Sy VOLUM?-.
79* LTTnAtSOW.
^
i
itei&afe||^piqties et
/iisloriqiies :VIM- I.ANJUINAIS, de I'lnstilut ; M. A.Jtl.I.lfcN, (l« I'arlb.DtGfa
RANOU, Ai.EX. DE LA I'M'nE. dp I'ltlSI iHit ; A(;(i,iTt , Ali JiEE , ARTArjD, Avtsn. ;
Bfrvii.le, avorat; BaBie pit Bocagf. , dc I'lM.slitut ; A. Bfcgkop; Chami-ot.-
noN-riGFAC, corrcspdudaiit de lliistitut; CuAMroi.i.ioN jiiiue, DErpiwo;
tlRIVlLI.rt , A. DUFKAVER, DUPIW AINE, DUKAIJ, DCVEISGIER, GlIADIT. BOU-
ohfne LiiFF-R, L)i)tjBi.ti DK-LloisTHUiAUi.T. A. Tau.i.ak uiER , avocats; Amedee
J albert; JOMARD.dtl'IllStilUt; LAFFOX Dt I, A HER AT, A I.EX. La ME I B , P. I.A.^.I,
Massias, J. Mauviel, a. Metraf. ;' MkyeiV , dWiristerdam ; I'aiTfnt-Rea l,
PoUQliEVII.lE; CIl.KtNOCARD, aMiC.it jKusEBE S(AI.V ERIE, J.-B.SaY, SlsMONDE
DK. SismONDi, Stapfer,Si;ri]r-iMeri.in.
5"* Pour la LilieialurefrancaiseeceCiangrre,\n Dihlingriipliie,VArchenlngie
etles Beaux- Alts :'Sl'S\. Ahcrieox, Amacky-Uuvat., Fmrrig David; Dkoz,
LemerCier, nE Segur, de I'lnslitul: PiAkhirr, aiui^ n ronser^ateur de.s liihlin-
tllcis ; Ch. Mon:«ard, de Laiisaiiue;
ApeMoNPFMONT; >'l(;OL0l'0l!I.O, l'A.1(H, PeLM SSI ER , PONGER VILLF. Qn£-
TEI.F.T, nE Heiffeneerg; de Stassart, deBruxidles; FR.SAt.pt; Schnitzler ;
Scuweighj£CSer ills, de Strashuuri^; Leon Thiesse, F. Tissot, VEaciEB,
S. ViscoNTf, etc.
A PARTS,
AU BUREAU CENTRAL DE LA PEVUE ENCYCLOPEDIQUE,
Rue d'Eiifer-Saiiit-IUichet, n" i8;
ARTHUS BERTRAKD, rue Hautefeuille, n"> j3;
Au Mus£EENCYci.op£DiQUE, CHEZ Boss&iTGB p^re,rue Ricfaelicu ,
n° 6o;
Rehouakd, rue de Tournon, n" (>;
LONDfiES. — Trkuttei, et Wurtz; Bossamge; Dux.4Tj bxcomp.;
et RoLANDi, n° ao, Berner's-street, Oxford-street.
TTTILLET 1285.
AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS.
MM. LES SOUSCRIPTEURS cloUt I'aBONNEMENT EST EXPIKB
IB i**^ juiLLET, sont invitfs a le taire renouvelkr tres-
INCESSAMMENT, pour que le service des envois n'eprouve
aucun retard.
CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION.
Depuisle moisde Janvier iStg, il parait, parann^e, douze caliicrt
de ce Recueil; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d*eB-
▼iron i4 feuilles d'impression.
On souscrit h Paris, au Bureau central d'abonnement el d'expedition
indique sur le titre.
Prix de la SoiiseripCion , a partir du l" Janvier r8a4-
A Paris 46 fr. pour uu an; 26 fr. pour six mois.
Dans les departemens. 53 3o
A I'etranger 60 84
La difference entre le prIx d'abonnement , a ^%i*, dans les departe-
mens et dans Tetranger, devant 6tre proportionirelie aux frais d'expe-
dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive portee ci-dessus.
Le montantde la souscription, ei)voy6par la poste, doit ^tre adresse
d'avance, pr*wc deport, ainsi que la correspondance, au Direcienr
de la Revue Rncydopidique, rue d' Enfer^Saint-Michel , n° 18. Cast a la
mdme adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les
gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont ou
d^sirera I'insertion.
On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chez les
principaux Libraires, k Paris, dans lesr departemens et dans les pays
Strangers.
Trots cahiers ou livraisons forment nn volume. Chaque volume est
termini par une Table des matiferes alpbabetique et analytique, qui
iclairclt et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au
1*' cahier du volume suivant, a Texception de la dernifere Table de
i'annee, quiestexpedieeisolement a tons ceux qui peuvent y avoir droit.
On souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du t'^ Janvier ou
du i*^ j'uillet de chaque annee, pour six mois, ou pour un an.
On trouoe, au BOBBiu cznTRkL, les collections des annees 1819, i8so,
t8ai, i8a> et i8a3, au prix de 44 francs chaque; et celle de i8»4 .
»n prix de 46 francs.
REVUE
ENCYCLOPEDIQUE.
J^-
l&trt>
•.».KIS. — 1>F. L IfllPIU.IIRHII'. UK liHiJVOlIX,
rue dos rraaos-ridurgcois-S.-Micliel, u" 8.
^ >
•fs^y
VOWANT lE)i]D)N ,
/no// ri /'(irilt, /f •J;' J(>r,/ /,S'-J.i.
-?/-.V/,- KiiCfi/rf./,/,,/,,,- . (il/,i,r , A- ./,„//,/, /-'f.
/.,fA^,t',/l„
REVUE
ENCYCLOPEDIQUE,
ou
ANALYSE RAISONNEE
DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES
BANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS, LA LITTERATUEE
ET LES beaux-arts;
PAR UNE REUNION
DE MEMBRES DE L'INSTITUT,
ET D'AUTRES HOMMES DE LEriRES.
TOME XXVII.
PARIS,
AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE,
UlIE D'rNFER-SAlNT-MICHEL, N^ l8.
JUILLET 1825.
« Totites 1« wieuces «ont Ics rairicaiii; tl'iinc nieine tige. •
Bacon.
•< I/art nVst ntiire chose que le coutr6le et !c reglstre des meilleiires produc-
tions. . . A coiitrolcr Ics prodiictiaiis ( ft les ■ictitiii.';) d'nn c1j3cud , il s'engeudre
euvie dcs bonnes, ct raepris des inativaises. »
MOKTAfGNE.
" Lc« belles lettrcs et les scicnees, bien etiidices et bien (•omnriic.'i , ere la nature abandonnce aelle meme,
ct les forces qu'ellc fournit a cclui qui vcut s'en scrvir pour
lui resister : il fallait unt'ngenieur d'un talent cprouve, qui sut
executer les conceptions du geologuc : il fallait un esprit souple
et fecond en ressourccs , (jui siit s'adresscr a I'esprit public
d'une nation divisee en vingt-deux souverainoti pai-ticulierement , des sou-
venirs honorables et un nom que I'histoire a deja pris soin de
recueillir. P. -A. Coupin ,
I'lin (les redacteurs de la Revue
Encjclopedique , et du Kunts-
Blatt , publie a Stuttgart.
II. ANALYSES D'OUVRAGES.
SCIENCES PHYSIQUES.
Elemens de physiologie vegetale et de botanique;
par C.-F. Brisseau-Mirbel, de I'lnstitut (i).
Plantes rares duJardinde Geneve; -^zt Aug.-Pjrranus
DeCandplle, professeur d'hlstolrenaturelleet dlrec-
teur du Jardin de botanique de V Academie de Ge-
neve^ etc. (2).
Les deux ouvrages reunis dans cet article different beaucoup
plus I'un de I'autre qu'ils ne se ressemblent. Le premier pose
les fondemens de la science, regie la distribution de I'edifice,
et le construit sous les yeux du lecteur; I'autre se borne a
decrire des materiaux isoles. Le botaniste frari^ais expose des
theories; le professeur genevois ecrit pour ceux qui possedent
deja plus que les elemens de la bolauique, el qui recherchent
principalement les faits moins connus, les decouvertes ou les
acquisitions les plus recentes. Le livre de M. Mirbcl a vu le
jour durant I'une des tourmentes politiques les plus desasr
treuses qui ont desole notrc patrie; celui de M. De Candolle
est encore a sa naissance, et tout semble lui presager le phis
(i) Paris, i8i5. 2 vol. in-S", avec uu atlas de 7a planches, de
in^me format. Magimel (Anseiin et Poachard), rue ThionvlUe (Dau-
phine), n" 9 ; prix a5 fr.
(a) Geneve, iSaS. Premiere livraison de fi planches coloriees,
avec le texte. Petit in-folio. Barbczat et Delariie,edileiirs ; prix i5fr.
; Voy. t. XXVI , p. 47a)-
SCIENCES PHYSIQUES. O
hcureux avenir. L'amour de la botanique ne domiiie point en
France; il est ranime a Geneve : un nouvel etablissement va
le propager et le fortifier. De toutes les parties du raonde sa-
vant, les regards des botanistes se dirigeront vers une ville
dont I'etroite enceinte renferme plus de nioyens d'instruction
que les capitales de certains royaumes : le jardin de Geneve
sera le domaine commun de tous les amis de la science ; tons
se plairont a I'enrichir, a le cultiver, a hiultiplier ses recoltes,
dont tous profiteront. L'origine de cetle fondation scientifique
doit occuper une place distinguee dans I'histoire de la bota-
nique. En 1817, le conseil souverain de Geneve etablit dans
cette ville une chaire d'histoire naturelle, et choisit M. DeCan-
dolle pour professeur, en lui annoncant que I'enseignement
dont il etait charge serait seconde par tous les etablissemens
necessaires. « Une circonstance malheureuse en soi contribua
a faciliter I'institution du Jardin; la disette qui desolait alors
i'Europe engagea le conseil souverain a consacrer une somme
pour faire travailler les pauvres qui manquaient d'ouvragc, et
il expriiija le voeu que I'admiriistration I'eniployat au defriche-
ment du terrain qu'elle croirait propre a etablir un jardin de
botanique.
« Bientot apres, une souscription particuliere, a laquelle la
presque tofalite des habitans de la ville prit une part active,
fournit au gouvernement tous les fonds necessaires pour la
construction des serres, des bassins, clotures et dependances
du jardin, et le gouvernement se chargea de tout ce qui de-
vait tenir a I'entretien habituel. Les constructions eurent lieu
pendant I'annee 1818 ; et, grace au zele avec lequel chacuu
concourut a cet etablissement, grace aux precieux envois de
plantes et de graines que lui adresserent les directeurs dc
plusieurs jardins publics et les amateurs les plus distingues de
la botanique, le jardin de Geneve se trouva, des I'annee sui-
lante, en etat de servir a renseignemeni, ct contribua d('ja a
44 SCIENCES PHYSIQUES.
repandrL' lians U; pays dcs plantes ai^rcablcs on utiles. Co zele
lie s'est point lallenti; ct, cliaque anucc, do noiiveaux dons
volontaires donnontlc nioyen d'accroilre le nonibre dcs plantes
oil Ici moyens de culture ct d'enscij^^nement... » Cette citation,
que nos Iccteurs nc tiouveront certaincment pas tiop longue,
est exlraite de la preface dc I'ouvrage de M. DeCandolle. Ce
piofesseur rapporte plusiciirs aulrcs faits non moins interes- ,
saus, ct qui font bien'connaitre la louable emulation de savoir
et le zele pour le bien public dont les Genevois ont donne
tant deprcuves, qu'on pent les rcgarder commc I'un dcs traits
caractorisliques des habitats de cette heiireuse cite. Nous ne
pouvons nous abstcnir de citer encore una note qu'on lit au
bas de la memo preface. « M. Mocino , I'un des aitteurs de la
Flore de Me.rique , m'ayant donne tons les dessins orij^inaux
de cet ouvrai^c pour les publier en son nom, et ayant ensiiite
souliaite les ravoir a sa rentrce en Espagne, jc tenioignai le
desir d'avoirfc copie des plus iniportans. Dansl'espacc de huit
jours, les artistes et les amateurs dc la ville, par un accord
spontane, ont bien voulu me copier pres de mille dessins, et
ont ainsi conserve tout ce que cette collection contenait de plus
remarqiiable. Je les prie dc recevoir ici I'expression de ma
gratitude. »
Apres cette preftice, trop coiirte au gre des lectenrs^ M. De
Candolle entre imuiediatement en matiere. Nous n'avons en-
core que la premiere livraison dc son ouvrage, oii Ton trouve
la descripfion ct la figure de cinq plantes encore peu connues,
savoir: un arbre (^ prnus canaricnsis ), un arbrisscau (nt-mo-
^tantkex canadensis ), et trois plantes hcrbacees ( Jussicca lon-
gifolia , sesamum indicum, silene picta ). A la suite de la des-
cription dc chaquc plante, il place I'histoire des connaissanccs
que nous" en avons acqulses; tette partie de I'oiivrage ne con-
tient pas seulement dcs instructions sur le passe, mais des
je^ons pour I'avenir. En lisant , par exemple, I'histoire du pin
SCIENCES PHYSIQUES. 4 5
des Canaries, on apprend a so mt-ficr dc rinattentiou des
voyageurs, fusscnt-ils menie naUiralistes. II est bien etrange
que, dans ces ilea si visitees, iin grand aibre que Ton trouve
depiiislcs bords de la mer jiisfjii'ii la hauteur de 2,200 metres,
c'est-a-dire jusqn'aux limites que les grands vegetaux ne de-
passent point, ii'ait etc- bien connu que par deux voyageurs,
MM. L. de Buck et Chr. Smith, et que tons les autres I'aient
confondu avec les especes europeennes, dont il differe essen-
tiellement.
Nous aurons sans doute incessamment I'occasion de revenir
sur cette precieusc collection, dont nous suivrons les progres
avec I'interet qu'elle merite. L'habilete des dessinateurs et du
graveur seconde parfaitement les vues du savant professcur ;
a toutes les qualites d'un bon ouvrage, celui ci joint ]d*merile
de faire Tornement des bibliotheques.
La deslinee de I'ouvrage de M. Mirbel n'est pas encore fixee,
peut-etre a cause des circonstances penibles qui absorbaient
I'attention publiqiie, au moment oii Taiileur le fit paraitrc, et
le retinrent aiusi , des sa naissance, dans une sorte d'obscu-
rite. La science meme a eprouve rinfluence des oragcs poli-
tiques; durant plusieurs annees, meme apres que le calme fut
retabli , d'autres parties de I'histoire naturelle occuperent
les esprits, et I'etude des plantes fut im peu negligee. Mais
rcquiiibre ne pent tarder a se retablir; I'esprit philosophique
qui dirigc aujourd'lmi la marche de toutes les sciences, n'en
laissera aucune en arriere. Lorsque la botanique sera retablie
dans tons ses droits, le livre dc M. Mirbel sera lu par tons
ceux qui la cultiveront. lis y trouveront, non-seulement les
connaissances elementaires que le litre annonce, mais une ex-
positipn complete des notions generales que Ton peut regarder
comme bien etablies , et qui comfiosent la science dans son etat
present. L'auteur a eu la prudence de s'y borner, et de ne
point parler des recherches encore infructueuses, des doctrines
f\6 SCIENCES PHYSIQUES.
a peine cbaiichees. II a commence par la physiologic vegetale,
ot il faut lui en savoir gre; car le plus grand nonibie dcs etu-
dians en botanique sont si presses d'apprendre I'art de nommer
les plantes, ct attaclicnt une si grande importance a cette par-
tie la plus ostensible du savoir en botanique, que, si le premier
volume eut traite de la nomenclature, le second n'aurait eu
que pea de lecteurs. D'ailleurs, I'elude de I'organisation des
vcgetaux et des phenomenes qui en dependent n'a pas moins
d'attraits que celle des formes exterieures. Le peintre mcme,
s'il veut exceller dans son art, ne se borne point a ces connais-
sances superticielles; il appreud I'anatomie de rhomme, afin
de representer plus fidelement cet objet principal de ses ta-
bleaux. M. Mirbel a traite avec beaucoup de details I'anatomie
des vegetaux, en y associant les notions physiologiques, chi-
miques ou mecaniques relatives aux organes qu'il decrit. L'im-
mensite du sujet et. la redaction concise et rapide que I'auteur
a du adopter pour tou* renfermer dans un seul volume, cette
abondance qui invite a faire un choix et qui le rend si difficile,
voila un obstacle que nous n'essaierons pas de surrao nter.
Reduits a n'offrir a nos lecteurs que des citations, nous en
prendrons vers la fin de ce volume, dans la dixieme section
intitulee : Considerations generates sur la vegetation.
«■ Les premieres recherches qui aient etc faites avec suite ,
et dans le dessein reflechi d'etudier les lois de la succession des
vegetaux sur les montagnes, appartiennent a M. Ramond. Ce
savant parcourut la chaine des Pyrenees pendant dix ans;il
I'etudia non-seulement en geometre, en physicien et en mine-
ralogiste, raais en botaniste consomme; il reconnut, avec cette
rare sagacite qui le distingue, les stations des di verses especes
vegetales, et les circonstances particulieres qui troublent quel-
quefois I'ordre naturel de leur succession. Les Alpes ont offert
aux botanistes qui les ont visitees des phenomenes qui cor-
respondent parfaitement a ceux que M. Ramond a remarques
SCIENCES PHYSIQUES. 4?
dansles Pyrenees. Mais il elait reserve i MM. de Humboldt et
BoNPLAND de nous montrer les modifications successives de
I'organisation vegetale sur les plus hautes montagnes que I'on
connaisse, dans Tune des contrees les plus chaudes et les plus
fecondcs de la terre. La vegetation des regions equinoxiales de
I'Amerique se deploie aux yeux de I'observateur sur les gra-
ding d'un immense amphitheatre dont la base s'enfonce sous
leseaux de TOcean, et dont le sommet rencontre, a 5,ooo metres
au-dessus du niveau de la mer, la limite inferieure des glaciers
qui couronnent les Andes. II existe done, en Amerique, des
especes vegetales a 1600 metres plus haul que la ligne oil finit
la vegetation des Pyrenees et des Alpes. Cette difference de-
pend non-seulement de la latitude, mais encore, suivant la
remarque importante de M. Ramond, de I'etendue transver-
sale, ou, si Ton veut, de I'epaisseur des chaines de montagnes.
L'influence de I'air et de la temperature des plaines se fait
sentir dans des chaines de pen d'epaisseur, comme sont celles
derEurope,et tend sans cesse a y confondre les limites des
differentes especes vegetales; mais il n'en est pas de meme de
la chaiiie des Andes , qui a de 48 a 60 lieues d'etendue trans-
versale. Il faut dire encore , a I'avantage des observations
de MM. de Humboldt et Bonpland, que, comme ils les ont
faites sous I'equatenr, ils ont suivi toute la serie des modifica-
tions qui se manifestent entre les deux extremes de tempera-
ture a la surface de la terre, tandis que les autres botanistes,
n'ayant visite que les montagnes septentrionales de I'ancien
continent, u'ont pu observer que les modifications comprises
entre la temperature moyenne et le froid extreme. »
Le second volume est en partie theorique, et principalement
historique. Les principaux systemes de classification et de no-
menclature des plantes y sont passes en revue et discutes. La
signification precise des mots caracteres , espece , varieie , et,
en general, la lermhiologie , y sont exposees avec une grande
/,8 SCIENCES PHYSIQUES.
clarte. N'ti-t-on pas ii iiij;rettci' que I'auteur n'ait pas essaye de
changer I'lisage d'appliqiier tics noins d'liommes aux plantes,
et de rcmplir ainsi Its diclionnaiies de bolanique d'une foule
de mots de tons les idioip.es inodernes, de composer une no-
menclature desagieable- dans toutcs k'S iangucs, et toiii-a-fait
barbare dans les oiivrages ecrits en latin? Loin que les bota-
nistes se montrent disposes ii renoncer a celte habiludc) ils
I'ont fait contracter aux zoologues, et meme aux mineralo-
{^istes. Quelques tentaiives ont dcja ele faites pour I'introduire
jusquc dans rastronomie. On perd de vue qu'un nom scienti-
fique devrait etre une plnase descriptive abregee, que.toute
nomenclature sans methode denote rinq;)erfection de la science,
et que des affections ou des egards deplaces, ne peuvent justi-
iier un nom mal fait, et qui n'apprcnd ricn de ce qu'il faudrait
savoir. En alterant ain^i la langue des sciences, on multiplie
les difficultes pour ceux qui les etudient actuellement, et les'
embarras de ceux qui les reformeront un jour.
L'atlas de cet ouvrage est tel que sa destination I'exigeait,
recommandable par la ne^tete et la correction du dessin. L'ex-
plication des planches se trouve a la fin du second volume.
Ces elemens doivent etre mis au nombre des meilleurs ouvra-
ges destines a I'instruction, non des cnfans, car ils supposent
un degre de connaissances qui n'appartient pas ii leur age;
mais des jeunes gens qui se destinent, soit a la culture des
sciences naturelles, soit a des occupations qui exigent un veri-
table savoir en botanique. L'homme du monde y trouvera
aussi ce qui lui convient, s'il aime a cultiver son intelligence
par I'exercicc des bonnes methodes de raisonnement et par
I'acquisition de connaissances precises et completes sur un
sujet aussi plein d'intcretque les phenomenes de la vegetation.
Ferry.
SCIENCES PHYSIQUES. 49
DiCTIONNAIRE GEOGRAPHIQUE UNIVEBSEL, COlttetiaTlt la
description de tons les lieux dit globe interessans sous
le rapport de la geographie physique et politique, de
Vhistoire , de la statistique , du commerce ^ de Vin-
dustricy etc.; redige par une socicte de geographes
( MM. Beudant , Aug. BiLLARD, Denaix, Dubrena,
J.-B. EYRIES, Alex. DE Humboldt, P. -Am. Jaubert,
Jomard, /. Klaproth, Langles, Lapie pere et fils ,
MaLTE-BrUN, P.-Ch. PiCQUET fils,^(^e/REMUSAT, DE
RossEL, Walckenaer, D.-B. Warden, etc. (i).
Le geographe, suivant le sens pur et simple de ce mot, celni
qui ne considere la geographie que comme la science de la po-
sition relative des divers lieux du globe, est, pour ainsi dire,
semblable an possesseur ignorant d'une fortune immense, qui
jouit des avantages qu'elle lui procure, sans s'inquieter com-
ment ils lui viennent, et qui finit par s'en degouter. Celui - la
seul pent aimer veritablement et toujours la geographie, qui
I'envisage comme un guide dans I'etude d'une science quclcon-
que, et qui I'applique , soit a observer les mouvemens et les
plienomenes des corps celestes, soit a mediter sur rexcellence
des gouvernemens, sur les voiesles phis favorablesa I'accrois-
sement de la population ou au perfectionnement des arts et du
commerce ; soit enfui, a discuter ce qui a rapport aux religions
des peuples, a leurs moeurs ou a I'histotre. La gr-ographie est
une science de rapports : c'est lui oter tous ses charmes que de
I'isoler. On s'explique en quelque sorte le peu de faveur que
(i) Paris, i8a3-i825. Le i" vol. in-8" de 655 pag. et la i""^ par-
tie du second volume ont paru. Kilian, rue Vivienne , n" 17; et
Picquet, quai Conti , n° 17. Prix, i4 fr. le volume.
T. xxvii. — Juillet i8a5. f^
5o . SCIENCES PHYSIQUES.
cette science obticnt dans le monde , lorsqu'on voit quels ou-
vrages sont destines a en facilitcf I'Ltude ou I'application. De
quelle utililc peut etre eifcctivement iin ttaite qui, se bornant
a rindication de monlagnes , de rivieres ou de lieux, neglige
de dire au geologue , quels terrains ; au mineralogiste, quelles
mines; aa naturaliste, quels animaux ; au botaniste, quelles
plantes; au physicien , quels jilicnomencs il peut y observer.
N'est-il pas aussi tres-iniportant de rappeler a celui qui s'oc-
cupe de politique les limites naturelles qui separcnt les etats ,
et les divisions adniinistratives qui y sont adoptees. li est une
branche de la geographie, creee et pcrfectionnee tout a la fois
par nos voisins d'outre-Rhin, qui s'occupe non-seulement des
divisions adniinistratives, mais encore de loutcslcs ressources
des etats, de leur population , des nioeurs, des lois, de I'indus-
trie, du commerce, etc; cette branche de la geographie inte-
resse tous les amis de I'humanite. II resulte d'ailleurs de la
connaissance de la statistique une honorable rivalite, une es-
pece de couvoitise des avantages des contrees etrangeres , qui
nous porte a imiter, souvent niemc a surpasser, soit dans les
arts, soit dans les sciences, les pcuples qui les liabitent, ou a
employer tous nos moyens pour nous procurer cc qu'elles
peuvent seules recevoir de la nature. Ainsi , les relations com-
lUerciales peuvent etre augmentees, la civilisation peut se re-
pandre, et le sort des nations etre ameliore. II convient d'en-
courager ceux qui importent, pour ainsi dire, cette science
dans notre pays, et de ne rien negligcr pour qu'elle y soit en
honneur.
Si nous remarquons a regret qu'un grand nombre de per-
sonnes, faute dc connaissances suffisantes, considerent la geo-
graphic comme peu utile ou peu attrayantc , nous avons a nous
feliciter de voir des hommes qui , jaloux de placer cette science
au rang qui lai appartient, I'entourcnt de tout ce qui peut en
faire sentir I'utilite et I'agrement. Ce but est celui des savans
1
SCIENCES PHYSIQUES. 5i
que nous avons cites en tete de cet article , et qui se sont reunis
pour consigner clans un grand recueil geographique, sous la
forme de dictionnaire, toutes les conn.nissances dont leurs pa-
piers oil leur menioire sont di'positaires, etpour ajouter a ces
documens deja tres-considerables, ceux qii'ils out pu reciieillir
dans lesouvrages, dans la conversation des\oyagcurs les plus
accredites. Les trois premiers volumes de cet immense re-
pertoire peuvent fournir la preuve de ccfte assertion. L'ordre
alphabetiqiie , que nous n'intervertirons pas, et le clioix de
quelques articles, parmi les plus considerables, auxquels nous
nousbornerons, nousconduisent a parler de I'article Afkique
« Quel vide immense on trouverait dans une carte bornee a ces
decouvertes ! dit M. Jomard en terminant son Coup ctoeilsur
le progrc'S et Vetat actuel des decouvertes dans Vinlcrieur de
r Afrique. (Voy. Rev. Eric, t. xxiv, p. 56i-577). Quelle solution
de continuite entre lesA'ingtou vingt-cinqlignesprincipalesque
les voyageurs out suiviesINous avons suppute I'etendue totale
de ces lignes, parcourues depuis une quarantaine d'annees, et
nous I'avons estimee a 2,200 millcs geographiqucs, en y com-
prenantles excursions de Poncet, en' 16^8 , etcelles de Bruce,
faites de 1768 a 1773. Admettons que chaque observateur a
constamment embrasse de I'oeil un lioriaon de 3'lieues de dia-
metre, et c'est beaucoup , voila ati plus une surface de 28,000
lieues; or, qu'est-ceque cette superficie comparativement a cclle
de I'Afrique, evaluee a 1,400,000 lieues (et memea i,75o,ooo).
Ainsi, a peine I'Europe connait-elle la cinqtiantienie parlie
de I'Afrique inlericure. » Ces conclusions d'un savant qui s'oc-
cupe parliculierement de la geographic de I'Afrique, ])rouvent
combien il est difficile de donner une bonne description de
cette partie du monde. Nous devons done savoir gie a I'auteur
de Tarlicle du Dictionnaire , de I'art avca lequcl il a sii Her les
donnees incertaines aux faits averes. Cet article prouve de
grandes recherclies; I'liistoiredes decouvertes faites en Afrique
52 SCIENCES PHYSIQUES.
est tres-completo, ct il n'a fallu rien moins que j)arcoiirir le«
relations de tons los voyagcurs cites pour faire une description
aussi interessante. A dufaiit de connaissances positives siir cer-
tains points, on se plait a la lecture de considerations curieuses
appuyees surdes faits. Voici conime I'autcur s'exprimc an sujet
des relijj'ions ct dcs langues des Africains : « II est sans doute
bien digue de rcmarque que I'Egypte et I'Ethiopie soient les
seuls pays oh le christianisme ait jete dcs racines asscz pro-
fondes pour n'etre pas extirpe par les fanatiques niusulmans.
Dans le reste de I'Afrique, si Ton en excepte quclques faibles
etablisseniens portugais , francais, anglais et hollandais, la re-
li^iou musulmane est la seule qui combattc I'idolatrie du feti-
chisme. Le coran est le seul code reconnu, et I'ecriture arabe
est la seule en usage parmi les naturels qui savcntlire ou ecrire.
Cette ocriture , apportee d'Asie en Afrique dans le premier
siecle del'hegire, a I'epoqne ou les Arabes se servaient du
koufique, n'a que faiblenient participe aux importantes amelio-
rations qu'elle re^ut dans le ix* siecic de notre ere. Quoique
I'arahe soit a la fois la langue sacree et savante de la plus
grande partie de I'Afrique, nous ne devons point oublier la
langue ethiopienne, ancienne fille de I'arabe , laquelle a etc
ensuite melee de mots negres. Aujourd'hui, les Cophfesparlent
arabe. Le chilah ou berbere est I'idiome repandu depuis I'Atlas
jusque dans I'Oasis de Syouah ; le sangai est usite en Guinee;
le poul, I'yolof, portent les noms des peuples qui les parlent;
I'ambounda est le langage de tons les penples con)pris entre le
Congo ct la cote de Mozambique. On concoit facilenient toute
I'imperfection , toute la pauvrete de langues employees par des
hommes dont I'industrie est aussi bornee que leur intelligence.
Il n'est peut-otre pas inutile de remarquer que tousles motsde
traite , tels que les noms de marchandises, d'armes, de na-
\ires,elc., sont evidemment d'origine portugaisc etanglaise. »
Amerique. La description dc cette partie du monde est,
SCIENCES PHYSIQUES. 53
on pouvait s'y attendre, tres-succincte. Ce continent enibiasse
toutes les zones, et Ton concoit facilement qu'il offre peu de
generalites. Systeraatiquement, on pouvait placer dans un meme
cadre toutel'orographie de I'Amerique; mais , geologiquement,
ce classement devenait impossible. Nous ignorons si cette dif-
ficulle a detourne I'auteur de I'article de presenter quelques
details sur les montagnes du Nouveau-Monde. Dans tous les
cas, ce qu'il a fait est bien fait ; car il n'aurait pu que rcpeter
ce qui est dit aux articles Andes , Alleghany , Bresil, Buenos-
Aires , et ce qui dcvra se trouver sous les nonis de Mexique ,
Monts-Rocheux , Caracas ou Venezuela, etc. Une phrase qui
nous parait renfermer une erreur grave, est celle-ci : « L'Ore-
noque qui porte aussi ses eaux a I'Atlantique, pres de la niei
des Antilles, recoit, entre autres affluens , le Cassiquiare , qui
descend vers le Rio-Negro, et etablit la communication long-
tems contestee de I'Orenoque et de I'Amazone? u Le Cassiquiare
est unbras de I'Orenoque qui descend vers le Rio-Negro, mais
non pas un affluent de I'Orenoque. Cette description fait assez
bien connaitre les ressources minerales, vegetales et animales-
quepresente le nouveau continent. Toutefois, nous ferons re-
marquer que la peche des perles sur plusieurs parties des cotes
n'est plus assez importante pour etre citee, que le quinquina
croit en beaucoup d'endroits de I'Amerique aieridionale, et
qu'il n'est pas restreint, comme le dit I'auteur de I'article, a
une zone particuliere aux environs de la ligne.
Andes. Article bien redige : il est facile de voir que la geo-
graphic des plantes et les lignes isothermes de M. de Hum-
boldt en ont fourni la majeure par tie ; mais c'est un nierite que
d'avoir su bien choisir.
Antilles. On ne manque pas d'ouvrages sur cet archipel ,
etnous aurions eu beaucoup a nous plaindre, si nous n'avions
pas trouve I'article, tel (|u'il est , c'est-a-dire excellent. Nous
en extrairons un portrait des Creoles qui est tres-propre a les
5/. SCIENCES PHYSIQUES.
faire connaitiv. « Los fcmmes Creoles sont dedomniagecs tin
coloris brillant dcs europeeiines par iine blanchour ft uii»^ dc-
licatesse dc traits scdiiisantcs , par iinc taille svelte ot deliee ,
par line cortaine indolence et uij laisser aller ravissans. Sans
etre parfaitcment belle, leiir iignrefine porte une expression de
douceur qui va droit ;\ I'ame, et leur accent, denue d'affeterie,
lorsqu'il n'est pas trainant, respire I'innocence et la candeur.
Leurabord fimide, meme froidavec lesetrangers , est fieravec
leurs inferieurs, est tres-familier avec leurs egaux : cllcs sa-
vent repandre beauconp d'agromens dans la societe inlinie.
Quoique naturellcnient coquettes , elles s'attachcnt vivement a
celui qu'elles ont choisi , en sont jalouses al'exces, et lui sont
rarementinfidelcs; mais, des qu'elles en sont privecs ou delais-
sees, elles reportent Ics mcmes sentiniens vers lui autre objet.
Elles sont presque toujoursepouses tend res etmeresexcellcntes.
Archipel asiatique. On se deniande pourquoi cctte grande
division n'a qu'une description de six ligncs ? II parait que les
auteurs du nouveau Dictionnaire ne I'adoptent pas ; elle leur
eut ete ccpendant tres-utile pour designer la position d'une
partie des iles du grand Ocean.
Avantde parler de I'article general Asie, nous recomniande-
rons , commc dignes d'attcntion , ceux de VAlleinagiw , des
Alpes , des Jpennins, de V Arable, des Ardennes, des Arhunsas,
de VArgovie, de VArmcnie , etc. , etc.
AsiE. Pour donner une idee de I'importance des malieres
traitees dans Ic Dictionnaire geographiqiie , et de leur dispo-
sition methodique, nous indiquerons celles de Tarticle Asie :
noms; etendue en longueur et largeur , superficie ; limites ; lies
qui en dependent; forme des cotes, bales, et golfes ; nion-
tagnes et bassins de rivieres ou de fleuves qu'elles etablissent;
lacs, niers interieures; pays entre lesquels I'Asie est divisee ;
volcans; climat, temperature, zones; productions vegetales ,
animales , minerales ; races d'honunes; langues , religions
SCIENCES PHYSIQUES. 55
nioeurs et usages; commerce et iiidustrie ; histoire des decou-
vertes. Cette description de I'Asie est fort bien faite. L'ex-
trait suivant renferme une idoe tres-curieuse. « L'Asie a
qiiatre expositions on versans piincipaux, I'lm au N. , vers
rOcean glacial; I'autre a I'E. , vers le grand Ocean; le froi-
sieme an S., vers i'Ocean indien, et le quatrieme a I'O. , vers
la mer Noire et la Caspiennc. Ces quatre versans sont appuyes
sur un plateau central qui s'etend entre Bo" 5o' et /|8° de lati-
tude N. , et entre 69" et 1 iG** de longitude O., et avec lesquels
ils ont pour limite commune les aretes de quatre chaines de
montagnes qui entourent ce plateau. Ces aretes qui determinent
une figure tres-irreguliere, se reunissent au N. O. , au N. E. ,
au S. E. et au S. O. par des noeuds qui, joints entre eux par
des lignes droites, figurcnt un quadrilatere divise en deux
triangles isoceles par la diagonale allant du noeud N. O. au
noeud S. E. « La direction de chacune de ces aretes est tracec
de la mauiere la plus niinuticuse. Puis , I'auteur ajoute : « Main-
tenant que ces aretes sont bien etablies,il faut considerer le
plateau central comme un grand bassin interieur qui pcut se
diviser en bassins sccondaires ou de lacs, et les quatre ver-
sans de I'Asie comme quatre grands bassins, lont trois sont
oceaniques et le quatrieme de mers interieures. Les trois bas-
sins oceaniques sont celui du N. , celui de I'E. et celui du S. ,
et se divisent en bassins de mers ou de golfes , qui se subdivi-
sent eux-memes en bassins de fleuves. » Cette description des
montagnes, des fleuves et des lacs de I'Asie est purement sys-
tematique ; ou pourrait peut-etre lui reprocher de donncr dela
realite a des faits qui nc sont ricn moins que douteux dansl'o-
pinion des geologues; mais elle compense cet inconvenient par
un grand avantage , celui de faciliter beaucoup I'etude de la
geographic. Cette niethode est neuve, elle trouvera peut - etre
beaucoup d'adversaires ; mais ce nesera point parmi les verita-
bles amis dela science. II serait adesircrqu'unlraitecomplet de
56 SCIENCES PHYSIQUES,
jjeoj^iaphic fut compose sur ce plan , et il e«t certain que la
connaissance du i^lobc doviendrait beaucoup plus facile a ac-
querir. Mais il est a craindre que les obstacles qui menacent
d'entraver un pareil travail ne rebutent les auteurs les plus la-
borieux. Rcvenons a I'article Asie, pour recommander le ta-
bleau des decouvertes qui le tennine : c'est un morceau com-
pletet bien trace.
Atlas. Cet article, qui est trcs-savant, a du couter beau-
coup de recherclies a son auteur; il est peut-etre uu pen trop
complet pour un Dictionnaire yeographique, et pourrait figurer
avcc avantage dans les Memoires de I'Academie.
Si I'on nous reprochait de nous etre trop occupes de la geo-
graphic physique , dans les extraits que nous avons donnes
jusqu'ici, nous aurions a repondre que cette branche de la geo-
graphic est la moins variable, et qu'il importe de faire sentir que
le nouvel ouvrage dont nous rendons compte etant base en
quelque sorle sur la geographic physique, n'est point suscep-
tible de vieillir apres un petit nombre d'annecs. Toutefois, on
pent voir, par I'article sur les Bedouins et par celui sur la
Bouhharie que nous allons examiner , comment ce Dictionnaire
peint les moeurs des peuples, decrit les villes, et trace les rela-
tions commerciales des etats.
Bedouins, Bedaouy. Ce nom, qui signiiie habitans du desert,
designe les tribus arabes nomades de I'Arabie, de I'Egypte et
des contrees adjacentes , et de la Syrie. Quelques-unes de ces
tribus vivent en pasteurs ou sur les bords des deserts, ou dans
les Oasis, ou pres des grandes villes; d'autres accompagnent
les caravanes dont elles transportent les marchandises et les
bagages", d'autres enfin,erretitau fond des deserts, ousurles pas-
sages des caravanes, et pillent tout ce qu'elles rencontrent. On
n'a sur le nombre de ces Arabesque des donnees incompletes.
On ignore meiiie combien de tribus ils forment, et Ton ne pent
faire connaitre que les traits generaux qui les caraclerisent. —
SCIENCES PHYSIQUES. 5;
On n'exigera pas que nous rapportions ici les deux pages a
double colonrie que I'arlicle Bedouins occupe dans le Diction-
naire'; cependant le morceau suivant merile d'etre cite. « Les
seules vertus que Ton puisse accorder aux Bedouins en gene-
ral, sont : Tamour dela liberte, un courage indompte, une so-
briete sans exemple, et la chastete. La bonne foi, lagenerosite,
la grandeur d'ame sont le propre de certaines tribus. Les ver-
tus hospitalieres sont communes chez ces nomades ; elles sont
meme obligatoires, car les peines les plus severes atteignent
celui qui ne les pratique pas. Mais, comment leur accorder les
eloges qu'elles sembleraient meriter , lorsqu'on voit un Bedouin
poursuivre le voyageur au sortir de sa tente et le depouiller;
lorsqu'on voit des tribus qui, apres avoir fete iinhote pendant
des jours entiers, le conduisent avee pompe hors deleur cam-
pement, et,au moment de se separer de lui, I'engagent, sous
peine de mort, a se depouiller de tout ce qu'il possede, sous
pretexte qu'il peut etre devalise par d'autres et qu'il vaut
mieux qu'il le soit par ses bienfaiteurs ? Cet amour du vol et
du pillage distingue essentiellement les Arabes du desert : c'est
lui qui les porteaumeurtre, c'estlui qui les rend parjures. Les
prenez-vous pour guides ou pour escorte a travers leurs af-
freuses solitudes, vous chercherez vainement a les Her par des
serraens; a peine entre dans le desert, vous serez vole : des
otages ne vous garantiront pas. lis n'epargnent que les mar-
chands qui viennent trafiquer avee eux, et le voyageur assez
heureux pour leur dnnander a tcms I'alliance du pain et du
sel. »
BouKHARiE. Pour donner a nos lecteurs une juste idee de cet
excellent article, il faudrait le citer ici tout entier. Nous allons
en extraire seulement les passages relatifs au climat et a ux pro-
ductions vegetales.« Le climat de la Boukharie est tres-doux
et generalement salubre; les saisons y sont tres-regulieres. A
la mi-fevrier, les arbres commmencent a fleurir; ils bourgeon-
^8 SCIENCES PHYSIQUES,
nt-nt, dans les premiers jours de mars : alors, le beau terns
eommence et les fortes pluies cesscnt, apres avoir dure pres
de trois semaincs. Bientot, la chaleur devient aocablante : elle
est d'autant plus sensible que ratmospliere est rarement ra-
fraiclue par des orages. La belle saison se prolouge jusqu'en
octobre, epoque oii les pluies reconuiiencent et diireiit ordi-
iiaireuicnt qninze jours ou trois scmaines. En novembre et de-
cenibre, de petites gelees, ct par fois un peu de neige, annon-
cent I'approclie de I'liiver. Souvent on trouve encore, vers la
fin de deccmbre, des melons dans ks cliamps. Le neois de Jan-
vier est plus rigoureux;le froid ordinaire est de deuxdegres;
il vaquelqnefois jusqu'a huit. L'eau gele de 3 ou 4 pouces d'e-
paisseur. Rarement la neige reste quinze jours sans fondre.
Des vents violens souffleiit surtout en hiver ct en etc; ils ele-
vent tres-haut une poussiere fine qui cache tout a la vue , et
donne a I'almospliere une tcinte grisatre. Cesnuages de pous-
siere, quis'etcndentsur tout un canton ,penvcnt etre apercusa
plus de 4 lieues de distance. Souvent un vent violent eleve le
sable de la Steppe, en formant des tourbillons; ce sable, dont
il est presque impossible de se garantir , penetre , quoique fort
gros, dans les yeux, la bouche et les oreilles, et occasione de
frequentes inflammations. Chasse paries vents, il comble faci-
lement les fosses, remplit les rues et couvre les maisons. Dans
beaucoup d'endroits, le sable empiete annuellement sur le
pays cultive. On a beau travailler a deblayer les fosses, on n'y
reussit qu'imparfaitement, et il est meme probable qu'un jour
les fertiles et riantes oasis de la Boukharie deviendront arides
et inhabitables. Les orages sont rares; mais il se passe rare-
ment une annee sans qu'on ressente quelqtie legere secousse de
tremblement de terre.
nOn cultive, en Boukharie, le riz, I'orge , le froment, le dia-
gara ( holcus xachnrtus ) , espece de niiliet , du panic ( />onaf,- ),
le nokoiid, grande espece de pois, des feves, des carottes. Les
SCIENCES PHYSIQUES. Scj
recoltes des jardins consislent en pommes, prunes, censes,
abricots, peches, amandes, figues , grenades, pistaches, noix,
et differentes especes de raisins, dont on tire un vin excellent
et une bonne can de vie. On y Irouve aussi lekychniych, raisin
sans pepins. Differentes especes de melon viennent en abon-
dance; la meilleure est celle qni a la chair blanche. Les me-
lons d'eau deviennent tres-gros et sont doux et succnlens. On
conserve, les fruits jnsqu'au mois de fevrier et de mars; les me-
lons se vendcnt pendant toute I'annee. La culture du vers a
sole exige de grandes plantations de muriers dont 1 ecorce sert
a la fabrication du celebre papier de Boukhara. La culture du
cotonnier (pakhta) est tres-importante : celte plante procure
en quelques endroits trois recoltes par an. Le pavot, le car-
thame, la garance, le chanvre, le lin, le tabac ctle koundjnt
ou sesame, fonrnissent aussi de riches produits. La partie la
plus fertile de cette contree est le Miankal qui s'etend le long
du Zer-Afchan, entre Samarkand et Boukhara. »
S'il etait besoin d'autrcs citations pour faire apprecier I'im-
portance du Dictionnairc geographique universel, nous ponr-
rions , sans revenir sur nos pas, prendre, a quelques pages
apres I'article Boukliarie, celui de la Bourgogne. L'auteur ex-
pose avec beaucoup de clarte quels changemens les limites de
ce royaume ont eprouves, avant qu'une de ses parties fut eri-
gee en duche, en 863. — Nous nous arreterons a I'article Brah-
mapoutre pour faire remarquer que c'est pour la premiere fois
que la source de ce fleuvc est indiquee avcc precision, et que
son coursdans le Tiset est decrit un pen en detail. Les descrip-
tions du Bresil , dc Buenos- Aires et de la Grande - Bretagne
nous fourniraient de nombreuses citations. Le dernier de ces
articles est du plus haut interet, surtout en ce (pii concerneles
relations commerciales.
D'autres articles nous offriraient des faits physiques, d'uu
6o SCIENCES PHYSIQUES.
grand interet , on des renseigiiemens precieiix sur les progres
de la population, des sciences , des arts, du commerce, de
I'indiistrie; d'autres encore donneraient a reflcchirsur les vicis-
situdes politiques des etats. Presque tous nous plairaient par
la maniere dont ils sont rediges. Nous pourrions , il est vrai,
irouver, de tems a autre, des critiques a faire, opposer quel-
qnes ai'ticles les uns aux aulres et mettre au jour quelques
contradictions ; nous pourrions signaler aussi quelques doubles
emplois et de legeres omissions ; mais, dans un repertoire im-
mense et plein d'erudition, tel que celui-ci, de pareilles faiUes
sont inapercues du plus grand nombre, et ne peuvent attenuer
ie merite general de I'ouvrage.
T. L. Verdier.
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.
Sur les historiens de la guerre actuelle des Grecs ,
MM. POUQUEVILLE, RaFENEL, VorTTIER , RaYBAUD ,
Leicester Stanhope , Blaqcieres , G. Wadington.
TROISIEME ET DERNIER ARTICLE.
{J-'or. t. XXVI , p. p. 38 1 a SgS et 708 a 716.)
Dans nos deux precedens articles , nous avons clierche a
faire connaitre le caractere des divers ouvrages sur la guerre
actuelle dans la Grece que nous avions en meme terns sous les
yeux. Nous avons essaye enstiite de donner une idee de I'ef-
froyable corruption de radministration turque, de la souffrance
intolerable qui en etaitla consequence pour lespeuples, etqui
a du enfin prodnire I'insurrection que nous avons \u eclater.
Nous nous proposions de consacrer encore deux articles a ce
meme sujet : dans I'un, nous voulions rcuuir quelques-uns des
traits les plus brillans d'heroisme de ces guerriers et de ces
martyrs de la Grece, qui aujourd'hui weme combattent et
souffrent pour la foi cliretienne ; dans I'autre, nous aurions
represente sous ses vraies et sornbres couleurs la conduite des
Europeeus dans le Levant.
Aujourd'hui, nous croyons devoir renoncer a ce double tra-
vail : les evenemens se succedent avec une rapidite qui nous
entraine ; ce n'est point en arriere, c'est en avant que nos lec-
teurs et que nous-memes desirous porter nos regards. Les ecri-
■vains que nous avons sous les yeux nous font comprendre les
campagnes de 1822 et 1823 ; mais, desormais, c'est cel'.e de
189,5 qui nous importe : c'est la seule pour laquellenotre at-
tention soit completement excitee; son interet absorbe tousles
autres. Onassureque, tandis qu'une desgrandes puissances d'Eu-
rope voulait que la chretiente intervint pour empecher une
62 SCIENCES MORALES
plus loDguo t'lTusioii do sani,', iinc aiitic, joiiissant ble, prendrait place u cote des histoires contempo-
raines : il meriterait beaucoup mieux que la vogue passagere
d'un ouvrage de circonstance; il durerait, et serait frequeni-
ment consulte, car il contient beaucoup de fails. Aucun des
cliapitres du livre de M. de Segur n'echappe a I'examen; aucun
n'en sort intact, exempt de corrections, et plusieurs recoivent
des a-dditions et des eclaircissemens que I'auteur eiit certaine-
raent mis a profit, s'ils etaient venus a terns. Il est veritablemenl
a desirer que les deux ouvragcs dcvlcnncnt inseparables. En
les consultant I'un et I'autre en meme terns, on ne lira pas
M. de Segur avec moins de plaisii', et Ion apprendra beaucoup
mieux VHistoire de Napoleon et de la grnnde armee pendant
I'annee 1812. F.
LITT^RATURE.
HiSTOIRE DE LA LiTTERATDRE GRECQIJE PROFANE , depuis
son origine jusqu'ei la prise de Constantinople par les
Tares. Seconde edition , entierement rejbndue et en-
richie de la partie hihliographique\ par M. Schoell(i).
II est des nations dont Ic souvenir ne pent s'ctcindrc : quand
la litterature , la philosophic , les arts et la liberte sc sont reu-
nis pour les illustrer, leur histoire semble destinee i occuper
etcrnellement la mcmoirc des hommes. Tels sont ces deux peu-
ples de I'antiquitc, dont les ouvragcs ct la langue forment I'objet
de nos premieres etudes. Le sentiment de la liberie donna chez
eux a tous les travaux du genie unc extension prodigieiise; et
dela cettc variete, cette originalite, cctte richesse, qui ont fixe
I'attention dc toutcs les nations policees.
Le tems a detruit ia plus grande partie des livres grecset ro-
mains ; mais ceux qui nous rcstent sont encore assez nonibreux
pour meriter une classification raisonnec : M. Schoell a entre-
pris ce travail pour la litterature grecque. Exposcr sommaire-
mcnt riiistoire des auteurs dont elle s'honore, faire connaitre
le genre de leurs ouvrages, faire apprecier le merite de chacun,
tel elait le plan de I'auteur ; on pent dire qu'il I'a rcmpli. Nous
allons donncr une idee de la marclic qu'il a suivic. Quant aux
difficultesde tout genre qu'il a cues a vaincre, on sail assezcom-
bien les ouvrages d'erudition en sont h^iisses. Une savante intro-
duction, placec en tete du premier volume, expose rapide-
ment le plan que M. Schcell a suivi. II divise en six periudes
(i) Paris, 1825 ; Gide, rue St-Marc.8 vol. in-8" ;prix 56 fr.
LITTfiRATURE. 89
I'histoiie de la litteratiu'e grecque : la premiere comprend les
terns fabuleux et finit avec la prise de Troie, c'est-a-dire
au xiiie siecle avant J-C. La seconde s'etend depuis I'annee
1270 , avant notre ere , jusqn'a rarchontat de Solon, en 694 :
les poemes d'Hesiode et d'Homere se trouvent naturellement
dans cette serie. La troisiome periode nous conduit jusqu'a
I'aveHement d' Alexandre, au 335 avant J.-C. ; c'est I'age d'or
de la litterature grecque : poetes, historiens, philosophes, ora-
teurs , tout ce que I'humanite a produit de plus grand , de plus
admirable , se reunit dans la petite Hellade pour former I'im-
mortel cortege de Pericles.
Depuis Alexandre jusqu'a la conquete de la Grece par les
Romains ( 146 ans avant J.-C. j, I'Egypte devint I'asyle des
muses, que la servitude et les guerres civiles avaient clias-
sees de leur antique natrie : Sophocle, Platon, Demosthene
n'etaient plus; I'erudition s'eleva sur les mines du genie; des
bibliotlieques, des academies donnerent aux sciences mathema-
tiques' et experimentales un essor prodigieux : Alexandrie fut
un centre de civilisation et un foyer de lumieres dont les rayons
lirent palir Athenes el'e-meme. Mais ces grands et beaux ou-
vragcs que la liberte et la vigueur d'un peuple jeune encore
peuvent seules enfanter, ne vinrent plus charmer le monde ;
les lettres avaient deserte le sol natal :"elles n'y trouverent
plus, pendant la cinquiemc periode, qu'une existence precaire.
La Grece alors reduite en province romaine , soumise a des
conquerans qu'elle traitait de barbares, n'otait plus que I'ombre
d'elle-memc , et sa litterature s'eclipsait devant cclle des Ro-
mains, qui, florissante et belle de jeunesse, se parait encoi'e
des depouillcs de sa rivale. L'avenement de Constantin au
trone, en 3o6 , la translation de I'empirc a Constantinople,
changeait tons les rapports. La litterature latine s'etait, pour
ainsi dire, eteinte avec Trajan. Quelques princes amateurs des
muses etaient montes sur le trone, et Julien lui - menie, en
go LITTERATURE.
retablissaiK les dogmcs de Rome victorieuse, de Rome mai-
tresse du mondc, allait rappeler la ielijj;ion si poctique de la
Grece... Lui-mcme il consacrait ses loisirs a reloqucnce,a la
philosophic, a la littt'iature. Mais ces efforts momentanes ne
pnrent tirer la nation de la barbaric oi\ elle etait plongee : le
souffle vivifiant de la liberte n'animaitplus ses ouvrages; ct si,
pendant cette sixieme et derniere periode, qui s'etcnd jusqu'u
la prise de Constantinople par Mahomet II ( en i/i53), les
lettres donnercnt encore de loin en loin quelqucs signes de
vie, la force des choses, plus encore que celle des hommes, de-
vait tot ou tard terminer cette existence languissantc, ou plutot
cette longue agonic.
Cette introduction a la litterature grecque est suivie d'lme
table alphabetique des collections d'auteurs grecs cites dans
I'ouvrage; et bien que cette table ne soit pas d'un interet
general, on ne pent ccpendant en contester I'utilite. L'au-
teur entre ensuite en matiere : il remonte naturellement aux
premiers terns de la Grcce , et apres quelques considera-
tions sur ces epoques reculees , il arrive aux poemcs que
Ton pourrait rcgardcr comme les premiers essais du genie,
s'ils etaient authentiques ; tels sont les vers SibyUins , et ceux
qui nous sont parvenus sous le nom de Mt/sec ct d'Orphee.
Apres avoir rapporte et discute les opinions des critiques a
cet egard , il conduit le lecteur a un scepticisme qui , dans
I'histoire , est trop souvent la seule opinion raisonnable.
C'estavec lameme circonspection que, dans son savant article
consacre a Homere , M. Schoell laisse encore indecises les fa-
meuses questions : de savoir si Homere est le seul auteur de I'l-
liade etdel'Odyssee, ets'il aecrit ces deux poemes. II semble
cepcndant, quant a la premiere, pcnchcr vers raffirmative , et
pour la seconde, il se contente dc rapporter les opinions des
critiques.
Les chapitres suivans contiennent I'histoire de la poesie
grecque : cette partie de I'ouvrage est aussi instructive que
LITTERATURE. 91
soignee; mais nous aurions desire que, pour les noms des au-
tciirs, M. Schoell se conformat a Tusage recu, et dit Scipho,
Hero , Hiernrnme , au lieu de Heron, Saphon et Jerome. Dans
les autres volumes , I'auteur passe tour a tour en revue la
poesie di-amatique , qu'il prend a sa naissancc et qu'il conduit
jusqu'au point de perfection 011 clle est arivee ; Xltistoire, de-
puis les premiers logographes dont il ne nous reste que les
noms ou de courts fragmens , comme Hecatee de Milet, Phe-
recyde de Leros, jusqu'aux historicns dont la Grece s'enor-
gueillit a juste litre; V eloquence , que representent Gorgias ,
Lysias, Isocrate, Eschine et Demosthene; ]a p/ulosop/iie, dont
il place le berceau dans I'Asie mineure, et qui, divisee d'abord
en trois ecoles principales, celles d'Anaximandre , de Pytlia-
gore et de Xenophane , Hnit par ne plus produire que des
sophistes , jusqu'au tcms de Socrate , dont la doctrine , la
vie et la mort devaient se trouver necessairement dans une
histoire litteraire de la Grece. Nous ne pouvons suivre M. Schoell
dans tous les details qu'il donne sur les scctcs philosophiques
posterieures a Socrate : Nous lui ferons observer seulement
que c'est a tort qu'il dit implicitement qu'Epicure ne faisait
consister la volupte ou le souvcrain bien que dans les plaisirs
des sens et dans I'absence de la douleur : ce n'est point la I'idee
que nous en donnent Ciceron , Seneque , ni Diogene Laerce.
Apres la philosophic , vient I'exaraen de ce qu'ont produit
les mathematiques ; puis, la medecine : et malgre I'apparente
secheresse de ces deux sujets, tout le mondc liia sans doute
avec plaisir des details pleins d'interet sur I'etat des sciences
naturelles en Grece, a differentes epoques.
La quatrieme periode commence par un precis sur la situa-
tion de la Grece a I'avenement d'Alexandre-le-Grand : comme
nous I'avons dit , Alexandrie devint la capitale du monde sa-
vant : il fallait donncr quelques notions sur les inscriptions
que I'Egypte nous a transniises, etsurTecriture hieroglyphique.
ga L1TT£RATURE.
Nous ne dissimuleroDs pas a ce sujet retonncment oix nous a
jetes la declaration faite par M. Schoell, que I'cspoir de trouver
la clef dc I'ecrilure hiero^lyphicjue ne s'est pas encore realise.
L'autcur ecrivait, en 1824 : Comment n'a-t-il pas en connais-
sance des grandcs et beUes decouvertcs de M. Champollion le
jeune,dont les sucecs sont maintenant connu* de toutc I'Eu-
rope ? II cut trouve I'occasion de rendre justice a notre savant
compatriote. Quoi qu'il en soit, cette periode si favorable aux
sciences nous offre unc foule d'ecrivains en tout genre. Si le
genie qui domine dans les beaux-arts pouvait s'enseigner, rien
n'aurait manque a I'illustration de cette epoque. La philoso-
phic, la gramniaire, la medecine , les matliematiques, la geo-
graphic et I'histoire naturelle, tout ce qui est le resultat imme-
diat de I'etude ou de I'observation , produisit des hommes
superieurs. Mais, pour les arts qui dcniandent du del I'injhience
secrete, comnie la poesie et I'eloqucnce , ils n'eurent point le
meme eclat.
Polybe est a peu pres le scul historien rcmarquable de cette
periode. M. Schoell nous parait lui rendre toute la justice qu'il
nierite. Quant a la philosophic, les ecoles d'Aristote, d'Epicurc,
de Zenon et de Pyrrhon expliquent, chacune a sa raaniere, les
phenomenes de I'ordre physique et moral. Nous avons deja dit
que I'auteur nous seniblait donner de la doctrine d'Epicurc une
idee peu conforme aux opinions des anciens. Quant aux autres,
on trouvera dans son livre tout ce que doit savoir quiconque
ne fait pas de la philosophic une etude spccialc.
Les chapitres 48 et 49, qui termlnent le tome iii,contien-
nentdes notions tres-interessantcs sur leslivres de I'ancien testa-
ment, originairemcnt ecrits en grcc, ou qui ne nous sont par-
venus que dans cette langue, et sur les traductions grccques dc
ces livres, redigees avant et apres I'ere chretienne; nousaimons
a reconnaitre la critique eclairee de M. Schoell dans le juge-
ment qu'il porte sur la version des septantes , dont I'origine a
LITTERATURE. 9^
etc entouree des fables les plus absurdes par I'ignorance et
I'esprit de sccte.
Examinons rapidement le tome iv, qui conticnt une partie
de la cinquicme periode : la Grece est asservie par les Romains ;
Alexandrie voit s'echapper sa/ gloire, et trouve une rivale dans
la ville de Tarse. tandis que Rome devient la capitale du monde
politique et littcraire , et le centre des connaissances humaines.
Pendant ce terns, que produit la litterature grecquc? Un assez
grand nombre dVpigrammatistes, quelques poemes didactiques,
et plusieurs liisloriens, enlre Icsqueis ilfaut distinguer Diodore
de Sicilc, Dcnys d'Halicarnasse, Josephe, et surtoutPlutarque,
qui, dans la decadence des lettres, soutint dignement la gloire
de I'ancienne Grece : ensuite , quelques chronologistes , tels
qu'Arrien, Dion Cassius, Herodien, Ptolemee.
Le 56« chapitre, I'un des meilleurs de I'ouvrage, traite de
la sophistiqiie on noiivel art oratoire , qui dut sa naissance a
Tesclavage general : il fallut inventer une eloquence factice qui
s'exercat sur des matiercs de pure imagination. Ces declama-
tions, remplies d'allusions a lamythologie et a I'histoire, eblouis-
saient un public derai-connaisseur, en lui oftVant de quoi oc-
cuper son oisivete. II ne faut cependant pas croire que les
sopliistes de ce terns fussent depourvus de tout merite : qui
pourrait contester le talent de Dion Chrysoslome, I'esprit tou-
jours piquant et varie de Lucien , IV-rudition d'Athenee et de
Philostrate ? Les deux derniers chapitres traitent , I'un dies pre-
miers romans grecs ; et I'autre, des sopliistes rhetcurs. Le pre-
mier nous montre I'origine de ces compositions ou les auteui's
se donnent carricre pour preter a leurs heros des sentimens et
des passions hors de nature ; le second nous fait assistcr a la
naissance de cet art puissant et dangercux qui n'apprend que
trop souvent a donner au mensonge la couleur de la verite.
Le tome v commence par des notions utiles et exactes sur
un genre d'erudition qui a beaucoup exerce la sagacite des mo-
94 LlTTfiRATURE.
dernes, la philologic , a qui nous dcvons I'intelligence des
chefs-d'oeuvre de I'antiquite. Dans les neuf chapitres suivans,
M. Schoell poursuit I'histoire de la pliilosopliie, qui , comme
cela devait etre, parrtagea la decadence generale de I'esprit hu-
main ; a I'exception ccpendant du stoicisme, qui , ne faisant
aucune concession aux faiblesses de notro nature, etait par la
nieme i I'abri de toute degenerescence. L'especc de solidarite
qui existait entre les principes constitutifs de la doctrine du
Portique, en faisait autaut de parties integrantcs, csscutielles a
son existence. L'ecole des peripateticiens n'avait encore pris
que fort peu d'accroissenient. Toutes les autres sectes de philo-
sophic etaient dans un etat de degradation qui laissait a peine
soupconner la source dont dies emanaient. P^'thagore, Platen
et Antisthcne n'avaient pour successcurs que des visionnaires,
qui ne mettaient point de borncs ;i Icurs extravagances, ou des
hommes mercenaires qui trafiquaient de leur science, et ven-
daient I'enseignement de ce qu'ils appelaient la sagesse. Mais
il serait injustede trop generaliser ces reproches, d'ailleurs bien
fondes : ils ne doivcnt point s'appliquer a Plutarque , a Panoe-
tius, a Epictete, a Sextus Empiricus, a Marc-Aurele et a quel-
ques autres.
M. Schoell terniine sa cinquiemc periode par I'histoire des
mathematiques , de I'astrononne , de la strategic, de la musique,
de la geographic, de la niodecino et des sciences naturelles. II
s'etend specialement sur ce qui concernc Strabon , Ptolemee et
fialien. Ces trois derniers articles conticniient beaucoup de do-
cumens dignes de fixer I'attention.
Nous entrons dans la sixicme periode. Kous y voyons la de-
cadence toujours croissante de la Grece. Le palais impeiial
etait devenu un rcpaire de scelerats imbecilles qui croyaient
])ar des exercices theologiques se laver du sang dont ils souil-
laient journellement la pourpre des Cesars. Nonobstant le tor-
rent de la corruption dont les ravages devenaient de plus en
LITTERATURE. gS
plus irremediables, quelques honiaies jetereiit au milieu des
tenebres quelques ctincelles de genie : dans la foule on distiugue
IVonnus de Panopolis, Quiutus de Smyrne et Coluthus.
Le volume qui nous occupe contient une dissertation litte-
raire ct bibliogiaphique sur les anthologies , ou iccueils d'epi-
grannmes , pour la pliipart d'une mediocre importance. La
sophistiq^c, les romans et la grammaire font le sujet de sept
chapilres , ou nous rcmarquons les noms de Libanius et de The-
mistius , sous la plume desquels I'eloquence semble se relever
un peu du coup mortel que lui avail porte la domination des
rois de Macedoine , puis des Remains en Grece. L'auteur donne
ensuite des details interessans sur la chronique d'Eusebe , et
passe a Zosime, qui fut presque le seul historien de cette epo-
que, ou , comme dit le savant Sainte-Croix, des compilateurs
ignorans s'iiuaij;iuerent qu'en rasscmblant des faits sans discer-
ncment, ct en les rcdigeant sans gout ni gritique, ils pouvaient
meriter le nom d'historiens. M. Schoell fait la nomenclature,
necessairement peu attrayante, des ecrivains du bas-empire
composant la collection appelee //w^o/zy^ brzantine, qui, malgre
les defauts de tout genre, soil dans la forme, soit dans le fond,
est d'autant plus preeieuse qu'elle est la priucipale source pour
I'histoire du moyen age.
L'auteur poursuit, dans le tome vii, I'histoire de la sixieme
periode. II donne d'abord une courtc notice sur trois bistoriens
qui ne font pas partie de la collection byzautine; puis, sur les
auteurs, au nonibre de vingtcinq, qui ont ecrit I'histoire eccle-
siastique, et parmi Icsquels on distingue Thi'odoret et Eusebe,
dont il fait connaitre aussi la Preparation evangelique. Nous
appiouverons volontiers les motifs qui ont engage M. Schoell a
parler de cet ouvrage, quoiqu'il appartienne a la litterature
sacree ; mais nous ne croirons pas avec lui que I'eveque de
Cesarec ait prouve que la doctrine religieuse de Platou ne fut
guere j.lus consequenle que la theologie populaire, ni que les
9^ LITTERATURE.
objcts (111 ciilte et des sacrifices dcs Grccs furent des dtmom
dont Jvsus-Christ a purge le monde. Nous no croiions pas que
Vcxcellence du systeme religieux juif soit demontrec dans le
septiomc livre de la Preparation evangelique ; ct bien qn'Eiisobe
svfforce de prouver que les ecrivains grccs ont puisc dans les
saintes Ecritures tout ce qu'ils ont dit ct enscignc de bon en
philosophie, bien que M. Schosll ajoute : tel est principaleincnt
le cas de PlaLon ; nous ditons toujours qu'ils ne Tout pas
prouve.
La sixieme periode produisit de savans mathcmaticiens, cntrc
Icsqucis se distingua la belle Hypatie, celebre par la profondeur
de scs connaissances et par sa fin tragique, dont un sccpti-
cisme nial cntendu voudrait, en vain, contrc le tcmoignage
positif de riiistoire, justiGer le veritable autcur.
Deux chapitres sont destines a I'histoire du neo-platonisme,
pendant le quatrieme et le cinquieme siecle, sous les succes-
seurs de Plotin , Porphyre et Jamblique, dont les disciples
avaient forme, jusqu'a I'epoque dont nous parlous, une succes-
sion non interrompue , appelcc par Eunapius la chaine d'or du
platonisme. ]\ous voyons dans cctte periode, dcs philosophes
amalgamer les dognies de I'Evangile et de Platon, dont ils for-
mcrent une coinbinaison , a I'instar du syncretisme imagine dans
le iii'^ siecle. Mais I'ecole platonicicnne d'Athenes , retablie par
Julien , tolerce par ses successeurs , etait toujours ouverte a la
jeunesse. L'homme le plus distingue qui en sortit fut Proclus,
que M. Schcell juge severement. Enfin, « I'empereur Justinien
detruisit I'ecole neo-platonicienne , qu'il regardait avec raison,
dit I'auteur, comme un foyer de doctrines anli-chretiennes, et,
par consequent^ anti-sociales. »
Le chapitrcQ/j contient I'histoire dcsperipatiteciens,que favo-
risait la cour de Byzance ; non que leurs principes fussent plus
en harmonic avec le christianisme , niais parce que la philoso-
pliie polcmiquc d'Aristote pariit plus propre que toule autre a
LITTfiRATURE. 97
fournir des armes centre les lieritiers qui puUulerent dans
rOiient, veis le v« siccle. A la fin de ce chapitre, on trouve
line notice detaillee sur la compilation de Jean de Stobi, dit
Stobee.
M. Schoell fait ensuite mention de quelques ouvrages ori-
ginairement ecrits en langues orientales; puis, il passe aux au-
tenrs qui ont cultive les sciences naturelles , sous les empereura
grecs. IVous y remarquerons le recueil d'extraits sur Tagricul-
ture, redige par Cassianus Bassus, qui I'intitula Geoponiques ,
et un article intcressant sur \ejeu gregcois.
Dans le chapitre suivant, I'auteur trace I'histoire abregee
de la seule science qui , dans cette ptiriode , ait brille d'un veri-
table eclat : nous voiilons dire, la jurisprudence. II parle d'a-
bord de ce droit romain, appele a juste titre la rawo/z ecrite.
Apres quelques considerations sur les Basiliques , il parcourt
la legislation dans toutes ses vicissitudes , depuis Justinien jus-
qu'a I'empereur Frederic II.
Nous arrivons enfin aux derniei's auteurs grecs dont il soit
fait mention dans I'ouvrage de M. Schoell; cc sent les medecins
qui forment ce qu'on appelle Xecole de Galien. L'art de guerir
n'a fait aucun progres dans cette periode. Alexandrie, oii se
trouvait le principal etablissement d'instruction, ne fournit que
des medecins eclectiqnes , qui empruntaient leur doctrine aux
dogmatistes , aux methodiques et aux empiriques ; les plus re-
marquables d'entre eux sont Oribasius et Aetius, dont les ou-
vrages sont importans pour I'histoire de la medecine.
M. Schoell consacre son septierae et dernier livre a la trans-
plantation de la lilterature grecque en Occident : il montre
comment elle s'est operee en diverses contrees de I'Europe.
Nous y voyons, qu'au milieu de la barbaric ou le monde Chre-
tien etait plonge , la protection efficace , quoique peu eclairee,
de quelques princes , et le zele infatigable d'hommes laborieux ,
surtout parmi les moines, contribuerent puissamment aentre-
T. XXVII. — Juillet 1825. 7
98 LITTKRATURE.
teuir le feu sacrc, jusqu'a ce que la prise dc Constantinople
eAt contraint les savans de cette villa a cliercljcr un asilc en
Italic. Alois, la culture dcs lettres grccquos fit dcs progres
rapidos, et dcvint de plus en plusfloiissante. On nc pent parler
de la renaissance d(; la litteraturc tlassiqiie, dit avec taison
M. Schocll, sans nommcr les Medicis a Florence , ct aiicnn ami
des sciences nc pent prononcer ce noni sans un sentiment de
reconnaissance. L'erudition grccque prit alors naissance en
Ilalit; ct produisit une foule d'hommcs distingues; elle s'etcndit
pen a pen , passa les Alpes et se rcpandit , des le xve siecle, en
France, en Allemagne ct en Hongrie. 11 serait trop long d'enu-
merer la qnantite de savans qui alors eclairerent I'Europe; mais
la decouverte de Timprimerie qui devait necessairement faire
pi'endre a I'esprit liumain une direction toute nouvelle, com-
mencait a exerccr nne irresistible influence ; I'inslruetion ne
fut plus I'qpanage d'un petit nombre d'hommcs; les chefs-
d'oenvre de I'antiquite tirerent un grand avantage de cette ad-
mirable invention. Le chantrc de I'lliade et le pere de I'histoire
ne furent plus a la merci d'un copiste ignorant. Les Aide, les
Juntes et les Etienne ont transmis a la posterite des noms im-
mortels dans les annalcs de I'imprimerie.
Cette partie de I'ouvrage de M. Schoell , qui est en mcme tems
historique et bibliographique, est d'un tres-haut intcrct poiir
I'histoire litteraice, et nous a paru cxtremement soignee : il la
termine par unc notice fort utile sur les principaux dietionnaires
grecs modernes; il ne lui manque, pour etre complete, que I'in-
dication du Thesaurus grcccce poeseos de Morell^ dont il y a eu
plusieurs editions.
Nous n'avons que fort peu de clioses a dire sur le tome VIII,
qui contient une table synthetique et chronologiquc des princi-
paux eveneraens et de tous les ecrivains grecs ou des celebres
hellenistesdepuisl'anayeoavant J.-C. jusqu'al'an i57i de I'ere
vulgaire. Les dates de cette table sent en general exactes; ce-
LITTER ATL' RE. 99
pendant, elles ne s'accordent pas toujoiirs avec celles qui sont
rapportees dans le cours de I'ouvrage : nous en avons trouve
un assez grand nombre d'exeniples. Nous citerons entre autres
les dates relatives a Aristippe, a Cadmus de Milet, a Hecatee,
a Xanthus de Sardes, a Hellanicus de Mitylene, a Denys I'an-
cien, ii la bataille de Coronee, a la colonic de Thurium, a la
mort d'Euripide , etc.
A la fin du volume est une table alphabetique des rna-
tiercs conte»ues dans les tomes I a VII. On regrette de trouver
en regard de la premiere page de cet index un avis qui previent
qu'il ne se rapporte ni a la partie bibliographique , ni au tableau
synoptique du tome VIII. Neanmoins, cette table alphabetique,
quoiqu'incomplete , est fort exacte , et Ton doit savoir gre k I'au-
tf ur d'un travail aussi aride qu'indispensable.
Nous terminerons cet article par quelques obsei"vations qui
ii'ont pu trouver place ailleurs. Le grand nombre d'additions
et de corrections indiquces par M. Schoell lui-meme, fait sentir
le besoin d'une troisienic edition , qii'au reste rcclament egale-
ment le succes et le merite de I'ouvrage. L'esperance de voir ce
voeu s'accomplir , et le besoin de dire la verite , nous engagent
.\ relever plusieurs inexactitudes que nous ne devons attribuer
qit'iirinadvertancedel'auteur. Nosremarquesporteront d'abord
sur un celebre helleniste francais, auquel M. Schoell est loin
d'avoir rendu toutc la justice qu'il merite: il s'agit de M. Gail,
a qui de nombreuses editions des classiques grecs et de savans
commentaires ont merite la reconnaissance des hellenistes. On
peut signaler ensuite quelques expressions qu'il faudrait faire
disparaitre et remplacer par d'autres. « Demetrius Poliorcete
ctait, dit M. Schoell, le plus luxurieux de tons les princes. » Il a
voulu direle ^\\\s fastueux , ce qui n'est pas la meme chose. On
ne dit pas non plus colportcr un ouvrage au nom de qiielqu'un
pour le lui attribuer. Ailleurs, M. Schoell appelle le pere d'Es-
cKme charcutier 011 farceur. Ce dernier mot, d.ins le sens qu'il lui
loo LlTTfiRATURE.
donne, est iin vrai barbarisme. — Nous nous arretons ici, dans
I'espoir fondtqueraiiteiir fcradispaiaitredesa troisieme ctKtion
les taches que nous avons eru reconnaitre dans un ouvrage qni
merite a tant d'egards I'estime des savans. Nous cspcions aussi
qii'il rectifiera quelques locutions qui trahissent une origine ger-
manique, et qu'il sentira assez I'importance de son sujet pour
faire abstraction du lieu et du terns oii il ecrit pour se meltre
au dessus d'evenemens politiques qui n'ont aucnn lapport aux
lettres grecqucs; et enfin, pour s'abstenir de toute^llusion ex-
presse ou implicite a des fails pour lesquels la posterite ne com-
mence pas encore, et qu'il est au moins inutile de juger dans un
ouvrage purement litteraire. Nous ne pouvons d'ailleurs niieux
resumer notre opinion sur I'excellent ouvrage de M. Schoell ,
qu'en disant qu'il a fait pour la littcratui-e grecque ancienne
ce que La Harpe a fait pour la litterature francaise, et Gin-
guene pour celle de I'ltalie. C. A.
HlSTOlRE DES LiTTERATURES ANCIENNES; par A. LoEVE
Weimars (i).
Ce volume est Ic 87'' d'une collection intitulee : Bibliotheque
du xix^ siecle, qui doit renfermcr, dans cent petits volumes
in-12, toutes Ics connaissances liuma ines , et dont les auteurs con-
sacrent autant de fcuillets a Vhistolredu Japan, a la tecJinolof;ie,
a la theorie des gouvernemens representatifs ^k V his toire gene-
rale des finances , qu'ala littcrature ancienne. Les proportion
des diverses parties de I'ouvrage ont du etre calculees d'apres
le gout du public , et celles qu'ou a eru devoir adopter pcuvent
servir a caracteriser notre epoque. Certainement , personne,
(i) Paris, i8a5. i vol. in- 12. ; prix t fr. 5o c. Raymond, editeup
de la Bibliothiqiie dn XIX' siech , rue de la Bibliotheque, 11° 4-
LITTERATURE. loi
avant ce siecle, n'auiait eu la pensee d'accorder autant de place
dans sa bibliotheque a chacun des tiaites que je viens de citer
indtffcrernment, parce que ce-
iui qui tracaitles caracteres a pu etre guide dans son choix entre
divers hieroglyphes homophones, par riutcnlion d'atlachera
la chose dont il ecrivait le nom, des idees de respect ou de me-
ARCHliOLOGIE. 121
pris, d'amour ou de haine, de joie ou de tristesse. Cette espect-
de poesie de recriture est pratiquee paries Chinois, et elle a pu
I'etre par les Egyptiens. Cette partie de la theorie de M. Cham-
pollion pourrait sembler la partie faible de son systeme, d'aiitant
plus que les caraeteres homophones qu'il offre sur son tableau
sorit deja tres-nombreux , et que les homophones paraissent de-
voir encore se multiplier, a mesure qu'on penetrera plus avant
dans la connaissance de Tecriture egyptienne. Mais les faits nous
semblent parler trop clairement en faveur de cette proposition,
pour que Ton pnisse encore la revoquer en doute,
L'usage des caraeteres phonetiques n'est point particiilier aux
monumens egyptiens d'une certaine epoque, ou renferme dans
certaines limites chronologiques; au contraire, on reconnait
I'emploi simultane des trois jortes de signes dans toutes les in-
scriptions hieroglyphiques tracees sur des monumens du style
egyprien; et, pour copier ici les propres expressions dcM. Cham-
pollion , « il est prouve par une serie de monumens publics que
I'ecriture sacree, tout a la fois figurative, symbolique et pho-
netique, fat en usage, sans interruption, en Egypte, depuis le
XIX" siecle avant I'ere vulgaire jusqu'a la conversion totale
des Egyptiens au christianisitie, sous la domination romaine,
epoque a laquelle toutes les ecritures egyptiennes furent rem-
placees par I'ecriture copte, c'est-a-dire par I'alphabet grec,
accru d'un certain nombre de signes d'articulations, tires de
I'ancienne ccriture demotique egyptienne. » En reportant la
date des plus anciensmonuniens ou notre auteur areconnu I'em-
ploi simultane de trois series de caraeteres hieroglvphiques au
XIX^ siecle, M. Champollion suppose prouve le systeme de
chronologic egyptienne fonde sur Mancthon etsur lelmonumens
eux-memes qui out ele I'objet de ses etudes. La demonstration
de la concordance de ces autorites, et une chronologic des
souverains de I'Egypte elablie sur leur coniparaison, devront,
laa ARCH6OLOGIE.
je pense, deveuir I'objet d'uii travail special; ( i ) mais on sent
que fli. ChanipoUion a du dans cet ouvrage se contenter de
quelqucs apeicus.qui toiitefois semblent ne devoir pas etre su-
jets a de grandes crreurs.
Deux nouveaux systemes d'ecriture , derives de recriture hie-
roglyphique ou sacree, furent inventus plus tard sans doutc, et
vraisemblablement dans hi vue de reudre I'art d'ecrire d'uno
execution plus rapide el plus usuelle. De ces deux nouveaux
systemes, le premier est I'ccriture hieradque on sacerdotale ^
qui derive immediatement de I'ecriture sacree, et n'en est
qu'une sorte de tachygraphie. Dans I'ecriture hieralique, la
forme des signes est considcrablement abregee; du reste, elle
se compose cnmme Tecriture sacree, de signes figuratifs, do
signes symboliques et de signes phonetiques : mais les deii?t
premiers ordres de signes sont souvent remplaces , soit par des
signes formes, ccsemble, arbitrairement, et dont on n'apercoit
point le rapport avec le signe qui leur correspond dans I'ecri-
ture hieroglyphique , soit par des groupes de caracteres pho-
netiques. M. Champollion conjecture que Temploi de I'ecriture
hieratique a ete limite a la transcription des inscriptions reli-
gieuses et des texles qui avaient pour objct des choses sacrees,
et il affirme que tous les manuscrits hieratiques connus, soit
qu'ils remontent a I'epoque des Pharaons, soit qu'ils aient ele
decrits du terns de la domination grecque ou romaine, appar-
tiennent a un seul et meme systeme d'ecriture, quelle que soit
d'ailleurs la difference qu'on croit apercevoir au premier coup
d'oeil daus le trace des caracteres.
La derniere espece d'ecrilure a laquelle M. Champollion donne
(i) Ce travail est le sujet des Letires a 31. le due de /llacas , rela-
tives ait Miisee royal cgipiien de Turin , dont la premiere est en
vcnte chez Firmin Didot. i vol. in-8°, avec 3 planches; prix 5 fr.
(Voj'. /fei'. Enc, t. xxiv, pnge 801.) (n. A. H. )
ARCUEOLOGIE. i^^
Ics noras de deniolUiue, A'epistologruphique ou d'enchoriaic ,
derive de I'ecrilure hieratique. Elle se compose, pour la tres-
grande partie, de caracteres phonetiques, excliit presque cnlie-
rement les signes figuratifs, et n'admet les caracteres symbo-
liques qu'en petit nombre, ct seulement quand il s'agit d'ex-
primer des idees essentiellement liees au systeme religieux. Les
caracteres dout se forme ce dernier systeme d'ecriture sont
beaucoup moins nombreux que ceux des ecritures hierogly-
phique et hieratique. Les voyelles mediales y sont tres-souvent
omises; elle a aussi, pour chaque son ou articulation, plusieurs
signes homophones, en moiudre nombre cependant que ceux
des autres ecritures.
Les trois systemes d'ecriture hieroglyphique, hieratique et
deniotique, ont ete simultanement en usage eu Egypte et dans
toule I'etendue de ce pays, pendant une longue serie dc
siecles; mais chacun d'eux avail sa destination particuliere;
et I'auteur montre aussitot qu'on s'est fait une fausse idee de
I'influence que dut exercer sur le developpement moral et in-
teliectuel de la nation egyptienne, la nature de I'ecriture qu'ellc
employait, et que des trois systemes graphiques qu'elle posse-
dait simultanement , Ic plus complique mcme, c'est-a-dire le
systeme sacre ou hieroglyphique, dut etre etudie et compris par
la partie la plus distingueede toutes les castes de lanation, «loin
d'etre, conime on I'aditsi souvent, une ecriture mystcrieuse ,
secrete, ct dont la caste sacerdotale se reservait la connaissance
pour la communiqner seulement a un tres-petit nombre d'ini-
ties. « Toutefois, M. ChanipoUion ne croit point devoir revo-
qiier en doute ce que d'anciens ecrivains grecs ou remains
nous disent d'une sorte d'ecriture qui ne dut etre connue
que des pretres et de ceux qu'ils initiaient a leurs niysleres.
Mais cette ecriture, qui est plutot une sculpture ou peinture
symbolique, ne fait point, a proprement parler, suivant notrc
auteur, partie du systeme graphique. II liii applicjue exclusive-
tncut ]o nnm A'nnaghphcs, qu'il enipruntc deC-lement d'Alexan-
124 ARCHfiOLOGlE.
drie. Jo icinaique en passant que M. Chaiiipollion ii'amait pas
{!u appclcr liii -nieme ces sortcs de tableaux (^/tw icewcA nlle-
goriqiies, en meme tems qn'il accuse d'ei'reur et d'obstinalion
ceux qui y rcconnaissant des appnrences allegoriques , s'effor-
caient d'en decouvrir le sens secret. Quoiqu'il en soit, on ne
saurait douter que la plupart dcs monumens egypticns
n'offrent a cote des inscriptions hicroglyphiques des tableaux
tout-a-fait etrangers au systeme graphique; et c'estun fait dout
on est convaincu an premier coup d'oeil : ce qui n'enipeche pas
que ces tableaux ne puissent etre des allegories.
Ici M. de Sacy insiste sur la distinction a faire entre Ics
hieroglyphes et Ics anaglyphcs , et il ajoute : M. ChampoUion
ne cite d'autre autorite en faveur de la definition qu'il adopte
des anaglyphcs que le celebre passage des Stromates de
Clement d'Alexandrie; niais il me semble bien difficile de lui
accorder que le terme anaglyphcs employe par cet ecrivain
designe la une chose etrangere a I'ecriture. Je conviens avec
M. Letronne, (jui a fourni a M. ChampoUion une traduction
litterale et une discussion tres-lumineuse de ce texte de I'ecri-
vain ecclesiastique, que la partie du passage relative aux ana-
glyphcs est fort obscure; mais toutefois il me parait certain
que les anaglyphcs de I'auteur grec sont une partie du systeme
graphique. Aussi M. Letronne dit-il : « II parait que les ana-
glyphcs ou bas-reliefs allegoriques etaient en certains cas con-
sideres comme une sorte d'ecriture symbolique , en ce sens
qu'ils exprimaient des idees par des actions. « Mais n'est-ce pas
un j)eu abuser des termes de Clement d'Alexandrie, que de
substituer au mot anaglyphcs , comme un equivalent, celui de
bas-ieliefs allegoriques , et de supposer que ce n'etait qu'acci-
dentellement et par une sortc d'exception*, que les anaglyphcs
etaient admis dans le systeme d'ecrilure! Et si ces doutes ne
sont pas sans fondemont, M. ChampoUion ne s'est-il pas un
pcu hasarde on posant dans sa iheoiie du systeme graphique
ARCHEOLOGIE. laS
(Ics Egyptie.ns les deux principcs suivans , commo (U'nicntrts
par les faits !
<• Certains bas-reliefs cgypticns on pcintiires composees d'i-
mages d'etres physiques, et siirtout de figures monstrucuses
groupees et miscs en rapport, n'appartiennent point a I'ecriturc
hicrogfyphique , ce sont des scenes purement allegoriqucs on
symboliques, et que les anciens ont distinguees sous la denomi-
nation Xanagljphes , nom que nous devons leur conserver.
c Un certain nombre d'images etaient communes a I'ecriture
hicro^Iyphique proprement dite et au systeme de peinturc, ou
si Ton veut meme d'ecriture, qui produisait les anaglyphes. «
Et, jc le demande, si Ton admet ces principes, quelle regie
nous donnera-t-on pour discerner parmi ces anaglyphes ceux
qui pouvaient, par line faveur toute particuliere, ctre adniis
dans I'ecriture hieroglyphe, comme signes symboliques , tro-
piques ou enigmatiques, et ceux qui en etaient rigourcusement
exclus ?
J'ai trop sincerement applaudi a la decouverte de M. Cham-
poUion pour qu'on me sonpconne de vouloir , par ces observa-
tions critiques, en diminuer ou en obscurcir le merite (i).
Puisque j'ai parle des resultats importans deja obtenus des
tra'vaux de M. Champoliion , jc ne saurais micux terminer cet
article qu'en doHnant un court apercu des fruits qu'avait pro-
dnits , a I'epoque de la publication de I'ouvragc dont jc vicns
de rend re compte, la decouverte de I'alphabet phonetique des
Egyptiens , et je ne me ferai aucun scrupule d'employer ici les
propres termes de I'autcur , en les abregeant , parcc que je
n'y trouve rien qui ne me paraisse conformc a I'exacte verite.
Apres avoir reduit en theorie generale les faits etablis dans
ce volume, il s'cxprime ainsi :
(i) Nous savoiis que M. Champoliion se propose de developpcr
convenablemcnt sn theorie des anaglyphes , d'apr^s les monuuiens
egyptiens qu'il voit et etudie en Italie, oi'i I'acconipagnent les vceux
de tous les saviuis. ^^ k. d. r.)
ia6 ARCHtOLOGIE.
« Les applications nouibrcuses que j'ai ou I'occasion de fairc
m asterisqiie (*) , place a c6te du litre tic cliaquc
oavrage, ceux dos livrcs (Jtraugcrs ou francais qui paraitroutdignesd'uue atten-
tion particulicrc , ct nous en rcndrons quolqiiefois comptc dans la soctinn des \
Analvsos.
AMfeRIQUE.— ETATS-UNIS. 1 29
exemple de la population dans presque tous les districts de ce pays.
On ne pent traverser les regions de I'ouest, et voir les preuvesd'in-
dustrie qui s'offrent de toutes parts, sans ^tre tente de croire que
I'on marche sur uue terre encliantee et que le desert a recule devant
une puissance plus qu'humaiue. Uue course del'Albany au Niagara
revele tout ce qu'ilya deforce dans I'active intelligence del'liomme.
On decouvrea cliaqucpas ses ressources, ses moyens de perfection-
nemetit dans I'etat social , developpes a un degre prodigieux. Si
nous visitons les bords de TOhio , du Wabash, du Mississipl et du
Missouri , nous trouvons desvilles, des villages, une innombrable
quantite de fermes cultivees , une population toujours croissante,
un gouvernement bien organise, ettous les details des rap'ports de
societe et de commerce etablis sur des bases solides , se coordon-
nant avecharmonie dans lenr marclie progressive, au milieu decette
etendue immense de pays oil Ton voyail a peine, il y a trente ans ,
une trace de civilisation.
Depuis cetteepoque, la population de Philadelpliie s'est triplee ;
celle de New-York est quatre foisplus considerable qu'auparavant,
et celle de Baltimore a quintuple. La Nouvelle-Orleans a mainte-
nant plus de trois fois autant de population qu'elle en avait lorsde
I'acquisition de la Louisiana par les Etats-Unis. Mais, parmi toutes
les cites du nouveau et de I'ancien Monde, il n'y a pas , je crois ,
d'exemple d'une ville qui se soit aussi promptement elevee a un si
haul degre d'importance que Baltimore. Au commencement de la
revolution, c'^tait un village de cinq mille ames. A la fin de la
guerre , elle avait plus de buit mille liabitans ; aujourd'hui , et de-
puis vingt ans, elle tient le rang de la troisieme ville de rUiiiou.
Le territoire ou fleurit Baltimore etait, en 1729, occupe en partie
par une ferme, et en partie desert. En lySa , sous le regime colo-
nial, cette ville n'avait pris que peu d'accroissement. C'est a la re-
volution que sa prosperite commenca , pour s'etendre avec une
rapidite inou'ie. Les emigrations de Francais venus de la Nouvelle-
Ecosse, qui, lors de la conqudte de ce pays par les Anglais, se refu-
giferent a Baltimore , I'etablissement des colons de Saint-DorP'-'igue
qui vinrent egalement y cbercher un asyle, sont loin Je pouvoir
expliquer un accroissement lellement considerable que sept annees
et demie aient suffipour doublerla population. La tolerance si ho-
norable dps prpmiVrs colons du Maryland (i) est une cause de pros-
(i) En 1649, qu'iize aus apres le premier etablisscmenl des catboliqiies.
T. xxvir. — Juillet 1825. 9
»3o LITRES l^TRANGERS.
p^rit6 commune n toutcs les provinces de TUnion ; mais la Ki'tuatioc
tie Baltimore qui en fait le niarclie le pliii5 commode, I'entrepot
le niieiix clioisi pour tout le commerce de I'ouest , ct qui favorise si
Lien I'etonnante activite fie ses habitans , est mie source derichesses
qu'elle ne partage avec aucune autre ville. Sure de pouvoir toujdurs
fouruir une graude quantile de farine ct de labac, et les demaiides
de ces deux denrees etant toiijoiirs pressatitcs et contiiiuelles, la
capitale du Maryland, p.)(5nie pendant les guerrcs d'Europe qui pa-
ralysaient les entreprises de toutes les autres villes conniKMcantes
de I'Ainerique , n'a point vn langnir son commerce, grace aux le-
geres goelcltes qui se construiseiit dans le Chesapeake, et qui sout
repute.-, les meilleuis voillers que I'on connaisse.
Lapaix fut pour Baltimore un terns d'epreuves. L'esprit Piitreprc-
nant qui dislingue ses iiabitans, |)resque tons rass:'m)>l(''s de lous les
points du monde, se montra avec un redoublement d'energie. Le
besoiii fie capltaux ponr les innombrahles projets qui naissaient
•dans toutes les branches d'industrie, fit crecr des banques , des
empi unts , des papiers moanaiL's; mais leur nombre amena bientot
le discredit; et des pertes , naquirent le decouragement et la lan-
gueur qui en sent la suite et (jui firent , de cette epoque , la crise la
plus dcsastreuse dans I'histoire de Baltimore.
Depnis plnsieurs annees , Ic commerce s'e^t re'eve et s'est assissuc
des bases plus stables. La lecon n'a pas ele peidne. IiKle|)endam-
ment des f-.icilites qu'offrentau commerce interieur les fleuves nom-
hreux qui entourent Baltimore, ses manufactures, genre fie specu-
lation vers lequcl s'est tonrne l'esprit industrienx de ses habitans ,
lui assurent une belle existence comnierci.ile. Dans cetie partie de
I'Amciique, les fleuves onl une pente si rapicle que les premiers co-
lons avaienf emphatiqnement nomnie les cinq principales rivieres
les Chutes. Le general Harper etabiit, dans son tlisconrs sur les ca-
naux,i]ne, dans un rajon de vingt milles dont Baltimore est le
centre, il y a une force d'eau snfflsante pourmettreen mouvement
un million a douze cent millefuscaux avec le nombre correspondant
de ir\ptiers et nvachines, etc.
Les cintj onvrages , dont les litres sent reunis au commencement
Cf>ncl(iits pnr Leonard Cnl-fci t dans Ic Marv'and , uu .tcte concernaiit la rcli-
ginu, dans leqiifl les yraiids principes do la libern? t qu'ils
attachentd'ailleurs a constaterraccroisseraentdesrichesseset lespro-
gres de la cvilisation parmi eux , n'apprendront pas sans indifference
que M. le chapelain , partant pour le siege de Port-Royal , avait mis
dans son bagage , une paire de soldiers iieufs , deux paires de gants et
une ecritoire de come. W u.
7. — * The Travellers. — Les Voyageurs, conte poui- la jeunesse,
par I'auteur de Redwood ( Miss Sedgwick , voy. Rev. Erie. , t. xxvi ,
p. 889 ). New-York, iSaS ; Bliss et White, i vol. in-i8 de 171 p.
Ce volume, beaucoup moins important par son etendue et sa
destination que le premier ouvrage de Miss Sedgwick, merite aussi
neanmoins de fixer I'attention. Aux descrijitionsdes sites et des villes
que les deux enfans, heros de ce roman, parcoureut avec leurs pa-
rens, sont entremi^'lees des lecons et des conseils qui seront recus
de I'enfance avec plaisir et avec fruit, grAce aux formes airaables
sous lesquelles ils sont presentes. A. J.
8. — * Annales du Ljcee d'histoire naturelle de New-York. N°' 7 et 8.
Janvier exjivrier iSaS.
Ces dt\ix numeros contiennent 1° une Notice, accompagnee de
4 figures , sur (\fs fossiles crustaces trouves dans le New-Jersey , par
M. yer. Van-Renssklaer; — 2° Des Remarques sur la geologic de
rile de Montreal, par M. J.-J. BiiiSBT ; — 3° la Description d'une
nouvelle espece de gros bee ( Loxia ) , nommee fringUla vesper-
tina. F. fronte Jlavo ; 'vertice alls caudaque jiigris , macula alarum
AMliRIQUE SEPTENTRIONALE. i3^
cilbii. Elle fut frouvee, le 7 avril i8a3, pr^s le Saut de Sainte-Marit-,
non loin flu lac superieur , par M. Schoolcroft; — 4° Observa-
tions sur le genre des salainandrcs , avec line description anatomique
de la. salamandra gigantea ( Barton ) ou alleghaniensis ( Michaux )et
de deux nouveaux genres proposes par M. Richard Harlan , sous
la denomination de menobranchus lateralis et de abranchns allegha-
niensii , dont on donne aussi les figures ; — 5° la Description , par
leni^me naturaliste, d'un nouveau genre de quadrupfedes mammi.
fferes de I'ordre edentata; cet animal , nomme chlamjphorus tnincatus,
a une longueur de 5 pouces 1 lignes : il est originaire de Mendoza
au Chili , oil il est connu sous le nom indien Pichiciago. Ses habi-
tudes sont a peu pr^s celles de la taupe. On donne la figure de ce
curieux animal et de ses diverses parties ; — 6° des Remarques sur
un ^chantillon d'argent natif du Michigan , qui fut trouve au sud-
est du lac Huron , pres la pointe aux Barques, territoire de Michi-
gan; — 7° un Supplement a la Notice sur les fossiles crustacees, par
M. Jer. Van-Rehsselaer; — 8°une Description de nouvellesespeces
americaines des genres biiprestis , trachis et elater, par M. Tho. Sat:
W.
9. — * The North american Review. — Revue de I'Amerique du Nord.
Nos xivi et XLvii. Cahiers de Janvier et d'avril i8i5. Boston, Hil-
liard; Londres. John, Miller, a vol. in-8° de 344 a ^So pages
chacun.
Ce Recueil, dont nous avoris plusieurs fois entretenu nos lec-
teurs occupe le premier rang parmi les journaux litteraires de I'A-
merique. Ses critiques sont sages, mesnrees et judicieuses. II est
ecrit dans I'interdt de tous , et dirige vers un but d'utilite qui dis-
tingue particulierement les ouvrages periodiques de cette partie du
Nouveau-Monde. Nous indiquerons rapidement les principaux ar-
ticles contenus dans les deux cahiers que nous avons sous les yeux.
Celui de Janvier s'ouvre par un examen du genie et des ceuvres de
lord Byron :ce grand homme y parait mieux apprecie comme poete
que comme individu; on lui rend cependant plus de justice qu'en
Angleterre. Un article sur la loi d'assurance, qui suit cet examen t
est curieux, en ce qu'il se lie a I'histoire et aux progrfes do»;oin-
raerce chez une nation dont il fait la force et la richesso.jNous trou-
vons ensuite i** des Documens fort importans siir Baltimore , a I'oc-
casion des ouvrages auxquels nous avonsconsacre I'articleprecedent;
ao une Analyse de Mcmoires , piiblies en France , pour servir a la I'ie dti
general Lafayette , par M. Regnault Warin ; et d'une fie du general
i34 LIVRES ]£tRANGERS.
Lafayette, ecritc cii anglais parle general Ducoudray Holstein , ha-
bitant des Etats-Unis. L'auteur de I'arlicle se plaint de I'iiisuffisaiice
de ces deux oiivrayes et snj)|)lee avec beaiicoup de talent a ce qu'ou
a pu oinellre. 11 donne uue notice trc-s-complcte et d'un grand inte-
xtx. sur un des |>atriotes les plus sinctres et les plus iutegres qui
aieiit jamais lionoie la France. Des Rapports fails a la Sodeie yiine-
ricaiiie pour la colonisation des homines litres de coiileiir. (Voyez sur ce
sujet la lettre du president Bojer, t. xxiv, page 334, et t. xxv , p.
24 1 ). L'analjse dun coiite americain intitule Escalala , et des an-
nonces critiques tcrminent Ic caliier.
Le second, public trois inois apres , n'est pas moins inferessant.
II commence 1° par raunonce de Redwood, ronian atuibue a une
femme ( Miss Sedgwick, voy. Rev. Enc. , t. xxvi , p. 889 ). C'est un
tableau de moeurs americaines, lidele dans son ensemble, mais qui
manque peut-6tre d'exactitudedans les details. II faut une observa-
tion tres-vive, tres-penctrante et tres-soutenue pour ne laisser ecbap-
per aucune nuance et pour rendre avec verit6 ce que nous voyons
tous les jours. 2° Jj'analyse de VEssai sur I'ltistoire civile dn Parngiiaj,
^crite en espagnol et imprimee a Buenos-Ayres , est extr^mement
curieuse par les details qu'elle donne sur rinsurreclion qui eut lieu
dans I'Amerique espagnole, vers la fin du dernier siecle : cette in-
surrection eut pour clief Jose Gabriel Tvvxc. Amaru, cacique de
Tungasuca, dans la province de Tinta , se disant dernier descen-
dant des Incas. Les progres de la revotle furent rapides ; les lu-
diens s'armerent , se cboisireiit des cliefs. Des bomnies intropides
sortireut de la foule , et reclamerent le relablissement des anciennes
lois et des usages des Peruviecs. Les insurges s'emparerent de la
ville de La Paz. Le premier inoteur de ce terrible mouvement, Tupac
AM.ihU,tomba cependant entre les mains des Espagnols avec sa fa-
mille. Lorsqu'on le mit .i la torture pour le forcer a nommer ses
complices, ii repondit noblemeut : » II u'existe que deux com])lices,
moi, et vous qui m'interrogez : vous , en continuant vos brigan-
dages et vos exactions sur le peuple ; moi, en essayant de les ar-
rdter. » On lui fit subir les supplices les plus atroces; ceberos pa-
tfioi« perit, maityr de la cause de I'independance qu'il desirait
conquerii pour sa nation enrenversant lejougodieux desEs{)iignols.
Sa mort eut des vengcurs: son fr^re, Diego Ckistobai. e\. iMigiicl^\.s-
iiD\s, son neveu, qui , plus tard, prit le nom de son oncle , firent
couler des flots de sang. Mais, malgre leurs efforts, ils succombe-
rent aussi et partagerent le sort de leur malbeureux compagnon.
AMf;RIQUE. — EUROPE. i55
Nous n'avons pu qu'iudiquei ici cet ('vencment , long-tems inconnu
dans riiistoire de rAmeiique nici idionalc, et siir lequel nons re-
viendroDS, en reiuhmt compte de Vlllsioire citHedn Pamgnaj. 3" Un
Article savant siir i'astionomie, traitant des observations du D
Brudley ; des instrumens astroniiqnes ; du D. Hallay, dii D. Mas-
keiyiie; des coiiictcs; de la tlicorie luuaiie; des niouvemens plauc-
taiies;des planetes nouvfllement decouveites ; de la figure de la
terre ; des principaux eciits sur rastrononiie, etc. 4° Un Lxamen du
Code Napoleon, jinhlie avec des notes et des commentaiies , par
W. Sirey , avocat aux conseils du roi. 5° DIscours du professcur
Everett sur ies motifs paiticuliers qui doivent jiroduire et encnura-
ger en Ameriqne un grand deveIo(ipcment iutellcctuel. 6° Des An-
nonces critiques de plu^ieurs ouvr.iges , entre antres, d'un talileau
de la ColondiiCv, du cliinat, du sol, des productions, de la popu-
lation, du gouverncment , du commerce, des revenus, des aits, des
manufactures, de la litlerature, etc. , par le colonel H.vll, an ser-
vice de la Colomhie. ( Cet ouvrage sera pour nous le sujet d'une
annonce parliculiere ). Les sommaires des ig volumes qui compo-
£ent la collection de la Revue de rAmeiique du Nord , places a la
fin du cahier de Janvier, permeltent d'en juger rensenible.
L. S. B,
EUROPE.
grande-bretagne:.
lo. — Leigh's New pocfict roadbook of England Wales and fi art of
Scotland etc.— Noiwean livre porlatlf de poste de I'Angleterre, du pays
de Galles et d'une partie de I'Ecosse , compose sur le plan des Icne'
raires de Ricluird , etc. Londres, i8-25 ; Samuel Leigh, i vol. in-i8 ,
avec cartes , prix la slielllngs.
11 exisle en Angleterrc un grand nombre de livres de poste; mais
aucun n'avait ete public dans un format aussi poitatif que celui de
M. Leigh. Ce libralre, ti es-connu pour ces sortes de productions, et
a qui I'on doit la Nonvclle Description de Londres (i) , a reuni dans ce
petit volume les renseignemens de tout genre les plus necessaires aux
voyageurs. On trouve, daix le l^eiv pocAet road book qwe nous annoii-
^ons , I'indication exacle detonles les grandes routes et des fhenmis
de traverse de I'AngieteiTe, du pays de Galles et d'une partie de
(t) Leigh's new Picture of London. la-ta cart., avec i)lan , carte et ito
Tues; prix 9 til.
i36 LIVllES KTRA.NGERS.
I'Ecosse, la description de chaque ville et des lieux les plus remar-
quables, celle des nioniimens publics , des manufactures, des curio-
sit^s, etc., I'etat du commerce, la population , les adresses des
meilleures auherges. L'ouvrage de M. Leigh est imprime avec soin ;
il est enrichi d'une carte de I'Angleterre et de cinquante-cinq cartes
particulieres de province. Les matieres sont distribuees et classees
avec ordre ; et ce livre de route, exempt de longs details, contient
tout ce qui parait digne de fixer I'attention.
II. — * Travels in South America, etc. — Voyage dans I'Amerique
du Sud , pendant les annees 1819 , 1820 et 1821, coutenant un ITa-
bleaii de la situation actiielle du Bresil, de Buenos- A jres , du Chili et du
Peroii , T^ar Alexandre Caiucleugh, esq''. Londres, iSaS ; Murray.
3 vol. 111-8°, avec cartes et gravures ; prix 3o sliellings.
Les nombreux ecrits publies sur I'Amerique du Sud ont ete recus
en Angleterre avec un vif empressement ; et cependant, aucun d'eux
ne remplit I'attente du lecteur : aucun ne contient des vuesprofondes
sur I'etat actuel et sur les destinies futures de ces jeunes etats. L'ou-
vrage de M. Caldcleugh lui-meme, I'un des meilleurs qui aient paru
sur ces contrees lointaines , est parfois diffus , inconiplet, ou super-
ficiel. L'auteur trace avec assez de fidelite I'histoire des differeiis
peuples qu'il visite ; il decrit avec assez d'exactitude I'etat apparent
des pays qu'il parcourt ; mais il neglige d'entrer dans le secret de
leur organisation interieure , de leurs ressources cach6es , de leur
OKcoiV exe'cw^//'
de I'EgUse ( p. 349 ^' ^69 ). C'est precisement I'expression employee
par I'illustre Gerson (i) , Tun de ces genies auxquels la France re-
connaissante devrait eriger une statue plus meriteequetant d'autres
decernees a des hommes bien inferieurs enmerite. Mais M. I'ev^que
Doyle flechit sur la verite historique, ou ne la connait pas suffi-
samment, lorsqu'il semble desapprouver V election des eveques par le
clergeetle peiiple, tout en avouant que cette maniere d'elire etait celle
de la primitive Eglise: elle -est de droit divin et de tradition apostolique.
Les papes et les princes , par des concessions mutuelles dece qui ne
leur appartenait pas , ont change cet ordre de choses ; mais les prin-
cipes temoignent contre I'usurpation. Dire, commele prelat deKil-
(i) Gebson, edition de DuPiN, t. 11, p. 164.
1 42 LIVRES ETR/iNGERS.
dare , qu'on ne pent rctal)lir le droit de relection des 6v(*qiies par Ic
clerge et le peiiplc et Ic droit d'institutlon dcs 6v(5ques par le ine-
tropolitaiii que du consentenient du ])ape ( p. 328 et Say ) , c'est de-
clarer qu'uiie itsiirpatioii ne pent etre detriiite que par le consente-
nient dcs usurpateurs. Qu'on reiide aux CdMes , au clerge , aux me-
tropolilains leurs droits priniitifs et imprescriptililes ; puisque le
pape est le pouvoir exccutif de I'Eglise , qu'il execute les canons du
concile oecumenique de Nicee et de tant d'autres conciles; alors on
verra changer en bien la facede i'Eglise.
Nous pourrions relever encore d'autres assertions de M. I'evdque
deKildare, par exeniple , lorsqu'ii pretend qu'un concile oecume-
nique ne peut dtre coavoque sans rassentiment du pape ( p. 2gS ) ;
mais, quand il y a dissentiment sur relection d'un pape , et contes-
tation enfre plusieurs olus , ou sera le rernedc, si le corps represen-
tatif de I'F.glise ne peut se reunir pour statuer sur la personne eties
droits de son chef execntij? Lecas n'est pas impossible, les conciles
de Constance et de Bale en sont la preuve.
Dans I'ouvrage dont nous rendons compte on voit aueles jesuites
sesoutinstallesaussi dans les lies Britanniques, entre autres, .i Clon-
gowes et a Stoney - Hurst oii ils ont des colleges. C'est la, dit -on ,
un des pretextes qui ont fait rejeter par la Chainbre des Pairs le bill
pour remancipation des catholiques irlandais, surtout par le banc
des ev^ques toujours hostiles contre I'Eglise catholique; le vene-
rable Bathurst, eveqne de Norwich, a seul proteste contre cet acte.
Apres cela, osez parler de justice, d'egalite des droits, quand de-
puis des siecles vous condamnez des millions de catholiques a une
sorte d'Hotisme. Cette persistance a repousser leurs reclamations, de
la part du gouvernement anglais, et surtout de la part du clerge
anglican, est une persecution honteuse et une tache ineffacable. G.
l4. — 'y^ti inquiry into the present state of the civil lawin England, etc.
— Recherches sur I'etat present de la legislation civile en yinglctene ;
fai John Miller. Lontlres , iSiS. i vol. in-S" ; prix i8 shellings.
Cet ouvrage, receniment public, a fait la plus grande sensation
parmi tons ceux qui s'interessent au perfectionnement de la legisla-
tion. C'est le premier livre dans lequel on ait liardiment aborde les
principes vicieux des lois et des institutions judiciaires chez les An-
glais. U devait I'emporter , en effet, d'autant plus par son ntilite sur
les ouvrages de Benlhani et des autres theoriciens , que son auteur
est un homme quia une longue habitude des affaires ; M. Miller est
a vocal a la Cour de Chancellerie ; aussi, indique-t-il avec une eton-
GRANDE -BRETAGNE. i45
n.inte precision les parties tie la legislation qui demandent une plus
indispensable et plus prompte reforme. Nous lecommandons la lec-
ture detet ouvrnge.aux etrangers qui voudrontprendreconnaissance
de I'etat actuel de I'adniinistration de la justice en Angleterre. — En
general, Topinion puhlique se prononre plus forlement tons les
jours, de I'autre cote du delroit, pour obtenir un cliiingeinent ra-
dical des lois civiles et criminelles. On a secoue le prejuge aveugle
qui f:>is!iil dire aux boinmes les plus distiiigucs de I'Aiigleterre, a
lord Coke, .i Blackstone, etc., que la legislation de ce pays etait
la pe/Jic'ion de la raisoii htimaine. On commence a reconsiailre qu'un
code melliodiijue , renfeiniaiit des dispositions claireset precises qui
doivent servir (i'miique regie auxcitojens, est iiiCniment preferable
a (les statuts incoberens et aux precedens souvent coutradictoires
des cours de justice. Les Anglais les plus cclaiies sent peisuades
qu'avant dix ans ils jouiront de ce grand bienfait;et, qiielque long
que ce terme puisse paraitre, il sera peut-etre juge necessaire par
tons ceiix qui connaissent les lenteurs qui accompagnent toujours
la reformation des alms. Deja un ministre, M. Peel , s'est Iionore
par son bill si;r le jtiiy, qui a ete adupte naguere par la Cbamhre
des communes, et qui est souniis en ce moment a celle des lords.
La marcbe que suit le ministere anglais depuis quelques annees ,
permet d'esperer cjue Ton toUclie a I'importnnte et si desirable re-
forme de radmiiiistration de la justice. A. Taii,l\kdif,r.
1 5. — * The tales of the Crusades , etc. — Nouvelles des Croisades,
par I'aiiteiir de JVai'erley. Edimbourg, 1825 ; Archibald Constablej
4 vol. in-8°; prix 42 shellings.
Un nouvel ouvrage du fecond auteur de Waverley a paru cette
annee. Les A'otiveUes des Croisades sont maintenant repandues d'un
bout de I'Angleterre a Tautreet deja traduites en francais. Quoique
place au-dessus de toute rivalite, cet auteur etonnant a etc qiielque-
fois inegal. Le genie lui- meme a ses momens de lassitude. Est - il
done siu prenant que, parmi les cinquante-un volumes qui ont pre-
cede les Nouvelles des Croisndes, on en trouve quelques-uns qui
sont inferieurs a leurs devanciers ?
L'ouvrage que vient de \i\\\A\fr\e grand incnnnn , (c'est ainsi qu'est
souvent designe en Angleterre I'ccrivain dont la reputation est le
plus repandue en Europe ) se compose de deux Nouvelles , dont
chaeune forme deux volumes. La premiere est intitulee : la Fiancee,
the Betrothed. C'est une hlsloire du xii" siecle. Le style en est simple ,
et les caract^re, pris indivibuellement , ont peut-dtre pen d'inter^tj
144 LIVRES ETR ANGERS.
mais la fable est remplie cle vie et dc virile et porte successirement
dans I'dme la terreur et la pitie. Quoique les personnages mis en
sc^ne lie ressembleut point a ceux de nos jours , on sent que cesont
d'excellens portraits reprot'.uits par une main habile. La seconde
Nonvelle a pour titre ; le Talisman ; elle I'emporte sur la premiere
par I'interd't du recit et le charme des tableaux. I,a scene est en Pa-
lestine; Richard et Saladin en sont les principaux acteurs ; raction
est conduitc avec une telle babilete , les caracteres sont traces avec
tant de naturel ; les descriptions riches de tant d'iniages ; le style
empreint de tant de charme et de vigueur, que Ton doit placer ces
volumes a c6te des productions les plus brillantes de notre auteur.
Depuis loDg-tems , on n'avait pas ecrit une histoire de chevalerie
avec autant d'iraagination et de genie; depuis long-tems, on n'a-
vait point trace une peinture aussi vraie des passions. L'Arioste et
Shakespeare sont peut-etre les seuls auteurs que Ton puisse opposer
a celui des Nouvelles des Croisades.
L'absence de mots ecossais rendra cet ouvrage de Walter-Scott
plus facile aux etrangers qui savent la langue angiaise, qu'aucun
de ceux qu'il a precedemment publics. Fanny Seymours.
i6. — * Illustrations of the author ofWaverley, etc. — Notes sur les
romaus del'auteur de Waverley,ou Recherches et Anecdotes sur les
evenemens et les personnages veritables peints dans les romans de
Walter-Scott , par Robert Chambers. Deuxieme edition. Edimbourg ,
iSaS; Anderson, i vol. in-ia ; prix 5 shellings.
Cet ouvrage devait reussir en Angleterre, oil ceux de Walter-Scott
sont lus et recherches par toutes les classes de la societe. On est
curieux de connaitre les hommes qui ont servi de modeles aux ta-
bleaux du grand romancier , et de voir comment son imagination
creatrice a su tirer, de simples fails historiques , souvent insigni-
fians, des chefs-d'oeuvre admirables. Ontrouvera, dans le livre que
nous anuoncons, les originaux des principaux personnages mis en
sc^ne dans JVaverley , Guy Mannering, the Antiquaty, Rob -Roy, the
Black Dwarf, Old mortality , the Heart of mid Lothian , (he bride ofLam-
merrnoor, the Legend of Montrose , the Monasterj , Ivanhoe , Kenilwortk ,
the Fortunes of Nigel , et Redgauntlet.
Apres le plaisir que procure la lecture de Walter-Scott , on ne
pent rien trouver de plus interessant, dit un journal anglais , que
les notes de M. Chambers. Cette opinion pent etrevraie a I'egard des
lecteurs anglais ; mais, pour des etrangers a qui les modfelesde Walter-
Scott sont prcsque tous inconuus, ces Remarques perdcnt beaucoup
GRANDE -BRETAGNE. i45
de leur interet. On peut dire, par exemple, que cet ouvrage est
pour les Francais ce que serait pour les Anglais la Clef des person-
nages qui ont fourni a La Bruyere les modeles de ses caract^res.
F. D.
71. — * The Story of a Life. — Histoire d'une Vie. Londres, iSaS ,
Longman. 2 vol. iu-S" , prix 18 sh.
L'auteur de cet ouvrage se fit avantageusement connaitre , il y a
quelques annees , par un livre intitule : Souvenirs de la Peninsule.
Ayant servi dans la guerre de I'independance, il decrit dans ses Sou-
venirs les impressions d'un jeune soldat , a I'aspect de scenes toutes
nouvelles pour lui , dans un pays oil la religion , les moeurs , le
climat , ou tout enfin difftre tant de son pays natal. L'eloquence
naive et vraie qui caracterise en general ce premier ouvrage, y fait
aisement excuser quelques phrases ambitieuses ; on s'apercoit que
c'est I'ouvrage d'un jeune homme bien ne, mais dont la vie n'a pas
ete entierement consacree a I'etude. On remarque dans les Esquisses
de I'Inde, du meme auteur, moins de naturel et plus de phrases
pretentieuses. Mais tout, dans le pays qu'il decrit , est si different de
I'Europe , depuis Thomnie jusqu'aux productions vegetales et mi-
nerales , que son livre , 6crit avec verite , ne saurait dtre sans interet.
Cette region oil des conquerans appartenant a tant de nations , a
tant de religions differentes, se sont succedes , sanspouvoir aneantir
le culte antique de Bramah , oil les mines sont dignes des palais que
Ton croyait n'exister que dans la feerie orientale , est une mine fe-
conde en reflexions pour I'homme du monde comnie pour le philoso-
phe. Un troisi^me ouvrage de notre auteur, \a\lt\x\e : Scenes et Im-
pressions en Egypte et en Italie , est inferieur aux deux premiers ,
surtout dans la partie qui a rapport a I'ltalie. II ne nous apprend
rien de nouveau sur ce pays, et les reflexions morales que la vue des
merveilles et des mines de cette terre classique inspire a tout homme
done d'un coeur sensible , ont ete beaucoup mieux exprimees par
plus d'un ecrivain celebre.
L'ouvrage dont le titre est en tdte de cet article est I'histoire d'un
individu qui, ayant ete eleve a la campagne chez son pfere, est
tourmente du desir de voyager. II s'embarque pour le Portugal , et
ses aventures lui font parcourir a peu pres tons les pays que l'auteur
lui-m^me parait avoir visites. On trouve dans ces deux volumes des
morceauxeloquens, et surtoutdes descriptions brillantes;cependant
les passages les plus interessans laissent presque toujours quelque
chose idesirer,et l'ouvrage, dans son ensemble, offreplusieursdefauts
T. XXVII. — JuiLlet 1825. 10
146 LIVRES ETRANGERS.
ris-graves.Le style est en general guinde ; le ton en est d'unetristesse
monotone et fatigante.L'auteura rassemble.dans quelques annees de
la vie d'un seul hoinme, une serie d'a ventures qui ne pourraient ar-
triver que dans le cours d'un sifecle et a dlfferens individus. II lui fait
changer de nom , et ncgliger sa famille , on ne sail trop pourquoi ;
enfin , quand il est las de jouer avee son sujet , il relegue son voya-
geur pour une vingtaine d'anndes sur une ile deserte: une donzaine
de pages est consaeree a cet episode commode, et cinq a six pages
de plus annoncent au lecteur que le lieros du roman retourne cbez
lui , oil il expie par un profond repentir ses erreurs passces.
R.-L. W.
i8. — * The new Monthly magazine , and literary journal , etc. —
Nouveau magasin mensuel et journal litleraire. Londres, i8a5;
Henry Colburn , Ncwburlington Street. Grand iu-8° de 9 feuiUes
d'impression ; prix 3 schelliugs , 6 p.
Ce recueil periodique est un des plus jeunes de la Grande-Breta-
gne, contr<5e si favorable a la longcvile des journaux; mais il s'est
^leve promptement au niveau de ses aines, et tout annonce qu'il s'y
maiutiendra. Dans le 54^= cabier (juin iSaS) , on trouve un article
trfes-remarquable sur les ecrits et les ecrivains en prose qui repre-
senteut aujourd'hui, aux yeux des etrangers, cette partie de la lit-
terature francaise. On nous juge sevcrement en Augleierre ; plus
d'un amour-propre serait blesse douloureusement, si I'article du
journaliste anglais circulait en France et pouvait etre connu du plus
grand nombre des lecteurs. Ni les grandes reputations, iii les titres,
nileshautes dignitesne mettent a convert de la censure anglaii;e :
elle ne voit que les liommes et les ecrits; et, si die s'occupe de I'e-
crivain, ce n'est que dans les cas, plus communs qu'on ne le pense,
ou , pour bien comprendre, il faul etudier la pbysionomie de celui
qui parle. L'esprit national ne sc fait pas sentir dans cet article ;
mais seulement la liberie Lritannique: nous regrettons que cer-
taincs convenances ne permettent point de le reproduire dans notre
langue. On pense bien que les ecrits perlodiques de la France n'y
sont pas oublies. La Rc'iie Encyclopedique n'aurait pas a s'en plain-
dre, si des redacteurs d'opinions diverses, ou mus par des inter^ts '
opposes, n'en parlaient pas, tantot en bien et tantot en mal, sur
I'ensemble comme sur les (Retails des articles, en portant des juge-
mens evideniment contradictoires. Mais le plus grand nombre de
nos journaux auront a repousserune imputation des plus graves qui
leur est faite : on les accuse de n'avoii point de conscience hiteiaire;
GRANDE- BrxETAGNE. —RUSSIE. 147
c'est-la , dit-on, le vice capital du cm/cjimc francais , en sorte que
les etrangers ne devraient tenir aucun compte des jugemens portes
jiar des critiques de notre nation sur les ecrits de leurs compatrio-
tfts. II faut I'avouer, notre litterature periodique merite un peu les
reproclies qu'oii lui fait. Un article de journal sur un ouvrage est
rarement Topinon libre et sincere d'un juge eclaire ; il n'est pas
inou'i que I'auteur se charge lui-meme de faire son eloge, ou qu'il
confie ce soin a quelque ami : les journalistes francais, soumis a des
influences plus ou moius imperieuses, n'ont pas, comme en Aiigle-
Terre , cette heureuse independance qui permet de penser tout haut
et d'ecrire tout ce que i'on sail; cependant, il ne tiendrait qu'a eux
d'observer plus exactement les lois de justice et debienseance dont
Hs s'ecartent quelquefois : qu'ils lisent le new Monthly magazine , et
qu'ils se rappellent qu'on les observe et qu'on les juge hors de France;
que leurs ecrits sont sous les yeux d'hommes auxquels ils ne peuvent
•mputer ni les injustices des partis , ni des oppositions d'interets;
que s'ils n'obtiennent pas I'approbation et I'estime de ces hommes ,
•Is seront peu dignes des suffrages de leurs compatriotes. La conscience
itUiiraire est, dans la republique des lettres , la source de toutes les
vertus; et, si malheureusement elle etait bannie des ceuvres de tons
'es ecrivains, il faudrait au luoins qu'elle trouv^t un refuge dans la
critique. F.
RUSSIE.
19. — * Fetiilles bibliographiques , publiees en langue russe; par
'ill. Pierre DE Ivoppejt , conseilier aulique de St-Petersbourg, 1825.
111-4". L'annee coute i5 fr.
C'est sous ce litre qu'oiit paru les premieres feuillesd'un journal
destine a servir aux Russes de Repertoire complet et clironologiqtie dc la
litterature nationale modernc en Russie. II offrira des annonces som-
maires et des critiques impartiales de livres nouveaux, fera conuaitre
les travaux des societes savantes ou des reunions qui se sont propose
pour but le perfectionnement des arts et de I'industrie , ainsi que les
decouvertes faites en matiere d'histoire et de pbilologie. Ildonnera,
en outre , des notices biographiques sur des hommes qui, par leur
iberalite ou leur protection , ont av ance la science, sur des savans
et des artistes ; et sera ouvert aux annonces des librnires , des gra-
veurs et a toutes celles qui se rapportent aux sciences et aux
arts , ainsi qu'a ceux qui les cultivent. Les articles que Ton voudrait
y faire in serer doivent ^tre courts et substantiels ; les productions
i4» LIVRES ETRANGERS.
d'un int^idt universel, ou qui paraitront devoir exercer une grande
influence, feront seules le sujet d'articies plus detailles. On recevra
avec recoiMiaissance dcs communications analogues a ceplan,et
I'auteur d'un article pourra exiger dix exemplaires de la feuille ou
son travail aura eie insere. M. deKoppen a obtenu des libraires russes
qu'ils lui feront part de toutes les productions nouvelles, des livres,
cartes gpographiqucs, gravures, feuilles musicales, etc. , qui parai-
tront; il promet d'annoncer toutes celles qu'on lui aura adressees et
de les readre ensuite a ceux qui viendront les reclamer a son bureau.
11 a meme prcvu le cas ou un incident quelconque Temp^cherait de
poursuivre ce recueil, en choisissant d'avance M. de Wostokoff ,
conseiller aulique, connu comme poete et comme philologue, pour le
remplacer dans la continuation de cette utile entreprise. Chaque
nutnero est forme d'une feuille d'impression ; il eu parait de deux a
quatre par mois. Ceux qui out ete publics jusqu'ici offrent d'abord
un recensement de tons les jouruaux et Merits periodiques qui parais-
sent sur les differens points de I'immense empire russe ; ils sont au
nombre de 67 , en y comprenant les memoires des societes savantes.
En voici les titres : Ecrits periodiques ptiblies en langue russe : 1° A St.
Pctersbourg: le Messager asiatique , le Bien-Intentionne ; le Journal
des arts liberaux ; le Journal de la Societe imperiale philanthropique;
le Journal des manufactures et du commerce ; les Annonces relatives
aux progres de I'instruction populaire ; les Nouvelles de I'Academie
russe ; les Nouvelles de la litterature; les Annonces nationales; la
suite du Journal technologique ; I'Emule en faveur des lumieres et de
labienfaisance; le Fils delapatrie; les Archives duNord; les ecrits de
la Societe economique libre en Russie ; le Guide pour la physique, la
chimie, I'histoire naturelle et la technologic ; la Lecture chretienne ;
le Scelle pose sur les immeubles, sorte de journal judiciaire ; le
Journal du commerce; les publications du senat ; I'lnvalide russe;
la Gazette academique de St-Petersbourg ; le Prix courant de St-
Petersbourg ; la Gazette du senat ; I'Abeille du Nord; — 2° A Moscou :
le Messager europeen ; le journal des Dames ; les Annonces pour les
amateurs de chevaux ; le Journal historique , statistique et geogra-
phique; le Telcgrapbe de Moscou; le Nouveau magasin d'histoire
naturelle, de chimie, de physique et de sciences economiques ; le
Messager russe; les Ecrits en prose et en vers; la Gazette de Mos-
cou. — II. Ecrits periodiques publics en langue allemande : 1° A Pc-
tersbourg: SonrnaX de St. Petersbourg; Gazette academique de St-
Petersbourg; Gazette du senat de St-Petersbourg; Journal du
RUSSIE. 1 49
commerce de St-Peteisbourg; le Prix courant de St-Petersbourg. —
1" A Dorpat : Nouveau musee des prwinces allemandes de la
Russie; Gazette de Dorpat. — 3o^ i^(6a«: Feuilles hebdomadaires
de Libau. — 4" J Mittau : Memoires de la Societe courlandaise pour
la litterature et les arts ; Feuille de nouvelles de Mittau ; Gazette
universelle allemande pour la Russie. — S° J Pernaii : Feuilles heb-
domadaires de Pernau. — 6° A Revel : Annonces liebdomadaires de
Revel. — y° J Riga : Feuillesmedico-pliarmaceutiques ; Feuilles des
provinces baltiques, avec la feuille de la viile de Riga; le Specta-
teur; Gazette dp. Riga; Annonces de Riga. — III. Ecrits periodiques
en langiie polonaise: Journal de Vilna ; Journal de bienfaisance;
Annonces dela Societe de medecinede Vilna; leCourrier lithuanien.
— IV. Ecrits periodiques en langiie letlonne : la Gazette lettonne de
Mittau; la Gazette lettonne de Livonie. — V. Ecrits en langiie estho-
nienne : Feuille hebdoniadaire des habitans de la campagne ; Feuille
officielle de nouvelles , basee sur le reglement des paysans livoniens ;
Ecrits pour contribuer a la connaissance de la langue esthon ienne, par
Rosenplanter , a Pernau. — VI. Ecrits periodiques en langue francaise :
1° A St-Petersbourg : Memoires de I'Academie imperiale des sciences de
St-Petersbourg ; Journal de St-Petersbourg, politique et litteraire ,
faisant suite au Conservateur impartial , continuation lui-m^me du
Journal du Nord. 7.° A Odessa: J o\xvx\a\ d'Odessa, ou Courrier com-
mercial de la nouvelle Russie , continuation du Messager de la Russie
meridionale, ou Feuille commerciale publiee avec I'autorisation du
gouvernement. — Yll. Ecrits periodiques en langue anglaise : les Prix
courans de St-Petersbourg , publics a Cronstadt. — VIII. Ecritsperio'
diqiies y rediges en plusieurs langues : Musee des enfans; public a St-
Petersbourg , en francais, en russe et en allemand. — IX. Musique:
la Harpe du Nord , journal de musique , destine uniquement a re-
cueillir ce qu'il y aura de plus interessant en fait de pieces fugitives
composees par les amateurs et les artistes 6tablis en Russie, par Sat-
zenhoven , a St-Petersbourg. — Plusieurs autres journaux pour-
raient encore flgurer sur cette liste ; mais les donnees suffisantes ne
sont point parvenues a I'editeur. II ignore, parexemple, si le jour-
nal de Medecine militaire, les nouvelles de la Societe Biblique, le
journal de I'Agriculture, le Journal de I'Ukraine, le Messager de
Kazan , le Repertoire economique , et la Gazette de Tiflis ,en langue
georgieune, qui tous out ete publics durant I'annee 1824. sont con-
tinues dans celle-ci ; il promet d'y revenir plus tard, et fera con-
naitre encore les journaux publies a Abo et ii Helsingfors , en langues
suedoise et finlandaise. J.-H. Schwitzler.
»=»<> LIVRES ETRANGERS.
SUfeDE.
ao. — Fomlemningar af Tycho Brakes , Stierncborg och Uranienborg-
pa on Hoen , etc. — Antiquitcs des etablissemens de Tycho Brahe ,
Uranienbourg et Stiernebourg dans I'lle de Hoen. Slockliolm , i^i^.
Se Tend au profit des ecoles de I'ileHoen.
Cette brochure est un extrait du proems verbal de la Societc phy-
siographique de Lund, contenant le rapport de M. I'cveque Faxe ,
sur le rcsultat des fouilles et des perquisitions qu'il a fait f'aire dans
I'ile, depuis iSaS.
L auteur commence par rendre justice a la dissertation publiee
anterieurenient par M. Iv. Hylander, sur ta desiinee des etablissemens
astronomlqiics du celebre "Tjcho Brake dans I'lle de Hoen. II rappelle
ensuite que le chateau d'Uranienbourg, avec ses Etablissemens as-
troncmiques et chimiques , fut eleve par le celebre Tycho Brahe,
en 1576, et son Observatorhim subterraneitm ou crjptictim, a 70 pas de
la, en i585, souslenom AeSiievnehor^ {SteUa;burgmn), ti laisseenlre-
voir qu apres que cet homme, si extraordinaire pour son siecle, eiit
quitte sa patrie, ses etablissemens furent non- seulement iK'gliges,
niais meme mines, A en juger par le rapport de M. Huet, qui affirme
qucn i652, lorsqu'il visital'ile, on se servait des pierres dc I'an-
cien chateau pour construire le nouveau. Les cultivateurs , pro-
pnetaires de I'ile, animes d'un esprit different en i8o5 , resolurent,
a 1 occasion de la distribution particuliere des terres , que « les
Testes des chateaux de Tycho Brahe devaient etre conserves dans
leur entier, comme un souvenir precieux. » lis ajout^rent encore,
dans le i3° paragraphe du m^me proces verbal, que « le bourg de
Tycho Brahe convenait le mieux pour I'emplacement d'une ecole ,
et d'un hopital pour les pauvres dela paroisse.» Maisces monuniens,
si dignes de rhomme illustre a la meraoire duquel ils devaient 6tre
eleves , ne sont pas encore executes.
Apr^s ces details preliminaires , M. I'eveque Faxe fait I'enumera-
tion des divers trcsors scientifiques dont on doit la possession a ses
soins. Nous citerons la dccouverte d'une pierre , dont les fragmens
rapproches offrent cette inscription en lettres d'or :
Nee Fasces nee opes
Sola artis
Sceptra perennaut.
Nous ajouterons que le fondement et la distribution de I'etablis-
SUEDE. — NORVEGE. 1 5 1
seineiit souterraiii de Stiernebourg ont ete trouves piesque entitre-
inent intacts, ainsi qu'une partie de ses voutes.
M. I'eveque Faxe, tout en resserraiit son rapport, a saisi ce-
pendant I'occaslon de rendre una entifere justice au merite du jeune
pretre, desservant de I'eglise du lieu, qui, par son zk\e et ses con-
naissances , a secoude son entieprise , sans rien negliger de ses de-
voirs; il nous fait esperer des details plus circonstancies que nous,
devrons a la plume de ce jeune ecclesiastique. G — g.
NORViGE.
21. — Statsoeconomisk anskuelse. — Vues politico-economiques, con-
cernant la Norvege. Christiania, 1824; Grcjndahl. i4op. in - 8°.
L'auteur anonyme de cette brochure, qui est dediee au Roi , pa-
rait dtre un excellent patriote. Pendant plusieurs siecles, dit-il, que
la Norvege a ete reunie au Danemarck , elle a ete administree en
colonic par le gouvernement danois. Le systiime de celui-ci a ete
constamment d'encourager en Norvege la peche, I'exploitation des
mines et I'exportation des bois de construction , ricliesses que le
Danemarck ne possede point , et de negliger totalement I'agricul-
ture, aCn que les sujets danois y trouvassent un marche sur et
avantageux pour leurs productions agricoles. L'importation an-
nuelle , en Norvdgc , des grains danois , s'elevait a 600,000 barils
en nature, et a 333, 400 autres barils de grains , convertis en eau-
de-vie. Aujourd'lmi , ajoute-t-il , que la Norv&ge est devenue un
pays libre , il faut qu'elle sorte de cette dependance forcee ,
et qu'elle clierclie cnGn a se suffire a elle-m6rae , du moins en ce
qui regarde les productions cereales ; ce qui est trfes-possible ,
puisque sur I'immense surface de 3,64o milles carres ( niilles du
pays), il n'y en a que 3oo qui soient cultives. L'auteur previent
I'objection de ceux qui trouveraient un obstacle insurmoutable dans
la rigueur du climat. II prouve par I'bistoire , et par des fails in-
contestables, que plusieurs pays d'Europe, dont le climat etait au-
trefois tout aussi rigoureux que celui de la Norvege, sont devenus
tellement fertiles, que non-seulement ils nourrissent leurs propres
habitans , mais qu'ils ont encore un tres-grand superflu pour I'ex-
portation. Ce bonheur, ils le doivent , dit-il , a la diminution de I'e-
tendue des forets , diminution qui a singulierement adouci la tem-
perature (i). La Norvfege est bien susceptible d'obtenir le m^me
(i) Le dcboiscmeut d'un pays peut en elever la temperatore moyenue ;
'52 LivREs i<;trangers.
resultat, par les mdmes moyens , et en adoptant une bonne admi-
nistration foresti^re , qui , sans d^truire cette branche des richesses
du pays, rende a Tagriculture une immense etendue de contrees
boisees, dont les productions spontanees sont de peu d'utilite, sou-
vent m^-me tout-a-fait inutiles au commerce. Enfin , puisque la
Norv^ge poss^de aujourd'hui dans son sein une universite , I'auteur
desire qu'il y soil etabli une chaire d'agriculture et d'economie po-
litique, cbargee de rechercher et d'enseigner, nou-seulement les
principes geiieraux reconnus et adoptcs dans le reste de I'Europe ,
mais surtout et particulierement ceu\ qui trouvent leur application
dans la nature, le climat et la temperature des pays septentrionaux.
Nous ne doutons pas que le gouvernement actuel ne prenne en con-
sideration les reflexions de notre auteur anonyme , a qui nous sou-
haitons la satisfaction de voir bientot se repandre et fructiCer dans
sa patne les idees de bien public qu'il a emises dans son ouvrage.
Heiberg.
DAWEMARCK.
22. — Gennadii Constantinopolicanianecdotiim opus, etc. — Traite de la
providence de Dieu ; par Genjjadius ; public pour la premiere
fois, en Janvier iSaS, dans un programme de I'Universite de Co-
penbague,par M. Thoklacius , professeur d'eloquence. Copen-
bague, 1825. In-4'' de 23 p.
Ce Gennadius ( ou Georges Scholarius ), ancien juge a Constan-
tinople , y devint patriarcbe, apres la prise de cette ville par les
Turcs. II s'etait trouve , au concile de Florence , dans la compagnie
de I'empereur Constantin Paleologue , en 1489. Mais au retour, il
ecrivit contre la reunion des deux Eglises , traitant les latins d'bere-
tiques. II mourut en 1460, retire dans un monastere, apres s'^tre
demis du patriarcbat. L'abbe Renaudot a public ses discours sur
I'Eucbaristie , oii il professe le dogme de la presence reelle. Plu-
sieurs autres ouvrages de ce prfllat se trouvent en manuscrit a la
grande Bibliotheque royale de Paris.
2 J. — De rebus Itureorum,etc. — Recbercbes bistoriques sur les Itu-
reens, pour eclaircir le verset i^' ch. 3 de I'evangile de Saint-Luc.
Programme de Frederic Muntek , eveque de Selande, etc., pour an-
mais il a riuronTenient d'aagmentcr en m^me tems la difference entre les
temperatures extremes, de rendre les hivers plus rigoureux et les etes moius
supportables aux vegetaux aussi bien qu'aux hommes. K. d. B.
DANEMARCK. i53
noncer rordination de Steingrim Jonas, nomme, par le roi de Da-
nemarck, eveqiie d'Islande. Copenhague , t8a4- 5o p. in-4°-
Cette publication contient deux parties distinctes : I'une rassem-
ble tout ce que les historiens, les inscriptions et les autres monu-
mens fournissent de renseignemens curieux sur les Itureens; I'autre
est una biographic qui apprend aux Danois , et specialement aux
Chretiens refoFmes de I'lslande , ce qui doit interesser leur curio-
site sur la famille , les etudes , les travaux et les services de leur
nouveau prelat. II setnble bien natural que chaque diocese, prive
du droit d'elire son eveque, apprenne du moins ce qu'il est, autre-
ment que par les vaines pompes d'une entree publique, et par les
generalites ordinairement insignifiantes d'une lettre pastorale, moi-
tie ecclesiastique , moitie politique. Une election reguli^re pourrait
dtre plus avantageuse a la religion et a I'Etat. Dans les Etats merae
du Grand-Turc, la sage discipline des elections n'a pas ete abolie.
Lanjuinais , de U Imtitut.
24. — * Om den indbjrdes Underensning. — Progres del'enseigne-
raent mutuel en Daneraarck. Second rapport fait au roi, le 28 Jan-
vier iSaS; par i>/.-/. Abrahamson , aide de camp de S. M. Copen-
hague, i8a5. VIII et 72 pages in-A.", avec un extrait en langue
francaise , de 16 pages in-4o.
M. Abraliamson poursuit avec un zele infatigable I'entreprise
qu'il a comniencee, il y a plus de six ans, celle d'introduire partout
I'enseignement mutuel et elementaire dans les etats du roi de Dane-
marck. II a la satisfaction de voir ses efforts couronnes de plus de
succes qu'il n'avait ose se le promettre. Dans son premier rapport
adresse au roi , au mois de Janvier 1 824 ( voy. Rev. Enc. , t. xxii , p.
483-38y ; et t. xxiii , p. 645 ), il annonca qua la fin de I'an i823 ,
il y avait en Danemarck 244 ecoles, dans lesquelles cet enseignement
etait en plein exercice , et 263 autres qui en avaient commence I'or-
ganisation ; de sorte que le nombre total des ecoles qui avaient
adopte la methode etait de 607. Ce nombre s'est tellement accru
depuis, qu'a la fin de I'an 1824 il y avait en Danemarck 6o5 ecoles
completement organisees, et 4i'- autres dont Torganisation etait
commencee. Il y a done maiutenant en Danemarck 1017 communes
qui se sont declarees franchement en faveur de I'enseignement mu-
tuel , et il est plus que probable que , daus un tres-pctit nombre
d'annees, cette methode sera introduite dans toutes les ecoles du
royaume ; et cependant , I'introduction de la methode n'est pas
ordonnee , mais seulement permise et encouragee par le gouverne-
»54 LIVRES ETRANGERS.
ment. Parmi les causes de ce grand succos, M. Abrahamson cite en
Iireniier lieu la puissante protection de S. M. le roi , qui, non con-
tent de contribuer au progr^s de cet enseignement par sa munifi-
cence royale, daigne encore visiter en personne les etablissemens
existans dans les villes et les villages qu'il parcourt. M. Abraham-
son a la satisfaction de voir diminuer considerablement le nombre
des adversaires de la methode. Pour preuve de cette assertion ,
voici une anecdote piquante que nous trouvons dans le premier
rapport de M. Abrahamson, et que nous avions neglige de faire
connaltre anx lecteurs de la Befue : dans une commune rurale de-
signee dans I'lle de Selande, et dont le pasteur est nomme , plu-
sieurs paysans se plaignirent a ce dernier de ce que, dans les
nouvelles ecoles, leurs enfans apprenaient plutot a jouer et a s'a-
muser, qu'ii lire et a ecrire; le pasteur ayant demande une expli-
cation , les paysans lui rcpondirent qu'autrefois ils ctaient obliges
de chasser leurs enfans de la maison pour les faire aller a I'ecole ,
tandis qu'aujourd'hui, au contraire, ils demandaient leur dejeuner
de nieilleure beure, aCn de pouvoir partir. Le pasteur invita les
paysans a assister quelquefois eux-m(;mesaux lecons, ce qu'ils firent:
depuis ce tems-la, ils sont devenus les plus ardens partisans des
ecoles elementaires.
Nous fclicitons M. Abrahamson de ce sneers remarquable , qui
doit I'encouragera poursuivre son honorable carriere sans se laisser
decournger par les petits degoiits dont I'ignorance, la malveillance
ou la jalousie , ne manquent jamais d'abreuver les auteurs de choses
bonnes et utiles.
aS. — * Greve Johan Frederic Strucnsee , etc. — Histoire du comte
Jean-Frederic Struensee, et de son ministere; par le docteur J.-K.
Host. Copenhague , 1824. 2 volumes de 688 pages in-8'* , suivis
d'un troisieme volume de 282 pages, contenant les pieces justifica-
tives.
La memoire du comte de Struensee , condamne a mort et execute
en 1772 , comme coupable de crime de 16se-majeste , est depuis tr^s-
long-tems presqu'enticrement rehabilitee dans I'opinion publique ;
mais un demi-siecle s'est ocoule avant qu'elle trouvat uu bistoriea
impartial dans I'auteur dont nous annoncons I'ouvrage. Sans doute,
M. Host n'a pas pu dire toitte la virite ; il y a encore en Danemarck
un certain nombre d'luimmes fort estimables, dont il a cru ne pas
devoir blesser I'amour-propre , en faisant connaitre la part qu'ont
prise leurs parens , oii qu'ils ont prise eux-m^uies , dans cette me-
<
DANEMARCK. i55
morable et sanglante catastrophe. II ii'y a peut-^tre pas un seul fait
un peu remarquable que I'uutcur ait eiuierement passe sous silence;
mais il y en a heaucoup qu'il a racontes avec des adoucissemens qui
ne blessent point la verite historique , et qui font honneur a la de-
licatesse de I'historien. — Jean-Frederic Struensee etait ne en 17.37 ,
d'une famille bourgeoise. II etudiait la medecine, et fut attache eii
qu.dite de medecin particulier , au roi Chretien VII , lorsqu'en
1768 , celui-ci entreprit un voyage en France et en Angleterre. Pen-
dant ce voyage , il sut si bien s'insinuer dans les bonnes graces du
roi , qu'avec les grands talens dont la nature I'avait done , il lui fut
peu difficile de s'elever jusqu'a Feminente dig"ite de premier mi-
nistre et de seul directeur, pour ainsi dire , de la volonte de smi
maitre. II aurait pu se maintenir dans ce poste, s'il avait apparteuu
a la caste privilegiee ; du moins, sa chute aurait-elle ete compensce
par de grands dedommagemens , et en quelque maniere avaiitagcuse
pour lui; mais il etait d'origine bourgeoise, par consequent il
fallut qu'il portat sa tdte sur I'cchafaud. Les innombrables innova-
tions que le Danemarck a du a son administration, avaient toutes
pour objet I'utllite publique. Elles tendaient au maintien de I'inde-
])endance nationale ; a prevenir les disettes; a diminuer les impots;
a briser les entraves qui s'opposaient a I'industrie nationale ; a
adoucir les lois penales; a abreger les formalites exigees par 1 ati-
cienne jurisj)rudence ; a etablir I'ordre dans toutes les branches de
I'administration ; a favoriser I'accroissement de la population ; a
fairc etablir de bonnes lois sanitaires ; a organiser uae police bien-
faisante; a exclure les ignorans proteges de tout acces aux fonctions
publiques; a accelerer la marche des affaires dans toutes les admi-
nistrations pnbliques ; a introduire I'egalite de tous devant la loi
et dans la repartition des inipols ; la plus stricte economie dans les
depenses de la cour , etc. , etc. Les bornes obligees de cet article
nous empc^chent de mentionner d'autres ameliorations , dont la
nomenclature serait heaucoup trop loiigue ; mais nous ne devons
pas oublier le plus grand de ses bienfaits , I'abolition de la cen-
sure etl'etablissement dela liberte de la presse. II arriva dans ce'te
circonstance , ce qui est arrive plus d'une fois , que les ennemis de
toute liberte et ceux du ministre en abuserent pour rendre cette li-
berte odieuse , etpour accelerer la chute du bienfaiteur de la patrie.
II est deplorable d'avoir a raconter que des hommes d'un grand
merite et d'un noble caractere, tels qii'un Suhm , un Rolhe , un
Lnngehck, out pu fermer les yeux sur les innombrables ameliora-
1 56 LIVRES ETRANGERS.
tions faites par ce ministre , pour n'envisager en lui que les faiblesses
inseparables de rhumanlte, et surtout de rhumaiiitc environnee de
tous les prestiges du pouvoir. Le dernier de ces trois savans est
surtout inexcusable, en ce que sahaine, vraieou factice , s'expriine
par des personnalites revoltantes. — Nous croyons devoir consigner
ici une anecdote bien connue en Danemarck , et racontee par
M. Host avec toute la reserve commandee par les convenances. La
commission d'enqu(5te etablie pour instruire le proces de I'infortu-
r\6e leine Caroline Mathilde , composee de deux niinistres d'etat, et
de deux autres fonctionnaires eminens , avail voulu engager la reine
a faire certains aveux qu'elle avail toujours repousses avec indigna.
tion. Dans une des seances de la commission , le ministre Schach-
Rathlau presenta a samajeste une declaration parecrit, redigee dans
ce sens , ajoutant que la signature de la reine apposee a eel ecrit ,
etait le seul mojen qui pouvait sauver la vie au corate de Struensee:
Eh bien, dit la reine, apres quelque hesitation, si cela est ainsi, je
signerai. Prenanl alors la plume, elle se disposait a signer; mais ,
apr^s avoir ecrit les cinq premieres letlres de son nom , ayanl par
hasard jete les yeux sur le visage du ministre , ou elle crul voir les
marques d'une joie infernale , elle laissa tomber la plume el
s'evanouit. M. Schack-Rathlau ramassa la plume, el acheva froi-
demenl la signature.
Le resullal des recherches de M. Heist se trouve page fi65. Voici
ses propres paroles : « Nous ne craignons pas d'etre dementis par un
public juste el eclaire, quand nous assurors que Struensee avail
extremement bien merite de la palrie. Nous ne pretendons point qu'il
ait ete exempt de quelques faiblesses morales, telles que rambition,
I'amour du pouvoir , I'arrogance , et m^me un peu d'inter^l person-
nel. Mais ces faiblesses ne detruisenl point son grand merile , comme
adminislraleur de Telat; et, lors meme que sa maniere de voir I'au-
rait induit en erreur , il est hors de doule qu'il eut constamment
pour but le bonheur general , et que , par retablissement de la li-
berie de la presse, il reveilla une foule d'idees saines et lumineuses
que depuis il a ete impossible d'effacer. Aussi , un grand nombre de
ses institutions , aneanlies d'abord par le pouvoir qui succeda au
sien,onlelles eteretablies plus tard. Plusleursmdme n'ontpas ete un
seul instant abolies. ■■ Heiberg.
26. — TSlya Hjgea. — La Nouvelle-Hygie, journal medical redige
par M. le docteur C. Otto. Copenhaguc , iSaS. II parait un cahier
chaque mois.
DA.NEMARCK. — ALLEMA.GNE. 1 5?
Le jeune et laborieux aiiteur de ce recueil y donne la premiere
place aux traites et aux memoires sur la medecine ; mais trop ins-
truit pour ignorer I'etroite alliance de cette science avec I'histoire
naturelle et tout ce qui peut y avoir rapport , il n'en neglige aucune
des branches. II rend compte de tout ce qui est public, dans les
pays etrangers, d'interessaut et d'instructif pour ceux qui cultivent
ces sciences. Ses remarques sur les hopitaux sont franches et judi-
cieuses ; il public aussi les ordonnances medicales de sa patrie, ar-
ticle d'une utilite generale pour tons les pays. II ne neglige pas de
meler I'agreable a I'utile; et il continue de donner a ses lecteurs des
extraits de son voyage en Allemagne , en Suisse , en Italie , en
Frajice, en Angleterre et en Hollande, pendant les annees 1819 a
182a. Ces extraits prouvent que I'auleur, tout passionne qu'il est
pour sa science et pour tout ce qui s'y rapporte, n'a pas laisse d'ac-
querir encore et de cultiver plusieurs autres conuaissances. Les
gens de Tart lui reprocheront peut-etre de meler dans ce journal
des matieres trop lieterogenes , puisqu'on y trouve mdme de la poe-
sie; mais le choix en est toujours fait avec tant de gout et tant de
discernement, que la critique et peut-etre meme I'envie ne sauraient
I'attaquer avec succes. G — g.
ALLEMAGNE.
27. — * Die Lehre vom Kriege. Dritter Theil: der Tiirkenkrieg. —
Theorie de la guerre , t. Ill"' de la guerre centre les Turcs; par le
major general baron de Valentuvi. Berlin, 1822; Boicke. xiv et
266 p., gr. in-S" avec quatre planches.
Le general Valentini a merite , par les deux premiers volumes de
cette Theorie de la guerre , les suffrages des historieus et des mili-
taires ; une profonde etude, jointe a beaucoup d'experience , en ont
fait un des ecrits les plus recommandables de ce genre. Avant de li-
vrerau public la seconde section du second volume qui devait termi-
ner I'expose de I'art de la guerre aujourd'hui en usage, et qui parai-
tra plus tard , I'auteur presente un apercu de la guerre contre les
Turcs, qui, selon lui, exige d'autres regies, et doit etre consideree
comme une anomalie, par consequent traitee specialement. Ce vo-
lume doit exciter I'attention generale , dans un moment oii les re-
gards de I'Europe sont fix^s sur les combats des Grecs avec ces
hordes nomades, devenues europeennes par la faiblesse des empe-
reurs d'Orient , et dont les destins semblent pr^ts a s'accomplir. II
est divise en quatre chapitres : i" les Turcs , tels qu'ils 6taient il y
i58 LivREs Strangers.
a cent ans et plus ; a" les Tiircs des tems plus recens ; 3° les Turcs
d'aujourdliui ; 4° conjectures et rdsultats , suivis d'une conclusion.
L'autc'ur expose d'abord I'etat des aimees turques avant la paix de
Carloivitz ( i6(>9 ), lorsque lour empire s'etendait jusqu'au coeur de
I'Enrope, et que Yienne nicnie put craiiidre d'en devenir la proie ;
il fait voir quelles masses enormes il avait a sa disposition, quand
les peuples tatares et scythes de la mer Noire luictaient encore sou-
mis, et comment leur attaque impctueuse et leur formidable cava-
ierie etaient redoutables a des peuples qui n'avaient a leur opposer
que des masses serrees , et qui, u'ayant pas de troupes Jegeres
contre les corps mobiles de leurs enncmis , etaient dans I'impossibi-
lite de bieii proGter de la victoire, et leur faisaient peu de mal ,
tandis qu'ils avaient tout a souffrir du climat. 11 decrit ensuite leurs
amies, leur equiquement, et leur nianiere de faire la guerre , rend
compte de I'influence que le fanatisrae et I'opinion exercent sur
leur courage , donue des eloges a I'opiniatrete avec iaquelle ils se
maintiennent dans des positions ou des camps souvent mal for-
tiiics, et retrace la cruaute avec Iaquelle ils traitent les prisonniers
qui ont le malheur de tomber entre leurs mains. Puis, il fait rc-
marquer la decadence successive de cette terrible puissance, parle
des campagnes d'Eugene , de Munic, des rcformes militaires intro-
duites par le marechal Roumanzoff et de I'adoption d'un systeme
plus propre a donner I'avantage aux armes europeennes. La vnleur
des ianissaires a diminue depuis; et, si ies spahis sontrestes toujours
formidables , la Russie a maintenant a leur opposer des nuces de
cosaques; et la discipline de ses tronpes , ainsi que la tactique de
ses gcneraux , aclievent de lui donner une supcriorite si hien eta-
blie, que le noni seul des Russes glace d'effroi leurs adversaires.
L'auteur jette nn coup d'ceil sur les campagnes de 1809 et les
suivantes, jusqu'a la paix de Buckarest, conclue le 8 mai 1812; et
il donne des details d'autant plus interessans sur ces guerres , qu'il
en a cte temoin occulaire. Le comte Kaminsky, soutenu par des ge-
neraux tels que Langeron , Saint-Priest, IMaikof, Voinof, Saba-
nejef , etc. , ne lui semble pas avoir justifie sa grande reputation ; et
les resultats de ses campagnes n'ont pas rcpondu a I'attente du
public. 11 porte le m6me jugemcnt sur son successeur, I'heureux
Rutusoff. Si celui-ci , dit-il, fut comble ensuite des faveurs de son
monarque , c'est plus a son haliilete dans les negociations, qu'a ses
talens militaires qu'il en fut redevablc. " Ce jugement est conflrme
par les manoeuvres de ce tni-me general contre Napoleon, et par la
ALI,EMAGNE. i Sg
conviction de I'auteiir, qui partage avec d'autres historiens I'opi-
nion que c'est I'espcrance de conclure la paix, dont Kutusoff ber-
cait Napoleon , qui a retenu ce dernier si long - terns a Moscou. Les
plans joints a I'ouvrage contribuent beaucoup a donner une idee
claire des eveuemens de ces deux canipagnes dont ils i'epr<^senteiit
le theatre. L'auteur soumet ces deux campagnes a un examen criti-
que severe, et fait connaitre tous les avantages que Ton aurait
pu en tirer. II termine par un plan d'attaque sur Constantinople,
et prouve qu'une expedition entreprise pour reconquerir I'ancien
empire de Bysance sur les Barbares et en refoulcr les possesseurs
actuels au-dela du Bosphore et mi-nie du Mcandre, n'eprouverait
pas des difficultes iiisurniontables. II ne demande que aoo,ooo com-
battans avec une flottc sur la mer Noire ; arrivee a Schumla, au
pied du mont Balkan ou Hemns, il trace la marcbe de cette armee ,
qu'il dirige, par deux chemins differens, sur Andrinople et sur Bur-
gas; il n'oublie pas les moindres details, s'occupe des approvisionne-
mens el des renforts necessaires , calcule les forces que Ton pourrait
lui opposer, pese les chances, ne s'en avance pas moins sur Constan-
tinople, qu'il investit de tous cotes par la prise prealable de Scutari ;
et appelant fi son secours la soif et la faim, il cmporte la ville par
capitulation , et en fait deporter les habitans mahometans a Eski-
Schehet , le Doryh-eura des anciens. C'est avec beaucoup d'inter^t
que nous avons suivi notre auteur dans cette expedition , perilleuse,
il est vrai , mais que nous sommes loin de regarder comme chime-
riquc'ou impossible, et que nous desirerions voir bientot realisee
])ar une puissance qui pourrait faire tourner sa conqu^'te au profit
de I'humanite , et surlout des Grecs , dont les efforts heroiques me-
ritent si bien d'etre couronnes d'un plein succes. Nous recomman-
dons ce plan d'attaque aux meditations des militaires et des homnies
d'Etat; il est base sur une etude profonde des localites et des res-
sources des peuples mis en scene, sur une grande experience mili-
taire et sur des vues aussi ingenieuses qu'elles nous semblent justes.
Get ouvrage merite d'6tre hi avec une attention profonde ; le senl
defaut que nous lui trouvions, c'est qu'on y desirerait quelquefois
plus d'ordre et un enchainement plus logique dans la disposition
des matieres. J.-H. Schnitzler.
a8. — * Theorie der Slatisticft , etc. — Theorie de la Statistique ;
par Francois Joseph Mone , professeur a Heidelberg. I'° section.
Heidelberg, 1824. i vol. in-S" de iig pages.
Nous avons souvent entretenu nos lecteurs des travaux de
i6o LIVRES ETR ANGERS.
M. Mone , auteiir de la Mythologie des peuples du Nord , et con-
tinuateur du bel ouvrage de I'illustre professeur Creutzer. M. Mone
donne a rUniversite de Heidelberg un cours de statistique , et il
promet dans sa preface una histoire de cette science, dont I'anti-
quite a bien connu la pratique , mais qui n'a recu que recemment la
forme d'un corps de doctrine. II y a vingt ans que Schl3ezer a senti
le besoin d"ea publier une tlieorie; le livre que nous annoncons sa-
tisfait a ce besoin. Comme il a principalement pour but de classer
les differens objets qui appartieunent a I'etude de la statistique , il
ne sera pas hors de propos de jeter un coup d'oeil sur la division de
I'ouvrage. L'introduction est un aperou general de la science de
I'etat (^ staats-Vissenschafc). M. Mone regarde la reunion du sol,du
peuple et du gouvernement, comme constituant un individu , un
homme en grand. L'objet de la statistique est de bien connaitre ces
trois elemens de I'dtre organise qui n'en est que le r^sultat , et qui
jouit d'une vie morale. L'auteur de recherches statistiques doit done
examiner quel est le princlpe de cette existence de I'etat, et suivre
ses developpemens jusqu'au tems oil il ecrit ; et c'est la I'hisioire
poUtiqtie. II faut encore qu'il etudie tous les details de cette vaste as-
sociation et I'etat actuel de son ensemble et de ses differentes par-
ties, et c'est la la science qu'on appelle statistique; enfin , il faut que
du present et du passe jaillisse la connaissance de I'avenir, en taut
qu'il s'agit d'approcher de plus en plus du but de la vie sociale , et
c'est ce qu'on appelle la politique. Ayant alnsi divise la science ,
M. Mone definit la statistique, en disant qu'elle est pour I'Etat le ta-
bleau du present.
Tout est raethodique dans ce petit volume , qui est distribue en
sections, divisions et subdivisions : ce qui rend la table des mati^res
un pen difficile a comprendre; mais on en est bien dedommag6
par I'ouvrage , qui contlent des vues tbeoriques , d'apres lesquelles
on pourrait composer de bonnes statistiques pour tous les pays aux-
quels on voudrait appliquer les m^mes preceptes. Tout ceci n'est
susceptible d'aucune analyse.
On ne saurait trop recommander le travail de M.Mone a toutes les
personnes qui se livrent a I'etude de la statistique. P. Goi-beky.
2Q. — * Deutsches Land nnd deutsches Volk. — De I'Allemagne et de
ses habltans ; par MM. J.-C.-F. Guldmuths et le docteur J.-A. 3k-
coBi. T. II de la premiere partle. Gotha , 1824; Stendel. x et 5i8 p.
in-8°, avec a gravures.
3o. — * Aeltere Geschichte der Teuischen. — Premiers slides de
ALLEMAGNE. i6i
rhistoire des Allemands, liv. i ; par Francois-Nicolas Titze , faisant
suite a son histoire primitive des Allemands. Prague, 1823 ; Krauss.
145 p. gr. in-8° ; prix 1. fr. 5o c.
Les Allemands, par caract^re, s'occupent plus de I'etranger que
d'eux-memes. Places au coeur de I'Europe , I'histoire reconnait en
eux une nation destinee a former un point de contact," et a faciliter
les relations entre tous les peuples , dont aucun n'a un caractere
aussi flexible ni autant de dispositions a recevoir les impressions les
plus diverses communiquees par les etrangers. C'est dans cette ten-
dance qu'il faut placer la cause qui leur a fait si long-tems negliger
leur propre histoire et les belles productions des premieres epoques
de leur litterature nationale. II a fallu I'impulsion d'une occupation
etrangere, et la haine qui en fut la suite, pour les ramener sur eux-
memes. On sait deja qu'uiie SocieCe Idstoiique s'est formee a Franc-
fort , sous les auspices du baron de Stein , et que son but est de livrer
au public la collection complete des sources de I'histoire alle-
mande ; mais les travaux de cette societe sont lents , et doivent
surmonter beaucoup d'obstacles. Cependant , les amis de I'his-
toire ne desesperent pas de voir bientot paraitre les premiers
volumes de la collection, et rcussir une entreprise a laquelle se
rattachent les noms de tout ce que I'Allemagne a d'historiens ce-
lebres. Nous avons fait voir, en d'autres occasions , avec quelle ar-
deur on est revenu a Thistoire nationale ; plusicurs- liistoires d'AUe-
magne ont deja paru, et un savant celebre en promet encore une
nouvelle. M. de Koppe a public un Manuel de Vhistoire allemande
( Handbuch der teulschen Geschichle. Leipzig et Sorau, 1824. xvi et
655 p. in-8°), M. de Raumer poursuit ses travaux , et Ton attend
les deux derniers volumes de son excellente histoire des empereurs
de la maison de Souabe : nous .ivons deja fait connaitre les travaux
de M. Bottiger.
Les deux ouvrages que nous annoncons aujourd'hui prouvent assez
que cette activite historique continue chez nos voisins. Le premier
est destine a ceux qui cberchent une instruction plus complete sur
I'Allemagne en general ou sur telle parlie de la confederation dont
lis sont citoyens, ou qui desirent perfectionner les notions geo-
graphiques et historiques donnecs dans les ecoles. Ce livre d'une
haute importance n'a done pns seulement en vue les savans , bien
qu'il soit le fruit d'une grande erudition et de recherches labo-
rieuses. M. Gutsmuths, conseiller aullque , s'est charge de la des-
cription du pays, et son travail forme un ouvrage sCpare, ayant
T. xxvu. — Juillet 1825. It
i6a LIVRES ETRANGERS.
pour litre : Du Territoire alhmand ( Detttsches Land ) ; le premier
•volume (xiv 335 p.) a paru , en 1821 , et te retard qu'a eprouve celui
que nous annoncons n'a pu que lui (?tre profitable. Voici ce qu'il dit
lui-m6me de son ouvrage : « Ce que j'.ii voiilu ofl'i ir a mes Iccteurs ,
pour chaque etat , c'est un coup d'oeil rapide sur Tautiquite, un ta-
bleau sommaire et concis de cliacuue des periodes qu'ils ont par-
courues , une connaissance exacte de ses habitans , une idee de Icur
activity en general ; j'ai voulu leur faire voir de quelle mani^re
les habitans ontsu, par leur industrie, tirer parti de la plupart des
productions de leur sol , et en ont fait un objet de commerce ; leur
apprendre a connaitre les constitutions representatives et les institu-
tions qui en decoulent ; enfin , la marclie de I'adrainistration. II me
restait une partie tres-importante pour la pratique , je veux dire , la
division du pays en deux provinces, I'indication de tous les lieux
habites , la description de toutes les grandes yilles , et I'esquisse
des lieux moins remarquables. » L'auteur, dans le premier volume,
p'resente I'Allemagne dans son ensemble , sa nature et ses carac-
t^res distinctifs ; il ne s'arrete qu'aux divisions marquees par la
nature clle-meme, et divise ainsi son sujet : i° de I'etendue de
TAlIemague; 2° son territoire, ses montagnes, etc. ; 3° de ses eaux ,
p. 267 — 325 ; 4° de son climat. II se trouve deja dans cette partie un
grand nombre de notices relatives au peuple allcmand , a sa nature ,
a sa langue, etc. Le second volume commence le tableau politiqueet
statistique de I'Allemagne , et en doune les divisions politiques.
Apres un coup d'oeil general sur les gouvernemens et les institutions
representatives , ainsi que sur I'acte de confederation , il offre la
statistique des provinces autrichiennes, des royaumes de Baviere et
de AVurtemberg , avec les deuxprincipautes de Hohenzollern, et du
grand ducbe de Bade. Un troisieme volume doit terminer ce tableau.
La partie historique a ete traitee par M. le docteur Jacobi ;
le premier volume de cette section , intitulee : Du Peuple alle-
mand ( Detttsches Volk ) a paru dfes 1820, et la suite n'a pas encore
ete publiee. Apres une introduction sur I'origine et le caractere des
AUeinands , l'auteur fait le recit des evenemens jusqu'a la fin de
la guerre des Marcomans , 180 ans apr^s J.-C. II consacre le reste
du volume a d'excellenles dissertations sur la vie domestique, les ha-
bitudes et les moeurs du peuple ; il y parle des lettres et des arts , de
la religion, de la langue , de la vie civile , etc. II a p*iise aux sources
m^mes, et il a tir6 parti de tous les travaux analogues et ante-
rieurs au sien qu'il a pu consulter;quclques-uns seulement n'etaient
I
ALLEMAGNE. iG'i
pas encore a sa disposition, quand son ouvrage a et6 public; il
en tiendra compte dans des supplemens qui seront joints au second
volume, que nous attendons avec impatience. Get ouvrage est orne
de beaux portraits ; la partie geographique est accompagnee de
cartes et de gravures.
L'auteur du second ouvrage annonce en t^te de cet article , avait
public, il y a six ans , une Histoire primitive Jes Allemands , qui a ete
favorablement accueiUie; ce qui I'a encourage a poursuivre son en-
treprise. II nous offre aujourd'hui le premier livre de I'histoire des
Germains, et en proniet trois autres qui la continueront jusqu'a la
fondation du royaume d'Allemagne , 843 ans apres J.-C. Le premier
livre conlient en neuf cliapitres I'histoire des Germains , depuis le
voyage dePytheas, 3yo ans avaiit J.-C., epoque oii les Grecs en enten-
dirent d'abord parler, jusqu'a la mort de Jules-Cesar, 44 ^is avunt
J.-C. L'auteur hasarde une foule d'hypotheses, et corrige quelque-
fois la Germanic de Taclte, d'apres des conjectures qui ne semblent
pas toujours heureuses. Les Celtes, selon lui , habltaient primitive-
mentuue grande partie de la Germanic, surtout la for6t Hercynienne;
ils en furent chasses par les Germains, et ce peuple y avait conso-
lide sa puissance, I'an 260 ans avunt J.-C, epoque oil la Germanic pa-
rait avoir ete d'abord organisee. L'auteur a beaucoup medite son
sujet ; mais il semble qu'il aurait pu profiter davantagedes travaux
erudits de quelques - uns de ses devanciers, tels qu'Adelung, Earth,
Kruse,etc. J.-H. Schnitzler.
3l. — * Notices sur les anciens Trevirois , suivies de Recherches stir
les chemins remains ; par J.-B. Hetzhodt , conseiller de regence, etc.
Deiixieme edition. Ti6ves, 1825. In-S".
Ce livre a ete public en allemand et en francais. La nouvelle edi-
tion allemande porle ces mols en titre : Unverdnderte Anflage ( edi-
tion a laquelle il n'a etc rien change). On aurait pu mettre le nieme
avertissement sur les exemplaires francais ; car on u'y a vraiment pas
deplace unelettreet Ton secroirait,en lisant rouvrage,transporte aux
terns oil les Francais possedaient encore cette partie de la Gaule. II y
est fait plusieursfois mention du chefdel'anciengouvernement, qui est
appeleS. M. I'empereur et roi, et Ton pmle encore des ameliorations
que Ton attend de sa munificence. Nous pardonnous facilement a un
antiquaire d'etre restedequinze ans enarriere,et de n'avoirpas craint
de reproduire franchement aujourd'hui leseloges qu'il a donnes a un
monarque dont le pouvoir est aneanti; mais il aurait fallu se tenir
au couranl des ouviages qui ont traile le m^me sujet et nc point
.64 LivREs Strangers.
passer sous silence tout ce qu'ils ont dit. Pourquoi , par exemple ,
ii'est il question ni des /intiqiiites de Treves , de Quednow , ni des
Notes de Tross sur le poeme de la Moselle, ni des Recherches de
Dorrow sur les pays voisius. En iSaS , il n'est plus permis de n^gli-
ger tout cela ; et I'^diteur devait au moins une preface.
Aprfes ces legers reprcches , nous n'aurons .i donner que des 61oges.
Le livre est 6crit avec metliode , et les textes latins sont ordinaire-
inent joints aux assertions del'auteur; mais ils ne disent pas tou-
jours ce qu'il veut leur faire dire, ou plutot, il arrive souvent qu'il
en tire des consequences forcees. C'est ainsi qu'en se declarant pour
I'opinion qui confond la langue des Germains avec celle des Gaulois'
il cite un passage de Cesar, selon lequel Arioviste savait le gau"
lois , parce qu'il en avail une longue habitude , et un autre de Tacite
sur les Gothiiii , qui n'etaient pas Germains, parce qu'ils parlaient
Gaulois. A entendre M. Hetzrodt , Cesar et Tacite ont pris pour des
langues, ce qui en realite n'etait quedes dialectes, des patois. C'est la
un t'aible argument. Comment Cesar n'aurait-il pas su que les Ger-
mains qu'il combattait, et les Gaulois qu'il venait de secourir centre
Arioviste, parlaient une langue seniblable ? Et comment , s'il ne I'a
pas su de prime abord , ne I'a-t-il pas appris pendant son long se-
jour chez ces penples ? M. Hetzrodt s'est fait en cela le soutlen d'une
opinion qui ne pourra jamais triompher des excellentes raisons qu'on
lui oppose. II ne me parait pas avoir ^te plus heureux dans ce qu'il
dit des mots nrbs , oppidurn , etc .; mais il est bien fort de raisonne-
ment et d'erudition dans ce qui coiicerne les deux passages du Rhin
effectues par Jules Cesar. II lire un parti tr^s-heureux d'une variante
sur un endroit de Elorus, 1. iil, c. lo, Rerum romannruin. La topo-
graphic, les textes rapproches des vestiges d'anliquites , sont les
secours dont il s'appuie. Quand il en vienl a la Gaule sous les Re-
mains, il emet une idee qui depuis long-lems etait la mienne; c'est
que la Germanie superieure el la Gernianie inferieure se sont peu a
pen creees d'elles-memes , et que c'est une erreur d'atlribuer a Au-
gusta cette division, tandis qu'aucun auteur , tant soil peu ancien,
n'eii parle dans ce sens, et que tons conservent aux pays occupes
par les Germains leurs anciennes denominations gauloises, traitant
les habltans de noiiveatix -vsiiffs , ou disant seuler:ient qu'ils sont eta-
blis chez tel ou tel peuple. Ce ne fnt que duns la suite , et meme fort
tard, que I'administration adopfa ces denominations, qui d'abord
furent d'un usage puremcnt militaire.
L'administrauon , ia justice, les culfes, renseiguemcnl public, la
ALLEMAGNE. rS5
topographic , et l'6tat politique de Treves occupent aussi I'Huteur ; il
cur a consacredes paragrapliessepares. II decrit encore les monuraens'
etreproduit, dans toutle cours de Touvrage , un grand nombre d'ins-
criptions. Une partie iniportante de ce travail est ceile ou Ton deter-
mine la direction des routes romaines. Ici Ton regrette de ne pas voir
applique le travail de M. Gosselin ; mais cela tient au defaut general de
celte edition , qu'il faut prendre comme si elle avail quinze ans de
plus. M. Hetzrcdt ue parait pas avoir parcouru lui-nieme les routes
qu'il recherche d'apres lesstationsdes itineraires; il est a desirer que ,
niunis de sonlivre, quelques savans selivrent a des excursions ,qu'ils
appliquentia perclieaux anciens vestiges etCxentpar de scrupuleuses
approximations les lieux d'habitations et les stations des Roniainsduns
leur pays. Tel qu'il est , le livre de M. Hetzrodt doit inspirerpour sou
auteur une haute consideration ; il est indispensable a tous ceux qui
etudient les antiquites de la Gaule. P. Golbery.
Sa. — * Geschichte und Beschreibiing der koniglichen offeiitUchen Bi-
bliothek zu Dresden. — Histoire et description de la Bibliolheque royale
et puhlique de Dresde; par F.-Jdolphe Ebekt. i vol. in 8°, xviii
et 358 pages.
Si I'histoire des bibliotheques publiques ^tait Merita avec moins d'e"
rudition , elJe serait j)lus utile et sui tout plus interessante. Mais , ge"
neralement surchargee de descriptions qui n'ontde merite etd'utilite
que pour un petit nombre de bibliophiles , a peine renfernient-elles
quelques notions sur la nianiere dout se sont formees ces volumi-
neuses collections.
Lessing , dans une preface des fragmens de Wolfenbutel , donna le
premier d'excellens preceptes sur ce genre de travail ; M. Ebert mi a
su profiler. La collection dont il offre aujourd'hai I'liistoire , el dont
le fonds , acquis en i55(),s'esl insensiblement grossi dans une direc-
tion heureuse et toujours suivie , meritait bien cette distinction. Une
histoire succincte des bibliotheques saxones avant la reforme , sert
d'introduclion a I'histoire de la collection royale de Dresde. En nous
faisanl connaitre les accrolssemens successifs qui ont grossi cette bi-
biiotheque , M. Ebert ne neglige pas I'histoire des collections parli-
culieres les plus remarquables du pays; il ne I'abandonne que lors-
qu'apr^s I'acquisition des bibliotheques de Bunau et de Bruhl , celle
de Dresde fulmise hors de toute coinparaison. L'auteur paie ici un
juste tribut d'eloges a I'administration si remarquable de Franke et
du venerable Adelung , el public une notice complete des ouvrages de
statistique et de topographie generale et particuliere. Cette notice,
i6G LivRES Strangers.
dcstiuce d'abord i former la base d'un cours de bibliographie, pent
servir de modele en ce genre. Un app^idicc contient une nomencla-
ture descriptive des mnnuscrits de la Htt^ratiire classique et de belles
lettres dans les langues modernes et etrangi-res ; le volume est ter-
mine par une notice sur les anciennes impressions de la bibliotheque
de I'universite de Leipzig. Cette notice peut servir de pi^ce justifi-
cative a I'bistoire des bibliotb^ques saxones qui forme I'introduction
de I'ouvrage. M. Ebert se propose depublier successivement des no-
tices sur chacune des divisions de la bibliotlieque royale , semblable
a celle que ce volume contient sur la sCatistique et la topographie , et
de terminer son ouvrage par une nomenclature complete de la riche
collection demanuscrits des Orientaux et des Germains que possede
cette bibliotheque. A.-J. G. aine.
Indication des principaux Ouvrages periodiques publics en
Alleinagne. — Cinquiome article. (Voy. Rev. Enc, t. xxv,
pages 7/1/1-746; et t. xxvi , p. i43-i52, 468-/,70, et 776-
779-)
Theologie et ReligicJi.
Obsen-ation genirale. — Comme le catholicisme n'admet pas, amsi
que les autres communions chretiennes, un libre examen des arti-
cles de lafoi et des matieres ecclesiastiques , parce que les conciles
cecumeniques et I'autorite du souverain pontife , repute infaillible ,
placent leurs doctrines , recues ou imposees, en dehors de toute dis-
cussion , rAUemagne ne peut guere compter, depuls la reformation ,
qu'un tres-petit nombre de bons ecrits theologiques, composes par
des catholiques, quoiqu'il soil vrai de dire que cette portion de la
societ6 chreiienne est a la fois plus eciairee et plus tolerante dans
les etats allemands que partout ailleurs. Ces contrees, si abondam-
ment pourvues de journaux de toute esp^ce , n'en ont que fort peu
sur la theologie catholique; et ceux-ci meme sont loin de satisfaire
les lecteurs difficiles. Le protestantisme , au contraire, scrutateur
de sa nature et jaloux de ce libre usage de la raison sur lequel il se
fonde , a fait naitre une quantite considerable d'ecrits periodiques
consacr^s a la litterature et a I'histoire de la theologie. Nous allons
citer les principaux, en regrettant de n'en donner le plus souvent
qu'une Indication tres-abregee.
33. — Der Fiiedembote, etc. — Le messager de paix, feuille chre-
iienne , par 7.-./. TuEVEjyy . Hambourg; Campe. Gr. in-S".
ALLEMAGNE. 167
34. — Kridsche Piediger-Bibliothek. — Bibliotht^que ci'itique des
preclicateurs ; publiee par D.-J.-Fr. Rour. Neustadt ( Prusse ) ;
Wagner. In-8°.
55. — T'ierteljiihrige Mittheilurigen. — Communications tiimes-
trielles extraites des tiavaux de la societe des predicateurs du cer-
cle de Neustadt ; reunies et publiees par D.- J. - Fr. - H. Schwabb.
Neustadt ( Prusse ) ; Wagner. Gr. in-8°.
36. — Biblisch-exegetischas Repertorium , etc. — Repertoire biblique
et exegetique, ou les Nouveaux progrfes dans I'explication de la
Sainte-Ecriture ; publie par D.-C.-F.-K, et M.-G.-H. Roseijmiii.i.er.
Leipzig ; Baumgaertner. Gr. in-8°.
M. Rosenmiiller est un savant, tres-verse dans la connaissance
des langues orientales , et auteur d'une grammaire arabe. C'est un
des plus celebres theologiens de I'Allemagne.
3y, — Jahrbiicher fiir Religions , Kirchcn , und Schulwesen. — An-
nales de la religion , de I'eglise et des ecoles ; publiees par D.-J .
ScHUDEBOFF. Leipzig; Earth. Gr. in-S".
38. — Neue Mitthtiliingen , etc. — Nouvelles communications
adressees aux predicateurs , et publiees par M.-J.-W. Hix-debhand.
Leipzig; Weygand. Gr. in-8°.
39. — Eine Opposisiunsschrifc , etc. — Feuille d'opposition pour le
christianisme et la tbeologie ; par D.-C.-G. ButiscHHEiDEK , et L..JF.
ScHROTEE. Tena , Mauke. Gr. iu-S".
Ce journal, qui parait depuis la fete seculaire de la reformation,
celebree en 1817, contieut de bonnes analyses et des memoires
originaux bien ecrits.
40. — Jahrhuch far Prediger. — Annuaire pour les predicateurs;
publie par Bretscuneider, D.-A. Neandee et J.-S. Vater. Halle ;
Kiimmel. Gr. in-8°.
M. Vater s'est fait une grandereputation par ses eludes theologiques
et par ses recberches philologiques ; dans cette derniere partie , son
nom est intiniement lie a celui d'Adelung. M. Neander, professeur
a Berlin aupres du celebre Scbleiermacher , dont les cours sont
egalement suivis par un grand nombre d'etudians , quoique ces deux
savans ne soient pas entierement d'accord dans leurs doctrines , est
un grand investigateur de I'histoire ancienne et de ses mysteres ; et
beaucoup de theologiens jugent qu'il s'est trop perdu dans une sorte
de mysticisme.
41. — Kiichenhislorisches Archiv. - - Archives de I'histoire eccle-
1 68 LivREs Strangers.
siastique'; par Jes docteurs K.-F. Standlin, H.-G. Tzschikhek, et
J.-S. Vater. Halle, llenger. II en parait un caliier tous les niois.
MM. Standlin , a Gottingue et Tzschirner , a Leipzig , d'une jiart :
M. Vater, a Halle, de I'autre , avaient publis pendant quelque
tems des journauxd'histoire ecclesiastique , independans les uns des
autres , niais egaleinent intcressans. lis ont mainlenant renni leiirs
effoj'ts ; et les csperances que faisait concevoir I'association de trois
theologiens aussi celebres , sont entierement realisees par la publi-
cation des premiers caliiers du nouveau recueil. Outre des memoires
sur differentes parties de I'liistoire ecclesiastique , chaque caliier
cpntient des nouvelles concemant IVglise et les diverses religions.
Le doctenr Standlin a ecrit jilusieurs ouvrages elcmentaires sur la
theologie, d'autres sur la morale, les moeurs et I'liistoire de I'eglise,
oiiron trouve du savoiretun assezbon esprit, sanspouvoirccpendant
leur accorder iin merite bien transcendant. Le docteur Tzschirner ,
est I'auteur de quelques refutations de M. de Haller, et de divers
ecrits politiques ; on lui doit le celebre cuvrage , intitule, Le r.apporc
dii catholicisme et da protestaniisme a la politique , qui a paru en iSat
ou i8s2 , et dont le but est de refuter les ecrivains qui ont accuse le
protestaiitisme de renfermer un principe revolutionnaire. M. ^ater,
considere coinme un des meilleurs professcuis de theologie en Alle-
magne , est un homme fort eclaire.
42. — Wochenblatt fur Prediger , etc. — Feuille hebdomadaire
pour les predicateurs et les maitres d'ecole de la mouarchie prus-
sienne. Erfurt. In-4°.
43. — Zeitschiift Jilr gebildete Christen, etc. — Journal pour les
Chretiens ecla ires de I'eglise evangelique; public par D.- J.- C.-L.
GiESEZ-ER , et D-F. LiicKF. Eiberfeld ; Buschler. Gr. in-8°.
^^. Jahibiicher der Theologie , efc. — Annales de la theologie et des
nouvelles theologiques , publiees par le docteur F.-H.-C. Schwakz.
Francfort ; Hermann. Gr. in-8°.
C'est un assez bon journal, surtout quand 11 y parait des articles
du professeur Daub, de Heidelberg, dont nous aurons encore oc-
casion de parler.
M. Schwarz est tres-connu,comme excellent professeur des scien-
ces pedagogiques , a I'education , a Heidelberg, oii relatives il di-
rige le seminaire pedagogique.
45. — Der Katholih. — Le catholique , journal religieux pour
I'instruction «t I'admonition ; par G. Schbiblin. Mayence ; Muller ;
et Strasbourg. Gr. in-8°.
ALLEMAGNE. 163
Ce journal tr^s-iutolerant prdche I'ignorantistne. Public d'abord
a Mayenee, ou resident encore, dit-on , ses principaux redacteiirs,
il fut oblige d'abandonner cetle premiere ville et de s'etablir quelque
terns a Saint-Gall , en Suisse. De la , il vint a Strasbourg , ou il pa-
rait que i'autorite , sinon le public , lui a fait un bon accueil.
4(S. — Monatschrift far Prediifer IFissenschafcen , etc. — Feuille
mensuelle pour les sciences qui out rapport a la predication; pu-
hliees par le docteur C. Zimmermakn, et le docteur A.-L.-C.
Heydenkeich. Darmstadt; Lesltc. In-8°.
47. — Jllgemeine Kiichenzeitttng. — Gazette generale ecclesias-
tique , ou Archives pour I'histoire moderne et la statistique de I'e-
glise cluetienne, avec une collection de docnmens relatifs a Ihis-
toire CbUesiastique et au droit canonique ; par D.-C. ZiMMEBaiANK.
Darmstadt ; Leske. Gr. in-4'''
Ces deux journaux , rediges a-vec beaucoup de soin et de mode-
ration, sent fort estimes.
48. — Die christlich- protestantfscke Kirche. — L'eglise cbretienne
protestante en Allemagiie, journal ecclesiastico-statistique , qui
traite specialenient du royaume de Wurtemberg ; par M.-G.-C.
Seubert. Stuttgart; Steinkopf. Gr. in-S".
49. — Theologische Quartalschrift. — Feuille trimestrielle de
theologie , publiee par les docteurs de Dketeii, Herbst, Hirscher
et Feii-Mosek. Tubingue ; Laupj). Gr. in-8°.
La tendance de ce journal, redige par les professeurs de la fa-
culte de theologie catholique de Tubingue est favorable aux progres
des lumieres.
50. — Sophronizon, etc. — Sophronizon , ou Docnmens impartiaux
et de bonne foi relatifs a I'liistoire des etats et des eglises; par
B.'E.-G. Paulus, Heidelberg, iSsS; Oswald. Gr. in-8°.
Le redacteur de ce journal, celebre professeur de theologie,
M. Paulus , de Heidelberg, a ete mis a la retraite , en 1824, par
ordonnance du grand due de Bade, a cause de son rationalisme,
c'est-a-dire , de son pen d"oi thodoxie religieuse et politique. Du
reste , c'est un homme tres-savant , plein d'esprit et d'ardeur , ori-
ginaire de Stuttgart. C'est un des ennemis les plus prononces des
abus du catliolicisme ; on assure en Allemagne que son cours d'exe-
gese des livres saints ne tendait pas a fortiCer raatorite de la Bible
comme livre divin , dans le sens qu'en genera! on attache a cette
expression. L'esprit de la partie politique de ce journai estforlement
liberal.
I70 LIVRES ETRANGERS.
M. Paulus est en mdme terns un jurisconsulte instniit , et ses
notices dans les Mtmales de Heidelberg sont des plus estimces. On
trouve aujourd'liiii en AUemagne beauconp de theologiens libcraux
et de professcurs en droit pietisles.
5r. — Christliche Zeitschrift. — Journal clireticn pom- rappeler
les Chretiens 'a la foi et la vie ^vangeliques. Nuremberg ; Raw.
Sa. — KathoUsche Literatur-Zeitang. Gazette de litterature catlio-
lique ; publiee par F. de Kehz. Landshut ; Thomann. Gr. iu-80. ,
53. — Magazin fur Katholisclie Religionslehrer, — Magasin pour
les niaitres de religion catholiques ; public par /. - G. Kobeblk.
Landshut; Thomann. In-8°.
54. — Her Religions freund. — L'ami de la religion , pour les catho-
liques ; public par le docteur F.-G. Benkert. Wurzbourg ; Stahel.
Gr. in-4.°
55. — Nenes kridsches Jnhrbiich , etc. — Nouvel annuaire critique
de la litterature thcologlque; public par les docteur G. B. Winer
etJ.-G.-V. Engelhardt. Sulzbach (Baviere ); Seidel. Iu-8°.
Get annuaire se distingue par sa critique scrnpuleuse et profonde^
Parmi ses principaux collaborateurs , se trouve le savant docteur
Leonard Bertholdt.
5fi.' — Theologische Zeitschrift. — Journal theologique ; par
D. Friwt. Vienne. In-S".
57. — Theologisch-praktische Monatschrife zundchst fiir Sseelsorger,
— Feuille mensuelle de theologie pratique , a I'usage special de
ceux qui sont charges du salut des ames; publiee par une societe
de Lintz. Prague ; Neureuter.
( Cette Revije des ouvrages piriodiques Allemands sera continuce. )
SUISSE.
58. — * Melanges de chirurgie etrangere ; par une societe de chl-
rurgieus de Geneve, composee de MM. J.-P. Maunoir, C.-T. Mau-
NoiR, professeurs; F. Mayor , C. - G. Peschier , /. - C Mohin ,
J.-P. DupiN,F. Olivet , docteurs en chirurgie. T. II, Sqnirre,
cancer, fongus , tnmeurs. Paris et Geneve, iSaS ; J. -J. Paschoud.
I vol. in 8° de fioS pages.
Dans le i*"' voUnne de res Melanges (V. Rev. F.nc. , t. xxili, p. i5o),
les chirurgiens de Genfeve n'avaieiit adopte aucun plan pour la pu-
blication de leur ouvrage. lis out senti la necessite de reuiiir, au-
tant que possible, les observations et Iravaux relatifs aux niemes su-
jets , afin de rendre plus faciles les recherches des praticiens. Le
SUISSE. i7»
I*"- memoire d» 7* volume, traduit de I'anglais par M. Peschier , a
pour litre : Observations pratiques siir les maladies cancereiises ; par
Pearson. L'auteiir , aprfes quelques vues generales sur le cancer,
examine quel est le siege du vrai squirre ,qu'il reconnait, comme
tout le monde, etre le tissu glanduleux ; il analyse judicieusement
les differens signes que Ton a donnes comme caractere essentiel de
cette maladie. II n'etait pas possible de faire I'liistoire du cancer,
sans parler des differentes opinions sur la contagion. L'auteur traite
cette question avec toute la reserve convenable, at se trouve conduit
a declarer qu'il ne croit pas a la contagion , pioprement dite. II
passe en revue les differentes parties du corps qui peuvent devenir
le siege du cancer, et admet en general , comme basede traitement,
les saignees locales , frequemment repetees. II cite plusieurs obser-
vations qui prouventla superiorite de cette medication. Lorsquepar
un traitement rationel on ne parvient pas a obtenir la guerisou du
cancer, I'operation devient indispensable. La raani^re de la prati-
quer est tr^s-connue , et M. Pearson ne nous parait pas y avoir ap-
porte des modifications importantes.
