; et il acquiert de nouvcaux droits a la reconnaissance de ses concitoyens par la publication d'un nouvel ouvrage impor- tant sur nos iois criminelles. On trouve, dans le premier volume quenous annoncons, un rom- mentaire substantiel sur chaque article de la loi , que I'auteur ex- plitjue par les discussions qui eurent lieu au conseil d'etat, par les arrets qui en ont fait I'application , et par la doctrine des juriscon- T. XXVI. — Juin 1825. i/f 834 LIVRES FRANCAIS. suites qui, avant lui, en ont interprdte les dispositions. Son travail n'offre pas una froide analyse , une compilation indigeste ; il I'ac- compagne d'nne saine critique ; il y joint des reflexions judicieuses , qu'il s'applique soKvent a rendre sensibles par des excmples , et une discussion lumineuse, a I'aide de laquelle il sait animer son sujet. Le style en est correct, clairet precis; genre de merite que n'ontpas toujours les ouvrages de jurisprudence. — M. Bourguignon aura attaint la but d'utilite qu'il s'est propose , en offrant aux avocats charges de la defense des accuses, et aux magistrats auxquels la loi a confie la poursuita et la repression des crimes et des delits, un corps de doctrine qu'ils consultaront avec fruit. Nous nous reservons da revenir sur cet ouvraga important , a me- sure que les autres volumes seront publics. Crivei-li , avocat. 382. — * Rapport sur le pro jet d'un code penal fait a I'assemblee ge- nd rale del' etatde la Louisiane ,jiarM. EdoiiardljiyinG&TOtf , suivi des Observations sur les conditions necessaires a la perfection d'tin code penal, par M, MiLi,, avec une Introduction et des Notes , j)ar M. A.-H. Tail- tANDiER , avocat aux conseils du Roi at a la Cour de cassation. Paris, 1825 ; Renouard. i vol.in-8° daxxxij at 2a4 pages; prix 5 f . M. Taillandier ,; qui consacre une partie de ses loisirs a I'etude trop peu cultivce parmi nous dela legislation penale, public aujour- d'hui tels qu'ils ont ete prcsentes a I'assemblee generate de la Loui- siana , la premiere ebaucha d'un code criminal, destine a etreun jour mis an viguaur dans cet etat , et I'expose das motifs et des consi- derations qui ont dirige dans la conception etla composition de ce code le representant charge de le rediger. L'ouvrage est precede d'une introduction fort bien faite, at qui contiant deux lettres tres- interessantes de MM. les docteursEsquirol et Pariset , relatives aux effets presumables de I'une des peines adoptees par le legislateur americain , celle de Yemprisonnement solitaire , dont M. Taillandier avaitredoute la funaste influence sur le moral des individus qui doi- vent y 6tre soumis. Les deux medecins s'accordent a dissiper cette apprehension genereuse. La ni(?me introduction renferme la refuta- tion d'un passage de M. Benjamin Constant, dans son commentaire sur Filangieri , passage dans lequal ce publicista s'el^ve contra le droi? pretendu par la socicte d'assujelir les criminels a des travaux dont une portion tourne au profit dc la societe elle-m^me. Cette refuta- tion , au reste, n'a pas entierement converti I'autaur de la doctrine queM. Taillandier combat. On trouve aussl , dans ce volume, un rapport fait a Tassemblee I SCIENCES MORALES. 835 till m^me ^tat par les jurisconsultes charges de la confection d'un nouveau corps de lois civiles et commerciales; enfin , le livre est termine par un article purement spcculatif traduit de I'ouvrage connu sous le nom de Supplement a FEncjclopedie britannique. Get article est du a M. Mill. Le rapport de M. Edouard Livingston et la partie du code pro- jete qui s'j' trouve annexee, ont ete iniprinies a la Louisiane , en anglais et en francais , au nombre de niille exemplaires dans chaque langue, par ordre du senat et de la chambre des representans, reu- nis en assemblee generate : 200 exemplaires ont ete accordes a I'au- teur; il en a ete distribue un k cliacun des juges du pays, et I'etat s'est reserve le surplus. Ce metne ouvrage a egalement ete reimprime a Londres. B. L. , avocat. 383. — * De r administration de la justice militaire en France et en Angleterre ; par M. Victor Foucher , substitut du procureur du Roi a Alencon. Paris, iSaS; Anselin et Pochard. In-8° de xii et 100 pages d'impression ; prix 2 fr. On parle depuis long-tenis d'une reforme dans nos lois militaires. I'annee derni^re , M. le garde-des-sceaux annonca aux Chambres que la session qui vient de se terminer ne se passerait pas sans qu'un projet fut presente sur cette importante matiere; et cependant la promesse ministerielle ne s'est point realisee. M. Victor Foucher qui nous dit, dans son introduction , qi^e I'exercice de son ministere d'avo- cat pres les tribunaux militaires I'a classe dans le petit nombre de ceux qui ont ete a ni^me de bien connaitre quels sont les dangers et les vices de la legislation actuelle, entreprend de les devoiler au pu- blic. Ce danger existe surtout lorsque I'autorite militaire se trouveen contact avec les interdts des citoyens. C'est ainsi qu'onavu,il ya peu d'annees,desconseils de guerre acquitter les soldats accuses d'avoirat- tente a la liberte el meme a la vie des particuliers. Comme I'observe M. Victor Foucher, les delits militaires ne peuvent appartenir a la juridiction des conseils de guerre qu'autant qu'ils tienneVit a la disci- l)line.- — Nous renvoyons a cet ouvrage, qui est assezcomplet,qnoique peu etendu, tous ceux qui vcudront acquerir des notions justes sur cette partie de radministration publique. Nous ajoutons que I'auteur a donne beaucoup d'interet a son sujet en rapprochant de notre Code militaire les dispositions du Miuinj-Act et da reglement connu en Angleterre sous la denomination d^articles TFar. On ne saurait irop recommander aux personnes qui ecrivent sur les lois cette methode «36 LIVRES FRANCAIS. (le rapprocher les legislations des differens peiiples' et de niettre eii parallMe ce qu'elles ont de bon ou de defectueux. w. d. B. La Beviie Encjrclopcdique a rendu, sous ce rapport, nn im- portant service, en indiquant, depuis sept annees, les meilleiirs ou- vrages publics dans tous les pays, de luaniere que chacun , dans la sphere de ses etudes, pent rechercher, consulter, comparer les principales productions publiees dans differentes langues sur un sujet qu'il veut approfondir. Les nations apprennent a se mieux connaitre, et elles s'empruntent les unes aux autres les institutions, les ^tablis- semens utiles , les ameliorations , les vues de bien public qui peuvent leur convenir. Get immense avaufage, que plusieurs hommes distin- gues, de toutes les nations et de toutes les parties des connaissances humaines, ont souvent appr^cie , s'etendra de plus en plus , a mesure que les divers correspondans de la Revue la tiendront plus exactement au courant des travaux et des progres remarquables en tout genre. 384. * * Des biens comininiaiix et de la police lurale et forestiere ; par M. le president Henrion de Pawsey. Seconde edition. Paris, iSaS; Tbeopliile Barrels pere. r vol in-8" de 5o5 pages d'ifiipres- sion ; prix 6 fr. Voici un nouvel et important service que M. le president Henrion de Pansey vient de rendre a la science du droit. La pre- miere edition de cat ouvrage etait beaucoup nioins complete; elle formait la seconde partie du Poiivolr municijial , savant ouvrage du ra(5me auteur. ( ^cy. ci-apres ). En faisant deux volumes distincts de ces deux traites, M. Henrion de Pansey a pu developper ses pens^es et produire des traites complels sur ces matieres , beaucoup plus ele- vees qu'elles ne le paraissent d'abord. C'est une cbose digne de re- marque que M. Henrion de Pansey, place par ses fonctions a la tete de la premiere cour du royaume, ait presque toujours pris pour but de ses travaux I'instruclion des magistrats les moins avances dans la carrifere judiciaire ou administrative. II est vrai que la mani^re large et savante dont ce venerable jurisconsulte a envisage les questions qu'il a entrepris de trailer, lui a procure beaucoup d'autres lecteurs que ceux a qui ses ouvrages semblent d'abord exclusivement adresses. lis trouvent leur place dans les bibliotbeques des magistrats et des avocats , et meme dans celles de beaucoup de proprietaires ruranx , dcsireux de connaitre leurs droits et leurs devoirs. Les services signales que M. Henrion de Pansey a rendus a la science du droit viennent de recevoir leur recompense par son elevation a la dignite SCIENCES MORALES. 827 de cominandeur dans I'oidie de la Legion -d'Honneur. Quelque pea iinportante que soil cette faveur par rapport au merife de celui a qui elle est accordee, elle n'en est pas moins remarquable pour tous ceux qui connaissent I'independance et I'elevation du caractere de M. le president Henrion de Pansey. A. Taillandieh. 385. — * Du potivoir municipal et de la police des eommiines ; par M. le president Henrion de Pansey. Paris, 1824; Barrois p6re. In-S" de 368 pages; prix 5 fr. 36. — De la competence des jfges de paix ; par le memo Septiime . idition. Paris, 1825 ; le uierae. i vol. in-B"^; prix 7 fr. 5o cent. Les ouvrages de M. Henrion de Pansey sont destines a obtenir tous un grand succes, parce qu'ils sont marques au coin de I'erudi- tion , de la science, de la sagesse et de la justice. Son traite sur les communes etant fort augmente dans cette seconde edition, il a faHu le diviser en deux tomes , qui se vendent separement. Le second contient noslois, notre jurisprudence sur les biens commiinaiix et sur la police riirale ( Voy. cidesstis ). Le premier est augmente conside- rablement , surtout de divers chapitres nouveaux sur la neccssite et sur la mani^re juste et prudente d'organiser les communes par des elections populaires , et par des presentations au Roi pour les mairies. II est triste depenser qu'aujourd'hui, dans toute la France, il n'existe aucune administration locale dont la nomination et la destitution ne soient livrees a la discretion et a la volonle arbitraire des ministres ou de leurs agens , nommes et destitues de meme. De la les elections deuos deputes faussees et maitrisees par les ministres; de la les mau- Taises lois dues a leurs vues etroites d'interet personnel , a leurs preju- ges ou a leur complaisance, et les autres lois non moins dommageables dont on est menace. De la un vif degout pour un ordre de clioses oiu les citoyens pretendus libres ne sont que passifs , et prives de leurs garanties les plus desirees, les plus desirables; dela une lutte effrayante et continuelle entre les libertes reconnues par la Charte , et le regime ministeriel. II faut done enfin organiser la societe de mani^re qu'elle soit en harmonic avec le pacte fondamental. Dans la ville m^me de Paris , on voit que tout I'ordre municipal et departemental est pure- ment nominal et ministeriel. Cette reine des cites , dit avec grande rai- son notre respectable auteur , non moins ami de nos libertes qu'il e&t ami eclaire du pouvoir, se trouve aujourd'hiii absolument etrangire a la regie de son patrimoine , a la disposition de ses revemts. On a peine a se familiariser avec I' idee de la plus grande corporation locale depouillee de tvutes les prerogatives legitimes et salutaires dont elle a joui sous I'an" 838 LIVRES FRANCAIS. clen regime, et qui ne devaieut qu'ctre ameliorees dans le nouveau, et singulieremeiit depuis le retour du Roi et I'etablisseraent du gou- vernemeut constitutionnel , garanti par les sermens du monarque. Lanjuinais, de tlnsciliu. 387. — * Traite du Contrat de manage ; par M. P.-H. Bellot des MiNiERES, avocat pres la Courroyale de Poitiers. Paris, iB-x^-i8iS ; Alex.-Gobelet , libraire, rue Soufflot , n" 4; ^ Poitiers, E.-P.-J. Ca- tineau, iiuprimeur-libraire. 4 vol. in-8«, dont 3 out paru ; prix 20 fr. Le litre du contrat de mariage est, sans contredit , I'uu des plus importans du Code civil; par son objet, il interesse indistinctement toutes les classes de la societe francaise; il n'est aucune partie du Code dont les dispositions soient d'une application plus frequente et plus universelle. A defaut de conventions matrimoniales , ce litre etablit le droit conimun de la France; il relive la saintele de I'union des epoux , en accordant au contrat qui la regit une foule de privileges que la loi refuse aux autres conventions civiles. Ainsi le legislateur a voulu aplanir tons les obstacles qui auraient pH detourner les citoyens de raccomplissement du mariage. Cette portion interessante de notre Code est une de celles qui ont le moins exerce les veilles des jurisconsultes dont les ecrits ont et6 consacres a la legislation nouvelle. Nous ne possedons aucun ouvrage special sur le contrat de mariage qui fasse autorite aux ecoles et au barreau. L'auteur de I'ouvrage que nous annoncons n'a pas la pretention de remplir a lui seul cette lacune de nos biblioth^ques de droit moderne. II offre avec modestie au public le resultat de ses travaux , dans I'es- poir de contiibuer pour sa part a repandre des lumieres sur une des branches les plus importantes de notre legislation. Nous croyons pou- voir affirmer que son espoir ne sera point trompe. Dans une preface, M. Bellot des Minieres nous apprend que, pendant plusieurs annees , il a donne sur la mati^re de son livre des cours particulieis a des jeunes gens qui se destinaient au droit et au notarial. Depuis I'instant ou il a concu le projet de rendre ses lecons publiques par la voie de I'impression , il a consacre trois autres an- nees a les revoir et a les peifectionner. On lui saura gre des nom- breuses rechercbes auxquelles il s'est livre ; chacun des articles du litre du contrat de mariage a ete par lui soigneusement examine et developpe; il a cherche a faire disparaitre toutes les difCcultes qu'il pouvait presenter. On n'adoptera peut-etre pas toules les solutions qu'il a donnees des diverses questions qui naissent de rintcrpretaliou SCIENCES MORALES. 839 et de I'application de la loi du manage; mais, eu examinaiit avec detail toutes ces questions , en exposant avec una cgale bonne foi les raisons de douter et les raisons de decider, I'auteur a fourni a I'etudiant et a I'avocat les moyens de prendre eux - monies un parti avec une entiere connaissance de cause. On pourra lui repro- clier un peu de diffusion ; mais il est fonde a se prevaloir de I'exeni- ple de beaucoup de jurisconsultes celebres. On pourra le blamer aussi d'avoir employe certaines expiessions , certaines tournures de phrases familieres aux praticiens, mais que repiouve un goiit severe, et qui ont ete justement et spirituellement anathematisees dans un excellent recueil consacre a la legislation et a la jurisprudence ( la Themis). Enfin, on pourra contester I'entiere justesse du litre donne a I'ouvrage , qui est moins un traite complet de la rcatiere , qu'un commentaire precieux de la partie du Code relative aux interets civils des epoux, puisque I'auteur, dans ses explicatinos et ses developpe- mens , a suivi exactement la division du Code et I'ordre nuinerique des articles ; neanmoins, on reconnaitra que le livre de M. Bellot des Miuieres est un travail consciencieux, dans lequel predoniine un jugement plein de rectitude, et qu'il peut etre considere comme un veritable service rendu a la science. J. -J. Dubochet, avocat. 388. — * Notes sur les colonies d'iiidigens , signees Leopold de Bel- i-LisQ. Paris, iSaS; imprimerie de Lebel. In-8o de ii pag. Le monde lecitement vers le bonlieur s'avance. Quand ce vers a ete public ( il le fut a peu pres en 1770 ), il exprimait une verite de fait ; et c'etait moins encore I'espfece hu- maine qui faisait des progres vers le bien que les esprits vers la verite. Aujourd'hui , c'est vers le bonheur reellement que le monde s'avance, et ce n'est pas avec lenteur; du nord au midi, tout est change en bien dans le nouvel hemisphere , et tout annonce, de nos jours , surtout depuis qu'une politique vraiment morale est adoptee par I'Angleterre', que tout va changer dela meme maniere dans I'ancien monde. Le tres-petit ecrit que nous annoncons fait esperer, et m^me nous donne la certitude que des associations et des souscriptions de simples particuliers ont dcja produit en HoUande, en Dauemarck et dans la Belgique , des innovations qui seront fecondes en perfec- tionnemens pour I'espece hujnalne et en ameliorations de ses des- finees. — La mendicite a long-terns ete I'opprobre, le fl^au des so- 84o LIVRES FRANCMS. cietes de I'Europe. On a tiouve des moyens , deja couiomies da tucces, de la dotruire dans sa source, I'indigence. L'ecrit de M. de Bellaing ne contient gu^re plus de dix pages ; inais qu'il s'en faut qu'on le trouve court de vues ! Elles sent vastes, et toujours precises et nettes par le style. Nous reviendrons sur les fails et sur les vues exposees dans cetle brochure, ea cousultaut d'autres ecrits qui ont aussi pour objet la destruction de la mendicite. Mais, nous nous batons de I'annoncer pour qu'on se b4te de la lire, dussent quelques lecteurs s'arraer de severite contra lui. Plus on est severe pour ce qui egt vrai , plus ce qui est vrai devient eclatant , et se repand avee facilite a travers tous les obstacles qu'on veut lui opposer. T. 389. — Des ■vols politiques ou des proscriptions , des confiscations , des spoliations Jaites par les usurpateurs ct les rebelles, durant le ren- versement du gouvernement et de I'aiilorile legitime, et renvahissemeiit de la souverainete ; fragmens historiques , maximes, pensees diverses , morales et politiques, tirees de differens auteurs, tant anciens que modernes. Paris, i8a5 ; Everat. Br. in-B" de 24 pages; prix i fr. Cette brochure n'appartient a I'auteur, que par le titre ; apres I'avoir lue atteniivement , nous n'y avons pas trouve une ligne qui lie soit de pure compilation. C'est un recueil de sentences et de proverbes qui se suivent sans raison et sans ordre ; c'est une mace- doine tiree de Job, de I'Ecclesiaste, du cantique de Moise , d'A- ristote , d'Aratus de Sycione, de Ciceron, de Machiavel, de Bos- suet, de Pitt, de M. deMaistre, etc., etc. Vientensuiteun Appendice contenant les textes de lois rendues depuis Constantin le Grand jusqu'a Louis XIV, pour rendre aux bannis et auxproscrits, a I'ex- ception des juifs et des protestans , leursbiens confisques , presque toujours au seul proflt des courtisans. 390. — Defense des interets des hospices et des etablissemens de ckarite , gravement compromis par ramendemerKt de la commission chargee par la Chambre des deputes de I'examen de la loi des in- demnites a accorder aux emigres; par M. Lucas; dediee au general FoY, membre de la Chambre des deputes. Paris, 1825 ; a la librairie francaise et ctrangere. Br. in-S" de 36 pages , prix i fr. L'auteur expose les droits et les interets des hospices ; ils'attache a combattre I'illegalite de la mesure proposee par la commission ; il demonire ensuite tout ce qu'aurait de dommageable une con- version des biens immeubles des hospices en rentes sur I'etat; il li'appuie a ce sujet des principes de I'economie publiquc, et de SCIENCES MORALES. 8/ii I'autorite de Louis XVI , qui s'expriniait ainsi, dans rordonnauce de 1780 , ou il s'agissait d'une conversion analogue : « Dans la vue de prevenir toute espece d'objections relatives aux effets generaux de I'augmentation progressive du numeraire, et desirant que les hopitaux conservent en entier, et dans tous les terns , le fruit de nos dispositions bienfaisantes , nous leur avons assure des dedom- magemens de I'augmentation progressive que Ton peut attendie dans la valeur des immeubles , et a cet etfet , nous voulons que, tous les vingt-cinq ans, I'engagemeut que nous aurons pris envers les raaisons hospitalieres soit augmente d'un dixieme en capital et arrerages , et qu'a chacune des revolutions susdites , il soit pass« un nouveau contrat conforme a cette promesse. » — Nous ne dou- tons pas que cette brochure, ecrite avec talent, n'ait contribue a eclairer la discussion sur I'importante question a laquelleelleestcou- sacree. Lepublic s'est un peu console de la proposition des ministres sur riudemnite , en voyant du moins rejeter I'aniendement de la commission , qui devait ravir aux hopitaux une partie de leurs pro- prietes, confirmees souvent par les lois , et notamment par la loi de i8i4 ) sur les biens rendus aux emigies. Sgi Observations sur les confiscations revolutionnaires et le projet de loi de I'indeinnite , presenle aux Chanibres ; par M. le vicomte Felix DB CoNNY. Paris , 1825 ; Audriveau. Broch. in-8" de 46 pages. Prix I fr. 5o cent. Cet ecrit n'est qu'une declamation amere coutre la revolution francaise, et un eloge inconsidere de I'emigration. L'auteur annonce qu'il va faire des observations sur le projet de loi de i'indemnile; mais il se contente de passer en revue les evenemens de la revolu- tion , depuis I'emigratioD de 1791 , s'absfenant de remonter a 1789. Ses assertions paradoxales n'ont pas besoin de refutation. Quant au projet de loi presente aux Chambres, l'auteur le trouve injuste, a la verite, mais uniquement sous le point de vue de I'inegalite de par- tage du milliard entre des emigres qui ont des droits identiques ; il vGudrait que la Qiambre adoptat un mode de repartition iudique par M. Dard, et qui donuerait a la nouvelle loi un caractere d'im- partialite. P.-E. Lanjuinais. 3q2. — Defense des coinmis des administrations publiques contre le monopole et la confiscation de leurs cmplois ; par M. Nicqxje, cheva- lier de la Legion-d'Honneur. Paris, iSaS; Trouve. In-E" de 3?. p.; prix 75 c. On deplore depuis long-tems I'etat precaire ou se trou\ei;t leseui- 84 a HVRES FRANCAIS. (iloyesde tout«sles aclininistratious ; jamais iln'y aeudaiis leperson- sieldes bureaux autant dechangemensque depuis qu'on nous promet d'etablir partout une fixite rassurante pour tout le nionde. Les an- ciennes garanties out ete eulevees a tous les salaries du gouveniement. La caloinnie la plus obscure, le mensonge ou le caprice suffisent pour leur faire perdre la place qui souvent nourrit leur famille entiere, M. Nicque s'est rendu I'organe de tant de malheureux qui n'ont pas in^me le droit de se plaindre. S'il a clioisi pour fixer I'attention du gouvernement la classe des commis , ce n'est pas qu'elle ait plus a souffrir que les autres de I'arbitraire ou de Tinjustice; mais c'est qu'elle est plus nombreuse , et que souvent ceux qui cessent ainsi d'en faire parlie ne sont gu6re propres a remplir d'autres places. Sans doute il serait a desirer que Ton dimiiiudt, mais progressive' ment , sans secousse et sans violence, ce nombre infini d'employes, dont Texistence , presque toujours inutile au peuple , est pour lui un poids enorme. lis entravent souvent, d'ailleurs, les rouages d'une administration beaucoup trop compliquee, donnent presque tou- jours au ministere les nioyens d'etouffer I'opinion et les voeux du peuple, et raultiplient les abus au profit des creatures uiinisterielles , qui forment une classe privilegiee, separee et presque ennrjeie de la nation. Mais cette reforme utile doit elre Touvrage du tems et non du caprice ; elle devrait se faire dans I'inter^t general de la societe , et non pas au detriment de quelques malbeureux p^res de famille , qui souvent retombent a sa charge en c^dant violemment leur emploi aux heureux favoris du pouvoir. B. J. 393. — * Tableaux historiqties extraits de Tacite, traduction nou- velle; par M. Le Tellier , avocat a la Cour royale de Paris. Paris, 1825 ; Grinibert. a vol. in-S" de 325et 890 pages ; prix 12 fr., et 4 fr. 5o c. M. Le Tellier offre ce recueil aux amateurs eclaires de la littera- ture ancienne et a la generation qui s'eleve. II obtiendra , nous n'en doutons point , toute I'estime des premiers , et la reconnaissance d'une jeunesse studieuse, avide de connaitre et d'admirer les vrais niodeles. Un clioix n'etait pas facile a faire entre les nombreux tableaux d'un ecrivain que Racine appelait le plus grand peintre de I'aniiquiie. Le gout du traducteur I'a fort lieureusement dirige dans I'embarras qu'il a du eprouver au milieu de tant dc richesses. II a reuni tous ces extraits par des sommaires et des appendices ; ils sont suivis de notes critiques et lilteraires ; et , ce qui est surtout precieux , SCIENCES MORALES. 8/,3 d'un supplement chronologique. Nous consacrerons une analyse a cetle importante production. 394. — * Bibliothique du xix° siecte en 100 'volumes. — Chronologie universelle ; par A. Loeve-Veimars. Paris, iSaS; Raymond, i vol. in-i2, de 466 pages; prix i I'r. 5o c. C'est pour tout ecrivain unc pretention souveut dangereuse que de vouloir paraitre original , quel que soit le sujet qu'il traite. En attachant a ce genre de nierite une importance exclusive, on s'ex- pose , surtout dans un ouvrage consacre specialement a Finstruction , comme celui que j'annonce, a tomber dans quelques divagations declamatoires, et a sacriCer quelquefois la justesse des idees a une sorte de singularlte. Peut-etreM. Loeve-Veimars ne s'est-ilpas assez preserve de ce defaut , en ecrivant ses Considerations generales sur la, chronologic et I'kistoiie. Cette espece d'introduction , qui forme la partie vraiment neuve de son ouvrage, prouve , sans doute , que I'auteur possede une riche erudition : il y developpe, en efFet, un assez grand nombre de questions concernant la chronologie et This- toire, dont I'examen et la solution exigeaient de longues rechercbes et de savantes etudes ; il parle ex-professo des revolutions de la terre et de celles de la race humaine; de la manifere d'etudier et d'ecrire I'histoire; du caractere particulier des historiens liebreux, grecs, latins; des traditions, des monumens , des systemes rebgieux et administralifs de divers peuples de I'atitiquite , de leurs chro- niques, etc. Mais la critique desirerait qu'un jugement plus sur u'eut offert , a cote de tant de savoir , que des principes incontestables et des assertions d'une evidente verite? Que doit-on penser, par exem])le , en lisant des le debut que, dans I'histoire ancienne, « grace aux rbeteurs , la ferocite fut de I'lieroisme , le noni d'Auguste fut revere, Demosthene et Ciceron furent de grands patriotes ; Sparte , I'ecole du brigandage, fut admirc-e comme le modele des etats, et que les Atbeniens parurent le peuj)le le plus eclaire. » J'abundonne, pour etre court, le patriotisme de Demostiiene, la civilisation deses concitoyens et la morale de Sparte. Mais n'est-ce pas une etrange erreur, on du moins une exageratiou temeraire , que de placer sur la meme ligne de reprobation , de fletrir du meme mepris , le digne consul que Rome libre proclama le p^re de la patrie, et I'astucieux triumvir, le sanguinaire proscripteur, sous les coups duquel ellevit perir sa liberte? Je me borne a cette citation, a laquelle j'en pour- rais joindre plus d'un autre du radme genre, notamment au sujet 844 LIVRES FRAWCAIS. de quelques historieus que I'auteur me semble avoir jug^s avec une leg^rete un peu presomptueuse. J'ai deja rendu justice a son erudi- dition ; je dois aussi des eloges a son style, qui, sans ^tre exempt de neologisme , et malgre certaines formes qui sentent trop le ton magistral , est clair et coucis en general. Je me plais a reconuaitre eniin qu'il serait facile d'extraire de ces Considerations des mor- ceaux entiers, d'une lecture instructive et agreable. B. ^9^- — * Histoire d' Angleierrc , depuis Jules-Cesar jusqu'en 1760 ; par Olivier Goldsmith , continuee jusqu'a nos jours par Chailes Coote; traduction de I'anglais par M'^<^ Jlexandrine A.\hxgoj( ; avec une Notice sur la 'vie et les ouvrnges de Goldsmith , par M. Albert MoN- TEMOMT, auteur des Lettres snr V Astionomie. Paris, i825; Peytieux, galerie Delorme. C vol. in-S", papier satine , 36 fr. ( le premier vo- lume est en vente. ) L'objet de Thistoire est d'etre utile aux hommes , en leur offrant le tableau des actions inemorables, sans se borner a une serie de noms et d'epoques , a des recits de faits, de batailles , de revolutions, de luttes des etats , des rois contre d'autres etats , d'autres rois , ou des gouvernes contre les gouvernemens. Elle doit mettre en evidence les grands exemples de vertus , fletrir les crimes , et surtout detruire les prejuges, soit populaires, soit politiques; car elle doit toujours eclairer, en s'attachant a demeler dans les eveneaiens la marche de I'esprit humain. — II est bien peu d'historiens qui aient atteint ce but philosophiqi^e. Chez nous, Voltaire a le premier trace la route, pen- dant que David Hume et Olivier Goldsmith la parcouraient succes sivement en Angleterre; I'impartialite, le choix des faits et la jus- tesse des reflexions, sont les qualites de ces deux ecrivains. lis ne poss^dent pas la premiere a un egal degre : Hiyne penche souvent pour la couronne, confond le peuple avec la populace, et trahit quelquefois la cause de la justice et de la liberie. Goldsmith tient iTiieux la balance entre le pouvoir monarchique et la nation, et il respecte plus la verite. Si Hume , d'ailleurs, est plus etendu, Golds- mith est plus concis; I'un et I'autre dit bien ; mais Goldsmith ne dit que ce qu'il faut dire. Les abreges de I'histoire grecque, de I'histoire romaine, et les lettres sur I'histoire d'Angleterre , par ce dernier auteur, sont tra- duits depuis long-tems en franqais. Son Histoire d' Angleterre ne I'avait pas encore ete. C'est a une dame que nous devons ce nouveau tra- vail, d'autant plus important que ce n'est pas un aride abrege, mai« line histoire aussi complete que celle de Hume , quoique moins SCIENCES MORALES. 845 lougue. Le style de Goldsmith est toiijours naturel , facile et 616gant; celui de son traducteur offre egalement ces caract^res, et MuoeAragon prouve, quoique jeune encore, que cette belle entie- prise n'est pas son coup d'essai. Le premier volume comprend uiie serie d'environ ireize siecles,depuis Jules Cesar jusqu'a Edouard I""''. Nous avons particulieremeiit distingue les regnes de Guillaunie-le- Conquerant, de Jean-sans-Terre , de Richard Coeur-de-Lion et d'E- douard, esquisses de main de maitre. — La Notice, placee a la tete du volume, offre un coup d'oeil rapide sur la vie et les ecrits de I'au- teur anglais. Nous reviendrons sur cet ouvrage , quand les autres vo- lumes auront paru. *** 396. — * Resume de I'Histoire de la Perse , depuis I'origine de I'em- pire des Perses jusqu'a ce jour; par C.-D. Raffenel. Paris, iSaS; Lecointe et Durey. In-i8 de iv et 32a pages ; prix a fr. 5o c. L'histoire de la Perse ancienne n'est presque point connue : du moins, nous n'avons pas a citer d'historien contemporain qui en ait fait le sujet special de ses travaux. Si les Grecs et les Romains en parlent, ce n'est que d'uoe maniere secondaire et parce que les affaires de la Perse n'etaient pas sans influence sur celles de leur propre patrie. Aussi, quand l'histoire de I'Asie n'est pas m^lee a celle de la Grece ou de I'ltalie, les notions sur la Perse nous manquent absolument. M. Raffenel a parfaitement marque cette indigence dans son re- sume. II divise l'histoire de la Perse en six epoques : celle de Cyrus et de ses successeurs ; celle des Parthes ; celles de I'empire des Sas- sanides, de la conqu^te des Arabes , du regne des Sophis, et enfin de I'usurpation des Afghans, avec la longue anarchie qui suivit le regne de Thamas-Koull-Ivan. — Les deux premieres epoques , con- nues par les relations immortelles des ecrivains grecs et romains, n'avaient pas besoin d'<5tre traitees avec de grands details : on verra cependant avec interet I'tl^vation d'un puissant empire sous Cyrus, dont les vertus honorerent sa patrie, et I'extinction de sa race, d^s le regne de son fils, dont les vices ebranl^rent un empire fonde sur la sagesse et la justice. La conjuration des sept princes, les guerres centre les Grecs, les conquetes d'Alexandre, la chute du premier empire des Perses, releve par Aibace, sous le nom d'empire des Parthes, ne sont, pour ainsi dire , que rappelees a la memoire des lecteurs dans I'ouvrage de M. Raffenel. Mais la troisienie epoque, on celle des guerres des Romains avec les Perses, est traitee assez longuemeut pour ne laisser rien a desirer sur ce sujet. Les trois 8/,G LIVRES FRANCAIS. et 36 fr. pap. velin. Apres le^merite attache a I'execution d'une histoire generale, vient sefclasser imniediatement le talent moins eleve, mais non inoins utile qui s'exerce sur une seide cpoque , ou sur un seul per- sonnage historique. Ce genre, tout secondaire qu'il puisse paraitre,. ne laisse'pas de nous offrir d'excellens modules. Nous nous borne- rons a citer Saint-Real, Vertot et Raynal pour les compositions qui n'embrassent qu'une periode historique : Robertson , William Roscoe , MM. Villemain el,Jay n'ont trace que les evcnemens sur- venus pendant la vie de I'ljonime dontle caraclere avail frappe leur esprit (i). C'est a ces derniers ecrivains, a ces biographes remarquables queM.de Villeneuve a voulu s'assimiler, parson ouvrage sur le roi Rene d'Anjou. Dans ce sujet , rien ne pouvait s'approcher de I'am- bitioa de Charles-Quint, de la splendeur de Leon X, de la sombre politique de Cromwel', ni du despotisme de Richelieu; mais des caracteres aussi fortement prononces ne sont pas, heureusement, les'seuls qui'puissent captiver notre attention; on peut aussi se plaire et s'interesser a suivre la vie d'un roi honnete liomme, amis des arts, les cultivant lui-m^me, cherissant les peuples confies a (i) CoDJ de Vcnise; Revol.rde Piwtugal ;''H"ist. de IVtabl. des Europeeus daus les deux Indcs; Hist, de Cliarles V; Vic et poutif. dc Leon X; Hist, de Cromwell ; Hist, du card, de Richelieu. SCIENCES MORALES. 