Sy VOLUM?-. 79* LTTnAtSOW. ^ i itei&afe||^piqties et /iisloriqiies :VIM- I.ANJUINAIS, de I'lnstilut ; M. A.Jtl.I.lfcN, (l« I'arlb.DtGfa RANOU, Ai.EX. DE LA I'M'nE. dp I'ltlSI iHit ; A(;(i,iTt , Ali JiEE , ARTArjD, Avtsn. ; Bfrvii.le, avorat; BaBie pit Bocagf. , dc I'lM.slitut ; A. Bfcgkop; Chami-ot.- noN-riGFAC, corrcspdudaiit de lliistitut; CuAMroi.i.ioN jiiiue, DErpiwo; tlRIVlLI.rt , A. DUFKAVER, DUPIW AINE, DUKAIJ, DCVEISGIER, GlIADIT. BOU- ohfne LiiFF-R, L)i)tjBi.ti DK-LloisTHUiAUi.T. A. Tau.i.ak uiER , avocats; Amedee J albert; JOMARD.dtl'IllStilUt; LAFFOX Dt I, A HER AT, A I.EX. La ME I B , P. I.A.^.I, Massias, J. Mauviel, a. Metraf. ;' MkyeiV , dWiristerdam ; I'aiTfnt-Rea l, PoUQliEVII.lE; CIl.KtNOCARD, aMiC.it jKusEBE S(AI.V ERIE, J.-B.SaY, SlsMONDE DK. SismONDi, Stapfer,Si;ri]r-iMeri.in. 5"* Pour la LilieialurefrancaiseeceCiangrre,\n Dihlingriipliie,VArchenlngie etles Beaux- Alts :'Sl'S\. Ahcrieox, Amacky-Uuvat., Fmrrig David; Dkoz, LemerCier, nE Segur, de I'lnslitul: PiAkhirr, aiui^ n ronser^ateur de.s liihlin- tllcis ; Ch. Mon:«ard, de Laiisaiiue; ApeMoNPFMONT; >'l(;OL0l'0l!I.O, l'A.1(H, PeLM SSI ER , PONGER VILLF. Qn£- TEI.F.T, nE Heiffeneerg; de Stassart, deBruxidles; FR.SAt.pt; Schnitzler ; Scuweighj£CSer ills, de Strashuuri^; Leon Thiesse, F. Tissot, VEaciEB, S. ViscoNTf, etc. A PARTS, AU BUREAU CENTRAL DE LA PEVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Eiifer-Saiiit-IUichet, n" i8; ARTHUS BERTRAKD, rue Hautefeuille, n"> j3; Au Mus£EENCYci.op£DiQUE, CHEZ Boss&iTGB p^re,rue Ricfaelicu , n° 6o; Rehouakd, rue de Tournon, n" (>; LONDfiES. — Trkuttei, et Wurtz; Bossamge; Dux.4Tj bxcomp.; et RoLANDi, n° ao, Berner's-street, Oxford-street. TTTILLET 1285. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOUSCRIPTEURS cloUt I'aBONNEMENT EST EXPIKB IB i**^ juiLLET, sont invitfs a le taire renouvelkr tres- INCESSAMMENT, pour que le service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuisle moisde Janvier iStg, il parait, parann^e, douze caliicrt de ce Recueil; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d*eB- ▼iron i4 feuilles d'impression. On souscrit h Paris, au Bureau central d'abonnement el d'expedition indique sur le titre. Prix de la SoiiseripCion , a partir du l" Janvier r8a4- A Paris 46 fr. pour uu an; 26 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger 60 84 La difference entre le prIx d'abonnement , a ^%i*, dans les departe- mens et dans Tetranger, devant 6tre proportionirelie aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation definitive portee ci-dessus. Le montantde la souscription, ei)voy6par la poste, doit ^tre adresse d'avance, pr*wc deport, ainsi que la correspondance, au Direcienr de la Revue Rncydopidique, rue d' Enfer^Saint-Michel , n° 18. Cast a la mdme adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont ou d^sirera I'insertion. On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chez les principaux Libraires, k Paris, dans lesr departemens et dans les pays Strangers. Trots cahiers ou livraisons forment nn volume. Chaque volume est termini par une Table des matiferes alpbabetique et analytique, qui iclairclt et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au 1*' cahier du volume suivant, a Texception de la dernifere Table de i'annee, quiestexpedieeisolement a tons ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du t'^ Janvier ou du i*^ j'uillet de chaque annee, pour six mois, ou pour un an. On trouoe, au BOBBiu cznTRkL, les collections des annees 1819, i8so, t8ai, i8a> et i8a3, au prix de 44 francs chaque; et celle de i8»4 . »n prix de 46 francs. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. J^- l&trt> •.».KIS. — 1>F. L IfllPIU.IIRHII'. UK liHiJVOlIX, rue dos rraaos-ridurgcois-S.-Micliel, u" 8. ^ > •fs^y VOWANT lE)i]D)N , /no// ri /'(irilt, /f •J;' J(>r,/ /,S'-J.i. -?/-.V/,- KiiCfi/rf./,/,,/,,,- . (il/,i,r , A- ./,„//,/, /-'f. /.,fA^,t',/l„ REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES BANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS, LA LITTERATUEE ET LES beaux-arts; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LEriRES. TOME XXVII. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, UlIE D'rNFER-SAlNT-MICHEL, N^ l8. JUILLET 1825. « Totites 1« wieuces «ont Ics rairicaiii; tl'iinc nieine tige. • Bacon. •< I/art nVst ntiire chose que le coutr6le et !c reglstre des meilleiires produc- tions. . . A coiitrolcr Ics prodiictiaiis ( ft les ■ictitiii.';) d'nn c1j3cud , il s'engeudre euvie dcs bonnes, ct raepris des inativaises. » MOKTAfGNE. " Lc« belles lettrcs et les scicnees, bien etiidices et bien (•omnriic.'i , ere la nature abandonnce aelle meme, ct les forces qu'ellc fournit a cclui qui vcut s'en scrvir pour lui resister : il fallait unt'ngenieur d'un talent cprouve, qui sut executer les conceptions du geologuc : il fallait un esprit souple et fecond en ressourccs , (jui siit s'adresscr a I'esprit public d'une nation divisee en vingt-deux souverainoti pai-ticulierement , des sou- venirs honorables et un nom que I'histoire a deja pris soin de recueillir. P. -A. Coupin , I'lin (les redacteurs de la Revue Encjclopedique , et du Kunts- Blatt , publie a Stuttgart. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Elemens de physiologie vegetale et de botanique; par C.-F. Brisseau-Mirbel, de I'lnstitut (i). Plantes rares duJardinde Geneve; -^zt Aug.-Pjrranus DeCandplle, professeur d'hlstolrenaturelleet dlrec- teur du Jardin de botanique de V Academie de Ge- neve^ etc. (2). Les deux ouvrages reunis dans cet article different beaucoup plus I'un de I'autre qu'ils ne se ressemblent. Le premier pose les fondemens de la science, regie la distribution de I'edifice, et le construit sous les yeux du lecteur; I'autre se borne a decrire des materiaux isoles. Le botaniste frari^ais expose des theories; le professeur genevois ecrit pour ceux qui possedent deja plus que les elemens de la bolauique, el qui recherchent principalement les faits moins connus, les decouvertes ou les acquisitions les plus recentes. Le livre de M. Mirbcl a vu le jour durant I'une des tourmentes politiques les plus desasr treuses qui ont desole notrc patrie; celui de M. De Candolle est encore a sa naissance, et tout semble lui presager le phis (i) Paris, i8i5. 2 vol. in-S", avec uu atlas de 7a planches, de in^me format. Magimel (Anseiin et Poachard), rue ThionvlUe (Dau- phine), n" 9 ; prix a5 fr. (a) Geneve, iSaS. Premiere livraison de fi planches coloriees, avec le texte. Petit in-folio. Barbczat et Delariie,edileiirs ; prix i5fr. ; Voy. t. XXVI , p. 47a)- SCIENCES PHYSIQUES. O hcureux avenir. L'amour de la botanique ne domiiie point en France; il est ranime a Geneve : un nouvel etablissement va le propager et le fortifier. De toutes les parties du raonde sa- vant, les regards des botanistes se dirigeront vers une ville dont I'etroite enceinte renferme plus de nioyens d'instruction que les capitales de certains royaumes : le jardin de Geneve sera le domaine commun de tous les amis de la science ; tons se plairont a I'enrichir, a le cultiver, a hiultiplier ses recoltes, dont tous profiteront. L'origine de cetle fondation scientifique doit occuper une place distinguee dans I'histoire de la bota- nique. En 1817, le conseil souverain de Geneve etablit dans cette ville une chaire d'histoire naturelle, et choisit M. DeCan- dolle pour professeur, en lui annoncant que I'enseignement dont il etait charge serait seconde par tous les etablissemens necessaires. « Une circonstance malheureuse en soi contribua a faciliter I'institution du Jardin; la disette qui desolait alors i'Europe engagea le conseil souverain a consacrer une somme pour faire travailler les pauvres qui manquaient d'ouvragc, et il expriiija le voeu que I'admiriistration I'eniployat au defriche- ment du terrain qu'elle croirait propre a etablir un jardin de botanique. « Bientot apres, une souscription particuliere, a laquelle la presque tofalite des habitans de la ville prit une part active, fournit au gouvernement tous les fonds necessaires pour la construction des serres, des bassins, clotures et dependances du jardin, et le gouvernement se chargea de tout ce qui de- vait tenir a I'entretien habituel. Les constructions eurent lieu pendant I'annee 1818 ; et, grace au zele avec lequel chacuu concourut a cet etablissement, grace aux precieux envois de plantes et de graines que lui adresserent les directeurs dc plusieurs jardins publics et les amateurs les plus distingues de la botanique, le jardin de Geneve se trouva, des I'annee sui- lante, en etat de servir a renseignemeni, ct contribua d('ja a 44 SCIENCES PHYSIQUES. repandrL' lians U; pays dcs plantes ai^rcablcs on utiles. Co zele lie s'est point lallenti; ct, cliaque anucc, do noiiveaux dons volontaires donnontlc nioyen d'accroilre le nonibre dcs plantes oil Ici moyens de culture ct d'enscij^^nement... » Cette citation, que nos Iccteurs nc tiouveront certaincment pas tiop longue, est exlraite de la preface dc I'ouvrage de M. DeCandolle. Ce piofesseur rapporte plusiciirs aulrcs faits non moins interes- , saus, ct qui font bien'connaitre la louable emulation de savoir et le zele pour le bien public dont les Genevois ont donne tant deprcuves, qu'on pent les rcgarder commc I'un dcs traits caractorisliques des habitats de cette heiireuse cite. Nous ne pouvons nous abstcnir de citer encore una note qu'on lit au bas de la memo preface. « M. Mocino , I'un des aitteurs de la Flore de Me.rique , m'ayant donne tons les dessins orij^inaux de cet ouvrai^c pour les publier en son nom, et ayant ensiiite souliaite les ravoir a sa rentrce en Espagne, jc tenioignai le desir d'avoirfc copie des plus iniportans. Dansl'espacc de huit jours, les artistes et les amateurs dc la ville, par un accord spontane, ont bien voulu me copier pres de mille dessins, et ont ainsi conserve tout ce que cette collection contenait de plus remarqiiable. Je les prie dc recevoir ici I'expression de ma gratitude. » Apres cette preftice, trop coiirte au gre des lectenrs^ M. De Candolle entre imuiediatement en matiere. Nous n'avons en- core que la premiere livraison dc son ouvrage, oii Ton trouve la descripfion ct la figure de cinq plantes encore peu connues, savoir: un arbre (^ prnus canaricnsis ), un arbrisscau (nt-mo- ^tantkex canadensis ), et trois plantes hcrbacees ( Jussicca lon- gifolia , sesamum indicum, silene picta ). A la suite de la des- cription dc chaquc plante, il place I'histoire des connaissanccs que nous" en avons acqulses; tette partie de I'oiivrage ne con- tient pas seulement dcs instructions sur le passe, mais des je^ons pour I'avenir. En lisant , par exemple, I'histoire du pin SCIENCES PHYSIQUES. 4 5 des Canaries, on apprend a so mt-ficr dc rinattentiou des voyageurs, fusscnt-ils menie naUiralistes. II est bien etrange que, dans ces ilea si visitees, iin grand aibre que Ton trouve depiiislcs bords de la mer jiisfjii'ii la hauteur de 2,200 metres, c'est-a-dire jusqn'aux limites que les grands vegetaux ne de- passent point, ii'ait etc- bien connu que par deux voyageurs, MM. L. de Buck et Chr. Smith, et que tons les autres I'aient confondu avec les especes europeennes, dont il differe essen- tiellement. Nous aurons sans doute incessamment I'occasion de revenir sur cette precieusc collection, dont nous suivrons les progres avec I'interet qu'elle merite. L'habilete des dessinateurs et du graveur seconde parfaitement les vues du savant professcur ; a toutes les qualites d'un bon ouvrage, celui ci joint ]d*merile de faire Tornement des bibliotheques. La deslinee de I'ouvrage de M. Mirbel n'est pas encore fixee, peut-etre a cause des circonstances penibles qui absorbaient I'attention publiqiie, au moment oii Taiileur le fit paraitrc, et le retinrent aiusi , des sa naissance, dans une sorte d'obscu- rite. La science meme a eprouve rinfluence des oragcs poli- tiques; durant plusieurs annees, meme apres que le calme fut retabli , d'autres parties de I'histoire naturelle occuperent les esprits, et I'etude des plantes fut im peu negligee. Mais rcquiiibre ne pent tarder a se retablir; I'esprit philosophique qui dirigc aujourd'lmi la marche de toutes les sciences, n'en laissera aucune en arriere. Lorsque la botanique sera retablie dans tons ses droits, le livre dc M. Mirbel sera lu par tons ceux qui la cultiveront. lis y trouveront, non-seulement les connaissances elementaires que le litre annonce, mais une ex- positipn complete des notions generales que Ton peut regarder comme bien etablies , et qui comfiosent la science dans son etat present. L'auteur a eu la prudence de s'y borner, et de ne point parler des recherches encore infructueuses, des doctrines f\6 SCIENCES PHYSIQUES. a peine cbaiichees. II a commence par la physiologic vegetale, ot il faut lui en savoir gre; car le plus grand nonibie dcs etu- dians en botanique sont si presses d'apprendre I'art de nommer les plantes, ct attaclicnt une si grande importance a cette par- tie la plus ostensible du savoir en botanique, que, si le premier volume eut traite de la nomenclature, le second n'aurait eu que pea de lecteurs. D'ailleurs, I'elude de I'organisation des vcgetaux et des phenomenes qui en dependent n'a pas moins d'attraits que celle des formes exterieures. Le peintre mcme, s'il veut exceller dans son art, ne se borne point a ces connais- sances superticielles; il appreud I'anatomie de rhomme, afin de representer plus fidelement cet objet principal de ses ta- bleaux. M. Mirbel a traite avec beaucoup de details I'anatomie des vegetaux, en y associant les notions physiologiques, chi- miques ou mecaniques relatives aux organes qu'il decrit. L'im- mensite du sujet et. la redaction concise et rapide que I'auteur a du adopter pour tou* renfermer dans un seul volume, cette abondance qui invite a faire un choix et qui le rend si difficile, voila un obstacle que nous n'essaierons pas de surrao nter. Reduits a n'offrir a nos lecteurs que des citations, nous en prendrons vers la fin de ce volume, dans la dixieme section intitulee : Considerations generates sur la vegetation. «■ Les premieres recherches qui aient etc faites avec suite , et dans le dessein reflechi d'etudier les lois de la succession des vegetaux sur les montagnes, appartiennent a M. Ramond. Ce savant parcourut la chaine des Pyrenees pendant dix ans;il I'etudia non-seulement en geometre, en physicien et en mine- ralogiste, raais en botaniste consomme; il reconnut, avec cette rare sagacite qui le distingue, les stations des di verses especes vegetales, et les circonstances particulieres qui troublent quel- quefois I'ordre naturel de leur succession. Les Alpes ont offert aux botanistes qui les ont visitees des phenomenes qui cor- respondent parfaitement a ceux que M. Ramond a remarques SCIENCES PHYSIQUES. 4? dansles Pyrenees. Mais il elait reserve i MM. de Humboldt et BoNPLAND de nous montrer les modifications successives de I'organisation vegetale sur les plus hautes montagnes que I'on connaisse, dans Tune des contrees les plus chaudes et les plus fecondcs de la terre. La vegetation des regions equinoxiales de I'Amerique se deploie aux yeux de I'observateur sur les gra- ding d'un immense amphitheatre dont la base s'enfonce sous leseaux de TOcean, et dont le sommet rencontre, a 5,ooo metres au-dessus du niveau de la mer, la limite inferieure des glaciers qui couronnent les Andes. II existe done, en Amerique, des especes vegetales a 1600 metres plus haul que la ligne oil finit la vegetation des Pyrenees et des Alpes. Cette difference de- pend non-seulement de la latitude, mais encore, suivant la remarque importante de M. Ramond, de I'etendue transver- sale, ou, si Ton veut, de I'epaisseur des chaines de montagnes. L'influence de I'air et de la temperature des plaines se fait sentir dans des chaines de pen d'epaisseur, comme sont celles derEurope,et tend sans cesse a y confondre les limites des differentes especes vegetales; mais il n'en est pas de meme de la chaiiie des Andes , qui a de 48 a 60 lieues d'etendue trans- versale. Il faut dire encore , a I'avantage des observations de MM. de Humboldt et Bonpland, que, comme ils les ont faites sous I'equatenr, ils ont suivi toute la serie des modifica- tions qui se manifestent entre les deux extremes de tempera- ture a la surface de la terre, tandis que les autres botanistes, n'ayant visite que les montagnes septentrionales de I'ancien continent, u'ont pu observer que les modifications comprises entre la temperature moyenne et le froid extreme. » Le second volume est en partie theorique, et principalement historique. Les principaux systemes de classification et de no- menclature des plantes y sont passes en revue et discutes. La signification precise des mots caracteres , espece , varieie , et, en general, la lermhiologie , y sont exposees avec une grande /,8 SCIENCES PHYSIQUES. clarte. N'ti-t-on pas ii iiij;rettci' que I'auteur n'ait pas essaye de changer I'lisage d'appliqiier tics noins d'liommes aux plantes, et de rcmplir ainsi Its diclionnaiies de bolanique d'une foule de mots de tons les idioip.es inodernes, de composer une no- menclature desagieable- dans toutcs k'S iangucs, et toiii-a-fait barbare dans les oiivrages ecrits en latin? Loin que les bota- nistes se montrent disposes ii renoncer a celte habiludc) ils I'ont fait contracter aux zoologues, et meme aux mineralo- {^istes. Quelques tentaiives ont dcja ele faites pour I'introduire jusquc dans rastronomie. On perd de vue qu'un nom scienti- fique devrait etre une plnase descriptive abregee, que.toute nomenclature sans methode denote rinq;)erfection de la science, et que des affections ou des egards deplaces, ne peuvent justi- iier un nom mal fait, et qui n'apprcnd ricn de ce qu'il faudrait savoir. En alterant ain^i la langue des sciences, on multiplie les difficultes pour ceux qui les etudient actuellement, et les' embarras de ceux qui les reformeront un jour. L'atlas de cet ouvrage est tel que sa destination I'exigeait, recommandable par la ne^tete et la correction du dessin. L'ex- plication des planches se trouve a la fin du second volume. Ces elemens doivent etre mis au nombre des meilleurs ouvra- ges destines a I'instruction, non des cnfans, car ils supposent un degre de connaissances qui n'appartient pas ii leur age; mais des jeunes gens qui se destinent, soit a la culture des sciences naturelles, soit a des occupations qui exigent un veri- table savoir en botanique. L'homme du monde y trouvera aussi ce qui lui convient, s'il aime a cultiver son intelligence par I'exercicc des bonnes methodes de raisonnement et par I'acquisition de connaissances precises et completes sur un sujet aussi plein d'intcretque les phenomenes de la vegetation. Ferry. SCIENCES PHYSIQUES. 49 DiCTIONNAIRE GEOGRAPHIQUE UNIVEBSEL, COlttetiaTlt la description de tons les lieux dit globe interessans sous le rapport de la geographie physique et politique, de Vhistoire , de la statistique , du commerce ^ de Vin- dustricy etc.; redige par une socicte de geographes ( MM. Beudant , Aug. BiLLARD, Denaix, Dubrena, J.-B. EYRIES, Alex. DE Humboldt, P. -Am. Jaubert, Jomard, /. Klaproth, Langles, Lapie pere et fils , MaLTE-BrUN, P.-Ch. PiCQUET fils,^(^e/REMUSAT, DE RossEL, Walckenaer, D.-B. Warden, etc. (i). Le geographe, suivant le sens pur et simple de ce mot, celni qui ne considere la geographie que comme la science de la po- sition relative des divers lieux du globe, est, pour ainsi dire, semblable an possesseur ignorant d'une fortune immense, qui jouit des avantages qu'elle lui procure, sans s'inquieter com- ment ils lui viennent, et qui finit par s'en degouter. Celui - la seul pent aimer veritablement et toujours la geographie, qui I'envisage comme un guide dans I'etude d'une science quclcon- que, et qui I'applique , soit a observer les mouvemens et les plienomenes des corps celestes, soit a mediter sur rexcellence des gouvernemens, sur les voiesles phis favorablesa I'accrois- sement de la population ou au perfectionnement des arts et du commerce ; soit enfui, a discuter ce qui a rapport aux religions des peuples, a leurs moeurs ou a I'histotre. La gr-ographie est une science de rapports : c'est lui oter tous ses charmes que de I'isoler. On s'explique en quelque sorte le peu de faveur que (i) Paris, i8a3-i825. Le i" vol. in-8" de 655 pag. et la i""^ par- tie du second volume ont paru. Kilian, rue Vivienne , n" 17; et Picquet, quai Conti , n° 17. Prix, i4 fr. le volume. T. xxvii. — Juillet i8a5. f^ 5o . SCIENCES PHYSIQUES. cette science obticnt dans le monde , lorsqu'on voit quels ou- vrages sont destines a en facilitcf I'Ltude ou I'application. De quelle utililc peut etre eifcctivement iin ttaite qui, se bornant a rindication de monlagnes , de rivieres ou de lieux, neglige de dire au geologue , quels terrains ; au mineralogiste, quelles mines; aa naturaliste, quels animaux ; au botaniste, quelles plantes; au physicien , quels jilicnomencs il peut y observer. N'est-il pas aussi tres-iniportant de rappeler a celui qui s'oc- cupe de politique les limites naturelles qui separcnt les etats , et les divisions adniinistratives qui y sont adoptees. li est une branche de la geographie, creee et pcrfectionnee tout a la fois par nos voisins d'outre-Rhin, qui s'occupe non-seulement des divisions adniinistratives, mais encore de loutcslcs ressources des etats, de leur population , des nioeurs, des lois, de I'indus- trie, du commerce, etc; cette branche de la geographie inte- resse tous les amis de I'humanite. II resulte d'ailleurs de la connaissance de la statistique une honorable rivalite, une es- pece de couvoitise des avantages des contrees etrangeres , qui nous porte a imiter, souvent niemc a surpasser, soit dans les arts, soit dans les sciences, les pcuples qui les liabitent, ou a employer tous nos moyens pour nous procurer cc qu'elles peuvent seules recevoir de la nature. Ainsi , les relations com- lUerciales peuvent etre augmentees, la civilisation peut se re- pandre, et le sort des nations etre ameliore. II convient d'en- courager ceux qui importent, pour ainsi dire, cette science dans notre pays, et de ne rien negligcr pour qu'elle y soit en honneur. Si nous remarquons a regret qu'un grand nombre de per- sonnes, faute dc connaissances suffisantes, considerent la geo- graphic comme peu utile ou peu attrayantc , nous avons a nous feliciter de voir des hommes qui , jaloux de placer cette science au rang qui lai appartient, I'entourcnt de tout ce qui peut en faire sentir I'utilite et I'agrement. Ce but est celui des savans 1 SCIENCES PHYSIQUES. 5i que nous avons cites en tete de cet article , et qui se sont reunis pour consigner clans un grand recueil geographique, sous la forme de dictionnaire, toutes les conn.nissances dont leurs pa- piers oil leur menioire sont di'positaires, etpour ajouter a ces documens deja tres-considerables, ceux qii'ils out pu reciieillir dans lesouvrages, dans la conversation des\oyagcurs les plus accredites. Les trois premiers volumes de cet immense re- pertoire peuvent fournir la preuve de ccfte assertion. L'ordre alphabetiqiie , que nous n'intervertirons pas, et le clioix de quelques articles, parmi les plus considerables, auxquels nous nousbornerons, nousconduisent a parler de I'article Afkique « Quel vide immense on trouverait dans une carte bornee a ces decouvertes ! dit M. Jomard en terminant son Coup ctoeilsur le progrc'S et Vetat actuel des decouvertes dans Vinlcrieur de r Afrique. (Voy. Rev. Eric, t. xxiv, p. 56i-577). Quelle solution de continuite entre lesA'ingtou vingt-cinqlignesprincipalesque les voyageurs out suiviesINous avons suppute I'etendue totale de ces lignes, parcourues depuis une quarantaine d'annees, et nous I'avons estimee a 2,200 millcs geographiqucs, en y com- prenantles excursions de Poncet, en' 16^8 , etcelles de Bruce, faites de 1768 a 1773. Admettons que chaque observateur a constamment embrasse de I'oeil un lioriaon de 3'lieues de dia- metre, et c'est beaucoup , voila ati plus une surface de 28,000 lieues; or, qu'est-ceque cette superficie comparativement a cclle de I'Afrique, evaluee a 1,400,000 lieues (et memea i,75o,ooo). Ainsi, a peine I'Europe connait-elle la cinqtiantienie parlie de I'Afrique inlericure. » Ces conclusions d'un savant qui s'oc- cupe parliculierement de la geographic de I'Afrique, ])rouvent combien il est difficile de donner une bonne description de cette partie du monde. Nous devons done savoir gie a I'auteur de Tarlicle du Dictionnaire , de I'art avca lequcl il a sii Her les donnees incertaines aux faits averes. Cet article prouve de grandes recherclies; I'liistoiredes decouvertes faites en Afrique 52 SCIENCES PHYSIQUES. est tres-completo, ct il n'a fallu rien moins que j)arcoiirir le« relations de tons los voyagcurs cites pour faire une description aussi interessante. A dufaiit de connaissances positives siir cer- tains points, on se plait a la lecture de considerations curieuses appuyees surdes faits. Voici conime I'autcur s'exprimc an sujet des relijj'ions ct dcs langues des Africains : « II est sans doute bien digue de rcmarque que I'Egypte et I'Ethiopie soient les seuls pays oh le christianisme ait jete dcs racines asscz pro- fondes pour n'etre pas extirpe par les fanatiques niusulmans. Dans le reste de I'Afrique, si Ton en excepte quclques faibles etablisseniens portugais , francais, anglais et hollandais, la re- li^iou musulmane est la seule qui combattc I'idolatrie du feti- chisme. Le coran est le seul code reconnu, et I'ecriture arabe est la seule en usage parmi les naturels qui savcntlire ou ecrire. Cette ocriture , apportee d'Asie en Afrique dans le premier siecle del'hegire, a I'epoqne ou les Arabes se servaient du koufique, n'a que faiblenient participe aux importantes amelio- rations qu'elle re^ut dans le ix* siecic de notre ere. Quoique I'arahe soit a la fois la langue sacree et savante de la plus grande partie de I'Afrique, nous ne devons point oublier la langue ethiopienne, ancienne fille de I'arabe , laquelle a etc ensuite melee de mots negres. Aujourd'hui, les Cophfesparlent arabe. Le chilah ou berbere est I'idiome repandu depuis I'Atlas jusque dans I'Oasis de Syouah ; le sangai est usite en Guinee; le poul, I'yolof, portent les noms des peuples qui les parlent; I'ambounda est le langage de tons les penples con)pris entre le Congo ct la cote de Mozambique. On concoit facilenient toute I'imperfection , toute la pauvrete de langues employees par des hommes dont I'industrie est aussi bornee que leur intelligence. Il n'est peut-otre pas inutile de remarquer que tousles motsde traite , tels que les noms de marchandises, d'armes, de na- \ires,elc., sont evidemment d'origine portugaisc etanglaise. » Amerique. La description dc cette partie du monde est, SCIENCES PHYSIQUES. 53 on pouvait s'y attendre, tres-succincte. Ce continent enibiasse toutes les zones, et Ton concoit facilement qu'il offre peu de generalites. Systeraatiquement, on pouvait placer dans un meme cadre toutel'orographie de I'Amerique; mais , geologiquement, ce classement devenait impossible. Nous ignorons si cette dif- ficulle a detourne I'auteur de I'article de presenter quelques details sur les montagnes du Nouveau-Monde. Dans tous les cas, ce qu'il a fait est bien fait ; car il n'aurait pu que rcpeter ce qui est dit aux articles Andes , Alleghany , Bresil, Buenos- Aires , et ce qui dcvra se trouver sous les nonis de Mexique , Monts-Rocheux , Caracas ou Venezuela, etc. Une phrase qui nous parait renfermer une erreur grave, est celle-ci : « L'Ore- noque qui porte aussi ses eaux a I'Atlantique, pres de la niei des Antilles, recoit, entre autres affluens , le Cassiquiare , qui descend vers le Rio-Negro, et etablit la communication long- tems contestee de I'Orenoque et de I'Amazone? u Le Cassiquiare est unbras de I'Orenoque qui descend vers le Rio-Negro, mais non pas un affluent de I'Orenoque. Cette description fait assez bien connaitre les ressources minerales, vegetales et animales- quepresente le nouveau continent. Toutefois, nous ferons re- marquer que la peche des perles sur plusieurs parties des cotes n'est plus assez importante pour etre citee, que le quinquina croit en beaucoup d'endroits de I'Amerique aieridionale, et qu'il n'est pas restreint, comme le dit I'auteur de I'article, a une zone particuliere aux environs de la ligne. Andes. Article bien redige : il est facile de voir que la geo- graphic des plantes et les lignes isothermes de M. de Hum- boldt en ont fourni la majeure par tie ; mais c'est un nierite que d'avoir su bien choisir. Antilles. On ne manque pas d'ouvrages sur cet archipel , etnous aurions eu beaucoup a nous plaindre, si nous n'avions pas trouve I'article, tel (|u'il est , c'est-a-dire excellent. Nous en extrairons un portrait des Creoles qui est tres-propre a les 5/. SCIENCES PHYSIQUES. faire connaitiv. « Los fcmmes Creoles sont dedomniagecs tin coloris brillant dcs europeeiines par iine blanchour ft uii»^ dc- licatesse dc traits scdiiisantcs , par iinc taille svelte ot deliee , par line cortaine indolence et uij laisser aller ravissans. Sans etre parfaitcment belle, leiir iignrefine porte une expression de douceur qui va droit ;\ I'ame, et leur accent, denue d'affeterie, lorsqu'il n'est pas trainant, respire I'innocence et la candeur. Leurabord fimide, meme froidavec lesetrangers , est fieravec leurs inferieurs, est tres-familier avec leurs egaux : cllcs sa- vent repandre beauconp d'agromens dans la societe inlinie. Quoique naturellcnient coquettes , elles s'attachcnt vivement a celui qu'elles ont choisi , en sont jalouses al'exces, et lui sont rarementinfidelcs; mais, des qu'elles en sont privecs ou delais- sees, elles reportent Ics mcmes sentiniens vers lui autre objet. Elles sont presque toujoursepouses tend res etmeresexcellcntes. Archipel asiatique. On se deniande pourquoi cctte grande division n'a qu'une description de six ligncs ? II parait que les auteurs du nouveau Dictionnaire ne I'adoptent pas ; elle leur eut ete ccpendant tres-utile pour designer la position d'une partie des iles du grand Ocean. Avantde parler de I'article general Asie, nous recomniande- rons , commc dignes d'attcntion , ceux de VAlleinagiw , des Alpes , des Jpennins, de V Arable, des Ardennes, des Arhunsas, de VArgovie, de VArmcnie , etc. , etc. AsiE. Pour donner une idee de I'importance des malieres traitees dans Ic Dictionnaire geographiqiie , et de leur dispo- sition methodique, nous indiquerons celles de Tarticle Asie : noms; etendue en longueur et largeur , superficie ; limites ; lies qui en dependent; forme des cotes, bales, et golfes ; nion- tagnes et bassins de rivieres ou de fleuves qu'elles etablissent; lacs, niers interieures; pays entre lesquels I'Asie est divisee ; volcans; climat, temperature, zones; productions vegetales , animales , minerales ; races d'honunes; langues , religions SCIENCES PHYSIQUES. 55 nioeurs et usages; commerce et iiidustrie ; histoire des decou- vertes. Cette description de I'Asie est fort bien faite. L'ex- trait suivant renferme une idoe tres-curieuse. « L'Asie a qiiatre expositions on versans piincipaux, I'lm au N. , vers rOcean glacial; I'autre a I'E. , vers le grand Ocean; le froi- sieme an S., vers i'Ocean indien, et le quatrieme a I'O. , vers la mer Noire et la Caspiennc. Ces quatre versans sont appuyes sur un plateau central qui s'etend entre Bo" 5o' et /|8° de lati- tude N. , et entre 69" et 1 iG** de longitude O., et avec lesquels ils ont pour limite commune les aretes de quatre chaines de montagnes qui entourent ce plateau. Ces aretes qui determinent une figure tres-irreguliere, se reunissent au N. O. , au N. E. , au S. E. et au S. O. par des noeuds qui, joints entre eux par des lignes droites, figurcnt un quadrilatere divise en deux triangles isoceles par la diagonale allant du noeud N. O. au noeud S. E. « La direction de chacune de ces aretes est tracec de la mauiere la plus niinuticuse. Puis , I'auteur ajoute : « Main- tenant que ces aretes sont bien etablies,il faut considerer le plateau central comme un grand bassin interieur qui pcut se diviser en bassins sccondaires ou de lacs, et les quatre ver- sans de I'Asie comme quatre grands bassins, lont trois sont oceaniques et le quatrieme de mers interieures. Les trois bas- sins oceaniques sont celui du N. , celui de I'E. et celui du S. , et se divisent en bassins de mers ou de golfes , qui se subdivi- sent eux-memes en bassins de fleuves. » Cette description des montagnes, des fleuves et des lacs de I'Asie est purement sys- tematique ; ou pourrait peut-etre lui reprocher de donncr dela realite a des faits qui nc sont ricn moins que douteux dansl'o- pinion des geologues; mais elle compense cet inconvenient par un grand avantage , celui de faciliter beaucoup I'etude de la geographic. Cette niethode est neuve, elle trouvera peut - etre beaucoup d'adversaires ; mais ce nesera point parmi les verita- bles amis dela science. II serait adesircrqu'unlraitecomplet de 56 SCIENCES PHYSIQUES, jjeoj^iaphic fut compose sur ce plan , et il e«t certain que la connaissance du i^lobc doviendrait beaucoup plus facile a ac- querir. Mais il est a craindre que les obstacles qui menacent d'entraver un pareil travail ne rebutent les auteurs les plus la- borieux. Rcvenons a I'article Asie, pour recommander le ta- bleau des decouvertes qui le tennine : c'est un morceau com- pletet bien trace. Atlas. Cet article, qui est trcs-savant, a du couter beau- coup de recherclies a son auteur; il est peut-etre uu pen trop complet pour un Dictionnaire yeographique, et pourrait figurer avcc avantage dans les Memoires de I'Academie. Si I'on nous reprochait de nous etre trop occupes de la geo- graphic physique , dans les extraits que nous avons donnes jusqu'ici, nous aurions a repondre que cette branche de la geo- graphic est la moins variable, et qu'il importe de faire sentir que le nouvel ouvrage dont nous rendons compte etant base en quelque sorle sur la geographic physique, n'est point suscep- tible de vieillir apres un petit nombre d'annecs. Toutefois, on pent voir, par I'article sur les Bedouins et par celui sur la Bouhharie que nous allons examiner , comment ce Dictionnaire peint les moeurs des peuples, decrit les villes, et trace les rela- tions commerciales des etats. Bedouins, Bedaouy. Ce nom, qui signiiie habitans du desert, designe les tribus arabes nomades de I'Arabie, de I'Egypte et des contrees adjacentes , et de la Syrie. Quelques-unes de ces tribus vivent en pasteurs ou sur les bords des deserts, ou dans les Oasis, ou pres des grandes villes; d'autres accompagnent les caravanes dont elles transportent les marchandises et les bagages", d'autres enfin,erretitau fond des deserts, ousurles pas- sages des caravanes, et pillent tout ce qu'elles rencontrent. On n'a sur le nombre de ces Arabesque des donnees incompletes. On ignore meiiie combien de tribus ils forment, et Ton ne pent faire connaitre que les traits generaux qui les caraclerisent. — SCIENCES PHYSIQUES. 5; On n'exigera pas que nous rapportions ici les deux pages a double colonrie que I'arlicle Bedouins occupe dans le Diction- naire'; cependant le morceau suivant merile d'etre cite. « Les seules vertus que Ton puisse accorder aux Bedouins en gene- ral, sont : Tamour dela liberte, un courage indompte, une so- briete sans exemple, et la chastete. La bonne foi, lagenerosite, la grandeur d'ame sont le propre de certaines tribus. Les ver- tus hospitalieres sont communes chez ces nomades ; elles sont meme obligatoires, car les peines les plus severes atteignent celui qui ne les pratique pas. Mais, comment leur accorder les eloges qu'elles sembleraient meriter , lorsqu'on voit un Bedouin poursuivre le voyageur au sortir de sa tente et le depouiller; lorsqu'on voit des tribus qui, apres avoir fete iinhote pendant des jours entiers, le conduisent avee pompe hors deleur cam- pement, et,au moment de se separer de lui, I'engagent, sous peine de mort, a se depouiller de tout ce qu'il possede, sous pretexte qu'il peut etre devalise par d'autres et qu'il vaut mieux qu'il le soit par ses bienfaiteurs ? Cet amour du vol et du pillage distingue essentiellement les Arabes du desert : c'est lui qui les porteaumeurtre, c'estlui qui les rend parjures. Les prenez-vous pour guides ou pour escorte a travers leurs af- freuses solitudes, vous chercherez vainement a les Her par des serraens; a peine entre dans le desert, vous serez vole : des otages ne vous garantiront pas. lis n'epargnent que les mar- chands qui viennent trafiquer avee eux, et le voyageur assez heureux pour leur dnnander a tcms I'alliance du pain et du sel. » BouKHARiE. Pour donner a nos lecteurs une juste idee de cet excellent article, il faudrait le citer ici tout entier. Nous allons en extraire seulement les passages relatifs au climat et a ux pro- ductions vegetales.« Le climat de la Boukharie est tres-doux et generalement salubre; les saisons y sont tres-regulieres. A la mi-fevrier, les arbres commmencent a fleurir; ils bourgeon- ^8 SCIENCES PHYSIQUES, nt-nt, dans les premiers jours de mars : alors, le beau terns eommence et les fortes pluies cesscnt, apres avoir dure pres de trois semaincs. Bientot, la chaleur devient aocablante : elle est d'autant plus sensible que ratmospliere est rarement ra- fraiclue par des orages. La belle saison se prolouge jusqu'en octobre, epoque oii les pluies reconuiiencent et diireiit ordi- iiaireuicnt qninze jours ou trois scmaines. En novembre et de- cenibre, de petites gelees, ct par fois un peu de neige, annon- cent I'approclie de I'liiver. Souvent on trouve encore, vers la fin de deccmbre, des melons dans ks cliamps. Le neois de Jan- vier est plus rigoureux;le froid ordinaire est de deuxdegres; il vaquelqnefois jusqu'a huit. L'eau gele de 3 ou 4 pouces d'e- paisseur. Rarement la neige reste quinze jours sans fondre. Des vents violens souffleiit surtout en hiver ct en etc; ils ele- vent tres-haut une poussiere fine qui cache tout a la vue , et donne a I'almospliere une tcinte grisatre. Cesnuages de pous- siere, quis'etcndentsur tout un canton ,penvcnt etre apercusa plus de 4 lieues de distance. Souvent un vent violent eleve le sable de la Steppe, en formant des tourbillons; ce sable, dont il est presque impossible de se garantir , penetre , quoique fort gros, dans les yeux, la bouche et les oreilles, et occasione de frequentes inflammations. Chasse paries vents, il comble faci- lement les fosses, remplit les rues et couvre les maisons. Dans beaucoup d'endroits, le sable empiete annuellement sur le pays cultive. On a beau travailler a deblayer les fosses, on n'y reussit qu'imparfaitement, et il est meme probable qu'un jour les fertiles et riantes oasis de la Boukharie deviendront arides et inhabitables. Les orages sont rares; mais il se passe rare- ment une annee sans qu'on ressente quelqtie legere secousse de tremblement de terre. nOn cultive, en Boukharie, le riz, I'orge , le froment, le dia- gara ( holcus xachnrtus ) , espece de niiliet , du panic ( />onaf,- ), le nokoiid, grande espece de pois, des feves, des carottes. Les SCIENCES PHYSIQUES. Scj recoltes des jardins consislent en pommes, prunes, censes, abricots, peches, amandes, figues , grenades, pistaches, noix, et differentes especes de raisins, dont on tire un vin excellent et une bonne can de vie. On y Irouve aussi lekychniych, raisin sans pepins. Differentes especes de melon viennent en abon- dance; la meilleure est celle qni a la chair blanche. Les me- lons d'eau deviennent tres-gros et sont doux et succnlens. On conserve, les fruits jnsqu'au mois de fevrier et de mars; les me- lons se vendcnt pendant toute I'annee. La culture du vers a sole exige de grandes plantations de muriers dont 1 ecorce sert a la fabrication du celebre papier de Boukhara. La culture du cotonnier (pakhta) est tres-importante : celte plante procure en quelques endroits trois recoltes par an. Le pavot, le car- thame, la garance, le chanvre, le lin, le tabac ctle koundjnt ou sesame, fonrnissent aussi de riches produits. La partie la plus fertile de cette contree est le Miankal qui s'etend le long du Zer-Afchan, entre Samarkand et Boukhara. » S'il etait besoin d'autrcs citations pour faire apprecier I'im- portance du Dictionnairc geographique universel, nous ponr- rions , sans revenir sur nos pas, prendre, a quelques pages apres I'article Boukliarie, celui de la Bourgogne. L'auteur ex- pose avec beaucoup de clarte quels changemens les limites de ce royaume ont eprouves, avant qu'une de ses parties fut eri- gee en duche, en 863. — Nous nous arreterons a I'article Brah- mapoutre pour faire remarquer que c'est pour la premiere fois que la source de ce fleuvc est indiquee avcc precision, et que son coursdans le Tiset est decrit un pen en detail. Les descrip- tions du Bresil , dc Buenos- Aires et de la Grande - Bretagne nous fourniraient de nombreuses citations. Le dernier de ces articles est du plus haut interet, surtout en ce (pii concerneles relations commerciales. D'autres articles nous offriraient des faits physiques, d'uu 6o SCIENCES PHYSIQUES. grand interet , on des renseigiiemens precieiix sur les progres de la population, des sciences , des arts, du commerce, de I'indiistrie; d'autres encore donneraient a reflcchirsur les vicis- situdes politiques des etats. Presque tous nous plairaient par la maniere dont ils sont rediges. Nous pourrions , il est vrai, irouver, de tems a autre, des critiques a faire, opposer quel- qnes ai'ticles les uns aux aulres et mettre au jour quelques contradictions ; nous pourrions signaler aussi quelques doubles emplois et de legeres omissions ; mais, dans un repertoire im- mense et plein d'erudition, tel que celui-ci, de pareilles faiUes sont inapercues du plus grand nombre, et ne peuvent attenuer ie merite general de I'ouvrage. T. L. Verdier. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Sur les historiens de la guerre actuelle des Grecs , MM. POUQUEVILLE, RaFENEL, VorTTIER , RaYBAUD , Leicester Stanhope , Blaqcieres , G. Wadington. TROISIEME ET DERNIER ARTICLE. {J-'or. t. XXVI , p. p. 38 1 a SgS et 708 a 716.) Dans nos deux precedens articles , nous avons clierche a faire connaitre le caractere des divers ouvrages sur la guerre actuelle dans la Grece que nous avions en meme terns sous les yeux. Nous avons essaye enstiite de donner une idee de I'ef- froyable corruption de radministration turque, de la souffrance intolerable qui en etaitla consequence pour lespeuples, etqui a du enfin prodnire I'insurrection que nous avons \u eclater. Nous nous proposions de consacrer encore deux articles a ce meme sujet : dans I'un, nous voulions rcuuir quelques-uns des traits les plus brillans d'heroisme de ces guerriers et de ces martyrs de la Grece, qui aujourd'hui weme combattent et souffrent pour la foi cliretienne ; dans I'autre, nous aurions represente sous ses vraies et sornbres couleurs la conduite des Europeeus dans le Levant. Aujourd'hui, nous croyons devoir renoncer a ce double tra- vail : les evenemens se succedent avec une rapidite qui nous entraine ; ce n'est point en arriere, c'est en avant que nos lec- teurs et que nous-memes desirous porter nos regards. Les ecri- ■vains que nous avons sous les yeux nous font comprendre les campagnes de 1822 et 1823 ; mais, desormais, c'est cel'.e de 189,5 qui nous importe : c'est la seule pour laquellenotre at- tention soit completement excitee; son interet absorbe tousles autres. Onassureque, tandis qu'une desgrandes puissances d'Eu- rope voulait que la chretiente intervint pour empecher une 62 SCIENCES MORALES plus loDguo t'lTusioii do sani,', iinc aiitic, joiiissant ble, prendrait place u cote des histoires contempo- raines : il meriterait beaucoup mieux que la vogue passagere d'un ouvrage de circonstance; il durerait, et serait frequeni- ment consulte, car il contient beaucoup de fails. Aucun des cliapitres du livre de M. de Segur n'echappe a I'examen; aucun n'en sort intact, exempt de corrections, et plusieurs recoivent des a-dditions et des eclaircissemens que I'auteur eiit certaine- raent mis a profit, s'ils etaient venus a terns. Il est veritablemenl a desirer que les deux ouvragcs dcvlcnncnt inseparables. En les consultant I'un et I'autre en meme terns, on ne lira pas M. de Segur avec moins de plaisii', et Ion apprendra beaucoup mieux VHistoire de Napoleon et de la grnnde armee pendant I'annee 1812. F. LITT^RATURE. HiSTOIRE DE LA LiTTERATDRE GRECQIJE PROFANE , depuis son origine jusqu'ei la prise de Constantinople par les Tares. Seconde edition , entierement rejbndue et en- richie de la partie hihliographique\ par M. Schoell(i). II est des nations dont Ic souvenir ne pent s'ctcindrc : quand la litterature , la philosophic , les arts et la liberte sc sont reu- nis pour les illustrer, leur histoire semble destinee i occuper etcrnellement la mcmoirc des hommes. Tels sont ces deux peu- ples de I'antiquitc, dont les ouvragcs ct la langue forment I'objet de nos premieres etudes. Le sentiment de la liberie donna chez eux a tous les travaux du genie unc extension prodigieiise; et dela cettc variete, cette originalite, cctte richesse, qui ont fixe I'attention dc toutcs les nations policees. Le tems a detruit ia plus grande partie des livres grecset ro- mains ; mais ceux qui nous rcstent sont encore assez nonibreux pour meriter une classification raisonnec : M. Schoell a entre- pris ce travail pour la litterature grecque. Exposcr sommaire- mcnt riiistoire des auteurs dont elle s'honore, faire connaitre le genre de leurs ouvrages, faire apprecier le merite de chacun, tel elait le plan de I'auteur ; on pent dire qu'il I'a rcmpli. Nous allons donncr une idee de la marclic qu'il a suivic. Quant aux difficultesde tout genre qu'il a cues a vaincre, on sail assezcom- bien les ouvrages d'erudition en sont h^iisses. Une savante intro- duction, placec en tete du premier volume, expose rapide- ment le plan que M. Schcell a suivi. II divise en six periudes (i) Paris, 1825 ; Gide, rue St-Marc.8 vol. in-8" ;prix 56 fr. LITTfiRATURE. 89 I'histoiie de la litteratiu'e grecque : la premiere comprend les terns fabuleux et finit avec la prise de Troie, c'est-a-dire au xiiie siecle avant J-C. La seconde s'etend depuis I'annee 1270 , avant notre ere , jusqn'a rarchontat de Solon, en 694 : les poemes d'Hesiode et d'Homere se trouvent naturellement dans cette serie. La troisiome periode nous conduit jusqu'a I'aveHement d' Alexandre, au 335 avant J.-C. ; c'est I'age d'or de la litterature grecque : poetes, historiens, philosophes, ora- teurs , tout ce que I'humanite a produit de plus grand , de plus admirable , se reunit dans la petite Hellade pour former I'im- mortel cortege de Pericles. Depuis Alexandre jusqu'a la conquete de la Grece par les Romains ( 146 ans avant J.-C. j, I'Egypte devint I'asyle des muses, que la servitude et les guerres civiles avaient clias- sees de leur antique natrie : Sophocle, Platon, Demosthene n'etaient plus; I'erudition s'eleva sur les mines du genie; des bibliotlieques, des academies donnerent aux sciences mathema- tiques' et experimentales un essor prodigieux : Alexandrie fut un centre de civilisation et un foyer de lumieres dont les rayons lirent palir Athenes el'e-meme. Mais ces grands et beaux ou- vragcs que la liberte et la vigueur d'un peuple jeune encore peuvent seules enfanter, ne vinrent plus charmer le monde ; les lettres avaient deserte le sol natal :"elles n'y trouverent plus, pendant la cinquiemc periode, qu'une existence precaire. La Grece alors reduite en province romaine , soumise a des conquerans qu'elle traitait de barbares, n'otait plus que I'ombre d'elle-memc , et sa litterature s'eclipsait devant cclle des Ro- mains, qui, florissante et belle de jeunesse, se parait encoi'e des depouillcs de sa rivale. L'avenement de Constantin au trone, en 3o6 , la translation de I'empirc a Constantinople, changeait tons les rapports. La litterature latine s'etait, pour ainsi dire, eteinte avec Trajan. Quelques princes amateurs des muses etaient montes sur le trone, et Julien lui - menie, en go LITTERATURE. retablissaiK les dogmcs de Rome victorieuse, de Rome mai- tresse du mondc, allait rappeler la ielijj;ion si poctique de la Grece... Lui-mcme il consacrait ses loisirs a reloqucnce,a la philosophic, a la littt'iature. Mais ces efforts momentanes ne pnrent tirer la nation de la barbaric oi\ elle etait plongee : le souffle vivifiant de la liberte n'animaitplus ses ouvrages; ct si, pendant cette sixieme et derniere periode, qui s'etcnd jusqu'u la prise de Constantinople par Mahomet II ( en i/i53), les lettres donnercnt encore de loin en loin quelqucs signes de vie, la force des choses, plus encore que celle des hommes, de- vait tot ou tard terminer cette existence languissantc, ou plutot cette longue agonic. Cette introduction a la litterature grecque est suivie d'lme table alphabetique des collections d'auteurs grecs cites dans I'ouvrage; et bien que cette table ne soit pas d'un interet general, on ne pent ccpendant en contester I'utilite. L'au- teur entre ensuite en matiere : il remonte naturellement aux premiers terns de la Grcce , et apres quelques considera- tions sur ces epoques reculees , il arrive aux poemcs que Ton pourrait rcgardcr comme les premiers essais du genie, s'ils etaient authentiques ; tels sont les vers SibyUins , et ceux qui nous sont parvenus sous le nom de Mt/sec ct d'Orphee. Apres avoir rapporte et discute les opinions des critiques a cet egard , il conduit le lecteur a un scepticisme qui , dans I'histoire , est trop souvent la seule opinion raisonnable. C'estavec lameme circonspection que, dans son savant article consacre a Homere , M. Schoell laisse encore indecises les fa- meuses questions : de savoir si Homere est le seul auteur de I'l- liade etdel'Odyssee, ets'il aecrit ces deux poemes. II semble cepcndant, quant a la premiere, pcnchcr vers raffirmative , et pour la seconde, il se contente dc rapporter les opinions des critiques. Les chapitres suivans contiennent I'histoire de la poesie grecque : cette partie de I'ouvrage est aussi instructive que LITTERATURE. 91 soignee; mais nous aurions desire que, pour les noms des au- tciirs, M. Schoell se conformat a Tusage recu, et dit Scipho, Hero , Hiernrnme , au lieu de Heron, Saphon et Jerome. Dans les autres volumes , I'auteur passe tour a tour en revue la poesie di-amatique , qu'il prend a sa naissancc et qu'il conduit jusqu'au point de perfection 011 clle est arivee ; Xltistoire, de- puis les premiers logographes dont il ne nous reste que les noms ou de courts fragmens , comme Hecatee de Milet, Phe- recyde de Leros, jusqu'aux historicns dont la Grece s'enor- gueillit a juste litre; V eloquence , que representent Gorgias , Lysias, Isocrate, Eschine et Demosthene; ]a p/ulosop/iie, dont il place le berceau dans I'Asie mineure, et qui, divisee d'abord en trois ecoles principales, celles d'Anaximandre , de Pytlia- gore et de Xenophane , Hnit par ne plus produire que des sophistes , jusqu'au tcms de Socrate , dont la doctrine , la vie et la mort devaient se trouver necessairement dans une histoire litteraire de la Grece. Nous ne pouvons suivre M. Schoell dans tous les details qu'il donne sur les scctcs philosophiques posterieures a Socrate : Nous lui ferons observer seulement que c'est a tort qu'il dit implicitement qu'Epicure ne faisait consister la volupte ou le souvcrain bien que dans les plaisirs des sens et dans I'absence de la douleur : ce n'est point la I'idee que nous en donnent Ciceron , Seneque , ni Diogene Laerce. Apres la philosophic , vient I'exaraen de ce qu'ont produit les mathematiques ; puis, la medecine : et malgre I'apparente secheresse de ces deux sujets, tout le mondc liia sans doute avec plaisir des details pleins d'interet sur I'etat des sciences naturelles en Grece, a differentes epoques. La quatrieme periode commence par un precis sur la situa- tion de la Grece a I'avenement d'Alexandre-le-Grand : comme nous I'avons dit , Alexandrie devint la capitale du monde sa- vant : il fallait donncr quelques notions sur les inscriptions que I'Egypte nous a transniises, etsurTecriture hieroglyphique. ga L1TT£RATURE. Nous ne dissimuleroDs pas a ce sujet retonncment oix nous a jetes la declaration faite par M. Schoell, que I'cspoir de trouver la clef dc I'ecrilure hiero^lyphicjue ne s'est pas encore realise. L'autcur ecrivait, en 1824 : Comment n'a-t-il pas en connais- sance des grandcs et beUes decouvertcs de M. Champollion le jeune,dont les sucecs sont maintenant connu* de toutc I'Eu- rope ? II cut trouve I'occasion de rendre justice a notre savant compatriote. Quoi qu'il en soit, cette periode si favorable aux sciences nous offre unc foule d'ecrivains en tout genre. Si le genie qui domine dans les beaux-arts pouvait s'enseigner, rien n'aurait manque a I'illustration de cette epoque. La philoso- phic, la gramniaire, la medecine , les matliematiques, la geo- graphic et I'histoire naturelle, tout ce qui est le resultat imme- diat de I'etude ou de I'observation , produisit des hommes superieurs. Mais, pour les arts qui dcniandent du del I'injhience secrete, comnie la poesie et I'eloqucnce , ils n'eurent point le meme eclat. Polybe est a peu pres le scul historien rcmarquable de cette periode. M. Schoell nous parait lui rendre toute la justice qu'il nierite. Quant a la philosophic, les ecoles d'Aristote, d'Epicurc, de Zenon et de Pyrrhon expliquent, chacune a sa raaniere, les phenomenes de I'ordre physique et moral. Nous avons deja dit que I'auteur nous seniblait donner de la doctrine d'Epicurc une idee peu conforme aux opinions des anciens. Quant aux autres, on trouvera dans son livre tout ce que doit savoir quiconque ne fait pas de la philosophic une etude spccialc. Les chapitres 48 et 49, qui termlnent le tome iii,contien- nentdes notions tres-interessantcs sur leslivres de I'ancien testa- ment, originairemcnt ecrits en grcc, ou qui ne nous sont par- venus que dans cette langue, et sur les traductions grccques dc ces livres, redigees avant et apres I'ere chretienne; nousaimons a reconnaitre la critique eclairee de M. Schoell dans le juge- ment qu'il porte sur la version des septantes , dont I'origine a LITTERATURE. 9^ etc entouree des fables les plus absurdes par I'ignorance et I'esprit de sccte. Examinons rapidement le tome iv, qui conticnt une partie de la cinquicme periode : la Grece est asservie par les Romains ; Alexandrie voit s'echapper sa/ gloire, et trouve une rivale dans la ville de Tarse. tandis que Rome devient la capitale du monde politique et littcraire , et le centre des connaissances humaines. Pendant ce terns, que produit la litterature grecquc? Un assez grand nombre dVpigrammatistes, quelques poemes didactiques, et plusieurs liisloriens, enlre Icsqueis ilfaut distinguer Diodore de Sicilc, Dcnys d'Halicarnasse, Josephe, et surtoutPlutarque, qui, dans la decadence des lettres, soutint dignement la gloire de I'ancienne Grece : ensuite , quelques chronologistes , tels qu'Arrien, Dion Cassius, Herodien, Ptolemee. Le 56« chapitre, I'un des meilleurs de I'ouvrage, traite de la sophistiqiie on noiivel art oratoire , qui dut sa naissance a Tesclavage general : il fallut inventer une eloquence factice qui s'exercat sur des matiercs de pure imagination. Ces declama- tions, remplies d'allusions a lamythologie et a I'histoire, eblouis- saient un public derai-connaisseur, en lui oftVant de quoi oc- cuper son oisivete. II ne faut cependant pas croire que les sopliistes de ce terns fussent depourvus de tout merite : qui pourrait contester le talent de Dion Chrysoslome, I'esprit tou- jours piquant et varie de Lucien , IV-rudition d'Athenee et de Philostrate ? Les deux derniers chapitres traitent , I'un dies pre- miers romans grecs ; et I'autre, des sopliistes rhetcurs. Le pre- mier nous montre I'origine de ces compositions ou les auteui's se donnent carricre pour preter a leurs heros des sentimens et des passions hors de nature ; le second nous fait assistcr a la naissance de cet art puissant et dangercux qui n'apprend que trop souvent a donner au mensonge la couleur de la verite. Le tome v commence par des notions utiles et exactes sur un genre d'erudition qui a beaucoup exerce la sagacite des mo- 94 LlTTfiRATURE. dernes, la philologic , a qui nous dcvons I'intelligence des chefs-d'oeuvre de I'antiquite. Dans les neuf chapitres suivans, M. Schoell poursuit I'histoire de la pliilosopliie, qui , comme cela devait etre, parrtagea la decadence generale de I'esprit hu- main ; a I'exception ccpendant du stoicisme, qui , ne faisant aucune concession aux faiblesses de notro nature, etait par la nieme i I'abri de toute degenerescence. L'especc de solidarite qui existait entre les principes constitutifs de la doctrine du Portique, en faisait autaut de parties integrantcs, csscutielles a son existence. L'ecole des peripateticiens n'avait encore pris que fort peu d'accroissenient. Toutes les autres sectes de philo- sophic etaient dans un etat de degradation qui laissait a peine soupconner la source dont dies emanaient. P^'thagore, Platen et Antisthcne n'avaient pour successcurs que des visionnaires, qui ne mettaient point de borncs ;i Icurs extravagances, ou des hommes mercenaires qui trafiquaient de leur science, et ven- daient I'enseignement de ce qu'ils appelaient la sagesse. Mais il serait injustede trop generaliser ces reproches, d'ailleurs bien fondes : ils ne doivcnt point s'appliquer a Plutarque , a Panoe- tius, a Epictete, a Sextus Empiricus, a Marc-Aurele et a quel- ques autres. M. Schoell terniine sa cinquiemc periode par I'histoire des mathematiques , de I'astrononne , de la strategic, de la musique, de la geographic, de la niodecino et des sciences naturelles. II s'etend specialement sur ce qui concernc Strabon , Ptolemee et fialien. Ces trois derniers articles conticniient beaucoup de do- cumens dignes de fixer I'attention. Nous entrons dans la sixicme periode. Kous y voyons la de- cadence toujours croissante de la Grece. Le palais impeiial etait devenu un rcpaire de scelerats imbecilles qui croyaient ])ar des exercices theologiques se laver du sang dont ils souil- laient journellement la pourpre des Cesars. Nonobstant le tor- rent de la corruption dont les ravages devenaient de plus en LITTERATURE. gS plus irremediables, quelques honiaies jetereiit au milieu des tenebres quelques ctincelles de genie : dans la foule on distiugue IVonnus de Panopolis, Quiutus de Smyrne et Coluthus. Le volume qui nous occupe contient une dissertation litte- raire ct bibliogiaphique sur les anthologies , ou iccueils d'epi- grannmes , pour la pliipart d'une mediocre importance. La sophistiq^c, les romans et la grammaire font le sujet de sept chapilres , ou nous rcmarquons les noms de Libanius et de The- mistius , sous la plume desquels I'eloquence semble se relever un peu du coup mortel que lui avail porte la domination des rois de Macedoine , puis des Remains en Grece. L'auteur donne ensuite des details interessans sur la chronique d'Eusebe , et passe a Zosime, qui fut presque le seul historien de cette epo- que, ou , comme dit le savant Sainte-Croix, des compilateurs ignorans s'iiuaij;iuerent qu'en rasscmblant des faits sans discer- ncment, ct en les rcdigeant sans gout ni gritique, ils pouvaient meriter le nom d'historiens. M. Schoell fait la nomenclature, necessairement peu attrayante, des ecrivains du bas-empire composant la collection appelee //w^o/zy^ brzantine, qui, malgre les defauts de tout genre, soil dans la forme, soit dans le fond, est d'autant plus preeieuse qu'elle est la priucipale source pour I'histoire du moyen age. L'auteur poursuit, dans le tome vii, I'histoire de la sixieme periode. II donne d'abord une courtc notice sur trois bistoriens qui ne font pas partie de la collection byzautine; puis, sur les auteurs, au nonibre de vingtcinq, qui ont ecrit I'histoire eccle- siastique, et parmi Icsquels on distingue Thi'odoret et Eusebe, dont il fait connaitre aussi la Preparation evangelique. Nous appiouverons volontiers les motifs qui ont engage M. Schoell a parler de cet ouvrage, quoiqu'il appartienne a la litterature sacree ; mais nous ne croirons pas avec lui que I'eveque de Cesarec ait prouve que la doctrine religieuse de Platou ne fut guere j.lus consequenle que la theologie populaire, ni que les 9^ LITTERATURE. objcts (111 ciilte et des sacrifices dcs Grccs furent des dtmom dont Jvsus-Christ a purge le monde. Nous no croiions pas que Vcxcellence du systeme religieux juif soit demontrec dans le septiomc livre de la Preparation evangelique ; ct bien qn'Eiisobe svfforce de prouver que les ecrivains grccs ont puisc dans les saintes Ecritures tout ce qu'ils ont dit ct enscignc de bon en philosophie, bien que M. Schosll ajoute : tel est principaleincnt le cas de PlaLon ; nous ditons toujours qu'ils ne Tout pas prouve. La sixieme periode produisit de savans mathcmaticiens, cntrc Icsqucis se distingua la belle Hypatie, celebre par la profondeur de scs connaissances et par sa fin tragique, dont un sccpti- cisme nial cntendu voudrait, en vain, contrc le tcmoignage positif de riiistoire, justiGer le veritable autcur. Deux chapitres sont destines a I'histoire du neo-platonisme, pendant le quatrieme et le cinquieme siecle, sous les succes- seurs de Plotin , Porphyre et Jamblique, dont les disciples avaient forme, jusqu'a I'epoque dont nous parlous, une succes- sion non interrompue , appelcc par Eunapius la chaine d'or du platonisme. ]\ous voyons dans cctte periode, dcs philosophes amalgamer les dognies de I'Evangile et de Platon, dont ils for- mcrent une coinbinaison , a I'instar du syncretisme imagine dans le iii'^ siecle. Mais I'ecole platonicicnne d'Athenes , retablie par Julien , tolerce par ses successeurs , etait toujours ouverte a la jeunesse. L'homme le plus distingue qui en sortit fut Proclus, que M. Schcell juge severement. Enfin, « I'empereur Justinien detruisit I'ecole neo-platonicienne , qu'il regardait avec raison, dit I'auteur, comme un foyer de doctrines anli-chretiennes, et, par consequent^ anti-sociales. » Le chapitrcQ/j contient I'histoire dcsperipatiteciens,que favo- risait la cour de Byzance ; non que leurs principes fussent plus en harmonic avec le christianisme , niais parce que la philoso- pliie polcmiquc d'Aristote pariit plus propre que toule autre a LITTfiRATURE. 97 fournir des armes centre les lieritiers qui puUulerent dans rOiient, veis le v« siccle. A la fin de ce chapitre, on trouve line notice detaillee sur la compilation de Jean de Stobi, dit Stobee. M. Schoell fait ensuite mention de quelques ouvrages ori- ginairement ecrits en langues orientales; puis, il passe aux au- tenrs qui ont cultive les sciences naturelles , sous les empereura grecs. IVous y remarquerons le recueil d'extraits sur Tagricul- ture, redige par Cassianus Bassus, qui I'intitula Geoponiques , et un article intcressant sur \ejeu gregcois. Dans le chapitre suivant, I'auteur trace I'histoire abregee de la seule science qui , dans cette ptiriode , ait brille d'un veri- table eclat : nous voiilons dire, la jurisprudence. II parle d'a- bord de ce droit romain, appele a juste titre la rawo/z ecrite. Apres quelques considerations sur les Basiliques , il parcourt la legislation dans toutes ses vicissitudes , depuis Justinien jus- qu'a I'empereur Frederic II. Nous arrivons enfin aux derniei's auteurs grecs dont il soit fait mention dans I'ouvrage de M. Schoell; cc sent les medecins qui forment ce qu'on appelle Xecole de Galien. L'art de guerir n'a fait aucun progres dans cette periode. Alexandrie, oii se trouvait le principal etablissement d'instruction, ne fournit que des medecins eclectiqnes , qui empruntaient leur doctrine aux dogmatistes , aux methodiques et aux empiriques ; les plus re- marquables d'entre eux sont Oribasius et Aetius, dont les ou- vrages sont importans pour I'histoire de la medecine. M. Schoell consacre son septierae et dernier livre a la trans- plantation de la lilterature grecque en Occident : il montre comment elle s'est operee en diverses contrees de I'Europe. Nous y voyons, qu'au milieu de la barbaric ou le monde Chre- tien etait plonge , la protection efficace , quoique peu eclairee, de quelques princes , et le zele infatigable d'hommes laborieux , surtout parmi les moines, contribuerent puissamment aentre- T. XXVII. — Juillet 1825. 7 98 LITTKRATURE. teuir le feu sacrc, jusqu'a ce que la prise dc Constantinople eAt contraint les savans de cette villa a cliercljcr un asilc en Italic. Alois, la culture dcs lettres grccquos fit dcs progres rapidos, et dcvint de plus en plusfloiissante. On nc pent parler de la renaissance d(; la litteraturc tlassiqiie, dit avec taison M. Schocll, sans nommcr les Medicis a Florence , ct aiicnn ami des sciences nc pent prononcer ce noni sans un sentiment de reconnaissance. L'erudition grccque prit alors naissance en Ilalit; ct produisit une foule d'hommcs distingues; elle s'etcndit pen a pen , passa les Alpes et se rcpandit , des le xve siecle, en France, en Allemagne ct en Hongrie. 11 serait trop long d'enu- merer la qnantite de savans qui alors eclairerent I'Europe; mais la decouverte de Timprimerie qui devait necessairement faire pi'endre a I'esprit liumain une direction toute nouvelle, com- mencait a exerccr nne irresistible influence ; I'inslruetion ne fut plus I'qpanage d'un petit nombre d'hommcs; les chefs- d'oenvre de I'antiquite tirerent un grand avantage de cette ad- mirable invention. Le chantrc de I'lliade et le pere de I'histoire ne furent plus a la merci d'un copiste ignorant. Les Aide, les Juntes et les Etienne ont transmis a la posterite des noms im- mortels dans les annalcs de I'imprimerie. Cette partie de I'ouvrage de M. Schoell , qui est en mcme tems historique et bibliographique, est d'un tres-haut intcrct poiir I'histoire litteraice, et nous a paru cxtremement soignee : il la termine par unc notice fort utile sur les principaux dietionnaires grecs modernes; il ne lui manque, pour etre complete, que I'in- dication du Thesaurus grcccce poeseos de Morell^ dont il y a eu plusieurs editions. Nous n'avons que fort peu de clioses a dire sur le tome VIII, qui contient une table synthetique et chronologiquc des princi- paux eveneraens et de tous les ecrivains grecs ou des celebres hellenistesdepuisl'anayeoavant J.-C. jusqu'al'an i57i de I'ere vulgaire. Les dates de cette table sent en general exactes; ce- LITTER ATL' RE. 99 pendant, elles ne s'accordent pas toujoiirs avec celles qui sont rapportees dans le cours de I'ouvrage : nous en avons trouve un assez grand nombre d'exeniples. Nous citerons entre autres les dates relatives a Aristippe, a Cadmus de Milet, a Hecatee, a Xanthus de Sardes, a Hellanicus de Mitylene, a Denys I'an- cien, ii la bataille de Coronee, a la colonic de Thurium, a la mort d'Euripide , etc. A la fin du volume est une table alphabetique des rna- tiercs conte»ues dans les tomes I a VII. On regrette de trouver en regard de la premiere page de cet index un avis qui previent qu'il ne se rapporte ni a la partie bibliographique , ni au tableau synoptique du tome VIII. Neanmoins, cette table alphabetique, quoiqu'incomplete , est fort exacte , et Ton doit savoir gre k I'au- tf ur d'un travail aussi aride qu'indispensable. Nous terminerons cet article par quelques obsei"vations qui ii'ont pu trouver place ailleurs. Le grand nombre d'additions et de corrections indiquces par M. Schoell lui-meme, fait sentir le besoin d'une troisienic edition , qii'au reste rcclament egale- ment le succes et le merite de I'ouvrage. L'esperance de voir ce voeu s'accomplir , et le besoin de dire la verite , nous engagent .\ relever plusieurs inexactitudes que nous ne devons attribuer qit'iirinadvertancedel'auteur. Nosremarquesporteront d'abord sur un celebre helleniste francais, auquel M. Schoell est loin d'avoir rendu toutc la justice qu'il merite: il s'agit de M. Gail, a qui de nombreuses editions des classiques grecs et de savans commentaires ont merite la reconnaissance des hellenistes. On peut signaler ensuite quelques expressions qu'il faudrait faire disparaitre et remplacer par d'autres. « Demetrius Poliorcete ctait, dit M. Schoell, le plus luxurieux de tons les princes. » Il a voulu direle ^\\\s fastueux , ce qui n'est pas la meme chose. On ne dit pas non plus colportcr un ouvrage au nom de qiielqu'un pour le lui attribuer. Ailleurs, M. Schoell appelle le pere d'Es- cKme charcutier 011 farceur. Ce dernier mot, d.ins le sens qu'il lui loo LlTTfiRATURE. donne, est iin vrai barbarisme. — Nous nous arretons ici, dans I'espoir fondtqueraiiteiir fcradispaiaitredesa troisieme ctKtion les taches que nous avons eru reconnaitre dans un ouvrage qni merite a tant d'egards I'estime des savans. Nous cspcions aussi qii'il rectifiera quelques locutions qui trahissent une origine ger- manique, et qu'il sentira assez I'importance de son sujet pour faire abstraction du lieu et du terns oii il ecrit pour se meltre au dessus d'evenemens politiques qui n'ont aucnn lapport aux lettres grecqucs; et enfin, pour s'abstenir de toute^llusion ex- presse ou implicite a des fails pour lesquels la posterite ne com- mence pas encore, et qu'il est au moins inutile de juger dans un ouvrage purement litteraire. Nous ne pouvons d'ailleurs niieux resumer notre opinion sur I'excellent ouvrage de M. Schoell , qu'en disant qu'il a fait pour la littcratui-e grecque ancienne ce que La Harpe a fait pour la litterature francaise, et Gin- guene pour celle de I'ltalie. C. A. HlSTOlRE DES LiTTERATURES ANCIENNES; par A. LoEVE Weimars (i). Ce volume est Ic 87'' d'une collection intitulee : Bibliotheque du xix^ siecle, qui doit renfermcr, dans cent petits volumes in-12, toutes Ics connaissances liuma ines , et dont les auteurs con- sacrent autant de fcuillets a Vhistolredu Japan, a la tecJinolof;ie, a la theorie des gouvernemens representatifs ^k V his toire gene- rale des finances , qu'ala littcrature ancienne. Les proportion des diverses parties de I'ouvrage ont du etre calculees d'apres le gout du public , et celles qu'ou a eru devoir adopter pcuvent servir a caracteriser notre epoque. Certainement , personne, (i) Paris, i8a5. i vol. in- 12. ; prix t fr. 5o c. Raymond, editeup de la Bibliothiqiie dn XIX' siech , rue de la Bibliotheque, 11° 4- LITTERATURE. loi avant ce siecle, n'auiait eu la pensee d'accorder autant de place dans sa bibliotheque a chacun des tiaites que je viens de citer indtffcrernment, parce que ce- iui qui tracaitles caracteres a pu etre guide dans son choix entre divers hieroglyphes homophones, par riutcnlion d'atlachera la chose dont il ecrivait le nom, des idees de respect ou de me- ARCHliOLOGIE. 121 pris, d'amour ou de haine, de joie ou de tristesse. Cette espect- de poesie de recriture est pratiquee paries Chinois, et elle a pu I'etre par les Egyptiens. Cette partie de la theorie de M. Cham- pollion pourrait sembler la partie faible de son systeme, d'aiitant plus que les caraeteres homophones qu'il offre sur son tableau sorit deja tres-nombreux , et que les homophones paraissent de- voir encore se multiplier, a mesure qu'on penetrera plus avant dans la connaissance de Tecriture egyptienne. Mais les faits nous semblent parler trop clairement en faveur de cette proposition, pour que Ton pnisse encore la revoquer en doute, L'usage des caraeteres phonetiques n'est point particiilier aux monumens egyptiens d'une certaine epoque, ou renferme dans certaines limites chronologiques; au contraire, on reconnait I'emploi simultane des trois jortes de signes dans toutes les in- scriptions hieroglyphiques tracees sur des monumens du style egyprien; et, pour copier ici les propres expressions dcM. Cham- pollion , « il est prouve par une serie de monumens publics que I'ecriture sacree, tout a la fois figurative, symbolique et pho- netique, fat en usage, sans interruption, en Egypte, depuis le XIX" siecle avant I'ere vulgaire jusqu'a la conversion totale des Egyptiens au christianisitie, sous la domination romaine, epoque a laquelle toutes les ecritures egyptiennes furent rem- placees par I'ecriture copte, c'est-a-dire par I'alphabet grec, accru d'un certain nombre de signes d'articulations, tires de I'ancienne ccriture demotique egyptienne. » En reportant la date des plus anciensmonuniens ou notre auteur areconnu I'em- ploi simultane de trois series de caraeteres hieroglvphiques au XIX^ siecle, M. Champollion suppose prouve le systeme de chronologic egyptienne fonde sur Mancthon etsur lelmonumens eux-memes qui out ele I'objet de ses etudes. La demonstration de la concordance de ces autorites, et une chronologic des souverains de I'Egypte elablie sur leur coniparaison, devront, laa ARCH6OLOGIE. je pense, deveuir I'objet d'uii travail special; ( i ) mais on sent que fli. ChanipoUion a du dans cet ouvrage se contenter de quelqucs apeicus.qui toiitefois semblent ne devoir pas etre su- jets a de grandes crreurs. Deux nouveaux systemes d'ecriture , derives de recriture hie- roglyphique ou sacree, furent inventus plus tard sans doutc, et vraisemblablement dans hi vue de reudre I'art d'ecrire d'uno execution plus rapide el plus usuelle. De ces deux nouveaux systemes, le premier est I'ccriture hieradque on sacerdotale ^ qui derive immediatement de I'ecriture sacree, et n'en est qu'une sorte de tachygraphie. Dans I'ecriture hieralique, la forme des signes est considcrablement abregee; du reste, elle se compose cnmme Tecriture sacree, de signes figuratifs, do signes symboliques et de signes phonetiques : mais les deii?t premiers ordres de signes sont souvent remplaces , soit par des signes formes, ccsemble, arbitrairement, et dont on n'apercoit point le rapport avec le signe qui leur correspond dans I'ecri- ture hieroglyphique , soit par des groupes de caracteres pho- netiques. M. Champollion conjecture que Temploi de I'ecriture hieratique a ete limite a la transcription des inscriptions reli- gieuses et des texles qui avaient pour objct des choses sacrees, et il affirme que tous les manuscrits hieratiques connus, soit qu'ils remontent a I'epoque des Pharaons, soit qu'ils aient ele decrits du terns de la domination grecque ou romaine, appar- tiennent a un seul et meme systeme d'ecriture, quelle que soit d'ailleurs la difference qu'on croit apercevoir au premier coup d'oeil daus le trace des caracteres. La derniere espece d'ecrilure a laquelle M. Champollion donne (i) Ce travail est le sujet des Letires a 31. le due de /llacas , rela- tives ait Miisee royal cgipiien de Turin , dont la premiere est en vcnte chez Firmin Didot. i vol. in-8°, avec 3 planches; prix 5 fr. (Voj'. /fei'. Enc, t. xxiv, pnge 801.) (n. A. H. ) ARCUEOLOGIE. i^^ Ics noras de deniolUiue, A'epistologruphique ou d'enchoriaic , derive de I'ecrilure hieratique. Elle se compose, pour la tres- grande partie, de caracteres phonetiques, excliit presque cnlie- rement les signes figuratifs, et n'admet les caracteres symbo- liques qu'en petit nombre, ct seulement quand il s'agit d'ex- primer des idees essentiellement liees au systeme religieux. Les caracteres dout se forme ce dernier systeme d'ecriture sont beaucoup moins nombreux que ceux des ecritures hierogly- phique et hieratique. Les voyelles mediales y sont tres-souvent omises; elle a aussi, pour chaque son ou articulation, plusieurs signes homophones, en moiudre nombre cependant que ceux des autres ecritures. Les trois systemes d'ecriture hieroglyphique, hieratique et deniotique, ont ete simultanement en usage eu Egypte et dans toule I'etendue de ce pays, pendant une longue serie dc siecles; mais chacun d'eux avail sa destination particuliere; et I'auteur montre aussitot qu'on s'est fait une fausse idee de I'influence que dut exercer sur le developpement moral et in- teliectuel de la nation egyptienne, la nature de I'ecriture qu'ellc employait, et que des trois systemes graphiques qu'elle posse- dait simultanement , Ic plus complique mcme, c'est-a-dire le systeme sacre ou hieroglyphique, dut etre etudie et compris par la partie la plus distingueede toutes les castes de lanation, «loin d'etre, conime on I'aditsi souvent, une ecriture mystcrieuse , secrete, ct dont la caste sacerdotale se reservait la connaissance pour la communiqner seulement a un tres-petit nombre d'ini- ties. « Toutefois, M. ChanipoUion ne croit point devoir revo- qiier en doute ce que d'anciens ecrivains grecs ou remains nous disent d'une sorte d'ecriture qui ne dut etre connue que des pretres et de ceux qu'ils initiaient a leurs niysleres. Mais cette ecriture, qui est plutot une sculpture ou peinture symbolique, ne fait point, a proprement parler, suivant notrc auteur, partie du systeme graphique. II liii applicjue exclusive- tncut ]o nnm A'nnaghphcs, qu'il enipruntc deC-lement d'Alexan- 124 ARCHfiOLOGlE. drie. Jo icinaique en passant que M. Chaiiipollion ii'amait pas {!u appclcr liii -nieme ces sortcs de tableaux (^/tw icewcA nlle- goriqiies, en meme tems qn'il accuse d'ei'reur et d'obstinalion ceux qui y rcconnaissant des appnrences allegoriques , s'effor- caient d'en decouvrir le sens secret. Quoiqu'il en soit, on ne saurait douter que la plupart dcs monumens egypticns n'offrent a cote des inscriptions hicroglyphiques des tableaux tout-a-fait etrangers au systeme graphique; et c'estun fait dout on est convaincu an premier coup d'oeil : ce qui n'enipeche pas que ces tableaux ne puissent etre des allegories. Ici M. de Sacy insiste sur la distinction a faire entre Ics hieroglyphes et Ics anaglyphcs , et il ajoute : M. ChampoUion ne cite d'autre autorite en faveur de la definition qu'il adopte des anaglyphcs que le celebre passage des Stromates de Clement d'Alexandrie; niais il me semble bien difficile de lui accorder que le terme anaglyphcs employe par cet ecrivain designe la une chose etrangere a I'ecriture. Je conviens avec M. Letronne, (jui a fourni a M. ChampoUion une traduction litterale et une discussion tres-lumineuse de ce texte de I'ecri- vain ecclesiastique, que la partie du passage relative aux ana- glyphcs est fort obscure; mais toutefois il me parait certain que les anaglyphcs de I'auteur grec sont une partie du systeme graphique. Aussi M. Letronne dit-il : « II parait que les ana- glyphcs ou bas-reliefs allegoriques etaient en certains cas con- sideres comme une sorte d'ecriture symbolique , en ce sens qu'ils exprimaient des idees par des actions. « Mais n'est-ce pas un j)eu abuser des termes de Clement d'Alexandrie, que de substituer au mot anaglyphcs , comme un equivalent, celui de bas-ieliefs allegoriques , et de supposer que ce n'etait qu'acci- dentellement et par une sortc d'exception*, que les anaglyphcs etaient admis dans le systeme d'ecrilure! Et si ces doutes ne sont pas sans fondemont, M. ChampoUion ne s'est-il pas un pcu hasarde on posant dans sa iheoiie du systeme graphique ARCHEOLOGIE. laS (Ics Egyptie.ns les deux principcs suivans , commo (U'nicntrts par les faits ! <• Certains bas-reliefs cgypticns on pcintiires composees d'i- mages d'etres physiques, et siirtout de figures monstrucuses groupees et miscs en rapport, n'appartiennent point a I'ecriturc hicrogfyphique , ce sont des scenes purement allegoriqucs on symboliques, et que les anciens ont distinguees sous la denomi- nation Xanagljphes , nom que nous devons leur conserver. c Un certain nombre d'images etaient communes a I'ecriture hicro^Iyphique proprement dite et au systeme de peinturc, ou si Ton veut meme d'ecriture, qui produisait les anaglyphes. « Et, jc le demande, si Ton admet ces principes, quelle regie nous donnera-t-on pour discerner parmi ces anaglyphes ceux qui pouvaient, par line faveur toute particuliere, ctre adniis dans I'ecriture hieroglyphe, comme signes symboliques , tro- piques ou enigmatiques, et ceux qui en etaient rigourcusement exclus ? J'ai trop sincerement applaudi a la decouverte de M. Cham- poUion pour qu'on me sonpconne de vouloir , par ces observa- tions critiques, en diminuer ou en obscurcir le merite (i). Puisque j'ai parle des resultats importans deja obtenus des tra'vaux de M. Champoliion , jc ne saurais micux terminer cet article qu'en doHnant un court apercu des fruits qu'avait pro- dnits , a I'epoque de la publication de I'ouvragc dont jc vicns de rend re compte, la decouverte de I'alphabet phonetique des Egyptiens , et je ne me ferai aucun scrupule d'employer ici les propres termes de I'autcur , en les abregeant , parcc que je n'y trouve rien qui ne me paraisse conformc a I'exacte verite. Apres avoir reduit en theorie generale les faits etablis dans ce volume, il s'cxprime ainsi : (i) Nous savoiis que M. Champoliion se propose de developpcr convenablemcnt sn theorie des anaglyphes , d'apr^s les monuuiens egyptiens qu'il voit et etudie en Italie, oi'i I'acconipagnent les vceux de tous les saviuis. ^^ k. d. r.) ia6 ARCHtOLOGIE. « Les applications nouibrcuses que j'ai ou I'occasion de fairc m asterisqiie (*) , place a c6te du litre tic cliaquc oavrage, ceux dos livrcs (Jtraugcrs ou francais qui paraitroutdignesd'uue atten- tion particulicrc , ct nous en rcndrons quolqiiefois comptc dans la soctinn des \ Analvsos. AMfeRIQUE.— ETATS-UNIS. 1 29 exemple de la population dans presque tous les districts de ce pays. On ne pent traverser les regions de I'ouest, et voir les preuvesd'in- dustrie qui s'offrent de toutes parts, sans ^tre tente de croire que I'on marche sur uue terre encliantee et que le desert a recule devant une puissance plus qu'humaiue. Uue course del'Albany au Niagara revele tout ce qu'ilya deforce dans I'active intelligence del'liomme. On decouvrea cliaqucpas ses ressources, ses moyens de perfection- nemetit dans I'etat social , developpes a un degre prodigieux. Si nous visitons les bords de TOhio , du Wabash, du Mississipl et du Missouri , nous trouvons desvilles, des villages, une innombrable quantite de fermes cultivees , une population toujours croissante, un gouvernement bien organise, ettous les details des rap'ports de societe et de commerce etablis sur des bases solides , se coordon- nant avecharmonie dans lenr marclie progressive, au milieu decette etendue immense de pays oil Ton voyail a peine, il y a trente ans , une trace de civilisation. Depuis cetteepoque, la population de Philadelpliie s'est triplee ; celle de New-York est quatre foisplus considerable qu'auparavant, et celle de Baltimore a quintuple. La Nouvelle-Orleans a mainte- nant plus de trois fois autant de population qu'elle en avait lorsde I'acquisition de la Louisiana par les Etats-Unis. Mais, parmi toutes les cites du nouveau et de I'ancien Monde, il n'y a pas , je crois , d'exemple d'une ville qui se soit aussi promptement elevee a un si haul degre d'importance que Baltimore. Au commencement de la revolution, c'^tait un village de cinq mille ames. A la fin de la guerre , elle avait plus de buit mille liabitans ; aujourd'hui , et de- puis vingt ans, elle tient le rang de la troisieme ville de rUiiiou. Le territoire ou fleurit Baltimore etait, en 1729, occupe en partie par une ferme, et en partie desert. En lySa , sous le regime colo- nial, cette ville n'avait pris que peu d'accroissement. C'est a la re- volution que sa prosperite commenca , pour s'etendre avec une rapidite inou'ie. Les emigrations de Francais venus de la Nouvelle- Ecosse, qui, lors de la conqudte de ce pays par les Anglais, se refu- giferent a Baltimore , I'etablissement des colons de Saint-DorP'-'igue qui vinrent egalement y cbercher un asyle, sont loin Je pouvoir expliquer un accroissement lellement considerable que sept annees et demie aient suffipour doublerla population. La tolerance si ho- norable dps prpmiVrs colons du Maryland (i) est une cause de pros- (i) En 1649, qu'iize aus apres le premier etablisscmenl des catboliqiies. T. xxvir. — Juillet 1825. 9 »3o LITRES l^TRANGERS. p^rit6 commune n toutcs les provinces de TUnion ; mais la Ki'tuatioc tie Baltimore qui en fait le niarclie le pliii5 commode, I'entrepot le niieiix clioisi pour tout le commerce de I'ouest , ct qui favorise si Lien I'etonnante activite fie ses habitans , est mie source derichesses qu'elle ne partage avec aucune autre ville. Sure de pouvoir toujdurs fouruir une graude quantile de farine ct de labac, et les demaiides de ces deux denrees etant toiijoiirs pressatitcs et contiiiuelles, la capitale du Maryland, p.)(5nie pendant les guerrcs d'Europe qui pa- ralysaient les entreprises de toutes les autres villes conniKMcantes de I'Ainerique , n'a point vn langnir son commerce, grace aux le- geres goelcltes qui se construiseiit dans le Chesapeake, et qui sout repute.-, les meilleuis voillers que I'on connaisse. Lapaix fut pour Baltimore un terns d'epreuves. L'esprit Piitreprc- nant qui dislingue ses iiabitans, |)resque tons rass:'m)>l(''s de lous les points du monde, se montra avec un redoublement d'energie. Le besoiii fie capltaux ponr les innombrahles projets qui naissaient •dans toutes les branches d'industrie, fit crecr des banques , des empi unts , des papiers moanaiL's; mais leur nombre amena bientot le discredit; et des pertes , naquirent le decouragement et la lan- gueur qui en sent la suite et (jui firent , de cette epoque , la crise la plus dcsastreuse dans I'histoire de Baltimore. Depnis plnsieurs annees , Ic commerce s'e^t re'eve et s'est assissuc des bases plus stables. La lecon n'a pas ele peidne. IiKle|)endam- ment des f-.icilites qu'offrentau commerce interieur les fleuves nom- hreux qui entourent Baltimore, ses manufactures, genre fie specu- lation vers lequcl s'est tonrne l'esprit industrienx de ses habitans , lui assurent une belle existence comnierci.ile. Dans cetie partie de I'Amciique, les fleuves onl une pente si rapicle que les premiers co- lons avaienf emphatiqnement nomnie les cinq principales rivieres les Chutes. Le general Harper etabiit, dans son tlisconrs sur les ca- naux,i]ne, dans un rajon de vingt milles dont Baltimore est le centre, il y a une force d'eau snfflsante pourmettreen mouvement un million a douze cent millefuscaux avec le nombre correspondant de ir\ptiers et nvachines, etc. Les cintj onvrages , dont les litres sent reunis au commencement Cf>ncl(iits pnr Leonard Cnl-fci t dans Ic Marv'and , uu .tcte concernaiit la rcli- ginu, dans leqiifl les yraiids principes do la libern? t qu'ils attachentd'ailleurs a constaterraccroisseraentdesrichesseset lespro- gres de la cvilisation parmi eux , n'apprendront pas sans indifference que M. le chapelain , partant pour le siege de Port-Royal , avait mis dans son bagage , une paire de soldiers iieufs , deux paires de gants et une ecritoire de come. W u. 7. — * The Travellers. — Les Voyageurs, conte poui- la jeunesse, par I'auteur de Redwood ( Miss Sedgwick , voy. Rev. Erie. , t. xxvi , p. 889 ). New-York, iSaS ; Bliss et White, i vol. in-i8 de 171 p. Ce volume, beaucoup moins important par son etendue et sa destination que le premier ouvrage de Miss Sedgwick, merite aussi neanmoins de fixer I'attention. Aux descrijitionsdes sites et des villes que les deux enfans, heros de ce roman, parcoureut avec leurs pa- rens, sont entremi^'lees des lecons et des conseils qui seront recus de I'enfance avec plaisir et avec fruit, grAce aux formes airaables sous lesquelles ils sont presentes. A. J. 8. — * Annales du Ljcee d'histoire naturelle de New-York. N°' 7 et 8. Janvier exjivrier iSaS. Ces dt\ix numeros contiennent 1° une Notice, accompagnee de 4 figures , sur (\fs fossiles crustaces trouves dans le New-Jersey , par M. yer. Van-Renssklaer; — 2° Des Remarques sur la geologic de rile de Montreal, par M. J.-J. BiiiSBT ; — 3° la Description d'une nouvelle espece de gros bee ( Loxia ) , nommee fringUla vesper- tina. F. fronte Jlavo ; 'vertice alls caudaque jiigris , macula alarum AMliRIQUE SEPTENTRIONALE. i3^ cilbii. Elle fut frouvee, le 7 avril i8a3, pr^s le Saut de Sainte-Marit-, non loin flu lac superieur , par M. Schoolcroft; — 4° Observa- tions sur le genre des salainandrcs , avec line description anatomique de la. salamandra gigantea ( Barton ) ou alleghaniensis ( Michaux )et de deux nouveaux genres proposes par M. Richard Harlan , sous la denomination de menobranchus lateralis et de abranchns allegha- niensii , dont on donne aussi les figures ; — 5° la Description , par leni^me naturaliste, d'un nouveau genre de quadrupfedes mammi. fferes de I'ordre edentata; cet animal , nomme chlamjphorus tnincatus, a une longueur de 5 pouces 1 lignes : il est originaire de Mendoza au Chili , oil il est connu sous le nom indien Pichiciago. Ses habi- tudes sont a peu pr^s celles de la taupe. On donne la figure de ce curieux animal et de ses diverses parties ; — 6° des Remarques sur un ^chantillon d'argent natif du Michigan , qui fut trouve au sud- est du lac Huron , pres la pointe aux Barques, territoire de Michi- gan; — 7° un Supplement a la Notice sur les fossiles crustacees, par M. Jer. Van-Rehsselaer; — 8°une Description de nouvellesespeces americaines des genres biiprestis , trachis et elater, par M. Tho. Sat: W. 9. — * The North american Review. — Revue de I'Amerique du Nord. Nos xivi et XLvii. Cahiers de Janvier et d'avril i8i5. Boston, Hil- liard; Londres. John, Miller, a vol. in-8° de 344 a ^So pages chacun. Ce Recueil, dont nous avoris plusieurs fois entretenu nos lec- teurs occupe le premier rang parmi les journaux litteraires de I'A- merique. Ses critiques sont sages, mesnrees et judicieuses. II est ecrit dans I'interdt de tous , et dirige vers un but d'utilite qui dis- tingue particulierement les ouvrages periodiques de cette partie du Nouveau-Monde. Nous indiquerons rapidement les principaux ar- ticles contenus dans les deux cahiers que nous avons sous les yeux. Celui de Janvier s'ouvre par un examen du genie et des ceuvres de lord Byron :ce grand homme y parait mieux apprecie comme poete que comme individu; on lui rend cependant plus de justice qu'en Angleterre. Un article sur la loi d'assurance, qui suit cet examen t est curieux, en ce qu'il se lie a I'histoire et aux progrfes do»;oin- raerce chez une nation dont il fait la force et la richesso.jNous trou- vons ensuite i** des Documens fort importans siir Baltimore , a I'oc- casion des ouvrages auxquels nous avonsconsacre I'articleprecedent; ao une Analyse de Mcmoires , piiblies en France , pour servir a la I'ie dti general Lafayette , par M. Regnault Warin ; et d'une fie du general i34 LIVRES ]£tRANGERS. Lafayette, ecritc cii anglais parle general Ducoudray Holstein , ha- bitant des Etats-Unis. L'auteur de I'arlicle se plaint de I'iiisuffisaiice de ces deux oiivrayes et snj)|)lee avec beaiicoup de talent a ce qu'ou a pu oinellre. 11 donne uue notice trc-s-complcte et d'un grand inte- xtx. sur un des |>atriotes les plus sinctres et les plus iutegres qui aieiit jamais lionoie la France. Des Rapports fails a la Sodeie yiine- ricaiiie pour la colonisation des homines litres de coiileiir. (Voyez sur ce sujet la lettre du president Bojer, t. xxiv, page 334, et t. xxv , p. 24 1 ). L'analjse dun coiite americain intitule Escalala , et des an- nonces critiques tcrminent Ic caliier. Le second, public trois inois apres , n'est pas moins inferessant. II commence 1° par raunonce de Redwood, ronian atuibue a une femme ( Miss Sedgwick, voy. Rev. Enc. , t. xxvi , p. 889 ). C'est un tableau de moeurs americaines, lidele dans son ensemble, mais qui manque peut-6tre d'exactitudedans les details. II faut une observa- tion tres-vive, tres-penctrante et tres-soutenue pour ne laisser ecbap- per aucune nuance et pour rendre avec verit6 ce que nous voyons tous les jours. 2° Jj'analyse de VEssai sur I'ltistoire civile dn Parngiiaj, ^crite en espagnol et imprimee a Buenos-Ayres , est extr^mement curieuse par les details qu'elle donne sur rinsurreclion qui eut lieu dans I'Amerique espagnole, vers la fin du dernier siecle : cette in- surrection eut pour clief Jose Gabriel Tvvxc. Amaru, cacique de Tungasuca, dans la province de Tinta , se disant dernier descen- dant des Incas. Les progres de la revotle furent rapides ; les lu- diens s'armerent , se cboisireiit des cliefs. Des bomnies intropides sortireut de la foule , et reclamerent le relablissement des anciennes lois et des usages des Peruviecs. Les insurges s'emparerent de la ville de La Paz. Le premier inoteur de ce terrible mouvement, Tupac AM.ihU,tomba cependant entre les mains des Espagnols avec sa fa- mille. Lorsqu'on le mit .i la torture pour le forcer a nommer ses complices, ii repondit noblemeut : » II u'existe que deux com])lices, moi, et vous qui m'interrogez : vous , en continuant vos brigan- dages et vos exactions sur le peuple ; moi, en essayant de les ar- rdter. » On lui fit subir les supplices les plus atroces; ceberos pa- tfioi« perit, maityr de la cause de I'independance qu'il desirait conquerii pour sa nation enrenversant lejougodieux desEs{)iignols. Sa mort eut des vengcurs: son fr^re, Diego Ckistobai. e\. iMigiicl^\.s- iiD\s, son neveu, qui , plus tard, prit le nom de son oncle , firent couler des flots de sang. Mais, malgre leurs efforts, ils succombe- rent aussi et partagerent le sort de leur malbeureux compagnon. AMf;RIQUE. — EUROPE. i55 Nous n'avons pu qu'iudiquei ici cet ('vencment , long-tems inconnu dans riiistoire de rAmeiique nici idionalc, et siir lequel nons re- viendroDS, en reiuhmt compte de Vlllsioire citHedn Pamgnaj. 3" Un Article savant siir i'astionomie, traitant des observations du D Brudley ; des instrumens astroniiqnes ; du D. Hallay, dii D. Mas- keiyiie; des coiiictcs; de la tlicorie luuaiie; des niouvemens plauc- taiies;des planetes nouvfllement decouveites ; de la figure de la terre ; des principaux eciits sur rastrononiie, etc. 4° Un Lxamen du Code Napoleon, jinhlie avec des notes et des commentaiies , par W. Sirey , avocat aux conseils du roi. 5° DIscours du professcur Everett sur ies motifs paiticuliers qui doivent jiroduire et encnura- ger en Ameriqne un grand deveIo(ipcment iutellcctuel. 6° Des An- nonces critiques de plu^ieurs ouvr.iges , entre antres, d'un talileau de la ColondiiCv, du cliinat, du sol, des productions, de la popu- lation, du gouverncment , du commerce, des revenus, des aits, des manufactures, de la litlerature, etc. , par le colonel H.vll, an ser- vice de la Colomhie. ( Cet ouvrage sera pour nous le sujet d'une annonce parliculiere ). Les sommaires des ig volumes qui compo- £ent la collection de la Revue de rAmeiique du Nord , places a la fin du cahier de Janvier, permeltent d'en juger rensenible. L. S. B, EUROPE. grande-bretagne:. lo. — Leigh's New pocfict roadbook of England Wales and fi art of Scotland etc.— Noiwean livre porlatlf de poste de I'Angleterre, du pays de Galles et d'une partie de I'Ecosse , compose sur le plan des Icne' raires de Ricluird , etc. Londres, i8-25 ; Samuel Leigh, i vol. in-i8 , avec cartes , prix la slielllngs. 11 exisle en Angleterrc un grand nombre de livres de poste; mais aucun n'avait ete public dans un format aussi poitatif que celui de M. Leigh. Ce libralre, ti es-connu pour ces sortes de productions, et a qui I'on doit la Nonvclle Description de Londres (i) , a reuni dans ce petit volume les renseignemens de tout genre les plus necessaires aux voyageurs. On trouve, daix le l^eiv pocAet road book qwe nous annoii- ^ons , I'indication exacle detonles les grandes routes et des fhenmis de traverse de I'AngieteiTe, du pays de Galles et d'une partie de (t) Leigh's new Picture of London. la-ta cart., avec i)lan , carte et ito Tues; prix 9 til. i36 LIVllES KTRA.NGERS. I'Ecosse, la description de chaque ville et des lieux les plus remar- quables, celle des nioniimens publics , des manufactures, des curio- sit^s, etc., I'etat du commerce, la population , les adresses des meilleures auherges. L'ouvrage de M. Leigh est imprime avec soin ; il est enrichi d'une carte de I'Angleterre et de cinquante-cinq cartes particulieres de province. Les matieres sont distribuees et classees avec ordre ; et ce livre de route, exempt de longs details, contient tout ce qui parait digne de fixer I'attention. II. — * Travels in South America, etc. — Voyage dans I'Amerique du Sud , pendant les annees 1819 , 1820 et 1821, coutenant un ITa- bleaii de la situation actiielle du Bresil, de Buenos- A jres , du Chili et du Peroii , T^ar Alexandre Caiucleugh, esq''. Londres, iSaS ; Murray. 3 vol. 111-8°, avec cartes et gravures ; prix 3o sliellings. Les nombreux ecrits publies sur I'Amerique du Sud ont ete recus en Angleterre avec un vif empressement ; et cependant, aucun d'eux ne remplit I'attente du lecteur : aucun ne contient des vuesprofondes sur I'etat actuel et sur les destinies futures de ces jeunes etats. L'ou- vrage de M. Caldcleugh lui-meme, I'un des meilleurs qui aient paru sur ces contrees lointaines , est parfois diffus , inconiplet, ou super- ficiel. L'auteur trace avec assez de fidelite I'histoire des differeiis peuples qu'il visite ; il decrit avec assez d'exactitude I'etat apparent des pays qu'il parcourt ; mais il neglige d'entrer dans le secret de leur organisation interieure , de leurs ressources cach6es , de leur OKcoiV exe'cw^//' de I'EgUse ( p. 349 ^' ^69 ). C'est precisement I'expression employee par I'illustre Gerson (i) , Tun de ces genies auxquels la France re- connaissante devrait eriger une statue plus meriteequetant d'autres decernees a des hommes bien inferieurs enmerite. Mais M. I'ev^que Doyle flechit sur la verite historique, ou ne la connait pas suffi- samment, lorsqu'il semble desapprouver V election des eveques par le clergeetle peiiple, tout en avouant que cette maniere d'elire etait celle de la primitive Eglise: elle -est de droit divin et de tradition apostolique. Les papes et les princes , par des concessions mutuelles dece qui ne leur appartenait pas , ont change cet ordre de choses ; mais les prin- cipes temoignent contre I'usurpation. Dire, commele prelat deKil- (i) Gebson, edition de DuPiN, t. 11, p. 164. 1 42 LIVRES ETR/iNGERS. dare , qu'on ne pent rctal)lir le droit de relection des 6v(*qiies par Ic clerge et le peiiplc et Ic droit d'institutlon dcs 6v(5ques par le ine- tropolitaiii que du consentenient du ])ape ( p. 328 et Say ) , c'est de- clarer qu'uiie itsiirpatioii ne pent etre detriiite que par le consente- nient dcs usurpateurs. Qu'on reiide aux CdMes , au clerge , aux me- tropolilains leurs droits priniitifs et imprescriptililes ; puisque le pape est le pouvoir exccutif de I'Eglise , qu'il execute les canons du concile oecumenique de Nicee et de tant d'autres conciles; alors on verra changer en bien la facede i'Eglise. Nous pourrions relever encore d'autres assertions de M. I'evdque deKildare, par exeniple , lorsqu'ii pretend qu'un concile oecume- nique ne peut dtre coavoque sans rassentiment du pape ( p. 2gS ) ; mais, quand il y a dissentiment sur relection d'un pape , et contes- tation enfre plusieurs olus , ou sera le rernedc, si le corps represen- tatif de I'F.glise ne peut se reunir pour statuer sur la personne eties droits de son chef execntij? Lecas n'est pas impossible, les conciles de Constance et de Bale en sont la preuve. Dans I'ouvrage dont nous rendons compte on voit aueles jesuites sesoutinstallesaussi dans les lies Britanniques, entre autres, .i Clon- gowes et a Stoney - Hurst oii ils ont des colleges. C'est la, dit -on , un des pretextes qui ont fait rejeter par la Chainbre des Pairs le bill pour remancipation des catholiques irlandais, surtout par le banc des ev^ques toujours hostiles contre I'Eglise catholique; le vene- rable Bathurst, eveqne de Norwich, a seul proteste contre cet acte. Apres cela, osez parler de justice, d'egalite des droits, quand de- puis des siecles vous condamnez des millions de catholiques a une sorte d'Hotisme. Cette persistance a repousser leurs reclamations, de la part du gouvernement anglais, et surtout de la part du clerge anglican, est une persecution honteuse et une tache ineffacable. G. l4. — 'y^ti inquiry into the present state of the civil lawin England, etc. — Recherches sur I'etat present de la legislation civile en yinglctene ; fai John Miller. Lontlres , iSiS. i vol. in-S" ; prix i8 shellings. Cet ouvrage, receniment public, a fait la plus grande sensation parmi tons ceux qui s'interessent au perfectionnement de la legisla- tion. C'est le premier livre dans lequel on ait liardiment aborde les principes vicieux des lois et des institutions judiciaires chez les An- glais. U devait I'emporter , en effet, d'autant plus par son ntilite sur les ouvrages de Benlhani et des autres theoriciens , que son auteur est un homme quia une longue habitude des affaires ; M. Miller est a vocal a la Cour de Chancellerie ; aussi, indique-t-il avec une eton- GRANDE -BRETAGNE. i45 n.inte precision les parties tie la legislation qui demandent une plus indispensable et plus prompte reforme. Nous lecommandons la lec- ture detet ouvrnge.aux etrangers qui voudrontprendreconnaissance de I'etat actuel de I'adniinistration de la justice en Angleterre. — En general, Topinion puhlique se prononre plus forlement tons les jours, de I'autre cote du delroit, pour obtenir un cliiingeinent ra- dical des lois civiles et criminelles. On a secoue le prejuge aveugle qui f:>is!iil dire aux boinmes les plus distiiigucs de I'Aiigleterre, a lord Coke, .i Blackstone, etc., que la legislation de ce pays etait la pe/Jic'ion de la raisoii htimaine. On commence a reconsiailre qu'un code melliodiijue , renfeiniaiit des dispositions claireset precises qui doivent servir (i'miique regie auxcitojens, est iiiCniment preferable a (les statuts incoberens et aux precedens souvent coutradictoires des cours de justice. Les Anglais les plus cclaiies sent peisuades qu'avant dix ans ils jouiront de ce grand bienfait;et, qiielque long que ce terme puisse paraitre, il sera peut-etre juge necessaire par tons ceiix qui connaissent les lenteurs qui accompagnent toujours la reformation des alms. Deja un ministre, M. Peel , s'est Iionore par son bill si;r le jtiiy, qui a ete adupte naguere par la Cbamhre des communes, et qui est souniis en ce moment a celle des lords. La marcbe que suit le ministere anglais depuis quelques annees , permet d'esperer cjue Ton toUclie a I'importnnte et si desirable re- forme de radmiiiistration de la justice. A. Taii,l\kdif,r. 1 5. — * The tales of the Crusades , etc. — Nouvelles des Croisades, par I'aiiteiir de JVai'erley. Edimbourg, 1825 ; Archibald Constablej 4 vol. in-8°; prix 42 shellings. Un nouvel ouvrage du fecond auteur de Waverley a paru cette annee. Les A'otiveUes des Croisades sont maintenant repandues d'un bout de I'Angleterre a Tautreet deja traduites en francais. Quoique place au-dessus de toute rivalite, cet auteur etonnant a etc qiielque- fois inegal. Le genie lui- meme a ses momens de lassitude. Est - il done siu prenant que, parmi les cinquante-un volumes qui ont pre- cede les Nouvelles des Croisndes, on en trouve quelques-uns qui sont inferieurs a leurs devanciers ? L'ouvrage que vient de \i\\\A\fr\e grand incnnnn , (c'est ainsi qu'est souvent designe en Angleterre I'ccrivain dont la reputation est le plus repandue en Europe ) se compose de deux Nouvelles , dont chaeune forme deux volumes. La premiere est intitulee : la Fiancee, the Betrothed. C'est une hlsloire du xii" siecle. Le style en est simple , et les caract^re, pris indivibuellement , ont peut-dtre pen d'inter^tj 144 LIVRES ETR ANGERS. mais la fable est remplie cle vie et dc virile et porte successirement dans I'dme la terreur et la pitie. Quoique les personnages mis en sc^ne lie ressembleut point a ceux de nos jours , on sent que cesont d'excellens portraits reprot'.uits par une main habile. La seconde Nonvelle a pour titre ; le Talisman ; elle I'emporte sur la premiere par I'interd't du recit et le charme des tableaux. I,a scene est en Pa- lestine; Richard et Saladin en sont les principaux acteurs ; raction est conduitc avec une telle babilete , les caracteres sont traces avec tant de naturel ; les descriptions riches de tant d'iniages ; le style empreint de tant de charme et de vigueur, que Ton doit placer ces volumes a c6te des productions les plus brillantes de notre auteur. Depuis loDg-tems , on n'avait pas ecrit une histoire de chevalerie avec autant d'iraagination et de genie; depuis long-tems, on n'a- vait point trace une peinture aussi vraie des passions. L'Arioste et Shakespeare sont peut-etre les seuls auteurs que Ton puisse opposer a celui des Nouvelles des Croisades. L'absence de mots ecossais rendra cet ouvrage de Walter-Scott plus facile aux etrangers qui savent la langue angiaise, qu'aucun de ceux qu'il a precedemment publics. Fanny Seymours. i6. — * Illustrations of the author ofWaverley, etc. — Notes sur les romaus del'auteur de Waverley,ou Recherches et Anecdotes sur les evenemens et les personnages veritables peints dans les romans de Walter-Scott , par Robert Chambers. Deuxieme edition. Edimbourg , iSaS; Anderson, i vol. in-ia ; prix 5 shellings. Cet ouvrage devait reussir en Angleterre, oil ceux de Walter-Scott sont lus et recherches par toutes les classes de la societe. On est curieux de connaitre les hommes qui ont servi de modeles aux ta- bleaux du grand romancier , et de voir comment son imagination creatrice a su tirer, de simples fails historiques , souvent insigni- fians, des chefs-d'oeuvre admirables. Ontrouvera, dans le livre que nous anuoncons, les originaux des principaux personnages mis en sc^ne dans JVaverley , Guy Mannering, the Antiquaty, Rob -Roy, the Black Dwarf, Old mortality , the Heart of mid Lothian , (he bride ofLam- merrnoor, the Legend of Montrose , the Monasterj , Ivanhoe , Kenilwortk , the Fortunes of Nigel , et Redgauntlet. Apres le plaisir que procure la lecture de Walter-Scott , on ne pent rien trouver de plus interessant, dit un journal anglais , que les notes de M. Chambers. Cette opinion pent etrevraie a I'egard des lecteurs anglais ; mais, pour des etrangers a qui les modfelesde Walter- Scott sont prcsque tous inconuus, ces Remarques perdcnt beaucoup GRANDE -BRETAGNE. i45 de leur interet. On peut dire, par exemple, que cet ouvrage est pour les Francais ce que serait pour les Anglais la Clef des person- nages qui ont fourni a La Bruyere les modeles de ses caract^res. F. D. 71. — * The Story of a Life. — Histoire d'une Vie. Londres, iSaS , Longman. 2 vol. iu-S" , prix 18 sh. L'auteur de cet ouvrage se fit avantageusement connaitre , il y a quelques annees , par un livre intitule : Souvenirs de la Peninsule. Ayant servi dans la guerre de I'independance, il decrit dans ses Sou- venirs les impressions d'un jeune soldat , a I'aspect de scenes toutes nouvelles pour lui , dans un pays oil la religion , les moeurs , le climat , ou tout enfin difftre tant de son pays natal. L'eloquence naive et vraie qui caracterise en general ce premier ouvrage, y fait aisement excuser quelques phrases ambitieuses ; on s'apercoit que c'est I'ouvrage d'un jeune homme bien ne, mais dont la vie n'a pas ete entierement consacree a I'etude. On remarque dans les Esquisses de I'Inde, du meme auteur, moins de naturel et plus de phrases pretentieuses. Mais tout, dans le pays qu'il decrit , est si different de I'Europe , depuis Thomnie jusqu'aux productions vegetales et mi- nerales , que son livre , 6crit avec verite , ne saurait dtre sans interet. Cette region oil des conquerans appartenant a tant de nations , a tant de religions differentes, se sont succedes , sanspouvoir aneantir le culte antique de Bramah , oil les mines sont dignes des palais que Ton croyait n'exister que dans la feerie orientale , est une mine fe- conde en reflexions pour I'homme du monde comnie pour le philoso- phe. Un troisi^me ouvrage de notre auteur, \a\lt\x\e : Scenes et Im- pressions en Egypte et en Italie , est inferieur aux deux premiers , surtout dans la partie qui a rapport a I'ltalie. II ne nous apprend rien de nouveau sur ce pays, et les reflexions morales que la vue des merveilles et des mines de cette terre classique inspire a tout homme done d'un coeur sensible , ont ete beaucoup mieux exprimees par plus d'un ecrivain celebre. L'ouvrage dont le titre est en tdte de cet article est I'histoire d'un individu qui, ayant ete eleve a la campagne chez son pfere, est tourmente du desir de voyager. II s'embarque pour le Portugal , et ses aventures lui font parcourir a peu pres tons les pays que l'auteur lui-m^me parait avoir visites. On trouve dans ces deux volumes des morceauxeloquens, et surtoutdes descriptions brillantes;cependant les passages les plus interessans laissent presque toujours quelque chose idesirer,et l'ouvrage, dans son ensemble, offreplusieursdefauts T. XXVII. — JuiLlet 1825. 10 146 LIVRES ETRANGERS. ris-graves.Le style est en general guinde ; le ton en est d'unetristesse monotone et fatigante.L'auteura rassemble.dans quelques annees de la vie d'un seul hoinme, une serie d'a ventures qui ne pourraient ar- triver que dans le cours d'un sifecle et a dlfferens individus. II lui fait changer de nom , et ncgliger sa famille , on ne sail trop pourquoi ; enfin , quand il est las de jouer avee son sujet , il relegue son voya- geur pour une vingtaine d'anndes sur une ile deserte: une donzaine de pages est consaeree a cet episode commode, et cinq a six pages de plus annoncent au lecteur que le lieros du roman retourne cbez lui , oil il expie par un profond repentir ses erreurs passces. R.-L. W. i8. — * The new Monthly magazine , and literary journal , etc. — Nouveau magasin mensuel et journal litleraire. Londres, i8a5; Henry Colburn , Ncwburlington Street. Grand iu-8° de 9 feuiUes d'impression ; prix 3 schelliugs , 6 p. Ce recueil periodique est un des plus jeunes de la Grande-Breta- gne, contr<5e si favorable a la longcvile des journaux; mais il s'est ^leve promptement au niveau de ses aines, et tout annonce qu'il s'y maiutiendra. Dans le 54^= cabier (juin iSaS) , on trouve un article trfes-remarquable sur les ecrits et les ecrivains en prose qui repre- senteut aujourd'hui, aux yeux des etrangers, cette partie de la lit- terature francaise. On nous juge sevcrement en Augleierre ; plus d'un amour-propre serait blesse douloureusement, si I'article du journaliste anglais circulait en France et pouvait etre connu du plus grand nombre des lecteurs. Ni les grandes reputations, iii les titres, nileshautes dignitesne mettent a convert de la censure anglaii;e : elle ne voit que les liommes et les ecrits; et, si die s'occupe de I'e- crivain, ce n'est que dans les cas, plus communs qu'on ne le pense, ou , pour bien comprendre, il faul etudier la pbysionomie de celui qui parle. L'esprit national ne sc fait pas sentir dans cet article ; mais seulement la liberie Lritannique: nous regrettons que cer- taincs convenances ne permettent point de le reproduire dans notre langue. On pense bien que les ecrits perlodiques de la France n'y sont pas oublies. La Rc'iie Encyclopedique n'aurait pas a s'en plain- dre, si des redacteurs d'opinions diverses, ou mus par des inter^ts ' opposes, n'en parlaient pas, tantot en bien et tantot en mal, sur I'ensemble comme sur les (Retails des articles, en portant des juge- mens evideniment contradictoires. Mais le plus grand nombre de nos journaux auront a repousserune imputation des plus graves qui leur est faite : on les accuse de n'avoii point de conscience hiteiaire; GRANDE- BrxETAGNE. —RUSSIE. 147 c'est-la , dit-on, le vice capital du cm/cjimc francais , en sorte que les etrangers ne devraient tenir aucun compte des jugemens portes jiar des critiques de notre nation sur les ecrits de leurs compatrio- tfts. II faut I'avouer, notre litterature periodique merite un peu les reproclies qu'oii lui fait. Un article de journal sur un ouvrage est rarement Topinon libre et sincere d'un juge eclaire ; il n'est pas inou'i que I'auteur se charge lui-meme de faire son eloge, ou qu'il confie ce soin a quelque ami : les journalistes francais, soumis a des influences plus ou moius imperieuses, n'ont pas, comme en Aiigle- Terre , cette heureuse independance qui permet de penser tout haut et d'ecrire tout ce que i'on sail; cependant, il ne tiendrait qu'a eux d'observer plus exactement les lois de justice et debienseance dont Hs s'ecartent quelquefois : qu'ils lisent le new Monthly magazine , et qu'ils se rappellent qu'on les observe et qu'on les juge hors de France; que leurs ecrits sont sous les yeux d'hommes auxquels ils ne peuvent •mputer ni les injustices des partis , ni des oppositions d'interets; que s'ils n'obtiennent pas I'approbation et I'estime de ces hommes , •Is seront peu dignes des suffrages de leurs compatriotes. La conscience itUiiraire est, dans la republique des lettres , la source de toutes les vertus; et, si malheureusement elle etait bannie des ceuvres de tons 'es ecrivains, il faudrait au luoins qu'elle trouv^t un refuge dans la critique. F. RUSSIE. 19. — * Fetiilles bibliographiques , publiees en langue russe; par 'ill. Pierre DE Ivoppejt , conseilier aulique de St-Petersbourg, 1825. 111-4". L'annee coute i5 fr. C'est sous ce litre qu'oiit paru les premieres feuillesd'un journal destine a servir aux Russes de Repertoire complet et clironologiqtie dc la litterature nationale modernc en Russie. II offrira des annonces som- maires et des critiques impartiales de livres nouveaux, fera conuaitre les travaux des societes savantes ou des reunions qui se sont propose pour but le perfectionnement des arts et de I'industrie , ainsi que les decouvertes faites en matiere d'histoire et de pbilologie. Ildonnera, en outre , des notices biographiques sur des hommes qui, par leur iberalite ou leur protection , ont av ance la science, sur des savans et des artistes ; et sera ouvert aux annonces des librnires , des gra- veurs et a toutes celles qui se rapportent aux sciences et aux arts , ainsi qu'a ceux qui les cultivent. Les articles que Ton voudrait y faire in serer doivent ^tre courts et substantiels ; les productions i4» LIVRES ETRANGERS. d'un int^idt universel, ou qui paraitront devoir exercer une grande influence, feront seules le sujet d'articies plus detailles. On recevra avec recoiMiaissance dcs communications analogues a ceplan,et I'auteur d'un article pourra exiger dix exemplaires de la feuille ou son travail aura eie insere. M. deKoppen a obtenu des libraires russes qu'ils lui feront part de toutes les productions nouvelles, des livres, cartes gpographiqucs, gravures, feuilles musicales, etc. , qui parai- tront; il promet d'annoncer toutes celles qu'on lui aura adressees et de les readre ensuite a ceux qui viendront les reclamer a son bureau. 11 a meme prcvu le cas ou un incident quelconque Temp^cherait de poursuivre ce recueil, en choisissant d'avance M. de Wostokoff , conseiller aulique, connu comme poete et comme philologue, pour le remplacer dans la continuation de cette utile entreprise. Chaque nutnero est forme d'une feuille d'impression ; il eu parait de deux a quatre par mois. Ceux qui out ete publics jusqu'ici offrent d'abord un recensement de tons les jouruaux et Merits periodiques qui parais- sent sur les differens points de I'immense empire russe ; ils sont au nombre de 67 , en y comprenant les memoires des societes savantes. En voici les titres : Ecrits periodiques ptiblies en langue russe : 1° A St. Pctersbourg: le Messager asiatique , le Bien-Intentionne ; le Journal des arts liberaux ; le Journal de la Societe imperiale philanthropique; le Journal des manufactures et du commerce ; les Annonces relatives aux progres de I'instruction populaire ; les Nouvelles de I'Academie russe ; les Nouvelles de la litterature; les Annonces nationales; la suite du Journal technologique ; I'Emule en faveur des lumieres et de labienfaisance; le Fils delapatrie; les Archives duNord; les ecrits de la Societe economique libre en Russie ; le Guide pour la physique, la chimie, I'histoire naturelle et la technologic ; la Lecture chretienne ; le Scelle pose sur les immeubles, sorte de journal judiciaire ; le Journal du commerce; les publications du senat ; I'lnvalide russe; la Gazette academique de St-Petersbourg ; le Prix courant de St- Petersbourg ; la Gazette du senat ; I'Abeille du Nord; — 2° A Moscou : le Messager europeen ; le journal des Dames ; les Annonces pour les amateurs de chevaux ; le Journal historique , statistique et geogra- phique; le Telcgrapbe de Moscou; le Nouveau magasin d'histoire naturelle, de chimie, de physique et de sciences economiques ; le Messager russe; les Ecrits en prose et en vers; la Gazette de Mos- cou. — II. Ecrits periodiques publics en langue allemande : 1° A Pc- tersbourg: SonrnaX de St. Petersbourg; Gazette academique de St- Petersbourg; Gazette du senat de St-Petersbourg; Journal du RUSSIE. 1 49 commerce de St-Peteisbourg; le Prix courant de St-Petersbourg. — 1" A Dorpat : Nouveau musee des prwinces allemandes de la Russie; Gazette de Dorpat. — 3o^ i^(6a«: Feuilles hebdomadaires de Libau. — 4" J Mittau : Memoires de la Societe courlandaise pour la litterature et les arts ; Feuille de nouvelles de Mittau ; Gazette universelle allemande pour la Russie. — S° J Pernaii : Feuilles heb- domadaires de Pernau. — 6° A Revel : Annonces liebdomadaires de Revel. — y° J Riga : Feuillesmedico-pliarmaceutiques ; Feuilles des provinces baltiques, avec la feuille de la viile de Riga; le Specta- teur; Gazette dp. Riga; Annonces de Riga. — III. Ecrits periodiques en langiie polonaise: Journal de Vilna ; Journal de bienfaisance; Annonces dela Societe de medecinede Vilna; leCourrier lithuanien. — IV. Ecrits periodiques en langiie letlonne : la Gazette lettonne de Mittau; la Gazette lettonne de Livonie. — V. Ecrits en langiie estho- nienne : Feuille hebdoniadaire des habitans de la campagne ; Feuille officielle de nouvelles , basee sur le reglement des paysans livoniens ; Ecrits pour contribuer a la connaissance de la langue esthon ienne, par Rosenplanter , a Pernau. — VI. Ecrits periodiques en langue francaise : 1° A St-Petersbourg : Memoires de I'Academie imperiale des sciences de St-Petersbourg ; Journal de St-Petersbourg, politique et litteraire , faisant suite au Conservateur impartial , continuation lui-m^me du Journal du Nord. 7.° A Odessa: J o\xvx\a\ d'Odessa, ou Courrier com- mercial de la nouvelle Russie , continuation du Messager de la Russie meridionale, ou Feuille commerciale publiee avec I'autorisation du gouvernement. — Yll. Ecrits periodiques en langue anglaise : les Prix courans de St-Petersbourg , publics a Cronstadt. — VIII. Ecritsperio' diqiies y rediges en plusieurs langues : Musee des enfans; public a St- Petersbourg , en francais, en russe et en allemand. — IX. Musique: la Harpe du Nord , journal de musique , destine uniquement a re- cueillir ce qu'il y aura de plus interessant en fait de pieces fugitives composees par les amateurs et les artistes 6tablis en Russie, par Sat- zenhoven , a St-Petersbourg. — Plusieurs autres journaux pour- raient encore flgurer sur cette liste ; mais les donnees suffisantes ne sont point parvenues a I'editeur. II ignore, parexemple, si le jour- nal de Medecine militaire, les nouvelles de la Societe Biblique, le journal de I'Agriculture, le Journal de I'Ukraine, le Messager de Kazan , le Repertoire economique , et la Gazette de Tiflis ,en langue georgieune, qui tous out ete publics durant I'annee 1824. sont con- tinues dans celle-ci ; il promet d'y revenir plus tard, et fera con- naitre encore les journaux publies a Abo et ii Helsingfors , en langues suedoise et finlandaise. J.-H. Schwitzler. »=»<> LIVRES ETRANGERS. SUfeDE. ao. — Fomlemningar af Tycho Brakes , Stierncborg och Uranienborg- pa on Hoen , etc. — Antiquitcs des etablissemens de Tycho Brahe , Uranienbourg et Stiernebourg dans I'lle de Hoen. Slockliolm , i^i^. Se Tend au profit des ecoles de I'ileHoen. Cette brochure est un extrait du proems verbal de la Societc phy- siographique de Lund, contenant le rapport de M. I'cveque Faxe , sur le rcsultat des fouilles et des perquisitions qu'il a fait f'aire dans I'ile, depuis iSaS. L auteur commence par rendre justice a la dissertation publiee anterieurenient par M. Iv. Hylander, sur ta desiinee des etablissemens astronomlqiics du celebre "Tjcho Brake dans I'lle de Hoen. II rappelle ensuite que le chateau d'Uranienbourg, avec ses Etablissemens as- troncmiques et chimiques , fut eleve par le celebre Tycho Brahe, en 1576, et son Observatorhim subterraneitm ou crjptictim, a 70 pas de la, en i585, souslenom AeSiievnehor^ {SteUa;burgmn), ti laisseenlre- voir qu apres que cet homme, si extraordinaire pour son siecle, eiit quitte sa patrie, ses etablissemens furent non- seulement iK'gliges, niais meme mines, A en juger par le rapport de M. Huet, qui affirme qucn i652, lorsqu'il visital'ile, on se servait des pierres dc I'an- cien chateau pour construire le nouveau. Les cultivateurs , pro- pnetaires de I'ile, animes d'un esprit different en i8o5 , resolurent, a 1 occasion de la distribution particuliere des terres , que « les Testes des chateaux de Tycho Brahe devaient etre conserves dans leur entier, comme un souvenir precieux. » lis ajout^rent encore, dans le i3° paragraphe du m^me proces verbal, que « le bourg de Tycho Brahe convenait le mieux pour I'emplacement d'une ecole , et d'un hopital pour les pauvres dela paroisse.» Maisces monuniens, si dignes de rhomme illustre a la meraoire duquel ils devaient 6tre eleves , ne sont pas encore executes. Apr^s ces details preliminaires , M. I'eveque Faxe fait I'enumera- tion des divers trcsors scientifiques dont on doit la possession a ses soins. Nous citerons la dccouverte d'une pierre , dont les fragmens rapproches offrent cette inscription en lettres d'or : Nee Fasces nee opes Sola artis Sceptra perennaut. Nous ajouterons que le fondement et la distribution de I'etablis- SUEDE. — NORVEGE. 1 5 1 seineiit souterraiii de Stiernebourg ont ete trouves piesque entitre- inent intacts, ainsi qu'une partie de ses voutes. M. I'eveque Faxe, tout en resserraiit son rapport, a saisi ce- pendant I'occaslon de rendre una entifere justice au merite du jeune pretre, desservant de I'eglise du lieu, qui, par son zk\e et ses con- naissances , a secoude son entieprise , sans rien negliger de ses de- voirs; il nous fait esperer des details plus circonstancies que nous, devrons a la plume de ce jeune ecclesiastique. G — g. NORViGE. 21. — Statsoeconomisk anskuelse. — Vues politico-economiques, con- cernant la Norvege. Christiania, 1824; Grcjndahl. i4op. in - 8°. L'auteur anonyme de cette brochure, qui est dediee au Roi , pa- rait dtre un excellent patriote. Pendant plusieurs siecles, dit-il, que la Norvege a ete reunie au Danemarck , elle a ete administree en colonic par le gouvernement danois. Le systiime de celui-ci a ete constamment d'encourager en Norvege la peche, I'exploitation des mines et I'exportation des bois de construction , ricliesses que le Danemarck ne possede point , et de negliger totalement I'agricul- ture, aCn que les sujets danois y trouvassent un marche sur et avantageux pour leurs productions agricoles. L'importation an- nuelle , en Norvdgc , des grains danois , s'elevait a 600,000 barils en nature, et a 333, 400 autres barils de grains , convertis en eau- de-vie. Aujourd'lmi , ajoute-t-il , que la Norv&ge est devenue un pays libre , il faut qu'elle sorte de cette dependance forcee , et qu'elle clierclie cnGn a se suffire a elle-m6rae , du moins en ce qui regarde les productions cereales ; ce qui est trfes-possible , puisque sur I'immense surface de 3,64o milles carres ( niilles du pays), il n'y en a que 3oo qui soient cultives. L'auteur previent I'objection de ceux qui trouveraient un obstacle insurmoutable dans la rigueur du climat. II prouve par I'bistoire , et par des fails in- contestables, que plusieurs pays d'Europe, dont le climat etait au- trefois tout aussi rigoureux que celui de la Norvege, sont devenus tellement fertiles, que non-seulement ils nourrissent leurs propres habitans , mais qu'ils ont encore un tres-grand superflu pour I'ex- portation. Ce bonheur, ils le doivent , dit-il , a la diminution de I'e- tendue des forets , diminution qui a singulierement adouci la tem- perature (i). La Norvfege est bien susceptible d'obtenir le m^me (i) Le dcboiscmeut d'un pays peut en elever la temperatore moyenue ; '52 LivREs i<;trangers. resultat, par les mdmes moyens , et en adoptant une bonne admi- nistration foresti^re , qui , sans d^truire cette branche des richesses du pays, rende a Tagriculture une immense etendue de contrees boisees, dont les productions spontanees sont de peu d'utilite, sou- vent m^-me tout-a-fait inutiles au commerce. Enfin , puisque la Norv^ge poss^de aujourd'hui dans son sein une universite , I'auteur desire qu'il y soil etabli une chaire d'agriculture et d'economie po- litique, cbargee de rechercher et d'enseigner, nou-seulement les principes geiieraux reconnus et adoptcs dans le reste de I'Europe , mais surtout et particulierement ceu\ qui trouvent leur application dans la nature, le climat et la temperature des pays septentrionaux. Nous ne doutons pas que le gouvernement actuel ne prenne en con- sideration les reflexions de notre auteur anonyme , a qui nous sou- haitons la satisfaction de voir bientot se repandre et fructiCer dans sa patne les idees de bien public qu'il a emises dans son ouvrage. Heiberg. DAWEMARCK. 22. — Gennadii Constantinopolicanianecdotiim opus, etc. — Traite de la providence de Dieu ; par Genjjadius ; public pour la premiere fois, en Janvier iSaS, dans un programme de I'Universite de Co- penbague,par M. Thoklacius , professeur d'eloquence. Copen- bague, 1825. In-4'' de 23 p. Ce Gennadius ( ou Georges Scholarius ), ancien juge a Constan- tinople , y devint patriarcbe, apres la prise de cette ville par les Turcs. II s'etait trouve , au concile de Florence , dans la compagnie de I'empereur Constantin Paleologue , en 1489. Mais au retour, il ecrivit contre la reunion des deux Eglises , traitant les latins d'bere- tiques. II mourut en 1460, retire dans un monastere, apres s'^tre demis du patriarcbat. L'abbe Renaudot a public ses discours sur I'Eucbaristie , oii il professe le dogme de la presence reelle. Plu- sieurs autres ouvrages de ce prfllat se trouvent en manuscrit a la grande Bibliotheque royale de Paris. 2 J. — De rebus Itureorum,etc. — Recbercbes bistoriques sur les Itu- reens, pour eclaircir le verset i^' ch. 3 de I'evangile de Saint-Luc. Programme de Frederic Muntek , eveque de Selande, etc., pour an- mais il a riuronTenient d'aagmentcr en m^me tems la difference entre les temperatures extremes, de rendre les hivers plus rigoureux et les etes moius supportables aux vegetaux aussi bien qu'aux hommes. K. d. B. DANEMARCK. i53 noncer rordination de Steingrim Jonas, nomme, par le roi de Da- nemarck, eveqiie d'Islande. Copenhague , t8a4- 5o p. in-4°- Cette publication contient deux parties distinctes : I'une rassem- ble tout ce que les historiens, les inscriptions et les autres monu- mens fournissent de renseignemens curieux sur les Itureens; I'autre est una biographic qui apprend aux Danois , et specialement aux Chretiens refoFmes de I'lslande , ce qui doit interesser leur curio- site sur la famille , les etudes , les travaux et les services de leur nouveau prelat. II setnble bien natural que chaque diocese, prive du droit d'elire son eveque, apprenne du moins ce qu'il est, autre- ment que par les vaines pompes d'une entree publique, et par les generalites ordinairement insignifiantes d'une lettre pastorale, moi- tie ecclesiastique , moitie politique. Une election reguli^re pourrait dtre plus avantageuse a la religion et a I'Etat. Dans les Etats merae du Grand-Turc, la sage discipline des elections n'a pas ete abolie. Lanjuinais , de U Imtitut. 24. — * Om den indbjrdes Underensning. — Progres del'enseigne- raent mutuel en Daneraarck. Second rapport fait au roi, le 28 Jan- vier iSaS; par i>/.-/. Abrahamson , aide de camp de S. M. Copen- hague, i8a5. VIII et 72 pages in-A.", avec un extrait en langue francaise , de 16 pages in-4o. M. Abraliamson poursuit avec un zele infatigable I'entreprise qu'il a comniencee, il y a plus de six ans, celle d'introduire partout I'enseignement mutuel et elementaire dans les etats du roi de Dane- marck. II a la satisfaction de voir ses efforts couronnes de plus de succes qu'il n'avait ose se le promettre. Dans son premier rapport adresse au roi , au mois de Janvier 1 824 ( voy. Rev. Enc. , t. xxii , p. 483-38y ; et t. xxiii , p. 645 ), il annonca qua la fin de I'an i823 , il y avait en Danemarck 244 ecoles, dans lesquelles cet enseignement etait en plein exercice , et 263 autres qui en avaient commence I'or- ganisation ; de sorte que le nombre total des ecoles qui avaient adopte la methode etait de 607. Ce nombre s'est tellement accru depuis, qu'a la fin de I'an 1824 il y avait en Danemarck 6o5 ecoles completement organisees, et 4i'- autres dont Torganisation etait commencee. Il y a done maiutenant en Danemarck 1017 communes qui se sont declarees franchement en faveur de I'enseignement mu- tuel , et il est plus que probable que , daus un tres-pctit nombre d'annees, cette methode sera introduite dans toutes les ecoles du royaume ; et cependant , I'introduction de la methode n'est pas ordonnee , mais seulement permise et encouragee par le gouverne- »54 LIVRES ETRANGERS. ment. Parmi les causes de ce grand succos, M. Abrahamson cite en Iireniier lieu la puissante protection de S. M. le roi , qui, non con- tent de contribuer au progr^s de cet enseignement par sa munifi- cence royale, daigne encore visiter en personne les etablissemens existans dans les villes et les villages qu'il parcourt. M. Abraham- son a la satisfaction de voir diminuer considerablement le nombre des adversaires de la methode. Pour preuve de cette assertion , voici une anecdote piquante que nous trouvons dans le premier rapport de M. Abrahamson, et que nous avions neglige de faire connaltre anx lecteurs de la Befue : dans une commune rurale de- signee dans I'lle de Selande, et dont le pasteur est nomme , plu- sieurs paysans se plaignirent a ce dernier de ce que, dans les nouvelles ecoles, leurs enfans apprenaient plutot a jouer et a s'a- muser, qu'ii lire et a ecrire; le pasteur ayant demande une expli- cation , les paysans lui rcpondirent qu'autrefois ils ctaient obliges de chasser leurs enfans de la maison pour les faire aller a I'ecole , tandis qu'aujourd'hui, au contraire, ils demandaient leur dejeuner de nieilleure beure, aCn de pouvoir partir. Le pasteur invita les paysans a assister quelquefois eux-m(;mesaux lecons, ce qu'ils firent: depuis ce tems-la, ils sont devenus les plus ardens partisans des ecoles elementaires. Nous fclicitons M. Abrahamson de ce sneers remarquable , qui doit I'encouragera poursuivre son honorable carriere sans se laisser decournger par les petits degoiits dont I'ignorance, la malveillance ou la jalousie , ne manquent jamais d'abreuver les auteurs de choses bonnes et utiles. aS. — * Greve Johan Frederic Strucnsee , etc. — Histoire du comte Jean-Frederic Struensee, et de son ministere; par le docteur J.-K. Host. Copenhague , 1824. 2 volumes de 688 pages in-8'* , suivis d'un troisieme volume de 282 pages, contenant les pieces justifica- tives. La memoire du comte de Struensee , condamne a mort et execute en 1772 , comme coupable de crime de 16se-majeste , est depuis tr^s- long-tems presqu'enticrement rehabilitee dans I'opinion publique ; mais un demi-siecle s'est ocoule avant qu'elle trouvat uu bistoriea impartial dans I'auteur dont nous annoncons I'ouvrage. Sans doute, M. Host n'a pas pu dire toitte la virite ; il y a encore en Danemarck un certain nombre d'luimmes fort estimables, dont il a cru ne pas devoir blesser I'amour-propre , en faisant connaitre la part qu'ont prise leurs parens , oii qu'ils ont prise eux-m^uies , dans cette me- < DANEMARCK. i55 morable et sanglante catastrophe. II ii'y a peut-^tre pas un seul fait un peu remarquable que I'uutcur ait eiuierement passe sous silence; mais il y en a heaucoup qu'il a racontes avec des adoucissemens qui ne blessent point la verite historique , et qui font honneur a la de- licatesse de I'historien. — Jean-Frederic Struensee etait ne en 17.37 , d'une famille bourgeoise. II etudiait la medecine, et fut attache eii qu.dite de medecin particulier , au roi Chretien VII , lorsqu'en 1768 , celui-ci entreprit un voyage en France et en Angleterre. Pen- dant ce voyage , il sut si bien s'insinuer dans les bonnes graces du roi , qu'avec les grands talens dont la nature I'avait done , il lui fut peu difficile de s'elever jusqu'a Feminente dig"ite de premier mi- nistre et de seul directeur, pour ainsi dire , de la volonte de smi maitre. II aurait pu se maintenir dans ce poste, s'il avait apparteuu a la caste privilegiee ; du moins, sa chute aurait-elle ete compensce par de grands dedommagemens , et en quelque maniere avaiitagcuse pour lui; mais il etait d'origine bourgeoise, par consequent il fallut qu'il portat sa tdte sur I'cchafaud. Les innombrables innova- tions que le Danemarck a du a son administration, avaient toutes pour objet I'utllite publique. Elles tendaient au maintien de I'inde- ])endance nationale ; a prevenir les disettes; a diminuer les impots; a briser les entraves qui s'opposaient a I'industrie nationale ; a adoucir les lois penales; a abreger les formalites exigees par 1 ati- cienne jurisj)rudence ; a etablir I'ordre dans toutes les branches de I'administration ; a favoriser I'accroissement de la population ; a fairc etablir de bonnes lois sanitaires ; a organiser uae police bien- faisante; a exclure les ignorans proteges de tout acces aux fonctions publiques; a accelerer la marche des affaires dans toutes les admi- nistrations pnbliques ; a introduire I'egalite de tous devant la loi et dans la repartition des inipols ; la plus stricte economie dans les depenses de la cour , etc. , etc. Les bornes obligees de cet article nous empc^chent de mentionner d'autres ameliorations , dont la nomenclature serait heaucoup trop loiigue ; mais nous ne devons pas oublier le plus grand de ses bienfaits , I'abolition de la cen- sure etl'etablissement dela liberte de la presse. II arriva dans ce'te circonstance , ce qui est arrive plus d'une fois , que les ennemis de toute liberte et ceux du ministre en abuserent pour rendre cette li- berte odieuse , etpour accelerer la chute du bienfaiteur de la patrie. II est deplorable d'avoir a raconter que des hommes d'un grand merite et d'un noble caractere, tels qii'un Suhm , un Rolhe , un Lnngehck, out pu fermer les yeux sur les innombrables ameliora- 1 56 LIVRES ETRANGERS. tions faites par ce ministre , pour n'envisager en lui que les faiblesses inseparables de rhumanlte, et surtout de rhumaiiitc environnee de tous les prestiges du pouvoir. Le dernier de ces trois savans est surtout inexcusable, en ce que sahaine, vraieou factice , s'expriine par des personnalites revoltantes. — Nous croyons devoir consigner ici une anecdote bien connue en Danemarck , et racontee par M. Host avec toute la reserve commandee par les convenances. La commission d'enqu(5te etablie pour instruire le proces de I'infortu- r\6e leine Caroline Mathilde , composee de deux niinistres d'etat, et de deux autres fonctionnaires eminens , avail voulu engager la reine a faire certains aveux qu'elle avail toujours repousses avec indigna. tion. Dans une des seances de la commission , le ministre Schach- Rathlau presenta a samajeste une declaration parecrit, redigee dans ce sens , ajoutant que la signature de la reine apposee a eel ecrit , etait le seul mojen qui pouvait sauver la vie au corate de Struensee: Eh bien, dit la reine, apres quelque hesitation, si cela est ainsi, je signerai. Prenanl alors la plume, elle se disposait a signer; mais , apr^s avoir ecrit les cinq premieres letlres de son nom , ayanl par hasard jete les yeux sur le visage du ministre , ou elle crul voir les marques d'une joie infernale , elle laissa tomber la plume el s'evanouit. M. Schack-Rathlau ramassa la plume, el acheva froi- demenl la signature. Le resullal des recherches de M. Heist se trouve page fi65. Voici ses propres paroles : « Nous ne craignons pas d'etre dementis par un public juste el eclaire, quand nous assurors que Struensee avail extremement bien merite de la palrie. Nous ne pretendons point qu'il ait ete exempt de quelques faiblesses morales, telles que rambition, I'amour du pouvoir , I'arrogance , et m^me un peu d'inter^l person- nel. Mais ces faiblesses ne detruisenl point son grand merile , comme adminislraleur de Telat; et, lors meme que sa maniere de voir I'au- rait induit en erreur , il est hors de doule qu'il eut constamment pour but le bonheur general , et que , par retablissement de la li- berie de la presse, il reveilla une foule d'idees saines et lumineuses que depuis il a ete impossible d'effacer. Aussi , un grand nombre de ses institutions , aneanlies d'abord par le pouvoir qui succeda au sien,onlelles eteretablies plus tard. Plusleursmdme n'ontpas ete un seul instant abolies. ■■ Heiberg. 26. — TSlya Hjgea. — La Nouvelle-Hygie, journal medical redige par M. le docteur C. Otto. Copenhaguc , iSaS. II parait un cahier chaque mois. DA.NEMARCK. — ALLEMA.GNE. 1 5? Le jeune et laborieux aiiteur de ce recueil y donne la premiere place aux traites et aux memoires sur la medecine ; mais trop ins- truit pour ignorer I'etroite alliance de cette science avec I'histoire naturelle et tout ce qui peut y avoir rapport , il n'en neglige aucune des branches. II rend compte de tout ce qui est public, dans les pays etrangers, d'interessaut et d'instructif pour ceux qui cultivent ces sciences. Ses remarques sur les hopitaux sont franches et judi- cieuses ; il public aussi les ordonnances medicales de sa patrie, ar- ticle d'une utilite generale pour tons les pays. II ne neglige pas de meler I'agreable a I'utile; et il continue de donner a ses lecteurs des extraits de son voyage en Allemagne , en Suisse , en Italie , en Frajice, en Angleterre et en Hollande, pendant les annees 1819 a 182a. Ces extraits prouvent que I'auleur, tout passionne qu'il est pour sa science et pour tout ce qui s'y rapporte, n'a pas laisse d'ac- querir encore et de cultiver plusieurs autres conuaissances. Les gens de Tart lui reprocheront peut-etre de meler dans ce journal des matieres trop lieterogenes , puisqu'on y trouve mdme de la poe- sie; mais le choix en est toujours fait avec tant de gout et tant de discernement, que la critique et peut-etre meme I'envie ne sauraient I'attaquer avec succes. G — g. ALLEMAGNE. 