Observations sur les lumeurs du sein et les idceres de la levre inferieure;
par HENnaiKSz; traduit du lioUandais par Olivet, D.-C. — L'au-
teur de ces observations pense que, lorsque la tumeur du sein est
evidemment sqnirreuse, I'ablation dela partieest le seul moyen cer-
tain d'obtenir une guerison radicale; il regarde comme impossible
la resolution complete de la tumeur par un traitement quelconque,
et appuie son opinion sur I'aspect qu'elle presente a la dissection. 11
fait connaitre son procede operatoire qui n'offre rien de particu-
lier. Dans les cas d'ulceration cancereuse de la Ifevre inferieure, il
conseille d'enlever avec soin toute la partie malade; mais il ue
donne point de regies pour cette operation, qui doit etre modifiee,
snivant le siege et I'etendue de la maladie.
Le memoire de Scarpa sur le squirre et le cancer , traduit par M. Pe-
schier , est un travail tr^s-remarquable. Le celebre professeur de
Pavie etudie ces cruelles maladies dans toutes les parties qui peuvent
en devenir le siege. II pense, d'apr^s de nombreuses observations
pratiques, que non-seulement le cancer n'attaque jamais primitive-
ment le syst^me lympliatique absorbant , mais que quelques-unes des
glandes muqueuses les plus apparentes , telles que les sublinguales et
les aniygdales, ne peuvent jamais 4tre affectees que d'une mauiere
consecutive. II n'admet pas non plus que le squirre el le cancer puis-
i7» LivRES Strangers.
sent sein.inif'eslei- avuut la puberte, et. raieineiit in^me avant la ai'"'
annee. Aiiisi, selou lul , rengorgemenl des glancles du sein ou de quel-
que autre glande congloineree chez les jeunes filles , et raugiueiita-
tiou lente et spontanee', quoique indolente, des testicules chez les
jeunes garcons, sont toujours de nature et d'origine scrophuleuses.
Le diagnostic du squirre est d'une grande difficultc , parce qu'uii
certain nombre des signes qui le font reconnaitre sont communs a
d'autres tunieurs cbroniques. Cependant, en y portant le plus grand
soin, il n'est pas impossible de bien juger. Ainsi , le squirre ne se
niontre j)resqiie jamais en deux endroits sur le ni6me individu. Des
sa premiere apparition , il est dur et tou'-a-fait indolent ; au bout de
quelque terns, il parait au toucher , forme de plusieurs parties agglu-
tinees ensemble. Lorsqu'il commence a devenir douloureux, il se
resserre , et parait encore pins dur, etc. Cette maladie etant purement
locale, son extirpation, avant qu'il soit degenere en cancer, est tou-
jours suivie de la guerison. II n'en est point ainsi du cancer ulcere,
qui resiste souvent a toutes les medications, generales ou locales.
Ce volume renfernie encore plusieurs observations sur le squirre
et le cancer, un essai de classification des tameurs, d'apres leur
structure anatomique, et quelques cas particuliers de maladie du
testicule, de I'oeil et de la cuisse.
Sg. — * Bl eta physique des quantites positives et negatives , ou Intro-
duction a I'algebre; par Emmanuel Develey , professeurde matbe-
niatiques , membrede diverses academies et societessavantes. Secondc
edition. Geneve, 1824; Paschoud : Paris , le meme. i vol. in-8° 127
pages ; prix 2 francs.
II est aise de reconnaitre que cette publication, donnee commc
nouvelle, n'est autre que Vintroduction a I'Algebre, imprimee en
1799, dont on a seulement change le litre, et que Ton presente
comme une seconde edition. L'auteur est probablement innocent de
cette supercherie de commerce , qui a pour objet de faire vendre le
reste d'une premiere edition. Quoi qu'il en soit , ce qu'il importe
d'examiner, c'est s'il convient de tirer I'ouvrage de Tonbli auquel il
semblait condamne. L'auteur reclame , dans la preface, contre un
plagiat qu'il reproche a Carnot; s'il faut Ten croire , ce dernier n au-
rait public en i8o5, so" traite de la correlation des figures de geo-
melrie , qu'apres avoir meditc etmiiri les idees dc M. Develey. Comme
les deux ouvrages existent, il est aise de les comparer et de voir qua
I'exception de quelques termes communs a I'un et a I'autre , et de
notions qui appartiennent a tons les matbematiciens, ces deux traites
SUISSE. 173
sont entiferement diff^rens : celui de Carnot embrasse la th^orie dans
?out son ensemble , la considere principalement dans ses rapports
gdometriques, ce que M. Develey ne fait pas, et jette sur ce siijet
une lumiere telle qu'on pent regarder aiijourd'hui la question comme
completement resolue. Ce n'est que dans son application de I'algebre
a la geometrie , c'est-a-dire, bien long-tems aprc^s Carnot, que
M. Develey a considere le rapport des signes avec la situation rela-
tive des lignes en geometrie; et c'est principalement ce qui rend
recommandable I'ouvrage de notre celebre proscrit. L'amitie qui
m'unissait a lui me fait un devoir de repousser une agression que
Ton aurait du faire de son vivant. Chacun de ces deux ouvrages est
distinct de I'autre : I'un ne considere le sujet qu'algebriquement ;
I'autre Tenvisage sous tous les rapports , et principalement sous
ceux de la geometrie. Quant au merite particulier du premier, je
me plais a I'avouer; la metapliysique en est claire, simple, exempte
de reproches , si ce n'est d'etre trop longuement exposee ; la matiere
qvie Ton y traite ne semblc pas comporter un developpement aussi
^tendu ; et , sauf un certain nombre d'exemples que I'auteur a cru
devoir donner pour eclairer la doctrine qu'il a exposee, les notions
principales qui font la base de son traite peuvent etre reduites a
quelques pages. II aurait ete plus convenable de les rediger sous
forme de memoire pour etre inserees dans quelque collection acade-
raique. Du reste , quoique la matiere n'ait pas ete exploitee ex pro-
Jesso , avant M. Develey , tous les analystes avaient assurement les
memes idees que lui des signes algebriques. C'est ce dont seront
convaincues toutes les personnes qui voudront lire Tarticle negatif
dans I'Encyclopedie de d'Alembert, les traites d'algebre de Clairaut,
Euler , Be/.out ; etc. Ainsi , d'une part, Caruot n'a pas emprunte a
M. Develey des notions qui appartenaient a tous les geometres ;
et de I'autre, on ne senlait pas la necessite de la publication d'un
traite special sur les signes consideres dans leur emploi algebrique
seulement, et notre savant academicien , en composant sa gcomecric
de position , n'a rendu service a la science que parce qu'il a generalise
les notions admises en algebre , en les rectifiant pour les appliquer a
la geometrie. Ce jugement paraitra severe a j\l. Develey; c'est un des
plus rigoureux devoirs d'un homme qui rend compte au public des
travaux d'autrui , que d'exprimer avec conscience son opinion,
devoir penible a remplir , lorsqu'il est de nature a blesser I'amour-
propre d'un savant digne a tous egards d'estime. Fkancoeur.
60 * — Observations sur le langage dii pays de Vaiid; par Emmanuel
i7/i LTVRES ETRA-NGERS.
"DEVRLnY. Seconde c'dition, revue et an^mentee. Lausanne, 1824; Pas-
choud : Paris, le meme. i vol. in-S" de vi et 80 pages; pri-T 2 fr.
Cliaque provincea des mots ou des tournures qui lui sont propres,
ct qui s'eloignent plus ou moins de la veritable langue francaise ;
cette remarque est applicable au canton de Vaud , en Suisse.
M. Develey a recueilli une partie des locutions qui appartiennent a
ce canton , et il a mis a cote de cliacune la plirase ou lemot qui lui
correspond dans le langage correct. Cast en cela que consistent
ses observations, dont le resultat evident sera de faire disparaitre
quelques-unes des expressions qui defigurent la langue vaudoise, et
de la rapprocher de la notre. Nous n'hesitons pas a joindre nos elo-
ges a ceux que M. Develey a deja recus de ses conipatriotes. Nous
ajouterons toutefois quelques reflexions, qui pourront aider a r^-
soudre une question que les ecrivains, dans ce siecle raisonneur, ne
manquent guere de s'adresser, quand ils ne trouvent pas de terme
pour exprimer leiir pensee : jusqu'a quel point I'Academie peut-elle
declarer qu'un mot n'est pas francais, et lui refuser son admission
dans la langue?
Generalement, la purete d'une langue depend plus des tournures
et des associations de mots que des mots en eux-m^mes, dont la
liste, pour etre exclusive, devrait au moins ^tre complete, et exige-
rait que I'onmit a contribution toutes les provinces ou la langue se
parle. Ainsi, quand toutle Daupbinc ettoute la Suisse expriment par
tomme I'idee Aefromagede chevre , tout ce qu'on peutconclure de ce
qu'ilne setrouvepas danslesdictionnaires, c'est que leslexicographes
ne le connaissent pas : ce qui ne veut pas dire qu'il ne soil pas fran-
cais. II u'en est pas de m^nie des phrases : il y a evidemment sole-
cisme, toutes les fois qu'on emploie des mots dans un ordre con-
traire a celui que commande I'usage. kins'i, jevous obseive que ,Y>our
ie voiis fais observer que , — en agir, pour en user, etc. , sont certaine-
ment des fautes qu'il faut tacber d'eviter.
On concoit, d'apres cela, que le livre de M. Develey n'a point dans
toutes ses parlies une cgale importance ; quand il ne s'agit que de
mots isoles , nous devons convenir que les liabilans du pays de
Vaud auraient tort de renoncer aux expressions consacrees qui
leur sont utiles, par le seul motif qu'elles tie se trouvent pas dans
rAcademie. Exceptonsneanmoins: 1° les mots employes dans un faux
sens , comme rice poor fHusse , caustique pour cautere , etc.; a° ceux
qui sont Evidemment corrompus dufrancais , comme camamUlc pour
camoinille , secoiipe pour soncotipe, etc.
SUISSE. — IT ALIE. 175
C'est done sur ces deux especes de mots et sur les phrases vicieu-
ses que devraient porter principalement les c^' servations de M. De-
veley. Mais il n'y aurait peut-etre aucun mal a laisser subsister des
hSots propres a un pays , et que des circonstances locales lui reudent
necessaires, ou recus depuis peu dans la langue , comme minable
pour convert de mauvais habits , ou composes conformement a I'usage
de la langue, comme sous-tasse, chau/fe-pied , etc. B. J.
ITALIE. . ,
61. — Solution du probleine de la conservation ou suppression de la
culture du riz en Ldmbardie et dans la Basse-Italie , et moj-ens propres
a former des rizieres sans nuire a la salubritc publique. Turin, 1818.
I vol. iu-8° de 287 pages , avec quatre planches lithographiees rela-
tives a la culture et a la preparation du riz. Imprimerie royale.
Nous apprenons par la dedicace de ce livre que son auteur est
M. de Gregory, dont nous avons fait connaitre, dans notre dernier
cahier, VHistoire des arts et des lettres dans le pajs de Verceil {^-voyez
\. XXVI , p. 78G) le probleme economique et legislatif : faut-il en-
courager ou prohiber retablissemenl des rizieres par irrigation ?y est
traite completeiuent et avec tons les secours que fournissent i'hy-
gifene, I'histoire et les lois. Ce qui nous a le plus frappes dans ce vo-
lume, et ce qui merite singulierement I'attention des publicistes ,
c'est de trouver (p. 66 et 98 ) qu'a force de complaisances pour les
pretentions ou privileges des ecclesiastiques , ceux du Piemont et
de la Savoie s'etaient, en definitif, sibien soustraits aux reglemens de
police et de salubrite publique, qu'ils etaient reputes , pour leurs per-
sonnes el m6me pour leurs biens-fonds , sous le regime direct et ex-
clusif du pape ; en sorte que ie due de Savoie souffrit qu'ils deso-
beissent ouvertement aux lois sur la police des rizieres, se conten-
tant d'autoriser les deputes du pays a se pourvoir en cour de Rome,
afia d'assujetir par une bulle les ecclesiastiques a se conformer sur
cet objet aux sages lois du pays ; et les petitions , les remontrances
nationales au chef des fiddles, comme exercant le pouvoir temporel
hors de ses Etats , demeuraient sans effet. Si les mandemens, les
instructions episcopales contraires, par exemple, a notre police, a
nos libertes religieuses , 3 la declaration du clerge de 16S2, de-
meuraient toleres, pourquoi ne verrait-on pas aussi les Francais
descendre , comme leurs voisins, jusqu'a un semblable regime de
malheurs et d'absurdite ? Lanjuinais, de I'lnstitut.
176 LIVRES ETRANGERS.
6a. — * Corso del driuu civile. — Cours de droit civil francais ; par
T0ULI.IBK , traduit en italien. T. II. Naples, i8a5 ; llusso. i vol. in-8°
de 4J feuilles; prix 12 carliiis (5 fr. 24 c. ) par volume.
Deja six volumes de rexcellent Commentaire du Code civil , par
M. Toullier, ont cte traduits a Naples. Ce royaume ayant conserve
presque en entier les lois francaises qui y ont ete imposees, les dis-
sertations du savant professeur francais font autorite aujirts des
friluinaux napotitains comme aupr^s des tribunaux francais. Nul
donte que cet onvrage n'obtienne a Naples le succes qu'il a obtenu
en France; I'.Tmoiir que les Napolitains ont toujours profosse pour
la science de la jurisprudence et pour ses applications en est une sure
garantie. E. G.
fi3. — Qiiadro dei principali popoli antichi , ecc. — Tableau des
principaux peuples anciens, avec la carte geograpbique du monde
ancieii , de d'Anville; par le cbevalier Gioca/2«i T,\.."tt.vsciA. Bergame*
1824; Mazzoleni. In-i6.
C"est tin recueil de notices sur les differens peuples anciens jusqu'a
la chute de I'empire d'Occident. L'auteur ne suit, dans son travail,
que les classiques grecs et latins, surtout en ce qui concerne I'his-
toire roniaine. Quoique trt'S-})orne dans son plan, il presenle une
description assez distincte de tous les peuples anciens. II cberche a
eviter les fables et les contradictions qu'on rencontre si souvent dans
I'histoire, et ne s'attacbe qu'.i rappeler les faits les plus constates
ou les plus probables.
64. — Opinioni di parecchi scrittori si'gli stitdi elemcntari , ecc- —
Opinions de plusieurs ecrivains , relatives aux etudes elementaires ,
avec quelques reflexions, etc. Imola , 1824 ; typographic du Serai-
naire. In-8°.
L'auteur de cet ouvrage est M. Giovanni Scarabelli. Quoiqu'il
ne paraisse d'abord avoir d'autre merife que celui de simple com-
pilateur , 11 faut lui reconnaitre celui d'dtre utile a ses compatriotes ,
en s'efforcant de prouver qu'on ne peut api)rendre une langue etran-
gfere , morte ou vivante , sans bien savoir la sienne propre. II ne
se borne pas a rapporter les idces et les conseils de plusieurs ecri-
vains modernes, d'Alembert, Condillac, etc.; il croit faire mieux
encore en cherchant a s'appuyer de I'autorite d'auteurs italiens des
xvi« et xviip siecles, tels que Flaminio, Facciolnti et plusieurs autres
dont il aurait pu augmenter le nombre.
65. — Prospelto noininativo di ttitte tc lingue note , e de' loro dia-
ITALIE. 177
letti, etc.; ouvrage de Frederic Adelung , traduit, etc. Milan, i8i4;
G. B. Bianchi. In -8".
Le traducteur de cet ouvrage est M. Francois Cherubini. Nous
n'aurions pas annoiice une simple traduction, qiioique d'un ouvrage
interessant dans sou genre , si le traducteur ne I'avait enrichie
d'un nouveau prospectus des dialectes italiques , qui complete ou
rectiGe ce que I'auteur original a dit ou omis sor ce sujet. M. Che-
rubini s'occupe d'un travail bien plus considerable : c'est un Essai
d'un diclionnaire de tous les mots des dialectes italiens , qui sans
doute pourra etre d'un grand interet pour les amateurs de ce genre
de recherches.
6fi. — Vocabolario ehraico-italiano ed italiano-ebiairo , etc. — Vo-
cabulaire hebrai'que-italicn , ct italien-hebraique , de Francesco Fon-
TAKELLA. Venisc, 1824; Molinari. In-8°.
L'auteur s'est propose de renfermer en peu de pages tout ce que
nous ont transmis les livres saints jusqu'aux regnes de David et de
Salomon. 11 n'a cherche et n'a place dans son dictionnaire que les
mots qui ont une origine incontestable, et il n'en a pas trouvc de
tels dans les livres posterieurs, particulierement dans ceux qui pa-
rurent aprfes la captivite de Babylone. L'ouvrage de M. Fontanella ,
comme livre elementaire, peut <5tre d'une grande utilite a ceux qui
culliverit ce genre d'etudes.
fiy. — Grammatica dclle due lingiie i'aliana c latina, etc. — Gram-
maire des deux laagues italienne et latine, a I'usage des ecoles de la
Lombardie, par M. Ferdinand BEi-LisoMr. T. 1^'^. Milan, 1824;
S. Pogliani. In-8".
Le pere Soave , avantageusement connu par ses ouvrages plii-
losopliiques , avail ete charge en 17S5, par le gouvernement de la
Lombardie , de rcdiger une grammaire des deux langues italienne et
latine , suivant les priiicipes et les methodes des derniers philoso><
piles qui s'etaient occupes du nieme sujet. Bientot , plusieurs autres
ecrivains , suivant le raeme exemple , rectifierent et simpliCerent
encore la grammaire de Soave lul-meme. M. Btdlisomi est entre dans
la meme carriere. 11 semble avoir surpasse a plusieurs egards ceux
qui I'avaient devance; ct ])our s'assurer du merite de son travail,
il a demande et obtenu la permission d'en faire un essai dans les
ecoles publiques de la Lombardie.
68. — * Operc , etc. — Classiques italiens. — OEuvres de T. Tasso ,
t. IV. Milan, 1824. In-8" de aliii et 628 pages.
Nous avoiis deja annonce cette excellente edition des Classiques
T. xxvii. — Jiiillel 1825, 12
178 LIVRES ifeTRANGERS.
Italiens, qui sedistingue siirtout par ses variantes et par une grande
correction, (^o)-. t. xxiv, p. yaS). Nous reconnaissons dans ce qua-
trieme volume desOEuvres duTasse, qui vient de paraitre,lesm^mes
qualites et le m^ine esprit de critique de I'^diteur, M. Gherardini.
Ce volume contient YAininia el d'autres pieces de divers genres. On
y trouve des poesies pastorales, des poesies eroliques, hero'iques,
morales et sacrees. Quant a leur forme, ce sont des dialogues, des
sonnets , des stances , des niadrigaux , des vers scioUi , des canzoni ou
des odes. Quelques-unes de ces dernieres sont vraiment parfaites.
En general , le Tasse etait presque aussi original dans la poesie ly-
riqi'ie que dans la pastorale et dans I'epopee. Aucun poete, apres
Petrarque, ne s'elait eleve plus liaut que lui par ses canzoni.
M. Gherardini a suivi, pour Vjminta, Tedilion executee par
Bodoni en 1789 , edition precedee d'une savante preface de I'abbe
Serassi , et de la dedicace en vers sciolti , faite par M. Monti, au nom
de I'editeur. M. Monti a voulu retoucher cette piece de vers pour
I' edition que nous annoncons. L'editino de M. Gherardini est encore
meilleure et plus correcte que celle de Bodoni, quoique celle-ci eiit
6te soignee par I'ahbc Serassi. H y a releve piusieurs fautes typogra-
phiques , et m^me des erreurs grammaticales plus on raoins remar-
quables, en la confrontant avec les exemplaires les plus accredites ,
et avec le texte mdme. L'editeur, dans sa preface, rend un compte
exact de ses recherches et de leur resultat. II presente , a la Gn des
poesies lyriques du Tasse, quelques variantes el quelques observa-
tions. Cette edition nons semble preferable a toutes celles qui I'ont
precedee.
6(). — Poesie, etc. — Poesies de Oirolarno Orti. Verone, i8ia ; ■
Societe lypographique. In-ra. I
Quelques-unes de ces poesies sont des eglogues, ou plut6t des
conies champ^tres, comme I'auteur les appelle lui-meme. II nous
previent que le fond en est vrai, quoiqu'expose sous un voile mylho-
logique. Les sujets nous ont paru parfois avoir de I'inleret; mais la
forme ne nous semble pas toujours heureuse. Le sujet des autres
vers est souvent irop commun, ou de peu d'importance. L'auteur en
consacre quelquefois a son cheval, a une mouclie, etc. On trouve a
la fin un poerae qui excite rallention , au moins par le litre, la Eiis-
siade. II est divise en quatre chants, en vers sciolti. Le heros est
I'empereur Alexandre.
70. — * Repertorio sce/lo ad iiso de' teatri italinni , etc. — Repertoire
ITALIE. 179
choisi , a I'lisage des tlieatres d'ltalie ; par le profes»eur Gnetann Bar-
RiF.Ri. Milan, 1824; Typographic du commerce. 8 vol in-i6.
M. Barbieri avail deja donne aux amateurs du theatre un Reper-
toire , ou recueil de pieces dramatiques choisies. II vient d'en publier
un autre, plus iuteressant encore, qui contient le Paria et I'Ecole
dei Vieillards de M. Delavigne; le Philhite de MoUere , par Fabre d'E-
glantine; lesdeux Meiiages , deMM. Pi card , Wafflard et Fulgence;
le Tjran domestique , de M. Duval; MoUere dans sa famille , etc. Oa
trouve aussi, dans ce recueil, plusieurs pieces de Molifere lui-m^me,
entre autres, le Depit amoureux , les Femmes savantes, les Precieuses
ridicules , les Fdcheiix , comedies qui, faites pour des tems et pour un
pays si differens de notre siecle et de I'ltalie, n'en seraient pas moins
susceptibles, avec de legferes modifications , de produire encore beau-
coup d'effet sur les theatres de cette peninsule. — Malgre le merite
incontestable de ces traductions , on a remarque que les Iraducteurs
se sont occupes parfois de paraitre plutot corrects , et meme un pen
recherches dans le style, que naturels, et fideles a I'auteur original.
On a aussi observe que la traduction en prose qu'on a faite de cer-
taines pieces ecrites en vers , u'en fait pas assez apprecier toute la
beaute. En effet, quelques tirades qui se font toujours remarquer
sur la scene francaise, traduites dans une prose nieme elegante,
n'ont pas eu le meme succes parmi les Ilaliens. Si Ton ne veut pas
entierement en attribuer la cause aux defauts des acteurs , il fau-
drait, ou ne traduire aucune des comedies francaises ecrites en vers,
ce qui priverait I'ltalie de plusieurs chefs-d'oeuvre du theatre fran-
cais, ou les traduire en vers italiens , ce qui les rendrait moins
agreables au gout des Italiens. Pour eviter ces deux inconveniens ,
il n'y a d'autre moyen que de rapprocher , autant que possible, la
prose italienne de la poesie originale. Nous pensons qu'il vaut
mieux prendre ce parti que de suivre I'exemple de ceux qui ont
employe le vers martellien , espece de contrefacon ridicule du vers
alexandrin , ou cette espfece d'hendecasyllabe qui , ayant le nombre de
syllahes necessaire a sa composition , n'a presque point de rhythme.
71. — Opere d' intaglio , etc. — Les gravures du chevalier Raphael
MoRGHEN, expliquees par M. Palmerini. Troisieme edition. Florence,
1824; Pagni et comp. In-8".
M. Palmerini, eleve du chevalier Morghen , avait deja publie,
en 1809, une Notice assez detaillee sur les gravures de son maitre;
il en donne, dans cette nouvelle (Edition, un catalogue encore plus
complet. On y trouve des remarques curieuses sur quelques pre-
>8o ^ 1.1 V RES KTRANGERS.
tendus portraits de Petrarqtie et de Laiire siir lesquels les ainateiifi
IK- sont pas tons d'accord. F. Salfi.
7** — L' utile Passateinpo. — Le Passetems utile, ou Recueil pe'-
1 iodique offrant dcs recherches ciirieuses , des anecdotes agreables,
des notices scientiCqnes et litteraires, des pensces choisies , des
pit'ces de vers, des nonvelles des theatres, etc., etc. Naples , iSaS .11
parait, chaqiie mois , un caliier de fi4 pages in-S"; prix Sa carlins par
an ( i4 fr. 8 c. ) Marotta et Vanspandoni.
Ce petit journal des dames, qui parait a Naples depuis pre? d'une
annee, fait passer dans ce pays quelques arlicles litteraires et quel-
ques annonces scientiCques, a la faveur des modes. II est, en general ,
plus instructif et mieux rcdige que les journaux des modes de France.
C'estneanmoins dans cesrecueilsqu'ilprendie jilussouventles articles
dont il est compose. — Parmi les emprunls fails a des ouvrages perio-
diques d'une nature plus grave , on a deja remarque plusieurs extraits
de la Revue Encyclopidiqite. II est inutile d'ajouter qn'a Naples , comma
dans toute I'ltalie , c'est de Paris seulement que Ton recoit les oracles
qui reglent les modes. EUessont toujours adoptees avec empressement
par les elcgans de la villa realc et des salons de Chiaia — Les gravures
jointes aux cahicrs de L'utile Passateinpo font honneur au talent de
I'artiste. E. V.
PAYS-RAS.
73. — * Revue de la Flore des environs de Spa, par A. L. S. Le
JEUjyE, Liege, 1824; veuve Duvivier. In-8° de 260 jiages.
La Flore preccdemment publiee par M. Le Jeune avait ete favo-
rablement accueillie par les savans. Cependanf , on y remarquait
quelques erreurs , que I'auteur a eu soin de faire disparaitre. II n'a
rieu neglige pourrendre sa nouvelle edition aussi parfaite qu'il etalt
possible. A. O.
7.^. — * Leerhock der geregteljhe geiieesAuiide. — Manuel de
medecine legale, par M. Moll, D.-M. ; a Nimegue, etc. T. I'''.
Arnhem i825; Muller et compagnie. xxxvii. — 487 pages in-S".
On peat appliquer a I'auteur de ce livie ce que Voltaire disait de
I'abbe Trublet. En effet, le volume que nous annoncons se com-
pose d'un amas de citations tirees de diflerens ouvi ages connus; ct ,
si Ton en retranchait tout ee qui n'estpasde I'auteur , il ne resterait
peut-^tre que quelques pages. C'est vraimcnt une manie aujourd'hui
chez certains ecrivains de vouloir publier de gros volumes, qui ne
jonlsouventque descompilationsindigestes. Mais la saine crjtiqueest
PAYS-BAS. , j8|
la, pour faire justice de ces ouviyges oil ricn n'cst iiigne d'aiteniion
que I'envie de I'iiuteur d'atlirer ralleiition sans la meiiler j)ar lui-
in^me.
II nousseinble, |)ar exem])le, <[u'uii ouvrage de niedfciiie legale
doit etre ecrit avec une rigoureiise concision , poui- que sa lecture ne
soit pas si fatigante ; charge, au contraire, d'une foule de details
superflus , au milieu desquels sont comme perdues les clioses essen-
tielles a savoir , il ne peut fournir que des notions obscures , surtout
aux magistrats, qui sont quelquefois dans le cas de consulter ces
sortes de livres.
Le manuel de M. Moll se public par souscription. L'aut^ur se
plaint , dans sa preface du petit nonibre de ses souscrijileui s; cela
u'esl pas difficile a expliquer. Son livre ci'ailleurs, est fort clier ; le
volume, quoiqu'il r.'y ait aucune j)lanclie, cofite a peu pres douze
francs. Si M. Moll veut se faire lire, et conteuter le peu de personnes
qui ont souscrit pour son ouvrage, il ferait tr^s-bien de resserrer
sou cadre, de ne plus entasser citations sur citations, de ne se servir
que d'un petit nombre de bonnes autorites, et d'essayer ses propres
forces ,'au lieu de recourir a celles d'autrui. II nous eut ete bien
agreable d'avoir des cloges a lui do)iner; nous esperons etre nlus
heureux , apres la publication de son deuxieme volume. Dc K.
•jS — Lets over de oogontsteking, ivelke by het nedcrlandsch leger
gchcerscht heest. — Sur I'ophthalmie de I'armee des Pays-Bas , par le
chevalier de Kirckohff, ancieu niedecin en chef des hopitaux mili-
taires, etc., etc.; traduit du francais par MM. Swaajv , lecteur de
chimieet d'histoire natuielle a I'Ecole de medecine de Horn, etc.,
et JoititiTSMi, D.-M., etc. Horn, iSaa; impriinerie de Vermande.
In-S".
M. de KIrckhoff a traite celte ophthalmie pendant plusieurs
annees consecutives. II coral)at I'oplnion de ceux qui la croient ori-
ginaire de I'Egypte , et soutient qu'elle est due a la source catar-
rhale. Le traitement qu'il iudique a ete constammenl couronnedu
plus heureux succcs. Les traducteurs de son ouvrage, tons deux
recommandahles par leur savoir, et dont I'un parait avoir observe
long-teras lu maladie a Thripital militaire de Leyde , font preceder
ce memoire d'une preface qui fortifie les obseivations de M. de
Kircldioff. M. F.
•jf>. — * Arithmetiqiie elemeiitaire , raisonnee et appUquee , par
J. N. NoEi., professeur des sciences physiques et mathematiques a
I'Athenee roAal de Luxembourg. Troiueme edition , iRjS. lu-S"
iSi LIVRES ETRANGERS.
Depuis que M. Noel ost venu s'etablir en Belgiqiie, il y a
public plusieurs ouvrages eleinentaires , appropries a I'ensei-
gnement des matheniatiques qui lui a ete coiifie a I'Athen^e
s d'elle les avantages moraux que cette sage coutnme assure a la
societe, question si eloquemment traitee par Rousseau; conside-
rant seulement le point de vue medical, il prouve que les femmes
qui se dispensent de nourrir sont assaillies de plus de niaux, de-
\iennent plus promptement laides et vieilles , et vivent en general
moins long-tems que celles qui ont rempli le voeu de la nature. —
L'auteur iiidique toutes les precautions qu'exigent I'etat de la m^re
et la f'aiblesse de renfaiit. Ce livre est termine par I'examen des cir-
constances qui pcuvcnt forcer de recourir a Tallaitement ariificiel.
— Dans le cinquieme livre, Jenny est instruite des soins qu'exigent
la premiere dentition et le moment du sevrage. Nous ne pouvons
trop engager les meres a consulter souvent les regies que ce livre
contient, puisque les nombreux dangers, qui nienacent a cette cpo-
que leurs enfans et ellcs-memes, ont presque tons leur source dans
des erreurs a cet egard. — La seconde enfance est I'objet du sixieme
livre. Le fds de Jenny vientd'avoir sejit ans. II est encore sous la tu-
telle de sa mere; mais bientot les etudes vonl le lul ravir en partie,
et sa tendre sollicitude .doit veiller a ce que I'arbuste auquel e!le a
prodigue tant de soins , ne prenne pas une direction vicieuse ; les
exercices du corps et de I'intelligence, les travaux et les jeux sont
passes en revue; leur influence physique appreciee , et les iiom-
breuses precautions que demande le passage de I'enfance a I'ado-
lescence sont developpees de manlere a ne rien laisser a desirer. —
Un septieme livre traite succinctement des principales maladies de
I'enfance; la clarte et la precision dans rindication des signes qui
caracterisent ces maladies mettent la mere prevoyante en etat de
reclamer a tems les secours des hommes de I'art , et quelques regies
sur le traitement de ses affections kii permettent de donner imme-
diatement les premiers secours. L'auteur aurait dii peut-ctre ajouter
a ce dernier livre nn apercu rapide des maladies des femmes avant,
pendant, et apres la grossesse, en ne donnant pas a ses preceples
sur ce point plus d'etendue qu'a ceux qui concernent les maladies
de I'enfance : c'eut etc un com])lt'ment utile de son ouvrage.
Le l\laniie} des jeiines meres n'est pas seulement exempt des defauts
que I'on pent reprocher ii la plupart des ouvrages publics dansk
SCIENCES PHYSIQUES. 18.)
liieme but jiisqu'ici ; mais la maniiTC a la fois elegante ct simple
dont I'auteur a traite son sujet, I'interet qu'il a su y repandre, la
sagesse et rimportance des prcceptes qu'il renferme lui assiirent un
succes brillant et durable. G.
85. — fringe questions sur le cercle , resoliies de la maniere la plus
conrte , la plus simple et la plus ejcacte ; par M. Vatar , ex - agent du
tiesor, ancien eleve de I'Ecole des ponts et cliausses de Brctagne.
Ouvrage eleuientaiie. Rennes , iSaS, Vatar; Paris, Raynal; prix ,
3 francs.
Get ouvrage est une collection de tables propres a resoudre tons
les problemes relatifs an corcle et a la spbere. Ces tables sont exactCs,
et d'un emploi facile. Peut-etre trouvera-t-on qu'elles sont pen utiles,
pour la plupart, parce qu'on a tres-rarement I'occasion de trailer
de semblables sujets, et que, lorsque cette occasion se prcsente, la
solution des questions n'exige pas qu'on ait recours a des tables qui
abr^gent les recliercbes, parce qu'il y a toujours un terns a perdre
pour trouver dans un livre rarement employe le sujet que Ton veut
considerer. Mais je ferai un reproche plus fonde a la forme que
I'auteur a donnee a son travail. Les litres des tables sont des ex-
pressions algebriques, fort simples , il est vrai , mais qui ii'en sor.t
pas moins capables d'effrayer les personnes qui ne connaissant pas
I'algebre, ne peuvent les comprendre , et auxquelles cependant I'ou-
vrage est destine : car je ne pense pas que M. Vatar ait eu en vue I'u-
tilite des geometres exerces ; ceux-ci resolvent les problemes qu'il a
proposes, par I'emploi des logaritbmes , avec une facilite qui I'em-
porte sur tons les procedes speciaux rjue Ton peut donncr.
M. Vatar , en termiuaut son livre, propose la creation d'une com-
mission cliargee d'examiner tous les ouvrages qui seront publics a
I'avenir, aCn de prononcer un arret de coudamnation centre ceux
qu'elle ne jugerait pas digues d'entrer dans les bibliotlieques. Sans
parler de I'espece de tyrannic que tot ou tard exercerait sur les au-
teurs la commission proposee, il y a bien sujet de craindre que le
public s'obstine a ne pas rectifier ses sentences. On se rappelle le'
sort des pieces de theatre jouees a la cour dans les voyages qu'elle
faisait autrefois a Fontainebleau ; celles de ces pieces que Ton y
avail accueillies avec admiration, etaient bientot representees a Paris,'
ou un sort lout contraireleur ctaitsouvent reserve : le veritable juge
des ouvrages c'est le public; s'il est sujet a erreur, ce qui est rare ,'
mais non sans example, comnie cela rsl arrive pour Athalie, on es^
lyo IJVRES FRA.1NT.A.IS.
toujours venge d'une sentence iiijnste , en appelant tin public pre-
venu oil mal dispose a ce m^me public plus calme et plus eclair^.
L'auteur terniine son ouvrage par une fort belle phrase qui est
I'analyse de ses opinions politiqnes : son attachement a la famille
royale est ua sentiment tr^s-honorable sans doute ; mais on se de-
iTiande conimnnt des jiroblc-mes de geometric peurent conduire a la
proposition d'unecensure litleraire, et par quelle transition on peut
de la passer a I'eloge du prince qui nous gouvcrne. Francolur.
86. — * Atlas coiitenant , par ordre des terns, les cartes relatives
a la Gco^raphie d'Hcrodote , de Tliucydide , de Xenophon ; et les Plans
des batnilles decriies par ces trois grands historiens , etc., etc. ( en tout,
107 planches), dessine par des tacticiens et des geographes distin-
gues , d'apr^s les recherches de J.-B. Gail, membre de I'lnstitut, etc. ,
ouvrage utile a I'intelligence des historiens anciens et faisaiit suite
au Philolof;iic de J.-D. Gail et a la Collection des OEiirres d'Herodole,
Thiicj-dide et Xenophon, et a Va' Geographic d^Hcrodote. Paris; Gail, ne-
veu,rue Neuve-des-Petits-Champs, n° 12 ; prix 60 fr. Idem avec les
Tableaux chronologiques , 72 fr.
87. — * Geographie d'Hcrodote , prise dans les textes grecs de
l'auteur, et appuyee sur un examen grammatical et critique; par
J.-D. Gaii,, nieme adresse que ci-dessus. 2 vol. in-So; 18 fr. id. : in-4''»
3o fr. ; papier velin fio fr.
Nous sommes en retard pour I'annonce de cet excellent ouvrage,
que , du reste , nous n'avions pas recu encore. Depuis pr^s d'un an ,
il est si bien connu en Angleterre , que le Quarterlj Review, 11° 6r ,
novembre 1824, s'emparant de I'idee de M. Gail, annonce un Atlas
de la Geographie des trois grands historiens grecs , et des plans de leurs
batailles. M. Gail n'est point prive du tribut d'estime qu'il inerite.
En effet, on le nomme, comme devant fournir, avec d'Anville et
Rennel, une bonne partie des cartes et plans de I'Atlas projete. C'est
mettre M. Gail en bonne compagnie : et certes, il en est digne.
Nous reviendrons sur cet ouvrage, I'un des plus remarquables
que Ton ait publics depuis bien des annees. En attendant , nous
aimoiis a dire qu'il contient beaucoup d'apercus ingenieux et de
vcritables decouvertes en histoire, en tactique , en geographie.
C*.
88. — * P'ojage de Jienjamin Bebgman chez les KalmnAs , traduit de
Tallemand par M. Moris, membre de la Society Asiatique. Paris,
1825 ; Lecointeet Durey. i vol.in-S" imprimea Chatillon-sur-Seine;
prix 7 f.
SCIENCES PHYSIQUES. 191
L'aiinee 1771 fut remarquable par la fuite spontanee d'une grande
partie de la nation kalmuke des bords du Volga , oil eile etait venue
s'etablir en ifiifi. La Russie vit, par cet evenement, s'eloigner de ses
fronti^res une peiiplade de 400,000 ames, dont les nombreux trou-
peaux avaient jusqu'alors alimentc ses grandes villes , et dont I'emi-
grationla priva tout a coup d'un auxiliaire destine en terns de guerre
a former une partie de sa melUeure cavalerie. Quelles que furent les
causes ou les circoustances qui amenerent cet evenement, la fuite ne
flit pas totale. Les Derbetes, qui appartiennent egalement a la nation
kalmuke, ne suivirent pas leurs compatriotes au dela du Jaik , et
furent jiar ce motif favorises par le gouvernement russe. La rela-
tion de Benjamin Bergman fait connaitre I'etat de ce peuple dans
ces derniers tems. Son ouvrage complet sur les Kalmuks , im-
prime a Biga, en i8o4, ( i vol. in-8° ), a eu beaucoup de succes
en Allemagne. — M. Moris en avait termine la traduction, et son
intention etait de la publier, lorsqu'il apprit que I'auteur s'occupait
a Saint-Petersbourg d'une nouvelle edition. Comme elle ne peut
larder a paraitre , le traducteur s'est decide, en attendant la publi-
cation de I'ouvrage entier , a doniier la partie qui n'est pas suscep-
tible de changement. Cet extrait est la relation du voyage fait par
Benjamin Bergman chez les Kalmuks en 1802 1, relation contenue
dans une suite de lettres adressees a uii de ses amis.
Le voyageur traite succcssiveinent de I'aspect du pays, de la vie
errante des Kalmuks , dont le sejour ne se prolonge jamais plus d'une
semaine dans un m^me lieu, de leur organisation et des franchises
qu'ils obtiurent de Tempereur de Russie Paul I""^ , de leur vice-
khan , de la nature de leur religion, qui est le lamisme. Benjamin
Bergman introduit tour a tour le lecteur dans la teute du conseil
Sarga , sous la hutle des pretres Kalmuks, dont le caractere est une
excessive paresse; il fait connaitre leurs nombreuses fetes religieuses
el leurs livres sacres; il explique, d'apres les Kalmuks, Torigine de
I'ecriture mongole et dc I'alphabet , dont on trouvc des modeles li-
thographies a la suite du volume; il nous apprend, en outre, que
ce peuple avait jadis des iniprimeries sur les bords du Volga; il fait
remarquer I'origine des Kalmuks et leur ressemblanceavec les Huns.
L'auteur qui a suivi ces hordes dans leurs differens campemens sur
les bords du Selma , entre dans les plus grands details sur la vie
privee des Kalmuks, I'usage habituel qu'ils font du the, plante re-
gardee par eux comme un remede contre toutes les maladies , I'abus
qu'ils font des liqueurs fortes. Ilpense que I'usage du lait de jument
192 I.IVRKS FRA.NCAIS.
cause les inn ladies d'yeux si orrlinaires cliez cepeiipli'. Notre auteur
a etc temoin oiiexactoment informe de tonteslesparticularifes digues
de ses oliservations, tellosque I'usage de hrnler les inorts , roffrande
au dieii du feu, la fete des lampes, le trihut d'adoration paye par
le vice-khan au fleuve Houma, etc. Cette partie de la traduction de
M. Moris est suivie de VEssai siir la fttkc des Kahniihs des bords du
Volga en 1771, niemoire trfes-curieux qui explique les motifs et les
circoustaiices qui ont ameue cet evenement. La relation verbale de
cette fuite a eie recueillie par Benjamin Bergman d'un temoin ocu-
lairCjM. Weseloff, dont les aventures terminent le volume.
La lecture de cet ouvrage nous a paru justifier I'opinion du tra-
ducteur. II semble, en effet, apres avoir lu ces lettres sur les Kal-
muks, que I'on connaitce peuple, cornmeon connaitses voisins. Les
moeurs , les usages et les habitudes y sont rac.ontes avec une simpli-
cite qui fait que la memoire les retient aisement et qu'on se fami-
liarise promptement avec cette maniere de vivre, si eloignee des
habitudes europeennes. En un mot, ce voyage nous parait non-
seulement digne de I'attention des savans , mais de nature a interesser
la geucraiite des lecteurs. X. B.
89. — * Eiicyclopedie inoderne , ou Dictionnaire abrc^e des sciences,
des lettres et des arts; par M. Couktin , ancien magistral, et par
une societe de gens de lettres. T. VI. Paris, iSaS; au bureau de
I'Encyclopedie , rue NeuveSt-Roch , n" 24. In-8° de fiio pages;
prix 7 fr. 5o c. , et 9 fr. par la poste, pour les souscripteurs. — 9 fr.
a Paris, pour ceux qui n'auronl pas souscrit avant le 7" volume.
( Voy. t. XXVI, p. 826, I'annonce du t. V. )
Cet ouvrage que rendaieut necessalre les derniers progr^s de I'es-
prit humain dans tous les genres, se continue avec sucres. II en
parait un volume tous les trois mois. Le sixicme contient les arti-
cles, depuis le mot cvs, jusques et y compris I'article chihurgie.
On y remarquera particuli^rementles Arncles sxxvVeconomie publique,
par Alex, de Laborde; sur la boia/uqiie , yiar M. Brongniart ; sur
Vhistoire naturelle , par M. Bory ue Saint-Vincent; sur la geogra-
phie , par M. Eyries ; swr-V an milUaire, par le general Valaze ; sur
le droit et la politique , specialement sur la Charte , par M. le comte
Lanjuinais ; sur les mathematiques, par M. Francobur ; sur la chimie
etla. physiologic, par MM. Orfila et de Vergie etpar M. Surville;
enfiu, sur la technologie, par MM. Le Normand et Mellet. Les
ariicXe^ charlaianerie , par M. A. V. Arnault, chef-d'oeuvre , parM. dc
Keratry, c/zfCrt/eriV, par M. Thouret, ^Ichirurgie, par M-Larhey,
SCIENCES MORALES. 193
sont aussi d'uri grand interet. On regrettera que M. Thouret ait
compose Tarticle chevalerle , avant d'avoir pii lire le iJemoire de M. le
comte RoEDEKER ,poiir scrvir a une noiiveUe histoire de Francois /<''". II y
eut trouve sur la chevalerie des observations critiques, neuves , et
d'une grande justesse, qui eussent servi a modifier cet article. Dans
I'article chirurgie de M. Larrey, on est ctonne de lire cette assertion
fort inexacte : « L'art chiriirgical fut avec tant d'injustice reprouve
par I'Eglise. » II est vrai que le conciie de Tours, de I'an ii63 , de-
feadit aux personnes de Tctat religieux de quitter leur nicnastere ou
chapitre, pour aller, hors de leur chapitre ou de leur couvent, elu-
diei' ou enseigiier, non pas precisement la chirurgie, mais les lois,
la m&Aecme , physicain , dont l'art du chirurgien etait une partie; il
est vrai que le conciie general de Latran , de I2i5, et une decretale
d'Honorius III portent la meme defense a tout ecclesiastique, et que
la chirurgie est nominativemenl interdite aux merabres du clerge
par ce conciie de Latran. Mais il n'y a la aucune ombre de reproba-
tion de la medecine, ni de la chirurgie; ce ne fut qu'un reglement
de moeurs eccleslastiques fort conveuable, et fonde precisement sur
la regie de la plus pure discipline apostolique : hors les cas de ne-
cessite, les niembres du clerge doiveut se renfermer dans les fonc-
lions de leur ctat clerical. II n'y a que les eveques, pairs de France,
et les freres charitons , anciens ou nouveaux , auxquels puissent
deplaire des regies canoniques aussi judicieuses. Z.
Sciences religicuses , morales^ politiques et kistoriques.
90. — * Du cuke en general , et de son etat , pirticiilierement en
France; par M. Kekatry, ancien depute. Paris, 1823; Bossange
pere. Brochure iii-8" de 99 pages ; prix 2 fr.
Un defenseur zele de la cour de Rome a deplore, dans des ou-
vrages devenus celebres, I'indifference que la religion rencontre
aujourd'hui dans les cocurs , el il a pense que , pour lui rendre I'af-
fection des hommes, il fallait entourer ses ministres de plus de
puissance et d'eclat : en consequence, il a reclame pour eux de
riches couvens , des dotations magnifiques , de hautes dignites, le
monopole de reducation publique. La brochure de M. Kcratry
forme un etrange contraste avec ces ouvrages. Restc chretien sans
cesser d'etre philosophe, M. Keratry voit, avec un sentiment de
douleur et de crainte pour I'avenir , cette decadence de la re-
ligion; mais il ne se trompe , ni sur les causes veritables qui ont
amene cet etat de choses, ni sur les moyens qui pourraient le corri-
T. XXVII. — JuiUet 189,5. ]3
njl I.fVRES FIlANClhS.
ger aujoui'cl'liui. l.es mis et les autres tiemieiit au culte. Le culfe esS ,
A scs yeux , uiie
LVlat, la soclete, la faniille, tout lui setnble frappe tie corrup-
tion et cle mort. 1,'etat politique n'est qu'une vaste annrchie. La le-
gislation est impie et criniinelle devant Dieu et devant las homines.
Lcs institutions inodernes Llasphfement la divinite, et ravalent
riionime au rang de la brute. <g6 LIVRES FRANC AIS.
A rage (li)iit les ileiix livraisons qui restent A paraitr'e seront publiees,
Tune a la fin dc iSaS , I'autre en jiiin 1876.
93- — * Hisloire de la Reformation ; par 1f\ MErwERS , formant le
tome 84* fie la Ttib/iocheqiie dii dijc-neuviime siicle. Paris, 182S; Ray-
mond , 6diteur. i vol. in- 12 de virj et 410 pages ; prix i fr. 5o c.
Cast un trait caracteristique de rhistoire des nations modernes
que les guerrcs , qui faisaient tout cliez les anciens, n'ont presque
jamais chez elles qu'un interdt local et temporaire, tandis que la
religion qui, dans la Grece et I'ltalie, ne jouait qu'un role 11*65 -sc-
condaire , a etabli parmi nous les divisions les plus marquees et les
plus dnrahles. A quoi se reduit, en effet, dans notre Europe, la
pliilosopliie de I'liistoire ? Au recit des inventions , des decouvertes
et des revolutions religieuses. Aussi, le grand et bel ouvrage que Vol-
taire intitula si modestenient : Essai siir tes innciirs et I'esprit des na-
tions soccuY>e-X-\\ beaucoup plus dcl'etat des arts , des sciences , d^
la morale, que de ces batailles qui si long-terns ont convert la terre
As sang et de larmes , sans autre resultat que le passage successif
des provinces d'une puissance a une autre. M. W. Meiners , charge
dans la Bibliotheque dn xix'' siecle , de rediger I'liistoire de la Re-
formation, a done eu a tracer en grande partie I'liistoire de I'csprit
hnmain. Les indulgences, la naissance et les progres du lutliera-
ui-Jine , le concile de Trente, la Reformation consideree dans I'Al-
lemagne, dans le Danemarck et dans la Suede , tels sont les objets
qui rcmplissent les preiniers cliapitres et completent I'liistoire de
Luther. — Ensuite, Zuingle et OEcolampade , en Suisse; Calvin,
a Genfeve ; Henri VIII, en Angleterre, attaquent et detruisent le
catholicisme. — Le calvinisme avait fait en France de trop grands
progres , pour que I'auteur n'y consacrdt point des chapitres sepa-
r^s : il occnpe , dans le livre de M. Meiners , comme dans nos fastes,
une place considerable.
Les sociniens el les unitaires, en Pologne ; la Reformation de la
Russie par Pierre-le-Grand , les effets de la Reformation sur les
sciences, les lettres et la politique de I'Europe, et un apercu des
sectes du proteslantisme , composent les derniers chapitres de cet
important ouvrage. — L'auteur le tennine par des notices sur la vie
ct le caraclere des principaux reformateurs , qui ne peuvent qu'a-
jouter un nouveau prix a son travail.
g4. — * Dictionnairc infernal, ou Bibllotheque unlveiselle snr les
\;tre3 , les personnages, les livres, les faits et les choses qui tiennent
aux apparitions , a la magie, au commerce de I'enfer, aux divina-
SCIENCES MORALES. iy7
tions , aux sciences secretes, aux grimoires, auA [jrodiges, aiix er-
reurs et aux prejugi^s , aux traditions et aux coiiles populaires , aux
superstitions diverses, et generalenienl a toutes les croyances nicr-
veilleuses, supprenantes, mysterieuses et surnature'.les; par M. Col-
lin DE Plancy. T. I'"'. Deuxieine edkinn. Paris, iS'iS ; Mongie nine.
In-8° de xxiv et 483 pages; prix 9 fr.
Void un ouvr'age fait ex prof es so. M. Collin de Plancy, qui avait
deja publie une edition de ce dictionnaire, s'est fait ronnaitre, dans
les annales de la demonographie, par son ouvrage intitule : Le Diable
peine par liii^'meine. Son dictionnaire critique desreliques et des images
avait dii exiger aussi de grandes recherches sur tout ce qui tient aux
croyances de nos peres; et , derniereinent encore, I^e Bonrreaii de
Drontheim {-voy. ci-apr^s, p. 247), composition soinhre et bizaire,
I'avait, en quelque sorte, rejete dans les enfers.
Le Dictionnaire iafenial nierite, a plusieurs egards, un cxameu
attentif. Si Ton n'y voyait qu'un ouvrage de pure curiosite, e'en
serait assez , sans doute , pour le faire lire dans sa nouveaute , et
non pour lui assurer un succes durable; mais il presente, sous d'au-
tres rapports , un tout autre interet. Le philosophe ne manquera
pas d'observer a quel excfes de deraison etaient parvenus, et les
astrologues qui faisaient la gloire de nos tems de barbaric, et les
peuples qui croyaieut comme articles de foi tout ce que leur disaient
les cabalistes el les adeptes des sciences occultes. II rira des fables
absurdes dont ils avaient enveloppe leurs croyances , tandis que
I'historien et I'arcbeologue assigneront I'origine de ces erreurs, et
nous feront peut-<5tre un jour reconnaitre le sens cache sous tant
de noms divers, et qui paraissent uu pur jeu d'iniagination. Mais
le poete suituut et le romancier qui voudront peindre les tems
passes, et en)ployer dans leur fable le seul merveilleux qu'autorise
chez nous la foi popnlaire , trouveront des ressources inimenses dans
la compilation de M. Collin de Plancy. ittille contes cliarmans, et
fondes sur la croyance aux dtres suinaturels, comme Le Dclier, les
qiiaire Facurdins et d'antres feeries d'Hamilton, le Belphegor et le
Diable de Papefguiere , de Lafontaine; Ce qui plait aux dames, de
Voltaire; Le Dojen de Dadajoz , de M. Andrieux, doivent nous faire
esperer d'autres succes dans ce genre, le plus riche, le plus varie
le plus independant de tons : et alors quel ne serait pas I'usage d'un
livre comme celui de M. de Plancy, qui donnerait a chacun le
moyen de peiudre les esprits et les fees avec les couleurs qui leur sont
propres , et d'en faire , pour ainsi dire , des personnages historiques ,
lyS LIVRES FRANr\IS.
en ce st-us qu'il les conserverait tels qn'ils out e.xisle tlaus rinuigiiia-
lion des peiiples qui les redoutaient ?
Kepetoiis-le sans cesse ; nous voyons avec plaisir se multiplier le>
livres qui , sans etre des chefs-d'oeuvre eux-mdmes , donueront par
la suite aux auteurs le moyen d'en faire : les dictioiinaires sont ce
qu'il y a de mieux pour atteindre ce but ; et celui qui contient I'liis-
toire abregee des superstitions huinaines n'est assurement pas I'un
des moins utiles. B. J-
y5. — * Essai snr I'art d'etie heuretix , par Joseph Dkoz, de I'Aca-
d^mie francaise. Quairieme edition. Paris, iSaS; A. Renuuard. Iu-i8
de xiv-337 pages; prix. 3 fr.
06. — Discoiirs prononces dans la seance pnblii/iie teniie par I'Aca-
deinie francaise, pour la reception de^l. Duoz , le 7 juillet iSaS. Paris,
i8a5; Firmin Didot. In-4° de 23 pages.
Ce ne'sont point les acclamations bruyantes d'un public souvent
leger dans ses jugemens et presque toujours inconstant dans ses
goiits , ce ne sout point les suffrages des gens du monde, qu'il faul
quelquefois acheter par tant de concessions indignes de tout homme
qui se respecte; c'est le sentiment eclaire de plusieurs ecrivains,
penetres de la dignite morale de leur vocation , et peut-dtre aussi
les nobles efforts d'une amitie desintcressee qui ont porte M. Droz
a I'Acad^mie : ce succ^s flatteur en vaut bleu un autre, et je suis
persuade que c'est le plus doux que piit ambltionner le coeur de ce-
lui qui fait le snjet de cet article. Sans doute , I'opinion publique est
toujours respectable; mais elle a souvent besoin d'etre eclairee par
ceux qui ont fait une etude des objets vers lesquels elle se dirige.
Si Ton ne consultait qu'elle, c'est plus souvent aux actions d'eclat
qu'aux actions meritoires, aux talens briilans qu'aux talens utiles
que Ton accorderait le prix. Qui doute un instant, par exemple ,
que le pocte , et surtout le poete dramatique, n'obiint a ses yeux la
preference sur tous ses emules en merite et en gloire ? Et cependanf,
tant de dedommagemens de ses veilles sont acquis a celui qui oblient
un succes au theatre, qu'il ne devrait pas envier les rares encourage-
mens qui voht chercher au fond de sa retraite paisible le ]diilosoplie
qui a consacre ses veilles au bocheur de ses semblablos.
Peu de jours encore avant la nomination de M. Droz, quelques gens
du monde qui ne connaissent de reputations que celles de leurs
journaux ou de leurs cercles, me demandaient quels etaient lestitres
litteraires de M. Droz? — « \jEssaisiir I'art d'etre hrureiix , VEloge de
HJontaiff/ie, les Etudes sur le bean dans les arts, la I'liilosophie mora/e et les
SCIENCES .MORALES. lyr,
AJeirioirei (Jf Jaajties Fam'el,leur vepondis-'^e. — C'esl etoniiuiil ! nous
n'avlons pas entendu parler de ces ouviages. — Vous les lirez done,
iiliu de piiuvoir porter vous-meme uu jujjement sur leur auteur? —
Eh mais, les litres de ces livres iie sonl guere piquaus: pliilosophio...
morale... cela ne nous tente guere, il faut I'avouer. Et qu'est ce que
Jacques Faiwel P — Un roman fait en sociele avec I'auteur des ^Ja-
riunettes. — A la honne heure! nous lirons cela; mais pourquoi
M. Dro7, passerait-il a I'Acadeniie avant I'auteur du Solitaire, du Re-
nff-at , et de VEirangere ? »
Cette conversation, quejerapporte mot pour mot, proiive de quelle
naliire sent quelquefois les jugcmens de ceu.x qui composent le pu-
blic, surtout lorsqu'ils ne sout point rassembles dans ces solennitcs
litteraires, ou le plus ignorant recoit I'impulsion , et prend sans
s'eu apercevoir I'Dpinion des gens jn.'itruits et des gens de gout. Les
personnes prevenues qui out assiste a la derniere seance publique
de riustitut , si elles ont eu lieu d'etre surprises. Font ete du moin.s
iigreablement par M. Droz. Un discours academique prouve peu sans
doute pour ou contre le merite du recipieudaire; de tous ceux qu;
out ete prononces depuis rinstallation de I'Academie, il en est si peu
(jue Ton puisse relire ! Mais beaucoup de nos jeunes auteurs , qui
n'ont encore que des talens , auront pu apprendre de celui de
M. Droz I'art des convenances, art trop dcdaigne aujourd'hui , el
qui donne cependant un nouveau prix aux ecriis comme aux actions
des.liommes; ils auront pu a])prendre aussi cet art de lier les idees,
en les rameuant toutes, sans effort, a un sujet principal. Celui du
discours de JVI. Droz etiiit I'utilite d'une direction morale dans les
ietties comme dans la societe. •< La litterature, a-t-il dit , n'est point
un art futile, uniqueinent occupe de plaire, de flatter I'oreille et
I esprit par des mots cadences en elegantes periodes ; son but est de
repandre des idees justes et des seutimens gt'nereux. U faut ecrire avec
sa conscience , en presence de Die u , dans I'interet de rhnmanile... Les
bons ouvrages , dit-il plus loin , .«ont ceux qui ressemblent a de
bonnes actions. » — Je passerai sur la partie de la reponse de
M. Auger qui concerne feu M. Lacretelle, pour arriyer a I'endroii
oil il e.xprimeles seutimens de rAcademieii I'egard durecipiendaire...
-' Un prejuge assez repandu, a-t-il dit, c'est que la theorie de la
morale est une science superfine; que tous les hommes en saveut tout
ce qu'ils en peuveut savoir, et que, s'ils ne s'y conforraenl pas, cc
n'est jamais ]
funds publics; elle aurait du sentir que les I'eranies, associees aux
destiiiees de leurs peres, de leurs maris, de leurs eufans, auraieut
tort de rester etrangeres et indiffcrentes aux affaires de I'etat , qui
touclieiit de si pres au bien-ihre de leurs families. — L'article concer-
nant les auteurs qui sont t^raunises par les libraires , et souvent
avilis par les journalistes, est trts - iutcressant; nous renvojons le
lecteur a la lettre XIII.
Dans le second volume , I'auteur parle : i° du Diner miuisteriel ;
a° de la Jalousie ; 3° de I'lnterieur du menage; 4° de la Manie de
la science ; 5° des Illustrations; 6° de TEgoisme et de I'lujure; 70 des
Etiquettes provinciales ; 8° Macedoine ; 9° de la Table de famiUe;
10° de la Noblesse depouillee ; 11° d'un Bal ; 12° du Printems.
Les argumens de ces derniferes lettres, donnes a I'amie fidele, sont
iiiteresssans. lis sont traites avec esprit et avee grace , et dans le
DincT miuisteriel elle puise chez nous plusieurs caracteres qui se
pllent a tous les evcuemens. Dikgo-Gerri.
yS. — * Intrudnction a I' etude du droit romain, contenant I'histoire
des sources de la jurisprudence romaiufi et I'analjse du traite de
i\I. de Savigny sur la possession ; le tout extrait des Elemens du droit
remain cTaiijuurd'hiii , de M. Ferd. M.vkeloey, professeur en droit a
rUniversitede Bonn, el tradult de I'allemand de la ()'" edition, par
L. EriEKAE. Paris, 1825 ; Fanjat aine. i vol. in-18, 271 pages d'im-
piessiou; prix 3 fr.
Cette Inlrodiiclion a l'/ns(oire du droit remain par M. le professeur
Makeldey est tres-substantielle; on y trouve uu resume interessant
de I'histoire de la legislation la plus celebre qui ait encore regl les
hommes. Les nouvelles decouvertes dues aux recherches savantes
dti MM. Niebuhr, de Savigny, etc. , ont cte mises a contribution
|jar I'auteur, qui appartlent a Fecole de jurisconsultes dont nous
avoDS parle dans I'un des precedens cahiers de ce recueil. ( Voy.
Jief. Enc. , t. XXVI, p, 207. ) Puisque nous avons occasion de reve-
iiir sur ce que noys avons deja dit de cette ecole, nous sommes
obliges de convenir que, si ses intentiorfis sont excellentes, il u'en
est peut-etre pas de mdme des moyens qu'elle emploie. Effective-
«i)ent, les adeptes de cetle petite seclc, ainsi que la nomme M. Pa-
d
SCIENCES MORALES. 20^
fiiii, se luontreiit singulierenieut susceptihles, du niLrius a Paris.
Nous nousetions fait un devoir de detruire quelques critiques diri-
gees c'oiitre eux , et pour cela , il nous suJlisait de rappeler leur but
principal, qui est de ranieuer les etudes aux textes purs, et de faire
a]>aDdonoer par les eleves , les conimentateurs, les scoliastes , les
glossateurs, tant prones par Heinneccius et quelques autres juris-
consultes. Pour mieux faire comprendre notre pensee, nous ajou-
tions : « qu'il faut faire aujourd'hui pour I'otude de la legislation
romaine, ce que les reforniateurs ont fait au xvi« siecle en matiere
de religion; abandonner les scolies et les commentaires , anias
coufus d'absurdes subtilites et de lourds raisonnemens, et s'eu teiiir
aux textes dans toute leur purete et eclaires par un sage esprit de
critique. » Cette analogic que nous etablissions entre I'influence de
la reforme sur les etudes theologiques , meme dans le calholicisme ,
et la nouvelle direction donnee a I'enseignenient du droit romain ,
a cte relevee par M. le professeur Du Caurroy, dans la 5'" livraisou
du tome vii de la Themis, oii il a pr6tendu que cette profession de
foi n'etait ni de lui, ni des siens : " Nous ue voyons rien de com-
mun, dit-il, entre la science du droit et les croyances religieuses. >■
Nousavouons qu'il nous est difficile d'expliquer la mcprise deM.Du
Caurroy. En effet, il doit se rappeler que, dans Vavaiit-propos placeen
tete de ses Institutes expliqnecs , il est aussi question de reformation,
et m^me de protestantisme dans la jurisprudence. Pourquoi blamer
aujourd'bui des expressions que Ton approuvait naguere ? Nous
nous empressons , d'ailleurs , de rassurer M. Du Caurroy ; s'il a pu
croire qu'il enlrait dans notre pensee de le comparer a Luther ou a
Calvin ; jamais pareil dessein ne nous est venu a I'esprit. Serait-ce le
fond de notre proposition que le ciitique voudrait nier ? Certes,
nous n'eprouverions pas le moindre embarras , s'il s'agissait de
prouver que la reforme du xvie siecle a eu pour effet de ramener
les etudes sacrees , chez les cutho'.iques comme chez les protestans,
aux textes de la Bible et des Peres , et que cette influence s'est eten-
due jusqu'aux sciences profanes. ]\L I'abbe Fleury, dans son Traite
du clioix et de la methode des etudes , constate ce fait : " Les pretendus
reformateurs, dit-il, furent bieutot les plu.s ardens a etudier les
humanites ; \oyant que I'eloquence et I'opiiaon d'line erudition sin-
guliere leur attiraient grand combre de sectateurs , ils regardcren t
ces eludes comme des moyens necessaires a la reformation de I'E-
glise... Les catboliques les combattirent bieutot par leurs ])ropres
armes... On recommeira done a etudier les Peres grecs et latino,
ao/, LIVIIES F11ANCA.IS.
trop peu coniius duns les slides precedens : on etudia I'hisloiie or-
clcsiaslique, k's coiiciles, les aiiciens canons ; on remonta jnsqu'a
roriyine de la tradition, et on puisa la doctrine dans les sources.
Le sens liltcral de I'Ecriliire fut recherche par le secours des langtics et
de la critique. » M. Du Caurroy dit encore, dans i'article qui nous
occupc : •< Nous ne connaissons qu'un roformateur celebre. Ce refor-
matenr c'est Cujas , c'est le Dossuet de la jurisprudence ( analogic as-
surement beauconp plus susceptible d'etre critiquee que la notie ) ;
ii etudia et enseigna le droit , nienie le droit canouique ; inais il ne
pritaocun parti dans lesquerelles de religion." On peuts'etonneravec
raison, qu'un professcur qui se fait gloire d'etre un sincere admirateur
de Cujas, ne connaisse pas niieux les circonstances de sa vie. M. Du
Caurroy n'aurait-il pas lul'histoireqn'en adouneeson savant collogue
M. Berriat Saint-Prix ? Ily aurait vnque Cujas s'cstbeaucoupoccupe
de religion, qu'il aprisunepart souvent active aux querelles qu'elle
occasionait, et enfin, qu'il enibrassa les principes de la refortne. II est
vrai qu'il parait les avoir ostensiblement abandonnes depuis, peut-
^Ire par les motifs qui font quelquefois repudier aux hommes
en place des opinions enracinees dans leur coeur, mais dont ils font
le sacrifice a des considerations peu lionorables : exemples dont on
est trop souvent ti-moin, lorsqu'on vit dans les tenis de partis. Quoi
qu'il en suit, il parait evident que Cujas retrouva ses premiers sen-
timens, au moment de sa mort, puisque, dans son testament, ecril
le dernier jour de sa vie, ce grand junsconsulte presentc pour rigie
de conduite religieuse a sa femnie et a sa fiUe , le texte pur et sans
cominentaire (> LIVRES FRANgAlS.
(lecifler par analogie ; i'nlil'.te des exeniples; Ics cas ou la loi est sus-
ci>ptibln (le rccovoir c]e IVxteusion ; ceux on ellc doit ^tre resfreinte ;
enfin, comment I'esprit doit operer, lorsqu'elle prosenle de I'obscu-
rit6 et de I'anibiguite dans sa redaction. I.a counaissance de ces
regies est, comma le dit M. Tournier, « la clef necessaire a quiconque
s'occnpe dc la science des lois. » La forme qii'il y a employee est
tr^s-propre ;i les graver dans la mcmoire. Cette partie de son travail
ne sera jias jugee la moins utile.
Nons pensons que les motifs da Code civil , dans le nouvel ordre
qui leur estdonne, doivent ^tre classes au nombre des bons livres
elementaires du droit francais.
lOo. ■ — * De la Ugislation el de lajiirisi>riiilence , concernant les brevets
d' invention , etc... ; par M. Th. Rrgnault, avocat a la cour royale
de Paris. Paris, 1825 ; Antoine-Bavoux. i vol. in-8°; prix 6 fr. 5o c.
et 8 fr.
M. Th. Re^nar.lt s'est propose, en publiant cet ouvrage, un but
d'utilite qu'il nous parait avoir atteint. II presente, reunis dans un
meme volume, toute la legislation francaise sur les brevets d'inven-
tion, de perfectionnemeiit et d' importation ; les motifs du legislateiir; les
reglemens et les decisions qui regularisent I'execution de la loi; enfin,
les arrets rendus sur les questions importautes , nees des diflicultes
suscitees par des tiers aux porteurs des brevets dans I'exercice de
leur droit. Chacun des arrets qu'il rapporte est precede d'une
analyse clalrs et succincte de I'espece sur laquelle il est intervenn ,
et des moyeus qui ont etc developpcs dans la discussion. De courtes
annotations sur cliaque article de la loi indiquent les pages du livre
on Ton doit en trouver Texplication , et les arrets quil'ont applique.
Les arr<*ts contiennent, a leur tour, I'indication des articles dont il
V est fait I'applicaiion. Ce precede, qui procure au lecteur unc
grande economic de tems dans les recherches ; offre, a notre avis,
phis d'avaiitages qu'une table des matieres , meme fortbien faite.
L'auteur nous annonce, dans sa preface, qu'il s'occupe d'un ou-
vrage de pure theorie sur tout ce qui a rapport aux inventions in-
dustrielles , a I'ctendue du droit de projirlcKf- qui appartient .i
I'inventeur, aiix garanties propres a assurer ce droit, a la forme de
la dolivr.ince des brevets , a I'instruclion et au jugement des contes-
tations entre brevetes, a I'autorite qui doit en connaitre , etc... —
Nous ne pouvons que I'encourager a terminer un travail qu'il est
tres-capablc d'executer avec succes. La malieie qui fait I'objel dc ses
m^^ditations est presqnn toute neuve parmi nons ; en reclairant de
SCIENCliS MORALES. 207
iioiivelles liimic-ies, en signalant les laciinos de la legislation qui l,i
regit , il aura rendu un verital)le service a notre pays , ou rindusfric
atteint cliaque annce un nonveau degre d'activite et d6 perfec-
tionnement. Criveli-i , avocat.
10 1. — * Fieciieil geniral dcs Lois et Arrets concernant les Emigres
deportes, condamnes , letirs heritiers , creanciers et nyant-caiise , depiiis
lygi frisgu'en iSaS; par MM. TArixiivniEi! et Mongalvy, avocats
3i!x conseils du Rol et a la conr de cassation. T. II. Paris, iSaS;
N. Pichard. i vol. in-S"; prix 6 fr. , et 7 fr. 5o par la poste.
Nous avons deja annonce le premier volume de cette importante
collection. ( f^of. t. xxv , p. 49 1 ) H contient, au nonibre de trois cents
quarante-cinq , tontes les lois et tous les actes du gouvernement .
depuis I'yi, jusqu'en iSaS, sur le sujet indique dans le titre. Ce
deuxieme et dernier volume, que nous annoncons aujourd'hui,
renfermeles documens les plus utiles relativement a la loi d'indem-
nite dn 27 avril 1825. Nous y remarquons , d'aLord , un tableau
gf'neial de la jurisprudence judiciaire et administrative, en matiere
d'omigration. Cette partie est le complement du jjremier volume,
puisqu'elle offre I'application des lois que I'on y trouve. Viennent
ensuite la discussion de la loi d'indemnite , et le texte de cette loi
et des ordonnances d'execution des i"^ et 8 mai dernier. Nous
nientionnerons encore, parmi un grand nombre de pieces, des ins-
tructions tr^s-iniporfantes adressces par le ministre des finances
aux prefels, et ui\ formtdaire contenant des modules d'actes exiges
par la loi d'indemnite. Parmi les ouvrages qui ont paru sur le meme
sujet , nous n'en connaissons pas d'aussi complet , et par consequent
d'aussi utile. La collection de MM. Taillandier et Mongalvv nous
parait devoir trouver place dans les bibliotheques des jurisconsul-
les; car elle survivra sans doute aux circonstances qui I'ont fait
uaftre. On ne pent, d'ailleurs, lui refuser un nieritehistorique que
n'ont pas les autres guides ou maniie/s qui ont paru a Foccaslon de
la loi d'indemnite. Z.
102. — Noiiveaii Code des Emigres, ou Tilaniiel pour T execution de
la loi sur I'indemnite , etc.; par M. Naylif.s, avocat aux conseils
duRoi, eta la cour de cassation. Paris, 1825 ; Guillaimie. i vol.
in-i6; prix 3 fr. et 4 fr.
Le livre que M. Naylies vient de publier offre au lecteur le texte
du projet de loi en regard avec celui de la loi , telle qu'elle est sortie
des chanibres, aniendec par elles, et telle qu'elle a 6te sanctionnee
j;ar le Roi ; I'expo.se de ses motifs; enfin, desextraits dcs rapport
■loS LITRES FRANCAIS.
et (les discours prononces dans les discussions auxquelies la pro-
position de cette loi a doim^ lieu. Ce volume renferme aussi I'ordon-
nancedu 27 avril iSzS, faite pour regularise!- I'execution de la loi;
celle du 8 mai, portanl nomination de la commission chargce de la
liquidation derindemnlte ; des instructions de S. Ex.le ministre des
finances, contetiant indication des pieces a produire par les deman-
deurs en indemnite, de la forme qui doit y (5tre observee, et la solu-
tion deplusicurs questions deja soumises a la decision ministcrielle.
M. Naylies termine ce recueil par une analyse sommaire de la le-
gislation ancienne , intermediaire et actiielle, sur les divers modes de
tucceder , applicables aux successions ouvertes sous I'empire de
cliacune de ces legislations. A I'aide de I'explicatlon donnee a la loi
par ses motifs , rintelligenee du texte deviendra plus facile. Ceux
qui sont appeles a en recueillir Ic bienfait, et ceux qui sent charges
d'en faire I'application, y puiseront les lumieres propres a-eclairer les
difflcultes qu'ellc pourra presenter dans I'execution ; les instructions
ministerielles formeront le complement de leur regie de conduite. II
est a desirer que M. Naylies continue h donner,dans des supplemens,
soil les instructions ulterieures que de nouvelles questions rendront
necessaires , soit les decisions administratives et judiciaires aux-
quelies elles pourraient donner lieu. Crivelli, avocat.
io3. — * La Noblesse consliciiiionrie/le , ou F.ssais siir Vimportance
politique des honneurs et des distinctions hcreditaires appliques et modi-
fies cotijormement aux progres actuels de la societe ; par M. le baron
P .- M.- S. Bigot df. Morogues. Paris, iSaj; Pelicier. Br. in-S";
prix a fr.
M. de Morogues a entrepris la solution d'une question bien deli-
cate : 11 lui a fallu un tact exerce, et surtout I'amour de la veritii et
du bien public, oil Ton puise toujours d'heureuses inspirations,
pour determiner le point fixe oil s'arrete I'utilite de I'institution
d'une noblesse h6reditaire, et au dela duquel I'abus commence. Les
considerations generales exposees par I'auteur ne rencontreront pas
de contradicteurs, et tout le monde conviendra avec lui qu'il faut,
si I'etablissement d'une noblesse hereditaire est nccessaire dans notre
vieille Europe, que, pour obtenir I'assentiment des peuples, cette
noblesse soit eclairce, sage, prudente , active, devouee a la nionar-
chie constitutionnelle, attachee au pacte fondamental; qu'elle sache
s'interposer , comme barriere insurniontable, entre le pouvoir qui
cherche a depasser les limites posees par la constitution, et la de-
mocratie turbulente qui tend a niveler toutes les conditions de la vie
SCIENCES MORALES. 209
sociale. Tout ce que I'auteur exprime a cet egard nous parait sage-
inent pense, et appuye sur des autorites respectables. La route a
suivre uous a paru cl.iirement tracee ; la theorie est bien etablie ; et
si tout ce que M. de Morogues propose s'executait a la lettre, les
choses iraient beaucoup mieux. Mais , il faut le dire, nous avons
vainement cherche dans I'ouvrage les moyens coercitifs, les moyens
de conservation de I'ordre admirable que I'auteur voudrait in-
troduire. Comment retenir dans le devoir ceux qui s'en ecarte-
ront ? Dans le contrat reciproquement obligatoire de protection,
de devouement , de commandement en vertu des lois, d'obeissance
reflechie et legale , et d'autres devoirs respectifs , toutes les garan-
ties d'execution appartenant a la partie qui commande , qui admi-
nistre, qui protege, elle saura bien faire executer les clauses a son
avantage; raais quels recours peut rester a la partie qui doit ob^is-
sance legale , devouement et concours d'efforts, si la partie qui com-
mande et qui protege sort des limites de son engagement et viole le
contrat ? «Les citoyens inutiles a la patrie, les hommes volontairement
oisifs , ceux qui ne veulent rien faire pour le bien general , ceux qui
cessent d'etre vertueux, renoncent , par cela meme, dit I'auteur, a leur
origine illustre; et leur lionte s'etant accrue de ce que le nom de
leurs ancetres avail d'honorable, ils cessent d'etre nobles. » Mais,
est-ce de fait ou de droit que I'auteur entend parler , ou de fait et de
droit tout ensemble ? quel moyen employer pour que la noblesse ne
puisse jamais ^tre conferee qu'au merite, au talent, a la ^ertu ?
L'opinion publique invoquee n'a qu'une force d'inertie : elle peut
biamer, si elle est courageuse , mais elle laisse faire; et quand le
mal existe et qu'il dure, la force repressive de l'opinion s'amortit;
i'opluion m^me s'habitue au mal , se familiarise avec lui; et, le terns
consacrant Tabus , elle est bientot remplacee par le prejuge.
Esperons que M. de Morogues, dans I'ouvrage plus etendu que
nous promet son introduction , repondra viclorieusement a toutes
ces questions ; il vient de prouver qu'il est , plus que tout autre en
etat de le bieu faire. Le cadre etroit de son interessant traite I'aura
coutraint a se borner a des generalites : il a jalonne le terrain sur
lequel il doit niarcber , et nous devons etre assures, d'aprfes le talent
qu'il deploie dans cette premiere excursion dans le champ de la
politique, qu'il nousenseignera comment ses philantropiques theo-
ries pourront recevoir une application reelle et positive.
D*.
T. XXVII. — Juillet 1825. i^
aio LIVRES FRANCA IS.
104. — * Des fonds publics fiancnis et strangers, etdes operations de
ia Bourse de Paris, ou Recueil contenant 1° des details pour les rentes
3 pour-^ , 4-r pour ^, et 5 pour-^ consolides, la caisse d'amortis-
setnent, les annuites, les bons royaux, les actions de la banque ,
les obligations et les rentes de la villa de Paris, les actions des
pouts , les actions du canal Monsieur, du canal du due d'Angouleme,
du canal d'Aire a la Bassee , du canal d' Aries a Bouc , du canal des
Ardennes, du canal de Bourgogne, les actions des quatre canaux,
les actions des diverses conipagnies d'assurances, etc., etc ; les regies
pour calculer ces mdmes fonds et evaluer Tinteri't que rapporte
chacun d'eux; a° des notions exactes sur les rentes de Naples en
ducats et ea francs , les obligations deSicile , les obligations anglo-
napolitaines , les effets publics d'Espagne , les obligations metalliques
d'Autriche ti\ florins eX. en francs , I'emprunt d'Autriclie de 1820 avec
primes, les obligations partielles de Bade, etc., etc.; les regies
pour calculer ces nic*mes fonds et evaluer I'inter^t que rapporte cba-
cun d'eux; — 3° les diverses manieres de speculer , soit a ia hausse,
soil a la baisse, les operations a primes, les operations d'arbitrages
sur effets publics; les reports et leur utilite pour la speculation, les
escomptes, les prets et emprunts sur depots d'effets publics, etc., etc. ;
par Jacques Bresson. Cinquieme edition, revue et augmentee , con-
formement aux affaires actuelles de la Bourse. Paris, iSaS ; Bache-
lier. I fort volume ; prix 3 fr. 5o c. et 4 fr.aS c.
Get ouvrage , veritable traite ^lementaire sur les fonds publics,
renferme des definitions claires et exactes sur !a nature de chaque
effet , fait connaitre s'il est au porteur , ou transferable , I'origine et
la cause de sa creation , la quantity en Amission , le mode d'amor-
tissement employe pour sou extinction , I'inter^t iixe ou variable
qu'il produit , la maniere dont il se negocie a la Bourse ; enfin, la
methode pour calculer le montant d'une quantite quelconque de
fonds publics, francais ou etrangers, est exposee d'apreslesprincipes
de Tarithmetique theorique, et suivies de conclusions qui enoncent
avec la plus grande clarte les rf-gles pratiques usitees.
Nous voyons, dans ce livre, qu'au i^"" Janvier iSaS, le nombre
de rentes cinq pour cent consolides inscrit sur le Grand Livre s'ele-
vait a i97,o36,3o9 fr. , et le uombre a inscrire ulterieurenient , a
49,476 fr. ; ce qui presente un total de 197,085,785 IFr. pour les ren-
tes inscrites eta inscrire. — Au 3i mars iSaS , la caisse d'amortisse-
nient 6tait portee comme titulaire de 36,693,831 fr. de rente cinq
SCIENCES MORALES. sti i
Jjour cent qui ne peuvent plus reparaitre au niarche public; en y
ajoutant les 40,000,000 qui sent payes annuelleniei>t, ■ Plus
SCIENCES MORALES. ai?
loin il ajoute : •< Nous croyons avoir deraontre , dans le cours de cet
' abrege , que , si la revolution helvetique n'eut pas ete determinee par
la revolution francaise, il etait impossible que plus tard cette revo-
lution ne s'operat pas par I'effet m*5me de la disposition presque ge-
nerale des esprits. Quelles en eussent alors ete les consequences ?
c'est ce qu'il ne nous parait pas facile d'indiquer; mais il est permis
de douter que la nation Suisse fut arrivee plus promptement a I'etat
de paix , de reconciliation et de concorde dans lequel tons ses mem-
bres vivent entre eux aujourd'hui. » Quoique le desir d'appuyer
cette observation par les faits ait pu engager I'auteur a donner tous
ses soins k la derniere partie de son ouvrage , qui comprend le dix-
huitieme siecle et les premieres annees du dix-neuvieme, il ne faut
pas croire qu'il ait neglige les autres parties. Au contraire, elles nous
ont paru ecrites avec la meme bonne foi , et dictees par les memes
sentimens patriotiques qui font reconnaitre dans I'auteur, non-seule-
ment un ami sincere de la verite, mais encore uncitoyeneclaire. Nous
aimons a le prouver,en citant ici quelques passages du morceau qui
termine I'ouvrage sous le titre de Conclusion : « Apres avoir traverse
des periodes de servitude et de liberte , de gloire et d'abaissement ,
rilelvelie a vu luire sur elle le jour de I'esperance. Instruite par I'ex-
perience des terns passes , eclairee sur la cause des malheurs qui
I'ont affligee durant des siecles , elle accepte le presage d'un avenir
qui s'offre a elle sous un aspect riant et doux. Les seutimens qui ani-
ment le plus grand nombre de ses citoyens , sont un gage assure de
ses prosperites futures Les puissances alliees sont interessees au
maintien de I'independance helvetique; il ne convient a aucune
d'elles que I'une de ses rivales regne sur la Suisse. . . . D'ailleurs, il
exisle en Europe une conscience generale qui repousserait avec
borreur toute atteinte a I'independance d'un peuple dout I'existence,
les actes et les institutions sont inoffensifs pour les autres peuples.
Le cri d'une reprobation universelle arr^terait I'envabisseuretranger.
Que les hommes de bien de I'Helvetie cessent done de trembler
devant la Sainte -Alliance. Si elle a cberche a influer sur les de-
tenninations des gouvernemens de la Suisse , c'est uniq;'e»nent
a cause des dispositions trop faciles qu'elle a rencontrees en eux;
mais qu'ils osent prendre une attitude ferrae et courageuse la Sainte-
AUiance qui ne veut pas la guerre , les respectera. Que la liberie de
la presse , couservalrice de tontes les liberies , regne au moins dans
'a pairie de Guillaume Tell ; et, si Ton redoiite que la pensee du pbi-
lantrope Suisse franchisse les limites de son pnvs, qu'elle puisse
aiS LIVRES FRANC AIS.
au moiiis s'exercer sans entraves dans I'enceinte de ces limites , sur
tous les objets qui touchent au bonheur des peuples helvetiques. . ..
Mais, si, centre toute probabilite, la Suisse venait a ^tre menac6e
dans sa liberie par un puissant eniiemf; encore \audrait-il luieux
pourelle accepter le combat que s'humiiier. La soumission volontaire
a I'injustice avilit rhomme et les nations. ... La Suisse luttant pour
sa liberie ne manquerait ni d'amis , ni de defenseurs chezles peuples,
et mcme cliez les rois.
log. — * Resume de I'hisloire d'^cosse , par Armand Carrel, avec
une introduction par Augusdn Thierry. Paris, i825 ; Lecointe et
Durey. i vol. in-i8 de xiii et 33j pages, suivi de la Defense dei
resumes historiqucs en 27 pages. Prix : 2 f. 5o c. et franc de port 3 f.
lO c.
Malgre les rapports qui existent entre I'fecosse et I'Angleterre ,
ces deux portions d'une inenie ile et d'un m^me empire , malgre les
relations politiques qui onl du exister entre leurs habitans , il ne
suffit pas, conime on pourrait le croire , d'avoir lu I'histoire de
I'Angleterre proprement dite, pour connaitre aussi celle de I'Ecosse.
Separ^es par la riviere de Tweed et le golfe de Solway, les deux
nations se distinguent I'une de I'antre par des differences tres-mar-
quees de moeurs et de caractere. Cbacune merlte d'etre etudiee a
part et pour elle-menje. D'ailleurs , comme elles furent presque tou-
jours en guerre, leurs alliances et leurs communications avec I'Eu-
rope out du se porter toujoiirs vers des pays differens , et les
dissensions interieures qui ont , a presque tous les epoques, agite
I'Ecosse, meritent seules que son histoire soit traitee separement.
Toutes ces considerations sont presentees dans I'introduction du
resume de I'liistoire d'Ecosse , due a M. Augustia Tbierry , auteur
d'un excellent ouvrage snr la conqu(?te des Normands. ( Voy. Rev.
Enc. , t. XXVI, p. 223 ) , auquel M. Carrel a eu souvent recours. Un
des objets principaux que s'est propose ce dernier, en ecrivant son
resume, a ete de bien faire connaitre quelles furent les diverses races
qui se sont successivement etablies en Ecosse ; il les a suivies depuis
leur entree dans le pays jusqu'a leur complete naturalisation , et il
s'est attacbe a demontrer comment les liaines des habitans primitifs
contre les hordes conqueranles, devinrent la cause de toutes le.s
guerres qui j)endarit si long-terns diviserent , non -seulement les
Ecossais et les Anglais, mais aussi les Ecossais des montagnes et
ceux de lu Basse-Ecosse.
Nous ])ouvons assurer que I'auteur a rempli sa tftche d'une ma-
SCIENCES MORALES. aig
ni6re tr^s-satisfaisante , et qu'il a su donner un interest parliculier a
son ouvrage. Aussi, ne craignons-nous pas de predire un succ6s
complet a ce nouveau resume. Les romans de Walter-Scott out
attire depuis long-tems tous les regards sur sa patrie , et ont dii
faire nailre chez beaucoup de persoiines le desir de connaitre plus
a fond une histoire dont il a s-u presenter sous des formes si drama-
tiques quelques uus des principaux episodes. A. J.
no. — * Lettres sur I'Angleterre , prar A. de Stael-Hoi-steim.
Paris , 1825 ; Treuttel et Wurtz. i vol. in-8° ; prix , 7 fr. 5o c.
Tous les regards sont aujourd'liui tournes vers I'Angleterre. On
ne saurail nier qu'elle est pour la France un objet d'emulation; et ,
depuis dix annees, Tamelioration de notre Industrie, le goiit des
etudes politiques, les connpissances scientifiques introduites dans
I'agriculture , doivent beaucoup aux rapports mutuels qui se sont
etablisentre les deux etats de I'Europe ou la civilisation est incompa-
rablement plusavancee. Des ccrits remarquablespar leur impartialite
et par les recherches jadicieuses de leurs auteurs , ont, pour ainsi
dire, popularise dans notre patrie les ressortsdu gouvernement an-
glais , et mis a decouvert les progres que les connaissances bumaines
ont faits en Aiiglererre. C'est avec cet esprit dcgage de tous preju-
ges que M. Cbarles Dupin a public sou grand ouvrage surle systeme
entjer de radniinistralion britannique, que M. Cottu a ecrit son
livre sur les institutions judiciaires de la Grande-Bretagne, et que
M. de Stael, nous fait connaitre aujourd'hui I'etat moral et politi-
que de I'Angleterre, tandis qu'un autre ecrivain M. Amedce Pichot
nous la presente sous le rapport lilteraire. Les lettres de M. de Stael
nous paraissent d'un grand interet ; elles contiennent des renseigne-
mens curieux sur un grand nombre de sujets d'economie politique,
d'adminislration , de mceurs, de legislation, etc. L'auteur s'est ef-
force de combattre des prejuges repandus, tant chez les Anglais
qu'en France, relativement a des usages ou a des opinions enracines
dans cbacune des deux nations. C'est ainsi qu'il demontre, avec une
grande force de raisounement , que I'idee que les anglais se sont
formee des resultats probables de notre systeme de succession , de
I'abolition du droit d'ainesse et de son entourage de substitutions
et de grande propriete, repose sur une base enti^rement fausse. 11
prouve que la division des proprietes , loin de nuire a I'agricul-
ture et a la ricbesse nationale, tend, au contraire , a les ameliorer.
Cette grave question d'economie politique est traitee avec d'autant
plus de force par l'auteur, qu'il a contre lui I'opinion unanime du
520 LIVRES FRANCAIS.
peuple anglais , tlepuis les esprits les plus eciaires et les plus philoso-
pluques jusqaaux simples ouvriers. L'ctat de I'aristocratie et de la
dcmocratie, la liberie de la presse , les reunions publiques, les as*
semblees de comte, le parlement, etc., attirent ensuite I'attention
de M. de Stael, et il offre a ses lecteurs un tableau curieux et exact
de ces diverses institutions. Nous avons surtout remarqu6 le recit
qu'il fait d'une assemblee de proprietaires et de fermiers du cointe
de Kent , occasionee par la baisse que les grains eprouvi^rent dans
1 automne de 1823. Au jourindique, plus de dix mille personnes se
reunirent a Maidstone, ville situee a douze lieues de Londres,sous
la presidence du Sheriff, et delibererent librement sur les mesures
a prendre pour remedier aux nialheurs du terns. «Transportons par
la pensee , dit M. de Stael , une semblable scene dans le voisinage de
Paris, et faisons-nous, s'il est possible, une juste idee des terreurs
du gouvernement. Que d'agens de police, que de gendarmes, que
de troupes en mouvement! trop heureux cent fois, si quelquesoldat
stupidenient feroce ne venait pas, certain de I'impunite , faire feu
sur le peuple, sans autre autorite que son caprice! » A. T.
Ill- — * Collection des memoires relatifs a la revolution francaise ,
20' livraison. Paris, iSaS; Baudouin freres^ 2 vol. in-8°;prix 11 fr.
L'un des volumes de cette livraison , dout nous avons deja rendu
compte, (voy. Rev. Enc, t. xxvr , p. 854- contient les Memoires inedits
du marqnis d'Argenson. Parmi des details sur des evenemens et des
personnages duxviii'^siecle, dejA bien connus, il en est quelques-uns
que Ton trouvera neufs et interessans. Mais le' reproche que I'ou
serait fonde a faire a ce volume, c'est de n'avoir aucun rapport
direct avec la revolution francaise en elle-meme.
Les documens renfermes dans I'autre volume se rapportent a ui»
des Evenemens les plus memorables de la revolution. On y trouve
le Meinoire de Vilate , jure au tribunal revolutionnaire , sur les
causes secretes de la journee du 9 thcrmidor , epoque de la chute de
Robespierre ; et un autre Precis hislorique invdil sur la meme journee
par MiDA , gendarme, charge de reduire la commune de Paris et
les insurges. Mais ce qu'on y lit de plus curieux , ce sent les sept
nuinerosdu Fieux Cordelier, journal redige par CamlUe Desmoulins,
dejjuie a la Convention, et qui s'etait glorifie de la denomination
de Procurcur de la Lanterne. Aprfes avoir, au 3i mai, pris parti avec
la Montague, centre les Giroiidins, il fut a son tour saciifie avec
Danton, lorsqu'iis crureut devoir mettre un terme aux exc^s anx-
Get eloge est d'aiitant plus sincere de notre part, que nous ne par-
tageons pas entierement les opinions de Tauteur sur certaines parties
de la grammaire ; mais ncus aimons a reconnaitre que M'n« de Mon-
glave a su embellir un sujet aussi aride par des fictions agreables et
ingenieuses. Nous citerons les litres de quelques-uns des premiers
chapitres.
Ch. II, le Chat, le Perroqtiet et rtlomme , on I'Origine du Iniif^age. —
Ch. Ill, le Dejeuner, on la Division de la grammaire. — Ch. iv, la Partie
de volant, on les Differentes especes de-mots. — Ch. v, le lUeiidiant , ou
du nom, etc. — Le chapitre vri qui a pour litre : le Magister, ou de I'ad-
jectif, met en presence les definitions routinieres de.s vieilles ecoles
et les theories de Beauzee et de Dumarsais; cette petite scene, tracce
avec beaucoup de gaiete, el celle ou parait le directeur d'une ecole
mutnelle, representant naturel des nouvelles methodes , feront ap-
precier I'esprit dans lequel est redlgee cette grammaire. B. J.
1 20. — * Traduction d'Anacreon en prose; par madame Celeste
ViEN , de I'academie de Bordeaux. Paris, i825;Urhain Canel. i vol.
in-i2 , avec vignette ; prlx 3 fr.
« Je veux chanter les Atrides; je veux aussi chanter Cadmus;
mais ma lyre sur ses cordes soupire le seul Amour. J'ai change ces
cordes ; j'ai change la lyre entiere , el je celebrais les combats d'Al-
cide; mais ma lyre obstinee redisait les Amours. Adieu . lieros , et
pour jamais ; car ma lyre chaute les seuls Amours. »
Cette premiere piece du recueil d'Anacreon fait conuaitre la mis-
sion que ce poete s'etait donnee; mission aimable et qui semble ne
pas devoir coiiler de grands efforts. Mais ton' est difficile lorsqn'ou
a3a LIVRES FR.\.\{;AIS.
veut atteiiidre la perfection ; et Tun de uos ancieus auteurs a dit a\ec
raison :
II V faut (Ic I'adrcsse a bieii cueillir Irs roses.
THKornii.E
On ne peut , au moypii de petits vers , ohtenir une grande re-
nominee , si Ton ii'est doue de ce gout exquis qui ne souffre i ien de
mediocre , et qui n'admet que ce qui est excellent. La mission d'A.-
nacrcon est done heaucoup plus difficile qu'on ne le croirait au
premier abord. Combien de talent , combien de grftce ne faut-il
point avoir pour faire aimer Texpression de ce libertinage qui est
dans I'esprit comnie dans Ic coeur; pour obtenir dans la citadelle
d'Atbenes rbonneur d'une statue qui, selon Pausanias, representait
le poete a moitie ivre et cbantnnt en s'accompagnant de la lyre?
Faire passer dans uue langue (-trangere les graces Icgeres du
poete de Teos, suivre avec lui les mouvemcns de la colombe ou de
I'hirondelle, ou se nieler sur ses pas aux danses des Nymphrs et des
Amours, a toujours paru une entreprise difficile, et les difficultes
sont encore plus grandes pour le prosateur. Les poctes veulent etre
traduits par les poetes. La Fontaine a reussi dans une imitation en
vers d'une des pieces les plus ingenieuses d'Anacreon ; Poinsinet de
Sivry parvint a rendre , dans une poesie faible, les pensees de son
auteur ; mais a peine put-il donner au cliantre de la Rose, les agre-
mens des poesies de Dorat. M. Saint-Victor, ainsi que plusieurs
autres poetes de notre terns , ont approche quelquefois da ton
convenable a ce travail. Tontefois , la contrainte de notre versifica-
tion remplace trop souvent dans ces traductions I'aimable fncilite
du poete grec.
Madame Celeste Vien, douee d'un talent remarquable pour la
poesie, cut pu lutter avec les autres traducteurs en vers d,'Anacreon ;
elle a prefore traduire en prose; c'est-a-dire, augmenter Ifs diffi-
cultes de I'entreprise, qui neanmoins a ete couronnee du sncces.
Elle a cvite touteepithcte oiseuse, toute pcripbrase qui eut altere les
traits simples et gracieux de sou niodele. Sans doute, elle a pousse
un peu loin le scrupule sur ce point , lorsqu'elle a fait dire a I'A-
niour ,Ode iii: Mon arc est blen portant , phrase que La Fontaine avail
traduite par : Mon arc est en bon ctat ; mais on n'a que rarement oc-
casion d'adresser ce reprocbe au nouveau traducteur.
La petite pi6ce que nous avons citee , au commencement de cat
article, fait voir que niadame Vien n'a point ete genee par la repe-
LITTERATURE. a':i3
tition trop frcquente des m^mes mots. Voici une autre piece dans
laquelle la fidelite se trouve jointe a Tclegance du style : « La nature
donna des cornes aux faureaux, un dur sabot aux clievaux , aux
lions un gouffre arme de dents, aux poissons las nageoires , aux
oiseaux le vol , a rhonime la prudence. II ne re^ta done rien aux
femmes? que leur donna-t-elle? la beaut c! contre tons les boucliers,
conlre toutes les cpees : une belle triomphe du fer et de la flamme. »
M. Vien a voulu associer ses talens a ceux de son cpouse : il a
embelli VAnacreon en prose d'une vignette dont le gout pur et le
dessin gracieux rappellent de quel maitre il a recu des lecons. Le
restaurateur de I'Ecole francaise eiit applaudi a cette cliarmante
composition de son fils ; dans les trepieds , dans les vases , dans les
ornemens, il eut cru reconnaitre I'elegance des formes qu'il avail
adoptees pour les ornemens. Cette vignette cliarmante a cte fort bien
gravee par M. Godefroy.
En regard de la traduction de madame Vien , et le texte grec :
I'ouvrage sort des presses de M. Didot le jeune
Madame yicn /era paraitre mcessammenC le recrieil de ses poesies.
Telle est I'annonce qu'on trouve dans I'ouvrage dont nous venons
de rendre compte. Ce rccueil meritera sans doute la m^me atten-
tion et les memes eloges qu'otit obtenus dej.i plusieurs pieces de
I'auteur : des sentimens delicatsy sont exprinies dans un style pur,
Elegant et harmonieux. * M. Bees.
12 1. — Les Plaisirs de fesperancc , poeme de Thomas Q,kmvrv.l.-l ,
suivi de deux odes pindariqucs ct de notes cxplicatives , traduc-
tions de I'anglais en vers francais, avec le texte en regard; par
M. ^/ier; MoNTEMONT. Detixihne edition, revue et corrigee. Paris,
1825 ; Peytieux. i vol. in-i8 , grav. ; prix 3 fr.
122. — Les Plaisirs de la memoire, poeme de-Srtmr/e/ Rogers , traduit
de I'anglais, en vers francais, avecletexteen regard et des notes, suivi
de la Charte et d'un co«fe ; traduit egalement de Tanglais, par le
m^me. Paris, i825;lemcme. l vol.in-i8, grav. ; prix 3 ir.
Ces deux pocmes sont du petit nombre des livres modernes qu'on
lit le plus en Angleterre, 011 ilsont vu le jour et oil ils ont obtenu un
grand nombre d'edilions. Ilsy ont paru a fort peu d'intervalle I'un
'de I'aulre: les Plaisirs de la memoire, en 1792, et les Plaisirs del'es-
perance , en 1799. Ni I'un ni I'autrede ces ouvrages n'avait encore ete
traduit dans notre langue. Remercions done M. AlbertMontemont de
nous les avoir fait connaitre. Deja nous avions aunonce ("J^oj-. t. xxiv,
p. 479 ) "fie premiere edition du second de ces poemes; I'auteur,
a34 LIVRES FRANCAIS.
avant de publier la seconde, a fait a son travail denoitibreuses ame-
liorations qui le rendent encore plus digne du siuces qu'il a obtenu.
Voici quelqucs vers du poeme de Samuel Rogers, les Plaisirs de la
memoire, dont il nous offre la premiere edition.
Souvciit dans le silence, a la chute du jour,
Quand Pliilomcle a dit son dcruicI^ chant d'aniour,
Et que le crepuscule, orne d'un leger voile,
A \>^s mucts du soir vicnt annoncer IV'toile;
De la triste bruyere et des gazous epais
S'eleve un doux murraure, un hommage a la jjaix.
lei nous sommes etonnes de trouver quafre rimes masculines de
tuite, car I'auteur continue ainsi :
Millo cbarraans ruisscaux dissipant les ennuis,
Gazouillcut mollcment dans le calme des nuits.
Probablement , les deux vers intermediaires auront 6t6 omis a
Pimpression , et I'auteur ne s'en sera pas apercu, parce que les quatre
derniors que nous venons de citer se trouve^t separes, les uns ter-
minant la page 85 et les autres commencant Ja page suivante. Nous
signalons cette faute a I'auteur, a qui, sans doiite, elle ne doit pas
^tre attribuee. Citons encore quelques vers du m(}me passage:
La, des bosquets d'osier, renverses sur les flots,
Aux vapeurs du matin melaient leurs doux tableaux;
Et sur I'argent du lac les arbres du rivage
Reflechissaient leur ombre et lenr luxe sauvage.
Des arbres en berccaux I'omhre rachait les cieux
Et jetait sur la rose un voile graeieux,
A raoins que d'un rayon la presence furtive
Weffleurat le cristal de I'ondc fugitive.
N.9tre pocte descriptif par excellence , Delille aurait avoue ces
vers; ils ont une grdce parf^iite, et semblent avoir ete penses en
francais. Sans doute on ne pourrait en dire autant de tout le poeme;
souvent , i'y ai rencontre des tournures de phrase et des expres-
sions qui ni'ont paru etrangeres a notre langue; mais ce sont des
emprunts que le traducteur a cru devoir faire a son auteur, pour le
mieux faire connaitre. L'cxtremc delicates.se du gout francais pent
quelquefois en etre blessee ; mais qui pourrait .^e plaindre de la fi-
LITTERATURE. ^35
delite scrnpulcuse avec laqiielle M. de Montemont a reproduit les
traits divers du genie de son modele ? N'est-ce pas la le premier
devoir et le plus grand inerite d'un traducteur?
Les Plaishs de la memoire sont suivis de la Charte, cpitre traduite
egalement de I'auglais, de Miss Helena Maria Williams, qui I'avait
adressce a son neveu , M. Charles Coquerel. « Miss Williams est
unedes femmes auteurs les pluscelebres del'Angleterre, ULede celles
qui ont montre le plus de talent et le plus noble caract^re. Outre ses
poesies, dontqnelques-iines ont ete imitees en vers francais parEsme-
nard et le chevalier de Boufflers , elle a composee beaucoup d'ou-
vrages en prose, et elle traduit maintenant en anglais le grand et bel
ouvrage de M. de Humboldt sur les regions equatoriales de I'Ame-
rique. On sait que la traduction Ae Paid et 7^'/>^i'«/eparMiss Williams,
estdevenue classique cliez ses compatriotes. » Je me trouve heureux
d'avoir I'occasion de me joindre a M. Albert de Montemont, et
d'offrir ici a Miss Williams I'expression de la reconnaissance que lui
doivent les gens de lettres, mes compatriotes, pour I'aimable em-
pressement qu'elle mettait a leur oiivrir sa maison et a les eclairer
de ses conseils, pendant son sejour a Paris. E. Hereau.
laS. — * Trois elegies. Le Malade a la campagne , le Vieillard en
enfance ,le Sommeil de la moxirante ; suivies de Commode et le gladiateiir,
fragment epique; par Leon Halevt. Paris , iSaS; Hubert, Palais-
Royal. Broch. in-8° de 40 pages; prix i fr. 5o c.
Nous arrivons un peu tard pour parier de ces elegies , dont la
plupart des journaux ont rendu compte avec un empressement peu
ordinaire , et que justifie le merite fort remarquable de ce petit re-
cueil. Les eloges qu'a recus M. Leon Halevy, ne sent pas de ces
vaines louanges qu'arrache a la complaisance I'lmportune medio-
crite, et qui otent a la critique son credit et sa digiiite. On n'a rien
dit que de vrai, en vantant la facilite, la grdce , le charme atten-
drissant de ces compositions dont plnsieurs se placent aupres des
plus belles elegies de ncs poetes contemporains. La chute desfeuilles
de Millevoie, le chef-d'oeuvre de son auteur, n'est cerlainement pas
au-dessus du Malade a la campagne, et du Sommeil df la mottrtinte, oil
M. Leon Halevy a exprime des sentimens tendres et touchans, avec
cettc verite , que ne peut avoir la fiction , et qui fait malheureuse-
ment penser que le poete a eprouve les douleurs qu'il a si eloquem-
ment celebrees.
Cette nouvelle publication ne peut qu'ajouter a la reputation que
s'etait acquise de bien bonne heure M. Halevy par sa traduction
236 LIVRES FRANCAIS.
des odes d'Hornce , onvragc dnnt nous avons annonc6 les deux edi-
tions ( voy. /?"'. Enc. , t. xix , p. 182 et t. xxirr , p. 45i ) , et qui
nous avail fait prediie , sans beaucouj) de peine , les succes qu'ob
tient aujourd'iiui I'autenr dans la caniere poetique, et ceux qui I'y
attfndenl encore. H. P.
ia4- — Fables nouvelles ; par Ai/gnsic Rigaud. Paris, i8a3 et 1824 ;
Peytieux. a vol. in-8°; prix . 10 fr. et 12 fr.
laS. — Conies et Fabliaux, par le mdme. Paris, iSaS ; le m(5me li-
braire. i vol. in-32 de 124 pages , papier vclin , avoc nne jolie
vignette ; prix i fr. 5o c. et 2 tr.
M. Rigaud est un dcs auteurs qui ont contribue a la traduction
des fables nisses de M. Kriloff , dont nous avons offert derniere-
ment une analyse a nos lecteurs. ( A''«r. oahier de jnin , t. xxvi,
p. 717 ^ 736. ) A Texception des fables qu'il a fournies a ce recueil ,
et de quelques autres imitces de nos fabliaux, les sujets de presque
toutes cellcs qui composent les trois volumes que nous annoncons
lui appartiennent. C'est un merite , auquel I'auteur joint de la rai-
son , de la pliilosopliie et d'excellentes intentions. Voici une de scs
fables , la i3^ du livre vi.
Alexis ou le Chagrin.
Alexis consiimnit sos jours dans la tristesse.
Poiir counattrc I'oljjct de sa vivc doulcur,
Pareus, amis, voisiiis, maitresse,
N'ont j)U trouver le cliemiu de sou creur.
Au couclier de I'lieljus, au Ifivcr de I'Aurore,
Un noir souci le roiif;c ct le devore.
Eufiii, cedant a sou astre lualin,
Au dcsespoir son ame s'aliandonne;
II meurt. . O mes amis, il n'est qu'uu seul cliagriu;
C'est celui qu'ou ue peut confier a personne.
Cctte citation que j'ai long-tems chercliee , desirant ^tre aussi
favorable a I'auteur que son caractere m'en faisait un devoir,
prouve que M. Rigaud est plutot moraliste que poete. Livre pendant
de longues annees a la carriere du commerce, il .s'est avise Lien
tard de son goiit pour les lettres vet conime Francaleu de la Metro-
manie, il peut dire :
Dans ma tete un beau jour cr talent se trouva ;
F,t j'avais snixante ans, quand cela ra'arriva.
rtilliver les muses peut sembler a tout Sge une donee t ccnpation ;
LITTERATURE. ■^l^
mais on nc doit pas s'etonner a soixnnte aiis de les trouver rebelles.
Avec un auteur qui debute aussi tard , la critique perd, siiiosi ses
droits , (lu moins i'upj.ortunite de ses conseils. E. H.
126. — ' Les Oiseaiix dit sacre ; ^vtr M""* Ainabic Tastu. Paris,
iSaS. Brochure in-8''. ( Ne se vend pas. )
La plupart des pocites qui out cliante le sacre , out cru devoir
chercher dans les siecles passes le cadre et le colorls de leurs com-
positions. M'"" Tastu , plus lieureuse , represente dans ce con-
cours la muse du xrx.*^ siecle. EUe a su , avec les idees de sen tems ,
trouver dans les details de cetto ceremonie , iine inspiration a la fois
poetique et philosophique ; qualites dont la reunion, fort rare, sans
doute, n'en est pas moius necessaire pour obteiiir les succes du-
rables.
Essayons de donner, par quelques citations, une idee de son joli
poeme. Apres une pompcuse descri^Jlion des preparatifs du sacre,
I'auteur s'ecrie :
Pourquoi des prisonniers?... Sous ccs Icgers barrcaiix
S'.Tgitcnt tristement dc tim'ules oiseaux.
lis s't'fforccat a fiiir d'ciue aile effari.iicliee
Cette jxiinpe des rois qu'ils ii'avaieut point clierchec.
I'auvres petits ciptlfs I I'rives d'liii Lien bi doux ,
La liberie, que toiite voix rt'claine,
De vos tyraiis ne soycz i)oiiit jaloiix ;
Chaciin d'cux I'apiielle en sou ;'inic;
Et des nobles actcurs de cet augnste dramc
Aiicun u'est plus lieuroux que vous.
Nul d'un libre lolsir ne pent gouter les cliarmes :
L'iinin>>bl!e soldat est captif sous les armcs;
Son clief, le fcr en in.tin, brill. lut d'or et d'acier,
A I'ordre qii'il trausmct doit plier le premier;
Les spectaleurs presses dans cette vastc enceinte
S'imposeut le fardtaa d'une lotjgiie coutraiute.
Sonmis an meine j<>ng, le poutife a Tawtel
Cede aux liens dores d'un devoir soleunel.
Hnniii, triste enncini qu'aiicun uiortel n'evitc,
ie. nc vois qiif; des yeux ou ta langueur liablte;
Du pretre a I'assistaut tout resseiit ton puuvoir,
Jusqu'aii bras engourdi dc ce jeune acolyte
Qui laisse ccliapper I'encensoir.
Deja , les douzc pairs, quVu V'.ii:i la biarcbe licrmiu<«
2 3 8 LIVRES FRANCAIS.
Revet d'un eclat feodal,
Succombrut a leur tour ii ce charme fatal ;
Lour front s'apcsautit , leur epaule s'incline
Sous te baudcau de comte uu le luauteau ducal...
Dcs iiisigues royaux doiiblaiit le faix supreme,
Et Cdelt; a la majeste,
II effleure eu passant le mnuarque lui-meme,
Esclave de sa digiiite
VoUa des ver.s descriptifs digues de Boileau. Le dernier trait est
surlout charmant. II n'cst doiiue qu'aux ferames de savoir ainsi
temporer la hardiesse par la grace.
Tristes oiseaux, voyez, s'ecrie plus loin madame Tastu.
Tous ces volontaires esclaves...
Presses de s'affraocliir, ils imploreut tout has
L'iustant qui rompra vos eufraves.
Le yoici!... Mille cris s'elevent a la fois;
Le cauon fait grouder sa formidable voix ;
La cloche llvre aux vents ses bruyautes voices;
Et soud.iiu dans les airs Ics cobortes ailees
Chercbeut , d'uu libre essor, la celeste clarte.
Du bonheur des oiseaux die est I'avant-courriere;
C'est pour trouver la liberie
Qu'ils s'elancent vers la lumiere.
Mais, dcs vitrcaux sacrcs le jour inysterieux
Deguisc ce vral jour que redamaient leurs yeux ;
Mais, les millc clartes de ces fetes pompeuses
Abusent leurs regards pnr des luturs trompeuses;
La vapeur de I'eucciis, les cliauts religieux ,
Le bruit coufiis du peiipic eufeinie daus ces lieux,
Les vifs reflets de I'or, tout accrott leur vertige;
Ueja le faibic cssaim cii tnuruoyaut voltige;
Egares, cblouis an flambeau de I'autcl,
lis cedent par dcgrcs a cet etat mcrtcll...
Imprudens!... c'eu est fait, leur aile est consuraee;
lis tombeut sur les fleurs dout la terre est seraee
Nous ne citerons pas les plaintes tonchantes que M "e Tastu a
consacrees a ci;s freles viclimes dcs royales solennites. Le talent de
cette dame pour le genre elegiaque est counu de tout le monde-
Mais nous croyons devoir faire remarquer I'heureuse variete de ion
qui rfegne dans ce poeme. L'auteur jiasse avec la plus grande facl-
lite des pensees fortes aux pensees gracieuses ou na'ives, du style
LITTERATURE. a39
descriptif 4 I'ode, et de I'ode a I'elegie ; flexibility d'autant plus
surprenante qu'elle est toujours fldele au bon gout et a la veritc.
Les ouvrages inspires par la circonstance disparaissent ordinai-
rement, comme ces decorations de la ceremonie du jour dont ils
semblent faiie partie. Les vers de M'oe Tastu sont destines a un plus
long avenir; et, au milieu d^ ces solennites que le tems raniene et
renouvelle sans cesse, souvent les speclateurs se redirout en sou-
riant :
Ennui, triste enneml qu'aucun mortel n'evite...
c.
127. — T-e vocii dc la France sous Charles X, poeme lyrique; par M. F.-
J\\-J. DucHE. Paris, mai iSaS; Ladvocat, et les marchands de nou-
veautes. Brochure in-8°.
Parmi ce grand nombre de pieces de vers que la solennite du sacre
a faitnaitre, on doit honorablement distinguer celle-ci : elle se re-
commande par un style pur et elegant , delapompe, de I'harnio-
nie, des idees justes et quelquefois elev^es. Pour miller a cet eloge
quelque critique, jereprocherai a Fauteur une petite reminiscence ; il
a emprunte parmegarde a M. de Lamartine ce vers de sa Meditation
sur Bonaparte :
Comme un soldat debout et veillant sous ies armes.
La prose de M. Duche ne vaiit pas ses vers ; elle manque de sini-
plicite. Ce defaut est assez sensible dans une tres-courte preface et
dans line dedicace qui precedent son poeme. H. P.
128. — * Tristan le Vojagettr, ou la France an xive siecle ; par M. DE
Marchangy. T. I"" et t. II. Paris, iSaS ; F. Maurice, rue des iVIa-
tburins-Saint-Jacques, n° i. — Cet ouvrage forraera 6 vol. in-8° ,
imprimes par Rignoux sur papier d'Auvergne saline. L'ouvrage en-
tier sera publie avant la fin de I'aunee. Prix 7 fr. le vol. pour les
souscripteurs. Lors de la publication des deux derniers volumes, le
prix des 6 volumes sera porte a 45 au lieu de 42 fr.
Une remarqne que nous avons deja faite a I'occasion des nouvelles
doctrines litteraires (to/, t. xxiii, p. 709 a 718, le compte rendu
de V Apologie de I'ecole romantique) , et qu'il nous parait a propos de
repeter ici , c'est qu'il est assez singulier de voir les partisans
de ces doctrines , partant de ce principe , que la Utteraiure est
Vexpression de la societe , nous coiiseiller d'abandonuer I'etude des
anciens pour nous livrer a Timitation des Anglais et des Alleraands ,
afin de nous former , disent-ils , une VitteraXxne naiionale. J'ai beau-
24" LIVRES FRANCAIS.
coup de respect ct d'eslime, snns doutc, pour le genie de Schiller et do
Goclhe.de Shakespeare, de By roil et de Walter Scott , etje suis tr6s-
disjjosea !eur reiidre toute la justice qui leur estdue; mais je n'irai pas
clierclier chcz eux ies modeles a proposer a nos jeunes ecrivains fran-
c.iis , auxquels je ne ferai pas {'injure de croire qu'ils iie connaissent
pas Ies tiesors que leur offre la litteralure francaise des siccles prece-
dens, et surtout du grand siecle. Si Ies apologistes de I'ecole roman-
tique avaient dit : luiitez vos voisins, qui, sans ncgliger Ies ouvrages
des anciens , se sont formes une litteralure toute nationale, en selivrant
specialcment a la peiuture des moeurs qui leur sont propres, j'aurais
repondu que, nous aussi, nous avons des auteurs qui se sont occupes
de riilstoire et des niceurs de leur pays; et , sans reuionter bien haut ,
j'auraib cite Ies ouvrages de MM. Andrieux, Casimir Delavigne ,
Etienne, Jouy, Picard , Raynouard , de Segur et'tant d'autres , pour
la peinture des moeurs modernes; puis, de M. de Sismondi, de
M"^ Vo'iart , de M. de Marchangy , etc. , pour la peinture des mccui s
du inoyea 3ge. FaisoUs , aurais-je dit, connaissance avec la littera-
lure de nos voisins , louons ce qu'ils ont de bien , saclions nous I'ap-
proprier, si nouspouvons; mais, avant tout , restons Francais; ne
soyons pas moins justes envers nos conipatriotes que Ies etrangers
cux-uiemes , qui, non contens d'etudier Ies chefs-d'oeuvre de notre
liltcratuie, s'empressent de Ies traduire dans leur langue.
Les partisans de Walter Scott seraient bien inconsequens ou bien
aveugles , s'ils ne reportaient pas uue partie de I'admiration qu'ils lui
ont vouee sur celui de nos conipatriotes que j'ai cite en dernier.
Quels services M. de Marchangy n'a-t-il pasdejarendus a la littcrature
natioiiale par la publication de sa Gaule poedque? quels services ne
va-t-il pas lui rendre encore par celle de I'ouvrage que nous annon-
cons? Tous deux, pour ainsi dire, nous font connnitre a nous-
m^ines; tous deux devienneiit une source inepuisable pour nos histo-
rians, nos moralistes, nos poeles et nos artistes. — Le second de ces
ouvrages est , en quelque sorte , rapplication du premier. « Contraint
par le plan de la Gaule poedque de traverser rapidenient tous les dges
de la France, depuis les for^ts des druides jusqu'a I'olympe de
Louis XIV, I'auteur n'avait pu jeter qu'un coup d'ceil sur les terns
les pins feconds. Mais ce n'^tait pas assez d'avoir fait des recberches
laborieuses sur les anciens terns ; il fallait les rendre attray«ntes , il
fallait animer le sujet par une action qui, detachant le lecteur de
I'epoque piesente, le reportdt, par une illusion complete, vers celle
LITTERATURE. 2/(i
tju'il s'agissalt de peindre sous toutes ses faces. » C'est ce que M. de
Marchangy a- fait dans Tristan.
Notre intention etant de rassembler ces deux ouvrages dans une
meme analyse, lorsque tons les volumes auront paru , nous con-
sacrerons seulement quelques lignes a leurs livraisons successives.
Bornons-nous aujourd'hui , a I'occasion de la publication des deux
premiers volumes de Tristan, a transmettre a nos leeteurs I'lnipres-
sion que nous en avons recue. Elle a ete si vive , que nous avons relu
plusieurs fois de suite les trois premiers chapitres. Nous avons ad-
mire la vaste erudition de I'auteur, sa profonde connaissance des
mocurs du moyen Age, et le charme qu'il a repandu sur tons les de-
tails qu'il nous transmet , et qu'il a su faire entrer dans une £abie
tres-attachante. Nous avouons qu'il nous a paru , a la premiere lec-
ture , que I'interet languit un peu dans les autres parties. Cela vient
peut-etre de ce que I'auteur, craignant de cliarger son livre de trop
de notes, et ne voulant pas perdre toutes celles qu'il avail rassera-
blees , en a fait entrer une partie dans le texte mdme., ou elles nous
semblent ralentir la marche d'une action a laquelle il nous fait
prendre , des son debut , un si grand inter^t. Nous craignons que
cette remarque ne devienne encore plus sensible dans les quatre vo-
lumes qui restent a publier, et qui porteront I'ouvrage a un nombre
peut-etre trop considerable pour le developpement d'une seule action.
Mais il ne faut pas considerer Tristan comme un simple roman de
mceurs; c'est en m^me tems, comme la Gaulc poetique , un ricbe
repertoire ouvert a tons ceux qui voudront etudier les mceurs et les
usages du xiv*' siecle, ou qui desireraient y puiser les sujets divers
de plusieurs compositions; il leur evitera la peine d'aller puiser,
a grands frais , dans une immense quantite d'auteurs , que M. de
Marchangy a extraits pour eux avec autant de conscience que
d'habilete. Qui pourrait se plaindre de Irouver sur la m^me pa-
lette les couleurs de plusieurs tableaux aussi neufs que varies ? Je
dis les couleurs, parce que le style de Tristan^ est surXouX. une des
parties tres-remarquables de I'ouvrage : il n'a rien du style froide-
ment academlque , ni du neologisme barbare de quelques auteurs
modernes. Ses personnages reproduisent dans leurs entretiens o''
dans leur correspondance une grande partie des mots et des for-
mules de phrases usitees de leur terns; et cependant, lis n'ont rien
d'etrange ni d'incomprehensible pour nous. C'est, en quelque sorfe,
T. XXVII. — /u illel iSi^. 16
24a LIVRES FRANflAIS.
une laiigue retrouvee ,.que Ton croit avoir sue, et que Ton se rap-
pelle avec I'auteur (i). E. Hkre.\u.
lag. — Pierre de Lara , ou I'Espagne au xi'' siecle, par M. Dii
MiiRi.ES , autcur ('e VHistoire de la dominaCion des arabes en Espagne et
en Portugal , traduite de I'espagnol. Paris, i8a5 ;Eymery. 4 vol. in-ia
de 1087 pages ; prix 10 fi\ et 12 fr.
Le genre du roman historique a 6te, avec raison , ce me semble ,
frappc de reprobation; il est si difficile de repandre dans une his-
tojrereelle, sans en changer les fails les plus importans , I'intdrc-'t
que tout le monde a le droit d'exiger dans un roman, et si abs irde,
en meme tems de preter aux personnages counus dans I'liistoire des
actions tout-a-fait imaginaires , des sentimens opposes a ceux qu'ils
ont eus, que Ton a souvent signals ce genre commcfaux ou ennuyeux.
Le rare bonheur de Walter-Scott, qui a place ses personnages liisto-
riques sur le second plan et qui a construit sa fable tout entiei-e sur
des personnages imaginaires, ou donnes seulement par des tradi-
tions incertaines , a change tout le systfenie des romans historiques ;
et quoiqu'avant lui lesFrancais eussent des exemples de ce genre et
dans les Memoires du chevalier de Grammont, et dans I'immortel
ouvrage de Lesage, Walter-Scott ,.par I'e.xtension qu'il lui a donnee,
a rappele sur lui I'atteution et I'estime des gens de gout, et a merite
d'en 6tre regarde comme I'inventeur.
M. de Maries , auteur d'un grand ouvrage sur la domination des
Maures en Espagne , a voulu retracer dans un roman les mocurs
qu'il avail trouvees dans son histoire. Dc grands travaux sur Thistoire
de France nous .ivaient deja valu le roman tr^s-interessant de
Julia Severa de M. de Sismondi. (Voy. Rev. Eiic, t. xv, p. 102) Pour-
quoi M. de Marias, au lieu de suivre les traces de ce savant histo.
rien ou de Walter-Scott, a-t-il repris I'ancienne methode du roman
historique? Sans doute il n'a pas falsifie I'liistoire comme I'ont fait
mademoiselle de Scudery, Florian, madame de Genlis, etc.; mais
aussi son roman n'a-t-il pas rinter(^t qu'on trouve dans les composi-
tions de ses predecesseurs. Alfoiise VI , Urraque sa fiUc , Raymond ,
comte de Bourgogne, Pierre de Lara, premier minisfre du roi dc
(i) II y aurait presque de la pcd.iuttrio a relcver, dans le aeohapitre decf t
ouvrage (t. i*', p. 28), uue expression qui me parait trop bizarre pour n'etre
pas une faute typograpbique ; jo ne crois pas que I'aulftnr ait vonlu ccrire :
« La rudesse do nos moeurs telues et grossieres.
LITTERATU^E, 24$
Caslllle , et-les princes mahomelans , tels sont les principaiix per-
son n ages : mais ils sont connus par I'histoire ; et, quand rhistoire
ne les fait pas agir , ils restent inactifs dans le roman. Que rcsulte-
t-il de la ? une grande froideur dans la marche de I'intrigue. On n<:
sait ou est Taction principale : est-elle dans les ^venemens de la
guerre ? Mais alors que fait done Pierre de Lara ? est-elle dans les
amours de Lara ? mais qu'y font les cvenemens de la guerre. II faut
bien le dire , I'interet manque partout, et M. de Maries lui-m^me a
pris soin de le detruire, parce que j'appellerais volontiers des /?o»-
tades de persiffl^tge. Quoi! au milieu des situations les plus tristes,
il s'interronipt pour faire quelques remarques plaisantes sur les
attaques de nerfs et les syncopes de ses heroines, snr les infidelites
de ses chevaliers ! Mais , a moins qu'ou ne veuille faire un ouvrage
comique , rien ne peut autoriser de semblables disparates dans le
style.
En resume, M. de Maries nous semble avoir port^dans son roman
de vastes connaissances historiques , une 6tude approfondie des
moeurs qii'il a voulu peindre, des descriptions souvent aussi bril-
lantes que le peuple qui dominait alors une grande partie de TEs-
pagne. Mais , cette unite necessaire dans tous les ouvrages d'ima-
gination , cette invention de situations neuves , cette chaleur dn
style, sans lesquelles les ouvrages ne peuvent vivre, paraissent lui
manquer absolument, et nous font encore attendre sur I'Espagne
au xi« siecle , ce que Walter-Scott a donne a son pays pour tous les
siecles de'l'Ecosse. B. J.
l3o- — Le Voyageur sentimental , ou ma Promenade a Kcez-rf^n. Edi-
tion augmentee et suivie d'un second 'voyage fait par I'auteur , qua-
rante ans apres ; par M. Vernes de ldzb. Paris, 1820 ; Arthus Ber-
trand. 2 vol. in-12 , ornes de deux jolies gravures ; prix 6 fr. et
7 fr. 5o c.
En anuoncant dans ce recueil , il y a trois ans (voy, t. xiii, p. 267
a 269), Mathilde au Mont-Carmel , roman du raeme auteur, je crus
devoir , pour le dedommager de la critique que je faisais de cet ou-
vrage, rappeler son f'oj-ageur sentimental qui m'avait laisse des sou-
venirs agreables. J'etais trfes - jeuue lorsque cet opuscule me tomba
entre les mains; et , apres I'avoir lu , j'aurais volontiers dit a
M. Vernes , avec I'auteur de la lettre rapportee, p. 77 du t. 11 : >< Je
croyais Sterne mort depuis long-tems ; je vois , a ir.on grand ^tonne-
ment , qu'il vit encore. Voire epilre dedicatoire, voire histoire dn
Mouton, celle de Rose , du petit ecu, du Bequillard, d'Henri et de
2','^ LIVRES FRANCAIS.
I'Avcugle me seniblent dignes dc sa plume, ainsi que voire douMr
inscription sur la porte du cimetii!re , etc. »
Je viens de relirc cet ouvrage, dont rauteiir public uue nouvellc
edition , oil il a , dit-il, supprime quelques passages que reprouvait
un gout devenu plus severe. J'ai trouvc 399 - ^90 individus sont
morts dans la maison de charite; 703 etaient des geiis de couleur.
Le total des naissances, pendant la meme annee, a ete de 5,833
Difference entre les morts et les naissances, i,434-
( Gazette de Philadelphie. )
ViftGlNlE. — Exemple remarqiiable de longevite. — II existe main-
tenant, dans le comte de Charlotte, pres la frontiere de celui de
Campbell, un couple, dont le marl a 118 ans, et sa femme F17.
Cet homme , appele Alex. Berkley, est ne en Ecosse et a servi sous
le due de Marlborough , pendant le rfegne de la reiue Anne.
Apres la mort de cette princesse, il emigra en Amerique, servit
dans I'arniee anglaise , sous le general Wolf, et se trouvait a Que-
bec, lors de la defaite de Montgomery. II y a 90 ans qu'il est ma-
rie, et il a eu plusieurs enfans, qui tous I'ont precede dans la tombe.
{y'lllage Bee. )
Mauchchijnk , sur le Lehigh. — Commerce de charbon. — II y a en
ce moment ( mars 1825 ) 100,000 boisseauxde charbon sur le port ,
et environ 5 a 800,000 decouverts dans la mine. — On a creuse
sous terre, a deux ou trois milles de la riviere; les ouvriers ont deja
penetre jnsqii'a 23o pieds , et s'attendent a trouver dans un mois
uneveine de charbon. — On calcule qu'il pourra dtre exporte , cette
annee, des mines du Lehigh a Philadelphie 25,000 tonneaux de
charbon, representant 700,000 boisseaux. Quoique le Schuylkill ne
puisse 6tre navigable avant le mois de juin , il y a plus de 90,000
boisseaux de charbon sur les atterages de cette riviere. — Ce resul-
tat sera augmentc de plusieurs centaiues de milliers de boisseaux,
qui seront apportes a Philadelphie. On a calcule que la substitution
du charbon au bois procure une diminution d'environ mille dollars
dans les depenses annuelles de I'hopital de Pensylvanie.
( Gazette de Philadelphie. ]
T. XXV n . — Jttillet 1 8a 5. 17
258
AFRIQUE.
Alger. — Tremblement dc tare. — Un freinblemt'iit de terre vio-
lent s'est fait sentir a Alger , le a juillet dernier. Des secousses
repetees out eu lieu successivement, pendant plusieurs jours de
suite. II u'a occasione nucun dommage ; mais les liabitans out
ete tellenient effraycs, que beaucoup de families out fui dans les
campagues , et se sont refuglees sous des tentes. — Le m(5me tremble-
ment de terre a produit les plus terribles ravages, a dix lieues d' Al-
ger. La vilie de Belida a ete detruite , et un tres-grand uombre des
habitans a peri. Sur dix mille personnes dont se coniposait la popu-
lation, six inille ont et6 engloutics dans les decombrcs. — Dansl'es-
pace de vingt ans , c'est la troisit'me ville qui est detruite : Colea et
Mascara avaient peri de la meme maniere.
ApniQUE. Decoin'crles recenles. — On a beaucoup d'obllgations au
reJacteur cliarge des nouvelles de geographie dans le Journal des De-
Jnfj-,d'avoirdonne(dans la feuilledu lojuin dernier) I'apercu des de-
couvertes les plus recentes en Afrique, d'apres les rensergnemens que
viennent de fournir le major Deuham et M. Clapperton, a leur retour
en Europe. Les deux principauxresultats dont nous y trouvons I'ex-
pose sont 1° que le Dioli-bd , vu par MungoPark a Sego, etcoulant
au N. N. E. , revientsurses pas , au dela de Tombouctou, et sedirige
au S. E. et au S. , vers le golfe de Benin , oil est son embouchure.
1° Que le grand lac central du Bornou n'a point d'ecoulement visible ,
quoiqu'ilrecoive plusieurs grandes rivieres. II paraitraitquelebassin
deces rivieres est distinct decelui oil coule leUioli - ba ; et c'est vers
Sakkatou (a ajS lieuesenvirondu lac central) qu'exi.ste la separation
de ces deux bassins. Ces fails tres-importans, nou-seulement pour
la geographie physique de cette partie du globe , mais pour les com-
munications nouvelles qui voiit s'etablir entre elle et I'Europe, n'onl
ete reveles a ce qu'ilparait qu'au momentoii les intrepid^s voyageurs
ont debarque a Portsmouth, c'est-a-dire , au commencement du
mois de iuin courant; car le Journal des Debuts du 6 du m^me mois
annoncant deja la chute slu Dioli-ba dans le Benin, s'exprimait
comme il suit, au siijet du grand lac Tsad : « Cette mer interieurc
forme un bassin particuller comme la mer Caspienne ou le lac Aral
en Asie ; elle coinuiuniqtie cejiendant dans la saison des pluies a fee le
A'il Blanc; » ce qui est directement le coutraire du fait enonce dans
le journal du to juin. Le redacteur de I'article cite souvent M. Malte- -g^t
Brun, comme avant soutenu que le fleuve de Tombouctou secou- ^|
I
AFRIQUE. 259
lait dans le golfe de Guinee : il aurait pu rappeler aussi que ce
savant geographe a soutenu tout recemment la communication du
lac central avec le Nil ; que persuade apparemment de I'existence
de cette communication , il a combatttu un memoire lu il y a quel-
ques mois a I'Academie des sciences , oii I'opinion diametralemeut
contraire est defendue par I'auteur (i). Pent - 6tre meme I'opinion
enoncee dans la feuille du 6 juin y a-t-elle ete consignee par M. Mal-
te-Brun; Dans ce cas , quatre jours auraient change la maniere de
voir de'ce savant : ce qui n'a rien d'etonnant au fond, puisque les
resultats devoiles par les voyageurs anglais sent parvenus a sa con-
naissance dans I'intervalle. On devait s'attendre toute fois a ce que
I'auteur du nouvel article parlerait du memoire publie sur la ques-
tion , puisque ce memoire s'accorde presque sur tous les points avec
les observations des voyageurs : une coincidence pareille valait la
peine d'etre remarquee ; et si cet article eut ete redige par M. Malte-
Brun , il n'y eut pas manque , a cause de la controverse meme qu'il
avait elevee pen de terns auparavant.
• L'auteur du memoire avait dit : II n'y a point a I'occident de
Bornou ( la oil est mort le docteur Oudney ) de hautes montagnes ,
de 14,000 pieds , d'oii s'ecoule un fleuve assez eleve pour tomber
dans le Nil Blanc : et , en effet , M. Clapperton a decrit depuis ce
lieu comme uue plaine.
II avait dit : le lac Ts4d ne s'ecoule point dans le Nil ; or , le ma-
jor Denham , qui a fait le tour du lac , a trouve qu'il n'avait point
d'ecoulement visible.
On lui avait objecte que le lac s'ecoulait quelque part necessaire-
ment , puisque ses eaux etaient douces ; aujourd'hui , on trouve que
ses eaux sont douces et que ce n'est plus une difliculte : c'est ce que
I'auteur du memoire avait explique assez clairement.
II avait dit qu'il n'y avait point en Afrique un fleuve unique ayant
2,000 lieues de cours, partant presque de I'Ocean et tombant devant
Chypre , ct nous apprenons par les voyageurs anglais qu'il y en a au
moins quatre dans cet espace, le Dioli -hk, le Yaou , d'autres ve-
nant de Test et enfin le Nil Blanc, dont le bassin est isole comme
il I'avait soulenu.
(t) Extrait d'uQ Memoire sur la communication du Niger ou Nil des Noirs,
avec le Nil d'i'gyple , lu a I'Academie des scieuces , le 18 avril iSaS, par
M. JoMARD, mcmbre de I'lustitut. Iu-8" de 2 feiiilles, avec une plan die de
jirofds et uue carte. Artlius Bertraud, luc Hautcfeuilie , u" 10.
'-*6o AFRIQUE.
U avail dit encore que le Yaou ( fleuve qui se jette dans le lac
Tsad ) faisait suite au Dioli-ba vu par Mungo-Park. Cette afsertioir
parait dcmentie par le recit fait a M. Clapperton; mais rauteuravai;
suivi I'autorite assez imposante d'llornemann , lequel s'exprimc
ainsi : La riviere qui passe a Tomhoiictou... continue a Vest sur le territoire
de BornoH... (i) II etait aussi d'accord avec les redacteurs du Quar-
terly Review , a cet egard, quoique differant absolument avec eux
sur le reste.
La terroinaison du Dioli - ba daus le golfe de Benin , apres un
cours retrograde de plus de trois cents lieues, est un fait extr^nie-
raent curieux a observer et important pour la geographie physique ;
et Ton doit regretter que M. Clapperton ait laisse cette gloire a un
autre. Mais au lieu d'exprimer un regret , il faut plutol adresser
des actions de graces aux deux intrepides Anglais qui , apr^s avoir
vu perir sous leurs yeux deux de leurs compagnons de voyage , out
continue avec le m6aie courage, leurs explorations perilleuses. Feli-
citons-nous plutut de posseder des lumi^res si inattendues sur un
pays reste mysterieux pendant tant de siecles. II ne faut pas non
plus que la satisfaction des amis des sciences et de I'huraanite soit
altereepar une hiimeur un peu chagrine, comme on le voit dans la
conclusion de I'article da Journal des Debats du lo juin , ou Ton
adresse au gouvernement francais des reprocbcs qu'il n'a pas me-
rite. On dirait, a entendre celui qui s'est fait I'organe de ces re-
proches, que les savans francais ont neglige des conseilspatriotiques,
et que le gouvernement francais les a repousses. Mais quelle propo-
sition a ete faite a ce dernier? Quelle opposition y a-t-il niise? Ne
doit-on pas lui teuir compte, au contraire , de ses efforts pour faire
penetrer quelqu'un a Tombouctou par la voie du Senegal. Et apr^s
tout, puisqu'il s'agit de positions et d'operatious commerciales, n'y
a-t-il pas a peu pr^s la ni^me distance de Tombouctou a Saint-Louis
qu'a la cote de Benin ? Si , a la v^rite , on ne peut faire par eau qu'une
partie du trajet, savoir de Tombouctou a Sego et de Felou a Saint-
Louis, li'evite-t-ou pas aussi un grand circuit de 5oo lieues par la
cote d'Afrique, dans des parages fuuestes a la sante des navigateurs ?
Le gouvernement francais n'a pas fait , dit-on , occuper les embou-
chures du Dioli-ba et I'lle qui les domine. Le pouvait-il, le devait-
(i) Voy. Kev. Ehc, X. xv . [>. t8?. a i88, et t. xxiv, p. 56i; .i 577, et
Bulletin <; In Sociele Jc geographie , 1JJ22 el 1824.
AFRlQrr.. — EUROPE. ?.0i
il ? La voix patriotitjue et sincere qui le liii a crie Itii a-l-elle doiiiie des
moyens d'execution , des lumi^res suffisantes ? Nous I'ignorons;
mais, en attendant , nous devons savoir gre au ministre de la ma-
rine den'avoir pas neglige entierement !es voyages de decouvertes
en Afrique, el d'avoir seconde une expedition ( celle de M. de Beau-
fort ) , qui tend a rattaclier aux etablissemens du Senegal le fleuve
de Tonibouctou , par une relation directe et la plus courte selon
toute apparence. Les Francais, amis de leur pays, savent apprecier
ces encouragemens , et on pent esperer encore qu'ils porteront fruit
dans rinterct des sciences et dans celui du commerce, lis se res-
souviendront avec reconnaissahce que la Societe de geograpliie a
ete encouragee dans son entreprise, vraiment patriotique , par la
munificence du gouvernement francais, qui offre une sommede cinq
mille francs , pour etre jointe a 4 on 5 autres mille francs destines au
premier qui aura penetre a Tombouctou. lis imiteront ce genereux
exemple, et leurs eiforts, reunis a ceux de la Societe francaise, as-
sureront un jonr a leur patrie quelque part dans lesavantages que
I'Europe se promet de ses communications avec I'Afrique centrale.
Z.
EUROPE.
ILES BRITANINIQUES.
Botaniqiie. — Le docteurj Vogel a demontre dans un memoii-c
insere dans le journal de Schweigger (vol. vii), que la marine
existe dans la plante de celeri , quoique jusqu'a present I'existence de
cette substance n'eut ete reconnue dans aucun vegetal europeen.
Les feuilles et la tige de Vopium graveolens contiennent, outre la
manne, une huile volatile sans couleur, dans laquelle reside i'odeur
particuliere a la plante. C'est une espftce de gel6e liquide qui prend
une consistancegelatineuse par I'action d'acides tres delayes. Le ni-
trate et le muriate de potasse sent au nombre des produits du
celeri. Le procede qu'on emploie pour separer la manne de cette
plante est decrit dans le n° 47 des Annates de philosophie.
Aylesburt. — Inconvenient dii pain de boiilanger et qualite nutritive
du pain dit de menage. — M. Fenner, cLirurgieu , ajant long- tems
eprouve ainsi que sa famille les effets jieriiicieux du pain de bou-
fanger , et les ayant egalement remarques clie/, ses malades , a fait
une experience qu'il croit utilt- de faire connaitre. Dans les ca.';
de mauvaiso digestion ou de faiblesse d'estomac, il est tres-diffi*
cilc de r^lablir les fonctions du corps . surtout dans les tempc-
7.62 EUROPE.
ramens echauffes. M. Fenner a reconmi que I'usage du pain de
boulanger, loin de remedier a cet inconvenient , I'aggravait presque
toujours. II a done fait nioudre du fionient bien choisi , et avec la
farine non triee , et non separee du son, il a fait faire du pain bien
cuit, qu'il a trouv6 non-seulement nourrissant , mais U-ger et un
peu purgatif. II s'appuie de I'experience du docteur Magendie qui ,
ayant essavt' de nourrir des chiens avec du pain lilanc et de I'eau,
les vit tous mourir au bout de cinquante jours , tandis que d'autres
chiens , auxquels il n'avait donne que du pain de menage fait avec
la farine m^lee de son, n'^prouverent aucun accident fdcheux. Le
docteur Fenner assure qu'en choisissant une bonne qualite de
froment , le pain qu'il reconimande n'est point d^sagreable au gout
et conserve meme assez de blanclieur.
YoiiK. — Projec d'line nonvelle imiversite. — On parle de fonder
dans le voislnage une nouvelle universite, rivale de celles de Cam-
bridge et d'Oxford. Le venerable comte Fitz-William a, dit-on ,
promis de contribuer aux frais de cet ctablissement pour la somme
de cinquante mille louis (environ douze cent mille francs ).
LoNDP.ES. — Mitsee britanniqne. — Sir R. C. Hoare , baronnet, vient
de donner a ce'J|musee sa belle collection d'ouvrages relatifs a I'his-
toire et .i la topographic d'ltalie : collection qu'il a faite de 1785 a
1791 , pendant deux excursions dans ce pays. Elle se compose de
1733 articles, classes selon les anciennes divisions de I'ltalie. Deux
autres donations non moins importantes consistent en une collection
de monnaies , de medailles , de bronzes, de pierres precieuses, et
de dessins; estimee a une valeur de plus de cinquante mille liv. St.,
environ douze cent mille fr. , et en une galerie de tableaux d'un
"rand prix , donnee au Musee par sir Georges Beaumont. L.-S. B.
Notu'ean jviirnal imprime au moyen d'un nouveau procedc. — Un
prospectus assez singulier vient d'etre distribue dans cette capitale.
II annonce la prochaine publication d'un journal qui paraitra,
chaque semaine, sous le litre de Parthenon , et qui sera imprime sur
pierre, par un precede nomme dpoUthographie. Par une operation
dela presse, la meme feuille reproduira en m^me terns des carac-
tferes d'imprimerie, des gravures , des dessins et d'autres ornemens.
Ce journal sera consacre a la musique, au dessin et aux belles-
lettres. ( ^i^v Monthly Magazine. )
— Collection defac simile de Rembrandt. — II a paru ici, en 1824 ,
II n petit recueil de douze y«c simile de quelques pieces rares gravees
par Rembrandt, et dont les originaux se trouvent dans les collections
J
ILES BRITANNIQUES.— RUS.S1E. ^63
Cracherode ou au British museum. On doit savoir gre a I'auteur, M. Giiil-
laume-J acques Smith , d'avoir, pour ainsi dire , muliipUe ces raretes.
Ses copies sont faites avec tant d'exactitude et d'habilete, que nous
ne doutons pas qu'elles ne pussent quelquefois tromper a la pre-
miere vue, les yeux les plus exerces , si Ton melalt un ou deux de
ces fac simile parmi des pieces originales de Rembrandt. Ces pieces,
tirees sur papier de la Chine et placees sur un papier veliii lege-
rement colorie , forment un petit recueil in-4° du prix de 3o fr.
Cette collection permet aux amateurs de placer dans leurs collec-
tions la representation de pieces dont peut-etre ils ne trouveronl
jamais les originaux. Z.
— Necrologie. — Abraham Rees. — Le 9 juin dernier , est moit, a
r.-ige de 82 ans, apr^s une courte maladie, un des savans les plus
distingues de I'Aiigleterre , le docteur Abraham Rees , membre de
la Societe royale , de la Societe Linneenne , et de plusieurs autres
socletes savantes. II etait ne dans ie nord du pays de Ga lies , oil
son pere etait ministre protestant. 11 commcnca ses etudes sous les
yeux de ses parens, et vint les terminer a ''institution d'Hoxton^
pres de Londres , oii il obtint bientut une place de professeur de
mathematiques qu'il occupa pendant vingt ans ; il fut ensuite recu
professeur de theologie au college d'Hackney, et reroplit ces fonc-
tions jusqu'en 1795 , epoque a laquelle il se consacra a I'eglise.
On a differeus ouvrages du docteur Rees ; inais le plus connu ,
est sa Noiivelle Ency elope die (^the New Encyclopaedia , 44 vol. in 4° ) ,
ouvrage compose sur le plan de I'Encyclopedie , tres-estlme en
Angleterre , et qui annonce un savoir immense. Quoique pr<*tre, le
docteur Rees etait tr^s-tolerant ; il est mort,egalementregrette poui
sou savoir, ses vertus et sa boate. ^ F. D.
RUSSIE.
Saint-PetersbourG. — Divisions et circonscripliom. de la Bussie
noiir V instruction publiqiie. — En vertu d'uii ukase du niois de Janvier
dernier ( 1825 ), la Russie recoit une nouvelle division relative a
rinstruction publique, et qui doit correspondre aux gouvernemens
generaux. Les Six universites forment le siege des administrations de
cbacun de ces arrondissemens d'instruction publique, auxquels sont
altribues un certain nonibre de gouvernemens adjacens ou voisius.
1° L'arrondissement de Saint- Petersbourg sera form6 des huit gou-
vernemens de Petersbourg , Arkbangel , Olonetz , Vologda ,
Vitepsk, Moghilof , Smolensk, et Kaiouga. 2" Celui de Mo'cou
264 EUROPE.
aura oiizegouverneineiis, savoir ceux de Moscoii, Novgorod, Tver,
laroslavl , Kostroma, Vladimir, Resan, Toula , Orel, Voronej ,
Tambof. 3" L'arrondissement de Dorpat n'eii aura provisoirement
quetfois : la Courlande, la Livonie et I'Esthonie. 4° L'universite de
Kharkof preside a seize gouvernemens et |)rovinces , savoir : TU-
kraine de Slobode , Tschernigof , Poltava , Kiel', Koursk , Astra-
khan, le Caucase, la Grousie, I'lmeretie, la Mingrelie, Kherson ,
lekaterinoslavl , la Taurie, la Bessarabie, le pays des Cosaques du
Don et de la mer Noire. 5° L'arrondissement de Kazan comprend
douze gouvernemens : Kazan, Nijnenovgorod, Simbirsk, Saratof,
Penza, Oreubourg, Viatka , Perm, Tobolsk, Irkoutsk , leni-
seisk. 6° Enfin , celui de Vilna en compte six : Vilna , Grodno ,
Minsk , la Volhynie , la Podolie , Bialistock. Le gouvernement de
Pleskof ou Pskof , qui fait proprement partie de celui de Dorpat,
est attribu6 provisoirement a l'arrondissement de Petersbourg.
J. H. SCHNITZLER.
Saint-Peteksbourg, aS juin. — Fondation d' iin InstitiU technologi-
que. — L'empeieur a approuve, le 3 1 mai, le projet d'un Institui techno-
logiqiie , qui sera ^tabli a Moscou , afin de propager les sciences qui
out le plus de rapport avee I'industrie manufacturiere. On y a Jmettia
des ieunes gens de condition lib re , 4g^s de i6 a 24 ans. L'instruction
leur sera accordee gratis dans cet institut. Les sciences qui leur se-
ront enseignees sont : la science du commerce , la statistique manu-
facturiere, I'art de connaitre les marchandises , la chimie, la tech-
nologie, lamecanique,rhydrotechniqueappliqu6e aux manufactures,
et le dessin. Le cours general des etudes durera deux ans; apres cet
espace de terns , les eleves seiont distribues , d'apr^s leur propre
clioix , daus les cours speciaux , dans lesqnels on leur enseignera les
connaissances de details necessaires pour la conduite des travaux
dans les teintureries, les manufactures de draps, de soie, de colon ,
detoile,de cuir, de glace, de cristal, de porcelaine et de faience ;
le terme pour ces cours est fixe a un an. Apres avoir fini leurs etu-
des, les eleves sortiront de I'lnstitut avec un certificat attestant les
connaissances qu'ils auront acquises. I.
MiTTAU. — Etablisseinent d'line baiique. — Canalisation de la Vindau,
— Deux entreprises d'utilite publique partagent en ce moment I'at-
terition des Courlandais. II s'agit d'abord de I'etablissement d'une
banque , dont le besoiu est vivement senti. On avait I'esperance de
fonder en Courlande une banque nationale coinme celle de Livouie;
mais I'empereur a refuse sou assentimeut, et n'autorise que la crea-
RUSSIE. — STJEDE. 265
tion d'une bauque dependante de celle de tout le pays , etablie a
Saint-Pctersbourg. La difficulteestmaintenant d'obtenir, a iin iiitcr^t
modere , les sonimes necessaires pour rexecution de cette entreprise.
La noblesse negocie a ce sujet a Saiiit-Petersbourg.
L'autre projet est d'un inter^t plus general; la "Vindau doit etre
rendue navigable et jointe par un canal au Niemen : i,5oo a 2,000
soldats sont' attendus incessamment pour commencer ce grand tra-
vail. On songe beaucoup a canaliser la Russie : la nature, en y pro-
diguant un grand nombre de fleuves navigables, a rendu celte t^che
peu difficile, ct Ton espere voir, au bout de quelques annees , une
communication ouverte entre la mer Noire et la Baltique. On songe
aussi a perfectionner le port de Vindau, qui pourrait bien dans la
suite servir de station a la flotte russe. J.-H. Schmtzlek.
SUEDE.
SxocKHotai. — Soeiete d' encouragement pour I'enseignement mtitiiel.
— Cette soeiete a tenu sa grande assemblee annuelle , le mercredi
18 mai. Le rapport de la direction dont il a ete donne lecture ,
prouve que le nombre des ecoles d'eiiseignement muluel continue a
s'augmenter , et que depuis la publication de rordonnance du roi,
qui enjoint de preferer pour les places de marguilliers de paroisse,
ceux qui prouveraient avoir acquis une conuaissance approfondie
de cette methode , le nombre des individns qui se preseutent dans les
ecoles d'enseignement mutuel pour atteindre ce but s'est tellement
accru , que la direction eprouvait le besoiu d'etablir une ecole cen-
trale pour former des maitres d'ecoles a la pratique de cette methode.
Mais, ayant reconnu que ses propres fonds etaient insuffisans pour
subveuir au surcroit de depense qu'exigerait cette fondation , elle a
resolu , par le conseil de son president , M. le comte J. de La Gardie ,
de s'adresser a S. M. le 15 oi, pour lui demander I'assistance neces-
saire. - — La seance a ete terminee par uu discours de M. le colonel de
Lefren, gouverneur de Tecole militaire. Dans la premiere partie de
ce discours, I'orateur demontre avec evidence qu'ilfautautantqu'ilest
possible, dans I'inter^t des particulierset du gouvernement , etendre
I'instruction et la culture de I'esprit dans toutes les classes de la
soeiete; dans sa seconde partie, il cherche a prouver que I'enseigne-
ment mutuel est egaleraent applicable a I'enseignement des hautes
sciences. La Soeiete ayant ordonne I'impression du discours-de M. de
Lefren, chacun pourra otablir son opi::ion sur cette seconde partie
•266 EUROPE.
lie son discours, ilont Ic principe ii'est pas , selou nous, aussi in-
contestable que celui de la premiere partie.
— Encourageiiiens donnes aux etudes legislatives et economiques. —
S. M. le Roi vlent de faire connnitre , par I'organe du chancelier
des universites de Siiide , S. A. R. le prince Oscar, que deux
etudiaiis de TUniversite d'Upsal et un de runiversitc de Lund ,
choisis parmi ceux qui auront fait les plus grands progres dans
la connaissauce des lois fondanientales, dans la statlstique et I'eco-
iioniie publiquc de la patrie, jouirout pendant deux annees con-
secutives, cliacun d'une pension de 200 ecus de banque qui leur
fournira les movens de se livrer entierenient a ces etudes. G — G.
N. d. H. On aime a voirun gouvernement eclaire cncourager ainsi
Tetude des sciences morales et politiques, pour former des publicistes,
des economistes , des administrateurs , de veritables hommes d'etat ,
ccnseils et soutiens du trone et des citoyens capables de represen-
ter la nation et d'user avec sagesse de la liberte de la presse et de
celle de la tribune pour discuter les interets publics , c'est ainsi que
les rois, s'associant a I'esprit et aux besoins des peuples , affermis-
sent leur puissance, et previennent les revolutions violentes qui
seraient la suite inevitable d'une compression trop forte ou trop pro-
longee des esprics. Le crime seul et la tj'rannie ont besoln des te-
uebres; les intentions droites et pures, I'amour du bien public,
qui est la premiere vertu des monarques et de leurs miuistres, ue
craignent point les lumi^res , et clierchent a repandre les bienfaits de
I'instruction. M.A.J.
NORVEGF.
Christiawa. — Einbellissemens de cette ■viUe. — Ceux qui n'ont pas
vu Christiana depuis une dixaine d'annees, auraient peine a la re-
connaltre, tant cette ville a ete embellie pendant ces deux lustres. On
s'occupe maintenant de la constructiou d'un nouvel H6tel-de-Villc
ct d'une nouvelle Bourse. Cette capitale s'agrandit dans tons les
sens : c'est la liberte du commerce qui fait fleurir la Norvege.
DANEMARCK.
CoPENHAGliE. — Socicce Ulleraire scandinavc. — Nous avons ])arli''
plus d'une fois de I'etablissement de cette Sociele litteraire, dont le
but est d'oploiler les ricliesses historiques peu connues , ou cachees
jusqu'a cc jour dans les anciens manuscrits islandais que ]iossedeni
les bibliotheques publiques ou particuliferes, en Danemarck, en Noi«
vege, en Sui-de et en Islande. ( Voy. Rew Env. , t. ix , p. i38 et 729;
DAiNEMARCIi. — ALLEMAGNE. 2G7
t. XXII , p. 652.) Aujourd'hui nous avons sous les yeiix leieglement
de cette Societe , imprime en danois el en islandais : il nous apprend
qu'independamnient de la publication successive de tous les sagas ,
ou chroniques islandaises , qui n'ont pas encore ete publics , elle se
propose de faire imprimer annuellenient quatre ou six cabiers con-
tenant des niemoires explicatifs de quelques fails importans con-
cernant I'bistoire, les laugues et les autiquites du Nord. A ce
I'^glenient est joint une feuille contenant I'organisation de la Societe
et la liste de ses membres, 011 nous rencontrons une foule de noms
reconimandables, et qui permettent d'esperer les plus beureux suc-
c^s. Nous voyons avec plaisir que la Societe a cboisi pour son pre-
sident le cel^bre professeur Rn.sk, connu par ses voyages scienti-
fiques en Asie , et par ses savantes recherches sur plusieurs langues
asiatiques et europeennes. Le vice-president est M. le major cheva-
lier Abrahamson , honorablenient connu des lecteurs de la Revue par
son zele infatigable a propager en Daliemarck renseignenient mutuel
et la lithograpliie. Enfin, la Societe a cboisi pour secretaire M. Rafn,
editeur d'une cbronique ou d'un saga dont il a ete parle plus d'une
fois dans ce recueil , notamment tome xxvi, page i34.. et que notre
coUaborateur , en suivant la mauvaise ortbograpbe adoptee par
quelques autres ecrivains francais, appelle cow&iamment Jomswink ,
au lieu de Jomsvik ou plulot Jomsviltiiig ; ce qui , en langue ancienne,
signifie /JiVafe ou ecumeur de rner de la forteresse de Jomsborg. TVous
serons ckarmes d'entretenir quelquefois nos lecteurs des fravaux de
cette interessante Societe. Hf.iberg.
ALLEMAGNE.
Munich. — Publication d'une loi contre le inonopole des corporations.
— Les Cbambres legislatives en Baviere viennent d'adopter une loi
qui rend beaucoup plus faciles I'admission aux metiers et I'exercice
des arts mecaniques et industriels en adoucissant le monopole des
corporations.
Leipzig. — Librahle. — Le Catalogue de lafoire de Pdques remplit
23 feuilles d'impression ; et, quoiqu'il y ait quelques doubles em-
plois pour la mention separee de livres qui font aussi partie de col-
lections, et par suite de lepetitions, il n'en est pas moins vrai que
jamais la librairie allemande n'a ete plus feconde. /io2 libraires out
fait inserer leurs articles dans le catalogue ; M. Hartmanu , de Leij)-
zig, en a lui seul un grand nortibre. Les plus riches , apres lui , sont
268 EUROPE.
MM. Barlh, Arnold, Basse, Cnobloch , Cotta , Halin , etc. On y
compte 2,872 ouvrages scicntifiques; 108 cartes et atlas ; 47 ouvrages
de inusiquc; 9 ouvrages consacrcs anx jeux: 212 rotnans, yS livrcs
de comedies; ce qui donne un total de 3,io5. II y a eu beaucoup
d' editions de Ciceron , de Sophocle, de X6noplion et d'autres clas-
siques. 3a8 ouvrages ap[)artiennent a la litterature etrangere; mais
on n'y trouve rien en langue suedoise , russe ni [loitiigaise.
ViKNNK. — Publication noiivetle. — La lihrairie de Moetschner el
Jasper h donne au pul)lic un ouvrage du plus haul interiit; c'est le
Voyage a Pompeiu , de M. Louis Goro, d'Agyagfalva , dedie a I'ar-
chiduc Jean , in-folio sur velin, accompagne de 22 planches, tant
gravuies que lithographies. Une introduction fait connaitre i'his-
toire de la Campanice feli.c ; suit une description archeologique , en
trois sections , de cette ancienne ville , engloutie I'an 79 de J.-C. La
ire section traite des nionuiuens funeraires ; la 28 des rues et des
maisons des particuliers ; la 3e , des places et des ediGces publics ;
et tout cela se voit encore sur un plan qui comprend nidme les
fouiUes faites derni^rement jusqu'en 1826; les ouvrages publics
jusqu'a ce jour ne depassent pas a cet egard I'annee 1817. La litte-
rature allemande elle-mdme n'eii possedait absolument aucun sur
cet interessant siijet. Quoique I'executifin typ.igiaphique soit aussi
elegante que les planches sont soignees, le prix iie s'eleve pas au-
dela de 12 florins 3o kreutzers ( un peu plus de 26 fr. ).
DucHE ou Rhin. — Treves. — Beaux-arts. — M. Antoine Ram-
boux vient de dessiner et de lithographier les objets d'antiquit^s et
les vues [littoresques qui enibellissent le cours de la Moselle. Chaque
livraison sera composee de quatre planches , et de trois feuilles de
texte, par M. Hugo Vyttenbach. On ne tirera que aSo exemplaires
dc cette collection, dont le I'"' cahier rej)resente la celebre Porta
Nigra de Treves , tant a I'exterieur qu'a I'interieur. La 3° vue est
celle d'un pay sage voisin de Treves, et dans le fond se montrent les
restes d'un amphitheatre rouiain ; la 4° offre I'aspect du village de
Pallieu , non loin de celte ville. Le texte est consacre a Feglise de
Saint-Simeon (c'est la Porta Nigra). II y a aussi une introduction
sur les antiquites du pays en general. B. J.
ViENME. — Necrologie. — Joseph Ca.kpani , Italien , est mort dans
cette ville le 22 Janvier. 11 etait i\h en i 752 , dans un petit village de
!a Briansa , en Louibardie. II fit ses etudes a Milan , sous les jesuites ,
ct resta toujours fiddle a leurs maximes. Son pere I'avait destine
a la profession d'avocat ; mais Carpani pref^ra I'^tude plus agr6able
ALLEMAGNE. 9.69
des bellesrlettres et des beaux-arts. II debula par augmenlcr le
iionibre des i'atilites poetiques dout le Paniasse ilalien etail comme
inonde ; puis il se livra an genre dramatique ; et le premier essai qu'il
donna fut une comedie intitulee : Icontid' AigUate, etqni fut attribnee,
on ne sail pourquoi, au P. Molina, auteur de plusieurs comedies
nationales ou historiques , ecrites en tliaJecte milanais. Le succes de
cette piece, et le gout qui se manifesta dans Carpani ponr la mu-
sique, lui firent adopter le genre melodramatique des Italiens. II y
deploya taut d'habilete , qu'il fut choisi pour composer les pieces
destinees a ^tre representees a la cour de I'archiduc , sur le theatre
imperial de Monzu. II ecrivit la Camilla , que la niusique de M. Pacr
a rendue si celebre. On a, du meme auteur, I'Uniformc ; I' Amore
alia persiana ; II Miglior dono ; II Giiidizio di Febo ; I' Incontro ; la Pas-
sione di N.-S. , etc. , qui furent mis en musique par les maitres de cha-
pelle les plus distiugues de son terns ; tels que Weigl , Pavesi , etc,
Carpani traduisit aussi plusieurs pieces de I'allemand et du francais
avec assez d'habilete pour que Ton put appliquer a ses traductions
la musique composee pour I'original. C'est par ce raoyen que les Ita-
liens ont pu entendre et apprecier la musique de Haydn , faite pour
I'oratario de la Creation.
La revolution francaise detourna pendant quelque tems Carpani des
lettres et du theatre ; il se jeta dans les journaux , et prouva sa recon-
naissance a la cour qui le protegeait , par ses invectives, ses annonces
et ses presages, qui acquirent de la celebrite a la gazette de Milan,
el a M. Veladino, qui enttait I'editeur. Apres I'annee 1796, il suivit
Tarcliiduc a Vienne , ou il vecut, le reste de sa vie, pensionne par
le gouvernement. Au milieu de ses occupations politiques , il n'oublia
jamais entiferement les muses et les beaux-arts. Ce qu'il a fait de
mieux sont les Hajdine, ou Lettres sur la vie et la musique de Haydn,
qui furent copiees par un voyageur, qui se les appropria et les
publia en langue francaise. Carpani revendiqua sa propriete , et
ne se fit aucun scrupule d'imputer cet acte d'un individu a la nation
a laquelle il apparlenait. Les Italiens, plus justes , blamerent a la
fois le plagiat de I'un , et I'injuste imputation de I'aulre. Carpani a
public encore , sur le niodele des Haydine , les Majeriane et les Bos-
sijiiane. Ji^ns les unes, il defend le beau ideal centre ce qu'avait
annonce M. Mayer dans son ouvrage stir I'imitatiott de la peinture et
sur les tableaux du Titien; dans les autres, il celebie la nouvelle ma-
niere que M. Rossini a introduite dans la musique dramatique. Soit
qu'il loue ou qu'il blame, I'auteur se laisse eraporter un peu irop
par son enthousiasnae. II attaque tout ce qui est contraire a ses opi-
270 EUROPE.
nioiis et ni^nie a ses prejiiges. Neamnoins , 11 resta toujours attaclu-
a sa religion , a ses piotecleurs et a ses amis , jusqu'au point qu' il ne
pnrdonnaii ])as a ceux qui ne les aimaieiit pas autant que lui.
F. Sai.fi.
SUISSE.
Canton de Vaud. — Paragreles. — Les recoltes, dont Tepoque
est ariivee, serablent nous imposer I'obligation de rompre enfin le
silence que uoas avons garde sur cette nouvelle tentative de I'indus-
trie, d'autant ])lus qu'une multitude de journaux et recueils perio-
diques vantent ces appareils et attestent leurs bons effets. Nous nV
avons pas cru, par les raisons que nous allons exposer. Les premieres
Societes d'agriculture et les Academies , juges competens en senibla-
bles matiferes , n'ont pas encore prononce : la question reste indecise ,
et la discussion pent continuer. Nous dirons done aux partisans des
paragreles , que ces appareils paraissent etre une application d'une
iheorie mal concue ; que , darxs la formation de la grele , dans la direc-
tion et la chute des grelons, tout n'est pas I'effet de I'electricite, et ne
pent (5treenipdche par un conducteurelectrique. Ces notions sent telle-
ment evidenles, qu'il est presque inutile de les rappeler. Les pretendues
experiences (aites en Italie ont tons les caractcres des observations
mal failes, et ne nieritent aucune confiance : point de mesures, des
descriptions vagues , faites seiilement pour les lecleurs qui n'examiue-
ront pas. Et yoila pourtant ce que les journaux copient a I'envie les
uus des autres ! La Ilci'iic Encyclopedique s'emprcssera toujours d'ac-
cueillir les decouvertes ; mais elle repoussera les tentatives trop lia-
sardees et sans apparence de succes, el a plus forte raison les entie-
prises de la charlatanerie. F.
Geneve. — J/istnwtion publique. — Enselgnement de la qeographie.
— L'Academie a decide depuis peu que la gdograpliie moderue
ferait dorenavant partie de I'enseignement des classes iuferieures
du college. Cette lienreuse innovation, depuis long -terns soilicitee
par le public et par les regens eux-m^mes . est consideree comme le
premier acte d'une reforme qui ne tardera probablement pas h s'6-
tendre a d'aulres parties de I'instruction publique. On commence a
comprendre que le seminaire fonde par Calvin ne repond plus aux
besoins de la generation actuelle. M. Villemain, regent de troisieme,
vient de publier, dans ce hut , mi excellent Precis de gvographie, qui
a el6 adopte par I'Academie pour I'usage du college. J.
AuGoviE. — itablisscinens d'instiuction />ii//liqiu'. — Le grand con-
seil du canton d'Argovic a entendu , dans sa seance du 7 juin der-
SUISSE. — GPxECE. 271
iiier, le compte que le gouverneinent lui rend annuellemenl de sa
gestioD. Depuis la publication de la loi sur les communes juives
d'Eadingeii ct de Langnau , on remarque dans I'adminislratiou de
CCS deux communes plus d'ordre et de regularite qii'auparavant ;
les mesures prises donnent lieu d'esperer une amelioration progres-
sive dans I'etat civil et moral de cette partie de la population. —
Outre VEcole cantonale ou college superieur, il se trouve actuelle-
ment des colleges secondaires dans les villes d'Arau , de Brougg , de
Laufenbourg , de Lenzbourg et de Zoffingue : on doit en etablir dc
semblables , cette annee, a Brenigartem et a Zurzach. L'organi-
sation de I'Ecole d'Arbourg ne laisse rien a desirer. — L'enseigne-
ment, dans les ecoles priinaires de toutes les communes , se perfec-
tionne d'annee en annee , grSce a Tinfluence de rexcelleute Ecole
normale instituee dans la ville d'Arau , pour la foiniation des regens.
— Cedant aux vceux de la diete et aux craintes des hautes puis-
sances, le gouvernemcnt a laisse subsister la censure des feuilles
publiques. — Les mesures prises dans I'interet de fa surete publique
ont considerablenient restreint la mendicite et le vagabondage. —
L'etablissement des voitures pour le transport des malades pauvres,
ameliore par une nouvelle loi, est devenu moins onereux pour les
communes, et plus utile aux malades. — La caisse cantonnale des
pauvres , creee il y a vingt ans, possede un capital de 191,870 fr. La
depense de I'annee derniere a ele de 16,933 fr. Les fonds comniu-
uaux des pauvres, non compris ceux des villes qui ne sont pas sou-
mises a I'inspection de la commission des pauvres , forment un to-
tal de i,o58, t68 fr. La somme des secours publics , donnes aux
pauvres en iSaS, a ete de 79,982 fr. {NouvelHste Faiidois.)
GRECE.
Instruction publique. — L'Assemblee nationale d' Astros , persua-
dee que les nations prosperent , se fortifient et se maintiennent par
I'instruction , avait declare, dans la loi organique (art. 27), que
I'instructiou publique serait sous I'inspection immediate du senat
legislatif qui doit surveiller tout reuseignement national. En con-
sequence des dispositions de cetle loi, le corps legislatif decrete :
— 1° II sera ctabli dans la viile d'Argos une ecole cenltale hellenique,
oil diverses connaissances bumaines scront enseignees. — 2° Le mi-
nistre de I'interieur est cbarge de I'execution de la presente.
Napohde Romanie , 1 8 25. Sig'ie: Lepresideut, Panootzo Noxaiias.
Le secretaire, A. Papadopoulo.
2 74 EUROPE.
Uii autre drcret du senat nomme un inspecteur general dc Tins-
truction publique, et determine ses devoirs. Eii void les priHcipales
dispositions : I'inspecteur general visitera toutes les ecoles , tant
primaires que secondaires , etablies sur le territoire libre de la Gi cce;
il informera le gouvernement du nombre des eco'.es etablies , de
leur etat et de leurs besoins : il s'entendra avec les autorites des
cantons ou de pareilles institutions n'existent pas encore, a£in d'en
^tablir le phis tt)t possible; il prendra des informations exactes sur
la capacite des professcurs de ces ecoles, et sur le mode d'enseigne-
ment que Ton y suit. II introduira partout ou il le jugera necessaire
les metbodes les plus propres a hater les progres desel^ves; il tft-
chera surtout d'ameliorer renseiguement de la langue grecque an-
cienne , afin que les jeunes eleves ne consuraent point dans cette
etude seule un tems long et precieux. II se concertera avec les co-
mites particuliers etablis auprf-s des differentes ecoles , pour le
cboix de professeurs sages , vertueux . et capables d'Inspirer a la
jeunesse des sentimens de vertu et de patriotisme , afin que les pro-
gres des enfans et des jeunes gens repondent aux csperances des
pferes de famille et a la sollicitude du gouvernement. II surveillera
I'administration des revenus que possede chaque ecole , et en fera
un rapport exact au gouvernement. II s'occupera , de concert avec
les comites respectifs et les autorites locales, a pourvoir chaque
ecole d'une bibliotheque proportionnee a ses faculles. II veillera a
ce que les comites et les professeurs rassemhlent soigneuseracnt les
Testes des antiqultes qui pourront 6tre decouvertes, telles que sta-
tues, medailles, inscriptions, etc., et les deposent dans une des
salles de I'ecole , afin de metfre la nation en etat de mieux appre-
cier ses anc^tres et son antique civilisation. Enfin , I'inspecteur ge-
neral soumettra au gouvernement un plan relatif au mode d'ensei-
gnement et a la duree des cours. Ce plan , approuve et autorisr
par le gouvernement , sera communique a qui il appartiendra , pour
6tre suivi jusqn'a nouvel ordre.
Athenes possfede deja cinq ecoles, savoir deux d'enseignement
mutuel qui comptent quatre cents eleves ; deux autres pour I'en-
seignement du grec ancien , ou Ton enseigne aussi les langnes ila-
lienne et francalse; enfin, une ecole d'histoire et de philoso]jhie ,
dirigee par Jean Gennadlus. Tous ces etablissemens ont 6te fondos ,
depuis I'blver pass6 , au milieu des troubles de la guerre exlerieure
Pt des dissensions rivilcs.
ITALIE. 27'j
h'Arni de la lot ( n° 107 ), contient une declaration du comite
charge dans cette ile de la direction de I'eiiseignement. Cette de-
claration est concue en ces termes. a Toutes les villes de la Grece
libre jouissent des bienfaits de I'instruction; nous nous sorames
empresses de saivre leur exemple, et nous av6ns etabli dans notre
ile une ecole centrale, afin que, par I'habitude des idees justes et
des pensees vertueuses coutractee des leur premiere enfance , nos
fils deviennent un jour des citoyens utiles a leur patrie.
" Ainsi, nous tous , primats de I'lle de Tinos , nous etant reunis sous
la presidence de notre eparque Lazare Kriczis,et nous etant co-
tises, nous avons reuni des fonds suffisans pour etablir une ecole
ou seront enseignees la langue grecque ancienne et la langue fran-
caise, riiistoire , la gc'Oi;;raphiv; , la philosophic morale et I'economie
politique. Nous avons choisi pour professeurs Anthimus Gazis, Eus-
trate de Cydonie et Pailion de Patmos. Sont admis dans cette ecole
les el6ves des deux rites sans distinction , pourvu qu'ils se presentent
a la commission chargee de les recevoir. » ( Siiivent les ncms des
souscripteurs et des commissaires. )
ITALIE.
Pise. — Histoire naturelle. — M. Paolo Savi, professeur d'histoire
tiaturclle, et directeur du Musee a I'Universite de Pise , a distingue
les caracteres d'une nouvelle esp^ce de rats que I'on avait confon-
due jusqu'ici avec celle que Linne nomme mus rattiis , et qu'il ap-
peile mus tectorum , du nom commun qu'il porta en Italic de rat! des
tolls. II en a communique la description au docteur Charles Passe-
riai , conservateur du Musee de Florence , et promet de faire
connaitre les mocurs de cette espece , tant dans I'etat de liberie, que
dans I'etat de servitude. F. S.
Rome. — Academic des Thesmophiles. — Cette Societe, etablie depuis
1 8 14, vient d'etre approuveepar un bref qui sanclionnelesreglemens
qu'elle s'est donnes. Elle a pour objet I'etude de la jurisprudence
canonique et civile, ettient ses seances les jeudis dechaque semaine.
— Travaux de M, Champollion sur ies rnontime/is Egyptiens. —
M. Angelo Maio , si connu par ses utiles et laborieuses decouvertes
sur les palimpsestes , a fait inserer , dans le Diario di Roma , un article
relatif a notre savant collaborateur , M. Champollion. Nous allons
en offrir la traduction. « Le celebre litterateur fraucais M. Cham-
pollion visile les roonumeiis egypticus conserves a Rome et les eat-
r. xwii. — Juillet iSaS. iS
274 EUROPE.
ulique par son impoitanle d^coiiverte de I'alphabel phonetique et «a
profonde connaissance de la laiigue de cette terre classique. On
peut dire maintenant que le voile mystericux qui couvrait les con-
tr6es baignees par le Nil, est arrache. C'est avec le plus vif enthou-
siasme que Rome lit enfin les inscriptions des obelisques majestueux,
des tombeaux , des papyrus, des momies , des scarabees qu'elle pos-
s^de. Le savant a qui Ton doit ces beureuses decouvertes les com-
munique avec la plus grande affabilitc dans des lecons sur ces ma-
ti^res. Un cercle brillant de diplcmates instruits et de litterateurs ,
tant natlonaux qu'etrangers , reunis cliez S. E. le comte de Funclial ,
ambassadeur de Portugal , I'ecoute avec admiration. Les applaudlsse-
mens de Rome repondent dignement aux eloges du premier orlenta-
liste vlvant, M. deSacy, qui, dans un article raisonne , a donne
son approbation aux decouvertes de son compatriote M. Cham-
polMon. «( Yoyez ci-Jessiis p. 112.) Des lettres posterieures annoncent
que M. Champollion a quitte Rome , le 17 juin , apres avoir ete
recu en audience de S. S. On doit publier le catalogue des ma-
nuscrits egyptiens du Vatican qu'il a redige pendant son s6jour
dans I'ancienne eapitale du monde. A. L.
Turin. — Publication prochaine. — Le celebre poete coraique yrf/-
bert Not A, se propose de donner bientot au public deux nouveaux
volumes, composes de quatre comedies chacun ; ilsporteront le nom-
bre des pieces de cet auteur a vingt-une; I'edition fie Milan, 1811,
n'en contenait que treize. Les comedies de Nota viennent d'etre tra-
duites recemment en langue espagnole et se jouent a la Havane avec
beaucoup de succes. S. V.
Rome. — Sculpum. — L'babile sculpteur , Ph. Albacini , vient de
terminer une statue d'Achille , qui a obtenu I'approbation des con-
naisseurs. Le heros grec est represente de grandeur naturelle , et
s'efforcant de tirer de son talon le trait fatal lance par la main de
Pftris. II l^ve contre le ciel sa tete fuiieuse , comme pour reprocher
aux dieux son infortune. L'expression de la souffrance et du deses-
poir se peint dans ses traits ; et tons ceux qui ont vu cet ouvrage s'ac-
cordent a louer la vigueur des formes , la noblesse du sujet , en un
mot. la perfection du travail , qui est digne de la reputation de son
auteur. M. le due de Devonshire en a fait I'acquisition.
J. Adrif.k-Lafasge.
Turin. — Necrologie. — Vassalli-Eandi. — Le Piemont vient de
perdre un de ses citoyens les plus distingues, le celebre Vassai.i.1-
'
ITALIE.— PAYS-BAS. S175
Eakdi , dont le nom figurera dignement dans les annales de sa pa-
trie, a cote de ceux de ses illustres compatriotes Denina, Lagrakge,
Massena et Charles Bossi , que la mort a rnoissonnes depuis peu
d'annees. 11 a cesse de vivre !e 5 de ce luois ( juillet), a Turin , a
I'slge de 64 ans , a la suite d'une longue maladie.
M. Vnssalli-Eandi , ancien profcsseur de physique, directeur de
rObservatoire et du Musee d'histoire naturelle , membre et secre-
taire perpetuel de I'Academie des sciences de Turin, un des quaranie
de la Societe Italienne , etait membre correspondant de I'lnstitut de
France et des princij)ales Societes savantes de I'Europe ; il avail ete
decore de I'ordre de la Legion-d'Honneur, a I'epoque oil le Piemont
etait reuni a la France. — Cethomme, d'un rare merite , s'etait fait
remarquer avecbeaucoup de distinction dans le monde savant, sur-
tout dans les sciences exactes. Digne 6mule de son compatriote
Beccaria et des celebres Spallanzani et Volta , il est auteur de plu-
sieurs ouvrages tres-remarquables sur la theorie de I'electricite, la
meteorologie et I'agriculture , amcliorees par I'application des pro-
cedes physiques et chimiques. — ■ II a ete appele dans le tems a
Paris, pour prendre part au travail classique sur I'uniformitc des
poids et niesures. — La noblesse de ses sentimens, I'elevation de
son caractere et la purete de sou patriotisme, I'avaient engage
a se refuser aux offres flatteuses qui lui ont ete faites, de la part
de I'empereur Alexandre , de passer en Russie, apres les evene-
mens de i8i4 , pour le dedommager des injustes tracasseries dont
il etait alors I'objet. — Enfin , ses vertus publiques et privecs, la
simplicite de ses moeurs patriarcales , I'avaient rendu cher a sa
nation et a ses nombreux amis , qui deplorent sa perte. A.
PAYS-BAS.
Gasu. — Beaux-arts. — Peinture. — Exposition publique. — II n'est
point de ville , dans les Pays-Bas, ou Ton cultive avec plus de suc-
ces les beaux-arts, et oil on les encourage plus puissamment que
dans I'ancienne capitale de la Flandre. Outre la grande exposition
de tableaux qui s'ouvre tous les trois ans au salon de I'Academie de
peinture , une autre exposition annuelle a lieu au salon de la Societe
des beaux-arts et de litterature. Cette exposition a ete ouverte une
grande partie du mois de mai. Au plaisir d'y contempler des pro-
ductions charmantcs, se joignait celui de faire une bonne action ;
I'exposition ^tait au profit des malheureux, victimes des dernieres
478 EUROPE.
inondations en Hollande. Parmi les tableaux qui attiraient le p!u»
I'attention des connaisseurs , nous avons remarqu^ les suivans : Hec-
tor pletire par sa famitle et les Troyens , de M. Duvivier , de Bruges,
domicille a Paris; iine jetme 'vendangeuse accompagnce d'un vieil-
lard, par M. Maes, pensionnaire du roi des l*ays-Bas a Rome, le»
tableaux d'histoire de M. C.\t)WEH aine; les vaches et les moutons de
M. E. Vebeoeckhoven ; les marines du frtre de ce jeune artiste,
M. L. Verboeckhoven ; les tableaux de genre de M. Geirnaert ;
les paysages de M. de Noter ; le portrait de Sanderus , ecrivain
gantois, par i\I. P^elikck; les compositions historiques de M'neRuDE,
nee Sophie Freriiet, etc., etc. La plupart de ces tableaux sont des-
tines a embellir la grande exposition qui aura lieu sous peu a Har-
lem. A. Voisiif.
Harlem. — Noiivelinstnimentde musiqtie. — On doit eiivo\er a I'cx-
positionde Harlem unetrompette a clefs, en bois, destinee .iremplacer
les trompettes du mdme genre en cuivre. Get instrument a ele exa-
mine et essaye dans une reunion d'artistes, qui lui a donne son appro-
bation et I'a nomme Tuba - Diiprc , du noni de son inventeur. — II y
a quelques annees, un pareil essai fut tente a Paris par M. Boileau ,
facteur d'instrumens, qui confectionna des cors et des trompettes
dont le tube etait en bois, et dans lesquels le cuivre n'etait employe
que pour le bocal et le pavilion. Ges instrumens furent aussi essayes
et approuves par plusieurs artistes ; mais ils ne furent point adoptcs ,
paree que les resultats obtenus par I'ancien procede parurent prefe-
rables. Je pense qu'il en sera de m^nie de la Tnba-Dupre , et il n'y
a pas lieu de s'en etonner : le bois, Jieaucoup moins sonore que le
cuivre, est tout a fait defavorable a des instrumens brillans, dont
le role principal est I'execution de la fanfare. Si les trompettes a
clefs n'etaient pas on usage, on pourrait trouver une compensation
au defant de sonorite dans la facilile que procurerait le doigte, et
dans I'agrement qu'il y aurait a faire sortir les parties de I'accord
parfait , auquel est limite I'liarmonie des trompettes ordinaires.
Mais, puisque les trompettes a clefs sont d'un usage assez frequent,
il ne reste plus que I'avantage du bon marclie ; avantage peu consi-
derable aux yeux des artistes, qui aiment mieux faire quelques sa-
crifices et posseder un bon instrument, que d'avoir a plus bas prix
un instrument imparfaif. — Puisque j'ai parle des trompettes a clefs ,
je dirai qu'il serait fort a desirer que les compositeurs les introdui-
sissent dans les orchestres de theatre. Ce serait un nioyen de jeter
cjuelque variete dans les parties de trompettes , qui seroblent n' avoir
PAYS-BAS. — FKANCE. 377
que des formules consacrees et immuables. Employees a propos, les
trompettes a clefs produisent un effet excellent, non-seulement dans
les tiitti , niais encore dans les solo : ceux qui ont entendu les excel-
lens morceaux d'harmonie militaire de MM. Berr et Louis ont pu
»'en convaincre. J. Adrian Lafasge.
i-ovwin. — Publicntiori piochaine, — Le i<='' novembre procbain ,
il paraitra uu ouvrage intitule ; Archives philologiques ; par M. le ba-
ron de Reiffenberg. Cerecueil formera, par an, 2 vol. in-8" d'en-
viron 400 p. Oil y donnera uue attention particuliere aux travaux
des corps enseignans , et Ton y recueillera avec soin les materiaux
qui peuvent scrvir a rcdiger I'histoire litteraire des Pays-Bas. Z.
FRANCE.
Grandes routes enfer. — Deux projets sent proposes et livres a la
discussion publique ; celui d'une rouie en fer de Paris an Havre, et
celui qui etablirait le nicme moyen de communication entre Lyon
et Aries. Ces deux speculations ont entre elles moins de conformity
qu'on ne le croirait au premier coup d'ocil, si Ton se bornait a con-
siderer les avantages de I'une et derautre construction. La routeen
fer de Paris au HAvre sera beaucoup plus courte que toute communi-
cation pareau; ce qui ne peut avoir lieu entre Lyon et Aries ; mais,
d'un autre cote , la navigation ascendante du Rhone est si difficile , en
comparaison de celle de la Seine , qu'on est plus frappe de I'avan-
tage que peut offrir line route phis facile et plus courte entre la
capilale et I'embouchure de la riviere qui etablit sa communication
avec les ports de mer. Les canaux sont des routes dont les proprie-
tes sont bien connues, invariables; les routes en fer sont une crea-
tion de I'industrie dont on prevoit deja quelques inconveniens , et
que I'experience renfermera sans doute dans les limites quilui con-
vieniient. II est bien a craindre que Ton ne commence par en abu-
ser, et que leur application utile ne soit fixee qu'apres un certain
nombre de tentatives imprudentes et malheureuses. On peut con»
suiter sur cette question interessante un ecrit intitule : Observa-
tions siir le projet d'etablir une grande route enfer, laterale an Rhdne.
Paris, 1825. In-8° de 9 pages; imprimerie de Firmin Didot, rue
Jacob , n° 24. F.
Caew ( Calvados ). — Coll(Ktion d'histoire naturclle. — Cabinet de
feu le professeurLjiMovRovx. — En consignant dans ce recueil I'ap-
pel fait aux ^Ifeves , auxemules et aux amis de feu M.leprofesseur
Lamouroux pour I'erection dan* la ville de Caen d'un monument
278 FRANCE.
funfebre qui consacre sa m^moire et atteste les regrets de ses conlem-
porains , nous n'avons fait qu'acquitfer una faible part du trlbut de
reconnaissance que nous devions a cet irifatigable et z^le collabora-
teur. Nous devons maintenant a sa famille d'annoncer la niise en
vente des nombreux objets d'histoirc naturelle qui composaient le
cabinet de ce digne savant , plus occupe, duiant sa trop coinle exis-
tence, a rassenibler autour de lui des objets d'ctude qu'a s'assurer
les faveurs de la fortune. — Labotanique, la zoologie, la miuera-
logie et la geologic sont les quatre branches des sciences naturelles
dans lesquelles se classent les nombreuses especes que renferme le
cabinet de M. Lamouroux. On connait ses travaux sur les polypiers
flexibles et pierreux, sur les hydrophytes, taut marines que fluvia-
tiles. Ses relations sur divers points du globe etaieut trfes-etendues ;
les amis des sciences s'erapressaient de lui faire des envois d'objets
choisis qui ont rendu sou cabinet I'un des plus beaux et des plus
riches en thalassiopkjtes , en mi/lepores , alcyons , madrepores, eponges,
corail, etc. Nous souhaitons que ces iuteressantes collections passent
dans des mains conservatrices qui puissent en faire jouir les ama-
teurs des sciences naturelles (i). B. G.
PARIS.
Instttut. — Acadimie des sciences. — Mois de juiiv 1823. — Seance
du %. — -M. Magendie fait un rapport, au nom d'une commissiou
chargee d'examiner les pieces du coucours pour le prix de physique
de I'annee iSaS , sur la question qui a pour objet de determiner , par
une seric d' experiences cldmiques et pliysiologiques , quels sont les phcno-
menes qui se succedent dans les organes digestifs diirant Vctcte de la di-
gestion. Aucune des pieces envo\ecs n'a ete consideree comme ayant
completement satisfait fi la question ; mais pour reconnaitre le zele
qu'ont moutre les auteurs en faisant un grand nombre d'experiences
dont plusieurs sont tres-dispeudieuses , 1' Academic accorde aux au-
teurs des pieces n° r etn°a,iine somme de quinze cents francs, a litre
d'encouragement. Les auteurs du memoire n" r sont MM. Leuret
(Francois), elfeve interne de la maison royale de Charentou, et Las-
SAiGNE (Jean-Louis), preparateur de physique et de chimie a I'Ecole
veterinaire d'Alfort. Les auteurs du memoire n° 2 , seront prevenus
(i) Pour voir ces CoUectlous et traitcr du prix , il faut s'adrtsscr a Caen ,
rl^ei M'ne V« Lamuuroux, rue de la Geolc.
PARIS. 279
de la clecisiou de TAcademie , et leurs noms seiont proclanies s'ils y
coiiseutent. — M. Geoffrey St-Hilaire. au nom de la commission
chargee d'exaininer les pieces de concours pour le prix de phvsio-
logie fonde par M. de Montyon , lit un rapport , d'apres lequel le
prix est decerue a uu merooiie sur I'analyse desybnciT/onj Kn««/rei,
par M. CoussAT, medecin de Geneve. La comrnission cite , dans son
rapport, le travail de M. Je docteur Flouhens , ayant pour litre;
1° Experiences sur Veiiccphaie des poissons ; 2° sur la cicatrisation des
plates du cerveati et la regeneration de ses parties tegumentaires ; 3° sur les
conditions fondamentales de V audition et sur les diverses causes de sur-
dite. Ce travail , que la commission juge ir^s-recommaridable, aurait
partage le prix avec le memoire de M. Chossat, si I'on n'eut consi-
dere que les questions traitees par M. Flourens , quoique nou-
velles en ce qui concerne les fails particuliers , ne sont toutefois
qu'une continuation d'auciens travaux deja couronnes dans les der-
niers concours. — II est donne lecture d'une note remise par M. Bou-
VARD et qui conlient leseleniens dela comete decouverte a Marseille,
le igmai 1825 , par M. Gambard. — M . Arago remarque qii'il se
trouve presentement a Paris deux caaieleons vivaiis, et qu'il serait
interessant de pro£ter de celte occasion pour en lirer des lumieres
sur le changement de couleur du cameleon. L'Academie norame
coramissaires pour cet objet MM. Arago, Fresnel et Dunieril. —
M. I'ingenieur Giuseppe C^ritsi adresse a I'Academie une lettre, dat^e
de Milan, relative a un mecanisme propre a elever I'eau des irriga-
tions , et qui peut s'appliquer a tout autre travail. Cette lettre sera
reraise a la co'iimission de mdcanique , qui en fera son rapport.