85 1 ses soins , se consolant de ses adversites yiar une haute resignation, et ne dedaignant point d'appeler la philosophic a son aide. Tel fut Rene d'Anjou. Eleve du cardinal de Lorraine (Louis de Bar), son grand - oucle, il put bien se ressentir des idees superstitieuses de I'epoque; elles durerit meme attenuer ses qualites chevaleresques ; mais ce qu'il perdit sous ce rapport , il le regagna sous d'aufres non moins essentiels : la loyaute dont il fut rembleme, la legislation donl il fit une de ses etudes favorites, I'affection du peuple qu'il chercha constamment a meriter, la Constance dans I'amitie dont il donna le plus noble exemple, les recompenses qu'il savait prodi- guer aux services rendus, sont autant de merites qu'aucnn prince conteinporain ne poss^da peut-ctre a un degre plus eminent. Cha- cun sait que Rene, apres avoir perdu ses plus beaux apanages, termina sa longue et malheureuse carriere dans son comtc de Pro- vence. La bonhomie qui caracterisait ce prince a ete, de tout tems, appreciee dans cette partie du royaume : il n'est done point eton- nant que sa memoire y soil encore religieusement gardee. Cette meme bonhomie a ses detracteurs; c'est a venger Rene de pareilles alteintes que M. de Villeneuve s'attache plus d'une fois , ainsi qu'il I'annonce dans son introduction. La critique de I'auteur, a cet cgard , est tres-remarquable; elle est appuyee de savantes recher- ches et d'une erudition de tres-bon goiit. Son introduction, fort bien ecrite, nous fait regretter que Tauteur u'ait pas juge conve- nable d'y joindre un tableau general de la situation de I'Europe a cette epoque : les difficultes que Rene put vaincre auraient ete d'un effet plus frappant, surtout aux yeux des gens qui n'estiment que le succes. Mais, on cesse d'ep rouver ce regret, lorsqu'on entre avec I'auteur dans le recll des evenemens ou Rene fut uu des principaux acteurs; la plupart de ces evenemens sont les plus importans du xv° siecle, le premier qui prepara la regeneration de I'esprit hu- main. Le style de M. de Villeneuve est facile et correct; il est quelque- fois d'une grande vigueur, specialement dans lanarration de la ba- taille de Nancy; il a de la gr^ce dans une foule de details dont I'auteur a seme son livre. Neanmoins, parmi les documens interes- sans que M. de Villeneuve nous donne pour la premiere fois, nous re- commandons an lecteur trois lettres A'^lix de Champj- { lie volume note ao) , modeles du plus tendre abandon et de la plus aimable naivete. Quel que soit le jugen)ent que Ton porte sur Rene d'Anjou, 8r.2 LIVRES TRANCAIS. npr^s avoir lu son historiographe , on ne saurait lui refuser la gloire d'avoir contribne a rimportation des lettres et des beaux arts en France : ces flambeaux de I'humaine raison ne se trouvaient alors qu'en Italie , et quoique, chez nous, ils n'aient brille d'un vif 6clat que sons Francois V , Rene doit dtre considere, sous ce rap- port essentiel, comme nn des precurseurs de ce monarque. D'Eyraud (i). 4oo. — * Histoire de Vemigration (1789—1825); par M.-F. de MoNTROi.. Deiixieme edition. Paris, iSaS ; Ponthieu. I vol. in-80 do 418 pages, prix ; fi fr. L'importante discussion qui a eu lieu cette annee dans les Cbatn- bres, la loi qui en a ete la snite, ont appele de nouveau ratteniion pnblique sur I'emigration , cet episdde de notre revolution, qu'une sage politique inspir^e par ces belles paroles royales , union el oiibli, aurait du ecarter de la legislation nonvelle, en laissant a I'his- toire le soin de le juger. M. de Montrol a voulu examiner les droits des emigres a i'indemnite qui leur a ete allouee par la derniere loi. II a trace I'histoire de I'emigration , non d'apres les 6crivains que leurs principes patriotlques auraient pu falre recuser par les emi- gres; mais d'apres ceux m^rae dont ils ont le plus vante les ou- vrages , et qui leur ont ete le plus favorables. Ecquevilly , Ferritres, Damartin , Lacretelle le jeune, madame de Larochejaqueleln : tels sont les noms auxquels nous renvoient constamment les citations. C'est d'apres eux , et d'apres les pieces ofCcielles que M. de Mon- trol expose la condnlte des emigres, que Ton voit abandonnant Louis XVI aux premiers dangers, appelant, malgre les pri6res du prince , les horreurs de la guerre etrangfere daus leur patrie, resis- tant a toutes les invitations de revenir en France, ne cc-mmencant a rentrer en foule que lorsque le pouvoir absolu reuni sur une seule t^te ( celle de Napoleon ) leur donna I'espoir d'obtenir par de basses flatteries les emplois et les honneurs qui devaient ^tre la seule recompense du m^rite. Alors ils accaparerent toutes ies places, obstruerent toutes les avenues du pouvoir; et quand la serie des evenemens eut ramene sur le trone les anciens princes (i) Une nouvelle editiou , eutiercmcnt completee, de I'ouvrage de j^.d'EvRAUD, intitule : De V administration de la justice et de I'ordrejudiciaire en France, vicnt d'etre publiee a Paris, cliez Fanjat, rue Christine. 3 vol. in-89; prix 18 fr. SCIENCES MORALES. 853 francals, ces nieraes emigres, encore couverts de broderies men- diees dans les antichambres de I'lisurpateur, reclamferent pour eux toutes les faveurs, et finireiit par se faire attribuer una indetn- nite d'un milliard. Cette mdme somme d'lin milliard etait la recom- pense promise aux defenseiirs de la patrie, dont le courage hero'ique avail preserve la France de I'invasion etrangere. — Nous ue sulvrons pas M. de Montrol dans le detail des fails qu'il raconte. La conduite d'un grand nombre de ces hommes qui n'opposaient au courage bouillant de uos armees que des bras enerves par la moUesse et I'oisivete ; la cupidile de ces memes hommes , qui, en- richis des depouilles des protestans, lors de la revocation de I'edit de Nantes, s'enrichissent mainlenanl des depouilles de la France, sont conuues et flelries depuis long-lems ; mais il esl bon de trou- ver leur bisloire a peu pres complete dans un livre fail exprfes. Tel est I'ouvrage de M. de Montrol : le recueil des principaux decrets, des lois el des ordonnances qui concernenl les emigres , depuis 1789 jusqu'en 1825, termine le volume el vient a I'appui de tout ce qui a ete dil dans I'ouvrage. B. J. 401. — * Analyse de Chistoire de Napoleon et de la grande armee , en 18 1 2,- par M. le general comte de Segur, extrait des Annales de la litterature et des arts. Paris, iSaS; C.-J. Trouve. Br. in-S" de 7 feuilles et demie; prix 2 fr. 60 cent, et 3 fr. Cetle brochure peut etre consideree comme un excellent abrege de Touvrage de M. de Segur. Le critique a suivi I'historien pas a pas; le plus souvent mdme , il le cite textuellement. Sans omettre aucun fait remarquable, aucun evenemenl de quelque importance, il nous presente, en 118 pagei , ua tableau precis el anime de rexpedition tout enliere. Celte analyse lerminee , I'auteur apres avoir rendu justice a la bonne foi de M. de Segur, et a son la- lent, comme narrateur, peintre et poete , ajoute une derni^re ob- servation , un peu severe peut-etre . mais donl la franchise au moins prouvel'impartialite de ses eloges :«I1 nous asemble, dit-il, queM. le comte deSegur, en se faisact I'heureux emule de Xenophou, n'avait pas toujours sa noble simplicite, et qu'il s'ecartait quelquefois du naturel pour viser au trait et a I'effet. Nous avons aussi regrette qu'un esprit si brillant n'ait pas ele a I'abri de la contagion dii genre qu'on appelle romantiqiie, et qu'il en ait mele souvent le faux coloris a ses plus belles peintures. » B. 402. — * Mcmoires du marquis d'Argenson , minislrc sons Louis XF, 854 LIVRES FRANCA.IS. avec une Notice stir la -vie et les oiivrages de I'atitenr ; publics par Rene d'Argenson. Paris, iSaS; Baiulouiii freres. t v. in-8'^'; prix 7 fr. Get ouvrage etait coniiu en partie : i" sous le titre A'Essais dans le gotit de ceiix de Montaigne , etc., Amsterdam ( Paris , 1785, in-8°;J 2° souscelui de Loisirs d'un ministre. (Liege, 1787 et Brnxelles, 1788.) — Les amateurs restimaient sous ces deux litres , comme renferman^ des anecdotes historiques et litteraires ecrites avec une franchise re- marcjuahle. On y retrouve frequemnient Tame et I'csprit du celcbre auteur des Considerations stir le goiivernement de hi France. M. Rene d'Argenson, fils de I'ancien depute dece nom , digne pos- sesseur des manuscrits du marquis d'Argenson, a \u avec peine que les Essais nc contenaient point plusieurs morceaux de politique etde 'itterature tres-dignes de voir le jour. Il a youlu rendre hommage a la memoire de son grand oncle , en les joignant aux anciens. 11 a cru meme devoir publier le tout dans un nouvel ordre, et sous un titre plus convenable aux mati^res principales traitees dans les Essais. L'ancien titre faisait considerer le marquis d'Argenson comme un ^crivaiu qui , pnr la hardiesse de ses pensees et la variete de son Erudition , pouvait 6tre compare a Montaigne ; ce n'etait pas faire connaitre sufiisamment ce grand cltoyen. Le nouveau titre le fera mieux apprecier. On voit , en effet , dans les Memoiies du marquis d'Argenson, un honime qui se prepare par des etudes profondes a remplir les postes les plus eleves , et qui , parvenu a I'un de ces postes , celui de ministre des affaires etrangeres , ne distingna pas I'amour pour le monarque de son respect pour les droits de la nation et du desir ardent de la rendre heureusc; c'est dans cette place cmi- nente qu'il a ote juge par Voltaire, digne d'etre membre du senat de Rome, ou secretaire d'etat dans la republique de Platon. Voila I'homme que ses Memoires font tres-bien connaitre. Un des nouveaux cliapitres nous apprend que le ir.nrquis d'Argenson est le principal auteur d'un ouvrage auonyme tres-remarquable, in- titule : HisCoire du droit public ecclesiastiquejrancais. Londres, 1737 , a vol in-i2. Voltaire dit seulement qu'il y avait coopere. Cette liis- toire, redigee dans des principes excellens, se trouvait autrefois dans toutes les bibliotheques de nos magistrats; aujourd'hui, on connait a peine son titre. En 1740, la Sorbonne voulut la faire condamner; mais le celebre procureur general, ,Joly, prouva , dans trois plai- doyers successifs, que les principes de la Sorbonne etaient beaucoup plus dangereux que ceux de I'ouvrage qu'elle attaquait ; la censure n'eut pas lieu. SCIENCES MORALES. 855 La Notice sur la vie , le ministere et les ecrits du marquis d'Argen- son , redigee avec beaucoup de talent par I'editeur , remplit les la- cunes que Ton pent remarquer dans les IHetnoires. EUe fait tr6s-bien connaitre les talens et les vertus du ministre de Louis XV ; en meme terns, elle nous fait voir qu'un de ses descendans se prepare aussi , par la meditation et par Tetude, a remplir dignemeut les places auxquelles son iiora et son merite personnel le feront appeler tot ou tard. Ces lUemoires font partie de la Collection des Memoires lelatifs a la revolution francaise , que publient avec un succes remarquable les freres Baudouin. Bakbier. 403. — EpheincriJcs liistoriques et poUtiques du regne de Louis Xflll, depiiis la restauration ; par Cyprien Desmarais. Paris, iSaS ; Maurice. I vol. in 8° de XLviii et 867 pages , orne d'une gravure d'apres la coupole de Sainte-Genevieve, peinte par M. Gros ; prix 7 fr. Voila un de ces livresque Ton peut placer dans une bibliothoque, comnie une espece de table des matieres de plusieurs journaux, pour trouver au besoin un fait ou une date. On comprend qu'il n'y a point d'analyse a faire d'un pareil ouvrage; tout le travail du cri- tique se borne a examiner s'il y a de I'exactitude ct de I'ordre dans le clioix et le classement des materiaux. Quant a I'exactitude nous n'avons point remarque d'oublis importans, et voici ce que dit I'auleur lui-meme, a I'egnrd du classement des faits : « Nous avons tacbe de remedier a ce defaut apparejit d'encliainenieut de di- verses parlies de I'ouvrage, en etablissant, autant que possible, des points de correlation entre Ice articles qui traitent des memes ma- tieres , et qui se rapportent au meme sujet : les correlations sont in- diquees au moyen des renvois que nous avons places a la fin des ar- ticles; ces renvois sont destines a faci liter la recherche des articles analogues. » Pour grossir le volume, I'auteur a place en tete, sous le titre de Pragmens politiqiies sur le regne de Louis XFllI , quelques pages deta- chees oil nous n'avons trouve ni a-propos, ni interet. M. A. 404. — Memoires de P. L. Haiiet Clcry , aacien valet de chanibre de ]\Ime Royale, aujourd'liui Dauphine , avec les portraits des deux freres Clery. Paris, i8a5 ; Alexis Eymery. 2 vol. in-8°. , en tout plus de 700 pages ; prix 12 fr. Tout le monde a lu les memoires de Clery. Tout le monde s'est plu a reconnaitre le zele et le courage dont il avait tait preuve , en continuant sou service aupr^s du malheureux Louis XVI , jusqu'a sa 85f) LIVRES iRANCAIS. niort. Si jamais il y eut uue fidelite courageuse et meiiloire , c'est sans doule la sienne : Hanet-Clery, fr^re cadet du precedent, n'eut pas I'occasion de montrer un devouement egal a la cause de ses princes ; mais son amour pour sa famille , sa bonte pour tous ceux qui Tent approche , et son desinteressement dans toutes les circons- taiices , sufflseut sans doute pour lui meriter la bienveillance de ses JfCteuis. Quant a I'iuterdt, il sera assez excite par la suite extreme' inent variee des aventures de sa \ie. L'auteur dit , dans sa preface, que Ton pourrait croire , en lisant son livre, qu'il a ecrit unroman^ en effet , on le voit jardinier , entrepreneur de bStimens, meunier , sous Louis XVI; attache aux armies, munitionnaire general de la Suisse, pendant la revolution, ruine par I'inexactitude du gouver- nement , poursuivi par des huissiers , attaque a Saint-Domingue de la fievre jaune, n'cchappant a cette maladie et a la vengeance des Noirs que par una espece de miracle , prisounier en Angleterre , charge encore , a son retour en France , de I'approvisionnement des armies, et partout temoin souvent actif d'aventures bizarres , et qui ne paraissent avoir altere en rien I'egalite de son caract^re. Cepen- dant, a la perte de sa fortune s'est jointe celle de plusieurs mem- bpes et de sa sante : en butte aux injustices ministerielles, prive de toutes ressources , il a trouve dans les bontes de S. A. R. la duchesse d'Angouleme ie moyen de soutenir son existence. D^pouille par un ministre de sa place et de la pension de retraite a laquelle il avait droit, il recut bientot du successeur de ce ministre , mille protesta- tions de services, qui se bornerent toutefois a lui enlever, deux nie- moires qu'il avait rediges sur la Corse (t. II, p. 3o5) , et dont la pu- blication devait mettre pour quelque tems leur auteur a I'abri du Lesoin. M. Hanet, du reste, avoue, a la fin de ses memoires , qu'on I'a accuse de dissipation et de prodigalite : il repond a cette accusa- tion par le tableau dessommes qui lui sont dues par le gouvernement, et qui ne s'elevent pas, selon lui, a moins de 1,184, 745 fr. iS c. , il fautavouer que les dettes du gouvernement ne detruisent point le re- proche ; et radme , la lecture des memoires semble le coufirmer. La variete des evenemens , I'agrement de la narration , quoique le style ne soit pas toujours parfaitement correct, le ton de bonhomie de l'auteur , les anecdotes curieuses et peu connues qui s'y trouvent, assurent aux nouveaux memoires de nombreux lecteurs ; mais il ne faut pas y chercher des materiaux pour I'histoire. M. Hanet ne sait point s'^lever aux considerations generales que Ton recherche au- j/)nrd'liui dans ces sortes d'ouvrages : les causes des grands evene- SCIENCES MORALES. 857 mens n'y sont jamais indiqiiees ; et generalement , son horizon est etroitet borne ; il ne voit rien an dela de ce qui I'entoure. Lesgrandes vues de bien public, de liberie, ue droits des peuples, ne se presen- teut point a lui; mais , a defaiit de ces qualites politiques , on voit brilier en lui des vertus privees qui honorent riiomme. B. J. 405. — iVntice biographique sur Bl. le baron Percy (P. F.) ; par yt. F. SiLVESTRE , secretaii-e perpetuel de la Societe centrale d'agri- culture, membre de I'lnstitut. In 8° de 3o pages. 406. — Notice biographique sur SI. Andre Thouin, professeur de culture au jardin du Roi, membre de I'lnstitut, etc. ; par le meme- Paris, iSaS ; M= Huzard. In 8° de 26 pages. Ces deux notices, inserees dans les Memoires de la Societe centrale d'agrictdture , ont ete-lues en seance publique, le 10 avril dernier , et sufCsaient pour rendre cette seance interessante. Eu les imprimant a part , on fait plus que de rendre ua nouvel hommage a deux hommes egalement recommandables dans la carri^re que chacun d'eux a par. courue , egalement dignes de la renommee qu'ils ont acquise : plus les hommes de cette trerape seront connus , plus les vertus publiques et privees seront encouragees. — Les deux ecrits de M. Silvestre se- ront lus avec inter^t, m^me par ceux qui ont le mieux connu les deux hommes de bien dont il parle ; le spectacle d'une belle dme et d'nn profond savoir ne pent jamais nous lasser, surtout lorsqu'ou nous le montre sous des traits aussi aimables que ceux dont le bio- graphe a compose ses tableaux : la vie laborieuse et agitee ; Time ex- pansive de Percy cherchant sans cesse a etendre la sphere de son ac- tivite, pour multiplier ses bienfaits; la vie simple, retiree de Thouin, consacree a une autre sorte d'activite qui met tout le tems a profit, non pour soi , mais pour les sciences , les arts et la bienfaisance. Notre si^cle, quoi qu'en disent ses detracteurs, leguera a la posterite des modeles qu'il sera toujours glorleux d'imiter , et difficile de sur- passer. 407. — * Notice sur la vie et les travaux de Robert FuLTOW , par M. de MoMTGERY , capitaine de fregate, etc. Paris , 1823 ; Bachelier. In 8" de 70 pages. M. de Montgery etait, en quelque sorte, designe pour ^tre i'liisto- riographe de Fulton : marchant sur les traces de ce grand artiste , en ce qui concerne la marine , I'officier trancais entrepreiid d'a- chever ce que I'americain a commence. Cette notice n'est pas moins instructive qu'agreuble a lire; en nous faisant suivre pas a |)as I'liis- toire di^ la guerre sous-mariiu" (vnv. Rev. Enc. t. xxir.p. Sai), 858 LIVRES FRANCAIS. I'auteur en developpe les ressources, il en montre les resultats pro- bables , et la justilie de toutes les accusations dont elle a etc le but. Mais il lie reussit pas aussi bien a justifipr son lieros d'avoir passe im- Tnediatement,dans le moment le plus critique, de la France oii il rece- vait I'hospitalite la jilus amicale, au service de I'Angleterre, pourdi- rigcr son art contre la France. C'etail en liaine de Buonapartp , dit le panegyriste. Soil : niais rien ne pent justifier ceux qui altendent, pour changer de parti , qu'ils soient sur le champ de bataille , et que le signal du combat soit donne ; la memoire de Fulton demeurera souillee de cette tache : M. de Montgery lui-m^me connait trop bien le veritable bonneur pour n'etre pas de cet avis. Hors les deux pages ou cet evenement est rapporte , et qui ont du couter au biographe plus de travail que tout le reste de sa notice, on ne trouve rien qui ne soit plein d'interdt et d'instruction. On regrettera , meme en France, qu'un homnie aussi remarquable que Fulton n'ait ])as ob- tenu une vie plus longue, qu'il ait ete enleve aux arts , au moment oil il etait le plus en etat de leur consacrer son genie et son expe- rience. L'un de ses amis , M. Golden, aujourd'hui maire de New- York, avait deja public un ouvrage intitule : The life of Robert FuU ion , etc. : mais on pense bien que Ton n'y trouve point tons les fails , ni les observations que contient la notice de M. de Montgery. 4o8. — * DlscouTs funebi e , prononce dans I'Eglise des chictiens de la confession d'Augsbourg , a Paris , le 24 aoiit 1824 , aux funerailles de Gustave comte de Schlabbeniiorf, doyen du chapitre deMagde- bourg , par P. P. GoEPP, pasteur de ladite eglise, etc. Paris, iSaS ; Dondey-Dupre. In 8° de 14 pages. M. Goepp a eu raison de faire imprimer ce disconrs : I'homme de bien qui en est le sujet , fnt un modele de vertus evangeliques , asso- cices il une veritable pliilosophie pratique , au zele pour la propaga- tion des connaissances jusque dans les dernieres classes de toutes les nations. Ami de sa patrie, quoique vivant en pays etranger, etendant ses bienfaits sur tons les hommes , mais principalement sur ses com- patriotes, ne repoussant aucun.e croyance religieuse, quoique since- rement attache a la sienne, nedcsesperant jamais de I'homme vicieux, ni meme du criminel , tout, dans ce venerable ministre de la reli- gion , nous rapj)elle I'archev^que de Cambrai. Si Fenelon eiit vecu dans ce siecle , il eiit ete , comme M. de Schlabrt- ndorf , un des meni- bres les plus actifs des societes de bienfiiisance; il eiit prop-age I'en- seignement mutuel, I'industrie, le travail. Remercions M. Goepp de ce qu'il a public sur un hommme vertueux , si digne de scrvir de mo- LITTER ATURE. 859 d^le en tout ce qui compose la vie privee, civile ou religieuse. PIu- *ieurs traits de sa vie, cites en notes, sent dignes de trouver place dans es ouvrages de morale. F- Litteratiire. 4og. — Exercices des amplifications francaises , par M. Francis Le- VASSEUK, ex-principal de college. Paris, iSaS ; Belin Mandar , rue Haute-Feuille, n° i3.In-u dexviet 228 pages. 4io. — Corrige des amplificaticns francnises , par le meme , et cliez le meme libraire. Iu-i2 de 290 pages; pri\ 3 fr. yS c. les deux. Ce deuxieme oiivrage est la suite naturelle du premier : j'en ai se- pare les litres, puisqne I'edileur a destine le premier aux eleves, et le second aux professeurs, et qu'il a eu la p'recaution de les faire vendre separenient. Une courte preface expose les raisons qui ont fait entreprendre cet ouvrage ; la necessite d'exercer les jeunes gens des deux sexes a ex- primer leurs pensees clairement et avec precision , les nombreux travaux des professeurs, qui ne leur permettent pas toujours ds chercher de nouvelles matieres , enCn , I'avaiitage de trouver une grande variete dans un recueii fait expres. Les maitres apprccieront facilement le service que leur a rendu M. Francis Levasseur. II a gradue ses matieres, suivant la force probable des eleves qui auront a s'en servir. Daus la premiere des trois parties qui divisent son ou- vrage, il ne s'agit presque jamais que de substituer le terme propre a uu terme place expres pour attirer {'attention de I'eleve ;la seconde et la troisieme coutieunent des matieres de verilables amplifications ; des descriptions, des fables, des narrations, des iettres, des dls- cours donnent aux eleves les moveus de s'exercer dans tous les genres. L'usage des amplifications se perdra sans doute, a mesure que Ton doniiera plus de terns aux connaissances positives. Entend-on par amplification I'art de parler beaucoup sans rien Jire ; et c'est a quoi se reduisent souvent ces ornemens, ces figures, ces descrip- tions de commande? c'est un veritable defaut qu'il faut eviter soi- gneusenient. Veut-on parler de cette partie de la rhetorique que les rheteurs anciens recommandaient a leurs eleves, et qui consistait a montrer une cbose sous toutes les faces, a creuser profondenient un sujet, pour frapper davantage I'esprit des auditeurs? c'est la perfec- tion de I'art oratoire ; elle n'appartient pas aux enfans, et cette partie seule suffirait pour coadamner I'enseignement de ce qu'on J^6() LIVRES FRANCAIS. nomme Hli^toiijue dans nos colleges (voy. le Couis de litteratiire de Makmontei, , au mot Rhetoriqtie). II semble que Ton pourrait rem- placer avec avantage I'amplification par V analyse; soil que Ton fit raconter aux jeuiies gens des actions dont ils auraient ete les temoiiis, ou resumer quelque" partie de I'liistoire ancienne ou moderne,ou tracer le plan et indiquer les beautes des meilleurs ouvrages fran- cais que Ton mettrait entre leuis mains, on obtiendiait toujours le resultat que Ton attend des amplifications , et Ton evileiait les des- criptions deplacees, les allegories forcces, les amplifications banales qu'enfantent presque toujours les jeunes esprits , auxqueis on de- mande un travail au-dessus de leur age ; en un mot , fortifier le ju- gement et la memoive, tel doit etre le but de I'education litteraire. Mais, quant a I'imagination, qui rend trop souvent I'homme malheu- reux, ne la cultivons que chez le petit nombre de ceux qui ont recu en particulier du ciel Vinjluence secrete, les autres en auronl toujours assez. Ces reflexions s'appliquent aux amplifications en general , et non au recueil de M. Levasseur, que rechercheront tous les partisans de la methode universitaire , qui preferent les compositions des rheto- riciens a des abreges succincts, mais pleinsde choses, que pourraient fournir les eleves de toutes les classes , des qu'ils sont en dge deraison. 4ti. — * Etudes grecqties stir f^irgi/e, ou Recueil de tous les pas- sages des poetes grecs imiles dans les Bucoliques , les Georgiques et I'Eneide , avec ie;texte latin, et des rapprochemens litteraires ; par M. EicHHOFF, professeur de' belles-lettres, repetiteur a I'institutioa Massin.T. III. Paris, tSaS; Delalaiu. In,8° de 407 pages, conteuant les six derniers livres de I'Eneide; prix 6 fr. Nous avons deja rendu compte du second volume de I'ouvrage de M. Eichhoff. ( / o). t. xxv, pag. Sog. ) II contenait les six pre- miers livres de I'Eneide, et les nonibreux passages que Virgile , dans I'opinion de I'auteur, a imites des poetes grecs. Nous annon- cons aujourd'hui le troisi^me^et dernier volume de cette belle edition du prince des poetes latins. M.EEichhoff a tenu ce qu'il promettait dans le volume precedent. L'^neide se trouve aclievee, et de beaux morceaux d'Hom^re, d'Hesiode , d'Euripide , de Sophocle , etc., places a la suite des passages correspondans de Virgile , donnent aux professeurs un'moyen facilcide comparer les productions des plus beaux genies de I'untiquite. L'utilite incontestable de cet ou- vrage fait desirer vivement que M. Eichhoff se hate de completer son edition comparative dc Virgile p;ir la publication du premier vo- LlTTJilRATURE. 86 1 lume, qui doit contenir les BucoUques et les Georg-Zyf/ej rapprocliees de la mdnie mauitre des passages analogues que Virgile a pu imiter. 4 1 2. — - * Traductions des classiqiies etrangers. — Sentences de Piiblius Syriis, traduites en francais par F/anaV Levasseuk, ex-principal du college. Seconde edition, augmentee de sentences extraites de divers auteurs , de notes explicative! , et du prologue de Laberius avec la tra- duction de RoUin et celle de J.-J. Rousseau, Paris, iSaSjPanckoucke. I vol. in-32 de xxvrii et 236 pages ; prix 3 fr. Publiiis Syrus, ne dans la servitude, avait recu, comme beaucoup d'esclaves chez les anciens , une education soignee : affranchi peu de tems apres , 11 se livra a la composition des Mimes , espdce de comedle burlesque que les Romains aimaient beaucoup. II obtint , dans ce genre , le plus briilant succfes. Les pieces de Publius Syrus sont perdues pour nous : il ne nous reste de lui que des fragmens conserves par Aulu-Gelle, Macrobe, etc. M. Levasseur les areunis dans un recueil qn'il voudrait rendre classique. Depuis long-tems , on a I'liabitudp , dans les colleges, de placer h la suite des fables de Pliedre quelques pensees de Publius Syrus. M. Levasseur propose d'en faire I'objet d'une explication speciale , et de leur faire remplir le vide qu'il trouveentre les fables de Pliedre et les metamorphoses d'Ovide, ou les bucoliques de Virgile, aux- quelles on passe ordinairement. Peut-etre cette lacune que J\L Levas- seur croit apercevoir dans la serie des poetes latins n'est-elle pas aussi rcelle qu'il le pense ; il est tres-difficile de determiner d'une manifere absolue la force necessaire aux ecoliers pour traduire tel ou tel auteur; et, quelles que soient les opinions auxquelles la rou- tine des colleges a doiine gain de cause, on aura, pour les coni- battre, I'autoritc de Rollin, qui, comme Ton sait, faisait expliquer Phedreen rbctorique. — Mais , en admettant meme que la difficulte des auteurs latins fut graduee precisement comme les classes aux- quelles on a donne les noms si ridiculement insignifiaus Ae sixieme , cinquieme , qttatrieine , etc., et que Publius Syrus se trouvSt entre Pbedre et Ovide, je ne crois pas qu'il firt a propos d'y consacrer un tems fort long. — Rappelons - nous ce que dit le bon La Fontaine : Une morale nue npporte de I'ennui ; Le conte fait passer le precepte avec lui. Et en'effet, c'est le conte , la narration , la liaison des idees qui sou- tient I'attention des jeunes gens dans les livres qu'ils expliquent. 86a LIVRES FRANCAIS. Voulez-vous les degouter tout-a-f;iit d'une 6tude que le repos force des classes, Tiippareil des punitions, la figure sevfeie et les rohes Doires do leurs professeurs leur rendent dej.\ si odieuses? Vous n'avez qu'a substituer aux ouvrages intcressans qu'ils traduisent un recueil de pensces graves, oil la severite de la morale ne soil deguisee par aucuue de ces formes aimables , qui contribuent a la faire re- cevoir. Mais, si je ne puis partager ropinion de M. Levasseur, relative- ment a remploi de PubUus Sjrus dans les colleges , je pense que pour les gens du monde , les philosophes , et ceux qui aiment uiie mora- lite concise et presentee d'une maniere piquante, le recueil de sps Sentences sera , comme VEnchiridion de Marc-Auri;le et d'Epic- tcte, un veritable tresor, d'autant plus precicux que le Iraducteur a quelquefois lulte avec succes contre la brievele et la force de I'original. M. Levasseur a cru devoir joindre a sa traduction des sentences, extraites de divers auteurs, des notes explicatives et le prologue de Laberius a Cesar : ces additions ajoutent un nouveau prix a son livre et a la collectiim des classiques de M. Panckoucke dont il forme la y*" livraisoii. B.J. 4l3. — * OEiif'res de Rabelais. Edition Variorum, avec un Nouveau commentaire historique et phUologiqiie; par MM. Eloi Johanii E.\u et Es- MAKGART. Tome VI ; et 5* livr. des Songes diolatiques. Paris, i8a5 ; Daliboii , au Palais-Royal. ( Voy. Rev. Eiic. , t. xxiv, p. 475-47(1. ) Ce volume , qui rcnferme /\i chapitres du livre IV, offre de nou- velles preuves de la sagacite avec laquelle le commcntateur distingue les allusions a rhistoire coutemporaine, des trails de satire gene- rale. L'aventure de Panurge aclietant les.moutons de Dindenault est empruntee du poeme de Merlin Coccaye ; mais I'auteur francais en a tire une excellente scene de comedie. II I'a perfectionnee, d'nilleurs, en faisant de Uindenault, qui est victime au denoument , un agres- seur injuste et grossier. Calvin aussi , dit M. Eloi Jobanneau , avail attaque injustement Rabelais; et Rabelais joua, sous le nom de Din- denault, le reformateur a qui il nc pouvait pardonner ses invectives brutales et son intolerance. Dans la peinture des mceurs des Chicqua- nous,\\ senible ne se nioquer que des procureurs et des sergens ; mais, comme I'observe le commenlateur, ne peint-il pas encore les nobles de son terns, qui se delivraient volontiers de leurs dettes, en eloignant, par des mauvais traiteraens trop souvent impunis, les ofCciers de justice que leur envoyaieut leurs creanciers? A une tempete horrible LITTERATURE. 863 pendant laquelle le courage de frere Jean et la poltronnerie de Pa- nurge foiinent un plalsant contraste, succede I'arrivee dans Tile des Macreons. Elle fonrnit a Rabelais I'occasion d'offrir a la memotre de son bienfalteur Gulllaume Dubellay, niort plusieurs annees aupa- j avant , un hommage qui les honore tous deux. Dans cette partle du roman , M. Johanneau nous montre une critique de la croyance a I'astrologie et aux devins , si puissamment etablie a la cour des Valois. La critique paraiira superflue aujourd'hui : y a-t-il si long- tems qu'elle Test devenne ? A la naissance de Louis XIV, on publia , sur sa grandeur future, des presages astrologiques , que Racine n'a pas cru devoir negliger dans les notes qu'il prenait pour ecrire I'histoire du roi (i); on frappa une medaille (a), sur laquelle est figure, avec une grande precision , I'etat du ciel a I'instant de cette nais- sance memorable. Les lecteurs delicats pourront trouver un peu longue la description de Quaresme-Prenant , nionstre difforme, eni- bleme de Tausterite bypocrite. Mais doit-on oublier combien il im- portait a Rabelais de ne pas quitter trop long-tems le masque de la foliePIci, je I'avoue, il ne s'est pas montre assez sobre d'images bizarres et extravagantes : raais en a-t-il trop accumule pour sa surete personnelle, quand les derniers coups de son pinceau font, du patron de I'bypocrisie , un bomme cauteleux qui parle toujours sans rien dire, un egoiste qui ne se soucie de personne , un avare incapable de rien donner, un miserable , tourmente par la luxure dans ses songes, et par la cupidite, quand il reve les yeux ouverts? Dans Tile de Rouach , dont les liabitans se repaissent de vent, Rabe- lais, comme I'indique M. Jobanneau, fait la peinture de la cour: a-t-il tort de parler en raeme teras du geant Bringucnajilles qui avale des nioulins et jierit suffoqne en mangeant un morceau de beurre ? Le commentateur prouve , d'ailleurs, que I'bistoire du geant fait al- (i) Fiagmens histoviques, t. VI, p. 217-218, c'dit. d'Agasse. Paris, 1807. (2) Medaille en bronze, d'uiie belle executlou , et de la grandeur d'un ecu de 6 liv. D'un c6te, la figure de Louis XIII : Ludovicus XHT. Fr. el Nav. Rex. Au revers, dans un petit ecusson circulaire, nn enfant sur un char que guide la Victoire ; au - dcssus : Ortus solis Gallici; au-dessous : Sept. y. Mill, xxxviii, Ante Meridiem, mpcxxxviii. Autour de I'ecusson, un zo- diaque dispose comme il dut I'etre le 5 septembre i638, a 11 beures 22 mi- nutes du matin. Les ciuq planetes, la lune et le soleil y sont figures aui positions qu'ils occupaient a Tinstant iudique; et ees positions sout uotees encore par degres, minutes et secondes. 