27. — * Die Lehre vom Kriege. Dritter Theil: der Tiirkenkrieg. — Theorie de la guerre , t. Ill"' de la guerre centre les Turcs; par le major general baron de Valentuvi. Berlin, 1822; Boicke. xiv et 266 p., gr. in-S" avec quatre planches. Le general Valentini a merite , par les deux premiers volumes de cette Theorie de la guerre , les suffrages des historieus et des mili- taires ; une profonde etude, jointe a beaucoup d'experience , en ont fait un des ecrits les plus recommandables de ce genre. Avant de li- vrerau public la seconde section du second volume qui devait termi- ner I'expose de I'art de la guerre aujourd'hui en usage, et qui parai- tra plus tard , I'auteur presente un apercu de la guerre contre les Turcs, qui, selon lui, exige d'autres regies, et doit etre consideree comme une anomalie, par consequent traitee specialement. Ce vo- lume doit exciter I'attention generale , dans un moment oii les re- gards de I'Europe sont fix^s sur les combats des Grecs avec ces hordes nomades, devenues europeennes par la faiblesse des empe- reurs d'Orient , et dont les destins semblent pr^ts a s'accomplir. II est divise en quatre chapitres : i" les Turcs , tels qu'ils 6taient il y i58 LivREs Strangers. a cent ans et plus ; a" les Tiircs des tems plus recens ; 3° les Turcs d'aujourdliui ; 4° conjectures et rdsultats , suivis d'une conclusion. L'autc'ur expose d'abord I'etat des aimees turques avant la paix de Carloivitz ( i6(>9 ), lorsque lour empire s'etendait jusqu'au coeur de I'Enrope, et que Yienne nicnie put craiiidre d'en devenir la proie ; il fait voir quelles masses enormes il avait a sa disposition, quand les peuples tatares et scythes de la mer Noire luictaient encore sou- mis, et comment leur attaque impctueuse et leur formidable cava- ierie etaient redoutables a des peuples qui n'avaient a leur opposer que des masses serrees , et qui, u'ayant pas de troupes Jegeres contre les corps mobiles de leurs enncmis , etaient dans I'impossibi- lite de bieii proGter de la victoire, et leur faisaient peu de mal , tandis qu'ils avaient tout a souffrir du climat. 11 decrit ensuite leurs amies, leur equiquement, et leur nianiere de faire la guerre , rend compte de I'influence que le fanatisrae et I'opinion exercent sur leur courage , donue des eloges a I'opiniatrete avec iaquelle ils se maintiennent dans des positions ou des camps souvent mal for- tiiics, et retrace la cruaute avec Iaquelle ils traitent les prisonniers qui ont le malheur de tomber entre leurs mains. Puis, il fait rc- marquer la decadence successive de cette terrible puissance, parle des campagnes d'Eugene , de Munic, des rcformes militaires intro- duites par le marechal Roumanzoff et de I'adoption d'un systeme plus propre a donner I'avantage aux armes europeennes. La vnleur des ianissaires a diminue depuis; et, si ies spahis sontrestes toujours formidables , la Russie a maintenant a leur opposer des nuces de cosaques; et la discipline de ses tronpes , ainsi que la tactique de ses gcneraux , aclievent de lui donner une supcriorite si hien eta- blie, que le noni seul des Russes glace d'effroi leurs adversaires. L'auteur jette nn coup d'ceil sur les campagnes de 1809 et les suivantes, jusqu'a la paix de Buckarest, conclue le 8 mai 1812; et il donne des details d'autant plus interessans sur ces guerres , qu'il en a cte temoin occulaire. Le comte Kaminsky, soutenu par des ge- neraux tels que Langeron , Saint-Priest, IMaikof, Voinof, Saba- nejef , etc. , ne lui semble pas avoir justifie sa grande reputation ; et les resultats de ses campagnes n'ont pas rcpondu a I'attente du public. 11 porte le m6me jugemcnt sur son successeur, I'heureux Rutusoff. Si celui-ci , dit-il, fut comble ensuite des faveurs de son monarque , c'est plus a son haliilete dans les negociations, qu'a ses talens militaires qu'il en fut redevablc. " Ce jugement est conflrme par les manoeuvres de ce tni-me general contre Napoleon, et par la ALI,EMAGNE. i Sg conviction de I'auteiir, qui partage avec d'autres historiens I'opi- nion que c'est I'espcrance de conclure la paix, dont Kutusoff ber- cait Napoleon , qui a retenu ce dernier si long - terns a Moscou. Les plans joints a I'ouvrage contribuent beaucoup a donner une idee claire des eveuemens de ces deux canipagnes dont ils i'epr<^senteiit le theatre. L'auteur soumet ces deux campagnes a un examen criti- que severe, et fait connaitre tous les avantages que Ton aurait pu en tirer. II termine par un plan d'attaque sur Constantinople, et prouve qu'une expedition entreprise pour reconquerir I'ancien empire de Bysance sur les Barbares et en refoulcr les possesseurs actuels au-dela du Bosphore et mi-nie du Mcandre, n'eprouverait pas des difficultes iiisurniontables. II ne demande que aoo,ooo com- battans avec une flottc sur la mer Noire ; arrivee a Schumla, au pied du mont Balkan ou Hemns, il trace la marcbe de cette armee , qu'il dirige, par deux chemins differens, sur Andrinople et sur Bur- gas; il n'oublie pas les moindres details, s'occupe des approvisionne- mens el des renforts necessaires , calcule les forces que Ton pourrait lui opposer, pese les chances, ne s'en avance pas moins sur Constan- tinople, qu'il investit de tous cotes par la prise prealable de Scutari ; et appelant fi son secours la soif et la faim, il cmporte la ville par capitulation , et en fait deporter les habitans mahometans a Eski- Schehet , le Doryh-eura des anciens. C'est avec beaucoup d'inter^t que nous avons suivi notre auteur dans cette expedition , perilleuse, il est vrai , mais que nous sommes loin de regarder comme chime- riquc'ou impossible, et que nous desirerions voir bientot realisee ])ar une puissance qui pourrait faire tourner sa conqu^'te au profit de I'humanite , et surlout des Grecs , dont les efforts heroiques me- ritent si bien d'etre couronnes d'un plein succes. Nous recomman- dons ce plan d'attaque aux meditations des militaires et des homnies d'Etat; il est base sur une etude profonde des localites et des res- sources des peuples mis en scene, sur une grande experience mili- taire et sur des vues aussi ingenieuses qu'elles nous semblent justes. Get ouvrage merite d'6tre hi avec une attention profonde ; le senl defaut que nous lui trouvions, c'est qu'on y desirerait quelquefois plus d'ordre et un enchainement plus logique dans la disposition des matieres. J.-H. Schnitzler. a8. — * Theorie der Slatisticft , etc. — Theorie de la Statistique ; par Francois Joseph Mone , professeur a Heidelberg. I'° section. Heidelberg, 1824. i vol. in-S" de iig pages. Nous avons souvent entretenu nos lecteurs des travaux de i6o LIVRES ETR ANGERS. M. Mone , auteiir de la Mythologie des peuples du Nord , et con- tinuateur du bel ouvrage de I'illustre professeur Creutzer. M. Mone donne a rUniversite de Heidelberg un cours de statistique , et il promet dans sa preface una histoire de cette science, dont I'anti- quite a bien connu la pratique , mais qui n'a recu que recemment la forme d'un corps de doctrine. II y a vingt ans que Schl3ezer a senti le besoin d"ea publier une tlieorie; le livre que nous annoncons sa- tisfait a ce besoin. Comme il a principalement pour but de classer les differens objets qui appartieunent a I'etude de la statistique , il ne sera pas hors de propos de jeter un coup d'oeil sur la division de I'ouvrage. L'introduction est un aperou general de la science de I'etat (^ staats-Vissenschafc). M. Mone regarde la reunion du sol,du peuple et du gouvernement, comme constituant un individu , un homme en grand. L'objet de la statistique est de bien connaitre ces trois elemens de I'dtre organise qui n'en est que le r^sultat , et qui jouit d'une vie morale. L'auteur de recherches statistiques doit done examiner quel est le princlpe de cette existence de I'etat, et suivre ses developpemens jusqu'au tems oil il ecrit ; et c'est la I'hisioire poUtiqtie. II faut encore qu'il etudie tous les details de cette vaste as- sociation et I'etat actuel de son ensemble et de ses differentes par- ties, et c'est la la science qu'on appelle statistique; enfin , il faut que du present et du passe jaillisse la connaissance de I'avenir, en taut qu'il s'agit d'approcher de plus en plus du but de la vie sociale , et c'est ce qu'on appelle la politique. Ayant alnsi divise la science , M. Mone definit la statistique, en disant qu'elle est pour I'Etat le ta- bleau du present. Tout est raethodique dans ce petit volume , qui est distribue en sections, divisions et subdivisions : ce qui rend la table des mati^res un pen difficile a comprendre; mais on en est bien dedommag6 par I'ouvrage , qui contlent des vues tbeoriques , d'apres lesquelles on pourrait composer de bonnes statistiques pour tous les pays aux- quels on voudrait appliquer les m^mes preceptes. Tout ceci n'est susceptible d'aucune analyse. On ne saurait trop recommander le travail de M.Mone a toutes les personnes qui se livrent a I'etude de la statistique. P. Goi-beky. 2Q. — * Deutsches Land nnd deutsches Volk. — De I'Allemagne et de ses habltans ; par MM. J.-C.-F. Guldmuths et le docteur J.-A. 3k- coBi. T. II de la premiere partle. Gotha , 1824; Stendel. x et 5i8 p. in-8°, avec a gravures. 3o. — * Aeltere Geschichte der Teuischen. — Premiers slides de ALLEMAGNE. i6i rhistoire des Allemands, liv. i ; par Francois-Nicolas Titze , faisant suite a son histoire primitive des Allemands. Prague, 1823 ; Krauss. 145 p. gr. in-8° ; prix 1. fr. 5o c. Les Allemands, par caract^re, s'occupent plus de I'etranger que d'eux-memes. Places au coeur de I'Europe , I'histoire reconnait en eux une nation destinee a former un point de contact," et a faciliter les relations entre tous les peuples , dont aucun n'a un caractere aussi flexible ni autant de dispositions a recevoir les impressions les plus diverses communiquees par les etrangers. C'est dans cette ten- dance qu'il faut placer la cause qui leur a fait si long-tems negliger leur propre histoire et les belles productions des premieres epoques de leur litterature nationale. II a fallu I'impulsion d'une occupation etrangere, et la haine qui en fut la suite, pour les ramener sur eux- memes. On sait deja qu'uiie SocieCe Idstoiique s'est formee a Franc- fort , sous les auspices du baron de Stein , et que son but est de livrer au public la collection complete des sources de I'histoire alle- mande ; mais les travaux de cette societe sont lents , et doivent surmonter beaucoup d'obstacles. Cependant , les amis de I'his- toire ne desesperent pas de voir bientot paraitre les premiers volumes de la collection, et rcussir une entreprise a laquelle se rattachent les noms de tout ce que I'Allemagne a d'historiens ce- lebres. Nous avons fait voir, en d'autres occasions , avec quelle ar- deur on est revenu a Thistoire nationale ; plusicurs- liistoires d'AUe- magne ont deja paru, et un savant celebre en promet encore une nouvelle. M. de Koppe a public un Manuel de Vhistoire allemande ( Handbuch der teulschen Geschichle. Leipzig et Sorau, 1824. xvi et 655 p. in-8°), M. de Raumer poursuit ses travaux , et Ton attend les deux derniers volumes de son excellente histoire des empereurs de la maison de Souabe : nous .ivons deja fait connaitre les travaux de M. Bottiger. Les deux ouvrages que nous annoncons aujourd'hui prouvent assez que cette activite historique continue chez nos voisins. Le premier est destine a ceux qui cberchent une instruction plus complete sur I'Allemagne en general ou sur telle parlie de la confederation dont lis sont citoyens, ou qui desirent perfectionner les notions geo- graphiques et historiques donnecs dans les ecoles. Ce livre d'une haute importance n'a done pns seulement en vue les savans , bien qu'il soit le fruit d'une grande erudition et de recherches labo- rieuses. M. Gutsmuths, conseiller aullque , s'est charge de la des- cription du pays, et son travail forme un ouvrage sCpare, ayant T. xxvu. — Juillet 1825. It i6a LIVRES ETRANGERS. pour litre : Du Territoire alhmand ( Detttsches Land ) ; le premier •volume (xiv 335 p.) a paru , en 1821 , et te retard qu'a eprouve celui que nous annoncons n'a pu que lui (?tre profitable. Voici ce qu'il dit lui-m6me de son ouvrage : « Ce que j'.ii voiilu ofl'i ir a mes Iccteurs , pour chaque etat , c'est un coup d'oeil rapide sur Tautiquite, un ta- bleau sommaire et concis de cliacuue des periodes qu'ils ont par- courues , une connaissance exacte de ses habitans , une idee de Icur activity en general ; j'ai voulu leur faire voir de quelle mani^re les habitans ontsu, par leur industrie, tirer parti de la plupart des productions de leur sol , et en ont fait un objet de commerce ; leur apprendre a connaitre les constitutions representatives et les institu- tions qui en decoulent ; enfin , la marclie de I'adrainistration. II me restait une partie tres-importante pour la pratique , je veux dire , la division du pays en deux provinces, I'indication de tous les lieux habites , la description de toutes les grandes yilles , et I'esquisse des lieux moins remarquables. » L'auteur, dans le premier volume, p'resente I'Allemagne dans son ensemble , sa nature et ses carac- t^res distinctifs ; il ne s'arrete qu'aux divisions marquees par la nature clle-meme, et divise ainsi son sujet : i° de I'etendue de TAlIemague; 2° son territoire, ses montagnes, etc. ; 3° de ses eaux , p. 267 — 325 ; 4° de son climat. II se trouve deja dans cette partie un grand nombre de notices relatives au peuple allcmand , a sa nature , a sa langue, etc. Le second volume commence le tableau politiqueet statistique de I'Allemagne , et en doune les divisions politiques. Apres un coup d'oeil general sur les gouvernemens et les institutions representatives , ainsi que sur I'acte de confederation , il offre la statistique des provinces autrichiennes, des royaumes de Baviere et de AVurtemberg , avec les deuxprincipautes de Hohenzollern, et du grand ducbe de Bade. Un troisieme volume doit terminer ce tableau. La partie historique a ete traitee par M. le docteur Jacobi ; le premier volume de cette section , intitulee : Du Peuple alle- mand ( Detttsches Volk ) a paru dfes 1820, et la suite n'a pas encore ete publiee. Apres une introduction sur I'origine et le caractere des AUeinands , l'auteur fait le recit des evenemens jusqu'a la fin de la guerre des Marcomans , 180 ans apr^s J.-C. II consacre le reste du volume a d'excellenles dissertations sur la vie domestique, les ha- bitudes et les moeurs du peuple ; il y parle des lettres et des arts , de la religion, de la langue , de la vie civile , etc. II a p*iise aux sources m^mes, et il a tir6 parti de tous les travaux analogues et ante- rieurs au sien qu'il a pu consulter;quclques-uns seulement n'etaient I ALLEMAGNE. iG'i pas encore a sa disposition, quand son ouvrage a et6 public; il en tiendra compte dans des supplemens qui seront joints au second volume, que nous attendons avec impatience. Get ouvrage est orne de beaux portraits ; la partie geographique est accompagnee de cartes et de gravures. L'auteur du second ouvrage annonce en t^te de cet article , avait public, il y a six ans , une Histoire primitive Jes Allemands , qui a ete favorablement accueiUie; ce qui I'a encourage a poursuivre son en- treprise. II nous offre aujourd'hui le premier livre de I'histoire des Germains, et en proniet trois autres qui la continueront jusqu'a la fondation du royaume d'Allemagne , 843 ans apres J.-C. Le premier livre conlient en neuf cliapitres I'histoire des Germains , depuis le voyage dePytheas, 3yo ans avaiit J.-C., epoque oii les Grecs en enten- dirent d'abord parler, jusqu'a la mort de Jules-Cesar, 44 ^is avunt J.-C. L'auteur hasarde une foule d'hypotheses, et corrige quelque- fois la Germanic de Taclte, d'apres des conjectures qui ne semblent pas toujours heureuses. Les Celtes, selon lui , habltaient primitive- mentuue grande partie de la Germanic, surtout la for6t Hercynienne; ils en furent chasses par les Germains, et ce peuple y avait conso- lide sa puissance, I'an 260 ans avunt J.-C, epoque oil la Germanic pa- rait avoir ete d'abord organisee. L'auteur a beaucoup medite son sujet ; mais il semble qu'il aurait pu profiter davantagedes travaux erudits de quelques - uns de ses devanciers, tels qu'Adelung, Earth, Kruse,etc. J.-H. Schnitzler. 3l. — * Notices sur les anciens Trevirois , suivies de Recherches stir les chemins remains ; par J.-B. Hetzhodt , conseiller de regence, etc. Deiixieme edition. Ti6ves, 1825. In-S". Ce livre a ete public en allemand et en francais. La nouvelle edi- tion allemande porle ces mols en titre : Unverdnderte Anflage ( edi- tion a laquelle il n'a etc rien change). On aurait pu mettre le nieme avertissement sur les exemplaires francais ; car on u'y a vraiment pas deplace unelettreet Ton secroirait,en lisant rouvrage,transporte aux terns oil les Francais possedaient encore cette partie de la Gaule. II y est fait plusieursfois mention du chefdel'anciengouvernement, qui est appeleS. M. I'empereur et roi, et Ton pmle encore des ameliorations que Ton attend de sa munificence. Nous pardonnous facilement a un antiquaire d'etre restedequinze ans enarriere,et de n'avoirpas craint de reproduire franchement aujourd'hui leseloges qu'il a donnes a un monarque dont le pouvoir est aneanti; mais il aurait fallu se tenir au couranl des ouviages qui ont traile le m^me sujet et nc point .64 LivREs Strangers. passer sous silence tout ce qu'ils ont dit. Pourquoi , par exemple , ii'est il question ni des /intiqiiites de Treves , de Quednow , ni des Notes de Tross sur le poeme de la Moselle, ni des Recherches de Dorrow sur les pays voisius. En iSaS , il n'est plus permis de n^gli- ger tout cela ; et I'^diteur devait au moins une preface. Aprfes ces legers reprcches , nous n'aurons .i donner que des 61oges. Le livre est 6crit avec metliode , et les textes latins sont ordinaire- inent joints aux assertions del'auteur; mais ils ne disent pas tou- jours ce qu'il veut leur faire dire, ou plutot, il arrive souvent qu'il en tire des consequences forcees. C'est ainsi qu'en se declarant pour I'opinion qui confond la langue des Germains avec celle des Gaulois' il cite un passage de Cesar, selon lequel Arioviste savait le gau" lois , parce qu'il en avail une longue habitude , et un autre de Tacite sur les Gothiiii , qui n'etaient pas Germains, parce qu'ils parlaient Gaulois. A entendre M. Hetzrodt , Cesar et Tacite ont pris pour des langues, ce qui en realite n'etait quedes dialectes, des patois. C'est la un t'aible argument. Comment Cesar n'aurait-il pas su que les Ger- mains qu'il combattait, et les Gaulois qu'il venait de secourir centre Arioviste, parlaient une langue seniblable ? Et comment , s'il ne I'a pas su de prime abord , ne I'a-t-il pas appris pendant son long se- jour chez ces penples ? M. Hetzrodt s'est fait en cela le soutlen d'une opinion qui ne pourra jamais triompher des excellentes raisons qu'on lui oppose. II ne me parait pas avoir ^te plus heureux dans ce qu'il dit des mots nrbs , oppidurn , etc .; mais il est bien fort de raisonne- ment et d'erudition dans ce qui coiicerne les deux passages du Rhin effectues par Jules Cesar. II lire un parti tr^s-heureux d'une variante sur un endroit de Elorus, 1. iil, c. lo, Rerum romannruin. La topo- graphic, les textes rapproches des vestiges d'anliquites , sont les secours dont il s'appuie. Quand il en vienl a la Gaule sous les Re- mains, il emet une idee qui depuis long-lems etait la mienne; c'est que la Germanie superieure el la Gernianie inferieure se sont peu a pen creees d'elles-memes , et que c'est une erreur d'atlribuer a Au- gusta cette division, tandis qu'aucun auteur , tant soil peu ancien, n'eii parle dans ce sens, et que tons conservent aux pays occupes par les Germains leurs anciennes denominations gauloises, traitant les habltans de noiiveatix -vsiiffs , ou disant seuler:ient qu'ils sont eta- blis chez tel ou tel peuple. Ce ne fnt que duns la suite , et meme fort tard, que I'administration adopfa ces denominations, qui d'abord furent d'un usage puremcnt militaire. L'administrauon , ia justice, les culfes, renseiguemcnl public, la ALLEMAGNE. rS5 topographic , et l'6tat politique de Treves occupent aussi I'Huteur ; il cur a consacredes paragrapliessepares. II decrit encore les monuraens' etreproduit, dans toutle cours de Touvrage , un grand nombre d'ins- criptions. Une partie iniportante de ce travail est ceile ou Ton deter- mine la direction des routes romaines. Ici Ton regrette de ne pas voir applique le travail de M. Gosselin ; mais cela tient au defaut general de celte edition , qu'il faut prendre comme si elle avail quinze ans de plus. M. Hetzrcdt ue parait pas avoir parcouru lui-nieme les routes qu'il recherche d'apres lesstationsdes itineraires; il est a desirer que , niunis de sonlivre, quelques savans selivrent a des excursions ,qu'ils appliquentia perclieaux anciens vestiges etCxentpar de scrupuleuses approximations les lieux d'habitations et les stations des Roniainsduns leur pays. Tel qu'il est , le livre de M. Hetzrodt doit inspirerpour sou auteur une haute consideration ; il est indispensable a tous ceux qui etudient les antiquites de la Gaule. P. Golbery. Sa. — * Geschichte und Beschreibiing der koniglichen offeiitUchen Bi- bliothek zu Dresden. — Histoire et description de la Bibliolheque royale et puhlique de Dresde; par F.-Jdolphe Ebekt. i vol. in 8°, xviii et 358 pages. Si I'histoire des bibliotheques publiques ^tait Merita avec moins d'e" rudition , elJe serait j)lus utile et sui tout plus interessante. Mais , ge" neralement surchargee de descriptions qui n'ontde merite etd'utilite que pour un petit nombre de bibliophiles , a peine renfernient-elles quelques notions sur la nianiere dout se sont formees ces volumi- neuses collections. Lessing , dans une preface des fragmens de Wolfenbutel , donna le premier d'excellens preceptes sur ce genre de travail ; M. Ebert mi a su profiler. La collection dont il offre aujourd'hai I'liistoire , el dont le fonds , acquis en i55(),s'esl insensiblement grossi dans une direc- tion heureuse et toujours suivie , meritait bien cette distinction. Une histoire succincte des bibliotheques saxones avant la reforme , sert d'introduclion a I'histoire de la collection royale de Dresde. En nous faisanl connaitre les accrolssemens successifs qui ont grossi cette bi- biiotheque , M. Ebert ne neglige pas I'histoire des collections parli- culieres les plus remarquables du pays; il ne I'abandonne que lors- qu'apr^s I'acquisition des bibliotheques de Bunau et de Bruhl , celle de Dresde fulmise hors de toute coinparaison. L'auteur paie ici un juste tribut d'eloges a I'administration si remarquable de Franke et du venerable Adelung , el public une notice complete des ouvrages de statistique et de topographie generale et particuliere. Cette notice, i6G LivRES Strangers. dcstiuce d'abord i former la base d'un cours de bibliographie, pent servir de modele en ce genre. Un app^idicc contient une nomencla- ture descriptive des mnnuscrits de la Htt^ratiire classique et de belles lettres dans les langues modernes et etrangi-res ; le volume est ter- mine par une notice sur les anciennes impressions de la bibliotheque de I'universite de Leipzig. Cette notice peut servir de pi^ce justifi- cative a I'bistoire des bibliotb^ques saxones qui forme I'introduction de I'ouvrage. M. Ebert se propose depublier successivement des no- tices sur chacune des divisions de la bibliotlieque royale , semblable a celle que ce volume contient sur la sCatistique et la topographie , et de terminer son ouvrage par une nomenclature complete de la riche collection demanuscrits des Orientaux et des Germains que possede cette bibliotheque. A.-J. G. aine. Indication des principaux Ouvrages periodiques publics en Alleinagne. — Cinquiome article. (Voy. Rev. Enc, t. xxv, pages 7/1/1-746; et t. xxvi , p. i43-i52, 468-/,70, et 776- 779-) Theologie et ReligicJi. Obsen-ation genirale. — Comme le catholicisme n'admet pas, amsi que les autres communions chretiennes, un libre examen des arti- cles de lafoi et des matieres ecclesiastiques , parce que les conciles cecumeniques et I'autorite du souverain pontife , repute infaillible , placent leurs doctrines , recues ou imposees, en dehors de toute dis- cussion , rAUemagne ne peut guere compter, depuls la reformation , qu'un tres-petit nombre de bons ecrits theologiques, composes par des catholiques, quoiqu'il soil vrai de dire que cette portion de la societ6 chreiienne est a la fois plus eciairee et plus tolerante dans les etats allemands que partout ailleurs. Ces contrees, si abondam- ment pourvues de journaux de toute esp^ce , n'en ont que fort peu sur la theologie catholique; et ceux-ci meme sont loin de satisfaire les lecteurs difficiles. Le protestantisme , au contraire, scrutateur de sa nature et jaloux de ce libre usage de la raison sur lequel il se fonde , a fait naitre une quantite considerable d'ecrits periodiques consacr^s a la litterature et a I'histoire de la theologie. Nous allons citer les principaux, en regrettant de n'en donner le plus souvent qu'une Indication tres-abregee. 33. — Der Fiiedembote, etc. — Le messager de paix, feuille chre- iienne , par 7.-./. TuEVEjyy . Hambourg; Campe. Gr. in-S". ALLEMAGNE. 167 34. — Kridsche Piediger-Bibliothek. — Bibliotht^que ci'itique des preclicateurs ; publiee par D.-J.-Fr. Rour. Neustadt ( Prusse ) ; Wagner. In-8°. 55. — T'ierteljiihrige Mittheilurigen. — Communications tiimes- trielles extraites des tiavaux de la societe des predicateurs du cer- cle de Neustadt ; reunies et publiees par D.- J. - Fr. - H. Schwabb. Neustadt ( Prusse ) ; Wagner. Gr. in-8°. 36. — Biblisch-exegetischas Repertorium , etc. — Repertoire biblique et exegetique, ou les Nouveaux progrfes dans I'explication de la Sainte-Ecriture ; publie par D.-C.-F.-K, et M.-G.-H. Roseijmiii.i.er. Leipzig ; Baumgaertner. Gr. in-8°. M. Rosenmiiller est un savant, tres-verse dans la connaissance des langues orientales , et auteur d'une grammaire arabe. C'est un des plus celebres theologiens de I'Allemagne. 3y, — Jahrbiicher fiir Religions , Kirchcn , und Schulwesen. — An- nales de la religion , de I'eglise et des ecoles ; publiees par D.-J . ScHUDEBOFF. Leipzig; Earth. Gr. in-S". 38. — Neue Mitthtiliingen , etc. — Nouvelles communications adressees aux predicateurs , et publiees par M.-J.-W. Hix-debhand. Leipzig; Weygand. Gr. in-8°. 39. — Eine Opposisiunsschrifc , etc. — Feuille d'opposition pour le christianisme et la tbeologie ; par D.-C.-G. ButiscHHEiDEK , et L..JF. ScHROTEE. Tena , Mauke. Gr. iu-S". Ce journal, qui parait depuis la fete seculaire de la reformation, celebree en 1817, contieut de bonnes analyses et des memoires originaux bien ecrits. 40. — Jahrhuch far Prediger. — Annuaire pour les predicateurs; publie par Bretscuneider, D.-A. Neandee et J.-S. Vater. Halle ; Kiimmel. Gr. in-8°. M. Vater s'est fait une grandereputation par ses eludes theologiques et par ses recberches philologiques ; dans cette derniere partie , son nom est intiniement lie a celui d'Adelung. M. Neander, professeur a Berlin aupres du celebre Scbleiermacher , dont les cours sont egalement suivis par un grand nombre d'etudians , quoique ces deux savans ne soient pas entierement d'accord dans leurs doctrines , est un grand investigateur de I'histoire ancienne et de ses mysteres ; et beaucoup de theologiens jugent qu'il s'est trop perdu dans une sorte de mysticisme. 41. — Kiichenhislorisches Archiv. - - Archives de I'histoire eccle- 1 68 LivREs Strangers. siastique'; par Jes docteurs K.-F. Standlin, H.-G. Tzschikhek, et J.-S. Vater. Halle, llenger. II en parait un caliier tous les niois. MM. Standlin , a Gottingue et Tzschirner , a Leipzig , d'une jiart : M. Vater, a Halle, de I'autre , avaient publis pendant quelque tems des journauxd'histoire ecclesiastique , independans les uns des autres , niais egaleinent intcressans. lis ont mainlenant renni leiirs effoj'ts ; et les csperances que faisait concevoir I'association de trois theologiens aussi celebres , sont entierement realisees par la publi- cation des premiers caliiers du nouveau recueil. Outre des memoires sur differentes parties de I'liistoire ecclesiastique , chaque caliier cpntient des nouvelles concemant IVglise et les diverses religions. Le doctenr Standlin a ecrit jilusieurs ouvrages elcmentaires sur la theologie, d'autres sur la morale, les moeurs et I'liistoire de I'eglise, oiiron trouve du savoiretun assezbon esprit, sanspouvoirccpendant leur accorder iin merite bien transcendant. Le docteur Tzschirner , est I'auteur de quelques refutations de M. de Haller, et de divers ecrits politiques ; on lui doit le celebre cuvrage , intitule, Le r.apporc dii catholicisme et da protestaniisme a la politique , qui a paru en iSat ou i8s2 , et dont le but est de refuter les ecrivains qui ont accuse le protestaiitisme de renfermer un principe revolutionnaire. M. ^ater, considere coinme un des meilleurs professcuis de theologie en Alle- magne , est un homme fort eclaire. 42. — Wochenblatt fur Prediger , etc. — Feuille hebdomadaire pour les predicateurs et les maitres d'ecole de la mouarchie prus- sienne. Erfurt. In-4°. 43. — Zeitschiift Jilr gebildete Christen, etc. — Journal pour les Chretiens ecla ires de I'eglise evangelique; public par D.- J.- C.-L. GiESEZ-ER , et D-F. LiicKF. Eiberfeld ; Buschler. Gr. in-8°. ^^. Jahibiicher der Theologie , efc. — Annales de la theologie et des nouvelles theologiques , publiees par le docteur F.-H.-C. Schwakz. Francfort ; Hermann. Gr. in-8°. C'est un assez bon journal, surtout quand 11 y parait des articles du professeur Daub, de Heidelberg, dont nous aurons encore oc- casion de parler. M. Schwarz est tres-connu,comme excellent professeur des scien- ces pedagogiques , a I'education , a Heidelberg, oii relatives il di- rige le seminaire pedagogique. 45. — Der Katholih. — Le catholique , journal religieux pour I'instruction «t I'admonition ; par G. Schbiblin. Mayence ; Muller ; et Strasbourg. Gr. in-8°. ALLEMAGNE. 163 Ce journal tr^s-iutolerant prdche I'ignorantistne. Public d'abord a Mayenee, ou resident encore, dit-on , ses principaux redacteiirs, il fut oblige d'abandonner cetle premiere ville et de s'etablir quelque terns a Saint-Gall , en Suisse. De la , il vint a Strasbourg , ou il pa- rait que i'autorite , sinon le public , lui a fait un bon accueil. 4(S. — Monatschrift far Prediifer IFissenschafcen , etc. — Feuille mensuelle pour les sciences qui out rapport a la predication; pu- hliees par le docteur C. Zimmermakn, et le docteur A.-L.-C. Heydenkeich. Darmstadt; Lesltc. In-8°. 47. — Jllgemeine Kiichenzeitttng. — Gazette generale ecclesias- tique , ou Archives pour I'histoire moderne et la statistique de I'e- glise cluetienne, avec une collection de docnmens relatifs a Ihis- toire CbUesiastique et au droit canonique ; par D.-C. ZiMMEBaiANK. Darmstadt ; Leske. Gr. in-4''' Ces deux journaux , rediges a-vec beaucoup de soin et de mode- ration, sent fort estimes. 48. — Die christlich- protestantfscke Kirche. — L'eglise cbretienne protestante en Allemagiie, journal ecclesiastico-statistique , qui traite specialenient du royaume de Wurtemberg ; par M.-G.-C. Seubert. Stuttgart; Steinkopf. Gr. in-S". 49. — Theologische Quartalschrift. — Feuille trimestrielle de theologie , publiee par les docteurs de Dketeii, Herbst, Hirscher et Feii-Mosek. Tubingue ; Laupj). Gr. in-8°. La tendance de ce journal, redige par les professeurs de la fa- culte de theologie catholique de Tubingue est favorable aux progres des lumieres. 50. — Sophronizon, etc. — Sophronizon , ou Docnmens impartiaux et de bonne foi relatifs a I'liistoire des etats et des eglises; par B.'E.-G. Paulus, Heidelberg, iSsS; Oswald. Gr. in-8°. Le redacteur de ce journal, celebre professeur de theologie, M. Paulus , de Heidelberg, a ete mis a la retraite , en 1824, par ordonnance du grand due de Bade, a cause de son rationalisme, c'est-a-dire , de son pen d"oi thodoxie religieuse et politique. Du reste , c'est un homme tres-savant , plein d'esprit et d'ardeur , ori- ginaire de Stuttgart. C'est un des ennemis les plus prononces des abus du catliolicisme ; on assure en Allemagne que son cours d'exe- gese des livres saints ne tendait pas a fortiCer raatorite de la Bible comme livre divin , dans le sens qu'en genera! on attache a cette expression. L'esprit de la partie politique de ce journai estforlement liberal. I70 LIVRES ETRANGERS. M. Paulus est en mdme terns un jurisconsulte instniit , et ses notices dans les Mtmales de Heidelberg sont des plus estimces. On trouve aujourd'liiii en AUemagne beauconp de theologiens libcraux et de professcurs en droit pietisles. 5r. — Christliche Zeitschrift. — Journal clireticn pom- rappeler les Chretiens 'a la foi et la vie ^vangeliques. Nuremberg ; Raw. Sa. — KathoUsche Literatur-Zeitang. Gazette de litterature catlio- lique ; publiee par F. de Kehz. Landshut ; Thomann. Gr. iu-80. , 53. — Magazin fur Katholisclie Religionslehrer, — Magasin pour les niaitres de religion catholiques ; public par /. - G. Kobeblk. Landshut; Thomann. In-8°. 54. — Her Religions freund. — L'ami de la religion , pour les catho- liques ; public par le docteur F.-G. Benkert. Wurzbourg ; Stahel. Gr. in-4.° 55. — Nenes kridsches Jnhrbiich , etc. — Nouvel annuaire critique de la litterature thcologlque; public par les docteur G. B. Winer etJ.-G.-V. Engelhardt. Sulzbach (Baviere ); Seidel. Iu-8°. Get annuaire se distingue par sa critique scrnpuleuse et profonde^ Parmi ses principaux collaborateurs , se trouve le savant docteur Leonard Bertholdt. 5fi.' — Theologische Zeitschrift. — Journal theologique ; par D. Friwt. Vienne. In-S". 57. — Theologisch-praktische Monatschrife zundchst fiir Sseelsorger, — Feuille mensuelle de theologie pratique , a I'usage special de ceux qui sont charges du salut des ames; publiee par une societe de Lintz. Prague ; Neureuter. ( Cette Revije des ouvrages piriodiques Allemands sera continuce. ) SUISSE. 58. — * Melanges de chirurgie etrangere ; par une societe de chl- rurgieus de Geneve, composee de MM. J.-P. Maunoir, C.-T. Mau- NoiR, professeurs; F. Mayor , C. - G. Peschier , /. - C Mohin , J.-P. DupiN,F. Olivet , docteurs en chirurgie. T. II, Sqnirre, cancer, fongus , tnmeurs. Paris et Geneve, iSaS ; J. -J. Paschoud. I vol. in 8° de fioS pages. Dans le i*"' voUnne de res Melanges (V. Rev. F.nc. , t. xxili, p. i5o), les chirurgiens de Genfeve n'avaieiit adopte aucun plan pour la pu- blication de leur ouvrage. lis out senti la necessite de reuiiir, au- tant que possible, les observations et Iravaux relatifs aux niemes su- jets , afin de rendre plus faciles les recherches des praticiens. Le SUISSE. i7» I*"- memoire d» 7* volume, traduit de I'anglais par M. Peschier , a pour litre : Observations pratiques siir les maladies cancereiises ; par Pearson. L'auteiir , aprfes quelques vues generales sur le cancer, examine quel est le siege du vrai squirre ,qu'il reconnait, comme tout le monde, etre le tissu glanduleux ; il analyse judicieusement les differens signes que Ton a donnes comme caractere essentiel de cette maladie. II n'etait pas possible de faire I'liistoire du cancer, sans parler des differentes opinions sur la contagion. L'auteur traite cette question avec toute la reserve convenable, at se trouve conduit a declarer qu'il ne croit pas a la contagion , pioprement dite. II passe en revue les differentes parties du corps qui peuvent devenir le siege du cancer, et admet en general , comme basede traitement, les saignees locales , frequemment repetees. II cite plusieurs obser- vations qui prouventla superiorite de cette medication. Lorsquepar un traitement rationel on ne parvient pas a obtenir la guerisou du cancer, I'operation devient indispensable. La raani^re de la prati- quer est tr^s-connue , et M. Pearson ne nous parait pas y avoir ap- porte des modifications importantes. Observations sur les lumeurs du sein et les idceres de la levre inferieure; par HENnaiKSz; traduit du lioUandais par Olivet, D.-C. — L'au- teur de ces observations pense que, lorsque la tumeur du sein est evidemment sqnirreuse, I'ablation dela partieest le seul moyen cer- tain d'obtenir une guerison radicale; il regarde comme impossible la resolution complete de la tumeur par un traitement quelconque, et appuie son opinion sur I'aspect qu'elle presente a la dissection. 11 fait connaitre son procede operatoire qui n'offre rien de particu- lier. Dans les cas d'ulceration cancereuse de la Ifevre inferieure, il conseille d'enlever avec soin toute la partie malade; mais il ue donne point de regies pour cette operation, qui doit etre modifiee, snivant le siege et I'etendue de la maladie. Le memoire de Scarpa sur le squirre et le cancer , traduit par M. Pe- schier , est un travail tr^s-remarquable. Le celebre professeur de Pavie etudie ces cruelles maladies dans toutes les parties qui peuvent en devenir le siege. II pense, d'apr^s de nombreuses observations pratiques, que non-seulement le cancer n'attaque jamais primitive- ment le syst^me lympliatique absorbant , mais que quelques-unes des glandes muqueuses les plus apparentes , telles que les sublinguales et les aniygdales, ne peuvent jamais 4tre affectees que d'une mauiere consecutive. II n'admet pas non plus que le squirre el le cancer puis- i7» LivRES Strangers. sent sein.inif'eslei- avuut la puberte, et. raieineiit in^me avant la ai'"' annee. Aiiisi, selou lul , rengorgemenl des glancles du sein ou de quel- que autre glande congloineree chez les jeunes filles , et raugiueiita- tiou lente et spontanee', quoique indolente, des testicules chez les jeunes garcons, sont toujours de nature et d'origine scrophuleuses. Le diagnostic du squirre est d'une grande difficultc , parce qu'uii certain nombre des signes qui le font reconnaitre sont communs a d'autres tunieurs cbroniques. Cependant, en y portant le plus grand soin, il n'est pas impossible de bien juger. Ainsi , le squirre ne se niontre j)resqiie jamais en deux endroits sur le ni6me individu. Des sa premiere apparition , il est dur et tou'-a-fait indolent ; au bout de quelque terns, il parait au toucher , forme de plusieurs parties agglu- tinees ensemble. Lorsqu'il commence a devenir douloureux, il se resserre , et parait encore pins dur, etc. Cette maladie etant purement locale, son extirpation, avant qu'il soit degenere en cancer, est tou- jours suivie de la guerison. II n'en est point ainsi du cancer ulcere, qui resiste souvent a toutes les medications, generales ou locales. Ce volume renfernie encore plusieurs observations sur le squirre et le cancer, un essai de classification des tameurs, d'apres leur structure anatomique, et quelques cas particuliers de maladie du testicule, de I'oeil et de la cuisse. Sg. — * Bl eta physique des quantites positives et negatives , ou Intro- duction a I'algebre; par Emmanuel Develey , professeurde matbe- niatiques , membrede diverses academies et societessavantes. Secondc edition. Geneve, 1824; Paschoud : Paris , le meme. i vol. in-8° 127 pages ; prix 2 francs. II est aise de reconnaitre que cette publication, donnee commc nouvelle, n'est autre que Vintroduction a I'Algebre, imprimee en 1799, dont on a seulement change le litre, et que Ton presente comme une seconde edition. L'auteur est probablement innocent de cette supercherie de commerce , qui a pour objet de faire vendre le reste d'une premiere edition. Quoi qu'il en soit , ce qu'il importe d'examiner, c'est s'il convient de tirer I'ouvrage de Tonbli auquel il semblait condamne. L'auteur reclame , dans la preface, contre un plagiat qu'il reproche a Carnot; s'il faut Ten croire , ce dernier n au- rait public en i8o5, so" traite de la correlation des figures de geo- melrie , qu'apres avoir meditc etmiiri les idees dc M. Develey. Comme les deux ouvrages existent, il est aise de les comparer et de voir qua I'exception de quelques termes communs a I'un et a I'autre , et de notions qui appartiennent a tons les matbematiciens, ces deux traites SUISSE. 173 sont entiferement diff^rens : celui de Carnot embrasse la th^orie dans ?out son ensemble , la considere principalement dans ses rapports gdometriques, ce que M. Develey ne fait pas, et jette sur ce siijet une lumiere telle qu'on pent regarder aiijourd'hui la question comme completement resolue. Ce n'est que dans son application de I'algebre a la geometrie , c'est-a-dire, bien long-tems aprc^s Carnot, que M. Develey a considere le rapport des signes avec la situation rela- tive des lignes en geometrie; et c'est principalement ce qui rend recommandable I'ouvrage de notre celebre proscrit. L'amitie qui m'unissait a lui me fait un devoir de repousser une agression que Ton aurait du faire de son vivant. Chacun de ces deux ouvrages est distinct de I'autre : I'un ne considere le sujet qu'algebriquement ; I'autre Tenvisage sous tous les rapports , et principalement sous ceux de la geometrie. Quant au merite particulier du premier, je me plais a I'avouer; la metapliysique en est claire, simple, exempte de reproches , si ce n'est d'etre trop longuement exposee ; la matiere qvie Ton y traite ne semblc pas comporter un developpement aussi ^tendu ; et , sauf un certain nombre d'exemples que I'auteur a cru devoir donner pour eclairer la doctrine qu'il a exposee, les notions principales qui font la base de son traite peuvent etre reduites a quelques pages. II aurait ete plus convenable de les rediger sous forme de memoire pour etre inserees dans quelque collection acade- raique. Du reste , quoique la matiere n'ait pas ete exploitee ex pro- Jesso , avant M. Develey , tous les analystes avaient assurement les memes idees que lui des signes algebriques. C'est ce dont seront convaincues toutes les personnes qui voudront lire Tarticle negatif dans I'Encyclopedie de d'Alembert, les traites d'algebre de Clairaut, Euler , Be/.out ; etc. Ainsi , d'une part, Caruot n'a pas emprunte a M. Develey des notions qui appartenaient a tous les geometres ; et de I'autre, on ne senlait pas la necessite de la publication d'un traite special sur les signes consideres dans leur emploi algebrique seulement, et notre savant academicien , en composant sa gcomecric de position , n'a rendu service a la science que parce qu'il a generalise les notions admises en algebre , en les rectifiant pour les appliquer a la geometrie. Ce jugement paraitra severe a j\l. Develey; c'est un des plus rigoureux devoirs d'un homme qui rend compte au public des travaux d'autrui , que d'exprimer avec conscience son opinion, devoir penible a remplir , lorsqu'il est de nature a blesser I'amour- propre d'un savant digne a tous egards d'estime. Fkancoeur. 60 * — Observations sur le langage dii pays de Vaiid; par Emmanuel i7/i LTVRES ETRA-NGERS. "DEVRLnY. Seconde c'dition, revue et an^mentee. Lausanne, 1824; Pas- choud : Paris, le meme. i vol. in-S" de vi et 80 pages; pri-T 2 fr. Cliaque provincea des mots ou des tournures qui lui sont propres, ct qui s'eloignent plus ou moins de la veritable langue francaise ; cette remarque est applicable au canton de Vaud , en Suisse. M. Develey a recueilli une partie des locutions qui appartiennent a ce canton , et il a mis a cote de cliacune la plirase ou lemot qui lui correspond dans le langage correct. Cast en cela que consistent ses observations, dont le resultat evident sera de faire disparaitre quelques-unes des expressions qui defigurent la langue vaudoise, et de la rapprocher de la notre. Nous n'hesitons pas a joindre nos elo- ges a ceux que M. Develey a deja recus de ses conipatriotes. Nous ajouterons toutefois quelques reflexions, qui pourront aider a r^- soudre une question que les ecrivains, dans ce siecle raisonneur, ne manquent guere de s'adresser, quand ils ne trouvent pas de terme pour exprimer leiir pensee : jusqu'a quel point I'Academie peut-elle declarer qu'un mot n'est pas francais, et lui refuser son admission dans la langue? Generalement, la purete d'une langue depend plus des tournures et des associations de mots que des mots en eux-m^mes, dont la liste, pour etre exclusive, devrait au moins ^tre complete, et exige- rait que I'onmit a contribution toutes les provinces ou la langue se parle. Ainsi, quand toutle Daupbinc ettoute la Suisse expriment par tomme I'idee Aefromagede chevre , tout ce qu'on peutconclure de ce qu'ilne setrouvepas danslesdictionnaires, c'est que leslexicographes ne le connaissent pas : ce qui ne veut pas dire qu'il ne soil pas fran- cais. II u'en est pas de m^nie des phrases : il y a evidemment sole- cisme, toutes les fois qu'on emploie des mots dans un ordre con- traire a celui que commande I'usage. kins'i, jevous obseive que ,Y>our ie voiis fais observer que , — en agir, pour en user, etc. , sont certaine- ment des fautes qu'il faut tacber d'eviter. On concoit, d'apres cela, que le livre de M. Develey n'a point dans toutes ses parlies une cgale importance ; quand il ne s'agit que de mots isoles , nous devons convenir que les liabilans du pays de Vaud auraient tort de renoncer aux expressions consacrees qui leur sont utiles, par le seul motif qu'elles tie se trouvent pas dans rAcademie. Exceptonsneanmoins: 1° les mots employes dans un faux sens , comme rice poor fHusse , caustique pour cautere , etc.; a° ceux qui sont Evidemment corrompus dufrancais , comme camamUlc pour camoinille , secoiipe pour soncotipe, etc. SUISSE. — IT ALIE. 175 C'est done sur ces deux especes de mots et sur les phrases vicieu- ses que devraient porter principalement les c^' servations de M. De- veley. Mais il n'y aurait peut-etre aucun mal a laisser subsister des hSots propres a un pays , et que des circonstances locales lui reudent necessaires, ou recus depuis peu dans la langue , comme minable pour convert de mauvais habits , ou composes conformement a I'usage de la langue, comme sous-tasse, chau/fe-pied , etc. B. J. ITALIE. . , 61. — Solution du probleine de la conservation ou suppression de la culture du riz en Ldmbardie et dans la Basse-Italie , et moj-ens propres a former des rizieres sans nuire a la salubritc publique. Turin, 1818. I vol. iu-8° de 287 pages , avec quatre planches lithographiees rela- tives a la culture et a la preparation du riz. Imprimerie royale. Nous apprenons par la dedicace de ce livre que son auteur est M. de Gregory, dont nous avons fait connaitre, dans notre dernier cahier, VHistoire des arts et des lettres dans le pajs de Verceil {^-voyez \. XXVI , p. 78G) le probleme economique et legislatif : faut-il en- courager ou prohiber retablissemenl des rizieres par irrigation ?y est traite completeiuent et avec tons les secours que fournissent i'hy- gifene, I'histoire et les lois. Ce qui nous a le plus frappes dans ce vo- lume, et ce qui merite singulierement I'attention des publicistes , c'est de trouver (p. 66 et 98 ) qu'a force de complaisances pour les pretentions ou privileges des ecclesiastiques , ceux du Piemont et de la Savoie s'etaient, en definitif, sibien soustraits aux reglemens de police et de salubrite publique, qu'ils etaient reputes , pour leurs per- sonnes el m6me pour leurs biens-fonds , sous le regime direct et ex- clusif du pape ; en sorte que ie due de Savoie souffrit qu'ils deso- beissent ouvertement aux lois sur la police des rizieres, se conten- tant d'autoriser les deputes du pays a se pourvoir en cour de Rome, afia d'assujetir par une bulle les ecclesiastiques a se conformer sur cet objet aux sages lois du pays ; et les petitions , les remontrances nationales au chef des fiddles, comme exercant le pouvoir temporel hors de ses Etats , demeuraient sans effet. Si les mandemens, les instructions episcopales contraires, par exemple, a notre police, a nos libertes religieuses , 3 la declaration du clerge de 16S2, de- meuraient toleres, pourquoi ne verrait-on pas aussi les Francais descendre , comme leurs voisins, jusqu'a un semblable regime de malheurs et d'absurdite ? Lanjuinais, de I'lnstitut. 176 LIVRES ETRANGERS. 6a. — * Corso del driuu civile. — Cours de droit civil francais ; par T0ULI.IBK , traduit en italien. T. II. Naples, i8a5 ; llusso. i vol. in-8° de 4J feuilles; prix 12 carliiis (5 fr. 24 c. ) par volume. Deja six volumes de rexcellent Commentaire du Code civil , par M. Toullier, ont cte traduits a Naples. Ce royaume ayant conserve presque en entier les lois francaises qui y ont ete imposees, les dis- sertations du savant professeur francais font autorite aujirts des friluinaux napotitains comme aupr^s des tribunaux francais. Nul donte que cet onvrage n'obtienne a Naples le succes qu'il a obtenu en France; I'.Tmoiir que les Napolitains ont toujours profosse pour la science de la jurisprudence et pour ses applications en est une sure garantie. E. G. fi3. — Qiiadro dei principali popoli antichi , ecc. — Tableau des principaux peuples anciens, avec la carte geograpbique du monde ancieii , de d'Anville; par le cbevalier Gioca/2«i T,\.."tt.vsciA. Bergame* 1824; Mazzoleni. In-i6. C"est tin recueil de notices sur les differens peuples anciens jusqu'a la chute de I'empire d'Occident. L'auteur ne suit, dans son travail, que les classiques grecs et latins, surtout en ce qui concerne I'his- toire roniaine. Quoique trt'S-})orne dans son plan, il presenle une description assez distincte de tous les peuples anciens. II cberche a eviter les fables et les contradictions qu'on rencontre si souvent dans I'histoire, et ne s'attacbe qu'.i rappeler les faits les plus constates ou les plus probables. 64. — Opinioni di parecchi scrittori si'gli stitdi elemcntari , ecc- — Opinions de plusieurs ecrivains , relatives aux etudes elementaires , avec quelques reflexions, etc. Imola , 1824 ; typographic du Serai- naire. In-8°. L'auteur de cet ouvrage est M. Giovanni Scarabelli. Quoiqu'il ne paraisse d'abord avoir d'autre merife que celui de simple com- pilateur , 11 faut lui reconnaitre celui d'dtre utile a ses compatriotes , en s'efforcant de prouver qu'on ne peut api)rendre une langue etran- gfere , morte ou vivante , sans bien savoir la sienne propre. II ne se borne pas a rapporter les idces et les conseils de plusieurs ecri- vains modernes, d'Alembert, Condillac, etc.; il croit faire mieux encore en cherchant a s'appuyer de I'autorite d'auteurs italiens des xvi« et xviip siecles, tels que Flaminio, Facciolnti et plusieurs autres dont il aurait pu augmenter le nombre. 65. — Prospelto noininativo di ttitte tc lingue note , e de' loro dia- ITALIE. 177 letti, etc.; ouvrage de Frederic Adelung , traduit, etc. Milan, i8i4; G. B. Bianchi. In -8". Le traducteur de cet ouvrage est M. Francois Cherubini. Nous n'aurions pas annoiice une simple traduction, qiioique d'un ouvrage interessant dans sou genre , si le traducteur ne I'avait enrichie d'un nouveau prospectus des dialectes italiques , qui complete ou rectiGe ce que I'auteur original a dit ou omis sor ce sujet. M. Che- rubini s'occupe d'un travail bien plus considerable : c'est un Essai d'un diclionnaire de tous les mots des dialectes italiens , qui sans doute pourra etre d'un grand interet pour les amateurs de ce genre de recherches. 6fi. — Vocabolario ehraico-italiano ed italiano-ebiairo , etc. — Vo- cabulaire hebrai'que-italicn , ct italien-hebraique , de Francesco Fon- TAKELLA. Venisc, 1824; Molinari. In-8°. L'auteur s'est propose de renfermer en peu de pages tout ce que nous ont transmis les livres saints jusqu'aux regnes de David et de Salomon. 11 n'a cherche et n'a place dans son dictionnaire que les mots qui ont une origine incontestable, et il n'en a pas trouvc de tels dans les livres posterieurs, particulierement dans ceux qui pa- rurent aprfes la captivite de Babylone. L'ouvrage de M. Fontanella , comme livre elementaire, peut <5tre d'une grande utilite a ceux qui culliverit ce genre d'etudes. fiy. — Grammatica dclle due lingiie i'aliana c latina, etc. — Gram- maire des deux laagues italienne et latine, a I'usage des ecoles de la Lombardie, par M. Ferdinand BEi-LisoMr. T. 1^'^. Milan, 1824; S. Pogliani. In-8". Le pere Soave , avantageusement connu par ses ouvrages plii- losopliiques , avail ete charge en 17S5, par le gouvernement de la Lombardie , de rcdiger une grammaire des deux langues italienne et latine , suivant les priiicipes et les methodes des derniers philoso>< piles qui s'etaient occupes du nieme sujet. Bientot , plusieurs autres ecrivains , suivant le raeme exemple , rectifierent et simpliCerent encore la grammaire de Soave lul-meme. M. Btdlisomi est entre dans la meme carriere. 11 semble avoir surpasse a plusieurs egards ceux qui I'avaient devance; ct ])our s'assurer du merite de son travail, il a demande et obtenu la permission d'en faire un essai dans les ecoles publiques de la Lombardie. 68. — * Operc , etc. — Classiques italiens. — OEuvres de T. Tasso , t. IV. Milan, 1824. In-8" de aliii et 628 pages. Nous avoiis deja annonce cette excellente edition des Classiques T. xxvii. — Jiiillel 1825, 12 178 LIVRES ifeTRANGERS. Italiens, qui sedistingue siirtout par ses variantes et par une grande correction, (^o)-. t. xxiv, p. yaS). Nous reconnaissons dans ce qua- trieme volume desOEuvres duTasse, qui vient de paraitre,lesm^mes qualites et le m^ine esprit de critique de I'^diteur, M. Gherardini. Ce volume contient YAininia el d'autres pieces de divers genres. On y trouve des poesies pastorales, des poesies eroliques, hero'iques, morales et sacrees. Quant a leur forme, ce sont des dialogues, des sonnets , des stances , des niadrigaux , des vers scioUi , des canzoni ou des odes. Quelques-unes de ces dernieres sont vraiment parfaites. En general , le Tasse etait presque aussi original dans la poesie ly- riqi'ie que dans la pastorale et dans I'epopee. Aucun poete, apres Petrarque, ne s'elait eleve plus liaut que lui par ses canzoni. M. Gherardini a suivi, pour Vjminta, Tedilion executee par Bodoni en 1789 , edition precedee d'une savante preface de I'abbe Serassi , et de la dedicace en vers sciolti , faite par M. Monti, au nom de I'editeur. M. Monti a voulu retoucher cette piece de vers pour I' edition que nous annoncons. L'editino de M. Gherardini est encore meilleure et plus correcte que celle de Bodoni, quoique celle-ci eiit 6te soignee par I'ahbc Serassi. H y a releve piusieurs fautes typogra- phiques , et m^me des erreurs grammaticales plus on raoins remar- quables, en la confrontant avec les exemplaires les plus accredites , et avec le texte mdme. L'editeur, dans sa preface, rend un compte exact de ses recherches et de leur resultat. II presente , a la Gn des poesies lyriques du Tasse, quelques variantes el quelques observa- tions. Cette edition nons semble preferable a toutes celles qui I'ont precedee. 6(). — Poesie, etc. — Poesies de Oirolarno Orti. Verone, i8ia ; ■ Societe lypographique. In-ra. I Quelques-unes de ces poesies sont des eglogues, ou plut6t des conies champ^tres, comme I'auteur les appelle lui-meme. II nous previent que le fond en est vrai, quoiqu'expose sous un voile mylho- logique. Les sujets nous ont paru parfois avoir de I'inleret; mais la forme ne nous semble pas toujours heureuse. Le sujet des autres vers est souvent irop commun, ou de peu d'importance. L'auteur en consacre quelquefois a son cheval, a une mouclie, etc. On trouve a la fin un poerae qui excite rallention , au moins par le litre, la Eiis- siade. II est divise en quatre chants, en vers sciolti. Le heros est I'empereur Alexandre. 70. — * Repertorio sce/lo ad iiso de' teatri italinni , etc. — Repertoire ITALIE. 179 choisi , a I'lisage des tlieatres d'ltalie ; par le profes»eur Gnetann Bar- RiF.Ri. Milan, 1824; Typographic du commerce. 8 vol in-i6. M. Barbieri avail deja donne aux amateurs du theatre un Reper- toire , ou recueil de pieces dramatiques choisies. II vient d'en publier un autre, plus iuteressant encore, qui contient le Paria et I'Ecole dei Vieillards de M. Delavigne; le Philhite de MoUere , par Fabre d'E- glantine; lesdeux Meiiages , deMM. Pi card , Wafflard et Fulgence; le Tjran domestique , de M. Duval; MoUere dans sa famille , etc. Oa trouve aussi, dans ce recueil, plusieurs pieces de Molifere lui-m^me, entre autres, le Depit amoureux , les Femmes savantes, les Precieuses ridicules , les Fdcheiix , comedies qui, faites pour des tems et pour un pays si differens de notre siecle et de I'ltalie, n'en seraient pas moins susceptibles, avec de legferes modifications , de produire encore beau- coup d'effet sur les theatres de cette peninsule. — Malgre le merite incontestable de ces traductions , on a remarque que les Iraducteurs se sont occupes parfois de paraitre plutot corrects , et meme un pen recherches dans le style, que naturels, et fideles a I'auteur original. On a aussi observe que la traduction en prose qu'on a faite de cer- taines pieces ecrites en vers , u'en fait pas assez apprecier toute la beaute. En effet, quelques tirades qui se font toujours remarquer sur la scene francaise, traduites dans une prose nieme elegante, n'ont pas eu le meme succes parmi les Ilaliens. Si Ton ne veut pas entierement en attribuer la cause aux defauts des acteurs , il fau- drait, ou ne traduire aucune des comedies francaises ecrites en vers, ce qui priverait I'ltalie de plusieurs chefs-d'oeuvre du theatre fran- cais, ou les traduire en vers italiens , ce qui les rendrait moins agreables au gout des Italiens. Pour eviter ces deux inconveniens , il n'y a d'autre moyen que de rapprocher , autant que possible, la prose italienne de la poesie originale. Nous pensons qu'il vaut mieux prendre ce parti que de suivre I'exemple de ceux qui ont employe le vers martellien , espece de contrefacon ridicule du vers alexandrin , ou cette espfece d'hendecasyllabe qui , ayant le nombre de syllahes necessaire a sa composition , n'a presque point de rhythme. 71. — Opere d' intaglio , etc. — Les gravures du chevalier Raphael MoRGHEN, expliquees par M. Palmerini. Troisieme edition. Florence, 1824; Pagni et comp. In-8". M. Palmerini, eleve du chevalier Morghen , avait deja publie, en 1809, une Notice assez detaillee sur les gravures de son maitre; il en donne, dans cette nouvelle (Edition, un catalogue encore plus complet. On y trouve des remarques curieuses sur quelques pre- >8o ^ 1.1 V RES KTRANGERS. tendus portraits de Petrarqtie et de Laiire siir lesquels les ainateiifi IK- sont pas tons d'accord. F. Salfi. 7** — L' utile Passateinpo. — Le Passetems utile, ou Recueil pe'- 1 iodique offrant dcs recherches ciirieuses , des anecdotes agreables, des notices scientiCqnes et litteraires, des pensces choisies , des pit'ces de vers, des nonvelles des theatres, etc., etc. Naples , iSaS .11 parait, chaqiie mois , un caliier de fi4 pages in-S"; prix Sa carlins par an ( i4 fr. 8 c. ) Marotta et Vanspandoni. Ce petit journal des dames, qui parait a Naples depuis pre? d'une annee, fait passer dans ce pays quelques arlicles litteraires et quel- ques annonces scientiCques, a la faveur des modes. II est, en general , plus instructif et mieux rcdige que les journaux des modes de France. C'estneanmoins dans cesrecueilsqu'ilprendie jilussouventles articles dont il est compose. — Parmi les emprunls fails a des ouvrages perio- diques d'une nature plus grave , on a deja remarque plusieurs extraits de la Revue Encyclopidiqite. II est inutile d'ajouter qn'a Naples , comma dans toute I'ltalie , c'est de Paris seulement que Ton recoit les oracles qui reglent les modes. EUessont toujours adoptees avec empressement par les elcgans de la villa realc et des salons de Chiaia — Les gravures jointes aux cahicrs de L'utile Passateinpo font honneur au talent de I'artiste. E. V. PAYS-RAS. 73. — * Revue de la Flore des environs de Spa, par A. L. S. Le JEUjyE, Liege, 1824; veuve Duvivier. In-8° de 260 jiages. La Flore preccdemment publiee par M. Le Jeune avait ete favo- rablement accueillie par les savans. Cependanf , on y remarquait quelques erreurs , que I'auteur a eu soin de faire disparaitre. II n'a rieu neglige pourrendre sa nouvelle edition aussi parfaite qu'il etalt possible. A. O. 7.^. — * Leerhock der geregteljhe geiieesAuiide. — Manuel de medecine legale, par M. Moll, D.-M. ; a Nimegue, etc. T. I'''. Arnhem i825; Muller et compagnie. xxxvii. — 487 pages in-S". On peat appliquer a I'auteur de ce livie ce que Voltaire disait de I'abbe Trublet. En effet, le volume que nous annoncons se com- pose d'un amas de citations tirees de diflerens ouvi ages connus; ct , si Ton en retranchait tout ee qui n'estpasde I'auteur , il ne resterait peut-^tre que quelques pages. C'est vraimcnt une manie aujourd'hui chez certains ecrivains de vouloir publier de gros volumes, qui ne jonlsouventque descompilationsindigestes. Mais la saine crjtiqueest PAYS-BAS. , j8| la, pour faire justice de ces ouviyges oil ricn n'cst iiigne d'aiteniion que I'envie de I'iiuteur d'atlirer ralleiition sans la meiiler j)ar lui- in^me. II nousseinble, |)ar exem])le, <[u'uii ouvrage de niedfciiie legale doit etre ecrit avec une rigoureiise concision , poui- que sa lecture ne soit pas si fatigante ; charge, au contraire, d'une foule de details superflus , au milieu desquels sont comme perdues les clioses essen- tielles a savoir , il ne peut fournir que des notions obscures , surtout aux magistrats, qui sont quelquefois dans le cas de consulter ces sortes de livres. Le manuel de M. Moll se public par souscription. L'aut^ur se plaint , dans sa preface du petit nonibre de ses souscrijileui s; cela u'esl pas difficile a expliquer. Son livre ci'ailleurs, est fort clier ; le volume, quoiqu'il r.'y ait aucune j)lanclie, cofite a peu pres douze francs. Si M. Moll veut se faire lire, et conteuter le peu de personnes qui ont souscrit pour son ouvrage, il ferait tr^s-bien de resserrer sou cadre, de ne plus entasser citations sur citations, de ne se servir que d'un petit nombre de bonnes autorites, et d'essayer ses propres forces ,'au lieu de recourir a celles d'autrui. II nous eut ete bien agreable d'avoir des cloges a lui do)iner; nous esperons etre nlus heureux , apres la publication de son deuxieme volume. Dc K. •jS — Lets over de oogontsteking, ivelke by het nedcrlandsch leger gchcerscht heest. — Sur I'ophthalmie de I'armee des Pays-Bas , par le chevalier de Kirckohff, ancieu niedecin en chef des hopitaux mili- taires, etc., etc.; traduit du francais par MM. Swaajv , lecteur de chimieet d'histoire natuielle a I'Ecole de medecine de Horn, etc., et JoititiTSMi, D.-M., etc. Horn, iSaa; impriinerie de Vermande. In-S". M. de KIrckhoff a traite celte ophthalmie pendant plusieurs annees consecutives. II coral)at I'oplnion de ceux qui la croient ori- ginaire de I'Egypte , et soutient qu'elle est due a la source catar- rhale. Le traitement qu'il iudique a ete constammenl couronnedu plus heureux succcs. Les traducteurs de son ouvrage, tons deux recommandahles par leur savoir, et dont I'un parait avoir observe long-teras lu maladie a Thripital militaire de Leyde , font preceder ce memoire d'une preface qui fortifie les obseivations de M. de Kircldioff. M. F. •jf>. — * Arithmetiqiie elemeiitaire , raisonnee et appUquee , par J. N. NoEi., professeur des sciences physiques et mathematiques a I'Athenee roAal de Luxembourg. Troiueme edition , iRjS. lu-S" iSi LIVRES ETRANGERS. Depuis que M. Noel ost venu s'etablir en Belgiqiie, il y a public plusieurs ouvrages eleinentaires , appropries a I'ensei- gnement des matheniatiques qui lui a ete coiifie a I'Athen^e s d'elle les avantages moraux que cette sage coutnme assure a la societe, question si eloquemment traitee par Rousseau; conside- rant seulement le point de vue medical, il prouve que les femmes qui se dispensent de nourrir sont assaillies de plus de niaux, de- \iennent plus promptement laides et vieilles , et vivent en general moins long-tems que celles qui ont rempli le voeu de la nature. — L'auteur iiidique toutes les precautions qu'exigent I'etat de la m^re et la f'aiblesse de renfaiit. Ce livre est termine par I'examen des cir- constances qui pcuvcnt forcer de recourir a Tallaitement ariificiel. — Dans le cinquieme livre, Jenny est instruite des soins qu'exigent la premiere dentition et le moment du sevrage. Nous ne pouvons trop engager les meres a consulter souvent les regies que ce livre contient, puisque les nombreux dangers, qui nienacent a cette cpo- que leurs enfans et ellcs-memes, ont presque tons leur source dans des erreurs a cet egard. — La seconde enfance est I'objet du sixieme livre. Le fds de Jenny vientd'avoir sejit ans. II est encore sous la tu- telle de sa mere; mais bientot les etudes vonl le lul ravir en partie, et sa tendre sollicitude .doit veiller a ce que I'arbuste auquel e!le a prodigue tant de soins , ne prenne pas une direction vicieuse ; les exercices du corps et de I'intelligence, les travaux et les jeux sont passes en revue; leur influence physique appreciee , et les iiom- breuses precautions que demande le passage de I'enfance a I'ado- lescence sont developpees de manlere a ne rien laisser a desirer. — Un septieme livre traite succinctement des principales maladies de I'enfance; la clarte et la precision dans rindication des signes qui caracterisent ces maladies mettent la mere prevoyante en etat de reclamer a tems les secours des hommes de I'art , et quelques regies sur le traitement de ses affections kii permettent de donner imme- diatement les premiers secours. L'auteur aurait dii peut-ctre ajouter a ce dernier livre nn apercu rapide des maladies des femmes avant, pendant, et apres la grossesse, en ne donnant pas a ses preceples sur ce point plus d'etendue qu'a ceux qui concernent les maladies de I'enfance : c'eut etc un com])lt'ment utile de son ouvrage. Le l\laniie} des jeiines meres n'est pas seulement exempt des defauts que I'on pent reprocher ii la plupart des ouvrages publics dansk SCIENCES PHYSIQUES. 18.) liieme but jiisqu'ici ; mais la maniiTC a la fois elegante ct simple dont I'auteur a traite son sujet, I'interet qu'il a su y repandre, la sagesse et rimportance des prcceptes qu'il renferme lui assiirent un succes brillant et durable. G. 85. — fringe questions sur le cercle , resoliies de la maniere la plus conrte , la plus simple et la plus ejcacte ; par M. Vatar , ex - agent du tiesor, ancien eleve de I'Ecole des ponts et cliausses de Brctagne. Ouvrage eleuientaiie. Rennes , iSaS, Vatar; Paris, Raynal; prix , 3 francs. Get ouvrage est une collection de tables propres a resoudre tons les problemes relatifs an corcle et a la spbere. Ces tables sont exactCs, et d'un emploi facile. Peut-etre trouvera-t-on qu'elles sont pen utiles, pour la plupart, parce qu'on a tres-rarement I'occasion de trailer de semblables sujets, et que, lorsque cette occasion se prcsente, la solution des questions n'exige pas qu'on ait recours a des tables qui abr^gent les recliercbes, parce qu'il y a toujours un terns a perdre pour trouver dans un livre rarement employe le sujet que Ton veut considerer. Mais je ferai un reproche plus fonde a la forme que I'auteur a donnee a son travail. Les litres des tables sont des ex- pressions algebriques, fort simples , il est vrai , mais qui ii'en sor.t pas moins capables d'effrayer les personnes qui ne connaissant pas I'algebre, ne peuvent les comprendre , et auxquelles cependant I'ou- vrage est destine : car je ne pense pas que M. Vatar ait eu en vue I'u- tilite des geometres exerces ; ceux-ci resolvent les problemes qu'il a proposes, par I'emploi des logaritbmes , avec une facilite qui I'em- porte sur tons les procedes speciaux rjue Ton peut donncr. M. Vatar , en termiuaut son livre, propose la creation d'une com- mission cliargee d'examiner tous les ouvrages qui seront publics a I'avenir, aCn de prononcer un arret de coudamnation centre ceux qu'elle ne jugerait pas digues d'entrer dans les bibliotlieques. Sans parler de I'espece de tyrannic que tot ou tard exercerait sur les au- teurs la commission proposee, il y a bien sujet de craindre que le public s'obstine a ne pas rectifier ses sentences. On se rappelle le' sort des pieces de theatre jouees a la cour dans les voyages qu'elle faisait autrefois a Fontainebleau ; celles de ces pieces que Ton y avail accueillies avec admiration, etaient bientot representees a Paris,' ou un sort lout contraireleur ctaitsouvent reserve : le veritable juge des ouvrages c'est le public; s'il est sujet a erreur, ce qui est rare ,' mais non sans example, comnie cela rsl arrive pour Athalie, on es^ lyo IJVRES FRA.1NT.A.IS. toujours venge d'une sentence iiijnste , en appelant tin public pre- venu oil mal dispose a ce m^me public plus calme et plus eclair^. L'auteur terniine son ouvrage par une fort belle phrase qui est I'analyse de ses opinions politiqnes : son attachement a la famille royale est ua sentiment tr^s-honorable sans doute ; mais on se de- iTiande conimnnt des jiroblc-mes de geometric peurent conduire a la proposition d'unecensure litleraire, et par quelle transition on peut de la passer a I'eloge du prince qui nous gouvcrne. Francolur. 86. — * Atlas coiitenant , par ordre des terns, les cartes relatives a la Gco^raphie d'Hcrodote , de Tliucydide , de Xenophon ; et les Plans des batnilles decriies par ces trois grands historiens , etc., etc. ( en tout, 107 planches), dessine par des tacticiens et des geographes distin- gues , d'apr^s les recherches de J.-B. Gail, membre de I'lnstitut, etc. , ouvrage utile a I'intelligence des historiens anciens et faisaiit suite au Philolof;iic de J.-D. Gail et a la Collection des OEiirres d'Herodole, Thiicj-dide et Xenophon, et a Va' Geographic d^Hcrodote. Paris; Gail, ne- veu,rue Neuve-des-Petits-Champs, n° 12 ; prix 60 fr. Idem avec les Tableaux chronologiques , 72 fr. 87. — * Geographie d'Hcrodote , prise dans les textes grecs de l'auteur, et appuyee sur un examen grammatical et critique; par J.-D. Gaii,, nieme adresse que ci-dessus. 2 vol. in-So; 18 fr. id. : in-4''» 3o fr. ; papier velin fio fr. Nous sommes en retard pour I'annonce de cet excellent ouvrage, que , du reste , nous n'avions pas recu encore. Depuis pr^s d'un an , il est si bien connu en Angleterre , que le Quarterlj Review, 11° 6r , novembre 1824, s'emparant de I'idee de M. Gail, annonce un Atlas de la Geographie des trois grands historiens grecs , et des plans de leurs batailles. M. Gail n'est point prive du tribut d'estime qu'il inerite. En effet, on le nomme, comme devant fournir, avec d'Anville et Rennel, une bonne partie des cartes et plans de I'Atlas projete. C'est mettre M. Gail en bonne compagnie : et certes, il en est digne. Nous reviendrons sur cet ouvrage, I'un des plus remarquables que Ton ait publics depuis bien des annees. En attendant , nous aimoiis a dire qu'il contient beaucoup d'apercus ingenieux et de vcritables decouvertes en histoire, en tactique , en geographie. C*. 88. — * P'ojage de Jienjamin Bebgman chez les KalmnAs , traduit de Tallemand par M. Moris, membre de la Society Asiatique. Paris, 1825 ; Lecointeet Durey. i vol.in-S" imprimea Chatillon-sur-Seine; prix 7 f. SCIENCES PHYSIQUES. 191 L'aiinee 1771 fut remarquable par la fuite spontanee d'une grande partie de la nation kalmuke des bords du Volga , oil eile etait venue s'etablir en ifiifi. La Russie vit, par cet evenement, s'eloigner de ses fronti^res une peiiplade de 400,000 ames, dont les nombreux trou- peaux avaient jusqu'alors alimentc ses grandes villes , et dont I'emi- grationla priva tout a coup d'un auxiliaire destine en terns de guerre a former une partie de sa melUeure cavalerie. Quelles que furent les causes ou les circoustances qui amenerent cet evenement, la fuite ne flit pas totale. Les Derbetes, qui appartiennent egalement a la nation kalmuke, ne suivirent pas leurs compatriotes au dela du Jaik , et furent jiar ce motif favorises par le gouvernement russe. La rela- tion de Benjamin Bergman fait connaitre I'etat de ce peuple dans ces derniers tems. Son ouvrage complet sur les Kalmuks , im- prime a Biga, en i8o4, ( i vol. in-8° ), a eu beaucoup de succes en Allemagne. — M. Moris en avait termine la traduction, et son intention etait de la publier, lorsqu'il apprit que I'auteur s'occupait a Saint-Petersbourg d'une nouvelle edition. Comme elle ne peut larder a paraitre , le traducteur s'est decide, en attendant la publi- cation de I'ouvrage entier , a doniier la partie qui n'est pas suscep- tible de changement. Cet extrait est la relation du voyage fait par Benjamin Bergman chez les Kalmuks en 1802 1, relation contenue dans une suite de lettres adressees a uii de ses amis. Le voyageur traite succcssiveinent de I'aspect du pays, de la vie errante des Kalmuks , dont le sejour ne se prolonge jamais plus d'une semaine dans un m^me lieu, de leur organisation et des franchises qu'ils obtiurent de Tempereur de Russie Paul I""^ , de leur vice- khan , de la nature de leur religion, qui est le lamisme. Benjamin Bergman introduit tour a tour le lecteur dans la teute du conseil Sarga , sous la hutle des pretres Kalmuks, dont le caractere est une excessive paresse; il fait connaitre leurs nombreuses fetes religieuses el leurs livres sacres; il explique, d'apres les Kalmuks, Torigine de I'ecriture mongole et dc I'alphabet , dont on trouvc des modeles li- thographies a la suite du volume; il nous apprend, en outre, que ce peuple avait jadis des iniprimeries sur les bords du Volga; il fait remarquer I'origine des Kalmuks et leur ressemblanceavec les Huns. L'auteur qui a suivi ces hordes dans leurs differens campemens sur les bords du Selma , entre dans les plus grands details sur la vie privee des Kalmuks, I'usage habituel qu'ils font du the, plante re- gardee par eux comme un remede contre toutes les maladies , I'abus qu'ils font des liqueurs fortes. Ilpense que I'usage du lait de jument 192 I.IVRKS FRA.NCAIS. cause les inn ladies d'yeux si orrlinaires cliez cepeiipli'. Notre auteur a etc temoin oiiexactoment informe de tonteslesparticularifes digues de ses oliservations, tellosque I'usage de hrnler les inorts , roffrande au dieii du feu, la fete des lampes, le trihut d'adoration paye par le vice-khan au fleuve Houma, etc. Cette partie de la traduction de M. Moris est suivie de VEssai siir la fttkc des Kahniihs des bords du Volga en 1771, niemoire trfes-curieux qui explique les motifs et les circoustaiices qui ont ameue cet evenement. La relation verbale de cette fuite a eie recueillie par Benjamin Bergman d'un temoin ocu- lairCjM. Weseloff, dont les aventures terminent le volume. La lecture de cet ouvrage nous a paru justifier I'opinion du tra- ducteur. II semble, en effet, apres avoir lu ces lettres sur les Kal- muks, que I'on connaitce peuple, cornmeon connaitses voisins. Les moeurs , les usages et les habitudes y sont rac.ontes avec une simpli- cite qui fait que la memoire les retient aisement et qu'on se fami- liarise promptement avec cette maniere de vivre, si eloignee des habitudes europeennes. En un mot, ce voyage nous parait non- seulement digne de I'attention des savans , mais de nature a interesser la geucraiite des lecteurs. X. B. 89. — * Eiicyclopedie inoderne , ou Dictionnaire abrc^e des sciences, des lettres et des arts; par M. Couktin , ancien magistral, et par une societe de gens de lettres. T. VI. Paris, iSaS; au bureau de I'Encyclopedie , rue NeuveSt-Roch , n" 24. In-8° de fiio pages; prix 7 fr. 5o c. , et 9 fr. par la poste, pour les souscripteurs. — 9 fr. a Paris, pour ceux qui n'auronl pas souscrit avant le 7" volume. ( Voy. t. XXVI, p. 826, I'annonce du t. V. ) Cet ouvrage que rendaieut necessalre les derniers progr^s de I'es- prit humain dans tous les genres, se continue avec sucres. II en parait un volume tous les trois mois. Le sixicme contient les arti- cles, depuis le mot cvs, jusques et y compris I'article chihurgie. On y remarquera particuli^rementles Arncles sxxvVeconomie publique, par Alex, de Laborde; sur la boia/uqiie , yiar M. Brongniart ; sur Vhistoire naturelle , par M. Bory ue Saint-Vincent; sur la geogra- phie , par M. Eyries ; swr-V an milUaire, par le general Valaze ; sur le droit et la politique , specialement sur la Charte , par M. le comte Lanjuinais ; sur les mathematiques, par M. Francobur ; sur la chimie etla. physiologic, par MM. Orfila et de Vergie etpar M. Surville; enfiu, sur la technologie, par MM. Le Normand et Mellet. Les ariicXe^ charlaianerie , par M. A. V. Arnault, chef-d'oeuvre , parM. dc Keratry, c/zfCrt/eriV, par M. Thouret, ^Ichirurgie, par M-Larhey, SCIENCES MORALES. 193 sont aussi d'uri grand interet. On regrettera que M. Thouret ait compose Tarticle chevalerle , avant d'avoir pii lire le iJemoire de M. le comte RoEDEKER ,poiir scrvir a une noiiveUe histoire de Francois /<''". II y eut trouve sur la chevalerie des observations critiques, neuves , et d'une grande justesse, qui eussent servi a modifier cet article. Dans I'article chirurgie de M. Larrey, on est ctonne de lire cette assertion fort inexacte : « L'art chiriirgical fut avec tant d'injustice reprouve par I'Eglise. » II est vrai que le conciie de Tours, de I'an ii63 , de- feadit aux personnes de Tctat religieux de quitter leur nicnastere ou chapitre, pour aller, hors de leur chapitre ou de leur couvent, elu- diei' ou enseigiier, non pas precisement la chirurgie, mais les lois, la m&Aecme , physicain , dont l'art du chirurgien etait une partie; il est vrai que le conciie general de Latran , de I2i5, et une decretale d'Honorius III portent la meme defense a tout ecclesiastique, et que la chirurgie est nominativemenl interdite aux merabres du clerge par ce conciie de Latran. Mais il n'y a la aucune ombre de reproba- tion de la medecine, ni de la chirurgie; ce ne fut qu'un reglement de moeurs eccleslastiques fort conveuable, et fonde precisement sur la regie de la plus pure discipline apostolique : hors les cas de ne- cessite, les niembres du clerge doiveut se renfermer dans les fonc- lions de leur ctat clerical. II n'y a que les eveques, pairs de France, et les freres charitons , anciens ou nouveaux , auxquels puissent deplaire des regies canoniques aussi judicieuses. Z. Sciences religicuses , morales^ politiques et kistoriques. 90. — * Du cuke en general , et de son etat , pirticiilierement en France; par M. Kekatry, ancien depute. Paris, 1823; Bossange pere. Brochure iii-8" de 99 pages ; prix 2 fr. Un defenseur zele de la cour de Rome a deplore, dans des ou- vrages devenus celebres, I'indifference que la religion rencontre aujourd'hui dans les cocurs , el il a pense que , pour lui rendre I'af- fection des hommes, il fallait entourer ses ministres de plus de puissance et d'eclat : en consequence, il a reclame pour eux de riches couvens , des dotations magnifiques , de hautes dignites, le monopole de reducation publique. La brochure de M. Kcratry forme un etrange contraste avec ces ouvrages. Restc chretien sans cesser d'etre philosophe, M. Keratry voit, avec un sentiment de douleur et de crainte pour I'avenir , cette decadence de la re- ligion; mais il ne se trompe , ni sur les causes veritables qui ont amene cet etat de choses, ni sur les moyens qui pourraient le corri- T. XXVII. — JuiUet 189,5. ]3 njl I.fVRES FIlANClhS. ger aujoui'cl'liui. l.es mis et les autres tiemieiit au culte. Le culfe esS , A scs yeux , uiie LVlat, la soclete, la faniille, tout lui setnble frappe tie corrup- tion et cle mort. 1,'etat politique n'est qu'une vaste annrchie. La le- gislation est impie et criniinelle devant Dieu et devant las homines. Lcs institutions inodernes Llasphfement la divinite, et ravalent riionime au rang de la brute. <g6 LIVRES FRANC AIS. A rage (li)iit les ileiix livraisons qui restent A paraitr'e seront publiees, Tune a la fin dc iSaS , I'autre en jiiin 1876. 93- — * Hisloire de la Reformation ; par 1f\ MErwERS , formant le tome 84* fie la Ttib/iocheqiie dii dijc-neuviime siicle. Paris, 182S; Ray- mond , 6diteur. i vol. in- 12 de virj et 410 pages ; prix i fr. 5o c. Cast un trait caracteristique de rhistoire des nations modernes que les guerrcs , qui faisaient tout cliez les anciens, n'ont presque jamais chez elles qu'un interdt local et temporaire, tandis que la religion qui, dans la Grece et I'ltalie, ne jouait qu'un role 11*65 -sc- condaire , a etabli parmi nous les divisions les plus marquees et les plus dnrahles. A quoi se reduit, en effet, dans notre Europe, la pliilosopliie de I'liistoire ? Au recit des inventions , des decouvertes et des revolutions religieuses. Aussi, le grand et bel ouvrage que Vol- taire intitula si modestenient : Essai siir tes innciirs et I'esprit des na- tions soccuY>e-X-\\ beaucoup plus dcl'etat des arts , des sciences , d^ la morale, que de ces batailles qui si long-terns ont convert la terre As sang et de larmes , sans autre resultat que le passage successif des provinces d'une puissance a une autre. M. W. Meiners , charge dans la Bibliotheque dn xix'' siecle , de rediger I'liistoire de la Re- formation, a done eu a tracer en grande partie I'liistoire de I'csprit hnmain. Les indulgences, la naissance et les progres du lutliera- ui-Jine , le concile de Trente, la Reformation consideree dans I'Al- lemagne, dans le Danemarck et dans la Suede , tels sont les objets qui rcmplissent les preiniers cliapitres et completent I'liistoire de Luther. — Ensuite, Zuingle et OEcolampade , en Suisse; Calvin, a Genfeve ; Henri VIII, en Angleterre, attaquent et detruisent le catholicisme. — Le calvinisme avait fait en France de trop grands progres , pour que I'auteur n'y consacrdt point des chapitres sepa- r^s : il occnpe , dans le livre de M. Meiners , comme dans nos fastes, une place considerable. Les sociniens el les unitaires, en Pologne ; la Reformation de la Russie par Pierre-le-Grand , les effets de la Reformation sur les sciences, les lettres et la politique de I'Europe, et un apercu des sectes du proteslantisme , composent les derniers chapitres de cet important ouvrage. — L'auteur le tennine par des notices sur la vie ct le caraclere des principaux reformateurs , qui ne peuvent qu'a- jouter un nouveau prix a son travail. g4. — * Dictionnairc infernal, ou Bibllotheque unlveiselle snr les \;tre3 , les personnages, les livres, les faits et les choses qui tiennent aux apparitions , a la magie, au commerce de I'enfer, aux divina- SCIENCES MORALES. iy7 tions , aux sciences secretes, aux grimoires, auA [jrodiges, aiix er- reurs et aux prejugi^s , aux traditions et aux coiiles populaires , aux superstitions diverses, et generalenienl a toutes les croyances nicr- veilleuses, supprenantes, mysterieuses et surnature'.les; par M. Col- lin DE Plancy. T. I'"'. Deuxieine edkinn. Paris, iS'iS ; Mongie nine. In-8° de xxiv et 483 pages; prix 9 fr. Void un ouvr'age fait ex prof es so. M. Collin de Plancy, qui avait deja publie une edition de ce dictionnaire, s'est fait ronnaitre, dans les annales de la demonographie, par son ouvrage intitule : Le Diable peine par liii^'meine. Son dictionnaire critique desreliques et des images avait dii exiger aussi de grandes recherches sur tout ce qui tient aux croyances de nos peres; et , derniereinent encore, I^e Bonrreaii de Drontheim {-voy. ci-apr^s, p. 247), composition soinhre et bizaire, I'avait, en quelque sorte, rejete dans les enfers. Le Dictionnaire iafenial nierite, a plusieurs egards, un cxameu attentif. Si Ton n'y voyait qu'un ouvrage de pure curiosite, e'en serait assez , sans doute , pour le faire lire dans sa nouveaute , et non pour lui assurer un succes durable; mais il presente, sous d'au- tres rapports , un tout autre interet. Le philosophe ne manquera pas d'observer a quel excfes de deraison etaient parvenus, et les astrologues qui faisaient la gloire de nos tems de barbaric, et les peuples qui croyaieut comme articles de foi tout ce que leur disaient les cabalistes el les adeptes des sciences occultes. II rira des fables absurdes dont ils avaient enveloppe leurs croyances , tandis que I'historien et I'arcbeologue assigneront I'origine de ces erreurs, et nous feront peut-<5tre un jour reconnaitre le sens cache sous tant de noms divers, et qui paraissent uu pur jeu d'iniagination. Mais le poete suituut et le romancier qui voudront peindre les tems passes, et en)ployer dans leur fable le seul merveilleux qu'autorise chez nous la foi popnlaire , trouveront des ressources inimenses dans la compilation de M. Collin de Plancy. ittille contes cliarmans, et fondes sur la croyance aux dtres suinaturels, comme Le Dclier, les qiiaire Facurdins et d'antres feeries d'Hamilton, le Belphegor et le Diable de Papefguiere , de Lafontaine; Ce qui plait aux dames, de Voltaire; Le Dojen de Dadajoz , de M. Andrieux, doivent nous faire esperer d'autres succes dans ce genre, le plus riche, le plus varie le plus independant de tons : et alors quel ne serait pas I'usage d'un livre comme celui de M. de Plancy, qui donnerait a chacun le moyen de peiudre les esprits et les fees avec les couleurs qui leur sont propres , et d'en faire , pour ainsi dire , des personnages historiques , lyS LIVRES FRANr\IS. en ce st-us qu'il les conserverait tels qn'ils out e.xisle tlaus rinuigiiia- lion des peiiples qui les redoutaient ? Kepetoiis-le sans cesse ; nous voyons avec plaisir se multiplier le> livres qui , sans etre des chefs-d'oeuvre eux-mdmes , donueront par la suite aux auteurs le moyen d'en faire : les dictioiinaires sont ce qu'il y a de mieux pour atteindre ce but ; et celui qui contient I'liis- toire abregee des superstitions huinaines n'est assurement pas I'un des moins utiles. B. J- y5. — * Essai snr I'art d'etie heuretix , par Joseph Dkoz, de I'Aca- d^mie francaise. Quairieme edition. Paris, iSaS; A. Renuuard. Iu-i8 de xiv-337 pages; prix. 3 fr. 06. — Discoiirs prononces dans la seance pnblii/iie teniie par I'Aca- deinie francaise, pour la reception de^l. Duoz , le 7 juillet iSaS. Paris, i8a5; Firmin Didot. In-4° de 23 pages. Ce ne'sont point les acclamations bruyantes d'un public souvent leger dans ses jugemens et presque toujours inconstant dans ses goiits , ce ne sout point les suffrages des gens du monde, qu'il faul quelquefois acheter par tant de concessions indignes de tout homme qui se respecte; c'est le sentiment eclaire de plusieurs ecrivains, penetres de la dignite morale de leur vocation , et peut-dtre aussi les nobles efforts d'une amitie desintcressee qui ont porte M. Droz a I'Acad^mie : ce succ^s flatteur en vaut bleu un autre, et je suis persuade que c'est le plus doux que piit ambltionner le coeur de ce- lui qui fait le snjet de cet article. Sans doute , I'opinion publique est toujours respectable; mais elle a souvent besoin d'etre eclairee par ceux qui ont fait une etude des objets vers lesquels elle se dirige. Si Ton ne consultait qu'elle, c'est plus souvent aux actions d'eclat qu'aux actions meritoires, aux talens briilans qu'aux talens utiles que Ton accorderait le prix. Qui doute un instant, par exemple , que le pocte , et surtout le poete dramatique, n'obiint a ses yeux la preference sur tous ses emules en merite et en gloire ? Et cependanf, tant de dedommagemens de ses veilles sont acquis a celui qui oblient un succes au theatre, qu'il ne devrait pas envier les rares encourage- mens qui voht chercher au fond de sa retraite paisible le ]diilosoplie qui a consacre ses veilles au bocheur de ses semblablos. Peu de jours encore avant la nomination de M. Droz, quelques gens du monde qui ne connaissent de reputations que celles de leurs journaux ou de leurs cercles, me demandaient quels etaient lestitres litteraires de M. Droz? — « \jEssaisiir I'art d'etre hrureiix , VEloge de HJontaiff/ie, les Etudes sur le bean dans les arts, la I'liilosophie mora/e et les SCIENCES .MORALES. lyr, AJeirioirei (Jf Jaajties Fam'el,leur vepondis-'^e. — C'esl etoniiuiil ! nous n'avlons pas entendu parler de ces ouviages. — Vous les lirez done, iiliu de piiuvoir porter vous-meme uu jujjement sur leur auteur? — Eh mais, les litres de ces livres iie sonl guere piquaus: pliilosophio... morale... cela ne nous tente guere, il faut I'avouer. Et qu'est ce que Jacques Faiwel P — Un roman fait en sociele avec I'auteur des ^Ja- riunettes. — A la honne heure! nous lirons cela; mais pourquoi M. Dro7, passerait-il a I'Acadeniie avant I'auteur du Solitaire, du Re- nff-at , et de VEirangere ? » Cette conversation, quejerapporte mot pour mot, proiive de quelle naliire sent quelquefois les jugcmens de ceu.x qui composent le pu- blic, surtout lorsqu'ils ne sout point rassembles dans ces solennitcs litteraires, ou le plus ignorant recoit I'impulsion , et prend sans s'eu apercevoir I'Dpinion des gens jn.'itruits et des gens de gout. Les personnes prevenues qui out assiste a la derniere seance publique de riustitut , si elles ont eu lieu d'etre surprises. Font ete du moin.s iigreablement par M. Droz. Un discours academique prouve peu sans doute pour ou contre le merite du recipieudaire; de tous ceux qu; out ete prononces depuis rinstallation de I'Academie, il en est si peu (jue Ton puisse relire ! Mais beaucoup de nos jeunes auteurs , qui n'ont encore que des talens , auront pu apprendre de celui de M. Droz I'art des convenances, art trop dcdaigne aujourd'hui , el qui donne cependant un nouveau prix aux ecriis comme aux actions des.liommes; ils auront pu a])prendre aussi cet art de lier les idees, en les rameuant toutes, sans effort, a un sujet principal. Celui du discours de JVI. Droz etiiit I'utilite d'une direction morale dans les ietties comme dans la societe. •< La litterature, a-t-il dit , n'est point un art futile, uniqueinent occupe de plaire, de flatter I'oreille et I esprit par des mots cadences en elegantes periodes ; son but est de repandre des idees justes et des seutimens gt'nereux. U faut ecrire avec sa conscience , en presence de Die u , dans I'interet de rhnmanile... Les bons ouvrages , dit-il plus loin , .«ont ceux qui ressemblent a de bonnes actions. » — Je passerai sur la partie de la reponse de M. Auger qui concerne feu M. Lacretelle, pour arriyer a I'endroii oil il e.xprimeles seutimens de rAcademieii I'egard durecipiendaire... -' Un prejuge assez repandu, a-t-il dit, c'est que la theorie de la morale est une science superfine; que tous les hommes en saveut tout ce qu'ils en peuveut savoir, et que, s'ils ne s'y conforraenl pas, cc n'est jamais ] funds publics; elle aurait du sentir que les I'eranies, associees aux destiiiees de leurs peres, de leurs maris, de leurs eufans, auraieut tort de rester etrangeres et indiffcrentes aux affaires de I'etat , qui touclieiit de si pres au bien-ihre de leurs families. — L'article concer- nant les auteurs qui sont t^raunises par les libraires , et souvent avilis par les journalistes, est trts - iutcressant; nous renvojons le lecteur a la lettre XIII. Dans le second volume , I'auteur parle : i° du Diner miuisteriel ; a° de la Jalousie ; 3° de I'lnterieur du menage; 4° de la Manie de la science ; 5° des Illustrations; 6° de TEgoisme et de I'lujure; 70 des Etiquettes provinciales ; 8° Macedoine ; 9° de la Table de famiUe; 10° de la Noblesse depouillee ; 11° d'un Bal ; 12° du Printems. Les argumens de ces derniferes lettres, donnes a I'amie fidele, sont iiiteresssans. lis sont traites avec esprit et avee grace , et dans le DincT miuisteriel elle puise chez nous plusieurs caracteres qui se pllent a tous les evcuemens. Dikgo-Gerri. yS. — * Intrudnction a I' etude du droit romain, contenant I'histoire des sources de la jurisprudence romaiufi et I'analjse du traite de i\I. de Savigny sur la possession ; le tout extrait des Elemens du droit remain cTaiijuurd'hiii , de M. Ferd. M.vkeloey, professeur en droit a rUniversitede Bonn, el tradult de I'allemand de la ()'" edition, par L. EriEKAE. Paris, 1825 ; Fanjat aine. i vol. in-18, 271 pages d'im- piessiou; prix 3 fr. Cette Inlrodiiclion a l'/ns(oire du droit remain par M. le professeur Makeldey est tres-substantielle; on y trouve uu resume interessant de I'histoire de la legislation la plus celebre qui ait encore regl les hommes. Les nouvelles decouvertes dues aux recherches savantes dti MM. Niebuhr, de Savigny, etc. , ont cte mises a contribution |jar I'auteur, qui appartlent a Fecole de jurisconsultes dont nous avoDS parle dans I'un des precedens cahiers de ce recueil. ( Voy. Jief. Enc. , t. XXVI, p, 207. ) Puisque nous avons occasion de reve- iiir sur ce que noys avons deja dit de cette ecole, nous sommes obliges de convenir que, si ses intentiorfis sont excellentes, il u'en est peut-etre pas de mdme des moyens qu'elle emploie. Effective- «i)ent, les adeptes de cetle petite seclc, ainsi que la nomme M. Pa- d SCIENCES MORALES. 20^ fiiii, se luontreiit singulierenieut susceptihles, du niLrius a Paris. Nous nousetions fait un devoir de detruire quelques critiques diri- gees c'oiitre eux , et pour cela , il nous suJlisait de rappeler leur but principal, qui est de ranieuer les etudes aux textes purs, et de faire a]>aDdonoer par les eleves , les conimentateurs, les scoliastes , les glossateurs, tant prones par Heinneccius et quelques autres juris- consultes. Pour mieux faire comprendre notre pensee, nous ajou- tions : « qu'il faut faire aujourd'hui pour I'otude de la legislation romaine, ce que les reforniateurs ont fait au xvi« siecle en matiere de religion; abandonner les scolies et les commentaires , anias coufus d'absurdes subtilites et de lourds raisonnemens, et s'eu teiiir aux textes dans toute leur purete et eclaires par un sage esprit de critique. » Cette analogic que nous etablissions entre I'influence de la reforme sur les etudes theologiques , meme dans le calholicisme , et la nouvelle direction donnee a I'enseignenient du droit romain , a cte relevee par M. le professeur Du Caurroy, dans la 5'" livraisou du tome vii de la Themis, oii il a pr6tendu que cette profession de foi n'etait ni de lui, ni des siens : " Nous ue voyons rien de com- mun, dit-il, entre la science du droit et les croyances religieuses. >■ Nousavouons qu'il nous est difficile d'expliquer la mcprise deM.Du Caurroy. En effet, il doit se rappeler que, dans Vavaiit-propos placeen tete de ses Institutes expliqnecs , il est aussi question de reformation, et m^me de protestantisme dans la jurisprudence. Pourquoi blamer aujourd'bui des expressions que Ton approuvait naguere ? Nous nous empressons , d'ailleurs , de rassurer M. Du Caurroy ; s'il a pu croire qu'il enlrait dans notre pensee de le comparer a Luther ou a Calvin ; jamais pareil dessein ne nous est venu a I'esprit. Serait-ce le fond de notre proposition que le ciitique voudrait nier ? Certes, nous n'eprouverions pas le moindre embarras , s'il s'agissait de prouver que la reforme du xvie siecle a eu pour effet de ramener les etudes sacrees , chez les cutho'.iques comme chez les protestans, aux textes de la Bible et des Peres , et que cette influence s'est eten- due jusqu'aux sciences profanes. ]\L I'abbe Fleury, dans son Traite du clioix et de la methode des etudes , constate ce fait : " Les pretendus reformateurs, dit-il, furent bieutot les plu.s ardens a etudier les humanites ; \oyant que I'eloquence et I'opiiaon d'line erudition sin- guliere leur attiraient grand combre de sectateurs , ils regardcren t ces eludes comme des moyens necessaires a la reformation de I'E- glise... Les catboliques les combattirent bieutot par leurs ])ropres armes... On recommeira done a etudier les Peres grecs et latino, ao/, LIVIIES F11ANCA.IS. trop peu coniius duns les slides precedens : on etudia I'hisloiie or- clcsiaslique, k's coiiciles, les aiiciens canons ; on remonta jnsqu'a roriyine de la tradition, et on puisa la doctrine dans les sources. Le sens liltcral de I'Ecriliire fut recherche par le secours des langtics et de la critique. » M. Du Caurroy dit encore, dans i'article qui nous occupc : •< Nous ne connaissons qu'un roformateur celebre. Ce refor- matenr c'est Cujas , c'est le Dossuet de la jurisprudence ( analogic as- surement beauconp plus susceptible d'etre critiquee que la notie ) ; ii etudia et enseigna le droit , nienie le droit canouique ; inais il ne pritaocun parti dans lesquerelles de religion." On peuts'etonneravec raison, qu'un professcur qui se fait gloire d'etre un sincere admirateur de Cujas, ne connaisse pas niieux les circonstances de sa vie. M. Du Caurroy n'aurait-il pas lul'histoireqn'en adouneeson savant collogue M. Berriat Saint-Prix ? Ily aurait vnque Cujas s'cstbeaucoupoccupe de religion, qu'il aprisunepart souvent active aux querelles qu'elle occasionait, et enfin, qu'il enibrassa les principes de la refortne. II est vrai qu'il parait les avoir ostensiblement abandonnes depuis, peut- ^Ire par les motifs qui font quelquefois repudier aux hommes en place des opinions enracinees dans leur coeur, mais dont ils font le sacrifice a des considerations peu lionorables : exemples dont on est trop souvent ti-moin, lorsqu'on vit dans les tenis de partis. Quoi qu'il en suit, il parait evident que Cujas retrouva ses premiers sen- timens, au moment de sa mort, puisque, dans son testament, ecril le dernier jour de sa vie, ce grand junsconsulte presentc pour rigie de conduite religieuse a sa femnie et a sa fiUe , le texte pur et sans cominentaire (> LIVRES FRANgAlS. (lecifler par analogie ; i'nlil'.te des exeniples; Ics cas ou la loi est sus- ci>ptibln (le rccovoir c]e IVxteusion ; ceux on ellc doit ^tre resfreinte ; enfin, comment I'esprit doit operer, lorsqu'elle prosenle de I'obscu- rit6 et de I'anibiguite dans sa redaction. I.a counaissance de ces regies est, comma le dit M. Tournier, « la clef necessaire a quiconque s'occnpe dc la science des lois. » La forme qii'il y a employee est tr^s-propre ;i les graver dans la mcmoire. Cette partie de son travail ne sera jias jugee la moins utile. Nons pensons que les motifs da Code civil , dans le nouvel ordre qui leur estdonne, doivent ^tre classes au nombre des bons livres elementaires du droit francais. lOo. ■ — * De la Ugislation el de lajiirisi>riiilence , concernant les brevets d' invention , etc... ; par M. Th. Rrgnault, avocat a la cour royale de Paris. Paris, 1825 ; Antoine-Bavoux. i vol. in-8°; prix 6 fr. 5o c. et 8 fr. M. Th. Re^nar.lt s'est propose, en publiant cet ouvrage, un but d'utilite qu'il nous parait avoir atteint. II presente, reunis dans un meme volume, toute la legislation francaise sur les brevets d'inven- tion, de perfectionnemeiit et d' importation ; les motifs du legislateiir; les reglemens et les decisions qui regularisent I'execution de la loi; enfin, les arrets rendus sur les questions importautes , nees des diflicultes suscitees par des tiers aux porteurs des brevets dans I'exercice de leur droit. Chacun des arrets qu'il rapporte est precede d'une analyse clalrs et succincte de I'espece sur laquelle il est intervenn , et des moyeus qui ont etc developpcs dans la discussion. De courtes annotations sur cliaque article de la loi indiquent les pages du livre on Ton doit en trouver Texplication , et les arrets quil'ont applique. Les arr<*ts contiennent, a leur tour, I'indication des articles dont il V est fait I'applicaiion. Ce precede, qui procure au lecteur unc grande economic de tems dans les recherches ; offre, a notre avis, phis d'avaiitages qu'une table des matieres , meme fortbien faite. L'auteur nous annonce, dans sa preface, qu'il s'occupe d'un ou- vrage de pure theorie sur tout ce qui a rapport aux inventions in- dustrielles , a I'ctendue du droit de projirlcKf- qui appartient .i I'inventeur, aiix garanties propres a assurer ce droit, a la forme de la dolivr.ince des brevets , a I'instruclion et au jugement des contes- tations entre brevetes, a I'autorite qui doit en connaitre , etc... — Nous ne pouvons que I'encourager a terminer un travail qu'il est tres-capablc d'executer avec succes. La malieie qui fait I'objel dc ses m^^ditations est presqnn toute neuve parmi nons ; en reclairant de SCIENCliS MORALES. 207 iioiivelles liimic-ies, en signalant les laciinos de la legislation qui l,i regit , il aura rendu un verital)le service a notre pays , ou rindusfric atteint cliaque annce un nonveau degre d'activite et d6 perfec- tionnement. Criveli-i , avocat. 10 1. — * Fieciieil geniral dcs Lois et Arrets concernant les Emigres deportes, condamnes , letirs heritiers , creanciers et nyant-caiise , depiiis lygi frisgu'en iSaS; par MM. TArixiivniEi! et Mongalvy, avocats 3i!x conseils du Rol et a la conr de cassation. T. II. Paris, iSaS; N. Pichard. i vol. in-S"; prix 6 fr. , et 7 fr. 5o par la poste. Nous avons deja annonce le premier volume de cette importante collection. ( f^of. t. xxv , p. 49 1 ) H contient, au nonibre de trois cents quarante-cinq , tontes les lois et tous les actes du gouvernement . depuis I'yi, jusqu'en iSaS, sur le sujet indique dans le titre. Ce deuxieme et dernier volume, que nous annoncons aujourd'hui, renfermeles documens les plus utiles relativement a la loi d'indem- nite dn 27 avril 1825. Nous y remarquons , d'aLord , un tableau gf'neial de la jurisprudence judiciaire et administrative, en matiere d'omigration. Cette partie est le complement du jjremier volume, puisqu'elle offre I'application des lois que I'on y trouve. Viennent ensuite la discussion de la loi d'indemnite , et le texte de cette loi et des ordonnances d'execution des i"^ et 8 mai dernier. Nous nientionnerons encore, parmi un grand nombre de pieces, des ins- tructions tr^s-iniporfantes adressces par le ministre des finances aux prefels, et ui\ formtdaire contenant des modules d'actes exiges par la loi d'indemnite. Parmi les ouvrages qui ont paru sur le meme sujet , nous n'en connaissons pas d'aussi complet , et par consequent d'aussi utile. La collection de MM. Taillandier et Mongalvv nous parait devoir trouver place dans les bibliotheques des jurisconsul- les; car elle survivra sans doute aux circonstances qui I'ont fait uaftre. On ne pent, d'ailleurs, lui refuser un nieritehistorique que n'ont pas les autres guides ou maniie/s qui ont paru a Foccaslon de la loi d'indemnite. Z. 102. — Noiiveaii Code des Emigres, ou Tilaniiel pour T execution de la loi sur I'indemnite , etc.; par M. Naylif.s, avocat aux conseils duRoi, eta la cour de cassation. Paris, 1825 ; Guillaimie. i vol. in-i6; prix 3 fr. et 4 fr. Le livre que M. Naylies vient de publier offre au lecteur le texte du projet de loi en regard avec celui de la loi , telle qu'elle est sortie des chanibres, aniendec par elles, et telle qu'elle a 6te sanctionnee j;ar le Roi ; I'expo.se de ses motifs; enfin, desextraits dcs rapport ■loS LITRES FRANCAIS. et (les discours prononces dans les discussions auxquelies la pro- position de cette loi a doim^ lieu. Ce volume renferme aussi I'ordon- nancedu 27 avril iSzS, faite pour regularise!- I'execution de la loi; celle du 8 mai, portanl nomination de la commission chargce de la liquidation derindemnlte ; des instructions de S. Ex.le ministre des finances, contetiant indication des pieces a produire par les deman- deurs en indemnite, de la forme qui doit y (5tre observee, et la solu- tion deplusicurs questions deja soumises a la decision ministcrielle. M. Naylies termine ce recueil par une analyse sommaire de la le- gislation ancienne , intermediaire et actiielle, sur les divers modes de tucceder , applicables aux successions ouvertes sous I'empire de cliacune de ces legislations. A I'aide de I'explicatlon donnee a la loi par ses motifs , rintelligenee du texte deviendra plus facile. Ceux qui sont appeles a en recueillir Ic bienfait, et ceux qui sent charges d'en faire I'application, y puiseront les lumieres propres a-eclairer les difflcultes qu'ellc pourra presenter dans I'execution ; les instructions ministerielles formeront le complement de leur regie de conduite. II est a desirer que M. Naylies continue h donner,dans des supplemens, soil les instructions ulterieures que de nouvelles questions rendront necessaires , soit les decisions administratives et judiciaires aux- quelies elles pourraient donner lieu. Crivelli, avocat. io3. — * La Noblesse consliciiiionrie/le , ou F.ssais siir Vimportance politique des honneurs et des distinctions hcreditaires appliques et modi- fies cotijormement aux progres actuels de la societe ; par M. le baron P .- M.- S. Bigot df. Morogues. Paris, iSaj; Pelicier. Br. in-S"; prix a fr. M. de Morogues a entrepris la solution d'une question bien deli- cate : 11 lui a fallu un tact exerce, et surtout I'amour de la veritii et du bien public, oil Ton puise toujours d'heureuses inspirations, pour determiner le point fixe oil s'arrete I'utilite de I'institution d'une noblesse h6reditaire, et au dela duquel I'abus commence. Les considerations generales exposees par I'auteur ne rencontreront pas de contradicteurs, et tout le monde conviendra avec lui qu'il faut, si I'etablissement d'une noblesse hereditaire est nccessaire dans notre vieille Europe, que, pour obtenir I'assentiment des peuples, cette noblesse soit eclairce, sage, prudente , active, devouee a la nionar- chie constitutionnelle, attachee au pacte fondamental; qu'elle sache s'interposer , comme barriere insurniontable, entre le pouvoir qui cherche a depasser les limites posees par la constitution, et la de- mocratie turbulente qui tend a niveler toutes les conditions de la vie SCIENCES MORALES. 209 sociale. Tout ce que I'auteur exprime a cet egard nous parait sage- inent pense, et appuye sur des autorites respectables. La route a suivre uous a paru cl.iirement tracee ; la theorie est bien etablie ; et si tout ce que M. de Morogues propose s'executait a la lettre, les choses iraient beaucoup mieux. Mais , il faut le dire, nous avons vainement cherche dans I'ouvrage les moyens coercitifs, les moyens de conservation de I'ordre admirable que I'auteur voudrait in- troduire. Comment retenir dans le devoir ceux qui s'en ecarte- ront ? Dans le contrat reciproquement obligatoire de protection, de devouement , de commandement en vertu des lois, d'obeissance reflechie et legale , et d'autres devoirs respectifs , toutes les garan- ties d'execution appartenant a la partie qui commande , qui admi- nistre, qui protege, elle saura bien faire executer les clauses a son avantage; raais quels recours peut rester a la partie qui doit ob^is- sance legale , devouement et concours d'efforts, si la partie qui com- mande et qui protege sort des limites de son engagement et viole le contrat ? «Les citoyens inutiles a la patrie, les hommes volontairement oisifs , ceux qui ne veulent rien faire pour le bien general , ceux qui cessent d'etre vertueux, renoncent , par cela meme, dit I'auteur, a leur origine illustre; et leur lionte s'etant accrue de ce que le nom de leurs ancetres avail d'honorable, ils cessent d'etre nobles. » Mais, est-ce de fait ou de droit que I'auteur entend parler , ou de fait et de droit tout ensemble ? quel moyen employer pour que la noblesse ne puisse jamais ^tre conferee qu'au merite, au talent, a la ^ertu ? L'opinion publique invoquee n'a qu'une force d'inertie : elle peut biamer, si elle est courageuse , mais elle laisse faire; et quand le mal existe et qu'il dure, la force repressive de l'opinion s'amortit; i'opluion m^me s'habitue au mal , se familiarise avec lui; et, le terns consacrant Tabus , elle est bientot remplacee par le prejuge. Esperons que M. de Morogues, dans I'ouvrage plus etendu que nous promet son introduction , repondra viclorieusement a toutes ces questions ; il vient de prouver qu'il est , plus que tout autre en etat de le bieu faire. Le cadre etroit de son interessant traite I'aura coutraint a se borner a des generalites : il a jalonne le terrain sur lequel il doit niarcber , et nous devons etre assures, d'aprfes le talent qu'il deploie dans cette premiere excursion dans le champ de la politique, qu'il nousenseignera comment ses philantropiques theo- ries pourront recevoir une application reelle et positive. D*. T. XXVII. — Juillet 1825. i^ aio LIVRES FRANCA IS. 104. — * Des fonds publics fiancnis et strangers, etdes operations de ia Bourse de Paris, ou Recueil contenant 1° des details pour les rentes 3 pour-^ , 4-r pour ^, et 5 pour-^ consolides, la caisse d'amortis- setnent, les annuites, les bons royaux, les actions de la banque , les obligations et les rentes de la villa de Paris, les actions des pouts , les actions du canal Monsieur, du canal du due d'Angouleme, du canal d'Aire a la Bassee , du canal d' Aries a Bouc , du canal des Ardennes, du canal de Bourgogne, les actions des quatre canaux, les actions des diverses conipagnies d'assurances, etc., etc ; les regies pour calculer ces mdmes fonds et evaluer Tinteri't que rapporte chacun d'eux; a° des notions exactes sur les rentes de Naples en ducats et ea francs , les obligations deSicile , les obligations anglo- napolitaines , les effets publics d'Espagne , les obligations metalliques d'Autriche ti\ florins eX. en francs , I'emprunt d'Autriclie de 1820 avec primes, les obligations partielles de Bade, etc., etc.; les regies pour calculer ces nic*mes fonds et evaluer I'inter^t que rapporte cba- cun d'eux; — 3° les diverses manieres de speculer , soit a ia hausse, soil a la baisse, les operations a primes, les operations d'arbitrages sur effets publics; les reports et leur utilite pour la speculation, les escomptes, les prets et emprunts sur depots d'effets publics, etc., etc. ; par Jacques Bresson. Cinquieme edition, revue et augmentee , con- formement aux affaires actuelles de la Bourse. Paris, iSaS ; Bache- lier. I fort volume ; prix 3 fr. 5o c. et 4 fr.aS c. Get ouvrage , veritable traite ^lementaire sur les fonds publics, renferme des definitions claires et exactes sur !a nature de chaque effet , fait connaitre s'il est au porteur , ou transferable , I'origine et la cause de sa creation , la quantity en Amission , le mode d'amor- tissement employe pour sou extinction , I'inter^t iixe ou variable qu'il produit , la maniere dont il se negocie a la Bourse ; enfin, la methode pour calculer le montant d'une quantite quelconque de fonds publics, francais ou etrangers, est exposee d'apreslesprincipes de Tarithmetique theorique, et suivies de conclusions qui enoncent avec la plus grande clarte les rf-gles pratiques usitees. Nous voyons, dans ce livre, qu'au i^"" Janvier iSaS, le nombre de rentes cinq pour cent consolides inscrit sur le Grand Livre s'ele- vait a i97,o36,3o9 fr. , et le uombre a inscrire ulterieurenient , a 49,476 fr. ; ce qui presente un total de 197,085,785 IFr. pour les ren- tes inscrites eta inscrire. — Au 3i mars iSaS , la caisse d'amortisse- nient 6tait portee comme titulaire de 36,693,831 fr. de rente cinq SCIENCES MORALES. sti i Jjour cent qui ne peuvent plus reparaitre au niarche public; en y ajoutant les 40,000,000 qui sent payes annuelleniei>t, ■ Plus SCIENCES MORALES. ai? loin il ajoute : •< Nous croyons avoir deraontre , dans le cours de cet ' abrege , que , si la revolution helvetique n'eut pas ete determinee par la revolution francaise, il etait impossible que plus tard cette revo- lution ne s'operat pas par I'effet m*5me de la disposition presque ge- nerale des esprits. Quelles en eussent alors ete les consequences ? c'est ce qu'il ne nous parait pas facile d'indiquer; mais il est permis de douter que la nation Suisse fut arrivee plus promptement a I'etat de paix , de reconciliation et de concorde dans lequel tons ses mem- bres vivent entre eux aujourd'hui. » Quoique le desir d'appuyer cette observation par les faits ait pu engager I'auteur a donner tous ses soins k la derniere partie de son ouvrage , qui comprend le dix- huitieme siecle et les premieres annees du dix-neuvieme, il ne faut pas croire qu'il ait neglige les autres parties. Au contraire, elles nous ont paru ecrites avec la meme bonne foi , et dictees par les memes sentimens patriotiques qui font reconnaitre dans I'auteur, non-seule- ment un ami sincere de la verite, mais encore uncitoyeneclaire. Nous aimons a le prouver,en citant ici quelques passages du morceau qui termine I'ouvrage sous le titre de Conclusion : « Apres avoir traverse des periodes de servitude et de liberte , de gloire et d'abaissement , rilelvelie a vu luire sur elle le jour de I'esperance. Instruite par I'ex- perience des terns passes , eclairee sur la cause des malheurs qui I'ont affligee durant des siecles , elle accepte le presage d'un avenir qui s'offre a elle sous un aspect riant et doux. Les seutimens qui ani- ment le plus grand nombre de ses citoyens , sont un gage assure de ses prosperites futures Les puissances alliees sont interessees au maintien de I'independance helvetique; il ne convient a aucune d'elles que I'une de ses rivales regne sur la Suisse. . . . D'ailleurs, il exisle en Europe une conscience generale qui repousserait avec borreur toute atteinte a I'independance d'un peuple dout I'existence, les actes et les institutions sont inoffensifs pour les autres peuples. Le cri d'une reprobation universelle arr^terait I'envabisseuretranger. Que les hommes de bien de I'Helvetie cessent done de trembler devant la Sainte -Alliance. Si elle a cberche a influer sur les de- tenninations des gouvernemens de la Suisse , c'est uniq;'e»nent a cause des dispositions trop faciles qu'elle a rencontrees en eux; mais qu'ils osent prendre une attitude ferrae et courageuse la Sainte- AUiance qui ne veut pas la guerre , les respectera. Que la liberie de la presse , couservalrice de tontes les liberies , regne au moins dans 'a pairie de Guillaume Tell ; et, si Ton redoiite que la pensee du pbi- lantrope Suisse franchisse les limites de son pnvs, qu'elle puisse aiS LIVRES FRANC AIS. au moiiis s'exercer sans entraves dans I'enceinte de ces limites , sur tous les objets qui touchent au bonheur des peuples helvetiques. . .. Mais, si, centre toute probabilite, la Suisse venait a ^tre menac6e dans sa liberie par un puissant eniiemf; encore \audrait-il luieux pourelle accepter le combat que s'humiiier. La soumission volontaire a I'injustice avilit rhomme et les nations. ... La Suisse luttant pour sa liberie ne manquerait ni d'amis , ni de defenseurs chezles peuples, et mcme cliez les rois. log. — * Resume de I'hisloire d'^cosse , par Armand Carrel, avec une introduction par Augusdn Thierry. Paris, i825 ; Lecointe et Durey. i vol. in-i8 de xiii et 33j pages, suivi de la Defense dei resumes historiqucs en 27 pages. Prix : 2 f. 5o c. et franc de port 3 f. lO c. Malgre les rapports qui existent entre I'fecosse et I'Angleterre , ces deux portions d'une inenie ile et d'un m^me empire , malgre les relations politiques qui onl du exister entre leurs habitans , il ne suffit pas, conime on pourrait le croire , d'avoir lu I'histoire de I'Angleterre proprement dite, pour connaitre aussi celle de I'Ecosse. Separ^es par la riviere de Tweed et le golfe de Solway, les deux nations se distinguent I'une de I'antre par des differences tres-mar- quees de moeurs et de caractere. Cbacune merlte d'etre etudiee a part et pour elle-menje. D'ailleurs , comme elles furent presque tou- jours en guerre, leurs alliances et leurs communications avec I'Eu- rope out du se porter toujoiirs vers des pays differens , et les dissensions interieures qui ont , a presque tous les epoques, agite I'Ecosse, meritent seules que son histoire soit traitee separement. Toutes ces considerations sont presentees dans I'introduction du resume de I'liistoire d'Ecosse , due a M. Augustia Tbierry , auteur d'un excellent ouvrage snr la conqu(?te des Normands. ( Voy. Rev. Enc. , t. XXVI, p. 223 ) , auquel M. Carrel a eu souvent recours. Un des objets principaux que s'est propose ce dernier, en ecrivant son resume, a ete de bien faire connaitre quelles furent les diverses races qui se sont successivement etablies en Ecosse ; il les a suivies depuis leur entree dans le pays jusqu'a leur complete naturalisation , et il s'est attacbe a demontrer comment les liaines des habitans primitifs contre les hordes conqueranles, devinrent la cause de toutes le.s guerres qui j)endarit si long-terns diviserent , non -seulement les Ecossais et les Anglais, mais aussi les Ecossais des montagnes et ceux de lu Basse-Ecosse. Nous ])ouvons assurer que I'auteur a rempli sa tftche d'une ma- SCIENCES MORALES. aig ni6re tr^s-satisfaisante , et qu'il a su donner un interest parliculier a son ouvrage. Aussi, ne craignons-nous pas de predire un succ6s complet a ce nouveau resume. Les romans de Walter-Scott out attire depuis long-tems tous les regards sur sa patrie , et ont dii faire nailre chez beaucoup de persoiines le desir de connaitre plus a fond une histoire dont il a s-u presenter sous des formes si drama- tiques quelques uus des principaux episodes. A. J. no. — * Lettres sur I'Angleterre , prar A. de Stael-Hoi-steim. Paris , 1825 ; Treuttel et Wurtz. i vol. in-8° ; prix , 7 fr. 5o c. Tous les regards sont aujourd'liui tournes vers I'Angleterre. On ne saurail nier qu'elle est pour la France un objet d'emulation; et , depuis dix annees, Tamelioration de notre Industrie, le goiit des etudes politiques, les connpissances scientifiques introduites dans I'agriculture , doivent beaucoup aux rapports mutuels qui se sont etablisentre les deux etats de I'Europe ou la civilisation est incompa- rablement plusavancee. Des ccrits remarquablespar leur impartialite et par les recherches jadicieuses de leurs auteurs , ont, pour ainsi dire, popularise dans notre patrie les ressortsdu gouvernement an- glais , et mis a decouvert les progres que les connaissances bumaines ont faits en Aiiglererre. C'est avec cet esprit dcgage de tous preju- ges que M. Cbarles Dupin a public sou grand ouvrage surle systeme entjer de radniinistralion britannique, que M. Cottu a ecrit son livre sur les institutions judiciaires de la Grande-Bretagne, et que M. de Stael, nous fait connaitre aujourd'hui I'etat moral et politi- que de I'Angleterre, tandis qu'un autre ecrivain M. Amedce Pichot nous la presente sous le rapport lilteraire. Les lettres de M. de Stael nous paraissent d'un grand interet ; elles contiennent des renseigne- mens curieux sur un grand nombre de sujets d'economie politique, d'adminislration , de mceurs, de legislation, etc. L'auteur s'est ef- force de combattre des prejuges repandus, tant chez les Anglais qu'en France, relativement a des usages ou a des opinions enracines dans cbacune des deux nations. C'est ainsi qu'il demontre, avec une grande force de raisounement , que I'idee que les anglais se sont formee des resultats probables de notre systeme de succession , de I'abolition du droit d'ainesse et de son entourage de substitutions et de grande propriete, repose sur une base enti^rement fausse. 11 prouve que la division des proprietes , loin de nuire a I'agricul- ture et a la ricbesse nationale, tend, au contraire , a les ameliorer. Cette grave question d'economie politique est traitee avec d'autant plus de force par l'auteur, qu'il a contre lui I'opinion unanime du 520 LIVRES FRANCAIS. peuple anglais , tlepuis les esprits les plus eciaires et les plus philoso- pluques jusqaaux simples ouvriers. L'ctat de I'aristocratie et de la dcmocratie, la liberie de la presse , les reunions publiques, les as* semblees de comte, le parlement, etc., attirent ensuite I'attention de M. de Stael, et il offre a ses lecteurs un tableau curieux et exact de ces diverses institutions. Nous avons surtout remarqu6 le recit qu'il fait d'une assemblee de proprietaires et de fermiers du cointe de Kent , occasionee par la baisse que les grains eprouvi^rent dans 1 automne de 1823. Au jourindique, plus de dix mille personnes se reunirent a Maidstone, ville situee a douze lieues de Londres,sous la presidence du Sheriff, et delibererent librement sur les mesures a prendre pour remedier aux nialheurs du terns. «Transportons par la pensee , dit M. de Stael , une semblable scene dans le voisinage de Paris, et faisons-nous, s'il est possible, une juste idee des terreurs du gouvernement. Que d'agens de police, que de gendarmes, que de troupes en mouvement! trop heureux cent fois, si quelquesoldat stupidenient feroce ne venait pas, certain de I'impunite , faire feu sur le peuple, sans autre autorite que son caprice! » A. T. Ill- — * Collection des memoires relatifs a la revolution francaise , 20' livraison. Paris, iSaS; Baudouin freres^ 2 vol. in-8°;prix 11 fr. L'un des volumes de cette livraison , dout nous avons deja rendu compte, (voy. Rev. Enc, t. xxvr , p. 854- contient les Memoires inedits du marqnis d'Argenson. Parmi des details sur des evenemens et des personnages duxviii'^siecle, dejA bien connus, il en est quelques-uns que Ton trouvera neufs et interessans. Mais le' reproche que I'ou serait fonde a faire a ce volume, c'est de n'avoir aucun rapport direct avec la revolution francaise en elle-meme. Les documens renfermes dans I'autre volume se rapportent a ui» des Evenemens les plus memorables de la revolution. On y trouve le Meinoire de Vilate , jure au tribunal revolutionnaire , sur les causes secretes de la journee du 9 thcrmidor , epoque de la chute de Robespierre ; et un autre Precis hislorique invdil sur la meme journee par MiDA , gendarme, charge de reduire la commune de Paris et les insurges. Mais ce qu'on y lit de plus curieux , ce sent les sept nuinerosdu Fieux Cordelier, journal redige par CamlUe Desmoulins, dejjuie a la Convention, et qui s'etait glorifie de la denomination de Procurcur de la Lanterne. Aprfes avoir, au 3i mai, pris parti avec la Montague, centre les Giroiidins, il fut a son tour saciifie avec Danton, lorsqu'iis crureut devoir mettre un terme aux exc^s anx- Get eloge est d'aiitant plus sincere de notre part, que nous ne par- tageons pas entierement les opinions de Tauteur sur certaines parties de la grammaire ; mais ncus aimons a reconnaitre que M'n« de Mon- glave a su embellir un sujet aussi aride par des fictions agreables et ingenieuses. Nous citerons les litres de quelques-uns des premiers chapitres. Ch. II, le Chat, le Perroqtiet et rtlomme , on I'Origine du Iniif^age. — Ch. Ill, le Dejeuner, on la Division de la grammaire. — Ch. iv, la Partie de volant, on les Differentes especes de-mots. — Ch. v, le lUeiidiant , ou du nom, etc. — Le chapitre vri qui a pour litre : le Magister, ou de I'ad- jectif, met en presence les definitions routinieres de.s vieilles ecoles et les theories de Beauzee et de Dumarsais; cette petite scene, tracce avec beaucoup de gaiete, el celle ou parait le directeur d'une ecole mutnelle, representant naturel des nouvelles methodes , feront ap- precier I'esprit dans lequel est redlgee cette grammaire. B. J. 1 20. — * Traduction d'Anacreon en prose; par madame Celeste ViEN , de I'academie de Bordeaux. Paris, i825;Urhain Canel. i vol. in-i2 , avec vignette ; prlx 3 fr. « Je veux chanter les Atrides; je veux aussi chanter Cadmus; mais ma lyre sur ses cordes soupire le seul Amour. J'ai change ces cordes ; j'ai change la lyre entiere , el je celebrais les combats d'Al- cide; mais ma lyre obstinee redisait les Amours. Adieu . lieros , et pour jamais ; car ma lyre chaute les seuls Amours. » Cette premiere piece du recueil d'Anacreon fait conuaitre la mis- sion que ce poete s'etait donnee; mission aimable et qui semble ne pas devoir coiiler de grands efforts. Mais ton' est difficile lorsqn'ou a3a LIVRES FR.\.\{;AIS. veut atteiiidre la perfection ; et Tun de uos ancieus auteurs a dit a\ec raison : II V faut (Ic I'adrcsse a bieii cueillir Irs roses. THKornii.E On ne peut , au moypii de petits vers , ohtenir une grande re- nominee , si Ton ii'est doue de ce gout exquis qui ne souffre i ien de mediocre , et qui n'admet que ce qui est excellent. La mission d'A.- nacrcon est done heaucoup plus difficile qu'on ne le croirait au premier abord. Combien de talent , combien de grftce ne faut-il point avoir pour faire aimer Texpression de ce libertinage qui est dans I'esprit comnie dans Ic coeur; pour obtenir dans la citadelle d'Atbenes rbonneur d'une statue qui, selon Pausanias, representait le poete a moitie ivre et cbantnnt en s'accompagnant de la lyre? Faire passer dans uue langue (-trangere les graces Icgeres du poete de Teos, suivre avec lui les mouvemcns de la colombe ou de I'hirondelle, ou se nieler sur ses pas aux danses des Nymphrs et des Amours, a toujours paru une entreprise difficile, et les difficultes sont encore plus grandes pour le prosateur. Les poctes veulent etre traduits par les poetes. La Fontaine a reussi dans une imitation en vers d'une des pieces les plus ingenieuses d'Anacreon ; Poinsinet de Sivry parvint a rendre , dans une poesie faible, les pensees de son auteur ; mais a peine put-il donner au cliantre de la Rose, les agre- mens des poesies de Dorat. M. Saint-Victor, ainsi que plusieurs autres poetes de notre terns , ont approche quelquefois da ton convenable a ce travail. Tontefois , la contrainte de notre versifica- tion remplace trop souvent dans ces traductions I'aimable fncilite du poete grec. Madame Celeste Vien, douee d'un talent remarquable pour la poesie, cut pu lutter avec les autres traducteurs en vers d,'Anacreon ; elle a prefore traduire en prose; c'est-a-dire, augmenter Ifs diffi- cultes de I'entreprise, qui neanmoins a ete couronnee du sncces. Elle a cvite touteepithcte oiseuse, toute pcripbrase qui eut altere les traits simples et gracieux de sou niodele. Sans doute, elle a pousse un peu loin le scrupule sur ce point , lorsqu'elle a fait dire a I'A- niour ,Ode iii: Mon arc est blen portant , phrase que La Fontaine avail traduite par : Mon arc est en bon ctat ; mais on n'a que rarement oc- casion d'adresser ce reprocbe au nouveau traducteur. La petite pi6ce que nous avons citee , au commencement de cat article, fait voir que niadame Vien n'a point ete genee par la repe- LITTERATURE. a':i3 tition trop frcquente des m^mes mots. Voici une autre piece dans laquelle la fidelite se trouve jointe a Tclegance du style : « La nature donna des cornes aux faureaux, un dur sabot aux clievaux , aux lions un gouffre arme de dents, aux poissons las nageoires , aux oiseaux le vol , a rhonime la prudence. II ne re^ta done rien aux femmes? que leur donna-t-elle? la beaut c! contre tons les boucliers, conlre toutes les cpees : une belle triomphe du fer et de la flamme. » M. Vien a voulu associer ses talens a ceux de son cpouse : il a embelli VAnacreon en prose d'une vignette dont le gout pur et le dessin gracieux rappellent de quel maitre il a recu des lecons. Le restaurateur de I'Ecole francaise eiit applaudi a cette cliarmante composition de son fils ; dans les trepieds , dans les vases , dans les ornemens, il eut cru reconnaitre I'elegance des formes qu'il avail adoptees pour les ornemens. Cette vignette cliarmante a cte fort bien gravee par M. Godefroy. En regard de la traduction de madame Vien , et le texte grec : I'ouvrage sort des presses de M. Didot le jeune Madame yicn /era paraitre mcessammenC le recrieil de ses poesies. Telle est I'annonce qu'on trouve dans I'ouvrage dont nous venons de rendre compte. Ce rccueil meritera sans doute la m^me atten- tion et les memes eloges qu'otit obtenus dej.i plusieurs pieces de I'auteur : des sentimens delicatsy sont exprinies dans un style pur, Elegant et harmonieux. * M. Bees. 12 1. — Les Plaisirs de fesperancc , poeme de Thomas Q,kmvrv.l.-l , suivi de deux odes pindariqucs ct de notes cxplicatives , traduc- tions de I'anglais en vers francais, avec le texte en regard; par M. ^/ier; MoNTEMONT. Detixihne edition, revue et corrigee. Paris, 1825 ; Peytieux. i vol. in-i8 , grav. ; prix 3 fr. 122. — Les Plaisirs de la memoire, poeme de-Srtmr/e/ Rogers , traduit de I'anglais, en vers francais, avecletexteen regard et des notes, suivi de la Charte et d'un co«fe ; traduit egalement de Tanglais, par le m^me. Paris, i825;lemcme. l vol.in-i8, grav. ; prix 3 ir. Ces deux pocmes sont du petit nombre des livres modernes qu'on lit le plus en Angleterre, 011 ilsont vu le jour et oil ils ont obtenu un grand nombre d'edilions. Ilsy ont paru a fort peu d'intervalle I'un 'de I'aulre: les Plaisirs de la memoire, en 1792, et les Plaisirs del'es- perance , en 1799. Ni I'un ni I'autrede ces ouvrages n'avait encore ete traduit dans notre langue. Remercions done M. AlbertMontemont de nous les avoir fait connaitre. Deja nous avions aunonce ("J^oj-. t. xxiv, p. 479 ) "fie premiere edition du second de ces poemes; I'auteur, a34 LIVRES FRANCAIS. avant de publier la seconde, a fait a son travail denoitibreuses ame- liorations qui le rendent encore plus digne du siuces qu'il a obtenu. Voici quelqucs vers du poeme de Samuel Rogers, les Plaisirs de la memoire, dont il nous offre la premiere edition. Souvciit dans le silence, a la chute du jour, Quand Pliilomcle a dit son dcruicI^ chant d'aniour, Et que le crepuscule, orne d'un leger voile, A \>^s mucts du soir vicnt annoncer IV'toile; De la triste bruyere et des gazous epais S'eleve un doux murraure, un hommage a la jjaix. lei nous sommes etonnes de trouver quafre rimes masculines de tuite, car I'auteur continue ainsi : Millo cbarraans ruisscaux dissipant les ennuis, Gazouillcut mollcment dans le calme des nuits. Probablement , les deux vers intermediaires auront 6t6 omis a Pimpression , et I'auteur ne s'en sera pas apercu, parce que les quatre derniors que nous venons de citer se trouve^t separes, les uns ter- minant la page 85 et les autres commencant Ja page suivante. Nous signalons cette faute a I'auteur, a qui, sans doiite, elle ne doit pas ^tre attribuee. Citons encore quelques vers du m(}me passage: La, des bosquets d'osier, renverses sur les flots, Aux vapeurs du matin melaient leurs doux tableaux; Et sur I'argent du lac les arbres du rivage Reflechissaient leur ombre et lenr luxe sauvage. Des arbres en berccaux I'omhre rachait les cieux Et jetait sur la rose un voile graeieux, A raoins que d'un rayon la presence furtive Weffleurat le cristal de I'ondc fugitive. N.9tre pocte descriptif par excellence , Delille aurait avoue ces vers; ils ont une grdce parf^iite, et semblent avoir ete penses en francais. Sans doute on ne pourrait en dire autant de tout le poeme; souvent , i'y ai rencontre des tournures de phrase et des expres- sions qui ni'ont paru etrangeres a notre langue; mais ce sont des emprunts que le traducteur a cru devoir faire a son auteur, pour le mieux faire connaitre. L'cxtremc delicates.se du gout francais pent quelquefois en etre blessee ; mais qui pourrait .^e plaindre de la fi- LITTERATURE. ^35 delite scrnpulcuse avec laqiielle M. de Montemont a reproduit les traits divers du genie de son modele ? N'est-ce pas la le premier devoir et le plus grand inerite d'un traducteur? Les Plaishs de la memoire sont suivis de la Charte, cpitre traduite egalement de I'auglais, de Miss Helena Maria Williams, qui I'avait adressce a son neveu , M. Charles Coquerel. « Miss Williams est unedes femmes auteurs les pluscelebres del'Angleterre, ULede celles qui ont montre le plus de talent et le plus noble caract^re. Outre ses poesies, dontqnelques-iines ont ete imitees en vers francais parEsme- nard et le chevalier de Boufflers , elle a composee beaucoup d'ou- vrages en prose, et elle traduit maintenant en anglais le grand et bel ouvrage de M. de Humboldt sur les regions equatoriales de I'Ame- rique. On sait que la traduction Ae Paid et 7^'/>^i'«/eparMiss Williams, estdevenue classique cliez ses compatriotes. » Je me trouve heureux d'avoir I'occasion de me joindre a M. Albert de Montemont, et d'offrir ici a Miss Williams I'expression de la reconnaissance que lui doivent les gens de lettres, mes compatriotes, pour I'aimable em- pressement qu'elle mettait a leur oiivrir sa maison et a les eclairer de ses conseils, pendant son sejour a Paris. E. Hereau. laS. — * Trois elegies. Le Malade a la campagne , le Vieillard en enfance ,le Sommeil de la moxirante ; suivies de Commode et le gladiateiir, fragment epique; par Leon Halevt. Paris , iSaS; Hubert, Palais- Royal. Broch. in-8° de 40 pages; prix i fr. 5o c. Nous arrivons un peu tard pour parier de ces elegies , dont la plupart des journaux ont rendu compte avec un empressement peu ordinaire , et que justifie le merite fort remarquable de ce petit re- cueil. Les eloges qu'a recus M. Leon Halevy, ne sent pas de ces vaines louanges qu'arrache a la complaisance I'lmportune medio- crite, et qui otent a la critique son credit et sa digiiite. On n'a rien dit que de vrai, en vantant la facilite, la grdce , le charme atten- drissant de ces compositions dont plnsieurs se placent aupres des plus belles elegies de ncs poetes contemporains. La chute desfeuilles de Millevoie, le chef-d'oeuvre de son auteur, n'est cerlainement pas au-dessus du Malade a la campagne, et du Sommeil df la mottrtinte, oil M. Leon Halevy a exprime des sentimens tendres et touchans, avec cettc verite , que ne peut avoir la fiction , et qui fait malheureuse- ment penser que le poete a eprouve les douleurs qu'il a si eloquem- ment celebrees. Cette nouvelle publication ne peut qu'ajouter a la reputation que s'etait acquise de bien bonne heure M. Halevy par sa traduction 236 LIVRES FRANCAIS. des odes d'Hornce , onvragc dnnt nous avons annonc6 les deux edi- tions ( voy. /?"'. Enc. , t. xix , p. 182 et t. xxirr , p. 45i ) , et qui nous avail fait prediie , sans beaucouj) de peine , les succes qu'ob tient aujourd'iiui I'autenr dans la caniere poetique, et ceux qui I'y attfndenl encore. H. P. ia4- — Fables nouvelles ; par Ai/gnsic Rigaud. Paris, i8a3 et 1824 ; Peytieux. a vol. in-8°; prix . 10 fr. et 12 fr. laS. — Conies et Fabliaux, par le mdme. Paris, iSaS ; le m(5me li- braire. i vol. in-32 de 124 pages , papier vclin , avoc nne jolie vignette ; prix i fr. 5o c. et 2 tr. M. Rigaud est un dcs auteurs qui ont contribue a la traduction des fables nisses de M. Kriloff , dont nous avons offert derniere- ment une analyse a nos lecteurs. ( A''«r. oahier de jnin , t. xxvi, p. 717 ^ 736. ) A Texception des fables qu'il a fournies a ce recueil , et de quelques autres imitces de nos fabliaux, les sujets de presque toutes cellcs qui composent les trois volumes que nous annoncons lui appartiennent. C'est un merite , auquel I'auteur joint de la rai- son , de la pliilosopliie et d'excellentes intentions. Voici une de scs fables , la i3^ du livre vi. Alexis ou le Chagrin. Alexis consiimnit sos jours dans la tristesse. Poiir counattrc I'oljjct de sa vivc doulcur, Pareus, amis, voisiiis, maitresse, N'ont j)U trouver le cliemiu de sou creur. Au couclier de I'lieljus, au Ifivcr de I'Aurore, Un noir souci le roiif;c ct le devore. Eufiii, cedant a sou astre lualin, Au dcsespoir son ame s'aliandonne; II meurt. . O mes amis, il n'est qu'uu seul cliagriu; C'est celui qu'ou ue peut confier a personne. Cctte citation que j'ai long-tems chercliee , desirant ^tre aussi favorable a I'auteur que son caractere m'en faisait un devoir, prouve que M. Rigaud est plutot moraliste que poete. Livre pendant de longues annees a la carriere du commerce, il .s'est avise Lien tard de son goiit pour les lettres vet conime Francaleu de la Metro- manie, il peut dire : Dans ma tete un beau jour cr talent se trouva ; F,t j'avais snixante ans, quand cela ra'arriva. rtilliver les muses peut sembler a tout Sge une donee t ccnpation ; LITTERATURE. ■^l^ mais on nc doit pas s'etonner a soixnnte aiis de les trouver rebelles. Avec un auteur qui debute aussi tard , la critique perd, siiiosi ses droits , (lu moins i'upj.ortunite de ses conseils. E. H. 126. — ' Les Oiseaiix dit sacre ; ^vtr M""* Ainabic Tastu. Paris, iSaS. Brochure in-8''. ( Ne se vend pas. ) La plupart des pocites qui out cliante le sacre , out cru devoir chercher dans les siecles passes le cadre et le colorls de leurs com- positions. M'"" Tastu , plus lieureuse , represente dans ce con- cours la muse du xrx.