(MM. Girard et Na7ier,commissaires. ) ^ — M. Z)(Approuve.) — M. Fkeskel litunenotesurla
repulsion que les corps echauffcs exercent les uns sur lesautresa des
distances sensibles. — M. Magendie, au nom d'une commission , lit
un rapportsur un jeune sourd-muet de naissance qui a recouvre I'ouie
par le catheterlsmedela trompe gutturale, par les soins de M. le doc-
teur Delbau. « Vos commissaires pensent que les efforts de M. De-
leau , pour rendre a la vie sociale des ^Jres que la nature senible en
avoir en grande partie separes , sont dignes des eloges de I'Academie ;
que les resultats auxquels il est parvenu sur le jeune Trezel, sont
tres-importans et dignes du plus vif interet ; ils vous proposent d' en-
gager M. Deleau a continuer I'education qu'il a si heureusement
commencee, a multiplier, autant qu'il sera possible, les observations
du m6me genre, et a fonder ainsi un genre d'enseignement ou d'edu-
cation qui doive ^tre compte au nombre des ameliorations de la con-
dition humaine. » — M. de Humboldt, lit un tableau intitule, Es-
quisse d'un tableau geognostique de I'Amerique meridionale; et un
autre memoire renfermant la discussion des variations horaires du
barometre sous toutes les zones, depuis le niveau de la mer jus-
qu'a i4oo toises de hauteur. — Au nom d'une commission , M. Cu-
vier fait un rapport relatif aux nouveaux travaux de M. Flourens :
1° sur le cerveau des poissons ; 2° sur la regeneration des parlies du
crane et de I'encephale ; 3° sur les fonctions des diverses parties de
I'oreille, « L'objet des experiences de M. Flourens est interessant, et
lelles nous ont paru faites avec beaucoup de soin et de sagacitc. L'au-
teur, ajoute M.Cuvier, en a repeteplusieursdevant nous avec lememe
succes qu'il les avait faites dans son laboratoire, et nous pensons
que I'Academie doit I'encourager par son approbation a poursuivro
la carriere difficile oil il est eutre avec tant il'eclat. » ( Appronve. )
— Seance publique du 20 Jnin , presidee par M. Chaptal. — Prix
decernes. L'Acndemie avait propose pour sujet de : « Determiner, par
une serie d'experiences chimiques et physiologiques , quels sont les
282 FRANCE.
ph^aomeiies qui sc succt;deut dniis les organes digestifs durant I'actc
de la digestion. - Le prix n'a pas ete dcceriie, raais il a ete accorde
line somme de i,5oo fr. i° au memoire ii° i, dont les auteurs sont,
MM. Leuiiet , eieve de la luaison de Cliarenton , et L\ss.\igne , pr6-
parateur a I'Ecole d'Alfort ; a" au n" 2 , dont les auteurs sont encore
anonyraes. — Le prix de scaiisiique, fonde par M. de Montyon , est
decerne a M. Hyppolyte Creuze de Lesser, auteur de la Statistiqiie du
dipanement de VlleraiUt, M. Marcel de Serres est mentionne honora-
blement pour sa notice sur le regue animal et pour d'autres articles
inseres dans cet ouvrage. — l^e prix de mecanique ionAe \y»t M. de
Montyon et consistant en uiiemedaille d'orde i,ooofr.a cteaccorde
a M. PoMCELET,capitainedu genie, auteur de la description d'unenou-
velle espece de roues verticales a aubes courhes, principalemenl
applicablcs aux petites chutes d'eau. — Le prix de physiologic expiri-
menuile , fonde par M. de Montyon, a ete accorde a M. Chossat ,
medecin a Geneve , pour un memoire sur I'analyse des fonctions uri-
naires. L' Academic fait mention trt-s -honorable des travaux de
M. Flourens dont il a ete rendu compte dans la derniere seance , et
qui n'ont pu concourir avcc ceux dc M. Chossat , parce qu'ils sont
la suite de travaux deja couronnes les annees precedentes. — M. de
Montyon a aussi fonde des prix pour ceux qui auront le plus con-
tribue a la perfection de la medecine et de la chirurgie ou dont les
ouvrages ou les decouvertes auiont fourni le nouveau moyen de pre-
venir et de diminueri'insalubrite de certaines professions. En con-
sequence I'Academie accorde : 1° une niedaille d'or de 3ooo fr.
a M. le docteur Rotix , pour la suture du voile du palais; 1° une
medaille de 2000 fr. a M. le docteur Lassis, pour ses recherches et
ses experiences sur les maladies epidemiques ; 3° une mention hono-
rable a MM. CiviALE, Amussat etLEROY (d'Etiolles), pour leurs tra- '
vaux dont I'objet est de briser et de detruire les pierres renferm^es
dans la vessie ( voy. ci - apres , p. 292 ) ; 4° wn prix de 3,ooo fr. a
M. Labarraqde , pharmacien , pour avoir demontre que les solutions
dans I'eaUjde chlorure de chaux et de soude, detruisent tout a coup
les odeurs infectes des mati^res animates et des cadavres en putrefac-
tion, et assainissent les lieux oii I'air est corrompu ; 5° 2,000 fr. sont
accordes a M. Masuyek, de Strasbourg, pourl'emploi du chlorure
dechauxdans I'assainlssement des salles des hopitaux; 6° 2,000 fr. a
M. Parent du Chatelet , auteur d'un memoire sur les cloaques ou
egouls de la ville de Paris. — Le prix fonde par M. Alhumbert n'a
pu etre decerne cette annee, les intentions de I'Academie n'ayant
PARIS. 283
pas et^remplies. Une mention honorable est accordee a un meinoire
sur la myologie des poissoiis coniparee a celle des reptiles, des oi-
seaux , et des mainmiferes. — Le pii.v d'astronoinie, fonde par
M. Delalande, aete decerue a MM. /o/iw Herscuei-jl et James South ,
membres de la Societe royale de Londres.
— Prix proposes. — Par rAcademie , une medaille de 3,ooo fr. ;
pour \e prix de phjsique Ae 1827: « Presenter I'histoire gentrale et
comparee de la circulation du sang dans les quatre classes d'aniniaux
vertebres , avaiit et aprcs la naissance et a differens Sges. » Pour le
prix de mathematiques de 182(1 : <■ Methode pour le calcul des per-
turbations du niouvement elliptique des com^tes appliquee a la
determination du prochain retour de la comcte de lySg et au mou-
vement de celle qui a ete observee en i8o5 , 1819 et 1822. » L'Aca-
deniie a juge qu'il elait important d'appeler I'attention des geome-
tres et des astronomes sur la tbeorie des perturbations des cometes,
aGn de donner lieu a un nouvel examen des methodes connues et a
deux applications principales dont les eiemens sont tres-differens et
qui offrent I'une et Tautre beaucoup d'inter^t. Le prix est de 3,ooo fr.
— L'Academie remet, pour 1826 , le }>rix de mathematiques suivant,
qui est de 3, 000 fr. <• i" Determiner par des experiences multipliees
la densite qu'aquiferent les liquides, et specinlement le mercure ,
I'eau, I'alcool et I'ether sulfurique, par des compressions equivalentes
au poids de plusieurs atmospheres. 2° Mesurer les effets de la cha-
leur produits par ces compressions. » — Une somme de 45o fr., pro-
venant de la fondation de M. Albumbert, sera decernee en 1826 a
I'auteur du meilleur memoire sur cette question : << Comparer auato-
miqueraent la structure d'un poisson et celle d'un reptile; les deux
especes au cboix des concurrens. » — Une medaille de 3oo fr. , foudee
par le meme M. Alhumbert , sera decernee, en 182(1, a I'auteur du
meilleur memoire sur cette question : « Decrire avec precision les
changemens qu'eprouve la circulation du sang chez les grenouilles,
dans leurs differentes metamorphoses. »-^ — Prix de physioiogie , fonde
parM. deMontyon. L'Academie adjugera une medaille d'orde 896 f.
a I'ouvrage manuscrit ou imprime qui lui aura ete adresse d'ici
au I*'' Janvier 1826, et qui aura le plus contribue aux progres de la
physiologic experimentale. — Prix de mecnnique, fondee par PJ. de
Montyon. L'Academie decernera une medaille de 5oo fr. a celui qui
s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant
des instrumens utiles aux progres de I'agriculture, des arts mecani-
ques et des sciences. — Legs Montkion. — Ce respectacle philanthrope
284 FRANCE.
a laisse des sommes considerables pour dtre donn^es en prix aux
auteurs des ouyrages ou des dccouvertes ajant pour objet le traiie-
ment de maladies internes ou de maladies externes; il a egalement
fait un legs en faveur de ceux qui auront trouve les moyens do
rendre un art ou un metier moins insalubre. Les concurrens devront
adresser leurs ouvrages, memoires et machines, au secretariat de
rinstitut, avant le i" fevrler 1826. — Aitronumie. Une niedaille
d'or de 635 fr. , resultant d'un legs de M. Delalande, sera decernee
a la personne, francaise ou etrang^re, qui aura fait I'observation la
plus iuteressante ou le memoire le plus utile aux progres de Tastro-
nomie. — Statistique- Le prLx fonde par M. de Montjon , et conslstant
en une niedaille d'or de 53o francs , sera decerne aui meilleur
ouvrage ou memoire sur I'une des parties de la statistique indi-
quees dans le programme de I'Academie. — Tons les ouvrages,
memoires , machines , etc. , excepte ceux qui sonl relatifs au legs
Monthion, devront dtre adresses avant le i«'' Janvier 1826, pour
les prix decernes dans ladite annee , ou avant le i*'' Janvier i8'27,
pour les prix qui doiveut (^'tre dislribues dans deux ans.
Apres la proclamation des prix , M. Ddpuytren lit un memoire
sur le traitement par ligature de quelques especes d'aneviismes. —
M. CuviER r.t ensuite r£/t<^e hislcrique de M. Richahd; M. Magek-
DiE, des observations faites sur un sourd-muet de naissance, gueri
de son infirmite a I'Age de 9 ans; M. Cuvier termine la seance par
la lecture de VElogc histoiiqtte de M. Thouin.
— Du 27. — M. Puissant adresse a I'Acadernieun memoire sur la
determination de la figure de la terre par les mesures geodesiques et as-
tronomiques. (MM. Legendre et Mathieu,commissaires.) — M. Bokt
Saint-Vikcent adresse une note concernant un sous-genre a former
parmi les pol3podes, sous le nom de Drynaire [Drynaria). — M. Na-
viBR fait un rapport sur un memoire de M. Rayhalt, intitule:
Description d'un moteur tres-puissant applicable a toute espece de
mecanisme. Le rapporteur declare , au nom de la ccmmission , que
I'appareildeM. Raynaltnepeut obtenirl'approbation de I'Academie.
(Approuve.) — M. Vauquei-in lit une note sur I'existence de I'iode
dans le r^gne animal. — M. Caochy presente un memoire de
M. Frizon, et qui a pour objet la sommation des puissances sem-
blables des racines d'une Equation et le calcul des fractions conti-
nues. ( MM. Legendre et Caucby, commissaires. ) — M. Gihahd lit
un memoire sur I'attraction mutuelle de deux surfaces mouillees
placeei a des distances sensibles dans le liquide oii cUes »ont sub-
PARIS. *SS
merg^es. — M. Adrien de Jussieu lit un memoire sur le groupe des
tuiacees. ( MM. Des Fontaines et Labillardiere, commissaires. )
A. MiCHELOT.
— • Academic fraticatse. — Seance publique du 7 juillet iSaS. -^
Reception de MM. Droz ct Delavigne. Plusieurs heures avant le
moment fixe pour rouverture de la seance, la foule obstruait deja
toutes les avennes de la salle de I'lnstitut. La reception du plus po-
pulaire de nos jeunes poetes avait attire celte affluence, qui eiit ete
bien plus grande encore, si tons ceiix qui avaient demande des
billets avaient pu en oI>tenir. L' Academic doit regretter, en pareille
occasion , de ne pouvoir ouvrir au public une plus vaste enceinte.
L'ancienne eglise ou elle lient ses seances n'est ni assez spacieuse ,
ni assez commode. Les trois amphitheatres qui la divisent cachent
les spectateurs les uns aux aulres, et empechent la voix de circuler.
11 serait facile de construire, sur le merae emplacement, une salle
circulaire a la fois plus grande et plus favorable a la voix des ora-
teurs. Au moment oii la capitale s'embellit de tant de nouveaux edi-
fices, celui-ci ne serait pas le moins digne d'atlirer I'attention d'un
gouvernement protecteur des arts.
Le discours de reception de M. Droz a ouvertla seance. Un exorde
plein de modestie lui a concilie la faveur de I'assemblee. « Quelque-
fois , a-t-il dit, vouscouronnez le genie ; souvent, vous recompensez
les talens distingues ; dans cet instant, vous encouragez les inten-
tions pures. » Cet exorde a naturellement conduit le recipiendaire a
I'eloge de son predecesseur , qui, comma lui, cultivait les sciences
morales. II a su rendre une justice cclairee aux talens et au caractere
de M. Lacretelle aine. • Par fois on contestait la justesse de ses
theories philosopliiques , ou litteraires; mais toujours une voix una-
nime sortait du fond des coeurs pour repondre a celui qui disait :
• C'est un homme de bien. » Insistaut sur la direction morale quel'e-
crivain doit donner a tons ses travaux , I'orateHr a etc vivement
applaudi , loi'squ'il s'est eciie : « II faut ecrire avec sa conscience ,
en presence de Dieu, dans I'interet de rhumanite.» II a raconte en-
suite les premiers succ&s remportes par M. Lacretelle , en plaidant
nu pailement de Nancy la cause de deux juifs persecutes, et celle
d'un p6re respectable detenu comme aliene , en vertu d'une lettrede
cachet surprise par sa femme et par son gendre; il a rappele son
Eloge de Montausier, lion ^re des suffrages de I'Academie francais? ;
son Discours sur les peines infamantes , couronne par I'Academie de
Mctz, et obteuant encore de la premiere le prix fonde par M. de
286 FRANCE.
aiontyon pour rouvroge le plus utile aux mccurs. II nous a monfre
M. Lacretelle souteuant les principes de reconomie politique dans
un memoirc dirige contre une nouvelle compagnie des Indes que
Tenait d'etablir M. de Calonne; les niembres de la compagnie, les
partisans du ministre ciiant au scandale ; la famille de M. Lacretelle
alarmce, et M. de Calonne prenant la plume pour refutcr I'auteur
qu'il pouvait proscrire. « Tout Paris lui prodigua des applaudisse-
mens : il avait montre de I'esprit et de la delicatesse ; quels puissans
moyens pour un ministre de charmer les Francais! » Un plus grand
honneur etait reserve a M. Lacretelle : M. de Malesherbes I'admit
dans son intimite et le jugea digne d'etre associd a ses travaux.
M. Droz nous a raontre ensuite , peut-etre d'une maniere tmp rapide,
M. Lacretelle, depute a I'Assemblee legislative , formant des voeux
inutiles pour arraclier sou pays aux factions, et, plus tard, ne voyant
dans les victoires d'uii conquerant que des defaites pour Thumanite.
A propos d'un ouvrage dramatique de M. Lacretelle, ouvrage doni
les beautes reelles sont affaiblies par i\ne forme etrange , qui eConne ,
qui blesse la pliipart des kcteurs , le recipiendairea examine en passant
la grande question des innovations dramatiques. Suivant lui , la ve-
ritable tbeorie nous dit : « Produlsez des emotions nouvelles; pro-
duisez-les par des moyens qui satisfassent la raison et charment le
gout. » Rien de plus incontestable qu'uue pareille tbeorie. II n'est
personne qui n'ait I'intention de s'y conformer en ccrivant. Mais
egalement revendiquee par tons les systemes, elle ne resout aucun
doute et laisse subsister la question. M. Droz , a la fin de son dis-
cours, s'est demande, par quel art son predccesseur, vivant dans
des jours de dissentions et de haines, avait su obtenir Testime de
-tous ses contemporains. II a trouve I'explication de cetle difficulte
dans le desiiiteressement qui avait eie le mobile de toute sa couduite.
« Quelles que soient sur la terre i'opposition des interdts , la diver-
gence des idees, I'impetuosite des passions, toujours il existe des
sentimens nobles et genereux que le ciel destine a former un lien
sacre enlre tous les liommes de bien. » En general , ce discours , re-
marquable par la douceur du style et par la noblesse des sentimens,
pronunce d'ailleurs avec une sorte d'onction, a paru faire plaisir a
I'assemblee. Cette impression sera confirmee par la lecture , et pour
la premiere fois peut-etre la reputation d'un acadeniicien se sera
accrue par le succes de son discours de reception.
M. Auger, en qualite dc dirccteur de I'Academie , a repondu a
M. Droz. M. Auger, est, parmi les auleurs vivans , I'un de coux qui
PARIS. 287
connaissentlemieux les finesses dela languefrancaise. La coquelterie
de son style , tout petillant d'antitlieses , convient emineminent a la
tribune acadomique , ou elle obtieiidrait des succes encore plus bril-
lans, si elle ne contrastait un peu avec la familiarite de son debit.
L'orateur, pret u parler de M. Lacrelelle, a rappeie ce beau mouve-
ment de son Eloge de Montausier : » Prenons garde a nos paroles de-
vant ie plus irreconciliable ennemi du mensonge et de la flatterie. »
Toutefois, il a spirituellement fait remarquer qu'en fait d'eloges aca-
demiques, >■ il n'y a pas demalentendu,de raeprise sincfere ;.. que des
assertions de I'ornteur, corrigees par les restrictions de I'auditoire,
il se forme une sorte de temperament asscz juste , quii sous I'appa-
rente infidelite des expressions, permet d'apercevoir I'exactitude
reelledes jugemens. » II parait neanmoins que M. Auger a cru pou-
voir , dans cette occasion , s'ecarter des usages academiques , imitant
a I'egard de M. Lacretelle I'exemple donne par M. Lacretelle lui-
meme qui, successeur de La Harpe, « resolut de juger celuiqui avait
juge tons les autres. » C'est idnsi qu'il a reproche a M. Lacretelle a
facilite avec laquelle, preoccupe de projets d'amelioratioii , « il s'a-
bandoonait a ces esperances que les hommes legers ou pervers se hdtent
de traiter de chimeriques, et dont les sages , tristement detrompes par
Texperience, finissenteux-m^mespar reconnaitre la vanite.»Ilest con-
venu cepeudant que » ces hommes, queleurs contemporainsappellent
des esprits chimeriques, des reveurs, dcposentdans leurs ecrits des
germes qui , d'abord inapercus ou dedaignes , pourront etre deve-
veloppes quelque jour dans des circonstances plus propices et sous
des mains plus experimentees. » L'erreur de ces hommes de bien est
done surtout dans letermetrop prochain qu'ils assignent a Taccom-
plissement de leurs voeux, lis se font illusion sur la duree des pre-
juges qu'ils out a combattre. Quant aux veritables sages, au lieu de
regarder comme vains ces projets de perfectionnement , ils se con-
tentent d'en subordonner la marche a celle de I'esprit humain , et ils
la facilitent de tout leur pouvoir en eclairant les hommes. En gene-
ral, le discours de M. Auger a etc trop souvent enjpreint des prin-
cipes decourageans d'une doctrine stationnaire, iudigne d'un esprit
aussi judicieax qne le sien. A cela pres , ila merite, par la solidite
ou la finesse de beaucoup de pensees, par I'eclat et I'artifice inge-
nieux du style , les applaudissemens qui I'ont souvent interrompu.
Restreints parl'espace, nous nous bornerons a citerle passage sui-
vant, extrait de la peroraison : « La France a tressailli de joie, lors-
que , la piele ratifiant les promesses de la loyaute , elle a entendw
a8S FRA-jSCE.
ion roi renouveler devant Dieu Ic serment de inaintenir les institu •
tions qu'elle doit a hi sagesse de son auguste frere. Elle s'est livr<^e
aux plus doux transports de la reconnaissance, lorsqu'clle I'a vu ,
donnant aux depositaires de son autorite I'utile exemple de respec-
ter la raison publique, effacer du pacte religieux les vestiges , pour
lemoins inutiles , d'un passe qui ne peut revivre, et en retrancher
des paroles abolies par le terns, qui n'etaient plus d'accord ni avec
les droits de sa couronne, ni avec les libertes de son peuple. »
Apr^s cette reponse de M. Auger, M. Aiidrieux a recite un Dis-
coursen vers siir la perfectibilite htimaine. Ce Discours, compose expr^s
pour la circonstance, semblait amene par le besoin d'entendre re-
futer certains passages de celui de M. le directeur de I'Acaderaie.
Aux premiers mots que M. Aadrieux a prononces , I'auditoire a parn
alarme de la faiblesse de son organe. Mais bientot , I'ingenieux
debit du poele a su faire entendre et gouter d'un bout a I'autre cette
production oii la raison se montre paree des graces les plus pi-
quantes. On a surtout applaudi avec transport le passage qui con-
tient la peinture de nos docteurs du jour.
Au char de la raison s'atelant... par derriere.
M. Andrieux , a la fin de ce morceau , a complimente en beaux vers
les deux recipiendaires.
M. Delavigne, vivement applaudi , et quand M. Andrieux lui a
adresse la parole, et quand il s'est leve pour parler lui-meme , a ra-
conte , dans son exorde, qu'un mois avant la mort de M. le comte
Ferrand , son predecesseur, il s'etait rendu cbez lui , sur lademande
de ce vieillard qui avail desire le connaitre. « J'imaginais, a-t-il dit,
qu'une activite si constante ( celle que M> Ferrand montrait tant a
la chambre des Pairs qu'a I'Academie ) prenait sa source dans cette
force de corps , dans cette jeunesse prolongeede quelques vieillards
pour qui le terns semble s'arreter... Quelle fat ma surprise , a la vue
(i'un vieillard faible, infirme, aveugle, et qui, dejamort dans une
portion de lui-meme, paraissait ne plus tenir a la vie que par la
volonte forte de vivre encore !» — Eh ! quoi ? M. Delavigne n'avait-il
jamais vu M. Ferrand? N'avait-il jamais entendu parler de ses infir-
mites ? II y a pcu de vraisemblance dans ce petit effet dramatique.
« Concevant des craintes sur la destinee d'un jeune homme dont
les sentimens pouvaient, a quelques egards , differer des siens ,
l\r. Ferrand essaya , dit M. Delavigne , de me montrer la verite oil il
la voyait lui-mdme. Je recoutais avec respect, ajoute-t-il ; et si je le
PARIS. -^89
quittai sans dtre persuad<5 , ne vous en prenez point FRANCE.
lettres r^clanient rappiii d'une liberie sage. Que d'esperances n'avons •
nous pas dro't de fonder sur cette protectrice naturelle de tout ce qui
se rattacbe a la dignite humaine ? La premiere pensee du Monarque
fut pour elle; nous la verrons , a I'ombre de cette puissance au-
guste , ouvrir une plus noble carri^re aux travaux de I'imagination ,
un champ plus vaste aux jeux du theatre. Affranchie de ses en-
traves, puisse-t-ellerepondre a cebienfait d'un petit-Clsde Louis XIV
par quelques-uns de ces immortels ouvrages, non nioins glorieux
au genie qui les enfante , qu'au prince assez grand pour en jouir et
pour les proteger ! » ,
M. Auger, remplacant M. Villemain indispose, a repondu a
M. Delavigne. « Le terns , a-t-il dit , m'a manque pour preparer
la reponse que j'ai a vous faire. » Eu effet , sa diction semble ici
moius travaill^e que dans son allocution a M. Droz, Pour moi ,
je I'avoue en rougissant , je ni'arrange assez de ce style plus
simple.
L'eloge que M. Auger a fait de M. Ferrand contient un grand
nombre de passages remarquables que nous regrettons denepouvoir
citer. L'assemblee a particulierement applaudi au tableau de ce
respectable yieillard recitant au sein de I'Academie sa tragedie de
Philoctke , et par une illusion trop facile a concevoir, paraissant
offrir a la fois le chantre et le lieros. De ces compositions drama-
tlques , ouM. Ferrand ne cherchait qu'un delassement, I'orateurest
passe par une transition naturelle , a celles qui ont fait la gloire de
son successeur. II a caracterise eu critique habile toutes les diffi-
cultes que presentait le sujet des Fepre.s siciliennes , toutes les beaufes
dontM. Delavigne a su y decouvrir la source. Les Comediens ,le Porta,
I'Ecole des Fieillards ,'les Slesseniennes , ont aussi recu de M. Auger
des eloges generalement merites et confirmes d'avance par lafaveur
i)ublique. « De beaux vers , de nobles sentimens , a-t-il dit , a propos
dps Mesihiiennes , c'est lout ce qu'il faut voir aujourd'hui dans vos
elegies lyriques. A quoi servirait-il de revenir sur les traces d'un
passe marque par des divisions que le terns efface chaque jour? »
Deja M. Auger, dans son exorde , en felicitant M. Delavigne sur la
prcsqne unanimitedes suffrages qui I'ont appele au sein de I'Acade-
mie avail vu , dans ce triomphe remporje par le talent , un fait hono-
rable pour rAcademieelle-meme , unepreuve que les tristes dissenti-
mensqui dlvisenl lasocietc, n'exercent point leur fScheuse influence
sur les votes, sur les decisions de ce corps litteraire. Ces eloges, qui
ont rappele a quclques auditeurs chagrins combien de fois M.Dela-
PARIS. 291
vigne avail succomb^au scrutin academique, eussentet^ mieux pla-
ces, il est vrai,dansla bouchedu recipiendaire. Toutefois , en attri-
buant a son extreme jeunesse les retards qu'a eprouves son election ,
nous reconnaissons que I'Academie a fait preuve dans ce choix
d'une noble independance. II en est d'autres encore qui I'honore-
raient aux yeux des nat'ons civilisees. Des hommes de lettres ont
et6 exclus de son sein par un acta qui appartient evidemment a ce
passe dont les traces doivent disparaitre. — L' Academic, en les ree-
lisant , serait bien sure de Tassentiment du monarque. Eh ! quel
meilleur moyen de lui plaire que de I'imiter? Combieu de cbefs de
I'armee, frappes du ni^me coup que MM. Arnault et Etienne , ont
ete , par ordre du Roi , reintegres dans leurs grades ! Les hommes
revdtus des honneurs litteraires seraient-ils done plus sujets a desti-
tution que les hommes investis des eniplois de I'armee? C
Societe Rorale pour T amelioration des prisons. — • La Societe s'est
reunie le 24 jui" , ^^ Chiteau des Tuileries , dans les appartemens
de Mgr. le Dauphin , son president. — Le ministre de I'interieur a
rendu compte des dcrniers travaux de la societe. — Dix-huit prisons
centrales ont recu les ameliorations proietees ; il n'en reste qu'une
qui n'ait pas subi cette epreuve salutaire. Les principalos ameliora-
tions consistent dans la separation des diverses classes de detenus ,
suivant la difference des sexes, des Ages, et la nature des delits, et
dans les mesures de salubrite et de proprete. Le linge de corps est
renouvele tons les liuit jours ; les draps des lits sont changes une fois
par mois ; les lits sont formes de matelas en crin et en laine ; chaque
detenu habile une loge separee.
Sur 276 maisous d'arret , i4i ont ete ameliorees. Une somme de
cent mille francs votee par la Societe royale a ete employee pour la
construction de foumeaux d'appel , destines a desinfecter par I'ab-
sorption, et particulierement a neutraliser les niiasmes qui s'exhalent
des latrines.
M. de Chabrol, prefet du departement de la Seine, a fait eiisuite
un rapport sur ramelioration des prisons de Paris. Sept a huit mil-
lions sont necessaires pour ex^cuter les plans arretes pour I'amelio-
ratiou de ces prisons. L'adininistration a pris des mesures pour's'as-
surer la disposition de cinq millions ; elle espere parvenir a completer
la somme necessaire. II entre dans le systeme des ameliorations ge-
nerales d'etablir a Paris deux prisons modeles , pour la construction
desquelles il sera ouvert un concours d'architectes. Un perfectionne-
ment sensible, une separation necessaire entre les detenus pour dettes
aga EUROPE.
et pour drills politiques , et le dcsencombrement de quelques prisons
seront le rcsiiltat necessaire de ces nouvelles constructions.
MM. Barbe-Marbois et Bigot de Prcameneu ont nppele I'attention
de la Societe : le premier , sur la iiecessite de repandrc I'instruction
pour diininuer le nombre des condamnations ; le second , sur les
causes de la depravation dans le peuple , parmi lesquelles il a signale
les seductions auxquelles sont exposees les jeunes lilies qui viennent
de toutes parts a Paris , dans I'esperance d'y trouver des ressources ,
et qui n'y trouvent que la misere. La misere conduit au vice , d'autant
plus facilement que le vice , protege et en quelque sorte erige en pro-
fession , recoil le sceau de I'autorite. — L'orateur exprime des voeux
pour que ces jeunes Clles soient , s'il est possible, arretees a ce pre-
mier point de degradation , et pour que Ton essaie de les arracher a
la misere et a I'infamie, en leur procurant des nioyens de travail.
— D'autres membres ont expose divers moyens d'etendre riufluence
bienfaisante de la Societe , d'accroitre ses ressources , d'nugmenter le
nombre de ses membres et de rendre ses travaux plus efCcaces.
M. le Dauphin a resume les opinions et les propositions emises dans
cette seance. II a donne connaissance des besoins qu'eprouvenl les
prisons de Metz et de Besancon. II a, enfin, conformement au voeu
de I'assemblee , renvoye au conseil general des prisons la proposition
de M. Bigot de Preameaeu.
Medecine. — ' Nouveaii moyen de detruire la pierre dans la vessie ,
sans I'operaiion de la taille. — L'operation de la taille, seul lemede
efficace connu pendant long -terns contre I'liorrible maladie de la
pierre, dpouvantait toujours les malades , auxquels , meme en cas
de succfes, elle causalt des douleurs inouies. Les teutatives faites de
tems immemorial pour y substituer une operation raoins doulou-
reuse , celles des chimistes pour attaquer la pierre au moyen d'un
dissolvant sans action sur la vesSie, avaient ete inefficaces. Depuis
quelques annees, des tentatives pins heureuses, faites par des nie-
decins francais , semblent devoir etablir un mode de guerisou infini-
ment preferable a celui de la taille.
Nous avons deja fait mention du moyen imagine par M. le D'' Ci-
VIALE (Voy. Rev. Enc. , t. xix , p. 4i3). II resulte des nouvelles
observations de ce medecin , et des operations nombreuses au'il a
faites avec plus ou moins de succes : i° que la melhode lithontrip-
tique, ou par destruction de la pierre dans la vessie, est applicable
PARIS. 293
dans la majority des cas; c'est-a-dire, lorsque le volume de la pierre
ne depasse pas un pouce et demi de diametre , et qu'elle n'a pas pro-
duit de trop grandes alterations sur le viscere qr . la contient et sur
reconomie en general; 2° que son application est d'autant plus heu-
reuse, que la maladie est inoins ancienne; 3° que lorsque, parl'effet
de quelques circonstances imprevues , la nouvelle methode n'a pas
le succes desire, elle ne diminue en rien les chances lieureuses de la
taille; 4" enfin, que rintroduction des instrumens lithontrlptiques
etles manoeuvres n^cessaires pour saisir et broyer la pierre, ordinai-
renient peu douloureuses, n'entralnent par elles-m^mesaucune espfece
de danger: bien entendu qu'elles seront toujours executees convena-
blenient et a propos par des mains exercecs. — Ce precede nouveau
est un veritable bienfait pour I'liumanite.
Ecoiiomie domesciqiie et industrielle. — Parml les institutions propres
a augmenter le bien-etre des homnies, a mesure qu'ils avancent en Age,
on doit distinguer I'Jgence generate des pJacemens , qui , par la simpli-
cite du mecanisme de ses operations, et par les avantages qu'elle offre
aux coassocies , merite de fixer I'attention.
L'augmentation progressive du revenu des societaires est fondee
sur I'extinction successive de quelques-uns d'entre eux. On conceit ,
en effet, que , si dix personnes doivent toucher entre elies une certaine
rente , de sorte que la part de celles qui mourront soit reversible sur
la tcte de celles qui survivent , sauf toutefois la commission de a pour
100 , que I'adininistralion pcrcoit, a partir de la i^" extinction , le
revenu de celles-ci pourra s'accroitre considerablement. C'est sur ce
simple calcul qu'est fondee I'organisation de I'agence. La justice
exigeait que , pour conserver les chances de vie et de mort a peu pres
egales, on n'etablit de societe qu' entre des gens du mdme age. Par
ce motif, on a distribue tous les societaires selon leurs mises , dans
des compagnies de 10 a 100 personnes, de 5 en 5 ans d'age. Les mises
soiit de 5 , ID , aS , 5o , 100 , 3oo , 5oo , 1,000 , 2,5oo francs de rente
et au-dessus. Au deces du dernier survivant , les beritiers des action-
uaires partagent par portions egales le capital verse par toute la com-
pagnie.
L'administratlon reunit egalement des actlonnaires qui font des
placemens a terme fixe pour 5, 10 , i5 ou 20 ans , soit sur leurs tetes ,
soit sur celles de leurs en fans , ou sur celles des princes francais et
etrangers : elle les range par classes , de 5 en 5 ans d'Sge.
Les actions sont du prlx de 100 francs, a partir du i" Janvier au
33 mars; loafr. Soduaa mars au aa septembre , et io5 fr., du aa
794 FRANCE.
septembre au 3 1 dccembre de chaqiieanree. On pent prendre plusieurs
actions sur la rn^me ttSte et successivement, de mois en mois et d'aiin^e
enannee. On iie louche point les int^r(5ts de la mise ; ils sent capita-
lises, de seniestre en semestre, par le soin de radministration, pour
^tre ajoutes au capital.
A I'expiration du terme choisi par chaque actionnaire ( 5, lo, i5
ou 20 ans ) , les surviv^ns de chaque classe retirent le capital de leurs
misps respectives , et se partagent , au prorata de leurs actions , les in-
t^r^ts capitalises de toutes les mises. On ne rend aus heriliers des
actionuaires decedes que le montant du capital primitif, confie a FJ-
gence gencrale. Ses bureaux sont etablis , a Paris , rue Fejdeau , n° I ,
pris la rue lUontmartre. Li liste des membres du coDseil d'administra-
tion offre les noms les plus recommandables et les plus propres a ins-
pirer la coaCancc. Nous citerons seulement MM. le due de Dalberg,
le comte Lawjuin ais, pair de France, Briot, ex-directeur de la coin-
pagnied'assurance du PAert/x, et directeur adjoint de la caisse h/po-
thecaire.
Les personnes qui voudront de plus amples renseignemens sur cet
etablissement, les trouveront consignes dans deux petites brochures ,
cbez Ponthieu, libraire, au Palais-Royal (piix i fr. les deux). L'une
est intitulee : Mojen sur et agreable de s'enrichir ; I'autre : La iwritc
aiix actionnaires de la Tontine; a ceux de la Caisse de survivance, et ,
par occasion , a tous les hoinmes senses.
Theatres. — Odeon. — I"^"^ representation Ai&nom-eaux Adelphes, co-
medie en cinq actes et en vers, par M. Lesguillon ( lundi 27 juin).
Les Adelphes sont une comedie grecque , dont tous les imitateurs de
Meaandre , depuis Terence jusqu'a M. LesgulUon, n'ont guere su
tirer qu'une comedie gi ecque ; le seul Moliere , en empruntant
ridee principale du poete de I'antiquite, et en la modifiant avec
cette puissance de genie qui lui rend propre tout ce qu'il touche ,
en a fait une pitce toute moderne ; et I'Ecole des maris sera toujours
placee au rang de ses chefs-d'oeuvre. Aussi , I'idee de remettre
encore sur notre scene les Adelphes de Terence n'a-t-elle pu entrer
que dans la t<5te d'un tres jeune homme; et, non moins que cette
idee, I'execution de I'ouvrage atteste I'inexperience de I'auteur. Un
vieillard amoureux d'une jeune fiUe, et qui a son ills pour rival ;
ce fils retenu dans la plus etroite dependance , et qui trouve ce-
pendant le moyen d'enlever la jeune Ulle que son pere doit epou-
ser le leudeniain ; une bourse pretee a cet etourdi par son cousin ,
ft qui fait inettre sur le compte de celui-ci Tenlfevement dont I'autre
PARIS. 295
est coupable ; des valets qui recoivent la confidence des amours de
leur jeune maitre , I'aident dans ses projets d'enlevement et dupent
le pere, qui les menace du Ldton pour leur faire dire la \erite : tout
cela prouve qu'un auteur a lu de vieilles comedies , mais nou qu'il
a bien observe le monde ou il vit. On trouve cependant ici un per-
sonnage dont il faut faire mention , parce que ce n'est point une
copie de Terence , et que sa pliysionomie offre quelques traits qui
appartiennent a notre auteur; c'est un vieil intendant , cliarge par
I'un des p^res de surveiller son fils avec la plus rigoureuse vigilance.
Cet homme , tartufe de severite, et qui se fait un visage rebarbatif
devant le vieillard, s'annadoue aupr^s du jeune homme, et recoil
I'argent du pere , en favorisant les extravagances du fils; il pro-
fesse une thcorie du mensonge dont la naivete serait peut-^tre plus
plaisante , si elle se montrait avec moins d'effronterie. Malgre cela ,
ce personnage decile quelques intentions comiques; mais il ne fallait
pas en faire, dans le meme ouvrage , une pale copie , en donnant
pour gouvernante a la soeur de notre etourdi , une femme qui ,
severe en apparence, enseigne a sa jeune maltresse ce que c'est que
Famour, et comment il faut s'y prendre pour avoir un amant. — II
y a, dans la comedie de M. Lcsgiiillon, des vers heureux , des
tirades bien faites , et en general un caractere de style qui permet
d'esperer que ce jeune auteur pourra obtenir des succes au theatre ,
quand il aura eu le tems de faire les etudes necessaires pour s'y
produire avec avantage. Ce premier essai a ete accueilli, par cette
raison , avec beaucoup de bienveillance.
L'affiche annoncait un prologue qui n'a pas ete joue ; le directeur
a fait entendre au public que la censure I'avait supprime; comme
elle n'avait pu rien oter a Terence , elle a vpulu du moins exercer
ses ciseaux sur I'auteur moderne. M. A.
Beaux -Akts. — Peincure. David. Les Adleux de Telemaque et
d'Eucharis. — Parvenu a un Age qui semblerait devoir commander
le repos, le fondateur, le chefde I'ecole actuelle , David, surmon-
tant la vieillesse , execute des travaux oil I'on retrouve , sinoa
tout le talent de ce grand peintre , du moins la m^me direction de
gout et d'idees qui avait donne a notre ecole une si grande et si belle
impulsion , qu'elle senible ne plus eprouver. M. Firmin Didot fils ,
ayant ete a Bruxelles , en a rapporte un tableau dans lequel ce maitre
semhle s'etre propose de reproduire le charme et la grace que Fenelon
a su repandre sur les amours d'Eucharis et de Telemaque. Les deux
amans sout dans une grotte; le moment de la separation approche;
apS FRANCE.
Eucharis a pos^ sa tdte sur I'epaule dii fils t^'UIysse , et de ses bra»
passes autour de son col, elle forme une chaine dans laquelle elle vou-
drait le retenir. II est impossible de nepas apercevoir dans Texecution
de cet ouvrage les traces de Teffet de I'Age : ce n'est plus tout-a-fait
la main qui a peint les Horaces ou les Sabines ; ma'is la belle disposi-
tion des figures rappelle la noblesse et la simplicite de I'antiquc , et ,
dans plusieurs parties , il regne un eclat de couleurque Ton cherche-
rait en vain dans les ouvrages de la jeunesse de ce maltre.
— M. Gerard. Portrait du Rot. — Louis XIV , fastueux au dernier
degre, ne,se montrait jamais que sous I'appareil de la grandeur. Cette
disposition d'esprit se retrouve dans tout le cours de sa vie , comme
dans tons les ouvrages qu'il a fart execnter ; dans ses portraits , par
exemple , on ne le voit jamais que revetu des insignes du pouvoir et de
la royautc. Cet usage lui a survecu , et depuis cent cinquante ans, tous
les portraits des rois de France ont €le execirtes dans le meme esprit.
M. Gerard, le premier, a ose sortir de cette route ; dans son der-
nier portrait de Louis XVIII , on trouve I'homme plus encore que le
monarque ; et c'est ce qui a donne a cet ouvrage un charme particulier
que tout le monde a eprouv^ , sans en avoir peut-etre bien demele la
cause. Oblige de rentrer dans la ligne ordinaire , M. Gerard vient
d'executer et d'exposer un portrait oil le Roi actuel est represente de-
bout , devant son trone , revetu de ses ornemens royaux. II a trouv6
le moyen , et c'est un grand eloge a mes yeux , de pi-csenter la figure
d'une maniere neuve et heureuse ; I'ampleur des v^temens ne derobe
rien a la souplesse du corps ; la tete a beaucoup de vie ; I'expression
de bonte qui animela physionomie du Roi , est bien rendue ; enfin ,
les accessoires sont peints avec une adresse et une liberte de pinceau
extraordinaires. Je crois qu'il etait impossible de mieux faire , et
peut-etre n'y avait-il que M. Gerard qui piit faire aussi bien.
— Mm" Jaquotot. Portrait d" Anne de Boulen. — C'est en Anglelerre
que Holbein , I'un des fondateurs et des raaitres les plus babiles de
I'ecole allemande , a execute le plus grand nombre de ses ouvrages.
Henri VIII , I'ayant attache a son service , le chargea de faire , non-
seulement son portrait, ainsi que celui des princes et princesses de
sa famille , mais encore ceux de tous les grands du royaume. C'est a
cette epoque qu'il fit le beau portrait d'Anne de Boulen que Ton ad-
mire au Musee ; mais le tems a change le ton des carnations, et ,
avant deux slecles , il est probable qu'il ne restera rien ou presque
rien de cet ouvrage. Mm^ Jaquotot a entrepris de le reproduire, non
tel qu'il est malntenant, mais tel qu'il a du ^tre , et elle y est par-
J
PARIS. ^97
Tenue avec un rare bonheur, qui prouve toute son habilete et la
surete de son dJscernemsnt. — Lorsque LL. MM. le Roi et la Reiiie de
TVurtemberg sont venus derniferement voir , dans son atelier , ses
principales productions , elles ont paru frappces de I'ensemble de ses
ouvrages , et le portrait d'Anne de Boulen a surtout fixe leur attention.
Au reste , la perseverance que Mme Jaquotot met a soustraire tous
les beaux ouvrages de notre galerie a la destruction qui les menace ,
sans consulter ni le soin de sa sante ni celui de sa fortune , prouve
qu'elle est animee du plus vif amour des arts ; sous Louis XIV, un
semblable devouement , un oubli de soi -meme aussi grand, aurait
recu des recompenses que Mme Jaquotot n'aurait pas eu besoin de
solliciter.
Diorama. — M. Bouton. fiie de Rouen. — Les environs de cette ville
jouissent depuis long - terns d'une celebrite meritee. De vertes prai-
ries , des nionumens pittoresques du moyen age , I'aisance que re-
pandent I'industrie et le commerce, donnent a la Normandie et , en
particulier , aux approches de la ville de Rouen , un cliarme et une
fraicheur qui seduisent. M. Bouton a pris son point de vue de maniere
a presenter cette ville sous I'aspect le plus pittoresque ; il y a ajoute
de ces effets varies que les autcurs du Diorama obtiennent par des
moyeus mecaniques dont j'ai deja parle. Ainsi , les nuages amonceles
a riiorizon et qui, deja , s'etcndent jusque sur la ville, s'ecartent de
tems a autre , pour laisser passer des rayons du soleil , qui viennent
eclairer quelques parties du tableau , ou projeter leur reflet argentd
sur la Seine, dont la couleur varie selon I'etat du ciel. Ce nouveau ta-
bleau , plein d'interet et de vcrite , me semble atteindre au meme degre
de perfection que cenx dont j'ai deja rendu compte. (Voy. Rev. Enc. ,
t. 17 , p. 211 , 683; t. 20, p. 25o, 697 ; t. 21 , p. 492 ; et t. 24 , J).
.548. ) Peut-etre , cependant , quelques parties ont - elles un peu de
erudite de ton ; il me semble difficile aussi que I'arc-en-ciel puisse
elre visible dans la position oil se trouve le spectaleur par rapport
au soleil et aux nuages ; mais cette observation , si elle est fondee ,
ne sera certainement faite que par un petit nombre de spectateurs ;
les autres n'y verront qu'une variete et unc richesse d'effet qui ajou-
tent a I'inter^t general des lieux : M. Bouton sera done facilement
absous. >
Cosmorama. — Get etablisscment , qui compte dix-liult annees
d'existence et qui s'est successivement et considerablement perfec-
tionne , a ete visite, non-seulement par tous les curieux que renferme
Paris , mais encore par tous les etrangers qui ne cessent d'y affluer.
29** FRANCE.
Ce sont des tableaux d'uiie moyenne dimension, dans lesquels on a
represente les monumens et les lieux les plus remarquables du inonde
entier. Places ensuite a una certaine distance, et vus/aumoyen des
verres grossissans , ils offrent la dimension de la nature. Le directeur
de cot etablissement , anime d'un z^le lemarquable, est parvenu a reu-
nir plus de trols cents tableaux , dont plusieurs ont obtenu un succ^s
constant ; tel est , par exemple, cehii qui represente I'interieur de I'im-
raense basilique de Saint-Pierre a Rome. Lesaeredu Roi actuel qu'il
a mis sous les yeux des spectateurs, lui a fait naitre I'idee de repre-
senter egalement ceux de Louis XV et de Louis XVI. Des vues prises
de divers points de la cathedrale de Reims , donnent une idee aussi
complete qu'il soit possible de le desirer.de I'aspect de cette eglise
6t des travaux que I'on y a executes a ces diverses (?poques pour cette
ceremonie. Cette comparaison etait bien propre a piquer la curiosite;
aussi le public s'y est-il porte avec empressement.
Europorama. — C'est , a quelques egards , un Etablissement rival
decelui dont je viens de parler; mais les freres Suhr, deHambourg,
qui le dirigent , ne sont point en permanence a Paris ; ils parcou-
rent I'Europe et vont exposer dans les capitales des tableaux
que Ton voit egalement au moyen de verres grossissans , pour don -
ner aux objets qu'ils representent , les proportions de la nature ;
aureste, ce sont seulement , ainsi que le titre I'indique, des vuee
prises en Europe qu'ils offrent atix regards du public, et non des
vues de toutes les parties du nionde. Toutefois , ces vues ne sont pas
sans interet, et Ton fera bien d'aller les voir. Dans le nombre des
lieux ou des monumens les plus remarquables, je citerai particuliere-
ment : Sahbourg, danslc Tyrol : cette ville, dont le pied est baigne par
une large riviere , la Salza , est environnee de hautes montagnes dont
I'aspect forme I'un des plus beaux .spectacles qu'il soit possible d'ima-
giner; T eglise de Wasili Bla/eni, respect^e par les flammes , lors de
I'incendie de Moscou : c'est un caractere d'architecture et d'ornemens
tout particulier, et qui ne rcssemble a rien de ce que nous connaissons;
Veglisc St.-Eiieiine a P^ienne, couverte en pierres de couleurs, etdontla
tour , placee a cote, est un des monumens les plus elegans et les plus
extraordinaires du moyen age. Je le repute , les vues de I'Europorama
meritent d'etre examinees par les amateurs, auxquels elles procureront,
comme celles du Cosmorama, un moyen facile et agreable de prendre
une idee juste de lieux que probablement ils n'iront jamais visiter.
Lithogranhie. — Girodet executa , en tSr4 , pour le chAteau de
Corapi(!gne , quatre tableaux dans lesquels il a represente , sous I'em-
PARIS. 299
bifeme de genies , Mars, Bacchus, Bellone et Pomorie. Le gout qui a
preside a ces compositions est tel que Ton pouvait I'attendre de ce
grand peintre dont I'imagination etait reel'iement aussi elevee qu'ine-
puisable. M. Ch4.tillok, son eleve, avait commence , du vivant de
son maitre, a les lithographier.Ce travail etait sur le point d'etre ter-
mine , lorsque la mort a frappe ce grand artiste. Ces planclies viennent
de paraitre : elles ont ete imprimees par M. Constans qui, aninie d un
veritable amour de I'art , montre plus le dcsir de bien faire que de
faire beaucoup. Ces gra\ures, 011 le genie et la main du maitre se mon-
trent partout, sont d'une reussite parfaite , et ont ete accueillies avec
I'empressement qu'elles meritaient : elles coiitent ensemble 28 fr.
avant la lettre, et 20 fr. avec la lettre. Tout le tirage a ete fait sur pa-
pier de chine.
— Cours d' Hiitoire natiirelle(ea figures lithographiees , sans texte) ,
contenant les principales especes du regne animal , dessinees par
M. P. OuDART , peintre de la galerie des oiseaux du Jardin du Roi,
et de i'ornithologie francaise; public par G. Engklmamn. i" li-
vraison (i).
« L'histoire naturelle prise dans toute son ^tendue, dit Buffon ,
est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous
presente I'univers. Cette multitude prodigieuse de quadrupedes,
d'oiseaux, de poissons, d'insectes , de plantes, de mineraux , etc.,
offre a la curiosite de I'esprit humain un vaste spectacle dont I'en-
semble est si grand qu'il parait et qu'ilest, en effet, inepuisable
daus les details. »
Cependant, dans cet immense assemblage d'efres , ceux qui ap-
partieunent au regne animal meritent de notre part une attention
particuliere , comme etant plus rapproches de nous ; et dans ce
rfegne meme, les iudividus qui nous inspirent un plus grand in-
ter^t sont , d'abord , ceux dont la vie est pour ainsi dire liee
a celle de I'liomme; ensuite , ceux qui se represeutent le plus sou-
vent a ses yeux ; enfiu, ceux que la nature a doues des qualit^s
les plus extraordinaires sous le rapport de la grandeur , de la force ,
de I'iutelligence et m(5me de la bizarrerie des formes.
Ce sont ces etres privilegies qui forment la collection lithogra-
(i) Paris, iSaS; a la lithograpliie de I'editeur, rue Louis-le-Grand. —
Cette CoUectiou sera dlvisee en douze livraisous composees, cliacuue , de dix
planches, tirces sur papier colle, afin que Ion puissc les coloriei'. Le prii
de chaqac livraison est, en noir, de 4 f^.; tnluminoe avec soiu, 8 fr.
•^'"" FRANCE.
phiee que public M.Engelmann ; elle se compose de cent vingt plan-
ches 111-40, contenant environ rnUlc indwidus. On pent done consi-
derer cct ouvrage comine un Lon Ailas zoologique digne de trouver
j>lace dans la bibliothc-que des savans. L'editeur s'est , en outre,
}»ropose un autre but : persuade qu'un bon dessin en apprend plus
que quelques pages de description, et que lail saisit mieux tons les
dctaUs des formes , lorsque la main est obligee de les tracer , il a
Jait executer les plancbes avec assez de perfection, pour qu'elles
pussent servir de modtles aux jeunes gens qui voudront les c&pier.
— Macedoine Uthographique , par le general Bacier »'Albb; ou,
Suite de ses souvenirs pittoresques d'Europe (i).
Lorsque les evenemens politiques de iSi5 forc^rent le general
Bacler d'Albe h de])oser son 6pee, on le vit quitter sans regret les
honueurs , et reprendre gaiement son pinceau. 11 avail ete peintre
avant d'etre militaire, il se livra de nouveaua la peinture avec toute
i'ardeur du jeune age. Je I'ai vu, dans sa retraite, consacrant ses
loisirs a I'art qu'il clierisssait et ne voulant d'autres delassemens que
la culture de ses abeilles et de son jardin. Done d'une extreme faci-
lite, dont il abusait , parce qu'il est dans iiotre nature d'abuser de
nos forces et de nos qualites, il produisit une immense quantite
d'ouvrages. II avait beaucoup voyage; partout il avail dessine plus
zig , Catalogue de la ioire. —
yieiitic , Publication nouvelle d'un \ojage a Pompeia. —
Treves, Beaux-Arts. — Vienne, Necrologie : Carpani 167
Sdisse. — Canton de P'aud , Paragreles. — Genere, Enseignement
de la geograpbie. — Argovie , Etablissement d'instruction pu-
blique 270
Gkece. — Instruction publique 271
Italie. — Fise, Histoire iiaturelle. — Borne, Academic des
Tbesmopbiles. — Travaux de M. Cbampollion. — Turin ,
Publication de nouvelles comedies de Nota. — Rome, Sculp-
ture.— yHA!/;, Necrologie : Vassali Eandi 37^
Pays-Bas. — Gand , Beaux-Arts :Peinture; Exposition publique.
— Harlem , Nouvel instrument de musiquc. ■ — Loiwaiii ,
Publication procbaine d'un journal : Atchives philoloqiqiies. . ijS
Feance. — Grandes routes en I'er. — Caen, Veute du Cabinet
d'bistoire natuiclle de M. Lamouroux 277
Paris. — Insdtuc : Academic des sciences; Seances du 8 au 27
juin ; Seance publique du 20 ; Seance publique de I'Acadcmie
I'rancaise. — Socieie des piisons. — Medecine : Nouveau
mo\e!i de detruire la piene. — Theatres : Odeon , Premiere
representation des Nouveaux Adelplies , comedie en 5 actes.
— lieaiiX'Arts : Peinlure , Diorama, Cosmorama, Europo-
raina , Lilbograpbie ; Georania. — AVc/o/og'/e .• Chompre. . . 278
I
N° 7. — Juillet 1825.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES
ET PROSPECTUS
d'oUA'RAGES NOUVEAXJX ET HE PUBLICATIONS PROCHAINES,
Pour la France et lex Pays Etrangers ,•
BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la revue kwcyclopkimquk (i).
AVIS ESSENTIEL.
A Messieurs les AiUeurs, Libraires ^ et Editeurs d' outrages ^
a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers.
La Revxie Encyclopediqbe ayantdonn^ une grande exten-
sion i\ ses relations, pendant six annees d'un succes continu
et toujours croissant, se trouve maintenant en circulation
dans toutes les parlies du monde civilise, oii elle est lue
par tons ceux qui veulent se tenir au courant des progres
de la litterature et des sciences, et qui cherchent, dans les
livres, de i'instruction et du plaisir. Elle croit servir les in-
terets des ecrivains et des libraires, en leur offrant , dans
un Bulletin Supplementaire , joint a chacun de ses cahiers ,
un mode de publication et de circulation rapide , ^cono-
mique et universel, pour les Annonces et les Prospectus
des ouvrages qu'ils publient. Ces annonces pourront com-
prendre egalement les publicatiorts prochaines des ouvrages
sous presse et les ouvrages manuscrits que leurs auteurs, ou
ceux qui en sont depositaires,Toudraient faire connaitre d'a-
vance aux libraires et au public.
L'inscription des Aknonces et des Prospectus est fixee i aS c.
pai- ligne; elle est reduite a 20 c. par ligne , pour les libraires
qui out I'ait prendre au moins douze abounemens a la Revue
E ncyclopedique.
(1) Ce Hutltlin Supplementaiie csl »ie d'aunonccs fournies parBlM. les
Libraires, Auleuis et lidileiirs , et qui nc ES AINIMAUX
(1) On sousrrit a la nii'mc aclrcsse pour re Rcniril , iloiit il par.iilim i:ili]ir
He quatnrze fcnilles (I'lmpicssion an itinins tons les mois. Prix, ii Paris, ^(i (r.
Jiour Pannee ; »lan» Ibs depnrtcmcns , 53 fr. ; dans les pays elrangirs , do fr.
J
( 3)
VERTEBRliS, appliqukk a la piiv-
MOLOr.lE KT A LA PATIIOLOGIE UU SITSTE-
ME NKHVEDx, ouvTaqt qui a reniporle
le (frand pri.v n V Institul rnyat do
France. Par M. E. R. A. Sebres,
Medecin ordinaire de I'liupital de
la Pitie , prol'esseur agrege de la
Farullu de Mcdccine dc Paris, etc.
— Tome 2' et dernier. — Tn-S".
56. DU DESSECHEMENTGli-
INERAL DE PARIS, du taiagede
scsrucs et de teur assainisscment;
par ftl. P. S. GiRARu, ingenieuren
chef des Ponls-et-cliaiissees, mem-
brede I'Academieroyaledes Scien-
cca , du Conseil de salubrite , etc.
ExTHAIT DU PROSPECTUS.
A mesure que Paris s'agrandit,
et que, par Ics soins d'une admi-
nistration ecldiree , cetle capitate
re(;oit de nouveaux embeilisse-
mens, la ni'cessite d'en rendre Ic
sejour plus commorie ct phis saiu-
bre, se I'ait phis vivemcnt sentir.
Lcs progris de la civilisation , I'ac-
croissement de la ricbesse publi-
que et de I'aisance des parllculiers,
nous ont rendu plus exigeans que
n'etaient nos fii'eiix , dans tout ce
qui tient anx habitudes de la vie.
IjCs rues etroites et sinueuses qui
I'aisalent de I'ancieii Paris iine cs-
pece de cloaqMe,ne convicnncot
plus a nos mceurs. II laiit niainte-
nant que I'air et la lumiere circu-
lent librenient autour de nos habi-
tations, il I'aut qu'elles puissent
eire purifiees par d'abondantes dis-
tributions d'eaux vives. Sons tous
ses rapports, nctre etaf social lend
a se perl'ectionner,
Au point ou les sciences positi-
ves sent parvenues, et a une epo-
que oil elles sont aussi generalement
cultivees , c'est une necessite d'ap-
puyersiir les principes d'une sainc
theorie, et sur les donners de I'ex-
perienre , lout projet de grands
travaux d'ulilit(j puhlique ; or ,
parini ces projets, lout systi'me
general d'assainissemcnl el de des-
.res un
plan unilorme, les rcsullals des
travaux litlerairvs de louies le» na-
tions antiques el modernes. CUa-
cua des uuleurs uyant tail une
elude spiciale de la liUeraturc dont
il doit tracer I'hislorique et les
progres , eelle colieclion I'oruiera
un veiilable Lours do liUcralui'c,
a lu t'uis des plu.t couiplets el des
plui port;.tHV. \.a riiumin kuivaus
paraitront a des epu |Uiii plus ou
luoius rappro; liiVs :
Hesumt-s de I'Jlistuirede ia Lilte-
raturc hibraique, aruUi;, cliinoise ,
persanne , jaji07iiiise , dix feu-plei
do i'lnde , grecque , grccque nw-
derne , rornaine ( |>ar M. Alfred
DK VVaillv ) ; itulieiinti ( par M.
Salu ) ; txtinc au inoycn /ojcOH,Gautier; — Riss,iJ^ieellils.
Naples , Borel ; — Marotta et
Waiis'pandock.
Aeuchfifel (Suisse), Giester.
Netv-YorA ( Etats-Uiiis ) , Berard
et Mondiin.
A'oiwelle - Orleans , Jourdan ;
lloche , freres.
Palerme (Sicile), Pedonne et Mu-
ratori; — Boenf(Ch.).
Petersbourg , S.iiut - Florent ; —
GraeJf; — Weyher; — Muchart.
Stuttgart et Tiihingen , Colta.
Utrecht, A'"an Sclioonhdven.
Todi , B. Scalabiini.
Tiiiiii , Bocca.
ynrsOKse , Gliicksberg ; — Za-
vad.sky.
Vienne (Autriche), G^rold ; —
Schaumbour" ; — Sclialb.ieber.
Lisbonne , Paul Martin.
COLONIES.
Guadeloupe (Pointe-a-Pitrc), Piuiet aine.
Ile-de-Prance (Port-Louis), E. Burdet.
HJarti/iiqiie , Thouueiis, Gaujoux,
ON SOUSCRIT A PARIS,
Au BURE*U DB KL,.\CtIOJV, BUE d'EjVFER-SaINT-MiCHKI. , ll" iS ,
oil doivent 6tre cnvoyes, francs de port, les iivres, dessius et gra-
vures, dont.on desire I'annbnce, et les LclSres, Menioiies , Notices
on Extrnits destin6s a ixie inser'es dans ce Kecueil.
ChezTheuttel et WiiRTZ, rue de Bourbon, 11° 17;
Rbt ut GfliviER, quai des Augusiins, n" 53;
Charles Bechkt, libraire-comni. , quai des Augustins , u* 87;
Dondey-DOprb, rue Saint-Luuis, n" ^16, au Marais; et rue
Richelieu, n« 67.
MosGiEsin^, bouleyard Poissonni^re, n* 18;
Eymehy , rue Mazarine, n" 3o ;
BoRTT, rue Haulefeuille, n" la ;
Bachei.ier, quai des A«gustin«, n« 54 ;
Lrvraclt, rue des Fosses-M.-le-Prince, n» 3i , et a Strostonrg ;
A. BAunociir , rue de Vaugirard, n" 36 ;
Dklacmat, Pelicihr, Ponthieu, an Palais-Roj-al;
Urbaik Carel, place Saint- Andre-des-arcs.
A LA Te^te, Cabiket Litteraibb, tenu p:ir M. GADTiaB, ancien
militaire , Galerie de Bols , n" 197, au Palais-Royal.
JVnta. Les ouvrages annoDcei dans la Revue se trouTcnt anssi cIimRoret, tne
EautefeuUle , n" 13.
PARIS. UK l.'iMPRIMERIE DE RIGNOUX,'
mo lies Francs-!Jouipeois-S. -Michel , n'' 8.
27 VOLtTHTR.
80* rrvnATSOTT.
BEVUE
ENGYCLOPEDIQU
ANALYSE RATSONNEE
DES PRODUCTIONS LES PLUS IlEMARQUABLES
DANS I.A LITTEKATUr.E, I.ES SCIKNCJ-S IT I.ES AKTS.
1° I'.tiir les Seizures jihyfiqites tt malii-inittiijues ot Ics /lits luifn.rliir/s:
MM. AMi'ERr, t 11. DtviN, ihapi ai., I'oup.ikr , G. r arisNavii-ii, dc I'li.Nt ti:t;
C. ( oylifRH., KkRIIY, KRAN(:<»i-U«. Lk ^ORMAKU, A. AllClItl.OT, Dt MuNT-
OFRY, MoRFAU I'P .loNwf S, \\ A'tUK.V.: , 1
■i"' l»iiur U-> Sciciiies ii N1 , Dl-.SMA-
IlKM , v. VLD'U IN, ISkOSGNIAHI lis; I I.IU .iFNi. 1) -M. . V. .Ia( Olit-MON 1-. clc.
3* [',i„r\ts :>ci,-nii;x iiiMiailcs .- MM. Xun.us. I'.ai.i v. Uvmikun , G.- P. Urn. v.
DiiPAi' , I'sQf'' >•">■■• *'^" •"•'••■•'. Ma cif Kill f.. Or HI. A, IIu.oi.i.i.t liK, I>. Al., ctr.
/i" V'-iir '.Hi, iiicncrx i>lii!o.-rjj/,i,jiifs etriDiafis', I'oHliijimx , ^fic^i(q>hiijiit:f el
/lisloiirjNfs :MW. LaN-iih ^ A is, tlr I'Instilut ■ M. 'A.J( ii.ii-N, <\i: I'ails i)t Gf-
RANuii, Ai.F.x. i)F. I.A I'oKnE. <1»- 1' 1 1, st ii li I ; A (idiT. , A^^^^ , Artaiid, \ \ hNi f. ;
Bfrv il.i.H , avii(;it; Harbif. iv r,0CA(;F. . Vic Clislilul ; A. Becgnot; ( iiampui.-
I.lOW-KlG^ AC, ^■lII(,^|li)U(l-)Iit . I,
Ma.smas. J. .Maoviei,, a. Metrat. ; .Mfyem , d'Aiiisli nl.Kn : I'ARFNr- Hf* i,,
l'OUQliF.^ IM.E; ( ll. lUNnUARD, n\ ilO.it; KlsEBeSaI.\ ERl E,J.-1).6aV, hlsMONDE
DK .SlsmOSDl, S I ArFER,SliFUR-MERI.IN.
5" Piuir la l.illeialiirej'ruiicaise e't ftiaiigrn-, I.n r>thlini;iaplile ,\' Aiclienlot:ie
pt lo» Br-i2ux-.^//,t: MVl. AnoRi*ux, Amaimiy-Uuva I., Kmf.ru: David, D'lor.,
i.EdtEHCiER, iiF Sf.c.cr, (Ik I lii.stilut; Barbifr, iiiiiii 11 n.ii.'iiTvjiteiir >lis I ilii, I!rfs, Ai.ph. Mahii.; I h' f'.oi.BF.'iy tli- G'.ln ar ; Kikt-
KiiDFF, U.-M , , ili (.^ulmihhp;
A.DF.Mli!«TFMIt»T; Niroi.O I'otn.O, PahN, I'n.l.l.s.llER , I'OMliERMI.I.f. <.>(,F.
TFI.ET, llEREIFPrnARHG; l)E Si A!iSAA1, (Ic ISj UXr'lt;.', ; I R..Sa t.FI; .S< HNnzi.FR ;
SrHWEitiH/iiii.HBR lils, e port, ainsi que la correspoiidance, au Directenr
de la Beviic Riicyclopediifiie , rue d'Enfcr-Saint-Hichel, n° 18. C'esl a la
m^ine adres^e qd'oii devia envo■^ er les ouvragps de tdus geiir<»s ei les
grnviires qii'on voiidia faire annoncer, ainsi que les articles dont on
ctesireia rinsertion.
0;i pent anssi sousciire chez les Directenrs des postes ct cliez les
prinripaiix Libraires, a Paiis, dans les depaiteuiens et dans les pays
Strangers.
Tioi? cablers on livraisons forinent un volume. Cliaque volume est
termiiie par une Table des mati^res alphabetique et anal^tique, qui
eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujouis jointe aiv
i'"' rabier du volume siiivant, a I'exception de la derniere Table de
I'annee, qui est exp^diee isolemenl a tons ceux qui pen vent y avoir droit.
On S'liiscrli, seiilemPnt ji pariir dc deux epoques, du i" janvicr q\x
du i*"' /'liHet (]e chaine annee, pour six mois, ou pour un an.
On tronve , au buuevU CENTRAL, les collections des annees 1819, i8aa.
rSai, i8u i8i3, 1824 ft 18a 5, an prix de 46 franc* chaque.
REVUE
ENCYCLOPEDIQUE,
ov
ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES
DES PRODUCTTONS LE3 PLUS REMARQUABLES
DANS LA. LITT£RATUr.E, LES SCIENCES ET LES ARTS.
1. MEMOIRES, NOTICES,
LETTRES ET MELANGES.
OBSERVATIONS
RELATIVES AUX ECRITS DE M. PAIXHANS
S17R UNE NOUVELLF, FORCE MARITIME EX SDR UNE NOUVEI-LE
ARTILLKRIE.
hes Observations qu'on va lire sont, a quelques egards, des
reclamations; cequi nous impose le devoir deles admettre dans
notre recueil. Elles tendent aussiadonner des notions plus com-
pletes sur les progres que la science de la guerre maritime a
fails depuis quelques annees, et sur ceux que le genie de la
mecanique lui prepare dans un avenir peu eloigne.
Nous apprenons que M. Charles Dupin a declare, dans nn
memoire lu a I'Academie des sciences, que M. Paixlians avait
publie des renseignemens sur la marine et I'artijlerie, qui lui
avaientete confies pour son instruction particuliere; et qu'il
s'attribuait, en outre, sans aucnne preuve suffisante, la prio-
T. xxviT. — Aoiit iSaS. jo
^oG NOUVELLE FORCE iAIARlTUVTE
rite d'invenlion, sur le celebre Carnot, touchant IVmplni miil--
tiplie fles feux verticaux dans les casemates.
Voici line autre reclamation Ae M. Vallier, chef de bataillon
d'artilleric : cet officicr avait essaye , a Bayonne, en 1816,
d'ahmer de tres-petites embarcations avec de gros obusicrs ,
servis par dcs artilleurs etrangers a la marine. Son intention ^
en etendant ce systeme, etait de produire une nouvelle force
maritime, propre a remplacer totalemcnt I'ancienne, ainsi qu'il
"avail cxpliqiie dans un menioire nianuscrit, adrcsse an comite
central d'artilleric. M. Paixhans, alors secretaire de ce comite,
eut luic pU'ine connaissance de ce memoire; ct il annonca, en
1820 , a I'Acadcinie des sciences , qu'il avait trouve un nouveau
moyen deforce maritime; I'annee suivante, il fit imprimer une
brochui'e intitulee : Nouvelle force maritime ; il n'y devoilait
pas encore son secret; mais le premier paragraphe en expri-
mait ainsi le resultat :
ft II est possible, dans l'e tat actuel des arts ; il serait
FACILE DES AUJOURd'hui DE CONSTRUIRE UN TRES - PETIT NA-
TIRE, QUI, MONTE SEULEMENT DE QUELQUES SOLDATS SANS EX-
PERIENCE , AURAIT ASSEZ DE PUISSANCE POUR DETRUIRE LE
VAISSEAU DE HAUT-BORD LE PLUS FORTEMENT ARME. »
Cette aunonce eveilla les soupcons de M. Vallier, et il crut
reconnaitre que M. Paixhans s'etait empare de son projet, lors-
que ce dernier officier , dans un nouveau memoire, la a 1' Aca-
demic des sciences, avoua enfin que I'arme redoutable qu'il
voulait adapter a ses petits navires, serait un obusier alonge ,
on un canon raccourci, propre a lancer des obus etmemedes
bombes horizonlalcment. M. Vallier rcpandit alors parmi les
artilleurs une brochure , 011 il revendique ses droits, declarant
qu'il prenait pour son propre compte les critiques que M. de
Montgcry avait faites (i) contre la proposition d'armer de
(i) Annales maridmes , avril 18251, p. 385 et suiv.
KT NOUVELLE ARTILLERIE. 3o7
tres-petits navires avcc de grosses bouches a feu et des soldats
sans experience.
M. de Montgcry , dans I'ecrit indiqiie, avait prouve : i" que,
long-tenis avant M. Paixhans, on avait propose de lancer hori-
zontalement des obus ct des bombes contre les vaisscaux;
oP qa'ai; lieu de placer des bouches a feu tres-pesantes snr dc
simples embarcations , qui seraient fort sujettes a chaYircr, sur-
tout si on les faisait manoeuvrer par des soldats sans experience,
il conviendrait de placer ces armes sur de grands navires ayant
de bons equipages, et particulieremeni sur des fregates a va-
pour; 3° enfin, qu'il existe un moyen d'annuler I'effet des
obus, des bombes et de tous les projectiles contre les vais-
seaux : c'esl de couvrir ceux-ci d'line forte armure de fer; et
voici dans quels termes il avait publie ces differentes idees
en 1819.
« Les fregates a vapeur seraient tres-propres a porter de
gros obusiers dont les projectiles produiraient a peu pres les
memes effets que les torpilles (1), lorsqu'ils eclateraient dans le
bord d'un navire vers la flottaison; et qui , dans lesautres cir-
constances, sans avoir des effets aussi decisifs, produiraient
encore d'affreux ravages, frappant comme un boulet, forniant
des eclats en detonant, et causant presque infailliblement des
incendies » (2).
Resumantensuite ce qu'il avait dit sur les torpilles et autres
mines flottantes , M. deMonfgery ajoutait : « II est un systeme
qui prevaudra probablement sur tout autre : c'est celui de
(i)Boitesen metal, de forme spherico-cylindrique, dirigees sou»
I'eau contre la carina des navires, et contenant jusqu'a 200 livres
de poudre.
(a) Memoire sur les mines flottantes, etc., par M. de Montgery,
p. 71. Paris, 1819.
3.>« iVOUVELLE FORCE MARITIME.
grands Mtimens A vapeur impenetrables a tons Ics projectiles
et armes degros obusicrs... Cc n'est pas ici Ic Vwn d'ontrer dan»
dc plus grands details a ce sujet, sar Icqiiel d'ailleirrs j'ai en-
trepris unouvrage d'line etendue proporlionnce a rimpoitance
dcs maticres qu'il renferme. J'cngage seulcaicnt nves Iccteurs a
croire qu'il existe, pour delruirc les vaisseaux, beancoup d'au-
tres moycns inusites jusqu'a ccjour. » (Ibidem, p. 72.)
Avant de publier aucune remarque sur la Nouvelleforxe ma-
ritime, M. de Montgcry,_a la piiere de I'autcur, avail mis de
nombreuses notes manuscrites, que nous avons lues, sur un
exemplaire de cet ouvrage. II y disait exprcssenient , plusieurs
fois, que les batimens a vapeur a lY-prcuve de toutc espece de
projectiles et armes de bouches a feu propres a lancer des
obus , ou des bombes, de 8 on de 10 pouces, etaient un des
moyens les plus certains de detruire les flottes de I'ancien sys-
teme ; et que c'elail la .sans doute le secret de M. Paixhans. Co
dernier nevoulut pas enconveriir, commenousnousen sommcs
assures par la lecture d'un billet de sa main.
Copcndant, il publia , en 1822, nn second ouvrage intitule
encore: Nouvellc force maritime. II renoncait aux petils na-
vires n'ayant pour tout equipage que dcs soldais sans expe-
rience ; maisil emettait encore nne foulcd'idees impraticables.
C'cst ce qu'a dcmontre M. de Montgery, dans plusieurs ecrits,
oil il a traite en nieme terns des batimens a vapeur a Tepreuve
de toute espece de projectiles et armes d'obusiers, faisant tou-
jours voir que ce systemc serait favorable aux Anglais, qui pos-
sedcnt dejii tant d'etablissemens et d'ouvriers capables de
produire un grand nombre de machines a vapeur, et de na-
vires bardes de fer, ou totalement construits avcc ce metal.
Le memc auteur, avant qu'on efit cssaye a Brest le canon a
bombe(i), ou plutot I'obusier alonge avail, du reste , predit
(i) Pour justifier la denomination do cinon a bombes, qui an-
ET NOUVELLE ARTILLERIE. 809
,quc cette experience ferait crier mcrvcille a toutes les per-
sotines qui ignorant qu'ii divrases epoques on a vu, soit dans
les combats, soit dans de simples experiences, que meme les
projectiles creux de petit calibre peuvent delruire, en un pe-
tit nombre de coups, les plus grands \'aisscaux de ligne,
M. de Montgery a fait savoir aussi que les Americains ont
adopte, depuisi8i5, des obus a la Stevens, qui out un poids
et un volume superieui-s aux obus essayes a Brest, et qui, ce-
pendant, pevivent etre lances avec les canons, les caronades
et les obusiers ordinaires, parce qu'au lieu d'etre splitriques ,
ils sont oblongs (i). Sous ce rapport, ils ont done un grand
avantage sur les gros obus et les petitcs bombes spheriques ,
qui, pour etre lancees avec force etpresque horizontalement ,
exigernient quel'onfabriquat un grand nombre de pieces tres-
dispendieuses. On pent craindre, il estvrai, que des obus
oblongs ne tournoienten I'air, dans le sens de leur grand axe,
• et n'aientdes portees irregulieres. Maisles Anglais, comme nous
I'apprend encore M.de Montgery (2), ont remedie acetinconve-
nienten couvrant les obusoblongs d'helices, qui leur procurent
un tir aussi juste qu'aux balles de carabine rayees en spirale.EnGn,
les nouveaux obus anglais et americains ont un autre avantage
bien remarquable surlesauciens obus et sur les anciennes bom-
bes, proposees par M. Paixlians; ils ont uu mecanisme a percus-
nonce uiie invention nouvelle, M. Paixlians appelle bombes des pro-
jectiles creux de 8 ponces, sans culot ni anses, que tons les artil-
leurs appelleut obus. Mais le nom d'obusier alonge n'eut au plus
indique qu'un pcrlectionnement ,et non une invention nouvelle, une
nouvelle f 01 ce maritime.
(i) Memoires sur la marine et I'arciUerie des Etats - XJnis d' Ameriqne ,
remis en 182 i a I'lnstitut et au niinistre de la marine. — Annales
de I'indiisCrie , decembre iSaa, p. 263 et suiv. ■ — ■ Annales maritimes,
lie partie, Janvier et fevrier 1824, p. a8 et suiv.
(a) Annales maritimes, 11' partie, p. 3o et 3l , janv. et fevr. l8»4'
3io NOUVELLE FORCE MARITIME
sionqui les fait toujourseclater,a I'instant ouils frappentlebut,
et qui leiir perniet, avant de le fiappec, de ricochorsiii-rean.
Les fusees , on espolettes , dont on se sert habituellement pour
porter le feu a la charge des projectiles creux, manquent sou-
vent leur effet, et ne produisent que parhasard le plus grand
effet possible. Prenons pourexcmple les experiences de Brest.
Les obus qui ont eclate dans la rauraille du vaisseau, sont
ceux qui ont produit le plus de ravage; mais ces coups ontele
rares. Tantot, les projectiles ont detone, apres avoir traverse
la rauraille; tantot, avant d'etre arrives jusqu'a elle, et par-
fois il n'y a pas eu de detonation. Ces inconveniensse sont sur-
tout fait remarquer a la distance de 5 a 600 toises. M. Paixhans
avoue que, sur 14 obus de 8 pouces, ou bombes, comme il
croit devoir les appcler, 9 ont eclate trop tot, ou ont manque
d'eclater (i). Nous n'avons pas sous lesyenx le proces verbal
de cette experience, faite en septeinbre 1824 ; mais nousavons
celui des experiences faites en Janvier de la meme annee, un
peu different de ce que M. Paixhans a publie.
Quoi qu'il en soil, les vieux obus, les vieilles bombes , et
m^me les nouveaux projectiles a percussion et a helices, vont
totalement perdre leur importance sur mer et sur terre. Les
fusees dites a la Congreve ont acquis depuis peu une justesse
de tir et une facilite de manoeuvre superieure a ceile de toutes
les autres amies; et, sans le secours d'aucune bouche a feu, on
lance des projectiles d'une grosseur quelconque, par le moyen
de ces fusees, qui sont susceptibles de porter des petards d'un
volume prodigicux, de veritables torpilles, propres a defoncer,
a briser d'un seul coup la coque des navires, soit au-dessus,
soit au-dessous de I'eau (2).
i
(1) Experiences fakes par la marine, etc., p. 54- Paris, l8'^5.
(2) M. de Montgery vient de faire paraitre, sur cette mati^e,
un Traite fort etendu , dont nous rendrons compte incessamment.
ET NOUVELLE ARTILLERIE. 3ii
M. Paixhans, dans sa derniere brochure , renonceaux pro-
jets in execu tables qii'il avail indiques, ou decrits, dansses deux
ouvrages intitules : Nom'elle force maritime. Ilannonce comme
resultat le plus important de ses travaux , I'arniement avec dcs
obusiers alonges , ou canons a bombe , de fregates a vapeur
bardees de fer; de vaisscaiix de ligne rases, transformes en
navires a vapeur , egalcmcnt bardes de fer ; et enfin,, de bati-
mens tout en fer. Or, M. de Montgery a fait, en 1819, la pre-
miere de ces propositions (j); il a fait, en 1822, les deux
aulres (2) ; il les a toutes reproduites plusieurs fois (3); mais ,
sans se laisser eblouir par ses propres decouvertes , il a montre
qu'en definitive ces nouveaux armemens accroitraient la puis-
sance navale des Anglais, et que la navigation et la guerre
sous-marines pourraient seulesrebranler(4). Le gouvernement
britannique, qui a jadis offert une forte pension a Fulton, et
qui en fait une maintenant au capitaine Johnson , pour lui faire
abandonner totalement ses experiences sous-marines, montre
combien ce genre de guerre inspire de crainte aux domina-
teurs actuels de la m.er.
M. Paixhans pretend, au contraire, que les fregates a va-
peur, les vaisseaux rases et les batimens eh fer, dont il vient
d'etre question, seront favorables a la France, parce que des
navires a I'epreuve de tons les projectiles seront, dit-il , forces
d'en venir a I'abordage, combat danslequeH'impetuosite fran-
(i) Memoire snr les mines Jlotlanlcs , etc., p. 72 et suiv.
(2) Notice stir la vie et les trai'aiix de It. Fulton. — • Annales de /'/«-
dnstrie , dec. 1822. — Memoire siir les navires en fer, id., oct. i823.
(3) Bulletin unirersel des sciences, avril 1824, 5"^ et S" sect. —
//nnales maritimes , aoiit, sept, et ocl. iS^sJ. — ld.,'yxi\\., fevrier,
juin, juillet et aout i8a4-
(4) Voy. Rev. Enc, t. xxri, p. Sai , Memniie snr la iin et
.ia guerre sous-marines.
3iu NOUVELLE FORCE MARITIME
caise obtiendrait presquc toiijours la victoire. Mais, M. Paix-:
lians devrait savoir que c'cst suitout pour sauter a I'abordage
qu'it faut avoir le pied marin. Pendant la guerre de la Revo-
lutioa , oil nous avons enibarque beaucoup de soldats a de-
faut de matclots , nous avons en plus de batimens enleves a
I'abordage par les Anglais, que nous nc leur en avons pris.
M. Paixlians devrait se rappeler, d'ailleurs, que M. de Mont-
gery , donl il a souvent mis a contribution les ouvrages, a deja
indique plusieurs inoyens de delruire des batimens a I'epreuve
des boulets, des obus et autres projectiles, soit en faisant
passer sous la carene de ces vaisseaux une torpille de forte
dimension , manoeuvre facile a bord des batimens h vapeur ;
soit en jetant sur le pont, et au travers des sabords, des ma-
tieres liquides cnflammees, d'apres un procede connu des an-
ciens et renouvele avec succes au Havre, en 1758. Enfin, on
pe saurait douter que la mecanique ne fournit au besoin plu-
sieurs autres moyens non moins efficaces.
Tout le monde sait, en outre, que la population de la Grande-
Bretagne et de ses colonies s'accroit de jour en jour , et qu'elle
est deja trois ou quatre fois plus considerable que cclle de la
France. On sait cgalemcnt que la richesse progressive du gou-
vernement anglais lui permet de soudoyer un grand nombre
de soldats etrangers, et de plus que, dans une guerre mari-
time, il est bien moins difficile d'obtenir des garnisons do so4-
dats, que des navireset desmarins capables de rendre d'excel-
lens services pendant les combats et les tempetes. Les soldats
ne se tiennent pas mieux debout, et ne sont pas plus exempts
du mal de mer , a bord des batimens a vapeur que sur les ba-
timens h. voiles. lis sont meme plus incommodes, pendant le
mauvais tcms, sur ces nouveaux naviresqu'a bord desanciens,
parce que les voiles de ceux-ci , fortcment poussees par le
vent, diminuent les oscillations causees par I'agitation des flots.
N. B. Ces Observations, faites dans I'interct de la verite et
ET NOUVELLE ARTILLERIE. 3i3
de la justice, meritent certainement , de la part de M. Paix-
lians, line attention serieuse. II senlira la necessite de rectifier
quelques assertions qu'il n'avait pas suffisamment examinees ,
et de recounaitre des droits qu'il n'a pu vouloir usurper. II est
assez riche de son propre funds, assez recommandable par
d'importans services pour n'avoir pas besoin de se faire des
titres d'emprunt. Plusieurs de ses lettres, dont les originaux
nous ont etc communiques, lui prouveraient, au besoin, I'exac-
titude de tout ce que nous avons dit, et viendraient i I'appui
.des reclamations qui lui sont adrcssees.
OBSERVATIONS GENERALES
SUR LE GENRE APPELE ROMANTIQUE,
ET SUR QUELQUES MODIFICATIONS DE NOTRE SYSTEME
THEATRAL (l).
Le genre appele rornantiqiie semble destine a faire le deses-
poir des critiques de notre tems. C'cst en vain qu'ils se flattent
*le le saisir et de le terrasser. Ce Protee renait aussitot sous
une forme nouvcUe. Sera - t - il toujours impossible de s'en-
tendre sur le sens du mot roinantique ? Ce mot, suivant M™« de
Stael, qui, la premiere, je crois, I'a employe parrai nous , a
designe d'abord une poesie inspiree par la religion chrctienne
(i) L'ouvrage nouveau qui a principalement donne lieu a ces
observations, est intitule : Racine et Shakespeare, n° 2, ou
Reponse au Manifeste con ere le Romantisme, prononce par M. Auger dans
line seance solennelle de I'lnstitiit; par M. DP. Stendhal, avec cette
epigraphe : << Dialogue. Le f^ieillard : Continuous. — Le Jeiine homme:
Examinons. I'oila tout le XIXe siecle. » — Paris , i8i5. Brochure in-S"
tie io3 pages. Chez les marchands de nouveautes. Prix, 2 fr.
3i4 OBSERVATIONS
et puisant ses elenicns dans la chevalerie , dans les souvenirs
du moyen age , dans les croyances vagues et melaiicoliqiies du
Nord. Mais, cctte manierc de concevoir le romantismc , parti-
culierement applicable a I'epopee et a la poesiclyrique, somble
dejii passoe de mode. Aujourd'hiii, c'est surtoiit an theatre que
Ton vent etablir la distinction des deux genres ; et coniine les
poetes anglais, espagnols et alleniands ne se sont point, ainsi
que les notres , asservis a la regie dcs unites, ces poeles, ayant a
leur tete Shakespeare , Lope de Vega et Schiller, sont pro-
clanies romantiques, sans que Ton s'inquiete de prouver au-
cune analogic entre deux significations totalenient differentes
d'un meme mot. Quelques-uns definissent le romantisme une
manierc d'ecrire conforme aux idees et aux besoins des con-
temporains, et s'ecrient, avec M. de Stendhal, que tous les
grands ecrivains ont etc romantiques de leur terns. D'aulres
voient dans ce genre une imitation exacte de la nature, par
opposition a I'imitation embellie ou ideale qui conslituerait le
genre classiquc. Enfin, beaucoup de litterateurs et la partie la
plusnonibreuse du public ^^'pQVicnX.romantique tout ce qui est
exageie, bizarre, faux , vague, obscur, affccte, maniere, etc.
Aussi, le mot romantique, dans son acception vulgaire, se
prend-il toujours en mauvaisc part, et ne se prononce-t - il
qu'accompagne d'un sourire. Mais un mot qui signifie tant de
choses, signifie-t-il vraiment quelque chose ? Et pour leur pro-
pre interet, comme pour celui de la verite, les romantiques
ne devraient-ils pas renoncer aun nom inintelligible pour tout
le monde et ridicule pour le j)lus grand nombre ?
En attendant que la question soit simplifiee par cet heureux
sacrifice, voici M. de Stendhal qui vient combattre a outrance
en faveur du romantisme theatral. Son armure est legere; mais
sa lance est accree. Rien n'egiile la facilite avec laqiu-lle les
noms propres coule-it sous sa plume. Toutefois, son humeur
belliqueuse s'atlaque a des adversaires si nombreux, et en ge-
SUR LE ROMANTISME. 3i5
neral si distingues, que jene sais si Ton ne doit pas regarder
comme un litre de gloire d'etre I'objet de ses coups. Peut-etre
serait-ce anous, humbles soldats qu'il a dedaignesdansla melee,
h faire entendre nos plaintes. Mais laissons la les personnes
pour nous occuper de son ouvrage et de la question qui en est
I'objet.
M. de Stendhal est un homme de beaucoup d'esprit; ouvoit,
a la maniere dont il ecrit , que sa conversation doit etre foi t
piquantc. Son style est vif , pittoresque et original. Aussi, sauf
la preface qui parait longue , parce qu'elle manque de clarte
et de legerele, sa brochure est-elle tres-agreable a lire. Mais
a-t-il eclairci, a-t-il resoiu la question ? Je ne le pense pas. II
me semble meme qu'il ne I'a point envisagee d'une maniere
generale et complete.
M. de Stendhal s'est propose de repondre au discours sur le
romantisroe , prononce par M. Auger, dans la seance acade-
mique du 24 «ivril 1824- Mais, comme il n'expose et ne refute
nuUe part les raisons de sa partie adverse, sa brochure res-
semble a ces longs discours , liis quelquefois dans nos chambres,
et qui, bienque presentantle sujet sous deux aspects contraires,
se succedent sans se repondre.
Au lieu d'une refutation methodique , M. de Stendhal nous
donne une eorrespondance entre lui et un classique de ses amis,
sur la tragedie romantique, qu'il definit en ces termes : « La
tragedie romantique est ecrite en prose ; elle dure plusieurs
mois et se passe en des lieux differens. »
Et M. de Stendhal , a qui les classiques ont quelquefois re-
proche de ne pas se faire entendre , se hate de leur-demander
si cette definition leur semble claire. Les mots sont clairs sans
doute ; mais I'idee qu'ils expriment manque de justesse et de
precision. La versification et les unites n'etant autre chose que
les regies imposees au poete , cette theorie revient evidemmetit
acelle-ci : la tragedie romantique est alfranchie de toutes les
3i6 OBSERVATIONS
regies (i). Or,je ledemandeii M. de Stendhal lui-nieme, est-cc
la une tlieoric ? La preuve qu'il n'en croit rien , c 'est qu'il va
uoiis donner tout a I'Leure d'autres preccptes. Mais arretons-
nous iin moment sur ceux que nous venons de rapporter.
M. do Stendhal en veut beaucoiip au vers aicxandrin; il
u'hesite pas a le bannir de la tragedie fiancaise, bien que Sha-
kespeare et Schiller aient generalement ecrit en vers. C'cst ,
dit-il , que le vers alexandrin , a la difference des rhythmes
utrangers , exclut une foule de mots neccssaires a la poesie
moderne, par example, le mot pistolet. Jc conviens que I'a-
lexandrin n'est pas un metre heureux : mais sa coupe monotone,
morlellement ennuyeuse dans I'epopoe; a , dans la poesie dra-
matique, des inconveniens beauconp moins sensibles; et quant
au dedain avec lequel il repousse souvent le mot propre, bien
que laplainte ne soit pas sans fondcment, on pent remarquer
(jue nos grands ecrivains ont souvent brave cette tyrannic.
Ainsi, Corneille a employe en vers les mots balcon , soufflet;
Racine Xdi.xViOX.'ihi ide ^pave, chambre, chiens, etc. Etje nedoute
pas que, s'il avait traite des sujets niodernes, il n'eut fait usage
des mots canon, pistolet , cartouche , giberne , etc. Ce n'est
pas le vers qu'il faut proscrire, mais Ic style guinde en gene-
ral, qui , depuis Voltaire surtout , a envahi notre theatre. J'ai-
merais encore mieux que Ton voulut adapter a la tragedie un
autre systeme metrique, ce qui n'est peut-etre pas impossible,
que de renoncer aux ressources que la versification offre aux
poetes. La question tant agitee sur les avantages du vers et de
(i) Cela est si vrai, que M. de Stendhal s'empresse de declarer
qu'il peut neanmoins y avoir telle tragedie roinantiqne dont les ev.e-
iiemeus soient resserres par le hasard dans I'enceinte d'un palais
et dans une duree de treate - six heures. Ce n'est done pas comma
r^gle, c'est comme affrancliissement de la regie que M. de Stendhal
prescrit la violation des unites.
SUR LE ROMANTISME. 3 17
la prose se rdduit , je crois , h ce pen de mots : on rhommc qui
ccrit en vers est poete; et alors, a la faveur de I'ellipse , de
I'iuversion et des aiitres figures permises 11 la poesie , il est a la
fois plus anime, plus elegant et plus concis qu'il ne pourrait
I'etre en prose; ou cet homme n'est point poete, et alors,
par suite de la gene da metre, toutes ces qualites font place
aux defauts contraires. Dans le premier cas, les avantages de
la versification surpassent ses inconvenicns ; dans le second cas,
ses inconvenicns surpassent ses avantages. C'est purement une
question de personncs ct de talent.
Quant aux unites, au sujet desquclles BI. de Stendhal re-
proche durement a M. AHger de n'avoir point fait mention du
systeme de Johnson sur I'illusion theatrale , je me pcrmcttrai
dc rappcler ici ce que j'ai dit, il y a quelques annees , en
rendant conipte, dans le Lycce francuis, de la tragedie de
Carmagnola , par M. Manzoni.
« C'est nioins sous le rapport de la vraisemblance qu'il faut
considerer les unites de jour et de lieu , que sous celui
del'unite d'action. Pour que cette derniere unite existc, il faut
que, des le premier acte, la position et les desseins de chaque
personnage soient determines; que ces desseins se renferment
toujours dans le plan que I'auteur s'est trace; qu'il soil rendu
compte au spectateur de tous les resultats qu'ils amenent, non-
seulement dans le cours de chaque acte, mais encore pendant
chaque entre-acte; enfin, que Taction soit rapide , degagee
d'accessolres supcrflus et conduite a un denouement analogue
a I'attente excitee par I'exposition. Si maintenantdelonjrs in-
tervalles de terns et de lieu separent vos actes et quelquefois
meme vos scenes, les evenemens intermediaires relacheront tous
les ressorts de Taction... Et les parties du dranie, ainsidislo-
quees, presenteront, aulieu d'un seul fait, les lambeaux dela vie
entiere d'un heros. Ajoutez a res inconvenicns Tapparilion ct
la disparition frequentes de personnages avee lesquels le spec-
Bi8 OBSERVATIONS
tatciir n'a giiero le tems cle fairaconnaissnnce; el quant k ceux
siir lesquels vons (ixez son attention, si vons les montrez tou-
jours animes dii nieme desscin , il en resiiltcra lanijiieur, froi-
dcur,invraisemblance, sou vent nK'inoinconvenanccchoqnante...
Si, aucontraire, les desseins des personnages. variant, I'unito
d'action disparait et I'inteiet s'affaiblit. » (i)
Je vais plus loin aujourd'hui : je pense que les Fran^ais, en
adaptant au drame romancsque et intrigue des Espagnols les
ix'gles nees de la simplicitc grecque, en supposant qu'un pareil
dranic, avcc luic pefipetie au nioi:is par acle et un progres
dans Taction a chaque scene, se passe en vingt-quatre heui'es
oten iin seul lieu, ont demnnde , sousle rapport de la vraisem-
blance, une concession pins forte que celle que reclament les
auteiirs dramaliques de prcsqiie tousles autres peuples, en
s'affranchissant de ces deux unites. Mais I'invraisemblance in-
teliectuelle du systems francais, en se pretant a I'unitc d'action,
interrompt pen I'illusion theutrale, parce qu'il faut, la plupart
du tems , reflcchir pour la remarquer; tandis que I'invraisem-
blance mateiielle du systeme contraire, nuisible a I'unite d'ac-
tion, interrompt vivement I'illusion theatrale , parce qu'elle
(i) M. Manzoni me lit I'honneur de m'adresser, en reponse a ces
observations, une lettre publiee par M. Fauriel , avec la traduction
des deux tragedies de cet auteur, ie Comte de Carmagnola et Adelghh.
Cette lettre, pleine d'apercus ingenieux , est a la fois un modele
d'urbanite et d'elegance de style. J'avais forme le dessein de repli-
quer, lorsque je remarquai, page 370 , le passage suivant : •< Que
Ton dise que, plus une action prend d'espace et de diiree, et plus
elle risque de perdre ce caractere d'unite si dclicat et si important
sous le rapport de I'art, et Ton aura raison. » Je vis que la contes-
tation allait rouler sur une nuance , et je me tus , en regrettant beau-
coup de pei'dre cette occasion de remercier ce grand pocte de
I'honneur qu'il m'avait fait et de Textr^me indulgence avec laquelle
il avail hien vonlu me trailer.
SUR LE ROMANTISME. Sig
avcrtit les sens. Ci^lle-ci , en accordant ii I'action la dutee ct les
developpeniens vraisemblables, en admettantles episodes et les
details de mcenrs, favorise les jouissances epiques, qui sont celles
des peuples reflechis; celle-la, en precipitant raction eten fai-
sant main basse sur les accessoires, favorise les jouissances
dramatiques , qui sent celles des peuples vifs.
Remarquons, en passant, que Shakespeare a toujours evite
avec soin d'indiquer dans son dialogue le laps de terns qui se-
pare les divers evenemens du drame. L'instinct du genie lui
faisait pressentir la froideur qu'un parcil avertissemont aurait
jetee dansl'ame des spectateurs. Mais, si cette precaution , qui
tend a rcndre vague la duree du drame, a pu suffirc pour un
peuple naturellement reflechi ct propre aux jouissances epiques
et meme historiques, je doute qu'elle fut suffisante pour les
Francais qui, a cause de la vivacite de leurs impressions , sont,
comme les ^.tlieniens, un peuple eminemment draniatique.
Jetons maintenant un coup d'ceil sur les preceptes qui ser-
vent de developpement a la theorie de M. de Stendhal. Je les
decoiivre a !a note de la page 92.
« 1° Jamais de combats sur la scene; jamais d'executions.
Ces choses sont epiques, et non dramatiques. «
D'accord. Mais c'est faire le proces aux drames historiques
de Shakespeare, ou ces choses tiennent trop souvent lieud'ac-
tion dramatique.
'< 2° Pius les pensees et les incidens sont romantiques ( ca-
cules sur les besoins actuels ), plus il faut respecter la langue
qui est line chose de convention. » lei , M. de Stendhal est de
I'avis de Boileau ; ce qui ne laisse pas d'etre edifiant. Observons
toutefois que la convention qui a fait la langue est modifiee par
le tems, qui introduit chaque jour des mots nouveaux et de
nouvelles tournures; et que les hesoins actuels veulent que ces
mots et ces tournures soient employes.
0 L'interet passionne avec lequel on suit les emotions d'un
320 OBSERVATIONS
personnage constitae la tragcdie; la simple curiosite qui nous
laisse notrc attention pom- cent details divers, la comedie. Le
melange do ces deux interets me semblc fort difficile ».
C'cst encore ici la condamnation de Sliakespoare ; condara-
nation qui me parait trop rigoureiise, rt que M. de Stendhal
anrait d'aillrnrs bien dc la peine a concilier avec I'emploi tant
desire par lui de ces mots na'ifs donl nos memoircs historiqiics
sont reinplis et que la tragedie romantique peiil seule nous
rendre ; par exemple, le hrillant Bassompierre pret a com-
battre au Pas de Suse , dlsant a Lonis XIII : Sire , les danseurs
sont prets : quand V. M. votidra , le bal cornmencera.
M. de Stendhal pensc, limidemcnt a la verite, qu'une tra-
gedie ne doit pas aujourd'hui durer plus d'un an.
Dans son systeme, jene vois d'autre limite naturelle que
la duree de I'evenement.
II proscrit la tirade; la tirade, dit-il ailleurs, qui est pent-
etre ce qu'il y a de plus anti-romantique dans le systeme de
Racine! Et s'il fallait absolument choisir, il aimerait encore
mieux voir conserver les deux unites que la tirade. Helas! la
tirade est de tons les systemes , autant de celui de Shakespeare
que de celui de Racine. Mais, sur ce point, il est facile d'etre
d'accord , et tout le monde convicndra qu'en general la tirade
est un ennuyenx defaut.
Dans ses autres preeeptes, M. de Stendhal descend a des
applications ou je ne puis le suivre. II regarde comme le sujet
de tragedie le plus beau et le plus fouchant, la mortde Jesus I
II pretend qu'en francais I'empire du vers ou du rhythme ne
commence que la oil I'inversion estpermise; et la poesicfran-
caise est justement cclle qui exige le raoins I'inversion. Que
M. de Stendhal cssaie de traduire en vers italiens ou anglais
dix vers de Racine; il en sera convaincu a I'instant mcme...
Si, dans I'expose de sa theorie , on trouve tant d'*idees ha-
sardees ou contradictoiies , on pent croire qu'il ne les a pas
SUR LE ROMANTISME. iii
epargnees dans le corns de sa brochure. Par excniple, lecor-
respondant classique, qui aimerait mieuxjuger le romanlisme
sur des drames que sur des dissertations, a-t-il prononce cet
arret : Faites, Monsieur ,Ja'ucs , el vojons cette affaire ; M. de
Stendhal lui repond ; vous mc dites : faites, et vous ouLliez la
censure! Est-cela delajustice ? Est-cela de la bonne foi? Puis, au
verso de la meme page, la censure ne lui parait plus un obstacle
qu'on puisse alleguer; et il blame nos auteurs qui mettent de
la politique dans leurs comedies ; ce qui, dit-il, litteraircment
parlant, ne vaut rien du tout. II veut qu'ils attaquenlles ridi-
cules des classes ordinaires de la sociele; et aussitot, i! leur
propose de mettre sur la scene an patriote c61ebre qui prete
son argent au roi d'Espagne, et il donue lui-raeme I'esquissc
d'unecomcdie en cinq actes(i) intitulee : Lanfranc, ou lepoete,
dont le heros au denouement est condamne pour un pamphlet
a passer quinze jours a Sainte-Pelagie (2).
C'est a propos de cette comedie de Lanfranc que M. de Sten-
dhal fait les remarques suivantes par lesquelles je terminerai
I'examen de sa brochure.
(< Lanfranc est une comedie romantique, surtout parce que
les evenemens ressemhlent a ce qui se passe tons les jours sous
(i) En general, les romantiques respectent la coupe en cinq
actes, regie la plus arliCcielle de toutes, regie completement igno-
ree des Grecs, au nom desquels on nous I'impose. Ce seralt une
belle occasion de les appeler classiqucs ! II y aurait Lien des choses
neuves a dire sur ce mot acte introduit par les Latins dans la po^-
tique du theatre. Mais il faudrait ajouter dix pages a cet article
deja trop long.
(2) La comedie est la peinture des travers du coeur liumain com-
bines avec les ridicules du tems. Or, qu'on me cite aujourd'liui ua
ridicule marquant et un peu general , qui n'ait pas quelque rapport
avec la politique, et par consequent avec la censure.
T. XXVII. — Aoat 1825. 21
3aa OBSERVATIONS
nos yeux... La comedic dc Lanfranc n'a pas de .style ; ct c'est
a mon avis par la qii'ellc brille ».
Si un ouvrage brille d'autant plus qn'il n'a pas de style,
pourquci M. de Stendhal reclierche-t-il constamment dans !e
sien les rapprochemens inattendus et les tomnures piqnantes ?
Cost appareninient parce que cet aitilicc Ini seuible neccssaire
pour etre lu : il Test aussi pour etie ecoule. l^ne piece qui re-
presenterait exactcment des lionimes couinie on on voit tous
lesjours , faisant et disant ce qu'on dit ct ce qu'on fait tous
les jours, cndormirait, des les premieres sc«;nes. Ton te imita-
tion dans les arts a besoin d'etre embellie ou chargee ; ccs deux
mots expriment ici la meme chose dans deux genres differens.
Il n'en resulte pas sans doute que tout embellissement, que
toute charge soit bonne. Un ornement deplace est mauvais ,
plus mauvais que la verite la plus commune. Mais, entie toutes
Ks choses qu'a pu faire ou dire lei personnage, choibir la plus
origiuale, la plus energique, celle qui pioduira le plus d'effet ;
voila ce que I'art se propose; ce choix, applique aux fails,
s'appelle invention ; applique a !a diction, s'appelle style.
Malheur a I'ouvrage qui iie s(! distingue par aucunc dc ces
deux qualites !
On a vu, je pense, que les principcs du nouveau genre de
drama dit romantique ne se trouvent point dans I'ouvrage de
M. de Stendhal. Ce n'esl pas que Ton n'y rencontre des aper -
9US ingenieux , des observations vraies sur I'art dranialique.
Mais, il n'a fait qu'entrevoir quelques veriles isolees, dont il
a deduit des consequences contradictoires, au lieu de les forti-
fier en les coordonnant; ct il estbien plus habile a montrer les
inconveniens de Tancien systeme qu'a donuer une idee juste
et nette dc celui qu'il voudrait lui substituer.
Mais cxiste~t-il en effet un drame romantique ?PLt, pour en-
visager la question sous un point de vue plus general , peut-on
admettre deux genres dans les arts ?
SUR LE ROMANTISME. 323
Tout art ayant pour objetrimitation de la nature , il semble
an premier coup d'ceil que I'existence de deux genres est une
chiniere. Car la nature est immuable , aussi bien que le coeur
de rhomme; les formes de la societe humaine eprouvent seules
des modifications ; et a supposer mcme que la nature changeat,
I'art ne changerait point encore, puisque les principes de I'imi-
tation seraient toujours les memes. Peu importe en effct queje
vcuille peindre un paysage^ ou un iuterieur, ou un portrait;
les principes du dessin , du chiir obscur, de la perspective, etc.,
ne varicnt point.
II n'y aurait done qu'un seul genre dans les arts , I'imitation
de la nature; ce genre embrasserait tout, et les nouvelles theo-
ries du roniantisnie ne seraient que des illusions nees du desir
impuissant d'etre neuf et original.
Toutefois, pour que ces theories aientpu seduireun si grand
nonibre d'esprits, il faut qu'ellcs trouvent quelque appui dans
les fails et dans les sentimens du public. En general, toute
opinion qui agite un certain nombre d'hommes indique un be-
soin social. Ce bcsoin est souvent nial exprime ; mais il existe ;
il faut le decouvrir; il faut le satisfaire.
On sait qu'il y a deux manieres d'imiter la nature; Tune
consiste a copier servilement ce qui existe ; I'autre u faire
un choix entre les objets et h embellir au besoin ceux que
Ton reproduit. L'art flotte entre ces deux liniites. S'ilse rap-
proche trop de I'imitation exacte, en reproduisant ce qui est
commun ou laid, il excitera le degout; si I'imitation devient
trop idcale, en nous offrant des objets tout-a-fait differens de
ceux qui nous entourent et de nous-memes, elle nous fera
eprouver la froideur et I'ennui. Le point le plus heureux serait,
je crois , celui ou, pour atteindre I'ideal, l'art n'aurait besoin
que de choisir entre les objets reels , et non de les embellir.
Un peuple a existe chez qui ces deux limitcs, I'ideal et le
vrai , semblaient presque se confondre. Un climat delicieux ,
3i/, OBSERVATIONS
iin sol convert cle fleiirs , mie religion remplissant an plus haul
degrc la coudition de toulo poesie, de preter imeanieila ma-
'dere et iin corps a la pensee , des passions primitives , des
moeurs a la fois simples et nobles , nne iangne si mulodiense
que scs mots sont encore a notre oreille comme des phrases
inusicales; des formes, des traits, des vetemcns, tels quele
genie de la peinlure semble en avoir trace le modele ; enlin ,
les sentimcns de famille , les idees de liberie, de patrie, devc-
loppees an plus liaut degre, voila ce que nousoffre la Giece.
Elle crea les arts; el!e y attcignit nne perfection desesperante.
Pouvait-ellc faire autrement? La, les artistes pour elre su-
blimes n'avaient qu'a clioisir et a copier. Aussi est-ce par la
route de I'imitalion exacte qu'ils arriverent pen a peu a la
beaute. On se tromperaittoutefois si Ton pensait quelesGrecs
eussent en fait d'ideal le meme gout que nous. L'ideal cliez ce
peuple se composait d'un heureux melange de grandeur et de
naivete. Quelquefois meme, le desir d'etre vrai fit desccndre
ses poetes jnsqu'a I'imitation d'une nature laide. C'est ce qu'on
remarque surlout chez Euripide, qu'un vain espoir de surpasser
Sopliocle jeta pcut-etre dans ces ecarts. La meme piece , Al-
cesle, nous offre un exemplc frappant de ces deux genres de
naivete. Hercule \ient demander I'hospitalile a son ami Ad-
mele. II s'etonne que ec roi ne sc presente pas pour le rcce-
voir. Cependant un esclave lui fait leshonneurs de la maison ,
et lui offre un repas. Hercule a faim ; il s'abandonnc au plaisir
de la table ; mais, apercevant quelques larmes dans les ycux de
I'esclave, il I'interroge , et a force de le presser, lui arrache
I'aveu de la mort de sa maitresse. Cettc nouvcUe est comme un
coup de foudre pour Hercule. Le contraste de la douleur de
son ami et de la joie a laquelle il se livrait lui-meme le frappe
vivement,ctil court arracher Alceste a la mort. Cette scene est
sublime, autantque naive; etsi noire gout repugne a quelques
details, a coup siir c'est notre goiit qui a tort. Mais, lorsque ,
SLR LE ROMANTISME. 3a5
dnns la nieinc trai,'ec!ie, Admote vent pcrsnader h Pheres son
perc qu'il doit moiirir ponr Iiii, et que le bon homme s'en de-
fend de toutes scs forces, si c'est la la verite, c'est iine verite
laide et le poeic a tort de I'avoir imitee. II a copie sans
choisir.
Les penplades du Nord , qui envahirent rEurope asservie
par lesRomains, n'avaicnt deja plus cctte simplicitepoetique
si remarquable dans la Grece ; je n'eu veux pour preuve que la
complication deleurslois. Ou trouverle beau ideal chezcespeu-
ples dont la rapine etait i'esprit public, ou bien dans ce moyen
age, triste melange de la ferocite des barbares et de la corruption
romaine ? Les affections nalurelies dcdaignees pour les plaisirs
d'un courage farouche et aventurier, Icsidecs morales partout
ignorees,la force erigeecn droit, la liberie, la patrie, inconnues
meme de nom, une societe factice fondee sur le servage et la do-
meslicite feodale ; plus tard,ramour degenere en galanterie fri-
vole etsouvcnt immorale; le sentiment religieux dispai-aissant
sous les pratiques absurdesdont I'ignorance I'a surcharge; des
heresies, des schismes , des disputes et des guerres insensees :
lei est le moyen age. Chez les anciens , tout etait harmonic; ici
tout est desordre et contradiction. Les combats se succedent ,
ct I'imaginalion n'est point frappee ; le sang coule, et le cceur
n'est point attendii. C'est qu'il y a dans tons les evenemensje
ne sais quoi d'abjecl et de ridicule qui taiit I'interet dans sa
source ct nous empeche de sympathiser avcc des hommes si
•etrangcment defigures par les institutions. Le vetement, les
noms,le langage de ces hommes, tout jusqu'aux traits de leur
visage les rend pen propres a concevoir et a donner I'idee de
labeaute. Dc cette ignorance de la morale que j'ai deja remar-
quee nait a tout instant chez eux le melange affreux de la plai-
santerie et du crime. Lorsque Alboin presente a Rosmonde
la coupe qu'il s'est faite du crane de son pere , il accompagne
cette action atroce d'un calembourg : Tiens , lui dit-il , hois avcc
3sG OBSERVATIONS
ton pere. Arthur de Bretagnc , pret a perir, ayant dit dc-dai-
gneiisement , i\ Jean son oncle : Adieu , Jtan sans terre , celui-ci
lui repond : Jclieu, prince sans tele. Cromwel, apres avoir signe
I'arret de niort de Charles l^"", s'amuse a barboiiiller d'encre
le visage du jugc Martin, en kii presentant la plume. Char-
les IX, apres la Saint-Barthelemy, dit tout joyeux a sa mere :
Etmoi, n'ai-je pas bien joue rnon rolet ? Ccs traits en disent
plus que de longucs dissertations ; ils prouvent que les mosurs
du moyen age ne sauraientse preter a une poesic constamment
noWeet grave; et c'est pour s'etre mcle a ccs moeurs que le
christianisme , comme I'observe judicieusement M. Auger,
offre a la poesie un merveilleux souvent voisin du ridicule.
Pour comble de malheur, les evenemens modcrnes, au lieu de
nous etre transmis, comme ceux de I'antiquite , par dcs poetcs
ou par de graves historiens, nous sont parvenus dans des chro-
niques cxtravagantcs ou dans des raemoires pleins de details
familiers. Ce concours de circonstauces a donne a notre histoire
une physionomie, un caractere qui exclut absolument le beau
ideal, dont les anciens avaient fait le type de leurs compo-
sitions.
Quand le torrent des populations du Nord eut cesse de
oouler et que la societe commenca de se rasseoir en Europe ,
chaque peuple se fit au hasard une poesie. Les Espagnols et
les Provencaux imiterent les Arabes, leurs voisins; les Italiens
imiterent les Provencaux ; la France eut ses trouveres emulcs
des troubadours; I'Allemagne et I'Angleterre suivirent ce mou-*
vement. Mais toutes ces nations auraient balbutic bien long-
tems, si les modeles de la lilterature ancienne, ensevelisdepuis
six cents ans dans la poudre des monasteres , n'cussent ete rap-
peles au jour. L'ltalie, encore toute latine, I'ltalie qui recueillit
dans son sein les talens fugitifs de la Grece , devait revenir la
premiere a I'etude des chefs-d'ceuvre de I'autiquite; des que
ces chefs-d'oeuvre lui furentdevoiles, elle ne put y meconnaitre
SUR LE ROltfANTISME. 347
le type du vrai beau ; et dans IVsperauce de remonter a son an-
cienne gloire , elle negligea long-terns I'imitation de la nature
pour ccUe des anciens dont les traditions etoufferent et rem-
placerent piesque chez elle les traditions du moyen age.
Au contraire, chez les Anglais et les Espaguols, eloignesdii
foyer de la renaissance des lettres, I'influence des etudes fut
nioins directe. De vieilles romances, des poemes de toute es-
pece, transmis de bouche en bouclie, avaient echappe aux ra-
vages du tenis. II etait naturel que, pour parler au plus grand
nombre, les poetes de ces contrees, tout en profitant des no-
tions du vrai beau qui Icur etaient revelees par les anciens,
preferassent les traditions nationales a celles des Grecs et des
Remains. C'est ainsi que la lilterature de ces peuples, remar-
quable par la force et par une cerfaine vie qui tient a I'i'.ni-
tation immediate de la nature, est restee enipreinte descarac
teres du moyen age, la rudesse, le desordre , I'exageration, le
bel esprit, et enfin le melange du plaisant et du tragique.
Quant aux rran9ais, peuple railleur et naturellement peu
poetique, tandis que leur litlerature fut iivree a elle-meme ,
ellc ne fut que I'expression de la malice et de la gaiete natio-
tionales. Aussi la poesie serieuse n'a-t-elle laisse parmi nous
aucune tradition populaire. I,e premier poete grave qu'ait eu
la France fut un imitateur fanatique des anciens, Ronsard. 11
en a ete de raeme de tous ceux qui apres lui ont recherche la
noblesse des conceptions et du langage; et maintenant encore,
nos jeunes partisans de la melancolie n'echappent a I'imitation
des anciens qu'en se modelant sur une litterature etrangere.
Le serieux n'est point indigene en France; la poesie comique et
badine est seule populaire parmi nous; scule elle a produit des
chefs-d'oeuvre vraiment originaux. La poesie grave n'est goutee
que des esprits cultives; c'est dans les etudes classiques qu'elle
puise ses inspirations. Les poetes du siccle de Louis XIV, ecri-
vant au milieu d'un peuple rieur pour uno cour grave et ce-
328 OBSERVATIONS
remonieuse, fureiit consfamment domines par la crainte du
ridicule. En empruntant aux Grecs la pompe de leiir mytholo-
gie, aux Roinains la grandeur inhercnte a la forme de leur
gouvernement et a I'etendue de leur domination, il lenr fallut
ecarter des sujets anciens lout ce qu'ils avairnt dc familicr
et de naif. Chaque heros perdit ainsi une partie dc son indi-
vidualite et, pour ainsi dire, de savie; et leiirs pointures,
en devenant plus nobles, devinrent un peu froides. Ces ecri-
vains durent en meme tems appauvrir de jour en jour le dic-
tionnaire, un grand nombre de mots derogeant sans cesse
dans la bouche d'un peuple railleur. Enfin, ils exclurent en
general les sujets moderncs, aticun artifice ne pouvant elever
nos caracleres hisloriques a la dignite requise par le gout du
tenis , h moins de les rendre meconnaissables et de les depouil-
ler par consequent de toute espece de vie. Cependant, des
plaintes ne tarderent pas i s'clever contre cette exclusion.
Voltaire voulut les satisfaire. Mais , averti par son genie, ce
n'est point a I'liistoire , c'est a son imagination qu'il demanda
des heros. Encore les transporta-t-il le plus souvent dans des
contrees lointaines, et Adelaide du Guesclin , la seule de ses
pieces dont la scene soit en France, est la plus faible de toutes.
Je ne parlerai point en detail des nombreuses tentatives qu'on
a faites apres lui pour traitor les sujets modernes dans les
formes et avec la noblesse de Racine. Parmi ces ouvrages, il
en est qui prouvent un grand talent. Mais tous manquent, plus
on moins, de ce grand principe de vie, la verite; et, s'il faut
tout dire, cette noblesse continue du langage, qui a coute
tant de peine a leurs auteurs, me semble etre leur principal
defaut. Les sujets modernes comportent peu la separation des
deux genres, le serieux et le plaisant. Ceci s'applique aussi
bicn a I'epopee qu'au drame, aussi bien a la peinture qu'a la
poesie. Quant a la sculpture dont I'ideal, dont la noblesse est
I'ame, c'est un art antique qui n'est point a I'usage de notre
SUR LE ROMANTISME. 329
liistoire. Notre com^die, nos poenies badins, nos tableaux de
genre sont vrais, populaires et amiisans, parce que le plaisant
et le serieux y sont meles. Nos tragedies, nos poemes epiques,
nos tableaux d'histoire ( sur des sujcts cmpruntes a I'Europe
moderne) sont trop souvent froids et ennuyeux, parce qu'ils
sont sur on seul ton , et que ce ton manque de verite. La litte-
rature moderne n'offre qu'unebrillante exception a cette regie, '
c'cst Jerusalem delU're'e, Encore ce poeme est-il a demi oriental ,
et les peintures voluptuenses dont il abonde servent-elles a
detendre la gravite du sujet. Blais les anciens eux-mcmes ad-
mettaient le naif dans les sujets graves. Or, le naif est le plaisant
d'une societe oil le bel esprit est encore inconnu. Et nous,
peuple rieur par excellence , nous, dont Caton disait deja que
nous ne savions faire que deux choses , debellare et argute lo-
qui, nous battre et faire de I'esprit, nous voulons nous peindre
dans de grands ouvrages d'une imperturbable gravite ! Ce
n'est pas impunement que Ton donne un pareil dementi a I'his-
toire et a la nature. II faut opter enfin : ou retourncr aux
sujets anciens et orientaux; ou, si , eu effet, le gout actuel
demande des sujets empruntes a nos annalcs, nous conformer
a la verite en admettant un drame mixte qui embrasse toutes
les conditions de la societe et tous les tons du langage. En un
mot, la tragedie de genre me parak etre, comme le tableau de
genre, im besoin intellectuel de notre tems.
Dans ce poeme nouveau, les personnages pourront s'elever
■quelquefois jusqu'a I'ideal le plus noble; mais ils descendront
le plus souvent au ton du drame, et meme de la comedie sati-
rique. On s'elevera beaucoup centre ce melange du noble et
du familier, du rire et des pleurs. On opposera toutes les lois
du gout; celles de la necessite sont plus fortes. En definitive,
si I'ensemble perd a ce systeme , les details y gagueront; ils
serout plus vrais, plus instructifs et moins souvent ennuyeux.
f.e genre n'exclut point les deux unites, et il iroporte aux plai-
33o OBSERVATIONS SUR LE ROMANTISME.
sirs dii public que I'on s"y confoime le plus possible. Seuie-
ment, comme les sujets modernes sont infmiment plus conipli-
ques que les sujets anciens, il faudra bien accoider a cet egaid
quelque licence , licentia sumpta piulenter. Quant au style ,
tout beau vers qui ne sort pas du caiacterc et de la situation,
tout ornement qui decele le poete, doit etre evite comme un
defaut grave dans un drame donl les personnages nesont pas
poetiques. Mais le vers doit etre conserve ; seul il pent donner
a la pensee toutc I'energie qui lui est proprc et la graver dans
1 esprit des spectateiirs; il tempere ce qu'une illusion complete
a parfois de trop penible ; et il se prete d'ailleurs a tons les
tons. Moliere n'a-t-il pas ecrit en vers ? Le modele du style
convenable ;"> la tragedie moderne se trouve dans differens
morceaux de Corneille, de Racine, de Shakespeare, de Schiller,
de Moliere. C'est an poete a les rassembler pour en faire un
tissu.
Tels sont, je crois, les principes qui doivent prevaloir au-
jourd'hui au theatre. Mais, quelque evidens qu'iis paraissent,
ils pourront toujours etre contcstes, tant qu'un homme de
genie ne viendra point leur donner la vie par ses creations. II
faut, de plus, que cet homme de genie ne s'asservisse aux pre-
juges d'aucun parti, que la censure ne mutile pas ses ouvrages,
que les comites de lecture veuillent bien les recevoir et les co-
mudiens les jouer. Pent -etre le public, ennuye de tant de
pompeuses declamations, se deciderait-il a les applandir (i).
Chauvet.
(i) Voy. ci-apres, a la section du Bulletin bibliographique , divi-
sion Litteraiure, le compte rendu d'un ouvrage luMule : Essai sur
la l.i'uerature romanticjiie.
II. ANALYSES D'OUVRAGES.
SCIENCES PHYSIQUES.
Statistiqce des provinces de Savone, d'Oneille ,
d'Acqui et de Mo-fiDoyi ^ formant Vancien departe-
ment de Montenotte, avec une carte et des pla/is ;
par M. le comte de Chabrol de Volvic (i).
M. le comte de Chabrol de Volvic, qui a exerce, pendant
plusieurs annees, les fonctions de prefet dans I'ancien departe-
inent de Montenotte , vient de publier un grand ouvrage sur
la statistique de ce departement. Place a la tete de I'adminis-
tration de ce pays, il a pu recueillir, sur son ctat et ses res-
sources, des notions exactes et precises, a la recherche des-
quelles son goutparticulier et ses habitudes I'appel-iient. Ainsi,
Ic titre de I'ouvrage et le nom de son auteur inspirent une
juste confiance sur I'exaclitude des faits dont il contient I'ex-
pose, sur la justesse des vues qui y sont developpees et sur
I'utilite des connaissances qu'il pent repandre.
L'ouvrage est divise en six chapitres : — Le premier traite
de la topographic du departement de Montenotte ; — le
deuxieme,de sz. population; — le troisieme, de son histoire et
de son administration ; — le quatrieme , de son agriculture ;
— Le cinquieme, de son Industrie ; — enfin, le sixieme et der-
nier chapitre traite de son commerce par mer et par terre.
Nous aliens essayer de donner une idee succincte des divers
objets mentionnes sous chacun de ces litres.
(i) Paris , iSsq. 2 vol. in-8° ; de I'imprimerie de Jules Didot,
33a SCIENCES PHYSIQUES.
La topographic physique (hi (Icpartcnient de Mnntenotlc
sert d'iritrodiiction au premier chapitre. L'aiiteur y indiquc Ic
gissement des contreforts les phis eleves qui, partant du pied
des Alpcs, forment, pour ainsi dire, la racine des monts Apcn-
nins et separent I'anciennc Liguric , au midi, des vallees oii
coulont vers le nord le Tanaro ct la Bormida. II decrit ces
couransprincipaux, les affliieiis qu'ils recoivent, etles torreiis
qui se precipitent du cole oppose dans le golfe de Genes. Un
premier apercu des divers zones de culture (jui partageut le
territoire du departement, complete I'indication des caracteres
exterieurs qu'il presente. Penetrant ensuite au-dessous du sol,
I'auteur indique, a partir de la crele des Apennins, les roches
de diverses natures, les marbres, les bancs de picrre calcaire
et les autres substances niinerales qui encomposent, en quel-
quesorie, I'ossature. Des amas d'argile, provenantde la decom-
position de certaincs roches micacees que les torrens ont en-
trainees sur le bord de la mer, bcrvent sur la cote a la confec-
tion de poteries grossieres, landis que des poudingues formes.
de fragmens (Je roches primitives provenant du sommct des
Apennins, se trouvent amonceles au debouche- des vallees
supericuies qui en descendent, jusqu'aux cols phis ou moius
eleves oi', ces vallees se reunissent ; il se trouve au-dessous
de ces poudingues im filon de houille actuellement en exploi-
tation. Que'ques mines do fer en roche, des indices de mines
de cuivre et de plomb annoncent que d'autres richesses mine-
rales pourraient egaiement ctre exploitees sur le versant me-
ridional des Apennins. En descendant le versant oppose, Ion
rencontre dans les escarpemens qui bordent les vallees du
Tanaro et de la Bormida, ainsi que leurs vallons collateraux,
une multitude de marbres de durete et d(? couleurs diffe-
rentes, dont quclques-uns deja mis en ceuvre dans les villes
voisincs pourraient devenir I'objet d'une exploitation avanta-
j^fuse au pays, s'il etait perci' de routes qui en rcndissent le
SCIENCES PHYSIQUES. 333
transport facile. C'est aiissi sur ce meme revers septentrio-
nal, qui est generalement tres-boise, que plusieurs forges
sont en activite. La vallce do la Dormida est remarquable ,
dans les environs tl'^t la France. II
n'y avait, en i8ia, dans tout le departement, que deux niai-
sons d'education pour les jeunes filles, et Ton n'y instruisait
que 64 eleves, tant pensionnaires qu'externes. Lesetablissemens
destines a I'education des hommes n'etaient guere plus fre-
quentes. 14 colleges ne comptaient qua 1,069 etudians; ce n'est
environ que la i36* partie de toute la population male du
pays. II est vrai que rinstruction gratuite y etait bien peu
encouragee, puisque le revenu total de ces 14 colleges ne s'e-
levait qu'a 82,000 francs environ. II n'en etait pas ainsi de
certaines autres institutions, et notamment des confreries qui,
comme on sait, etaient en grande veneration en Ligurie et en
Piemont. M. de Chabrol , qui a decrit quelques-unes de leurs
pratiques, et qui a eu I'occasion de voir combien les droits de
preseance qu'elles ambitionnaient faisaient naitre de contesta-
tions eutre elles, en compte dans les quatre arrondissemens
jusqu'a 446, dont le revenu et les depenses extraordinaires
montaient annuellement ^ plus de 102,000 francs. Aussi, le
nombre de leurs membres s'elevait-il a plus de 74,000,
c'est-a-dire , a plus de la moitie du nombre d'honimes com-
posant la population entiere du departement.
Son administration civile et miiitaire, et son etat maritime
sont, dans Touvrage, aiitant d'objets d'articles separcs. L'au-
teur y traite ensuite, avectoule I'etendueque le sujetcomporte,
de I'ordre judiciaire sous les divers gouvernemens qui se sont
SCIENCES PHYSIQUES. 339
succede dans cette partitvlt; I'ltalie. II passe enfiii an detail des
contributions directes et indircctes; il en presente les produits
dans differens tableaux, desquels il resulte que, depuis 1807
juscju'en 181 1 inclusivement, les recettes, y compris celles
des douanes et de la regie des sels et des tabacs, se sont ele-
vees a 14,169,818 fr. , et les paiemens faits dans le departe-
ment a i2,i34,o3o fr. Ainsi, il n'y a eu de numeraire exporte
pendant cet intervalle de terns que pour une v&leur de
2,035,787 fr.
Les prisons et les hopitaux forment encore deux articles
importans du meme chapitre. En reflechissanl sur Taction de la
justice en matiere criminelle, et encomparant I'etat des prisons,
anterieurement a la reunion de ce pays a la France, a I'etat
dans lequel elles ont ete laissees en i8i2,on est conduit a ap-
precier une multitude d'ameliorations dues a I'administration
eclairee de I'auleur. Quelques details sur le mont de piete de
Savone et sur le taux commun de I'interet de I'argent terminent
le III* chapitre de son ouvrage.
Le chapitre suivant est consacre a faire connaitre I'etat de
I'agriculture dans le departement de Montenotte. C'est en Li-
gurie surtout que Ton remarque les prodiges du travail et de
la patience pour subjugucr un sol rebelle. Les escarpemens
des montagnes ont ete abaisses ettransformes en une multitude
de terrasses accessibles au cultivateur, qui recueille sur toutes
ces especes de |)late-formes les plus precieuses productions.
La partie piemontaise du departement ne presente pas le
ni^me spectacle. Sur un territoire plus vaste, et voisin d'une
plainc fertile, le laboureur ne recolte pas le hie necessaire a la
subsistance du pays. Quand le maiis n'y supplee pas, il faut
donner , en echange du grain dont on manque, les produits du
murier et de la vigne qu'une industrie assez active a multiplies
sur les coUines favorables a leur culture. Nullepart les propiie-
tes ne sont plus divisces : elles se louent a des colons, soit pour
34o SCIENCES PHYSIQUES.
Ics deux tiers, soit pour la moitie dc Icurs fruits; les b'.-stiavix
neccssaires a I'exploitation des tcrres appartiennent au colon
qui les nourrit. Les labours se font a la charrue , ou a la beche,
quand les terrains ne sont point assez larges : ils sont clos par
des murs sur le littoral, et par de petites liaies sur le revers
oppose, quoique, en jjeneral, il y ait pou de terrains enclos de
ce cote. Nous regrettons de no pouvoir suivre I'auteur dans les
details qu'il donne sur les diverses cultures, sur les plantes
nuisibles qui en allerent les revenus, sur les engrais, I'assole-
raent , les jacheres, les instrumens aratoires, les semaillesdu
ble, du mais et du chanvre, les maladies de ces grains, leurs
recoltes et leur battage. Il decrit fort au long la cultnre des
oliviers, quiremonte, dansl'arrondissement de Savone, au com-
mencement du XII* siecle. Il signale les vents d'ouragan , la
gclee, la neige, les eboulemens de terrain, ct surtout le ver
des oliviers, comme autant de fieaux qui rendent incerlains les
produits de ces arbres. La recolte des olives, la fabrication de
I'huile , la construction des moulins employes k celte fabrica-
tion sont autant d'objets sur lesquels I'auteur fournit des ren-
seignemens curieux. Deduction faite de la consommation inte-
rieure et des frais de culture des oliviers, il porte a 3 millions
de francs le benefice que le departement en retire annuelle-
ment : somme considerable sans doute, mais dontleshabitans
ont besoin pour acqnitter la plnpart des objets de luxe et d'a-
grement qu'ils sont obliges de tirer de I'etranger.
Les meilleures huiles du departement de Monlenotte sont
connues en Europe sous le nom A' huiles du Port- Maurice, parce
que ce port est le point central du commerce qui s'en fait.
Les jardins de cet arrondissement et de celui de Savone pro-
duiscnt des arbres remarquables pour la delicatesse de leurs
fruits, parnii lesquels les peches et les figues sont les plus es-
times.
Les oranges et les citrons de diverses sortes se recueillent en
SCIENtlES PHYSIQUES. 34 1
abondance siir toiite la cote de la riviere de Genes, et notam-
ment a Finale et dans les environs. M. de Chabrol n'evaliie
cependant qu'a 3o,ooo francs les benefices de cette culture.
Le chataignier est iin arbre productif pour le departement
de Montenotte , sous le double rapport d'arbre forestier et
d'arbre a fruit. L'auteur distingue les differentes cs))^ces de
chAtaignes que Ton y recueille ; elles servent a la nourriture
de seshabitans, soit fraiches, soil apres avoir ete sechees sui-
vant un precede qu'il expose.
On salt que le murier n'a ete importe de la Chine en Europe
que sous I'empire de Justinien, au vii* siecle. La culture de cet
arbre I'a prodigieusement muUiplie dans la Ligurie et le
Piemont; elle y merite une attention particuliere. L'auteur la
decrit avec detail. Tons les champs des arrondissemens de
Ceva et X Acqui sont hordes de muriers; certains terrains en
sont entierenient plantes; et, comme le revenu de ces arbres
n'est autre chose que le produit des vers a soie qu'ils nourris-
sent, M. de Chabrol a consacre un article a cet objet. Quinze
niyriagrammes de feuilles de murier produisent, en general, un
niyriagramme de cocons. Le departement en fournit, annee
commune, environ 53 mille myriagrammes, qui, au prix de
a4 francs I'un , donnent un produit brut de i, 280,000 fr.
Quelques rcnseignemeus sur la culture de la vigne ferminent
ceux que l'auteur a donnes sur la culture des arbres utiles qui
croissent dans le departement de Montenolte. Les vins recolles
aux environs de Savone suffisent a la consommation des habi-
tans de cet arrondissement; celui de Port-Maurice n'en re-
cueille point assez , et tire de France et de I'arrondissement de
Ceva le supplement dont il a besoin. Ce dernier arrondissement
et celui A'Acqui echangent I'excedaut de leurs vins contre les
bles qui leur manquent.
D'apres ce qui a ete dit de la constitution du sol et de la dif-
ference d'exposition des divers cantons du departement dc
342 SCIENCES PHYSIQUES.
Montenotte , on concoit que toutes les teries labourablos cloi-
■vent difforcr entre elles, tantpar Ics procedes que par les pro-
duits de leur culture. Les plus productives en blu sont celles
qu'on laboure a la pioche, sous la vigne et I'olivier; le rap-
port de la semence a la recoltc y est ordinairemenl dc i a 7.
II n'est moycnnenient que de i a 5 dans les autrcs terres dii
departcmcnt. Aussi, tire-t-ildu dehors environ les trois quarts
du ble necessaire a sa consommation.
Le mais rapporte 1 20 pour un , dans les terres a froment de
quelques cantons des arrondisseniens de Ccva et tl^'Acqui, les
seuls ou on le cultive.
Les cretes des montagnes qui separent la Ligurie du Pie-
inont, et leur versant septentrional, presentent dans plusieurs
cantons des pres naturels. On ne les ameliore par des irriga-
tions que dans Tarrondissement de Ceva , sur les rives de la
Bormida et du Tanaro; on a commence a former des pres ar-
lificiels dans rarrondissement Cl Acqui ; on y seme le trefle et
le sain-foin sur le froment et le seigle. Dans les autres contrees
du deparlement, les prairies artiliciellcs sont entierement in-
connues.
L'arrondissement de Savone et ceini de Port - Maurice sont
assez fertiles en chanvre. On le cultive aussi avcc succes ,
mais en beaucoup nioindre quantite, dans l'arrondissement
de Ceva.
Les montagnes de la Ligurie etaient autrefois couvertcs de
bois; il n'en existe plus guere aujourd'hui que sur leur revcrs
septentrional. Leur supcrficie totalc est de 108,759 hectares;
les essences qui les composent se borneiit a dix : le chene et ses
varietes, le helre , le charme, I'orme et ses varietcs , le frenc ,
le chataignier , le peuplier , le sapin , le pin et le melcsc-
Le manque de prairies artificielles s'oppose a la multiplica-
linn du betail ct des animaux domestiques dans le pays. Les
cbevaux y di'-gi'nerent ; on n'y en complail que 52o, en 1812.
SCIENCSS PHYSIQUES. 343
Le nombre des mulets y etait de 2,5oo environ. lis -viennent
des Pyrenees, de I'inlerieur de la France et de la Suisse.
Quant aux boeufs et aux vaches, le nombre en est evalue a 16
ou 17 mille. Mais I'espece du pays, qui est la plus repandue ,
est de tres-petite taille ; chaque individu, lorsqu'on le vendau
boucher, ne pesant guere que aSo kilogrammes. On en estime
le produit a 85o,484 francs ; celui des pores est un peu plus
considerable; enfin, quoique les montons et les brebis soient
I'espece de betail dont le departement est le moins depourvu ,
leur produit en laine, en laitage, et en chair pour les bouche-
ries ne s'eleve qu'a 292,064 francs.
Apres avoir indique les differentes especes de chasses qui se
font dans le departement de Montenotte, I'auteur indique les
diverses peclies auxquelles on se livre sur ses cotes. Outre celles
du thon, des sardines, des anchois et du maquereau, la peche
du corail y a occupe quelques bateaux, en 181 1 , dans les en-
virons du cap de Noli. L'auteur passe ensiiite auxmoulins,
usines, et maisons d'habitations du departement, dont il eva-
lue tout le revcnu imposable a i,i38,3i5 francs.
Enfin, il presente dans un tableau detaille le resume des di-
vers produits de I'agriculture et des proprietes territoriales de
toute espefce. II porte leur evaluation en argent a 27,272,969 f.;
laquelle , deduction faite des frais d'exploitation , se reduit h
13,827,426 fr. D'un autre cote, il evalue la consommation des
habitans, en nourriture, combustibles, vetemens et objets de
luxe, a 37,639,128 francs. Ainsi, elle surpasse de beaucoup la
valeur des productions du 60I; c'est, par consequent, dans
I'exercice de leur industrie et dans les profits du commerce au-
quel ils se livrent que les habitans doivent trouver I'excedant
des fonds dont ils ont besoin pour solder le prix d'une partie
de leurs consomniations.
Le chapitre v*^ de I'ouvrage traile de Tindustrie. Quels que
soicnl les objets des trois regnes auxquels elle s'applique , elle
344 SCIENCES PHYSIQUES,
est, en general, fort pen avancee dans le departement tie Mon-
tenolte. Entrant en matiere par le regne mineral, raiiteur
parle d'abord de Texploitation des carrieres de pierre calcaire,
de I'exlraction des pierres meulieres, des marbres, du platre,
de la chaux ct de la houille. Cette dernicre substance pouvant
devenir un jour iine source de richesse pour le departement,
I'auteur a cru devoir s'etendre davantage dans I'article ou il
en est question. II decrit ensuite la fabrication des poteries
communes des environs de Savone. Un debit immense garantit
depuis long-tcms Texistence et la prosperite de ces fabriques,
d'ou il sort annuellement 1,200,000 douzaines de pieces que
Ton debite en France, en Piemont , dans le Mont-Fcrrat, la
Toscane, la Corse et la Sardaigne. On en expedie meme a Tu-
nis et dans le Levant. Cette branche d'industrie soutient
2,170 ouvriers.
Les tuileries et les briqueteries viennent apres les fabriques
de vases de terre. On y entretient en activite i5 fours, qui cui-
sent environ 5,o5o,ooobriquesparannee. 474 ouvriers trouvent
du travail dans ces briqueteries, sans compter les bucherons
et d'auUes journaliers quicoupent, ramassent, et transportent
le bois qui sert de combustible. Les verreries A'Alture, situees
k trois lieues de Savone sur la nouvelle route du Piemont, oc-
cupent constamment une population de 1,000 a 1,200 individus.
La profession de verrier etait, dans ce pays comme dans quel-
ques autres, une profession privilegiee, qui avait ses statuts
auxquels chacun des membres de la corporation etait tenu
rigoureusement de s'assujetir.
On ne travaille aujourd'hui dans les verreries A' Jlture (\uh
la refonte des cassons de vicux verre, et cela a defaut de ma-
tieres premieres, que Ton se procure difficilement, et qui sont
d'un prix eleve.
Les produits de ces verreries qui n'etaient point vendus
SCIENCES PHYSIQUES. 345
dans le pays, etaient transportes a Alexandrie, k Genes, a
Nice et a Turin.
Les forges etablies suf pliisieurs points du departenient sont
aiissi dccrites par rauteiir. II rappelle les epoqnes de leur eta-
blissement; il en fait I'enunieraUon , en apprecie la valeur; il
indiqne le mode de leur administralion, le nonibre et la ma-
niere de vivre des forgerons. Les procedes de la fabrication
du fer sont ici les memes que ceux des forges a la catalane. La
mine que Ton y traite vient de I'ile d'Elbe; elle est melee avec
un 3o* de son poids, de fer coule , et un Bo" de ferraille; on
obiient, par le traitement de ce melange, un fer tres - ductile
(]ui pourrait le disputer en qualite a tous les fers connus, mais
qui a I'lnconvenient d'etre cassant a chaud. M. de Chabrol n'e-
value qii'a 619,820 fr. le benefice que le departement retire du
fer qui s'y fabriqiie, quoitjiie le nombre des forges y soit de
56; il n'y existe d'ailJeurs qu'un seul atelier de produits chi-
miques; c'est ime petite fabrique de sulfate de cuivre etablie a
Savone, et donton ne retire annuellement qu'un benefice d'en-
viron 7,000 fr.
Le tissage des toiles de chanvre et de cotoii pour la voilure
des navires et Thabillement de la population forme la prin-
cipale branche d'industrie exercee sur des matieres vegctales.
Les chantiers de construction des arrondissemcns de Savone
et de Port - Maurice , quelques corderies et la fabrication des
filets pour la peche en entretiennent d'autres branches moins
productives.
Des scieries a eau, oii Ton transforme en planches, en dou-
ves, et en fonds de tonneaux , des troncs de chataignier , de
hetre, d'aulne et de sapin , sont etablies dans quelques cantons
niontagneux du departement. Ces usines ne coiitent guere que
2,000 fr. chacune. Aussi, n'y niet-on en osuvre que des pro-
cedes grossiers. La mouture des grains et des olives, quelques
3/, 6 SCIENCES PHYSIQUES.
(abriqiies tie pates d'Ilal>e , tie papier, et de cartes a jouer,
sont un pen plus importantes.
Quant a rindustric qui s'exerce sur Ics maticres animalcs ,
rauteur iudique d'abord la filature des cocons et les mouiins
a soic , conime produisant ensemble un benefice annuel de
''20,671 fr.
II indique ensuite deux fabriques de n et d'Jcqui, objet d'an com-
merce peu important , dont les principaux debouches sont
Genes, Turin, Milan et quelques villes d'Allemagne. Les prin-
cipaux articles du commerce d'importation sont le sel, le viu
et le ble. Le premier de ces articles s'olevait a 1 o,5oo tonneaux;
le second , a 10 ou 12,000 ; le troisieme , a 6,000. On tire le
vin du Languedoc et de la Provence. Les bles sc tirent de la
Sicile et de Naples, de menie que les chiffons de laine qui ser-
vent d'engrais aux plants d'oliviers. Les poissons sales , et no-
lamment la morue formaient un tonnage d'importation de
3,200 tonneaux. Les habitans du departement s'approvision-
nent a Genes de draps de France et de Hollande.
Quoique le commerce de transport par terre qui se fait dc
la Ligurie en Piemont soit encore moins considerable que le
commerce par mer dont il vient d'etre parle, il n'en doit pas
moins figurer parmi les ricliesses du departement de Monte-
notte. L'ixnportation en Piemont sc composait de 14,987 ton-
neaux de marchandises , dont I'auteur donne le tableau.
L'importatiijn en Ligurie ne consistait qu'en 9,8Go tonneaux.
Ces transports sont clfectues, au moyen de i,>
L'auteur s'attache a faire connaitre des ecoles fondees par
le gouvcrnement autrichien pour former des sous-ofiiciers de
tous les Ills de soldats. Cette institution, dit-il, parait iinitee
de la republique de Piaton; et en effct, les details dans les-
quels it entre donnent une haute idee de ces ecoles, bien supe-
rieures a I'ccole du meme genre qui subsista quelque terns en
France, et dont on cprouve le besoin.
Comnie administrateur, M. Odier peut avoir souvent raison,
sans que les conclusions auxquelles il arrive soient plus ad-
missiblcs. En faisant renumeration des etablissemens qui nous
manquent, il se plaint de ce que plusieurs commandans mili-
taires sont loges dans des maisons a loyer, plutot que dans
des edifices appartenans a I'Etat; mais, avant de construire
des edifices pour cette destination, il faudrait examiner scru-
puleusenient si ces commandemens militaires ne sont pas un
luxe inutile, et meme incommode : il faudrait que I'organisa-
tion de I'armee et celle des etablissemens qu'elle suppose fussent
etablies sur des bases fixes; ce qui n'aura lieu que lorsque nous
serons plus pres de I'organisatiou sociale qui nous convient
le mieux. Notre situation presente n'est que preparatoire;
attendons, pour batir, que nous soyons etablis a demeure.
L'histoire des institutions militaires des Grecs et des Ro-
mains est tracee rapidement ; l'auteur s'arrcte plus long-tems
sur celles de la France. II expose avec assez de details les
reformes introduites et les institutions creees sous le minis-
tere de Le Voyer d'Argenson , I'un des plus habiles ministres
de la guerre que la France ait eus, quoiqu'il ne fut pas mi-
litaire. Nous devonsle dire, on trouvera, dans cette par tie de
I'ouvrage, des maximes contraires k I'egalite des droits con-
ET POLITIQUES. 355
sacree par I'acte le plus solennel et par les sermens les plus
inviolables, et des opinions qui, certainement, n'etaient pas
cellos de I'auteur; car, en revenant ailleurs sur les niemes
idees, 11 est d'accord avec tous les hommes de bien et de
sens, avec les Francais dignes de ce nom, tt capables de lui
faire honneur. La nature et le but de cet ouvrage ne lui per-
mettaient pas de discuter la grande et difficile question de
la permanence des arrriees ; il la regarde conime resolue,
et ne pense point que les nations puissent conserver leur
independance autrement que par de puissantes armees per-
manentes.
M. Odier consacre une grande partie de son premier volume
au recrutement : il fait remarquer des inconvenieus , et memo
quelques imperfections dans les lois, les ordonnances et les
instructions sur cette partie essentielle de I'administration mi-
litaire. II n'acheve point cet examen critique, dont quelques
i"echerches n'appartiennent pas a son sujet; il se borne, comme
il le devait, aux considerations qui peuvent eclairer Taction
administrative. Dans ce qui 'est relatif au recrutement , les
fonctions confiees a I'autorite civile nianquent souvent de
guide, contre le vceu de la loi et du gouvernement; le sort
des citoyens depend quelquefois d'une decision tout-a-fait arbi-
traire : radministrateur le plus integre ne peut avoir la certi-
tude qu'il a i-empli les devoirs que lui imposaient les lois , la
justice et I'humanite. C'est principalement lorsqu'il s'agit de
statuer sur les exemptions de service militaire, que sa cons-
cience est embarrassee. Mais I'erreur la plus grave que le legis-
lateur ait commise dans la loi du recrutement, c'est d'avoir
confie au hasard la repartition du plus onereux de tous les
impots; et cette injustice, loin d'etre reparee par quelques
dispositions ulterieures, est, au contraire, aggravee par la loi
sur le service; des veterans. Admettre les decisions par la voie
du sort, c'est renoncer a I'usage du raisonnement, et par con-
556 SCIENCES MORALES
si'qvieiit ix la justice, qui n'est autre chose que ia veriie e»
matiere de droit, et que I'ou »c peut d^couvrir qu'avec una
raisou saint* et exercee. On a rccours a ce moycn de choix
aveugle, dans Ics cas ou I'inteHigence troublee, inipuissante,
ne scrt plus do guide aux honimcs; lorsqu'il s'agit dc designer
des victimcs et de les iminoler ; mais , dans les terns calmes ,
un gouverncment eclaire ne tiendra point una conduite que les-
plus grands perils peuvent sculs faire excuser aux yeux de la
raison; ou , s'il ne peut eviter qu'une partie des charges pu-
bliques ne soient supportees que par un petit noinbre de
citoyens, il compcnsera cette inegale repartition par une equi-
table indemnite. Introduire le tirage au sort dans les lois,
c'est, il est vrai , se donncr a pen de frais une apparcnce d'im-
partialite; c'est consacrer des habitudes ancicnnes, univer-
selles, et qui ne sont blamees que par le bon sens; mais c'est
aussi interdire aux generations futures de faire par le raison-
nement ce qui est du ressort de la raison. De telles dispositions
legislatives ameneront le changement de la loi , si les sciences
morales et politiques ne sont pas retenues dans une enfance
perpetuelle.
Le recrutement et les lois qui le conceruent sont dans I'un
des cas assez nombreux ou la tache du legislateur ne peut etre
bien remplie , ou les contradictions legislatives decelent inevi-
tablement les vices de I'organisation sociale qui a fourni les
donnees de ^a legislation. Une bonne constitution politique est
toute fondce sur des verites; les consequences qui en derivent
forment un ensemble dont toutes les parties sont bien liees;
naais, en partant de iirincipes faux, plus le raisonnement est
exact, plus les consequences se contredisent entre elles, et plus
Verreur devient sensible. Dans un etat nial constitue, les meil-
leures lois sont celles qui se rapprochent le plus de la morale
universelle, source unique et pure de tout le bien que la po-
latique peut faire a rhumanite. Lorsque la constitution s'obs-
ET POLITIQUES. 35?
tine k conserver ses imperfections et veut rester stationnairc .
il faut au moins que la legislation la precede; mais il vau-
drait mieux pour les peuples que les lois fussent en arriere d<*
I'organisation sociale, lorsqu'il n'est pas possible de les faire
marcher ensemble. Parmi les fitats monarchiques , I'Angleterre
nous offre une preuve irrecusable de cette verite.
Pour mfittre nos lecteurs en etat d'apprecier la redaction
d'un ouvrage aussi etendu que celui-ci, analysons avec quel-
ques details I'un des livres les plus importans : nous choisis-
sons le cinquieme , qui traite de ['organisation , sujet mixte
qui n'appartient pas tout entier a I'administration , et ou ce
mot est pris dans le sens le plus general qii'on puisse lui
donner.
« En parlant de I'organisation, mon dessein est moins d<*
faire connaitre le materiel de I'operation, que d'appeler I'at-
tention. sur des siijets plus graves. II s'agit de I'art de disposer
les peuples a la guerre, et de former des soldats; puis, de
I'art de former des armees actives, et de les maiirfenir dans
toute leur force. Faire un regiment et le dissoudre sont
des operations que chacxm Conceit , et dont oh est snfli-
samment instruit par la connaissance de quelques details. »
Apr^s ce debut, I'auteur passe a des considera(tions generales
sur I'organisation des armees. fen parcourant I'histoire raiJi-
taire depuis la plus haute antiqnite jusqu'a nos jours , il fait
voir que les succe§ des armees ont toujours dependu de deux
conditions : « la premiere, former les hommes aii metier des
armes; la seconde, ne pas contrarier leur genie Oir leuiS pen-
chanfs dans la raahlere de contibattre. »
Lorsquc les Romains etaient darts la necessite d'effrolel- des
esclaves, ils commencaient par les affranchir. Partout, et dans
tdxxi les terns, on a seriti la necessite de ne composer' les arm^fes
t(ix(: de citoyeris, eScepte en Rnssie oii le' Serf, eh devenaht
■*o!dat, ne fait que chaiiger de Serviftide. « Eft pyuisfi', lo'rgquc
358 SCIENCES MORALES
ce pays opprinie par les Francais songea u soitir de leur dc-
pendance, de sages reforraes poliliques vinrent resserrer les
nceuds entre le peiiple et le gouvernenicnt , et chaque annee fut
marquee par des progres importans vers la liberte, depuis Ic
moment ou nos armees s'approcherent de la Prusse, jusqu'au
moment ou ellcs I'abandonnerent. On comptait , en Prusse , un
noble pour 5oo habitans, et Frederic, qui ne savait que faire
de cette noblesse generalement pauvre, I'avait dotee de tous les
emplois militaires. Un statiit de 1806 admit a ces emplois tous
les habitans du royaume. En 1807 , on avait vu ce que pent la
liberte sur le moindre soldat francais ; le servage fut aboli pour
tous les Prussiens. En 1808 , on donna a lu Prusse une organisa-
tion municipale. En 1810 , on abolit toute exemption des charges
publiques ; on supprima les maitrises et les corvees. EnGn , en
1 8 1 a , parut cette organisation militaire par laquelle tout Prus-
sien etait , rigoureusement et sans distinction , soldat pendant
trois ans dans les troupes de ligne, puis dans la landwekr ,
pendant d^ ans , et dans la landsturm (sorte le d'arriere-ban ou
demiere reserve ) pendant dix autres anntes. Les Francais ,
alors maitres du pays , ne virent pas s'eiever derrieie eux cet
orage. Les ameliorations politiques nous avertissaient que la
Prusse augmentai*t le nombre de ses citoyens; I'organisation
militaire , qu'il s'y faisait des soldals : ce furent des avis
perdus. On continua \ trailer les peoples en esclaves , tout eo
les laissant ressaisir la discipline et les armes. »
D'autres peuples, dit M. Odier, ont employe contre nous
differentes sortes de fanatisme, et n'ont pas moins bien reussi
que les Prussiens au nom de la liberte; mais les meilleurs sol-
dats furent et seront toujours les meilleurs citoyens. Pour
conserver aux armees I'esprit et la force qui garantissent la
surete, I'independance et I'honneur des etats, qu'on leur donne
une patrie qui merite leur amour et leur devouement. Do tous
les sentimens qui peuvent influer sur le courage, aucun ne pent
ET POLITIQUES. 359
duiei aussi long-tems, et n'opera d'aussi grands prodiges que
le patriotisme.
La constitution politique influe sans doute sur le caractere
de la nation quelle gouverne ; mais son action se combine avec
celle d'autres causes nioins apparentes et moins connues. En
parlant du caractere du soldat francais , notre auteur cite cette
pensee de Montesquieu : On n'aurait pas plus tire parti d'un
Spartiate en I'amusojit , qit'on ne tirerait parti d'un Francais.
en tennuyant. Un Spartiate eut peut-etre reclame contte cette
assertion : on riait a Lacedemone aussi bien qu'ailleurs; on y
perdait aussi du terns a la recherche du plaisir, on y scntait
le besoin d'etre amuse ; car le legislateur a\ait procure aux ci-
toyens plus de loisir qu'ils ne pouvaient en employer utilement
pour eux-memes et pour I'Etat. II y a, dans cette pensee de,
Montesquieu, plus d'esprit que de justesse.
« Je crois, dit notre auteur, que les Franrais sont encore,
tels que Cesar les avait peints : generalement plus redoutables
dans I'invasion que dans la defense; plus habiles dans une
guerre de postes q.ue dans une guerre de plaine; mais, sans
contredit , ils sont les premiers soldats de I'univers. « Les Fran-
cais d'aujourd'hui ne sont plus les Gaulois observes par Cesar,
mais un melange de Remains et de Francs a^ec la population
indigene des Gaules. Le caractere primitif de cette population a
du subir des changemens , apres deux conquetes , des revolutions
et vingt siecles. Quant a Teloge de nos soldats, nous n'avons,
garde de le contester ; mais nous aimerions mieux le lire dans
les ouvragesides etrangers. Mais, ce n'est pas seulement a ses
compatriotes que M. Odier sait rendre justice : voici comme il
parle des armees de I'Autriche. « Bien des personnes ont ete
frappees d'admiration , en voyant I'armee autrichienne , dix fois
detruite , renaitre de ses cendres, et dix fois se montrant grande,
imposante , representer digneraent cette antique monarchic dans
le eongres de nos ennemis. «
tSo SClENCtS MORALES
Apres un resume rapide des principes et des fails exposes
dans ce livre, I'auteur en deduit les picceptes de pratique dont
ils sont la base et la preuve. Tons les livres sont traites aveo le
meme soin, et avec plus on moins d'etendue, soil en raison de
rimportance des sujets, soit i\ cause de leur complication et des
developpemens qu'ils exigent. M. Odier s'attaclie surtout au
regime interieur de larraee, a la subordination, a la distribu-
tion des pouvolrs. II leur consacrc tout le second volume ; il
distingue, suivant I'usage, deux choses qui ne devraient point
etre separees, le grade et la fonction : dans un etat ofi tout se-
rait a sa veritable place, il n'y aurait que des fonctions. Celles
qui sont exercees aux armees sont au nombre de quatre :
commander , administrer , faire la police, rendre la justice. \,e:^
questions relatives A I'obeissance passive, ;\ I'avancement , aux
droits de I'anciennete et du clioix, ne sont abordees qu'avec
circonspection : on sent que I'auteur n'a pas pu tout dire, et
peut-etre en a-t-il assez dit sur cette matiere, que I'oh ne peut
approfondir, non plus que celle du rccrutement, sans mettre k
decouvert quelques vices des constitutions politiques actuelles,
sans ftiire connaitre des maux que Ton ne peut guerir ni sou-
lager, et qui souvent, devienncnt plus graves lorsque Ton y
touche. Ce qu'on lit dans cet ouvrage sur Tc'-tat civil et politique
des militaires ne sera pas generalement admis comme vrai;
mais il faut se rappeler que I'auteur devait exposer ce qui est,
avant de se livrer a des discussions sur ce qui devrait etre.
Le troisieme -volume est consacre aux finances des armees ,
aux recettes et aux depenses et it. la comptabilite : c'est beau-
coup de choses , en raison de I'espacc qui doit les contenir. II
nous serait impossible de suivre I'auteur dans I'enumeration de
tant d'objets divers , dont I'importance ne deguise point I'ari-
dite. Le volume suivant, le quatrieme , n'est pas moins varie,
ni moins abondant , mais I'etudc en est moins penible , parce
que I'auteur y admet I'esprit philosophique auquel le sujet
ET POLITIQUKS. '36 1
convient parfaitement; il s'agit de la police et de la justice mi-
litaires , des recompenses et des punitions , des tribunaux et de
la procedure. Au chapitre des recompenses niilitaires, on voit
avec satisfaction que I'auteur a medite les ceuvres de M. Ben-
THAM, le plus remaiquable des jurisconsultes de notte terns, et
par la profondeur de ses vues, et par la direction qu'il a suivie
dans ses recherches. Ce philosophe est plein d'esperances pour
I'humanite, et M. Odier aussi : ces opinions, qui sont celles dun
grand nombre d'horames aussi honorables qu'eclaires, n'arretc-
ront pas les declamations contrele siecle : ily a trop de gens qui
ne peuvent concevoir d'autre mode de gouvernement que les
punitions et les supplices, et qui voudraient, comma M. De-
maistre, faire dominer surtout la magistrature du bourreau.
Notre auteur prouve aisement qu'avec une loi sur les recom-
penses , et un meilleur clioix de pcines contre les delits , la peine
de mort devieJidrait inutile , et meme celle du boulet, qui avilit
la profession des armes.
Apres avoir montre, dans la premiere partie, I'ensemble des
institutions militaires , I'auteur passe , dans le cinquieme volume ,
i la seconde division , ou il se propose d'enseigner « comment
tout se meut, comment tout se comporte, comment tout se
fait; autrement dit, comment on administre. » Apres une intro-
duction dont le but est principalement de faire sentir I'utilite et
d'indiquer I'application des connaissances qu'il va developper,
il passe a la definition de la statistique, et donne une idee suc-
cincte de celle des contrccs de I'Europe qui sont le plus ordi-
nairement, pour la France, le theatre de la guerre. Quelques-
uns des faits qu'il enonce peuvent etre contestes. On doutera ,
par exemple, que, si la Saxe ne produit pas assez de grains
pour sa consommation , c'est parce que I'cconomie rurale nest
pas la princifiale hranche d'induslrie des habitans. II parait, au
contraire, que la Saxe est I'une des contrees de I'Allemagne oit
I'agriculture a fait le plus de progres; ce qui atteste suffisani-
ioa SCIENCES MORALES'
ment qu'elle est la principale occupation dans ce pays , si re-
marquablp par son industrie.
Aux notions de statistique, I'auteur fait succeder un traite
succinct d'economie politique. La nature et les boi'nes de son
ouvrage ne lui permettaient pas d'embrasser dans toute son
etendue ce sujet immense; les theories I'occuppent moius que
les fails; et, k quelquesegards, c'est encore une statistique qu'il
jiresente a ses lecteurs. On pense bien que les fails qu'il choisit *
sont tires des annaies militaires, et que les applications qu'il
essaie et les exemples qu'il rapporte sont relatifs a I'objet de
son cours : mais, lorsqu'il traite des impols, des emprunts et
des requisitions, il n'est plus que citoyen, tant qu'il s'agit dc
notions generales ; il ne redevient mililaire que dans ses remar-
ques sur les operations de I'etat-major des armees en matiere
d'impots et d'emprunts, et sur les grandes requisitions.
Le sixieme volume comprend, comme nous I'avons dit, I'art
d'adminislrer , ou de faire un bon eniploi des finances. L'auteur
commence par I'organisation du personnel de I'administration
des armees, el passe ensuite aux operations administratives.
L'art de s'approvisionner , de disposer des lignes de magasins et
de les remplir, de proportionner les approvisionnemens aux
besoins des corps, a leurs marches et aux chances de la
guerre, etc. Toute cette partie si essentielle du service des ar-
mees troirve ici I'instruction recueillie par une longue exper
rience, par des fautes, des malheurs et des succes.
Enfin , dans le septieme volume , l'auteur a rccueilli, commc
dans le precedent, les legons de I'experience sur la conserva-
tion et le mouvement des approvisionnemens; et sur I'execution
du service des vivres, des hopitaux, de I'habillement, des postes
et de la tresorerie. Il termine en appliquant les principes qu'il
a etablis a trois operations simulees. Tune, sur la frontierc du
nord de la France, qui serait une guerre offensive dans les
Pays-Bas et en Allemagne ; une autre par les Alpes , qui pre-
ET POLITIQUES. 36?.
parerait une expedition en Italic; et la troisieme par les Pyre-
nees. Un discours tie cloture rappelle Tinfluence et les services
d'une bonne administration, la part qui lui est due dans les
succes d'une campagne , et les devoirs des administrateurs. Ce
cours parait complet; onn'y remarque aucune omission, lesoin
qua pris I'auteur d'associer constamment I'histoire de la science
et de I'art a I'exposition des doctrines et des preceptes , et d'ap-
puyer les preceptes par des exemples, inspire au iecteur une
confiance meritee. Quant au style , on ne peut le juger par le
petit nombre d'extraits que nous avous inseres dans cet article ;
I'ecrivain ne s'y montre, pour ainsi dire, que sous le rapport de
I'art d'ecrire: c'est d'apres I'ensemble de I'ouvrage, ou tout au
moins Tune de ses divisions, que les convenances du style
peuvent etre appreciees. M. Odiernc peut que gagner a ce mode
d'examen. Nous en avons dit assez pour prouver que son ou-
vj-age est digne d'estime : ceux qui I'auront lu porteront sur
I'auteur le meme jugementque sur I'ouvrage.
L'Itahe avant la domination des Romains; par
M. J. MicALi. Ouvrage couronne; Iraduit de I'italien
sur la deuxieme edition , et accompagne d'un atlas
in-folio de 67 planches, d'une carte et dune Table
GENERALS DES MATiERES ; avec dcs uotes et des eclair-
cissemens historiques ; par M. Raoul - Rochette , de
I'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres (i).
Un des torts les plus frequens que Ton peut reprocher
aux historiens, c'est d'avoir borne I'histoire a un petit nom-
bre de personnages privilegies, ou a quelques villes, qui ont
(i) Paris, i8a4; Treuttel et Wiirtz. 4 vol. in - 8° , avec \\n
alias, etc. Prix
364 SCIENCES MORALES
eu le bonheur de vaincrc, ou I'adrcssc de dominer Ics autres.
Presque toiijours esclaves d'un inaitre , ils n'ont fait fju'exe-
cuter ses ordrcs , ou seconder ses intentions; et, petidftnt que
celui-ci depouillait ses sujets de leur existence politique , ils
travaillaient a leur oter jusqu'il leur existence historique. Telle
est la principale source des lacunes et des mensonges innom-
brables dont on a souiile I'histoire de tons les terns. Pfesque
toujours le pouvoir qui s'elcve s'attache a faire disparaitre les
litres et les droits de celui qui I'a precede.
Peut-etre, sonsce point devue, aucune nation n'eut-elle plus
de torts que I'ancienne Rome envers ses provinces. Les efforts
memes qu'elle fit pour les subjuguer durent lui faire sentir la
necessite d'effacer si leurs yeux, autant que cela etait possible,
les traces et les Souvenirs de leur independance et de leur gloire
passee. A mesure qu'elle etendait ses conquetes et sa domina-
tion , elle usurpait tout ce qui appartenait aux peuples vaincus ;
des qu'elle fut parvenuea raaitriser toute I'ltalie, celle-ci cessa,
pour ainsi dire, d'exister , et son histoire ne fut plus que celle
de Rome. En vain chercherait-on les memoires et les monumens
de tant de peuples qui I'avaient precc'dee : I'ltalie semble naitre
avec Rome elle-meme; et ces memes viiles, pour lesquelles pro-
bablement Rome avait pendant long-tems ete un objet de me-
pris, ne paraissent dans son histoire que pour servir a ses con-
quetes et k ses Iriomphes.
Vivement frappe des cffets de cette influence tyranniqiu;
exercee par les anciens Romains, M. Micali, le premier, s'est
propose de revendiquer en faveur de I'ltalie les anciens titres
de gloire qu'on lui avait ravis avec ses droits. II a recueilli et
mis au jour tout ce cfui etait rest6 des memoires, des monu-
mens ou plutot des traditions echappees a I'injustice et a I'ingra-
titude de ses opprcsseurs. Plusieiirs autres ecrivains, teU que
Maffei, Guarnacci, Marini, MazzOcchi, Du»^andi, Carii , Bar-
detti , et surlout Lanzi, dans son Estai de In langue elrus-
ET POLITIQTJES. 365
^uf , etc. , s'etaient bornes a cclaircir I'histoire pavticuliere de
quelquc province ou de quelque \ille de I'ltalie. M. Micali a
vonlu embrassei' I'ltalie enticre, et donner a ses recherches iiii
ordre et un plan, que leur variete et meme leur incoherence
rendaient fort difficiles a suivre. C'est ainsi que nous voyons ,
grace a lui , reparaitre ct figurer dans I'histoire, tant de peuples
qu'on avait presqueoublie.s : les Osques, les Sicules, les Sabins,
les Samnites, les Bruticns, et snrtout les Etrusques.
Tel est , en general, le but de I'ouvrage public par M. Micali ,
en 1810. Son titrespecleux excitad'abord la curiosite du public.
Bientot , une lecture attentive donna lieu a dcs observations et
a des critiques; mais elles ne I'emportercnt pas sur les eloges
que I'ouvrage avait deja merites. Malgre les attaques de M. In-
ghJrami et de quelques autres, on a continue a le signaler
comme une production plcine d'esprit, de sagacite ct de patrio-
tisme. M. Micali reunit a I'etude des antiquites, cet esprit phi-
losophique qui devrait animer et diriger toutes les autres. En-
courage par les eloges , il a su en meme terns profiter des
critiques ; il a revu son travail avec beaucoup de soin , et en
reformant quelques passages, il semble s'etre encore mieux
affermi dans son systeme. Sous cette nouvelle forme, il a fait
reparait.e son ouvragc, a Florence, en 1821(1); et c'est cette se-
oonde edition qui vient d'etre traduite en France, et que M.Raoul-
Rochette a enrichie denotes et d'eclaircissemens historiques.
Louvrage de M. Micali est divise en deux parties, dont la
premiere comprend deux volumes. Dans le premier, I'auteur
I'etrace un tableau des vicissitudes des anciens peuples qui habi-
terent constamment I'ltalie; dans I'autre, il cherchea nous faire
connaitre les institutions morales et politiques qui developpe-
rent leur etat social.
(i) L' Italia avanti il dominio de' Romani, seconda edizione rive-
data ed accresciuta dall' autore, etr.
366 SCIENCES MORALES
Ne tenant aucun conipte des fables ties anciens mythologues
et des poetes , et ne voulant point s'enfoncer dans les tene-
bres de Tantiquite etdans les origines mythologiqiies des peu-
ples, qui se perdent dans les revolutions physiques de notre
globe , il sc borne a determiner I'ctat des premiers habitans de
ritalie, tant que I'histoirc lui fournit quelqnes indications. II
semble n'avoir aucun besoin, pour pcupler et cultiver cette pe-
ninsule, deces migrations , maritimes ou terrestres, des Scythes,
des Celtes , des Germains , des Pelasges , des Grecs , qu'on a plu-
tot decrites que prouvees; il y reoonnait des peuples autoch-
thones, ou indigenes, depuis un terns immemorial, qui se sont
reproduits, etendus et multiplies, sous I'influence des circons-
tances favorablcs de leur sol et de leur climat. Leurs progres ,
snivant I'auteur, furent rapides; il est meme convaincu qu'ily aeu,
en Italic , un tems de civilisation anterieur a ce petit nombre de
siecles historiques que nous connaissons et dans lequel on vou-
drait meme circonscrire toute I'existencedu nionde. Il caresse
tellement cette idee , qu'il regardc comme calomniatcur de son
pays celui qui ne lui accorde pas I'honneur de cette pietendue
civilisation primitive.
Pour donner a cette opinion assez de probabilite, M. Micali
a du rejeter un grand nombre de traditions et d'autorites sur
lesquelles s'appuie I'opinion contraire. 11 emprunte a la critique
et a la philosophic les moyens les plus propres pour atteindre
son but. Il attaque si vivement ces traditions mythologiques
qui entourent et obscurcissent le berceau de I'histoire des an-
ciens peuples, qu'il parait quelquefois ne pas assez menager
I'histoire elle-meme. I,a plupartdes anliquaires n'ont fait, selon
lui, qu'amasser , repeter et admettre les nombreuses citations de
leurs devanciers, sans jamais les comparer entre elles, ni avec
les lois et la marche ordinaire de la nature humaine. Il sefeli-
cite meme de voir que nous avons enfin acquis le droit de pou-
voir decrediter tant de fables, sans avoir a craindre ni le college
ET POLITIQUES. 36^
Ues pontifes , ni I'areopage ( T. I, p. 64 ) , droit qui probable-
ment sera exerce avec une plus grande latitude par una posterite
encore plus eclairee ou plus heureuse.
Ces principes etablis, I'auteur passe en revue les anciens
peuples de I'ltalie. Les Sicules, qui apparaissent les premiers,
sont forces par les Ombriens de se retirer et de s'etablir dans
la Sicile. Les Pelasges , sur lesquels on a si longuement dissertc,
n'ont fait, selon M. Micali , que des excursions dorit les traces ont
bientot disparu. Les Liguriens, les Venetes, les Sabins, les La-
tins , les Osques , les Etrusques , les Saninites , les Lucaniens, etc.,
sont tons des peuples indigenes. II releve les contradictions etle
peu de solidite des traditions qui les supposent derives des
etrangers, en menie terns qu'il expose les titres qui peuvcut
justifier leur origine italique.
M. Micali n'admet point d'emigrations et de colonies grecques
dans I'ltalie inferieure, anterieures aux deux premiers siecles
de I'ere romaine. La pretendue genealogie d'OEnotrus, fils de
Lycaon, et celle d'ltalus , son successeur, qui, selon les Grecs
et la plupart des antiquaires , donnerent a I'ltalie son nom et ses
lois , ne sont pour notre auteur que des fables. Lorsque les
Grecs, a une epoque bien plus tardive, s'etablirent dans cette
partie de la peninsule, les Italiens n'etaient ni sauvages, ni bar-
bares ; ils etaient pour le moins aussi polices que les Grecs
(T. I, p. 294 ). La Grande-Grece elle-meme , lorsqu'elle acquit
tant de celebrite, ne depassa jamais, dans toute son etendue, les
limites dans lesquelles est aujourd'huirenferme leroyaume de
Naples; et, dans tons les lieux ou les Grecs s'etablirent, ils n'oc-
cuperent que les cotes et les terres voisines de la mer, c'est-a-
dire la plus petite portion du pays. Tout I'interieur resta au pou-
voir des nationaux, qui se vengerent par la suite sur ces memes
Grecs des injures qu'ils en avaient recues.
Dans le second volume, I'auteur tache de nous faire connaitre
plus particuUerement le gouvernement et les lois civiles des an-
368 SCIENCES MORALES
ciens Italieus , ainsi que leur religion, leurs mctiurs, leiirs arts,
lenr litterature et leur langue. En general , ils cherissaient leur
iiidi'ijendanco ; ils preferaient pour leur gouvernemcnt la forme
dcmocratiqiie. Les Sabins , les Sainnites, Ics Brntiens , les Etrus-
qucs se fnont surtout rcmarqucr par leur amour pour la liberte.
Pl\isienrs pcuples , quoiquechacun fut plus ou moins jalouxde
sa propre independance , scntirent la ncccssitc de se reunir en
corps pour leur defense commune. C'est la qu'on trouve les
germes de cette sorte de federalisme , qui pouvait seul combi-
ner la force nationale de tons ces peuples avec la liberte de
chacun. Les Etrusques lui donnerent encore plus de dovelop-
pemont, et parce nioyen, assurerent, pendant long-tems , leur
empire et leur prosperite. On les a meme regardes comme les
foiidateurs dc cette institution si importante, qu'on pourrait
legarder aussi comme italique.
Les institutions religieuses furent toujours identifiees avec les
institutions politiques. La separation etrange qu'on en a faite
n'etait pas alors connue. Elles marchaient constamment dans la
meme direction , et tendaient vers le meme but. Les dieux eux-
memes ne se gouvernaient qu'a I'instar de ces peuples : entre
eux, point de pouvoir absolu. Vejoves, leur chef, ne prenait
aucune determination sans le conseil de douze gi'ands dieux
qu'on appelait Consentes. II ne lancait jamais ses foudres sans
I'assentiment des autres dieux ; et son exemple enseignait aux
rois de la terre a moderer leur autorite et a s'aider du conseil
des autoes. Les frequens mcteores auxquels la peninsule etait
exposee, lesvolcans, les tremblemensde terre, les inondations
produites par la mer, durent multiplier et determiner les opi-
nions et les pratiques religieuses deces peuples. Lamythologie
et la religion des Etrusques sont encore plus singulieres. BI. Mi-
cali leur trouve un caractere de gravite ct d'austerite qu'elles
avaient perdu chez les Grecs ( T. II, p. 53 );eequi, suivant
la pensee de Vico, prouverait que la religion et la mythologie
des Grecs, d'abord austeres et graves comme celles des anciens
ET POLITIQUES. 369
Etrusques, avaient ete successivement corrompues par I'exces
de leur civilisation : car, telle est la marche ordinaire desmoeurs
et des opinions.
Les arts et la litterature fournissent a notre historien un plus
grand nombre de materiaux. L'architecture toscane, dont le
caractere etait la sim]jlicite, la solidite et le grandiose, nous a
transmis assez de monumens pour qu'on puisse I'apprecier.
L'auteur trouve aux anciens Toscans , dans les arts du dessin ,
beaucoup de correction de style, nialgre leur expression dure ct
forte, et assez d'exactitude dans les contours, de mouvement
dans les muscles, de science dans I'ensemble, de soin dans les
details. II distingue , dans I'histoire de leurs beaux-arts, I'epoque
ou ils n'obeirent qu'a leur propre genie, de celle ou ils iiniterent
plus ou moins la maniere des Grecs.
La philosophie theorique des Etrusques rapportait tout a
Dieu, nomme OEsar dans le langage liturgique des aruspices.
lis admettaient una providence supreme , et I'idee d'une pre-
miere cause, cachee sous le voile de leurs doctrines mysterieuses.
Ils donnaient a leur Jupiter indifferemment les noms de provi-
dence, de destin, de nature, de monde; ils croyaient que tout
ce qu'on voit est la Divinite elle-meme, disseminee tout entiere
dans ses par-ties, et se soutenant par sa propre force. Leur sys-
teme cosmogouique , quoique bizarre, comme celui des Egyp-
tiens et de tant d'autres , suppose une idee plus imposante de la
duree du monde. On lui assignait une periode determinee, dont
les termes etaient la destruction et la regeneration qui se suc-
cedaient a jamais.
M. Micali traite enfin de la poesie et de la langue. II regarde,
comme une des inventions les plus anciennes des Italiehs les
vers saturnins ct les chants fescennins , les jeux sceniques des
istrioni , pantomimes proprement etrusques , et les farces atel-
lanes. On perdit insensiblement jusqu'au souvenir de la langue
primitive des anciens Italiens. On a cherche neanmoinsa dechif-
T. xxvii. — ^out 1825. a4
370 SCIENCES MORALES
frer et a lire qiielques monumens de c<; genre qu'on avail depuis
long-terns negliges, et Ton a cru reconnaitre ou deviner I'alpha-
bet de cette langue antique. C'est a la decouvcrte des Tables
Eugubiennes, arrivee en i444j que nous devons cette nouvcUe
etude; et ce n'est qu'apres trois siecles de travaux que les sa-
vans ont pu se feliciter d'etre parvenus a determiner avec quel-
que probabilite la valeur de chaque lettre, et a composer un
alphabet assez regulier pour lire passablement les monumens
ccrits dans cette langue perdue.
Les dernieres recherches , vraiment savantes et ingenieuses ,
de I'abbe Lanzi et de plusieurs autres, n'ont point decourage
notre historien dans sa carriere. Toujours ferme dans son sys-
teme , et soutenu par d'autres savans non moins eslimables, il a
tourne en ridicule ces gramniairiens qui , trouvant partout des
rapports d'etyniologie, de mots et d'expressions , font deriver
I'ecriture et la langue etrusques , tantot de quelqu'une des
langues orientates , et tantot de la langue grccque. II rcgarde
comme plus probable que la langue ancienne de I'ltalie fiit une
chez les divers peuples de cette contree; quelle parvint peu a
peu a un degre remarquable de perfectionnement, et quelle eut
une grande part a la formation du latin ancien ( T. II, p. 286 ).
La seconde partie de I'ouvrage de M. Micali, qui comprend
deux autres volumes, nous presente ces mcmes peuples sous un
autre point devue, luttantavec la puissance toujours croissante
des Roma ins , et contraints I'unapres I'autre de subir leur domi-
nation. II jette d'abord un coup d'ceil sur I'etat moral et poli-
tique de ritalie a I'epoque de Jla fondation de Rome , et rap-
pelle ensuite les guerres, les dangers et les victoires sanglantes
de ces Romains , jusqu'au moment oil ils firent , de tant de peu-
ples plus ou moins independans, autant de provinces reunies
sous une meme domination, et de toute la peninsule un seul
empire. Quoique cette seconde partie ne soil pas aussi neuve et
aussi curieuse que la premiere, elle ne cesse pas d'interesser par
ET POLITIQUES. 371
Jes observations que rauteiir ya semees de tems en terns. II re-
leve sui'tout les circonstaiices historiques qui nous mettent a
meme de mieux apprecier ces peuples qu'il a passes en revue
dans la partie precedente de son histoire.
Mais !a meilleure partie de i'onvrage est V Adas in-folio, qui
rcnferme , en 67 plaiiclies, ime collection precieiise et instruc-
tive de monumens antiques, dont la plupart etaient encore ine-
dits, et quelques-uns avaient ete publics d'une inanieie plus on
nioins incorrecte. Par ce moyen, les vicissitudes des arts, chez
les anciens Italiens deviennent plus sensibles et plus evidentes.
L'ouvrage de M. Micali meritait, a beaucoup de litres , d'etre
plus generalement connn ; on vient de le publier traduit en fran-
cais. Cette traduction avait ete entreprise par M. Fauriel,qui,
tres-verse dans la conuaissance de la langue et de la litterature
italiennes , lui auiait donne toute la perfection desirable. Aban-
donne par lui , ce travail a ete continue , revu et acheve par
MM. Joly, Gence et Raoul-Rochette , dont les nonis out assez
d'aulorite pour inspirer au public une prevention favorable.
Cependant, les Italiens, ou plusseveres, ou plusinteresses dans la
question , accusent les traducteurs de beaucoup d'infidelites (i).
Pcut-ctre a - t-on exagere le nombre des fautes de ce genre ;
mais , comme nous en avons apercu quelques-unes qui alterent
et denaturent le texte, nous nous permettrons de lesindiquer,
afin que ceux qui liront la traduction ne les attribuent pas a
I'autenr.
M. Micali dit , de quelques traditions ridicules qui cir-
culaient du tems d'Hecatee de Milet, qu'elles etaient respectees
pour leur anciennele ( T. I, p. 89 ). Le traducteur lui fait dire
'■qu'elles n'avaient decredit qne parmi les vieillnrds''^ (T. I, p. 48).
L'auteur dit que la Gaule cisalpine, ayant ete incorporee , au
tems d'Auguste, a I'ltalie , prit en mi^me tems son nom qn'elle
(l) Voy. V Jnthoioffie ^e Flomicp , 11" 5o , p. 97.
372 SCIENCES MORALES
a retenu jusqu'tl iios jours ( T. I , p. 60 ). Le traducteur lui fait
letenir le memo uom de Gaule cisalpine qu'elle avait aiipara-
vant (T. I, p. 71 ).
Lespretres, chez lesMarses, s'attribuaient la vcrtu de con-
jurer et d'apprivoiser les serpens ( T. I, p. 201 ). Dans la traduc-
tion, on substitue aux serpens les espr'Us (T. I , p. 284 )•
Siir les lares medailles de Nucerie-Alfaterne, on voit repre-
sentee I'efligie d'un heros avec une epigraphe osque ( T. I ,
p. 218 ) , et non a la maniere osque ^ comme le dit le traducteur
( T. I , p. 253 ).
Dans I'original ( T. II , p. 55) , on parle de je ne sais quels
dieux qui etaient ornes de buUes d'or, de bracelets, de col-
liers, etc; et le traducteur presente ces memes dieux comme
seulement figures sur ces ornemens ( T. II, p. 53 ).
Dans la traduction ( T. II , p. i85 ) , nous lisons : « Labalance
fixee par .I'usage et par les lois, entre les differentes monnaies,
si facile a etablir de nos jours, devait aiors apporter de grands
obstacles au commerce et a scs negociations. » Si le traducteur
n'a pas voulu corriger I'opinion de I'auteur, celui-ci a dit tout le
contraire (T. II, p. 179).
M. Micali regarde le temple de Proserpine, a Crotonc, comme
un foyer de superstition et de tromperie ( T. Ill, p. 243) :
le traducteur le regarde , au contraire, comme un objet venere
par une croyance pieuse (T. Ill, p, 264); ce qui altere sensible-
ment la maniere de penser de I'auteiu-.
Dans la traduction ( T. Ill , p. 27 7 ), il est dit que Mamercus
inspira de I'animosite aux Lucaniens etaux Brutiens; I'auteur
avait dit que , par la temerite de Mamercus , on pourrait bien se
faireune ideede la hardiesse de ces montagnards (T. Ill, p. 255).
On dit qu'a Tarente, la peche etait I'occupation exclusive des
hommes de bonne condition ( traduct. T. IV, p. 75 ), tandis que
I'auteur I'avait atlribuee a la populace ( T. IV, p. 74 )•
Les affranchis de Volsinie, dit M. Micali, defendirent aux
ET POLITIQUES. 373
vierges d'une condition libre de se inarier avant'oici
comment M. le general Joniini la terniine.
<( Durant dix ans, I'heurcux conquerant promena ses aigles
victorieuses des bords du Tage jusqu'a ceux du Nicnien et an
fond de la Pannonie. Les lauriers dont il couvrit ses couronncs
auraientfait oublier leur usurpation, si un profond mepris des
hommes et une ambition demesuree ne I'avaient entraine an
dela de toutes les bornes. Le vaste et imposant tableau de cette
periode, moins penible a tracer , peut-etre , que celui que nous
venons d'esquisser , exige un genre de talent que nous ne nous
flattons point de posseder. Tout y est grandiose , les combinai-
sons eommc les resultats; et pour les presenter d'une maniere
convenable, il ,fau||iin pinceau vigoureux et exerce. Si le notre
ii'a pas tnujours ete ;i la hauteur do la tache que nous avons
ET POLITIQUES. 38^
entrcprise, nous nous flattons du moins (jue rimpartialite et la
justesse des principaux points de vue niilitaires et poliliques y
auront supplee. Heureux si pour prix de nos travaux nous
sommes parvenus a inculquer aux jeunes officiers les principes
generaux de I'art de la guerre, developpes dans notre Traite dcs
grandes operations niilitaires! »
Cet ouvrage sera long-tems pour les militaires line des lec-
tures les plus utiles qui puissent les occuper. On a pu juger ^
par les extraits que nous avons cites, que I'ecrivain n'a pas
moins soigne ces trois defniers volumes que les precedens. On
ne pent lui rcprocher qu'un petit nombre de locutions qui ont
un gout de terroir, et qui denotent un etranger. On regrette
aussi qu'il ait trop epargne les dales; car luie liistoire ne peut
s'en passer; il pouvait en charger les marges du livre, sans les
inserer dans ses narrations. Comme il ccrivait pour I'instruction
des militaires , il a pu negliger ce qui s'ecartait de son but : mais
nous n'avons pas moins besoin de Tacites que de Polybes; I'his-
toire morale de la revolution francaise ne peut etre que I'oeuvre
d'une haute philosophic , d'une ame pure et dun grraid talent :
cette carriere n'est ouverte que pour un tres-petit nombre d'e-
crivains. Ferry.
MeMOIRES I'OTJR SliRVIR A l'HiSTOIRE DE FrANCE SOUS
Nafoleon, ecrits a Sainte- Helene par les generaux
qui ont partage sa captivite^ et puhlies sur les manus-
crits entierement corriges de la main de Napoleon.
Tomes I— VIII (i).
Lorsque Bonaparte, deposant la couronue qui avaitetela
cause de ses fautes et de nos malheurs, annonca I'intention de
(i) Paris, i8a3-i825; Firmiii Didot jiere et fits, rue Jacol) ,
iio a4; Bossange freres, rue de Seine, n° 12. Prix 60 fr.
38/, SCIENCES MORALES
composer des Metnoires , lorsqu'il ditaiix debris de ses vieilles
troupes : J'ecrimi ce que nous avonsfait , cette promesse attira
rattention de la Fiance entiere. Tout le moude j)arlait de ces
Memoires qui n'existaient encore qu'en projet. Maintcnant, ils
ont paru , et personne n'en dit rien. On m'a deniande cent fois
si j'avais lu de niiserables compilations histori(|ues, et on ne
m'a jamais demande si j'avais In les Memoires de Bonaparte.
J'ai entendu citer sans cesse, dans des conversations preten-
dues politiques, les plus ineptcs brochures, et je n'ai jamais
entendu citer les Memoires de Bonaparte. Cen'estpas cepen-
dantque le gout du public soil peu favorable aux memoires. Ce
genre d'ouvrages est, au contraire, le plus generaloment re-
cherche. Pourvu que voiis aycz ete emigre, on fructidorise ,
conventionnel ou chouan, femme de chambrc d'une reine on
secretaire d'un comite, chambellau ou courtisanne anglaise,
le rdle que vous avez jojte donne uii prix infuii aux moindres
details de votre vie: nos politiques, guides par nos libraires ,
devoreront vos fruutueux recits. Mais , si vous n'avez etc qu'em-
pereur des Francais et premier consul de la republique fran-
caise, c'est autre chose , il faut vous contenter d'un petit
nombre de lecteurs.
Depuis mil huit cent quatorzc, le genre humain a niarche ,
nous ne sommes pas restes stationnaires. On aurait pris alors
beaucoup d'intereta voir Bonaparte cxpliquer aux peuples, ou
meme chercher a leur derobcr les secrets de sa politique. Mais
la politique n'est plus aujourd'hui I'art de guider les etats, de
defendre leur independancc, de la leur rendre quand ils I'ont
perdue; c'est I'art, bien autrement philosophique, de disserter
sur un ministre ou sur un aumonier, d'analyser un projet de
bourse ou un sermon. Alors , humilies par de grands rcvers ,
nous aurions aime a reporter nos regards sur les exploits de
nos armecs, a voir fair devant nos drapcaux , dans les plaincs
d'ltalie, les etrangers qui oecupaient nos rcniparls: Mais aujour-
ET POLITIQUES. 385
d'hui, les revers sont oublies, et, avcc les revers, les victoires.
Pourquoi nous rappeler nos anciens triomplies, ou etudier les
moyens d'en obtenir dc nouveanx ? La gloire de I'industrie
nous suffit. Or, parnii les diverses sortes d'industrie, il en est
une, etce n'est pas la moins productive, qui consiste ;i se for-
mer nne pacotille depetitcs anecdotes, vraiei oufausses, contre
les honimes qui sont ou peuvent devenir nos concurrens, qui
sont ou peuvent devenir les concurrens de nos protecteurs. Les
mernoires ou Ton peut {sxve provision de ces nobles moyens de
succes, sont une matiere premiere infiniment precieuse. Mais ,
quelle speculation de ce genre pourrait-on fonder sur les ecrits
de Napoleon ? Oh ! combien seraient preferables les memoires
de ses mouchard.s !
Cette deplorable habitude de ne voir dans les destinees dcs
nations que les plus bas et les plus laches des interets person-
nels, cet etrange renversement d'idees qui f;nt qn'iin peiiple
uniquement occupe, dit-il , de politique, rejcltc fous les ou-
vrages que la veritable politique a dictes , sont les deux pre-
mieres causes du peu de bruit que font en France les ecrits de
Napoleon. Il en est pourtant une autre, qui, bien que secondaire,
merite toutefois d'etre remarquee. Une mort prematuree n'apas
permis a Bonaparte de mettre la derniere main a ses ouvrages ;
il n'a, pour ainsi dire, laisse que des maleriaux. S'il eut vecu
quelques annees de pins, il eut sans doute resserre quelqucs-uns
de ses ecrits, et I'ensemble, range dans un ordre plus metho-
dique,eutete moins voliimineux. PeiU-etreaussilesediteursont-
ils eu tort de donner a la collection entiere le titre de Memoire.<;.
Le titre dCOEuvres de Napoleon Bonaparte aurait ete certaine-
ment plus convenable. En effet, ils ont deja publie quelque>
morcCaux, ou plutot quelques ouvrages qui ne sauraientservir
a riiistoire de Tauteur.
Tous les ecrits que renferment les huit premiers volumes ,
pourraient etre divises en trois cla.tses. La premiere compren-
T. X7CVII. — Aoiit 1825. 25
38G SCIENCES MORALES
iliait ceiix qui n'onl aucun rapport ;\ la vie de Napoleon et
ceiix ou il n'fst parle de lui que d'line maniere secondaire.