864 IJVRES FRAiNCAlS. lusion aux ravages coirimis par Charles-Quint en France, et a I'af- fronl qu'il recut devant Metz. II nous revile anssi que les Suisscs , troj) dociles aux insinuations des enneinis de la France, et victiines de leur manque de foi a Marignan , ont fourni le fond de I'histoire des andouilles guerricres ; histoire ou Rabelais a ])rodigne les CctioDS et les allusions les plus f'oUes. 11 en avait besoin : plus hardi .i ine- siure qu'il avance dans la carrifere, il arrive a la description du pays desole de Papefguiire... Nous n'en citerons qu'un seui trait : un diable , que Rabelais a rendu celebre , raconte que Lucifer avait promis un grand prix a qui lui apporterait « I'sime d'nn caphard qui eust oublie soi en son sermon recommander... Chacun de nous se mist en queste; mais rien n'y avons prouficte... » Eiisebe Sm.verte. 4i4- — * Oeitvies de Jean Racike , en un seul volume in-i8. a* et 3^ livraisons. Paris, iSaS; Jules Andriveau, boulevard des Capucines , N° 3. i43 pages, contenant la fin A' Alexandre , /tndro- tnaqiie, les Plaideurs. Prix de la livraison : i fr. a5 c. depuisle i'^"' juin. (Voyez ci-dessus page 549, I'annonce detaillee de la premiere li- vraison.) 4i5. — * Oeuvres completes de L.\ Fontaine, precedees de son iloge par Chamfort. j" livraison. Paris, iSaS; Igonette , rue de Va- lois , n° 17. I vol. in-8° , orn6 d'un hevtw portrait et de douze gravttres, dessin^s par Deveria et executes par les premiers artistes de la ca- pitale. Chamfort disait que , s'il etait condamne a passer le reste de sa vie dans une prison , et qu'on ne lui permit qu'un seul livre, il choi- sirait \ts fables de La Fontaine. De tous les auteiirs qui honorent le parnasse francais, il n'en est point, en effet , qui soit plus a la portee de tous les Ages et de tous les esprits , que ce poete aimable qui amuse I'enfance, instruit I'dge miir et fait les delices de la vieillesse. On a beau le savoir par cceur , on le relit encore; c'est un ami qu'on retrouve et qu'on revolt toujours avec un nouveau plaisir. Donnant de I'attrait a la morale et du charme a la raison , il n'enseigne point, il cause ; s'il raconte , il interesse ; s'il peint , il fait voir , il a tout vu. C'est partout le m^me epanchement d'une 4me pure , la m^me effu-. sion d'un bon coeur , la mdme grace d'un esprit delicat et profond. Sublime dans sa naivete ; toujours charm ant , m6me dans sa negli- ' gence, parce que tout lui sied a merveille; toujours inimitable, parce que la grace ne s'imite point. La Fontaine a imprime a tous ses ou- vrages cette bonhomie qui est devenue son caractcre distinctif, etj LITTERATURE. 865 <3ontle noin vulgaire peint a la fois son 4me et son talent , corame les proverbes peigiient aux \eux de I'observateuv les nioeurs et le caractere d'une nation. Buffon Ta dit : le stjie , c'est i'hoinme ; jamais ce mot heureux ne fut plus justement applique qu'a notre hon La FoQtaine. Plus fait pour ^tre goute avec delices, que pour etre admire avec transport , ce grand poete a toujours ete plus relu que celebre. Mais, pourquoi chercher a louer La Fontaine? il faut le lire , et le relire encore. Le desir de satisfaire a ce besoin gcneralement senti, et le bril- lant succes qu'ont obtenu les belles editions , en un seul volume , de Voltaire et de Rousseau, viennent d'engager le libraire Igonette, a publier une edition semblable, des OEuvres completes de La Fon- taine. Get ouvrage , compose de huit livraisons, qui parattront exactement de 20 jours en 20 jours, sera termine, a la fin d'octobre proehain. Le prix de chaque livraison est de 3 fr. pour les souscrip- teurs. La premiere livraison qui vient de paraitre est un veritable chef-d'oeuvre typograpliique. La nettete et I'elegauce du caractere fondu expr^s par Henri Didot , la forme des pages aitistement euca- drees , les belles gravures dont ce volume doit etre enrichi , I'exac- titude du texte , la beaute du papier , fabrique expres par M3I. Mon- golfier, d'Annonay , enfin le prix modere de I'ouvrage, tout assure a cette nouvelle edition un grand nombre de souscripteurs , et un succes que I'exactitude bien connue de I'editeur ne pent qu'augmenter encore. Pellissier. 416. — * Classiqites francais , ou Bibliotheque portative de I'ama- teur, composee des chefs-d'oeuvre, en prose et en vers , des meilleurs auteurs , 100 vol. sur papier velia et avec portraits. iS"^ et 19'' livrai- sons, composees d'un Choix cCoraisons funehres de Flkchier, Masca- ROK , BouRDALOUE , Massilloit et La Rue, des Considerations sur les causes de la grandeur et de la decadence des Romains , par Moktes- QUIEU , et des T. V, VI, VII et VIII des OEuvres completes de Mo- liere. Paris , iSaS ; L. Debure. 6 vol. in-32; prix 18 fr. et 20 fr. Le texte de cette jolie edition de Moliere, comme nous I'avoiis deja fait observer en annoncant les quatre premiers volumes ( Voy. ci-des- sus,p. 548), est tel qu'il est sorti de la plume del'auteur ; le viii<^ vo- lume comprend les variantes des editions modernes (i). Le portrait de (i) Le meme editeur a reuni la compositiou des OEuvres de Moliere en un seul vol. in-S", imprime a deux coloanes, sur papier velin grand raisin sa- tine, tire seulemeut a 5oo exemplaires, avec un tres-beau portrait de I'an- teur sur papier de Chine , et un /ijc simile de son ecriture. Prix 3o fr. T. xxvi. — Juin 1%-i^. 56 8(>G UVRES 1'RAN(;LA.IS. Moli^re est en t^te du i'"'' volume, qui fait partie de la lye livraison; celui de Montesquieu en t^te des Lettres persanes , qui composent la i3e livraison ; le volume qui comprend le choix d'oraisons funcbres est saus portrait. Voici les litres de ces oraisons : i° oraison funebre de Turenne, par Flechier; 2° du due de Montausier, par le rai^me ; 3° de Turenne, par Mascaron ; 4'' de Louis de Bourbon, prince de Cond^, par Bourdaloue; 5" de Louis-le-Grand , par Massillon; 6° de Louis-Francois de Boufflers, par La Rue. — Nous ne saurions accor- der trop d'encouragemens a I'editeur de cette collection , la plus jolie sans contredit de toutes celles que Ton public dans le meme format, et qui tire surtout sa superiorite de la forme et de la netteie des caractferes, que Ton a fait fondre expr^s pour cette entreprise. E. H. 4i.y. — Choix de pieces fugitives de Schiller , traduites de I'alle- mand par M'^e Morel. Paris, iSaS; Le Normand. r vol. in-18 de I ig pages ; prix2 fr. 5o c. Les poesies fugitives de Schiller sont deja connues en France par la traduction en prose de M. Camille Jordan , neveu d'un des citoj ens les plus honorables dout la France ait gard6 le souvenir. ( V. Rev. Enc. , t. XIV , p. 74) ; mais si la prose suffit jx)ur reproduire les idees des poetes, elle est loin de pouvoir lenr preter les couleuis et le charme dont la poesie les embellit; et m^me apres les heureux essais du pre- mier interprfete de Schiller , le poete allemand ne pouvait encore 6tre appr^cie a toute sa valeur. Je doute ni^me qu'il puisse I'etre au- jourd'hui, malgre la tentative de M"""^ Morel pour transporter dans des vers francais quelques-unes de ses plus jolies pieces. Pour obtenir quelque succes dans une pareille entreprise , il me semble qu'il au- rait fallu un talent plus exerce, une connaissance plus approfondie des ressources de notre langue et de notre versification. Du moins , je ne puis croire que le traducteur possode ces qualites a un degre bien eminent, apr^s avoir hi des vers tels que ceux-ci : Qui parmi tous, soil clicvalier, soit page. Ma coupe d'or bien voudrait conquerir? Kn ce uoir gonffre au-dcla du rivage, Mon bras la jette, clle va s'engloutir; Si quelque preux descend et la rapporte, EHc eit a lui, je conseus qu'il IVniporte. C'est ainsi qu'est traduite la premiere strophe du Plongeiir , I'une des meilleures ballades de Schiller : LITTERATURE. 867 Dans le Chevalier de Toggenbourg, nous trouvons la strophe sui- vante ; Puis, sous sa modeste teute , Joyeux il s'e.tend, Et se complait dans I'attente Du matin saivaot. Les jours et les ans il passe Saas pleurs ni chagrin, Fixant le guicbet jusqu'a ce Qu'il s'entrouve enfin. De telles citations suffisent pour faire juger la maniere du tra- ducteur, et nous dispensent d'entrer dans un examen plus detaille de son travail. A. J. 418. — * Elegies remoises , suivies de Fragmens dramatiqiies et d'un Essai sitr les nouvelles theories Utteraires ; par Cjprien Anot , membre de plusieurs Societes savantes, nationales et etrangferes. Paris, i8a5 ; Amyot, rue de la Paix. i vol. in-8° de vii et 204 pages. Le style est la partie brillante chez M. Anot. La versification de ses Elegies remoises est remarquable par la correction ( si Ton ex- cepte un petit nombre d'expressions qu'un goiit severe ne saurait avouer dans le genre serieux), et surtout par la douceur et I'harmo- nie des phrases. Soil sensibilite naturelle de I'auteur, soit travail assidu dans la facture des vers, les sous paraissent toujours choisis pour porter a I'oreille une sensation agr^able : point de mots qui se heurtent, peu de syllabes sourdes ou nazales, des p6riodes bien ca- dencees, des chutes toujours harmonieuses , voila les avantages pre- cieux de la poesie 'de M..Anot. Bornons-nous a deux exemples ; ici, un pere adresse a sa fille , encore enfant, ces stances melodieuses : Le doux sourire de I'aurore Que reflechit un ciel d'azur, A la rose qui vienl d'eclore Doane en vain I'espoir d'un jour pur. Elle est fragile ; sur sa tete L'autan se prepare a mugir, Et sous I'effort de la tempete, Peut-etre 11 lui faudra mourir. Ainsi, la vie a son aurore Sans nuage brille a tes yeux ; Ma filie , tu ne vois encore Que des jours purs et radieux. 86S I.IVRES FRANCOIS. Heks ! une aurore si belle IS'est pas un presage certain : Le solr peut n'etre point fidele A la promessc du matin. La , une jeuiie fille condamnee par sa in6re a languir dans la tour d'un monastfere jusqu'a ce qu'elle epouse un homme qu'elle liait , exprime ainsi ses plaintes : Sur les ondes calmees Alors que lenteraent la nuit du haut des airs S'abaisse, et secouant ses ailes parfumeeS, Couvre d'un voile obscur le vaste sein des mers, Souvent un bruit loiutain que prolonge dans I'oinbre Le souffle du zephyr. An pied des murs dc ma demeure sombre. Par degres affaibli, vient se perdre et mourir. Immobile, attentive, J'ecoute, et les eclios ilii lugnbre sejour Ou je plcure captive , Me repetent des chants de bouVieur et d'amonr. Mais si la poesie de M. Anot a reellement le chai me el I'liarnionie de la uiiisique, n'en a-t-elle pas aussi en quelque sorte le vague? Seinblable a M. de Lamartine, qui s'est fait la plus haute reputa- tion , je ue dirai pas dans le genre romantique , je craindrais de n'etre pas compris, mais dans le genre r^veur, M. Anot voit naitre cons- taniment sous sa plume les idees d'amour, de mort , de regrets , de douleur, de crainte, d'esperance, etc. Mais a qui pr^te-t-il ces divers sentimeus? on ne sail. C'est a un enfant , en general; a une jeune fiUe qui est comme toules les jeunes Clles , a une mere , type de toutes les meres : en un mot , M. Anot ne peint que des generalites. Ecou- tons ces beaux vers de son elegie de I'Exile , qui me parait la plus belle du recueil , et oil son genie semble s'etre inspire par la lecture du psaume sublime : Super jlumina Bubjlonis. Une jeune fille exhorte I'exile a chanter ses peines : ApoUon est facile a la voix qui I'implore : Adresse-lui tes vceux ; parfois au fond des occurs Ses chants harmonieux eudornjent les douleurs : Fils des Muses , pourquoi ta lyre detendue Aux saules du rivage est-elle suspendue? I.' EXILE Je lui demande en vain ses antiques accords, Elle est soiirde a ma voix, rebelle a mes efforts; LITTERATURE. 869 Kt mui-iueine jc sees qu'iujmubllc ct ^larce, RIa laDgue se refuse uu vo'ii An ica peuste. All! lorsquc la patrie ecoutait lues concerts, Favori d'ApoUou , je eliautais, et mts vers, MeloJieux et purs , s'elancaieut de ma lyre, ^e eliautais, eiiflamme d'uu sublime delire , L'intrepide Gaulois au milieu des hasards, Lorsque le bras sauglant de Belloue et de Mars A sa course rapide eochaiuait la victoire. Je eliautais la vertu , la bravourc et la gloire. Noble pays de France, est-ce loin de tes bords Que doivcnt retentir ces belliqucux accords? Sans ce mot de France, saurait-on seulenient de quel pays est I'exile? Coriibien rinteret ne serait-il pas plus vrai , plus puissant , si , au lieu de se diviser sur tous les Francais exiles, il se conceiitrail sur un seul , sur un personnage deterllEne, dont on nous ferait connaitre le caractere, les aventures, les malhcurs. Ces reflexions , que je soumets a I'auteur lui-meme, naissent de la lecture des Elegies et de VEssai sur les notivelles doctrines litteraires (r). Conime toutes les generalilcs se ressem blent , un ouvrage ou elles dominent n'est jamais exempt d'une sorte de monotonie que tout I'art du moude ne saiirait cacher. II e:i est des Elegies remoises comme des Uledilations poetiques ; qui en a lu frois ou quatre, les allies toutes. Ontrouve bien dans ks autres des sons combines differemnient, mais qui ne repr(5sentent pas des pensees nouvel'es ; ce scut les m^mes qui reviennent, mais sous una autre forme, et, pour ainsi dire, avec uu autre v^tement. A la suite d'un recit allegorique de sa propre yie, M. Anot a place, comme traduits de I'espagnol, quelques fragmens d'une tra- gedie de Charles I"', roi d'j4ngleierre. Ces fragmens sont tellement morceles , qu'il est impossible de prendre une idee nette, ni de la tragcdie, ni dela maniere dont I'auteur saurait tracer un plan ; car il n'esi question, dans ses elegies, ni de plan, ni de liaison des idees , puisqu'il ne s'y trouve jamais qu'une seule idee developpee eu style poetique. Je regrette que M. Anot se soit cru oblige de tron(juer sa tragedie : il ne reste plus que de beaux vers detaches, et ce n'est pas assez pour les lecteurs habitues aux chefs- d'oeuvre de notre scene. 15. J. (i) Get Essui sera I'objet d'un examen particulier dans une dissertation litteraire ou I'qu rapprochcra quelques ouvrayes publies depiiis peu sur le memo sujet. 870 LIVRES FRANCAIS. 419- — HelUniennes ; par G. Pauthier. Paris, i8a5 ; Maunct- I vol. in-i8 de i65 pages; prix 3 fr. « On sent universelletnent, dit I'auteur des HeUeniennes , dans une de ses notes (p. 1(11-162), que la po<§sie a besoin d'etre i-egcniree et dirigee vers un but different de celui qu'elle a long-tems suivi; on convient aussi que la plupart des poesies anciennes n'ont point ce charme qui eieve I'^me en lui donnant Jes plus pures emotions, les sentimens les plus nobles de sa dignite et de sa nature; enfin ces grandes idees qui dominent les nations modernes, et qui font sentlr le besoin de les entretenir, dans le vague de leurs meditations, des grandes verites de Dieu , de I'dme, de I'iuimortalite et de la liberty. » On voit que M. Pauthier appartieni a eette ecole de jeunes uovateurs qui pretendent que jusqu'ici nous n'avons pas eu de litterature na- tionale; que tous les chefs-d'oeuvre que nos peres ont admires, et que nons avons la bonhomie d'adn^er apres eux , ne renferment que des beautes de convention ; que les regies enGii qui ont pro- duct ces chefs-d'oeuvre sont des liens ridicules qui ne sont propres qu'a etouffer le genie. Cette opinion du moins a cela de commode qu'elle dispense de tout examen. Si les regies ne sont rien , on n'a plus besoin dc les etudier ; si nos auteurs du siecle de Louis XIV ne sont pas des modeles, on n'a plus besoin de les lire. Voila du terns de gagne ; nos jeunes auteurs pourront I'employer plus utilement sans doute a composer de nombreux ouvrages ; car, dans ce siecle , oii Ton semble se disputer le prix de la course, on s'applique plus a faire vite et beaucoup , qu'a bien faire. Chaque auteur peut se creer un systfeme a sa maniere ; mais qu'il y prenne garde , le succfes seul peut le justiGer. La critique ne pretend pas faire des regies etablies par I'experience des bases a jamais immuables; mais elle doit au moins les faire respecter jusqu'a ce qu'on les ait remplacees par de meilleures , afin de prevenir I'anarchie litteraire. Et, d'ailleurs, ces regies qui paraissent si etroites a la mediocrity, le genie s'en est con- tente jusqu'ici. Que les romantiqucs fassent oublier par des chefs- d'oeuvre modernes les chefs-d'oeuvre de notre litterature classique, et nous applaudirons a leurs succes , m^me sans trop comprendre leurs doctiines; mais, jusque-la , n'en deplaise a I'auteur anonynie d'un Essa >siir la litterature romantiqiie (i), nous blalmerons en eux , *— (i) I vol. in-S" de 276 pages. Paris, 1825 ; Le Nonnaut. Prix 4 fr. Un do «os collaboratcurs rondra coinptc inccssamment de cet oiivrage. LITTfiRATURE. 871 I'affeclation du style, I'exagoration de la senslbilile, les rapproche- mens subits et frequens du vulgaire avec le relev^, » parce que ce sont la les defauts domiiians de ceux que Ton nous pr^sente comme les cliefs de I'ecole. Ces reflexions ne m'ont pas eloigne de M. Pauthier, qui niarche sur les traces de ces chefs romantiques. II invoque tour a tour , dans ses vers, la inuse de Byron, et celles de MM. de Lamartine, Victor Hugo et Alfred de Vigny ; mais que peut 6tre le froid imitateur de ces poetes ? quel merite peut-on esperer de rencontrer dans de rapides compositions, ou Ton reniarque a cliaque pas les defauts du genre, depouilles de I'in.spiration qui peut a peine les faire supporter chez ses modetes ? M. Pauthier avait choisi un beau sujet ; mais, pour chanter dignement les Grecs, il fallait emprunter leur lyre. Nous ne lui dirons pas de moduler la sienne, ce qui ne serait pas fi ancais , mais de cliercher a moduler ses chants. Nous lui conseillerons enfin , dut ce mot I'effraver, de travmUer un pen plus ses vers, et pent-(^tre alors nous pourrons lui pronieltre des succes. E. Hereau. 420. — * Theatre de Clara Gazul, comedienne espagnole. Paris , 1825 ; Sautelet et C'«, place de la Bourse, i -vol. in-8°; prix 6 fr. Les nouvelles doctrines litteraires, qui ont deja donne naissance a quelques productions originales dignes d'attention , et specialement a deux ouvrages histonques fort remarquables, ont sans doute dicte le theatre que j'ai sous les yeux. On ne saurait y meconnaitre le des- seiu de I'auteur, celui de peindre sous un nora emprunte les traits les plus saillans de nos moeurs, et de se donner, a I'abri d'un masque espagnol, une entiereliberte, quant aux prejuges politiques et a ce qu'il appelle les routines litteraires. II retrace tour a tour, et foujours ' avec la meme hardiosse et uive egale originalite , la depravation du regime iui[)eriiil, la hassesse de certains fonctionnaires , la brutalite des sabreiirs de l-a grande-armee , la perversite profonde des agens secrets de la police napoleonienne et I'lieroisme des Espagnols, dis- i)0ses a verser leur sang pour la liberte. Abandonnant la route clas- sique suivie par Moratin , Gorosliza et les auteurs modernes de I'Espagne, Clara Gazul ou son pseudonyme, s'efforce de tracer, i la maniere des anciennes ballades, de ces grands drames oh les e\6- nemens publics viennent se m^ler aux emotiolis intimes , oil des details minutieux s'aliient aux plus grandes actions; en un mot, I'auteur essaie deniontrer, comme I'a fait Shakespeare, Je ridicule qui se melc , flans la vie , aux sentiniens suljiinies et aux faits heroiques , 8:2 LIVRES FRANC A.IS. pr^tant a chacuii sou langage, et sacrifiant souvent I'^lcgance, et quelquefois, je dols le dire, la pudeur au naturel et a la verity. Daus une Notice fort bien ccrite , Tauteur nous apprend que ces pieces furent composees , durant le regime constitutionnel , par M"** Gazul, comedienne du teaCro major de Cadix , qui ue se faisait mil scrupule d'avouer qu'elle etait nee d'une Bolieinienne , sur le bold d'un clieiuin , et qui, loin de se pretendre issue des vieux Chre- tiens, tirait gloiie d'etre de sang moresque, et arri^re-petite lille du tendre maure Gazul, si faiucux dans ies vieilles romances espa- gnoles. Les six comedies contenues dans ce recueil portent en gene- ral le caractere d'independance que la notice attribue a I'auteur, et qui distingua I'epoque a laqiielle on suppose qu'elles furent com- posees. La premiere de ces comedies, intitulee ; Les Espagnols en Danejnarck , a pour sujet la belle retraile de la Romana , qui parvint a s'echapper de I'ile de Fionie , ou le survelUait I'armee de Berna- dotte , eranienant quinze mille Espa^ols retenus , comme lui, sous les aigles de Napoleon. La Romana n'a pour auxiliaire, dans son projet de regagnerl'Espagne, que son jeune aide de camp, le brave et malheureux Porlier , si connu clans les guerillas espagnoles , sous le nom dV/ MarquesUo. lis sent observes et trahis par le resident fran- ^ais, un officier de la garde envoye en mission secrete, et deux femmes , la mere et la fiUe, emissaires de la police imperiale. — C'est avec ces ressorts que I'auteur produit les scenes les plus attachantes et les situations les plus vraies. Rien de plus piquant que la maniere dont il a oppose la perversite endurcie et ia per- versite novice encore des deux intrigantes, le devouement interess6 et timide du diplomate fran(;ais pour la cause imperiale, et le de- vouement brulant et sans restriction des deux Espagnols pour leur patrie. Daus Ines Men do , dont le merite se rapproche un pen de celui de Pinto, de M. Lemercier, dans V Amour africain ^ le Ciel ei TEnfer, I'auteur a deploye la meme originalite , la meme force. II se montre toujours vral et naturel, selon les localites; ne se refusant h reproduire, ni le jargon vulgaire d'un corps de garde, ni les pas- sions sauvages d'un bedouin , ni les turpitudes des moines et des iuquisiteurs de I'Espagne. Quoique nous soyons loin d'approuver toutes les licences litteraires qu'il s'est accordees,nous croyons devoir recommander le Th^fttre de Clara Gazul a nos lecteurs , non comme un modele a suivre , mais comrac un essai fort original et trfes-lieureux , et qui fait concevoir de celui ou de celle qui I'a compose les plus hautes esperances. Loeyk-Veimars. LITTER ATU RE. S-^i 4a I. — * Le maniiscrk de fen M. Jkkomb , contenaiit son oeuvre iiiedite, une Notice biographique sar sa personne , un Jac simile de son ecriture, et le portrait Ae cet illustre conteniporain. Non lo conobbc il moudo. Petrarca. Paris et Leipzig, iSaS; Bossange freres , editeurs. i vol. in - 8" de 463 pages ; prix 7 fr. La plupart des anciens sages, dent le genie a eclaire le monde , ii'onl soiivent offert la verite aux homraes qua travers le voile des fictions. Ce syst^me de precaution qui semble ^tre , au premier aspect , I'effet de la crainte , ne ferait pas honneur a leur memoire . s'il etait reellement permis del'attribuer chezeux au manque de zele et d'energie pour le bien public. Mais, telle n'en fut point la veritable cause , bien reconnue aujourd'hui par tous les bons esprits. Ilsuffit, pour la trouver, de se reporter vers les lieux et vers les terns oil vecurent ces philosophes ; et Ton veira bientot , sous leur apparente faiblesse , tout a la fois , du courage , de la prudence et de I'babilete. S'ils ont eu recours a I'emploi des fictions, c'est qu'ils les ont con- siderees, tantot comme un moyen de repandre Tinstruction sans inquieter Tombrageuse susceptibilile d'un pouvoir fonde sur I'igiio- rance, et qui eiit promptement etouffe leurs voix ; tantot , comme un remade efficace contre I'indifference ou la frivolite de certains peu- ples, afin de rendre leur esprit plus attentif en agissant d'abord sur leur imagination. C'est , en effet , Levant un pareil auditoire , qu'uiie fable, un conte, une allegoric, deviennent quelquefois, en faveur d'une opinion, des armesplus sures et non nioins puissantes que loute la logique du plaidoyer le plus serieux. Les apotres de la sagesse moderne seraient - ils condamnes a employer, en France, le menie moyen , pour lutter a la fois conire le double ecueil que je viens de signaler, pour echapper a la vigilance inquisitoriale d'une adminis- tration qui se croit peut-(5tre interessee au maintien et a I'accrois- sement des ten^bres, et pour triompher enfin de I'insouciance natlonale ? L'ouvri^e du pretendu M. Jerome, pent servir de reponse affir- mative a cette question. Tout n'est que fiction dans ce piquant ma- uuscrit, oil sont prodiguees cepeudaut d'Importantes lecoas qui s'adressent aux gouvernans comme anx gouvernes , a tous les partis et a toules les classes. La verve feconUu et bizarre du narrateur nous enlraine de recits eu recits, d'aventures en aventures ; on rit , on 874 I>IVRES FRAN^A.IS. leflechit , on s"iii«truit , en parcourant une foule de tableaux tour a tour grotesques on s^v^ies ; dans tous les coins de ce nionde fantas- tique (ju! passe si rapidement sous les yeux, on apercoit la verite sous une forme toujours nouvelle, et toujours egalement persuasive. Je n'essaierai point d'analyser ce livre ; la tache serait trop longue ; chaque recit exigerail un article a part. Je me borne a indiquer au lecteur quelques-uns des chapities qui m'ont paru digues d'etre me- dites : L'histoire de la revolution francaise, reproduite sous differens points de vue, liv. I, chap, ix ; liv. V, chap. 11, et iii ; la seance d'une societe de flenristes, liv. V , chap, v; le r^ve du chevalier, liv. IV, ch.iii. Qiielquescitatiouspourrontdonner une juste idee delamaniere vive, brillanteet philosophique de I'auteiir; et surtout de la variete de tons qu'il sail prendre , selon les sujetf . Voici quelques fragmens du portrait d'un peuple qu'il place dans une des iles Philippines. ■< ... Leurs constitutions sociale, politique et religieuse, ne renfer- ment pas des elemens moins divers et moins opposes. Lorsque tous les jirincipes de leur morale sont etablis et reconnus , il y a chez eux quelqiie chose d'lndeflnissable et d'irresistible qu'ils appellent honneur, et qui les denature ou les modifie. Quand leur jugement et leur raison sont assis sur des calculs incontestable? , il y a quelque chose ([u'ils appellent superstition, qui les altere et les detruit. Lors- que le peuple, guide par ses vrais interets, entraine par ses ma?urs , va tout entier dans une direction , il y a quelque chose qu'ils appellent irouveinement , qui I'oblige a en prendre une autre. Lorsque leur edu- cation est finie, il v a quelque chose qu'ils appellent le monde , qui en detruit tous les preceptes , en sorte qu'ils passent une nioitie de leur vie a oublier ce qu'ils ont appris dans I'autre. Je ne parle pas de quelqu'autre chose qu'ils nomment ef/;nV, chose qu'ils aiment , poui' laquelle ils se passioiment, et qui est souvent en guerre ouverte avec le hon sens , auquel ils reviennent par acces , et demeurent fideles par intervalles ou par nccessite... On a remarque qu'il y avait dans rile dont nous parlous, deux peuples tres-distincts , savoir : un vieux peuple peu nonobreux qui tient a I'ancienne sauvagerie, qui veut ce qui est, tout ce qui est, uniqnenient parce qu'il a ete , qui se dechire et se tatoue , tenant a honneur d'avoir la barbe lon- gue, les ongles peinls en rouge, la peaii brodee, et toutes les inci- sions d'un blason barbare... Au-dessus de cette race, existe un peuple immense, qui se lave, se rase, s'habille , quia la peauunie, qui se fait les ongles, et que la vieille caste appelle peuple revoltc, parce qu'il fait usage de ciseaux et de rasoirs. » Plus loin, I'auteur LITT^RATURE. 875 peint avec la m^me fidelite la conduite des homraes de la vieille caste, aprfes le retour du rnonarque legitime dans son ile. Jc citciai encore un passage d'un style eleve, tres-reinarquable pour la pensee at pour le sentiment. I/un des personnages r^ve qu'il parcoiirt la Mediterranee, porte par un dauphin d'nne merveilleuse esp^ce , qui lui fait connaitre les divers lieux qui se presentent successivement a leurs regards. « C'est ici, dit-il, en lui montrant la Gr^re, que fnt le berceau de la civilisation; c'est ici que I'liomme apprit a se con- naitre et a vivre en societe ; c'est ici que siegea cetinstitut inimorlel qui propagea ses lecons sur tout I'univers alors connu ; c'est ici que furent redigees les lois qui regissent encore aujourd'hui le monde , que naquirent tous les arts qui I'adoucirent et le polirent , que se manifesterent les grandes vertus que Ton cite aujourd'hui comnie modeles. Ces peuples instruisirent tous les autres ; et aujourd'hui , les eleves tuent leurs precepteurs. Les Grecs raeurent au sein de cette civilisation , dont ils furent les crealeurs; ils ineurent victimes d'une politique cent fois plus barbare que la sauvagerie eile-nieme. On massacre leurs pretres; on brule leurs temples; on vend a I'encan leurs femmes et leurs enfans; ils meurent, et les Turcs vivent , et les Anglais trafiquent, et les Russes parlementent , et le monde pleure et se tait. — « Je rougis d'etre homme, repondis-je au dauphin, et je n'ose plus avouer que je suis chretien. A quoi sert d'imprimer et de distribuer tant de millions de bibles , si on laisse egorger ceux qui invoquent ce livre sacre .•* Pourqnoi envoyer sous le cercle polaire des missionnaires charges d'y operer d'incertaines conversions, lorsque le sang des anciens chretieus ruisselle sous nos yeux , a I'ombie m^medela croix qu'ils iniplorent? Est-ce par cel^che abandon qu'on parviendra a piropager un culte qui est le motif on le pretexte de I'assassinat de ceux qui s'y consacrent ? >• L'oeuvre de M. Jer6me est certainement I'un des livres les plus curieux que Ton ait puhlies depuis quelques annees. S'il est vi ai qu'elle soit posthume , comme I'affirment les editeurs , le public doit les prier de fouiller soigneusement encore le secretaire et le porte- feuille du defunt. B. Beaux-^rts. 422.- — * Andquites de V Alsace . ou, Chateaux, eglises et autres monumens des departemens du Haut-Rhin tt du Bas-Rhin ; avec un texte historiqtie et descripiif, par MM. de Golbery et Schvsteighaeuseb . Paris , i8a5 ; Engelmann , editeur. 876 LTVRFS FRANC AIS. Placee eiitre le Khiii et les Vosgcs , sous une latitude qui favoiise les plus belles productions; riclie des dons de la nature et de ceux que la richesse et I'industrie peuvent y ajouter, 1'Alsace s'offre aux regards du voyageur curieux , sous les aspects les plus intcressans et les plus piltoresques. — Deux ccrivains, iastrults et laborieux, ties dans le pays inume , ont entre[)ris d'eu faire connaitre les nioimmens les plus reniarquables; les planches lithographiees qui les reprodui- sent sunt impriiuees par M. Engelmann , leur compatriote; ainsi , la description de I'Alsace sera due a trois Alsaciens. — Je remarque cette circonstance, parce qu'elle inc semble devoir iuspirer de la confiance et de I'intcrdt; au reste, rouvrage lui-menie , justifie plei- nement tout ce que Ton etait en droit d'attendre de leurs efiorts. ' II a deja paru trois livraisons : deux du Haut-Rliin ; c'est le fruit du travail de M. de Golbery, qui fournit d'excellens articles a notre i?e»'?/e , et dont nos lecteurs ont pu apprccier tout le merite; et la premiere du Bas-Rliin, dont M. Schweigbaeuser s'est charge. Le clioix des dessinateurs qui coiicourent a cet ouvrage prouve que les edi- teurs ne veulent rien epargner pour qu'il atteigne le plus haut point de perfection possible. MM. Arnout, Athalin, Joly, ViUeneuve, etc., ont un nom trop bien connu dans les arts pour qu'il soit necessaire de rappeler leurs travaux aiiterieurs. En lisant le texie de cet ouvrage , on est frappe de la solidite et de I'etendue de I'instruction des deux ecrivains que j'ai noinmes ; leur travail est fait en conscience. lis montrent , sous leur veritable point de vue.les honimes, lesevcneniens, les edifices; ils ]inisent aux sources les plus positive.^, et les details qu'ils rccueillent ont un attrait qui tient I'esprit attache. C'est ainsi , que M. de Golbery nous niontre remperenr [jouis V engageant, pour quatre cents marcs d'argent, tous les juifs qu'il avuit a Ribeauville: on croit r^ver en lisant ce fait. Le chateau de Girsperg lui fournit I'occasion de rappeler une aven- ture bien extraordinaire. II etait habitc par un seigneur passionne pour la cliasse; « chaque matin, du haut du cliateau voisiii, son fr^re, pour le reveiller, lancait une fleche contre son volet. Un jour , le signal se fait attcndre , I'impatient chevalier se precipite vers la croisee et recoit la fleche dans le sain. » La description de IV'glise de Dusenbach, elevee par un-des croises vainqueurs de Constanti- nople, pour y mettre une petite statue de la vierge qu'il avait prise dans cette ville , contient un autre trait historique nou inoins curieux. Cette vierge etait la patronne des niusiciens d'Alsace; jusque-Ia tout est bien , ruais voici qui est ctrangc; c'est qu'ils apparlenpient Urn?