*^ siecle. EUe a su , avec les idees de sen tems , trouver dans les details de cetto ceremonie , iine inspiration a la fois poetique et philosophique ; qualites dont la reunion, fort rare, sans doute, n'en est pas moius necessaire pour obteiiir les succes du- rables. Essayons de donner, par quelques citations, une idee de son joli poeme. Apres une pompcuse descri^Jlion des preparatifs du sacre, I'auteur s'ecrie : Pourquoi des prisonniers?... Sous ccs Icgers barrcaiix S'.Tgitcnt tristement dc tim'ules oiseaux. lis s't'fforccat a fiiir d'ciue aile effari.iicliee Cette jxiinpe des rois qu'ils ii'avaieut point clierchec. I'auvres petits ciptlfs I I'rives d'liii Lien bi doux , La liberie, que toiite voix rt'claine, De vos tyraiis ne soycz i)oiiit jaloiix ; Chaciin d'cux I'apiielle en sou ;'inic; Et des nobles actcurs de cet augnste dramc Aiicun u'est plus lieuroux que vous. Nul d'un libre lolsir ne pent gouter les cliarmes : L'iinin>>bl!e soldat est captif sous les armcs; Son clief, le fcr en in.tin, brill. lut d'or et d'acier, A I'ordre qii'il trausmct doit plier le premier; Les spectaleurs presses dans cette vastc enceinte S'imposeut le fardtaa d'une lotjgiie coutraiute. Sonmis an meine j<>ng, le poutife a Tawtel Cede aux liens dores d'un devoir soleunel. Hnniii, triste enncini qu'aiicun uiortel n'evitc, ie. nc vois qiif; des yeux ou ta langueur liablte; Du pretre a I'assistaut tout resseiit ton puuvoir, Jusqu'aii bras engourdi dc ce jeune acolyte Qui laisse ccliapper I'encensoir. Deja , les douzc pairs, quVu V'.ii:i la biarcbe licrmiu<« 2 3 8 LIVRES FRANCAIS. Revet d'un eclat feodal, Succombrut a leur tour ii ce charme fatal ; Lour front s'apcsautit , leur epaule s'incline Sous te baudcau de comte uu le luauteau ducal... Dcs iiisigues royaux doiiblaiit le faix supreme, Et Cdelt; a la majeste, II effleure eu passant le mnuarque lui-meme, Esclave de sa digiiite VoUa des ver.s descriptifs digues de Boileau. Le dernier trait est surlout charmant. II n'cst doiiue qu'aux ferames de savoir ainsi temporer la hardiesse par la grace. Tristes oiseaux, voyez, s'ecrie plus loin madame Tastu. Tous ces volontaires esclaves... Presses de s'affraocliir, ils imploreut tout has L'iustant qui rompra vos eufraves. Le yoici!... Mille cris s'elevent a la fois; Le cauon fait grouder sa formidable voix ; La cloche llvre aux vents ses bruyautes voices; Et soud.iiu dans les airs Ics cobortes ailees Chercbeut , d'uu libre essor, la celeste clarte. Du bonheur des oiseaux die est I'avant-courriere; C'est pour trouver la liberie Qu'ils s'elancent vers la lumiere. Mais, dcs vitrcaux sacrcs le jour inysterieux Deguisc ce vral jour que redamaient leurs yeux ; Mais, les millc clartes de ces fetes pompeuses Abusent leurs regards pnr des luturs trompeuses; La vapeur de I'eucciis, les cliauts religieux , Le bruit coufiis du peiipic eufeinie daus ces lieux, Les vifs reflets de I'or, tout accrott leur vertige; Ueja le faibic cssaim cii tnuruoyaut voltige; Egares, cblouis an flambeau de I'autcl, lis cedent par dcgrcs a cet etat mcrtcll... Imprudens!... c'eu est fait, leur aile est consuraee; lis tombeut sur les fleurs dout la terre est seraee Nous ne citerons pas les plaintes tonchantes que M "e Tastu a consacrees a ci;s freles viclimes dcs royales solennites. Le talent de cette dame pour le genre elegiaque est counu de tout le monde- Mais nous croyons devoir faire remarquer I'heureuse variete de ion qui rfegne dans ce poeme. L'auteur jiasse avec la plus grande facl- lite des pensees fortes aux pensees gracieuses ou na'ives, du style LITTERATURE. a39 descriptif 4 I'ode, et de I'ode a I'elegie ; flexibility d'autant plus surprenante qu'elle est toujours fldele au bon gout et a la veritc. Les ouvrages inspires par la circonstance disparaissent ordinai- rement, comme ces decorations de la ceremonie du jour dont ils semblent faiie partie. Les vers de M'oe Tastu sont destines a un plus long avenir; et, au milieu d^ ces solennites que le tems raniene et renouvelle sans cesse, souvent les speclateurs se redirout en sou- riant : Ennui, triste enneml qu'aucun mortel n'evite... c. 127. — T-e vocii dc la France sous Charles X, poeme lyrique; par M. F.- J\\-J. DucHE. Paris, mai iSaS; Ladvocat, et les marchands de nou- veautes. Brochure in-8°. Parmi ce grand nombre de pieces de vers que la solennite du sacre a faitnaitre, on doit honorablement distinguer celle-ci : elle se re- commande par un style pur et elegant , delapompe, de I'harnio- nie, des idees justes et quelquefois elev^es. Pour miller a cet eloge quelque critique, jereprocherai a Fauteur une petite reminiscence ; il a emprunte parmegarde a M. de Lamartine ce vers de sa Meditation sur Bonaparte : Comme un soldat debout et veillant sous ies armes. La prose de M. Duche ne vaiit pas ses vers ; elle manque de sini- plicite. Ce defaut est assez sensible dans une tres-courte preface et dans line dedicace qui precedent son poeme. H. P. 128. — * Tristan le Vojagettr, ou la France an xive siecle ; par M. DE Marchangy. T. I"" et t. II. Paris, iSaS ; F. Maurice, rue des iVIa- tburins-Saint-Jacques, n° i. — Cet ouvrage forraera 6 vol. in-8° , imprimes par Rignoux sur papier d'Auvergne saline. L'ouvrage en- tier sera publie avant la fin de I'aunee. Prix 7 fr. le vol. pour les souscripteurs. Lors de la publication des deux derniers volumes, le prix des 6 volumes sera porte a 45 au lieu de 42 fr. Une remarqne que nous avons deja faite a I'occasion des nouvelles doctrines litteraires (to/, t. xxiii, p. 709 a 718, le compte rendu de V Apologie de I'ecole romantique) , et qu'il nous parait a propos de repeter ici , c'est qu'il est assez singulier de voir les partisans de ces doctrines , partant de ce principe , que la Utteraiure est Vexpression de la societe , nous coiiseiller d'abandonuer I'etude des anciens pour nous livrer a Timitation des Anglais et des Alleraands , afin de nous former , disent-ils , une VitteraXxne naiionale. J'ai beau- 24" LIVRES FRANCAIS. coup de respect ct d'eslime, snns doutc, pour le genie de Schiller et do Goclhe.de Shakespeare, de By roil et de Walter Scott , etje suis tr6s- disjjosea !eur reiidre toute la justice qui leur estdue; mais je n'irai pas clierclier chcz eux ies modeles a proposer a nos jeunes ecrivains fran- c.iis , auxquels je ne ferai pas {'injure de croire qu'ils iie connaissent pas Ies tiesors que leur offre la litteralure francaise des siccles prece- dens, et surtout du grand siecle. Si Ies apologistes de I'ecole roman- tique avaient dit : luiitez vos voisins, qui, sans ncgliger Ies ouvrages des anciens , se sont formes une litteralure toute nationale, en selivrant specialcment a la peiuture des moeurs qui leur sont propres, j'aurais repondu que, nous aussi, nous avons des auteurs qui se sont occupes de riilstoire et des niceurs de leur pays; et , sans reuionter bien haut , j'auraib cite Ies ouvrages de MM. Andrieux, Casimir Delavigne , Etienne, Jouy, Picard , Raynouard , de Segur et'tant d'autres , pour la peinture des moeurs modernes; puis, de M. de Sismondi, de M"^ Vo'iart , de M. de Marchangy , etc. , pour la peinture des mccui s du inoyea 3ge. FaisoUs , aurais-je dit, connaissance avec la littera- lure de nos voisins , louons ce qu'ils ont de bien , saclions nous I'ap- proprier, si nouspouvons; mais, avant tout , restons Francais; ne soyons pas moins justes envers nos conipatriotes que Ies etrangers cux-uiemes , qui, non contens d'etudier Ies chefs-d'oeuvre de notre liltcratuie, s'empressent de Ies traduire dans leur langue. Les partisans de Walter Scott seraient bien inconsequens ou bien aveugles , s'ils ne reportaient pas uue partie de I'admiration qu'ils lui ont vouee sur celui de nos conipatriotes que j'ai cite en dernier. Quels services M. de Marchangy n'a-t-il pasdejarendus a la littcrature natioiiale par la publication de sa Gaule poedque? quels services ne va-t-il pas lui rendre encore par celle de I'ouvrage que nous annon- cons? Tous deux, pour ainsi dire, nous font connnitre a nous- m^ines; tous deux devienneiit une source inepuisable pour nos histo- rians, nos moralistes, nos poeles et nos artistes. — Le second de ces ouvrages est , en quelque sorte , rapplication du premier. « Contraint par le plan de la Gaule poedque de traverser rapidenient tous les dges de la France, depuis les for^ts des druides jusqu'a I'olympe de Louis XIV, I'auteur n'avait pu jeter qu'un coup d'ceil sur les terns les pins feconds. Mais ce n'^tait pas assez d'avoir fait des recberches laborieuses sur les anciens terns ; il fallait les rendre attray«ntes , il fallait animer le sujet par une action qui, detachant le lecteur de I'epoque piesente, le reportdt, par une illusion complete, vers celle LITTERATURE. 2/(i tju'il s'agissalt de peindre sous toutes ses faces. » C'est ce que M. de Marchangy a- fait dans Tristan. Notre intention etant de rassembler ces deux ouvrages dans une meme analyse, lorsque tons les volumes auront paru , nous con- sacrerons seulement quelques lignes a leurs livraisons successives. Bornons-nous aujourd'hui , a I'occasion de la publication des deux premiers volumes de Tristan, a transmettre a nos leeteurs I'lnipres- sion que nous en avons recue. Elle a ete si vive , que nous avons relu plusieurs fois de suite les trois premiers chapitres. Nous avons ad- mire la vaste erudition de I'auteur, sa profonde connaissance des mocurs du moyen Age, et le charme qu'il a repandu sur tons les de- tails qu'il nous transmet , et qu'il a su faire entrer dans une £abie tres-attachante. Nous avouons qu'il nous a paru , a la premiere lec- ture , que I'interet languit un peu dans les autres parties. Cela vient peut-etre de ce que I'auteur, craignant de cliarger son livre de trop de notes, et ne voulant pas perdre toutes celles qu'il avail rassera- blees , en a fait entrer une partie dans le texte mdme., ou elles nous semblent ralentir la marche d'une action a laquelle il nous fait prendre , des son debut , un si grand inter^t. Nous craignons que cette remarque ne devienne encore plus sensible dans les quatre vo- lumes qui restent a publier, et qui porteront I'ouvrage a un nombre peut-etre trop considerable pour le developpement d'une seule action. Mais il ne faut pas considerer Tristan comme un simple roman de mceurs; c'est en m^me tems, comme la Gaulc poetique , un ricbe repertoire ouvert a tons ceux qui voudront etudier les mceurs et les usages du xiv*' siecle, ou qui desireraient y puiser les sujets divers de plusieurs compositions; il leur evitera la peine d'aller puiser, a grands frais , dans une immense quantite d'auteurs , que M. de Marchangy a extraits pour eux avec autant de conscience que d'habilete. Qui pourrait se plaindre de Irouver sur la m^me pa- lette les couleurs de plusieurs tableaux aussi neufs que varies ? Je dis les couleurs, parce que le style de Tristan^ est surXouX. une des parties tres-remarquables de I'ouvrage : il n'a rien du style froide- ment academlque , ni du neologisme barbare de quelques auteurs modernes. Ses personnages reproduisent dans leurs entretiens o'' dans leur correspondance une grande partie des mots et des for- mules de phrases usitees de leur terns; et cependant, lis n'ont rien d'etrange ni d'incomprehensible pour nous. C'est, en quelque sorfe, T. XXVII. — /u illel iSi^. 16 24a LIVRES FRANflAIS. une laiigue retrouvee ,.que Ton croit avoir sue, et que Ton se rap- pelle avec I'auteur (i). E. Hkre.\u. lag. — Pierre de Lara , ou I'Espagne au xi'' siecle, par M. Dii MiiRi.ES , autcur ('e VHistoire de la dominaCion des arabes en Espagne et en Portugal , traduite de I'espagnol. Paris, i8a5 ;Eymery. 4 vol. in-ia de 1087 pages ; prix 10 fi\ et 12 fr. Le genre du roman historique a 6te, avec raison , ce me semble , frappc de reprobation; il est si difficile de repandre dans une his- tojrereelle, sans en changer les fails les plus importans , I'intdrc-'t que tout le monde a le droit d'exiger dans un roman, et si abs irde, en meme tems de preter aux personnages counus dans I'liistoire des actions tout-a-fait imaginaires , des sentimens opposes a ceux qu'ils ont eus, que Ton a souvent signals ce genre commcfaux ou ennuyeux. Le rare bonheur de Walter-Scott, qui a place ses personnages liisto- riques sur le second plan et qui a construit sa fable tout entiei-e sur des personnages imaginaires, ou donnes seulement par des tradi- tions incertaines , a change tout le systfenie des romans historiques ; et quoiqu'avant lui lesFrancais eussent des exemples de ce genre et dans les Memoires du chevalier de Grammont, et dans I'immortel ouvrage de Lesage, Walter-Scott ,.par I'e.xtension qu'il lui a donnee, a rappele sur lui I'atteution et I'estime des gens de gout, et a merite d'en 6tre regarde comme I'inventeur. M. de Maries , auteur d'un grand ouvrage sur la domination des Maures en Espagne , a voulu retracer dans un roman les mocurs qu'il avail trouvees dans son histoire. Dc grands travaux sur Thistoire de France nous .ivaient deja valu le roman tr^s-interessant de Julia Severa de M. de Sismondi. (Voy. Rev. Eiic, t. xv, p. 102) Pour- quoi M. de Marias, au lieu de suivre les traces de ce savant histo. rien ou de Walter-Scott, a-t-il repris I'ancienne methode du roman historique? Sans doute il n'a pas falsifie I'liistoire comme I'ont fait mademoiselle de Scudery, Florian, madame de Genlis, etc.; mais aussi son roman n'a-t-il pas rinter(^t qu'on trouve dans les composi- tions de ses predecesseurs. Alfoiise VI , Urraque sa fiUc , Raymond , comte de Bourgogne, Pierre de Lara, premier minisfre du roi dc (i) II y aurait presque de la pcd.iuttrio a relcver, dans le aeohapitre decf t ouvrage (t. i*', p. 28), uue expression qui me parait trop bizarre pour n'etre pas une faute typograpbique ; jo ne crois pas que I'aulftnr ait vonlu ccrire : « La rudesse do nos moeurs telues et grossieres. LITTERATU^E, 24$ Caslllle , et-les princes mahomelans , tels sont les principaiix per- son n ages : mais ils sont connus par I'histoire ; et, quand rhistoire ne les fait pas agir , ils restent inactifs dans le roman. Que rcsulte- t-il de la ? une grande froideur dans la marche de I'intrigue. On n<: sait ou est Taction principale : est-elle dans les ^venemens de la guerre ? Mais alors que fait done Pierre de Lara ? est-elle dans les amours de Lara ? mais qu'y font les cvenemens de la guerre. II faut bien le dire , I'interet manque partout, et M. de Maries lui-m^me a pris soin de le detruire, parce que j'appellerais volontiers des /?o»- tades de persiffl^tge. Quoi! au milieu des situations les plus tristes, il s'interronipt pour faire quelques remarques plaisantes sur les attaques de nerfs et les syncopes de ses heroines, snr les infidelites de ses chevaliers ! Mais , a moins qu'ou ne veuille faire un ouvrage comique , rien ne peut autoriser de semblables disparates dans le style. En resume, M. de Maries nous semble avoir port^dans son roman de vastes connaissances historiques , une 6tude approfondie des moeurs qii'il a voulu peindre, des descriptions souvent aussi bril- lantes que le peuple qui dominait alors une grande partie de TEs- pagne. Mais , cette unite necessaire dans tous les ouvrages d'ima- gination , cette invention de situations neuves , cette chaleur dn style, sans lesquelles les ouvrages ne peuvent vivre, paraissent lui manquer absolument, et nous font encore attendre sur I'Espagne au xi« siecle , ce que Walter-Scott a donne a son pays pour tous les siecles de'l'Ecosse. B. J. l3o- — Le Voyageur sentimental , ou ma Promenade a Kcez-rf^n. Edi- tion augmentee et suivie d'un second 'voyage fait par I'auteur , qua- rante ans apres ; par M. Vernes de ldzb. Paris, 1820 ; Arthus Ber- trand. 2 vol. in-12 , ornes de deux jolies gravures ; prix 6 fr. et 7 fr. 5o c. En anuoncant dans ce recueil , il y a trois ans (voy, t. xiii, p. 267 a 269), Mathilde au Mont-Carmel , roman du raeme auteur, je crus devoir , pour le dedommager de la critique que je faisais de cet ou- vrage, rappeler son f'oj-ageur sentimental qui m'avait laisse des sou- venirs agreables. J'etais trfes - jeuue lorsque cet opuscule me tomba entre les mains; et , apres I'avoir lu , j'aurais volontiers dit a M. Vernes , avec I'auteur de la lettre rapportee, p. 77 du t. 11 : >< Je croyais Sterne mort depuis long-tems ; je vois , a ir.on grand ^tonne- ment , qu'il vit encore. Voire epilre dedicatoire, voire histoire dn Mouton, celle de Rose , du petit ecu, du Bequillard, d'Henri et de 2','^ LIVRES FRANCAIS. I'Avcugle me seniblent dignes dc sa plume, ainsi que voire douMr inscription sur la porte du cimetii!re , etc. » Je viens de relirc cet ouvrage, dont rauteiir public uue nouvellc edition , oil il a , dit-il, supprime quelques passages que reprouvait un gout devenu plus severe. J'ai trouvc 399 - ^90 individus sont morts dans la maison de charite; 703 etaient des geiis de couleur. Le total des naissances, pendant la meme annee, a ete de 5,833 Difference entre les morts et les naissances, i,434- ( Gazette de Philadelphie. ) ViftGlNlE. — Exemple remarqiiable de longevite. — II existe main- tenant, dans le comte de Charlotte, pres la frontiere de celui de Campbell, un couple, dont le marl a 118 ans, et sa femme F17. Cet homme , appele Alex. Berkley, est ne en Ecosse et a servi sous le due de Marlborough , pendant le rfegne de la reiue Anne. Apres la mort de cette princesse, il emigra en Amerique, servit dans I'arniee anglaise , sous le general Wolf, et se trouvait a Que- bec, lors de la defaite de Montgomery. II y a 90 ans qu'il est ma- rie, et il a eu plusieurs enfans, qui tous I'ont precede dans la tombe. {y'lllage Bee. ) Mauchchijnk , sur le Lehigh. — Commerce de charbon. — II y a en ce moment ( mars 1825 ) 100,000 boisseauxde charbon sur le port , et environ 5 a 800,000 decouverts dans la mine. — On a creuse sous terre, a deux ou trois milles de la riviere; les ouvriers ont deja penetre jnsqii'a 23o pieds , et s'attendent a trouver dans un mois uneveine de charbon. — On calcule qu'il pourra dtre exporte , cette annee, des mines du Lehigh a Philadelphie 25,000 tonneaux de charbon, representant 700,000 boisseaux. Quoique le Schuylkill ne puisse 6tre navigable avant le mois de juin , il y a plus de 90,000 boisseaux de charbon sur les atterages de cette riviere. — Ce resul- tat sera augmentc de plusieurs centaiues de milliers de boisseaux, qui seront apportes a Philadelphie. On a calcule que la substitution du charbon au bois procure une diminution d'environ mille dollars dans les depenses annuelles de I'hopital de Pensylvanie. ( Gazette de Philadelphie. ] T. XXV n . — Jttillet 1 8a 5. 17 258 AFRIQUE. Alger. — Tremblement dc tare. — Un freinblemt'iit de terre vio- lent s'est fait sentir a Alger , le a juillet dernier. Des secousses repetees out eu lieu successivement, pendant plusieurs jours de suite. II u'a occasione nucun dommage ; mais les liabitans out ete tellenient effraycs, que beaucoup de families out fui dans les campagues , et se sont refuglees sous des tentes. — Le m(5me tremble- ment de terre a produit les plus terribles ravages, a dix lieues d' Al- ger. La vilie de Belida a ete detruite , et un tres-grand uombre des habitans a peri. Sur dix mille personnes dont se coniposait la popu- lation, six inille ont et6 engloutics dans les decombrcs. — Dansl'es- pace de vingt ans , c'est la troisit'me ville qui est detruite : Colea et Mascara avaient peri de la meme maniere. ApniQUE. Decoin'crles recenles. — On a beaucoup d'obllgations au reJacteur cliarge des nouvelles de geographie dans le Journal des De- Jnfj-,d'avoirdonne(dans la feuilledu lojuin dernier) I'apercu des de- couvertes les plus recentes en Afrique, d'apres les rensergnemens que viennent de fournir le major Deuham et M. Clapperton, a leur retour en Europe. Les deux principauxresultats dont nous y trouvons I'ex- pose sont 1° que le Dioli-bd , vu par MungoPark a Sego, etcoulant au N. N. E. , revientsurses pas , au dela de Tombouctou, et sedirige au S. E. et au S. , vers le golfe de Benin , oil est son embouchure. 1° Que le grand lac central du Bornou n'a point d'ecoulement visible , quoiqu'ilrecoive plusieurs grandes rivieres. II paraitraitquelebassin deces rivieres est distinct decelui oil coule leUioli - ba ; et c'est vers Sakkatou (a ajS lieuesenvirondu lac central) qu'exi.ste la separation de ces deux bassins. Ces fails tres-importans, nou-seulement pour la geographie physique de cette partie du globe , mais pour les com- munications nouvelles qui voiit s'etablir entre elle et I'Europe, n'onl ete reveles a ce qu'ilparait qu'au momentoii les intrepid^s voyageurs ont debarque a Portsmouth, c'est-a-dire , au commencement du mois de iuin courant; car le Journal des Debuts du 6 du m^me mois annoncant deja la chute slu Dioli-ba dans le Benin, s'exprimait comme il suit, au siijet du grand lac Tsad : « Cette mer interieurc forme un bassin particuller comme la mer Caspienne ou le lac Aral en Asie ; elle coinuiuniqtie cejiendant dans la saison des pluies a fee le A'il Blanc; » ce qui est directement le coutraire du fait enonce dans le journal du to juin. Le redacteur de I'article cite souvent M. Malte- -g^t Brun, comme avant soutenu que le fleuve de Tombouctou secou- ^| I AFRIQUE. 259 lait dans le golfe de Guinee : il aurait pu rappeler aussi que ce savant geographe a soutenu tout recemment la communication du lac central avec le Nil ; que persuade apparemment de I'existence de cette communication , il a combatttu un memoire lu il y a quel- ques mois a I'Academie des sciences , oii I'opinion diametralemeut contraire est defendue par I'auteur (i). Pent - 6tre meme I'opinion enoncee dans la feuille du 6 juin y a-t-elle ete consignee par M. Mal- te-Brun; Dans ce cas , quatre jours auraient change la maniere de voir de'ce savant : ce qui n'a rien d'etonnant au fond, puisque les resultats devoiles par les voyageurs anglais sent parvenus a sa con- naissance dans I'intervalle. On devait s'attendre toute fois a ce que I'auteur du nouvel article parlerait du memoire publie sur la ques- tion , puisque ce memoire s'accorde presque sur tous les points avec les observations des voyageurs : une coincidence pareille valait la peine d'etre remarquee ; et si cet article eut ete redige par M. Malte- Brun , il n'y eut pas manque , a cause de la controverse meme qu'il avait elevee pen de terns auparavant. • L'auteur du memoire avait dit : II n'y a point a I'occident de Bornou ( la oil est mort le docteur Oudney ) de hautes montagnes , de 14,000 pieds , d'oii s'ecoule un fleuve assez eleve pour tomber dans le Nil Blanc : et , en effet , M. Clapperton a decrit depuis ce lieu comme uue plaine. II avait dit : le lac Ts4d ne s'ecoule point dans le Nil ; or , le ma- jor Denham , qui a fait le tour du lac , a trouve qu'il n'avait point d'ecoulement visible. On lui avait objecte que le lac s'ecoulait quelque part necessaire- ment , puisque ses eaux etaient douces ; aujourd'hui , on trouve que ses eaux sont douces et que ce n'est plus une difliculte : c'est ce que I'auteur du memoire avait explique assez clairement. II avait dit qu'il n'y avait point en Afrique un fleuve unique ayant 2,000 lieues de cours, partant presque de I'Ocean et tombant devant Chypre , ct nous apprenons par les voyageurs anglais qu'il y en a au moins quatre dans cet espace, le Dioli -hk, le Yaou , d'autres ve- nant de Test et enfin le Nil Blanc, dont le bassin est isole comme il I'avait soulenu. (t) Extrait d'uQ Memoire sur la communication du Niger ou Nil des Noirs, avec le Nil d'i'gyple , lu a I'Academie des scieuces , le 18 avril iSaS, par M. JoMARD, mcmbre de I'lustitut. Iu-8" de 2 feiiilles, avec une plan die de jirofds et uue carte. Artlius Bertraud, luc Hautcfeuilie , u" 10. '-*6o AFRIQUE. U avail dit encore que le Yaou ( fleuve qui se jette dans le lac Tsad ) faisait suite au Dioli-ba vu par Mungo-Park. Cette afsertioir parait dcmentie par le recit fait a M. Clapperton; mais rauteuravai; suivi I'autorite assez imposante d'llornemann , lequel s'exprimc ainsi : La riviere qui passe a Tomhoiictou... continue a Vest sur le territoire de BornoH... (i) II etait aussi d'accord avec les redacteurs du Quar- terly Review , a cet egard, quoique differant absolument avec eux sur le reste. La terroinaison du Dioli - ba daus le golfe de Benin , apres un cours retrograde de plus de trois cents lieues, est un fait extr^nie- raent curieux a observer et important pour la geographie physique ; et Ton doit regretter que M. Clapperton ait laisse cette gloire a un autre. Mais au lieu d'exprimer un regret , il faut plutol adresser des actions de graces aux deux intrepides Anglais qui , apr^s avoir vu perir sous leurs yeux deux de leurs compagnons de voyage , out continue avec le m6aie courage, leurs explorations perilleuses. Feli- citons-nous plutut de posseder des lumi^res si inattendues sur un pays reste mysterieux pendant tant de siecles. II ne faut pas non plus que la satisfaction des amis des sciences et de I'huraanite soit altereepar une hiimeur un peu chagrine, comme on le voit dans la conclusion de I'article da Journal des Debats du lo juin , ou Ton adresse au gouvernement francais des reprocbcs qu'il n'a pas me- rite. On dirait, a entendre celui qui s'est fait I'organe de ces re- proches, que les savans francais ont neglige des conseilspatriotiques, et que le gouvernement francais les a repousses. Mais quelle propo- sition a ete faite a ce dernier? Quelle opposition y a-t-il niise? Ne doit-on pas lui teuir compte, au contraire , de ses efforts pour faire penetrer quelqu'un a Tombouctou par la voie du Senegal. Et apr^s tout, puisqu'il s'agit de positions et d'operatious commerciales, n'y a-t-il pas a peu pr^s la ni^me distance de Tombouctou a Saint-Louis qu'a la cote de Benin ? Si , a la v^rite , on ne peut faire par eau qu'une partie du trajet, savoir de Tombouctou a Sego et de Felou a Saint- Louis, li'evite-t-ou pas aussi un grand circuit de 5oo lieues par la cote d'Afrique, dans des parages fuuestes a la sante des navigateurs ? Le gouvernement francais n'a pas fait , dit-on , occuper les embou- chures du Dioli-ba et I'lle qui les domine. Le pouvait-il, le devait- (i) Voy. Kev. Ehc, X. xv . [>. t8?. a i88, et t. xxiv, p. 56i; .i 577, et Bulletin ii//liqiu'. — Le grand con- seil du canton d'Argovic a entendu , dans sa seance du 7 juin der- SUISSE. — GPxECE. 271 iiier, le compte que le gouverneinent lui rend annuellemenl de sa gestioD. Depuis la publication de la loi sur les communes juives d'Eadingeii ct de Langnau , on remarque dans I'adminislratiou de CCS deux communes plus d'ordre et de regularite qii'auparavant ; les mesures prises donnent lieu d'esperer une amelioration progres- sive dans I'etat civil et moral de cette partie de la population. — Outre VEcole cantonale ou college superieur, il se trouve actuelle- ment des colleges secondaires dans les villes d'Arau , de Brougg , de Laufenbourg , de Lenzbourg et de Zoffingue : on doit en etablir dc semblables , cette annee, a Brenigartem et a Zurzach. L'organi- sation de I'Ecole d'Arbourg ne laisse rien a desirer. — L'enseigne- ment, dans les ecoles priinaires de toutes les communes , se perfec- tionne d'annee en annee , grSce a Tinfluence de rexcelleute Ecole normale instituee dans la ville d'Arau , pour la foiniation des regens. — Cedant aux vceux de la diete et aux craintes des hautes puis- sances, le gouvernemcnt a laisse subsister la censure des feuilles publiques. — Les mesures prises dans I'interet de fa surete publique ont considerablenient restreint la mendicite et le vagabondage. — L'etablissement des voitures pour le transport des malades pauvres, ameliore par une nouvelle loi, est devenu moins onereux pour les communes, et plus utile aux malades. — La caisse cantonnale des pauvres , creee il y a vingt ans, possede un capital de 191,870 fr. La depense de I'annee derniere a ele de 16,933 fr. Les fonds comniu- uaux des pauvres, non compris ceux des villes qui ne sont pas sou- mises a I'inspection de la commission des pauvres , forment un to- tal de i,o58, t68 fr. La somme des secours publics , donnes aux pauvres en iSaS, a ete de 79,982 fr. {NouvelHste Faiidois.) GRECE. Instruction publique. — L'Assemblee nationale d' Astros , persua- dee que les nations prosperent , se fortifient et se maintiennent par I'instruction , avait declare, dans la loi organique (art. 27), que I'instructiou publique serait sous I'inspection immediate du senat legislatif qui doit surveiller tout reuseignement national. En con- sequence des dispositions de cetle loi, le corps legislatif decrete : — 1° II sera ctabli dans la viile d'Argos une ecole cenltale hellenique, oil diverses connaissances bumaines scront enseignees. — 2° Le mi- nistre de I'interieur est cbarge de I'execution de la presente. Napohde Romanie , 1 8 25. Sig'ie: Lepresideut, Panootzo Noxaiias. Le secretaire, A. Papadopoulo. 2 74 EUROPE. Uii autre drcret du senat nomme un inspecteur general dc Tins- truction publique, et determine ses devoirs. Eii void les priHcipales dispositions : I'inspecteur general visitera toutes les ecoles , tant primaires que secondaires , etablies sur le territoire libre de la Gi cce; il informera le gouvernement du nombre des eco'.es etablies , de leur etat et de leurs besoins : il s'entendra avec les autorites des cantons ou de pareilles institutions n'existent pas encore, a£in d'en ^tablir le phis tt)t possible; il prendra des informations exactes sur la capacite des professcurs de ces ecoles, et sur le mode d'enseigne- ment que Ton y suit. II introduira partout ou il le jugera necessaire les metbodes les plus propres a hater les progres desel^ves; il tft- chera surtout d'ameliorer renseiguement de la langue grecque an- cienne , afin que les jeunes eleves ne consuraent point dans cette etude seule un tems long et precieux. II se concertera avec les co- mites particuliers etablis auprf-s des differentes ecoles , pour le cboix de professeurs sages , vertueux . et capables d'Inspirer a la jeunesse des sentimens de vertu et de patriotisme , afin que les pro- gres des enfans et des jeunes gens repondent aux csperances des pferes de famille et a la sollicitude du gouvernement. II surveillera I'administration des revenus que possede chaque ecole , et en fera un rapport exact au gouvernement. II s'occupera , de concert avec les comites respectifs et les autorites locales, a pourvoir chaque ecole d'une bibliotheque proportionnee a ses faculles. II veillera a ce que les comites et les professeurs rassemhlent soigneuseracnt les Testes des antiqultes qui pourront 6tre decouvertes, telles que sta- tues, medailles, inscriptions, etc., et les deposent dans une des salles de I'ecole , afin de metfre la nation en etat de mieux appre- cier ses anc^tres et son antique civilisation. Enfin , I'inspecteur ge- neral soumettra au gouvernement un plan relatif au mode d'ensei- gnement et a la duree des cours. Ce plan , approuve et autorisr par le gouvernement , sera communique a qui il appartiendra , pour 6tre suivi jusqn'a nouvel ordre. Athenes possfede deja cinq ecoles, savoir deux d'enseignement mutuel qui comptent quatre cents eleves ; deux autres pour I'en- seignement du grec ancien , ou Ton enseigne aussi les langnes ila- lienne et francalse; enfin, une ecole d'histoire et de philoso]jhie , dirigee par Jean Gennadlus. Tous ces etablissemens ont 6te fondos , depuis I'blver pass6 , au milieu des troubles de la guerre exlerieure Pt des dissensions rivilcs. ITALIE. 27'j h'Arni de la lot ( n° 107 ), contient une declaration du comite charge dans cette ile de la direction de I'eiiseignement. Cette de- claration est concue en ces termes. a Toutes les villes de la Grece libre jouissent des bienfaits de I'instruction; nous nous sorames empresses de saivre leur exemple, et nous av6ns etabli dans notre ile une ecole centrale, afin que, par I'habitude des idees justes et des pensees vertueuses coutractee des leur premiere enfance , nos fils deviennent un jour des citoyens utiles a leur patrie. " Ainsi, nous tous , primats de I'lle de Tinos , nous etant reunis sous la presidence de notre eparque Lazare Kriczis,et nous etant co- tises, nous avons reuni des fonds suffisans pour etablir une ecole ou seront enseignees la langue grecque ancienne et la langue fran- caise, riiistoire , la gc'Oi;;raphiv; , la philosophic morale et I'economie politique. Nous avons choisi pour professeurs Anthimus Gazis, Eus- trate de Cydonie et Pailion de Patmos. Sont admis dans cette ecole les el6ves des deux rites sans distinction , pourvu qu'ils se presentent a la commission chargee de les recevoir. » ( Siiivent les ncms des souscripteurs et des commissaires. ) ITALIE. Pise. — Histoire naturelle. — M. Paolo Savi, professeur d'histoire tiaturclle, et directeur du Musee a I'Universite de Pise , a distingue les caracteres d'une nouvelle esp^ce de rats que I'on avait confon- due jusqu'ici avec celle que Linne nomme mus rattiis , et qu'il ap- peile mus tectorum , du nom commun qu'il porta en Italic de rat! des tolls. II en a communique la description au docteur Charles Passe- riai , conservateur du Musee de Florence , et promet de faire connaitre les mocurs de cette espece , tant dans I'etat de liberie, que dans I'etat de servitude. F. S. Rome. — Academic des Thesmophiles. — Cette Societe, etablie depuis 1 8 14, vient d'etre approuveepar un bref qui sanclionnelesreglemens qu'elle s'est donnes. Elle a pour objet I'etude de la jurisprudence canonique et civile, ettient ses seances les jeudis dechaque semaine. — Travaux de M, Champollion sur ies rnontime/is Egyptiens. — M. Angelo Maio , si connu par ses utiles et laborieuses decouvertes sur les palimpsestes , a fait inserer , dans le Diario di Roma , un article relatif a notre savant collaborateur , M. Champollion. Nous allons en offrir la traduction. « Le celebre litterateur fraucais M. Cham- pollion visile les roonumeiis egypticus conserves a Rome et les eat- r. xwii. — Juillet iSaS. iS 274 EUROPE. ulique par son impoitanle d^coiiverte de I'alphabel phonetique et «a profonde connaissance de la laiigue de cette terre classique. On peut dire maintenant que le voile mystericux qui couvrait les con- tr6es baignees par le Nil, est arrache. C'est avec le plus vif enthou- siasme que Rome lit enfin les inscriptions des obelisques majestueux, des tombeaux , des papyrus, des momies , des scarabees qu'elle pos- s^de. Le savant a qui Ton doit ces beureuses decouvertes les com- munique avec la plus grande affabilitc dans des lecons sur ces ma- ti^res. Un cercle brillant de diplcmates instruits et de litterateurs , tant natlonaux qu'etrangers , reunis cliez S. E. le comte de Funclial , ambassadeur de Portugal , I'ecoute avec admiration. Les applaudlsse- mens de Rome repondent dignement aux eloges du premier orlenta- liste vlvant, M. deSacy, qui, dans un article raisonne , a donne son approbation aux decouvertes de son compatriote M. Cham- polMon. «( Yoyez ci-Jessiis p. 112.) Des lettres posterieures annoncent que M. Champollion a quitte Rome , le 17 juin , apres avoir ete recu en audience de S. S. On doit publier le catalogue des ma- nuscrits egyptiens du Vatican qu'il a redige pendant son s6jour dans I'ancienne eapitale du monde. A. L. Turin. — Publication prochaine. — Le celebre poete coraique yrf/- bert Not A, se propose de donner bientot au public deux nouveaux volumes, composes de quatre comedies chacun ; ilsporteront le nom- bre des pieces de cet auteur a vingt-une; I'edition fie Milan, 1811, n'en contenait que treize. Les comedies de Nota viennent d'etre tra- duites recemment en langue espagnole et se jouent a la Havane avec beaucoup de succes. S. V. Rome. — Sculpum. — L'babile sculpteur , Ph. Albacini , vient de terminer une statue d'Achille , qui a obtenu I'approbation des con- naisseurs. Le heros grec est represente de grandeur naturelle , et s'efforcant de tirer de son talon le trait fatal lance par la main de Pftris. II l^ve contre le ciel sa tete fuiieuse , comme pour reprocher aux dieux son infortune. L'expression de la souffrance et du deses- poir se peint dans ses traits ; et tons ceux qui ont vu cet ouvrage s'ac- cordent a louer la vigueur des formes , la noblesse du sujet , en un mot. la perfection du travail , qui est digne de la reputation de son auteur. M. le due de Devonshire en a fait I'acquisition. J. Adrif.k-Lafasge. Turin. — Necrologie. — Vassalli-Eandi. — Le Piemont vient de perdre un de ses citoyens les plus distingues, le celebre Vassai.i.1- ' ITALIE.— PAYS-BAS. S175 Eakdi , dont le nom figurera dignement dans les annales de sa pa- trie, a cote de ceux de ses illustres compatriotes Denina, Lagrakge, Massena et Charles Bossi , que la mort a rnoissonnes depuis peu d'annees. 11 a cesse de vivre !e 5 de ce luois ( juillet), a Turin , a I'slge de 64 ans , a la suite d'une longue maladie. M. Vnssalli-Eandi , ancien profcsseur de physique, directeur de rObservatoire et du Musee d'histoire naturelle , membre et secre- taire perpetuel de I'Academie des sciences de Turin, un des quaranie de la Societe Italienne , etait membre correspondant de I'lnstitut de France et des princij)ales Societes savantes de I'Europe ; il avail ete decore de I'ordre de la Legion-d'Honneur, a I'epoque oil le Piemont etait reuni a la France. — Cethomme, d'un rare merite , s'etait fait remarquer avecbeaucoup de distinction dans le monde savant, sur- tout dans les sciences exactes. Digne 6mule de son compatriote Beccaria et des celebres Spallanzani et Volta , il est auteur de plu- sieurs ouvrages tres-remarquables sur la theorie de I'electricite, la meteorologie et I'agriculture , amcliorees par I'application des pro- cedes physiques et chimiques. — ■ II a ete appele dans le tems a Paris, pour prendre part au travail classique sur I'uniformitc des poids et niesures. — La noblesse de ses sentimens, I'elevation de son caractere et la purete de sou patriotisme, I'avaient engage a se refuser aux offres flatteuses qui lui ont ete faites, de la part de I'empereur Alexandre , de passer en Russie, apres les evene- mens de i8i4 , pour le dedommager des injustes tracasseries dont il etait alors I'objet. — Enfin , ses vertus publiques et privecs, la simplicite de ses moeurs patriarcales , I'avaient rendu cher a sa nation et a ses nombreux amis , qui deplorent sa perte. A. PAYS-BAS. Gasu. — Beaux-arts. — Peinture. — Exposition publique. — II n'est point de ville , dans les Pays-Bas, ou Ton cultive avec plus de suc- ces les beaux-arts, et oil on les encourage plus puissamment que dans I'ancienne capitale de la Flandre. Outre la grande exposition de tableaux qui s'ouvre tous les trois ans au salon de I'Academie de peinture , une autre exposition annuelle a lieu au salon de la Societe des beaux-arts et de litterature. Cette exposition a ete ouverte une grande partie du mois de mai. Au plaisir d'y contempler des pro- ductions charmantcs, se joignait celui de faire une bonne action ; I'exposition ^tait au profit des malheureux, victimes des dernieres 478 EUROPE. inondations en Hollande. Parmi les tableaux qui attiraient le p!u» I'attention des connaisseurs , nous avons remarqu^ les suivans : Hec- tor pletire par sa famitle et les Troyens , de M. Duvivier , de Bruges, domicille a Paris; iine jetme 'vendangeuse accompagnce d'un vieil- lard, par M. Maes, pensionnaire du roi des l*ays-Bas a Rome, le» tableaux d'histoire de M. C.\t)WEH aine; les vaches et les moutons de M. E. Vebeoeckhoven ; les marines du frtre de ce jeune artiste, M. L. Verboeckhoven ; les tableaux de genre de M. Geirnaert ; les paysages de M. de Noter ; le portrait de Sanderus , ecrivain gantois, par i\I. P^elikck; les compositions historiques de M'neRuDE, nee Sophie Freriiet, etc., etc. La plupart de ces tableaux sont des- tines a embellir la grande exposition qui aura lieu sous peu a Har- lem. A. Voisiif. Harlem. — Noiivelinstnimentde musiqtie. — On doit eiivo\er a I'cx- positionde Harlem unetrompette a clefs, en bois, destinee .iremplacer les trompettes du mdme genre en cuivre. Get instrument a ele exa- mine et essaye dans une reunion d'artistes, qui lui a donne son appro- bation et I'a nomme Tuba - Diiprc , du noni de son inventeur. — II y a quelques annees, un pareil essai fut tente a Paris par M. Boileau , facteur d'instrumens, qui confectionna des cors et des trompettes dont le tube etait en bois, et dans lesquels le cuivre n'etait employe que pour le bocal et le pavilion. Ges instrumens furent aussi essayes et approuves par plusieurs artistes ; mais ils ne furent point adoptcs , paree que les resultats obtenus par I'ancien procede parurent prefe- rables. Je pense qu'il en sera de m^nie de la Tnba-Dupre , et il n'y a pas lieu de s'en etonner : le bois, Jieaucoup moins sonore que le cuivre, est tout a fait defavorable a des instrumens brillans, dont le role principal est I'execution de la fanfare. Si les trompettes a clefs n'etaient pas on usage, on pourrait trouver une compensation au defant de sonorite dans la facilile que procurerait le doigte, et dans I'agrement qu'il y aurait a faire sortir les parties de I'accord parfait , auquel est limite I'liarmonie des trompettes ordinaires. Mais, puisque les trompettes a clefs sont d'un usage assez frequent, il ne reste plus que I'avantage du bon marclie ; avantage peu consi- derable aux yeux des artistes, qui aiment mieux faire quelques sa- crifices et posseder un bon instrument, que d'avoir a plus bas prix un instrument imparfaif. — Puisque j'ai parle des trompettes a clefs , je dirai qu'il serait fort a desirer que les compositeurs les introdui- sissent dans les orchestres de theatre. Ce serait un nioyen de jeter cjuelque variete dans les parties de trompettes , qui seroblent n' avoir PAYS-BAS. — FKANCE. 377 que des formules consacrees et immuables. Employees a propos, les trompettes a clefs produisent un effet excellent, non-seulement dans les tiitti , niais encore dans les solo : ceux qui ont entendu les excel- lens morceaux d'harmonie militaire de MM. Berr et Louis ont pu »'en convaincre. J. Adrian Lafasge. i-ovwin. — Publicntiori piochaine, — Le i<='' novembre procbain , il paraitra uu ouvrage intitule ; Archives philologiques ; par M. le ba- ron de Reiffenberg. Cerecueil formera, par an, 2 vol. in-8" d'en- viron 400 p. Oil y donnera uue attention particuliere aux travaux des corps enseignans , et Ton y recueillera avec soin les materiaux qui peuvent scrvir a rcdiger I'histoire litteraire des Pays-Bas. Z. FRANCE. Grandes routes enfer. — Deux projets sent proposes et livres a la discussion publique ; celui d'une rouie en fer de Paris an Havre, et celui qui etablirait le nicme moyen de communication entre Lyon et Aries. Ces deux speculations ont entre elles moins de conformity qu'on ne le croirait au premier coup d'ocil, si Ton se bornait a con- siderer les avantages de I'une et derautre construction. La routeen fer de Paris au HAvre sera beaucoup plus courte que toute communi- cation pareau; ce qui ne peut avoir lieu entre Lyon et Aries ; mais, d'un autre cote , la navigation ascendante du Rhone est si difficile , en comparaison de celle de la Seine , qu'on est plus frappe de I'avan- tage que peut offrir line route phis facile et plus courte entre la capilale et I'embouchure de la riviere qui etablit sa communication avec les ports de mer. Les canaux sont des routes dont les proprie- tes sont bien connues, invariables; les routes en fer sont une crea- tion de I'industrie dont on prevoit deja quelques inconveniens , et que I'experience renfermera sans doute dans les limites quilui con- vieniient. II est bien a craindre que Ton ne commence par en abu- ser, et que leur application utile ne soit fixee qu'apres un certain nombre de tentatives imprudentes et malheureuses. On peut con» suiter sur cette question interessante un ecrit intitule : Observa- tions siir le projet d'etablir une grande route enfer, laterale an Rhdne. Paris, 1825. In-8° de 9 pages; imprimerie de Firmin Didot, rue Jacob , n° 24. F. Caew ( Calvados ). — Coll(Ktion d'histoire naturclle. — Cabinet de feu le professeurLjiMovRovx. — En consignant dans ce recueil I'ap- pel fait aux ^Ifeves , auxemules et aux amis de feu M.leprofesseur Lamouroux pour I'erection dan* la ville de Caen d'un monument 278 FRANCE. funfebre qui consacre sa m^moire et atteste les regrets de ses conlem- porains , nous n'avons fait qu'acquitfer una faible part du trlbut de reconnaissance que nous devions a cet irifatigable et z^le collabora- teur. Nous devons maintenant a sa famille d'annoncer la niise en vente des nombreux objets d'histoirc naturelle qui composaient le cabinet de ce digne savant , plus occupe, duiant sa trop coinle exis- tence, a rassenibler autour de lui des objets d'ctude qu'a s'assurer les faveurs de la fortune. — Labotanique, la zoologie, la miuera- logie et la geologic sont les quatre branches des sciences naturelles dans lesquelles se classent les nombreuses especes que renferme le cabinet de M. Lamouroux. On connait ses travaux sur les polypiers flexibles et pierreux, sur les hydrophytes, taut marines que fluvia- tiles. Ses relations sur divers points du globe etaieut trfes-etendues ; les amis des sciences s'erapressaient de lui faire des envois d'objets choisis qui ont rendu sou cabinet I'un des plus beaux et des plus riches en thalassiopkjtes , en mi/lepores , alcyons , madrepores, eponges, corail, etc. Nous souhaitons que ces iuteressantes collections passent dans des mains conservatrices qui puissent en faire jouir les ama- teurs des sciences naturelles (i). B. G. PARIS. Instttut. — Acadimie des sciences. — Mois de juiiv 1823. — Seance du %. — -M. Magendie fait un rapport, au nom d'une commissiou chargee d'examiner les pieces du coucours pour le prix de physique de I'annee iSaS , sur la question qui a pour objet de determiner , par une seric d' experiences cldmiques et pliysiologiques , quels sont les phcno- menes qui se succedent dans les organes digestifs diirant Vctcte de la di- gestion. Aucune des pieces envo\ecs n'a ete consideree comme ayant completement satisfait fi la question ; mais pour reconnaitre le zele qu'ont moutre les auteurs en faisant un grand nombre d'experiences dont plusieurs sont tres-dispeudieuses , 1' Academic accorde aux au- teurs des pieces n° r etn°a,iine somme de quinze cents francs, a litre d'encouragement. Les auteurs du memoire n" r sont MM. Leuret (Francois), elfeve interne de la maison royale de Charentou, et Las- SAiGNE (Jean-Louis), preparateur de physique et de chimie a I'Ecole veterinaire d'Alfort. Les auteurs du memoire n° 2 , seront prevenus (i) Pour voir ces CoUectlous et traitcr du prix , il faut s'adrtsscr a Caen , rl^ei M'ne V« Lamuuroux, rue de la Geolc. PARIS. 279 de la clecisiou de TAcademie , et leurs noms seiont proclanies s'ils y coiiseutent. — M. Geoffrey St-Hilaire. au nom de la commission chargee d'exaininer les pieces de concours pour le prix de phvsio- logie fonde par M. de Montyon , lit un rapport , d'apres lequel le prix est decerue a uu merooiie sur I'analyse desybnciT/onj Kn««/rei, par M. CoussAT, medecin de Geneve. La comrnission cite , dans son rapport, le travail de M. Je docteur Flouhens , ayant pour litre; 1° Experiences sur Veiiccphaie des poissons ; 2° sur la cicatrisation des plates du cerveati et la regeneration de ses parties tegumentaires ; 3° sur les conditions fondamentales de V audition et sur les diverses causes de sur- dite. Ce travail , que la commission juge ir^s-recommaridable, aurait partage le prix avec le memoire de M. Chossat, si I'on n'eut consi- dere que les questions traitees par M. Flourens , quoique nou- velles en ce qui concerne les fails particuliers , ne sont toutefois qu'une continuation d'auciens travaux deja couronnes dans les der- niers concours. — II est donne lecture d'une note remise par M. Bou- VARD et qui conlient leseleniens dela comete decouverte a Marseille, le igmai 1825 , par M. Gambard. — M . Arago remarque qii'il se trouve presentement a Paris deux caaieleons vivaiis, et qu'il serait interessant de pro£ter de celte occasion pour en lirer des lumieres sur le changement de couleur du cameleon. L'Academie norame coramissaires pour cet objet MM. Arago, Fresnel et Dunieril. — M. I'ingenieur Giuseppe C^ritsi adresse a I'Academie une lettre, dat^e de Milan, relative a un mecanisme propre a elever I'eau des irriga- tions , et qui peut s'appliquer a tout autre travail. Cette lettre sera reraise a la co'iimission de mdcanique , qui en fera son rapport. (MM. Girard et Na7ier,commissaires. ) ^ — M. Z)(Approuve.) — M. Fkeskel litunenotesurla repulsion que les corps echauffcs exercent les uns sur lesautresa des distances sensibles. — M. Magendie, au nom d'une commission , lit un rapportsur un jeune sourd-muet de naissance qui a recouvre I'ouie par le catheterlsmedela trompe gutturale, par les soins de M. le doc- teur Delbau. « Vos commissaires pensent que les efforts de M. De- leau , pour rendre a la vie sociale des ^Jres que la nature senible en avoir en grande partie separes , sont dignes des eloges de I'Academie ; que les resultats auxquels il est parvenu sur le jeune Trezel, sont tres-importans et dignes du plus vif interet ; ils vous proposent d' en- gager M. Deleau a continuer I'education qu'il a si heureusement commencee, a multiplier, autant qu'il sera possible, les observations du m6me genre, et a fonder ainsi un genre d'enseignement ou d'edu- cation qui doive ^tre compte au nombre des ameliorations de la con- dition humaine. » — M. de Humboldt, lit un tableau intitule, Es- quisse d'un tableau geognostique de I'Amerique meridionale; et un autre memoire renfermant la discussion des variations horaires du barometre sous toutes les zones, depuis le niveau de la mer jus- qu'a i4oo toises de hauteur. — Au nom d'une commission , M. Cu- vier fait un rapport relatif aux nouveaux travaux de M. Flourens : 1° sur le cerveau des poissons ; 2° sur la regeneration des parlies du crane et de I'encephale ; 3° sur les fonctions des diverses parties de I'oreille, « L'objet des experiences de M. Flourens est interessant, et lelles nous ont paru faites avec beaucoup de soin et de sagacitc. L'au- teur, ajoute M.Cuvier, en a repeteplusieursdevant nous avec lememe succes qu'il les avait faites dans son laboratoire, et nous pensons que I'Academie doit I'encourager par son approbation a poursuivro la carriere difficile oil il est eutre avec tant il'eclat. » ( Appronve. ) — Seance publique du 20 Jnin , presidee par M. Chaptal. — Prix decernes. L'Acndemie avait propose pour sujet de : « Determiner, par une serie d'experiences chimiques et physiologiques , quels sont les 282 FRANCE. ph^aomeiies qui sc succt;deut dniis les organes digestifs durant I'actc de la digestion. - Le prix n'a pas ete dcceriie, raais il a ete accorde line somme de i,5oo fr. i° au memoire ii° i, dont les auteurs sont, MM. Leuiiet , eieve de la luaison de Cliarenton , et L\ss.\igne , pr6- parateur a I'Ecole d'Alfort ; a" au n" 2 , dont les auteurs sont encore anonyraes. — Le prix de scaiisiique, fonde par M. de Montyon , est decerne a M. Hyppolyte Creuze de Lesser, auteur de la Statistiqiie du dipanement de VlleraiUt, M. Marcel de Serres est mentionne honora- blement pour sa notice sur le regue animal et pour d'autres articles inseres dans cet ouvrage. — l^e prix de mecanique ionAe \y»t M. de Montyon et consistant en uiiemedaille d'orde i,ooofr.a cteaccorde a M. PoMCELET,capitainedu genie, auteur de la description d'unenou- velle espece de roues verticales a aubes courhes, principalemenl applicablcs aux petites chutes d'eau. — Le prix de physiologic expiri- menuile , fonde par M. de Montyon, a ete accorde a M. Chossat , medecin a Geneve , pour un memoire sur I'analyse des fonctions uri- naires. L' Academic fait mention trt-s -honorable des travaux de M. Flourens dont il a ete rendu compte dans la derniere seance , et qui n'ont pu concourir avcc ceux dc M. Chossat , parce qu'ils sont la suite de travaux deja couronnes les annees precedentes. — M. de Montyon a aussi fonde des prix pour ceux qui auront le plus con- tribue a la perfection de la medecine et de la chirurgie ou dont les ouvrages ou les decouvertes auiont fourni le nouveau moyen de pre- venir et de diminueri'insalubrite de certaines professions. En con- sequence I'Academie accorde : 1° une niedaille d'or de 3ooo fr. a M. le docteur Rotix , pour la suture du voile du palais; 1° une medaille de 2000 fr. a M. le docteur Lassis, pour ses recherches et ses experiences sur les maladies epidemiques ; 3° une mention hono- rable a MM. CiviALE, Amussat etLEROY (d'Etiolles), pour leurs tra- ' vaux dont I'objet est de briser et de detruire les pierres renferm^es dans la vessie ( voy. ci - apres , p. 292 ) ; 4° wn prix de 3,ooo fr. a M. Labarraqde , pharmacien , pour avoir demontre que les solutions dans I'eaUjde chlorure de chaux et de soude, detruisent tout a coup les odeurs infectes des mati^res animates et des cadavres en putrefac- tion, et assainissent les lieux oii I'air est corrompu ; 5° 2,000 fr. sont accordes a M. Masuyek, de Strasbourg, pourl'emploi du chlorure dechauxdans I'assainlssement des salles des hopitaux; 6° 2,000 fr. a M. Parent du Chatelet , auteur d'un memoire sur les cloaques ou egouls de la ville de Paris. — Le prix fonde par M. Alhumbert n'a pu etre decerne cette annee, les intentions de I'Academie n'ayant PARIS. 283 pas et^remplies. Une mention honorable est accordee a un meinoire sur la myologie des poissoiis coniparee a celle des reptiles, des oi- seaux , et des mainmiferes. — Le pii.v d'astronoinie, fonde par M. Delalande, aete decerue a MM. /o/iw Herscuei-jl et James South , membres de la Societe royale de Londres. — Prix proposes. — Par rAcademie , une medaille de 3,ooo fr. ; pour \e prix de phjsique Ae 1827: « Presenter I'histoire gentrale et comparee de la circulation du sang dans les quatre classes d'aniniaux vertebres , avaiit et aprcs la naissance et a differens Sges. » Pour le prix de mathematiques de 182(1 : <■ Methode pour le calcul des per- turbations du niouvement elliptique des com^tes appliquee a la determination du prochain retour de la comcte de lySg et au mou- vement de celle qui a ete observee en i8o5 , 1819 et 1822. » L'Aca- deniie a juge qu'il elait important d'appeler I'attention des geome- tres et des astronomes sur la tbeorie des perturbations des cometes, aGn de donner lieu a un nouvel examen des methodes connues et a deux applications principales dont les eiemens sont tres-differens et qui offrent I'une et Tautre beaucoup d'inter^t. Le prix est de 3,ooo fr. — L'Academie remet, pour 1826 , le }>rix de mathematiques suivant, qui est de 3, 000 fr. <• i" Determiner par des experiences multipliees la densite qu'aquiferent les liquides, et specinlement le mercure , I'eau, I'alcool et I'ether sulfurique, par des compressions equivalentes au poids de plusieurs atmospheres. 2° Mesurer les effets de la cha- leur produits par ces compressions. » — Une somme de 45o fr., pro- venant de la fondation de M. Albumbert, sera decernee en 1826 a I'auteur du meilleur memoire sur cette question : << Comparer auato- miqueraent la structure d'un poisson et celle d'un reptile; les deux especes au cboix des concurrens. » — Une medaille de 3oo fr. , foudee par le meme M. Alhumbert , sera decernee, en 182(1, a I'auteur du meilleur memoire sur cette question : « Decrire avec precision les changemens qu'eprouve la circulation du sang chez les grenouilles, dans leurs differentes metamorphoses. »-^ — Prix de physioiogie , fonde parM. deMontyon. L'Academie adjugera une medaille d'orde 896 f. a I'ouvrage manuscrit ou imprime qui lui aura ete adresse d'ici au I*'' Janvier 1826, et qui aura le plus contribue aux progres de la physiologic experimentale. — Prix de mecnnique, fondee par PJ. de Montyon. L'Academie decernera une medaille de 5oo fr. a celui qui s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instrumens utiles aux progres de I'agriculture, des arts mecani- ques et des sciences. — Legs Montkion. — Ce respectacle philanthrope 284 FRANCE. a laisse des sommes considerables pour dtre donn^es en prix aux auteurs des ouyrages ou des dccouvertes ajant pour objet le traiie- ment de maladies internes ou de maladies externes; il a egalement fait un legs en faveur de ceux qui auront trouve les moyens do rendre un art ou un metier moins insalubre. Les concurrens devront adresser leurs ouvrages, memoires et machines, au secretariat de rinstitut, avant le i" fevrler 1826. — Aitronumie. Une niedaille d'or de 635 fr. , resultant d'un legs de M. Delalande, sera decernee a la personne, francaise ou etrang^re, qui aura fait I'observation la plus iuteressante ou le memoire le plus utile aux progres de Tastro- nomie. — Statistique- Le prLx fonde par M. de Montjon , et conslstant en une niedaille d'or de 53o francs , sera decerne aui meilleur ouvrage ou memoire sur I'une des parties de la statistique indi- quees dans le programme de I'Academie. — Tons les ouvrages, memoires , machines , etc. , excepte ceux qui sonl relatifs au legs Monthion, devront dtre adresses avant le i«'' Janvier 1826, pour les prix decernes dans ladite annee , ou avant le i*'' Janvier i8'27, pour les prix qui doiveut (^'tre dislribues dans deux ans. Apres la proclamation des prix , M. Ddpuytren lit un memoire sur le traitement par ligature de quelques especes d'aneviismes. — M. CuviER r.t ensuite r£/t<^e hislcrique de M. Richahd; M. Magek- DiE, des observations faites sur un sourd-muet de naissance, gueri de son infirmite a I'Age de 9 ans; M. Cuvier termine la seance par la lecture de VElogc histoiiqtte de M. Thouin. — Du 27. — M. Puissant adresse a I'Acadernieun memoire sur la determination de la figure de la terre par les mesures geodesiques et as- tronomiques. (MM. Legendre et Mathieu,commissaires.) — M. Bokt Saint-Vikcent adresse une note concernant un sous-genre a former parmi les pol3podes, sous le nom de Drynaire [Drynaria). — M. Na- viBR fait un rapport sur un memoire de M. Rayhalt, intitule: Description d'un moteur tres-puissant applicable a toute espece de mecanisme. Le rapporteur declare , au nom de la ccmmission , que I'appareildeM. Raynaltnepeut obtenirl'approbation de I'Academie. (Approuve.) — M. Vauquei-in lit une note sur I'existence de I'iode dans le r^gne animal. — M. Caochy presente un memoire de M. Frizon, et qui a pour objet la sommation des puissances sem- blables des racines d'une Equation et le calcul des fractions conti- nues. ( MM. Legendre et Caucby, commissaires. ) — M. Gihahd lit un memoire sur I'attraction mutuelle de deux surfaces mouillees placeei a des distances sensibles dans le liquide oii cUes »ont sub- PARIS. *SS merg^es. — M. Adrien de Jussieu lit un memoire sur le groupe des tuiacees. ( MM. Des Fontaines et Labillardiere, commissaires. ) A. MiCHELOT. — • Academic fraticatse. — Seance publique du 7 juillet iSaS. -^ Reception de MM. Droz ct Delavigne. Plusieurs heures avant le moment fixe pour rouverture de la seance, la foule obstruait deja toutes les avennes de la salle de I'lnstitut. La reception du plus po- pulaire de nos jeunes poetes avait attire celte affluence, qui eiit ete bien plus grande encore, si tons ceiix qui avaient demande des billets avaient pu en oI>tenir. L' Academic doit regretter, en pareille occasion , de ne pouvoir ouvrir au public une plus vaste enceinte. L'ancienne eglise ou elle lient ses seances n'est ni assez spacieuse , ni assez commode. Les trois amphitheatres qui la divisent cachent les spectateurs les uns aux aulres, et empechent la voix de circuler. 11 serait facile de construire, sur le merae emplacement, une salle circulaire a la fois plus grande et plus favorable a la voix des ora- teurs. Au moment oii la capitale s'embellit de tant de nouveaux edi- fices, celui-ci ne serait pas le moins digne d'atlirer I'attention d'un gouvernement protecteur des arts. Le discours de reception de M. Droz a ouvertla seance. Un exorde plein de modestie lui a concilie la faveur de I'assemblee. « Quelque- fois , a-t-il dit, vouscouronnez le genie ; souvent, vous recompensez les talens distingues ; dans cet instant, vous encouragez les inten- tions pures. » Cet exorde a naturellement conduit le recipiendaire a I'eloge de son predecesseur , qui, comma lui, cultivait les sciences morales. II a su rendre une justice cclairee aux talens et au caractere de M. Lacretelle aine. • Par fois on contestait la justesse de ses theories philosopliiques , ou litteraires; mais toujours une voix una- nime sortait du fond des coeurs pour repondre a celui qui disait : • C'est un homme de bien. » Insistaut sur la direction morale quel'e- crivain doit donner a tons ses travaux , I'orateHr a etc vivement applaudi , loi'squ'il s'est eciie : « II faut ecrire avec sa conscience , en presence de Dieu, dans I'interet de rhumanite.» II a raconte en- suite les premiers succ&s remportes par M. Lacretelle , en plaidant nu pailement de Nancy la cause de deux juifs persecutes, et celle d'un p6re respectable detenu comme aliene , en vertu d'une lettrede cachet surprise par sa femme et par son gendre; il a rappele son Eloge de Montausier, lion ^re des suffrages de I'Academie francais? ; son Discours sur les peines infamantes , couronne par I'Academie de Mctz, et obteuant encore de la premiere le prix fonde par M. de 286 FRANCE. aiontyon pour rouvroge le plus utile aux mccurs. II nous a monfre M. Lacretelle souteuant les principes de reconomie politique dans un memoirc dirige contre une nouvelle compagnie des Indes que Tenait d'etablir M. de Calonne; les niembres de la compagnie, les partisans du ministre ciiant au scandale ; la famille de M. Lacretelle alarmce, et M. de Calonne prenant la plume pour refutcr I'auteur qu'il pouvait proscrire. « Tout Paris lui prodigua des applaudisse- mens : il avait montre de I'esprit et de la delicatesse ; quels puissans moyens pour un ministre de charmer les Francais! » Un plus grand honneur etait reserve a M. Lacretelle : M. de Malesherbes I'admit dans son intimite et le jugea digne d'etre associd a ses travaux. M. Droz nous a raontre ensuite , peut-etre d'une maniere tmp rapide, M. Lacretelle, depute a I'Assemblee legislative , formant des voeux inutiles pour arraclier sou pays aux factions, et, plus tard, ne voyant dans les victoires d'uii conquerant que des defaites pour Thumanite. A propos d'un ouvrage dramatique de M. Lacretelle, ouvrage doni les beautes reelles sont affaiblies par i\ne forme etrange , qui eConne , qui blesse la pliipart des kcteurs , le recipiendairea examine en passant la grande question des innovations dramatiques. Suivant lui , la ve- ritable tbeorie nous dit : « Produlsez des emotions nouvelles; pro- duisez-les par des moyens qui satisfassent la raison et charment le gout. » Rien de plus incontestable qu'uue pareille tbeorie. II n'est personne qui n'ait I'intention de s'y conformer en ccrivant. Mais egalement revendiquee par tons les systemes, elle ne resout aucun doute et laisse subsister la question. M. Droz , a la fin de son dis- cours, s'est demande, par quel art son predccesseur, vivant dans des jours de dissentions et de haines, avait su obtenir Testime de -tous ses contemporains. II a trouve I'explication de cetle difficulte dans le desiiiteressement qui avait eie le mobile de toute sa couduite. « Quelles que soient sur la terre i'opposition des interdts , la diver- gence des idees, I'impetuosite des passions, toujours il existe des sentimens nobles et genereux que le ciel destine a former un lien sacre enlre tous les liommes de bien. » En general , ce discours , re- marquable par la douceur du style et par la noblesse des sentimens, pronunce d'ailleurs avec une sorte d'onction, a paru faire plaisir a I'assemblee. Cette impression sera confirmee par la lecture , et pour la premiere fois peut-etre la reputation d'un acadeniicien se sera accrue par le succes de son discours de reception. M. Auger, en qualite dc dirccteur de I'Academie , a repondu a M. Droz. M. Auger, est, parmi les auleurs vivans , I'un de coux qui PARIS. 287 connaissentlemieux les finesses dela languefrancaise. La coquelterie de son style , tout petillant d'antitlieses , convient emineminent a la tribune acadomique , ou elle obtieiidrait des succes encore plus bril- lans, si elle ne contrastait un peu avec la familiarite de son debit. L'orateur, pret u parler de M. Lacrelelle, a rappeie ce beau mouve- ment de son Eloge de Montausier : » Prenons garde a nos paroles de- vant ie plus irreconciliable ennemi du mensonge et de la flatterie. » Toutefois, il a spirituellement fait remarquer qu'en fait d'eloges aca- demiques, >■ il n'y a pas demalentendu,de raeprise sincfere ;.. que des assertions de I'ornteur, corrigees par les restrictions de I'auditoire, il se forme une sorte de temperament asscz juste , quii sous I'appa- rente infidelite des expressions, permet d'apercevoir I'exactitude reelledes jugemens. » II parait neanmoins que M. Auger a cru pou- voir , dans cette occasion , s'ecarter des usages academiques , imitant a I'egard de M. Lacretelle I'exemple donne par M. Lacretelle lui- meme qui, successeur de La Harpe, « resolut de juger celuiqui avait juge tons les autres. » C'est idnsi qu'il a reproche a M. Lacretelle a facilite avec laquelle, preoccupe de projets d'amelioratioii , « il s'a- bandoonait a ces esperances que les hommes legers ou pervers se hdtent de traiter de chimeriques, et dont les sages , tristement detrompes par Texperience, finissenteux-m^mespar reconnaitre la vanite.»Ilest con- venu cepeudant que » ces hommes, queleurs contemporainsappellent des esprits chimeriques, des reveurs, dcposentdans leurs ecrits des germes qui , d'abord inapercus ou dedaignes , pourront etre deve- veloppes quelque jour dans des circonstances plus propices et sous des mains plus experimentees. » L'erreur de ces hommes de bien est done surtout dans letermetrop prochain qu'ils assignent a Taccom- plissement de leurs voeux, lis se font illusion sur la duree des pre- juges qu'ils out a combattre. Quant aux veritables sages, au lieu de regarder comme vains ces projets de perfectionnement , ils se con- tentent d'en subordonner la marche a celle de I'esprit humain , et ils la facilitent de tout leur pouvoir en eclairant les hommes. En gene- ral, le discours de M. Auger a etc trop souvent enjpreint des prin- cipes decourageans d'une doctrine stationnaire, iudigne d'un esprit aussi judicieax qne le sien. A cela pres , ila merite, par la solidite ou la finesse de beaucoup de pensees, par I'eclat et I'artifice inge- nieux du style , les applaudissemens qui I'ont souvent interrompu. Restreints parl'espace, nous nous bornerons a citerle passage sui- vant, extrait de la peroraison : « La France a tressailli de joie, lors- que , la piele ratifiant les promesses de la loyaute , elle a entendw a8S FRA-jSCE. ion roi renouveler devant Dieu Ic serment de inaintenir les institu • tions qu'elle doit a hi sagesse de son auguste frere. Elle s'est livr<^e aux plus doux transports de la reconnaissance, lorsqu'clle I'a vu , donnant aux depositaires de son autorite I'utile exemple de respec- ter la raison publique, effacer du pacte religieux les vestiges , pour lemoins inutiles , d'un passe qui ne peut revivre, et en retrancher des paroles abolies par le terns, qui n'etaient plus d'accord ni avec les droits de sa couronne, ni avec les libertes de son peuple. » Apr^s cette reponse de M. Auger, M. Aiidrieux a recite un Dis- coursen vers siir la perfectibilite htimaine. Ce Discours, compose expr^s pour la circonstance, semblait amene par le besoin d'entendre re- futer certains passages de celui de M. le directeur de I'Acaderaie. Aux premiers mots que M. Aadrieux a prononces , I'auditoire a parn alarme de la faiblesse de son organe. Mais bientot , I'ingenieux debit du poele a su faire entendre et gouter d'un bout a I'autre cette production oii la raison se montre paree des graces les plus pi- quantes. On a surtout applaudi avec transport le passage qui con- tient la peinture de nos docteurs du jour. Au char de la raison s'atelant... par derriere. M. Andrieux , a la fin de ce morceau , a complimente en beaux vers les deux recipiendaires. M. Delavigne, vivement applaudi , et quand M. Andrieux lui a adresse la parole, et quand il s'est leve pour parler lui-meme , a ra- conte , dans son exorde, qu'un mois avant la mort de M. le comte Ferrand , son predecesseur, il s'etait rendu cbez lui , sur lademande de ce vieillard qui avail desire le connaitre. « J'imaginais, a-t-il dit, qu'une activite si constante ( celle que M> Ferrand montrait tant a la chambre des Pairs qu'a I'Academie ) prenait sa source dans cette force de corps , dans cette jeunesse prolongeede quelques vieillards pour qui le terns semble s'arreter... Quelle fat ma surprise , a la vue (i'un vieillard faible, infirme, aveugle, et qui, dejamort dans une portion de lui-meme, paraissait ne plus tenir a la vie que par la volonte forte de vivre encore !» — Eh ! quoi ? M. Delavigne n'avait-il jamais vu M. Ferrand? N'avait-il jamais entendu parler de ses infir- mites ? II y a pcu de vraisemblance dans ce petit effet dramatique. « Concevant des craintes sur la destinee d'un jeune homme dont les sentimens pouvaient, a quelques egards , differer des siens , l\r. Ferrand essaya , dit M. Delavigne , de me montrer la verite oil il la voyait lui-mdme. Je recoutais avec respect, ajoute-t-il ; et si je le PARIS. -^89 quittai sans dtre persuad<5 , ne vous en prenez point FRANCE. lettres r^clanient rappiii d'une liberie sage. Que d'esperances n'avons • nous pas dro't de fonder sur cette protectrice naturelle de tout ce qui se rattacbe a la dignite humaine ? La premiere pensee du Monarque fut pour elle; nous la verrons , a I'ombre de cette puissance au- guste , ouvrir une plus noble carri^re aux travaux de I'imagination , un champ plus vaste aux jeux du theatre. Affranchie de ses en- traves, puisse-t-ellerepondre a cebienfait d'un petit-Clsde Louis XIV par quelques-uns de ces immortels ouvrages, non nioins glorieux au genie qui les enfante , qu'au prince assez grand pour en jouir et pour les proteger ! » , M. Auger, remplacant M. Villemain indispose, a repondu a M. Delavigne. « Le terns , a-t-il dit , m'a manque pour preparer la reponse que j'ai a vous faire. » Eu effet , sa diction semble ici moius travaill^e que dans son allocution a M. Droz, Pour moi , je I'avoue en rougissant , je ni'arrange assez de ce style plus simple. L'eloge que M. Auger a fait de M. Ferrand contient un grand nombre de passages remarquables que nous regrettons denepouvoir citer. L'assemblee a particulierement applaudi au tableau de ce respectable yieillard recitant au sein de I'Academie sa tragedie de Philoctke , et par une illusion trop facile a concevoir, paraissant offrir a la fois le chantre et le lieros. De ces compositions drama- tlques , ouM. Ferrand ne cherchait qu'un delassement, I'orateurest passe par une transition naturelle , a celles qui ont fait la gloire de son successeur. II a caracterise eu critique habile toutes les diffi- cultes que presentait le sujet des Fepre.s siciliennes , toutes les beaufes dontM. Delavigne a su y decouvrir la source. Les Comediens ,le Porta, I'Ecole des Fieillards ,'les Slesseniennes , ont aussi recu de M. Auger des eloges generalement merites et confirmes d'avance par lafaveur i)ublique. « De beaux vers , de nobles sentimens , a-t-il dit , a propos dps Mesihiiennes , c'est lout ce qu'il faut voir aujourd'hui dans vos elegies lyriques. A quoi servirait-il de revenir sur les traces d'un passe marque par des divisions que le terns efface chaque jour? » Deja M. Auger, dans son exorde , en felicitant M. Delavigne sur la prcsqne unanimitedes suffrages qui I'ont appele au sein de I'Acade- mie avail vu , dans ce triomphe remporje par le talent , un fait hono- rable pour rAcademieelle-meme , unepreuve que les tristes dissenti- mensqui dlvisenl lasocietc, n'exercent point leur fScheuse influence sur les votes, sur les decisions de ce corps litteraire. Ces eloges, qui ont rappele a quclques auditeurs chagrins combien de fois M.Dela- PARIS. 291 vigne avail succomb^au scrutin academique, eussentet^ mieux pla- ces, il est vrai,dansla bouchedu recipiendaire. Toutefois , en attri- buant a son extreme jeunesse les retards qu'a eprouves son election , nous reconnaissons que I'Academie a fait preuve dans ce choix d'une noble independance. II en est d'autres encore qui I'honore- raient aux yeux des nat'ons civilisees. Des hommes de lettres ont et6 exclus de son sein par un acta qui appartient evidemment a ce passe dont les traces doivent disparaitre. — L' Academic, en les ree- lisant , serait bien sure de Tassentiment du monarque. Eh ! quel meilleur moyen de lui plaire que de I'imiter? Combieu de cbefs de I'armee, frappes du ni^me coup que MM. Arnault et Etienne , ont ete , par ordre du Roi , reintegres dans leurs grades ! Les hommes revdtus des honneurs litteraires seraient-ils done plus sujets a desti- tution que les hommes investis des eniplois de I'armee? C Societe Rorale pour T amelioration des prisons. — • La Societe s'est reunie le 24 jui" , ^^ Chiteau des Tuileries , dans les appartemens de Mgr. le Dauphin , son president. — Le ministre de I'interieur a rendu compte des dcrniers travaux de la societe. — Dix-huit prisons centrales ont recu les ameliorations proietees ; il n'en reste qu'une qui n'ait pas subi cette epreuve salutaire. Les principalos ameliora- tions consistent dans la separation des diverses classes de detenus , suivant la difference des sexes, des Ages, et la nature des delits, et dans les mesures de salubrite et de proprete. Le linge de corps est renouvele tons les liuit jours ; les draps des lits sont changes une fois par mois ; les lits sont formes de matelas en crin et en laine ; chaque detenu habile une loge separee. Sur 276 maisous d'arret , i4i ont ete ameliorees. Une somme de cent mille francs votee par la Societe royale a ete employee pour la construction de foumeaux d'appel , destines a desinfecter par I'ab- sorption, et particulierement a neutraliser les niiasmes qui s'exhalent des latrines. M. de Chabrol, prefet du departement de la Seine, a fait eiisuite un rapport sur ramelioration des prisons de Paris. Sept a huit mil- lions sont necessaires pour ex^cuter les plans arretes pour I'amelio- ratiou de ces prisons. L'adininistration a pris des mesures pour's'as- surer la disposition de cinq millions ; elle espere parvenir a completer la somme necessaire. II entre dans le systeme des ameliorations ge- nerales d'etablir a Paris deux prisons modeles , pour la construction desquelles il sera ouvert un concours d'architectes. Un perfectionne- ment sensible, une separation necessaire entre les detenus pour dettes aga EUROPE. et pour drills politiques , et le dcsencombrement de quelques prisons seront le rcsiiltat necessaire de ces nouvelles constructions. MM. Barbe-Marbois et Bigot de Prcameneu ont nppele I'attention de la Societe : le premier , sur la iiecessite de repandrc I'instruction pour diininuer le nombre des condamnations ; le second , sur les causes de la depravation dans le peuple , parmi lesquelles il a signale les seductions auxquelles sont exposees les jeunes lilies qui viennent de toutes parts a Paris , dans I'esperance d'y trouver des ressources , et qui n'y trouvent que la misere. La misere conduit au vice , d'autant plus facilement que le vice , protege et en quelque sorte erige en pro- fession , recoil le sceau de I'autorite. — L'orateur exprime des voeux pour que ces jeunes Clles soient , s'il est possible, arretees a ce pre- mier point de degradation , et pour que Ton essaie de les arracher a la misere et a I'infamie, en leur procurant des nioyens de travail. — D'autres membres ont expose divers moyens d'etendre riufluence bienfaisante de la Societe , d'accroitre ses ressources , d'nugmenter le nombre de ses membres et de rendre ses travaux plus efCcaces. M. le Dauphin a resume les opinions et les propositions emises dans cette seance. II a donne connaissance des besoins qu'eprouvenl les prisons de Metz et de Besancon. II a, enfin, conformement au voeu de I'assemblee , renvoye au conseil general des prisons la proposition de M. Bigot de Preameaeu. Medecine. — ' Nouveaii moyen de detruire la pierre dans la vessie , sans I'operaiion de la taille. — L'operation de la taille, seul lemede efficace connu pendant long -terns contre I'liorrible maladie de la pierre, dpouvantait toujours les malades , auxquels , meme en cas de succfes, elle causalt des douleurs inouies. Les teutatives faites de tems immemorial pour y substituer une operation raoins doulou- reuse , celles des chimistes pour attaquer la pierre au moyen d'un dissolvant sans action sur la vesSie, avaient ete inefficaces. Depuis quelques annees, des tentatives pins heureuses, faites par des nie- decins francais , semblent devoir etablir un mode de guerisou infini- ment preferable a celui de la taille. Nous avons deja fait mention du moyen imagine par M. le D'' Ci- VIALE (Voy. Rev. Enc. , t. xix , p. 4i3). II resulte des nouvelles observations de ce medecin , et des operations nombreuses au'il a faites avec plus ou moins de succes : i° que la melhode lithontrip- tique, ou par destruction de la pierre dans la vessie, est applicable PARIS. 293 dans la majority des cas; c'est-a-dire, lorsque le volume de la pierre ne depasse pas un pouce et demi de diametre , et qu'elle n'a pas pro- duit de trop grandes alterations sur le viscere qr . la contient et sur reconomie en general; 2° que son application est d'autant plus heu- reuse, que la maladie est inoins ancienne; 3° que lorsque, parl'effet de quelques circonstances imprevues , la nouvelle methode n'a pas le succes desire, elle ne diminue en rien les chances lieureuses de la taille; 4" enfin, que rintroduction des instrumens lithontrlptiques etles manoeuvres n^cessaires pour saisir et broyer la pierre, ordinai- renient peu douloureuses, n'entralnent par elles-m^mesaucune espfece de danger: bien entendu qu'elles seront toujours executees convena- blenient et a propos par des mains exercecs. — Ce precede nouveau est un veritable bienfait pour I'liumanite. Ecoiiomie domesciqiie et industrielle. — Parml les institutions propres a augmenter le bien-etre des homnies, a mesure qu'ils avancent en Age, on doit distinguer I'Jgence generate des pJacemens , qui , par la simpli- cite du mecanisme de ses operations, et par les avantages qu'elle offre aux coassocies , merite de fixer I'attention. L'augmentation progressive du revenu des societaires est fondee sur I'extinction successive de quelques-uns d'entre eux. On conceit , en effet, que , si dix personnes doivent toucher entre elies une certaine rente , de sorte que la part de celles qui mourront soit reversible sur la tcte de celles qui survivent , sauf toutefois la commission de a pour 100 , que I'adininistralion pcrcoit, a partir de la i^" extinction , le revenu de celles-ci pourra s'accroitre considerablement. C'est sur ce simple calcul qu'est fondee I'organisation de I'agence. La justice exigeait que , pour conserver les chances de vie et de mort a peu pres egales, on n'etablit de societe qu' entre des gens du mdme age. Par ce motif, on a distribue tous les societaires selon leurs mises , dans des compagnies de 10 a 100 personnes, de 5 en 5 ans d'age. Les mises soiit de 5 , ID , aS , 5o , 100 , 3oo , 5oo , 1,000 , 2,5oo francs de rente et au-dessus. Au deces du dernier survivant , les beritiers des action- uaires partagent par portions egales le capital verse par toute la com- pagnie. L'administratlon reunit egalement des actlonnaires qui font des placemens a terme fixe pour 5, 10 , i5 ou 20 ans , soit sur leurs tetes , soit sur celles de leurs en fans , ou sur celles des princes francais et etrangers : elle les range par classes , de 5 en 5 ans d'Sge. Les actions sont du prlx de 100 francs, a partir du i" Janvier au 33 mars; loafr. Soduaa mars au aa septembre , et io5 fr., du aa 794 FRANCE. septembre au 3 1 dccembre de chaqiieanree. On pent prendre plusieurs actions sur la rn^me ttSte et successivement, de mois en mois et d'aiin^e enannee. On iie louche point les int^r(5ts de la mise ; ils sent capita- lises, de seniestre en semestre, par le soin de radministration, pour ^tre ajoutes au capital. A I'expiration du terme choisi par chaque actionnaire ( 5, lo, i5 ou 20 ans ) , les surviv^ns de chaque classe retirent le capital de leurs misps respectives , et se partagent , au prorata de leurs actions , les in- t^r^ts capitalises de toutes les mises. On ne rend aus heriliers des actionuaires decedes que le montant du capital primitif, confie a FJ- gence gencrale. Ses bureaux sont etablis , a Paris , rue Fejdeau , n° I , pris la rue lUontmartre. Li liste des membres du coDseil d'administra- tion offre les noms les plus recommandables et les plus propres a ins- pirer la coaCancc. Nous citerons seulement MM. le due de Dalberg, le comte Lawjuin ais, pair de France, Briot, ex-directeur de la coin- pagnied'assurance du PAert/x, et directeur adjoint de la caisse h/po- thecaire. Les personnes qui voudront de plus amples renseignemens sur cet etablissement, les trouveront consignes dans deux petites brochures , cbez Ponthieu, libraire, au Palais-Royal (piix i fr. les deux). L'une est intitulee : Mojen sur et agreable de s'enrichir ; I'autre : La iwritc aiix actionnaires de la Tontine; a ceux de la Caisse de survivance, et , par occasion , a tous les hoinmes senses. Theatres. — Odeon. — I"^"^ representation Ai&nom-eaux Adelphes, co- medie en cinq actes et en vers, par M. Lesguillon ( lundi 27 juin). Les Adelphes sont une comedie grecque , dont tous les imitateurs de Meaandre , depuis Terence jusqu'a M. LesgulUon, n'ont guere su tirer qu'une comedie gi ecque ; le seul Moliere , en empruntant ridee principale du poete de I'antiquite, et en la modifiant avec cette puissance de genie qui lui rend propre tout ce qu'il touche , en a fait une pitce toute moderne ; et I'Ecole des maris sera toujours placee au rang de ses chefs-d'oeuvre. Aussi , I'idee de remettre encore sur notre scene les Adelphes de Terence n'a-t-elle pu entrer que dans la t<5te d'un tres jeune homme; et, non moins que cette idee, I'execution de I'ouvrage atteste I'inexperience de I'auteur. Un vieillard amoureux d'une jeune fiUe, et qui a son ills pour rival ; ce fils retenu dans la plus etroite dependance , et qui trouve ce- pendant le moyen d'enlever la jeune Ulle que son pere doit epou- ser le leudeniain ; une bourse pretee a cet etourdi par son cousin , ft qui fait inettre sur le compte de celui-ci Tenlfevement dont I'autre PARIS. 295 est coupable ; des valets qui recoivent la confidence des amours de leur jeune maitre , I'aident dans ses projets d'enlevement et dupent le pere, qui les menace du Ldton pour leur faire dire la \erite : tout cela prouve qu'un auteur a lu de vieilles comedies , mais nou qu'il a bien observe le monde ou il vit. On trouve cependant ici un per- sonnage dont il faut faire mention , parce que ce n'est point une copie de Terence , et que sa pliysionomie offre quelques traits qui appartiennent a notre auteur; c'est un vieil intendant , cliarge par I'un des p^res de surveiller son fils avec la plus rigoureuse vigilance. Cet homme , tartufe de severite, et qui se fait un visage rebarbatif devant le vieillard, s'annadoue aupr^s du jeune homme, et recoil I'argent du pere , en favorisant les extravagances du fils; il pro- fesse une thcorie du mensonge dont la naivete serait peut-^tre plus plaisante , si elle se montrait avec moins d'effronterie. Malgre cela , ce personnage decile quelques intentions comiques; mais il ne fallait pas en faire, dans le meme ouvrage , une pale copie , en donnant pour gouvernante a la soeur de notre etourdi , une femme qui , severe en apparence, enseigne a sa jeune maltresse ce que c'est que Famour, et comment il faut s'y prendre pour avoir un amant. — II y a, dans la comedie de M. Lcsgiiillon, des vers heureux , des tirades bien faites , et en general un caractere de style qui permet d'esperer que ce jeune auteur pourra obtenir des succes au theatre , quand il aura eu le tems de faire les etudes necessaires pour s'y produire avec avantage. Ce premier essai a ete accueilli, par cette raison , avec beaucoup de bienveillance. L'affiche annoncait un prologue qui n'a pas ete joue ; le directeur a fait entendre au public que la censure I'avait supprime; comme elle n'avait pu rien oter a Terence , elle a vpulu du moins exercer ses ciseaux sur I'auteur moderne. M. A. Beaux -Akts. — Peincure. David. Les Adleux de Telemaque et d'Eucharis. — Parvenu a un Age qui semblerait devoir commander le repos, le fondateur, le chefde I'ecole actuelle , David, surmon- tant la vieillesse , execute des travaux oil I'on retrouve , sinoa tout le talent de ce grand peintre , du moins la m^me direction de gout et d'idees qui avait donne a notre ecole une si grande et si belle impulsion , qu'elle senible ne plus eprouver. M. Firmin Didot fils , ayant ete a Bruxelles , en a rapporte un tableau dans lequel ce maitre semhle s'etre propose de reproduire le charme et la grace que Fenelon a su repandre sur les amours d'Eucharis et de Telemaque. Les deux amans sout dans une grotte; le moment de la separation approche; apS FRANCE. Eucharis a pos^ sa tdte sur I'epaule dii fils t^'UIysse , et de ses bra» passes autour de son col, elle forme une chaine dans laquelle elle vou- drait le retenir. II est impossible de nepas apercevoir dans Texecution de cet ouvrage les traces de Teffet de I'Age : ce n'est plus tout-a-fait la main qui a peint les Horaces ou les Sabines ; ma'is la belle disposi- tion des figures rappelle la noblesse et la simplicite de I'antiquc , et , dans plusieurs parties , il regne un eclat de couleurque Ton cherche- rait en vain dans les ouvrages de la jeunesse de ce maltre. — M. Gerard. Portrait du Rot. — Louis XIV , fastueux au dernier degre, ne,se montrait jamais que sous I'appareil de la grandeur. Cette disposition d'esprit se retrouve dans tout le cours de sa vie , comme dans tons les ouvrages qu'il a fart execnter ; dans ses portraits , par exemple , on ne le voit jamais que revetu des insignes du pouvoir et de la royautc. Cet usage lui a survecu , et depuis cent cinquante ans, tous les portraits des rois de France ont €le execirtes dans le meme esprit. M. Gerard, le premier, a ose sortir de cette route ; dans son der- nier portrait de Louis XVIII , on trouve I'homme plus encore que le monarque ; et c'est ce qui a donne a cet ouvrage un charme particulier que tout le monde a eprouv^ , sans en avoir peut-etre bien demele la cause. Oblige de rentrer dans la ligne ordinaire , M. Gerard vient d'executer et d'exposer un portrait oil le Roi actuel est represente de- bout , devant son trone , revetu de ses ornemens royaux. II a trouv6 le moyen , et c'est un grand eloge a mes yeux , de pi-csenter la figure d'une maniere neuve et heureuse ; I'ampleur des v^temens ne derobe rien a la souplesse du corps ; la tete a beaucoup de vie ; I'expression de bonte qui animela physionomie du Roi , est bien rendue ; enfin , les accessoires sont peints avec une adresse et une liberte de pinceau extraordinaires. Je crois qu'il etait impossible de mieux faire , et peut-etre n'y avait-il que M. Gerard qui piit faire aussi bien. — Mm" Jaquotot. Portrait d" Anne de Boulen. — C'est en Anglelerre que Holbein , I'un des fondateurs et des raaitres les plus babiles de I'ecole allemande , a execute le plus grand nombre de ses ouvrages. Henri VIII , I'ayant attache a son service , le chargea de faire , non- seulement son portrait, ainsi que celui des princes et princesses de sa famille , mais encore ceux de tous les grands du royaume. C'est a cette epoque qu'il fit le beau portrait d'Anne de Boulen que Ton ad- mire au Musee ; mais le tems a change le ton des carnations, et , avant deux slecles , il est probable qu'il ne restera rien ou presque rien de cet ouvrage. Mm^ Jaquotot a entrepris de le reproduire, non tel qu'il est malntenant, mais tel qu'il a du ^tre , et elle y est par- J PARIS. ^97 Tenue avec un rare bonheur, qui prouve toute son habilete et la surete de son dJscernemsnt. — Lorsque LL. MM. le Roi et la Reiiie de TVurtemberg sont venus derniferement voir , dans son atelier , ses principales productions , elles ont paru frappces de I'ensemble de ses ouvrages , et le portrait d'Anne de Boulen a surtout fixe leur attention. Au reste , la perseverance que Mme Jaquotot met a soustraire tous les beaux ouvrages de notre galerie a la destruction qui les menace , sans consulter ni le soin de sa sante ni celui de sa fortune , prouve qu'elle est animee du plus vif amour des arts ; sous Louis XIV, un semblable devouement , un oubli de soi -meme aussi grand, aurait recu des recompenses que Mme Jaquotot n'aurait pas eu besoin de solliciter. Diorama. — M. Bouton. fiie de Rouen. — Les environs de cette ville jouissent depuis long - terns d'une celebrite meritee. De vertes prai- ries , des nionumens pittoresques du moyen age , I'aisance que re- pandent I'industrie et le commerce, donnent a la Normandie et , en particulier , aux approches de la ville de Rouen , un cliarme et une fraicheur qui seduisent. M. Bouton a pris son point de vue de maniere a presenter cette ville sous I'aspect le plus pittoresque ; il y a ajoute de ces effets varies que les autcurs du Diorama obtiennent par des moyeus mecaniques dont j'ai deja parle. Ainsi , les nuages amonceles a riiorizon et qui, deja , s'etcndent jusque sur la ville, s'ecartent de tems a autre , pour laisser passer des rayons du soleil , qui viennent eclairer quelques parties du tableau , ou projeter leur reflet argentd sur la Seine, dont la couleur varie selon I'etat du ciel. Ce nouveau ta- bleau , plein d'interet et de vcrite , me semble atteindre au meme degre de perfection que cenx dont j'ai deja rendu compte. (Voy. Rev. Enc. , t. 17 , p. 211 , 683; t. 20, p. 25o, 697 ; t. 21 , p. 492 ; et t. 24 , J). .548. ) Peut-etre , cependant , quelques parties ont - elles un peu de erudite de ton ; il me semble difficile aussi que I'arc-en-ciel puisse elre visible dans la position oil se trouve le spectaleur par rapport au soleil et aux nuages ; mais cette observation , si elle est fondee , ne sera certainement faite que par un petit nombre de spectateurs ; les autres n'y verront qu'une variete et unc richesse d'effet qui ajou- tent a I'inter^t general des lieux : M. Bouton sera done facilement absous. > Cosmorama. — Get etablisscment , qui compte dix-liult annees d'existence et qui s'est successivement et considerablement perfec- tionne , a ete visite, non-seulement par tous les curieux que renferme Paris , mais encore par tous les etrangers qui ne cessent d'y affluer. 29** FRANCE. Ce sont des tableaux d'uiie moyenne dimension, dans lesquels on a represente les monumens et les lieux les plus remarquables du inonde entier. Places ensuite a una certaine distance, et vus/aumoyen des verres grossissans , ils offrent la dimension de la nature. Le directeur de cot etablissement , anime d'un z^le lemarquable, est parvenu a reu- nir plus de trols cents tableaux , dont plusieurs ont obtenu un succ^s constant ; tel est , par exemple, cehii qui represente I'interieur de I'im- raense basilique de Saint-Pierre a Rome. Lesaeredu Roi actuel qu'il a mis sous les yeux des spectateurs, lui a fait naitre I'idee de repre- senter egalement ceux de Louis XV et de Louis XVI. Des vues prises de divers points de la cathedrale de Reims , donnent une idee aussi complete qu'il soit possible de le desirer.de I'aspect de cette eglise 6t des travaux que I'on y a executes a ces diverses (?poques pour cette ceremonie. Cette comparaison etait bien propre a piquer la curiosite; aussi le public s'y est-il porte avec empressement. Europorama. — C'est , a quelques egards , un Etablissement rival decelui dont je viens de parler; mais les freres Suhr, deHambourg, qui le dirigent , ne sont point en permanence a Paris ; ils parcou- rent I'Europe et vont exposer dans les capitales des tableaux que Ton voit egalement au moyen de verres grossissans , pour don - ner aux objets qu'ils representent , les proportions de la nature ; aureste, ce sont seulement , ainsi que le titre I'indique, des vuee prises en Europe qu'ils offrent atix regards du public, et non des vues de toutes les parties du nionde. Toutefois , ces vues ne sont pas sans interet, et Ton fera bien d'aller les voir. Dans le nombre des lieux ou des monumens les plus remarquables, je citerai particuliere- ment : Sahbourg, danslc Tyrol : cette ville, dont le pied est baigne par une large riviere , la Salza , est environnee de hautes montagnes dont I'aspect forme I'un des plus beaux .spectacles qu'il soit possible d'ima- giner; T eglise de Wasili Bla/eni, respect^e par les flammes , lors de I'incendie de Moscou : c'est un caractere d'architecture et d'ornemens tout particulier, et qui ne rcssemble a rien de ce que nous connaissons; Veglisc St.-Eiieiine a P^ienne, couverte en pierres de couleurs, etdontla tour , placee a cote, est un des monumens les plus elegans et les plus extraordinaires du moyen age. Je le repute , les vues de I'Europorama meritent d'etre examinees par les amateurs, auxquels elles procureront, comme celles du Cosmorama, un moyen facile et agreable de prendre une idee juste de lieux que probablement ils n'iront jamais visiter. Lithogranhie. — Girodet executa , en tSr4 , pour le chAteau de Corapi(!gne , quatre tableaux dans lesquels il a represente , sous I'em- PARIS. 299 bifeme de genies , Mars, Bacchus, Bellone et Pomorie. Le gout qui a preside a ces compositions est tel que Ton pouvait I'attendre de ce grand peintre dont I'imagination etait reel'iement aussi elevee qu'ine- puisable. M. Ch4.tillok, son eleve, avait commence , du vivant de son maitre, a les lithographier.Ce travail etait sur le point d'etre ter- mine , lorsque la mort a frappe ce grand artiste. Ces planclies viennent de paraitre : elles ont ete imprimees par M. Constans qui, aninie d un veritable amour de I'art , montre plus le dcsir de bien faire que de faire beaucoup. Ces gra\ures, 011 le genie et la main du maitre se mon- trent partout, sont d'une reussite parfaite , et ont ete accueillies avec I'empressement qu'elles meritaient : elles coiitent ensemble 28 fr. avant la lettre, et 20 fr. avec la lettre. Tout le tirage a ete fait sur pa- pier de chine. — Cours d' Hiitoire natiirelle(ea figures lithographiees , sans texte) , contenant les principales especes du regne animal , dessinees par M. P. OuDART , peintre de la galerie des oiseaux du Jardin du Roi, et de i'ornithologie francaise; public par G. Engklmamn. i" li- vraison (i). « L'histoire naturelle prise dans toute son ^tendue, dit Buffon , est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous presente I'univers. Cette multitude prodigieuse de quadrupedes, d'oiseaux, de poissons, d'insectes , de plantes, de mineraux , etc., offre a la curiosite de I'esprit humain un vaste spectacle dont I'en- semble est si grand qu'il parait et qu'ilest, en effet, inepuisable daus les details. » Cependant, dans cet immense assemblage d'efres , ceux qui ap- partieunent au regne animal meritent de notre part une attention particuliere , comme etant plus rapproches de nous ; et dans ce rfegne meme, les iudividus qui nous inspirent un plus grand in- ter^t sont , d'abord , ceux dont la vie est pour ainsi dire liee a celle de I'liomme; ensuite , ceux qui se represeutent le plus sou- vent a ses yeux ; enfiu, ceux que la nature a doues des qualit^s les plus extraordinaires sous le rapport de la grandeur , de la force , de I'iutelligence et m(5me de la bizarrerie des formes. Ce sont ces etres privilegies qui forment la collection lithogra- (i) Paris, iSaS; a la lithograpliie de I'editeur, rue Louis-le-Grand. — Cette CoUectiou sera dlvisee en douze livraisous composees, cliacuue , de dix planches, tirces sur papier colle, afin que Ion puissc les coloriei'. Le prii de chaqac livraison est, en noir, de 4 f^.; tnluminoe avec soiu, 8 fr. •^'"" FRANCE. phiee que public M.Engelmann ; elle se compose de cent vingt plan- ches 111-40, contenant environ rnUlc indwidus. On pent done consi- derer cct ouvrage comine un Lon Ailas zoologique digne de trouver j>lace dans la bibliothc-que des savans. L'editeur s'est , en outre, }»ropose un autre but : persuade qu'un bon dessin en apprend plus que quelques pages de description, et que lail saisit mieux tons les dctaUs des formes , lorsque la main est obligee de les tracer , il a Jait executer les plancbes avec assez de perfection, pour qu'elles pussent servir de modtles aux jeunes gens qui voudront les c&pier. — Macedoine Uthographique , par le general Bacier »'Albb; ou, Suite de ses souvenirs pittoresques d'Europe (i). Lorsque les evenemens politiques de iSi5 forc^rent le general Bacler d'Albe h de])oser son 6pee, on le vit quitter sans regret les honueurs , et reprendre gaiement son pinceau. 11 avail ete peintre avant d'etre militaire, il se livra de nouveaua la peinture avec toute i'ardeur du jeune age. Je I'ai vu, dans sa retraite, consacrant ses loisirs a I'art qu'il clierisssait et ne voulant d'autres delassemens que la culture de ses abeilles et de son jardin. Done d'une extreme faci- lite, dont il abusait , parce qu'il est dans iiotre nature d'abuser de nos forces et de nos qualites, il produisit une immense quantite d'ouvrages. II avait beaucoup voyage; partout il avail dessine plus zig , Catalogue de la ioire. — yieiitic , Publication nouvelle d'un \ojage a Pompeia. — Treves, Beaux-Arts. — Vienne, Necrologie : Carpani 167 Sdisse. — Canton de P'aud , Paragreles. — Genere, Enseignement de la geograpbie. — Argovie , Etablissement d'instruction pu- blique 270 Gkece. — Instruction publique 271 Italie. — Fise, Histoire iiaturelle. — Borne, Academic des Tbesmopbiles. — Travaux de M. Cbampollion. — Turin , Publication de nouvelles comedies de Nota. — Rome, Sculp- ture.— yHA!/;, Necrologie : Vassali Eandi 37^ Pays-Bas. — Gand , Beaux-Arts :Peinture; Exposition publique. — Harlem , Nouvel instrument de musiquc. ■ — Loiwaiii , Publication procbaine d'un journal : Atchives philoloqiqiies. . ijS Feance. — Grandes routes en I'er. — Caen, Veute du Cabinet d'bistoire natuiclle de M. Lamouroux 277 Paris. — Insdtuc : Academic des sciences; Seances du 8 au 27 juin ; Seance publique du 20 ; Seance publique de I'Acadcmie I'rancaise. — Socieie des piisons. — Medecine : Nouveau mo\e!i de detruire la piene. — Theatres : Odeon , Premiere representation des Nouveaux Adelplies , comedie en 5 actes. — lieaiiX'Arts : Peinlure , Diorama, Cosmorama, Europo- raina , Lilbograpbie ; Georania. — AVc/o/og'/e .• Chompre. . . 278 I N° 7. — Juillet 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS d'oUA'RAGES NOUVEAXJX ET HE PUBLICATIONS PROCHAINES, Pour la France et lex Pays Etrangers ,• BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la revue kwcyclopkimquk (i). AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les AiUeurs, Libraires ^ et Editeurs d' outrages ^ a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. La Revxie Encyclopediqbe ayantdonn^ une grande exten- sion i\ ses relations, pendant six annees d'un succes continu et toujours croissant, se trouve maintenant en circulation dans toutes les parlies du monde civilise, oii elle est lue par tons ceux qui veulent se tenir au courant des progres de la litterature et des sciences, et qui cherchent, dans les livres, de i'instruction et du plaisir. Elle croit servir les in- terets des ecrivains et des libraires, en leur offrant , dans un Bulletin Supplementaire , joint a chacun de ses cahiers , un mode de publication et de circulation rapide , ^cono- mique et universel, pour les Annonces et les Prospectus des ouvrages qu'ils publient. Ces annonces pourront com- prendre egalement les publicatiorts prochaines des ouvrages sous presse et les ouvrages manuscrits que leurs auteurs, ou ceux qui en sont depositaires,Toudraient faire connaitre d'a- vance aux libraires et au public. L'inscription des Aknonces et des Prospectus est fixee i aS c. pai- ligne; elle est reduite a 20 c. par ligne , pour les libraires qui out I'ait prendre au moins douze abounemens a la Revue E ncyclopedique. (1) Ce Hutltlin Supplementaiie csl »ie d'aunonccs fournies parBlM. les Libraires, Auleuis et lidileiirs , et qui nc ES AINIMAUX (1) On sousrrit a la nii'mc aclrcsse pour re Rcniril , iloiit il par.iilim i:ili]ir He quatnrze fcnilles (I'lmpicssion an itinins tons les mois. Prix, ii Paris, ^(i (r. Jiour Pannee ; »lan» Ibs depnrtcmcns , 53 fr. ; dans les pays elrangirs , do fr. J ( 3) VERTEBRliS, appliqukk a la piiv- MOLOr.lE KT A LA PATIIOLOGIE UU SITSTE- ME NKHVEDx, ouvTaqt qui a reniporle le (frand pri.v n V Institul rnyat do France. Par M. E. R. A. Sebres, Medecin ordinaire de I'liupital de la Pitie , prol'esseur agrege de la Farullu de Mcdccine dc Paris, etc. — Tome 2' et dernier. — Tn-S". 56. DU DESSECHEMENTGli- INERAL DE PARIS, du taiagede scsrucs et de teur assainisscment; par ftl. P. S. GiRARu, ingenieuren chef des Ponls-et-cliaiissees, mem- brede I'Academieroyaledes Scien- cca , du Conseil de salubrite , etc. ExTHAIT DU PROSPECTUS. A mesure que Paris s'agrandit, et que, par Ics soins d'une admi- nistration ecldiree , cetle capitate re(;oit de nouveaux embeilisse- mens, la ni'cessite d'en rendre Ic sejour plus commorie ct phis saiu- bre, se I'ait phis vivemcnt sentir. Lcs progris de la civilisation , I'ac- croissement de la ricbesse publi- que et de I'aisance des parllculiers, nous ont rendu plus exigeans que n'etaient nos fii'eiix , dans tout ce qui tient anx habitudes de la vie. IjCs rues etroites et sinueuses qui I'aisalent de I'ancieii Paris iine cs- pece de cloaqMe,ne convicnncot plus a nos mceurs. II laiit niainte- nant que I'air et la lumiere circu- lent librenient autour de nos habi- tations, il I'aut qu'elles puissent eire purifiees par d'abondantes dis- tributions d'eaux vives. Sons tous ses rapports, nctre etaf social lend a se perl'ectionner, Au point ou les sciences positi- ves sent parvenues, et a une epo- que oil elles sont aussi generalement cultivees , c'est une necessite d'ap- puyersiir les principes d'une sainc theorie, et sur les donners de I'ex- perienre , lout projet de grands travaux d'ulilit(j puhlique ; or , parini ces projets, lout systi'me general d'assainissemcnl el de des- .res un plan unilorme, les rcsullals des travaux litlerairvs de louies le» na- tions antiques el modernes. CUa- cua des uuleurs uyant tail une elude spiciale de la liUeraturc dont il doit tracer I'hislorique et les progres , eelle colieclion I'oruiera un veiilable Lours do liUcralui'c, a lu t'uis des plu.t couiplets el des plui port;.tHV. \.a riiumin kuivaus paraitront a des epu |Uiii plus ou luoius rappro; liiVs : Hesumt-s de I'Jlistuirede ia Lilte- raturc hibraique, aruUi;, cliinoise , persanne , jaji07iiiise , dix feu-plei do i'lnde , grecque , grccque nw- derne , rornaine ( |>ar M. Alfred DK VVaillv ) ; itulieiinti ( par M. Salu ) ; txtinc au inoycn /ojcOH,Gautier; — Riss,iJ^ieellils. Naples , Borel ; — Marotta et Waiis'pandock. Aeuchfifel (Suisse), Giester. Netv-YorA ( Etats-Uiiis ) , Berard et Mondiin. A'oiwelle - Orleans , Jourdan ; lloche , freres. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori; — Boenf(Ch.). Petersbourg , S.iiut - Florent ; — GraeJf; — Weyher; — Muchart. Stuttgart et Tiihingen , Colta. Utrecht, A'"an Sclioonhdven. Todi , B. Scalabiini. Tiiiiii , Bocca. ynrsOKse , Gliicksberg ; — Za- vad.sky. Vienne (Autriche), G^rold ; — Schaumbour" ; — Sclialb.ieber. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitrc), Piuiet aine. Ile-de-Prance (Port-Louis), E. Burdet. HJarti/iiqiie , Thouueiis, Gaujoux, ON SOUSCRIT A PARIS, Au BURE*U DB KL,.\CtIOJV, BUE d'EjVFER-SaINT-MiCHKI. , ll" iS , oil doivent 6tre cnvoyes, francs de port, les iivres, dessius et gra- vures, dont.on desire I'annbnce, et les LclSres, Menioiies , Notices on Extrnits destin6s a ixie inser'es dans ce Kecueil. ChezTheuttel et WiiRTZ, rue de Bourbon, 11° 17; Rbt ut GfliviER, quai des Augusiins, n" 53; Charles Bechkt, libraire-comni. , quai des Augustins , u* 87; Dondey-DOprb, rue Saint-Luuis, n" ^16, au Marais; et rue Richelieu, n« 67. MosGiEsin^, bouleyard Poissonni^re, n* 18; Eymehy , rue Mazarine, n" 3o ; BoRTT, rue Haulefeuille, n" la ; Bachei.ier, quai des A«gustin«, n« 54 ; Lrvraclt, rue des Fosses-M.-le-Prince, n» 3i , et a Strostonrg ; A. BAunociir , rue de Vaugirard, n" 36 ; Dklacmat, Pelicihr, Ponthieu, an Palais-Roj-al; Urbaik Carel, place Saint- Andre-des-arcs. A LA Te^te, Cabiket Litteraibb, tenu p:ir M. GADTiaB, ancien militaire , Galerie de Bols , n" 197, au Palais-Royal. JVnta. Les ouvrages annoDcei dans la Revue se trouTcnt anssi cIimRoret, tne EautefeuUle , n" 13. PARIS. UK l.'iMPRIMERIE DE RIGNOUX,' mo lies Francs-!Jouipeois-S. -Michel , n'' 8. 27 VOLtTHTR. 80* rrvnATSOTT. BEVUE ENGYCLOPEDIQU ANALYSE RATSONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS IlEMARQUABLES DANS I.A LITTEKATUr.E, I.ES SCIKNCJ-S IT I.ES AKTS. 1° I'.tiir les Seizures jihyfiqites tt malii-inittiijues ot Ics /lits luifn.rliir/s: MM. AMi'ERr, t 11. DtviN, ihapi ai., I'oup.ikr , G. r arisNavii-ii, dc I'li.Nt ti:t; C. ( oylifRH., KkRIIY, KRAN(:<»i-U«. Lk ^ORMAKU, A. AllClItl.OT, Dt MuNT- OFRY, MoRFAU I'P .loNwf S, \\ A'tUK.V.: , 1 ■i"' l»iiur U-> Sciciiies ii N1 , Dl-.SMA- IlKM , v. VLD'U IN, ISkOSGNIAHI lis; I I.IU .iFNi. 1) -M. . V. .Ia( Olit-MON 1-. clc. 3* [',i„r\ts :>ci,-nii;x iiiMiailcs .- MM. Xun.us. I'.ai.i v. Uvmikun , G.- P. Urn. v. DiiPAi' , I'sQf'' >•">■■• *'^" •"•'••■•'. Ma cif Kill f.. Or HI. A, IIu.oi.i.i.t liK, I>. Al., ctr. /i" V'-iir '.Hi, iiicncrx i>lii!o.-rjj/,i,jiifs etriDiafis', I'oHliijimx , ^fic^i(q>hiijiit:f el /lisloiirjNfs :MW. LaN-iih ^ A is, tlr I'Instilut ■ M. 'A.J( ii.ii-N, <\i: I'ails i)t Gf- RANuii, Ai.F.x. i)F. I.A I'oKnE. <1»- 1' 1 1, st ii li I ; A (idiT. , A^^^^ , Artaiid, \ \ hNi f. ; Bfrv il.i.H , avii(;it; Harbif. iv r,0CA(;F. . Vic Clislilul ; A. Becgnot; ( iiampui.- I.lOW-KlG^ AC, ^■lII(,^|li)U(l-)Iit . I, Ma.smas. J. .Maoviei,, a. Metrat. ; .Mfyem , d'Aiiisli nl.Kn : I'ARFNr- Hf* i,, l'OUQliF.^ IM.E; ( ll. lUNnUARD, n\ ilO.it; KlsEBeSaI.\ ERl E,J.-1).6aV, hlsMONDE DK .SlsmOSDl, S I ArFER,SliFUR-MERI.IN. 5" Piuir la l.illeialiirej'ruiicaise e't ftiaiigrn-, I.n r>thlini;iaplile ,\' Aiclienlot:ie pt lo» Br-i2ux-.^//,t: MVl. AnoRi*ux, Amaimiy-Uuva I., Kmf.ru: David, D'lor., i.EdtEHCiER, iiF Sf.c.cr, (Ik I lii.stilut; Barbifr, iiiiiii 11 n.ii.'iiTvjiteiir >lis I ilii, I!rfs, Ai.ph. Mahii.; I h' f'.oi.BF.'iy tli- G'.ln ar ; Kikt- KiiDFF, U.-M , , ili (.^ulmihhp; A.DF.Mli!«TFMIt»T; Niroi.O I'otn.O, PahN, I'n.l.l.s.llER , I'OMliERMI.I.f. <.>(,F. TFI.ET, llEREIFPrnARHG; l)E Si A!iSAA1, (Ic ISj UXr'lt;.', ; I R..Sa t.FI; .S< HNnzi.FR ; SrHWEitiH/iiii.HBR lils, e port, ainsi que la correspoiidance, au Directenr de la Beviic Riicyclopediifiie , rue d'Enfcr-Saint-Hichel, n° 18. C'esl a la m^ine adres^e qd'oii devia envo■^ er les ouvragps de tdus geiir<»s ei les grnviires qii'on voiidia faire annoncer, ainsi que les articles dont on ctesireia rinsertion. 0;i pent anssi sousciire chez les Directenrs des postes ct cliez les prinripaiix Libraires, a Paiis, dans les depaiteuiens et dans les pays Strangers. Tioi? cablers on livraisons forinent un volume. Cliaque volume est termiiie par une Table des mati^res alphabetique et anal^tique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujouis jointe aiv i'"' rabier du volume siiivant, a I'exception de la derniere Table de I'annee, qui est exp^diee isolemenl a tons ceux qui pen vent y avoir droit. On S'liiscrli, seiilemPnt ji pariir dc deux epoques, du i" janvicr q\x du i*"' /'liHet (]e chaine annee, pour six mois, ou pour un an. On tronve , au buuevU CENTRAL, les collections des annees 1819, i8aa. rSai, i8u i8i3, 1824 ft 18a 5, an prix de 46 franc* chaque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ov ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTTONS LE3 PLUS REMARQUABLES DANS LA. LITT£RATUr.E, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. OBSERVATIONS RELATIVES AUX ECRITS DE M. PAIXHANS S17R UNE NOUVELLF, FORCE MARITIME EX SDR UNE NOUVEI-LE ARTILLKRIE. hes Observations qu'on va lire sont, a quelques egards, des reclamations; cequi nous impose le devoir deles admettre dans notre recueil. Elles tendent aussiadonner des notions plus com- pletes sur les progres que la science de la guerre maritime a fails depuis quelques annees, et sur ceux que le genie de la mecanique lui prepare dans un avenir peu eloigne. Nous apprenons que M. Charles Dupin a declare, dans nn memoire lu a I'Academie des sciences, que M. Paixlians avait publie des renseignemens sur la marine et I'artijlerie, qui lui avaientete confies pour son instruction particuliere; et qu'il s'attribuait, en outre, sans aucnne preuve suffisante, la prio- T. xxviT. — Aoiit iSaS. jo ^oG NOUVELLE FORCE iAIARlTUVTE rite d'invenlion, sur le celebre Carnot, touchant IVmplni miil-- tiplie fles feux verticaux dans les casemates. Voici line autre reclamation Ae M. Vallier, chef de bataillon d'artilleric : cet officicr avait essaye , a Bayonne, en 1816, d'ahmer de tres-petites embarcations avec de gros obusicrs , servis par dcs artilleurs etrangers a la marine. Son intention ^ en etendant ce systeme, etait de produire une nouvelle force maritime, propre a remplacer totalemcnt I'ancienne, ainsi qu'il "avail cxpliqiie dans un menioire nianuscrit, adrcsse an comite central d'artilleric. M. Paixhans, alors secretaire de ce comite, eut luic pU'ine connaissance de ce memoire; ct il annonca, en 1820 , a I'Acadcinie des sciences , qu'il avait trouve un nouveau moyen deforce maritime; I'annee suivante, il fit imprimer une brochui'e intitulee : Nouvelle force maritime ; il n'y devoilait pas encore son secret; mais le premier paragraphe en expri- mait ainsi le resultat : ft II est possible, dans l'e tat actuel des arts ; il serait FACILE DES AUJOURd'hui DE CONSTRUIRE UN TRES - PETIT NA- TIRE, QUI, MONTE SEULEMENT DE QUELQUES SOLDATS SANS EX- PERIENCE , AURAIT ASSEZ DE PUISSANCE POUR DETRUIRE LE VAISSEAU DE HAUT-BORD LE PLUS FORTEMENT ARME. » Cette aunonce eveilla les soupcons de M. Vallier, et il crut reconnaitre que M. Paixhans s'etait empare de son projet, lors- que ce dernier officier , dans un nouveau memoire, la a 1' Aca- demic des sciences, avoua enfin que I'arme redoutable qu'il voulait adapter a ses petits navires, serait un obusier alonge , on un canon raccourci, propre a lancer des obus etmemedes bombes horizonlalcment. M. Vallier rcpandit alors parmi les artilleurs une brochure , 011 il revendique ses droits, declarant qu'il prenait pour son propre compte les critiques que M. de Montgcry avait faites (i) contre la proposition d'armer de (i) Annales maridmes , avril 18251, p. 385 et suiv. KT NOUVELLE ARTILLERIE. 3o7 tres-petits navires avcc de grosses bouches a feu et des soldats sans experience. M. de Montgcry , dans I'ecrit indiqiie, avait prouve : i" que, long-tenis avant M. Paixhans, on avait propose de lancer hori- zontalement des obus ct des bombes contre les vaisscaux; oP qa'ai; lieu de placer des bouches a feu tres-pesantes snr dc simples embarcations , qui seraient fort sujettes a chaYircr, sur- tout si on les faisait manoeuvrer par des soldats sans experience, il conviendrait de placer ces armes sur de grands navires ayant de bons equipages, et particulieremeni sur des fregates a va- pour; 3° enfin, qu'il existe un moyen d'annuler I'effet des obus, des bombes et de tous les projectiles contre les vais- seaux : c'esl de couvrir ceux-ci d'line forte armure de fer; et voici dans quels termes il avait publie ces differentes idees en 1819. « Les fregates a vapeur seraient tres-propres a porter de gros obusiers dont les projectiles produiraient a peu pres les memes effets que les torpilles (1), lorsqu'ils eclateraient dans le bord d'un navire vers la flottaison; et qui , dans lesautres cir- constances, sans avoir des effets aussi decisifs, produiraient encore d'affreux ravages, frappant comme un boulet, forniant des eclats en detonant, et causant presque infailliblement des incendies » (2). Resumantensuite ce qu'il avait dit sur les torpilles et autres mines flottantes , M. deMonfgery ajoutait : « II est un systeme qui prevaudra probablement sur tout autre : c'est celui de (i)Boitesen metal, de forme spherico-cylindrique, dirigees sou» I'eau contre la carina des navires, et contenant jusqu'a 200 livres de poudre. (a) Memoire sur les mines flottantes, etc., par M. de Montgery, p. 71. Paris, 1819. 3.>« iVOUVELLE FORCE MARITIME. grands Mtimens A vapeur impenetrables a tons Ics projectiles et armes degros obusicrs... Cc n'est pas ici Ic Vwn d'ontrer dan» dc plus grands details a ce sujet, sar Icqiiel d'ailleirrs j'ai en- trepris unouvrage d'line etendue proporlionnce a rimpoitance dcs maticres qu'il renferme. J'cngage seulcaicnt nves Iccteurs a croire qu'il existe, pour delruirc les vaisseaux, beancoup d'au- tres moycns inusites jusqu'a ccjour. » (Ibidem, p. 72.) Avant de publier aucune remarque sur la Nouvelleforxe ma- ritime, M. de Montgcry,_a la piiere de I'autcur, avail mis de nombreuses notes manuscrites, que nous avons lues, sur un exemplaire de cet ouvrage. II y disait exprcssenient , plusieurs fois, que les batimens a vapeur a lY-prcuve de toutc espece de projectiles et armes de bouches a feu propres a lancer des obus , ou des bombes, de 8 on de 10 pouces, etaient un des moyens les plus certains de detruire les flottes de I'ancien sys- teme ; et que c'elail la .sans doute le secret de M. Paixhans. Co dernier nevoulut pas enconveriir, commenousnousen sommcs assures par la lecture d'un billet de sa main. Copcndant, il publia , en 1822, nn second ouvrage intitule encore: Nouvellc force maritime. II renoncait aux petils na- vires n'ayant pour tout equipage que dcs soldais sans expe- rience ; maisil emettait encore nne foulcd'idees impraticables. C'cst ce qu'a dcmontre M. de Montgery, dans plusieurs ecrits, oil il a traite en nieme terns des batimens a vapeur a Tepreuve de toute espece de projectiles et armes d'obusiers, faisant tou- jours voir que ce systemc serait favorable aux Anglais, qui pos- sedcnt dejii tant d'etablissemens et d'ouvriers capables de produire un grand nombre de machines a vapeur, et de na- vires bardes de fer, ou totalement construits avcc ce metal. Le memc auteur, avant qu'on efit cssaye a Brest le canon a bombe(i), ou plutot I'obusier alonge avail, du reste , predit (i) Pour justifier la denomination do cinon a bombes, qui an- ET NOUVELLE ARTILLERIE. 809 ,quc cette experience ferait crier mcrvcille a toutes les per- sotines qui ignorant qu'ii divrases epoques on a vu, soit dans les combats, soit dans de simples experiences, que meme les projectiles creux de petit calibre peuvent delruire, en un pe- tit nombre de coups, les plus grands \'aisscaux de ligne, M. de Montgery a fait savoir aussi que les Americains ont adopte, depuisi8i5, des obus a la Stevens, qui out un poids et un volume superieui-s aux obus essayes a Brest, et qui, ce- pendant, pevivent etre lances avec les canons, les caronades et les obusiers ordinaires, parce qu'au lieu d'etre splitriques , ils sont oblongs (i). Sous ce rapport, ils ont done un grand avantage sur les gros obus et les petitcs bombes spheriques , qui, pour etre lancees avec force etpresque horizontalement , exigernient quel'onfabriquat un grand nombre de pieces tres- dispendieuses. On pent craindre, il estvrai, que des obus oblongs ne tournoienten I'air, dans le sens de leur grand axe, • et n'aientdes portees irregulieres. Maisles Anglais, comme nous I'apprend encore M.de Montgery (2), ont remedie acetinconve- nienten couvrant les obusoblongs d'helices, qui leur procurent un tir aussi juste qu'aux balles de carabine rayees en spirale.EnGn, les nouveaux obus anglais et americains ont un autre avantage bien remarquable surlesauciens obus et sur les anciennes bom- bes, proposees par M. Paixlians; ils ont uu mecanisme a percus- nonce uiie invention nouvelle, M. Paixlians appelle bombes des pro- jectiles creux de 8 ponces, sans culot ni anses, que tons les artil- leurs appelleut obus. Mais le nom d'obusier alonge n'eut au plus indique qu'un pcrlectionnement ,et non une invention nouvelle, une nouvelle f 01 ce maritime. (i) Memoires sur la marine et I'arciUerie des Etats - XJnis d' Ameriqne , remis en 182 i a I'lnstitut et au niinistre de la marine. — Annales de I'indiisCrie , decembre iSaa, p. 263 et suiv. ■ — ■ Annales maritimes, lie partie, Janvier et fevrier 1824, p. a8 et suiv. (a) Annales maritimes, 11' partie, p. 3o et 3l , janv. et fevr. l8»4' 3io NOUVELLE FORCE MARITIME sionqui les fait toujourseclater,a I'instant ouils frappentlebut, et qui leiir perniet, avant de le fiappec, de ricochorsiii-rean. Les fusees , on espolettes , dont on se sert habituellement pour porter le feu a la charge des projectiles creux, manquent sou- vent leur effet, et ne produisent que parhasard le plus grand effet possible. Prenons pourexcmple les experiences de Brest. Les obus qui ont eclate dans la rauraille du vaisseau, sont ceux qui ont produit le plus de ravage; mais ces coups ontele rares. Tantot, les projectiles ont detone, apres avoir traverse la rauraille; tantot, avant d'etre arrives jusqu'a elle, et par- fois il n'y a pas eu de detonation. Ces inconveniensse sont sur- tout fait remarquer a la distance de 5 a 600 toises. M. Paixhans avoue que, sur 14 obus de 8 pouces, ou bombes, comme il croit devoir les appcler, 9 ont eclate trop tot, ou ont manque d'eclater (i). Nous n'avons pas sous lesyenx le proces verbal de cette experience, faite en septeinbre 1824 ; mais nousavons celui des experiences faites en Janvier de la meme annee, un peu different de ce que M. Paixhans a publie. Quoi qu'il en soil, les vieux obus, les vieilles bombes , et m^me les nouveaux projectiles a percussion et a helices, vont totalement perdre leur importance sur mer et sur terre. Les fusees dites a la Congreve ont acquis depuis peu une justesse de tir et une facilite de manoeuvre superieure a ceile de toutes les autres amies; et, sans le secours d'aucune bouche a feu, on lance des projectiles d'une grosseur quelconque, par le moyen de ces fusees, qui sont susceptibles de porter des petards d'un volume prodigicux, de veritables torpilles, propres a defoncer, a briser d'un seul coup la coque des navires, soit au-dessus, soit au-dessous de I'eau (2). i (1) Experiences fakes par la marine, etc., p. 54- Paris, l8'^5. (2) M. de Montgery vient de faire paraitre, sur cette mati^e, un Traite fort etendu , dont nous rendrons compte incessamment. ET NOUVELLE ARTILLERIE. 3ii M. Paixhans, dans sa derniere brochure , renonceaux pro- jets in execu tables qii'il avail indiques, ou decrits, dansses deux ouvrages intitules : Nom'elle force maritime. Ilannonce comme resultat le plus important de ses travaux , I'arniement avec dcs obusiers alonges , ou canons a bombe , de fregates a vapeur bardees de fer; de vaisscaiix de ligne rases, transformes en navires a vapeur , egalcmcnt bardes de fer ; et enfin,, de bati- mens tout en fer. Or, M. de Montgery a fait, en 1819, la pre- miere de ces propositions (j); il a fait, en 1822, les deux aulres (2) ; il les a toutes reproduites plusieurs fois (3); mais , sans se laisser eblouir par ses propres decouvertes , il a montre qu'en definitive ces nouveaux armemens accroitraient la puis- sance navale des Anglais, et que la navigation et la guerre sous-marines pourraient seulesrebranler(4). Le gouvernement britannique, qui a jadis offert une forte pension a Fulton, et qui en fait une maintenant au capitaine Johnson , pour lui faire abandonner totalement ses experiences sous-marines, montre combien ce genre de guerre inspire de crainte aux domina- teurs actuels de la m.er. M. Paixhans pretend, au contraire, que les fregates a va- peur, les vaisseaux rases et les batimens eh fer, dont il vient d'etre question, seront favorables a la France, parce que des navires a I'epreuve de tons les projectiles seront, dit-il , forces d'en venir a I'abordage, combat danslequeH'impetuosite fran- (i) Memoire snr les mines Jlotlanlcs , etc., p. 72 et suiv. (2) Notice stir la vie et les trai'aiix de It. Fulton. — • Annales de /'/«- dnstrie , dec. 1822. — Memoire siir les navires en fer, id., oct. i823. (3) Bulletin unirersel des sciences, avril 1824, 5"^ et S" sect. — //nnales maritimes , aoiit, sept, et ocl. iS^sJ. — ld.,'yxi\\., fevrier, juin, juillet et aout i8a4- (4) Voy. Rev. Enc, t. xxri, p. Sai , Memniie snr la iin et .ia guerre sous-marines. 3iu NOUVELLE FORCE MARITIME caise obtiendrait presquc toiijours la victoire. Mais, M. Paix-: lians devrait savoir que c'cst suitout pour sauter a I'abordage qu'it faut avoir le pied marin. Pendant la guerre de la Revo- lutioa , oil nous avons enibarque beaucoup de soldats a de- faut de matclots , nous avons en plus de batimens enleves a I'abordage par les Anglais, que nous nc leur en avons pris. M. Paixlians devrait se rappeler, d'ailleurs, que M. de Mont- gery , donl il a souvent mis a contribution les ouvrages, a deja indique plusieurs inoyens de delruire des batimens a I'epreuve des boulets, des obus et autres projectiles, soit en faisant passer sous la carene de ces vaisseaux une torpille de forte dimension , manoeuvre facile a bord des batimens h vapeur ; soit en jetant sur le pont, et au travers des sabords, des ma- tieres liquides cnflammees, d'apres un procede connu des an- ciens et renouvele avec succes au Havre, en 1758. Enfin, on pe saurait douter que la mecanique ne fournit au besoin plu- sieurs autres moyens non moins efficaces. Tout le monde sait, en outre, que la population de la Grande- Bretagne et de ses colonies s'accroit de jour en jour , et qu'elle est deja trois ou quatre fois plus considerable que cclle de la France. On sait cgalemcnt que la richesse progressive du gou- vernement anglais lui permet de soudoyer un grand nombre de soldats etrangers, et de plus que, dans une guerre mari- time, il est bien moins difficile d'obtenir des garnisons do so4- dats, que des navireset desmarins capables de rendre d'excel- lens services pendant les combats et les tempetes. Les soldats ne se tiennent pas mieux debout, et ne sont pas plus exempts du mal de mer , a bord des batimens a vapeur que sur les ba- timens h. voiles. lis sont meme plus incommodes, pendant le mauvais tcms, sur ces nouveaux naviresqu'a bord desanciens, parce que les voiles de ceux-ci , fortcment poussees par le vent, diminuent les oscillations causees par I'agitation des flots. N. B. Ces Observations, faites dans I'interct de la verite et ET NOUVELLE ARTILLERIE. 3i3 de la justice, meritent certainement , de la part de M. Paix- lians, line attention serieuse. II senlira la necessite de rectifier quelques assertions qu'il n'avait pas suffisamment examinees , et de recounaitre des droits qu'il n'a pu vouloir usurper. II est assez riche de son propre funds, assez recommandable par d'importans services pour n'avoir pas besoin de se faire des titres d'emprunt. Plusieurs de ses lettres, dont les originaux nous ont etc communiques, lui prouveraient, au besoin, I'exac- titude de tout ce que nous avons dit, et viendraient i I'appui .des reclamations qui lui sont adrcssees. OBSERVATIONS GENERALES SUR LE GENRE APPELE ROMANTIQUE, ET SUR QUELQUES MODIFICATIONS DE NOTRE SYSTEME THEATRAL (l). Le genre appele rornantiqiie semble destine a faire le deses- poir des critiques de notre tems. C'cst en vain qu'ils se flattent *le le saisir et de le terrasser. Ce Protee renait aussitot sous une forme nouvcUe. Sera - t - il toujours impossible de s'en- tendre sur le sens du mot roinantique ? Ce mot, suivant M™« de Stael, qui, la premiere, je crois, I'a employe parrai nous , a designe d'abord une poesie inspiree par la religion chrctienne (i) L'ouvrage nouveau qui a principalement donne lieu a ces observations, est intitule : Racine et Shakespeare, n° 2, ou Reponse au Manifeste con ere le Romantisme, prononce par M. Auger dans line seance solennelle de I'lnstitiit; par M. DP. Stendhal, avec cette epigraphe : << Dialogue. Le f^ieillard : Continuous. — Le Jeiine homme: Examinons. I'oila tout le XIXe siecle. » — Paris , i8i5. Brochure in-S" tie io3 pages. Chez les marchands de nouveautes. Prix, 2 fr. 3i4 OBSERVATIONS et puisant ses elenicns dans la chevalerie , dans les souvenirs du moyen age , dans les croyances vagues et melaiicoliqiies du Nord. Mais, cctte manierc de concevoir le romantismc , parti- culierement applicable a I'epopee et a la poesiclyrique, somble dejii passoe de mode. Aujourd'hiii, c'est surtoiit an theatre que Ton vent etablir la distinction des deux genres ; et coniine les poetes anglais, espagnols et alleniands ne se sont point, ainsi que les notres , asservis a la regie dcs unites, ces poeles, ayant a leur tete Shakespeare , Lope de Vega et Schiller, sont pro- clanies romantiques, sans que Ton s'inquiete de prouver au- cune analogic entre deux significations totalenient differentes d'un meme mot. Quelques-uns definissent le romantisme une manierc d'ecrire conforme aux idees et aux besoins des con- temporains, et s'ecrient, avec M. de Stendhal, que tous les grands ecrivains ont etc romantiques de leur terns. D'aulres voient dans ce genre une imitation exacte de la nature, par opposition a I'imitation embellie ou ideale qui conslituerait le genre classiquc. Enfin, beaucoup de litterateurs et la partie la plusnonibreuse du public ^^'pQVicnX.romantique tout ce qui est exageie, bizarre, faux , vague, obscur, affccte, maniere, etc. Aussi, le mot romantique, dans son acception vulgaire, se prend-il toujours en mauvaisc part, et ne se prononce-t - il qu'accompagne d'un sourire. Mais un mot qui signifie tant de choses, signifie-t-il vraiment quelque chose ? Et pour leur pro- pre interet, comme pour celui de la verite, les romantiques ne devraient-ils pas renoncer aun nom inintelligible pour tout le monde et ridicule pour le j)lus grand nombre ? En attendant que la question soit simplifiee par cet heureux sacrifice, voici M. de Stendhal qui vient combattre a outrance en faveur du romantisme theatral. Son armure est legere; mais sa lance est accree. Rien n'egiile la facilite avec laqiu-lle les noms propres coule-it sous sa plume. Toutefois, son humeur belliqueuse s'atlaque a des adversaires si nombreux, et en ge- SUR LE ROMANTISME. 3i5 neral si distingues, que jene sais si Ton ne doit pas regarder comme un litre de gloire d'etre I'objet de ses coups. Peut-etre serait-ce anous, humbles soldats qu'il a dedaignesdansla melee, h faire entendre nos plaintes. Mais laissons la les personnes pour nous occuper de son ouvrage et de la question qui en est I'objet. M. de Stendhal est un homme de beaucoup d'esprit; ouvoit, a la maniere dont il ecrit , que sa conversation doit etre foi t piquantc. Son style est vif , pittoresque et original. Aussi, sauf la preface qui parait longue , parce qu'elle manque de clarte et de legerele, sa brochure est-elle tres-agreable a lire. Mais a-t-il eclairci, a-t-il resoiu la question ? Je ne le pense pas. II me semble meme qu'il ne I'a point envisagee d'une maniere generale et complete. M. de Stendhal s'est propose de repondre au discours sur le romantisroe , prononce par M. Auger, dans la seance acade- mique du 24 «ivril 1824- Mais, comme il n'expose et ne refute nuUe part les raisons de sa partie adverse, sa brochure res- semble a ces longs discours , liis quelquefois dans nos chambres, et qui, bienque presentantle sujet sous deux aspects contraires, se succedent sans se repondre. Au lieu d'une refutation methodique , M. de Stendhal nous donne une eorrespondance entre lui et un classique de ses amis, sur la tragedie romantique, qu'il definit en ces termes : « La tragedie romantique est ecrite en prose ; elle dure plusieurs mois et se passe en des lieux differens. » Et M. de Stendhal , a qui les classiques ont quelquefois re- proche de ne pas se faire entendre , se hate de leur-demander si cette definition leur semble claire. Les mots sont clairs sans doute ; mais I'idee qu'ils expriment manque de justesse et de precision. La versification et les unites n'etant autre chose que les regies imposees au poete , cette theorie revient evidemmetit acelle-ci : la tragedie romantique est alfranchie de toutes les 3i6 OBSERVATIONS regies (i). Or,je ledemandeii M. de Stendhal lui-nieme, est-cc la une tlieoric ? La preuve qu'il n'en croit rien , c 'est qu'il va uoiis donner tout a I'Leure d'autres preccptes. Mais arretons- nous iin moment sur ceux que nous venons de rapporter. M. do Stendhal en veut beaucoiip au vers aicxandrin; il u'hesite pas a le bannir de la tragedie fiancaise, bien que Sha- kespeare et Schiller aient generalement ecrit en vers. C'cst , dit-il , que le vers alexandrin , a la difference des rhythmes utrangers , exclut une foule de mots neccssaires a la poesie moderne, par example, le mot pistolet. Jc conviens que I'a- lexandrin n'est pas un metre heureux : mais sa coupe monotone, morlellement ennuyeuse dans I'epopoe; a , dans la poesie dra- matique, des inconveniens beauconp moins sensibles; et quant au dedain avec lequel il repousse souvent le mot propre, bien que laplainte ne soit pas sans fondcment, on pent remarquer (jue nos grands ecrivains ont souvent brave cette tyrannic. Ainsi, Corneille a employe en vers les mots balcon , soufflet; Racine Xdi.xViOX.'ihi ide ^pave, chambre, chiens, etc. Etje nedoute pas que, s'il avait traite des sujets niodernes, il n'eut fait usage des mots canon, pistolet , cartouche , giberne , etc. Ce n'est pas le vers qu'il faut proscrire, mais Ic style guinde en gene- ral, qui , depuis Voltaire surtout , a envahi notre theatre. J'ai- merais encore mieux que Ton voulut adapter a la tragedie un autre systeme metrique, ce qui n'est peut-etre pas impossible, que de renoncer aux ressources que la versification offre aux poetes. La question tant agitee sur les avantages du vers et de (i) Cela est si vrai, que M. de Stendhal s'empresse de declarer qu'il peut neanmoins y avoir telle tragedie roinantiqne dont les ev.e- iiemeus soient resserres par le hasard dans I'enceinte d'un palais et dans une duree de treate - six heures. Ce n'est done pas comma r^gle, c'est comme affrancliissement de la regie que M. de Stendhal prescrit la violation des unites. SUR LE ROMANTISME. 3 17 la prose se rdduit , je crois , h ce pen de mots : on rhommc qui ccrit en vers est poete; et alors, a la faveur de I'ellipse , de I'iuversion et des aiitres figures permises 11 la poesie , il est a la fois plus anime, plus elegant et plus concis qu'il ne pourrait I'etre en prose; ou cet homme n'est point poete, et alors, par suite de la gene da metre, toutes ces qualites font place aux defauts contraires. Dans le premier cas, les avantages de la versification surpassent ses inconvenicns ; dans le second cas, ses inconvenicns surpassent ses avantages. C'est purement une question de personncs ct de talent. Quant aux unites, au sujet desquclles BI. de Stendhal re- proche durement a M. AHger de n'avoir point fait mention du systeme de Johnson sur I'illusion theatrale , je me pcrmcttrai dc rappcler ici ce que j'ai dit, il y a quelques annees , en rendant conipte, dans le Lycce francuis, de la tragedie de Carmagnola , par M. Manzoni. « C'est nioins sous le rapport de la vraisemblance qu'il faut considerer les unites de jour et de lieu , que sous celui del'unite d'action. Pour que cette derniere unite existc, il faut que, des le premier acte, la position et les desseins de chaque personnage soient determines; que ces desseins se renferment toujours dans le plan que I'auteur s'est trace; qu'il soil rendu compte au spectateur de tous les resultats qu'ils amenent, non- seulement dans le cours de chaque acte, mais encore pendant chaque entre-acte; enfin, que Taction soit rapide , degagee d'accessolres supcrflus et conduite a un denouement analogue a I'attente excitee par I'exposition. Si maintenantdelonjrs in- tervalles de terns et de lieu separent vos actes et quelquefois meme vos scenes, les evenemens intermediaires relacheront tous les ressorts de Taction... Et les parties du dranie, ainsidislo- quees, presenteront, aulieu d'un seul fait, les lambeaux dela vie entiere d'un heros. Ajoutez a res inconvenicns Tapparilion ct la disparition frequentes de personnages avee lesquels le spec- Bi8 OBSERVATIONS tatciir n'a giiero le tems cle fairaconnaissnnce; el quant k ceux siir lesquels vons (ixez son attention, si vons les montrez tou- jours animes dii nieme desscin , il en resiiltcra lanijiieur, froi- dcur,invraisemblance, sou vent nK'inoinconvenanccchoqnante... Si, aucontraire, les desseins des personnages. variant, I'unito d'action disparait et I'inteiet s'affaiblit. » (i) Je vais plus loin aujourd'hui : je pense que les Fran^ais, en adaptant au drame romancsque et intrigue des Espagnols les ix'gles nees de la simplicitc grecque, en supposant qu'un pareil dranic, avcc luic pefipetie au nioi:is par acle et un progres dans Taction a chaque scene, se passe en vingt-quatre heui'es oten iin seul lieu, ont demnnde , sousle rapport de la vraisem- blance, une concession pins forte que celle que reclament les auteiirs dramaliques de prcsqiie tousles autres peuples, en s'affranchissant de ces deux unites. Mais I'invraisemblance in- teliectuelle du systems francais, en se pretant a I'unitc d'action, interrompt pen I'illusion theutrale, parce qu'il faut, la plupart du tems , reflcchir pour la remarquer; tandis que I'invraisem- blance mateiielle du systeme contraire, nuisible a I'unite d'ac- tion, interrompt vivement I'illusion theatrale , parce qu'elle (i) M. Manzoni me lit I'honneur de m'adresser, en reponse a ces observations, une lettre publiee par M. Fauriel , avec la traduction des deux tragedies de cet auteur, ie Comte de Carmagnola et Adelghh. Cette lettre, pleine d'apercus ingenieux , est a la fois un modele d'urbanite et d'elegance de style. J'avais forme le dessein de repli- quer, lorsque je remarquai, page 370 , le passage suivant : •< Que Ton dise que, plus une action prend d'espace et de diiree, et plus elle risque de perdre ce caractere d'unite si dclicat et si important sous le rapport de I'art, et Ton aura raison. » Je vis que la contes- tation allait rouler sur une nuance , et je me tus , en regrettant beau- coup de pei'dre cette occasion de remercier ce grand pocte de I'honneur qu'il m'avait fait et de Textr^me indulgence avec laquelle il avail hien vonlu me trailer. SUR LE ROMANTISME. Sig avcrtit les sens. Ci^lle-ci , en accordant ii I'action la dutee ct les developpeniens vraisemblables, en admettantles episodes et les details de mcenrs, favorise les jouissances epiques, qui sont celles des peuples reflechis; celle-la, en precipitant raction eten fai- sant main basse sur les accessoires, favorise les jouissances dramatiques , qui sent celles des peuples vifs. Remarquons, en passant, que Shakespeare a toujours evite avec soin d'indiquer dans son dialogue le laps de terns qui se- pare les divers evenemens du drame. L'instinct du genie lui faisait pressentir la froideur qu'un parcil avertissemont aurait jetee dansl'ame des spectateurs. Mais, si cette precaution , qui tend a rcndre vague la duree du drame, a pu suffirc pour un peuple naturellement reflechi ct propre aux jouissances epiques et meme historiques, je doute qu'elle fut suffisante pour les Francais qui, a cause de la vivacite de leurs impressions , sont, comme les ^.tlieniens, un peuple eminemment draniatique. Jetons maintenant un coup d'ceil sur les preceptes qui ser- vent de developpement a la theorie de M. de Stendhal. Je les decoiivre a !a note de la page 92. « 1° Jamais de combats sur la scene; jamais d'executions. Ces choses sont epiques, et non dramatiques. « D'accord. Mais c'est faire le proces aux drames historiques de Shakespeare, ou ces choses tiennent trop souvent lieud'ac- tion dramatique. '< 2° Pius les pensees et les incidens sont romantiques ( ca- cules sur les besoins actuels ), plus il faut respecter la langue qui est line chose de convention. » lei , M. de Stendhal est de I'avis de Boileau ; ce qui ne laisse pas d'etre edifiant. Observons toutefois que la convention qui a fait la langue est modifiee par le tems, qui introduit chaque jour des mots nouveaux et de nouvelles tournures; et que les hesoins actuels veulent que ces mots et ces tournures soient employes. 0 L'interet passionne avec lequel on suit les emotions d'un 320 OBSERVATIONS personnage constitae la tragcdie; la simple curiosite qui nous laisse notrc attention pom- cent details divers, la comedie. Le melange do ces deux interets me semblc fort difficile ». C'cst encore ici la condamnation de Sliakespoare ; condara- nation qui me parait trop rigoureiise, rt que M. de Stendhal anrait d'aillrnrs bien dc la peine a concilier avec I'emploi tant desire par lui de ces mots na'ifs donl nos memoircs historiqiics sont reinplis et que la tragedie romantique peiil seule nous rendre ; par exemple, le hrillant Bassompierre pret a com- battre au Pas de Suse , dlsant a Lonis XIII : Sire , les danseurs sont prets : quand V. M. votidra , le bal cornmencera. M. de Stendhal pensc, limidemcnt a la verite, qu'une tra- gedie ne doit pas aujourd'hui durer plus d'un an. Dans son systeme, jene vois d'autre limite naturelle que la duree de I'evenement. II proscrit la tirade; la tirade, dit-il ailleurs, qui est pent- etre ce qu'il y a de plus anti-romantique dans le systeme de Racine! Et s'il fallait absolument choisir, il aimerait encore mieux voir conserver les deux unites que la tirade. Helas! la tirade est de tons les systemes , autant de celui de Shakespeare que de celui de Racine. Mais, sur ce point, il est facile d'etre d'accord , et tout le monde convicndra qu'en general la tirade est un ennuyenx defaut. Dans ses autres preeeptes, M. de Stendhal descend a des applications ou je ne puis le suivre. II regarde comme le sujet de tragedie le plus beau et le plus fouchant, la mortde Jesus I II pretend qu'en francais I'empire du vers ou du rhythme ne commence que la oil I'inversion estpermise; et la poesicfran- caise est justement cclle qui exige le raoins I'inversion. Que M. de Stendhal cssaie de traduire en vers italiens ou anglais dix vers de Racine; il en sera convaincu a I'instant mcme... Si, dans I'expose de sa theorie , on trouve tant d'*idees ha- sardees ou contradictoiies , on pent croire qu'il ne les a pas SUR LE ROMANTISME. iii epargnees dans le corns de sa brochure. Par excniple, lecor- respondant classique, qui aimerait mieuxjuger le romanlisme sur des drames que sur des dissertations, a-t-il prononce cet arret : Faites, Monsieur ,Ja'ucs , el vojons cette affaire ; M. de Stendhal lui repond ; vous mc dites : faites, et vous ouLliez la censure! Est-cela delajustice ? Est-cela de la bonne foi? Puis, au verso de la meme page, la censure ne lui parait plus un obstacle qu'on puisse alleguer; et il blame nos auteurs qui mettent de la politique dans leurs comedies ; ce qui, dit-il, litteraircment parlant, ne vaut rien du tout. II veut qu'ils attaquenlles ridi- cules des classes ordinaires de la sociele; et aussitot, i! leur propose de mettre sur la scene an patriote c61ebre qui prete son argent au roi d'Espagne, et il donue lui-raeme I'esquissc d'unecomcdie en cinq actes(i) intitulee : Lanfranc, ou lepoete, dont le heros au denouement est condamne pour un pamphlet a passer quinze jours a Sainte-Pelagie (2). C'est a propos de cette comedie de Lanfranc que M. de Sten- dhal fait les remarques suivantes par lesquelles je terminerai I'examen de sa brochure. (< Lanfranc est une comedie romantique, surtout parce que les evenemens ressemhlent a ce qui se passe tons les jours sous (i) En general, les romantiques respectent la coupe en cinq actes, regie la plus arliCcielle de toutes, regie completement igno- ree des Grecs, au nom desquels on nous I'impose. Ce seralt une belle occasion de les appeler classiqucs ! II y aurait Lien des choses neuves a dire sur ce mot acte introduit par les Latins dans la po^- tique du theatre. Mais il faudrait ajouter dix pages a cet article deja trop long. (2) La comedie est la peinture des travers du coeur liumain com- bines avec les ridicules du tems. Or, qu'on me cite aujourd'liui ua ridicule marquant et un peu general , qui n'ait pas quelque rapport avec la politique, et par consequent avec la censure. T. XXVII. — Aoat 1825. 