Dans la deuxieme se trouveraient les morceaux qui, sans pon-
voir faire partie de ses Memoires, traitent de quelques - unes
de ses actions. La troisieme, enfin , serait formee des niateriaux
prepares pour ses Memoires.
J'examinerai successivement ces trois classes d'ecrits dans
I'ordre que je viens d'indiquer, et sans faire attention a la
place que cliaque fragment cccupe dans la collection.
Je trouve u'abord, dans la premiere serie, une histoire de la
Corse, un precis des campagnes du marechal de Turenne et de
Frederic II, et des notes sur I'ouvrage du general Rogniat,
intitule : Considerations sur Tart de la guerre.
L'histoire de la Corse n'est pas d'uu eleve de Walter-Scott.
Bonaparte n'a pascru, comme quelques ecrivains de nos jours,
qu'il fallut chercher dans les oeuvres d'nn romancier anglais le
modele de toules les grandes compositions; il est reste fidele a
I'ecole de Tacitc el de Cesar. Mais, s'il ne nous donne pas le
plaisir si instructif d'assister a un diner des anciens Corses , et
d'entendre leur priere aux pieds d'uue madone , il peint a
grands traits la topographie militaire de I'ile, les passions qui
soulevaient le people , le caraclere des chefs et des soldats. On
reconnail un homme qui n'a pas vu seulement un passe - terns
dans I'etude de l'histoire, et dont les regards se portaient d'a-
bord sur les grands objets dignes d'occuper un politique. D'ail-
leurs, il y a de I'eloquence dans les discours, et ce morceau ,
concis et rapide, est toujours interessant. On croit que c'est un
ouvrage de la jeunesse de Bonaparte.
Le precis sur les campagnes de Turenne et de Frederic est
beaucoup plus etendu; il remplit le cinquieme volume, ecrit
sous la dictee de I'auteur par M. le general Montholon. Bo-
naparte expose d'abord avec nettete , avec precision, les ma-
noeuvres d'une canipagne et le resultat qu'elles eurent. II jugc
ET POLITIQUES. 387
ensuite ces manoeuvres dans de conrtes observations, ou il in-
dique souvent ce qu'auraient du faire les generaux des deux
partis. Oa confoit facilement combien il pent etre utile k un
militaire d'etre conduit, en quelque sorle, sur des champs de
bataille que se disputent des hommes tels que Turenne, Conde,
Montecuculli, Merci, Frederic, et d'y recevoir les lecons d'uii
homme tel que Napoleon , qui fait apercevoir leurs fautes et les
resultats de ces fautes; leurs grandescombinaisons, etlessuites
de ces combinaisons , et finit souvent par exposer ce qu'il eut
fait Itii-meme a leur place. Le lecteur qui etudiera ce volume ,
en ayant sous les yeux la carte des differens theatres de la
guerre, et le plan de quelques-unes des batailles, puisera dans
ce travail une fructueuse experience. Le Precis des guerres
de Frederic est termine par une dissertation sur le fameux
ordre oblique, dont on attribue I'invention au heros de la Prusse.
Bonaparte , embarrasse par les diverses explications qu'on a
donneesdecette manoeuvre, se demandece que c'est que I'orrfre?
oblique. Si, au moment on il ecrivait, il avait eu sous les yeux
I'exemple que Frederic lui-meme en donnedansle xxiie chapitre '
AeV Instruction pour ses generaux, il aurait pu y prendre une
idee tres-nette de cette maniere d'attaquer. Du reste , Bona-
parte a completement raison de n'y rien voir de nouveau, rien
d'invente par Frederic. II est certain seulement que ce prince ,
frappe des avantages d'un ordre de bataille 011 I'on deborde
une aile de son ennemi en refusant une des siennes, en fit , en
quelque sorte, la base de sa tactique, le recommanda a ses'ge-
neraux, et remploya nieme quelquefois a contre-tems, ainsi
que Napoleon le remarque lui-meme.
Les hommes qui ne sont pas etrangers a I'art militaire liront
encore avec fruit les notes que les Considerations sur I'art de
la guerre out inspirees a I'un des plus grands generaux de noire
siecle. Ces notes remplissent la derniere raoitie du premier
volume, ecrit par M. Montholon, et la premiere moitie du
588 SCIENCES MORALES
second. Bonaparte y traite, avec quelqiies details, tin rccriite-
ment et de I'organisation des troupes, des diverses arnies , dc
la proportion qu'il doit y avoir entre ellcs, ct de leur emploi ,
des ordres de bataillc, des principes de la guerre offensive, et de
ceux de la guerre defensive. II explique les manoeuvres qu'il fit
executer dans phisieurs batailles importantes que I'autcur des
Considerations avail jugees peut-etre avectrop de legcrete. II
est inutile d'assurer qu'on Irouve toujours dans ces remarques
une profonde connaissance de toutes les parties de I'art de la
guerre, et qu'on y rencontre quelqucfois les grandes vues du
genie militaire; mais, ce qui etonnera bien des gens, c'est d'ap-
prendre que la plaisantcrie y est souvent maniee avec finesse ,
et I'ironie avec grace.
Nous voici parvenus a la socondeserie des manuscrits laisses
par le captif de Sainte-Helene, a celle ou Ton doit ranger les
fragmens qui, sans pouvoir entrer dans sesMemoires, ont ce-
pendant pour sujet quelques tpoqucs de sa vie. Nous trouvons
d'abord deux raorceaux uniquement militaires, les Sept notes
sur le traite des i^r an Acs operations de la guerre par le general
fomini, et les Notes sur les Meinoires pour servir a I'histoiie dc
Charles-Jean , roi de Suede. Ces deux ecrits, surtout le der-
nier, sont de pen d'etendue et n'offrent qu'un mediocre inte-
ret. Viennent ensuite des Notes sur les huit premiers 2'olumes
du precis des evenernens militaires , sur I'ouvrage intitule : Les
quatre concordats , sur les Memoires pour servir a thisloire de
la revolution de Saint-Domingue , sur la brochure qui parut en
1817 avec le litre de Manuscrit venu de Sainte-Helene , et sur
les Memoires pour servir a I'/iistoire de la vie privee , du retour
et du regne de Napoleon en i8i5, par M. Fleury de Chaboulon.
Ces divers ecrits presentent un interet plus general que ceux
dont j'ai deja parlc; les discussions strategiqucs s'y monlrenl
encore, mais n'en fornient pas le fonds. Les affaires civiles et
religieuses, les grandes mesuresqui, plus surement que le fer.
ET POLITIQUES. 389
ont decide les destir;ees des peuples , vont etre examinees;
Napoleon va parler de sa politique.
Ici, toutes les defiances se ruveillent. Ce n'est plus le general
qu'on ecoule; c'est le despote qui a trahi toutes ses promesses,
qui a delruit tout ce qu'il avaitjure de defendre, qui a cache
long terns sous le masque de I'amour de la liberte la passion de
la tyrannic. Ces defiances sonl justes, mais elles ne doiventpas
aller trop loin. Les esprits droits et forts surent decouvrir ses
intentions reelles sous le voile qui les cachait; ils peuvent de
meme apercevoir sa veritable pensee a travers ce que le besoin
de sa defense pourra I'engager a dire de faux. Seuleraent , les
ecrivains qui chercheront dans ses ceuvres des materiaux pour
son histoire, ne doivent jamais perdre de vue qu'il a necessai-
rementecrit uneapologie; ils doivent I'interroger, non comme
un temoin, mais comme un accuse : la justice I'exige. Mais il
est un devoir en quelque sorte oppose qu'elle leur present ega-
lement. Si Bonaparte, retire a Sainte-Helene, seul avec ses
souvenirs et sa conscience , place entre le tableau de la France
telle qu'il la recut, et le tableau de la France telle qu'il la
laissait, n'a pas fremi quelquefois de douleur et de remords ,
s'il n'a pas donne quelques larnics a la destinee qu'il pouvait se
faire , et a la destinee qu'il nous a ravie , Bonaparte etait le
plus insensible de tousles horames. Or, on ne trouve dans ses
ecrits aucun regret de cette direction fatale qui fit nos malheurs
et les siens. Mais, de ce qu'il n'en exprime aucun, on ne pent
conclure qu'il n'en ait point eprouve; et c'est a quoi doivent
songer ses historiens. Les hommes de son caractere ne per-
dent jamais tout espoir; si Napoleon n'en conservait plus pour
lui-mome, il avait la faiblesse de fonder du moins sur son fils
des esperances aussi cheres que trompeuses ; plusieurs mor-
ceaux de ses Mi-moires le prouvent evidemment, entre autres
celui oil il expose ses projets sur I'ltalie. En deplorantle delirc
390 SCIEISCES MORALES
qui hii fit saciifier rimraortalite de sa gloire a la duree de sou
pouvoii- , la veritable ambition a la vanite , et sa patrie a un litre,
il eut craint de nuire a I'objet de son vain espoir ; et peut - etre
cette crainte a-t-elle arrete sur ses levres des regrets qui eussent
honore sa niemoire, desarm^ ses accusateurs, et servi la cause
des peuples.
Quoi qu'il en soit, tous les fragmens ou il explique quelque
circoDstance de sa vie politique font naitre de nombreuses et
d'importantes reflexions. Chacun de ses ecrits pourrait etre la
matiere d'une analyse assez etendue. Pour moi, qui dois jeter un
coup d'oeil sur I'enscnible des huit volumes deja publics, je ne
puis, on le sent bien, que signaler les objets les plus digues de
I'attention publique. Tel est, par exemple, le passage des notes
sur le livre des quatre concordats , ou il expose le projet de
reunir tous les etats d'ltalie en un seul royaume, qu'il eut donne
a son second fils. Ouelqvie soin qu'il prenne pour nous montrer,
dans tout ce qu'il a fait en Italic, des moyens de parvcnir a ce
but, on peut, jc crois, douter de la realite de ce projet, et n'y voir
qu'un plan arrange aprescoup, pour augmcnter chez les Italiens
les regrets de sa chute et I'amourde ce qu'il appelait sa dynastie.
Quant a sa resolution d'attirer aParis le chef de I'Eglise, de I'y
loger superbement, et de I'entourer d'une cour magnifique, j'y
croisplus voIontiers,ainsiqu'a son desir de rend re Paris /a ville
unique , sans cornparaison avec toutes les autres capitales , la
ville ou les eglises , les palais , les tkedtres devaient elre au -des-
sus de tout ce qui essiste, et ou Napoleon regrettait de ne pouvoir
transporter I'egUse de Saint-Pierre de Rome. Tout cela est par-
faitement dans les idees d'un homme qui, tourmente par un
instinct de grandeur, a perdu la route de la grandeur veritable ,
et qui, desccndu d'une position unique dans les annales des
peuples pour se jeter dans la foule des princes conqueraiis,
nherche sans cesse des moyens de s'y faire distingucr. Ji est
ET POLITIQUES. ^91
d'ailleurs si facile de creer des eglises , des theatres et des palais,
quand on n'a pas meme besoin d'etendie la main pour prendre
dans la poche de tout le monde !
En relevant quelques assertions de I'auteur des Memoires sur
la revolution de Saint-Domingue , Bonaparte n'a point repondu
aux accusations elevees contre lui , au sujet de la fatale expedi-
tion de Leclerc, de la mort de Toussaint-Louverture , etc. Ce
qu'il y a de plus remarquable dans ses notes, est I'idee assez
bizarre de preparer la liberie des Noirs dans les colonies, en
autorisant les colons a prendre deux femnies, Tune blanche ,
I'autre noire. Cette idee parait avoir etesuggeree a Napoleon par
ce qu'il a vu en Egypte. II I'exprim^ une seconde fois dans la
description des usages et des moeurs des Egyptiens. Le passage
des notes sur Saint-Domingue est aussi court qu'il est curieux.
Je vais le citer :
> La question sur la liberte des Noirs est une question fort
compliquee et fort difficile. En Afrique et en Asie, elle a ete
resolue, mais elle I'a ete par la polygamic. Les blancs et les noirs
font partie d'une meme famille. Le chef de famille ayant des
femmes blanches, noires et de couleur, les enfans blancs et
mulatres sont freres , sont. eleves dans le meme berceau , out le
meme nom et la meme table. Serait-il done impossible d'auto-
riser la polygamic dans nos lies , en restreignant le nombre des
femmes a deux , une blanche et une noire ? Le premier consul
avait eu quelques entretiens avec des theologiens pour preparer
cette grande mesure. Les patri arches avaient plusieurs femmes
dans les premiers siecles de la chretieiUc. L'Eglise permit et
tolera une espece de concubinage dont I'effet donne a un homme
plusieurs femmes. Lepape,le concile, ont Vauiorite et lemoyen
d'autoriser une pareille institution, puisque son but est la
conciliation , I'harmonie de la societe , et non d'etendre les
jouissances de la chair ; I'effet de ces manages serait borne aux
colonies : on prendrait les mesures convenables pour qu'ils nc
:^y2 SCIENCES MORAt.ES
portassent pas le desordre dans I'utat present de Dotie societe. »
(Tome P"", edit par le general comtc Montholon, p. 207 ).
Un tel nioyen d'affrandiir les Negres pent paraitre singulier ;
il ne serait mcme pas trcs-efiicace ; car les hommes qui repugnc-
raient u voir leur semblable dans un noir , lepugncraient sans
doute encore plus a epouser unc femme noire. Mais cette page
niontrc I'activite d'esprit dc I'auteur, qui decouvrait h I'instant
loutce qui pouvait servir ses projcts; elle niontre aussil'habi-
tude qu'il avait prise en Italic et en Egypte de chcrcher toujours
I'appui de la religion. II prend nieme assez bien dans ce morceau
le style d'un casuiste, quoiqu'il nous parle de I'ctat de ia chre'
tiente bien avant la venue du Christ, et dans le siecle Aespa-
triarchcs.
Je m'arrctcrai un peu plus long-tcms sur les notes quedicta Bona-
parte, apres avoir lu le Manuscrit venu de Sainte-Hele/te,\)etite
brochure qui fit, en 1817, un si grand bruit, qui fut traduite dans
toutesles langues etmystifia toute I'Europe. Lesuccesscandaleux
de ce factum a du exercer sur notre litterature une facheuse
influence. C'est peut-etrela source detous ccs volumes pretendus
historiques on politiques, dont les auteurs niettent effrontement
leur ignorance a I'aise devant I'ignorance du public. Bonaparte
se plaint avec raison qu'on ait pu lui a^tribuer un pareil ecrit ,
oCi ses actions, ses discours, son caractere sont sans cesse tra-
vestis , oCi les plus lourds anachronismes placent la paix deTilsit
avant la bataille d'lena , et la bataille d'lena avant I'etablisse-
ment dc la confederation du Rhlii , enfin dont toutes les pages
anuoncent dans I'auteur la plus complete ignorance des premiers
elemens de I'art militairc. Il n'est pas difficile a Napoleon de
montrer combien a ete lourde lameprise du public. Tous les lec-
leurs senses s'etaient deja recries contre la.supercherJe de I'ecri-
vain anonyme. Mais Tex-cnipereiu' aura plus de peine a fairc
adopter son opinion sur la noblesse qu'il a creee. II cherche
longuement h nous prouver que X institution d'une noblesse nil-
ET POLITIQIIES. 89^
tionale nest pas contraire a I'egalitc ... , que les litres acquis
par des services rendus a. I' dint sortent toujours d'une source
pure et honorable; il avail, dit-il, le projei de reconstituer
I'ancienne noblesse de France. « Toiite famille qui cotnptait
dans ses ancetres un cardinal, un grand-officier de la cou-
ronne, un marechal de France , un ministre , etc. , eut itepour
cela seul apte a soUicitcr au canseil du sceau le titre de due ;
toute famille qui aurait eu un archeveque, un ambassadeur ,
un premier president, un lieutenant - general ou un \ice-ami-
ral , le titre de comte; toute famille qui aurait eu un eveque , un
marechal de camp, un contre-amiral , un conseiller d'etat, ou
un president a mortier, le titre de baron. Ces litres n'auraient
etc octroyes qu'a la charge par les impetrans d'etablir pour les
dues uii majorat de 100,000 francs de revenu; pour les comtes,
de 3o,ooo francs; pour les barons, de 10,000 fr. « Celte idee ,
assure l-il, etail cininenimentliherale... ; Elleddlruisalt les pre-
tentions do V oligarchic , et maintenail dans son integrite la di-
gnite et I'vgalile de Vhotnine. »
Je ne pretends point examiner si la noblesse est ou n'est pas
utile ; je convicns menie qu'elle est necessaire dans une monar-
chic. Mais pourquoi y est-clle necessaire ? Precisement parce
qu'elle est I'oppose de I'cgalite, qui, bonne ou mauvaise, ne
pent se trouver que dans les etats republicains, et dont le nom
est un mot vide de sens , quand on I'applique a des institutions
mouarchiques. Les services rendus ;\ i'etat n'ont pas besoin du
secours des titres pour attirer la faveur publique sur les des-
cendaus de ceux qui les rendirent. Les titres sont une monnaie
dont on recompense toute espeoe de services. Pour que la source
en fut toujours />«/<;, il faudraitqu'on ne put rendreaux princes
res d'une demi-hcure avec lui-meme sur ce
qu'il avail a /aire. Quelle incertitude un homme de son carac-
terc pouvait-il done eprouver? Aurait-il espere qu'en s'alliant
aux chefs des sections , il pourrait les maitriser et les faire
servir a ses desseins ? cet espoir eut etc bien deraisonnable.
Pensait-il que, s'il striomphaient de la Convention , il pourrait
les detruire ensuite avec plus de profit pour lui? Cette idee n'a
pas dii lui venir; car il n'avait encore aucun des elemens d'un
parti, et son refus de servir la Convention contreles Sectionnaires
aurait enipeche plus tard de I'employer a les combattre. A-t-il pu
croire que le succes des sections , en supposant meme qu'elles
triomphassent , fiit "Burable , et presentat des chances heureuses
398 SCIENCES MORALES
pour lui ? non. D'abord , la majoiite ties Francais venait de se
declarer , en acceptant la constitution de I'an 3 ; en second lieu,
les arinees, comme il le dit lui-memCj etaient entierement
opposees au mouvement de Paris; entin, le triomphc des sec-
tions, une fois consolide, lui cut ferme la carriere, bien loin de
pouvoir lui etre avantageux. D'un autre cote , qu'avait-il a
craindre en acceptant le commandement des troupes conven-
tionnelles ? les entraves que pourraient mettreases mouvemens
les trois representans du peuple, commissaires pres de I'armee
de I'interieur. Mais, comme il en fitl'epreuve, vien n'etait plus
aise que de se debarrasscr de cette crainte. On ne sait done
comment s'expliquer les motifs de son hesitation. Ce passage est
I'un de ceux qu'il aurait sans doute eclaircis en y mettant la
derniere main.
Lorsqu'il arrive au recit do ses premieres campagnes d'ltalie ,
il n'epargne rien pour fairc mieux comprendre ses vastes et
hardies combinaisons. Comme Cesar, il decrit avec soin le
theatre de sa gloire; et sa description de I'ltalie est, au style
pres, bien stiperieure a celle des Gaules et de la Bretagne. II
embrasse tout , les divisions formees par la nature et la confi-
guration du sol; ia force des diverses frontieres, les differentes
lignes de defense, taut aux frontieres que dans I'interieur, le
genre de guerre qu'exige telle ou telle partie, les ressources
militaires du pays, les places fortes, la puissance maiitime que
pourraitacquerirla nation italienne une fois reunie. Ce morceau
est important et ouvre tres-bien I'expose des operations de
1796 et 1797.
On ne pent, en lisant cet expose, se defendre d'une juste
admiration. C'est dans ccs premieres campagnes que Bonaparte
s'est montre avec Ic plus d'eclat. Nomme general d'une aruiee
dont les chefs et les soldats etaient excellens, mais manquaient
de tout, il sentit d'abord que, s'il pouvait , par quelques succes ,
leur procurer les ressources qui auraient dii appuyer leur va-
ET POLITIQUES. 399
leur, il en ferait une excellente armee a qui rien ne seiait im-
possible. Mais deux grands obstacles s'opposaient h ces premiers
succes : la barriero des Alpes , et le nombre superieiir des enne-
mis abondainment pourvus d'artillerie et de chevaux. II se
propose de tourner les Alpes en penetrant par rendroit ou les
Alpes finissent , ou commencent les Apennins , et de suppleer
au nomhre par la rupidlte des marches , ou manque d'ariiUerie
par la nature des manceuvres, a V inferiorite de sa cavalcrie par
le choix des positions. Certes, ce plan seul montrait un capitaine
assez babile pour reussir a rexecuter. II y reussit en effet, et
Montenotte, Dego, Mondovi preparerent et rendirent faciles de
nouveaux triomphes. Deployant toujours une activite infatiga-
ble , une presence d'esprit a toute epreuve; cherchant dans les
armistices obtenus par ses victoires des moyens de vaincre en-
core, tirant des bataillons de ses ennemis son artillerie de
campagne, et de leurs places fortes ses pares de siege; sachant
rendre plus utiles et surtout plus promptement utiles les auxi-
liaires que lui donnait en Italic la forme du goavernement
francais; reprimant les revokes avec fermete et sans cruaule;
soutenant renthousiasme de ses soldats par des proclamations
qui, enmeme tems, le distinguaient de tousnosautresgeneraux;
redoublant I'enthousiasme de la France par I'envoi des chefs-
d'oeuvre des arts, noble fruit de ses triomphes; resistant aux
desirs du Directoire qui auraient pu compromettre I'armee, non-
seulement il semontra, mais il se fit reconnaitre par tout le
monde grand politique et grand capitaine. Si les seize dernieres
annees de s?. vie publique avaient ressemble a ces deux ans de
prodiges, quelle place n'occuperait-il pas!
Bonaparte a dii tracer avec amour un pareil tableau. Aussi
serait-il difficile do mieux peindre les positions et les mouve-
mens des troupes, les circonstances politiques, les dispositions
des peuples et des gouvernemens. D'autres relations ne rappor-
tent pas tons les fa its de la meme maniere, et donnent quelqnefois
/,oo SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.
plus crinfliicnce a ses g«''ntraux dans des circonstances impor-
tantcs, comme, par excrnple, i Auj^ereaii dans la journce dc
Castiglionc. N'ayant pas ete temoin ocnlairc, jc ne pourrais
que presenter Ics raisons qui donnent plus de piobabilite a Tunc
ou a rautre opinion, et cette discussion depasserait de beaucoup
Ics bornes de mon article. Du reste , y eut-il quelques details
pcu exacts , I'expose des campagnes d'ltalie deviendra sans
doute le breviaire des militaircs; a moins que nos auteurs a la
mode ne leur persuadent que, comme ces campagnes ne sont
pas du grand dix-ncuvieme siecle, il serait peu philosophique
de les prendre pour modele, et que c'est une aussi grande
diiperie dans un guerrier d'etudier la guerre, que dans un
t'crivain I'ait d'ecrire. Mais je doute fort de la roussite de ces
belles exhortations. Nos officiers sjivent trop bicn que ce ne sont
pas des succes de coterie qu'on obtient sur un champ de ba-
taiUe, et que Wurmscr, eut-il eu pour lui tons les discoureurs
de salon, tous les clabaudcui's de cafe, tons les donneurs de
diners et tous les journaux, n'aurait pu faire croire ii personne
qn'il etait vainqueur et Bonaparte battu. F — x.
( Un second ct dernier article sur le meme outrage sern
insere dans I'un de nos prochains cahiers.J
LITTERATURE.
Les OEuvres de J. Delille. Nouvelle edition ^ pul)lie«
par Micliaud, libraire, place des Victoiies, n" 3.
Les oiivrages de Delillf. ont eu la plus ijiande vo5;;ue; miilti-
piies sous tons les formats dans plusieurs editions differentes,
pendant sa vie, ils n'ont pu lasser la ciiriosite publique; cette
vogue n'a point cesse , dcpuis la mort du poete celebre dont le
nom durera autant que la litterature francaise. Cependant, cer-
taines personnes, prenant le silence qui se fait autour du tom-
bcan d'un homme qui naguere occupait les voix de la renommee,
pour un oubli commence , pretcndcnt qu'on ne lit dejii plus De-
lille , et que bicntot on cessera de parler de lui. La politique
remplit tellementles esprits, desi graves questions sont iil'ordre
du jour depuis quelques annecs ; la France ct I'Europe sont si
attentives cntre les peuples qui demanuent la liberte legale, et
les gouvernemens qui craignent de la Conner et de reconnaitre
des limites au pouvoir des princes , qu'il n'y anrait pas lieu de
s'etonner que Ton eut neglige la traduction des Georgiques ou le
poeme del'Imagination. MaisDelille, malgre les predictions fa-
cheuses de ses censeius et la diversion d
\ iai;e de celtc nature, donne beaucoup d'cinbarras a I'amatem
■qui n'est pas encore assez instruit pour rcconnaitre IVrrenr
' yp.)grapliiqiif.
Get inconvenient ne doit pas empecher cependant de recher-
clier la Table gen<^rale des rnonogramme.i (\y\\ se trouve a elle
seiile pouvoir remplacer tons les oiivrages pnblies jusqn'a ce
jour stir le meme sujet. H- P*.
CiNQCANTE CHANTS FRAXCAis , pat'oles de differens au-
tf.urs , mises en tniisique avec accoinpagnemeiit de
piano; par Rouget de Lislb (i).
CviMXTSifrancais, ch^nls popt/laires, chantb;int une
puissance politique qu'il ne croyait pas devoir lui accorder filers.
REAIJX-ARTS. 4i5
ifaire gernicr dans le cceiir des jeunes Francais les passit)ns no-
bles et les vertus qui meritent d'etre nutionales ?
Les chants composes et recueillis par M. Rouget de Lisle pre-
sentent presque toujoiirs des idees d'un autre ordre. Que Ro-
land succombe a Roucevaux, il s'ecrie :
Je meurs pour la patrie ;
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie (i).
Marie Stuart s'eloigne de nos bords en repetant cesvers si tou-
chans que lui inspirait le pressentiment dc ses malheurs :
Adieu, plaisant pays de France ;
O ma patrie
La plus cherie,
Qui as nourri ma jeune enfance.
Henri IV n'est plus un amant vokge : c'est le pere de son
peuple.
Honneur, honneur au Bearnais,
L'orgueil des lys, I'idole de la France :
Les guerriers chantent sa vaillance,
Les peuples chautent ses bienfaits.
Soil (|iie M. Rouget de Lisle mette en musique ses propres vers,
(i) Tyrtee avail dit :
Tt6va(x£vaE -yap JcaXov eui TrpcjAaj^otCTi ircOoovTa
AvtJp' a-j^aSov irepi ■jo ■KO.r^t.Si (iapvajAEVov.
c'est-a-dire,
Au cliauip d'honneur, beureux qui perd la vie!
Heureux qui tombe aux premiers rangs,
En combattant puur sa patrie.
A vingt-cinq siecles de distance , la liberte inspirait les monies
chants a ses defenseurs.
/,i6 BEAUX-AlitS.
soit qu'il clioisisse dans Ics vieux poetes, on dans ceux rjui ,
avec notic lVjiani;( r , biilleut inaintenant Stir le Parnassc
francais, la gloire, la libcftt-, Ic; bonhciir do sou pays, sout
pri'sqiif tonjouis Ics siijets ([ui I'inspii'ent : aii'^si, st-s chants
sonl-ils 6m\ufmmct\t /rancais ; il ne lour manque qu'unc pins
j^iande vogne pour devenir nationaux. Sansdoute, M. Rouget
ne pent esperer maintenant pour ses chants le sncces de sa
Marseillaise, qui fut I'un des principanx instrumens dans ce poeme beaucoin) d'imagination , des situ.itior<;
tr6s-clramaliques , de rint('r<.'t , et souvent un grand charme dc-
j)oesie. La premiere scene entre Hadad et Miphiboselh , oii celiii-ci
decrit le luxe du palais de David et I'orgueil des fils du roi , est
reniplie de beautcs du premier ordre. Le recit de Li fuite de David
est fait par Tamar, qui , ne sachant pas encore la levolte de son
p6re , entend des clameurs et monte sur la terrasse, d'ou elle dc-
couvre au loin la foule eploree, et son aieul inarchant pieds nus ,
depouille du manteau royal. Cetle exposition serai t , je crois, d'un
tr6s-grand effet au theatre, ainsi que celle de la bataille racontee
par les Isma^lites qui viennent d'en otre teinoins , et qui arrivent
un a un encore tout emus de ce spectacle imposant. Le caracfere
de Hadad est liabilement concu : il a dans toute la piece un aspect
triste , passionne , mysterieux , qui prepare a la catastrophe de la
iiij. Quant a I'intervention d'un agent surnaturel , c'est une licence
justifiee par plusienrs passages des saintes Ecritures. J'ai cru re-
marquer dans les discours de Hadad quelques reminiscences du
second ange de Moore , dans son poeme des Amours des Anges. II
y a aussi ca et la des mots cmpruntes sans doute aux coutumes el
aux moenrs des Hebreux, mais dont le sens est obscur, et qui donnent
parfois au style de ce poeme une apparence d'affectation. II ne
suflit pas de quelques expressions isolees pour peindre un peuple
et une epoque ; il fnnt une couleur generale , qui se retrouve par-
tout. Une peinture liistorique a son harmonic comme un tableau.
l49- — * New England Farmer. — Le Fermier de la Nouvelle-
Angleterre ; recueil periodiqne public par Jolm-U. Russell. Bos-
ton, 1824 ; Thomas Fessenden. Gr. in-;".
Ce journal hebdomadaire est entierement consacre a Tagricul-
ture : il en a"dcja paru trois volumes. Quoiqu'il ait principalement
pour but le perfectionnement de I'agriculture des etats de I'Est , il
contient aussi des renseigncmens d'une utilite generale , ainsi qu'un
choix des meilleurs ouvrages qui se publient sur ce sujet en Angle-
terre et en France. Un semblable recueil est precieux aux Etats-Unis
ou les travaux du fermier, se compUqnant plus qu'ailleurs, exigent
une connaissance approfondie de I'art ; ou I'agriculteur a besoin de
connaiire des methodes de defrichement Hiciles , de trouver des
moyens pour ^irer un produit abondant du sol , pour diminuer les
frais de culture , et pour epargner la main-troeuvre. — L'editeur
du Fermier de la Nouvclle-zingleterre esl deja connu du public ame-
ricain par des ecrits esfimes , et ce journal ne pent qu'augmenter sa
reputation d'ccrivain et de patriote. II s'rst adjoint plusieurs ci-
l,i.6 LIVRES ETR ANGERS.
toyens disiingut^s et pliisieurs agriculteiiis, parmi lesqueU on conipte
cles tlicoriciens eclaireset d'habiles praticieiis. Outre les remarques,
les decouverles, les projets d'amelioration que renfenne ce recueil ,
on y trouve une foule de fails interessans et curieux.
L. Sw. Belvoc.
AMERIQUE MERIDIONALE.
'5o. — * i t. xxiv,
p. 700). C'estprincipalement a cenx-ci que la Clef ■pent etre utile ; car,
dans les ecoles, le pro'fesseur y supplee. Cet ouvrage , tout compose
de c^culs algebiiques , n'est point susceptible d'analyse : le noinbre
des questions dont les solutions sont developpees dans ce petit vo-
lume , est reellement prodij^ieux. On n'a pu mettre autant de clioses
dans un si petit nombre de pages qu'eii eniployant un caractere
Ires-petit, niais tres-net. La table des matieres indique la corres-
pondance entre les deux ouvrages , la Clef et le systeme pratique ; ce
qui rend I'usage du secojid d'autant plus facile et plus fructueux.
On doit les regarder a I'avenir comme necessaires I'un a I'autre ,
et par consequent ne point les separer. F.
l52. — Geographical memoirs on New-South-Walcs , etc. — Memoires
geographiques sur la Nouvelle Galles du Sud : par differens auteurs ,
redigf's par Barkon-Field, esq. juge a la cour supreme de la Nou-
velle Galles du Sud. Londres , 1825 ; Murray. In-8.° de 5o4 pages,
avec des cartes et des gravures ; prix 18 shellings.
Cet ouvrage n'a point rempli notre alteute. Nous en avons com-
rnencc la lecture avec I'espoir d'y trouver des detaiis nouveaux sur
les productions et le climat de la Nouvcl'e-HoiJande, sur les moeurs
de ses colonies , sur leur etat agricole et commercial , etc. , et nous
V^8 LIVrxES ETRAAGERS.
.-ivons achcve le volume sans avoir obteau des renseignemens nou-
veaux relatifs a I'etat de civilisation ct de prosperite de ce vaste
continent. Mais, si les auteurs de ce livre ont neglige de nous
offrir le tableau de la situation actuelle des c'tablisseinens anglais
dans cette cHgniime parlie du moiide , ils nous offrent des documens
precieux sur quelques points encore inconnusde I'Australie, et nous
peigneiit les moeurs et les habitudes des peuplades de ces contr^cs.
L'bistoiio des trois matelots anglais, qui , jctes par la tenipt^le sur
4es Cotes de la baie de Aloreton, vecurent pendant sept mois parmi
•les sauvages de cette partie de la Nouvelle-IIoUande , presente des
daits anssi curieux qu'interessans ; et aujourd'hui que les bienfaits
de la civilisation se repandent dans presque toutes les contrees, il
est digne de I'attention da piiilosophe d'etudior et de connaitre
rhomme f, etc.
— Vie , ecrits , opinions et siecle de lord Byroit ; par un Anglais au
service des Grecs, ami etfrered'arines de lord Byron. Londres, iSaS;
Matthew Key. 3 vol. in-8o, avec deux gravures; prix a liv. a shel.
L'auteur de cet ouvrage consacre les premieres pages de son
ecrita des plaintes violentes, mais legitimes, centre les destructeurs
des memoires de lord Byron. ( Voy, Rev. Enc. t. xxii pag. 780. ) II
remarque que «lord Byron, n'ayant point a redouter le jugement
du public, se serait presente devant lui, tel qu'il etait pendant sa
vie , ayant soin seulement de derober au monde ses nombreux bien-
faits. » C'est dans Tintention de remplacer , autant que cela est pos-
sible, ces memoires, sou.straits au public pour satisfaire les inter^ts
prives de quelques families , qu'un ami de lord Byron a compose
Touvrage que nous annoncons; il est iiirpossible de lire sansun tres-
Tif int^r^t un ecrit compose dans un but aussi louable. La veracite
de l'auteur serait mieux garantie, s'il n'avait pas garde I'anonyme;
mais, s'il est permis de juger de la fidelite d'un livre par la manifere
dont il est ecrit , nous dirons que celui-ci, par sa candeur et sa sim-
plicite, meritela confiance. Cen'est point certainement I'oeuvre d'un
43a LIVRES ETRANGERS.
ecrivaiu habile ; sou stj'le est souvent incorrect; ses expressions sont
quelqiiel'ois busses et vulgaires; niais, si la forme de cet oiivrage
manque d'elcgance, on n'y remarque du moiirs , ni esprit de parli,
ni parrialitc, ni piejiiges. Nous accordous plus de croyance aux
anecdotes et aux faits mentionues dans ces volumes, paice qu'ils
sont rapportes avec simplicite , que nous n'en donndmes jadis aux
in^mes evenemens racontes par MM. Mcdwin, Salvo et Gainba.
Le tableau trace par uotre anoiiyme de la faniille de lord Byron,
nous fait voir que les a'ieux du poete posssdaicnt quelques-unes des
qualitcs extraordinaires qui out distingue Icur noble rejeton. Les
priucipaux traits qui caructerisereut la jeuuesse de Byron, furent
I'orgueil et la bonte ; ces deux qualites, uuies a une imagination
jirdente, enfantferent tons ces phenomenes qui sigualerent sa car-
riere. Encore enfant, il se prit a pleurer, aux marques de respect
que lui temoign6rent ses condiciples d'Aberdeen , en lul donnaut
pour la premiere fois le titre de lord Byron. La bonte et la sensibi-
lite de son coeur etaient aussi remarquablej que la puissance et Te-
tendue de son genie. Pendant qu'il etait a Constantinople, une que-
lelle eut lieu entre des Turcs et I'equipage d'un vaisseau venitien.
Lesmatelots turcs furent batlus; mais, la populace accourant pour
venger leur defaile, les Venitieus s'enfuirent a leur bord , laissant
malheureusemeut leur ca[)itaine sur le rivage. Ne pouvaut echapper
a la mort la plus cruelle, s'il tombait entre les mains des Turcs,
celui-ci se refugia cliez lord Byron, qu'il ne connaissait que de re-
putation, et implora sa protection. II y avait tant de lierte dans ses
manieres et tant de confiance dans sa deniardie que le pocte en fut
comme exalte; il promit de le sauver , il tint parole, et,nu peril
de sa propre vie, il le fit transporter dans un lieu desurete (i). Une
jeune dame de beancoup de talens venait d'<^tre reduite par divers
accidens a la plus affreuse misere. EUe vint trouver lord Byron, et
lui demauda sa souscription pour un volume de poesies quelle vou-
lait faire publier. Elle paraissait tres-agitce, il s'eii apercut, rendit
le calme a ses esprits, par ses bienveillautes paioles et lui remettant
un pajjier : >< Voila ma sousci iption, lui dit-il. Nous sommcsjeunes
I'un et I'autre ; le monde est mediant; si je me mdlais de votre ou-
(i) L'histoire de ce capitaiuc est rapportee, dans les Memoires, d'line ma-
niere tout-.-i-fait interessante. C'cst tres-probablement re fait qui a doone a lord
Byron I'idee de .son poeme intitule : le Corsaire.
GRAINDE-BRETAGNE. A'.'i
Vrage , ii vous en arrlverait mal. » Le papier cnntenait un bon cle
cinquante louis. Ayant rencontre par hasard a Ithaque un de ses
anciens camarades d'Abei deen , I'enseigne Frazer, et le trouvant
pauvre et sans amis , il lui donna sa protection ; et , n'aya-nt pu par
ses sollicitations lui obteuir de ravancement , il lui acbeta une coni-
pagnie. Pendant son sejour a Ravenne , il visita I'ecole de Charite;
ayant obtenu un demi coug6 aux eleves , il leur distribua a chacun
un sbelling. Un d'eux lui ayant dit que le petit pont quiles condui-
sait ordinairement a la prairie etait rompu , il le fit reparer aussitot,
ajoutant: « Je me ressouviensdu tems ouj'eusse ete bien afflige si je
n'avais pu aller jouer dans la prairie. » Lord Byron racontait lui-m(5me
quelquefois un fait dont le souvenir semblait toujours I'attrister;
il montre a la fois la bonte de son ame et I'ingratitude qui etait trop
souvent leprixdeses bienfaits. Un jeunehomnie, nommeGuillemore
arriva h Rome dans un etat d'extreme detresse ; lord Byron apprit
sa position ; il le recut dans son botel et pourvut a tous ses besoins.
Bientot apres, GuiUemore recut quatre-vingts louis d'un de ses on-
cles de Londres, avec ordre de retounier aussitot en Angleterre
pour recueillir la succession d'un de ses cousins. GuiUemore se re-
fnsa a quitter sitot son bienfaiteur; il prolongea de quelques se-
maines sou sejour ; enfin , I'epoque fixee pour son depart etant ar-
rivee , il dit qu'il passerait par Venise. Lord Byron lui remit alors
trois cents ducats pour distribuer aux pensionnaires qu'il avail dans
cette ville. A. quelque tems de la , lord Byron s'apercut qu'il av.iit
ete vole. Les soupcons tombferent sur un domestique italien, qui,
Hialgre ses -protestations d'innocence fut ignominieusement cliasse.
Plus tard, en reglantavec son banquier , lord Byron decouvrit qu'on
avail contrefait sa signature pour une somme de 760 livres sterling.
Les faux billets avaient ete presentes par GuiUemore; on prit des
informations, el Ton apprit qu'il n'etcit pas alle a Venise. Le
souvenir du pauvre Italien revint alors a I'esprit de lord Byron.
Son premier sentiment fut donno a la douleur : il avail etc injuste
et cruel. Apres beaucoup de recliercbes, il retronva ce malbeureux
domestique;] il etait a riiopital , pauvre et malade. A cette vue , le
poete versa des pleurs; il ne negligea rien pour le relablissemenl
de I'ltalien , et lui assura ainsi qu'a sa femme un sort convenable.
« Partout oil a passe lord Byron, dit noire outeur, il a laisse des
traces de sa bienfaisance. II n'existait pas, ajoute-t-il, de gondolier
dans Venise ou de matelot dans I'Adriatique qui ne se fut expose
aux plus grands perils pour I'obliger ou le servir. » L'accusation de
T. XXVII. — Joilt 187.5. aS
434 LIVRES STRANGERS.
niisanthropie port^e contre cp grand poete est repouss^e avec indi-
gnation , et notre auteiir prouve que celui qui a eii des amis aussi
iionibreux , aussi affectiounes, aussi devoues que ceux qu'avait lord
Byron , n'avait pu rcster otranger aux sentimensde I'humanite. Cer-
tainLMTient , celui dont I'Ame se revoltait a I'idee d'un lioinme dis-
posant de la vie d'un autre honinie ne pouvait 6tre I'enuemi du
genre hnmain;'!! suffit que le coupable soil en voire pouvoir ,
dlsait lord Byron , que sa vie soil entre vos mains , pour que vous
ne deviez point la lui enlever. Garroter «n homnie et ensuiter^-
pandre son sang 1 c'est une idee affreuse , et je m'etonne que Ton
ait pu s'y accoutunier. »
Peut-on lire Texpressiou de tels sentimens et ne point s'indigner
contre I'injustice de ceux qui ont donne a lord Byron les epitheles
d'honime deprave et immoral ? Ne devons-nous pas croire que tous
les torts de sa vie (el sans doute on en a fort exagere le nombre),
n'elaient quele resiiltat de ce degout du nionde qu'eprouve loujours
une ame elevee, aigrie par rinjuslice? Comnie homme, Byron cut
des defauls, mais encore plus de vertus; comnie i)oete, il a cgale
les anciens et laisse les modernes a une distance immense. Qui, de-
puis Homere, posseda un genie aussi fecond , aussi vaste , aussi
brillant que lord Byron... ? Etcependar.l, les honneurs du Pantheon
anglais lui out ete refuses ! Oui ! mais qu'on n'imagine pas que ses
concitoyens soieni assezdechus de leur ancien caractere , assez igno-
rans ou assez t'anatiques pour avoir sanctionne cet acte de barbaric.
Ce n'esl pas TAngleterre, ce n'est pas sa palrie, c'est le doyen
( dean ) de Westminster qui a refuse d'admettre les restes du chantre
de Child-Harold dans le temple des grands hommes! Si Shakespeare,
si Drvden, si Pope, dont ildcfendit la gloire, avaieut pu , se levant
de leurs tombes , voir repousser ainsi ces mAnes illustres, s'indi-
gnant d'habiler encore les voiites sous lesquelles ils reposent , n'eus-
sent-il pas , en desertant ces iieux , aunouce au monde que I'abbaye
de Westminster avait cesse d'etre le sanctuaire du genie ?
Fanny Seymour.
I 5t. — Thoughts and Recollections , etc. — Pensees et souvenirs d'un
homme du siecle passe. Londres, i825;Murray. In-iade 187 pag.;
prix 7 sh. 6 d.
Ce petit livre est un recueil de notes sur differens sujets; il est
^crit par un homme du monde, et Ton ne saurait trop admirer la
clart6 de son style, et roriginalite , la candeur, I'impartialite de ses
opiuioiis, lors mOme qu'on ne les partagerait pas toutes. Le seul re-
GRANDE -BRETAGNE. 435
grel que sa lecture puisse laisser au lecteur, c'est qu'il ne soil pas
plus long; car il est peu d'in-folio qui contiennent autant d'idees
neuves.
Nous recommandons a nos lecteurs un chapitre sur les revenans
que I'auteur commence de cette maniere originale : « Je croyais
jadis aux revenans et j'en ai encore peur (i). » II refute aussi de la
maniere suivante , dans une note du meme chapitre, un de ces so-
phismes que le docteur Johnson n'a que trop souvent reussi a de-
guiser sous la pompe du style : « Le docteur Johnson a dit, en par-
lant des revenans : II y a nombre de personnes dont la frayeur
atteste Topinion que leur bouche desavoue. Le docteur parait avoir
oublie que Fopinion des personnes dont il parle peat ^tre le resultat
d'un raisonnement bien suivi, et leur frayeur I'etfet de la faiblesse
de leurs nerfs. »
L'auteur a eu la modestie de garder I'anonyme; mais il n'v a dans
son livre rien dont un honnete homme ait a rougir, ou qu'uri liorame
de talent puisse vouloir desavouer. R. L. W.
1 58. — The Improvisatrice , etc. — L'Improvisatrice et autres
poemes, par L.-E. L... QtiaCrieme edition. Londres, 182S ; Hurst.
I vol. in-i 2 de 827 pages ; prix 10 sh. 6 d.
1 59. - — • The Troubadour, etc. — Le Troubadour, etc., par L.-E. L... ,
auteur de Vlmprovisatrice. Londres, 1825 ; le mdme. i vol. in-12
de Sifi pages; prix 10 sh. 6 d.
Rien n'est plus remarquable dans les annales litteraires de notre
sifecle que les honneurs obteuus par les femmes auteurs (2). Si nous
nous reportons a des tems anterieurs , nous trouvons des traces de
leur superiorite dans les branches secondaires de la litterature ;
nous voyons les plus illustres d'entre elles abandonner les occupa-
tions de leur sexe et les intrigues du boudoir, et, prenaut un essor
plus elev6, donner de I'eloquence au billet doux et du charrae au
roman ; mais il etait reserve au xix" siecle de niontrer que les id^es
philosophiques ne leur sont point etrang^res, et qu'elles peuvent
revdtir la poesie de cet interet et de cette force que peu d'hommes
onl su lui donner.
(i) Ce cliapitre a ete traduit et sera compris dans le Choix des meilleurs
morceatix en prose et en i/ers , extraits des journaux et outrages anglais , dont
■ le libraire Peytieux prepare la premiere edition , a Paris.
(1) Ces poemes sont generalement attribiics a mi'"'• in-is deSoo a 34o pages chacun.
GRANDE-BRET AGNE. 4^9
AunoDcer un nouvel ouvrage de miss Edgeworth, cVst aunoncer
une bonne action et un service rendu a la jeunesse. Elle a marche
sans relAche vers le noble but qu'elle s'etait propose , des son en-
tree dans la carriere litteraire. Guidee et encouragee dans ses pre-
miers essais par un pere qu'elle cherissail et qui avail lui-m6me
consacre une partie de sa vie a ramelioration du sort de ses com-
patriotes irlandais , et a I'education d'une nombreuse faniille , elle
a rempli avec perseverance la tdclie qu'elle s'etait imposee. Per-
sonne ne reunit a un plus liaut degre la purete de motifs, la droi-
ture d'intentions , le charme de rexecUtion. C'est eu amie bienveiU
lante, dclairee, que miss Edgeworth observe les enfans. C'est avec
line tendre sollicitude qu'elle epie leur penchant pour le bien, et
qu'elle le developpe. Persuadee qu'on doit aider I'intelligence , et
lion I'etouffer sous une masse de connaissances Inal digerees , elle
met I'esprit en mouvement , elle eveille la curiosite; en un mot, elle
fait un appel aux facultes; niais elle n'a point la ridicule pretention
de les inculguer. Loin de trailer legt;rement les ouvrages pour les
enfans, elle y a apporte tous ses soins, tout son talent. Elle n'a
parle de rien sans I'avoir approfondi. Chacune de ses observations
est le fruit de sa vie entiere. Elle a reflechi aux moyens de bonheur
dans ce nionde : elle les a vus dans un jugemenl sain , dans une raison
murie par I'experience , dans linstruction , source intarissable de
plaisirs el de decouvertes , dans des sentimens de justice et d'hu-
manite. Tout cela est dans le rceur de I'homme ; mais il s'agissait
de le faire germer, de cultiver des gouts simples et purs ; et c'est la
I'effet infaillible de tout ce que miss Edgeworth a ecrit. Apres avoir
lu uu de ses ouvrages, on est dispose a devenir meilleur, a voir
I'existence plus belle et plus noble. On est emu aussi de I'austeritd
de conscience q.iii preside a tous ses travaux, de ce tendre et bien-
veillant inter(5t qu'elle montre sans cesse a ses lecteurs, de la seve-
rile avec laquelle elle repousse tout stimulant dangereux , toute ca-
jolerie, toute deception. Elle parle aux enfans un langage digne et
ferme, mais toujours a leur portee. Elle en tempore la gravite par
des observations charmaiites, par des remarques remplies de finesse
et de gout. Elle condescend m^me jusqu'a soulager leur attention
par ces riens, par ces plaisanteries enfantines qui se m^lent sans
cesse aux eludes les plus serieuses de la jeunesse.
Henri et Lucie, ou Lecons du premier age , avaient etc commencee.^
par M. Edgeworth , long-lems arant qu'aucun litterateur distingue,
a rpxcepliori de M.™' Barbauld et du docteur Watts, put daigm?
/./lO ^ LIVRES ETRA.NGERS.
s'occiiper des enfaas. Cel oiivrage, qui est tin excelleut petit iiianuei
rreducation pratique, fat continue par miss Edgewoiih. 11 a ete
tiaduit en francais, mais d'une mani^re fort incomplete, et sous
un autre titre. On en a supprime plusienrs passages; d'autres ont
ete alteres; enCn , on I'a traite comme on traite en France les ou-
vrages destines aux enfans , qui sent presque toujours des ohjets de
speculation pour les libraires et pour les traducteurs, fort indifferens
au but d'utilito que I'auteur s'est propose. La CoticUision de Henri et
Lucie, que nous annoncons, est coMsacree aux jeunes gens de I'iige
dedix a quatorzeans : elleembrasse un apercu de plusieurs sciences,
mais priucipalement des arts raecaniques et industriels, parvenus a
un si liaut degre de perfection en Angleterre. C'est le goiit de ces
sciences, c'est I'esprit des decouvertes que m'iss Edgeworth a voulu
cultiver : en effet, rien n'est plus propre a eveiller le desir de s'ins-
truire , a piquer la curiosite naissante des enfans toujours empresses
de se faire rendre compte de ce qui leur semble d'abord inexplicable,
que les entretiens de Henri et Lucie : I'un , dont I'e.'prit exact et
positif veut tout analyser ; I'autre qui joint a de la facilite beaucoup
d'etourderie, et une imagination active et impatiente, qui s'egare
par trop de precipitation.
Dans ce moment oil I'industrie prend parmi nous un essor si ra-
pide et sibrillant, le livre de missEdgeworth ne peut manquer d'etre
accueilli avec reconnaissance par les parens, avec avidite par la
classe de lecteurs auxquels il est destine. Une traduction fiddle et
soignee , precedee d'une Notice sur les ouvrages de miss Edgeworth ,
par M™^ L.-Sw. Belloc, s'imprime en ce moment, et paraitra sous
peu cliez M. Fortic, libraire , rue de Seine : on y joindra un examen
raisonnc des ouvrages de Miss Edgeworth, et quelques reflexions
sur la direction emiiiemment morale de son talent. Z.
i63. — Le Petit Mcrcure , Rcviie des spectacles , de la litterature et des
modes. — II parait, tous les samedis , un numero de ce journal,
compost d'une feuille d'impression. On souscrit a Londres, au bu-
reau, n° 17, Maddox-street, Hannover square, et chez Bossange.
Prix de la souscription , pour un an, 4' 1- st- 4- — Pour 6 mois ,
a 1. St. 10. — Pour 3 mois, i 1. st. i5.
Nous aimons a recommander ce journal, qui parait a Londres
depuis le commencement de cette annee, et dont la publication, en
francais, dans un pays etranger, est un uouvel hommage rendu k
I'universalite de notre langue. Les caliiers que nous avons recus
jusqu'a present nous paraissentprcpres a donner une idee favorable
GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. A4i
tie cette entreprlse litteraire. Le choix des articles , dont une partie
est enipruntee a nos journaiix de Paris qui sont rediges sur le m6me
plan, nous a paru en general fait avec disceruement , et la plupart
des articles originaux fournis par les redacleurs qui sont a Londres
ne sont pas indignes de paraitre a cote de ce que produit de meil-
leur notre litterature leg^re. Nous citerons, dans les n"^ que nous
avous sous les yeux : (no v) I//2 mot sur les tableaux exposes a I'Egyp-
tian Hall, article de M. Chatelain , qui nous a rappele une des plus
jolies lettres de Dupaty sur I'ltalie , et Y Avenue d' Hampton Courc,-par
le solitaire de Maddox street. (n° vi) la Carpe et le Brocket. (n° vii)
la Lime d' Argent. (^n° vlJl) les Dienfaiteurs, nouvelle espagnole, si-
gnee X. (n°ix) le Savetier Chinois. (n^s -vlil et ix) la Mesalliance ,
nouvelle de M. X. B. Saintine, dont le sujet est le meme que celui
d'une pi^ce jouee avec succes sur le theatre du Vaudeville, a Paris,
sous le titre de Julien , ou vingt-cinq ans d' entr'acte . Nous avons aussi
remarque quelques analyses d'ouvrages. — Les redacteurs donnent
aussi des Nou-velles des theatres de Londres , et des articles Modes , qu'ils
acconvpagnent quelquefois de gravures lithographiees, dont I'execu-
tion n'est pas entierement exempte de reproclies.
On trouve encore des vers dans leur recueil; mais cette partie,
qui devrait ^tre I'une des plus importantes dans un ouvrage qui
prend !e titre de Mercure , laisse beaucoup a desirer, surtout sous le
rapport de la variete. Toutes les pieces que nous avons lues , a I'ex-
ception d'une seule qui est due a la muse de notre Beranger, por-
tent le nom da meme auteur; il faut un grand merite ou beaucoup
de modestie pour s'exposer ainsi seul a une comparaison aussi
dangereuse. — Ce recueil pourra se perfectionner encore , et nous
y rcviendrons avec plaisir pour constafer ses progres; tel qu'il
est aujourd'lmi, il merile I'attention des lecteurs bien mieux que
beaucoup de recueils du m^me genre qui se publient dans la ca-
])itale , et surtout dans les provinces de la France. E. H.
RUSSIE.
164. — * Scholce seinestres in Ccesarea Universitate litteraria qiice
Dorpati constituta , est, etc. — Programme des etudes dans I'Univer-
site de Dorpat; par C. Morgenstern , professeur d'Arcbeologie
dans cette Universite. Dorpat, 1824- xxxviii et 6 p. in-fol.
II y a six universites dans I'empire russe; les vllles ou elles sont
rtablies sont Ifloscou, Petersbourg , Casan , Dorpat, Cherkof et Vilna,
I.es sujels de I'empiie russe nepeuvent faired'etudesenpaysetranger,
44a LIVRES STRANGERS.
qu'apres avoir suivi pendant au moins trois ans lescours d'une de ces
hautes ecoles. Cependant , Its chaires dans cliacutie d'elles sont peu
iiombieuscs; plusieurs lecons sont tout-a-fait interdites, et la vigilance
de la censure g(5iie lespi^ofesseurs dans I'exercice de celies qui sont
permises. Les etiidians , astreiiils a toutes sortes d'ohservances, ont
peu de liberie ; iis sont surtout rigoureusement siirveilles a Dorpat
et a Vilna , ou plusieurs fois deja Ton a eu de legers dcsordres ii re-
primer. Les jeunes Russcs ne sont admis au service que lorsqu'ils
ont subi leurs examens dans I'une de ces universit6s. Celle de Dor-
pat est principalement frcquentee par les jeuues gens des trois pro-
vinces de la Baltique, ct la langue Allnniande y est la languc do-
minantc.Cette universite pourrait entrelenir facilcment des relations
avec les ('■coles allemandcs, surtout avec celle de Krenigsberg; mais
la reputation de ses docteurs est peu repandue, et les couimunications
fiont difficiles. Sou recfeur actuel est M. uf. Kkusf.nstbhn, connu
par son voyage autour du nionde. La f'aculte de tlieologie conipte
cinq professcurs, depuis I'arrivee du directeur Sartorius, que I'ou a
fait veuir de Marbourg ; celle de droit en conipte trois seulcmeiit : lo
droit romain n'y est point enseigne, on se contentcd'en donner I'his-
toire; I'Ecole demedecine a liuit professeurs,et la facultede philoso-
phic quatorzc; parmi ces derniers , se distinguent MM. Morgenstern ,
pour rarchcologie; Perrot, pour la physique, et Struve j)our I'as-
tronomie. Plusieurs niaitres attaches a I'UniversLte enseignent de
plus les langucs modernes ^trangires et les arts a'cademiques. — ■
Nous empruntons quelques-uns de ces details au programnje publie
pour le second semestre de i8ai , par M. le D'' Mergenstern ; il y a
joint une longue suite d'une premiere dissertation sur la grande
medaille d'or trouvee au mois de mai i8ai pr^s de Tschernigof. 11
avait etabli qu'elle avait ^'tc frapp6e en memoire de I'introduction
du cbristianisme en Russie, et que le nom de liasile , que porte la
legende esclavonne, designait ou Vladimir-le-Grand ou Vladimir
Monomaquc. Cette opinion a trouve plusieurs adversaires; M. le
prof'csseur Francke, d'accord avec son collogue pour le fond , croit
que les dix serpens qui entourent la t6te plac^eau milieu du leveis
de cette medaille representent un egal nonibre de diviuites adoiees
par les russes jia'iens; cc que M. Mergenstern n'adinet pas, jiensant
au cnntraire que ces serpens ne sont, comme le dragon terrasse par
St-Michel , que Temblfeme du paganisme en general.
J.-H. ScHiNIT/.I.En.
DAINEMARCK.
1 65. — Danshe Odrsprog og Talemaader. — Proverbes et dictons
populaires danois, rassembles et publics par M. J.-H. Smidtk.
1*"' caliier. Odensee, 1822. 96 pages in-8°.
S'il est vrai que ies proverbes , comme dit Beaumarchais, sont la
sagesse des nations , le Danemarck et la Norvege peuvent se placer
au rang des nations Ies plus sages. En effet , iudependamment d'un
grand nombre de proverbes adoptes par tous Ies peuples , et tra-
duits dans toutes Ies langues de I'Europe , Ies nations Scandinaves
en possedent beaucoup qui leur appartiennent en propre , et qui
sont peu connus liors du pays qui leur a donne naissance. Deja , en
1682, un ecclesiastique danois, Pierre Syv , avait public, en deux
parties, une collection des proverbes usites dans sa patrie. Cette
collection , unique dans son geure , etait devenue extremement rare ,
lorsqu'en 1807, le savant M. Nyerup en publia un choix arrange
dans un nieilleur ordre, et precede d'une introduction historique et
litteraire siiT Ies proverbes nationaux. Cependant, quelque conside-
rable que soit cette collection, elle est bien loiu d'etre complete, et
depuis Tepoque ou vivait Pierre Syv, la langue danoise s'est enri-
cliie d'un grand nombre de nouvcaux proverbes , qui m^ritent d'etre
recueillis et conserves. C'est ce que s'est propose M. Smiuth , dans
Touvrage dont nous annoncous le premier caliier , et dont nous
verrons avec plaisir la suite. Nous regrettons neanmoins que I'au-
teur n'ait pas trouve le moyen d'arranger ces proverbes dans un
ordre plus satisfaisant que celui qu'il a adopte. Nous avouons qu'il
est peut-6tre difficile d'inventer un bon systeme applicable a cet
objet; niais nous necroyonspas la chose impossible.
Depuis long -terns nous formions le voeu de voirpublier une col-
lection des proverbes communs a tous Ies peuples de I'Europe,
et une autre contenant Ies proverbes qui appartiennent a cha-
que nation en particulier. Nous avous pu esperer pendant quel-
que tems que ce projet se realiserait; nous avons personncllement
connu a Paris, il y a une vingtaine d'annees, un respectable eccle-
siastique, M. D'Uumiercs, qui s'occupait de cet objet, et a qui nous
avions promis iiotre cooperation pour ce qui concerne Ies langues
du Nord. Appele, quelque tems apres, au grand vicariat del'eveche
de Rennes , ou , si nous sommes bien inform^s, il est morten 1810 ,
sans doute , des travaux et des devoirs plus importans rempucbercui
444 LIVRES STRANGERS.
tie continuer iinc entreprise qu'il avail commenc^e avec succes. It
fautesp6rer que ses recherches n'auront pas M perdues, et qu'on
aura tronv6 dans les papiers de sa succession quelques materiaux
quipourront servir debase au travail de son continuateur.
ifiG. — * ^finales Islamici sive Tabulce synchronistico-chronologica^
chalifiiriim et regtim OrienUs et Occidentis , e codicibus manuscriptis
arahicis bibllothecre regioe Hauniensis composuit, latinfe vertit, edi-
dlt D'' Janus Lassen RAsr.iDssEif , professor linguarwm orientalium
in Universitate Hauniensi, etc. Copenhague, 1825. x et i34 pages
in-4°.
La bibliothcque royale de Copenhague poss^de une collection
considerable de manuscrits en langues orientales , apportes de
FOrient, tant par le celebre voj'ageur Nif.buhr, que par d'autres
voyageu^s et par des consuls danois qui ont fait un sejour plus ou
inoins long en Asie et en Afrique. Ces richesses ont ete considera-
blement augmentees par la mort de l-'illustre cliambellan de Suhm ,
qui avail achele a grands frais tous les manuscrits arabes possedes
par le savant orientaliste Reiske , de Gottingue , et dont la superbe
et vaste bibliothcque a ete presqu'entieremenl rcunie a celle du
roi. C'est dans cette preciause collection que M. RisaiussEw a
puise les materiaux de I'ouvrage que nous annoncons. II s'est servi
de dix manuscrits dont il donne la description , el de plusieurs
autres un peu moins remarquables, mais qui sonl tous cependant
de quelque importance. II en est resulte 58 pages de tables syn-
chronisiico-chronologiques d'une foule de dynasties qui ont regne
a differenles epoques et dans differens paj'S, lanl dans I'Orient
qu'en Occident , lelles que celle des Ommiades en Espagne. Ces
tables , qui commencent a I'epoque de la fuile de Mohammed ,
I'an 622 de notre ere , procedent sans interruption jusqu'a I'an
1609 , ^poque oil probablemenl est mort Tauteur du jilus im-
portant des manuscrits dont M. Rasmussen a fail usage. Ce ma-
nuscrit a ete compose par j4btil-Abbas Ahmed ben Jussiif, Damascus
(Damas). II est d'autanl plus precieux, qu'il n'en existe en Eu-
rope que deux exemplaires , dont I'un a Copenhague , et I'autre
dans la bibliothcque Bodleyenne, a Oxford. Nolrre auteur a ex-
trait de ce manuscrit et traduit en latin neuf chapitres , dont
celui qui porle le n° 47 est le plus long ( il remplit a lui seul
55 pages ) et le plus important , en ce qu'il donne la serie
non interrompuc de tous les sultans de la dynastie A'Otsman ,
etablie en 687 de rhcgiro, ou I'an 1288 de notre hre , jusqu'a
i
DANEMARCK. — ALLEMAGNE. /./'.S
fan 1609 , ainsi que nous I'avons remarque plus haul. Nous som-
mes persuades qu'il sera rendu compte de cet ouvrage, tres-digne
de I'attention des orientalistes , dans le Journal ylsiatique , et par
un savant plus en ctat que nous de I'apprecier ; mais nous n'avons
pas cru devoir en laisser ignorer Texistence aux lecteurs de la
Revue Encjclopidique.
167. — * Blagaziii for Reiseiagttagelser. — Magasln des Voyageurs,
public par M. R. Nterup. Trois cahiers formant le 4* volume.
Copenhague , i824' In-8° de 4oo pages.
Nous avons parle plusieurs fois de ce Magasin , dont I'editeur est
professeur et blbliotliecaire a I'universlte de Copenhague. Le vo-
lirme que nous annoncons renferme des renseignemens assez pre-
cieux sur differens pays du globe. Tels sont ceux sur la haute
Ecosse, exploree par M. Rawert en 1818, et le Bengale visite par
un Danois , de 1819 a 1821. II faut y ajouter le voyage de fen
M. Pram dans la Norvege , en 1804 et iSo5, ainsi que les lettres
ecrites par ce dernier pendant nn voyage qu'il entreprit, en 1820
et 182 1, aux lies danoiscs, dans les Indes occidentales , et dans
une parti"3 de TAmerique septentrionale. Nous souhaltons a I'edi-
teur un grand nombre de collaboratenrs aussi instruits que ceux
qu'il a eu le bonheur de trouver jusqu'ici ; alors , et avec le terns,
son Magasin deviendra un ouvrage aussi important que le sont les
differentes collections de m^me nature qui se publient en France,
en Angleterre et en AUeniagne. Heiberg.
ALLEMAGNE.
1 68. — * Tagebuch des koniglich- preussischen Armeecorps , uriler
liefehl des General lieutenant -von York im Feldzugei 812. — Journal
des operations du corps d'armee prussien sous les ordres du ge-
neral d'York, par son aide de camp M. de Setdlitz, depuis major-
general (general de brigade). Berlin, iSaS; Mittler. 2 vol. in-8°.
169. — * Darsteliurig des Feldzugs der franzusischen I'erbilndenten Ar-
mee gegen die Russen im Jahre 181 2 , mit besonderer Riicksicht auf
die Theilnahme der JViirtembergischen Truppen. — Histoire de la cam-
pagne de I'arm^e francaise alliee contre les Russes en 18 12 , et
specialement de la cooperation du contingent wurtembergeois ,
composee d'apr^s toutes les sources connues et quelques materiaux
inedits; par le major Miller. Stuttgart, 1823 ; Cotta. 2 vol. in-4'',
.avec cartes et planches.
, Chacun de ces ouvrages traife d'un objet special ; mais ils con-
44G LIVRES Ii:TRA.NGERS.
tribuent tous deux ;': la connaissaiice exacte de la campagiie de
Russie, et meritent rattention de I'historien et du niilitaire, et
celle du citoyeii curieux de Lien connaitre I'Listoire de son pays et
de son tems. Le principal avautage du premier de ces ouvrages
est de nous faire connaitre exactement la position de la Prusse
■vis-a-vis de la France, avant et pendant la rampagne, les em-
barras du cabinet de Berlin an commencement et plus encore
apr^s les revers de cette expedition desastreuse. II rcpand une vive
lumi6re siir cette grande epoque , fait connaitre quelques details
interessans , et s'attache surtout a justifier la demarche du general
d'York, qui, entraiiie dans la retraite du due de Tarente , signa ,
le 3o decembre 1812 , une convention ayec le general russe Die-
bitsch , en vertu de laquelle il fit au nom de son roi la paix avec
la Russie, sans ueanmoins se declarer encore pour elle. Quoi que
Ton puisse penser de cette mesure , elle fut d'un grand poids pour
les evenemens posterieurs ; sans elle , les Francais seraient par-
venus a contenir les Russes sur la rive droite du Niemen. L'au-
teur s'occupe principalement du recit des evenemens relatifs aa
10' corps d'armee , sous les ordres de Macdonald, et auquel les
ai,ooo Prussiens que commandait le general d'York etaient attri-
bues. II parle aussi de la campagne en general , et les details qu'il
en domie , ainsi que ses reflexions, sont dignes d'une attention
serieuse. II evalue les foices de Napoleon , lors du premier pas-
sage du Niemen , a 4^0,000 bommes , et ne pense pas que les
Russes aient eu alors , et avant I'arrivee de Tscliitschagof , a lui
opposer plus de 180,000 combattans. II attribue avec raison les
revers des Francais a rinipossibillte ou se vit leur chef d'appliquer
a I'immeuse empire sa strategic ordinaire , et au pen de connais-
sance que Ton avait du terrain, a defaut de bonnes cartes. Barclay
de Tolly n'etait pas aime de I'armee ; Koutousof , qui lui succeda ,
changea absolument de systeme , et ses ruses sauverent la Russie.
Nous penclious pour I'avis de I'auteur, qui attribue I'incendie de
Moscou a une populace irenetique , et qui n'y voit aucun plan pre-
medlte ; tout le ruonde en Russie ( nous avons eu roccasion de nous
en convu lucre ) partage cette opinion , et le comto Rostopcbin a
decline I'honneur de cette mesure (i). M. de Seydlitz donne en-
suite de nouveaux eclaircissemens sur la retraite des Francais et
(i) Si, pendaut I'occnpation , les Russes out rejete I'lionneur d'une pareille
resolution, c'etait en liaiiic du nom francais; ils n'etaieiit pas fSclies que I'ou
ALLEMAGNE. U?
sur riiiactivil^deKoutousof qui venait de former une nouvelle ar-
inee au camp de Tarutino. « 11 semble, dit-il, queKoutousof portail
deja ses vues sur la campagne future, et preferait repousser I'en-
nemi par des manoeuvres que par des combats. » Cependant , un
pareil plan semblerait supposer plus de genie militaire que Koutou-
sof n'en avail developpe precedemment. L'auteur attribue les grands
malheurs des Francais surtout a la trop grande etendue de leurs
lignes d'operation ; le froid sans doute y contribua , le manque des
provisions s'y joiguit , et les attaques continuelles des Cosaques
achevereut sa destruction. En attendant, Macdonald avec son corps,
dans les environs de Riga, etait oublie et se vit bientot dans une
situation tres-perilleuse ; une refraite prccipitee fut le seul mojeu
de salut qui !ui restat. Nous renvoyons nos lecteurs au livre m^me
pour les autres evenemens ainsi que pour les details , en nous bor-
nant a ajouter que l'auteur, tout en plaidant pour les troupes dont
il faisait partie , fait preuve d'un esprit d'impariialite tres-remar-
quable. Plusieurs documens, lettres et autres pieces sont annexes
a son Journal.
Le second des ouvrages annonces en tete de cet article est plus
special encore; car il s'attaclie surtout a faire connaitre la conduite
et les services des Wurtembergeois dans la campagne de Russie ;
mais ceux-ci , au nombre de i3,ooo bommes , ayant fait partie du
troisi^me corps d'armee , commande par le marechal Ney, ont pris
part a tons les evenemens importans , et l'auteur est oblige de s'y
arr^ter. Ses computriotes se sont distingues en plusieurs occasions ,
et leur nombre diminua prodigieusement par les combats et a la
suite des fatigues. M. de Miller nous donne de nouveaux eclaircis-
semens sur les negociations de Moscou et les malheurs des Fran-
crAt, et ils chercbaicut a se persuader eux-memes que c'etalt la im acte de
Napoleon. Depuis, ils ont generalcment accepte I3 responsabilite de ce fait
important et decisif de la campagne de 1812. Seulement, il n'y a pas eu et il
ne pent y avoir dans uu pays comiue la Russie d'aveu officiel. On sail meme
que l'auteur de cette mesure , le comte de Rostopcbin, gouverneur de Moscou,
a cette epoque, est en apparence disgracie. Lorsqu'a I'approcbe de I'armee
francaise il fit ouvrir les prisons de la ville et accorder la liberie aux malfai-
teurs fpi s'y trouvaient, son but politique etait de les opposer a I'ennemi ; il
prevoyait bien tout le mal qu'ils etaient capables de nous faire. L'auraieut-ils
done mieux servi encore qu'il ne I'avait espere? Faudrait - il attribuer au
rebut de la nation russe une resolution dont peuvent s'enorgueillir les phis
bautes classes ? ( N. d. r . )
/,48 LIVRES ETRA.NGERS.
cais; il pense que ceux-ci eussent pu se rendie encore Lien formi-
dables aiix Russes , si Napoleon , au lieu de les ramener par un
pays epuise, s'etait retire sur les provinces meridionales (t). II a
aussi raison dc remarquer que la disetle des vivres precedait de
plusieurs semaines les froids d'octobre que les Russes eux-m<;mes ,
malgre leur liabillenient approprie au climat , ont suppcrte av(c
peine. Sans doute Napoleon , dans cette campagne , a fait dc
grandes fautes ; mais elles sont conlre-balancees par des mesures
dignes de son genie, et son operation, en general, ^tait mieux
combince que Ton ne s'obstine a le croire. II faut avouer toutefois
que ce grand capitaine negligea t;-op de pourvoir aux besoins pliy
siques de ses troupes ; il se reposait de ce soin sur des commissaires,
et c'est leur negligence qui a perdu I'armee. Les details que notre
auteur donne a ce sujet sont du plus liaut interet.
J. H. SCHNITZLER.
I^O. — De AuSevTia Epistolcc JitdcB commentatio critica , etc. — De
I'authenticite de I'Epitre de saint Jude, etc.; par Adam Jessien , etc.
Leift'zig, 1 82 1. In-8° de 118 pages.
Pendant pres d'un demi-siec!e , rAlleniagne a vu une conspira-
tion formee contre le cliristianisnie par des erudits qui s'efforcaient
d'en saper les fondemens, les uns en travestissant les livres saints ,
d'autres en contestant leur autlienticite. Cette fureur anti-chretienne
parait si non eteinte ,"du moins calmee. Ces agressions multipliees
ont fait eclore une foule de bons ecrits qui ont defendu I'inspira-
tion divine des saintes Ecritpres. Dans ce norobre merite d'etre
classe I'ouvrage de M. Jessien. II discute les doutes eleves par
quelques auteurs centre I'epitre de saint Jude , et prouve trfes-bien
I'autbenticite de ce monument.
171. — * Geschiifts-Lcxicon. — Dictionnaire-pratique pour les etats
de I'AUemagne et pour les employes de I'etat et des communes.
T. I^'. Leipzig, 1824; Brockaus. i vol, in-8°.
M. Theodore Hartlkden , conseiller du grand due de Bade et
membre de plusieurs academies, est I'auteur de ce dictionuaire, dout
le principal but est de generaliser les connaissances qui sont utiles
et meme indispensables aceuxqui s'occupent des affaires publiqiies.
(i) Telle etait son intention, qu"il ne put cxecnter ; il avail ete prevenu par
les Russes , qiii occupaient deja toutes les issues et qui le forccreut a prendre
celle on ils etaieiit prcsque assures de voir perir toute Tarmee fran^aise (Voy.
VHistoire de la campagne de 1812, par M. P. de Segor). n. d. r.
ALLEMiVGNE. 4'i9
Souveut, dit-il , un juriscoiisulte arrive A la chaiubre i-iective, sans
avoir auciine notion dc I'art militaire et de I'adniinistralion des ar-
mees , ou de celle des for(5ts ; et cependaiit , s'il ne pent prendre la
parole sur ces objets, son vote ne sera pas, non plus , eclaire de
toutes les lumieres desirables. Le Dictionnaire pratique est done un
guide pour rhomme instruit , et il pent servir aussi a de simples par-
ticuliers que les circonslances obligent a sortir,pour certaines af-
faires, de la sphere de leurs conuaissances. Ici, tout est dirige vers
la pratique ; la tlieorie est soigneusement evitee : quant a ceux qui
veulent approfondir la matiere sous ses rapports historiques ou
scientifiques , on les renvoie aux ouvrages qui tiennent le premier
rang et que Ton a soin de leur indiquer. M. Hartleben etait plus
qu'aucun autre en etat de bien remplir la taclie qu'il s'est imposee :
il a occupe pendant trente ans des places adminislratives , et , pen-
dant treize ans, il s'est occupe de droit public, en qualite de pro-
fesseuraux universites. Les niorcellemens deterritoire qu'a eprouves
rAllemagne I'ont force d'etudier successivement les systemes autri-
cliien , saxon et bavarois. II declare qu'il est absolument exempt de
toute prevention politique , et s'attend ^ etre fort maltraitc par les
obscurantistes de I'AUemagne. M. Hartleben a pwblie plusieurs ecrits
sur la Revolution fraucaise et sur le gouvernement monarchique et
constitutionnel , que ses vceux ont toujours appele en AUeraague.
Son premier volume conduit ses lecteurs de la lettre A jusqu'a la
lettre G : nous allons I'ouvrir au hasard pour juger de la niethode
qu'il a suivie. Nous trouvons a chaque article une definition du sujet
dont il traite ; puis , une discussion sur les avantages et les inconve-
niens qu'il pent offrir, sur le but que Ton doit se proposer, enfin
une indication des exemples qui sont propres a servir de guides. Ce
volume renferme aussi quelques tableaux d'un grand interet. De ce
nombre est celui des forces militaires des differens etats de I'AUe-
mague : on le trouve a I'article contingent; mais il ne s'agit ici que
d'un contingent calcule sur le pied d'un centieme de la population ,
et non de I'ensemble des forces militaires de chaque etat. Un autre
talvleau non moins important, est un resume compare des produits
forestiers dans les etats constitutionnels de rAllemagne , la Baviere ,
ie Wurtemberg , Bade et la Hesse. Panr.i les autres articles remar-
quables de ce volume, nous citerons ceux qui ont pour objet \esjures,
les Societes secretes, \a gendarmerie , \e& fabriques , \a. liberie de la pen-
see , les prohibitions, etc. II y a en tout 469 pages d'une impression fort
T. x.wii. — Aoiit 1825. 29
45o LITRES Strangers. "^
aerree, mais tr^s - lisible et tres-distincte. L'auteur a parfaitement
reinplila tdche qu'il s'etait imposee. P. G.
172. — * Handbiich der maihemalisclien und technischen Chronolo-
gic, etc. — Manuel de la chronologic mathcinatique et technique ;
compose d'apres les sources par le docteur Louts Idei-eu, profes-
seur a rUniversit* de Berlin. T. I''"'. Berlin, iSaS.
Lesrecherches historiques de M. Ideler surles observations astro-
nomiques des auclens out recu le nieilleur accueil de la part des
savans ; ce qui a encourage l'auteur a continuer ses etudes chrono-
logiques. L'ouvrage que nous annoncons est, je crois , le premier
livre raisonne a I'aide duquel I'historien , le phiiologue , I'astro-
nonie , riiomme de lettres enfiri, puisse acquerir une connaissance
precise de la chronologie des peoples auciens et modernes , sans
recourir aux sources et sans etre oblige de comparer les doctes
Merits de Scaliger, de Petavius et des autres ecrivains distingues
dans cette science.
La chronologie mathematique est composee de maniere a servir
de fil a la chronologie histoiique. Quant a celle-ci , qui est la
scieilte auxiliaire de I'histoire , l'auteur, en retranchant tout ce qui
n'a pas entierement rapport a la maniere dout les differens peuples
comptent les jours, les mois et les annees, s'est borne a des re-
cherches sur les epoques de I'histoire qui font I'origine des eres.
Apres un discours preiimlnaire , ou Too passe en revue les idecs
generales admises sur la division du terns , l'auteur passe a la chro-
nologie des Egyptiens , ensuite aux B.ibyloniens , aux Grecs , aux
Macedoniens , aux Syriens et aux Hehreux.
Dans le second volume, qu'il promet pour I'annee prochaine ,
M. Ideler traitera des Runi;iins , des Chretiens , des Arabes , des
Persans et des Turcs, laissant les etudes sur la chronologie des
Indous et des Chinois a ceux qui s'y sont prepares par la connais-
sance des langues de ces peuples, Vieiidront ensuite quelques sup-
plemens et un registre complet. M. Ideler a exclu de son ouvrage
toute longue investigation; mais il joint a ce qu'il avance I'autorite
et les passages des auteurs qui prouvent les fails. D — p.
173. — Gcschichte der roir^anischeii und germanischen Vdlher, von
x494 bis i535. — Histoii-e des nations roniaines et germaines , de
1494 a i535 ; par Leopold'KkWiv.. T. I*^"". Berlin , 1834- In-8°.
Le titre de ce livre a quelque chose qui surprend d'abord ; mais
bientot la pensee de l'auteur s'explique, la voici : Ataulphe, roides
Goths, beau-fr^re d'Alaric, et qui pilla Rome et en emmena Placi-
ALLEMAGNE. A5i
die, fiUe de Tempereur Th<5odose, avail concu un vaste projet : il
voulait reunir en un seul etat les Eomains d'occidenf , et les peuples
de race germaine. La force des choses realisa, dans la suite des
si^cles, ce qu'il avail entrevu. Six grandes nations naquirent de ce
melange : il en est trois chez lesquelles dominent les elemens ro-
mains. Ce sent les Francais, les Espagnols, les Italiens; et trois ou
les caracteres germaniques ont prevalu , les Allemands , les Anglais,
les Scandinaves. M. Ranke , suivant cetteidee, choisit Tcpoque ou
lui semble commencer I'liistoire des terns modernes, qu'il separe
ainsi du moyen Age. Les moenrs des six nations qu'il designe, leurs
institutions , leurs expeditions mdmes revelent I'existence d'ua ca-
ractere uniforme et d'une origine commune. Tout cela est une con-
sequence de la grande migration des peuples, et I'auteur regarde
les croisades elles-memes comme une suite , une continuation de
cette grande migration qui, selon sa remarque, ne finit qu'au xi*
siecle. On trouve la de grandes et ingenieuses considerations; et,
apr^s ce vaste preambule , on s'etonne de ne lire que I'liistoire de 4o
ans. M. Ranke I'a faite consciencieusement, en mettant a proCt les
memoires particuliers , les pieces officielles et d'importans manus-
crits de labibliotheque de Rerlin.
Pour ne plus revenir sur sa maniere et sur la marche qu'il a sui-
vie , nous dirons que son style est serre et nei-veux, qu'il est fort
de cboses et se distingue par des tournures originales. Le premier
«hapitre offie uncoup d'oeil interessant surla France, vers la fin du
xv^ siecle, sur la maison de Sforceet sur celled'Aragon. On y traite
de I'expcdition de Charles VIII contre Naples. Les evenemens qui
■occupent les chapitres suiviins sont la reunion de la Caslille et de I'A-
ragon, Maximilien a la di^te de Worms , la resistance des Floren-
tins a cet empereur. L'auteurdonneici de grands details sur le moine
Savonarola, dont Pic de la Mirandole a ecrit I'histoire. A entendre
cet auteur, les diables qui infestaient le couvent des dorainicains
trerablaient a la vue de frere Jerome ( c'est le nom qu'il portait ) ;
et de depitils prononcaient toujoursson nom avec quelque suppres-
sion de lettres. Neanmoins, le pape fit bien plus denial a Savonarola
que les diables. Ceux-ci n'ecorcliaient que son nom ; Alexandre VI
fit si bien qu'il fut brule vif pour s'etre moque des toudres de I'ex-
communication et s'etre m^le de politique a Florence ; mais il iit ,
pour se venger, bou nombre de miracles qui edifierent beaucoup ses
partisans. Si, parmi tant d'eveaemens qui agitaient alorsl'Europe ,
nous citons ces absurdites monastiques , c'est pour faire voir par
cf trait, que notre siecle vaut a quelques ^gards ce bon vieux tcm&
4^2 LivRES Strangers.
si proue , et dans lequel, en presence de toute une cit6 , un doiuinl-
caiii IttttaiU dc saintetc avec uu cordelier, accepta le defi de tra-
verser un biicher enflamme ; puis , saisi d'effroi, ne voulut y passer
que la sainte hostie a la main, sur que les magistrals et le peliple
ne souffriraicnt point ce sacrilege. — Le second livre occupe prin-
cipalemeut le lecteur d'Alexandre et de Cesar Borgia; puis, de.-
projets de la maison d'Autriche pour une luonarchie universelle ; il
y est aussi question de Jules II , de Venise et des conquetes des Por-
tugais dans les Indes ; eufin , de Henri VIII , de L6on X , des guer-
res des Suisses et des Francais. Ce volume s'arrete a Tannic i5i4-
II est peu de lectures plus utiles ou plus agreables.
174- — *Geschichte des Keenigreichf Hannoi>er. — Histoire du royaume
de Hanovre et du duclie de Brunswick ; par Albert l^ixuv.. V' partie.
Hanovre, i8a4. In-8".
Une preface de I'illustre Heeren est toujours une bonne recom-
mandation pour un livre : celui-ci est precede de quelques pages
dans lesquelles ce grand auteur expose le but que s'est propose
M. Hiine, et rend compte des diflicultes qu'il avail a sunnouter.
EUes sonl assez nonibreuses : d'abord, les sources auxquelles il de-
vait puiser etaient assez pauvres ; en second lieu , le royaume de
Hanovre se forme de la reunion de beaucoup de pays souvent sepa-
res , de sorte qu'il y a , pour bien faire son bistoire, un grand nombrt'
de choses disseminees a faire co'iuclder et a remettre en barmonic.
Neanmoins, M. Hiine s'est acquitte de sa t^che de nianiere a em-
porter tous les suffrages. Sans parler de son style, qui est simple,
noble el lei qu'il convient a I'hisloire , il a bien concu sou plan et
s'est montre encore plus babile dans I'execution. II a parcouru , le
premier , toute la carriere ; car Spitller , dont I'onvrage est d'ail-
leurs fort estime, est toul-a-fait incomplet en ce qui concenie la
geograpliie et la cbronologie du Hanovre, et, sous ces deux rap-
ports, son cadre est beaucoup trop ^troit. M. Hiine, auquel on
doit dcja une bonne Histoire de la traite des negres , a surloul coni-
pris qu'il ne fallait point se borner a la biograpliie des gouvernans,
et que les peuples etaient bien aussi quelque cliose. De toutes parts,
on s'est empresse de le seconder par d'interessantes communica-
tions. II elait impossible que I'auteur ne preseulat pas en meme
terns I'histoire du ducbe de Brunswick : toutefois elle ne commence
que sous Otbon , petit-fils de Henri-le-Liou. Une introduction assez
^tendue conduit le lecteur jusqu'en 12^5. De l.i jusqu'en 170$ , la
premiere periode est divisee en deux grandes epoques : la pre-
miere jusqu'a la reformation , la deuxieme jusqu'en T705. Chncunc
AL1,EMAG1\E. 453
de ces epoqiies comprend quatre sections : i° liistoire politique des
gouvernaiis; 2° histoire de la constitution ; 3° histoire de I'agricul-
ture; 4° histoire des moeurs , des arts, des sciences et de I'indus-
trie. L'auteur, qui cependant n'ecrlt point un abrege, n'entassera pas
volume sur volume ; il a su eviter les defauts dans lesquels ordinai-
rement Ton se jette par suite de recberches trop etendues. Ceux que
Ton remarque encore dans son livre ne peuvent manquer de dis-
paraitre dans une seconde edition. P. Golbery.
175. — * M. Ttillii Ciceronis orarionum pro Scauro , pro Tiillio , et in
Clodium , fragmcnla inedita, etc. — Fragmens inedits des Discours de
M. T. Ciceron pour Scaurus , pour Tullius , et contra Clodius ; va-
riantesdes discours pour Cluentius, pour Coelius et pour Cecina, etc.;
oraison pour Milon, completee d'apres les manuscrits palimpsestes
de la Bibliotlieque de I'Athenee roj-al de Turin, compares ayec les
fragmens de la Bibliotheque Amhrosienne ; par Amedee Peykon, pro-
fesseur de langues orientales a I'Atbenee royal de Turin , et associe
de I'Acad^mie royale des sciences de Paris ; avec une preface sur
la Bibliotheque Babiense , dont il a publie et eclairci le catalogue ,
achevc «ii 1641. Tom. I. Stuttgart et Tubingue, 1824 ; J. G. Cotta ,
In-4° de 566 pages.
Tel est le titre d'un ouvrage long-tems desire par les savans.
Nous ignorons pourquoi M. Peyron a voulii oublier I'avis dounc
par Alfieri, son concitoyen , aux ecrivains, qu'un ouvrage n'est pas
meme parfait , lorsqu'il est corrige par I'auteur. En effet , cette
edition allemande a eu besoin d'un supplement , contenantu ne
feuilie de correction , que M. I'abbe Peyron a imprimee a regret a
Turin , le 8 fevrier iSaS, feuille tres-utile a I'lntelligeiice du texte
latin.
L'ouvrage , qui est tres -interessant , pent se diviser en deux
parties : la premiere, de deux cent vingt-huit pages, comprend
I'histoire du monastere de Babbio, fonde au 7'' siecle par saint
Columban , et I'index des Codex, qui, en i46i, se trouvaient dans
cette solitude , qui ensuite furent disperses dans les bibliotheques
de Rome, de Milan, de Turin, et en grande partie perdus par
negligence.
Les plus utiles recberches, dans cet ouvrage, sent celles qui
regardent les fragmens des Oraisons de Ciceron. Ij'abb6 Peyron
aurait pu omeltrc les soixanfe pages du fac-simile du code par lui
public, et donner au Iccteur siniplement ( comme I'a fait M. Mai
pour ]e livre de la RcpuMiquc de Ciceron ), 1° le texte der. frag-
I
^^^ LIVRES ETRANGERS.
mens avec des notes marginalcs; a° les varlantes qu'on a puisees
dans les manuscrits de Milan et de Turin , sans repeter ce qu'As-
coniiis Pedianus et autres grammalriens avaient public. Le gros
hvre de M. Peyron , ainsi reduit a la moitie , aurait presente se»
recherches aux amateurs avec plus de clarte.
Les causes indiquces du deperissement de jjlusieurs manuscrits
des auteurs latins n'ont point de rapport avec I'oraison pro Marco.
jEmiilo Scanro. II parait que les Sardes , piques des injures de Cice-
ron , y contribuei-ent particulierement. Nous avons des exemples
de ce genre , mcme de nos jours , depuis I'invention de I'impri-
raene. — Nous avons a regretter la derniere partle de cette oraison,
partie ou Ton defend Scaurus de Taccusation portee centre lui.
A regard des autres fragmens de Ciceron , I'auteur a respecte le
texte , et il a donne des notes et des variantes qui ont du coiiter
heaucoup de travail, et qui peuvent interesser les latinistes, par qui
son livre sera recherche. Diego-Gerry.
lyfi- — Handbiich der deutschen Spraclie nnd Lheraliir. — Manuel de
la langue et de la littcrature allemandes, public par le docteur J.-G.
KuNiscH. Leipzig, 1822— 1824; Barth. 3 vol. in-8°.
La litterature ailcmande possedait plusieurs bons ouvrages ou
Ton pent en suivre I'liistoire; nous citerons ceux de MM. Boufer-
weck, Heinsius , Francois Horn, et surtout cel^ de M. Louis
Wachler, intitule : Lecons d'histoire de la litterature naiionnle ( Fianc-
fort-sur-Mein. T. I, viii et 222 p. T. II, 820 p. in-8". Hermann );
mais il lui manquait une collection de morceaux choisis , tant
en prose qn'en vers ; et M. Kunlsch a voulu satisfaire ce besoin ,
que Ton epronvait surtout dans les ecoles superieures. Nous ne
parlous point ici d'une antbologie propre a caractcriser les divers
genres de compositions, mais d'un ouvrage offrant des specimen de
tons les ecrivains qui ont exerce quelque influence sur les progrfes
de la langue et des belles-lettres. — Ces morceaux, qui peuvent etre
ou des fragmens de grands ouvrages, ou des compositions entieres,
d'une nioindre etendue, mais proprcs a caractdriser leur autewr et
la place qu'il doit occuper, doivenl ^'tre classes suivant I'ordre chro-
nologique, et bien marquer les progres de la prose et dela poesie,
tant sous le rapjiort de la langue et de la prosodie que sous celui
de I'invention. M. Knniscb, d'apres son premier plan, se bornait a
donner une semblable collection, depuis la moitie du siecle dernier,
c'est-a-dire depuis Lessing; il a bien fait cependant de s'occuper
encore, dans un troisieme volume, des productions ant^ricures a ce
ALLEMAGNE. 455
grand homme , depuis I'origine de la litterature allemande. Dans
une seconde edition, le troisieme volume actuel formera done le
premier de I'ouvrage ; et I'ordre , interverti par ce cliangement de
plan, sera alors retabli. Le premier volume, apres une excellente
introduction presentant un apercu sommaire de I'histoire de la lit-
terature allemande depuis ses premiers commencemens jusqu'a Les-
sing, offre trente-six morceaux de prose d'un egal nombre d'au-
teurs , depuis Lessing jusqu'au predicateur Draseke. Mais nous
sommes etonnes de voir que I'auteur ait omis les deux freres Schle-
gel et le naif Krummacher. Le cecond volume, d'oii Ton a cepen-
dant exclu la poesie dramatique, renferme des productions poeti-
ques de trente-trois ccrivains justement celeLres , a commencer par
Klopstock. Le troisieme traite de la litterature ancienne, prosaique
et poetique, et commence par celle-ci ; il offre des fragmens extraits
des grands poemes hero'iques ; puis, des poesies lyriques des trou-
badours et des maitres-poetes, ou troubadours roturiers, etc. Nous
citerons les extraits de Titurel, Parcival, Lohengrin , Vigaloi's,
Tristan et Isolde, les poesies de Lutker, de Hans Sachs, au xvi* sifecle,
d'Opitz , Flemming, Gryphius , au xvii=. Le choix des morceaux
nous parait fait avec beaucoup de sagacite , et le texte a ete soumis
prealablement a une critique judicieuse. Chaque volume donne, en
outre, des notices biographiques sur les auteurs dont il renferme
quelque production , et les introductions du troisieme font connattre
les traditions hero'iques auxquelles chaque fragment se rapporte.
Le tout est suivi d'un dictionnaire des mots anciens et surannes , et
forme ainsi un ouvrage tres-utile, qui, perfectionne dans les edi-
tions ulterieures, aura sans doute beaucoup de Iccteurs, repandra
I'etude de la litterature allemande, et donnera a I'auteur de justes
litres a la reconnaissance des amis des lettres, surtout parmi ses
compatriotes. — Nous profitons de cette occasion pour rappeler a
nos lecteurs que M. GuillaumeMiiller, auteur des Cliants heUeniques,
public, depuis plusieurs annees, xme Biblioiheque de po'etes aUemands
du xvii^ Steele. ( Leipzig ; Brockhaus. In- 8°. ) Les cinq volumes deja
publics offrent un cboix des poesies d'Opitz, de Flemming, Gry-
phius, Weckherlin , Dach, Roberthin et Alhert, avec des intro-
ductions, notices bibliographiques et eclaircissemens necessairei,
Chaque volume coute 6 fr. J. H. Schititzler.
45G LIVRES ETRANGERS.
Indication dcs principaux Ouvracf.s pkriodiqups pulnics en
Allemagne. — Sixiemo article. (Vov. Rc^'. Enc.^ t. xxv,
pages 7/(4-7^6 ; et t. xxvi , p. i43-i52, 468-/170, 77^-779^
et ci-(lessus , p. 166-170.) • — On reviendra sur les Reciicils.
qui traitent des sciences philosnphiques et qui auraient du
trouver ici leur place, mals pour losquels on n'a pas encore
toutes les indications suffisantes.
Science du Droit et Legislation civile ou criminelie.
177. — Zeitschrijtfur gesclnclitliche Rechtswissenschaft , etc. — Jour-
nal de Droit historique, public par F.-C. de Savigny, C.-F. Eich-
HOHN et J.-F.-h. GoESCHEN. Berlin; Nicolai. Gr. in-8°.
Ce journal parait a des epoques indetcrmlnees. II est diritje dans
Tesprit dc recole connue en Allemagne sous le nom d'Ecole historique
du Droit. Les auteurs partem de ce principe,que le droit ne pent pas
£'tre une creation libre et spontanee du legislateur; que celui-ci, au
contraire, ne fait ordinairement que sanctionner ce que I'usage, les
moeurs , le developpement naturel de la societe out amene et ctabli.
Pour ce qui coucerne Tetude du droit romain et du droit alleniand
en particulier ( et lis appliqueraient le meme principe a« droit de
tons les pays ) , lis veulent qu'on remonte aux sources ancienncs , afin
de tnontrer comment les diverges institutions juridiques sent nees
les unes des autres, et s'expliquent mutuellcment. Ainsi, pour le
droit romain, lis recommandent I'etude du droit ante-Justinien . en
remontant des constitutions qui ont etc publiees par cet empereui'
ou ses predecesseurs , aux ouvrages des jurisconsultes , aux senatus-
consultes, aux edits des preteurs, aux plebiscites , aux douze tables.
Pour le droit allemand, il ne sufllt pas non plus , selon eux , d'elu-
dier les lois actuellement en vigueur ; mais il faut remonter aux
coutumes , aux chartes, auxstatuts municipaux du moyen Age, aux
capitulaires de Cliarlemagne et des rois francs , aux anciennes lois
saliques, ripuaires, allemanes, bavaroises, bourguJgnonnes, visi-
gothes, etc. Les redacteurs ordinaires sont MM. de Savigny ,pro-
fesseur de droit romnin , a Berlin, Eichhoen, professeur de droit
allemand (public et prive), :i Goettingue , et Goeschen , professeui-
de droit romain a la meme universite, ct principal editeur des Ins-
titutes de Gajus, dccouvertes a Veronc, en 1820 , par le celt>brc Nie-
buhr. Le premier, M. dc Saviguy, est un disciple de Hugo; pcut-
t'trc a-l-il surpasse son maitre , si ce n'est en erudition , du moins
ALLEMAGIME. 457
par la grandeur des vues et I'eiegance dii style. II a ecrit trois vo-
lumes ( i8l 5-i8a2 ) sur VHistoire du droit romain pendant le mojen age,
dont on attend la continuation avec impatience ; un Traitc de la
posset^lon , dont la /f edition a paru en 1822 ; enfin , un petit livre
Snr la wcation de noire epoqiie pour la legislation et la jurisprudence ,
oil il combat I'ouvrage public sur le meme sujet par le celebre pro-
fesseur Thibaut, de Heidelberg. Celui-ci voudrait un code de droit
civil commuu a toute TAUemagne, mais modifie suivant les besoms
des differentes provinces. M. de Savigny croit, de son c6te , que
I'Allemagne n'est pas mure pour une institution de ce genre, et veut
laisser aux savans et a la pratique le soin de remplir les lacunes ,
de mettre en harmonic les dispositions qui se choquent , en admet-
tant toutefois dans ce dernier cas rintervention du legislatear.
178. — Archiv fiir die civilistische Praxis. — Archives pour la pra-
tique du droit civil, par C. de Lohb, £.-/.-y^. Mittehmayer , et
D.- i. Thibaut. Ileidelberj, Mohr. In-8°.
Get ouvrage est consacre plus speclalement a la pratique ou a
Fapplicatiou des lois, sans cependaut exclure leur theorie ou la
science proprement dite. M. Thibaut , I'un des redacteurs , est le
chef de I'ecole que quelques-uns appellent philosophique , et que ses
antagonistes appellent non-historique. Cette ecole veut des codes , et
non une jurisprudence des arrets. On doit a M. Thibaut plusieurs
ouvrages remarquables, qui ont fait connaitre son nora dans toute
I'Allemagne, entre autres un Systeine da droit des Pandectcs , dont la
oe ('ditlon a paru en iSaS; des Dissertations et des Essais sur le droU
cwil, et Tecrit doja che Sur la necessite d'an droit civil general pour
rjllemagne. ( i8i4) ; M. Lour , savant fort estirae , est professeur dc
droit roraain a Giessen. Nous parlerons tout a Fheure de M. Ifhc-
lerrnayer.
179. — Neues jirchiv des Criminalrechts. — Nouvelles archives du
droit criminel, redigepar G.'A. Kleikscurod, C.-G. Kokopak , et
C.-J.-A. MiTTERMAYER. Halle , Hemmerde.
L'un des trois principaux redacteurs de ce journal , M. Kleik-
scHRon, professeur a Wurzbourg, est mort le 17 novemhre 1824.
C'est M. MiTTERMAYER , ci-dcvont professeur a Landshut, puis r»
Ronn , i^iaintenant a Heidelberg, qui est, pour ainsi dire. Fame de
cette entreprise. fl est charge d'examiner les productions nouvelles
relatives au droit criminel. On lui doit, cntre autres ouvrages, une
polite brochure Sur les defauls dc la manirrc nctuellc de trailer du AroH
458 LIVRES jfcTRANGERS.
criininel dans les codes et Us Uvres elemenlaires : Bonn , 1 819. En gd-
neral, ccs nouvelles Archives sont rcdigces avec talent.
180. — Cti'ilistisckes Magaziii. — Magasin de droit civil ; public
par Hugo , professeur a Goettingue. Berlin ; Mylius. In-12.
Cost I'ouvrage qui a le plus contribue aux progr^s que I'etudc
du droit remain a faits en AUemagne dans ces derniers terns.
Get ouvrage n'a jamais paru a epoques fixes. Les premiers vo-
lumes ont ete rciAprinies plusieurs fois ; nous ne savons pas s'il
est par venu au dela du cinquieme volume, dont les derniers ca-
hiers ont ete publics en 1817.
181. — Magazin fur Rechtswissertschafc iind Gezetzgehung. — Ma-
gasin de jurisprudence et de legislation; par Grolman. Giessen et
Darmstadt , Heyer.
M. Grolman est minlstre du grand-due de Hesse-Darmstadt. II
est connu en AUemagne comme I'auteur d'un Sjsteme de droit cri-
minel , qui differe essentiellement de celni du celebre Feuerbach j
mais il s'est rapproche depuis de ce dernier.
Des I'annee 1798 , M. Grolman fit parailre , sous le titre de
Magazin fur die Philosophie des Rechts und dor Gesetzgebung, deux pe-
tits cahiers in-12 que nous croyons u'avoir pas eu de suite. L'au-
teur a commence, en 1800, un nouveau recueil sous le titre:
Magazin fiir die Philosophie und Geschichie des Rechts und der Gesetz-
gebung , dont le premier volume fut acheve en 1801. Un second
volume a paru en trois ou quatre cahiers pendant I'annee i8o'i.
En 1810, les cahiers destines a former le troisieme volume ont ete
publics sous le titre ci-dessus , et M. fon Lohr a ete indique conime
coUaborateur de M. Grolmnn. Ce troisieme volume n'a ete fini
qu'en 1820. — Nous ne connaissons qu'un cahier du quatrieme vo-
lume ; il a paru aussi en 1820.
18a. — Archiv fi'irdas civil und eriminol Rechtder honigUch-preussis-
eken Rheinprovinzen. — Archives du droit civil et criminel des pro-
vinces prusslenncs du Rhin ; par MM. Sandt et Hanf. Cologne ;
Dumont , Schauberg. In-8°.
Ce recueil ne parait guerc consacre qu'a recevoir les actes offi-
ciels du gouvernement et les decisions , soit de la cour superieure
seante a Cologne , soit de la cour de revision pour les provinces
rhenanes , seante a Berlin. Cette cour est presidee par le celebre
M. Daniel, qui a ^te avocat-general a la cour de cassation de
France. M. Sandt a aussi occupe des fonctious judiciaires sou*
I'administration franqaise ; il a traduit ; conjointemcnt avec M, Mail-
ALLEMAGNE. ASg
lier de Chassat , I'ouvrage de Thibaut sur V Interpretation des lois.
Nous ignorons si Touvrage , commence en 1819, est parvenu au
dela du troisieme volume.
i8'i. — Jahrbilcher der Gesetzgebimg. — Annales de legislation et
de jurisprudence du royaume de Wurtemberg ; publiees par Ho-
FAKER. Stuttgart, Metzler. In-8°.
Nous ne connaissons cet ouvrage que par I'annonce inseree dans
la Themis ( t. vii , 4'' livraison ). On trouve aussi dans ce dernier
recueil , que nous avons plus d'une fois recommande aux personnes
qui s'occupcnt de I'etude philosopliique et bistorique du droit, les
annonces suivantes :
184. — Neiie Sammhing , etc. — Nouveau recueil des decisions
notables de la cour d'appel de Cassel , in-fol. et in-4° ; par Pfeiffer
et DuissiNG. Hanovre , Habn.
1 85. — Sammhing der merhwilrdigen Erftscheidungen des herzngl. l\ias-
satiischen Oberappellationsgerichts zii TFiesbaden. — Recueil des de-
cisions remarqunbles de la cour supreme du duche de Nassau;
public par Nahmer.
Le premier volume a paru en 1824.
l8f). — C/iminalistische Beitiiigr, eine Zeitschrift in zwanglosen Heflen.
— Dissertations sur le droit criminel; journal public par Hudt-
TVALKER et TuuMMER. Hambouig , Perthes. In-8°.
Trois cabiers du premier volume ont paru en 1824-
187. — Zeitschrift fur Gcsetzgebimg , Rechtswisseiischaft , etc. —
Journal pour la legislation et la science du droit dans le grand-
duche de Saxe-Weimar-Eisenach ; public par Mulleh. Ncustadt ,
Wagner. Iii-8°.
Le premier cabier a etc annonce en 1824.
N. B. Outre les recueils speciaux que nous venous d'indiquer, la
jurisprudence et la legislation ont encore des archives periodiques
dans les recueils qu'on peut appeler encyclopediques , notamment:
1° dims les Annonces de Goeltingite, oil M. Hugo met souvent des
articles fort interessans ;
2° Dans les Annales de Heidelberg ,( Heidclberger Jahrbilcher , Hei-
delberg , Oswald ) , oil la section de jurisprudence est dirigee par
MM. Tliibaut , JValch , etc.
3° Dans le Journal de Leipzig, (Leipziger Literatur-Zeitung ,L,eips\g
Briskopf), auquel le celebre Haubold , que la science a perdu I'annee
derniere , fournissait quelauefois des articles.
Enfin , on peut encore considerer comme wne sorle de recueil
■ias conteste a chaque canton de
faire des traites, meme etrangers an reslc de la confederation , celle-
ci avait cependant la faculie dc juger leur convenance on leur dis-
SUISSE. 461
convenance avec les interets generaux. — La troisieme periode est
d'uue eteiidue beaucoup plus considerable que les deux premieres ;
notre auteur la llxe de i5i4 a ^7d'^- Des (iveneiuens politiques, auss;
nonibreux qu'iinportans, eurent lieu pendant cette periode. La plus
memorable est la reformation religieuse, comniencee en Suisse par
Zwingle et achevee par Haller, OEcolompade, Calvin, etc. Les
divisions qui survinrent a cette occasion dans la confederation fini-
rent par amener les traites de paix de religion, de 1629 et de i53i.
II nous serait difficile d'analyser, en pea de mots, les principes qui
ont constitue le droit public pendant cette longue periode, taut par
rapport aux cantons coufederes qu'a leurs allies. — De 1798 a i8o3,
epoquedela quacrieme periode , se trouve I'acte celebre de mediation.
— Eufin , de iSo3 a i8i5, M. Henke place la cinqitieme periode ,
pendant laquelle tout en Suisse rentra dans I'ancienne orniere.
L'annee i8i4 amena la chute de la mediation francaise , et la
constitution donnee aux cantons helvetiques s'ecroula avec elle. Le
congres de Vieune publia, le 20 mars i8i5, una declaration, sui-
vant laquelle la neutralite perpetuelle de la Suisse serait reconnue
et garantie de la part des puissances, aussitot que la difete Helvetique
aurait envoye son adhesion, en bonne et due forme, aux stipula-
tions renfermees dans la transaction jointe a cette declaration. Sui-
vant cette transaction , rintegritc- des dix-neuf cantons fut reconnue
tels qu'ils existaient sous I'acte de mediation. Le Vallais , Geneve et
Neucbatel furent reunis a le Suisse pour former trois nouveaux can-
tons ; I'eveche de Bile et la ville de Bieune furent aussi cedes a
]a Suisse, et incorpores , partie au canton de Berue^ etpartie a ecux
de Bale et de Neucliatel. Les cantons d'Argovie , de St-Gall et dc
V'aud furent lib^res entieiement vis-a-vis de leurs ancieus domiua
teurs de toute especc d'obligation, par une sonime de 5oo,ooo fr. ,
qui devait se repartir entre les cantons democratiques. II fut de plu.s
pris quelques dispositions relatives a ramortissement de la dettc
nationaie helvetique. Par un acte additionncl, en date du 39 mart
i8i5 , quelques communes de la Savoie furent cedees a la Suisse ])ar
le roi de Sardaigne , pour agrandir le canton de Geneve et faciliter
ses communications intcrieures; par le nieme acte enfin, 11 ful
statue que la partie orientale de la Savoie ferait aussi partie de ia
neutralite perpetuelle garantie a la Suisse par toules les puissances.
— La diete donna son adhesion a ces deux declarations du
congros de Vieniie, et le nouveati nacte federal fut enfin sanctionne
/,Ci LITRES Strangers.
et confining par le sernient solennel des deputes detous ks canton j,
le 7 aout i8i5.
Nous terminerons ce rapide extrait de I'ouvrage de M. Henke
par le passage suivant : « La nouvelle constitution federale se dis-
tingue de cellequi est etablie par I'acte de mediation, principalement
en ce que: i° le nouveau pacte federal relablitl'egalite des voix dans
la diete pour tous les cantons , sans avoir cgard a leur plus ou nioiiis
grande po])ulation. i° Que le nombre des cantons directeursest res-
treiiit a trois , Zurich , Bertie et Lucerne, qui, dans la direction des
affaires federates, u'alternent entr'eux que tous les deux ans. 3o La
charge de landaniman de la Suisse n'est pas maintenue, non plus
que les droits qui lui etaient devolus. 4" Enfin, le nouveau pacte fe-
deral laisse la souverainete des cantons presqu'aussi illimitee qu'elle
I'etait par les ancienues alliances, en sorte que c'est encore un prin-
cipe de droit des gens plutot que de droit public, qui est la base de
cette nouvelle confederation. A. Tailla.ndier.
l8g — De la constitution du canton de Vaiid, par £«^e«e Monod ,
avocat en cour d'appel ; Geneve, mars iSaS; J. J. Paschoud : Lau-
sanne , Fischer. Brochure de 80 pag. in-8°.
I go — Reflexions siir la brochure de 91. Eugene MoNOD et sitr la cons-
titution du canton de Vaud. ( par M. O. Louis L\ Ha.kpe ) Geneve,
iSaS ; J. J. Paschoud. — Brochure de 63 pag. in-8° ; p . i fr, 25 c.
On sail qu'en i8i4 la Suisse fut entrainee dans le mouvement
general qui cbangea la face politique de TEurope. A peine la France
fut-elle envahie que la dicte de Zurich abolit I'acte de mediation qui
etait la loi commune de la nation helvetique. Dcja, dans quelques
cantons , on avail anticipe sur la decision de la dicte , et les an-
cieunes families patriciennes , ou celles qui se pretendaient telles ,
s'etaient ressaisies de I'autorite qu'elles possedaient anterieurement a
la revolution de 1796. Le gouvernement de Berne , ainsi reconstitue,
somma les cantons de Vaud et d'Argovie, depuis seize ans affran-
chis de sa domination , de s'y replacer volontairement. Cette somma-
tion eut le sort qu'elle meritait; elle fut dedaignee; et,malgrela
crainte que pouvait inspirer la pr(5sence des troupes autrichiennes
qui traversaient la Suisse et dont les anciens oligarques espcraieut
se faire un appui, les magistrals des deux cantons dont I'indt-pen-
dance etait meuacee se conduisirent dans ces terns orageux avec
une prudence et une fermete dont les bons citoyens n'oat pas perdu
le souvenir.
A cette epoque, la Suisse etait livree a des agitations croissantcs.
SUISSE, 463
Une foule de vieux inter^ts et de droits an6antis avaient ^te rap-
peles de I'oubli ; et leur lutte avec les intcrets et les droits nes de la
revolution et de I'ordre de clioses qui lui avait succede, semblait
devoir se prolonger et entrainer peut-etre apres elle le fleau de la
guerre civile. « C'etait uue epoque deplorable de querelles et de dis-
sensions. Puisse la grande famille des confedercs n'en jamais re-
voir de pareille!» s'ecrie a ce sujet I'bistorien Zschokke.
La diete, reunie.i Zurich , previntde plus deplorables malheurs :
elle travailla a la confection d'un pacte federal , qui maintenait I'iti-
tegrite de 19 cantons reconnus par I'acte de mediation. Les etats
confederes revisereut leurs institutions fondamentales, ou s'occupfe-
Tenl a s'ea creer de nouvelles. Le canton de Vaud , soupconne de
conserver un vif attacbement pour la constitution democratique de
I'acte de mediation, dut , afin de se defendre contre les effets de
la malveillance qui voulait lui faire un crime de ne pas 6tre ingrat ,
sacrifier cette constitution. Celle qui la remplaca fut evidemment
une concession des idees aristocratiques qui predominaient alors
dans les conseils de la Suisse : elle fut , quant a ses principes, uni-
versellement improuvee parle peuple qu'elledevaitregir , et pourtant
elle fut adoptee par les representans de ce peuple , qui se laisserent
persuader que les exigeances du moment couimandaieut imperieu-
sement son adoption. Elle subsiste encore aujourd'hui , et c'est elle
qui a donne iiaissance aux deux brochures que nous annoncons.
Noils ue suivrons pas M. Eugene Monod dans les nonibreux re-
proches, plus ou moins fondes, qu'il adresse a ia constitution du
canton de Vaud. Les principaux pfesent sur le mode d'tilection au
grond conseil, c'est-a-dire au pouvoir souverain du canton et sur la
duree des fonctions publiques les plus importantes. Rien de plus
bizarre, en apparence, et de plus incoberent que le mode d'elec-
tion. La division eiectorale du pays est en soixante cercles , dont
chacun nomme dlrectement un depute au grand conseil et 4 can-
didats. La ville de Lausanne, a cause de sa population, nomme
4 deputes directs. Entre les candidats,le grand conseil lui-m(!;me
choisij 63 membres qui siegent avec les 63 nommes directement
par les cercles. Enfin , une commission eiectorale , coniposee des
membres du conseil d'etat , de ceux du tribunal d'appel et de
40 membres du grand conseil designes par le sort , elil les 54
autres membres qui doivent completer le nombre de 180 membres
du grand conseil, fixe par la constitution. On ne concoit pas d'abord
!<• motif de cette complication ; mais , avec quelque attention , on
fM LIVRES JtTR ANGERS.
decouvic qii'cUri a uii but bleu tletermiiic' et quelle est uu nioyen
assure dt robtenir. Ce but, c'est la perpetuitc ties fonctions cntie
les mains dcs ni(}mcs iiidividus , et })eut-etre (mais ceci n'est point
aussi clair) cntre les mains dcs mrjuies families. La longue duree as-
signee aux fonctions de membre du grand conseil,du conseil d'etat,
d'une municipalite ou d'un conseil communal , favorise singuliere-
ment ce syst^me. Uu membi-e de I'une des trois premieres autoriies
que nous venous de uommer est douzc ans en fonction ; un membre
du conseil communal Test pendant dix-huit ans.
M. Eugene Monod combat avec avantage toutes cos dispositions ;
et il est puissammeut seconde par son critique, M. O. Louis La
Harpe, signataire de la seconde brochure, donl le litre estplace en
tete de cet article. Mais I'un et I'autre n'ont fait que repeter des ar-
gumeus qui depuis dix ans sont dans toutes les tetes \audoises. C'est,
selon nioi, le reproche capital que Ton peut adresser aux deux au-
teurs : ils ont employe des armes plus que rouillees contrela cons-
titution , et ils n'ont point demontre I'urgente necessite de la mo-
difier. \
Saus doute , telle qu'ellc est , elle peut avoir des consequences
lunestes a la liberte civile et politique des Vaudois; niais la loi la
plus mauvaise devient bonue dans I'application, lorsque les bommes
qui en sont cliarges sont probes, eclaires et bien intentionues. La
constitution est mauvaise ; mais le peuple n'cn a point souffert , parce
que les magistrals charges de I'execution des lois n'ont fait quebiea
rarement usage des moy«ns qu'elle leur laissait d'abuser de leur
autorite: dans ces derniers cas , I'errcur , bien plus que la volonte
de violer la loi, a ete leur mobile. Les membres du grand conseil,
quel que solt le vice de I'election du plus grand nombre, ne se
croient pas moins de veritables represeutans du peuple et se con-
duisent d'apres cctte pensce ; ils veillent d'un ceil jaloux a la conser-
vation des droits de tous, et la crainte qu'ils ont desenvahlssemens
du pouvoir executif les excite parfois a apporter a la marche du
gouverneiuent , des entraves qu'une sagesse severe n'approuverait
pas toujours. Si les citoyens eussent ete opprimes, ils n'auraient
pas attendu jusqu'a ce jour pour s'elever contre I'oppression; ils
eussent fait eclater leurs plaiutes, dont i'influence eut ete immedia-
tcr.ieul sentie par le legislateur. Au lieu d'une manifestation ener-
j;ique , celui-ci u'a reclame qu'avec moUesse, et aucune tentative
serieuse de nuidifier la constitution n'a etc essayee depuis qu'elle
SUISSK. koj
cxiste, parce que les garanties qui maoquaient a eel acte fonda-
mental se sont retrouvees dans le caractere des magistrals.
La principale queslion que les deux auteurs dont nous nous occu-
pons avaient a examiner n'etait pas de savoir si la constitution est
remplie d'imperf'ections , ce qui n'a jamais ete mis en doute; mais
de bien savoir s'il est necessaire et opportun de la modifier.. Puisque
le peuple ne souffre point et qu'aucun danger pressant ne le me-
nace, la necessite d'une modification n'est pas urgente : il pourrait
^tre convenable de s'en occuper, mais non pas necessaire. Quant a
ropportunite, MM. Monod et La Harpe pretendent qu'elle existe,
etl'un et I'autre se fondent sur des motifs semblables : «D'autres can-
tons ont revise et revisent encore leurs constitutions ; pourquoi ne
les imiterions nous pas ? » Tel est leur langage. Mais sont-ils bien
certains que le canton de Vaudn'ait plus d'ennemis, soil interieurs,
soil exterieurs? En i8i4 et en i8i5, les monarques allies se mon-
tr^rent bienveillans envers les nouveaux cantons de la Suisse, et
cela s'explique aisement. Alors ( nous ne craignons pas de le dire ) ,
les monarques allies etaient presque liberaux ; les proclamations
qu'ils adressaient aux peuples en font foi : mais ils sont bientot ren-
tres, d'un commun accord, dans la vieille voie, et Ton ne peut douter
qu'une intervention actuelle de leur part ne serait plus accompagnee
de ce respect pour les principes auxquels I'Argovie et les citoyens
du Leman devaient leur independance ; et malheureusement, la
manie des interventions est a I'ordre du jour. D'un autre cote , des
circonstances peu importantes, si elles sont considerees isolement,
mais trfes-graves , si nous les considerons collectivement , nous re-
vfelent que la Suisse renferme encore des elemens destructeurs de la
liberie vaudoise ; ils sonl peu nombreux , a la verile, mais le con-
cours d'une grande puissance exterieure pourrait les rendre redou-
tables et occasioner bien des maux. Certes , le canton de Yaud
defendant son independance se verrait soutenu par la grande majo-
rite de la nation Suisse; mais pourquoi, sans un absolu besoin ,
s'exposer a des chances si perilleuses?
Ou les Vaudois ont rdellement a craindre des ennemis dangereux
en Suisse et bors de la Suisse , ou cette crainte est sans fondement.
Dans le premier cas, ils n'ont point d'assez fortes raisons de se plaindre
deleur etat present pour foumirunpretexte a ces ennemis, en modi-
fiant leur constitution. Dans le second cas, comment se fait-il que
nul essai d'un changement k cette constitution n'ait encore ete fait.
C'est qu'une telle mesure n'est point populaire , dans le sens absolu
T. XXVII. — j^out 1825. 3o
1,66 LIVRES hlTR ANGERS.
du mot, puisquele people a encore une influence decisive sur la marcliC
dii gouvernenient et les actes du pouvoir sourerain. M. Eugtne Mo-
nod gourmande done a tort les magistrals de son pays , de ce qu'ils
ne font point ce que leurs commettans ne ieur demandent point d'ui.e
manicre positive. Si les magistrats ont tort , la faute en est au peuple ;
c'est ators le peuple qu'il faut pr^clier. Mais, selon nous, ni le
peuple ni ses magistrals rte sont en det'aut.
Malgre les trailcs, il u'est plus donne a la Suisse de rester neutre
etindiffcrente dans les revolutions morales etpolitiques del'Europe.
Plus la civilisation marclie, et plus les intercfs des nations se con-
fondent. Lorsque I'Europe est sous le poids d'une vaste oppression,
il faut bien que la Suisse se resigne a en avoir sa part. Mais, gr4ce
a la Sainte-AUiance et a I'etat de pais qu'elle entrctient en Europe,
les nations out enfin le loisir de s'eclairer , et par consequent elle
out le plus puissant moyen d'arriver surement a la liberte. On ne
voit plus de cliangesnens violens ct ephemeres dans la forme des
gouvernemens ; raais un changement lent et durable s'opere dans les
moeurs et dans les rapports. La Suisse, comme tons les autres peo-
ples , est entree dans cette direction , et comme eux elle atteindra
lebut.
La brochure de M. La Harpe nous a paru ecrite avec union de
moderation qui contraste avec la ])etulance de M. Eugene Monod.
Toutefois, nous y avoiis remarque des assertions hasardees et con-
tradictoires. Nous avons surtout ele etonnes de voir M. La Harpe,
qui certainement est un sincere ami de son pays , justifier I'inter-
vention de la Sainte-Alliance dans les affaires iuterieures de la Suisse,
et de I'entendre dire que « la Sainte-Alliance a eu raison de ne pas
permeltre que la Suisse devint une espece de place d'armes oil les
fugitlfs de tons les pays voisins auraient pu preparer leurs attaques ,
et d'ou ils auraient fait impuncment, et sans crainte d'etre poursuivis
dans Ieur retralte , des excursions et des teutativ:'s nouvelles d'insur-
rection ( p. 23). »
Nous le deinandons a M. La Harpe, de telles paroles ne sout elles
pas iujurieuses a la nation suisse et a ceux qui la gouvernent? Est-il
vrai que la Suisse ait ete un foyer de conspifation; et, enadmettant
pour uu instant cette opinion , pense-t-il que les gouvernemens de
la Suisse ne se fussent pas empresses, avec le concours des peuples
et sans au'il fut besoin d'intervention etrangere , de poursuivre et
da cbasser les conspirateurs. La consequence de I'opinion emise
par M. La Harpe seralt que la Sainte-Alliance a bien fait d'empdcher
SUISSE. — ITALIE. 467
la Suisse d'offrir un asile a des hommes qui fuyaient les coups d'un
glaive que la main de lu justice ne guidait pas toujours ; qu'elle a
bien fait de lui arraclier la liberie de la presse et de I'assimiler sous
ce rapport aax peuples Ics plus mal gouvernds de I'Earope; et tout
cela, comme si la Suisse eijt etc coupable etque la Sainte-Alliance
eiit eu le droit d'exercer sur elle la haute police. Nous ne pouvons
croii e que telle ait etc la pensce de M. La Harpe.
Sous le point de vue litteraire, la brochure de M. La Harpe est
digiie d'eloge; elle est ecrite avec talent et avec esprit. Elle porte
un caractere de meditation qui manque a celie de M. Monod.
Ce dernier s'est lulte d'eciire. Le litre de son chapitre i"' des Causes
de la cii'ilisallon et de ses effets est tout-a-fait disproportionne avec le
petit exlrail de Montesquieu sur la division des gouvernemens qui
forme seul ce chapitre. Le litre du chapitre iTe, la Liberie renatt sur
les debris de V Arislocralie ; et celui du chapitre ilie , V Aristocratic renatt
sur les debris dc la L:bcrtc , suffiraient presque pour discrediter le
meilleur livre. M. Monod n'a point atteint le but qu'il se proposait-
mais son iutention etait bonne, et il faut luiensavoir gre.
J. J. DuEocHET , avocat.
ITALIE.
191. - — Osservazioni sopra le machine in moto , etc. — Observations
sur les machines eu mouvement, par Georges Bidojje , professeur
d'liydraulique theorique et experimentale a I'Uuiversitc de Turin ,
membrc de I'Acadcmie de la meme ville , etc. Turiu , 1825 ; Impri-
merie royale. In-8° de 47 pages, avec une planche.
M. Bidoue distingue, dans les machines, celles qui se nieuvent
uniformemeat, et celies donl le mouvement est varie, Dans le jire-
mier cas , la force motriceetla sommedes resi=3tances, si clles sont
paralleles , ou lenr resultante dans tons les cas , doivent satisfaire aux
conditions de I'equilibre. A la rigueur , on exprirae encore mieux
runiformite du mouvement, ea disant que la force acceleratrice
est cgale a la force retardatricc , ce qui fait voir que I'equation ca-
racteristique du mouvement uniforme se presente essentiellement
sous la forme dlfferencielle. Les conditions du mouvement varie ne
peirvent etre exprimees avec la nieme simplicite, ni d'une manieie
gcnerale : on est reduil a ne resoudre que des questions particulieres;
c'est ce qu'a failM. Bidone, en choisissant ses exemples parmi les
raachiues qui impriment le mouvement a des corps solides, a des
liquides et a des Guides elastiques. II doune la solution de r4 pro-
468 LIVRES liTRANGERS.
blames . qui pourront, dit-il , exercer les jeunes gens qui , par gofit
ou par devoir, se livrent a I'etude de machines, et qui les mettront
sur la voie des recherches analogues. Celte instruction servira de
plus a tenir en garde centre les erreurs et les promesses mensongeres
d'une foule de pr^tendus inventeurs qui , sans aucune idee juste de
la nature des forces et de leurs effets reels, trompent trop souvent
les hommes credules qui paient cherement les faux calculs qui les out
seduits. a L'auteur a mutipli^ les applications du calcul aux pompes,
. ce qui prouve que cos machines usuelles sont encore loin de leur
perfection, meme en Italie, patrie des sciences liydrauliques dans
les terns modernes. Deux autres problemes sont relalifs a Tappli-
cation de la force des chevaux ou des hommes , au halage des ba-
teaux; M. Bidone determine le maximum d'effet que Ton pent en
obtenir, saiyant la mani^re de les employer jmaisil n'apu soumettre
au calcul que des donn^es qui iie representent pas exactement celles
de la navigation sur les fleuvcs, ou meme sur les canaux. II fait
abstraction du poids et de la longueur des cordes , de leur frotte-
ment contre les bords du canal et de la resistance qu'elles eprou-
vent lorsqu'elles trempent dans I'eau , de la forme et de la grandeur
de la section du canal, etc. La science des machines fait cliaque
jour des acquisitions precieuses, a mesure que les savans sen oc-
cupant; mais elle est encore plus riche en theories qu'en connais-
sances applicables aux usages les plus importans et les plus multi-
plies. Ces connaissances ne sont pas les fruits de la seule experience :
elles exigent dans plusieurs cas que les observations soient dirigees
et secondees par un grand savoir, et mdme par le genie. II a fallu
toute riiabilete de Coulomb pour nous reveler la loi des frottemens
et de la roideur des cordes ; c'est a des travaux tels que ceux de
M. Bidone que nous devrons le perfectionnement des machines liy-
drauliques. F.
iga. — * Amministrazione economica della foglia de' gehi nella col-
tivazione rfc' bachi daseta, etc. — De I'emploi economique des feuille*
de murier pour la culture des vers a sole ; Memoire du docteur Ignnzio
LoMENi, avec un appendice relatif aux muriers et aux vers a soie.
Milan, 1824 ; Gio : Silvestri. Iu-8°. .^
M. Lomeni doit etre accuse d'un peu de prolixitc. IldeclametVec
trop de chaleur contre les abus qui lui paraissent s'opposer au dc-
veloppement du genre d'industrie dont il a fait I'objet de ses recher-
ches et du memoire que nous annoncons. Toutefois, I'objet de cc
memoire n'est point sans importance; il faut done s'attacher a Tin-
ITALIE. /,6c)
ttr^t que presente le sujet , plus qu'aux defauts de I'ou-vrage. Les
conseils , les experiences et les calculs que I'auteur presente meritent
I'attention des culti-vateurs et de tons ceux qui s'occupent de I'edu-
cation des -vers a soie. M. Lomeni a profile de I'ouvrage classique de
M. Damdolo : Vy^rt d'elever les Vers a soie , dont on a relmprime
recemment a Paris une traduction francaise forte exacte, due a
M. Philiberc FoNTA.'SBiJ.i.ES.
193. — jyiemoria siilla rendita rurale. — Metnoires sur les revenus
des proprietes rurales, par Salvador Scvo^v^i , professeur d'economie
a rUniversite de Catane. Palerme , 1824; Solli. In-S".
L'auteur applique ses considerations aux circonstances par-
ticuli^res ou se trouve la Sicile. II regarde comme fort utiles
les baux a long terme, qu'il voudrait mdme etendre a une pe-
riode de 3o ans. II signale beaucoup d'erreurs dont M. Sayve a
rempli son voyage en Sicile, publie a Paris en 1822. II observe que
les revenus , en Sicile, out beaucoup diminue, depuis 1820, faute
d'exportation et des moyens necessaires aux personnes qui s'occu-
pent d'agriculture. II resulte de ses observations, qu'il faudrait
ti'occuper encore plus qu'on ne le fait de la culture des oliviers , des
vignes , du coton , de la soie , du lin , des pomtnes de terre , etc. , du
b^tail et des manufactures. F. S.
ig4. — Maniiale, etc. — Manuel de raedecine legale, par Felix
Pasqualone. Troisieme edition. Naples, 1824. 3 vol. in-8°. Prix:
a6 carlins (11 fr. 44 c.).
Les lois civiles et criminelles du royaume de Naples n'offrant que
de legferes differences avec les lois francaises , le manuel de M. Pas-
qualone n'est que la repetition de ce qui se rencontre dans nos meil-
leurs auteurs. On y trouve, en outre, la nomenclature des infirmites
qui exemptent du service militaire. E. G.
igS. — Ultimatum per il domiitio indirello della santa sede aposto-
iica sill temporale de" sovrani ; concliisioni , etc. — Ultimatum pour le
pouvoir indirect du Saint-Siege apostolique sur le pouvoir tem-
porel des souverains. Conclusions de I'avocat D. Carlo Fea ,
jnembre de la commission des antiquites, president au Musee du
Capitole, et conservateur de la Bibliotheque Chigi. Rome, iSsS ;
Lino Contedini. Imprime avec permission.
M. Fea semble vouloir elever une sorte de polemique pour defen-
drequelques pretentions surannees de la cour de Rome centre les
libertes de I'eglisegallicane. Nous avions deja annonce une brochure
du m^me auteur. ( Voy. T.xxvi, pag. 477 ). Dans celle qui fait le
lujet de cet article, il se propose de soutenir, d'apres le cardinal
/i70 LIVRES ]£TRA.NGERS.
Bellarmin et quelques autres canoiiistes, fort pen coniius hors cfe
Rome, la suprcmatie du Saint-Siege romain snr !e pouvoir femporel
des monarqiies.Eii saqualited'avocat etd'arclieologue, il procedera ,
^it-il , d'apri's sou sj-steme habituel , qui consiste a ne considerer
que les faits. Nous nous perineltrons d'obscrver, d"une part, que
M. I'avocat semble ne pasasscz distinguerles faits qui constituent le
droit, des faits qui Tout allere;de I'autre, querarcheologue devrait
t'anpliquer surtout a caracteriser les deux c[)oqu.es qui ont produit
desfaits si differenseiitr'eux.Le veritable publiciste doit se proposer,
dan* ce genre de discussion , d'examiner si les faits parlesqnels on
a pretendu fonder le pouvoir du Saint-Siege remain , sont veritable-
meat d'accord avec ceux sur lesquels avait cte elevee I'Eglise de
Jesus-Christ. On sait bienque les mots les plus sacres cbangentsou-
venl de significatiou , et qu'interpretes, tantot d'une maniere , tantot
d'une autre, ils peuvent etre employea egal^ment par les partis les
plus opposes ; c'est ce que prouve parfaitement I'exemple des diffe-
rentes sectes qui pretendent suivre le m^me texte. Mais , a cet ^gard ,
la religion cliretienne a un avantage fort remarquable sur toutes les
autres. Elle a, dans son fondateur lui-m^nie, un type incontestable
qui nous sert de guide pour saisir le veritable seus de ses preceptes
et de ses conseils au moyen de ses actes ou des exeinples qu'il nous
a laisses. Volla les faits par lesquels ont peut s'assurersi Jcsus-Cbrist
a voulu fonder r.n pouvoir temporel et civil , ou s'il n'a fondequ'un
minisfere tout spirituel, unministere celeste, qui ne doit pas s'exercer
au-dela de la conscience et de Topinion. Les maximcs, et mieux
encore la pratique exemplaire de notre divin Icgislateur, telle que
I'cvangile nous la fait connaitre, sont en contradiction manifeste
avec les nouvelles pretentions elevees par Tambition bypocrite des
uns, et soutenues par I'ignorance credule des autres. Le nombre
des faits et des citations que les avocats du Saint-Siege romain
alleguent , n'impose plus denos jours comme aux terns qui parais-
sent si regreltables a M. Fea, et qu'il voudrait voir renaitre. On
n'admet a*ijourd'bui les faits et pretentions , qu'autant qu'ils sont
couforraes a la justice eta la vcrite. Nous accordons cependant a
M. Fea nu'un grand nombre de popes et des theologiens courtisans
ont p;irtage I'opinion de Gregoire VII, et du cardinal Bellarmin,
adoptive par M. Fea lui-meuie; mais, croit-il qu'ils pensassent de
meme que le Christ et ses apotres? Que M. Fea giossisse le nombre
des docteurs anciens et modernes que Ton voudrait substituer au
petit nombre des apotres, a la bonne beure ; mais toute I'ltalie,
ITALIE. A 7 1
ainsique tout lemondechr6tien,ii'en resterontpasmoins divis^savec
lui d'opinions sur ce sujet. II ne volt aiitour deluique des llieologiens
romains, et il les croit de bonne foi ; mais nous croyons , nous , qu'il
est dans une grande erreur a cet egard. Depuis long-tems, les
canonistes italiens qui n'ambitionnent ni salaires, ni dignltes de la
cour de Rome , se font uue gloire de penser tout autrement. Les eco-
les de Sarpi et de Giannone ont fait des eleves partout , et particu-
liereraent apres le regne de Leopold et de Joseph IL J'en appelle
aux nonis justement celebres , et plus encore aux savans ecrits de
Genovesi , de Confo-.ti , de Scotti , de Palmieri , de Ricci , surtout du
Clerc Lombard, de Taniburiiii et de Jlonsig"" Capece-Latro , encore
vivans. Nous tenninons , en engageant I'auteur a ne pas trop appeler
I'attention des publicistes de nos jours sur des questions dont I'exa-
men ne pourralt que tourner au detriment de ceux qu'il a choisis
pour ses cliens.
196. — * // giorno de inorti, etc. — Le jour des morts dans I'eglise
de Ste-Croix a Florence. Fragmens d'un cautique de D. Giovanni
Coi-LEONr , avec le chant intitule : Les plainies du Tasse, e!c. Bergame,
I 325 ; Mazzoleni. In-8".
Le titre de cette piece promet d« I'interet. L'eglise de Santa-Crosce,
a Florence, pourralt inspirer de grandes pensees et de plus grands
sentimens a un poete qui saurait relever, au sein mcme de sa reli-
gion, lesgloires les plus precieuses de sa patrie. Quels souvenirs ne
pourrait-ilpas rappeler, a rnspect imposant des tombeaux qui deco-
rent cette eglise , et qui renferment les rcstes d'un Dante, d'un
Buonaroti , d'un Machiavel , d'un Alfieri ! etc. L'auteur nous pre-
•vient qu'il ne public que quelqucs fragmens de son poeme , et qu'il
a perdu le reste. Est-ce une suppression volontaire, ou u'est-ce pas
plutot I'effet de la censure politique ? Quelle que soit la cause de ces
lacuues, les fragmens que M. Colleoni nous presente font assez
pressentir le bon esprit dont il est anime. Parmi ses autres poesies ,
on distingue les Plaintes du Tasse, imprimees pour la troisieme fois.
197. — * Scoria della lit'.eratura italiana , etc. — Histoire de la lit-
terature italienne, depuis I'origine de la langue italienne jusqu'au
XTX^ sit'cle; par le chevalier Giuseppe Maffei, professeur, etc.
T. Ill, des Classiques italiens. Milan, 1824. In-ia.
C'est un abrege de I'histoire litteraire d'ltalie. L'auteur la prend
au x' siecle, epoque de la renaissance des lettres dans cette penin-
sule. II s'arrcte un moment aux opinions relatives a I'origine de la
langue italienne, et partagelesentiment de Perticari et de M. Monti,
qui la font deriver du romain rustique. L'auteur, s'appnyant toa-
/,7a LIVRES STRANGERS.
jiMirs sur des faits biographiques , cberche a nous faire lemarquCT
ies jn'Ogrt-s de la litti-ralure italieniie dans les si^cles sulvaiis. II ca-
racterise le mcrite du Dante , de Petrarque et de Boccace, apjjre-
cies par leurs ouvrages. II condamne les imitateurs serviles du
style du Decameron , qui ont fait plus de mal a la prose italienne ,
dit-il , que Boccace ne lui avail fait de bien. II signale , parmi la
foule des savans et des latinistes du xv* sifecle, le Politien et Laurent
de Mcdicis, qui remirent en credit la litlerature italienne, negli-
gee depuis quelque terns. Nous croyons que Sannazar devrait par-
tager la meme gloire, et c'est ce qu'on n'a pas assez remarque
jusqu'ici. Notre historien ouvre le xvi* si^cle avec I'Arioste el le
Tasse, et n'oublie aucun des poetes secondaires qui ont vecu de
leur tems. II releve leurs qualiles et leurs defauts ; mais il ne fait
pas assez ressortir eel esprit de servilite qu'entretenaient les faveurs
raire , gran'de cour du Palais-Royal.
Nous avons rendu compte de la tragedie de Charles I"-, qui fut
improvisee a Paris, le aS avril 1824, et imprimee quelques mois
apres , a ce qu'on assure , avec des variations ( voy. Rev. Enc. ,
t. XXIII, p. 178). L'edition que nous annoncons a elc dediee par
M. Sgricci a M. le marquis de la Maisonfort , envoye extraordi-
naire de France a la cour de Toscane, qui a voulu v inserer I'imi-
tation francaise qu'il venait de faire de deux scenes de cette tra-
gedie. Celle d' //ec/or avail ete improvisee a Turin , le i3 juin 1823,
sur le theatre de Carignan. On y retrouve les memes qunlites et les
HK^mes defauts que dans les autres pieces du nieme auteur. Lorsqu'il
a le honheur de rencontrer quelques-unes de ces pensees ou de ces
images vraiment poetiques , il les fait acheter par des inegalites
plus ou moins choquantes. M. Sgricci ou ses partisans, en s'em-
pressant de faire imprimer S3S pieces , ne font que nous confirmer
dans I'opinion qu'il ne merite pas , commo auteur , les lojiianges
qu'on peut lui donner comnie improvisateur. On sail surtout a Flo-
rence comblen il a fallu de travail et de terns au grand tragique
italien pour porter ses pieces au point de perfection oil il les a lais-
sees ; n'est-ce pas insulter son ombre que de faire paraitre impri-
mees , pres de son tomheau , de pretendues tragedies qui n'ont
d'autre merite que celui qu'elles recoivent d'un moment d'illusion ?
On nous fait cependant esperer que M. Sgricci , noa content des
applaiidissemens passagers et des recompenses plus durables que
lui ont valii ses improvisations , en ambitionne de plus honorables
qu'il veut meriter par la publication de quelques ouvrages drama-
tiques medites dans le silence de I'etude. Nous cesseroris alors de
le considerer comme improvisiteur, et nous le jugerons comme
auteur. F. Salfi.
475
PAYS-BAS.
ao2. — Memoire siir tine nouvelle maniere de considirer les catistiques,
soil par refraction, soil par reflexion; par A. Quetex-et ( Ex trait des
Memoires de V Academic ). Bruxelles, i825. In-a", avec figures.
L'enseignement etahll par Monge a I'Ecole poljtechnique a fail
prendre une forme nouvelle aux parties des matliematiques qui
peuvent admettre les considerations de la geometrie descriptive :
cette geometrie des arts est aussi celle de la physique, et ni6me des
hautes matliematiques ; car elle peut eclairer I'analyse dans quelques
questions, etendre ses resultats et lui creer des ressources. M. Que-
telet en a fait une heureuse application aux caustiques, a la recher-
che des proprietes et a la construction de ces courbes. II a divise
son memoire en deux parties, et consacre la premiere a la catop-
trique, oil les modifications des rayons lumiueux sont plus faciles a
saisir sans le secours des formules analytiques. Apres avoir fait
connaitre Torigine et le mode de generation des courbes qu'il
nomme caustiques secondaires , il expose leurs proprietes geometri-
ques : il passe ensuite a la construction des points brillans sur une
surface donnee, a la determination des lignes egalement eclai-
rees, etc., aux projections'^es caustiques et a leurs analogies avec
les sections coniques. Les theori'mes etablis pour les rayons reflechis
peuvent etre generalises, en y introduisant quelques modifications;
et c'est ce que I'auteur a fait dans la seconde partie de son memoire,
oil il traite des caustiques par refraction. 11 est conduit a ce prin-
cipe general, que « la causlique par reflexion ou par refraction pour
une courbe quelconque, eclairee parun point brillant, est la deve-
loppee d'une autre courbe ( caustique secondaire ), laquelle a la
prcpriete d'etre I'enveli^ppe de tous les cercles qui ont leurs centres
sur la courbe rcflcchissante ou refringente , et dont les rayons sont
cganx aux distances des centres au point brillant, lorsqu'il s'agit
de reflexion, ou en rapport constant avec ces distances, rapport qui
est celui de la refraction. » Toute cette partie du memoire est en-
tierementgeometrique. M. Quetelety a joint des notes oil il applique
I'analyse mathematique a I'equation des caustiques secondaires, a
leur quadrature , au volume des solides de revolution qu'elles en-
gendrent, etc.
En exposant sou travail sur cette application des matliematiques
a la science de la lumiere, SI. Quetelet se plait a rappeler ceux de
tons les geometres qui Tent precede dans la carriere, et particuli^-
•''176 LivREs Strangers.
rement ce qu'il doit a son collogue M. Dahdeliw. Get esprit d«
justice resserre les liens entre les savans, hdte et multiplie les coir.-
rnunications fructueuses , et par consequent les progres de la science.
C'est la vertu de la republique des lettres, le secret de sa force et le
plus sur garant de sa prosperite.
3o3. — Essai sur r Education , par M. L. de B Bruxelles, i8j5;
Hublon. In-8°.
La hibliographie francaise ot'fre plus de dix mille ouvrages sur
reducalion; uiais combien out survecu au moment de leur appari-
tion, et que faut-il faire pour esperer cctte distinction rare et flat-
tease? Adopter un plan metliodique; concevoir des id6es tout a la
lois justes et ueuves, ce qui devient chaque jour pJus difficile ; les
exprimer avec elegance , precision et clarte ; se montrer erudit sans
pedantisme ; seraer ses raisonnemens d'anecdotes piquantes et bleu
choisies... Ce que j'exige ici me semble, a peu de cbosespres , aToir
ete fait par I'auteur du nouvel Essai sur I'Education; et Ton peut, je
crois, lui presager avec confiance un succfes durable. Ses chapitres
sur YEdticaiion publique et sur V Education particuUere devraient ^tre
m6dites par tous les pferes de famille, jaloux de remplir les devoirs
que ce beau titre leur impose. Ces devoirs leur sont rappeles en peu
de mots : « L'homme nait, pour ainsi dire, en deux fois; I'une pour
I'espece, I'autre pour la societe. En donnant des enfans a I'etat , un
p6re n'a renipli que la moindre de ses obligations : il doit encore
leur donner les moyens de ne pas lui ^tre a cbarge et de reconnaitre
un jour par leurs services I'appui qu'ils en recoivent et la tranquil -
lite qui en est le resultat. Son rang et sa fortune determinent I'e-
tendue de ses obligations ; mais , s'il reussit a en former d'honn^les
gens, ne leur apprit-il qu'a conduire la charrue, sa liche est faite;
il a rompli les devoirs d'homme , de pere et de citoyen. »
L'auteur insiste, a diverges reprises, sur I'importance de ne pas
donner a I'education une marcbe trop accel^ree, troph^tive : «L'en-
fance a ses plaisirs qu'il faut lui conserver, dit-il; simples et purs
comme elle , ils n'alt^rent point son innocence et n'eiitrainent apr^.*
eux ni regrets ui fatigues... Quoi qu'il fasse, un enfant n'eu goiitera
jamais de plus doux. Vouloir leur en substituer d'autres, c'est
detruire un bonheur dont on ne saurnit trop prolonger la duree. Du
moment ou le faux eclat du niondf a fascine ses yeux , les jeux qui
lui avaient suffi jusque-14 n'ont plus d'attraits pour lui. Ses dcsirs ,
son existence, concentres dans la maison paternellc , chercbent
miiintenant a s'etendre au-dcliors ; la cliainr de la dcpendance com-
PAYS-BAS. 477
mence i lui peser; I'etude I'ennuie; il soupire aprfes sa liberie ; une
inquietude vague s'empare de lui; les passions viennent deja tour-
menter son jeune coeur... Pilotes imprudens , qui avez ouvert les on-
tres dans lesquelles etaient renfermees les temp^tes, dites-moi coni-
inent vous ferez pour les apaiser. — Parens, croyez-moi, s'ecrie-t-il
ailleurs, necherchez point a fairebriller vos enfans; en toute partie
d'enseignemeut , que ce soil le raisonnementqui les aide, lejugement
qui les eclaire ; eloignez d'eux toute methode mecanique et abregee
qui n'en ferait que des automates; laissez leur entendement et leiir
raison croitre et se fortiGer lentement loin du monde et des distrac-
tions; miirissez leurs connaissances ; semez pour recueillir ; ne de-
rnandez pas les fruits de Tautomne a la saison des fleurs; et soyez
surs que les avantages solides que produira cette maniere de les
clever, valent niieux qu'une vaine funiee de gloire et d'adulation
qui ne pent qu'egarer leur jugement et corrompre leur coeur. »
Parmi les traits historiques que M. de B rapporte a I'appui
de ses j>udicieuses observations, il en est uu qui, deja grave daus
la memoire reconnaissante de tous les Beiges, dont il gavantit I'ave-
nir conime le present, trouvera sa place ici : « Au mois d avril 1823,
le prince hereditaire posa la premiere pierre d'une caserne a La
Haye. L'autorite municipale avait, dans I'origine, demande au
prince qu'il voulutbien permetttre a I'aine de ses augustes enfans de
fdire cette inauguration. Non, repondit S. A. R., ne le gatons pas ja'
des honneurs prematures. II saura totijoiirs assez qu'il est prince, et
j'aime qu'il en apprenne les devoirs , avant d'en connailre la grandeur et
r eclat, »
Cette anecdote, qui peut fournlr le texte a de serienses refle.xious,^
fermiiiera notre article , dans lequel nous avons multiplie les cita-
tions, parce que c'est, a notre avis, le plus sur moyen de recons-
mander un bon livre. Stassart.
204. — De Unie van Brussel. — L'Union de Bruxelles de I'an 1677,
publiee sur I'Driginal; par M. J.-C. De Jonge, substitut archiviste
du royaume. La Haye, iSaS; ■v« J. Allart. i vol. in-8° de 216 pages,
avec un tableau.
La pacification de Gand , I'union de Bruxelles et celle d'Utrecht,
forment trois grandes epoques dans I'histoire de retablissement de
notre liberte(i). Le second de ces evenemens, moins remarque que
(t) Yoy. ronvrage interessant intitule : Historie fan het Verhond , etc. —
Hi»toire de la Confederation et de la remontrance des nobles. Middelbourg,
478 • ovREs Strangers.
les deux autres, ne fut pns moins important. M. de Jonge, apr^S
avoir appcle rattention sur rerreiir de qiielques ccrivains qui, avec
J.-B. deTassis, le placent a rannee 1778, examine quels motifs
ont suscitc cette confederation, les avantnges et les inconveniens
qui en fluent la suite, et ce qui en occasiona la dissolution. II recher-
che, en dernierlieu, quelles furent Icspersounes qui signerent I'acte
federatif et qui y accederent. Ces quatre dissertations sont pleines
de details curieux et d'une erudition consciencieuse , telle quecelle
qui caracterise en general les savans de la Hollande. Una tahle des
noms propres est une de ces attentions que les aiiteurs n'ont pas
toujours pour les lectenrs , et qui a plus de prix qu'on ne I'imagine
ordinairement. A la fin du livre est une copie figurative de I'acte
meme d'union ou Ton voit , parmi les signataires, les hcaux noms
des Croy, des Ligne, des d'Areniberg, des Home, des Lalaing, etc.
II est remarquable qu'on y trouve aussi celui de Frederic Perreiiot,
seigneur de Cliampaigny, baron de Renaix, cinquieme fils de Ni-
colas Perrenot, sieur de Granville, de qui dom Lev^que fait men-
tion dans ses luemoires sur le fameux cardinal de cette famille (t. r,
p. igS ). Le travail de M. J.-C. de Jonge est celui d'un ecrivain aussi
^claire qu'instruit et d'un bon citoyen; cejte ob-servation n'est pas •
indifferente, a une epoque ou le patriolisnie n'acconipagne pas tou-
jours le talent, quoique rien ne porte nialheur au genie cohinie le de-
dain des grandes verites jiolitiques et morales. Nous connaissions
deja de cet aufeur une dissertation sur les factions des Hoeksche et
des Kabeljainvsche [ Leyde, [8i5, in-8° ); nous avons annonce dans
le terns sa Notice sur le Cabinet des medailles du Roi (voy. Rev. Enc,
t. XXIII, p. ifia ). De Rf.iffenberg.
2o5. — * Hollands roem in Kitnsteti en Jf'etcnschappen. — Discours
sur les sciences et les arts en Hollande (i) ; par Til. le baron Cox.i,ot
d'Escuky. Amsterdam , 1824; S'Gravenhague. T. I'^'"_ 132 et 268 pag.
Parmi les ouvrages publics dans les derniers terns sur la littera-
ture nationale , celui que nous annoncons est du plus grand inte-
r6t. L'auteur, qui est un des hommes que S. M. le roi des Pays-Bas
n places a la t^te de I'Universite de Leyde, s'eloigne autant d'une
aveugle admiration pour tout ce qui a rapport a sa patrie, que de
'779''79*'- 4 parties iu-8". II a <'te qiicstiou de rauteur, M. J.-W.-T. Water,
liev. Enc., t. XXII, p. 4og.
(:) L'auteur n'entend point par Ilollniule toute la panic septcutrionale des
I'aya-Bas, niais seii'.omont la prDviuce du myaume qui porte re uom.
PATS-BAS. 479
I'erreur singuli^re de ceux qui , ne trouveut rien de bon que ce qui
est dtranger, et qui vont ainsi cherclit'j- bjen loin les avantages
qu'ils anraient pu trouver dans leur patrie mcme.
Ce premier volume, qui sera suivi de quelques autres , contient,
outre la preface, deux discours, I'un siir Varcfdtecture et la sculp-
ture (p. 1-42) , I'autre sur les arts de \a. peinCure , de la gravitre et de
la nitmismalirjne , ou la science des inedailles ( p. 43-i3i ). Les com-
mentaires dont I'auteur a enrichi son ouvrage sont tres-etendus.
Celui qui se rapporte au premier discours est de cent pages, I'autre
de cent soixante-huit.
L'ouvrage de M. d'Escury fait Leaucoup plus pour les lettres et
le lecteur, que le titre m(5me ne le promettait. Non content de f.iire
ressoitir le merite de ses compatriotes , il tftche , autant que pos-
sible , d'eclaircir I'histoire des arts dans sa patrie , par des obser-
vations sur I'origine et les progres des arts cliez les autres peuples,
surtout cliez les ancieiis. Ses discours et ses commcntaires sont
remplis d'observations tres-interessantes sur Thistoire des arts en
general. •
Nous esperons pouvoir annoncer bientot la continuation de cet
important ouvragpe, et alors nous entrerons dans de plus grands
details sur le merite des diverses parties dont il se compose. T.
206. — - " P'crhandelingi'n der erite Klasse Tan het honinhljk-
iiederlansche Instiniut , etc. — Memoires de la premiere classe de
rinstitut des sciences, lettres et beaux-arts, etc. !<'•' vol. Amster-
dam, 1825 ; Pieper et Ipenbuur. In-40.
Ce recueil des memoires de Y/nstknt de llollande , qui est le sep-
ti^me de la collection , contient des observations pbj-siologiques
tres-interessantes, faites par MM. Thomassejt a Thuessink, G. Sa-
lomon et G. Sandifout. On y trouve aussi des recbercbes sur
I'etat des rivieres, par M. Gouoriaan ; une note sur une roue qui
avance d'un mouvement uniforme sur u:i plan , par /. Flohyn ;
quelques rcsultats des observations de Teclipse de soleil du j sep-
tenibre 1820, par/. F. Keyser, et un memoire sur le calcul des
latitudes , par O. S. B.vngma. M. C. Ekama a fait des recbercbes
bistoriqaes sur I'ancien astronome Gemma Frisius , professeur a
Louvain , et Prison d'origine , qu'il regarde comnie le premier
qui se soit occupe de la determination des longitudes en mer. On
attribue ordinairement au meme savant I'invention de I'astrolabe;
m«is il parait , d'apres ses propres expressions, qu'il n'avait fait
que perfectionner cet instrument. Le volume est termini par un
^8o LivRES Strangers.
m^moire siir la vitesse du son , par MM. Moll et M. Vak Br«« ,
avec uu grand nonibre de tableaux oii sent consignes les resultats
de leiirs observations (i). La base employee par ces savans etail
de 17,6(19 metres, et avait ete cboisie entre Naarden et Amers-
foort. Le resultat definitif de leurs recherches a ete qu'i'i la tem-
perature de la glace fondante, et par un air parfaitement sec, la
vitesse du son est de SBa,™ o5 par seconde : resultat qui s'accorde
tres-bien avec celui des physiciens francais, qui ont trouve, en
i8aa, SSi^oS pour la m^me vitesse. C'est aussi le resultat qu'avait
obtenu Cassini de Tliury , en lySS. Les experiences nombreuses qui
ont ete faites dans ces derniers tenis sur le mc'me sujet , s'accordeiit
egalement a donner a peu pres la m^me valeur.
aoy. — * Annales Academice Gandavensis. — Annales de I'Univer-
site de Gand. Gand , iSaS ; Goesiu Verhaeglie. In-4°.
Le nouveau volume que I'Universite de Gand vient de faire
paraitre , contienl le discours que M. Garnier a prooonce en quit-
tant les fonctions annuelles de recteur (2), en mdme terns que les
memoires couronnes dans les differentes facultes. On avait pose,
pour les sciences matbematiques , une question relative au prin-
cipe des vitesses virtuelles (3), et la recherche de la difference des
longitudes de deux lieux , quand on y connait la difference des lati-
tudes et la ligne loxodroraique. M. Guinard a ete couronne pour
la premiere question , et M. Vekdam pour la seconde.
Nous nous bornerons a donner une idee des autres questions ,
avec les noms des eleves couronnes; on pourra du moins juger,
par I'importance des sujets , des connaissances etendues qu'elles
supposent dans les concurrens. On y trouve une exposition rai-
sonnee de toule la theorie du droit romain et du droit moderne ,
concernant les obli'gations divisibles et indivisibles , par Ph. Ser-
KURiER ; un menioire sur ce qn'etaient les censeurs chez les Ro-
mains , et sur ce qu'ils ont fait de memorable , par A. H. Vandeb
Boon Mesch; enCn , deux memoires qui tendent a prouver, par des
faits bistoriques, que jamais les hommesn'ont ete accables par plus
de fleaux que depuis la mort de Theodose , en SgS , jusqu'en I'an-
(1) M. Van Rees, professeur a rUniversite de Liege, a public dps re-
cherches analvtiques sur le inemc snjet, que MM. Moll et Van Beek citent son-
rent.
(2) Voy. le raliLer d'/if/'i/ 1823.
(3) Voy. le meme cahier. /
PAYS-BAS. 481
nee 571 , oil commence le regne d'AIboiu , surtout en Europe et en
Afrique. L'un de ces menioires est de M. H. Moke ; I'autre dc
M. L. P. Koch. Ces diff^rens ouvrages sont Merits en latin. La ma-
niere dont les sujets proposes s'y trouveut traites , suppose en ge-
neral , dans leurs jeunes auteurs , beaucoup d'erudition et une
judicieuse critique , qualite sans laquelle I'erudition mdme la plus
vaste offrirait bien peu d'avantage. A. Q.
ao8. — * Cojrespondance matheinatujiie et physique , publiee par
M. III. Garnieb, professeur de mathematiques et d'astronomie a
I'Universite de Gand , et Quetelet , professeur de mathematiques ,
de physique et d'astronomie a I'Athenee de Bruxelles, membres de
TAcademie de Bruxelles. Gand, 1825. Imprimerie de Vandekerck-
hove , rue Com'te-des-Cheyaliers , 11° 10. — Les editeurs de cette
correspondance pnblieront , chaque annee , un volume de 24 a
a5 feuilles; prix de I'abonnement , 5 flor. des Pays-Bas (i4 fr. 5o c).
On souscrit a Gand , chez I'lmprimeur; a Bruxelles, chez Berthot,
iiiarche au Bois.
Les deux academiciens auxquels on devra ce nouveau recueil,
Font peut-^tie renferme dans un cadre trop etroit , et dont il leur
sera difficile de ne pas sortir, tant pour I'etendue de I'ouvrage que
par rapport au nombre et au choix des matiferes qu'ils auront a
trailer. Leur correspondance peut ^tre coniparee, a plusieurs cgards,
au journal anglais intitule En Philosophical inagasine , quoiqu'elle en
diff^re par la forme. Bien qu'nn peu restreinte dans ses attribu-
tions , elle reunit a peu pres deux de nos journaux consacres aux
sciences , les A/males des mathematiques et les Annales de physique
et de chimie. Le Bulletin , public par M. de Ferussac , est aussi plus
etendu que ne le sera le nouveau recueil ; et la Revue Encyclopedique
elle-m^me, qui ne cousidfere les objels que sous un point de vue
general, consacre cependant aux sciences mathematiques et physi-
ques plus de pages que MM. Garnieret Quetelet ne leur en destinent.
Mais, si Ton en juge par les deux premieres livraisons , I'abon-
dance des matieres entraiuera les rcdacteurs , et le public ne s'en
plaindra pas. La correspondance ne tiendra pas seulement ses lec-
teurs au courant des nouvelles acquisitions que feront les sciences
mathematiques et physiques ; elle preparera pour I'histoire de ces
sciences des materiaux elabor^s avec soin, et elle eclaircira plu-
sieurs points de cette histoire sur lesquels nous n'avons encore que
des notions inexaetes ou obscures.
Piiisque I'intention des editeurs est de se borner a un petit \o.
T. xxTii. — Aout 1825. 3i
48a LIVRES fiXRANGERS.— LIVRES FRANC A.IS.
lume par an , il est k d^sirer qu'ils s'appliqnent particulieremenl
aux trnvaux scientifiques qui sont faits dans leur pairie, et aux-
quels ils prennent part; qu'ils nous les fassent hien connaitre,
qu'ils nous piesentent un etat exact et complet de ce que les Pays-
Bas out fait et feront pour la division des connaissnnces a laquelle
le nouveau recoeil est consacre. Deja une notice iiiteressante sur la
decouverte de la pesanteur de I'air contient des reclamations en
faveur du savant et laborieux Stevin. On nous annonce nne notice
sur Gi-egoire DE SAiwt-ViHCEMx , geomfetre moius connu qu'il ne
mcrite de I'^tre.
Dans le second numero , a la section intitulee lievrie scientifiqiie ,
M. Gaknier fait I'analyse du memoire sur le principe des vitesses
virttielles, par un jeune georaetre, M. Guinard , aujourd'liui doc-
teiir en sciences et en medecine. Dans ce memoire , couronne en i8a3
par rUniversitc deGand, qui avait mis au concours la question
suivante : I° exprimer d'nnc maniere generate le principe dfs -vitesses
virtuelles ; i" J aire Chistoire de ceice decouverte en mecaniqiie ; 3° de-
montrer le principe , Vapplijiier aux machines simples , et en deduire
les conditions de I'eq^iilibre dans ces machines, i'auteur expose avec
beaucoup d'ordre les travaux des geometres sur ce thcoreme fon-
damenial. On setonne qu'apr^s taut de recherches et d'efforts , il
reste encore quelque obscurite sur un sujet traite par Lagrange et
Laplace, ef Ton ne pent se dispenser de rcconnaitre ici I'influence
de la metaphysique, cette grande ennemie de toute clarte. Heureu-
sement , les demonstrations purement analytiques sont hors de son
atteinte ; elle ne peat y rcpandre ses ten^bres , parce qu'elles ne
sont autre chose que I'application du raisonnement le plus exact a
des donnees dont la nature peut rester inconnue.
Nous observerons avec inter^t les progr^s de ce recueil perio-
dique, et nous euiploierons avec confiance les materiaux qu'il nou»
fournira pour notre Revue. F.
LIVRES FRANCAIS.
Sciences physiques et naturelles.
JOG. — La Pratique de /'agriculture , cu Recueil d'essais et d'expS-
riences , dont le succes est constate par des pieces authentiques ; publiee
par yichel Douette-Richakuot, culiivateur h Langres. Paris, 1806;.
Louvard, rue du Bac, n" 78. i vol. in-8° de 694 pages; prix 6 fr.
5o cent.
SCIENCES PHYSIQUES. /,85
La vente de cet ouvrage , dont I'auteur a obtenu phisieurs md-
dailles en or et en argent , apres s'^tre trouvee suspendue par la
failiite du libraiie qui en avait d'abord ete charge , vient de re-
prendre son conrs , a la gvande satisfacfion des agriculteurs et des
proprietaires, auxquels il sera d'une grande utilitc. Son fucces parait
desormais assure, non-seulement en France et dans les divers pays
de I'Europe , mais encore dans les aiitres contrees du globe. Le aS
fevrier 1809, le president des Etats-Unis, M. Jefferson, fit adresser
a I'auteur un temoignage flatteur de son approbation. M. Douette
avait developpe de bonne heure de grandes dispositions pour I'agri-
culture; tourinent6 du besoin d'introduire dans cette science des
ameliorations qu'il jngeail indispensables, il avait, des I'annee 1787,
commence ses travaux , dans lesquels iletait aide par un richepro-
prietaire.
Apres le 18 brumaire an VIII, encourage par les suffrages de
differentes Societes savantes, il se resolut a publier les utiles expe-
riences qu'il avait faites dans le departenient de la Haute - Marne;
et cette publication lui valut des eloges unanimes.
L'ouvrage que nous annoncons est divise en trois parties : dans
la premiere, I'auteur pr^sente le tableau de sa vie agricole ; dans la
seconde, il expose ses differentes entreprises, les moyens qu'il a
employes, ses depenses faites et les produits qu'il a obtenus; dans
la troisieme enfin , il donne les regies d'economie, appuyees de
pieces justiGcatives. Nous indiquerons les chapitres les plus interes-
sans. 1° Des moyens de defricliement et de la fertilisation des maraisi
I'auteur expose la marche qu'il a suivie et les avantages qu'il a ob-
tenus , en justifiant que la premiere recolte a paye vingt fois la va-
leur du fonds, les avances et tous les frais qu'il avait du faire. Les
r^sultiits sont constates par un proccs verbal des commissaires de la
Societe d'agriculture de la Haute-Marne. — a" Des pepinieres et des
plantations des nrtrcj.- I'auteur donne des regies pour I'education des
plantes , pour ramener la fructification et pour perfectionner la
greffe. — 3° De la coupe des bois taillis entre deux terres : dans ce
chapitre , auquel est joint un supplement , M. Douette demontre
que sa methode est la plus avantageuse ; les commissaires, dans
leur rapport, declarent avoir constate que les taillis venus eutre
deux terres, soumis a leur experience, ont une valeur qui surpasse
du double celles des taillis explo^tes sur la souche , les uns et les
aatres ftges de dix ans, et places d'ailleursdans les m^mes circont-
taaces.
484 LIVRES 1 RANCAIS.
II est adesirer que le livrede M. Douettesoit bieiit6trepandu dans
tous les pays pour la prosperite de I'agriculture.
De Gregory , mcmbre de la Socieic
d'agriculture de home.
aio. — De la garantie et des vices redhibitoires dans le commerce des
animaux domestiques ; par J. - li. Huzard fils , medecin veterinaire,
niembre dela Societe royale et ceiilrale d'agriculture. Paris, i8a5;
Mine Huzard. i vol. in-ia ; prix 3 it. 5o cent., et 4 fr. 25 cent.
Chacune des provinces dont se composait autrefois la France ,
avait , par rapport aux vices redhibitoires des animaux domestiques
et a la duree de leur garantie, des coutumes particuli^res, souvent
differentes les unes des autres. Les redacteurs du Code civil durent
s'occuper d'abord de ce qui presentait un interut puissant , et ren-
voyerpour des casspeciaux a des usages anciennenient suivis. L'ar-
ticle 1648 decida que Taction resultant des vices redhibitoires devait
^tre intentee par I'acquereur dans un bref delai , suivant la nature
de ces vices et Vusage du lieu oil la vente aurait ete faite. Reunir
sous un mdrne titre les dispositions de ces coutumes ou reglemens
locaux epars dans des ouvrages peu connus,traiter des defautsetdes
maladies des animaux qui peuvent ^Ire sujets a garantie, donner le.%
moyens de proceder daiislecas d'existence de ces vices; c'est cequ'a
parfaitement execute M. Huzard fils , dans le petit ouvrage que nous
annoncons. II sera d'un usage journalier pour ceux qui suivent les
tribunaux de commerce. J. Doublet deBoisthibaui-t, avocat.
an. — * Peut-etre , par M. le baron de Momville , pair de France,
Paris, iSaS; Firmin Didot. i vol. iu-8" de368 pages avec gravures ;
pri,\ 10 fr.
Tel est le titre modeste d'un ouvrage qui a pour epigraplie : Mens
ogjfrtf mo/em. Ce livre renferme des hypotheses interessantes et cu-
rieuses , qui , presentees avec la circonspection du doute , n'en ™e-
ritent que mieux I'attention des savans ct des philosoplics. 11 conduit
I'esprlt par degres , de la structure hypothetique de I'atome , a la
formation de tout ce qu'il est donne a I'homme de connaitre dans
I'univers.
Deux hypothfcsesprobables servent de base a I'ouvrage. — La pre-
miere , qui est physique, nous conduit a conjecturer la forme que
doit avoir la molecule dlementaire de la matiei-e; c'est celle du te-
traijdre , qui ne pent avoir que quatre faces , forme la plus simple
que Ton puisse imaginer. — La seconde , qui est m^taphysiqr.e ,
jious conduit a conjecturer le degre de puissance qui s'excrce sur
SCIENCES PHYSIQUES. 485
ces tetrat-dres ou atomes ; et ce sera toujours le maximum d'effet ,
produit par le minimum de force.
Ell i8i3 , I'auteur , observateur profond de la nature , avail pose
ces bases dans son livre intitule : Description des atomes. On voit ,
dans I'ancien comme dans le nouvel ouvrage, le globule d'eau for-
me de polygenes annulaires composes des differens tetraedres ,
dont la combinaison necessaire produit danstous les corps la diffe-
rence de proportion entre leurs poids et leurs volumes. On y voit
aussi la cause immediate des qualites et des phenom^nes exprimes
par les mots transparence, opacite , elasticite, tenacite, fluidite ,
mouvement, affinite , metamorphose; enfin , la cause de tons les
effets de la matiere passant de I'etat d'inertie a I'etat de mouvement,
tous les phenomenes de la nature dont le procedeest une sorte de
cristallisation variee , trouvent une explication que la raison pent
admettre.
Dans la premiere partie , les calculs servant a prouver la proba-
bilite dela theorie ne sont a la portee que des calculateurs exerces ;
mais I'application de cette theorie a toute la nature physique et mo-
rale devient claire a- tous les esprits, et dispense de verifier les cal-
culs. Cette seconde partie du livre est remplie de faits curieux, d'ob-
servations interessantes , et fournit une lecture pleine d'instruction
et d'agrement. Bornt's par I'espace , nous ne pouvons offrir au lec-
teur de cet ouvrage piquant qu'une citation des plus courtes : — -
« Bienfaisance , charit6 , liberalite , liberalisnie , generosite , gran-
deur d'Ame , cupidite , avarice sordide, anti-liberalisme. — La bien-
faisance et la cbarite ont une etroite ressemblance : la religion s'est
chargee de la charite , et I'entend non-seulement d'un bienfait,
mais encore de I'indulgence et de tous les menagemens humains.
La bienfaisance a un sens plus direct ; c'est donner. — Exercer la
charite ou la bienfaisance abondamment, c'est liberalite; le faire
avpc grandeur, c'est generosite , qui s'entend aussi de tous les sa-
crifices qu'on prend sur sni , par exemple, celui de sa haine et de sa
vengeance. Le plus haut degre de cette vertu est la grandeur d'4me;
mais il n'appartient qu'au plus fort de I'exercer. — La- charite se fait
trop par devoir et avec trop peu de discernement; il semble qu'elle
soil une de ces pratiques de forme dont les religions sont surchar-
gees , comme les ablutions des Mahometans. Cette pratique obligee
a fait que , dans les villes , recevoir I'aumone est un etat ; car il faut
bien qu'il y ait des mendians pour recevoir ce que nous sommes obli-
ges de donner; et , comme Taccomplissement de ce devoir est un
486 LIVRES FRANCAIS.
soulagement qu'oa se doiine , on est fort aise d'cn avoir sous la
main la commodity : les mendians sont la pour vous tirer de peine;
ce sont eux qui vous rendent service.
La liberalite, la ggistique,etc. Plusieurs
de ces propositions enGn avaient, outre leur importance reelle, le
riierite de la nouveaute, et Tou doit savoir gre a I'auteur deles avoir
soutenues un des premiers, centre les sectateurs du Brownisme, alors
dominant, surtouten Allemagne. Mais, aujourd'hui, que toutes ces
ideas sont communes, qu'elles sent, pour ainsi dire, rebaltues, a quoi
bon publier un traite de tbeiapeutique, qu'il eut peut-6tre ete utile
defaire conuaitre il y a douze ans aux medecins francais, mais qui
est maintenaut fort en arriere du point oil la science est arrivce par-
mi nous ? Aux bonnes choses que ce livrerenferme sont melees d'ail-
leurs tant d'opinions hasardees ou evidemment fausses , des ex-
plications si hypothetiques, si 6tranges,si difficiles m^me a faire
passer dans notre langue, accoutumee du moins dans les sciences a
des expressions plus severes , qu'on ne pent guere t'eliciter le traduc-
teur du travail qu'il a entrepris. A la verite, M. Jacques dit, dans
sa preface, qu'il abandonne volontiers a la critique les principes
generaux de son auteur, et il cherche, dans ses notes et dans de
courtes intercalations faites au texte, a rajeunir ce traite de the-
rapeutique ; mais lui-m^me parait peu au courant de I'etat actuei de
la medecine.
Ce qui, dans ce livre, est le plus remarquable, c'est de voir le pro-
fesseur de Bamberg attribuer a certains medicamens des plus actifs
des proprietes fort eloignees decelles qu'on leur assigne parminous,
et cela sans s'accorder d'ailleurs avec les medecins italieus contre-
stimulistes, en opposition eux-memes sur ce point avec I'Ecole fran-
caise. La meilleure explication que Ton puisse donner de cette diver-
gence d'opinion , dont les personnes etrangferes a I'art de guerir
peuveut s'exag6rer les consequences , c'est qu'en France , on ne
reconnait aux medicamens que des proprietes immediates ou phy-
siologiques, tandis qu'en Allemagne et en Italic, on leur attribue les
effets secondaires ou theiapeutiques, resultats , plus ou moins 61oi-
gnes et incertains des mouvemens qu'ils ont fait naitre dans une or-
ganisation malade. RrooLLOT fils, d. si.
2i3. — * Notice sur les preparations artijlcielles de M. Auzoux ,
D. M. Paris, iSaS; Gabon, et I'auteur, rue du Paon , n" 8. Bro-
chure in-8° de a feuilles d'impression ; prix 76 cent.
Deja , en i8i3, nous avions donne a nos lecteurs une idee assez
complete des pieces artificielles , en carton, par lesquelles M. le
docteur Auzoux a eu I'idee de rend re plus facile pour les geijs du
roonde I'^tude de I'anatomie. ( Voy. t. xxvi , p. 456.) Toutrecem-
A»8 LIVRES FRANCA.IS.
ment , nous avons eu Toccasion de revenir sur cette decouverte iiite-
ressante, en mentioniiant dans le compfe rendu des seances de
rinstitut ( voy. t. xxti , p. 6oi, cahier de mai i8a5 ), un extrait
du rapport de MM. Portal et Dameril. Nous allons emprunter au-
jourd'liui a la Notice que M. Auzoux vient de publier un passage
par lequel il repousse I'intention qu'on lui a supposee de pretendre
remplacer avec ses preparations artiCcielles seules tous les moyens
que Ton employait jusqu'ici pour I'etude complete de cette science.
« On conyient , dit-il ( p. 9 ) , que ces pieces seules ne suffiraient
point pour faire un habile operateur, niun savant physiologiste ;
que c'est uniquement par la dissection methodique et repet^e de
rhomtne et des auiinaux que Ton parvient a counaitreles differences
que pr^senfent les divers tissus, leurs degres de connexion, et i'ar-
rangenient intime des parties qui entrent dans leur composition.
Mais les juges eclaires auxquels ces preparations ont ete soumises, ne
craignent pas d'assurer qu'a I'aide de ces pieces artificielles , I'eleve
laborieux acquerra, en quelques semaines, des connaissances pre-
cises de la situation , de I'etendue , de la figure , de la direction , de
la couleur, des attaches, des rapports des muscles, de Toriglne, du
trajet , de la division , de la distribution des vaisseaux et des nerfs ,
et de la disposition des visceres, et qu'il lui suffira ensuite de passer
un tems tr^s-court dans un amphilhedtre pour avoir sur cette bran-
che de la medecine des connaissanses tres-etendues, qui, par tout
autre moyen et par I'etude de la nature m^me , lui auraient coiite
plusieurs annees d'un travail opiniAtre , degoutant et quelquefois
funeste. • Puisque ces resultats , que la modestie et la bonne foi de
M. Auzoux lui font reduire ici a leur plus simple valeur, ontsuffi
pour attirer sur son invention les regards des gens de I'art et des
Societes de medecine, dont il reproduit dans sa brochure lestemoi-
gnageset les rapports avantageux , quelle confiance ne doivent pas
y avoir les gens du monde, auxquels cetle invention parait devoir
surtout profiter ! Si cette decouverte se repand en raison de son uti-
lite , nul doute que I'etude d'une science aussi importante que I'a-
natomie ne fasse bient^l partie de toute bonne education. Deja
plusieurs pieces completes ont ete executees par I'auteur pour la
France et pour les pays etrangers. Une d'elles a 6te votee par le
conseil d'administration d'Evreux , qui a donnc naissance a M. Au-
zoux ; M. Decazes en a fait present d'une a la petite ville de Libourne ;
un professeur allemand,M. Ackerman, en a commando une pour
-faire transporter a Stockholm; plusieurs demandes ont ete faites
SCIENCES PHYSIQUES. 489
pour I'Angleterre et pour la Russie. M. le niinistre de I'lnlerieur,
pardeux decisions, I'une du 10 Janvier i8a4, I'autre du ay mai i8a5,
a fait mettre a la disposition de M. Auzoux une somme de 3, 000 fr.
pour una pi^ce complete, destinee a I'un des musees roy;iux.Que les
Societes de medecine et les conseils des departemens s'empressent
d'imiter cet exemple , en mettant quelques-unes des pieces de I'au-
teur a la disposition des el^ves et des amateurs de la science. Ne
nous laissons pas devancer par I'etranger dans les encouragemens a
donner a une invention nationale , et qui doit tourner au profit de la
societe (i). E. H.
2i4- — Principes de perspeaive , par ^4. Teyss^idre. Paris , iSaS ;
Rousselon. In-ia de xvi et i3a pages, avec un grand nombre de
figures ; prix 3 fr. et 3 fr. yS cent, par la poste.
Ce petit traite offre, dans un ordre clair et raetliodique, les no-
tions indispensables a toux ceuxqui cultivent les arts du dessin. L.*
2l5 — * De la necessity d'augmenterle: forces militaires de la France;
mo/en de le faire an meiUeiir marcJte possible; par le colonel Marcelin
Marbot. Paris, iSaS; Anselin et Pochard. Br. iu-8° de 4 feuilles
d'impression ; prix , 2 fr.
Des deux questions traitees par M. le colonel Marbot , la seconde
parait la plus difficile et , en quelque sorte, la seule <>".
scmaine , pour quelques besolns particuliers , et le siuj;liis leur
sera rendu a la sortie de I'etablissement... Les eugageniens de sous-
cription , dont I'auteur presente un modele , pourront ^tre provi-
soirement adresses a M. Felix Locquin , caissier de M. Trouve , rue
des Filles-Saint-Thomas , n° 12.
M. Duwicquet, auteur du deuxieme memoire, s'occupant, coinmc
I'indique son tilre, d'un departemeiit en particulier, dctermiue
dans son introduction le genre d'ouvrage qui parait le plus en re-
lation avec les productions du terrain.
La premiere partie de son mcnioire trace rapidement le tableau
de la situation industrielle de I'Artois avant la revolution; la
seconde s'occupe de specifier les moyens que I'auteur entrevoit de
purger la France de cette lepre funeste. Une distribution bien en-
tendue des bureaux de charite, une recette gentrale de tons les
dons volontaires, retablissement d'ateliers et de manufactures en
rapport avec les localitcs, paraissent a I'auteur resoudre la pre-
miere partie du probleme. II demande en outre que les trois grandes
^poques de la vie, la naissance, le mariage et la mort, n'entraiuent
pour la classe indigente absolument aucun frais; que les visites des
medecins et des chirurgiens, les remedes des apotbicaires soienl
payes par le bureau des pauvres pour les families hors d'etat de
faire cette depense , et qu'enfin la vaccine soit toujours et eutifere-
ment gratuite.
L'auteur propose, comme moyens setondaires , des rfeglemens de
police qui erap^cberaient les mendians d'assieger les lieux publics;
des secours a domicile , donnes et payes par les bureaux des pau-
vres , la propagation des ecoles muluelles , et la creation d'ecoles
pratiques d'agriculture. Nous applaudissons de tout notre coeur aux
vues pbilantropiques de M. Duwiquet; nous desirons que son Me-
moire oblienne le succes qu'il merite, et que la Societe d'Arras, a
laquelle il est destine , recherclie et fasse connaitre les avantages
qu'une connaissance plus approfondie des localites lui fera regarder
comme pouvaut resulter des moyens qui lui sont proposes.
227. — * Le Joucur a Paris , ou les Jeux dans leiirs consequences sur.
la moralite des individus et la fortune des families; par M. A. ViviEir ,
avocat a la Cour royale d'Amiens; ouvrage couronne par la Societe
de la. morale chretienne , dans sa seance du iSavril iSaS. Paris, lSi5 ;
Louis Colas. 1 vol. in-i8 de viii et 168 pages; prix i fr. 5o c.
Ce petit ouvrage , comme tons ceux qui out ete fails dans le mdme
but, expose les cbances de gains et de pertes des joueurs. L'auleur
5o/, LIVRES FRANCAIS.
suppose qu'un homme sage, charge de pourvoir aiix besoins du
jeune Edouard, entieprend de combattre et de detruire en lui la
passion du jeu a laquelle il etait enclin ; il lui fait voir, en lui ex-
pliquant tout re qui passe xlevant ses \eux , une maison de jeu, la
roulette, la martingale, la Bourse, I'hopital de Chaienton, le Mont-
de-pict6 et une seance de la Cour d'assises. Toutcs res promenades
ont un rapport direct avec les jeux , puisqu'elles font naitre des
observations sur le triste sort qui attend les joueurs , soil que le
malheur leur fasse perdre la tetc, soil qu'il les reduise a la mendi-
cite, qu'il les conduise au suicide ou devant les tribunaux.
La Societe de la morale chretienne, proposant pour sujet de prix
la question qui a fait couronner I'ouvrage que nous annoncons, a
montre combien elle attache d'importance a repandre parmi le
peuple I'antidote le plus sur contre les habitudes immorales que
pourraient y entretenir les maisons de jeux et les loteries , malheu-
reusement autorisees par le gouvernemeut , mais dont les gens de
bien appellent de tous leurs voeux la suppression. B. J.
228. — Lettre a M. le reJacteur du Journal d'education , publiee par
la Societe d'enseignement eiementaire. Paris, iSaS; imprimerie de
Fain. Broch. in-8° d'une demi-feuiUe d'impression.
«' II existe des personnes prevenues contre le mode d'enseignement
introduit ou rapporte en France en i8i4» sans que ces personnes
puissent rendre compfe aux autres , ni a elles-memes, ciu motif de
leur eloignement ; comme si une mani^re ou une autre d'apprendre
I'alphabet et les cliiffrcs n'ctait pas une chose absolunient etrangere
a la morale, a la religion et a la politique, et comme si, pour choi-
sir entre toutes les manieres connues, on pouvait se decider par un
autre motif que leur excellence ou leur imperfection ! » M. Jomard ,
auteur de la lettre dont nous venons de citer le preambule, a toutes
les reponses que Ton a faites a I'objection qui presente i'enseignc-
nient mutuel comme une nouveaute dangereuse, en ajoute une qui
nous paralt sans replique. 11 la puise dans un ouvrage grec qu'un
respectable philantrope , M. le due de La Rochefoucauld, a decou-
vert dans une vente et qu'il lui a fait adresser, avec la traduction
d'un passage fort curieux. Ce livre , public a B&le,en i54', ne se
trouve pas a la Bibliotlieque du Roi. Son titre est CoUidiani coUoquii
libellus ; I'auteur estun medecia appele Albanus Toriiius. M. Jomard
rapporte la liste des ouvrages de ce medecin dans une de ses notes.
Voici le passage dont il est question : " Je me rends a IV-cole . ou ,
^tant entre, je dis : Mailre, salut. Celui-ci me rend mon salut et
SCIENCES MORALES. ^oS
ni'embrasse. Mon serviteur me remet mes tablettes et mon etui a
ecrire. J'en tire mon stylet ; puis, assis a ma place, je me sers du lis-
soir et j'eciis d'apres le module. Aussitot que j'ai ecrit , je montie
mon travail au maitre; il corrige et il trace. Ensuite, il m'ordonne
de lire. Apres avoir recu ce commandement, je le repete a un autre.
J'avais appris une explication, je la recite ; aussitot aprfcs, il dicte ;
un de mes camarades me dicte et dit : A toi. Je lui dis : Explique
d'abord. II repond : N'as-tu pas vu que j'ai explique avant toi?...
Alors je repete. Sur ee, le maitre ordoniie, et lesplus petitsse levent
pour s'exercer sur le syllabaire. Un des plus grands leur explique
en detail les syllabes; d'autres , par ordre , recitent devan1;le sous-
maitre ; ils ecrivent des noms , des phrases ; et moi , place au pre-
mier rang, j'excitel'emulation. Ensuite , d^s que nous sommes assis,
je parcours les devoirs, le style et I'analyse grammatidale. Appele a
la lecture, j'ecoute rexplicatiop , le sens , la personne ( ou le sujet )
de la phrase. Interroge sur I'analyse grammaticale, je reponds sur
ces questions : par rapport a qui? quelle partie du discours? Je
decline le genre des noms , je decompose la phrase. Des que nous
avons acheve tous les exercices, on nous renvoie pour diner. >■ A cette
citation curieuse et qui contient une description presque complete
des procedes de I'enseignement mutuel, M. Jomard en ajoute une
autre empruntee a un ouvrage francais , public pour la premiere fois
en i594, dont I'auteur pseudonyme est Etienne Tabourot , et dont
voici le titre : Les Bigarmres et Touches du seigneur des /tccords ( voy.
p. 436 de la ye et derniere edition qui a paru a Paris , chez Etienne
Maucroy, en 1663. In-12 ). La division par classes, la joute dus
classes entre elles, I'enseignement par les moniteurs, le changement
de place, tous ces caracteres de la methode sont fldelement repro-
duits dans ce morceau. Qu'auront maintenant a repondre les detrac-
teurs de I'enseignement mutuel , qui repoussent cette methode comme
contraire fi I'eglise romaine et recemnient introduite par les angli-
cans? M. Jomard indique, comme sa source autlientique, I'enseigne-
ment chez les Hebreux , qu'on trouve indique dans le Deuteronorne.
(ch. I, V. i3 et i5), et dansYExode ( ch. 18, v. 25 ). « II est tres-
vraisemblable, ajoute-t-il , que les Indiens et les Egyptiens ont puise
a la m<;me source que celle ou ont puise les jcsuites dans le xvi" siecle,
et Joseph Lancaster dans le xix'. Quant au docteur B^U , le nom
m^me que porto sa methode, systeme de Madras , iemontrc son
origins. » E. H.
199. — Traite du CoiHrat de mariage ; par M. BiRr.T, ancieu ma-
5o6 LIVRES FRAISTAIS.
gistrat , jurisconsulte. Paris, t8a5; Arthus Bertrand. i vol. in-S";
prix 7 fr. , et 8 fr. 5o c. par la poste.
M. Biret est un jurisconsulte tri'S-laborieux , et dont la plume
est extraordinairement feconde. Deux inois sont h peine ccoules ,
depuis que nous avons rendu compte de son Traitc de Vabsence; et
quatre mois auparavant , un do nos coUaborateurs avail annonce
son Jpi:lication au Code civil dcs Institutes de Jttslinien et des ciiiqiiante
Itvres dii Digeste. — II lui a cte fait , a I'occasion de ces deux ouvrages,
une juste part d'eloges et de critique. — ^ Nous apporterons la m6me
impartialite dans I'examen de celui-ci : Amicus Plato, sed magis arnica
Veritas.
M. Biret fait vita et beaucoup : est-il possible alors de falre tou-
jours bien?... Nous devons I'avouer, ses compositions se ressentent
de la precipitation qu'il y apporte; il ferait mieux.s'il miirissait
davantage ses productions. — Son nouvel ouvrage merite le m(5me
reproche que nous avons adresse au Trails de Tabsence. — II lie fait
qu y effleurer son sujet; il discute peu ; il compile; il laisse beau-
coup a desirer, sous le rapport de la doctrine. — II traite du ma-
nage considere comme acte civil; des qualites et des conditions qui
y sont requises; des formalites qui doivent I'accompagner, et de ses
effets. II le considere aussi comme contrat destine a regir I'asso-
ciation conjugale; il donne des notions du regime de la conimu-
naute et du regime dotal. — Ces matieres dont la division est natu-
rellement indiquee , et paraissaient devoir ^Ire traitees les unes dans
la premiere partie du livre, et les autres dans la seconde, y sont
distribuces dans un ordre different : on y trouve des unes et des
autres, dans I'une et I'autre partie. L'auteur a , sans doute, eu pour
cela des raisons qu'il ne nous fait pas connaitre; mais cette me-
thode nuit a I'ensemble de sa composition qui se trouve morcelee ,
et le lecteur en est peu satisfait.
Lorsque M. Biret enonce son opinion particuliere, il le fait d'uue
manifere s^cbe et trancliante : il ne suffit cependant pas d'-etre con-
vaincu soi m<5me des propositions que Ton etablit ; elles ont ordi-
nairement besoin dY-tre justifiees par le raisonnemeut , si Ton veut
convaincre les autres; cette forme convient surtout dans un traite.
Ses decisions nous ont paru quelquefois hasardees , et il nous
permettra de n'etre pas de son avis, par exemple, lorsqu'il dit que
I'impuissance naturelle pent <*tre admise comme uue erreur dans la
personne capable d'operer la nullite du mariage. Un pareil principe
ne saurait avoir son fondeiiient dans notre legislation actuelle ; se«
SCIENCES MORALES. 607
effets blesseraient la delicatesse de nos moeurs, puisqu'il faudrait
recoiirir a des investigations toujours scandaleuses, et dont les t6-
sultats seraient le plus souvent incertains.
Nous liii reprocherons aussi une erreur grave qu'il lui importerait
de rectifier, s'il pouvait en ^tre terns encore. 11 dit , p. i68, qu'aH-
(refois le regime dotal existait dc plein droit , et fans stipulation speciale,
dans la partie de la France qui etait regie par le droit ecrit. — S'il
avait pris la peine de consulter les auteurs qui ont traitede la dot,
il y aurait lu qu'a la verite la loi romainc accordait aux dies une
action contre leurs perespour les contraindre a les doter : mais alors,
comme aujourd'hui, la dot devait ^tre constitnee par le contrat de
mariage ; et, lorsqu'il n'avait pas ete passe de contrat entre les
epoux, au lieu d'etre soumis au regime dotal, tous les biens de la
femme L'taient paraphernatix ( ies biens qu'iine femme se reserve, qui
ne font point partie de sa dot , et dont le mari n'a pas Tadministra-
tion ), elle prenalt la qualite de femme libre dans I'exercice des ses
droits et actions.
Je me liAte de mettre fin a une critique qu'il m'a ele penible de
faire; mais il n'entre point dans I'esprit des redacteurs de la Revue
de deguiser la verite : nous la devons tout entiere a nos lecteurs.