- BEAUX-ARTS. 877 ^ie droit au seigneur de Ribeaupierre; c'etait un fief qui relevait de l'ein|)ercur , ct qui compienait les baladins de toute espece. « Ni'an- moins, dit I'ecrivain que je cite, rassociation a laquelle il donne lieu, ne coinprit pas les Histrions, parce qu'ils etaient regaides conime infames; et les musiciens eux-memes n'obtinrent qu'en 1480 III permission de communier line fois Tan. Ce droit passa au roi de France ; il fut expressement compris dans I'investiture donnee par ce nionarque au conite Palatin de Birkenfeld, et les statuts furent renouvelcs par le conseil souverain d'Alsace, en 1785. » II serait vrai- nient bien curieux de reunir dans un m^me corps d'ou vrage le tableau de tons les droits que, dans les diverses contrees de I'Europe, la feodalile avait iustilues ci son profit. On verrait , par exemple, un eveque oblige de prdter foi et homma^e avec des pantoufles de couleur differenle et designee; uu seigneur transmettre le droll de couper les oreilles , etc. Le bon tems ! L'eglisedeSainte-Foi, aScblesladt,elevee, en 1094, parHildegarde, mere du premier due d'Alsace et de Souabe , de la inaison de Hoheus- tauffeu , donne lieu a M. Schweighaeuser, d'elever et de discuter une question fort interessante et tres-controversee : celie de Torigine de I'arcbitecture gothique. M. le conite Cicognara , dans sa description de I'eglise Saiut-Marc, exprime ropiuion que lavue des monumens arabes, de I'Espagne, a donne naissance a cette architecture qui a parcouru successivement la France, rAngleterre,rAllemagneetritalle. M. Boisseree qui s'est occupe de cette architecture d'uiie maniere toute particuliere croit , au contraire ( Voy. Rev. Enc. , t. xxiv , p. 577) , que c'est dans le nord de la France ou dans I'ouest de Tan- cien empire germanique qu'il faut rechercber son origine, et il fait observer que Tare en ogive ne se trouve dans les monumens de I'O- rient que depuis le xiii" sitcle. La charte de fondalion du prieure de Sainte-Foi porte que I'eglise fut construite sur le modele du Saint- S^pulcre. Cette eglise, terminee un an avant la premiere croisade , offre I'emploi de plusieurs des ca- racteres de I'architecture gothique; M. Schweighaeuser en induit, avec raison , que I'eglise du Saint-Sepulcre a dii en fouruir le modele ; il s'appuie sur les termes de la charte de 1094; sur les descriptions qui nous resteut du temple du Saint-Sepulcre ; eufin , sur ce que Tare pointu se montra au Caire , des le IX^ sifecle , d'uue maniere plus po- sitive qu'ailleurs. « Le hasard ou une iugenieuse innovation out |)u caire iiaitre cet arceau en plusieurs eudroits ; mais il fallait une raison particuliere pour le faire prevaloir si generalemeiit sur Tancien 878 LIVilES FRANCA.IS. usage. Or, il suffisait qu'il se trouvat autour rlu s^pulcre dont la delivrance 6tait le principal objet des crois^s, pour qu'il prit une grande faveur et se r^pandit pen a peu dans toute la chretiente ; aussi , chaque croisade semble-t-elle avoir donne uii nouvel essor 4 ce genre d'architectuie. Partie du modeste tombeau du Sauveur du monde, I'ogive, d'abord humblement elcganle, s'allia bient6t aux progres que I'Europe ne cessait de faire dans i'art des constructions religieuses , et, s'elancant dans Jes airs, elle dessina les voiites im- posautes de la plupart de nos catliedrales. On pourrait ni^me ajouter que, fidele aux nations qui I'avaient apercue dans le saint lieu , elle deineura plus specialernent leur apanage. >■ Je ni'arr^te : je reviendrai sur cet onvrage , dont je suivrai la marche avec tout I'interdt qu'il merite ; il me seinble , toutefois, que i'en ai'deja dit assez pour faire naitre , chez tous leslecteurs instruits , le desir de le posseder ; leur nonibre est inaintenant plus grand en France qu'il n'a jamais ete , le succfes ne me semble done pas douteux. 4i3. - — * OEitvre de Canova ; recueil de gravures au trait, d'apres ses statues et ses tas-reliefs, executees par M. Reveil ; accompagne d'un lexte explicatif sur chacunede ses compositions, d'apres les ju- gemens de la comtesse Albkizzi et des meilleurs critiques, et precede d'un Essai sur sa vie et ses oiivrages , par M. H. Delatouche. Paris, i8a4 et rSaS; Audot , editeur. L'ouvrage entier comprendra W/i^f livj-aisoiis composees chacune de cinq planches ; il en a deja paru seize. Prix, 4 fr. la livraison. ( Voy. Rev. Enc, t. xxtv, p. 217. ) Canova, fils d'un tailleur de pierre, elait , par sa naissance, des- tine a moiH'ir ignore \ mais la nature I'avait doud de qualites pre- cieuses ; et comme , dans les arts , le genie n'a pas besoin d'aieux , il a obtenu, par la seule puissance de son talent, une renomm^e et une illustration qui lui ont survecu. — C'est la posterite qm se charge de recomnenser les veilles des hommes de genie. Que Ton ne croie pas que ce ne soit qu'une recompense tardive; ceux qui doivent I'obtenir lui jour , en ont recu le secret en naissant ; c'est ce qui les soutient dans leurs travaux. Jean Faliero , senateur de Venise , pres- sentit les heureuses dispositions du pauvre Antonnio , qu'il placa chez un sculpteur ; la , Canova apprit les premiers elemens de cet art qui lui assure I'immortalite ; tandis que Ton ignore m^me jus- qu'au nom de celui qui les lui ensfcigna; Lorsque j'ai annonce les ouze premieres livraisons de cet onvrage , je use suis attache a bien faire oonnaitre le caract^re particulier du BEAliX-ARTS. 879 talent deCanova , cette sorte de prestige qu'il prodiiit et le rang qu'il doit occiiper ; a cet egard , il ne me leste rien a ajouter. Je me suis empresse aussi de feliciter M. Audot de I'heureuse idee qu'il avait eue de pubiier I'oeuvre de ce grand artiste ; les cinq livraisons qui ont paru depuis cette annonce, offrent le m^me degie d'iuter^t et le menie merite d'execution. Dans le nombre des productions qu'elles contiennent, j'ai reniarque : Persee an moment oil il 'vieiit de tuerla redoutable Gor^one dont il tient la tete a la main ; Napoleon , figure entierement nue, de quinze pieds de haul, maintenant en Angleterre; f'eniis daiisant avec les graces ; composition cbarmante dont toules les parties cependant ne sont pas egalement bien traitees ; Ic letniir de Telemaqiie , une Terpsichore , etc. Je le repete , cette entreprise ne peut manquer de plaire a tous les amateurs des arts. Les Notices de M. Delatouche sont fort S])irituelles et fort bien ecrites ; seulement, j'y voudrais un peu plus de critique. Par exemple, j'aurais desire, a I'occasion du groupe de Mars et V^nus , qu'il fit remarquer que la coiffure de Mars est mal agencee, que la figure de Venus est trop petite par relation avec celle du dieu ; j'aurais voulu aussi qu'il examinUt jusqu'a quel point Canova s'est inspire , dans cette composition , des productions de I'antiquite avec lesquelles Tile offre de Tanalogie. Au reste, ce recueil n'enestpas moins , dans son ensemble , tres-bien concu et tres-bien execute ; et les critiques nit^me que je hasarde prouvent le soin que j'ai mis a I'examiner. — J'v reviendrai lorsqu'il sera entierement termine. 4 J 4- — * Manuel de l' amateur des arts dans Paris , pour 1824 , con- tenant la description complete des musees roj aux, galeries et collec- tions publiques et particulieres , et de tout ce qui a rapport aux arts du dessin ; par C. Harihand. Paris, 1824; Hesse; Pelicier. i vol. in 18 ; prix 3 fr. 5o c. Ce manuel est uu veritable recueil des catalogues de tous les musees, de toutes les collections , auquel I'auteur a joint une des- cription, plus ou moins complete, des productions des arts qui se trouvent repandues dans les divers monumens publics, ainsi que la liste des artistes, des marchands de tableaux et de gravures , et mdme des restaurateurs de tableaux. II peut done remplacer, jusqu'a uu certain point , un grand nombre de catalogues et d'ouvrages plus complets ; dfes-lors , je ne serais pas etonne qu'il eut un assez grand debit; il convient, surtout , aux curieux qui veulent voir beaucoup de choses dans une ra^me journee. Voila le beau cote du livre que j'annonce; maintenant, il faut que la critique se fasse entendre, et 88o LIVRES FRANC AIS. puisque I'auteur promet, dans sa preface, de lY-couter avec atten- tion, do proiiler tn^nie de ses conseils, je vais tAchcr, en ce qui me citncerne, de me rendre digue de sa confiance. Dans sa classification des principaux modules qui composent le cabinet d'architecture laisse piir M. Dufourmy, M. Harmand com- prend sous ce titre : AJonnmens de Rome, des edifices eleves en Sicile , a Palmyre, a Balbeck, a Sainl-Cloud, 'd Ninics, et le ponl des Invalides a Paris. En parlaut de la galerie de M'"'' la duchesse de Berry, il attribue a M"*^ Jaquotot un ouvrage de feu Georget ; puis, il indique d'uiie nianicre grotesque le sujet de I'un des plus beaux tableaux de M. Coupin de la Couperie : Rosin devaut le toni- beau d'Henri IV. Rosin est un antiquaire allemand fort etonne de se trouver au tombsau d'Henri IV. II est evident que M. Harmand a Toulu ecrire Rosny ; mais il aurait pu ecrire tout siniplement , Sully, comme I'appelait Henri IV, et comme le fait la posterite. Voici des meprises d'une autre nature : I'auteur attribue a M. Fra- gonard (p. 177) I'exccution du bas-relief qui decore le fronton dii jialais de la Chambre des deputes, tandis que cet artiste en a seule- inent fourni le dessin ; il indique rue des Petits-Ptres, YEcole des l>eau3:-arts, qui est rue des Petits-Augustins, etc. Mais je m'arrete : je crois en avoir assez dit a M. Harmand pour lui prouvrres- T. XXVI. — Juin 1S25. 57 B8a LIVRES FRANCAIS. pondans. » On ne concoit pas aisement , que le gout puisse 6tre cdfl ■ suite, relativement a I'epoque des publications academiques. 11 semble , quant aux sciences , que rien de ce qui peut contribuer a leurs progr^s ne devrait ^tre ajourne ; et , qunnt aux productions lit- teraires, si elles sont modiocres ou mauvaises, ni le terns, ni le nombre ne les rendront rneilleures ,, et le plus gros volume sera le plus nial accueilli du public. On s'etonne aussi qu'une academic pa- raisse n'attacher aucun prix a rapprobation du public, et qu'elle s'en tienne a celle de ses associes et de ses correspondans. En rendant couipte des perles eprouvees par la Societe, dans I'in- tervalle des quatre ans, son interprite exprime des regrets que le pu- blic partagera, et des soUicitudes pour I'avenir qui paraitront peu fondees. En effet, de 1818 a iSaS , et mdme i8a4>sur 29 membres titulaires, 3 seulement ont termine leur carrifere : ainsi, d'apr^s ces donnees, un membre de la Sociele de Nancy pourrait compter sur plus de 48 annees de vie, aprfes son admission dans la Sociele; ce qui excede la duree moyenue de la vie humaine, a I'Age ou com- mence ordinairement la carriere academique. Les associes, au nombre de i34, d'apres les nidraes regies de calcul, pourraient compter sur plus de g5 annees de vie ; ensorte que chacun d'eux au- rait la perspective d'etre coinpte parmi les centenaires , et que le di- j)16ine academique prolongerait la vie beaucoup plus surement que les secrets de la medecine. Des niemoires de geognosie, I'un de M. Mathieu, et les autres de M. Gaillardot , contiennent d'excclleutes notices pour la geo- graphie physique du departement de la Meurthe , et d'une partiedu hassin de la Moselle sur le territoire fiancais. Dans I'un de ces me- moires,M. Gaillardot combat I'opinion de Dolomieu , qui attribuait a la decomposition des sulfures de fer I'origine des gypses, si aboii- damment lepandus partout , et de toutes les epoques posterieures a la consolidation du globe terrestre : mais ses objections prouveraient seulement qu'il faut ajouter d'autres causes de formations de gypses a celle que Dolomieu regardait , comme plus generale qu'elle ne Test reellement. II nous est peut-^tre a jamais interdit de completer la serie des fails chimiques qui ont eu lieu dans la couche superficielle du globe, et nos theories g^ologiques , si elles peuvent acquerir un jour quelque certitude, ne sont encore que des hypotheses auxquelles les bons esprils sont toujours pr^ls a renoncer , lorsqu'elles ne sont plus d'accord avec les fails. Quant aux opinions de Patrin sur lo Midme sujet , il n'etaJt necessaire ni de les refuter, ni d'en faire men- MEMOIRES ET RAPPORTS. 88^ tion. — Les nombreuses decouvertes chimiques de M. Braconhot et les travaux agricoles de M. de Dombasle trouvent leur place dans des recueils speciaux , et nous aurons souvent I'occasion d'y revenir: on sait que toute substance vegetale se convertit en sucre entre les mains de I'habile chimiste, et que I'agronome entreprend de porter la culture du teiritoire fi ancais au niveau de toufes les connaissances acquises , de la naetfre en etat de servir de modele, mdme a ceux qui furent long-tems nos maitres dans ce premier des arts. — Plusieurs observations medicales, d'un grand interet, ont ete faites ou recueil- lies par MM. Valentin, Serrieres, Deveze, Mergaut, Thomas, BoiLEAU : on y trouvera des inateriaux pour I'histoire de la fievre jaune et des debats suscites parmi nos medecins par ce don funeste que le nouveau monde a fait a I'ancien , debats auxquels I'amour- propre n'a peut-^tre pas nioins de part que le zele pour le bien de riiumanite. A la section de litterature, on lit, dans I'analyse d'un voyage de M. Valentin en Italie, une notice sur le protee (protKus anguinus), qui eut ete placee plus convenablement a la section des sciences. — TJn Memoiie sitr la Croaiie militaire , par M. Devehe, capitaine au corps de I'etat-niajor , attirera I'attention des hommes de guerre et de tous ceux qui cultivent les sciences politiques , dans ce moment oil les regards sent fix6s sur les colonies militaires de la Russie. Sui- vant cet officier, le regime militaire auquel les Creates sont soumis s'oppose au developpement de I'industrie et des facultes morales ; mais ce regime convient a d'autres egards a ce peuple demi-sauvage, naturellenient insouciant et jiaresseux. II y regne , dit-il , uu ordre parfait, une stride economic dans I'administration ; la justice u'est rendue nulle part avec plus d'impartialite, ni a moins de frais : ce tableau paralt seduisant , et cependant, apr^s I'avoJr vu , personne ne voudrait dtre croate. -— L'archeologie et I'histoire de la Lorraine conlribuent aussi, pour leur part, a rendre ce recueil instructif. La poesie le termine; et, parmi les pieces de vers qu'il renferme, on en retrouve quelques-unes qui etaient deja connues ; ce sont celles de M. DE Vii-lemeuve-Bargemont, auteur de Lyonnel , on la Provence au xiii""^ siecle. Qu'il nous soit permis,en parlant des poesies acade- miques, de placer ici une reflexion sur les seances publiques des academies, et sur les vers qui y sont his. Ces seances, meme daiiS les grandes capitales, out lieu devant des reunions nombreuses; mais le public n'y assiste point : le public ne pent etre reuni par des bil- lets d'iiivitation. Tout se passe done a pen pies dans une seance ;ici»- 884 LIVRES FRANCAIS. d^mique , comnie dans une reunion particuliere; on y lit, presquS touiours avec talent, des vers de societe qui sont ecoutes avec plaisir, applaudis sinceremeut, mais qu'il serait souvent prudent de ne ])as faive imprinier. Nous avons traite ce recueil avec une severity sjrstematique : d senible qu'un ouvrage public au nom d'une societe savante et litte- raire a plus d'obligations a remplir , qu'il a moins de titres a I'indul- gence, et que la critique, conservatrice attentive des droits du pu- blic, ne peut se dispenser de les exercer dans leur plenitude, dans ces cas oil sou silence pourrait ^tre accuse de faiblesse. Nous avous done critique par devoir: un sentiment aussi imperieux , et plus agreable, nous prescrit de dire que les lecteurs trouveront dans le Precis des travaux de la societe de Nancy tout ce que la lecture peut procurer , du plaisir et de rinstructioti. F. Oiwrttges fjeriodiques. ^.jn — L'Aml des champs , Journal d'agriculture et de botanique, et Bulletin liUeiaire du departeinent de la Girontle (Janvier — avril iSaS). Bordeaux, au bureau de I'Ami des champs , chez madame Laterrade, rue des Remparts , u° 3i.(Voy. Rev. Enc. t. xxiv, p. 8io.) Get Ami des champs et des lettres n'a pas a se plaindre de sa des- tinee. Sans avoir a supporter, comme le cultivateur, les fatigues et les peiues trop nombreuses qui voilent dc quelques nuages la pein- ture brillaute du bonheur champetre ; sans rompre des lances dans la lice litleraire, ou les armes ne sont pas toujours courtoises , il poursuit paisiblement sa carrifere, sans obstacles et sans accidens. Mais qu'il y prenne garde : I'intention de bien vivre avec tout le monde peut faire contracter des liaisons dangereuses et imposer des complaisances auxquelles on n'obeit qu'a regret. Nous ne craignons pas d'afCrmer que VJmi des champs aurait voulu se dis- penser d'inserer tout ce qu'on lit dans le cahier de fevrier sur la Societe anonjme de fructification gencrale , et sur les Jnnales europeennes qui sont devenues le journal de cette Societe. Daus le m^me cahier , nous trouvons une addition a un article de celui du mois de Janvier sur I'aventure d'un jietit petrel (procellaria pelagica), jete par la temp(?le jusque dans les rues de Bordeaux. Get oiseau , le plus peiit des palmipedes (il u'est pas plus gros qu'uue hi- rondelle) , merite mieux qu'aucune autre espece le nom Ae pelagien ; car on ue le rencontre qu'4 une tres-grande distance des cotes, et 4 OUVRAGES PERIODI^UES. 885 plus de mille lieues de rEuro[)e mc'-ridionale. En 1807, nu autre indi- vidu de celte espece fut apercu , le 26 novembre, voltigeant dans les serres du jardin des plaiites de Niort , et pris , le lendemain , par le jardinier. Un temoin digiie de foi nous a certifie qu'un oiseau mouche avail etepris, I'ann^e derniere , dans un jardin de Liancourt. On sait que , lorsque Saussure atteignit pour la premiere fois le sommet du Mont-Blanc, il vit un papillon voltigeant dans cette region des neiges cternelles. Ces fails qu'il serait aise de ciler en plus grand nombre prouvenl suffisamment que la puissance du vol , dans les olseaux, ne donne pas la mesure de I'espare qu'ils peuvent franchir, dans quelques circonstances. — Dans le cahier du moi de mars , on lit avec plaisir la fable du Souriceau , quoiqu'elle rappelle une fable de La Fontaine. On voil que ce joui ual continue a meriter les suf- frages el les encouragemens des hommes de goiat. F. 428. — L'y^scltpiade, Repeito'ne medico-cliirurgical , publie par J. F. SiGAUD, D. M. , secretaire-adjoint de la Societe royale de me- decine de Marseille, etc. Annee iSaS. N° i , a Marseille; imprimerie mililaire de M"« veuve Roche, dirigee par Dufort et Agricol Brun. In-8° 53 pages. Le cabier que nous annoncons , le seul qui jusqu'a present nous soil connu, est divise en Irols sections. La 1''° renferme trois obser- vations, dont une sur le tetanos par affection morale, traite avec succes par I'alcali fluor ; et un memoire sur I'emploi de I'oxide rouge de mercure dans la syphilis. Daus la a™" section, on donne uu petit extrait des rapports du dispensaire dc Geneve; une note sur le traite- ment de la brulure, et un extrait de la Revue medicate, relatif a une notice deM.Evral sur I'emploi de I'acidecitrique dans lesheuioixha- gies ulerines. La 3""^ section, sous le litre de Varietes , ccntient une notice necrologique sur CalUsen et Desckamps. En resume , quoique ce recueil medical ne soil point depourvu d'interet, il ne nous parait pas destine a depasser les limites du departement oii il est publie_ D. Livres en langues elrangtres puhlies en France^ 429. — * Icones selecice piaatanim. — Choix de plantes rares gra- vies. Paris, 1820 — 1823. a vol. in-fol. , contenant 200 figures. ■ Get ouvrage est egalemenl precieux , et par le choix des vegetaux dont il presente les images , et par leur belle execution , confiee a MM. Plee ills, Poiret et aulres artistes habiles, d'aprfes les dessins de M. Turpin , I'un des plus savans copisles de la nature, qu'il lend avec une parfaile elegance et une scrupuleuse fidelite. — Les plantes 886 LIVRES EN LANGUES fiXRANGERES. dont se compose I'/conwappartienDent en majeure partie a la famille des cntcifonnes de Tonrnefort et .i celle des rosacie.^ , dans laquelle ce fondateur de la botanique avail m^le d'autres fleurs , telles que le pavot, I'epine-vinette , la chelidoine, la circ^ parisienne , le seringa I, le caprier, le nenuphar, le geranium, la clematite , etc., qu'il y avail associees d'apr^s de fausses analogies , el que les botanistesi j niodernesen ont judicieusemenl separees, sans en assignor pourtant \ la veritable raison. Avoir sous les yeux ou ces images parfaites, ou les plantes en nature, c'est pour I'instruction que recherche lebota- iHSte ou I'amateur, jouir du meme avantage; et nous osons dire que la vue de pareils objets , degages de differens accessoires peu signi- fians, present e d'autant plus d'utillte pour I'etude, que les carac- teres essentiels servant a classer naturellement les plantes y sont plus particulierement developpes. La beaute de I'execution typographique de ce precieux ouvrage n'a pas ete portee jusqu'au point d'en faire un objet de luxe; nous presumons qu'il a dii couter environ cinquante mille francs; mais nous ignorons quel est le prlx du volume ; il ne porte aucune adresse de libraire , ni aucune indication sur les moyens de se le procurer. Est-ce de la part de I'editeur un acte de munificence bienveillante, destine a favoriser les progr^s de la botanique ? nous ne pouvons sur ce point rien apprencJre de plus a ceux de nos lecteurs qui desire- raient I'acquerir (i). Nous reservons pour un autre article nos observations sur la dis- tribution des plantes dans I'Icones selectee , adoptee par M. de Can- dolle. Ce savant qui, par des travaux nombreux, s'est acquis de bonne heure une grande renommee, ne sera point bless6, si nous faisons voir que cette distribution nouvelle s'ecarte beaucoup de la simpli- cite de rapports , condition essentielle de tout ordre naturel. NouS' Ten ferons juge lui-m^nne. Au reste , chaque planche figurant une es- pi'ce a part, un simple changement de pagination suffit pour les fairp. rentrer dans eel ordre ; et une erreur de ce genre n'6te rien au vn,i- rite de la collection choisie , d'oii il est aussi facile de la faire dispa- raitre. L. L. <^i) Hemeux le pays ou quelqiifs citoyens distingues par leurs lumlirea; loiisicieut iiue partie de leur fortune au progres des scifuces, des arts et de I'iiidustrie, et troiivent dans If sentiment meme du bon et du beau dont les aJ doues la nature, le dedomraagement de leurs nobles sacritices ! Cette reflexion est trop generale pour blcsser la modestie du persounage cminemmeiit libej ritl qui uous les Inspire (M. Benjamin Diei.f.sse!\t). lY. INOUVELLEvS SGIENTIFIQ U ES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ^tats-Unis. — New-York. — Exploitation des mines de houiUe de Lackawaxen. - — Une Compaguie formee pour exploiter ces mines entreprend aussi la construction d'un canal qui fera coinmuniquer la Susquehanna et I'PIudson, au inoyen de la petite riviere de Lacka- waxen, qui donne son nom aux mines decouvertes pres de ses bords. Ces richesses souterraines, qui paraissent inepuisables, vont alinien- ter de combustibles les deux grandes villes de Philadelphie et de New-York , et redoubler encore I'activite des usines dans les deux etats voisins. Dans \e prospectus repandu par cette coinpagnie des mines et du nouveau canal, on remarque la citation de faits pen connns en France, malgre nos relations avec I'Angleterre et la circuUition des journaux et des voyageurs des deux nations : en Angleterre, une ac- tion du canal de Langhboroug, qui dans I'origine <5tait de loo 1. st. , est aujourd'hui de 3,5oo 1. st. ; et celles du canal de Trent et Mersay se sont elevees , de la valeur de too 1. st. , a celle de 2,280 1. st. L'in- dustrie n'a pas encore opere parmi nous de tels prodjges. F. — Marine. — V.^ National intelligencer public un long rapport du secretaire de la marine , fait en reponse a plusieurs deniandes du seuat. Parmi les choses sur lesquelles ce fonctionnaire a cru devoir appeler I'attention du congr^s , on remarque : 1° le besoin d'une organisation regulifere et systematique du departement de la marine, qui regie d'une maniere fixe les devoirs des marins et les jieines encourues par la desobeissance ; le congres n'ayant encore rendu sur cet objet que des lois incompletes et sans suite. 2° Une pareille or- ganisation ^tant decretee , les r^glemens de detail qui en seraient la consequence seraient naturellement meilleurs et plus fixes que ceux qui existent actuellement; 3" la necessite d'une revision du code maritime. On propose de graduer ainsi les punitions : Reprimandes en particulier; reprimandes en public, pour divers grades ; suspension des fonctions avec ou sanspaie; renvoi de service; enfin , la mort. 4" Un juge avocat permanent devra etre instituf' pour liirinee de fSS AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. terre et celle de mer ; la cour navale pourra faire comparaitre des te- moins. 5° Formation d'une icole pour I'instruction des jeiines ofjiciers de marine. 6° Etablissement d'un corps de marins , organises sur le modele de Tarmee de terre. ( Gazette de Philadelphie. ) LouiSIANE. — NouvELLE OrleaKS. — Voyage d It general Lafayette {\. Rev. Enc, t. xxv, p. 841-) — Nous aimonsa recueillirquelques imes des principales circonstances de ce voyage , signale par la manifestation nnanime de I'opinion d'nn grand peuple en faveur de I'un des fon- dateurs de son independance. Cette opinion est elle-m^me un honi- mage de la reconnaissance des Americains pour les Francais ; et par ce motif, tous les amis de la gloire nationale doivent suivre des yeux avec joie la raarclie triomphale de celui qui fut le compagnon et I'ami de Washington, de Franklin, de Kosciuzko, qui fut aussi , avec plusieurs de ses jeunes compatriotes , le representant de la valeur et du patriotisme francais dans les champs de rAm6rique, qui jouit au- jourd'hui du bonheur si rarement accorde a I'homme de voir, apres quarante annees , les heureux resultats des genereux efforts auxquels il s'est associe dans sa jeunesse. — A cote de ces honorables souve- nirs du passe, voici quelques-unes des brillantes esperances de I'a- venir, non-seulement pour les Etats-Unis d'Amerique, mais pour le inonde civilise, que s'est phi a tracer le gouverneur de la Louisiane,, dans un passage de son discours , adresse le 9 avril dernier au gene- ral Lafayette : " La Louisiane vous offrira , general, un spectacle delicieux et consolaleur qu'aiicun des autres etats n'a pu vous pre- senter. Vous y acquerrez la douce conviction que vos genereux efforts pour la cause de la iiberte n'ont pas ete infructueux pour tous ceux qui s'enorgueillissent d'avoir avec vous une origine commune. Get 6tat, fonde par des Francais , et dont la plus grande partie des liabi- tans sont leurs descendans, jouit pleinement , comme membre de la confederation americaine, de cette Iiberte pour laquelle vous avez combattu et verse votre sang. L'usage modere et sage que les Fran- cais ont su faire ici de cette Iiberte, repond d'une maniere triom- phante a ceux qui les en ont proclames indignes, et qui vous ont calomnie pour avoir travaille a leur procurer le plus grand des bien- faJts En ne calculant que la souime du bonheur present, vous pourrez encore etre satisfait; mais, en portant vos regards sur I'a- venir, avec quelles delices vous verrez en perspective la prosperite touiourscroissantedes terns futurs! Rapide dans sa course, la liberie civile et religieuse niarchera sans jamais s'arreter. Son in^puisable energie multipliera partout ses nouvelles creations ; de nouveaux AMI^RIQUE SEPTK^TRIONALE. 8f^9 (itats se succederont , et des millions d'homrues libres, caclies dans I'avenir, beniront avec la menie ferveur et le m^me eiithousiasme qui nous anime aujourd'hui, les philantro]ies illustres dont les ver- tiis ont eleve le glorieux ediflce de la liberie americaine. » Nous crovons pouvoir rapprocher de celte perspective consolante pour les amis de I'humanite , la prediction du m^me genre , appliquee specialement a rEurope, qui se trouve exprimee dans Vextrait ci- apres d'tiiie lettre d'lin des foudateurs de I'independance americaine, le respectable Jefferson, qui ecrivait en ces termes a M. Jui-lien, fondateur-directeur de la Revtie Encyclopedique , en date de Monticello, dii 26 decembre 1820. « Monsieur, j'ai lu avec une vive satisfaction, dans voire recueil, I'interessant tableau des progres des sciences en Europe.... et I'apercu que vous preseiitez de la marche progressive de la France vers un gonvernement raisonnable.... — II serait plus facile de faire changer le cours de la terre que de faire retrograder I'esprit de Thomme, d'un si^cle de lumieres vers la barbaric el les superstitions monacales du nioyen Age.... Pendant une longue suite de siecles, rhomme a ete enveloppe dans d'epaisses tenebres, civiles et religieuses. Les lumieres de la science ont enfin pu s'ouvrir une route pour parvenir jusqu'a lui. II eut toujours le pouvoir de re- prendre ses droits, et d'etre libre ; mais il lui manquait la volonte. II a maintenant cette volonte ( une volonte eclairee et fortifice par la raison); et le monde sera tout entier affranchi. Arrive a I'Sge de 77 ans, je ne puis esperer de voir celte epoque glorieuse; mais je me re- jouis de la prevoir : satisfait de passer le petit nnmbre de jours qui me restent en pri^res pour le prompt accomplissement de mes vocux, ainsi que pour la continuation de vos utiles travaux, pendant de longues annees de sante et de bonheur. » Th. Jefferson. • — Reclamation au siijet deia traduction francaise du romari publie aux Etats-Unis sous le litre de Redwood (i). — New-York, Janvier i8i5. — II y a pen de jours , j'ai recu de Paris un exemplaire de la traduc- tion francaise de Redwood. Vous apprendre que cet ouvrage est du a ma soeur, miss Sedgwick, c'est vous annoncer une chose bieii connue en Amerique. L'auteur de la traduction attribue Redwood a M. Cooper, auleur d'une Histoire de la Noiwelle-Aiigleterre. C'est une double meprise. M. Cooper n'a jamais ecrit ni Redwood, ni aucune histoire de la Nouvelle-Angleterre. L'ouvrage auquel on fait allusion (r) Redwood. Paris, 1824; Boullaad, rue du Battoir, n" 12. 4 ^ol- 'n 12. .Sgo AMER. SEPT.— ABIER. MERID.— EUROPE. est peut-(^tre IVew England Tale (un conte de la Nouvelle-Angleterre) . qu'a public miss Sedgwick. Mon ami,M. Cooper, n'a pas besoin, pour aiigmentersa reputation, qu'on lui attiibue d'aulres ouvrages que les siens. Le traducteur de Redwood a fait une etrange ineprise , en substituant les qiiakers ( amis ) aux shakers ( esp^ce de sectaires enthousiastes , appeles aussi trembleiirs , differens des quakers ou amis , et qui croient que I'esprit de Dieu se manifeste en eux par une sorte de mouvement febrile, d'excitation nerveuse et de vision). Ces deux sectes religieuses sont totalement distinctes, et fort differentes I'une de I'autre. Du reste, aiitant que j'en ai pu juger jusqu'a present, la traduction m'a paru excellente. Permettez-moi d'ajouter que nous voyons ici avec un vif inter^t I'einpressement que vous mettez a signaler dans voire Revue les tra- vaux de I'Amerique dans les sciences , les lettres et les arts. H.-D. Sedgwick. AMERIQUE MERIDIONALE. Bresil, io avril. — Commerce et navigation. — L'empereur a pu- blic differens decrets qui ont pour objet de favoriser les progress de I'instruction en general, et en particulier I'etude de toutes les con- naissances qui ont rapport au commerce et a la navigation. Dans cettevue , il a juge necessaire d'envoyer en France et en Angleterre quelques personnes qui devront y frequenter les etablissemens de ce genre, pour acquerir les connaissances que Ton y donne, et se mettre en 6tat de les appliquerensuite an Br^sil, dans les differentes parties du service public ou elles pourront 6tre employees. EUROPE. ILES RRIT ANTIQUES. LoNDRES. — Traitecles negres. — La lecture de la correspondance , publiee dernic^rement par ordrede la Chambre des communes , prouve que, malgre tous les efforts de I'Angleterre et des Etats-Unis, la traite des negres se continue avec une horrible activite, et qu'a rexce]itiou de ces deux etats , presque toutes les autres puissances encouragcnt ou tolerent ce commerce infame. On trouve , dans ce recueil de pieces officielles , la liste des vaisseaux employes a ce trafic, et Ton V voit la peinture affreuse des maux soufferts par les. infortunes Africains. Les esclavcs sont enchaiues deux a deux, entasses a fond i ILES BRITANNIQUES. 891 de cale et sujets a toutes les privatious et a toutes les mis^res. Le capitaine anglais Woollcombe, du bitiment le Victor, a capture un brigautin bresilien portant i43 n^gres ; la petite verole s'etalt de- claree parmi eux , et les cadavres de neuf de ces malheureux restaient exposes aux regards de leurs compagnons luttant contre la mort. La plupart des gouvernemens de I'Europe tol^rent encore la traite des negres, celui du Bresil I'encourage publiquement. Le b^timent la Mi- nerve, de 270 tonneaux, avail un passeport de I'empereur pour fiyS es- claves; le brick Cerquiera , de 3o4 tonneaux, en avail un pour 761 esclaves; et le baliment YArola , de 108 tonneaux , avail une licence pour le transport de 270 esclaves. II resulte d'une lettre ecrite a Tamiraule par le capitaine Ovren, que les deux seuls ports de Mo- zambique et de Quillinau , qui apparliennenl au Portugal, envoient annuellement au Bresil 26,000 esclaves, outre un assez grand nombre a Tile de Cuba. M. Caldcleugh , dans son ouvrage sur I'A- merique du Sud, assure qu'il arrive, chaque annee, dans le seul port de Rio Janeiro, plus de 21,000 Africains ; sur 5,626 de ces malheureux que Ton y transportait, dans les deux premiers mois de I'annee 1824, 840 tnoururent pendant la traversee. L'Angleterre et les Etats-Unis ont deja fait beaucoup sans doute pour I'abolition de la traite des negres ; mais, pour delruire entidre- ment cet affreux commerce, il faudrait que les gouvernemens de ces deux etats prissent des mesures plus efficaces que celles qu'ils ont prises jusqu'ici. 11 ne suffit pas de defendre la traite, il faut pour- suivre , condamner, punir d'une manifere terrible les vendeurs de chair humaine. II ne suffit pas de proclamer des principes d'huma- nite , il faut les r^pandre et plus encore les faire mettre en j)ratique. — Aux ^tals-Unis, comme dans les colonies anglaises, I'esclavage existe encore. La , le maitre pent emprisonner, frapper, tourmenler son esclave; I'Africain y est encore vendu et traite comme une b^te de somme. II faut mettre un terme a de semblables horreurs ; et , si la politique s'oppose a I'abolition simultanee et generale de I'escla- vage ; s'il faut absolument faire flechir le droit sacre de la liberie de rhomme devaut les interdts des colons , que du moins, a I'exemple des jeunes republiques de I'Amerique du Sud , I'Angleterre el les Etat-Unis proclament libres les enfans nes d'esclaves ; et , dans moins d'un quart de si^cle, leurs colonies ne presenteront plus le triste et degradanl spectacle d'hommes assimiles a la brute et decla r6s la propriete d'autres hommes. Fredirie Df.geohge. — Sociites savantes. — Societe Rojyale. — Les lectures les plus in- ^V^ EUROPE. tcicsiaiitcs (^ui aieiit ete failes jieiulaiil les seances clu mois de foviicc et de mars, soiit : i" line notice siir Yignanodon , reptile lieihivoi i-, fossile trouve dans les sables de la fordt de Tillgate, par Gedeoa Mantell ; 2° un tnemoire communique par sir E. Holne, sur les pro- gres de la clumje animale et siir i'influence des nerfs et des ganglions pour produire la chaleur animale ; 3" uu memoire intitule licsidtat des obsenations ineteorologiques faites a robservatoire de Uladras. — Societe liiiiteeime. — • Ses travaux ont ete peu importaus depuis ileux mois. M. Icely, professeur d'histoire natnielle, a fait un envoi de plusieurs oiseaux de la Nouvelle Hollande. Dans la seance du pre- mier et du i5 mars, on a lu les recherches savantes de MM. She|>- perd et Whitear sur les races d'oiseaux particulieres aux comte.s de Norfolk et de Suffolk, ainsi qu'un commmentaire du D"" Hamilton sur Vhortiis malaharicus. — Societe geologiqiie. — Dans une des dernieres seances , un des membres de la Societe a lu un memoire sur les formations d'eau douce recemment decouvertes aux environs de Cette , a peu de dis- tance de la Medilerranee , et au dessous de cette mer; ce memoire est de M. Marcel de Serres , professeur de niineralogie et de gcologie a la Faculte des sciences de Montpellier. On a lu egalemeut une no- tice sur du bois petrifie ressemblant par la forme aux troncs de palmiers qu'on trouve epars dans le desert entre le Caire et Suez. — Societe astronomique. — Elle a recu la nouvelle de I'arrivee a Dorpat du refracteur gigantesque du celebre Frauenhofer. (Voyez la description de ce bel instrument d'optique , Rev. Enc. , t. xxiv , p. 8i(). ) II n'a eprouv^ en route aucune espece d'accideut; on s'est hite de le placer, et il est maintenant a la disposition des savans. Dans la derniere seance annuelle de cette Societe, le D"^ Gregory a fait un rapport tres-interessant sur les travaux de I'annee precedente. II a parle de la collection des tables astrononu'ques publiees par le D"^ Pearson, tresorier de la Societe. II a fait allusion au voyage de M. Ilershell en Italia et en Sicile , et a fait connaitre les utiles com- munications que ce savant a etablies entre les astronomes du conti- nent et ceux de I'Angleterre. — Institution litteraire de Surrey. — On vient d'ouvi ir dans cette institution, fondee depuis peu, un cours public sur la marche et les progres de la litterature, depuis ses premiers essais jusqu'a ncis jours. — Societe medico-botanique. — A la derni^ie seance, on a lu quel- ques renseignemens curieux sur la nouvelle liuile essenlielledelauius, ILES BRITANNIQUES. 