21 3aa OBSERVATIONS nos yeux... La comedic dc Lanfranc n'a pas de .style ; ct c'est a mon avis par la qii'ellc brille ». Si un ouvrage brille d'autant plus qn'il n'a pas de style, pourquci M. de Stendhal reclierche-t-il constamment dans !e sien les rapprochemens inattendus et les tomnures piqnantes ? Cost appareninient parce que cet aitilicc Ini seuible neccssaire pour etre lu : il Test aussi pour etie ecoule. l^ne piece qui re- presenterait exactcment des lionimes couinie on on voit tous lesjours , faisant et disant ce qu'on dit ct ce qu'on fait tous les jours, cndormirait, des les premieres sc«;nes. Ton te imita- tion dans les arts a besoin d'etre embellie ou chargee ; ccs deux mots expriment ici la meme chose dans deux genres differens. Il n'en resulte pas sans doute que tout embellissement, que toute charge soit bonne. Un ornement deplace est mauvais , plus mauvais que la verite la plus commune. Mais, entie toutes Ks choses qu'a pu faire ou dire lei personnage, choibir la plus origiuale, la plus energique, celle qui pioduira le plus d'effet ; voila ce que I'art se propose; ce choix, applique aux fails, s'appelle invention ; applique a !a diction, s'appelle style. Malheur a I'ouvrage qui iie s(! distingue par aucunc dc ces deux qualites ! On a vu, je pense, que les principcs du nouveau genre de drama dit romantique ne se trouvent point dans I'ouvrage de M. de Stendhal. Ce n'esl pas que Ton n'y rencontre des aper - 9US ingenieux , des observations vraies sur I'art dranialique. Mais, il n'a fait qu'entrevoir quelques veriles isolees, dont il a deduit des consequences contradictoires, au lieu de les forti- fier en les coordonnant; ct il estbien plus habile a montrer les inconveniens de Tancien systeme qu'a donuer une idee juste et nette dc celui qu'il voudrait lui substituer. Mais cxiste~t-il en effet un drame romantique ?PLt, pour en- visager la question sous un point de vue plus general , peut-on admettre deux genres dans les arts ? SUR LE ROMANTISME. 323 Tout art ayant pour objetrimitation de la nature , il semble an premier coup d'ceil que I'existence de deux genres est une chiniere. Car la nature est immuable , aussi bien que le coeur de rhomme; les formes de la societe humaine eprouvent seules des modifications ; et a supposer mcme que la nature changeat, I'art ne changerait point encore, puisque les principes de I'imi- tation seraient toujours les memes. Peu importe en effct queje vcuille peindre un paysage^ ou un iuterieur, ou un portrait; les principes du dessin , du chiir obscur, de la perspective, etc., ne varicnt point. II n'y aurait done qu'un seul genre dans les arts , I'imitation de la nature; ce genre embrasserait tout, et les nouvelles theo- ries du roniantisnie ne seraient que des illusions nees du desir impuissant d'etre neuf et original. Toutefois, pour que ces theories aientpu seduireun si grand nonibre d'esprits, il faut qu'ellcs trouvent quelque appui dans les fails et dans les sentimens du public. En general, toute opinion qui agite un certain nombre d'hommes indique un be- soin social. Ce bcsoin est souvent nial exprime ; mais il existe ; il faut le decouvrir; il faut le satisfaire. On sait qu'il y a deux manieres d'imiter la nature; Tune consiste a copier servilement ce qui existe ; I'autre u faire un choix entre les objets et h embellir au besoin ceux que Ton reproduit. L'art flotte entre ces deux liniites. S'ilse rap- proche trop de I'imitation exacte, en reproduisant ce qui est commun ou laid, il excitera le degout; si I'imitation devient trop idcale, en nous offrant des objets tout-a-fait differens de ceux qui nous entourent et de nous-memes, elle nous fera eprouver la froideur et I'ennui. Le point le plus heureux serait, je crois , celui ou, pour atteindre I'ideal, l'art n'aurait besoin que de choisir entre les objets reels , et non de les embellir. Un peuple a existe chez qui ces deux limitcs, I'ideal et le vrai , semblaient presque se confondre. Un climat delicieux , 3i/, OBSERVATIONS iin sol convert cle fleiirs , mie religion remplissant an plus haul degrc la coudition de toulo poesie, de preter imeanieila ma- 'dere et iin corps a la pensee , des passions primitives , des moeurs a la fois simples et nobles , nne iangne si mulodiense que scs mots sont encore a notre oreille comme des phrases inusicales; des formes, des traits, des vetemcns, tels quele genie de la peinlure semble en avoir trace le modele ; enlin , les sentimcns de famille , les idees de liberie, de patrie, devc- loppees an plus liaut degre, voila ce que nousoffre la Giece. Elle crea les arts; el!e y attcignit nne perfection desesperante. Pouvait-ellc faire autrement? La, les artistes pour elre su- blimes n'avaient qu'a clioisir et a copier. Aussi est-ce par la route de I'imitalion exacte qu'ils arriverent pen a peu a la beaute. On se tromperaittoutefois si Ton pensait quelesGrecs eussent en fait d'ideal le meme gout que nous. L'ideal cliez ce peuple se composait d'un heureux melange de grandeur et de naivete. Quelquefois meme, le desir d'etre vrai fit desccndre ses poetes jnsqu'a I'imitation d'une nature laide. C'est ce qu'on remarque surlout chez Euripide, qu'un vain espoir de surpasser Sopliocle jeta pcut-etre dans ces ecarts. La meme piece , Al- cesle, nous offre un exemplc frappant de ces deux genres de naivete. Hercule \ient demander I'hospitalile a son ami Ad- mele. II s'etonne que ec roi ne sc presente pas pour le rcce- voir. Cependant un esclave lui fait leshonneurs de la maison , et lui offre un repas. Hercule a faim ; il s'abandonnc au plaisir de la table ; mais, apercevant quelques larmes dans les ycux de I'esclave, il I'interroge , et a force de le presser, lui arrache I'aveu de la mort de sa maitresse. Cettc nouvcUe est comme un coup de foudre pour Hercule. Le contraste de la douleur de son ami et de la joie a laquelle il se livrait lui-meme le frappe vivement,ctil court arracher Alceste a la mort. Cette scene est sublime, autantque naive; etsi noire gout repugne a quelques details, a coup siir c'est notre goiit qui a tort. Mais, lorsque , SLR LE ROMANTISME. 3a5 dnns la nieinc trai,'ec!ie, Admote vent pcrsnader h Pheres son perc qu'il doit moiirir ponr Iiii, et que le bon homme s'en de- fend de toutes scs forces, si c'est la la verite, c'est iine verite laide et le poeic a tort de I'avoir imitee. II a copie sans choisir. Les penplades du Nord , qui envahirent rEurope asservie par lesRomains, n'avaicnt deja plus cctte simplicitepoetique si remarquable dans la Grece ; je n'eu veux pour preuve que la complication deleurslois. Ou trouverle beau ideal chezcespeu- ples dont la rapine etait i'esprit public, ou bien dans ce moyen age, triste melange de la ferocite des barbares et de la corruption romaine ? Les affections nalurelies dcdaignees pour les plaisirs d'un courage farouche et aventurier, Icsidecs morales partout ignorees,la force erigeecn droit, la liberie, la patrie, inconnues meme de nom, une societe factice fondee sur le servage et la do- meslicite feodale ; plus tard,ramour degenere en galanterie fri- vole etsouvcnt immorale; le sentiment religieux dispai-aissant sous les pratiques absurdesdont I'ignorance I'a surcharge; des heresies, des schismes , des disputes et des guerres insensees : lei est le moyen age. Chez les anciens , tout etait harmonic; ici tout est desordre et contradiction. Les combats se succedent , ct I'imaginalion n'est point frappee ; le sang coule, et le cceur n'est point attendii. C'est qu'il y a dans tons les evenemensje ne sais quoi d'abjecl et de ridicule qui taiit I'interet dans sa source ct nous empeche de sympathiser avcc des hommes si •etrangcment defigures par les institutions. Le vetement, les noms,le langage de ces hommes, tout jusqu'aux traits de leur visage les rend pen propres a concevoir et a donner I'idee de labeaute. Dc cette ignorance de la morale que j'ai deja remar- quee nait a tout instant chez eux le melange affreux de la plai- santerie et du crime. Lorsque Alboin presente a Rosmonde la coupe qu'il s'est faite du crane de son pere , il accompagne cette action atroce d'un calembourg : Tiens , lui dit-il , hois avcc 3sG OBSERVATIONS ton pere. Arthur de Bretagnc , pret a perir, ayant dit dc-dai- gneiisement , i\ Jean son oncle : Adieu , Jtan sans terre , celui-ci lui repond : Jclieu, prince sans tele. Cromwel, apres avoir signe I'arret de niort de Charles l^"", s'amuse a barboiiiller d'encre le visage du jugc Martin, en kii presentant la plume. Char- les IX, apres la Saint-Barthelemy, dit tout joyeux a sa mere : Etmoi, n'ai-je pas bien joue rnon rolet ? Ccs traits en disent plus que de longucs dissertations ; ils prouvent que les mosurs du moyen age ne sauraientse preter a une poesic constamment noWeet grave; et c'est pour s'etre mcle a ccs moeurs que le christianisme , comme I'observe judicieusement M. Auger, offre a la poesie un merveilleux souvent voisin du ridicule. Pour comble de malheur, les evenemens modcrnes, au lieu de nous etre transmis, comme ceux de I'antiquite , par dcs poetcs ou par de graves historiens, nous sont parvenus dans des chro- niques cxtravagantcs ou dans des raemoires pleins de details familiers. Ce concours de circonstauces a donne a notre histoire une physionomie, un caractere qui exclut absolument le beau ideal, dont les anciens avaient fait le type de leurs compo- sitions. Quand le torrent des populations du Nord eut cesse de oouler et que la societe commenca de se rasseoir en Europe , chaque peuple se fit au hasard une poesie. Les Espagnols et les Provencaux imiterent les Arabes, leurs voisins; les Italiens imiterent les Provencaux ; la France eut ses trouveres emulcs des troubadours; I'Allemagne et I'Angleterre suivirent ce mou-* vement. Mais toutes ces nations auraient balbutic bien long- tems, si les modeles de la lilterature ancienne, ensevelisdepuis six cents ans dans la poudre des monasteres , n'cussent ete rap- peles au jour. L'ltalie, encore toute latine, I'ltalie qui recueillit dans son sein les talens fugitifs de la Grece , devait revenir la premiere a I'etude des chefs-d'ceuvre de I'autiquite; des que ces chefs-d'oeuvre lui furentdevoiles, elle ne put y meconnaitre SUR LE ROltfANTISME. 347 le type du vrai beau ; et dans IVsperauce de remonter a son an- cienne gloire , elle negligea long-terns I'imitation de la nature pour ccUe des anciens dont les traditions etoufferent et rem- placerent piesque chez elle les traditions du moyen age. Au contraire, chez les Anglais et les Espaguols, eloignesdii foyer de la renaissance des lettres, I'influence des etudes fut nioins directe. De vieilles romances, des poemes de toute es- pece, transmis de bouche en bouclie, avaient echappe aux ra- vages du tenis. II etait naturel que, pour parler au plus grand nombre, les poetes de ces contrees, tout en profitant des no- tions du vrai beau qui Icur etaient revelees par les anciens, preferassent les traditions nationales a celles des Grecs et des Remains. C'est ainsi que la lilterature de ces peuples, remar- quable par la force et par une cerfaine vie qui tient a I'i'.ni- tation immediate de la nature, est restee enipreinte descarac teres du moyen age, la rudesse, le desordre , I'exageration, le bel esprit, et enfin le melange du plaisant et du tragique. Quant aux rran9ais, peuple railleur et naturellement peu poetique, tandis que leur litlerature fut iivree a elle-meme , ellc ne fut que I'expression de la malice et de la gaiete natio- tionales. Aussi la poesie serieuse n'a-t-elle laisse parmi nous aucune tradition populaire. I,e premier poete grave qu'ait eu la France fut un imitateur fanatique des anciens, Ronsard. 11 en a ete de raeme de tous ceux qui apres lui ont recherche la noblesse des conceptions et du langage; et maintenant encore, nos jeunes partisans de la melancolie n'echappent a I'imitation des anciens qu'en se modelant sur une litterature etrangere. Le serieux n'est point indigene en France; la poesie comique et badine est seule populaire parmi nous; scule elle a produit des chefs-d'oeuvre vraiment originaux. La poesie grave n'est goutee que des esprits cultives; c'est dans les etudes classiques qu'elle puise ses inspirations. Les poetes du siccle de Louis XIV, ecri- vant au milieu d'un peuple rieur pour uno cour grave et ce- 328 OBSERVATIONS remonieuse, fureiit consfamment domines par la crainte du ridicule. En empruntant aux Grecs la pompe de leiir mytholo- gie, aux Roinains la grandeur inhercnte a la forme de leur gouvernement et a I'etendue de leur domination, il lenr fallut ecarter des sujets anciens lout ce qu'ils avairnt dc familicr et de naif. Chaque heros perdit ainsi une partie dc son indi- vidualite et, pour ainsi dire, de savie; et leiirs pointures, en devenant plus nobles, devinrent un peu froides. Ces ecri- vains durent en meme tems appauvrir de jour en jour le dic- tionnaire, un grand nombre de mots derogeant sans cesse dans la bouche d'un peuple railleur. Enfin, ils exclurent en general les sujets moderncs, aticun artifice ne pouvant elever nos caracleres hisloriques a la dignite requise par le gout du tenis , h moins de les rendre meconnaissables et de les depouil- ler par consequent de toute espece de vie. Cependant, des plaintes ne tarderent pas i s'clever contre cette exclusion. Voltaire voulut les satisfaire. Mais , averti par son genie, ce n'est point a I'liistoire , c'est a son imagination qu'il demanda des heros. Encore les transporta-t-il le plus souvent dans des contrees lointaines, et Adelaide du Guesclin , la seule de ses pieces dont la scene soit en France, est la plus faible de toutes. Je ne parlerai point en detail des nombreuses tentatives qu'on a faites apres lui pour traitor les sujets modernes dans les formes et avec la noblesse de Racine. Parmi ces ouvrages, il en est qui prouvent un grand talent. Mais tous manquent, plus on moins, de ce grand principe de vie, la verite; et, s'il faut tout dire, cette noblesse continue du langage, qui a coute tant de peine a leurs auteurs, me semble etre leur principal defaut. Les sujets modernes comportent peu la separation des deux genres, le serieux et le plaisant. Ceci s'applique aussi bicn a I'epopee qu'au drame, aussi bien a la peinture qu'a la poesie. Quant a la sculpture dont I'ideal, dont la noblesse est I'ame, c'est un art antique qui n'est point a I'usage de notre SUR LE ROMANTISME. 329 liistoire. Notre com^die, nos poenies badins, nos tableaux de genre sont vrais, populaires et amiisans, parce que le plaisant et le serieux y sont meles. Nos tragedies, nos poemes epiques, nos tableaux d'histoire ( sur des sujcts cmpruntes a I'Europe moderne) sont trop souvent froids et ennuyeux, parce qu'ils sont sur on seul ton , et que ce ton manque de verite. La litte- rature moderne n'offre qu'unebrillante exception a cette regie, ' c'cst Jerusalem delU're'e, Encore ce poeme est-il a demi oriental , et les peintures voluptuenses dont il abonde servent-elles a detendre la gravite du sujet. Blais les anciens eux-mcmes ad- mettaient le naif dans les sujets graves. Or, le naif est le plaisant d'une societe oil le bel esprit est encore inconnu. Et nous, peuple rieur par excellence , nous, dont Caton disait deja que nous ne savions faire que deux choses , debellare et argute lo- qui, nous battre et faire de I'esprit, nous voulons nous peindre dans de grands ouvrages d'une imperturbable gravite ! Ce n'est pas impunement que Ton donne un pareil dementi a I'his- toire et a la nature. II faut opter enfin : ou retourncr aux sujets anciens et orientaux; ou, si , eu effet, le gout actuel demande des sujets empruntes a nos annalcs, nous conformer a la verite en admettant un drame mixte qui embrasse toutes les conditions de la societe et tous les tons du langage. En un mot, la tragedie de genre me parak etre, comme le tableau de genre, im besoin intellectuel de notre tems. Dans ce poeme nouveau, les personnages pourront s'elever ■quelquefois jusqu'a I'ideal le plus noble; mais ils descendront le plus souvent au ton du drame, et meme de la comedie sati- rique. On s'elevera beaucoup centre ce melange du noble et du familier, du rire et des pleurs. On opposera toutes les lois du gout; celles de la necessite sont plus fortes. En definitive, si I'ensemble perd a ce systeme , les details y gagueront; ils serout plus vrais, plus instructifs et moins souvent ennuyeux. f.e genre n'exclut point les deux unites, et il iroporte aux plai- 33o OBSERVATIONS SUR LE ROMANTISME. sirs dii public que I'on s"y confoime le plus possible. Seuie- ment, comme les sujets modernes sont infmiment plus conipli- ques que les sujets anciens, il faudra bien accoider a cet egaid quelque licence , licentia sumpta piulenter. Quant au style , tout beau vers qui ne sort pas du caiacterc et de la situation, tout ornement qui decele le poete, doit etre evite comme un defaut grave dans un drame donl les personnages nesont pas poetiques. Mais le vers doit etre conserve ; seul il pent donner a la pensee toutc I'energie qui lui est proprc et la graver dans 1 esprit des spectateiirs; il tempere ce qu'une illusion complete a parfois de trop penible ; et il se prete d'ailleurs a tons les tons. Moliere n'a-t-il pas ecrit en vers ? Le modele du style convenable ;"> la tragedie moderne se trouve dans differens morceaux de Corneille, de Racine, de Shakespeare, de Schiller, de Moliere. C'est an poete a les rassembler pour en faire un tissu. Tels sont, je crois, les principes qui doivent prevaloir au- jourd'hui au theatre. Mais, quelque evidens qu'iis paraissent, ils pourront toujours etre contcstes, tant qu'un homme de genie ne viendra point leur donner la vie par ses creations. II faut, de plus, que cet homme de genie ne s'asservisse aux pre- juges d'aucun parti, que la censure ne mutile pas ses ouvrages, que les comites de lecture veuillent bien les recevoir et les co- mudiens les jouer. Pent -etre le public, ennuye de tant de pompeuses declamations, se deciderait-il a les applandir (i). Chauvet. (i) Voy. ci-apres, a la section du Bulletin bibliographique , divi- sion Litteraiure, le compte rendu d'un ouvrage luMule : Essai sur la l.i'uerature romanticjiie. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Statistiqce des provinces de Savone, d'Oneille , d'Acqui et de Mo-fiDoyi ^ formant Vancien departe- ment de Montenotte, avec une carte et des pla/is ; par M. le comte de Chabrol de Volvic (i). M. le comte de Chabrol de Volvic, qui a exerce, pendant plusieurs annees, les fonctions de prefet dans I'ancien departe- inent de Montenotte , vient de publier un grand ouvrage sur la statistique de ce departement. Place a la tete de I'adminis- tration de ce pays, il a pu recueillir, sur son ctat et ses res- sources, des notions exactes et precises, a la recherche des- quelles son goutparticulier et ses habitudes I'appel-iient. Ainsi, Ic titre de I'ouvrage et le nom de son auteur inspirent une juste confiance sur I'exaclitude des faits dont il contient I'ex- pose, sur la justesse des vues qui y sont developpees et sur I'utilite des connaissances qu'il pent repandre. L'ouvrage est divise en six chapitres : — Le premier traite de la topographic du departement de Montenotte ; — le deuxieme,de sz. population; — le troisieme, de son histoire et de son administration ; — le quatrieme , de son agriculture ; — Le cinquieme, de son Industrie ; — enfin, le sixieme et der- nier chapitre traite de son commerce par mer et par terre. Nous aliens essayer de donner une idee succincte des divers objets mentionnes sous chacun de ces litres. (i) Paris , iSsq. 2 vol. in-8° ; de I'imprimerie de Jules Didot, 33a SCIENCES PHYSIQUES. La topographic physique (hi (Icpartcnient de Mnntenotlc sert d'iritrodiiction au premier chapitre. L'aiiteur y indiquc Ic gissement des contreforts les phis eleves qui, partant du pied des Alpcs, forment, pour ainsi dire, la racine des monts Apcn- nins et separent I'anciennc Liguric , au midi, des vallees oii coulont vers le nord le Tanaro ct la Bormida. II decrit ces couransprincipaux, les affliieiis qu'ils recoivent, etles torreiis qui se precipitent du cole oppose dans le golfe de Genes. Un premier apercu des divers zones de culture (jui partageut le territoire du departement, complete I'indication des caracteres exterieurs qu'il presente. Penetrant ensuite au-dessous du sol, I'auteur indique, a partir de la crele des Apennins, les roches de diverses natures, les marbres, les bancs de picrre calcaire et les autres substances niinerales qui encomposent, en quel- quesorie, I'ossature. Des amas d'argile, provenantde la decom- position de certaincs roches micacees que les torrens ont en- trainees sur le bord de la mer, bcrvent sur la cote a la confec- tion de poteries grossieres, landis que des poudingues formes. de fragmens (Je roches primitives provenant du sommct des Apennins, se trouvent amonceles au debouche- des vallees supericuies qui en descendent, jusqu'aux cols phis ou moius eleves oi', ces vallees se reunissent ; il se trouve au-dessous de ces poudingues im filon de houille actuellement en exploi- tation. Que'ques mines do fer en roche, des indices de mines de cuivre et de plomb annoncent que d'autres richesses mine- rales pourraient egaiement ctre exploitees sur le versant me- ridional des Apennins. En descendant le versant oppose, Ion rencontre dans les escarpemens qui bordent les vallees du Tanaro et de la Bormida, ainsi que leurs vallons collateraux, une multitude de marbres de durete et d(? couleurs diffe- rentes, dont quclques-uns deja mis en ceuvre dans les villes voisincs pourraient devenir I'objet d'une exploitation avanta- j^fuse au pays, s'il etait perci' de routes qui en rcndissent le SCIENCES PHYSIQUES. 333 transport facile. C'est aiissi sur ce meme revers septentrio- nal, qui est generalement tres-boise, que plusieurs forges sont en activite. La vallce do la Dormida est remarquable , dans les environs tl'^t la France. II n'y avait, en i8ia, dans tout le departement, que deux niai- sons d'education pour les jeunes filles, et Ton n'y instruisait que 64 eleves, tant pensionnaires qu'externes. Lesetablissemens destines a I'education des hommes n'etaient guere plus fre- quentes. 14 colleges ne comptaient qua 1,069 etudians; ce n'est environ que la i36* partie de toute la population male du pays. II est vrai que rinstruction gratuite y etait bien peu encouragee, puisque le revenu total de ces 14 colleges ne s'e- levait qu'a 82,000 francs environ. II n'en etait pas ainsi de certaines autres institutions, et notamment des confreries qui, comme on sait, etaient en grande veneration en Ligurie et en Piemont. M. de Chabrol , qui a decrit quelques-unes de leurs pratiques, et qui a eu I'occasion de voir combien les droits de preseance qu'elles ambitionnaient faisaient naitre de contesta- tions eutre elles, en compte dans les quatre arrondissemens jusqu'a 446, dont le revenu et les depenses extraordinaires montaient annuellement ^ plus de 102,000 francs. Aussi, le nombre de leurs membres s'elevait-il a plus de 74,000, c'est-a-dire , a plus de la moitie du nombre d'honimes com- posant la population entiere du departement. Son administration civile et miiitaire, et son etat maritime sont, dans Touvrage, aiitant d'objets d'articles separcs. L'au- teur y traite ensuite, avectoule I'etendueque le sujetcomporte, de I'ordre judiciaire sous les divers gouvernemens qui se sont SCIENCES PHYSIQUES. 339 succede dans cette partitvlt; I'ltalie. II passe enfiii an detail des contributions directes et indircctes; il en presente les produits dans differens tableaux, desquels il resulte que, depuis 1807 juscju'en 181 1 inclusivement, les recettes, y compris celles des douanes et de la regie des sels et des tabacs, se sont ele- vees a 14,169,818 fr. , et les paiemens faits dans le departe- ment a i2,i34,o3o fr. Ainsi, il n'y a eu de numeraire exporte pendant cet intervalle de terns que pour une v&leur de 2,035,787 fr. Les prisons et les hopitaux forment encore deux articles importans du meme chapitre. En reflechissanl sur Taction de la justice en matiere criminelle, et encomparant I'etat des prisons, anterieurement a la reunion de ce pays a la France, a I'etat dans lequel elles ont ete laissees en i8i2,on est conduit a ap- precier une multitude d'ameliorations dues a I'administration eclairee de I'auleur. Quelques details sur le mont de piete de Savone et sur le taux commun de I'interet de I'argent terminent le III* chapitre de son ouvrage. Le chapitre suivant est consacre a faire connaitre I'etat de I'agriculture dans le departement de Montenotte. C'est en Li- gurie surtout que Ton remarque les prodiges du travail et de la patience pour subjugucr un sol rebelle. Les escarpemens des montagnes ont ete abaisses ettransformes en une multitude de terrasses accessibles au cultivateur, qui recueille sur toutes ces especes de |)late-formes les plus precieuses productions. La partie piemontaise du departement ne presente pas le ni^me spectacle. Sur un territoire plus vaste, et voisin d'une plainc fertile, le laboureur ne recolte pas le hie necessaire a la subsistance du pays. Quand le maiis n'y supplee pas, il faut donner , en echange du grain dont on manque, les produits du murier et de la vigne qu'une industrie assez active a multiplies sur les coUines favorables a leur culture. Nullepart les propiie- tes ne sont plus divisces : elles se louent a des colons, soit pour 34o SCIENCES PHYSIQUES. Ics deux tiers, soit pour la moitie dc Icurs fruits; les b'.-stiavix neccssaires a I'exploitation des tcrres appartiennent au colon qui les nourrit. Les labours se font a la charrue , ou a la beche, quand les terrains ne sont point assez larges : ils sont clos par des murs sur le littoral, et par de petites liaies sur le revers oppose, quoique, en jjeneral, il y ait pou de terrains enclos de ce cote. Nous regrettons de no pouvoir suivre I'auteur dans les details qu'il donne sur les diverses cultures, sur les plantes nuisibles qui en allerent les revenus, sur les engrais, I'assole- raent , les jacheres, les instrumens aratoires, les semaillesdu ble, du mais et du chanvre, les maladies de ces grains, leurs recoltes et leur battage. Il decrit fort au long la cultnre des oliviers, quiremonte, dansl'arrondissement de Savone, au com- mencement du XII* siecle. Il signale les vents d'ouragan , la gclee, la neige, les eboulemens de terrain, ct surtout le ver des oliviers, comme autant de fieaux qui rendent incerlains les produits de ces arbres. La recolte des olives, la fabrication de I'huile , la construction des moulins employes k celte fabrica- tion sont autant d'objets sur lesquels I'auteur fournit des ren- seignemens curieux. Deduction faite de la consommation inte- rieure et des frais de culture des oliviers, il porte a 3 millions de francs le benefice que le departement en retire annuelle- ment : somme considerable sans doute, mais dontleshabitans ont besoin pour acqnitter la plnpart des objets de luxe et d'a- grement qu'ils sont obliges de tirer de I'etranger. Les meilleures huiles du departement de Monlenotte sont connues en Europe sous le nom A' huiles du Port- Maurice, parce que ce port est le point central du commerce qui s'en fait. Les jardins de cet arrondissement et de celui de Savone pro- duiscnt des arbres remarquables pour la delicatesse de leurs fruits, parnii lesquels les peches et les figues sont les plus es- times. Les oranges et les citrons de diverses sortes se recueillent en SCIENtlES PHYSIQUES. 34 1 abondance siir toiite la cote de la riviere de Genes, et notam- ment a Finale et dans les environs. M. de Chabrol n'evaliie cependant qu'a 3o,ooo francs les benefices de cette culture. Le chataignier est iin arbre productif pour le departement de Montenotte , sous le double rapport d'arbre forestier et d'arbre a fruit. L'auteur distingue les differentes cs))^ces de chAtaignes que Ton y recueille ; elles servent a la nourriture de seshabitans, soit fraiches, soil apres avoir ete sechees sui- vant un precede qu'il expose. On salt que le murier n'a ete importe de la Chine en Europe que sous I'empire de Justinien, au vii* siecle. La culture de cet arbre I'a prodigieusement muUiplie dans la Ligurie et le Piemont; elle y merite une attention particuliere. L'auteur la decrit avec detail. Tons les champs des arrondissemens de Ceva et X Acqui sont hordes de muriers; certains terrains en sont entierenient plantes; et, comme le revenu de ces arbres n'est autre chose que le produit des vers a soie qu'ils nourris- sent, M. de Chabrol a consacre un article a cet objet. Quinze niyriagrammes de feuilles de murier produisent, en general, un niyriagramme de cocons. Le departement en fournit, annee commune, environ 53 mille myriagrammes, qui, au prix de a4 francs I'un , donnent un produit brut de i, 280,000 fr. Quelques rcnseignemeus sur la culture de la vigne ferminent ceux que l'auteur a donnes sur la culture des arbres utiles qui croissent dans le departement de Montenolte. Les vins recolles aux environs de Savone suffisent a la consommation des habi- tans de cet arrondissement; celui de Port-Maurice n'en re- cueille point assez , et tire de France et de I'arrondissement de Ceva le supplement dont il a besoin. Ce dernier arrondissement et celui A'Acqui echangent I'excedaut de leurs vins contre les bles qui leur manquent. D'apres ce qui a ete dit de la constitution du sol et de la dif- ference d'exposition des divers cantons du departement dc 342 SCIENCES PHYSIQUES. Montenotte , on concoit que toutes les teries labourablos cloi- ■vent difforcr entre elles, tantpar Ics procedes que par les pro- duits de leur culture. Les plus productives en blu sont celles qu'on laboure a la pioche, sous la vigne et I'olivier; le rap- port de la semence a la recoltc y est ordinairemenl dc i a 7. II n'est moycnnenient que de i a 5 dans les autrcs terres dii departcmcnt. Aussi, tire-t-ildu dehors environ les trois quarts du ble necessaire a sa consommation. Le mais rapporte 1 20 pour un , dans les terres a froment de quelques cantons des arrondisseniens de Ccva et tl^'Acqui, les seuls ou on le cultive. Les cretes des montagnes qui separent la Ligurie du Pie- inont, et leur versant septentrional, presentent dans plusieurs cantons des pres naturels. On ne les ameliore par des irriga- tions que dans Tarrondissement de Ceva , sur les rives de la Bormida et du Tanaro; on a commence a former des pres ar- lificiels dans rarrondissement Cl Acqui ; on y seme le trefle et le sain-foin sur le froment et le seigle. Dans les autres contrees du deparlement, les prairies artiliciellcs sont entierement in- connues. L'arrondissement de Savone et ceini de Port - Maurice sont assez fertiles en chanvre. On le cultive aussi avcc succes , mais en beaucoup nioindre quantite, dans l'arrondissement de Ceva. Les montagnes de la Ligurie etaient autrefois couvertcs de bois; il n'en existe plus guere aujourd'hui que sur leur revcrs septentrional. Leur supcrficie totalc est de 108,759 hectares; les essences qui les composent se borneiit a dix : le chene et ses varietes, le helre , le charme, I'orme et ses varietcs , le frenc , le chataignier , le peuplier , le sapin , le pin et le melcsc- Le manque de prairies artificielles s'oppose a la multiplica- linn du betail ct des animaux domestiques dans le pays. Les cbevaux y di'-gi'nerent ; on n'y en complail que 52o, en 1812. SCIENCSS PHYSIQUES. 343 Le nombre des mulets y etait de 2,5oo environ. lis -viennent des Pyrenees, de I'inlerieur de la France et de la Suisse. Quant aux boeufs et aux vaches, le nombre en est evalue a 16 ou 17 mille. Mais I'espece du pays, qui est la plus repandue , est de tres-petite taille ; chaque individu, lorsqu'on le vendau boucher, ne pesant guere que aSo kilogrammes. On en estime le produit a 85o,484 francs ; celui des pores est un peu plus considerable; enfin, quoique les montons et les brebis soient I'espece de betail dont le departement est le moins depourvu , leur produit en laine, en laitage, et en chair pour les bouche- ries ne s'eleve qu'a 292,064 francs. Apres avoir indique les differentes especes de chasses qui se font dans le departement de Montenotte, I'auteur indique les diverses peclies auxquelles on se livre sur ses cotes. Outre celles du thon, des sardines, des anchois et du maquereau, la peche du corail y a occupe quelques bateaux, en 181 1 , dans les en- virons du cap de Noli. L'auteur passe ensiiite auxmoulins, usines, et maisons d'habitations du departement, dont il eva- lue tout le revcnu imposable a i,i38,3i5 francs. Enfin, il presente dans un tableau detaille le resume des di- vers produits de I'agriculture et des proprietes territoriales de toute espefce. II porte leur evaluation en argent a 27,272,969 f.; laquelle , deduction faite des frais d'exploitation , se reduit h 13,827,426 fr. D'un autre cote, il evalue la consommation des habitans, en nourriture, combustibles, vetemens et objets de luxe, a 37,639,128 francs. Ainsi, elle surpasse de beaucoup la valeur des productions du 60I; c'est, par consequent, dans I'exercice de leur industrie et dans les profits du commerce au- quel ils se livrent que les habitans doivent trouver I'excedant des fonds dont ils ont besoin pour solder le prix d'une partie de leurs consomniations. Le chapitre v*^ de I'ouvrage traile de Tindustrie. Quels que soicnl les objets des trois regnes auxquels elle s'applique , elle 344 SCIENCES PHYSIQUES, est, en general, fort pen avancee dans le departement tie Mon- tenolte. Entrant en matiere par le regne mineral, raiiteur parle d'abord de Texploitation des carrieres de pierre calcaire, de I'exlraction des pierres meulieres, des marbres, du platre, de la chaux ct de la houille. Cette dernicre substance pouvant devenir un jour iine source de richesse pour le departement, I'auteur a cru devoir s'etendre davantage dans I'article ou il en est question. II decrit ensuite la fabrication des poteries communes des environs de Savone. Un debit immense garantit depuis long-tcms Texistence et la prosperite de ces fabriques, d'ou il sort annuellement 1,200,000 douzaines de pieces que Ton debite en France, en Piemont , dans le Mont-Fcrrat, la Toscane, la Corse et la Sardaigne. On en expedie meme a Tu- nis et dans le Levant. Cette branche d'industrie soutient 2,170 ouvriers. Les tuileries et les briqueteries viennent apres les fabriques de vases de terre. On y entretient en activite i5 fours, qui cui- sent environ 5,o5o,ooobriquesparannee. 474 ouvriers trouvent du travail dans ces briqueteries, sans compter les bucherons et d'auUes journaliers quicoupent, ramassent, et transportent le bois qui sert de combustible. Les verreries A'Alture, situees k trois lieues de Savone sur la nouvelle route du Piemont, oc- cupent constamment une population de 1,000 a 1,200 individus. La profession de verrier etait, dans ce pays comme dans quel- ques autres, une profession privilegiee, qui avait ses statuts auxquels chacun des membres de la corporation etait tenu rigoureusement de s'assujetir. On ne travaille aujourd'hui dans les verreries A' Jlture (\uh la refonte des cassons de vicux verre, et cela a defaut de ma- tieres premieres, que Ton se procure difficilement, et qui sont d'un prix eleve. Les produits de ces verreries qui n'etaient point vendus SCIENCES PHYSIQUES. 345 dans le pays, etaient transportes a Alexandrie, k Genes, a Nice et a Turin. Les forges etablies suf pliisieurs points du departenient sont aiissi dccrites par rauteiir. II rappelle les epoqnes de leur eta- blissement; il en fait I'enunieraUon , en apprecie la valeur; il indiqne le mode de leur administralion, le nonibre et la ma- niere de vivre des forgerons. Les procedes de la fabrication du fer sont ici les memes que ceux des forges a la catalane. La mine que Ton y traite vient de I'ile d'Elbe; elle est melee avec un 3o* de son poids, de fer coule , et un Bo" de ferraille; on obiient, par le traitement de ce melange, un fer tres - ductile (]ui pourrait le disputer en qualite a tous les fers connus, mais qui a I'lnconvenient d'etre cassant a chaud. M. de Chabrol n'e- value qii'a 619,820 fr. le benefice que le departement retire du fer qui s'y fabriqiie, quoitjiie le nombre des forges y soit de 56; il n'y existe d'ailJeurs qu'un seul atelier de produits chi- miques; c'est ime petite fabrique de sulfate de cuivre etablie a Savone, et donton ne retire annuellement qu'un benefice d'en- viron 7,000 fr. Le tissage des toiles de chanvre et de cotoii pour la voilure des navires et Thabillement de la population forme la prin- cipale branche d'industrie exercee sur des matieres vegctales. Les chantiers de construction des arrondissemcns de Savone et de Port - Maurice , quelques corderies et la fabrication des filets pour la peche en entretiennent d'autres branches moins productives. Des scieries a eau, oii Ton transforme en planches, en dou- ves, et en fonds de tonneaux , des troncs de chataignier , de hetre, d'aulne et de sapin , sont etablies dans quelques cantons niontagneux du departement. Ces usines ne coiitent guere que 2,000 fr. chacune. Aussi, n'y niet-on en osuvre que des pro- cedes grossiers. La mouture des grains et des olives, quelques 3/, 6 SCIENCES PHYSIQUES. (abriqiies tie pates d'Ilal>e , tie papier, et de cartes a jouer, sont un pen plus importantes. Quant a rindustric qui s'exerce sur Ics maticres animalcs , rauteur iudique d'abord la filature des cocons et les mouiins a soic , conime produisant ensemble un benefice annuel de ''20,671 fr. II indique ensuite deux fabriques de n et d'Jcqui, objet d'an com- merce peu important , dont les principaux debouches sont Genes, Turin, Milan et quelques villes d'Allemagne. Les prin- cipaux articles du commerce d'importation sont le sel, le viu et le ble. Le premier de ces articles s'olevait a 1 o,5oo tonneaux; le second , a 10 ou 12,000 ; le troisieme , a 6,000. On tire le vin du Languedoc et de la Provence. Les bles sc tirent de la Sicile et de Naples, de menie que les chiffons de laine qui ser- vent d'engrais aux plants d'oliviers. Les poissons sales , et no- lamment la morue formaient un tonnage d'importation de 3,200 tonneaux. Les habitans du departement s'approvision- nent a Genes de draps de France et de Hollande. Quoique le commerce de transport par terre qui se fait dc la Ligurie en Piemont soit encore moins considerable que le commerce par mer dont il vient d'etre parle, il n'en doit pas moins figurer parmi les ricliesses du departement de Monte- notte. L'ixnportation en Piemont sc composait de 14,987 ton- neaux de marchandises , dont I'auteur donne le tableau. L'importatiijn en Ligurie ne consistait qu'en 9,8Go tonneaux. Ces transports sont clfectues, au moyen de i,> L'auteur s'attache a faire connaitre des ecoles fondees par le gouvcrnement autrichien pour former des sous-ofiiciers de tous les Ills de soldats. Cette institution, dit-il, parait iinitee de la republique de Piaton; et en effct, les details dans les- quels it entre donnent une haute idee de ces ecoles, bien supe- rieures a I'ccole du meme genre qui subsista quelque terns en France, et dont on cprouve le besoin. Comnie administrateur, M. Odier peut avoir souvent raison, sans que les conclusions auxquelles il arrive soient plus ad- missiblcs. En faisant renumeration des etablissemens qui nous manquent, il se plaint de ce que plusieurs commandans mili- taires sont loges dans des maisons a loyer, plutot que dans des edifices appartenans a I'Etat; mais, avant de construire des edifices pour cette destination, il faudrait examiner scru- puleusenient si ces commandemens militaires ne sont pas un luxe inutile, et meme incommode : il faudrait que I'organisa- tion de I'armee et celle des etablissemens qu'elle suppose fussent etablies sur des bases fixes; ce qui n'aura lieu que lorsque nous serons plus pres de I'organisatiou sociale qui nous convient le mieux. Notre situation presente n'est que preparatoire; attendons, pour batir, que nous soyons etablis a demeure. L'histoire des institutions militaires des Grecs et des Ro- mains est tracee rapidement ; l'auteur s'arrcte plus long-tems sur celles de la France. II expose avec assez de details les reformes introduites et les institutions creees sous le minis- tere de Le Voyer d'Argenson , I'un des plus habiles ministres de la guerre que la France ait eus, quoiqu'il ne fut pas mi- litaire. Nous devonsle dire, on trouvera, dans cette par tie de I'ouvrage, des maximes contraires k I'egalite des droits con- ET POLITIQUES. 355 sacree par I'acte le plus solennel et par les sermens les plus inviolables, et des opinions qui, certainement, n'etaient pas cellos de I'auteur; car, en revenant ailleurs sur les niemes idees, 11 est d'accord avec tous les hommes de bien et de sens, avec les Francais dignes de ce nom, tt capables de lui faire honneur. La nature et le but de cet ouvrage ne lui per- mettaient pas de discuter la grande et difficile question de la permanence des arrriees ; il la regarde conime resolue, et ne pense point que les nations puissent conserver leur independance autrement que par de puissantes armees per- manentes. M. Odier consacre une grande partie de son premier volume au recrutement : il fait remarquer des inconvenieus , et memo quelques imperfections dans les lois, les ordonnances et les instructions sur cette partie essentielle de I'administration mi- litaire. II n'acheve point cet examen critique, dont quelques i"echerches n'appartiennent pas a son sujet; il se borne, comme il le devait, aux considerations qui peuvent eclairer Taction administrative. Dans ce qui 'est relatif au recrutement , les fonctions confiees a I'autorite civile nianquent souvent de guide, contre le vceu de la loi et du gouvernement; le sort des citoyens depend quelquefois d'une decision tout-a-fait arbi- traire : radministrateur le plus integre ne peut avoir la certi- tude qu'il a i-empli les devoirs que lui imposaient les lois , la justice et I'humanite. C'est principalement lorsqu'il s'agit de statuer sur les exemptions de service militaire, que sa cons- cience est embarrassee. Mais I'erreur la plus grave que le legis- lateur ait commise dans la loi du recrutement, c'est d'avoir confie au hasard la repartition du plus onereux de tous les impots; et cette injustice, loin d'etre reparee par quelques dispositions ulterieures, est, au contraire, aggravee par la loi sur le service; des veterans. Admettre les decisions par la voie du sort, c'est renoncer a I'usage du raisonnement, et par con- 556 SCIENCES MORALES si'qvieiit ix la justice, qui n'est autre chose que ia veriie e» matiere de droit, et que I'ou »c peut d^couvrir qu'avec una raisou saint* et exercee. On a rccours a ce moycn de choix aveugle, dans Ics cas ou I'inteHigence troublee, inipuissante, ne scrt plus do guide aux honimcs; lorsqu'il s'agit dc designer des victimcs et de les iminoler ; mais , dans les terns calmes , un gouverncment eclaire ne tiendra point una conduite que les- plus grands perils peuvent sculs faire excuser aux yeux de la raison; ou , s'il ne peut eviter qu'une partie des charges pu- bliques ne soient supportees que par un petit noinbre de citoyens, il compcnsera cette inegale repartition par une equi- table indemnite. Introduire le tirage au sort dans les lois, c'est, il est vrai , se donncr a pen de frais une apparcnce d'im- partialite; c'est consacrer des habitudes ancicnnes, univer- selles, et qui ne sont blamees que par le bon sens; mais c'est aussi interdire aux generations futures de faire par le raison- nement ce qui est du ressort de la raison. De telles dispositions legislatives ameneront le changement de la loi , si les sciences morales et politiques ne sont pas retenues dans une enfance perpetuelle. Le recrutement et les lois qui le conceruent sont dans I'un des cas assez nombreux ou la tache du legislateur ne peut etre bien remplie , ou les contradictions legislatives decelent inevi- tablement les vices de I'organisation sociale qui a fourni les donnees de ^a legislation. Une bonne constitution politique est toute fondce sur des verites; les consequences qui en derivent forment un ensemble dont toutes les parties sont bien liees; naais, en partant de iirincipes faux, plus le raisonnement est exact, plus les consequences se contredisent entre elles, et plus Verreur devient sensible. Dans un etat nial constitue, les meil- leures lois sont celles qui se rapprochent le plus de la morale universelle, source unique et pure de tout le bien que la po- latique peut faire a rhumanite. Lorsque la constitution s'obs- ET POLITIQUES. 35? tine k conserver ses imperfections et veut rester stationnairc . il faut au moins que la legislation la precede; mais il vau- drait mieux pour les peuples que les lois fussent en arriere d<* I'organisation sociale, lorsqu'il n'est pas possible de les faire marcher ensemble. Parmi les fitats monarchiques , I'Angleterre nous offre une preuve irrecusable de cette verite. Pour mfittre nos lecteurs en etat d'apprecier la redaction d'un ouvrage aussi etendu que celui-ci, analysons avec quel- ques details I'un des livres les plus importans : nous choisis- sons le cinquieme , qui traite de ['organisation , sujet mixte qui n'appartient pas tout entier a I'administration , et ou ce mot est pris dans le sens le plus general qii'on puisse lui donner. « En parlant de I'organisation, mon dessein est moins d<* faire connaitre le materiel de I'operation, que d'appeler I'at- tention. sur des siijets plus graves. II s'agit de I'art de disposer les peuples a la guerre, et de former des soldats; puis, de I'art de former des armees actives, et de les maiirfenir dans toute leur force. Faire un regiment et le dissoudre sont des operations que chacxm Conceit , et dont oh est snfli- samment instruit par la connaissance de quelques details. » Apr^s ce debut, I'auteur passe a des considera(tions generales sur I'organisation des armees. fen parcourant I'histoire raiJi- taire depuis la plus haute antiqnite jusqu'a nos jours , il fait voir que les succe§ des armees ont toujours dependu de deux conditions : « la premiere, former les hommes aii metier des armes; la seconde, ne pas contrarier leur genie Oir leuiS pen- chanfs dans la raahlere de contibattre. » Lorsquc les Romains etaient darts la necessite d'effrolel- des esclaves, ils commencaient par les affranchir. Partout, et dans tdxxi les terns, on a seriti la necessite de ne composer' les arm^fes t(ix(: de citoyeris, eScepte en Rnssie oii le' Serf, eh devenaht ■*o!dat, ne fait que chaiiger de Serviftide. « Eft pyuisfi', lo'rgquc 358 SCIENCES MORALES ce pays opprinie par les Francais songea u soitir de leur dc- pendance, de sages reforraes poliliques vinrent resserrer les nceuds entre le peiiple et le gouvernenicnt , et chaque annee fut marquee par des progres importans vers la liberte, depuis Ic moment ou nos armees s'approcherent de la Prusse, jusqu'au moment ou ellcs I'abandonnerent. On comptait , en Prusse , un noble pour 5oo habitans, et Frederic, qui ne savait que faire de cette noblesse generalement pauvre, I'avait dotee de tous les emplois militaires. Un statiit de 1806 admit a ces emplois tous les habitans du royaume. En 1807 , on avait vu ce que pent la liberte sur le moindre soldat francais ; le servage fut aboli pour tous les Prussiens. En 1808 , on donna a lu Prusse une organisa- tion municipale. En 1810 , on abolit toute exemption des charges publiques ; on supprima les maitrises et les corvees. EnGn , en 1 8 1 a , parut cette organisation militaire par laquelle tout Prus- sien etait , rigoureusement et sans distinction , soldat pendant trois ans dans les troupes de ligne, puis dans la landwekr , pendant d^ ans , et dans la landsturm (sorte le d'arriere-ban ou demiere reserve ) pendant dix autres anntes. Les Francais , alors maitres du pays , ne virent pas s'eiever derrieie eux cet orage. Les ameliorations politiques nous avertissaient que la Prusse augmentai*t le nombre de ses citoyens; I'organisation militaire , qu'il s'y faisait des soldals : ce furent des avis perdus. On continua \ trailer les peoples en esclaves , tout eo les laissant ressaisir la discipline et les armes. » D'autres peuples, dit M. Odier, ont employe contre nous differentes sortes de fanatisme, et n'ont pas moins bien reussi que les Prussiens au nom de la liberte; mais les meilleurs sol- dats furent et seront toujours les meilleurs citoyens. Pour conserver aux armees I'esprit et la force qui garantissent la surete, I'independance et I'honneur des etats, qu'on leur donne une patrie qui merite leur amour et leur devouement. Do tous les sentimens qui peuvent influer sur le courage, aucun ne pent ET POLITIQUES. 359 duiei aussi long-tems, et n'opera d'aussi grands prodiges que le patriotisme. La constitution politique influe sans doute sur le caractere de la nation quelle gouverne ; mais son action se combine avec celle d'autres causes nioins apparentes et moins connues. En parlant du caractere du soldat francais , notre auteur cite cette pensee de Montesquieu : On n'aurait pas plus tire parti d'un Spartiate en I'amusojit , qit'on ne tirerait parti d'un Francais. en tennuyant. Un Spartiate eut peut-etre reclame contte cette assertion : on riait a Lacedemone aussi bien qu'ailleurs; on y perdait aussi du terns a la recherche du plaisir, on y scntait le besoin d'etre amuse ; car le legislateur a\ait procure aux ci- toyens plus de loisir qu'ils ne pouvaient en employer utilement pour eux-memes et pour I'Etat. II y a, dans cette pensee de, Montesquieu, plus d'esprit que de justesse. « Je crois, dit notre auteur, que les Franrais sont encore, tels que Cesar les avait peints : generalement plus redoutables dans I'invasion que dans la defense; plus habiles dans une guerre de postes q.ue dans une guerre de plaine; mais, sans contredit , ils sont les premiers soldats de I'univers. « Les Fran- cais d'aujourd'hui ne sont plus les Gaulois observes par Cesar, mais un melange de Remains et de Francs a^ec la population indigene des Gaules. Le caractere primitif de cette population a du subir des changemens , apres deux conquetes , des revolutions et vingt siecles. Quant a Teloge de nos soldats, nous n'avons, garde de le contester ; mais nous aimerions mieux le lire dans les ouvragesides etrangers. Mais, ce n'est pas seulement a ses compatriotes que M. Odier sait rendre justice : voici comme il parle des armees de I'Autriche. « Bien des personnes ont ete frappees d'admiration , en voyant I'armee autrichienne , dix fois detruite , renaitre de ses cendres, et dix fois se montrant grande, imposante , representer digneraent cette antique monarchic dans le eongres de nos ennemis. « tSo SClENCtS MORALES Apres un resume rapide des principes et des fails exposes dans ce livre, I'auteur en deduit les picceptes de pratique dont ils sont la base et la preuve. Tons les livres sont traites aveo le meme soin, et avec plus on moins d'etendue, soil en raison de rimportance des sujets, soit i\ cause de leur complication et des developpemens qu'ils exigent. M. Odier s'attaclie surtout au regime interieur de larraee, a la subordination, a la distribu- tion des pouvolrs. II leur consacrc tout le second volume ; il distingue, suivant I'usage, deux choses qui ne devraient point etre separees, le grade et la fonction : dans un etat ofi tout se- rait a sa veritable place, il n'y aurait que des fonctions. Celles qui sont exercees aux armees sont au nombre de quatre : commander , administrer , faire la police, rendre la justice. \,e:^ questions relatives A I'obeissance passive, ;\ I'avancement , aux droits de I'anciennete et du clioix, ne sont abordees qu'avec circonspection : on sent que I'auteur n'a pas pu tout dire, et peut-etre en a-t-il assez dit sur cette matiere, que I'oh ne peut approfondir, non plus que celle du rccrutement, sans mettre k decouvert quelques vices des constitutions politiques actuelles, sans ftiire connaitre des maux que Ton ne peut guerir ni sou- lager, et qui souvent, devienncnt plus graves lorsque Ton y touche. Ce qu'on lit dans cet ouvrage sur Tc'-tat civil et politique des militaires ne sera pas generalement admis comme vrai; mais il faut se rappeler que I'auteur devait exposer ce qui est, avant de se livrer a des discussions sur ce qui devrait etre. Le troisieme -volume est consacre aux finances des armees , aux recettes et aux depenses et it. la comptabilite : c'est beau- coup de choses , en raison de I'espacc qui doit les contenir. II nous serait impossible de suivre I'auteur dans I'enumeration de tant d'objets divers , dont I'importance ne deguise point I'ari- dite. Le volume suivant, le quatrieme , n'est pas moins varie, ni moins abondant , mais I'etudc en est moins penible , parce que I'auteur y admet I'esprit philosophique auquel le sujet ET POLITIQUKS. '36 1 convient parfaitement; il s'agit de la police et de la justice mi- litaires , des recompenses et des punitions , des tribunaux et de la procedure. Au chapitre des recompenses niilitaires, on voit avec satisfaction que I'auteur a medite les ceuvres de M. Ben- THAM, le plus remaiquable des jurisconsultes de notte terns, et par la profondeur de ses vues, et par la direction qu'il a suivie dans ses recherches. Ce philosophe est plein d'esperances pour I'humanite, et M. Odier aussi : ces opinions, qui sont celles dun grand nombre d'horames aussi honorables qu'eclaires, n'arretc- ront pas les declamations contrele siecle : ily a trop de gens qui ne peuvent concevoir d'autre mode de gouvernement que les punitions et les supplices, et qui voudraient, comma M. De- maistre, faire dominer surtout la magistrature du bourreau. Notre auteur prouve aisement qu'avec une loi sur les recom- penses , et un meilleur clioix de pcines contre les delits , la peine de mort devieJidrait inutile , et meme celle du boulet, qui avilit la profession des armes. Apres avoir montre, dans la premiere partie, I'ensemble des institutions militaires , I'auteur passe , dans le cinquieme volume , i la seconde division , ou il se propose d'enseigner « comment tout se meut, comment tout se comporte, comment tout se fait; autrement dit, comment on administre. » Apres une intro- duction dont le but est principalement de faire sentir I'utilite et d'indiquer I'application des connaissances qu'il va developper, il passe a la definition de la statistique, et donne une idee suc- cincte de celle des contrccs de I'Europe qui sont le plus ordi- nairement, pour la France, le theatre de la guerre. Quelques- uns des faits qu'il enonce peuvent etre contestes. On doutera , par exemple, que, si la Saxe ne produit pas assez de grains pour sa consommation , c'est parce que I'cconomie rurale nest pas la princifiale hranche d'induslrie des habitans. II parait, au contraire, que la Saxe est I'une des contrees de I'Allemagne oit I'agriculture a fait le plus de progres; ce qui atteste suffisani- ioa SCIENCES MORALES' ment qu'elle est la principale occupation dans ce pays , si re- marquablp par son industrie. Aux notions de statistique, I'auteur fait succeder un traite succinct d'economie politique. La nature et les boi'nes de son ouvrage ne lui permettaient pas d'embrasser dans toute son etendue ce sujet immense; les theories I'occuppent moius que les fails; et, k quelquesegards, c'est encore une statistique qu'il jiresente a ses lecteurs. On pense bien que les fails qu'il choisit * sont tires des annaies militaires, et que les applications qu'il essaie et les exemples qu'il rapporte sont relatifs a I'objet de son cours : mais, lorsqu'il traite des impols, des emprunts et des requisitions, il n'est plus que citoyen, tant qu'il s'agit dc notions generales ; il ne redevient mililaire que dans ses remar- ques sur les operations de I'etat-major des armees en matiere d'impots et d'emprunts, et sur les grandes requisitions. Le sixieme volume comprend, comme nous I'avons dit, I'art d'adminislrer , ou de faire un bon eniploi des finances. L'auteur commence par I'organisation du personnel de I'administration des armees, el passe ensuite aux operations administratives. L'art de s'approvisionner , de disposer des lignes de magasins et de les remplir, de proportionner les approvisionnemens aux besoins des corps, a leurs marches et aux chances de la guerre, etc. Toute cette partie si essentielle du service des ar- mees troirve ici I'instruction recueillie par une longue exper rience, par des fautes, des malheurs et des succes. Enfin , dans le septieme volume , l'auteur a rccueilli, commc dans le precedent, les legons de I'experience sur la conserva- tion et le mouvement des approvisionnemens; et sur I'execution du service des vivres, des hopitaux, de I'habillement, des postes et de la tresorerie. Il termine en appliquant les principes qu'il a etablis a trois operations simulees. Tune, sur la frontierc du nord de la France, qui serait une guerre offensive dans les Pays-Bas et en Allemagne ; une autre par les Alpes , qui pre- ET POLITIQUES. 36?. parerait une expedition en Italic; et la troisieme par les Pyre- nees. Un discours tie cloture rappelle Tinfluence et les services d'une bonne administration, la part qui lui est due dans les succes d'une campagne , et les devoirs des administrateurs. Ce cours parait complet; onn'y remarque aucune omission, lesoin qua pris I'auteur d'associer constamment I'histoire de la science et de I'art a I'exposition des doctrines et des preceptes , et d'ap- puyer les preceptes par des exemples, inspire au iecteur une confiance meritee. Quant au style , on ne peut le juger par le petit nombre d'extraits que nous avous inseres dans cet article ; I'ecrivain ne s'y montre, pour ainsi dire, que sous le rapport de I'art d'ecrire: c'est d'apres I'ensemble de I'ouvrage, ou tout au moins Tune de ses divisions, que les convenances du style peuvent etre appreciees. M. Odiernc peut que gagner a ce mode d'examen. Nous en avons dit assez pour prouver que son ou- vj-age est digne d'estime : ceux qui I'auront lu porteront sur I'auteur le meme jugementque sur I'ouvrage. L'Itahe avant la domination des Romains; par M. J. MicALi. Ouvrage couronne; Iraduit de I'italien sur la deuxieme edition , et accompagne d'un atlas in-folio de 67 planches, d'une carte et dune Table GENERALS DES MATiERES ; avec dcs uotes et des eclair- cissemens historiques ; par M. Raoul - Rochette , de I'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres (i). Un des torts les plus frequens que Ton peut reprocher aux historiens, c'est d'avoir borne I'histoire a un petit nom- bre de personnages privilegies, ou a quelques villes, qui ont (i) Paris, i8a4; Treuttel et Wiirtz. 4 vol. in - 8° , avec \\n alias, etc. Prix 364 SCIENCES MORALES eu le bonheur de vaincrc, ou I'adrcssc de dominer Ics autres. Presque toiijours esclaves d'un inaitre , ils n'ont fait fju'exe- cuter ses ordrcs , ou seconder ses intentions; et, petidftnt que celui-ci depouillait ses sujets de leur existence politique , ils travaillaient a leur oter jusqu'il leur existence historique. Telle est la principale source des lacunes et des mensonges innom- brables dont on a souiile I'histoire de tons les terns. Pfesque toujours le pouvoir qui s'elcve s'attache a faire disparaitre les litres et les droits de celui qui I'a precede. Peut-etre, sonsce point devue, aucune nation n'eut-elle plus de torts que I'ancienne Rome envers ses provinces. Les efforts memes qu'elle fit pour les subjuguer durent lui faire sentir la necessite d'effacer si leurs yeux, autant que cela etait possible, les traces et les Souvenirs de leur independance et de leur gloire passee. A mesure qu'elle etendait ses conquetes et sa domina- tion , elle usurpait tout ce qui appartenait aux peuples vaincus ; des qu'elle fut parvenuea raaitriser toute I'ltalie, celle-ci cessa, pour ainsi dire, d'exister , et son histoire ne fut plus que celle de Rome. En vain chercherait-on les memoires et les monumens de tant de peuples qui I'avaient precc'dee : I'ltalie semble naitre avec Rome elle-meme; et ces memes viiles, pour lesquelles pro- bablement Rome avait pendant long-tems ete un objet de me- pris, ne paraissent dans son histoire que pour servir a ses con- quetes et k ses Iriomphes. Vivement frappe des cffets de cette influence tyranniqiu; exercee par les anciens Romains, M. Micali, le premier, s'est propose de revendiquer en faveur de I'ltalie les anciens titres de gloire qu'on lui avait ravis avec ses droits. II a recueilli et mis au jour tout ce cfui etait rest6 des memoires, des monu- mens ou plutot des traditions echappees a I'injustice et a I'ingra- titude de ses opprcsseurs. Plusieiirs autres ecrivains, teU que Maffei, Guarnacci, Marini, MazzOcchi, Du»^andi, Carii , Bar- detti , et surlout Lanzi, dans son Estai de In langue elrus- ET POLITIQTJES. 365 ^uf , etc. , s'etaient bornes a cclaircir I'histoire pavticuliere de quelquc province ou de quelque \ille de I'ltalie. M. Micali a vonlu embrassei' I'ltalie enticre, et donner a ses recherches iiii ordre et un plan, que leur variete et meme leur incoherence rendaient fort difficiles a suivre. C'est ainsi que nous voyons , grace a lui , reparaitre ct figurer dans I'histoire, tant de peuples qu'on avait presqueoublie.s : les Osques, les Sicules, les Sabins, les Samnites, les Bruticns, et snrtout les Etrusques. Tel est , en general, le but de I'ouvrage public par M. Micali , en 1810. Son titrespecleux excitad'abord la curiosite du public. Bientot , une lecture attentive donna lieu a dcs observations et a des critiques; mais elles ne I'emportercnt pas sur les eloges que I'ouvrage avait deja merites. Malgre les attaques de M. In- ghJrami et de quelques autres, on a continue a le signaler comme une production plcine d'esprit, de sagacite ct de patrio- tisme. M. Micali reunit a I'etude des antiquites, cet esprit phi- losophique qui devrait animer et diriger toutes les autres. En- courage par les eloges , il a su en meme terns profiter des critiques ; il a revu son travail avec beaucoup de soin , et en reformant quelques passages, il semble s'etre encore mieux affermi dans son systeme. Sous cette nouvelle forme, il a fait reparait.e son ouvragc, a Florence, en 1821(1); et c'est cette se- oonde edition qui vient d'etre traduite en France, et que M.Raoul- Rochette a enrichie denotes et d'eclaircissemens historiques. Louvrage de M. Micali est divise en deux parties, dont la premiere comprend deux volumes. Dans le premier, I'auteur I'etrace un tableau des vicissitudes des anciens peuples qui habi- terent constamment I'ltalie; dans I'autre, il cherchea nous faire connaitre les institutions morales et politiques qui developpe- rent leur etat social. (i) L' Italia avanti il dominio de' Romani, seconda edizione rive- data ed accresciuta dall' autore, etr. 366 SCIENCES MORALES Ne tenant aucun conipte des fables ties anciens mythologues et des poetes , et ne voulant point s'enfoncer dans les tene- bres de Tantiquite etdans les origines mythologiqiies des peu- ples, qui se perdent dans les revolutions physiques de notre globe , il sc borne a determiner I'ctat des premiers habitans de ritalie, tant que I'histoirc lui fournit quelqnes indications. II semble n'avoir aucun besoin, pour pcupler et cultiver cette pe- ninsule, deces migrations , maritimes ou terrestres, des Scythes, des Celtes , des Germains , des Pelasges , des Grecs , qu'on a plu- tot decrites que prouvees; il y reoonnait des peuples autoch- thones, ou indigenes, depuis un terns immemorial, qui se sont reproduits, etendus et multiplies, sous I'influence des circons- tances favorablcs de leur sol et de leur climat. Leurs progres , snivant I'auteur, furent rapides; il est meme convaincu qu'ily aeu, en Italic , un tems de civilisation anterieur a ce petit nombre de siecles historiques que nous connaissons et dans lequel on vou- drait meme circonscrire toute I'existencedu nionde. Il caresse tellement cette idee , qu'il regardc comme calomniatcur de son pays celui qui ne lui accorde pas I'honneur de cette pietendue civilisation primitive. Pour donner a cette opinion assez de probabilite, M. Micali a du rejeter un grand nombre de traditions et d'autorites sur lesquelles s'appuie I'opinion contraire. 11 emprunte a la critique et a la philosophic les moyens les plus propres pour atteindre son but. Il attaque si vivement ces traditions mythologiques qui entourent et obscurcissent le berceau de I'histoire des an- ciens peuples, qu'il parait quelquefois ne pas assez menager I'histoire elle-meme. I,a plupartdes anliquaires n'ont fait, selon lui, qu'amasser , repeter et admettre les nombreuses citations de leurs devanciers, sans jamais les comparer entre elles, ni avec les lois et la marche ordinaire de la nature humaine. Il sefeli- cite meme de voir que nous avons enfin acquis le droit de pou- voir decrediter tant de fables, sans avoir a craindre ni le college ET POLITIQUES. 36^ Ues pontifes , ni I'areopage ( T. I, p. 64 ) , droit qui probable- ment sera exerce avec une plus grande latitude par una posterite encore plus eclairee ou plus heureuse. Ces principes etablis, I'auteur passe en revue les anciens peuples de I'ltalie. Les Sicules, qui apparaissent les premiers, sont forces par les Ombriens de se retirer et de s'etablir dans la Sicile. Les Pelasges , sur lesquels on a si longuement dissertc, n'ont fait, selon M. Micali , que des excursions dorit les traces ont bientot disparu. Les Liguriens, les Venetes, les Sabins, les La- tins , les Osques , les Etrusques , les Saninites , les Lucaniens, etc., sont tons des peuples indigenes. II releve les contradictions etle peu de solidite des traditions qui les supposent derives des etrangers, en menie terns qu'il expose les titres qui peuvcut justifier leur origine italique. M. Micali n'admet point d'emigrations et de colonies grecques dans I'ltalie inferieure, anterieures aux deux premiers siecles de I'ere romaine. La pretendue genealogie d'OEnotrus, fils de Lycaon, et celle d'ltalus , son successeur, qui, selon les Grecs et la plupart des antiquaires , donnerent a I'ltalie son nom et ses lois , ne sont pour notre auteur que des fables. Lorsque les Grecs, a une epoque bien plus tardive, s'etablirent dans cette partie de la peninsule, les Italiens n'etaient ni sauvages, ni bar- bares ; ils etaient pour le moins aussi polices que les Grecs (T. I, p. 294 ). La Grande-Grece elle-meme , lorsqu'elle acquit tant de celebrite, ne depassa jamais, dans toute son etendue, les limites dans lesquelles est aujourd'huirenferme leroyaume de Naples; et, dans tons les lieux ou les Grecs s'etablirent, ils n'oc- cuperent que les cotes et les terres voisines de la mer, c'est-a- dire la plus petite portion du pays. Tout I'interieur resta au pou- voir des nationaux, qui se vengerent par la suite sur ces memes Grecs des injures qu'ils en avaient recues. Dans le second volume, I'auteur tache de nous faire connaitre plus particuUerement le gouvernement et les lois civiles des an- 368 SCIENCES MORALES ciens Italieus , ainsi que leur religion, leurs mctiurs, leiirs arts, lenr litterature et leur langue. En general , ils cherissaient leur iiidi'ijendanco ; ils preferaient pour leur gouvernemcnt la forme dcmocratiqiie. Les Sabins , les Sainnites, Ics Brntiens , les Etrus- qucs se fnont surtout rcmarqucr par leur amour pour la liberte. Pl\isienrs pcuples , quoiquechacun fut plus ou moins jalouxde sa propre independance , scntirent la ncccssitc de se reunir en corps pour leur defense commune. C'est la qu'on trouve les germes de cette sorte de federalisme , qui pouvait seul combi- ner la force nationale de tons ces peuples avec la liberte de chacun. Les Etrusques lui donnerent encore plus de dovelop- pemont, et parce nioyen, assurerent, pendant long-tems , leur empire et leur prosperite. On les a meme regardes comme les foiidateurs dc cette institution si importante, qu'on pourrait legarder aussi comme italique. Les institutions religieuses furent toujours identifiees avec les institutions politiques. La separation etrange qu'on en a faite n'etait pas alors connue. Elles marchaient constamment dans la meme direction , et tendaient vers le meme but. Les dieux eux- memes ne se gouvernaient qu'a I'instar de ces peuples : entre eux, point de pouvoir absolu. Vejoves, leur chef, ne prenait aucune determination sans le conseil de douze gi'ands dieux qu'on appelait Consentes. II ne lancait jamais ses foudres sans I'assentiment des autres dieux ; et son exemple enseignait aux rois de la terre a moderer leur autorite et a s'aider du conseil des autoes. Les frequens mcteores auxquels la peninsule etait exposee, lesvolcans, les tremblemensde terre, les inondations produites par la mer, durent multiplier et determiner les opi- nions et les pratiques religieuses deces peuples. Lamythologie et la religion des Etrusques sont encore plus singulieres. BI. Mi- cali leur trouve un caractere de gravite ct d'austerite qu'elles avaient perdu chez les Grecs ( T. II, p. 53 );eequi, suivant la pensee de Vico, prouverait que la religion et la mythologie des Grecs, d'abord austeres et graves comme celles des anciens ET POLITIQUES. 369 Etrusques, avaient ete successivement corrompues par I'exces de leur civilisation : car, telle est la marche ordinaire desmoeurs et des opinions. Les arts et la litterature fournissent a notre historien un plus grand nombre de materiaux. L'architecture toscane, dont le caractere etait la sim]jlicite, la solidite et le grandiose, nous a transmis assez de monumens pour qu'on puisse I'apprecier. L'auteur trouve aux anciens Toscans , dans les arts du dessin , beaucoup de correction de style, nialgre leur expression dure ct forte, et assez d'exactitude dans les contours, de mouvement dans les muscles, de science dans I'ensemble, de soin dans les details. II distingue , dans I'histoire de leurs beaux-arts, I'epoque ou ils n'obeirent qu'a leur propre genie, de celle ou ils iiniterent plus ou moins la maniere des Grecs. La philosophie theorique des Etrusques rapportait tout a Dieu, nomme OEsar dans le langage liturgique des aruspices. lis admettaient una providence supreme , et I'idee d'une pre- miere cause, cachee sous le voile de leurs doctrines mysterieuses. Ils donnaient a leur Jupiter indifferemment les noms de provi- dence, de destin, de nature, de monde; ils croyaient que tout ce qu'on voit est la Divinite elle-meme, disseminee tout entiere dans ses par-ties, et se soutenant par sa propre force. Leur sys- teme cosmogouique , quoique bizarre, comme celui des Egyp- tiens et de tant d'autres , suppose une idee plus imposante de la duree du monde. On lui assignait une periode determinee, dont les termes etaient la destruction et la regeneration qui se suc- cedaient a jamais. M. Micali traite enfin de la poesie et de la langue. II regarde, comme une des inventions les plus anciennes des Italiehs les vers saturnins ct les chants fescennins , les jeux sceniques des istrioni , pantomimes proprement etrusques , et les farces atel- lanes. On perdit insensiblement jusqu'au souvenir de la langue primitive des anciens Italiens. On a cherche neanmoinsa dechif- T. xxvii. — ^out 1825. a4 370 SCIENCES MORALES frer et a lire qiielques monumens de c<; genre qu'on avail depuis long-terns negliges, et Ton a cru reconnaitre ou deviner I'alpha- bet de cette langue antique. C'est a la decouvcrte des Tables Eugubiennes, arrivee en i444j que nous devons cette nouvcUe etude; et ce n'est qu'apres trois siecles de travaux que les sa- vans ont pu se feliciter d'etre parvenus a determiner avec quel- que probabilite la valeur de chaque lettre, et a composer un alphabet assez regulier pour lire passablement les monumens ccrits dans cette langue perdue. Les dernieres recherches , vraiment savantes et ingenieuses , de I'abbe Lanzi et de plusieurs autres, n'ont point decourage notre historien dans sa carriere. Toujours ferme dans son sys- teme , et soutenu par d'autres savans non moins eslimables, il a tourne en ridicule ces gramniairiens qui , trouvant partout des rapports d'etyniologie, de mots et d'expressions , font deriver I'ecriture et la langue etrusques , tantot de quelqu'une des langues orientates , et tantot de la langue grccque. II rcgarde comme plus probable que la langue ancienne de I'ltalie fiit une chez les divers peuples de cette contree; quelle parvint peu a peu a un degre remarquable de perfectionnement, et quelle eut une grande part a la formation du latin ancien ( T. II, p. 286 ). La seconde partie de I'ouvrage de M. Micali, qui comprend deux autres volumes, nous presente ces mcmes peuples sous un autre point devue, luttantavec la puissance toujours croissante des Roma ins , et contraints I'unapres I'autre de subir leur domi- nation. II jette d'abord un coup d'ceil sur I'etat moral et poli- tique de ritalie a I'epoque de Jla fondation de Rome , et rap- pelle ensuite les guerres, les dangers et les victoires sanglantes de ces Romains , jusqu'au moment oil ils firent , de tant de peu- ples plus ou moins independans, autant de provinces reunies sous une meme domination, et de toute la peninsule un seul empire. Quoique cette seconde partie ne soil pas aussi neuve et aussi curieuse que la premiere, elle ne cesse pas d'interesser par ET POLITIQUES. 371 Jes observations que rauteiir ya semees de tems en terns. II re- leve sui'tout les circonstaiices historiques qui nous mettent a meme de mieux apprecier ces peuples qu'il a passes en revue dans la partie precedente de son histoire. Mais !a meilleure partie de i'onvrage est V Adas in-folio, qui rcnferme , en 67 plaiiclies, ime collection precieiise et instruc- tive de monumens antiques, dont la plupart etaient encore ine- dits, et quelques-uns avaient ete publics d'une inanieie plus on nioins incorrecte. Par ce moyen, les vicissitudes des arts, chez les anciens Italiens deviennent plus sensibles et plus evidentes. L'ouvrage de M. Micali meritait, a beaucoup de litres , d'etre plus generalement connn ; on vient de le publier traduit en fran- cais. Cette traduction avait ete entreprise par M. Fauriel,qui, tres-verse dans la conuaissance de la langue et de la litterature italiennes , lui auiait donne toute la perfection desirable. Aban- donne par lui , ce travail a ete continue , revu et acheve par MM. Joly, Gence et Raoul-Rochette , dont les nonis out assez d'aulorite pour inspirer au public une prevention favorable. Cependant, les Italiens, ou plusseveres, ou plusinteresses dans la question , accusent les traducteurs de beaucoup d'infidelites (i). Pcut-ctre a - t-on exagere le nombre des fautes de ce genre ; mais , comme nous en avons apercu quelques-unes qui alterent et denaturent le texte, nous nous permettrons de lesindiquer, afin que ceux qui liront la traduction ne les attribuent pas a I'autenr. M. Micali dit , de quelques traditions ridicules qui cir- culaient du tems d'Hecatee de Milet, qu'elles etaient respectees pour leur anciennele ( T. I, p. 89 ). Le traducteur lui fait dire '■qu'elles n'avaient decredit qne parmi les vieillnrds''^ (T. I, p. 48). L'auteur dit que la Gaule cisalpine, ayant ete incorporee , au tems d'Auguste, a I'ltalie , prit en mi^me tems son nom qn'elle (l) Voy. V Jnthoioffie ^e Flomicp , 11" 5o , p. 97. 372 SCIENCES MORALES a retenu jusqu'tl iios jours ( T. I , p. 60 ). Le traducteur lui fait letenir le memo uom de Gaule cisalpine qu'elle avait aiipara- vant (T. I, p. 71 ). Lespretres, chez lesMarses, s'attribuaient la vcrtu de con- jurer et d'apprivoiser les serpens ( T. I, p. 201 ). Dans la traduc- tion, on substitue aux serpens les espr'Us (T. I , p. 284 )• Siir les lares medailles de Nucerie-Alfaterne, on voit repre- sentee I'efligie d'un heros avec une epigraphe osque ( T. I , p. 218 ) , et non a la maniere osque ^ comme le dit le traducteur ( T. I , p. 253 ). Dans I'original ( T. II , p. 55) , on parle de je ne sais quels dieux qui etaient ornes de buUes d'or, de bracelets, de col- liers, etc; et le traducteur presente ces memes dieux comme seulement figures sur ces ornemens ( T. II, p. 53 ). Dans la traduction ( T. II , p. i85 ) , nous lisons : « Labalance fixee par .I'usage et par les lois, entre les differentes monnaies, si facile a etablir de nos jours, devait aiors apporter de grands obstacles au commerce et a scs negociations. » Si le traducteur n'a pas voulu corriger I'opinion de I'auteur, celui-ci a dit tout le contraire (T. II, p. 179). M. Micali regarde le temple de Proserpine, a Crotonc, comme un foyer de superstition et de tromperie ( T. Ill, p. 243) : le traducteur le regarde , au contraire, comme un objet venere par une croyance pieuse (T. Ill, p, 264); ce qui altere sensible- ment la maniere de penser de I'auteiu-. Dans la traduction ( T. Ill , p. 27 7 ), il est dit que Mamercus inspira de I'animosite aux Lucaniens etaux Brutiens; I'auteur avait dit que , par la temerite de Mamercus , on pourrait bien se faireune ideede la hardiesse de ces montagnards (T. Ill, p. 255). On dit qu'a Tarente, la peche etait I'occupation exclusive des hommes de bonne condition ( traduct. T. IV, p. 75 ), tandis que I'auteur I'avait atlribuee a la populace ( T. IV, p. 74 )• Les affranchis de Volsinie, dit M. Micali, defendirent aux ET POLITIQUES. 373 vierges d'une condition libre de se inarier avant'oici comment M. le general Joniini la terniine. <( Durant dix ans, I'heurcux conquerant promena ses aigles victorieuses des bords du Tage jusqu'a ceux du Nicnien et an fond de la Pannonie. Les lauriers dont il couvrit ses couronncs auraientfait oublier leur usurpation, si un profond mepris des hommes et une ambition demesuree ne I'avaient entraine an dela de toutes les bornes. Le vaste et imposant tableau de cette periode, moins penible a tracer , peut-etre , que celui que nous venons d'esquisser , exige un genre de talent que nous ne nous flattons point de posseder. Tout y est grandiose , les combinai- sons eommc les resultats; et pour les presenter d'une maniere convenable, il ,fau||iin pinceau vigoureux et exerce. Si le notre ii'a pas tnujours ete ;i la hauteur do la tache que nous avons ET POLITIQUES. 38^ entrcprise, nous nous flattons du moins (jue rimpartialite et la justesse des principaux points de vue niilitaires et poliliques y auront supplee. Heureux si pour prix de nos travaux nous sommes parvenus a inculquer aux jeunes officiers les principes generaux de I'art de la guerre, developpes dans notre Traite dcs grandes operations niilitaires! » Cet ouvrage sera long-tems pour les militaires line des lec- tures les plus utiles qui puissent les occuper. On a pu juger ^ par les extraits que nous avons cites, que I'ecrivain n'a pas moins soigne ces trois defniers volumes que les precedens. On ne pent lui rcprocher qu'un petit nombre de locutions qui ont un gout de terroir, et qui denotent un etranger. On regrette aussi qu'il ait trop epargne les dales; car luie liistoire ne peut s'en passer; il pouvait en charger les marges du livre, sans les inserer dans ses narrations. Comme il ccrivait pour I'instruction des militaires , il a pu negliger ce qui s'ecartait de son but : mais nous n'avons pas moins besoin de Tacites que de Polybes; I'his- toire morale de la revolution francaise ne peut etre que I'oeuvre d'une haute philosophic , d'une ame pure et dun grraid talent : cette carriere n'est ouverte que pour un tres-petit nombre d'e- crivains. Ferry. MeMOIRES I'OTJR SliRVIR A l'HiSTOIRE DE FrANCE SOUS Nafoleon, ecrits a Sainte- Helene par les generaux qui ont partage sa captivite^ et puhlies sur les manus- crits entierement corriges de la main de Napoleon. Tomes I— VIII (i). Lorsque Bonaparte, deposant la couronue qui avaitetela cause de ses fautes et de nos malheurs, annonca I'intention de (i) Paris, i8a3-i825; Firmiii Didot jiere et fits, rue Jacol) , iio a4; Bossange freres, rue de Seine, n° 12. Prix 60 fr. 38/, SCIENCES MORALES composer des Metnoires , lorsqu'il ditaiix debris de ses vieilles troupes : J'ecrimi ce que nous avonsfait , cette promesse attira rattention de la Fiance entiere. Tout le moude j)arlait de ces Memoires qui n'existaient encore qu'en projet. Maintcnant, ils ont paru , et personne n'en dit rien. On m'a deniande cent fois si j'avais lu de niiserables compilations histori(|ues, et on ne m'a jamais demande si j'avais In les Memoires de Bonaparte. J'ai entendu citer sans cesse, dans des conversations preten- dues politiques, les plus ineptcs brochures, et je n'ai jamais entendu citer les Memoires de Bonaparte. Cen'estpas cepen- dantque le gout du public soil peu favorable aux memoires. Ce genre d'ouvrages est, au contraire, le plus generaloment re- cherche. Pourvu que voiis aycz ete emigre, on fructidorise , conventionnel ou chouan, femme de chambrc d'une reine on secretaire d'un comite, chambellau ou courtisanne anglaise, le rdle que vous avez jojte donne uii prix infuii aux moindres details de votre vie: nos politiques, guides par nos libraires , devoreront vos fruutueux recits. Mais , si vous n'avez etc qu'em- pereur des Francais et premier consul de la republique fran- caise, c'est autre chose , il faut vous contenter d'un petit nombre de lecteurs. Depuis mil huit cent quatorzc, le genre humain a niarche , nous ne sommes pas restes stationnaires. On aurait pris alors beaucoup d'intereta voir Bonaparte cxpliquer aux peuples, ou meme chercher a leur derobcr les secrets de sa politique. Mais la politique n'est plus aujourd'hui I'art de guider les etats, de defendre leur independancc, de la leur rendre quand ils I'ont perdue; c'est I'art, bien autrement philosophique, de disserter sur un ministre ou sur un aumonier, d'analyser un projet de bourse ou un sermon. Alors , humilies par de grands rcvers , nous aurions aime a reporter nos regards sur les exploits de nos armecs, a voir fair devant nos drapcaux , dans les plaincs d'ltalie, les etrangers qui oecupaient nos rcniparls: Mais aujour- ET POLITIQUES. 385 d'hui, les revers sont oublies, et, avcc les revers, les victoires. Pourquoi nous rappeler nos anciens triomplies, ou etudier les moyens d'en obtenir dc nouveanx ? La gloire de I'industrie nous suffit. Or, parnii les diverses sortes d'industrie, il en est une, etce n'est pas la moins productive, qui consiste ;i se for- mer nne pacotille depetitcs anecdotes, vraiei oufausses, contre les honimes qui sont ou peuvent devenir nos concurrens, qui sont ou peuvent devenir les concurrens de nos protecteurs. Les mernoires ou Ton peut {sxve provision de ces nobles moyens de succes, sont une matiere premiere infiniment precieuse. Mais , quelle speculation de ce genre pourrait-on fonder sur les ecrits de Napoleon ? Oh ! combien seraient preferables les memoires de ses mouchard.s ! Cette deplorable habitude de ne voir dans les destinees dcs nations que les plus bas et les plus laches des interets person- nels, cet etrange renversement d'idees qui f;nt qn'iin peiiple uniquement occupe, dit-il , de politique, rejcltc fous les ou- vrages que la veritable politique a dictes , sont les deux pre- mieres causes du peu de bruit que font en France les ecrits de Napoleon. Il en est pourtant une autre, qui, bien que secondaire, merite toutefois d'etre remarquee. Une mort prematuree n'apas permis a Bonaparte de mettre la derniere main a ses ouvrages ; il n'a, pour ainsi dire, laisse que des maleriaux. S'il eut vecu quelques annees de pins, il eut sans doute resserre quelqucs-uns de ses ecrits, et I'ensemble, range dans un ordre plus metho- dique,eutete moins voliimineux. PeiU-etreaussilesediteursont- ils eu tort de donner a la collection entiere le titre de Memoire.<;. Le titre dCOEuvres de Napoleon Bonaparte aurait ete certaine- ment plus convenable. En effet, ils ont deja publie quelque> morcCaux, ou plutot quelques ouvrages qui ne sauraientservir a riiistoire de Tauteur. Tous les ecrits que renferment les huit premiers volumes , pourraient etre divises en trois cla.tses. La premiere compren- T. X7CVII. — Aoiit 1825. 25 38G SCIENCES MORALES iliait ceiix qui n'onl aucun rapport ;\ la vie de Napoleon et ceiix ou il n'fst parle de lui que d'line maniere secondaire. Dans la deuxieme se trouveraient les morceaux qui, sans pon- voir faire partie de ses Memoires, traitent de quelques - unes de ses actions. La troisieme, enfin , serait formee des niateriaux prepares pour ses Memoires. J'examinerai successivement ces trois classes d'ecrits dans I'ordre que je viens d'indiquer, et sans faire attention a la place que cliaque fragment cccupe dans la collection. Je trouve u'abord, dans la premiere serie, une histoire de la Corse, un precis des campagnes du marechal de Turenne et de Frederic II, et des notes sur I'ouvrage du general Rogniat, intitule : Considerations sur Tart de la guerre. L'histoire de la Corse n'est pas d'uu eleve de Walter-Scott. Bonaparte n'a pascru, comme quelques ecrivains de nos jours, qu'il fallut chercher dans les oeuvres d'nn romancier anglais le modele de toules les grandes compositions; il est reste fidele a I'ecole de Tacitc el de Cesar. Mais, s'il ne nous donne pas le plaisir si instructif d'assister a un diner des anciens Corses , et d'entendre leur priere aux pieds d'uue madone , il peint a grands traits la topographie militaire de I'ile, les passions qui soulevaient le people , le caraclere des chefs et des soldats. On reconnail un homme qui n'a pas vu seulement un passe - terns dans I'etude de l'histoire, et dont les regards se portaient d'a- bord sur les grands objets dignes d'occuper un politique. D'ail- leurs, il y a de I'eloquence dans les discours, et ce morceau , concis et rapide, est toujours interessant. On croit que c'est un ouvrage de la jeunesse de Bonaparte. Le precis sur les campagnes de Turenne et de Frederic est beaucoup plus etendu; il remplit le cinquieme volume, ecrit sous la dictee de I'auteur par M. le general Montholon. Bo- naparte expose d'abord avec nettete , avec precision, les ma- noeuvres d'une canipagne et le resultat qu'elles eurent. II jugc ET POLITIQUES. 387 ensuite ces manoeuvres dans de conrtes observations, ou il in- dique souvent ce qu'auraient du faire les generaux des deux partis. Oa confoit facilement combien il pent etre utile k un militaire d'etre conduit, en quelque sorle, sur des champs de bataille que se disputent des hommes tels que Turenne, Conde, Montecuculli, Merci, Frederic, et d'y recevoir les lecons d'uii homme tel que Napoleon , qui fait apercevoir leurs fautes et les resultats de ces fautes; leurs grandescombinaisons, etlessuites de ces combinaisons , et finit souvent par exposer ce qu'il eut fait Itii-meme a leur place. Le lecteur qui etudiera ce volume , en ayant sous les yeux la carte des differens theatres de la guerre, et le plan de quelques-unes des batailles, puisera dans ce travail une fructueuse experience. Le Precis des guerres de Frederic est termine par une dissertation sur le fameux ordre oblique, dont on attribue I'invention au heros de la Prusse. Bonaparte , embarrasse par les diverses explications qu'on a donneesdecette manoeuvre, se demandece que c'est que I'orrfre? oblique. Si, au moment on il ecrivait, il avait eu sous les yeux I'exemple que Frederic lui-meme en donnedansle xxiie chapitre ' AeV Instruction pour ses generaux, il aurait pu y prendre une idee tres-nette de cette maniere d'attaquer. Du reste , Bona- parte a completement raison de n'y rien voir de nouveau, rien d'invente par Frederic. II est certain seulement que ce prince , frappe des avantages d'un ordre de bataille 011 I'on deborde une aile de son ennemi en refusant une des siennes, en fit , en quelque sorte, la base de sa tactique, le recommanda a ses'ge- neraux, et remploya nieme quelquefois a contre-tems, ainsi que Napoleon le remarque lui-meme. Les hommes qui ne sont pas etrangers a I'art militaire liront encore avec fruit les notes que les Considerations sur I'art de la guerre out inspirees a I'un des plus grands generaux de noire siecle. Ces notes remplissent la derniere raoitie du premier volume, ecrit par M. Montholon, et la premiere moitie du 588 SCIENCES MORALES second. Bonaparte y traite, avec quelqiies details, tin rccriite- ment et de I'organisation des troupes, des diverses arnies , dc la proportion qu'il doit y avoir entre ellcs, ct de leur emploi , des ordres de bataillc, des principes de la guerre offensive, et de ceux de la guerre defensive. II explique les manoeuvres qu'il fit executer dans phisieurs batailles importantes que I'autcur des Considerations avail jugees peut-etre avectrop de legcrete. II est inutile d'assurer qu'on Irouve toujours dans ces remarques une profonde connaissance de toutes les parties de I'art de la guerre, et qu'on y rencontre quelqucfois les grandes vues du genie militaire; mais, ce qui etonnera bien des gens, c'est d'ap- prendre que la plaisantcrie y est souvent maniee avec finesse , et I'ironie avec grace. Nous voici parvenus a la socondeserie des manuscrits laisses par le captif de Sainte-Helene, a celle ou Ton doit ranger les fragmens qui, sans pouvoir entrer dans sesMemoires, ont ce- pendant pour sujet quelques tpoqucs de sa vie. Nous trouvons d'abord deux raorceaux uniquement militaires, les Sept notes sur le traite des i^r an Acs operations de la guerre par le general fomini, et les Notes sur les Meinoires pour servir a I'histoiie dc Charles-Jean , roi de Suede. Ces deux ecrits, surtout le der- nier, sont de pen d'etendue et n'offrent qu'un mediocre inte- ret. Viennent ensuite des Notes sur les huit premiers 2'olumes du precis des evenernens militaires , sur I'ouvrage intitule : Les quatre concordats , sur les Memoires pour servir a thisloire de la revolution de Saint-Domingue , sur la brochure qui parut en 1817 avec le litre de Manuscrit venu de Sainte-Helene , et sur les Memoires pour servir a I'/iistoire de la vie privee , du retour et du regne de Napoleon en i8i5, par M. Fleury de Chaboulon. Ces divers ecrits presentent un interet plus general que ceux dont j'ai deja parlc; les discussions strategiqucs s'y monlrenl encore, mais n'en fornient pas le fonds. Les affaires civiles et religieuses, les grandes mesuresqui, plus surement que le fer. ET POLITIQUES. 389 ont decide les destir;ees des peuples , vont etre examinees; Napoleon va parler de sa politique. Ici, toutes les defiances se ruveillent. Ce n'est plus le general qu'on ecoule; c'est le despote qui a trahi toutes ses promesses, qui a delruit tout ce qu'il avaitjure de defendre, qui a cache long terns sous le masque de I'amour de la liberte la passion de la tyrannic. Ces defiances sonl justes, mais elles ne doiventpas aller trop loin. Les esprits droits et forts surent decouvrir ses intentions reelles sous le voile qui les cachait; ils peuvent de meme apercevoir sa veritable pensee a travers ce que le besoin de sa defense pourra I'engager a dire de faux. Seuleraent , les ecrivains qui chercheront dans ses ceuvres des materiaux pour son histoire, ne doivent jamais perdre de vue qu'il a necessai- rementecrit uneapologie; ils doivent I'interroger, non comme un temoin, mais comme un accuse : la justice I'exige. Mais il est un devoir en quelque sorte oppose qu'elle leur present ega- lement. Si Bonaparte, retire a Sainte-Helene, seul avec ses souvenirs et sa conscience , place entre le tableau de la France telle qu'il la recut, et le tableau de la France telle qu'il la laissait, n'a pas fremi quelquefois de douleur et de remords , s'il n'a pas donne quelques larnics a la destinee qu'il pouvait se faire , et a la destinee qu'il nous a ravie , Bonaparte etait le plus insensible de tousles horames. Or, on ne trouve dans ses ecrits aucun regret de cette direction fatale qui fit nos malheurs et les siens. Mais, de ce qu'il n'en exprime aucun, on ne pent conclure qu'il n'en ait point eprouve; et c'est a quoi doivent songer ses historiens. Les hommes de son caractere ne per- dent jamais tout espoir; si Napoleon n'en conservait plus pour lui-mome, il avait la faiblesse de fonder du moins sur son fils des esperances aussi cheres que trompeuses ; plusieurs mor- ceaux de ses Mi-moires le prouvent evidemment, entre autres celui oil il expose ses projets sur I'ltalie. En deplorantle delirc 390 SCIEISCES MORALES qui hii fit saciifier rimraortalite de sa gloire a la duree de sou pouvoii- , la veritable ambition a la vanite , et sa patrie a un litre, il eut craint de nuire a I'objet de son vain espoir ; et peut - etre cette crainte a-t-elle arrete sur ses levres des regrets qui eussent honore sa niemoire, desarm^ ses accusateurs, et servi la cause des peuples. Quoi qu'il en soit, tous les fragmens ou il explique quelque circoDstance de sa vie politique font naitre de nombreuses et d'importantes reflexions. Chacun de ses ecrits pourrait etre la matiere d'une analyse assez etendue. Pour moi, qui dois jeter un coup d'oeil sur I'enscnible des huit volumes deja publics, je ne puis, on le sent bien, que signaler les objets les plus digues de I'attention publique. Tel est, par exemple, le passage des notes sur le livre des quatre concordats , ou il expose le projet de reunir tous les etats d'ltalie en un seul royaume, qu'il eut donne a son second fils. Ouelqvie soin qu'il prenne pour nous montrer, dans tout ce qu'il a fait en Italic, des moyens de parvcnir a ce but, on peut, jc crois, douter de la realite de ce projet, et n'y voir qu'un plan arrange aprescoup, pour augmcnter chez les Italiens les regrets de sa chute et I'amourde ce qu'il appelait sa dynastie. Quant a sa resolution d'attirer aParis le chef de I'Eglise, de I'y loger superbement, et de I'entourer d'une cour magnifique, j'y croisplus voIontiers,ainsiqu'a son desir de rend re Paris /a ville unique , sans cornparaison avec toutes les autres capitales , la ville ou les eglises , les palais , les tkedtres devaient elre au -des- sus de tout ce qui essiste, et ou Napoleon regrettait de ne pouvoir transporter I'egUse de Saint-Pierre de Rome. Tout cela est par- faitement dans les idees d'un homme qui, tourmente par un instinct de grandeur, a perdu la route de la grandeur veritable , et qui, desccndu d'une position unique dans les annales des peuples pour se jeter dans la foule des princes conqueraiis, nherche sans cesse des moyens de s'y faire distingucr. Ji est ET POLITIQUES. ^91 d'ailleurs si facile de creer des eglises , des theatres et des palais, quand on n'a pas meme besoin d'etendie la main pour prendre dans la poche de tout le monde ! En relevant quelques assertions de I'auteur des Memoires sur la revolution de Saint-Domingue , Bonaparte n'a point repondu aux accusations elevees contre lui , au sujet de la fatale expedi- tion de Leclerc, de la mort de Toussaint-Louverture , etc. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ses notes, est I'idee assez bizarre de preparer la liberie des Noirs dans les colonies, en autorisant les colons a prendre deux femnies, Tune blanche , I'autre noire. Cette idee parait avoir etesuggeree a Napoleon par ce qu'il a vu en Egypte. II I'exprim^ une seconde fois dans la description des usages et des moeurs des Egyptiens. Le passage des notes sur Saint-Domingue est aussi court qu'il est curieux. Je vais le citer : > La question sur la liberte des Noirs est une question fort compliquee et fort difficile. En Afrique et en Asie, elle a ete resolue, mais elle I'a ete par la polygamic. Les blancs et les noirs font partie d'une meme famille. Le chef de famille ayant des femmes blanches, noires et de couleur, les enfans blancs et mulatres sont freres , sont. eleves dans le meme berceau , out le meme nom et la meme table. Serait-il done impossible d'auto- riser la polygamic dans nos lies , en restreignant le nombre des femmes a deux , une blanche et une noire ? Le premier consul avait eu quelques entretiens avec des theologiens pour preparer cette grande mesure. Les patri arches avaient plusieurs femmes dans les premiers siecles de la chretieiUc. L'Eglise permit et tolera une espece de concubinage dont I'effet donne a un homme plusieurs femmes. Lepape,le concile, ont Vauiorite et lemoyen d'autoriser une pareille institution, puisque son but est la conciliation , I'harmonie de la societe , et non d'etendre les jouissances de la chair ; I'effet de ces manages serait borne aux colonies : on prendrait les mesures convenables pour qu'ils nc :^y2 SCIENCES MORAt.ES portassent pas le desordre dans I'utat present de Dotie societe. » (Tome P"", edit par le general comtc Montholon, p. 207 ). Un tel nioyen d'affrandiir les Negres pent paraitre singulier ; il ne serait mcme pas trcs-efiicace ; car les hommes qui repugnc- raient u voir leur semblable dans un noir , lepugncraient sans doute encore plus a epouser unc femme noire. Mais cette page niontrc I'activite d'esprit dc I'auteur, qui decouvrait h I'instant loutce qui pouvait servir ses projcts; elle niontre aussil'habi- tude qu'il avait prise en Italic et en Egypte de chcrcher toujours I'appui de la religion. II prend nieme assez bien dans ce morceau le style d'un casuiste, quoiqu'il nous parle de I'ctat de ia chre' tiente bien avant la venue du Christ, et dans le siecle Aespa- triarchcs. Je m'arrctcrai un peu plus long-tcms sur les notes quedicta Bona- parte, apres avoir lu le Manuscrit venu de Sainte-Hele/te,\)etite brochure qui fit, en 1817, un si grand bruit, qui fut traduite dans toutesles langues etmystifia toute I'Europe. Lesuccesscandaleux de ce factum a du exercer sur notre litterature une facheuse influence. C'est peut-etrela source detous ccs volumes pretendus historiques on politiques, dont les auteurs niettent effrontement leur ignorance a I'aise devant I'ignorance du public. Bonaparte se plaint avec raison qu'on ait pu lui a^tribuer un pareil ecrit , oCi ses actions, ses discours, son caractere sont sans cesse tra- vestis , oCi les plus lourds anachronismes placent la paix deTilsit avant la bataille d'lena , et la bataille d'lena avant I'etablisse- ment dc la confederation du Rhlii , enfin dont toutes les pages anuoncent dans I'auteur la plus complete ignorance des premiers elemens de I'art militairc. Il n'est pas difficile a Napoleon de montrer combien a ete lourde lameprise du public. Tous les lec- leurs senses s'etaient deja recries contre la.supercherJe de I'ecri- vain anonyme. Mais Tex-cnipereiu' aura plus de peine a fairc adopter son opinion sur la noblesse qu'il a creee. II cherche longuement h nous prouver que X institution d'une noblesse nil- ET POLITIQIIES. 89^ tionale nest pas contraire a I'egalitc ... , que les litres acquis par des services rendus a. I' dint sortent toujours d'une source pure et honorable; il avail, dit-il, le projei de reconstituer I'ancienne noblesse de France. « Toiite famille qui cotnptait dans ses ancetres un cardinal, un grand-officier de la cou- ronne, un marechal de France , un ministre , etc. , eut itepour cela seul apte a soUicitcr au canseil du sceau le titre de due ; toute famille qui aurait eu un archeveque, un ambassadeur , un premier president, un lieutenant - general ou un \ice-ami- ral , le titre de comte; toute famille qui aurait eu un eveque , un marechal de camp, un contre-amiral , un conseiller d'etat, ou un president a mortier, le titre de baron. Ces litres n'auraient etc octroyes qu'a la charge par les impetrans d'etablir pour les dues uii majorat de 100,000 francs de revenu; pour les comtes, de 3o,ooo francs; pour les barons, de 10,000 fr. « Celte idee , assure l-il, etail cininenimentliherale... ; Elleddlruisalt les pre- tentions do V oligarchic , et maintenail dans son integrite la di- gnite et I'vgalile de Vhotnine. » Je ne pretends point examiner si la noblesse est ou n'est pas utile ; je convicns menie qu'elle est necessaire dans une monar- chic. Mais pourquoi y est-clle necessaire ? Precisement parce qu'elle est I'oppose de I'cgalite, qui, bonne ou mauvaise, ne pent se trouver que dans les etats republicains, et dont le nom est un mot vide de sens , quand on I'applique a des institutions mouarchiques. Les services rendus ;\ i'etat n'ont pas besoin du secours des titres pour attirer la faveur publique sur les des- cendaus de ceux qui les rendirent. Les titres sont une monnaie dont on recompense toute espeoe de services. Pour que la source en fut toujours />«/<;, il faudraitqu'on ne put rendreaux princes res d'une demi-hcure avec lui-meme sur ce qu'il avail a /aire. Quelle incertitude un homme de son carac- terc pouvait-il done eprouver? Aurait-il espere qu'en s'alliant aux chefs des sections , il pourrait les maitriser et les faire servir a ses desseins ? cet espoir eut etc bien deraisonnable. Pensait-il que, s'il striomphaient de la Convention , il pourrait les detruire ensuite avec plus de profit pour lui? Cette idee n'a pas dii lui venir; car il n'avait encore aucun des elemens d'un parti, et son refus de servir la Convention contreles Sectionnaires aurait enipeche plus tard de I'employer a les combattre. A-t-il pu croire que le succes des sections , en supposant meme qu'elles triomphassent , fiit "Burable , et presentat des chances heureuses 398 SCIENCES MORALES pour lui ? non. D'abord , la majoiite ties Francais venait de se declarer , en acceptant la constitution de I'an 3 ; en second lieu, les arinees, comme il le dit lui-memCj etaient entierement opposees au mouvement de Paris; entin, le triomphc des sec- tions, une fois consolide, lui cut ferme la carriere, bien loin de pouvoir lui etre avantageux. D'un autre cote , qu'avait-il a craindre en acceptant le commandement des troupes conven- tionnelles ? les entraves que pourraient mettreases mouvemens les trois representans du peuple, commissaires pres de I'armee de I'interieur. Mais, comme il en fitl'epreuve, vien n'etait plus aise que de se debarrasscr de cette crainte. On ne sait done comment s'expliquer les motifs de son hesitation. Ce passage est I'un de ceux qu'il aurait sans doute eclaircis en y mettant la derniere main. Lorsqu'il arrive au recit do ses premieres campagnes d'ltalie , il n'epargne rien pour fairc mieux comprendre ses vastes et hardies combinaisons. Comme Cesar, il decrit avec soin le theatre de sa gloire; et sa description de I'ltalie est, au style pres, bien stiperieure a celle des Gaules et de la Bretagne. II embrasse tout , les divisions formees par la nature et la confi- guration du sol; ia force des diverses frontieres, les differentes lignes de defense, taut aux frontieres que dans I'interieur, le genre de guerre qu'exige telle ou telle partie, les ressources militaires du pays, les places fortes, la puissance maiitime que pourraitacquerirla nation italienne une fois reunie. Ce morceau est important et ouvre tres-bien I'expose des operations de 1796 et 1797. On ne pent, en lisant cet expose, se defendre d'une juste admiration. C'est dans ccs premieres campagnes que Bonaparte s'est montre avec Ic plus d'eclat. Nomme general d'une aruiee dont les chefs et les soldats etaient excellens, mais manquaient de tout, il sentit d'abord que, s'il pouvait , par quelques succes , leur procurer les ressources qui auraient dii appuyer leur va- ET POLITIQUES. 399 leur, il en ferait une excellente armee a qui rien ne seiait im- possible. Mais deux grands obstacles s'opposaient h ces premiers succes : la barriero des Alpes , et le nombre superieiir des enne- mis abondainment pourvus d'artillerie et de chevaux. II se propose de tourner les Alpes en penetrant par rendroit ou les Alpes finissent , ou commencent les Apennins , et de suppleer au nomhre par la rupidlte des marches , ou manque d'ariiUerie par la nature des manceuvres, a V inferiorite de sa cavalcrie par le choix des positions. Certes, ce plan seul montrait un capitaine assez babile pour reussir a rexecuter. II y reussit en effet, et Montenotte, Dego, Mondovi preparerent et rendirent faciles de nouveaux triomphes. Deployant toujours une activite infatiga- ble , une presence d'esprit a toute epreuve; cherchant dans les armistices obtenus par ses victoires des moyens de vaincre en- core, tirant des bataillons de ses ennemis son artillerie de campagne, et de leurs places fortes ses pares de siege; sachant rendre plus utiles et surtout plus promptement utiles les auxi- liaires que lui donnait en Italic la forme du goavernement francais; reprimant les revokes avec fermete et sans cruaule; soutenant renthousiasme de ses soldats par des proclamations qui, enmeme tems, le distinguaient de tousnosautresgeneraux; redoublant I'enthousiasme de la France par I'envoi des chefs- d'oeuvre des arts, noble fruit de ses triomphes; resistant aux desirs du Directoire qui auraient pu compromettre I'armee, non- seulement il semontra, mais il se fit reconnaitre par tout le monde grand politique et grand capitaine. Si les seize dernieres annees de s?. vie publique avaient ressemble a ces deux ans de prodiges, quelle place n'occuperait-il pas! Bonaparte a dii tracer avec amour un pareil tableau. Aussi serait-il difficile do mieux peindre les positions et les mouve- mens des troupes, les circonstances politiques, les dispositions des peuples et des gouvernemens. D'autres relations ne rappor- tent pas tons les fa its de la meme maniere, et donnent quelqnefois /,oo SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. plus crinfliicnce a ses g«''ntraux dans des circonstances impor- tantcs, comme, par excrnple, i Auj^ereaii dans la journce dc Castiglionc. N'ayant pas ete temoin ocnlairc, jc ne pourrais que presenter Ics raisons qui donnent plus de piobabilite a Tunc ou a rautre opinion, et cette discussion depasserait de beaucoup Ics bornes de mon article. Du reste , y eut-il quelques details pcu exacts , I'expose des campagnes d'ltalie deviendra sans doute le breviaire des militaircs; a moins que nos auteurs a la mode ne leur persuadent que, comme ces campagnes ne sont pas du grand dix-ncuvieme siecle, il serait peu philosophique de les prendre pour modele, et que c'est une aussi grande diiperie dans un guerrier d'etudier la guerre, que dans un t'crivain I'ait d'ecrire. Mais je doute fort de la roussite de ces belles exhortations. Nos officiers sjivent trop bicn que ce ne sont pas des succes de coterie qu'on obtient sur un champ de ba- taiUe, et que Wurmscr, eut-il eu pour lui tons les discoureurs de salon, tous les clabaudcui's de cafe, tons les donneurs de diners et tous les journaux, n'aurait pu faire croire ii personne qn'il etait vainqueur et Bonaparte battu. F — x. ( Un second ct dernier article sur le meme outrage sern insere dans I'un de nos prochains cahiers.J LITTERATURE. Les OEuvres de J. Delille. Nouvelle edition ^ pul)lie« par Micliaud, libraire, place des Victoiies, n" 3. Les oiivrages de Delillf. ont eu la plus ijiande vo5;;ue; miilti- piies sous tons les formats dans plusieurs editions differentes, pendant sa vie, ils n'ont pu lasser la ciiriosite publique; cette vogue n'a point cesse , dcpuis la mort du poete celebre dont le nom durera autant que la litterature francaise. Cependant, cer- taines personnes, prenant le silence qui se fait autour du tom- bcan d'un homme qui naguere occupait les voix de la renommee, pour un oubli commence , pretcndcnt qu'on ne lit dejii plus De- lille , et que bicntot on cessera de parler de lui. La politique remplit tellementles esprits, desi graves questions sont iil'ordre du jour depuis quelques annecs ; la France ct I'Europe sont si attentives cntre les peuples qui demanuent la liberte legale, et les gouvernemens qui craignent de la Conner et de reconnaitre des limites au pouvoir des princes , qu'il n'y anrait pas lieu de s'etonner que Ton eut neglige la traduction des Georgiques ou le poeme del'Imagination. MaisDelille, malgre les predictions fa- cheuses de ses censeius et la diversion d \ iai;e de celtc nature, donne beaucoup d'cinbarras a I'amatem ■qui n'est pas encore assez instruit pour rcconnaitre IVrrenr ' yp.)grapliiqiif. Get inconvenient ne doit pas empecher cependant de recher- clier la Table gen<^rale des rnonogramme.i (\y\\ se trouve a elle seiile pouvoir remplacer tons les oiivrages pnblies jusqn'a ce jour stir le meme sujet. H- P*. CiNQCANTE CHANTS FRAXCAis , pat'oles de differens au- tf.urs , mises en tniisique avec accoinpagnemeiit de piano; par Rouget de Lislb (i). CviMXTSifrancais, ch^nls popt/laires, chantb;int une puissance politique qu'il ne croyait pas devoir lui accorder filers. REAIJX-ARTS. 4i5 ifaire gernicr dans le cceiir des jeunes Francais les passit)ns no- bles et les vertus qui meritent d'etre nutionales ? Les chants composes et recueillis par M. Rouget de Lisle pre- sentent presque toujoiirs des idees d'un autre ordre. Que Ro- land succombe a Roucevaux, il s'ecrie : Je meurs pour la patrie ; C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie (i). Marie Stuart s'eloigne de nos bords en repetant cesvers si tou- chans que lui inspirait le pressentiment dc ses malheurs : Adieu, plaisant pays de France ; O ma patrie La plus cherie, Qui as nourri ma jeune enfance. Henri IV n'est plus un amant vokge : c'est le pere de son peuple. Honneur, honneur au Bearnais, L'orgueil des lys, I'idole de la France : Les guerriers chantent sa vaillance, Les peuples chautent ses bienfaits. Soil (|iie M. Rouget de Lisle mette en musique ses propres vers, (i) Tyrtee avail dit : Tt6va(x£vaE -yap JcaXov eui TrpcjAaj^otCTi ircOoovTa AvtJp' a-j^aSov irepi ■jo ■KO.r^t.Si (iapvajAEVov. c'est-a-dire, Au cliauip d'honneur, beureux qui perd la vie! Heureux qui tombe aux premiers rangs, En combattant puur sa patrie. A vingt-cinq siecles de distance , la liberte inspirait les monies chants a ses defenseurs. /,i6 BEAUX-AlitS. soit qu'il clioisisse dans Ics vieux poetes, on dans ceux rjui , avec notic lVjiani;( r , biilleut inaintenant Stir le Parnassc francais, la gloire, la libcftt-, Ic; bonhciir do sou pays, sout pri'sqiif tonjouis Ics siijets ([ui I'inspii'ent : aii'^si, st-s chants sonl-ils 6m\ufmmct\t /rancais ; il ne lour manque qu'unc pins j^iande vogne pour devenir nationaux. Sansdoute, M. Rouget ne pent esperer maintenant pour ses chants le sncces de sa Marseillaise, qui fut I'un des principanx instrumens dans ce poeme beaucoin) d'imagination , des situ.itior<; tr6s-clramaliques , de rint('r<.'t , et souvent un grand charme dc- j)oesie. La premiere scene entre Hadad et Miphiboselh , oii celiii-ci decrit le luxe du palais de David et I'orgueil des fils du roi , est reniplie de beautcs du premier ordre. Le recit de Li fuite de David est fait par Tamar, qui , ne sachant pas encore la levolte de son p6re , entend des clameurs et monte sur la terrasse, d'ou elle dc- couvre au loin la foule eploree, et son aieul inarchant pieds nus , depouille du manteau royal. Cetle exposition serai t , je crois, d'un tr6s-grand effet au theatre, ainsi que celle de la bataille racontee par les Isma^lites qui viennent d'en otre teinoins , et qui arrivent un a un encore tout emus de ce spectacle imposant. Le caracfere de Hadad est liabilement concu : il a dans toute la piece un aspect triste , passionne , mysterieux , qui prepare a la catastrophe de la iiij. Quant a I'intervention d'un agent surnaturel , c'est une licence justifiee par plusienrs passages des saintes Ecritures. J'ai cru re- marquer dans les discours de Hadad quelques reminiscences du second ange de Moore , dans son poeme des Amours des Anges. II y a aussi ca et la des mots cmpruntes sans doute aux coutumes el aux moenrs des Hebreux, mais dont le sens est obscur, et qui donnent parfois au style de ce poeme une apparence d'affectation. II ne suflit pas de quelques expressions isolees pour peindre un peuple et une epoque ; il fnnt une couleur generale , qui se retrouve par- tout. Une peinture liistorique a son harmonic comme un tableau. l49- — * New England Farmer. — Le Fermier de la Nouvelle- Angleterre ; recueil periodiqne public par Jolm-U. Russell. Bos- ton, 1824 ; Thomas Fessenden. Gr. in-;". Ce journal hebdomadaire est entierement consacre a Tagricul- ture : il en a"dcja paru trois volumes. Quoiqu'il ait principalement pour but le perfectionnement de I'agriculture des etats de I'Est , il contient aussi des renseigncmens d'une utilite generale , ainsi qu'un choix des meilleurs ouvrages qui se publient sur ce sujet en Angle- terre et en France. Un semblable recueil est precieux aux Etats-Unis ou les travaux du fermier, se compUqnant plus qu'ailleurs, exigent une connaissance approfondie de I'art ; ou I'agriculteur a besoin de connaiire des methodes de defrichement Hiciles , de trouver des moyens pour ^irer un produit abondant du sol , pour diminuer les frais de culture , et pour epargner la main-troeuvre. — L'editeur du Fermier de la Nouvclle-zingleterre esl deja connu du public ame- ricain par des ecrits esfimes , et ce journal ne pent qu'augmenter sa reputation d'ccrivain et de patriote. II s'rst adjoint plusieurs ci- l,i.6 LIVRES ETR ANGERS. toyens disiingut^s et pliisieurs agriculteiiis, parmi lesqueU on conipte cles tlicoriciens eclaireset d'habiles praticieiis. Outre les remarques, les decouverles, les projets d'amelioration que renfenne ce recueil , on y trouve une foule de fails interessans et curieux. L. Sw. Belvoc. AMERIQUE MERIDIONALE. '5o. — * i t. xxiv, p. 700). C'estprincipalement a cenx-ci que la Clef ■pent etre utile ; car, dans les ecoles, le pro'fesseur y supplee. Cet ouvrage , tout compose de c^culs algebiiques , n'est point susceptible d'analyse : le noinbre des questions dont les solutions sont developpees dans ce petit vo- lume , est reellement prodij^ieux. On n'a pu mettre autant de clioses dans un si petit nombre de pages qu'eii eniployant un caractere Ires-petit, niais tres-net. La table des matieres indique la corres- pondance entre les deux ouvrages , la Clef et le systeme pratique ; ce qui rend I'usage du secojid d'autant plus facile et plus fructueux. On doit les regarder a I'avenir comme necessaires I'un a I'autre , et par consequent ne point les separer. F. l52. — Geographical memoirs on New-South-Walcs , etc. — Memoires geographiques sur la Nouvelle Galles du Sud : par differens auteurs , redigf's par Barkon-Field, esq. juge a la cour supreme de la Nou- velle Galles du Sud. Londres , 1825 ; Murray. In-8.° de 5o4 pages, avec des cartes et des gravures ; prix 18 shellings. Cet ouvrage n'a point rempli notre alteute. Nous en avons com- rnencc la lecture avec I'espoir d'y trouver des detaiis nouveaux sur les productions et le climat de la Nouvcl'e-HoiJande, sur les moeurs de ses colonies , sur leur etat agricole et commercial , etc. , et nous V^8 LIVrxES ETRAAGERS. .-ivons achcve le volume sans avoir obteau des renseignemens nou- veaux relatifs a I'etat de civilisation ct de prosperite de ce vaste continent. Mais, si les auteurs de ce livre ont neglige de nous offrir le tableau de la situation actuelle des c'tablisseinens anglais dans cette cHgniime parlie du moiide , ils nous offrent des documens precieux sur quelques points encore inconnusde I'Australie, et nous peigneiit les moeurs et les habitudes des peuplades de ces contr^cs. L'bistoiio des trois matelots anglais, qui , jctes par la tenipt^le sur 4es Cotes de la baie de Aloreton, vecurent pendant sept mois parmi •les sauvages de cette partie de la Nouvelle-IIoUande , presente des daits anssi curieux qu'interessans ; et aujourd'hui que les bienfaits de la civilisation se repandent dans presque toutes les contrees, il est digne de I'attention da piiilosophe d'etudior et de connaitre rhomme f, etc. — Vie , ecrits , opinions et siecle de lord Byroit ; par un Anglais au service des Grecs, ami etfrered'arines de lord Byron. Londres, iSaS; Matthew Key. 3 vol. in-8o, avec deux gravures; prix a liv. a shel. L'auteur de cet ouvrage consacre les premieres pages de son ecrita des plaintes violentes, mais legitimes, centre les destructeurs des memoires de lord Byron. ( Voy, Rev. Enc. t. xxii pag. 780. ) II remarque que «lord Byron, n'ayant point a redouter le jugement du public, se serait presente devant lui, tel qu'il etait pendant sa vie , ayant soin seulement de derober au monde ses nombreux bien- faits. » C'est dans Tintention de remplacer , autant que cela est pos- sible, ces memoires, sou.straits au public pour satisfaire les inter^ts prives de quelques families , qu'un ami de lord Byron a compose Touvrage que nous annoncons; il est iiirpossible de lire sansun tres- Tif int^r^t un ecrit compose dans un but aussi louable. La veracite de l'auteur serait mieux garantie, s'il n'avait pas garde I'anonyme; mais, s'il est permis de juger de la fidelite d'un livre par la manifere dont il est ecrit , nous dirons que celui-ci, par sa candeur et sa sim- plicite, meritela confiance. Cen'est point certainement I'oeuvre d'un 43a LIVRES ETRANGERS. ecrivaiu habile ; sou stj'le est souvent incorrect; ses expressions sont quelqiiel'ois busses et vulgaires; niais, si la forme de cet oiivrage manque d'elcgance, on n'y remarque du moiirs , ni esprit de parli, ni parrialitc, ni piejiiges. Nous accordous plus de croyance aux anecdotes et aux faits mentionues dans ces volumes, paice qu'ils sont rapportes avec simplicite , que nous n'en donndmes jadis aux in^mes evenemens racontes par MM. Mcdwin, Salvo et Gainba. Le tableau trace par uotre anoiiyme de la faniille de lord Byron, nous fait voir que les a'ieux du poete posssdaicnt quelques-unes des qualitcs extraordinaires qui out distingue Icur noble rejeton. Les priucipaux traits qui caructerisereut la jeuuesse de Byron, furent I'orgueil et la bonte ; ces deux qualites, uuies a une imagination jirdente, enfantferent tons ces phenomenes qui sigualerent sa car- riere. Encore enfant, il se prit a pleurer, aux marques de respect que lui temoign6rent ses condiciples d'Aberdeen , en lul donnaut pour la premiere fois le titre de lord Byron. La bonte et la sensibi- lite de son coeur etaient aussi remarquablej que la puissance et Te- tendue de son genie. Pendant qu'il etait a Constantinople, une que- lelle eut lieu entre des Turcs et I'equipage d'un vaisseau venitien. Lesmatelots turcs furent batlus; mais, la populace accourant pour venger leur defaile, les Venitieus s'enfuirent a leur bord , laissant malheureusemeut leur ca[)itaine sur le rivage. Ne pouvaut echapper a la mort la plus cruelle, s'il tombait entre les mains des Turcs, celui-ci se refugia cliez lord Byron, qu'il ne connaissait que de re- putation, et implora sa protection. II y avait tant de lierte dans ses manieres et tant de confiance dans sa deniardie que le pocte en fut comme exalte; il promit de le sauver , il tint parole, et,nu peril de sa propre vie, il le fit transporter dans un lieu desurete (i). Une jeune dame de beancoup de talens venait d'<^tre reduite par divers accidens a la plus affreuse misere. EUe vint trouver lord Byron, et lui demauda sa souscription pour un volume de poesies quelle vou- lait faire publier. Elle paraissait tres-agitce, il s'eii apercut, rendit le calme a ses esprits, par ses bienveillautes paioles et lui remettant un pajjier : >< Voila ma sousci iption, lui dit-il. Nous sommcsjeunes I'un et I'autre ; le monde est mediant; si je me mdlais de votre ou- (i) L'histoire de ce capitaiuc est rapportee, dans les Memoires, d'line ma- niere tout-.-i-fait interessante. C'cst tres-probablement re fait qui a doone a lord Byron I'idee de .son poeme intitule : le Corsaire. GRAINDE-BRETAGNE. A'.'i Vrage , ii vous en arrlverait mal. » Le papier cnntenait un bon cle cinquante louis. Ayant rencontre par hasard a Ithaque un de ses anciens camarades d'Abei deen , I'enseigne Frazer, et le trouvant pauvre et sans amis , il lui donna sa protection ; et , n'aya-nt pu par ses sollicitations lui obteuir de ravancement , il lui acbeta une coni- pagnie. Pendant son sejour a Ravenne , il visita I'ecole de Charite; ayant obtenu un demi coug6 aux eleves , il leur distribua a chacun un sbelling. Un d'eux lui ayant dit que le petit pont quiles condui- sait ordinairement a la prairie etait rompu , il le fit reparer aussitot, ajoutant: « Je me ressouviensdu tems ouj'eusse ete bien afflige si je n'avais pu aller jouer dans la prairie. » Lord Byron racontait lui-m(5me quelquefois un fait dont le souvenir semblait toujours I'attrister; il montre a la fois la bonte de son ame et I'ingratitude qui etait trop souvent leprixdeses bienfaits. Un jeunehomnie, nommeGuillemore arriva h Rome dans un etat d'extreme detresse ; lord Byron apprit sa position ; il le recut dans son botel et pourvut a tous ses besoins. Bientot apres, GuiUemore recut quatre-vingts louis d'un de ses on- cles de Londres, avec ordre de retounier aussitot en Angleterre pour recueillir la succession d'un de ses cousins. GuiUemore se re- fnsa a quitter sitot son bienfaiteur; il prolongea de quelques se- maines sou sejour ; enfin , I'epoque fixee pour son depart etant ar- rivee , il dit qu'il passerait par Venise. Lord Byron lui remit alors trois cents ducats pour distribuer aux pensionnaires qu'il avail dans cette ville. A. quelque tems de la , lord Byron s'apercut qu'il av.iit ete vole. Les soupcons tombferent sur un domestique italien, qui, Hialgre ses -protestations d'innocence fut ignominieusement cliasse. Plus tard, en reglantavec son banquier , lord Byron decouvrit qu'on avail contrefait sa signature pour une somme de 760 livres sterling. Les faux billets avaient ete presentes par GuiUemore; on prit des informations, el Ton apprit qu'il n'etcit pas alle a Venise. Le souvenir du pauvre Italien revint alors a I'esprit de lord Byron. Son premier sentiment fut donno a la douleur : il avail etc injuste et cruel. Apres beaucoup de recliercbes, il retronva ce malbeureux domestique;] il etait a riiopital , pauvre et malade. A cette vue , le poete versa des pleurs; il ne negligea rien pour le relablissemenl de I'ltalien , et lui assura ainsi qu'a sa femme un sort convenable. « Partout oil a passe lord Byron, dit noire outeur, il a laisse des traces de sa bienfaisance. II n'existait pas, ajoute-t-il, de gondolier dans Venise ou de matelot dans I'Adriatique qui ne se fut expose aux plus grands perils pour I'obliger ou le servir. » L'accusation de T. XXVII. — Joilt 187.5. aS 434 LIVRES STRANGERS. niisanthropie port^e contre cp grand poete est repouss^e avec indi- gnation , et notre auteiir prouve que celui qui a eii des amis aussi iionibreux , aussi affectiounes, aussi devoues que ceux qu'avait lord Byron , n'avait pu rcster otranger aux sentimensde I'humanite. Cer- tainLMTient , celui dont I'Ame se revoltait a I'idee d'un lioinme dis- posant de la vie d'un autre honinie ne pouvait 6tre I'enuemi du genre hnmain;'!! suffit que le coupable soil en voire pouvoir , dlsait lord Byron , que sa vie soil entre vos mains , pour que vous ne deviez point la lui enlever. Garroter «n homnie et ensuiter^- pandre son sang 1 c'est une idee affreuse , et je m'etonne que Ton ait pu s'y accoutunier. » Peut-on lire Texpressiou de tels sentimens et ne point s'indigner contre I'injustice de ceux qui ont donne a lord Byron les epitheles d'honime deprave et immoral ? Ne devons-nous pas croire que tous les torts de sa vie (el sans doute on en a fort exagere le nombre), n'elaient quele resiiltat de ce degout du nionde qu'eprouve loujours une ame elevee, aigrie par rinjuslice? Comnie homme, Byron cut des defauls, mais encore plus de vertus; comnie i)oete, il a cgale les anciens et laisse les modernes a une distance immense. Qui, de- puis Homere, posseda un genie aussi fecond , aussi vaste , aussi brillant que lord Byron... ? Etcependar.l, les honneurs du Pantheon anglais lui out ete refuses ! Oui ! mais qu'on n'imagine pas que ses concitoyens soieni assezdechus de leur ancien caractere , assez igno- rans ou assez t'anatiques pour avoir sanctionne cet acte de barbaric. Ce n'esl pas TAngleterre, ce n'est pas sa palrie, c'est le doyen ( dean ) de Westminster qui a refuse d'admettre les restes du chantre de Child-Harold dans le temple des grands hommes! Si Shakespeare, si Drvden, si Pope, dont ildcfendit la gloire, avaieut pu , se levant de leurs tombes , voir repousser ainsi ces mAnes illustres, s'indi- gnant d'habiler encore les voiites sous lesquelles ils reposent , n'eus- sent-il pas , en desertant ces iieux , aunouce au monde que I'abbaye de Westminster avait cesse d'etre le sanctuaire du genie ? Fanny Seymour. I 5t. — Thoughts and Recollections , etc. — Pensees et souvenirs d'un homme du siecle passe. Londres, i825;Murray. In-iade 187 pag.; prix 7 sh. 6 d. Ce petit livre est un recueil de notes sur differens sujets; il est ^crit par un homme du monde, et Ton ne saurait trop admirer la clart6 de son style, et roriginalite , la candeur, I'impartialite de ses opiuioiis, lors mOme qu'on ne les partagerait pas toutes. Le seul re- GRANDE -BRETAGNE. 435 grel que sa lecture puisse laisser au lecteur, c'est qu'il ne soil pas plus long; car il est peu d'in-folio qui contiennent autant d'idees neuves. Nous recommandons a nos lecteurs un chapitre sur les revenans que I'auteur commence de cette maniere originale : « Je croyais jadis aux revenans et j'en ai encore peur (i). » II refute aussi de la maniere suivante , dans une note du meme chapitre, un de ces so- phismes que le docteur Johnson n'a que trop souvent reussi a de- guiser sous la pompe du style : « Le docteur Johnson a dit, en par- lant des revenans : II y a nombre de personnes dont la frayeur atteste Topinion que leur bouche desavoue. Le docteur parait avoir oublie que Fopinion des personnes dont il parle peat ^tre le resultat d'un raisonnement bien suivi, et leur frayeur I'etfet de la faiblesse de leurs nerfs. » L'auteur a eu la modestie de garder I'anonyme; mais il n'v a dans son livre rien dont un honnete homme ait a rougir, ou qu'uri liorame de talent puisse vouloir desavouer. R. L. W. 1 58. — The Improvisatrice , etc. — L'Improvisatrice et autres poemes, par L.-E. L... QtiaCrieme edition. Londres, 182S ; Hurst. I vol. in-i 2 de 827 pages ; prix 10 sh. 6 d. 1 59. - — • The Troubadour, etc. — Le Troubadour, etc., par L.-E. L... , auteur de Vlmprovisatrice. Londres, 1825 ; le mdme. i vol. in-12 de Sifi pages; prix 10 sh. 6 d. Rien n'est plus remarquable dans les annales litteraires de notre sifecle que les honneurs obteuus par les femmes auteurs (2). Si nous nous reportons a des tems anterieurs , nous trouvons des traces de leur superiorite dans les branches secondaires de la litterature ; nous voyons les plus illustres d'entre elles abandonner les occupa- tions de leur sexe et les intrigues du boudoir, et, prenaut un essor plus elev6, donner de I'eloquence au billet doux et du charrae au roman ; mais il etait reserve au xix" siecle de niontrer que les id^es philosophiques ne leur sont point etrang^res, et qu'elles peuvent revdtir la poesie de cet interet et de cette force que peu d'hommes onl su lui donner. (i) Ce cliapitre a ete traduit et sera compris dans le Choix des meilleurs morceatix en prose et en i/ers , extraits des journaux et outrages anglais , dont ■ le libraire Peytieux prepare la premiere edition , a Paris. (1) Ces poemes sont generalement attribiics a mi'"'• in-is deSoo a 34o pages chacun. GRANDE-BRET AGNE. 4^9 AunoDcer un nouvel ouvrage de miss Edgeworth, cVst aunoncer une bonne action et un service rendu a la jeunesse. Elle a marche sans relAche vers le noble but qu'elle s'etait propose , des son en- tree dans la carriere litteraire. Guidee et encouragee dans ses pre- miers essais par un pere qu'elle cherissail et qui avail lui-m6me consacre une partie de sa vie a ramelioration du sort de ses com- patriotes irlandais , et a I'education d'une nombreuse faniille , elle a rempli avec perseverance la tdclie qu'elle s'etait imposee. Per- sonne ne reunit a un plus liaut degre la purete de motifs, la droi- ture d'intentions , le charme de rexecUtion. C'est eu amie bienveiU lante, dclairee, que miss Edgeworth observe les enfans. C'est avec line tendre sollicitude qu'elle epie leur penchant pour le bien, et qu'elle le developpe. Persuadee qu'on doit aider I'intelligence , et lion I'etouffer sous une masse de connaissances Inal digerees , elle met I'esprit en mouvement , elle eveille la curiosite; en un mot, elle fait un appel aux facultes; niais elle n'a point la ridicule pretention de les inculguer. Loin de trailer legt;rement les ouvrages pour les enfans, elle y a apporte tous ses soins, tout son talent. Elle n'a parle de rien sans I'avoir approfondi. Chacune de ses observations est le fruit de sa vie entiere. Elle a reflechi aux moyens de bonheur dans ce nionde : elle les a vus dans un jugemenl sain , dans une raison murie par I'experience , dans linstruction , source intarissable de plaisirs el de decouvertes , dans des sentimens de justice et d'hu- manite. Tout cela est dans le rceur de I'homme ; mais il s'agissait de le faire germer, de cultiver des gouts simples et purs ; et c'est la I'effet infaillible de tout ce que miss Edgeworth a ecrit. Apres avoir lu uu de ses ouvrages, on est dispose a devenir meilleur, a voir I'existence plus belle et plus noble. On est emu aussi de I'austeritd de conscience q.iii preside a tous ses travaux, de ce tendre et bien- veillant inter(5t qu'elle montre sans cesse a ses lecteurs, de la seve- rile avec laquelle elle repousse tout stimulant dangereux , toute ca- jolerie, toute deception. Elle parle aux enfans un langage digne et ferme, mais toujours a leur portee. Elle en tempore la gravite par des observations charmaiites, par des remarques remplies de finesse et de gout. Elle condescend m^me jusqu'a soulager leur attention par ces riens, par ces plaisanteries enfantines qui se m^lent sans cesse aux eludes les plus serieuses de la jeunesse. Henri et Lucie, ou Lecons du premier age , avaient etc commencee.^ par M. Edgeworth , long-lems arant qu'aucun litterateur distingue, a rpxcepliori de M.™' Barbauld et du docteur Watts, put daigm? /./lO ^ LIVRES ETRA.NGERS. s'occiiper des enfaas. Cel oiivrage, qui est tin excelleut petit iiianuei rreducation pratique, fat continue par miss Edgewoiih. 11 a ete tiaduit en francais, mais d'une mani^re fort incomplete, et sous un autre titre. On en a supprime plusienrs passages; d'autres ont ete alteres; enCn , on I'a traite comme on traite en France les ou- vrages destines aux enfans , qui sent presque toujours des ohjets de speculation pour les libraires et pour les traducteurs, fort indifferens au but d'utilito que I'auteur s'est propose. La CoticUision de Henri et Lucie, que nous annoncons, est coMsacree aux jeunes gens de I'iige dedix a quatorzeans : elleembrasse un apercu de plusieurs sciences, mais priucipalement des arts raecaniques et industriels, parvenus a un si liaut degre de perfection en Angleterre. C'est le goiit de ces sciences, c'est I'esprit des decouvertes que m'iss Edgeworth a voulu cultiver : en effet, rien n'est plus propre a eveiller le desir de s'ins- truire , a piquer la curiosite naissante des enfans toujours empresses de se faire rendre compte de ce qui leur semble d'abord inexplicable, que les entretiens de Henri et Lucie : I'un , dont I'e.'prit exact et positif veut tout analyser ; I'autre qui joint a de la facilite beaucoup d'etourderie, et une imagination active et impatiente, qui s'egare par trop de precipitation. Dans ce moment oil I'industrie prend parmi nous un essor si ra- pide et sibrillant, le livre de missEdgeworth ne peut manquer d'etre accueilli avec reconnaissance par les parens, avec avidite par la classe de lecteurs auxquels il est destine. Une traduction fiddle et soignee , precedee d'une Notice sur les ouvrages de miss Edgeworth , par M™^ L.-Sw. Belloc, s'imprime en ce moment, et paraitra sous peu cliez M. Fortic, libraire , rue de Seine : on y joindra un examen raisonnc des ouvrages de Miss Edgeworth, et quelques reflexions sur la direction emiiiemment morale de son talent. Z. i63. — Le Petit Mcrcure , Rcviie des spectacles , de la litterature et des modes. — II parait, tous les samedis , un numero de ce journal, compost d'une feuille d'impression. On souscrit a Londres, au bu- reau, n° 17, Maddox-street, Hannover square, et chez Bossange. Prix de la souscription , pour un an, 4' 1- st- 4- — Pour 6 mois , a 1. St. 10. — Pour 3 mois, i 1. st. i5. Nous aimons a recommander ce journal, qui parait a Londres depuis le commencement de cette annee, et dont la publication, en francais, dans un pays etranger, est un uouvel hommage rendu k I'universalite de notre langue. Les caliiers que nous avons recus jusqu'a present nous paraissentprcpres a donner une idee favorable GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. A4i tie cette entreprlse litteraire. Le choix des articles , dont une partie est enipruntee a nos journaiix de Paris qui sont rediges sur le m6me plan, nous a paru en general fait avec disceruement , et la plupart des articles originaux fournis par les redacleurs qui sont a Londres ne sont pas indignes de paraitre a cote de ce que produit de meil- leur notre litterature leg^re. Nous citerons, dans les n"^ que nous avous sous les yeux : (no v) I//2 mot sur les tableaux exposes a I'Egyp- tian Hall, article de M. Chatelain , qui nous a rappele une des plus jolies lettres de Dupaty sur I'ltalie , et Y Avenue d' Hampton Courc,-par le solitaire de Maddox street. (n° vi) la Carpe et le Brocket. (n° vii) la Lime d' Argent. (^n° vlJl) les Dienfaiteurs, nouvelle espagnole, si- gnee X. (n°ix) le Savetier Chinois. (n^s -vlil et ix) la Mesalliance , nouvelle de M. X. B. Saintine, dont le sujet est le meme que celui d'une pi^ce jouee avec succes sur le theatre du Vaudeville, a Paris, sous le titre de Julien , ou vingt-cinq ans d' entr'acte . Nous avons aussi remarque quelques analyses d'ouvrages. — Les redacteurs donnent aussi des Nou-velles des theatres de Londres , et des articles Modes , qu'ils acconvpagnent quelquefois de gravures lithographiees, dont I'execu- tion n'est pas entierement exempte de reproclies. On trouve encore des vers dans leur recueil; mais cette partie, qui devrait ^tre I'une des plus importantes dans un ouvrage qui prend !e titre de Mercure , laisse beaucoup a desirer, surtout sous le rapport de la variete. Toutes les pieces que nous avons lues , a I'ex- ception d'une seule qui est due a la muse de notre Beranger, por- tent le nom da meme auteur; il faut un grand merite ou beaucoup de modestie pour s'exposer ainsi seul a une comparaison aussi dangereuse. — Ce recueil pourra se perfectionner encore , et nous y rcviendrons avec plaisir pour constafer ses progres; tel qu'il est aujourd'lmi, il merile I'attention des lecteurs bien mieux que beaucoup de recueils du m^me genre qui se publient dans la ca- ])itale , et surtout dans les provinces de la France. E. H. RUSSIE. 164. — * Scholce seinestres in Ccesarea Universitate litteraria qiice Dorpati constituta , est, etc. — Programme des etudes dans I'Univer- site de Dorpat; par C. Morgenstern , professeur d'Arcbeologie dans cette Universite. Dorpat, 1824- xxxviii et 6 p. in-fol. II y a six universites dans I'empire russe; les vllles ou elles sont rtablies sont Ifloscou, Petersbourg , Casan , Dorpat, Cherkof et Vilna, I.es sujels de I'empiie russe nepeuvent faired'etudesenpaysetranger, 44a LIVRES STRANGERS. qu'apres avoir suivi pendant au moins trois ans lescours d'une de ces hautes ecoles. Cependant , Its chaires dans cliacutie d'elles sont peu iiombieuscs; plusieurs lecons sont tout-a-fait interdites, et la vigilance de la censure g(5iie lespi^ofesseurs dans I'exercice de celies qui sont permises. Les etiidians , astreiiils a toutes sortes d'ohservances, ont peu de liberie ; iis sont surtout rigoureusement siirveilles a Dorpat et a Vilna , ou plusieurs fois deja Ton a eu de legers dcsordres ii re- primer. Les jeunes Russcs ne sont admis au service que lorsqu'ils ont subi leurs examens dans I'une de ces universit6s. Celle de Dor- pat est principalement frcquentee par les jeuues gens des trois pro- vinces de la Baltique, ct la langue Allnniande y est la languc do- minantc.Cette universite pourrait entrelenir facilcment des relations avec les ('■coles allemandcs, surtout avec celle de Krenigsberg; mais la reputation de ses docteurs est peu repandue, et les couimunications fiont difficiles. Sou recfeur actuel est M. uf. Kkusf.nstbhn, connu par son voyage autour du nionde. La f'aculte de tlieologie conipte cinq professcurs, depuis I'arrivee du directeur Sartorius, que I'ou a fait veuir de Marbourg ; celle de droit en conipte trois seulcmeiit : lo droit romain n'y est point enseigne, on se contentcd'en donner I'his- toire; I'Ecole demedecine a liuit professeurs,et la facultede philoso- phic quatorzc; parmi ces derniers , se distinguent MM. Morgenstern , pour rarchcologie; Perrot, pour la physique, et Struve j)our I'as- tronomie. Plusieurs niaitres attaches a I'UniversLte enseignent de plus les langucs modernes ^trangires et les arts a'cademiques. — ■ Nous empruntons quelques-uns de ces details au programnje publie pour le second semestre de i8ai , par M. le D'' Mergenstern ; il y a joint une longue suite d'une premiere dissertation sur la grande medaille d'or trouvee au mois de mai i8ai pr^s de Tschernigof. 