C'est un devoir que j'ai du remplir; et, par ce motif, M. Biret, dont
j'apprecie d'allleurs les utiles travaux, mc pardonnera la severite
dont j'ai use envers son livre.
Je terminerai set article, en rendant au travail auquel il s'est
livre la justice qu'il merite. On y trouvera des citations faites h
propos des lois anciennes, dont il ctablit les rapports aveo la loi
nouvelle. 11 eclairs les difficultcs que pent presenter le teste du Code,
par les discussions qui eurent lieu au consell d'etat, par la doctrine
comparee des auteurs qui ont ecrit avant lui, et par la jurisprudence
des arrets. Sous ce rapport, son ouvrage a un degre d'utilite incon-
testable. Crivelli , flcoca^-
N. B. Un Traile complet du contrat de mariage reste encore a faire,
et I'ouvrage de M. Biret, dont nous sommes loin de contester I'uti-
tilile, ne diminuera point I'impatience avec laquelle les personnes
qui s'occupent de la science du droit atlendent la suite des travaux
du savant et respectable M. TouUier, dont le 1 2' volume doit bientot
combler cette importaiite lacune. B. L., avocat.
aSo. — * Cours de notarial; par J .-B. Augak , notaire royal a
Agen. Paris , i8a5; Waree. i vol. iii-8°; prIx 8 fr. , ct 10 fV. 5o c.
M. Augan ent, a notre avis, intitule plus ronvenal>l(incrit son
5o8 LIVRES FRANCAIS.
livre, EUmens dc la science dti notarial. Le litre qii'il lui a donne nous
a paru un pen ainbitieux. Au resle, ce reproche n'attcnue en ricn
le merile intrins^que de I'ouvrage, que nous considerons comme un
bou IfJaniiel a I'usage des notaires.
Dans un premier livre, intitule : Dtn Notaires et de I'exercice de
leiirs /onctions,Vautevir analyse la loi organisatrice dii notarial. II
fait connaitre les conditions exig(^es de ceux qui se voucnt a cette
profession , les obligations qu'ils ont a remplir dans I'exercice de
leurs fonctions, les attributions qui leur sont departies par la loi,
la responsabilite qui pi^se sur eux. II indique les diffcrentes forma-
lites qui sont de I'essence de leurs actes, les vices qui peuvent en
entrainer la nullite , et les effets qui en resultent. 11 donne rinlelli-
gence des lois sur le timbre et sur I'enregistremcnt, dans leurs rap-
ports avec I'exercice du notarial. ■ — Les objets trailes dans ce livre
correspondent parfaitement au litre qui lui est donne. — ■ Mais
il ne nous parait pas qu'il en soil ainsi des deux autres livres. —
Le second, qu'il intitule de la Thiorie des con\>entions et ou il
traite des conditions qui leur sont essentielles , des obligations d
de leurs effets , ainsi que des hypotlieques , aurait du , a noire
avis, contenir tout ce qui est relatif a la vente, a I'ecliange, au
louage, au contrat de societe, au prdt, aux transactions , au central
de mariage, etc., matieres dont il a compose en grande partie sou
troisifeme livre, intitule ; de la Pratique du notarial , et dans lequel on
devait naturellemenl s'attendre a ne trouver que la mise en action,
par des exemples et des formules , des principes precedemment ex-
poses. Ce troisieme livre comprend aussi I'analyse des regies du
droit propres aux donations et aux lestamens; celles qui regissent
les differens actes permis ou commandes par la loi , ct qui sont pla-
ces par elle dans les attributions des notaires, tels que les procura-
tions , les compromis , les inventaires , les partages , les prot^ts , les
actes respectueux des eofans envers leurs parens, etc... Toutes ceS
malitres, classees cependant avec assez d'ordre, comportaient uiie
autre division : il nous semble que M. Augan aurait mieux fait de
les placer toutes dans le second livre, auquel il aurait pu donner un
autre litre qui leur eiit ete mieux approprie ; tels que celui-ci, Theorie
des conventions , des contrats , et des diverses espices d' antes conftes aux
notaires ; et oil il eut , ainsi qu'il I'a fait , explique les regies qui aj)-
partiennent a cbacun de ces actes. II aurait pu le subdiviscr en sec-
tions, oil il aurait traite successivement des regies generates des con-
ventions, des contrals bilaleraux, des contrats unilateraux , des
.dispositions n litre gratuil et a litre onereux, el des divers acles dc-
SCIENCES MORALES. 609
volus aux notaires. — Le troisieme livre eut du ^tre coiisacre tout
entier a des explications pratiques , et aux modules dont la redac-
tion nous a pai'u generalement soignee et faite avec autant de clarte
que de precision. — Nous desirous que ces observations puissent
servir a M. Augau pour une seconde edition, qu'obti'endra proba-
blenient son ouvrage, dont le succcs nous parait indubitable.
L'auteur y offre, dans un cadre circonscrit, une instruction subs-
tantielle; il indique avec exactitude les sources oii Ton pourra en
puiser une plus umple. II cite un grand nonibre d'arrets, les avis du
conseil d'etat el les decisions ministerielles, qui sont venus eclairer
ou resoudre les difficultes que la mise en pratique de la loi sur le
notarial , et de celles qui y sont relatives , a fait naitre. — Iltermine
sou livre par un tarif des droits d'enregistrement et d'hypotlieques,
dans lequel il a suivi I'ordre alphabetique. M. Augan enseigne aux
jeunes gens qui se destinent a I'exercice du notariat, ce qu'aucun
d'eux ne pent se dispenser de savoir ; et I'examen que nous avons
fait de son travail , nous permet d'afiirmer qu'il n'y a fait aucune
omission iniportante. — Nonobstant la critique que nous lul avons
adressee dans cet article, et qui ne porte que sur la distribution
des matieres, nous pensons qu'il a publie un bon livre eleraentalre :
il deviendra le ^veni mecuin de ses confreres , qui le consulteront tou-
jours avec fruit. Criveli.i , avocat.
23i. — * Jnnuaire de Legislation et de Jurisprudence , contenant dans
la !'■' partie : 1° , un Calendrier avec la connaissance des Terns , etc ;
3° les changemens operes dans les ministeres ; 3° les modifications
apportees dans I'administration de la justice; 4° etc; 5° des notices sur les
ouvrages et les recueils de jurisprudence qui ont paru dans I'annee,
suivis d'une liste alphabetique des auteurs; 6° des notices biogra-
phiques et necrologiques ; 7° des articles de melanges ; — et daus la
1^ partie: i°un coup d' ceil sur lalegislation et la jurisprudence en i8r4;
2° des tableaux des brevets d'invention, des naturalisations, change-
mens de uoms , majorats, donations et legs , pensions et secours,
usines, etc.; 3° une Table alphabetique et raisonnce , en forme de diction-
naire , avec I'indication de tons les recueils ou
le texte se trouve rapporte ; 4° > des Tables chronologiques des Lois ,
ordonnances , arrets , etc. ; 5° , une table des articles des codes 'vises
dans les arrets; — ouvrage destine principalement a faciliter letra-
5io LIVRES FRANCAIS.
Tail et A ^pargner le terns du raagistrat , du jurisconsiilte , dii fonc-
tioniiaire et de I'officier publics , et nidme de rhomme de lettres;
par una societe de jiirisconsultes. Deuxieme annee. Paris, 1285 ; au
bureau de I'annuaire, place Dauphine , ii*^ 28. i vol. in-8°, de viix
et 396 pag. Prix , 6 fr. , et 7 fr. 25 c. par la poste.
Le titre detaille de cet ouTrage, qui indique.les renseignemens
tr^s-vari^s et souvent curieax que Ton peut j' puiser, en fait a]ipre-
cier I'utilite. Ea general , a niesure que la civilisation avance , Ton
sent vivement le besoin des r<5perfoires de ce genre , qui contiennent
souvent plus de faits positifs et utiles a connaitre que beaucoup
d'ouTrages oii sont deposees des theories et des vues d'amelioration
plus ou moins bieu appropriees aux iutcr^ts de la societe. Aujour-
d'hui , chacun de nos departemens , a-peu-pr6s, a son annuaire qui
en donne souvent la statistique, la population , et qui indique I'elat
agricole , industriel, commercial, et ni^me , a quelques egards ,
I'etat moral et social , scientiGque et lilteraire. Chacuue de nos
principales branches d'administration , I'instruction publique , les
cultes , la guerre , la marine , les douanes , etc. , out aussl leurs an-
nuaires , a !a t^te desquels est celui du Bureau des longitudes, qui
sont consultes avec fruit , non-seulement par les personnes qui out
des rapports avec les agens de I'administration publique dans ces
diverges parties , mals aussi par les homnies qui aiment a observer
tons les rouages de I'organisation sociale poury signaler les progres
en bicn ou les abus a reformer , et par les etrangers qui veulent
connaitre a fond nos institutions et les comparer dans les details
d'ext'cution avec celles de leurs pays. — Un annuaire de legislation
et de jurisprudence est done un ouvrage qui doit avoir un grand
nombre de lecteurs et obtenir un succes toujours croissant ; car, des
individus de toutes les classes de la societe auront souvent occasion
d'y recourir, et il est surtoutun manuel uecessairepourles liommes
qui appartiennent aux differentes carrieres de la raagistrature , du
burreau, du notariat , ou a celles dans lesquelles on s'occupe de
I'application des lois. M. A. J.
232. — Abrcge d'histoire universelle , divise par siecles , depuis la
creation jusqu'a la fin de I'annee 1824 de I'ere chretienne , auquel
est joint an tableau mu^monique , intitule; Mappemonde historique ;
par M. I'abbe Borme , cure de Meaux. Paris , iSaS; C. J. Trouve.
I vol. in-S" de xxxii et ayr pages; prix 6 fr. , avec la Mappe-
monde in-fol.; la Mappemonde seule, 3 fr.
l/autenr de cet uuvrage y deploie une eiudition qui senible de-
SCIENCES MORALES. 5ii
venir de jour eu jour plus rare parmi nos jeunes pr^tres. II cite
i^galement, pour appuyer ses opinions, les auteurs sacres et pro-
fanes , anciens et modernes : Tenvie de prouver ce qui a ete lc«g-
tems et sera sans doute toujours conteste par les incrcdules , lui
fait invoquer egalenient le temoignage des naturalistes et des P^res
de I'Eglise. Nous regrettons que ses preuves , bien qu'elles soient
appuyees sur de grands noms, n'aient pas plus de force; et apr^s-
I'avoir lu , nous sonimes toujours oblig(5s de rep^ter la phrase fa-
meuse : Mundum tradidit disputatlonibus eorum. Abandonnons done
la partie en quelque sorte tlieologique de cet ouvrage : sa forme
doit donner lieu a quelques observations.
La pensee de diviser ies tenis ecoules eu parties egales n'est cer-
tainement pas nouvelle , et M. Goffaux en a fait une application
fort ingenieuse dans ses Tableaux chronometriques de I'histoire de
France. II faut cependant remarquer que, si I'oeil s'accomrnode fort
bien de cette division egale , s'il y trouve un moyen simple et facile
de saisir en un instant les rapports des teins et des espaces , il n'en
est pas de meme de la memoire, qui, dans le tems et dans 1 es-
pace , saisit aisement les masses, sans etre aucunenient fiappee de
I'egalite des parties. Voila pourquoi la division adoptee par M. Borne
ne jiarait pas aussi favorable a I'etude de I'histoire qu'il a pu le
penser. Vainement , dans les cinquante-neuf titres qu'ii a donnes
aux cinquante-neuf si6cles qu'il reconnait d'apres la clirouologie
hebraiique , I'auteur a rappele quelques evenemens ou quelques
hommes remarquables , la secheresse de sa division se fait sentir
partout. Qui se rappellera jamais le si6c!e de la naissance de Seth
( le 2^) , et celui de la jeunesse de Jared (le 6i= ), et celui du com-
mencement de la corruption ( le i^^ ) , 'et tant d'auties ? En cela ,
je prefererais la division admise par le celebre auteur du Ducouts
sur I'histoire universelle, qui d'ailleurs presente , dans cet admirable
ouvrage , une suite de fails pleine de rapidite et de chaleur. La
verite nous force de dire qu'au contraire le livre de M. Borne ne
presente qu'une chronologic assez s6che , bien inferieure , je ne dis
pas au grand ouvrage de M. Buret-de-Longcharap, ni aux tableaux
fort utiles de Lesage ( le conite de Las-Cases), mais meme aux
Tableltes historiques de Langlet-Dufresnoy , et a la chronologic du
president Henaut pour I'histoire de France.
La ALippemonde hu'.orique que M. Borne ajoute a son ouvrage ,
n'est qu'un abrege de tout ce qu'il a dit , divise en six colonnes
verlicales , dout chacuue coutient ua milienaire, Gbaque millenaire
5ia LIVRES FRANC AIS.
se divise en dix parties , dont I'espace est consacre aux ^v^nemens
les plus importans de chacun des siticles qui le composent. B. J.
233. — * Histoire d' Anghterre , depuis Jules Cesar jusqtt' en 1760,
par Olivier Goldsmith , continuee jusqu'a nos jours j)ar CharUs
CooTE ; traduction de I'anglais par M'""" Alexandrine Aragon; avec
une Aotice sur la vie et les ouvrages de Goldsmith, par M. Albert
MoNTEMONT. T. II. Paris , i8»5 ; Peytieux. In-S" ; prix fi fr. , et
franc de port , 7 fr. 5o c. L'ouvrage enlier fonnera 6 volumes.
Nous avons annonce , dans notre cahier de juiii ( t. xxvi , p. 844 ),
le premier volume de cet ouvrage. Le second soutient dignement
la reputation honorable de son aine ; on remarque , dans la traduc-
tion , la m^me elegance, la m(^-me fidelite et la meme precision.
Ues notes nonibreuscs ajontent encore a I'interet du texte , qui
renfernie une periode de deux cent cinquante ans , consacree aux
regnes d'Edouard II, d'Edouard III , de Richard II, Henri IV,
Henri V, Henri VI, i^douard IV,l£douard V, Richard III, Henri VII,
Henri VIII, Edouard VI , Marie , avec une partie du regne d'Eli-
sabeth. Le cliapilre le plus remarquable de ce volume est celui de
Henri VIII, ce prince devenu si bizarrement fameux par sa triple
tyrannic de monarque , de chef d'Eglise, et d'epoux; qui affran-
chit I'Angleterre du joug papal, mais qui soutint le schisme cree
par son caprice , et qui envoya successiveraent toutes ses femmes a
la mort , si I'oa excepte la sixieme et dernifere , qui n'echappa que
par miracle. — Nous reviendrons sur ce travail, dont I'importaaice
exige quelques developpemens. ***
a34- — * Essai politique sur le royainne dela Nouvelle-Espagne ; par
Alexandre de Humboldt. Deitxieme edition. Tome P"". Paris, iSaS;
Renouard. In-8° de xvin et 472 pages; prix 7 fr. 5o c.
La reimpression de cet important ouvrage ne pouvait avoir lieu
dans des circonstances plus favorables. Tous les yeux sont fixes sur
I'Amerique , et des destinees nouvelies se preparent pour une im-
mense partie de I'espcce huraaine. Le livre de M. de Humboldt a ete
public en 1808, lorsque la metropole exercait encore dans la Nou-
velle-Espagne toute son influence, et a une epoque ou I'Europe ,
agitee au-dedans par des guerres sans cesse renaissantes , etait peu
occupce des affaires de Tautre continent. Cepenrlant , cet ouvrage a
fait, des sa premiere publication, une sensation tr^s-vive , et de-
puis ce terns, en Europe comme en Amerique , on n'a cesse de le
reimprimer, de le traduire , de I'extraire, de le copier, ou de s'em-
p.ircr ties cartes geographiques qu'il renferme. Depuis Taffraucbis-
SCIE^TES MORALES. 5i3
semeut du Mexique , le nouveau gouvernement a frequemment cite
cet ouvrage dans des rapports officiels. Le pouvoir execntif decla-
rait, le 21 juillet 1824 , que » ViLssai politique de M. de Humboldt
renferme le tableau le plus complet et le plus exact des richesses
naturelles du paj's , et que la lecture de ce grand ouvrage n'a pas
peu contiibue a rauimer I'activite industrielle de la uation , et a
lui iqspirer de la coufiance dans ses propres forces. » Cette edi-
tion nouvelle contient des additions et des ameliorations nom-
breuses ; les rapports que I'auteur a conserves avec le gouverne-
ment raexicaiu et avec des personnes qui, a differentes epoques,
cut occupe les places les plus eminentes dans I'administration de
ce pays , lui ont procure uu grand nombre de materiaux statisli-
ques entierement neufs , qui paraissent pour la premiere fois dans
cette edition. La physionomie primitive de I'ouvrage n'a cependant
pas ete cliangee , et voici comment I'editeur s'explique a cet egard
dans sa preface ; « En reimprimant yEssooo 1*
population totale de I'Amerique conlinentale et insulaire. \oici
comment il distribue cette population entre les differentes races :
Blancs . 18,471,000 ou 38 pour cent.
Indiens 8,610,000 — a5 p. c.
N^gres 6,433,000 — 19 p. c.
Races mixtes. . . . 6,428,000 — 18 p, c.
34,942,000
Entre les differ ens cultes :
Catholiqnes romains 22,486,000
Protestans 11, 636, 000
Indiens, independans, non chr^tiens. 820,000
34,942,000
Entre les differentes langnes :
Langue anglaise 11,647,000
— espagnole io,5o4,ooo
Langues indiennes 7,091,000
Langue portugaise 3,740,000
— francaise 1,242,000
Lang. hoUandaise, danoise, suedoise. 216,000
34,942,000
M. de Humboldt evalue la population de VAmerique espagnole k
16,910,000, qu'il distribue ainsi qu'il suit:
Indiens 7,53o,oooou 45 p. c.
Races melangees 5,828,000 — 82
Blancs 8,276,000 — 19
Noirs , race africaine 776,000 — 4
II partage la population noire de toute TAm^rique , qu'il a ^valu^e
il 6,433,000,
En 5,047,000 esclaves, ou 79 p. c.
— 1,386,000 libres — 21 p. c.
Ces tableaux de la population americaine , ajoute M. de Hum>
boldt , se composent d'elemens tris-variables : ils representent ap-
proxiraativement I'etat de la societe americaine. Dans un travail de
ce genre, il ne s'agit que de« masses : les ^valuationc partielles ne
SCIENCES MORALES. 5i5
pourront acquerir qu'avec le lems une precision plus rigoureuse.
La langue des chiffres, seuls hieroglyphes qui se sont conserves
parini les signes de la pensee, n'a pas besoia d'interpretation. II y
a quelque chose de grave et de proplietique dans ces inventaires du
genre humain : tout I'avenir du Nouveau-Monde y semble inscrit.
C. R.
235. — * Carte historiqiie , chronologiqtie et geographiqiie de la Grece
ancieiine , de I'Asie mineure et de i'ltalie meridionale , depiiis les terns
les plus recules jusqu'a la batallle d'Actlum , epoque de I'aneantis-
sement de la Republique ronjaine; pour servir a I'etude de I'histoire
et de la geographic anciennes ; par M. J. N. C, ingenieur-geographc.
Paris, 1825 ; Siniouneau, rue de la Paix , et M""= Lenoir, quai Ma-
laquais, n' 5. Une feuille grand colombier, coloriee avec soin ;
pri\ 5 fr., et fi fr. sur papier velin.
Tout le monde connait ces cartes historiques oil la duree et I'eten-
due progressive des empires sont figurees par le cours d'un fleuve
qui se divise en plus ou inoins de branches, selon que la nation
qu'il represente a fonde plus ou moins de colonies , etc. II en est
une, celle de I'empire romain, je crois , oil le fleuve symbolique
prend sa source au milieu des nuages et des eclairs , ce qui veut
dire , probablement , que Torigine du peuple remain est iiicertaine
et qu'il a ete guerrier, ou bien que le fondateur de la viile de Rome
etait CIs de Jupiter.
Cependant, il y a deja soixante-quinze ans environ, que Tarbeaula
Bruyere voulut , un des premiers , se servir de I'espace pour mesurer
la duree, et mettre sous les yeux , d'une maniere graphique , les
revolutions des empires. Ce mode a eprouve les obstacles que ren-
contrent toujours les idees nouvelles, quelque bonnes qu'elles soient;
mais il n'a pas ete abandonne. Priestley, Chantreau, Las Cases,
Goffaux, Strass, de Berlin, etc. , I'ont employe , et I'auteur de la
carte que j'annonce en a fait une nouvelle application. Quelques
mots d'explication feront facilement connaitre rartiCce employe
dans la construction de cette carte , et I'avantage que Ton pent en
retirer pour I'etude de I'liistoire.
Trois zones horizontales reprcsentent les parties de I'Asie , de I'Eu-
rope et de I'Afrique les plus anciennement connues ; irois lignes ver-
ticales , sous-divisees par des lignes seculaires , indiquent la duree
relative : 1° des tems tenebreux; 2" des tems heroiques ou fabuleux :
cette seconde periode s'arrdte a la fondation de Rome ; 3° du tems
ecoule depuis cette derniere epoque jusqu'i la bataille d'Actium.
5i6 LIVRES FRANC AIS.
Les trois zones horizontales sont clivisees proportionnellement k
I'eteudue de chaque etat ; puis Ton voit cette otendue proportion-
uelle s'accroitre , dimiuuer, et mime s'eteindre , selon les vicissi-
tudes que chaque pays a dproav^es ; mais , comme il est des em-
pires qui s'etendaient dans plusieurS pailit-s du mondo, une teiule
semblaLle rappelie , dans chacune de ces parties , I'espace que cet
empire y occupait. C'est ainsi que Ton voit une teinte rouge , par
laquelle I'auteur a designe le royaume de Macedoiiie , s'accroitre
pendant quelques sifecles et occuper un moment, sous le rfegne d'A-
lexandre, la presque totalite du monde connu, et la teinte verte, qui
prend naissance a la fondation de Rome, couvrir la surface de la
carte a I'epoque de la hataiUe d'Actium. II en est de mdme des autres
4tats , en ce qui concerne la distribution de Tespace; mais, pour
prevenir toute confusion , I'auteur n'a colorie que les grands empires.
On pent dire , avec raison , qu'au simple aspect de cette carte ,
on prend une idee plus juste et plus complete du synchronisme des
^venemens , et de rimpoi tance reciproque des etats , comme eten-
due, qu'on ne pourrait le faire en plusieurs mois , par I'etude ordi-
naire de I'bistoire. Cette carte convient done a tons les Sges ; une
feuille imprimee , qui y est annexee , en fait connaltre I'objet , et
fournit les moyeus d'en salsir sur-le-cbamp I't'iisemble et les details.
Je suis persuade qu'elle sera promptement rechercliee par tons ceux
qui aiment les etudes serieuses et positives ; au moins clle merite de
ntie. P. A.
a36. — * Resume de I'hlstoire de Picardie ( Sorame , Oise , Aisne ,
et partie du Pas-de-Ca!ais ); par P. Lami. Paris , j8a5; Lecointe et
Durey. In-i8 de aifi pages; prix 2 fr. 5o c.
Un ieune auteur a fait le resume de I'lustoire de sa patrie et de
celle d'une nation voisine : ses ouvrages ont cte bien recus du pu-
blic; aussitot on a eutrepris de resumer I'histoire de loutes les na-
tions. Ces nouveaux resumes ont reussi ; il a fallu en faire d'autres
pour chaque province de I'ancieune France ; maintenant Ton re-
sume les litt^ratures , et ou soumettra probablement au mi^ine pro-
cede les sciences physiques et morales, les beaux-arts et les me.
tiers. Louons sans restriction I'idee premiere : tout ce qui tend
a popularlser la science merite des eloges. Mais , si une entreprise
philantropique fiuit par n'^tre qu'une speculation de libraire , gar-
dons -nous de loucr Tabus d'une bonne chose, et jugeons toujours
d'apr^s les regies de la raison et de la justice.
Un resume , du moins tel que nous le concevons , ne doit con-
SCIENCES MORALES. 5iT
tenir que les falts d'un int^rdt general; et comme I'liistoire des
provinces se trouve necessairement comprise dans celle du royaume,
disons mieux, comme une province , surtout dans les dcrniers terns,
na nen pu faire d'iniportant sans le concours du gouvernement
royal et central de France , il en resulte que le resume particulier
a chaque province , loin de former une histoire a part , ne fournlra
qu une partie de I'liistoire generale , et que les trente-six anciennes
provinces donneront naissance a trente-six resumes de I'liistoire de
France. Quelqii'inevitable que soit ce defaut, le resume de M. Lami
fait une honorable exception. La suite des faits I'entraine a en re-
peter plusieurs deja mentionncs dans le resume de M. Felix Bodin ;
et neanmoins , ces deux resumes ne feront pas double emploi. Mais
cela tient a la mani^re dont les deux auteurs ont envisage leur
sujet. La politique, la civilisation, voila ce qui a le plus occupe
M. Bodin; M. Lami semble s'etre attache davantage a la religion,
aux superstitions d i verses : les reliques, les Icgendes des moines ,
la credulite de nos ancetres, sont soigneusement depeintes par
lui. II ne laisse pas echapper les treves de Dieu , les fondations de
monast^res, etc. Les ceremonies superstitieuses des sorciers , et
le jugement du chevalier de La Barre , mis a mort pour son
luipiete, sont consignes dans son livre , et ce caract^re particulier
iraprime a ce resume, en Lit un complement necessaire de celui
de M. Bodin.
Je dois ajouter qu'une etude profonde de nofre histoire et des
historiens contemporains se fait constamment remarquer dans cet
ouvrage. B. J.
2^7- — Joseph Fouchi, due d'Otrante , juge d'apres ses memoires.
( Excratt de I'Aristarque. ) Paris, i825 ; C.-J. Trouve. Broch. in-S"
de 43 pages ; prix i fr. aS c.
Nous a vons rendu compte des Memoires de Fouche , comme d'un
ouvrage qui presentait quelques caract^res d'authenticite. Nous
avons cru reconnaitre dans I'auteur veritable du livre, sinon le mi-
nistre lui-m^me , du moins quelqu'un de ses conCdens et de ses agens
intimes qui a ete admis a I'initiation de beaucoup de mysteres poli-
tiques. Le redacteur de VAristarque partage en cela notre opinion;
mais il voudrait s'autoriser de ces memoires pour livrer au niepris
et a I'execvation publique le ci-devant ministre de la police, dont
nous sommes loin de vouloir entreprendre la defense, quoique nous
ne pensions pas que toutes les accusations par lesquelles on cherche
a flctrirsa mcmoire soient egaleinent fondees. Les Memoires de Fouchk
5i8 LIVRES FRA^'CAIS.
sont tennines par cette phrctse singuli^re : « Je crois resumer ma
•vie, en declarant que j'ai voulu vaincre pour la revolution, et que
la revolution a ^te vaincue dans mot. »
Le redacteur de VAristarqiie , se fondant sur cette phrase , ne voit
dans les m^moires de Fouch^ qu'nn lestament politique , un traile ex
professo de Van de conspirer, dont 11 resume en dt'ux pages les prin-
cipales insirucfions; et par unecliute que I'on a de la peine a con-
cevoir, apres avoir peiiit Fouche comme !e rej)rc'sentant cie la revo-
lution, il fait , qui le croirait! des ministres actuels, les successeursde
Fouche et les heriliers deses pen'sees. Jusqu'oule delire de I'esprit
de parti peut-ii egarer la raison ?....
Le m^me sentiment d'irritation contre notre ^poque et contre les
avantagcs incontestables d'un gouvernement constitutionnel , porte
I'Aristarque a vanter av3c emphase les quatorze siecles de bonheiir et
de gloire i\e I'antique monarchic francaise. Nous pensions que , de-
puis VexceWente histoire des /raiicais , par M. de Sismondi, Yhisloire
de Paris, par M. Dulaure, et le Rt-suine de tHistoire de France , par
M. Felix BoDiif , il n'etait plus permis aux hommes raisonnables de
reproduire de sembiables assertions contre le teraoiguage positif de
riiistoire.
238. — Memnires d'Henrielte TFilson, concernant plusieurs grands
personiiages d'Angleterre, et publics par elle-meme , traduction de
I'anglais, revue et corrigee par I'auteur. T. 2e, 3eet4'". Paris, i8>.5;
Lbuillier. 3 vol in- 12, ensemble de 397 pages; prix 9 fr. (Voy.-flei'.
Enc. , t. XXVI , p. 23o.)
Miss Wilson continue, dans ces trols volumes, I'liistoire de ses
aventures. Tons les premiers personnages sont passes en revue; et
cette superbe Angleteire, 011 tant d'ecrivains qui croyaient mal a
propos fiiire preuve de patriotisme, se p'.aisaicnt a reprocher a la
France ses m^uvaises moeurs, doit voir avec peine son aristocratic
tout entiere solllciter les faveurs d'une courtisane. Je ne rappel-
lerai pas les noms de ceux que la belle Ilenrieite introduit dans son
livre. Je me bornerai a rcpeter le jugemeiit que j'ai deja poile sur
son premier volume. On y trouve des sc6ncs comiques tracees avec
esprit , des portraiis presqne toujours piquans , el malheureusement
sans doute trop ressemblans, une galte iiiepuisable, et le croirait-
onPquelques lignes qui sembleraient indiquer que le coenrdeMiss
Wilson fut capable d'un veiilable amour et d'uue ceitaine lldeiite.
L'influence d'une mauvaise education , des cxemples d'un monde
corrompu , des besoins imperieux que notre civilisation , defectueuse
SCIENCES MORALES. 619
et barbate sous tant de rapports , ne permet souvent de satisfaire
qu'en merhant !es primes d'encoiiragement offertes a tous les yices,
suffisent pour denaturer, pour depraver et avilir les 4tres m^mequi
etaient doues d'une veritable sensibilite, et qui auraientpu, dans
una societe mieux organisee , honorer I'humanite par leurs vertus.
J.
aSg. — * Voyages dans les departemens formes de I'ancienne pro-
vince de Langiiedoc , par Rejtaud de Vilback j chevalier de Saint-
Louis, officierdelalegion-d'honneur. T. 1"'. Paris, iSaS; Delaunay.
In-8° de 5i8 p. ; prix 8 fr.
Ce premier volume contient une esqtiisse de I'histoire du Languedoc ,
suivie d'une description detaillee de tous les lieux les plus remar-
quables du departement de I'Herault. Le volume suivant fera voya-
ger le lecteur dans les departemens de I'Aude et du Tarn. — L'ou-
vrage est acconipagnede planclies geograpliiques et de dessins litho-
graphies, representant les monumens les plus rnteressans, les sites les
plus pittoresques. L'autcur a parcouru le Languedoc dans tous lessens;
il y est ne ; il en possede a fond la langue ; il en a bien etudie I'his-
toire ; et c'est en nous rapportant ce qu'il a vu, qu'il veut nous faire
connaitre son pays. Voila, certes, sous le rapport de la verite , une
garantie suffisante; mais la verite suffira-t-ulle pour faire lire cet
ouvrage? La forme adoptee par ]\L de Yilback est perilleuse pour
un auteur : s'il n'avait voulu que faire une description geographique
toute seche, plus complete que beaucoup d'autres , elle aurait at-
teint parfaitement son but. Mais il s'agit d'un voyage imag.inaire,
genre d'ouvrage qui, loin d'exclure le plaisir, semble au contraire
le promettre au lecteur; et le public toujours exigeant se croira en
droit de demander a M. deVilback pourquoi les diverses parties de
sa description ne sont li^es entre elles que par la position des lieux ;
s'il n'eiit pas ete possible de faire de toute cette peinture, 011 se trou-
vent d'allleurs des morcea^ux charmans, un seul tout, en reunissant
les parties par une intrigue legere, comme celle du Tristan de
M. de Marchangy, (voy. ci-dessiis, p. aSg ) on du Voyage d'Ana-
charsis ?
Nous pouvons done determiner le nierite de I'ouvrage de M. de
Vilback , en disant que, pour la verite des descriptions, pour la
variete des tableaux , les Voyages en Languedoc sont un ouvrage
tres-satisfaisant ; mais qu'on y pourrait demander un interet plus
soutenu, et une action principale a laquelle tout viendrait se rat-
tacher.
^^o LIVRES FRANCAIS.
Si I'on vent lire I'ouvrage par morceaux detaches, on ne poiirra
qn'en prendre une idee tri;s-avant.igeuM\ surtout si !'on tombe sur
la danse da chevalet (p. 33i ) sur la grotce de Ganges ( p. 370) sur les
mocurs des habitans de 5f-(7fo,--^p?(p.383 et siiivantes) et sur p'lusieurs
autres pages t'galement interessantes. B. J.
240. — * Histoire physique, civile et morale des environs de Paris ,
depuis les premiers tenis historiques jusqu'a nos jours, etc.; par
DuLAURF. , de la Societe des antiquaires de France, autcur de VHis-
toire physique , civile et morale de Paris, amf partie du T. II. Paris,
1823 ; Guillaume. i vol. in-8°; prix 7 fr. 5o cent. ( Voy. Rev. Enc,
t. XXVI, p. 53g, et ri-dessus, p. 327.)
Le livre S™* du T. II est consacre a la description des lieux qui
sent sur la route de Poissj a ivreux. Ce livre est divise en quatre
clinpitrcs , dont le premier et la moitie du second sc trouveiit com-
prisdansla i"partie de ce volume que nous avons drj;i annoncee.
Icinons avons la fin du a""" chapitre et les cliapitres 3""' et 4">e ; ce
dernier est exclnsrvement reserve a la ville d'Evreux. Vientensuite
la tToisieme partie de rouvrago (Route de Paris a Rouen) , dont trois
chapitres du livre I'^'sont eonsacres a la description des lieux qui se
frouvent snr la route de Paris a Saint-De.nis , y comprisl'histoire de
cette derniere ville, rapportee dans le 3""= chapitre.
Outre rhistoire d'ltvreux et celle de Saint-Denis, sur lesquelles
nous appelons I'attention de nos Iccteurs, nous avons remarque plu-
^ieurspassages fort curienx dans la partie du T. II, que nous annon-
cons; tels sont ( p. a55 ) la description dela Roche-Guyon et I'as-
sassinat qui y fnt commis en 1107, sur la personne du seigneur de
la Roche, dit Guy; —(p. 262) les efforts de Henri IV pour se
rendre favorable la veuve du marquis de Guercheville, a laquelle
il dit un jour, en renoncant a triompher de sa resistance: « Puis-
que vous ^tes v(?ritablenient dame d'honneur, vous le serez de la
reine. • — (p. 291 et 36r ) le r^cit de miracles operes sur le ferri-
toire d'Evreux, en 6g6, par saint Ouen , qui fit marcher deux mu-
lets obstines, et a Montmartre par saint Crysogone ou saint Rabo-
ni, ainsi nomme , rapporte Sauval , parce qu'il avait, selon le
penple, la vertu miraculeuce de rabonnirlei ma>-is. « Une femme,
dit I. a Monnaj'e, dans le second volume de son 'Rlenagiana , enfre-
prit de faire une neuvairie a saint Raboni pour demander la conver-
sion de son mari. Quatre jours apres , le mari etant niort, elle s'e-
cria : Q^ue la honte du saint est grande , puisqu'il dnnne plus qu'on nelui
demande. » Toute t'pigramme a part, nous sommcs d'avis qu'il faut
SCIENCES MORALES. Sii
renvoyer A saint Raboni cette femme qui pretendait avoir le droit
dese soustraire a I'aulorite oonjugale et de faire prononcer la nul-
lite de son mariage , parce que ce mariage n'avait pas ete consacre
par TEglise, mais dont les pretentions ont ete rejetees recemment
par la cour royale d'Aix (i) : car , si les tribunaux s'aviseut de vou-
loir ainsi conserver leur independance , a quel saint pourront se
•vouerdesormais lespauvres femnies qui auront des maris mecreans?
E. K.
241. — * Revue politique de I'Europe en 1823, avec cette epigraphe :
« lUi pro libertate, hi pro dominatione pugnant. » QuaCrieme edi-
tion. Paris , 1823; Bossange freres. Broch. in-8°; prix 2 fr.
Cette brochure, dont nous avons annonce la premiere edition
( Voy. t. XXV, p. 792 ) , est jugee, et il serait superflu de lui donner
de nouveaux eloges. Le succes qu'elle a obtenu parle assez en sa fa-
veur ; il prouve a la fois et I'importance des objets qu'a traites I'au-
teur, et son esprit philosophique, et le rare talent avec lequel il s'est
rendu le digne interprete del'opinion. Un avemwe/ne/u des editeurs
nous apprend que « cet ouvrage faisait partie du premier numcro d'une
nouvelle Revue politique et litteniire qui devait commencer a paraitre
au mois de Janvier dernier. » — « Cette entreprise etant, ajoutent-
ils , relardee de quelques mois , nous avons cru important de ne pas
differer la publication d'un article aussi remarquable que cehii que
nous offrons aujourd'hui au public, et dont nous regrettons qu'il
nous soit defendii de uommer I'auteur. » Parmi les personnes aux-
quelles nous avons entendu atlribuer cet ouvrage, se trouve M. d'HER-
BiGNY, dont le nom a etc cite avec des circonstances qui nous pa-
raissent devoir faire pencher la balance en sa faveur. Sans doute ,
M. Sarbier, dont les soins infatigables et I'esprit d'investigation sont
si connus, ne nous laissera plus de doute a cet egard, dans le pre-
mier supplement qu'il publiera de son interessant et curieux Dic-
lionnaire des anonymes et des pseudonymes.
Littcrature. '
242. — Resume de I'histoire de la Utterature francaise , depuis son
origine jusquii no s jours. Paris, iSaS ; Louis Janet. I vol. in- 18,
prix, 3 fr.
Ce petit livre , elegamment Imprime, est un ouvrage de parti :
il sort du camp des roinantiques. On s'en apcrcoit , des la premiere
(i) Voy. le Courrier francais du aS aoiit 1825.
5m LIVRES FRANCA.IS.
ligne de la preface , oul'auteur cite le Tableau Uttiraire Je la Prance
ail KWiXe Steele , par M. de Baranle, au lieu de ceux de M. Victorin
Fabre et de M. Jay, qui obtinrenl les suffrages du public comme
ceux de rAcadcmie. A I'epoque ou parureut ces discours, I'auteur
de I'yillemagne n'avait pas encore reciieiili la globe if avoir cloniie la pre-
miere a noire nation, le moiivement intelkctiitl t/ui doit la jeler un jour
flans line carriire qii ellc s'etait iwlontairtment fermce , dans la loiilede
la perfection ind.'finic (page 34g) ; et les etrangers ne nous avaient pas
encore montre, dans deux invasions successives , toute la superiorite
qu'ils ont sur nous.... , quand ils se trouvent trois contre un. Mais il
s'est eleve , depuis, une secte enlhousiaste de tout ce qui est e! ran-
ger. Je me sers a dessein du mot de secte. Les romanti3a LIVRES FRA.NCAIS.
greles auteurs, etd'aclopter I'ordreqiii leurpamitle plusconvenable.
De pareils livros , d'ailleurs , sont voues a la destruction ; et je doute
Tort qu'iin volume qui a ete appris par coeur suhsisle dans son entier,
lorsqu'un enfant arrive aux dernieres pages. II ii'y a aucun incon-
venient a ce qu'un enfant retrouve , dans une nouvelle nomencla-
ture, les mots que deja il aura appris dans une nomenclature pre-
c^denle. Si Ton veut diviser des vocabnlaires de sorte qu'ils puis-
sent se servir de sujiplement les uns aux autres, c'est entre les diver-
ses portions d'un m6me auteur qu'une pareille separation me semble
de nature a 6tre adoptee, afin que Ton ait la facilite d'arriver plu-
tot a des applications pratiques. Ch. Renouard.
a49. — * Oraisons fanebres de Bossuet, avec des commentaires ,
par P.-F. DE CvLONNE, professeur au College royal de Henri IV.
Paris, iSaS; Renouard. a vol. iu-12 de xxiv et 44^ p.; prix C fr.
00 cent, et 7 fr. 5o cent.
Les remarques du commentateur de Bossuet sont historiques ou
critiques. Ces dernieres, qui sont les plus importantes , consistent:
10 dans la' citation textuelle des passages que Bossuet emj)runte ,
soit aux peres de I'Eglise , soit aux ecrlvains anciens; 2° dans le
rapprochement des passages de Bossuet et de quelques autres ora-
tenrs qui ont traite les memes sujets que lui; enfin, dans le deve-
loppement des beautes de ses discours. Cette derniere partie est
done la seule qui appartienne en propre au commentateur; mais
M. de Calonne me semble s'^tre entierement m^pris sur le genre
d'utilite qu'elle pouvait presenter aux etudians. L'analyse des beau-
tes d'un orateur consiste moins a relever quelques belles expressions
eparses dans un discours , qu'.i en faire connattre le plan , la
marche generale , les ressources , les diverses parties; on defalt
le discours, on le refait ensuite, on montre quel art admirable a
preside a la construction de ce bel edifice : quels moyens a trou-
ves I'eloquence pour attirer des I'exorde et soutenir ensuite I'atten-
tion et la bienveillance ; comment a une narration animee et pleine
de chaleur , aux considerations les plus elevees sur la vie future et
la puissance divine succede une peroraison qui, par I'expressiondes
sentimens les plus affectueux, des passions les plus nobles, acheve
de toucher I'auditeur et le soumet entierement a la puissance de la
parole.
M. de Calonne en a juge autrement. Ses observations ne roulent
presque jamais que sur des expressions dont quelques -unes m^me
n'ont riendoremarquable ; mais le ton perpetuellement admiratif de
LITTERATURE. 533
son commentaire lui laissea peine aperrevoir rcnorme distance qui
se tronve entreles trois cliefs-d'oeuvre deBossuet et les discours sur
Anne de Gonzague, Marie-Ther^se d'Autriche , et Letellier. II u'ose
pas dire qu'ici I'orateur n'est point coupable, mais que la pauvrete
de ses sujets ie trahit malgre lui; M. de Calonne appartient a I'uni-
versit^ ; il craint de soulever des questions delicates qui metteut
I'eloquence en contact imniediat avec la philanthropie et la poli-
tique : il s'est tire d'affaire, en louant tout iudistinctement, depuis
le songe ridicule d'Anne de Gonzague ( t. ii, p. Sy ) jusqu'aux cou-
■vens ( ILid. , p. i23) et jusqu';\ la revocation de I'edit de Nantes
( Ibid, p. i43). II a rendu ainsi son coramentaire plus facile, inais
en mfime terns moins instructif, et moins digne de Tatteution de ses
lecteurs.
Je terminerai par une observation relative a I'impression des
discours deBossuet : M. de Calonne a souligne dansle textetous les
passages qu'il reproduit dans ses notes ; il en resulte pour le lecteur
une bigarrure non moins inutile que desagreable. B. J.
25o. — * QEuvres de Rabflats , edition Variorum, augmentee d'un
nouveau Commentaire hisloriqiie^txT Esmakgabt et E/oi Johanneaii.
T. VII. Paris, 1825; Dalibon, rue Saint-Andre-des-Arcs , n" 41.
I vol. in-8°( T'oy. t. xxvi, p. 862 ).
Si un bomme se fiit presenie a Henri II , dans les premieres an-
neps de son regne, et eut osc lui dire : « La venalite des charges de
magistrature est une plaie que Francois I^"" a faite a la France : on
ne regarde point conime un devoir a remplir les fonctions que Ton
a acbetees, mais bien comme une propriete dont on jouit a son gre
et que I'on peut meme revendre en detail : les magistrals cbarges de
verifier les comptes des revenus publics font leurs affaires, et non
pas les.votres : les cours de judicature unissent la corruption a 1 a-
bus du pouvoir : le vice des formes et le defaut de publiciie livrent
les prevemis a leur discretion : on les voit , comme le tribunal de.
rinquisition , condamner pour prouver qu'elles n'ont point accuse
a tort ; bientot on les verra , conime le tribunal de I'lnquisition ,
exiger que I'accuse devine le crime qu'on lui impute. A ce fleau s'en
joint un autre plus menacant pour voire peuple et pour vous-m^me:
le d^sir de defendre la foi calbolique contra les attaques des refor-
mateurs, entraine a coiifondre avec la religion, un devouement
aveugle, passionue , fznatique an chef des ministres de la religion.
I-a doctrine qui fait du pontife de Rome nn dieu sur la terre , maitre
des rois et des peuples, la sonmission illlmitce aux constitutions
534 LIVRES FRANCALS.
vraies ou fausses des papes s'^tablissent en FVance; elles en soutirent
les richesses au profit d'un souverain etranger ; elles attaquent le»
affections nafurelles , elles detruisent la morale, partout ou il ,y a
diverslte d'opinions religieuses ; enfin , elles soumettent votre cou-
ronne et votre vie a I'antorite dn ponlife , et , par une conse-
quence trop naturelle , a I'autorit^ de tons ceux qui parleront en son
nom. Puissent vos successcurs , puisse votre fils, ne pas faire un
jour I'epreuve sanglante des dangers que je vous signale! ... » Si,
dis-je , nn homme veridique eiit tenu ce langage , il aurait fait I'ex-
trait des chapitres les plus marquans que renferme le lomeYll des
OEiivres de Rabelais (Livre IV, chapitres ^8-6"^. hWreY , chapicres 1-17)-
On est etoune, en les lisant , de la transparence des allegories; et
d'autant plus que, si le Yc livre n'a paru qu'apr^s la mort de I'au-
teur, le IV« avait etc public plusieurs ann^es auparavant. On a
quelquefois accus6 Rabelais d'exageration. Merite-t-il ce reproclie ,
quand il montre le pouvoir et I'existence des rois mis a la merci du
fanatisme ? Les predicateurs de la Ligne , I'assassinat de Henri III ,
celui de Henri IV , ont-ils prouve le contraire ? Le merite-t-il, quand
il demasque I'ambition ecclesiastid[ue prete a envahir la domination
entifere des choses temporelles, et soutenant que I'etat le plus par-
fait serait celui oii tous les anneaux de la cliaiue sociale seraient
dans la main des pr^tres ? ( ZiVre IV, chap. 53 ). Non : aujonrd'hui
m^me, des ecrivains connus professent publiquement cette doctrine.
Le merite-t-il, quand il peint les papimanes et les habitans de Yile
soniiaiite, adorant le papecomme un Dieii, maitre souverain des peuples
etdes rois? Non : il ne fait que leur prater le langage des theologiens de
son terns. Dans un ouvrage dont la Revue Encyclopedique a donne une
coutte notice , sont cites les ecrivains qui afllrrnaient que le Pape est
un Dieit surla terre , qu'il a le pouvoir de changer t' in justice en justice,
( Voy. ci-dessus , p. iSg ). Et si I'on suppose que de telles assertions
appartieiinent a un terns d'iguorance et d'exaltation, que lepondra-t-on
aces vers composes en 1721,3 I'occasion de la mort de Clement XI:
« Unuomo cstinto
Ch'era del ciel e del mondo sovrauo (r)? >>
En 1731 , le pape etait encore le souverain dn monde et du ciel!
Pour faire passer des verites si hardies, et des traits fort vifs sur
les papes guerriers , sur la vanite des proraesses de la cour ds
(1) Capitnli piacevoli di lyiccoln FoRTiorEBRA. lap. ti , vers o-li.
LITTERATURE. 535
Rome, promesses toujours cherement achet^es; sur les fausses
reliques presentees a I'adoration des croyans;sur la gourman-
dise des moines et des beneficiers , etc. Rabelais a eu recours,
comme a son ordinaire , aux bouffonneries et aux enigmes ; mais ,
dans ces bouffonneries se trouve pins d'une allusion piquante, soil
a des eveiiemens contemporains, soit aux ridicules et aux vices des
grands personnages qu'il met en scene dans son roman allegorique.
Des principales enigmes. Tune se rappoite a Vlnquisilion , que I'ou
s'efforcait alors d'introdiiire en France; I'autre, bien comprise,
exprime positivement que le monde n'a cesse d'etre insense ou imbe-
cille qu'au jour oil, grace a la Reforme et au besoin d'instmction
qu'elle amena avec elle , les liommes ont commence a secouer le joug
de la supersiition. Voila ce que M. Eloi Johanneau dtni^le et eta-
blit avec I'ingcnieuse sagacite dont ila deja donne tant de jireuves.
C'est done avec justice qu'il r(?clanie, pour sou penible et interes-
sant travail, Its encouragemens et les eioges des liommes pensans;
comme c'est avec veriie qu'il repete ce qu'il a demontre a presque
toutes les pages de son Commentaire : « Rabelais merite plus que
jamais d'occuper le public , puisqu'il fait la critique de notre terns,
en faisant la satire du sien. » Eiisebe Salvehte.
aSi. — * Classiqiies francais , ou Blbliotheque portative de I'amateur,
composee des cliefs - d'ceuvre, en prose et en vers, des meilleurs
auteurs ; en lOo volumes in - Sa. — OEi/vres de Regnabd, formant
la ao">e livraison. Paris , iSaS ;L. Debure, editeur,rue Guenegaud,
n° 27. 4 vol. , avec portrait; prix 12 fr. et i3 fr. 4o cent.
« Quine se plait point aux comedies de Regnard , a dit Voltaire,
n'est point digue d'admirer Moliere. » Ce jugemcnt du patriarcbe de
Feiney a etc sanctionne jiar son siecle et par le notre; I'auteur du
Joiieiir, du Legaiaire universe/ et des Meneclimes occupe immediate-
ment apres'celui du Tarinfe , du Misaiitrope et de Yytvare une place
quequelques novateurs ont essayeen vain de reveudiquer en faveur
de Beaumarcbais. « Regnard n'a, dit La Harpe, ni la raison supe-
rieure , ni I'excellente morale, ni I'esjjrit d'observation , ni I'eloquence
de style que Ton admire dans les bonnes pieces de Moliere ; ses si-
tuations sont moins fortes, mais elles sont comiques; et ce qui le
caractei ise surtout, c'est une gaiete soutenue qui lui est particu-
liere, un fonds inepuisable de saillies et de traits plaisans. line fait
pas souvent penser, mais il fait loujours rire. » Ce peude mots, oii
.se trouve si bieu caracterise le talent de Regnard, peint en menic
tpins I'immense .'uperiorite de Moliere sur tons les comiques qui out
536 LIVRES FRANfAIS.
exist6: Mollere fait toujours rire, et presque toujours ii fait penser-
C'est une bonne fortune, dans le terns ou nous vivons, que la
r^impression d'nn auteur qui possedait a un sihaut degre le talent
que ses successeurs^nt laisse degenerer, et qui semblerait entierement
perdu de nos jours, si nous n'avions las comedies de M. Picard.
Mais, si i'on ne rit que rarement au thedtre aujourd'hui , peut-d'tre
bien est-ce encore plus la fautedes circonslauces politiques quecelle
de nos auteurs. Rien de moins comique, en effet, que nos marquis,
nos financiers et nos tartufes, qui moins que jamais consententa ce
qu'on les joue. Sachons done nous dedomniager aux depens des
marquis, des financiers et des tartufes du tems passe, et rions-en
de bon coeur avec les maitres de la scene.
Aux trois pieces de Regnard que nous avons dejacitees, il faut
ajouter les FoUes amoureuses , le Distrait, Democrite ainoiireiix, le
Becour iinprei'ii, et la Serenade, que nous retrouvons dans la jolie
collection de M. Debiire , a\ec\e Bal , Attendez-moisous I'orme ,\i:
Mariagc de la folic, la Critique du legataire , les Soiihaits, les T'endan-
ges, le Carnaval de Venise, Orphee aux enfers , opera, et Sapor, tra-
gedie. A toutes ces pieces I'editeur a joint encore les Poesies diverses
de I'auteur et sa nouvelle intitulee /a Provencale, oil Ton sait qu'il a
fait entrer tous les evenemeiis qui lui etaient arrives a lui-m^me
dans un voyage sur raer, oil il fut pris par les corsaires et conduit
en captivitc a Alger. Cependant , nous n'avons pas ici ses autres
voyages, et surtout son voj'age en Laponie; ce ne sont done point
des oeuvres completes. D'un autre cote, malgre notre predilection
pour Regnard, nous devons avoner que c'etait peut-d-tre trop lui ac-
corder , que de lui consacrer quatre volumes dans une collection qui
doit renfermer, en cent volumes in-Z^ , tous les chefs-d'ceuvres , en
prose et^en vers, de notre litterature. Plusieurs des derniferes pieces
que nous avons citees auraientpn sans inconvenient etre omises dans
un choijc des oeuvres de notre second comique. Nous craignons que
Ton ne puisse faire un reproche a la collection de M. Debure^qui
sans cela serait parfaite; c'est le defaut de proportion, defaut que
nous avons eu deja I'occasion de signaler a I'occasion de Voltaire >
auquel les edlteurs out consacrequatorze volumes de leur collection.
E. Hekeau.
a52. — * CEuvres completes de La Fontaine, publiees en un seul
volume in-S". 2*^ livraison. Paris, iS^S; Igonette, libraire - editeur ,
rue de Valois, n° 17.
La seconde livraison merite les monies eloges que la premiere
LITTER ATURE. 537
(Vov. Sec. Enc, t. xxvi, p. 864))- H est impossible de meltre plus cle
soins dans la correction du texte, dans le choix du papier, dont la
finesse et la blancheur sont partout les memes , et dans le tirage ,
partout egal et d'une execution parfaite. La i.^ livraison est accom-
pagnee d'une gravure repiesentant Perette et son pot au lait ren-
verse, d'apr^s un dessin deDeveria.
Cette magnifique edition de La Fontaine se composera de 8 11-
vraisons qui paraitront exactement de 20 en 20 jours. Prix de chaque
livraison, 3 fr. L'ouvrage, orne de 12 gravures, sera terinine a la fin
d'octobre prochain. P*.
253. — Palmare conquise , poeme epique en donze chants , suivi
du Mage ; par M. DonioN. Seconde edition. Paris, iSaS; Delaunay.
I vol. in-8° ; prix fi fr.
254. — Poesies lyiiqiies, et biicotiqiies precedees d'un Essai sur la
poesie et leloquence et suivies d'Uejomede, reine de Segeste, trage-
die en 5 actes, par le mdme. Deuxieine edition. Paris, iSaS ; Firmin
Didot. I vol. in-S" ; prix 5 fr.
Les nombreux ouvrages de M. Dorion prouvent son extreme faci-
lite et I'etendue de ses connaissances litteraires. Cetecrivaiu est de-
puis long-tems connu par le poeme de La Bataille d^Hattings , qui
obtint une mention honorable au concours des Prix decennaux. Lie
poeme de Palmyre, qu'il publia en l8i5,subit a cette epoque un exa-
men sur lequel il est inutile de revenir. M. Dorion fait souvent
preuve d'elegance et rencontre des tours heureux ; son imagination
est riche, sa composition sage. II a sans doute produit des poemes
dignes de I'estime des connaisseurs; mais ceux-ci n'y ont point trou-
ve les conditions exigees pour les epopees. Le defautde reussite dans
ce genre est gencralement impute a notre langue poetique plutot
qu'.i la faiblesse des auteurs; nous demanderons aux critiques qui
osent accuser notre poesie d'impuissance, si le style du traducteur
'le Milton n'est pas epique, si les beaux passages de I'Eneide fran-
caise ne luttent pas avantageusement avec le chef-d'oeuvre du si^cle
d'Auguste. II faut le dire hautement, notre belle langue est , dans
tons les genres, la digne rivale des idiomes de I'antiquile. Le gout
du siecle, la disposition des esprits rejette aujourd'hui les fictions
qui seules sont I'ame de I'epopee; les arts dolvent suivre la marche
ties idees ; le genie doit prendre des routes nouvelles, et la poesie
qui , dans I'enfance de la civilisation s'est priJtee aux ecarts de la su-
perstition, doit devenir aujourd'hui I'interprete des verites utiles.
M. Dorion , auteur d'un estimable Essai sur la poesie etl'eloquence ,
portage peut-^tre notre opinion litteraire, quoique ses ouvrages soient
538 LIVRES FRANCAIS.
composes dans un systfeme different. II a sans doute cede k I'entrai-
nement ; il est plus difficile qu'on ne croit de s'ecarter des routes
battues; du moins en les suivant, M. Dorion a su y developper un
merite auquel nous rendons justice. Son talent est trfes-varie, et de
Tepopi^e il descend avec facilite a la poesie bucolique et an simple
conte. II n'est pas mdme etranger a Melpomene. On voit qu'il en con-
nait I'art ; mais le choix de son sujet n'est pas heureux. Son fJeio-
mede , reine de Segeste, ressomble trop pour le plan a piusieurs de
nos chefs-d'oeuvre dramatiques; et , quel que soil le meiite de I'au-
teur, les rapprochemens lui deviennent defavorables. P.
255. — V /Igriciihure dans le canton de Calais , poenie , par/. Bi!»:\-
Gxuo, vice-president de la Socicte d'agriculture, du commerce et
des arts de Calais, etc. Calais, i825. In-S".
Les preceptes de I'agriculture se sonl embellis, sous la plume de
Virgile, de toutes lesrichesses dela poesie; et Delillea piouve qu'ils
pouvaient conserver, dans la langue franc.iise, quelqne chose de
cet eclat. Mais , pour les rendre ainsi poetiques , il faut posseder Ic
talent si rare :
Qui dit, saus s'avilir, les plus pctites clioses ,
Fait des plus sees eliardous des oeillets et des roses,
Et sait , ineme aux diseours de la rusticite ,
Dormer de 1' elegance ct de la dignite.
(BoiLEAU, Epitre a monjardinier.)
On ne doit point s'attendre a trouver cet art supreme dans le poeme
one nous annoiicons. Le style n'en est point depare par le mauvais
gout; mais il manque souvent d'elegance : il n'est point ambiiieux,
mais il est faible; la langue y est respectee, mais elle n'y deploic
pas ses ressources. On y rencontre m(*me des rimes entierement
fausses, comme celle de/)re/V/^e^ rimant avec cowr/flmne'j. Quelques
vers assez heureux s'y montrent de loin a loin. Je vais transcrire
une partie du morceau qui m'a paru le meilleur. L'auteur deplore
le deboisemeiit des montagnes :
HelasI vous m'inspirez d'inutilcs regrets,
Aslles verdoyans, bieufaisantes forets!
De ces monts devastes vous couronniez les tetes ,
Vous imposiez un frein aux fiinestes tempetes.
Richc d'ombre, de sues, de force et de fralcheur,
La lerre r.n vims puisait sa premiere vigueur.
Quand, belle de ses pleurs , Tamante de Ceplial«
LITTlfiRATURE. 5^9
Ouvrait au dieu du jour la porte orientale ,
Sous le poids de ses maux le mortel languissant
Respirait la fratcheur de 'votre air bienfaisant,
Et sentait ranimer sa peniLle existence.
Avant lui , tous tombez , etc.
Sans doute , il ne faut point rapprocher ce passage des poetiques
plaintes de Delille sur la destruction des bois de Meudon, ni du
Sou detruit de Milleyoie; mais il me semble qii'on trouve dans les
vers que je viens de citer une facilite qui n'est point toujours sans
grftce. — Le poeme de M. Burgaud est suivi de Notes agronomiqties
assez detaillees. L'approbation de la Societe d'agriculture de Calais
doit ^tre un sur garant de la sagesse des preceptes contenus, soit
dans les notes, soit dans le texte. Cette Societe a vole, dans sa seance
du 25 fevrier dernier , I'impression de ce leger opuscule. F — x.
256. — * Discours en -vers sur la perfecdbiUte de I'homme, recite a la
seance publique de 1' Academic francaise , tenue pour la reception
deMM.Drozel Casimir Delavigne, le 7 juillet i825;par F.-G.-J.-S.
Amdrieux. Paris, i825 ; F. Didot. Br. in-8°, de i8 p.; prix i fr. a5 c.
Le litre de ce discours indique assez quel in est le sujet ; quel-
ques citations feront connaitre a nos lecleurs la maniere dont Tau-
teur I'a envisage et le talent superieur avec lequel il I'a traite. II
commence par se demander si la promesse d'un avenir meilleur
pour I'humaine espece n'est point un beaur^ve. Un nouvel age d'or,
dit-il, va-t-il renaitre?
Tous ces noms odieux, repetes d'age en age,
D'oppresseurs , d'ojiprimes, de tyrans, d'esclavage,
Trop long-tems, daus le monde, et trop hien enteudus,
Seront-ils de vieux mots Leureusement perdus?
Dieu ! nous donnerez-vous , en des jours moins funestes,
Des oratenrs concis , des poetes inodestes ?
Ycrra-t-on les epoux se plaire et se cherir ?
Les debiteurs payer ? les medecins guerir ?
Ainsi, Aks le debut , m^lant au serieux un aimable enjouement, le
poete nous rappclle ce que furent les Muses francaises et ce qu'elles
pourraien t(!'tre encore, malgre fes efforts rid icu les d'unesectequiveut
les condamner a un deuil eternel, et qui preiid pour la poesie cette
extase continuelle et sans objet qui vit de reveries, de soupirset de
larmes. La poesie de M. Andrieux , comme celle de nos grands
Hiattres, est fille de la raison et des graces; ou, pour parler sans
5/,o LIVRES FRANCAIS.
figure, c'est I'accord heiireux de tout ce qui peil «^iuouvo:r le coiiir
et plaire a I'esprit. Elle prend pour sujet principal de ses cliants :
Ce fragile roscau qui plie a tous Icsvents,
Get atomc perdu dans I'espace et le terns ,
Qui pense et levc au ciel imc vuc assurtc.
L'HoMME ciifin, Toila ce que M. Andrieux a voulu peindre a
rhomme ; et il ajoute , en continuant ce portrait :
Du terns meme la course est par lui mesuree ;
II a le sentiment et du juste ct du beau,
L'espoir de se survivre au dela du toinbcau ;
L trace eu des calculs, fruits d'etudes profondes ,
La marche des soleils, des iunombrables moudes;
Son esprit des tresors qu'il vient dc decouvrir
S'enrichit cbaquc juur saus jamais s'appauvrii'.
Qui bornera sou vol ? qui dira les Umites
Qu'a ses bardis travaux la nature a prescrites ?
Apres i?tre ainsi entre en mati^re, Taiiteur infroduit dans son poeine
un grave personnage, un docteurqui ne croitpas
Que Ics faibles bumaius
Marcbent vers le boubeur par de plus surs cbeniins
C'est , dit-il :
C'est depnis pen de terns que votre vanite
Forgea ce mot si long , jierfectibilUe.
Pour I'allongcr encor, par uu trait de genie,
^ Vous n'avez pas manque d'y joindre indi'Jlnie.
Ces grands mots , par malheux , sout bleu vides de sent
L'bomme est ce qu'il sera , ce qu'il fut de tout terns ,
Ignorant, fou, pervers , cruel a son semblable,
Et de ses passions le jouet miserable.
Vous eles, ajoute-t-Il :
Vous etes plus savans qu'ou ue I'etalt jadis ;
Vous le croyez , du moins , et jc n'y coutredis.
Cependaut , nos docteurs alment a rcconnaitre
Dans le vieil Hippocratc et leur pere et leur maitrc ;
Doutez-vous que Cesar , au metier des beros
N'iustruislt bieu souvent nos meilleurs gentraux ?
Pour vos arts , que sout-ils pres dc ceux de la Gricc ?
Aver-vous son beau cicl , sa laugue pnclumtorcssc ?
I
i
LITTfiRATURE. 54 1
Dcs poetes toujimrs Homere est le premier.
Quel lauricr nc palit auprcs de sou laurier ?
Traces par.le gonie , aus lois du gout fideles,
Leurs monumens detruits nous servent de modules.
Ce parfait ApoUon , qui , plcin de majeste ,
Epuise sur un camp son carquois irrite ,
Et la vierge Diauc , accourant a la cbasse ,
Melange ravissant dc pudeur et d'audace ; '
Et ce Laocoou , dont les yives douleurs
Pour nn marbre mourant nous arraclie des pleurs !
Ces images du beau que la Grece a laissees ,
Les moderues ei^eaux les ont-ils surpassees ?
Je ne Voiis parle point du naturel exquis ,
De la haute raison dont brillent leurs ecrits ;
Voyez a chaque page , empreiuts dans leur histoire ,
L'amour dc la patrie et I'amour de la gloire ,
Des phis nobles vcrtus mille traits merveilleux
Que notre lachete traite dc fabuleux !
Si vous pouvez encor montrer quelqueS Euclides ,
On sont vos Phocions , oii sont tos Aristides ?
Etc
Tout ce discours, que le poete prete a celui qui ne croit pas a la
perfectibilite liumaine , est parfait ; et Ton serait tente de croire
qu'.Tprfes avoir ainsi employe son (Eloquence a faire valoir les objec-
tions de ce louangeur du tems pass(5 , il nelui en restera plus assez
pour y repondre victorieusement. Mais il n'ira pas, dans ce des-
sein , empruntef des raisons a I'orgueil de riiomme. C'est dans son
coeur , c'est dans la sensibilite dont le ciel I'a doue , qu'il va cher-
cher le principe du perfectionnement moral et de la somme de bon-
lieur auquel il lui est donne de pouvoir atteindre :
Vivr^en soi, ce n'est rieu ; il faut vivre en autrui.
A qui puls-je ctre utile , agreable aujourd'hui ?
Voila chaque matin ce qu'il faudrait se dire.
Et le soir. ajoute-t-il :
Heureux a qui son coBur a tout bas repondu :
Ce jour qui va finir, je ne I'ai pas perdu !
On voit combien il etait facile a M. Andrieux de passer de cette
conclusion a I'eloge de son anclen ami , du moraliste estimable au-
quel I'Academie venait d'ouvrir ses poites. Toi, dit-il :
Toi dc quije roudrais empnintcr I'art heurcux
D'ciprimer, d'inspirer dcs peusers genereux,
54i LIVRES FRANCAIS.
Cher Droz , des boones mcEiirs vrai moilele et vrai maltre ,
Que trente aus d'amitie in'ont fait si bien counaltre;
Toi que u'almseot point ces pretcndus docteurs
Qui, de toute luiniere obstiiies detracteurs ,
Au cbarde la rnison, s'attelaut par derrifere,
Vculent a rceulonsleufoucer daiis I'orniere;
Toi qui, nous presagcant un meilleur avenir,
Aiines de cet espoir a nous entretenir,
Et qui, pour auimer, pour elcver ton style,
Contemples le moral et recherclies I'utile,
Par d'eloqucns ecrits verse eu nos coeurs emus
Les nobles sentlmens et les douces vertus;
Detrouipe-nous surtout de I'errcur trop commune
Qui nous fait a genoux adorer la fortune;
Par ton exemple encore iustruis-uous , cliaque jour :
Satisfait de ton sort, sans orgueil , sans detour ,
Ta vie enticre enselgne , ainsi que ton ouvrage.
Que tout Vail d'etre heweux , c'est d'etre bon et sage.
Aprfes cethommage public rendu a un liomme que TAcademie frari-
caise s'est honoree elle-m^me en appelant dans son sein , M. An-
drieux , se tournant vers le jeune auteur des ISlesseniennes , auquel un
beau talent et un beau caractere ont merite le meme honueur, a
termini son discours par cette brillante allocution :
Et toi , jeune ornement du Parnasse francais ,
Ou ton rang est marque par d'eclatans succes,
Posscsscur fortune d'uue lyre divine,
Ramenc Tart des vers a leur sainte origine ;
On nous dit qu' autrefois les poetcs sacres
Inlerpretes des dieux , par le cicl inspires ,
Donnerent aux Immaius des prcceptes a suivre ,
Sous de communes lois leur apprirent a vivre ,
Firent deleur doctrine un noble amusement :
Des lois que Ton cbantait s'apprenaient aisement.
Melpomene et Tbalie ont couronne tes veilles :
D'Orphee et de Linus rajcunis les merveilles ;
On mele a tes accords, sans remouter si loin,
Les uombreuses lecons dont notre age a besoin.
Gueris des prejuges la lepre bereditaire ;
Rend la sagesse aimable et la raison vulgaire;
Et fidele au bon gout comme a la verite ,
Charmc, eclaire ton sieclc et la postcrite.
Nous avons cite une grantio partie de !a piece de jM. Aii'Irieiix.
LITTER ATURK. 543
parce que c'etait le meilleur nioyeu de la faire connaitre, et qu'elle
ne I'etait pas assez , quoiqu'elle ait ete lue en pleine academic, au
milieu d'une societe nombreuse, qu'avait reunie la solcnnite de cette
reception. La voix affaiblie de I'auteur n'a fait parvenir que des
fragmens plus ou moins incomplets a I'oreille avide et attentive de
la plupart des auditeurs ; les vrais clus, ceux quise trouvaient places
aupres de lui, ont joui d'un double plaisir, en recueillaut ces vers
gracieux auxquels sa diction, savante a la fois et naturelle, ajoutait
un charme qu'aucune expression ne peut rendre. E. Hereau.
257. — Jeanne d'Arc, tragedie en 5 actes : par M. P.-F. Nancy.
Paris, iSaS; Levrr.ult. Broch. in-8°.
L'auteur a pris le parti de publier sa piece qui etait recue au
theatre de I'Odeon ; il s'est affianchi de cette longue attente que
les comediens font subir aux auteurs ])eu en credit. Je concois son
impatience, sans .Tpprouver sa resolution : la publication d'un ou-
vrage de ce genre n'ohtient jamais un heureux resultat, quel que soit
son merite ; soumis au pouvoir de I'habitude , le public ne peut con-
sentir a rendre justice a des beaut^s diamatiques qu'il n'a pas vu
applaudir sur la scene. Athalie et Merope ne feraient pas meiue for-
tune, si ces tragedies n'avaient, pour se reveler a I'adniiration pu-
blique , que la voie de Timpression. Je ne doute pas que la Jeanne
d'Arc de M. Nancy n'eut ete favorablement accueillie a la repre-
sentation qu'il n'a pas eu le courage 011 la patience d'attendre. Le
plan est henreusement coiicu ; plusieurs scenes offrent des beautes
remarquabies; I'inter^t est vivement soutenu; et, si le style n'est
pas toujours a I'abri des reproches , il n'a jamais ces defauts qui
naissent de I'absence du gout et de I'oubli des principes qu'il a con-
sacres. L'auteur doit efre encourage, son ouvrage lui fait honneur;
il a prouve qu'il est digne d'obteiiir des succes dansnne carriere que
les amis de I'art lui conseilieront de ne pas abandonner. P.
258.— * Peleriitages d'un Childe Harold parisien , aiix environs de la
capitah , en Lorraine , en Alsace; extraits du portefeuille de M. D.-J.-C.
Vekfele. Paris, iSaS; Dupont. 2 vol. in-8"; prix , 1 1 fr.
Ces pelerinages annoncent iin homme aimable, spirituel, ins-
truit, qui a vu autre chose que les contrees qu'il decrit, et qui seme
henreusement les scenes presentes des souvenirs du passe. Sa pre-
face , en forme d'epitre dedicatoire au public, qu'il nomme piaisam-
inent sultan du pcuple ecrivain, fourniille de traits ingenieux.
L'ouvrage est pseudonyme, et j'aurai le plaisir de faire connaitre,
dans le 4* vol. de mon Dictionnaire, le vrai nom auquel il apparticnt.
5U LIVRES FRANCAIS.
L'auteur I.IVRKS i'-ilA-^rUS.
lard el HeloTse; le cinquieme est consacr^ au rdgiie de Philippe-Au-
gusfe, et le sixii'^me aux troubadours, aux trouveres, aux m^nestrels
et aux jongleurs. E. H.
afio. — * Chefs-d'auvre liistoriques de sir Walter Scott, on portraits ,
tableaux et descriptions historiques tires des romans de cet auteur.
Paris, 1825 ; UamJouin freres. — 4 vol. in- 12 de xxviii et t,o()8
pages: prix : i3 fr.
Nous ne pouvons regarder cette edition tronquee de Walter Scott
que comme une sorte de memorial a I'usage de ceux qui ont deja hi
ses ouvrages ; mais tout-afait insuf£jsant pour les autres, il n'offre
meme a ceux-ci qu'une lecture sans int^rc^t. Qu'importent, en effet ,
au leoteur, quelques sciMies plus on moius rapides, quelques descrip-
tions plus on moins exactes? La serie des evenemens, I'interct de
Taction, le denouement ne manquent pas moins, et le lecteur ne
pent s'attaclier a quelquis pages sans rapjiort avec ce qui precede et
ce qui suit. Nous ne croyons done pas que I'editeur ait atteint le but
qu'il sest propose, et qui etait de f'aire connaitre, par ces extraits,
Wialter Scott a ceux qui n'ont pas le tems de le lire tout entier.
(^Preface , p. XX. ) II y avait pour cela un moyen plus simple ; c'etait
de choisir entre ses divers ouvrages, ceux qui, comme ffnverlejy ,
Ivanhoe , V Abbe, les Piiritairis, Quentin Diirward , ont obtenu I'appro-
balion generale : c'eiit ete un nieilleur service a lui rendre, que de
le demembier, comme on I'a fait dans les quatre volumes que nous
avons sous les yeux.
Le premier contient, outre une carte d'Ecosse et un Essai stir les
romans de Walter Scott, des extraits A' Ivanhoe, du chateau de Kenil-
worth, de iV(Ve/ et de Peveril du Pic. — Dans le second, se trouvent
des morceaux detaches du Moiiastere , de \' Abbe, de V Astrologue et de
VOfficier de fortune. — hes Purilains d'Ecosse, Bob Roy, Wawerlej ,
Bedgauntlet , et la Fiancee de Lammermoor , ont fourni la matiere du
troisieme volume. — La prison d'Ediinbourg, les Eaiix de St-Ronan ,
le Pirate , I' Antiquaire et Quentin Dunvard se trouvent par fragraens
flans le qualri^nie.
Les romans qui n'ont pas encore passe par les ciseaux de I'editeur,
et ceux que Walter Scott pourra faire encore n'echapperont pas sans
doute a cette compilation ; mais , nous le repetons , c'est plutot par
le choix que par la decoupure des ouvrages que Ton pourra trouver
dans le celehre romancier ecossais hi matiere d'une collection pre-
cieuse pour les amis des lettres.
afii . — * Les aventures de Faiistetsa descente aux enfcrs , par MM. de
LITTJ&RA.TURE. 54?
SitTR et HE iSAiNT-GiNi]fes. Poris, i8a5; Arthus Bertrand. 3 toI. in-
12 , ensemble de SiS p. avec gravures. Prix 9 fr.
On mepermettra de in'arr<*ter quelque tems surleroman de Faust:
cette composition extraordinaire merite plus d'attention que nous
n'en pouvuns donner a la plupart des romans nouyeaux.
Ladccouverte de I'imprimerie, la plus grande peut-etre qu'aient
faite les hommes, apies celle de recriture,parut au quinzi^me si^cle
quelque chose de si prodigieux, qu'on voulut voir dans I'inTenteur
unmagicien qui avait vendu son 3me, et qui, par cet affreux marche,
avail obtenu toutes les connaissances refusees au 'vulgaire. — Les
nioines irrites centre Faust , dont I'inventlon rendait inutiles tous
ces copistes qui peuplaient les couvens , repandirent ces bruits,
comme ils avaient precedemment seme ceux qui plongeaient dans
les enfers Charles-Martel et tant d'autres grands hommes peu favo-
rables au clerg^. De la , ces fables, aliment ordinaire de la credulity
et de la superstition des peuples, qui , par une ingratitude inconce-
vable, devouent aux tourmens eternels les bienfaiteurs de I'huma-
riite (i).
Plus tard , des hommes de genie s'emparent de ces traditions ; I'ima-
gination les feconde , et I'on voit naitre ainsi d'uD.e source odieuse,
des poemes , des drames , des romans , oil I'inter^t se m^le a la pein-
ture des moeurs des tems passes. — Le celebre Goethe a compose
sur I'hisloire de Faust une piece dont M^^ de Stael a fait le plus
grand eloge; mais oil, si L'on fait abstraction de la beaute du style,
il n'est guere possible d'admirer que de belles scenes, Le roman ,
plus libre dans sa marche et dans son etendue, a permis de reunir
tant de parties separees et d'y ajouter mcme des details et des pein-
tures tout-a-fait neuves : c'est ainsi qu'est ne I'ouvrage dont nous
(t) Cl'ez les Juifs, Jabel, Jubal, Tubalcaia etNoema, inventeurs de 1' archi-
tecture, de la musique, du travail des mctaux et de celui des laines, etaient les
descendaus de Cain , et par consequent de la race maudite. Chez les Grecs , Pro-
metbee, Pyritboiis et Thesee etaient aussi aux enfers ; mais jamais cette fureur
de damnation n'est allee si loin que choz les modernes.
D'un cruel prejuge le genre bumain victirae ,
Delaisse la rcrtu , recompense le crime ,
Etdes raalheurs publics honorant les auteurs,
Ennoblit ses bourreaux, fletrit ses bienfaiteurs.
{ La France en iSaS, ou Mes regrets el mes esperances, parM. A. Julliek.)
548 LIVRES FRAN(;aI.S.
allons inrliquer le plan , sur lequel nous ferons ensuite tie coiirtes
reflexions.
Faust a decouvert I'imprimerie. — Avide de science, de gloire ct
de tout ce qui est grand et utile , il compte sur cette invention pour
arriver aux honneurs et a la fortune ;mais, rebute par les princes
dans les monarchies, par les magistrats dsns les villes libres , et par
les simples particuliers , en proie a la douleur , il nc reutre chez lui
que pour voir son pere sur le point de monrir, parce qn'il ne pent
payer les secours de la medecine :dans son desespoir , il appelleason
secours I'enfer que lui a deja sourais I'elude de la magie. Satan lui
envoie Mepbistophelfes , le plus rus^ et le plus dangereux de tous les
esprits inferiiaux , qui fait avec Faust un pacte , d'apres lequel ildoit
etre soumis a Faust, tant que celui-ci voudra rester sur la terre, k
condition qu'a sa mort Faust sera la propriete du Diable. Bientot les
honneurs et les richesses pleuvent sur Faust. Maitre absolu d'un ^tre
a qui le dragon avail donne sa force el sa grande puissance (i), un seul
mot lui suffit pour surraonter tous les obstacles , se faire transporter
en un instant aux lieux les plus eloignes, passer a travers les murs
6pais des cachets , disposer de la vie et de la mort des hommes. Ce
merveilleux une fois admis, (et il ne repugne point a I'idee que les
croyances du quinzleme sifecle donnaient de la puissance du tentateur,)
on sent que I'auteur n'a qu a clioisir eulre les innombrables scenes
qu'il pent faire nattre sans aucune difficulte. Aussi , sans compter les
aventures particulieres , comme les intrigues de couvent , I'araour de
Faust et de Marguerite qui- sert de liaison aux diverses parties du
roman, et les episodes, comme I'histoire de Valentin , fr^re de Mar-
guerite, et de Galiotti, autre envoye de I'enfer, nous voyons Faust
amene successivement a la cour de Louis XI, dont I'administration
et les actes cruels lui r^v^lent les grands talens et I'odieux carac-
tfere ; a Florence, oh il assisce a tassassinat de Jidien de Medicis et
parvient a sauver Laurent , son fr^re ; a Rome , que gouvernait
Alexandre VI : les dernieres orgies de cet abominable pontife exci-
tent tellement la fureur de Faust , qu'il ordonne a Mephistophel^s
d'en purger lemonde; en Castille , a I'epoque oii Ferdinand et Isa-
belleetablissaientrinquisilion,et donnaient a Torquemada le moyen
d'exercer librement ses fureurs. De retour en France , Faust assiste a
I'epouvantable supplice du due de Nemours, dont il est la cause
involontaire ; enfin, en Angleterre qu'inondait le sang des factions
(i) Apor.al.,c]x. xm,n''a.
LITTERATURE. 5/,9
de la rose blanche et de la rose rouge, I'envie de punir le crime
heureux et de secourir I'opprime lui fait prendre une part active a
ces dissensions , et causer de nouveaux malheurs.
Ces grandes scenes ou des rois et des pontifes jouent le premier
r61e, et ou il s'agit du destiu des peuples , ne laissent qu'un
iuteret secondaire aux intrigues particulieres dont nous avons parI6
plushaut, et qui ne servent qu'a former, en quelque sorte, le tissu
de I'ouvrage. Ainsi , les amours de Faust et de ]Marguerite,les scenes
de sorcellerie, les assemblees de demons sur les montagnes , qui
sent le principal dans la piece de Goethe, ne sonl ici que I'accessoire.
Du reste , dans les deux ouvrages, Faust devient tellement nial-
heureux, ii est frappe de coups si rudes dans sa famille; tellement
abandonne de tous, que dans son desespoir il maudil son existence
et son cr6ateur, et aux lermes de son traite, se livre entieremcnt au
Demon, qui le precipitedans les enfers.
La principale id^e de I'auteur semble avoir ete de prouver que
I'homnie ne doit jamais \oaloir juger des evenemens, ni emp^cher
le mal present qui est peut-^tre ordonn^ par la providence dans Tin-
ter^t du bien general ; et que le desir de la science, et de In gloire
surtout,porte a I'exces, est une source de malheurs. La premiere pro-
position fait deja le sujet de Zadig : la seconde en est la consequence :
toutes les deux, au reste, roe semblent peu, morales; et, si Ton
ajoute i cela le mepris insultant que le genie du mal affecte cons-
tamment pour la race huniaine, on eonviendra que I'histoire de
Faust est peu propre a nous relever a nos propres yeux. Mais, ce
que je ne puis pardonner a I'auteur, c'est d'avoir fail de son heros la
proie du demon , apres lui avoir donne toutes les qualit^s du coeur
et de I'esprit. Faust est plein d'amour pour ses semblables , plein de
generosite, il deteste I'injustice ; mais telle est I'iufortune qui s'at-
tache a lui, qu'en emp^chant les maux presens, il en fait naitrepour
I'avenir de bien plus grands et de plus affreux , et Ton pent dire
qu'il seme les malheurs dans tous les lieux qu'il parcourt.
J'ai dit que la presence de Mephistopheles rendait vraiseniblables
tous les prodiges ; il faut cependant excepter les anachronismes, que
ne pourrait mdme autoriser la puissance divine. Comment Faust ,
apres avoir vu perir Alexandre VI, peut-il reveuir a la cour de Louis
XI, mort loDg-tems avant ce pape ? II est frop evident qu'au milieu
des horreurs dont on voulait completer le tableau, on n'a pas cru
devoir onietire le pontifieat de Borgia : mais, ce n'l'taii pas ici la
place.
55o LIVRK.S l'RA.MC,VIS.
Le ruinaii de Faust est allemand : MM. de Saur et de Saiut-Gecies ,
qui mettent leur nom en tete de I'ouvriige, iie disent pas que ce soil
une traduction ; mais , comma le m^me cuvrage a pafu traduit de
rAIIemand k Reims, en i8oa, chezLeqiieux et C". , nous pouvons con-
tester aux deux auteurs Tin vention de cet ouvrage. II faut dire m^^me que
Ton asupprim^ dansl'edition presenteplusieurs details que la licence
des moeurs ou des expressions, et le persiflage deccrtaines institutions
religieuses auraient fait rejeter dans ce tems-ci, mais que leui- ori-
ginalite peut faire regretter. Rendons toutefois justice aux deux
nouveaux auteurs. Le Faust , tel qu'ils nous le representent , etincelle
encore d'assez de beautes pour meriter d'dtre lu par tous ceux qui
aiment le roman philosophique.
362. — Mavrogenie , ou Y Heroine de la Grece ; Nouvelle historique
et contemporaine , suivie d'une lettre de Theroine aux dames pari-
Eiennes , par J. Ginouvier. — Paris, i8a5 ; Uelafor(5t et Ponthieu.
In-ia de x et 20a p. Prix 3 fr.
Le roman de Mavrogtoie n'est qu'un Episode de la guerre des
Grecs pour I'independance de leur patrie. L'heroine elle-meme est
une de ces guerriferes que I'histoire contemporaine nous represente
comme guidant quelquefois lea soldats grecs aux combats et a la
Yictoire. Mavrogdnie ou Modena diiige en effet quelques expeditions
militaires; elle inspire partout un euthousiasme irresistible, et se
trouve ainsi a la t^te d'un grand nombre de soldats. — L'admiration
deceux qui I'entourent, lui donne en quelque sorte un pouvoir ab-
solu sur eux : c'est ainsi qu'elle decide presque a son gre de la paix-
et de la guerre.
Le t'onds de cet ouvrage est historique : sa forme est celle d'un
roman. Considere sous ces deux rapports, il me parait defectueux :
dans le premier cas, les actions de rheroine ne sont pas d'une assez
grande importance pour faire le sujet d'un livre entier ; dans le se-
cond , on desirerait que Taction fut mieux liee, qu'il y eut un plan ,
une intrigue et un denouement.
A I'egard de la lettre que son editeur lui fait 6crire aux parisiennes,
il n'est pas difficile de reconnaitre une plume francjaise qui s'est mal
cachee sous un nom grec. M. Ginouvier veut que I'amour ne soit
plus pour les femmes un plaisir, une vanite , mais qu'elles le rendent
un instrument de victoires , et une cause de patriotisme , en exigeant
de leurs amans non des complimens frivoles, mais des actes de d6"
vouement a la cause des Grecs ou de tout autre peuple combaltant
poursa liberty. L'auteur, en parlant de I'education des parisiennes,
LITT£RATURE. 55i
siguale lui-m^me I'obstacle le plus insurmontable a ses vues pLilan-
tropiques.
a63 — Colonna ou le beau Seigneur , histoire Corse du lo." siocle ,
par M.™= la Comtesse de Bra.di , auteur de Vannina ou I'heriti^re
Corse, orne de quatre gra-vures. Paris, iSaS ; I'editeur, place de
rOdeon, N.° 3. a vol. in-12 de lxiv et 455 pages ; prix , 6 fr.
La Comtesse de Bradi a pour la Corse une predilection decidee :
elie avait deja publie une nouvelle historique, dont le titre : I'Heritiere
Corse , indiquait assez le lieu de la scene. Aujourd'hui , c'est dans le
inemepays que se passe Taction qui amfene la mortd'Arrigo Colonna,
ou le beau Seigneur , comte souverain de la Corse dans les derniferes
annees du X.^ si^cle. — Ce prince avait donne sa fille Bianca en ma-
nage au comte Antonio de Cinarca. — Marcello , comte de Tralaveti,
vassal de Colonna, et amaut rebute de Bianca, jaloux du bonheur
de son rival, irrite coutre son suzerain , I'attire dans son chateau , ou
il le fait poignarder avec ses six enfans. — Le jour de la vengeance
ne tarde pas: la veuve de Colonna, accompagnee de son gtndre ,
vient punir le meurtrier dans son chateau. Amoitie brule , il sortde
ses decombres , et parait devant la comtesse qui lui laisse une vie
deshonoree.
Tous les chapitres de JNIme de Bradi couimencent par des re-
flexions de huit oudix pages qui ne tiennent en rien au sujet. II faut
un tr6s-grand talent pour rendre supportables ces hors d'ceuvre con-
tinuels qui detournent constamment I'attention du lecteur , et tout
le talent de I'Arioste ou de Voltaire suffirait a peine pour faire gouter
des prefaces aussi longues que celles que M™" de Bardi a placees en
tete de tous ses chapitres.
L'histoire du beau Seigneur est suivie du petit conte d'une Visitc
a I'hospice , et de diverses poesies. Plusieurs romances et quelques
jolies stances meritent d'etre distinguees.
264. — La Province cl Paris , ou Les Caqiiets d' une gran de 'ville, par
le baron de Lamottb-Lakgon , auteur de Monsieur le Prefet, etc.
Paris, iSaS; Bossange freres. 4 vol. in-ia; prix 12. fr.
Le jeune vicomte de Sonnebreuse , doue de toutes les qualites du
coeur et de I'esprit, brillant de toutes les graces physiques , et riche
des dons de la fortune , arrive a Paris et se jette dans les bras de
son ami Mellevaut , journaliste distingue. 11 lui apprend qu'ii ne
peut rester dans la ville de T..., sa patrie; qu'il a ete force de la
quitter par les caquets de plusieurs personnes, entre lesquelles, il
laut distinguer le oommandeur de Vilierert , qui .se plait ci Lrouiller
5^2 LIVft£S FRANCAIS.
tous les amis , a euvenimer tous les rapports , a excitei- des duels , et
la conitesse de Preb.in , feinme niechante , artificieiise, vindicative,
qui veut niaiier Sonnebreuse a sa fiUe, et qui, desesperee de ne
pouvoir y reussir, repand sur le compte du jeune hoinme les bruits
les plus calomnieux. Le vicomte esp^re jouir a Paris d'une parfaite
tranquillitc ; il compte que personne ne surveillera plus ses demar-
ches, ne deuaturera plus ses discours... ; niaislesParisiens sont pour
lui, corame les provinciaux : tous ceux qui I'entourent se plaisent
a rapporter sous un faux jour ce qu'il dit et ce qu'il fait ; on le
concevra d'autant plus facilement, que I'insupportable Villevert
vient a Paris sur les traces de Sonnebreuse, raconte et amplifie
tous les bruits qu'il avait deja fait courir sur lui a T... et attache
aux pas de notre heros un autre mentor de son esp^ce, le chevalier
de Lersac. GrUce a eux , Sonnebreuse qui veut toujours ^tre modere,
passe pour jacobin parmi les ultras, pour ultra parmi les Hberaux ;
de la, des evenemens varies. On le brouille avec ses preteudues,
on le fait battre avec un poete romantique et un peintre. 11 veut
parvenir dans la diplomatic , et ne sait pas obeir assez aveuglement
au ministre. II fait une tragedie, et ne songe pas assez a flatter les
acteurs. Ainsi , tout lui reussit mal ; et bientot, degoute de Paris,
oil il retrouve les mdmes desagremeus que daus sa province, il
prend le parti d'aller se confiner dans une de ses terres, apres que
sa tante M™« de Gameville , qui n'avait pas d'enfans,lui a toutefois
assure sa fortune. Des details piquans , une observation vraie des
vices etdes ridicules de la societe , des situations comiques. un style
rapide et anim6, mais depart par un grand nombre d'incorrections,
assurent a ce nouvel ouvrage de M. de Laniothe - Laugon un sudors
egal a celui AeMonsienr lePrefet'^ V. Rev. Eiic. , t. xxv, p. aSy). B. J.
a65. — * La Tante et la Niece, roman traduit de Talleraand,
par M'^" Isabelle nz Montolibu. Paris, iSsS ; Arthus Bertrand.
4 vol. in-i2, avec 3 figures; prix la fr.
Ce roman nouveau , qui forme la ra* Ilvraison des OEuvres de
JVJme jg Montolieu , parait ^tre I'objet de sa predilection. Celte pre-
ference des auteurs pour leur dernier ouvrage , qui i«essemble assez
k celle des parens pour leur dernier-n^ , est rareraent partag^e par
le public, juge plus desinteresse dans la question. Voici ce que dit
Mrae de Montolieu de sa nouvelle traduction , dans sa preface ,
adress^e en forme de dedicace a son fils M. de Crousa/.-Mein. « De
tous lesnombreux ouvrages que j'al publics, aucunne m'a plus inte-
ressee que celui que j'offre encore au public; rV marque pour mot.
LITTtRATURE. 55:^
tnon cher Henri, I'epoqtie hetiretise de ton retotir dans la patne. Tu
in'as rapporte ce joli roman qui veuait de paraitre en Allemagne
avec succ6s, et j'ai trouve qu'il tneritait d'etre connu eu France."
Par une disposition bienfaisante de la nature, lorsque nous sommes
heureux , une teinte de bonheur se repand sur tons les objets qui
nous entourent; nous sommes disposes alors a I'indulgence , i la
bienveillance, et nos jugemens sur les choses et sur les personnes
seressententdecette disposition. Cast problablement ce que M"* de
Montolieu aura eprouve daus cette circonstance. Voici ce qu'elle
pense de I'auteur dont elle a entrepris de nous faire connaitre I'ou-
vrage. » M-"* de Shopenhauer reuuit tout ce qu'il faut pour plaire
aux Fran^ais , pour les interesser : de I'esprit et de la sensibilite ,
de la gaite et du pathetique, un style agreable et leger; des re-
flexions \Taies et profondes , des caracteres bien dessines et sou-
tenus , des ridicules bien saisis, une moralite parfaite sans pedan-
terie ; voila surtout ce que j'ai rcaiarque dans cetouvrage; » mais
elle ajoute plus loin : <> Je crains qu'on ne trouve dans cet oiivrage
quelques longueurs que je n'ai pas ose supprimer; je crains aussi
qu'on ne fasse a I'auteur le reproche d'un interet trop divise. »
La predilection de M™" de Montolieu pour son nouvel auteur
ne I'a done pas emp^chee de reconnaitre ce defaut, qui est en effet
le plus saillant de I'ouvrage , et qui repand son influence ftcbeuse
sur toutes ses parties. Jugees separement, quelques-unes de ces
parties sont sans doute agreables , et, si nous n'y avons pas reconnn
tous les genres de nierite que promettait M""® de Montolieu,- du
moins avons nous remarque , comme elle, que les caracteres sont
bien dessines et bien soutenus. Mais c'est presque la le seul merite
de I'ouvrage , et le plan de I'auteur ne lui a pas peruais appareni-
ment de rennir ces differens caracteres dans une seule et ineme
action, au developpementde laquelle ils concourussent tous plus ou
moius. A chacun des nombreux personnages qui figurent dans ce
roman se rattache , pour ainsi dire , une nouvelle action , un nou-
vel inter^t; sans compter une douzaine d'homraes, dont la moitie
jouent dans I'ouvrage un role tellemeut capital qu'on ne sait trop
quel en est le heros , il y a cinq femmes entre lesquelles se partage-
ront les lecteurs. «Cependant , la (ante, dit M""^ de Montolieu,
est la seule veritable lieroine; toutes les jeunes personnes qui I'en-
tourent ne sont la que ))our (aire ressortir son beau caract^re , et
j'ai trouve neuve et piquante I'idee de raettre en scene une h^roipe
qui a plus de soixante ans. ■• Et c'est Ik justeraent qu'est I'erreur :
554 MVRES FR/V>f(;;Al,S.
cette idee , ou dii luoins la iiianlere dont elle est execntee, n'estnul-
lement iieureuse. U6s le debut de I'ouvrage , I'auteur nous iiit6resse
k trois jeunes filles, dont une surtout parait devoir exciter vive-
inent notre attention ; mats elle est blentot dctournee sur d'autres
objets , d'autres inter^ts qui se croisent dans le reste dc I'ouvrage;
et ce n'est, pour ainsi dire , qu'a la fin du 4" volume que nous re-
trouvons les personnes et \es choses avec lesquelles I'auteur nous
avail mis en relation. Ce defaut de I'ouvrage est d'autant plus
sensible que , contre I'usage des romanciers , qui etendent leur
intrigue des parens aux enfans, M""' de Shopenhauer fait remonter
la sienne de ceux-ci aux parens, et neglige ainsi la peinture d'un
&ge f^cond en evenemens comme en sensations, pourse livrer a celle
d'un Sge qui n'a plus pour lui que ses souvenirs.
Jusqu'ici nos observations se rapportent principalenient a I'aufeur
allemand ; faisons maintenant la part du traducteur. On reconnait
dans cet ouvrage le talent de M'"'' de Montolieu et le soiu qu'elle
met a s'identifier avec les personnes et les choses qu'elle veut nous
faire connaitre ; mais peut-^tre a-t-elle pousse trop loin la fidelity
que Ton demande dans une traduction. Nous avons reniarque dans
son ouvrage plusieurs phrases auxquelles on pent reprocher I'af-
fectation ou I'obscurite ; telle est celle-ci : (t. ii , p. 5) « II avait
aime sa femme au dela de toute expression ; elle aussi , dont le
coeur etait si pur etsi tendre, et le jugement si sur, avait toujours
^te Vecho du naturel plus energique de son mari , ainsi que toutes les
femmes de ce tems la. » Nous blanierons aussi M™* de Montolieu
de s'^tre decidee, pour changer le titre de son livre, sur un motif
aussi frivole que celui qu'elle avance. » L'ouvrage allemand , dit-elle
dans sa preface , n'a point d'autre litre que la Tame ; raon libraire
en aurait voulu un second; cejiendant, je n'aurais point cede,
sans le desir d'eviter Tamphibologie du mot francais VauenCe, etc.
Oil en seraient les auteurs, s'ils devaient craindre une pareille dis-
position dans leurs lecteurs ? II ne serait plus possible de rien
^crire , parce qu'il y a peu de phrases en francais dont on ue puisse
tirer ua sens bizarre ou ridicule , en detournant ainsi les mots de
leur veritable acception et en les forcant a se prefer a I'amphibo-
logie. C'est bien assez deja que I'abus de I'esprit, ou plutot de la
plaisanterie, ait marque chez nous du sceau de la reprobation
et bannl du langage serieux quelques locutions et quelques tour-
lyires de phrases , qu'il serait peut-(5lre du devoir des ecrivains
BEAUX- ARTS. 555
de chercher a ramener a leur signification primitive et raisonuable.
E. Heheau.
Beaux- Arts.
a66. — * Forage liibUogiaphiqtie , Archiologique et Pittoresqiie en
Prance, par le Rev. Th. Fkogmall Dibdin , trad, de I'anglais par
M. Theod. LicQUET, conservateur de la Bibliotheque publique de
Rouen, et par M. Crapelet, imprimeur; avec figures eX facsimile;
dedie a la Societe des Bibliophiles francais. Tome I. Paris, iSaS;
Crapelet et Renouard. i vol. in-8°, avec sept facsimile, en rouge
et en uoir ; prix 12 fr. pour les personnes qui auront (.ouscrit
avant la mise en vente du t. II. — L'ouvrage entier aura 4 '^ol.
Une louable emulation s'est emparee depuis quelque terns de nos
artistes, pour explorer les antiquites des departemens de la Nor-
mnndie. — Les Anglais, de leur cote, semlilent regarder cette
ancienne province conime un apanage de la Grande Brelagne , a
en juger par rempressemeut qu'ils met tent a decrire les monu-
ir.ens de toute espece qu'elle renferme , lorsqu'ils ne peuvent les
emporter chez eux. Cette maiiiere bien noble de dimmuer ses re-
grets tourne au profit des arts, et rapjielle I'encouragement que
Henri viii aimait a accorder a I'cnseignement de la langue fran-
caise , quoique , quarante et un ans avant sa naissance, la Guyenne
et cette mdme Normandie fussent rentrees en notre possession. Le
monde savant s'est ainsi enricbi de plusieurs voyages pittoresques
qui ne sont pas sans merite , principalement sous le rapport des
arts graphiques. L'ouvrage de M. Dibdin que nous avons dcja fait
connaitre ( torn, xviii , p. 97 ), se distingue des autres productions
de ce genre , par des descriptions animees de tout ce qu'il a re-
marqu6 , de tout ce qu'il a ressenti. Les llvres qu'un blbliotbecaire
offre a sa curiosite ne I'empechent point de jeter uu coup-d'oeil
malin sur la mise des lecteurs qui frequentent la bibliotbeque ,
et m^me sur celle du bibliotbecaire. Les beautes d'un site sont
decrites aussi exactement que la tournure et les manieres du pos-
tilion qui conduit le voyageur dans la campagne. II ne nous fait
grAce de rien ; il faut que nous sachions que le bedeau de St. Rerai
de Dieppe prend du tabac avec delices , et que le premier niouchoir
blaac que M. Dibdin ait vu dans toute sa route , depuis Dieppe
jusqu'a Rouen, est celui de feu le cardinal Cambaceres.
Cette relation est 6crite en forme de lettres que I'auteur adresse
a un de ses amis en Angleterre , et le lecteur fran9ais s'aper^it
556 I.IVRES FRANCAIS
souvent que I'engagement pris, avnnl de paitir, de decrire toul
ce qui p.iruitra de nature a Int^iessei- I'ami absent, aiiisi que sa
famille, a tte tenu un peu trop scrupuleuscment. Dans laquelle des
dix oatliegories ctablies par Sterne, faudra-t-il done dasher notre
voyageur ? Nous dirons qu'il n'appartient a aucune en parliculier,
mais qu'il est un compose du voyageur curieux {inquisitive) et du
voyageur sentimental. En effet, apr^s unc discussion sur un point
d'antiquite ou de critique bibliograpliique, il s'attache a des details
minutieiiT , qui selon Sterne, pcignent mienx le caracteie national que
les documens ofjicieh les plus imporians. Ce legislateur et ce module
du genre sentimental va jusqu'ii direy«'// ne Jonneraitpas douzesols ,
s'il fallait faire un choix parmi ces elucubrations des grands hommes
d'Etat des divers pays , jetees toutes dans le meine moule. Au lieu de
quelques-uns de ces documens officiels , nous sommes forces, en
suivant M. Dibdin , de lire de longs fragmeiis de livres de la Z?i-
bliotheque bleue , a deux Hards, tels que le Catechisine de I'/tinanc,
celui des Orandes Filles potir etre mariees , les Litanies pour routes les
filtes qui desirent entrer en ini'nage, voire muuie la romance du i>aillant
troubadour , avec la traduction anglaise par Walter Scott ; et M. Dib-
din en conclut que le caract^re de la classe iuferieure , et mdnie
des hautes classes de la Societe , prend sa forme et son pli sur ces
manuels d'instruction morale et sociale, a I'usage de la jeunesse.
Le voyageur ne le croit pas lui-meme , puisque , quelques pages
plus haut , il dit qu'il n'aura pas, lui voyageur, la tcmerite d'affir-
mer que ces compositions fugitives et legferes arriveiit jusqu'au bou-
doir d'une maison respectable.
En voila bien assez sur le fond de I'ouvrage , qui , malgre ses
defauts , offre una lecture altachante. Ce premier volume , qui
nous conduit 'depuis Dieppe jusqu'a Caen , en passant par Rouen ,
Caudebec et le Havre , sera suivi de trois autres. M. Dibdin prend
conge de son ami , en lui faisant part d'un songe , inspire sans doute
gar Minerve , songe qu'il eut , la premiere nuit de son arrivce a
Caen , et dans lequel il I'it plusieurs Anglais essayant de tendre I'arc
de Guillaume le conquerant. Cela , ajoute le voyageur , peut-il vous
etonner .'
M. Licquet , a qui appartient enti^rement la traduction de cepre-
TTiier volume a rendu Gdelement , eu general , et souvent d'une
raaniere elegante , le texte de son auteur; il a voulu , comme il le
dit lui-meme , marcher librement , a cote de son module, au lieu de
se trainer avec effort sur ses traces. II a cu soin de rectifier les er-
BEAUX-ARTS. 557
reurs du voyageiir par des notes frequentcs. La critique ne trouvera
presque rien a reprendre dans son travail ; faisons cependant sa
part. On ne dit point aeceder , dans le sens di' approcher , anivcr
dans un lieu. (p. 6i, 88, i34- )■ ^"us laissdmes notre postilion bi-
bliomane avec son Boccace , et nous preparames a visiter ce chateau
(p. 3ia). II fallait jepeter nous sujet du xerhe preparames. Place
est souvent employe pour lieu, sejour, ville , qui rendent mieux le
mot anglais /)/ace (p. Big ). Mais il ( le postilion ) etaie de trap bonne
constitution pour reclamer contre notre impatience ( p. 3o3 ). Good
nature, bon naturcl , dit I'anglais. Une note de M. Licquet est ainsi
concue, p. 71 : Foy. L'essui sur les meeurs , ch. 12, ou Voltaire Jait
un portrait pen flatteur du cardinal d'Amboise ; voyez aussila Henriade ,
ch. VII , oil Voltaire fait un tres-bel eloge de ce ministre. Pourquoi
priter ainsi a plaisir une inconsequence a Voltaire? Tout le monde
sait , tous les editeurs de Voltaire r^petent journellement que la
Henriade est I'ouvrage de sa jeunesse, et que, ses opinions etant
mieux formees lorsqu'il composa I'Essai sur les moeurs , il faut s'ar-
reter au dernier portrait.
Lapartie typographique surpasse, a notre avis , ce que M. Cra-
PELET avalt deja si bien execute dans le genre de la bibliograpliie ,
comme le Blanuel de M. Bruket, le Catalogue de M. Renouahd et
les Catalogues des velins , par M, Van-praet. Get ouvrage etait
digne d'etre dedie a la Societe des Bibliophiles Francais. M. Balmer,
imprimear del'original , doit convenir lui-m^me que les caracteres
de M. Crapelet I'emportent sur les siens pour la grace et I'elegance.
Les amateurs n'auraient rien a desiier , si la traduction francaise
6tait ornee de gravures qui fixeraient leurs idees sur les sites et les
monumens dont ils lisent la description. Les gravures en bois qui
accompagnent ce premier volume , n'ont rapport qu'a des orneniens
tires d'anciens manuscrits. Esperons que du moins les traducteurs
( car M. Crapelet lui-m^me figurera bientot a ce titre dans I'ouvrage
qu'il imprime) indiqueront , dans les volumes suivans, les vues de
nos ouvrages pittoresques francais qui correspondent aux jolies gra-
vures de M. Lewis, artiste anglais et compagnon de voyage de
M. Dibdin. Barbiek, neveu.
467. — * Souvenirs du Musee des monumens francais. — Collection
de quarante dessins perspectifs graves au trait, representant les
monumens reuuis dans ce musee, dessin6s par J. E. Biet ; et gra-
v& par MM. Normakd p^re et fils , avec un textc explicatif , par
J.-P. Br^s , 8™^ livraison. Paris , iSsS ; I'auteur, rue Grange-aux-
558 LIVRES FRANCAIS.
Belles , n° i3, et P. Didot aine . Un cahier in-fol. contenant 4 plan-
ches et 4 pages de teste (ag — 3a). (Voy. Jtei: Enc. , t. xxv. p. 534)-
afiS. — * Essai sitrla musique , ses fonctions dans les moeurs et sa
veritable expression; par P. La.h\i.i.e. Paris, i8a5 ; Rousselon.
In-i8 de xiv et 196 pages; prix , 2 fr. 5o.
Les litterateurs qui out ecrit sur la niusique ont, en general,
compose des ouvrages qui fourmillent d'erreurs grossi^res; sages et
luroineux quand ils analysent nos sensations, ils deviennent vagues
et obscurs lorsqu'ils pretendent appliquer leurs theories a un art
dont ils ue connaissent pas m^me les premiers principes.Ce qu'il ya
de pis, c'est que d'ordinaire ils prennent un ton tranchant etdecisif ,
inconvenant dans tous les cas , ridicule au dernier point chez ceux
qui parlenl de ce qu'ils ignorent. Ce reproche ne pent ^tre adresse a
I'auteur de V Essai sur la initsiqne , qui se garde bien de gourmander
les compositeurs et qui se renferme avec sagesse dans les mati6res
qu'il a droit de trailer. — Dans un premier chapitre, intitule :
Prolegomenes , il pose en principe que « lamusique est I'art privilegie
de ce siecle ■>. Cette assertion pourrait paraitre doutense aux per-,
sonnes qui ne la trouvent pas suffisamment prouvee par le grand
nombre de gens qui commencent I'etude de la musique et I'aban-
donnent assez a tems pour montrer qu'ils ont perdu les heures
consacrees par eux acet art. Dans son second chapitre , M. Lahalle,
en exposant le but de son ouvrage, range d'Alembert parmi «.les
hommes justement cel^bres par leu — En me resumant, je remarquerai que les matieres frai-
tfees par M.Lahalleauraient exigede bien plusamplesdeveloppemens,
et que son plan etait trop restreint; la sujet comporlait un livre, il
n'a fait qu'une brochure ; on a si souvent lieu de faire le reproche
contraire , que celui-la est presque un eloge : du reste, sa brochure
a de l'inter6t,et doit ^tre lue de tous ceux qui cherchent dans la
rausique autre chose qu'un vain assemblage de sons.
J. Adkien-La.fasgb.
Memoires et Rapports de Societes savantes et (Tutilite
publique.
269. — * Compte rendu des travaux de laSociete royale d'agricuUure,
histoire natiirelle et arts utiles de Lyon , depuis le i*"' mars iSaJ
jusqu'a la fin de 1824; par M. L. P. Geogsier, professeur a YE-
cole d'economie nirale et veterinaire de Lyon etc. , secretaire de
la Societe. Lyon, 1824; imprimerie de J. M. Barret. In-8°de35o p.
Ce compte rendu est une analyse detaillee des travaux et des
ecrits dej membres de la societe dont M. Grognier est secretaire.
Pour les hommes instruits, cette analyse peutsuffire; pour ceux qui
cherchent I'instruction , et qui ont besoin de quelques developpe-
mens, la marche du redacteur estpeut-ctre quelquefois trop rapide;
mais cet inconvenient , fut-il m^me remarque plus d'une fois , se-
rait plus que compense par les avantages d'une redaction qui n'ad-
met rien de superflu , qui montre chaque objet dans son ensemble ,
au lieu de s'appesantir sur les details. Lorsque les notices sont a la
fois interessantes et concises , M. Grognier les insure textuellement;
lorsqu'elles peuvent 6tre abregees , il a soin d'y conserver tout ce
qu'elles contiennent d'iustructif et de nouveau. II n'a rienretran-
che du memoire de M. Tissier sur une roche smaragdifere (con-
tenant des emeraudes iraparfaltes ) que Ton trouve prfes de la route
de Lyon a Paris, a quelque distance de I'ArbresIe. On lit aussi en
eutier un rapport de M. Gkas sur les operations agronouiiques de
M. de T/vi.TiYF.«s, et particuli^remcnt sur les irrigations. Cependant,
MJiMOIRES ET RAPPORTS. 56 1
tout ue sera pas approuve dans ce rapport ; M. Gras attrihue aux
majorats^ une influence utile, et meme necessaire, suivant lui : il
rencontrera beaucoup d'incredules ; et Festiinable agronome dont
il expose les travaux , les counaissances , les grandes vues et les
excellens preceptes , n'est pas non plus do sou avis. — Plusieurs
memoires sur la statistique agricole du departement du Rhone sout
inseres daps ce cosnpte rendu, et serviront a la redaction d'une
statistique generale. — L'histoire naturelle et les arts se sont enri-
chis de plusieurs observations , de faits et de resultats imoortans
sur les arbres exotiques naturalises en France. ■ — Dans une ■ville
aussi industrieuse que Lyon , on pense bien que les arts ne man-
quent pas d'encouragemens. On trouve ici plusieurs notices sur
des machines et des procedes nouveaux, examines par des mem-
bres de la Societe ; on y remnrque entr'autres quelqiies perfec-
tionnemens proposes par M. Pidakcet a la machine a tiller le
chanvre , de M. Chuistian, et la preparation des eaux minerales
artificielles , par M. le docteur Li vijli,e la Plaigse.
Une notice historique sur Aiitoine et Joseph de Jussieu; deux
autres notices necrologiques sur MM. Rarre , Desclwmps et WiU
lermoz, terminent ce volume, auquel on ue reprochera point de
Gontenir moins de clioses que sa grosseur ne seniblait en promettre.
On Y rencontre quelques locutions qui peuvent etre locales , mais
que les puristes de la capitale n'approuveront point ; on ne dirait
pas ici, par exemple , que le ihermomelre tcmoigne telle tempera-
ture, etc. Ces taches tres-legeres n'empecheront point que Ton
n'apprecie tout le merite des travaux de la Societe de Lyon , et
que Ton ne recoive avec reconnaissance la eommunication qu'elle
en fait.
270. — * Societe des lettres , sciences et arts dc Metz. Seance ge-
nerale du 9 juiu 1825. Metz , iSaS ; Lamort, imprimeur de la
Societe. In-8° de no pages, avec aue planche.
M. Serullas , qui presidait cette seance annuelle de la Societe
de Metz, s'est attache , dans son discours d'ouverturCi a faire sentir
la grande utilite, et peut-etre le besoin imperieux de multiplier
partout I'enseignement des sciences chimiques. II esp^re que la
ville de Metz, qui a deja tant fait pour fepandre rinstruction dans
la population industrielle , ne restera pas en arriere, par rap-
port a Tune des parties les plus essentielles de cette instruction ,
et qu'elle la dotera d'une chaire de chimie appliquee aux arts et
d'un laboratoire. En terminant son discours , I'habile chimiste s'ex-
T. XXVII. — Aout 1825. 36
56a LIVRES FRANCAIS.
* (
prime ainsi : «Appele a exercer mes fonctioiis dans la capitale(i),
je (juitte Mi't?.. Ell emettant iiioii opinion siir la necessitc d'une
chaire de ciiiuiie , et inon vceu pour son etablissemenl , j'ai cru
donner , dans cette circonstance solennelle , un temoignage de
I'inieret que je prends rt que je prendrai toute ma vie a une villa
ou , pendant plus de dix annees , j'ai ete honore de tant de mar-
ques de bienveillance. Jf m'eloigne , plain de confiance dans le
succes de ma proposition; assure d'ailleurs, par les ol)scrvations
que j'ai faites pendant ma longue residence, que Melz renferme
dans son sein tous les elemens d'une haute prosperite, je puis des
ce moment, la saluer dans I'avenir aa rang des villes commerciales
et agiicok'S les plus nianulacturieres du royaume. »
Le secretaire , M. Devilly ,a rendu comjite des travaux de la
Societe penilant la derniere annee acadeniique. II avail beaucoup
a dire, principalement sur les travaux relatifs aux sciences et aux
arts. Le plus grand nonsbre des savans places sur la liste des meni-
bres ou correspondans de 'a Societe de Metz sont sortis de 1 Ecole
poiytechnique. On se plait a voir , dans ce compte rendu , des
hommes unis par les liens d'une education commune , portant au
loin et repandant autour d'eux le goiit des connaissances utiles ,
toujours pr^ts a s'associer pour tout ce qui peut eclairer et diriger
les arts.
A la suite de cette analyse generale des travaux de tous les mem-
bres de la Societe, on trouve une Notice sur les cultures de la ferme
de Moncel , par le fermier actuel , M. Emile Bouchotte. Cette
ferme pourra servir de mod(>le , dans un pays oil I'agriculture
est fort au-dessous de ce que la nature lui a prepare. M. Bekgert
met a la portee des leclenrs peu instruils en mathematiqucs, le me-
moire de M. Poncklet sur les roues veiticales a aubes courbes.
Comme nous donuerons a nos lecteurs une analyse de ce menioire
important, nous nous abstiendrons , pour le moment, d'entrer dans
aucune explication sur la forme que M. Poncelel donne a s*s roue:i
verticales. — L'archeologie trouve aussi une place dans les travaux
de la societe de Metz : dans ce m^me recueil , on a insere le texte et
la traductiou de la charts d' affi anchissement de la ville de Tliion-
ville, en laSg. Eufin, une pit;ce de vers justifie le litre de la Societe,
(i) M. Serullas ttait pharmacien eu iliefet premier profcsseur de I'hopital
mititaire (rinstruotiou.
OUVRAGES PERTODIQUES. 563
et teraoigne qu'elle ne neglige pas les lettres. II faut convenir ce-
pendaDt que, par sa position et sa population, la ville de Metz est
api)elee a cultiver les sciences plutot que la litterature, et que I'ifi-
dijstrie manufactiiriere lui convient mieux que les beaux arts, Ses
etablissemens publics out uii but grave et m£'me severe; les pensees
et les recherches qu'ils provoquent prennent le menie caractere :
cette disposition des esprits est si favorable aux sciences , qu'il fau-
drait , pour retablir I'equilibre en faveur des lettres , des efforts qui
ne seraient peut-eti-e pas beureux. F.
Ouvrages peiiodiques.
271. — * Bulletin universel des sciences et del' Industrie, Continuation
du Bulletin general et universel des annonces etdes nouvelles scientifiques,
dedie aux savans de tons les pays et a la librairie nationale et etran-
gfere. Paris,rue de I'Abbaye, n" 3; prix, 182 fr.,eti56 fr. pourl'annee.
Nous avons aunonce, dans le temps, Tutile modification que ce
Bulletin avait recue ( voy. Rev. Enc.'t. xvii , p. 644 ): distribue
maintenant en 8 parties, que Ton peut reunir ou separer , il est
bien plus a la portee de tons ceux qui cultivent les sciences , et il
offre a chaque savant ce qui lui convient , sans I'obliger a prendre
en nieme terns ce dont il ne ferait aucun usage. A la rigueur, toutes
les sciences ne sont pas comprises dans ces huit sections, quelque
latitude qu'on veuille donner au titre de cliaque bulletin partiel : la
politique n'v est pas admise, et par consequent la legislation , la mo-
rale ,y education , la philosophie sont fraj)pees de la m6me Interdiction.
Lorsque la liberte est sans garantie, c'est toujours au prix de ouel-
ques mutilations que Ton achate le repos.Mais , sans examiner ce qui
peut manquer au Bulletin universel , jetons les veux surce que Ton y
trouve. On peut juger cette colieclion , d'apres I'un de ses numeros ,
quel qu'il soit; car les rcdacteurs ont soin de maintenir une sorte
d'equilibre entre leurs publications successives ; ce qui est difficile
dans tons les cas, et n'est possible que pour les ouvrages serieux.
Prenons done le 3« numero de cette anuee , celui du mois de niars,
Le Bulletin des sciences mathematiques , astronomiques , physiques et'
chimiques , renferme 79 articles, dont les mathematiques obtieniien?'
23, I'astronomle 18, la physique i3, et la cbimie 20 :' les auties
articles, sous le titre de Melanges, sont consacros aux ouvrages qui
traitent de plusieurs sciences , tels que les recueils de societes sa-
vantes. Les redacteurs ne s'ubstienneut plus d'enoncer leur opinion
sur les- livres dont ils pailent , ce dont les lecteurs leur saiiront
rre;
564 LIVRES FRANCAIS.
car, avant de oonsulter nn auteur , ou d'acheter ses oeuvres, il con-
vient que nous sacliions s'il nous instruira. — Le Bulletin des sciences
natitreVes et de geologie renferuie g4 articles , dont la botaniqiie et la
zoologie occupent cettc fois la plus grande partie. Conime il y a
plusieurs notices assez etenducs, telles , par exemple , que les sui-
vantes : Sur les accidens gcognostiques dans la I'allee de Fassa (Alpes
Tyroliennes ) , par L. Dp. Buck ; Journal de mineralogie, par K.-C.
Leonhakd; Essai sur les crrptngamcs dcs ecorces exoliqiies officinales ,
etc ; De qiielqites especes de phoqiies , et des groiipes generiqnes entre les-
quels elle; se partagent , par M. Fr. Cuvxer, etc; les autres notices
ont necessairement tres-courtes , surtout lorsqu'elles sont tr^s-
noinbreuses , en sorte que celte multitude n'est pas abondance. II y
a saas doute quelques cas particuliers ou les redacteurs s'etendraient
sur quelques objets, aux depens du nombre des articles. — Les
sciences medicates ont un bulletin de go articles, dont plusieurs
seront lus avec inter^t , meme par cette classe de lecteurs que Ton
nomme gens du monde , et nous designerons specialement le 1'='' de
ce numero, sur un ouvrage d'anatomie en langue turque, iinprime
a Scutari, en l8ao. (Voj-. Rev. Enc. t. x, p. agS. ) — Le Bulletin
des sciences agricoles et economiques est de 4 feuilles , et celui des
sciences medicales , de 6. Sans fixer le degre d'importauce des uiies
et des autres , ni les comparer quant a I'etendue des connaissances
qu'elles exigent, il semble que les premieres , cnmme moins eloignees
de la perfection , doivent effcctiveraent avancer plus lentement,
amcner moins de decouvertes et donner lieu a moins d'ecrits. —
Quelques-unes des questions traitees dans ce bulletin, telles que
celle-ci : Comment peitt-on clever et maintenir a un taiix convenable le
prix des bles dans les etats prussicns !' sont reeWexaenl i\.TAn^eres aux
sciences economiques, et denieureront toujouis sans reponse, si
Ton veut les resoudro d'apres des principes bleu etablis, et par des
raisonnemens exacts. Comment fixer ce prix, au milieu des varia-
tions contlnuelles qui tiennent a la nature des choses ? — La nom-
breuse famlUe des sciences tecimologiques est trait ce comme celle
des sciences agricoles et economiques; il semble que ses besoins
sont plus multiplies , et non moins pressans. Ce bulletin , I'un des
plus difficlles a rediger , deviendra sails doute I'un des plus precieux
du recueil, et servira de supplement aux Jnnales del' Industrie, pu-
bliees par MM. Lenoemahu et Moleon, et au Bulletin de la Socidtc
W encouragement pour I'industrie nationale. On y desire encore des
moyens d'apprecier les annonces, les procedes indiques , I'impor-
OUVRA.GES P^RIODIQUES. 565
tauce des d^couvertes ; on voudrait y trouver quelques garanties
contre le charlatanisme ou la credulite. C'est priiicipaleineiit dans
cette sorte de publications que !e savoir et la prudence des redac-
teurs deviennent necessaires au plus grand uorabre des lecteurs. En
compulsant les ouvrages periodiques , meme ceux dont les arts
sont I'objet , on est expose a faire de tems en tems des provisions
suspectes. Les brevets d'iuvention u'attestent pas toujours la bont6
des machines ou des precedes brevetes. 11 est tres-difficile de se
tenir constamment en garde contre toutes les illusions , et de ne
rien admettre qui ne soit ■yrai, constate, profitable. Les redacteurs
du Bulletin technologique AxxTont doncsubi quelquefois la loi commune,
recueilli desdocumens inexacts, et recomraaiide quelques inventions
ou perfectionnemens qui ne reussiront pas entre les mains de ceux
qui les mettront a Tepreuve. Sur les rnatieres de cette nature , le
plus sur est d'operer des reductions, de peu croire, de peu ecrire ,
depeu loner. — Le 6" bulletin est celui des sciences geographiques ,
de reconomie publique, des voyages. La slatistique est mise au
nombre des sciences geographiques , et la geologic n'y est pas
comprise. Cependant, la geographic physique et la geologic sont
inseparables , et la statistique tient essentiellement a la legislation et
a la politique. Mais rien n'est plus facile que de faire des objections
contre un systerae de classification des sciences, quel qu'il soit; ac-
ceptons done celui-ci, tel qu'il est. Six feuilles sont consacrecs a ce
bulletin, toujours hien pourvu de materiaux, toujours recherche
par la curiosite, et qui ne peut neanmoins remplacer , ni m^me
egalerles Annahs de geographic et dei -voyages , de MM. Maltebhun
et Eyries; le Journal des vojages , de MM. Frick et Vii.leneuvk >
successeurs de M. Verneur ; ni le Bulletin de la Sociele de geographic. ■
Quelques articlespeuimportans donneraient lieu a des observations
critiques. Ainsi , par exemple , on dirait qu'il faut user de violence
envers le mot cadastre pour le faire venir de cadre; que la Description
historique etmonumentale de la ca'.hedrale de Dourges , appartient plu-
tot a I'histoire derarcbitecturc qii'a la geographic; que ce n'est point
dans les journaux allemands qu'il faut chercher des notices sur le com-
merce des Etats-Unis d'Ameiique, etc. Mais on ne reraarquera ces le-
geres imperfections que pour ne pasperdre I'habitude d'une certaine
severite de jugement dont tout lecteur doit s'armer , lorsqu'il s'a-
git de mati^res qui ne sont pas du ressort des sciences exactes,
et sur lesquelles on est fort expose a sc meprendre. — Le ye bulletin
est celui des sciences historiques , des antiquites, de la philologie : il
!io6 I.IVRES FRANCAIS. i
cotitieiit 5 feuilles d'im|>ression, ce qui doit suflire, quoique les
connaissances auxquclles il est consacre soient en general verbeuses ,
et toutes en dissertations. II lie s'agit pas ici de connaissances deve-
loppees dans des memoires, mals d'analyses et d'indications. Cepen-
dant, les r6dacleurs ont su eviter la secheresse d'une table des
mati^res , et donner de I'int^r^t a leurs courtes notices : on en
trouvera dans les articles sur la Bibliotheque du serail , sur le Dic-
tionnaii-e francais - wolof et francais - bambara , sur la coUeclion
d'antiquites egyptiennes , offerte a la France par M. Drovetti, sur
les antiquitcs de Strasbourg, sur I'Duvrage de M. Seroux d'Agin-
COURT, intitule: Hisloire del' art par les moniimens , sur les y4ntiqiii(es
gennaines et allemandes , de M. I{.RUSE, et sur plusieurs autres
ouvrages d'histoire. — Le Bulletin des sciences inilitaires , encore plus
court que le precedent, sera long-tems plus que plein. Les mat^-
riaux accumules d'avance sufCraient seuls pourremplir ses 3 feuilles
d'imprcssion , durant un nombre d'annees que les vicissitudes litte-
raires et autres accordent rarement a un ouvrage periodique. Ainsi,
les redacteurs ont une grande latitude de choix, et ils en usent au
profit de chacun de leurs numeros. Soit par la grandeur du sujet et
dessouvenirs qu'ils rappellent, soit en saisissantl'a-propos , ils ont le
droit de compter sur des lecteurs nombieux et attentifs. Ces deux
moyens de succ^s se trouvent reunis dans ce cabier^ des notices
etendues sur la Force militaire de la Grande-Bretngne , par M. Ck.
Duprif, et sur le Coiirs d'etiides porir I'adininistralion militaire, par
M. Odier , plusieurs articles sur I'artillerie , et surtout le dernier
sur I'organisation de cette arme et le mode d'avancement qui lui
convient; voila certainement assez d'importans objeis reunis dans
une cinquantaine de pages. Quoique nous n'ayons pu parler qu'avec
une extreme brifevete des huit bulletins dont cette collection est
composee , nous aimous a reconnaitre que les editeurs ont satisfait
a leurs engagemens , et que leur ouvrage merite le succds qu'il
obtient. Nous avons annonce plus d'une fois leurs Iravaux avec
impartialite , comme nous avons soin dele faire pour lous les ou-
vrages periodiques et autres dignes de fixer I'attention. lis n'ont
jamais cru devoir faire aucune aunonce de la Revue Encjrclopedicjue,
dont ils ont, a beaucoup d'egards , emprunte le plan , en donnant
plus d'extension a cerlaines parlies, et en excluant celles qu'ils
croyaient ne pouvoir traiter sans quelque danger, comme la
politique, qui met aux prises avec des opinions de partis, souvent
exclusives et intolerantes, et la titicraturc, qui oblige d'avoir des
OUVllAGES PERIODIQUES. 567
points de contact fr^s - delicats avec des amours-propres superhes
et irascihles , et de blesser, si Ton veut £'tre critique consciencieux,
plusieurs coteries litteraires, non moins exigeantes dans leurs pre-
tentions, ou malveillantes dans leurs ressentiraens, que les partis
poiiliques. F.
272. — * Journal de la Societe des sciences , agnciiUiire et arts du
deparlement du Bas-Rhin. — Strasbourg, iSiS. Public depuis iin an
par cahiers qui paraissent tous les trois mois. Quatre cabiers
fornient un volume de 5 a 600 pages. Paris; Levrault, rue de La
Harpe, n° 8r ; prix 10 fr. pour I'annee.
Les matieres sont divisees, dans ce journal, conime la Societe elle-
n)(^me , en quatresections, sousles titressuivans : Lilteralnre, Scienca
physiques, HJedecine et /■! gricultu re . — Les leltres et niemoires , que
Ton desirera faire inserer dans ce recueil, seroat adresses , francs
deport, a M. le professeur Fodebe, president de la Societe, el di-
recteur du journal , ou a M. le docteur Ristelhuebek , secretaire ge-
neral, rue Merciere, N° 4 > ^ Strasbourg. — Un comite de redac-
tion est charge de choisir , parmi les differens materiaux , ceux qui
paraissent presenter le plus d'utilile. — Le but de la Societe, en pn-
bliant son journal , est de multiplier et d'etendre ses relations , de
communiquer aux autres savans le resultat de ses travaux, et de
concourir ainsi au perfectionnement des sciences. — Nous appelons
de tous nos voeux le succes de celte entreprise eminemment utile.
Z.
273. — * Journal de la Section de ]\Jedecine de la Societe academique
du deparlement de la Loire-Inferieiire. 2* livraison , mai, l825.
Nantes; Meliuet Malassis. — Ce journal parait tons les trois mois,
par cahiers de 32 a 100 pages , in-8° ; prix de rabcniienient 4 fr-
par an , 5 fr. 5o par la posle.
Des journaux de medecine se publient sur divers points de la
France. Fruits d'une instruction plus generalement repaudue que
jamais , resultats de cette louaJile emulation dont sont animcs lous
les esprits pour qui I'inaction est un fardeau , ils revelent I'existence
d'bommes habiles dont les dcpartemciis peuvent s'honorer , et ils
prouvent que les connaissances utiles peuvent ^tre parlout cultivees
avec succes. Ces leflexions s'appliquent entierement au recueil
p^riodique que nous annoncons. Si tous ses cahiers ressembleiit a
celui que nous avons sous les yeux , il tiendra une place disliiiguce
parmi les ouvrages de ce genre. Nons y Irouvons de bons memoires_
des observations interessantes , el, eii general , un l)oii esprit, qui
568 LIVRES FRMVCAIS.
fait juger favorableraent de ses redacteurs. Nous citerons 1' obser-
vation d'un vice de conformation d'un enfant nouveau-ne chez
lequel rjesopliage formait, dans sa partie sup^rieiire , nne poche
sans ouverture , et dont la partie inferieure prenait naissauce dans
le caual aerien ; un m^moire de M. Marechal sur I'^quilibre consi-
dere dans la station ; et surtout un releve des maladies observ^es
dans les prisons de Nantes, par M. Sallion. Parmi des fails de pra-
tique, dignes de toule I'attention des medecins, nous indiquerons
I'histoire d'un etat vraiment adynamique , suite d'une phlegmasie
des organes abdominaux et que le vin seul a pu guerir; une obser-
vation de I'emploi de Tecorce de grenadier contra le taenia (i). II
renferme en outre des considerations d'un haul interet sur le moral
des detenus, sur cette npathie qui les fait resisterauxmaux physiques,
les rend insensiblesaux souffrancesdont leur ame devrait ^tre acca-
blee , et qui parait le resultat d'une sorte d'alienation mentale, ou
tout au moins d'une erreur de jugement bien remarquable. Sous ce
dernier point de vue, les personnes qui se livrent a I'etude des
sciences morales et politiques , consulteront avec fruit le m^moire
de M. Sallion. Rigollot flls , D. M.
Litres en langues etrangeres publics en France.
274. — Gradiis ad Parnasstim ; — Dictionnaire poetique. Nouvelle
edition , dans laquelle on a mis a profit les ameliorations faites par
M. Aynes. Paris, 1826; Carez, rue Hautefeuille, n° 18. In-8° de 63
feuilles.
276. — * Jbsenteism. — Absenteisni ; par lady Morgan. Paris, i825>
A. et W. Galiguani. In-8° de 8 feuilles et demie , imp. par Belin.
(Voy. ci-dessus, p. 43o, le compte rendu de I'edition originale publiee
a Londres. )
276. — * E Lessijvgs' Fabeln. -— Fables de Lessing, en verset en
prose, avec des notes critiques, grammaticales, prosodiques, histo-
riques et myrliologiques ; par Wimter de Gauebcsh. Paris, iSaS;
Auguste Udrou et Baudry. In-12 de 9 feuilles 1/6; impriaierie de P.
Renouard ; prix 2 fr. 5o c.
(1) Cctte observation est due a M. Griraaud, medecin de Paris, qui dirige
bvcc succis un jounial intilule^le Propagateur des sciences mcdicales , annoure
cette annt'e dans notre Bidletiu suppltmcnlaire A'Avril. N- '!■ R
IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES
ET LITTERAIRES.
AMERIQUE SEPTENTRIONALE.
Etats-Unis — Grande route entre let Atats-Unis de rAmerique dii
nord et le Mexique. — Parmi les nombreux et gigantesques projets
dont les americains sont occupes aujourd'hui, on doit citer la route
nationale qui, lorsqu'elle sera executee, formera un grand chemin
de 3,3oo milles d'etendue a travers le territoire des Etats-Uuis, et
celui de la Repubiique du Mexique , jusqu'a Mexico. C.
— Mojen pour presetver les habitations de I'humidite. — II ne sera
peut-etre pas inutile de faire connaitre la melhode que Ton emploie,
dans le nord de I'Ainerique , pour garantir de rhumidite les maisons
construites dans des lieiix has et marecageux. Elle est aussi simple
qu'infaillible. On se contente de recouvrir les fondations de plaques
de plotnb, a un pied ou deux au-dessus du sol, et Ton continue a
batJr par-dessus ces plaques , qui doivent occuper toute la largeur de
la muraille. De celte maniere, toute infiltration est rendue impos-
sible au-dejsus des plaques, et les fondations des maisons sont seules
exposees a I'humidite. D.
Haiti. — Commerce. — Droits d' importation, — L'ile d'Haiti tirant
de son commerce une grande portion de son revenu, il est interes-
sant de connaitre les droits d'importation a acquitter dans les bu-
reaux de la douane de cette repubiique. Voici , d'aprfes un journal
americain, les principales dispositions du nouveau tarif d'Haiti :
egalite de droits sur les niarchandises importees par navires etran-
gers ; admission des marchandises en entrepot pendant six mois, en
payaht seulement moitie des droits : un droit fixe de deux dollars
5o cent. , par baril de farine; et un doll. 5o cent, par quintal de riz,
Les droits a I'injportation sur les produits detous les pays sans distinc-
tion sont fixes a la pour cent de revaluation officielle. La loi sera
en Tigueur pour les navires venus du continent americain, deux mois
apres sa promulgation , et quatre mois pour les b^timens venant
d'Europe. La promulgation a eu lieu le i3 mai dernier.
(Extrait du Times.)
570 AMER. SEPTENTRIOIVALE AMER. MERID.
Philauei,phie. — Heaiix-Arti. — Monument de reconnaissance natio-
nals. — II va <;tre <3leve ici un magnifique monument a Washington
sur la place qui porte lenom dece grand homme. La premiere pierre
adu ctre posee dans les premiers jours du mois dejuillet. Le monu-
ment sera entiferement construit en marbre, d'apres le dessin de
celui de Thrasybule a Athfenes. II aura i3o piedsde hauteur et cou-
tera 67,000 dollars qui seront produits par des souscriptions. Une
grande partie de cette somme est deja realisee. C.
Mexique. — Emigrations eiiropeennes qui toiirnent an profit de
la civtiisation des nouveciia- etuts de I'Amerique. — II est arrive a
Mexico, dans le courant du mois de mai , vingt-cinq italiens, qui ,
apr^s avoir ete obliges par les evenemens politiques de quitter leiir
patne, s'etaient retires a Londres, d'ou ils soot passes en Ameriquc.
On les a sur-le-chanip places dans les ctpblissemens publics pour la
direction et la confection des routes, rinsjiection et I'exploilafion
des mines, comme plusieurs de leurs compatriotes qui sont ici de-
puis un an. Ainsi, les nouveaux etats independans de I'Amerique
s'enrichissent par I'emigration de beaucoup d'hommes eclaires et
habiles que I'iiitolerance politique reftousse de quelques contrees de
I'Europe, et qui -vont payer, par les nobles tribuls de leurs talens et
de leurs travaux, et par d'importans services rendus a leur patrie
adoptive, la gcnereuse hospilalite qu'ils en recoivent. — D'apres des
arrangemens recens , il y aura desormais unite et reciprocite dans
les grandes mesures d'altaque et ila defeuse entre les trois republi-
ques du Mexique, de la Colombie et de Buenos-Aires. M. A. J.
AMERIQUE MERIDIONALE.
Buenos-Aires. — Mineurs iillemands envojcs en Ainerirjne. — Une
compagnie formee a Londres pour I'exploitation des mine's de la
province de Buenos - Aires , a fait engager, a des conditions tres-
avautageuses, a Freyberg en Saxe, et dans les environs, cinquante
mineurs. Un maitre niineur est entre an service de cette c mpagnie,
pourcinqans ,aux appoiul.cmensdecinqmilleecusparan. M. Leibner,
agent de la maison auglaise Hillert et compagnie. a deja fait partir
44 mineurs, dont les uns vont directement a Buenos-Aires, par
Hambourg, et les autres vont d'abord en Angleterre. J.
Colombie. — Carthagene, i5 mars i8i5. ■ — ■ Extrait d'line leitre
adressee au correspondant de la Beviie Emrclopcdiqiie ii Londiei.
« Apr^s une traversee de qiiaranle.un jours, je suis arrive ici, le
^i4 fevrier dernier, et je vais partir pour Bogota. ' — Quel spectacle
AMERIQUE M^RIDIONALE. 871
riant pour un Europeen parti de son pays en hiver, que I'aspect de
la nature et de sa magnificence en Anierique ! A chaque pas , des
oiijets nouveaux fixent son attention : des arbres majestueux et d'une
verdure immortelle; des fruits et des fleurs dans toutes les saisons;
un ciel brulant, mais presque toujours sans nuages ; un terrain
iuculte, mais qui revele sa fecondite par la vigueur des herbes
qui le couvrent ; des ruisseaux qui sembleut plus clairs et plus
limpides qu'en Europe; des rivieres plus larges, et qui, sur
plusieurs points, ressemblent a de vastes mers; des animaux plus
forts et plus robustes ; des milliers d'oiseaux aussi varies par leur
chant que par leur plumage, etonnent et ravissent le voyageur.
Les mines dor, d'argent, de cuivre, de mercure, abondent dans
ce pays. Mais combien les habitans contrastent avec la beaute de
leur sol et de leur cliniat! Quelles tristes reflexions font naiire les
traces profondes et affligeantes d'uu regime d'oppression et de
despotisme ! Cette conlree qui, pendant tz-ois siecles et demi , a subi
le joug espagnol; qui, a I'epoque de sa decouverte , etait peuplee
d'habitans industrieux, maintenant deserte etravagee, n'offre plus
que des reunions d'hommes epars ca et la , de couleurs et de castes
differentes , sans industrie, sans amour du travail, sans desir de
conuaitre on d'appreiidre. Les veritables citoyens de ce pays sont
des descendans des EspAgnols. lis sont peu nombreux en compa-
raison des indigenes; mais ils possedent les plus grandes fortunes
et occupent les fonctions publiques. Ils ont un sentiment profond
de leurs droiis; ils ont fait de rapides progres dans la connaissance
des regies de I'organlsation sociale; s'ils ne sont pas tres-avanccs
dans les sciences et les arts , c'est que , sous le gouvernement d'une
nietropole ombrageuse et jalouse, il ne leur etait permis de rien
apprendre. On iie peut se faire une idee des talens jiaturels de ces
hommes, si long - tems abrutis par une ignorance systeniatique;
les enfans surtout , offrent , des leurs premieres annees, un exemple
frappant des heureuses dispositions dont en general ils sont doues; a
denxaus ils parlent aussi bien que ceux d'Europe a six; enfin , tout
semble se reunir pour presager a ce pays les plus brillantes des-
tinees.
Le gouvernement de la r6publique a une marche franche et ferme;
les lois sont observees; la partie du pays que j'ai visitee est dans un
bon etat de defense; les troupes de la republique sont aguerries, les
soldats disciplines el endurcis a la fatigue. L'opinion en faveur
du syst^me republicain est unanime; le cri d'indrpendance a rallie
57a AMtRIQUE MERIDIONALE.
tous les coeurs; et le malheureux esclave qui espfere oblcuir LientAt
sa liberie, et le riche colon qui, etendu dans son Iianiac, depense
avec profusion le fruit de I'economie de ses peies, sont cgalement
d'accord que la Colonibie ne peut plus de])endre de I'Espagne. Les
■yictoires du Perou ont port^ le dernier coup au pouvoir de I'anrienne
inetropole; et quand m^nieon voudrait basarder de nouvelles expedi-
tions arniees centre ce pays , elles seraient vigoureusement repouss^es
et n'auraient aucun succ^s. Cbaque Colonibien deviendrait soldat,
et favorise par le cliniat, qui ne laisse point que d'etre fort incom-
mode pour des Europeens , il aurait promptement aneanti les forces
envoyees pour attaquer sa liberie.
On trouve pen de Francais a Colombie. J'ai rencontre a
Sainte-Marthe, un de nos compatriotes, M. R* , m^decin, qui fait
d'assez bonnes affaires. Du reste , le mauvais traitement que plu-
fiieurs Colombiens ont recu de^a police francaise, les intentions peu
bienveillantes du gouvernement francais a leur egard, I'oiivrage
satirique public receniraent centre eux a Paris par un de ses en--
voyes ; tout a contribus a diiuinuer les bonnes dispositions que les
habitans de ce pays portaient a nos compatriotes. On croit voir un
espion dans tout Francais qui n'a pas ici de grandes relations, et il
est soigneusement surveille. Si le gouvernement, mieux eclaire sur
les vrais inter^ts de la France et sur I'etat de ce pays , adoptait
un tout autre systfeme , nul doute que I'opinion ne change^t promp-
tement en noire faveur. Les Anglais sont I'objet d'une antipatbie
generate ; et ceux m^rae qui ont rendu des services a la Repu-
blique ontde la peine a triompber de la prevention peu favorable
qui s'attacbe aux bonimes de leur nation. On aime beaucoup ici la
langue et la litteralure francaises , et Ton manque de bons mailres
pour les etudier. Les liommes instruits sont excessivement rares.
Le gouvernement , qui en eprouve le besoin, est dispose a bien
accueillir et a employer ceux qui viendraien.t lui offrir leurs
services. J.-C. P. , Negociant.
Perou. — Introduction de Tenseignement mutiiel dans ce pays. —
Les journaux de laRepublique contiennent un decret,du libcrateur
de la patrie , Bolivar, qui ordonne que, dans cbaque cbef-lieu de
d^partement, il sera forme une Ecole normale, etablie rf'apr^s la
inetbode lancasterienne, on d'enseignement niutuel. Cbaque pro-
vince devra envoyer six enfans au moins, a I'ecole departementale ,
et ceux-ci seront ensulte charges d'orgauiser d'autres 6coles dans
■* ute I'^lendue de la repnblique. ( The Baltimore American).
573
ASIE.
Colonies anglaises. — • Population. — II r^sulte des derniers
recensemens faits dans les colonies anglaises, que la population
esclave s'eleve a 8a7,5oo. En general, dans les Indes occidentales,
specialement dans la Jamaique, le nonibre des femmes excede celui
des hommes, tandis qu'au contraire , dans les Indes orientates,
dans rile-de-France, par exemple , les esclaves du sexe masculin
sont les plus nombreux. Cette difference vient de ce que, les hommes
^tant employes a des travaux plus rudes que les femmes , la mor-
talite est plus frequente parmi eux ; si , dans les Indes orientales , la
proportion est en leur faveur , c'est que , dans ces dernieres colonies,
on a defendu beaucoup plus tard la traite des negres, et que les im-
portations d'esclaves etant toujours plus nombrcuses en hommes
qu'en femmes, il en est resulte que les colons possedaient, a I'epoque
de I'abolition de la traite, un surcroit d'esclaves males qu'ils n'ont
pu perdre encore entiferement. F. D.
Empire birman. — Bddment de guerre a vapeur. — On apprit, il y
a quelques mois, qu'un navire, mu par Taction de la vapeur , avail
cte construit pres de Calcutta, pournaviguer surle Gange; M.Fou-
rier , dans son beau Rapport sur les progres des sciences maihematiques,
a signale cet eveuement , comme un fait important dans riiistoire
de la navigation et dans celle des contrees maritimes de I'lnde. Les
consequences qu'il prevoyait n'ont pas tarde a se developper. La
guerre contre les Birmans ayant eclate tout a coup, ce navire nom-
me la Diane , fut acliete 80,000 roupies, par le gouverneur general ,
lord Amherst, pour etre employe a remonter les lleuves du pays
ennemi, malgre la force et la rapidite de leurs courans. L'ex^cution
a suivi de pr^s ce projet d'operations offensives, au moyen d'un
nouvel agent dont I'art militaire n'avait pas encore fait usage. Dans
la seconde bataille donnee pr^s de la ville de Rangoun , par une
armee de 5o,ooo hommes, qui- voulait en chasser les troupes an-
glaises, la Diane, commandce par un lieutenant de vaisseau, a mr-
noeuvre dans la riviere contre ime flotte de bateaux de guerre bir-
mans. La puissance de la vapeur a porte si rapidement ce navire
au milieu d'eux , que leur superiorite de marciie, a I'aviron, n'a pu
les faire echapper . et qu'abordes par lui , avec une force irresistible,
3o sur 3a ont ete renverses , briscs , desempares, pris ou coules bas.
Pour se faire quelque idee de la puissance necessaire pour pro-
duire de te!s effets , il faut savoir que les bateaux de guerre hir-
574 ASIE. — AFRIQUE.
mans ont,avec la structure d'un canot, la longueur de nos vaisseaux
de ligne ; ils ii'out pas nioins de 80 pieds de long sur 7 dc large; ils
sont armes de 5a avirons, dont la manoeuvre leur fait faiie 2 lieues a
riieure; etils portent aiscment cliacun iSohoninies prdls acombattre.
Leur elegance n'est pas nioins giande que la viiessede leur marche;
ils sont decores avec soin, dores en dehors , et peiiits en rouge au
dedans. Une flotte de Si de ces bateaux devait porter plus de 4,000
homines.
Ainsi, voila la navigation a la vapeur appliquee, pour la premiere
fois, aux operations actives de la guerre; et cette application a lieu
par les efforts du penple qui senible devoir en redouter le plus les
succfes , et a 4,000 lieues du pays auquel on doit cette invention
merveilleuse. A. Moreau de Jonnes.
Perse. — Ispahan. — Necrohgie. — Olah Phelair, celebre poete
persan , vient de mourir , dge de gfi ans. C'etait le Voltaire de la
Perse. II laisse apres lui un nombre tres-conslderable demanuscrits
sur les matbematiques, I'astronomie, la politique et la litterature.
Le Shah venait de lui accorder une pension tres-coiisiderable.
Baxavia. — .■Icadimie des sciences et arts. — M. I'avocat Meyer,
d' Amsterdam, I'un des correspondans de la Rc-ite Eucyclopedique ,
membre de plusieurs Societes savantes , auteur d'un des ouvrages
de jurisprudence les plus remarquables qui aient paru depuis Mon-
tesquieu ( Esprit des institutions jtidiciaires , dont la nouvelle edition,
publiee a Paris, sera bientot I'objet d'une analyse etendue dans ce
recueil ) vient d'etre admis au nombre des membres correspondans
de cette Academic. K.
AFRIQUE.
Alger. — Extrait d'line httre ecrile par un -vojageur qui isisite en
ce moment VAfrique, au DirecCeur de la Revue Encyclopedique. — Etat
de barbarie de V Afrique ; moyens de preparer I'amclioratioii du sort des
Africains ; — Proposition de former une Societe pour s'en occuper. — ••...
Je veux vous parler de I'Afrique, de cette vasteettoujours malheu-
reuse peuinsule qui , lorsque les autres contrces du globe avancent
j-apidenient dans ia carriere de la civilisation , reste toujours station-
naire, dans un etat affligeant d'ignorance, de degradation et de
barbarie. Sonclimat, ses deserts, le defaut de communications in-
terieures, soil paries fleuves , soil par des contrees habitables, I'es-
clavageet tons les fleaux qu'il engendre , voila sansdoute de grands
AFRIQUE. 575
obstacles centre lesquels beaucoup d'hotnmes genereux ont lutte
vainemeut : inais enfin, ces obstacles sont-ils insurmontables ? A-t-
on pris les moyens les plus convenables pour en triompher ? A-t-on
eu recours a la puissance d'une bonne education qui op6re, comme
Ton sait , tant de miracles ? Le comite des Grecs a Paris vient de
demander de jeunes enfans de cette nation pour les instruire ea
France. Deux jeunes princes Madecasses ont ete adresses, il y a
quelques annees , parM. Roux , agent francais dans I'ile de Mada-
gascar, a son fr^re, qui tient a Paris une maison d'education. Une
negresse du Congo, vendue comme esclave dans une de nos colo-
nies, a ete placee par un homme bienfaisant dans I'ecole des jeunes
fiUes , dirigee a Paris par M"if Quignon ; et sa bonne conduite et ses
progres I'ont fait remarquer. Encourage par ces examples , je pro-
poseraisla formation d'une Societe dont lebut unique, exclitsif,serah
la civilisation africaiiie. Ella s'attacherait a repandra sur le sol afri-
cain , dans les divers idiomes des peuples qui I'habitent, lasconnais-
sances 1 as plus elementaires et les plus utiles ; mais , par-dessus tout,
alle charcherait a se procurer de jeunes enfans des principales fa-
milies, aCn deleselever eu Europe. ..»Notre correspondant developpe
cette pensee, et fait voirqu'elle n'est point impraticable, qu'on peut
la realiser des a present, qu'elle atteindrait le but si desire de i)re-
parer de nouvelles destinees a une population nombreuse, et qu'elle
procurerait a la Fance des avantages commerciaux dont on concoit
aisemeut I'eteiidue et I'importance. II ajoute qu'il ambitionnerait d'etre
I'un das premiers souscrijateurs , etda contribuer de toute I'etendue
da sou zela, et eu raisou desa fortune, au but philanthropiqua de la
Societe.
Nous regrettons de ne pouvoir inserer en entier cette lettre inte-
ressauie, ni en discuter quelques vues qui semblent avoir besoin d'e-
claircissamens , et sur lesquellas nous reviendrons. Nous esperons
que ces ideas ne seront pas perdues , qu'elles seront meditees par
quelques-uns de nos ltcteurs,et que les seniences de bien qu'elles
reiiferment na tomberont pas sur une terre sterile. Nous les recom-
mandons surtout au zela eclaire da la Societe de la morale chretienne .
qui , dans ses nombreux comites , et grSce a leur action bienfaisante,
a dejarendudas services importans ala noble causa qu'elle a embras-
see. Des Grecs nialheureux et .'ans ressources ont obtenu des secours
au moyen dasquals ils sont retourues dans leur patrie ; des ccrits
itislructifs et utiles ont ete repandus pour eclalrer I'ojjinion sur les
speculations odieuses qui continuent encore la traite des Noirs et
sur las dangers des maisons de jeux et des loteries ; un certain nom-
576 AFRIQUE. — OCEIANIE. — EUROPE.
bre d'orphelins out ete arraches a la misere et places clans des ate-'
liers, sous les auspices et par les soins de jeunes patrons qui le»
prot^gent; des dons abondans ont ^te verses dans des families indi-
gentes et honorables; des souscriptions souvent renouvelces ont ete
offertes a tons les genres de malheurs. II est digne de cette Societe,
qui applique les principes de la morale chretienne aux relations so-
ciales , et qui etend ses soins charitables a tons les membres de la
grande famille humaine qui peuvent en avoir besoin , d'appeler
I'attentioii sur le vaste continent de I'Afrique , ou deja plusieurs
voyageurs zeles vont exploiter des contrees inconnues, et d'organi-
ser un comite special, analogue a Vinstilution africaine etablie a
Londres, et quipuisse entrer en relation avec elle et s'associer a ses
nobles efforts pour atteindre le m^me but.
L'estimable pliilantlirope qui nous a ecrit la lettre dont nous ve-
nous de donnerl'ex trait , et que nous remercions ici des interessantes
communications qu'il vient de nous adresser, est invite a continuer
de nous transmettre les faits importans et iustructifs, les vues de bien
public et les observations utiles que peuvent lui fournir les diffe-
rentes contrees qu'il parcourt dans ses voyages. M. A. J.
OCEANIE.
NouvELLE-HoLLANDE. — Notivel EtabUssement anglais. — Cat eta-i
blissement est situe au nord de la Nouvelle-Hollande , sur le detroit
d'Apsley, entre les lies Bathurst et Melleville. Les Anglais y ont
bati un fort et ont pris possession de toutela cote, depuis le 129*
jusqu'au 135" degre longitude est. — Cette nouvelle colonic promet
de devenir d'une grande importance commerciale. Elle est situee a
quelques jours de traversee des lies des Epices , qui appartiennent
aux Hollandais , et vis-a-vis le jjort Cookburn ( Noiu'elle Guinie ).
Le site en est fertile; la mer abonde en trepang , si rechercbe a la
Chine, et tout fait penser que, dans le cas d'une rupture de I'An.
gleterre avec leur gouvernement , les Chinois apporteraient eux-
m^mes leur the sur ce point. F. D.
EUROPE.
ILES BRITANNIQUES.
iienseignemens sur lei population de V Angleterre. — Cos rensei-
gnemens sont tires d'un Appendlce public en juiliet dernier , pour
dtre annexe a la je partie du G° volume de XEncyclopidie Briiaii-
iiitfiie.
ILES BRITANINIQUES.
J/7
Tableau sommaire de la population des trois royaumes ,
en i8ai.
Maisons.
2\ Families.
HonMnes
, Femmes.
Tot. de lap.
2,o36,3i7
2,346,717
5,483,679
5,777.75**
11,261,437
140,820
146,706
350,487
366,951
ECOSSE.
356,536
447,960
983,552
1,109,904
2,093,455 3i9,3oo
319,3
2,533,673
2,941,383
7,137,018
7,254,6i3
14,391,631
. 7-7-438 ^ _,
Population de rirlande 68,46949
Population des lies voisines de I'Angleterre. 92,122
Total general de la population. 21,330,702
(i) La plus
grande pariio
de ces trou-
pes sont em.
ployees daus
ies posses -
sions angloi-
ses.snrlesdif
ferens points
du globe.
Tableau comparatif de I'etat de la population de la Grande-
Bretagne , en i8oi , 1811 et 1821.
PAYS.
1801.
1811.
i8ai.
Angleterre
Galles
Ecosse
8,33t,434
541,546
1,599,068
9,538,827
611,788
i,8o5,688
11,261,4,37
7 J 7438
2,093,456
Total. . . .
Armee et marine. . . .
10,472,448
470,598
i,i95,63o3
640,500
i4,072,33r
3i9,3oo
Total geheral.
10,942,646
12,596,803
i4,39i,63i
Ces recensemens ont ^te fails par oidre du gouvernement anglais
Ies 10 mars 1801 , 37 mai 181 1 , ct 28 mai 182 i .
T. xwii. — Aoitt i8a5. "^^
578
EUROPE.
Tableau sominairc des mariages , naissances , th'ces , arrives
en Jngleterre et dans le pays de Galles , de 1816 // 1820.
ANNEES.
MARIAGES.
91,946
88,234
9''-.779
95,57 1
96,833
NAISSANCES.
DECiS.
i8i6.
1817.
i8i8.
1819.
1820.
33o,iii9
33i,58'3
33i,384
333,261
343,660
205,959
199,260
213,624
2 13,564
208,349
Tableau des Compagnies de commerce , de mines , d'agricul-^
ture , etc.,formees en Angleterre dans Vannce 1824 el pen-
dant les premiers mois de iSaS.
NOMBRE
des
■ OHVAGTtlES
BUT D.VNS LEQUEL ELLES SONT FORMKES.
33
48
42
6
8
4
34
20
23
4
i»
"^
Pour construction de cauaux et chantiers ....
Pour construction de routes en fer {^rail road) . .
Fabrication ct eclairage pour le gaz
Commerce du lait
Approvisionnement d'eau
Exploitation de mines de cliarboo
Exploitation de mines d'or , d'argeut, etc. . . .
Pour assurances maritlmes.coutre I'incendie, etc.
Etablissemens dc banques , etc
Pour f'luruiture de farine , grains , etc
Pour navigation, paquibots, etc
Pour peclie
Pour la pecbe des perles
Pour culture d'iudigo , de sncre
D'agriculture
Etablissemens de manufeclures en Irlande. . . .
Pour cmbellissemcns de Londres
Pour construction de routes sous la Tamisc. . . .
Pour etablissemens de baias de mer
Pour etablissemens de jouruaux
Pouf divers obiets
T0TAI-. . . livres sterling.
Ou en francs.
17,753,000.
22,454,000.
ii,tio,ooo.
565,000.
1,750,000.
2,750,000.
24,495,000.
41,800,000.
2 1, (it 0.000.
410,000.
5,540,000.
1,600,000.
625,000.
io,5oo,ooo.
4,000,000.
2,5oo,ooo.
r,4to,ooo.
2C0,000.
75o,ooo.
460,000.
i,832,o5o.
174,1 i4,o5o,
4,352,85o,95o.
Outre ces ayfi compagnies , 29 autre.s sent maintenant en instance
lUlires du Parlement pour obtenir leur autorisation. F. D^
ILES BRiTAiSNlQUES. 5^9
LowDRES. — Travaux dn Parlement pendant la demikre session.— L'un
de nos coUaborateurs nous communique une lettre que lui adrcsse de
Londres, a la date du i5 aout de cette annee , uii ayocat a la cour
de Chancellerie, qui lui donne des details interessans sur les prin-
cipaux travaux du parlement Britannique, pendant la derniere
session , et sur les ouvrages les plus remarquables qui ont paru
depuis quelque tems en Angleterre. Nous croyons que nos lecteurs
seront bien aises de trouver ici uu extrait de cette lettre : << La der-
niere session a ete tres-importante , quoiqu'ostensiblement elle n'ait
pas ete d'un grand infer^t public. Sa principale direction s'est
tournee vers la reforme de nos lois , et Ton a fait un commencement
de tentative pour les mettre dans une esp^ce d'ordre. Cette tentative
a etc tres-peu de chose, il est vrai , mais elle n'en est pas moins
remarquable, car on nous a dit que nos his eCaient la perfection
de la raison humaine. Le nouveau bill du jury a ele le plus
important. Tous les actes du Parlement concernant la banque-
route ont ^te refondus en un seul. I,a meme chose a ete faite
pour les lois concernant la navigation , les douanes , I'irapot applique
aux objets de consommation ^excise) et le commerce avec les
colonies. On en a fait aussi, sur la mani&re de proceder des cours
de justice, deux ou trois qui sont tres-importantes, et qui aurout
pour effet de prevenir les depenses et la longueur des proces ; tel
est particulierement un acte pour empecher les appels mal fondes ,
qui etaient encourages en raison des droits que Ton payait aux
officiers de la Cour. Une importante loi, etablissant des juridictions
locales pour les petites causes, correspondantes aux tribunaux de
premiere instance en France, a ete rejetee par la Chambre des
lords; mais on espere qu'elle passera a la premiere session; et
M. le ministre Peel a pris a tdcbe la reforme des lois crimiaelles.
Le traiteraent des juges a ete tres-augmente dans la derniere
session: celui des trois presidens (chiefs justices) de la Cour du
ban du roi , de la Cour des plaids communs et de I'Echiquier a ete
porte a environ 8,000 livres sterling, chacun , par annce, et celui
des aulres reuf juges a 5,5oo livres sterling; la vente de tous les
offices qui en dependaient a ele abolie. Cette mesure a cause une
grande satisfaction, en rendant les juges plus independans, et en
mettant leurs fonctions a meme d'etre acceptees par les avocats lies
plus celfebres et les plus occupes, qui les auraient formellement
refusees , a cause des ancieos appointemens. — Eii un root , le
58o EUROPE.
parti liberal , dans ce pays, est tr^s-satisfait de la marche du gou-
vernement qui , sans aucun doute , raffermit toutes les institutions
libres de I'Angleterre.
Liiteratiiie. Nous n'avons rien de trfes-nouveau en ce genre le der-
nier romnnde Wai-tkr Scott, les Croisades, a cause un grand desap-
pointement, enne repondant pas a I'attente generate. Le dernier ou-
vragehistorique de quelque importance, est une Histoire d' Ani^leterre
pendant la Rcpubliqne , par Brodies , qui a paru an commencement
de I'aniiee. L'auteur y a rendu justice a Cromwel et aux republicains,
et a convaincu Hume de la plus grande partialite. Le recit de la
campagne de Jiiissie , par M. Philippe de Scgur, a excite ici le plus
vifinteret; il a ete lu par tout le monde, tant en francais que dans
une traduction anglaise; (i) aucun ouvrage, a ma connaissance, n'a
jamais attire autant I'attention publique. — II n'a rien paru de
nouveau en jurisprudence; mais les luimeros des recueils de juris-
prudence (^reported cases) ont ete publics regullerenieut, ainsi que des
traites sur differens sujets qui presentent une collection de cas,
redigee , comnie vous le savez, sans aucun ordre systematique ; il
faut en excepter toutefois un ouvrage de Miller, sur VEiat actuelde
la legislation (voy. ci-dessus, p. 142); livre qui est tres-bien fait
et qui indique les principaux vices de notre syst^me d'admiiiistration
judiciaire. » Y.
— Institution poiirl'inst?iiction des artisans. — Le docteur Birkbeck,
president de cette institution, a fait, le 8 juillet, I'inauguratlon de
ramphitbeatre construit pour les seances de la Societe. Get edifice ,
parfaitement approprie a sa destination , pent contenir plus de
douze cents auditeurs , et la voix du professeur peut ^tre entendue
tres-dislinctement dans toutes les parties de la salle.
Le docteur Birkbeck, dans son discours d'ouverture, a traile des
avantages de I'instruction intellectuelle pour les artisans; il a fait
Teloge des bommes publics qui ont soutenu I'lnstitution , particulie-
rement de sir Francis Burdett et de M. Brougbam. — Ce dernier a
prononce ensuite un discours seme de plaisanteries qui ont souvent
^gaye I'auditoire. — II a paye un tribut de reconnaissance au fonda-
teur de I'lnstitution, M. le docteur Birkbeck; puis aux editeurs du
Mechanics Magazine, qui, apr^s un essai des plus heurcux, en
^i) Ou vicut tie Ic tradnire aussi en suedois. N. d. R.
ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 58i
Ecosse, recommand^rent avec chaleurla formation d'une institution
des artisans dans la capitale. Deja des ^tabllssemens semblablcs so
multiplient en Angleterre; on en compte trente un iiouveaux depuis
le I" Janvier de cette annee, et I'on en trouve jusque dans les vil-
lages; tant le desir de s'instruire est vif chez le peuple anglais (i) !
Le due de Sussex a temiine la seance, en proclaraant I'utilite de
retablisseraent et en declarant qu'il serait toujours pr6t a I'appuyer de
tout son pouvoir. M. A. J.
— Monnoyage. — II resulte d'un rapport officiel, public par
le gouverncment anglais, qu'il a ete frappe ici , depuis le i*'^ juillet
1824 jusqu'au i"' juillet de cette annee, pour 5,o4o,3oo livres
sterling ( 126,007,500 fr. ) de monnaies d'or, et pour 131,761 livres
sterling ( 3,294,025 fr. ) de monnaies d'argent.
( The news oflitterature and fashion) .
— Exportation d'or et d'argent. — Depuis le i^'' jauvier 1824
jusqu'a la fin de juin iSaS , il a ete exporte d'Auglelerre, suivant les
registresdes douanes, en monnaies d'or et d'argent, savoir :
Or 8,55o,ooo livres.
Argent 3,223,879
Exporte sans declaration a la douane 5, 200,000
Total. 16,973,879
Pres d'un million sterling, ou vingt-cinq millions de francs, par
mois. Times.
RUSSIE.
Saint-Petersbourg. — Mines de la Russie. — Un des journaux
periodiques de cette capitale donne un releve interessant des pro-
duits des mines d'or et d'argent en Russie, depuis 1818 jusqu'en
i8»4- De 18 18 a 1828, les mines de la couronne avaient fourni
io3 pouds (lepoud est de 40 livres) 25 livres d'or pur et 8 pouds et
demi d'argent pur; les mines des parliculiers 259 pouds 25 livres
d'or pur et 20 pouds 21 livres d'argent pur. Pendant le second
semestre de 1824, les mines de la couronne out fourni 24 pouds
(i) Esperons que le meme desir, non moins vivement senti en France, y
fera multiplier des institutions du meme genre , des ecoles industrielles de me-
canique, de chimie, de dessin, d'economie , etc., appliques aux arts et metiers.
M. Charles Dupin a donne, sous ce rapport, au Conservatoire des arts, a
Paris, un bon et utile cxemple, qui a deja trouve des imltateurs dans quclques-
nnn de nos departemcas.
Hoj. EUROPE.
luiivres d'or pur et 2 pouds six livres d'argeiit pur; celles des par?
ticuliei's 76 pouds 57 livres d'or pur et 6 pouds 5 livres d'ar-
gent pur. D — f.
— Societe des Mines. — Le gouvernement vient de fonder un etablis-
sement, qui doit avoir d'importans resultats. Un comity scientiCque est
charge de rediger lui Journal des Mines, qui paraitra tous les mois,
et embrassera toutes les decouvertes et toutes les notions scienti-
Cques qui ont rapport a I'exploitation des mines et des salines. En
meme teins , dans les priucipales administrations des salines, on eta-
blit des Societes des Mines , sous la presidence des chefs de ces arron-
dissemens. 'Les membres y presenteront leurs vues et leurs dccovi-
vertes , qui seront trai>smiscs au comlte de Saint-Petersbourg. Ces
Societes oat encore plusieurs aiitres attributions.
— Erection d'tin riotifeau bdliment poiiria Douaiie. — Le 29 juillet der.>
nier, le ininisire des finances , accompagne des chefs du departement
du commerce etranger et d'un grand nombre de negocians, a pose so-
lennellement , sur la place de la Bourse, la premiere pierre de la
nouveHe douane. Get edifice aura 96 toises de longueur sur 1 2 de lar-
geur ,et il sera tellement au-dessus du niveau de la place que, m^me
lors des plus fortes inondations , les niarchandises ne pourront dtre
endommagees.
Moscou. — Fondation d'un InstitiU Technologique. — D'apres la
presentation du ininistre des finances, I'empereur a approuve le
3i mai , le projet de retablisseraent dans cette ville d'un Institut
Technologique, dont le but est de propager les sciences necessaires
pour faire prosperer I'ixidustrie nianufacturi^re. On y admetlra des
jeunes gens de condition libre, Sges de 16 a 24 ans; I'instruction leur
sera accordee dans I'lustitut gratis. Les sciences qui leur seront en-
selgn^es , sent : la science du commerce, la statistique mauufactu-
riere, I'.irt de connaitreles marchandises, la chimie, la technologic,
la mecanlque et I'hydrotechnique appliquees aux manufactures, et le
dessin. Ces sciences composeront le cours general qui durera deux
ans; apr^s cet espace de tems , les elfeves seront distribues , d'apres
leur propre choix , dans les cours speciaux, ou Ton enseignera les
connaissances plus detaillees, necessaires pour la conduite des tra-
vaux dans les teintureries , les manufactures de draps, de soie , de
colon , de foile, de cuir, de glace , de cristal , de porcelaine et de
faience. La duree de ces cours est d'une annee. Apr^s avoir fini
leurs eludes, les eleves sortiront del'Institul, avec un certificat at-
testant les connaissances qu'ils auront acquises. ('■
RUSSIE. — POLOGiNE. — SLEDE. 5S3
Necrologie. — La Russie a perdu, vers la fin de I'annee i8a3, deux
de ses poetes les plus dislingues, Kapnist et DoLGonouKt. Le pre-
mier, parent et ami du celebre Derjavin , est mort en octobre, dans sa
soixante-sepiitme annee, et le second , au mois de decembre suivant»
a I'dge de soixante ans. — Kapnist s'ciait fait connaitre par plusieurs
productions reroarquables par I'energie du sentiment et la force de
I'expression ; mais c'est surtout a sa comcdie de lu Chicane, (labeda^
qu'il doit sa grande celebrite. Cette piece est ce que la scene russe
poss^de de micux, .ipres les deux comedies de Fon Viesin : le ItJineur,
(Nedorosle) (i) et /e Brigadier , ( Brigadir ) — Les poesies du priiice
Dolgorouki ( Buitie moevo serdsa ) respirent a un haut degrel'amour
de la patrie et de la verite. II s'est distingue surtout dans I'epilre et
dans la satire. On pourrait desirer parfois un peu plus de correc-
tion dans son style. E. H.
POLOGNE.
Amelioration du sort des Juifs. — L'empereor Alexandre , ayant
egard au nombre actuel des Juifs , et a la necessite de substituer un
ordre de choses fixe a I'etat provisoire oii ils se trouvent niaintenant,
a publie une ordonnance qui contient en substance : qu'il sera forme
un comite particulier, auquel les Juifs du royaume auront a s'adres-
ser dans toutes les affaires qui conccinent leurs rapports generaux;
que ce comite doit examiner les ordonnances et les r^glemens rendus
a differentes epoques , relativement aux habitans Israelites , et faire
parvenir ses observations sur ces actes au lieutenant-general du
royaume dans le conseil d'etat, par le canal du ministre des cultes
et de I'instruction publique. Ce merae comite est autorise a faiie des
propositions , tant en ce qui concerne les modifications jugees neces-
saires pour le bien des Juifs dans les reglemens suivis jusqu'a pre-
sent , que pour les reglemens nouveaux qu'il est a propos de faire
dans ce but. Le comite sera compose d'un directeur, de deux asses-
seurs , un chef de bureau et deux secretaires : il y sera adjoint une
chambre d'avis , formee d'un president et de cinq autres membres ,
qui tons devront ^tre Israelites. D-
SUEDE.
Stockholm. — Etablissement d'line Ecole Technologiqiie . — Le gou-
vernement voulant favoriser le developjiement et les progres de I'in-
dustrie par une instruction popnlaire et industrielle , plus facilement
accessible et plus generalement repandue, vient d'arreter Tetablisse-
(i) L'auteur d'une traduction de cette piece, dans la Collection des Theatres
elrangers , a cru pouvoir traduire ce litre par celui de Dadais.
584 EUROPE.
mentd'iine Ecole Technologique , dont les cours, analogues a ceux
du Conservatoire des arts et metiers de Paris , seront ouverts aii niois
de Janvier prochain.
— Societi formic pour I' exploitation des mines de sel. — M. Charles
Knab , Saxon, au nom d'une societe formee 4 Dresde, a demande
et obtenu du gouvernement su6dois la permission de chercher a scs
frais dans ce pays et d'exploiter des mines de sel et des sources d'eau
salee.
— Etablissement d'une pclile Poste. — M.Keuner, n^gociant suc-
dois , a egalement obtenu I'autorisation du gouvernement pour I'eta-
blissement d'une petite poste dans la ville de Stockholm. D.
DANEMARCK.
CoPENHAGUE. — Sovrds >■ Mtiets — M. Abrahamson , dont nous
avons eu souvent occasion de parlor dans ce Recueil , ne borne pas
le cercle de son activite aux seules ccoles d'enseignement mutuel. II
est encore un des membres les plus actifs places par le gouvernement
a la tetede I'instilution des Sourds-Muets a Copenhague. Autrefois, cette
institulion ne pouvait recevoir qne 5o eleves; depuis quelque terns,
elleen recoit 70, et Ton fait des dispositions pour en placer jusqu'a 90.
C'estla, d'apres le dernier recensement, le nombre de sourds-muets
qui existent dans les etats danois , sans y comprendre ceux dont les
parens out les moyens de leur donnner, dans la maison paternelle,
I'instruction necessaire. Un autre etablissement du mdme genre ,
forme a Sleswig , recoit tons les sourds-muets des provinces alle-
mandes du Danemarck.
— Lithographic. — On sait deja que M. Abrahamson est aussi I'in-
troducteur de la lithographie en Danemarck, ( T'oy. t. xxiv, p. Safi).
Independamment de plusieurs ouvrages qu'il a fait exdcuter par ce
precede, ii a commence la publication d'un atlas national dont il a
deja paru dix cartes , reprdsentant toutes les iles europeennes qui ap-
partiennent au Danemarck, excepte celles de I'lslande et de Feroe.
Quatorze a.itres feuilles , qui seront successivement publiees , reprd-
senteront les possessions continentales de S. M. danoise. Nous ne
pouyons nier que , dans ce genre , M. Abrahains'm n'ait fait des pro-
gri^s sensibles vers la perfection ; cependant , nous croyons devoir lui
conseiller de s'attacher plutot a une elegante simplicite, qu'a ces
formes golliiques dont nous avons dejA eu I'occasion de parler en les
hUmant. ( yqr. t. xxvi, p. iSj, cabier de .////" , I'article sur les co-
P'-'dies de Til. Holberg, et principalemeut la note jointe a cct article).
HKIUltliC.
585
ALLEMAGNE.
MoRAVlE. — ^griciiltuTe. — Invention d'line noiivelle charrue. — Un
cultivateur de cette province vient d'iuventer une charrue, qui, trai-
nee par un seul cheval, trace a la fois quatre sillons. La Societc
d' agriculture lui a decerne une medaille d'or.
Prussb. — Industrie. — Culture de la sole. — M. Bolzani vient
de prouver que Ton peut cultiver la soie dans la plus grande par-
tie des etats Prussiens, avec le meme succes qu'a Milan et dans le
Piemont. Malgre les difficultes occasionees par les pluies conti-
nuelles qui sont tombees cette annee en Prusse , et par I'ignorance
ou Ton y etait generalement encore a I'egard de cette Industrie , ii
est parvenu a oblenir mille livres de cocons parfaitement files , dont
il retirera probablement roo livres de soie fine, qui ne sera pas in-
ferieure aux meilleures soies de la Haute Italic. D — f.
— Berlin. — Etnblissement d'vn pont en fer siir la Hnvel. — Ce pent,
construit pres de Potzdam , a ete livre au public, le i'"' aout der-
nier. II est compose de 9 arches en fer, fondues en Silesie; sa lon-
gueur est de 600 pieds j la largeur du pave pour les chevaux, de
20 pieds, et chacun des trottoirs de 5 pieds.
— Elberfelu. - — Socicce allemande americaine pourPexploilalion des
mines du Mexique. — ■ ( Voy. ci-dessus, p. Sjo.) — Le 28 juin dernier,
vingt mineurs parfaitement iustruitset exerces auxtravaux des mines
out ete rcunis ici , en consequence du contrat conclu avec la direc-
tion de la Societe allemande americaine. A leur depart d'Elberfeld,
M. Kamp, president de la Societe , leur a adresse un discours toii-
chanl, qui ne peut manquer de les affermir dans leur resolution
de faire toujours honiieur par leur conduite a leur nation et a la
ville qui les envoie en Amerique.
— Berlin, 28 aout. — Academie Royale. — La derniere seance publi-
que de notre .'Vcademie a offert plus d'inter^t que Ton ne peut s'at-
tendre generalement a en trouver dans ces reunions. M. Guillaunie
de Humboldt, frere du cel^bre voyageur du meme nom , a lu une
traduction metrique de plusieurs morceaux du grand poeme philo-
sophique et religieux , appele Bhagavad- Gicah. II y a joint des dc-
veloppemens sur la metaphysique des Indous , comparee aux s) ;.-
tfemes des Grecs. On est agreablement surpris de voir que M. G. de
Humboldt , savant traducleur et conimentateur de Pindare et de
.So|)liocie , soit inilie aux secrets de la grammaire samskrite,-comme
il Test a ceux de la langue basque et des idiomes primitifs du nou-
586 liUROPE.
veau Continent. Ou ne pent qu'altendre de ces conuaissances va-
rices des travaux qui viendront ajoiiter a la somme de nos acquisi-
tions litteraires, et dont'les autres peuples de I'Europe s'empresseront
de profiler. D.
Baviere. — Uiiwersites. — Le nombre des etudians de Lands-
hut, runiversite la plus ancienne de la Baviere, surpusse depres d'un
quart celui de I'universite de Wurzbourg. Dans I'annee courante
ooo. Les donateurs
exlernes ont rivalise avec les societaires , tant anciens que modernes,
pour accroitre la bibliotheque , et I'enrichir d'ouvrages precieux et
d'une utilite generale. Parmi les dons, on remarque celui que M. le
professeur de Candolle a fait d'une collection en langue espagnole ,
de journaux et de documens officiels sur le Mexique , qu'il teuait
lui-m6me de I'amitie de don Lucas Alaman, ministre des affaires
etrangeres de la nouvelle republique. Les plitres des busies de
J.-J. Rousseau et Ch. Bonnet, places au jardin botanique, com])le-
tent la galerie des Genevois celebres dont les portraits ornenl les
salles de la Societe.
— En 1824, il a ete recu 94 journaux differens, dont 54 francais,
22 allemands , 16 anglais, 2 ilaliens : 7 sont consacres a la theolo-
gie , 6 a la jurisprudence , 20 aux sciences et aux arts , 7 a I'agricul-
ture, 6 aux sciences medicale? , 8 a la litterature et aux beaux-arts ,
% aux voyages ; 22, dont i3 quotldiens , a la politique, 3 a des an-
nonces; les i3 autres sont des journaux mixtes.
■ — Les achats de livres se sont eleves, en 1824, a 6,821 flo-
rins , ou 1,996 fr. de Suisse , environ 3,ooo fr. La bibliotheque s'est
accrue, pendant ce terns , par achats, de 369 volumes et de 40 bro-
chures ; par dons de tout genre, de 3io volumes et de 207 bro-
chures; et par reunion de journaux, de 220 volumes: elle monte
D90 EUROPE.
actuellement a 12,600 volumes, qui out coute a laSociete 90,189 flo-
rins, ou a8,483 fr. de Suisse, environ 44iOoo fr. — La circulation
des livres a domicile s'est elevee , en 1824 , a i i,i5o volumes. — De
nouveaux registres mieux etablis rendrout desormais I'inspection de
la bibliolh^que plus facile, et permettront non-seulement de faire
des inventaires exacts et rigoureux , mais encore d'etablir des resul-
tats annuels et comparatifs , pour 20 et m^nie 4o ans.
Le rapporteur finit en faisant remarquer que c'est au prix d'une
modique retribution journali^re de t3 centimes, que tous les a van-
tages signales sont obtenus , et que les societaires elevent un mo-
nument national aux lettres et aux sciences, pour eux et pour leur
posterity. ( Extrait du Nouveltiste f^audois. )
ITALIE.
TuRiif. — Invenlions et decouvertes en inecanique. — M. Jose/h
Maseka est, dans I'histoire des arts, un de ces phenomSnes qui
attirent vivement I'attention des connaisseurs. De I'etat le plus
obscur, sans education , sans secours etranger et par la force seule
de son genie , il s'est place a cote de ces hommes celebres qui ue
doivent leur renonimee qu'a eux-niemes. Ne dans le village de
Montfalcone , pres de Chieri, il gardait les troupeaux et labourait la
terre , lorsque la vue d'une horloge du sifecle passe ct d'une pendule
a rouages de bois en Ct un horloger si babile, qu'il put bientot ^tre
compare aux hommes les plus distlngues de sa profession. II se fit
d'abord remarquer par ses pendules a personnages mobiles , et
par celles qui jouent des airs ; mais une pomme de canne en laiton
acbeva de le faire connaitre, et donna la niesure des ouvrages im-
portans que Ton devait attendre de lui. Cette pomme renfermait
une petite statue de David , jouant de la harpe , et faisait entendre
les sons d'un petit orgae. Les raouveraens des bras et de la tdte de
la petite statue etaient si naturels et si convenablement adaptes
a la melodic, la t^te du roi prophete si expiessive, qu'il paraissait
inspire , et que Ton croyait reellement entendre resonner les cordes
de la harpe.
Peu content des instrumens qui ne jouent qu'un certain nombre
d'airs dependant des dimensions de leur cylindre , Masera inventa
son Pan tophone que les Italiens appeWenl Siionatiitto, a I'aide duquel
on rend exacleraent toute la musique que le professeur le plus habile
ueul exccuter sur un piano. Mais , pousse par son imagination
feconde, il n'avait pas mdme tcrmine cat instrument qu'il imagina le
ITALIE. 59 r
miisicographe , qui sert a ecrire la musique taudis qu'on I'execute,
et qiii conserve les raesures , la valeur des notes , les accidens , les
pauses , les soupirs, avec tant de precision, qu'en appliquant relte
^criture particulifere sur le Pantophone , celui-ci reproduit parfaite-
ment le morceau. II est a remarquer que ces deux instruinens
peuvent ^tie reuuis ou separes a voionle , et I'auteur les a telleraent
simplifies, qu'il suffit de quelqiies minutes pour les adapter a un
orgue , ou a toute espece de piano. — La ne se boinent point les
travaux de Masera ; nous citerons encore la machine a graver qui
permet a I'ouvrier de tracer les lignes droites ou courbes a telle
distance qu'il les veut les unes des autres , sans craindre que le burin
se derange; enCn la machine a tourner et a polir Its canons de fusil
qu'il a execute e pour I'Arsenal royal. Cette machine differe essen-
tiellement de celle qui est connue en France , et dont Masera n'avait
jamais entendu parler. EUe peut ^tre employee a polir telle piece
metallique qu'on voudra, et peut operer, a la fois , sur douze
canons , et meme sur un plus grand nombre.
Nous finirons en faisant remarquer que Masera n'a encore que
trente et quelques annees. Que ne doit-on pas attendre de son genie
mecanique si etounant , aujourd'hui qu'il est apprecie dans son
pays , encourage par le prince et employe dans I'Arsenal ? ( Extrait
de la Gazette de Panne , n°* 34 et 36 ). F. Salfi.
RoaiE. — Publications prochaines. — On annonce, comme devant pa-
raitre incessamment, une traduction grecque et italienne des Sentences
morales du philosophe indien Sanakea. Get ouvrage semble devoir fixer
I'attention de ceux qui cultivent les lettres ou la pbilosophie. Le tra-
ducteur, M. Nicolo ChiephaJa , de Xante, est deja connu par plu-
sieurs ouvrages importans, et surtout par ses cartes hydrographiques
dela Mediterranee, de I'Arcliipel et de la mer Noire. II a fait pre-
sent a la bibliothe que duVatican del'origiual indien, ecrit en dialecte
samscrit. On esp^re que M. Chiephala ne tardera pas a livrer au
public un autre ouvrage d'une grande importance qui doit offrir la
description de la ville sacree de Benares el des details sur les
divinites, les usages et les lois de ses habitaus , ainsi qu'une carte
geographique de I'Tnde.
— Beaux arts. — Peinture. — M. Wicar vient de terminer un tableau
dont I'execution lui a ete confiee par la commission royale de Naples
et qui doit etre phice dans la nouvelle Eglise de Saint Francois de Paule.
Ce tableau , de douze palmes de hauteur sur huit de l.irgeur , repre-
sent e le Mariage de la rierge. L'auteur s'est ecarte de la jilupart de*
Sga EUROPE.
traditions , en repr(5sentant saint Joseph a la fleur cle I'^ge et n'ay.int
que fort peu d'ann^es de plus que celle qu'il doit epouser. La Vierge
est a genoux , couronnee de roses blanches , elletend la main qui doit
recevoir I'anneau nuptial. Le grand - pr^tre , v^tu des habits sacer-
dotaux, etcnd les bras sur les nouveanx eponx. Les figures placees
autour du groupe principal lui donnent une grande variete : on y
voit deux jeunes enfans tenant les vases des libations , les compagnes
de la Vierge, un scribe, un guerrier romain , un pharisien qui
louche un rideau et laisse voir dans le lointain le chandellier a sept
branches, et sur-tout le jeunehomraequirompt une baguette, episode
deja place dans des tableaux connus. Une joie viveet pure est repandue
sur toutes les figures , ettous les personnages semblent comprendre la
solennite d'une telle cereraonie. Romen'a qu'unevoix pour admirer ce
nouvelouvrage, qui dolt ajouter encore a la reputation de M. Wicar.
— Sculpture. — Le sujet A'Eudore et Cymodocee avait deja fourni
aux beaux arts et a la litterature plusieurs ouvrages interessans. II
vient encore d'inspirer un elevedu cel^bre Torwaldsen,M. TEWERAai.
Le has relief qu'il a expose dans I'atelier de son maitre , annonce a
ritalie un artiste de plus. Sa conception est pleine d'inter^t ; les
figures d'Eudore et de Cymodocee, a genoux vis-a-vis Fun de I'au-
tre et respirant I'enthousiasme et la resignation, paraissent surlout
meriter des eloges. On felicite aussi M. Tenerani de n'avoir point
imite servilement I'antique et d'avoir execute un sujet aussi com-
pliqu6 avec une puretede gout qu'il doit au maitre habile qui I'a forme.
/. Adrien Lafasge.
ESPAGNE.
Decret contre la libre importation des livres venant des pays etran-
aers. — La Gazette de Madrid, du i8 juillet , public un long decret.
sur les librairies etrangferes : les livres ne pourront entrer dans le
rovaume que par les bureaux ou il y aura deux censeurs , I'un
nomme par le president du conseil, I'autre par I'^veque diocesain.
Une commission s'occupera de la redaction du catalogue des livres,
papiers et estampes qui pourront ^tre iutroduits; et , pour sub-
veuir au paiement de ces censeurs , il sera prelev6 un droit de
ID pour loo sur les prix de facture. Les livres ou brochures qui
out ete introduits ou imprimes en Espagne depuis le 7 mars 1820
jusqu'a la restauration , sont retires de la circulation, h dater d'au-
jourd'hui; cependant, les censeurs pourront faire des exceptions.
Tous les chefs d'ordres e't de couvens et le haul clerge sont char-
ges de rexccution du decret. — On doit plaindre un pays ou lei
ESPAGNE.— PAYS-BAS. SgS
hommes qui entourent, qui conseilLent et dominent le gouverne-
meut, cherchent, parlous les moyens possibles, a etouffer et re-
pousser les lumieres, et a genei- le libre developpement des facultes
humaines dans toutes les spheres ou elles pourraient exercer leur
activite. Cependant , sans liberie , sans lumieres , sans inslruction ,
il n'y a plus ni sentiment de sa dignile et de ses devoirs , ni mora-
lite, ni induslrie, ni production df richesses, ni aisance , ni ordre
public , ni garanties , ni prosperite particullere ou publique; alors ,
quelle doit <^lre la destinee d'un pays? el que deviendra le gouver-
nement lui-m(5me, qui detruit tous les gernies de la vie sociale et
tous ses moyens d'autorite et meme d'existence ? O combien le sage
et bon Henri IV et son grand minislre Sully enlendaient d'une
autre maniere les soins et les devoirs de la royaute , les interets du
trone et ceux des peuples! M, A. J.
PAYS-BAS.
Bruxellks. — V Academic royale des Sciences , apres avoir cou-
ronne I'ouvrage de M. Moreau de Jonnes , intitule : Recherches sur les
changemens prodiiits dans I'etat physique d»s contrees , par la destruction
desforets , a decide que cetouvrage serait imprime dans ses Memoires;
et donnant a I'auteur une nouvelle marque de son estime , elle a bien
voulu radraeltre au nombre de ses associes.
— Pcrfectionnemens apportes a la charrue. — On apprccie de
plus en plus en ce moment, dans la province de Namur, les avan-
tages de la charrue a pied et sans avant - train , perf'ectioiinee par
les soins de M. de Val de Baronville , membre de la commission
d'agriculture de la province de Namur. — Le perfectionnement
consiste : i° en ce que la charrue est beaucoup plus longue , ce qui
la fait mieux aller, lors meme qu'elle n'a qu'un seul soc ; 2° en un
second soc, pose en avant du grand, precede d'un petit coutre ,
lesquels s'ajoutent et s'6tenl a volonte , dont I'effet est d'enlever les
herbes, les chaumes , les fiimiers , et une legere couche de terre,
pour les enfouir dans le fond de la voie, oil ils sont sur-le-champ
reconverts par le grand soc, aussi precede de son coutre.
L'effet de cette disposition est, 1° qu'apres le passage de la char-
rue, on ne voit plus aucune trace d'ordure dans la terre la plus
sale ; 2" que la terre qui a produit est placee dans le fond , et que
celle de dessous, quiarecu, par l'effet du precedent labour et des
pluies, la plus grande partie de I'eugrais , est rameuee a la superficie,
et se trouve , pour ainsi dire , vierge et tres-propre a recevoir la
T. XXVII. — Aodt 1825. 38
594 PAYS-BAS. — FRANCE.
semence ; 3" que la terre , remuee deux fois par I'effet d'un seul
labour, est bieii plus divisee et ameublle.
Lesavantages que parait offiir la cbarrue a pied, perfectionnee,
ont determine la commission a TacqutVir, pour servir de niodcle.
Ella engage les agronomes a en faire usage, persuadee qu'ils seront
satisfuits de ses effets. On assure qu'elle n'exige que deux forts
cbevaux pour la faire marcher. G4
Gand. — Uiiivers'ue. — Chaire de statulique et d'economie politique.
— Le roi vlent de nommcr professeur extraordinaire de j)bilosophie
speculative etdes leltres, arUniversiledeGand,M. J. E. Thorbecke.
Ce jeune savant sort de la celebre Universite de Leide , oii il a cueilli
plusieurs palmes academiques. II a ensuite voyage quelques annees
en Allemagne. Il parait qu'il sera charge des cours de staiistiqiie et
d'ccoiiomie polilir/iit' , qui, en Alleraagne , sont dans Ics attributions
de la faculte de pliilosophie et de litterature. Alalgre les efforts d'une
cerlaine classe d'hommes qui , a I'exeniple d'un pays voisin , vou-
draient s'emparer de la direction exclusive de I'instruction publique,
nous voyons I'Universite de Gand se consolider et prosperer sensi-
blenifent, grdce a la marclie sage et liberale de noire gouvernement.