89? tbmmuniiiuee par le lieutenant Friend, et adress^e a la Societe par le D"" Hancock, de Demcrara. — Societe rojale asiatique. — A la seance du 5 mars , un manuscrit indien a ^te offert a la Societe par J. Alexandre. On a fait ensuite un rapport sur I'etat des fends , et le secretaire a lu une lettre de sir G. Slaunton , accompagnant et expliquant des notes de J.-F. Davis , de Canton , consistant en traductions de quelques articles curieux tires des gazettes de Pekin. Dans la seance precedente, on avail lu plusieurs papiers interessans , entre autres une lettre renfermant nne foule de details sur Texistence d'une secte repandue aux environs de Delhi, et nominee Sad. Cette secte, fondee par un enlhousiaste vi- sioiinaire, pretend avoir recu une revelation divine, il y a environ 170 ans. La doctrine et les mcEurs de ces sectaires ont beaucoup d'analogie avec celles des qnahers; leur simple affirmation est aussi lecue en justice et tient lieu de serment. Bhowanie Dos, un de leurs chefs, a donne a M. Trail deux cuvrages de la secte qu'il a offerts a la Societe. Le secretaire a lu ensuite uue notice du D"^ Jlorrisson sur une association secrete quin'a ete decouverte que receniment, et qui existe parini les Chinois de Java, de Malacca, de Penany et autres lieux. Le noni qu'elle prend equivaut a celui de triade , par allusion au ciel, a la terre et a I'liomme , objets de sa veneration. Elle est decrite cotnme caehant, sous le masque de la philantropie, des desseins dangereux et immoraux. La ni^me societe, ou une sembla- ble sous uu autre nom, existait deja sous le r^gne du dernier empe- reur, qui la poursuivit avec tant d'acharuement , que , selon le Ian- gage de la proclamation imperiale, il ne fallait pas qu'il en restatun seul membre pour respirer Fair sous la vaste etendue des cieux. Ces sectaires sont cependant plus nombreux que jam;iis. Le D"' Morrison etablit une certaine analogie entre les signes exterieurs de la so- ciete et ceux de la fra.nc-maconnerie. L.-S. B. — Fondation d'une nouvelle ecole publique. — Un nouveau projet destine a repandre I'instruction parmi le peuple a ete concu par des citoyens de cette ville. II s'agit de I'etablissement d'une ecole publique, qui portera le nom de the city of London institution : I'lns- titution de la cite de Londres. Cette ecole sera particuli^rement des- tinee aux personnes occupees dans le commerce ou exercant des professions industrielles. Elle sera ^tablie a peu pres sur le m^me plan que the Mecanics , institution. On y enseignera les sciences ap- pliquees aux arts , les belles-lettres et les langues etrang^rt-s ; il y aura une bibliotheque, des salles de lecture , de conversation , etc F. D. 894 tUROPE. — Extrait d'uiie lettre ecrite par an Anglais ^ M, JullibS , rfe' Paris, Fondateur - Directeur de la Revue Encyclopedique , sur des mojrens proposes pour ameliorer la condition des classes paiivres , ec pour introduire au sein de la societe generate des societes particulieres per- fectionnees , qui , beaucoup mieiix que les anciens couvens , pourraicnt eontribuera la regeneration sociale et au bonlieur de fhumanite. Monsieur, j'ai lu dans la Revue Encyclopedique ( cahier de Janvier 1825, t. XXV, p. 179) un article sur les plans d'association developpes par M. Muiron , d'apr^s le syst^ine de M. Fourrier. Je regrette , je I'a- voue, que ce sujet u'ait pas obtenu toute I'attention qu'il merite. On parait etablir en principe que les inventions ne meritent aucuue confiance , si les inventeurs n'ont pas les moyens de les meltre en pratique. Ainsi , le genie et !a fortune devraient se trouver toujours reunis ; ce qui arrive fort rarement. Les plus grandes decoufl'ertes sont celles qui , s'ecarlant des idees communes, ont toujours eprouve la plus forte opposition. Si Colomb avait eu les moyens d'equiper un vaisseau , il n'aurait pas ete reduit pendant plusieurs annees au triste role de soUiciteur ; si Fulton et Lebon avaient ete riches , ils n'auraient point eu a chercher inutilement dans Paris les moyens de mettre a execution leurs decouvertes , celles des machines a vapeur et de reclairage par le gaz : et cependant, qui osera nier aujour- d'hui le merite de ces decouvertes? Si un inventeur est raaintenant oblige d'avoir recours a une souscription , s'ensuit-il que ses theories soieut erronees ou indignes d'examen ? MM. Owen el Fellenberg avaient heureusement les moyens de faire I'application pratique de leurs theories , et les resultats de leurs essais ont ete tels, que, loin d'etre propres a detourner de tentatives nouvelles , ils doivent plutot encourager les efforts de tons ceux qui s'occupent du sujet le plus digne de uos recberches , « ramelioration de I'etat social. L'etablissement de M. Ovfen , que vous avez decrit avec tant d'exactitude et de justesse ( Voy. Kev. Enc., T. xviii, pag. 5-25), et que j'ai moi-m^me observe avec une attention particulifere , a realise les plus brillantes esperances de succes que son fondateur art pu concevoir , et fournit un exemple tres-encourageant [jour les expe- riences futures qu'il se propose de faire sur une plus grande echelle et avec des ameliorations importaiites. — Les principes avauces par M. Fourrier me paraissent encore mieux calcules pour obtenir un succes certain , que ceux mdme de ]\J. Owen. Son grand principe de I'attraction a toujours ete I'un des principaux liens de toutes le» societes de cette nature , depuis celle des jesuites au Paraguay, jus- ILES BRITANNIQUES. 8y5 ■tTu'a celles des treinbleurs ( shaking quakers) , des hammoriltes et des fr^res moraves de nos jours. Les opinions religieuses, il est vrai, etaient la base de la plupart d'entre elles; mais la perspective at- trayante d'une condition nieilleure et plus heureuse , qui promettrait de tnieux remplir la noble destination de rhomme sur la terre et qui ferait disparaitre peu a peu la plupart des vices et des maux qui rava- gent nos societes actuellcs , I'avantage si precieux de vivre avec des hommes animes des mdmes sentimens, diriges par les memes vues, formes aux memes habitudes , sont des mobiles qui doivent agir avec plus de force encore que les prejugcs superstitieux. Le systeme de M. Fourrier me semble , par ce motif, devoir obtenir un grand nombre de suffrages. II admet , et il combine par d'heureux rappro- chemeus cette variete infinie de goiits , de talens et de caracteres , que Ton rencontre dans la societe. Loin d'assujetir tout le monde a une regie de conduite uniforme, il tend a creer des occupations calculees de maniere a satisfaire les gouts et les dispositions de la majorite. Quant aux effets que produirait la combiuaison des series dont il se compose , I'experience et I'usagede la vie commune offrent des analogies qui peuvent en faire esperer le succ^s. Qu'est-ce que rorgauisation et la discipline interieures des armees , des vaisseaux de guerre, des grandes manufactures et des etablissemens com- merciaux , si ce n'est une judicieuse combinaison de ce que M. Four- rier appelle series. Les amusemens en sont ordinaiiement exclus; mais j'ai eu I'occasion d'observer , dans les regimens, et surtout a bord des vaisseaux de guerre, que, toutes les fois qu'on s'occupait avec quelque attention d'en procurer aux soldats, le systi'me n'en devenait que plus parfait. M. Fourrier propose d'avancer, pour la subsistance de I'association, sielle se compose de personnes pauvres, le minimum des produits qu'on peut raisonnablement en attendre, et il se flatte que les produits reels de I'etablissement s'eleveront a une valeur triple de ce minimum, au moyen d'une combinaison bien organisce et de la division du travail de chaque individu , employe dans le courant d'une journee a plusieurs occupations de natures diff^rentes. Je crois qu'il est permis de douter que I'experience rea- lise toutes ses esperauces a cet egard ; mais on ne peut nier qu'une judicieuse division du travail ne soit tres-propre a en augmenter les produits. Quant aux craintes que pcurrait faire concevoir une transition trop subitc d'un etat de malaise , de misere et de bonheur a I'abondance , il est facile de les combattre et de prouver que les 896 1 LROl'E. essais d'amelioration proposes ne pourraient qu'aitler a la refornie graduelle des institutions existantes. La transition ne peut-etre sou- daiae ; car nous voyons tous les jours que les speculateurs et li s hommes prudens ne hasardent point leurs fondspour des ohjets dont Futilite et les profits n'existent encore qu'en theorie. II est univer- sellement reconnu que I'etat actual dela societe est on ne peut plus deplorable : la grande masse des hommes est condamnce a un travail continuel, pour amasser, au profit du petit nombre, les richesses et les jouissances du luxe. Dans quelques-unes des villes manufactu- ri^res des contrees les plus civilisees de la terre, il se trouve des hommes comme nous ( de nos freres ) qui travaillent quinze et seize heures par jour, pour recueillir le miserable gain de 20 sous, avec lesquels ils ont peut-(*tre a fournir a la nourriture, a Thahillement et au logement d'une nombreuse famille. -^ Certainement , il ne re- snlterait aucun mal de ce que ces malheureuses yictimes de notre ■etat social, si vante, fussent placees dans une situation qui leur pro- curerait de bons alimens , de bons vetemens , un logement commode, et dans laquelle le produit de leur travail leur serait assure, sans I'intervention de toutes les retenues des chefs de manufactures, etc. Sur quels motifs les hommes eclaires de la France pourraient-ils done fonder leur refus d'examiner un sujet si fecond en resultats importans pour le bieu-^tre de leurs semblables? C'est une experience qui merite bien d'dtre faite , diit-elle meme ne pas reussir complete- ment. Ce qui manque , ce ne sont pas les dispositions a fournir de I'argent pour un but charitable ; mais les fonds amasses dans ce des- sein sont employes bien plutot a augmenter qu'a detruire le mal. Les aumones que prodigue avec pen de discernement une charite bien- veillante , mais aveugle, servent trop souvent a entretenir la paresse, le vagabondage et tous les desordres et les vices qui en sont la suite. S'il s'agissait d'une speculation , on pourrait prendre des arrange- mens tels au moins que I'interet ordinaire de I'argent serait garanti, I'entreprise etant dirigee par des hommes d'une situation elevee dans la society , et jouissant d'une assez grande fortune. Pour confirmer cette assertion , je puis citer les resultats des ten- tativesde M. Owen, quelqu'imparfaites qu'il les ait jugees lui-meme, pendant une epoque de misere et de detresse dont TAngleterre n'avait jusqu'alors offert aucun exemple. En 1817, on fut oblige , daus les grands etablissemens maniifacturiers , de renvoyer a peu pres la moitie (1p§ ouvriers , et de reduire le salaire de ceux que Ton conservait. M. Owen, au contraire, se trouva en position de conti- ILES BLITANNIQUES. — RUSSIE. 897 nuer les operations de ces manufactures avec le meme nombre d'ou- vriers , auxquels I'l accorda les m^mes gages : ses recettes, ainsi qu'il le dit lui-m^me , furent assez considerables pour lui permettre d'agir ainsi. On doit regretter que M. Fourrier, I'auteur du systfeme propos6, ait mele aux parties veritablement precieuses de son travail, una foule de details qui doivent etre inintelligibles pour tout autre que pour lui et pour ceux qui ont fait de son ouvrage une etude appro- fondie. Mais , comme le but des Rei'ues en general est ou devrait etre d'extraire des travaux souvent informes qui leur sont soumis, ce qui pent etre utile et precieux pour la societe , je pause qu'un exa- men plus serieux de la theorie de MM. Muirou et Fourrier aurait permis a votre estimable collaborateur d'ajouter a I'interdt et a ruti- iite de son compte rendu. C'est avec I'espoir que ces observations ponrront decider quelques bons esprits et qQe\ques philanthropes pratiques a oaminer ce suiet, eta en tirer des resultats positifs et des applications utiles, que j'ai cru devoir vous ecrire cette lettre. J'ai I'honneur, etc. J. S., officier dii genie, RUSSIE. Revue des principales productions litteraires publiees depuis pen dans ce pays. — L'aunee 1824 et les premiers niois de I'annee iSaS ont ete steriles en productions originales; nous n'essaierons pas d'en re- cbercber les causes : notre seul but est de signaler ici ce qui merite quelque attention. Nous ferons entrer dans ce tableau : 1° les t. X et XI de YHistoire de Russie par M. KARiMSiN , ouvrage le plus im- portant sans contredit de tous ceux qui ont paru en 1824, et dont la Revue a deja fait mention ( voy. t. xxiji , p. 641 ) ; 2° les Conies nouveaux de M. Narejny , qu\ se distinguent par un style original, mais un peu recberche ; 3" le Voyage de M. E. Timkofsky dans la Mongolie et la Chine, en 1820 et 1821 ; des details nouveaux et curieux donnent a ce livre un interet tout particulier. — Parmi les traductions, nous citerons : 1° les Memoires sur la guerre des Grecs , par le colonel Voutier. Get ouvrage est assez counu en France; sa traduction , qui est tr^s-estimee en Russie, a ete faite par M. Somop, qui I'a fait preceder d'une introduction, ecrite avec verve et remplie d'observations d'uu grand interdt ; 2° YHistoire des e\-enemens de la T. XXVI. — Juin iSaS. 58 SgS EUROPE. Grice , par M. Raffenel; 3° la ^/e d'AU-Pacha de Janina, pnr M. Stkoep; 4" ^^Art de mvre , par M. Philimonof , cxtralt des ceuvres de divers philosophes modernes; enfin, plusieurs romans de Wnlter-Scott , dont les traductions sont plus on nioiiis satisfaisanies. L'iiistoire de la litterature ancienne s'est eiirichie de la publica- tion d'un \\i\i\ maims crit de Jean Exarch, de Bulgaria, avec des notes de M. K.vi.A.'iDoviTCii , public par les soiiis du comte Uau- rniantzof , cliancelier de Tenipire. C'est a ce ni^-rae scigucui' que Ton doil la publication des yirclih-es'de la Jlussie Ulauche. La Socicte d'/iis- toire et d^s anuquitcs rtisses a publie la sec nude paitie de ses Meinoires et du compte rendu de ses travaux. Quinze feuilles de la Chroniqne de Nestor, d'apris le uiaiiuscrit de LwniiMXJEFF, out aussi ete imprimees. La pnesie a fonrni un plus grand nombre d'ouvrages , parnii lesquels nous distiuguerons les suivans : i° M. Jotjkofsky a rcuni en un volinne toutes ses productions qui se trouvaient dispersees dans differens jouriiaux; la traduction de Jeanne d' Arc , tragedie de Scbiller , est la piece la plus reniarquable de ce recueil ; 2° le Jet d'eaii de BahtchiSara'i, pot-me par Al. Pouchkin ( voy. Rev. Enc. de septembre 1S24, t. xxili, p. 042); ^ Oneguinn , par le inline. Un poeme du nieme auteur, intitule: Les Bohemicns, mais que Ton n'a pu lire encore qu'en manuscrit, excite deja renlbousiasnie des amateurs de la lltterature russe , qui s'ac cor dent a y reconnattre des beautes du premier ordre , et qui le placent au dessus de tout ce que la muse briliante de ce poete a produit jusqu'.i present. 4" M. KRViOP a compose trente fables nouvelles cpii ont ete inserees dans plusieurs journaux , et qui ont du paraitre depuis , reuuies en un recueil separe; 5° M. Gjxedixch a publie les Chants populaires de la G/ece, traduits du grec moderne, et accompagn^s d'une preface tres-curieuse. 6° Nous remarqnons encore Le Maine, poeme de M. /. Kozlof, dont la versification est tres-barmonieuse et la teinte generale tres-melan- colique (M. Kozlof est aveugle et a perdu I'usage des jambes); 7° et 8° les Meditations Ad Ryleief et son poeme de Vo'iiiarofsky ; 9° les Nnits aux tombeaux , par le prince Chikhmatof, qui annon- cent beaucoup de talent et une imagination briliante ; 10° les Ballades et Romances de M. Pokkofsky; 11° Calthon , poeme de M. Olim ; la** enfin, Le Lulh oriental, de M. Chichkof. Letbe&tre offre aussi plusieurs nouveautes ;d'abord, unecom6die 4 )deux personnages ,en deux actes et en vers, du prince Chakhopskoy, RUSSIE. 899 ^ntitul^e : Tit et Votis. Le sujet dc cette pi^ce est empiunte a la fameuse epitre de Voltaire : Pbilis, qu'est devenu ce terns Oil, daus un fiacre promenee, Saaslaqaais, saus ajustemens, etc. Dans le premier acte, Voltaire apparait sous les traits d'un jeune homnie de vingt ans , briilant d'une passion ardente pour la belle Philis. Un intervalle de qunrante ans separe les deux actes : Philis est devenue grande dame, et Voltaire n'est plus jeune. Cette infrac- tion a la regie d'Aristote qui exige I'unite de terns doit etre excusee en faveur du cliarmant tableau qu'elle a perinis a I'auteur de tirer d'un sujet qui, sans cette liberie, n'aurnit pu etre mis sur la scene. VEcole des Fieillards , de M. Casiniir Delavigne, a ete traduite par M. KoKOCHKiN , et representee sur le theatre dc Moscou. Gromitof, coniedie de M. Fedorof, quoique imprimee, n'a pas encore etc representee. M. GriboTedof, poete comique d'un rare talent vient de terminer une comedie en trois actes et en vers , inlitulce : Trou d'esprit parte malheur ; les journaux en general s'accordent a la placer au dessus de tout ce qui a ete fait dans ce genre; niais cette piece n'existe qu'en nianuscrit, attendu que la censure a defendu sa publication. Cepeudant , plusieurs scenes et le troisieme acte en entier ont ete inseres dans quelques journaux, Malgre cette rigueur de la censure , le nombre des feuilles perio- diques s'est encore accru cette annee. Outre I'/nva/ide , le Fiis de la patrie , le Courrier de VEurnpe , le Bien intentionne , I'Emule, le Journal deSiberie, la Gazette de Petersboiirg , la Gazette du Senat , \e Journal des Dames , le Journal de la Societe philantropique , la Lecture des Chretiens , le Journal du departement de I' instruction publique , le iHnser/m des enfans , le Journal des beaux-arts , le Conservateur impartial ( journal francais, qui, cette annee, a pris le titre de Journal de Petersbourg) et le Journal de Petersbourg (en allemand ) , on a fonde depuis peu VAbeille du nord, journal quotidien, litteraire et politique, redige par MM. Grf.tch et Boulgarin , les Feuilles bibliographiques , redi- gees par M. Keppen , et le Tcldgraphe , par M. Polep. Ce dernier parait a Moscou. Plusieurs almanachs ont ete publics, a la fin de 1824, ou au commencement de 1823; les plus estimes sont : VEtoile polaire , les Fleurs du nord eX la Mnemosine. Apr^s, viennent la Tkahe russe , alma- nach des theatres public par M. Boux&arin ; le Bon vieux terns de la 900 EUROPE. Russie , par MM. Koknilovitch et SouKHonouKOPr, et V Almanack de la Neva, pai- M. Alidin. T. POLOGNE. ^Varsovie. — Dans la premiere seance de la diete actuelle , M. le comte de Mostowski, ministre de I'lnterieur , a fait I'expos^ des ope- rations qui a-vaient ete entreprises et achevees , depuis la fin de ja deuxieme diete, c'est-a-dire, dans Tintervalle des quahe derni^res annees. Nous aliens citer les passages de son rapport les plus pro- pres a faire counaitre I'etat de la Pologne: I. Cukes el instruction publiqne. — 1° Le ministre annonce qu'en raisou du nombie croissant des fabricans qui professent la religion reformee , il a ete cree seize paroisses nouvelles pour I'exercice de ce culte. On a deja commence a construire quelques maisons pour des ministres lutheriens. L'organisation des communes juives a ete ame- lioiee, et Ton a etabli Say inspecteurs pour surveiller les affaires ec- clesiastiqiies. -7- 2° Pendant les quatre annees, de 1820 a 1824, les funds alloues a Tinstruction pul)liqueont rapporte 6,536, 609 flor. , et la subvention prelevee sur les eleves des ccoles publiques a pro- duit 896 , 784 flor. ; cette derniei e somme a servi a retribuer les mailres de classes temporaires, et a faire I'acquisition de livres, d'iustrumens de physique et de matliematiques, et de collections d'histoire naturelle a I'usage des ecoles.On a construit, dans la cour de rUniversite , deux vastes bStimens , destines an Musee des beaux arts, aux cabinets de zoologie, de pbysique et aux reunions acade" miques. L'observatoire est acheve et pourvu d'excellens instrumens astronomiques. A c6t6 de cet edifice, !e jardin botanique peut ^tre cite honorablement parmi ceux qui se distingueut en Europe , soit a cause de sa situation avantageuse, soit a cause du nombre des plantes qu'il renferme, et qui sont deja portees a plus de 10,000 es- ptces. La Bibliotheque de rUnirei-site , consfammeiit ouverte au pu- blic, augmente tous les jours et se compose actuellement d'environ 1 5o,o()0 volumes , parmi lesquels on trouve des ouvrages rares et precieux. La collection zoologique compte environ 25,ooo pieces ;' celie des gravures, pres dc 100,000. Les cabinets de physique, de mineralogie, de modeles de medecine, systematiquement ordonn<5s, s'ograndissent successivemeut. Une imprimerie et des presses litlio- eraphiques sont 6fabiies aupr^s de I'Universite. L'examen et I'adop- tion des eleves des classes, ainsi tjue des caudidats au professorat et des maitres de pensions particuli^res , sont conCes a une Societe POLOGNE. 901 elementaire. L'Universile s'est eniichie d'un cottrs theoriqiie et pratique de construction des poius et chaussSes , d'un Institut de clinique , d'un autre d'accouchement et d'une Ecole normale, destinee a former d'ha- biles professeuis (i). — La plupart des chaires vacantes out deja ete remplies par des Polouais qui ont peifectionne leurs etudes dans I'etranger , aux frais du gouvernement. — \^ Institution des sourds- muets a obtejiu des fouds pour i'entretien de douze eleves pauvres qui s'y exercent a divers metiers. — Des ecolcs du dimanche pour les eufaus des artisans sout ouvertes dans plusieurs villes du royaume. — II est a regretter que I'insuffisauce des fends dont le gouvernement pent disposer, et la penurieactueile des cultivateurs, aienl concouru a rallenlir parmi ceux-ci I'extension de cette instruction primaire qui, sans les degouter de leur carriere , leur donne les lumieres ne- cessaires pour y trouver le bien ^tre et le bonheur. II. Justice. — Le ministre annonce des ameliorations effectuees dans la marche des procedures civiles , qui seront desormais termi- iiees avec plus de rapidite. Dans les quatre annees ecoulees de 1820 a 1824, 15,908, causes ont ete terminees en conciliation par les jus- tices de paix. III. Irtterieur. — Le travail est le plus puissant auxiliaire de la prosperite , comrae de I'ordre public. Les gouveruemens sages et habiles doivent I'exciteret I'encourager par tous les moyens dont ils peuvent disposer. Repoussons I'oisivete; nous aurons banni a la fois I'ignorance et la niiscre : tous les delits de la societe viennent de la. Le travail eveille rindustrie, en mL-me terns qu'il est alimente par elle. II s'associe aux lumieres qui le fecondent : ensemble ils font eviter les voies qui menent au vice; ils rendent la vevtu savante , la bienfaisauce ingenieuse , les bommes meilleurs , la society paisible et heureuse. Aussi, Tadminlstration du royaume a-t-elle essaye, au- tant que ses ressources le permettaient , de creer des travanx varies pour assurer divers genres de reproduction , ouvrir des voies nou- velles a I'echange et au debit des denrees, ou du moins faciliter ainsi quelque peu les moyens d'acquitter les contributions, puis- qu'il n'etait pas encore permis de les redoire. Deja la construction de' (i) Quand verrons-nous reuailre la belle Ecole normale de Paris, pepi- niere feconde et precieuse de savans professeurs, dont la siippressiou a excite dans toute la France uue douleur profonde et un regret gen<5ral , et dout tou'i les vcEHX des hnmmes eclaires et amis du birn public solliciteul le retablisscmcnt ? N. d. R. goi EUROPE. routes ferries est acbev(5e siir iin espace de 66 milles d'AUeraagne. Celle des routes de Varsovie aux fronti^res de la Prusse sera ter- minee, dans le courant de cette anu^e , et offiira sur cette ligne qui traverse toiite la largeur du royaume, depuis Kalish jusqu'aBrzesc, 60 milles d'une communication non interrompue. — On a construit des parties de route dans les pnlatinats de Cracovie, Lublin, Plock, Augustow, et SaS ponts , parnii lesquels celui de Zotokorya , reunis- sant sur la Narew les liniites de I'empire et du royaume, a etd cons- truit aux frais communs des deux gouvernemens. Notre pays a cesse d'lupart de sinaples amendes ou une simple detention de tr^s couite duree. L'annee derniere, le nombre SUISSE. 909 des sentences rendues n'avait ^te que de yS, outre 7 contiimnces. Le resnliat de cetteann^e est rendu plus fAcheux encore par i5 indi- vidus qui se sent tionves en etat de recidive , an lieu de deux qii'of- frait le tableau de iSaS. III. Etablissemens de detention. — Maison deforce. — Au i<'''octobre 1823, il restait 33 honimeset o femmes, en tout 4i- A la fin deiSa^, on ne comptait que 28 hommes et 8 femmes, en tout 36 , on 5 de moins. Sur ce nombre , i3 etaient etrangers au canton. — Lacon- duite des detenus a ete en general satisfaisante. Afin de s'assnrer d'autant niieux des heureux effets que Ton pent se promettrede la portion du prix de lenr travail qui est reservee aux detenus et qui leur est remise, a I'epoque de leur clargissement , la commission des etablissemens de detention a ccrit a tons les pasteurs des communes ou ceux qui ont recouvre leur liberte depuis que cette niesure a ete adoptee, se sent retires. EUe a eu le plaisir d'apprendre que la plu- part se conduisent bien , et que ceux d'enfre eux qui , avant leur de- tention, n'avaient aucun moyen d'industrie, gagnent aujourd'hui leur Tie, a I'aide de I'aprentissage qn'ils ont fait en snbissant leur peine. — Maison de correction. — Au I'""' octobre 1823 , il restait 19 hommes et 4 femmes , en tout aS. Au i'^'' octobre 1824 > i' restait 18 homines et 7 femmes , en tout 2 5 , dont i5 etrangers au canton. Leur conduite n'a pas donne lieu a des plaintes graves. La nouvelle maison de detention est a peu pres terrainee; on pourrabientot y transporter les detenus, et Ton se propose d'y reunir les deux etablissemens. Ij'entretien de la maison de force a coute. . . 10,893 fr. 61 c. dont il faut deduire k produit du travail. . . . 3,297 ^8 Reste pour depense nette • . 7,596 fr. 3 c. La maison de correction a coute 7»362 fr. A deduire pour le produit du travail 364 Reste net ^,998 fr. On a alloue i,523 fr. aux detenus pour pecule (i). VI. Tiitelles. — Cettebranche iuteressante de I'administration s'ame- (1) Ces details nesont pas saus ioteret eu France, au moment oil ia Societe royale pour t'amelioratinn des prisons vieiit d'etre appelee par son aiiguste president, S. A. R. Mgr le Daupliiu , a reprendre ses utiles travaux- 910 EUROPE. liore chaque aiinee , et MM. les lieutcnans du conseil d'6tat ( soi te d<- sous-prefets ) out line grande part a ce perfectionnenient. V. Police pour hs eCraiigers.- — EUe n'a presente aucuiie ciicoustance extraordinaire ni aucune difiicnlle, en 1824. VI. Relations confederales et exterietires. — ^La meilleure intelligence regne entre tons les etats coufedercs ; les relations au dehors ont ega- lenient offert des resultats satisfaisans. yxi. Police dela presse. — Les m^mes mesures de precaution sont continuees ; deux censeurs sont charges, Tun de la censure des feuilles poliliques ; I'autre , de celle des ouvrages qui peuvent dtre pu- blies. ( Avec quelque moderation que soit exercee la censure, il est a desirer que I'on cesse le plus tot possible de consacrer par la loi una semblable violation du droit qu'ont tous les citoyens d'exprimer li- brement leurs pensees, sauf a repondredevant la loi de I'usage qu'ils auraient fait de ce droit ). Chap. II. Deparlement de I'interieur. — i. Instruction ptibliqiie. — I. Ecoles. — Cette partie continue a s'ameliorer : plusieurs maisons ont ete construiles ou reparees. On remarque avec plaisir le nonibre croisssant des bons inslituleurs. ISenseignement mutuel , adopte dans plusieurs uouvelles ecoles, a:parfaitement reussi. Au mois d'avril 1824, le nonibre total des ecoliers etait de 28,876. — 2. Colleges. — L'A- cademie s'occupe des ameliorations que Ton pourrait apporter dans plusieurs parties de I'enseignement. — \J Ecole centrale de dcssin con- tinue a offrir des resultats tres-satisfaisans. 86 eleves dont 20 appar- tiennent a la classe des artisans, ont ete adniis dans cette ecole, depuis le i5 avril 1824. - — 3. .Academies. — 202 etudians ont ficquente les di- vers auditoires , oufaciiltes. — De nouvelles salles ont ete construites pour les auditoires de theologie , de belles-lettres , de chimie , el dephi- losophie. — 4. Bibliotheqiie cantomiale.- — Elle est aujourd'hui coniposee de ^ij^^'J volumes. Una nouvelle salle vient d'y etre ajoutee : elle servlra de salle de lecture et de travail. — 5. Musee cantonnal. — II a recu des accroissemens considerables ; on y a place six instrumens d'astronomie. II. Affaires ecclesiastiqnes. — (Le clarge se rcnferme dans la sphere qui lui appartient et n'intervicnt point dans les affaires poliliques, qui doivent rester etrangeres aux veritables ministres de la religion, penetres de la saintete de leur mission.) III. Police de sante. — Sur 5,672 enfans , 3,593 seulement ont ete vaccines. Cette indifference des parens et I'opposition opiniatreque les vaccinataurs "encontrent chezun grand noiiibre d'entreeux, mon- SUISSE. — ITALIE. g,i trent qu'il existe encore clans le canton beaucoup de preventions contre la vaccine. ■ — Les tableaux de la population , pour 1824, pr6- sentent les resultats suivans : Mariages. . i356. — J)3 de plus qu'en iSaS. Naissances . 4y5i. — l36 de plus qu'en iSaS. Slorcs . . . 