11 avait etabli qu'elle avait ^'tc frapp6e en memoire de I'introduction du cbristianisme en Russie, et que le nom de liasile , que porte la legende esclavonne, designait ou Vladimir-le-Grand ou Vladimir Monomaquc. Cette opinion a trouve plusieurs adversaires; M. le prof'csseur Francke, d'accord avec son collogue pour le fond , croit que les dix serpens qui entourent la t6te plac^eau milieu du leveis de cette medaille representent un egal nonibre de diviuites adoiees par les russes jia'iens; cc que M. Mergenstern n'adinet pas, jiensant au cnntraire que ces serpens ne sont, comme le dragon terrasse par St-Michel , que Temblfeme du paganisme en general. J.-H. ScHiNIT/.I.En. DAINEMARCK. 1 65. — Danshe Odrsprog og Talemaader. — Proverbes et dictons populaires danois, rassembles et publics par M. J.-H. Smidtk. 1*"' caliier. Odensee, 1822. 96 pages in-8°. S'il est vrai que ies proverbes , comme dit Beaumarchais, sont la sagesse des nations , le Danemarck et la Norvege peuvent se placer au rang des nations Ies plus sages. En effet , iudependamment d'un grand nombre de proverbes adoptes par tous Ies peuples , et tra- duits dans toutes Ies langues de I'Europe , Ies nations Scandinaves en possedent beaucoup qui leur appartiennent en propre , et qui sont peu connus liors du pays qui leur a donne naissance. Deja , en 1682, un ecclesiastique danois, Pierre Syv , avait public, en deux parties, une collection des proverbes usites dans sa patrie. Cette collection , unique dans son geure , etait devenue extremement rare , lorsqu'en 1807, le savant M. Nyerup en publia un choix arrange dans un nieilleur ordre, et precede d'une introduction historique et litteraire siiT Ies proverbes nationaux. Cependant, quelque conside- rable que soit cette collection, elle est bien loiu d'etre complete, et depuis Tepoque ou vivait Pierre Syv, la langue danoise s'est enri- cliie d'un grand nombre de nouvcaux proverbes , qui m^ritent d'etre recueillis et conserves. C'est ce que s'est propose M. Smiuth , dans Touvrage dont nous annoncous le premier caliier , et dont nous verrons avec plaisir la suite. Nous regrettons neanmoins que I'au- teur n'ait pas trouve le moyen d'arranger ces proverbes dans un ordre plus satisfaisant que celui qu'il a adopte. Nous avouons qu'il est peut-6tre difficile d'inventer un bon systeme applicable a cet objet; niais nous necroyonspas la chose impossible. Depuis long -terns nous formions le voeu de voirpublier une col- lection des proverbes communs a tous Ies peuples de I'Europe, et une autre contenant Ies proverbes qui appartiennent a cha- que nation en particulier. Nous avous pu esperer pendant quel- que tems que ce projet se realiserait; nous avons personncllement connu a Paris, il y a une vingtaine d'annees, un respectable eccle- siastique, M. D'Uumiercs, qui s'occupait de cet objet, et a qui nous avions promis iiotre cooperation pour ce qui concerne Ies langues du Nord. Appele, quelque tems apres, au grand vicariat del'eveche de Rennes , ou , si nous sommes bien inform^s, il est morten 1810 , sans doute , des travaux et des devoirs plus importans rempucbercui 444 LIVRES STRANGERS. tie continuer iinc entreprise qu'il avail commenc^e avec succes. It fautesp6rer que ses recherches n'auront pas M perdues, et qu'on aura tronv6 dans les papiers de sa succession quelques materiaux quipourront servir debase au travail de son continuateur. ifiG. — * ^finales Islamici sive Tabulce synchronistico-chronologica^ chalifiiriim et regtim OrienUs et Occidentis , e codicibus manuscriptis arahicis bibllothecre regioe Hauniensis composuit, latinfe vertit, edi- dlt D'' Janus Lassen RAsr.iDssEif , professor linguarwm orientalium in Universitate Hauniensi, etc. Copenhague, 1825. x et i34 pages in-4°. La bibliothcque royale de Copenhague poss^de une collection considerable de manuscrits en langues orientales , apportes de FOrient, tant par le celebre voj'ageur Nif.buhr, que par d'autres voyageu^s et par des consuls danois qui ont fait un sejour plus ou inoins long en Asie et en Afrique. Ces richesses ont ete considera- blement augmentees par la mort de l-'illustre cliambellan de Suhm , qui avail achele a grands frais tous les manuscrits arabes possedes par le savant orientaliste Reiske , de Gottingue , et dont la superbe et vaste bibliothcque a ete presqu'entieremenl rcunie a celle du roi. C'est dans cette preciause collection que M. RisaiussEw a puise les materiaux de I'ouvrage que nous annoncons. II s'est servi de dix manuscrits dont il donne la description , el de plusieurs autres un peu moins remarquables, mais qui sonl tous cependant de quelque importance. II en est resulte 58 pages de tables syn- chronisiico-chronologiques d'une foule de dynasties qui ont regne a differenles epoques et dans differens paj'S, lanl dans I'Orient qu'en Occident , lelles que celle des Ommiades en Espagne. Ces tables , qui commencent a I'epoque de la fuile de Mohammed , I'an 622 de notre ere , procedent sans interruption jusqu'a I'an 1609 , ^poque oil probablemenl est mort Tauteur du jilus im- portant des manuscrits dont M. Rasmussen a fail usage. Ce ma- nuscrit a ete compose par j4btil-Abbas Ahmed ben Jussiif, Damascus (Damas). II est d'autanl plus precieux, qu'il n'en existe en Eu- rope que deux exemplaires , dont I'un a Copenhague , et I'autre dans la bibliothcque Bodleyenne, a Oxford. Nolrre auteur a ex- trait de ce manuscrit et traduit en latin neuf chapitres , dont celui qui porle le n° 47 est le plus long ( il remplit a lui seul 55 pages ) et le plus important , en ce qu'il donne la serie non interrompuc de tous les sultans de la dynastie A'Otsman , etablie en 687 de rhcgiro, ou I'an 1288 de notre hre , jusqu'a i DANEMARCK. — ALLEMAGNE. /./'.S fan 1609 , ainsi que nous I'avons remarque plus haul. Nous som- mes persuades qu'il sera rendu compte de cet ouvrage, tres-digne de I'attention des orientalistes , dans le Journal ylsiatique , et par un savant plus en ctat que nous de I'apprecier ; mais nous n'avons pas cru devoir en laisser ignorer Texistence aux lecteurs de la Revue Encjclopidique. 167. — * Blagaziii for Reiseiagttagelser. — Magasln des Voyageurs, public par M. R. Nterup. Trois cahiers formant le 4* volume. Copenhague , i824' In-8° de 4oo pages. Nous avons parle plusieurs fois de ce Magasin , dont I'editeur est professeur et blbliotliecaire a I'universlte de Copenhague. Le vo- lirme que nous annoncons renferme des renseignemens assez pre- cieux sur differens pays du globe. Tels sont ceux sur la haute Ecosse, exploree par M. Rawert en 1818, et le Bengale visite par un Danois , de 1819 a 1821. II faut y ajouter le voyage de fen M. Pram dans la Norvege , en 1804 et iSo5, ainsi que les lettres ecrites par ce dernier pendant nn voyage qu'il entreprit, en 1820 et 182 1, aux lies danoiscs, dans les Indes occidentales , et dans une parti"3 de TAmerique septentrionale. Nous souhaltons a I'edi- teur un grand nombre de collaboratenrs aussi instruits que ceux qu'il a eu le bonheur de trouver jusqu'ici ; alors , et avec le terns, son Magasin deviendra un ouvrage aussi important que le sont les differentes collections de m^me nature qui se publient en France, en Angleterre et en AUeniagne. Heiberg. ALLEMAGNE. 1 68. — * Tagebuch des koniglich- preussischen Armeecorps , uriler liefehl des General lieutenant -von York im Feldzugei 812. — Journal des operations du corps d'armee prussien sous les ordres du ge- neral d'York, par son aide de camp M. de Setdlitz, depuis major- general (general de brigade). Berlin, iSaS; Mittler. 2 vol. in-8°. 169. — * Darsteliurig des Feldzugs der franzusischen I'erbilndenten Ar- mee gegen die Russen im Jahre 181 2 , mit besonderer Riicksicht auf die Theilnahme der JViirtembergischen Truppen. — Histoire de la cam- pagne de I'arm^e francaise alliee contre les Russes en 18 12 , et specialement de la cooperation du contingent wurtembergeois , composee d'apr^s toutes les sources connues et quelques materiaux inedits; par le major Miller. Stuttgart, 1823 ; Cotta. 2 vol. in-4'', .avec cartes et planches. , Chacun de ces ouvrages traife d'un objet special ; mais ils con- 44G LIVRES Ii:TRA.NGERS. tribuent tous deux ;': la connaissaiice exacte de la campagiie de Russie, et meritent rattention de I'historien et du niilitaire, et celle du citoyeii curieux de Lien connaitre I'Listoire de son pays et de son tems. Le principal avautage du premier de ces ouvrages est de nous faire connaitre exactement la position de la Prusse ■vis-a-vis de la France, avant et pendant la rampagne, les em- barras du cabinet de Berlin an commencement et plus encore apr^s les revers de cette expedition desastreuse. II rcpand une vive lumi6re siir cette grande epoque , fait connaitre quelques details interessans , et s'attache surtout a justifier la demarche du general d'York, qui, entraiiie dans la retraite du due de Tarente , signa , le 3o decembre 1812 , une convention ayec le general russe Die- bitsch , en vertu de laquelle il fit au nom de son roi la paix avec la Russie, sans ueanmoins se declarer encore pour elle. Quoi que Ton puisse penser de cette mesure , elle fut d'un grand poids pour les evenemens posterieurs ; sans elle , les Francais seraient par- venus a contenir les Russes sur la rive droite du Niemen. L'au- teur s'occupe principalement du recit des evenemens relatifs aa 10' corps d'armee , sous les ordres de Macdonald, et auquel les ai,ooo Prussiens que commandait le general d'York etaient attri- bues. II parle aussi de la campagne en general , et les details qu'il en domie , ainsi que ses reflexions, sont dignes d'une attention serieuse. II evalue les foices de Napoleon , lors du premier pas- sage du Niemen , a 4^0,000 bommes , et ne pense pas que les Russes aient eu alors , et avant I'arrivee de Tscliitschagof , a lui opposer plus de 180,000 combattans. II attribue avec raison les revers des Francais a rinipossibillte ou se vit leur chef d'appliquer a I'immeuse empire sa strategic ordinaire , et au pen de connais- sance que Ton avait du terrain, a defaut de bonnes cartes. Barclay de Tolly n'etait pas aime de I'armee ; Koutousof , qui lui succeda , changea absolument de systeme , et ses ruses sauverent la Russie. Nous penclious pour I'avis de I'auteur, qui attribue I'incendie de Moscou a une populace irenetique , et qui n'y voit aucun plan pre- medlte ; tout le ruonde en Russie ( nous avons eu roccasion de nous en convu lucre ) partage cette opinion , et le comto Rostopcbin a decline I'honneur de cette mesure (i). M. de Seydlitz donne en- suite de nouveaux eclaircissemens sur la retraite des Francais et (i) Si, pendaut I'occnpation , les Russes out rejete I'lionneur d'une pareille resolution, c'etait en liaiiic du nom francais; ils n'etaieiit pas fSclies que I'ou ALLEMAGNE. U? sur riiiactivil^deKoutousof qui venait de former une nouvelle ar- inee au camp de Tarutino. « 11 semble, dit-il, queKoutousof portail deja ses vues sur la campagne future, et preferait repousser I'en- nemi par des manoeuvres que par des combats. » Cependant , un pareil plan semblerait supposer plus de genie militaire que Koutou- sof n'en avail developpe precedemment. L'auteur attribue les grands malheurs des Francais surtout a la trop grande etendue de leurs lignes d'operation ; le froid sans doute y contribua , le manque des provisions s'y joiguit , et les attaques continuelles des Cosaques achevereut sa destruction. En attendant, Macdonald avec son corps, dans les environs de Riga, etait oublie et se vit bientot dans une situation tres-perilleuse ; une refraite prccipitee fut le seul mojeu de salut qui !ui restat. Nous renvoyons nos lecteurs au livre m^me pour les autres evenemens ainsi que pour les details , en nous bor- nant a ajouter que l'auteur, tout en plaidant pour les troupes dont il faisait partie , fait preuve d'un esprit d'impariialite tres-remar- quable. Plusieurs documens, lettres et autres pieces sont annexes a son Journal. Le second des ouvrages annonces en tete de cet article est plus special encore; car il s'attaclie surtout a faire connaitre la conduite et les services des Wurtembergeois dans la campagne de Russie ; mais ceux-ci , au nombre de i3,ooo bommes , ayant fait partie du troisi^me corps d'armee , commande par le marechal Ney, ont pris part a tons les evenemens importans , et l'auteur est oblige de s'y arr^ter. Ses computriotes se sont distingues en plusieurs occasions , et leur nombre diminua prodigieusement par les combats et a la suite des fatigues. M. de Miller nous donne de nouveaux eclaircis- semens sur les negociations de Moscou et les malheurs des Fran- crAt, et ils chercbaicut a se persuader eux-memes que c'etalt la im acte de Napoleon. Depuis, ils ont generalcment accepte I3 responsabilite de ce fait important et decisif de la campagne de 1812. Seulement, il n'y a pas eu et il ne pent y avoir dans uu pays comiue la Russie d'aveu officiel. On sail meme que l'auteur de cette mesure , le comte de Rostopcbin, gouverneur de Moscou, a cette epoque, est en apparence disgracie. Lorsqu'a I'approcbe de I'armee francaise il fit ouvrir les prisons de la ville et accorder la liberie aux malfai- teurs fpi s'y trouvaient, son but politique etait de les opposer a I'ennemi ; il prevoyait bien tout le mal qu'ils etaient capables de nous faire. L'auraieut-ils done mieux servi encore qu'il ne I'avait espere? Faudrait - il attribuer au rebut de la nation russe une resolution dont peuvent s'enorgueillir les phis bautes classes ? ( N. d. r . ) /,48 LIVRES ETRA.NGERS. cais; il pense que ceux-ci eussent pu se rendie encore Lien formi- dables aiix Russes , si Napoleon , au lieu de les ramener par un pays epuise, s'etait retire sur les provinces meridionales (t). II a aussi raison dc remarquer que la disetle des vivres precedait de plusieurs semaines les froids d'octobre que les Russes eux-m<;mes , malgre leur liabillenient approprie au climat , ont suppcrte av(c peine. Sans doute Napoleon , dans cette campagne , a fait dc grandes fautes ; mais elles sont conlre-balancees par des mesures dignes de son genie, et son operation, en general, ^tait mieux combince que Ton ne s'obstine a le croire. II faut avouer toutefois que ce grand capitaine negligea t;-op de pourvoir aux besoins pliy siques de ses troupes ; il se reposait de ce soin sur des commissaires, et c'est leur negligence qui a perdu I'armee. Les details que notre auteur donne a ce sujet sont du plus liaut interet. J. H. SCHNITZLER. I^O. — De AuSevTia Epistolcc JitdcB commentatio critica , etc. — De I'authenticite de I'Epitre de saint Jude, etc.; par Adam Jessien , etc. Leift'zig, 1 82 1. In-8° de 118 pages. Pendant pres d'un demi-siec!e , rAlleniagne a vu une conspira- tion formee contre le cliristianisnie par des erudits qui s'efforcaient d'en saper les fondemens, les uns en travestissant les livres saints , d'autres en contestant leur autlienticite. Cette fureur anti-chretienne parait si non eteinte ,"du moins calmee. Ces agressions multipliees ont fait eclore une foule de bons ecrits qui ont defendu I'inspira- tion divine des saintes Ecritpres. Dans ce norobre merite d'etre classe I'ouvrage de M. Jessien. II discute les doutes eleves par quelques auteurs centre I'epitre de saint Jude , et prouve trfes-bien I'autbenticite de ce monument. 171. — * Geschiifts-Lcxicon. — Dictionnaire-pratique pour les etats de I'AUemagne et pour les employes de I'etat et des communes. T. I^'. Leipzig, 1824; Brockaus. i vol, in-8°. M. Theodore Hartlkden , conseiller du grand due de Bade et membre de plusieurs academies, est I'auteur de ce dictionuaire, dout le principal but est de generaliser les connaissances qui sont utiles et meme indispensables aceuxqui s'occupent des affaires publiqiies. (i) Telle etait son intention, qu"il ne put cxecnter ; il avail ete prevenu par les Russes , qiii occupaient deja toutes les issues et qui le forccreut a prendre celle on ils etaieiit prcsque assures de voir perir toute Tarmee fran^aise (Voy. VHistoire de la campagne de 1812, par M. P. de Segor). n. d. r. ALLEMiVGNE. 4'i9 Souveut, dit-il , un juriscoiisulte arrive A la chaiubre i-iective, sans avoir auciine notion dc I'art militaire et de I'adniinistralion des ar- mees , ou de celle des for(5ts ; et cependaiit , s'il ne pent prendre la parole sur ces objets, son vote ne sera pas, non plus , eclaire de toutes les lumieres desirables. Le Dictionnaire pratique est done un guide pour rhomme instruit , et il pent servir aussi a de simples par- ticuliers que les circonslances obligent a sortir,pour certaines af- faires, de la sphere de leurs conuaissances. Ici, tout est dirige vers la pratique ; la tlieorie est soigneusement evitee : quant a ceux qui veulent approfondir la matiere sous ses rapports historiques ou scientifiques , on les renvoie aux ouvrages qui tiennent le premier rang et que Ton a soin de leur indiquer. M. Hartleben etait plus qu'aucun autre en etat de bien remplir la taclie qu'il s'est imposee : il a occupe pendant trente ans des places adminislratives , et , pen- dant treize ans, il s'est occupe de droit public, en qualite de pro- fesseuraux universites. Les niorcellemens deterritoire qu'a eprouves rAllemagne I'ont force d'etudier successivement les systemes autri- cliien , saxon et bavarois. II declare qu'il est absolument exempt de toute prevention politique , et s'attend ^ etre fort maltraitc par les obscurantistes de I'AUemagne. M. Hartleben a pwblie plusieurs ecrits sur la Revolution fraucaise et sur le gouvernement monarchique et constitutionnel , que ses vceux ont toujours appele en AUeraague. Son premier volume conduit ses lecteurs de la lettre A jusqu'a la lettre G : nous allons I'ouvrir au hasard pour juger de la niethode qu'il a suivie. Nous trouvons a chaque article une definition du sujet dont il traite ; puis , une discussion sur les avantages et les inconve- niens qu'il pent offrir, sur le but que Ton doit se proposer, enfin une indication des exemples qui sont propres a servir de guides. Ce volume renferme aussi quelques tableaux d'un grand interet. De ce nombre est celui des forces militaires des differens etats de I'AUe- mague : on le trouve a I'article contingent; mais il ne s'agit ici que d'un contingent calcule sur le pied d'un centieme de la population , et non de I'ensemble des forces militaires de chaque etat. Un autre talvleau non moins important, est un resume compare des produits forestiers dans les etats constitutionnels de rAllemagne , la Baviere , ie Wurtemberg , Bade et la Hesse. Panr.i les autres articles remar- quables de ce volume, nous citerons ceux qui ont pour objet \esjures, les Societes secretes, \a gendarmerie , \e& fabriques , \a. liberie de la pen- see , les prohibitions, etc. II y a en tout 469 pages d'une impression fort T. x.wii. — Aoiit 1825. 29 45o LITRES Strangers. "^ aerree, mais tr^s - lisible et tres-distincte. L'auteur a parfaitement reinplila tdche qu'il s'etait imposee. P. G. 172. — * Handbiich der maihemalisclien und technischen Chronolo- gic, etc. — Manuel de la chronologic mathcinatique et technique ; compose d'apres les sources par le docteur Louts Idei-eu, profes- seur a rUniversit* de Berlin. T. I''"'. Berlin, iSaS. Lesrecherches historiques de M. Ideler surles observations astro- nomiques des auclens out recu le nieilleur accueil de la part des savans ; ce qui a encourage l'auteur a continuer ses etudes chrono- logiques. L'ouvrage que nous annoncons est, je crois , le premier livre raisonne a I'aide duquel I'historien , le phiiologue , I'astro- nonie , riiomme de lettres enfiri, puisse acquerir une connaissance precise de la chronologie des peoples auciens et modernes , sans recourir aux sources et sans etre oblige de comparer les doctes Merits de Scaliger, de Petavius et des autres ecrivains distingues dans cette science. La chronologie mathematique est composee de maniere a servir de fil a la chronologie histoiique. Quant a celle-ci , qui est la scieilte auxiliaire de I'histoire , l'auteur, en retranchant tout ce qui n'a pas entierement rapport a la maniere dout les differens peuples comptent les jours, les mois et les annees, s'est borne a des re- cherches sur les epoques de I'histoire qui font I'origine des eres. Apres un discours preiimlnaire , ou Too passe en revue les idecs generales admises sur la division du terns , l'auteur passe a la chro- nologie des Egyptiens , ensuite aux B.ibyloniens , aux Grecs , aux Macedoniens , aux Syriens et aux Hehreux. Dans le second volume, qu'il promet pour I'annee prochaine , M. Ideler traitera des Runi;iins , des Chretiens , des Arabes , des Persans et des Turcs, laissant les etudes sur la chronologie des Indous et des Chinois a ceux qui s'y sont prepares par la connais- sance des langues de ces peuples, Vieiidront ensuite quelques sup- plemens et un registre complet. M. Ideler a exclu de son ouvrage toute longue investigation; mais il joint a ce qu'il avance I'autorite et les passages des auteurs qui prouvent les fails. D — p. 173. — Gcschichte der roir^anischeii und germanischen Vdlher, von x494 bis i535. — Histoii-e des nations roniaines et germaines , de 1494 a i535 ; par Leopold'KkWiv.. T. I*^"". Berlin , 1834- In-8°. Le titre de ce livre a quelque chose qui surprend d'abord ; mais bientot la pensee de l'auteur s'explique, la voici : Ataulphe, roides Goths, beau-fr^re d'Alaric, et qui pilla Rome et en emmena Placi- ALLEMAGNE. A5i die, fiUe de Tempereur Th<5odose, avail concu un vaste projet : il voulait reunir en un seul etat les Eomains d'occidenf , et les peuples de race germaine. La force des choses realisa, dans la suite des si^cles, ce qu'il avail entrevu. Six grandes nations naquirent de ce melange : il en est trois chez lesquelles dominent les elemens ro- mains. Ce sent les Francais, les Espagnols, les Italiens; et trois ou les caracteres germaniques ont prevalu , les Allemands , les Anglais, les Scandinaves. M. Ranke , suivant cetteidee, choisit Tcpoque ou lui semble commencer I'liistoire des terns modernes, qu'il separe ainsi du moyen Age. Les moenrs des six nations qu'il designe, leurs institutions , leurs expeditions mdmes revelent I'existence d'ua ca- ractere uniforme et d'une origine commune. Tout cela est une con- sequence de la grande migration des peuples, et I'auteur regarde les croisades elles-memes comme une suite , une continuation de cette grande migration qui, selon sa remarque, ne finit qu'au xi* siecle. On trouve la de grandes et ingenieuses considerations; et, apr^s ce vaste preambule , on s'etonne de ne lire que I'liistoire de 4o ans. M. Ranke I'a faite consciencieusement, en mettant a proCt les memoires particuliers , les pieces officielles et d'importans manus- crits de labibliotheque de Rerlin. Pour ne plus revenir sur sa maniere et sur la marche qu'il a sui- vie , nous dirons que son style est serre et nei-veux, qu'il est fort de cboses et se distingue par des tournures originales. Le premier «hapitre offie uncoup d'oeil interessant surla France, vers la fin du xv^ siecle, sur la maison de Sforceet sur celled'Aragon. On y traite de I'expcdition de Charles VIII contre Naples. Les evenemens qui ■occupent les chapitres suiviins sont la reunion de la Caslille et de I'A- ragon, Maximilien a la di^te de Worms , la resistance des Floren- tins a cet empereur. L'auteurdonneici de grands details sur le moine Savonarola, dont Pic de la Mirandole a ecrit I'histoire. A entendre cet auteur, les diables qui infestaient le couvent des dorainicains trerablaient a la vue de frere Jerome ( c'est le nom qu'il portait ) ; et de depitils prononcaient toujoursson nom avec quelque suppres- sion de lettres. Neanmoins, le pape fit bien plus denial a Savonarola que les diables. Ceux-ci n'ecorcliaient que son nom ; Alexandre VI fit si bien qu'il fut brule vif pour s'etre moque des toudres de I'ex- communication et s'etre m^le de politique a Florence ; mais il iit , pour se venger, bou nombre de miracles qui edifierent beaucoup ses partisans. Si, parmi tant d'eveaemens qui agitaient alorsl'Europe , nous citons ces absurdites monastiques , c'est pour faire voir par cf trait, que notre siecle vaut a quelques ^gards ce bon vieux tcm& 4^2 LivRES Strangers. si proue , et dans lequel, en presence de toute une cit6 , un doiuinl- caiii IttttaiU dc saintetc avec uu cordelier, accepta le defi de tra- verser un biicher enflamme ; puis , saisi d'effroi, ne voulut y passer que la sainte hostie a la main, sur que les magistrals et le peliple ne souffriraicnt point ce sacrilege. — Le second livre occupe prin- cipalemeut le lecteur d'Alexandre et de Cesar Borgia; puis, de.- projets de la maison d'Autriche pour une luonarchie universelle ; il y est aussi question de Jules II , de Venise et des conquetes des Por- tugais dans les Indes ; eufin , de Henri VIII , de L6on X , des guer- res des Suisses et des Francais. Ce volume s'arrete a Tannic i5i4- II est peu de lectures plus utiles ou plus agreables. 174- — *Geschichte des Keenigreichf Hannoi>er. — Histoire du royaume de Hanovre et du duclie de Brunswick ; par Albert l^ixuv.. V' partie. Hanovre, i8a4. In-8". Une preface de I'illustre Heeren est toujours une bonne recom- mandation pour un livre : celui-ci est precede de quelques pages dans lesquelles ce grand auteur expose le but que s'est propose M. Hiine, et rend compte des diflicultes qu'il avail a sunnouter. EUes sonl assez nonibreuses : d'abord, les sources auxquelles il de- vait puiser etaient assez pauvres ; en second lieu , le royaume de Hanovre se forme de la reunion de beaucoup de pays souvent sepa- res , de sorte qu'il y a , pour bien faire son bistoire, un grand nombrt' de choses disseminees a faire co'iuclder et a remettre en barmonic. Neanmoins, M. Hiine s'est acquitte de sa t^che de nianiere a em- porter tous les suffrages. Sans parler de son style, qui est simple, noble el lei qu'il convient a I'hisloire , il a bien concu sou plan et s'est montre encore plus babile dans I'execution. II a parcouru , le premier , toute la carriere ; car Spitller , dont I'onvrage est d'ail- leurs fort estime, est toul-a-fait incomplet en ce qui concenie la geograpliie et la cbronologie du Hanovre, et, sous ces deux rap- ports, son cadre est beaucoup trop ^troit. M. Hiine, auquel on doit dcja une bonne Histoire de la traite des negres , a surloul coni- pris qu'il ne fallait point se borner a la biograpliie des gouvernans, et que les peuples etaient bien aussi quelque cliose. De toutes parts, on s'est empresse de le seconder par d'interessantes communica- tions. II elait impossible que I'auteur ne preseulat pas en meme terns I'histoire du ducbe de Brunswick : toutefois elle ne commence que sous Otbon , petit-fils de Henri-le-Liou. Une introduction assez ^tendue conduit le lecteur jusqu'en 12^5. De l.i jusqu'en 170$ , la premiere periode est divisee en deux grandes epoques : la pre- miere jusqu'a la reformation , la deuxieme jusqu'en T705. Chncunc AL1,EMAG1\E. 453 de ces epoqiies comprend quatre sections : i° liistoire politique des gouvernaiis; 2° histoire de la constitution ; 3° histoire de I'agricul- ture; 4° histoire des moeurs , des arts, des sciences et de I'indus- trie. L'auteur, qui cependant n'ecrlt point un abrege, n'entassera pas volume sur volume ; il a su eviter les defauts dans lesquels ordinai- rement Ton se jette par suite de recberches trop etendues. Ceux que Ton remarque encore dans son livre ne peuvent manquer de dis- paraitre dans une seconde edition. P. Golbery. 175. — * M. Ttillii Ciceronis orarionum pro Scauro , pro Tiillio , et in Clodium , fragmcnla inedita, etc. — Fragmens inedits des Discours de M. T. Ciceron pour Scaurus , pour Tullius , et contra Clodius ; va- riantesdes discours pour Cluentius, pour Coelius et pour Cecina, etc.; oraison pour Milon, completee d'apres les manuscrits palimpsestes de la Bibliotlieque de I'Athenee roj-al de Turin, compares ayec les fragmens de la Bibliotheque Amhrosienne ; par Amedee Peykon, pro- fesseur de langues orientales a I'Atbenee royal de Turin , et associe de I'Acad^mie royale des sciences de Paris ; avec une preface sur la Bibliotheque Babiense , dont il a publie et eclairci le catalogue , achevc «ii 1641. Tom. I. Stuttgart et Tubingue, 1824 ; J. G. Cotta , In-4° de 566 pages. Tel est le titre d'un ouvrage long-tems desire par les savans. Nous ignorons pourquoi M. Peyron a voulii oublier I'avis dounc par Alfieri, son concitoyen , aux ecrivains, qu'un ouvrage n'est pas meme parfait , lorsqu'il est corrige par I'auteur. En effet , cette edition allemande a eu besoin d'un supplement , contenantu ne feuilie de correction , que M. I'abbe Peyron a imprimee a regret a Turin , le 8 fevrier iSaS, feuille tres-utile a I'lntelligeiice du texte latin. L'ouvrage , qui est tres -interessant , pent se diviser en deux parties : la premiere, de deux cent vingt-huit pages, comprend I'histoire du monastere de Babbio, fonde au 7'' siecle par saint Columban , et I'index des Codex, qui, en i46i, se trouvaient dans cette solitude , qui ensuite furent disperses dans les bibliotheques de Rome, de Milan, de Turin, et en grande partie perdus par negligence. Les plus utiles recberches, dans cet ouvrage, sent celles qui regardent les fragmens des Oraisons de Ciceron. Ij'abb6 Peyron aurait pu omeltrc les soixanfe pages du fac-simile du code par lui public, et donner au Iccteur siniplement ( comme I'a fait M. Mai pour ]e livre de la RcpuMiquc de Ciceron ), 1° le texte der. frag- I ^^^ LIVRES ETRANGERS. mens avec des notes marginalcs; a° les varlantes qu'on a puisees dans les manuscrits de Milan et de Turin , sans repeter ce qu'As- coniiis Pedianus et autres grammalriens avaient public. Le gros hvre de M. Peyron , ainsi reduit a la moitie , aurait presente se» recherches aux amateurs avec plus de clarte. Les causes indiquces du deperissement de jjlusieurs manuscrits des auteurs latins n'ont point de rapport avec I'oraison pro Marco. jEmiilo Scanro. II parait que les Sardes , piques des injures de Cice- ron , y contribuei-ent particulierement. Nous avons des exemples de ce genre , mcme de nos jours , depuis I'invention de I'impri- raene. — Nous avons a regretter la derniere partle de cette oraison, partie ou Ton defend Scaurus de Taccusation portee centre lui. A regard des autres fragmens de Ciceron , I'auteur a respecte le texte , et il a donne des notes et des variantes qui ont du coiiter heaucoup de travail, et qui peuvent interesser les latinistes, par qui son livre sera recherche. Diego-Gerry. lyfi- — Handbiich der deutschen Spraclie nnd Lheraliir. — Manuel de la langue et de la littcrature allemandes, public par le docteur J.-G. KuNiscH. Leipzig, 1822— 1824; Barth. 3 vol. in-8°. La litterature ailcmande possedait plusieurs bons ouvrages ou Ton pent en suivre I'liistoire; nous citerons ceux de MM. Boufer- weck, Heinsius , Francois Horn, et surtout cel^ de M. Louis Wachler, intitule : Lecons d'histoire de la litterature naiionnle ( Fianc- fort-sur-Mein. T. I, viii et 222 p. T. II, 820 p. in-8". Hermann ); mais il lui manquait une collection de morceaux choisis , tant en prose qn'en vers ; et M. Kunlsch a voulu satisfaire ce besoin , que Ton epronvait surtout dans les ecoles superieures. Nous ne parlous point ici d'une antbologie propre a caractcriser les divers genres de compositions, mais d'un ouvrage offrant des specimen de tons les ecrivains qui ont exerce quelque influence sur les progrfes de la langue et des belles-lettres. — Ces morceaux, qui peuvent etre ou des fragmens de grands ouvrages, ou des compositions entieres, d'une nioindre etendue, mais proprcs a caractdriser leur autewr et la place qu'il doit occuper, doivenl ^'tre classes suivant I'ordre chro- nologique, et bien marquer les progres de la prose et dela poesie, tant sous le rapjiort de la langue et de la prosodie que sous celui de I'invention. M. Knniscb, d'apres son premier plan, se bornait a donner une semblable collection, depuis la moitie du siecle dernier, c'est-a-dire depuis Lessing; il a bien fait cependant de s'occuper encore, dans un troisieme volume, des productions ant^ricures a ce ALLEMAGNE. 455 grand homme , depuis I'origine de la litterature allemande. Dans une seconde edition, le troisieme volume actuel formera done le premier de I'ouvrage ; et I'ordre , interverti par ce cliangement de plan, sera alors retabli. Le premier volume, apres une excellente introduction presentant un apercu sommaire de I'histoire de la lit- terature allemande depuis ses premiers commencemens jusqu'a Les- sing, offre trente-six morceaux de prose d'un egal nombre d'au- teurs , depuis Lessing jusqu'au predicateur Draseke. Mais nous sommes etonnes de voir que I'auteur ait omis les deux freres Schle- gel et le naif Krummacher. Le cecond volume, d'oii Ton a cepen- dant exclu la poesie dramatique, renferme des productions poeti- ques de trente-trois ccrivains justement celeLres , a commencer par Klopstock. Le troisieme traite de la litterature ancienne, prosaique et poetique, et commence par celle-ci ; il offre des fragmens extraits des grands poemes hero'iques ; puis, des poesies lyriques des trou- badours et des maitres-poetes, ou troubadours roturiers, etc. Nous citerons les extraits de Titurel, Parcival, Lohengrin , Vigaloi's, Tristan et Isolde, les poesies de Lutker, de Hans Sachs, au xvi* sifecle, d'Opitz , Flemming, Gryphius , au xvii=. Le choix des morceaux nous parait fait avec beaucoup de sagacite , et le texte a ete soumis prealablement a une critique judicieuse. Chaque volume donne, en outre, des notices biographiques sur les auteurs dont il renferme quelque production , et les introductions du troisieme font connattre les traditions hero'iques auxquelles chaque fragment se rapporte. Le tout est suivi d'un dictionnaire des mots anciens et surannes , et forme ainsi un ouvrage tres-utile, qui, perfectionne dans les edi- tions ulterieures, aura sans doute beaucoup de Iccteurs, repandra I'etude de la litterature allemande, et donnera a I'auteur de justes litres a la reconnaissance des amis des lettres, surtout parmi ses compatriotes. — Nous profitons de cette occasion pour rappeler a nos lecteurs que M. GuillaumeMiiller, auteur des Cliants heUeniques, public, depuis plusieurs annees, xme Biblioiheque de po'etes aUemands du xvii^ Steele. ( Leipzig ; Brockhaus. In- 8°. ) Les cinq volumes deja publics offrent un cboix des poesies d'Opitz, de Flemming, Gry- phius, Weckherlin , Dach, Roberthin et Alhert, avec des intro- ductions, notices bibliographiques et eclaircissemens necessairei, Chaque volume coute 6 fr. J. H. Schititzler. 45G LIVRES ETRANGERS. Indication dcs principaux Ouvracf.s pkriodiqups pulnics en Allemagne. — Sixiemo article. (Vov. Rc^'. Enc.^ t. xxv, pages 7/(4-7^6 ; et t. xxvi , p. i43-i52, 468-/170, 77^-779^ et ci-(lessus , p. 166-170.) • — On reviendra sur les Reciicils. qui traitent des sciences philosnphiques et qui auraient du trouver ici leur place, mals pour losquels on n'a pas encore toutes les indications suffisantes. Science du Droit et Legislation civile ou criminelie. 177. — Zeitschrijtfur gesclnclitliche Rechtswissenschaft , etc. — Jour- nal de Droit historique, public par F.-C. de Savigny, C.-F. Eich- HOHN et J.-F.-h. GoESCHEN. Berlin; Nicolai. Gr. in-8°. Ce journal parait a des epoques indetcrmlnees. II est diritje dans Tesprit dc recole connue en Allemagne sous le nom d'Ecole historique du Droit. Les auteurs partem de ce principe,que le droit ne pent pas £'tre une creation libre et spontanee du legislateur; que celui-ci, au contraire, ne fait ordinairement que sanctionner ce que I'usage, les moeurs , le developpement naturel de la societe out amene et ctabli. Pour ce qui coucerne Tetude du droit romain et du droit alleniand en particulier ( et lis appliqueraient le meme principe a« droit de tons les pays ) , lis veulent qu'on remonte aux sources ancienncs , afin de tnontrer comment les diverges institutions juridiques sent nees les unes des autres, et s'expliquent mutuellcment. Ainsi, pour le droit romain, lis recommandent I'etude du droit ante-Justinien . en remontant des constitutions qui ont etc publiees par cet empereui' ou ses predecesseurs , aux ouvrages des jurisconsultes , aux senatus- consultes, aux edits des preteurs, aux plebiscites , aux douze tables. Pour le droit allemand, il ne sufllt pas non plus , selon eux , d'elu- dier les lois actuellement en vigueur ; mais il faut remonter aux coutumes , aux chartes, auxstatuts municipaux du moyen Age, aux capitulaires de Cliarlemagne et des rois francs , aux anciennes lois saliques, ripuaires, allemanes, bavaroises, bourguJgnonnes, visi- gothes, etc. Les redacteurs ordinaires sont MM. de Savigny ,pro- fesseur de droit romnin , a Berlin, Eichhoen, professeur de droit allemand (public et prive), :i Goettingue , et Goeschen , professeui- de droit romain a la meme universite, ct principal editeur des Ins- titutes de Gajus, dccouvertes a Veronc, en 1820 , par le celt>brc Nie- buhr. Le premier, M. dc Saviguy, est un disciple de Hugo; pcut- t'trc a-l-il surpasse son maitre , si ce n'est en erudition , du moins ALLEMAGIME. 457 par la grandeur des vues et I'eiegance dii style. II a ecrit trois vo- lumes ( i8l 5-i8a2 ) sur VHistoire du droit romain pendant le mojen age, dont on attend la continuation avec impatience ; un Traitc de la posset^lon , dont la /f edition a paru en 1822 ; enfin , un petit livre Snr la wcation de noire epoqiie pour la legislation et la jurisprudence , oil il combat I'ouvrage public sur le meme sujet par le celebre pro- fesseur Thibaut, de Heidelberg. Celui-ci voudrait un code de droit civil commuu a toute TAUemagne, mais modifie suivant les besoms des differentes provinces. M. de Savigny croit, de son c6te , que I'Allemagne n'est pas mure pour une institution de ce genre, et veut laisser aux savans et a la pratique le soin de remplir les lacunes , de mettre en harmonic les dispositions qui se choquent , en admet- tant toutefois dans ce dernier cas rintervention du legislatear. 178. — Archiv fiir die civilistische Praxis. — Archives pour la pra- tique du droit civil, par C. de Lohb, £.-/.-y^. Mittehmayer , et D.- i. Thibaut. Ileidelberj, Mohr. In-8°. Get ouvrage est consacre plus speclalement a la pratique ou a Fapplicatiou des lois, sans cependaut exclure leur theorie ou la science proprement dite. M. Thibaut , I'un des redacteurs , est le chef de I'ecole que quelques-uns appellent philosophique , et que ses antagonistes appellent non-historique. Cette ecole veut des codes , et non une jurisprudence des arrets. On doit a M. Thibaut plusieurs ouvrages remarquables, qui ont fait connaitre son nora dans toute I'Allemagne, entre autres un Systeine da droit des Pandectcs , dont la oe ('ditlon a paru en iSaS; des Dissertations et des Essais sur le droU cwil, et Tecrit doja che Sur la necessite d'an droit civil general pour rjllemagne. ( i8i4) ; M. Lour , savant fort estirae , est professeur dc droit roraain a Giessen. Nous parlerons tout a Fheure de M. Ifhc- lerrnayer. 179. — Neues jirchiv des Criminalrechts. — Nouvelles archives du droit criminel, redigepar G.'A. Kleikscurod, C.-G. Kokopak , et C.-J.-A. MiTTERMAYER. Halle , Hemmerde. L'un des trois principaux redacteurs de ce journal , M. Kleik- scHRon, professeur a Wurzbourg, est mort le 17 novemhre 1824. C'est M. MiTTERMAYER , ci-dcvont professeur a Landshut, puis r» Ronn , i^iaintenant a Heidelberg, qui est, pour ainsi dire. Fame de cette entreprise. fl est charge d'examiner les productions nouvelles relatives au droit criminel. On lui doit, cntre autres ouvrages, une polite brochure Sur les defauls dc la manirrc nctuellc de trailer du AroH 458 LIVRES jfcTRANGERS. criininel dans les codes et Us Uvres elemenlaires : Bonn , 1 819. En gd- neral, ccs nouvelles Archives sont rcdigces avec talent. 180. — Cti'ilistisckes Magaziii. — Magasin de droit civil ; public par Hugo , professeur a Goettingue. Berlin ; Mylius. In-12. Cost I'ouvrage qui a le plus contribue aux progr^s que I'etudc du droit remain a faits en AUemagne dans ces derniers terns. Get ouvrage n'a jamais paru a epoques fixes. Les premiers vo- lumes ont ete rciAprinies plusieurs fois ; nous ne savons pas s'il est par venu au dela du cinquieme volume, dont les derniers ca- hiers ont ete publics en 1817. 181. — Magazin fur Rechtswissertschafc iind Gezetzgehung. — Ma- gasin de jurisprudence et de legislation; par Grolman. Giessen et Darmstadt , Heyer. M. Grolman est minlstre du grand-due de Hesse-Darmstadt. II est connu en AUemagne comme I'auteur d'un Sjsteme de droit cri- minel , qui differe essentiellement de celni du celebre Feuerbach j mais il s'est rapproche depuis de ce dernier. Des I'annee 1798 , M. Grolman fit parailre , sous le titre de Magazin fur die Philosophie des Rechts und dor Gesetzgebung, deux pe- tits cahiers in-12 que nous croyons u'avoir pas eu de suite. L'au- teur a commence, en 1800, un nouveau recueil sous le titre: Magazin fiir die Philosophie und Geschichie des Rechts und der Gesetz- gebung , dont le premier volume fut acheve en 1801. Un second volume a paru en trois ou quatre cahiers pendant I'annee i8o'i. En 1810, les cahiers destines a former le troisieme volume ont ete publics sous le titre ci-dessus , et M. fon Lohr a ete indique conime coUaborateur de M. Grolmnn. Ce troisieme volume n'a ete fini qu'en 1820. — Nous ne connaissons qu'un cahier du quatrieme vo- lume ; il a paru aussi en 1820. 18a. — Archiv fi'irdas civil und eriminol Rechtder honigUch-preussis- eken Rheinprovinzen. — Archives du droit civil et criminel des pro- vinces prusslenncs du Rhin ; par MM. Sandt et Hanf. Cologne ; Dumont , Schauberg. In-8°. Ce recueil ne parait guerc consacre qu'a recevoir les actes offi- ciels du gouvernement et les decisions , soit de la cour superieure seante a Cologne , soit de la cour de revision pour les provinces rhenanes , seante a Berlin. Cette cour est presidee par le celebre M. Daniel, qui a ^te avocat-general a la cour de cassation de France. M. Sandt a aussi occupe des fonctious judiciaires sou* I'administration franqaise ; il a traduit ; conjointemcnt avec M, Mail- ALLEMAGNE. ASg lier de Chassat , I'ouvrage de Thibaut sur V Interpretation des lois. Nous ignorons si Touvrage , commence en 1819, est parvenu au dela du troisieme volume. i8'i. — Jahrbilcher der Gesetzgebimg. — Annales de legislation et de jurisprudence du royaume de Wurtemberg ; publiees par Ho- FAKER. Stuttgart, Metzler. In-8°. Nous ne connaissons cet ouvrage que par I'annonce inseree dans la Themis ( t. vii , 4'' livraison ). On trouve aussi dans ce dernier recueil , que nous avons plus d'une fois recommande aux personnes qui s'occupcnt de I'etude philosopliique et bistorique du droit, les annonces suivantes : 184. — Neiie Sammhing , etc. — Nouveau recueil des decisions notables de la cour d'appel de Cassel , in-fol. et in-4° ; par Pfeiffer et DuissiNG. Hanovre , Habn. 1 85. — Sammhing der merhwilrdigen Erftscheidungen des herzngl. l\ias- satiischen Oberappellationsgerichts zii TFiesbaden. — Recueil des de- cisions remarqunbles de la cour supreme du duche de Nassau; public par Nahmer. Le premier volume a paru en 1824. l8f). — C/iminalistische Beitiiigr, eine Zeitschrift in zwanglosen Heflen. — Dissertations sur le droit criminel; journal public par Hudt- TVALKER et TuuMMER. Hambouig , Perthes. In-8°. Trois cabiers du premier volume ont paru en 1824- 187. — Zeitschrift fur Gcsetzgebimg , Rechtswisseiischaft , etc. — Journal pour la legislation et la science du droit dans le grand- duche de Saxe-Weimar-Eisenach ; public par Mulleh. Ncustadt , Wagner. Iii-8°. Le premier cabier a etc annonce en 1824. N. B. Outre les recueils speciaux que nous venous d'indiquer, la jurisprudence et la legislation ont encore des archives periodiques dans les recueils qu'on peut appeler encyclopediques , notamment: 1° dims les Annonces de Goeltingite, oil M. Hugo met souvent des articles fort interessans ; 2° Dans les Annales de Heidelberg ,( Heidclberger Jahrbilcher , Hei- delberg , Oswald ) , oil la section de jurisprudence est dirigee par MM. Tliibaut , JValch , etc. 3° Dans le Journal de Leipzig, (Leipziger Literatur-Zeitung ,L,eips\g Briskopf), auquel le celebre Haubold , que la science a perdu I'annee derniere , fournissait quelauefois des articles. Enfin , on peut encore considerer comme wne sorle de recueil ■ias conteste a chaque canton de faire des traites, meme etrangers an reslc de la confederation , celle- ci avait cependant la faculie dc juger leur convenance on leur dis- SUISSE. 461 convenance avec les interets generaux. — La troisieme periode est d'uue eteiidue beaucoup plus considerable que les deux premieres ; notre auteur la llxe de i5i4 a ^7d'^- Des (iveneiuens politiques, auss; nonibreux qu'iinportans, eurent lieu pendant cette periode. La plus memorable est la reformation religieuse, comniencee en Suisse par Zwingle et achevee par Haller, OEcolompade, Calvin, etc. Les divisions qui survinrent a cette occasion dans la confederation fini- rent par amener les traites de paix de religion, de 1629 et de i53i. II nous serait difficile d'analyser, en pea de mots, les principes qui ont constitue le droit public pendant cette longue periode, taut par rapport aux cantons coufederes qu'a leurs allies. — De 1798 a i8o3, epoquedela quacrieme periode , se trouve I'acte celebre de mediation. — Eufin , de iSo3 a i8i5, M. Henke place la cinqitieme periode , pendant laquelle tout en Suisse rentra dans I'ancienne orniere. L'annee i8i4 amena la chute de la mediation francaise , et la constitution donnee aux cantons helvetiques s'ecroula avec elle. Le congres de Vieune publia, le 20 mars i8i5, una declaration, sui- vant laquelle la neutralite perpetuelle de la Suisse serait reconnue et garantie de la part des puissances, aussitot que la difete Helvetique aurait envoye son adhesion, en bonne et due forme, aux stipula- tions renfermees dans la transaction jointe a cette declaration. Sui- vant cette transaction , rintegritc- des dix-neuf cantons fut reconnue tels qu'ils existaient sous I'acte de mediation. Le Vallais , Geneve et Neucbatel furent reunis a le Suisse pour former trois nouveaux can- tons ; I'eveche de Bile et la ville de Bieune furent aussi cedes a ]a Suisse, et incorpores , partie au canton de Berue^ etpartie a ecux de Bale et de Neucliatel. Les cantons d'Argovie , de St-Gall et dc V'aud furent lib^res entieiement vis-a-vis de leurs ancieus domiua teurs de toute especc d'obligation, par une sonime de 5oo,ooo fr. , qui devait se repartir entre les cantons democratiques. II fut de plu.s pris quelques dispositions relatives a ramortissement de la dettc nationaie helvetique. Par un acte additionncl, en date du 39 mart i8i5 , quelques communes de la Savoie furent cedees a la Suisse ])ar le roi de Sardaigne , pour agrandir le canton de Geneve et faciliter ses communications intcrieures; par le nieme acte enfin, 11 ful statue que la partie orientale de la Savoie ferait aussi partie de ia neutralite perpetuelle garantie a la Suisse par toules les puissances. — La diete donna son adhesion a ces deux declarations du congros de Vieniie, et le nouveati nacte federal fut enfin sanctionne /,Ci LITRES Strangers. et confining par le sernient solennel des deputes detous ks canton j, le 7 aout i8i5. Nous terminerons ce rapide extrait de I'ouvrage de M. Henke par le passage suivant : « La nouvelle constitution federale se dis- tingue de cellequi est etablie par I'acte de mediation, principalement en ce que: i° le nouveau pacte federal relablitl'egalite des voix dans la diete pour tous les cantons , sans avoir cgard a leur plus ou nioiiis grande po])ulation. i° Que le nombre des cantons directeursest res- treiiit a trois , Zurich , Bertie et Lucerne, qui, dans la direction des affaires federates, u'alternent entr'eux que tous les deux ans. 3o La charge de landaniman de la Suisse n'est pas maintenue, non plus que les droits qui lui etaient devolus. 4" Enfin, le nouveau pacte fe- deral laisse la souverainete des cantons presqu'aussi illimitee qu'elle I'etait par les ancienues alliances, en sorte que c'est encore un prin- cipe de droit des gens plutot que de droit public, qui est la base de cette nouvelle confederation. A. Tailla.ndier. l8g — De la constitution du canton de Vaiid, par £«^e«e Monod , avocat en cour d'appel ; Geneve, mars iSaS; J. J. Paschoud : Lau- sanne , Fischer. Brochure de 80 pag. in-8°. I go — Reflexions siir la brochure de 91. Eugene MoNOD et sitr la cons- titution du canton de Vaud. ( par M. O. Louis L\ Ha.kpe ) Geneve, iSaS ; J. J. Paschoud. — Brochure de 63 pag. in-8° ; p . i fr, 25 c. On sail qu'en i8i4 la Suisse fut entrainee dans le mouvement general qui cbangea la face politique de TEurope. A peine la France fut-elle envahie que la dicte de Zurich abolit I'acte de mediation qui etait la loi commune de la nation helvetique. Dcja, dans quelques cantons , on avail anticipe sur la decision de la dicte , et les an- cieunes families patriciennes , ou celles qui se pretendaient telles , s'etaient ressaisies de I'autorite qu'elles possedaient anterieurement a la revolution de 1796. Le gouvernement de Berne , ainsi reconstitue, somma les cantons de Vaud et d'Argovie, depuis seize ans affran- chis de sa domination , de s'y replacer volontairement. Cette somma- tion eut le sort qu'elle meritait; elle fut dedaignee; et,malgrela crainte que pouvait inspirer la pr(5sence des troupes autrichiennes qui traversaient la Suisse et dont les anciens oligarques espcraieut se faire un appui, les magistrals des deux cantons dont I'indt-pen- dance etait meuacee se conduisirent dans ces terns orageux avec une prudence et une fermete dont les bons citoyens n'oat pas perdu le souvenir. A cette epoque, la Suisse etait livree a des agitations croissantcs. SUISSE, 463 Une foule de vieux inter^ts et de droits an6antis avaient ^te rap- peles de I'oubli ; et leur lutte avec les intcrets et les droits nes de la revolution et de I'ordre de clioses qui lui avait succede, semblait devoir se prolonger et entrainer peut-etre apres elle le fleau de la guerre civile. « C'etait uue epoque deplorable de querelles et de dis- sensions. Puisse la grande famille des confedercs n'en jamais re- voir de pareille!» s'ecrie a ce sujet I'bistorien Zschokke. La diete, reunie.i Zurich , previntde plus deplorables malheurs : elle travailla a la confection d'un pacte federal , qui maintenait I'iti- tegrite de 19 cantons reconnus par I'acte de mediation. Les etats confederes revisereut leurs institutions fondamentales, ou s'occupfe- Tenl a s'ea creer de nouvelles. Le canton de Vaud , soupconne de conserver un vif attacbement pour la constitution democratique de I'acte de mediation, dut , afin de se defendre contre les effets de la malveillance qui voulait lui faire un crime de ne pas 6tre ingrat , sacrifier cette constitution. Celle qui la remplaca fut evidemment une concession des idees aristocratiques qui predominaient alors dans les conseils de la Suisse : elle fut , quant a ses principes, uni- versellement improuvee parle peuple qu'elledevaitregir , et pourtant elle fut adoptee par les representans de ce peuple , qui se laisserent persuader que les exigeances du moment couimandaieut imperieu- sement son adoption. Elle subsiste encore aujourd'hui , et c'est elle qui a donne iiaissance aux deux brochures que nous annoncons. Noils ue suivrons pas M. Eugene Monod dans les nonibreux re- proches, plus ou moins fondes, qu'il adresse a ia constitution du canton de Vaud. Les principaux pfesent sur le mode d'tilection au grond conseil, c'est-a-dire au pouvoir souverain du canton et sur la duree des fonctions publiques les plus importantes. Rien de plus bizarre, en apparence, et de plus incoberent que le mode d'elec- tion. La division eiectorale du pays est en soixante cercles , dont chacun nomme dlrectement un depute au grand conseil et 4 can- didats. La ville de Lausanne, a cause de sa population, nomme 4 deputes directs. Entre les candidats,le grand conseil lui-m(!;me choisij 63 membres qui siegent avec les 63 nommes directement par les cercles. Enfin , une commission eiectorale , coniposee des membres du conseil d'etat , de ceux du tribunal d'appel et de 40 membres du grand conseil designes par le sort , elil les 54 autres membres qui doivent completer le nombre de 180 membres du grand conseil, fixe par la constitution. On ne concoit pas d'abord !<• motif de cette complication ; mais , avec quelque attention , on fM LIVRES JtTR ANGERS. decouvic qii'cUri a uii but bleu tletermiiic' et quelle est uu nioyen assure dt robtenir. Ce but, c'est la perpetuitc ties fonctions cntie les mains dcs ni(}mcs iiidividus , et })eut-etre (mais ceci n'est point aussi clair) cntre les mains dcs mrjuies families. La longue duree as- signee aux fonctions de membre du grand conseil,du conseil d'etat, d'une municipalite ou d'un conseil communal , favorise singuliere- ment ce syst^me. Uu membi-e de I'une des trois premieres autoriies que nous venous de uommer est douzc ans en fonction ; un membre du conseil communal Test pendant dix-huit ans. M. Eugene Monod combat avec avantage toutes cos dispositions ; et il est puissammeut seconde par son critique, M. O. Louis La Harpe, signataire de la seconde brochure, donl le litre estplace en tete de cet article. Mais I'un et I'autre n'ont fait que repeter des ar- gumeus qui depuis dix ans sont dans toutes les tetes \audoises. C'est, selon nioi, le reproche capital que Ton peut adresser aux deux au- teurs : ils ont employe des armes plus que rouillees contrela cons- titution , et ils n'ont point demontre I'urgente necessite de la mo- difier. \ Saus doute , telle qu'ellc est , elle peut avoir des consequences lunestes a la liberte civile et politique des Vaudois; niais la loi la plus mauvaise devient bonue dans I'application, lorsque les bommes qui en sont cliarges sont probes, eclaires et bien intentionues. La constitution est mauvaise ; mais le peuple n'cn a point souffert , parce que les magistrals charges de I'execution des lois n'ont fait quebiea rarement usage des moy«ns qu'elle leur laissait d'abuser de leur autorite: dans ces derniers cas , I'errcur , bien plus que la volonte de violer la loi, a ete leur mobile. Les membres du grand conseil, quel que solt le vice de I'election du plus grand nombre, ne se croient pas moins de veritables represeutans du peuple et se con- duisent d'apres cctte pensce ; ils veillent d'un ceil jaloux a la conser- vation des droits de tous, et la crainte qu'ils ont desenvahlssemens du pouvoir executif les excite parfois a apporter a la marche du gouverneiuent , des entraves qu'une sagesse severe n'approuverait pas toujours. Si les citoyens eussent ete opprimes, ils n'auraient pas attendu jusqu'a ce jour pour s'elever contre I'oppression; ils eussent fait eclater leurs plaiutes, dont i'influence eut ete immedia- tcr.ieul sentie par le legislateur. Au lieu d'une manifestation ener- j;ique , celui-ci u'a reclame qu'avec moUesse, et aucune tentative serieuse de nuidifier la constitution n'a etc essayee depuis qu'elle SUISSK. koj cxiste, parce que les garanties qui maoquaient a eel acte fonda- mental se sont retrouvees dans le caractere des magistrals. La principale queslion que les deux auteurs dont nous nous occu- pons avaient a examiner n'etait pas de savoir si la constitution est remplie d'imperf'ections , ce qui n'a jamais ete mis en doute; mais de bien savoir s'il est necessaire et opportun de la modifier.. Puisque le peuple ne souffre point et qu'aucun danger pressant ne le me- nace, la necessite d'une modification n'est pas urgente : il pourrait ^tre convenable de s'en occuper, mais non pas necessaire. Quant a ropportunite, MM. Monod et La Harpe pretendent qu'elle existe, etl'un et I'autre se fondent sur des motifs semblables : «D'autres can- tons ont revise et revisent encore leurs constitutions ; pourquoi ne les imiterions nous pas ? » Tel est leur langage. Mais sont-ils bien certains que le canton de Vaudn'ait plus d'ennemis, soil interieurs, soil exterieurs? En i8i4 et en i8i5, les monarques allies se mon- tr^rent bienveillans envers les nouveaux cantons de la Suisse, et cela s'explique aisement. Alors ( nous ne craignons pas de le dire ) , les monarques allies etaient presque liberaux ; les proclamations qu'ils adressaient aux peuples en font foi : mais ils sont bientot ren- tres, d'un commun accord, dans la vieille voie, et Ton ne peut douter qu'une intervention actuelle de leur part ne serait plus accompagnee de ce respect pour les principes auxquels I'Argovie et les citoyens du Leman devaient leur independance ; et malheureusement, la manie des interventions est a I'ordre du jour. D'un autre cote , des circonstances peu importantes, si elles sont considerees isolement, mais trfes-graves , si nous les considerons collectivement , nous re- vfelent que la Suisse renferme encore des elemens destructeurs de la liberie vaudoise ; ils sonl peu nombreux , a la verile, mais le con- cours d'une grande puissance exterieure pourrait les rendre redou- tables et occasioner bien des maux. Certes , le canton de Yaud defendant son independance se verrait soutenu par la grande majo- rite de la nation Suisse; mais pourquoi, sans un absolu besoin , s'exposer a des chances si perilleuses? Ou les Vaudois ont rdellement a craindre des ennemis dangereux en Suisse et bors de la Suisse , ou cette crainte est sans fondement. Dans le premier cas, ils n'ont point d'assez fortes raisons de se plaindre deleur etat present pour foumirunpretexte a ces ennemis, en modi- fiant leur constitution. Dans le second cas, comment se fait-il que nul essai d'un changement k cette constitution n'ait encore ete fait. C'est qu'une telle mesure n'est point populaire , dans le sens absolu T. XXVII. — j^out 1825. 3o 1,66 LIVRES hlTR ANGERS. du mot, puisquele people a encore une influence decisive sur la marcliC dii gouvernenient et les actes du pouvoir sourerain. M. Eugtne Mo- nod gourmande done a tort les magistrals de son pays , de ce qu'ils ne font point ce que leurs commettans ne ieur demandent point d'ui.e manicre positive. Si les magistrats ont tort , la faute en est au peuple ; c'est ators le peuple qu'il faut pr^clier. Mais, selon nous, ni le peuple ni ses magistrals rte sont en det'aut. Malgre les trailcs, il u'est plus donne a la Suisse de rester neutre etindiffcrente dans les revolutions morales etpolitiques del'Europe. Plus la civilisation marclie, et plus les intercfs des nations se con- fondent. Lorsque I'Europe est sous le poids d'une vaste oppression, il faut bien que la Suisse se resigne a en avoir sa part. Mais, gr4ce a la Sainte-AUiance et a I'etat de pais qu'elle entrctient en Europe, les nations out enfin le loisir de s'eclairer , et par consequent elle out le plus puissant moyen d'arriver surement a la liberte. On ne voit plus de cliangesnens violens ct ephemeres dans la forme des gouvernemens ; raais un changement lent et durable s'opere dans les moeurs et dans les rapports. La Suisse, comme tons les autres peo- ples , est entree dans cette direction , et comme eux elle atteindra lebut. La brochure de M. La Harpe nous a paru ecrite avec union de moderation qui contraste avec la ])etulance de M. Eugene Monod. Toutefois, nous y avoiis remarque des assertions hasardees et con- tradictoires. Nous avons surtout ele etonnes de voir M. La Harpe, qui certainement est un sincere ami de son pays , justifier I'inter- vention de la Sainte-Alliance dans les affaires iuterieures de la Suisse, et de I'entendre dire que « la Sainte-Alliance a eu raison de ne pas permeltre que la Suisse devint une espece de place d'armes oil les fugitlfs de tons les pays voisins auraient pu preparer leurs attaques , et d'ou ils auraient fait impuncment, et sans crainte d'etre poursuivis dans Ieur retralte , des excursions et des teutativ:'s nouvelles d'insur- rection ( p. 23). » Nous le deinandons a M. La Harpe, de telles paroles ne sout elles pas iujurieuses a la nation suisse et a ceux qui la gouvernent? Est-il vrai que la Suisse ait ete un foyer de conspifation; et, enadmettant pour uu instant cette opinion , pense-t-il que les gouvernemens de la Suisse ne se fussent pas empresses, avec le concours des peuples et sans au'il fut besoin d'intervention etrangere , de poursuivre et da cbasser les conspirateurs. La consequence de I'opinion emise par M. La Harpe seralt que la Sainte-Alliance a bien fait d'empdcher SUISSE. — ITALIE. 467 la Suisse d'offrir un asile a des hommes qui fuyaient les coups d'un glaive que la main de lu justice ne guidait pas toujours ; qu'elle a bien fait de lui arraclier la liberie de la presse et de I'assimiler sous ce rapport aax peuples Ics plus mal gouvernds de I'Earope; et tout cela, comme si la Suisse eijt etc coupable etque la Sainte-Alliance eiit eu le droit d'exercer sur elle la haute police. Nous ne pouvons croii e que telle ait etc la pensce de M. La Harpe. Sous le point de vue litteraire, la brochure de M. La Harpe est digiie d'eloge; elle est ecrite avec talent et avec esprit. Elle porte un caractere de meditation qui manque a celie de M. Monod. Ce dernier s'est lulte d'eciire. Le litre de son chapitre i"' des Causes de la cii'ilisallon et de ses effets est tout-a-fait disproportionne avec le petit exlrail de Montesquieu sur la division des gouvernemens qui forme seul ce chapitre. Le litre du chapitre iTe, la Liberie renatt sur les debris de V Arislocralie ; et celui du chapitre ilie , V Aristocratic renatt sur les debris dc la L:bcrtc , suffiraient presque pour discrediter le meilleur livre. M. Monod n'a point atteint le but qu'il se proposait- mais son iutention etait bonne, et il faut luiensavoir gre. J. J. DuEocHET , avocat. ITALIE. 191. - — Osservazioni sopra le machine in moto , etc. — Observations sur les machines eu mouvement, par Georges Bidojje , professeur d'liydraulique theorique et experimentale a I'Uuiversitc de Turin , membrc de I'Acadcmie de la meme ville , etc. Turiu , 1825 ; Impri- merie royale. In-8° de 47 pages, avec une planche. M. Bidoue distingue, dans les machines, celles qui se nieuvent uniformemeat, et celies donl le mouvement est varie, Dans le jire- mier cas , la force motriceetla sommedes resi=3tances, si clles sont paralleles , ou lenr resultante dans tons les cas , doivent satisfaire aux conditions de I'equilibre. A la rigueur , on exprirae encore mieux runiformite du mouvement, ea disant que la force acceleratrice est cgale a la force retardatricc , ce qui fait voir que I'equation ca- racteristique du mouvement uniforme se presente essentiellement sous la forme dlfferencielle. Les conditions du mouvement varie ne peirvent etre exprimees avec la nieme simplicite, ni d'une manieie gcnerale : on est reduil a ne resoudre que des questions particulieres; c'est ce qu'a failM. Bidone, en choisissant ses exemples parmi les raachiues qui impriment le mouvement a des corps solides, a des liquides et a des Guides elastiques. II doune la solution de r4 pro- 468 LIVRES liTRANGERS. blames . qui pourront, dit-il , exercer les jeunes gens qui , par gofit ou par devoir, se livrent a I'etude de machines, et qui les mettront sur la voie des recherches analogues. Celte instruction servira de plus a tenir en garde centre les erreurs et les promesses mensongeres d'une foule de pr^tendus inventeurs qui , sans aucune idee juste de la nature des forces et de leurs effets reels, trompent trop souvent les hommes credules qui paient cherement les faux calculs qui les out seduits. a L'auteur a mutipli^ les applications du calcul aux pompes, . ce qui prouve que cos machines usuelles sont encore loin de leur perfection, meme en Italie, patrie des sciences liydrauliques dans les terns modernes. Deux autres problemes sont relalifs a Tappli- cation de la force des chevaux ou des hommes , au halage des ba- teaux; M. Bidone determine le maximum d'effet que Ton pent en obtenir, saiyant la mani^re de les employer jmaisil n'apu soumettre au calcul que des donn^es qui iie representent pas exactement celles de la navigation sur les fleuvcs, ou meme sur les canaux. II fait abstraction du poids et de la longueur des cordes , de leur frotte- ment contre les bords du canal et de la resistance qu'elles eprou- vent lorsqu'elles trempent dans I'eau , de la forme et de la grandeur de la section du canal, etc. La science des machines fait cliaque jour des acquisitions precieuses, a mesure que les savans sen oc- cupant; mais elle est encore plus riche en theories qu'en connais- sances applicables aux usages les plus importans et les plus multi- plies. Ces connaissances ne sont pas les fruits de la seule experience : elles exigent dans plusieurs cas que les observations soient dirigees et secondees par un grand savoir, et mdme par le genie. II a fallu toute riiabilete de Coulomb pour nous reveler la loi des frottemens et de la roideur des cordes ; c'est a des travaux tels que ceux de M. Bidone que nous devrons le perfectionnement des machines liy- drauliques. F. iga. — * Amministrazione economica della foglia de' gehi nella col- tivazione rfc' bachi daseta, etc. — De I'emploi economique des feuille* de murier pour la culture des vers a sole ; Memoire du docteur Ignnzio LoMENi, avec un appendice relatif aux muriers et aux vers a soie. Milan, 1824 ; Gio : Silvestri. Iu-8°. .^ M. Lomeni doit etre accuse d'un peu de prolixitc. IldeclametVec trop de chaleur contre les abus qui lui paraissent s'opposer au dc- veloppement du genre d'industrie dont il a fait I'objet de ses recher- ches et du memoire que nous annoncons. Toutefois, I'objet de cc memoire n'est point sans importance; il faut done s'attacher a Tin- ITALIE. /,6c) ttr^t que presente le sujet , plus qu'aux defauts de I'ou-vrage. Les conseils , les experiences et les calculs que I'auteur presente meritent I'attention des culti-vateurs et de tons ceux qui s'occupent de I'edu- cation des -vers a soie. M. Lomeni a profile de I'ouvrage classique de M. Damdolo : Vy^rt d'elever les Vers a soie , dont on a relmprime recemment a Paris une traduction francaise forte exacte, due a M. Philiberc FoNTA.'SBiJ.i.ES. 193. — jyiemoria siilla rendita rurale. — Metnoires sur les revenus des proprietes rurales, par Salvador Scvo^v^i , professeur d'economie a rUniversite de Catane. Palerme , 1824; Solli. In-S". L'auteur applique ses considerations aux circonstances par- ticuli^res ou se trouve la Sicile. II regarde comme fort utiles les baux a long terme, qu'il voudrait mdme etendre a une pe- riode de 3o ans. II signale beaucoup d'erreurs dont M. Sayve a rempli son voyage en Sicile, publie a Paris en 1822. II observe que les revenus , en Sicile, out beaucoup diminue, depuis 1820, faute d'exportation et des moyens necessaires aux personnes qui s'occu- pent d'agriculture. II resulte de ses observations, qu'il faudrait ti'occuper encore plus qu'on ne le fait de la culture des oliviers , des vignes , du coton , de la soie , du lin , des pomtnes de terre , etc. , du b^tail et des manufactures. F. S. ig4. — Maniiale, etc. — Manuel de raedecine legale, par Felix Pasqualone. Troisieme edition. Naples, 1824. 3 vol. in-8°. Prix: a6 carlins (11 fr. 44 c.). Les lois civiles et criminelles du royaume de Naples n'offrant que de legferes differences avec les lois francaises , le manuel de M. Pas- qualone n'est que la repetition de ce qui se rencontre dans nos meil- leurs auteurs. On y trouve, en outre, la nomenclature des infirmites qui exemptent du service militaire. E. G. igS. — Ultimatum per il domiitio indirello della santa sede aposto- iica sill temporale de" sovrani ; concliisioni , etc. — Ultimatum pour le pouvoir indirect du Saint-Siege apostolique sur le pouvoir tem- porel des souverains. Conclusions de I'avocat D. Carlo Fea , jnembre de la commission des antiquites, president au Musee du Capitole, et conservateur de la Bibliotheque Chigi. Rome, iSsS ; Lino Contedini. Imprime avec permission. M. Fea semble vouloir elever une sorte de polemique pour defen- drequelques pretentions surannees de la cour de Rome centre les libertes de I'eglisegallicane. Nous avions deja annonce une brochure du m^me auteur. ( Voy. T.xxvi, pag. 477 ). Dans celle qui fait le lujet de cet article, il se propose de soutenir, d'apres le cardinal /i70 LIVRES ]£TRA.NGERS. Bellarmin et quelques autres canoiiistes, fort pen coniius hors cfe Rome, la suprcmatie du Saint-Siege romain snr !e pouvoir femporel des monarqiies.Eii saqualited'avocat etd'arclieologue, il procedera , ^it-il , d'apri's sou sj-steme habituel , qui consiste a ne considerer que les faits. Nous nous perineltrons d'obscrver, d"une part, que M. I'avocat semble ne pasasscz distinguerles faits qui constituent le droit, des faits qui Tout allere;de I'autre, querarcheologue devrait t'anpliquer surtout a caracteriser les deux c[)oqu.es qui ont produit desfaits si differenseiitr'eux.Le veritable publiciste doit se proposer, dan* ce genre de discussion , d'examiner si les faits parlesqnels on a pretendu fonder le pouvoir du Saint-Siege remain , sont veritable- meat d'accord avec ceux sur lesquels avait cte elevee I'Eglise de Jesus-Christ. On sait bienque les mots les plus sacres cbangentsou- venl de significatiou , et qu'interpretes, tantot d'une maniere , tantot d'une autre, ils peuvent etre employea egal^ment par les partis les plus opposes ; c'est ce que prouve parfaitement I'exemple des diffe- rentes sectes qui pretendent suivre le m^me texte. Mais , a cet ^gard , la religion cliretienne a un avantage fort remarquable sur toutes les autres. Elle a, dans son fondateur lui-m^nie, un type incontestable qui nous sert de guide pour saisir le veritable seus de ses preceptes et de ses conseils au moyen de ses actes ou des exeinples qu'il nous a laisses. Volla les faits par lesquels ont peut s'assurersi Jcsus-Cbrist a voulu fonder r.n pouvoir temporel et civil , ou s'il n'a fondequ'un minisfere tout spirituel, unministere celeste, qui ne doit pas s'exercer au-dela de la conscience et de Topinion. Les maximcs, et mieux encore la pratique exemplaire de notre divin Icgislateur, telle que I'cvangile nous la fait connaitre, sont en contradiction manifeste avec les nouvelles pretentions elevees par Tambition bypocrite des uns, et soutenues par I'ignorance credule des autres. Le nombre des faits et des citations que les avocats du Saint-Siege romain alleguent , n'impose plus denos jours comme aux terns qui parais- sent si regreltables a M. Fea, et qu'il voudrait voir renaitre. On n'admet a*ijourd'bui les faits et pretentions , qu'autant qu'ils sont couforraes a la justice eta la vcrite. Nous accordons cependant a M. Fea nu'un grand nombre de popes et des theologiens courtisans ont p;irtage I'opinion de Gregoire VII, et du cardinal Bellarmin, adoptive par M. Fea lui-meuie; mais, croit-il qu'ils pensassent de meme que le Christ et ses apotres? Que M. Fea giossisse le nombre des docteurs anciens et modernes que Ton voudrait substituer au petit nombre des apotres, a la bonne beure ; mais toute I'ltalie, ITALIE. A 7 1 ainsique tout lemondechr6tien,ii'en resterontpasmoins divis^savec lui d'opinions sur ce sujet. II ne volt aiitour deluique des llieologiens romains, et il les croit de bonne foi ; mais nous croyons , nous , qu'il est dans une grande erreur a cet egard. Depuis long-tems, les canonistes italiens qui n'ambitionnent ni salaires, ni dignltes de la cour de Rome , se font uue gloire de penser tout autrement. Les eco- les de Sarpi et de Giannone ont fait des eleves partout , et particu- liereraent apres le regne de Leopold et de Joseph IL J'en appelle aux nonis justement celebres , et plus encore aux savans ecrits de Genovesi , de Confo-.ti , de Scotti , de Palmieri , de Ricci , surtout du Clerc Lombard, de Taniburiiii et de Jlonsig"" Capece-Latro , encore vivans. Nous tenninons , en engageant I'auteur a ne pas trop appeler I'attention des publicistes de nos jours sur des questions dont I'exa- men ne pourralt que tourner au detriment de ceux qu'il a choisis pour ses cliens. 196. — * // giorno de inorti, etc. — Le jour des morts dans I'eglise de Ste-Croix a Florence. Fragmens d'un cautique de D. Giovanni Coi-LEONr , avec le chant intitule : Les plainies du Tasse, e!c. Bergame, I 325 ; Mazzoleni. In-8". Le titre de cette piece promet d« I'interet. L'eglise de Santa-Crosce, a Florence, pourralt inspirer de grandes pensees et de plus grands sentimens a un poete qui saurait relever, au sein mcme de sa reli- gion, lesgloires les plus precieuses de sa patrie. Quels souvenirs ne pourrait-ilpas rappeler, a rnspect imposant des tombeaux qui deco- rent cette eglise , et qui renferment les rcstes d'un Dante, d'un Buonaroti , d'un Machiavel , d'un Alfieri ! etc. L'auteur nous pre- •vient qu'il ne public que quelqucs fragmens de son poeme , et qu'il a perdu le reste. Est-ce une suppression volontaire, ou u'est-ce pas plutot I'effet de la censure politique ? Quelle que soit la cause de ces lacuues, les fragmens que M. Colleoni nous presente font assez pressentir le bon esprit dont il est anime. Parmi ses autres poesies , on distingue les Plaintes du Tasse, imprimees pour la troisieme fois. 197. — * Scoria della lit'.eratura italiana , etc. — Histoire de la lit- terature italienne, depuis I'origine de la langue italienne jusqu'au XTX^ sit'cle; par le chevalier Giuseppe Maffei, professeur, etc. T. Ill, des Classiques italiens. Milan, 1824. In-ia. C'est un abrege de I'histoire litteraire d'ltalie. L'auteur la prend au x' siecle, epoque de la renaissance des lettres dans cette penin- sule. II s'arrcte un moment aux opinions relatives a I'origine de la langue italienne, et partagelesentiment de Perticari et de M. Monti, qui la font deriver du romain rustique. L'auteur, s'appnyant toa- /,7a LIVRES STRANGERS. jiMirs sur des faits biographiques , cberche a nous faire lemarquCT ies jn'Ogrt-s de la litti-ralure italieniie dans les si^cles sulvaiis. II ca- racterise le mcrite du Dante , de Petrarque et de Boccace, apjjre- cies par leurs ouvrages. II condamne les imitateurs serviles du style du Decameron , qui ont fait plus de mal a la prose italienne , dit-il , que Boccace ne lui avail fait de bien. II signale , parmi la foule des savans et des latinistes du xv* sifecle, le Politien et Laurent de Mcdicis, qui remirent en credit la litlerature italienne, negli- gee depuis quelque terns. Nous croyons que Sannazar devrait par- tager la meme gloire, et c'est ce qu'on n'a pas assez remarque jusqu'ici. Notre historien ouvre le xvi* si^cle avec I'Arioste el le Tasse, et n'oublie aucun des poetes secondaires qui ont vecu de leur tems. II releve leurs qualiles et leurs defauts ; mais il ne fait pas assez ressortir eel esprit de servilite qu'entretenaient les faveurs raire , gran'de cour du Palais-Royal. Nous avons rendu compte de la tragedie de Charles I"-, qui fut improvisee a Paris, le aS avril 1824, et imprimee quelques mois apres , a ce qu'on assure , avec des variations ( voy. Rev. Enc. , t. XXIII, p. 178). L'edition que nous annoncons a elc dediee par M. Sgricci a M. le marquis de la Maisonfort , envoye extraordi- naire de France a la cour de Toscane, qui a voulu v inserer I'imi- tation francaise qu'il venait de faire de deux scenes de cette tra- gedie. Celle d' //ec/or avail ete improvisee a Turin , le i3 juin 1823, sur le theatre de Carignan. On y retrouve les memes qunlites et les HK^mes defauts que dans les autres pieces du nieme auteur. Lorsqu'il a le honheur de rencontrer quelques-unes de ces pensees ou de ces images vraiment poetiques , il les fait acheter par des inegalites plus ou moins choquantes. M. Sgricci ou ses partisans, en s'em- pressant de faire imprimer S3S pieces , ne font que nous confirmer dans I'opinion qu'il ne merite pas , commo auteur , les lojiianges qu'on peut lui donner comnie improvisateur. On sail surtout a Flo- rence comblen il a fallu de travail et de terns au grand tragique italien pour porter ses pieces au point de perfection oil il les a lais- sees ; n'est-ce pas insulter son ombre que de faire paraitre impri- mees , pres de son tomheau , de pretendues tragedies qui n'ont d'autre merite que celui qu'elles recoivent d'un moment d'illusion ? On nous fait cependant esperer que M. Sgricci , noa content des applaiidissemens passagers et des recompenses plus durables que lui ont valii ses improvisations , en ambitionne de plus honorables qu'il veut meriter par la publication de quelques ouvrages drama- tiques medites dans le silence de I'etude. Nous cesseroris alors de le considerer comme improvisiteur, et nous le jugerons comme auteur. F. Salfi. 475 PAYS-BAS. ao2. — Memoire siir tine nouvelle maniere de considirer les catistiques, soil par refraction, soil par reflexion; par A. Quetex-et ( Ex trait des Memoires de V Academic ). Bruxelles, i825. In-a", avec figures. L'enseignement etahll par Monge a I'Ecole poljtechnique a fail prendre une forme nouvelle aux parties des matliematiques qui peuvent admettre les considerations de la geometrie descriptive : cette geometrie des arts est aussi celle de la physique, et ni6me des hautes matliematiques ; car elle peut eclairer I'analyse dans quelques questions, etendre ses resultats et lui creer des ressources. M. Que- telet en a fait une heureuse application aux caustiques, a la recher- che des proprietes et a la construction de ces courbes. II a divise son memoire en deux parties, et consacre la premiere a la catop- trique, oil les modifications des rayons lumiueux sont plus faciles a saisir sans le secours des formules analytiques. Apres avoir fait connaitre Torigine et le mode de generation des courbes qu'il nomme caustiques secondaires , il expose leurs proprietes geometri- ques : il passe ensuite a la construction des points brillans sur une surface donnee, a la determination des lignes egalement eclai- rees, etc., aux projections'^es caustiques et a leurs analogies avec les sections coniques. Les theori'mes etablis pour les rayons reflechis peuvent etre generalises, en y introduisant quelques modifications; et c'est ce que I'auteur a fait dans la seconde partie de son memoire, oil il traite des caustiques par refraction. 11 est conduit a ce prin- cipe general, que « la causlique par reflexion ou par refraction pour une courbe quelconque, eclairee parun point brillant, est la deve- loppee d'une autre courbe ( caustique secondaire ), laquelle a la prcpriete d'etre I'enveli^ppe de tous les cercles qui ont leurs centres sur la courbe rcflcchissante ou refringente , et dont les rayons sont cganx aux distances des centres au point brillant, lorsqu'il s'agit de reflexion, ou en rapport constant avec ces distances, rapport qui est celui de la refraction. » Toute cette partie du memoire est en- tierementgeometrique. M. Quetelety a joint des notes oil il applique I'analyse mathematique a I'equation des caustiques secondaires, a leur quadrature , au volume des solides de revolution qu'elles en- gendrent, etc. En exposant sou travail sur cette application des matliematiques a la science de la lumiere, SI. Quetelet se plait a rappeler ceux de tons les geometres qui Tent precede dans la carriere, et particuli^- •''176 LivREs Strangers. rement ce qu'il doit a son collogue M. Dahdeliw. Get esprit d« justice resserre les liens entre les savans, hdte et multiplie les coir.- rnunications fructueuses , et par consequent les progres de la science. C'est la vertu de la republique des lettres, le secret de sa force et le plus sur garant de sa prosperite. 3o3. — Essai sur r Education , par M. L. de B Bruxelles, i8j5; Hublon. In-8°. La hibliographie francaise ot'fre plus de dix mille ouvrages sur reducalion; uiais combien out survecu au moment de leur appari- tion, et que faut-il faire pour esperer cctte distinction rare et flat- tease? Adopter un plan metliodique; concevoir des id6es tout a la lois justes et ueuves, ce qui devient chaque jour pJus difficile ; les exprimer avec elegance , precision et clarte ; se montrer erudit sans pedantisme ; seraer ses raisonnemens d'anecdotes piquantes et bleu choisies... Ce que j'exige ici me semble, a peu de cbosespres , aToir ete fait par I'auteur du nouvel Essai sur I'Education; et Ton peut, je crois, lui presager avec confiance un succfes durable. Ses chapitres sur YEdticaiion publique et sur V Education particuUere devraient ^tre m6dites par tous les pferes de famille, jaloux de remplir les devoirs que ce beau titre leur impose. Ces devoirs leur sont rappeles en peu de mots : « L'homme nait, pour ainsi dire, en deux fois; I'une pour I'espece, I'autre pour la societe. En donnant des enfans a I'etat , un p6re n'a renipli que la moindre de ses obligations : il doit encore leur donner les moyens de ne pas lui ^tre a cbarge et de reconnaitre un jour par leurs services I'appui qu'ils en recoivent et la tranquil - lite qui en est le resultat. Son rang et sa fortune determinent I'e- tendue de ses obligations ; mais , s'il reussit a en former d'honn^les gens, ne leur apprit-il qu'a conduire la charrue, sa liche est faite; il a rompli les devoirs d'homme , de pere et de citoyen. » L'auteur insiste, a diverges reprises, sur I'importance de ne pas donner a I'education une marcbe trop accel^ree, troph^tive : «L'en- fance a ses plaisirs qu'il faut lui conserver, dit-il; simples et purs comme elle , ils n'alt^rent point son innocence et n'eiitrainent apr^.* eux ni regrets ui fatigues... Quoi qu'il fasse, un enfant n'eu goiitera jamais de plus doux. Vouloir leur en substituer d'autres, c'est detruire un bonheur dont on ne saurnit trop prolonger la duree. Du moment ou le faux eclat du niondf a fascine ses yeux , les jeux qui lui avaient suffi jusque-14 n'ont plus d'attraits pour lui. Ses dcsirs , son existence, concentres dans la maison paternellc , chercbent miiintenant a s'etendre au-dcliors ; la cliainr de la dcpendance com- PAYS-BAS. 477 mence i lui peser; I'etude I'ennuie; il soupire aprfes sa liberie ; une inquietude vague s'empare de lui; les passions viennent deja tour- menter son jeune coeur... Pilotes imprudens , qui avez ouvert les on- tres dans lesquelles etaient renfermees les temp^tes, dites-moi coni- inent vous ferez pour les apaiser. — Parens, croyez-moi, s'ecrie-t-il ailleurs, necherchez point a fairebriller vos enfans; en toute partie d'enseignemeut , que ce soil le raisonnementqui les aide, lejugement qui les eclaire ; eloignez d'eux toute methode mecanique et abregee qui n'en ferait que des automates; laissez leur entendement et leiir raison croitre et se fortiGer lentement loin du monde et des distrac- tions; miirissez leurs connaissances ; semez pour recueillir ; ne de- rnandez pas les fruits de Tautomne a la saison des fleurs; et soyez surs que les avantages solides que produira cette maniere de les clever, valent niieux qu'une vaine funiee de gloire et d'adulation qui ne pent qu'egarer leur jugement et corrompre leur coeur. » Parmi les traits historiques que M. de B rapporte a I'appui de ses j>udicieuses observations, il en est uu qui, deja grave daus la memoire reconnaissante de tous les Beiges, dont il gavantit I'ave- nir conime le present, trouvera sa place ici : « Au mois d avril 1823, le prince hereditaire posa la premiere pierre d'une caserne a La Haye. L'autorite municipale avait, dans I'origine, demande au prince qu'il voulutbien permetttre a I'aine de ses augustes enfans de fdire cette inauguration. Non, repondit S. A. R., ne le gatons pas ja' des honneurs prematures. II saura totijoiirs assez qu'il est prince, et j'aime qu'il en apprenne les devoirs , avant d'en connailre la grandeur et r eclat, » Cette anecdote, qui peut fournlr le texte a de serienses refle.xious,^ fermiiiera notre article , dans lequel nous avons multiplie les cita- tions, parce que c'est, a notre avis, le plus sur moyen de recons- mander un bon livre. Stassart. 204. — De Unie van Brussel. — L'Union de Bruxelles de I'an 1677, publiee sur I'Driginal; par M. J.-C. De Jonge, substitut archiviste du royaume. La Haye, iSaS; ■v« J. Allart. i vol. in-8° de 216 pages, avec un tableau. La pacification de Gand , I'union de Bruxelles et celle d'Utrecht, forment trois grandes epoques dans I'histoire de retablissement de notre liberte(i). Le second de ces evenemens, moins remarque que (t) Yoy. ronvrage interessant intitule : Historie fan het Verhond , etc. — Hi»toire de la Confederation et de la remontrance des nobles. Middelbourg, 478 • ovREs Strangers. les deux autres, ne fut pns moins important. M. de Jonge, apr^S avoir appcle rattention sur rerreiir de qiielques ccrivains qui, avec J.-B. deTassis, le placent a rannee 1778, examine quels motifs ont suscitc cette confederation, les avantnges et les inconveniens qui en fluent la suite, et ce qui en occasiona la dissolution. II recher- che, en dernierlieu, quelles furent Icspersounes qui signerent I'acte federatif et qui y accederent. Ces quatre dissertations sont pleines de details curieux et d'une erudition consciencieuse , telle quecelle qui caracterise en general les savans de la Hollande. Una tahle des noms propres est une de ces attentions que les aiiteurs n'ont pas toujours pour les lectenrs , et qui a plus de prix qu'on ne I'imagine ordinairement. A la fin du livre est une copie figurative de I'acte meme d'union ou Ton voit , parmi les signataires, les hcaux noms des Croy, des Ligne, des d'Areniberg, des Home, des Lalaing, etc. II est remarquable qu'on y trouve aussi celui de Frederic Perreiiot, seigneur de Cliampaigny, baron de Renaix, cinquieme fils de Ni- colas Perrenot, sieur de Granville, de qui dom Lev^que fait men- tion dans ses luemoires sur le fameux cardinal de cette famille (t. r, p. igS ). Le travail de M. J.-C. de Jonge est celui d'un ecrivain aussi ^claire qu'instruit et d'un bon citoyen; cejte ob-servation n'est pas • indifferente, a une epoque ou le patriolisnie n'acconipagne pas tou- jours le talent, quoique rien ne porte nialheur au genie cohinie le de- dain des grandes verites jiolitiques et morales. Nous connaissions deja de cet aufeur une dissertation sur les factions des Hoeksche et des Kabeljainvsche [ Leyde, [8i5, in-8° ); nous avons annonce dans le terns sa Notice sur le Cabinet des medailles du Roi (voy. Rev. Enc, t. XXIII, p. ifia ). De Rf.iffenberg. 2o5. — * Hollands roem in Kitnsteti en Jf'etcnschappen. — Discours sur les sciences et les arts en Hollande (i) ; par Til. le baron Cox.i,ot d'Escuky. Amsterdam , 1824; S'Gravenhague. T. I'^'"_ 132 et 268 pag. Parmi les ouvrages publics dans les derniers terns sur la littera- ture nationale , celui que nous annoncons est du plus grand inte- r6t. L'auteur, qui est un des hommes que S. M. le roi des Pays-Bas n places a la t^te de I'Universite de Leyde, s'eloigne autant d'une aveugle admiration pour tout ce qui a rapport a sa patrie, que de '779''79*'- 4 parties iu-8". II a <'te qiicstiou de rauteur, M. J.-W.-T. Water, liev. Enc., t. XXII, p. 4og. (:) L'auteur n'entend point par Ilollniule toute la panic septcutrionale des I'aya-Bas, niais seii'.omont la prDviuce du myaume qui porte re uom. PATS-BAS. 479 I'erreur singuli^re de ceux qui , ne trouveut rien de bon que ce qui est dtranger, et qui vont ainsi cherclit'j- bjen loin les avantages qu'ils anraient pu trouver dans leur patrie mcme. Ce premier volume, qui sera suivi de quelques autres , contient, outre la preface, deux discours, I'un siir Varcfdtecture et la sculp- ture (p. 1-42) , I'autre sur les arts de \a. peinCure , de la gravitre et de la nitmismalirjne , ou la science des inedailles ( p. 43-i3i ). Les com- mentaires dont I'auteur a enrichi son ouvrage sont tres-etendus. Celui qui se rapporte au premier discours est de cent pages, I'autre de cent soixante-huit. L'ouvrage de M. d'Escury fait Leaucoup plus pour les lettres et le lecteur, que le titre m(5me ne le promettait. Non content de f.iire ressoitir le merite de ses compatriotes , il tftche , autant que pos- sible , d'eclaircir I'histoire des arts dans sa patrie , par des obser- vations sur I'origine et les progres des arts cliez les autres peuples, surtout cliez les ancieiis. Ses discours et ses commcntaires sont remplis d'observations tres-interessantes sur Thistoire des arts en general. • Nous esperons pouvoir annoncer bientot la continuation de cet important ouvragpe, et alors nous entrerons dans de plus grands details sur le merite des diverses parties dont il se compose. T. 206. — - " P'crhandelingi'n der erite Klasse Tan het honinhljk- iiederlansche Instiniut , etc. — Memoires de la premiere classe de rinstitut des sciences, lettres et beaux-arts, etc. !<'•' vol. Amster- dam, 1825 ; Pieper et Ipenbuur. In-40. Ce recueil des memoires de Y/nstknt de llollande , qui est le sep- ti^me de la collection , contient des observations pbj-siologiques tres-interessantes, faites par MM. Thomassejt a Thuessink, G. Sa- lomon et G. Sandifout. On y trouve aussi des recbercbes sur I'etat des rivieres, par M. Gouoriaan ; une note sur une roue qui avance d'un mouvement uniforme sur u:i plan , par /. Flohyn ; quelques rcsultats des observations de Teclipse de soleil du j sep- tenibre 1820, par/. F. Keyser, et un memoire sur le calcul des latitudes , par O. S. B.vngma. M. C. Ekama a fait des recbercbes bistoriqaes sur I'ancien astronome Gemma Frisius , professeur a Louvain , et Prison d'origine , qu'il regarde comnie le premier qui se soit occupe de la determination des longitudes en mer. On attribue ordinairement au meme savant I'invention de I'astrolabe; m«is il parait , d'apres ses propres expressions, qu'il n'avait fait que perfectionner cet instrument. Le volume est termini par un ^8o LivRES Strangers. m^moire siir la vitesse du son , par MM. Moll et M. Vak Br«« , avec uu grand nonibre de tableaux oii sent consignes les resultats de leiirs observations (i). La base employee par ces savans etail de 17,6(19 metres, et avait ete cboisie entre Naarden et Amers- foort. Le resultat definitif de leurs recherches a ete qu'i'i la tem- perature de la glace fondante, et par un air parfaitement sec, la vitesse du son est de SBa,™ o5 par seconde : resultat qui s'accorde tres-bien avec celui des physiciens francais, qui ont trouve, en i8aa, SSi^oS pour la m^me vitesse. C'est aussi le resultat qu'avait obtenu Cassini de Tliury , en lySS. Les experiences nombreuses qui ont ete faites dans ces derniers tenis sur le mc'me sujet , s'accordeiit egalement a donner a peu pres la m^me valeur. aoy. — * Annales Academice Gandavensis. — Annales de I'Univer- site de Gand. Gand , iSaS ; Goesiu Verhaeglie. In-4°. Le nouveau volume que I'Universite de Gand vient de faire paraitre , contienl le discours que M. Garnier a prooonce en quit- tant les fonctions annuelles de recteur (2), en mdme terns que les memoires couronnes dans les differentes facultes. On avait pose, pour les sciences matbematiques , une question relative au prin- cipe des vitesses virtuelles (3), et la recherche de la difference des longitudes de deux lieux , quand on y connait la difference des lati- tudes et la ligne loxodroraique. M. Guinard a ete couronne pour la premiere question , et M. Vekdam pour la seconde. Nous nous bornerons a donner une idee des autres questions , avec les noms des eleves couronnes; on pourra du moins juger, par I'importance des sujets , des connaissances etendues qu'elles supposent dans les concurrens. On y trouve une exposition rai- sonnee de toule la theorie du droit romain et du droit moderne , concernant les obli'gations divisibles et indivisibles , par Ph. Ser- KURiER ; un menioire sur ce qn'etaient les censeurs chez les Ro- mains , et sur ce qu'ils ont fait de memorable , par A. H. Vandeb Boon Mesch; enCn , deux memoires qui tendent a prouver, par des faits bistoriques, que jamais les hommesn'ont ete accables par plus de fleaux que depuis la mort de Theodose , en SgS , jusqu'en I'an- (1) M. Van Rees, professeur a rUniversite de Liege, a public dps re- cherches analvtiques sur le inemc snjet, que MM. Moll et Van Beek citent son- rent. (2) Voy. le raliLer d'/if/'i/ 1823. (3) Voy. le meme cahier. / PAYS-BAS. 481 nee 571 , oil commence le regne d'AIboiu , surtout en Europe et en Afrique. L'un de ces menioires est de M. H. Moke ; I'autre dc M. L. P. Koch. Ces diff^rens ouvrages sont Merits en latin. La ma- niere dont les sujets proposes s'y trouveut traites , suppose en ge- neral , dans leurs jeunes auteurs , beaucoup d'erudition et une judicieuse critique , qualite sans laquelle I'erudition mdme la plus vaste offrirait bien peu d'avantage. A. Q. ao8. — * Cojrespondance matheinatujiie et physique , publiee par M. III. Garnieb, professeur de mathematiques et d'astronomie a I'Universite de Gand , et Quetelet , professeur de mathematiques , de physique et d'astronomie a I'Athenee de Bruxelles, membres de TAcademie de Bruxelles. Gand, 1825. Imprimerie de Vandekerck- hove , rue Com'te-des-Cheyaliers , 11° 10. — Les editeurs de cette correspondance pnblieront , chaque annee , un volume de 24 a a5 feuilles; prix de I'abonnement , 5 flor. des Pays-Bas (i4 fr. 5o c). On souscrit a Gand , chez I'lmprimeur; a Bruxelles, chez Berthot, iiiarche au Bois. Les deux academiciens auxquels on devra ce nouveau recueil, Font peut-^tie renferme dans un cadre trop etroit , et dont il leur sera difficile de ne pas sortir, tant pour I'etendue de I'ouvrage que par rapport au nombre et au choix des matiferes qu'ils auront a trailer. Leur correspondance peut ^tre coniparee, a plusieurs cgards, au journal anglais intitule En Philosophical inagasine , quoiqu'elle en diff^re par la forme. Bien qu'nn peu restreinte dans ses attribu- tions , elle reunit a peu pres deux de nos journaux consacres aux sciences , les A/males des mathematiques et les Annales de physique et de chimie. Le Bulletin , public par M. de Ferussac , est aussi plus etendu que ne le sera le nouveau recueil ; et la Revue Encyclopedique elle-m^me, qui ne cousidfere les objels que sous un point de vue general, consacre cependant aux sciences mathematiques et physi- ques plus de pages que MM. Garnieret Quetelet ne leur en destinent. Mais, si Ton en juge par les deux premieres livraisons , I'abon- dance des matieres entraiuera les rcdacteurs , et le public ne s'en plaindra pas. La correspondance ne tiendra pas seulement ses lec- teurs au courant des nouvelles acquisitions que feront les sciences mathematiques et physiques ; elle preparera pour I'histoire de ces sciences des materiaux elabor^s avec soin, et elle eclaircira plu- sieurs points de cette histoire sur lesquels nous n'avons encore que des notions inexaetes ou obscures. Piiisque I'intention des editeurs est de se borner a un petit \o. T. xxTii. — Aout 1825. 3i 48a LIVRES fiXRANGERS.— LIVRES FRANC A.IS. lume par an , il est k d^sirer qu'ils s'appliqnent particulieremenl aux trnvaux scientifiques qui sont faits dans leur pairie, et aux- quels ils prennent part; qu'ils nous les fassent hien connaitre, qu'ils nous piesentent un etat exact et complet de ce que les Pays- Bas out fait et feront pour la division des connaissnnces a laquelle le nouveau recoeil est consacre. Deja une notice iiiteressante sur la decouverte de la pesanteur de I'air contient des reclamations en faveur du savant et laborieux Stevin. On nous annonce nne notice sur Gi-egoire DE SAiwt-ViHCEMx , geomfetre moius connu qu'il ne mcrite de I'^tre. Dans le second numero , a la section intitulee lievrie scientifiqiie , M. Gaknier fait I'analyse du memoire sur le principe des vitesses virttielles, par un jeune georaetre, M. Guinard , aujourd'liui doc- teiir en sciences et en medecine. Dans ce memoire , couronne en i8a3 par rUniversitc deGand, qui avait mis au concours la question suivante : I° exprimer d'nnc maniere generate le principe dfs -vitesses virtuelles ; i" J aire Chistoire de ceice decouverte en mecaniqiie ; 3° de- montrer le principe , Vapplijiier aux machines simples , et en deduire les conditions de I'eq^iilibre dans ces machines, i'auteur expose avec beaucoup d'ordre les travaux des geometres sur ce thcoreme fon- damenial. On setonne qu'apr^s taut de recherches et d'efforts , il reste encore quelque obscurite sur un sujet traite par Lagrange et Laplace, ef Ton ne pent se dispenser de rcconnaitre ici I'influence de la metaphysique, cette grande ennemie de toute clarte. Heureu- sement , les demonstrations purement analytiques sont hors de son atteinte ; elle ne peat y rcpandre ses ten^bres , parce qu'elles ne sont autre chose que I'application du raisonnement le plus exact a des donnees dont la nature peut rester inconnue. Nous observerons avec inter^t les progr^s de ce recueil perio- dique, et nous euiploierons avec confiance les materiaux qu'il nou» fournira pour notre Revue. F. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. JOG. — La Pratique de /'agriculture , cu Recueil d'essais et d'expS- riences , dont le succes est constate par des pieces authentiques ; publiee par yichel Douette-Richakuot, culiivateur h Langres. Paris, 1806;. Louvard, rue du Bac, n" 78. i vol. in-8° de 694 pages; prix 6 fr. 5o cent. SCIENCES PHYSIQUES. /,85 La vente de cet ouvrage , dont I'auteur a obtenu phisieurs md- dailles en or et en argent , apres s'^tre trouvee suspendue par la failiite du libraiie qui en avait d'abord ete charge , vient de re- prendre son conrs , a la gvande satisfacfion des agriculteurs et des proprietaires, auxquels il sera d'une grande utilitc. Son fucces parait desormais assure, non-seulement en France et dans les divers pays de I'Europe , mais encore dans les aiitres contrees du globe. Le aS fevrier 1809, le president des Etats-Unis, M. Jefferson, fit adresser a I'auteur un temoignage flatteur de son approbation. M. Douette avait developpe de bonne heure de grandes dispositions pour I'agri- culture; tourinent6 du besoin d'introduire dans cette science des ameliorations qu'il jngeail indispensables, il avait, des I'annee 1787, commence ses travaux , dans lesquels iletait aide par un richepro- prietaire. Apres le 18 brumaire an VIII, encourage par les suffrages de differentes Societes savantes, il se resolut a publier les utiles expe- riences qu'il avait faites dans le departenient de la Haute - Marne; et cette publication lui valut des eloges unanimes. L'ouvrage que nous annoncons est divise en trois parties : dans la premiere, I'auteur pr^sente le tableau de sa vie agricole ; dans la seconde, il expose ses differentes entreprises, les moyens qu'il a employes, ses depenses faites et les produits qu'il a obtenus; dans la troisieme enfin , il donne les regies d'economie, appuyees de pieces justiGcatives. Nous indiquerons les chapitres les plus interes- sans. 1° Des moyens de defricliement et de la fertilisation des maraisi I'auteur expose la marche qu'il a suivie et les avantages qu'il a ob- tenus , en justifiant que la premiere recolte a paye vingt fois la va- leur du fonds, les avances et tous les frais qu'il avait du faire. Les r^sultiits sont constates par un proccs verbal des commissaires de la Societe d'agriculture de la Haute-Marne. — a" Des pepinieres et des plantations des nrtrcj.- I'auteur donne des regies pour I'education des plantes , pour ramener la fructification et pour perfectionner la greffe. — 3° De la coupe des bois taillis entre deux terres : dans ce chapitre , auquel est joint un supplement , M. Douette demontre que sa methode est la plus avantageuse ; les commissaires, dans leur rapport, declarent avoir constate que les taillis venus eutre deux terres, soumis a leur experience, ont une valeur qui surpasse du double celles des taillis explo^tes sur la souche , les uns et les aatres ftges de dix ans, et places d'ailleursdans les m^mes circont- taaces. 484 LIVRES 1 RANCAIS. II est adesirer que le livrede M. Douettesoit bieiit6trepandu dans tous les pays pour la prosperite de I'agriculture. De Gregory , mcmbre de la Socieic d'agriculture de home. aio. — De la garantie et des vices redhibitoires dans le commerce des animaux domestiques ; par J. - li. Huzard fils , medecin veterinaire, niembre dela Societe royale et ceiilrale d'agriculture. Paris, i8a5; Mine Huzard. i vol. in-ia ; prix 3 it. 5o cent., et 4 fr. 25 cent. Chacune des provinces dont se composait autrefois la France , avait , par rapport aux vices redhibitoires des animaux domestiques et a la duree de leur garantie, des coutumes particuli^res, souvent differentes les unes des autres. Les redacteurs du Code civil durent s'occuper d'abord de ce qui presentait un interut puissant , et ren- voyerpour des casspeciaux a des usages anciennenient suivis. L'ar- ticle 1648 decida que Taction resultant des vices redhibitoires devait ^tre intentee par I'acquereur dans un bref delai , suivant la nature de ces vices et Vusage du lieu oil la vente aurait ete faite. Reunir sous un mdrne titre les dispositions de ces coutumes ou reglemens locaux epars dans des ouvrages peu connus,traiter des defautsetdes maladies des animaux qui peuvent ^Ire sujets a garantie, donner le.% moyens de proceder daiislecas d'existence de ces vices; c'est cequ'a parfaitement execute M. Huzard fils , dans le petit ouvrage que nous annoncons. II sera d'un usage journalier pour ceux qui suivent les tribunaux de commerce. J. Doublet deBoisthibaui-t, avocat. an. — * Peut-etre , par M. le baron de Momville , pair de France, Paris, iSaS; Firmin Didot. i vol. iu-8" de368 pages avec gravures ; pri,\ 10 fr. Tel est le titre modeste d'un ouvrage qui a pour epigraplie : Mens ogjfrtf mo/em. Ce livre renferme des hypotheses interessantes et cu- rieuses , qui , presentees avec la circonspection du doute , n'en ™e- ritent que mieux I'attention des savans ct des philosoplics. 11 conduit I'esprlt par degres , de la structure hypothetique de I'atome , a la formation de tout ce qu'il est donne a I'homme de connaitre dans I'univers. Deux hypothfcsesprobables servent de base a I'ouvrage. — La pre- miere , qui est physique, nous conduit a conjecturer la forme que doit avoir la molecule dlementaire de la matiei-e; c'est celle du te- traijdre , qui ne pent avoir que quatre faces , forme la plus simple que Ton puisse imaginer. — La seconde , qui est m^taphysiqr.e , jious conduit a conjecturer le degre de puissance qui s'excrce sur SCIENCES PHYSIQUES. 485 ces tetrat-dres ou atomes ; et ce sera toujours le maximum d'effet , produit par le minimum de force. Ell i8i3 , I'auteur , observateur profond de la nature , avail pose ces bases dans son livre intitule : Description des atomes. On voit , dans I'ancien comme dans le nouvel ouvrage, le globule d'eau for- me de polygenes annulaires composes des differens tetraedres , dont la combinaison necessaire produit danstous les corps la diffe- rence de proportion entre leurs poids et leurs volumes. On y voit aussi la cause immediate des qualites et des phenom^nes exprimes par les mots transparence, opacite , elasticite, tenacite, fluidite , mouvement, affinite , metamorphose; enfin , la cause de tons les effets de la matiere passant de I'etat d'inertie a I'etat de mouvement, tous les phenomenes de la nature dont le procedeest une sorte de cristallisation variee , trouvent une explication que la raison pent admettre. Dans la premiere partie , les calculs servant a prouver la proba- bilite dela theorie ne sont a la portee que des calculateurs exerces ; mais I'application de cette theorie a toute la nature physique et mo- rale devient claire a- tous les esprits, et dispense de verifier les cal- culs. Cette seconde partie du livre est remplie de faits curieux, d'ob- servations interessantes , et fournit une lecture pleine d'instruction et d'agrement. Bornt's par I'espace , nous ne pouvons offrir au lec- teur de cet ouvrage piquant qu'une citation des plus courtes : — - « Bienfaisance , charit6 , liberalite , liberalisnie , generosite , gran- deur d'Ame , cupidite , avarice sordide, anti-liberalisme. — La bien- faisance et la cbarite ont une etroite ressemblance : la religion s'est chargee de la charite , et I'entend non-seulement d'un bienfait, mais encore de I'indulgence et de tous les menagemens humains. La bienfaisance a un sens plus direct ; c'est donner. — Exercer la charite ou la bienfaisance abondamment, c'est liberalite; le faire avpc grandeur, c'est generosite , qui s'entend aussi de tous les sa- crifices qu'on prend sur sni , par exemple, celui de sa haine et de sa vengeance. Le plus haut degre de cette vertu est la grandeur d'4me; mais il n'appartient qu'au plus fort de I'exercer. — La- charite se fait trop par devoir et avec trop peu de discernement; il semble qu'elle soil une de ces pratiques de forme dont les religions sont surchar- gees , comme les ablutions des Mahometans. Cette pratique obligee a fait que , dans les villes , recevoir I'aumone est un etat ; car il faut bien qu'il y ait des mendians pour recevoir ce que nous sommes obli- ges de donner; et , comme Taccomplissement de ce devoir est un 486 LIVRES FRANCAIS. soulagement qu'oa se doiine , on est fort aise d'cn avoir sous la main la commodity : les mendians sont la pour vous tirer de peine; ce sont eux qui vous rendent service. La liberalite, la ggistique,etc. Plusieurs de ces propositions enGn avaient, outre leur importance reelle, le riierite de la nouveaute, et Tou doit savoir gre a I'auteur deles avoir soutenues un des premiers, centre les sectateurs du Brownisme, alors dominant, surtouten Allemagne. Mais, aujourd'hui, que toutes ces ideas sont communes, qu'elles sent, pour ainsi dire, rebaltues, a quoi bon publier un traite de tbeiapeutique, qu'il eut peut-6tre ete utile defaire conuaitre il y a douze ans aux medecins francais, mais qui est maintenaut fort en arriere du point oil la science est arrivce par- mi nous ? Aux bonnes choses que ce livrerenferme sont melees d'ail- leurs tant d'opinions hasardees ou evidemment fausses , des ex- plications si hypothetiques, si 6tranges,si difficiles m^me a faire passer dans notre langue, accoutumee du moins dans les sciences a des expressions plus severes , qu'on ne pent guere t'eliciter le traduc- teur du travail qu'il a entrepris. A la verite, M. Jacques dit, dans sa preface, qu'il abandonne volontiers a la critique les principes generaux de son auteur, et il cherche, dans ses notes et dans de courtes intercalations faites au texte, a rajeunir ce traite de the- rapeutique ; mais lui-m^me parait peu au courant de I'etat actuei de la medecine. Ce qui, dans ce livre, est le plus remarquable, c'est de voir le pro- fesseur de Bamberg attribuer a certains medicamens des plus actifs des proprietes fort eloignees decelles qu'on leur assigne parminous, et cela sans s'accorder d'ailleurs avec les medecins italieus contre- stimulistes, en opposition eux-memes sur ce point avec I'Ecole fran- caise. La meilleure explication que Ton puisse donner de cette diver- gence d'opinion , dont les personnes etrangferes a I'art de guerir peuveut s'exag6rer les consequences , c'est qu'en France , on ne reconnait aux medicamens que des proprietes immediates ou phy- siologiques, tandis qu'en Allemagne et en Italic, on leur attribue les effets secondaires ou theiapeutiques, resultats , plus ou moins 61oi- gnes et incertains des mouvemens qu'ils ont fait naitre dans une or- ganisation malade. RrooLLOT fils, d. si. 2i3. — * Notice sur les preparations artijlcielles de M. Auzoux , D. M. Paris, iSaS; Gabon, et I'auteur, rue du Paon , n" 8. Bro- chure in-8° de a feuilles d'impression ; prix 76 cent. Deja , en i8i3, nous avions donne a nos lecteurs une idee assez complete des pieces artificielles , en carton, par lesquelles M. le docteur Auzoux a eu I'idee de rend re plus facile pour les geijs du roonde I'^tude de I'anatomie. ( Voy. t. xxvi , p. 456.) Toutrecem- A»8 LIVRES FRANCA.IS. ment , nous avons eu Toccasion de revenir sur cette decouverte iiite- ressante, en mentioniiant dans le compfe rendu des seances de rinstitut ( voy. t. xxti , p. 6oi, cahier de mai i8a5 ), un extrait du rapport de MM. Portal et Dameril. Nous allons emprunter au- jourd'liui a la Notice que M. Auzoux vient de publier un passage par lequel il repousse I'intention qu'on lui a supposee de pretendre remplacer avec ses preparations artiCcielles seules tous les moyens que Ton employait jusqu'ici pour I'etude complete de cette science. « On conyient , dit-il ( p. 9 ) , que ces pieces seules ne suffiraient point pour faire un habile operateur, niun savant physiologiste ; que c'est uniquement par la dissection methodique et repet^e de rhomtne et des auiinaux que Ton parvient a counaitreles differences que pr^senfent les divers tissus, leurs degres de connexion, et i'ar- rangenient intime des parties qui entrent dans leur composition. Mais les juges eclaires auxquels ces preparations ont ete soumises, ne craignent pas d'assurer qu'a I'aide de ces pieces artificielles , I'eleve laborieux acquerra, en quelques semaines, des connaissances pre- cises de la situation , de I'etendue , de la figure , de la direction , de la couleur, des attaches, des rapports des muscles, de Toriglne, du trajet , de la division , de la distribution des vaisseaux et des nerfs , et de la disposition des visceres, et qu'il lui suffira ensuite de passer un tems tr^s-court dans un amphilhedtre pour avoir sur cette bran- che de la medecine des connaissanses tres-etendues, qui, par tout autre moyen et par I'etude de la nature m^me , lui auraient coiite plusieurs annees d'un travail opiniAtre , degoutant et quelquefois funeste. • Puisque ces resultats , que la modestie et la bonne foi de M. Auzoux lui font reduire ici a leur plus simple valeur, ontsuffi pour attirer sur son invention les regards des gens de I'art et des Societes de medecine, dont il reproduit dans sa brochure lestemoi- gnageset les rapports avantageux , quelle confiance ne doivent pas y avoir les gens du monde, auxquels cetle invention parait devoir surtout profiter ! Si cette decouverte se repand en raison de son uti- lite , nul doute que I'etude d'une science aussi importante que I'a- natomie ne fasse bient^l partie de toute bonne education. Deja plusieurs pieces completes ont ete executees par I'auteur pour la France et pour les pays etrangers. Une d'elles a 6te votee par le conseil d'administration d'Evreux , qui a donnc naissance a M. Au- zoux ; M. Decazes en a fait present d'une a la petite ville de Libourne ; un professeur allemand,M. Ackerman, en a commando une pour -faire transporter a Stockholm; plusieurs demandes ont ete faites SCIENCES PHYSIQUES. 489 pour I'Angleterre et pour la Russie. M. le niinistre de I'lnlerieur, pardeux decisions, I'une du 10 Janvier i8a4, I'autre du ay mai i8a5, a fait mettre a la disposition de M. Auzoux une somme de 3, 000 fr. pour una pi^ce complete, destinee a I'un des musees roy;iux.Que les Societes de medecine et les conseils des departemens s'empressent d'imiter cet exemple , en mettant quelques-unes des pieces de I'au- teur a la disposition des el^ves et des amateurs de la science. Ne nous laissons pas devancer par I'etranger dans les encouragemens a donner a une invention nationale , et qui doit tourner au profit de la societe (i). E. H. 2i4- — Principes de perspeaive , par ^4. Teyss^idre. Paris , iSaS ; Rousselon. In-ia de xvi et i3a pages, avec un grand nombre de figures ; prix 3 fr. et 3 fr. yS cent, par la poste. Ce petit traite offre, dans un ordre clair et raetliodique, les no- tions indispensables a toux ceuxqui cultivent les arts du dessin. L.* 2l5 — * De la necessity d'augmenterle: forces militaires de la France; mo/en de le faire an meiUeiir marcJte possible; par le colonel Marcelin Marbot. Paris, iSaS; Anselin et Pochard. Br. iu-8° de 4 feuilles d'impression ; prix , 2 fr. Des deux questions traitees par M. le colonel Marbot , la seconde parait la plus difficile et , en quelque sorte, la seule <>". scmaine , pour quelques besolns particuliers , et le siuj;liis leur sera rendu a la sortie de I'etablissement... Les eugageniens de sous- cription , dont I'auteur presente un modele , pourront ^tre provi- soirement adresses a M. Felix Locquin , caissier de M. Trouve , rue des Filles-Saint-Thomas , n° 12. M. Duwicquet, auteur du deuxieme memoire, s'occupant, coinmc I'indique son tilre, d'un departemeiit en particulier, dctermiue dans son introduction le genre d'ouvrage qui parait le plus en re- lation avec les productions du terrain. La premiere partie de son mcnioire trace rapidement le tableau de la situation industrielle de I'Artois avant la revolution; la seconde s'occupe de specifier les moyens que I'auteur entrevoit de purger la France de cette lepre funeste. Une distribution bien en- tendue des bureaux de charite, une recette gentrale de tons les dons volontaires, retablissement d'ateliers et de manufactures en rapport avec les localitcs, paraissent a I'auteur resoudre la pre- miere partie du probleme. II demande en outre que les trois grandes ^poques de la vie, la naissance, le mariage et la mort, n'entraiuent pour la classe indigente absolument aucun frais; que les visites des medecins et des chirurgiens, les remedes des apotbicaires soienl payes par le bureau des pauvres pour les families hors d'etat de faire cette depense , et qu'enfin la vaccine soit toujours et eutifere- ment gratuite. L'auteur propose, comme moyens setondaires , des rfeglemens de police qui erap^cberaient les mendians d'assieger les lieux publics; des secours a domicile , donnes et payes par les bureaux des pau- vres , la propagation des ecoles muluelles , et la creation d'ecoles pratiques d'agriculture. Nous applaudissons de tout notre coeur aux vues pbilantropiques de M. Duwiquet; nous desirons que son Me- moire oblienne le succes qu'il merite, et que la Societe d'Arras, a laquelle il est destine , recherclie et fasse connaitre les avantages qu'une connaissance plus approfondie des localites lui fera regarder comme pouvaut resulter des moyens qui lui sont proposes. 227. — * Le Joucur a Paris , ou les Jeux dans leiirs consequences sur. la moralite des individus et la fortune des families; par M. A. ViviEir , avocat a la Cour royale d'Amiens; ouvrage couronne par la Societe de la. morale chretienne , dans sa seance du iSavril iSaS. Paris, lSi5 ; Louis Colas. 1 vol. in-i8 de viii et 168 pages; prix i fr. 5o c. Ce petit ouvrage , comme tons ceux qui out ete fails dans le mdme but, expose les cbances de gains et de pertes des joueurs. L'auleur 5o/, LIVRES FRANCAIS. suppose qu'un homme sage, charge de pourvoir aiix besoins du jeune Edouard, entieprend de combattre et de detruire en lui la passion du jeu a laquelle il etait enclin ; il lui fait voir, en lui ex- pliquant tout re qui passe xlevant ses \eux , une maison de jeu, la roulette, la martingale, la Bourse, I'hopital de Chaienton, le Mont- de-pict6 et une seance de la Cour d'assises. Toutcs res promenades ont un rapport direct avec les jeux , puisqu'elles font naitre des observations sur le triste sort qui attend les joueurs , soil que le malheur leur fasse perdre la tetc, soil qu'il les reduise a la mendi- cite, qu'il les conduise au suicide ou devant les tribunaux. La Societe de la morale chretienne, proposant pour sujet de prix la question qui a fait couronner I'ouvrage que nous annoncons, a montre combien elle attache d'importance a repandre parmi le peuple I'antidote le plus sur contre les habitudes immorales que pourraient y entretenir les maisons de jeux et les loteries , malheu- reusement autorisees par le gouvernemeut , mais dont les gens de bien appellent de tous leurs voeux la suppression. B. J. 228. — Lettre a M. le reJacteur du Journal d'education , publiee par la Societe d'enseignement eiementaire. Paris, iSaS; imprimerie de Fain. Broch. in-8° d'une demi-feuiUe d'impression. «' II existe des personnes prevenues contre le mode d'enseignement introduit ou rapporte en France en i8i4» sans que ces personnes puissent rendre compfe aux autres , ni a elles-memes, ciu motif de leur eloignement ; comme si une mani^re ou une autre d'apprendre I'alphabet et les cliiffrcs n'ctait pas une chose absolunient etrangere a la morale, a la religion et a la politique, et comme si, pour choi- sir entre toutes les manieres connues, on pouvait se decider par un autre motif que leur excellence ou leur imperfection ! » M. Jomard , auteur de la lettre dont nous venons de citer le preambule, a toutes les reponses que Ton a faites a I'objection qui presente i'enseignc- nient mutuel comme une nouveaute dangereuse, en ajoute une qui nous paralt sans replique. 11 la puise dans un ouvrage grec qu'un respectable philantrope , M. le due de La Rochefoucauld, a decou- vert dans une vente et qu'il lui a fait adresser, avec la traduction d'un passage fort curieux. Ce livre , public a B&le,en i54', ne se trouve pas a la Bibliotlieque du Roi. Son titre est CoUidiani coUoquii libellus ; I'auteur estun medecia appele Albanus Toriiius. M. Jomard rapporte la liste des ouvrages de ce medecin dans une de ses notes. Voici le passage dont il est question : " Je me rends a IV-cole . ou , ^tant entre, je dis : Mailre, salut. Celui-ci me rend mon salut et SCIENCES MORALES. ^oS ni'embrasse. Mon serviteur me remet mes tablettes et mon etui a ecrire. J'en tire mon stylet ; puis, assis a ma place, je me sers du lis- soir et j'eciis d'apres le module. Aussitot que j'ai ecrit , je montie mon travail au maitre; il corrige et il trace. Ensuite, il m'ordonne de lire. Apres avoir recu ce commandement, je le repete a un autre. J'avais appris une explication, je la recite ; aussitot aprfcs, il dicte ; un de mes camarades me dicte et dit : A toi. Je lui dis : Explique d'abord. II repond : N'as-tu pas vu que j'ai explique avant toi?... Alors je repete. Sur ee, le maitre ordoniie, et lesplus petitsse levent pour s'exercer sur le syllabaire. Un des plus grands leur explique en detail les syllabes; d'autres , par ordre , recitent devan1;le sous- maitre ; ils ecrivent des noms , des phrases ; et moi , place au pre- mier rang, j'excitel'emulation. Ensuite , d^s que nous sommes assis, je parcours les devoirs, le style et I'analyse grammatidale. Appele a la lecture, j'ecoute rexplicatiop , le sens , la personne ( ou le sujet ) de la phrase. Interroge sur I'analyse grammaticale, je reponds sur ces questions : par rapport a qui? quelle partie du discours? Je decline le genre des noms , je decompose la phrase. Des que nous avons acheve tous les exercices, on nous renvoie pour diner. >■ A cette citation curieuse et qui contient une description presque complete des procedes de I'enseignement mutuel, M. Jomard en ajoute une autre empruntee a un ouvrage francais , public pour la premiere fois en i594, dont I'auteur pseudonyme est Etienne Tabourot , et dont voici le titre : Les Bigarmres et Touches du seigneur des /tccords ( voy. p. 436 de la ye et derniere edition qui a paru a Paris , chez Etienne Maucroy, en 1663. In-12 ). La division par classes, la joute dus classes entre elles, I'enseignement par les moniteurs, le changement de place, tous ces caracteres de la methode sont fldelement repro- duits dans ce morceau. Qu'auront maintenant a repondre les detrac- teurs de I'enseignement mutuel , qui repoussent cette methode comme contraire fi I'eglise romaine et recemnient introduite par les angli- cans? M. Jomard indique, comme sa source autlientique, I'enseigne- ment chez les Hebreux , qu'on trouve indique dans le Deuteronorne. (ch. I, V. i3 et i5), et dansYExode ( ch. 18, v. 25 ). « II est tres- vraisemblable, ajoute-t-il , que les Indiens et les Egyptiens ont puise a la m<;me source que celle ou ont puise les jcsuites dans le xvi" siecle, et Joseph Lancaster dans le xix'. Quant au docteur B^U , le nom m^me que porto sa methode, systeme de Madras , iemontrc son origins. » E. H. 199. — Traite du CoiHrat de mariage ; par M. BiRr.T, ancieu ma- 5o6 LIVRES FRAISTAIS. gistrat , jurisconsulte. Paris, t8a5; Arthus Bertrand. i vol. in-S"; prix 7 fr. , et 8 fr. 5o c. par la poste. M. Biret est un jurisconsulte tri'S-laborieux , et dont la plume est extraordinairement feconde. Deux inois sont h peine ccoules , depuis que nous avons rendu compte de son Traitc de Vabsence; et quatre mois auparavant , un do nos coUaborateurs avail annonce son Jpi:lication au Code civil dcs Institutes de Jttslinien et des ciiiqiiante Itvres dii Digeste. — II lui a cte fait , a I'occasion de ces deux ouvrages, une juste part d'eloges et de critique. — ^ Nous apporterons la m6me impartialite dans I'examen de celui-ci : Amicus Plato, sed magis arnica Veritas. M. Biret fait vita et beaucoup : est-il possible alors de falre tou- jours bien?... Nous devons I'avouer, ses compositions se ressentent de la precipitation qu'il y apporte; il ferait mieux.s'il miirissait davantage ses productions. — Son nouvel ouvrage merite le m(5me reproche que nous avons adresse au Trails de Tabsence. — II lie fait qu y effleurer son sujet; il discute peu ; il compile; il laisse beau- coup a desirer, sous le rapport de la doctrine. — II traite du ma- nage considere comme acte civil; des qualites et des conditions qui y sont requises; des formalites qui doivent I'accompagner, et de ses effets. II le considere aussi comme contrat destine a regir I'asso- ciation conjugale; il donne des notions du regime de la conimu- naute et du regime dotal. — Ces matieres dont la division est natu- rellement indiquee , et paraissaient devoir ^Ire traitees les unes dans la premiere partie du livre, et les autres dans la seconde, y sont distribuces dans un ordre different : on y trouve des unes et des autres, dans I'une et I'autre partie. L'auteur a , sans doute, eu pour cela des raisons qu'il ne nous fait pas connaitre; mais cette me- thode nuit a I'ensemble de sa composition qui se trouve morcelee , et le lecteur en est peu satisfait. Lorsque M. Biret enonce son opinion particuliere, il le fait d'uue manifere s^cbe et trancliante : il ne suffit cependant pas d'-etre con- vaincu soi m<5me des propositions que Ton etablit ; elles ont ordi- nairement besoin dY-tre justifiees par le raisonnemeut , si Ton veut convaincre les autres; cette forme convient surtout dans un traite. Ses decisions nous ont paru quelquefois hasardees , et il nous permettra de n'etre pas de son avis, par exemple, lorsqu'il dit que I'impuissance naturelle pent <*tre admise comme uue erreur dans la personne capable d'operer la nullite du mariage. Un pareil principe ne saurait avoir son fondeiiient dans notre legislation actuelle ; se« SCIENCES MORALES. 607 effets blesseraient la delicatesse de nos moeurs, puisqu'il faudrait recoiirir a des investigations toujours scandaleuses, et dont les t6- sultats seraient le plus souvent incertains. Nous liii reprocherons aussi une erreur grave qu'il lui importerait de rectifier, s'il pouvait en ^tre terns encore. 11 dit , p. i68, qu'aH- (refois le regime dotal existait dc plein droit , et fans stipulation speciale, dans la partie de la France qui etait regie par le droit ecrit. — S'il avait pris la peine de consulter les auteurs qui ont traitede la dot, il y aurait lu qu'a la verite la loi romainc accordait aux dies une action contre leurs perespour les contraindre a les doter : mais alors, comme aujourd'hui, la dot devait ^tre constitnee par le contrat de mariage ; et, lorsqu'il n'avait pas ete passe de contrat entre les epoux, au lieu d'etre soumis au regime dotal, tous les biens de la femme L'taient paraphernatix ( ies biens qu'iine femme se reserve, qui ne font point partie de sa dot , et dont le mari n'a pas Tadministra- tion ), elle prenalt la qualite de femme libre dans I'exercice des ses droits et actions. Je me liAte de mettre fin a une critique qu'il m'a ele penible de faire; mais il n'entre point dans I'esprit des redacteurs de la Revue de deguiser la verite : nous la devons tout entiere a nos lecteurs. C'est un devoir que j'ai du remplir; et, par ce motif, M. Biret, dont j'apprecie d'allleurs les utiles travaux, mc pardonnera la severite dont j'ai use envers son livre. Je terminerai set article, en rendant au travail auquel il s'est livre la justice qu'il merite. On y trouvera des citations faites h propos des lois anciennes, dont il ctablit les rapports aveo la loi nouvelle. 11 eclairs les difficultcs que pent presenter le teste du Code, par les discussions qui eurent lieu au consell d'etat, par la doctrine comparee des auteurs qui ont ecrit avant lui, et par la jurisprudence des arrets. Sous ce rapport, son ouvrage a un degre d'utilite incon- testable. Crivelli , flcoca^- N. B. Un Traile complet du contrat de mariage reste encore a faire, et I'ouvrage de M. Biret, dont nous sommes loin de contester I'uti- tilile, ne diminuera point I'impatience avec laquelle les personnes qui s'occupent de la science du droit atlendent la suite des travaux du savant et respectable M. TouUier, dont le 1 2' volume doit bientot combler cette importaiite lacune. B. L., avocat. aSo. — * Cours de notarial; par J .-B. Augak , notaire royal a Agen. Paris , i8a5; Waree. i vol. iii-8°; prIx 8 fr. , ct 10 fV. 5o c. M. Augan ent, a notre avis, intitule plus ronvenal>l(incrit son 5o8 LIVRES FRANCAIS. livre, EUmens dc la science dti notarial. Le litre qii'il lui a donne nous a paru un pen ainbitieux. Au resle, ce reproche n'attcnue en ricn le merile intrins^que de I'ouvrage, que nous considerons comme un bou IfJaniiel a I'usage des notaires. Dans un premier livre, intitule : Dtn Notaires et de I'exercice de leiirs /onctions,Vautevir analyse la loi organisatrice dii notarial. II fait connaitre les conditions exig(^es de ceux qui se voucnt a cette profession , les obligations qu'ils ont a remplir dans I'exercice de leurs fonctions, les attributions qui leur sont departies par la loi, la responsabilite qui pi^se sur eux. II indique les diffcrentes forma- lites qui sont de I'essence de leurs actes, les vices qui peuvent en entrainer la nullite , et les effets qui en resultent. 11 donne rinlelli- gence des lois sur le timbre et sur I'enregistremcnt, dans leurs rap- ports avec I'exercice du notarial. ■ — Les objets trailes dans ce livre correspondent parfaitement au litre qui lui est donne. — ■ Mais il ne nous parait pas qu'il en soil ainsi des deux autres livres. — Le second, qu'il intitule de la Thiorie des con\>entions et ou il traite des conditions qui leur sont essentielles , des obligations d de leurs effets , ainsi que des hypotlieques , aurait du , a noire avis, contenir tout ce qui est relatif a la vente, a I'ecliange, au louage, au contrat de societe, au prdt, aux transactions , au central de mariage, etc., matieres dont il a compose en grande partie sou troisifeme livre, intitule ; de la Pratique du notarial , et dans lequel on devait naturellemenl s'attendre a ne trouver que la mise en action, par des exemples et des formules , des principes precedemment ex- poses. Ce troisieme livre comprend aussi I'analyse des regies du droit propres aux donations et aux lestamens; celles qui regissent les differens actes permis ou commandes par la loi , ct qui sont pla- ces par elle dans les attributions des notaires, tels que les procura- tions , les compromis , les inventaires , les partages , les prot^ts , les actes respectueux des eofans envers leurs parens, etc... Toutes ceS malitres, classees cependant avec assez d'ordre, comportaient uiie autre division : il nous semble que M. Augan aurait mieux fait de les placer toutes dans le second livre, auquel il aurait pu donner un autre litre qui leur eiit ete mieux approprie ; tels que celui-ci, Theorie des conventions , des contrats , et des diverses espices d' antes conftes aux notaires ; et oil il eut , ainsi qu'il I'a fait , explique les regies qui aj)- partiennent a cbacun de ces actes. II aurait pu le subdiviscr en sec- tions, oil il aurait traite successivement des regies generates des con- ventions, des contrals bilaleraux, des contrats unilateraux , des .dispositions n litre gratuil et a litre onereux, el des divers acles dc- SCIENCES MORALES. 609 volus aux notaires. — Le troisieme livre eut du ^tre coiisacre tout entier a des explications pratiques , et aux modules dont la redac- tion nous a pai'u generalement soignee et faite avec autant de clarte que de precision. — Nous desirous que ces observations puissent servir a M. Augau pour une seconde edition, qu'obti'endra proba- blenient son ouvrage, dont le succcs nous parait indubitable. L'auteur y offre, dans un cadre circonscrit, une instruction subs- tantielle; il indique avec exactitude les sources oii Ton pourra en puiser une plus umple. II cite un grand nonibre d'arrets, les avis du conseil d'etat el les decisions ministerielles, qui sont venus eclairer ou resoudre les difficultes que la mise en pratique de la loi sur le notarial , et de celles qui y sont relatives , a fait naitre. — Iltermine sou livre par un tarif des droits d'enregistrement et d'hypotlieques, dans lequel il a suivi I'ordre alphabetique. M. Augan enseigne aux jeunes gens qui se destinent a I'exercice du notariat, ce qu'aucun d'eux ne pent se dispenser de savoir ; et I'examen que nous avons fait de son travail , nous permet d'afiirmer qu'il n'y a fait aucune omission iniportante. — Nonobstant la critique que nous lul avons adressee dans cet article, et qui ne porte que sur la distribution des matieres, nous pensons qu'il a publie un bon livre eleraentalre : il deviendra le ^veni mecuin de ses confreres , qui le consulteront tou- jours avec fruit. Criveli.i , avocat. 23i. — * Jnnuaire de Legislation et de Jurisprudence , contenant dans la !'■' partie : 1° , un Calendrier avec la connaissance des Terns , etc ; 3° les changemens operes dans les ministeres ; 3° les modifications apportees dans I'administration de la justice; 4° etc; 5° des notices sur les ouvrages et les recueils de jurisprudence qui ont paru dans I'annee, suivis d'une liste alphabetique des auteurs; 6° des notices biogra- phiques et necrologiques ; 7° des articles de melanges ; — et daus la 1^ partie: i°un coup d' ceil sur lalegislation et la jurisprudence en i8r4; 2° des tableaux des brevets d'invention, des naturalisations, change- mens de uoms , majorats, donations et legs , pensions et secours, usines, etc.; 3° une Table alphabetique et raisonnce , en forme de diction- naire , avec I'indication de tons les recueils ou le texte se trouve rapporte ; 4° > des Tables chronologiques des Lois , ordonnances , arrets , etc. ; 5° , une table des articles des codes 'vises dans les arrets; — ouvrage destine principalement a faciliter letra- 5io LIVRES FRANCAIS. Tail et A ^pargner le terns du raagistrat , du jurisconsiilte , dii fonc- tioniiaire et de I'officier publics , et nidme de rhomme de lettres; par una societe de jiirisconsultes. Deuxieme annee. Paris, 1285 ; au bureau de I'annuaire, place Dauphine , ii*^ 28. i vol. in-8°, de viix et 396 pag. Prix , 6 fr. , et 7 fr. 25 c. par la poste. Le titre detaille de cet ouTrage, qui indique.les renseignemens tr^s-vari^s et souvent curieax que Ton peut j' puiser, en fait a]ipre- cier I'utilite. Ea general , a niesure que la civilisation avance , Ton sent vivement le besoin des r<5perfoires de ce genre , qui contiennent souvent plus de faits positifs et utiles a connaitre que beaucoup d'ouTrages oii sont deposees des theories et des vues d'amelioration plus ou moins bieu appropriees aux iutcr^ts de la societe. Aujour- d'hui , chacun de nos departemens , a-peu-pr6s, a son annuaire qui en donne souvent la statistique, la population , et qui indique I'elat agricole , industriel, commercial, et ni^me , a quelques egards , I'etat moral et social , scientiGque et lilteraire. Chacuue de nos principales branches d'administration , I'instruction publique , les cultes , la guerre , la marine , les douanes , etc. , out aussl leurs an- nuaires , a !a t^te desquels est celui du Bureau des longitudes, qui sont consultes avec fruit , non-seulement par les personnes qui out des rapports avec les agens de I'administration publique dans ces diverges parties , mals aussi par les homnies qui aiment a observer tons les rouages de I'organisation sociale poury signaler les progres en bicn ou les abus a reformer , et par les etrangers qui veulent connaitre a fond nos institutions et les comparer dans les details d'ext'cution avec celles de leurs pays. — Un annuaire de legislation et de jurisprudence est done un ouvrage qui doit avoir un grand nombre de lecteurs et obtenir un succes toujours croissant ; car, des individus de toutes les classes de la societe auront souvent occasion d'y recourir, et il est surtoutun manuel uecessairepourles liommes qui appartiennent aux differentes carrieres de la raagistrature , du burreau, du notariat , ou a celles dans lesquelles on s'occupe de I'application des lois. M. A. J. 232. — Abrcge d'histoire universelle , divise par siecles , depuis la creation jusqu'a la fin de I'annee 1824 de I'ere chretienne , auquel est joint an tableau mu^monique , intitule; Mappemonde historique ; par M. I'abbe Borme , cure de Meaux. Paris , iSaS; C. J. Trouve. I vol. in-S" de xxxii et ayr pages; prix 6 fr. , avec la Mappe- monde in-fol.; la Mappemonde seule, 3 fr. l/autenr de cet uuvrage y deploie une eiudition qui senible de- SCIENCES MORALES. 5ii venir de jour eu jour plus rare parmi nos jeunes pr^tres. II cite i^galement, pour appuyer ses opinions, les auteurs sacres et pro- fanes , anciens et modernes : Tenvie de prouver ce qui a ete lc«g- tems et sera sans doute toujours conteste par les incrcdules , lui fait invoquer egalenient le temoignage des naturalistes et des P^res de I'Eglise. Nous regrettons que ses preuves , bien qu'elles soient appuyees sur de grands noms, n'aient pas plus de force; et apr^s- I'avoir lu , nous sonimes toujours oblig(5s de rep^ter la phrase fa- meuse : Mundum tradidit disputatlonibus eorum. Abandonnons done la partie en quelque sorte tlieologique de cet ouvrage : sa forme doit donner lieu a quelques observations. La pensee de diviser ies tenis ecoules eu parties egales n'est cer- tainement pas nouvelle , et M. Goffaux en a fait une application fort ingenieuse dans ses Tableaux chronometriques de I'histoire de France. II faut cependant remarquer que, si I'oeil s'accomrnode fort bien de cette division egale , s'il y trouve un moyen simple et facile de saisir en un instant les rapports des teins et des espaces , il n'en est pas de meme de la memoire, qui, dans le tems et dans 1 es- pace , saisit aisement les masses, sans etre aucunenient fiappee de I'egalite des parties. Voila pourquoi la division adoptee par M. Borne ne jiarait pas aussi favorable a I'etude de I'histoire qu'il a pu le penser. Vainement , dans les cinquante-neuf titres qu'ii a donnes aux cinquante-neuf si6cles qu'il reconnait d'apres la clirouologie hebraiique , I'auteur a rappele quelques evenemens ou quelques hommes remarquables , la secheresse de sa division se fait sentir partout. Qui se rappellera jamais le si6c!e de la naissance de Seth ( le 2^) , et celui de la jeunesse de Jared (le 6i= ), et celui du com- mencement de la corruption ( le i^^ ) , 'et tant d'auties ? En cela , je prefererais la division admise par le celebre auteur du Ducouts sur I'histoire universelle, qui d'ailleurs presente , dans cet admirable ouvrage , une suite de fails pleine de rapidite et de chaleur. La verite nous force de dire qu'au contraire le livre de M. Borne ne presente qu'une chronologic assez s6che , bien inferieure , je ne dis pas au grand ouvrage de M. Buret-de-Longcharap, ni aux tableaux fort utiles de Lesage ( le conite de Las-Cases), mais meme aux Tableltes historiques de Langlet-Dufresnoy , et a la chronologic du president Henaut pour I'histoire de France. La ALippemonde hu'.orique que M. Borne ajoute a son ouvrage , n'est qu'un abrege de tout ce qu'il a dit , divise en six colonnes verlicales , dout chacuue coutient ua milienaire, Gbaque millenaire 5ia LIVRES FRANC AIS. se divise en dix parties , dont I'espace est consacre aux ^v^nemens les plus importans de chacun des siticles qui le composent. B. J. 233. — * Histoire d' Anghterre , depuis Jules Cesar jusqtt' en 1760, par Olivier Goldsmith , continuee jusqu'a nos jours j)ar CharUs CooTE ; traduction de I'anglais par M'""" Alexandrine Aragon; avec une Aotice sur la vie et les ouvrages de Goldsmith, par M. Albert MoNTEMONT. T. II. Paris , i8»5 ; Peytieux. In-S" ; prix fi fr. , et franc de port , 7 fr. 5o c. L'ouvrage enlier fonnera 6 volumes. Nous avons annonce , dans notre cahier de juiii ( t. xxvi , p. 844 ), le premier volume de cet ouvrage. Le second soutient dignement la reputation honorable de son aine ; on remarque , dans la traduc- tion , la m^me elegance, la m(^-me fidelite et la meme precision. Ues notes nonibreuscs ajontent encore a I'interet du texte , qui renfernie une periode de deux cent cinquante ans , consacree aux regnes d'Edouard II, d'Edouard III , de Richard II, Henri IV, Henri V, Henri VI, i^douard IV,l£douard V, Richard III, Henri VII, Henri VIII, Edouard VI , Marie , avec une partie du regne d'Eli- sabeth. Le cliapilre le plus remarquable de ce volume est celui de Henri VIII, ce prince devenu si bizarrement fameux par sa triple tyrannic de monarque , de chef d'Eglise, et d'epoux; qui affran- chit I'Angleterre du joug papal, mais qui soutint le schisme cree par son caprice , et qui envoya successiveraent toutes ses femmes a la mort , si I'oa excepte la sixieme et dernifere , qui n'echappa que par miracle. — Nous reviendrons sur ce travail, dont I'importaaice exige quelques developpemens. *** a34- — * Essai politique sur le royainne dela Nouvelle-Espagne ; par Alexandre de Humboldt. Deitxieme edition. Tome P"". Paris, iSaS; Renouard. In-8° de xvin et 472 pages; prix 7 fr. 5o c. La reimpression de cet important ouvrage ne pouvait avoir lieu dans des circonstances plus favorables. Tous les yeux sont fixes sur I'Amerique , et des destinees nouvelies se preparent pour une im- mense partie de I'espcce huraaine. Le livre de M. de Humboldt a ete public en 1808, lorsque la metropole exercait encore dans la Nou- velle-Espagne toute son influence, et a une epoque ou I'Europe , agitee au-dedans par des guerres sans cesse renaissantes , etait peu occupce des affaires de Tautre continent. Cepenrlant , cet ouvrage a fait, des sa premiere publication, une sensation tr^s-vive , et de- puis ce terns, en Europe comme en Amerique , on n'a cesse de le reimprimer, de le traduire , de I'extraire, de le copier, ou de s'em- p.ircr ties cartes geographiques qu'il renferme. Depuis Taffraucbis- SCIE^TES MORALES. 