EUe compfe , cetle annee , plus de 3oo eleves.
Le magnifique palais de I'Universite, qui a dcja coule plus de
600,000 fr. a la ville de Gand, et auquel on travaille depuis plu-
sieurs annees , est sur le point d'etre entierement acbeve. On le
regarde comme I'un des jjIus beaux monumens qui soient consacres,
dans la Belgique, au culte des lettres et des sciences.
^nff. VoisiN , docteur 6s lettres.
FRANCE.
L* Teste. ( Gironde.) — Bains de mer. — Un etablissement utile,
qui nianquait a notre departenient, vient d'etre forme dans un lieil
tres-voisin de la mer. On allait chercher a Royan ce qu'on aura de-
sormais a uue grande proximite de Bordeaux , sans couiir la chance
toujours incertaine des dangers et des retards auxquels on est ex-
pose, en descendant ou en remontant la riviere. — Un proprietaire
de la Teste a fait elever, non loin de Tfeste-Ville , un local vaste et
Commode, construit en pierre , susceptible de recevoir un assez
grand nombre de peisonnes. A cote de I'cdifjce, une belle avenue
de pins servira de promenade. — Tout est disposd pour que Ton
puisse prendre des bains chauds ou froids , d'eau de mer ou d'eau
douce. — Indepeudamment du but principal que Ton se propose,
FRANCE. — DEPARTEMENS. SgS
ie mdme local offre un point de reunion pour de grandes parties de
chasse ou de p^che , ou pour des promenades nautiques. — On fait
reparer la route qui conduit de Bordeaux a la Teste, oil Ton pourra
se transporter, facilement et a peu de frais , dans des voitures pu-
bliqucs commodes et bien servies. J.
Marseille ( liouches-du-Rh6ne ). — Importation de la peste dans le
port de cette 'ville. — dlouvelles de la Guadeloupe et de la Martinique ,
oh la fievre jatine s'est manifestee (i). — Des bruits alarmans ,
repandus sur I'etat sanitaire de Marseille, rendent necessaire de
dire qu'il n'y a aucun /ondement dans I'assertion que la pesle
s'est propagee dans Ie lazaret de cette ville et qu'elle y a fait
perir six individus. 11 est vrai que la contagion , qui existu dans
ce moment a Alexandrie , a envalii un grand uonibre de iia-
vires europeens , et que cinq b^timens francais , qui en ont ete
. atteints, ont perdu plusieurs de leurs matelots et de leurs ofCciers;
mais, a I'arrivee de deux de ces bAtimens a Pomegue, il n'y avait
a leur bord qu'un seul nialade , qui mcme , par suite des soius qu'il
arecus, semble devoir echapper a la mort, nialgre I'apparition de
deux bubons pestilentiels. L'experience, la sagesse et le devouement
de I'Intendance sanitaire de Marseille lie doivent laisser aucune ap-
prehension sur la propagation de ce fleau. Mais on doit remarquer,
dans i'intcret de la science et pour servir a son histoire, qu'en ce
moment , pour la premiere fois, la fievre jaune des Antilles et la
peste d'Egj'pte ont surgi ensemble sur un mcme point , apres avoir
traverse, I'une, I'ocean Atlantique, et i'autre, la Mediterranee; et
que toutes deux, par une reunion dont les annates du monde n'avaient
point encore offert d'exemples, se trouvent soumises, dansl'unde nos
ports, a I'empire de mesures efficaces , qui ne tarderont pas sans
doute a en etouffer le germe pernicieux. Les navires mouilles a Mar-
seille, aprds avoir perdu dans leurs voyages plusieurs hommes vic-
times de la fievre jaune, viennent de la Guadeloupe, oil cette formi-
dable inaladie a eclate, des le mois de mai. C'est exclusivement a
la Pointe-a-Pitre qu'elle exerce ses ravages, et le reste de I'ile en est
exempt; elle y a paru d'abord sur les batimens entres dans le port,
et c'est par leurs equipages qu'elle s'est propagee a terre. Les com-
munications commerciales avec Saint-Pierre de la Martinique elant
(i) Cette note a ete communiquee a Y Acizdemie royale des Sciences de I'Jn'X-
fitut , dans sa seance du i8 juillet , par M. Moreau de Jonnes.
jyG FRANCE.
les ])Ius nombreuses de toutes oelles de la Guadeloupe, la maladie
n'a pas tarde a gagner celte ville populeuse; elle y a fait perir beau-
coup d'Europeens ; ce n'est qu'au bout de trois semaines qu'elle s'est
•nianifestee au Fort-Royal , qui n'est cependant qu'a une distance de
cinq lieues. Un capitaine d'infanlerie en est mort, le troisieme jour
apr^s I'invaslon. Les craintes que fait concevoir cettc irruption sont
d'autant plus vives que la chaleur extraordinaire qui a lieu, cette
auuee, aux Antilles, favorisera la propagation de la contagion. Le
renouvellement des garnisons par des troupes non acclimatees me-
nace pareillement d'en rendre les progres plu^ actifs et plus meur-
triers. La fievrejaunen'avait point paru a la Martinique, depuis i8aa.
MOKEAU DE JoJiNES.
Thihr ( Pjrenees-Orienlales ). — Fabriqne de papier de paiUe. —
M. Dangee , negociant a Perpignan , vient de faire construire a
Thuir, chef-lieu de canton dans le departement des Pyrenees-Orien-
tales, unepapeterie destinee a fabriquer du papier de paille, d'apres
un precede chiraique, et au besoiu , du papier de cbilfons de toutes
les couleurs. Cette usine est depuis pen en activite. Le papier qu'on
doit y fabriquer pourra remplacer avantageusement celui qu'on em-
ploie pour des enveloppes , tant par sa force que par son prix mo-
derc. On fabriquera aussi du papier qui servira pour I'iinpression ,
et mdnie pour ecrire, sans avoir a craindre qu'il boive. M.
Toulouse ( Haute-Garonne ). — Extrait d'liiie letiredu -xq jiiillet. —
Montimetic consacre a la meinoire de Riquet. — En reudant compte
dans vo^^e cahier du mois de mars ( t. xxv, p. 790 ) de I'Elogede
Riquet, parM. Don , de Cepian , secretaire de I'Acadeniie de Carcas-
sonne , yous temoignez avec raison votre etonnement de ce que nul
monument n'a , jusqu'a ce jour, ete eleve a la niemoire de rhomrae
de genie a qui le Languedoc est redevaWe du canal qui porte son
nom, et qui a procure une immense augmentation de richesses a tout
le pays ; et vous faites des vceux pour que cet oubli soit repare. lis
seront accomplis. Monsieur, danspeu de terns : on s'occupe depuis
quelques mois de I'erection d'un monument que les proprietaires
du canal elevent a la gloire de son auteur : il constatera leur recon-
naissance , ct satisfera les amis de la gloire nationale.
A peu de distance du bassin de Naurouse , entre la Bastide-d'An-
jou et Avignonet , est un monticule, sur lequel sontpl.Tces cinq ou
six roches enorraes , qui se toucheut , et sembleiit simplement de-
pos^es sur le sol. C'est ce qu'on appelle /e^p/e/vei de Naurouse , dont
il est fait mention dans Vliistoire du canal. Cps pierres forment une
DEPARTEMENS. 697
plale-fornie de trente-cinq a quarantetnfetres de Test a I'ouost, et de
moins de moitie iiord et sud. De cette plate-forme , qui domine sur
la campiigne , on volt au loin la chaussee du bassin de Saint-Ferreol,
et, a ses pieds, celui de Naurouse et le point de partagedes eauxdu
canal. C'est la qu'on travalUe a etablir un ohelisque devingt metres
environ de hauteur. Sur le pledestal seront places d'un cote le
medallion en bronze de Riquet, et siir les autres quelques inscrip-
tions OH orne.mens. Le sommet du mamelon sera environue d'une
terrasse qui sera plantee en arbres verts , de respfece de ceux qui
ne s'elfevent pas tres-baut, afin de ne masquer ni le monument, ni
memeles roches. Letout sera sans doute termine dans I'annee. J'ai
rhonneur d'etre, Monsieur, etc. Un de-vos abonnes.
Societes savantes; Etablissemens cTiitiUte publique.
Cahibhai {Nord). — Sociele d'emtdation. — Seance publique du 16
aoilc 1825. — La Societe , apres avoir entendu les rapports de ses
differentes commissions, arrete leresultat suivant des concoiirs qu'elle
a ouverts en 1S24 : — Concours de Poesie. ( Sujet non determine. )
Cent deux pieces de vers ont ete envoyees pour disputer la Ljre
d'aro^ent.Lik Societe eslime qu'elle doit^tre accordee a anpceme Ijriqtie
sur T'enise, ouvrage ecrit de verve et d'inspiration , et , sous le rapport
poetique , I'un des plus remarquables qui aient paru dans ses concours.
Cette piece est deM. Bignan. — La Societe arrete , en outre, qu'une
medaille d'or sera decernee , comme accessit, a une elegie intitulee
ia Jetme Coquette , par M. T/c^o/- Chauvet , qui , dans un genre dif-
ferent, a egalement flxe son attention par I'heurenx developpement
d'une idee neuve et delicate. — Concours d'e»'jquence. — Le sujet de
prix propose , dont les fonds etaient faits par le conseil municipal ,
etait un discoiirs sur les rapport! qui existent entre la constitution poli-
tique des differentes nations et leiir litterature. Trois memoires sont
parvenus. Celui qui porte pour epigraphe ces mots deMm" de Stael:
« La litterature est I'expression de la societe , » a paru reunir au
nierite d'un style pur, brillant et anime , I'avantage d'avoir envisage
la question sous son veritable point de vue ; et I'auteur a montre de
la sagacite en distinguant son sujet de celui qu'a traite M™<^ de Stael,
avec la superiorite de son talent , dans le livre intitule : Dela litterature
considerec dans ses rapports ai'ec les institutions sociales. L'Academie
decide que le prix , consistant eu une medaille d'or de deux cents
francs , sera decerne a I'auteur de ce discours , dont elle enfend la
lecture avec un vif interet. Le billet cachete joint au memoire ayant
^gS FRANCE.
ele immediatement ouvert, M. le President proclame le noin de
M.Uynclne/ie CoHSE, d'Arras, Avocatprts la Cour Royale de Douai. —
Concoiirs t[Arclteologie etii'Uistoire locale. — Deux lueitioires soiit par-
venus ; I'un qui traite de Cetymologie des noms de lieux de Vorrondis-
sirment ; TautrC intitule : Nolice snr les commimatitcs de femmes qui
existaient a Cambrai , avant la Revolution. La Socic-te a distingue le
second de cesouvrages, qui se recomraande particuliirenicnt pour
I'exactitude des reclierches , et I'a juge digne d'une modaille dor.
L'auteur est une dame qui a desire garder Tanonynie. Le Gi-at.
HIf.tz (^Moselle) — La Societe des IcUres , sciences et arts du depar-
tement a tenu, le g juin dernier, sa seance publique, dans une des
salles de Thotel de ville, sous la presidence deM. Serull.vs, pliar-
macien principal , premier professeur a Thopital militaire de Metz ,
nomme a celui du Val-de-Grace de Paris. — Dans son discours d"ou-
verture, le president, apres avoir rappele les lieureux resultats de
I'exposition dcpartemeiitale de i8a3 sur I'industrie de notrepays,
s'est attache a faire sentir de quelle utilite serait pour cette m(^me
industrie I'etabllssement d"un Cours public de chimie appliquee aux arts.
Des exemples, des faits positifs, presentes dans un style Tifet ani-
me, sont venus appuyer le developpenient de cette proposition.
L'orateur a termine en exprimant le regret de quitter une ville oiiil
a recu tant de temoignages d'estime, mais dont il croit pouvoir sa-
luer d'avance la prosperitc future , si elle adopte le moyen qu'il lui
prcsente pour faire fleurir son industrie (Voy. ci-dessns,p. 56 1). — Le
compte rendu des travaux de la Societe a ete In par M. Devilly ,
secretaire. Nous avons remarque la decision prise par la Societe, sur
la proposition de M. Bebgert, d'ouvrir pour les ouvriers, artistes
etmanufacturiers, a I'imitation de ce que M. Charles Dupin a fait a
Paris, un Cours public et grtituil de geometrie , de mecanique et de
sciences appliqnees aux arts. MM. Poncelet, Bergery , Bardin,
WoiSARn et Lebioine, membres de la Societe et anciens eleves de
r^colepolythecnique, doiventse partager leslecons a donner. M. le
maire a designe pour ces cours une des salles de rhutel-de-ville. —
Le reste de la seance a ete consacre a des lectures et a rannoncc de
deux prix proposes pour 1826 , savoir : 1° Unemedaille dor de ioof. ,
dont les frais sont faits par M. Ernile Bouchotte, pour /a meilleure
charrue propre a labourer dans une terre forte et argileuse , etc. Le pro-
gramme detaille les conditions que cette charrue doit remplir.
a° Une m^dall/e d'or de i6o/r. a l'auteur du meilleur roemoire sur
DliPARTEMENS. — PARIS. 699
cette question : Quel est le plan d instruction pubU<]iic le plus propre a
rendre nne nation riche ct puissante ? ( Abeille de la Moselle ).
Strasboueg. (Bas-Rhin). — La Societe acadeiniqiie de cette ville
avail propose, I'annee deraiere, pour snjet de concours , un m^-
moire sur les nioyens d'.imeliorer la situation des Juifs d'Alsace, et
de les faire participer aux blenfaits d'une civilisation perfectionn^e :
le prix consistait en une medaille de la valeur de 3oo francs ; les
foods avaient cte fails par uu Israelite habitant dp cette ville ,
M. Worms de riomilly , dont le pere est banquier a Paris. Le prix
a etc decerne a M. Arthur Beugnot, jeune ecrivaiu distingue par les
succes les plus remarqualiles , et qui, ap-res avoir remporte, il y a
quelques annces, concurremment avec M. Mignet, le prix propose
par I'Academie des Inscriptions et Belles-lettres de Paris au meil-
leur Memoire relatif aux institutions de saint Louis , obtint une men-
tion honorable de la meme Academic pour un autre Memoire sur
I'etat des Juifs d'occidenc au mojen age. Get ouvrage , public depuis
peu , a ete I'objet des eloges les plus flatteurs , et nous saisissons
avec empressement cette occasion d'exprimer nos regrets de ce que
nous n'avons pu lui consacrer un article particulier : I'erudition ,
la sagesse et la phijantropie avec lesquelles M. Arthur Beugkot a
parle de I'etat des Juifs dans les siecles precedens, nous est un sur
garant de la sagesse des moyens qu'il aura indiques pour ameliorer
le sort des Juifs contemporains. Nous devons signaler aussi I'utile
travail de M. Prosper Witttlrsujum , Israelite de Metz, qui vient
de faire imprimer dans cette ville un Memoire pour le mdme con-
cours , et qui a obtenu une mention honorable. M. B.
PARIS.
Institut. — Academie des sciences. — ^lois rfe juillet l8a5. — Seance
du 4. — M. le general Blei]v adresse nne note sur des experiences
d'acoustique, et 4 barreaux d'acier avec lesquels elles ont ete faites
(commission deja nommee). — M. Tlienard fait un rapport verbal
sur Touvrage de M. Longchamp, relatif aux eaux de Vichy.
M. Arago communique une lettre de M. Kupfek , professeur a
Kazan, qui doit faire un voyage en Siberie pour y etudier les phe-
Domenes magnetiques , et qui demande les instructions de I'Academie-
MM. Delaplace et Ampere sont invites a les redlger, et a recueillir a
cet effet les notes que MM. les Academiciens jugeraient a propos de
leur remettre. — M. Girabd, directeur de I'EcoIe veterinairc
6oo FRANCE.
d'Alfort, preseiite un memoire sur hs hernies dn cheval{ MM. IIu-
zard, Magendie et Chaussier, coinmissaires ). M. Costa lit un
memoire sur la IjL'vre de Barcelonne ( MM. Portal , Dumeril ,
Magendie , Chaussier et Dupuytren , commissaires). — M. Pouii-let
lit un second memoire sur I'^iectricite qui se developpe dans les
actions chimiques et sur les sources de I'electricite de I'atmnsph^re
(MM. Gay-Lussac, Ampfere et Dulong, commissaires). — M. BussT
lit un memoire concernant Taclioii de la chaleur sur les corps gras.
Dti II. — M. Barry remet a TAcademie diverses notes sur la
circulation du sang dans les veines de la tcte , comme supplement
au memoire qu'il a lu le 8 juin dernier ; elles sont renvoyees a
I'examen des menies commissaires , MM. Cuvier et Dumeril. —
M. Gaetaiio Giorgini, de I'Academie des sciences de Lucques ,
presente un memoire manuscrit sur les causes de I'insalubrite de
I'air dans ie voisinage des marais en communication avec la mer
(MM. de Prony et Gay-Lussac, commissaires). — M. Lejeunk
D'trichlet , adresse un memoire sur I'impossibilite de quelques
equations ind^terminees du 5* degre. Ce memoire est renvoye a une
commission composee de MM. Legendre et Lacroix. — M. Cagniok,
m^decin a Vitry-!e-Francais , transmet un memoire intitule : Quel-
ques reflexions sur lesmoyens d'eviter toujours la lesion Avxrectiim et
d'arreter les hemorrhagies, pendant on pen de terns aprcs I'operation
de la pierre ( MM. Boyer et Pelletan commissaires ) . — M. Arago
communique denouvelles observations sur la temperature des sources
artesiennes , qui compli^tent celles dont il avail presente le resultat ,
il y a quelques mois. La source de St.-Venant s'est maintenue toute
I'annee a i4 degres eentigrades : elle vient d'une profondeur de
lOO metres. M. Arago presente ensuite le i" tableau des observa-
tions meteorologiques qu'on fera a I'aveni-r dans le phare de Cor-
douan, par les ordres de M. Becquey. — M. Laserre lit, en son
nom ct au nom de M. Costa , une notice sur la proposition faite par
eux, de decider la question de la contagion de la fifevre jaune et de
la peste. Cette notice sera remise aux commissaires deja nommes :
MM. Portal, Pelletan, Chaussier, Magendie. — M. Nicollet lit,
en son nom et au nom de M. le colonel Bkoussaud , un memoire
intitule : Expose des operations relatives a la iuesure d'un arc de
parallMe moyen entre le pole et I'equateur ( MM. De Laplace,
De Prony, De Rossel, commissaires ). — M. Dupuy lit un premier
memoire sur la distillation des corps gras ( MM. Th^nard et Vau-
queliD , commissaires ).
PARIS. 6oi
— Dii 18. ■ — M. Puissant demande que I'Academie veuille bien
remarquer qu'une partie du travail q«e MM. Nicollet et Broussaud
lui ont presente a la derniere seanee, est fonde sur les metbodes
qu'il a proposees , et demande a cette occasion d'etre compris parmi
les candidats a la place vacante dans la section d'astronomie. —
MM. Legendre et Lacroix font un rapport sur le meuioire relatif a
Timpossibilite de quelques equations indeterminees du 5" degre,
par M. Lejeuke D'yrichi,et. Ce memoire , qui contient quelques
iioiivenux resultats dans une matiere difGcile et peu cultivee , est
approuve par rAcademie et sera imprime dans le Recueil des savans
etrangcrs. — M. Auago coramunique les observations qu'il a faites ,
de coiiceit avec M. Matuieu , sur la declinaison de la 61'' etoile du
Cygne , et d'ou il leur senjble resulter que celte etoii^, qu'on peut
supposer la plus voisine de la terra, a cause de la grande rapidite
■ de son inouvement propre, n'a pas cependant une sente saconde de
parallaxe. M. Akago explique ensuite les divers moyens doat il s'es*
servi pour s'assurer que la lunette qu'il a employee dans un grand
travail relatif a la mesure des diametres des planetes, ne donne pas
d'irridiation sensible. — MM. Cuvier et Latreiile font un rapport sur
la partie zoologique des resultats de I'expedition autour du inonde
commaudee par M. le capitaine Duperrey. Apres avoir paye un
juste tribut d'eloges a MM. Lessou etGAKNOx, ofUc-iers de sante
de I'e.xpedition , a M. Durville , commandaut en second, qui s'est
joint volontairement a eux , a M. Berard, qui les a secondes autant
qu'il lui a ete possible , M. Cuvier, rapporteur, entre dans le detail des
niateriaux qu'ils ont procures a I'histoire naturelle. Tout ce qui
concerne les animaux vertebres a ete recueilW , principalement par
MM. Lesson et Garnot ; ils se sont aussi beaucoup occupes des
coquilles, des mollusques , des madrepores; mais c'est surtout
M. Durville qui s'est attache a la recherche des insectes et des autres
petits animaux articules. — L'espece humaine a attire leurs premiers
regards. lis se sont procure des crSues de plusieurs races , entr'autres
ceux d'une peuplade peu connue de I'interieur de la Nouvelle-
Guinee , qui porte le nom ^ Alfourous. lis ont rapporte ra especes de
quadrupedes. De ce nonibre, celle du layin noir des iles Malouines
parait etre nouvelle. Une autre, le grand phalanger tachete , man-
quait au Museum, et deux ou trois n'y sont qu'en niauvais etat.
Deux crdnes de l'espece du dauphin dite a scapulaire Mane , que
Peron avait decrite, mais dont il n'avait rien rapporte , sont aussi une
acquisition iiiteressante. Les oiseaux sont beaucoup plus nombreux.
Goa FRANCE.
II s"en trouve aS/j cspeces : 46 oul paru n'avoir ete dtcrites par
nucun natmaliste; quelques-UDcs, quoique decrites , inanquaient au
Musee d'hlsloire nalurelle ; toutes onl de riiiteiet par leur rarete et
leur beaute. Parmi Ics plus remarqiiahles , M. Cuvler cite un cassicara
.i reflets metalliqiies aussi hrillans que ceux dxi calibe de BulTon et
qui cliaiite inieux que les autres esp^ces. Les naluralistes on rapporte
sa tracliee artdre. Les voyageurs oat tue dans la Nouveile-Guinu(aiioii du philosoplie Cariieade a
Rome.
— Siijet de prix pour Vannec 1827. — L'Acad^mie met au conconrs,
pour 1827, la question suivante, dont le prix doit ^tre , comme a
I'ordinaire, une medaille de x,5oo fr. « Rechercber quel fut I'etat
politique des cit^s grecques de I'Europe, des lies et de I'Asie mi-
neure, depuis le commencement du deuxieme sifecle avant notre dre,
jusqu'.i I'etablissement de I'empire de Constantinople. »
Societe royale et centrale d'Agriculture. — Seance publique du
dimanche 10 avril, presidee, en I'absence du ministre de I'lnterieur,
par M. Syries deMarykhac, conseiller d'etat et directeur de I'a-
griculture et du commerce. — Apr^s le discours d'ouverture du
president, I'assemblee a entendu un rapport de M. Challan sur les
travaux de la Societe, depuis sa seance publique de 1824; 2° uno
notice sur feu M. Audre Tliouin , merabre de la Societe , par M.Syl-
VBSTRE, secretaire perpetuel; 3° un rapport de M. Bosc , sur le con-
cours pour I'etablissement d'uue pepiniere d'oliviers ; 4° un rapport
de M. Labbe sur le coucours pour Tintroduction dans un canton de
la France , d'engrais ou d'ameudemens qui n'y eta ient pas employes
auparavant ; 5° un rapport de M. Huzard sur le concours pour des
ouvrages , des memoires , et des observations pratiques de raddecine
veterinaire; 6° un rapport de M. Vilmorin sur le concours definitif
pour la culture du pavot ( oeillette ) , dans un ariondissement 011
cette culture n'etait point pratiquec ; 7° une notice biographique
sur feu M. le baron Percy, membre de la Societe ; 8" enfin , MM. Po-
zuEL DE VerjiBaux , Vincent-St.-Laurent et Bosc , ont expose les
motifs qui ont determine la Societd- a decerner 8 medailles d'encoura-
"ement pour differens travaux. — On a precede a la distribution" de
PARIS. 61 1
deux prix, de deux mtdailles d'or et de quatre medailles d'aigeut.
La Societe met au concours les questions suivantes : — Prix de,
i8a6 ; 1° pour rintroduction, dans un canton de la France, d'en-
grais ou d'amendemens qui n'y etaient pas encore usites, des me-
dailles d'or et d'argent. — 2° Pour des essais comparatifs , fails en
grand, sur differens genres de culture, de I'engrais terreux (urate
calcaire ) extrait des mati^res liquides des vidanges, des medailles
d'or et d'argent. • — 'i° Pour la traduction , soit complete, soit par
extraits , d'ouvrages ou de memoires relatifs a I'economie rurale ou
domestique , ecrits en langue etrangere qui offriraieut des observa-
tions ou des pratiques neuves et utiles.- — 4° Pour des notices biogra-
phiques sur des agronomes , des cultivateurs ou des ecrivains, dignes
d'etre connus pour les services qu'ils ont rendus a Fagriculture. —
5° Pour des memoires pratiques de niedecine vetorinaire. — • 6° Pour
la pratique des irrigations. — 7" Pour des renseignemens sur la sta-
tistique des irrigations en France, ou sur la legislation relative au
cours des eaux et aiix irrigations dans les pays etrangers. Prix :
des medailles d'or ou d'argent , ou des ouvrages d'agriculture.
— 8° Pour la redaction de memoires ou d'instructions destines a
faire counaitre aux agriculteurs quel parti ils pourraient tirer des
animaux qui meurent dans les campagnes, soit de maladie, seit
de vieillesse , ou par accident. — I^'' prix, 1,000 francs; : — 2® prix,
5oo. fr. — go Pour un manuel pratique propre a guider les habi-
tans des campagnes et les ouvriers dans les constructions rustiques :
i"' et second prix, r ,000 et 5oo fr. — 10° Pour I'indication d'ua
moyen efficace de detruire la cuscute. — Prix unique, fioo francs.
— 11° Pour la construction et I'etablissement de machines a egrener
le trefle, et a nettoyer sa graine ; i*^'" et a'"<= prix , 1,200 et 600 fr.
— Pour avoir droit au prix de i,aoo francs, il faudra que la ma-
chine presentee au concours procure une economie des deux tiers
au moins de la depense qu'exlge le precede ordinaire de I'egrenage
du trefle et du nettoiement de sa graine. Pour celui de 600 fr. , la
m^me economie ne sera pas necessaire; niais la machine devra se
recommander par son bas prix. — ia° Pour les meilleurs memoires
sur la cecite des chevaux et sur les causes qui peuvent y donner
lieu dans les diverses localites; sur les moyens de lesprevenir etd'y
remedier .- — Prix, i,5oo francs, ou des medailles d'or ou d'ar-
gent, selon I'importance des memoires. — i3° Pour le meilleur me-
moire sur cette question : la maladie connue sous le nom de
crapatid des b^tes a comes et a laine est-elle contagieuse? — Prix ,
6ia FRANCE.
1,000 fr. Plus, ties ineduilles d'or et d'argent pour les meilleurs me-
moires qui traiteront, en general ou en particulier, des maladies
autres que le crapaud , qui affectent le pied de ces animaux. — i4°
Pour la culture du pommier ou du poirier a cidre dans ies cantons
oil elle n'cst pas encore etablie. — Prix : des medailles d'or ou
d'argent. — Ce concours sera successivement continue pour les anuees
suivantes, jusqu'a ce que la culture des arbres a cidre ait reca I'ex-
tension dont elle est susceptible en France. — i5° Pour la redac-
tion d'un manuel ou guide des proprictaires de domaines ruraux
affermes : i*"'" et 2« prix , a, 000 et i,ooo fr.
Concours de 1827 : — 16° Pour la substitution d'un assoUement
sans jach^re, specialement de Tassolemcnt quadriennal a I'assole-
naent triennal usite dans la plus grande partle de la France. —
Prix : des medailles d'or ou d'argent.
Concours de i83i : — 17° Pour la culture du pavot ( oeillette)
dans !cs arrondissemens oil cette culture n'ctait point usitee , avant
I'annee 1820, epoqiie de I'ouverture du premier concours sur cet
objet. Prix, 1,000 fr. — Pour avoir droit au prix, la Societe exige
que Ton ait pratique la culture dont 11 s'agit sur deux hectares au
nioins, pendant les cinq annees pleines de la duree de ce concours,
de 1826 a i83o inclusivenient.
Concours de i834 : — 18° Pour la plus grande etendue de terrain
de mauvaise qualite qui aurait ete semee en chene-liegc , dans les
parties des departemens nieridlonaux oil I'existence de quelques
pieds, en 1822 , prouve que la culture de cet arbre pent etre encore
fructueuse; de maniere qu'en 1824, il s'y soil conserve des semis
de cette annee ou des trois annees suivantes, au moins deux mille
pieds espaces d'environ 6 meti-es dans tous les sens, ayant une tige
droite et bien venante : — Trois prix, 3, 000, 2,000 et 5oo fr. — Ce
concours a ete ouvert , sur la demande speciale du minlstre de I'ln-
terieur.
Conditions generales des concours. — Les memoires, dessins , ma-
chines , produits presentes aux differens concours et les proc^s-
verbaux ou attestations authentiques , soil des autorites locales, soil
des Societes d'agriculture departementales ou d'arrondissemens,
constalant les faits annonces, devront etre envoyes au secretaire
perpetuel de la Societe , sous le convert de S. Exc. le ministre de
I'interieur, o\x francs deport , avant le lef janvier des annees respec-
tives pour lesquelles les prix sont annonces. — Les concuxrens ne
se feront pas connaitre ; lis mettront seulement une sentence ou une
PARIS. 6i3
devis? a leurs inemoires , ou bien ils y atlacheronl iin billet cacbete,
qui renfermera leur uom et leur adresse.
La Societe se reserve la faculte de conser*er et d'employer, soil
en totalite, solt en partie, les mcmoires, plans et dessins qui auront
ete envoyes aux divers concours ; elle considerera I'acceptation , par
les concurrens , du prIx ou encouragement qui leur aura ete de-
cerne, comme un consentement fornicl de leur pari, a ce que la
propriete de la machine on de Tinvention couronnee devienne pu-
blique, et comme una renonciation expresse de I'auteur a faire usage
d'un brevet d'invention ou d'importation.
Reclamation. — P/an des fouiUes fakes a Pompc'ia. — Nous avons
annonce dans notre cahier de juiUet dernier (p. 268 ) , un Vojage a
Pompeia, de M. Louis GoEO , d'AoYAGFALVA , public recemment a
Vienne par les libraires Moctschner et Jasper. Notre correspondant
d'AUemagne dit , dans cet article, que « les ouvrages publics jusqu'a
cejour sur le inemesujet ne depassent pas I'annee i^i-j . » M. Bibent ,
architecte , nous ecrit pour nous inviter a rappelera noslecteurs que
nous avons annonce, dans un supplement de notre cahier d'niviV der-
nier, un plan e de Rosbelle, paree qu'il ne fait rien dans
la piece. C'est un bomme qui est toujours de I'avis de tout le
monde, et dont le caractere s'anuonce assez gaiement ; mais il dis-
parait bientot , et pourrait etre remplace par un domestique qui
ferait les messages de M"»<^ de Rosbelle a son libraire. Le style de
M. Delaville, qui manque souvent de ii» FRANCE.
inontaguos , on ne voit , au premier aspect dii tableau , que I'iiiie-
rieur de cctte galerie; eii dehors, un brouillard trf-s-cpais emp(5cl)e
d'apercevoir les niontagnes ; pen a pen, il se dissipe, la tems s'e-
claircit et roii d^couvre enCn des for^ts de sapins et de mclfezes.
La magie de cet effet est extraordinaire: il serait sans interet de
rechercher les moyens que I'auteur emploie pour le produire; il
suffit de dire que Tillusion est complete. Si je voulais m'engager
dans des critiques de detail sur I'execution de cet ouvrage, jc pour-
rais, sans doute, faire remarquer a M. Daguerre que la teinte ver-
ddtre de quelques parties des colonnes n'est pas d'accord avec le
ton du plancher ; mais c'est dans son ensemble qu'il faut considerer
un semblable tableau, et , sous ce point de vue, il n'y a que des
eloges a donner a I'artiste. Toutefois , je dirai que le -veritable but
du Diorama est de montrer, non les propres creations des artistes
qni I'ont forme , mais les monumens et les lleux les plus interessans
de tons les pays. C'est en offrant aux regards du public , Londres ,
Naples, Rome, Constantinople, Jerusalem, etc., que M. Prevot
avait attire au Panorama une foule constante, parce qu'elle y voyait
des objets dignes de son attention , que la presque totalite des spec-
tateurs n'aurait jamais connus , si Ic Panorama n'eut pas exists. Le
Diorama pent presenter les mdmes lieux , sous des aspects differens,
et peut-^tre meme plus pittoresques ; d'ailleurs , il reste encor(^ eu
France, en Italic, en Espagne,eu Allemagne et en Angleterre , un
grand nombre de monumens remarquables qui n'ont pas ete ex-
plores ; puisque la carriere qui reste a parcourir est immense , il faut
y rester, si Ton veut attelndre le but.
Graviire. — A la fin de I'exposition derniere , M. H. Verjtet en-
voya au Salon, un tableau dans lequel il avait represente le Roi a
cheval, entoure de ses principaux officiers. La disposition des figures
et des lieux indiquait que i'artiste avait choisi le moment oii les
troupes defilerent a la revue du Champ-de-Mars , devant S. M. Ce
tableau , vivement loue et vivement critique , est certainement I'ou-
vrage d'uu homme tr^s-habile , qui veut s'ouvrir une route nouvelle.
M. Jazet vient de le reproduire par la gravure cette estampe , exe-
cutee a I'aqua-tinta , rend assez blen I'effet general du tableau; c'est
assez pour qu'elle soit recherchee de tous ceux qui aiment le talent
,du peintre. EUe coute 120 fr. avant la lettre, et 60 fr. avec la lettre.
— La Socii'te di's amis des arls vient de dislribuer a ses souscrip-
teurs une gravure d'apres Prudhon. Le choix du tableau elait heu-
reux ; c'est celui on cet artiste a montre un pere expirant dans les
PARIS. 619
bras de sa femme et entoure de ses enfans. Cette composition, em-
preinte d'un sentiraent de douleur exprime avec autant de verite
que de naturel , a obtenu le succfes le plus complet, a I'exposition
de 1822. M. ToussAiMT Caron , cbarge d'executer cette gravure,
est reste au-dessous de son entreprise. Son travail manque de trans-
pareuce et de legerete de ton; 11 n'a pas su rendre le caractere du
inaitre, ni m^me I'effet du tableau. Voila plusieiirs fois que les so-
ci^taires n'obtienneut que des gravures mediocres ; aussi , depuis
trois ans, le nombre en est-il sensiblement diminue.
Cette societe , qui s'etait d'abord annoncee comme animee d'un
vif amour des arts et des artistes , n'est guere occupee que du soin
d'avoir des tableaux au plus bas prix possible, et marche au ba-
sard , sans direction fixe et bien arretee ; elle devait done finir par
s'egarer, et c'est ce qui lui est arrive.
Lithographie. — Les amours d!Hero et de Leandre ont inspire a Gi-
rodet plusieurs compositions. De son vivant, M. Dassy , son eleve ,
f'ut charge d'en lithographier une ; et , depuis la mort de son maitre,
11 a termine celle qui sert de pendant a' la premiere. Ces deux com-
jjositions font, a eiles seules , un poeme complet. Dans I'une, Lean-
dre est assis sur le lit de sa belle maitresse, qu'il presse dans ses
bras , pendant qu'elle repand des parfums sur sa tete. C'est le mo-
ment de I'arrivee; la joie des deux amans est extreme; Hero ne
pouvait songer, sans fr^mir, au danger que courait Leandre pour
venir pres d'elle ; et Leandre briilait du desir d'arriver pres de sa
maitresse. Maintenant , I'un pres de I'autre , ils goutent un bonheur
inexprimable ; rAmour, assis sur le lit de la pr^tresse de Venus ,
cel^bre leur tendresse sur sa lyre. Dans I'autre , ils sont tous deux
assis sur ce mdme lit : pendant que , d'une main , Leandre serre con-
treson coeur sa maitresse adoree, de I'autre , il detache la ceinture
qui retient la robe jalouse ; la rose qui y etait attacbee est tombee
a terre ; par un mouvement de pudeur cliarmant , H^ro a cache sa
t^te dans le sein de son amant. Pres de la est une statue de Venus;
Tamour a passe son flambeau dans la guirlande qui en erne le
piedestal , et de nouveau, il fait entendre, sur la lyre, ces accords
qui portent le trouble dans le coeur des mortels. Mais , pendant que,
livres aux transports de leur vive tendresse, ces heureux amans ou-
l)lient I'univers entier, un vent impetueux agite la draperie qui fer-
inait ia fenetre , et annonce que I'orage va bientot elever les vagues
et s'opposer au retour de Leandre. Helas ! c'est pour la derniere fois
(ju'ils sont heureux ! — Ces deux planches, tres-bien executees , et
6ao FRANCE.
imprimees par M. Constans, dont j'ai eii plnsieurs fois I'occasioii
de loiier rextreme habilete , ne laissent rien a desircr : dies coutent
3o fr. avant la lotire , et 20 fr. avec la letlre.
— M. Lancrekon, egalement eleve de Girodet, vient aussi de re-
produirc, par la litliogrnphie, line autre composition de son inaitre.
Cast Saint- Louis reccvatit dans les cietix Louis XVI entoure de sa fa-
mille. Le mouvement de la figure de saint Louis est d'une grande
noblesse ; le groupe, compose de Louis XVI , de la Reine, de ma-
dame Elisabeth et dii Dauphin mort au Temple, est on ne pent mieux
agence;,de plus, tons les personnages sont parfaitement ressem-
blans , ce qui est un grand merlte. Girodet se proposait de peindre
cette composition ; deja ni(5me il avail fait les etudes d'apres nature
dont il devait se servir ensuite, dans Texecution de son tableau; sa
mort a detruit ce projet et tant d'autres. M. Lancrenon est un des-
sinateur habile; il manie blen le crayon lithographique , et cette
planche merite, a juste titre, d'etre recherchee par les amateurs.
EUe coute :!o fr.
— M. Lethierre , quoique peintre d'histoire , s'occupe beaucoup
du paysage: en 1812, il exposa deux tableaux de ce genre, repre-
sentant : I'un Esculape allaite par vne chevre , trouve par un berger ;
I'autre Faustuhis , au moment oii il decouvre Romulus et Remus nourris
par tine louve. Ces deux compositions, destinees a etre niises en re-
gard I'une de I'autre, etaient executees d'une maniere large et facile ;
la couleur avail beaucoup d'eclat ; enfin, il n'etait pas difficile de
reconuaitre que les figures avaient ete faites par un peintre d'his-
toire; ces tableaux obtinrent done un juste succ^s. lis ont ete litho-
graphies par M. AuBRV le Comte , qui les a reproduits de la ma-
nifere la plus fidele. Ces deux estampes , imprimees par M. Constans,
ont ete remarquees de tons les connaisseurs. Elles coutent ao fr. P. A.
Necrologie. — Odier. — M. Odier, sous-intendant militalre ,
antcur de rexcellent Traite d'adminlstration militaire dont nous
venons de rendre compte ( toj-. ci-dessus , p. 35 1 ), est mort a
Paris, le 8 mars i8>.5, dans la force de son age. Dans sa premiere
jeunesse, il avail porte les armes pour la defense de son paj's; il
fat bientot appele a le servir non moins utilenieut , comnie admi-
nistrateur. Charge de plusieurs missions importantes , il prcserva ,
dans une clrconstance difficile, tout un dcpartement des horreurs
de la famine qui le mcnacait, et qui exercait deja ses ravages dans
plusieurs communes. Employe successivement dans les armees en
qualite de comniissaire des gnerres et d'inspecteur aux revues , il fit
PAlRIS. 6v>.i
avec distinction les campagnes d'lt.ilie , d'Allemagne et d'Espagne.
Honore de la coufiance de ses coacitoyens, en i8i5, il fit partie de
la chambre des representans, qui contribua a preserver la France
des horreurs d'une guerre civile. Attache depuis , comme profes-
seur d'administration militaire, a I'Ecole royale d'etatmajor, il a
reuni les diffcrentes parties de son cours pour en former un ou-
vrage qui ne sera pas nioins utile aux miiltaires et a tous les em-
]>loycs des armees , qu'aux personnes occupees d'economie publique
et de la science du gouvernement. D.
— Gautherot. — Les beaux-arts ont fait dernierement une
grande perte dans la personne de M. Gautherot. Ce peintre , I'un
des eleves et des amis de notre David , avait conserve toute la pu-
rete , toute la correction de Tecole de ce grand maitre. De grandes et
belles compositions, parmi jesquelles on peut citer Pyrame et Thisbe,
Atala , le Serment du drupeau , V Empereur blesse devaitt Ratisbonne, etc.,
ont assure a cet artiste une place disiinguee parmi les peintres mo-
dernes, et lui avaient merite une des mentions honorables a I'epo-
que oil il fut question de decerner les prix decennaux. Dou6 d'un
esprit aimable , d'une grande erudition, et du talent de raconter ,
M. Gautherot s'etait fait de nombreux amis qui recherchaient avec
empressemeut sa societe et les charmes de sa conversation. Bon
pere, bon epoux , citoyen devoue , excellent ami, M. Gautherot est
mort , avant d'avoir atteint sa soixantieme annee , dans une situa-
tion voisine de I'indigence, et qui prouve a la fois son noble de-
sinteressement et I'independance de son caractere. C.
— Balguerie Stuttemberg. — Tous les hommes qui contri-
buent aux progres de la civilisation , quelles que soient leur carriere
et leur patrie , meritent la reconnaissance des amis de I'humainte,
et, lorsqu'ils eessent de vivve , nous devons recueilllr soigneuse-
meat leurs noms dans nos Tablettes necrologiques , qui ne sont point
destinees a la seule classe des savans et des hommes de lettres. —
L'excellent citoyen dont nous avons a deplorer la perte merite
surtout les regrets de la patrie; et les sentimens douloureux que sa
mort a fait nnltre s'etendront bien au dela des frontieres de la
France et au dela des mers , dans les contrees les plus loinlaines ,
oil s'etendaient ses nobles conceptions et ses grandes et utiles en-
treprises maritimes et commerciales. — M. Balguerie Stuttemberg,
de Bordeaux, vient de succomber a une maladie de langueur dont
les progres toujours croissans ne laissaient , depuis quelque tems ,
aucun espoir a sa famille et a ses amis. En 1817, il se mit a la lete
622 FRANCE.— PARIS.
(I'une comp.ignie pour achever le pout de Bordeaux, ft fut I'un des
premiers a douner I'exemple de I'esprit d'associatiou appliquvaux
travaux publics. II provoquait et dirigeait des associations dont
les fonds ct les travaux , en construisant des ponts , en ouvrant dcf
canaux , en creusant des mines , tendent a t'aire de la ville de Bor-
deaux une metropole industrielle qui pourra compenser ainsi , par
de nouvelles ressources et par des avantages d'un autre genre, se.s
pertes maritimes.
La mort I'a salsi au moinent ou il allait accomplir son dessein le
plus vaste et le plus utile. Depuis cinq ans charge, en vertu d'une
ordonnance royale , d'explorer dans les landes les moyens d'unir
Bayonne a Bordeaux, il n'a neglige ni soins ni depenses pour at-
teindre ce noble but. Tous les travaux preparatoires sont acheves ;
les plans et les projets sur lesquels doit s'ouvrir la concurrence
allaient ^tre deposes-; et M. Balguerie a du moins emporte, en mou-
rant, I'esperance que ses travaux ne tarderaient pas a ouvrir, jiour
ainsi dire, a la France une nouvelle contree. — Le Memorial borde-
lais , qui presente nn tableau vivant et anime de tous les faits re-
marquables qui appartiennent a I'liistoire de Bordeaux et des con-
trees environnantes, et qui caracterisent la situation et les progr^s
de I'agricultuie, de I'iudustrie et du commerce dans cetie partie de
la France, et le Journal du Commerce, public a Paris ( n" du
3i aout iSaS), ont consacre des articles etendus et interessans a la
memoire de M. Balguerie. La chambre du commerce, interprete du
vcEu de tous les commercans , fabricans et ouvriers de Bordeaux ,
et de tous les habltans de cette grande ville, a ouvert une sousnrip-
tion pour faire executer un buste en niarbre de M. Balguerie Stut-
temberg. Get liommage public, rendu par ses concitoyens a Thomnie
respectable et utile dont la perte excite d'universels regrets , honore
a la fois ceux qui I'ont provoque et celui qui en est I'objet. M. A. J.
Page a63 , dernifere ligne de la note. Le prix de I'ouvrage de
Micii,i,traduit en francais , est de -jS fr. —Page 4i5, deuxitme
ligne de la note, Tievau-svae, lisez : T£8va[A£vcci. — M^me ligne,
TTECTOovra, lisez : iteoovt*.
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS
DANS LE QUATRE-VINGTIEME CAHIER.
A OUT 1825.
I. MEMOIRES, JNOTICES ET MELANGES.
I. Observations relatives aux ecrits de M. Paixhans sur une
nouvelle force maritime et sur une nouvelle artillerie. . p. 3o5
3. Observations genera,les sur le genre appele roinantique , et
surnotre systeme tbesktral Chauvet. 3i3
II. ANALYSES D'OUVRAGES.
3. Statistique des provinces formant I'ancien departement de
Montenotte, par M. de Chabrol. P.-S. Giraid, de I'lnstitut. 33i
4- Coursd'etudessur l'administiationmilitaire,par P.-A. Odier. 35 1
5. L'ltalle avant la domination des Remains, par J. Micali,
ouvrage traduitde I'italien par M. Raoul-Rochette. F. Salfi. 363
6. Histoire critique et militaire des guerres de la Revolution,
par M. Jomini Ferry-. 3-;8
7- Memoires pour servir a I'histoire de France sous Napoleon,
ecrits a Sainte-Helene par ses generaux F— x. 383
8. OEuvres de Delille. Nouvelle edition P.-F. Tissoi. 4oi
9. Table generale des monogrammes par F. Brulliot. H. P*. 408
10. Ciuquante cbants francais, par Rougetde Lisle. B.Jullien. 4i3
III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Annoncei de I'ii oiivrages Jrancais etetrangers.
Amerique. — Ecats-Unis, 5. — Mexique, i 4ig
EuKopB. — Grande-Bretagne , i3 ^27
— Russie,\ ^^'j
— Danemarck , 3 4/3
— AUemagne , 20, dont n aunonces d'ouvrages periodiques. . 445
— Suisse, 3 ^fif,
— halie ,11 • 4fi^
— Pays-Bas, 7 . 4^5
France, 68, savoir : Sciences physiques et naUirelies , i5 482
— Sciences religieiises , morales el policigites, 18 5oo
— Litterdture ,24 52 j
— Beaux- arts , 3 555
— Memoires et Rapports de Societes savantes, 2 56o
— Ouvragts periodiques , 3 5fi3
— Litres en langues elrangeres , 3 566
IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRE5.
Amerique septe]vtriokax.e. — Etats-Unis, Grandes routes.
Moyens pour preserver les habitations de I'humidite. — Haiti,
Commerce ; Droits d'importation.- — Philade/phie, Beaux-Arts.
— Mexique, Emigrations europ^enncs 5(1^
6^4 TABLE UliS AKTICLtS.
Amehique MEKioioNAi.E. — Biienos-Ayres , Mineurs allemands.
— Colombic ; Carthage ne , Etat de la civilisation dans ce pays.
— Pervii , Easeignement niutuel Syd
AslE. — Colonies anglaises , Population. — Empire Birman, BAti-
ment de guerre a vapeur. — Perse; Ispahan, Nefcrologie :
Olah Phela'ir. — Datavia , Academie des sciences 5j3
ApRiQUE. — ■^ls^''t Moyens d'ameliorer le sort des Africains. 574
OcEAsiQUE. — NoiH'elle-IJol/aiiJe , Etablissement anglais. . . . Sy6
Europe. lies Uritanniqnes ; Londres , Population de TAngleterre.
— Associations industrielles. — Travaux du Parlement. — Ins-
titution pour I'instruction des artisans. — MonnoyagC. —
Exportation d'or et d'argent .ibid.
RussiE. — Saint-Pelersbourg, Mines. — Societe des mines. —
Nouvean bAtiment pour la Douane. — Moscoii, Institut tech-
nologique. — Necrologie : Kapnist et Doigoroukl 58 1
PoLOGNi.. — Amelioration du sort des Juifs 583
SuEDB. — Stockholm , Ecole technologique. — Societe pour I'ex-
ploitation des mines de sel. Etablissement d'une petite poste. 584
D.vNEMARCK. — Copenhagiie , Sourds - niuets. — Lithograpbie. ibid.
Ai-i-EMAGNE. — il/o/afi'e, Nouvelle cbarrue. — Prusse, Culture
de la soie. — Berlin , Etablissement d'un pont en fer sur la
Havel. — Elberfeld , Societe allemande pour I'exploitalion des
mines du Mexique. — Berlin, Academie royale. — Bai'iire,
Universites. — Saxe; Leipzig, Societe, dite d'Union Saxonne,
pour la recberche el la conservation des antiquites. —
Bokeme , Prague f Musee national 585
Suisse. — Legislation et droit public. — Genere , Societe de
lecture 587
Itahe. — Turin , Inventions en mecanique. — Rome , Publica-
tions procbaines. — Beaux-Arts : Peinture, Sculpture. . . . 5go
Esp.vGNE. — Decret contre la libre importation des livres. . . Syi
Pays-Bas. — Bruxelles, Academie des sciences. — Ga/id , Univer-
site. — Bruxelles, Perfectionnemens apportes a la cbarrue. —
FuANCE. — La Tette, Bains de mer. — Marseille, Importation
de la peste dans le port. — Thuir , Fabrique de papier de
paille. — Toulouse, Monument .i la memoire de Riquet. —
Societes savatUes : Cambrai , Societe d'emulation. — l\letz , So-
ciete des sciences et des lettres. — Strasbourg , Societe .icad^-
niique 694
Pakis. — Institut : Academie des sciences; Seances du mois de
Juillet. Academie francaise : Seance du 2 aoiit; Seance pu-
blique du a5. Academie des inscriplions, Seance du -^9 juillet.
— Societe d'agriculture. — Reclamation de M. Bibentau sujet
d'un plan de Pompeia. — Theatres : Theatre-Francais , I''" re-
presentation du Roman , comcdie en cinq acles et en vers. —
Improvisation de M. Pradel. ■ — Beaux- Arts : VelrAuve , Dio-
rama, Gravure, Litbograpbie. Necrologie : Odier , Gautherot,
Balgucrie Stuttcmherg Sgg
N^ 8. — Aout 1825.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQilES
ET PROSPECTUS
d'oBVBAGES KOCVEAliX ET VE PI BLICAT10N9 PROOHAINCS,
Pour la France et les Pays Etraiigers ;
BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la revue i.NrYci.ori'n..,.! t ' i )
AVIS ESSENTIEL.
A Messieurs les Aiiieurs, Libraires, et Editcurs d'oiivragrsy
a Paris^ dans les departemens et dans les pays etrangers.
L'inscription des Annonces et des Prospectus est fixee a 25 c
par ligne; elle est reduite a 20 c. par ligne , pour les libraires
qui ont fait prendre au moius douze abonncmens a la Revue
Encyciopi'dique.
MM. les libraires, editeurs et auteurs, de Paris, des de-
partemens et des pays etrangers, auxquels il conviendra de
faire usage du moyen que nous mettons a leur disposition
pour imprimer et repandre des Prospectus et des Aimonces
d' ouvrages,({eyTon\. les envoyer, francs de port,au Bureau cen-
tral DE LA Revue Encyclopedique, rue d'enfeb-saint-michel,
a" 18, avant ic ]5 du mois (2).
OUVRAGES FRAACAIS.
4o. ESSAI GEOLOGIQUE sur M. Df.vi zi. nr CHinBim. , ct i)ar
la montagnede Bouiade, jires d'ls- M. J.-li. BouiLLtr, de Clermont-
soire, departcmcnt du I'uy-dc- Ferra^id.
Dutne; aieo la description et ies Condilions detasousrription.
figures tithographiics des ossemcns Lts ilfssins des osseuuiis I'ossi-
fossiles qui y ont ctercoueillis; ^dT I les dc la moiilagne de Boutado
(i) Ce Bulletin SupplemeiUaiie csl compose d'annonces fournies par MM. Its
Libraires, Auteurs et Edileurs , et qui nc fr., prise a Clermont; I'ouvrage
entier, compose, commc ii est dit
OSI-; DES SYM PTOMKS
bK LA AIALAUIE VENKE'.IKN-
«;■ , DES DIVKHSES METIio-
OKS DE ThAlTEMEUT QUI
lUl SO.M' Ari'!JC.M{LE«, .1
des niodificalions qn'on doil leur
I'airc subir, scion I'age , lesexe, le
teniper.inicnt du sujel , lis cli-
mals , les saisons , ct les maladies
concomitantos. fi« edition entie-
rcment rel'ondue. Par le doctcur
Laomsaw. In-S".
42. (.OUPS DE GEOiMETRIE
ET DE MECAKIQUE APPLI-
QUE ES AUX AllTS ET ME-
TIEUS, <(. I' usage dos cliffs el -ioux-
cliefs d'alcticrs el de vtannfaitu-
res , par le baron Cliarics Dun« ,
incmbre dc VInstttuf.
PKOspnCTi s.
M, Charles Dupin a conru la
pcosey d'ouvrir, en Tiveur de la
classe induslrielle , un enseigne-
mcnl dc Geometrie et dc Mecaui-
que aj)pliquecs uux arls ct metiers.
Lesapplications dececours uc s'c-
lendeut pas seulemcnl aux fabri-
cations des grandes manul'.icturcs ,
mais aux plus simjiles professioiis
et aux arls mecaniques les plus or-
dinaires , ainsi qu'a l:i pralique des
beauxarls. Ain^i rarcliilecle , le
charpenlier, le meiiuisler el le ma-
con , le sc.ulpteur, le peinlre el lc
gravHur unt, chaci;n en cc qui ks
concernc, bcsoin de notions va .
riees, esseiilielles , soil de Geo-
metric, soil dc mrcanique; le cours
que nous aniioncons ne neglige
I'applicalion de ccs deux sciences
a aucune de ccs proi'e^:sioris. Les
counaissar.ces quM cxplique sonl
necessaires a tons ks aiti^les qui
ont dcs op'Jralions meianiqnes a
cll'ectuer; par excinpie, au chirur-
gien, a l'..u:ilon.isle , etc. Euiin,
le noiribre den arls ft des ineliers
qui peuvent en tirer dcs seconrs
s'elcve ix plus de cent cinquante !...
Dans quelques gr:indes villes !is.seintns des cootiaissanccs si
utiles a la prosperite de leurs t;a-
vaux, pourroiit envoycr a M. Ba-
ciiKLiEK, a Paris, ipiai dcs A;igu>-
tins,n"55, uiic sciilesouscripliou ,
cl its retevront les lerons a mesuro
qu'elles |)arailront. 11 suflira qu'ils
;aienl d'avanre les souscriplions
d'un volume. Les souscripleurs
ajoulcront 2 I'r. par volume qu'on
devra Icur cnvoyer liors de Pails,
:: cause dcs liais de port [Our les
li^ons brocliees st'parcmeni ; cl
1 I'r. 5o ccntiints sculemcnt par vo-
lume brodie d'unc piece. Les sous-
cripleurs de Paris reccvront leurs
escmplaircs ;i douiicile, .-ans avoir
Uesoin dcjiav'.ianruiic commi'sion.
Gidcric (!c. IiiissAiXGii pcrr, rvc dn
liichcltcu, 11". f'lo,
4^1 — 44 IJ'apris Ics succes qu'on I
oblenus en France, tn Aiiglcteric,
en Ecosse et en Irlande , les glides
DKSCCNVERSATIO.VS FR AKCA IK E-A AG I. * I-
SK ET Ajir.LA isE-FRA.ngAisE. par J.l •
Maeuif, nous nous cmprcssons
d'anuontcr une nouvelb- edition '
(sous prcsse ) dc ces deux pelits
ouvragi's a leur clnqiiiemc ediiioii ;
niais avec Ics deux nouveaux litres
suivans ; i"^' tilre , L'lXTErPKi tk
DES rECPr.KS MdUEHNEs ; 2« tilrc ,
GUIDE MAlllRE , OU ABT Dli LA CCM-
VKitsATinn ANGi.AifK ( les mcmes
litres pour !e volume ati'^lais).
L'auleur a cu deux niolil's pi'iir
lairc ce ehangement de litres.
V'oici le premier : Un Fraucais a
Londris ( le sieur D. Boileau) a cu
I'indi'licalc.'se d'y pubiier, (U suu
iicm , en iiS 9, line coiilrelaron
du cciDE OF fbe:,ch cokvehsAtio.'h ,
by,l.-L. Mabiiie , ouvrage qui se
m;!k1 a nos maI~ons de France cl
d'Auglelerre. II en a change le tilre
cii celui-ci : the abt of FR^.^cu
CONVERSATION, with an inlrodnc-
tion, by D. BoiLKAii. II avuue stu-
leinent , dans son Introdiicllon ,
que « I'ouvrage qu'il (;ifre aux
ujcuncs pcrsnnncs est la pruduc-
0 sioQ d'uu ijcnlicman en France,
i> cl que son int^enicuse invention ,
0 quoique simple , procure une si
» promptcassisianceaux eliivcspour
DCxprimcr leurs iilccs dans la lau-
jgiic I'rancaise , qu'il n'a Ji.is fait
n.vcrupule d'inliluler I'oniage :
BIKE ART OF FBEWCH COHVEEsA-
a TION , etc. n
Quant an premier tilre , i.'ikter-
PHErE DES PEEPI.ES MODEHNES , IIOUS
aiiiion^oiis que, I'aiileurayani eu I'l-
dce de (aire traduiic son (miue cu
d fVeriules laugues pour la Fiaiite
e divisera en deux par-
tics : I'une , d'Extraits d' ouvrages ;
I'autre, de Mclanqis.
La |)r<'niiere partie >e subdivisera
en Uonisvciioas. Premiere section :
.Sciences ( physiques , morales) ;
deuxieme section : Litteraturc
(prose, poesie, critique); Iroi-
sicme section : Arts ( beaux arts,
arts utiles).
Les extraits seront Iraduils librc-
mcnt, et choisis dans les journaiix
lilleraires et s(i( nlidques de I'Ai-
leniagne, lels qu<; {'yUlqemtinc l.i-
tcratur Zeitunt) , Vllcrniis et au-
Ires prineipaux rccucils publics A
(la'itingue, Weimar, Jena, Leip-
zig, Beilin , Vienne, < tc.
La seconde partie sera divlsee en
quaire sections. Premiere section:
INouvcllcs scientiliques , lilleraires,
induslrielle?, academiques, et ins-
Iruclion publique ; Devxicme sec-
tion : Arlitles biographiques sur
!<■? hommcs les plus distingues de
rAlleniagne ; Troisiemc section :
Tableaux blbiiogiaphiques des ou-
vrages publics en Allemagn e ; Qua-
tricinc section : Coirespondance ,
voyages , tableaux de moeurs ger-
maniques.
Conditions de I'ahonncrncnt.
La Revue ijcrmaniquc paraitra
le \" de chaque mois, a partir du
mois d'oclobre prochaiu, par nu-
mero de 10 feuilles.
Le prix de ralionncmrnt sera ;
pour Paris , par semeslre 2^ fr. ,
par annee 42 fr. ; pour les depar-
lemens ( franc de port) jiar semes-
Ire 26 fr. , par annee 4*^ fr. ; pour
I'etranger (franc de port) , par se-
meslre 29 fr. , par annee 54 IV.
On s'abonne a Paris chcz Uokdey-
DupBK p6re et fils , im]).-lib. , edi-
teurs - proprietaires , rue Saint-
Louis , n" 46, au Marais, et rue
Bichelieu , n" 67, vis-a-vis la Ri-
bliotbequc du Koi ; et chez h s
principaux libraires et Jirecteur-.
des postes de la France et de 1 e-
tranger.
IMPRIMERIE D HIPPOI.YTE TtT.T.IABn ,
rue dela Ilarpe, n° 78.
HISTOIRE
DES FRANCAI8,
PAB
M. J. C. L. SIMONDE DE SISMONDI.(.
2i vol. iii-8^
Ouvragc publie par livraisons successives cIg trois
ou quatre volumes.
Les deux premieres livraisons , forinant les tomes^ i ii 6 ,
paroissent ; prix , ..-4^i\'.-
— Les memes , siir papier velin >,,^a,£i'i
hai troisieme livraison (tomes -, 8 et 9 ) est smi'! hfrssei'
et paroitra en octobre i825.
PARIS,
A LA LIBRAIRIE TR EUTTEL 'Kt'^^C RTZ ,
rue de Bourbon , 11" in'"; ''
A Strasbourg , rue des Serrurl'ers ;
A LoNDREs , '^o, Soho-Square.
Apres avoir presente I'histoire de I'ltalie sous un jpui
absolumeut nouveau, M. de Sismondi a entrepris cle
nieme de faire sortir une veritable hretoire des Francais
(i) Auteur de VHistoiic des Rdpubliqucs ilalienties dans le mojen
age, 16 \oL in-8. ; de la Lilteraturc du midi de I'Europe, 4 vol. in-8.,
de Jidia Severa, ou fan 492 , 3 vol. in-12 ; ouvrages qui se trouvent
I la m<-mo labrairie.
( - )
tie ses antiques monumens. II en a deja public six vo-
lumes, on Ion a vu les foils et leur cnchainement pren-
dre un aspect que ses devanciers avoient toujours de-
robe a leurs lecteurs. Si Ton cherche a rendre raison de
cette difference, on devra reconnoitre qu'elle tient a ce
que M. de Sismondi, en ecrivant I'histoire , n'a point eu^
c!e systeme, si ce n'est celui de faire son travail en con-
science : il s'est attache uniquement aux ecrivains origi-
naux ; il a repousse toutes les suggestions de I'esprit de
parti et des preventions nationales ; il n'a jamais cherche
ce qui pouvoit plaire , mais seulement ce qui etoit vrai;
il a attendu d'avoir etudie les faits pour former son opi-
nion , tandis que ses devanciers , arrivant avec des opi-
nions toutes formees , songeoient seulement a faire ac-
corder les faits avec leur systeme : il a consulte tous les
contfenlporains , mais pour peser leur temoignage et le
juger , tandis que d'autres empruntoient leur autorite
pour s'en faire des armes dans le combat, afin de servir
certaines opinions ou de gagner la faveur de certains
pouvoirs.
Trois nouveaux volumes de cette Histoire sont sous
presse , et paroitront en octobre 182 5. Nous croyons ne
pouvoir mieux faire connoitre , et cette livraison, et ce
qui a deja ete public , et ce qui reste encore a faire, qu'en
empruntant a I'auteur I'exposition qu'il fait lui-meme
de son sujet , vers le commencement de son septieme
volume.
<< Nous nous somnies propose , dit-il , de fixer Tattentiori
de nos lecteurs sur le caractere propre a chacune des pe-
riodes tie i'histoire ties Frangais. C'est ainsi que cette his-
toire s'est partagee pour nous ea neuf graiides divisions ,
dans chacune desquelles il nous seinble f£ue la nation est
entrainee par une tendance differente, et que les raoeurs
changeant avec les institutions , les Francais nous apparois-
sentautant de fois comme un peuple nouveau , avec un
jiouveau gouvernement. II est difficile, ton te fois , de don-
( 3 )
ner a chaque periode un nom qui fasse aisemen l compren-
dre son esprit et qui la distingue des pre'cedentes : nous
avoDS designe les deux premieres par le nom des deux dy-
nasties, des Merovingiens etdes Carlovingiens : cependant
ce n'etoit pas seulement la famiUe des rois qui etoit chan-
gee , la nation I'etoit davantage encore. La premiere inva-
sion , des Francs Saliens avec Clovis, avoit amene dans la
Gaule un peuple barbare qui soumit tout au droit de
I'epee ; la seconde invasion , des Francs Austrasiens avec
Charles Martel , apporta les principes d'une organisation
nouvelle, barbare encore, mais bien plus reguliere, et
dans laquelle le clerge prit un ascendant tout nouveau.
La troisieme fut celle des premiers Capetiens , que nous
avons consideree corame participant de la nature d'une
confederation : en efFet , durant les deux cent trente-neuf
ans qu'elle comprend , la France , partagee entre un nom-
bre infini de chefs independans , ne conserva son carac-
tere national qu'a I'aide du lieu federal , de la feodalite.
.. Nous arrivons aujourd'hui a.une qualrieme periode,
qui comprend le regne de Saint-Louis et de ses descendans,
pendant cent deux ans , jusqu'au moment oil la ligne di-
recte se trouvant interrompue , la couronne passa pour la
premiere fois a des collateraux. Le caractere de celte pe-
riode lui fut donne par les hommes de loi ; ils travaillerenl
avec zele et perseverance a fonder le pouvoir absolu de la
couronne : sans detruire le systeme feodal qui avoit do-
m.ne jusqu'alors , ils le snbordonnerent completement au
principe monarchique.
« Un homrae eminent par ses vertus , par son desir
constant d'accomplir son devoir, herita, an commencement
de cette penode , d'un sceptre que son pere et son aieul
avoient deja eleve au-dessus des tr6nes de tous les princes
qu.se partageoient la France; Saint-Louis ne fut pas plu-
tot parvenu a I'Age d'homme, qu'il se proposa non d'aug-
menter son pouvoir on de s'approprier les droits de ces feu-
dataires qui , pendant sa minorile , avoient recommence a
^nsanglanter le royaume par leurs querelles, mais seule-
(4 )
nient de faiie succeder au rcgiie dc la violence le rogue des
lois, demettre I'inlelHgence etle droit a la place de I'au-
dace et de la force. II ne songea point a se rendre absolu ,
maisil vouliit supprinier Ics guerres privees et les combals
judiciaires. 11 ouvrit un recours a la justice pour rempla-
cer le recours anx armes, qui Ini paroissoit olTenserDieu. II
appela les legistes a decider enlre les grands , pour epargner
le sang des grands; et les legistes lui soumirent ces grands
memes qu'ils devoient sauver. Saint-Louis fit sortir des
rangs les plus obscurs ces hommes de la loi, qui, par recon-
noissance comrae par ambition , confondirent la loi avec le
trone , et seryirent I'autorite royale bien plus efficacement
que n'auroient pu faire ses armees. Saint-Louis n'avoit en
viie que la justice , et il ne chercha a recueillir de ses in-
stitutions d'autre fruit que cette justice nieine qu'il crovoit
devoir a sou peuple. Mais le corps nouveau qu'il avoil in-
troduit dans I'ttat , auquel il avoit confie de la puissance
en raisoa de son habilete , sut mettre a profit , sous les sue-
cesseursde Saint- Louis, celle habilete comine cette puissance.
Les legistes, jalonx de la noblesse, a laquelle pour la plu-
])art ilsn'appartenoient 2ias, jalouxdu clerge, qui, par nne
autre route, etoitarrive a une meme domination, employe-
rent le sceptre des rois a briser, et I'epee des gentilshoinpies
et la crosse des prelals ; ils savoient que les progrijs de I'au-
torite royale leur profiteroient surtoul a eux-memes qui
eu etoient depositaires : sous Philippe III et plus encore
sous Philippe IV, ils firent de la loi , dont ils se disoient les
inlerpretes, I'instrument d'une efFrayante tyrannic. Tous
les ordres de I'etat furent a leur tour, au nom de la jus-
tice, traites avec une revoltante iniquite. Les grands fu-
rent depouilles de leiirs fiefs hereditaires ; la noblesse vit
perir.sur les bucher»«i»BTempliers, ses plus heroiques cham-
pions; leclorge fut ©titrage dans son chef et asservi dans
ws'tnembres; le commerce fut mine ])ar les alterations des
monnoies , les saisies et les confiscations des .Tuifs , des
Lombards V des banqniers; et tous ces acT:es- de tyrannie
fnvent-toiijours commis par Ics legistes ; an nom of par
( 5 )
1 aulorite des lois. Lorsqu'a Philippe IV , monaique rupide ,
crurl , ambitieux , mais habile, succederent I'un apres
I'autre ses trois fils, qui manquerent autant de talens que de
verlus , quelques legistes furent sacrifies aux caprices de
cour et perirent dans les supplices; mais I'ordre demeura ,
il conserva tout son pouvoir , sous condition de servir d'une
maniereplus abjecte les terreurs ou la deraison d'un maitre
meprise' j les supplices des lejireux , ceux des pastoureaux ,
ceux des sorciers , signalerent a la fois la degradation de la
magistrature et le pouvoir absolu des rois qu'elle avoit
reudus toutpuissans. Dans des temps poslerieurs, la magis-
trature franfaise s'est relevee noblement de cette premiere
abjection : elle a abjure une servilite si contraire au minis-
tere auguste dont elle etoit revetue , et elle s'est efForceede
placer au-dessus de tous les pouvoirs humains , cette regie
inflexible du juste et de I'injuste qu'elfe etoit chargeed'ap-
pliquer. Mais autant elle contribua plus tard a epurer le
caraclere national , autant elle I'avoit degrade en fondant
le despotisme; les vertus des grands magistrals de la France
ne doivent point nous faire fermer les yeux siir les vices des
legistes leurs devanciers.
" Nous presentons done aujourd'hui , a la meditation
de nos lecteurs, cette periode de cent deux ans , duraul
laquelle les legistes reconstituerent le pouvoir des rois,
pour I'exploiter a leur profit. Mais avant de nous engager
dans ces details, nous jetterons aussi un coup-d'oeil sur les
periodes qui la saivirenl.
« Les legistes avoient constilue' la France en monarchie
absolue ; les grands, qui partageoient autrefois le pouvoir
du roi des Fran^ais , n'opposoient desormais plus d'obstacle
a ses voiontes : la nation , quoiqu'on lui cut octroye quel-
ques formes represenlatives , ne deliberoit point, n'expri-
nioit point ses voeux ; elle craignoit et elle obeissoit j au-
cune opinion publique n'associoit les gowverpes anx gou-
vernans; I'indifference de tous se manifestoit par le silence
des historiens ; il y a pen d'epoques oil une^rande nation
oit cu moins dc clironiqncnvs rl oii ccux-ci sc soiciil nion-
(6)
tres plus ignorans , plus etrangers aux affaires publiques ;
oil leurs recits soient plus laconiques, plus decolores. Mais
le silence du peuple ne degoutoit point les princes de
I'exercice du pouvoir. La seule loi de la monarchie etoit
la volonte du mon-arque ; bientot I'occasian se presenta de
se demander quel etoit, quel devoit etre le monarque?
Les legistes ne donnoient point a cette question une reponse
unifornie; les uns pretendoient que la loi commune des na-
tions reglant I'heredite du trone , comm?e celle du moindre
patrimoine , appeloit a la royaute les femmes aussi-bien que
les horamej : les autres repondoient qu'une loi particu-
Jiere a la France excluoit a perpetuite de la royaute les
femmes et leurs descendans. Cette question de loi sur un
pouvoir superieur aux lois ne pouvoit etre decidee que
par la force , et la force fut en effet invoquee des deux
parts. Une periode de cent trente-trois ans ( iSzS — 1461 ),
qui formera notre cinquieme partie, est remplie presqueen
entier par les guerres entre les Fran9ais et les Anglais , aux-
quelles la succession contesteede la couronno de Charles IV
avoit donne naissance.
« Pour avoir considere dans I'organisation du gouveriie-
ment les droits des rois, non ceux des nations , les Francais
avoient ete engages dans de longues guerres qui deciderent
quels maitres devoient regner sur eux. Ces guerres ne fu-
rentpas plutot terminees, que le memeprincipe en alluma
d'autres , pour savoir a quels etats les rois de France avoient
un droit heredi^faire , sur quels peuples les Francais feroient
valoir la legitimite de leurs princes. Un siecle environ
(1461 — 1559) est principalement rempli par ces guerres
de succession etrangere. Cette periode formera notre sixieme
partie : nous y vcrrons les invasions sanglantes des Fran-
gais en Italie, pour faire valoir les droits hereditaires de
leurs rois sur le trone de Naples et sur le duche de Milan.
" Une septieme periode d'environ quatre-vingts ans
( iSSp — 1643 ) comprendra les guerres de religion , qu'on
pent considerer corame resultant egalement de I'etablisse-
inent du pouvoir absolu des monarques. Apres avoir mis
(7)
leur volonte a la place des lois, pour toutes les choses tem-
porelles, ils crurent avoir egalement le droit de soumettre
a leur volonle ce qu'il y a dans riiomme de plus precieux ,
en merae temps, de plus intime et de plus independant,
la croyance. Cette pretention , reproduite au moment oii
la raison avoit pris un nouvel essor , et le sentiment reli-
gieux une nouvelle energie , ne put devenir la loi de I'etat
qu'apres avoir triomphe, dans des flots de sang, d'une
resistance obstinee.
« Le pouvoir absolu s'affermit cependant toujours plus,
et les consciences durent obeir a Louis XIV, comnie tous
les corps politiques de I'fitat lui obeissoient deja. Son regne
de soixante et douze ans ( i643 — i7i5 ) , forme a lui seul
la huitieme periode: c'est celle du triomphe complet de la
monarchie illimitee ; tandis qu'une neuvieme periode , a
peu pres d'egale longueur (17 15 — 1789) renferme, durant
les soixante et quatorze ans qui s'ecoulerent depuis la mort
de Louis XIV jusqu'a la revolution , la decadence et la
chute d'un systeme auquel les Francais avoient tout sacrifie.
« C'est ainsi que nous pouvous representer , par un petit
nombre de mots , le caractere general des siecles qui s'ecou-
lerent depuis I'epoque ou s'arreta notre precedent recit jus-
qu'aux revolutions dont nous avons ete temoinsj nous y
trouvons cent deux ans de travaux des legistes pour rendre
les rois absolus, cent trente ans de guerres de successions
domestiques, cent ans de guerres de successions etran-
geres , quatre-vingt-quatre ans de guerres religieuses ,
soixante et douze ans de despotisrae , soixante et quatorze
ans de dissolution du corps social. Cette division morale de
I'histoire de France a de la realite; chaque periode a eu un
caractere essentiellement different de celle qui I'a precedee ,
de celle qui I'a suiviej mais, en meme temps, il ne faut point
oublier que toute classification d'evenemens qui s'enchai-
nent sans interruption est artificielle ; que c'est toujours
d'une maniere arbitraire qu'on fixe le point oii une periode
commence , oil une autre finit ; que s'il est vrai que cha-
que interet , chaque passion a lear tour aient exerce leur
doiuiiialioii sur les homines , ils otil forme le caiaclerc
principal , iioii le caracteie unique de leur epoque; qu'en-
Jiti , dans le progres du temps, chaque jour apporte un
cliangemeut, chaque jour delruit et edifie, chaque jour
a done un caractere propre , de maniere qu'on ne pent ja-
mais lui appliquer sans modification le caractere du joui-
qui le precede et du jour qui le suit. II ne faut pas oublier
aussique quoiqu'on puisse montrer un enchainement natu-
re! dans les evenemens survenus depuis Saint-Louis jusqu'a
nos jours, en sorte que. nous recueillons aujourd'hui les
fruits de sa politique ou de celle de ses contemporains , la
plus grande partie des causes nous reste a jamais iuconnue,
el que cet enchainement que nous signalons dans le passe,
et que nous ne savons point voir dans I'avenir , est tout
aussi sonvent peut-etre I'oeuvre de notre esprit que la de-
couverle d'une loi de la nature. »
Cet Ouvragc , ainsi que nous 1 avons observe en tetc
du present Prospectus, est public par livraisons de trois
ou qualre volumes, divisees suivant les grandes epoques
de notre histoire nationale; les deux premieres livrai-
sons, composees des tomes i a 6, paroissent; la troi-
sieme, formant les tomes 7, 8 et 9, est sous presse, et
paroitra en octobre 182 5.
L6s personnes qui voudront se procurer I'ouvrage
sont prices de se faire inscrire a la Librairie Treuttel et
Wiirtz, a Paris, rue de Bourbon, n" 17; a Strasbourg,
rue des Serruriers; et a Londres, 3o, Soho-Square. L'on
ne paie rieii d avance. \
On peut aussi s'adresser a toutes les bonnes maisons
(le Librairie enFrance,etdansles divers pays etrangers.
i)i. t,'iMftir*iE*i*"ftF. cra**;lf.t,
ine (le Vangiratd, n" 9.
Avis Aui amateurs pe la litt^p.atubk truwotntt.
On peut s'adresser a Paris, par rentremise dii Bureau cf.nthal ds
LA Revue Ekcyclopediqub, a MM. Tbruttel et WuKfz, r;ie de
Bodi boil , n° 17, qui ont anssi deux inaisons de libraiiie, I'line a Siias-
bouig , pour I'Allemygiie, et Tauire al.ondies; — a MM. Akthij»
BEBTKANn, rue Haul elf iiille, 11° »3; — Renouard, ruedeToiniiiiii.ii"6;
— Levr.vult, rue des Fosses-M.-le-Priiice,ii° 3i,el aSlsasbourg; — Bos-
SAifGE/;ere, rue Richelieu, n'' fio ; et a J.ondres pour se procurer les
divers ouvrages etraiigers, anglais, alleinands, italiens, ruseps, pulo-
na!s, hollandais, etc., ainsi que les aulre< prnductinns de la litieraiure
etraiigere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris seia celui de!< pay*
Strangers ou its se puMieut, augnientede 10 pour roo, pour frais de
Jiort , droit d'iniportation et de conimission, etc. — La Direction de la
V?ei'«f £;,fj'c/(j/)t''/V/Hen'ad'autrebut,en publiant cet avis, quede ftiriliter,
par tons les nioyens qui resulient de sss publications ineusuelles, lea
communications scieiitilic^ues et litteraires entre la France et les pay*
Strangers.
AUX ACAPEMIES ET AUX SOCIETES SAVANTES ffc tOW! ICI pays.
Les AcvnEMiEs et les Societes savanxes et d'otii.itf. pum-iyiiH,
francaises et etrang^res, sont invitees a fairei)arvenirexactemeiit,/'fl"«
de port , au Diiecteur dc la Revue Encyciipea '^ue , les comptes rendirs.
de leurs travaux et les programmes des [irix qu'elles profosent, afin
que la Revue puisse les faire coiinaitre le plus promplemeut possible k
«es lecteurs.
AuX EDITEtTRS d'ODVRACFS ET AUX I.TBRAIBES.
MM. les editeurs d'ouvrages periodiques, francais et etrangers, qui
desireraient echanger leurs recueils avec le n6»re, peuveiit compter sur
le boil accue'l que nous ferons A leurs propositions dVclianges , et sur
une prompte annonre dans la Revue, des publications de ce genre et
des autres ouvrages nouvellemeiit publics , qu'ils nous auront adresscs.
AuX EniTP.URS r>ES RFCTTEIl-S PEUIODIQUES EW ANGtETERBR.
MM.Ies Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterrc sont
pries de faire disposer leurs n«m<*'n>j chez M.Dr.Gi'.OKGR, cor'esfiondantde
ill Revue Encrclopedhiiie a Londres, K° ao, Bekneh's street, Oxford
stbket; M. Degporge leur fera remettre, chaqus mois , en ccbange,
les cabiers de l.t Revue Encrclo/icdii/i/r, pour laquelle on |>eut anssi sous-
crirc rlie/. lui , soit pour lannee courante, soit pour se procurer leS
collections des annces anterieures, de 1819 a i8a4 incliisivement.
Avis aux voyageurs etrangers qui vont a t-oxdrfs.
Nouscrovons rendre service aiix Francais qui se rendeiit a Londres,
en lenr dosignant M. A. Roy , Francnis ctnbli a Lomlres , ;(" ao , New-
inaiin-Siriet,presd'0.>foid'itrcet, a u centre dos affaires et dans le plus
beau qnarfier de la ville. lis y tronveront , pour i5o ou 200 fr. par
mois, une jolle cbanibre, un bon dejeuner, une collation a iniai, un
fort bon diner a cinq beures, et le the, le soir. M. Roy donne de»
'-■cons de langue anglaise , et sa maison est tenue de U iuaaite-»
1« plus convenable.
Iff
LinaAiRF.s c/itz ie.u]uel< on suuscrii dans les p*ys etranuers
/tix-lit-Cliiil'flte, L^iruf lie Ills.
,i'iicliniic1.
la U in; lt*s fiercs Laugetiliujsen.
Liiiisiiiiiic , I'iscjier.
Lci/x'g , Griesliaiiiinor ; — G.
Z.iig«'tii'e h- -Or/t'a/is , Jourtlan ; —
Hnclie , (ri-rci.
Pn.f'iite (Sicil"), IVflonne el Mu-
ratovi ; — BumiI (Cli ).
I'rli-nOod'if; S, lint - I'liii put ; —
Gi.i«'lt"; \Vr\liet; — I lucliait.
Sliitlffrirt i-t Tiiliiii-^en , Colta.
Uiucht ,'\ an Sclioruihoven.
Tudi , B. Scalaliiiiii.
Turin , ISipCCa.
I\tr>in':c , Gliicksberg ; — Z,i-
vatl>ky.
fiejine ( A(ililcbe), Gerolll ; —
^chauiiiboui g ; — Schalbiicher.
Liibunnv , Paul J\Iailiii.
COLONIES.
r.iiad-'lniipe (Ppiiiie-a-Pitri-), Pi>'let aiiie.
//,-//f f/yi;,ce (P>iii-Li>iiis), K. Burilel.
.Uarti/iiqiu- , Tlioiiiieiis, Guiijinix.
ON SOIJSCRIT A PARIS,
AV BlIKF.VU DE MKDACTiOJV, HUE d'Es f ER-Sa I KT-MlCHKL , !»• l8,
oil doiveul »^tie.en\o^es , francs f!e pur' , les lir"'" . dessins vt gr.i-
\iues, (JdiiIoii, Hesiie {'aiinoace, el les Leliit>s" .nui.ie.i, Noliccs
oil Kx'raits destines, a, eiie inseres daiis"ce lieciiii..
CUUZ 1 KFIITTF.I. V.T WUKTZ, Illtde ]Jl)lllhoil, 11° I7;
B I'Y v.T Gk*vif.k , (piaicles Aiignsiii)-s, ii° §,5;
diaries Bixhkt,' lilira'Me-comm. , qiiai dfs Augnstins, «• 5^;
DoMiF.Y-DuPKE,' rue Saint-Louis, u°.4''» .,au Maiais; et lue
niciii'iii'ii, 11° '>7.
Jldjdii: nine, l)<'iilevard Poissonr.itie, n" iS;
Kymf.k Y , iiie M.iyariiie, ii° 3o ;
T^iiitr.T.riie U.iiilefe,uille, ii",ia ; . .
B.vi:iii'i.nu'i, <:ir'iM. Qactieh, anciea
iiiilitaire, Galeiiede Bols, n° 11,17, an Pal.iis-Unj'al.
! H'.ta. Les ouvragcs aauouccs dnus la llevue sc troiivout a\Is^i clicrRonET, rue
I Hjuitcfcuillc , u" i'i.
PARIS l)F. I.'iTHVRlMIRIR HE RiCSOfX,
im- .Ihs Krams.l'oinRiois S.Mi.lul , ir 8.
i^m
mi
Q7* VOLUME.
8 I® MVT^ATSOTVr. •
REVUE
ENCYCLOPEDIQUE
on
ANALYSE RATSONNfiE
DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES
DANS I.A UTTER ATDRE, IESAmT-'Viirc.EMT, Uesma-
HEST, V.Annonm, Brongkiakt £Is; Fi.ocaf.ns, D.-M. ; V. Jacqdejiont, etc.
3° Pour Its Sciences medicates .-MM. Auelon, BAr.LT, Damiron , G.-T. Uoi»,
DnrAB , EsQUiROL, Georget, Mageniue, ORFir.A,RiGOLt.oT Ills, l).-M.,etc.
4° Pijur les Sciences philnsophique^ et morales , politiques , geogra/ihiques el
hisloriques;tllM. Lanjvinais, de I'lnstitut; M. A.Jum-ien, Ue Paris; deGe-
rahoo,Alex. dk la Borde, del'Iastitut; Agoub, Adhee, Artatjd, Avehet.;
Bkrville, avocat; Barbie du Bocage, de I'lustitut; A. BeuGHOT; Champoi.-
i.iON-FiGEAC, correspoudant de riiistitut; Cbampc»1.i.iok jeune, Deppiwg;
CRtVEtLI, A. DCFRAYER, DUPIW AJKE, DdFAU, UuvKROIBR, GhaDET, BoU-
cbew£-Lefer,Doubi.et-de-BoisthiiiadI/T, a. Taillamoier, •TocaU; Amedee
Jai/bert; JoMARi),deriustitut; LaffonueLadebat, Alex.Lametb, P. Lam,
Mashias, J. Mauviel, a. Metrai.; Meyer, d'AiQsterdam ; Parent-Keal,
Pouqoevilijb; CIi.Rekocard, avocat; KvsEBESALVERTe,i.-B.SAy,SisMOHDE
DK SiSMONDt, StAPFERjSoEUR-MeRI.IM.
5" Pour la Litterature francaise et etrangere, ]a J)il>liograptiie,\'Archen!ogie
CtleS SeaiUC-ArtSl'M^. ASDRIEOX, AMAtlRY-DoVAI,, F.meric David, D«07,,
Lemercier, i>e SeGdr, de I'lnstitut; Barbier, aurien conservateur d«s Ijiblio-
tlieque.'! du Roi^ J.-P. Bres, Ai-PB. Mahul; Ph. Oolbery, deColmar; Kirc-
khoff, D.-M., d'Anvers; M. Biancbi, Mme.L. Ubm.oc, F.. Hereajt, IIemricbs,
M.BkRRjFeI.. BODlKi'BuOHOn, Car RiOH'N ISAM r>ls,CH Any ET; CBF.nEI>OLL&iill>,
de Liege; FR.DliGliORGE,UuMERSAK,F.D.GAUTTlER,GoErP,HEIBERG, K.RAFFT,
V.Leci.erc.Loeve-Veimars, M arrow, Mazois ; Ca. Monharo, deLausaoue;
A.deMowtbmo»t;Nicolo-Poulo, Patih , Pei-lissier , Poicgervillf. Qdb-
Tf.I.ET, nERElFFEWBERG; DE StASSART, deBrUiciles; Fr. SaI-FI; SCBNlTZr,RR ;
ScHWEiGH.«nsER fils, de Strasbourg; Leow Tbiesse, F. Tissot, Vercier,
S. ViscoMTl, etc.
A PARTS,
AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE,
Hued'Enfer-Saint-Michel,n° i8;
AUTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille, n" a3;
Au MusEBENCYCLopEDiQi/E, cuEz Boss AHGE p^re,rue Rlchelieu ,
n° 6o;
Renodahd, rue de Tournon, n" 6;
LONDRES. — Trkuttei. et Wurtz; Bossawge; Dolau etcomp.;
et R0X.ANDI, n" 20, Berner's-street, Oxt'ord-slreet.
SEPTEMBRE 1285,
AVIS ESSEJNTIFX AUX SOUSCIUPTEUIIS.
MM. LliS SOUSCRIPTEDRS llont rABONNEMBNT EXP1H£ LB
3 1 DJECKMHRE PRocHAiN, sont invitcs a le fairc RENouvELER
1)101 AU I*' DECEMBRE, pour que le service des envois
n'eprouve aucuii retard.
CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION.
De|)iiis le nioisde Janvier 1819, 1'l parait, par ann^e, douze cahicrS
de ce Recneil; ciiaque cahier , public le 3o dumois, se compose d'en-
viron 14 feuilles d'impression , et plus souvent de 16 ou i8.
On souscrit a Paris, an Bureau central d'abonnement et d'expSdition
iiidiqud sur le litre.
Prix de la Souscrlption.
A Paris . 46 fr. pour un an; a6 fr. pour six mois.
Dans les departemenj. 53 3o
A I'etranger 60 34
La difference entre le prix d'abonnement, a Paris, dans les dipartc-
mens et dans Vetranger, derant 6tre proporllonnelle aux frais d'expe-
dition par laposte, aservi de base a laflxation definitive porteeci-dessus.
Le montnnt de la souscription, envoye par la poste, doit dtre adress^
d'avance, frakg de tort, ainsi que la correspondance, au Directeitr
de la Revue Rncjrclopddique , rue d' Enfer-Saint-Michel , n" 18. C'est k la
m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les
gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont
d6sirera I'iusertion.
On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chea les
principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays
Strangers.
Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est
termini par une Table des mati^res alphabetique et anal3'tique, qui
eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au
t" cahier du volume suivant, ^ I'exception de la derni^re Table de
i'ann^e, qui est expediee isolement a tous ceux qui peuvent y avoir droit.
())> souscrit, seulement k partir de deux epoques, du 1" Janvier ou
du 1^' I'nillet de chaque ann^e , pour six mois , pu pour un an.
Oitrviive, AU BDUEAU CENTRAL, les collections desannees 1819, i8ao,
I'm, iSai i8i3, iSa.i et iSaS, au prix de 4(^ francs chuque.
REVUE
ENCYCLOPEDIQUE,
ou
ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES
DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES
DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS.
1. MEMOIRES, NOTICES,
LETTRES ET MELANGES.
REFLEXIONS
SUR QUELQUES INSTITUTIONS ET SUR QUELQUES
MOYENS PROPRES A FAVORISER LES PROGRES
DE L'INDUSTPJE,
ET PAKTICULIEREMENT
Sur la nouvelle Societe commanditaire de ^'Industrie ,
qui vtcnt d'etre fondee a Par-is (i).
Lorsquenotre cclubre Colbert voulut clever rindustrie fran-
caise a un haul dcgro do prosperite, scs premiers soins furent
(2) Cette societe , qui n'attend pour se constituer deCnitivement
que rordonnance royale qui doit en autoriser I'organisation , a pour
objet de conCribiter et de participer au succes de toute entreprise , de toute
invention et de tout perfectionnement relatifs a I'agricullure , a Vindustrie
T. xxvii. — Septembre iSaS. 4o
6i6 DES MO YENS
de fournir aux hommcs industricux des secoiirs pecnniaires ,
d'attirer do I'etranger les ouvriers les plushabilcs, d'cncourager
rapplication des procedcs noiivcaux, on ignores parnii nous,
et surtoiU de repandre rinstruclion , cause premiere des pro-
gres en tout genre.
En creant X Academie des sciences, ce grand minislre avait
principalcment en vue I'interet de 1 Industrie et des arts. Ce
corps savant fut chai'ge de dresser I'inventaire raisonne des
precedes employes dans toutcs les branches de I'industrie, et
de provoquer, d'accelerer raniclioration de ces procedes, soit
par scs propres travaux, soit par des prix decernes aux inven-
tions utiles.
Suivant les vues du fondateur , plus d'une centaine d'arts fu-
rcnt decrits; les machines nouvelles et les autres decouvertes
industrielles furent examinees et soumises a I'experience ; le
savoir le plus eminent secouda les efforts du genie des arts, re-
poussa I'ignorance audacieuse et la eharlatanerie, et offrit aux
travaux utiles line garanlie contre ces deux sortes d'ennemis.
Peut-etre qu'apres avoir salisfait a cette partic de ses obliga-
tions, I'Academie des fcicnces se laissa quclcjuefois enlraiuer
et au commerce. — Cette participation aura excliisivcment lieu par
le versetnent des capitaux de la sociele , a titre de commandite. —
EUe s'appliquera ii tonic association jugee utile , soit avcc des par-
ticuliers, soit avec d'autres societes aiionyraes ou en commandite. —
Le capital de la society est fixe a cent millions de francs , divise en ac-
tions au porteur, de mille francs chacime. — La societe sera admiiiislr^e
par un conseil general, compose de trcnte directeurs et de cinq ccn-
seurs. — La liste des fondateurs , imprimee a. la suite de Kuctc de
sociotc, coiitient les noms les plus recnmmandables et les plus ])ropres
a inspirerla confiance; parmi lesqnels nous citerons MBT. /. Laffittb,
Tebkaux aine, Casimir Pekbier, Foy (le general), Labbeguy, Vitai,-
Roux .Wilkinson , de Londres , Huntsch , de Geneve, BrTHMiNN ;
de Francfort-siir- i/eiii , etc.
DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 627
par Ics attrnits desliautes theories , anx dopens des applications ;
mais, si les arts furent effcctlveinent nc!i;liges durant quclque
terns, cet oubli est repare inaintenant, et Ics fastes de rindiis-
trie se glorifient de pouvoir citer plusieurs noms illustres dans
les sciences (i).
Le Conservotoire des arts et metiers , dont la premiere idee
senihle due a Henri IV (a), rend a I'indastrie des services iin-
portans, siirtout depuis que dc savans professeurs d'economie
industrielle, de mecanique et de chimie ont ete attaches a cet
etablisscment, et vepaiulent, parmi lY'lite des artisans et des
nianiifacluriers, leslumiercs de la science jointes ai'.x lecons de
la pratique. Mais cette belie institution, ctablie pour conservcr
et propager, et non poui crc'er, recueille ce qui est , et ne pout
executer co qui doit etre : bornec dans ses ressources et dans
ses attributions, elle revolt son mouvement de I'industrie, et
ne saurait lui donner une vive impulsion. Nous ponvons en
dire autant des expositions periodiques, des jjroduits de I'indus-
(i) On ne peut oublier les arts crees par Berthollet, par
Chaptal, les precedes cliimiques et les preparations que Ton doit
rs Thenard, etc. — MM.V\uQijni,iN, Gay-Litssac, D'Ahcet, Pkowt,
GiRARD, Ch. DupiN, Navier et plusieurs autres savans distingucs
se sent occnpes individuellement de diverses hranclies d'industiie ,
ou des ponts et chaussees , on des elemens de la force publiqiie, et
lis ont r^pandu les plus yIvcs lumieres sur des operations abandon-
nees autrefois a une aveugle routine. ir. d. r.
(2) Sully nous apprend, dans les Economies royalcs , que plu-
sieurs salles basses du Louvre ^taient consacrees fi recevoir des
modeles de toute esp^ce de rnacbines. Descartes a presente aussi
le plan d'un etablissement de ce genre. Le fameux Vaucawsoi.-
forma a ses frais un d^pot de machines, qu'il legua ensuite ci
Louis XVL Ce depot, accru, et transporte a I'ancienne abbaye
Saint-Martin, est devenu, par des ameliorations successive^, le
plus riche etablissement en ce genre.
628 DES MOYENS
trienationale, deces fotcs biillantes, monumcns caracturistiques
de la tendance dii sicclc, ct dont la i)rincipalc utilile consiste i\
presenter la statistiquc vivantc de nos richesses acqiiises.
Vers 1801, quelques amis de I'indnstrie, ayantaieur tetele
celebre Chaptal, crurent que le moment ctait arrive d'orga-
niser en France unc association propre a stimuler eta seconder
le zele desinventcurs; ils formcrcnt la Societe d' encouragement
pour I'industric nationale , dans laquelle ils admircnt tons les
hommes bienveillans , livres ou non a des travaux produc-
tifs, ct jaloux de voir se developper la prosperite nationalc.
Les fondateurs donnerent a la Societe, pour seuls moyens
d'action, des propositions de prix, des distributions de me-
dailles, ct des publications puriodiques: ils ne songerent a
soutenir cette iuslitulion nouvelle que par des sousc.iptions
volontaires et desinteressees, et crurent qu'elle ne devait prendre
part directcmcnt a aucune entreprisc hici-alive. Malgre ces li-
mitations , et nialgre les circonslances defavorables qui ont
entrave la Societe d'encouragement depuis son origine , elle a
rendu auxarts et aux metiers des services d'unc haute impor-
tance : elle a entretcnu le gout des travaux paisibles et produc-
tifs, au milieu d'un sysleme violent de conquetcsetde destruc-
tion; elle a contribue puissamment au devcloppemcnt que les
manufactui'cs ontpris en France depuis 25 annees.
Cependant, par sa composition, commcpar la nature deses
ressources ct de scs moyens d'action, la Societe d'encourage-
ment porte le caractere d'une reuvie philanlropiquc, plus en-
core que celui d'unc institution en faveur de rindustrie. Ses
succcs ont plus tcnu au zele pcrseverant ct actif de (jueiciucs-
uns de ses membres, qua I'cssence racme de I'asnocialion ; ct il
est a craindre qu'apres la rctraite de ces hommes genercux , et
meme plus tot encore, la Societe, perdant de vue I'importancc de
son but, neperde pen a peu de son caractere d'utilite, quoique
le nombre de ses membres et I'etendue de ses ressources pecu-
DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 629
iiiaires s'aiigmentcnt sans cesse; il est a craindre, en un mot,
que, cedant a la niediocritc qui lend a dominer partout, parce
qu'clle est partout en majorite, celte Socictc si respectable dans
sonorigine, ne s'occupe uniqucment, comme elle I'adejafait
trop souvent, d'objets d'une faible importance, et ne reserve
ses prix pour dcs questions de detail, presque sans influence
sur la prosperite publiquc (i).
Remarquons , d'ailleurs , que , depuis sa fondation, ses efforts
se sont diriges principalement vers Ics manufactures , peu vers
ragriculture et le commerce, ct beaucoup moins encore vers
les ponts et chaussecs, la marine et I'art militaire, qui sont
aiissi de grandes branches del'induslrie. CetteSociele n'adonc
passuiviun plan genera! et coniplet dans les mcsures ii prendre
pour atteindre le but indique par son nom; et, I'eut-elle concu,
ses faiblcs ressources en capitaux I'auralcnt empcchee de Ic
mcttre a execution.
Les institutions analogues qui existent en Anglcterre, et
cclles qui vienuent d'c'tre rreucs dans plusieui's ctatsde I'Alle-
magne ct de I'Amerique, offrent quelques perfectionnemeus
dans leur organisation ; mais elles ont en general moins de res-
sources en tout genre que la Socicte de Paris (2). Elles servent
(i) Ces crahitcs ne paraissent pas fondees. La Socieie d'encouia-
gement a dii se restreindre, comme elle I'a fait, et ne s occuper que
de I'industjie mauiifacturiere. L'agriculture etait conflee a une
Socieie centi ale , secondee par d'autres soclcles dans toute la France.
Les ponts et chaussecs, I'art militaire, considere dans la forme, la
nature et la fabrication des armes et des munitions, et la marine,
sont conCes a des corps savans, auxquels on ne reprochera point
de s'en occuper sans zele et sans succes. Si la Socicte d'encourage-
ment eut vouiii tout entrcprendre , n'eut-elle pas cte trop au-dessous
de sa tache ? aurait-elle pu rendre quelque service? i*. d. r.
(2) La Societe d'encouragement, en Angleterre, est inferieure a
celle de France, et parson influence, et par ses travaux. m. d. r.
fi3o DES MOYENS
I'industrie , sans ctre en position dc la dinger, ni de lui douner
line impulsion vigomxuse ct irresistible.
Cctte remarqiiejest egaleinent ajiplicableaux associations coo-
peratives fondeespar M. Owen dans la Grande - Lretagne. Ce
zele philantrope veutd'abord ameliorer la situation des classes
indigentes, ct il sc propose d'assurer la prosperite de toute
I'espece huniainc , tant par reducalion et les moeurs que par le
developpcnient comj)let de I'activite industrielle, consideree
comine im moyen de prevenir la mendicitecu \e pauperisme
et d'accroitre le bieu-ctre des ouvriers. Ces associations doivent
produirc un jour d'excellcns resnltats; mais lour action ne pa-
rait pas devoir s'otendresur Ics classes plus clevees, qui con-
sentiront difficilemeiit a mettre en commun leurs richesses ,
Icurs talens ct leur savoir, ct a ne pas lirer dc ces avantages ,
naturels on acquis, un plus grand parti que leshommes qui en
sont privts.
On semble craindre generalement que ce systeme de com-
inunaute, loin de donner uue nouvcllc enerjjic aux forces intel-
lectuelleson physiques dcriiomnie, ne ralentisse au contraire
leur developpcnient et ne paralyse en quelque sorte I'essor de
rindustrie : mais peut-etre porte-t-on ce dernier jugement sous
I'iufluence des prejuges, sans considerer tous les efforts de de-
vouement et de genie enfantes a certaines epoques par I'amour
de la patrie, etsans reconnaitre que la patrie n'etait pour tous
les hommes libres d'un pays qu'une veritable societe coope-
rative.
Que Ton se figure le bonhcur dont jouirait la grande faniille
humaine , si tous scs membres, en raison d'une education pcr-
fectionni'e ct d'habitudes nouvelles, cooperaient sans ccsse a se
rendre mutuellement heureux ; regardant tout ce que la nature
ou I'art peuvent produire , comme une proprietc commune
dans laquclle chacun aurait une part egale. La guerre, les
douanes, les impots et les sinecures cesseraient de nuire a la
DE FAVORISER LlNDUSTRlE. 63 1
production; plus de bauqut-routes, ni de speculations ruiueuses,
ni de diseltes. Tons les talens, toutes les industries, stimules
par I'estime publique et sccondes par la cooperation mutuelle,
feraient naitre une abondance sans pareille. AuOun peuple ,
aucun individu n'est plus clranger I'un a I'autre; le globe en-
tier est la patrie de chacun ; et le voyageur , apportant partout
le desir d'etre utile, est certain de trouver partout un accueil
IVaternel. L'egalile des droits et de la ricliesse ne detruirail pas
toutefois les distinctions flatteuses que la nature prodigue a
quelques-uns de ses proteges : car une belle femmc ne ccsserait
pas plus d'attirer les regards, qu'unhomme robuste ne perdrait
la faculte d'enlever de pesans fardeaux; etles etres les plus
spirituels , les plus aimables, les plus savans , les plus vcrtueux,
seraient d'autant plus recherclies qu'aucun privilege abusif ne
ternirait I'eclat du nierite reel et personnel, trcp scuvent sa-
crifie dans nos societes actuellcs a des distinctions faclices et
injustes. Mais, des mosurs tres-simples et tres-douces empeche-
raient que personne ne mnnirAt trop d'orgueil d'aucun don
naturel ou acquis , et que les gens les plus mal ccnformes
au physique ou au moral trouvassent dans les yen/ d'aulnii
autre chose que de la compassion et de I'indiilgence. Certes,
aucune utopie ne presenta jamais un tableau plus flatteur , sur-
tout si Ton y ftiit entrer les miracles que peuventenfanter les
progres journaliers de la mecanique et de toutes les connais-
sances humaines. Enlin, en admcttant quel'epoque ne soit pas
encore arrivee ou les hommes coopcrcrout tous a la prosperitc
la plus grande ct la plus universelle possible, cst-il complete-
ment inutile de leur en indiqucr les moycus?
Peut-etre M. Owen aurait-il du cacher avec plus d'art qu'il
ne I'a fail ses opinions particuUeres sur diverses sectcs reli-
gieuses et sur les lois existantes. Ses moyens de les attaquer
sont tres-pacifiques sans doute; mais on reconnait neanmoius
63a DES MOYENS
que son institution tend a les aneantir. Entraveoumal seconde,
quoiquc estime dans loutcs Ics parties de I'Angleterre, il est
alle porter sa fortune et ses projets dans le nouvcau continent.
Le gouvernement federatif des Etats-Unis de rAmcriquc du
Nord liii a fail raccueil le plus distingue ; mais peut-etr6 au-
ra-t-il a vainore de Lien plus grandcs difficMUcs que ne rannonce
im debut si favorable. Partout les bommes tiennent a leurs
habitudes , et surtout a leurs prerogatives.
Cependant, les efforts deBI. Ovren pour ameliorer le sort
de I'espece humaine, ont laisse en Angleterre des traees
ineffacables , et ses partisans ont reconnu la necessite de
modifier un systeme trop different de ce qui existe : ils ont
forme une Societc qui, avant de rien etablir definitivemcnt ,
reclame les avis de ses associes et du public, pour perfcction-
ner le plan qu'clle presente. Enfin , le caractere du systeme
cooperatif , est-il dit dans le prospectus, est de eoordonner la
production et la distribution des richesses avecle boiiheur de la
totalite , et non pas d'unc fmrtlnn de rexpece humaine.
Sans nous arreter davantage sur ce sysleme beaucoup plus
moral etplus chretien, s'ilest executable, qu'aucune institution
creee jusqu'a ce jour, remarquons que les associations nom-
breuses qui se forment de toutes parts pour executer des en-
treprises industrielles ou philantropiques , sontdans une posi-
tion bien plus favorable que les ancienncs corporations d'arts
et metiers : ccllcs-ci ctaient principalementinslituees pour de-
fend re la pcrsonneet les proprietes de leurs membres; cellcs-la,
n'ayant plus a redouter les violences de la feodalite, consa-
crcnt leur tems et leurs forces au developpement dela produc-
tjon. Toutefois, ces associations ne se livrcnt qu'a des specu-
lations locales, relatives aun seul des nombreux besoins de la
societe. EUes ne s'occupent nullementde I'ensembledesprogres
de I'industrie, ni des moyens d'exploitation les plus generaux.
DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 633
Ces puissans levicrs du mecanisme social et de la prosperite
publique sont encore des instrumens presque etraugcrs aux
banquiers, aux negocians et auxaiilres capitalistes.
Les gouvernemens , de leur cole, entreprennent d'une ma-
niere tropetroite d'ameliorer par I'industrie le sort dii pcuple.
Le parlement d'Anglcterre descend dans ses cnquetes jusqu'aux
plus petits details techniques; il deploie beaucoup de zele et
d'activite pour fairc disparaitre certaincs entraves , imposees
dans des tems d'ignoi-ance a Tagriculture, aux manufactures
et au commerce. Son but principal est d'etcndre I'influence bri-
tannique sur toutes les parties du globe. Dirige cependantpar
iVie fausse politique , il n'a point pris pour bases de ses opera-
tions la justice, I'utiiite etla cooperation universelle ; sa bien-
veillance s'est fixee suir la seule Anglcterre , ou plutot sur lui-
meme. On remarquedanstous ses actesune surveillance jalouse
a I'egard des industries etrangeres, et plus de crainte de nuire
aux prerogatives de I'aristocratie anglaise que de de-sir de sou-
lager les niaux Ae la elasse indiy;entc et d'accroitre le bicn-etre
de la elasse intcrmediaire. Ses services envers la nation se
bornent au total a faciliter quebjues entrcprises commencees
par des particuliers, sans qu'il ait la pensee ni la cnpacite de
diriger I'industrie dans des voics nouvelles , apcrcues du point
de vue le plus eleve ; enlin , il montre peu d'aptitude a perfec-
tionner les deux branches de la force publique qui lui sont
specialementconfiees, I'armee de terre et I'armee navalo; quoi-
qu'il regarde cette derniere comme le veritable palladium de
I'empire britannique.
Si Ton envisage uniquement ce qui se pratique en Europe,
on trouvera fort singulier le peu d'estime lemoigne ici pour le
perfectionnement des flottes anglaises; il est necessaire de se
rappeler les evenemens qui ont eu lieu, pendant la guerre de
1812 a i8i5, entre I'Angleterre et les Etats-TTnis d'Amerique.
La marine railitaire de ceux-ci conslstait en une vincrtaine do
634 DES MO YENS
fregates, une cinquantaine de biitimens legers, et une flottille
de peniches et de chaloupes canonnieres. La marine militaire
de la Grande-Brefagne complait plus de Hiille batimens, panni
lesqucls so troiivaieut au moins deux cents vaisseaux de ligne
et autant de fregates, teniisponr les mcilleurs dn nionde. Nean-
moius , dans unelulte aussi maleiiellement inegale, les Ame-
ricains ont ptis pins de batimens de guerre et de commerce
qii'ils n'en ont perdu, et ils ont obtenu, par un glorieux Iraite
de pais, toutcs les conditions qu'ils avaient precedemment
exigees.
On aurait tort de pcnser que ces avantages dependirent uni-
qaement de la position geographique des Etats-Unis et del'exal-
tation dc leurs habitans. Les Anglais eux-niemes ont reeonnu
la superiorite des armcmens de leurs adversaircs, puisqu'apres
la paix, ils se sent empresses d'indter les perfectionneraens
introduits dans la construction et I'installation des batimens
de haut bord de la marine federative. Mais ils sont encore tres-
arrieres a I'egard de plusicurs armes adoptees reccmment en
Amerique, et ils n'ont pas meme construit une seule fregatea
vapeur, ni aucun des instrumens de destruction ou des navires
propres a la guerre sous-marine. Une mesure fort singuliere a
ete prise a I'egard des personnes qui tentent de pcrfectionner
en Anglcterre ce nuuveau genre de guerre. On leur accorde de
fortes pensions pour les faire renoncer a leuis essais; en sorte
que ce pays ])ourra bien etre un jour le seul ou Ton n'aura
point acquis d'habilete dans un systeme maritime deja redoule,
et qui dcviendra bieu plus redoulable qn'on ne le croit com
niunement. Bien plus sage dans ses vues, le gouvernement
federatif des Etats-Unis regarde les fregates a vapeur comme
son principal moyen de defense. II commence a reconnaitre
rimporiance de la guerre sous-marine , et sa flotte, dont le
budget est reduit a douze millions , aequiert sans cesse une
preponderance plus marquee sur la flotte britannique , bien
DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 635
que le budget de ccUe-oi n'ait jamais ete au - dessous de 160
millious.
Voici une autre preuve Lien frappante de ce que j'oserais
appeler I'incapacitc industrielle du gouvernement anglais:
dans scs ports et ses arsenaux, qui surpassent en grandeur et
en depeuse toute autre espece d'ateliers ou de manufactures ,
la plupart des travaux coutinuent a s'executer par la main de
I'homme, suivant I'ancienne coiitume , au lieu d'etre executes
par des machines a vapeur combinecs avec tous les procedes
perfcctionnes que Ton admire dans les efablissemens particu-
liers de la Grande - Bretagne. Finalement, presque toute la
marine marchaude de cette puissance sera peut-etre transfor-
mee en navires a vapeur, avant qu'un seul des vaisseaux de
I'etat ait siibi la meme transformation. Et cependant, il est fa-
cile de sentir qu'une marche rapide, independante des caprices
du vpDt, est un avantage bien plus important pour les buti-
mens de guerre que pour de simpleS batimens de commerce.
En examinani lour u tour les progres de I'industrie chez
chaque nation , on trouve a louer quelques dispositions parti-
culieres; mais nuUe part on ne remarque un systeme propre
a combiner immediatement, dans le plus grand interet de la
societe, toutes ses ressources physiques et morales.
Un philosophe fran^ais, plus remarquable par I'originalite
de sou genie et par son devouemenl pour la science, que par
ses connaissances techniques et ses talens litteraires, M. de
Saint-Simon , dont nous avons a depUuer la perte recente, s'est
occupe pendant long-fems de rechercher le systeme social le
plus favorable a la production : on peut extraire de ses noni-
breux ecrits les principes suivans.
Toutes les forces prodiictives du corps social resident essen-
tiellement dans I'industrie, les sciences et les beaux-arts.
Les gouvernemcns ii'ont pas indispensablement la volonte ,
ni la capacite de mettre en jeu ces forces productivcs, dc la
636 DES MOYENS
inaniere la plus efficace pour le bicn dc tous; ct, lorsqu'il
leur arrive de I'eiitreprendre , ils ne le font que par des moycns
empruutcs aux classes laborieuses , et en devenant souvent
des intermediaires plus ou moins imparfaits, plus ou moins
onercux.
C'est par la coinbinaison dirccte des savans, des artistes ct
des industriels, que Ton procurcra aux nations la plus grande
somme possible d'ir.-struction et de jouissances.
On devrait, en consequence , former uiie societe composee
des homuics qui ont niontrc le plus de capacite, soit dans les
theories, soit dans leurs applications. Cctte association emet-
trait, exaniinerait et fcrnit executcr toutes les propositions gu-
nerales ouparticulieres, utiles a I'industrie , aux sciences et aux
beaux arts; ellc serait divisee en plusieurs sections, savoir :
comite des industriels , coWi'Qe des savans, college des artistes;
les propositions seraicnt d'abord soninises, suivant leur na-
ture, a I'une des deux dernieres sections; ensuite, au comite
des industriels, charge exclusivcmcni <1(^ I'f xc-.uition ; cnfin , a
une quatrieme section, d\\.e college pJiilosophiqiie , composee,
commc son nom I'indique, de philosnphes ou d'esprits ency-
clopediques , egalemeut profonds dans les verites dc raisonne-
ment et de sentiment, dans les connaissances scicntiliques ct
dans les arts qui sont du domaine de I'imagination.
M. de Saint-Simon pensait que I'influence dc cctte Societe ne
se borncrait pas a ctendre ies ressources et la prosperile de la
nation, mais fmirait par diriger toutes les operations du gou-
vernement, ou phitot par etre clle-meme le gouvcrncmcnt.
M. de Saint-Simon a souvent proteste de son liorrcur pour
toute commotion violente et dc son respect pour la royaule;
mais ses projets n'en sont pas moins alarmans pour les hommcs
qui veulcnt consommer sans produire , et occuper de grandcs
places sans etre capables d'en remplir les fonctions.
Peu de bons esprits regarderont les projets de M. de Saint-
DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 687
Simon comme immodiatement executables en France, nl dans
aucune vicille monaichie.
La Societe commanditaire dc I' Industrie, qui s'etablit main-
tenant a Paris, prescnte un caractere tout different, en cc
qu'onne pent pas memo lui soiipconner I'inlention dc vouloir
diminuer I'iufluence du prince et de ses ministres. Loin do la,
son action resserree dans le cercle des arts industrieis, et uni-
quement favorable a la production , aiigmentera bienlot les
ressources du tresor royal. Cettc Societe se propose de contri-
buer et de parlicipcr au succes de toute entreprise, dc toute
invention ct de tout perfectionnemcnt relatifs a ragriculture ,
aux manufactures etau commerce, en fournissantJa totalito ou
une partie dcs fonds neccssaircs a Icur exploitation. A cet effet,
les fondateurs veulent clever Icur capital a la somme de cent
millions , divisiblcs en actions nominatives ou au porteur de
mille francs chaciuie, L'admission des propositions et des pro-
jets Sera jugee par le conseil general d'administration, compose
de trentc mt^nibres, et divise en cinq commissions : i Agricul-
ture ; 2. Fabriques et manufactures ; 3. Mines, usines et forges ;
/|. Trai'aux publics ; 5. Comptabilile.
Nous n'cntrerons pas dans de plus grands details, sur les
statuts de la Societe; cet cxtrait suffit pour montrer la marche
adoptee par les fondateurs; on voit que leiir objet sera de
mettre dircctement en rapport I'invcnteur et ses conceptions
avec le capitaliste et ses moyens d'execution, ct par conse-
quent de realiser le platot possible toutes les decouvertes et les
ameliorations.
Sous le rapport financier, I'organisation de la Sociele com-
manditaire nous parait bien concue; iln'en sera pent-clre pas
de mcme, si on la considere sows le rapport scientifique. Pour
apprccier convenablement des projels nouveaux , il faut avoir
fait une etude lougue et approfondie des branches d'industne
auxquelles ils se rapportent, ot nieme de plusieurs autres arts,
6:^8 DES MOYENS
dc phisienrs autrcs sciences, qui s'y rattachent phis ou moins
directcment; or, dans les 20 membrcs dti conscil general qui
sont deja nommes , nous ne voyons qu'un petit nombrc d'hom-
mes connus dans les arts. 11 est vrai quo ce conscil a la faculte
de so faire aider par un nombrc indetermiue do dirccteurs ad-
joints. EsjK-rons qu'il aura la sa-jessede les choisir parmi I'elite
des ingonieurs, dessavans, des artistes et des liommes indus-
Iriels. — Ce sera la moilleurc garantie qu'il puisse donner a
ses propres intercis, ainsi qu'a la confiai-ce du public.
Si Ton s'en rapporte a la denomination des cinq comites ,
aucun ne sera specialement charge dc ce qui concerne la na-
vigation interieure et exterieure , branche d'industrie bicn im-
portanle, bien distincte, ct qui appcllc d'autant plus les se-
cours de la theorie dans noire capilale, que les yens ct les
csprits y sont tout-a-fait detournes de la marine. II ne parait
pas non plus que les fondateurs de la Societe commanditaire
songenta sc mettrecn mcsure d'obtenir en grandc partie la fa-
brication du materiel dela guerre que Ton commence a conficr
aux particuliers en Angleterre, au.\ Elats-Unis, ct meme en
France.
Nous nc nous bornerons pas i\ signaler ce que la Societe
commanditaire aurait tort dc ne])as cntrcprcndrc; nous hasar-
dcrons quelques vues nouvelles surlcs nioyens d'employer ses
capitau.K de la maniere la plus intelligente et la plus lu-
crative.
Avanl d'arreter une organisation delinitive, les fondateurs
devraient, selon nous, proposer un prix pour la composition
d'un tableau raisonne de toutes les parties de rintlustrie. Les
encj^clopedies dejapubliecs, malgrcleur enorme etcnduc, sup-
pleeraient d'une maniere tres-incomplete a un tableau de cette
espece habilement trace. Elles sont trop volumineuses pour etre
lues par des capitalistes fort occupes. Cost assez d'exiger que
les meilleuressoient placees dans labibliotheque de la Societe,
i
DE FAVORISER I/INDUSTRIE. 639
ainsi que ces rccueils periodiqucs d'arts, de metiers et de scien-
ces , dont le nombrc et le morite se sont considerablemciit ac-
crus, depuis quelques annees , en raison des besoins et des
lumicres dc la classe productive.
Voici, d'ailleiirs, quelques-uns des objets qui meritcnt de
fixer principaleinent I'attcntion dela Socictc conimanditairede
I'industrie : le perfeclionnement et les applications d^-s ma-
chines a vapeur, ainsi que des machines mues par I'eau ou le
vent, plus economiques dansquelqnes localitcs; I't'tablisscment
des machines a air dilate, a gaz hydrogene , a poudre deton-
nante ou fulminante, qui sont encore dans I'enfance.
Ou ne saurait altacher trop d'importance a la creation des
raoteurs mecaniques : leur multiplication n'a point de bornes,
d'autant qu'ils peuvent se reproduire en partie les uns par les
antrcs, qu'ils sont applicables a tous les travaux, et notam-
inent a ceux qui exigent beaucoup de force et des mouvemens
pen varies.
C est eux qn'il faut employer prcsqiie uniquement pour le
cardage et la fdature du colon, dela lainc, dii chanvre, etc.;
pour la confection defuiitive de tousles tissus, pour la prepa-
ration des feutres et des cuirs; pour le debit des bois de cons-
truction et de chauffage; pour I'extraction et le sciage des
pierres; pour la preparation des cimcns, des mortiers et des
briques; pour la mouturc des grains qu'il ne suflit pas d'operer
avec les moulins a cau et a vent; mais, si la necessite des ma-
chines a vapeur ou de quelques autres machines a feu se fait
sentir, c'est surtout pour la fabrication du pain, qui se fait
encore partout d'une maniere si fatigante pour les ouvriers et
si degoutante pour les consommateurs. Une entreprise de ce
genre donnerait de grands benefices, et elle deviendrait ime
"oeuvre philantropiqne, si Ton produisait, par I'addition de la
fecule de pomme de terre, un pain economiqueet savoureux a
I'usage des families pen fortunccs.
6^0 DES MOYENS
Aprcs les moteurs, on sent qu'il n'existc pas d'objets d'unc uti-
litc plus etcnducqiic Ics moycns dc communication ct dc tians-
poit : car, lorsqii'ils sent imparfaits, lesprodiiits naturels ou
manufactures s'accumulent entre les mains du fermier, ou du
fabricant; il sont sans valeur, a cause de leur surabondance
sur Ic lieu oil ils ont ete formes, et deviennent graduollemcnt
tres-rarcs ct tres-chcrs,a niesure qu'ils sont transportes plus
loin : la production est frappee de mort , dcs qu'elle manque
de moycns d'ecoulement.
line uouvelle ere commence pour la circulation des mar-
chaudlses , ct pour cclle des voyagcurs : clle ajoute aux moycns
employes jusqu'ici , les voitiires a vapeur , Ics chcmins dc fer,
les canaux proprcs a recevoir les batimens qui nayiguent en
pleine mer.
Quoique, des I'annee 17G3 , Cugnot eut essaye avec succes
a Paris de faire des voitures a vapeur, cette grande et belle
conception avait etc abandonnee, coirime toutes les idces qui
sont trop au-dessus dc lepoque ou elles parai^scnt. L'Angle-
terre et plusicurs aulrespays vontbicntotjouir de cenouveau
blenfait de la mucaniquc, dont I'appiication devient infiniment
plusfacilc, amnoycn des cliemius de fer. On verra de veritables
maisons ct dcs magasius ambulans transporter, avec une rapidite
prcsque magiquc, jusques ii cent voyagcurs a la fois et d'cuor-
mes quantites de marchandises. Ce n'est pas, au rcste, de la
vapeur seule que Ton pretend sc servir pour former dcs voi-
tures automates ; un mecanicn distingue de Londres , M. Brovrn,
cspere y substituer avec avantage le gaz hydrogenc. Nous
doutons qu'il obtienne sur-lc-cliamp un succes complet ; mais
les tcntatives de ce genre produiront peut-etre im jour de tres-
bcureux resultats. On ne saurait trop clierclicr a varier et a
mukjplicr les ressources et les ageus de la mecanique : Ics
idees les plus iiiexecutables d'abord finissent souvent par ac-
querir un haul degre de pei feciinn ct d'utiiite.
DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 641,
En Suede, sous Ic regne de Gustavo Vasa, on voulut epar-
yiier aux navires le passage du Sund , en creusant un canal
eutre Gothenbourg et Stockholm , qui aurait uni la Baltique a
la mer du Noid ; cette entreprise , plusieuis fois comniencee
et abandonuee, sera enfin ternainee, en 1828, par les soins
eclaiies dc S. M. Chailes-Jean. En Angleterre, le superbe
canal Caledonien , qui a 20 pieds de profondeur et 116 pieds
de large, vient d'etre execute avec promptitude, et I'art a
surmonte victoriensement tous les obstacles naturels. En Hol-
landc , on a acheve un canal de aS pieds de profondeur, 120
de large et 3o lieues de long , pour aniener du Helder a Ams-
terdam les plus grands vaissaux de guerre et de commerce.
L'isthme de Suez, celui de Panama , vont etre ouverts a la
navigation par des capitalistes anglais; plusieurs compagnies
francaises , dont I'une a choisi pour ingeuieur M. Charles Du-
|)in, se proposent de rendre Paris port de mer. Beaucoup d'au-
trcs entreprises du meme genie commenceut a se former , ot
Ton vcrra, corame nous I'avons annonce (i), des navires venus
de I'Amerique , de I'l^ide, de la Chine et de la mer du Sud ,
voguer an sein des etats les plus eloignes de la mer.
La France occupe la meilleure position geographique pour
procurer cet immense bienfait a I'Europe , et en retirer des
avantages particuliers. Tous les peuples comniercans et navi-
gateurs deviendraient volontaircment nos tribiitaires , si nous
formions de veritables i-outes maritimes, allant de la Manche
au Rhin, de I'Escaut a la Mediterrauec , et si nous faisions au
canal de Languedoc les travaux necessaircs pour qu'il recut au
moins les grands navires a vapeur qui tirentseulement7 a 8 pieds
(l) Meinoire sitr les mojens de rendre Paris jsort de mer; public la
premiere fois en 1824, dans le Feuilletcn litteraire, i3, 14 et a 2
juillei. (VoY- jRei'. Enc, t. xxiii, p. f>76.)
T. xxvii. — Septemhre iSaS. 4^
6/4a DES MOYENS
il'eau. Outre les traversees de la Manche et ile rAtlantique,
desnaviresdecctteespece passent deji d'Anglelerre enEjjyptc;
d'autres se disposent ;i passer dans I'lnde, en doublant le cap
de Bonne-Esperance ; mais eelce dcrniere direction sura abaa-
donnee aussilot q\ie I'isthme de Suez sera ouvert, et pour aller
de la Manche dans laMedilerranee, les navires anglais traverse-
raientle canal deLanguedoc, s'il etait convenablernent agrandi
et prolonge. Non-seulenient leurs voyages dans I'lntie, ou dans
la Mediterranee, seraient plus courts; mais ils deviendraient
plus agreables et presque exempts des chances dangereuses de
la navigation ordinaire.
Les bdtimonshollandais, danoiset suedois trouveraient aussi
un grand avantage a passer par le canal qui joindrait I'Escaut
ou le Rhin a la Mediterranee, soil qu'ils voulussent aller seu-
lement dans cette mer ou passer dans la mcr Noire, ou tra-
verser I'isthme de Suez. Quant aux navires de la plupart des
pcuples du centre de I'Europe , on sent qu'ils n'arriveraient a
rOcean qu'en passant au travers de nos routes maritimes , et
il en serait de menie pour beaucoup d'autres habitans du globe
qui voudraient commercer avec le centre de I'Europe.
Lesbatimens a vapeur dont I'accroissementestsirapide, ont
des carenes moins aigues et tirent deux a trois fois moins d'eau,
a egalite de tonnage, que les navires ordinaires ; or, ils faci-
literont singulierement les diverses combinaisons de la naviga-
tion interieure avec le navigation exterieure. C'est ainfsi que
presque toujours un progres de I'industrie en fait developper
quelques autres.
La substitution du fer a la pierre et au bois dans une foule
de constructious est egalement un des elemens les plus feconds
de la prosperite universelle. L'attention publiqu6 est dcja di-
rigee sur les ponts suspendus, les portes d'ecluses, lesvoutes,
les piliers, les cables en fer, etc.; mais il est vraiment surpre-
nant que les peuples maritimes, et surlout les Anglais, n'aient
DE FAVORISER L'lNBUSTRIE. 6/,"'.
pas encore accorde plus d'importance aux naviies fabriques
;ivec ce metal. Cependant, rexpericnce a deja prouve cpracga-
litu dc dimensions exterienres, et sous iin moindi'e poids , uii
navii-e en fcr offre plus do logeinent et une solidilc, une im-
])ei'meabilite infiniment superieures a celles des naviies on bois.
Ilecommande par de pareils avantages a la marine dii com-
merce et a la marine niiiltaire, ce grand changemcnt est en
(juclque sorte indispensable pour celle-ci ; car on se servira ,
dans les premieres gucrres uavales, d'obus et de fusees on
lochettes perfectionnees (i) qui produiront des ravages prodi-
gieux dans les murailles en bois ; ravages que Ton ne saurait
jirevenir qu'avec de fortes enveloppes metalliqnes.
Au surplus , dans un siecle eclaire , on ne peut long-tems
meconnailre des principes eminemment utiles; et I'cmploi du
fcr dans la pliipart des constructions civilcs , militaires et ma-
rilimes, va prendre un accroissement prodigieux. On arrachera
de nouvelles ricliesses du sein de la terre , sans ricn oter a sa
surface ; on remplacera par I'emploi du metal une multitude
de grandes pieces de charpente, dont la rarete et la cherte
commencent a devenir un grave inconvenient pour beaucoup
de nations.
L'cxploitation plus active des mines de fer entrainera celle
des mines de honille, et toutes les deux donncront une nouvelle
importance aux moyens de transport, ainsi qu'.\ la fabrication
des machines a vapeur et de tous les antres moteurs inanimes.
On doit poser en principe de ne plus entreprendre a I'avenir
aucune exploitation , aucun travail important, sans employer
autant que possible ces espeees de moteurs. Toute crainte phi-
(i) Nous rendrons compte incessamment d'un Tralte que M. ujs
MoNTGERT vient de publier siir les fusees de guerre, nominees autre-
fois rochcttes , et maintenant fusees a la Congreve. Ce Traite se vend
ehez Baclielier, quai des Augustins , n" 55. n. d. k.
644 DES MO YENS
lantropiquc a cet egard est deplacdc ; car raccroissemeut de
Ja richesse et le nombre infini dcs entrcpriscs fournisseut plus
d'emplois et de ressources que jamais au.v classes laborieuses.
Ce principe ne conceinc pas seulement Ics manufactures;
on doit , sans redouter de nnire aiix agriculteurs, s'efforcer
d'appliquer aux grandes operations rurales les uioteurs raeca-
niques. La terre est presqiie en frichc, comparativement a ce
qu'elle pourrait rapportcr, si toutes ses parties etaient conve-
nablement cultivees. Quant a la production, elie ne sera peut-
etre jamais assez grande pour que les induslriels ou les pro-
ducteurs soient a mtune de consomnier cliacun autaut que le
font aujourd'hui certains oisifs ou privilegies.
Un systeme d'agriculture plus actif et j)lus economique por-
mettrait de mettre en valeur de vastes terrains, tels que les
Landes de Bordeaux, celles de la Sologne , et les marais qui,
dans plusieurs de nos provinces, sont non-seulement inutiles,
mais funestes a la population. La Societe conimanditaire de
I'induslrie pourra, sous ce point de vue , faire examiner avec
soin les travaux et le but de la Societe , fondee par M. Rauch
pour la fructification generale de. la France. Le fondateur, au
milieu de quelques principes tres-coutcstables, presente unc
idee dominante qui meriterait d'etre mise a execution : c'estdo
procurer au sol toute la ferlilite dont il est susceptible.
II convient, sans contredit, de favoriser les defrichemens,
en adoptant pour I'exploilation des terresles meilleurs systemes
de culture et d'assolement combines avec les nioyens de trans-
porter avec economic les recoltcs et les engrais. Par ces grands
exemples, aussi-bien que par des fermes modeles et experi-
mentales, dans le genre de celles d'Hofwyl, pres Berne, en
Suisse , et de Roville , pres Nancy, en France , on doit pro-
pager tres-rapidement les procedes indiques par les plus ha-
biles agronomes.
La Societe devra favoriser e^'alement I'etablissement de nou-
DE FA.VORISER L'INDUSTRIE. G/jS
velles ecoles d'industrie , telles que les institutions mecaniques
de la Grande-Bretagne, et les ecoles d'arts et metiers ou Ics
ecoles speciales de commeice deja organisees en France. Eii
cherchant ainsi a repandre parmi les praticiens les himieies de
la theorie , elle aura I'avaiitage de former des hommes qui se-
conderont efficacement ses efforts et qui etendront la sphere
de ses entreprises. Elle est, d'ailleurs, par la duree de son
institution, a portee de recueillir un jour les fruits que produi-
raient des soins aussi eclaires.
C'est par les menies motifs d'utilite generale et particuliere
que la Societe devra encourager la publication d'ouvrages ele-
mentaires et de lecueils periodiques sur les arts et metiers, la
formation de bibliotheques industrielles , des musees de ma-
chines et d'echantillons , enfin tons les etablissemens propres a
agrandir les connaissauces et I'intelligence des hommes labo-
rieux.
Peut-etre enfin, la Societe commandifaire devrait-ellecouron-
ner I'ensemble de ces institutions, en organisant les savans et
les ingenieurs qu'elle doit appelcr a ses conseils, en uno aca-
demic d'industrie permanente , concue sur des bases larges ot
liberales; ce qui serait un nouveau motif pour n'y appeler qwe
des hommes d'un vrai merite et dun zele a toute epreuve. Un
corps savant ainsi constiluc pent seul donner a la Societe les
meilleures garanties, ainsi que la consideration la plus elevee ;
et tout homme de talent qui vondrait seconder les efforts de la
Societe et le developpement de I'industrie, regarderait son ad-
mission dans ce corps comnie la plus douce recompense qu'on
put lui offrir. On volt alors que ces savans pourraient no point
scborner au role passif d'examinateurs, mais encore concouiir
au but commun , en presentant des vues neuves et des apercus
sur les recherches a faire, et s'occuper en meme tems de quel-
ques travaux generaux qui ue sont pas susceptiblcs d'etre des
objets ou des moyens de speculation.
6/,6 DES MOYEISS
Aidee dfs lumieres d'lin consoil aussi impartial qn'c'clairu ,
la Societc commanditaire ne poiierait que des decisions cm-
preiiites d'liii taiacteic do s.igossc et de inatiirite ; die (inintit
par conqucrir une telle confiance, que, lorsqu'elle prendrait
une legere part dans uneentreprise, a Tinstant le public s'em-
presserait dc rcmplir la presqiie lotalite des actions. En adop-
tant CPtte marclie, la Sociclc agirait non-seiilemcnt ])ar ses
propres fonds, mais elle dirigerait le placement d'une grande
partie des capitaux disponibles de la France et mcme des pays
ctrangers.
Dans le meme tems oil Ton formait en France la Sociele
commanditaire , on s'occupait, dans la Grande-Rretagne, de
creer dans le meme but, nne association , nomme Compagnie
anglaise des iiu'entions et decouverles pour V encouragement
et la protection du genie naturel , et pour des einplois avanta-
geux des capitaux dans la wise en activite des inventions et
des decouvertes originates par les citoyens de I'Angletcrre. Le
fonds social doit ctre de 75o,ooo 1. st. (environ 13 irtillions) ,
divisibles en i5,ooo actions de 5o 1. st.
Le titre de cette Societe indiqiie qu'elle ne fera valoir que
les inventions et les capitaux des Anglais: sous ce rappoil,elle
n'a point su selever a des idees aussi generales , ni anssi ge ■
nereiises , que la Societe francaisc , qui a admis dans son seiii
tousles ctrangers, ct (jui a voulu encourager et soutenir le
genie, en quelque lieu qu'il se fat developpe. Loin de cherchcr
a s'isoler par cet esprit d'egoisme national que Ton reproche a
I'Angletcrre, la Societe de Londres aurait du faire nn appel a
toules les capacites pecuniaires et intellectuelles, else persuader
que les nations, de meme que les individus, ne peuvent que
gagner j\ multiplier les rapports (jui doivcnt exister entre les
uus ct les autres. II serait meme avantageux pour les deux
pays (jne la Societe d'Anglcterre et cello de France conccrtas-
scnt leurs efforts pour les icndro plus efiicaces tt plus.elen-
DE FAVORISER L'INDUSTRIK. (Mr,
dus. Ce serait le vrai moyen de faire parliciper le plus prompte-
ment possible aux progres de rindustrie generale , deux na-
tions qui different autant par leurs i-essources que par leurs
qualites intellectuelles ou morales, et dont les combinaisons
ferait un peuple presque parfait, autant du moins que la na-
ture de riioniine peut le comporter. De Montgert.
ETUDE
SUR LA CIVILISATION D'HAITL
(Fragment inedit, extrait et traduit de C anglais. )
L'independance d'Haiti vient d'etre reconnue par la>
France. — Get evenemcnt que les bons cltoyens appe-
laieiit de tous leurs vceux, donne un haut degre d'in-
teret a I'ouvrage dont nous offrons ici I'extrait (i).
Ami austere de la verite, I'auteur n'a dissimule aucun
des reproches auxquels les Haitiens sont encore eiL
butte; niais , il expose, avec autant de details et d'im-
partialite , les faits et les raisonnemens propres a at-
tenuer ces reproches ou a les detruire. Dans plus dun
pays, dans plus dune opinion, se trouveront des per-
sonnes que pourra choquer sa franchise ou sa rudesse.
Mais , pour faire apprecier a Haiti ses vues et ses con-
seils , il suffira, nous aimons a le croircydu sentiment,
qui a guide sa plume : c'est le desir de voir un peuple
naissant secouer les derniers restes de la barbarie , et
(i) j4n Essay on the Civilization of Haiti; by Joseph Duclos. In-8o,
Chilicothe, may iSaS. — On salt que le premier article de la Consti-
tution de letat d'Omo proscrit I'esclavage. (A'o;e du Tmdiietesir.)
648 CIVILISATIO?^
prendre bientot un rang honorable parnii les peuples
civilises.
Une race que les Europeens flctrisscnt du sceau tie I'inferio-
rite, s'eleve au rang des peuples libres : el!e nous met a portee
de la juger dans I'oeuvre la plus imporlante que puisse tenter
I'esprit humain, la fondation d'unesociete rcguliere.
Sa civilisation naissante est eclairec et protegee par le sen-
timent des droits imprescriptibles de I'espece humaine; elle est
retardee dans scs premiers pas par I'influence des evene-
mens anterieurs et des passions actuelles. Tel est le tableau que
presente a nos meditations la Republique d'Haiti.
§ I. Les r^«empeuplaient autrefois Haiti. A une epoquc dif-
ficile a determiner, les Caraibes firent la conquete de I'lle, et
s'y etablirent, en s'alliant aux filles du peuple vaincu. lis for-
maient une nation nombreuse et Iranquille, quand les Espa-
gnols aborderent au milieu d'eux , et sans motif, sans pre-
texte,s'emparerent d'Haiti ; ils en lirent perir tons les habitans
par les supplices ou les rigueurs de I'esclavage.
Pour remplacer les indigenes tians des travaux toujouis re-
naissans, des JYoirs y furent iniportes des cotes de I'Afrique :
le premier qui les y conduisit charges de fers, ne soupconnait
pas qu'il naturalisait sur ce sol une race destinee , trois siecles
plus tard, a en devenir proprietaire.
Cependant , un evenement d'un autre ordre vint imposcr de
nouveaux maitres a une partie de Saint-Doiningue. (Haiti ne
fut guere conniie en Europe que sous ce nom. )
Etrange compose de vices enormes et de qualites brillantes,
des Corsaires avaient long-tems venge sur les Espagnols
les indigenes de I'Amerique. Echappes aux ravages des com-
bats et aux ravages plus mcurtriers d'un luxe et d'une de-
bauche sans frein, quelques rcstes de ces bandes intrepides vin-
rent s'etablir dans la partie occidentale de I'lle. Presque tons
D'HAITI. 649
enfans de la France, qu'ils honoraient au moins par leur bra-
vonre, ils denianderent a leur ancienne patrie et des lois et
des epouses. On leur envoya tout ce que la crapule la plus
honteuse avait mis de femmes perdues a la disposition de la
police; on les souniit aux riijueurs du monopole commercial ,
et a un regime administrafif calcule uniquement par les intercts
financiers, et etranger aux interets de la civilisation.
Jusques aux derniers joui's, on a continue a recruter la po-
pulation deSaint-Domingue, en y deportant des sujets vicieux
ou criminels, des hommes que la loi aurait du livrer au sup-
plice et a rignominic, mais que la protection sauvait, et qu'elle
cnvoyait sur ce point recule, ou leur conduite coupable ne
pouvait plus, de si loin, deshonorer leurs families.
Ceux qui passaient volontairement dans la colonic, pretres,
jurisconsultes, magistrals, guerriers, tons, a rexceptiou d'nn
petit nombre, n'y venaient qu'avec la resolution d'y faire une
fortune rapide, et la conviction qu'en pareil cas surtout, qui
veut la fin , veut les moyens.
DeriiistoiredeSaint-Domingue, decellede toutes lescolonies
modernes , on induirait volontiers que les Europeens ne regar-
daient pas la morale comme une loi applicable au nouveau
monde.
§ II. La traite des Noirs prit une activite proportionnee a
I'ardeur generale de s'enricliir. L'lle se couvrit d'esclaves: la
loi pretendit les proteger; mais elle ne pouvait soumetire aux
regies de la justice ime chose injuste en principe, dont elle
consacrait I'existencc. Lacruaute et le despotisme extravagant,
contrebalances par I'avarice et I'esprit de calcul, tels furent,
aSaint-Domingueet ailleurs,les vraisregulateursdu sort des es-
claves. Un tel etat de choscs trouva des defenseurs, au nom
de la morale et de la religion; il en trouve aujourd'hui; leur
vnix sc fait encore entendre : peut-elre changeraient-ils d'opi-
fi5o CIVILISATION
iiion , sL , pendant un an ou deux , ils Qoiita.ieutpersonnelleme/it
les douceurs d'un ctat sijuste et si bon.
Les pvcmiers planteurs , ctablis en petit nombre sur un pays
tr^s-etendu , avaient pu facilement se creer de vasles domaines.
IjAtraitedes Noirs maintint ces creations ; I'achat et I'entretien
d'un atelier supposaient les ressources et les prodnits d'une
grande propriete : on vit done peu de moyennes ou de pe-
tites habitations. La concentration des proprietes enfauta les
idees d'orgueil et de division qu'elle ne manque jamais de pro-
duire. Non-seulement, les Blancs, qui croyaient les Noirs
crees pour I'esclavage, ne purent voir des egaux dans le Noir
affranchi, ni dans Y Homme de couleur, quoique celui-ci, par
son origine, se rapprochat de la race dominante; inais, dans
leurs superbes niepris , les Grnnds-blancs, les riches proprie-
taires assimilaient presque a la race degradee, les Petlts-blancs,
c'est-a-dire tons les marchands, lescommis, lesavocats, les
gens d'affaires, etc.
NuUe instruction, d'ailleurs, nuUe culture de I'esprit; et,
pour tous les instans qu'on derobait avec effort a la chaleur
enervante du climat, nul autre emploi que la recherche du
plaisir ou le soin de s'enrichir. Dans les derniers terns, des
rapports plus frequens avec I'Europe avaient diminue I'igno-
rance oii vegetaient les maitres, non moins que leurs esclaves;
inais le progres en bien etait ;i {)eine perceptible, hors d'une ou
de deux villes principales.
La religion etait ce qu'elle sera partout ou regnera I'igno-
rance : tout enliere en pratiques et en croyances superstitieuses,
et sans influence sur les mceurs.
Les moenrs . . . sans redirc quels furent les peres et les meres
de la seconde generation des planteurs; sans demander ce que
devait produire sur I'enfance et sur I'adolescence le spectacle
conlinuel dcnuditcsphysiqueset dedesordresmoraux, nice que
D'HAITI. 65 1
tlevait inspiicr tie reteniie h iin sexc le libertinagc public Saint-Domingne.
Son but ctait I'abaissement et peut-ctre la mine de Toussaint,
le triomphe absolu de la couleur blanche, et I'asservissement
mal deguise d'une population que, depuis dix ans, avaient de-
claree libre, une loi formelie et une suite dV-pouvantables
victoires.
Aux vainqueurs de I'Europe, Toussaint opposa une resis-
tance inutile : il se soumit, et n'en parut que plus redoutable.
On se saisit de sa personne par une perfidie, il faut le dire,
qui aurait deshonore la victoire et qui ajouta a la honte du
mauvais succes. Sans jugement, sans accusation, on I'embar-
qua pour I'Europe, oil il finit ses jours dans une detention ar-
bitraire. Signal funeste ! Jusqu'alors, le decouragement ou
I'ambition, Topposition des passions ou des interets, la jalousie
G54 CIVILISATION
till pouvoii- (le TiJ«.«rt/«/, les ressenlimens qu'il avail proT(>-
qtics, la craiiite c'e ses incxorables vengeances, retcnaicnt sous
Ics drapeaux de la France des gcneiaux, des officiers, des
soldats... Les yeux s'ouvrirent; la diversite des passions et des
intert'ts (it place a line passion , a iin inleret unique : pour tous,
il n'y cut plus qii'un menic bcsoin, uu nicmc but. Apies qucl-
qucs nioniens d'uuc dissimulation a laquclie on se nu-prit en la
croyant d'aboid dc la craintc, en la taxant cnsuite do train-
son, lesNoirs se soulevcient parlout; partout aveceux, pom-
la premiere fois, fircnt cause commune leurs anciens ennemis,
les rivaux que Toussaint avd\t vonlu aneantir, \cs Homines dc
couleur. Le climat mcurtrier de Tile devora I'armce francaise.
Ilaili fut emancipce sans retour. Qiielque terns avant sa chute,
Toussaint avail promulgiie une constitution coloniale qui lui
confcrail le gouvernement A vie el le droit de choisir son suc-
cesseur : il ne fallal effacer de cet acte que les Iraces legercs
d'une souniission apparente a la metropole; el I'etat indepen-
dant se Iroava constitue.
Le plus feroce des Noirs succeda dans le pouvoir au plus
habile : dans les guerres d'extermination , I'homme le plus
cruel devienl facilemenl le plus important.
Dessalines succomha. biehtot, accablu de I'horreur univer-
sellc. Haiti se divisa : au sud, une rcpublique ou, les Noir»
unis aux Ilommes de couleur, sous I'administration i]e Petion,
commenccrant a jouir des bienfaits de la civilisation ; au nord,
un royaume ou Christoph^ , heritier de la haine de Toussaint
pour les Hommes de couleur, faisail en ineme terns jieser siu-
les IVoirs ce qu'avait de pins dur le systeme coactif d'exploila-
tion , et ne laissait au mot Ubette d'autre sens que I'expression
d'une horrcur invincible du joug des Blancs.
Ce royaume ephemere s'ecroule; scs piovinces s'unissent a la
rcpublique qui bicnlol etend son pouvoir sur I'ile enliere. La
partie espagnolede .Saint-Doniingue avail etc cedee a la France
D'lIAITI. 655
vingt ans aiiparavant; et Tonssnint I'occupa pendant un terns
assez long pour accoutnmcr ses liabitans a lenr position nou-
velle. Retonibee ensuile aiix mains des Espagnols trop faibles
pour la conserver, le snccesseur cle Petion, Boycr, la definiti-
vement reconquise. Sa reunion a ajoute a I'etat un territoire
vaste et fertile, mais aussi une population, aupres de laqueile
les habitans de la partie francaise pouvaient se croire des mo-
deles de bonnes mceurs, d'instruclion et d'activite.
Les derniers vestiges de I'esclavage ont disparn. Une consti-
tution, non sans doute exempte de defauts, mais redigee de
bonne foi, donne des bases solides a la liberie civile et poli-
tique. On remarque qu'en etablissant un president a vie , elle
lui confere le droit d'elire son successeur. Une telle conces-
sion, faite primitivenient a I'ambition de Tous saint , etait peut-
etre ce que, dans un etat naissant , on pouvait admettre de plus
sage pour obtenir quelque stabilite.
La presidence de la Republique a ete successivement occupee
par deux hommes de couleur ; le roi d'Haiti, Christophe , et son
predecesseur, Dessalines, qui avail pris le titre imperial, etaient,
comme Toussaint, des Noirs : lahainehereditaire paraiteteinte
entre les deux castes; entre elles , tous les emplois , tous les
litres, tousles droits, sont communs.
Quoique la culture n'ait pas, a beaucoup pres, I'efendueet
Tactivite qui lui donnaient tant d'imporlancc au terns de I'es-
clavage , la liberie du commerce ouvre de nombreux debouches
aux produits dusol, et assure la prosperite da pays et des
particuliers.
Des inquietudes sur les projets hostiles de la France se sont
elevees a diverses epoques; mais, alors et aujourd'hui encore,
elles ont suffi pour reveiller I'amour enthousiaste de I'inde-
pendance , sans troublcr, dans leurs paisibles efforts, I'agricul-
ture ct le commerce.
Ci56 CIVILISATION
Ces donnoes historiques etaient indispensables, pour ilisciUer
I'etat actiiel dc la civilisation d'Haiti.
§ V. Un voyageur amuiicaiu, qui a eu le tenis d'obseiver
les Haitiens, partage la nation entiere et particuliercnicnl la
population noire , en deux classes que divise !'aj;e dc trente-
cinq oil quarante ans. Ncs depuis moins de huit lustres, les
hoinmes n'ont guere connu I'esclavage que par de hideux re-
cits; et plus la date de leur naissance se rapprocho du present,
plus en consequence ils ont ete etrangers aux desastrcs de leur
patric, et mieux ils prouvent, par leurs qualitcs et leur energie,
que tout cc qu'on a dit de la pretendue inferiorite de leur race,
se reduit aux reves de I'orgueil et aux caloninies de la cupi-
dite. Parnii les hommes plus ages, on en trouve, et en assez
grand nombre, qui ne meritent point le mcme eloge : leurs
mains out secoue la torclie incendiaire , brandi le coutelas as-
sassin et joue avec les instrumens de torture; ce nesont plus des
esclaves , ce ne sont point des hommes civilises.
Maistous, sans distinction d'age, de fortune, ni meme de
sexe, portent graves dans le cceur I'amourderindependance ,
I'horreur de I'esclavage et de la domination etrangere. Cette
disposition , qui seule fait une nation d'uu rassemblement
d'homnies, acquiert plus d'importance, chaque annee, a me-
sure que les citoyens nes dans la liberte s'elevent deyiennent
des hommes et grossissent les rangs des cultivateurs et des
guerriers.
11 est consolant d'ajoutcr foi a ce lecit , et de voir ainsi quel-
ques aniiees de liberte gueiir les plaies morales qu'avaicnt
faitcs des siecles de servitude.
Mais, apres un sejour prolonge dans I'ile d'Haiti, un obser-
vateur europeen en met sous nos yeux une pcintin-e bien dif-
ferente. Son caractere est celui d'un homme impartial , et
aoigneux d'cxaminer ce qu'il se propose de juger; on I'offcn-
D'HAITI. 657
serait, en revoquant en doute la sincerite des voeux qu'il
forme pour la prosperite des Ha'itiens : ^t cependaiit, son lau-
yajj'c est tel que les ennemis des noiiveaux republicains ne le
desavoiieraient pas... Mais lui-mcme parait sentir qu'il aurait
du exiger moins d'un people naissant, se defier do la vivacite
de sa bienveillance, et craindre de voir trop en mal, parce
que la realite du bien est encore trop au-dessous de scsdesirs.
Quoi qu'il en soil, voici la substance de ses recits, ou plutot
d'un acte d'accusation , qui , dit-i! , comporte quelques excep-
tions eu bien, mais aussi atteint bcaucoup d'hommes de cou-
leur, comme la presque universalite des Noirs (i).
§ VI. « Un patriotisme ardent anime, il est vrai, toute la
population d'Ha'iti. Au moiudre danger qui menaccrait Tindc-
pendancc nationale, tous se reuniraient, depuis le vicillard
jusqu'a I'enfant, jusqu'a la vierge timide ; tons s'armeraient
pour accabler I'ennemi. Avant de se rendre maitres des mornes
qui defendenl cette i!e, un million des plus braves soldats de
I'Europe succombcraient, victimcs du courage des Haitiens,
victimes de leur tactique, calculee sur Taction devorante du
climat. Mais, a une liaine inflexible, immuable, coiUre toute
nation quitenterait d'envahir le pays, se borne le patriotisme:
ne cherchez pas ici d'autre sens a ce mot qui en a un si bean
et si vaste chez les Americaius des £tats-Unix.
(i) Ces accusations, nous en avons la certitude, sent loin de
comporter une application si etenduej Dans cequ'elles peuvent avoir
de vrai, on doit reconnaltre Jes derniers -vestiges d'un regime de-
truit , les consequences d'une longue et cruelle oppression, conse-
quences inevitables, mais desormais passageres. C'est sous ce point
de vue que M. Joseph Duclos les envisage : le but de son ecrit est
d'etabllr que les niaux et les desordres qui affligent Haiti disparai-
tront infailliblement , et deja commencent a disparaitre, devant
I'iuflueuce de la liberte et de la civilisation. [Note du Traducrcnr.)
T. xxvu. — Sepleuibre i8a5. ',2
658 CIVILISATION
« Et, a cote d'une qualitc estimable, qu'apercevrez - voiis?
I'ignorancc absolue , dans toute sa laideiir , vine barbaric
complete, absurdc, feroce; nulle institution, nnl element pour
en creer.
« Lihcrte ! Egalitr! Ci^s, mots retentissont partoiit : mais on
n'en comprend que cc qiiiflattc les passions. Tclest, par exem-
ple, le sentiment jaloux on pUitot I'orgucil de I'eyalite, que les
don]estiquesnoirs veulent etre appeles, par les personiics qu'ils
Servent , Monsieur, Mademoiselle : une interpellation moins
ceremonieuse leur semblerait line offense.
« Qu'est, a Haiti, la liberte ? le droit de se livrer a une pro-
fonde paresse, a une licence effrenee. Soldats , paysans, jour-
naliers, domestiques, les Noirs sont plonges tons dans une
corruption epouvantable.
« Sous un ciel dc feu, ils ne craignent point le froid ; ils ne
craignent pas la faim, des qu'ils peiivcnt arraeher a la terre
quelques fruits, (juelqucs racines nutritives : pourquoi, discnt-
ils , se donner la peine de travailler an dela de ce qui pent satis-
faire des besoins si bornes ?
« Egalement denuee d'instruction et de morale, leur religion
n'est qu'un melange impur de bigoterie calholique, de paga-
nisme et d'islamisme;ou, pour niieux dire, ils sont supcrstilieux
et n'ont pas de religion. Et comment en serait-il autrement?
Des pretres qui les dirigent, la plupart sont des Espagnols
ignorans et libertins; des Italiens voues a I'intrigue et a la
propagation des idees ultramontaines ; des Anglais turbulens,
avides, seditieux; quelques Francais,enfin , plus eclaires, plus
decens, mais qui doivent inspirer tie la delianee aussi long-
tems quel'independance d'Haiti ne sera point authenliquement
reconnue.
« Le respect filial n'existe point... consequence inevitable
du concubinage, qui rcmplace par lout le mariage; tres-frequent
dans les classes supericurcs , il est general et sans exception
D'HAm. 669
pour ce qui compose la classe iuferieure dans les villes et dans
les campagnes. On appeWc se placer, s'unirainsi librenient, sans
autre garantie que la volonte reciproque : ce commerce n'en-
traine ni prejudice , ni deslionnenr, pour un scxe ou po;r
I'autre, ni menie pour les enfans, que la loi legitime des qu'ils
sontreconnus par le pere.
« Mais un noeiid faibleet transitoirc parait encore trop lourd
a la licence. Partoul, et jusque dans les ceremonies fiinebres, le
libertinage se montre a decouvert. Chaque jour, des femmes,
des fdles se vendent sans mystere : elles viennent publiquement
reclamer devant les tribunaux le paiemont; de leur prostitution.
Un cultivateur pauvreentretiendra jusqiia six ou hnit femmes.
Les prctres, surlout les Espngnols, ont des concubines et des
enfans; et ils nes'en cachent])as : c'est un usage antique.
« Exerccs au vol des leberceau, les Noirsne connaissentni
loisciviles,ui lois naturelles... Cependant,lesgrandscheminssont
surs; on n'y rencontre point de voleyrs : Tiiomme qui , dans
votre maison, deroberait tout ce quesa m.iin poui-rait attcindre,
portera fidelement pour vous,d'im bout de File a I'autre, une
somme considerable qu'il ne liendrait qu'a lui de s'approprier.
«. L'assassinat est commis sans Temords, fut-il la consequence
de la contestation la plus legere. Un plaideur qui a perdu son
proccs se venge en tuant son adversaire; un debiteur me-
uace son creancier de I'assassiner , s'il osc le poursiiivre en
justice. L'insnlte, I'attaque, les violences, commises, non au
dehors et dans la chaleur d'une rixe,mais avec prt-meditation
et dans I'asile meme de I'offense, sont a peine punies par un
jour de prison.
« L'instruction publique , le pnllndium de la civilisation ac-
tuelle, ou plulot le principe de la civilisation future d'Haiti ,
l'instruction publique est loin d'atteindre le degre d'activite et
de devcloppemcntqui lui serait indispensable. L'enseignement
mutuel est etabli dans plusieurs villes; mais les maitres sont
(iQo CIVILISATION
pen capables, et los parens pen zi'les. II existe im seul Lj'cce
pour I'lle futicre ; et Ton pent rlirc que c'est tiop oncore.
Les grands fonclionnaires, les generaux, les riches ncgocians
sont les sciils qiiiy onvoientlenrsenfans, parcc qu'ils les des-
tinent a occuper un jour les hautes charges de i'Etat. Los bour-
geois trouvent plus que suffisant que leurs enfans saehent lire,
ecrire et compter. Les cultivateurs, qui ferment la population
presque entiere, ne savent meme pas ce que c'est que I'ins-
truction : deux siecles s'econleront pcut-etre, avant qu'iis on
sentcnt le desir, qu'ils en concoivent I'utilitc. L'instruction, ca
general, est si pcu appreciee qu'on appellerait«e rienfaire, se
devouer aux occupations de I'liommc de Icttres Icpiuslabo-
rieux. On acciiscrait de prodigalite le goiivcrnemcnt , si , par
I'offre d'un salaire honorable , il provoquait la publication
d'ouvragcs sur I'histoire , sur la statistique, sur I'industrie , etc.,
ouvrages dont I'edncation nationale a im si pressanlbe-.oin.
« L'organisation militaire, judiciaire et administrative est
calqiiee sur celle dela P'rance; elle n'en offre que la caricature;
d'ailleurs, |)oint. de jurys ; point de municipalites.
« La discipline militaire est nulle. Aux commandcmcns des
chefs, le subalteine oppose le mot liberie ; la sentinclle ([uitte
impunement sa faction, et lous les soldats ensemble, le corps
de garde.
« Les tribunaux sont ce qu'ils peuventetre au sein de tene-
bres generales : I'or et le credit y decident souvent le jugement
des proces. Plusieurs jnges ne savent pas lire. Le corps des
avocats est en parlie compose d'hommes sans probite, sans hu-
manite, sans pudeur et sans instiuction.
« Les autoritcs civiles languisssent dans rabjectiun et I'im-
puissance. La Chambre t/m cow/wu^ej a de bonnes intentions
et un defaut presque total de lumieres : le Scnat nieiiie compte
parmi ses membres tro]> d'hommes d'un merite mediocie.
« Sous le rapport de la legislation et du gouvernement , on
D'HAITI. 06 1
peut icgaider le president de la Re|)ublique comnie invesfi
d'liiie dictature permanentc : tout emane de sa volonle qui,
heureusement, est celle d'un homme de bien , ferme, eclaire,
capable de s'elever a la hauteur de sa position.
«. Et malgro I'etendue de sa puissance, condescendant comme
s'il elait limide, le gouvernement consent chaque jour a inter-
vcnir dans Ics reclamations des particuliers; il croirait sasurete
compiomlso, s'il ne portait jusqu'a I'exces les nienagcniens
pour la classe pauvre et peueclairee. Telle est, d'ailleurs, son
economie, qu'aucune entreprise utile, aucune amelioration ne
peut presqne lui etre proposee, des qu'elle exige une avance ,
un surcroit de depenses, ou seulement la promesse d'un sa-
lairc : on dirait qu'oubliant son origine, il veut asseoir sa force
sur Tor plutot que sur le fer. Enfin, et c'est ce qui frappe le
plus defavorablement I'dbservateur impartial, il permct sou-
vent que , dans les details adniinistratifs et judiciaires, I'auto-
rite militaire usurpe une preponderance revoltante. Eile casse
jusqu'aux jugemens des tribunaux. Un offieier, un simple lieu-
tenant fait arbitraircment arreter un citoycu , fut-il meme sena-
teur. Un commandant militaire a-t-i! offense, blesse, tue un
citoyen, il encourt une peine si legere qu'elle equivauta Timpu-
nite... On doit avouer toutefois que la barbaric generale neces-
site et justifieremploi du gouvernement militaire, etsertnieme
d'excuse a ses abus. «
§ VII. Une ctfnsure si apre ne peut qu'etre esageree : elle
transforme evidcmment en generalites des observations par-
ticuliercs. C'est ainsi qu'aujourd'liui encore, en s'emparant de
quelques fails obscurs, equivoques, qu'ils pretendent rattacher
a des habitudes publiques et univcrselles, des ecrivains anglais
pcigneut sous un aspect hidcux , les citoyens des Etats-Unis (i),
(i) Vojez , entic autres, Touvrage qui a pour -litre Sketcltes of
America, etc.; by li. Brvhshaw Feauon. London, i8r8.
( ^^ote de I'Aiiteur. )
662 CIVILISATION
a qui ils ne peuvcnt pardonuer d'avoir qiiitte la condition de
sujels pour celle d'hommcs libros. C'est ainsiqiie, tant de fois,
nous avons vu tracer, dc TAnglclerre ot de la France, des
tableaux jircsqiie aussi odieiix, tableaux mcnsongcrs, quoique
chacun de lours details ue fut pas en opposition absolue avec
la \erite !
Nous voulons supposer toutcfois que les reproches sont
plus severes qu'injustes. Nous les discuterons, sans les atte-
nuer;~et d'abord nons leur opposerons un rapproclienient
assez rcmarquable. « On nous Iraitc de barbares, disait un
Haitien, qui avait combattu , pendant plusieurs annees, en
Italic, sous les drapeaux de la Fiance : en supposant que nous
ressemblions an portrait que font de nous nos ennemis, nous
valons encore mieux que le peuple napolitain. Sous les rap-
ports de riy;noranco, de la paresse , du libertinage, de la su-
perstition, du vol, de I'assassinat, de la corruption des tribu-
naux , de la faiblesse du j^ouvernement, de la nullite des
institutions politiques, la coniparaison peut etre exacte ; mais
certes, elle n'est pas anotre desavantage. On accordeauxjuris-
consultes napolitains plus d'instruction qu'aux nolres ; aux
militaires, plus de subordination et nioins d'influence politique.
Mais on refuse aux uns de plus grands titres a la confiance et
a I'estime ; et dans la defense de I'independance nationale, les
autres out prouve autant de faiblesse (i) que les Hai'tiens ont
moniro de bravoure. Mais le Napolitain ne concevrailpas cette
Y)voh\ [ere la tii'e qui,sur le grand chemin, dans le desert, res])ecte
la propriete d'autrui. Mais il assassine , sans fureur, par cupi-
(i) En parlant des ni('*mes evenemens, un citoyen de I'l^tat de
Massachusetts dit : « qu'ils out prouve que les hautes classes de la
societe, en Italic, sont corrompues et depourvues de priiicipes ,
nutant que la masse du peuple est ignoraiite et depravee. » Europe
or a general survey of' the present situation of the principal powers , etc.
Boston, 1832. , ( ^ole Je I'Juteur. )
1
D'HAITI. 063
(lite , par ferocito; mais il enipoisonne... Et les Noiis qui, dans
I'esclavai^e, connaissaient tan tde substances veneneuseset furent
si souvent accuses d'en faire un usage redoutable, les Noirs
n'ont pas ete en butte a une seule accusation de poison, au mi-
lieu des combats, des massacres, des motifs sans cesse renais-
sans de haines etde represailles. ><
Co parallele, dent I'avantage ne reste pas a la couleur blan-
che, nous semble renfermer une grande instruction. Ce n'est
point pour faire une cruelle et inutile satire que nous I'avons
rapporfe. Il n'est permis de scruter les maux de I'humanite que
dans I'espoir d'en decouvrir les causes. Cette nation que les
observa tours s'accordent a peindre sous des traits pen favo-
rables, ouvrons son histoire : elle renferme sa justification.
Depuis I'epoque ou I'empire des Cesars fut moins un gouverne-
mcnt qu'une oppression et un brigandage, Naples asservie n'a
prescjue point cesse de langnir sous une domination etrangere.
Le caractere national y est profondement souille de tout ce
qu'ont enfante de vices seize siecles de servitude, et de tout ce
que peuvent entrelenir de passions et d'indolence, la prodiga-
lite du sol et le charme du climat le plus favorable a la
mollesse.
Des causes semblables ont, dans Haiti, exerce une influence
analogue : elles ont passe ; les effets aussi passeront et feront
place a des deslinees meilleures.
§ VIII. 1° La Servitude... L'esclavc recouvre la liberie, long-
tems avant de recouvrer sa dignile d'liomme. Pour conquerir
I'une , il pent suffire de quelques actes de courage ou de deses-
poir ; pour ressaisir I'autre, il faut de la raison , de la reflexion,
des qualites morales dontlc developpement est presque impos-
sible dans une ame fletrie par rcsclavage. Avec d'autres
nuances, on a pu souvent observer ailleurs un effet semblable,
Mazaniello renversa vainement les barricres qui separaient les
Napolitains de la liberte : ni ses compatriotes, ni lui-meme ,
66/i CIVILISATION
nYtaient capablcs de possctler ce prrcieux tresor. La nation la
plus civilisi-c de I'Europe, la France, n'a-tolle point force plus
dune fois ses adnriirateurs ii metire on doute si la liberie, vers
laquclle on I'a vuc s'elancer avec un noble enthousiasme, etait
un bien dont il lui fut permis de jouir.
1° U Ignorance... Etrangers aux bicnfaits de I'instruction,
les colons s'inquietaient pcu d'instruire leurs esclaves. Loin de
la ! lis auraient rcgarde conime une etincelle de rebellion la
moindre lumiere qu'un philantrope aurait fait penetrcr dan-;
les ateliers. Toussaint \o{\\a\\. des soldats devoues, desouvriers
dociles, et non des citoyens eclaires : il bornait I'instruclion du
peuple a qiielqiies questions de catechisme. Les troubles qui
out suivi sa chute ont retarde I'instant oii Ton pourra dissiper
entierernent des tenebresque sa politique avait cru avantageux
d'epaissir,
3" La Superstition... L'2\.fricain, dans son pays natal, joint
aux restes nial compris de la religion de sesancetres, des lam-
beaux de croyances et dc pratiques musulmanes. Transporte
dans la colonic , on le baptisait , sans instruction , sans raison-
nement; il se croyait catholique : ce titre charmait ses espe-
rances, caLnait ses craintes, et le metlait en paix avec lui-meme,
des qu'il se croyait en paix avec le pretre. Une telle disposition
ue cedera qu'a un grand progres des lumieres, parce qu'clle
confere tout ce que la superstition a de flatteur, sans imposer
rien de ce que la religion a d'austere et de genant pour les
passions.
4° La Corruption... Comment la corruption la plusprofonde
ne serait-elie pas nee de I'exeniple que donnaient les Rlancs ,
dans leurs rapports avec les Femmes de couleur et les Noires
affranchies, et avec leurs propres esclaves? Leur classe etant
la premiere, on croyait s'honorer en I'imitant jusque dans ses
vices. Si, d'ailleurs, un proprietairc accordait quelque attention
auv nia'urs dc ses esclaves, c'etait eu regardant les grossesses
D'HAITI. 065
des fenimes dii meme ceil que nous voyons ['impregnation de
nos brebis on de nnsgeuisses. Aujourd'hui , pour que les hom-
mes adoptenl una conduite moins desordonnee, pour que les
femmes pauvres renoncent au trnfic hontcux qu'elles ont fait do
tout terns , leur suffira-t-il d'entendre les exhortations des
pretres espagnols, quand ceux-ei dounent I'exemple public de
I'incontinence ?
§ IX. On s'etonne pen qu'un honinie, soumis pendant quel-
ques annees a une influence qui le maitrise, conserve plus tard
ies habitudes qu'elle lui a faitcontracter: et Ton voudraitqu'une
population entiere secoiiat en nn jour les defauts et les vices
dont une servitude de plusieurs siecles a infecte son caractere!
Les causes de de[)ravalion que nous venons d'enunierer, re-
pondent , dans lensemble, aux accusations elevees rontre les
Haitiens. Reprenons en detail chacune de ces accusations, pour
nous confiirmer dans I'espoir consolant que les effets ne subsis-
teront pas long-tems apres la disparition des causes.
1° Le noble sentiment dont I'exaltation porte I'individu a
s'immoler pour la chose publique, \epotriotisine ne pent naitre
qu'aulant que la chose publique existe pour I'individu. Jusqu'a
present, pour la masse des Haitiens, la chose publique n'a
guere existe que dans I'independance du sol et des personnes;
ot c'est aussi ce que tons defendraient jusqu'au dernier soupir.
Si les noms de Negres et de Mulntres blessent les oreilies
des iVoirs et des Hommes de couleur; si, dans les rapports
meme de domeslicite, ces nouveaux - nes a I'egalite vcu-
lent que tout leur rappelle Icurs droits, je vols la un sujet
d'eloge plutot que de reproche. La hideuse servitude vient a
peine de disparaitre : il est naturel e! noble le besoin de s'as-
snrer sans ccsse qu'elle n'est plus, qu'elle ne renaitra plus.
a° L'iibsence du sentiment sans lequel il re pent exister de
famiile, I'absence du respect filial nc s'excuse ])as; elle s'ex-
pliquc. j\'on-seu!ement, Ihonime qui a long-tems obei il un des-
666 CIVILISATION
potismc effrcne, craint iiivolontairenieiit d'en retrouver I'in-
justice jiisque dans les devoirs les plus saints : niais, je le de-
mande, d'ou aurait pii naitrc, a Haiti, It- respect filial? De
I'exemple dcs Blancs ? Ne voyait-on pas les Creoles, si impe-
rieuses d'ailleurs, si altieres, loin de commander i leurs en-
faus, les gdter, des le berceau , par une condescendance sans
bornes, par iine soumission scandaleiisc ? Les Blancs se mon-
traient-ils peres a IVgard de leurs enfans de couleur? Entre des
esclaves, enflu, dou serait ne le respect ? Le pere n'etait pas
plus que le fils; tous rampuient uniformenient dans la pous-
siere; tons etaient frappes du nieme fouel : le respect n'existait
que pour les Blancs.
3° Avec la servitude, est incompatible I'idee d'un mariage
fixe et sacre. Un mot du maitre ne sufGt-il pas pour en faire
violer les devoirs? Un don, une vente, le partage d'un heri-
tage peuvent relenir la mere sur un point, envoyer les enfans sur
un autre, tandis que leur pere sera entraine plus loin encore.
Le mariage , \afamillc, n'existcnt vraimentque pour les hom-
nies libres. On le savalt a Rome : les maitres ne laissaient s'ela-
blir entre lenrs esclaves qu'une cohabitation volontaire ( con
luherniurn) ; et aussi long-tems que les Patriciens eurcnt I'cspoir
de reduire le peuple a I'etat de servage, i!s affecterent de
regarder comme depourvus de solennites obligatoires , les ma-
nages contractes par les plebeiens.
L'habitude de se placer est une imitation de ce que faisaicnt
un grand nombre de Blancs a Saint-Domingue, de ce qu'ils
font encore dans toutes les colonies oii ils ne comptent pas
s'etablir a demeure. Et sur ce point, deja, deux ameliorations
frappent nos regards : ameliorations remarquables, puisque,
sous le soleil du Iropique, I'abus, le vice meme tiennent de
pres a un besoin imperienx. L'opinion , dans toutes les classes,
fletrit les pcrsonnes qui , s'etant placets , maiuiuent aux obliga-
tions que leur impose ce lien volontaire, ou le rompent avaut
D'HAITI. 667
que Tune des deux , en s'eloignant de I'lle , ait du forcement y
renoncer : ainsi la morale et la raison publiques temperent le
vice des ancicnnds habitudes. EUes Tatlaquent tncme dans son
principe. Le manage devient plus coniinun de jour en jour.
Toutes les filles riches se inaricnt, el la plupart de celles qui
ont recu une education soignee eprouvent qu'un tel avantage
supplee a la richesse. Le manage aussi consacre et garantit
beaucoup d'unions jusque-la volontaires; en en legitimant I'ob-
jet etles fruits (i), il donne au cilojen wwe famille.
4° La pnresse... L'homme qui sort d'esclavage a naturelle-
ment horreur du travail ; et parce qu'un travail contrainl a
ete pour lui le principe de souffrances atroces, et parce qu'en
voyant ses maitres plonges daus I'inactioij, il a du se persua-
der que dans I'inaction residaient le supreme honneur et la
supreme felicite. Si vous rapprochcz de cette disposition I'in-
fluence du climal et la suraboudance des productions spouta-
□ees du sol d'Haiti, vous admirerez comment, dans quelques
ames privilegiees, une noble activite s'est affranchie deja de
rengourdissement de la paresse.
5° Le Vol... C'est un vice d'esclave , une consequence natu-
relle de la servitude , un penchant innu dans l'homme a qui des
oppresseurs volent cliaque jour la plus sacree des proprietes ,
cellede sa personne et des fruits de son travail. L'habitude a
survecu aux conjonctures qui I'avaicnt creee; elle cedera a des
conjonctures contraires: devenu proprietaire, le Noir regar-
dera comme un crime envers ses egaux le vol qui, aux yeux
du Noir esclave, n'etait qu'une conquete faite sur ses verita-
(i) Souvent, en se mariant , l'homme adopte comme siens, les
enfaris qu'a ens, d'une liaison aiit'jrieuie , la femme qu'il choisit
pour compagne.
( KoU de T AiUeur. )
668 CIVILISATION
hies oiiiicrais, ses maitres (i). Ceci n'est point unc assertion
vague : un fait qui rcmonte aux terns de I'esclavage prouve
quelle est, sill rhomme, rinfluence lieureuse de la propriete.
En reconimandant de donner aux esclaves unjardin a faire va-
loii" , dcs animaux domesliqucs a clever pour leur compte , « je
ii'ai guere vu, dit un planteur (2) , de nh'^ve Aller Marion,
lorsqu'il a un jardin cullive pres de sa case, un cochon, des
volailler, — il leur en coute trop pour se decider a perdre ces
avaiitages. » Si une propriete faible et j)recairc suffisait pour
rctenir un infortune sous le fouot de Tesclavage , que ne sera
.point, pour rhomme libre, la jouissancc d'une propriete en-
tiere, independante, transmissible? C'est la propriete qui nous
soumet le plus facilement au joug dcs iois , parce que c'est elie
qui nous fait tirer le plus d'avantages de la protection des Iois.
6" L' Assassinat , les Violences... Devant des tribunaux, tels
que les peint I'observateur, il serait peu surprenant que
rhomme qui se fait justice a lui-meme se crut certain d'e-
chapper a Taction des Iois , que I'homme qui desespere d'ob-
tenir justice en appeliit a son poignard... Mais nous dcvons re-
nionter a des causes plus ancionnes et plus generales. Le desir
secret, profond , implacable, de la vengeance est naturel aux
opprimes ; les penchans feroces qu'il enfante ne s'etcigncnt pas
dans un jour, et bien moins, quand vingt-cinq annees de
guerres intestines ont familiarise les ames avecle meurtre et la
cruaute, Le Noir encore a demi sauvage, assassine... il empoi-
sonnait jadls : mais ceux qui combattent, n'empoisonnent pas.
Le Noir libre, police par Tinstructiou et par la jouissance des
(i) Noire ennerai , c'est noire niaitre,
,a dit un j)oete de tousles pays, La Fontaine. — Ce mot s'proclicr davantagc de la verite en nous en rap-
portant a un recensomeut dont les resultats ont ele consignes
en 182/1 , dans la Gazette natioiuilc de Plitladclphic, par IVl. Gran-
villojCnvovi'-dela lle])ublique d'Haiti aux Etats-Uuis(i).Dapres
(i) la Pu i-tie Entyclopedique , empressee de recueillir lens ies
D'HAITI. C79
ce document , voici qu'elle jerait aujom'd'hui la totalite do la
population de la Republique :
Ancienne partie espagnolc 6i,468habitans.
/'«rto;/iY7/?frt/.vr,ancienempiredeCHRisT0PHE 367,721
Etat rc'publicain fondu par Petion , et gou-
verne aujourd'hui par le president Botcer 5o6,i46
935,335.
II faut ajouter une armee que les uns portent a 45, Sao h. ,
les autres a un uonibre inoins considerable , tandis que des do-
cumens recens la font mooter a 60,000 soldats , dont la moitie
serait toujours en semestre, et occupee aux travaux de la cul-
ture. Quoi qu'il en soit du nombrc exact de I'armee, on pent
conclureque la totalite de la population d'Haiti est de pres d'un
million d'hommes.
Un fait important a remarquer, c'est que la partiegouvernee
par Petion ne compte guere que pour un sixieme dans le ter-
ritoire de I'lle. Aussi, n'est-ce pas sans dcsscin que I'on en a
indique separemcnt la population. Son immense superiorite ,
sous ce rapport, doit etre attribuee en grande partie a I'in-
flucnce d'un gouvcrnement juste et liberal , aux bienfaits d'ius-
titutions sous Icsquelles on aime a vivre , et qui favorisent le
developpement de toutes les sources de la prosperile.
Si, d'aprcs revaluation la plus ordinaire, oncstime I'etcndue
d'Huiti a environ 3,85o lieues carrees, on trouvera 33o ha-
bitans a peu pres par lieue carree ; et , si cette population est
proportionnellement bien inferieure a celle de la France , 011
Ion compte un peu moins de i,5oo par lieue carree, elle est
aussi beaucoup plus considerable que celle de la nouvelle Es-
docuniens qui peuvent servir a ITiistoire de la civilisation dans les
deux Mondes, a donue un extrait de la lettre de M. Granville. (^ qui
rcconnait I'indepcndancepleineet entiere d'Haiti, les vaisseaux
fraiii^ais ne sont pas surs d'y jouir d'aucunc prerogative.
68 i CIVILISATION D'HAITI.
I.'emancipation dclinitive de la nation liaitienne, reconnuc
et proclamee par le gouvernement francais, et qui sera proba-
blement suivie, d'ici a peu de tems, de la reconnaissance des
efats indi'pendans do I'Amerique da sud, oiivrc de nouvcaiix
debouclies et line nouvelle carriere an commerce, et dovient
line ^poque memorable dans I'liistoire des progres de la civili-
sation. Nous feronsconnaitre avecsoin a noslecteurs lesprogres
on tout genre de cctte nation haitienneque nous avions eu soin
de comprendre, des la fondation de ce recueil , dans notre
galerie des nations civilisecs (i).
(i) Voj. Ret'. Enc, T. i''"', p. 524-537, et T. m , p. 132-149,
uu memoire sur la Iktcrature hditienne. — T. Ill, p. 563, un article
sur la civilisation d'Haiti. — T. v, p. 547- — T. vii , p. 180 ( Lettre de
M. Colombel sur I'eCaC de riiistriiclion ptibliqiie) et 325. — T. viii ,
p. 168 ( Colonisation des Noirs , et Lettre de S. Ex. le president BoYEB
a M. JuLLlEjr ). — T. XII, p. lofi {Instruction publique). — T. xiv ,
p. 334 ( Reponse a tin Memoire des ci-devant colons de Saint-Domingue ).
T. XV, p. 122 ( Lettre de M. J.-B. Say sur le commerce d'Haiti), ct 610
( Journaux d'Haiti). T. xvi, p. 383 {Journaux et instruction publique).
— T. XVII, p. I Go et 3 1 3. — T. xviii, p. 4^9 (Ecoles pub/iques). —
T. XXI, p. 593 et suiv. — T. xxii , p. 719 ( Notice sur MM. Lapree et
CoLOMBEi. ). — T. xxill , p. 689 (i3e la liberte de conscience et de culte
a Haiti; par M. Gregoire ). — T. xxiv , p. 224 et 227. ( Societe pour
la colonisation des Noirs); 5o8 , Colonisation des personnes de couleur
libres, allant des Etats-Unis s'etablir sur le territoire d'Haiti); 8l3,
( Population). — T. xxv, p. 4ao» 842. — T. xxvi, p. 123 ; et ci-
dessus , p. 569 [Commerce , Droits d' importation) , et quelques autres
articles indiques dans les tables des mati&res des divers volumes.
II. ANALYSES D'OUVRAGES.
SCIENCES PHYSIQUES.
DiSCOtJRS ET LECONS SUK l/lNDUSTKIE, LE COMMERCE, LA
MARINE, et sur rapplication des sciences aux arts;
par le baron- Charles Dupin, tie rAcademie des
Sciences, etc. (i).
Nous avous annoiice deja ce rccucil des discours de M. Ch.
Dupin , et d'uiie parlie des lecons qu'il a donnees au Conser-
vatoire des arts et metiers. ( Voy. Rep. Enc, t. xxvi, p. i85).
Nous avons saisi toutes les occasions de seconder son zele pa-
triotique, ses cobles efforts et sa perseverance dans la carriere
d'un cnseignement nouveau, diflicile, et qui exerce une si
puissante influence sur les progrcs de I'industrie. Le profes-
seur n'avait pas seme sur une terre sterile ; encourage par les
premiers succes de ses travaux, il entreprend d'y faire parli-
cipcr toute la France. Outre I'inslructiou qu'il distribue, dans
la capitale, a un nombrcux auditoire, outre les ouvrages dans
lesquols il rcnferme ses Iccons pour les porter au loin, il fait
un appel a tous ccux qui peuvent I'imiter en d'autres lieux,
et des professeurs s'elevent de toutes parts. Bientot, aucune
ville industrieuse ne sera depourvue d'un enscignement special
pour les ouvriers. L'ordre, I'economie, les moeurs et le bon-
heur domcstique suivent do pres les connaissances utiles;
I'homme, le ciloyen, se seront perfeclionnes , en meme terns
que I'ouvrier. Mais, ccs heurcux cffets de I'instruction ne
(i) P;iris, tSa^. a \v,\. in-8". Bachelicr, (jiiai des Augustins, n° .'i5.
G84 SCIENCES PHYSIQUES.
rencontifioiit-ils pas do fortes resistances, et peut-etie des
obbtacles ir.siirmontables? lis tendent visiblenicnt a leiiforcer
la clause moyenne, si redontee, par un lualcntciidu deplo-
rable, des classes privilegiees. Les homines qui aspirent au
monopole des avantages sociaux, ont besoin d'un peiiple iiom-
breux, paiivre, patient, docile surtout : il est done indispen-
sable de le tenir loin de I'aisance, d'ecarter de lui ccs lumieres
dangercuscs qui lui feraient apercevoir les niaux de sa posi-
tion ct les moyens d'etre mieux. Le privilege se conduit au-
jourd'hiii avcc une prudence, line reserve, qui decelent sa fai-
biesse recllc, tandis que d'autres actes dune extreme audacc
annoncent qu'il sait metlre le terns et les circonstanccs a profit.
II connait bien ses ennemis, leurs forces et leurs moyens; il
a sans doute des chefs habiles, il fera pcu de fautes , et lirera
parti de celles de ses adversaires : cependant il sera vaincu ,
si les amis de I'humanite lui opposent une tactique facile et
qui leur est familiere; c'est de marcher toujours a decouvert,
d'aller droit a leur but et de ne point le perdre de vue un seul
instant. Ces maximcs sont celles de M. Dupin. Depuis sa sortie
de I'Ecole polytechnique , dans les tems ou quelqucs parties
de I'ancienne Grece ajoutees aux possessions francaises profi-
taient des bienfaits de notre revolution, sans en avoir eprouve
les maux; ou les peuples soumis par nos amies recevaient,
non des fers, mais des lois, des institutions, des connaissances
et des arls; lorsque X Jcodeinie lonicnne fut fondee par des
savans francais ; puis, lorsque cet eclat passager s'evanouit ,
que la France perdit plus qu'elle u'avait conquis et vit resser-
rer ses anciennes limites ; lorsqu'enfin la paix nous fitentrevoir
quelques ressources dans I'avenir , et que I'esperauce et I'a-
mour de la patrie ranimerent parmi nous les arts , le commerce,
le genie qui fait les decouvertes ct I'esprit d'observation qui les
perfeclionne : dans SCIENCES MORALES
trerent des obstacles. Ce qii'on est lediiit a soiihaifcr siir le
continent, en Ani^leterre s'execnte ; et deja , depuis pliisieurs
annees, il y avail a Londres une societe d' economic politique ,
lorsqu'un de ses niembres les plus zeles et les plus influeus ,
/)«wV/ RicARDO, cessa de vivre.
Cetteperte futprofondement senile. Ricardo avail conlribuc
a etendie iios connaissances economiqui's par scs eciits; il en
prenait la defense dans le parlement; son caractere irrepro-
chable, sou immense fortune, leur pretaient un appui constant.
Pliisieurs amis des lumieres et de riuimanite se reunirenl pour
offrir a sa memoire un tribut qui fut digne de lui et digne de
iiotie epoque. On fonda, ])ar des souscriptions particulieres ,
un cours public destine a cxposer et a repandre les principes de
recouomie politique; et M. M'Cullocli , Eoossais qui s'etait fait
connaitre par de bons articles dans la Reiuie d' Edimbourg et
dans X Encyclopedia britannica , fut choisi pour remplir cette
chaire. C'est le discours preliminaire de son cours qui fait le
sujet de eel article.
M. M'Culloch rcpond avec eloquence, avec succes , aux at-
taqucs dirigees contre les notions donl le developpement lui
est con6e. On a reproche a reconomie politique d'occuper les
hommes d'interels trop materiels , trop niondains ; mais, com
ment ne voit-on pas qu'en occupant la societe de ce qui mul-
tiplie ses ressources, ses richesses, on met dans ses mains , en
meme terns que des moyens de bonheur, I'aisance absolument
iiecessaire pour developper dansl'honime les plus nobles fa-
cultes de son ame?
« La oil iinlle richesse n'est recueillie et amassee , dit
M. M'Culloch, I'esprit des liommes, constamment occupe du
soin de pourvoir aux besoins urgens du corps, ne saurait etre
cultive ; les vues , les sentimens sont etroits , personnels, illi-
bt'raux. . . Sans In trauquillite et les ressources que procure
ET POLITIQUES. 697
laisance, ces etudes clc,;^a'ites, qui etendent nos ponsucs, jju-
rifierit iiotre i^out, et nous placent plus haut daus rechelle des
etres, ne sauraient avoir lieu. L'etat de barbarie ou de civili-
satiou d'un peuple depend plus de I'etat de ses richesses que
de toule autre circonstance. A vraidire, un peuple miserable
n'est jamais civilise, et une nation opulente n'est jamais bar-
Ijare. »
« Les lois que suivent les corps celestes, observe avec raison
M. M'Cullocli, dans un autre end"oit,quoiquenousnepuissions
exeicer la moindre influence stu- leurs resultats , sont nean-
moins regardees comnie un noble sujet de nos etudes. Mais,
combien les lois que suivent dans leur marche les societes hu-
maines, les lois an moyen desquelles une nation s'eleve au
sommet de la civilisation et de I'opulence, ou s'enfonce dans
Tui abime de barbarie et de misere , ne sont-elles pas plus
importantes poiu- nous, puisqu'elles touclient de si pres a notre
bonheur et que nous pouvons exercer une si grande influence
sur les phenomenes qui resultent de leur action ! La prosperite
il'une nation ne depend pas, a beaucoup pres, autant de I'a-
vantage de sa situation , de la salubrite de son climat, de la
fertilite de son sol, que des institutions qui excitent le genie
inventif de Vhonime et favorisent le developpement de ses fa-
cultes. Avec de telles institutions, les regions les i)lus ingrates,
les plus inhospitalieres, deviennent I'asile confortalle d'une
population nombreuse, elegante et bien pourvue ; tandis que,
sans elles , les pays les plus favorises de la nature ne fournissent
qu'une existence imparfaite a des hordes clair-semees , mise-
rables et feroces. m
Je passe par-dessus beaucoup d'autres considerations impor-
tantes, relafivement a I'objet , aux moyens ot a riiistoire de
I'economie politique , considerations que les lecteurs francais
avaient deja remarquces dans un autre discours preliminaire
dont M. M'CuIloch s'est servi beaucoup plus souveiit qu'il nt;
698 SCIENCES MOllALES
I'a cite (1), pour aniver a dcs points en Htii^e auxqnels on a
attache quclqu'importance de I'autre cote i3u detroit, et sur
lesqiiels I'opinion genciale est encore loin d'etre fixee.
Dans le precis historique que M. M'Culloch trace des progres
de Tecononiie politique, il fait honnenr a David Ricardo de
])1nsieursveritesqu'il ditnouvelleset fondanientales.Voici dans
quels termes il s'lm explique, page 66 de I'edition anglaise :
« Le principe fondaraental soutenu par M. Ricardo, dans
son grand ouvrage (2) , est que la valeur echangeable, ou le
prix relatif des marchandises , depend uniquement des quan-
titcs de travail necessaires pour les produire... II en resulte :
(i) L'auteur de I'article fait lei allusion au Discours prelitninaire
qu'on lit en tele de son Traite d'I<;conomie politique et que M. M'Cul-
lach a en effet fortemeiit mis a contribution , suriout lorsqu'il trace
la ligue qui separe i'economie politique de la statistique; iorsqu'H
inontre I'nsage que peuvent faiie de la premiere de ces scieuces , non
seulemerit ies hommes qni gouvenient, mais ceux qui sont gouvernes;
lorsqu'il indique les veiitcs qu'Adani Smith a solidement ctaLlies , ct
les raisons qui font qn'une veriie appartient, non au premier qui re-
nonce , mais au premier qui la prouve ; lorsqu'il repond aux objec-
tions contre I'economie politique tirees de la diversite des opinions
de ceux qui la professent; enfin lorsqu'il se livre a une foule d'autres
considerations relatives a riiistoire et aux progres de cette science.
M. M'Culloch a pu en user d'autant plus librement a I'egard de ce
Discours preliminaire , que le libraire anglais, qui a public la tra-
duction anglaise du Traite de M. J.-B. Say, a juge a propos d'en
I'etrancher le Discours preliminaire tout entier, alin d'epargner
quelques feuillcs d'impresslon , s'imaginant peut-etre que le lecteur
anglais acheterait le livre sur son titre et sans s'informer s'il etait
ou non complelement traduif.
[Note du Rcdiicteiir principal de la Revue.)
(>) Principes de Vcconoinie politique el de I'iinpdl, puhlies a Londres
p.)ur la premiere foisen 1S17, et traduitsen frau^ais par Comsxawcio.