3l(i4. -^ 72 de nioius. Le mois de la plus graude mortalite a ete*ie mois de mars. IV. Police sanitaire des animaux. — Le recensenientdu b^tail (esp^ce bovine , chevaline , betes a laine, pores , clievres , etc. ) a offert un rdsultat trfes-satisfaisant , ainsi que ramelioration des races de betail. V. Secours. — Dans ce chapitre sont conipris les hospices des ma- lades, la maison des alienes , la boulangerie elablie pour fournir du pain a I'hospice et a la caserne , et les reveuus de I'hospice. Les chapitres suivans n'offrant qu'un inter^t local, nous en don- nerons seulement les litres. Chap. III. Departemenl militaire. — Cn/^v.W . Departement des fi- nances. De semblables comptes-rendus, sonmis tous les ans aux chambres legislatives par les ministres des gouvernemens representatifs, aii- aient le grand avautage d'eclairer I'opinion, d'exciter I'esprit public le patriotisme, de provoquer une emulation salutaire, d'interesser tous les citoyensa la chose publique, de stimulerles administrations paresseuses, de signaler a la reconnaissance nationale les administra- tions qui auraient fait preuve d'activite et de z^le; enfin, d'intro- dulre dans toutes les parties du service public des ameliorations progressives et importantes. Ces progres , non moins essentieis pour la prosperite des etats, que pour la gloire et la vraie puissance des monarques ou des chefs de gouvernement , seraient d'ailleurs le plus sur moyen de prevenir les crises violentes et les revolutions ora- geuses que font eclater, aprfes avoir epuise la patience des peuples , des abus long-tems proteges par I'obscurite et I'impunite. M. A. J. ITALIE. Naples. — Academie des sciences. — Seance du 14 decer.ibre 1824. — Le celebre chevalier Poi.i a lu , dans cette seance , deux memoires sur un nautile ( argonauta argo ) de Linne, pdche peu loin du rivage de Pausilippe, a Naples, et qu'il a eu I'occasion d'examiner vivant. On avait jusqu'ici raconte des choses fort singuli^re de ce mollusque; M. Poh a voulu tout verifier par ses propres observations. II decrit toutes les parties et I'organisation de cet animal, et il eu prepare 912 EUROPE. I'histoire la plus cl^tafUee ; il est m^me parvenu a determiner les parliculariles les plus curieuses de sa generation. II a pu remarquer, au moycn du microscope, que la nacelle de cet insecte existe deja dans I'ocuf , en m^me terns que Tanimal ; mais, ce qui lui a paru plus singulier encore, il a cru remarquer que I'animal n'est pas natu- relleraent attache a sa coquille. II donne ses conjectures sur la maniere dont celle-ci peut peut se developper. Florence. — Academie des Georgojiles. — Le 6 f^vrier 182 5, ie professeur Taddei a reclame sur M. Wilson, Anglais, la priorite pour la decouverle du gaz eclairant, extrait des semences ol^a- gineuses, telles que le clianvre, le lin , etc. 11 a rappele qu'il avail deja 111, le 9 juin 1822, dans une seance de cette Academic, un Memoire sur la nifime decouverte , qui a etc depose aux archives. — Apres cette reclamation , on a entendu une dissertation de M. Jean Bettoni sur rimportance de la conservation des forets en Toscane. — ■ M. le marquis Ridolfi a cherche ensuite a determiner les rap- ports du prix couraqt du ble du pays avec celui du ble des autres contrees de I'Europe. — Le D"" Cosine Vanni a fait sentir la necessite d'avoir recours a I'industrie des habitans plutot qu'aux niesures du gouvernement , pour se dedommager des pertes que fait depuis quelque terns I'agriculture en Toscane , etc. F. S. Rome. — Papyrus egypiiens. — M. Champollioii le jeune , qui est dans cette capitale depuis un mois, et que nos savans ont accueilli avec le plus vif empressement, vient de rediger le Catalogue raisonne des papyrus egypdens de la Bibliotheque du Vatican. Cet ouvrage, tra- duit en italien par monsignor Mai, est deja sous presse et ue tardera pas a paraitre. Ce sera le premier travail de ce genre qui aura ^te public. — PoMPEiA. — Andquites. — On vient de decouvrirdeux nouveller. fresques trfes-remarquables par la parfaite correction du dessin et rexcelleuce du coloris. Elles representent Briseis enlecee a Achille , et les Noces de TheUs et de Pelee. Ces deux tableaux , qui sont encore en place, sont consideres comme les plus beaux de tous ceux qui nous sont parvenus de I'antiquite. J. NovAKE. — Necrologie. — LeD' ^cawBiroli, professeur em^rite de I'universite de Turin, est raort ici le i^' Janvier de cette annee. II professait la medecine et cultivait surtout la botaiiique. On a de lui la Flore economiqne de VAgogne , la Flora Aconiensis ,-et le trait6 de la culture du riz. II avait dirige le jardin d'agriculture, fondc a No- varre par une academic qui sVtait consacr^e a cet objet, et dans le- ITALIE. — GRECE. 9i5 fjuel OH cultivait, parmi les autres plantes, le colon, Varackis hypogea, le cipero epulento et les ceteris de Novarre ( ^et/flm Novaresi). II avail public sur ces quatre plantes autant de leicres adressees a la m^nie acadcmie. II avail ete aussi , pendant quelquetems, professeni- d'a- griculture a I'Universite de Pavie. Mix,.\N. — L'ltalie a perdu, le 3 Janvier, le P. Ennenegih/o PiJii, chevalier de la couronne de fer, menibre de I Institut d'ltaiie, et au- teur de plusieurs ouvrages. II avalt principalement cultive et re- pandu parmi ses compatriotes I'etude de I'histoire naturelle. Charge par son gouvernennent de voyager en Italic, en France, en Suisse et en Allemagne, il rentra dans sa patrie, riche de nouvelles connais- sances et de produils nalurels qu'il avail amasses a grands frais. 11 fonda le Musee de Saint-Alexandre, et lui donna tout ce qu'il avait recueiUi de plus precieux. On a de lui plusieurs ouvrages; parmi. lesquels on distingue son traite : De venanun metalhcarum cocllone , VE^sai d'lttie nouvcUe rheoric sur la lerre , un autre sur les revolutions dii globe occasionees par I'action des eanx , et la traduction des Elcinens d'histoire naturelle , par Lasche, enrichis de beaucoup d'annotatioiis. Au milieu de ses recherches sur I'histoire naturelle, il trouvait encore le tems de se livrer a I'etude de la morale et de la metaphysique. II a ^crit surle bonkeur, sur\a trinite cosinologique, et sur V architecture civile et militaire. Ses connaissances non moins etendues qu'exactes, danS'les sciences physiques, ne I'empecherent pas quelquef'ois de s'egarer dans ces espaces inaccessibles, oil I'imagination cherche on ne sail quelle raison pure,et qu'un philcsophe ne devrait jamais aborder. Mais les services reels que le P. Pini a rendus a son gouvernement et a son pays, out fait oublier ses essais infruclueux ou lemeraires sur des sujets qui paraissent au-dessus de I'intelligence humaine, F, Salfi. GRECE. — Hommage de reconnaissance au celebre grec Conw. — Par une ordonnance du gouvernement publiee le lo mars dernier, 5oo piastres Cortes seroJit destinees annuellement a I'acquisition des ouvrages pu- blics jusqu'ici par M. le D' Coray. Get arr^te a ete pris ea recon- naissance des services rendus a la patrie par ce savant grec. I1.E DE TiNOs. — Fondation d'u/i Lycee. — II existe ici un Lvcee qui donne les plus belles esperanres. C'est le celeb) e archimandrite Anthimos Gazis qui est a la t^te de eel efablissement. L'enseigiienieiit uiuluel y est deja introduil. 1. Xivi. — Juin i8a5. Sg 9iA ]'AyS-R\S. CanaHialitifi he. Les sciences les plus abstraites ne sont pas hors de leur pm tee; ils V pen^trent avec faciliie , el leiirs preniiers [-.as les dirigent siir la i;iute des dccouvertes. Des succfes rapides les attendent dans tout ce qu'ils vculenl entre- prendre : dessin , peintuie, inusique sdus le double rapport de !'exe- cuticn et de la composition, nii'me du coiitrepoint, etc. Dans ceite niethode , la science du maitre est presque iiiuiile; les succ^s viennent (le i'el^ve seui. J'avouerai que ces resultats salt tellemepl extraordinaiies , com- pares snrtout avec ceux que procurent ies autres methodes, qu'ils soni a peine comprehensibles pour ceux ineme qui eu sont les teir.oins : pourquoi les p^rcs de f'amille, si inieresses a' les bien constater , 11' en feraient-ils point la verification a Louvain , a Bruxelles ou a Anvers ? P. De Seprez. FRANCE. Tableau comparatif du commerce des trots grandes puissances ntaruimes ( TAngi-eterre , la FiiAKcn et les Etats-Unis ). Si I'on recapitule les trois articles iuseres dans la Revue Encrclo- pddique ( f^oy. t. xxv, j). aSc) , 5 19 i?i 877), et preseiitant le detail des transactions, commerciales de VAngleterre , de la France et des Eiats- Unis , ou arrive aux resultats snivaus : Grande-Bretagite. France. Eiats-Unis. fr. fr. fr. Coinmerce iuterieur. . . . 8,601, 85o, 000 — 6,476,160,000 — 2,493,000,000 — exterieur . . . 1,894,273,000 — 847,450,000 — 786,991,000 Total des trans, commerc. 10,496,125.000 — 7, 5:> 3, 6 10,000 — 3,279,991,000 Kxport. des prod, naturels. 75,725,000- — i49.o5o,ooo — 248,955,000 — des prod, iudnstriels. 8io,85o,ooo — 260,000,000 — r3,o36,rioo — des prod, etrangers. . 253,875,000 — 52,ooo,ooo — 142,000,000 Total des exportations. . r ,i4o,45o,ooo — ■ ';6i,o5o,ooo — 403,991,000 (l) (^e pcDsii'DUiit , etabli a Anvers, conipte eu ce moment une qaaran- taine d'dc'Vf -. Le prix de la pension est de 1000 florins des Pays Bas , oi> a,it6 franrs. 9 i6 FRANCE. Ce tableau, dont les Clemens sont tires de documeiis officiels, ou des informations les plus autheiitiques, etablit les termes d'une com- parnisou ciirieuse entre les trois grandes puissances commerciales du monde civilise. D'aprt-s les bases qu'il fournit, le commerce interieur de la France, forme de la consommation de la population et de celle des manu- factures, est inferieur a cclui de la Grande-Bretagne du quart de ce dernier, ou environ deux milliards. II equivaut a deux fois et demie celui des Etats-Unis. Compare a la population de chacun de ces empires , il est a rai- son de Sgo fr. par individu , dans les Iles-Britanniques , de a49 fr. , aux Etats-Unis, et de 216 fr. en France. Le commerce exterieur , qui se compose de Timportation et de I'exportation , presente les rapports comparatifs ci-apr^s : Le notre est inferieur a celui de I'Angleterre, d'lin milliard, ou X davantage, et il s'en faut de 100 millions, qu'il n'en atteigne la moi- "W tie. — II est superieur a celui des Etats-Unis de 60 millions, c'est- a-diredu i3e de la masse de ce dernier. Compare a la population, le commerce exterieur est pour chaque J individu, a raison de 86 fr. dans les Iles-Britanniques, de 28 a 3o ^ fr. en France, et d'environ 78 aux Etats-Unis. La masse totale des transactions du commerce francais, tant in- terieur qu'exterieur, est inferieure a celle du commerce de I'Angle- terre, du tiers de la valour de ce dernier. — EUe excede de beau- coup plus de moitie celui des Etats-Unis. L'exportation , qu'on pent regarder , comme offrant dans sa va- leur , le terme normal de la prosperlte commerciale de chaque ctat, ' presente les resultats comparatifs que nous allons enoncer brie- ■vement. Nos prodults naturels exportes valent moitie plus que ceux des lies Britanniques ; ils sont seulement dans le rapport de 3 a 5, a\ec ceux des Etats-Unis , qui sont singulitrement augmentes par I'im- mense produit des forets, despecberies et surtoutdcs cultures colo- niales , propres aux etats meridionaux de I'Union. Nos produits industrieis exportes rie valent pas , a 3o millions pr^s, le tiers de ceux de I'Angleterre. Ils egalent 20 fois ceux des Etats-Unis. Notre plus grande inferiority existe dans le commerce d'entrep6t et de reexportation. Cette brancbe importante est 3 a ti fois j)lu» considerable, dans les Iles-Bi itaiiniqncs qu'en Fiance ; elle est !i iple d« la notrp , dans la masse du commerce americain. FRANCE. 917 L'exportatation des produits indigenes, qui donne la mesure dc la prosperite agricole et industrielle de chaque peuple, s'eleve, d'a- pris dea termes moyens , aux valeurs ci-apres enoncees : Grande-Bretagiie. . . . 886,575,000 fr. France; 4o9)o5d,ooo Etats - Uuis 261,991,000 Russie aoi,4oo,ooo Ainsi I'Angleterre exporte anniiellemeut une masse de produits indigenes, tant agricoles qu'industriels, qui cgale ou m^me su'passo «n valeiir, tontes les exportalions de pai^ils ohjets, qu'opeient le» autres grandes puissances dii monde commercial; et line population tie 23 millions parvient, avec le secours d'une Industrie supericure , a produire, chaque annce, une richesse au moins egale a cello que peuvent fournir trois empires peuples de 85 million* d'ha- bitans. Les exportations de la Fiance, en pioduits de son agriculture et de son industrie , valcnt moilie moins que ccux de I'Angleterre ; mais, neanmoins, leur valeur est presque egale a celle /g millions a celle de I'Angleterre; elleest superieure d'nne soixan- tgine dn millions a celle des Etats-Unis : elle est, avec Texportation anglaise dans le rapport de 9 a 33 , et avec rexportatlon americaine dans Cf-Iui de 9 a 8. — II est done sans fondement d'avancer, comme on I'a f.iit, que la puissance commerciale des Etats-Unis egale ou surpasse celle de la France; luais on ne pent douter que cettc asser- tion ne sc realisAt dans pen d'annees, si notre commerce restait statiunnaire , au lieu de suivie le developpement rapide imprime a celui des autres peuples maritimes. CVst dans I'espace d'un si^cle que la Grande-Bretagne , en se pre- valant des avantages naturels de son territoire, de I'activit^ de s.i po;uilatioi: , de !a sagesse de ses institutions, et de la faveur des eveuemeiis est parvenue a fonder un commerce, dont la prosperile est sans egale dans le monde et sans exemple dans I'histoiie. C'est pendant la dureed'une seule generation qne les Etats-Unis, enlres dans la carriere de )a civilisation et du commerce avec la vii i- lite des peuples iiouveaux, et I'experience des peuples vieillispsr les slides et par de longs malheurs , sont devenus la troisifeme pui:-;- sance du iiionde maritime. II faudrait biea moins de tems encore ii la France, pour deve- lopper les avantages qu'elle tient de son Iieureux climat, de sen territoire vaste et fertile, de sa population immense, active et in- dnstrieuse, et surtout de son organisation sociale. II lui serait plus iacile d'y reussir qu'il ne I'etait, il y a dix ans, de leparer les di'- sastres de In guerre civile et de I'invasion etrangfere , et de parvenir, apres une sequestration maritime de trente annees, a suivre immi'- diatement la Grande-Bretagne dans cette carriere du commerce, (ju I'ont fait triompher tant d'liabilete , de perseverance et de bonlieur. La France peut , par cette cpreuve, mesr.rer sa force el calculer sii puissance, car sa grandeur commerciale, apres tant de calamite.s , est peut-^tre un prodige plus surprenant que la prosperite de VA:i- gleterre , apr^s une si longue suite de succes. A. MOKBAD UB JoNNES. Socictes savantcx; Etablissemens 'Vutilltr puhliqiie. Bi)!ti)P,AUX ( Giroiide ). — Societe d' emulation cowmerciale. — Cetle I DEPARTKMEiN.S. yig Societe, foiidee au commencement de cette aiinee par M. Merle, profe?seur de commerce , a pour objet de reunir, aussi utilement que possible , deux ou trois fois par mois , des jeunes gens qui , ayant fait lours premieres etudes, se destinent a parcourir la carriere comraer- cialc. Nous allrius extraire du reglement de la Societe (r) deux ou tiois articles qui serviroiU a caracteriser son inode d'oiganisation. Art. i'"'. La Societe se compose de membres prolecteurs ou hono- vaires, d'associes residans et d'associ^s correspondans. /lit. lo. Au- cun ieu , aucun manque de convenance et aucune discussion politique ou religieuse,ou susceptible detioublcr la bonne barmnnie,ne neuvent et DC doivent etre toleres. ylit. t6. Pour subvenir aux menus frais , la Societe impose a ses membres residans(qui sent aunombre de quinze seulemeut) uue retribution annuelle de lo a 3o fr. Pour iSaS, la retribution est fixee a i5 fr. — Nous forraons des voeux pour que cette Societe , fondee dans I'iuteret de la prosperite comnierciale, et eu menie terns dans celu' du perfectionnemcnt des mceurs, puis- uu'eile pout servii' a detounier utilement les jeunes gens d'occnpa- tions frivoles et quelquefois daugereuses , voie non-seulement ses efforts courcnnes du plus grand succes , mais encore son exemple suivi par les principales villes comnierciales de la France, ou de parellles fondations ne peuvent mauquer d'exercer une lieureuse influence. Marseii.i.e (Bouckes-du-Rhone). — \J Academic des sciences , lettres et arts de cette ville decernera , dans sa seance publique du 28 aout prochain , un prix extraordinaire, consistant en une m^daille d'or du prlx de 3oo fr. , a I'auteur de la meilleure piece de vers ( ode ou poeme ) sur le Sacbe de S. M. Charles X. —Les pieces destinies au concours doivent porter une devise, et un billet cachete renfer- jnanl le nom de I'auteur. Elles seront adressees , franc deport , a I'un de MM. les secretaires perpetuels de I'Academie, avant le i*'' aout, terme de rigueur. To 11 LOUSE ( Haute- Garonne^ . — IJ Academic des jeux floraux a tenu, le 3 mai , sa seance annuelle pour la distribution de sesjleurs. Voici la liste des ouvrages couronnes dans ce concours : 1" Les Pjrenees , ode , par M. Dwcos , avocat a la Cour rojale de Toulouse , ont rem- porte le prix; 2" la Mort de Bonchamp , poeme , par M. Cappot DE Feuillide, a obtenu un souci restrvf, 3" I'epitre qui a remporte le prix, et qui est encore de M. Ducos , et inlitulcc : Etntre coittre te prejiige qui defend aux avocut; de Jaire des vers; 4° enfin , une elegie de ^i) Bordeaux , 1825 ; LavigQO jouii". In 8' d'uiie denii feuille d'imprpssion. M. Nf.sior df. Lariahque , iiititulee : Lei HJineiirs ^-a obteim iiii souci reserv(^. L'Acadi-mie avail recti Jji^ pieces de poesie, dont Sg odes et (S8 elegies. Son reciicil (i), outre les pieces qui ont etc couronnees.ren- ferme plusieurs de celles qui ont concouru, le remerament de M. A. d'Ayguf.vivfs et celiii de M. I'abbe oe Montf.zat, admis tous deux au nomhre des nienibres de la Societe, avec les rcponses qui ont cte faites a ces discours, et le rapport de M. Malabf.t sur le concours. Aucun des concurrens n'ayant entierement rempli les vues de TAca- demie, elle retire le sujet du discours indiquc dans le programme de I'annee derniere, et propose pour le concours de 1826 Yeioge de Blanche de Castille. Independamment des fleurs que I'Academie dis- tnbue chaqueannee, elle propose, comme sujet de prix extraordi- naire pour le concours de iSafi , ime ode sur le s acre de Charles X. Le prix sera une amarante d'or de la valeur de ^oo fr. PARIS. Tnstitut. — jdcademie des sciences. — Mois de mat iSsS. — Scarce du a. — M. BoGRos lit un Memoire sur la structure des ncrfs. ( MM. Cuvier , Dumeril et Dupuytren , commissaires. ) — M. de Humboldt fait un rapport verbal sur I'ouvragc de M. df, France , inlilule : Ta- hlean des corps organises. — M. Moheau de Joknes commence la lec- ture d'un memoire intitule : Recherclies monographiques sur le cliien indigene de Fhcmispli^re americain , .ses differentes especes , leur iiynonymie , leiirs formes , leurs habitudes , leurs usages domestiques, Jeur extinction, leur distribution gnographique , lemurs transmigra- tions, et les notions qui en rcsultent sur I'ancien etat du Nouveati- Monde , les communications de ses peuples et leur habitation pri- mordiale. — Du 9. — Le mip.istre de I'inttrieur doiine des nouvelles de I'ar- rivee de M. Pacho a Derne , sur les frontieres de la Cyrenaique , et de celle des voyageurs anglais qui ont visitp I'interieur del'Afrique, am environs de Trijioli ; — M. df. Humboldt prcsenfe des grains de platine d'osmium et d'iridium tronves «', i8?.5. r vol. in-S", flo riinprimtile de M. T. Dalles. PARIS. gxi cycas ciriiiialis , est lenvoye ii I'examen de MM. de Labillardiere et du Petit Thouars. — M. Geoffroy-St-Hiliilie fait un rapport verbal sur la partie zoologique du voyage de M. de Fieycinet, redige par MM. QuoY et Gaymakd. (Voy. ci-dessus , p.GaS-SBy.) L'Academie nomnie M. ViKEY candidat a la chaise d'histoire ii.Ttnrelle de I'Ecole de pliar- niacie. Les autres conciirrens etaient MM. Guii)ourt , Fee et Lemaire Lisancourt. — M. Fuancoeuh lit un memoire sur les travaux faits en Angleterre pour arriver a I'uuite des poids et inesures. (MM. Legen- dre, Dulong et Mathieu , commis.saires. ) — M. Gondret lit un me- moire sur la cataracle. ( MM. Magendie et Boyer , coniniiss:iifes. ) — Du i6. — M. Marcel de Sehkes envoie un memoire sur plu- sieurs debris de mastetdonte a dents etroiles ou masUidonte de Simorre, decouverts recemment dans plusieurs localites de France , et pnrticu- lierement dans les environs de Montpellier. (MM. Cuvier et Geoffroy- iit-Hilaire, commissaires. ) — M. Mirbel, au nom d'une commission , fiUt un rapport sur la Flore des Malotiines , de M. Gaudichaud. — M. de FiiEYciNET lit un memoire sur les observations du pendule faites pendant son voyage autour du monde. ( MM. Arago et Mathieu, com- missaires. ) — M. MoREAU DE JoNiNES Continue la lecture de son me- moire sur le chien indigene de riiemisphere americain. — Du 23. — • M. JoMARU presente une carte de la pente du Nil, comparee a celle de plusieurs autres fleuves. II communique une leltre de M. de Beaufort , datee de Basrel, qui contient des details sur la route de ce voyageur et sur la direction dans laquelle il se propose de la continuer. . — Un nouveau systeme solaire de M. Jean Tel.*rd est renvoye a I'examen de MM. Mathieu et Cauchy. — M. Coquebeht DE Mohtbret , au nom de la commission de slatistiquc , fait un rap- port sur le couL'Ours de slatistiquc, et propose de decerner le prix a la sUtttstiqiiv du departcineiit de I'Heiault , par M. Hippolyte de Lessert, Gls du prcfet. L'Academie arrete que ce rapport sera impriiue. — -M.GEOFFKOY-ST.-Hii-AmE, au uoHi de la commission chargee de pro- poser le sujet d'un prix de physique , propose le suivaiit : presenter riiistoire generale et comparee de la circulation du sang, dans les quatre classes d animaux vertebres , avant et apies la naissance et a differens ages ( adopte. ) — M. IVavier , au nom d'une commission , aiinonce qu'elle a adjuge le prix de mecanique fonde par M. de Mon- tyon , a M. Poncelet, capitaine du genie , pour les roues verticales a aubes courbes, principalement applicables aux petites chutes d'eau, ;approin e.j — MM. Ampere et Dulong font leur rapport sur le memoiie de .M. Z vmbroai , relatif a une pile galvanique seche. MM. Hachell • 9i^ 1 llAiNCK. et Dc'SOi'Uics sunt lis piemiiTs qui uieiit cunslruit lies piles st;cliej. Pius tare], M. Blot rei!)j)lac.i I'amidoii par du iiitialo de potasse ioiidu ; et M. Dcluc substittia lo paj)ier a ces deux sutisiances. M. Zamiironi n'est venu qirnpj^s crs s;ivans. Parnii les modifications qu'il propose a leurs app par L. Stanhope; Histoire de la revolution ac- tuelle de la Grece, parE. Bla- quieres (J.-C.-L. de Sismondi), 382, 703. — d'ouvrages francais : Recher- clies sur les eaux publiques de Paris, par Girard(F<'rr)), 47. — Principes de droit politique, par Toromhert (J^'-), 56. — De la situation agricole de la France, par de Marivault [Jac- qiiemont), 69. — Du commerce exterieur et de la question d'un entrepot a Paris, par Rodet (/.-/?. S.) , 80. — Esquisses his- toriques de la revolution , par Dulaure {Leon Thiesse) , 84. — Voyage pittoresque dans le de- partement de la Loire infe- rieure , par Richer ( L. 5n'. Bel- loc ) , 96. — Voyage dans unc partle de la France , par le comteOrloff(y'y;n.Z) — /), i lo. — Essai philosophique sur les pro- babilites,par deLaplace(fpr7->'), 346. — Description hydrogra- phiqueet historique des marais Pontins , par de Prony , (P.-S. Girard) , 35 1. — Histoire de la regeneration de la Gi6ce, par Pouqueville; Histoire des eve- uemens de la Grece , par Raf- fenel; Memoires du colonel Voutier;Memoiressurla Grece, par Raybaud {J.-C.-L. de Sis- mondi), 382, 708. — Du ciilte des Cabires , par A. Pictel (/'.), 398. — Iconograpliie romaine, par Mongez [Emeiic David), 427. — Essais sur la construc- tion des routes, par Cordier {Navier), 657. — Du perfec- tionnement moral, par Dege- rando ( C. Renouard) , 671. — Vrai systenie de I'Europe, par de Pradt {.-ivenel), 6()3. — Chant du sacre, par Lamartine (P. L.) , 736. — d'ouvrages italiens : Quelques pensees sur I'economie agricole de la Toscane , par le general Coletta [Jacquemont) , 69. — d'ouvrages russes: Fables rns- ses , de Kriloff , traduites en vers francais et italiens , avec le texte en regard (£. Hereau), 717- AjVATOMIE, 808 ,811. — de rhonime, ou Description et figures lithographiees de toutes les parties du corps hu- main , par Jules Cloquet; pu- bliee par C. de Lasteyrie, 808. — coMPAUEE, 797, 799. Ancelot. J^oj. Pharamond. Anecdotes et souvenirs du bar- , reau , etc. Voy. Westminster Hall. — de rEglise romaine. Vov. Lam- beth and the Falican. DES MATIERES. gBg Angletf.rre. yojr. Grande-Bre- TAGNE. Annates academia; Lugduno - Ba- tavce , 795. 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J, Berzelius , traduit en Alle- niand , 460. — (La), eiiseignee en vingt-six le- cons , etc. Ouvrage traduit de I'anglais par Payen , 494- — APPLiQUEH, 187, 189. Chirurgie, 168, 590. Voy.aussi Sciences medicales. Christian. Voy. Description des machines. Christianisme (Nouveau) , Dialo- gues entre un conservateur et un novateur, 5 to. Chronique ascendantedes dncsde Normandie,par maitre Wace, publiee par Pluquet, 542. Chroniques Neustriennes , ou Precis de I'hisloire de Norman- die , par Marie Dumesnil, 2 25. — de Jomsvink, i34. Chronoi-ocur universelle , par A. Loeve-Veimars , 843. Ciceron. Voy. D^couverte. Classiques francais , ou Bibliothe- queportativederainateur, 286, 548 , 865. Clavareau ( Aug. ). Voy. Helmers. Cleraence (La) de David, tragedie en troisacteSjpar Draparnaud, 928. Clery (P. L. Hanet). Voy. Me- moires. Cloquet ( Jules ). Voy. Anatomie de rhonime. Cochrane {C. S.). Journal of a resi- dence in Columbia, 127. 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J. ). >^ oj: Plantes cryptogames. Desnoyers. Saiute-Catherine d'A- lexandrie. Gravured'apres Ra- phael, 616. Dessin, 6i5, 821. Dezos de la Roquette. f^ojr. Ta- bleau. Dinry ( The ) 0/ Henry Teonge , 444. DicTioNJSAiRE g^ographique uni- ALTTIQUE ver.sel, par une societe de g^o- graphes , 5o3. — portatif et raisonn* des con- naissances militaires, etc. , par le general Lecouturier, 5oi. — thcii'ral ,ou dou7.e cent trenle- trois veritcs sur Ics direcleurs, rcgiiseurs, etc. , 249. Diele de Varsovie. Le minisire de I'interienr y fait I'expose des operations adniinistralives de- piiis la deinicre difete, 900. Di>couus en vers sur les facultes de rhonime, par P. Daru , 299, 556. — que feu Delille-Laprce , direc- tt-ur du Lycee national du Port-au - Piince , devait pro- noncer, etc. , i23. — sur les sciences considerees pliilosophiquement, par J. G. Garnier, 170. — et lecons sur I'lndustrie, le commerce, l.i marine, etc. , par Ch. Dupin, i85. — du comte G. B. 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Dkoit d'Aubaijve ( Du ) , et des etrangers en Savoie , par C. A. Manzord, 522. NATUKEI, , 779. — politique, yoy. Principes. PUBLIC, 590. dela confederation germa- nique , etc. , par Aug. Bruu- quell, 463. Droits ( Des ) de I'Espagne sur les colonies , de Icur inijjor- tance dans I'ordrepolitique, etc., 542. Drummond ( Sir M. ). Tor. Ori- ffcns. Dubochet (J. J.) C— B. SSg. Dufey ( P. J. S. ). Resume de i'Histoire de la regeneration de la Gif-ce, 53o yor. L'Hopital. Dufour "(J. M.). roj: Code de renregistrement. Dulaure Foy. Esquisses histo- riques. — Histoire de Paris , 228 , 53g. Dumesnil (A.) Foj: Refutation. Dumesnil(Marie). F. Chroniques. Dumont. Toy. Rapport. Dumortier (B. C. ). Observations sur les graminees de la Flore belgique, 790. Dunoyer. f'oj-. Esquisse. Dupau (Amedee) Foy. Reflexions. Dupin. for. Sauvage. Dupin , avocat , C. — .\. 65. yqy. Pothier. Dupin ( Charles). Foj. Discours. Duponceau (P.). Foj-. Disserta- tion. DES MATIKRES. q45 yojy. Sismondi. Dupuytren. yqy. Nosiinations ACiDEMIQUES. Duvaucel ( Alfred ). Foj: Necbo- LOGIE. Dyssenterie (Traite complet de la) et dela diarrhee, par P. Vignes, 181. ago , 3i3 , Paris, yqy. Eaux minerales , 599- publiques de Recherches. — THEKMALES d'Aix , en Savoie, 31. 3 1 3. de Bagnoles , 599. Ecole de la lyre hannonique , fondee a Paris par M. Pastou , fii8. Ecoi.es d'enfans pauvres du can- ton d'Argovie , 284. — speciaies en Suede, 281. EcoxojMiE AGRicoLE ( Quclques pensees sur 1') de la Toscane, par le general Coletta, A. 69. DOaiESTlgUE, 264- POLITIQUE, 69 , 80, 170,786. — RUHALE, fig , 284 , 491, SgS, G07, 772 , 79C , 804 , 806 , 807, ^ 808. EcossE, Voj. Gramde-Bre- TAG>"E. Educ vtion , 809 , 83o , 83 r. — natiduale. /Vy. Caradeuc dela Chalotais. — - des vers a soie , 595. Egvpte , 58i. Eichhoff For. Etudes grecques. Elegies remcises, suivies de frag- inens dramaiiques , par Cy- prien Anot , Sliy. Elemens dc bolauique, on His- toire des plantes considerees sous le rapport de leur pro- priety merlicale , etc. , par Brierre et Pothier, 801. Eloquence , 4S2, 760. — DE LACHAIRK, 474- 62 fj.'jG TABLE .VNA Einbellissemens de la ville cle Moscoii , 586. Eiiieric-Daviil, meitibre de llijs- tiiut, C. — A., 47.7. EjvcicLorjiDiE inodenie, ouDic- tioiinaire nbipge des sciences , des leltrcs et des aits, par Courtia , 826. EnSEIGNEMEJfT MUTUKL , l33 , 904. — univeisel. Methode de J. Ja- cotot , C)l4- E|)heniei ides historiques el poll- tiquesdiir^gnedeLouisX\ III, etc, par Cvprien Desmarais, , 855. Epilepsie (De 1' ) eii general , et particulierement de celle qui est delerminee par des causes morales, par J. L. Doussiu- Dubreuil , i8r. Eruiite ( L' )da Gange , ou Tapos- tat, conte moral indien , par Marin de la Voye, 558. Esmangait. f'^or. Rabelais. Esquisse d'un Cours d'ceononiie et de morale, M. i4 , GSj. Esqulsses historiques des piinci- paux eveneniens de la Revo- lution francaise, parDulaiire, A., 84. ' Essai cliiniique sur les reactions foudroyantes , jiar Briaucbon , '77- . . .^ — sur les rajiports priniiufs qui lient ensemble la pbil"so|ibic et la morale, ])ar Bfizzelli , 5i(i. Essais sur la fabrication de la polenta et du ter-ouen , 804. Etablissement agricole cl plii- lantropique fonde aux Elats- Unis, par Robert Owen, 270. ^.tats-Ujvis , 65 , 1 19 , 436 , 45i( 528, 538, 746, 887. EtHNOGKAVHIE , 125, 253. Etoile (L') |)olaire , almanach lilteraire pour I'annee 1825, rodige par A. Bestoujef et C. Ryleiel,455. l.VTIQUE Etudes grecques sur Virgile , par Eichboff, 860. Eugi'uc Oneguinn, roman en vers, par A. Poncbkin, 455. Expeiicnces fuilcs par la marine francaise snr une arme nou- velle,etc. , par H. G.Paixhaus, 497- — Sur la cbaine asplrante, etc. , 783. Ex])l<)itation des mines de bouille de Lakawaxeen, 8S7. Exposition publique a Copenba- gue d'une grande quanliie d'ob- jets d'art nu de toilette pour ctre vendus an jiroCt des vic- times des dernii^res inonda- tions , 904. — a Anvers, des produits de I'indnstrie , 914- — de tableaux et de produits de I'industrie, a Berlin, 283. Eyraud(D')C. — B. 852. F Fables cboisiespar Fiederic Rou- veioy, 170. — russes tirees du recueil de Krilolf , et imitees en vers Irancais et italiens, par divers auteurs , etc., A. 717. Fairy legends and traditions of the south of Ireland , 764- Falsen {C. M.). Norges Histories, 456. Faiiariotes( Essai sur les), par M. P. Zallony , 227. FauU. F5) . Mcmoire. Lambeth and the Vatican, or Anec- dotes of the church of Rome ^ the reformed churches , etc. 763. gji TABLF. ANAl.YTlylnC Lami (P.). ^qv. Histoiio du Da- neniarck. — C. - B. 5j(;. Lamouroux. f''ojr. Souscripfion. Landes ( Des) et du canal du due de B(^rdeaux , 192. Lange. Ni)tice siir la roche de Saiiit-Queiitin , dite la Breche- au-Di;ihle, 542. Lanjuinais, de I'lnstitut. f^oj: Principes. — C. -B. 204, 478, 490, 5 10, 518,526, 788, 828 . 838. Lanjuinais ( P. E. ) , fils , C. - B. , 211 ,544 , 84i- Laplace. Essai philosophique sur les probabilltes , A. 34^. Lasteyrie ( C. de ). For. Anato- rnie de riiomme. — Antoiniriaichi. Lanreal. Foj^. Louis xii. Lebeaud. Art de soigner les ma- lades, 8 1 3. — Foy. Manuel. Lebrun (F. ). f^oj. Sacrilege. LeClerc (J. V.). C -M. 40. Lecouturier (Le general). Foj. Dictionnaire. Lecture {A.) on human happiness , etc. , by John Gray , 707. Legendes , feeries et traditions du snd de I'lilande, 764. Legislation, laS, 202, 204, 522, 523, 834, 835, 836,837. Le Glay ( M. A. ). f'oj-. Recher- cbes. Legrand ( Aug. ) Voj: Atlas. Legris. La nouvelle Mecanique niilitaiie, on I'Art de C.-iire la guerre avec peu de troupes, 820. Lekain. Foy. Talma. Letnercier ( N. L. ). C. - M. , 26. — For. Fredcgonde. Lemontey. Fables russes. A. 717. Lennep ( Van). Analyse du sys- terae hieroglypliique de M. Chanipollion le jeune, 292. Lenobln ( Alex. ). Foy. Histoire dn sacre. Le Normand (L. Seb. ), C. - B., i85. Leonard and Gertrude, a booh for the poor, by Pestalozzi , trans- lated fiom the german, by Eliza Shepherd ,782. Le Sueur. C.-N. , 576. Le Tellier. Foy. Tableaux histo- riques. Letters written from Colombia, 125. Lettre de Fenelon a Louis XIV , publiee par A. D. Renouard , 198. — nic^me ouvrage, 2" edition, 828. — du prctre D. Antoine Eerna- ben a Tillustrissime don Simon Lopez , arcliev^que de Valen- ce, 443. — ( Extrait d'une), de M. Le Sueur , etc. , 575. — (Exirait d'une) ecrite h M. JuUien par uii voyageur qui vient de \isiter I'Ameriquedu Slid, 270. — (Extr^iit d'une) de M. J. S. adressee k M. JuHien , sur des moyens proposes pour amelio- rer la condition des classes pau\res , etc. , 894. — sur un arniet de fer d'une ci- selure exquise , par A. Scarpa, 481. Lettres sur I'ediication , par C. J. B. Bonnln , 83o. — sur la pbysique , par Alex. Bertrand , 49 1- — (Nouvelles) provinciales , ou rObservateur des Jesuites au xrxe siecle, ))ar M. S. 197. — de Christian IV. Publication prochaine du jirofesseur Mol- bech, 282. — sur les ouvrages de M"* de Stacl , par Ml'e Hortense Al- lard , 233. Levasseur ( Francis ). Exercices des amplifications franqaises , 859. — Corrlge ties amplifications francaises , SSg. — Traduction des sentences de Publius Syrus, 86 1. L'Hopital (Michel). OEuvres , publiees par P. J. S. Dufey , 207. LiTHOGRAPHIE, 617, 618, 808. LiTTERATDRE : Allemandc , i4*) 547, 866. — Ancienae classi- que, 40 > i4i. i63 , 4<'9 » 482 , 861. — Anglaise, i32, 449>45o, 45i, 452, 764, 766. — Belgique, francaise , 170, 171 , 173. — Biblique, 462. — Danoise, i36, 459. — Francaise, 2'i, [38,233, 336, 237, 238, 24i> 244) 2/i5, 246, 247, 249, 25i, 252, 3o4, 3o6, 548,549, 55o, 552, 553, 555. 556,557, 558, 559, 56o , 562, 610, 61 1, 612 , 736, 862 , 864 , 865, 867, 870, ^71 , 873 , 927 .928, 929, g3o. 932. — Ha'itienne , i 23. — Helveti- que , alleraande , i55, i56. — Helvellque , francaise , 167. — Hollandaise, 171, 486. — Ita- lienne , i3i , 238 , aSg , 4S2 , 483, 595,786, 788, 789,933. — Portogaise, 4 '6. — Russe , i38, 455, 717, 767, 897.— Tnrque , 23 1. Liivingston ( Ed. ). Rapport sur le projet d'un code penal , fait a rassemblee generale de I'etat de la Louisiane, suivi&'obser- vations de Mill, avec une in- troduction, par A. H. Taillan- dier, 834. Lofeve- Veimars (A). C.-B. , i36, 872. Histoire des tribuuaux se- crets, 5»5. f'oy. Ob^ron, 547- Chronologie universelle, 843. LoGiQDE (Traite de). T'oy. Den- zinger. 