5i3 semeut du Mexique , le nouveau gouvernement a frequemment cite cet ouvrage dans des rapports officiels. Le pouvoir execntif decla- rait, le 21 juillet 1824 , que » ViLssai politique de M. de Humboldt renferme le tableau le plus complet et le plus exact des richesses naturelles du paj's , et que la lecture de ce grand ouvrage n'a pas peu contiibue a rauimer I'activite industrielle de la uation , et a lui iqspirer de la coufiance dans ses propres forces. » Cette edi- tion nouvelle contient des additions et des ameliorations nom- breuses ; les rapports que I'auteur a conserves avec le gouverne- ment raexicaiu et avec des personnes qui, a differentes epoques, cut occupe les places les plus eminentes dans I'administration de ce pays , lui ont procure uu grand nombre de materiaux statisli- ques entierement neufs , qui paraissent pour la premiere fois dans cette edition. La physionomie primitive de I'ouvrage n'a cependant pas ete cliangee , et voici comment I'editeur s'explique a cet egard dans sa preface ; « En reimprimant yEssooo 1* population totale de I'Amerique conlinentale et insulaire. \oici comment il distribue cette population entre les differentes races : Blancs . 18,471,000 ou 38 pour cent. Indiens 8,610,000 — a5 p. c. N^gres 6,433,000 — 19 p. c. Races mixtes. . . . 6,428,000 — 18 p, c. 34,942,000 Entre les differ ens cultes : Catholiqnes romains 22,486,000 Protestans 11, 636, 000 Indiens, independans, non chr^tiens. 820,000 34,942,000 Entre les differentes langnes : Langue anglaise 11,647,000 — espagnole io,5o4,ooo Langues indiennes 7,091,000 Langue portugaise 3,740,000 — francaise 1,242,000 Lang. hoUandaise, danoise, suedoise. 216,000 34,942,000 M. de Humboldt evalue la population de VAmerique espagnole k 16,910,000, qu'il distribue ainsi qu'il suit: Indiens 7,53o,oooou 45 p. c. Races melangees 5,828,000 — 82 Blancs 8,276,000 — 19 Noirs , race africaine 776,000 — 4 II partage la population noire de toute TAm^rique , qu'il a ^valu^e il 6,433,000, En 5,047,000 esclaves, ou 79 p. c. — 1,386,000 libres — 21 p. c. Ces tableaux de la population americaine , ajoute M. de Hum> boldt , se composent d'elemens tris-variables : ils representent ap- proxiraativement I'etat de la societe americaine. Dans un travail de ce genre, il ne s'agit que de« masses : les ^valuationc partielles ne SCIENCES MORALES. 5i5 pourront acquerir qu'avec le lems une precision plus rigoureuse. La langue des chiffres, seuls hieroglyphes qui se sont conserves parini les signes de la pensee, n'a pas besoia d'interpretation. II y a quelque chose de grave et de proplietique dans ces inventaires du genre humain : tout I'avenir du Nouveau-Monde y semble inscrit. C. R. 235. — * Carte historiqiie , chronologiqtie et geographiqiie de la Grece ancieiine , de I'Asie mineure et de i'ltalie meridionale , depiiis les terns les plus recules jusqu'a la batallle d'Actlum , epoque de I'aneantis- sement de la Republique ronjaine; pour servir a I'etude de I'histoire et de la geographic anciennes ; par M. J. N. C, ingenieur-geographc. Paris, 1825 ; Siniouneau, rue de la Paix , et M""= Lenoir, quai Ma- laquais, n' 5. Une feuille grand colombier, coloriee avec soin ; pri\ 5 fr., et fi fr. sur papier velin. Tout le monde connait ces cartes historiques oil la duree et I'eten- due progressive des empires sont figurees par le cours d'un fleuve qui se divise en plus ou inoins de branches, selon que la nation qu'il represente a fonde plus ou moins de colonies , etc. II en est une, celle de I'empire romain, je crois , oil le fleuve symbolique prend sa source au milieu des nuages et des eclairs , ce qui veut dire , probablement , que Torigine du peuple remain est iiicertaine et qu'il a ete guerrier, ou bien que le fondateur de la viile de Rome etait CIs de Jupiter. Cependant, il y a deja soixante-quinze ans environ, que Tarbeaula Bruyere voulut , un des premiers , se servir de I'espace pour mesurer la duree, et mettre sous les yeux , d'une maniere graphique , les revolutions des empires. Ce mode a eprouve les obstacles que ren- contrent toujours les idees nouvelles, quelque bonnes qu'elles soient; mais il n'a pas ete abandonne. Priestley, Chantreau, Las Cases, Goffaux, Strass, de Berlin, etc. , I'ont employe , et I'auteur de la carte que j'annonce en a fait une nouvelle application. Quelques mots d'explication feront facilement connaitre rartiCce employe dans la construction de cette carte , et I'avantage que Ton pent en retirer pour I'etude de I'liistoire. Trois zones horizontales reprcsentent les parties de I'Asie , de I'Eu- rope et de I'Afrique les plus anciennement connues ; irois lignes ver- ticales , sous-divisees par des lignes seculaires , indiquent la duree relative : 1° des tems tenebreux; 2" des tems heroiques ou fabuleux : cette seconde periode s'arrdte a la fondation de Rome ; 3° du tems ecoule depuis cette derniere epoque jusqu'i la bataille d'Actium. 5i6 LIVRES FRANC AIS. Les trois zones horizontales sont clivisees proportionnellement k I'eteudue de chaque etat ; puis Ton voit cette otendue proportion- uelle s'accroitre , dimiuuer, et mime s'eteindre , selon les vicissi- tudes que chaque pays a dproav^es ; mais , comme il est des em- pires qui s'etendaient dans plusieurS pailit-s du mondo, une teiule semblaLle rappelie , dans chacune de ces parties , I'espace que cet empire y occupait. C'est ainsi que Ton voit une teinte rouge , par laquelle I'auteur a designe le royaume de Macedoiiie , s'accroitre pendant quelques sifecles et occuper un moment, sous le rfegne d'A- lexandre, la presque totalite du monde connu, et la teinte verte, qui prend naissance a la fondation de Rome, couvrir la surface de la carte a I'epoque de la hataiUe d'Actium. II en est de mdme des autres 4tats , en ce qui concerne la distribution de Tespace; mais, pour prevenir toute confusion , I'auteur n'a colorie que les grands empires. On pent dire , avec raison , qu'au simple aspect de cette carte , on prend une idee plus juste et plus complete du synchronisme des ^venemens , et de rimpoi tance reciproque des etats , comme eten- due, qu'on ne pourrait le faire en plusieurs mois , par I'etude ordi- naire de I'bistoire. Cette carte convient done a tons les Sges ; une feuille imprimee , qui y est annexee , en fait connaltre I'objet , et fournit les moyeus d'en salsir sur-le-cbamp I't'iisemble et les details. Je suis persuade qu'elle sera promptement rechercliee par tons ceux qui aiment les etudes serieuses et positives ; au moins clle merite de ntie. P. A. a36. — * Resume de I'hlstoire de Picardie ( Sorame , Oise , Aisne , et partie du Pas-de-Ca!ais ); par P. Lami. Paris , j8a5; Lecointe et Durey. In-i8 de aifi pages; prix 2 fr. 5o c. Un ieune auteur a fait le resume de I'lustoire de sa patrie et de celle d'une nation voisine : ses ouvrages ont cte bien recus du pu- blic; aussitot on a eutrepris de resumer I'histoire de loutes les na- tions. Ces nouveaux resumes ont reussi ; il a fallu en faire d'autres pour chaque province de I'ancieune France ; maintenant Ton re- sume les litt^ratures , et ou soumettra probablement au mi^ine pro- cede les sciences physiques et morales, les beaux-arts et les me. tiers. Louons sans restriction I'idee premiere : tout ce qui tend a popularlser la science merite des eloges. Mais , si une entreprise philantropique fiuit par n'^tre qu'une speculation de libraire , gar- dons -nous de loucr Tabus d'une bonne chose, et jugeons toujours d'apr^s les regies de la raison et de la justice. Un resume , du moins tel que nous le concevons , ne doit con- SCIENCES MORALES. 5iT tenir que les falts d'un int^rdt general; et comme I'liistoire des provinces se trouve necessairement comprise dans celle du royaume, disons mieux, comme une province , surtout dans les dcrniers terns, na nen pu faire d'iniportant sans le concours du gouvernement royal et central de France , il en resulte que le resume particulier a chaque province , loin de former une histoire a part , ne fournlra qu une partie de I'liistoire generale , et que les trente-six anciennes provinces donneront naissance a trente-six resumes de I'liistoire de France. Quelqii'inevitable que soit ce defaut, le resume de M. Lami fait une honorable exception. La suite des faits I'entraine a en re- peter plusieurs deja mentionncs dans le resume de M. Felix Bodin ; et neanmoins , ces deux resumes ne feront pas double emploi. Mais cela tient a la mani^re dont les deux auteurs ont envisage leur sujet. La politique, la civilisation, voila ce qui a le plus occupe M. Bodin; M. Lami semble s'etre attache davantage a la religion, aux superstitions d i verses : les reliques, les Icgendes des moines , la credulite de nos ancetres, sont soigneusement depeintes par lui. II ne laisse pas echapper les treves de Dieu , les fondations de monast^res, etc. Les ceremonies superstitieuses des sorciers , et le jugement du chevalier de La Barre , mis a mort pour son luipiete, sont consignes dans son livre , et ce caract^re particulier iraprime a ce resume, en Lit un complement necessaire de celui de M. Bodin. Je dois ajouter qu'une etude profonde de nofre histoire et des historiens contemporains se fait constamment remarquer dans cet ouvrage. B. J. 2^7- — Joseph Fouchi, due d'Otrante , juge d'apres ses memoires. ( Excratt de I'Aristarque. ) Paris, i825 ; C.-J. Trouve. Broch. in-S" de 43 pages ; prix i fr. aS c. Nous a vons rendu compte des Memoires de Fouche , comme d'un ouvrage qui presentait quelques caract^res d'authenticite. Nous avons cru reconnaitre dans I'auteur veritable du livre, sinon le mi- nistre lui-m^me , du moins quelqu'un de ses conCdens et de ses agens intimes qui a ete admis a I'initiation de beaucoup de mysteres poli- tiques. Le redacteur de VAristarque partage en cela notre opinion; mais il voudrait s'autoriser de ces memoires pour livrer au niepris et a I'execvation publique le ci-devant ministre de la police, dont nous sommes loin de vouloir entreprendre la defense, quoique nous ne pensions pas que toutes les accusations par lesquelles on cherche a flctrirsa mcmoire soient egaleinent fondees. Les Memoires de Fouchk 5i8 LIVRES FRA^'CAIS. sont tennines par cette phrctse singuli^re : « Je crois resumer ma •vie, en declarant que j'ai voulu vaincre pour la revolution, et que la revolution a ^te vaincue dans mot. » Le redacteur de VAristarqiie , se fondant sur cette phrase , ne voit dans les m^moires de Fouch^ qu'nn lestament politique , un traile ex professo de Van de conspirer, dont 11 resume en dt'ux pages les prin- cipales insirucfions; et par unecliute que I'on a de la peine a con- cevoir, apres avoir peiiit Fouche comme !e rej)rc'sentant cie la revo- lution, il fait , qui le croirait! des ministres actuels, les successeursde Fouche et les heriliers deses pen'sees. Jusqu'oule delire de I'esprit de parti peut-ii egarer la raison ?.... Le m^me sentiment d'irritation contre notre ^poque et contre les avantagcs incontestables d'un gouvernement constitutionnel , porte I'Aristarque a vanter av3c emphase les quatorze siecles de bonheiir et de gloire i\e I'antique monarchic francaise. Nous pensions que , de- puis VexceWente histoire des /raiicais , par M. de Sismondi, Yhisloire de Paris, par M. Dulaure, et le Rt-suine de tHistoire de France , par M. Felix BoDiif , il n'etait plus permis aux hommes raisonnables de reproduire de sembiables assertions contre le teraoiguage positif de riiistoire. 238. — Memnires d'Henrielte TFilson, concernant plusieurs grands personiiages d'Angleterre, et publics par elle-meme , traduction de I'anglais, revue et corrigee par I'auteur. T. 2e, 3eet4'". Paris, i8>.5; Lbuillier. 3 vol in- 12, ensemble de 397 pages; prix 9 fr. (Voy.-flei'. Enc. , t. XXVI , p. 23o.) Miss Wilson continue, dans ces trols volumes, I'liistoire de ses aventures. Tons les premiers personnages sont passes en revue; et cette superbe Angleteire, 011 tant d'ecrivains qui croyaient mal a propos fiiire preuve de patriotisme, se p'.aisaicnt a reprocher a la France ses m^uvaises moeurs, doit voir avec peine son aristocratic tout entiere solllciter les faveurs d'une courtisane. Je ne rappel- lerai pas les noms de ceux que la belle Ilenrieite introduit dans son livre. Je me bornerai a rcpeter le jugemeiit que j'ai deja poile sur son premier volume. On y trouve des sc6ncs comiques tracees avec esprit , des portraiis presqne toujours piquans , el malheureusement sans doute trop ressemblans, une galte iiiepuisable, et le croirait- onPquelques lignes qui sembleraient indiquer que le coenrdeMiss Wilson fut capable d'un veiilable amour et d'uue ceitaine lldeiite. L'influence d'une mauvaise education , des cxemples d'un monde corrompu , des besoins imperieux que notre civilisation , defectueuse SCIENCES MORALES. 619 et barbate sous tant de rapports , ne permet souvent de satisfaire qu'en merhant !es primes d'encoiiragement offertes a tous les yices, suffisent pour denaturer, pour depraver et avilir les 4tres m^mequi etaient doues d'une veritable sensibilite, et qui auraientpu, dans una societe mieux organisee , honorer I'humanite par leurs vertus. J. aSg. — * Voyages dans les departemens formes de I'ancienne pro- vince de Langiiedoc , par Rejtaud de Vilback j chevalier de Saint- Louis, officierdelalegion-d'honneur. T. 1"'. Paris, iSaS; Delaunay. In-8° de 5i8 p. ; prix 8 fr. Ce premier volume contient une esqtiisse de I'histoire du Languedoc , suivie d'une description detaillee de tous les lieux les plus remar- quables du departement de I'Herault. Le volume suivant fera voya- ger le lecteur dans les departemens de I'Aude et du Tarn. — L'ou- vrage est acconipagnede planclies geograpliiques et de dessins litho- graphies, representant les monumens les plus rnteressans, les sites les plus pittoresques. L'autcur a parcouru le Languedoc dans tous lessens; il y est ne ; il en possede a fond la langue ; il en a bien etudie I'his- toire ; et c'est en nous rapportant ce qu'il a vu, qu'il veut nous faire connaitre son pays. Voila, certes, sous le rapport de la verite , une garantie suffisante; mais la verite suffira-t-ulle pour faire lire cet ouvrage? La forme adoptee par ]\L de Yilback est perilleuse pour un auteur : s'il n'avait voulu que faire une description geographique toute seche, plus complete que beaucoup d'autres , elle aurait at- teint parfaitement son but. Mais il s'agit d'un voyage imag.inaire, genre d'ouvrage qui, loin d'exclure le plaisir, semble au contraire le promettre au lecteur; et le public toujours exigeant se croira en droit de demander a M. deVilback pourquoi les diverses parties de sa description ne sont li^es entre elles que par la position des lieux ; s'il n'eiit pas ete possible de faire de toute cette peinture, 011 se trou- vent d'allleurs des morcea^ux charmans, un seul tout, en reunissant les parties par une intrigue legere, comme celle du Tristan de M. de Marchangy, (voy. ci-dessiis, p. aSg ) on du Voyage d'Ana- charsis ? Nous pouvons done determiner le nierite de I'ouvrage de M. de Vilback , en disant que, pour la verite des descriptions, pour la variete des tableaux , les Voyages en Languedoc sont un ouvrage tres-satisfaisant ; mais qu'on y pourrait demander un interet plus soutenu, et une action principale a laquelle tout viendrait se rat- tacher. ^^o LIVRES FRANCAIS. Si I'on vent lire I'ouvrage par morceaux detaches, on ne poiirra qn'en prendre une idee tri;s-avant.igeuM\ surtout si !'on tombe sur la danse da chevalet (p. 33i ) sur la grotce de Ganges ( p. 370) sur les mocurs des habitans de 5f-(7fo,--^p?(p.383 et siiivantes) et sur p'lusieurs autres pages t'galement interessantes. B. J. 240. — * Histoire physique, civile et morale des environs de Paris , depuis les premiers tenis historiques jusqu'a nos jours, etc.; par DuLAURF. , de la Societe des antiquaires de France, autcur de VHis- toire physique , civile et morale de Paris, amf partie du T. II. Paris, 1823 ; Guillaume. i vol. in-8°; prix 7 fr. 5o cent. ( Voy. Rev. Enc, t. XXVI, p. 53g, et ri-dessus, p. 327.) Le livre S™* du T. II est consacre a la description des lieux qui sent sur la route de Poissj a ivreux. Ce livre est divise en quatre clinpitrcs , dont le premier et la moitie du second sc trouveiit com- prisdansla i"partie de ce volume que nous avons drj;i annoncee. Icinons avons la fin du a""" chapitre et les cliapitres 3""' et 4">e ; ce dernier est exclnsrvement reserve a la ville d'Evreux. Vientensuite la tToisieme partie de rouvrago (Route de Paris a Rouen) , dont trois chapitres du livre I'^'sont eonsacres a la description des lieux qui se frouvent snr la route de Paris a Saint-De.nis , y comprisl'histoire de cette derniere ville, rapportee dans le 3""= chapitre. Outre rhistoire d'ltvreux et celle de Saint-Denis, sur lesquelles nous appelons I'attention de nos Iccteurs, nous avons remarque plu- ^ieurspassages fort curienx dans la partie du T. II, que nous annon- cons; tels sont ( p. a55 ) la description dela Roche-Guyon et I'as- sassinat qui y fnt commis en 1107, sur la personne du seigneur de la Roche, dit Guy; —(p. 262) les efforts de Henri IV pour se rendre favorable la veuve du marquis de Guercheville, a laquelle il dit un jour, en renoncant a triompher de sa resistance: « Puis- que vous ^tes v(?ritablenient dame d'honneur, vous le serez de la reine. • — (p. 291 et 36r ) le r^cit de miracles operes sur le ferri- toire d'Evreux, en 6g6, par saint Ouen , qui fit marcher deux mu- lets obstines, et a Montmartre par saint Crysogone ou saint Rabo- ni, ainsi nomme , rapporte Sauval , parce qu'il avait, selon le penple, la vertu miraculeuce de rabonnirlei ma>-is. « Une femme, dit I. a Monnaj'e, dans le second volume de son 'Rlenagiana , enfre- prit de faire une neuvairie a saint Raboni pour demander la conver- sion de son mari. Quatre jours apres , le mari etant niort, elle s'e- cria : Q^ue la honte du saint est grande , puisqu'il dnnne plus qu'on nelui demande. » Toute t'pigramme a part, nous sommcs d'avis qu'il faut SCIENCES MORALES. Sii renvoyer A saint Raboni cette femme qui pretendait avoir le droit dese soustraire a I'aulorite oonjugale et de faire prononcer la nul- lite de son mariage , parce que ce mariage n'avait pas ete consacre par TEglise, mais dont les pretentions ont ete rejetees recemment par la cour royale d'Aix (i) : car , si les tribunaux s'aviseut de vou- loir ainsi conserver leur independance , a quel saint pourront se •vouerdesormais lespauvres femnies qui auront des maris mecreans? E. K. 241. — * Revue politique de I'Europe en 1823, avec cette epigraphe : « lUi pro libertate, hi pro dominatione pugnant. » QuaCrieme edi- tion. Paris , 1823; Bossange freres. Broch. in-8°; prix 2 fr. Cette brochure, dont nous avons annonce la premiere edition ( Voy. t. XXV, p. 792 ) , est jugee, et il serait superflu de lui donner de nouveaux eloges. Le succes qu'elle a obtenu parle assez en sa fa- veur ; il prouve a la fois et I'importance des objets qu'a traites I'au- teur, et son esprit philosophique, et le rare talent avec lequel il s'est rendu le digne interprete del'opinion. Un avemwe/ne/u des editeurs nous apprend que « cet ouvrage faisait partie du premier numcro d'une nouvelle Revue politique et litteniire qui devait commencer a paraitre au mois de Janvier dernier. » — « Cette entreprise etant, ajoutent- ils , relardee de quelques mois , nous avons cru important de ne pas differer la publication d'un article aussi remarquable que cehii que nous offrons aujourd'hui au public, et dont nous regrettons qu'il nous soit defendii de uommer I'auteur. » Parmi les personnes aux- quelles nous avons entendu atlribuer cet ouvrage, se trouve M. d'HER- BiGNY, dont le nom a etc cite avec des circonstances qui nous pa- raissent devoir faire pencher la balance en sa faveur. Sans doute , M. Sarbier, dont les soins infatigables et I'esprit d'investigation sont si connus, ne nous laissera plus de doute a cet egard, dans le pre- mier supplement qu'il publiera de son interessant et curieux Dic- lionnaire des anonymes et des pseudonymes. Littcrature. ' 242. — Resume de I'histoire de la Utterature francaise , depuis son origine jusquii no s jours. Paris, iSaS ; Louis Janet. I vol. in- 18, prix, 3 fr. Ce petit livre , elegamment Imprime, est un ouvrage de parti : il sort du camp des roinantiques. On s'en apcrcoit , des la premiere (i) Voy. le Courrier francais du aS aoiit 1825. 5m LIVRES FRANCA.IS. ligne de la preface , oul'auteur cite le Tableau Uttiraire Je la Prance ail KWiXe Steele , par M. de Baranle, au lieu de ceux de M. Victorin Fabre et de M. Jay, qui obtinrenl les suffrages du public comme ceux de rAcadcmie. A I'epoque ou parureut ces discours, I'auteur de I'yillemagne n'avait pas encore reciieiili la globe if avoir cloniie la pre- miere a noire nation, le moiivement intelkctiitl t/ui doit la jeler un jour flans line carriire qii ellc s'etait iwlontairtment fermce , dans la loiilede la perfection ind.'finic (page 34g) ; et les etrangers ne nous avaient pas encore montre, dans deux invasions successives , toute la superiorite qu'ils ont sur nous.... , quand ils se trouvent trois contre un. Mais il s'est eleve , depuis, une secte enlhousiaste de tout ce qui est e! ran- ger. Je me sers a dessein du mot de secte. Les romanti3a LIVRES FRA.NCAIS. greles auteurs, etd'aclopter I'ordreqiii leurpamitle plusconvenable. De pareils livros , d'ailleurs , sont voues a la destruction ; et je doute Tort qu'iin volume qui a ete appris par coeur suhsisle dans son entier, lorsqu'un enfant arrive aux dernieres pages. II ii'y a aucun incon- venient a ce qu'un enfant retrouve , dans une nouvelle nomencla- ture, les mots que deja il aura appris dans une nomenclature pre- c^denle. Si Ton veut diviser des vocabnlaires de sorte qu'ils puis- sent se servir de sujiplement les uns aux autres, c'est entre les diver- ses portions d'un m6me auteur qu'une pareille separation me semble de nature a 6tre adoptee, afin que Ton ait la facilite d'arriver plu- tot a des applications pratiques. Ch. Renouard. a49. — * Oraisons fanebres de Bossuet, avec des commentaires , par P.-F. DE CvLONNE, professeur au College royal de Henri IV. Paris, iSaS; Renouard. a vol. iu-12 de xxiv et 44^ p.; prix C fr. 00 cent, et 7 fr. 5o cent. Les remarques du commentateur de Bossuet sont historiques ou critiques. Ces dernieres, qui sont les plus importantes , consistent: 10 dans la' citation textuelle des passages que Bossuet emj)runte , soit aux peres de I'Eglise , soit aux ecrlvains anciens; 2° dans le rapprochement des passages de Bossuet et de quelques autres ora- tenrs qui ont traite les memes sujets que lui; enfin, dans le deve- loppement des beautes de ses discours. Cette derniere partie est done la seule qui appartienne en propre au commentateur; mais M. de Calonne me semble s'^tre entierement m^pris sur le genre d'utilite qu'elle pouvait presenter aux etudians. L'analyse des beau- tes d'un orateur consiste moins a relever quelques belles expressions eparses dans un discours , qu'.i en faire connattre le plan , la marche generale , les ressources , les diverses parties; on defalt le discours, on le refait ensuite, on montre quel art admirable a preside a la construction de ce bel edifice : quels moyens a trou- ves I'eloquence pour attirer des I'exorde et soutenir ensuite I'atten- tion et la bienveillance ; comment a une narration animee et pleine de chaleur , aux considerations les plus elevees sur la vie future et la puissance divine succede une peroraison qui, par I'expressiondes sentimens les plus affectueux, des passions les plus nobles, acheve de toucher I'auditeur et le soumet entierement a la puissance de la parole. M. de Calonne en a juge autrement. Ses observations ne roulent presque jamais que sur des expressions dont quelques -unes m^me n'ont riendoremarquable ; mais le ton perpetuellement admiratif de LITTERATURE. 533 son commentaire lui laissea peine aperrevoir rcnorme distance qui se tronve entreles trois cliefs-d'oeuvre deBossuet et les discours sur Anne de Gonzague, Marie-Ther^se d'Autriche , et Letellier. II u'ose pas dire qu'ici I'orateur n'est point coupable, mais que la pauvrete de ses sujets ie trahit malgre lui; M. de Calonne appartient a I'uni- versit^ ; il craint de soulever des questions delicates qui metteut I'eloquence en contact imniediat avec la philanthropie et la poli- tique : il s'est tire d'affaire, en louant tout iudistinctement, depuis le songe ridicule d'Anne de Gonzague ( t. ii, p. Sy ) jusqu'aux cou- ■vens ( ILid. , p. i23) et jusqu';\ la revocation de I'edit de Nantes ( Ibid, p. i43). II a rendu ainsi son coramentaire plus facile, inais en mfime terns moins instructif, et moins digne de Tatteution de ses lecteurs. Je terminerai par une observation relative a I'impression des discours deBossuet : M. de Calonne a souligne dansle textetous les passages qu'il reproduit dans ses notes ; il en resulte pour le lecteur une bigarrure non moins inutile que desagreable. B. J. 25o. — * QEuvres de Rabflats , edition Variorum, augmentee d'un nouveau Commentaire hisloriqiie^txT Esmakgabt et E/oi Johanneaii. T. VII. Paris, 1825; Dalibon, rue Saint-Andre-des-Arcs , n" 41. I vol. in-8°( T'oy. t. xxvi, p. 862 ). Si un bomme se fiit presenie a Henri II , dans les premieres an- neps de son regne, et eut osc lui dire : « La venalite des charges de magistrature est une plaie que Francois I^"" a faite a la France : on ne regarde point conime un devoir a remplir les fonctions que Ton a acbetees, mais bien comme une propriete dont on jouit a son gre et que I'on peut meme revendre en detail : les magistrals cbarges de verifier les comptes des revenus publics font leurs affaires, et non pas les.votres : les cours de judicature unissent la corruption a 1 a- bus du pouvoir : le vice des formes et le defaut de publiciie livrent les prevemis a leur discretion : on les voit , comme le tribunal de. rinquisition , condamner pour prouver qu'elles n'ont point accuse a tort ; bientot on les verra , conime le tribunal de I'lnquisition , exiger que I'accuse devine le crime qu'on lui impute. A ce fleau s'en joint un autre plus menacant pour voire peuple et pour vous-m^me: le d^sir de defendre la foi calbolique contra les attaques des refor- mateurs, entraine a coiifondre avec la religion, un devouement aveugle, passionue , fznatique an chef des ministres de la religion. I-a doctrine qui fait du pontife de Rome nn dieu sur la terre , maitre des rois et des peuples, la sonmission illlmitce aux constitutions 534 LIVRES FRANCALS. vraies ou fausses des papes s'^tablissent en FVance; elles en soutirent les richesses au profit d'un souverain etranger ; elles attaquent le» affections nafurelles , elles detruisent la morale, partout ou il ,y a diverslte d'opinions religieuses ; enfin , elles soumettent votre cou- ronne et votre vie a I'antorite dn ponlife , et , par une conse- quence trop naturelle , a I'autorit^ de tons ceux qui parleront en son nom. Puissent vos successcurs , puisse votre fils, ne pas faire un jour I'epreuve sanglante des dangers que je vous signale! ... » Si, dis-je , nn homme veridique eiit tenu ce langage , il aurait fait I'ex- trait des chapitres les plus marquans que renferme le lomeYll des OEiivres de Rabelais (Livre IV, chapitres ^8-6"^. hWreY , chapicres 1-17)- On est etoune, en les lisant , de la transparence des allegories; et d'autant plus que, si le Yc livre n'a paru qu'apr^s la mort de I'au- teur, le IV« avait etc public plusieurs ann^es auparavant. On a quelquefois accus6 Rabelais d'exageration. Merite-t-il ce reproclie , quand il montre le pouvoir et I'existence des rois mis a la merci du fanatisme ? Les predicateurs de la Ligne , I'assassinat de Henri III , celui de Henri IV , ont-ils prouve le contraire ? Le merite-t-il, quand il demasque I'ambition ecclesiastid[ue prete a envahir la domination entifere des choses temporelles, et soutenant que I'etat le plus par- fait serait celui oii tous les anneaux de la cliaiue sociale seraient dans la main des pr^tres ? ( ZiVre IV, chap. 53 ). Non : aujonrd'hui m^me, des ecrivains connus professent publiquement cette doctrine. Le merite-t-il, quand il peint les papimanes et les habitans de Yile soniiaiite, adorant le papecomme un Dieii, maitre souverain des peuples etdes rois? Non : il ne fait que leur prater le langage des theologiens de son terns. Dans un ouvrage dont la Revue Encyclopedique a donne une coutte notice , sont cites les ecrivains qui afllrrnaient que le Pape est un Dieit surla terre , qu'il a le pouvoir de changer t' in justice en justice, ( Voy. ci-dessus , p. iSg ). Et si I'on suppose que de telles assertions appartieiinent a un terns d'iguorance et d'exaltation, que lepondra-t-on aces vers composes en 1721,3 I'occasion de la mort de Clement XI: « Unuomo cstinto Ch'era del ciel e del mondo sovrauo (r)? >> En 1731 , le pape etait encore le souverain dn monde et du ciel! Pour faire passer des verites si hardies, et des traits fort vifs sur les papes guerriers , sur la vanite des proraesses de la cour ds (1) Capitnli piacevoli di lyiccoln FoRTiorEBRA. lap. ti , vers o-li. LITTERATURE. 535 Rome, promesses toujours cherement achet^es; sur les fausses reliques presentees a I'adoration des croyans;sur la gourman- dise des moines et des beneficiers , etc. Rabelais a eu recours, comme a son ordinaire , aux bouffonneries et aux enigmes ; mais , dans ces bouffonneries se trouve pins d'une allusion piquante, soil a des eveiiemens contemporains, soit aux ridicules et aux vices des grands personnages qu'il met en scene dans son roman allegorique. Des principales enigmes. Tune se rappoite a Vlnquisilion , que I'ou s'efforcait alors d'introdiiire en France; I'autre, bien comprise, exprime positivement que le monde n'a cesse d'etre insense ou imbe- cille qu'au jour oil, grace a la Reforme et au besoin d'instmction qu'elle amena avec elle , les liommes ont commence a secouer le joug de la supersiition. Voila ce que M. Eloi Johanneau dtni^le et eta- blit avec I'ingcnieuse sagacite dont ila deja donne tant de jireuves. C'est done avec justice qu'il r(?clanie, pour sou penible et interes- sant travail, Its encouragemens et les eioges des liommes pensans; comme c'est avec veriie qu'il repete ce qu'il a demontre a presque toutes les pages de son Commentaire : « Rabelais merite plus que jamais d'occuper le public , puisqu'il fait la critique de notre terns, en faisant la satire du sien. » Eiisebe Salvehte. aSi. — * Classiqiies francais , ou Blbliotheque portative de I'amateur, composee des cliefs - d'ceuvre, en prose et en vers, des meilleurs auteurs ; en lOo volumes in - Sa. — OEi/vres de Regnabd, formant la ao">e livraison. Paris , iSaS ;L. Debure, editeur,rue Guenegaud, n° 27. 4 vol. , avec portrait; prix 12 fr. et i3 fr. 4o cent. « Quine se plait point aux comedies de Regnard , a dit Voltaire, n'est point digue d'admirer Moliere. » Ce jugemcnt du patriarcbe de Feiney a etc sanctionne jiar son siecle et par le notre; I'auteur du Joiieiir, du Legaiaire universe/ et des Meneclimes occupe immediate- ment apres'celui du Tarinfe , du Misaiitrope et de Yytvare une place quequelques novateurs ont essayeen vain de reveudiquer en faveur de Beaumarcbais. « Regnard n'a, dit La Harpe, ni la raison supe- rieure , ni I'excellente morale, ni I'esjjrit d'observation , ni I'eloquence de style que Ton admire dans les bonnes pieces de Moliere ; ses si- tuations sont moins fortes, mais elles sont comiques; et ce qui le caractei ise surtout, c'est une gaiete soutenue qui lui est particu- liere, un fonds inepuisable de saillies et de traits plaisans. line fait pas souvent penser, mais il fait loujours rire. » Ce peude mots, oii .se trouve si bieu caracterise le talent de Regnard, peint en menic tpins I'immense .'uperiorite de Moliere sur tons les comiques qui out 536 LIVRES FRANfAIS. exist6: Mollere fait toujours rire, et presque toujours ii fait penser- C'est une bonne fortune, dans le terns ou nous vivons, que la r^impression d'nn auteur qui possedait a un sihaut degre le talent que ses successeurs^nt laisse degenerer, et qui semblerait entierement perdu de nos jours, si nous n'avions las comedies de M. Picard. Mais, si i'on ne rit que rarement au thedtre aujourd'hui , peut-d'tre bien est-ce encore plus la fautedes circonslauces politiques quecelle de nos auteurs. Rien de moins comique, en effet, que nos marquis, nos financiers et nos tartufes, qui moins que jamais consententa ce qu'on les joue. Sachons done nous dedomniager aux depens des marquis, des financiers et des tartufes du tems passe, et rions-en de bon coeur avec les maitres de la scene. Aux trois pieces de Regnard que nous avons dejacitees, il faut ajouter les FoUes amoureuses , le Distrait, Democrite ainoiireiix, le Becour iinprei'ii, et la Serenade, que nous retrouvons dans la jolie collection de M. Debiire , a\ec\e Bal , Attendez-moisous I'orme ,\i: Mariagc de la folic, la Critique du legataire , les Soiihaits, les T'endan- ges, le Carnaval de Venise, Orphee aux enfers , opera, et Sapor, tra- gedie. A toutes ces pieces I'editeur a joint encore les Poesies diverses de I'auteur et sa nouvelle intitulee /a Provencale, oil Ton sait qu'il a fait entrer tous les evenemeiis qui lui etaient arrives a lui-m^me dans un voyage sur raer, oil il fut pris par les corsaires et conduit en captivitc a Alger. Cependant , nous n'avons pas ici ses autres voyages, et surtout son voj'age en Laponie; ce ne sont done point des oeuvres completes. D'un autre cote, malgre notre predilection pour Regnard, nous devons avoner que c'etait peut-d-tre trop lui ac- corder , que de lui consacrer quatre volumes dans une collection qui doit renfermer, en cent volumes in-Z^ , tous les chefs-d'ceuvres , en prose et^en vers, de notre litterature. Plusieurs des derniferes pieces que nous avons citees auraientpn sans inconvenient etre omises dans un choijc des oeuvres de notre second comique. Nous craignons que Ton ne puisse faire un reproche a la collection de M. Debure^qui sans cela serait parfaite; c'est le defaut de proportion, defaut que nous avons eu deja I'occasion de signaler a I'occasion de Voltaire > auquel les edlteurs out consacrequatorze volumes de leur collection. E. Hekeau. a52. — * CEuvres completes de La Fontaine, publiees en un seul volume in-S". 2*^ livraison. Paris, iS^S; Igonette, libraire - editeur , rue de Valois, n° 17. La seconde livraison merite les monies eloges que la premiere LITTER ATURE. 537 (Vov. Sec. Enc, t. xxvi, p. 864))- H est impossible de meltre plus cle soins dans la correction du texte, dans le choix du papier, dont la finesse et la blancheur sont partout les memes , et dans le tirage , partout egal et d'une execution parfaite. La i.^ livraison est accom- pagnee d'une gravure repiesentant Perette et son pot au lait ren- verse, d'apr^s un dessin deDeveria. Cette magnifique edition de La Fontaine se composera de 8 11- vraisons qui paraitront exactement de 20 en 20 jours. Prix de chaque livraison, 3 fr. L'ouvrage, orne de 12 gravures, sera terinine a la fin d'octobre prochain. P*. 253. — Palmare conquise , poeme epique en donze chants , suivi du Mage ; par M. DonioN. Seconde edition. Paris, iSaS; Delaunay. I vol. in-8° ; prix fi fr. 254. — Poesies lyiiqiies, et biicotiqiies precedees d'un Essai sur la poesie et leloquence et suivies d'Uejomede, reine de Segeste, trage- die en 5 actes, par le mdme. Deuxieine edition. Paris, iSaS ; Firmin Didot. I vol. in-S" ; prix 5 fr. Les nombreux ouvrages de M. Dorion prouvent son extreme faci- lite et I'etendue de ses connaissances litteraires. Cetecrivaiu est de- puis long-tems connu par le poeme de La Bataille d^Hattings , qui obtint une mention honorable au concours des Prix decennaux. Lie poeme de Palmyre, qu'il publia en l8i5,subit a cette epoque un exa- men sur lequel il est inutile de revenir. M. Dorion fait souvent preuve d'elegance et rencontre des tours heureux ; son imagination est riche, sa composition sage. II a sans doute produit des poemes dignes de I'estime des connaisseurs; mais ceux-ci n'y ont point trou- ve les conditions exigees pour les epopees. Le defautde reussite dans ce genre est gencralement impute a notre langue poetique plutot qu'.i la faiblesse des auteurs; nous demanderons aux critiques qui osent accuser notre poesie d'impuissance, si le style du traducteur 'le Milton n'est pas epique, si les beaux passages de I'Eneide fran- caise ne luttent pas avantageusement avec le chef-d'oeuvre du si^cle d'Auguste. II faut le dire hautement, notre belle langue est , dans tons les genres, la digne rivale des idiomes de I'antiquile. Le gout du siecle, la disposition des esprits rejette aujourd'hui les fictions qui seules sont I'ame de I'epopee; les arts dolvent suivre la marche ties idees ; le genie doit prendre des routes nouvelles, et la poesie qui , dans I'enfance de la civilisation s'est priJtee aux ecarts de la su- perstition, doit devenir aujourd'hui I'interprete des verites utiles. M. Dorion , auteur d'un estimable Essai sur la poesie etl'eloquence , portage peut-^tre notre opinion litteraire, quoique ses ouvrages soient 538 LIVRES FRANCAIS. composes dans un systfeme different. II a sans doute cede k I'entrai- nement ; il est plus difficile qu'on ne croit de s'ecarter des routes battues; du moins en les suivant, M. Dorion a su y developper un merite auquel nous rendons justice. Son talent est trfes-varie, et de Tepopi^e il descend avec facilite a la poesie bucolique et an simple conte. II n'est pas mdme etranger a Melpomene. On voit qu'il en con- nait I'art ; mais le choix de son sujet n'est pas heureux. Son fJeio- mede , reine de Segeste, ressomble trop pour le plan a piusieurs de nos chefs-d'oeuvre dramatiques; et , quel que soil le meiite de I'au- teur, les rapprochemens lui deviennent defavorables. P. 255. — V /Igriciihure dans le canton de Calais , poenie , par/. Bi!»:\- Gxuo, vice-president de la Socicte d'agriculture, du commerce et des arts de Calais, etc. Calais, i825. In-S". Les preceptes de I'agriculture se sonl embellis, sous la plume de Virgile, de toutes lesrichesses dela poesie; et Delillea piouve qu'ils pouvaient conserver, dans la langue franc.iise, quelqne chose de cet eclat. Mais , pour les rendre ainsi poetiques , il faut posseder Ic talent si rare : Qui dit, saus s'avilir, les plus pctites clioses , Fait des plus sees eliardous des oeillets et des roses, Et sait , ineme aux diseours de la rusticite , Dormer de 1' elegance ct de la dignite. (BoiLEAU, Epitre a monjardinier.) On ne doit point s'attendre a trouver cet art supreme dans le poeme one nous annoiicons. Le style n'en est point depare par le mauvais gout; mais il manque souvent d'elegance : il n'est point ambiiieux, mais il est faible; la langue y est respectee, mais elle n'y deploic pas ses ressources. On y rencontre m(*me des rimes entierement fausses, comme celle de/)re/V/^e^ rimant avec cowr/flmne'j. Quelques vers assez heureux s'y montrent de loin a loin. Je vais transcrire une partie du morceau qui m'a paru le meilleur. L'auteur deplore le deboisemeiit des montagnes : HelasI vous m'inspirez d'inutilcs regrets, Aslles verdoyans, bieufaisantes forets! De ces monts devastes vous couronniez les tetes , Vous imposiez un frein aux fiinestes tempetes. Richc d'ombre, de sues, de force et de fralcheur, La lerre r.n vims puisait sa premiere vigueur. Quand, belle de ses pleurs , Tamante de Ceplial« LITTlfiRATURE. 5^9 Ouvrait au dieu du jour la porte orientale , Sous le poids de ses maux le mortel languissant Respirait la fratcheur de 'votre air bienfaisant, Et sentait ranimer sa peniLle existence. Avant lui , tous tombez , etc. Sans doute , il ne faut point rapprocher ce passage des poetiques plaintes de Delille sur la destruction des bois de Meudon, ni du Sou detruit de Milleyoie; mais il me semble qii'on trouve dans les vers que je viens de citer une facilite qui n'est point toujours sans grftce. — Le poeme de M. Burgaud est suivi de Notes agronomiqties assez detaillees. L'approbation de la Societe d'agriculture de Calais doit ^tre un sur garant de la sagesse des preceptes contenus, soit dans les notes, soit dans le texte. Cette Societe a vole, dans sa seance du 25 fevrier dernier , I'impression de ce leger opuscule. F — x. 256. — * Discours en -vers sur la perfecdbiUte de I'homme, recite a la seance publique de 1' Academic francaise , tenue pour la reception deMM.Drozel Casimir Delavigne, le 7 juillet i825;par F.-G.-J.-S. Amdrieux. Paris, i825 ; F. Didot. Br. in-8°, de i8 p.; prix i fr. a5 c. Le litre de ce discours indique assez quel in est le sujet ; quel- ques citations feront connaitre a nos lecleurs la maniere dont Tau- teur I'a envisage et le talent superieur avec lequel il I'a traite. II commence par se demander si la promesse d'un avenir meilleur pour I'humaine espece n'est point un beaur^ve. Un nouvel age d'or, dit-il, va-t-il renaitre? Tous ces noms odieux, repetes d'age en age, D'oppresseurs , d'ojiprimes, de tyrans, d'esclavage, Trop long-tems, daus le monde, et trop hien enteudus, Seront-ils de vieux mots Leureusement perdus? Dieu ! nous donnerez-vous , en des jours moins funestes, Des oratenrs concis , des poetes inodestes ? Ycrra-t-on les epoux se plaire et se cherir ? Les debiteurs payer ? les medecins guerir ? Ainsi, Aks le debut , m^lant au serieux un aimable enjouement, le poete nous rappclle ce que furent les Muses francaises et ce qu'elles pourraien t(!'tre encore, malgre fes efforts rid icu les d'unesectequiveut les condamner a un deuil eternel, et qui preiid pour la poesie cette extase continuelle et sans objet qui vit de reveries, de soupirset de larmes. La poesie de M. Andrieux , comme celle de nos grands Hiattres, est fille de la raison et des graces; ou, pour parler sans 5/,o LIVRES FRANCAIS. figure, c'est I'accord heiireux de tout ce qui peil «^iuouvo:r le coiiir et plaire a I'esprit. Elle prend pour sujet principal de ses cliants : Ce fragile roscau qui plie a tous Icsvents, Get atomc perdu dans I'espace et le terns , Qui pense et levc au ciel imc vuc assurtc. L'HoMME ciifin, Toila ce que M. Andrieux a voulu peindre a rhomme ; et il ajoute , en continuant ce portrait : Du terns meme la course est par lui mesuree ; II a le sentiment et du juste ct du beau, L'espoir de se survivre au dela du toinbcau ; L trace eu des calculs, fruits d'etudes profondes , La marche des soleils, des iunombrables moudes; Son esprit des tresors qu'il vient dc decouvrir S'enrichit cbaquc juur saus jamais s'appauvrii'. Qui bornera sou vol ? qui dira les Umites Qu'a ses bardis travaux la nature a prescrites ? Apres i?tre ainsi entre en mati^re, Taiiteur infroduit dans son poeine un grave personnage, un docteurqui ne croitpas Que Ics faibles bumaius Marcbent vers le boubeur par de plus surs cbeniins C'est , dit-il : C'est depnis pen de terns que votre vanite Forgea ce mot si long , jierfectibilUe. Pour I'allongcr encor, par uu trait de genie, ^ Vous n'avez pas manque d'y joindre indi'Jlnie. Ces grands mots , par malheux , sout bleu vides de sent L'bomme est ce qu'il sera , ce qu'il fut de tout terns , Ignorant, fou, pervers , cruel a son semblable, Et de ses passions le jouet miserable. Vous eles, ajoute-t-Il : Vous etes plus savans qu'ou ue I'etalt jadis ; Vous le croyez , du moins , et jc n'y coutredis. Cependaut , nos docteurs alment a rcconnaitre Dans le vieil Hippocratc et leur pere et leur maitrc ; Doutez-vous que Cesar , au metier des beros N'iustruislt bieu souvent nos meilleurs gentraux ? Pour vos arts , que sout-ils pres dc ceux de la Gricc ? Aver-vous son beau cicl , sa laugue pnclumtorcssc ? I i LITTfiRATURE. 54 1 Dcs poetes toujimrs Homere est le premier. Quel lauricr nc palit auprcs de sou laurier ? Traces par.le gonie , aus lois du gout fideles, Leurs monumens detruits nous servent de modules. Ce parfait ApoUon , qui , plcin de majeste , Epuise sur un camp son carquois irrite , Et la vierge Diauc , accourant a la cbasse , Melange ravissant dc pudeur et d'audace ; ' Et ce Laocoou , dont les yives douleurs Pour nn marbre mourant nous arraclie des pleurs ! Ces images du beau que la Grece a laissees , Les moderues ei^eaux les ont-ils surpassees ? Je ne Voiis parle point du naturel exquis , De la haute raison dont brillent leurs ecrits ; Voyez a chaque page , empreiuts dans leur histoire , L'amour dc la patrie et I'amour de la gloire , Des phis nobles vcrtus mille traits merveilleux Que notre lachete traite dc fabuleux ! Si vous pouvez encor montrer quelqueS Euclides , On sont vos Phocions , oii sont tos Aristides ? Etc Tout ce discours, que le poete prete a celui qui ne croit pas a la perfectibilite liumaine , est parfait ; et Ton serait tente de croire qu'.Tprfes avoir ainsi employe son (Eloquence a faire valoir les objec- tions de ce louangeur du tems pass(5 , il nelui en restera plus assez pour y repondre victorieusement. Mais il n'ira pas, dans ce des- sein , empruntef des raisons a I'orgueil de riiomme. C'est dans son coeur , c'est dans la sensibilite dont le ciel I'a doue , qu'il va cher- cher le principe du perfectionnement moral et de la somme de bon- lieur auquel il lui est donne de pouvoir atteindre : Vivr^en soi, ce n'est rieu ; il faut vivre en autrui. A qui puls-je ctre utile , agreable aujourd'hui ? Voila chaque matin ce qu'il faudrait se dire. Et le soir. ajoute-t-il : Heureux a qui son coBur a tout bas repondu : Ce jour qui va finir, je ne I'ai pas perdu ! On voit combien il etait facile a M. Andrieux de passer de cette conclusion a I'eloge de son anclen ami , du moraliste estimable au- quel I'Academie venait d'ouvrir ses poites. Toi, dit-il : Toi dc quije roudrais empnintcr I'art heurcux D'ciprimer, d'inspirer dcs peusers genereux, 54i LIVRES FRANCAIS. Cher Droz , des boones mcEiirs vrai moilele et vrai maltre , Que trente aus d'amitie in'ont fait si bien counaltre; Toi que u'almseot point ces pretcndus docteurs Qui, de toute luiniere obstiiies detracteurs , Au cbarde la rnison, s'attelaut par derrifere, Vculent a rceulonsleufoucer daiis I'orniere; Toi qui, nous presagcant un meilleur avenir, Aiines de cet espoir a nous entretenir, Et qui, pour auimer, pour elcver ton style, Contemples le moral et recherclies I'utile, Par d'eloqucns ecrits verse eu nos coeurs emus Les nobles sentlmens et les douces vertus; Detrouipe-nous surtout de I'errcur trop commune Qui nous fait a genoux adorer la fortune; Par ton exemple encore iustruis-uous , cliaque jour : Satisfait de ton sort, sans orgueil , sans detour , Ta vie enticre enselgne , ainsi que ton ouvrage. Que tout Vail d'etre heweux , c'est d'etre bon et sage. Aprfes cethommage public rendu a un liomme que TAcademie frari- caise s'est honoree elle-m^me en appelant dans son sein , M. An- drieux , se tournant vers le jeune auteur des ISlesseniennes , auquel un beau talent et un beau caractere ont merite le meme honueur, a termini son discours par cette brillante allocution : Et toi , jeune ornement du Parnasse francais , Ou ton rang est marque par d'eclatans succes, Posscsscur fortune d'uue lyre divine, Ramenc Tart des vers a leur sainte origine ; On nous dit qu' autrefois les poetcs sacres Inlerpretes des dieux , par le cicl inspires , Donnerent aux Immaius des prcceptes a suivre , Sous de communes lois leur apprirent a vivre , Firent deleur doctrine un noble amusement : Des lois que Ton cbantait s'apprenaient aisement. Melpomene et Tbalie ont couronne tes veilles : D'Orphee et de Linus rajcunis les merveilles ; On mele a tes accords, sans remouter si loin, Les uombreuses lecons dont notre age a besoin. Gueris des prejuges la lepre bereditaire ; Rend la sagesse aimable et la raison vulgaire; Et fidele au bon gout comme a la verite , Charmc, eclaire ton sieclc et la postcrite. Nous avons cite une grantio partie de !a piece de jM. Aii'Irieiix. LITTER ATURK. 543 parce que c'etait le meilleur nioyeu de la faire connaitre, et qu'elle ne I'etait pas assez , quoiqu'elle ait ete lue en pleine academic, au milieu d'une societe nombreuse, qu'avait reunie la solcnnite de cette reception. La voix affaiblie de I'auteur n'a fait parvenir que des fragmens plus ou moins incomplets a I'oreille avide et attentive de la plupart des auditeurs ; les vrais clus, ceux quise trouvaient places aupres de lui, ont joui d'un double plaisir, en recueillaut ces vers gracieux auxquels sa diction, savante a la fois et naturelle, ajoutait un charme qu'aucune expression ne peut rendre. E. Hereau. 257. — Jeanne d'Arc, tragedie en 5 actes : par M. P.-F. Nancy. Paris, iSaS; Levrr.ult. Broch. in-8°. L'auteur a pris le parti de publier sa piece qui etait recue au theatre de I'Odeon ; il s'est affianchi de cette longue attente que les comediens font subir aux auteurs ])eu en credit. Je concois son impatience, sans .Tpprouver sa resolution : la publication d'un ou- vrage de ce genre n'ohtient jamais un heureux resultat, quel que soit son merite ; soumis au pouvoir de I'habitude , le public ne peut con- sentir a rendre justice a des beaut^s diamatiques qu'il n'a pas vu applaudir sur la scene. Athalie et Merope ne feraient pas meiue for- tune, si ces tragedies n'avaient, pour se reveler a I'adniiration pu- blique , que la voie de Timpression. Je ne doute pas que la Jeanne d'Arc de M. Nancy n'eut ete favorablement accueillie a la repre- sentation qu'il n'a pas eu le courage 011 la patience d'attendre. Le plan est henreusement coiicu ; plusieurs scenes offrent des beautes remarquabies; I'inter^t est vivement soutenu; et, si le style n'est pas toujours a I'abri des reproches , il n'a jamais ces defauts qui naissent de I'absence du gout et de I'oubli des principes qu'il a con- sacres. L'auteur doit efre encourage, son ouvrage lui fait honneur; il a prouve qu'il est digne d'obteiiir des succes dansnne carriere que les amis de I'art lui conseilieront de ne pas abandonner. P. 258.— * Peleriitages d'un Childe Harold parisien , aiix environs de la capitah , en Lorraine , en Alsace; extraits du portefeuille de M. D.-J.-C. Vekfele. Paris, iSaS; Dupont. 2 vol. in-8"; prix , 1 1 fr. Ces pelerinages annoncent iin homme aimable, spirituel, ins- truit, qui a vu autre chose que les contrees qu'il decrit, et qui seme henreusement les scenes presentes des souvenirs du passe. Sa pre- face , en forme d'epitre dedicatoire au public, qu'il nomme piaisam- inent sultan du pcuple ecrivain, fourniille de traits ingenieux. L'ouvrage est pseudonyme, et j'aurai le plaisir de faire connaitre, dans le 4* vol. de mon Dictionnaire, le vrai nom auquel il apparticnt. 5U LIVRES FRANCAIS. L'auteur I.IVRKS i'-ilA-^rUS. lard el HeloTse; le cinquieme est consacr^ au rdgiie de Philippe-Au- gusfe, et le sixii'^me aux troubadours, aux trouveres, aux m^nestrels et aux jongleurs. E. H. afio. — * Chefs-d'auvre liistoriques de sir Walter Scott, on portraits , tableaux et descriptions historiques tires des romans de cet auteur. Paris, 1825 ; UamJouin freres. — 4 vol. in- 12 de xxviii et t,o()8 pages: prix : i3 fr. Nous ne pouvons regarder cette edition tronquee de Walter Scott que comme une sorte de memorial a I'usage de ceux qui ont deja hi ses ouvrages ; mais tout-afait insuf£jsant pour les autres, il n'offre meme a ceux-ci qu'une lecture sans int^rc^t. Qu'importent, en effet , au leoteur, quelques sciMies plus on moius rapides, quelques descrip- tions plus on moins exactes? La serie des evenemens, I'interct de Taction, le denouement ne manquent pas moins, et le lecteur ne pent s'attaclier a quelquis pages sans rapjiort avec ce qui precede et ce qui suit. Nous ne croyons done pas que I'editeur ait atteint le but qu'il sest propose, et qui etait de f'aire connaitre, par ces extraits, Wialter Scott a ceux qui n'ont pas le tems de le lire tout entier. (^Preface , p. XX. ) II y avait pour cela un moyen plus simple ; c'etait de choisir entre ses divers ouvrages, ceux qui, comme ffnverlejy , Ivanhoe , V Abbe, les Piiritairis, Quentin Diirward , ont obtenu I'appro- balion generale : c'eiit ete un nieilleur service a lui rendre, que de le demembier, comme on I'a fait dans les quatre volumes que nous avons sous les yeux. Le premier contient, outre une carte d'Ecosse et un Essai stir les romans de Walter Scott, des extraits A' Ivanhoe, du chateau de Kenil- worth, de iV(Ve/ et de Peveril du Pic. — Dans le second, se trouvent des morceaux detaches du Moiiastere , de \' Abbe, de V Astrologue et de VOfficier de fortune. — hes Purilains d'Ecosse, Bob Roy, Wawerlej , Bedgauntlet , et la Fiancee de Lammermoor , ont fourni la matiere du troisieme volume. — La prison d'Ediinbourg, les Eaiix de St-Ronan , le Pirate , I' Antiquaire et Quentin Dunvard se trouvent par fragraens flans le qualri^nie. Les romans qui n'ont pas encore passe par les ciseaux de I'editeur, et ceux que Walter Scott pourra faire encore n'echapperont pas sans doute a cette compilation ; mais , nous le repetons , c'est plutot par le choix que par la decoupure des ouvrages que Ton pourra trouver dans le celehre romancier ecossais hi matiere d'une collection pre- cieuse pour les amis des lettres. afii . — * Les aventures de Faiistetsa descente aux enfcrs , par MM. de LITTJ&RA.TURE. 54? SitTR et HE iSAiNT-GiNi]fes. Poris, i8a5; Arthus Bertrand. 3 toI. in- 12 , ensemble de SiS p. avec gravures. Prix 9 fr. On mepermettra de in'arr<*ter quelque tems surleroman de Faust: cette composition extraordinaire merite plus d'attention que nous n'en pouvuns donner a la plupart des romans nouyeaux. Ladccouverte de I'imprimerie, la plus grande peut-etre qu'aient faite les hommes, apies celle de recriture,parut au quinzi^me si^cle quelque chose de si prodigieux, qu'on voulut voir dans I'inTenteur unmagicien qui avait vendu son 3me, et qui, par cet affreux marche, avail obtenu toutes les connaissances refusees au 'vulgaire. — Les nioines irrites centre Faust , dont I'inventlon rendait inutiles tous ces copistes qui peuplaient les couvens , repandirent ces bruits, comme ils avaient precedemment seme ceux qui plongeaient dans les enfers Charles-Martel et tant d'autres grands hommes peu favo- rables au clerg^. De la , ces fables, aliment ordinaire de la credulity et de la superstition des peuples, qui , par une ingratitude inconce- vable, devouent aux tourmens eternels les bienfaiteurs de I'huma- riite (i). Plus tard , des hommes de genie s'emparent de ces traditions ; I'ima- gination les feconde , et I'on voit naitre ainsi d'uD.e source odieuse, des poemes , des drames , des romans , oil I'inter^t se m^le a la pein- ture des moeurs des tems passes. — Le celebre Goethe a compose sur I'hisloire de Faust une piece dont M^^ de Stael a fait le plus grand eloge; mais oil, si L'on fait abstraction de la beaute du style, il n'est guere possible d'admirer que de belles scenes, Le roman , plus libre dans sa marche et dans son etendue, a permis de reunir tant de parties separees et d'y ajouter mcme des details et des pein- tures tout-a-fait neuves : c'est ainsi qu'est ne I'ouvrage dont nous (t) Cl'ez les Juifs, Jabel, Jubal, Tubalcaia etNoema, inventeurs de 1' archi- tecture, de la musique, du travail des mctaux et de celui des laines, etaient les descendaus de Cain , et par consequent de la race maudite. Chez les Grecs , Pro- metbee, Pyritboiis et Thesee etaient aussi aux enfers ; mais jamais cette fureur de damnation n'est allee si loin que choz les modernes. D'un cruel prejuge le genre bumain victirae , Delaisse la rcrtu , recompense le crime , Etdes raalheurs publics honorant les auteurs, Ennoblit ses bourreaux, fletrit ses bienfaiteurs. { La France en iSaS, ou Mes regrets el mes esperances, parM. A. Julliek.) 548 LIVRES FRAN(;aI.S. allons inrliquer le plan , sur lequel nous ferons ensuite tie coiirtes reflexions. Faust a decouvert I'imprimerie. — Avide de science, de gloire ct de tout ce qui est grand et utile , il compte sur cette invention pour arriver aux honneurs et a la fortune ;mais, rebute par les princes dans les monarchies, par les magistrats dsns les villes libres , et par les simples particuliers , en proie a la douleur , il nc reutre chez lui que pour voir son pere sur le point de monrir, parce qn'il ne pent payer les secours de la medecine :dans son desespoir , il appelleason secours I'enfer que lui a deja sourais I'elude de la magie. Satan lui envoie Mepbistophelfes , le plus rus^ et le plus dangereux de tous les esprits inferiiaux , qui fait avec Faust un pacte , d'apres lequel ildoit etre soumis a Faust, tant que celui-ci voudra rester sur la terre, k condition qu'a sa mort Faust sera la propriete du Diable. Bientot les honneurs et les richesses pleuvent sur Faust. Maitre absolu d'un ^tre a qui le dragon avail donne sa force el sa grande puissance (i), un seul mot lui suffit pour surraonter tous les obstacles , se faire transporter en un instant aux lieux les plus eloignes, passer a travers les murs 6pais des cachets , disposer de la vie et de la mort des hommes. Ce merveilleux une fois admis, (et il ne repugne point a I'idee que les croyances du quinzleme sifecle donnaient de la puissance du tentateur,) on sent que I'auteur n'a qu a clioisir eulre les innombrables scenes qu'il pent faire nattre sans aucune difficulte. Aussi , sans compter les aventures particulieres , comme les intrigues de couvent , I'araour de Faust et de Marguerite qui- sert de liaison aux diverses parties du roman, et les episodes, comme I'histoire de Valentin , fr^re de Mar- guerite, et de Galiotti, autre envoye de I'enfer, nous voyons Faust amene successivement a la cour de Louis XI, dont I'administration et les actes cruels lui r^v^lent les grands talens et I'odieux carac- tfere ; a Florence, oh il assisce a tassassinat de Jidien de Medicis et parvient a sauver Laurent , son fr^re ; a Rome , que gouvernait Alexandre VI : les dernieres orgies de cet abominable pontife exci- tent tellement la fureur de Faust , qu'il ordonne a Mephistophel^s d'en purger lemonde; en Castille , a I'epoque oii Ferdinand et Isa- belleetablissaientrinquisilion,et donnaient a Torquemada le moyen d'exercer librement ses fureurs. De retour en France , Faust assiste a I'epouvantable supplice du due de Nemours, dont il est la cause involontaire ; enfin, en Angleterre qu'inondait le sang des factions (i) Apor.al.,c]x. xm,n''a. LITTERATURE. 5/,9 de la rose blanche et de la rose rouge, I'envie de punir le crime heureux et de secourir I'opprime lui fait prendre une part active a ces dissensions , et causer de nouveaux malheurs. Ces grandes scenes ou des rois et des pontifes jouent le premier r61e, et ou il s'agit du destiu des peuples , ne laissent qu'un iuteret secondaire aux intrigues particulieres dont nous avons parI6 plushaut, et qui ne servent qu'a former, en quelque sorte, le tissu de I'ouvrage. Ainsi , les amours de Faust et de ]Marguerite,les scenes de sorcellerie, les assemblees de demons sur les montagnes , qui sent le principal dans la piece de Goethe, ne sonl ici que I'accessoire. Du reste , dans les deux ouvrages, Faust devient tellement nial- heureux, ii est frappe de coups si rudes dans sa famille; tellement abandonne de tous, que dans son desespoir il maudil son existence et son cr6ateur, et aux lermes de son traite, se livre entieremcnt au Demon, qui le precipitedans les enfers. La principale id^e de I'auteur semble avoir ete de prouver que I'homnie ne doit jamais \oaloir juger des evenemens, ni emp^cher le mal present qui est peut-^tre ordonn^ par la providence dans Tin- ter^t du bien general ; et que le desir de la science, et de In gloire surtout,porte a I'exces, est une source de malheurs. La premiere pro- position fait deja le sujet de Zadig : la seconde en est la consequence : toutes les deux, au reste, roe semblent peu, morales; et, si Ton ajoute i cela le mepris insultant que le genie du mal affecte cons- tamment pour la race huniaine, on eonviendra que I'histoire de Faust est peu propre a nous relever a nos propres yeux. Mais, ce que je ne puis pardonner a I'auteur, c'est d'avoir fail de son heros la proie du demon , apres lui avoir donne toutes les qualit^s du coeur et de I'esprit. Faust est plein d'amour pour ses semblables , plein de generosite, il deteste I'injustice ; mais telle est I'iufortune qui s'at- tache a lui, qu'en emp^chant les maux presens, il en fait naitrepour I'avenir de bien plus grands et de plus affreux , et Ton pent dire qu'il seme les malheurs dans tous les lieux qu'il parcourt. J'ai dit que la presence de Mephistopheles rendait vraiseniblables tous les prodiges ; il faut cependant excepter les anachronismes, que ne pourrait mdme autoriser la puissance divine. Comment Faust , apres avoir vu perir Alexandre VI, peut-il reveuir a la cour de Louis XI, mort loDg-tems avant ce pape ? II est frop evident qu'au milieu des horreurs dont on voulait completer le tableau, on n'a pas cru devoir onietire le pontifieat de Borgia : mais, ce n'l'taii pas ici la place. 55o LIVRK.S l'RA.MC,VIS. Le ruinaii de Faust est allemand : MM. de Saur et de Saiut-Gecies , qui mettent leur nom en tete de I'ouvriige, iie disent pas que ce soil une traduction ; mais , comma le m^me cuvrage a pafu traduit de rAIIemand k Reims, en i8oa, chezLeqiieux et C". , nous pouvons con- tester aux deux auteurs Tin vention de cet ouvrage. II faut dire m^^me que Ton asupprim^ dansl'edition presenteplusieurs details que la licence des moeurs ou des expressions, et le persiflage deccrtaines institutions religieuses auraient fait rejeter dans ce tems-ci, mais que leui- ori- ginalite peut faire regretter. Rendons toutefois justice aux deux nouveaux auteurs. Le Faust , tel qu'ils nous le representent , etincelle encore d'assez de beautes pour meriter d'dtre lu par tous ceux qui aiment le roman philosophique. 362. — Mavrogenie , ou Y Heroine de la Grece ; Nouvelle historique et contemporaine , suivie d'une lettre de Theroine aux dames pari- Eiennes , par J. Ginouvier. — Paris, i8a5 ; Uelafor(5t et Ponthieu. In-ia de x et 20a p. Prix 3 fr. Le roman de Mavrogtoie n'est qu'un Episode de la guerre des Grecs pour I'independance de leur patrie. L'heroine elle-meme est une de ces guerriferes que I'histoire contemporaine nous represente comme guidant quelquefois lea soldats grecs aux combats et a la Yictoire. Mavrogdnie ou Modena diiige en effet quelques expeditions militaires; elle inspire partout un euthousiasme irresistible, et se trouve ainsi a la t^te d'un grand nombre de soldats. — L'admiration deceux qui I'entourent, lui donne en quelque sorte un pouvoir ab- solu sur eux : c'est ainsi qu'elle decide presque a son gre de la paix- et de la guerre. Le t'onds de cet ouvrage est historique : sa forme est celle d'un roman. Considere sous ces deux rapports, il me parait defectueux : dans le premier cas, les actions de rheroine ne sont pas d'une assez grande importance pour faire le sujet d'un livre entier ; dans le se- cond , on desirerait que Taction fut mieux liee, qu'il y eut un plan , une intrigue et un denouement. A I'egard de la lettre que son editeur lui fait 6crire aux parisiennes, il n'est pas difficile de reconnaitre une plume francjaise qui s'est mal cachee sous un nom grec. M. Ginouvier veut que I'amour ne soit plus pour les femmes un plaisir, une vanite , mais qu'elles le rendent un instrument de victoires , et une cause de patriotisme , en exigeant de leurs amans non des complimens frivoles, mais des actes de d6" vouement a la cause des Grecs ou de tout autre peuple combaltant poursa liberty. L'auteur, en parlant de I'education des parisiennes, LITT£RATURE. 55i siguale lui-m^me I'obstacle le plus insurmontable a ses vues pLilan- tropiques. a63 — Colonna ou le beau Seigneur , histoire Corse du lo." siocle , par M.™= la Comtesse de Bra.di , auteur de Vannina ou I'heriti^re Corse, orne de quatre gra-vures. Paris, iSaS ; I'editeur, place de rOdeon, N.° 3. a vol. in-12 de lxiv et 455 pages ; prix , 6 fr. La Comtesse de Bradi a pour la Corse une predilection decidee : elie avait deja publie une nouvelle historique, dont le titre : I'Heritiere Corse , indiquait assez le lieu de la scene. Aujourd'hui , c'est dans le inemepays que se passe Taction qui amfene la mortd'Arrigo Colonna, ou le beau Seigneur , comte souverain de la Corse dans les derniferes annees du X.^ si^cle. — Ce prince avait donne sa fille Bianca en ma- nage au comte Antonio de Cinarca. — Marcello , comte de Tralaveti, vassal de Colonna, et amaut rebute de Bianca, jaloux du bonheur de son rival, irrite coutre son suzerain , I'attire dans son chateau , ou il le fait poignarder avec ses six enfans. — Le jour de la vengeance ne tarde pas: la veuve de Colonna, accompagnee de son gtndre , vient punir le meurtrier dans son chateau. Amoitie brule , il sortde ses decombres , et parait devant la comtesse qui lui laisse une vie deshonoree. Tous les chapitres de JNIme de Bradi couimencent par des re- flexions de huit oudix pages qui ne tiennent en rien au sujet. II faut un tr6s-grand talent pour rendre supportables ces hors d'ceuvre con- tinuels qui detournent constamment I'attention du lecteur , et tout le talent de I'Arioste ou de Voltaire suffirait a peine pour faire gouter des prefaces aussi longues que celles que M™" de Bardi a placees en tete de tous ses chapitres. L'histoire du beau Seigneur est suivie du petit conte d'une Visitc a I'hospice , et de diverses poesies. Plusieurs romances et quelques jolies stances meritent d'etre distinguees. 264. — La Province cl Paris , ou Les Caqiiets d' une gran de 'ville, par le baron de Lamottb-Lakgon , auteur de Monsieur le Prefet, etc. Paris, iSaS; Bossange freres. 4 vol. in-ia; prix 12. fr. Le jeune vicomte de Sonnebreuse , doue de toutes les qualites du coeur et de I'esprit, brillant de toutes les graces physiques , et riche des dons de la fortune , arrive a Paris et se jette dans les bras de son ami Mellevaut , journaliste distingue. 11 lui apprend qu'ii ne peut rester dans la ville de T..., sa patrie; qu'il a ete force de la quitter par les caquets de plusieurs personnes, entre lesquelles, il laut distinguer le oommandeur de Vilierert , qui .se plait ci Lrouiller 5^2 LIVft£S FRANCAIS. tous les amis , a euvenimer tous les rapports , a excitei- des duels , et la conitesse de Preb.in , feinme niechante , artificieiise, vindicative, qui veut niaiier Sonnebreuse a sa fiUe, et qui, desesperee de ne pouvoir y reussir, repand sur le compte du jeune hoinme les bruits les plus calomnieux. Le vicomte esp^re jouir a Paris d'une parfaite tranquillitc ; il compte que personne ne surveillera plus ses demar- ches, ne deuaturera plus ses discours... ; niaislesParisiens sont pour lui, corame les provinciaux : tous ceux qui I'entourent se plaisent a rapporter sous un faux jour ce qu'il dit et ce qu'il fait ; on le concevra d'autant plus facilement, que I'insupportable Villevert vient a Paris sur les traces de Sonnebreuse, raconte et amplifie tous les bruits qu'il avait deja fait courir sur lui a T... et attache aux pas de notre heros un autre mentor de son esp^ce, le chevalier de Lersac. GrUce a eux , Sonnebreuse qui veut toujours ^tre modere, passe pour jacobin parmi les ultras, pour ultra parmi les Hberaux ; de la, des evenemens varies. On le brouille avec ses preteudues, on le fait battre avec un poete romantique et un peintre. 11 veut parvenir dans la diplomatic , et ne sait pas obeir assez aveuglement au ministre. II fait une tragedie, et ne songe pas assez a flatter les acteurs. Ainsi , tout lui reussit mal ; et bientot, degoute de Paris, oil il retrouve les mdmes desagremeus que daus sa province, il prend le parti d'aller se confiner dans une de ses terres, apres que sa tante M™« de Gameville , qui n'avait pas d'enfans,lui a toutefois assure sa fortune. Des details piquans , une observation vraie des vices etdes ridicules de la societe , des situations comiques. un style rapide et anim6, mais depart par un grand nombre d'incorrections, assurent a ce nouvel ouvrage de M. de Laniothe - Laugon un sudors egal a celui AeMonsienr lePrefet'^ V. Rev. Eiic. , t. xxv, p. aSy). B. J. a65. — * La Tante et la Niece, roman traduit de Talleraand, par M'^" Isabelle nz Montolibu. Paris, iSsS ; Arthus Bertrand. 4 vol. in-i2, avec 3 figures; prix la fr. Ce roman nouveau , qui forme la ra* Ilvraison des OEuvres de JVJme jg Montolieu , parait ^tre I'objet de sa predilection. Celte pre- ference des auteurs pour leur dernier ouvrage , qui i«essemble assez k celle des parens pour leur dernier-n^ , est rareraent partag^e par le public, juge plus desinteresse dans la question. Voici ce que dit Mrae de Montolieu de sa nouvelle traduction , dans sa preface , adress^e en forme de dedicace a son fils M. de Crousa/.-Mein. « De tous lesnombreux ouvrages que j'al publics, aucunne m'a plus inte- ressee que celui que j'offre encore au public; rV marque pour mot. LITTtRATURE. 55:^ tnon cher Henri, I'epoqtie hetiretise de ton retotir dans la patne. Tu in'as rapporte ce joli roman qui veuait de paraitre en Allemagne avec succ6s, et j'ai trouve qu'il tneritait d'etre connu eu France." Par une disposition bienfaisante de la nature, lorsque nous sommes heureux , une teinte de bonheur se repand sur tons les objets qui nous entourent; nous sommes disposes alors a I'indulgence , i la bienveillance, et nos jugemens sur les choses et sur les personnes seressententdecette disposition. Cast problablement ce que M"* de Montolieu aura eprouve daus cette circonstance. Voici ce qu'elle pense de I'auteur dont elle a entrepris de nous faire connaitre I'ou- vrage. » M-"* de Shopenhauer reuuit tout ce qu'il faut pour plaire aux Fran^ais , pour les interesser : de I'esprit et de la sensibilite , de la gaite et du pathetique, un style agreable et leger; des re- flexions \Taies et profondes , des caracteres bien dessines et sou- tenus , des ridicules bien saisis, une moralite parfaite sans pedan- terie ; voila surtout ce que j'ai rcaiarque dans cetouvrage; » mais elle ajoute plus loin : <> Je crains qu'on ne trouve dans cet oiivrage quelques longueurs que je n'ai pas ose supprimer; je crains aussi qu'on ne fasse a I'auteur le reproche d'un interet trop divise. » La predilection de M™" de Montolieu pour son nouvel auteur ne I'a done pas emp^chee de reconnaitre ce defaut, qui est en effet le plus saillant de I'ouvrage , et qui repand son influence ftcbeuse sur toutes ses parties. Jugees separement, quelques-unes de ces parties sont sans doute agreables , et, si nous n'y avons pas reconnn tous les genres de nierite que promettait M""® de Montolieu,- du moins avons nous remarque , comme elle, que les caracteres sont bien dessines et bien soutenus. Mais c'est presque la le seul merite de I'ouvrage , et le plan de I'auteur ne lui a pas peruais appareni- ment de rennir ces differens caracteres dans une seule et ineme action, au developpementde laquelle ils concourussent tous plus ou moius. A chacun des nombreux personnages qui figurent dans ce roman se rattache , pour ainsi dire , une nouvelle action , un nou- vel inter^t; sans compter une douzaine d'homraes, dont la moitie jouent dans I'ouvrage un role tellemeut capital qu'on ne sait trop quel en est le heros , il y a cinq femmes entre lesquelles se partage- ront les lecteurs. «Cependant , la (ante, dit M""^ de Montolieu, est la seule veritable lieroine; toutes les jeunes personnes qui I'en- tourent ne sont la que ))our (aire ressortir son beau caract^re , et j'ai trouve neuve et piquante I'idee de raettre en scene une h^roipe qui a plus de soixante ans. ■• Et c'est Ik justeraent qu'est I'erreur : 554 MVRES FR/V>f(;;Al,S. cette idee , ou dii luoins la iiianlere dont elle est execntee, n'estnul- lement iieureuse. U6s le debut de I'ouvrage , I'auteur nous iiit6resse k trois jeunes filles, dont une surtout parait devoir exciter vive- inent notre attention ; mats elle est blentot dctournee sur d'autres objets , d'autres inter^ts qui se croisent dans le reste dc I'ouvrage; et ce n'est, pour ainsi dire , qu'a la fin du 4" volume que nous re- trouvons les personnes et \es choses avec lesquelles I'auteur nous avail mis en relation. Ce defaut de I'ouvrage est d'autant plus sensible que , contre I'usage des romanciers , qui etendent leur intrigue des parens aux enfans, M""' de Shopenhauer fait remonter la sienne de ceux-ci aux parens, et neglige ainsi la peinture d'un &ge f^cond en evenemens comme en sensations, pourse livrer a celle d'un Sge qui n'a plus pour lui que ses souvenirs. Jusqu'ici nos observations se rapportent principalenient a I'aufeur allemand ; faisons maintenant la part du traducteur. On reconnait dans cet ouvrage le talent de M'"'' de Montolieu et le soiu qu'elle met a s'identifier avec les personnes et les choses qu'elle veut nous faire connaitre ; mais peut-^tre a-t-elle pousse trop loin la fidelity que Ton demande dans une traduction. Nous avons reniarque dans son ouvrage plusieurs phrases auxquelles on pent reprocher I'af- fectation ou I'obscurite ; telle est celle-ci : (t. ii , p. 5) « II avait aime sa femme au dela de toute expression ; elle aussi , dont le coeur etait si pur etsi tendre, et le jugement si sur, avait toujours ^te Vecho du naturel plus energique de son mari , ainsi que toutes les femmes de ce tems la. » Nous blanierons aussi M™* de Montolieu de s'^tre decidee, pour changer le titre de son livre, sur un motif aussi frivole que celui qu'elle avance. » L'ouvrage allemand , dit-elle dans sa preface , n'a point d'autre litre que la Tame ; raon libraire en aurait voulu un second; cejiendant, je n'aurais point cede, sans le desir d'eviter Tamphibologie du mot francais VauenCe, etc. Oil en seraient les auteurs, s'ils devaient craindre une pareille dis- position dans leurs lecteurs ? II ne serait plus possible de rien ^crire , parce qu'il y a peu de phrases en francais dont on ue puisse tirer ua sens bizarre ou ridicule , en detournant ainsi les mots de leur veritable acception et en les forcant a se prefer a I'amphibo- logie. C'est bien assez deja que I'abus de I'esprit, ou plutot de la plaisanterie, ait marque chez nous du sceau de la reprobation et bannl du langage serieux quelques locutions et quelques tour- lyires de phrases , qu'il serait peut-(5lre du devoir des ecrivains BEAUX- ARTS. 555 de chercher a ramener a leur signification primitive et raisonuable. E. Heheau. Beaux- Arts. a66. — * Forage liibUogiaphiqtie , Archiologique et Pittoresqiie en Prance, par le Rev. Th. Fkogmall Dibdin , trad, de I'anglais par M. Theod. LicQUET, conservateur de la Bibliotheque publique de Rouen, et par M. Crapelet, imprimeur; avec figures eX facsimile; dedie a la Societe des Bibliophiles francais. Tome I. Paris, iSaS; Crapelet et Renouard. i vol. in-8°, avec sept facsimile, en rouge et en uoir ; prix 12 fr. pour les personnes qui auront (.ouscrit avant la mise en vente du t. II. — L'ouvrage entier aura 4 '^ol. Une louable emulation s'est emparee depuis quelque terns de nos artistes, pour explorer les antiquites des departemens de la Nor- mnndie. — Les Anglais, de leur cote, semlilent regarder cette ancienne province conime un apanage de la Grande Brelagne , a en juger par rempressemeut qu'ils met tent a decrire les monu- ir.ens de toute espece qu'elle renferme , lorsqu'ils ne peuvent les emporter chez eux. Cette maiiiere bien noble de dimmuer ses re- grets tourne au profit des arts, et rapjielle I'encouragement que Henri viii aimait a accorder a I'cnseignement de la langue fran- caise , quoique , quarante et un ans avant sa naissance, la Guyenne et cette mdme Normandie fussent rentrees en notre possession. Le monde savant s'est ainsi enricbi de plusieurs voyages pittoresques qui ne sont pas sans merite , principalement sous le rapport des arts graphiques. L'ouvrage de M. Dibdin que nous avons dcja fait connaitre ( torn, xviii , p. 97 ), se distingue des autres productions de ce genre , par des descriptions animees de tout ce qu'il a re- marqu6 , de tout ce qu'il a ressenti. Les llvres qu'un blbliotbecaire offre a sa curiosite ne I'empechent point de jeter uu coup-d'oeil malin sur la mise des lecteurs qui frequentent la bibliotbeque , et m^me sur celle du bibliotbecaire. Les beautes d'un site sont decrites aussi exactement que la tournure et les manieres du pos- tilion qui conduit le voyageur dans la campagne. II ne nous fait grAce de rien ; il faut que nous sachions que le bedeau de St. Rerai de Dieppe prend du tabac avec delices , et que le premier niouchoir blaac que M. Dibdin ait vu dans toute sa route , depuis Dieppe jusqu'a Rouen, est celui de feu le cardinal Cambaceres. Cette relation est 6crite en forme de lettres que I'auteur adresse a un de ses amis en Angleterre , et le lecteur fran9ais s'aper^it 556 I.IVRES FRANCAIS souvent que I'engagement pris, avnnl de paitir, de decrire toul ce qui p.iruitra de nature a Int^iessei- I'ami absent, aiiisi que sa famille, a tte tenu un peu trop scrupuleuscment. Dans laquelle des dix oatliegories ctablies par Sterne, faudra-t-il done dasher notre voyageur ? Nous dirons qu'il n'appartient a aucune en parliculier, mais qu'il est un compose du voyageur curieux {inquisitive) et du voyageur sentimental. En effet, apr^s unc discussion sur un point d'antiquite ou de critique bibliograpliique, il s'attache a des details minutieiiT , qui selon Sterne, pcignent mienx le caracteie national que les documens ofjicieh les plus imporians. Ce legislateur et ce module du genre sentimental va jusqu'ii direy«'// ne Jonneraitpas douzesols , s'il fallait faire un choix parmi ces elucubrations des grands hommes d'Etat des divers pays , jetees toutes dans le meine moule. Au lieu de quelques-uns de ces documens officiels , nous sommes forces, en suivant M. Dibdin , de lire de longs fragmeiis de livres de la Z?i- bliotheque bleue , a deux Hards, tels que le Catechisine de I'/tinanc, celui des Orandes Filles potir etre mariees , les Litanies pour routes les filtes qui desirent entrer en ini'nage, voire muuie la romance du i>aillant troubadour , avec la traduction anglaise par Walter Scott ; et M. Dib- din en conclut que le caract^re de la classe iuferieure , et mdnie des hautes classes de la Societe , prend sa forme et son pli sur ces manuels d'instruction morale et sociale, a I'usage de la jeunesse. Le voyageur ne le croit pas lui-meme , puisque , quelques pages plus haut , il dit qu'il n'aura pas, lui voyageur, la tcmerite d'affir- mer que ces compositions fugitives et legferes arriveiit jusqu'au bou- doir d'une maison respectable. En voila bien assez sur le fond de I'ouvrage , qui , malgre ses defauts , offre una lecture altachante. Ce premier volume , qui nous conduit 'depuis Dieppe jusqu'a Caen , en passant par Rouen , Caudebec et le Havre , sera suivi de trois autres. M. Dibdin prend conge de son ami , en lui faisant part d'un songe , inspire sans doute gar Minerve , songe qu'il eut , la premiere nuit de son arrivce a Caen , et dans lequel il I'it plusieurs Anglais essayant de tendre I'arc de Guillaume le conquerant. Cela , ajoute le voyageur , peut-il vous etonner .' M. Licquet , a qui appartient enti^rement la traduction de cepre- TTiier volume a rendu Gdelement , eu general , et souvent d'une raaniere elegante , le texte de son auteur; il a voulu , comme il le dit lui-meme , marcher librement , a cote de son module, au lieu de se trainer avec effort sur ses traces. II a cu soin de rectifier les er- BEAUX-ARTS. 557 reurs du voyageiir par des notes frequentcs. La critique ne trouvera presque rien a reprendre dans son travail ; faisons cependant sa part. On ne dit point aeceder , dans le sens di' approcher , anivcr dans un lieu. (p. 6i, 88, i34- )■ ^"us laissdmes notre postilion bi- bliomane avec son Boccace , et nous preparames a visiter ce chateau (p. 3ia). II fallait jepeter nous sujet du xerhe preparames. Place est souvent employe pour lieu, sejour, ville , qui rendent mieux le mot anglais /)/ace (p. Big ). Mais il ( le postilion ) etaie de trap bonne constitution pour reclamer contre notre impatience ( p. 3o3 ). Good nature, bon naturcl , dit I'anglais. Une note de M. Licquet est ainsi concue, p. 71 : Foy. L'essui sur les meeurs , ch. 12, ou Voltaire Jait un portrait pen flatteur du cardinal d'Amboise ; voyez aussila Henriade , ch. VII , oil Voltaire fait un tres-bel eloge de ce ministre. Pourquoi priter ainsi a plaisir une inconsequence a Voltaire? Tout le monde sait , tous les editeurs de Voltaire r^petent journellement que la Henriade est I'ouvrage de sa jeunesse, et que, ses opinions etant mieux formees lorsqu'il composa I'Essai sur les moeurs , il faut s'ar- reter au dernier portrait. Lapartie typographique surpasse, a notre avis , ce que M. Cra- PELET avalt deja si bien execute dans le genre de la bibliograpliie , comme le Blanuel de M. Bruket, le Catalogue de M. Renouahd et les Catalogues des velins , par M, Van-praet. Get ouvrage etait digne d'etre dedie a la Societe des Bibliophiles Francais. M. Balmer, imprimear del'original , doit convenir lui-m^me que les caracteres de M. Crapelet I'emportent sur les siens pour la grace et I'elegance. Les amateurs n'auraient rien a desiier , si la traduction francaise 6tait ornee de gravures qui fixeraient leurs idees sur les sites et les monumens dont ils lisent la description. Les gravures en bois qui accompagnent ce premier volume , n'ont rapport qu'a des orneniens tires d'anciens manuscrits. Esperons que du moins les traducteurs ( car M. Crapelet lui-m^me figurera bientot a ce titre dans I'ouvrage qu'il imprime) indiqueront , dans les volumes suivans, les vues de nos ouvrages pittoresques francais qui correspondent aux jolies gra- vures de M. Lewis, artiste anglais et compagnon de voyage de M. Dibdin. Barbiek, neveu. 467. — * Souvenirs du Musee des monumens francais. — Collection de quarante dessins perspectifs graves au trait, representant les monumens reuuis dans ce musee, dessin6s par J. E. Biet ; et gra- v& par MM. Normakd p^re et fils , avec un textc explicatif , par J.-P. Br^s , 8™^ livraison. Paris , iSsS ; I'auteur, rue Grange-aux- 558 LIVRES FRANCAIS. Belles , n° i3, et P. Didot aine . Un cahier in-fol. contenant 4 plan- ches et 4 pages de teste (ag — 3a). (Voy. Jtei: Enc. , t. xxv. p. 534)- afiS. — * Essai sitrla musique , ses fonctions dans les moeurs et sa veritable expression; par P. La.h\i.i.e. Paris, i8a5 ; Rousselon. In-i8 de xiv et 196 pages; prix , 2 fr. 5o. Les litterateurs qui out ecrit sur la niusique ont, en general, compose des ouvrages qui fourmillent d'erreurs grossi^res; sages et luroineux quand ils analysent nos sensations, ils deviennent vagues et obscurs lorsqu'ils pretendent appliquer leurs theories a un art dont ils ue connaissent pas m^me les premiers principes.Ce qu'il ya de pis, c'est que d'ordinaire ils prennent un ton tranchant etdecisif , inconvenant dans tous les cas , ridicule au dernier point chez ceux qui parlenl de ce qu'ils ignorent. Ce reproche ne pent ^tre adresse a I'auteur de V Essai sur la initsiqne , qui se garde bien de gourmander les compositeurs et qui se renferme avec sagesse dans les mati6res qu'il a droit de trailer. — Dans un premier chapitre, intitule : Prolegomenes , il pose en principe que « lamusique est I'art privilegie de ce siecle ■>. Cette assertion pourrait paraitre doutense aux per-, sonnes qui ne la trouvent pas suffisamment prouvee par le grand nombre de gens qui commencent I'etude de la musique et I'aban- donnent assez a tems pour montrer qu'ils ont perdu les heures consacrees par eux acet art. Dans son second chapitre , M. Lahalle, en exposant le but de son ouvrage, range d'Alembert parmi «.les hommes justement cel^bres par leu — En me resumant, je remarquerai que les matieres frai- tfees par M.Lahalleauraient exigede bien plusamplesdeveloppemens, et que son plan etait trop restreint; la sujet comporlait un livre, il n'a fait qu'une brochure ; on a si souvent lieu de faire le reproche contraire , que celui-la est presque un eloge : du reste, sa brochure a de l'inter6t,et doit ^tre lue de tous ceux qui cherchent dans la rausique autre chose qu'un vain assemblage de sons. J. Adkien-La.fasgb. Memoires et Rapports de Societes savantes et (Tutilite publique. 269. — * Compte rendu des travaux de laSociete royale d'agricuUure, histoire natiirelle et arts utiles de Lyon , depuis le i*"' mars iSaJ jusqu'a la fin de 1824; par M. L. P. Geogsier, professeur a YE- cole d'economie nirale et veterinaire de Lyon etc. , secretaire de la Societe. Lyon, 1824; imprimerie de J. M. Barret. In-8°de35o p. Ce compte rendu est une analyse detaillee des travaux et des ecrits dej membres de la societe dont M. Grognier est secretaire. Pour les hommes instruits, cette analyse peutsuffire; pour ceux qui cherchent I'instruction , et qui ont besoin de quelques developpe- mens, la marche du redacteur estpeut-ctre quelquefois trop rapide; mais cet inconvenient , fut-il m^me remarque plus d'une fois , se- rait plus que compense par les avantages d'une redaction qui n'ad- met rien de superflu , qui montre chaque objet dans son ensemble , au lieu de s'appesantir sur les details. Lorsque les notices sont a la fois interessantes et concises , M. Grognier les insure textuellement; lorsqu'elles peuvent 6tre abregees , il a soin d'y conserver tout ce qu'elles contiennent d'iustructif et de nouveau. II n'a rienretran- che du memoire de M. Tissier sur une roche smaragdifere (con- tenant des emeraudes iraparfaltes ) que Ton trouve prfes de la route de Lyon a Paris, a quelque distance de I'ArbresIe. On lit aussi en eutier un rapport de M. Gkas sur les operations agronouiiques de M. de T/vi.TiYF.«s, et particuli^remcnt sur les irrigations. Cependant, MJiMOIRES ET RAPPORTS. 56 1 tout ue sera pas approuve dans ce rapport ; M. Gras attrihue aux majorats^ une influence utile, et meme necessaire, suivant lui : il rencontrera beaucoup d'incredules ; et Festiinable agronome dont il expose les travaux , les counaissances , les grandes vues et les excellens preceptes , n'est pas non plus do sou avis. — Plusieurs memoires sur la statistique agricole du departement du Rhone sout inseres daps ce cosnpte rendu, et serviront a la redaction d'une statistique generale. — L'histoire naturelle et les arts se sont enri- chis de plusieurs observations , de faits et de resultats imoortans sur les arbres exotiques naturalises en France. ■ — Dans une ■ville aussi industrieuse que Lyon , on pense bien que les arts ne man- quent pas d'encouragemens. On trouve ici plusieurs notices sur des machines et des procedes nouveaux, examines par des mem- bres de la Societe ; on y remnrque entr'autres quelqiies perfec- tionnemens proposes par M. Pidakcet a la machine a tiller le chanvre , de M. Chuistian, et la preparation des eaux minerales artificielles , par M. le docteur Li vijli,e la Plaigse. Une notice historique sur Aiitoine et Joseph de Jussieu; deux autres notices necrologiques sur MM. Rarre , Desclwmps et WiU lermoz, terminent ce volume, auquel on ue reprochera point de Gontenir moins de clioses que sa grosseur ne seniblait en promettre. On Y rencontre quelques locutions qui peuvent etre locales , mais que les puristes de la capitale n'approuveront point ; on ne dirait pas ici, par exemple , que le ihermomelre tcmoigne telle tempera- ture, etc. Ces taches tres-legeres n'empecheront point que Ton n'apprecie tout le merite des travaux de la Societe de Lyon , et que Ton ne recoive avec reconnaissance la eommunication qu'elle en fait. 270. — * Societe des lettres , sciences et arts dc Metz. Seance ge- nerale du 9 juiu 1825. Metz , iSaS ; Lamort, imprimeur de la Societe. In-8° de no pages, avec aue planche. M. Serullas , qui presidait cette seance annuelle de la Societe de Metz, s'est attache , dans son discours d'ouverturCi a faire sentir la grande utilite, et peut-etre le besoin imperieux de multiplier partout I'enseignement des sciences chimiques. II esp^re que la ville de Metz, qui a deja tant fait pour fepandre rinstruction dans la population industrielle , ne restera pas en arriere, par rap- port a Tune des parties les plus essentielles de cette instruction , et qu'elle la dotera d'une chaire de chimie appliquee aux arts et d'un laboratoire. En terminant son discours , I'habile chimiste s'ex- T. XXVII. — Aout 1825. 36 56a LIVRES FRANCAIS. * ( prime ainsi : «Appele a exercer mes fonctioiis dans la capitale(i), je (juitte Mi't?.. Ell emettant iiioii opinion siir la necessitc d'une chaire de ciiiuiie , et inon vceu pour son etablissemenl , j'ai cru donner , dans cette circonstance solennelle , un temoignage de I'inieret que je prends rt que je prendrai toute ma vie a une villa ou , pendant plus de dix annees , j'ai ete honore de tant de mar- ques de bienveillance. Jf m'eloigne , plain de confiance dans le succes de ma proposition; assure d'ailleurs, par les ol)scrvations que j'ai faites pendant ma longue residence, que Melz renferme dans son sein tous les elemens d'une haute prosperite, je puis des ce moment, la saluer dans I'avenir aa rang des villes commerciales et agiicok'S les plus nianulacturieres du royaume. » Le secretaire , M. Devilly ,a rendu comjite des travaux de la Societe penilant la derniere annee acadeniique. II avail beaucoup a dire, principalement sur les travaux relatifs aux sciences et aux arts. Le plus grand nonsbre des savans places sur la liste des meni- bres ou correspondans de 'a Societe de Metz sont sortis de 1 Ecole poiytechnique. On se plait a voir , dans ce compte rendu , des hommes unis par les liens d'une education commune , portant au loin et repandant autour d'eux le goiit des connaissances utiles , toujours pr^ts a s'associer pour tout ce qui peut eclairer et diriger les arts. A la suite de cette analyse generale des travaux de tous les mem- bres de la Societe, on trouve une Notice sur les cultures de la ferme de Moncel , par le fermier actuel , M. Emile Bouchotte. Cette ferme pourra servir de mod(>le , dans un pays oil I'agriculture est fort au-dessous de ce que la nature lui a prepare. M. Bekgert met a la portee des leclenrs peu instruils en mathematiqucs, le me- moire de M. Poncklet sur les roues veiticales a aubes courbes. Comme nous donuerons a nos lecteurs une analyse de ce menioire important, nous nous abstiendrons , pour le moment, d'entrer dans aucune explication sur la forme que M. Poncelel donne a s*s roue:i verticales. — L'archeologie trouve aussi une place dans les travaux de la societe de Metz : dans ce m^me recueil , on a insere le texte et la traductiou de la charts d' affi anchissement de la ville de Tliion- ville, en laSg. Eufin, une pit;ce de vers justifie le litre de la Societe, (i) M. Serullas ttait pharmacien eu iliefet premier profcsseur de I'hopital mititaire (rinstruotiou. OUVRAGES PERTODIQUES. 563 et teraoigne qu'elle ne neglige pas les lettres. II faut convenir ce- pendaDt que, par sa position et sa population, la ville de Metz est api)elee a cultiver les sciences plutot que la litterature, et que I'ifi- dijstrie manufactiiriere lui convient mieux que les beaux arts, Ses etablissemens publics out uii but grave et m£'me severe; les pensees et les recherches qu'ils provoquent prennent le menie caractere : cette disposition des esprits est si favorable aux sciences , qu'il fau- drait , pour retablir I'equilibre en faveur des lettres , des efforts qui ne seraient peut-eti-e pas beureux. F. Ouvrages peiiodiques. 271. — * Bulletin universel des sciences et del' Industrie, Continuation du Bulletin general et universel des annonces etdes nouvelles scientifiques, dedie aux savans de tons les pays et a la librairie nationale et etran- gfere. Paris,rue de I'Abbaye, n" 3; prix, 182 fr.,eti56 fr. pourl'annee. Nous avons aunonce, dans le temps, Tutile modification que ce Bulletin avait recue ( voy. Rev. Enc.'t. xvii , p. 644 ): distribue maintenant en 8 parties, que Ton peut reunir ou separer , il est bien plus a la portee de tons ceux qui cultivent les sciences , et il offre a chaque savant ce qui lui convient , sans I'obliger a prendre en nieme terns ce dont il ne ferait aucun usage. A la rigueur, toutes les sciences ne sont pas comprises dans ces huit sections, quelque latitude qu'on veuille donner au titre de cliaque bulletin partiel : la politique n'v est pas admise, et par consequent la legislation , la mo- rale ,y education , la philosophie sont fraj)pees de la m6me Interdiction. Lorsque la liberte est sans garantie, c'est toujours au prix de ouel- ques mutilations que Ton achate le repos.Mais , sans examiner ce qui peut manquer au Bulletin universel , jetons les veux surce que Ton y trouve. On peut juger cette colieclion , d'apres I'un de ses numeros , quel qu'il soit; car les rcdacteurs ont soin de maintenir une sorte d'equilibre entre leurs publications successives ; ce qui est difficile dans tons les cas, et n'est possible que pour les ouvrages serieux. Prenons done le 3« numero de cette anuee , celui du mois de niars, Le Bulletin des sciences mathematiques , astronomiques , physiques et' chimiques , renferme 79 articles, dont les mathematiques obtieniien?' 23, I'astronomle 18, la physique i3, et la cbimie 20 :' les auties articles, sous le titre de Melanges, sont consacros aux ouvrages qui traitent de plusieurs sciences , tels que les recueils de societes sa- vantes. Les redacteurs ne s'ubstienneut plus d'enoncer leur opinion sur les- livres dont ils pailent , ce dont les lecteurs leur saiiront rre; 564 LIVRES FRANCAIS. car, avant de oonsulter nn auteur , ou d'acheter ses oeuvres, il con- vient que nous sacliions s'il nous instruira. — Le Bulletin des sciences natitreVes et de geologie renferuie g4 articles , dont la botaniqiie et la zoologie occupent cettc fois la plus grande partie. Conime il y a plusieurs notices assez etenducs, telles , par exemple , que les sui- vantes : Sur les accidens gcognostiques dans la I'allee de Fassa (Alpes Tyroliennes ) , par L. Dp. Buck ; Journal de mineralogie, par K.-C. Leonhakd; Essai sur les crrptngamcs dcs ecorces exoliqiies officinales , etc ; De qiielqites especes de phoqiies , et des groiipes generiqnes entre les- quels elle; se partagent , par M. Fr. Cuvxer, etc; les autres notices ont necessairement tres-courtes , surtout lorsqu'elles sont tr^s- noinbreuses , en sorte que celte multitude n'est pas abondance. II y a saas doute quelques cas particuliers ou les redacteurs s'etendraient sur quelques objets, aux depens du nombre des articles. — Les sciences medicates ont un bulletin de go articles, dont plusieurs seront lus avec inter^t , meme par cette classe de lecteurs que Ton nomme gens du monde , et nous designerons specialement le 1'='' de ce numero, sur un ouvrage d'anatomie en langue turque, iinprime a Scutari, en l8ao. (Voj-. Rev. Enc. t. x, p. agS. ) — Le Bulletin des sciences agricoles et economiques est de 4 feuilles , et celui des sciences medicales , de 6. Sans fixer le degre d'importauce des uiies et des autres , ni les comparer quant a I'etendue des connaissances qu'elles exigent, il semble que les premieres , cnmme moins eloignees de la perfection , doivent effcctiveraent avancer plus lentement, amcner moins de decouvertes et donner lieu a moins d'ecrits. — Quelques-unes des questions traitees dans ce bulletin, telles que celle-ci : Comment peitt-on clever et maintenir a un taiix convenable le prix des bles dans les etats prussicns !' sont reeWexaenl i\.TAn^eres aux sciences economiques, et denieureront toujouis sans reponse, si Ton veut les resoudro d'apres des principes bleu etablis, et par des raisonnemens exacts. Comment fixer ce prix, au milieu des varia- tions contlnuelles qui tiennent a la nature des choses ? — La nom- breuse famlUe des sciences tecimologiques est trait ce comme celle des sciences agricoles et economiques; il semble que ses besoins sont plus multiplies , et non moins pressans. Ce bulletin , I'un des plus difficlles a rediger , deviendra sails doute I'un des plus precieux du recueil, et servira de supplement aux Jnnales del' Industrie, pu- bliees par MM. Lenoemahu et Moleon, et au Bulletin de la Socidtc W encouragement pour I'industrie nationale. On y desire encore des moyens d'apprecier les annonces, les procedes indiques , I'impor- OUVRA.GES P^RIODIQUES. 565 tauce des d^couvertes ; on voudrait y trouver quelques garanties contre le charlatanisme ou la credulite. C'est priiicipaleineiit dans cette sorte de publications que !e savoir et la prudence des redac- teurs deviennent necessaires au plus grand uorabre des lecteurs. En compulsant les ouvrages periodiques , meme ceux dont les arts sont I'objet , on est expose a faire de tems en tems des provisions suspectes. Les brevets d'iuvention u'attestent pas toujours la bont6 des machines ou des precedes brevetes. 11 est tres-difficile de se tenir constamment en garde contre toutes les illusions , et de ne rien admettre qui ne soit ■yrai, constate, profitable. Les redacteurs du Bulletin technologique AxxTont doncsubi quelquefois la loi commune, recueilli desdocumens inexacts, et recomraaiide quelques inventions ou perfectionnemens qui ne reussiront pas entre les mains de ceux qui les mettront a Tepreuve. Sur les rnatieres de cette nature , le plus sur est d'operer des reductions, de peu croire, de peu ecrire , depeu loner. — Le 6" bulletin est celui des sciences geographiques , de reconomie publique, des voyages. La slatistique est mise au nombre des sciences geographiques , et la geologic n'y est pas comprise. Cependant, la geographic physique et la geologic sont inseparables , et la statistique tient essentiellement a la legislation et a la politique. Mais rien n'est plus facile que de faire des objections contre un systerae de classification des sciences, quel qu'il soit; ac- ceptons done celui-ci, tel qu'il est. Six feuilles sont consacrecs a ce bulletin, toujours hien pourvu de materiaux, toujours recherche par la curiosite, et qui ne peut neanmoins remplacer , ni m^me egalerles Annahs de geographic et dei -voyages , de MM. Maltebhun et Eyries; le Journal des vojages , de MM. Frick et Vii.leneuvk > successeurs de M. Verneur ; ni le Bulletin de la Sociele de geographic. ■ Quelques articlespeuimportans donneraient lieu a des observations critiques. Ainsi , par exemple , on dirait qu'il faut user de violence envers le mot cadastre pour le faire venir de cadre; que la Description historique etmonumentale de la ca'.hedrale de Dourges , appartient plu- tot a I'histoire derarcbitecturc qii'a la geographic; que ce n'est point dans les journaux allemands qu'il faut chercher des notices sur le com- merce des Etats-Unis d'Ameiique, etc. Mais on ne reraarquera ces le- geres imperfections que pour ne pasperdre I'habitude d'une certaine severite de jugement dont tout lecteur doit s'armer , lorsqu'il s'a- git de mati^res qui ne sont pas du ressort des sciences exactes, et sur lesquelles on est fort expose a sc meprendre. — Le ye bulletin est celui des sciences historiques , des antiquites, de la philologie : il !io6 I.IVRES FRANCAIS. i cotitieiit 5 feuilles d'im|>ression, ce qui doit suflire, quoique les connaissances auxquclles il est consacre soient en general verbeuses , et toutes en dissertations. II lie s'agit pas ici de connaissances deve- loppees dans des memoires, mals d'analyses et d'indications. Cepen- dant, les r6dacleurs ont su eviter la secheresse d'une table des mati^res , et donner de I'int^r^t a leurs courtes notices : on en trouvera dans les articles sur la Bibliotheque du serail , sur le Dic- tionnaii-e francais - wolof et francais - bambara , sur la coUeclion d'antiquites egyptiennes , offerte a la France par M. Drovetti, sur les antiquitcs de Strasbourg, sur I'Duvrage de M. Seroux d'Agin- COURT, intitule: Hisloire del' art par les moniimens , sur les y4ntiqiii(es gennaines et allemandes , de M. I{.RUSE, et sur plusieurs autres ouvrages d'histoire. — Le Bulletin des sciences inilitaires , encore plus court que le precedent, sera long-tems plus que plein. Les mat^- riaux accumules d'avance sufCraient seuls pourremplir ses 3 feuilles d'imprcssion , durant un nombre d'annees que les vicissitudes litte- raires et autres accordent rarement a un ouvrage periodique. Ainsi, les redacteurs ont une grande latitude de choix, et ils en usent au profit de chacun de leurs numeros. Soit par la grandeur du sujet et dessouvenirs qu'ils rappellent, soit en saisissantl'a-propos , ils ont le droit de compter sur des lecteurs nombieux et attentifs. Ces deux moyens de succ^s se trouvent reunis dans ce cabier^ des notices etendues sur la Force militaire de la Grande-Bretngne , par M. Ck. Duprif, et sur le Coiirs d'etiides porir I'adininistralion militaire, par M. Odier , plusieurs articles sur I'artillerie , et surtout le dernier sur I'organisation de cette arme et le mode d'avancement qui lui convient; voila certainement assez d'importans objeis reunis dans une cinquantaine de pages. Quoique nous n'ayons pu parler qu'avec une extreme brifevete des huit bulletins dont cette collection est composee , nous aimous a reconnaitre que les editeurs ont satisfait a leurs engagemens , et que leur ouvrage merite le succds qu'il obtient. Nous avons annonce plus d'une fois leurs Iravaux avec impartialite , comme nous avons soin dele faire pour lous les ou- vrages periodiques et autres dignes de fixer I'attention. lis n'ont jamais cru devoir faire aucune aunonce de la Revue Encjrclopedicjue, dont ils ont, a beaucoup d'egards , emprunte le plan , en donnant plus d'extension a cerlaines parlies, et en excluant celles qu'ils croyaient ne pouvoir traiter sans quelque danger, comme la politique, qui met aux prises avec des opinions de partis, souvent exclusives et intolerantes, et la titicraturc, qui oblige d'avoir des OUVllAGES PERIODIQUES. 567 points de contact fr^s - delicats avec des amours-propres superhes et irascihles , et de blesser, si Ton veut £'tre critique consciencieux, plusieurs coteries litteraires, non moins exigeantes dans leurs pre- tentions, ou malveillantes dans leurs ressentiraens, que les partis poiiliques. F. 272. — * Journal de la Societe des sciences , agnciiUiire et arts du deparlement du Bas-Rhin. — Strasbourg, iSiS. Public depuis iin an par cahiers qui paraissent tous les trois mois. Quatre cabiers fornient un volume de 5 a 600 pages. Paris; Levrault, rue de La Harpe, n° 8r ; prix 10 fr. pour I'annee. Les matieres sont divisees, dans ce journal, conime la Societe elle- n)(^me , en quatresections, sousles titressuivans : Lilteralnre, Scienca physiques, HJedecine et /■! gricultu re . — Les leltres et niemoires , que Ton desirera faire inserer dans ce recueil, seroat adresses , francs deport, a M. le professeur Fodebe, president de la Societe, el di- recteur du journal , ou a M. le docteur Ristelhuebek , secretaire ge- neral, rue Merciere, N° 4 > ^ Strasbourg. — Un comite de redac- tion est charge de choisir , parmi les differens materiaux , ceux qui paraissent presenter le plus d'utilile. — Le but de la Societe, en pn- bliant son journal , est de multiplier et d'etendre ses relations , de communiquer aux autres savans le resultat de ses travaux, et de concourir ainsi au perfectionnement des sciences. — Nous appelons de tous nos voeux le succes de celte entreprise eminemment utile. Z. 273. — * Journal de la Section de ]\Jedecine de la Societe academique du deparlement de la Loire-Inferieiire. 2* livraison , mai, l825. Nantes; Meliuet Malassis. — Ce journal parait tons les trois mois, par cahiers de 32 a 100 pages , in-8° ; prix de rabcniienient 4 fr- par an , 5 fr. 5o par la posle. Des journaux de medecine se publient sur divers points de la France. Fruits d'une instruction plus generalement repaudue que jamais , resultats de cette louaJile emulation dont sont animcs lous les esprits pour qui I'inaction est un fardeau , ils revelent I'existence d'bommes habiles dont les dcpartemciis peuvent s'honorer , et ils prouvent que les connaissances utiles peuvent ^tre parlout cultivees avec succes. Ces leflexions s'appliquent entierement au recueil p^riodique que nous annoncons. Si tous ses cahiers ressembleiit a celui que nous avons sous les yeux , il tiendra une place disliiiguce parmi les ouvrages de ce genre. Nons y Irouvons de bons memoires_ des observations interessantes , el, eii general , un l)oii esprit, qui 568 LIVRES FRMVCAIS. fait juger favorableraent de ses redacteurs. Nous citerons 1' obser- vation d'un vice de conformation d'un enfant nouveau-ne chez lequel rjesopliage formait, dans sa partie sup^rieiire , nne poche sans ouverture , et dont la partie inferieure prenait naissauce dans le caual aerien ; un m^moire de M. Marechal sur I'^quilibre consi- dere dans la station ; et surtout un releve des maladies observ^es dans les prisons de Nantes, par M. Sallion. Parmi des fails de pra- tique, dignes de toule I'attention des medecins, nous indiquerons I'histoire d'un etat vraiment adynamique , suite d'une phlegmasie des organes abdominaux et que le vin seul a pu guerir; une obser- vation de I'emploi de Tecorce de grenadier contra le taenia (i). II renferme en outre des considerations d'un haul interet sur le moral des detenus, sur cette npathie qui les fait resisterauxmaux physiques, les rend insensiblesaux souffrancesdont leur ame devrait ^tre acca- blee , et qui parait le resultat d'une sorte d'alienation mentale, ou tout au moins d'une erreur de jugement bien remarquable. Sous ce dernier point de vue, les personnes qui se livrent a I'etude des sciences morales et politiques , consulteront avec fruit le m^moire de M. Sallion. Rigollot flls , D. M. Litres en langues etrangeres publics en France. 274. — Gradiis ad Parnasstim ; — Dictionnaire poetique. Nouvelle edition , dans laquelle on a mis a profit les ameliorations faites par M. Aynes. Paris, 1826; Carez, rue Hautefeuille, n° 18. In-8° de 63 feuilles. 276. — * Jbsenteism. — Absenteisni ; par lady Morgan. Paris, i825> A. et W. Galiguani. In-8° de 8 feuilles et demie , imp. par Belin. (Voy. ci-dessus, p. 43o, le compte rendu de I'edition originale publiee a Londres. ) 276. — * E Lessijvgs' Fabeln. -— Fables de Lessing, en verset en prose, avec des notes critiques, grammaticales, prosodiques, histo- riques et myrliologiques ; par Wimter de Gauebcsh. Paris, iSaS; Auguste Udrou et Baudry. In-12 de 9 feuilles 1/6; impriaierie de P. Renouard ; prix 2 fr. 5o c. (1) Cctte observation est due a M. Griraaud, medecin de Paris, qui dirige bvcc succis un jounial intilule^le Propagateur des sciences mcdicales , annoure cette annt'e dans notre Bidletiu suppltmcnlaire A'Avril. N- '!■ R IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis — Grande route entre let Atats-Unis de rAmerique dii nord et le Mexique. — Parmi les nombreux et gigantesques projets dont les americains sont occupes aujourd'hui, on doit citer la route nationale qui, lorsqu'elle sera executee, formera un grand chemin de 3,3oo milles d'etendue a travers le territoire des Etats-Uuis, et celui de la Repubiique du Mexique , jusqu'a Mexico. C. — Mojen pour presetver les habitations de I'humidite. — II ne sera peut-etre pas inutile de faire connaitre la melhode que Ton emploie, dans le nord de I'Ainerique , pour garantir de rhumidite les maisons construites dans des lieiix has et marecageux. Elle est aussi simple qu'infaillible. On se contente de recouvrir les fondations de plaques de plotnb, a un pied ou deux au-dessus du sol, et Ton continue a batJr par-dessus ces plaques , qui doivent occuper toute la largeur de la muraille. De celte maniere, toute infiltration est rendue impos- sible au-dejsus des plaques, et les fondations des maisons sont seules exposees a I'humidite. D. Haiti. — Commerce. — Droits d' importation, — L'ile d'Haiti tirant de son commerce une grande portion de son revenu, il est interes- sant de connaitre les droits d'importation a acquitter dans les bu- reaux de la douane de cette repubiique. Voici , d'aprfes un journal americain, les principales dispositions du nouveau tarif d'Haiti : egalite de droits sur les niarchandises importees par navires etran- gers ; admission des marchandises en entrepot pendant six mois, en payaht seulement moitie des droits : un droit fixe de deux dollars 5o cent. , par baril de farine; et un doll. 5o cent, par quintal de riz, Les droits a I'injportation sur les produits detous les pays sans distinc- tion sont fixes a la pour cent de revaluation officielle. La loi sera en Tigueur pour les navires venus du continent americain, deux mois apres sa promulgation , et quatre mois pour les b^timens venant d'Europe. La promulgation a eu lieu le i3 mai dernier. (Extrait du Times.) 570 AMER. SEPTENTRIOIVALE AMER. MERID. Philauei,phie. — Heaiix-Arti. — Monument de reconnaissance natio- nals. — II va <;tre <3leve ici un magnifique monument a Washington sur la place qui porte lenom dece grand homme. La premiere pierre adu ctre posee dans les premiers jours du mois dejuillet. Le monu- ment sera entiferement construit en marbre, d'apres le dessin de celui de Thrasybule a Athfenes. II aura i3o piedsde hauteur et cou- tera 67,000 dollars qui seront produits par des souscriptions. Une grande partie de cette somme est deja realisee. C. Mexique. — Emigrations eiiropeennes qui toiirnent an profit de la civtiisation des nouveciia- etuts de I'Amerique. — II est arrive a Mexico, dans le courant du mois de mai , vingt-cinq italiens, qui , apr^s avoir ete obliges par les evenemens politiques de quitter leiir patne, s'etaient retires a Londres, d'ou ils soot passes en Ameriquc. On les a sur-le-chanip places dans les ctpblissemens publics pour la direction et la confection des routes, rinsjiection et I'exploilafion des mines, comme plusieurs de leurs compatriotes qui sont ici de- puis un an. Ainsi, les nouveaux etats independans de I'Amerique s'enrichissent par I'emigration de beaucoup d'hommes eclaires et habiles que I'iiitolerance politique reftousse de quelques contrees de I'Europe, et qui -vont payer, par les nobles tribuls de leurs talens et de leurs travaux, et par d'importans services rendus a leur patrie adoptive, la gcnereuse hospilalite qu'ils en recoivent. — D'apres des arrangemens recens , il y aura desormais unite et reciprocite dans les grandes mesures d'altaque et ila defeuse entre les trois republi- ques du Mexique, de la Colombie et de Buenos-Aires. M. A. J. AMERIQUE MERIDIONALE. Buenos-Aires. — Mineurs iillemands envojcs en Ainerirjne. — Une compagnie formee a Londres pour I'exploitation des mine's de la province de Buenos - Aires , a fait engager, a des conditions tres- avautageuses, a Freyberg en Saxe, et dans les environs, cinquante mineurs. Un maitre niineur est entre an service de cette c mpagnie, pourcinqans ,aux appoiul.cmensdecinqmilleecusparan. M. Leibner, agent de la maison auglaise Hillert et compagnie. a deja fait partir 44 mineurs, dont les uns vont directement a Buenos-Aires, par Hambourg, et les autres vont d'abord en Angleterre. J. Colombie. — Carthagene, i5 mars i8i5. ■ — ■ Extrait d'line leitre adressee au correspondant de la Beviie Emrclopcdiqiie ii Londiei. « Apr^s une traversee de qiiaranle.un jours, je suis arrive ici, le ^i4 fevrier dernier, et je vais partir pour Bogota. ' — Quel spectacle AMERIQUE M^RIDIONALE. 871 riant pour un Europeen parti de son pays en hiver, que I'aspect de la nature et de sa magnificence en Anierique ! A chaque pas , des oiijets nouveaux fixent son attention : des arbres majestueux et d'une verdure immortelle; des fruits et des fleurs dans toutes les saisons; un ciel brulant, mais presque toujours sans nuages ; un terrain iuculte, mais qui revele sa fecondite par la vigueur des herbes qui le couvrent ; des ruisseaux qui sembleut plus clairs et plus limpides qu'en Europe; des rivieres plus larges, et qui, sur plusieurs points, ressemblent a de vastes mers; des animaux plus forts et plus robustes ; des milliers d'oiseaux aussi varies par leur chant que par leur plumage, etonnent et ravissent le voyageur. Les mines dor, d'argent, de cuivre, de mercure, abondent dans ce pays. Mais combien les habitans contrastent avec la beaute de leur sol et de leur cliniat! Quelles tristes reflexions font naiire les traces profondes et affligeantes d'uu regime d'oppression et de despotisme ! Cette conlree qui, pendant tz-ois siecles et demi , a subi le joug espagnol; qui, a I'epoque de sa decouverte , etait peuplee d'habitans industrieux, maintenant deserte etravagee, n'offre plus que des reunions d'hommes epars ca et la , de couleurs et de castes differentes , sans industrie, sans amour du travail, sans desir de conuaitre on d'appreiidre. Les veritables citoyens de ce pays sont des descendans des EspAgnols. lis sont peu nombreux en compa- raison des indigenes; mais ils possedent les plus grandes fortunes et occupent les fonctions publiques. Ils ont un sentiment profond de leurs droiis; ils ont fait de rapides progres dans la connaissance des regies de I'organlsation sociale; s'ils ne sont pas tres-avanccs dans les sciences et les arts , c'est que , sous le gouvernement d'une nietropole ombrageuse et jalouse, il ne leur etait permis de rien apprendre. On iie peut se faire une idee des talens jiaturels de ces hommes, si long - tems abrutis par une ignorance systeniatique; les enfans surtout , offrent , des leurs premieres annees, un exemple frappant des heureuses dispositions dont en general ils sont doues; a denxaus ils parlent aussi bien que ceux d'Europe a six; enfin , tout semble se reunir pour presager a ce pays les plus brillantes des- tinees. Le gouvernement de la r6publique a une marche franche et ferme; les lois sont observees; la partie du pays que j'ai visitee est dans un bon etat de defense; les troupes de la republique sont aguerries, les soldats disciplines el endurcis a la fatigue. L'opinion en faveur du syst^me republicain est unanime; le cri d'indrpendance a rallie 57a AMtRIQUE MERIDIONALE. tous les coeurs; et le malheureux esclave qui espfere oblcuir LientAt sa liberie, et le riche colon qui, etendu dans son Iianiac, depense avec profusion le fruit de I'economie de ses peies, sont cgalement d'accord que la Colonibie ne peut plus de])endre de I'Espagne. Les ■yictoires du Perou ont port^ le dernier coup au pouvoir de I'anrienne inetropole; et quand m^nieon voudrait basarder de nouvelles expedi- tions arniees centre ce pays , elles seraient vigoureusement repouss^es et n'auraient aucun succ^s. Cbaque Colonibien deviendrait soldat, et favorise par le cliniat, qui ne laisse point que d'etre fort incom- mode pour des Europeens , il aurait promptement aneanti les forces envoyees pour attaquer sa liberie. On trouve pen de Francais a Colombie. J'ai rencontre a Sainte-Marthe, un de nos compatriotes, M. R* , m^decin, qui fait d'assez bonnes affaires. Du reste , le mauvais traitement que plu- fiieurs Colombiens ont recu de^a police francaise, les intentions peu bienveillantes du gouvernement francais a leur egard, I'oiivrage satirique public receniraent centre eux a Paris par un de ses en-- voyes ; tout a contribus a diiuinuer les bonnes dispositions que les habitans de ce pays portaient a nos compatriotes. On croit voir un espion dans tout Francais qui n'a pas ici de grandes relations, et il est soigneusement surveille. Si le gouvernement, mieux eclaire sur les vrais inter^ts de la France et sur I'etat de ce pays , adoptait un tout autre systfeme , nul doute que I'opinion ne change^t promp- tement en noire faveur. Les Anglais sont I'objet d'une antipatbie generate ; et ceux m^rae qui ont rendu des services a la Repu- blique ontde la peine a triompber de la prevention peu favorable qui s'attacbe aux bonimes de leur nation. On aime beaucoup ici la langue et la litteralure francaises , et Ton manque de bons mailres pour les etudier. Les liommes instruits sont excessivement rares. Le gouvernement , qui en eprouve le besoin, est dispose a bien accueillir et a employer ceux qui viendraien.t lui offrir leurs services. J.-C. P. , Negociant. Perou. — Introduction de Tenseignement mutiiel dans ce pays. — Les journaux de laRepublique contiennent un decret,du libcrateur de la patrie , Bolivar, qui ordonne que, dans cbaque cbef-lieu de d^partement, il sera forme une Ecole normale, etablie rf'apr^s la inetbode lancasterienne, on d'enseignement niutuel. Cbaque pro- vince devra envoyer six enfans au moins, a I'ecole departementale , et ceux-ci seront ensulte charges d'orgauiser d'autres 6coles dans ■* ute I'^lendue de la repnblique. ( The Baltimore American). 573 ASIE. Colonies anglaises. — • Population. — II r^sulte des derniers recensemens faits dans les colonies anglaises, que la population esclave s'eleve a 8a7,5oo. En general, dans les Indes occidentales, specialement dans la Jamaique, le nonibre des femmes excede celui des hommes, tandis qu'au contraire , dans les Indes orientates, dans rile-de-France, par exemple , les esclaves du sexe masculin sont les plus nombreux. Cette difference vient de ce que, les hommes ^tant employes a des travaux plus rudes que les femmes , la mor- talite est plus frequente parmi eux ; si , dans les Indes orientales , la proportion est en leur faveur , c'est que , dans ces dernieres colonies, on a defendu beaucoup plus tard la traite des negres, et que les im- portations d'esclaves etant toujours plus nombrcuses en hommes qu'en femmes, il en est resulte que les colons possedaient, a I'epoque de I'abolition de la traite, un surcroit d'esclaves males qu'ils n'ont pu perdre encore entiferement. F. D. Empire birman. — Bddment de guerre a vapeur. — On apprit, il y a quelques mois, qu'un navire, mu par Taction de la vapeur , avail cte construit pres de Calcutta, pournaviguer surle Gange; M.Fou- rier , dans son beau Rapport sur les progres des sciences maihematiques, a signale cet eveuement , comme un fait important dans riiistoire de la navigation et dans celle des contrees maritimes de I'lnde. Les consequences qu'il prevoyait n'ont pas tarde a se developper. La guerre contre les Birmans ayant eclate tout a coup, ce navire nom- me la Diane , fut acliete 80,000 roupies, par le gouverneur general , lord Amherst, pour etre employe a remonter les lleuves du pays ennemi, malgre la force et la rapidite de leurs courans. L'ex^cution a suivi de pr^s ce projet d'operations offensives, au moyen d'un nouvel agent dont I'art militaire n'avait pas encore fait usage. Dans la seconde bataille donnee pr^s de la ville de Rangoun , par une armee de 5o,ooo hommes, qui- voulait en chasser les troupes an- glaises, la Diane, commandce par un lieutenant de vaisseau, a mr- noeuvre dans la riviere contre ime flotte de bateaux de guerre bir- mans. La puissance de la vapeur a porte si rapidement ce navire au milieu d'eux , que leur superiorite de marciie, a I'aviron, n'a pu les faire echapper . et qu'abordes par lui , avec une force irresistible, 3o sur 3a ont ete renverses , briscs , desempares, pris ou coules bas. Pour se faire quelque idee de la puissance necessaire pour pro- duire de te!s effets , il faut savoir que les bateaux de guerre hir- 574 ASIE. — AFRIQUE. mans ont,avec la structure d'un canot, la longueur de nos vaisseaux de ligne ; ils ii'out pas nioins de 80 pieds de long sur 7 dc large; ils sont armes de 5a avirons, dont la manoeuvre leur fait faiie 2 lieues a riieure; etils portent aiscment cliacun iSohoninies prdls acombattre. Leur elegance n'est pas nioins giande que la viiessede leur marche; ils sont decores avec soin, dores en dehors , et peiiits en rouge au dedans. Une flotte de Si de ces bateaux devait porter plus de 4,000 homines. Ainsi, voila la navigation a la vapeur appliquee, pour la premiere fois, aux operations actives de la guerre; et cette application a lieu par les efforts du penple qui senible devoir en redouter le plus les succfes , et a 4,000 lieues du pays auquel on doit cette invention merveilleuse. A. Moreau de Jonnes. Perse. — Ispahan. — Necrohgie. — Olah Phelair, celebre poete persan , vient de mourir , dge de gfi ans. C'etait le Voltaire de la Perse. II laisse apres lui un nombre tres-conslderable demanuscrits sur les matbematiques, I'astronomie, la politique et la litterature. Le Shah venait de lui accorder une pension tres-coiisiderable. Baxavia. — .■Icadimie des sciences et arts. — M. I'avocat Meyer, d' Amsterdam, I'un des correspondans de la Rc-ite Eucyclopedique , membre de plusieurs Societes savantes , auteur d'un des ouvrages de jurisprudence les plus remarquables qui aient paru depuis Mon- tesquieu ( Esprit des institutions jtidiciaires , dont la nouvelle edition, publiee a Paris, sera bientot I'objet d'une analyse etendue dans ce recueil ) vient d'etre admis au nombre des membres correspondans de cette Academic. K. AFRIQUE. Alger. — Extrait d'line httre ecrile par un -vojageur qui isisite en ce moment VAfrique, au DirecCeur de la Revue Encyclopedique. — Etat de barbarie de V Afrique ; moyens de preparer I'amclioratioii du sort des Africains ; — Proposition de former une Societe pour s'en occuper. — ••... Je veux vous parler de I'Afrique, de cette vasteettoujours malheu- reuse peuinsule qui , lorsque les autres contrces du globe avancent j-apidenient dans ia carriere de la civilisation , reste toujours station- naire, dans un etat affligeant d'ignorance, de degradation et de barbarie. Sonclimat, ses deserts, le defaut de communications in- terieures, soil paries fleuves , soil par des contrees habitables, I'es- clavageet tons les fleaux qu'il engendre , voila sansdoute de grands AFRIQUE. 575 obstacles centre lesquels beaucoup d'hotnmes genereux ont lutte vainemeut : inais enfin, ces obstacles sont-ils insurmontables ? A-t- on pris les moyens les plus convenables pour en triompher ? A-t-on eu recours a la puissance d'une bonne education qui op6re, comme Ton sait , tant de miracles ? Le comite des Grecs a Paris vient de demander de jeunes enfans de cette nation pour les instruire ea France. Deux jeunes princes Madecasses ont ete adresses, il y a quelques annees , parM. Roux , agent francais dans I'ile de Mada- gascar, a son fr^re, qui tient a Paris une maison d'education. Une negresse du Congo, vendue comme esclave dans une de nos colo- nies, a ete placee par un homme bienfaisant dans I'ecole des jeunes fiUes , dirigee a Paris par M"if Quignon ; et sa bonne conduite et ses progres I'ont fait remarquer. Encourage par ces examples , je pro- poseraisla formation d'une Societe dont lebut unique, exclitsif,serah la civilisation africaiiie. Ella s'attacherait a repandra sur le sol afri- cain , dans les divers idiomes des peuples qui I'habitent, lasconnais- sances 1 as plus elementaires et les plus utiles ; mais , par-dessus tout, alle charcherait a se procurer de jeunes enfans des principales fa- milies, aCn deleselever eu Europe. ..»Notre correspondant developpe cette pensee, et fait voirqu'elle n'est point impraticable, qu'on peut la realiser des a present, qu'elle atteindrait le but si desire de i)re- parer de nouvelles destinees a une population nombreuse, et qu'elle procurerait a la Fance des avantages commerciaux dont on concoit aisemeut I'eteiidue et I'importance. II ajoute qu'il ambitionnerait d'etre I'un das premiers souscrijateurs , etda contribuer de toute I'etendue da sou zela, et eu raisou desa fortune, au but philanthropiqua de la Societe. Nous regrettons de ne pouvoir inserer en entier cette lettre inte- ressauie, ni en discuter quelques vues qui semblent avoir besoin d'e- claircissamens , et sur lesquellas nous reviendrons. Nous esperons que ces ideas ne seront pas perdues , qu'elles seront meditees par quelques-uns de nos ltcteurs,et que les seniences de bien qu'elles reiiferment na tomberont pas sur une terre sterile. Nous les recom- mandons surtout au zela eclaire da la Societe de la morale chretienne . qui , dans ses nombreux comites , et grSce a leur action bienfaisante, a dejarendudas services importans ala noble causa qu'elle a embras- see. Des Grecs nialheureux et .'ans ressources ont obtenu des secours au moyen dasquals ils sont retourues dans leur patrie ; des ccrits itislructifs et utiles ont ete repandus pour eclalrer I'ojjinion sur les speculations odieuses qui continuent encore la traite des Noirs et sur las dangers des maisons de jeux et des loteries ; un certain nom- 576 AFRIQUE. — OCEIANIE. — EUROPE. bre d'orphelins out ete arraches a la misere et places clans des ate-' liers, sous les auspices et par les soins de jeunes patrons qui le» prot^gent; des dons abondans ont ^te verses dans des families indi- gentes et honorables; des souscriptions souvent renouvelces ont ete offertes a tons les genres de malheurs. II est digne de cette Societe, qui applique les principes de la morale chretienne aux relations so- ciales , et qui etend ses soins charitables a tons les membres de la grande famille humaine qui peuvent en avoir besoin , d'appeler I'attentioii sur le vaste continent de I'Afrique , ou deja plusieurs voyageurs zeles vont exploiter des contrees inconnues, et d'organi- ser un comite special, analogue a Vinstilution africaine etablie a Londres, et quipuisse entrer en relation avec elle et s'associer a ses nobles efforts pour atteindre le m^me but. L'estimable pliilantlirope qui nous a ecrit la lettre dont nous ve- nous de donnerl'ex trait , et que nous remercions ici des interessantes communications qu'il vient de nous adresser, est invite a continuer de nous transmettre les faits importans et iustructifs, les vues de bien public et les observations utiles que peuvent lui fournir les diffe- rentes contrees qu'il parcourt dans ses voyages. M. A. J. OCEANIE. NouvELLE-HoLLANDE. — Notivel EtabUssement anglais. — Cat eta-i blissement est situe au nord de la Nouvelle-Hollande , sur le detroit d'Apsley, entre les lies Bathurst et Melleville. Les Anglais y ont bati un fort et ont pris possession de toutela cote, depuis le 129* jusqu'au 135" degre longitude est. — Cette nouvelle colonic promet de devenir d'une grande importance commerciale. Elle est situee a quelques jours de traversee des lies des Epices , qui appartiennent aux Hollandais , et vis-a-vis le jjort Cookburn ( Noiu'elle Guinie ). Le site en est fertile; la mer abonde en trepang , si rechercbe a la Chine, et tout fait penser que, dans le cas d'une rupture de I'An. gleterre avec leur gouvernement , les Chinois apporteraient eux- m^mes leur the sur ce point. F. D. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. iienseignemens sur lei population de V Angleterre. — Cos rensei- gnemens sont tires d'un Appendlce public en juiliet dernier , pour dtre annexe a la je partie du G° volume de XEncyclopidie Briiaii- iiitfiie. ILES BRITANINIQUES. J/7 Tableau sommaire de la population des trois royaumes , en i8ai. Maisons. 2\ Families. HonMnes , Femmes. Tot. de lap. 2,o36,3i7 2,346,717 5,483,679 5,777.75** 11,261,437 140,820 146,706 350,487 366,951 ECOSSE. 356,536 447,960 983,552 1,109,904 2,093,455 3i9,3oo 319,3 2,533,673 2,941,383 7,137,018 7,254,6i3 14,391,631 . 7-7-438 ^ _, Population de rirlande 68,46949 Population des lies voisines de I'Angleterre. 92,122 Total general de la population. 21,330,702 (i) La plus grande pariio de ces trou- pes sont em. ployees daus ies posses - sions angloi- ses.snrlesdif ferens points du globe. Tableau comparatif de I'etat de la population de la Grande- Bretagne , en i8oi , 1811 et 1821. PAYS. 1801. 1811. i8ai. Angleterre Galles Ecosse 8,33t,434 541,546 1,599,068 9,538,827 611,788 i,8o5,688 11,261,4,37 7 J 7438 2,093,456 Total. . . . Armee et marine. . . . 10,472,448 470,598 i,i95,63o3 640,500 i4,072,33r 3i9,3oo Total geheral. 10,942,646 12,596,803 i4,39i,63i Ces recensemens ont ^te fails par oidre du gouvernement anglais Ies 10 mars 1801 , 37 mai 181 1 , ct 28 mai 182 i . T. xwii. — Aoitt i8a5. "^^ 578 EUROPE. Tableau sominairc des mariages , naissances , th'ces , arrives en Jngleterre et dans le pays de Galles , de 1816 // 1820. ANNEES. MARIAGES. 91,946 88,234 9''-.779 95,57 1 96,833 NAISSANCES. DECiS. i8i6. 1817. i8i8. 1819. 1820. 33o,iii9 33i,58'3 33i,384 333,261 343,660 205,959 199,260 213,624 2 13,564 208,349 Tableau des Compagnies de commerce , de mines , d'agricul-^ ture , etc.,formees en Angleterre dans Vannce 1824 el pen- dant les premiers mois de iSaS. NOMBRE des ■ OHVAGTtlES BUT D.VNS LEQUEL ELLES SONT FORMKES. 33 48 42 6 8 4 34 20 23 4 i» "^ Pour construction de cauaux et chantiers .... Pour construction de routes en fer {^rail road) . . Fabrication ct eclairage pour le gaz Commerce du lait Approvisionnement d'eau Exploitation de mines de cliarboo Exploitation de mines d'or , d'argeut, etc. . . . Pour assurances maritlmes.coutre I'incendie, etc. Etablissemens dc banques , etc Pour f'luruiture de farine , grains , etc Pour navigation, paquibots, etc Pour peclie Pour la pecbe des perles Pour culture d'iudigo , de sncre D'agriculture Etablissemens de manufeclures en Irlande. . . . Pour cmbellissemcns de Londres Pour construction de routes sous la Tamisc. . . . Pour etablissemens de baias de mer Pour etablissemens de jouruaux Pouf divers obiets T0TAI-. . . livres sterling. Ou en francs. 17,753,000. 22,454,000. ii,tio,ooo. 565,000. 1,750,000. 2,750,000. 24,495,000. 41,800,000. 2 1, (it 0.000. 410,000. 5,540,000. 1,600,000. 625,000. io,5oo,ooo. 4,000,000. 2,5oo,ooo. r,4to,ooo. 2C0,000. 75o,ooo. 460,000. i,832,o5o. 174,1 i4,o5o, 4,352,85o,95o. Outre ces ayfi compagnies , 29 autre.s sent maintenant en instance lUlires du Parlement pour obtenir leur autorisation. F. D^ ILES BRiTAiSNlQUES. 5^9 LowDRES. — Travaux dn Parlement pendant la demikre session.— L'un de nos coUaborateurs nous communique une lettre que lui adrcsse de Londres, a la date du i5 aout de cette annee , uii ayocat a la cour de Chancellerie, qui lui donne des details interessans sur les prin- cipaux travaux du parlement Britannique, pendant la derniere session , et sur les ouvrages les plus remarquables qui ont paru depuis quelque tems en Angleterre. Nous croyons que nos lecteurs seront bien aises de trouver ici uu extrait de cette lettre : << La der- niere session a ete tres-importante , quoiqu'ostensiblement elle n'ait pas ete d'un grand infer^t public. Sa principale direction s'est tournee vers la reforme de nos lois , et Ton a fait un commencement de tentative pour les mettre dans une esp^ce d'ordre. Cette tentative a etc tres-peu de chose, il est vrai , mais elle n'en est pas moins remarquable, car on nous a dit que nos his eCaient la perfection de la raison humaine. Le nouveau bill du jury a ele le plus important. Tous les actes du Parlement concernant la banque- route ont ^te refondus en un seul. I,a meme chose a ete faite pour les lois concernant la navigation , les douanes , I'irapot applique aux objets de consommation ^excise) et le commerce avec les colonies. On en a fait aussi, sur la mani&re de proceder des cours de justice, deux ou trois qui sont tres-importantes, et qui aurout pour effet de prevenir les depenses et la longueur des proces ; tel est particulierement un acte pour empecher les appels mal fondes , qui etaient encourages en raison des droits que Ton payait aux officiers de la Cour. Une importante loi, etablissant des juridictions locales pour les petites causes, correspondantes aux tribunaux de premiere instance en France, a ete rejetee par la Chambre des lords; mais on espere qu'elle passera a la premiere session; et M. le ministre Peel a pris a tdcbe la reforme des lois crimiaelles. Le traiteraent des juges a ete tres-augmente dans la derniere session: celui des trois presidens (chiefs justices) de la Cour du ban du roi , de la Cour des plaids communs et de I'Echiquier a ete porte a environ 8,000 livres sterling, chacun , par annce, et celui des aulres reuf juges a 5,5oo livres sterling; la vente de tous les offices qui en dependaient a ele abolie. Cette mesure a cause une grande satisfaction, en rendant les juges plus independans, et en mettant leurs fonctions a meme d'etre acceptees par les avocats lies plus celfebres et les plus occupes, qui les auraient formellement refusees , a cause des ancieos appointemens. — Eii un root , le 58o EUROPE. parti liberal , dans ce pays, est tr^s-satisfait de la marche du gou- vernement qui , sans aucun doute , raffermit toutes les institutions libres de I'Angleterre. Liiteratiiie. Nous n'avons rien de trfes-nouveau en ce genre le der- nier romnnde Wai-tkr Scott, les Croisades, a cause un grand desap- pointement, enne repondant pas a I'attente generate. Le dernier ou- vragehistorique de quelque importance, est une Histoire d' Ani^leterre pendant la Rcpubliqne , par Brodies , qui a paru an commencement de I'aniiee. L'auteur y a rendu justice a Cromwel et aux republicains, et a convaincu Hume de la plus grande partialite. Le recit de la campagne de Jiiissie , par M. Philippe de Scgur, a excite ici le plus vifinteret; il a ete lu par tout le monde, tant en francais que dans une traduction anglaise; (i) aucun ouvrage, a ma connaissance, n'a jamais attire autant I'attention publique. — II n'a rien paru de nouveau en jurisprudence; mais les luimeros des recueils de juris- prudence (^reported cases) ont ete publics regullerenieut, ainsi que des traites sur differens sujets qui presentent une collection de cas, redigee , comnie vous le savez, sans aucun ordre systematique ; il faut en excepter toutefois un ouvrage de Miller, sur VEiat actuelde la legislation (voy. ci-dessus, p. 142); livre qui est tres-bien fait et qui indique les principaux vices de notre syst^me d'admiiiistration judiciaire. » Y. — Institution poiirl'inst?iiction des artisans. — Le docteur Birkbeck, president de cette institution, a fait, le 8 juillet, I'inauguratlon de ramphitbeatre construit pour les seances de la Societe. Get edifice , parfaitement approprie a sa destination , pent contenir plus de douze cents auditeurs , et la voix du professeur peut ^tre entendue tres-dislinctement dans toutes les parties de la salle. Le docteur Birkbeck, dans son discours d'ouverture, a traile des avantages de I'instruction intellectuelle pour les artisans; il a fait Teloge des bommes publics qui ont soutenu I'lnstitution , particulie- rement de sir Francis Burdett et de M. Brougbam. — Ce dernier a prononce ensuite un discours seme de plaisanteries qui ont souvent ^gaye I'auditoire. — II a paye un tribut de reconnaissance au fonda- teur de I'lnstitution, M. le docteur Birkbeck; puis aux editeurs du Mechanics Magazine, qui, apr^s un essai des plus heurcux, en ^i) Ou vicut tie Ic tradnire aussi en suedois. N. d. R. ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 58i Ecosse, recommand^rent avec chaleurla formation d'une institution des artisans dans la capitale. Deja des ^tabllssemens semblablcs so multiplient en Angleterre; on en compte trente un iiouveaux depuis le I" Janvier de cette annee, et I'on en trouve jusque dans les vil- lages; tant le desir de s'instruire est vif chez le peuple anglais (i) ! Le due de Sussex a temiine la seance, en proclaraant I'utilite de retablisseraent et en declarant qu'il serait toujours pr6t a I'appuyer de tout son pouvoir. M. A. J. — Monnoyage. — II resulte d'un rapport officiel, public par le gouverncment anglais, qu'il a ete frappe ici , depuis le i*'^ juillet 1824 jusqu'au i"' juillet de cette annee, pour 5,o4o,3oo livres sterling ( 126,007,500 fr. ) de monnaies d'or, et pour 131,761 livres sterling ( 3,294,025 fr. ) de monnaies d'argent. ( The news oflitterature and fashion) . — Exportation d'or et d'argent. — Depuis le i^'' jauvier 1824 jusqu'a la fin de juin iSaS , il a ete exporte d'Auglelerre, suivant les registresdes douanes, en monnaies d'or et d'argent, savoir : Or 8,55o,ooo livres. Argent 3,223,879 Exporte sans declaration a la douane 5, 200,000 Total. 16,973,879 Pres d'un million sterling, ou vingt-cinq millions de francs, par mois. Times. RUSSIE. Saint-Petersbourg. — Mines de la Russie. — Un des journaux periodiques de cette capitale donne un releve interessant des pro- duits des mines d'or et d'argent en Russie, depuis 1818 jusqu'en i8»4- De 18 18 a 1828, les mines de la couronne avaient fourni io3 pouds (lepoud est de 40 livres) 25 livres d'or pur et 8 pouds et demi d'argent pur; les mines des parliculiers 259 pouds 25 livres d'or pur et 20 pouds 21 livres d'argent pur. Pendant le second semestre de 1824, les mines de la couronne out fourni 24 pouds (i) Esperons que le meme desir, non moins vivement senti en France, y fera multiplier des institutions du meme genre , des ecoles industrielles de me- canique, de chimie, de dessin, d'economie , etc., appliques aux arts et metiers. M. Charles Dupin a donne, sous ce rapport, au Conservatoire des arts, a Paris, un bon et utile cxemple, qui a deja trouve des imltateurs dans quclques- nnn de nos departemcas. Hoj. EUROPE. luiivres d'or pur et 2 pouds six livres d'argeiit pur; celles des par? ticuliei's 76 pouds 57 livres d'or pur et 6 pouds 5 livres d'ar- gent pur. D — f. — Societe des Mines. — Le gouvernement vient de fonder un etablis- sement, qui doit avoir d'importans resultats. Un comity scientiCque est charge de rediger lui Journal des Mines, qui paraitra tous les mois, et embrassera toutes les decouvertes et toutes les notions scienti- Cques qui ont rapport a I'exploitation des mines et des salines. En meme teins , dans les priucipales administrations des salines, on eta- blit des Societes des Mines , sous la presidence des chefs de ces arron- dissemens. 'Les membres y presenteront leurs vues et leurs dccovi- vertes , qui seront trai>smiscs au comlte de Saint-Petersbourg. Ces Societes oat encore plusieurs aiitres attributions. — Erection d'tin riotifeau bdliment poiiria Douaiie. — Le 29 juillet der.