ET POLITIQUES. G99
« 1° Que les profits fonciers iic font miUemutit partie ties
frais de production (1) ;
« 1° Que les capitaux etant les resiiltats d'lm travail prece-
dent, et n'ayantd'autre valenr que telle qu'ils tirentde ce Ira-
vail, la valour de la marchandise, produite par leur moyen, est
proportionnee aux quantites de travail consommees pour la
production de cette marchandise ; ce qui montre que sa valeur
est toujours determinee par les quantites de trm^nil que sa
production a exigees.
« 3° Qii'une hausse dans les sulaircs des ouvriers occasione
imebaisse dans les profits des entrepreneurs, et non une hausse
dans le prix du produit, comme aussi une baisse dans les sa-
laires occasione une hausse dans les profits , et non une baisse
dans le prix.
« Ces conclusions, ajoute M. M'Culioch, sont toutes de la
plus haute importance, etenles etablissant M.Ricardo a donne
a la science un aspect tout nouveau. »
(i) Vat profits fanciers (en anglais rent) il faut entendre les profits
qu'un proprietaire retire de sa terre, independaminent de ce que
peuvent rendre le capital repandu en ameliorations sur le sol et le
travail du cultivateur. Ce profit foncier est represente par le fer-
mage, quand la terre est donnee a bail. Le traducteur francais tra-
duit ce mot par la rente , expression impropre, et qui sent le style
qu'on appelle refugie, parce que les protestans francais obliges de
chercher un refuge dans I'etranger, etaient sujets a transporter dans
leurs ecrits francais , les termes et les tournures qui frappaient in-
cessamment leurs oreilles. Le mot rente, et meme rente fonciere , est
d'autant plus impiopre pour rendre I'expression anglaise rent, que
ce mot a deja une autre signification' en francais, oil ii veut dire
une rente hypotliequee sur un bien-fonds, et qui ii'a aucun rapport
avec le profit annuel de ce mdroe foods. D'ailleurs , nous avons en
francais ie mot /e/7na^e qui represente le profit foncier, le profit
rosultant de Taction vegetative du so).
700 SCIENCES MORALES
11 s'agit de savoir si dies sont fondees ct confornies ii I'fX-
perietice.
Et d'abord , cst-il Lien vrai que la valeur cchangeabie , le
prix relalif d'une niarchandise depende uniquement des quan-
titt'S de travail neccssaiies pour la produirePRicardo pretend
que le travail se retirant toujours d'un emploi qui n'indemnise
pasles travailleurs, il n'y a jamais plus d'offre que de demande ;
et d'un autre cote, que la concurrence des travailleurs se por-
tant toujours la oii il y a le plus de demande, il y a toujours
autantde quantite offerte que de quantite demandee. Il se croit
autorise, en raison de ce principe general, anicr I'influence (au
moitis d'une maniere suivie ) de I'offre et de la demande sur
Ics prix. Il meconnait ainsi ce qu'il y a de mieux demontre par
I'experience ; c'est qu'on observe des variations perputuelles
danslesqnantites de produits que peut fournir unememe quan-
tite dc travail ; c'est qu'il y a une variete infmie dans les diffcj-
rentes capaciles des hommes ct dans le prix de leurs travaux.
II meconnait I'influence que I'etat ou se trouve la societe, un
pays, une ville, excrce sur la demande qu'on fait de tel ou de lei
produit. — Ce sont la des exceptions, dit-il ; mais I'influence
du principe subsiste et agit constamment. — Cela est possible,
abstractivement parlant; mais, au fait, les circonstances de la
societe qui toutes agissent en vertu de quelqu'autre principe ,
existent de meme, et Ton ne doit jamais faire abstraction de
leur influence.
Si Ton etait fonde a poser des principes generaux au milieu
de tant d'influences particulieres, ne pourrait-on pas dire avec
plus de raison que c'estrutilite des produits qui est la cause de la
demandequelepubjicen fait, que cette utilite est, par conse-
quent, le premier fondement de leur valeur; et ne pourrait-on
pasajouterqueles fraisde production sontunecirconstanceacci-
thnlelle qui fait que le produit ne peut etre fourni au dessous
d'un certain prix ? En admettant que les frais de production
ET POLITIQUES. 701
sont lacirconstaiiccprincipalequidonnedclavaleur, il faudrait
admettre qu'un produit qui serait revenu a cent francs vaudrait
cent francs, quoiqu'il ne fut bon a rien et que personne n'en
voulut. Si nous nous representons la valeur d'une chose , par
une quantite d'eau versee dans un vase jusqu'a ce qu'elle de-
borde, pourrons-nous dire que ce sont les Lords du vase qui
sont la cause qui fait qu'il y a de I'eau dans le vase parce qu'ils
determinent la hauteur au-dessus de laquclle I'eau ne saurait
s'elever ?
Quelque penchant qu'aient les Anglais a soutenir les doc-
trines de leurs compatriotes, preferablement a celles des etran-
gers, il ne faut pas croire qu'ils abondent tons dans le sens de
Ricardo. Nous vivons dans un siecle 011 les droits de la verite
marchent avant tons les autres. M. Tooke quia montre, dans
son livre sur les hauts prix et les bas prix , combien la doctrine
des valeurs lui est familiere, ne partage point I'avis de Ricardo
qui a encore ete combattu dernierement par I'auteur d'une
dissertation sur les valeurs dont le passage suivant me parait
repandre du jour sur le meme sujet (i) :
'< Pour peu que Ton connaisse les manufactures, ditcet au-
teur, on salt qu'il y a , dans differentes occupations et meme
souventdans des occcupations pareilles, differens degresd'habi-
lete et de promptitude dans I'execulion , qui permettent a cer-
tains ouvriers de gagner le double de ce que gagnent leurs
camarades dans le meme espace de tems. On salt encore
qu'il y a des cas ou I'insalubrite du travail, son desagrement,
le danger dont il est accompagne , affectent beaucoup le
salaire qu'on en retire. On salt que la valeur de certains ar-
ticles est la meme, quoiqueproduits dans differentes villes, par
des ouvriers differens et dans des circonstances fort peu sem«
blables. Si la nature et la quantite des travaux varient, et non
le prix, peut-on affirmerque le prix depend uniquement de ce
(l) A critical dissertation on Value, page aoy.
702 SCIENCES MORALES
travail ? Cc n'est pas rt-pondre que dc dire, avec M. Mill, qiuv?
eslirnant les differcntcs fjuaritites de travail , ilfaul accordcr
une certaine latitude anx differens degrcs de difficulte ct d'ha-
biletc. Des exceptions de ce genre detruisent la regie. Les diffe-
rens degrcs d'habilcte sont des circonstances qui affectent la
valcur (les produits, aiissi bicn que les differentes quantitesde
travail ; la qiiantite de travail n'est done pas la scule cause qui
influc sur la valeur. Que penserions-nous d'line assertion par
laquelle on pretcndrait que les habits sont entre enx relativc-
raent aleur valeur, comme la quantise de drap employee pom
les faire, sauf pourtant les diversesqnalites du drap ? On serait
la verite, on serait I'utilite d'une telle proposition, surlout si
elle devait servir de base a une deduction rigoureuse et matlie-
matique ? La proposition ne devrait-elle pas en realite etre
changee en une proposition diametralement opposee qui serait
que la valcur des habits entre eux, n'est pas comme la quantite
de drap qu'il a fallu pour les faire. >> Que deviendraicnt des lors
les consequences rigoureuses qu'on aurait tirecs de la premiere
proposition ?
Pour ramencr tout a sen idee dominante, que la quantite de
travail intlue seule sur le prix des produits et devicnt par-la
I'unique source des richesses, David Ricardo doit prouver que
Taction vegetative de la terre n'y contribiie en rien. On sait
comment il s'y prend pour le prouver. II suppose que le terri-
toire d'un pays est assez vaste encore par rapport au nombre
de ceux qui I'habitent et qui peuvent le culliver, pour que les
terres de premiere qnalite vaillent seules la peine d'etre cul-
tivees. Ellesdonnent un produit qui suffit pour indemniser le
cultivateur de ses peincs et de ses avances ; mais rien au dela.
Si le cultivatein- est en meme terns proprietaire, son champ ne
lui donnc aucun profit foncicr; s'il nel'cst pas, il ne pout payer
aucun fcrmage ; car aloes il ne renlrerait pas dans la totalite de
ses avances, et il prefererait ne le pas ciilliver.
ET POLITIQUES. 7o3
Cclte Societt^ se mnltiplic ct devient plus liclie; la demaiule
des prodiiits dii sol s'angniente on consequence, ol cd portelc
prix a un taiix tol qn'il devient profitable de cultiver les terres
de seconde qiialito que Ricardo designe sous le nom de terres
N" 2. Celles-ci, avec Ic raemc capital, les memcs soins,le
meme travail, nc rendent que 90, sur le meme espace ou les
terres N" i rendent 100. Des cet instant, dit-il, un fermage est.
possible; car, du moment que la valcur des produits terrilo-
riaux est telle que des cultivateurs trouvent leur coinpte a cul-
tiver des terres qui, sur un espace donne, rendent 90 boisseaux
de fromenl au lieu decent, les proprietaires des terres N° i
trouveront des cultivateurs qui feront un profit pareil, meme
lorsqu'ils paieront 10 boisseaux ( ou la valeur de 10 boisseaux)
pour le fermage. Apres avoir paye ces 10 boisseaux, les culti-
vateurs des terres de i^^ qualite, recueilleronl encore 90 bois-
seaux qui suffisent pour indcmniser ceux qui cultivent les terres
de aiie qualite.
Si la population et le prixdu ble augmentont encore, on
pourra frouver du profit a cultiver les terres de troisieme qua-
lite, c'est-a - dire celles qui lie rapportent que 80 boisseaux.
Alors les proprietaires des terres iV" 2 pourront en tirer un fer-
mage de 10 boisseaux, et les proprietaires des ^crrc.f iV° i ob-
tiendront des leurs 20 boisseaux de loyer; puisqu'apres avoir
paye ces vingt boisseaux , il en restera 80 au fermier de meme
qu'au cultivateur qui aura mis en rapport les terres N° 3 , sans
payer aucun fermage. On peut ainsi continuer la supposition
jusqu'a ce qu'elle ropresente la situation reelle du pays ou Ton
so trouve.
Quelle consequence Ricardo et son ecole tirent-ils de la ?
C'est que le prix du ble n'est jamais determine par le taux du
fermage , mais bien par les frais i\c culture , de main-d'oeuvre ,
que , dans ccsysleme, reclamcnt les plus mauvaiscs terres en
culture, cclles qui ne dcunent point de profit foncier. D'ovi ils
7oA SCIENCES MORALES
concUient que Ic travail seul contribue a la production ; qne le
profit foncier n'est que le resultat d'nu nionopole et qn'il n'a
d'aiUre effet que de faire payer an consomniatenr line portion
de valeiir quine fait pas partie da prix necessaire des choses.
On pent repondre a cettc doctrine que je suis force dc com-
primer pour qu'elle puise etre contenuedans Ics bornes d'nn
article, que, du moment que la ricliesse d'nn pays consiste dans
lavaleur echangeable des choses qu'il possede,la production
annnelle consiste dans la valeur echangeable des produils an-
nuels, quels que soient les moyens de production employes. II
est permis de I'attrihuer avec Adam Smith a la quantie de
produits territoriaux quele public demandc, comparativement
a la quantite qu'on en pent creer. Qu*est-ce qui fait naitre et
soutient cette demande? D'lme part, rntilite de ces produits ,
telle qu'elle vcsulte de I'etat oil se trouve la societe; et d'une
autre part, la quantite de tout autre produit que Ton pent crccr
etdonncr en echange des premiers. Si la Societe produit beau-
coup, elle offre, pour avoir un boisseau de ble , plus de valeurs
que n'en exige le reniboursement des avances du cultivateur.
De la cet excedant de valeur qui, dans une societe populeuse
et productive, donne naissance au fermage.
C'est I'effet d'nn monopole , ajoute-t-on ; et un monopole
n'occasione point une creation; il n'occasione qu'un deplace-
ment de richesse (i). — Mais, ne commet-on point une erreur,
lorsque Ton confond un monopole qui n'ajoute rien a I'ulilite
d'une denree, avec la force vegetative du sol qui elabore les
sues repandus dans la terre, I'air et I'eau, pour en faire une
nourriture salulaire ? Un accaparenr qui ramasse tons les bles
d'un canton , et se prevaut de la faculle qu'il a de vendre seul
du ble, n'ajoute rien a la qualite de cette denree; el ce qu'il
gagne sur le consommatenr, est une valeur pour laquelle il ne
(i) Voyez Buchanan : Commentairc siir la Richesse des nations.
i
ET POLITIQUES. 7o5
tlonne a ce dernier rien en uchangc. Mais ce n'est point la
I'operation qu'execute un proprietaire foncier par le moycn de
son instrument qui est iine terre. II recoit les matieres dout se
compose ie blc dans un Etat, et les rend dans im autre. L'ac-
tion de la terre est une operation chimiqiie , d'ofi resulte pour
la matiere du ble une modification telle qu'avant de I'avoir su-
bie , elle n'etait pas propre a la nourriture de I'homme. Le sol
est done producteur d'une utilite; et , lorsqu'un proprietaire
foncier fait payer cette utilite sous la forme d'un profit foncier
ou d'un fermage, ce n'est pas sans rien donner a son consom-
mateur en echange de ce que le consommateur lui paie. II cede
a celni-ci une utilite produite , et c'est en produisant cette uti-
lite que la terre est productive aiissi bien que le travail.
Je sais fort bien qu'il y a beaucoup d'autres utilites que
nous devons a Taction dcs forces naturelles, et que la nature
ne nous fait pas payer : telle est la force productive qui cree et
amene des legions de poissons sur nos cotes et dans nos filets ;
mais , de ce qu'il y a des agens nalurels gratuits, s'ensuit-il que
les agens natiuels appropries ne produisent pas ? Nous de-
vons tacher de faire produire, autant que possible, par des
agens gratuits, les utilites dont nous avons besoin ; mais , nous
ne devons pas desirer que les terres ne soient pas des proprietes
particulieres. De vrai , si le champ n'appartenait a personne,
et si le fermier ne payait aucunloyer, I'utilite que produit ce
champ, de meme que celle de I'air et de I'eau, serait livree
pour rien au consommateur qui ne paierait alors que le travail
du cultivateur. Mais, cette supposition ne saurait representer
un cas reel ; car , alors un cultivateur se battrait avec un autre
pour labourer un champ qui n'aurait poiut de proprietaire ;
nul ne voudrait faire les avances de la culture, et le champ
resterait en fri(ihe. Le ble serait encore plus cher qu'a present
oil nous sommes obliges de payer un profit foncier au proprie-
taire du sol oil le ble a pousse ; car nous n'aurions point alors
T. xxvii. — Septcmbre iSaS. 45
7o6 SCIF,NCES MORALES
de ble; or, on sail que nnlle marchandise n'esi plus cheroqiu."
cellequ'on ne pcut obtenir a aiiciin prix. Le proprictaiie rend
done un service , piiisqu'il concoiirt par son instrument ;\ ce
que nous ayons du ble. Son service est commode pour lui, j'en
conviens; mais nous ne pouvons pas nous en passer.
Ces controverses que je resserre par egard pour le lectcur,
ont a mes yeux fort pen d'utilite , quand elles ccssent d'etre
une simple^narration de la maniere dont les choses sont etdoiit
les choses se passent , quand elles preunent pour bases des
donnees moyennes qui ne se rencontrent jamais dons la nature,
comma dans nos discussions, de^agees des cireonstances qui
en modifient les resultats. Ces discussions degenerent alors en
des disputes de mots qui les font ressembler biaiicoup trop
aux argumentations de I'ecole. Un deleurs plus graves incon-
veniens est d'ennuyer le lecteur et de lui fairecroire que les
verites de I'economie politique ont pour fondemens des abs-
tractions sur lesquelles il est impossible de se meltre d'accorcl.
Enfre les sectateurs de Ricardo et ceux deQuesnay, il y a op-
position complete de principes. Ceux-ci pretendaienl qu'il n'y
a de richesse nouvelle mise au moudeque le profit du fonds ,
oiile fermage, qu'ils appe]aiQut\e produ it net ; les Ricardicns
pretendent, au contraire , que le sol ne nous donne pas pour
un sou de richesse. Je crains que les uns comme les autrcs, a
force de generaliser, ne sesoient egalement ecartesdes voies de
la nature qui ne nous presenle que des phtnomenes compliques,
resultats deplusieursactionscombinees,etqui marcheasonbut,
a sa maniere, et endepitdes regies qu'il nous plait de Uii tracer.
Les economistes de Quesnay deduisaiint d'un seul principe
(celui que la terre est I'unique productrice) une foule de conse-
quences qui les conduisp.ient fort loin de la verite. Voila ce qui
les a empeches de se soutenir. Leur dialectique etait cependant
assez serree; elle affectait aussi des formules, des deductions
malhematiques, et beaucoup de tres-bons esprits s'y etaient
ET POLITIQl^KS. 707
laisses enlrainer. Cepeiidant, au bout d'un denii-siecle per-
sonne ne se prcsentait plus pour soutenir les doctrines de
Quesnay- Je crains que cclles de Ricardo surle profit du foiids
de terre n'aillent pas si loin , parce que les questions ront main-
leuant mieux posees.
Heureusement que les verites essentielles de I'economie po-
litique ne dependent pas de quelquis points de droit qui peu-
vent tonjours etre contestes. EUes reposent sur des faits qui
sont ou qui ne xont pas. Or, on peut parvenir a constater un
fait et a developper toutes ses consequences. C'est la nietlicdo
d'Adam Smith, et c'est la bonne fi).
Ricardo et ceux qui professent la nieiue doctrine , ne se sont
pas contentes de nier la cooperation des foods de terre dans la
pioduction des richesses sociales. Tonjours prevenus de I'idte
que le travail liumain est seul productif , ils ont refuse toutc
action productive aux capitaux, c'est- a -dire , aces valeurs
presque tonjours repandues en ameliorations sur une piopriete
territoriale, et qui forment le fonds de presque toutes les en-
treprises de commerce etde manufactures. lis pretendent qu'un
capital , une portion de capital (par supposition , la valeur d'un
(i) C'est la Methode experinientale de Bacon , appliquee au\
sciences morales et politiqiies. Oii sait quels etoniiaus progres lui
doivent les sciences physiques. L'economie politique lui doit ses
seuls progres veritabie£. Smith fonde en general ses raisonnemens
sur un fait, et non sur une proposition generale sujette a contro-
vf-rse ; et comma il etait bon observateur et raisonneur judicieux .
il se trompe rarement; si rarement, qu'il convient d'y regarder a
deux fois , avant de se mettre en opposition avec lui. Sans doulc
quelques fails lui ont echappe ; ses analyses sout dans certains cas
incompletes; il a laisse de cote des parties de la science, et i'ar-
rangement de son livre laisse beaucoup a dcsirer ; mais, dans Jes
details , sa methode est la seule qui puisse conduire avec certitude
a la verite.
7o8 SCIENCES MORALES
oudl ou d'lnie machine) n'ctant autre clioso que la valeiir ac-
ciimulee d'un tr vail anterieiir , le produit aiiqiicl la machine
a contribiie n'est toiijours (jiie le resultat dun travail ancien
ou reccnf.
Je crois qu'ils meconnaissont I'aclion dii capital dans la pro-
duction , plus encore qu'ils n'ont meconnu Taction du fonds de
terre. Je crois que , dans toutc cntreprise qui va bicn et qui se
continue, le capital sert, et n'est pas consomme; ou du inoins
qu'il est perpetuellement retabli, a mesiue qu'il est consomme ;
tellement qu'au bout d'une, de deux, de dix annees , un capi-
tal qui a servi tout le terns, existe encore et se remonlre tout
entier au moment d'uneliquidation. J'en appelle a tousceux qui
connaissent le moins du monde Ics entreprises industrielles. Les
produits d'une entreprise qui se soutient ont une valcur qui suf-
fit non-seulement pourretablir perpetuellement le capital dans
son integrite; mais ils procurent un profit qu'il faut diviser en
denx parts : I'une que Ion pent regardcr comme le salaire des
travaux de I'entrepreneur; I'autre, comme I'interet de ses
avances.
Si la portion de la valeur capitale que nous considerons est
une machine, le capital n'est retabli qu'autant que les produits,
independamment de I'interet, ont rembourse les reparations et
que la machine a conserve son entiere valeur. Telle est la
marche de I'industrie, quand elle est productive; tels sont les
fails.
Or, si la valeur capitale n'est pas consommee, on ne con-
somme en produisant aucune portion d'un travail anterieur.
On ne consomme que le terns, le service, si Ton peut s'expri-
mer ainsi, du capital employe; de meme que, lorsqii'on a cul-
tive une terre, apres qu'on y a recueilli une recolle, on a con-
somme le service du sol pendant un an ; mais Ton n'a point ^
consomme le sol lui-memc qu'on pent vendre, toutcs choses
egales d'ailleurs, aussi cher apres la recolle qu'on Taiu-ait vendu
ET POLITIQUES. 709
avant de I'avoir cnseinence. Aprcs (jiie Ton s'est scivi dun ca-
pital pendant une annee, on pent le placer integralement d'une
autre nianiere, I'employer h une autre production. La valeur
du capital, comme la valcur de la tcrrc , est independante de la
valeur du service qu'ils rcndent. On achete le service d'un ca-
pital, d'une terra, de nieme que Ton achete le service d'lm ou-
vrier, sans detruire la chose ou la personne dont on a acquis
le service pendant un terns quelconque.
Pour appliquer a notre sujet cette demonstration qui a tota-
lement echappe a Ricardo et h son ecole, comme elle avail
c'chappe a Smith, si un capital est u» travail ancien qui a ete
amasse et incorpore, pourainsi dire, dans une machine; et, si
ce capital ancien n'est point defmitivement consomme dans la
production d'un nouveau produit, la valeur de I'ancien travail
ne fait nuUemenl partie de la valeur dn produit nouveau. Ce-
lui-ci est le resultat d'un service nouveau, sans cesse renais-
sant, mais dun triple service : celui des travailleurs, celui des
capitaux, et celui des fonds de terre, quoique Ricardo n'en
reconnaisse qu'un : celui des travailleurs d'ancienneou de nou-
velle date. Le travail des travailleurs anciens a ete incorpore
dans un produit appele machine ; le produit des travailleurs
nouveaux a ete incorpore dans un autre produit, appele si Ton
veut, etoffe ; cesdeux produits existent simultanement; aucune
portion de la valeur de I'un n'a passe dans I'autre.
Un autre excmple presenlera la meme doctrine sous un autre
aspect. Un speculateur emploie une somme de dix niille francs
a I'achat d'une partie de vin ou d'eau-dc-vie» avec I'intention
de I'ameliorer en la gardant. En accordant que ce capital soit
le fruit dun travail ancien mis en reserve, le profit que le spe-
culateur fera sur la liqueur ne saurait passer pour le produit
de ce travail. Cast le capital lui-meme qui est le fruit de ce
travail etqui pent etre reemploye ou consomme, apres que la
speculation aura et6 terminec et aura procure un profit inde-
7IO SCIENCES MORALES
jKiidaiit (le la soriime de dix mille francs employee par le spi'-
enlatciii'.
11 est impossible de ne pas convenir qu'un capital est. uu
prodiiit different desnouveaux produits auxquels ii concourt;
(ju'en sa qualite de fonds productif , il rend un service qu'on
est obli^^o de payer sons le nom (\'inlerel , que I'inlcret des ca-
pitanx compose nnc partie des frais de production, et 4 et 174.
7i6 SCIENCES MORALES
Aufide ; c'ost lii que se livra la fanieuse bataillc de Cannes, si
fatale auxRomains. Lorsque plus tard IcsBarbarcs cnvahireut
I'empire romain, ils ravaj^erent cette plaine jusqu'alors tres
bien cultivee. La populalioa dispaiut, et le terrain demeura
la propriete des princes qui se succederent depuis lors dans
le gouvernement du royaume de Naples. Le climat en est plus
doux , durant I'hiver, que colui des provinces voisines ; de
sorteque I'usages'est etablid'y envoyer hivcrner les troupeaux
qui ont passe la belle saison dans les nnontagnes de la Pouille.
Ce canton qu'on appelle // tavogliere di Puglia, et qui n'a pas
moins de aS lieues de long sur lo de large, est abandonne aux
seules productions spontanees de la nature , et la valeur de ces
productions est representee par un droit que les troupeaux, en
y entrant, paient au gouvernement , a tant par tete de betail.
Ce droit, qui est une espece de location, represente bien
certainenient le pouvoir productif du sol , puisqu'il ne se trouve
la aucune amelioration, aucun capital engage dont on puisse
payer un interet ; et en mcme tems , il faut bien que les pro-
prietaires des troupeaux y recueillent un avantage , puisqu'ils
consentent a le payer, et qu'ils envoient leurs bestiaux dans
ce lieu, sans y etre forces.
Cet exemple, en nous montrant que la puissance vegetative
de la terre pent avoir une valeur independamment de tout ca-
pital repandu sur le sol , et independamment d'aucun travail
qui le soUicite , nous montre en meme tems combien un ca-
pital,'combien I'industrie, augmeatent les faculles productives
du fonds de terre. Le droit que le gouvernement napolitain
per^oit dans cette circonstance sur les bestiaux que Ton conduit
dans le Tavogliere, rapporte , au dire de M. Castellan (i)
4^5,600 ducats ( I million 800 mille francs ). Tel est le produit
(t) Lettres sur I'lta/ie, tome I, page ao'J.
ET POLITIQUES. 717
brut d'une province tout entiere qui, si elle etait cultivee ,
pourrait rapporter 32 millions de fermages aux proprietaires
dusol, autaut probablement aux cultivateurs-fermiers, et 10
millions tout au moins au gouvcrnement , sous forme d'impots;
sans compter qu'elle nourrirait en meme tems une population
laborieuse de deux a trois cent mille ames. C'est ce qui ne man-
querait pas d'arriver, sous un gouvernement qui entendrait
quelque chose h I'cconomie politique.
On voit que M. M'Culloch, comme il arrive trop souvent a
ses compatriotes , n'accorde une grande attention qu'a ce qui
s'ecrit en Angletcrre. II s'est ponrtant departi de cette regie
a I'egard de M. Henry Storch qui a fait imprimer en francais
un Cours d'econornie politique destine a I'education des grands
dues de Russie. On ne pent pas deviner le motif qui a porte
M. M'Cullochavantercetouvrage outre mesure(2>ojezla p. 89).
Il ne pent pas ignorer que les trois quarts du livre de M. Storch
ne sont qu'une copie litierale de quelques ouvrages connus (i).
Sans doute, on doit savoir gre a cetauteur travaillant a I'ins-
truction de deux princes , d'avoir mis sous leurs yeuK des
extraits de livres accredites; niais, ce n'etaitpas un motif pour
exciter I'admiration du savant professeur de Londres; d'autant
plus que le dernier quart qui n'est pas copie , du Cours de
M. Storch , n'est que I'exposition d'un nouveau systeme qu'il
s'est forge relativement aux produits immateriels, qu'il appelle
biens internes, sysleme qui ne supporte pas im instant d'examen.
Qu'est-ce, d'ailleurs, qu'un cours d'economie politique qui ne
contient absolument rien sur les grandes questions qui interes-
(i) De la Rtchesse des nations, de Smith; du Traite (TEconomit
poliilque, de J.-B. Sa.y, dont il a pris des chapitres tout entiers, le
titre du chapitre conipris; du Traite de la volonte et da Commentaire
siir V Esprit des his, par DESTiiTT-TaiCT, et du Traite des Peines et
des Recompenses , par Bentham, mis en ordre par Dumont.
71 8 SCIENCES MORALES
sent le plus la socieie: sur la balance tin commerce, les entravcs
a la circulation, Ics corporations, les luonopoles, Ics colonies,
les dc'pcnscs publiques et les impots? Du reste, il y a clans Us
notes (le M. Storch quelques fails iatcressans sur les Etats du
Nord ; mais dont I'auleur ne tire aucune conseqncuce nou-
velle.
Pour revenir a Ricardo , je pense que son soul litre do
i^loire , est sa doctrine des monnaies. II a completenient pro-
file des grandes experiences qui ont ete malheureusement faitcs
sur la depreciation des papiers-nionnaies de France el d'An-
gleterre, aussi bien que sur la rcstauration de celui d'Anijle-
terre, qui a ele peut-etre plus fi'icheuse que sa depreciation. II
a dessille sur ce point les yeux de TAnyleterre qui croyait bon-
nemcnt que ses billets de banque avaienl toujours la menie
Valeur, lorsqu'ils ne pouvaient plus acheter que les deux tiers
de la quanlite deraarchandises que Ton obtenait avec de Tor.
Et ce qu'il y a de piquant, c'est que la doctrine de Ricardo
sur cette matiere, est fondee precisement sur ce principe de
la proportion entre la quanlite offerte et la quantite demandee
dout il refuse de reconnaitre I'influence. Il prouve d'une maniere
irrecusable que I'inslrument de la circulation est une marchan-
dise de meme nature que toutes les autres , et nie que toutesles
autres soient soumises aux memes influences.
M. M'CuUoch me reprochera peut-etre de n'avoir pas fait
connaitre plus tot ma facon de penser a I'egard des doctrines de
Ricardo. Je me serais reproche encore plusde causer la moindre
affliction a un homme aussi recommandable , qui ra'honorait
de son amitie , dont toutes les pensees , depuis qu'il s'etait retire
des affaires, eiaient tournees vers le bien public, dont, au total,
'es iravaux ont ete favorables au progres de la science qu'il
cultivait, a un homme , enfin, qui etait aussi peu porte a tirer
vanile deson savoirque de sa fortune. Aussi, n'ai-je toucbe que
tres-legerement, dans les notes que les libraires m'ont sollicile
ET POLITIQl-lES. 719
d'ajouter a la traduction fiaric-aise de son livre, les points snr
Icsquels nous differions; mais , ou verra peut-etre liuclque jour ,
par notre correspondancc, que, si j'ai evite de le comballrc
sous les yeux du public , je soutenais neannioins a huis clos
contre lui, quelques combats dans I'intcret de la verite.
J.-B. Say.
HiSTOIRE DE LA DOMINATION} DES ArABES ET DES MaURES
EN Esi'AGNE ET EN PouTDGAL , depius Viuvasion de ces
peuples jusquh leiir expulsion definitive; redigce sur
riiistoire traduite de Varahe en espagnol de M, Joseph
CoNDE, nienibrede pUisieurssocietessavantes, hiblio-
thecaire de I'Escurial, de I'Academie dhisloire, etc.;
par M. DE Marles (i).
Geschichte der Herrschaft de'r Mauren IK Spa-
NIEN, etc. HlSTOlRE DE LA DOMINATION DES ArABES
EN EsPAGNE ; extraite de divers nianuscrits et menioires
arabes, par le D' Don Jose- Antonio Conde, et traduite
de r espagnol en aliemand ^ par Charles Kutschmann,
capilaine an service du grand-duche de Bade (2V
Pendant toute la dnree du moyen age, les Musulmans ont
occiipe tine des plus belles parties de I'Europe; ils pnt pres-
que toujours ele en guerre avec les peuples Chretiens. Chacuiie
des revolutions qn'ils ont eprouvees, chacune des reformes
qu'a subies leur religion, a ete, presque toujours suivic im-
(r) Paris, 1825. 3 vol. in-8° Alex. Eymery, rue Mazarine,
n° 3o ; prix, 18 fr.
(2) Carlsruhe, i824-i8s5 ; Gottlieb Braun. 3 vol. avec gray. (Vov.
Rev.Enc, t. xi , p. ifio, et t. xiv, p. i36-i37, I'annonce de I'oiivrage
original. )
720 SCIENCES MORA.LES
m^diatemcnt tl'une attaquc furieuse sur Ics scctateiirs tin
Christ qui so trouvaicnt plus rapproches d'ctix, commc s'ils
avaient voulii prouvcr ainsi quo cetfe reforme lour avait
rendu tout le zele dii premier fondatcur de leiir religion.
C'est ainsi que Ic sort de la France, celui dc toute la Chre-
tien tc , se trouve lie avec la iiaissance des sectcs et dcs
dynasties des A.lmoravides , des Almohades ct des Beni-Merin.
Mais, tandis qu'on sent dans tout I'Occident Ic contrc-coup de
ces revolutions, on ne saurait lemonter a leur cause a I'aidc
des historiens Chretiens. Ceux du moyen age sont presque tons
d'unc concision, et souvent d'une inexactitude desesperante
sur les affaires de leur propre pays ; et, quand ils onta parler
des Maures , ils les haissent, ils les meprisent, etne se don-
nent jamais la peine de les comprendrc.
Cependant, les savans orientalistes ont souvent repute a I'Eu-
rope que la langue arabe recelait d'immenses richesses histo-
riques; que les lettres furent surtout cultivees par les Sarra-
sins , ;\ I'epoque ou nos peres etaient plonges dans la plus
profonde barbaric; que les historiens de I'Espagne maure ct
de I'Afrique, non-seulemcnt pourraicnt expliquer ces commo-
tions qui, parties de I'Arabie, de I'Afrique ou de I'Andalou-
sie, ont ebranle tout le midi de I'Europe, mais encore pour-
raient nous faire mieux connaitre nos ancetres eux-memes,
qu'ils observaient en philosopbes, tandis que les Barbares du
Nord s'enivraient de sang et ne savaient pas lire.
II faut convenir que les fragmens d'historiens arabes qui
ont ete traduits en latin ne repondaient guere A ces promesses.
L'histoire ne s'y presente que comme un tissu de revolutions,
de massacres et de si>pplices; elle ne fait jamais connaitre, ni
les peuples, ni les gouvernemens; elle n'est jamais eclairee
par la philosophic; elle ne repand i son tour aucune lumiere
sur les sciences politiques. Tantot reduite a de pures notions
chronologiques, tantot decoree d'un faux clinquant, elle est
ET POLITIQUES. 721
parsemee de fables, de morceaux de poesie; die s'efforce
d'aniuser I'imagination par des rocits siirnaturels oii roraa-
nesqnes, at jamais elle ne presente le caraclere d'une critique
severe, de I'amour de la verite, d'une utilite applicable. Tou-
tefois, nous n'avons point le droit de juger une lilterature elran-
gere sur quelques fragmens peut-etre mal choisis ou mal tra-
duits, et nous desirerions vivcmentque les travaux historiques
des Arabes fussent mis a la portee de la generalite des lecteurs ,
tandis qu'aujourd'hui ils ne sont pas meme accessibles a la
pl/ipart des oricntalistes. En cffet, les manuscrits demeures
dans leur langue originale sont disperses dans les grandes bi-
bliotbeques; leurs copies sont rares, dilficiles a se procurer,
plus difficiles a trouver reunies, a corriger, a completer I'une
par I'autre. L'liistoire des Arabes est encore couverte des
ronces qui occnpaient le champ tout entier de la litterature
avant I'invention de I'imprimerie.
Aussi nous croyons que don Joseph-Antoine Conde, I'auteur
de I'histoire des Arabes d'Espagne, a rendu un service emi-
nent au monde savant. M. de Marios, qui a donne une forme
nouvelle a son histoire en la traduisant en francais, nous dit
de son auteur, « qu'il a compile et traduit avec la plus scrupu-
leuse exactitude tous les ecrits arabes qu'il a trouves dans les
bibliotheques publiques, ceux qu'il possedait lui-meme, et
ceux qu'il tenait de ses amis. Son ouvrage , qui a paru a Ma-
drid en i8'20 et 1821 , peut etre rogarde comme ce qu'il y a
de plus complet sur cette matiere. Beaucoup de doutes y sont
eclaircis, beaucoup d'erreurs y sont rectiliees, et Von y suit
sans peine la longue succession des princes qui, sous le nom
d'emirs , de califes ou de rois, out gouverne I'Espagne con-
quise. On y voit decritcs toutes les divisions intestines qui,
plus que les armes espaguolcs, out affaibli la puissance des
Arabes, et onl fmipar la miner. Malheureuscment, M. Conde
avail adopte un plan qu'il aurait rerormo peut-etre, s'ii avait
T. xxvii. — Septemhre iSaS. 46
722 SClENr.ES MOI\Al.E,S
eu le terns do niettre la tleiiiierc main a son oiiviage; et I'exo-
ciition d'un dessein qu'on pent sans injustice trouvcr mal con-
cn, produit dans §pn Histoire des Arabes ce que U' dcfaut
ajbsolii de docnnions avail opere dans les historiens cspaj^nols;
c'est-a-diie, qu'on ne connait pas niieux les Espajjnols avec
M. Ctuule, que Ton ne connait les Arabes avec les historiens
espjignols , sans en excepler Mariana , si justement cstime
dcpuis 3oo ans. Non-seiilenicnt M. Conde a pousse la fidelite
pour les originaux jusqu'a les faire pailer cux-niemes, eommc
si I'histoire qu'il a publiec etait leur propic onvrage; niais en-
core il laisse toujours ignorcr an lecteur ce qui se passait dans
les cours des princes chretiens, conteniporains des emirs et des
califes.... « L?^ lecteurs, dit-il lui-meine, doivenl lire mon ou-
vrage, commc si un auteur arabe I'avaitecrit, puisqu'il n'cst
au fond que I'cxtraijt fidele d'un grapd nombre de livi es
composes dans cetle laugue. Ainsi Ton ne devra s'etonner,
ni de la difference qui existe entre ce livre et nos histoires ,
en cc qui concerne le lecit des evenemens, ni du pen de
notions qu'oa y trouve sur nos princes et nos gencraux. Ce
livre, en uu mot, pent etre regarde comme le revcrs de nos
appfiles (i). >i
Nous nous permettronsde differer d'opinion avecM. de Rlarles:
a nos yeux, ce plan etait bien concu ; il repoudait piecisement au
desirqu'eprouvaientlessavans quine connaissent point les lan-
guesorientales; et quant aureste du public, on nepeut pas cspe-
rer qu'une histoire des Arabes en Espagne devienne jamais im
ouvrage universelleraent repandu. D'ailteurs, la seule chance
dele rcndrc populaire etait encore de presenter le resume de
I'histoire des A'abes tel qu'ils la concevaient eux-memes, de
faire parler Icurs auteurs, de conservcr leurs sentiniens sur les
hommcs el sur les choses, avec les eoulcuis natives de cc peuple
(i) Avertisseraejit rlo i'aiiteur, p. (i-R.
ET POIJTIQUES. 7i3
si different >
Les planches de cette livraison contiennent : les tetes et les
bustes de la Vierge et de I'enfant Jesus , la tete et une partie
du buste de saint Jerome, du jeune Tobie, et de I'ange Ra-
phael ; de plus , quatre etudes de pieds et de mains, apparte-
nant tant a ce tableau qu'a celui de la Visitation.
de la Vierge et de I'enfant Jesus; M™e Jaquotot a egalement repro-
duit cette m^me partie du tableau. Cet ouvrage est en la possession
de S. A. R. Madame. Enfin , le tableau entier a ete grave par
MM. CuATiLLOir, LiGNON et Desnoyers.
75a BEAUX-ARtS.
5. Le Portcment. de croia\ dit lo Spnsimo. — Ce tableau .1
ete peint pour une eglise de Palermc, consacrce sous Ic litre
de santa Maria dello spasUno. ■< 11 etait naturel, ditM. Emeric
David, dans une pareillecirconstance, que Raphael retracatia
scene pathetiqne du Portement de croix, I'agonie du Christ,
raffliction de scs parens , raccablemcnt on le spasme de sa
mere. « Cettescjne, du plus haul patholique, a rcuni tout ce
que le sentiment le plus profond ct le plus exquis pouvait ins-
piier de noble , de touchant ct d'eleve. Les differens carac-
teres, exprimes avec cette justesse qui est le propte de Ra-
phael , offrent des contrastes heureux; mais le Christ surpasse
toutes les autrcs figures, autant qu'il etait possible d'exprimer,
par des moyens huniains, la divinile de son essence. — « Se
soutenant d'une main sur la roche oii il est tombe , et de I'autre
retenant sa croix, il dirige vers sa mere un regard dont I'in-
effable expression surpasse tout ce que I'imagination eut ose
concevoir. Tel est I'effet de la noblesse des formes, etde I'in-
concevable magie de la couleur, que, dans la chaleur de ce
regard sublime, se peignent en meme terns et la tendresse du
fils, et les angoisses dc rhomnie, et la benignite du sauveur,
et la majeste du Dieu. Quelques larmes se melent au feu qui
jaillit de ses prunelles azurees. Le sang quiruiselle sur son vi-
sage, en releve I'auguste beaute. La dignite de son front, la
grace toute divine de ses levres, les ondulalions de sa cheve-
lure, la distribution meme d'une barbe legcre qui se partage en
deux plans plusegaux, s'accordentavec le caractere des yeux. »
Les planches, executees d'apres ce tableau, representent : la
tete du Christ avec les draperies qui couvrent sa poitrine et
ses epaules ; la tete etlebustede deux saintes femmes, de Simon
le Cyreneen et de Saint- Jean ; la vierge jusqu'au-dessous des
epaules et la Madeleine jusqu'a mi- corps.
Le merite de cette collection sera vivcment apprecie par
tous les connaisseurs. P. A. Coupin.
III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
LIVRES ETRANGERS (i).
. AMERTQUE SEPTENTRIONALE.
ETATS-UNLS.
277. — * Europe; or a general Survey of the present situation of the
principal powers , etc. — L'Europe, ou Examen de I'etat present des
principales puissances, avec quelques conjectures sur leur avenir;
par un citoyen des Etats-Unis. Boston, i8aa; Cummings et HilHard,
n. I , Cornhill.
En lisant cet ouvrage, qui nous est arrive depuis peu des fitats-
Unis , on a bientot reconnu que VObservatenr amiricain a ecrit en
Europe. Mais, a-t-il visite tous les etats dont 11 parle ? a-t-il penetre
le secret des cabinets ? a-t-il vu au moins la plus grande partie des
ressorts qui font mouvoir, tant bien que mal, la machine politique.''
Nous I'ignorons; niiiis, a coup sfir, il savait beaucoup. Son examen
commence par la France qu'il a etudiee avec soin, et il resume aiasi
ses observations sur notre patrie : « La constitution de la France est
pleine de sante et de force, en tout ce qui est le plus essentiel : elle
est au-dessus de toutes celles que I'Europe nous montre en ce moment.
Un coup d'oeil superficiel y soupconnerait quelques symptomes de
maladies, meme d'un caractere alarmant; mais, en regardant de
plus pres , on est bientot convaincu que le principe de vie est assez
actif et abondant pour eloigner tous les dangers. » Lorsque I'auteur
t'crivait ses remarques , la loi des elections n'etait pas encore changee,
et la constitution subsistait a peu pres dans son entier. L'Espagne et
le Portugal dont il jjarleneresseniblent point a cequesontaujourd'liui
ces deux etats. L'Espagne a completement trorape ses esperances; le
Portugal les realisera peut-etre , niais n line autre epoque, et par une
(t) Nous iudiqiierons par nn asterisque (*) , place a c6te du litre de cJiaque
ouvrage, ceiix des livres ctrangers ou francais qui paraitront digues d'une atten-
tion particulicre , ct nous en rendrons quclqiicfoir, compto dacs la .section des
Analyses.
T. xxvii. — Septemhre iSaS. 48
754 LIVRES ETRANGERS.
autre s(5rie d'cveiiemens. L'ltalie et la Grfece sont encore aujouid'hui
telles que iiotre Observatcur les a vues : I'une vaincue, saus avoir eu
I'honneurcle combattre; I'autre comliatlant avec courage, et jusqu'icL
avec succ^s. L'AUemagne , dans laquelle rAutriche et la Priisse sont
comprises , donue, suivaiit iiotre auteur, une grande lecon aux etats
americains. « Si, par inalheur, les liens qui nous unissent venaient
a se rompre, nous verrions, coninie en AUemagne, iios etats preci-
pites les uns contre les autres , iios niilices converties en armees per-
manentes, et des guerres sans fin; jios presidens deviendraient des
despotes hereditaires ; nos magislrats , si recommandables par leur
lionnetete et leur instruction, feraicnt place a une insultante aristo-
cratic ; nos peuples libres et heui eux ne seraient plus q«e de miserables
paysans, condamnes a une servitude personnelle. Nous ne serious
pas mdine en surete contre les entreprises de I'Europe , malgre I'in-
terposition de I'ocean. Des puissances etrangeres s'etabliraient au
milieu de nous, flatteraient tour a tour nos interd'ts prives , excite-
raient les passions, entretiendraient les divisions et les troubles inte-
rieurs. Notre bonbeur, comme celui de I'Allemagne, serait sacrifie a
Tambition et a la cupidite de ces Strangers : nous tomberions sous un
iougsi accablant, que la mort nous paraitrait nioins cruelle ; et cepen-
dant, il nous serait impossible de nous en delivrer. » La Russie , la
Su^de, le Danemarck et les Paj-s-Bas trouveraient aussi dans cet ecrit
des verites utiles, s'ilarrivait un jour que les nations el leurs chefs sus-
sent profiter desavertissemens qu'onleur donne.LaCrande-Bretagne,
dans cet ouvrage, est consideree en elle-m6me , par rapport a ses
colonies, a I'Europe et a I'Amerique; ce qui am^ne une dissertation
approfoudiesurla chimere d'anebalance , ou d'un equilibre politique
en Europe et dans les deux mondes. En traitant ce sujet , I'auteur ne
pouvait se dispenser de parler de la Sainte- Alliance, et d'exposer sur
cette institution politique uiie opinion libre et independante. La
marine anglaise est I'objet de son dernier chapitre. Dans le resunn-
de ses observations sur I'Europe , il emet cette opinion remarquable,
que , « I'eff'et de I'influence toujours croissante de la Russie sur I'etat
politique de I'Europe occidentaledoit etre regardee comme favorable,
pavce qu'elle sape I'independance des etats inferieurs , et tend a
changer leurs vieilles formes. » II pense que Ton nepeut esperer aucun
bien , taut que ces anciennes institutions incoherentes seront main-
tenues , et que , pour elever un ediflce regulier et durable , il faut
commencer par deblayer et aplanir le sol. 11 ne desespere point de
l'avenir,et nous encouragerait peut-etrenous-memes, si nousn'avions
AMfiRIQUE SEPTENTRION.VLE. 755
pas sous les yeux des preuves trop evidentes du progies de maux
tres-difficiles a guerir , et que Yon s'efforce de reiidre incurables.
Notre auteur americain , plein du sentiment de sa patrie, du bonbeur
dont elle jouit et qu'elle garantit a ses beureux habitans, sourit a
I'avenir, et doit en effet concevoir de grandes esperances. La position
des Europeans est moins agreuble; leur borizon est plus sombre ; leurs
pensees et leurs opinions se ressentent de rinfluence des objets qui
les environnent. F.
278. — Oration dclii'ered in the Cupitol in the city of Jf'aihing!on etc.
, — Discours prononce au capitole dans la cite Washington, le 4 juil-
let 1825, par AsBUHY Dickiss ; public sur la demande du comiie
des arraiigemens. Washington, i8a5. Gales et Seatou; brochure in-8°
de 19 pages.
Charge decelebrer dans un discours ranniversairedel'independance
de sa patrie , M. Dickins a era qu'il convenait de retracer , dans cette
circonstance solennelle , les progres des divers peoples dans la car-
riere de la liberte et de la civilisation , depuis Fepoque memorable oii
les Aniericains du Nord prirent place parmi les nations libres et ci-
vilisces. Apres avoir passe en revue les differens pays de I'Europe
M. Dickins arrive a la Grece ; et la chaleur avec laquelle il parle de
cette belle contree etde la lutte soutenue avec tant d'heroisme parses
genereux habitans , prouve que les Americains , iion moins que tous
les honimes genereux et eclaires , en Europe , s'interessent au sort
des descendans d'Homere , de Platon et d'Epaminondas. Malheuieu-
sement , des obstacles trop reels ont jusqu'ici empeche cet interet de
se signaler d'une maniere plus efGcuce pour la cause a laquelle il se
rattacbe. La derniere partie de ce discours est consacree a exposer
I'etat actuel des Etats-Unis ; c'est a la sage liberte et aux institutions
dont ils j'ouissent , que I'auleur attribue avec raison tous les succes
qu'ils ontobtenus , et leur marche progressive et rapide dans la car-
riere de la civilisation et de la prosperite. A. J.
279. — * The New-York Review, and Jtheneiim Magazine. — Revue
de New-York, et Recueil de rAthenee, dirigee par ?)I. le docteur
Anderson et M. Bryand. Nevr-York , iSaS ; White, i"' cahier.
Juin 1 8 25, 84 pages.
Ce journal fait suite au recueil athmtiqiie (allantic magazine) dont
il a deja paru deux volumes. Parmi les articles interessans du cahier
que nous annoncons, nous avons reiwarque 1° une excellente analyse
de Hadad (voy. ci-desstis p. 423); 2° I'examen d'un rapport sur la
reduction de I'armee des Etats-Unis; 3° un compte rendu d'un conte
756 LIVRES I>:tRA.NGERS.
intitule les Fnyagetirs , par Tauteur de Redwood. Ce nouvel ouvragc
qui semble presenter beaucoup d'interet et le r^cit chi voyage d'une
famille aux cataractes de Niagara , anx lacs, etc. Plnsienrs incidens ,
des traditions, des anecdotes en rendent la lecture tres-attachante. II
est destine aux jeunes gens (voy. ci-dessus , p. i3a). 4° Des extraits
du journal d'une amcricainepartie de Boston en 1704 (soixante-douze
ans avaiit la guerre de la revolution); pour faire dans I'interieur un
long et perilleux voyage de deux cent cinquante milles , elle employa
cinq moss, tandis qu'aujnurdhui a peine mettrail-on cinq jours d par-
courir le m^me espace. Ce journal, ecrit en vieil anglais de refiigie,
est fort curieux par les descriptions qu'il donne d'un pays si comple-
tement change et des mceurs des habitans.
Ala suite des articles, on trouve, sous le titre d'y4chenee , des me-
langes en vers ct en prose; une tr^s-belle ode a la gloire de Marc
Botzaris; Tannonce d'une collection des ouvrages nouveaux et an-
ciens de madame Barbauld, roimprimes en Amerique; une piece de
vers pleine d'harmonie et d'originalite , adressee a un corbeau mou-
rant; enfin, une chanson de I'ile de Piicairn. La table du volume 11
du recueil atlantiqtie , placee a la fin de ce cahier , pent faire juger du
plan d'apres lequel cet ouvragea ete dirige jusqu'a present, et de la
diversile des niatiferes qu'il embrassait. L. Sw. B.
280. — * Phosphor, morning star of liberty and equality. — Le Phospbore,
aurore de la liberte et de I'egalite. Vol. I, n. i. NevF-York , 8 juin,
i8a5 , I cahier de 16 pages in-8°.
Nous avons deja entretenu plusieurs fois nos lecteurs du systeme
de cooperation mutiielle , inventeet defendu en Angleterre avec succes
par MM. Robert OwENet ^F/Wam Thompson, quide concert avec leurs
amis et leurs disciples, viennent de fonder ou sont sur le point d'e-
tablir, d'aprfes leurs nouveaux principes , plusieurs societes coopera-
tives, soit en Angleterre et en Ecosse, soil aux Etats-Unis (voy.
Rev. enc. t. xxvi, p. 270, 274 et 894). SIM. Owen et Thompson sout
frappes , comme plusieurs aulres economistes distingues, (entr'autres
M. de Sismondi, voy. Rev. enc. t. xxii , p. 264-298), des vices du
regime social actuel de nos societes civilisees , ou la masse des indus-
triels travaille , pour ainsi dire, au profit d'un petit nombre d'eutre-
preneurs qui percoiveht sur les produits de cette masse des droits
cnormes et n'abandonnent aux veritables producteurs qu'une trfes-
legere part dans les benefices , a peine suffisante pour satisfaire leurs
premiers besoins. Apr^s avoir cherche a decouvrir les causes du
mal, ils se sont occupes des moyeus de le detruire, et ils out cru
AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. 7X7
les trouver dans une reforme complete de rorganisalion soci;ile et
industrielle. lis ont propose d'imposer a tous les hoinmes line part
cgale dans les travaux , afin de pouvoir leur accorder ensuite nnepart
egale dans les produits, et pour parvenir plus facilement a ce but,
ils ont imagine de former de petites cominunautes, se composant de
1000 a 2000 membres au plus. QuelquesFrancais, MM. Fourrier et
Muiron , avaient emis dans quelques ecrits que nou3 avons aunonces,
des vues analogues ; mals ils n'ont point obtenu les memes succes que
les ecrivains anglais dont nous -venons deparler. M. Fourrier, auteur
du Traite de I'associaiion domestique agrlcole (voy. Rev. enc. t. xvili ,
page 38o), a consacre deux gros volumes au developpement de son
sysl^me ; mais telle est la bizarrerie des applications qu'il fait de ses
doctrines, assez sages au fond, qu'il est presque impossible de de-
ui^ler, au milieu d'une foule d'utopies quelquefois extravagantes , le
])eu de bonnes vues qui s'y trouvent cachees. Dun autre cote , M. de
Sismondi, qui a reconnu lui-meme, dansl'article deja cite, les fjraves
inconveniens de notre systfeme social , iie se rencontre pas, a ce qu'il
parait, avec MM. Owen et Thompson, d'abord dans I'appreciation
des veritables sources du raal , puis dans le choii des moyens pro[)res a
le faire cesse.-. (Voy. Rev. enc. t. xxiv, p. 67-75, 1'examen de I'ouvrage
de M. Thompson, intitule : an Inquiry into the princinles etc.). Mais
cette question, qui u'a ele jusqu'a present discutee que dans les livres,
pourra etre enCn decidee , d'apres des faits ; si les etablissemens
d'Hrfrmony et d'Orbeiston prosperent, M. Owen, dont les droits a
I'estime publique sont depuis long-temps acquis par sa philantliropie
perseverante et eclairee,reciieillera, dans le triomph«desesprincipes,
la plus belle recompense qu'il puisse ambitionner. Dans le cas con-
traire, il seraprouve sinon que le nouveau sysleme est enlierement
inexecutable , du moins que son application rencontre de grandes
difficultes, soit dans les institutions exislantes, soil dans la nature
meme des hommes. — Le journal que nous annoncons, et dont le titre
pompeux semble prcdire a I'humanite une ere nouvelle de bonheur,
est consacre a la defense et a la propagation de principes analogues
a ceux de M. Owen. Le premier cahier contient , outre le prospectus,
piusieurs extraits de correspondances , oil Ton retrouve la plupart
des details rehitifs aux societes cooperatives que la Revue a deja inse-
res. Nous informerons avec soin nos lecteurs des resullats que ces
teiltatives de reformes partielles, et
774 LIVRES ETRANGKRS.
qiiflque Icms, il scnible destine a recueillir I'horit.ige litternire de ses
iiiiils et a publier louis ouvrr.gcs apit-s !eur mort. Sans doute la con-
fi.ince des testateius ue pouvait clie mienx placee; M. Ralibek s'est
toujoiirs acquilte de la mission qu'il avail acccjitee avec un zele et
line probile qui ont ajoute a la reconnaissance de ses compatriotes
pour lui. Aiijouid'luii , il publie le j)reniier volume dcs ouvrages de
son ancieu ami feu M. Pram. Nr en Norvege, en lyUG, ce dernier,
aprds avoir occupe un lang distingue sur le.Parnasse danois , et la
charge emineiite de depute au college royal de commerce i Copen-
liague, est alle mourir, il y a deux ans, dans une des colonies
danoises en Amerique.
Le volume que nous annoncnns contient quelques traductions des
poetes grecs et latins, tels que le poeme de Hero etLeandre, attribue
a Musee, et les deux heroides d'Ovide sur le m^me sujet. Ces
poemes, ainsi que quelques autres du m(5me genre, dont le sujet a
ete tire de j'histoire danoise, ont ete couronnes par la societe royale
elablie pour I'encouragement des belles-lettres. Le reste du volume
contient quelques compositions dravnatiques d'un merite incontes-
table , et plusieurs contes ou nouvelles en prose , fort agreables a
lire. Cependant, ce ne sont pas encore la les ouvrages qui ont merite
a M. Pram la reputation d'un des premiers poetes danois. lis se
trouveront dans les volumes suivans qui sont attendus avec impa-
tience en Danemarck , et auxquels nous esperons que M. Rahbek
aura soin d'ajouter une notice biograpblque sur leur auteur; ce
qu'on pent lui reprocher d'avoir neglige en publiant, il y a deux
ou trois ans , les ouvrages de feu M. Thomas Tbaarup. Ueiberg.
ALLEMAGNE.
3or, — EN02 in nobiVtssimo Pauli ad Gal. 3. 20. effato hand genicii^
sed noiniiiativo casii esse posilum examinatis alioriim ccxxxxiil interprt'
turn explicationibus, eic, — Pieuves que le mot EN02 , dans le ao* ver-
set du chap. 3 de I'Epitre de St. Paul aux Gaiates n'est pas au genetif,
mais au nomi>iatif , tirees de I'examendes applications des -243 inter-
pr^tes , par C. H. F, Weigand, pasteur. Erfurt, 1821 ; J. C.Miiller.
In-8° de 161 pages.
On trouverait difficilement un sujet litteraire qui ait 6chappe a la
sag.icite des auteurs alleraands, surtout dans ce qui concerne la cri-
tique sacree. Le passage de saint Paul , dans son epitre aux Galafes,
cliapitre 3 , verset 20, a beaucoup exerce les commentateur.s ; M. Wei-
g.uid en cite a^S , la plupart allemands ; et certes , il n'a pas epuise
ALLEMAGNE. 77^
la li.^te ortion de la Souabe ,
qui tenait a la Germanic su[)erieure , avail ele mesuree de meme.
M. Leicbtlen examine e.isuite les opinions de Cluvier , de Mannert,
de Plifter etc. ; et de plus, il les marque sur sa carte , au moyen de
points de diverses couleurs ; enfin , il en vient a ce qu'il se propose
lie demontrer lui-m(*me , et c'est ici surtout qu'on aime a le suivre
dans sa promenade archeologique. II part de Vindonissa, sejour de
la XIc legion , et traverse le Rbin a Tenedo ( Zurzacb ) pour se rendre
a Juiiomagus, (Stulingen), derniere poste du ducbe de Bade, vers
la Suisse, jolie petite ville situee au milieu de montagnes pittoresques
oil les debris de I'antiquite se presentent en foule, et rappellent la
presence des XT et XXP legions dans ces. beaux lieux. Neanmoins,
ALLEMAGNE. 777
c'est sur une colline oil s'est conserve le nuin de Ueidemchloss (fort
paien)que sent ces debris, ct iion a Stuliiigen meme , qui n'est pasre-
marquable pour ce genre de richesses. Aussi, est-ceraccoiiaplissement
des XIV lieues gauloises marquees sur la table qui fait placer ici la
station de Juliomagus. Partout !a route roinaine a garde le nom de
Hochsirass{ chemiii liaut ), que les habitans de 1' Alsace donnent aussi
aux. vestiges qu'on y retrouve encore. II en reste un fort beau frag-
ment a la station appelee Arcce Flavlcc (Rotweil ). Samolucence occupe
beaucoup plus long-tems M. Leichtlen. Cette ville romaine etait a
deux lieues de I'endroit oil est aujourd'hui Tubingue ; Rothembourg
est a cote de ses ruines qui consistent en quelques fondations , et
parmi lesquelies on voyait des inscriptions et des tombeaux. Les in-
scriptions s>ont expliquc«s avec beaucoup de bonheur et de sagacile.
Enfin , on donne des delails sur des fragmens de poterie, sur d'auciens
aqueducs. AI. Leichtlen applique a la viile de Samohicense une in-
scription publiee jiar Reinesius. Cette parlie de son ouvrage iixe un
point important de la Geographic : aussi, s'y est-il andte, en con-
sacrant un chapitrc separc h des recherches sur le village de Sulchea
qui est aupr^s des vestiges de Samolucence. Je ne puis m'empecher de
signaler a I'attention des antiquaires les idces de I'autcur sur la grande
ligne de defense des Romains, du Necker au Danube. En general,
je connais pen de litres mieux faits et qui atteignent aussi bien le but
que Ton duit se proposer dans ces vieilles geographies. Sans doute,
M. Leichtlen conlinuera de parcourir la carriire oil il est entre avec
tant de succos. Ph. Golurry.
3o4. — * il. Ad.vms Ceschichtc der A'lsbrciting , etc. — Hisfoire de
la propagation de la religion chretienne, dans le Nord , par I'eglise
de Kambourg et de Brcme ; suivie d'une Disscrtiition geogra[)liique
sur le Dauemarck, etc. ; traduite du latin par .)/. Ad\i\is ; avec des an-
notations, T^ar Cars ten MrsEGiES. Brcme, iS25; Flejse. Sfi^ pag. in-8.
L'histoire ecclesiastique (Vyldanms Brcmemis (c'est ainsi qu'il est
appele , conime chanoine de rarcheveche de Br^me ) est asscz ap-
pr(5ciee par les ecrivains du nioven 3ge. Les auteurs des chroniques
posterieures le suivent avec plus ou nioins d'exactitude et s'en rap-
portent ordinaireinent a ses recits. Depuis la decouverte de son ina-
nuscrit a Soroij, en 1579, jusqu'en 170(1, il a paru six editions
differentes de I'original latin. Quoique les auteurs classiques lui fus-
sent familiers , il n'avait pu se dispenser, en ccrivant en latin , d'em-
ployer beaucoup d'expressions nouvelles, necessaires pour expnmer
des idees etrangeres a cette langue. Le traducteur a pris soin de les
778 LIVRES ETRANGERS.
eclaircir pour les Allemaiids, en y ajoiitaiit tics annotations fort utiles,
— La Dissi'italioii geograpliique sur le Uanemarck, qu'Adani avail
habite pendant qnelipie temps , merite une attention particnlii're.
D-F.
3o5. — * Teiitschland iind die Tctttschen. — L'Allemngne et Ics Alle-
l^iands depuis les temps los plus anciens jnsqu'a la mort de Cliaiie-
magnc ; jiar Aloyse Schreiber. /(O et dernier caliicr , erne de (> gra-
vures. Carlsruhe, iSaS. In-4".
Nous avonsrenducomptedes troisprecedenscaliiersde cetouvrage
(Y .Rev. Flic. t.XXV, p. 789), et nous avons fait remarquersurtout de
quelle utilitodevaitdtre pour les gens du nionde unlivre qui met aleur
portpe les resultats obtenus par les savans , dans leurs etudes sur les
antiquiles de leur palrie , sans lesinitier a des recherches qui seraient
pour eux d'un mediocre intcrtt. Toulefois, pour etrejustes, nous
n'avons point cache a nos lecteurs que souvent M. Schreiber s aban-
donne avec trop de facilite a des syslemes specieux et pen fondes. Le
caliier qui vient de paraitre , et qui est du domaine de I'histoire po-
sitive, est exempt de ce defaut ; il commence en 742 , a la n;iissance
de Charlemagne. Citer ici tons les chapitres qui le composent, se^ait
ne donner qu'une table chronologique , depourvue de I'inferet qui
anirae les recits de M. Schreiber; mais nous 7ie passerons point sous
silence les utiles observations qu'il a repandues dans son livre. Telles
sont celles qui out pour ol)jet la propriete, Tagricnlture, I'etat des
t'ermes , des villages. L'auteur fait aussi rcmarquer la solllcitnde de
Charlemagne pour les progri-s des arts et des metiers ; et cependant,
la plupart de ceux qui s'y livraient, etaient serfs et pouvaient etre
vendus , donnes ou echanges ! M. Schreiber cite I'alienation de la
moitie d'un marechal, c'est-a-dire de la moitie des services qu'il de-
rail au seigneur; car, le plus souvent, ces malheureux etaient obli-
ges a trois jours de travail a son profit par seniaine. Charlemagne,
qui avait vu en Italic les restes de la splendeur roraaine, prit quelque
goiit pour les beaux arts et leur donna aussi des soins; Eginhard ,
son secretaire, avait fait des etudes sur I'architecture des anciens.
Ce fut cet Eginhard qui flt construire le plus grand nombre des
soixante-trois palais , chateaux ou maisons de campagne de Charle-
magne ; outre cela , on s'occupa , sous le regne de cet empereur, de
la reparation des ^glises , ainsi que de nouvelles constructions pour
les besoins du clerge , il envoya jusqu'a Jerusalem des dons magni-
fiques, et fit orner de pierres precieuses la basilique de St. Pierre a
Rome. M. Schreiber fait I'enumeration de tous les edifices eteves par
Charlemagne , et dont il ne reste plus , dit-i.l , que I'eglise de Saint-
ALLEMAGNE, 779
Martin a Bonn , et y,eut-etre I'eglise de Saint-Jean de Worms et le chcciir
de Strasbourg. Nous voici revenus aux reves nierveilleux de I'auteur ;
il font Lien que noUs elisions aussi que le tombeau de Charlemagne re-
presentant I'enliremeiit de Proserpine , at'uit autrefois couvert les restes
de Jides Cesar. A la veiite , M. Sclireiber ne le dil pns positiven-.ent ,
mais I'cxpression dont il se sert prouve qu'il ne serait pas f'ache
d'accrediter cctte opinion. — Quant au chapitre de I'ouvrdge qui est
consacre au commerce , il offre beaucoup d'inieiet , et c'est celui que
Ton devra surtoutrecherchurdans ce livrequi est m:iintenantterniine.
Ph. GoLliEHG.
306. — * BiographischeDenkmale. — Monumens biographiques , par
M. K. A. Varnhagejc von Ense. Berlin , 1824. Reiuier VI. et 3o8
pp. 8<*. prix : 7 fr.
Ce ■volume , qui sera suivi de plusieurs aulres , offre trois bio-
graphies tres-bien ecrites et dignes de fixer i'altention du public. On
pourralt regrelter que I'auteur ne nous ait pas indique les sources ou
il a puise ; mais il fait esperer qu'il satisfera plus tard a ce juste desir.
Les hommes remarquables qui font le sujet de ces biographies sont
( p. I — i3o ) Gulllaume, comte de la Lippe, ne a Londres en 1724 >
connu pardes guerres dansle Portugal qu'il a sauve, est mort en 1777;
( p. i33 — 284 ) Mathleu , comte dc Schulembourg , ne a Emdem
dans les environs de Magdebourgen 1661 , general au service deSaxe
dans la guerre contre Charles XII, puis defenseur de Corfou et geiie-
ralissinie de la Republique de Venise contre les Ottomans , niort a
Verone en 1747 ; ( p. 284 — 3o8 ) Etienne , baron de Neuhof , plus
connu sous le nom de Theodore , roi de Corse ; oblige de chercher
un asile a Londres , ce dernier y fut arrete par ses creanciers ; il y
mourut, et son lils, le colonel Frederic , vit encore de la liberalite
des Anglais.
307. — * Peter der grosse als Mensch und Regent dargestellt. — Pierre*
le-Grand, considere sous les deux rapports, d'homme et de monarque,
par M.le D' Benj. Bergmanw , pasteur en LiTonie. T. i*' Koeuigsberg,
1823, Librairie universitairc. XX. 294 pp. 8. prix: 7 fr.
Plusieurs ecrivains ont donne de grands developpemens k I'hisi
toire de Russle , depuis que Voltaire a ecrit la vie du Czar ( il faut
ecrire et prononcer Tsar) Pierre I"', et celle de son rival Charles XII;
mais , si le premier de ces ouvrages laisse beaucoup a desirer , le
jugement qu'il porte du souverain moscovile semble ueannioins con-
lorme a la verite. Pierre-le-Grand est sans douteuii des personnages
les plus eminens de I'histoire r.ioderne ; inais ce rcformateur d'une
78o LIVRES liTRAWOl'.RS.
graiicle ncilion , qui n'avnit p;is sii reformer ses propres moenrs ,
barbares et sanguinaires , excite atissi souveiit notre inciigiialion qu'il
comraaiidenotre rnspect. La littpratiire alleiiiaiidepossed;iit deja deux
biogiajdiles de Piene-le-Graiid ; mais, sans <;tie entitlement de-
jionrviies deinerite, ellcs ne pouvaient plus aujourd'hui salisfiiire
riiistoirien et le phih^soplie ; la |)iernic're de cos biographies , dont
i'autenr etait M. Ciaurlius , a paru a Riga , en 1798, en 3 volumes ;
I'autre est de M. de Halem que rAllemagne \ient de perdie, et a
paru en i8o3 a Munster, egalement en trois volumes. L'ouviage de
M. Bergniann est iiiGniuient (jrcferable a ecus de ses predccesseuis ;
familiarise avec la langue et la litteralure russes, il a pu puiser a des
sources inaccesslbles a ceux-ci, Thcopbane Proco|)ovitch , Demetrius
et F^dor Turaauski ont laisse des biographies dc Pierre-le-Grand en
langue nationale, et Jean Golikof a recueilli , en une collection de
3o volumes, une foule de memoires ct de documens relalifs a la vie
duTsar et dus a plusieurs de ses contemporains ( Moscou 178S et
suivantes). Outre ces ouvrngcs, I'nuteur a^ait a sa disposition des
manuscrits originaux et plusieurs ecrits hollandais ou aliemands.
L'on nedoii done pas s'ctoiincr de trouTer ton liTre beaucoup plus
complet et plus exact que celui de Halein , son devanciei' , a qui
I'auteur ne rend ])as neannioins toute la justice qui lui est due.
Apr^s une introduction desiinee a faire coniiaitre la situation de ia
Russie , lors de I'avenement du Ts.tf Pierre , M. Bergiuann ecrit sa
vie, depuis sa jiaissance ( 3o mai 1(572 ) jiisqii'a la fin de :7oi ,.
epoque ou finit son premier volume. Pierre Alexievitch etait fils de
Natalie Narishkin que le grand due Alexis avait epousee en secondes
noces. Aprt'S la reuonci.Ttion de Joan , a la mort de Feodor il fut
couronne en m^me tems que Sophie, sa scEur du premier lit, le 10
mai i68i. Son premier precepteur fut Francois Timmermann, de
Strasbourg, lieutenant d'arlillerie ; mais le Genevois Lefort , qu'il
conuut en 1689, eut plusd'influence que personnesur son education.
C'est a la mort du Patriarche Joakim arrivee en 1^90, que le Tsar
commenca ses reformes. Sophie roguait, le Tsar faisait la guerre ou
parcourait I'Europe. II regna seul , depuis 1698 , etsignala son retour
a Moscou par des cruautes inou'ies exercees contre les strelitz rebelles
et contre sa soeur m^me qu'il fit enfermer dans un convent, ainsi
que sa propre epouse Eudoxie. Nous depasserioiis les bornes d'une
simple annonce , en continuant cette esquisse rapide de la vie du
monarque moscovite ; il siiffit d'ajouter que I'anteur, daus les cinq
premiers livrcs de sa biographie , entre dans tous les details ucces-
J
ALLEMAGNE. 781
saires et caractt'rise parfaitement son heros. Nous attendrons que
I'ouvrage soil acheve pour ea parler plus longuement a nos Iccteurs.
J. H. SCHKITZLER.
3o8. — * Das Schlossderdeiitschen Ritterin Marienburg. — Lechateau
des chevaliers Teutoniques a Murienbouig. Berlin , iSaS. In-8° avec
un cahier de gravures iii-folio.
II n'estjamais trop tard pour annoncer un ouvrage important pour
I'etude des arts: celui-ci est (J'un grand inferet pour rarcliitecture
du inoyen age , et traite a fond de la construction des chateaux fondes
jiar les chevaliers de I'ordre teutonique en Prusse. Le chateau de
Marieiil->ourg a ete eleve a la Cn du iSesiecie. On ne sait quels furent
ses I'ondateurs ; mais le plan sur lequel il est concu, son etendue,
ses murailles en hriques artistement unies, revt^lent des maitres con-
sommes dans rarcliitecture de ce terns. Le Hochfchloss , ou haut
cliAteau , est un carre long , dont les ruurs ont dix a douze pieds
d'epaisseur ; il est a pen pies detruit. L'auteur decrit I'eglise de
S"^.-Marie et la statue de la Vierge placee siir le maitre autel , ainsi
qu'une autre statue colossale , nionuniens des arts de cette epoque.
II passe ensniteala description du iVItlelschloss ,ov chateiiiidu milieu,
qui devint la residence du grand-niaitre. L'appendice est consacre
a des excursions dans le doinaine des arts. Cette production sert de
comjjlement aux etudes des antiquaires et des artistes sur une epoque
memorable de I'histoiie. Ph. Goleery.
3og. — Laciandi carmen dc Phanlce , l? poeme de Lactance sur le
Plienix , revu sur des MSS. non explores et sur les anciennes editions,
et augmentesde lemons diverses; par,-^^o//jAe MARTiif r, D. P. Lune-
bourg, 1825 ; Herold et Wahlstat, in-8° de 1 12 pp. imprime a Biuns-
wick.
Ce petit poeme,',qui ne contient que cent soixante-dix vers, nialgre
radmiration de quelques doctes , n'est pas d'une poesie bien relcvee.
II parait que Lactance , encore fort jeune , et paien , fit de cet ouvrage
un exercicelilteraire. Cepcndaut, commeobjet d'erudition, il mcritait
d'tkre revu et public; c'est ce quia ete fait avec succes par M. Mar-
tini. II examine d'abord si Ton a eu quelqueraison d'enlever cet opus-
cule a Lactance pour le donner a Ausone ou a uu Venanlius Fortuna-
lus, et ilse decide pour la negati\e. Vlennent ensuile les temoignages
des savans , une table de MSS. , au nonibie de trente-quatre , et des
livres imprimes , au nombre de cinquante, qui reiiferment le poeme
sur le Phenix ; plus loin , on lit une description de cet oiseau myste-
ricux , tiree des auteurs sacres et profanes , et notammeut d'Ezechiel ;
782 LIVUES h'lTRANGERS.
enlin , le poi-ine lui-meine accompagne fie notes perpitiieltes. Ft pour
que le locteur n'ail ricn a tlesirer sur ce sujet, le livre se teritiint' par
rindication des I'crivains qui , avant Lactance, ou vers la meme opo-
que , ontparle rlu Phenix. (i) M. Martini a drdic sou travail a la fa-
culte de plillosophie de TUniversite dc Marbourg, dans laquellc il
a recu le liounct de docteur , i! y a cnvirou deux ans. 11 anuonce qu'il
s'occupe .1 revoir et a coniiueuliir YOra inaiiiiina de Rufus Fcsliis
Avienus. de Riuppenberg.
N. B. Noussomnies forces d'ajoiiruer au mois procliaiii la contiriua-
tiou de notre Revue des Outrages Peiiocliqiies /lltemaiids , afin d'ob-
tenir uue liste plus coniplute de ceiix qui soiit relatifs a \a phi/usophie
morale et a Medication.
SUISSE.
3 TO, — Qiielqnes fails rcmarquabJes d' infanticide soumis aiix refle-
xions dn liiiislateur , dti jiige et dit mcdecin ; par S. C. , mcmbre du tri-
bunal d'appeldu canton de Vaud. Lausanne, 1820 ; Benjamiu Corbaz.
Brocliure de 91 pages.
La Suisse reconstruit le vieil edifice de ses lois penales. l.a Cam-
line, ce code criminel qui etait un des beaux niouumens de la fin du
moveo dge , et qui regit encore quelques parlies de rAllemagnc et de
la Suisse, est devenuun code d'inbumanitc et debarbarie. L'auteur
du petit ouvrage que nous annonrnns a saisi le moment ou Ton Ira-
vaille a de nouvellcs lois ])enales dans son canton et dans les cantons
voisins, pour attirer I'attention du legislaleur sur le crime d'infanli-
cideet sur les peines qu'on doit lui appliquer. Dans plusieurs legis-
lations, raccoucbemerrtclandestin , suivi de la morl de I'enfant nou-
veau-ne , est encore puni , comme le crime d'infanticide. Si Ton r^fle-
cbit cependant a la situation de la mere, au moment deson accou-
ment.onseatiracombienrapplication d'une semblable peine (lamort)
est cruelle et disproportionnee. C'est la honte attacb^e a la giossesse
qui excite au myst^re et a la clandestinite ; et celle bonte exerce un
pouvoir irresistible sur une mfere faible , niais dont les senlimcns sont
nobles et eleves. Uue femme de mauvaise vie, comme I'observe no-
tre auteur, n'accouche poiut en secret. En appliquant a la mclrequi
a laisse mourirson enfant la peine de mort, on punit comme crime
ce qui pent n'etre qu'une imprudence ; et, dans la supposision nic*me
oil la mfere aurait attente aux jours dc .'Jon enfant, il faiit examiner
(r) Voy. t. xxtv, p. igi, ranntmrp d'\>n otivrap.P frjnc.iis sur le I'lunic,
SUISSE. 78'^
si , dans I'etat de trouble ct d'alteration de ses organes , ou doit la
supposer capable de ces calculs , de ces reflexions qui constituent ce
qu'on appelle premeditation. L'auteur peint avec des couleurs vraies
et fortes la situation des infortunces dont 11 prend la defense. II cite,
. a ce sujet , uu fragment de rapport fait par le medecip. William Hun-
ter a la Societe royale de Londres sur les accoucliemeus clandestiiis.
Plusieurs jurisconsultes francais, et particulierement JI. Bavuux ,
dans son Cours de droit crimincl , ont montre la route qu'il fullait sui-
vre. L'Allemagne a vu paraitre, depiiis pen, quelques bons ecrits sur
cette matiere. Notre auteur cite plusieurs dispositions dn code de
Bavi^re sur I'infanticide, qui font voir que les lecons donnees par ces
ecrivains n'ont pas ete perdues. 11 fant esperer que la France suivra
la raeme route, et que des inteiets de parti n'ernpecheront pas la lu-
miere d y penetrer. On ne pent que louer noire auteiir sur I'opportu-
nite de son travail et sur la maniere dont il I'a execute. M.
3ii. — * lleinrich Zschokhes ausgewtehlte Scliriflen. — OEuvres
choisies de /ieran ZscHOKKE. T. V — X. Arau , 1825 ; Sauerlseuder.
Gr. in-i6. ( Voy. Rev. Enc, t. xxvii, p. 780. — 782. )
A peine avions-nous annonce la premiere livrnisun de cette col-
lection, que la seconde a p:(fu. Nous allons exposer sommairement,
comme nous I'avons promis, le contenu des six nouveaux volumes.
T. V. Expose hiscoriqne de la propngation du cliristianisine s%ir notre
globe. — Cet ecrit, imprime pour la premiere fois en 1819, dans un
journal que l'auteur a publie pendant plusieurs annees, sous le litre
de Memoires pour sen-ir a I'histoire de notre lems , est , pour ainsi dii e ,
une carte loutiere destinee a gnider dans ce vaste et beau sujet le
fulur historien qui entreprendra de faire un pendant a VHistoire pJu-
lojophique et politique des etablis semens et du commerce des Europecns
dam les deux Indes.
"L'bistoire de la propagntion du cliristianisnie dans les contrees
les plus eloignees , dit M. Zscbokke , est I'histoire de la civilisgtion
de tons les peuples , I'histoire de la libeite de penser et du verit;ible
eniioblissenient de Fhumanite, I'hi'Stoire de ces grandes et eternelles
revolutions de I'esprit humain, dont letendue et les resultats sur-
passaut toutes les revolutions des em[iires, du rommerce, de I'ait
de la guerre ou de I'industrie. Bien plus, toutes les metamorpboies
qui se sont faites dans les relations des peuples sont de simples effets
du developpement de I'esprit bumaiu. Aucune des plus eclatautes
vicloires dont l'bistoire nouj a transmis le souvenir, n'a change le
mondc a I'egnl de la victoire du plus gr.nnd des sages siir les eireurs
78/. LIVRES ETRANGERS.
generales dcs hommes. « Pour donner une juste id^e de IVsprit dans
le(juel est ccrit cot oiivrage, nous citerons le passage suivant de la
conclusion : « Les nombreuses eglises qui existent aiijourd'hui , et
qui existeront dans la suite, nees insensiblement , vieilliront insensi-
hlemeiit : la lumiere emanee de Dieu demeure seule ininiuable. Les
t'glises sont le produit des sifecles : comme les slacks , elles cbangent
de forme; niais la religion, la relation des esprils avec la diviniie,
semblable aux lois qui prodaiscnt les pbenom^nes de la nature,
placee au-dessus de Tempire du terns et des ciiconstances, est eler-
nelle comme Dieu , parce qu'elle vient de Dieu.
• De quelque croyance que le luissionnaire soil I'organe, quel-
que doctrine qu'apporte aux paiens le ruse j^suite, le quaker picux,
le niethodiste austere, le sensible Morave, sous I'ecorce de ses
dogmes est cache un fruit divin , qui se developpera progressiveinent
pour le bonheur du inonde, tandis que I'ecorce se fletrira poui*
rentrer dans le sein de la terra.
« Esprits immortels , nous ne somnies pas seulement habitans de
ce globe , mais citoyens de celte cite de Dieu, qu'oa aj)pelle I'uni-
vers : reternite , et non le moment present, forme la duree de notre
existence. Quoi de plus digne de notre destination que d'affranchir ,
a I'exemple de Jesus-Christ, les esprits des chaines de I'erreur et de
les ra|iprocher de la Diviniie?
« Des tenebres profondes en mati^re de religion couvrent encore
une grande partie du genre hnmain, et meme des penples de I'Eu-
rope; dans les dernieres classes, les noms de chi istianisnie et d'e-
glise cachent souvent le paganiame le plus grossier. » La necessite
de propager les lumieres par le christianisme est la conclusion que
I'auteur tire ces premisses.
Dcitinees de la Jranc-macou mile en Europe. Esqnisse hlstoriqiie. —
Une association formee dans I'interet de I'un des arts les plus iieces-
saires aux hommes reunis, s'elevant bientot a ces hautes conside-
rations morales dont la meditation sert au maintien de la dignite
humaine; le niystere dont elle est obligee de s'entourer d'abord ,
parce qu'au milieu de I'ignorance generate la lumiere est egalement
odieuse au pouvoir et au peuple ; les formes sytnboliques auxquelles
ce myst^re donne naissance : I'importance attachee a ces formes,
comme il arrive en toufe chose, et I'indifference pour I'objet qu'elles
repr^sentent ; la polemiqne , les sectes , la decadence, la reforma-
tion de I'eglise ma(jon!que, jusqii'a I'epoque ou sa doctrine esuterique
devient une croyance populaire , dont la tolerance mutiicllc des
SUISSE. 785
sectes est la consequence : tel est le sujet de I'esquisse philosophique
dans laquelle I'liistoire de la franc-maconnerie se presente, en quel-
qiie sorte , comme le type de beaucoup d'autres histolres. Mutato
nomine , de te fabula narratiir.
T. VI. Uistoire de la Intce et dc la decadence des cantons foresuers
de la Suisse. II a etc lendu compte dans ce recueil ( t. xxii , p. 3q7. )
d'une nouvelle traduction de cet ouvrage. Nous renvoyons nos lec-
teurs a cet article.
Uistoire ahregie de f Argovie , composee pour la jeunesse argo-
Tienne, a rinvitation de la Societe pour la culture nationale, forinee
dans le canton d'Argovie. Elle est ecrite avec ce talent populaire
que I'auteur posside si eminemment; et, quoique fort courte, elle
offre aux jeunes gens une lecture attachante. Le petit pays qui en
fait le sujet , presente des particularites interessantes. C'est la que se
trouvent les mines de Vindonissa , le chdteau de Habsbourg le
Lerceau de la faniille illustre des seigneurs de Hallwyl : mais, nialgre
feclat de ces nouis liistoriques , on aime encore niieux suivre les
progres de loute espece que le canton d'Argovie doit a son indepen-
dance, dont Tceuvre fut consolidee eii iSo^-
T. VII. De la hate des opinions chez le peuple allemand, an com-
mencement du XIXe siecle. — Apres avoir apprecie I'influence qu'exer-
cerent sur les esprits en Allemagne les ecrivains francais et allemands
du XVIII" siecle, la revolution et les victoires de la France, la do-
mination despotique de Napoleon qui reveilla chez les peuples
d'outre-Rliin le sentiment national, I'auteur expose la lutte des opi-
nions sur les points suivans : le systeme representatif applique a
FAllemagne, la Sainte-Alliance, les prerogatives de la noblesse, le
commerce et Tindustrie, les interets de la religion et de I'Eglise. II
raconte I'elablissement des constitutions representatives, la vie des
universiles , la fermentation produite dans les esprits par I'assassinat
de Kotzebue, le niecontentement du peuple dans les provinces rhe-
nanes , la persecution des Juifs ; le congres de Carlsbad et la cons-
titution wurtembergeoise sont le terme ou il s'arrete.
Prise de possession de Cile de Curacao par les Anglais, en 1800. •
Cet opuscule est extrait des papiers d'un Suisse , ami de I'auteur
Jean Rodolphe Lauffer, de Zofingue, qui occupa la place de gouvcr-
iieur de Curacao, depuis 1796 jusqu'en 1804.
Notice sur Adolphe- Henri-Frederic de Schlicktegroll , homme non
moins recommandable par I'excellence de son caract^re et la sagesse
de ses principes que par ses travaux , comme ecrivain et secretaire
T. xxvji. — Septembre iSaS. 5o
786 LITRES STRANGERS.
general de racademie de Munich; nd en decembre 1765 , mort en
decembre i8aa.
T. VIII. Histoire de la nation Suisse. (V. Rev. Enc. t. xxiv, p. i45.)
T. IX. Histoire de-ia nation Suisse , fin.
lUeinoire sur les Tap ports politiques de la Suisse avec C AUemagite , la
Prance et avec elle-meme.
Sur I' amelioration du systeme militaire de la Suisse.
Examen d'un point important dans le sjsteme federal de la Suisse. —
Ce point est de savoir par qui et comment doit s'exercer Tautorite
militaire supreme dans le cas d'une guerre de la Suisse centre una
autre puissance. L'ecrit de M. Zschokke , destine a appeler I'atten-
tion des gouvernemens suisses et de la diete sur une lacune du pacte
federal, public en iSaS, fut Toccasionde la suppression de la liberie
de la presse dans le canton d'Argovie.
Du sjsleme federatif.
Des intirets religieux de notre Spoque.
Des partis , a Vepoque du congr&s de Verone.
Les itats du Nord et du Midi de t Europe ,consideres sous le point de
vue politique.
T. X. A Euphrasie, sur la gloire.
Idees metapolitiques. L'autear designe par ce nom nouveau la me-
taphysique de la politique. Get opuscule n'est qu'un fragment sur les
quatre points suivans : la liberte ; le but de I'Etat; I'organisatioii de
I'Etat; la legislation.
Notes historiquts sur le poSme des Nibelungen.
Du droit d'asile.
Eros, ou de I' Amour.
Opinion sur les his conlre les delits de la presse.
Sur les causes du crelinisme dans le canton d'Argovie et dans la Suisse
en general.
Des rapports de la franc-macon/ierie avec I'Eglise et I'Etat.
Declin de l' Europe ; progres de I'Amerique. C. Monward.
P. S. L'iraportance des sujets traites par M. Zschokke, et la repu-
tation meritee dont jouit cet ecrivain, font vivement desirer que Ton
public incessamment une traduction fran^aise deses OEuvres choisies.
ITALIE.
3i2. — * Flora Torinesi. — Flore des environs de Turin, par le
docteur Re. Tome i*"". Turin , iSaS ; in-S".
Dejii le professeur Balbis avait public, en iSofi, unouvr.nge. sous
ITALIE. -,87
le litre Ae flora torinensis , qui a servi de base a celui que nous annon-
cons ; mais ce dernier enibrasse un cercle plus eteiidu , et se trouve
augmente de loutes les plautes que Ton a reconnues aux environs de
Turin depuis 18 annees. Ce volume , renferniant les treize premieres
classes de Linne , se fait remarquer par la purete des descriptions en
latin et I'indication precise des localites. L'auteur, qui avaita opter
entre la raelhode naturelle et le systeme sexuel , paratt avoir prefere
le dernier, comme plus generalement connu ; et surtout parce que le
territoire qu'il a explore possfede assez de planles pour ne laisser au-
cune classe vide, et parce qu'il en possede trop peu pour suivre avec
la methode de Jussieu la cLaine des families naturelles. Nous invitons
M. le docteur Re , afin de se concilier les botanistes , a terminer son
■dernier volume par un tableau oil les plantes qu'il a decrites , soient
rangees selon les families naturelles.
3i3. — * Catec/tismo agrario. — Catechisme ngronomique • par
P01.LINI. Deuxieme edition. Verone , 182 1 ; i vol. in-8°.
Malgre la multiplicite des ecrits publics dans toutes les langues sur
ce m-nie snjet , celui-ci raerite de fixer I'attention des acriculteurs.
II y avait un merite reel a reunir en un seul volume, et d'unemaniere
metbodique, les principesd'une science qu'il est difficile d'apprendre
autreraent que par Texperience. M. Pollini, auteur de la Flore vera,
naise que nous avons annoncce avec cloges (v.Iiev.Enc t. XXVI, p. 160)
presente aux cultivateurs , d.ms son catechisme agronomique , un ma-
nuel qui contribuera veritablement aux progres de I'agricultiire ita-
lienne, lorsqu'ons'appliquera a repandreritistructionprimairechez les
babitans des campagnes, au lieu de leur reprocher injustement de ne
point lire les ouvrages que Ton ecrit pour eux. Mathieu Boitafous.
3 14. — * Nozioni eleinentari di flsica , etc.- — Notions elementaires
de physique ; par M. le comte Michel Milano. T. ler. Naples i8?5 •
D. Sangiacomo. In-8".
L'auteur de cet ouvrage est le petit-fils d'un prince d'Ardore
ambjissadeur de Naples a la cour de Louis XV , et dont parle Rous-
seau dans son Dictioim,iirede miisique (arUcle preliidei-). II est du petit
nombiedes seigneurs napolitains qui mettent leur ambition a se dis-
tinguer parmi les hommes de lettres , et a eclairer leurs concitoyens.
Aprfes avoir occupe divers emplois importans , il cherche a se rendre
utile par ses travaux scientifiques el ses ouvrages. Nous avons deia
signale sa traduction du grec des Pensees de Marc-Aiirele (vov. Rev.
£nc. t. XVIII, p. 374).
II .'i'l'lait d'iiboid cousacre au cuke des muses ; mais les con-
^88 LIVRES tTRANGEllS.
sells de Dolomioii le portcrent a Tetude plus utile de !a g^ologie, snr
liiqueile 11 a [Miblic de nonibreux essais , concernant pluficurs pro-
vinces dii rovaumc de Naples. Lc dernier onvrage qne nous annon-
cons estdivise en sepllivres. Apres uneinlroduclion a I'etndede la na-
ture , I'auteur y traile des proprietes generales de la matiere , des raji-
ports du mouvemeat et de I'altraction , et de la maliere considerce
dans ses etats differens, de solidite et de fluidite ; il ex[)ose successi-
vement la tlieorieet les lois du caloriqne , de l'eau,de I'air, de I'elcc-
Iricile, du niagnctisme et de la lumiere. II proCte des connaissances
et des decouvertes de ceux a qui la science est le plus redevable de
ses procrres. Le style poiirrait etre un pen plus correct ; niais il est
assez clair pour qne I'auteur soit facilement compris de la plupart des
lecteu»s a qui son ouvrage est prlncipalement destine. F. S.
3i5 — * Expciiences sur la propagation des reinoiis ; par ^('o;vi,eBl-
DONE. Turin, iSaS; imprimcrie ro^ale. In-4'' de loo pages, avec
deux planches.
Les experiences de M. Bidoue avalent pour ohjel d'observer la
marclie des remous, ou mouveinens retrogrades des eaux courantes
occasiones par quelques obstacles, et de representer par des for-
mules analvtiques le resultat des observations , aGu de poiivoir cal-
culer ces mouveniens , au inoins par approximation. Son memoire
contient done une partie experimentale , et une autre oii I'analyse
niathematique est appliquee aux experiences. Mais ces deux parlies
sont distinctes dans quelques sections , lorsque I'ordre et le nombre
des faits perniettent des essais de formules. Ainsi, apres avoir consl-
dere dans la premiere section le cas le plus simple, celui du remous
dans un canal horizontal et rcclangulaire , et mis sous la forme de ta-
bleaux les donnees et lesresultats de plusieurs sei iesd'e^jperiences, I'au-
teur expose les conditions di verses du mouvement de remous, les prin-
clpes dont II depend, et les formules qui peuvent representer les resul-
tats. Passant ensuite ein!iire dans les Pays'Bas , qu'il a public conjointement
avec M. Van Eijnden de Dordrecht. T.
jifi. — * J. F. L. Schroder orafio etc. — Discours sur la connaissance
que nous avons de ITtme coniparee avec la connaissance que nous
obtenons des choses corporelles, par J. F.L. Schroder. Utrecht i8i5 ;
O. J. Van Paddenbnrg. In-8° de 72 pp.
L'orateur commence par se plaindre des bornes assignees a nos
connaissances, duniepris danslequella philosophic est tombeeaupres
de certains esprits sunerficiels , et des usurpations dont cette reine
des sciences a ete la victime. « Elle n'a ete , dit-il , ni la mere, ni
la fille, ni Tamie, mais IVsclavede la theologie, et si elle n'obeissait
point a Rome ; on la faisait admonester par des donneurs d'avis ,
vulgairement appel^s tnqiiisiteurs , qui possedaient ponr convaincre
une merveilleuse puissance, je ne dis pas de parole , mais d'action. »
Cette petite mal!ce , en latin academ'que, sera sans doute combattue
par plus d'un membrc de I'universite de France , oii M. Schroder
n'obtiendrait pas le doctorat. La physique a imite la theologie et a
voulu s'elever au-dessus de la philosophic. C'est ici que l'orateur
entre dans son sujet qu'il developpe avec sagacit6 : il expose tres bien
cette observation fiiite plus d'une fois , que le sentiment fondamenial
du rnni nous donne plus de certitude que les phenomenes dus a notre
sensibilite externe et que notre entendement soumet a ses lois. De
sorle qu'il y a plus de raisons pour croire a I'existence de Time qu'.i
celle du corps. M. Schroder merite d'autant plus d'eloges en pro-
fessant cette metaphysique cpuree , qu'il est verse dans les sciences
mathematiques et naturelles , auxquelles d'autres que lui auraient
peul-^tre sacrifie volontiers une science moins populaire et trop ne-
gligee. De Reiffekberg.
327. — * Eloge historique du comte d'Egmont , decapile a Brnxelles,
le 5 juin i568, suivi du denombrement de I'armee de Philippe et
d'autres nieces inedites, extrait des archives de la ville de Dinant;
798 r.IVRES ETRANGERS.
par /. /. DE Ci-OF.T. Bruxelles , iSaS. Brochure in-8° , avec uii beau
portrait du comte d'Egmont.
M. DE Cl-OET , qu'une Geographie historlqiie , pliysiqtie et statistiqiie
du rojaitme des Pajs-Bas a deja fait coiinaitre avantageusement , vient
d'acqu^rir, par son Elogc du comte d'Egmont , de nouveaux droits a
la bienveillaiice du public. Get ouvrage reunit , en general, le triple
nierite de la bonne conception du plan , de la sagesse des pensees et
de I'elegance du style. Le portrait de son heros , ceux de Guillauine ,
prince d'Orange , du due d'Albe et de quelques autres personnages
de I'epoque , me paraissent d'une touche vigoureuse et vraie; un
passage sur Cliarles-Quint et Philippe II nierite d'etre cite : « Charles
^tait affable et de facile acc^s : il se prort t^ui
fait inCniment d'honneur au secretaire-geneial , M. Charles de Che-
HEDOLLE ; un recit en beaux vers sur la inort de A/'"e Holland , par
MM. RoGlER et HBJtliZiiVlii ; I'Elegi* de M. Bigman sur Pompeia;
I'eloquente Notice consacr^e par M. Teste A la mcmoire de M. le
baron fan Erlborn , les Souvenirs historiques du pays de Liege, qui doi-
vent faire esperer dans M. de Gerlache un excellent liistorien. Nous
avons aussi remarque des strophes pleines de verve sur les B,tats-un:S <
d'Amerique, par M. Alphotise Mahul.
Stassaut.
LIVRES FRANCAIS.
Sciences physiques et naturelles.
Sag. — * Anatomie de Vhomme , ou Description et figures lithogra'
phiees de toutes les parties du corps humain ; par Jules Cloquet, D. M. ;
publiee par C. de Lasteyrie, editeur; vingt-troisieme livraison ; in-
folio de I a pages de texfe et C planches. Paris , iSaS ; a I'imprimerie
lithographique de R. L. Bregeaut , successeur de M. Lasteyrie;
prix : 9 fr. par livraison. ( Voy, Rev. Enc. , t. xxvr, p. 808.)
33o. — * Experiences sur le sjsteme nerveux , par M. Flourehs,
D. M. Paris, iSaS ; Crevot. I'vol in-8° de 53 pages; prix : i fr. yS c.
La ineilleure mauiere de faire apprecier cet important travail est
sans doute de l-eproduire en partie le jugement'qu'en a porte M. G.
Cuvier, secretaire perpetuel de I'Academie des sciences, dans son
analyse des travaux de cette Academic, partie physique, pendant
I'annee i8a3.
« Nous avons analyse, I'an dernier (voy. Rev. Enc. , t. xvi, p. 229-
a46), les experiences de M. Flourens, qui tendent a prouver que
le siege des sensations , des perceptions et des volitions est dans
l€s lobes cerebraux, et que la coordination reguliere des niouve-
SCIENCES PHYSIQUES. 8oi
mens depend dii cervelel , niais que le jeu de I'iris et I'action de ia
letine tienneiit aux tubercules appeles dans les mammiferes quadri-
jiumeaux , qui n'^tant pas toujours au nombte de quatre, ont recu
le nom plus general de tubercules optiques , fonde sur leur liaison
avec les nerfs du meme nom , constatee , corame nous I'avons vu
dans notre analyse de 1808 , par MM. Gall et Spurzbeim.
L'auteur a procure a la partie de ses resultats qui concernc les
sensations, un genre de conformation bien remarquable. Une poule,
privce de ses bemispberes cerebraux , a vecu dix niois entiers dans
la plus parfaite sante. Pendant ce tenis elle se tenait bien sur ses
janibes; mais elle n'eutendait, ni ne voyait , ni ne donnait aucun
signe de volonte ; des irritations imraediates pouvaient seules inter-
rompre momentanement le sommeil oil elle etait plongee. Sans
desirs , sans appetit, on ne la nourrissait qu'en lui inseran* journel-
lement ses alimens dans le bee. Un long jeiine ne I'excitait point a
les cliercher elle-meme; en vain on les mettait aupres d'elle, rien ne
I'avertissait de leur presence; elle avalait de petils cailloux, quand
on lai en donnait, aussi aisoment que du grain; et cependant, sa
plaie s'etait refermee, elle engraissait a vue d'ccil.
Neanraoins , il est possible de retrancher une certaine portion des
lobes cerebraux sans qu'ils perdeni completement leurs fonctions
sensitives : et m^me apr^s une mutilation qui, sans etre totale, a
suffi pour les leur faire perdre entierement , il arrive quelquefols
qu'ils les recouvrent ; mais s'ils en recouvrenf une , la vue par
exemple , ils les recouvrent toutes. II peut arriver aussi qu'une
mutilation du cervelet qui a sufG d'abord pour rendre tous les mou-
vemens desordonnes, n'empeche pas qu'apres quelque terns ils ne
reprennent leur regularite. Ce sont des faits interessans par les
pronostics qu'ils peuvent fournir relativement aux blessures des
organcs.
Depuis long-tems on s'etait apercu que les lesions d'un cote de
I'encepbale affectent , dans certains cas, le cote oppose du corps;
mais il y avail quelque doute sur la generalite du pbenomene- et
mfime , d'a|)r^s quclques experiences, on avail pense que la convul*
sion avail lieu du cote de la lesion, et la paralysie du cote oppose.
M. Flourens a constate que ce croisement a lieu a i'e£;ard do la
sensation pour les bemispberes, a Tegnrd de la convulsion jioiir les
tubercules opliques, et relativement aux niouveinens reguliers pour
le cervelet : c'est-a-dire , que les effets propres aux lesions de ces
orgitues se montrent a I'exterieur dn cotd oppose; mais que, pour
T. XXVII. — Septemhe 182^. 5i
8o2 LIVRES FRAiVCAIS.
la moelle allongee, pour la nioelle 6pini^re, il n'y a aiicun croi-
sement , et que la convulsion et la paralysie se montrent du ini5ine
c6te que rinitation s'est faite. Ce sout les rapports divers des
lesions de ces differentes parties qui produisent les diverses cornbi-
naisons de paralysie et de convulsions que I'on observe dans les
malades : et c'est ainsi que M. Flourens explique le fait reconnu
dfes le terns d'Hippocrate, que les convulsions ont presque toujours
lieu du cote oppose aux paralysies. Cette action croisee du cervelet
a aussi cte observee par M. Scrre , dans des cas pathologiques; et il~
a reclame a ce sujct sur M. Flourens une priorite que celui-ci ne
lui a point conlestce. II y avail m^me dans des auteurs plus anciens
des traces d'observations analogues, mais qui n'offraient ni la pre-
cision de celles de M. Serre , ni la distinction etablie par M. Flourens.
Les mouvemens continus et necessaires a la vie , tels que ceux
de la respiration et de la circulation , n'exigent pas I'lntegrite de
rencepliale. L'an'mal les execute, quoi(]u'on Fait prive de cerveau,
de cervelet et de tubercules optiques. Une poule , un pigeon , ont
survecu deux et Irois jours a ces mutilations. Pour alterer ces fonc-
tions , il faut altaquer la moelle allongee; et en I'emportant enti^-
rement , on les fait cesser lout d'un coup. La respiration , en par-
ticylier, ce.ise par la destruction des parties de la nioelle (^pini^re
qui fournissent les nerfs des muscles intercostaux et du di.ipliragme.
Dans les reptiles sans cotes compl^les, tels que les grennuilles et
les salamandres qui respirent en avalant I'air, on ne Tair^te qu'en
detruisant les parties qui donnent les nerfs de la gorge et de la
langue. Mais une simple section de la moelle epiniere n'euip^che
pas les parties qui recoivent leurs nerfs au-dessous de la section ,
de reprendre leur action , quand elles cprouvent une irritation
exteiieure. La section de la motile allongee ne fait done que de-
truire le priiicipe interieur necessaire a I'excitation generate, et a
la coordination regulifere des mouvemens qui concourenl a la
respiration.
Quant a la circulation , M. Flourens assure avoir constate sur
plusieurs animaux qu'elle survit a la destruction de tout I'encephale
et-de toute la moelle e|)iniere. Lorsque la respiration a cesse par la
destruction des troncs nerveux, le sang passe noir : mais la circu-
lation u'en est pas arretee pour cela ; el lo-.squ'elle commence a
s'eteindre, on pent la faire revivre en insufllant les poumons.
Toutefois, a mesare que Ton detruit le systfeme nerveux , la cir-
culation s'affaiblit et se concentre ; celle des vsisseaux capillaircs
SCIENCES PHYSIQUES. 8o3
de la peau surtout, plus eloignee du centre d'impulsion, s'^teint
presque immediatement dans la partie dont les nerfs sont detruits.
La piupart des anatomisies considerent les ganglions du nerf
grand sympathique comma incapables de produire de sensation , de
quelque maniere qu'on les affecte. Les experiences de M. Flourens
ont prouve que cette inipassibilite n'est pas generale. En pincant
les ganglions semi-lunaires d'un lapin, il lui a toujours fait donner
aussit6t des signes d'une douleur violenle ; mais les ganglions cer-
vicaux sont beaucoup moias susceptibles d'impression : ce n'est
que rarement , et apres beaucoup d'essais infructueux , qu'il est
parvenu a faire resseutir a I'auimal les irritations qu'il lui coni-
muniquait.
A ces experiences fondees sur des lesions mecaniques , M. Flou-
rens en a fait succcder d'autres qui reposent sur Taction de cer-
taines substances prises a I'inlerieur. Chacun sait que ropium en.
dort , que la belladonna aveugle , que les liqueurs spiritueuses
enipfichent de se mouvoir reguiiereineut. II etait interessant d'ob-
server si ces substances produisent un effet visible sur les parties
de I'encephale affectees a ces diverses fonctions. Effectivement ,
quand un oiseau meurt pour avoir pris de I'opium , on voit une
grande tache d'un rouge fonce sur le devant de son crjlne ; si c'est
pour avoir pris de la belladonne , les taches se niontrent sur les
cotes ; et s'il a peri pour avoir avale de I'alcool , c'est I'occiput qui
est teint de rouge. M. Flourens avail pense d'abord que c'etaient
des signes d'autant d'inflnmniations locales : les premieres sur le
cerveau , les secondes sur les tubercules optiques , les Iroisifemes
sur le cervelet; mais les conimissaires de I'Academie , en repetant
ses experiences , ont trouve que ces taches rcsultaient d'epancliemens
saiiguins qui se font dans I'epaisseur meme du crane, et qui remplis-
sent les cellules de son diploe , entre ses deux lames. Le fait de la
po.'sition locale et constante de ces epanchemeus n'en est pas moins
tres-singulier ; et les rapports de cette position avec celle des organes
dont les fonctions sont alterces , ne laissent pas que d'etre encore
assez favorables aux conclusions deduites des autres experiences de
I'auteur. »
Dans un nouveau rapport, fait par M. G. Cuvier a I'Academie
des sciences , au nora d'une commission composee de MM. de
Humboldt, Portal , Dumeril , Dulong et Ciivier, et chargee d'exami-
ner les nouveaux Memoires de M. Flourens, sur le cerveau des
poissons, sur la regeneration des parties du crdne et de I'encepliale ,
8o/| LIVRES FRANCAIS.
et sur les fonctions propres aux diverses parties de I'oreille , on
trouve les passages suivans :
« Dej.i nous avons analyse, avec I'inleriit qu'elles meritent , les
experiences faites par ce jeune physiologiste, pour determiner avec
plus de precision les fonctions propres a chacune des parties du
cerveau , et nous avons vu qu'il paraissait en resulter . So5
et t. Ill, p. 327), les lettres de Volucy a M. Laujuiuais. Ils appn'cieront
I'influence des idees astronomiques venues de I'Orient, siir la mytliologie des
Grecs , et its concevront coraiuent ces peuples , detouruant le seus des tradi-
tious astrouomlques , substituant les noms de leurs grauds personnages a
ceux des fables orieutales , et mclant expres ou saus desselu le vrai historique
aveclevrai emblematlque, out coustruit un edifice immcuso , dout il esttres-
difCcile maiulcuaiit a I'csprit do systeme dc donucr unc explication toiijours
satisfaisante.
8aa LIVRES FRANCOIS.
ni^re piquante »; innisaussi iioiisreleverons avec d'aulant plus de se-
veiite les defauts que nous avons cru remarquer dans la niaiiii^re de
I'auteur, que d'un recueil de pensces , proseute d'abord sans preten-
tion , il parait avoir celle de faire un traite conipiet de morale. En
effet, son ouvrage , dont la derniere edition ne renfermait encore
qu'un voluine de i8o pages, en contient aujourd'liui deux , qui tor-
ment ensemhie 38o pages. Auxquatorze chapitres quile coinposaient,
I'auteur eu a ajoute quinze autres , et la plupart des premiers ont etc
revus, completes, et quelquefois refondus en entier. C'est done bieii
reellement une nouvelle edition que nous aunoncoiis ; c'est m^me ,
en quelque sorte , un ouvrage enti^rement neuf.
Cs que I'ou coucoit bien s'exprime claii-cmcut,
a dit Boileau. En p:irtant de cet axionie , il nous est I'acile de recoii-
uaitre ceux desch;ipitresde son ouvrage ou M.Saint-Prosper a traitedes
sujets qui lui etaient famlliers. Presque toujours alors ses definitions
sont justes et heureuses. C'est ainsi qu'il qualifie la bonte « une flexi
bilite de cocur qui entre dans toutes les peines pour lessoulager, dans
toutes les jouissances pour les augmenter" ; les convenances « ledon de
sentir toujours juste » ; le ridicule « toute violation maladroite des con-
venances » ; Vesp?it de soclete « la faculte d'impriiiier a chaque chose
le genre particulier d'agrement qui doit plaire a ceux qui nous
entourent », etc. II s'entend aussi parfiUtement a faire le tableau
de certaines choses ; voici celui qu'il nous donne de la Bourse ( t. i,
p. 85 ) : • Dans un lieu sale, noir, resserre (i) et presque imper-
ceptible , eclatent a chaque instant des revolutions completes. La
roue , tournant sans cesse , entraine line foule de niiserables cram-
ponnes k ses rayons. Ceux qui sont en hauttombent et roulent ecra-
ses , tandls que ceux qui etaient en bas sont souleves et tout etourdis.
Ces revolutions sont, an reste , sans aucun effet moral ; car la Bourse
forme une population a part , pour laquelle il n'y a ni rangs , ni con-
ditions, ni foi , ni conscience. C'est le bagne des Jinanccs. » L'auteur,
dans une note, previent que cette expression ne s'apjjlique qu'aux
coiilissiers , aux agiofeurs , et nullement aux negocians et aux ban-
quiers, pour qui elle doit ^Xra un lieu reserve. ■• Pliit a Dieu , dit-il.
(i) Ou voit qu'il s'agit ici (le la Bourse actuelle , ft non dc ccUe qui u'est
pas eucore ouvcrte et poor r«rer.tion de laquelle ou routiuue .i percevoir un
droit sur Ic commerce.
SCIENCES MORALES. 8^3
pour le repos des families, qu'eux seuls y Cssent foule ! » Parml les cha-
pitresde Touvz-age que nous avoiis remarques, nous louerons surlout
celuiqui estcousacre »ux feinmes (t. i"", p. 162 a 194) ; c'estleplus coni-
plet, le mieux senti, et peut-dtre aussi le mieux eciit. II est reinpli
de reflexions , telles que celles-ci : • Ce que Ton sait le mieux des
feiumes , c'est ce qui leur echappe. . il y a dans leur coeur deux priii-
cipes sans cesse en opposition , le besoin de s'attacher a un seal et
eelui de plaiie a tous... Au milieu d'une assenibiee brillante, la I'emme
la plus passionnee n'est jamais aiinable pour celui qu'elle ainie... Les
femnies s'entendent a flatter les petites passions et les petits intcr^ts :
elles les connaissent bien, parce qu'ellesy sont toujours cantonnees...
dans la societe, les femuies s'aimentquelquefois ; mais ce n'est toujours
qu'en attendant ies hommes... certaines fenimes n'en louent jamais
uue autre que sur ce qu'elle a de moins parfait : c'est ime nsaiiiere
adroite d'y appeler les regards des hommes... quiconque souffre preiid
aussitot place pour les femines au premier rang... c'est a elles que Ton
doit la douceur, la bonte et tout ce qui lie dans la vie... », etc. Quel-
ques-uns de ces traits sont deja connus saus doute des lectpurs , qui
les auront trouves dans d'autres ouvrages, publics avantrOAici'^'c;//-
au XIX' Steele ; mais celui-ci a su les recueillir , les placer convenable-
ment et en former une espece de clef du coeur femiiiin, dont nous re-
commandons I'usage a ceux qui s'occupent del'etude el de la ])einture
des moeurs.
Venonsmaintenantaux critiques dont I'ouvragede M.Saint-Prosper
me semble susceptible. En general, corame on a pu le remarquer ,
ses pensees sont justes et exprimees convenablement , lorsqu'il s'agit
de decrire une chose qu'il sent bien et qui ne deniande que du goiit
ou un certain tact ; mais , comme je I'ai dit , il parait ne pas vouloir
se borner a un recueil de pensees , il veut faire uii livre , et souvent
il seperd dans des abstractions, en cherchaiit a etendre ses definitions
et a pousser I'analyse jusqu'.iux choses qui eu sont le moins suscep-
tibles. De la nait I'obscurite, qui prcnd quelquefois chez lui la place de
la profoudeur. J'avoue,par exemple, queje necomprends pas jjien ses
distinctions entre lagrandeet la petite morale (t. ic, cliap. 11); il pretend
que la revolution en France , a detruit la morale (i) ; il fut un terns ,
avantcette revolution, ou certaines classes privilcgiees, tout auconlraire
(i) L'auteur reyicnt ailleurs sur cette idee, en disant (I. ii , p. 23) que
la Revolution , gouffre immense, a devore lois , nicEurs , institutions et carac-
tercs. Je u'insisteiai pas da?antage sur les reproclies qu'ou peut faire a plu-
sieurs de ses opiuious et qu'ou uc lui a pas detjuises daus les articles que la
Sa/, LIVRES FRANCAIS.
de ce que paraitvouloir dire I'auteur, qualiflaient de/)c^ie//iora/e les yer-
tusSl'usa^edupeuple, qu'ellesauraient dedaignerrimiterenrien. Jene
comprends pas non plus son chapitre de Vadmiration ; mais sans doute
c'est ma faute et j'y perds beaucoup , ])nisque I'auteur dit que , lors-
qu'on le voudra, il expliquera le monde entier avcc radmiralion , bien
entendu que , pour en reveler tous les secrets , il en aura tous les pro-
fits (t. ler. p. ()g). Les trois quarts au moinsde son chapitre sur le sCj'lc
(t. II, p. 148) me paraissent aussi inconiprehensibles ; cela n'est pas
^tonnant , car c'est sur cette partie que je serai le nioins d'accord avec
M. Saint-Prosper , a qui je reproclierai un style heurte , oil les tran-
sitions ne sont pas assez menagees , et ou Ton trouve une foule d'ex-
pressions insolites et d'associations demots qui ne sont pas heureuses.
C'est le siecle qui est d'une delicatesse extreme a I'endroit des princes
et princesses de the4tre(t. 1="", p. 27) ; ce sont les bommes uouveaux
qui s^etalent dans le principe et sa consequence ( t. 11, p. i34) ; c'est
un parti qui s'epuise avant de serrer\e profit de la victoire qu'il a rem-
portee {ibid. p. 142) ; ce sont les journaux qu'on ne peut plus musclcr
{ibid. p. 164) , etc. , etc. Mais , dans la crainte qu'on ne m'accuse de
choisir a dessein quelques expressions pour les isoler etles rendre ainsi
ridicules , je vais citer un passage entier du chapitie que I'auteur a
consacre au style , qui donnera en m^me terns une idee plus vraie du
sien et de la maniferedont il a traite ce sujet (t. 11, p. i58 ) : « Cepen-
dant , pour ne parler que de la France, la timidite reguli^re de sa
langue se refuse aux mutations de la politique et aux speculations
aventureuses de quelques ecrivains , vautours de cii Constances. Alors ,
ceux-ci, pour ne rien perdre du lucre qu'ils aspirent, risquent tout daus
leur style, tandis que d'autres , desesperes de tant d'audacc, se crani-
ponnent immobiles aux vieilles regies qu'ils ne veulent pas etendre
aux necessites du terns present. Le public , qai a soi/ d'etre re/niie ,
applaudit alors les novateurs ; 1' Academic , deson cote , console ceux
qui , martyrs du classique , agonisent incognito jjour lui. » Je ne
sals dans laquelle de ces deux classes d'ecrivains M. Saint-Prosper
Revue \u\ a deja consacrcs. M. Saint-Prosper paralt de bonne I'oi; deja il est
reveuu de quelques crreurs qui se rencontraient dans les premieres editions
dc son ouvrage; nous Tengageous a revenir encore de celle qui I'a porte a
comparer les ma;urs actuelles avec cellcs des deruiers regnes , et siirtout de
la Regence, peintcs d'une raanierc si cnergique dans I'uuvragc de M. Du-
laure. { His loire civile , physique et morale de Paris. Voy. ci-apres, p. 844.')
SCIENCES MORALES. 8-25
clesiie etre place; mais je ue veux pas user des arnies qu'il doiiiK-
coiitre lui, eii disant, dans le incmt; cliapitre (p. i56) , que « c'ostpar
le style que tout critique de boinie foi dojt cliercher a juger I'auteur
lui livrant sa preniit;re oeuvre. » Le jugeant au contraire sur le fond ,
]e le proclamerai un des lueilleurs pensuurs et uii des plus aimables
moralistes de ce siecle , nialgre quelques boutades contra des choses
iiouvelles , dont I'experience lui fera reconnaitre la bonte; mais je I'en-
gagerai, s'il veut prendre place parnii nos bons ecrivaius, a soigner
davantage les formes de son style , et je finirai , en repetant avec lui
(p. iSg) : « La posterite n'accordera son admiration qu'aux oeuvres
qui, reproduisant par le style les qualites veritables du si6cle, conti-
iiuerout ainsi la gloire du monde. » E. Hekeau.
347- — * Dialogue sur la loterie, conlenant le calcul des diverses chan-
ces de cejeii , dapres la theorie du calcul des pjobabililcs , a I'usage de
tous ceux qui metient a la loterie et qui connaissent les quatre regies
de I'arithmetique; par A. J. H. V. Paris, iSaS; Treuttel et Wiirtz.
Brochure in-S" ; prix, i fr.
Qui ne croirait , a I'inspectiou du titre de cette brochure que c'est
ici uu de ces leurres honteux dont les buralistes de loterie sont tou-
jours pourvus pour exciter la cupiditd a leur porter son tribut? C'est,
au contraire, un excellent antidote contre ce jeu perfide , et c'etait
une finesse permise que de le presenter coninie uu uioyen de decou-
vrir de nouvelles chances favorables aux malheureux qui achfevent de
se miner pour sortir de la misere; car , enfin , a quelle classede lec-
teurs peut-il ^tre plus utile? L'auteur emploie des demonstrations
simples , claireset a la portee de toute personne quisnit lire et comp-
ter , pour faire senlir , non pas quelles sont les chances de gain,
mais quels sont les risques de perte, pour quiconque est assez dupe
pour se livrer a ce jeu desavantageux. Les resultats auxquels il arrive
sont ceux-ci : la loterie royale devrait donner :
Pour un simple extrait 18 fois la raise, elle donna i5 fois.
Pour un extrait determine 90 fois 70.
Pour un ambe simple 400 fois 270.
Pour un ambe determine 8,roo fois 5, too.
Pourunterne 11,748 fois 5,5oo.
Pour un quaterne 5ii,o38 fois 75,000.
C'est par ce moyen qu'on peut cxtorquer au peuple francais la a
i5 millions, tous les ans , principalement ,i fa classe qui est duns le
826 LIVRE.S FllAiSCAIS.
besoin (i) ; c'est-a-dire, la substance cle inille a douze cents families.
Ce qu'il y a deseduisant et de dangereux dans cette execrable inven-
tion italicnne, c'est que, pour concevoir ce que son jeu a de dange-
reux , il est nccessaire de prendre la plume , et de laire tout au raoius
un leger calcul, tandis que Tappet du gain est clairet net. II u'est
pas necessaire de poser un cliiffre pour comjirendre qu'on vous of-
fre yS mille francs pour vingt sous. En second lieu , le mallieurcux
ponte hasarde une aussi petite sonmie qu'il veut ; on se met a la por-
tee du pauvre pour le depouiller. Le tirage est pronii)tement opere ;
il est simple ; chacun peut facilement connaitre avec certitude, s'ii
est gagnant ou perdant ; enfin, les bureaux sont ouverts a tousles
coins de rue. Mais, ce qu'. est propre a faire voir que notre siecle a
du moms gagne quelque pudeur , ce qui iiidique un peu plus de mo-
ralite, c'est que chaque bureau annonce sur sa porte visible , qu'il
est une entree secrete par oil Ton peut se livrer a une praticjue hon-
leuse , sans ctre expose a la reprobation du public. Cela n'existait pas
sous I'ancien regime. — On sait que la revolution avait fait justice de
cet impot immoral ; ce fut Bonaparte qui exluima celte ordure an-
cieune , de meme qu'il exliuma les nides sous le noni de droits reuitis,
conserves sous le nom decontributions indirectes, de meme qu'il re-
tablit les octrois , a I'entree des villes , etc. — Esperons qu'une admi-
nistration plus eclairee, plus nationale, debarassera enfin la France de
ce qui nuit si esseniiellemeiit aux nioeurs et a la prosperiie du pays.
Le gouvernement anglais vient de rayer de son budget I'ai tide des
loteries , quoique les siennes fnssent beaucoup moins imniorales que
celle qu'on n'a pas rougi de nounner royale , et qui u'est propre qu'a
avilir la plus baute diguite de I'etat. J- B. S.
348. — Morale en action des Bourbons , par le cbevalier Barnt db
Romanet; ornee de gravures. Paris , 1824; Lefuel, rue St-Jarques,
n° 54. I vol. in-t2 de 867 pages. Prix: 4 fr.
349. — Louis XVlll ; sa 'vie , ses derniers momens et sa mort; suivis
du detail de ses funorailles ; d'un recueil d'anecdotes sur ce prince ,
redigees d'aprcs desdocumens authentiqueset inedils; d'un choixde
seslettres etde quelques-unes de ses poesies; pari?. - .1/. ua St-H.
Paris , 1825 ; Peytieux , galerieDelorrae. i vol. in-ia de 214 p. Prix :
3 fr. 5o
Le premier de ces deux ouvrages offre un grand nombre de frails
(i) Voy. le budj^iU aunucl ainsi que les Rf.clwrchcs statistiqug} de M. Cha-
BROt. , jirefet do la Spiop.
SCIENCES MORALES. 827
qui font honneur au caract^re des meinl)rt.'S de la faiiiille royale. On
regretteseulement que I'auteiirs'anete quelquefois avec trop de com-
plaisance sur des details d'uii inter^t pueril ; qu'il n'ait pas su donuer
a son style une correction plus soutenue, et que I'emphase remplace
trop souvent le ton de simi)licite qui faille charme des narrations de
ce genre. — Quant au second, il est mieux ecrit, en general; on y
lit avec assez d"interet un recueil de lettres de Louis XVIII , et avec
plaisir quelques morceaux de poesie legere, fruit des loisirs de ce
prince qui aiina les lettres, meme sur le trone. Plusieurs de ces
pieces revelent Jans le poete un gout tres-prononce pour Tepigramme ;
nous en citons une seule, intitulee : La Defense des Jocheis.
Les critiques, toujours mordans ,
Des Jockeis coiidamuent I'usage :
Que fait-on, disent-ils , d'un eufant de douze ans ,
Faible , etourdl, petit, comme on est a cet age?
Ell ] messieurs les bavards, sur ces jolis enfans
Fiuissez des discours que le fiel accoiupagne :
Peut-etre les heros , du tems de Charlemagne,
A leur service avaicnt-ils des Geaus.
Mais tout a bien change depuis deux cent trois lustres!
Et j'ose soutenir, centre vos sots caquets ,
Que nombre d'lieritiers de nos liommes illustres
Sent assortis a leurs laquais.
B.
35o. — * Histoire de Pierre Giberne , ancien sergeut de grenadiers
francais, ou Quinze journees auxinvalides ; publiee pour riiistruction
et Tamusement des soldats de I'armee francnise , par L. P. de Jussieu.
Paris, iSaS; Colas, i vol. in-ia de a35 yi. Prix : 3 fr.
Ce n'est pas ici le premier ouvrage que publie M. de Jussieu pour
I'avantage dela classe du peuplei I'instruction de laquelle s'est consa-
cree la Societed'education, dout il aete Tun desfondateurs.^«foi/2e et
Maurice et Simon de Nanttia ( voy. Rev. Enc, t. x, p. 4^7 ) avaient
deja donne d'excellentes lecons , les uns aux prisonniers , I'autre aux
citoyens en general ; Pierre Giberne sera le livre des militaires. II est
divise en quinze journees qui forment autant de lectures attacliautes
et instructives : chacune de ces journees contient la relation d'une
partie de la vie de Pierre Giberne. Ce vieux sergent, admis dans
riiotel, oil ses longs services lui donnaient le droit d'entrcr, ren-
contre un de ses vieux camarades , se lie avec quelques soldats niu-
tiles comme lui, et dans les moniens qu'ils eiiiploient ensemble a la
828 LIVRES FRANCAIS.
promenade, leurr.iconle ses iuitiquespronesses. — II retrouvebientol
un neveu doiit il n'iivait aucunes noiivelles depuis fort long-tenis, ct
va laire avec lui etson ami Eustaclieuii dernier voyage dans son pays
natal; a})res qiioi, il revient finir ses jours dans la derniere demeure
des braves.
Le succes qu'ont ohtenu jusqu'ii ce jour les livres de M. de Jussicu ,
fait assez leur eioge. Dans celui que nous annoncons, les caracteres
sent gcneralement bien traces ; I'intrigue simple et facile ne laisse
pas d'cxciter un vif interdt ; le style, empreint quelquefois avec exces
de la gaile et de I'insouciance militaires , a toujonrs le merite de re-
presenter franchement la conversation et les idees des personnages
qui sont en scene. Ces qualites et les sentiniens exprimes dans le
livrede M.de Jussieu doivent faiiedeslrer qu'ildevienne lesujet ordi-
naire des lectures des militaires. B. J.
35 1. — Collection comj'lite (les Ids , dccrefs , ordonnances . n'glemens ,
et avis du conscil d'Etat, publics sur les editions officielles du Louvre,
de I'iniprimerie nationale par Baudouin et du bulletin des lois, de
1788-1824, inclusivement, par ordre crbonologiquepar /. B. Duvf.h-
GiEH , avocat a la cour royale de Paris. T. vit et viir. Paris", iSaS ;
Guyot et Scribe; libraires editeurs, rue Mignon , n° 2 , et Charles
Bechet, libraire. Prix de chaque volume 7 fr. 5o cent. , et 9 fr. par
la poste.
Nous avons deja eu I'occasion de recommander celte importanle
collection a nos lecteurs ( Voy. Rev. Enc. , t. xxiv , p. 4^4 )• I--'^-
diteur poursuit avec perseverance la taclie difficile qu'il s'est imposee,
et les imprimeurs continuent a meriter nos eloges paries soins qu'ils
apportent dans I'execution typographique de cette entreprise. Si nous
comparons cette collection de nos lois depuis la revolution , a celles
qui sont dans les bibliolbeques des jurisconsulles , nous voyons que
cette comparaison est enti^rement a I'avantage de la nouvelle edition
Quoique tres-complete , elle sera moins volumineuse que les prece-
dentes , et les arrets de la cour de cassation , rapprocbes des textes
delois dont ils offrent I'interpretation la plus sure , donnent un bant
degre d'interfit au travail deM. Duvergier. Nous ajouterons, que, si
Ton reflecbit a la difficult^qui accompagne une semblable publica-
tion, on trouvera encore que les volumes paraissent avec une assez
grande celerite. Le buitiemes'arr^te au mois de brumaire de I'an iv.
A. T.
352. — * Repertoire universel et raisonne de jiiriipnidence , par
M. Merlin , ancien procureur general a la cour de cassation. T. xvii.
i
SCIENCES MORALES. 829
Qiiarriime edition. Psxris, 1823 ;.J. B. Gamely, el Antoiiie Bavoux.
1 vol in-4" , prix , 18 fr.
Ce nouveaii volume de supplement au Repertoire, qui est le dix-
septieme tie la quatrieme edition , forme le dix-luiitii'me toraede la
troisieme edition a laquelle il est adapte par des ncjles , et rend celle-
ci aussi complete que la derniere. II conipiend la continuation de la
lettre M, jusqu'a la lettre V. Les nouveaux arrets qui ont eterendus
el les nouvelles lois el ordonnances qui ont ete emises , depuis la
publication du precedent volume, ont rendu nccessaires des addi-
tions et des corrections aux matieres deja traitees ; ce qui a force
t'auteur arevenir sur ses pas, et a remonter jusqu'a la premiere letlre
de I'alphabet. Au moyen de ces additions et de ces corrections ,
M. Merlin a rempli les lacunes qui eussenl depare son ouvrage.
Tons les articles conipris dans ce volume se font remarquer par
une profondeur de raisonnemens , une flnesse d'apercus, et une
vaste erudition, qui assurent le premier rang a I'auteur parml les plus
celebres jurisconsultes de notre tems. Ce volume porte une erapreinte
particuliere du pays hospitalier (jii M. Merlin I'a compose. Si I'amour
de la Fi'ance , dont les lois font robjet constant de ses meditations ,
et celui dc la science du droit et de la jurisprudence , I'excilerent
egalement a travaiiler sans reliche , malgre son grand Age, au per-
fectionnement d'un ouvrage qui a lui seul vaut une bibliotheque tout
enti^re, la reconnaissance lui imposait aussi I'obligation de donner a
son travail un caractere d'utllite locale , en y rapportant aussi les
lois qui regissent le royaume des Pays-Bas , et en y faisant conuaitre
la jurisprudence de ses tribunaux. Le lecleur y trouvera souvent
I'occasion de faire des rapprocliemens , d'elablir des comparaisons ,
de remar(juer des differences dans les deux legislations , qui peuvent
amener des resuliats avantageux a la science , et faire jaiilir de nou-
velles lumieres propres a eclairer bien des dlfflculles et a procurer
des ameliorations dans les lois de I'un et de I'autre pays.
353. — * Jurisprudence des Codes criminels ; par M. Bourguigkon ,
conseiller bonoraire el avocat a la cour royale de Paris. T. II.
Paris, 1825 ; Bavoux. i vol. in-8°. Prix , 8 fr. el 10 fr.
Nous avons promis de revenir sur eel ouvrage important, dont
nous avons deja annonce le premier volume (Voy. Rev. Enc, t. xxvi,
p. 833 ). Nous n'avons que de nouveaux eloges a donner au savant et
iaborieux jurisconsulte , a qui cetle production assure un litre de
plus a Tesiime de tons ccux qui s'occupenl de jurisprudence.
83o LIVRES FRANCA.IS,
M. Bourguignon , dims ce second volume, traitedcs questions dn
plus hant iiilt'rc't,et les difloreutes classes de lectcnrs y puiseront
line instruction solide. Ceux qui , par ^tat, soiit tenus de garder le
secret sur les confidences que leur font les accuses , y apprendront
a coiuiaitre leurs obligations ; il en determine la juste ete:idue, pour
le cas on ils sont ajipeles a porter tcnioignage contre eux ; il expose
celte maliere en moraliste , en jurisconsulte et en canoniste. — Tout
ce ([iii est relatif a la maniere de poser des questions resullantes de
I'acte d'accusation , est examine avec beaucoup de sagacite, et
eclaire par des exemples propres a servir de regulateurs aux ma-
gislrats et a facilitcr rintelllgence du veritable sens de la loi. — Les
difticultes que presente dans la pratique la maxima non bis in idem ,
y sont offerles au leclenr avec la plupart de leurs circonstances , et
acconipagnees de solutions satisfaisantes, puisees dans des especes que
la cour regulatrice a eu a juger. — L'auteur indique les a vantages
attaches au jugement par jures ; mais il dit aussi combien cette ins-
titution , creee parmi nous , en 1791 , d'une maniere si imparfaite ,
a ete denaturee par le nouveau mode de formation des listes des jures
introduits par le code d'instruction criminelle, et combien il est dan-
gereux d'en confier le foin aux agens du gouvernement. 11 dit , avec
une grande justesse d'expression , que le jury , tel qu'il existe au-
jourd'luii , est transform^ en commission : et il emet le voeu que tous
les bons esprits forment avec lui , de voir disparaitre de notre legis-
lation, une imperfection aussi monstrueuse , dont le moindre incon-
venient est de deconsiderer les jiigemens criw.inels. — I^a distinction
purement metapliysique entre le point de fait et le point de droit ;
et la question de savoir si I'appreciation des faits , et de ce qui tend
a en determiner la nature, le caraclere, et la criminalite , est com-
prise dans les attributions des jures on dans celle des juges inamo-
vibles , lui ont fourni le sujet d'une dissertation propre a jeter un
grand jour sur un objet aussi important. II fait sentir le danger qu'il
y aurait a ajouter aux fonctions des magistrats, un droit qu'il a ete
dans les vues du legislateur de leur refuser. « Ce serait , dit-il , les
rendre maitres absolus des causes criminelles; r^unir des attributions
que Ton a tant d'interet a diviscr ; faire renaitre les dangers in-
h^rcns a la permanence des juges au criminel ; conipromettre le beau
privilege d'etre juge par ses pairs... Cette prerogative inappreciable ,
sans laquelle la liberie civile ne pent subsistcr , ne serait plus qu'une
formule derisoire, une vaine cliimcre... .Si les magistrats dtvaient
^tre constitues les app:eciateurs du fait, la declaration re
qu'enfin les paroles royales : fakes observer les lois , et n'allez pas au
dela , seront entendues ; mais , si I'irresponsabilite des mirfistres se
prolonge , ce serait , dit-il , d'aprfes feu M. Aignan , la continuation
et la permanence de leur impunite : ilfaut ou que la loi devore I'ar-
bitraire , ou quelle soil devorte par lui. P. E. LaNJUIMAIS.
359 — *Sept discoiirs prononces dans le parlement britannique pendant
la session de iSaS, traduits de I'anglais. Paris, iSaS; Delaforet. Broc.
in-S"; prix : 2 fr.
Cette brochure contlent deux discours de M. Cakhing , I'un sur la
reconnaissance de Tindependance des colonies espagnoles par I'An-
gleterre, I'autre, relatif a I'emancipation des catholiques irlaudais :
trois discours de M. Huskisson, sur la reduction des taxes, sur la
leforme du regime commercial et politique des colonies , et sur la
reduction des droits etablis sur rimportatlon et le commerce exte-
rieur. L'un des plus importans est la motion de M. Peel , touchanj
la revision et la reforme des lois et des statuts relatifs au jury. Tons
ces discours , deja tres-remarquables par le taleut et la position de
leurs auteurs, lesont encore plus par la nouvelle direction qu'ils an-
noncent de la part du minislere anglais. Ces concessions faites il
propos aux besoins du siecle , vont ouvrir a I'Angleterre une nouvelle
■carriere de prosperite, et la placent sans rivalite a la ti-te de la civili-
sation euroiieenne. C'est un spectacle curieux et digne d'inlerdt, de
SCIENCES MORALES. 837
voir cette politique nouvelle si franchenient annoncee par le« organes
du pouvoir : c'est un belexemple donne a ceux qui auroat I'espritde
le coniprendre et le courage de Pimiier. A.
36o. — * Note siir la Grece , par M. De CnATEAUBRiAitD , membre
de la Societe en faveur des Grecs. Paris , iSaS ; Le Normantpfere. Bro-
chure de 3 feuilles ; prix i fr. 5o cent.
36i. — * Appel aux nations chreliennes en faveur des Gre«,r6dige
par M. BETfjAMiN Constakt, et adopte par le Comite des Grecs de
la Societe de la morale chredenne. Paris, iSaS ; Treuttel et Wiirtz, et
a I'agence du Comite, rue Taranne , n° ra. Une feuille d'itnpression ;
se vend au proflt des Grecs. Prix : 76 c.
Chacune de ces deux brochures est un veritable plaidoyer en fa-
veur des Grecs. Deux grands ecrivains ont su joindre , en quelques
pages , ce que la logique a de plus fort a ce que I'eloquence a de plus
touchant. Le lecteur doit y puiser, avec la conviction du bon droit
des Hellenes, le sentiment d'unebienveillante pitie pour leurs infor-
tunes, d'une indignation vertueuse contre leurs oppresseurs, etd'une
vive irritation contre les potentats del'Europe, unis au nom de J^-
sus-Christ, etdont la sacrilege indifference est devenne complice de
I'extermination d'un peuple chreticn. M. de Chateaubriand resume
en ces ternies les differens points de la question qu'il a traitee avec
une justesse de raisonnement peremptoire : « Les Grecs sont-ils des
rebelles et des revolutionnaires ? Non. — Forraent-ils un peuple avec
lequel on puisse trailer? Oui. — Ont-ils les conditions sociales vou-
lues par le droit politique, pour etre reconnus des autres nations ?
Oui. — Est-il possible de les delivrer sans troubler lemonde, sans se
diviser , sans prendre les armes , sans mettre m^me en danger I'exis-
tence de la Turquie? Oui , et cela dans trois mois , par une seule
dep^che collective souscrite des grandes puissances de I'Europe, ou
par des dep^ches simultanees exprimant le menie voeu. Ce sont la de
ces pieces diplomatiques , qu'on aimerait a signer de son sang ! »
a En attendant des jours plus prosperes, dit un peu plus loin I'au-
leur, au nom du Comite philanthropiqne dont il est membre, nous rc-
cevons et nous soUicitons a la fois de la muuihceuce publique, ce
qu'elle nous adresse detous cotes, pour nos illustres supplians. Nous
remercions cette genereuse et brillante jeunesse qui leve un tiibut sur
ses plaisirs, pour secourir le malheur. Nous savons ce qu'elle vaut
cette jeunesse francaise ! Que ne pourrait - on point faire avec elle ,
en lui parlant son langage, en la dirigeant , saus i'arr^ter, stir k
838 LIVRES I'llANCAIS.
penchant de sod g^nie; toujours prcle a se sacriCer; toiijours pr^te i
faire dire a qiielque nouveau Pericles : Vannee a perdu sou prinlems .' •
M. Benjamin Constant, apres avoir demontre avec la m6me vi-
gueur combien est legitime et sainte la cause des enfans de la Grece,
aprfes avoir trace line peiuture cnergiquc , dechiraiite , de ce qu'ils
out souffert et de ce qu'ils soiit condanines a souffrir encore , s'el^ve
un monjent ix de hautes cousideiations politiques dans I'interet ge-
neral de I'Europe, doiit tous les esprits eclaires apprecieront I'iiu-
portance et la verite. II ne craint pas de frapper dune juste rej)ro-
bation , de vouer a une honte eternelle la conduite a la fois hypocrite
et barbare des ennemis des Grecs, quel que soit le rang que ces en-
neniis occupent , et quels que soient les pretextes dont its couvrent
leur politique perfide et cruelle. « La cause des Grecs est la notre ,
dil-il en finissant ; elle n'est pas perdue ; car aucune cause n'est per-
due , quand elle a ses racines dans le cceur d'un peuple. Nous pou-
vous la secourir puissaninient. L'opinion fortement niauifestee, des
publications propres a faire penetrer dans tous les esprits les prin-
cipes que nous avons exposes, telle est la mission du Coniite de la
Societe de la Morale chrelienne. Dans ces publications , il s'attachera
surtout a convaincre les Grecs eux-menies d'une verite qu'ils ne doi-
vent jamais oublier. La seule garnnlie de leur independauce, leur
unique espoir de salut , c'est I'union inlime de toutes les parties de la
Grfece... Les envois d'argent, produits de souscriptions genereuses ,
dont le nombre compensera la modicite, les envois d'armes , d'ins-
trumens , d'hommes intrc[)ides qui voudront s'associer a cette noble
cause, sont reserves au grand Couiite ])liilanthropique. Ces moyens
serout efficaces pour relever , non pas le courage des Grecs, qui est
inebranldble , mais leurs ressources et leurs csperances. C'est dans
ce but que la Societe de la Morale chretienne a forme de nouveau son
Comitc grec ; c'est dans ce but que ce Comite s'adresse a tous les
chietiens , a tous les Europ(?ens , a tous les Francais. » B.
3fi2 — * A la jeiinesse fraiicaise. ■ — SouscRlPTION cii faveur des
Grecs; par F.-P. Lubis. Paris , iSaSjimp. deBellemain. In - 8° de i6
pages ;se vend au proGt des Grecs, i fr.
Dans ce petit ecrit, M. Lubis appelle rattention de la generation
nouvelle sur ce peuple dont a le privilege est d'emouvoir tous les
autres en sa faveur , sans en obtenir autre chose qu'une pitie sterile
ou de leg^res aumones. » II se plaint de ce que le dcvouement d'un
grand nombre de ceux c{ui se disent amis des Grecs n'existe que sur
SCIENCES MORALES. SSg
le papier. L'auteur s'etonne des conseils que Ton a plus d'uue fois
donnes aux Greos , et qui tendraient a ne produire d'autre resultat
poureuxqu'un changenient demaitres. Puisqu'apr^s avoir brise ^nr
necessitc le joug d'une domination illugitime, injuste et odieuse , iis
out su , depuis trois annces, defendreseuls leuriiidependaiice, ilsont
acquis le droit de se donner un gouvernement vraiment national et
independant. lis ue sont pas assez riches pour payer I'attirail dispen-
dieux qu'une monarchic entraineapreselle. La marine et le commerce,
qui sont leur destination speciale , ont hesoin , pour prosperer ,
d'economie et delibertc. Tons les peuples de I'Europe sont interesses
ace que la Grece nouvelle adopte une organisation analogue a celle
de la confederation helvetique, et les grandes puissances, par un
sentiment de justice , devront les proteger. Une politique bien eii-
tendue leur fera seutir que cette organisation ne donnera point lieu
aux rivalites et aux guenes qui pourraient resulter du choix d'un
monarque pris dans une des maisons regnantes de I'Europe. La
France surtout peut se menager une influence legitime etsalutaire
dans rOrieiit et sur la Mediterranee, si elle contribue, avec I'Angle-
terre, a procurer a la Grece renaissante I'existence independante ,
commerciale et paisibje qui est I'objet de ses voeux et qui doit deve-
nir le prix de son sang et de ses hero'iques sacrifices pour couquerir
la liberie. L. J.
363. — * Hiscoire romaine , depuis la fondatioii de Rome jusqii'au
legiie de ConsCantin; par ^. de Carrion-Nisas , fils. Paris, iSaS ;
Raymond, a vol. in-ia , formant les tomes 4a et 4^ de la Bibliotheque
iiniverselle, ensemble Sfifi pages ; prix 3 fr.
L'histoire d'uu peuple qui a passe par toutes les formes de gouver-
nement , dont toutes les revolutions ont eu pour objet son propre
avantage , dont la legislation a servi de module , qui a donne nais-
sance en perissaiU ;i tous les peuples de I'Europe modenie , presente
assez d'attraits a la curiosite , assez de grands exemples a In politique,
assez de reflexions u la phiiosophie pour faire I'etude de tous les 3ges
et de tous les pays. — M. Carrion-Nisas , en retracant cette histoire,
depuis la f'ondation de Rome jusqu'a ravenemeiit deConstantin, vient
d'ajouter aux nomhreux abreges que nous avions deja de l'histoire
romaine. Sans vouloir etablir aucune coiiparaison entre ce nouvel
ouvrage et ceux du meme genre qui I'ont precede , nous devons dire
que la clarte , la rapidite , I'^rudifion , sont des qualites qui distin-
guent constannncnt M. Carrion-Nisas. On peut neanmoins lui re-
procher quelqiiefois des jugemeas qui ne seinblent pas assez fondes ;
84 cr LIVRES FRANCA.IS.
lei est celui qu'il porte de Caion I'Ancien ( t. i. p. iSy ) , de Pompee
[Ibid ^. 523), etc. On pourrait signaler aussi quelques inexactitudes
dans cerlaines citations ; quelques erreurs de noni , telles que Phoca
pour Prcca , Lartius pour Largius ( le premier dictateur ) , que nous
mettrons sur le compte de rimprimeur , quoique le dernier mot soil
repete jusqu'a trois fois. Mais un defaut plus grave, c'est de n'avoir
pas, a Tcxemple de Florus, divise son histoire et assigne les princi-
pales epoques : cette methode, si favorable a la memoire , aurait ^le
de la plus grande utilite dans une histoire aussi pleine de fails et de
lecons que celle des Remains. Si, ensuite, M. Carrion-Nisas avait
pu transporter dans son ouvrage le style des nombreu,\ uiodeles qu'il
avait souslcs yeux , son abrege aurait offert une lecture plus agreable.
Quoi qu'il en soit , Ton pent regcirder comme un appendice tres-utile
celui qui occupe la seconde partie du second volume , et dans lequel
I'auteur a traite avec details de Vesclavage, de Xafjranchiiseinent ,
de Vingeniiite , du palronat , de la puissance paternelle , des manages ,
du concubinage et du divorce , des tescamens , de la division des choses,
des noms des Romains , des uionnaics romaines , et de \& geographic
de I'einpire. — Les notions que I'auteur a rassemblees sur ces divers
sujets , sont aussi completes que I'a permis le peu d'espace qu'il pou-
valt y consacrer : elles sont d'ailleurs tres-propres a completer In seric
des connaissances necessaires a celui qui vent bien posseder I'liistoirc
des Romains. B.J.
364- — * Histoire des Croisades ; par M. Michaud , de I'Academii
francaise. Quatrieme edition , revue, corrigee et augmentee. T. i et ii.
Paris , 1825 ; L. G. Michaud. a vol. in-8° ; j)rix 14 fr.
Le succes de cet ouvrage est bien etabli, et, ce qui vaut mienx , ;!
est meritc. II s'est fait dans un temps oii Ton croyait encore que la
premiere qualite d'un ecrivain etait de savoir <5crire , et qu'il ne suf-
fisait point , pour se placer parmi les hisloriens , de rassembler et dc
coudre ensemble des larobeaux de chroniqueurs. M. Michaud a fait,
ou fait faire , d'immeases recherches , et dans les ecrits de nos vieux
annalisies, et dans les autrcs documens qui pouvaient jeter quelques
clartes sur son sujet ; mais , apres ce travail preparaloire , il a su for-
mer de tons ces materiaux un ensemble qui lui appartient, par la dis-
position et par le style.
, Lorsque la publication des dernieres parties aura compWt^ cette nou-
velle edition, nous offrirons a nos lecteurs une analyse de tout I'ouvrage.
Nous nous bornons aujourd'hui a indiquer ce que renferment les
lleux volumes qui vieunent d'etre publies. On trouve , dans le pre-
i
SCIENCES MORALES. 841
mier , le recit des p6leriaages paisibles qui pr^ced^rent dans I'Orient
rinvasion de pelerins arm^s , I'expos^ des causes de la premiere croi-
sade , et la peiijture de cette grande expedition, ainsi que des mal-
heureuses eiitreprises des croises lombards, des comtes de Nevers
et de Bourges, et du comte de Poitiers. Cette premiere partie est or-
iiee d'uue carte de I'Asie mineure , des plans iT Antioche et de Jerusalem.
Le second volume presente d'abord I'histoire du royaunie de Jerusa-
lem sous Godefroi , Baudouin I*"', Baudouin II , Foulque , et Bau-
douiii III; ensuit«, le recit de la seconde croisade , ou commaii-
daieut Louis VII et Conrad , le tableau de la decadence de I'empire
fonde en Syrie par les croises , et de sa chule ; enfin , les exploits in-
utiles , mais si brillans , de Richard Coeur-de-Lion. Une carte des Ktats
Chretiens en Asic , et un plan de Ptolemais servent a I'intelligence des
operations militaires. Cliaque volume renferme , en outre , sous le
UXre A^eclai'cisscmens , des dissertations de quelque etendue , et se
termine par des pieces justificalives. Z. D.
365. — * Resume dc I'histoire de Lorraine (J\leiirthe , Meiise , Moselle
et T'osgss ) , par M. Henri Etiehnr. Paris , l8a5 , Lecointe et Du-
rey. In-i8 de vm et 354 P^'ges; prix a fr. 5o cent.
L'auteur a divise son ouvrage en trois parties. La premifere, com-
posee de quelques pages seuleraent , nous presente la Lorraine , fai-
sant partie de la Gaule Be'gique du terns des Romains , appartenant
a i'Ausfrasie , sous les rois M^rovingiens , devenue le royaume de
Lotliaire II, arriere-petit-fils de Charlemagne, puis reduite au litre
de duche , et possedee par des dues beneliciaires , apres la niort de
Charles-le-Simple.
Dans la seconde partie, le duch6 devient hereditaire , et une pe-
riode de 645 ans voit se succeder vingt-six dues, jusqu'a Stanislas ,
dont I'adininistration paternelle commence la troisieme partie. —
Cette derniere , quoique fort courte, u'esl pas moias interessanie
que la precedente. L'ambilion de Louis XV ne respecte plus aucun
des droits de la I,orraine : c'est un beau spectacle que de voir Sta-
nislas combattre autant qu'il est en lui la funeste influence de I'admi
nistration francaise sur les affaires de la Lorraine : la longue vie
de ce bon prince parut encore trop courte a ses sujets : sa mort,
vivement pleuree par les Lorrains , fut I'epoque He la reunion defi-
nitive de cette province a la monarchie francaise : il ne s'y passa
plus rien de frcs-reinarquable jusqu'a I'epoque de la Revolution, oii
la Lorraine fut appelee a jouer son role , comme les provinces de I'an-
cienne Fiance. I'-lle fit alors entendre des vceux energiques pour
842 LIVRES FRANCAIS.
I'adoptlon d'instiUitions et de lois propres k garantir la liberie pii-
bliqiieet celle des cltoyens ; plus tard, I'arresfation de Louis XVI k
Varennes, la jirise ° Histoire collective des provinces , depuis le milieu dii
xvie sieclejusqu'a nos jours. Toutes ces parties sont traitees avec pre-
cision et clarte. L'auteur , qui aurait pu terminer la son ouvrage, a
juge a propos d'y joindre deux autres morceaux que le lecleur ne
parcourra pas sans plaisir. L'un est un Coup d' ceil sur la siatisiique
ancienne et moderne de ces provinces ; I'autre renferme des Considera-
tions justestet curieuses j((r/« maurs deleurs liabitans.- — • Le Resume
de I' histoire d' Alsace offre une composition mieux suivie, ainsi que le
comportait le sujet. II se divise en six epoques , dont chacune a ses
traits caracteristiqnes : 1° La Domination romaine , depuis I'an de
Rome 682 jusqu'a I'an 45 1 de I'ere vulgaire; a" La Domination des
Barbares , 496-900; 3° La Feodalitv ,o\x I'asservissement des peu])les,
9l3- 1212 ; l\° Affranchissementdes inlles; regime municipal, I22 5-j5i5;
S°l.a Rejbrmaiion, 1517-1648 ; 6° ha Domination /rancnise , 1648- i8i5;
Tel est le plan que l'auteur a su reniplir, en Lomme instruit et en
ecrivaiu habile ; il a mele au recit des evenemens, des peintures de
mceurs, des details sur les coutumes et les superstitions populaires;
enfin, des reflexions qui prouvent un esprit judicieux et penetre des
ir.eilleurs principes. Son style est simple et ferme , sans manquer
d'elegance, comme le prouvera cette courte citation que j'extrais des
dernieres pages du volume : « Iluningue restait seule en proie aux
horreurs d'un siege sollicite par les BAlois , dont cette forteresse pou-
vait incendler les habitations. Depuis six semaines, trente mille
hommes, coramandes par i'archiduc Jean, attaquaient vivement la
place; elle etait defendue par de bonnes fortifications, et par une
garnison peu nonibreuse, mais intrepide. Malgre I'artillerie formi-
dable qui ecrasait ses remparts, le general Barbanegre, gouverneur
d'Huningue , ne se rendait point encore. II consentit enfin a capitu-
ler,quand il n'eut plus que des ruines a defendre. On convint que
844 LITRES FRANCAIS.
la gamison sortirait avec les honneurs de la guerre. Cinquante hom-
ines ayant a leur t^te le general, uii petit nombre de travailleurs et
quelques blesses , port^s par les plus valides de leurs compagnoiis ,
defil^rent devant les trente niille Autrichiens. L'arcbiduc etonne
demauda si la garnison ne les suivait pas... Rien n'etait restedaiis
la ville; toute la garnisou d'Hutiingue etait la. »
Le Resume de Vhistoire de Giiyenne, a droit aux mdmes eloges que
celui de I'histoire d'Alsace, soit pour le choix des materiaux et I'ordre
dans lequel ils sont disposes, soit pour le style. Le merite de ce modeste
debut prouvequeTauteuru'esi pas iiidignede porter un iiom, tout re-
cemment iilustre par le succes d'un ouvi age historique plus impor-
tant. Ilest convaincuquerbistoiredoit^trerecole despeuples et des
rois. A sa maniere de raconter, et dans lous lesjugemens qu'il porte
sur les ^venemens et sur les personnages , on recoiinatt I'intentioii
constante de la diriger vers ce but louable, et de la rendre utile
ayant tout. C'est ainsi qu'il s'attache a peindre sous les couleurs les
plus fortes ces ^ffreuses guerres de religion qui , sous le rfegne des
Valois , desolerent surtout le midi de la France. On remarque avec
nne indignation profonde, entre autres horreurs de ces tems deplo-
rables, lerecit des exploits de Montluc, depuis marechal de France,
cr^atule des Guises, soldat feroce et violent , qui, nomme au com-
mandement de la Guyenue, parcourait toute I'etendue de son gou-
veniement , acconipagne de deux bourreaux qu'il retint eu perma-
nence a son service , et qu'il nommait ses laquais. B.
3fig. — * Histoire civile, physique et morale de Paris; par Dulaure.
Troisicme edition, revue, corrigee et augmentee parl'auteur, oruee
de gravures nouvelles; ii*, i2«, i3«, 14" et i5"^ livraisons, conte-
nantles T. VI et VII, et la i" partie du T. VIII. Paris, iSaS;
Baudouin freres. Prix de cliaque livraison in-12, 5 fr. {f''oj. ci-
dessus , p. 225.)
Les livraisons de cet ouvrage se succfedent avec une telle rapidile ,
que nous en avons toujours plusieurs a annoncer a la fois , ce qui ne
nous permet pas de grands developpemens sur cliacune d'elles. L'in- ■
convenient, il est vrai, n'est pas grand pour un ouvrage aussi connu 1
et aussi generalement apprecie , dont nous avons d^ja annonce avec
soin les deux premieres Editions. Dans un premier article sur cette
troisicme edition ( ray. t. xxv , p. 5oi ) , j'ai indique onze articles de
la Revue deja consacres a cet important ouvrage, et j'ai moi-m^me
ajoule i ce nombre trois nouveaux articles. Un de nos collabora-
teurs, M. Depping, dans une analyse faite avec beaucoup de talent
SCIENCES MORALES. 845
( f'oj. f. xiv, p. 64 ^ 73), s'clait livre h une disciissiou ap])rofondie
siir le but, les moyens et I'execution de cet ouviage, il ne nous reste
plus chaque fois qu'a en indiquer les principales divisions, et a oiter
quelques traits qui puissent conduire a une comparaison entre les
tems anciens de notre histoire et celui dans lequel nous vivons. Les
cinq livraisons que nous annoncons aujourd'hui contiennent le tableau
de Paris depuis Louis XIII jusqu'a Louis XV inclusivement. Les
annales de ce dernier regne, surtout celles de la Regence qui le pre-
ceda, sont tellement fecondes en traits que I'honneur national •vou-
drait effacer de notre histoire, que nous n'en citerons aucun. II faut
les voir dans leur ensemble , il faut surtout en etudler les causes pour
croire a tant de corruption et de perversite de la part de ceux qui devaient
donner au peuple I'exemple des fertus et des bonnes moeurs. L'exein-
ple contraire n'a que trop profile ; mais comment s'etonner encore des
crimes commis , dans un tems de desordre, par une populace effre-
" nee , quand on lit les details de tant de crimes impunis commis par les
premiers personnages de I'etat , au milieu d'un ordre stable et legal?
L'entreprise de M. Dulaure a excite les clameurs des hypoc»ites et
de ceux qui basent leur fortune sur les vices des grands; pour
nous, nous dirons avec M. Depping : « Que -ce miroir qu'il nous
presente nous inspire une crainte salutaire et une juste horreur
du retour de ces tems desastreux , alors il aura bien merite de
rhumanit6. » E. H,
370. — Notice sur la vie de Saladin , Sultan d'Egypte et de Syrie,
par M. Reijtaud , employe au cabinet des manuscrits orientaux de
'a biblioth^que du Roi , membre du conseil de la Societe asiatique.
Paris , i8!?5. Dondey-Dupre. In-8° de 41 P- J prix i fr. aS c.
L'auteur preud Salah-eddin a sa naissance , le suit dans I'exil avec
son pere et son oucle , le montre faisant inalgre lui ses premieres
armes, saisissant neanmoins adroilement les circonstances favorables
a son ambition , et s'emparant avec ardeur du souverain pouvoir ,
aussitot apres la mort de Nour-eddin. La belle cpoque de la vie de
Saladin c'est celle des croisades ; il eut alors a hitter contre Phi-
lippe - Auguste et Richard Coeur-de-Lion. Nous ne pouvons nous
arr^ter, ni sur cette partie de la notice , ni sur ce qui regarde Fad-
ministration interieure. Nous avouerons cepeudant que M. Reinaud
nous senihle avoir porte un jugement severe sur ce prince, qui fut
prodigieusenient supL-rieur a tous les princes coutemporains , si Ton
, excepte le grand empereur FrcJeric Barberousse , et qui donna
souveut I'exemple d'une tolerance I icn rare a cette epoque. B. J.
846 IJVRES FRATN^CJAIS.
371. — * Meiiioires ct corresporidance de Dnplessis'lHornay , pour
scrvir ;i I'liistoire <3e la reformation ct des giierrcs civiles et reli-
gieuses en France , sous les regnes tie Charles IX , de Henri III , de
Henri IV ct de Louis XIII , depiiis Ian iSyi , jusqu'en ifia i. Edi-
tion complete, piibliee sur les manuscrits originaux , et prccodee des
niemoircs
produire dans notre langue , je doute rju'un censeur nicme ligide
put condaniner plus long-lems le genre auquel elles appartiennent.
Les ballades purement liistoi iques, que M. Loeve-Weimnrs a tra-
dulles , sont assez nonibreuses : il en est peu cependaul qui se rap-
portent a des batailles on a des faits d'une baute imjiortance. Ce
sont des episodes des guerres civiles de I'Ecosse , ou le rccit de
quelques-uns des petits combats que livraient les seigneurs du Nor-
thumberland et des provinces euvironnautes a leurs voisins des
fronlieres ecossaises : tets que la cliasse de Cheviot ( Chevj-chase)
oil perirent les comtes de Percy ct de Douglas , et ou furent tues un
grand nombre d'archers anglais et de lanciers ecossais. D'autres re-
imntent jiisqu'aux invasions des Saxons et des Danois. Ainsi, dans
Hengist et Mey , une jeuue vierge de la cour d'Arthur meurt en ap-
prenant que son frere , et son amant, I'un des chefs saxons, sont
tombes sous les coups I'un de I'autre ; dans la premiere ballade
d'Hardyknute, par lady Wardlaw, on raconte comment ce vaillant
chevalier vole au secours de son roi et repousse les Norvegiens qui
menacaient TEcosse. Dans la seconde ballade, ou se continue I'his-
toire de ce chef, John Piukektok chante la vengeance qu'il exerca
contre sir Mordac qui avail profile de son absence pour enlever
sa fille. Des enl^vemens et des vengeances du m6me genre, des duels,
des querelles entre des seigneurs feodaux , sont les sujets d'un tre?-
grand nombre de ces chants. Les premieres stances di yldani Gorpoiv
entr'autres donnent une idee des siecles d'anarchie et de desordres
qu'on appelle quelquefois le bon vienx terns : «Vers le terns de la saint-
Martin , lorsqu'un vent rijoureux soufflait dans la piaine, il arriva
qu'Adam de Gordon dit a ses gens : « Allons surprendre une for-
teresse. — Et^quelle forteresse surprendrons-nous , mes joyetix gens
et moi ? — Nous irons de ce pas au chateau de Towie et nous ver-
rons la belle ch.^telaine, etc. ». Robin Hood, ce hardi bracon-
nier que Walter Scott fait parailre dans sou roman d'lvanhoe, est
un des heros favoris des ballades anglaises ; sa bravoure, son amour
pour I'independance ct sa haine de I'oppression durent le rendre ce-
lebre , dans un terns oii le peuple , compose de Saxons, detesiait
ses maitres , et faisait cause commune, du moins par les senlimens ,
avec tous ceux qui reslstaient a I'autorite exercee par les Normands.
Nous trouv6ns dans ce recueil cinq morceaux , clioisis dans un vo-
86a LIVRES FRANCAIS,
volume entier de poesies consacr^'-es a Robin Hood. Sa naissance
fait le sujet d'tin sixi^me poeme oii I'ou trouve des descriptions rian-
tes et des det.iils doiit la naivete atteste roriglne ancienne. Les bri-
gands de la Haufe-Ecosse , dont Tautcur de Rob -Roy a decrit les
inoeurs , n'ont pas ete oublles iion plus par les poetes populaires :
lis ont celebre Gild- Roy, Donald - Caird et q^'ielques autres. En
ajoutant la ballade de Cunnior-Hall , par Micklr , dont le sujet
est aussL celui du Chateau de Kcnilworth , et une coniplainte de
Marie Stuart, du fameux Pi. Bukns , nous aurons passe en revue
a peu pres toutes les pieces comprises par M, Loeve-Weimars dans
la classe des ballades historiques et dont nous avons cliercbe a faire
connaitre le caractere. Dans son livre , cependant , elles ne forment
point une parlie scparee ; car il a cru avec raison devoir adopter
une autre division , celle des poemes ecrits en langue anglaise, et
de ceux ou Ton emploie le dialecle ecossais.
Nous ne pourrons consacrer «n aussi long exanien aux ballades
pretendues didactiques. Nous dirons seulement qu'on en trouve de
remarquables par le merite poetique , telles que le Depart du Marin,
par G\y ; Robin-Cray , de lady Mary Lindsay , qui a ete imite par
Florian, dans sa Nouvelle anglaise , et les poesies de II. Burns, parmi
lesquelles une des plus cel&bres est le fameux chant de Robert Bruce ,
qui est pour les Ecossais une csp^ce de Marseillaise. Enfln il y a des
niorcenux, tels que /e Chant des Grecs, par Campbeli.; le Chant des Noirs
stir Miingo-Parh , par P. M. James, que nous ne nous attendions pas
a trouver dans une collection de chants populaires anglais, maisque
nous avons lus avec plalslr. Nous termlnerons , en accordant a
M. Loeve-Weimars les eloges qu'il rocrite , pour le bon choix des
TOorceaux et pour la traduction , quelquefois un peu llbre , mais tou-
iours elegante , de ce recueil, qui non-seulement repandra la connais-
sance d'une partie interessante de la litterature anglaise , mais pourra
fournlr d'heureuses inspirations a nos poetes. Aug. Jullien.
383. — * La France en iSaS, ou mes regrets et mes esperances ;
Discoursen vers par iV.-y/. Jullten, de Paiis , membre de plusieurs
Academies et Societes savantes et litleraires,francaises et ^irang^res,
etc. Deiixiime edition, suivie de quelques autres Poesies delachecs du
memeauteur, ( au nombre de 5o.) avec ces deux epigraphes :
La raison trioinpliante «
D'une ligue eovicuse etouffera les rris. fl
Chenier, Ej)itre it Follaire. »
... Cos rliints ('•pars on j'ai laissi^ mnii Amp.
LITTERATURE. 863
Paris , 182J ; an Bureau central da l.i Revue Encj-clcpediquc , et clier.
A. -A. Renouard , rue de Tournon, n" 6. i vol. in-S" de i5a pages •
prix : 3 fr. fio cent.
Nous avons deja rendu compte du Discours en vers intitule: La
Franceen i8a3 ( Voy. Rev. Eric, t. XXVI, p. 241), et nous avons vu
avec plaisir plusieurs journaux applaudir comme nous aux nobles
sentimens qui ont inspire cetouvrage et aux vers souvent heureux qui
les expriment. Les Poesies detachees que M. JuUien public aujour-
d'liui, a la suite de cette seconde edition , composees durant uue pe-
riode qui embrasse toute la panic active de sa vie, depuis i7()4ius-
qu'a 1825, respirent les niemes sentimens, I'amourdela patrie et de
I'humanite, uni aux plus doures affections privees. Ces poesies re-
marquables par ie ton de verite qui y r^gne, revelent partout une
Ame aimante et philanthropique. On pourrait y dcsirer sans doute
plus de verve, plus de colorls poetique , plus de concision et de viva-
ciledans la facture du vers. Mais la justesse habituelle de la pensee,
la correction et souvent I'elegance du style .'•upplecnt a ce qui pent
leur manquer du cotedu metier. Le iecteur ainicra a jugerpar quel-
qnes citations de I'exactilude de nos"*" critiques et de nos cloges.
Voici une piece intitnlee, De la vie humaine :
Un vague souvenir
A nos yeux tlu passe fait revivre I'image.
La craiute et I'esperance ont stales en jiartage
L'Incertaiu AVENia.
Le PASsr, 1'avenir sont deux omhres legeres
Dorit riiomme en vain poursiiit les formes inensnugeres.
Le TRESENT seul existe, lielas! comme uu eclair
Qui Ijrille et disparatt dans les plaines del'alr,
Aiusi, le souvenir, ]zi craiiite, Vesperancs,
Un eclair, 6 mortels, voila notre existence!
G^iies par le defaut d'espace, nous nous bornerons a citer encore le
fragment suivant d'un liymne n la Providence, compose en iSta,
pour les eleves d'une ecole elementaire, dans I'lnstitut dePestalozzI,
TJN JETINE ELEVE, au nom de ses camarades :
Qn'il est puissant, ce Dion qui gouverue les mondes.
Qui regie les saisons, qui regne snr les ondes.
Qui tour a tour apaise et souleve les mers.
Qui di» au fier lion ; Sois le rol dcs deserts;
Qui dit a Taiglc altier aux ailes ttcadues :
Sois rival du soleil et plane sur les nues;
Qui protege a la fois les pins faibles rnscain ,
8S4 LI V RES FRANCAIS.
Les iasectes rampnns, les liiimbles arbrisseaux;
Qui ne dedaigne pas la moiuJre creature,
Et prodigue ses soins a toute la nature.
I.K CHOiiUR DF.S JEUNES ELEVES.
ElevoDS jusqu'a lui nos cocurs reconualssans.
O pere dcs bumains, nous sommes tcs enfans.
TJJf JEUNE ENFANT conlinue :
Nous vonlons meriter tes bimtes paternelles.
Pais briller a nos yeux ces clartes iniinortellcs
Qu'adraircut tes elus au ctlestc sejour.
Ta loi, Dit'u bieufaisaut, est uue loi d'amour.
Fais que tons les mortels s'aimeut comme dcsfreres;
Qu'a I'euvi Tun de I'autre , au scin do leurs miseres.
Par d'utiles sccours, par dcs soius gcnereux,
lis metteut leur boubeur a faire des liciireux.
Qii'ils imitent ainsi tcs sublimes exemples;
Qu'a toutes les Tortus ils consacrciit dcs temples;
Et que , par des bienfalts Iiouor.mt ta bonte,
lis offreut des cocurs purs a la divinite.
Nous regrettons de ne pouvoirrien detacher d'une piece inlitulee:
La promenade soli:aire aitx environs de Grenoble etsiir les bords de I'lsere
en i8i4) q'"^" se termine par ce beau versde sentiment :
J'ai besoin d'etre beureux du bcnlieur de la France!
Cette piec'-', celle qui a pour titre Les Feinmes etles Flenrs ( inseree
dans la Revue Encyclopedique , t. X, p. 35), I'elegie inlitulee : Les
Jiei'es deina-vie, ou Hies Souvenirs, etquclques autresqii'il seraittrop
long d'enumerer, sont rem.nrqual)!es par la grace, par li sensibilite,
par une douce melancolie; elles obtiendront le suffrage des lecteurs,
sous le double rapport moral et litteraire. Ch**.
384- — * Epitrcs , par M. Alphonse LAMARxiifE ; Paris, iSaS ;
Urbain Canel ; broch. in-8°. Prix : 2 fr.
Ces nouvelles poesies de M. Lamarline offrent, comme la plupart
decelles qu'il a deja publiees , de rares beautes, maisaussi des taches
nonibreuses que la critique ne peut attribuer qu'a une negligence
presque volontaire. Dans la premiere de ces pieces , adressee ti M. Victor
Hugo , sous le titre modeste A^ Epitre fainiliere , I'auteur des Medita-
tions semble avoir voulu nous rendre le genre aimable et facile de
Gresset. Cet essai ne me parait pas lui avoir rcussi. — Je me hate de
parler de la seconde epitre ; le poete s'y releve noblement ; les amis
de la vraie poesie admireront de beaux vers , dont les idees sont
LITTERATURE. 865
claires et pr(*cises , irs images brillantcs , et I'expression pFesque
toujours pure. Ceux-ci, par exemple , obfiendront , je crois , lous
les suffrages :
Qu'il est beau de vo'.er dans la noble carrlere
Siir In trace de nos soldals;
De siispendre sa lyre au brouze des combats,
Et, dans des tonrbillons de flamme et de poussiere,
D'exciter leur vertu guerriere,
Ou de clinnter la gloire en face du trepas!
La Muse aime a plauer sur les cliamps du carnage,
A fouler sMiis ses pleds des lanibeaux d etcudards,
Les membres des Iioros sur la poussiirc epars,
Et les troncons lirises des g'aives que leur rage
Senjble encor defier de ses derniers regards.
Quel accnmpagnement sublime
Pour les chants inspires du barde andacieux.
Que le bruit du canon roulaut de cime en eime,
Ou le cri du coursier que la trompctte anime,
Ou le fracas du pout qni gronde et qui s'abime
Sous la bnmbe toinbant des cieux.
Quant a la troisi^nie epitre , qui est celle que I'aiiteur atlrefsa a
M. C. Delavigne , apres le beau succes de VEcole des Tjiei/lards , les
eloges qu'elle a rccus , des sa premiere apparition , sufflsr.it pour la
recommander a I'attention de tons les lecteurs. B.
385. — * Lort oubliez les terapetes,
Aux nobles fils des Grecs faites la c/iarite;
Donnez-leur uu pen d'or pour acLeter des arn^es,
Et secuurez euCu dans leurs longues alarmes
Les martyrs de la Croix et de la Liberie!
Cette piece de vers est termlnee par un envoi a M. Villemain qui
avait prle I'auteur de queler pour les Grecs :
Vous le voulez : qui pent resister a sa voix,
Lorsquc I'eloquence commaiide?
I'our ceux que votre esprit eit charmes autrefois ,
Pour ces Grecs malheureux voila mon bumble offrande.
La fortune en fuyant m'a ravi ses tresors ,
Et ma ricbesse est dans ma lyre;
Je n'ai, pour seconder vos genereux efforts,
Que les bienfaits de ceux qui daigueront me lire.
386. — * Haiti, chant lyrique , par M. Chauvet. Paris , septembre
i8a5. Id-8^ de i5 pages. Delaforest, iibraire , rue des Filles-Saint-
Thomas , n° y. Prix i fr. aS c.
« L'emancipution de Saint-Domingue , dit I'auteur dans un avant-
propos oil respireut les sentimens d'un philanthrope eclaire et d'un
excellent citoyen , est I'un des plus grands ^venemens qui aient eu
lieu sur la scene du monde... Get acle , qui honore notre si^cle, est
comme le premier lien social eatre deux races d'hommes dont I'une
a trop long-tems opprime I'autre. II admet la race noire a prendre
place parmi les nations civilisees. ■>
II appartenait surtout a M. Chauvet, qui a remporte le prix de
poesie decerne en iSaS par TAcadeniie francaise au meilleur poeme
sur I'aboUtion de la traite des IVoirs (voy. Hev. Enc. t.xix, p. 496 et 699),
a 6tre le premier a celebrer aujourd'hui I'iudependance de la nation
ha'itienne , solennelleinent reconnue par le gouveruement fran9ais.
Ce jeuue poete lone avec energie , avec franchise, avec dignite,
I'auteur de cet acte memorable , « qui prepare Tadoucissement et
par suite I'abolition graduelle et paisible de I'esclavage daus les co-
lonies ; abolition qui , bien que conlraire a quelques inter^ts (tr^s-
LITTERATURE. 867
tnaleutendus), ou plutut aquelques prejugesactuels, ue dolt pas moias
iStre I'objet des vocuxde tousles amis deshommes, de tousles veritables
Chretiens... Cetactefacllite la civilisation future de I'Afrique (-vo/.ci-
dessus p. 574)". qui, pour prendre un essor rapide, n'a besoin que de
deuxauxiliaires,la propagation du cliristianisme (dont beaucoup de
societesphilanfhropiquesetreligieuses s'occupent avec activite en An-
gleterre et dans presque toutes les contrees de I'Europe), et I'lntroduc-
tion d'uneecriture applicable aux langues vulgaires du pays, I'arabe
etant aujourd'hui en Afriqiie la seule langue ecrite , comme le latia -
I'etait en Europe, dans le moyen age. (Telle etait aussi la pensee et
tel fut le dernier vceu de I'academicien philosophe Voiney qui a
fonde, en niourant , un prix pour encourager des recherches et
des travaux diriges vers ce but.)
« Eufin , cet acte, premier traite commercial entre la France et
i'Amerique meridionale , bite le moment ou I'Europe entiere, en
affranchissant cette partie du moude, ouvrira aux peuples des deux
contiuens une source iuepuisable de richesses ; oii le syslfeme colo-
nial , dernier debris du pretendu droit de conqudte, fera place a un
ordre de clioses fonde sur le respect des veritables droits , sur Tin-
dustrie, sur I'echange et sur la bienveillance mutuelle des nations.
Malheur a ceux qui restent froids , a I'approche de ces jours pai-
sibles et prosperes !...
M. Chauvet , qui nousrevele ainsi les inspiratio»js genereuses sous
I'influence desquelles il ecrit , se montre le digue interprfete de la
reconnaissance publique.
... De TAfrique, Haitien , tu recus la naissance;
Mais tes lois, nials tes arts, tu les dois a la France.
Qui des deux obtiendra ton filial amour?
Ah! crois-moi, des mortels instruire I'lgnorance,
C'est plus que leur donner le jour.
Et plus loin :
Les peuples ont cesse de se porter ombrage;
Cliacun deux , plus juste et plus sage.
Place enCu son bouLieur dans le bouheur de tons.
Nous terminerons nos citations , que nous aimerions a prolonger,
par ces beaux vers :
... Oui : des fureurs d'au peupie ou stupide, ou pervers,
Le despotisme seul doit compte a I'univers;
C'est pea que d'opprimer, il corrompt ses victixaes.
86i8 LIVRES FRATNCAIS.
Les Climes de I'esclave icliappe dc s^ fcr«
Du tyrau sout encor les crimes.
J.
387. — Discoiirs en vers , prononce a la distribution des prix de
rinstituiion de madame Le DucHoussf.t , le 23 aout iSiS ; par
M. Levi , professeur. Paris , iSaS ; J. Tastu.
Cette legeie production offre des idees et des images qui ont du
plaire a Tauditoire devant lequel I'auteiir I'a recilee. La poesie de
M. Levi ne manque ni d'elegance, ni de grAce ; niais peut-etre les
quatre vers que je vais oiler , si je ne me trompe pas sur leur v^iilahle
sens, n'obtiendiont-iis point le suffrage de tous les lecteurs. A pro
pos de la modeslie de ses jeunes eleves, le professeur s'ecrie ;
Vous ne la verrez pas, Coriune saus pudeur,
Traluer nu Parthenou uu people adulateur,
Et du long avenir liataut I'arrct supriinc,
De rimmortel laurier se cournnner soi-meme.
Voici quelques vers plus heureux :
Ici tout est bonheur, car tout est iunoceuce :
Voye?. I'oil inquiet de la no'ive eufatire
Sur res livres pompenx avidement fixe!
Que son uom triompliaut soiidaiu soil prononce;
D'uu eclat vif et pur s'auime sa paupiere,
Et son premier regard s'est tourue vers sa mere.
B.
388. — Les coups de bee et les cnups de patte , liistoire abregee , ra-
pide et legere du people oruitliien , traduite d'uu manu.^crit tombe
de la lune. Paris , i8a5 ; Bechet aine. 2 vol. in-la , 38o j). ; prix 5 fr.
Get ouvrage n'exige guere plus de deux beures de lecture. C'est
une allegorie vive et ingenieuse oil, sous uiie gaze transparetitc , on
trouvera le tableau de nos revolutions et de nos dissensions politiques,
depuis 1789, jusqueset y compris les premiers moisde i8?..5 :
Sous les traits aninu's de differens oiscaux,
L'auteur nous a depcints avec tous uos dcfauts.
Nous eu avons souri. Son docte badinage
Deguise finement noms , litres et langage;
Et de ralliision le miroir indiseret
De uotre liistoire expose un fidele portrait.
Cette histoire se compose de quatorze cbapitres, qui sont conime
autant de chants d'une piquante epopee. Cliaque chant commence ,
LlTTtRATURE. 869
de m^ine que ceiix de TArioste, par des reflexions morales et politi-
ques fort bien adaptees au sujet. L'auteur a garde ranonyine : quel
qu'il soit, il ne manquera point de lecteurs. Lanjuinais.
389. — Jeanne la folle , reine d'Espa^ne , roman historique par
M. SiMoNNiN. Paris , iSaS ; Librairie de Guerin , passage du Caire ,
grande galerie, 11° 66. 3 vol. in-12 ensemble 756 p.
L'auteur a fort bien remarque, dans sa preface, que, dans le
vasle champ de I'histoire , on ne tro live pas plus de romeins tout fails
que de tragedies toutes faites : il aurait dii ajouter que I'histoire fournit
un grand noinbre d'actions tragiques , qui , mises en oeuvre par un
poiite habile , donneront naissance a d'excellenles tragedies , tandis
qu'il est douteux que toutes les histoires reunies puisseiit fournir le
sujet d'un seul bon roman. Cetle remarque I'aurait conduit saus
doute a ne pas fiiire reposer toute sou intrigue sur un personnageque
I'histoire ne lui permet pas de f.tire aglr, comme il le voudrait , et
a lui preferer ces elres ubscurs qu'ilfist maitre de conduire oil il veut ,
sans crnindre un dementi de la severe histoire. — Independamment
de ce defaiit , le sujet de Jeanne la folle en avail encore un autre;
Quelle liaison petit unir les reves d'un insense .■' Quelle influence
peuveiit ils avoir sur ce qui se passe au-dehors ? Ces deux questions
ne prouvent -elles pas evidemment que I'histoire de Jeanne doit
toujours ^tre decousue , et , d'un autre cote, que cette folic dont on
a voulu faire le lien du drauie tout entier, le laissera toujours en
dehors et ne s'y rapportera nullement ? F,n effet , m.ilgre les efforts
de l'auteur pour ratt.icher a I'egarement de son heroine tous les per-
sonnagcs qu'il fait paraitie, il est impossible de reconnaitre dans
leurs actions la moindre suite. Ferdinand et Isabelle regnent dabord
eu Castille ; puis , Jeanne et I'Archiduc ; puis , Charles-Quint , dont
le gouvernement comprend la captivite de Francois I'^''. Eh bien !
dans ce long intervalle , fetond sans doute en grandes actions, et
dont I'histoire est si riche et si animee , l'auteur n'a su trouver place
que pour la peinture de quelques froidcs extravagances de I'infor-
tunee princesse.
II faut I'avouer, le malheureux choix du sujet, et les immenses
difficultes que presentait son execution , concue comme nous venons
de le dire , a empeche l'auteur d'y repandre Tiuter^t qu'on exige dans
un roman ; el par suite , le style a manque oil manqnait Taction , et
l'auteur s'est mal a propos etendu , pour remplir trois volumes d'un
sujet qui ne jjouvait donner naissance qu'a une Nouvelle. B. J.
3go. — * Jonathan le Fisionnaire , contes philosophiques et mo-
»70 LIVRES FRANCAIS.
ranx, publics par X. - B. SAHfxrwE. Paris, iSaS; Baudouin fr^res.
a Tol in-ia , ensemble 674 pages; prix 7 fr.
Jonatban est nn personnagc mysterieiix , qui , soit qu'il ait reelle-
nient vecu depuls les tems les plus recules JHsqu'.i nos jours, soit
qu'apres avoir prodigicusement lu et prorligieuscment appris, il se
»oit persuade avoir assiste couime temoinou comme actcur a toutes
les actions qu'il serappelle, est dou6 d'une memoire asse/. beureuse
pour savoir toutes les langnes et tontes les bistoires , d^une sagesse
nssez prevoyanfe pour calculer et annoncer I'avenir, et en meme
tems d'un gout assez singulier pour n'estimer, apres avoir approfondi
toutes les sciences, que I'astrologie et ralcbimie. Cet liomme qu'un
des compagnons de voyage de Tauteur appelle assez plaisamment le
frere aini dii jiiif errant , peut an gre du lecteur , offrir un 6tre fictif
ou un personnage reel. II dit lui-memc qu'il etait , sous Louis XV,
M. de Saint-Germain , surlequelon peut consulter la correspondance
de Grimm et parmi des ouvrages plus recens , les Memoires de M"" de
Cenlis. — Quel qu'il en soit, M. Saintine gagne Ga confiance , en lui
montrant une grande deference , et le visionnaire Jonalban, aujour-
d'hui Gernonval ; il y a un si^cle , Saint-Germain ; jadis , I'un des be-
ros de la bataille de Marlgnan, et anterieurement encore, le com-
pagnon d'armes d'Epaminondas, I'babitant successif de toutes les
parties des deux bemisp!ieres,lui laisse enfin nn mannscrit que public
M. Saintine, sans garantir toutefois la verit6 des faifs dont Jonatban
assure avoir ete le tcmoin tres-souvent actif.
Ces contes tendent presque toujours a la demonstration d'une ve-
rite morale : dans le Jeune Eoynrd cest la differente vaieur du tems ,
selon qu'on I'emploie ou qu'on le dissipe; dans la Mesalliance , c'est
le ridicule crgueil des bommes fiers de leurs litres ; dans les Bienfai-
teiirs , regoi'smede ces gens qui ne fontdu bien que pour enx-m(?mes ;
dans le Pechenr d'Ormus , la folie de ceux qui ne sont jamais confens
de leur sort ; dansl'ErmiVe dn Lac Majeur, les seductions du pouvoir
et des honneurs.
Tons ces contes sont surtout remarquables par le style : les uns se
distinguent par I'elevation, comme le Poele tie I'liellenie ;\ee de Bradi retrace
les horreurs d'une invasion, celles d'un champ de bataille, ou la
perversite d'un roi coriompu. Malheureusen'ent, tout cela n'a riea
de comniun avec Colo/ma; et voila conime on donne matiere a la
critique. Une anecdote tres-origlnale suit I'histoire de Colonna ; elle
aurait pu (5tre intitulee: Examen philosophique et satirique d'une
lecou dc medeciue. M'ne de Bradi qui assure qu'un auteur bonne per-
sontte ii'est point un ciete philanthropique de
Paris, pour I'annee 1824. Paris, iSjS; chez M. Baron , tresorier
de la Societc , rue des Petits-Augustius , n° 20. i vol. in-S" de viii
et 244 pages ; prix i franc 5o cent. Se vend au profit de I'etablis-
sement.
La Societe rassemble , dans I'ouvrage qu'elle public annueliement
sous le litre que nous venous de transcrire , tons les renseignemens
possibles s«r ses travaux. Ou trouve d'abord trois listes , savoir :
celle des niembres qui coinposent le conseil d'administration , pen-
dant I'annee 1825 ; celle des meinbres qui coniposent la commission
des dispensaires , et celle des menibres de la commission des Socie-
tes de prevoyance. Viennent ensu'te trois rapports : I'un de M. De-
i-EDZE , sur les travaux de la Sucicte pendant I'annee 1824; laufre
de MM. S.vLVERTE et Bastok , commissaires nommes pour verifier
les comptes de M. le tresorier; le troisieme de M. Royer, medecin,
sur la pratique medicale et le mouvement des dispensaires. Une
notice njjcrologique de M. Everat, sur MM. Boulard et Leroy ,
et un discours de M. Constant, delegue de la Societe de soulagemeiit
reciproqiie , au noni des Societes de prevoyance , terminent la pnrtie
des rapports.
La partie des comptes n'admettait guere que des tableaux que
tons les philanthropes liront avec interet , mais dent nous extraiions
seulement les recapitulations suivantes des reccttes et des depenses.
T. .wvii. — Septembre xii^. 56
882 LIVRES FRANCAIS.
Recettes de I'annce 1824.
fr. e
1. Souscriptions et dons ()6,45i 5o
2. Vente de 8, too bons de soupe, de rapports
et ^annuaires aAq 5q
3. Vente de 43,223 soupes 2,116 i5
4. Legs et recettes diverses 600
5. Inter^ts des fonds places, et encaissement de
recoiiuaissances et de boiis royaux 207,504
Total 277,052 i5
D^pcnses de I'annee 1824.
fr. c
X. D^penses des etablisseniens de soupes. . . . 7,979 18
2. Achats de denrees 6,433
3. Depenses des six dispensaires 58,oi5 83
/|. Somme payee a une Societe de prevoyance. . i5o
5. Depenses diverses 8,818 80
6. Placemens en bons du tresor roj'al 206,100
Total. . . . 287,496 sT"
Bien qu'il y ait ici un excedent de depenses sur les recettes, la
solde de I'annee 1823, des reconnaissances de liquidation, et un
bon sur le tresor royal portent les ressources actuelles de la Societ6
a la somme de 66,469 fr. 08 c.
Sans nous arr^ter plus long - terns sur la Societe philanthropique ,
dont les travaux et les bienfaits sont deja connus , nous rappellerons
seulement que cette Societe a distribue , depuis I'au viii (1800),
i6,65o,997 soupes. EUe a , depuis I'an xi (i8o3) , enregistre 37,345
malades , sur lesquels 28,334 ont ^te gueris , 1,271 sont morts , et
les 7,840 autres sont sortis par diverses causes. EUe a fait de plus
vacciner, dans le meme temps , 2,385 enfans. Ces simples resumes
eu chiffres nous paraissent devoir faire mieux connaitre que les
plus longs discours I'heureuse influence de la Societe philanthropi-
que sur le sort de la classe ouvriore. Les amis de I'humanite verront
aussi avec plaisir, a la fin du volume que nous annoncons , la liste
des SocieCes de bienfaisa.nce et de secoiirs inuUieh , qui existent a Paris,
et dont le nombre ue s'el6ve pas a moins de cent quatre-vingt-trois.
lis y trouveront une nouvelle preuve des progres que fait en France
I'esprit d'association et de ses heureux resultats. B. J.
OUTRAGES PERIODIQUES. 883
Outrages pcriodiqiies.
399. — * Journal dc la Socicte des sciences , ogriciilntre et arts du de-
partement dii Das-Rhin , seante a Strasbourg. Strasbourg, iSaS ; im-
primerie de Levrault , rue des Juifs , n" 33. — II parait thaque
onuee , quatre cahiers de ce journal, chacun de 6 a 8 feuilles. — On
s'aboiine a Paris chez Levrault , rue de la Harpe , n» 81. Prix de
rabonuemeHt 10 fr. pour I'annee. — M. Fodebij est le Directeur de
la redaction du journal. La Societe a arreteque raboiinement tiendrait
lieu de la retribution annuelle que paient les inembres residans, et
que les correspondans seraient aussi invites a favoriser cetle publi-
cation periodique.
La societe de Strasbourg, au lieu de faire imprimerdes inemoires
annuels , contenant les comptes rendus de ses travaux , a prefere la
publication periodique et reguliere d'un Journal , qui exige une plus
grande acllvite de la part de ses membres et qui reveille plus souvent
I'atiention du public. Elle ne fait pas attendre plus de trois mois la
communication de ses reclierches , et de ce qu'elle ajoute aux con-
naissances acquises ; jusqu'a ])resent , cbacune de ses publications a
fait augurer de mleux en mieux du succes et de la duree de ce recueil.
Elle exploite un champ bieii fertile : la litterature alsacienne, I'his-
toire , les monumens , la statistique , les arts , I'histoire naturelle de
cette partie si interessante de notre belle France. Outre ces proprietes
scientifiques auxquelles les savans alsaciens ont des droits incontes-
tables , I'immensite des sciences , des arts , de la nature , s'ouvre
devant eux, et ils ne mauquent point de guides pour la parcourir en
surete et avec fruit : on sait combien de ressources pour Tinstruction
sent reunies dans la ville de Strasbourg. Une notice sur la litterature
alsacienne des derniers mois de 1824 eC des premiers mois de iSaS , in-
seree dans le i''"' numero de cette aunee , contient I'analyse de quatre
ouvrages sur I'AIsace : M. Strobel en a public une topographie
abregee ; M. Fakges-Mericourt s'est borne a la topographie de Stras-
bourg ; M. AuFscHLAGER donnera sucoessivement , en 3 volumes
une Description hislorique et topographique des deux departeinens du Rliin,
dont le premier volume a deja paru ; I'impatience du public a ete
salisl'aile pour quelque tems par les deux premieres livraisons des
antiquites de I'AIsace , on chateaux , eglises et atitres monumens des
departemens des Hautet Bas-Rhin, par MM. de Goi-BERy et Schweig-
HJEUSEK, et cette impalience n'en deviendra que plus vive, jusqu'a
ce que I'ouvrage soit complet. M. de Kentzingeh , niaire de Stras-
bourg, contribue aussi , par de savanles recherches, a repandre ia
lumiire surquclques parties encore obscures de Thistoirede I'AIsace.