1-oiret (L. F. du). yoy. Sacrilege. DES MATliRES. ^53 Lois (Becueil des) de la repu- blique de Colombie, i25. Louchartl ( A. ). Foy. IMorve. Louis xir, ojjera comique en trois actes, par Saint-Georges et Laureal , gSo. Lucas, yoj. Defense. Luisades (Les) , ou les Portugais, poenie de Camoens ; traduc- tion nouvelle par J. B. J. Mil- lie. A., 4 1 6. Luther. OEuvres choisies. Pu- blication prochaine d'une nou- velle edition, 283. Lycee de I'lle de Tinos , 9i3. Lyre ( La ) brisee , dithyrambe, dedie a M™* Dufrenoy , par J. Agoub, a44- M. MaGNETISBIE ANIItfAL, i5a. Mailher de Chassat ( A. ). yoy. Interprt'tation. Maison de plaisance dn colonel Parquin , en Thurgovie , mise a la disposition des vcyageurs, 5^3. Maisonneuve(L. J. B.). OEuvres publiees par T. Cheron , 55o. Mancini ( Lorenzo ). L'lUade d'O- inero , 482. Mariderfille , or ihe hibernian Chi- liarch , hy F. S. Hi^'giiisoii ,449- Makuei, de Tamateur des aits dans Paris, par C. Harmand , 879- — des Amateurs de la langue francaise , par A. Boniface , 546. — du Chasseur et des Gardes- chasse, par de Mersan, 5o2. — del'Heiboriste , parLebeaud, 802. — des Meres de famille, etc, par le meme, 812. — de Sante,par A. Rouvifere, 8i3. — de Perspective, duDessinafeur, 63 9^4 TABLK AN et du peiiitre, par A. D. Ver- gnaud ,821. -- de Chiniie , par Rit'fault ,821. — du Parfuuieur, par M'"" Ga- con-Dufour, 821. — du Praticien , ou Trait6 com- l)let de la science du droit , etc. par M. D. 524. Manunactures, 796. Manuscrit turc (Notice d'un), en caract^re oui-gours envoye par M. de Hammer a M. Abel Remusat , publiee par A. Jau- bert , aSi. — ( Le ) de feu M. Jerome , 873. — de fragmens de Ciceron , 4o. — d'Homere sur Papyrus , 584. Maiizord (C. A.) ^o/."Droit d'Au- baine. Marais Pontins. Foy. Prony. Marchangy. foy. Gaule. Mariage (Le)en Ecosse, traduit de I'aaglais par M">e Jenny Pal- •mer, 56a. Marin de La Voye. L'Ermite du Gange, 558. Marime , i85, 444,497, 498, 499 » 573 , 904. Marivault. Voj. Situation agri- cole. Marsuzi (J. B. ). Voy. Caracalla. Masch ( Charles), foy. Genea- logies. Masse (E. M.) Blanche, 5fio. Mathematiques , 169, 468,495, 496,818,821. Matiere medicaie pratique, par Rluyskens , 484- Maurice ( F. G. ). Traite des en- grais , 806. Maurin. Le triomphe de Trajan , lithographic d'apres Prudhon , 618. Mauviel ( Jules ) , C. — B. 528. Mecanique , 169. Mecaniquemilitaire. foy. Legris. Medkcine. J'ojy. Sciences medi- cares. — (La) sans medccin, par Au- dio Rouvi^re, 8i3. AI.YTIQUE Meditations po^tiques par C. Ryleief, 455. Meissel(A. H.) r. Nechologib. Meioplaste. foj. Geslin. Membrane ( De la ) muqueuse gastro-intestinale, etc, par C. Billard, 811. Memotre sur quelques cons- tructions graphiques des or- bites planetaires , par A. Que- telet , 820. — sur la conservation des grains dans des silos, etc., par IVr- naux , 804. — sur un nouveau moyen d'etn- plir et de viderlesecluses, etc., par J. P. G — t. ,814. — historique sur i'ancien et le moderne Telamou , etc. par F. Carchidio , 480. — (Premier) sur les construc- tions antiques et les objetsde- couverts, eni82i, a Bayeux, par C. E. Lambert, 54 1. Memoihes, Notices et Mei.am- GEs (I) : Des Academies et de leur influence sur les progr^s des connaissances humaines , 5. — Esquisse d'un cours d'^- conoraie et de morale ( £>«- noyer), i4, 637. — Remarques sur les bonnes et les mauvaises innovations dramatiques ( Lc- mercier), 26. — Decouverte de nouveaux fragmens de Cice- ron. [Leclerc) , 40. — Notice sur la \ille d'Aix , en Savoie , et sur ses eaux thermales ( Fran- caciir) , 3i3. — Coup d'oeil sur un ouvrage de M. Alibert , ayant pour titre : Ph)'*iologie des passions ( Janin de Saint- Just) , 333. — Observations sur les travaux de I'Academie de Saint-Petersbourg, 339. — Rap- port sur la parlie zoologique du Voyage autour du monde, par M. de Freycinet ( Geoffroj Saint-Hilaire) , 625. — ET PiAproBTS de Societes sa- * IlKS MATliRES. 9f»r» vantes et d'ucillt^ publique eu Mine de ploinbagine en Scanie, France , aSg, SfiS , — de ki Societe d'agriculture de Meckleribourg , 283. — de la Societe royale de gram- raaire et de poesie d'Anvers , »73. , . . — du Museum d'histoire natu- relle, 797. — sur les affaires de I'Europe , depuis la paix d'Utrecht, par lord John Russel,A., 372. — (Collection des) relatifs k la revolution d'Angleterre , par Guizot ,224- — du colonel Voutier, sur la guerre actuelle des Grecs , A. , 38i, 703. — sur la Grece, par M. Raybaud , A. 382, 703. — sur I'etat des Israelites , 5i4- — du marquis d'Argenson, mi- nistre de Louis XV , 853. — de Gi. L. Hanet Clery , an- cien valet de chambre de M™« Royale, 855. — - sur la vie de J. P. Kemble , par J. Braden , i3o. — d'Henriette Wilson , concer- nant plusieurs grands person- nages d'Angleterre, 23o. Menissier. T-^oj-. Bourgeois. IVlennechet. f^qy. Heritage. Merault ( A. J. ). Resume de I'bis- toire des etablissemens euro- peens dans les Indes orien- tales, 846. Merite (Le) des femnies, travesti, par J. B. Simonnin , 557. Mersan ( De ) f^oj. Manuel. Metalidrgie, 887. Metaphysiciens classiques ( Col- lection des), 478. Metral ( A. ). C. — B. 5a3. Mexique, 202. Michelot (A.), C. — B. 370, 604, 924- Mill. f^oy. Livingston. Milli6 (J. B. J.) fojr. Lusiades. 279- Molbech ( Christian ). Fo/. In- troduction. — f qx. Lettres de Christian , IV. MoLD.wiE, 227 , 534. Mone. Foy: Statistique. Mongez. ypy. Iconographie. MoNNAIES, i54. Monnard (C. ), C. — B. i43 , i52 , iSg, 782. Montcmont ( A. de ). ^oj. Gold- smith. Montesquieu. OEuvres completes, suivies des tableaux analyti- ques de I'esprit des lois , par Theodore Regnault, 832. Montgery (De). C. — B. 5oo ,748. — - T-"oy. Fulton. Monumens de la sculpture egyp- tienne , 608. Morale, i4 , 197, 5i6, 5i8, Sig , 637 , 671 , 782, 785. Morand. f^oj-. Acupuncture. Moreau de Jonnes , C. — B. 579 , 797. — N. gi8. Morel (Mme) ror. Schiller. Moretti (Jos.) Flora Italica , iSg. Mort (La) de Cesar, tragedie par Royou, 611. Morve ( La ) est-elle conf agieuse ? non ; par A. Louchard , 8i4- Mosbourg (C. de) Voy. Observa- tions. Miiller. Saint-Jean , encore en- fant , jouant avec un agneaa. Gravure d'apres Luini , 616. Musee national de Pesth , 906. — de Varsovie, 279. MusiQUE,255, 257,618,789. Mythologie, 398, 775. N Nation (La) hoUandaise , roy. Helniers. National ( Le ) , journal politique de Buenos- Ayres , 75o. Nandel. Sur la pnesie latine, et en particulier sur le theatre de< Romains, 297. y56 Navier , membre de I'lnstitut , C. — A.657. Navigation par la vapeur,589, 599,904. NicKotoGiE : Diivaucel , natura- liste fraiicais, a Madras, 274. Le professeur Piionliu , a Mos- cou ,278. — Alujse Kleinsehrod , professeur a Wurzbourg , 284. — Georges de Roiigemont, procu- reiir general a Neufchatel , 285. — Gioi'anni Beiinetci , lit- terateur italien a Naples ,291. Le prolesseur Wageinann , a Liege, 292. — J. F. L. Des- champs , a Paris , 307. — Ledoc- teur Percy, a Paris , Sog. — Le docteur Beclard a Paris, Sog. — //. Fmeli ,de Zurich, a Putney- Hill, pres de Lttndres 585. — Le professeur Ch. Ferd. Degen, a Copeiih.Tgue, 689. — Chris- tophe d'Arelin, a Munich, Spi. — /. G. Radloff , professeur a Bonn, 591. — Louis Rejnier , a Lausanne , 594- — Marc- Au- guste Pictet , a Geneve , 594. — Ignacc de Rossi, a Rome, Sq6. Siinon Stratico ,& Milan ^^(>. — A. U. Meissel, a Missolonghi , 597. — P. L. Courier, mort assas- sine a Veretz , 619. — Le doo- teur Jean liiroli , a Novarre , 91a. — Le P. Ermensgildo Piiii, a Milan , g 1 3. — Francois Claude Tiirlot, attache a la Bihiiothequc du Roi a Paiis, gBS. Nique f''o^-. Defense. Noces ( Les ) de Gamache , op6ra bouffon de Sauvage et Dupin , 612. Nominations acadeaiiques : Spencer Smith , membre resi- dant de I'Acadeniie royale des sciences, etc., de Caen ; De- longchamps , associe residant , ct Elie de Beaumont , associe correspondant de la meme so- ciete , 392. — Le professeur de Rfi/fenberg , de Lonvain , et le TABLE ANALI'TlyUE litterateur hoUandais Jf'infiei ^ membres correspondans de I'A- cademie des sciences , etc. de Toulon , 293. — Le docteur Dupujcren , membre de I'Aca- demie des sciences de Paris , fio2. — Ingres , membre de I'A- cademie des beaux -arts de Paris , 924. Norges Konge- Kroniie af Snorro Stnrleson , 457- NoRVEGE , 456 , 457 , 904. Notes surles colonies d'indigens, par Leopold de Bellaing , SSg. Notice biographique sur M. le baron Percy , par A. F. Sil- vestre , 857. — sur M. Andre Thouin , par le meme. 857. — surR. Fullon,parde Moutgery, 857. — sur la -ville d'Aix , en Savoie, et sur ses eau\ therinales , M. 3 13. — sur I'utilile del'importation eu France des betes a laine derace perfectionnee,parTernaux,8o4. Notions geologiques sur I'anti- quite des conches les plus su- percielles de la tcrre , etc. , par P.M.S.BigotdeMorogues,8o7. NoUVELLES SCIENTIFIQUES ET LiTTERAiHEs ( IV ) : Aileinague , 282, 590, 904. — Ameriquc/ ineridionale , 270, 579, 890. — Amerique septentrionule, 270 , 575 , 887. — Danemarck , 281 , 589, 904. — Egypte , 58i. — Elats-Unis , 270, 575, 887. — France , 292 , 599 , 91 5. — Grande - Bretagne, 274, 583, 890.— Grece, 597, 91 3. — Indes orientdles, 274. — Iialie , 290 , 595, 911. — Norvege , 904. — Oceanic, 58i. — Paris, 292 , 601,910. — Pays-Bas, 291, 598, 914. — Pologne , 279 , 900. — Russie, 277 , 585 , 897. — Sibe- rie, 58o. — Suede , 279 , 903. — Suisse, 284 J 591, 906. Numismatique , 279. PES MATliRES. 957 o Oberon , ou Hiion de Bordeaux , poiiniede Wieland , public par A. Lot^ve-Veiniars, 547. Observations sur le noiiveau pro- jet de loi sur la conversion des rentes, par le comte de Mos- boiirg , arc. — de pliisieurs cures du diocese de Strasbourg sur les motifs pour lesquels on les a repousses du ministere , 827. — sur les confiscations revolu- tionnaires , etc., par[le vicomte Felix de Conny , 84i. — sur I'expose du projet d'une ferme , dite exemplaire , pro- pose par M. de Dombasle, 476. — sur les travaux de I'Academie de Saint-Petersbourg , 339. Odes and adressps, 449. Odier ( J. L. ) Foj-. Systenie mo- netaiie. OEuvRES de Canova , 878. — de Rabelais , 862. — de Racine, 8fi4. en un seul volume , 549. — dc Micbel I'Hopital , 207. — de Polhier , 207. — de L. J. B. de Maisouneuve 55o. — CHoisiEs de Luther, 283. de H. Zschokke, 780. — COMP1.ETES de Montesquieu , 832. de Lafontaine, 8fi4- de J. J. Rousseau , edition d'Auguis , 237, 548. de Delille, edition d'Amar , 237. d'Etienne Jouy , 238. Opbtalmie ( Essai suri' ) de I'ar- mee des Pays-Bas, par J. V. "Vieminckx et C. J. Vau Mons, 792- Ordre ( B. d' ) Voy. Siege. Origins , or Remarks on the origin of several empires , states and cities , by sir ff^. Driiinmond 445. Orloff (Le comte) Voyage dans une partie de la Fiance, A. I to. — Fables russes, A. 717. O U V R AGES PERIOniQl/ES. Voy. JoURNAtlX. — ( Indication des principaux ) publics en Alleniagne , l43, 4fi8, 776. Owen ( Dale ) Esquisse du sys- leme d'education suivi dans les ecoles de New-Lanark, traduit par Desfontaines ,_ 83i. — ( Robert ). Voy. Etablisseinent agricole. Paixhans (H. J.). Foy. Expe- riences. Palla (E.). Histoire abregee de rem[>ire ottoman ,221. Palmer (M"""^ Jenny). Le mariage en Ecosse , 662. Palnistedt ( K. ). Toy. Berzelius. Panckoucke (C. J.). Foy. Jeru- salem delivree. Panorama de Constantinople , (u3. Papyrus egyptiens, 912. Paris, 47, 228 , 293 , SSg, 601 , 879 , 920. Parkes (^Joseph). A statement of the claim of the subscribtrs to the Birmingham and Liverpool rail road , etc. , 44'- Parquin. T'oy. Maison de plai- sance. Parry ( Wil'iam ). The last days of lord Byron , 7(14. Passow (F.). Collection d'auteurs erotiques grecs , 14 1- Pastou. Cours d'harmonie et de chant, fit 8. Pauthier (G.). Hellcniennes , 870. Pauvres , 839. Payen. Voy. Cliimie. 958 TABLE AN Pays-Bas, 167,391,484,598, 790, 9 1 4. Peep {A.) at the pilgrims, in the jear i636, pag. 757. Peinturf. .. ()l3. Pelerins. ^oy. Peep. Pelletaii fils. For. Acupuncture. Pellissier. C. — B., 865. Pensees de Christine, reine de Suede, 199. — -et considerations diverses, 200. Pensions (Les) sur fonds de rete- nue, etc. , 21a. Percy (P. F.). Fqy. Notice bio- graphique. Foj. NicROLOGIK. Perfectipnnement moral (Du), ou de I'Education de soi-m^ine , par Degerando, A. , 671. Perrot. Foy. Atlas. Perse, 845. Perou , 273. Pestalozzi. Voy. Leonard and Ger- trude. Pharamond , opera en 3 actes , par Ancelot,Guiraud etSoiimet, Boyeldieu, Bertonet Kreutzer, Ph\bm\cie, i5o. Philologie, 4°) i4o, i4'> '63, 2 77> 409 » 475,-860, 86 1. Philosophie , 14, 197, 199, 200, 346, 478, 5i6, 637, 757. Physiologie, 178. — des passions. Ouvrngedu doc- teur Alibert, M., 333. Physique, i43, 162, 491, 783. Picard (L. B.). L'hoiinete homine ou le Niais, 249- — meme ouvrage traduit en alle- inand, Sgo. Pictet (A. ). Foj: Culte. — Foy. Necrologie. Pierron (L'abbe). Cours elcmen- taire de geographie ancienne et moderne, 5o4. Pierrot (J.). C. -A., 409. Pikoulin. Foy. Necrologie. Pini (E.). Foj. Necrologie. Plaidoyer en faveur des peoples , ALYTIQUK ])rononc6 a la barre de la Saiiite-Alliance, 544- Plantes cryptogames dn nord de la France, par J. B. H. J. Des- niazieres , 800. — raies du jardin de Geneve, par A. P. de CandoUe , 472.' PoEsiK, i38, 171, 233, 24', 244, 2/t5,4i6, 449, 455, 483, 486, 55o,552,553, 555, 556, 557, 558,717, 736,866, 867, 870. DRAMATIQOE, l36, 3o4, 3o6 , 549, 610,611,612, 788, 789, 871. 927? 9»8, 929,930, 932, 933. Poesies allemaniques de Hebel , traduites de I'idiome allemani- que en haut alleniand , par Adrian , 142. — diverses , suivies d'epitres et de discours en vers , par F. de Reiffenberg, 239. — pastorales de J. J. Riitlinger , i55. — de Louise Egloff,jeune aveugle, i56. Poetes (Specimens des plus an- ciens ) et auteurs dramatiques de I'Angleterre , 766. Poetica; Arislolelis , 1 63. Polenta Foj: Essais. Politique, i4, 56, iSs, 198, 2o3, 372, 436, 443, 486, 542, 544 , 637 . 693 , 8a8 , SSa, 840, 84t. Pol I int. Flora feronensis, 160. Pologne , 279 , 900. Pomone en relief, 290. Pompe a incendies, du mecani- cien Ulrich Schenk , a Berne, 592. PoNTS ET CHADSSEES, 44' > 657, 817. Pothier (OEuvres de), contenant les traites du droit francais ; publiees par Dupin , avocat , 207. Pothier. For. Elemeiis de bota- niqus. DES MATliRKS. Pouchkiu (A.). Foj. Eug6ne One- I guinn. Pouqueville(F. C. H. L )HIf!toire de la regeneration tie la Grece, A., 38i,7o3. — meme ouvrage, traduit en ita- lien , y86. Pouvoir municipal (Du) et de la police des communes, par lien- lion dePansey, 837. Prndt (De). roj. Viai systeme. Principes du droit jjolitique mis en opposition a%-ec ie Confrat social de J. J. R. parH. Torom- bert, avec la refutation du clia- pitre intitule : De la religion civile, par Lanjuinais, A., 56. Prise de possession de deux lies au iiom du roi d'Angleterre , 58i. Prisons, i53. Pmx DECERKEs: par I'Academie des sciences de Bruxelles, 698. — par rAcadeniie des jeux flo- raux de Toulouse, 919. — pai- TAcademie des sciences de Pa- ris , 933. — proposes: par la Societe de geographie de Paris, 3o3. Probabilites. f^oy. Laplace. Problemes et developpement bur diverses parties des niathema- tiques, par Reynaud, 818. Precede ( Nouveau ) pour colorier a I'huile les gravures et les li- thographies , 906. Prodromtts floice IVepalensis , par David Don , 441. Prony. Description hydrogra- phique et historiquedes marais pontins, A. , 35 1. Prosateurs ( Choix de) italiens classiques. Publication pro- chaine, 595. Proselytisme (Du), ou de I'inca- pacite des mineurs de changer de religion, par D. E. Stceber, 196. Prosper, fq}'. Secret. 989 Quetelet (A.). Voj: M^inoire. — C. — B. , 168. R ^o)-. Histoire Rabbe (A.). Russie. Rabelais. (OEuvres de.) Edition Tjariorum, puliliee parE. Jolian- neau et Esmangart , 862. Racine, f^oj. OEuvres. Radlof'f (J. G.). Voy. Necrologik. Raffenel ( C D. ). Histoire des Grecs modernes, 629. — Histoire des evcnemeus de la Grece, etc. , A. , 38 1 , 7o3. — Resume de I'histoire de la Perse, 845. Rahbek {K. /-.). Holbergs comeedier, i36. Raibaud (B. L.). Foy. Garantie. Kapport sur le gymnase normal, dirige ])ar le colonel Amoros ; par G. T. Doin , 301. — sur le projet de loi relatif a une prison penltentiaire, par Dumont, i53. — (Extrait d'un) du secretaire de la marine , en reponse a plu- sieurs deniandes du senat des Etats-Unis, 887. — sur la parlie zoologique du voyage autour du monde de M. deFreycinet, par Geoffroy- Saint-Hilaire , 1\1.,625. — sur la septifeme f^te linneenne celebree a Labrede, dans le do- niaine du grand Montesquieu , 2G0. Raybaud (Maxime).Menioiressur la Grece , A. , 382 , 703. Raynouard. Discours d'ouverture de la seance annuelle des quatre Academies, 296. Recherches sur les eaux pnbliques de Paris , par P. S. Girard , A. , TABLE ANALYTIQUE tj6o — sur IVglise ni6tropolitaine de Cambiai, jjar W. A. Le Glay , 563. — de la meilleiire methode pour faire fermeuter economique- ment le vin , par P. M. S. bigot de Morogues , 807. Reclamation de M. Sedgwick au sujet de la Iraductioii francaise du loinan put)lieauxEtats-Unis sous le litre de Redwood, 8S9. — de M'"" Louise Sw. Belloc , adressee au directeur de la He- viie Encyclopediqiie , 926. Reductions des rentes. Articles y relatifs, 210, 211. Reflexions sur le projet de loi sur les ecoles secondaires de mede- cine , par Anicdee Dupau , 209. — sur I'injonction du niinistre de rinterieur , de Paris , aux eveques de France, etc., par Fea , /177. Refutation de I'instruction pasto- rale pour le retablissement de la discipline ecclesiastique, par A. Duraesnil, 5o8. Regnault (Th.). roj. Montes- quieu. Reiffenberg(F. de). yoj. Poesies diverses. — Voj. Nominations academi- QUES. — C — B.,489,795. Reis (Paul). Voy. Sympathies. Relations connnerciales de la Suede, avec la Colombie, goS. Religiom. yoj. Theoi-ogie. Remarques sur les bonnes et les mauvaises innovations drama- tiques , M. , afi. Renouard (Ch.).C. — A., 671.— B. , 522. Report (^Fiist annual) of the procee- dings oflhe Franklin Institule, etc., 746. qu'elle est aujourd'hui , par E. deG. S , 537. Resume dela conviction publiqu* sur notre situation financi^re, par J. Fievee, 212. Resumes d'histoire. Voy. His- TOIRE. Review (y/) 0/ the efforts and pro- gress of nations, etc., hy Sis- mondi , •^'30. Revolution d'Angleteire, 2j4- FKAKCAISE, 84, 224) ^52. GRECyUE, 38l , 382, 445. Revue des principales produc- tions litteraiies publiees de- puis peu en Russie, 897. — bibliographique des Pays-Bas et de I'etranger, 173. Revnaud. Vor. Probl^mes. Reynier (Louis). Toy. Necbolo- GIE. Rhetouique, SSg. Richer (Ed.). Vnj. Voyage pitto- resque. Riffau it. Manuel de Chimie, 8a i. Rigollot fils , C. — B., 177. Ritz(W.) Voy. Urkunden. Rocbe-Aymon ( Le comte de la). Sur rinfanterie ieg^re, etc., traduit en hollandais par le ba- ron d'Alylva Rengers , 485. Rodet ( D. L. ). foj. Commerce exterieur. Roi (Du) dans la monarchic re- presentative, par Cli. Hiss, 2o3. Romanciers (Les) italiens, tra- duits de I'italien en anglais, par T. Roscoe, i3i. Romans , i3i , 249 , sSi , ^52, 449, 45o , 45i, 452, 455, 559, 5()o , 562, 764, 782. Roraieu et Bayard. Un dernier jour de folies , comedie , 61 a. Roscoe' s ( r. ). Italian Novelists , i3i. Rossi (J. de). Voy. NecboloGie. Republique i>u centbe de l'A- I Rossiniane (Le), ossia Letters mit- MERIQUE, 579. I sico teatrali , etc, , per Giuseppe — (La) de Bucnos-Ayres, telle | Carpani , ySg. DE5 MiTlfeRES. Rougeraont (G. de). yor. Necro- I.OGIE. Rouget -De - Lisle. Cinquante chants francais, aSj. Rougier, baron de la Bergerie. Georgiques francaises , 55o. Rousseau (J. J.). QEuvres com- pletes , avec des eclaircisse- mens , etc. , par P. R. Auguis, 287 , 54S. Routes a ornieres. Foj: Parkes. J''(>r. Sylvester. Rouveroy (F.). f^oy. Fables. Rouviere ( Audin). La medeciiie sans medecin , ou Manuel de sante, 8i3. Royou. La mort de Cesar, 611. Russel ( Lord John ). Memoirs of the affairs of Europe , from the peace ofUlrecht , elc. , A. , 372. RussiE , i38, 277, 454, 53r, 585, 767 , 897- RiUlingers Idndliche Gedichte , i55. Ryleief (C). ^oy. Voinarofski. — P^oy. Meditations poetiques. — Voy. Etoile polaire. 96 r Sacrilege (Histoire du) , etc. , par du Loiret , 5o8. — (du) el des Jesuites, par Isi- dore Lebrnn , 196. Saint-Amand. yoy. Histoire de Napoleon. Saint-Chrysostbme, ou la Voix de I'Eglise catholique sur I'utilite de I'Ecriture sainte, par Lean- der Van Ess, 772. Saint-Edme (M.B.).Adonide. 558. Saint-Georges. Voy. Louis XII. Voy. Bourgeois. Saint-Thomas (Aug. de), L'lnon- dation, poeme , i38. Salfi (F.). €.— B. 546. — N. 913. — Fables russes , A., 717. Salverte(E.). C.— B., 181,864. i>alvo. Lord Byron en Italic et en Grece , etc. , 446. Saa'te publique, 209, 814. Saurin (Jacques). Chefs-d'oeuvre, ou Sermons choisis, recueillis par J. J. Cheneviere , 474. Sauvage et Dupin. Les noces de Gamache, 612, Saxon, le Grammairien. Chroui- que de Danemarck, traduiiedu latin en danois , par N. F. S. Grundtvig , 457. Say (/. B.). Catecliismo d'economia. palicica , etc. , 786. Scarpa ( Ant. ). Lettcra sopra tin elino di ferro sqiiisiiamente lavo- rato a cesello , etc. , 481. Scheffer (Arnold). Histoire des Etats-Unis, etc, 52S. Schenk(U.). f'ty.Pompesaincen- dies. Schiller. Choix de pieces fugitives traduites de I'allemand , par M-ne Morel , 8fi6. Schlabrendorf (G. de). Foy. Tils- cours funebre. Schmidt's Geschichte der Deut- schen , 464- Scholz (M. A. ). Voy. Testamen- tum. Schrceter (R. de). Foy. Antiquites slaves. Schweighaeuser. Foy. Antiquites de I'Alsace. Sciences MEDiCALEs, 146, 181, 182 , 484. 576, 792, 801, 802, 8ir, 812, 8i3, 885, 892. MOBAI.ES ET POIIXIQUES, 56 , 195,372, 508,671,827. PHYISQUES, 47> 175, 346, 490, 566,573, 657. Seances nautiques , ou Expose des diverses manoeuvres du vaisseau, par P. M. J. de Bon- nefoux , 499. Secret (Le) de I'liydrofugerevele, etc. , par Prosper , 189. Sedgewick (H. D.). Foy. Recla- mation. Seguin aine. Description d'un pont en fU de fer ,817. Segur (General de). For. Analyse. Seneque (Tragedies de). Editions 64 g6a TABLE AN nouvelles de Bothe et de Baden, A. , 409. Seniences de Publiiis Syrus , tra- duites par F. Lavasseur, 861. Sepiez(P. de). C— N., giS. Seymour (Fanny). C. — B.,453, 764. Shepherd (Eliza). Voy. Leonard and Gertrude. SiBERlE, 58o. Siege ( Le) de Boulogne en i544 , poeme par le baron d'Ordre , 555. Sigaud ( J. F. ). Vny. Asclepiade. SilUman ( D. ). The americnn Jour- nal of science and arts , 439. Silos (Ouvei lure des) de M. Ter- naux , a Sainl-Ouen , pres Pa- ris , 607. — (Memoire sur la conservation des grains dans des), etc., par M. Ternaux , 804. Sllvestre (A. F.). Foy. Notice bio- graphique. Siinonnin (J. B. ). Le merite des fennnes , 557. Simonoff. Essai sur la methode directe dn calcul integral, 496- Sismondi ( J. C. L. de ). C— A. , 38i, 703. — Revue des efforts et des pro- grt's des nations , e Sgi, 779,906- Sylvester (^Ck.). Report on railroads and locomotive engines, esc, 44 1- Sympathies ( Des ), considcrees dans les differens appareils d'or- ganes , par Paul Reis, 178. Systime monetaire (Du) actuel du canton de Genfeve, par J.L. Odier , i54- Tableau comparatif du commerce des trois grandes puissances maritimes, gi5. — historique , geographique et politique de la Moldavie et de la Valachie , traduit de I'anglais de W. Wilkinson , par Dezos de la Roquette , 534- — historique des costumes , des moeurs et des usages des prin- cipaux penples de I'antiquite et du moyen age, par Robert de Spailart, 253. — statistique , administratif et commercial de la France, SaS. Tableaux historiques, extraits de Tacite , par Le Tellier, 842. — historiques des terns ancieu* et des terns raodernes, par Charles Hirschfeld, 773. Taillandier ( A. ), avocal. C. — B. 309 , 887. 9<54 — Voy. Livingston. Talma (F. ). Quelques reflexions sur Lekain et sur I'art thedlral , 347. Tameha , reine des iles Sandwich , 559. Taylor (W.). Voy. Stenograpliie. Tebaldi. Voy. Buondelmonte. Technoi-ogie, i83,4f^8. Teonge ( H. ). Voy. Diary. Ternaux. Voy. Notice. — Voy. Silos. Tessier. Voy. Annales. Testamentuin novum, grcece , ed. M. A. Scholz, 462. Theatre de Clara Gazul, come- dienne espagnole, 871. Theatres : — cle Paris, 3o4, 610, 927. — de Moscou , 587. Theaulon. L'lndiscret, comedie, 3o6. Theologih, Religiok , CnLXE, etc., ifi3 , 195 , rgfi, 463, 477, 5o8 , 5io , 772 , 827. Thierry ( Aiigustin ). Histcrire de la conqu^te de I'Angleterre par les Normands, 223. Thiers ^A.) HIstoire de la Revolu- tion francaise, 224. Thiesse (Leon). C. — A. , 84. — B. 52fi. Tluiuin (Andre). Voy. Notice bio- grapliiqiie. TABLE ANALTTIQUK Timkowski. Voy. Voyage a la Tremaine , or the man of refine — du francais , 700 ; — de I'ita- lien , i3i. — en danois : de I'islandais , 457 ; — du latin , 457. — en francais : des langues an- ciennes classiques , 842 , 8fii; — de rallemand , 464, 547, 866 ; — de Tanglais , 23o, 382, 494 » 534, 56a, 657,8o6,83i , 834, 844 ; — du hoUandais , 486 ; — de I'italien, 238; — du portu- gais,4i6; — durusse,7i7. — en hollandais : de I'allemand , 486 ; — du francais, 4^5. — en italien : du francais, 786 ; — du grec, 48a", — du russe, 717. — en Irtiin : du grec , i63. — de fous les chefs-d'oeuvre clas- siques , 547. Traite des Noirs , 890. Traite de I'art de calciner la pierre calcaire et de fabriquer toutes sortes de mortiers, etc., par Hassenfratz, 187. — de la Garantie et des matieres et ouvrages d'or et d'argent, etc. , par B. L. Raibaud, 190. — du contrat de niariagc, par P. H. Bcllot desMi..ieres,838. — des engrais, par F. G. Mau- rice , 806. — general de la inusique, par Troestler, 255. Chine. Tolerance. Quel droit les sectes Y ont-elles? i52. Tolstoy , C. — B. , 456 , 534. TOPOGRAPHIE, 507, 756. Toroinbert ( H. ). Voy. Principes. Touchard- Lafosse. Voy. Histoire de Napoli^on. Tradition de la Germanic. Le Franc-Archer , public par A. P. Chaalons d'Arge , 25 1. TuAnucTioNS : en allemand : de I'idiome alleraanique, 142; — du francais, Sgo; — du sue- dois, 460. — en anglais : de I'allemand, 783 ; ment , 45o. Troestler. ^^o/. Traite general. Turiot ( F. G. ). Voy. Necholo- GlE. TuRQUIE, 221, u Ukases (Deux) relatifs an com- merce et a I'econoniie, 586. Universite a Londres (Sur I'eta- blissement d'une), 754. Universites : — d'Upsal, 279. — de Lund , 280. — de Cliris- tiania, 280. — de Leyde, 795. — de Heidelberg, goS. Vrhnnden tind ^bhandlimgen utr Geschichte des Niederrheins, etc., -von W. Ritz, i38. V Valachie, 227, 534. Van Dam Van Issell. Hutde aan de Nagedaclitenis der helden 'van Hiiisduinen, 17 1. Van Ess (Leander). Vof. St. Chri- sostome. Van Mons (C. J.), f'oj: Oph- thalmie. Vente des dessins et autres ou- vrages de Girodet , 6i5. Vergnaud (A. D. ). Voj. Manuel de perspective. Verri (^ Pietro). Scoria di Milan o, 785. Vers de Theresa Albarelli-Vor- doni, 483. Versial. Voy. Bains de mer. Viaggio (I/) a Reims , opera en un acte , par Balocchi , 933. View ( j4 summary') of America , 754. Vjgncs (P.). Voy. Dyssenterie. Villeneuve et Adam. Vue gene- rale du Mont-Blaac. Lithogra- phie , 617. Villeneuve-Bargemont. Histoire de Rene d'Anjou , S5o. VindicicE Hybernica: , 436. Visconti (Sigismond ), C. — B. , 789- Vleminckx (J. F. ). Voy. Opli- tlialmie. Voiiiarofski , poeme russe, par C. Ryleief, 455. Vols politiques(Des), oil des Pro- scriptions, des Confiscations , etc., 840. Vorslman, Verhandeling over den Ranker, ifiS. Voss ( J. H. ). Jnti-Symbolih, 775. Voutier. Memoires , 3Si , 7o3. Voyage de Caracas a Bogota , — a la Chine , par la Mongolie ; par Timkowski, 454- DES MATIERES. 96.") — scientifique du docteurKyber au nord-est de la Siberie, 586. — pbilologique du docteur Sjor- gen, en Russia, 277. — en Italic, par le docteur Blume , 773. — en Gr^ce, par Danneberg, 283. — de lord Byron eu Grece , par P. Gamba, 129. ■ — en Grece , par G. Haddington, 127. — (Relation d'un ."second) en Grece, par Edouard Blaquiere, 445. — dans une partie de la France , etc. , par le .comte Orloff , A. , no. — pittoresqua dans le departe- ment de la Loire-Inferieure, par Ed. Richer, A., 96. Vrai systeme de I'Europe relati- vement a I'Amerique et a la Grece, par de Pradt, A. , 693. Vues d'un Parisian sur les moyens de recreer un esprit de cite, etc., 2l3. w Wagemann. Voy. Necrologik. Westminster-Hall , or Anecdotes and Reminiscences of the bar, bench and woolsack , 763. Wieland. Voy. Oberon. Wilkinson (W.) Voy. Tableau. Wilson (Henriette). Memoires, a3o. Winkel. Voy. Nominations aca- DEMIQUES. Woodbridge's ( JV. C. ). System of universal geography, etc., 121. — Rudiments of geography , etc. , 121. Zallony (M. P.). Essai sur les Fa- nariotes , 227. ZooLOGiE, 625 , 797 . 799. Zscholtke's aiisgeniihlle Schriftrn, 780. f)66 SUPPLEMENT AUX ERRATA DU TOME XIV. Page 6, ligne 34, au-dessous de la glace , lisez: ati-dessous de glace ; — p. n ,\.% . et ceux,Ws^T.: et celles ; — p.ai,l.9et \o, de la classe, lisez : de la a" classe dc rinstitut; — ibid, 1. i5, 1785, Use/. : 1776 ; — p. 37 ,1.16, oil , lisez : 011 ; — p. a8 , 1. 12 , epoqtie on , Hsez : epoque oh; — p. 54 ,1. l3 , est-il de , lisez : est-il des ; — p. 63, I. 14, «Sifon, lisez : « Si Ton ; — p. laa , 1. 19, Ce, lisez : Le; — p. ia6, 1. 3a et 33, la cinq neuvieme partie , lisez : les cinq neuvieines. SUPPLEMENT AUX ERRATA DU TOME XXIV. Page 498, ligne 8, Geslin, lisez: Galin. SUPl'LEMENT AUX ERRATA DU TOME XXV. Page 261, avant derniere ligne , Bruxelles, lisez : Amsterdam; — fi. 907, table du volume, 9" ligne de la colonae de gauche, 83a, isez : 632. ERRATA DU TOME XXVI. Page 36, ligne ri, mannequins, llsez : mannequins; — p. 137, I. 34, Haddington, hsez: Waddington ; — p. 129, 1. 35 et 36, 1825, lisez: 1824; — p. i3o, 1. 16, Bkaden , lisez: Boaden ; — p. i3i,l. 12, Werdsnnk, lisez: Wordsworth; — p. l43 , 1-9, Frommher , lisez: Frommherz ; — ibid. ,1. 10 , Rovitz , lisez : Hovitz; — ibid. ,1. 1 3 er i4, des fils de platine reitnis en corps spongleiix , lisez: dn platine spon- gieux ; — p. 146, 1. ly efi3,7nineralogie,\isez : mineraliirgia; — p. iSg, 1. li , de loin en loin, lisez : de loin a loin; — p. 164 , 1. 8 et 9 , que nous avons entre les mains , lisez : que nous avons eu entre les mains ; — p. 208 ,1. 35 , Heinnenitts , lisez : Heineccius ; — p. 228 ,1. 28 , Gees , lisez : Grecs; — p. aSS, 1. 21, M.Rougetde Del'Isle, lisez : M. Roiiget De risk; — p. 271 , /. 22, inferieur , lisez: siipcrieur ; — p. 291 , /. 6, Naples, lisez: Ferrare; — p. 32s, 1. 19, varicnc, lisez : 'varie ; — p. 329, 1. 18, agremens, Ihez : agrcment ; — ibid , \. -ii , fatigans , Wsez: fa tigant; — p.419,1. 8 et 1 1 , Coi«a/ , lisez : Catiial; — p. 421, 1. 5 , sur la rive , lisez : sur les bords; — p. 44^ ) 1- ^4 , stiscribers , lisez: subscribers ; — p. 45a. 1. ij , pistolet, lisez: pistolets ; — ibid., 1. 24, mettez une virgule apriis le mot enrage; — p. 467 ef 4C8 , 1. 1 1 , 22 et 4 , Andres , lisez : Ardres ; — p. 490 , 1. 7 , plus a ■vii, lisez : plus on a mil ; — p. 5 18, 1. 12 , definir , lisez ; definit ; — j). 548 , 1. &, Weiland, lisez: Wieland; — p. 552, 1. 21, j'en extrait,\\s.ez:j'en extrais ; — p. 617, 1.23, Sophncle. Le genie , lisez: Sophocle ; le genie; — p. 647 , 1. 3o , quelle s'est clevee , llsez : qu'il s'est cleve ; — p. 736, 1.4, leveille,Visez:la veille; — lisez : 769 au lieu de Z99 pour la pagination ; — p- 777, '• ^5, Fr. A. Braun, lisez : Fr. A. Bran ; — p. 788, 1. 14, Marzuzi, lisez : Mabsuzi ; — p. Sao, 1. 34, iUtaire , lisez : militaire. AVIS CONCF. RNAHB LES TABLES QUINQUENNALES DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , Repertoire general des Matieres contenues dans les 'vingt premiers volumes de ce liecueil, pour les cinq premieres annees tie sa publication, 1819 , 1820 , 1821 , 1822 et 1823, formant la premiere serie. ( Voy. Ret^. Enc, le n° 6 du Bulletin Supplement taire des Annonces Bihliographiques annexe a notre cahier du mois de Juin 1823. ) Dcpiiis que nous avons annoncc nos Tables quinquennales, un tres-petit nombre de personnes se sont fail inscrire pour les recevoir. Ces Tables avaient d'abord ete redigees avec beaucoup de soin , mais sur line trop grande echelle. La surabondance des noms et des choses qui s'y trouvaient mentionnes, en au- rait fait un ouvrage de deux forts volumes in- 8°, trop dispro- portionne avec le nombre de volumes dont elles doivent reufermer la substance, et d'un prix necessairement beaucoup plus eleve que celui qui avait ete annonce. II a done fallu re- commencer tout le travail, et refaire les tables d'apres un nou- veau plan qui les reduit de moitie, en supprimant beaucoup de details, peut-etre superflus, et de noms propres cites dans notre recueil ; mais sans que Ton ait rien retranche de ce qui est essentiel pour faciliter les recherches veritablement utiles. Dans cetetat de choses, nos Tables quinquennales formeront encore un volume in-&° cV environ 900 pages , qui ne ponrra etre maintenu an prix de 6 fr. , excepte pour ceux qui ont paye jusqu'ici. Le prix reste desormais tixe a dix francs pour les abonnes de la Revue Encyclopedique et pour ceux qui au- ront souscrit d'avance, mais sans etre tenus a aucuu versement anticipc du montant de leur souscription, et a 12 fr. pour les nou- souscriptcurs. L'ouvrage ne sera livre a I'impression qu'autant que Ton aura le nombre de souscripteurs necessaire pour couvrir les frais. Les Tables des ankles ( mensuelles ) , placces a la fin de chacun de nos cahiers, et les Tables des itiatieres ( trim es trie lies ), qui terminent chacun de nos vo- lumes, ayant suffi jusqu'ici pour les besoins les plus urgens , le retard qu'eprouve la publication des Tables quinquennales , presente peu d'inconveniens. Nous avons desire, d'ailleurs, en faire un ouvrage, asscz complet dans son genre, qui put teuirlieu des vingt premiers volumes pour ceux qui ne les auraient point en leur posses- sion, et qui put offrir un guide sur et commode a ceux qui , possedant ccs vingt volumes, voudront y rechercher, soit les progres successifs des differentes nations dans la civilisation , soit les principaux faits scienlifiques et litteraires, les ouvrages et les travaux qui caracterisent les acquisitions nouvelles et importantcs qu'ont faites les differentes parlies des connais- sances humaines. Les personnes qui, d'apres cet expose, voudront souscrire pour les Tables quinquennales, dont la redaction reduite est terminee, sont invitees a se faire inscrire, A'iciau i*"" septembre prochain , an plus tard, sans aucune avance dejonds, a notre bureau central, rue d'Enfer-Saint-Michel, n° 18, pour un ou plusieurs exemplaires de ces tables, au prix de dix francs par exemplaire; afin que nous puissions determiner le nombre d'exemplaires a faire tirer, en raison des dcmandes definitives qui nous auront ete adressees. FIN DO TOME XXVI. N° G. — Juia 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS d'oTJVBAGES NOVVEAIX ET PE PUBLICATIONS PROCIIAINES, Poar la France et Ics Pays Etrangers ; BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la hfvde i^cycxopediQue (i). AVIS ESSENTIEL. j4 Messieurs les Aiiteurs^ Libraires^ et EcUteurs d'oui'ragcs^ a Paris, dans les deparlemens et dans les pays etrangers. La Revtje Encyclopediqtje ayant dotm^ tine grande exten- sion i ses relations, pendant six annees d'un surces continu et loujours croissant, se trouve maintenant en circulation dans toutes les parlies du monde civilise, oi'i ell mesure dc la reteplion. Le prix est de 2 francs pour cliaque caliier de la souscriplion francaise , et de 4 francs pour la souscriptionanglaise. On paicra 4° cenlinies en plus , pour chaque livraison , franc de port , par la posle , en Prance. Quant a rexpedition a I'elranger , on s'arrangeri dc gre a gre. La souscriplion franfaise est ouverte jusqu'au i5 aoCit pro^-liain , et la souscriplion anglaise jusqu'au i5 novembre suivanl. Passe celle epo- que , les prix serout aiigmentes de 1 iVaiic par cahier fiour la tradiic tion francaise , el de 2 francs pour la traduction anglaise. On sooscbit A Paeis , chez Las- (1) On souscrit ii In nieme adresse pour ce Rectieil, ilont il puruit an c:ihi«r tie quatuize feuilUs d'iiiipression au iiioiriS tous les mois. Prix, a Paris, 4(> 'r. puur I'auuec ) «1mUs les depaneuiem , 5i ii.) daas les pajs elraog«rs, t>o fr. ( 3) siME, Libraire, rue de Vaugirard , ri" 60; M. GiRAiiD, rue l.duis-le- Griind , n" •/ 1 bis; c( cluz I'au- TELR, k Keuhof, canton d'Argo- vie (Sui>se). 