> nier, le ininisire des finances , accompagne des chefs du departement du commerce etranger et d'un grand nombre de negocians, a pose so- lennellement , sur la place de la Bourse, la premiere pierre de la nouveHe douane. Get edifice aura 96 toises de longueur sur 1 2 de lar- geur ,et il sera tellement au-dessus du niveau de la place que, m^me lors des plus fortes inondations , les niarchandises ne pourront dtre endommagees. Moscou. — Fondation d'un InstitiU Technologique. — D'apres la presentation du ininistre des finances, I'empereur a approuve le 3i mai , le projet de retablisseraent dans cette ville d'un Institut Technologique, dont le but est de propager les sciences necessaires pour faire prosperer I'ixidustrie nianufacturi^re. On y admetlra des jeunes gens de condition libre, Sges de 16 a 24 ans; I'instruction leur sera accordee dans I'lustitut gratis. Les sciences qui leur seront en- selgn^es , sent : la science du commerce, la statistique mauufactu- riere, I'.irt de connaitreles marchandises, la chimie, la technologic, la mecanlque et I'hydrotechnique appliquees aux manufactures, et le dessin. Ces sciences composeront le cours general qui durera deux ans; apr^s cet espace de tems , les elfeves seront distribues , d'apres leur propre choix , dans les cours speciaux, ou Ton enseignera les connaissances plus detaillees, necessaires pour la conduite des tra- vaux dans les teintureries , les manufactures de draps, de soie , de colon , de foile, de cuir, de glace , de cristal , de porcelaine et de faience. La duree de ces cours est d'une annee. Apr^s avoir fini leurs eludes, les eleves sortiront del'Institul, avec un certificat at- testant les connaissances qu'ils auront acquises. ('■ RUSSIE. — POLOGiNE. — SLEDE. 5S3 Necrologie. — La Russie a perdu, vers la fin de I'annee i8a3, deux de ses poetes les plus dislingues, Kapnist et DoLGonouKt. Le pre- mier, parent et ami du celebre Derjavin , est mort en octobre, dans sa soixante-sepiitme annee, et le second , au mois de decembre suivant» a I'dge de soixante ans. — Kapnist s'ciait fait connaitre par plusieurs productions reroarquables par I'energie du sentiment et la force de I'expression ; mais c'est surtout a sa comcdie de lu Chicane, (labeda^ qu'il doit sa grande celebrite. Cette piece est ce que la scene russe poss^de de micux, .ipres les deux comedies de Fon Viesin : le ItJineur, (Nedorosle) (i) et /e Brigadier , ( Brigadir ) — Les poesies du priiice Dolgorouki ( Buitie moevo serdsa ) respirent a un haut degrel'amour de la patrie et de la verite. II s'est distingue surtout dans I'epilre et dans la satire. On pourrait desirer parfois un peu plus de correc- tion dans son style. E. H. POLOGNE. Amelioration du sort des Juifs. — L'empereor Alexandre , ayant egard au nombre actuel des Juifs , et a la necessite de substituer un ordre de choses fixe a I'etat provisoire oii ils se trouvent niaintenant, a publie une ordonnance qui contient en substance : qu'il sera forme un comite particulier, auquel les Juifs du royaume auront a s'adres- ser dans toutes les affaires qui conccinent leurs rapports generaux; que ce comite doit examiner les ordonnances et les r^glemens rendus a differentes epoques , relativement aux habitans Israelites , et faire parvenir ses observations sur ces actes au lieutenant-general du royaume dans le conseil d'etat, par le canal du ministre des cultes et de I'instruction publique. Ce merae comite est autorise a faiie des propositions , tant en ce qui concerne les modifications jugees neces- saires pour le bien des Juifs dans les reglemens suivis jusqu'a pre- sent , que pour les reglemens nouveaux qu'il est a propos de faire dans ce but. Le comite sera compose d'un directeur, de deux asses- seurs , un chef de bureau et deux secretaires : il y sera adjoint une chambre d'avis , formee d'un president et de cinq autres membres , qui tons devront ^tre Israelites. D- SUEDE. Stockholm. — Etablissement d'line Ecole Technologiqiie . — Le gou- vernement voulant favoriser le developjiement et les progres de I'in- dustrie par une instruction popnlaire et industrielle , plus facilement accessible et plus generalement repandue, vient d'arreter Tetablisse- (i) L'auteur d'une traduction de cette piece, dans la Collection des Theatres elrangers , a cru pouvoir traduire ce litre par celui de Dadais. 584 EUROPE. mentd'iine Ecole Technologique , dont les cours, analogues a ceux du Conservatoire des arts et metiers de Paris , seront ouverts aii niois de Janvier prochain. — Societi formic pour I' exploitation des mines de sel. — M. Charles Knab , Saxon, au nom d'une societe formee 4 Dresde, a demande et obtenu du gouvernement su6dois la permission de chercher a scs frais dans ce pays et d'exploiter des mines de sel et des sources d'eau salee. — Etablissement d'une pclile Poste. — M.Keuner, n^gociant suc- dois , a egalement obtenu I'autorisation du gouvernement pour I'eta- blissement d'une petite poste dans la ville de Stockholm. D. DANEMARCK. CoPENHAGUE. — Sovrds >■ Mtiets — M. Abrahamson , dont nous avons eu souvent occasion de parlor dans ce Recueil , ne borne pas le cercle de son activite aux seules ccoles d'enseignement mutuel. II est encore un des membres les plus actifs places par le gouvernement a la tetede I'instilution des Sourds-Muets a Copenhague. Autrefois, cette institulion ne pouvait recevoir qne 5o eleves; depuis quelque terns, elleen recoit 70, et Ton fait des dispositions pour en placer jusqu'a 90. C'estla, d'apres le dernier recensement, le nombre de sourds-muets qui existent dans les etats danois , sans y comprendre ceux dont les parens out les moyens de leur donnner, dans la maison paternelle, I'instruction necessaire. Un autre etablissement du mdme genre , forme a Sleswig , recoit tons les sourds-muets des provinces alle- mandes du Danemarck. — Lithographic. — On sait deja que M. Abrahamson est aussi I'in- troducteur de la lithographie en Danemarck, ( T'oy. t. xxiv, p. Safi). Independamment de plusieurs ouvrages qu'il a fait exdcuter par ce precede, ii a commence la publication d'un atlas national dont il a deja paru dix cartes , reprdsentant toutes les iles europeennes qui ap- partiennent au Danemarck, excepte celles de I'lslande et de Feroe. Quatorze a.itres feuilles , qui seront successivement publiees , reprd- senteront les possessions continentales de S. M. danoise. Nous ne pouyons nier que , dans ce genre , M. Abrahains'm n'ait fait des pro- gri^s sensibles vers la perfection ; cependant , nous croyons devoir lui conseiller de s'attacher plutot a une elegante simplicite, qu'a ces formes golliiques dont nous avons dejA eu I'occasion de parler en les hUmant. ( yqr. t. xxvi, p. iSj, cabier de .////" , I'article sur les co- P'-'dies de Til. Holberg, et principalemeut la note jointe a cct article). HKIUltliC. 585 ALLEMAGNE. MoRAVlE. — ^griciiltuTe. — Invention d'line noiivelle charrue. — Un cultivateur de cette province vient d'iuventer une charrue, qui, trai- nee par un seul cheval, trace a la fois quatre sillons. La Societc d' agriculture lui a decerne une medaille d'or. Prussb. — Industrie. — Culture de la sole. — M. Bolzani vient de prouver que Ton peut cultiver la soie dans la plus grande par- tie des etats Prussiens, avec le meme succes qu'a Milan et dans le Piemont. Malgre les difficultes occasionees par les pluies conti- nuelles qui sont tombees cette annee en Prusse , et par I'ignorance ou Ton y etait generalement encore a I'egard de cette Industrie , ii est parvenu a oblenir mille livres de cocons parfaitement files , dont il retirera probablement roo livres de soie fine, qui ne sera pas in- ferieure aux meilleures soies de la Haute Italic. D — f. — Berlin. — Etnblissement d'vn pont en fer siir la Hnvel. — Ce pent, construit pres de Potzdam , a ete livre au public, le i'"' aout der- nier. II est compose de 9 arches en fer, fondues en Silesie; sa lon- gueur est de 600 pieds j la largeur du pave pour les chevaux, de 20 pieds, et chacun des trottoirs de 5 pieds. — Elberfelu. - — Socicce allemande americaine pourPexploilalion des mines du Mexique. — ■ ( Voy. ci-dessus, p. Sjo.) — Le 28 juin dernier, vingt mineurs parfaitement iustruitset exerces auxtravaux des mines out ete rcunis ici , en consequence du contrat conclu avec la direc- tion de la Societe allemande americaine. A leur depart d'Elberfeld, M. Kamp, president de la Societe , leur a adresse un discours toii- chanl, qui ne peut manquer de les affermir dans leur resolution de faire toujours honiieur par leur conduite a leur nation et a la ville qui les envoie en Amerique. — Berlin, 28 aout. — Academie Royale. — La derniere seance publi- que de notre .'Vcademie a offert plus d'inter^t que Ton ne peut s'at- tendre generalement a en trouver dans ces reunions. M. Guillaunie de Humboldt, frere du cel^bre voyageur du meme nom , a lu une traduction metrique de plusieurs morceaux du grand poeme philo- sophique et religieux , appele Bhagavad- Gicah. II y a joint des dc- veloppemens sur la metaphysique des Indous , comparee aux s) ;.- tfemes des Grecs. On est agreablement surpris de voir que M. G. de Humboldt , savant traducleur et conimentateur de Pindare et de .So|)liocie , soit inilie aux secrets de la grammaire samskrite,-comme il Test a ceux de la langue basque et des idiomes primitifs du nou- 586 liUROPE. veau Continent. Ou ne pent qu'altendre de ces conuaissances va- rices des travaux qui viendront ajoiiter a la somme de nos acquisi- tions litteraires, et dont'les autres peuples de I'Europe s'empresseront de profiler. D. Baviere. — Uiiwersites. — Le nombre des etudians de Lands- hut, runiversite la plus ancienne de la Baviere, surpusse depres d'un quart celui de I'universite de Wurzbourg. Dans I'annee courante ooo. Les donateurs exlernes ont rivalise avec les societaires , tant anciens que modernes, pour accroitre la bibliotheque , et I'enrichir d'ouvrages precieux et d'une utilite generale. Parmi les dons, on remarque celui que M. le professeur de Candolle a fait d'une collection en langue espagnole , de journaux et de documens officiels sur le Mexique , qu'il teuait lui-m6me de I'amitie de don Lucas Alaman, ministre des affaires etrangeres de la nouvelle republique. Les plitres des busies de J.-J. Rousseau et Ch. Bonnet, places au jardin botanique, com])le- tent la galerie des Genevois celebres dont les portraits ornenl les salles de la Societe. — En 1824, il a ete recu 94 journaux differens, dont 54 francais, 22 allemands , 16 anglais, 2 ilaliens : 7 sont consacres a la theolo- gie , 6 a la jurisprudence , 20 aux sciences et aux arts , 7 a I'agricul- ture, 6 aux sciences medicale? , 8 a la litterature et aux beaux-arts , % aux voyages ; 22, dont i3 quotldiens , a la politique, 3 a des an- nonces; les i3 autres sont des journaux mixtes. ■ — Les achats de livres se sont eleves, en 1824, a 6,821 flo- rins , ou 1,996 fr. de Suisse , environ 3,ooo fr. La bibliotheque s'est accrue, pendant ce terns , par achats, de 369 volumes et de 40 bro- chures ; par dons de tout genre, de 3io volumes et de 207 bro- chures; et par reunion de journaux, de 220 volumes: elle monte D90 EUROPE. actuellement a 12,600 volumes, qui out coute a laSociete 90,189 flo- rins, ou a8,483 fr. de Suisse, environ 44iOoo fr. — La circulation des livres a domicile s'est elevee , en 1824 , a i i,i5o volumes. — De nouveaux registres mieux etablis rendrout desormais I'inspection de la bibliolh^que plus facile, et permettront non-seulement de faire des inventaires exacts et rigoureux , mais encore d'etablir des resul- tats annuels et comparatifs , pour 20 et m^nie 4o ans. Le rapporteur finit en faisant remarquer que c'est au prix d'une modique retribution journali^re de t3 centimes, que tous les a van- tages signales sont obtenus , et que les societaires elevent un mo- nument national aux lettres et aux sciences, pour eux et pour leur posterity. ( Extrait du Nouveltiste f^audois. ) ITALIE. TuRiif. — Invenlions et decouvertes en inecanique. — M. Jose/h Maseka est, dans I'histoire des arts, un de ces phenomSnes qui attirent vivement I'attention des connaisseurs. De I'etat le plus obscur, sans education , sans secours etranger et par la force seule de son genie , il s'est place a cote de ces hommes celebres qui ue doivent leur renonimee qu'a eux-niemes. Ne dans le village de Montfalcone , pres de Chieri, il gardait les troupeaux et labourait la terre , lorsque la vue d'une horloge du sifecle passe ct d'une pendule a rouages de bois en Ct un horloger si babile, qu'il put bientot ^tre compare aux hommes les plus distlngues de sa profession. II se fit d'abord remarquer par ses pendules a personnages mobiles , et par celles qui jouent des airs ; mais une pomme de canne en laiton acbeva de le faire connaitre, et donna la niesure des ouvrages im- portans que Ton devait attendre de lui. Cette pomme renfermait une petite statue de David , jouant de la harpe , et faisait entendre les sons d'un petit orgae. Les raouveraens des bras et de la tdte de la petite statue etaient si naturels et si convenablement adaptes a la melodic, la t^te du roi prophete si expiessive, qu'il paraissait inspire , et que Ton croyait reellement entendre resonner les cordes de la harpe. Peu content des instrumens qui ne jouent qu'un certain nombre d'airs dependant des dimensions de leur cylindre , Masera inventa son Pan tophone que les Italiens appeWenl Siionatiitto, a I'aide duquel on rend exacleraent toute la musique que le professeur le plus habile ueul exccuter sur un piano. Mais , pousse par son imagination feconde, il n'avait pas mdme tcrmine cat instrument qu'il imagina le ITALIE. 59 r miisicographe , qui sert a ecrire la musique taudis qu'on I'execute, et qiii conserve les raesures , la valeur des notes , les accidens , les pauses , les soupirs, avec tant de precision, qu'en appliquant relte ^criture particulifere sur le Pantophone , celui-ci reproduit parfaite- ment le morceau. II est a remarquer que ces deux instruinens peuvent ^tie reuuis ou separes a voionle , et I'auteur les a telleraent simplifies, qu'il suffit de quelqiies minutes pour les adapter a un orgue , ou a toute espece de piano. — La ne se boinent point les travaux de Masera ; nous citerons encore la machine a graver qui permet a I'ouvrier de tracer les lignes droites ou courbes a telle distance qu'il les veut les unes des autres , sans craindre que le burin se derange; enCn la machine a tourner et a polir Its canons de fusil qu'il a execute e pour I'Arsenal royal. Cette machine differe essen- tiellement de celle qui est connue en France , et dont Masera n'avait jamais entendu parler. EUe peut ^tre employee a polir telle piece metallique qu'on voudra, et peut operer, a la fois , sur douze canons , et meme sur un plus grand nombre. Nous finirons en faisant remarquer que Masera n'a encore que trente et quelques annees. Que ne doit-on pas attendre de son genie mecanique si etounant , aujourd'hui qu'il est apprecie dans son pays , encourage par le prince et employe dans I'Arsenal ? ( Extrait de la Gazette de Panne , n°* 34 et 36 ). F. Salfi. RoaiE. — Publications prochaines. — On annonce, comme devant pa- raitre incessamment, une traduction grecque et italienne des Sentences morales du philosophe indien Sanakea. Get ouvrage semble devoir fixer I'attention de ceux qui cultivent les lettres ou la pbilosophie. Le tra- ducteur, M. Nicolo ChiephaJa , de Xante, est deja connu par plu- sieurs ouvrages importans, et surtout par ses cartes hydrographiques dela Mediterranee, de I'Arcliipel et de la mer Noire. II a fait pre- sent a la bibliothe que duVatican del'origiual indien, ecrit en dialecte samscrit. On esp^re que M. Chiephala ne tardera pas a livrer au public un autre ouvrage d'une grande importance qui doit offrir la description de la ville sacree de Benares el des details sur les divinites, les usages et les lois de ses habitaus , ainsi qu'une carte geographique de I'Tnde. — Beaux arts. — Peinture. — M. Wicar vient de terminer un tableau dont I'execution lui a ete confiee par la commission royale de Naples et qui doit etre phice dans la nouvelle Eglise de Saint Francois de Paule. Ce tableau , de douze palmes de hauteur sur huit de l.irgeur , repre- sent e le Mariage de la rierge. L'auteur s'est ecarte de la jilupart de* Sga EUROPE. traditions , en repr(5sentant saint Joseph a la fleur cle I'^ge et n'ay.int que fort peu d'ann^es de plus que celle qu'il doit epouser. La Vierge est a genoux , couronnee de roses blanches , elletend la main qui doit recevoir I'anneau nuptial. Le grand - pr^tre , v^tu des habits sacer- dotaux, etcnd les bras sur les nouveanx eponx. Les figures placees autour du groupe principal lui donnent une grande variete : on y voit deux jeunes enfans tenant les vases des libations , les compagnes de la Vierge, un scribe, un guerrier romain , un pharisien qui louche un rideau et laisse voir dans le lointain le chandellier a sept branches, et sur-tout le jeunehomraequirompt une baguette, episode deja place dans des tableaux connus. Une joie viveet pure est repandue sur toutes les figures , ettous les personnages semblent comprendre la solennite d'une telle cereraonie. Romen'a qu'unevoix pour admirer ce nouvelouvrage, qui dolt ajouter encore a la reputation de M. Wicar. — Sculpture. — Le sujet A'Eudore et Cymodocee avait deja fourni aux beaux arts et a la litterature plusieurs ouvrages interessans. II vient encore d'inspirer un elevedu cel^bre Torwaldsen,M. TEWERAai. Le has relief qu'il a expose dans I'atelier de son maitre , annonce a ritalie un artiste de plus. Sa conception est pleine d'inter^t ; les figures d'Eudore et de Cymodocee, a genoux vis-a-vis Fun de I'au- tre et respirant I'enthousiasme et la resignation, paraissent surlout meriter des eloges. On felicite aussi M. Tenerani de n'avoir point imite servilement I'antique et d'avoir execute un sujet aussi com- pliqu6 avec une puretede gout qu'il doit au maitre habile qui I'a forme. /. Adrien Lafasge. ESPAGNE. Decret contre la libre importation des livres venant des pays etran- aers. — La Gazette de Madrid, du i8 juillet , public un long decret. sur les librairies etrangferes : les livres ne pourront entrer dans le rovaume que par les bureaux ou il y aura deux censeurs , I'un nomme par le president du conseil, I'autre par I'^veque diocesain. Une commission s'occupera de la redaction du catalogue des livres, papiers et estampes qui pourront ^tre iutroduits; et , pour sub- veuir au paiement de ces censeurs , il sera prelev6 un droit de ID pour loo sur les prix de facture. Les livres ou brochures qui out ete introduits ou imprimes en Espagne depuis le 7 mars 1820 jusqu'a la restauration , sont retires de la circulation, h dater d'au- jourd'hui; cependant, les censeurs pourront faire des exceptions. Tous les chefs d'ordres e't de couvens et le haul clerge sont char- ges de rexccution du decret. — On doit plaindre un pays ou lei ESPAGNE.— PAYS-BAS. SgS hommes qui entourent, qui conseilLent et dominent le gouverne- meut, cherchent, parlous les moyens possibles, a etouffer et re- pousser les lumieres, et a genei- le libre developpement des facultes humaines dans toutes les spheres ou elles pourraient exercer leur activite. Cependant , sans liberie , sans lumieres , sans inslruction , il n'y a plus ni sentiment de sa dignile et de ses devoirs , ni mora- lite, ni induslrie, ni production df richesses, ni aisance , ni ordre public , ni garanties , ni prosperite particullere ou publique; alors , quelle doit <^lre la destinee d'un pays? el que deviendra le gouver- nement lui-m(5me, qui detruit tous les gernies de la vie sociale et tous ses moyens d'autorite et meme d'existence ? O combien le sage et bon Henri IV et son grand minislre Sully enlendaient d'une autre maniere les soins et les devoirs de la royaute , les interets du trone et ceux des peuples! M, A. J. PAYS-BAS. Bruxellks. — V Academic royale des Sciences , apres avoir cou- ronne I'ouvrage de M. Moreau de Jonnes , intitule : Recherches sur les changemens prodiiits dans I'etat physique d»s contrees , par la destruction desforets , a decide que cetouvrage serait imprime dans ses Memoires; et donnant a I'auteur une nouvelle marque de son estime , elle a bien voulu radraeltre au nombre de ses associes. — Pcrfectionnemens apportes a la charrue. — On apprccie de plus en plus en ce moment, dans la province de Namur, les avan- tages de la charrue a pied et sans avant - train , perf'ectioiinee par les soins de M. de Val de Baronville , membre de la commission d'agriculture de la province de Namur. — Le perfectionnement consiste : i° en ce que la charrue est beaucoup plus longue , ce qui la fait mieux aller, lors meme qu'elle n'a qu'un seul soc ; 2° en un second soc, pose en avant du grand, precede d'un petit coutre , lesquels s'ajoutent et s'6tenl a volonte , dont I'effet est d'enlever les herbes, les chaumes , les fiimiers , et une legere couche de terre, pour les enfouir dans le fond de la voie, oil ils sont sur-le-champ reconverts par le grand soc, aussi precede de son coutre. L'effet de cette disposition est, 1° qu'apres le passage de la char- rue, on ne voit plus aucune trace d'ordure dans la terre la plus sale ; 2" que la terre qui a produit est placee dans le fond , et que celle de dessous, quiarecu, par l'effet du precedent labour et des pluies, la plus grande partie de I'eugrais , est rameuee a la superficie, et se trouve , pour ainsi dire , vierge et tres-propre a recevoir la T. XXVII. — Aodt 1825. 38 594 PAYS-BAS. — FRANCE. semence ; 3" que la terre , remuee deux fois par I'effet d'un seul labour, est bieii plus divisee et ameublle. Lesavantages que parait offiir la cbarrue a pied, perfectionnee, ont determine la commission a TacqutVir, pour servir de niodcle. Ella engage les agronomes a en faire usage, persuadee qu'ils seront satisfuits de ses effets. On assure qu'elle n'exige que deux forts cbevaux pour la faire marcher. G4 Gand. — Uiiivers'ue. — Chaire de statulique et d'economie politique. — Le roi vlent de nommcr professeur extraordinaire de j)bilosophie speculative etdes leltres, arUniversiledeGand,M. J. E. Thorbecke. Ce jeune savant sort de la celebre Universite de Leide , oii il a cueilli plusieurs palmes academiques. II a ensuite voyage quelques annees en Allemagne. Il parait qu'il sera charge des cours de staiistiqiie et d'ccoiiomie polilir/iit' , qui, en Alleraagne , sont dans Ics attributions de la faculte de pliilosophie et de litterature. Alalgre les efforts d'une cerlaine classe d'hommes qui , a I'exeniple d'un pays voisin , vou- draient s'emparer de la direction exclusive de I'instruction publique, nous voyons I'Universite de Gand se consolider et prosperer sensi- blenifent, grdce a la marclie sage et liberale de noire gouvernement. EUe compfe , cetle annee , plus de 3oo eleves. Le magnifique palais de I'Universite, qui a dcja coule plus de 600,000 fr. a la ville de Gand, et auquel on travaille depuis plu- sieurs annees , est sur le point d'etre entierement acbeve. On le regarde comme I'un des jjIus beaux monumens qui soient consacres, dans la Belgique, au culte des lettres et des sciences. ^nff. VoisiN , docteur 6s lettres. FRANCE. L* Teste. ( Gironde.) — Bains de mer. — Un etablissement utile, qui nianquait a notre departenient, vient d'etre forme dans un lieil tres-voisin de la mer. On allait chercher a Royan ce qu'on aura de- sormais a uue grande proximite de Bordeaux , sans couiir la chance toujours incertaine des dangers et des retards auxquels on est ex- pose, en descendant ou en remontant la riviere. — Un proprietaire de la Teste a fait elever, non loin de Tfeste-Ville , un local vaste et Commode, construit en pierre , susceptible de recevoir un assez grand nombre de peisonnes. A cote de I'cdifjce, une belle avenue de pins servira de promenade. — Tout est disposd pour que Ton puisse prendre des bains chauds ou froids , d'eau de mer ou d'eau douce. — Indepeudamment du but principal que Ton se propose, FRANCE. — DEPARTEMENS. SgS ie mdme local offre un point de reunion pour de grandes parties de chasse ou de p^che , ou pour des promenades nautiques. — On fait reparer la route qui conduit de Bordeaux a la Teste, oil Ton pourra se transporter, facilement et a peu de frais , dans des voitures pu- bliqucs commodes et bien servies. J. Marseille ( liouches-du-Rh6ne ). — Importation de la peste dans le port de cette 'ville. — dlouvelles de la Guadeloupe et de la Martinique , oh la fievre jatine s'est manifestee (i). — Des bruits alarmans , repandus sur I'etat sanitaire de Marseille, rendent necessaire de dire qu'il n'y a aucun /ondement dans I'assertion que la pesle s'est propagee dans Ie lazaret de cette ville et qu'elle y a fait perir six individus. 11 est vrai que la contagion , qui existu dans ce moment a Alexandrie , a envalii un grand uonibre de iia- vires europeens , et que cinq b^timens francais , qui en ont ete . atteints, ont perdu plusieurs de leurs matelots et de leurs ofCciers; mais, a I'arrivee de deux de ces bAtimens a Pomegue, il n'y avait a leur bord qu'un seul nialade , qui mcme , par suite des soius qu'il arecus, semble devoir echapper a la mort, nialgre I'apparition de deux bubons pestilentiels. L'experience, la sagesse et le devouement de I'Intendance sanitaire de Marseille lie doivent laisser aucune ap- prehension sur la propagation de ce fleau. Mais on doit remarquer, dans i'intcret de la science et pour servir a son histoire, qu'en ce moment , pour la premiere fois, la fievre jaune des Antilles et la peste d'Egj'pte ont surgi ensemble sur un mcme point , apres avoir traverse, I'une, I'ocean Atlantique, et i'autre, la Mediterranee; et que toutes deux, par une reunion dont les annates du monde n'avaient point encore offert d'exemples, se trouvent soumises, dansl'unde nos ports, a I'empire de mesures efficaces , qui ne tarderont pas sans doute a en etouffer le germe pernicieux. Les navires mouilles a Mar- seille, aprds avoir perdu dans leurs voyages plusieurs hommes vic- times de la fievre jaune, viennent de la Guadeloupe, oil cette formi- dable inaladie a eclate, des le mois de mai. C'est exclusivement a la Pointe-a-Pitre qu'elle exerce ses ravages, et le reste de I'ile en est exempt; elle y a paru d'abord sur les batimens entres dans le port, et c'est par leurs equipages qu'elle s'est propagee a terre. Les com- munications commerciales avec Saint-Pierre de la Martinique elant (i) Cette note a ete communiquee a Y Acizdemie royale des Sciences de I'Jn'X- fitut , dans sa seance du i8 juillet , par M. Moreau de Jonnes. jyG FRANCE. les ])Ius nombreuses de toutes oelles de la Guadeloupe, la maladie n'a pas tarde a gagner celte ville populeuse; elle y a fait perir beau- coup d'Europeens ; ce n'est qu'au bout de trois semaines qu'elle s'est •nianifestee au Fort-Royal , qui n'est cependant qu'a une distance de cinq lieues. Un capitaine d'infanlerie en est mort, le troisieme jour apr^s I'invaslon. Les craintes que fait concevoir cettc irruption sont d'autant plus vives que la chaleur extraordinaire qui a lieu, cette auuee, aux Antilles, favorisera la propagation de la contagion. Le renouvellement des garnisons par des troupes non acclimatees me- nace pareillement d'en rendre les progres plu^ actifs et plus meur- triers. La fievrejaunen'avait point paru a la Martinique, depuis i8aa. MOKEAU DE JoJiNES. Thihr ( Pjrenees-Orienlales ). — Fabriqne de papier de paiUe. — M. Dangee , negociant a Perpignan , vient de faire construire a Thuir, chef-lieu de canton dans le departement des Pyrenees-Orien- tales, unepapeterie destinee a fabriquer du papier de paille, d'apres un precede chiraique, et au besoiu , du papier de cbilfons de toutes les couleurs. Cette usine est depuis pen en activite. Le papier qu'on doit y fabriquer pourra remplacer avantageusement celui qu'on em- ploie pour des enveloppes , tant par sa force que par son prix mo- derc. On fabriquera aussi du papier qui servira pour I'iinpression , et mdnie pour ecrire, sans avoir a craindre qu'il boive. M. Toulouse ( Haute-Garonne ). — Extrait d'liiie letiredu -xq jiiillet. — Montimetic consacre a la meinoire de Riquet. — En reudant compte dans vo^^e cahier du mois de mars ( t. xxv, p. 790 ) de I'Elogede Riquet, parM. Don , de Cepian , secretaire de I'Acadeniie de Carcas- sonne , yous temoignez avec raison votre etonnement de ce que nul monument n'a , jusqu'a ce jour, ete eleve a la niemoire de rhomrae de genie a qui le Languedoc est redevaWe du canal qui porte son nom, et qui a procure une immense augmentation de richesses a tout le pays ; et vous faites des vceux pour que cet oubli soit repare. lis seront accomplis. Monsieur, danspeu de terns : on s'occupe depuis quelques mois de I'erection d'un monument que les proprietaires du canal elevent a la gloire de son auteur : il constatera leur recon- naissance , ct satisfera les amis de la gloire nationale. A peu de distance du bassin de Naurouse , entre la Bastide-d'An- jou et Avignonet , est un monticule, sur lequel sontpl.Tces cinq ou six roches enorraes , qui se toucheut , et sembleiit simplement de- pos^es sur le sol. C'est ce qu'on appelle /e^p/e/vei de Naurouse , dont il est fait mention dans Vliistoire du canal. Cps pierres forment une DEPARTEMENS. 697 plale-fornie de trente-cinq a quarantetnfetres de Test a I'ouost, et de moins de moitie iiord et sud. De cette plate-forme , qui domine sur la campiigne , on volt au loin la chaussee du bassin de Saint-Ferreol, et, a ses pieds, celui de Naurouse et le point de partagedes eauxdu canal. C'est la qu'on travalUe a etablir un ohelisque devingt metres environ de hauteur. Sur le pledestal seront places d'un cote le medallion en bronze de Riquet, et siir les autres quelques inscrip- tions OH orne.mens. Le sommet du mamelon sera environue d'une terrasse qui sera plantee en arbres verts , de respfece de ceux qui ne s'elfevent pas tres-baut, afin de ne masquer ni le monument, ni memeles roches. Letout sera sans doute termine dans I'annee. J'ai rhonneur d'etre, Monsieur, etc. Un de-vos abonnes. Societes savantes; Etablissemens cTiitiUte publique. Cahibhai {Nord). — Sociele d'emtdation. — Seance publique du 16 aoilc 1825. — La Societe , apres avoir entendu les rapports de ses differentes commissions, arrete leresultat suivant des concoiirs qu'elle a ouverts en 1S24 : — Concours de Poesie. ( Sujet non determine. ) Cent deux pieces de vers ont ete envoyees pour disputer la Ljre d'aro^ent.Lik Societe eslime qu'elle doit^tre accordee a anpceme Ijriqtie sur T'enise, ouvrage ecrit de verve et d'inspiration , et , sous le rapport poetique , I'un des plus remarquables qui aient paru dans ses concours. Cette piece est deM. Bignan. — La Societe arrete , en outre, qu'une medaille d'or sera decernee , comme accessit, a une elegie intitulee ia Jetme Coquette , par M. T/c^o/- Chauvet , qui , dans un genre dif- ferent, a egalement flxe son attention par I'heurenx developpement d'une idee neuve et delicate. — Concours d'e»'jquence. — Le sujet de prix propose , dont les fonds etaient faits par le conseil municipal , etait un discoiirs sur les rapport! qui existent entre la constitution poli- tique des differentes nations et leiir litterature. Trois memoires sont parvenus. Celui qui porte pour epigraphe ces mots deMm" de Stael: « La litterature est I'expression de la societe , » a paru reunir au nierite d'un style pur, brillant et anime , I'avantage d'avoir envisage la question sous son veritable point de vue ; et I'auteur a montre de la sagacite en distinguant son sujet de celui qu'a traite M™<^ de Stael, avec la superiorite de son talent , dans le livre intitule : Dela litterature considerec dans ses rapports ai'ec les institutions sociales. L'Academie decide que le prix , consistant eu une medaille d'or de deux cents francs , sera decerne a I'auteur de ce discours , dont elle enfend la lecture avec un vif interet. Le billet cachete joint au memoire ayant ^gS FRANCE. ele immediatement ouvert, M. le President proclame le noin de M.Uynclne/ie CoHSE, d'Arras, Avocatprts la Cour Royale de Douai. — Concoiirs t[Arclteologie etii'Uistoire locale. — Deux lueitioires soiit par- venus ; I'un qui traite de Cetymologie des noms de lieux de Vorrondis- sirment ; TautrC intitule : Nolice snr les commimatitcs de femmes qui existaient a Cambrai , avant la Revolution. La Socic-te a distingue le second de cesouvrages, qui se recomraande particuliirenicnt pour I'exactitude des reclierches , et I'a juge digne d'une modaille dor. L'auteur est une dame qui a desire garder Tanonynie. Le Gi-at. HIf.tz (^Moselle) — La Societe des IcUres , sciences et arts du depar- tement a tenu, le g juin dernier, sa seance publique, dans une des salles de Thotel de ville, sous la presidence deM. Serull.vs, pliar- macien principal , premier professeur a Thopital militaire de Metz , nomme a celui du Val-de-Grace de Paris. — Dans son discours d"ou- verture, le president, apres avoir rappele les lieureux resultats de I'exposition dcpartemeiitale de i8a3 sur I'industrie de notrepays, s'est attache a faire sentir de quelle utilite serait pour cette m(^me industrie I'etabllssement d"un Cours public de chimie appliquee aux arts. Des exemples, des faits positifs, presentes dans un style Tifet ani- me, sont venus appuyer le developpenient de cette proposition. L'orateur a termine en exprimant le regret de quitter une ville oiiil a recu tant de temoignages d'estime, mais dont il croit pouvoir sa- luer d'avance la prosperitc future , si elle adopte le moyen qu'il lui prcsente pour faire fleurir son industrie (Voy. ci-dessns,p. 56 1). — Le compte rendu des travaux de la Societe a ete In par M. Devilly , secretaire. Nous avons remarque la decision prise par la Societe, sur la proposition de M. Bebgert, d'ouvrir pour les ouvriers, artistes etmanufacturiers, a I'imitation de ce que M. Charles Dupin a fait a Paris, un Cours public et grtituil de geometrie , de mecanique et de sciences appliqnees aux arts. MM. Poncelet, Bergery , Bardin, WoiSARn et Lebioine, membres de la Societe et anciens eleves de r^colepolythecnique, doiventse partager leslecons a donner. M. le maire a designe pour ces cours une des salles de rhutel-de-ville. — Le reste de la seance a ete consacre a des lectures et a rannoncc de deux prix proposes pour 1826 , savoir : 1° Unemedaille dor de ioof. , dont les frais sont faits par M. Ernile Bouchotte, pour /a meilleure charrue propre a labourer dans une terre forte et argileuse , etc. Le pro- gramme detaille les conditions que cette charrue doit remplir. a° Une m^dall/e d'or de i6o/r. a l'auteur du meilleur roemoire sur DliPARTEMENS. — PARIS. 699 cette question : Quel est le plan d instruction pubU<]iic le plus propre a rendre nne nation riche ct puissante ? ( Abeille de la Moselle ). Strasboueg. (Bas-Rhin). — La Societe acadeiniqiie de cette ville avail propose, I'annee deraiere, pour snjet de concours , un m^- moire sur les nioyens d'.imeliorer la situation des Juifs d'Alsace, et de les faire participer aux blenfaits d'une civilisation perfectionn^e : le prix consistait en une medaille de la valeur de 3oo francs ; les foods avaient cte fails par uu Israelite habitant dp cette ville , M. Worms de riomilly , dont le pere est banquier a Paris. Le prix a etc decerne a M. Arthur Beugnot, jeune ecrivaiu distingue par les succes les plus remarqualiles , et qui, ap-res avoir remporte, il y a quelques annces, concurremment avec M. Mignet, le prix propose par I'Academie des Inscriptions et Belles-lettres de Paris au meil- leur Memoire relatif aux institutions de saint Louis , obtint une men- tion honorable de la meme Academic pour un autre Memoire sur I'etat des Juifs d'occidenc au mojen age. Get ouvrage , public depuis peu , a ete I'objet des eloges les plus flatteurs , et nous saisissons avec empressement cette occasion d'exprimer nos regrets de ce que nous n'avons pu lui consacrer un article particulier : I'erudition , la sagesse et la phijantropie avec lesquelles M. Arthur Beugkot a parle de I'etat des Juifs dans les siecles precedens, nous est un sur garant de la sagesse des moyens qu'il aura indiques pour ameliorer le sort des Juifs contemporains. Nous devons signaler aussi I'utile travail de M. Prosper Witttlrsujum , Israelite de Metz, qui vient de faire imprimer dans cette ville un Memoire pour le mdme con- cours , et qui a obtenu une mention honorable. M. B. PARIS. Institut. — Academie des sciences. — ^lois rfe juillet l8a5. — Seance du 4. — M. le general Blei]v adresse nne note sur des experiences d'acoustique, et 4 barreaux d'acier avec lesquels elles ont ete faites (commission deja nommee). — M. Tlienard fait un rapport verbal sur Touvrage de M. Longchamp, relatif aux eaux de Vichy. M. Arago communique une lettre de M. Kupfek , professeur a Kazan, qui doit faire un voyage en Siberie pour y etudier les phe- Domenes magnetiques , et qui demande les instructions de I'Academie- MM. Delaplace et Ampere sont invites a les redlger, et a recueillir a cet effet les notes que MM. les Academiciens jugeraient a propos de leur remettre. — M. Girabd, directeur de I'EcoIe veterinairc 6oo FRANCE. d'Alfort, preseiite un memoire sur hs hernies dn cheval{ MM. IIu- zard, Magendie et Chaussier, coinmissaires ). M. Costa lit un memoire sur la IjL'vre de Barcelonne ( MM. Portal , Dumeril , Magendie , Chaussier et Dupuytren , commissaires). — M. Pouii-let lit un second memoire sur I'^iectricite qui se developpe dans les actions chimiques et sur les sources de I'electricite de I'atmnsph^re (MM. Gay-Lussac, Ampfere et Dulong, commissaires). — M. BussT lit un memoire concernant Taclioii de la chaleur sur les corps gras. Dti II. — M. Barry remet a TAcademie diverses notes sur la circulation du sang dans les veines de la tcte , comme supplement au memoire qu'il a lu le 8 juin dernier ; elles sont renvoyees a I'examen des menies commissaires , MM. Cuvier et Dumeril. — M. Gaetaiio Giorgini, de I'Academie des sciences de Lucques , presente un memoire manuscrit sur les causes de I'insalubrite de I'air dans ie voisinage des marais en communication avec la mer (MM. de Prony et Gay-Lussac, commissaires). — M. Lejeunk D'trichlet , adresse un memoire sur I'impossibilite de quelques equations ind^terminees du 5* degre. Ce memoire est renvoye a une commission composee de MM. Legendre et Lacroix. — M. Cagniok, m^decin a Vitry-!e-Francais , transmet un memoire intitule : Quel- ques reflexions sur lesmoyens d'eviter toujours la lesion Avxrectiim et d'arreter les hemorrhagies, pendant on pen de terns aprcs I'operation de la pierre ( MM. Boyer et Pelletan commissaires ) . — M. Arago communique denouvelles observations sur la temperature des sources artesiennes , qui compli^tent celles dont il avail presente le resultat , il y a quelques mois. La source de St.-Venant s'est maintenue toute I'annee a i4 degres eentigrades : elle vient d'une profondeur de lOO metres. M. Arago presente ensuite le i" tableau des observa- tions meteorologiques qu'on fera a I'aveni-r dans le phare de Cor- douan, par les ordres de M. Becquey. — M. Laserre lit, en son nom ct au nom de M. Costa , une notice sur la proposition faite par eux, de decider la question de la contagion de la fifevre jaune et de la peste. Cette notice sera remise aux commissaires deja nommes : MM. Portal, Pelletan, Chaussier, Magendie. — M. Nicollet lit, en son nom et au nom de M. le colonel Bkoussaud , un memoire intitule : Expose des operations relatives a la iuesure d'un arc de parallMe moyen entre le pole et I'equateur ( MM. De Laplace, De Prony, De Rossel, commissaires ). — M. Dupuy lit un premier memoire sur la distillation des corps gras ( MM. Th^nard et Vau- queliD , commissaires ). PARIS. 6oi — Dii 18. ■ — M. Puissant demande que I'Academie veuille bien remarquer qu'une partie du travail q«e MM. Nicollet et Broussaud lui ont presente a la derniere seanee, est fonde sur les metbodes qu'il a proposees , et demande a cette occasion d'etre compris parmi les candidats a la place vacante dans la section d'astronomie. — MM. Legendre et Lacroix font un rapport sur le meuioire relatif a Timpossibilite de quelques equations indeterminees du 5" degre, par M. Lejeuke D'yrichi,et. Ce memoire , qui contient quelques iioiivenux resultats dans une matiere difGcile et peu cultivee , est approuve par rAcademie et sera imprime dans le Recueil des savans etrangcrs. — M. Auago coramunique les observations qu'il a faites , de coiiceit avec M. Matuieu , sur la declinaison de la 61'' etoile du Cygne , et d'ou il leur senjble resulter que celte etoii^, qu'on peut supposer la plus voisine de la terra, a cause de la grande rapidite ■ de son inouvement propre, n'a pas cependant une sente saconde de parallaxe. M. Akago explique ensuite les divers moyens doat il s'es* servi pour s'assurer que la lunette qu'il a employee dans un grand travail relatif a la mesure des diametres des planetes, ne donne pas d'irridiation sensible. — MM. Cuvier et Latreiile font un rapport sur la partie zoologique des resultats de I'expedition autour du inonde commaudee par M. le capitaine Duperrey. Apres avoir paye un juste tribut d'eloges a MM. Lessou etGAKNOx, ofUc-iers de sante de I'e.xpedition , a M. Durville , commandaut en second, qui s'est joint volontairement a eux , a M. Berard, qui les a secondes autant qu'il lui a ete possible , M. Cuvier, rapporteur, entre dans le detail des niateriaux qu'ils ont procures a I'histoire naturelle. Tout ce qui concerne les animaux vertebres a ete recueilW , principalement par MM. Lesson et Garnot ; ils se sont aussi beaucoup occupes des coquilles, des mollusques , des madrepores; mais c'est surtout M. Durville qui s'est attache a la recherche des insectes et des autres petits animaux articules. — L'espece humaine a attire leurs premiers regards. lis se sont procure des crSues de plusieurs races , entr'autres ceux d'une peuplade peu connue de I'interieur de la Nouvelle- Guinee , qui porte le nom ^ Alfourous. lis ont rapporte ra especes de quadrupedes. De ce nonibre, celle du layin noir des iles Malouines parait etre nouvelle. Une autre, le grand phalanger tachete , man- quait au Museum, et deux ou trois n'y sont qu'en niauvais etat. Deux crdnes de l'espece du dauphin dite a scapulaire Mane , que Peron avait decrite, mais dont il n'avait rien rapporte , sont aussi une acquisition iiiteressante. Les oiseaux sont beaucoup plus nombreux. Goa FRANCE. II s"en trouve aS/j cspeces : 46 oul paru n'avoir ete dtcrites par nucun natmaliste; quelques-UDcs, quoique decrites , inanquaient au Musee d'hlsloire nalurelle ; toutes onl de riiiteiet par leur rarete et leur beaute. Parmi Ics plus remarqiiahles , M. Cuvler cite un cassicara .i reflets metalliqiies aussi hrillans que ceux dxi calibe de BulTon et qui cliaiite inieux que les autres esp^ces. Les naluralistes on rapporte sa tracliee artdre. Les voyageurs oat tue dans la Nouveile-Guinu(aiioii du philosoplie Cariieade a Rome. — Siijet de prix pour Vannec 1827. — L'Acad^mie met au conconrs, pour 1827, la question suivante, dont le prix doit ^tre , comme a I'ordinaire, une medaille de x,5oo fr. « Rechercber quel fut I'etat politique des cit^s grecques de I'Europe, des lies et de I'Asie mi- neure, depuis le commencement du deuxieme sifecle avant notre dre, jusqu'.i I'etablissement de I'empire de Constantinople. » Societe royale et centrale d'Agriculture. — Seance publique du dimanche 10 avril, presidee, en I'absence du ministre de I'lnterieur, par M. Syries deMarykhac, conseiller d'etat et directeur de I'a- griculture et du commerce. — Apr^s le discours d'ouverture du president, I'assemblee a entendu un rapport de M. Challan sur les travaux de la Societe, depuis sa seance publique de 1824; 2° uno notice sur feu M. Audre Tliouin , merabre de la Societe , par M.Syl- VBSTRE, secretaire perpetuel; 3° un rapport de M. Bosc , sur le con- cours pour I'etablissement d'uue pepiniere d'oliviers ; 4° un rapport de M. Labbe sur le coucours pour Tintroduction dans un canton de la France , d'engrais ou d'ameudemens qui n'y eta ient pas employes auparavant ; 5° un rapport de M. Huzard sur le concours pour des ouvrages , des memoires , et des observations pratiques de raddecine veterinaire; 6° un rapport de M. Vilmorin sur le concours definitif pour la culture du pavot ( oeillette ) , dans un ariondissement 011 cette culture n'etait point pratiquec ; 7° une notice biographique sur feu M. le baron Percy, membre de la Societe ; 8" enfin , MM. Po- zuEL DE VerjiBaux , Vincent-St.-Laurent et Bosc , ont expose les motifs qui ont determine la Societd- a decerner 8 medailles d'encoura- "ement pour differens travaux. — On a precede a la distribution" de PARIS. 61 1 deux prix, de deux mtdailles d'or et de quatre medailles d'aigeut. La Societe met au concours les questions suivantes : — Prix de, i8a6 ; 1° pour rintroduction, dans un canton de la France, d'en- grais ou d'amendemens qui n'y etaient pas encore usites, des me- dailles d'or et d'argent. — 2° Pour des essais comparatifs , fails en grand, sur differens genres de culture, de I'engrais terreux (urate calcaire ) extrait des mati^res liquides des vidanges, des medailles d'or et d'argent. • — 'i° Pour la traduction , soit complete, soit par extraits , d'ouvrages ou de memoires relatifs a I'economie rurale ou domestique , ecrits en langue etrangere qui offriraieut des observa- tions ou des pratiques neuves et utiles.- — 4° Pour des notices biogra- phiques sur des agronomes , des cultivateurs ou des ecrivains, dignes d'etre connus pour les services qu'ils ont rendus a Fagriculture. — 5° Pour des memoires pratiques de niedecine vetorinaire. — • 6° Pour la pratique des irrigations. — 7" Pour des renseignemens sur la sta- tistique des irrigations en France, ou sur la legislation relative au cours des eaux et aiix irrigations dans les pays etrangers. Prix : des medailles d'or ou d'argent , ou des ouvrages d'agriculture. — 8° Pour la redaction de memoires ou d'instructions destines a faire counaitre aux agriculteurs quel parti ils pourraient tirer des animaux qui meurent dans les campagnes, soit de maladie, seit de vieillesse , ou par accident. — I^'' prix, 1,000 francs; : — 2® prix, 5oo. fr. — go Pour un manuel pratique propre a guider les habi- tans des campagnes et les ouvriers dans les constructions rustiques : i"' et second prix, r ,000 et 5oo fr. — 10° Pour I'indication d'ua moyen efficace de detruire la cuscute. — Prix unique, fioo francs. — 11° Pour la construction et I'etablissement de machines a egrener le trefle, et a nettoyer sa graine ; i*^'" et a'"<= prix , 1,200 et 600 fr. — Pour avoir droit au prix de i,aoo francs, il faudra que la ma- chine presentee au concours procure une economie des deux tiers au moins de la depense qu'exlge le precede ordinaire de I'egrenage du trefle et du nettoiement de sa graine. Pour celui de 600 fr. , la m^me economie ne sera pas necessaire; niais la machine devra se recommander par son bas prix. — ia° Pour les meilleurs memoires sur la cecite des chevaux et sur les causes qui peuvent y donner lieu dans les diverses localites; sur les moyens de lesprevenir etd'y remedier .- — Prix, i,5oo francs, ou des medailles d'or ou d'ar- gent, selon I'importance des memoires. — i3° Pour le meilleur me- moire sur cette question : la maladie connue sous le nom de crapatid des b^tes a comes et a laine est-elle contagieuse? — Prix , 6ia FRANCE. 1,000 fr. Plus, ties ineduilles d'or et d'argent pour les meilleurs me- moires qui traiteront, en general ou en particulier, des maladies autres que le crapaud , qui affectent le pied de ces animaux. — i4° Pour la culture du pommier ou du poirier a cidre dans ies cantons oil elle n'cst pas encore etablie. — Prix : des medailles d'or ou d'argent. — Ce concours sera successivement continue pour les anuees suivantes, jusqu'a ce que la culture des arbres a cidre ait reca I'ex- tension dont elle est susceptible en France. — i5° Pour la redac- tion d'un manuel ou guide des proprictaires de domaines ruraux affermes : i*"'" et 2« prix , a, 000 et i,ooo fr. Concours de 1827 : — 16° Pour la substitution d'un assoUement sans jach^re, specialement de Tassolemcnt quadriennal a I'assole- naent triennal usite dans la plus grande partle de la France. — Prix : des medailles d'or ou d'argent. Concours de i83i : — 17° Pour la culture du pavot ( oeillette) dans !cs arrondissemens oil cette culture n'ctait point usitee , avant I'annee 1820, epoqiie de I'ouverture du premier concours sur cet objet. Prix, 1,000 fr. — Pour avoir droit au prix, la Societe exige que Ton ait pratique la culture dont 11 s'agit sur deux hectares au nioins, pendant les cinq annees pleines de la duree de ce concours, de 1826 a i83o inclusivenient. Concours de i834 : — 18° Pour la plus grande etendue de terrain de mauvaise qualite qui aurait ete semee en chene-liegc , dans les parties des departemens nieridlonaux oil I'existence de quelques pieds, en 1822 , prouve que la culture de cet arbre pent etre encore fructueuse; de maniere qu'en 1824, il s'y soil conserve des semis de cette annee ou des trois annees suivantes, au moins deux mille pieds espaces d'environ 6 meti-es dans tous les sens, ayant une tige droite et bien venante : — Trois prix, 3, 000, 2,000 et 5oo fr. — Ce concours a ete ouvert , sur la demande speciale du minlstre de I'ln- terieur. Conditions generales des concours. — Les memoires, dessins , ma- chines , produits presentes aux differens concours et les proc^s- verbaux ou attestations authentiques , soil des autorites locales, soil des Societes d'agriculture departementales ou d'arrondissemens, constalant les faits annonces, devront etre envoyes au secretaire perpetuel de la Societe , sous le convert de S. Exc. le ministre de I'interieur, o\x francs deport , avant le lef janvier des annees respec- tives pour lesquelles les prix sont annonces. — Les concuxrens ne se feront pas connaitre ; lis mettront seulement une sentence ou une PARIS. 6i3 devis? a leurs inemoires , ou bien ils y atlacheronl iin billet cacbete, qui renfermera leur uom et leur adresse. La Societe se reserve la faculte de conser*er et d'employer, soil en totalite, solt en partie, les mcmoires, plans et dessins qui auront ete envoyes aux divers concours ; elle considerera I'acceptation , par les concurrens , du prIx ou encouragement qui leur aura ete de- cerne, comme un consentement fornicl de leur pari, a ce que la propriete de la machine on de Tinvention couronnee devienne pu- blique, et comme una renonciation expresse de I'auteur a faire usage d'un brevet d'invention ou d'importation. Reclamation. — P/an des fouiUes fakes a Pompc'ia. — Nous avons annonce dans notre cahier de juiUet dernier (p. 268 ) , un Vojage a Pompeia, de M. Louis GoEO , d'AoYAGFALVA , public recemment a Vienne par les libraires Moctschner et Jasper. Notre correspondant d'AUemagne dit , dans cet article, que « les ouvrages publics jusqu'a cejour sur le inemesujet ne depassent pas I'annee i^i-j . » M. Bibent , architecte , nous ecrit pour nous inviter a rappelera noslecteurs que nous avons annonce, dans un supplement de notre cahier d'niviV der- nier, un plan e de Rosbelle, paree qu'il ne fait rien dans la piece. C'est un bomme qui est toujours de I'avis de tout le monde, et dont le caractere s'anuonce assez gaiement ; mais il dis- parait bientot , et pourrait etre remplace par un domestique qui ferait les messages de M"»<^ de Rosbelle a son libraire. Le style de M. Delaville, qui manque souvent de ii» FRANCE. inontaguos , on ne voit , au premier aspect dii tableau , que I'iiiie- rieur de cctte galerie; eii dehors, un brouillard trf-s-cpais emp(5cl)e d'apercevoir les niontagnes ; pen a pen, il se dissipe, la tems s'e- claircit et roii d^couvre enCn des for^ts de sapins et de mclfezes. La magie de cet effet est extraordinaire: il serait sans interet de rechercher les moyens que I'auteur emploie pour le produire; il suffit de dire que Tillusion est complete. Si je voulais m'engager dans des critiques de detail sur I'execution de cet ouvrage, jc pour- rais, sans doute, faire remarquer a M. Daguerre que la teinte ver- ddtre de quelques parties des colonnes n'est pas d'accord avec le ton du plancher ; mais c'est dans son ensemble qu'il faut considerer un semblable tableau, et , sous ce point de vue, il n'y a que des eloges a donner a I'artiste. Toutefois , je dirai que le -veritable but du Diorama est de montrer, non les propres creations des artistes qni I'ont forme , mais les monumens et les lleux les plus interessans de tons les pays. C'est en offrant aux regards du public , Londres , Naples, Rome, Constantinople, Jerusalem, etc., que M. Prevot avait attire au Panorama une foule constante, parce qu'elle y voyait des objets dignes de son attention , que la presque totalite des spec- tateurs n'aurait jamais connus , si Ic Panorama n'eut pas exists. Le Diorama pent presenter les mdmes lieux , sous des aspects differens, et peut-^tre meme plus pittoresques ; d'ailleurs , il reste encor(^ eu France, en Italic, en Espagne,eu Allemagne et en Angleterre , un grand nombre de monumens remarquables qui n'ont pas ete ex- plores ; puisque la carriere qui reste a parcourir est immense , il faut y rester, si Ton veut attelndre le but. Graviire. — A la fin de I'exposition derniere , M. H. Verjtet en- voya au Salon, un tableau dans lequel il avait represente le Roi a cheval, entoure de ses principaux officiers. La disposition des figures et des lieux indiquait que i'artiste avait choisi le moment oii les troupes defilerent a la revue du Champ-de-Mars , devant S. M. Ce tableau , vivement loue et vivement critique , est certainement I'ou- vrage d'uu homme tr^s-habile , qui veut s'ouvrir une route nouvelle. M. Jazet vient de le reproduire par la gravure cette estampe , exe- cutee a I'aqua-tinta , rend assez blen I'effet general du tableau; c'est assez pour qu'elle soit recherchee de tous ceux qui aiment le talent ,du peintre. EUe coute 120 fr. avant la lettre, et 60 fr. avec la lettre. — La Socii'te di's amis des arls vient de dislribuer a ses souscrip- teurs une gravure d'apres Prudhon. Le choix du tableau elait heu- reux ; c'est celui on cet artiste a montre un pere expirant dans les PARIS. 619 bras de sa femme et entoure de ses enfans. Cette composition, em- preinte d'un sentiraent de douleur exprime avec autant de verite que de naturel , a obtenu le succfes le plus complet, a I'exposition de 1822. M. ToussAiMT Caron , cbarge d'executer cette gravure, est reste au-dessous de son entreprise. Son travail manque de trans- pareuce et de legerete de ton; 11 n'a pas su rendre le caractere du inaitre, ni m^me I'effet du tableau. Voila plusieiirs fois que les so- ci^taires n'obtienneut que des gravures mediocres ; aussi , depuis trois ans, le nombre en est-il sensiblement diminue. Cette societe , qui s'etait d'abord annoncee comme animee d'un vif amour des arts et des artistes , n'est guere occupee que du soin d'avoir des tableaux au plus bas prix possible, et marche au ba- sard , sans direction fixe et bien arretee ; elle devait done finir par s'egarer, et c'est ce qui lui est arrive. Lithographie. — Les amours d!Hero et de Leandre ont inspire a Gi- rodet plusieurs compositions. De son vivant, M. Dassy , son eleve , f'ut charge d'en lithographier une ; et , depuis la mort de son maitre, 11 a termine celle qui sert de pendant a' la premiere. Ces deux com- jjositions font, a eiles seules , un poeme complet. Dans I'une, Lean- dre est assis sur le lit de sa belle maitresse, qu'il presse dans ses bras , pendant qu'elle repand des parfums sur sa tete. C'est le mo- ment de I'arrivee; la joie des deux amans est extreme; Hero ne pouvait songer, sans fr^mir, au danger que courait Leandre pour venir pres d'elle ; et Leandre briilait du desir d'arriver pres de sa maitresse. Maintenant , I'un pres de I'autre , ils goutent un bonheur inexprimable ; rAmour, assis sur le lit de la pr^tresse de Venus , cel^bre leur tendresse sur sa lyre. Dans I'autre , ils sont tous deux assis sur ce mdme lit : pendant que , d'une main , Leandre serre con- treson coeur sa maitresse adoree, de I'autre , il detache la ceinture qui retient la robe jalouse ; la rose qui y etait attacbee est tombee a terre ; par un mouvement de pudeur cliarmant , H^ro a cache sa t^te dans le sein de son amant. Pres de la est une statue de Venus; Tamour a passe son flambeau dans la guirlande qui en erne le piedestal , et de nouveau, il fait entendre, sur la lyre, ces accords qui portent le trouble dans le coeur des mortels. Mais , pendant que, livres aux transports de leur vive tendresse, ces heureux amans ou- l)lient I'univers entier, un vent impetueux agite la draperie qui fer- inait ia fenetre , et annonce que I'orage va bientot elever les vagues et s'opposer au retour de Leandre. Helas ! c'est pour la derniere fois (ju'ils sont heureux ! — Ces deux planches, tres-bien executees , et 6ao FRANCE. imprimees par M. Constans, dont j'ai eii plnsieurs fois I'occasioii de loiier rextreme habilete , ne laissent rien a desircr : dies coutent 3o fr. avant la lotire , et 20 fr. avec la letlre. — M. Lancrekon, egalement eleve de Girodet, vient aussi de re- produirc, par la litliogrnphie, line autre composition de son inaitre. Cast Saint- Louis reccvatit dans les cietix Louis XVI entoure de sa fa- mille. Le mouvement de la figure de saint Louis est d'une grande noblesse ; le groupe, compose de Louis XVI , de la Reine, de ma- dame Elisabeth et dii Dauphin mort au Temple, est on ne pent mieux agence;,de plus, tons les personnages sont parfaitement ressem- blans , ce qui est un grand merlte. Girodet se proposait de peindre cette composition ; deja ni(5me il avail fait les etudes d'apres nature dont il devait se servir ensuite, dans Texecution de son tableau; sa mort a detruit ce projet et tant d'autres. M. Lancrenon est un des- sinateur habile; il manie blen le crayon lithographique , et cette planche merite, a juste titre, d'etre recherchee par les amateurs. EUe coute :!o fr. — M. Lethierre , quoique peintre d'histoire , s'occupe beaucoup du paysage: en 1812, il exposa deux tableaux de ce genre, repre- sentant : I'un Esculape allaite par vne chevre , trouve par un berger ; I'autre Faustuhis , au moment oii il decouvre Romulus et Remus nourris par tine louve. Ces deux compositions, destinees a etre niises en re- gard I'une de I'autre, etaient executees d'une maniere large et facile ; la couleur avail beaucoup d'eclat ; enfin, il n'etait pas difficile de reconuaitre que les figures avaient ete faites par un peintre d'his- toire; ces tableaux obtinrent done un juste succ^s. lis ont ete litho- graphies par M. AuBRV le Comte , qui les a reproduits de la ma- nifere la plus fidele. Ces deux estampes , imprimees par M. Constans, ont ete remarquees de tons les connaisseurs. Elles coutent ao fr. P. A. Necrologie. — Odier. — M. Odier, sous-intendant militalre , antcur de rexcellent Traite d'adminlstration militaire dont nous venons de rendre compte ( toj-. ci-dessus , p. 35 1 ), est mort a Paris, le 8 mars i8>.5, dans la force de son age. Dans sa premiere jeunesse, il avail porte les armes pour la defense de son paj's; il fat bientot appele a le servir non moins utilenieut , comnie admi- nistrateur. Charge de plusieurs missions importantes , il prcserva , dans une clrconstance difficile, tout un dcpartement des horreurs de la famine qui le mcnacait, et qui exercait deja ses ravages dans plusieurs communes. Employe successivement dans les armees en qualite de comniissaire des gnerres et d'inspecteur aux revues , il fit PAlRIS. 6v>.i avec distinction les campagnes d'lt.ilie , d'Allemagne et d'Espagne. Honore de la coufiance de ses coacitoyens, en i8i5, il fit partie de la chambre des representans, qui contribua a preserver la France des horreurs d'une guerre civile. Attache depuis , comme profes- seur d'administration militaire, a I'Ecole royale d'etatmajor, il a reuni les diffcrentes parties de son cours pour en former un ou- vrage qui ne sera pas nioins utile aux miiltaires et a tous les em- ]>loycs des armees , qu'aux personnes occupees d'economie publique et de la science du gouvernement. D. — Gautherot. — Les beaux-arts ont fait dernierement une grande perte dans la personne de M. Gautherot. Ce peintre , I'un des eleves et des amis de notre David , avait conserve toute la pu- rete , toute la correction de Tecole de ce grand maitre. De grandes et belles compositions, parmi jesquelles on peut citer Pyrame et Thisbe, Atala , le Serment du drupeau , V Empereur blesse devaitt Ratisbonne, etc., ont assure a cet artiste une place disiinguee parmi les peintres mo- dernes, et lui avaient merite une des mentions honorables a I'epo- que oil il fut question de decerner les prix decennaux. Dou6 d'un esprit aimable , d'une grande erudition, et du talent de raconter , M. Gautherot s'etait fait de nombreux amis qui recherchaient avec empressemeut sa societe et les charmes de sa conversation. Bon pere, bon epoux , citoyen devoue , excellent ami, M. Gautherot est mort , avant d'avoir atteint sa soixantieme annee , dans une situa- tion voisine de I'indigence, et qui prouve a la fois son noble de- sinteressement et I'independance de son caractere. C. — Balguerie Stuttemberg. — Tous les hommes qui contri- buent aux progres de la civilisation , quelles que soient leur carriere et leur patrie , meritent la reconnaissance des amis de I'humainte, et, lorsqu'ils eessent de vivve , nous devons recueilllr soigneuse- meat leurs noms dans nos Tablettes necrologiques , qui ne sont point destinees a la seule classe des savans et des hommes de lettres. — L'excellent citoyen dont nous avons a deplorer la perte merite surtout les regrets de la patrie; et les sentimens douloureux que sa mort a fait nnltre s'etendront bien au dela des frontieres de la France et au dela des mers , dans les contrees les plus loinlaines , oil s'etendaient ses nobles conceptions et ses grandes et utiles en- treprises maritimes et commerciales. — M. Balguerie Stuttemberg, de Bordeaux, vient de succomber a une maladie de langueur dont les progres toujours croissans ne laissaient , depuis quelque tems , aucun espoir a sa famille et a ses amis. En 1817, il se mit a la lete 622 FRANCE.— PARIS. (I'une comp.ignie pour achever le pout de Bordeaux, ft fut I'un des premiers a douner I'exemple de I'esprit d'associatiou appliquvaux travaux publics. II provoquait et dirigeait des associations dont les fonds ct les travaux , en construisant des ponts , en ouvrant dcf canaux , en creusant des mines , tendent a t'aire de la ville de Bor- deaux une metropole industrielle qui pourra compenser ainsi , par de nouvelles ressources et par des avantages d'un autre genre, se.s pertes maritimes. La mort I'a salsi au moinent ou il allait accomplir son dessein le plus vaste et le plus utile. Depuis cinq ans charge, en vertu d'une ordonnance royale , d'explorer dans les landes les moyens d'unir Bayonne a Bordeaux, il n'a neglige ni soins ni depenses pour at- teindre ce noble but. Tous les travaux preparatoires sont acheves ; les plans et les projets sur lesquels doit s'ouvrir la concurrence allaient ^tre deposes-; et M. Balguerie a du moins emporte, en mou- rant, I'esperance que ses travaux ne tarderaient pas a ouvrir, jiour ainsi dire, a la France une nouvelle contree. — Le Memorial borde- lais , qui presente nn tableau vivant et anime de tous les faits re- marquables qui appartiennent a I'liistoire de Bordeaux et des con- trees environnantes, et qui caracterisent la situation et les progr^s de I'agricultuie, de I'iudustrie et du commerce dans cetie partie de la France, et le Journal du Commerce, public a Paris ( n" du 3i aout iSaS), ont consacre des articles etendus et interessans a la memoire de M. Balguerie. La chambre du commerce, interprete du vcEu de tous les commercans , fabricans et ouvriers de Bordeaux , et de tous les habltans de cette grande ville, a ouvert une sousnrip- tion pour faire executer un buste en niarbre de M. Balguerie Stut- temberg. Get liommage public, rendu par ses concitoyens a Thomnie respectable et utile dont la perte excite d'universels regrets , honore a la fois ceux qui I'ont provoque et celui qui en est I'objet. M. A. J. Page a63 , dernifere ligne de la note. Le prix de I'ouvrage de Micii,i,traduit en francais , est de -jS fr. —Page 4i5, deuxitme ligne de la note, Tievau-svae, lisez : T£8va[A£vcci. — M^me ligne, TTECTOovra, lisez : iteoovt*. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGTIEME CAHIER. A OUT 1825. I. MEMOIRES, JNOTICES ET MELANGES. I. Observations relatives aux ecrits de M. Paixhans sur une nouvelle force maritime et sur une nouvelle artillerie. . p. 3o5 3. Observations genera,les sur le genre appele roinantique , et surnotre systeme tbesktral Chauvet. 3i3 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Statistique des provinces formant I'ancien departement de Montenotte, par M. de Chabrol. P.-S. Giraid, de I'lnstitut. 33i 4- Coursd'etudessur l'administiationmilitaire,par P.-A. Odier. 35 1 5. L'ltalle avant la domination des Remains, par J. Micali, ouvrage traduitde I'italien par M. Raoul-Rochette. F. Salfi. 363 6. Histoire critique et militaire des guerres de la Revolution, par M. Jomini Ferry-. 3-;8 7- Memoires pour servir a I'histoire de France sous Napoleon, ecrits a Sainte-Helene par ses generaux F— x. 383 8. OEuvres de Delille. Nouvelle edition P.-F. Tissoi. 4oi 9. Table generale des monogrammes par F. Brulliot. H. P*. 408 10. Ciuquante cbants francais, par Rougetde Lisle. B.Jullien. 4i3 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncei de I'ii oiivrages Jrancais etetrangers. Amerique. — Ecats-Unis, 5. — Mexique, i 4ig EuKopB. — Grande-Bretagne , i3 ^27 — Russie,\ ^^'j — Danemarck , 3 4/3 — AUemagne , 20, dont n aunonces d'ouvrages periodiques. . 445 — Suisse, 3 ^fif, — halie ,11 • 4fi^ — Pays-Bas, 7 . 4^5 France, 68, savoir : Sciences physiques et naUirelies , i5 482 — Sciences religieiises , morales el policigites, 18 5oo — Litterdture ,24 52 j — Beaux- arts , 3 555 — Memoires et Rapports de Societes savantes, 2 56o — Ouvragts periodiques , 3 5fi3 — Litres en langues elrangeres , 3 566 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRE5. Amerique septe]vtriokax.e. — Etats-Unis, Grandes routes. Moyens pour preserver les habitations de I'humidite. — Haiti, Commerce ; Droits d'importation.- — Philade/phie, Beaux-Arts. — Mexique, Emigrations europ^enncs 5(1^ 6^4 TABLE UliS AKTICLtS. Amehique MEKioioNAi.E. — Biienos-Ayres , Mineurs allemands. — Colombic ; Carthage ne , Etat de la civilisation dans ce pays. — Pervii , Easeignement niutuel Syd AslE. — Colonies anglaises , Population. — Empire Birman, BAti- ment de guerre a vapeur. — Perse; Ispahan, Nefcrologie : Olah Phela'ir. — Datavia , Academie des sciences 5j3 ApRiQUE. — ■^ls^''t Moyens d'ameliorer le sort des Africains. 574 OcEAsiQUE. — NoiH'elle-IJol/aiiJe , Etablissement anglais. . . . Sy6 Europe. lies Uritanniqnes ; Londres , Population de TAngleterre. — Associations industrielles. — Travaux du Parlement. — Ins- titution pour I'instruction des artisans. — MonnoyagC. — Exportation d'or et d'argent .ibid. RussiE. — Saint-Pelersbourg, Mines. — Societe des mines. — Nouvean bAtiment pour la Douane. — Moscoii, Institut tech- nologique. — Necrologie : Kapnist et Doigoroukl 58 1 PoLOGNi.. — Amelioration du sort des Juifs 583 SuEDB. — Stockholm , Ecole technologique. — Societe pour I'ex- ploitation des mines de sel. Etablissement d'une petite poste. 584 D.vNEMARCK. — Copenhagiie , Sourds - niuets. — Lithograpbie. ibid. Ai-i-EMAGNE. — il/o/afi'e, Nouvelle cbarrue. — Prusse, Culture de la soie. — Berlin , Etablissement d'un pont en fer sur la Havel. — Elberfeld , Societe allemande pour I'exploitalion des mines du Mexique. — Berlin, Academie royale. — Bai'iire, Universites. — Saxe; Leipzig, Societe, dite d'Union Saxonne, pour la recberche el la conservation des antiquites. — Bokeme , Prague f Musee national 585 Suisse. — Legislation et droit public. — Genere , Societe de lecture 587 Itahe. — Turin , Inventions en mecanique. — Rome , Publica- tions procbaines. — Beaux-Arts : Peinture, Sculpture. . . . 5go Esp.vGNE. — Decret contre la libre importation des livres. . . Syi Pays-Bas. — Bruxelles, Academie des sciences. — Ga/id , Univer- site. — Bruxelles, Perfectionnemens apportes a la cbarrue. — FuANCE. — La Tette, Bains de mer. — Marseille, Importation de la peste dans le port. — Thuir , Fabrique de papier de paille. — Toulouse, Monument .i la memoire de Riquet. — Societes savatUes : Cambrai , Societe d'emulation. — l\letz , So- ciete des sciences et des lettres. — Strasbourg , Societe .icad^- niique 694 Pakis. — Institut : Academie des sciences; Seances du mois de Juillet. Academie francaise : Seance du 2 aoiit; Seance pu- blique du a5. Academie des inscriplions, Seance du -^9 juillet. — Societe d'agriculture. — Reclamation de M. Bibentau sujet d'un plan de Pompeia. — Theatres : Theatre-Francais , I''" re- presentation du Roman , comcdie en cinq acles et en vers. — Improvisation de M. Pradel. ■ — Beaux- Arts : VelrAuve , Dio- rama, Gravure, Litbograpbie. Necrologie : Odier , Gautherot, Balgucrie Stuttcmherg Sgg N^ 8. — Aout 1825. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQilES ET PROSPECTUS d'oBVBAGES KOCVEAliX ET VE PI BLICAT10N9 PROOHAINCS, Pour la France et les Pays Etraiigers ; BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la revue i.NrYci.ori'n..,.! t ' i ) AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les Aiiieurs, Libraires, et Editcurs d'oiivragrsy a Paris^ dans les departemens et dans les pays etrangers. L'inscription des Annonces et des Prospectus est fixee a 25 c par ligne; elle est reduite a 20 c. par ligne , pour les libraires qui ont fait prendre au moius douze abonncmens a la Revue Encyciopi'dique. MM. les libraires, editeurs et auteurs, de Paris, des de- partemens et des pays etrangers, auxquels il conviendra de faire usage du moyen que nous mettons a leur disposition pour imprimer et repandre des Prospectus et des Aimonces d' ouvrages,({eyTon\. les envoyer, francs de port,au Bureau cen- tral DE LA Revue Encyclopedique, rue d'enfeb-saint-michel, a" 18, avant ic ]5 du mois (2). OUVRAGES FRAACAIS. 4o. ESSAI GEOLOGIQUE sur M. Df.vi zi. nr CHinBim. , ct i)ar la montagnede Bouiade, jires d'ls- M. J.-li. BouiLLtr, de Clermont- soire, departcmcnt du I'uy-dc- Ferra^id. Dutne; aieo la description et ies Condilions detasousrription. figures tithographiics des ossemcns Lts ilfssins des osseuuiis I'ossi- fossiles qui y ont ctercoueillis; ^dT I les dc la moiilagne de Boutado (i) Ce Bulletin SupplemeiUaiie csl compose d'annonces fournies par MM. Its Libraires, Auteurs et Edileurs , et qui nc fr., prise a Clermont; I'ouvrage entier, compose, commc ii est dit OSI-; DES SYM PTOMKS bK LA AIALAUIE VENKE'.IKN- «;■ , DES DIVKHSES METIio- OKS DE ThAlTEMEUT QUI lUl SO.M' Ari'!JC.M{LE«, .1 des niodificalions qn'on doil leur I'airc subir, scion I'age , lesexe, le teniper.inicnt du sujel , lis cli- mals , les saisons , ct les maladies concomitantos. fi« edition entie- rcment rel'ondue. Par le doctcur Laomsaw. In-S". 42. (.OUPS DE GEOiMETRIE ET DE MECAKIQUE APPLI- QUE ES AUX AllTS ET ME- TIEUS, <(. I' usage dos cliffs el -ioux- cliefs d'alcticrs el de vtannfaitu- res , par le baron Cliarics Dun« , incmbre dc VInstttuf. PKOspnCTi s. M, Charles Dupin a conru la pcosey d'ouvrir, en Tiveur de la classe induslrielle , un enseigne- mcnl dc Geometrie et dc Mecaui- que aj)pliquecs uux arls ct metiers. Lesapplications dececours uc s'c- lendeut pas seulemcnl aux fabri- cations des grandes manul'.icturcs , mais aux plus simjiles professioiis et aux arls mecaniques les plus or- dinaires , ainsi qu'a l:i pralique des beauxarls. Ain^i rarcliilecle , le charpenlier, le meiiuisler el le ma- con , le sc.ulpteur, le peinlre el lc gravHur unt, chaci;n en cc qui ks concernc, bcsoin de notions va . riees, esseiilielles , soil de Geo- metric, soil dc mrcanique; le cours que nous aniioncons ne neglige I'applicalion de ccs deux sciences a aucune de ccs proi'e^:sioris. Les counaissar.ces quM cxplique sonl necessaires a tons ks aiti^les qui ont dcs op'Jralions meianiqnes a cll'ectuer; par excinpie, au chirur- gien, a l'..u:ilon.isle , etc. Euiin, le noiribre den arls ft des ineliers qui peuvent en tirer dcs seconrs s'elcve ix plus de cent cinquante !... Dans quelques gr:indes villes !is.seintns des cootiaissanccs si utiles a la prosperite de leurs t;a- vaux, pourroiit envoycr a M. Ba- ciiKLiEK, a Paris, ipiai dcs A;igu>- tins,n"55, uiic sciilesouscripliou , cl its retevront les lerons a mesuro qu'elles |)arailront. 11 suflira qu'ils ;aienl d'avanre les souscriplions d'un volume. Les souscripleurs ajoulcront 2 I'r. par volume qu'on devra Icur cnvoyer liors de Pails, :: cause dcs liais de port [Our les li^ons brocliees st'parcmeni ; cl 1 I'r. 5o ccntiints sculemcnt par vo- lume brodie d'unc piece. Les sous- cripleurs de Paris reccvront leurs escmplaircs ;i douiicile, .-ans avoir Uesoin dcjiav'.ianruiic commi'sion. Gidcric (!c. IiiissAiXGii pcrr, rvc dn liichcltcu, 11". f'lo, 4^1 — 44 IJ'apris Ics succes qu'on I oblenus en France, tn Aiiglcteric, en Ecosse et en Irlande , les glides DKSCCNVERSATIO.VS FR AKCA IK E-A AG I. * I- SK ET Ajir.LA isE-FRA.ngAisE. par J.l • Maeuif, nous nous cmprcssons d'anuontcr une nouvelb- edition ' (sous prcsse ) dc ces deux pelits ouvragi's a leur clnqiiiemc ediiioii ; niais avec Ics deux nouveaux litres suivans ; i"^' tilre , L'lXTErPKi tk DES rECPr.KS MdUEHNEs ; 2« tilrc , GUIDE MAlllRE , OU ABT Dli LA CCM- VKitsATinn ANGi.AifK ( les mcmes litres pour !e volume ati'^lais). L'auleur a cu deux niolil's pi'iir lairc ce ehangement de litres. V'oici le premier : Un Fraucais a Londris ( le sieur D. Boileau) a cu I'indi'licalc.'se d'y pubiier, (U suu iicm , en iiS 9, line coiilrelaron du cciDE OF fbe:,ch cokvehsAtio.'h , by,l.-L. Mabiiie , ouvrage qui se m;!k1 a nos maI~ons de France cl d'Auglelerre. II en a change le tilre cii celui-ci : the abt of FR^.^cu CONVERSATION, with an inlrodnc- tion, by D. BoiLKAii. II avuue stu- leinent , dans son Introdiicllon , que « I'ouvrage qu'il (;ifre aux ujcuncs pcrsnnncs est la pruduc- 0 sioQ d'uu ijcnlicman en France, i> cl que son int^enicuse invention , 0 quoique simple , procure une si » promptcassisianceaux eliivcspour DCxprimcr leurs iilccs dans la lau- jgiic I'rancaise , qu'il n'a Ji.is fait n.vcrupule d'inliluler I'oniage : BIKE ART OF FBEWCH COHVEEsA- a TION , etc. n Quant an premier tilre , i.'ikter- PHErE DES PEEPI.ES MODEHNES , IIOUS aiiiion^oiis que, I'aiileurayani eu I'l- dce de (aire traduiic son (miue cu d fVeriules laugues pour la Fiaiite e divisera en deux par- tics : I'une , d'Extraits d' ouvrages ; I'autre, de Mclanqis. La |)r<'niiere partie >e subdivisera en Uonisvciioas. Premiere section : .Sciences ( physiques , morales) ; deuxieme section : Litteraturc (prose, poesie, critique); Iroi- sicme section : Arts ( beaux arts, arts utiles). Les extraits seront Iraduils librc- mcnt, et choisis dans les journaiix lilleraires et s(i( nlidques de I'Ai- leniagne, lels qu<; {'yUlqemtinc l.i- tcratur Zeitunt) , Vllcrniis et au- Ires prineipaux rccucils publics A (la'itingue, Weimar, Jena, Leip- zig, Beilin , Vienne, < tc. La seconde partie sera divlsee en quaire sections. Premiere section: INouvcllcs scientiliques , lilleraires, induslrielle?, academiques, et ins- Iruclion publique ; Devxicme sec- tion : Arlitles biographiques sur !<■? hommcs les plus distingues de rAlleniagne ; Troisiemc section : Tableaux blbiiogiaphiques des ou- vrages publics en Allemagn e ; Qua- tricinc section : Coirespondance , voyages , tableaux de moeurs ger- maniques. Conditions de I'ahonncrncnt. La Revue ijcrmaniquc paraitra le \" de chaque mois, a partir du mois d'oclobre prochaiu, par nu- mero de 10 feuilles. Le prix de ralionncmrnt sera ; pour Paris , par semeslre 2^ fr. , par annee 42 fr. ; pour les depar- lemens ( franc de port) jiar semes- Ire 26 fr. , par annee 4*^ fr. ; pour I'etranger (franc de port) , par se- meslre 29 fr. , par annee 54 IV. On s'abonne a Paris chcz Uokdey- DupBK p6re et fils , im]).-lib. , edi- teurs - proprietaires , rue Saint- Louis , n" 46, au Marais, et rue Bichelieu , n" 67, vis-a-vis la Ri- bliotbequc du Koi ; et chez h s principaux libraires et Jirecteur-. des postes de la France et de 1 e- tranger. IMPRIMERIE D HIPPOI.YTE TtT.T.IABn , rue dela Ilarpe, n° 78. HISTOIRE DES FRANCAI8, PAB M. J. C. L. SIMONDE DE SISMONDI.(. 2i vol. iii-8^ Ouvragc publie par livraisons successives cIg trois ou quatre volumes. Les deux premieres livraisons , forinant les tomes^ i ii 6 , paroissent ; prix , ..-4^i\'.- — Les memes , siir papier velin >,,^a,£i'i hai troisieme livraison (tomes -, 8 et 9 ) est smi'! hfrssei' et paroitra en octobre i825. PARIS, A LA LIBRAIRIE TR EUTTEL 'Kt'^^C RTZ , rue de Bourbon , 11" in'"; '' A Strasbourg , rue des Serrurl'ers ; A LoNDREs , '^o, Soho-Square. Apres avoir presente I'histoire de I'ltalie sous un jpui absolumeut nouveau, M. de Sismondi a entrepris cle nieme de faire sortir une veritable hretoire des Francais (i) Auteur de VHistoiic des Rdpubliqucs ilalienties dans le mojen age, 16 \oL in-8. ; de la Lilteraturc du midi de I'Europe, 4 vol. in-8., de Jidia Severa, ou fan 492 , 3 vol. in-12 ; ouvrages qui se trouvent I la m<-mo labrairie. ( - ) tie ses antiques monumens. II en a deja public six vo- lumes, on Ion a vu les foils et leur cnchainement pren- dre un aspect que ses devanciers avoient toujours de- robe a leurs lecteurs. Si Ton cherche a rendre raison de cette difference, on devra reconnoitre qu'elle tient a ce que M. de Sismondi, en ecrivant I'histoire , n'a point eu^ c!e systeme, si ce n'est celui de faire son travail en con- science : il s'est attache uniquement aux ecrivains origi- naux ; il a repousse toutes les suggestions de I'esprit de parti et des preventions nationales ; il n'a jamais cherche ce qui pouvoit plaire , mais seulement ce qui etoit vrai; il a attendu d'avoir etudie les faits pour former son opi- nion , tandis que ses devanciers , arrivant avec des opi- nions toutes formees , songeoient seulement a faire ac- corder les faits avec leur systeme : il a consulte tous les contfenlporains , mais pour peser leur temoignage et le juger , tandis que d'autres empruntoient leur autorite pour s'en faire des armes dans le combat, afin de servir certaines opinions ou de gagner la faveur de certains pouvoirs. Trois nouveaux volumes de cette Histoire sont sous presse , et paroitront en octobre 182 5. Nous croyons ne pouvoir mieux faire connoitre , et cette livraison, et ce qui a deja ete public , et ce qui reste encore a faire, qu'en empruntant a I'auteur I'exposition qu'il fait lui-meme de son sujet , vers le commencement de son septieme volume. << Nous nous somnies propose , dit-il , de fixer Tattentiori de nos lecteurs sur le caractere propre a chacune des pe- riodes tie i'histoire ties Frangais. C'est ainsi que cette his- toire s'est partagee pour nous ea neuf graiides divisions , dans chacune desquelles il nous seinble f£ue la nation est entrainee par une tendance differente, et que les raoeurs changeant avec les institutions , les Francais nous apparois- sentautant de fois comme un peuple nouveau , avec un jiouveau gouvernement. II est difficile, ton te fois , de don- ( 3 ) ner a chaque periode un nom qui fasse aisemen l compren- dre son esprit et qui la distingue des pre'cedentes : nous avoDS designe les deux premieres par le nom des deux dy- nasties, des Merovingiens etdes Carlovingiens : cependant ce n'etoit pas seulement la famiUe des rois qui etoit chan- gee , la nation I'etoit davantage encore. La premiere inva- sion , des Francs Saliens avec Clovis, avoit amene dans la Gaule un peuple barbare qui soumit tout au droit de I'epee ; la seconde invasion , des Francs Austrasiens avec Charles Martel , apporta les principes d'une organisation nouvelle, barbare encore, mais bien plus reguliere, et dans laquelle le clerge prit un ascendant tout nouveau. La troisieme fut celle des premiers Capetiens , que nous avons consideree corame participant de la nature d'une confederation : en efFet , durant les deux cent trente-neuf ans qu'elle comprend , la France , partagee entre un nom- bre infini de chefs independans , ne conserva son carac- tere national qu'a I'aide du lieu federal , de la feodalite. .. Nous arrivons aujourd'hui a.une qualrieme periode, qui comprend le regne de Saint-Louis et de ses descendans, pendant cent deux ans , jusqu'au moment oil la ligne di- recte se trouvant interrompue , la couronne passa pour la premiere fois a des collateraux. Le caractere de celte pe- riode lui fut donne par les hommes de loi ; ils travaillerenl avec zele et perseverance a fonder le pouvoir absolu de la couronne : sans detruire le systeme feodal qui avoit do- m.ne jusqu'alors , ils le snbordonnerent completement au principe monarchique. « Un homrae eminent par ses vertus , par son desir constant d'accomplir son devoir, herita, an commencement de cette penode , d'un sceptre que son pere et son aieul avoient deja eleve au-dessus des tr6nes de tous les princes qu.se partageoient la France; Saint-Louis ne fut pas plu- tot parvenu a I'Age d'homme, qu'il se proposa non d'aug- menter son pouvoir on de s'approprier les droits de ces feu- dataires qui , pendant sa minorile , avoient recommence a ^nsanglanter le royaume par leurs querelles, mais seule- (4 ) nient de faiie succeder au rcgiie dc la violence le rogue des lois, demettre I'inlelHgence etle droit a la place de I'au- dace et de la force. II ne songea point a se rendre absolu , maisil vouliit supprinier Ics guerres privees et les combals judiciaires. 11 ouvrit un recours a la justice pour rempla- cer le recours anx armes, qui Ini paroissoit olTenserDieu. II appela les legistes a decider enlre les grands , pour epargner le sang des grands; et les legistes lui soumirent ces grands memes qu'ils devoient sauver. Saint-Louis fit sortir des rangs les plus obscurs ces hommes de la loi, qui, par recon- noissance comrae par ambition , confondirent la loi avec le trone , et seryirent I'autorite royale bien plus efficacement que n'auroient pu faire ses armees. Saint-Louis n'avoit en viie que la justice , et il ne chercha a recueillir de ses in- stitutions d'autre fruit que cette justice nieine qu'il crovoit devoir a sou peuple. Mais le corps nouveau qu'il avoil in- troduit dans I'ttat , auquel il avoit confie de la puissance en raisoa de son habilete , sut mettre a profit , sous les sue- cesseursde Saint- Louis, celle habilete comine cette puissance. Les legistes, jalonx de la noblesse, a laquelle pour la plu- ])art ilsn'appartenoient 2ias, jalouxdu clerge, qui, par nne autre route, etoitarrive a une meme domination, employe- rent le sceptre des rois a briser, et I'epee des gentilshoinpies et la crosse des prelals ; ils savoient que les progrijs de I'au- torite royale leur profiteroient surtoul a eux-memes qui eu etoient depositaires : sous Philippe III et plus encore sous Philippe IV, ils firent de la loi , dont ils se disoient les inlerpretes, I'instrument d'une efFrayante tyrannic. Tous les ordres de I'etat furent a leur tour, au nom de la jus- tice, traites avec une revoltante iniquite. Les grands fu- rent depouilles de leiirs fiefs hereditaires ; la noblesse vit perir.sur les bucher»«i»BTempliers, ses plus heroiques cham- pions; leclorge fut ©titrage dans son chef et asservi dans ws'tnembres; le commerce fut mine ])ar les alterations des monnoies , les saisies et les confiscations des .Tuifs , des Lombards V des banqniers; et tous ces acT:es- de tyrannie fnvent-toiijours commis par Ics legistes ; an nom of par ( 5 ) 1 aulorite des lois. Lorsqu'a Philippe IV , monaique rupide , crurl , ambitieux , mais habile, succederent I'un apres I'autre ses trois fils, qui manquerent autant de talens que de verlus , quelques legistes furent sacrifies aux caprices de cour et perirent dans les supplices; mais I'ordre demeura , il conserva tout son pouvoir , sous condition de servir d'une maniereplus abjecte les terreurs ou la deraison d'un maitre meprise' j les supplices des lejireux , ceux des pastoureaux , ceux des sorciers , signalerent a la fois la degradation de la magistrature et le pouvoir absolu des rois qu'elle avoit reudus toutpuissans. Dans des temps poslerieurs, la magis- trature franfaise s'est relevee noblement de cette premiere abjection : elle a abjure une servilite si contraire au minis- tere auguste dont elle etoit revetue , et elle s'est efForceede placer au-dessus de tous les pouvoirs humains , cette regie inflexible du juste et de I'injuste qu'elfe etoit chargeed'ap- pliquer. Mais autant elle contribua plus tard a epurer le caraclere national , autant elle I'avoit degrade en fondant le despotisme; les vertus des grands magistrals de la France ne doivent point nous faire fermer les yeux siir les vices des legistes leurs devanciers. " Nous presentons done aujourd'hui , a la meditation de nos lecteurs, cette periode de cent deux ans , duraul laquelle les legistes reconstituerent le pouvoir des rois, pour I'exploiter a leur profit. Mais avant de nous engager dans ces details, nous jetterons aussi un coup-d'oeil sur les periodes qui la saivirenl. « Les legistes avoient constilue' la France en monarchie absolue ; les grands, qui partageoient autrefois le pouvoir du roi des Fran^ais , n'opposoient desormais plus d'obstacle a ses voiontes : la nation , quoiqu'on lui cut octroye quel- ques formes represenlatives , ne deliberoit point, n'expri- nioit point ses voeux ; elle craignoit et elle obeissoit j au- cune opinion publique n'associoit les gowverpes anx gou- vernans; I'indifference de tous se manifestoit par le silence des historiens ; il y a pen d'epoques oil une^rande nation oit cu moins dc clironiqncnvs rl oii ccux-ci sc soiciil nion- (6) tres plus ignorans , plus etrangers aux affaires publiques ; oil leurs recits soient plus laconiques, plus decolores. Mais le silence du peuple ne degoutoit point les princes de I'exercice du pouvoir. La seule loi de la monarchie etoit la volonte du mon-arque ; bientot I'occasian se presenta de se demander quel etoit, quel devoit etre le monarque? Les legistes ne donnoient point a cette question une reponse unifornie; les uns pretendoient que la loi commune des na- tions reglant I'heredite du trone , comm?e celle du moindre patrimoine , appeloit a la royaute les femmes aussi-bien que les horamej : les autres repondoient qu'une loi particu- Jiere a la France excluoit a perpetuite de la royaute les femmes et leurs descendans. Cette question de loi sur un pouvoir superieur aux lois ne pouvoit etre decidee que par la force , et la force fut en effet invoquee des deux parts. Une periode de cent trente-trois ans ( iSzS — 1461 ), qui formera notre cinquieme partie, est remplie presqueen entier par les guerres entre les Fran9ais et les Anglais , aux- quelles la succession contesteede la couronno de Charles IV avoit donne naissance. « Pour avoir considere dans I'organisation du gouveriie- ment les droits des rois, non ceux des nations , les Francais avoient ete engages dans de longues guerres qui deciderent quels maitres devoient regner sur eux. Ces guerres ne fu- rentpas plutot terminees, que le memeprincipe en alluma d'autres , pour savoir a quels etats les rois de France avoient un droit heredi^faire , sur quels peuples les Francais feroient valoir la legitimite de leurs princes. Un siecle environ (1461 — 1559) est principalement rempli par ces guerres de succession etrangere. Cette periode formera notre sixieme partie : nous y vcrrons les invasions sanglantes des Fran- gais en Italie, pour faire valoir les droits hereditaires de leurs rois sur le trone de Naples et sur le duche de Milan. " Une septieme periode d'environ quatre-vingts ans ( iSSp — 1643 ) comprendra les guerres de religion , qu'on pent considerer corame resultant egalement de I'etablisse- inent du pouvoir absolu des monarques. Apres avoir mis (7) leur volonte a la place des lois, pour toutes les choses tem- porelles, ils crurent avoir egalement le droit de soumettre a leur volonle ce qu'il y a dans riiomme de plus precieux , en merae temps, de plus intime et de plus independant, la croyance. Cette pretention , reproduite au moment oii la raison avoit pris un nouvel essor , et le sentiment reli- gieux une nouvelle energie , ne put devenir la loi de I'etat qu'apres avoir triomphe, dans des flots de sang, d'une resistance obstinee. « Le pouvoir absolu s'affermit cependant toujours plus, et les consciences durent obeir a Louis XIV, comnie tous les corps politiques de I'fitat lui obeissoient deja. Son regne de soixante et douze ans ( i643 — i7i5 ) , forme a lui seul la huitieme periode: c'est celle du triomphe complet de la monarchie illimitee ; tandis qu'une neuvieme periode , a peu pres d'egale longueur (17 15 — 1789) renferme, durant les soixante et quatorze ans qui s'ecoulerent depuis la mort de Louis XIV jusqu'a la revolution , la decadence et la chute d'un systeme auquel les Francais avoient tout sacrifie. « C'est ainsi que nous pouvous representer , par un petit nombre de mots , le caractere general des siecles qui s'ecou- lerent depuis I'epoque ou s'arreta notre precedent recit jus- qu'aux revolutions dont nous avons ete temoinsj nous y trouvons cent deux ans de travaux des legistes pour rendre les rois absolus, cent trente ans de guerres de successions domestiques, cent ans de guerres de successions etran- geres , quatre-vingt-quatre ans de guerres religieuses , soixante et douze ans de despotisrae , soixante et quatorze ans de dissolution du corps social. Cette division morale de I'histoire de France a de la realite; chaque periode a eu un caractere essentiellement different de celle qui I'a precedee , de celle qui I'a suiviej mais, en meme temps, il ne faut point oublier que toute classification d'evenemens qui s'enchai- nent sans interruption est artificielle ; que c'est toujours d'une maniere arbitraire qu'on fixe le point oii une periode commence , oil une autre finit ; que s'il est vrai que cha- que interet , chaque passion a lear tour aient exerce leur doiuiiialioii sur les homines , ils otil forme le caiaclerc principal , iioii le caracteie unique de leur epoque; qu'en- Jiti , dans le progres du temps, chaque jour apporte un cliangemeut, chaque jour delruit et edifie, chaque jour a done un caractere propre , de maniere qu'on ne pent ja- mais lui appliquer sans modification le caractere du joui- qui le precede et du jour qui le suit. II ne faut pas oublier aussique quoiqu'on puisse montrer un enchainement natu- re! dans les evenemens survenus depuis Saint-Louis jusqu'a nos jours, en sorte que. nous recueillons aujourd'hui les fruits de sa politique ou de celle de ses contemporains , la plus grande partie des causes nous reste a jamais iuconnue, el que cet enchainement que nous signalons dans le passe, et que nous ne savons point voir dans I'avenir , est tout aussi sonvent peut-etre I'oeuvre de notre esprit que la de- couverle d'une loi de la nature. » Cet Ouvragc , ainsi que nous 1 avons observe en tetc du present Prospectus, est public par livraisons de trois ou qualre volumes, divisees suivant les grandes epoques de notre histoire nationale; les deux premieres livrai- sons, composees des tomes i a 6, paroissent; la troi- sieme, formant les tomes 7, 8 et 9, est sous presse, et paroitra en octobre 182 5. L6s personnes qui voudront se procurer I'ouvrage sont prices de se faire inscrire a la Librairie Treuttel et Wiirtz, a Paris, rue de Bourbon, n" 17; a Strasbourg, rue des Serruriers; et a Londres, 3o, Soho-Square. L'on ne paie rieii d avance. \ On peut aussi s'adresser a toutes les bonnes maisons (le Librairie enFrance,etdansles divers pays etrangers. i)i. t,'iMftir*iE*i*"ftF. cra**;lf.t, ine (le Vangiratd, n" 9. Avis Aui amateurs pe la litt^p.atubk truwotntt. On peut s'adresser a Paris, par rentremise dii Bureau cf.nthal ds LA Revue Ekcyclopediqub, a MM. Tbruttel et WuKfz, r;ie de Bodi boil , n° 17, qui ont anssi deux inaisons de libraiiie, I'line a Siias- bouig , pour I'Allemygiie, et Tauire al.ondies; — a MM. Akthij» BEBTKANn, rue Haul elf iiille, 11° »3; — Renouard, ruedeToiniiiiii.ii"6; — Levr.vult, rue des Fosses-M.-le-Priiice,ii° 3i,el aSlsasbourg; — Bos- SAifGE/;ere, rue Richelieu, n'' fio ; et a J.ondres pour se procurer les divers ouvrages etraiigers, anglais, alleinands, italiens, ruseps, pulo- na!s, hollandais, etc., ainsi que les aulre< prnductinns de la litieraiure etraiigere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris seia celui de!< pay* Strangers ou its se puMieut, augnientede 10 pour roo, pour frais de Jiort , droit d'iniportation et de conimission, etc. — La Direction de la V?ei'«f £;,fj'c/(j/)t''ES RFCTTEIl-S PEUIODIQUES EW ANGtETERBR. MM.Ies Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterrc sont pries de faire disposer leurs n«m<*'n>j chez M.Dr.Gi'.OKGR, cor'esfiondantde ill Revue Encrclopedhiiie a Londres, K° ao, Bekneh's street, Oxford stbket; M. Degporge leur fera remettre, chaqus mois , en ccbange, les cabiers de l.t Revue Encrclo/icdii/i/r, pour laquelle on |>eut anssi sous- crirc rlie/. lui , soit pour lannee courante, soit pour se procurer leS collections des annces anterieures, de 1819 a i8a4 incliisivement. Avis aux voyageurs etrangers qui vont a t-oxdrfs. Nouscrovons rendre service aiix Francais qui se rendeiit a Londres, en lenr dosignant M. A. Roy , Francnis ctnbli a Lomlres , ;(" ao , New- inaiin-Siriet,presd'0.>foid'itrcet, a u centre dos affaires et dans le plus beau qnarfier de la ville. lis y tronveront , pour i5o ou 200 fr. par mois, une jolle cbanibre, un bon dejeuner, une collation a iniai, un fort bon diner a cinq beures, et le the, le soir. M. Roy donne de» '-■cons de langue anglaise , et sa maison est tenue de U iuaaite-» 1« plus convenable. Iff LinaAiRF.s c/itz ie.u]uel< on suuscrii dans les p*ys etranuers /tix-lit-Cliiil'flte, L^iruf lie Ills. ,i'iicliniic1. la U in; lt*s fiercs Laugetiliujsen. Liiiisiiiiiic , I'iscjier. Lci/x'g , Griesliaiiiinor ; — G. Z.iig«'tii'e h- -Or/t'a/is , Jourtlan ; — Hnclie , (ri-rci. Pn.f'iite (Sicil"), IVflonne el Mu- ratovi ; — BumiI (Cli ). I'rli-nOod'if; S, lint - I'liii put ; — Gi.i«'lt"; \Vr\liet; — I lucliait. Sliitlffrirt i-t Tiiliiii-^en , Colta. Uiucht ,'\ an Sclioruihoven. Tudi , B. Scalaliiiiii. Turin , ISipCCa. I\tr>in':c , Gliicksberg ; — Z,i- vatl>ky. fiejine ( A(ililcbe), Gerolll ; — ^chauiiiboui g ; — Schalbiicher. Liibunnv , Paul J\Iailiii. COLONIES. r.iiad-'lniipe (Ppiiiie-a-Pitri-), Pi>'let aiiie. //,-//f f/yi;,ce (P>iii-Li>iiis), K. Burilel. .Uarti/iiqiu- , Tlioiiiieiis, Guiijinix. ON SOIJSCRIT A PARIS, AV BlIKF.VU DE MKDACTiOJV, HUE d'Es f ER-Sa I KT-MlCHKL , !»• l8, oil doiveul »^tie.en\o^es , francs f!e pur' , les lir"'" . dessins vt gr.i- \iues, (JdiiIoii, Hesiie {'aiinoace, el les Leliit>s" .nui.ie.i, Noliccs oil Kx'raits destines, a, eiie inseres daiis"ce lieciiii.. CUUZ 1 KFIITTF.I. V.T WUKTZ, Illtde ]Jl)lllhoil, 11° I7; B I'Y v.T Gk*vif.k , (piaicles Aiignsiii)-s, ii° §,5; diaries Bixhkt,' lilira'Me-comm. , qiiai dfs Augnstins, «• 5^; DoMiF.Y-DuPKE,' rue Saint-Louis, u°.4''» .,au Maiais; et lue niciii'iii'ii, 11° '>7. Jldjdii: nine, l)<'iilevard Poissonr.itie, n" iS; Kymf.k Y , iiie M.iyariiie, ii° 3o ; T^iiitr.T.riie U.iiilefe,uille, ii",ia ; . . B.vi:iii'i.nu'i, <:ir'iM. Qactieh, anciea iiiilitaire, Galeiiede Bols, n° 11,17, an Pal.iis-Unj'al. ! H'.ta. Les ouvragcs aauouccs dnus la llevue sc troiivout a\Is^i clicrRonET, rue I Hjuitcfcuillc , u" i'i. PARIS l)F. I.'iTHVRlMIRIR HE RiCSOfX, im- .Ihs Krams.l'oinRiois S.Mi.lul , ir 8. i^m mi Q7* VOLUME. 8 I® MVT^ATSOTVr. • REVUE ENCYCLOPEDIQUE on ANALYSE RATSONNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS I.A UTTER ATDRE, IESAmT-'Viirc.EMT, Uesma- HEST, V.Annonm, Brongkiakt £Is; Fi.ocaf.ns, D.-M. ; V. Jacqdejiont, etc. 3° Pour Its Sciences medicates .-MM. Auelon, BAr.LT, Damiron , G.-T. Uoi», DnrAB , EsQUiROL, Georget, Mageniue, ORFir.A,RiGOLt.oT Ills, l).-M.,etc. 4° Pijur les Sciences philnsophique^ et morales , politiques , geogra/ihiques el hisloriques;tllM. Lanjvinais, de I'lnstitut; M. A.Jum-ien, Ue Paris; deGe- rahoo,Alex. dk la Borde, del'Iastitut; Agoub, Adhee, Artatjd, Avehet.; Bkrville, avocat; Barbie du Bocage, de I'lustitut; A. BeuGHOT; Champoi.- i.iON-FiGEAC, correspoudant de riiistitut; Cbampc»1.i.iok jeune, Deppiwg; CRtVEtLI, A. DCFRAYER, DUPIW AJKE, DdFAU, UuvKROIBR, GhaDET, BoU- cbew£-Lefer,Doubi.et-de-BoisthiiiadI/T, a. Taillamoier, •TocaU; Amedee Jai/bert; JoMARi),deriustitut; LaffonueLadebat, Alex.Lametb, P. Lam, Mashias, J. Mauviel, a. Metrai.; Meyer, d'AiQsterdam ; Parent-Keal, Pouqoevilijb; CIi.Rekocard, avocat; KvsEBESALVERTe,i.-B.SAy,SisMOHDE DK SiSMONDt, StAPFERjSoEUR-MeRI.IM. 5" Pour la Litterature francaise et etrangere, ]a J)il>liograptiie,\'Archen!ogie CtleS SeaiUC-ArtSl'M^. ASDRIEOX, AMAtlRY-DoVAI,, F.meric David, D«07,, Lemercier, i>e SeGdr, de I'lnstitut; Barbier, aurien conservateur d«s Ijiblio- tlieque.'! du Roi^ J.-P. Bres, Ai-PB. Mahul; Ph. Oolbery, deColmar; Kirc- khoff, D.-M., d'Anvers; M. Biancbi, Mme.L. Ubm.oc, F.. Hereajt, IIemricbs, M.BkRRjFeI.. BODlKi'BuOHOn, Car RiOH'N ISAM r>ls,CH Any ET; CBF.nEI>OLL&iill>, de Liege; FR.DliGliORGE,UuMERSAK,F.D.GAUTTlER,GoErP,HEIBERG, K.RAFFT, V.Leci.erc.Loeve-Veimars, M arrow, Mazois ; Ca. Monharo, deLausaoue; A.deMowtbmo»t;Nicolo-Poulo, Patih , Pei-lissier , Poicgervillf. Qdb- Tf.I.ET, nERElFFEWBERG; DE StASSART, deBrUiciles; Fr. SaI-FI; SCBNlTZr,RR ; ScHWEiGH.«nsER fils, de Strasbourg; Leow Tbiesse, F. Tissot, Vercier, S. ViscoMTl, etc. A PARTS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Hued'Enfer-Saint-Michel,n° i8; AUTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille, n" a3; Au MusEBENCYCLopEDiQi/E, cuEz Boss AHGE p^re,rue Rlchelieu , n° 6o; Renodahd, rue de Tournon, n" 6; LONDRES. — Trkuttei. et Wurtz; Bossawge; Dolau etcomp.; et R0X.ANDI, n" 20, Berner's-street, Oxt'ord-slreet. SEPTEMBRE 1285, AVIS ESSEJNTIFX AUX SOUSCIUPTEUIIS. MM. LliS SOUSCRIPTEDRS llont rABONNEMBNT EXP1H£ LB 3 1 DJECKMHRE PRocHAiN, sont invitcs a le fairc RENouvELER 1)101 AU I*' DECEMBRE, pour que le service des envois n'eprouve aucuii retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. De|)iiis le nioisde Janvier 1819, 1'l parait, par ann^e, douze cahicrS de ce Recneil; ciiaque cahier , public le 3o dumois, se compose d'en- viron 14 feuilles d'impression , et plus souvent de 16 ou i8. On souscrit a Paris, an Bureau central d'abonnement et d'expSdition iiidiqud sur le litre. Prix de la Souscrlption. A Paris . 46 fr. pour un an; a6 fr. pour six mois. Dans les departemenj. 53 3o A I'etranger 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, a Paris, dans les dipartc- mens et dans Vetranger, derant 6tre proporllonnelle aux frais d'expe- dition par laposte, aservi de base a laflxation definitive porteeci-dessus. Le montnnt de la souscription, envoye par la poste, doit dtre adress^ d'avance, frakg de tort, ainsi que la correspondance, au Directeitr de la Revue Rncjrclopddique , rue d' Enfer-Saint-Michel , n" 18. C'est k la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont d6sirera I'iusertion. On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chea les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des mati^res alphabetique et anal3'tique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au t" cahier du volume suivant, ^ I'exception de la derni^re Table de i'ann^e, qui est expediee isolement a tous ceux qui peuvent y avoir droit. ())> souscrit, seulement k partir de deux epoques, du 1" Janvier ou du 1^' I'nillet de chaque ann^e , pour six mois , pu pour un an. Oitrviive, AU BDUEAU CENTRAL, les collections desannees 1819, i8ao, I'm, iSai i8i3, iSa.i et iSaS, au prix de 4(^ francs chuque. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. REFLEXIONS SUR QUELQUES INSTITUTIONS ET SUR QUELQUES MOYENS PROPRES A FAVORISER LES PROGRES DE L'INDUSTPJE, ET PAKTICULIEREMENT Sur la nouvelle Societe commanditaire de ^'Industrie , qui vtcnt d'etre fondee a Par-is (i). Lorsquenotre cclubre Colbert voulut clever rindustrie fran- caise a un haul dcgro do prosperite, scs premiers soins furent (2) Cette societe , qui n'attend pour se constituer deCnitivement que rordonnance royale qui doit en autoriser I'organisation , a pour objet de conCribiter et de participer au succes de toute entreprise , de toute invention et de tout perfectionnement relatifs a I'agricullure , a Vindustrie T. xxvii. — Septembre iSaS. 4o 6i6 DES MO YENS de fournir aux hommcs industricux des secoiirs pecnniaires , d'attirer do I'etranger les ouvriers les plushabilcs, d'cncourager rapplication des procedcs noiivcaux, on ignores parnii nous, et surtoiU de repandre rinstruclion , cause premiere des pro- gres en tout genre. En creant X Academie des sciences, ce grand minislre avait principalcment en vue I'interet de 1 Industrie et des arts. Ce corps savant fut chai'ge de dresser I'inventaire raisonne des precedes employes dans toutcs les branches de I'industrie, et de provoquer, d'accelerer raniclioration de ces procedes, soit par scs propres travaux, soit par des prix decernes aux inven- tions utiles. Suivant les vues du fondateur , plus d'une centaine d'arts fu- rcnt decrits; les machines nouvelles et les autres decouvertes industrielles furent examinees et soumises a I'experience ; le savoir le plus eminent secouda les efforts du genie des arts, re- poussa I'ignorance audacieuse et la eharlatanerie, et offrit aux travaux utiles line garanlie contre ces deux sortes d'ennemis. Peut-etre qu'apres avoir salisfait a cette partic de ses obliga- tions, I'Academie des fcicnces se laissa quclcjuefois enlraiuer et au commerce. — Cette participation aura excliisivcment lieu par le versetnent des capitaux de la sociele , a titre de commandite. — EUe s'appliquera ii tonic association jugee utile , soit avcc des par- ticuliers, soit avec d'autres societes aiionyraes ou en commandite. — Le capital de la society est fixe a cent millions de francs , divise en ac- tions au porteur, de mille francs chacime. — La societe sera admiiiislr^e par un conseil general, compose de trcnte directeurs et de cinq ccn- seurs. — La liste des fondateurs , imprimee a. la suite de Kuctc de sociotc, coiitient les noms les plus recnmmandables et les plus ])ropres a inspirerla confiance; parmi lesqnels nous citerons MBT. /. Laffittb, Tebkaux aine, Casimir Pekbier, Foy (le general), Labbeguy, Vitai,- Roux .Wilkinson , de Londres , Huntsch , de Geneve, BrTHMiNN ; de Francfort-siir- i/eiii , etc. DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 627 par Ics attrnits desliautes theories , anx dopens des applications ; mais, si les arts furent effcctlveinent nc!i;liges durant quclque terns, cet oubli est repare inaintenant, et Ics fastes de rindiis- trie se glorifient de pouvoir citer plusieurs noms illustres dans les sciences (i). Le Conservotoire des arts et metiers , dont la premiere idee senihle due a Henri IV (a), rend a I'indastrie des services iin- portans, siirtout depuis que dc savans professeurs d'economie industrielle, de mecanique et de chimie ont ete attaches a cet etablisscment, et vepaiulent, parmi lY'lite des artisans et des nianiifacluriers, leslumiercs de la science jointes ai'.x lecons de la pratique. Mais cette belie institution, ctablie pour conservcr et propager, et non poui crc'er, recueille ce qui est , et ne pout executer co qui doit etre : bornec dans ses ressources et dans ses attributions, elle revolt son mouvement de I'industrie, et ne saurait lui donner une vive impulsion. Nous ponvons en dire autant des expositions periodiques, des jjroduits de I'indus- (i) On ne peut oublier les arts crees par Berthollet, par Chaptal, les precedes cliimiques et les preparations que Ton doit rs Thenard, etc. — MM.V\uQijni,iN, Gay-Litssac, D'Ahcet, Pkowt, GiRARD, Ch. DupiN, Navier et plusieurs autres savans distingucs se sent occnpes individuellement de diverses hranclies d'industiie , ou des ponts et chaussees , on des elemens de la force publiqiie, et lis ont r^pandu les plus yIvcs lumieres sur des operations abandon- nees autrefois a une aveugle routine. ir. d. r. (2) Sully nous apprend, dans les Economies royalcs , que plu- sieurs salles basses du Louvre ^taient consacrees fi recevoir des modeles de toute esp^ce de rnacbines. Descartes a presente aussi le plan d'un etablissement de ce genre. Le fameux Vaucawsoi.- forma a ses frais un d^pot de machines, qu'il legua ensuite ci Louis XVL Ce depot, accru, et transporte a I'ancienne abbaye Saint-Martin, est devenu, par des ameliorations successive^, le plus riche etablissement en ce genre. 628 DES MOYENS trienationale, deces fotcs biillantes, monumcns caracturistiques de la tendance dii sicclc, ct dont la i)rincipalc utilile consiste i\ presenter la statistiquc vivantc de nos richesses acqiiises. Vers 1801, quelques amis de I'indnstrie, ayantaieur tetele celebre Chaptal, crurent que le moment ctait arrive d'orga- niser en France unc association propre a stimuler eta seconder le zele desinventcurs; ils formcrcnt la Societe d' encouragement pour I'industric nationale , dans laquelle ils admircnt tons les hommes bienveillans , livres ou non a des travaux produc- tifs, ct jaloux de voir se developper la prosperite nationalc. Les fondateurs donnerent a la Societe, pour seuls moyens d'action, des propositions de prix, des distributions de me- dailles, ct des publications puriodiques: ils ne songerent a soutenir cette iuslitulion nouvelle que par des sousc.iptions volontaires et desinteressees, et crurent qu'elle ne devait prendre part directcmcnt a aucune entreprisc hici-alive. Malgre ces li- mitations , et nialgre les circonslances defavorables qui ont entrave la Societe d'encouragement depuis son origine , elle a rendu auxarts et aux metiers des services d'unc haute impor- tance : elle a entretcnu le gout des travaux paisibles et produc- tifs, au milieu d'un sysleme violent de conquetcsetde destruc- tion; elle a contribue puissamment au devcloppemcnt que les manufactui'cs ontpris en France depuis 25 annees. Cependant, par sa composition, commcpar la nature deses ressources ct de scs moyens d'action, la Societe d'encourage- ment porte le caractere d'une reuvie philanlropiquc, plus en- core que celui d'unc institution en faveur de rindustrie. Ses succcs ont plus tcnu au zele pcrseverant ct actif de (jueiciucs- uns de ses membres, qua I'cssence racme de I'asnocialion ; ct il est a craindre qu'apres la rctraite de ces hommes genercux , et meme plus tot encore, la Societe, perdant de vue I'importancc de son but, neperde pen a peu de son caractere d'utilite, quoique le nombre de ses membres et I'etendue de ses ressources pecu- DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 629 iiiaires s'aiigmentcnt sans cesse; il est a craindre, en un mot, que, cedant a la niediocritc qui lend a dominer partout, parce qu'clle est partout en majorite, celte Socictc si respectable dans sonorigine, ne s'occupe uniqucment, comme elle I'adejafait trop souvent, d'objets d'une faible importance, et ne reserve ses prix pour dcs questions de detail, presque sans influence sur la prosperite publiquc (i). Remarquons , d'ailleurs , que , depuis sa fondation, ses efforts se sont diriges principalement vers Ics manufactures , peu vers ragriculture et le commerce, ct beaucoup moins encore vers les ponts et chaussecs, la marine et I'art militaire, qui sont aiissi de grandes branches del'induslrie. CetteSociele n'adonc passuiviun plan genera! et coniplet dans les mcsures ii prendre pour atteindre le but indique par son nom; et, I'eut-elle concu, ses faiblcs ressources en capitaux I'auralcnt empcchee de Ic mcttre a execution. Les institutions analogues qui existent en Anglcterre, et cclles qui vienuent d'c'tre rreucs dans plusieui's ctatsde I'Alle- magne ct de I'Amerique, offrent quelques perfectionnemeus dans leur organisation ; mais elles ont en general moins de res- sources en tout genre que la Socicte de Paris (2). Elles servent (i) Ces crahitcs ne paraissent pas fondees. La Socieie d'encouia- gement a dii se restreindre, comme elle I'a fait, et ne s occuper que de I'industjie mauiifacturiere. L'agriculture etait conflee a une Socieie centi ale , secondee par d'autres soclcles dans toute la France. Les ponts et chaussecs, I'art militaire, considere dans la forme, la nature et la fabrication des armes et des munitions, et la marine, sont conCes a des corps savans, auxquels on ne reprochera point de s'en occuper sans zele et sans succes. Si la Socicte d'encourage- ment eut vouiii tout entrcprendre , n'eut-elle pas cte trop au-dessous de sa tache ? aurait-elle pu rendre quelque service? i*. d. r. (2) La Societe d'encouragement, en Angleterre, est inferieure a celle de France, et parson influence, et par ses travaux. m. d. r. fi3o DES MOYENS I'industrie , sans ctre en position dc la dinger, ni de lui douner line impulsion vigomxuse ct irresistible. Cctte remarqiiejest egaleinent ajiplicableaux associations coo- peratives fondeespar M. Owen dans la Grande - Lretagne. Ce zele philantrope veutd'abord ameliorer la situation des classes indigentes, ct il sc propose d'assurer la prosperite de toute I'espece huniainc , tant par reducalion et les moeurs que par le developpcnient comj)let de I'activite industrielle, consideree comine im moyen de prevenir la mendicitecu \e pauperisme et d'accroitre le bieu-ctre des ouvriers. Ces associations doivent produirc un jour d'excellcns resnltats; mais lour action ne pa- rait pas devoir s'otendresur Ics classes plus clevees, qui con- sentiront difficilemeiit a mettre en commun leurs richesses , Icurs talens ct leur savoir, ct a ne pas lirer dc ces avantages , naturels on acquis, un plus grand parti que leshommes qui en sont privts. On semble craindre generalement que ce systeme de com- inunaute, loin de donner uue nouvcllc enerjjic aux forces intel- lectuelleson physiques dcriiomnie, ne ralentisse au contraire leur developpcnient et ne paralyse en quelque sorte I'essor de rindustrie : mais peut-etre porte-t-on ce dernier jugement sous I'iufluence des prejuges, sans considerer tous les efforts de de- vouement et de genie enfantes a certaines epoques par I'amour de la patrie, etsans reconnaitre que la patrie n'etait pour tous les hommes libres d'un pays qu'une veritable societe coope- rative. Que Ton se figure le bonhcur dont jouirait la grande faniille humaine , si tous scs membres, en raison d'une education pcr- fectionni'e ct d'habitudes nouvelles, cooperaient sans ccsse a se rendre mutuellement heureux ; regardant tout ce que la nature ou I'art peuvent produire , comme une proprietc commune dans laquclle chacun aurait une part egale. La guerre, les douanes, les impots et les sinecures cesseraient de nuire a la DE FAVORISER LlNDUSTRlE. 63 1 production; plus de bauqut-routes, ni de speculations ruiueuses, ni de diseltes. Tons les talens, toutes les industries, stimules par I'estime publique et sccondes par la cooperation mutuelle, feraient naitre une abondance sans pareille. AuOun peuple , aucun individu n'est plus clranger I'un a I'autre; le globe en- tier est la patrie de chacun ; et le voyageur , apportant partout le desir d'etre utile, est certain de trouver partout un accueil IVaternel. L'egalile des droits et de la ricliesse ne detruirail pas toutefois les distinctions flatteuses que la nature prodigue a quelques-uns de ses proteges : car une belle femmc ne ccsserait pas plus d'attirer les regards, qu'unhomme robuste ne perdrait la faculte d'enlever de pesans fardeaux; etles etres les plus spirituels , les plus aimables, les plus savans , les plus vcrtueux, seraient d'autant plus recherclies qu'aucun privilege abusif ne ternirait I'eclat du nierite reel et personnel, trcp scuvent sa- crifie dans nos societes actuellcs a des distinctions faclices et injustes. Mais, des mosurs tres-simples et tres-douces empeche- raient que personne ne mnnirAt trop d'orgueil d'aucun don naturel ou acquis , et que les gens les plus mal ccnformes au physique ou au moral trouvassent dans les yen/ d'aulnii autre chose que de la compassion et de I'indiilgence. Certes, aucune utopie ne presenta jamais un tableau plus flatteur , sur- tout si Ton y ftiit entrer les miracles que peuventenfanter les progres journaliers de la mecanique et de toutes les connais- sances humaines. Enlin, en admcttant quel'epoque ne soit pas encore arrivee ou les hommes coopcrcrout tous a la prosperitc la plus grande ct la plus universelle possible, cst-il complete- ment inutile de leur en indiqucr les moycus? Peut-etre M. Owen aurait-il du cacher avec plus d'art qu'il ne I'a fail ses opinions particuUeres sur diverses sectcs reli- gieuses et sur les lois existantes. Ses moyens de les attaquer sont tres-pacifiques sans doute; mais on reconnait neanmoius 63a DES MOYENS que son institution tend a les aneantir. Entraveoumal seconde, quoiquc estime dans loutcs Ics parties de I'Angleterre, il est alle porter sa fortune et ses projets dans le nouvcau continent. Le gouvernement federatif des Etats-Unis de rAmcriquc du Nord liii a fail raccueil le plus distingue ; mais peut-etr6 au- ra-t-il a vainore de Lien plus grandcs difficMUcs que ne rannonce im debut si favorable. Partout les bommes tiennent a leurs habitudes , et surtout a leurs prerogatives. Cependant, les efforts deBI. Ovren pour ameliorer le sort de I'espece humaine, ont laisse en Angleterre des traees ineffacables , et ses partisans ont reconnu la necessite de modifier un systeme trop different de ce qui existe : ils ont forme une Societc qui, avant de rien etablir definitivemcnt , reclame les avis de ses associes et du public, pour perfcction- ner le plan qu'clle presente. Enfin , le caractere du systeme cooperatif , est-il dit dans le prospectus, est de eoordonner la production et la distribution des richesses avecle boiiheur de la totalite , et non pas d'unc fmrtlnn de rexpece humaine. Sans nous arreter davantage sur ce sysleme beaucoup plus moral etplus chretien, s'ilest executable, qu'aucune institution creee jusqu'a ce jour, remarquons que les associations nom- breuses qui se forment de toutes parts pour executer des en- treprises industrielles ou philantropiques , sontdans une posi- tion bien plus favorable que les ancienncs corporations d'arts et metiers : ccllcs-ci ctaient principalementinslituees pour de- fend re la pcrsonneet les proprietes de leurs membres; cellcs-la, n'ayant plus a redouter les violences de la feodalite, consa- crcnt leur tems et leurs forces au developpement dela produc- tjon. Toutefois, ces associations ne se livrcnt qu'a des specu- lations locales, relatives aun seul des nombreux besoins de la societe. EUes ne s'occupent nullementde I'ensembledesprogres de I'industrie, ni des moyens d'exploitation les plus generaux. DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 633 Ces puissans levicrs du mecanisme social et de la prosperite publique sont encore des instrumens presque etraugcrs aux banquiers, aux negocians et auxaiilres capitalistes. Les gouvernemens , de leur cole, entreprennent d'une ma- niere tropetroite d'ameliorer par I'industrie le sort dii pcuple. Le parlement d'Anglcterre descend dans ses cnquetes jusqu'aux plus petits details techniques; il deploie beaucoup de zele et d'activite pour fairc disparaitre certaincs entraves , imposees dans des tems d'ignoi-ance a Tagriculture, aux manufactures et au commerce. Son but principal est d'etcndre I'influence bri- tannique sur toutes les parties du globe. Dirige cependantpar iVie fausse politique , il n'a point pris pour bases de ses opera- tions la justice, I'utiiite etla cooperation universelle ; sa bien- veillance s'est fixee suir la seule Anglcterre , ou plutot sur lui- meme. On remarquedanstous ses actesune surveillance jalouse a I'egard des industries etrangeres, et plus de crainte de nuire aux prerogatives de I'aristocratie anglaise que de de-sir de sou- lager les niaux Ae la elasse indiy;entc et d'accroitre le bicn-etre de la elasse intcrmediaire. Ses services envers la nation se bornent au total a faciliter quebjues entrcprises commencees par des particuliers, sans qu'il ait la pensee ni la cnpacite de diriger I'industrie dans des voics nouvelles , apcrcues du point de vue le plus eleve ; enlin , il montre peu d'aptitude a perfec- tionner les deux branches de la force publique qui lui sont specialementconfiees, I'armee de terre et I'armee navalo; quoi- qu'il regarde cette derniere comme le veritable palladium de I'empire britannique. Si Ton envisage uniquement ce qui se pratique en Europe, on trouvera fort singulier le peu d'estime lemoigne ici pour le perfectionnement des flottes anglaises; il est necessaire de se rappeler les evenemens qui ont eu lieu, pendant la guerre de 1812 a i8i5, entre I'Angleterre et les Etats-TTnis d'Amerique. La marine railitaire de ceux-ci conslstait en une vincrtaine do 634 DES MO YENS fregates, une cinquantaine de biitimens legers, et une flottille de peniches et de chaloupes canonnieres. La marine militaire de la Grande-Brefagne complait plus de Hiille batimens, panni lesqucls so troiivaieut au moins deux cents vaisseaux de ligne et autant de fregates, teniisponr les mcilleurs dn nionde. Nean- moius , dans unelulte aussi maleiiellement inegale, les Ame- ricains ont ptis pins de batimens de guerre et de commerce qii'ils n'en ont perdu, et ils ont obtenu, par un glorieux Iraite de pais, toutcs les conditions qu'ils avaient precedemment exigees. On aurait tort de pcnser que ces avantages dependirent uni- qaement de la position geographique des Etats-Unis et del'exal- tation dc leurs habitans. Les Anglais eux-niemes ont reeonnu la superiorite des armcmens de leurs adversaircs, puisqu'apres la paix, ils se sent empresses d'indter les perfectionneraens introduits dans la construction et I'installation des batimens de haut bord de la marine federative. Mais ils sont encore tres- arrieres a I'egard de plusicurs armes adoptees reccmment en Amerique, et ils n'ont pas meme construit une seule fregatea vapeur, ni aucun des instrumens de destruction ou des navires propres a la guerre sous-marine. Une mesure fort singuliere a ete prise a I'egard des personnes qui tentent de pcrfectionner en Anglcterre ce nuuveau genre de guerre. On leur accorde de fortes pensions pour les faire renoncer a leuis essais; en sorte que ce pays ])ourra bien etre un jour le seul ou Ton n'aura point acquis d'habilete dans un systeme maritime deja redoule, et qui dcviendra bieu plus redoulable qn'on ne le croit com niunement. Bien plus sage dans ses vues, le gouvernement federatif des Etats-Unis regarde les fregates a vapeur comme son principal moyen de defense. II commence a reconnaitre rimporiance de la guerre sous-marine , et sa flotte, dont le budget est reduit a douze millions , aequiert sans cesse une preponderance plus marquee sur la flotte britannique , bien DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 635 que le budget de ccUe-oi n'ait jamais ete au - dessous de 160 millious. Voici une autre preuve Lien frappante de ce que j'oserais appeler I'incapacitc industrielle du gouvernement anglais: dans scs ports et ses arsenaux, qui surpassent en grandeur et en depeuse toute autre espece d'ateliers ou de manufactures , la plupart des travaux coutinuent a s'executer par la main de I'homme, suivant I'ancienne coiitume , au lieu d'etre executes par des machines a vapeur combinecs avec tous les procedes perfcctionnes que Ton admire dans les efablissemens particu- liers de la Grande - Bretagne. Finalement, presque toute la marine marchaude de cette puissance sera peut-etre transfor- mee en navires a vapeur, avant qu'un seul des vaisseaux de I'etat ait siibi la meme transformation. Et cependant, il est fa- cile de sentir qu'une marche rapide, independante des caprices du vpDt, est un avantage bien plus important pour les buti- mens de guerre que pour de simpleS batimens de commerce. En examinani lour u tour les progres de I'industrie chez chaque nation , on trouve a louer quelques dispositions parti- culieres; mais nuUe part on ne remarque un systeme propre a combiner immediatement, dans le plus grand interet de la societe, toutes ses ressources physiques et morales. Un philosophe fran^ais, plus remarquable par I'originalite de sou genie et par son devouemenl pour la science, que par ses connaissances techniques et ses talens litteraires, M. de Saint-Simon , dont nous avons a depUuer la perte recente, s'est occupe pendant long-fems de rechercher le systeme social le plus favorable a la production : on peut extraire de ses noni- breux ecrits les principes suivans. Toutes les forces prodiictives du corps social resident essen- tiellement dans I'industrie, les sciences et les beaux-arts. Les gouvernemcns ii'ont pas indispensablement la volonte , ni la capacite de mettre en jeu ces forces productivcs, dc la 636 DES MOYENS inaniere la plus efficace pour le bicn dc tous; ct, lorsqu'il leur arrive de I'eiitreprendre , ils ne le font que par des moycns empruutcs aux classes laborieuses , et en devenant souvent des intermediaires plus ou moins imparfaits, plus ou moins onercux. C'est par la coinbinaison dirccte des savans, des artistes ct des industriels, que Ton procurcra aux nations la plus grande somme possible d'ir.-struction et de jouissances. On devrait, en consequence , former uiie societe composee des homuics qui ont niontrc le plus de capacite, soit dans les theories, soit dans leurs applications. Cctte association emet- trait, exaniinerait et fcrnit executcr toutes les propositions gu- nerales ouparticulieres, utiles a I'industrie , aux sciences et aux beaux arts; ellc serait divisee en plusieurs sections, savoir : comite des industriels , coWi'Qe des savans, college des artistes; les propositions seraicnt d'abord soninises, suivant leur na- ture, a I'une des deux dernieres sections; ensuite, au comite des industriels, charge exclusivcmcni <1(^ I'f xc-.uition ; cnfin , a une quatrieme section, d\\.e college pJiilosophiqiie , composee, commc son nom I'indique, de philosnphes ou d'esprits ency- clopediques , egalemeut profonds dans les verites dc raisonne- ment et de sentiment, dans les connaissances scicntiliques ct dans les arts qui sont du domaine de I'imagination. M. de Saint-Simon pensait que I'influence dc cctte Societe ne se borncrait pas a ctendre ies ressources et la prosperile de la nation, mais fmirait par diriger toutes les operations du gou- vernement, ou phitot par etre clle-meme le gouvcrncmcnt. M. de Saint-Simon a souvent proteste de son liorrcur pour toute commotion violente et dc son respect pour la royaule; mais ses projets n'en sont pas moins alarmans pour les hommcs qui veulcnt consommer sans produire , et occuper de grandcs places sans etre capables d'en remplir les fonctions. Peu de bons esprits regarderont les projets de M. de Saint- DE FAVORISER L'lNDUSTRIE. 687 Simon comme immodiatement executables en France, nl dans aucune vicille monaichie. La Societe commanditaire dc I' Industrie, qui s'etablit main- tenant a Paris, prescnte un caractere tout different, en cc qu'onne pent pas memo lui soiipconner I'inlention dc vouloir diminuer I'iufluence du prince et de ses ministres. Loin do la, son action resserree dans le cercle des arts industrieis, et uni- quement favorable a la production , aiigmentera bienlot les ressources du tresor royal. Cettc Societe se propose de contri- buer et de parlicipcr au succes de toute entreprise, dc toute invention ct de tout perfectionnemcnt relatifs a ragriculture , aux manufactures etau commerce, en fournissantJa totalito ou une partie dcs fonds neccssaircs a Icur exploitation. A cet effet, les fondateurs veulent clever Icur capital a la somme de cent millions , divisiblcs en actions nominatives ou au porteur de mille francs chaciuie, L'admission des propositions et des pro- jets Sera jugee par le conseil general d'administration, compose de trentc mt^nibres, et divise en cinq commissions : i Agricul- ture ; 2. Fabriques et manufactures ; 3. Mines, usines et forges ; /|. Trai'aux publics ; 5. Comptabilile. Nous n'cntrerons pas dans de plus grands details, sur les statuts de la Societe; cet cxtrait suffit pour montrer la marche adoptee par les fondateurs; on voit que leiir objet sera de mettre dircctement en rapport I'invcnteur et ses conceptions avec le capitaliste et ses moyens d'execution, ct par conse- quent de realiser le platot possible toutes les decouvertes et les ameliorations. Sous le rapport financier, I'organisation de la Sociele com- manditaire nous parait bien concue; iln'en sera pent-clre pas de mcme, si on la considere sows le rapport scientifique. Pour apprccier convenablement des projels nouveaux , il faut avoir fait une etude lougue et approfondie des branches d'industne auxquelles ils se rapportent, ot nieme de plusieurs autres arts, 6:^8 DES MOYENS dc phisienrs autrcs sciences, qui s'y rattachent phis ou moins directcment; or, dans les 20 membrcs dti conscil general qui sont deja nommes , nous ne voyons qu'un petit nombrc d'hom- mes connus dans les arts. 11 est vrai quo ce conscil a la faculte de so faire aider par un nombrc indetermiue do dirccteurs ad- joints. EsjK-rons qu'il aura la sa-jessede les choisir parmi I'elite des ingonieurs, dessavans, des artistes et des liommes indus- Iriels. — Ce sera la moilleurc garantie qu'il puisse donner a ses propres intercis, ainsi qu'a la confiai-ce du public. Si Ton s'en rapporte a la denomination des cinq comites , aucun ne sera specialement charge dc ce qui concerne la na- vigation interieure et exterieure , branche d'industrie bicn im- portanle, bien distincte, ct qui appcllc d'autant plus les se- cours de la theorie dans noire capilale, que les yens ct les csprits y sont tout-a-fait detournes de la marine. II ne parait pas non plus que les fondateurs de la Societe commanditaire songenta sc mettrecn mcsure d'obtenir en grandc partie la fa- brication du materiel dela guerre que Ton commence a conficr aux particuliers en Angleterre, au.\ Elats-Unis, ct meme en France. Nous nc nous bornerons pas i\ signaler ce que la Societe commanditaire aurait tort dc ne])as cntrcprcndrc; nous hasar- dcrons quelques vues nouvelles surlcs nioyens d'employer ses capitau.K de la maniere la plus intelligente et la plus lu- crative. Avanl d'arreter une organisation delinitive, les fondateurs devraient, selon nous, proposer un prix pour la composition d'un tableau raisonne de toutes les parties de rintlustrie. Les encj^clopedies dejapubliecs, malgrcleur enorme etcnduc, sup- pleeraient d'une maniere tres-incomplete a un tableau de cette espece habilement trace. Elles sont trop volumineuses pour etre lues par des capitalistes fort occupes. Cost assez d'exiger que les meilleuressoient placees dans labibliotheque de la Societe, i DE FAVORISER I/INDUSTRIE. 639 ainsi que ces rccueils periodiqucs d'arts, de metiers et de scien- ces , dont le nombrc et le morite se sont considerablemciit ac- crus, depuis quelques annees , en raison des besoins et des lumicres dc la classe productive. Voici, d'ailleiirs, quelques-uns des objets qui meritcnt de fixer principaleinent I'attcntion dela Socictc conimanditairede I'industrie : le perfeclionnement et les applications d^-s ma- chines a vapeur, ainsi que des machines mues par I'eau ou le vent, plus economiques dansquelqnes localitcs; I't'tablisscment des machines a air dilate, a gaz hydrogene , a poudre deton- nante ou fulminante, qui sont encore dans I'enfance. Ou ne saurait altacher trop d'importance a la creation des raoteurs mecaniques : leur multiplication n'a point de bornes, d'autant qu'ils peuvent se reproduire en partie les uns par les antrcs, qu'ils sont applicables a tous les travaux, et notam- inent a ceux qui exigent beaucoup de force et des mouvemens pen varies. C est eux qn'il faut employer prcsqiie uniquement pour le cardage et la fdature du colon, dela lainc, dii chanvre, etc.; pour la confection defuiitive de tousles tissus, pour la prepa- ration des feutres et des cuirs; pour le debit des bois de cons- truction et de chauffage; pour I'extraction et le sciage des pierres; pour la preparation des cimcns, des mortiers et des briques; pour la mouturc des grains qu'il ne suflit pas d'operer avec les moulins a cau et a vent; mais, si la necessite des ma- chines a vapeur ou de quelques autres machines a feu se fait sentir, c'est surtout pour la fabrication du pain, qui se fait encore partout d'une maniere si fatigante pour les ouvriers et si degoutante pour les consommateurs. Une entreprise de ce genre donnerait de grands benefices, et elle deviendrait ime "oeuvre philantropiqne, si Ton produisait, par I'addition de la fecule de pomme de terre, un pain economiqueet savoureux a I'usage des families pen fortunccs. 6^0 DES MOYENS Aprcs les moteurs, on sent qu'il n'existc pas d'objets d'unc uti- litc plus etcnducqiic Ics moycns dc communication ct dc tians- poit : car, lorsqii'ils sent imparfaits, lesprodiiits naturels ou manufactures s'accumulent entre les mains du fermier, ou du fabricant; il sont sans valeur, a cause de leur surabondance sur Ic lieu oil ils ont ete formes, et deviennent graduollemcnt tres-rarcs ct tres-chcrs,a niesure qu'ils sont transportes plus loin : la production est frappee de mort , dcs qu'elle manque de moycns d'ecoulement. line uouvelle ere commence pour la circulation des mar- chaudlses , ct pour cclle des voyagcurs : clle ajoute aux moycns employes jusqu'ici , les voitiires a vapeur , Ics chcmins dc fer, les canaux proprcs a recevoir les batimens qui nayiguent en pleine mer. Quoique, des I'annee 17G3 , Cugnot eut essaye avec succes a Paris de faire des voitures a vapeur, cette grande et belle conception avait etc abandonnee, coirime toutes les idces qui sont trop au-dessus dc lepoque ou elles parai^scnt. L'Angle- terre et plusicurs aulrespays vontbicntotjouir de cenouveau blenfait de la mucaniquc, dont I'appiication devient infiniment plusfacilc, amnoycn des cliemius de fer. On verra de veritables maisons ct dcs magasius ambulans transporter, avec une rapidite prcsque magiquc, jusques ii cent voyagcurs a la fois et d'cuor- mes quantites de marchandises. Ce n'est pas, au rcste, de la vapeur seule que Ton pretend sc servir pour former dcs voi- tures automates ; un mecanicn distingue de Londres , M. Brovrn, cspere y substituer avec avantage le gaz hydrogenc. Nous doutons qu'il obtienne sur-lc-cliamp un succes complet ; mais les tcntatives de ce genre produiront peut-etre im jour de tres- bcureux resultats. On ne saurait trop clierclicr a varier et a mukjplicr les ressources et les ageus de la mecanique : Ics idees les plus iiiexecutables d'abord finissent souvent par ac- querir un haul degre de pei feciinn ct d'utiiite. DE FAVORISER L'INDUSTRIE. 641, En Suede, sous Ic regne de Gustavo Vasa, on voulut epar- yiier aux navires le passage du Sund , en creusant un canal eutre Gothenbourg et Stockholm , qui aurait uni la Baltique a la mer du Noid ; cette entreprise , plusieuis fois comniencee et abandonuee, sera enfin ternainee, en 1828, par les soins eclaiies dc S. M. Chailes-Jean. En Angleterre, le superbe canal Caledonien , qui a 20 pieds de profondeur et 116 pieds de large, vient d'etre execute avec promptitude, et I'art a surmonte victoriensement tous les obstacles naturels. En Hol- landc , on a acheve un canal de aS pieds de profondeur, 120 de large et 3o lieues de long , pour aniener du Helder a Ams- terdam les plus grands vaissaux de guerre et de commerce. L'isthme de Suez, celui de Panama , vont etre ouverts a la navigation par des capitalistes anglais; plusieurs compagnies francaises , dont I'une a choisi pour ingeuieur M. Charles Du- |)in, se proposent de rendre Paris port de mer. Beaucoup d'au- trcs entreprises du meme genie commenceut a se former , ot Ton vcrra, corame nous I'avons annonce (i), des navires venus de I'Amerique , de I'l^ide, de la Chine et de la mer du Sud , voguer an sein des etats les plus eloignes de la mer. La France occupe la meilleure position geographique pour procurer cet immense bienfait a I'Europe , et en retirer des avantages particuliers. Tous les peuples comniercans et navi- gateurs deviendraient volontaircment nos tribiitaires , si nous formions de veritables i-outes maritimes, allant de la Manche au Rhin, de I'Escaut a la Mediterrauec , et si nous faisions au canal de Languedoc les travaux necessaircs pour qu'il recut au moins les grands navires a vapeur qui tirentseulement7 a 8 pieds (l) Meinoire sitr les mojens de rendre Paris jsort de mer; public la premiere fois en 1824, dans le Feuilletcn litteraire, i3, 14 et a 2 juillei. (VoY- jRei'. Enc, t. xxiii, p. f>76.) T. xxvii. — Septemhre iSaS. 4^ 6/4a DES MOYENS il'eau. Outre les traversees de la Manche et ile rAtlantique, desnaviresdecctteespece passent deji d'Anglelerre enEjjyptc; d'autres se disposent ;i passer dans I'lnde, en doublant le cap de Bonne-Esperance ; mais eelce dcrniere direction sura abaa- donnee aussilot q\ie I'isthme de Suez sera ouvert, et pour aller de la Manche dans laMedilerranee, les navires anglais traverse- raientle canal deLanguedoc, s'il etait convenablernent agrandi et prolonge. Non-seulenient leurs voyages dans I'lntie, ou dans la Mediterranee, seraient plus courts; mais ils deviendraient plus agreables et presque exempts des chances dangereuses de la navigation ordinaire. Les bdtimonshollandais, danoiset suedois trouveraient aussi un grand avantage a passer par le canal qui joindrait I'Escaut ou le Rhin a la Mediterranee, soil qu'ils voulussent aller seu- lement dans cette mer ou passer dans la mcr Noire, ou tra- verser I'isthme de Suez. Quant aux navires de la plupart des pcuples du centre de I'Europe , on sent qu'ils n'arriveraient a rOcean qu'en passant au travers de nos routes maritimes , et il en serait de menie pour beaucoup d'autres habitans du globe qui voudraient commercer avec le centre de I'Europe. Lesbatimens a vapeur dont I'accroissementestsirapide, ont des carenes moins aigues et tirent deux a trois fois moins d'eau, a egalite de tonnage, que les navires ordinaires ; or, ils faci- literont singulierement les diverses combinaisons de la naviga- tion interieure avec le navigation exterieure. C'est ainfsi que presque toujours un progres de I'industrie en fait developper quelques autres. La substitution du fer a la pierre et au bois dans une foule de constructious est egalement un des elemens les plus feconds de la prosperite universelle. L'attention publiqu6 est dcja di- rigee sur les ponts suspendus, les portes d'ecluses, lesvoutes, les piliers, les cables en fer, etc.; mais il est vraiment surpre- nant que les peuples maritimes, et surlout les Anglais, n'aient DE FAVORISER L'lNBUSTRIE. 6/,"'. pas encore accorde plus d'importance aux naviies fabriques ;ivec ce metal. Cependant, rexpericnce a deja prouve cpracga- litu dc dimensions exterienres, et sous iin moindi'e poids , uii navii-e en fcr offre plus do logeinent et une solidilc, une im- ])ei'meabilite infiniment superieures a celles des naviies on bois. Ilecommande par de pareils avantages a la marine dii com- merce et a la marine niiiltaire, ce grand changemcnt est en (juclque sorte indispensable pour celle-ci ; car on se servira , dans les premieres gucrres uavales, d'obus et de fusees on lochettes perfectionnees (i) qui produiront des ravages prodi- gieux dans les murailles en bois ; ravages que Ton ne saurait jirevenir qu'avec de fortes enveloppes metalliqnes. Au surplus , dans un siecle eclaire , on ne peut long-tems meconnailre des principes eminemment utiles; et I'cmploi du fcr dans la pliipart des constructions civilcs , militaires et ma- rilimes, va prendre un accroissement prodigieux. On arrachera de nouvelles ricliesses du sein de la terre , sans ricn oter a sa surface ; on remplacera par I'emploi du metal une multitude de grandes pieces de charpente, dont la rarete et la cherte commencent a devenir un grave inconvenient pour beaucoup de nations. L'cxploitation plus active des mines de fer entrainera celle des mines de honille, et toutes les deux donncront une nouvelle importance aux moyens de transport, ainsi qu'.