384 LIVRES FRANCAIS.
Les observations meteorologiques faites a Strasbourg , en 1824, sent
le sujet d'uii niemoirc inscredans ce journal. On y trouve aussi uii
cas lie incdecine legale qui donnera lieu a de tiistes reflexions. Un
mari , accuse d'avoir erapoisonne sa femme , est declare coupable
par uue niajorite de 7 contre 5 dans le jury, et de 4 coiitre i dans
les juges. De quelque mani^re que Ton combine ccs deux resultats
de la deliberation, on n'y trouve point le degre de probabilile qui
seul peut, suivant M. Delaplace, autoriser une condamnation capi-
tale.Et c'est ainsi que levice des lois criininelles se nianifcste chaque
annee , dans tous les tribunaux , sans que I'on puisse entrevoir le
tenis oil I'innocence obliendra de plus siues garanties. Nous ne
Savons a quelle epoque rapporter le menioire de M. Ordikaire ue
LA CoLONGE sur Ics differcns moyens de plantation et de rejiroduc-
tion de la pomnie de terre : couime tout ce que Ton y trouve etait
connu depuis long-tenis, on peut croire que I'auteur I'avait deja public
dans d'autres recueils , ou quele uieme sujet a ete traite par d'autres
agronomes queM. de la Colonge n'a pu consulter. On doit au meme
auteur un iMcmoire sur Vechenillage , publie vers le commencement
du siecle , et qui est reproduit dans ce journal , a cause de I'impor-
tance des conseils qu'il donne et de rinstruction que les cultivateurs
peuvent y puiser. — Malgre ce qu'on lit ici en faveur des paragre/es ,
et sans rien prejuger contre cenouveaii preservatif meteorologique ,
ies pliysiciens ne se presseronl pas d'approuver , ni les cultivateurs
d'adop' 'r ; les uns et les autres atlendront de nouvelles epreuves con-
Cees a des observateurs habiles et attentifs.
Le jnurnal de la Societe de Strasbourg est du nombre de ceux qui
rourrironl des materiaux a notre Revue. Nous serons surs d'y trouver
des fails varies et iuteressans , des discussions judicieuses , des re-
oJierches dont Terudition ne fait pas tout le mcrite , ou , tout en re-
cneiUant les pensees d'autrui , Tesprit de I'eci ivaiii ne denieui e pas
inactif, et produit aussi ses pensees. La publication des journaux ,
semblables a cclui-ci , rend notre taclie plus facile et nous permet
d'atteindre plus facilement notre but , de ne rien publier qui ne soit
digne d'attentioa, de ne rien oaiettre de ce qui merite d'etre connu.
F.
Livres en langues ctrangeres publics en France.
400. — Daniel oder dcr Strasburger, etc.' — Daniel, ou le Stras-
bourgeois , comedie en deux actes , avec chants, 6crite en parlie
dans le dialecte alsacien ; par Ernf. Stoebeu. Dcu.rieme edition.
Strasbourg , iSaS ; impr. de Scliuler. i vol. in-S".
IV. NOUVELLES SCIEN J IFIQUES
ET LITTERAIRES.
AMERIQUE.
Population des prlncipaiix etats des deux Amcriques si;: tenttionale
et meridionale. — Aux renseignemens extrails du savant oiivrage de
M. de HuMBOLnx , sur la population du Noiiveau-lMonde , sur les
cultes et les langues (voy. Rev. Enc, t. xxvii , p. 5 14) nous croyons
devoir .njouter les details suivans , tires en partie du nnjme ouvrage,
et sur I'exactitude desquels on pent compter :
Pays. Llettes carries. Population. Observations.
1. Etats-Uiiis i74)3oo 10,220,000
2. IMexique 75,S3o 6,800,000
3. Guatimala 1(1,740 i,fioo,ooo
4- Colombie 91,952 2,785,000
5. Perou 4ii42o 1,400,000
6. Chili 14,240 1,100,000
7. Buenos-Aires .... 126,770 2,200,000
8. Le Paraguay .... 3oo,ooo
9. Bresil 256,990 4,000,000 dont 2,000,000 escl.
10. Republique d'Haiti . 5,846 935,335
11. Cuba . 700,000 — 256,000 »
12. Jainaiquii 402,800 — 342,000 >•
i3. Porto-Rico 225,000 — 25,000 »
14. Guadeloupe et depciidances 120,000 — 100,000 »
i5. Martinique 99)0OO — 78,000 >■
AMERIQUE SEPTENTRIONALE.
Et \TS-Ujris. — New- Jersey. — Economie nirale. — Moiitons du
Caraman , dans i'Asie mineiire. — Le capitaine Gerry , arrivant de
Sniyrne , il y a quelque tems , a amcne un belier , natif de Casaman,
dans I'Asie miueure , et qui avait ete piis a bord d'un vaisseau ttirc,
faisant voile pour Constantinople. L'aniiral grec Tonibaro , qui I'of-
frit au capitaine Gerry , I'assura que ce belier etait vrainicnt origi-
naire du Caraman , et que c'etait une acquisition precieuse pour
886 AMifeRIQUE SEPTENTRIONALE.
ameliorer les races aux Etats-Uiiis. La valeur de ces animaux , an
marchedeConstantinople, est de 200 a 2S0 dollars, leur laine est par-
ticuliferement destince a la manufacture de camelots , et leur chair
est estim^e et delicate. Cot animal a la queue large, et la couleur na-
turelle de sa laiiie est un brun fonc6 ou couleur de tal)ac. Sa toison
pi'se environ aS livres ; elle est extrdmement garnie et touchepresque
a terre. Le corps parait tres-robuste ; sa grandeur surpasse celle de
toutes les especes qui sont dans notre pays. La tdte est belle , les
yeux vifs et penetrans , et les oreilles degarnies de polls; les cornes
Lieu placees sont de grandeur moyenne. Ce precieux animal est
maintenant a New-Jersey. (^American-Baltimore.)
Invention utile. — Un M Harris a invente dernierement une ma-
chine pour arracher de la terre les souches des arbres. C'est une mt'Ca-
nique tr^s-ingenieuse dont on peut augmenter ou diminuer la force a
Tolonte. Elle arrache avec facilite les plus larges souches , et deux
boeufs suffisent pour la transporter d'un endroit a une autre. Elle
est, au reste , d'une construction fort simple, et ou peut la faire
TDOuvoIr ii force de bras , ou par des chevaux. Cette machine coute
environ aS dollars ( ii5 francs).
NoovelleHarmoniE. — Societe cooperative. — Le journal de Charles-
town , du g juin, conticnt unelettre d'un g-ew^/e/naH arrive depuis pcu
dans I'etahlissement fonde par M. Owen , sous le nom de New-Har-
mony , pres la riviere Wabash. » Je n'essaierai pas de vous donner
le tableau de notre situation ; il me suffira de vous dire que tout est
pour moi etonnement et merveille. II n'y a pas encore deux mois
que les derniers Uarmoniens quittferent ce lieu , et il est deja si peuple
que nous ne savons presque plus oij placer ceux qui nous anivent.
Cent nouveaux colons sont encore en route , et nous reconstruisons,
pour les recevoir, les cabanes que les anciens Harmoniens avaient
abandonnees. Les ecoles sont en partie organisees ; des pensions sont
etablies ; nous avons des serruriers , des charpentiers , des tour-
neurs , etc. ; des ouvriers employes aux constructions ou aux manu-
factures , et I'agriculture est dans un etat si avance qu'il semblerait
que nous somtnes ici depuis un an. Et tant de choses ont ete ope-
rees par unseulhomme, qui, attirant des colons de plusieurs points
eloignes, a su les reuuir, malgre leurs differences de caracteres , de
moeurs , d'liabitudes , et en a fait un peuple de freres. ■■ D.
HAITI.
Constif.iticn , g'mveincnient , caracterc nationnl , instruction publiijue ,
AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 887
c(at moral , social et religietix. — • Pour completer les renseignemens
relatifs a la republique d'Haiti , qui sont r^unis dans la Notice pla-
cee au commencement de ce cahier {voj. ci-dessus p. 647) , nous
ajouterons ici quelques details sur rorganisation politique du pays
et sur ie caractere des habitans. « 'L.e president est elu par le senat ;
sesfonctions sont a vie; il a un revenu de 40,000 gourdes (200,000 fr.).
II a le droit de designer son successeur, dans une lettre close adres-
see au senat, qui reste pourtant libre dans son cboix ; il peut mcme
mettre le president en accusation. Le president exerce le pouvoir
executif ; il est la source des honneurs, et nomme a tous les emplois.
— Le pouvoir legislatif est partage entre le senat et la chambre des
deputes. Cette chambre se compose d'un depute par chaque commune,
et de deux pour les villes capitales : ils doivent etre proprietaires et
avoir vingt-trois ans accomplis ; ils sont elus pour cinq ans. Les
electeurs qui vendent leur voix, sont exchis de droit de tous les em-
plois dtt gouvernement. La chambre des deputes s'assemble le
I'l^avrilde chaque annee, au Port-au-Prince; ses seances durent
trois mois. Le senat se compose de vingt-quatre membres qui sont
elus pour neuf ans par la chambre des deputes, sur une triple Jiste
(quine doit contenir le nom d'aucun depute) presentee par le pre-
sident. Pour etre senateur , il faut eire ag6 de trente ans , et aucun
ne peut^tre reelu qu'apr^s trois ans. Le senat est specialement charge
de tout ce qui concerne Tadministratiou ; il est permanent ; chaque
senatenr jouit d'une pension de 1,600 gourdes (8,000 fr. ).
n Les lois se rapprochent beaucoup de celles de France ; le Code
civil francais leur sert de base , ainsi que le Code de procedure, qui
est en usage devant les tribunaux. II y a une cour de cassation , une
cour d'appel et des tribunaux de premiere instance , ainsi que des
juges de paix.
« Les classes influentes des habitans du Cap-Haiti et dn Port-au-
Prince , qui sont les places les plus considerables de commerce de
rile, rivalisent entre elles pour donner une bonne opinion de leur
caractere aux etrangers , par leur affabillte, leur franchise et leur
politesse. Les etrangers sont recus avec les plus grands egards ; ils
sont sous la protection immediate du gouvernement, et les habitans
s'empressent d'observer envers eux tous les (devoirs de I'liosijitalite.
« Tout contribne a y accelerer les progres des connaissances et de la
civilisation : par les efforts louables du gouvernement , I'instruction
se repand partotit ; il a forme des ctublisseinens oi'i Ton enseigne les
j)remiers cleiueiis des sciences. 11 y a quatie graudes ecolcs nalin-
Sm AMERIQUE SEPTENTRIONALE.
nales dans chacune des villes du Cap-IIenri , du Port-la -Paix , de
Sans-Soiici et des Goiiaives. Le Port-au-Prince poss^de un lycee , et
il y a dans chaque paroisse un instituteur entretenu par Ic goiiverne-
ment, independamniejit de plusieurs institutions particulii-res. On
suit la metliode de Lancaster, ou de renseignement mutuel. On y
enseigne goneralcment les langnes francaise et latine , et les niathe-
matiques. II y a une universite fondee ])ar le ci-devaut roi Henri ,
pour I'etude des hautes sciences , et une ecole de cliirnrgie avec des
maitres francais. On y a aussi introduit la vaccination. Le nn^me
Henw avait fondd une academic de musique et de peinture, et avait
fait bitir un theatre ; on el^ve aujourd'hui de tous cotes des edifices
qui attestent la prosperite naissante qu3 cette republique doit a la
sage administration du gouvernement.
recut a Jekhe I'ambassade de lord Macarthney, et qui fut
uesigne , en i8i6,pour recevoir lord Amherst. Le general Agouy,
petit-fils du ministre, est , apres lui, le jireniier personnage. Main-
tenant, il n'y a plus a la cour de personnes aussi puissantes que
sous le r^gne de Tsia-Zsing. La langue manjoure est presque tombee
en oubli. La discipline milltaire s'affaiblit.
» La mission rtisse jouit de la bienveillance du gouvernement chi-
nois , et d'une tranquillite parfaite. Elle est composee de huit indi-
yidus, y compris rarchimandrite. Lemonastere de TAssomption s'est
accru de plusieurs maisons dont la mission a fait I'acquisition ; et
rarchimandrite se propose d'y elever encore una chapelle , pour y
placer d'anciennes images. II se loue beaucoup du zele dont le com-
merce deKiakhta, etparticuli^rement M. le directeur Galiakhousky ,
ont fait preuve pour I'ornement des saints temples de Pekin.
» On se propose d'employer dorenavant la langue chinoise pour la
celebration du culte divin ; et I'lileromonaque Daniel s'occupe de tra-
duire dans cette langue les principes de la foi chretienne ; les etu-
dians de la mission font des progres dans I'etude des langues chinoise
et manjoure. Cinquante fables d'Esope -viennent d'etre traduites en
chinois.
» II ne reste plus a Pekin que trois missionnaires portugais , I'e-
veque Pie et les peres Ribeira etHaon. Leur congregation se compose
de moines chinois; quoique Ton tol^re la religion calholique en
Chine, il n'est cependant pas question d'y recevoir de nouveaux
niissionnnaires. »
Inde. — • Le Coiirrier de Bombay , du 19 fevrier, annonce que deux
Suttees ( ceremonie dans laquelle les veuves se brulent sur le buclier
de leurs epoux ) ont eu lieu dans le Decan, et un troisieme dans le
Concan. Les buchers avaient ^te construits d'apres les reglemens ,
ce qui augraente beaucoup les douleurs des victimes ; et il parait que
le courage et le devouement des infortunees qui s'y sont sacrifices
dans cette circonstance , ont encore ^te augmentes par la perspec-
tive des souffrances qu'elles allaient endurer. — Les amis de I'huma-
nile ont applaudi a la proposition faite cette annee dans le parleraent
d'Augleterre de mettre euCn un terme a cet usage barbare.
AFRIQUE.
Miiiiii/dciiires.— XJa chale de colon, f;ibrique par des Afiicaiiis,
AFRIQUE. 891
avec des produits indigenes, a ele envoye a Baltimore. II est com-
pose de cinq pieces cousues ensemble, et ayant chacune neuf pieds
de long et six ponces de large. C'est iin essai qui fait naitre quelques
esperances pour I'introduction et la culture des arts dans ces contrees
barbares. Le coton avec lequel le cbftle a ete fabrique croit dans un
pays trcs-penple , situe au 40" degre de latitude , meridien de Green-
wich, et au Si"^ de longitude.
Sierra-Leone. — Scatistiqite. — Population , rcenu , exportations et
importaliffns. — Ecoles primaires . — En 1S17, Xsi population de Sierra-
Leone s'elevait a 9,873 araes, dont environ 7,74^ n^gres captures et
mis en liberie pai- les croisieres anglaises. En 1822, elle etait de
i5,o8i jdont 9,876 negres captures. En 1823, elle s'elevait a 16,671 ,
dont a peu pres 11,000 negres captures.
— Revenii. — Avant 181 1 , la colonic ne donnait aucun revenu. En
181 1, pour les six derniersmois, les revenus s'eleverent a loi i. 5 sli.
En 1823 , ils mont^rent a 8,720 1. 8 sh.
— £a:/)orrafio/2j. Les exportations, depuis iBi7Jusqu'en 1823, n'ont
pas ete evahiees en argent. EUes consisterent en produits africains ,
tels que cuirs, nattes , peaux de tigre, poudre d'or , oiseaux empail-
les , miel , indigo , cafe , riz, et curiosites africaines, dont la grossie-
rete denote un etat de colonisation encore peu avance dans les arts
et les manufactures.
— Importations. En 1817, ^''^* s'eleverent a 72,516 L 7 s.
En 1823, a 121, 44^ 18
En 1824, a 80,917 12
— Ecoles. En 1817, le nombre des ^I6ves n'excedait pas 400.
En 1828, il s'elevait a 2,460.
Les negres captures par les croisieres anglaises sont loges dans des
villages , sous la surveillance des missionnaires et des niaitres d'ecole.
L'education qui leur est donnee a produit les plus heureux resultats.
Ainsi, lorsque la population de Sierra-Leone s'elevait seulement a
4,000, 11 y eut 40 individus mis en jugement; dix ans plus tard ,
lorsque la population etait quadruplee, il n'y en eut que .six', et
pas un seul dans les villages places sous I'intendance des maitres.
( Extraic des papieis impiiines par ordre de la Chambre des com-
munes). ' D.
8y^
EUROPE.
ILES BRITANINIQUES.
Bemede conire la rage. — Le Coiirrier>\e Londres annoiicait deriii^re-
mentqii'iinmedecindecettecapitale avail fait rimportanteobservation
que quelqiies gouttes d'un acide Jnincral quclconque, versdes dans la
plaie faileparia morsured'un animal enrage, previennentefficacement
1 hydrophobic. M. Lefrancois, medecin des hospices civils de Dieppe,
declare que cette observation, presentee conime appartenant a un
medecin anglais, est consignee depuis long-tenis dans les ouvrages
de plusieurs medecins francais; il renvoie le docleur d'Albion au
Dicttonnnire des Sciences medicales , a I'article Rage, n° i55. — Quel
que soit le medecin auquel est du ce moyen curalif d'un des plus
grands fleaux qui puissent affliger I'humanife, profllonsdu remade,
et occupons-nous d'en rendre la connaissance et I'applicatiou tellement
populaires, qu'il ne soit jamais neglige quand I'occasion de Tern-
ployer se presentera.
LoNDBES. — Societe de medecine. — Cette savante compagnie,
regardee comme I'une des plus celebres del'Europe, vient de nom-
mei- M. le chevalier de Kirckhoff, d'A.ivers , ancien medecin en
chef des h6pitaux militaires, I'un de ses correspoudans.
Machines a -vapeur. — L'une des plus grandes machines a va-
peur qui existent est celle que Ton emploie pour I'eNpIoitation des
mines de Cornouailles : elle leve un poids de 80,000 livres anglaises
par mniufe a 100 pleds de haut, et consomme environ 3o livres de
charbon par mirtute. Sa force equivaut a celle de a5o chevaux.
Expedition scientipqiie. — Le capitaine Beechey a fait voile der-
nierement pour I'Ocean paciCque. Ses instructions sont de visiter
Pitcairn , Otahity , Laster , les iles de I'Amit'e , etc., et de conti-
nuer sa marche jusqu'au delroit de Bering, 011 Ton espere que ses
operations seront liecs avec les expeditions des capitaines Parry et
Franklin.
Manuscric dc Muiigo-Park. — Le Journal de Dublin annonce que
le tnannscric des Fojages de Miingo-Park en Afriqnc a cte achet(5
par un Francais, d'un n^grc du Senegal, moyennant 3o dollars. Un
Anglais en a offert 200 dollars , que le Francais a refuses. I/C manus-
crit offre , dit-on , des details interessans sur la maladie de I'auteur. Ce
journal continue jusqu'a la derniere periode des voyages et de la vie
de MungoPark, et resoudra probablenient le grand problenie rela-
tif au cours et a la chute du Niger.
ILES BRITANNIQUES. 893
Voyage d'une hvre he cotom. — Nous sommes loin du terns oil
Ii's homines vivaient et mouraient , conime les plantes , dans I'endroit
ou le sort les avail fait nailre. Depuis un demi-siecle surtout , I'es-
p6ce humaine a pris le gout des voyages. Un bourgeois de Calcutta,
lie sur les bords de la Tamise , tourmente par la llevre des Jungles ou
I'ennui des richesses , va luaintenant, chaque annee, changer d'air
an Caj) de Bonne-Esperance , sans s'inquiiiier des defenses dn geant
Ad>niiastor , ni des tempetes qui firent pAlir Vasco de Gania ; le
rui des lies Sandwich vient avec sa femnie au speclacle a Covenl-Gar-
deii ; des Russes traversent dianietialenient I'Europe et I'Asie pour
aller chasser aux loulres en Amerique ; des bandits echappes a la glebe
de Botany-Bay , servent de chamhcllans a la plupart des petits uio-
narques de la Polynesie; des Pandours sont en vedette sur les rochers
de Caiybde et de Scylla ; des marchands de Londres sont assis sur
le trone d'Aurengzeb; et Ton a vu des sauvages de la Haute-Asie
nourrii' leurs chevaux avec I'ecorce des arbres des Champs-Elysees.
Des fenimes-de-chambie anglaises, en spencer rose et ronibielle a la
main , se promenent parnii les ruines de Thebes, et foiilent les debris
de la grandeur de Pharaon.
Mais, de tons les voyages que font entreprendre la curiosiie,
ramour du lucre ou rambitioii, il n'en est point de comparable , ])ar
I'importance de leurs succes , par leur etendueet parl'influence qu'ils
exercent , au simple transport du produit d'un frele arbrisseau ,
aux voyages que fait faire uue Industrie presque iiouvelle a cette
laine du colonier, dout les metamorphoses sont innombrables
conime nos besoins el nos desirs. Si I'oii en ecrivait I'histoire, un
volume ealier sufOrait a peine ; essaycns d'eu tiacer, en quelqucs
lignes seulement, un bref itineraire; mais, avant de comprimer
ainsi notre sujet , indiqiious quelle est son etendue.
De niille points di\ ejs des deux hemispheres , il est envoye cliaque
annee dans les lies britanniqnes et en France 208 millions de livres
pesant de colon en lainc.L'Angleterreena recu,en 1823, ifi7,935,ooo
livres , et la France 4'5,755,ooo. C'est une importation dont la valeur
s'eleve a 25o millions de francs; elle suppose une foret de rfi64 mil-
lions de cotoniers, couvrant uue surface de 4^2 lieues carrees, de
25 au degre. Les 806,000 halies dont elle se forme etant soumises
aux plus forts moyens de compression, donnentau minimum i(i 1,000
tonneaux d'encombreinent, dont le transport exige une flotte de
1600 navires, et qui, s'ils etaient ranges sur uiie seule ligne, occu-
Sg.'i EUROPE.
peraicnt uii espace de 55 lieues. Roduisons nos recherclies a hi
208 iiiillionieme partie de cette masse immense, et suivons-la dans
ses voyages ilepuis son origine jusqu'a sa derniire destination.
Dans les gS millions de livres de colon en laine que reroivent les
magasins de Calcutta, una livre, enire autres de I'espece nommee
longue soie, provenait des nouvelles cultures de la province de
Delhi. L'ai'brisseau qui I'avait fournie venait de prosperer pour la
premiere fois dans un sol frappe depuis un siecle d'un aridite de-
sastreuse , niais maintenant devenu fertile par les admirables tra-
vaux d'un canal d'irrigation long de plus de fio lieues. Le cullivateur
qui I'avait recueillie etait un de ces Bheels celebres, il y a quelques
annees, par I'audace de leurs brigandages et la ferocite de leur ca-
ractfere, et comptes aujourd'hui parmi les laboureurs indiens les
plus intelligens et les plus hospitaliers; double exemple de ce que
peut repandre de bieufaits rhomme d'etat qui sait, coranie le mar-
quis d'Hastings , projeter de grandes choses , et trouver de grands
talens pour les executer !
Descendue du fleuve de la Jumna dans celuL du Gauge pour arri-
ver dans la riche metropole de I'liide britannique, notre cargaison
pouvait recevoir quatre destinations fort differentes. Portee a la
Chine, elle fiit entree dans ces 100 millions de livres de colon que
I'Angleterre vend annuellenient dans le marche de Canton, et qui,
jointe a ses objels manufactures , lui obtiennent aS millions de livres
de the, achetees au prix de 18 sous chaque, et vendues six francs aux
consommateurs du Continent. Embarquee sur des navlres ameri-
cains, elle aurait fait partie de cctte reexportation de produits
elrangers qui donne aux Elats-Uuis un commerce annuel de i5o mil-
lions de francs en sus de la vente de leurs produits indigenes. Envoyee
en Europe, peut-dtre eut-elle ete changee, dans les fabriques fran-
caises, en unTissu digne , par son elegance et sa nouveaute, d'oble-
nir les honneurs du Louvre ; mais elle pril le chemin de I'Angle-
terre, et fit partie de ces aoo millions de livres de coton qui y sont
transportees annuellenient des seuls ports de Calcutta et de Bom-
bay, pour t-tre acheminees ensuite vers toutes les conlrees dumonde,
tributaires de I'induslrie britannique.
La livre unique dont nous nous occupons ayant 6te debarquee a
Londres, fut envoyee dans le comte de Lancastre , a Manchester,
pour y elre filee par I'une des 3oo machines a feude cette ville riche
et populeuse. La perfection des moyens employes pour cette op6ra-
ILES BRITANNIQUES. SyS
tion est si graiide, qu'on en lira 38o echeveauxde fil, cliacuii de 84o
metres ; ce qui donne une longueur de 294,000 metres, ou plus dc
75 lieues de a, 000 toises. Apres cetle metamorphose, elle fut envoyee
a Paisley, en Ecosse, dans une fabrique d'oii sortent cbaque se-
niaine 880,000 aunes de tissus. L'etoffe qu'on en fit fut transportee
dans lecomte d'Ayr, afin d'y subir quelque preparation; elle revint
ensuite a Paisley , pour y etre rayee elegainment par des procedes
compliques, niais prompts etingenieux. On fut oblige, pour la broder,
derecourir aux- ateliers du comte de Dumbarton , dont I'babilele n'a
point de rivale dans ce genre de travail. II fallut hii faire faire un
autre voyage, pour la blanchir, a Renfrew, d'ou elle partit pour re-
tourner a Paislej', afin d'y recevoir un nouvelle facon : toutefois ce
fut a Glascow qu'on la termina, et qu'elle futpreparee pour Livente.
Expediee de ce port , elle arriva enfin a Londres , et devint I'un des
atomes dont est forme le colosse du commerce britannique.
II s'etait alors ecoule quatreans, depuls I'instant ou le cultivateur
Jndien avalt recueilli sur ses cotoniers, les flocons qui en font la ma-
tiere primitive, jusqu'a I'epoque ou, transformee, par le concours
de la mecanique , de la cliimie et du dessin , en un tissu de la plus
grande beaute , ce produit vegetal put repasser les mers avec une
valeur triplement decuple. Sans le secours des arts, il n'aurait servi,
sous la forme d'une mtche grossiere , que pour assister quelque savant
dans ses veilles infructueuses; mais par une suite d'efforts ingenieux, il
pent embellir maintenant I'odalisque du ser;>il, plaire au monarque
asiatique, et seduire les republicaiiis de I'Ameriqiie meridionale par
tout le charme du luxe de I'Europe. Pour Tacquerir, I'lnde elle-
m^me, qui le produisit, donnera mille fois la valeur qu'elle en ob-
tint autrefois; la Chine suspendra ses lois prohibitives , jusqu'a pre-
sent immuables, comme ses moeurs , et les mines du Mcxique et du
Potose ouvriront leurs tresors. Mais ces effets merveilleux, par quel
etrange assemblage de circoustances ont-ils ete produits ? il a fallu
que le produit d'un arbrisseau traversdt, dans un espace de 3oo
lieues, les plaiues de I'lndoustan pour arriver a Calcutta ; qu'il fran-
cbit ensuite 4>ooo lieues de mer pour surgir dans les iles britaii-
niques ; que la il parcourut, au moyen des canaux, des cherains de fer
et des charrois acceleres, une distance de 3io lieues, occupant a
son transport et a sa transformation plus de 1 5o personnes , qui lui
doivent leur subsistance. II a fallu que I'induslrie, s'appropriant les
prodiges de la physique, fit servira ses faesoins la puissance du feu,
et rendit docile I'element le plus indomptable et le ))lus destructeur;
«96 EUROPE.
il a fallu que les progr^s de la navigation rapprocliassent les bord.s
du Gange de cenx de la Tamise; que I'empire du Mogol devint The-
ritage d'une conipagnie de niarchands , et que ses provinces fussent
rendues a la fertilite et ses peoples a la civilisation par des conque-
rans qui n'etalent encore que des barbares vingt siecles ajn (^s que les
pays de I'Asie qu'iis instruisent raaintear.nt, posseduientdeja les bien-
faits des sciences, des arts et de I'industrie.
A. MoKEAU UE JOMKES.
Societe cooperative. — M. Owen est arrive a Londres le ao aout
dernier. Le lendemain, il s'est reuni avec la Societe cooperative de
Londres. Lorsqu'il quitta I'Amerique, au mois de juin dernier, I'eta-
blissement d'//arwo/;je faisait des progr^s rapides, en agriculture
et en Industrie. ( Voy. ci-dessus , a I'article Ameriquk , Etats-Unis ,
pag. 886. ) Les demandes d'admissiou dans la Societe etaient tr^s-
lioinbreuses , etdenouveauxetablissemensallaient ^tre formes. Depuis
son arriveeen Angleterre , M Owen a visite New-Lanark et le nouvel
eiablissement d'Orbeiston , pres Glasgov?. C'est un bomme Aged'en-
viron 45 ans, aimable, tolerant , et , contme tousles fondateurs de
syst^me, un peu enlbousiaste. II s'exprime avec facilite, et surtout
avec franchise. La Societe de Londres commence a faire des prose-
lytes ; elle conipte plusieurs hommes instruits et quelques Francais
parnii ses membres. ( T'oy. t.xxvi , p. 274. ) F. D.
Compagnie des mines d'Ha'iii. — Les princlpaux commissaires
nouimes par les directeurs de cette compagnie ont fait voile dernie-
renient pour cette ile , oii ils vont mettre a execution les arrangeniens
uecessaircs pour commeucer les travaiix d'exploitation et d'aulres
operations projetees par la conipagnie. L'ingenieur , lemiiieralogiste ,
le maitre essayeuret les mineurs partiront incessamment deFalraoutli
pour la meme destination. Deja on est occupe a embarquer les outils
et les machines ; et d'apr^s la promptitude avec laquelle cette affaire
a eie conduite, et les renseignemens donnes par des personnes qui
ont une parfaite connaissance du pays , on espere que cette entre-
prise sera courounee d'un plein succes.
Necrologie. — Le Rev. Thomas M.vrtyn , membre de !a So-
ciete royale de Loudres , ne au commencemeul de I'annee ijSS, est
niort le 3 juin dernier , a Paitenhall-Rectory , dans le conite de
Bedfordshire. Nomme, en 1761, professeur de botanjque a I'univer-
sllc de Cambridge, il a rempli , pendaut soixante-qiiatre ans, ccs
honorables foactious. II a ecrit sur cette science plusieurs ouvrages
esiioies ; eutre autres , sa Flora rustica , 2 vol. ; uue nouvelle Edition
ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 897
du Diccionnaire dii jardinier eC du botaniste de Miller , 4 vol. in-follo •
et line traduction des Elemens dc botanique de Rousseau , 2 vol. ; il
a encore public des Elemens d'histoire nattirelle , i vol. ; une traduc-
tion de I'italien des Antiqukes d' Uerculanuin , i vol. in-4° et des re-
marques et dissertations sur I'Eneide , i vol. in-12 , daus lesquelles
il defend Virgile du reproche d'anachronisme, relativement a la fon-
dntion de Carthage.
Quelques annees avant notre revolution ^ M. Martyn visita la
France, la Suisse et I'ltalie, et publia , en 1787 et ea 1791 , le recit
deses voyages dans chacun de ces pays. Sbu volume sur la France
eut neuf editions. M. Martyn est auteurde plusieurs autres ouvrages
surla litterature et la morale, dans lesquels on trouve heaucoup de
raison etunegrande connaissance du cceurhumain. Cure d'Edgware ,
village situe a quelques lieues de Londres, il se distingua par sa cha-
rite chretienne et par sa tolerance. Professeur a Cambridge , il exerca
ses fonctions avec talent et avec zele. Membre de la Societe royale,
il fut un savant raodeste et affable. II avail pres de 90 ans , lorsqu'il
a termine sa carriere. F. D.
RUSSIE.
/
Agriculture. — Emploi du sel comme engrais tres-actif. — Le celebrc
cliimistePARKEsa ecrit , sur I'emploi du sel comniun comuie nioyen
de fecoudation , un traite qui a fixe I'attentlon des societes d'agri-
culture. — Ses observations peuvent ^tre d'un grand iut^ret , surtout
en Russie , vu la grande quantile de sel que ce pays possede , et les
j)roprietaires , ainsi que les cultivateurs, devront les nieltre a profit.
En voici les resultats : — 1° Le sel commun , employe en quantite
couvenable, a la qualite de favoriser la croissance des vegetaux et
de leur donner de la force. — 2° II preserve les arbres fruitiers et
les plautes grasses de raction des insectes. — 3° II sert efficacement
.'i exteruiiner les insectes dans les vergers.
Une feuille de Berlin indique la comjjosition suivante ; Faites
fondre ensemble une partie de salpetre et deux parties de sel , versez
dix pots d'eau sur une livre de ce melange , lorsqu'il sera refroidi ,
et vous aurez un excellent engrais pour les arbres et les plautes.
Petebsbourg. — UAcademie des sciences a nomme membres ho-
noraires M. le conseiller Joseph Hammer , celebre orieutaliste de
Vienne , et M.le chevalier de Hallekberg , hisloriographe suedois.
— Ecole armenienne. — Cette ecole , fondee a Moscou par MM. La-
zarelt , a pour objet de perfectionner les jeunes gens, et particul!6-
T. xxvii. — Septembre iSaS. 57
89« EUROPE.
rement les Ariti^niens dans la connaissance des hautes sciences, el
plus specialement des langues orientales. — Depuis Tannt'e 1816,
6a el^ves sont sortis de cette ecole et sont eritres au service ; elle en
cotnpte maintenant 73. Get interessant etablissement , regi par des
reglemens particiiliers , ne depend point du ministerede I'instruciion
publique ; et a compter de I'annee iSaS , il est place sous la direction
du general d'artillerie , comte Araktschejeff.
Litteraiiire. — Traductions de poetes anciens. — M. Martinoff est
le premier auteur qui ait introduit dans la languenisse les beaules
classiques des anciens Grecs ; il fait imprimer successivement les
chants de I'lliade d'Homfere, avec nne traduction litterale ; les tra-
gedies de Sophocle , les hymnes de Callimaque , avec des remarques
philosoplilques , et les fables d'Esope.
POLOGNE.
Popidation. — La population de ce royaume , au commencement
de iSaS , s'elfeve, d'apres Ic dernier recensement que Ton en a
fait, a 3,702,306 individus , dont 117,284, pour la villa de Var-
sovie.
SUEDE.
Exploitation des mines dc sel. — M. Charles Knab, Saxon, a demande
au gouvernement , au nom d'une association forniee a Dresde , I'au-
torisation de faire, pourle compte de cette societe,Iesrecherchesei les
travaux necessaires pour I'exploitation des mines de sel et des Fontaines
saleesqul existent en Suede , moyennant I'assurance d'ohtenir une re-
compense proportionnee a I'importancebien constntee de chaque de-
couverlequi sera faite en ce genre. La societe reclame, en outre, le
privilege de la fabrication du sel , pendant 5oans ; apres ce terme, tous
ies etabiissemens jiour cette fabrication seront cedes a la couronnede
Sufcde, aux mcmesprixqu'ilsauiontcoiite.LeRoi,quesonardeurn)eme
pour faire fleurirTindustrie dans le royaume nesauraitentrainer dans
une demarche inconsideree, a seulementaccordela permission de faire
les recherches necessaires dans tout le royaum.e , sous condition de
s'arrapger prealablernent avec les proprietaires des terrains sur les-
quels les recherches auront lieu. II a egalfement permis d'etablir des
fabrications de sel, en sc conformant aux lois , reglemens et ord n-
nances rendues sur ce sujet. — On pent s'etonner que les capitaux
etrangers recherchent d'abord en Su6de les mines de sel , fandis que
le pays est si riche en mines de fer , de cuivre , de plomb , qui offri.
SUiDE. — DANEMARCK. 899
raient aux speculateurs des chances plus certaincs et iion moins avan-
tageoses. G — g.
STOCKHOLsr, 9 septembre iSaS.' — Priservatif contre la roiiille. — M. le
conseiller d'etat deLoEVENHiELM , ambassadeur suedois en France ,
avaitrecii, pendant son sejour a Paris , de la maison Mazet et com-
pagnie , des propositions tendant a livrer aiix proprietaires de mines
de Su^de , niovennaut une somme de 3oo,ooo fr. , un secret dont
I'avantage est de preserver de la rouille toutes les marchandises de
fer , au moyen d'une composition metallique. Les colleges des mines
et du commerce, reunis ;t racademie des sciences et aux dclegues
du compfoir de fer charges d'examiner ces propositions , ont cru
devoir les adopter.
— Indiistiie. — Deux machines a tondre et a affiner les drops, de
I'invention de M. Corhelet , viennent d'arrirer a Stockholm avec un
Francais que M. Cochelet a envoye pour les placer et pour en en-
seigner I'usage. Le premier essai en a ete fait , en presence d'une
commission nommee a cet effet . et composee d'un mernbre du col-
lege de commerce et des deputes des fabricans en draps, de Stockholm
et de Norikoping. G — g.
Amelioratian des prisons. — Une commission nommee pour I'ame-
lioration des prisons a deja , depuis le peu de terns qu'eile est en ac-
tivite , propose et prepare des mesures pour diviser les prisonniers
par classes, et pour agrandir la maison de filature etablie dans cette
capitale. EUe a soumis a S. M. le projet de mettre promptement a
execution la proposition des etats, d'iiistituer en Su^de une grande
maison de correction.
Stockholm. — On vient de pjublier ici une traduction de I'Histoire
de la grande armee en Riissie, par M. Philippe de Seguh , avec des re-
marqnes politiques et des refutations au sujet des rapports oii se
trouvait alors avec la France , le roi actuel de Suede , en sa quality
de Prince royal. Cet ecril , accompagne d'un grand nombre de pieces
officielles et juslificatives , ne peut manquer d'exciler le plus grand
inleret.
DANEMARCK.
CopF.NHAGUE , 20 Aout. — La force navalc duDanemarck se com-
pose mai n tenant detrois vaisseaux deligne( ensemble de 2 16 canons),
6 fregates ( ^Sa canons ) , 3 corvettes ( 64 canons ) , 4 bricks ( (ia
canons ), et une goiilette de 10 canons. II y a, deplus , 80 chaloupes
canonnitTes et 4 mortier. Quatre vaisseaux de guerre sont en' cons-
truction sur le chantier ( ensemble de rGfi canons). D — f.
90O EUROPE.
ALLEMAGNE.
Hanovke, — Or artificiel compose an mojen d'lin melange de divers
metaux. — M. DrxTiWRK a fait connaitre, dans le Magnsin hanovrien, le
melange sulvant dedifferens metaux, qui aete compose par M. le con-
seillerprivedocteurHEHMST\DT,etqui pentremplacer Tor, non seu-
lement quant a lacouleur, mais encore pour la gravite specifique, la
densite et la ductility. "On prend 1 6 loth (moinsde 8 onces de France)
de platine ■"ierge , 7 loth de cuivreet un loth de zinc egalementpur J
on met les metaux ensemble dans un creuset ; onlescouvre de poudre
de charbon , et on les fait fondre entierement pour en former une
seule masse ».
AuTRiCHE. — VlENNE. — (t septembre. — Pont suspendu en chaines
defer. — Pont 'volant. — Le canal du Danube vient d'offrir sur ses
rives a I'attention et a la curiosite publiques deux spectacles ega-
lement int^ressans. L'uii etait le placement des chaines d'un pout
suspendu, que Ton a construit a la place de I'ancien pont de Rasu-
mowski. L'autre consistai ten une manoeuvre qu'aexecuteele corps des
pionniers, pour poser un pont sur chevalets , d'nne nouvelle espece ,
qui fait partie de I'armement de ce corps , lorsqu'il est en campagne,
mais qui pourrait aussi dtre employe tres-utilement en terns de paix.
— Dans I'endroit oii le pont a etc pose , le canal du Danube a igo
pleds viennois de large ; sa phis gtande profondeur etait de 10 picas
2 pouces , et la vitesse du courant , de 4 pieds 2 pouces par seconde.
Celle-ci avait encore augmente , pendant la manoeuvre, a cause des
pluies qui etaient tombees pen auparavant. Malgre ccla , on ne mit
que sept quarts d'heure a etablir , sur huit chevalets , un pont solide ,
sur lequel les troupes passerent, hommes et chevaux , en formant
de larges rangs , et ou Ton pouvait aussi faire passer avec surete de
I'artillerie et des voitures legeres.
Philologie. — D'apres un ouvrage public en AUemagne par le
savant philologue Adelung, il existe sur la terre 3o(S4 langues ; 687
en Europe ; 987 en Asie ; %-jfS en Afrique ; 1264 en Amerique. Sans
doute , I'auteur y comprend les nombrcux idiomes et patois , en usage
dans beaucoup de provinces particulieres d'un nidme etat.
Baviere. — Munich, i5 septembre. — Legislation , instruction pii-
blique. — Le Roi a promis de prendre en consideration les vocux
emis par les etats generaux pour differentes ameliorations , notani-
ment ceux qui sont relatifs a un code commercial , a un code forestter
et a un inslitue poljtechnique.
ALLEMAGNE. — SUISSE. 90 1
— AuGSBOURG. — Loterie de tableaux. — H y a dans notre ville
plusieurs tableaux provenantdela galeriede Malmaison : onles evalue
a cent niille florins , et les frferes Frommel viennent de les mettre en
loterie. On a fait vingt-deux mille billets de 5 florins 3o kreutzes
chacun ; il y en aura quarante gagnans , et le tirage , que Ton aura
soin d'annoncer d'avance, n'aura lieu que dans une ann^e. Si , dans
la quinzaine qui suivra letirage, ceux que la fortune aura favorises
ne retirentpas leurs lots, ceslots seront vendus au profit des pauvres
Ces tableaux. sont de Van-der-Helit, de Pietro da Corcona , de Penigino
de Spagnolecto , de Rubens, d'J/bano , de Rembrant, de Simon da Pe
saro , de Lnca Giordano , de Giiercino , de Ghirlandajo , de Cittadini
du Tilieii, de Bombi , de Laurent, de Palma , de lUengs , d' Andre del
Sarto , de Leon Spada, de Mademoiselle HJeyer, de Tcep/er , de Ma-
ratti , de Roc Marcoloneus , de Scliidone , de Nai'olone , de Forbin , de
Thienon, de Turpin, de Dolce, de I^uri, de Snyders , de Cazas ;en{in,
de Lantara. Les pay sages de Cazas sont a I'aquarelle. Le n" i5 repre-
sente une femme allaitant un enfant et donnant des fruits a deux
autres; c'est, dit on, le seul morceau a I'huile d'Albani ou les figures
soient de grandeur nalurelle. Les deux tableaux du Titien sont : une
Magdeleine repentautc et un portrait de la reine Mathilde.
Stuttgabt. — Fete en I'honneur de Villustre Schiller. — Cette f^te a
ete celebree dans notre capitale , le jour anniversaire de la mort de
Scliiller. Une societe nombreuse s'est reunie dans un jardin public ,
oil etait expose lebustede ce grand maitre, chef-d'ceuvre doDanecker.
On a chante quelqueshymnesetdeschceurs. Non-seulement ,beaucoup
de peintres , de musiciens et de poiites assistaient a celte fete; mais,
ce qui est un veritable homniage rendu au genie, les magistrals de la
ville de Marbach (patrie du poete) ont voulu y prendre une part
officielle , par leur presence. Une liste de souscription , ayant pour
objet I'erection d'un monument, a ete aussitot remplie que presentee.
Le Morgenblatt de Stuttgart donne de grands details sur cette ccre-
nionie , qui etait d'autant plus touchante qu'il s'y trouvait quelques
amis d'enfance de I'auteur a la m6moire duquel on rendait ,hom-
mage. Ph. G.
SUISSE.
CAJfTOK DE Vaud. — Extract d'une lettre de Lausanne. — Musee et
cours d'histoire naturelle. — Chiinic. — Decouverte importante dans les sa-
lines de Bex. — Instruction publique. — Legislation. — La collection d'objets
relatifs a I'bistoire naturelle continue a s'acrroitre ; la partie min^Ta-
goa EUIIOPE.
logique surtouta lecu des inateriaux precieux. — Le siivant professeur
M. Alix.CHAWNjm donne des lecons de Zoologie qui sont tr6s-sui-
vies, et le gout de la science se repand.
M. iViEHCANTorr , eleve de I'ecole polytechnique de Paris , fait un
conrs de chiniie dans un laboratoire vaste et commode ; le jeuneclii-
miste Baud , de Vevey , travaiUe souvent avec lui.
M. Charpentier prepare sur ies Alpes un travail geologique sem-
hlable a celui qu'il a fait sur Ies Pyrenees. II vient de decouvrir, dans
Ies salines de Bex , une veine de roche salif^re , dont un pied cube
donne 3o livres de sel , et peut fournir au canton tout celui dont il
aura besoin, pendant plusieurs siecles.
Notre instruction publi({ue manque d'une oiganisation complete et
regulifere. Cast un besoin que Ton ne peut ajouiiier long-tems, si Ton
veut qu'elle soit en harmouie avec Ies nouvelles institutions. — On
construic ua fort beau batiment pour I'ecole cenlrale d'enseignement
mutuel.
Les lois civlles et de procedure ont ete revisees ; on s'occupe d'un
meme travail »ur les lois penales.
Les finances sont en boii etat , les dettes sont payees , et les re-
venus bien administr^s.
Les associations dirigees vers des objets d'utilite publique com-
uiencent a se multiplier.
HoFWYL, ( Canton de Berne ). — Exfrait (Tune Lf.ttre adressee a
M. M. A. JuLLlEK , de Paris , Directeur de la Revue Eiicyclitpediqrie ,
au siij'et d'nn article insere dans ce recueil ( cahier de seplembre 1824 >
t. XXIII, pag. 570. ) oil il est dit , en parlant de I'institut d'Hopwyl
que « I'insuccts de M. de Fellenberg a fourni a des hommes pre-
venus un argument contre les essais de m^niie genre, etc. (i). »
Monsieur, — Comme je m'interesse beaucoup a I'avancement de
toutes les sciences qui peuvent ajouter au bonheur del'homme en so-
ciete,jelis loujours , avec plaisir et profit , le recueil eminemment
utile que I'Europe eclairee doit a vos travaux et a ceux de vos savans
coUaborateurs. J ai trouve, dans le caliierdesep'tembre 1824, une ana-
lyse du premier volume des Annates de Roville, ct jel'ai lue avecun vif
(i) Cette lettre, que nous avons regrette de ne pouvoir iuserer plus ti4 EUROPE.
la frequentent. lis sont au nombrc ile aoo. — Parmi eux, il y a des
jeunes filles, qui recoiveiit des lecoiis a part. Une dame de Scio,qui
habite Argos, se propose d'etablir dans cette vjlle une ecole disiincle
pour les jeunes fllles; et le gouvernemcnt doit fournir les fonds ne-
cessaires a ce nouvel etablissement. ■ — Le maitre de I'ecole actuellc
aetudie la melhode a Bucharest, sous la direction de M. Kleobu-
ios, el^ve d'une des ^coles de Paris, et pr^sente dans le tenis par
M. JuUien , a M. Roselto Rosnovano, qui voulut emmener avec lui
un ieune Grec forme a Paris, pour introduire I'enseignement mutuel
dans sa patrie. Get instituteur a di'ja forme cinq eleves capables de
bien diriger des ecoles de village.
« ATripolitza, j'aiassiste moi-meme, le 7 mai dernier, a I'ouver-
ture de I'ecole. EUe est ^tablie dans I'une des belles mosquees tur-
ques , echappees aux desastres de la guerre : elle peut contenir 4oo
elfeves. A I'entree, se trouve une belle fontaine, aupres de laquelleon
a le projet de planter un petitjardin. L'ecole estdirigee parun jeune
homine de Cliypre , Ceorge Gostantino, ancien eleve de la grande
Ecole de Borough-Road, a Londres. L'existence de cet etablissement
a inspire un juste interet a plusieurs primats de Tripolitza, et sur-
tout au prince Demetrius Ypsilanti, qui depuis deux ans demeure
dans cette ville.
« j4chenes possfede une ecole de jeunes garcons, depuis le mois
d'octobre de I'annee dernifere. Le nombre des ecoliers s'eleve a 3o5 ;
mais un cinquifeme de ce nombre est toujours absent , soil pour cause
de maladies, soil pour occupations domestiques. Le maitre est M. Sy-
WEsio , pr^tre de Sniyrne, qui s'est forme a renseignement dansl'ile
de Gerigo. Ses emolumens sont d' environ 600 fr. — En Janvier iSaS ,
on a ouvert dans la m^me ville , une ecole pour les jeunes filles. Le
local est une mosquee ombragee par de tres-beaux arbres. Elle est
sous la direction de M. Neophyte. — Dans la craiute d'une irrup-
tion des Turcs qui occupent I'ile de Negrepont, cesdeux Ecoles ont
ete transportees provisoirement ( jusqu'a I'hiver prochain )dans I'lle
de Salamine, a Bellachi : les enfans , faute de maisons , se reunis-
sent sous un berceau de feuiilage. EUes sont , I'une et I'autre , sous la
surveillance speciale de la Societe philomuse d'Jlhencs.
« A Megare , a Spezzia , a Coloiiri , on batit de nouvelles ecoles. Pen
ai vu a Egine une a demi b4tie avec les pierres de I'ancienne ville,
qu'on retrouve sans beaucoup de peine , en faisant des fouilles dans
la terre.
" En general , les ecoles d'enseigiiement rautuel en Grece raanquent
GRECE. f)i5
d'ardoises , de crayons et de tableaux de lecture. Les ecoiiers sont
obliges quelquefois d'ecrire sur de petites planches de bois ; ce qui
f;ate leur ecriture. Tant qu'une vilie du continent, telle qu'Argos ou
Tripolitza , ue possedera pas une imprimerie assez fournie de carac-
t^res pour imprimer des tableaux de lecture et des livres a I'usagede
la jeunesse, la Grfece sera forcee d'avoir recours a la pbilanthropie
etraiigtjrc. Les imprinieries etablies a Missolunghi , a Athenes et a
Hydra , ne peuvent servir que pour les journaux. Celle qu'on va eta-
blir a Napoli de Romanie sera consacree au journal du gouverne-
ment. Les materiaux pour I'ecriture sont si rares et si couteux en
Gr^ce , en proportion de la pauvrete des habitans , que les enfans des
ecoles particulifrres, dans les petits villages, le plus souvent n'ap-
prennent qu'a lire. — Ce manque de materiaux est vraiment deplo-
rable ; car on neremarque en aucun pays un desir de s'instruire aussi
vifque parmi les enfans grecs. Quand ils peuvent attraper un mor-
ceau de papier ecrit , Ils I'etudient et le copient, conime on ferait
d'un morceau de peinture. Plusieurs fois, en entrant dans un village,
j'entendais un bruit confus d'enfans qui lisaient tons en meme tenis a
haute voix. On m'a assure que presque tous les Souliotes apprennent
a lire et a ecrire de pere en fils. »
M. Pecchio joint a ces renseigneraens qui sont le resultat de ce
qu'il a pu observer par lui-meme , une lettre que lui a ecrile de Tri-
politza , en date du aS avril 1826, M. George Constantas, ephore
de I'instruction publique. Cette pi^ce presente un tableau plus com-
plet de ce que le gouvernement grec a fait , depuis la revolution, ou
se propose de faire en faveur de I'instruction du peuple.
n Le gouvernement, reconnaissant qu'une bonne education est la
premiere base des vertus politiques et sociales , et le flambeau qui
conduit chaque citoyen a la connaissance et a raccomplissement de
ses devoirs, a decrete : — 1° Qu'il sera etabli a Argos une e'cole ge-
nerate d'enseignemenr inuluel , oh seront envoyes de chaque province
trois ou quatre jeunes gens verses dans la connaissance de la langue
liellenique, lesquels y apprendront cctte utile melhode, et reviendront
ensuite chacun dans leur patrie I'enseigner a leurs concitoyens , afin
qu'elle se repande dans tout I'etat grec. — Cette ecole a etc fondee ;
elle est en plein exercice. — a" Qu'il sera etabli , en outre , a Argos
une Jcademie en rapport avec I'etat actuel de la Grece, oii doivent
etreappeles tous les Grecs instruits que les circonstances retiennent
dans differentes parties del'Europe, afin que chacun fasse part a la
nation des lumieres qu'il a pu ncancrir hors de ?a patrie. On fera \c-
5 1 6 EUROPE;
iiiraiissi d'autres savans des nations eclairees de I'Euiopo , jiour que
rAcadcniie recoive une organisation aussi parfaite que le pernieltcnt
les circonstanccs. Pour rctablissemcnt de cetteecole, iin digne et
riche patriots ( Varoachi ) a dejii fourni une premiere raise de I'onds
et le gouverneinent se dispose a compltiter la somiue necessaire avec
les produitsnatiouaux.
Dans. la c.ipitale de chaque province, il sera etabli une ccok ceii-
trale d'enseignememmutuel-piimaire , et uiie autre ecole philologiqiie, ou
Ton enseiguera : i° La langue grecque ancienne ou litteraire, compa-
ree avec la moderne ; a° les elemeus de geographie , d'liistoire , de
logique , de metapliysique ,d'arithmetique et de geometrie ; et tout
ce qui est necessaire pour que les eleves soient capables d'entrer a
I'Academie d'Argos ; 3° une ou deux langucs europeeunes.
Dans chaque ville ou village important, ilsera etabli uue ecolepar-
ricnliere d'enseigitement mutiiel , et une autre ecole grecque oh Ton en-
seiguera les elemens de la langue grecque litteraire , et, s'il est pos-
sible, quelque langue europeenne, telle que la francaise ou I'italienne.
Voici une liste des ecoles d'enseigneraent nintuel et pLilologiques
etablies inaintenant dans les provinces llbres de la Grece. — A Athe-
nes, deux ecoles centrales d'enseignement mutuel et deux ecoles
pbilologiques , dont I'une a recu le nom de lycce. Dans cette der-
nlere on enseigne : i° la langue grecque litteraire , coniparee a la
moderne ; 2" la langue italienne ; 3'' les elemens de geographie,
d'aritlunetique, de geometrie, de logique et de metapliysique. — La
nieme ville possede aussi une pelite imprimerie qu'elle a recue en
present du coniite philhellenique d'Auglelerre.
L'ile de Tino possede une ecole centrale d'enseignement mutuel,
iin lycee, ou Ton enseigne la langue grecque ancienne et les elemens
(!c-laphilosophie. — Dans Tile d' Andros , soaX. trois ecoles d'enseig-
lu-ment mutuel et deux ecoles philologiques oii renseignement est le
meineque dans le lycee de Tyno.
Dans Tile de Sjphiios , est une ecole philologique que les habitans
veulcnt eriger en lycee. On n'y a pas encore etabli I'enseignement
mutuel , faute de maitres; mais on s'occupe d'en trouver.
Dans I'rlede Patmos avant la revolution, florissalt une ecole grec-
que famcuse, on Ton enseignait avec le plus grand succes la langue
grecque ancienne, la philosophic d'Aristote, la theologie, la rheto-
rique et la poesie, et d'oii sont soitis des maitres savans qui ontre-
pandu la lumifere de I'instruction dans toute la Grfece, et introdult
dans renseignement de la langue grecque une marche plus exacte et
GRECE. — PAYS-BAS. 917-
pliis facile. Celte ccole, quoiqueun f»eu dechue a cause des circons-
tances , subsiste encore, et le gouvernement espere lui reiidre sa
premiere splendeur. Patmos a ime blbliotheque, riche surtout en
manuscrits, et une ecole d'enseignement rnutiiel.
Dans les Cyclades et les Sporades, on trouve des ecoles ; ici , une ;"
la , deux ; ailleurs , trois , selon Tetendue dt- cbaqiie ile ; dans toutes,
on enseigne la langue grecque ancienne et les eleniens de la philoso-
phie , et dans quelques-unes , les iangues francaise et italienne. Ce-
pendant, vu I'ctat des choses, ces ecoles ne sont pas encore bien
organisees. Quelques iles ont aussl renseignement niutuel.
A Tripolitza , capitale du Peloponese, il existe une ccole centrale
d'enseignement mutuel et une ecole philologique , dont les habitans
et le gouvernement se proposent de faire un lycee : Ton y etudiera
la philosophic elementaire et les Iangues europeennes. La ville de
Saint Jean ( Astros ) possede une ecole d'enseignement mutiiel et une
ecole philologique, avec une bonne bibliotheque et des instrumens
de physique. On y enseigne, de plus, la langue italienne. A Saint-
Pierre, village pres d' Astros, il y a une ecole d'enseignement mutuel,
et une 6cole philologique qui n'est pas encore bien organisce. — Dans
la province de Karitene sont quatre ecoles philologiques ; une a Vi-
tina, une a Dimilzana , une a Stemnitza , et une a Leucadia; mais elies
out besoin de nonibreases ameliorations ; on doit etablir sur ces di-
vers points des ecoles d'enseignement mutuel , ainsi que dans les
autres provinces du Peloponese.
lilissolunghi possede une ecole centrale d'enseignement mutuel , et
line autre de pbilologie, ou Ton enseigne la langue grecqueancienne,
les Iangues francaise et italienne.
Les provinces grecques, sous le joug des Musulmans , avaient
plusieurs ecoles fameuses, enrichies de bibliotheques et d'inslrumens
de physique ; tout est malntenant aneanti.
M. Constantas termine cette revue par quelques reflexions sur
I'impossihilite oii se trouve le gouvernement grec , de procurer au
peuple tons les moyens necessaires d'instruction; il iiivoque dans
cette circonstance pcnible et pour une ceuvre si importante, la geu^-
rosite des Philliell(>nes.
PAYS-BAS.
Bruxelles. — Economie rnrale. — Les chevres du Thibet et un
belier de Circassie , apportes dans ce pays par ftl. de Lescuse , de
Binges , et qui ont cte long- terns a Gand , rhez M. Di-lbecq, son
f
;>iH EUROPE.
itiaintcnnnt toul-A-lait acclimates. Lc gouvemement vient de les pla-
cer rliez M. le liaroii Vivario , an cli;\teau de Rin/.ee, pros Marche.
Avec (juelques soins et. la nourriture ordinaire des animaux du pays,
(■e."! cli^vres out ete giieries d'une maladie que I'on sup«-'osait <
Le prix consistera en une moil.iille d'or , de la valenr de 200 ir.
Les concurrens feront parvenir leurs ouvrages, francs de jiorl , an
secretaire perpetuel, avant le i''' juin 1826 , terme de rigueur.
L'academie croit devoir faire connaitie le sujet a trailer pour le
concours de 1827.
» Pendant les quaranfe annees qui ont precede I'avenement de
S. M. Cbarles X , le mouvement extraordinaire dont les esprits out
ete agiles, a dii exercer sur les diveises branchesde la litterature une
influence irresistible:
« Quels en ont ete les effets aux cpoques oil la forme et I'esprit du
gouvernement ont eprouve les variations les plus marquees ?
« Quels doivent en etrejes resultals durables ?
Chalons. (S/arne). — Socieie d' agriculture, cominerce , sciences et arts.
— Prix proposes. — Cette societedeceruera, da nssa seance publiquedu
moisd'aout 1826 , une medaille d'orde la valenr de 3oo fr.au ineilieiir
memoire sur cette question : Quelle a etc , en France , VinfUience mo-
rale des sciences et des arts , dcpuis un demi-siecle P — Elle decernera ,
dans sa seance publiquede 1827, une medaille de la m^me valenr au
meilleur memoire sur ce sujet : Demontrer la superiorile de la morale
de I'Evangile sur la morale des philosophes anciens et modernes.
— Ecole des arts et metiers. — La distribution anuuelle des prix a
ete Aiite solennellemeut , depuis pen , au> eieves de cette ecole. Deux
cents eleves environ (mt obtenu des prix ou des accessits. Nous sai-
9'i4 francp:.
sirons cette occasion pour falre contiaitre les JIvisioiis dcs eludes ct
(les trnvaux clans ce grand ct utile etabllssement. — Insinittion pra-
tiijtie. — j4reUers. — Ajustage, charronage, cizelure, (''hc'nisterie
(deux divisions), fonderie, forges, liorlogerie, horlogerie degrande
dimension, instrumens de inatliematiques , limes, menuiserie, ser-
rurerie ( deux divisions ). — Instruction throriqiie. — Mathernatiqiies :
Mecanique, geometrie analytique, statique, trigonometric. — Gco-
mrtrie : les solides , les plans, les lignes. — Algebie (trols classes). —
Elemens de calciil (six classes). — Physique et chimie. — Demonstration
de machines. — ,Geomctrie descriptive : Coupe des picires , surface
gauche. — Grammaire et licteraCiire /rancaise : ^hetor\c[ue , tropes et
mythologie. — Gengraphie. — Grammaire appliquee (six classes);
Grammaire elenientuire(six classes). — Dessin lave : a I'effet, d'apr^s
les machines , copie. — Dessin an trait et enluminc : Oineniens. —
Dessin Jigurc : AcaAemie, t(5te , commencans. — Ecritiire.
Lyoif. ( Rhone ). — U Academic de cette ville vient de couronner les
Memoires qui lui ont ete adresses sur les differentes questions qu'olle
avail mises au concours , et qui sont toutes relatives a des objets de
commerce et d'economie politique. M. le docteur Ozamam a remporte
le prix relatif a cette question. Troiu'er le mojen de dccreiiser la soie
sans I'encrver ct sans employer de substances alcalincs. Deux memoires
ont ete couroHnes sur cette question d'economie politique qui a tant
exerce les ecoles contraires : Le sjsteme des prohibitions , duns le re-
gime des doiianes , est-il plus niiisible qu' utile aux interets respectijs des
nations? M. Fortune Malhouche , de Paris , I'un des collaborateurs
lie la Revue Eucjclopedique , a remporte le premier prix ; le second
a ete decerne a M. deCoiicELLES G!s , de Lyon. L'academie a accorde
des medailles d'argent , a litre d'encouragement , a MM. Antoine
Faivbe et Antoine Billiet , fils aine , qui avaient traite la mcnie
question.
PARIS.
Institut. — Academic des sciences. — iiJois rf'aout iS^.S. — Seance
du ler. — M. SiTRUN rappelle des observations sur la peste, qu'il a in-
serees dans ses uouveaux elemens de physiologic pathologique et s'offie
pour tenter une secoude epreuve apres MM. Lassis et Costa. —
M. Hachette adresse des observations sur les courbes du deuxieme
degre. — On annonce la mort dc M. Jf'assali-Eandi , correspondant
aTiirin. — M. Arago fait connaitre que la coiuete a coiirleperiodc a
PARIS. 9^5
•rcparu et a ete observee par M. Pons , a I'observatoire tie Marlia.
Le meme niembie communique de nouvelles observations tbermo-
metriques faites a diverses profondeurs pendant les derniferes chaleurs.
— MM. de Lajilace, de Prony et de Rossel font un rapport sur le
ni^moire de MM. Nicollet et Bkousseaud , intitule : Expose des
operations relatives a la mesiire d'un arc de parall^le moyen eiitre
le pole et I'equateur. En voici les conclusions. « i° MM. Brousseaud,
Nicollet et leurs cooperateurs ont acquis des droits aux eloges de
I'academie et a la reconnaissance publique par les travaux auxquels
iis se sont livres pendant plusieurs nnnees pour mesurer uu arc de
parallele entre I'Ocean et Padoue. 2° I! sera't desirable que S. E. le
niinistre de la guerre ordonnat la publication de toutes les pieces
propres a donuer une cotinaissaiice detalllee de lenrs operations, en
y joignant , s'il etalt possible , celles qui concenient la continuation
de ces monies operations jusqu'a Fiume. 3° Le memolre deMM. Ni-
collet et Brousseaud sera insere dans le recueil des savans eirangers
ave'cla carte etle tableaudes resultats qui y sont joints." (Approuve.)
— L'academie vaau scrutin pourl'electiond'uusuccesseurdeM.Burk-
bardt. Sur 48 votans,M. Damoiseau oblient 45 suffrages et 31. Nicol-
let 3.M.DA.M0isE.vit estdeclareelu. — M. Caucbyfaitun rapport sur le
menioire presente sous le nom d'AsiROpniLiKaios , et pense que ce
travail ne merite pas I'approbalion de l'academie. (Approuve.) —
M. Geoffroi Saini-Hilvire lit un extrait d'un travail sur des
monstruosites huniaines caracti'risces par Tabseiice de la moelle ar-
brospinale et noniniee anencejjliale.
Du 8. — M. Ara&o coiumuiiique a l'academie diverses remarques
relatives a la comete qui a ete reeemmeiit apercue par M. Poms. II
indique les motifs qui donnent lieu de penser maintenant que cet
astre n'est point la coin^te a courie periode dont M. Encke a recon-
nu le cours elliptique. — M. de Monpekkakd , professeur au college
royal de Versailles , ecrit a l'academie dans le dessein de lui mon-
trer que les proprietes des courbes du deuxieme degre, dont M. Ha-
clielte a enlretenu racademie dans la dernlt-re seance, etaient dej.-i
connues. — M. Dupetit-thouahs lit une notice intitulee : Sur une
dilatation qu'eprouveut quelquefois les scions du peupller blanc. —
II est donue lecture d'un memoire de MM. Qooy et Gaimakd, in-
titule : Observations siir quelques crustaces , consideres sous le
rapport de leurs moeurs et de leur distribution gcographique; suivies
de la description de plusieurs especes nouvelles , decouvertes pen-
dant le voyage autour du monde de M. le capitaine Freyciuet.
9*6 FRANCE.
(MM. Latreille ct Dumeril , coniniissaires. ) — M. le docteur Lassis
lit une notesur I'epizootie de i8t5 et sur celle de cette aun^e, et hi
suite d'uiie autre note sur les causes des ('■pideiniLS. (MM. Magendie
et Dumeril, commissaires. )
— Du 1 6. — Le ininistre des affaires ecclcsiastiques communique
un memoire sur ladifficulte de placer uu paratoimerre sur le cloclier
de la cathedrale de Metz. ( Renvoye a lu section de physique. ) —
M. DuPiN lit une notice sur un uouvel eiiseignement de la geometrie
et de la mecanique appliquee aux arts. — MM. Vauquelin et The-
nard font un rajiport sur les niemoires de MM. Bussvet Lecand ,
intitules : De Taction de la chaleur sur lescorps gras ; el deM. Dupuy
sur la distillation des corps gras. <• Nous ne suivrons pas les auteurs
(MM. Bussy et Lecanu) , dit le rapporteur , dans les operations de
detail qu'ils font pour reconnaitre les differentes substances qui se
fornient et eu eslimer les quautites approximatives. II nous sufiira
de dire qu'il est certain que les acides margarique et oleique font
partie des produits de la distillation des corps gras , et que cette ob-
servation, que les auteurs nous ont mis a meme de constater, en nous
preseutant des masses assez consid<''rables d'acide margarique , nous
parait importanle. En consequence , nous pensons que le memoire
de MM. Bussy et Lecanu est digne d'etre imprime dans le recueil des
savans Strangers. » (Approuve.) — « M. Dupuy avait presente a Fun
de nous , continue M. Thenard, dans I'annee iSaS , en presence de
M. Lecanu qui I'a consigne dans son travail , fait en commun avec
M. Bussy , un produit solide provenant de la distillation lente des
huiles de lin et de pavot. Mais M. Dupuy n'enconnaissait pas la
nature et nous lui conseillames de consulter a ce sujet M. Chevreui.
L'auteur a suivi notre avis; de la le memoire qu'il a lu a I'academie.
Ce memoire a le meme objet que celui de MM. Bussy et Lecanu , et
Ton parvient a ce resultat important : qu'au nombre des produits de
la distillation des corps gras se trouvent I'acide oleique et I'acide mar-
garique, ou , suivant M. Dupuy , I'acide stearique. II parait cepeii-
dant , d'apres l'auteur, qu'independamment de ces acides, il s'e:i
formerait un autre qui serait congenere des acides butirique et pho-
cenique. Mais MM. Bussy et Lecanu ont fait connaitre les premiers
leurs resultats , et les avaient mi^me deposes a I'academie plusieurs
mois avant la lecture de leur memoire. Nous pensons neanmoins que
le travail de M. Dupuy est digne d'cloge et qu'il est a desirer que
l'auteur continue ses recherches. (Approuve. ) . — M. ue L.vcEPr.DE
presente le nouveau reglement de I'universite de New- York et des
PARIS. 927
observations meteoiologiques faites a Albany dans ledit etat. —
M. MoBEix; DE JoNUES lit une notesur les enqu^tes officielles con-
cernant la contagion de la fievie jaune ct la peste. — M. M.vkion lit
un menioire sur la cauterisation dans la variole et les autres maladies
eruptives. (MM. Portal et Boyer , commissaires.)
— Du 32. — M. Lavocat, chef de bataillon du genie, enretraite,ecrit
de Bar-le-Duc qu'il s'occupede reniplacer par des roues a timpan les
maneges qui font mouvoir les filatures etablies dans le departement de
la Meuse. II appelle I'atteiition de I'acaderaie sur une question rela-
tive a rapplication de ses machines. (MM. Prony et Girard, commis-
saires.)— Mi. Bkessy , medecin a Arpajon , transmet a I'acadeniie
deux paires de lunettes d'une construction particiilifere, qu'il appelle
rostrales (M. Fresnel , commissaire.) — MM. les docteurs Laserre et
CosTA ecrivent a I'acadeniie poar coinmuniqucr diverses remarc[ues
critiques au sujet d'lln memoire de M. Mokeau de Jonnes, lu dans la
derni^re seance, etrelatif aux enqudtes officielles faites sur la conta-
gion de la fievre jaune et de la peste. — M. Aeago communique I'ex-
trdTt dedeux lettres relatives aux appaiitions recentes dedeuxcometes.
Dans la lettre de M. Pons , du 9 aoiit , ce savant fait mention d'une
nebuleuse qu'il vient d'apercevoir dans la constellation de la chevre ,
et a I'egard de la comete qu'il avait vue auparavant, il remarque
qu'elle differe beaucoup de la comfete a courte periode de M. Enke.
La seconde lettre est de M. Brkjamin Valz, qui ecrit de Nimes
en date du lo aoiit. Elle contient des observations detaillees de ces
deux astres dont !"un est la comete periodique de M. Enke. —
M. Arago fait part de quelques autres observations , et M. de La-
place annonce que ces deux niemes com^tes viennent d'etre obser-
vees avec beaucoup de soin par MM. South et Nicollet, a I'obser-
vatoire de M. South , 6tabli a Passy. — On precede au scrutin a
I'eleclion d'un correspondant pour remplir la place de M. Lamou-
roux dans la section d'anatomie et de zoologie. Le nombre des votans
est de 44- M. Desmarest obtient 27 suffrages , ]\I. Meckel i3 , M. de
France 3, M. Marcel de Serres i. M. Desmarest est proclame cor-
respondant. — M. Mathieu, au nom d'une commission , lit un rap-
port sur un memoire de geometric perspective ou nouvelle descrip-
tion des corps , par M. Cousinery , ingenieur des ponts et cliauasees,
a Marseille. Les precedes de la geometric descriptive , leis qu'ils ont
ete reunis en corps de doctrine par Monge , ont pour base la projec-
tion orthogonale des differens points de I'espace sur deux pl.ins
rectangulaires qui se reduisent a un seul par le rebattement du plan
tjaS FRANCE.
vertical sur le plan horizontal. M. Cou.siiu'iy pense que Ton pour-
rait avec avantage rapporter Ics points de I'espace a nn plan qu'il
appelle tableau , et a un point. Preuons pour example une ligne
droite : le |)Ian qui passe par le point choisi , oii nous supposerons
que I'oeil est place , et par une ligne donnee , coupe le plan du ta-
bleau ; I'intersection est la perspective, non-seulement de cette ligne,
mais encore de toutes les lignes situees dans le plan projetant. Cette
perspective ne peut done pas determiner la position de la droite.
Mais si par I'oeil on mene une droite qui soit parall^le a la droite don-
nee , elle percera le tableau en un point uu viennent concourir les
perspectives de toutes les lignes paralleles a la ligne proposee. L'au-
teur le nommc point limice , parce qu'il termine la perspective de la
droite. Si i'on concoit de plus la ligne donnee prolongce , elle ren-
contrera le tableau en un [)oint que I'auteur appelle trace. Aumoyen
de ces deux points de la [lerspective, la position de la droite se trouve
entitrement determinee dans I'espace. En effet , la trace est un point
de cette droite et le point liniite fixe sa direction , car elle est paral-
lele a la ligne qui joint I'oeil au point limite. L'auteur s'occupe en-
suite de la perspective d'un plan et rcsout la plupart des questions
que Ton peut se proposer sur la droite et le plan considere dans
I'espace. Les constructions sont en general assez faciles a suivre , et
les epures , qui sont executees avec soin , ne paraissent pas plus char
gees de lignes que celle de la projection orthogonale. La seconde
partie du Memoire est consacrce aux surfaces courbes , telles que la
sphere, le cylindre, le cone, I'byperboloide a une nappe, etc. Au
moyen des extensions que M. Cousinery apporte a la perspective or-
dinaire , les problemes de geometric descriptive pure se resolvent
par une simple projection qui a en outre I'avantage de presenter une
image fiddle des objets. M. Cousinery annonce que cette methode
est prccieuse pour la description des machines et des projets d'archi-
tecture, pour la cristallographie , et generalement pour tous les arts
qui out besoin de decrire par une seule image. Mais l'auteur, n'ayant
pas mis dans son Memoire d'applications de sa metliode, nous la con-
siderons seulement comme une theorie inathematique , et sous ce
rapport , nous proposons a I'academie d'accorder son approbation
au travail ingenieux de M. Cousinery. (Adopte.) — M. Lonchamp lit
un memoire sur les effets d'une haute temperature appliquee a I'eva-
poration des liquides. ( MM. Thenard et Arago , coinmissaires. ) —
M. Jui.TA FoNTANELLE lit uii mcmoire sur le soufre natil' hydrate ^
decouvert dans ledepartement de I'Aude. (MM. Vauquelin et d'Arcet,
PARIS. 9*9
commissaires.) — M. Arago fait yu nom d'une commissioa un rap-
port concernantle voyage dedecouvertes execute danslesannees i8a»,
1823, iS24eti825, sous le conimandenient de M, DuPERKEY , lieu-
tenant de vaisseau. L'elendue de ce rapport ne nous permet que d'en
citer les conclusions. « L' Academic trouvera dans les analyses que la
commission vient de lui presenter la preuve que le voyage de la
CoqtiiUe merite d'occuper un rang distingue parmi les plus brillantes
expeditions sclentifiques execulees , soil par la marine francaise , soil
par celle des autres nations. La commission u'a qu'un voeu a emettre,
c'est qu'une publication proniple et detaillee mette le monde savant
en possession des richesses aussi uombreuses que varices , dont ou
est redevable au zele , au talent et a I'infatigable aclivite de M. Du-
perrey et de ses coUaborateurs. ■ ( Approuve. Le rapport sera adi'esse
au ministre de la marine. )
— Du 29. — M. Ber.ird, juge honoraire de Briancon, adresse un
nou^eau memoire sur le theoreme de Fermat. ( MM. Legendre et
Cauchy , commissaires. ) — M. le docteur Lassis ecrit sur la con-
tagion du Typhus. — M. Magendie presente un memoire sur I'hy-
drophobie par le docteur MiRocHETTf. (M. Magendie, pour un rap-
port verbal.) — MM. Cuvier et Dumeril font un rapport sur le memoire
de M. B\HRY, relatif a Taction de I'atmospbere sur la respiration.
Ce memoire presente trois points de recherches principaux: 1° de
determiner par des experiences positives quelle est la puissance qui
force le sang veineux a se diriger des plus petites ramifications ou il
es^ puise jusqu'au ccEur oil il aboutit ; 2° d'apprecier et de comparer
la vitesse avec laquelle le sang se meut dans les veines et dans les
arteres ; 3° d'etablir que I'abord continuel du sang veineux au coeur
ue pent etre assigne uniquementaux causes auxquellesil a ete attribue
jusqu'a present. « En lerniinant ce rapportsur le memoire inteiessant
de M. Barry , dit M. le rapporteur, dans lequel nous nous lalsons
un devoir de declarer que les experiences decrites avec beaucoup de
details par I'auteur , ont ete faites et repetees plus de vingt fois
sur des cliiens , sur des brebis , sur des chevaux ; qu'elles ont cons-
tamment reussi , toutes les fois qu'il a pu execuler , comm« il le de-
sirait , les precedes ingenieux qu'il a imagines dans ce but, et que
ces recherches ont eu lieu sous nos yeux , a la faculte de medecine ,
au jardin du Roi , a I'ecole d'Alfort devant M. Gu-ard , et aux abat-
toirs de Montfaucon ; vos commissaires jugent ces recherches faites
daus un tres-bon esprit , et tres-propres a cclairer I'histoire physiolo-
fiique de la circulation veineuse des raammifeies. Sous ce rapport,
T. XXVII. — Septembre i8a5. 5()
gSo FRANCE.
its ont riioniieur de proposer a i'acadc^mie d'inviter I'auteur a pour-
suivre ses rccherches siir les causes de I'absorption , qui peuvent
offrirun grand inter^t et des applications tr^s-utilcs a I'econoniie ani-
male , et de decider que le mcmoire de M. Barry sera inscre parmi
cenx des savans etrangers. Cependanl , iis ne doivent pas laisser
ignorer que , dans leiir opinion particuliere , I'acte de rinspiration
qui petit produire le vide et par suite I'appel du sang veineux dans
la cavite du thorax chez les animaux a poumon , tels que les mam-
•niifferes' et les oiseaux , ne suffit pas pour expliquer les mouvemens
du sang dans les veines, chez quelques reptiles et chez les poissons
qui ont un autre mode de respiration ; la meme coiucideQce d'action
ne pouvant se trouver entre I'inspiration qui s'opere chez ces animaux
par une veritable deglutition et I'abord du sang veineux dans la ca-
vite de leur coeur. >■ (Adopte) ^M. Dupin fait un rapport verbal sur
le bulletin universel de M. de Fekussac. — M. Civiale lit un memoirc
sur la lifhotritieoa nouveau moyen de broyer la pierre dans la vessie.
A. MiCHELOT.
— V Academie royale des Inscriptions el Belles Letires ayant h nonimer,
le 19 aout , a deux places vacantes d'associes etrangers, son choix
s'est fixe sur M. le baron Gitillaumc de Humbojlht, ministre d'etat de
S. M. le roi de Prusse , et f'rere de I'illustre Voyageur ; et sur
M. Creutzer , professeur a Heidelberg , que de vastes travaux out
place au premier rang parmi les savans dc I'Allemagne. Sa cele-
brity , comme philologue , egale celle de M. Giiillaume de Humboldt,
poete distinefue , commentateiir savant d'E?chyle , et auteur d'ou-
vrages d'un mcrite eminent sur la langue iberienne , le Sanscrit et
la grammaire generale.
Socicte philaut'iropiqiie. — La seance publique et annuelle de celte
Society a eu lieu, ert juillet iSaS, dans une des salles de I'Hotel-
de-Ville de Paris. M. Deleuze , secretaire general, a rappele les
nombreux travaux Suxquels la Societe s'est livree pour creer, amc-
liorer ou encourager une foule d'instilutions utiles a la classe la plus
laborieuse du peuple. A p-jine etablie en 1800, la Societe philauthro-
i)ique fu>la premiere a fonder des ecoles de charite , pour enseigner
nux erifans les principes de la religion et de la morale. Elle a distri-
bue plus dedix-se)>t millions de rations de soupes aux indigens, et
elle a fait soigner pri-s de (juarante mille lualades ; elle a , en outre,
propag^ , encourage et multiplie les Societes de secours mtitueh , dont
le nninbte des menibies s'eleve aujourd'bni h prfcsdequinze mille,
presque tons artisans et simples ouvriers (voy. ci-dessus , page 881 ).
PARIS. 9? I
SocUre pour lamelioration ties prisons. — ■ L' execution philanthro-
pique du systeme pour ameliorer le regime des prisons se poursuit
avec activite dans le dc^partenient de la Seine, sous I'auguste protec-
tion de S. A. B. Mgr le Dauphin, dont I'intervention puissautesemble
sVtJir excite partout le zele et les efforts les plus honorables. Un
concours avait ete ouvert par I'administration pour une prison-modele,
destinee a servir de maison de correction pour quatre cents femmes.
Une commission de magistrals choisis dans le conseil special des
prisons s'etait occupee a examiner le projet sous le rapport des con-
venances administratives. Une autre commission, compos^e d'archi-
tectes celebres, membies de I'lnstitut, avait aussi ete appelee a exa-
miner les projets sous le rapport de I'art et des donnces du pro-
gramme. Le Conseil special des prisons de Paris s'est assemble , le
8 septembre, a I'Hotel-de-Ville, pour le jugement deCnitif des pro-
jets, et, apres un mur examen, sur le rapport de ses deux commis-
sions , il a decerne le prix a M. Hippoljte Lebas, dont la composition
a reuni tous les suffrages. D'apr^s I'avis des gens de I'art, le projet
couronne peut etre considere comme le meilleur type de prison qui
exisle, mdme en Angleterre et aux Elats-Unis. Du reste, il n'est pas
tine seule composition qui n'ait justiGe avec eloge le choix des con-
currens, et I'ensemble de ce concours, qui fera epoque, parait ^Ire
une nouvelle preuve du nierite eclatant qui distingue notie ecole.
Travaitx publics. — Canal maritime de la Seine. — Les travaux pre-
paratoires de ce canal ont mainteuant leur plein developpement sur
toute la ligne, depuis Paris jusqu'a la mer. Dans le seul niois d'aoiit ,
les ingenieurs ont nivele 44 raille metres en longueur , et 33 mille
metres de ])rotils en travers. En m^me tems, iz mille metres d'em-
placement du canal ont ete sondes ; dans cette etendue est comprise
une des coupures priucipales. On a trouve la nature du sol beaucoup
plus favorableaux excavations quon n'avpit eu lieu dc lesupposer,
d'apres quelques assertions peu fondees. Les ingenieurs , les con-
ducteurs et les elfeves, cliacun dans la sphere de leurs iravaux, riva-
lisent de talent et d'activite : ainsi tout concourt au succts de cette
grande et belle entreprise qui promet a laFrance de nouveaux raoyens
de prosperite agricole , industrielle et commerciale.
Statistiqiie. — Suicides. — D'apres un releve fait par I'autorite,
il se trouve que Jji suicides ont eu lieu , pendant I'auuee i8a4 , dans
le rcssort de la prefecture de police de Paris; savoir: aly hommei
y3u FRANCE.
et iSa femmes. C'est 19 de moins que I'annee pr^cedente ; mais , \e
nombre de ces tristes ^v6nemens, beaucoup trop considerable en-
core, accuse noire civilisation dont nous sommes si flers , et qui
conserve tant de traces de barbaric, les maisons de jeu, les lote-
ries , les maisons de dcbaucbe , ouverlement autorisees , sont^He
veritables pieges perSdement tendus a la cupidite , a ki mis^re , a la
faiblesse, a toutes les passions corriiptrices; et ces ecoles d'immo-
ralite paient un tribut pour jouir d'uii honteux privilege, et pour
obtenir una existence legale au sein d'un ordre social qu'elles desho-
iiorent. J.
Letcre a M.le Diiecteur dela RevueEncyclopedique au sujetdeT article
sur I'Histoire de la Litteraturegrecque, inscre dans le cahier de Jtiillet.
(V. ci-dessus, p. 88.)
— Monsieur, dans I'analvse que vous avez donnee de VHistoire
de la Litteratiire grecqiie par M. Schoell , vous reprochez avec raison
al'auteur decet ouvrage de n'avoir point rendu justice a notre estima-
ble et savant helleniste, M. Gail; mais je regrette que vous n'ayez
T)as indique d'une manitie positive en quoi consiste le deni de
justice de I'auteur allemand envers le professeur fraiicais. Comme
cette indication est, pour ainsi dire, le complement de I'article que
Tous avez iusere , je crois devoir, dans Tinterct des lettres et de la
Terit6 , appeler I'attention de vos lecteurs sur les omissions de M.
Schoell, omissions dont on a d'autant plus droit de s'etonner, que
plusieurs journaux allemands , qui ne peuvent lui etre inconnus,
ont consigne avec soin les titres tie M. Gail a la reconnaissance des
amis de !a litterature grecque. Permeltez-uioi de reproduire rapide-
ment ces litres; en meme terns qu'ils rappellent d'ntiles fravaux,
ils prouvent que les lettres grecques sent loin d'etre negligees en
France.
I. Herodote , 4 volumes, dont a de texte grec , avec beaucoup de
variantes inediies et d'explicatioDS neuves; et 2 volumes de In Geo-
graphie d' Herodote , publiee pour nos ecoles , et qui sera ulilement
consultce par les savans. Cos deux volumes de la Geographic , ou-
vrage qui feraepoque, sont annonces avec les ]ilus graiuls eloges
par le Monitenr , la Qiiotidietine , et par les Aiivales des voyages. Plu-
sieurs savans allemands les citeut souvent, et M. Jules OEhme, de
Francfort, et d'autres, en ont traduit des pages entiercs. Comment
done M. Schoell, dont le i' vol. a paru en iSaS, n'a-t-il eu au-
cune connaissance d'un travail aussi remarquable , public en 1S23 ,
non plus que de V Atlas (de 107 planches), ouvrage precieux conte-
PARIS. »S3
nam la Gcographie d'Herodote , celle de Thucydide et de X^nophon,
et des planches expUcatives des batailles des anciens.
II. Thiuydide parait, a M. Sclicell, (T. II , pag. 167-1(18 ) prouver
dii zt>le. II nous spmble a nous que ce Thucydide qui, depuis H.
Estienne, n'avait jamais ete publie eu France , prouve plus que dii
xele, et nous y reconnaissons une haute et rare sagacite. Quant a
la traduction, dont on annonce qu'une 2' <5dition est sous presse,
elle est souvent (dans les discours du moins) un modele de style. Le
Thucydide de M. Gail, dit le Monhetir , est une de ces entreprises
auxquelles -est interessee la gloire d'une nation. « Dans ses expli-
cations, M. Gail, plus habile que ses devanciers, dit le Journal de
Halle, est bien plus consciencieux que Ducker. Pulssent nos compa-
(^riotes encourager de si nobles travaux! » M. Schcell ne repond a cet
appel qu'en accusant Thucydide d'offrir des trivialites. Voila comment
M. Schcell traite un savant francais qn'un ecrivain allemnnd appelle
Francogallice decus.
III. Xenoplton , grec-latin-francais. Au lieu de mentionner seche-
ment les xi minces volumes de cette edition , M. Schcell aurait pu se
souvenir que les Heyne, les Wvttenbach, les Sainte-Croix, le Journal
des Savons , ont doiuie de grands eloges a cet ouvrage, dont il faut
lire la preface pour le bien juger ; qu'ils ont loue la traduction, sou-
vent elegante, et ses vaiiantes (i vohime tout entier) oil tous les
jours MM. Schoeffer, Beck et d'autres trouvent de precieuses lecons.
IV. Sophoclc. — Le Philoctete de M. Gail , annonce avec une faveur
marquee dans presque tous les journaux francais , n'est pas meme
norame par M. Schcell.
V. Theocrite. Meme injustice envers le Theocrite deM. Gail. Ce
n'est poiut un ouvrage de luxe , comme le pretend M. Schcell, T. iii,
pag. 173 : le t. iii, qui manque a present, est enrichi denotes
precieuses, et annonce une profonde erudition.
YI. Traductions. — M. Schoell ne fait aucune mention des traductions
francaises de M. Gail. Cependant , ce savant, si connu par ses tra-
ductions de Uion , Moschus , Anacrion , Thucydide , Xenophon , So-
phocle , et autres auteurs occupe I'un des jiremiers rangs parmi
les traducteurs francais des auteurs giecs, comme M. Gueroult ,
parmi les traducteurs des auteurs latins.
VII Phitologie. — A son article Philologic , M. Schcell uc cite point
le Philologue de M. Gail , ouvrage periodique , parvenu a son i6« vo-
lrinie(a vol. par an, 18 fr. et ai fr. par la poste). Neanmoins , eu
Aileinague , on le cite souvent, et Ton en traduit des pages entieres.
93A FRANCE.
Cet oiivrage qui , en France , est unique dans son genre , contient des
articles importans en gramma ire, en histoire , en giJographie et en
tactique.
On pourrait ajouter beaucoup a cet cloge en rappelant ces essais
sur les idiolismes grecs, sur les desinences et les prepositions , essais
qui contiennent tant d'idees ingenieuses et neuves universeliement
adoptees: ce cours grain ic de grec qui durant 21 ans a entretenu le
fea sacre : tant de livres grecs qui ont die imprimes dans un fems ou
ils etaieut si rares parmi nous ; tant rtuit, dont on
jie s'occupe qu'au moment ou il arrive. Le danger de Ju'tinien n in-
teresse ])ersonne; et les amours un peu froids de Thelesis et d'Eu-
doxe n'offrent aucune situation tragiqne. C'estdonc sur la generosite
de Belisaire que le poete a fonde tout le pathetique de sa tragedie;
I'admiralion , quel'ona quelquefoisaccnsee d'etre un sentiment froid,
•est certainement une source feconde d'cmotions delicieuses et d'im-
pressions tragiques; mais il y a , nous le croyons, deux conditions
a reniplir pour que ce ressort dramatique produise tout son effet : il
faut que la clemence coute quelques efforts au personnage qui par-
doune, et que'roa s'iuteresse a celui qui en est Tobjet. La generosit6
semble ^tre si facile a Belisaire , qu'on est moins emu de le voir si ge-
nereux. Toulefois , ce sentiment a tant d'empire sur les hommes as-
sembles , qu'il a fourui a M. Jouy plusieurs scenes tres-pathetiques
et particulierement celle oil le general romain refuse Tappui du roi
bulgare, et celle oii il decide les amis qui veuknt le venger des Ro-
<)i& FRANCE.
mains a mardier contre les barbares; son entievue avcc rcmpereur es?
aussi d'uii fort bt-l effet ; et le contraste des emportemenscrAiitonine
et de la vertu sto'ique de Belisaire est menage avec assez d'artpoiir
dissimuler, jusqii'A un certain point, I'inconvenient d'avoir jjeint le
lieros si parfait. Ce caractere remplit toute la piece, et domine tous
les autres personnages; dos qu'il a paru, on ne s'occupe phis que
delui; et Jui^tinien, Antonine, Tlielesis , se trouvent completement
eclipses J mais cette grande figure fait a elle seule un tableau. Nous
sjouterons que, dans cette tragedie, comme dans toutes celles dont
I'action se fonde sur des niouvemens d'armees et se termin'e parune
batoille, le noeud ne saurait dtre bien serre , les p6ripeties ne peu-
vent <5ti'e bien vives ni bien dramatiques ; toutes les ressources du
poete se bornent au developpement d"nn caractere; M. Jouy a deja
prouve que c'est une des parties de I'art ou son talent se deploie avec
avantage.
Le style de la tragedie de Belisaire a et6 juge avant I'effel thedtral;
on n pu y reniarquer quelques longueurs, inais en general on I'a
trouve correct , elegant et souvent poetique ; la representation n'a
lait que coniirmer ce premier jugemenf.
— l"^" representation deSigismmidde ffowr^og-ne, tragedieen cinqactes
de M.ViE?fMET(samedi lo septembre). — Sigismond, roi de 13ourgogne ,
a ete vaineu par son parent Clodomir,'Cls de Clovis,qui regne dans Or-
leans. Depouiliede ses etats , il est fiigitif , et tout le monde le croit niorl;
Sidonie ,son epouse, et ses enfans sont au pouvoir de Clodomir. A cette
c'poque, la captiviie d'un prince , si elle n'etait son ari-^t de mort, le
condamnait du nioins a Teternelle obscurite du cloitre. Cette triste
deslinee menace les enfans de Sigismond; mais Tamour a dompte le
ills du Sicarabre, et Clodomir offre a Sidonie de rendre la couronne
a ses enfans si elle veut consentir a lui donner sa main. Sidonie re-
pousse des vceux qn'elle deteste; son deuil d'ailieurs trompe tout le
monde , exeepte elle ; elle sait qu'elle n'est pas veuve. Cependant un
Stranger, qui s'annonce sous le nom de Godefroi, vient donner les
details de la mort de Sigismond; cet etranger , c'est Sigismond lui-
meme. Pret a tous les sacrifices pour conserver la couronne a ses en-
fans, il conseille a Sidonie de ceder aux voeux de Clodomir ; pour lui ,
il saura bien rompre les nteudsqui I'unissent a une epouse qu'il aime
et dont il est aime. Cette situation difficile est presentee avec art ;
c'est une des meilleures icenes de la piece. Cependant Sidonie s'esl
refugiee, avec ses enfans, dans une eglise dont Clodomir a force
le.< portes malgrc les pr^tres et sa mere Clotilde. H ramcne au p.i
PARIS. 937
lais Sitlonie et ses enfans ; mais bient6t le secret de Sigismond est
decouvert , et Clodomir re lui laisse que le choix de la mort ou du
cloitre. Sigismond se tue, et Sidonie , entrainee .iTautelpar ramour
qu'cl^e porte a ses enfans, va donner sa main a Clodomir , lorsqu'elle
apprend de la bouche m^me de Clotilde que ces princes infortunes
ODt etc massacres par le peuple an moment ou la veuve cle Clovis
-voulait les derober a la puissance de Clodomir. A cette affreuse nou-
velle, Sidonie expire de douleur, et Avitus , saisi d'un transport pro-
phetique, devoile a Clodomir la funeste destinee qui doit punir ses
crimes. — Cet Avitus, dont nous n'avons pas encore parle, est un
venerable prelat qui jouissait d'une grande reputation de saintete;
personnage considerable ii la cour de Clodomir, il ose dire la verite
a ce prince farouche, et il protege de toute I'autorite de sa vertu !a
femme et les enfans de Sigismond. L'auteur fait entendre qu'Avi-
tus est pretre ; mais, ni les habits du personnage, ni le dialogue,
ne rappellent le caractere sacre dont il est revelu. La censure a
sans doute empeche d'imprimer a ce role cette verite si necessaire a
la peinture des raoeurs; a I'epoque on se passe Taction, les jjrelres
jouaient un trop grand role dans la societe pour qu'on puisse les de-
guiser, comme le poete a ete force de deguiser Avitus. D'aiUeurs, le
langage plein d'autorite qu'il lui prcte, les propheties qu'il met dans
sa bouche, ue deviennent vraiseniblables qu'autant qu'il est bieu
reconnu que c'est un ministre du Seigneur qui parle. Sous d'autres
rapports, les mccurs du terns nous out semble mieu\ observees.
Quant aux faits historiques , le poete les a peu respectes. Le devoue-
ment de Sigismond est entierement de son invention , et c'est toute
la piece. Sans doute I'obscurite des tems on se passe Taction perniet
de meler la fiction a une verite que Ton connait si peu. Mais, a quoi
bon emprunter des noms a Thistoire, si on ne lui emprunte gufere
que cela ? La difficulte de jeter quelque clarte dans la confusion des
ev^nemens qui ouvrent nos annales, de tirer quelque inter^t de cet
araas d'horreurs , de trouver parmi toules ces ph ysiononiies , cgalemen t
ignobles ou atroces , un personnage qui remplisse les conditions du
drame,doit avertir les poetes de choisir avec ])recaution , dans ces
tems recules , les sujets qu'ils veulent trailer. Tout ce qu'il y a de
touchant dans la piece de M. Viennet lui appartient , et il peut
imputer a Thistoire la froideur des troi-s premiers actes, et le peu
d'interet qu'inspirent les personnages de Clotilde et de Clodomir ,
aussi-bien que la catastrophe , dont Tborreur est moins tragique qu'on
lie pourrait le croire. Le style nous a semblt' pur et correct; mais
938 FRANCE.
il m.inque <|uelquerois eine I'apparence
d'uue action ; et laseule situation, celle ou Alain Blanchard et le fils
du gouverneur prennent la resolution de s'immoler au falut public,
ne produit pas I'effet qu'on aurait pu s'en promeftre , si elle eut etc
niieux preparce. Jl y a dans I'ouvrnge du patriotisrae, de nobles -len-
timens, et des paroles heroiques; mais tout cela ne suffitpas pour
inleresser pendant cinq actes , et Ton sent trop que Tauteur n'est eir-
core iniiie ni aux secrets de I'art du theatre, ni m^nie a ceux de I'art
d'ecrire en vers. Cette ti agedle n'a point obtenu de succes ; elle avait
recu , la veille , un accue.l plus flatteur sur le theatre de Rouen; sans
doute lesRouennais ont voulu montrer de I'indulgence a I'auteur, eof
faveur du heros de sa piece, qui appartient a leur ville. M. A.
Beaux-Arts. — Gravnre. — Le Tnsse lisant ala princesse Uonoreiin
episode de sa Jerusalem delivree , oil la princesse, que le poete adore
en secret est representee sous les traits de Sophronie. Cette charmante
gravnre complete lacoUectiou desquatre jolies esiampes faites d'apri-s
9/|0 FRANCE.
les tal)leiiux que M. Duds a composes coinme une suite allegorique de
sujets qui personnifient la poesie , la peinture , la sculpture et la miuique.
On sait avec quel charme ces sujets se rapprochent , et quel lieu-
reux lieu les unit. Nous avons tdche de montrer dans une Notice : les
arcs sous t empire de I' Amour ( Voy. Rei>. Eiic. , t. xvi, page ^tio. ) ,
combien est ingcnieuse I'idee d'aniiner ainsi, par des scenes histo-
liques ou anecdotiques coniposees avec goiit et d'une execution pleine
de dt'licatesse, les grandes et belles figures que le ciseau des habiles
statuaires ou le pinceau des Raphael et des Le Sueur nous avail
presentees isolees. La muse de la poesie est aujourd'liui caracterisee
dans la gravure nouvelle que nous annoncons. Le tableau qu'elle
reproduit a obtenu , comnie les tiois autres qui lui servent de pen-
dans, un succes merite au salon. M. Pauquet, I'un de nos meilleurs
graveurs, a su nieltre dans son ouvrage tout ce que le burin pent
dcrober a la peinture, I'expression des ])bysionomies, I'effet general,
le goiit des accessoirefs et la grace des details.
On trouve cette estampe cliez M.'Ducis, quai Malaquais, n" i3 ;
M. Pauquet, rue Neuve-Saint-Etienne, n° 9; et cbez Potrelle , rue
Saint-Honor6, vis-a-vis I'Oratoire. Prix 20 fr. avec la lettre , et 4 en deux parties. La premiere offre une disser-
tation sur I'origine de la parole , et une gramraaire hebra'ique fondee
sur de nouveaux principes ; la seconde , une traduction de la cosmo-
gonie de Moise , ou Ton apercoit une multitude de differences avec
les versions generalement adoptees ; differences dont on pourra se
former une idee , en se rappelant que les premiers chapitres de la
Genese u'avaient pour M. Fabre d'Olivet qu'un sens allegorique ,
d'apres lequel I'auteur sacre aurait voulu peindre la creation du
monde en general , et telle que la concevaient les pr^tres egyptiens ,
sous des noms que leurs racines veritables faisaient facilement com-
prendre de ceux qui etaient inities aux sciences et a la philosophie
de I'Egypte. Ainsi , Adam serait non pas un seul homme , mais le
genre humain ; Eve n'est plus qu'une faculte;Noe, le repos uni-
versel , etc.
Sans emeltre ici aucune opinion sur celte nouvelle maniere d'en-
tendre le texte hebreu , nous devons dire au moins que ce tour de
force presque continuel n'etalt pas au-dessus des talens de I'auteur,
qui a ramene toute son explication aux seules racines hebraiques.
M. Fabre d'Olivet a public encore un ouvrage profond, ayant pour
titre : De I'etat social de I'homme , ou J^ues philosophiques sur I'histoire
du geure humain. a vol. in-8° , dans lequel il recherche I'origine et
94a FRANCE— PARIS.
les Clemens de la society , des gouvernrmens et des religiung , el leu
causes des vicissitudes et des alterations qu'ont subies ces grander
institutions.
Peu avaut sa mort , il avail public uue traduction des vers dores
de Pyikagore ; il en avait public une en vers blancs dn Cain de Lord
Byron , et il refutait , d'aprts sa maniere d'enlendre le texte de la
Gendse , les opinions du poute anglais qu'il regardait comme inju-
rieuses a la divinite.
La mort I'a enlcve, dans le courant du mois d'avril dernier, a
r&ge de cinqunnte-six ans , au milieu de ses travaux , auxquels il se
livrait sans reserve; negligeant tons les moyens de fortune, il vivait
dans un etat tres mediocre, et n'avait pour delassement que la so-
ciete d'un tres-pelit nombre d'amis , dont il avait merile Testime et
rattachement. II laisse plusieurs nianuscrits precieux ; ii professait
la religion protestante.
— Dei,espine (^Pierre-Juki), architecte, membre de I'lnstitut
( Academic des Beaux-Arts, section d'arcliitecture) , et membre du
Conseil general des bdtimens civils, est^mort le i fi sepfembre, a I'dge de
fig ans. Ses fun^railles ont eu lieu le 19 se[)lembre. Uue deputation
de la classe des beaux-arts, sa famille, beaucoup d'artistes et ses
norabreux eleves, formant un cortege de plus de aoo personnes ,
ont accompagne It-nr collogue, leur parent , leur ami et leurmaltre,
au ciuietiere de Montmarire , oii M. Vaudoyer, architecte, membre
de TAcademle , a jprononce un discours dans lequel il a retrace rapi-
dement les services que M. Delespinc avaitrendusa I'art qu'il pro-
fessait et aux ieunes artistes (ju'il avait formes. Issu d'une famille
qui, depuisplusieurs generations, cultiva Tarchitecture, M. Ueiespine
comptait au nombre de ses ancetres I'architecte Mansard j dont le
talent concourut a la gloire de son siecle.
M ..f.
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS
DANS LE QUATRE - VINGT-UNIEME CAHIER.
SEPTEMBRE 1825.
I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES.
I. Reflexions sur quelques institutions et sur quelques nioyens
propres a favoriser ies progr^s de I'industrie , et sur la So-
ciete commanditaire de I'industrie. De HJontgiry. 626
.2. Etude sur la civilisation d'Ha'iti 647
II. ANALYSES D'OUVRAGES.
3. Discours et lecons sur I'industrie, par le baron Charles
Dupiu Ferry. 683
4. Discours sur I'origine de reconomie politique, par J.-R,
Mac-CuUoch, ouvrage traduit de I'auglais par G. Prevost.
J.-B.Saj: 694
5. Histoire de la domination des Arabes en Espagiie et en
■Portugal , par Joseph Conde, ouvrage traduit en fiancais
par M. de Maries, et en alleuiand par M. Kutschmanu.
J.-C.-L. de SisinonJi, 719
fi. La Revue d'Edimbourg JVh. y36
7. Suite d'Etudes calquees et dessinees, d'apr^s cinq tableaux
de Raphael P.-A. Conpin. 747
in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Annoncci ANTES ; DICTrt)NNAIRES ; ENSEIGNEMENT mUTi:EL;
instruction ruRLiQUE ; jouRNAUx; THEATRES , etc ; mais encore a cbacuu
des paj's dont il est fait meutiou dans ce Recueil : de luauiere qu'on puisserap-
procber et comparer tour a tour, .soit I'etit dcs sciences et des elemens de In
civilisation dans citaque pays , soil les nations clles-niejnes, sous les differens
rapports sous lesqucls on a eu occasion de les eousidercr.
V.braliam.son ( M. J. ). Piogres
de renseignemeiit niutuel en
Danemaik, i53.
absenteeism , by Lady Morgan,
43o,56S.
.•VCADEMIES.^ty.SoClETESSAVANTES.
(*) On souserit , pour ce Recceil scie:;tifique ct LixTEr.Air, .•■;, dont il
parait un cabier de quatorze feuilles d'iniprcssion , tons les mois, au Bureau
CENTRAL d'abonnemuNT , rue d'/'riJ'er-Saini-Mie/iel , n" 18; cbtz Artucs
Bertrani), rue Hautefeuil'e, u'' 28, et cbez Renouard, rue dcTouniou, u" 6.
Prix de la souscription : r. Paris, 46 fr. pour un :iu; dans les departcinecs ,
53 fr. ; Go fr. dans I'ctranger.
T. XXVII.
60
C)/,6 TABLE ANALYTIQUF.
Adams Geschichte der Ausbrehung
der christlichen Religion; mic
Anmcrhiiiigem'on Cars ten flJi.te-
gas.-j-j.
Adehing ( T. ). Pro^peilo nomina-
tivo di tiitle le lingiie note , e de'
loro dill lent , e:c. 176.
ADMIHISrHATIUN , -iSl, 42(1, 5o2,
584-
Adonais, an Elegy on the death of
John Keatc,by Percy U S/iellj^-j/iiy.
ApRiQiiE, 5.58, 4'^^ 1 574. 8yo.
Agence griiei-alc des placemeus,
etahlie a Paris , 2y3.
Aghicultuke, 175, 4*5, 4*'9.482.
585, 5y3 , Oio, 758 , 787, 897.
— C L' ) ])ratique et raisoniioe par
sir John Sinclair, traduite de
I'anglais par C. J. A. Mathieu
deDombasle, i85.
— ( !■' ) dans le canton de Calais,
pocme par J. Burgaud , 538.
Alain Blanchard, tragedie , par
Dnpias , 9^9.
Albacini ( Ph. ), sculpteur de
Rome, statue d'Achillc , 274.
Algebkf, , 172, 42 7-
Alger , 574.
Allemagne, 157, 2f57, 445, 585,
774, 9100.
— ( L' ) et les AUetnands, par
A. Schreiber, 778.
Almanach beige, pour I'annec
1825, i83.
AjMEItlQUE MEniUTO?5i. — Histoire cri-
tique et militaire des guerrcs de
la!evolution,par Jomiai(i'ero),
DES MATliRE
J78. — Memoijes poiir servir
a riiistoire de Frnnce sous
Napoleon , ecrits a Saiiite-He-
l^iie par ses generaux (F.-x. ),
383. — OEuvres <\e Delllle,
nouvelle edition (P.-F. Tissoc),
40 1- — Table generale des mo-
nogrammes , par F. Brulliot
( H.-P.), 408. — Cinquante
chants francais , par Rouyetde
Lisle (Zy. JulUen), 4i3. — Dis-
cours ct lecoiis sur riudustrie
etc., par Charles Diipin (Ferrj),
683. — Suite d'etudes calquees
et dessinees d'apres cinq ta-
bleaux de Raphael ( P. A. Cou-
— d'ouvrages italiens : L'ltalie
avant la domination des Ro-
mains, par J.Micali (F.S.i(fi),
363.
Ajr.vroMiE, 4^y.
— de riiomme ou Description et
figures lithographiops de toutes
les parties du corps humain,
par Jules Cloquet, 800.
Anderson's Quarterly Journal of the
medical sciences , 768.
Andrieux ( F. G. J. S. ). roy.
Discours en vers.
Akgleterre, To^-. Granhe-Bre-
TAGNE.
Annates Academics Gandavensis ,
480.
— aca demicE Rheno- Trojectina; ,184
— Islamici sii'3 Tabula; synchronis-
tico ckronuloglcce chalifaritm et
regiim orientis et occidcnlis; edidit
V Janus Lassen Rasmnssen, 444-
— du lycee d'histoirenaturelle de
New-York, i3-.
— de Baltimore, par Thomas
Griffith, 128.
Aunuaire de Legislation et de Ju-
risprudence , 5og.
Antiquites, 112, 249, 268, 586,
6r3 , gi3.
— et \ues pittoresquus qui em-
bellissent le cours de la Mo-
i)^.'
selle, lithogi-aphiees par Ant.
Bamboiix, 268.
— des etablisseraens de Tycho-
Brahe, Uranienbourg et Stier-
Bebourg.dansrilede lloen,i4o.
Appel aux nations chrctiennes en
faveur des Grecs, par Benja-
min Constant, 837.
Appert (B. ). Journal des pri-
sons, hospices, ecoles primai-
res et etablissemens de bien-
faisance, 252.
Aragon ( Mfie ). ygy^ Histoire
d'Angleterre.
Archeologie, 112, 2()8, 273,
T'oyez aussi Antiquites.
Architecture, 781.
Archives philologiques. Publica-
tion prochaine, par B. de
Reiffcnberg , 277.
ARiTH.iiETiguE elementaire rai-
sonnce ., et appliquee, par J. N.
Noel, 181.
Art MILITAIKE , i57, 3o5, 35i,
378, 489, 491, 492, 493.
i Art ( L' ) du taupier, on methode
infaillible pour prendre les
taupes, par Drnlet, 809.
— de la vitriiicatiou , par F. Bas-
tenaire-Daudenart , 810.
— de faire les feux d'artifice pour
les fetes de famille, par L. E.
A. 811.
— du menuisier et de I'ebeniste ,
par F. NMellet, 812.
Artand, C.-M. 5.
Arts uvdustriels , 494 » ^96,
808, 8ro, 81 r, 812. Voyez
aussi Technoeogie.
AsiE, 573, 758, 889.
Assurances (Coup d'oeil sur les)
sur la vie des hommes,etc.,
par J. B. Juvigny, 211.
AsTtioMoaiiE, 2S3.
Atlas contenant les cartes rela-
tives a la geographie d'Hero-
dolp, de Thucydide, de Xeno-
phon , etc., dessinc d'ajires les
rocherches de J. B. Gail , 190.
— geographique, slatistique, his-.
94«
toriquc ct chrotiohigitjuc des
deux AnitTiqucs , tradait de
I'anglais par J. A. Buclion, 8ii\-
Auhrv lo Comte. Lithographic de
deux compositions de Lethierre,
Gao.
Augan ( J.-B. ). Cours de Nota-
rial , 607.
Auteur (L') et I'Avocat, comedle
en vers, par Duport, gSB.
KbSi-iTix Enistola; Judre commei)-
tatio critica, aiict. A. Jessien ,
448.
Auzoux. f'oj-. Preparations arti-
flcielles.
Avenel(M. ), C. — N. 934.
Aventures ( Lcs ) de Faust el sa
descente aux enfers, par de
Saur et de Saint Geiiies , 547-
B
TAIU.K ANALYTIQllF,
Bacler d'Albe. Macedoine litho
graphique , 3oo.
Bains de mer de la Teste ( Gi-
ronde ), 594-
— du Mont-d'Or, 922.
Balguerie-Stuttemberg. f''oy. Ni-
CROLOGIE.
Ballades , legendes et chants po-
pulaires de I'Angleterre et de
rEcosse, etc., publics par A.
Loi-ve-Weimars , 85g.
Baltimore. Ouvrages y relatifs,
128.
Banque (/itablissement d'une) a
Mittau , 264.
Barbier,C.— B. 545, 8J3.
— neveu, C. — B. 557.
Barbieri ( Gaetano ). Repertorio
scelco ad tiso de' teatri ilaliani
etc. 178.
Barny de Romanet. f'q;-. Morale
en action.
Baron ( Sir John ). Recherclies ,
observations et experiences sur
le developpenient des maladies
tuberculuu.ses, traduit de I'an-
glais , par Mme veuve Boiviii ,
807.
Barron -Field. Mcmoires g^ogra-
phiques sur la Nouvelle Galles
du snd , 427.
Bast ( Martin de ). For. Necro-
LOGIR.
Baslenaire-Daudenart ( F. ) f^oj:
Art de la vitrificatioxi.
Batiinent de guerre k vapeur em-
ploye par les Anglais contreles
Birraans , 573.
Beautes de Tacite, avec la tra-
duction fraiicaise , par Boinvil-
liers , Sja.
Beaux- Akts, 179 , 247> 268, 275,
295, 408, 478 , 555 , 570, 591,
6'7. 747. 792-.
Belisaire, tragcdle de Jouy, 984.
Bell's (John). Observations on Italy,
761.
— ( Thomas). Zoological Journal ,
768.
Belles-Lettres. yoy. Littera-
TURE.
Bellezze della commedia di Dante
Alighieri , etc. 79 1.
Beilisomi ( T. ). Grammatica dellc
lingiie italiana e latina, 177.
Belloc ( M-ne L. Sw. ), C. — B.
436.
Bergmann (Benjamin). Voyage
chez les Kalmuks , traduit de
I'allemand par Moris, igo.
— Peter der grosse als Mensch und
Regent dargestellt , 779.
Berlier (Th.). Voy. Guerre des
Gaules.
Bessii'res. ^"J. Nomenclature.
Bianclii. Notice historique sur
M. Ruffiu , 848.
BlBLIOGRAPHIE, I28,t47,267,
419 , 753.
BiBLiOTHEyuE ( Histoirs et des-
cription de la ) royale et pu-
blique de Dresde, par F. A.
Ebert, t65.
— duXIX^si^cle, 186, igfi.
Bidone ( G. ). f^oy. Osservazioni.
— Voy. Experiences.
Biet ( J. E. )■ ^ 7Sf>. —
Mexique, 426. — Norvegc, i5i,
772. — Pays-Bas, 180, 475,
793. — Bussie, 147, 44 'j 770 .
Sue»!e, i5o. — Suisse, 170,
4fio , 782.
— universel des sciences et de
I'industrie , etc. 563.
Burgaud ( J. ). Foj. Agriculture.
Byron (Lord). J^oy. Life.
Cabinet d'bistoire naturelle de
feu le professeur Lamouroux,
a Caen , 277.
Caldcleiigh ( Alex. ). Travels in
South America , i36.
Calonne ( P. F. de ). Foy. Orai-
sons funebres.
Cnmpan (M""^). L'Academie fran-
caise couronne sou cuvrage sur
I'education , 608.
Campbell ( Tliomas ). Les plai-
sirs de I'esperance , poeme tra-
duit en vers francais, par A.
Montemont, 233.
Camper ( A. ). foy. Van Breda.
Canal de Baltimore a Coiievvago,
128.
— maritime de la Seine , 93i.
Canalisation de la Vindau en
Courlande , 264.
CanoiiiciTaciiini ( M>ne G. ). No-
tice biographique dCs femmes
italiennes les plus distinguees
en littcrature, etc. 473.
Carel ( Armand ). Resume de
THistoire d'Ecosse , 318.
Carpani (Joseph). F. Necrologie.
Carrion-Nisas (A. de). /^ty-. His-
toire romaiue.
Carte bistorique , chronologique
et geograpliiquc de la Gri-ce
ancienne, ctc.,parJ. N.C., 5i5.
y5o
Catalogue de livrcs de la loire de
Leipzig , 267.
Cati'chisnie agronomique, par Pol-
liiii, 787.
Cauwer, peintre. Ses tableaux
d'histoire a I'expositiou de
Gand , 276,
Cesari (Aiit. ). Beautes de la co-
mcdie du Dante, etc. 791.
Chaalons d'Argc. Voyage du ca-
pitaine Hiram Cox dans rem-
piie des Birmans , 817.
ChabroL de Volvic ( C. ). Slatis-
tique de rancien departement
deMontenottc, A. 33 1.
Chile de cotoii fabrique par les
Africains, 890.
Chambers ( Robert ). Voj, lUits-
(radons.
Champollion le jeune. Lettre a
M. Dacier relative a ral])habet
des hieroglyphes phouetiques,
A. iia.
— Precis du systfemehieroglyphi
TABLE ANAI.YTlQtJE
Chiephala ( Nicolo ). foj. Sen-
teuces morales.
Chike, 889.
ChiKUKGIE. /'ly. SciENCKS ME-
nCALES.
— <5trangc^re. Foj: Melanges.
Choix des anciens poctes anglais,
737.
Chompre ( N. M. ). f'oy. Necro-
LOGIE.
Chossat. L' Academic des sciences
de Paris lui decerne le prix de
physiologie experimeutale, 282.
Christianin. Embellissemens de
cette ville , 266.
Christianisme ( Le ) et la civili-
sation. Fragment, M. 21.
Chrojxologie, 45o , 5i5 , 8i3.
Cibraiio [L. ). Poesie, 473.
Ciceron ( Harangues de ) contra
Verres , par Truffer, 528.
Ciceronis ( .1/. Ttillii) orationum pro
Scariro , pro Tiillio , et in Claii-
dlnm , fiagmenta inedila , 453.
que des anciens Egyptiens , A.) Cicognam ( L.).Stona della sciiltu
112 „« ^„1 ,.. .' — „;.„ ._ -•_ r._7.-
— Ses travaux sur les monumens
Egypliens, 273.
Chants francais ( Cinquante ) ,
mis en musique par Roiiget de
Lisle, A. 4 1 3.
Charles, etc. Roman, 245.
Charrue trainee par un seul che-
val et tracant a la fois quatre
sillons , 585.
— a pied et sans avant-traln ,
])erfecfionnee par les soins de
M. de Val d« Baronville, SgS.
Chateau ( Le ) des chevaliers
Teutoniques a Marienbourg ,
781.
Chateaubriand ( De ). Note sur
la Grece , 837.
Chatillon. Ou:.tre tableaux de
Girodet lithographies, 298.
Chauvet, C— M. 3i3.
— For. Haiti.
Chefs-d'oeuvre historiques de sii
Walter Scott, etc. 546.
ra dal suo risorgimento in Italia ,
792-
Civiale. Nouveau moyen de de-
truire la pierre dans la vessie,
sans I'operation dela laille, 292.
CiviLJSATiON. V. Christianisme.
— d'Haiti. ycy. Etude.
Classiques francais , ou Blblio-
theque portative de I'amateur
535,853.
— italiens , 177.
Cloet ( J. J. de ). Voj. itlcge.
Cloqiiet (Jules), foy. Anatomic
de riiomme.
Cocconelli. J^ oy. Descrizione.
Code (Nouveau) des Emigres,
ou Manuel pour I'execution de
la !()i sur I'indemnite, etc., par
Naylies , 207.
Coligiiy ( M"e de). La socic'te au
dix-neuvif'me siecle , 201.
Collection complete des lois , de-
crets , ordomiances , etc., par
J. B. Duvergier, S28.
— ( Nouvolle ) d'ouvrages pu-
i
bli^s par la Spcl^te pour I'en-
rouragement des belles-lettres
de Copenhagne, 773.
College recollections , 763.
Collebni ( G. ). Le jour des morts
dans I'eglise de St^- Croix a
Florence, 47i-
Collin de Plancy. Voy. Diction-
naire infernal.
— T'oy. Mulner.
Coi-OMiiiE , 570.
Colonisation inilitaire de la Rus-
sie , f^oy. Lyall.
— T'oy. Ferry.
Colonna ou le Beau Seigneur,
liistoire corse du lo^ siecle par
Mme de Bradi, 55i.
Commerce , 2fi4 , 495 , 56g, 683,
759, 834, 893, 920.
— de charbon aux Etats - Unis ,
267.
Compagnie des mines d'Haiti eta-
blie a Londres , 8ofi.
Compagnies de commerce, etc.,
formees en Angleterre dans le
courant de I'annee i8.!4 >
578.
Compte rendu des travaux de la
Societe royale d'agricultnre ,
etc., de Lyon, par L. F. Gro-
gnier, 56o.
Conde ( J. A. ). Histoire de la do-
mination des Arabes et des
Maures en Espagne, etc., tra-
duite eufrancaispar deMarles,
A. 7/9.
— meme ouvrage traduit en alle-
mand, par Kutscbmann, A.
7'9- _
Considerations snr la civilisation,
M. 2 1.
— pratiques sar les fi^vres in-
termiitentes, par de Rirckhoff,
793.
Constant( Benjamin ), /^oj.Apjjel-
Constituliou ( De la ) du caulon
de Vaud , par Eugene Monod,
463.
— Voy. Reflexions.
PES MATI^RES. ySl
Contes et fabliaux , par Auguste
lligaud, 23fi.
Correspondance matliematique et
pbysiquc, par M. Gamier et
A.QuetcIet, 481.
Cosmorama de Paris, 297.
Coup d" 473,
5ai.
— de la litterature grecque pro-
fane , etc. , par Schoell , A. 88.
— des litteratures anciennes , par
A. Loeve Weimars, A. 100.
— de la litterature italienne, etc.
par G. Maffei, 471.
— ( Resume de 1' ) de la littera-
ture francaise, 521.
jrATURELLE, iSa, 278, 27",
279, 299, 808.
Histoire de la sculpture depuis sa
renaissance en Italic, etc. par
L. Cicognara, 792.
Histoire de Pierre Giberne. P'oj-.
Jussieu.
Histoire d'une vie , :45.
Hocit ( G. K.). Greve Jokan Frede-
ric Struensee , i54-
Hospice thermal nouvellement
fonde au Mont-d'Or , 922.
Howison (John). Foreign scenes and
trai'dlling recreations , yGS.
Humboldt. ( Alex, de ) A'ty-. Nou-
velle-Espagne.
— ( Guillaume de ) f''oj. Nomi-
NATIOKS ACADEMIQUES.
Hiine {■4.') Geschiclttedes Konigreichs
Hannover , 452.
Huzard fils. f'ojr. Garantie.
Hygiejve, 1 56.
I
Ideler ft.). Handbuch der mathe-
matischen und technischen Chru-
nologie , /f^o.
luEOLOGiK. yoy. Destutt de
Tracv.
lliadc d'Honiire, traduite en vers
sciolii , par- Michel Leoni, 789^
9"i8
lUastrations oj the author of Wa-
verley , by Robert Chambers, i44-
Iinynovisations de M. Pradel ,
6ifi.
Improvisatrice CThe) , etc., 435.
Indes obikntales, 573, 574, 890.
Iiidic.ition des principaux Ou-
vrages p^riodiques publies en
Allemagne, clnquieme article,
ifiH.
— Sixieme article, 456.
iNnusTRtF. , (iaS , 683, f)i8 , yig.
lnfanticide(Qiielques fails reraar-
quables d') soiimis aux re-
flexions du legislateur , etc. ,
782.
Inqtiirj (An ) into the present state
of thecivillaw in England , etc. ,
bj John Miller, 142.
IlfSTITUr ROYAL DE FuANCE. Voy.
SoCIETES S.WXNTES.
— technologique, nouvelletnent
fonde a Moscou, 264, 582.
— de Hofwyl , 902.
iTistitution fondee a Londres
pour I'instruction des artisans ,
58o.
iNSTRticTioif puBLiQOE ; a Ge-
neve , 270; — en Argovie,
270; en Grece, 27', 3r3; —
en Russie, a63, 264; — en
Baviere, 900.
Inventions, 276, 292, 3oi,
585, 886, S99, 912 , 918.
— et decouveites en mecanique
de Joseph Masera, de Turin,
590.
Ihlande, 43o.
IXALIE, 175, 273, 467, 590,
759, 761 , 786 , 911.
— (L'') avant la domination des
Roinains , par Micali, A. 363.
Itureens (Reclierclies historiques
sur les) , par Frederic Miinter,
1 5 2.
J.iquolot (M'»<'). Portiait d'Anne
de Roulen , peint sur porce-
laine, 296.
TABI.K ANM-YTIQUF.
Java. yoy. Marchal.
Jazet. Le roi a cheval entoure
de ses principaux ofGciers.
Gravure d'apr^s le tableau de
H. Vernet, 618.
Jeanne-d'Arc, trag^die, par G.
F. Nancy, 543.
Jeanne la folic, reine d'Espagne,
roman historique par Simon-
nin , 869.
Jessien (Adam), f'oy. kw^vnix.
Jobanneau (Eloi). Joy. Rabelais.
Jollois. J^oy. Fouilles.
Tomiiii. Foy. Ilistoire critique.
Jonathan le Yisionnaire , coutes
philosophiques et moraux, pu-
blics par X. B. Saintine, 870.
Jorritsma. foy. Opbthalmie.
Joueur (Le) a Paris , ou les jeux
dans leurs consequences sur la
nioralite des individus, etc.,
par A. Vivien , 5o3.
Journali ( The J of madame Knight
and Rev. Biic/iingham , etc., i3l.
JOUHNAUX ET RF.CUEILS PF.RIO-
DiQUES , — publics en JUema-
gne: indication c!es principaux
Ouvrages periodiques , 166,
456.
— ]iublios en Angleterre : the new
Monthly Magazine , a Londres,
146. — Parthenon, a Londres,
262. — Le Petit Mercnre , a
Londres , 44^. — The Edin-
burgh Review, 736. — R-evue
somniaire des principaux re-
cueils periodiques publics a
Londres et a Edimbourg, 767.
— pnblies en Danemark : Nya Hy-
gea, a Copenbagne , i56.
— publics aux Etats-Unis : the
North amcrican Review , a Bos-
ton 1 33. — New England Farm-
ni'^r , II Boston, 4*5. — Thi;
New - York Review , 755. —
Pho'phor, morning star of liberty
and equality, ,i New - York ,
706.
— publics en France : Journal des
prisons, hospices, etc., a Pa-
r>£S MATliBSIi.
9^.9
lis, a5a. — Bulletin universel
des sciences et de I'industrie,
a Paris , 563. Journal de la
Socieie des sciences, etc., du
departement du Bas-Rhin, a
Strasbourg , 36-. — Journal
de la section de medeciue de la
Societe academique du depar-
tement de la Loire-Inferieure,
a Nantes, 567.- — Journal de
la Societe des sciences, etc.,
du Bas-Rhin, a Strasbouii; ,
883.
— publics en Italie : L'uiile Passa-
tempo, a Naples, 180.
— En Rusne : Journal des Mines,
a Petersbourg, 582.
Jouy. foj. Belisaire.
JuiFS. Amelioration de leur sort
eu Pologne, 583.
Jullicn (M. A. ). Fondateur-Di-
recteur de la Revue Encyclopc-
dique, C. — Preambule d'une
notice sur le resultat moral
du dessechement des inarais de
la Liuth, en Suisse, 5. — Con-
siderations sur la civilisation ,
et origine de la Revue Ency-
clopedique, dont le plan fut
propose a Bonaparte en 1801 ,
21. Les articles signcs M. A. J.
— La France en iSaS, ou mes
regrets et mes esperances ,
discours en vers , deuxifeme
edition, 862.
— (Auguste), C.-B. 862.
— (B.), C.-A. 4i3.
JuBISPRUDEJiCE , 202 , 2uy , 273 ,
456, 484, 5o5, 507, 509,828,
83i , 832. Voyez aussi Dhoit et
LEGISLATIOIf.
— des codes criminels , par
Bourguignon , 829.
Jussieu (L. P. de). Histoire de
Pierre Giberne, 827.
Juvigny ( J.B. ). Coup d'oeil sur
les assurances sur la vie des
hommes , etc., 21 1
K
Kapnist. Foj. Necroi.ogik.
Keaie (John), /'ti/. Adonais.
Keratry. Foj Culte.
Kircklioff ( De). f'oj. Considera-
tions.
— Traite sur le service de sante
(les armees , "93.
— yoj. Nominations ACiOK-
MIQUES.
— Ophthalmie.
Knight ( M'ne ). yojr. Journals.
Koppen ( Pierre de ). Feuilles
bibliographiques, 147.
Kiinisch [F. G.) Uandbiich der
deidschen Spraclie iind Literatur ,
454.
Kutschmann. Foy. Conde.
Labarraque, pharmacien. L'A-
cademie des sciences de Paris
lui decerne un piix pour ses
recherches chiniiques , 282.
Lactance. Son poeme sur le Phe-
uix , revu sur des MSS. non
explores, etc., par A Martin,
781.
Lafasge (J. Adrien), C.-B. 660.
N. 274 , 277 , 592.
Lahalle (P.). Essai sur la mu-
sique, 558.
Lamartine (A.), foj'. Epitres
Lami (P.). Resume de riiistoire
de Picardie , 5i6.
Lamotte-Langon ( B. de). Foy.
Province ( la ) a Paris.
Lancreuon. Saint-Louis recevant
dans les cienx Louis XVI ; li-
ihographie d'apres une compo-
sition de Girodet , 620.
Langues qui existent sur la terre ,
900;
Lanjuinais , de I'lnstitut, C.-B.
153,175,214, 2 23, 5o I, 869.
— (P.E. )fils, C.-C. 195, 836.
9G0 T/ABtF. AWaLYTIQIIK
D. M. L'Acad^nwe des — (Extraltd'une) ^crite des fron-
Lassis
sciences de Paris lui decerne
una niedaille d'or , 282.
L6ger (Th,). roy. Manuel.
Legislation, 142, ao5, 267,
45fi , 509 , 579 , 587 , 592, 782 ,
828,889,906.
— (De la) et de la jurisprudence,
concernant les brevets d'inven-
tion , etc. , par Th. Regnault,
206.
Legrand (A.). Traite de physique,
186.
Leichtlen ( J. ). f^oy. Schwaben.
Leigh's New pocket road book
of England , Wales and pdrl of
Scotland, i35.
Le Jeune. Revue de la Flore des
environs deSpa, 180.
Lelouterel (F. G.) ^oy. Manuel
encyclopedique.
Le Normand ( L. Seb. ) , C.-B. ,
8i3.
Leonard (J.), foy. Histoire du
Roussillon.
Lconi (M.J. Iliade d'Omero, 789.
Leriche, (J. ). Notes sur la My-
thologie, 820.
— f^oy. Vues.
Le Sage. Histoire de Gilblas de
Santillane, 853.
Lesguillon, Les nouveaux Adel-
phes, coinedie en vers. 294.
Lessings Fabeln , 568.
Lettre a M. Dacier, relative a
I'alphabet des hieroglyphes
phonetiques , etc. par Cham-
pollion le jeune, A. i r2.
— de M. Avenel adressee au di-
recteur de la Revue Encyclo-
pedique au sujet de I'histoire
de la litterature grecque , par
Schoell, 982.
■ — ( Extrait d'une ) adressee au
correspondant de la Revue En-
cyclopedique a Londres, 570.
— ( Extrait d'une) ecrite par un
voyageur en Afrique au Di-
recteur de la Revue Encyclo-
pedique, 574.
tidres de la Chine ,
— (E^xtrait d'une) de Lausanne,
9or.
— adressee a M. M. A. JuUien au
sujet de I'lnstitut d'Hofwyl ,
902.
— a M. le redacteur du Journal
d'cducation, etc., 5o4.
Lettres sur I'Aiigleterre, par A.
de Stael-Holstein ,219.
Levi. ^oy. Discours en vers.
LiBRAiRiE , 267.
Licquet (Theod. ). f^oy. Dibdin.
Life ( The), writings , opinions and
times of lord Hyron , 4^ i .
— (The) and surprising Adven-
tu) es of Robinson Criisoi; , 254.
Liagard. f^oy. Histoire d'Angle-
terre.
LiTHOGRAPHIE, 268, 298, 299,
3oo , 3oi , 619, 873 , 94o.
— Ses progrfes en Danemark ,
584.
Litterature alleraande , 247.
454, 552, 568, 884. — Ancienne
classique, 88, 100, 23i, 528,
789, 852. — Anglaise, i43 ,
i44 I 145 , 146, 283 , 245 , 254 ,
434,435, 437, 438,440,546,
568,58o,736, 768,764, 765,
767, 859. — Arabe, 444 > 719-
— Belgique francaise , i83,
797, Biblique. — 448 , 789. —
Danoise, 443, 778. — Des Etats-
Unis , i3i, 182, i33, 4^3,
755. — Francaise, 235, 286,
287, 289 , 242, 243 , 245 , 294 ,
3i3, 401, 521 , 524> 532, 533 ,
535, 536, 537,538, 589,543,
545, 546, 55o,55i, 6i3,858,
856, 857,862,864,865,866,
868, 869,871, 984, 986, 988,
989. — Hebraique , 789. —
Italienne, 177, 178, 180, 274,
471, 473 , /iyi,ygi. — Persane,
758. — Russe, 147. — Sams-
crite, 591.
• — romantique. ^oy. Essai.
DES MATINEES
la jeuiiesse,
Livres destines
i3a, 438.
Loeve - Veimars (A.). Histoire
des litteratures auciennes , A.
loo.
— Voy. Ballades.
Loide Tok'>rance religieuse pre-
sentee par le gouverncment de
Biicuos-A'ires a la Chanibredes
representans , 88g.
— publiee en Baviere contra le
monopole des corporations ,
267.
l.omeni (Ignazio ). Amministra-
zione economica della foglla de'
gelsi iiella coltivazioite de' backi
dasela , 4^8.
Longevite.Exempleremarquable,
5.57.
Loterle. Voy. Dialogue.
— de tableaux a Angsbourg> goi.
Louis XII et Francois 1", ou
Memoires pour servir a une
nouvelle histoire de leur r6-
gne , par P. L. Rcederer , 221.
Louis XVIII ; sa vie , ses derniers
moniens et sa mort, par E. M.
de St. II., 826.
— et Napoleon dans les Champs-
Elisees , 223.
Lubis (F. P.). A la jeunesse
francaise. Souscription en fa-
veur des Grecs, 838.
Lyall (Robert). Essai historique
sur le systenie de colonisation
^nilitaire de laRussie, 493.
M
Mac-Culloch. Diiscours sur I'ori-
gine , les progres , les objets
particuliers et I'importance de
1 economic politique, traduit
de I'anglais, par G. Prevost,
A., 694.
Machine a vapeur employee a
I'exploitation des mines de
Cornouailles, 892.
— pour arracher de la terra les
souche-s des arbres , 886.
961
Machines a tondre et a afiiDer
les draps, agg.
Maes. Une jeune vendangeuse.
Tableau de I'exposition a Gand.
276.
Maffei ( Giuseppe ). Storia della
lilleralitra italiana, 471.
Magasin des Voyageurs, public
par R. Nyerup , 445.
— (Nouveau) mensuel et jour-
nal litteraire , 146.
Makeldey (F . ). Foy. Droit ro-
main.
Manne ( La ) decouverte dans la
plante de crleri, 261.
Manuel encyclopedique et alpha-
betique de I'officier d'infante-
rie, parF. G. Lelouterel, 492.
— de la chronologic matheraa-
tique et technique, par L. Ide-
ler , 45o.
— de la medecine legale, par
Moll, 180.
— de la medecine legale, par Felix
Pasqualone , 4*59-
— du fermier, par Walter Young,
758.
— du teinturier , etc. , par Rif-
fault , 494-
— de mineralogie, etc, parBlon*
deau, 4g4'
— des marchands da bois et de
charbons , par Mari^ de I'lsle,
495.
— du naturaliste pri^parateur ,
ou I'art d'empailler les ani-
maux, etc., par Boitard, 808.
— topographique et stalistique
de I'etat de New-York, 420.
— des jeunes meres, par Th. L^-
ger, 186.
— de la langue et de la littera-
tuie allemande , par J. G. Ku-
niscli, 454-
Manufactures, 890.
Manuscrit de Mungo-Park, 891.
Marbot ( Marceliu ). Foy. N^ces-
I site.
Marchal. Description geographi-
62
y'
TAIiLK ANALYTlOtlE
que, historique et coictnerciale
de Java , etc., 796.
J\Jaichaugy (De ). La Gaule po^
tique , 545.
— P'oy. Tristan levoyageur.
Marcus ( F. A. ) l^oj. Therapeu-
tique
Marie de I'isle. I'oy. Manuel.
M.vKiNE , 3o5 , 683 , 899.
Maries, yoy. Pierre de Lara.
— f'oj: Conde.
Marthe , on la Bohemienne , nou-
velle traduite de I'anglais, par
Mile Claire Desage, 245.
Martin ( A. ). T'oy. Lactance.
Martinoff. Traduction des poetes
anciens en langue russe , 898.
Martyn ( Thomas). Voy. Necro-
LOGIE.
Masera ( Joseph ). f^oj. Inven-
tions.
Masse, ^oy. Droit public.
Masnyer, de Strasbourg. L'Aca-
demie des sciences de Paris lui
decerne un prix , 282.
Mathematiques, 189,475,481,
489. 794-
Mavrogenie , ou I'Hero'ine de la
Grece. Nouvelle historique ,
55o.
Mecamique, 282, 467, 590.
— pour filer le lin , 918.
Meda. Precis historique sur la
journee du 9 thermidor, 220.
MeDECIHE. Voy. SciEMCES MEDI-
CALES.
— legales, 180, 4^9-
Meiners ( W. ). Histoire de la
Reformation , 196.
Melanges de chirurgie etrangere,
par une societe de chirurgieus
de Genjfeve, 170.
Mellet ( F. N. ). L'art du menui-
sier, Sia.
Meniuire presente aux deux
rliambres du cougres general
de la confederation mexicaine,
etc. 4'^^-
— sur les revenus des propriet^s
rurales , par S. Scuderi , 469. 1
— sur une nouvelle inaniere de
considerer les caustiques , etc ,
par A. Quptelet, 473, 794.
— par Alex. Duwiquet, sur les
causes de la niendicite dans le
departement du Pas-de-Calais,
etc., 5o2.
Memoires, Notices et Melan-
ges ( I ) : Sur le dessechenient
des marais de la Linth {Artaud),
5. — Le Christianisme et la
Civilisation , fragment ( Felix
Bodin ) , 21. — Notice necrolo-
gique sur le baron Denon ( P.
A. Cottpin), 3o. — Observations
relatives aux ecrits de M. Paix-
hans sur une nouvelle force
maritime et sur une nouvelle
artillerie, 3o5. — Observations
generales sur le genre appele
roniantique, et sur notre sys-
teme theAtral ( C^awcef ), 3i3.
— Reflexionssur quelques insti-
tutions et sur quelques moyens
propres a favoriser les progrfes
de I'industrie, et sur la Societe
commanditaire de I'industrie
( De l\Jonrgery ) , 625. — Etude
sur la civilisation d'Ha'iti, 647.
— KT Rapports de Societes sa-
VANTES et d'utilite publique en
France , 2 5 i , 56o, 876.
- de la premiere classe de ITns-
titut des sciences, lettres et
beaux-arts d'Amsterdam , 479.
— ( Collection des ) relatifs a la
levolution francaise, 220.
— pour servir a I'Histoire de
France sous Napoleon , par les
generaux qui ont partage sa
captivite, A. 383.
— de Napoleon juges par la Revue
d'Edimbourg, 739.
— de Jacques , comte de Walde-
grave, 846-
— et correspondance de Duples- -
sis-Mornay, 846.
■ — d'Henriette Wilson , traduifs
de I'anglais, 5 18.
Memoirs of Moses Mendelsohn , by
Samuels, 4->,9.
— of Samuel Pepjs, 762.
Meudicite. Foy. Obseryatioiis.
— f'oj. Memoire par Alex. Uii-
wiquet.
Meunais(F. dela). f'oy. Religion.
Merlin. Voy. Repertoire.
Metallurgie , 58i, 585.
Metaphysique , 797.
— des quantiles positives et ne-
gatives, par Emmanuel Deve-
iey, 17a.
Mexiqde, 421, 426, 570.
Meyer, avocat. f^or. Nec«oi,ogie.
Micali ( J. ). L'ltalie avant la do-
mination des Remains; ouvrage
couronne, traduit de I'italien
par Raoul-Rochetle, A., 363.
Michaud. Voy. Histoire des croi-
sades.
Michelot (Auguste) ^oj-. Nomen-
clature.
Michelot , C.-N. , aSS , 604, 93o.
Milano ( M. ). Nozioni elemental i di
fisica, 787. ^
Miller (J.), yoy. Inquiry.
— [Major'). Voy. Darstellung.
Miiie d'alun decouveite au pied
du Pic-Sancy (Puy-de-D6me).
922.
MiNERALOGlE , 494, 582, 900.
Mines de sel (Exploitation des)
en Su6de, 899.
— de Russie, 58 1.
Mineurs allemands envoyes en
Amerique , 570.
Misegas (Carsten). Voy. Adams.
Missions en Chine, 890.
Moeurs, institutions et ceremo-
nies des peuples de I'lnde, par
I'abbe Dubois, 211.
Moll. Leei boeh der geregtelyhe ge-
neeshunde , 180.
— Verhandeling over einige zeetag-
ten der Nederlauders , 182.
Mone (F. J. ). Theorie der Statis-
tik , 1 59.
Mongalvy. Voy. Recneil general
des Lois , etc.
DtS MATlilRlS. f)6i
Moiiglave ( Mme Octavie de ).
Les petits metaphysiciens , ou
Grammairegeaer;ile en action,
etc., 23o.
Monnaies de la ligue acheenne.
f'oy. Cousineiy.
— d'or et d'argent frappees a
Londres dans le courant d'une
annee, 58i.
Monnard, C.-B. 786.
Monod (Eugene), f^oy. Constitu-
tion.
MoNOGKiMMES (Table gcnerale
des ), par F. Brulliot , A., 408.
Moutalan ( N. Z. B. ). Vor. France.
Montemont ( Albert), yoy. Cani|>-
bell.
— Vor. Rogers.
Moulgery ( De ) , C.-M. , 625.
Montolieu ( M^>-' de ). I'oy. Xante.
Monument cousacre a la memoiie
de Riquet , 596.
— de reconnaissance nationale
erige a Philadelphie a la me-
moire de Wasbington , 570.
Monville (B. de ). Peut-^tre, 484.
Morale , 201, 5o3 , 821, 827.
— en action des Bourbons, pjr
Barny de Romanet, 826.
— pbilosophique ( Les premiers
principes de la ), par N. Tres-
chow, 772.
Moreau de Jonnes ( A. ) , C. N. ,
574 , 5g6 , 896, 922.
— L'Academie royale des sciences
de Bruxelles couronne son ou-
vrage sur I'influence de la des-
truction des fordts, SgS.
Morel ( H. ). Voy. Temple.
Morgan ( Lady ). yoy. Abiei,'
teeism.
Morgenstern. T'oy. Programnic.
Morghen (Raphael), f. Gra-
vures.
Moris, yor. Bergmaun.
Mort ( La ) de Charle* I" , et
Hector , tragedies improvisci's
par T. Sgricci , 474.
Mortalite a Philadelphie, 257.
fjf)4 TABLE ANA
Motifs du Code civil , etc., par
S. Touniier, 2o5.
Moutons du Cararaaii , dans I'A-
sie niineurc, 885.
Moyen pour pri'server les habi-
tations de riiuniidite , SOc).
Mulner. Le Boiirreau de Uron-
tlieim , roman allemand, tra-
diiitpar Collin dePlancy, 247.
Blunter ( P. ). De rebus Ittireoruin ,
i5a.
Musee britannique, 262.
— national de Prague, 586.
MusiQUK, 4i3, 558.
Mythologie, 820, 848.
N
Nancy ( P. F. ). fo/. Jeanno-
d'Arc.
Napoleon, f^oj. Louis XVIII.
— ^q/. Memoires.
— yojr. Histoire.
— et la Grande-Armee, ou Exa-
men critique de I'ouvrage de
M. le comte Ph. de Segur, par
le general Gourgaud.A. 80.
Navigatiow , 182.
Naylies. fq/. Code.
Necessite ( De la ) d'augmenter
les forces militaires de la
France, par le colonel Marce-
lin Marbot , 489.
Nechologie du baron Denon , a
Paris , 3o. — Du docteur Jhra-
ham Rees , savant distingue, a
Londres, 263. - — Joseph Carpa-
in, litterateur italien, a Vienne,
s68. — Vassalli Eandi , savant
distingue, a Turin , 274. — ^.
M. Chompre , auteur de plu-
sieurs ouvragesestimes, a Ivry-
sur-Seine, 3o2. — OlahP/ielatr,
celebre poete persan, a Ispahan,
574. — L'avocat Meyer , d'Anis-
terdam , a Batavia, 574. —
Kapnist et Dolgorouki, poiites
^-russes, 583. — Odier, sous-in-
tendant inilitaire, a Paris, 620.
LYTK^tUF.
Gautherot, peintre, a Paris, 6'2 J ,
Ualguerie - SuiUeinherg , a Bor-
deaux , 621. — Le Uev. Tho-
mas Martyn , mcrabre de la So-
ciety royale de Londres, 8c/6.
— Martin de Bast, membre do
rinstitnt royal des Pays-13as ,
gig. — Eineric,\iomme delettres,
a Paris, 940. — Fabre d' Olivet ,
homnie dfe lettres , a Paris ,
941. — Delespine, architecte, a
Paris, 942.
New Harmony. Etablissement fon-
de par M. Owen aux Etats-
Unis, 886.
Nicholson's {P.) Key to Nichohon
and Rowbothain's practical sys-
tem oj algebra , etc., 427.
Noblesse (La) constitutionnelle,
ou Essais sur rimportance po-
litique des honneurs et des
distinctions hereditaires , etc.
par P. M. S. Bigot de Moro-
gues , 208.
Noel ( J. N. ). Foy. Arilhmetique.
Nomenclature du De i>iris ilhistri-
bus urbis Roma;, mise dans un
ordre conforme a. la niethode
de M. J. -J. Ordinaire, 53o.
-^ des fables de Phedre , par Mi-
chelot et Bessieres , 53o.
— du Cornelius Nepos , par les
monies, 53o.
NoMINATIOMS ACADEMIQUES : M.
M. de Kirckhoff, d'Anvers, cor-
respondant de la Societe de
medecine de Londres , 892. —
Joseph Hammer , orientaliste de
Vienne, et Hallenberg, histo-
riographe suedois , membres
honoraires de I'Academie des
sciences de Petersbourg, 897, —
Damoiseaii, niembre de I'Acade-
niie des sciences d< Paris, 925,
—Desmarcst, correspondant de
la nieme Academic, 927, —
Guillaume de Humboldt , ministre
d'Etat de Prusse et le profes-
seur Creutzer de Heidelberg ,
associ^^s etrangers de TAcjide-
mie des Inscriptions et Belles-
Lettres de P;ir;s , yBo.
Normand , pere et fiis, graveurs
f''oj. Souvenirs.
NoRVEGE , l5l, 266 , 77'2.
Nota( Albert). Comedies, 274.
Notarial ( Cours de), par J.-B.
Augan , 507.
Noter, peintre. Ses paysages de
I'exposition a Gaud, 27t).
Notes on Mexico , 421.
Notice kislorique sur M. Ruflin,
par Bianchi , 848.
— - necrologique sur le baron
Denon , M. 3o.
— sur la vie de Saladin, sultan
d'Egypte et de Syria , par Rei-
naud , 845.
Nouveaux ( Les ) Adelphes. Foy.
Lesguillon.
NouvELLE-EspAGNE ( Essai poli-
tique surleroyaume dela),par
Alex. Humboldt , 5ia.
— ■ Galles du Sud , 427-
hollakde, 576.
nouvellesscientifiques et ia.t-
TEBAIRES (IV ) : Afrique, 258,
574, 890.- — • Allemagne, 267,
585, 900. — Amerique meri-
diouale , 570, 889. — Ameri-
que septentrionale , 5fi9,885.
— Asia, 573 , 889. — Buenos-
Aires , 670. — Chine, 889.—
Colombie, 570. — Daneniark,
266, 584, 899. — Espaj^ne,
592. — Etats-Unis , aSS, 569,
885. — France , 277, 594 , 920.
— Grande-Bretagne, 261, 576.
892. — Grece, 271, 913. —
Hsiti , 569 , 886. — Indes
Orientales, 573 , 574, 890. —
Italic , 273 , Sgo , 911. —
Mexique',570. — Norvc^ge, 266.
— Oceanic, 576. — Paris, 278,
599, 923. — Pays-Bas , 275,
^a-^j 917- — Perse, 574. —
Perou, 572. — Pologne , 583 ,
898. — Russic, 2(13,581,897,
— Suede, 265, 583, 898.—
Suisse, 270, 587, 901.
UES MATliuF.S. yG5
Nouvelles, par Mmu la comtessc
de Bradi ,871.
NuMlSMATIQUE , 874.
— ( Truitc elcmentaire de ) an-
cienne , grecque et romaine ,
compose d'aprt'scclui d'Eckhel,
par G.-J. K. , 247.
Nyernp ( R. ). Voy. Magasin.
o
Observateur ( 1' ) du xix^ si^cle ,
etc., par A. J. C.Saint-Prosper,
821.
Observations generalas sur le
genre appele romantique, etc.
M.,3i3.
— sur le langage du pays de
Vaud, par Emmanuel Develey,
— sur ritalie , par feu J6lin
Bell, 761.
— relatives aux (Merits de M. Paix-
hans sur une nou velle force ma-
ritime, etc., M., 3o5.
— sur les moyens de supprimer
la mendicite en France, par
L.., 5o2.
OcEAKIE, 576.
Odier (P. A.). Foy. ConrsdVHudes.
T'or. Necrologie.
OEuvRES de Rabelais , Edition
-variorum , 533.
— de Regnard, 535.
— de T. Tasso, 177.
— de J. Delille. Nouvelle ^ditioi>,
A., 401.
— clioisie de Henry Zschokke ,
783.
— comj)letes de La Fontaine , en
un seul volume, 536.
— dramatiqnes de G. Genoino,
473-
Oistaux ( les ) du sacre , pai-
M™e Amable Tastu, a37.
Oliver's (S). General critical gram-
mar, 762.
Ophthalmic (sur 1') de Tarmee des
Pays-Bas, par Kirckhoff, tra-
duit en hollandais par Swaan
G6
TABLE 4N
el Joiritsma , i8i.
Opinioni di parecclii icrittori siigli
stiidi elementari, etc., 176.
Or artidciel compose au nioyeu
d'un inelauge de divers luetaiix,
900.
Oiaisons fun^bres de Bossuet ,
avec des commentaires , par
P. F. de Calonne, 532.
Ur.ilion delivered t'nthc Capitol in the
i'>' of IFashington , by Asbtirj
Dic/iins , 755.
Ordonnances de la corporation
de la ville de Baltimore, etc.,
par Samuel Young . 1 28.
Orti ( (riiolamo): Poesie , 17S.
OsservazionisopialemacliiiieiiimotOy
etc., per G.Diuo/ie.^6y.
Otlo (C. ). LauouvelieHygie, i56.
Oudart ( P. ). Cours d'histoire
naturelle eu figures lithogra-
pliiees, ayg
Ouie ( 1' ) et la parole rendues a
Honore Trezel , sourd-muet de
naissance , par le d"^ Deleau ,
806.
OUVRAGES PERIODIQUES. Foy.
JOURNAUX.
Paelinck, peintre. Ses tableaux
de I'exposition a Gand , a^fi.
Pag^s (M'le Aimee), peintre. Scene
grecque lithographiee , 3oi.
Pain de boulanger ( inconvenient
du ) et qualite nutritive du pain
de menage , 261.
Paixhans. Fay. Observations.
Palmeriui. Fq^. Gravures.
Palmyra conquise, poeme epique,
par Dorion , SSy.
Papier depaillefahrique a Thuir,
Pyrences-Orientales , 596.
Paragrfeles , 270.
Parent du Chatelet. L' Academic
des sciences de Paris lui de-
cerne iin prix , 282.
PaIIIS, 325, 227, 2-8, 520, Sy\),
844, 934.
ALYTiyUE
Parthenon , iiouveau journal iin-
prime a Londres au moyen d'un
nouveau precede , 2(12.
I'asquaione (Felix). Fay. Manuel.
Passe-tems (le) utile. Recueil pe-
riodique italien, i8o.
Pastorales ( les ) de Longus , ou
Daphnis et Chloe, traduction de
J. Amyot, 52S.
Pawquet. LeTasselisant a la prin-
cesse Leonore un episode de sa
Jerusalem delivree. Gravure
d'aprfes un tableau de Ducis ,
939-
Pays-Bas, 180, 275 , 475 , 593 ,
795, 9'7-
Pbinture , 275 , 395,296, 59 1,
617.
Pelerinage d'un Childe Harold
parisien aux environs de la ca-
pitale , etc. , 543.
Pepys ( S. ). Foy. Memoirs.
Percival's {(ieorge) Historr of Italy,
Pekou, 573.
Pehse, 574-
Perspective ( principes de ) , par
A. Teyssedre , 489.
Peste ( importation de la ) dans
le port de 3Iarseille , 595.
Petit (le) Mercure. Revue des
spectacles , de la litterature et
des modes , 44o.
Peut-6tre, par le baron de iWoii-
ville,484.
Peyron (Amedee). Fragmens ine-
dits des discours de M. T. Cice-
ron pour Scaurus , etc, , 453.
Phela'ir ( Olah ). Foy. Nechoi-o-
GIE.
Philoi-ogie, 23i, 377, 453, 528,
53o, 774, 781, 900.
Philosophie , 198, 434, 484-
Phosphore (le). Aurore de la li-
berte et de I'egalite , 756.
Physiologie, 282, 800.
— vegetale ( Elemens de ) et de
Botanique , par C. F. Brisseau-
Mirbel, A. . 42.
Physique; 48r, 787, 788.
— (Traitede) parA. Legiand, i86.
— • ( Notions eleineHlairesde), par
Michel Milann, 787.
Pierre -le- Grand considere sous
les deux rapports , d'homme et
de monarque , par B. Berg-
mann , 779.
Pierre de Lara, ou I'Espagne au
xie siecle , par de Marlt-s, 242.
Pierre dans la vessie. Nouveau
nioyen de la detruire , 29a.
Pillon ( A. ). f^of. Traite des sy-
nonymes.
Plihon (G. F.). f'o^. Grammaire.
Plaisirs ( les ) de I'esperance,
poeme de Thomas Campbell ,
traduit par A.Montemont ; 233.
de la memoire , poeme de
Samuel Rogers , traduit par le
m^me , aSS.
Plantes raresdu jardin de Geneve,
par A. P. de CandoUe , A., 42.
PoEsiE, 233, 236, 237, 23g, 4oi,
4.35,437,471, 538, 539,545,
737, 856, 862, 864, 865, 866,
868.
DRAMATIQUE, 178, 274,294,
423, 473, 474, 543, 6i3, 884,
934, 936, 938, 939.
Poesies de G. Orti , 178.
— de Louis Cibrario, 473.
— lyriques et bucoliques, etc. ,
par Dorion , 537.
Politique, 208, /fdi, 521,753,
755.756, 835,836.
Pollini. Catecliismn agrario , 787.
POLOGME , 583, 898.
Pompe'i ( Ruincs de ), 9i3.
— yoy. Reclamation.
Poncelet, capitaine du genie,
L'Academie des sciences de Pa-
ris lui decerne le prix de meca-
nique, 282.
Pont en fer, nouvellenient cqn-
struitsurla Havel, pres de Pots-
dam , 585.
— suspendu, en chaines de fer, sur
le canal du Danube, 900.
suspendu , en fil de I'er , sur le
DES MATIERES. gG-J
Rhone, 722.
PoNTS ET CHAUSS^ES, 277, 569,
585, 788, 900, 922.
Population des principaiix etats
des deux Ameriques , 885.
— esciaves dans les colonies an-
glaises, 573.
— de I'Angleterre. Renseignemens
y relatifs , 5y6.
— du royaume de Pologne , 898.
— ( Nouvelles ideessurla), par
Alex. Everett , 419.
Poruin ( A. F. ). foj. Secrets.
Portrait de J. P. Boyer , president
de la republique d'Haiti, litho-
graph ie , d'apres le dessin de
Bernardet , par Marini, 940.
PoRTUG Ai, , 719.
PosJe ( petite) nouvellenient eta-
blie n Stockholm, 584.
Pouqueville ( F. C. H. L. ). His-
toire de la regeneration de la
Grece, A. 61.
Pram ( Chretien ). Choix de ses
ouvrages poetiques , publie par
K L. Rabbek,773.
Pratique ( la ) de I'agriculture ,
ou Recueil d'essais ou d'expe-
riences, etc. , par M. Douelte-
Richardot , 482.
Precis du systeme hieroglyphiquc
des anciens F.gyptiens, etc. ,
par CJiampollion le jeune ,
A. 112.
Preparations artificielles (Notice
sur)deM. Auzoux, 487.
Prevost ( G. ). f'of. Macculloch.
Principes de I'arl du tour, par
Paulin Desnrmeaux, 811.
— sur la distinction du contrat el
du sacrement de niariage, par
Tabaraud , 832.
Prisons, 291.
— (Amelioration des) en Su^de 899,
Pnix DECEHNEs: par I'Ac.ideraie
royale des sciences de Paris ,
281. — Par la Societe d'emula-
tion de Cambrai, 597. — Par
la Societe academique de Stras-
bourg, 599. — Par rAcademi<'
()GS TM-.I.K ANAI.yriOUE
francaise, 607. — Par I'Acade-
niie de Lyon, 9a4-
Prix PRoposiis : par I'Academie
royale des sciences de Paris ,
a83. — Par la Societedes let-
tres, sciences et arts de Metz,
598. — Par I'Academie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, de
Paris, 610. — ParlaSociete
royale et centrale d'agriculture
de Paris, fin. —Par I'Acade-
mie des sciences , etc. , de Li-
vourne, 912. — Par I'Acade-
mie des Sjciences de Besancon,
923. — Par la Societe d'agri-
culture de Chalons, 923.
Programme des eludes dans I'U-
niversitede Dorpat, parC. Mor-
gensfern, 44i-
Projel d'une nouvelle Universile
en Angleterre , 1G2.
Prospelto biografico delle donneita- .
liaiic , etc. , per Ginevra Cano-
nici-Facldni , 473.
Province ( la ) a Paris , ou Les
caquets d'une grande villa , par
Lamotte-Langou, 55 r.
Quete (la), par M'le Delphine
Gay,8fi5.
Quetelet ( A. ). J^oy. Memoire.
Voy, Correspondance.
C— B.,796.
R
Rabelais. OEuvres, edition i>ario-
r«m,avecuncommentairehist.o-
rique par Esmangart et Johaii-
iieau, 533.
Raffenel ( C. D. ). HIstoire des
Grecs modernes, A. 61.
Rage. Remede centre ce fleau .
892.
— ( Traitement employe avec
succes contra la ), 911.
Rahbek ( K. L. ). Fry. Pram.
Ramboux ( Ant. ). ror. Antiqnl-
tes.
Ranee ( de ). roj. Trois cousins.
liariAe ( Leopold ). Geschichle der
rdinischeii tind gennanischen Vol-
ker , 45o.
Raoul-Rochette. Toy. Micali.
Rasmiissen ( /)i' Janus Lessen). An-
riahs Islninici, etc., 444-
Rats. Nouvelle esp6ce, 273.
Raupach ( C. E. ). Neiies Museum
der teutschen Provinzen Russ-
lands , 770.
Raybaud ( Maxime ). Memoires
sur la Grece, A. Gi.
Re. Floru Turineiisi , 786.
Recherches sur les sources de la
prosperite publique , par J. G.
J. Roentgen, 833.
Reci..v,m.vtion au sujet du plan
des fouilles d;' Pompeia , 6i3.
Recueil general des lois et arrets
concernant les emigres depor-
tes, etc. par Taillandier at
Mongalvy, 207.
Rees ( Abraham ). Foj. Necrolo-
GIE.
Reflexions snr quelques institu-
tions et sur quelques nioyens
propres a favoriser les progrt-s
de I'industrie, etc., M. 625.
— sur la brochure de M. Monod
sur la constitution du canton
de Vaud, 462.
Regnault (Th. ). Voj. Legisla-
tion.
Reichard ( Ch. C. ), ray. Genna-
nieri.
Reiffenberg ( B. de ). Toy. Ar-
chives philologiques.
_._C.—B. 478, 782,797.
Reinaud. Notice sur la vie de Sa-
ladin, etc., 845.
Religion, ^oy. Theologik.
— ( de la ) consideree dans ses
rapports avec I'ordre politique
et civil, par F. de la Mehnais,
Religions de I'antiquite, conside-
UES MATIERES.
rees principalement d.ins leurs
formes symboliques et mythi)-
logiques; ouvrage trarluit de
rallemau du D'' Creutzer, par
J. D Guigniaiit, iy5.
Remar/ts on the intercourse of Bal-
timore, with the western Coun-
try , 128.
Remuzat ( M™i' la comtesse de ).
L'Academie francaise accorde
une medaille a sou ouvrage sur
I'Education des femmes , 608.
Renouard(Ch. ), C— B. 532.
Repertoire choisi, a I'usage dei
theatres d'llalie, par G. Bar-
bieri, 178.
— universel et raisonne de Juris-
prudence, par Meilin, 828.
Report of the Maryland commissio-
ners on a proposed canal from
Baltimore to Conewtigo ,128.
Resumes d'histoire. T'oy. Histoire.
ReVOLUTIOIT FllANCAISE , 220 ,
378.
Revue de I'Amei ique du nord ,
i33.
— politique del'Europeen i8i5.
Quatrieme edition , Sai.
— ( La ) d'Edimbourg, A. ySfi.
— de Neve-York, 755.
— medico-chirurgicale, 769.
— sommaire des principaux re-
cueils periodiqiies publics a
Loudres et a Edimbourg, 767.
Riffault. Manuel du teiuturier ,
.494.
Rigaud ( Auguste ). Fables nou-
velles , 236.
Contes et Fabliaux , 236.
RigoUot fils , C— B. 487, 568,
808.
Riquet. I'oy. Monument.
Riz ( culture du ). foy. Solution.
Robinson Crusoe, 254.
Roederer ( P. L. ). Louis xii et
Francois 1*^'", 221.
Roentgen (J. G. J.). Voy. Recher-
ches.
Rogers ( Samuel). Les plaisirs de
la memoire, po6me traduit en
r. xxvii.
9«9
vers francais par A. Moute'
mont , 233.
Roman ( le ), comedieen vers da
M. Delaville, 6i3.
RoMASs, i32, 143, i44) 145, aSq,
242, 243, 245, 247, 254, 438,
528, 546, 55o, 55 f, 552, 764,
869,871.
Rouget de Lisle. Voy. Chants
francais.
Roudle ( preservatif contre la ),
,899-
Routes en fer de Paris au Hdvre,
et entre Lyon et Aries , 277.
Roux D. M. L'Academie des scien-
ces de Paris lui decerne une
medaille d'or , 282.
Rude ( M™"^ ) , peintre. Ses com-
positions historiques de I'expo-
sition a Gand, 276.
Ruffin. f'oy. Bianchi.
Russel {J. B.). New England Far-
mer, 425.
RussiE. i47j 263, 44r, 58i, 770,
897-
Sacre de Charles X. For. Dar-
maing.
Saggio di versione dialcuni Salmi,
per Spina , 789.
Saint-Edme (B. ). ^o^, Diction-
naire de la penalite.
Saint-Genies (De). Foy. Aventures.
Saintine (X.-B.). Foy. Jonathan.
Saint-Prosper. Foy. Observateur.
Salfi(F.),C.— A., 363. — B., 180,
474,795-— N., 270, 590.
Salverte (Eus^be), C— B. , 535.
Samuels. Foy. Memoirs.
Sanakea. Foy. Sentences morales.
Saste publique , 593.
Saur (De). Foy. Aventures.
Savart. Cours elementaire de for-
tification , 49 (•
Say (J.-R.) , C— A., 694.
Scenes etrangferes et recreations
du voyageur, par J. Howisoii ,
765.
63
97°
TABLE ANaI, VflOUE
Schiller (f^te celebree en I'hon-
iiciir de) a Stuttgart , 90 1 .
Sch/oss (Das) dtr detttschen Ritter in
Uln lie iibiin;, ySl.
Schaiizlei-(J.-H.),C.-B. , 149,
i5U 2fi5.
Sriioell. Hlstoiie de lalitterature
grecque profane , A. , 88.
Scltola: semesties in Ccesarea Uni-
versitaCce titteraria quce Dorpati
constitiita , etc. ,44'-
Schreiber (A.). Voy. Tetitschland.
Schroeder{J .F.-L.). Oratio, etc., 797.
Schivtibtn itiiler den Ruinern , 'von
Julius Leichtlen ,775.
Sciences biedicales, 170, 180,
18 t ,282 , 293,486 , 567 , 768,
769, 793,806,807,892,911.
— PHYSIQUES ET NATUIIELLES ,
42, i85, 331,482, fiSj , 800.
RELIGIEUSES , MORALES ET PO-
LITIQUES , 61 , 193 , 35l , 50O,
G94 , 820.
Scott (Sir Walter). Nouvelles des
Croisades, i43.
yoy. Chefs-d'oeuvre.
Scuderi (Salvador). ]\Iemoria stilla
rendita riirale, etc., 4^'9- (
Sculpture , 274 , 692 , 792.
Secrets (les) de la langiie fraii-
caise , on les difficultes reso-
lues d'apris I'autorite de I'Aca-
demie . })ar A.-F. Pornin , 23o.
Sedgwick ( Miss ). P^oj. Travel-
lers.
Segur (Ph. de ). Histoire de Na-
poleon et de la Graude-ainiee,
A. 80.
in^me ouvrage traduit en
suedois, avec r<'futations,899.
Set ( Eniploi dii ), comme eu-
grriis tr^s-actif , 897.
Senovert(geaeralde), C. — B.,5oo.
Sentences morales du philosophe
indien Sanakea, traduites en
itnlien et en grec par P^icolo
Cliiephaia , Sgi.
Sept (les) niers , on Dictionnaire
et Gram ilia i rede la Inngue per-
sane , par le roi de Oiidc , 'ySS-
Sejdlit: (Gen . i>on). Foy. Tagebitch.
Seymour ( Fanny ) , C. — B. , i44-
SiERKA-I.EoNE. Sa population .
son revenu , ses exportations
et importations , 891.
Sigismond de Bourgogne , trage-
die de \iennet , 936.
Sgricci (Tominasso). La Morte di
Cailo I , eV Etiote , etc. , /174.
Schelly (t^crcy-B.). Voy. Adonais.
f oj. Hellas.
Silvestre de Sacy, C. — A. ,112.
Simonnin. ^o>-. Jeanne la folic.
Sinclair (Sir John). Foj. Agricul-
ture.
Sismondi (J.-C.-L. de), C. — A. ,
61 ,719.
Smidth (J.-M.). Proverheset die-
tons populaires danois, 443.
Societe (la) au dix-neuvieme sie-
cle, ou Souvenirs epistolaires,
par M'le de Coligny , 201.
SOCIETES SAViKTES ET d'uTILITK
PUBLIQUK :
— aux Etnts- Unis : Athenee de
New-York, 255. — Societe phi-
losophique americaine dePhi-
Indelphie , 266.
— en .-tngleterre : Societe de m^-
decine de Londres , 892. — So-
ciete cooperative de Londres ,
886, 896.
— en Rttssie : Societes des Mines ,
582.
— en Suede : Societe d'enconrage-
ment pour I'enseigncment mu-
tuel de Stockholm , 265. — So-
ciete pour rexploitation des mi-
nes de sol , 584.
— en Z)a«/;(a/c/!: Societe litteraire
scandinave, de Copenhague,
a66. — Societe de IVncourage-
ment des belles-lettres, de Co-
penhague 5 773.
— en Allemagne : Academie royale
de Berlin ,585. — Societe alle-
niande anieiicainc fondce ;pF,!-
herfeld pour IVxploitation des
mines du Mexique , 585. — .So-
DES MATItRES.
01
ciete dite d'Uiuon saxoiuie, fon-
dee aLeipzig pourla leclierche
et la conservation desantiquites
nationales , 586.
- en Suisse : Societe de lecture
de Geneve , 58g.
- en Icalie : Academic des Tes-
mophilesde Rome, 273. — Aca-
demic des sciences de Li vourne,
912.
'dans les Pajs-Bas : Institut des
sciences, lettres et beaux-arts
d'Amsterdam , 479- — Societe
libre d'emulation de Liege pour
J'encouragement des sciences et
des arts , 799. — Societe royale
des beaux-arts et de littemture
de Gand ,919.
- en France ( dans les departe-
mens): Academie des sciences ,
belles - lettres et arts de Bor-
deaux, 2 5 1 . — Societe royalc d'a-
gricnltnre , etc. , de Lyon, 5(}o.
— Societe des sciences, lettres,
etc. deMetz, 56i. — Societe des
sciences , agriculture et arts d«
departement du BasRliin, 367.
— Societe acaderaique du de-
partement de laLoire-Inferieu-
re, 567. — Societe d'emulation
de Cambrai, 597. — Societe des
lettres, sciences et arts de Metz ,
698. — Societe acr.deinique de
Stiasbourg, S^g. — Societe d'a-
griculture, etc. du dejiartement
de I'Aube , 876. — Academic
des sciences,etc., de Caen, 878.
— Societe rovale des sciences,
etc., d'Arras , gaS. — Academie
des sciences de Besancon, 9^3.
— Societe d'agricullure , etc. ,
de Chalons , 923. — • Academie
lie Lyon ,974-
(a Paris) ."Institut : Academie
des sciences , 278, bgg , 924-
Academie francaise , 283, fio4.
— Academie dis inscriptions
et belles-lettres, fiog , gSo. —
Societe rovale pour I'ameliora-
tion des prisons , 291 , gSi. —
Society royale et centrale d'a-
gricultiire , 610. — Societe des
anils des arts , fii8. — Societe
comniandilaire de I'industrie ,
M. , 625. — Societe pbilantro-
pique, 881, 93o. — Societe des
sciences , etc., du departement
duBas-Rhin, 8S3.
Solution du'probl^nie de la con-
servatliin on suppression de la
culture du riz en Loinbardie et
dans la Basse-Italie , 17$.
SoURDS-MUETS , 8o6.
— — en Danemarck , 584-
Souscriptionen fuveur des Grecs,
838.
Soutb (James). T'oj. Herschell
Souvenirs du Musee des monu-
mens francais, par J.-E. Blet,
Noimand , p^re et dls , et J. -P.
Bres, 557.
Spina (J.-B.). f''oy. Saggio.
Stael-Holstein(A.de). Lettres sur
I'Angleterre ,219.
S'fin/iope [Leicester). Greece in 1823
and I 824 , A. , (ii.
Stassart , C— B., 184, 477, 8co.
Statistique, i5g, 267, 282,420,
5i 2 , 576, 58 1, 594 , 676) 8 1 3,
884 , 8y8 , 920.
— des provinces de Savone , d'O-
rieille,etc., formant I'nncien de-
partement de Montenotte ; par
le comteChabrol de Volvic, A.,
33i.
Stats oeconomisti ^nshuelie,etc., 1 5 f .
Stober. yoy. Daniel.
Slorf {The) of a Life , t45.
Slruensee. J'or. Host.
SuRDE , 1 5o , 2(1 5 , 583 , 898.
Suhr. Voy. Europoiama.
Suicides qui out eu lien a Paris,
pendant I'annce i8a4, gSi.
Suisse , 5 , 170 , a 16 , 270 , i\6o ,
587 , 782 , 901.
SuPF.RSTiTio!* , igfi.
Suttees qui ont eu lieu aux Indes
orientales , 890.
Swaan. f^qr- Ophthalmic.
Syataxe latiue(Precis de la)d'apres.
()'1 TABLE AP
In grammairo de L'homond,
parC. A. , 85i.
T
Tabaraud. ^or. Priiicipes.
Table generale des Monograinmes,
par Francois Bruliiot , A. , 4o8.
Tableau des progrfes du commer-
ce d'E.xportation de la France ,
pendant le xviii'^ sifecle at le
commencement du xrx*^ , 920.
— des compagnies de commerce,
de mines , d'agriculture , etc. ,
formees en Angleterre dans le
courant de I'annee 1824, p.
578.
Tableaux synoptiques de geogra-
phic ancienne et moderne com-
parees par J. Daniel , 8i5.
Tagebuch des preussischen Armee-
corps , unter Uefehle des Generals
von York, iiii Feldzuge 1812,
t>om General von Seydlitz, 445.
Taillandier (A.) , C— B. , i43 ,
2o5 , 462.
— Voy. Recueil general des lois ,
etc.
Tales {The) of the Crusades , by
sir Walter Scott, i43.
Tamascia ( Giovanni ). Giiadro del
principal! popoli antichi , 176.
Tante (la) et la ni6ce , loman tra-
duit de Tallemand , par M™«
de Montolieu, SSa.
Tasso (T.) OEnvres , 177.
Tastu (Mine Amable). Les oiseaux
du sacre , 287.
Technologie, 2(>4 . 682, 5S3.
Voyez aiissi Arts mnusTiuELs.
Temple (le) du Romantisme , en
prose et en vers, parHyacinlhe
Morel , 857.
Tenerani , sculpteur italien. Bas-
relief representant Eudore et
Cymodocce, 692.
Testament (le nouveau) , public
par Eoissonade , 254-
Tentschland iind die Tentschen, von
y1. Schteiber, 778.
AL\T1QUK
Teyssedre (A.). Voy. Perspective.
Theatres ; de Paris , 294 , 6i3,
934.
Theoi-ogie , j38 , 140 , l52, ififi,
193, 194, 195, 448, 5oo, 832,
Theorie de la guerre , par le ge-
neral Valentini , 157.
— de la Statistique , par F.-J.
Mone , 159.
Therapeutique (Essai de) specia-
le , par F.-A. Marcus , 486.
Thermes ( Mcmoires sur les ves-
tiges des)de Bayeux , 878.
Thierry ( A. ). Voy. Histoire de
Guyenne.
Thorlncitis. Gennadii Constantino-
politani anecdottim opus, i52.
Thoughts and Recollections, etc,^3ii.
Tissot (P.-F.), C— A. ,401.
Titze ( F.-N. ). yteltere Geschichte
der Teutsclun , 160.
Topographical {A ) and statistical
review of the state of New-York ,
420.
ToPOGRAPHIE , l35 , 420 , 816.
Toullier. Corso del dritto civile ,
176.
Fournier ( S. ) , Motifs du Code
civil , 2o5.
Toussaint Caion. Un p^re expi-
rant dans les bras de sa femme.
Tableau lithographic d'apr^s
Prudhon , 6i8.
Traduction d'Anacr^on en prose,
par Mii'« Celeste Vien, a3i.
Traductions :
— en alleinnnd : de Tespagnol ^
719. — Du latin , 777.
— en n«^/a(i ; de I'espagnol, i38.
— Du francais , 759.
— en espfigiiol : de I'arabe, 719.
— ea/rancais : des langues an-
ciennes classiques , 190 , 214,
229 , 23i , 528 ,852. — Del'al-
lemand , 190 , 202 , 247 , 4'>o >
552. — De I'anglais , i85, 233,
245,493. 5i2, 518,546,555,
647,694,795, 807,815, 836,
839. — Del'espagnol, 242 , 719.
De ritalien, 363.
DES MATIERES
■ — en grec : du samscrit, Sgi.
— en hollanda is : 1. 36, creatures
populaires , lisez: creatures polaires; — p. 526, I. 3, distrac'ions , lisez :
distinctions ; — p. 627 , avant-derniere ligne, vaine parure , lisez :
vaine patuie ; — p. 558, 1. iG, du secretaire de V Academic dcs sciences,
lisez : du secretaire de V Academic francaise ; — • p. fioli , 1. 3i , sur ig
concurrens , lisez : sur 29 concurrcns. — Voyez les errata iiidiqucs p.
62a du cahier d'aouf. — p. 737, 1. 5 , et sur quelque point , lisez: et
sur quelqiies points ; — p. 73g , 1. afi , // se donnait aussi , lisez : il se
donnait ainsi ; — p. 740 ,1. I 2 et l3 , quoiqu'il y en etit dcja huit pii-
blies , lisez : quoiqu'il y en cut dija huit de publics ; — p. y43 ,1-2,
leur defaveur , lisez : leur desaveu ; — ibid. ,1. 22 , les comediens de ce
genre , lisez : les comedies de ce genre ; — p. 758 , \. Z"] , a sa science ,
lisez : a la science ; — p. 759 ,1. 38 , n" 285 , lisez : 284 ; — p- 761 ,
1.3, n" 284 1 lisez : 285 ; — p. 762 ,1. 20 , n° 288 , lisez : 287 ; —
p. 763 , 1. 22 , n° 289, lisez : 288 ; ibid. , 1. 32, n" 287 , lisez : 289 ;
— p. 778 , 1. 38 , aprfes ces mots '.les besoins du clerge , mettez un
point etVirgule, a-ilieu de la virgule ; — p. 779 , 1. 10, Go/berg , lisez :
Colbery ; — ibid., 1. 20, ajoutez une virgule apres le mot : Portugal;
— p. 787, 1. i3 , supprimez la virgule apres !e mot : decrites ; — p.
7f^9 , 1. 33 , supprimez la virgule apres les mots : il se distingue ; —
ibid. , I. 37, sciolto, lisez : sciolti ; — p. 794 , I. 24, ecole, lisez : Ecole;
— p. 797, 1- 20, substituez un point et virgule a la virgule apres le
mot : theologie ; — ibid. , l.ai , sulistituez une virgule au point et
virgule apres le mot : Rome; — ibid., 1. u8 , ajoutez une virgule
apres le mot : sujet; — p. 8o5 , 1. 29, ajoutez une virgule apri-s le
mot : mamniiftres ; — ■ p. 810, 1. 20, ajoutez une virgule aprfes le
nom de Pajot-Descliarmes ; — p. 812 , 1. 33 , son premier, etc., lisez :
son grand oiivrage ; — • ibid., 1. 34, dans lequel rien de ce qui est essentiel
n'est omis , lisez : rien d'esseniiel n'est amis dans cet extrait ; — ibid. ,
1. 36, supprimez la virgule a la fin de la ligne; — p. 816 , 1. 37 et
38 , ou d'uit departement , etc. , lisez : d'un dc->arlemenl ou d'une pro-
vince; — p. 824 , 1. 3 et 4 tie la note , nous I'engageons a revenir en-
core de celle qui Ca poitc a comparer, etc., lisez : nous Vengageons a
revenir encore de celle-ci et a comparer , etc. ; — p. 857 , I. i 5 , N° 38o ,
lisez, 38i ; — la p. qui doit etre numerotee 910, I'a cte par erreur
810; — sur la couverlure, an has de la premiere page , on a mis 12 85
au lieu de 1825.
2 FEB.95
N° 9. — Septembre 1825/
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES
ET PROSPECTUS
d'otJVRAGES NOrVEAUX ET DE PUBLICATIONS PROCfUlNES ,
Pour la France et Ics Pays Etrangers ,•
BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la hevce KNcvti.orKDiQi-E (i)
AVIS ESSENTIEL.
y4 Messieurs les Autcurs^ Librnires^ el EcUleurs cV outrages ^
a Paris, duns les ddparlerneiis et dans les pays etrangers.
La Revve Encyciopedique ayant donne iinc grande exten-
sion a ses relations, pendant six annees d'un snrces conliim
ot lotijoiirs croissant, se trouve maintcnant en circulation
dans loutes les parlies du inonde civilise, oii elle est hie
par tons ceux qui veulent se tenir au courant des progres
de la littorature et des sciences, et qui cherchent, dans les
livres, de rinstruclion et du plaisir. Elle croit servir les in-
t6rets des ccrivains et des libraires, en leur oilVant , dans
Tin BuLLETra SxippLEJiENTAiRE , joint a chacun de ses cahiers ,
un mode de publication et de circulation rapide , ^cono-
mique ct universe!, pour les Annokces et les Prospectus
des ouvrages qu'ils publient. Ccs annonces pourront com-
prendre egalenient les publications prochaincs des ourrages
sous press e et les ourrages manuscrits ([ue Icurs auteurs, ou
ceux qui en sont depositaircs,voudraient I'aire connaitre d'a-
vance aux liliraires et an public.
L'inscription des Annosces ct des PROSPEcrrs est fixce a 25 c .
par ligne; elle est reduite a -20 c. par ligne, pour les libraires
qui ont I'ait prendre au moins douzc abonncmens a la Revue
Encyciopedique.
(1) Ce Bulletin. Supplemenlaiic est compose ri'nnnouccs fournics par MM. Ifts
Libraires , Auleurs et Editcurs , el qui no (loivciit pas ^Irc confondues avcc !cs
jugemens portes stir les oiivragcs entiprcmcnt piiblies , dans les deux scclions
lies Analyses et du Bulletin nU/liOi'.mphique , qui foal pirtie ile chaciiii des
c.iliici's de la Itei'uc.
MM. les lil)raircs, t-clilonr.s ct iinleiirs, dc Piitis, dcs di';-
partcmens ct dcs pays olrangcis, auxquels il coiiviendia do
lairc usage du nioycn que nous metlous a Icur disposition
pour impriinei- et rcpandre dcs Prospectus ct dcs Aiinoiucs
J'ouirages,de\ront les onvoyer, francs do port, au Bureau cen-
TllAL DE LA llEVUE EnC YCLOPEDIQUE, lltJE d'eNFER-SAINT-BUCUEL,
n" 18, avanl Ic )5 du luois (1).
LIVHES ETRAKGERS.
4". LERKVEIL, jounwAi, /ivr/i-
rah , folitiquc , {{ttiraire ct catn-
meroial, public a JNuw-York, avcc
cette epigra|)li(;.
. EiMiouccl- a sa liU-rti', .V.l ic-
»nniicei-ai«drt)ils du riTuMi.i-
J.J.Honssca,,'.
Extrait du prospectus.
Wous crojoiis salisl'diie a la Ibis
les vcc IX It les hcsoins de Tepoque
ucluelle , en puhliant dans cc pa3-s
un journal liehdomadaire, consacre
liailiouiicieincnt a ia littcraturc
iianf.iisf.
Depuis un dcini-sitcle, la littera-
turea pris une direction toate phi-
losopliiquc; uouvellc ecote d'ensei-
gnonient moral, die doit vivemcnt
inttri'sser un peupic nouveau qui
inairlie dc p:iir en politique avcc
les prcmiires nations de la vieille
Kuropc. La litleialurc francaisecm-
brasbC loutes les sciences, tous les
arts, toutcs les ideos ; ellr; est la
premii;re lilturalure de I'fiuronc,
c'est-a-di_re, la plus riclie du Moudc.
Dans les Etals- Unis conimc cliez les
grandcs nations de I'Europc , I'titu-
sc pressenlir
le succes d'une inaniere incon'es-
table. Cctle mcsure est prise autant
dans I'interiU dn public que dans
celui de I'edilcur.
Eoot vBD LOllVET.
New-York , aout iSzS.
La publieation ellaredaclion du
Journal sout enlreprises par le si-
gnataire du j>ri>spcctus, auteur de
piusieursiiuvrages de litlt'ratuie, dc
poiiliquc et de commerce , im pri-
mes a Paris, en 1820, iCAIS.
ir.onde , depuis la publrcalion dc
VHislnire natureilc , par Buffon.
Ce volume sera accompagnc d'uu
tableau , grave en laille douce , des
animaux rarcs ct curieux piis dans
tous les pays.
Cede ediiion sera publico en
tr(Mze livriiisons de deux volume>
cbacune. La premiere paraitra le
1 5 seplembre prochain , et ainsi de
suite de mois en mois.
Prix de la livraison brochee :
pour Ics souscripteurs , avec lc>
gravures en noir , 11 Ir. ; idem. ,
soigneusemenl coloriec , avec uuc
eouverture elegante, ct carlonno*^
;'i [a Bradelle , dans le genre du ^e-
gur , ;'5 centimes dc ))lus par vo-
lume ; en velin, le double.
Sous jjrcssc pnur ■/taraitrc iiiccssa
mcnt chez To^'HI«*THO^-^lol.lK.
48. ME'viOIHES DU VENI-
TIEK JACQUES CASANOVA
(I )
HE SElN(lALT,exlrails doses ma-
nuscrils originaux , ct IraJuils «i
francai- d'apres I'tiditionpublicefn
Alleniagnc, par G. dc Schutz.
Ccs inenioircsont oblenus en Al-
Icinagnc le plus grand succes. On
doit I'altribuer a la inanit-rc origi-
nate avcc ]a<[uelle sent racontees
unc foulc d'avcnlures pcu ordlnai-
res , et a la nouvoaute dcs details
qui s'y trouvcnt rounls , sur plu-
sieurs personnagcs celcres du 18"''
siecie, que I'auteur avait rencontres
dans ses voyages en Greco, en Tur-
quic , en AUemagne, en France,
en Italic, etc. et pcndantson sejovir
aux priucipales cours dc I'Europe.
Les niemea causes exciteront sans
doute cliex nous Ic menie intcrOt et
la meme curiositc,
Les trois premiers volumt's qui
sont deja Iraihiits coutcront 10 I'r.
49. OSSIAN, CHANTS (JALLlQCliS,
tr adults en vers franca%s, par E. P.
dc S. Feeheoi,, iin vol. in-i8. pap.
grand-raisin, saline. ChezCAusnTTK,
lil)r'o
y.po-jo) , v.pryjrj'.q, pidsatio , et ozi-m, linmor, humeur enflec
ovoc, ovoco, a>.jur , le pouls cummede I'ecume; c'est la prc-
louable ou qui est tranquille; somption ou infatuation.
( 4)
JANUS. Iavo<;,0'J,pj*oEjavoi;, ESCULAPE- KGylr,Tno(;, ou,
subtilis , fusilis , tenuis , cc (\\\\ de A privatif, (7:<}.T,piix, duri-
n'est point diSlermind, nl cer- tics , et Trtoq, pi/iquis, obcsus,
tain, ni diicid^; c'est I'indeci- mollis , doucour sans du-
sion entrc deux macieres de r(;t<^ oucontrarit^le; c'csllamol-
voir, lesfe.
Quelques principes de la science Sjwboliqac, pour scrvir a
I'ctude des monuments allcgoriques.
1°. L'explicalion des symboles , dans les bas-reliefs , statues
et m^dailles , doit commencer h la partie sup^rieure de ces mo-
numents et se terminer graduellemcnthleur parlie la plus inf6-
rieure.
2°. Tousles symboles qui sont au c6t6 droit des personnnges
all^goriqucs signifient des choses favorables on hcureuses , et
tons les symboles qui sont au c6t6 gauche signilient des choses
sinistres ou malheureuses. Le contrasle est toujours parfait.
5°. Les objels que ces personnages regardent , expriment IcA
choses qu'ils recberchent avec empresscment, ou suivent avec
ardeur; et les objcts qu'ils ne regardent pas, expriment les
choses qu'ils negligent ou rejeltent.
Quelques principes de la science des Noinbres , ditr de Pjtlirr-
gore, pour scrvir genera Icmcnt a I'ctude des icrits et des
monumc7its allegoriq nes.
UN signifie simple, vrai , pur, innocent , etc.
DEUX double , douteux , equivoque , incer-
tain , etc.
TROIS passe , present et avenir reunis , ou conti-
nuel , etc.
QUATRE fermc , constant , opiniatrc , inebran-
lablc, etc.
CINQ failliblc , fautif , manquant , coupable , etc,
SIX retrograde, retournant sur soi-meme
convert! , etc.
SEPT parfait, achev6,fini, excellent, etc.
HUIT surabondant, superflu, excessif, etc.
Et ainsi des autres.
iMrrnrtMK d hippoltte tilliabd ,
)ue de lallaipe, n* 78.
Avis AUI amateurs DK la. L1TT£rATURB ^TRANCtRE.
On peut s'adresser a Paris,,par rentremise du Bohba.u cbmtbal ue
LA Rkvue EitcYCLOPEDiQtiB , a MM. Treutxel et Wuhtz, rue de
Bourbon, n" 17, qui ont aussi deux maisoiis de librairie, I'une k Stras-
bourg, pour i'Allemagne, et I'autre aLondies; — a MM. Ahthu«
BERXRAND,rueHautefeuille, n°a3; — Rekouaru, ruedeTouruon,n''6;
— LEVRAui,T,rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3r,etaStrasbourg; — Bos-
SAKGB^ere, rue Richelieu, n°6o; et a Londres pour se procurer les
divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo-
iiais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature
etrangere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays
etrangers ou ils se publient, augmente de 10 pour 100, pour fraisde
J)ort, droit d'iinportation et de commission, etc. — La Direction de la
Aeviie EncyclopediqueWa. d'autre but, en publiaut cet avis, que de faciliter,
par tous les raoyens qui resultent de ses publications mensuell«s, les
communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays
etrangers.
AUX ACADEMIES ET AUX SOCIETES SAYAMTES dc tOUS ICS pUJS.
Les Academies et les SociExis savamtes et d'otilite pdbi-iqok,
francaises et etrangeres, sont invitees a faire parvenir exactement,y/-flnc
de port , au Directeur de la Revue Encyclopea-.fjue , les comptes rendus
de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, afin
que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a
ses lecteurs.
Aux EDITEURS d'oUYRAGES ET AUX LIBRAIRES.
MM. les ^diteurs d'ouvrages p^riodiques, fran^aiset etrangers, qui
desireraient echanger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur
le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur
une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et
des autres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adressds.
Aux EDITKURS UBS RBCUBIX.S PEHIODIQUES RH AMOLBTRRflE.
MM. les Editeurs des Recueils p6riodiques publics en Angleterre scut
pries de faire deposer leurs numeros chez M. Degborge, correspondantde
la Revue Encyclopedique 4 Loudres, N» ao, Bermeh's street, Oxford
street; M. Degeorge leur fera remettre, cliaque mois , en echange,
les cahiers de la Revue Encyclopedique , pour la^uelle on peut aussi sous
crire chez lui , s^it pour Tannic courante, soit pour se procurer les
collections des ann6es anterieures , de 1819 a i8a4 incliisivemeat.
LiBR AIRES chez lesquels on souscrit dans les PiTS etrangers.
j4ix~la-CkapeUe, Laruelle fils.
Amsterdam, G. Diifour; — Dela-
cliaud ; — Abbink.
Anvers , Ancelle.
Arau (Suisse) , Sauerliinder.
Berlin, Scblesinger.
Berne , Clias , au cabinet litte-
raire ; — Bourgdorfer.
Breslati, Th. Korn.
Briixelles, Lechailier; — Demat.
Uriiges , Bogaert; — Dumortier.
Florence, Pi;E I. iSirniMERlE 1>E RIGNOUX,
rue lies FranL's-nourgeois-S.-Mitlifi , n^ 8.