29 II vient de pnrailic a I'lm- primcrie royale, iin projperlns tail pour exciter I'interi t dis jiiii^ des choses utiles. Depiiis que le- tra- vaux des socieles savanles clablics dans I'lnde, ont f.iil connaiire a i'Europe plusieuts morceaux d'ui\e litlerature vraimeni oricnijie, on se plaignait en France du manque d'ouvrages Hcmenlaircs pour en populariser I'elude. Le general I5ois,seroile a voulu fa- cilit erases cora(ialriotesIesmriyeiis d'apprenr're la langue la plus sa- vante de I'Orieut, et il ofi're au pu- blic une Gbamuaire et un Diction- KAIKK DK LA LANGUB S A MSKRITE , iaU - {;uequi, comme lout le uionde sail, < !>t le depot sacrede toules les con- naissances les plus antiques de I'O- lient, le berceau de tous les peu- ples, le point de depart de loules choses. La Grammdire est aussi simple et aussi pen volumineuse qu'a pu le permeltre une langue comme le samsktil. Quant au Diciionnairc, non seu- lement ce n'est pas une simple no- menelalurede mots; mais, comme • fans une espece d'encyclo(>ev!ie in- dieiine, on y trouve une t'oulc d'ar- ticles absolument ncuf's, sur la my- iliologle, I'art de la guerre et la geographic des anciens lems. IVous ne saurioiis trop cngarijrr le public a seconder le zele du ge- neral Boisserolle, et nous de.'iirons vivement que le nombie des sous- cripleurs lui prouve qu'il exisle bcaucoup d'appreciateurs de son immense travail. On souscrit, par Icttre rranihe , n s'engageant a retirer les deux ouvrages dans le courant du mois qui siiitra I'annnnce que les jour- naux feront de la uiise en vente , cliez le general Uoisserollh , rue Sainl-L:iz,irc, n" 5o, i Paris. Prix dii Uiclionnaire. lOD IV. De la Giammaire. 5o IV. SoMUSEE PIE-CLEMENTIN, ou lixpticalion ilcs slatucs, ■buites, tns-iiliefs , 7nosiiiiiues , etc. qui ex is ten t t/an .< U s saila du Va lican ; far Eimius Qiiirinus Visconti , Philip. Aurclc ViscoNK cl Joif;j/i- ,intoine (jrATTAivi. H Vol. iu-S" , ornes de 696 plane lies. Dtpuis c|u'il est ;icheve, ce be! ouvra^e, dent I'utiliie tsl incon- testable , etait devenu d'unc ac- quisilion dil'licile. Possesseurs des deux cents exemplaires qui res- laienl dansle commi rce, et cedant aux demandcs qui leur en ont 6te I'aites, MiVl. Fanlin et C". sc sont determines ^ ouvrir une souscrip- lion. En consequence , jusqu'au premier octobio prochain, les sous- cripleursauront la facullede retirer un volume par mois, aux prix sui- vaiis : i^' vol,, orne 67 pi... 24 fr. 65 c. 2*^ dilo Gc) dilo.. 25 75 .5' dilo 67 dito.. 24 i5 4" dilo loG dilo., 56 85 5« dito 101 dilo., 34 i5 6° dilo ii4 dilo.. 38 25 7" dilo 93 dilo.. 5i 55 8" dito 69 dito , conlenanl le Musee Chiaramonli quisert de complement au Musee Clementin... 29 65 245 IV. . Les peisonnes qui prendront li- vraison des huit volumes a la lots ne paierout que 210 I'rancs. Les meines libraires possedent aussi vingt exemplaires de I'editioo in-4° , qui n'a Cle tirce qu'i cent exemplaires : le prix en sera double el les conditions les memes que pour I'ediliou io-S", ( o Passe le premier ociobre , la souscriplion sera lerniee et le prix augment^. II suffit de se faiie inscrire a Pa- Bis , cliez Fantin et Ci''. , rue de •Seine-Saint-Germaiu, n° 12. :m. ANACREON ; RECUEIL DK COMPOSITIONS dessimes par GiRODET , et gravees par Al. Chatillon , son eleve , avcc la Tra^ duction en prose des odes de ce ■pocte, failc egalement par Girodet; public par son heriticr el par les soins de MM. Becquerel et P. -A. CoopiN. EXTSAIT DO PR0SPSCTD3. Les composilions iixpirees a Gi- rodet par Aiiacreon furcnt, pour ainai dire , line occupation de toule sa vie ; c'elail son ouvrajje de pre- dilection. Anime d'une juste et no- ble confiance en lui-meme, il es- ptSrait que la publication de ees dessins obtiendrait un grand suc- ces. Girodet, qui avail tant de vie dans I'imagination et dans I'es- prit , etait bien eloigne de croire sa fin si prochaine ; il ne se pressait pas de piiblicr son ouvragc : il n'a done pu jouir du succes qu'il de- rail obtenir. Son heriticr n'a pas voulu laisser a des mains 6trangfe- res el mercanliles ie soin de le t'airc paraitre ; il en a charge M. Becqoe- REL, parent et ami de Girodet; toutcs les planches onl ele reunies ; les deux ou trois dessins qui res- taient a graicr ont ile reniis Ji M. Chatillon; el inaintenaul la collection entiere, com posee deft n- ijuantcquatre (jravures au trait , dont quelques - unes sont legere- I nieni onibrees , est pres d'etre en- I liercment torminec.Le public jcn;i- ra done pronipteincnt de I'cnsem- ble de celte belle suite. On peut ral'firmcr sans crainte : il n'existe rien de semblable. La version que Girodet a faile du lioi'lc grtc est picine de ehaleur et de poesie : roninie Anacreon il I'a ecrite d'in.spiralion. Le soin des;irvciller rinipression de cc lextc a ele confie ii M. F.-A., CoupiN , qui s'esl felicile de trouvcr ainsi I'oocasion de donner un "Xiou- veau temoignnge de son devotie- ment a la memoire de I'artiste ce- lebre qui a laisse un si grand vide dans I'ecole. ( Voy. Bulletin sup. de Mai, n° -^4. ) Cette collection , format grand in-4° , sera divisee en neul' livrai- sons, compobees chacune de six planches porlant le chiffre de Gi- rodet. La traduction des Odes, im- primec par Firmin Didot , sera , comme les planches , tiree sur Ceuilles separecs et jointe a chaque livraison. La premiere paraitra Ic 3o juin , et les autrcs succcssive- ment , de mois en mois , sans au- cune interruption. Le prix de cha- que livraison est de 12 francs. On tirera ciuquante exemplaircs sur papier de Chine, dout le prix est de 20 francs. 0« souscHiT d Paris, chez CniiL- tco-PoTRELE, rue Saint - llono- re , n" iio\,d Lyon, chei Hobth; a Bordeaux, chez Maggi; a, An- goulSme, chez Laboche; d Lon- dres, chez Colnaghi et C"=; a Man- iteim, chez Artahia et FOiNxAisE; d Beriin, chez Gaspard Weiss kt C'<' ; d Carlsruhe, chez Jean Wel TEH. Errata du Bulletin supplementaire de Mai. L'autenr du Cotms de jjotariat, annonce sous le 11° 22 du Bulletin de. mai, est M. AuGAN , et iion Agen , comme il a ete iraprime par erreur. — Il fonvient de supprimer le mol par dans la lignc <> de la meme annonce. IMPRIMERIE D HirPOI.TTE TII.T.IAnD, rue de la Harpe, n" 78. LITTERATURE ANGLAISE MODERNE. NOTICE D'OUVRAGES NOUVEAUX PUBLIES A LONDRES, POUR LESQUELS ON PEUT s'aDRESSER Chez MM. TREUTTEL ET WURTZ, A PARIS, Rue de Bourbon, No. 17; A STRASBOURG, chez les m&mes. Rue des Serrusiers, No. 30 ; A LONDRES, No. 30, Soho Square. 1825. No. 2. AGRICULTURE, RURAL AND DOMESTIC ECONOMY, TESTIMONIES in favour of Salt as a Manure, and as a Condiment for Horses, Cows, and Sheep. By tlie Rev. B. Dacre. 8vo. 6s. The Science of Agriculture; comprising Agricultural Chemcstry, the Cojje of Agricul- ture, &c. By Joseph Hayward. 8vo. 7s. The Housekeeper's Ledger. By William Kitchener, M.D. 8vo. 4s. 6d. The Art of Brewing, on Scientific Principles ; adapted to the Use of Brewers and Pri- vate families. 12mo. 2s. 6d. Houghton's Wine-Cellar Check-Book, on an experienced plan. 7s. 6d. ARCHITECTURE AND THE FINE ARTS. The Elements of Civil Architecture, according to Vitruvius and other Ancients, and the most approved practice of Modern Authors, especially Palladio. By Henry Aldrich, D.D. Translated from the Latin by the Rev. P. Smyth, LL.B. 8vo. 18s. Illustrations to Moore's Irish Melodies ; consisting of Seven Plates, with a Vignette Title-page. From Designs by Westall. 5s. ; or proofs, 7s. 6d. Westall's Illustrations to Rogers's Pleasure of Memory. 8vo. 10s.; quarto, IBs. Eight Engravings of the Ruins occasioned by the Great Fires in Edinburgh, in ISS-l. 7s. 6d. A Series of Picturesque Views in London and its Environs. Engraved by C. Heath. No. I. 9s. 14s. 20s. Blore's Monumental Remains. Part II. Views on the Rhine. By Captain Batty. Part V. The Chain Pier at Brighton. Engraved bj' Dubourg. lOs. The Connoisseur's Repertorium ; or. Record of Arts and Artists, and of their Works. By Thomas Dodd. Part I. 12rao. 7s. 6d. Etchings ; consisting of 39 Plates from the Works of Richard Wilson, the Painter. By Thomas Hastings, Esq. 4to. 21. 12s. 6d. ANTIQUITIES. An Encyclopaedia of Antiquities. By the Rev. T. Fosbrooke. 2 vols. 4to. 61. BIBLIOGRAPHY. A Catalogue of Books, with their Sizes, Prices, and Publishers; containing the altera- tions from 1822 to 1824. 2s. 6d. Cole's Bibliographical Tour from Scarborough to the Library of a Philobiblist. Bio. 8s. ; large paper, 12s. BIOGRAPHY. ( 2 ) BIOGRAPHY. Memoirs of the Life and Writings of William Haylcy, Esq. ; written by himself; with Extracts from his Private Correspondence and impublislied Poetry, and Memoirs of his Son Tliomas Alphonso Hayley. Edited by John Johnson, LL.D. 2 vols. 4to. 'i"he Life of Cardinal Wolsey, by George Cavendish, his Gentleman Usher; together with his Poems, now first published from the Original Autograph Manuscript; with Notes and Illustrations by S. W. Singer. 2 vols. 8vo. ll. 10s. The Annual Biography and Obituary for 182.5. 8vo. 15s. A Short Extract from the Life of General Mina. 8vo. 5s. Spirit of the .'\ge; or. Contemporary Portraits. 8vo. 12s. Memoires, ou Souvenirs et Anecdotes. Par Le Comte de Segur. 8vo. 10s. 6d. Derniers Womens de Napoleon. Par Dr. Antomuiarchi. 2 vols. 8vo. 21s. Gilbert's Life of the Rev. E. Williams. 8vo. lis Memoirs of Joseph Fouclie, Duke of Otranto. 2 vols. 8vo. 24s. Narrative of Lord Byron's Last Journey to Greece. 8vo. 12s. Memoirs of the Life of John Law, of Lauriston; including an Account of the Missis- sippi System. By J. H. Wood, Esq. 12mo. 6s. The Cambrian Plutarch; or, Memoirs of Eminent Welshmen. By J. H. Parry, Esq. 8vo. 10s. 6d. ]\Iounteney's Inquiry relative to the Emperor Napoleon. 8vo. ICs. Memoirs of Antonio Canova. By J. S. Memes. 8vo. 15s. The Life of Bernard Gilpin. By'W. Gilpin, A.M. With an Introductory Essay, bj' the Rev. E. Irving. 12mo. 3s, BOTANY. Sylvan Sketches. By the Author of the ' Flora Domcstica.' 8vo. 8?. Flora Rustica; a Description of the Plants commonly cultivated in British Agricul- ture : pointing out sucli-as are useful or injurious in Husbandry, with occasional Re- marks on their Mode of Culture, and Observations on the Application of such as are adapted to the Service of the Arts, &c. By Professor Martyn. Illustrated by 1 14 coloured Plates, engraved by Nodder. 8vo. 21. 12s. 6d. CLASSICAL LITERATURE. The Alcestes of Euripides, from the Text of Monk; with the scanning Ordo, and a literal Translation. By W. T. C. Edwards, M.A. 8vo. 8s. THE DRAMA. The Bond ; a Dramatic Poem. By Mrs. Charles Gore. 8vo. 5s. 6d. The Fatal Dowry. By Philip Masscnger. With Alterations, by J. R. Planche. 8vo. 3s. Ravenna; or, Italian Love ; a Tragedy'. 8vo. 3s. 6d. Shakspeare's Hamlet ; a reprint of the edition of 1603. 8vo. 5s, Massaniello ; or, the Fisherman of Naples : a Play. By Geo. Soane, Esq. Bvo. 3s. Cadijali; or, the Black Prince : a Tragedy. By Mrs. Jamieson. 8vo. 4s. Cd. EDUCATION. Practical Observations on the Education of the People. By H. Brougham, Esq. 6d. Judices Attici; or, a Guide to the Quantity of the Greek Penultima. 5s. My Children's Diary ; or. Moral of the Passing Hour. 6s. 6d. Practical Guide to the Composition and Application of the English Language. By Peter Smith, A.M. Post 8vo. 12s. An Introduction to the Metres of the Greek Tragedians. By a Member of the Uni- versity of Oxford. 8vo. 3s. Smith's Art of Drawing. 8vo. 12s. Sallust; for the Use of Schools. By John Dymock. 18mo. 2s. 6d. HISTORY. Memoirsof the Atlairs of Europe, from the Peace of Utrecht. 4to. 21.10s. The Universal Historical Dictionary. By George Crabb, M.A. 4to. Parts. I. II. III. 9s. each. The History of England during the Reign of George IIL By William Jones. 3 vols. 8vo. ll. 4s. Remarkable Events in the History of Man. 8vo. 10s, fid. Compendium ( 3 ) Compendium of the History; of Ireland, from tlie Earliest Periods to the Reign of George I. By John Lawless, Esq. 8vo. 24s. Rivington's Annual Register for 18!^3. 8vo. 18s. Beauties of Anelent English and Seottish History. By Caroline Maxwell. 8vo. 8s. llie Naval History of Great Britain, from the Year 1783. By Captain E. P. hrenton. 4 vols. 8vo. Journal of the Sieges of the Madras Army in the Years 1817, 1818, and J819; with Observations on the System according to which such Operations have usually been conducted in India, and a Statement of the Improvements that appear necessary. With an Atlas of Explanatory Plates. By Edward Lake, Lieutenant of the Hon. East India Company's Madras Engineers. 8vo. and Atlas, 4to. ll. 6s. Memoirs of India. By Lieutenant R. G. Wallace. 8vo. 14s. LAW. A Brief Treatise on Bona Notabilia. By George Lawson. 8vo. 5s. A Practical and Elementary Abridgement of Law Cases, from 1660 to 4th Geo. IV. By Charles Petersdorff, Esq. A'ol I. Royal 8vo. ll. lis. 6d. Sheppard's Precedent of Precedents. By W. W. Williams, Esq. 8vo. 16s. MATHEMATICS. A Short View of the Principles of tlie DitFerential Calculus. By the Rev, A. Browne. 8vo. 9s. Lunar and Horary Tables, for New and Concise Methods for performing the Calcu- lations necessary for ascertaining the Longitude, by Lunar Observations or Chrono- meters, 8vo. 10s. MEDICINE, ATSTATOMY, AND SURGERY. Elements of the Anatomy of the Human Body ; with Remarks on Physiology, Patho- logy, and Surgery. By A. Monro, M.D. 2 vols. 8vo. 38s. Burnett's Oflicial Report on Fever. 8vo. 4s. Compendium of Theoretical and Practical Medicine. By J. Moins, M,D. 12mo. 7s. 6d. Allan's Surgery. Vol. III. Part I. 8vo. 8s. 6d. An Estimate of the True Value of Vaccination, as a Security against the Small Pox, By T. Greenhow, M.P. C.S. 2s. 6d. Brown on Cholera Morbus in British India. 8vo. 2s. 6d. Conspectus of Prescriptions. 18rao. 5s. Beck's Medical Jurisprudence. 8vo. 18s. Observations on Cancer ; comprising Numerous Cases of Cancer in the Breast, Hip and Face, cured by a Mild Method of Practice, that immediately alleviates the most agonizing Pain. By T. Graham, M.D. &c. 2s. 6d. MISCELLANEOUS. The Encyclopedia Metropolitana, Part XIV. 4to. ll. Is. Royal paper, 11. 16s. Corrected Report of the Speeches delivered at the Meeting for erecting a Monument to the late James Watt, Esq. 8vo. 4s. 6i\. Chinese Moral Maxims. Vt^ith a Free and Verbal Translation, affording Examples of the Grammatical Structure of the Language. Compiled by John Francis Davis» F.R.S. Member of the Asiatic Society. 8vo. 5s. od. The East-India Register and Directory for 1825, containing the New Organization of the Company's Military Establishment, and complete Lists of each Department of the Company's Service at Home and .Vbroad ; with a Variety of other useful Infor- mation. Corrected up to the 1st of January from the Official Returns at the East- India House. 8s. 6d. The Star in the East; shewing the Analogy between Freemasonry and the Christian. Religion. By George Oliver. Foolscap 8vo. Ss. 6d. The West Indies as they are. By — . Rackell. 8vo. 6s. 6d. The Life of an Actor, Peregrine Proteus. With Engravings. By Pierce Egan. 3vo. 27s. Some Account of the late Mr. Quinand, and his Discovery of Flint Glass for Tele- scopes. 8vo. Is. 6d. Signs before Death and authenticated Apparitions, in One Hundred Narratives. By llorace Welby. 12mo. 6s. A Second ( 4 ) A Second Volume of the Scrap Book. By John M'Diarinid. 8vo. 8s. 6d. A View of the Present State of tlie Salmon and Channel Fisheries, and of the Statute Laws by which they are reguhited. By J. Cornish, Esq. 8vo. 6s. 6d. Dcbrett's Baronetage of England. Fifth edition, with new plates. 2 vols, royal 18mo. i'8s. The Peerape and Baronetage Charts for 1825. 5s. 8s. 10s. The Past, Present, and probably Future State of the Wine Trade. By James Warre. 3s. 6d. A Lecture on the Origin, 'Progress, and Present State of Shipping, Navigation, and Commerce, read before the Bristol Philosophical and Literary Society. By Charles Pope. 8vo. Is. 6d. Apology for the Travellers' Club : or. Anecdotes of Monkeys. 8vo. NATURAL AND EXPERIMENTAL PHILOSOPHY, AND NATURAL HISTORY. An explanatory Dictionary of the Apparatus and Instruments employed in the Opera- tions of Chemistry. 8vo. lOs. The Animal Kingdom described and arranged, by Baron Cuvier ; with additional De- scriptions. By E. Griffith, F.L.S. Part IV. Royal 8vo. 24s. coloured; or plain, 18s. Demy 8vo. plain, 12s, The Zoological Journal, Nos. HI. and IV. each 7s. 6d. plain. 10s, coloured. NOVELS, TALES, AND ROMANCES. Emily ; a Tale. 1 2nio. 5s. Employment the True Source of Happiness. l2mo. 3s. The Mysterj' Developed. By Mr. M'Derwent. 3 vols. ISmo. 16s. 6d. Castle Harcourt ; or, the Days of King Richard III. By L. F. Winter, Esq. 3 vols, 12mo. 16s. 6d. Miriam and Ellinor. 18mo. 3s. West African Sketches. Foolscap Bvo, 4s. 6d. Rosalvina, or the Demon Dwarf. 12mo. Scenes and Thoughts. Crown 8vo. 7s. 6d. Tales of Irish Life, 2 vols. 12mo. 12s. The Hermit in Italy. 3 vols, 12mo. 18s. The Modern Athens. Post 8vo. 9s. Winter Evening Pastimes, or the Merry Maker's Companion. By R. Revel. Fools- cap 8vo. 4s. 6d. Alice Allan, and other Tales. By Alexander Wilson. Post 8vo. 8s. 6d. Gilmour, or the Lact Lockinge, 3 vols. 12mo. 21s. Walladmoor ; translated into the German from the English of Sir Walter Scott, and now translated from the German into English. 2 vols, post 8vo. 16s. The Modern Athens : a Dissection and Demonstration of Men and Things in the Scotch Capital. Bvo. 9s. A Day in Stowe Gardens. A Collection of Tales on the Plan of the Decameron. 8vo. 9s. POETRY, llie History of English Poetry from the Close of the Eleventh to the Commencement of the Eighteenth Century. By Thomas Warton, B. D. A new Edition, revised and corrected. 4 vols. 8vo. 21. 10s. Italy : a Poem. By Samuel Rogers. 4th Edition. Foolscap 8vo. 7s. 6d. Theodric, a Domestic Tale, and other Poems. By Thomas Campbell, Esq. Foolscap Bvo. 8s. Bay Leaves ; Stanzas for Music ; and other Poems : with a Monody on Lord Byron. By T. C. Smith. Foolscap 8vo. 6s. The Bar, with Sketches of eminent Judges, Barristers, &c. Small 8vo. 5s. 6d. Sonnets, and other Poems. By E. L. Richardson. Bvo. 5s. The Legend of Genevieve ; with other Tales and Poems. By Delta. Post 8vo. 9s. 6d. Poems. By Thomas Wade. Foolscap 8vo. 6s. The Poetical Works of John Milton; with Notes of various Authors, principally from the Editions of Newton, Dunster, and Warton. To which is prefixed, Newton's Life ( s ) Life of Milton. By Edward Hawkins, M. A. Fellow of Oriel College, Oxford. -1 vols. 8vo. 21. 2s. Comic Tales and Lyrical Fancies, including the Cliessiad, a Mock Heroic, and the Wreath of Love. By Charles Dibdin, Esq. Foolscap 8vo. 7s. POLITICS AND POLITICAL ECONOMY. A Voice from Ireland in 1825, addressed to all Englishmen. 8vo. 2s. Plain Truths ; or a Speech to be delivered in Parliament, by any Member who likes it. 2s. M. Juicson's Principles of Political Economj'. 2 vols. 8vo. 21s. A Voice from India, in Answer to the Reformers of England. By John B. Scelv. 8vo. 7s. Richmond's Narrative of the Condition of the Manufacturing Population. 8vo. 6s. Illustrations of the Origin and Progress of Rail and Tram-roads, and Steam Carriages or Loco-motive Engines. By T. G. Cumming. 8vo. Report on Rail-roads and Loco-motive Engines, addressed to the Chairman and Com- mittee of the Liverpool and Manchester projected Rail-road. By Charles Sylvester. 8vo. A Letter on the Subject of the Projected Rail-road between Liverpool and Manchester, &c. By Joseph Sandars, Esq. 8vo. Thoughts on the Funding System and its Effects. By Piercy Ravenstone, M. A. 8vo. THEOLOGY. Acta Apostolorum, variorum notis turn dictionem turn materiam illustrantibus suas adjecit Hastings Robinson, A. M. 8vo. 9s. 6d. ' Who Wrote EIKilN BA2IAIKH ?' Considered, and Answered, in Two Letters to his Grace the Archbishop of Canterbury. By Christopher Wordsworth, D.D. Svo. 10s. 6d. The Book of tiie Roman Catholic Church. By Charles Butler, Esq. Svo. 9s. 6d. Scientia Biblica : coniaining the New Testament in the Original Tongue with the English Vulgate, and a Copious and Original Collection of Parallel Passages, printed in Words at length. 3 vols. 8vo. 31. On royal paper, 51. Sermons on Faith, and other Subjects. By Robert Nares, M. A. Svo. 10s. 6d. A New and Faithful Translation of Bishop Jewel's Apology for the Church of EngJand, By the Rev. S. Isaacson. Svo. 14s. The Plenary Inspirations of the Scriptures asserted. By the Rev. S. Noble. Svo. 14s. The Harmony of the Law and Gospel with regard to a Future State. By T. W. Lan- caster, M. A. 12s. Sermons and Plans of Sermons. By the late Rev. Joseph Benson. Part III. Svo. 6s. The Spirit of Prayer. By Mrs. Hannah More. 12mo. 6s. A Course of Sermons for the Year. By the Rev.'^J. R. Pitman, M. A. 2 vols. Svo. 18s. A Synopsis of the Evidences of Religion, Natural and Revealed ; designed as a Ma- nual for Youth. By the Rev. J. Topham, M. A. 12rao. Is. 6d. The Book of Common Prayer, with Notes Explanatory, Practical, and Historical, from approved Writers of the Church of England, selected from the Quarto Edition. By the Right Rev. Richard Mant, Lord Bishop ef Down and Connor. 2 vols. Svo. ll. 4s. Royal paper, 21. 8s. TOPOGR.\PHY. Letters from the Irish Highlands. Svo. 10s. 6d. The Visitor's Guide to Leamington Spa. 12mo. 8s. 6d. Dayer's Picturesque Tour in Yorkshire, &c. Royal Svo. 18s. Clarke's History of the Hundred of Wantley. -Ito. 21s. Chronological History of the City of Bristol. By J. Evajis. Svo. 1 1 ■^. 6(1. Delineation of Gloucestershire, or Views of the Principal Scats. By J. and H. S. Storer. Part I. 4to. 6s. ' VOYAGES AND TRAVELS. A Sketch of the Manners and Customs of Portugal and Lisbon, made during a Resi- dence in 1821, Si, 3. By Marianne Baillie. 2 vols. 12mo. 15s. Travels through the Timannec, Kooranko, and Soolima Countries, to the Sources of the RokeUe ( c ) Rokcllc and Niger, in liie Year 1822. By Capt. A. Gordon Laing. With a Map and Plates. 8vo. Travels among the Arab Tribes, including Countries East of Syria and Palestine. By ,T. S. Buckingham, Esq. 4to. 31. 13s. 6d. A Visit to Greece, containing various Facts respecting the late Revolutions in that Country. By George Waddhigton, Esq. 8vo. 8s. 6d. A Short Narrative of Lord Byron's last Journey to Greece. By Count Peter Gauiba. 8vo. 12s. Travels in South America, in 1819, 20, 21. By A. Caldclcugh, Esq. 2 vols. 8vo. .JOs. Travels in Russia and the Krimca, the Caucasus and Georgia. By Robert Lyall, IM.D. ■ 2 vols. 8vo. oOs. An Unsuccessful Attempt to reach Repiilse Bay, by Sir Thomas Rovve's Welcome. By Captain G. F. Lvon. 8vo. 10s. 6d. The Modern Traveller. 5 vols. 18mo. 27s. 6d. NOTICE DES LIVRES DE FONDS ET EN NOMBRE Chez TREUTTEL & WURTZ, TREUTTEL, Fils, k RICHTER, 30, SOHO SQUARE, A LONDRES. 1825. ARAGO, J.— A NARR.\TIVE OF A VOYAGE ROUND THE WORLD, durinn- the Years 1817, 1818, 1819, and 1820, on a Scientific Expedition, undertaken by order of the French Government. 4to. Plates. 1823. £3 : I3s. 6d, BUFFON, NOUVEAUX MORCEAUX CHOISIS de, avec des Notes instruc- tives, et une Notice sur la vie et les ouvrages de I'auteur. Par L. T. Ventoi;illac. 18uio. Avec portrait et gravure. 3s. CABINET, THE, of FOREIGN VOYAGES and TRAVELS, or Annual Selec- tions from the most recent and interesting Journals of eminent continental Travellers, that have not before appeared in an English dress; with five engravings. Vol. L l8mo. 1825. 1-is. C'lRBASCOSA, GENERAL— MEMOmES HTSTORIQUES, POLTTIQUES, et MILITAIRES, sur la REVOLUTION DU ROYAUME DE NAPLES en 1820 et 1821, et sur les causes qui Tout amtoee. Accompagnes de Pieces Justilicatives, la plupart inedites. 8vo. With a map. 1823. 12s. CHOIX DE CLASSIQUES FRANCAIS, avec des NOTES, et accompagn^s de la Vie de chaqua Autcur, avec portrait et gravures par des Artistes Anglais. Livrai- soiis I. — XIV. 18mo. 1825. Chaque vol. 3s. CONSTANTINI, P. L.— NUOVA SCELTA Dl PROSE ITALIANE, tratte da piu celebri Scrittorimoderni, con brevi notizie sopra la vita e gli scritti di clascheduno. 2 vols. 12mo. 1823. 9s. i MORALE POETICA ITALIANA, Scelta di Masslme e Sentenze tratte da piu classici poeti Italian!. 12mo. fig. 1821. 4s. CORNEILLE, P.— CHOIX DE TRAGEDIES, suivi de Notes, et' prkgd6 d'un Essai sur les progres de la Litterature Dramatique. Par Ventouillac. 2 vols. 18mo. Avec portrait et gravures. 6s. COTTIN, M^D.— PENSEES, MAXIMES, ET REFLEXIONS MORALES, rccueillies par A. Beknays, et precedes d'uue notice sur sa vie et ses ouvrages. l8nio. 3s. sewed. COTTIN, ' ( 7 ) . COTTIN, M^D.— ELISABETH, OU LES EXILES DE SIBP'rIE. Nourelle 6dit. revue et corrigee, avecdes Notes instructives, et pr6cfi(lee d'une Notice sur la vie et les ouvrages do I'auteur. Par Ventouillac. 18mo. Avcc portr. et fig. 1823. 3s. DE LA VOYE, 31. J. O.— MOMENS DEROBES. 12mo. 8s. FE.VELOiV.— LE AVVENTURE di TELEMACO, figliuolo d'Ulisse, tradotte dal Linguaggio Fran-oese. In dui volumi. IBmo. 182.5. With portrait and maps. 69. ELOKI^N.— NUMA POMPILIUS, Second Roi de Rome; nouvelle Edition, revue et corrigte, avec des Notes instructiies et precedee d'une Notice sur la vie et les ouvrages de I'auteur, Par Ventouillac. 2 vols. 18mo. Avec portr. et fig. 1823. 6s. GESENIUS'S HEBREW LEXICOlSr to the Books of the OLD TESTAMENT, including the Geographical Names and Chaldaic Words in Ezra and Daniel. Trans- lated into English from the German, by Cup.istopheu Leo. Vol. I. 4to. £l : 4s. GJ74;:2.4R0A7.— GRAMMAIRE ITALIENNE, coraposee d'apres les meilleurs auteurs, et renfermant toutes les instructions particulieres que peut dieter une longue experience dans I'enseignement, &c. 12rao. 8s. Lezioni da seguire il Corso della Grammatica; ossia Selta di No- velle, Coramedie, &c. 12mo. 7s. HOMERI ILIAS ET ODYSSEA, a Rhapsodorura interpolationibus repurgata et in pristinam forraam a Vet. Mon. fide et auctor. redacta : cnm Notis ac prolegomenis, opera et studio Rich. Payne Knight. 8vo. max. Londini. 1820. £l : 5s. DE KOLLI, MEMOIRS OF THE BARON, relative to the Secret Mission on which he was employed by the British Government in 1810, for the purpose of effect- ing the liberation of Ferdinand VII. King of Spain, from captivity at Valen9ay. Written by Himself. To which are added, Memoirs of the Queen of Etrvhia, Written BY Herself. With a portrait of Ferdinand VII. and vignette. 8vo. 1823. lOs. 6d. LE .S^GE.— GIL BLAS DI SANTILLANO, tradotto dal Dottor Crocchi Sanese. Seconda edizione di Londra, pubblicata e corretta da S. E. Petroni, Socio della grande Accademia Italiana, &.c. &c. Giusta le osservazioni critiche del Signore J. A. Llorente sull' originalita dell' autore. 5 vols. 18mo. 1823. £1 : 5s. The fifth volume is sold separately, price 4s. 6d. MARMONTEL, S. F., BELISAIRE, nouvelle Edition, revue, corrigee et suivie de Notes instructives. Par Ventouillac. ]8rao. Avec portrait et gravure. 3s. _ CHOIX de CONTES MORAUX, precede d'une Notice sur la Vie et les ouvrages de I'auteur, et suivi de Notes. Par Ventouillac. Avec por- trait et gravure. 3s. MAUROIS, J.— A. GUIDE TO THE FRENCH LANGUAGE, devised on an easy and methodical plan for youth, and persons who wish to study the elements of that language, with or without writing exercises ; and likewise a Book of References for persons who wish to translate English into French. 12mo. 5s. bound. MEMOIRS OF THE LIFE OF ARTEMI OF WAGARSCHAPAT, near Mount Ararat, in Armenia, from the original Armenian. Writi en by Himself. With a view of Mount Ararat. 8vo. 1822. 12s. MEMOIRS OF HIS SERENE HIGHNESS ANTONY PHILIP D'ORLEANS, Duke of Montpensier, Prince of the Blood. Written by Himself. Translated from the French. 8vo. With a portrait. 1822. 9s. MEMORIALS OF COLUMBUS ; or a Collection of authentic Documen^'i of that celebrated Navigator; now first published from the orignal Manuscript, by authority of the Decurions of Genoa; preceded by a Memoir of his Life and Discoveries. Translated from the Spanish and Italian. Wltli portrait and facsimile. 8vo. 1823. 18s. MILLINGEN. ( 8 ) MILLIArCEN.— HISTOIRE METALLTQUE DB NAPOLEON; ou. R«cueil des M6dailles et des Monnoies qui out 6t6 frapp6es depuis la premiere Canipagiie de rArm^ed'Italiejusqu a son abdication en 1815. Avec 60 planches. 4to. £3 : los. 6d. SUPPLEMENT. 4to. £l : Is. — ANCIENT UNEDITED MONUMENTS, principally of Grecian Art, illustrated and explained. Nos. I. to IV. Small folio. Pintcs, las. each. N.4L!7S.— CARMEN SANSCRITUM, E MAHABHARATO ; edidit, Latine vertit et adnot. illustrav. F. Bopp. 8vo. Londini. 1819. £l : Is. ■ Ch. Membran. £l : 7s. NAPOLEON AND C.^ATO FA— Eight Conversations held at the Chateau of the Tuilcries in 1810. 8vo. 1825. 4s. — English and French. NEirrON.— PHILOSOPHLE NATURALIS PRINCIPIA MATHEMATICA, Perpetuis Commentariis illustrata; Communi Studio PP. Thom;e Le Seuh et Fran- cisct Jacquier, ex Gallicana Minimoruin familia Matheaeos Professorum. 4 vols. 8vo. max. 1823. £4 : 4s. NECKER DE SAUSSURE, MAD.— SKETCH of the LIFE, CHARACTER, and WRITINGS of BARONESS DE STAEL HOLSTEIN. 8vo. With fine portrait. 12s. boards. The same in French. 8vo. 10s. 6d. boards, PEPE, GEN.— A NARRATIVE of the POLITICAL and MILITARY EVENTS which took place at Naples in 1820 and 1821. With Observations explanatory of the National Conduct in general, and of his own In particular, during that period. Ad- dressed to His Majesty the King of the Two Sicilies. With an Appendix of Official Documents, the greater part hitherto unpublished. 8vo. 6s. The same work in French. 8vo. 3s. 6d. PETRONIE DAVENPORT.— l^VOVO DIZIONARIO ITALIANO-INGLESE, INGLESE-ITALLINO. 2 vols. 8vo. 1824. £l : 16s. PONS, REV. J. S.— THE DOCTRINE OF THE CHURCH OF GENEVA, illustrated in a Series of Sermons preached by the modern Divines of that City. 8vo. 1825. 10s. SALVO, LE MARQUIS DE.— LORD BYRON EN TTALIE ET EN GRECE; ou Aperfu de sa Vie et de ses Ouvrages d'apres des sources authentiques. With por- traits. 8vo. 1825. 15s. SEGUR, GENERAL COUNT PHILIP DE— HISTORY OF THE EXPEDI- TION TO RUSSIA, undertaken by the Emperor Napoleon in the Year 1812. 2 vols. 8vo. With a map and five engravings. 1825. £l : 5s. STAEL, MAD. DE.— (EUVRES INEDITES, publiees par son fils ; precedees d'une notice sur le caractere et les ecrits de Madame de Stael. Par Madame Necker de Saussure. 3 vols. 8vo. £1 : 16s. Each volume may be had separately. TEN YEARS EXILE; or MEMOIRS of that interesting period of the LIFE of the Baroness de STAEL HOLSTEIN ; written by Herself during the Years 1810, 1811, 1812, and 1813; and now first published from the Original Manuscripts, by her Son. Translated from the French. The same in French. 8vo. 12s. boards. THIERS, .4.— THE PYRENEES AND THE SOUTH OF FRANCE, in the Months of November and December, 1822. 8vo. 1823.6s. VAUBAN MARECIIAL.—DE L'IMPORTANCE DONT PARIS EST A LA FRANCE, et le soin que Ton doit prendre de sa conservation. Memoir^ Inedit. 8vo. Portrait et 2 planches lithog. 2s. Avis AUX AMATEUUS I>E I.A LITTJ^RATUKK ETHAWOiRK. Oh peut s'adresser a Paris, par rentremise du Bureau ckktbai. db i-A liEVUE EwcycLOPEDiQUB, a MM. Treutxel et Wubtz, rae de Bourbon, u" 17, qui ont aussi deux raaisons de librairie, I'une a Stras- bourg , pour rAllemagiie, et I'autre a Londres ; — k MM. Arthus BEKTKAifn,riielIautefeuille, n'aS; — Benouako, ruedeTournon,n°6; — Levhault, rue des Fosses-M.-le-Prince,n°.3i,etaStrasbourg; — Bos- swG-E pere, rue Bichelieu, n^fio; et a Londres pour se procurer les divers ouvrages etrangers, anglais, aliemands, italiens, russes, polo- iiais, hoilandais, etc., ainsi que les autres productions de la litierature ^trangfere. Le piix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pajs etrangers oii Lis se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de pert, droit d'im[)ortation et de commission, etc. — La Direction de la RevneEncyclopediquen'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, le«. communications scientifiques et litteraires entre la Frcnce et les pays Strangers. AUX ACADEP.IIES ET AUX SOCIETES SAV ANTES dc COUS leS pajS. Les Academies et les Societes savantes et d'otilite publiqub, fraiicaises et etrnngeres, sont invitees a faireparvenir exactenient,y/-a/jc de i)ort , au Directeur de la Revue Encyclopedif^m^ LiBRAiHES c/iez Icsquels on souscrit dans Ics pays f.tban