\ la fabrication des machines a vapeur et de tous les antres moteurs inanimes. On doit poser en principe de ne plus entreprendre a I'avenir aucune exploitation , aucun travail important, sans employer autant que possible ces espeees de moteurs. Toute crainte phi- (i) Nous rendrons compte incessamment d'un Tralte que M. ujs MoNTGERT vient de publier siir les fusees de guerre, nominees autre- fois rochcttes , et maintenant fusees a la Congreve. Ce Traite se vend ehez Baclielier, quai des Augustins , n" 55. n. d. k. 644 DES MO YENS lantropiquc a cet egard est deplacdc ; car raccroissemeut de Ja richesse et le nombre infini dcs entrcpriscs fournisseut plus d'emplois et de ressources que jamais au.v classes laborieuses. Ce principe ne conceinc pas seulement Ics manufactures; on doit , sans redouter de nnire aiix agriculteurs, s'efforcer d'appliquer aux grandes operations rurales les uioteurs raeca- niques. La terre est presqiie en frichc, comparativement a ce qu'elle pourrait rapportcr, si toutes ses parties etaient conve- nablement cultivees. Quant a la production, elie ne sera peut- etre jamais assez grande pour que les induslriels ou les pro- ducteurs soient a mtune de consomnier cliacun autaut que le font aujourd'hui certains oisifs ou privilegies. Un systeme d'agriculture plus actif et j)lus economique por- mettrait de mettre en valeur de vastes terrains, tels que les Landes de Bordeaux, celles de la Sologne , et les marais qui, dans plusieurs de nos provinces, sont non-seulement inutiles, mais funestes a la population. La Societe conimanditaire de I'induslrie pourra, sous ce point de vue , faire examiner avec soin les travaux et le but de la Societe , fondee par M. Rauch pour la fructification generale de. la France. Le fondateur, au milieu de quelques principes tres-coutcstables, presente unc idee dominante qui meriterait d'etre mise a execution : c'estdo procurer au sol toute la ferlilite dont il est susceptible. II convient, sans contredit, de favoriser les defrichemens, en adoptant pour I'exploilation des terresles meilleurs systemes de culture et d'assolement combines avec les nioyens de trans- porter avec economic les recoltcs et les engrais. Par ces grands exemples, aussi-bien que par des fermes modeles et experi- mentales, dans le genre de celles d'Hofwyl, pres Berne, en Suisse , et de Roville , pres Nancy, en France , on doit pro- pager tres-rapidement les procedes indiques par les plus ha- biles agronomes. La Societe devra favoriser e^'alement I'etablissement de nou- DE FA.VORISER L'INDUSTRIE. G/jS velles ecoles d'industrie , telles que les institutions mecaniques de la Grande-Bretagne, et les ecoles d'arts et metiers ou Ics ecoles speciales de commeice deja organisees en France. Eii cherchant ainsi a repandre parmi les praticiens les himieies de la theorie , elle aura I'avaiitage de former des hommes qui se- conderont efficacement ses efforts et qui etendront la sphere de ses entreprises. Elle est, d'ailleurs, par la duree de son institution, a portee de recueillir un jour les fruits que produi- raient des soins aussi eclaires. C'est par les menies motifs d'utilite generale et particuliere que la Societe devra encourager la publication d'ouvrages ele- mentaires et de lecueils periodiques sur les arts et metiers, la formation de bibliotheques industrielles , des musees de ma- chines et d'echantillons , enfin tons les etablissemens propres a agrandir les connaissauces et I'intelligence des hommes labo- rieux. Peut-etre enfin, la Societe commandifaire devrait-ellecouron- ner I'ensemble de ces institutions, en organisant les savans et les ingenieurs qu'elle doit appelcr a ses conseils, en uno aca- demic d'industrie permanente , concue sur des bases larges ot liberales; ce qui serait un nouveau motif pour n'y appeler qwe des hommes d'un vrai merite et dun zele a toute epreuve. Un corps savant ainsi constiluc pent seul donner a la Societe les meilleures garanties, ainsi que la consideration la plus elevee ; et tout homme de talent qui vondrait seconder les efforts de la Societe et le developpement de I'industrie, regarderait son ad- mission dans ce corps comnie la plus douce recompense qu'on put lui offrir. On volt alors que ces savans pourraient no point scborner au role passif d'examinateurs, mais encore concouiir au but commun , en presentant des vues neuves et des apercus sur les recherches a faire, et s'occuper en meme tems de quel- ques travaux generaux qui ue sont pas susceptiblcs d'etre des objets ou des moyens de speculation. 6/,6 DES MOYEISS Aidee dfs lumieres d'lin consoil aussi impartial qn'c'clairu , la Societc commanditaire ne poiierait que des decisions cm- preiiites d'liii taiacteic do s.igossc et de inatiirite ; die (inintit par conqucrir une telle confiance, que, lorsqu'elle prendrait une legere part dans uneentreprise, a Tinstant le public s'em- presserait dc rcmplir la presqiie lotalite des actions. En adop- tant CPtte marclie, la Sociclc agirait non-seiilemcnt ])ar ses propres fonds, mais elle dirigerait le placement d'une grande partie des capitaux disponibles de la France et mcme des pays ctrangers. Dans le meme tems oil Ton formait en France la Sociele commanditaire , on s'occupait, dans la Grande-Rretagne, de creer dans le meme but, nne association , nomme Compagnie anglaise des iiu'entions et decouverles pour V encouragement et la protection du genie naturel , et pour des einplois avanta- geux des capitaux dans la wise en activite des inventions et des decouvertes originates par les citoyens de I'Angletcrre. Le fonds social doit ctre de 75o,ooo 1. st. (environ 13 irtillions) , divisibles en i5,ooo actions de 5o 1. st. Le titre de cette Societe indiqiie qu'elle ne fera valoir que les inventions et les capitaux des Anglais: sous ce rappoil,elle n'a point su selever a des idees aussi generales , ni anssi ge ■ nereiises , que la Societe francaisc , qui a admis dans son seiii tousles ctrangers, ct (jui a voulu encourager et soutenir le genie, en quelque lieu qu'il se fat developpe. Loin de cherchcr a s'isoler par cet esprit d'egoisme national que Ton reproche a I'Angletcrre, la Societe de Londres aurait du faire nn appel a toules les capacites pecuniaires et intellectuelles, else persuader que les nations, de meme que les individus, ne peuvent que gagner j\ multiplier les rapports (jui doivcnt exister entre les uus ct les autres. II serait meme avantageux pour les deux pays (jne la Societe d'Anglcterre et cello de France conccrtas- scnt leurs efforts pour les icndro plus efiicaces tt plus.elen- DE FAVORISER L'INDUSTRIK. (Mr, dus. Ce serait le vrai moyen de faire parliciper le plus prompte- ment possible aux progres de rindustrie generale , deux na- tions qui different autant par leurs i-essources que par leurs qualites intellectuelles ou morales, et dont les combinaisons ferait un peuple presque parfait, autant du moins que la na- ture de riioniine peut le comporter. De Montgert. ETUDE SUR LA CIVILISATION D'HAITL (Fragment inedit, extrait et traduit de C anglais. ) L'independance d'Haiti vient d'etre reconnue par la> France. — Get evenemcnt que les bons cltoyens appe- laieiit de tous leurs vceux, donne un haut degre d'in- teret a I'ouvrage dont nous offrons ici I'extrait (i). Ami austere de la verite, I'auteur n'a dissimule aucun des reproches auxquels les Haitiens sont encore eiL butte; niais , il expose, avec autant de details et d'im- partialite , les faits et les raisonnemens propres a at- tenuer ces reproches ou a les detruire. Dans plus dun pays, dans plus dune opinion, se trouveront des per- sonnes que pourra choquer sa franchise ou sa rudesse. Mais , pour faire apprecier a Haiti ses vues et ses con- seils , il suffira, nous aimons a le croircydu sentiment, qui a guide sa plume : c'est le desir de voir un peuple naissant secouer les derniers restes de la barbarie , et (i) j4n Essay on the Civilization of Haiti; by Joseph Duclos. In-8o, Chilicothe, may iSaS. — On salt que le premier article de la Consti- tution de letat d'Omo proscrit I'esclavage. (A'o;e du Tmdiietesir.) 648 CIVILISATIO?^ prendre bientot un rang honorable parnii les peuples civilises. Une race que les Europeens flctrisscnt du sceau tie I'inferio- rite, s'eleve au rang des peuples libres : el!e nous met a portee de la juger dans I'oeuvre la plus imporlante que puisse tenter I'esprit humain, la fondation d'unesociete rcguliere. Sa civilisation naissante est eclairec et protegee par le sen- timent des droits imprescriptibles de I'espece humaine; elle est retardee dans scs premiers pas par I'influence des evene- mens anterieurs et des passions actuelles. Tel est le tableau que presente a nos meditations la Republique d'Haiti. § I. Les r^«empeuplaient autrefois Haiti. A une epoquc dif- ficile a determiner, les Caraibes firent la conquete de I'lle, et s'y etablirent, en s'alliant aux filles du peuple vaincu. lis for- maient une nation nombreuse et Iranquille, quand les Espa- gnols aborderent au milieu d'eux , et sans motif, sans pre- texte,s'emparerent d'Haiti ; ils en lirent perir tons les habitans par les supplices ou les rigueurs de I'esclavage. Pour remplacer les indigenes tians des travaux toujouis re- naissans, des JYoirs y furent iniportes des cotes de I'Afrique : le premier qui les y conduisit charges de fers, ne soupconnait pas qu'il naturalisait sur ce sol une race destinee , trois siecles plus tard, a en devenir proprietaire. Cependant , un evenement d'un autre ordre vint imposcr de nouveaux maitres a une partie de Saint-Doiningue. (Haiti ne fut guere conniie en Europe que sous ce nom. ) Etrange compose de vices enormes et de qualites brillantes, des Corsaires avaient long-tems venge sur les Espagnols les indigenes de I'Amerique. Echappes aux ravages des com- bats et aux ravages plus mcurtriers d'un luxe et d'une de- bauche sans frein, quelques rcstes de ces bandes intrepides vin- rent s'etablir dans la partie occidentale de I'lle. Presque tons D'HAITI. 649 enfans de la France, qu'ils honoraient au moins par leur bra- vonre, ils denianderent a leur ancienne patrie et des lois et des epouses. On leur envoya tout ce que la crapule la plus honteuse avait mis de femmes perdues a la disposition de la police; on les souniit aux riijueurs du monopole commercial , et a un regime administrafif calcule uniquement par les intercts financiers, et etranger aux interets de la civilisation. Jusques aux derniers joui's, on a continue a recruter la po- pulation deSaint-Domingue, en y deportant des sujets vicieux ou criminels, des hommes que la loi aurait du livrer au sup- plice et a rignominic, mais que la protection sauvait, et qu'elle cnvoyait sur ce point recule, ou leur conduite coupable ne pouvait plus, de si loin, deshonorer leurs families. Ceux qui passaient volontairement dans la colonic, pretres, jurisconsultes, magistrals, guerriers, tons, a rexceptiou d'nn petit nombre, n'y venaient qu'avec la resolution d'y faire une fortune rapide, et la conviction qu'en pareil cas surtout, qui veut la fin , veut les moyens. DeriiistoiredeSaint-Domingue, decellede toutes lescolonies modernes , on induirait volontiers que les Europeens ne regar- daient pas la morale comme une loi applicable au nouveau monde. § II. La traite des Noirs prit une activite proportionnee a I'ardeur generale de s'enricliir. L'lle se couvrit d'esclaves: la loi pretendit les proteger; mais elle ne pouvait soumetire aux regies de la justice ime chose injuste en principe, dont elle consacrait I'existencc. Lacruaute et le despotisme extravagant, contrebalances par I'avarice et I'esprit de calcul, tels furent, aSaint-Domingueet ailleurs,les vraisregulateursdu sort des es- claves. Un tel etat de choscs trouva des defenseurs, au nom de la morale et de la religion; il en trouve aujourd'hui; leur vnix sc fait encore entendre : peut-elre changeraient-ils d'opi- fi5o CIVILISATION iiion , sL , pendant un an ou deux , ils Qoiita.ieutpersonnelleme/it les douceurs d'un ctat sijuste et si bon. Les pvcmiers planteurs , ctablis en petit nombre sur un pays tr^s-etendu , avaient pu facilement se creer de vasles domaines. IjAtraitedes Noirs maintint ces creations ; I'achat et I'entretien d'un atelier supposaient les ressources et les prodnits d'une grande propriete : on vit done peu de moyennes ou de pe- tites habitations. La concentration des proprietes enfauta les idees d'orgueil et de division qu'elle ne manque jamais de pro- duire. Non-seulement, les Blancs, qui croyaient les Noirs crees pour I'esclavage, ne purent voir des egaux dans le Noir affranchi, ni dans Y Homme de couleur, quoique celui-ci, par son origine, se rapprochat de la race dominante; inais, dans leurs superbes niepris , les Grnnds-blancs, les riches proprie- taires assimilaient presque a la race degradee, les Petlts-blancs, c'est-a-dire tons les marchands, lescommis, lesavocats, les gens d'affaires, etc. NuUe instruction, d'ailleurs, nuUe culture de I'esprit; et, pour tous les instans qu'on derobait avec effort a la chaleur enervante du climat, nul autre emploi que la recherche du plaisir ou le soin de s'enrichir. Dans les derniers terns, des rapports plus frequens avec I'Europe avaient diminue I'igno- rance oii vegetaient les maitres, non moins que leurs esclaves; inais le progres en bien etait ;i {)eine perceptible, hors d'une ou de deux villes principales. La religion etait ce qu'elle sera partout ou regnera I'igno- rance : tout enliere en pratiques et en croyances superstitieuses, et sans influence sur les mceurs. Les moenrs . . . sans redirc quels furent les peres et les meres de la seconde generation des planteurs; sans demander ce que devait produire sur I'enfance et sur I'adolescence le spectacle conlinuel dcnuditcsphysiqueset dedesordresmoraux, nice que D'HAITI. 65 1 tlevait inspiicr tie reteniie h iin sexc le libertinagc public Saint-Domingne. Son but ctait I'abaissement et peut-ctre la mine de Toussaint, le triomphe absolu de la couleur blanche, et I'asservissement mal deguise d'une population que, depuis dix ans, avaient de- claree libre, une loi formelie et une suite dV-pouvantables victoires. Aux vainqueurs de I'Europe, Toussaint opposa une resis- tance inutile : il se soumit, et n'en parut que plus redoutable. On se saisit de sa personne par une perfidie, il faut le dire, qui aurait deshonore la victoire et qui ajouta a la honte du mauvais succes. Sans jugement, sans accusation, on I'embar- qua pour I'Europe, oil il finit ses jours dans une detention ar- bitraire. Signal funeste ! Jusqu'alors, le decouragement ou I'ambition, Topposition des passions ou des interets, la jalousie G54 CIVILISATION till pouvoii- (le TiJ«.«rt/«/, les ressenlimens qu'il avail proT(>- qtics, la craiiite c'e ses incxorables vengeances, retcnaicnt sous Ics drapeaux de la France des gcneiaux, des officiers, des soldats... Les yeux s'ouvrirent; la diversite des passions et des intert'ts (it place a line passion , a iin inleret unique : pour tous, il n'y cut plus qii'un menic bcsoin, uu nicmc but. Apies qucl- qucs nioniens d'uuc dissimulation a laquclie on se nu-prit en la croyant d'aboid dc la craintc, en la taxant cnsuite do train- son, lesNoirs se soulevcient parlout; partout aveceux, pom- la premiere fois, fircnt cause commune leurs anciens ennemis, les rivaux que Toussaint avd\t vonlu aneantir, \cs Homines dc couleur. Le climat mcurtrier de Tile devora I'armce francaise. Ilaili fut emancipce sans retour. Qiielque terns avant sa chute, Toussaint avail promulgiie une constitution coloniale qui lui confcrail le gouvernement A vie el le droit de choisir son suc- cesseur : il ne fallal effacer de cet acte que les Iraces legercs d'une souniission apparente a la metropole; el I'etat indepen- dant se Iroava constitue. Le plus feroce des Noirs succeda dans le pouvoir au plus habile : dans les guerres d'extermination , I'homme le plus cruel devienl facilemenl le plus important. Dessalines succomha. biehtot, accablu de I'horreur univer- sellc. Haiti se divisa : au sud, une rcpublique ou, les Noir» unis aux Ilommes de couleur, sous I'administration i]e Petion, commenccrant a jouir des bienfaits de la civilisation ; au nord, un royaume ou Christoph^ , heritier de la haine de Toussaint pour les Hommes de couleur, faisail en ineme terns jieser siu- les IVoirs ce qu'avait de pins dur le systeme coactif d'exploila- tion , et ne laissait au mot Ubette d'autre sens que I'expression d'une horrcur invincible du joug des Blancs. Ce royaume ephemere s'ecroule; scs piovinces s'unissent a la rcpublique qui bicnlol etend son pouvoir sur I'ile enliere. La partie espagnolede .Saint-Doniingue avail etc cedee a la France D'lIAITI. 655 vingt ans aiiparavant; et Tonssnint I'occupa pendant un terns assez long pour accoutnmcr ses liabitans a lenr position nou- velle. Retonibee ensuile aiix mains des Espagnols trop faibles pour la conserver, le snccesseur cle Petion, Boycr, la definiti- vement reconquise. Sa reunion a ajoute a I'etat un territoire vaste et fertile, mais aussi une population, aupres de laqueile les habitans de la partie francaise pouvaient se croire des mo- deles de bonnes mceurs, d'instruclion et d'activite. Les derniers vestiges de I'esclavage ont disparn. Une consti- tution, non sans doute exempte de defauts, mais redigee de bonne foi, donne des bases solides a la liberie civile et poli- tique. On remarque qu'en etablissant un president a vie , elle lui confere le droit d'elire son successeur. Une telle conces- sion, faite primitivenient a I'ambition de Tous saint , etait peut- etre ce que, dans un etat naissant , on pouvait admettre de plus sage pour obtenir quelque stabilite. La presidence de la Republique a ete successivement occupee par deux hommes de couleur ; le roi d'Haiti, Christophe , et son predecesseur, Dessalines, qui avail pris le titre imperial, etaient, comme Toussaint, des Noirs : lahainehereditaire paraiteteinte entre les deux castes; entre elles , tous les emplois , tous les litres, tousles droits, sont communs. Quoique la culture n'ait pas, a beaucoup pres, I'efendueet Tactivite qui lui donnaient tant d'imporlancc au terns de I'es- clavage , la liberie du commerce ouvre de nombreux debouches aux produits dusol, et assure la prosperite da pays et des particuliers. Des inquietudes sur les projets hostiles de la France se sont elevees a diverses epoques; mais, alors et aujourd'hui encore, elles ont suffi pour reveiller I'amour enthousiaste de I'inde- pendance , sans troublcr, dans leurs paisibles efforts, I'agricul- ture ct le commerce. Ci56 CIVILISATION Ces donnoes historiques etaient indispensables, pour ilisciUer I'etat actiiel dc la civilisation d'Haiti. § V. Un voyageur amuiicaiu, qui a eu le tenis d'obseiver les Haitiens, partage la nation entiere et particuliercnicnl la population noire , en deux classes que divise !'aj;e dc trente- cinq oil quarante ans. Ncs depuis moins de huit lustres, les hoinmes n'ont guere connu I'esclavage que par de hideux re- cits; et plus la date de leur naissance se rapprocho du present, plus en consequence ils ont ete etrangers aux desastrcs de leur patric, et mieux ils prouvent, par leurs qualitcs et leur energie, que tout cc qu'on a dit de la pretendue inferiorite de leur race, se reduit aux reves de I'orgueil et aux caloninies de la cupi- dite. Parnii les hommes plus ages, on en trouve, et en assez grand nombre, qui ne meritent point le mcme eloge : leurs mains out secoue la torclie incendiaire , brandi le coutelas as- sassin et joue avec les instrumens de torture; ce nesont plus des esclaves , ce ne sont point des hommes civilises. Maistous, sans distinction d'age, de fortune, ni meme de sexe, portent graves dans le cceur I'amourderindependance , I'horreur de I'esclavage et de la domination etrangere. Cette disposition , qui seule fait une nation d'uu rassemblement d'homnies, acquiert plus d'importance, chaque annee, a me- sure que les citoyens nes dans la liberte s'elevent deyiennent des hommes et grossissent les rangs des cultivateurs et des guerriers. 11 est consolant d'ajoutcr foi a ce lecit , et de voir ainsi quel- ques aniiees de liberte gueiir les plaies morales qu'avaicnt faitcs des siecles de servitude. Mais, apres un sejour prolonge dans I'ile d'Haiti, un obser- vateur europeen en met sous nos yeux une pcintin-e bien dif- ferente. Son caractere est celui d'un homme impartial , et aoigneux d'cxaminer ce qu'il se propose de juger; on I'offcn- D'HAITI. 657 serait, en revoquant en doute la sincerite des voeux qu'il forme pour la prosperite des Ha'itiens : ^t cependaiit, son lau- yajj'c est tel que les ennemis des noiiveaux republicains ne le desavoiieraient pas... Mais lui-mcme parait sentir qu'il aurait du exiger moins d'un people naissant, se defier do la vivacite de sa bienveillance, et craindre de voir trop en mal, parce que la realite du bien est encore trop au-dessous de scsdesirs. Quoi qu'il en soil, voici la substance de ses recits, ou plutot d'un acte d'accusation , qui , dit-i! , comporte quelques excep- tions eu bien, mais aussi atteint bcaucoup d'hommes de cou- leur, comme la presque universalite des Noirs (i). § VI. « Un patriotisme ardent anime, il est vrai, toute la population d'Ha'iti. Au moiudre danger qui menaccrait Tindc- pendancc nationale, tous se reuniraient, depuis le vicillard jusqu'a I'enfant, jusqu'a la vierge timide ; tons s'armeraient pour accabler I'ennemi. Avant de se rendre maitres des mornes qui defendenl cette i!e, un million des plus braves soldats de I'Europe succombcraient, victimcs du courage des Haitiens, victimes de leur tactique, calculee sur Taction devorante du climat. Mais, a une liaine inflexible, immuable, coiUre toute nation quitenterait d'envahir le pays, se borne le patriotisme: ne cherchez pas ici d'autre sens a ce mot qui en a un si bean et si vaste chez les Americaius des £tats-Unix. (i) Ces accusations, nous en avons la certitude, sent loin de comporter une application si etenduej Dans cequ'elles peuvent avoir de vrai, on doit reconnaltre Jes derniers -vestiges d'un regime de- truit , les consequences d'une longue et cruelle oppression, conse- quences inevitables, mais desormais passageres. C'est sous ce point de vue que M. Joseph Duclos les envisage : le but de son ecrit est d'etabllr que les niaux et les desordres qui affligent Haiti disparai- tront infailliblement , et deja commencent a disparaitre, devant I'iuflueuce de la liberte et de la civilisation. [Note du Traducrcnr.) T. xxvu. — Sepleuibre i8a5. ',2 658 CIVILISATION « Et, a cote d'une qualitc estimable, qu'apercevrez - voiis? I'ignorancc absolue , dans toute sa laideiir , vine barbaric complete, absurdc, feroce; nulle institution, nnl element pour en creer. « Lihcrte ! Egalitr! Ci^s, mots retentissont partoiit : mais on n'en comprend que cc qiiiflattc les passions. Tclest, par exem- ple, le sentiment jaloux on pUitot I'orgucil de I'eyalite, que les don]estiquesnoirs veulent etre appeles, par les personiics qu'ils Servent , Monsieur, Mademoiselle : une interpellation moins ceremonieuse leur semblerait line offense. « Qu'est, a Haiti, la liberte ? le droit de se livrer a une pro- fonde paresse, a une licence effrenee. Soldats , paysans, jour- naliers, domestiques, les Noirs sont plonges tons dans une corruption epouvantable. « Sous un ciel dc feu, ils ne craignent point le froid ; ils ne craignent pas la faim, des qu'ils peiivcnt arraeher a la terre quelques fruits, (juelqucs racines nutritives : pourquoi, discnt- ils , se donner la peine de travailler an dela de ce qui pent satis- faire des besoins si bornes ? « Egalement denuee d'instruction et de morale, leur religion n'est qu'un melange impur de bigoterie calholique, de paga- nisme et d'islamisme;ou, pour niieux dire, ils sont supcrstilieux et n'ont pas de religion. Et comment en serait-il autrement? Des pretres qui les dirigent, la plupart sont des Espagnols ignorans et libertins; des Italiens voues a I'intrigue et a la propagation des idees ultramontaines ; des Anglais turbulens, avides, seditieux; quelques Francais,enfin , plus eclaires, plus decens, mais qui doivent inspirer tie la delianee aussi long- tems quel'independance d'Haiti ne sera point authenliquement reconnue. « Le respect filial n'existe point... consequence inevitable du concubinage, qui rcmplace par lout le mariage; tres-frequent dans les classes supericurcs , il est general et sans exception D'HAm. 669 pour ce qui compose la classe iuferieure dans les villes et dans les campagnes. On appeWc se placer, s'unirainsi librenient, sans autre garantie que la volonte reciproque : ce commerce n'en- traine ni prejudice , ni deslionnenr, pour un scxe ou po;r I'autre, ni menie pour les enfans, que la loi legitime des qu'ils sontreconnus par le pere. « Mais un noeiid faibleet transitoirc parait encore trop lourd a la licence. Partoul, et jusque dans les ceremonies fiinebres, le libertinage se montre a decouvert. Chaque jour, des femmes, des fdles se vendent sans mystere : elles viennent publiquement reclamer devant les tribunaux le paiemont; de leur prostitution. Un cultivateur pauvreentretiendra jusqiia six ou hnit femmes. Les prctres, surlout les Espngnols, ont des concubines et des enfans; et ils nes'en cachent])as : c'est un usage antique. « Exerccs au vol des leberceau, les Noirsne connaissentni loisciviles,ui lois naturelles... Cependant,lesgrandscheminssont surs; on n'y rencontre point de voleyrs : Tiiomme qui , dans votre maison, deroberait tout ce quesa m.iin poui-rait attcindre, portera fidelement pour vous,d'im bout de File a I'autre, une somme considerable qu'il ne liendrait qu'a lui de s'approprier. «. L'assassinat est commis sans Temords, fut-il la consequence de la contestation la plus legere. Un plaideur qui a perdu son proccs se venge en tuant son adversaire; un debiteur me- uace son creancier de I'assassiner , s'il osc le poursiiivre en justice. L'insnlte, I'attaque, les violences, commises, non au dehors et dans la chaleur d'une rixe,mais avec prt-meditation et dans I'asile meme de I'offense, sont a peine punies par un jour de prison. « L'instruction publique , le pnllndium de la civilisation ac- tuelle, ou plulot le principe de la civilisation future d'Haiti , l'instruction publique est loin d'atteindre le degre d'activite et de devcloppemcntqui lui serait indispensable. L'enseignement mutuel est etabli dans plusieurs villes; mais les maitres sont (iQo CIVILISATION pen capables, et los parens pen zi'les. II existe im seul Lj'cce pour I'lle futicre ; et Ton pent rlirc que c'est tiop oncore. Les grands fonclionnaires, les generaux, les riches ncgocians sont les sciils qiiiy onvoientlenrsenfans, parcc qu'ils les des- tinent a occuper un jour les hautes charges de i'Etat. Los bour- geois trouvent plus que suffisant que leurs enfans saehent lire, ecrire et compter. Les cultivateurs, qui ferment la population presque entiere, ne savent meme pas ce que c'est que I'ins- truction : deux siecles s'econleront pcut-etre, avant qu'iis on sentcnt le desir, qu'ils en concoivent I'utilitc. L'instruction, ca general, est si pcu appreciee qu'on appellerait«e rienfaire, se devouer aux occupations de I'liommc de Icttres Icpiuslabo- rieux. On acciiscrait de prodigalite le goiivcrnemcnt , si , par I'offre d'un salaire honorable , il provoquait la publication d'ouvragcs sur I'histoire , sur la statistique, sur I'industrie , etc., ouvrages dont I'edncation nationale a im si pressanlbe-.oin. « L'organisation militaire, judiciaire et administrative est calqiiee sur celle dela P'rance; elle n'en offre que la caricature; d'ailleurs, |)oint. de jurys ; point de municipalites. « La discipline militaire est nulle. Aux commandcmcns des chefs, le subalteine oppose le mot liberie ; la sentinclle ([uitte impunement sa faction, et lous les soldats ensemble, le corps de garde. « Les tribunaux sont ce qu'ils peuventetre au sein de tene- bres generales : I'or et le credit y decident souvent le jugement des proces. Plusieurs jnges ne savent pas lire. Le corps des avocats est en parlie compose d'hommes sans probite, sans hu- manite, sans pudeur et sans instiuction. « Les autoritcs civiles languisssent dans rabjectiun et I'im- puissance. La Chambre t/m cow/wu^ej a de bonnes intentions et un defaut presque total de lumieres : le Scnat nieiiie compte parmi ses membres tro]> d'hommes d'un merite mediocie. « Sous le rapport de la legislation et du gouvernement , on D'HAITI. 06 1 peut icgaider le president de la Re|)ublique comnie invesfi d'liiie dictature permanentc : tout emane de sa volonle qui, heureusement, est celle d'un homme de bien , ferme, eclaire, capable de s'elever a la hauteur de sa position. «. Et malgro I'etendue de sa puissance, condescendant comme s'il elait limide, le gouvernement consent chaque jour a inter- vcnir dans Ics reclamations des particuliers; il croirait sasurete compiomlso, s'il ne portait jusqu'a I'exces les nienagcniens pour la classe pauvre et peueclairee. Telle est, d'ailleurs, son economie, qu'aucune entreprise utile, aucune amelioration ne peut presqne lui etre proposee, des qu'elle exige une avance , un surcroit de depenses, ou seulement la promesse d'un sa- lairc : on dirait qu'oubliant son origine, il veut asseoir sa force sur Tor plutot que sur le fer. Enfin, et c'est ce qui frappe le plus defavorablement I'dbservateur impartial, il permct sou- vent que , dans les details adniinistratifs et judiciaires, I'auto- rite militaire usurpe une preponderance revoltante. Eile casse jusqu'aux jugemens des tribunaux. Un offieier, un simple lieu- tenant fait arbitraircment arreter un citoycu , fut-il meme sena- teur. Un commandant militaire a-t-i! offense, blesse, tue un citoyen, il encourt une peine si legere qu'elle equivauta Timpu- nite... On doit avouer toutefois que la barbaric generale neces- site et justifieremploi du gouvernement militaire, etsertnieme d'excuse a ses abus. « § VII. Une ctfnsure si apre ne peut qu'etre esageree : elle transforme evidcmment en generalites des observations par- ticuliercs. C'est ainsi qu'aujourd'liui encore, en s'emparant de quelques fails obscurs, equivoques, qu'ils pretendent rattacher a des habitudes publiques et univcrselles, des ecrivains anglais pcigneut sous un aspect hidcux , les citoyens des Etats-Unis (i), (i) Vojez , entic autres, Touvrage qui a pour -litre Sketcltes of America, etc.; by li. Brvhshaw Feauon. London, i8r8. ( ^^ote de I'Aiiteur. ) 662 CIVILISATION a qui ils ne peuvcnt pardonuer d'avoir qiiitte la condition de sujels pour celle d'hommcs libros. C'est ainsiqiie, tant de fois, nous avons vu tracer, dc TAnglclerre ot de la France, des tableaux jircsqiie aussi odieiix, tableaux mcnsongcrs, quoique chacun de lours details ue fut pas en opposition absolue avec la \erite ! Nous voulons supposer toutcfois que les reproches sont plus severes qu'injustes. Nous les discuterons, sans les atte- nuer;~et d'abord nons leur opposerons un rapproclienient assez rcmarquable. « On nous Iraitc de barbares, disait un Haitien, qui avait combattu , pendant plusieurs annees, en Italic, sous les drapeaux de la Fiance : en supposant que nous ressemblions an portrait que font de nous nos ennemis, nous valons encore mieux que le peuple napolitain. Sous les rap- ports de riy;noranco, de la paresse , du libertinage, de la su- perstition, du vol, de I'assassinat, de la corruption des tribu- naux , de la faiblesse du j^ouvernement, de la nullite des institutions politiques, la coniparaison peut etre exacte ; mais certes, elle n'est pas anotre desavantage. On accordeauxjuris- consultes napolitains plus d'instruction qu'aux nolres ; aux militaires, plus de subordination et nioins d'influence politique. Mais on refuse aux uns de plus grands titres a la confiance et a I'estime ; et dans la defense de I'independance nationale, les autres out prouve autant de faiblesse (i) que les Hai'tiens ont moniro de bravoure. Mais le Napolitain ne concevrailpas cette Y)voh\ [ere la tii'e qui,sur le grand chemin, dans le desert, res])ecte la propriete d'autrui. Mais il assassine , sans fureur, par cupi- (i) En parlant des ni('*mes evenemens, un citoyen de I'l^tat de Massachusetts dit : « qu'ils out prouve que les hautes classes de la societe, en Italic, sont corrompues et depourvues de priiicipes , nutant que la masse du peuple est ignoraiite et depravee. » Europe or a general survey of' the present situation of the principal powers , etc. Boston, 1832. , ( ^ole Je I'Juteur. ) 1 D'HAITI. 063 (lite , par ferocito; mais il enipoisonne... Et les Noiis qui, dans I'esclavai^e, connaissaient tan tde substances veneneuseset furent si souvent accuses d'en faire un usage redoutable, les Noirs n'ont pas ete en butte a une seule accusation de poison, au mi- lieu des combats, des massacres, des motifs sans cesse renais- sans de haines etde represailles. >< Co parallele, dent I'avantage ne reste pas a la couleur blan- che, nous semble renfermer une grande instruction. Ce n'est point pour faire une cruelle et inutile satire que nous I'avons rapporfe. Il n'est permis de scruter les maux de I'humanite que dans I'espoir d'en decouvrir les causes. Cette nation que les observa tours s'accordent a peindre sous des traits pen favo- rables, ouvrons son histoire : elle renferme sa justification. Depuis I'epoque ou I'empire des Cesars fut moins un gouverne- mcnt qu'une oppression et un brigandage, Naples asservie n'a prescjue point cesse de langnir sous une domination etrangere. Le caractere national y est profondement souille de tout ce qu'ont enfante de vices seize siecles de servitude, et de tout ce que peuvent entrelenir de passions et d'indolence, la prodiga- lite du sol et le charme du climat le plus favorable a la mollesse. Des causes semblables ont, dans Haiti, exerce une influence analogue : elles ont passe ; les effets aussi passeront et feront place a des deslinees meilleures. § VIII. 1° La Servitude... L'esclavc recouvre la liberie, long- tems avant de recouvrer sa dignile d'liomme. Pour conquerir I'une , il pent suffire de quelques actes de courage ou de deses- poir ; pour ressaisir I'autre, il faut de la raison , de la reflexion, des qualites morales dontlc developpement est presque impos- sible dans une ame fletrie par rcsclavage. Avec d'autres nuances, on a pu souvent observer ailleurs un effet semblable, Mazaniello renversa vainement les barricres qui separaient les Napolitains de la liberte : ni ses compatriotes, ni lui-meme , 66/i CIVILISATION nYtaient capablcs de possctler ce prrcieux tresor. La nation la plus civilisi-c de I'Europe, la France, n'a-tolle point force plus dune fois ses adnriirateurs ii metire on doute si la liberie, vers laquclle on I'a vuc s'elancer avec un noble enthousiasme, etait un bien dont il lui fut permis de jouir. 1° U Ignorance... Etrangers aux bicnfaits de I'instruction, les colons s'inquietaient pcu d'instruire leurs esclaves. Loin de la ! lis auraient rcgarde conime une etincelle de rebellion la moindre lumiere qu'un philantrope aurait fait penetrcr dan-; les ateliers. Toussaint \o{\\a\\. des soldats devoues, desouvriers dociles, et non des citoyens eclaires : il bornait I'instruclion du peuple a qiielqiies questions de catechisme. Les troubles qui out suivi sa chute ont retarde I'instant oii Ton pourra dissiper entierernent des tenebresque sa politique avait cru avantageux d'epaissir, 3" La Superstition... L'2\.fricain, dans son pays natal, joint aux restes nial compris de la religion de sesancetres, des lam- beaux de croyances et dc pratiques musulmanes. Transporte dans la colonic , on le baptisait , sans instruction , sans raison- nement; il se croyait catholique : ce titre charmait ses espe- rances, caLnait ses craintes, et le metlait en paix avec lui-meme, des qu'il se croyait en paix avec le pretre. Une telle disposition ue cedera qu'a un grand progres des lumieres, parce qu'clle confere tout ce que la superstition a de flatteur, sans imposer rien de ce que la religion a d'austere et de genant pour les passions. 4° La Corruption... Comment la corruption la plusprofonde ne serait-elie pas nee de I'exeniple que donnaient les Rlancs , dans leurs rapports avec les Femmes de couleur et les Noires affranchies, et avec leurs propres esclaves? Leur classe etant la premiere, on croyait s'honorer en I'imitant jusque dans ses vices. Si, d'ailleurs, un proprietairc accordait quelque attention auv nia'urs dc ses esclaves, c'etait eu regardant les grossesses D'HAITI. 065 des fenimes dii meme ceil que nous voyons ['impregnation de nos brebis on de nnsgeuisses. Aujourd'hui , pour que les hom- mes adoptenl una conduite moins desordonnee, pour que les femmes pauvres renoncent au trnfic hontcux qu'elles ont fait do tout terns , leur suffira-t-il d'entendre les exhortations des pretres espagnols, quand ceux-ei dounent I'exemple public de I'incontinence ? § IX. On s'etonne pen qu'un honinie, soumis pendant quel- ques annees a une influence qui le maitrise, conserve plus tard ies habitudes qu'elle lui a faitcontracter: et Ton voudraitqu'une population entiere secoiiat en nn jour les defauts et les vices dont une servitude de plusieurs siecles a infecte son caractere! Les causes de de[)ravalion que nous venons d'enunierer, re- pondent , dans lensemble, aux accusations elevees rontre les Haitiens. Reprenons en detail chacune de ces accusations, pour nous confiirmer dans I'espoir consolant que les effets ne subsis- teront pas long-tems apres la disparition des causes. 1° Le noble sentiment dont I'exaltation porte I'individu a s'immoler pour la chose publique, \epotriotisine ne pent naitre qu'aulant que la chose publique existe pour I'individu. Jusqu'a present, pour la masse des Haitiens, la chose publique n'a guere existe que dans I'independance du sol et des personnes; ot c'est aussi ce que tons defendraient jusqu'au dernier soupir. Si les noms de Negres et de Mulntres blessent les oreilies des iVoirs et des Hommes de couleur; si, dans les rapports meme de domeslicite, ces nouveaux - nes a I'egalite vcu- lent que tout leur rappelle Icurs droits, je vols la un sujet d'eloge plutot que de reproche. La hideuse servitude vient a peine de disparaitre : il est naturel e! noble le besoin de s'as- snrer sans ccsse qu'elle n'est plus, qu'elle ne renaitra plus. a° L'iibsence du sentiment sans lequel il re pent exister de famiile, I'absence du respect filial nc s'excuse ])as; elle s'ex- pliquc. j\'on-seu!ement, Ihonime qui a long-tems obei il un des- 666 CIVILISATION potismc effrcne, craint iiivolontairenieiit d'en retrouver I'in- justice jiisque dans les devoirs les plus saints : niais, je le de- mande, d'ou aurait pii naitrc, a Haiti, It- respect filial? De I'exemple dcs Blancs ? Ne voyait-on pas les Creoles, si impe- rieuses d'ailleurs, si altieres, loin de commander i leurs en- faus, les gdter, des le berceau , par une condescendance sans bornes, par iine soumission scandaleiisc ? Les Blancs se mon- traient-ils peres a IVgard de leurs enfans de couleur? Entre des esclaves, enflu, dou serait ne le respect ? Le pere n'etait pas plus que le fils; tous rampuient uniformenient dans la pous- siere; tons etaient frappes du nieme fouel : le respect n'existait que pour les Blancs. 3° Avec la servitude, est incompatible I'idee d'un mariage fixe et sacre. Un mot du maitre ne sufGt-il pas pour en faire violer les devoirs? Un don, une vente, le partage d'un heri- tage peuvent relenir la mere sur un point, envoyer les enfans sur un autre, tandis que leur pere sera entraine plus loin encore. Le mariage , \afamillc, n'existcnt vraimentque pour les hom- nies libres. On le savalt a Rome : les maitres ne laissaient s'ela- blir entre lenrs esclaves qu'une cohabitation volontaire ( con luherniurn) ; et aussi long-tems que les Patriciens eurcnt I'cspoir de reduire le peuple a I'etat de servage, i!s affecterent de regarder comme depourvus de solennites obligatoires , les ma- nages contractes par les plebeiens. L'habitude de se placer est une imitation de ce que faisaicnt un grand nombre de Blancs a Saint-Domingue, de ce qu'ils font encore dans toutes les colonies oii ils ne comptent pas s'etablir a demeure. Et sur ce point, deja, deux ameliorations frappent nos regards : ameliorations remarquables, puisque, sous le soleil du Iropique, I'abus, le vice meme tiennent de pres a un besoin imperienx. L'opinion , dans toutes les classes, fletrit les pcrsonnes qui , s'etant placets , maiuiuent aux obliga- tions que leur impose ce lien volontaire, ou le rompent avaut D'HAITI. 667 que Tune des deux , en s'eloignant de I'lle , ait du forcement y renoncer : ainsi la morale et la raison publiques temperent le vice des ancicnnds habitudes. EUes Tatlaquent tncme dans son principe. Le manage devient plus coniinun de jour en jour. Toutes les filles riches se inaricnt, el la plupart de celles qui ont recu une education soignee eprouvent qu'un tel avantage supplee a la richesse. Le manage aussi consacre et garantit beaucoup d'unions jusque-la volontaires; en en legitimant I'ob- jet etles fruits (i), il donne au cilojen wwe famille. 4° La pnresse... L'homme qui sort d'esclavage a naturelle- ment horreur du travail ; et parce qu'un travail contrainl a ete pour lui le principe de souffrances atroces, et parce qu'en voyant ses maitres plonges daus I'inactioij, il a du se persua- der que dans I'inaction residaient le supreme honneur et la supreme felicite. Si vous rapprochcz de cette disposition I'in- fluence du climal et la suraboudance des productions spouta- □ees du sol d'Haiti, vous admirerez comment, dans quelques ames privilegiees, une noble activite s'est affranchie deja de rengourdissement de la paresse. 5° Le Vol... C'est un vice d'esclave , une consequence natu- relle de la servitude , un penchant innu dans l'homme a qui des oppresseurs volent cliaque jour la plus sacree des proprietes , cellede sa personne et des fruits de son travail. L'habitude a survecu aux conjonctures qui I'avaicnt creee; elle cedera a des conjonctures contraires: devenu proprietaire, le Noir regar- dera comme un crime envers ses egaux le vol qui, aux yeux du Noir esclave, n'etait qu'une conquete faite sur ses verita- (i) Souvent, en se mariant , l'homme adopte comme siens, les enfaris qu'a ens, d'une liaison aiit'jrieuie , la femme qu'il choisit pour compagne. ( KoU de T AiUeur. ) 668 CIVILISATION hies oiiiicrais, ses maitres (i). Ceci n'est point unc assertion vague : un fait qui rcmonte aux terns de I'esclavage prouve quelle est, sill rhomme, rinfluence lieureuse de la propriete. En reconimandant de donner aux esclaves unjardin a faire va- loii" , dcs animaux domesliqucs a clever pour leur compte , « je ii'ai guere vu, dit un planteur (2) , de nh'^ve Aller Marion, lorsqu'il a un jardin cullive pres de sa case, un cochon, des volailler, — il leur en coute trop pour se decider a perdre ces avaiitages. » Si une propriete faible et j)recairc suffisait pour rctenir un infortune sous le fouot de Tesclavage , que ne sera .point, pour rhomme libre, la jouissancc d'une propriete en- tiere, independante, transmissible? C'est la propriete qui nous soumet le plus facilement au joug dcs iois , parce que c'est elie qui nous fait tirer le plus d'avantages de la protection des Iois. 6" L' Assassinat , les Violences... Devant des tribunaux, tels que les peint I'observateur, il serait peu surprenant que rhomme qui se fait justice a lui-meme se crut certain d'e- chapper a Taction des Iois , que I'homme qui desespere d'ob- tenir justice en appeliit a son poignard... Mais nous dcvons re- nionter a des causes plus ancionnes et plus generales. Le desir secret, profond , implacable, de la vengeance est naturel aux opprimes ; les penchans feroces qu'il enfante ne s'etcigncnt pas dans un jour, et bien moins, quand vingt-cinq annees de guerres intestines ont familiarise les ames avecle meurtre et la cruaute, Le Noir encore a demi sauvage, assassine... il empoi- sonnait jadls : mais ceux qui combattent, n'empoisonnent pas. Le Noir libre, police par Tinstructiou et par la jouissance des (i) Noire ennerai , c'est noire niaitre, ,a dit un j)oete de tousles pays, La Fontaine. — Ce mot s'proclicr davantagc de la verite en nous en rap- portant a un recensomeut dont les resultats ont ele consignes en 182/1 , dans la Gazette natioiuilc de Plitladclphic, par IVl. Gran- villojCnvovi'-dela lle])ublique d'Haiti aux Etats-Uuis(i).Dapres (i) la Pu i-tie Entyclopedique , empressee de recueillir lens ies D'HAITI. C79 ce document , voici qu'elle jerait aujom'd'hui la totalite do la population de la Republique : Ancienne partie espagnolc 6i,468habitans. /'«rto;/iY7/?frt/.vr,ancienempiredeCHRisT0PHE 367,721 Etat rc'publicain fondu par Petion , et gou- verne aujourd'hui par le president Botcer 5o6,i46 935,335. II faut ajouter une armee que les uns portent a 45, Sao h. , les autres a un uonibre inoins considerable , tandis que des do- cumens recens la font mooter a 60,000 soldats , dont la moitie serait toujours en semestre, et occupee aux travaux de la cul- ture. Quoi qu'il en soit du nombrc exact de I'armee, on pent conclureque la totalite de la population d'Haiti est de pres d'un million d'hommes. Un fait important a remarquer, c'est que la partiegouvernee par Petion ne compte guere que pour un sixieme dans le ter- ritoire de I'lle. Aussi, n'est-ce pas sans dcsscin que I'on en a indique separemcnt la population. Son immense superiorite , sous ce rapport, doit etre attribuee en grande partie a I'in- flucnce d'un gouvcrnement juste et liberal , aux bienfaits d'ius- titutions sous Icsquelles on aime a vivre , et qui favorisent le developpement de toutes les sources de la prosperile. Si, d'aprcs revaluation la plus ordinaire, oncstime I'etcndue d'Huiti a environ 3,85o lieues carrees, on trouvera 33o ha- bitans a peu pres par lieue carree ; et , si cette population est proportionnellement bien inferieure a celle de la France , 011 Ion compte un peu moins de i,5oo par lieue carree, elle est aussi beaucoup plus considerable que celle de la nouvelle Es- docuniens qui peuvent servir a ITiistoire de la civilisation dans les deux Mondes, a donue un extrait de la lettre de M. Granville. (^ qui rcconnait I'indepcndancepleineet entiere d'Haiti, les vaisseaux fraiii^ais ne sont pas surs d'y jouir d'aucunc prerogative. 68 i CIVILISATION D'HAITI. I.'emancipation dclinitive de la nation liaitienne, reconnuc et proclamee par le gouvernement francais, et qui sera proba- blement suivie, d'ici a peu de tems, de la reconnaissance des efats indi'pendans do I'Amerique da sud, oiivrc de nouvcaiix debouclies et line nouvelle carriere an commerce, et dovient line ^poque memorable dans I'liistoire des progres de la civili- sation. Nous feronsconnaitre avecsoin a noslecteurs lesprogres on tout genre de cctte nation haitienneque nous avions eu soin de comprendre, des la fondation de ce recueil , dans notre galerie des nations civilisecs (i). (i) Voj. Ret'. Enc, T. i''"', p. 524-537, et T. m , p. 132-149, uu memoire sur la Iktcrature hditienne. — T. Ill, p. 563, un article sur la civilisation d'Haiti. — T. v, p. 547- — T. vii , p. 180 ( Lettre de M. Colombel sur I'eCaC de riiistriiclion ptibliqiie) et 325. — T. viii , p. 168 ( Colonisation des Noirs , et Lettre de S. Ex. le president BoYEB a M. JuLLlEjr ). — T. XII, p. lofi {Instruction publique). — T. xiv , p. 334 ( Reponse a tin Memoire des ci-devant colons de Saint-Domingue ). T. XV, p. 122 ( Lettre de M. J.-B. Say sur le commerce d'Haiti), ct 610 ( Journaux d'Haiti). T. xvi, p. 383 {Journaux et instruction publique). — T. XVII, p. I Go et 3 1 3. — T. xviii, p. 4^9 (Ecoles pub/iques). — T. XXI, p. 593 et suiv. — T. xxii , p. 719 ( Notice sur MM. Lapree et CoLOMBEi. ). — T. xxill , p. 689 (i3e la liberte de conscience et de culte a Haiti; par M. Gregoire ). — T. xxiv , p. 224 et 227. ( Societe pour la colonisation des Noirs); 5o8 , Colonisation des personnes de couleur libres, allant des Etats-Unis s'etablir sur le territoire d'Haiti); 8l3, ( Population). — T. xxv, p. 4ao» 842. — T. xxvi, p. 123 ; et ci- dessus , p. 569 [Commerce , Droits d' importation) , et quelques autres articles indiques dans les tables des mati&res des divers volumes. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. DiSCOtJRS ET LECONS SUK l/lNDUSTKIE, LE COMMERCE, LA MARINE, et sur rapplication des sciences aux arts; par le baron- Charles Dupin, tie rAcademie des Sciences, etc. (i). Nous avous annoiice deja ce rccucil des discours de M. Ch. Dupin , et d'uiie parlie des lecons qu'il a donnees au Conser- vatoire des arts et metiers. ( Voy. Rep. Enc, t. xxvi, p. i85). Nous avons saisi toutes les occasions de seconder son zele pa- triotique, ses cobles efforts et sa perseverance dans la carriere d'un cnseignement nouveau, diflicile, et qui exerce une si puissante influence sur les progrcs de I'industrie. Le profes- seur n'avait pas seme sur une terre sterile ; encourage par les premiers succes de ses travaux, il entreprend d'y faire parli- cipcr toute la France. Outre I'inslructiou qu'il distribue, dans la capitale, a un nombrcux auditoire, outre les ouvrages dans lesquols il rcnferme ses Iccons pour les porter au loin, il fait un appel a tous ccux qui peuvent I'imiter en d'autres lieux, et des professeurs s'elevent de toutes parts. Bientot, aucune ville industrieuse ne sera depourvue d'un enscignement special pour les ouvriers. L'ordre, I'economie, les moeurs et le bon- heur domcstique suivent do pres les connaissances utiles; I'homme, le ciloyen, se seront perfeclionnes , en meme terns que I'ouvrier. Mais, ccs heurcux cffets de I'instruction ne (i) P;iris, tSa^. a \v,\. in-8". Bachelicr, (jiiai des Augustins, n° .'i5. G84 SCIENCES PHYSIQUES. rencontifioiit-ils pas do fortes resistances, et peut-etie des obbtacles ir.siirmontables? lis tendent visiblenicnt a leiiforcer la clause moyenne, si redontee, par un lualcntciidu deplo- rable, des classes privilegiees. Les homines qui aspirent au monopole des avantages sociaux, ont besoin d'un peiiple iiom- breux, paiivre, patient, docile surtout : il est done indispen- sable de le tenir loin de I'aisance, d'ecarter de lui ccs lumieres dangercuscs qui lui feraient apercevoir les niaux de sa posi- tion ct les moyens d'etre mieux. Le privilege se conduit au- jourd'hiii avcc une prudence, line reserve, qui decelent sa fai- biesse recllc, tandis que d'autres actes dune extreme audacc annoncent qu'il sait metlre le terns et les circonstanccs a profit. II connait bien ses ennemis, leurs forces et leurs moyens; il a sans doute des chefs habiles, il fera pcu de fautes , et lirera parti de celles de ses adversaires : cependant il sera vaincu , si les amis de I'humanite lui opposent une tactique facile et qui leur est familiere; c'est de marcher toujours a decouvert, d'aller droit a leur but et de ne point le perdre de vue un seul instant. Ces maximcs sont celles de M. Dupin. Depuis sa sortie de I'Ecole polytechnique , dans les tems ou quelqucs parties de I'ancienne Grece ajoutees aux possessions francaises profi- taient des bienfaits de notre revolution, sans en avoir eprouve les maux; ou les peuples soumis par nos amies recevaient, non des fers, mais des lois, des institutions, des connaissances et des arls; lorsque X Jcodeinie lonicnne fut fondee par des savans francais ; puis, lorsque cet eclat passager s'evanouit , que la France perdit plus qu'elle u'avait conquis et vit resser- rer ses anciennes limites ; lorsqu'enfin la paix nous fitentrevoir quelques ressources dans I'avenir , et que I'esperauce et I'a- mour de la patrie ranimerent parmi nous les arts , le commerce, le genie qui fait les decouvertes ct I'esprit d'observation qui les perfeclionne : dans SCIENCES MORALES trerent des obstacles. Ce qii'on est lediiit a soiihaifcr siir le continent, en Ani^leterre s'execnte ; et deja , depuis pliisieurs annees, il y avail a Londres une societe d' economic politique , lorsqu'un de ses niembres les plus zeles et les plus influeus , /)«wV/ RicARDO, cessa de vivre. Cetteperte futprofondement senile. Ricardo avail conlribuc a etendie iios connaissances economiqui's par scs eciits; il en prenait la defense dans le parlement; son caractere irrepro- chable, sou immense fortune, leur pretaient un appui constant. Pliisieurs amis des lumieres et de riuimanite se reunirenl pour offrir a sa memoire un tribut qui fut digne de lui et digne de iiotie epoque. On fonda, ])ar des souscriptions particulieres , un cours public destine a cxposer et a repandre les principes de recouomie politique; et M. M'Cullocli , Eoossais qui s'etait fait connaitre par de bons articles dans la Reiuie d' Edimbourg et dans X Encyclopedia britannica , fut choisi pour remplir cette chaire. C'est le discours preliminaire de son cours qui fait le sujet de eel article. M. M'Culloch rcpond avec eloquence, avec succes , aux at- taqucs dirigees contre les notions donl le developpement lui est con6e. On a reproche a reconomie politique d'occuper les hommes d'interels trop materiels , trop niondains ; mais, com ment ne voit-on pas qu'en occupant la societe de ce qui mul- tiplie ses ressources, ses richesses, on met dans ses mains , en meme terns que des moyens de bonheur, I'aisance absolument iiecessaire pour developper dansl'honime les plus nobles fa- cultes de son ame? « La oil iinlle richesse n'est recueillie et amassee , dit M. M'Culloch, I'esprit des liommes, constamment occupe du soin de pourvoir aux besoins urgens du corps, ne saurait etre cultive ; les vues , les sentimens sont etroits , personnels, illi- bt'raux. . . Sans In trauquillite et les ressources que procure ET POLITIQUES. 697 laisance, ces etudes clc,;^a'ites, qui etendent nos ponsucs, jju- rifierit iiotre i^out, et nous placent plus haut daus rechelle des etres, ne sauraient avoir lieu. L'etat de barbarie ou de civili- satiou d'un peuple depend plus de I'etat de ses richesses que de toule autre circonstance. A vraidire, un peuple miserable n'est jamais civilise, et une nation opulente n'est jamais bar- Ijare. » « Les lois que suivent les corps celestes, observe avec raison M. M'Cullocli, dans un autre end"oit,quoiquenousnepuissions exeicer la moindre influence stu- leurs resultats , sont nean- moins regardees comnie un noble sujet de nos etudes. Mais, combien les lois que suivent dans leur marche les societes hu- maines, les lois an moyen desquelles une nation s'eleve au sommet de la civilisation et de I'opulence, ou s'enfonce dans Tui abime de barbarie et de misere , ne sont-elles pas plus importantes poiu- nous, puisqu'elles touclient de si pres a notre bonheur et que nous pouvons exercer une si grande influence sur les phenomenes qui resultent de leur action ! La prosperite il'une nation ne depend pas, a beaucoup pres, autant de I'a- vantage de sa situation , de la salubrite de son climat, de la fertilite de son sol, que des institutions qui excitent le genie inventif de Vhonime et favorisent le developpement de ses fa- cultes. Avec de telles institutions, les regions les i)lus ingrates, les plus inhospitalieres, deviennent I'asile confortalle d'une population nombreuse, elegante et bien pourvue ; tandis que, sans elles , les pays les plus favorises de la nature ne fournissent qu'une existence imparfaite a des hordes clair-semees , mise- rables et feroces. m Je passe par-dessus beaucoup d'autres considerations impor- tantes, relafivement a I'objet , aux moyens ot a riiistoire de I'economie politique , considerations que les lecteurs francais avaient deja remarquces dans un autre discours preliminaire dont M. M'CuIloch s'est servi beaucoup plus souveiit qu'il nt; 698 SCIENCES MOllALES I'a cite (1), pour aniver a dcs points en Htii^e auxqnels on a attache quclqu'importance de I'autre cote i3u detroit, et sur lesqiiels I'opinion genciale est encore loin d'etre fixee. Dans le precis historique que M. M'Culloch trace des progres de Tecononiie politique, il fait honnenr a David Ricardo de ])1nsieursveritesqu'il ditnouvelleset fondanientales.Voici dans quels termes il s'lm explique, page 66 de I'edition anglaise : « Le principe fondaraental soutenu par M. Ricardo, dans son grand ouvrage (2) , est que la valeur echangeable, ou le prix relatif des marchandises , depend uniquement des quan- titcs de travail necessaires pour les produire... II en resulte : (i) L'auteur de I'article fait lei allusion au Discours prelitninaire qu'on lit en tele de son Traite d'I<;conomie politique et que M. M'Cul- lach a en effet fortemeiit mis a contribution , suriout lorsqu'il trace la ligue qui separe i'economie politique de la statistique; iorsqu'H inontre I'nsage que peuvent faiie de la premiere de ces scieuces , non seulemerit ies hommes qni gouvenient, mais ceux qui sont gouvernes; lorsqu'il indique les veiitcs qu'Adani Smith a solidement ctaLlies , ct les raisons qui font qn'une veriie appartient, non au premier qui re- nonce , mais au premier qui la prouve ; lorsqu'il repond aux objec- tions contre I'economie politique tirees de la diversite des opinions de ceux qui la professent; enfin lorsqu'il se livre a une foule d'autres considerations relatives a riiistoire et aux progres de cette science. M. M'Culloch a pu en user d'autant plus librement a I'egard de ce Discours preliminaire , que le libraire anglais, qui a public la tra- duction anglaise du Traite de M. J.-B. Say, a juge a propos d'en I'etrancher le Discours preliminaire tout entier, alin d'epargner quelques feuillcs d'impresslon , s'imaginant peut-etre que le lecteur anglais acheterait le livre sur son titre et sans s'informer s'il etait ou non complelement traduif. [Note du Rcdiicteiir principal de la Revue.) (>) Principes de Vcconoinie politique el de I'iinpdl, puhlies a Londres p.)ur la premiere foisen 1S17, et traduitsen frau^ais par Comsxawcio. ET POLITIQUES. G99 « 1° Que les profits fonciers iic font miUemutit partie ties frais de production (1) ; « 1° Que les capitaux etant les resiiltats d'lm travail prece- dent, et n'ayantd'autre valenr que telle qu'ils tirentde ce Ira- vail, la valour de la marchandise, produite par leur moyen, est proportionnee aux quantites de travail consommees pour la production de cette marchandise ; ce qui montre que sa valeur est toujours determinee par les quantites de trm^nil que sa production a exigees. « 3° Qii'une hausse dans les sulaircs des ouvriers occasione imebaisse dans les profits des entrepreneurs, et non une hausse dans le prix du produit, comme aussi une baisse dans les sa- laires occasione une hausse dans les profits , et non une baisse dans le prix. « Ces conclusions, ajoute M. M'Culioch, sont toutes de la plus haute importance, etenles etablissant M.Ricardo a donne a la science un aspect tout nouveau. » (i) Vat profits fanciers (en anglais rent) il faut entendre les profits qu'un proprietaire retire de sa terre, independaminent de ce que peuvent rendre le capital repandu en ameliorations sur le sol et le travail du cultivateur. Ce profit foncier est represente par le fer- mage, quand la terre est donnee a bail. Le traducteur francais tra- duit ce mot par la rente , expression impropre, et qui sent le style qu'on appelle refugie, parce que les protestans francais obliges de chercher un refuge dans I'etranger, etaient sujets a transporter dans leurs ecrits francais , les termes et les tournures qui frappaient in- cessamment leurs oreilles. Le mot rente, et meme rente fonciere , est d'autant plus impiopre pour rendre I'expression anglaise rent, que ce mot a deja une autre signification' en francais, oil ii veut dire une rente hypotliequee sur un bien-fonds, et qui ii'a aucun rapport avec le profit annuel de ce mdroe foods. D'ailleurs , nous avons en francais ie mot /e/7na^e qui represente le profit foncier, le profit rosultant de Taction vegetative du so). 700 SCIENCES MORALES 11 s'agit de savoir si dies sont fondees ct confornies ii I'fX- perietice. Et d'abord , cst-il Lien vrai que la valeur cchangeabie , le prix relalif d'une niarchandise depende uniquement des quan- titt'S de travail neccssaiies pour la produirePRicardo pretend que le travail se retirant toujours d'un emploi qui n'indemnise pasles travailleurs, il n'y a jamais plus d'offre que de demande ; et d'un autre cote, que la concurrence des travailleurs se por- tant toujours la oii il y a le plus de demande, il y a toujours autantde quantite offerte que de quantite demandee. Il se croit autorise, en raison de ce principe general, anicr I'influence (au moitis d'une maniere suivie ) de I'offre et de la demande sur Ics prix. Il meconnait ainsi ce qu'il y a de mieux demontre par I'experience ; c'est qu'on observe des variations perputuelles danslesqnantites de produits que peut fournir unememe quan- tite dc travail ; c'est qu'il y a une variete infmie dans les diffcj- rentes capaciles des hommes ct dans le prix de leurs travaux. II meconnait I'influence que I'etat ou se trouve la societe, un pays, une ville, excrce sur la demande qu'on fait de tel ou de lei produit. — Ce sont la des exceptions, dit-il ; mais I'influence du principe subsiste et agit constamment. — Cela est possible, abstractivement parlant; mais, au fait, les circonstances de la societe qui toutes agissent en vertu de quelqu'autre principe , existent de meme, et Ton ne doit jamais faire abstraction de leur influence. Si Ton etait fonde a poser des principes generaux au milieu de tant d'influences particulieres, ne pourrait-on pas dire avec plus de raison que c'estrutilite des produits qui est la cause de la demandequelepubjicen fait, que cette utilite est, par conse- quent, le premier fondement de leur valeur; et ne pourrait-on pasajouterqueles fraisde production sontunecirconstanceacci- thnlelle qui fait que le produit ne peut etre fourni au dessous d'un certain prix ? En admettant que les frais de production ET POLITIQUES. 701 sont lacirconstaiiccprincipalequidonnedclavaleur, il faudrait admettre qu'un produit qui serait revenu a cent francs vaudrait cent francs, quoiqu'il ne fut bon a rien et que personne n'en voulut. Si nous nous representons la valeur d'une chose , par une quantite d'eau versee dans un vase jusqu'a ce qu'elle de- borde, pourrons-nous dire que ce sont les Lords du vase qui sont la cause qui fait qu'il y a de I'eau dans le vase parce qu'ils determinent la hauteur au-dessus de laquclle I'eau ne saurait s'elever ? Quelque penchant qu'aient les Anglais a soutenir les doc- trines de leurs compatriotes, preferablement a celles des etran- gers, il ne faut pas croire qu'ils abondent tons dans le sens de Ricardo. Nous vivons dans un siecle 011 les droits de la verite marchent avant tons les autres. M. Tooke quia montre, dans son livre sur les hauts prix et les bas prix , combien la doctrine des valeurs lui est familiere, ne partage point I'avis de Ricardo qui a encore ete combattu dernierement par I'auteur d'une dissertation sur les valeurs dont le passage suivant me parait repandre du jour sur le meme sujet (i) : '< Pour peu que Ton connaisse les manufactures, ditcet au- teur, on salt qu'il y a , dans differentes occupations et meme souventdans des occcupations pareilles, differens degresd'habi- lete et de promptitude dans I'execulion , qui permettent a cer- tains ouvriers de gagner le double de ce que gagnent leurs camarades dans le meme espace de tems. On salt encore qu'il y a des cas ou I'insalubrite du travail, son desagrement, le danger dont il est accompagne , affectent beaucoup le salaire qu'on en retire. On salt que la valeur de certains ar- ticles est la meme, quoiqueproduits dans differentes villes, par des ouvriers differens et dans des circonstances fort peu sem« blables. Si la nature et la quantite des travaux varient, et non le prix, peut-on affirmerque le prix depend uniquement de ce (l) A critical dissertation on Value, page aoy. 702 SCIENCES MORALES travail ? Cc n'est pas rt-pondre que dc dire, avec M. Mill, qiuv? eslirnant les differcntcs fjuaritites de travail , ilfaul accordcr une certaine latitude anx differens degrcs de difficulte ct d'ha- biletc. Des exceptions de ce genre detruisent la regie. Les diffe- rens degrcs d'habilcte sont des circonstances qui affectent la valcur (les produits, aiissi bicn que les differentes quantitesde travail ; la qiiantite de travail n'est done pas la scule cause qui influc sur la valeur. Que penserions-nous d'line assertion par laquelle on pretcndrait que les habits sont entre enx relativc- raent aleur valeur, comme la quantise de drap employee pom les faire, sauf pourtant les diversesqnalites du drap ? On serait la verite, on serait I'utilite d'une telle proposition, surlout si elle devait servir de base a une deduction rigoureuse et matlie- matique ? La proposition ne devrait-elle pas en realite etre changee en une proposition diametralement opposee qui serait que la valcur des habits entre eux, n'est pas comme la quantite de drap qu'il a fallu pour les faire. >> Que deviendraicnt des lors les consequences rigoureuses qu'on aurait tirecs de la premiere proposition ? Pour ramencr tout a sen idee dominante, que la quantite de travail intlue seule sur le prix des produits et devicnt par-la I'unique source des richesses, David Ricardo doit prouver que Taction vegetative de la terre n'y contribiie en rien. On sait comment il s'y prend pour le prouver. II suppose que le terri- toire d'un pays est assez vaste encore par rapport au nombre de ceux qui I'habitent et qui peuvent le culliver, pour que les terres de premiere qnalite vaillent seules la peine d'etre cul- tivees. Ellesdonnent un produit qui suffit pour indemniser le cultivateur de ses peincs et de ses avances ; mais rien au dela. Si le cultivatein- est en meme terns proprietaire, son champ ne lui donnc aucun profit foncicr; s'il nel'cst pas, il ne pout payer aucun fcrmage ; car aloes il ne renlrerait pas dans la totalite de ses avances, et il prefererait ne le pas ciilliver. ET POLITIQUES. 7o3 Cclte Societt^ se mnltiplic ct devient plus liclie; la demaiule des prodiiits dii sol s'angniente on consequence, ol cd portelc prix a un taiix tol qn'il devient profitable de cultiver les terres de seconde qiialito que Ricardo designe sous le nom de terres N" 2. Celles-ci, avec Ic raemc capital, les memcs soins,le meme travail, nc rendent que 90, sur le meme espace ou les terres N" i rendent 100. Des cet instant, dit-il, un fermage est. possible; car, du moment que la valcur des produits terrilo- riaux est telle que des cultivateurs trouvent leur coinpte a cul- tiver des terres qui, sur un espace donne, rendent 90 boisseaux de fromenl au lieu decent, les proprietaires des terres N° i trouveront des cultivateurs qui feront un profit pareil, meme lorsqu'ils paieront 10 boisseaux ( ou la valeur de 10 boisseaux) pour le fermage. Apres avoir paye ces 10 boisseaux, les culti- vateurs des terres de i^^ qualite, recueilleronl encore 90 bois- seaux qui suffisent pour indcmniser ceux qui cultivent les terres de aiie qualite. Si la population et le prixdu ble augmentont encore, on pourra frouver du profit a cultiver les terres de troisieme qua- lite, c'est-a - dire celles qui lie rapportent que 80 boisseaux. Alors les proprietaires des terres iV" 2 pourront en tirer un fer- mage de 10 boisseaux, et les proprietaires des ^crrc.f iV° i ob- tiendront des leurs 20 boisseaux de loyer; puisqu'apres avoir paye ces vingt boisseaux , il en restera 80 au fermier de meme qu'au cultivateur qui aura mis en rapport les terres N° 3 , sans payer aucun fermage. On peut ainsi continuer la supposition jusqu'a ce qu'elle ropresente la situation reelle du pays ou Ton so trouve. Quelle consequence Ricardo et son ecole tirent-ils de la ? C'est que le prix du ble n'est jamais determine par le taux du fermage , mais bien par les frais i\c culture , de main-d'oeuvre , que , dans ccsysleme, reclamcnt les plus mauvaiscs terres en culture, cclles qui ne dcunent point de profit foncier. D'ovi ils 7oA SCIENCES MORALES concUient que Ic travail seul contribue a la production ; qne le profit foncier n'est que le resultat d'nu nionopole et qn'il n'a d'aiUre effet que de faire payer an consomniatenr line portion de valeiir quine fait pas partie da prix necessaire des choses. On pent repondre a cettc doctrine que je suis force dc com- primer pour qu'elle puise etre contenuedans Ics bornes d'nn article, que, du moment que la ricliesse d'nn pays consiste dans lavaleur echangeable des choses qu'il possede,la production annnelle consiste dans la valeur echangeable des produils an- nuels, quels que soient les moyens de production employes. II est permis de I'attrihuer avec Adam Smith a la quantie de produits territoriaux quele public demandc, comparativement a la quantite qu'on en pent creer. Qu*est-ce qui fait naitre et soutient cette demande? D'lme part, rntilite de ces produits , telle qu'elle vcsulte de I'etat oil se trouve la societe; et d'une autre part, la quantite de tout autre produit que Ton pent crccr etdonncr en echange des premiers. Si la Societe produit beau- coup, elle offre, pour avoir un boisseau de ble , plus de valeurs que n'en exige le reniboursement des avances du cultivateur. De la cet excedant de valeur qui, dans une societe populeuse et productive, donne naissance au fermage. C'est I'effet d'nn monopole , ajoute-t-on ; et un monopole n'occasione point une creation; il n'occasione qu'un deplace- ment de richesse (i). — Mais, ne commet-on point une erreur, lorsque Ton confond un monopole qui n'ajoute rien a I'ulilite d'une denree, avec la force vegetative du sol qui elabore les sues repandus dans la terre, I'air et I'eau, pour en faire une nourriture salulaire ? Un accaparenr qui ramasse tons les bles d'un canton , et se prevaut de la faculle qu'il a de vendre seul du ble, n'ajoute rien a la qualite de cette denree; el ce qu'il gagne sur le consommatenr, est une valeur pour laquelle il ne (i) Voyez Buchanan : Commentairc siir la Richesse des nations. i ET POLITIQUES. 7o5 tlonne a ce dernier rien en uchangc. Mais ce n'est point la I'operation qu'execute un proprietaire foncier par le moycn de son instrument qui est iine terre. II recoit les matieres dout se compose ie blc dans un Etat, et les rend dans im autre. L'ac- tion de la terre est une operation chimiqiie , d'ofi resulte pour la matiere du ble une modification telle qu'avant de I'avoir su- bie , elle n'etait pas propre a la nourriture de I'homme. Le sol est done producteur d'une utilite; et , lorsqu'un proprietaire foncier fait payer cette utilite sous la forme d'un profit foncier ou d'un fermage, ce n'est pas sans rien donner a son consom- mateur en echange de ce que le consommateur lui paie. II cede a celni-ci une utilite produite , et c'est en produisant cette uti- lite que la terre est productive aiissi bien que le travail. Je sais fort bien qu'il y a beaucoup d'autres utilites que nous devons a Taction dcs forces naturelles, et que la nature ne nous fait pas payer : telle est la force productive qui cree et amene des legions de poissons sur nos cotes et dans nos filets ; mais , de ce qu'il y a des agens nalurels gratuits, s'ensuit-il que les agens natiuels appropries ne produisent pas ? Nous de- vons tacher de faire produire, autant que possible, par des agens gratuits, les utilites dont nous avons besoin ; mais , nous ne devons pas desirer que les terres ne soient pas des proprietes particulieres. De vrai , si le champ n'appartenait a personne, et si le fermier ne payait aucunloyer, I'utilite que produit ce champ, de meme que celle de I'air et de I'eau, serait livree pour rien au consommateur qui ne paierait alors que le travail du cultivateur. Mais, cette supposition ne saurait representer un cas reel ; car , alors un cultivateur se battrait avec un autre pour labourer un champ qui n'aurait poiut de proprietaire ; nul ne voudrait faire les avances de la culture, et le champ resterait en fri(ihe. Le ble serait encore plus cher qu'a present oil nous sommes obliges de payer un profit foncier au proprie- taire du sol oil le ble a pousse ; car nous n'aurions point alors T. xxvii. — Septcmbre iSaS. 45 7o6 SCIF,NCES MORALES de ble; or, on sail que nnlle marchandise n'esi plus cheroqiu." cellequ'on ne pcut obtenir a aiiciin prix. Le proprictaiie rend done un service , piiisqu'il concoiirt par son instrument ;\ ce que nous ayons du ble. Son service est commode pour lui, j'en conviens; mais nous ne pouvons pas nous en passer. Ces controverses que je resserre par egard pour le lectcur, ont a mes yeux fort pen d'utilite , quand elles ccssent d'etre une simple^narration de la maniere dont les choses sont etdoiit les choses se passent , quand elles preunent pour bases des donnees moyennes qui ne se rencontrent jamais dons la nature, comma dans nos discussions, de^agees des cireonstances qui en modifient les resultats. Ces discussions degenerent alors en des disputes de mots qui les font ressembler biaiicoup trop aux argumentations de I'ecole. Un deleurs plus graves incon- veniens est d'ennuyer le lecteur et de lui fairecroire que les verites de I'economie politique ont pour fondemens des abs- tractions sur lesquelles il est impossible de se meltre d'accorcl. Enfre les sectateurs de Ricardo et ceux deQuesnay, il y a op- position complete de principes. Ceux-ci pretendaienl qu'il n'y a de richesse nouvelle mise au moudeque le profit du fonds , oiile fermage, qu'ils appe]aiQut\e produ it net ; les Ricardicns pretendent, au contraire , que le sol ne nous donne pas pour un sou de richesse. Je crains que les uns comme les autrcs, a force de generaliser, ne sesoient egalement ecartesdes voies de la nature qui ne nous presenle que des phtnomenes compliques, resultats deplusieursactionscombinees,etqui marcheasonbut, a sa maniere, et endepitdes regies qu'il nous plait de Uii tracer. Les economistes de Quesnay deduisaiint d'un seul principe (celui que la terre est I'unique productrice) une foule de conse- quences qui les conduisp.ient fort loin de la verite. Voila ce qui les a empeches de se soutenir. Leur dialectique etait cependant assez serree; elle affectait aussi des formules, des deductions malhematiques, et beaucoup de tres-bons esprits s'y etaient ET POLITIQl^KS. 707 laisses enlrainer. Cepeiidant, au bout d'un denii-siecle per- sonne ne se prcsentait plus pour soutenir les doctrines de Quesnay- Je crains que cclles de Ricardo surle profit du foiids de terre n'aillent pas si loin , parce que les questions ront main- leuant mieux posees. Heureusement que les verites essentielles de I'economie po- litique ne dependent pas de quelquis points de droit qui peu- vent tonjours etre contestes. EUes reposent sur des faits qui sont ou qui ne xont pas. Or, on peut parvenir a constater un fait et a developper toutes ses consequences. C'est la nietlicdo d'Adam Smith, et c'est la bonne fi). Ricardo et ceux qui professent la nieiue doctrine , ne se sont pas contentes de nier la cooperation des foods de terre dans la pioduction des richesses sociales. Tonjours prevenus de I'idte que le travail liumain est seul productif , ils ont refuse toutc action productive aux capitaux, c'est- a -dire , aces valeurs presque tonjours repandues en ameliorations sur une piopriete territoriale, et qui forment le fonds de presque toutes les en- treprises de commerce etde manufactures. lis pretendent qu'un capital , une portion de capital (par supposition , la valeur d'un (i) C'est la Methode experinientale de Bacon , appliquee au\ sciences morales et politiqiies. Oii sait quels etoniiaus progres lui doivent les sciences physiques. L'economie politique lui doit ses seuls progres veritabie£. Smith fonde en general ses raisonnemens sur un fait, et non sur une proposition generale sujette a contro- vf-rse ; et comma il etait bon observateur et raisonneur judicieux . il se trompe rarement; si rarement, qu'il convient d'y regarder a deux fois , avant de se mettre en opposition avec lui. Sans doulc quelques fails lui ont echappe ; ses analyses sout dans certains cas incompletes; il a laisse de cote des parties de la science, et i'ar- rangement de son livre laisse beaucoup a dcsirer ; mais, dans Jes details , sa methode est la seule qui puisse conduire avec certitude a la verite. 7o8 SCIENCES MORALES oudl ou d'lnie machine) n'ctant autre clioso que la valeiir ac- ciimulee d'un tr vail anterieiir , le produit aiiqiicl la machine a contribiie n'est toiijours (jiie le resultat dun travail ancien ou reccnf. Je crois qu'ils meconnaissont I'aclion dii capital dans la pro- duction , plus encore qu'ils n'ont meconnu Taction du fonds de terre. Je crois que , dans toutc cntreprise qui va bicn et qui se continue, le capital sert, et n'est pas consomme; ou du inoins qu'il est perpetuellement retabli, a mesiue qu'il est consomme ; tellement qu'au bout d'une, de deux, de dix annees , un capi- tal qui a servi tout le terns, existe encore et se remonlre tout entier au moment d'uneliquidation. J'en appelle a tousceux qui connaissent le moins du monde Ics entreprises industrielles. Les produits d'une entreprise qui se soutient ont une valcur qui suf- fit non-seulement pourretablir perpetuellement le capital dans son integrite; mais ils procurent un profit qu'il faut diviser en denx parts : I'une que Ion pent regardcr comme le salaire des travaux de I'entrepreneur; I'autre, comme I'interet de ses avances. Si la portion de la valeur capitale que nous considerons est une machine, le capital n'est retabli qu'autant que les produits, independamment de I'interet, ont rembourse les reparations et que la machine a conserve son entiere valeur. Telle est la marche de I'industrie, quand elle est productive; tels sont les fails. Or, si la valeur capitale n'est pas consommee, on ne con- somme en produisant aucune portion d'un travail anterieur. On ne consomme que le terns, le service, si Ton peut s'expri- mer ainsi, du capital employe; de meme que, lorsqii'on a cul- tive une terre, apres qu'on y a recueilli une recolle, on a con- somme le service du sol pendant un an ; mais Ton n'a point ^ consomme le sol lui-memc qu'on pent vendre, toutcs choses egales d'ailleurs, aussi cher apres la recolle qu'on Taiu-ait vendu ET POLITIQUES. 709 avant de I'avoir cnseinence. Aprcs (jiie Ton s'est scivi dun ca- pital pendant une annee, on pent le placer integralement d'une autre nianiere, I'employer h une autre production. La valeur du capital, comme la valcur de la tcrrc , est independante de la valeur du service qu'ils rcndent. On achete le service d'un ca- pital, d'une terra, de nieme que Ton achete le service d'lm ou- vrier, sans detruire la chose ou la personne dont on a acquis le service pendant un terns quelconque. Pour appliquer a notre sujet cette demonstration qui a tota- lement echappe a Ricardo et h son ecole, comme elle avail c'chappe a Smith, si un capital est u» travail ancien qui a ete amasse et incorpore, pourainsi dire, dans une machine; et, si ce capital ancien n'est point defmitivement consomme dans la production d'un nouveau produit, la valeur de I'ancien travail ne fait nuUemenl partie de la valeur dn produit nouveau. Ce- lui-ci est le resultat d'un service nouveau, sans cesse renais- sant, mais dun triple service : celui des travailleurs, celui des capitaux, et celui des fonds de terre, quoique Ricardo n'en reconnaisse qu'un : celui des travailleurs d'ancienneou de nou- velle date. Le travail des travailleurs anciens a ete incorpore dans un produit appele machine ; le produit des travailleurs nouveaux a ete incorpore dans un autre produit, appele si Ton veut, etoffe ; cesdeux produits existent simultanement; aucune portion de la valeur de I'un n'a passe dans I'autre. Un autre excmple presenlera la meme doctrine sous un autre aspect. Un speculateur emploie une somme de dix niille francs a I'achat d'une partie de vin ou d'eau-dc-vie» avec I'intention de I'ameliorer en la gardant. En accordant que ce capital soit le fruit dun travail ancien mis en reserve, le profit que le spe- culateur fera sur la liqueur ne saurait passer pour le produit de ce travail. Cast le capital lui-meme qui est le fruit de ce travail etqui pent etre reemploye ou consomme, apres que la speculation aura et6 terminec et aura procure un profit inde- 7IO SCIENCES MORALES jKiidaiit (le la soriime de dix mille francs employee par le spi'- enlatciii'. 11 est impossible de ne pas convenir qu'un capital est. uu prodiiit different desnouveaux produits auxquels ii concourt; (ju'en sa qualite de fonds productif , il rend un service qu'on est obli^^o de payer sons le nom (\'inlerel , que I'inlcret des ca- pitanx compose nnc partie des frais de production, et 4 et 174. 7i6 SCIENCES MORALES Aufide ; c'ost lii que se livra la fanieuse bataillc de Cannes, si fatale auxRomains. Lorsque plus tard IcsBarbarcs cnvahireut I'empire romain, ils ravaj^erent cette plaine jusqu'alors tres bien cultivee. La populalioa dispaiut, et le terrain demeura la propriete des princes qui se succederent depuis lors dans le gouvernement du royaume de Naples. Le climat en est plus doux , durant I'hiver, que colui des provinces voisines ; de sorteque I'usages'est etablid'y envoyer hivcrner les troupeaux qui ont passe la belle saison dans les nnontagnes de la Pouille. Ce canton qu'on appelle // tavogliere di Puglia, et qui n'a pas moins de aS lieues de long sur lo de large, est abandonne aux seules productions spontanees de la nature , et la valeur de ces productions est representee par un droit que les troupeaux, en y entrant, paient au gouvernement , a tant par tete de betail. Ce droit, qui est une espece de location, represente bien certainenient le pouvoir productif du sol , puisqu'il ne se trouve la aucune amelioration, aucun capital engage dont on puisse payer un interet ; et en mcme tems , il faut bien que les pro- prietaires des troupeaux y recueillent un avantage , puisqu'ils consentent a le payer, et qu'ils envoient leurs bestiaux dans ce lieu, sans y etre forces. Cet exemple, en nous montrant que la puissance vegetative de la terre pent avoir une valeur independamment de tout ca- pital repandu sur le sol , et independamment d'aucun travail qui le soUicite , nous montre en meme tems combien un ca- pital,'combien I'industrie, augmeatent les faculles productives du fonds de terre. Le droit que le gouvernement napolitain per^oit dans cette circonstance sur les bestiaux que Ton conduit dans le Tavogliere, rapporte , au dire de M. Castellan (i) 4^5,600 ducats ( I million 800 mille francs ). Tel est le produit (t) Lettres sur I'lta/ie, tome I, page ao'J. ET POLITIQUES. 717 brut d'une province tout entiere qui, si elle etait cultivee , pourrait rapporter 32 millions de fermages aux proprietaires dusol, autaut probablement aux cultivateurs-fermiers, et 10 millions tout au moins au gouvcrnement , sous forme d'impots; sans compter qu'elle nourrirait en meme tems une population laborieuse de deux a trois cent mille ames. C'est ce qui ne man- querait pas d'arriver, sous un gouvernement qui entendrait quelque chose h I'cconomie politique. On voit que M. M'Culloch, comme il arrive trop souvent a ses compatriotes , n'accorde une grande attention qu'a ce qui s'ecrit en Angletcrre. II s'est ponrtant departi de cette regie a I'egard de M. Henry Storch qui a fait imprimer en francais un Cours d'econornie politique destine a I'education des grands dues de Russie. On ne pent pas deviner le motif qui a porte M. M'Cullochavantercetouvrage outre mesure(2>ojezla p. 89). Il ne pent pas ignorer que les trois quarts du livre de M. Storch ne sont qu'une copie litierale de quelques ouvrages connus (i). Sans doute, on doit savoir gre a cetauteur travaillant a I'ins- truction de deux princes , d'avoir mis sous leurs yeuK des extraits de livres accredites; niais, ce n'etaitpas un motif pour exciter I'admiration du savant professeur de Londres; d'autant plus que le dernier quart qui n'est pas copie , du Cours de M. Storch , n'est que I'exposition d'un nouveau systeme qu'il s'est forge relativement aux produits immateriels, qu'il appelle biens internes, sysleme qui ne supporte pas im instant d'examen. Qu'est-ce, d'ailleurs, qu'un cours d'economie politique qui ne contient absolument rien sur les grandes questions qui interes- (i) De la Rtchesse des nations, de Smith; du Traite (TEconomit poliilque, de J.-B. Sa.y, dont il a pris des chapitres tout entiers, le titre du chapitre conipris; du Traite de la volonte et da Commentaire siir V Esprit des his, par DESTiiTT-TaiCT, et du Traite des Peines et des Recompenses , par Bentham, mis en ordre par Dumont. 71 8 SCIENCES MORALES sent le plus la socieie: sur la balance tin commerce, les entravcs a la circulation, Ics corporations, les luonopoles, Ics colonies, les dc'pcnscs publiques et les impots? Du reste, il y a clans Us notes (le M. Storch quelques fails iatcressans sur les Etats du Nord ; mais dont I'auleur ne tire aucune conseqncuce nou- velle. Pour revenir a Ricardo , je pense que son soul litre do i^loire , est sa doctrine des monnaies. II a completenient pro- file des grandes experiences qui ont ete malheureusement faitcs sur la depreciation des papiers-nionnaies de France el d'An- gleterre, aussi bien que sur la rcstauration de celui d'Anijle- terre, qui a ele peut-etre plus fi'icheuse que sa depreciation. II a dessille sur ce point les yeux de TAnyleterre qui croyait bon- nemcnt que ses billets de banque avaienl toujours la menie Valeur, lorsqu'ils ne pouvaient plus acheter que les deux tiers de la quanlite deraarchandises que Ton obtenait avec de Tor. Et ce qu'il y a de piquant, c'est que la doctrine de Ricardo sur cette matiere, est fondee precisement sur ce principe de la proportion entre la quanlite offerte et la quantite demandee dout il refuse de reconnaitre I'influence. Il prouve d'une maniere irrecusable que I'inslrument de la circulation est une marchan- dise de meme nature que toutes les autres , et nie que toutesles autres soient soumises aux memes influences. M. M'CuUoch me reprochera peut-etre de n'avoir pas fait connaitre plus tot ma facon de penser a I'egard des doctrines de Ricardo. Je me serais reproche encore plusde causer la moindre affliction a un homme aussi recommandable , qui ra'honorait de son amitie , dont toutes les pensees , depuis qu'il s'etait retire des affaires, eiaient tournees vers le bien public, dont, au total, 'es iravaux ont ete favorables au progres de la science qu'il cultivait, a un homme , enfin, qui etait aussi peu porte a tirer vanile deson savoirque de sa fortune. Aussi, n'ai-je toucbe que tres-legerement, dans les notes que les libraires m'ont sollicile ET POLITIQl-lES. 719 d'ajouter a la traduction fiaric-aise de son livre, les points snr Icsquels nous differions; mais , ou verra peut-etre liuclque jour , par notre correspondancc, que, si j'ai evite de le comballrc sous les yeux du public , je soutenais neannioins a huis clos contre lui, quelques combats dans I'intcret de la verite. J.-B. Say. HiSTOIRE DE LA DOMINATION} DES ArABES ET DES MaURES EN Esi'AGNE ET EN PouTDGAL , depius Viuvasion de ces peuples jusquh leiir expulsion definitive; redigce sur riiistoire traduite de Varahe en espagnol de M, Joseph CoNDE, nienibrede pUisieurssocietessavantes, hiblio- thecaire de I'Escurial, de I'Academie dhisloire, etc.; par M. DE Marles (i). Geschichte der Herrschaft de'r Mauren IK Spa- NIEN, etc. HlSTOlRE DE LA DOMINATION DES ArABES EN EsPAGNE ; extraite de divers nianuscrits et menioires arabes, par le D' Don Jose- Antonio Conde, et traduite de r espagnol en aliemand ^ par Charles Kutschmann, capilaine an service du grand-duche de Bade (2V Pendant toute la dnree du moyen age, les Musulmans ont occiipe tine des plus belles parties de I'Europe; ils pnt pres- que toujours ele en guerre avec les peuples Chretiens. Chacuiie des revolutions qn'ils ont eprouvees, chacune des reformes qu'a subies leur religion, a ete, presque toujours suivic im- (r) Paris, 1825. 3 vol. in-8° Alex. Eymery, rue Mazarine, n° 3o ; prix, 18 fr. (2) Carlsruhe, i824-i8s5 ; Gottlieb Braun. 3 vol. avec gray. (Vov. Rev.Enc, t. xi , p. ifio, et t. xiv, p. i36-i37, I'annonce de I'oiivrage original. ) 720 SCIENCES MORA.LES m^diatemcnt tl'une attaquc furieuse sur Ics scctateiirs tin Christ qui so trouvaicnt plus rapproches d'ctix, commc s'ils avaient voulii prouvcr ainsi quo cetfe reforme lour avait rendu tout le zele dii premier fondatcur de leiir religion. C'est ainsi que Ic sort de la France, celui dc toute la Chre- tien tc , se trouve lie avec la iiaissance des sectcs et dcs dynasties des A.lmoravides , des Almohades ct des Beni-Merin. Mais, tandis qu'on sent dans tout I'Occident Ic contrc-coup de ces revolutions, on ne saurait lemonter a leur cause a I'aidc des historiens Chretiens. Ceux du moyen age sont presque tons d'unc concision, et souvent d'une inexactitude desesperante sur les affaires de leur propre pays ; et, quand ils onta parler des Maures , ils les haissent, ils les meprisent, etne se don- nent jamais la peine de les comprendrc. Cependant, les savans orientalistes ont souvent repute a I'Eu- rope que la langue arabe recelait d'immenses richesses histo- riques; que les lettres furent surtout cultivees par les Sarra- sins , ;\ I'epoque ou nos peres etaient plonges dans la plus profonde barbaric; que les historiens de I'Espagne maure ct de I'Afrique, non-seulemcnt pourraicnt expliquer ces commo- tions qui, parties de I'Arabie, de I'Afrique ou de I'Andalou- sie, ont ebranle tout le midi de I'Europe, mais encore pour- raient nous faire mieux connaitre nos ancetres eux-memes, qu'ils observaient en philosopbes, tandis que les Barbares du Nord s'enivraient de sang et ne savaient pas lire. II faut convenir que les fragmens d'historiens arabes qui ont ete traduits en latin ne repondaient guere A ces promesses. L'histoire ne s'y presente que comme un tissu de revolutions, de massacres et de si>pplices; elle ne fait jamais connaitre, ni les peuples, ni les gouvernemens; elle n'est jamais eclairee par la philosophic; elle ne repand i son tour aucune lumiere sur les sciences politiques. Tantot reduite a de pures notions chronologiques, tantot decoree d'un faux clinquant, elle est ET POLITIQUES. 721 parsemee de fables, de morceaux de poesie; die s'efforce d'aniuser I'imagination par des rocits siirnaturels oii roraa- nesqnes, at jamais elle ne presente le caraclere d'une critique severe, de I'amour de la verite, d'une utilite applicable. Tou- tefois, nous n'avons point le droit de juger une lilterature elran- gere sur quelques fragmens peut-etre mal choisis ou mal tra- duits, et nous desirerions vivcmentque les travaux historiques des Arabes fussent mis a la portee de la generalite des lecteurs , tandis qu'aujourd'hui ils ne sont pas meme accessibles a la pl/ipart des oricntalistes. En cffet, les manuscrits demeures dans leur langue originale sont disperses dans les grandes bi- bliotbeques; leurs copies sont rares, dilficiles a se procurer, plus difficiles a trouver reunies, a corriger, a completer I'une par I'autre. L'liistoire des Arabes est encore couverte des ronces qui occnpaient le champ tout entier de la litterature avant I'invention de I'imprimerie. Aussi nous croyons que don Joseph-Antoine Conde, I'auteur de I'histoire des Arabes d'Espagne, a rendu un service emi- nent au monde savant. M. de Marios, qui a donne une forme nouvelle a son histoire en la traduisant en francais, nous dit de son auteur, « qu'il a compile et traduit avec la plus scrupu- leuse exactitude tous les ecrits arabes qu'il a trouves dans les bibliotheques publiques, ceux qu'il possedait lui-meme, et ceux qu'il tenait de ses amis. Son ouvrage , qui a paru a Ma- drid en i8'20 et 1821 , peut etre rogarde comme ce qu'il y a de plus complet sur cette matiere. Beaucoup de doutes y sont eclaircis, beaucoup d'erreurs y sont rectiliees, et Von y suit sans peine la longue succession des princes qui, sous le nom d'emirs , de califes ou de rois, out gouverne I'Espagne con- quise. On y voit decritcs toutes les divisions intestines qui, plus que les armes espaguolcs, out affaibli la puissance des Arabes, et onl fmipar la miner. Malheureuscment, M. Conde avail adopte un plan qu'il aurait rerormo peut-etre, s'ii avait T. xxvii. — Septemhre iSaS. 46 722 SClENr.ES MOI\Al.E,S eu le terns do niettre la tleiiiierc main a son oiiviage; et I'exo- ciition d'un dessein qu'on pent sans injustice trouvcr mal con- cn, produit dans §pn Histoire des Arabes ce que U' dcfaut ajbsolii de docnnions avail opere dans les historiens cspaj^nols; c'est-a-diie, qu'on ne connait pas niieux les Espajjnols avec M. Ctuule, que Ton ne connait les Arabes avec les historiens espjignols , sans en excepler Mariana , si justement cstime dcpuis 3oo ans. Non-seiilenicnt M. Conde a pousse la fidelite pour les originaux jusqu'a les faire pailer cux-niemes, eommc si I'histoire qu'il a publiec etait leur propic onvrage; niais en- core il laisse toujours ignorcr an lecteur ce qui se passait dans les cours des princes chretiens, conteniporains des emirs et des califes.... « L?^ lecteurs, dit-il lui-meine, doivenl lire mon ou- vrage, commc si un auteur arabe I'avaitecrit, puisqu'il n'cst au fond que I'cxtraijt fidele d'un grapd nombre de livi es composes dans cetle laugue. Ainsi Ton ne devra s'etonner, ni de la difference qui existe entre ce livre et nos histoires , en cc qui concerne le lecit des evenemens, ni du pen de notions qu'oa y trouve sur nos princes et nos gencraux. Ce livre, en uu mot, pent etre regarde comme le revcrs de nos appfiles (i). >i Nous nous permettronsde differer d'opinion avecM. de Rlarles: a nos yeux, ce plan etait bien concu ; il repoudait piecisement au desirqu'eprouvaientlessavans quine connaissent point les lan- guesorientales; et quant aureste du public, on nepeut pas cspe- rer qu'une histoire des Arabes en Espagne devienne jamais im ouvrage universelleraent repandu. D'ailteurs, la seule chance dele rcndrc populaire etait encore de presenter le resume de I'histoire des A'abes tel qu'ils la concevaient eux-memes, de faire parler Icurs auteurs, de conservcr leurs sentiniens sur les hommcs el sur les choses, avec les eoulcuis natives de cc peuple (i) Avertisseraejit rlo i'aiiteur, p. (i-R. ET POIJTIQUES. 7i3 si different > Les planches de cette livraison contiennent : les tetes et les bustes de la Vierge et de I'enfant Jesus , la tete et une partie du buste de saint Jerome, du jeune Tobie, et de I'ange Ra- phael ; de plus , quatre etudes de pieds et de mains, apparte- nant tant a ce tableau qu'a celui de la Visitation. de la Vierge et de I'enfant Jesus; M™e Jaquotot a egalement repro- duit cette m^me partie du tableau. Cet ouvrage est en la possession de S. A. R. Madame. Enfin , le tableau entier a ete grave par MM. CuATiLLOir, LiGNON et Desnoyers. 75a BEAUX-ARtS. 5. Le Portcment. de croia\ dit lo Spnsimo. — Ce tableau .1 ete peint pour une eglise de Palermc, consacrce sous Ic litre de santa Maria dello spasUno. ■< 11 etait naturel, ditM. Emeric David, dans une pareillecirconstance, que Raphael retracatia scene pathetiqne du Portement de croix, I'agonie du Christ, raffliction de scs parens , raccablemcnt on le spasme de sa mere. « Cettescjne, du plus haul patholique, a rcuni tout ce que le sentiment le plus profond ct le plus exquis pouvait ins- piier de noble , de touchant ct d'eleve. Les differens carac- teres, exprimes avec cette justesse qui est le propte de Ra- phael , offrent des contrastes heureux; mais le Christ surpasse toutes les autrcs figures, autant qu'il etait possible d'exprimer, par des moyens huniains, la divinile de son essence. — « Se soutenant d'une main sur la roche oii il est tombe , et de I'autre retenant sa croix, il dirige vers sa mere un regard dont I'in- effable expression surpasse tout ce que I'imagination eut ose concevoir. Tel est I'effet de la noblesse des formes, etde I'in- concevable magie de la couleur, que, dans la chaleur de ce regard sublime, se peignent en meme terns et la tendresse du fils, et les angoisses dc rhomnie, et la benignite du sauveur, et la majeste du Dieu. Quelques larmes se melent au feu qui jaillit de ses prunelles azurees. Le sang quiruiselle sur son vi- sage, en releve I'auguste beaute. La dignite de son front, la grace toute divine de ses levres, les ondulalions de sa cheve- lure, la distribution meme d'une barbe legcre qui se partage en deux plans plusegaux, s'accordentavec le caractere des yeux. » Les planches, executees d'apres ce tableau, representent : la tete du Christ avec les draperies qui couvrent sa poitrine et ses epaules ; la tete etlebustede deux saintes femmes, de Simon le Cyreneen et de Saint- Jean ; la vierge jusqu'au-dessous des epaules et la Madeleine jusqu'a mi- corps. Le merite de cette collection sera vivcment apprecie par tous les connaisseurs. P. A. Coupin. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). . AMERTQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNLS. 277. — * Europe; or a general Survey of the present situation of the principal powers , etc. — L'Europe, ou Examen de I'etat present des principales puissances, avec quelques conjectures sur leur avenir; par un citoyen des Etats-Unis. Boston, i8aa; Cummings et HilHard, n. I , Cornhill. En lisant cet ouvrage, qui nous est arrive depuis peu des fitats- Unis , on a bientot reconnu que VObservatenr amiricain a ecrit en Europe. Mais, a-t-il visite tous les etats dont 11 parle ? a-t-il penetre le secret des cabinets ? a-t-il vu au moins la plus grande partie des ressorts qui font mouvoir, tant bien que mal, la machine politique.'' Nous I'ignorons; niiiis, a coup sfir, il savait beaucoup. Son examen commence par la France qu'il a etudiee avec soin, et il resume aiasi ses observations sur notre patrie : « La constitution de la France est pleine de sante et de force, en tout ce qui est le plus essentiel : elle est au-dessus de toutes celles que I'Europe nous montre en ce moment. Un coup d'oeil superficiel y soupconnerait quelques symptomes de maladies, meme d'un caractere alarmant; mais, en regardant de plus pres , on est bientot convaincu que le principe de vie est assez actif et abondant pour eloigner tous les dangers. » Lorsque I'auteur t'crivait ses remarques , la loi des elections n'etait pas encore changee, et la constitution subsistait a peu pres dans son entier. L'Espagne et le Portugal dont il jjarleneresseniblent point a cequesontaujourd'liui ces deux etats. L'Espagne a completement trorape ses esperances; le Portugal les realisera peut-etre , niais n line autre epoque, et par une (t) Nous iudiqiierons par nn asterisque (*) , place a c6te du litre de cJiaque ouvrage, ceiix des livres ctrangers ou francais qui paraitront digues d'une atten- tion particulicre , ct nous en rendrons quclqiicfoir, compto dacs la .section des Analyses. T. xxvii. — Septemhre iSaS. 48 754 LIVRES ETRANGERS. autre s(5rie d'cveiiemens. L'ltalie et la Grfece sont encore aujouid'hui telles que iiotre Observatcur les a vues : I'une vaincue, saus avoir eu I'honneurcle combattre; I'autre comliatlant avec courage, et jusqu'icL avec succ^s. L'AUemagne , dans laquelle rAutriche et la Priisse sont comprises , donue, suivaiit iiotre auteur, une grande lecon aux etats americains. « Si, par inalheur, les liens qui nous unissent venaient a se rompre, nous verrions, coninie en AUemagne, iios etats preci- pites les uns contre les autres , iios niilices converties en armees per- manentes, et des guerres sans fin; jios presidens deviendraient des despotes hereditaires ; nos magislrats , si recommandables par leur lionnetete et leur instruction, feraicnt place a une insultante aristo- cratic ; nos peuples libres et heui eux ne seraient plus q«e de miserables paysans, condamnes a une servitude personnelle. Nous ne serious pas mdine en surete contre les entreprises de I'Europe , malgre I'in- terposition de I'ocean. Des puissances etrangeres s'etabliraient au milieu de nous, flatteraient tour a tour nos interd'ts prives , excite- raient les passions, entretiendraient les divisions et les troubles inte- rieurs. Notre bonbeur, comme celui de I'Allemagne, serait sacrifie a Tambition et a la cupidite de ces Strangers : nous tomberions sous un iougsi accablant, que la mort nous paraitrait nioins cruelle ; et cepen- dant, il nous serait impossible de nous en delivrer. » La Russie , la Su^de, le Danemarck et les Paj-s-Bas trouveraient aussi dans cet ecrit des verites utiles, s'ilarrivait un jour que les nations el leurs chefs sus- sent profiter desavertissemens qu'onleur donne.LaCrande-Bretagne, dans cet ouvrage, est consideree en elle-m6me , par rapport a ses colonies, a I'Europe et a I'Amerique; ce qui am^ne une dissertation approfoudiesurla chimere d'anebalance , ou d'un equilibre politique en Europe et dans les deux mondes. En traitant ce sujet , I'auteur ne pouvait se dispenser de parler de la Sainte- Alliance, et d'exposer sur cette institution politique uiie opinion libre et independante. La marine anglaise est I'objet de son dernier chapitre. Dans le resunn- de ses observations sur I'Europe , il emet cette opinion remarquable, que , « I'eff'et de I'influence toujours croissante de la Russie sur I'etat politique de I'Europe occidentaledoit etre regardee comme favorable, pavce qu'elle sape I'independance des etats inferieurs , et tend a changer leurs vieilles formes. » II pense que Ton nepeut esperer aucun bien , taut que ces anciennes institutions incoherentes seront main- tenues , et que , pour elever un ediflce regulier et durable , il faut commencer par deblayer et aplanir le sol. 11 ne desespere point de l'avenir,et nous encouragerait peut-etrenous-memes, si nousn'avions AMfiRIQUE SEPTENTRION.VLE. 755 pas sous les yeux des preuves trop evidentes du progies de maux tres-difficiles a guerir , et que Yon s'efforce de reiidre incurables. Notre auteur americain , plein du sentiment de sa patrie, du bonbeur dont elle jouit et qu'elle garantit a ses beureux habitans, sourit a I'avenir, et doit en effet concevoir de grandes esperances. La position des Europeans est moins agreuble; leur borizon est plus sombre ; leurs pensees et leurs opinions se ressentent de rinfluence des objets qui les environnent. F. 278. — Oration dclii'ered in the Cupitol in the city of Jf'aihing!on etc. , — Discours prononce au capitole dans la cite Washington, le 4 juil- let 1825, par AsBUHY Dickiss ; public sur la demande du comiie des arraiigemens. Washington, i8a5. Gales et Seatou; brochure in-8° de 19 pages. Charge decelebrer dans un discours ranniversairedel'independance de sa patrie , M. Dickins a era qu'il convenait de retracer , dans cette circonstance solennelle , les progres des divers peoples dans la car- riere de la liberte et de la civilisation , depuis Fepoque memorable oii les Aniericains du Nord prirent place parmi les nations libres et ci- vilisces. Apres avoir passe en revue les differens pays de I'Europe M. Dickins arrive a la Grece ; et la chaleur avec laquelle il parle de cette belle contree etde la lutte soutenue avec tant d'heroisme parses genereux habitans , prouve que les Americains , iion moins que tous les honimes genereux et eclaires , en Europe , s'interessent au sort des descendans d'Homere , de Platon et d'Epaminondas. Malheuieu- sement , des obstacles trop reels ont jusqu'ici empeche cet interet de se signaler d'une maniere plus efGcuce pour la cause a laquelle il se rattacbe. La derniere partie de ce discours est consacree a exposer I'etat actuel des Etats-Unis ; c'est a la sage liberte et aux institutions dont ils j'ouissent , que I'auleur attribue avec raison tous les succes qu'ils ontobtenus , et leur marche progressive et rapide dans la car- riere de la civilisation et de la prosperite. A. J. 279. — * The New-York Review, and Jtheneiim Magazine. — Revue de New-York, et Recueil de rAthenee, dirigee par ?)I. le docteur Anderson et M. Bryand. Nevr-York , iSaS ; White, i"' cahier. Juin 1 8 25, 84 pages. Ce journal fait suite au recueil athmtiqiie (allantic magazine) dont il a deja paru deux volumes. Parmi les articles interessans du cahier que nous annoncons, nous avons reiwarque 1° une excellente analyse de Hadad (voy. ci-desstis p. 423); 2° I'examen d'un rapport sur la reduction de I'armee des Etats-Unis; 3° un compte rendu d'un conte 756 LIVRES I>:tRA.NGERS. intitule les Fnyagetirs , par Tauteur de Redwood. Ce nouvel ouvragc qui semble presenter beaucoup d'interet et le r^cit chi voyage d'une famille aux cataractes de Niagara , anx lacs, etc. Plnsienrs incidens , des traditions, des anecdotes en rendent la lecture tres-attachante. II est destine aux jeunes gens (voy. ci-dessus , p. i3a). 4° Des extraits du journal d'une amcricainepartie de Boston en 1704 (soixante-douze ans avaiit la guerre de la revolution); pour faire dans I'interieur un long et perilleux voyage de deux cent cinquante milles , elle employa cinq moss, tandis qu'aujnurdhui a peine mettrail-on cinq jours d par- courir le m^me espace. Ce journal, ecrit en vieil anglais de refiigie, est fort curieux par les descriptions qu'il donne d'un pays si comple- tement change et des mceurs des habitans. Ala suite des articles, on trouve, sous le titre d'y4chenee , des me- langes en vers ct en prose; une tr^s-belle ode a la gloire de Marc Botzaris; Tannonce d'une collection des ouvrages nouveaux et an- ciens de madame Barbauld, roimprimes en Amerique; une piece de vers pleine d'harmonie et d'originalite , adressee a un corbeau mou- rant; enfin, une chanson de I'ile de Piicairn. La table du volume 11 du recueil atlantiqtie , placee a la fin de ce cahier , pent faire juger du plan d'apres lequel cet ouvragea ete dirige jusqu'a present, et de la diversile des niatiferes qu'il embrassait. L. Sw. B. 280. — * Phosphor, morning star of liberty and equality. — Le Phospbore, aurore de la liberte et de I'egalite. Vol. I, n. i. NevF-York , 8 juin, i8a5 , I cahier de 16 pages in-8°. Nous avons deja entretenu plusieurs fois nos lecteurs du systeme de cooperation mutiielle , inventeet defendu en Angleterre avec succes par MM. Robert OwENet ^F/Wam Thompson, quide concert avec leurs amis et leurs disciples, viennent de fonder ou sont sur le point d'e- tablir, d'aprfes leurs nouveaux principes , plusieurs societes coopera- tives, soit en Angleterre et en Ecosse, soil aux Etats-Unis (voy. Rev. enc. t. xxvi, p. 270, 274 et 894). SIM. Owen et Thompson sout frappes , comme plusieurs aulres economistes distingues, (entr'autres M. de Sismondi, voy. Rev. enc. t. xxii , p. 264-298), des vices du regime social actuel de nos societes civilisees , ou la masse des indus- triels travaille , pour ainsi dire, au profit d'un petit nombre d'eutre- preneurs qui percoiveht sur les produits de cette masse des droits cnormes et n'abandonnent aux veritables producteurs qu'une trfes- legere part dans les benefices , a peine suffisante pour satisfaire leurs premiers besoins. Apr^s avoir cherche a decouvrir les causes du mal, ils se sont occupes des moyeus de le detruire, et ils out cru AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. 7X7 les trouver dans une reforme complete de rorganisalion soci;ile et industrielle. lis ont propose d'imposer a tous les hoinmes line part cgale dans les travaux , afin de pouvoir leur accorder ensuite nnepart egale dans les produits, et pour parvenir plus facilement a ce but, ils ont imagine de former de petites cominunautes, se composant de 1000 a 2000 membres au plus. QuelquesFrancais, MM. Fourrier et Muiron , avaient emis dans quelques ecrits que nou3 avons aunonces, des vues analogues ; mals ils n'ont point obtenu les memes succes que les ecrivains anglais dont nous -venons deparler. M. Fourrier, auteur du Traite de I'associaiion domestique agrlcole (voy. Rev. enc. t. xvili , page 38o), a consacre deux gros volumes au developpement de son sysl^me ; mais telle est la bizarrerie des applications qu'il fait de ses doctrines, assez sages au fond, qu'il est presque impossible de de- ui^ler, au milieu d'une foule d'utopies quelquefois extravagantes , le ])eu de bonnes vues qui s'y trouvent cachees. Dun autre cote , M. de Sismondi, qui a reconnu lui-meme, dansl'article deja cite, les fjraves inconveniens de notre systfeme social , iie se rencontre pas, a ce qu'il parait, avec MM. Owen et Thompson, d'abord dans I'appreciation des veritables sources du raal , puis dans le choii des moyens pro[)res a le faire cesse.-. (Voy. Rev. enc. t. xxiv, p. 67-75, 1'examen de I'ouvrage de M. Thompson, intitule : an Inquiry into the princinles etc.). Mais cette question, qui u'a ele jusqu'a present discutee que dans les livres, pourra etre enCn decidee , d'apres des faits ; si les etablissemens d'Hrfrmony et d'Orbeiston prosperent, M. Owen, dont les droits a I'estime publique sont depuis long-temps acquis par sa philantliropie perseverante et eclairee,reciieillera, dans le triomph«desesprincipes, la plus belle recompense qu'il puisse ambitionner. Dans le cas con- traire, il seraprouve sinon que le nouveau sysleme est enlierement inexecutable , du moins que son application rencontre de grandes difficultes, soit dans les institutions exislantes, soil dans la nature meme des hommes. — Le journal que nous annoncons, et dont le titre pompeux semble prcdire a I'humanite une ere nouvelle de bonheur, est consacre a la defense et a la propagation de principes analogues a ceux de M. Owen. Le premier cahier contient , outre le prospectus, piusieurs extraits de correspondances , oil Ton retrouve la plupart des details rehitifs aux societes cooperatives que la Revue a deja inse- res. Nous informerons avec soin nos lecteurs des resullats que ces teiltatives de reformes partielles, et 774 LIVRES ETRANGKRS. qiiflque Icms, il scnible destine a recueillir I'horit.ige litternire de ses iiiiils et a publier louis ouvrr.gcs apit-s !eur mort. Sans doute la con- fi.ince des testateius ue pouvait clie mienx placee; M. Ralibek s'est toujoiirs acquilte de la mission qu'il avail acccjitee avec un zele et line probile qui ont ajoute a la reconnaissance de ses compatriotes pour lui. Aiijouid'luii , il publie le j)reniier volume dcs ouvrages de son ancieu ami feu M. Pram. Nr en Norvege, en lyUG, ce dernier, aprds avoir occupe un lang distingue sur le.Parnasse danois , et la charge emineiite de depute au college royal de commerce i Copen- liague, est alle mourir, il y a deux ans, dans une des colonies danoises en Amerique. Le volume que nous annoncnns contient quelques traductions des poetes grecs et latins, tels que le poeme de Hero etLeandre, attribue a Musee, et les deux heroides d'Ovide sur le m^me sujet. Ces poemes, ainsi que quelques autres du m(5me genre, dont le sujet a ete tire de j'histoire danoise, ont ete couronnes par la societe royale elablie pour I'encouragement des belles-lettres. Le reste du volume contient quelques compositions dravnatiques d'un merite incontes- table , et plusieurs contes ou nouvelles en prose , fort agreables a lire. Cependant, ce ne sont pas encore la les ouvrages qui ont merite a M. Pram la reputation d'un des premiers poetes danois. lis se trouveront dans les volumes suivans qui sont attendus avec impa- tience en Danemarck , et auxquels nous esperons que M. Rahbek aura soin d'ajouter une notice biograpblque sur leur auteur; ce qu'on pent lui reprocher d'avoir neglige en publiant, il y a deux ou trois ans , les ouvrages de feu M. Thomas Tbaarup. Ueiberg. ALLEMAGNE. 3or, — EN02 in nobiVtssimo Pauli ad Gal. 3. 20. effato hand genicii^ sed noiniiiativo casii esse posilum examinatis alioriim ccxxxxiil interprt' turn explicationibus, eic, — Pieuves que le mot EN02 , dans le ao* ver- set du chap. 3 de I'Epitre de St. Paul aux Gaiates n'est pas au genetif, mais au nomi>iatif , tirees de I'examendes applications des -243 inter- pr^tes , par C. H. F, Weigand, pasteur. Erfurt, 1821 ; J. C.Miiller. In-8° de 161 pages. On trouverait difficilement un sujet litteraire qui ait 6chappe a la sag.icite des auteurs alleraands, surtout dans ce qui concerne la cri- tique sacree. Le passage de saint Paul , dans son epitre aux Galafes, cliapitre 3 , verset 20, a beaucoup exerce les commentateur.s ; M. Wei- g.uid en cite a^S , la plupart allemands ; et certes , il n'a pas epuise ALLEMAGNE. 77^ la li.^te ortion de la Souabe , qui tenait a la Germanic su[)erieure , avail ele mesuree de meme. M. Leicbtlen examine e.isuite les opinions de Cluvier , de Mannert, de Plifter etc. ; et de plus, il les marque sur sa carte , au moyen de points de diverses couleurs ; enfin , il en vient a ce qu'il se propose lie demontrer lui-m(*me , et c'est ici surtout qu'on aime a le suivre dans sa promenade archeologique. II part de Vindonissa, sejour de la XIc legion , et traverse le Rbin a Tenedo ( Zurzacb ) pour se rendre a Juiiomagus, (Stulingen), derniere poste du ducbe de Bade, vers la Suisse, jolie petite ville situee au milieu de montagnes pittoresques oil les debris de I'antiquite se presentent en foule, et rappellent la presence des XT et XXP legions dans ces. beaux lieux. Neanmoins, ALLEMAGNE. 777 c'est sur une colline oil s'est conserve le nuin de Ueidemchloss (fort paien)que sent ces debris, ct iion a Stuliiigen meme , qui n'est pasre- marquable pour ce genre de richesses. Aussi, est-ceraccoiiaplissement des XIV lieues gauloises marquees sur la table qui fait placer ici la station de Juliomagus. Partout !a route roinaine a garde le nom de Hochsirass{ chemiii liaut ), que les habitans de 1' Alsace donnent aussi aux. vestiges qu'on y retrouve encore. II en reste un fort beau frag- ment a la station appelee Arcce Flavlcc (Rotweil ). Samolucence occupe beaucoup plus long-tems M. Leichtlen. Cette ville romaine etait a deux lieues de I'endroit oil est aujourd'hui Tubingue ; Rothembourg est a cote de ses ruines qui consistent en quelques fondations , et parmi lesquelies on voyait des inscriptions et des tombeaux. Les in- scriptions s>ont expliquc«s avec beaucoup de bonheur et de sagacile. Enfin , on donne des delails sur des fragmens de poterie, sur d'auciens aqueducs. AI. Leichtlen applique a la viile de Samohicense une in- scription publiee jiar Reinesius. Cette parlie de son ouvrage iixe un point important de la Geographic : aussi, s'y est-il andte, en con- sacrant un chapitrc separc h des recherches sur le village de Sulchea qui est aupr^s des vestiges de Samolucence. Je ne puis m'empecher de signaler a I'attention des antiquaires les idces de I'autcur sur la grande ligne de defense des Romains, du Necker au Danube. En general, je connais pen de litres mieux faits et qui atteignent aussi bien le but que Ton duit se proposer dans ces vieilles geographies. Sans doute, M. Leichtlen conlinuera de parcourir la carriire oil il est entre avec tant de succos. Ph. Golurry. 3o4. — * il. Ad.vms Ceschichtc der A'lsbrciting , etc. — Hisfoire de la propagation de la religion chretienne, dans le Nord , par I'eglise de Kambourg et de Brcme ; suivie d'une Disscrtiition geogra[)liique sur le Dauemarck, etc. ; traduite du latin par .)/. Ad\i\is ; avec des an- notations, T^ar Cars ten MrsEGiES. Brcme, iS25; Flejse. Sfi^ pag. in-8. L'histoire ecclesiastique (Vyldanms Brcmemis (c'est ainsi qu'il est appele , conime chanoine de rarcheveche de Br^me ) est asscz ap- pr(5ciee par les ecrivains du nioven 3ge. Les auteurs des chroniques posterieures le suivent avec plus ou nioins d'exactitude et s'en rap- portent ordinaireinent a ses recits. Depuis la decouverte de son ina- nuscrit a Soroij, en 1579, jusqu'en 170(1, il a paru six editions differentes de I'original latin. Quoique les auteurs classiques lui fus- sent familiers , il n'avait pu se dispenser, en ccrivant en latin , d'em- ployer beaucoup d'expressions nouvelles, necessaires pour expnmer des idees etrangeres a cette langue. Le traducteur a pris soin de les 778 LIVRES ETRANGERS. eclaircir pour les Allemaiids, en y ajoiitaiit tics annotations fort utiles, — La Dissi'italioii geograpliique sur le Uanemarck, qu'Adani avail habite pendant qnelipie temps , merite une attention particnlii're. D-F. 3o5. — * Teiitschland iind die Tctttschen. — L'Allemngne et Ics Alle- l^iands depuis les temps los plus anciens jnsqu'a la mort de Cliaiie- magnc ; jiar Aloyse Schreiber. /(O et dernier caliicr , erne de (> gra- vures. Carlsruhe, iSaS. In-4". Nous avonsrenducomptedes troisprecedenscaliiersde cetouvrage (Y .Rev. Flic. t.XXV, p. 789), et nous avons fait remarquersurtout de quelle utilitodevaitdtre pour les gens du nionde unlivre qui met aleur portpe les resultats obtenus par les savans , dans leurs etudes sur les antiquiles de leur palrie , sans lesinitier a des recherches qui seraient pour eux d'un mediocre intcrtt. Toulefois, pour etrejustes, nous n'avons point cache a nos lecteurs que souvent M. Schreiber s aban- donne avec trop de facilite a des syslemes specieux et pen fondes. Le caliier qui vient de paraitre , et qui est du domaine de I'histoire po- sitive, est exempt de ce defaut ; il commence en 742 , a la n;iissance de Charlemagne. Citer ici tons les chapitres qui le composent, se^ait ne donner qu'une table chronologique , depourvue de I'inferet qui anirae les recits de M. Schreiber; mais nous 7ie passerons point sous silence les utiles observations qu'il a repandues dans son livre. Telles sont celles qui out pour ol)jet la propriete, Tagricnlture, I'etat des t'ermes , des villages. L'auteur fait aussi rcmarquer la solllcitnde de Charlemagne pour les progri-s des arts et des metiers ; et cependant, la plupart de ceux qui s'y livraient, etaient serfs et pouvaient etre vendus , donnes ou echanges ! M. Schreiber cite I'alienation de la moitie d'un marechal, c'est-a-dire de la moitie des services qu'il de- rail au seigneur; car, le plus souvent, ces malheureux etaient obli- ges a trois jours de travail a son profit par seniaine. Charlemagne, qui avait vu en Italic les restes de la splendeur roraaine, prit quelque goiit pour les beaux arts et leur donna aussi des soins; Eginhard , son secretaire, avait fait des etudes sur I'architecture des anciens. Ce fut cet Eginhard qui flt construire le plus grand nombre des soixante-trois palais , chateaux ou maisons de campagne de Charle- magne ; outre cela , on s'occupa , sous le regne de cet empereur, de la reparation des ^glises , ainsi que de nouvelles constructions pour les besoins du clerge , il envoya jusqu'a Jerusalem des dons magni- fiques, et fit orner de pierres precieuses la basilique de St. Pierre a Rome. M. Schreiber fait I'enumeration de tous les edifices eteves par Charlemagne , et dont il ne reste plus , dit-i.l , que I'eglise de Saint- ALLEMAGNE, 779 Martin a Bonn , et y,eut-etre I'eglise de Saint-Jean de Worms et le chcciir de Strasbourg. Nous voici revenus aux reves nierveilleux de I'auteur ; il font Lien que noUs elisions aussi que le tombeau de Charlemagne re- presentant I'enliremeiit de Proserpine , at'uit autrefois couvert les restes de Jides Cesar. A la veiite , M. Sclireiber ne le dil pns positiven-.ent , mais I'cxpression dont il se sert prouve qu'il ne serait pas f'ache d'accrediter cctte opinion. — Quant au chapitre de I'ouvrdge qui est consacre au commerce , il offre beaucoup d'inieiet , et c'est celui que Ton devra surtoutrecherchurdans ce livrequi est m:iintenantterniine. Ph. GoLliEHG. 306. — * BiographischeDenkmale. — Monumens biographiques , par M. K. A. Varnhagejc von Ense. Berlin , 1824. Reiuier VI. et 3o8 pp. 8<*. prix : 7 fr. Ce ■volume , qui sera suivi de plusieurs aulres , offre trois bio- graphies tres-bien ecrites et dignes de fixer i'altention du public. On pourralt regrelter que I'auteur ne nous ait pas indique les sources ou il a puise ; mais il fait esperer qu'il satisfera plus tard a ce juste desir. Les hommes remarquables qui font le sujet de ces biographies sont ( p. I — i3o ) Gulllaume, comte de la Lippe, ne a Londres en 1724 > connu pardes guerres dansle Portugal qu'il a sauve, est mort en 1777; ( p. i33 — 284 ) Mathleu , comte dc Schulembourg , ne a Emdem dans les environs de Magdebourgen 1661 , general au service deSaxe dans la guerre contre Charles XII, puis defenseur de Corfou et geiie- ralissinie de la Republique de Venise contre les Ottomans , niort a Verone en 1747 ; ( p. 284 — 3o8 ) Etienne , baron de Neuhof , plus connu sous le nom de Theodore , roi de Corse ; oblige de chercher un asile a Londres , ce dernier y fut arrete par ses creanciers ; il y mourut, et son lils, le colonel Frederic , vit encore de la liberalite des Anglais. 307. — * Peter der grosse als Mensch und Regent dargestellt. — Pierre* le-Grand, considere sous les deux rapports, d'homme et de monarque, par M.le D' Benj. Bergmanw , pasteur en LiTonie. T. i*' Koeuigsberg, 1823, Librairie universitairc. XX. 294 pp. 8. prix: 7 fr. Plusieurs ecrivains ont donne de grands developpemens k I'hisi toire de Russle , depuis que Voltaire a ecrit la vie du Czar ( il faut ecrire et prononcer Tsar) Pierre I"', et celle de son rival Charles XII; mais , si le premier de ces ouvrages laisse beaucoup a desirer , le jugement qu'il porte du souverain moscovile semble ueannioins con- lorme a la verite. Pierre-le-Grand est sans douteuii des personnages les plus eminens de I'histoire r.ioderne ; inais ce rcformateur d'une 78o LIVRES liTRAWOl'.RS. graiicle ncilion , qui n'avnit p;is sii reformer ses propres moenrs , barbares et sanguinaires , excite atissi souveiit notre inciigiialion qu'il comraaiidenotre rnspect. La littpratiire alleiiiaiidepossed;iit deja deux biogiajdiles de Piene-le-Graiid ; mais, sans <;tie entitlement de- jionrviies deinerite, ellcs ne pouvaient plus aujourd'hui salisfiiire riiistoirien et le phih^soplie ; la |)iernic're de cos biographies , dont i'autenr etait M. Ciaurlius , a paru a Riga , en 1798, en 3 volumes ; I'autre est de M. de Halem que rAllemagne \ient de perdie, et a paru en i8o3 a Munster, egalement en trois volumes. L'ouviage de M. Bergniann est iiiGniuient (jrcferable a ecus de ses predccesseuis ; familiarise avec la langue et la litteralure russes, il a pu puiser a des sources inaccesslbles a ceux-ci, Thcopbane Proco|)ovitch , Demetrius et F^dor Turaauski ont laisse des biographies dc Pierre-le-Grand en langue nationale, et Jean Golikof a recueilli , en une collection de 3o volumes, une foule de memoires ct de documens relalifs a la vie duTsar et dus a plusieurs de ses contemporains ( Moscou 178S et suivantes). Outre ces ouvrngcs, I'nuteur a^ait a sa disposition des manuscrits originaux et plusieurs ecrits hollandais ou aliemands. L'on nedoii done pas s'ctoiincr de trouTer ton liTre beaucoup plus complet et plus exact que celui de Halein , son devanciei' , a qui I'auteur ne rend ])as neannioins toute la justice qui lui est due. Apr^s une introduction desiinee a faire coniiaitre la situation de ia Russie , lors de I'avenement du Ts.tf Pierre , M. Bergiuann ecrit sa vie, depuis sa jiaissance ( 3o mai 1(572 ) jiisqii'a la fin de :7oi ,. epoque ou finit son premier volume. Pierre Alexievitch etait fils de Natalie Narishkin que le grand due Alexis avait epousee en secondes noces. Aprt'S la reuonci.Ttion de Joan , a la mort de Feodor il fut couronne en m^me tems que Sophie, sa scEur du premier lit, le 10 mai i68i. Son premier precepteur fut Francois Timmermann, de Strasbourg, lieutenant d'arlillerie ; mais le Genevois Lefort , qu'il conuut en 1689, eut plusd'influence que personnesur son education. C'est a la mort du Patriarche Joakim arrivee en 1^90, que le Tsar commenca ses reformes. Sophie roguait, le Tsar faisait la guerre ou parcourait I'Europe. II regna seul , depuis 1698 , etsignala son retour a Moscou par des cruautes inou'ies exercees contre les strelitz rebelles et contre sa soeur m^me qu'il fit enfermer dans un convent, ainsi que sa propre epouse Eudoxie. Nous depasserioiis les bornes d'une simple annonce , en continuant cette esquisse rapide de la vie du monarque moscovite ; il siiffit d'ajouter que I'anteur, daus les cinq premiers livrcs de sa biographie , entre dans tous les details ucces- J ALLEMAGNE. 781 saires et caractt'rise parfaitement son heros. Nous attendrons que I'ouvrage soil acheve pour ea parler plus longuement a nos Iccteurs. J. H. SCHKITZLER. 3o8. — * Das Schlossderdeiitschen Ritterin Marienburg. — Lechateau des chevaliers Teutoniques a Murienbouig. Berlin , iSaS. In-8° avec un cahier de gravures iii-folio. II n'estjamais trop tard pour annoncer un ouvrage important pour I'etude des arts: celui-ci est (J'un grand inferet pour rarcliitecture du inoyen age , et traite a fond de la construction des chateaux fondes jiar les chevaliers de I'ordre teutonique en Prusse. Le chateau de Marieiil->ourg a ete eleve a la Cn du iSesiecie. On ne sait quels furent ses I'ondateurs ; mais le plan sur lequel il est concu, son etendue, ses murailles en hriques artistement unies, revt^lent des maitres con- sommes dans rarcliitecture de ce terns. Le Hochfchloss , ou haut cliAteau , est un carre long , dont les ruurs ont dix a douze pieds d'epaisseur ; il est a pen pies detruit. L'auteur decrit I'eglise de S"^.-Marie et la statue de la Vierge placee siir le maitre autel , ainsi qu'une autre statue colossale , nionuniens des arts de cette epoque. II passe ensniteala description du iVItlelschloss ,ov chateiiiidu milieu, qui devint la residence du grand-niaitre. L'appendice est consacre a des excursions dans le doinaine des arts. Cette production sert de comjjlement aux etudes des antiquaires et des artistes sur une epoque memorable de I'histoiie. Ph. Goleery. 3og. — Laciandi carmen dc Phanlce , l? poeme de Lactance sur le Plienix , revu sur des MSS. non explores et sur les anciennes editions, et augmentesde lemons diverses; par,-^^o//jAe MARTiif r, D. P. Lune- bourg, 1825 ; Herold et Wahlstat, in-8° de 1 12 pp. imprime a Biuns- wick. Ce petit poeme,',qui ne contient que cent soixante-dix vers, nialgre radmiration de quelques doctes , n'est pas d'une poesie bien relcvee. II parait que Lactance , encore fort jeune , et paien , fit de cet ouvrage un exercicelilteraire. Cepcndaut, commeobjet d'erudition, il mcritait d'tkre revu et public; c'est ce quia ete fait avec succes par M. Mar- tini. II examine d'abord si Ton a eu quelqueraison d'enlever cet opus- cule a Lactance pour le donner a Ausone ou a uu Venanlius Fortuna- lus, et ilse decide pour la negati\e. Vlennent ensuile les temoignages des savans , une table de MSS. , au nonibie de trente-quatre , et des livres imprimes , au nombre de cinquante, qui reiiferment le poeme sur le Phenix ; plus loin , on lit une description de cet oiseau myste- ricux , tiree des auteurs sacres et profanes , et notammeut d'Ezechiel ; 782 LIVUES h'lTRANGERS. enlin , le poi-ine lui-meine accompagne fie notes perpitiieltes. Ft pour que le locteur n'ail ricn a tlesirer sur ce sujet, le livre se teritiint' par rindication des I'crivains qui , avant Lactance, ou vers la meme opo- que , ontparle rlu Phenix. (i) M. Martini a drdic sou travail a la fa- culte de plillosophie de TUniversite dc Marbourg, dans laquellc il a recu le liounct de docteur , i! y a cnvirou deux ans. 11 anuonce qu'il s'occupe .1 revoir et a coniiueuliir YOra inaiiiiina de Rufus Fcsliis Avienus. de Riuppenberg. N. B. Noussomnies forces d'ajoiiruer au mois procliaiii la contiriua- tiou de notre Revue des Outrages Peiiocliqiies /lltemaiids , afin d'ob- tenir uue liste plus coniplute de ceiix qui soiit relatifs a \a phi/usophie morale et a Medication. SUISSE. 3 TO, — Qiielqnes fails rcmarquabJes d' infanticide soumis aiix refle- xions dn liiiislateur , dti jiige et dit mcdecin ; par S. C. , mcmbre du tri- bunal d'appeldu canton de Vaud. Lausanne, 1820 ; Benjamiu Corbaz. Brocliure de 91 pages. La Suisse reconstruit le vieil edifice de ses lois penales. l.a Cam- line, ce code criminel qui etait un des beaux niouumens de la fin du moveo dge , et qui regit encore quelques parlies de rAllemagnc et de la Suisse, est devenuun code d'inbumanitc et debarbarie. L'auteur du petit ouvrage que nous annonrnns a saisi le moment ou Ton Ira- vaille a de nouvellcs lois ])enales dans son canton et dans les cantons voisins, pour attirer I'attention du legislaleur sur le crime d'infanli- cideet sur les peines qu'on doit lui appliquer. Dans plusieurs legis- lations, raccoucbemerrtclandestin , suivi de la morl de I'enfant nou- veau-ne , est encore puni , comme le crime d'infanticide. Si Ton r^fle- cbit cependant a la situation de la mere, au moment deson accou- ment.onseatiracombienrapplication d'une semblable peine (lamort) est cruelle et disproportionnee. C'est la honte attacb^e a la giossesse qui excite au myst^re et a la clandestinite ; et celle bonte exerce un pouvoir irresistible sur une mfere faible , niais dont les senlimcns sont nobles et eleves. Uue femme de mauvaise vie, comme I'observe no- tre auteur, n'accouche poiut en secret. En appliquant a la mclrequi a laisse mourirson enfant la peine de mort, on punit comme crime ce qui pent n'etre qu'une imprudence ; et, dans la supposision nic*me oil la mfere aurait attente aux jours dc .'Jon enfant, il faiit examiner (r) Voy. t. xxtv, p. igi, ranntmrp d'\>n otivrap.P frjnc.iis sur le I'lunic, SUISSE. 78'^ si , dans I'etat de trouble ct d'alteration de ses organes , ou doit la supposer capable de ces calculs , de ces reflexions qui constituent ce qu'on appelle premeditation. L'auteur peint avec des couleurs vraies et fortes la situation des infortunces dont 11 prend la defense. II cite, . a ce sujet , uu fragment de rapport fait par le medecip. William Hun- ter a la Societe royale de Londres sur les accoucliemeus clandestiiis. Plusieurs jurisconsultes francais, et particulierement JI. Bavuux , dans son Cours de droit crimincl , ont montre la route qu'il fullait sui- vre. L'Allemagne a vu paraitre, depiiis pen, quelques bons ecrits sur cette matiere. Notre auteur cite plusieurs dispositions dn code de Bavi^re sur I'infanticide, qui font voir que les lecons donnees par ces ecrivains n'ont pas ete perdues. 11 fant esperer que la France suivra la raeme route, et que des inteiets de parti n'ernpecheront pas la lu- miere d y penetrer. On ne pent que louer noire auteiir sur I'opportu- nite de son travail et sur la maniere dont il I'a execute. M. 3ii. — * lleinrich Zschokhes ausgewtehlte Scliriflen. — OEuvres choisies de /ieran ZscHOKKE. T. V — X. Arau , 1825 ; Sauerlseuder. Gr. in-i6. ( Voy. Rev. Enc, t. xxvii, p. 780. — 782. ) A peine avions-nous annonce la premiere livrnisun de cette col- lection, que la seconde a p:(fu. Nous allons exposer sommairement, comme nous I'avons promis, le contenu des six nouveaux volumes. T. V. Expose hiscoriqne de la propngation du cliristianisine s%ir notre globe. — Cet ecrit, imprime pour la premiere fois en 1819, dans un journal que l'auteur a publie pendant plusieurs annees, sous le litre de Memoires pour sen-ir a I'histoire de notre lems , est , pour ainsi dii e , une carte loutiere destinee a gnider dans ce vaste et beau sujet le fulur historien qui entreprendra de faire un pendant a VHistoire pJu- lojophique et politique des etablis semens et du commerce des Europecns dam les deux Indes. "L'bistoire de la propagntion du cliristianisnie dans les contrees les plus eloignees , dit M. Zscbokke , est I'histoire de la civilisgtion de tons les peuples , I'histoire de la libeite de penser et du verit;ible eniioblissenient de Fhumanite, I'hi'Stoire de ces grandes et eternelles revolutions de I'esprit humain, dont letendue et les resultats sur- passaut toutes les revolutions des em[iires, du rommerce, de I'ait de la guerre ou de I'industrie. Bien plus, toutes les metamorpboies qui se sont faites dans les relations des peuples sont de simples effets du developpement de I'esprit bumaiu. Aucune des plus eclatautes vicloires dont l'bistoire nouj a transmis le souvenir, n'a change le mondc a I'egnl de la victoire du plus gr.nnd des sages siir les eireurs 78/. LIVRES ETRANGERS. generales dcs hommes. « Pour donner une juste id^e de IVsprit dans le(juel est ccrit cot oiivrage, nous citerons le passage suivant de la conclusion : « Les nombreuses eglises qui existent aiijourd'hui , et qui existeront dans la suite, nees insensiblement , vieilliront insensi- hlemeiit : la lumiere emanee de Dieu demeure seule ininiuable. Les t'glises sont le produit des sifecles : comme les slacks , elles cbangent de forme; niais la religion, la relation des esprils avec la diviniie, semblable aux lois qui prodaiscnt les pbenom^nes de la nature, placee au-dessus de Tempire du terns et des ciiconstances, est eler- nelle comme Dieu , parce qu'elle vient de Dieu. • De quelque croyance que le luissionnaire soil I'organe, quel- que doctrine qu'apporte aux paiens le ruse j^suite, le quaker picux, le niethodiste austere, le sensible Morave, sous I'ecorce de ses dogmes est cache un fruit divin , qui se developpera progressiveinent pour le bonheur du inonde, tandis que I'ecorce se fletrira poui* rentrer dans le sein de la terra. « Esprits immortels , nous ne somnies pas seulement habitans de ce globe , mais citoyens de celte cite de Dieu, qu'oa aj)pelle I'uni- vers : reternite , et non le moment present, forme la duree de notre existence. Quoi de plus digne de notre destination que d'affranchir , a I'exemple de Jesus-Christ, les esprits des chaines de I'erreur et de les ra|iprocher de la Diviniie? « Des tenebres profondes en mati^re de religion couvrent encore une grande partie du genre hnmain, et meme des penples de I'Eu- rope; dans les dernieres classes, les noms de chi istianisnie et d'e- glise cachent souvent le paganiame le plus grossier. » La necessite de propager les lumieres par le christianisme est la conclusion que I'auteur tire ces premisses. Dcitinees de la Jranc-macou mile en Europe. Esqnisse hlstoriqiie. — Une association formee dans I'interet de I'un des arts les plus iieces- saires aux hommes reunis, s'elevant bientot a ces hautes conside- rations morales dont la meditation sert au maintien de la dignite humaine; le niystere dont elle est obligee de s'entourer d'abord , parce qu'au milieu de I'ignorance generate la lumiere est egalement odieuse au pouvoir et au peuple ; les formes sytnboliques auxquelles ce myst^re donne naissance : I'importance attachee a ces formes, comme il arrive en toufe chose, et I'indifference pour I'objet qu'elles repr^sentent ; la polemiqne , les sectes , la decadence, la reforma- tion de I'eglise ma(jon!que, jusqii'a I'epoque ou sa doctrine esuterique devient une croyance populaire , dont la tolerance mutiicllc des SUISSE. 785 sectes est la consequence : tel est le sujet de I'esquisse philosophique dans laquelle I'liistoire de la franc-maconnerie se presente, en quel- qiie sorte , comme le type de beaucoup d'autres histolres. Mutato nomine , de te fabula narratiir. T. VI. Uistoire de la Intce et dc la decadence des cantons foresuers de la Suisse. II a etc lendu compte dans ce recueil ( t. xxii , p. 3q7. ) d'une nouvelle traduction de cet ouvrage. Nous renvoyons nos lec- teurs a cet article. Uistoire ahregie de f Argovie , composee pour la jeunesse argo- Tienne, a rinvitation de la Societe pour la culture nationale, forinee dans le canton d'Argovie. Elle est ecrite avec ce talent populaire que I'auteur posside si eminemment; et, quoique fort courte, elle offre aux jeunes gens une lecture attachante. Le petit pays qui en fait le sujet , presente des particularites interessantes. C'est la que se trouvent les mines de Vindonissa , le chdteau de Habsbourg le Lerceau de la faniille illustre des seigneurs de Hallwyl : mais, nialgre feclat de ces nouis liistoriques , on aime encore niieux suivre les progres de loute espece que le canton d'Argovie doit a son indepen- dance, dont Tceuvre fut consolidee eii iSo^- T. VII. De la hate des opinions chez le peuple allemand, an com- mencement du XIXe siecle. — Apres avoir apprecie I'influence qu'exer- cerent sur les esprits en Allemagne les ecrivains francais et allemands du XVIII" siecle, la revolution et les victoires de la France, la do- mination despotique de Napoleon qui reveilla chez les peuples d'outre-Rliin le sentiment national, I'auteur expose la lutte des opi- nions sur les points suivans : le systeme representatif applique a FAllemagne, la Sainte-Alliance, les prerogatives de la noblesse, le commerce et Tindustrie, les interets de la religion et de I'Eglise. II raconte I'elablissement des constitutions representatives, la vie des universiles , la fermentation produite dans les esprits par I'assassinat de Kotzebue, le niecontentement du peuple dans les provinces rhe- nanes , la persecution des Juifs ; le congres de Carlsbad et la cons- titution wurtembergeoise sont le terme ou il s'arrete. Prise de possession de Cile de Curacao par les Anglais, en 1800. • Cet opuscule est extrait des papiers d'un Suisse , ami de I'auteur Jean Rodolphe Lauffer, de Zofingue, qui occupa la place de gouvcr- iieur de Curacao, depuis 1796 jusqu'en 1804. Notice sur Adolphe- Henri-Frederic de Schlicktegroll , homme non moins recommandable par I'excellence de son caract^re et la sagesse de ses principes que par ses travaux , comme ecrivain et secretaire T. xxvji. — Septembre iSaS. 5o 786 LITRES STRANGERS. general de racademie de Munich; nd en decembre 1765 , mort en decembre i8aa. T. VIII. Histoire de la nation Suisse. (V. Rev. Enc. t. xxiv, p. i45.) T. IX. Histoire de-ia nation Suisse , fin. lUeinoire sur les Tap ports politiques de la Suisse avec C AUemagite , la Prance et avec elle-meme. Sur I' amelioration du systeme militaire de la Suisse. Examen d'un point important dans le sjsteme federal de la Suisse. — Ce point est de savoir par qui et comment doit s'exercer Tautorite militaire supreme dans le cas d'une guerre de la Suisse centre una autre puissance. L'ecrit de M. Zschokke , destine a appeler I'atten- tion des gouvernemens suisses et de la diete sur une lacune du pacte federal, public en iSaS, fut Toccasionde la suppression de la liberie de la presse dans le canton d'Argovie. Du sjsleme federatif. Des intirets religieux de notre Spoque. Des partis , a Vepoque du congr&s de Verone. Les itats du Nord et du Midi de t Europe ,consideres sous le point de vue politique. T. X. A Euphrasie, sur la gloire. Idees metapolitiques. L'autear designe par ce nom nouveau la me- taphysique de la politique. Get opuscule n'est qu'un fragment sur les quatre points suivans : la liberte ; le but de I'Etat; I'organisatioii de I'Etat; la legislation. Notes historiquts sur le poSme des Nibelungen. Du droit d'asile. Eros, ou de I' Amour. Opinion sur les his conlre les delits de la presse. Sur les causes du crelinisme dans le canton d'Argovie et dans la Suisse en general. Des rapports de la franc-macon/ierie avec I'Eglise et I'Etat. Declin de l' Europe ; progres de I'Amerique. C. Monward. P. S. L'iraportance des sujets traites par M. Zschokke, et la repu- tation meritee dont jouit cet ecrivain, font vivement desirer que Ton public incessamment une traduction fran^aise deses OEuvres choisies. ITALIE. 3i2. — * Flora Torinesi. — Flore des environs de Turin, par le docteur Re. Tome i*"". Turin , iSaS ; in-S". Dejii le professeur Balbis avait public, en iSofi, unouvr.nge. sous ITALIE. -,87 le litre Ae flora torinensis , qui a servi de base a celui que nous annon- cons ; mais ce dernier enibrasse un cercle plus eteiidu , et se trouve augmente de loutes les plautes que Ton a reconnues aux environs de Turin depuis 18 annees. Ce volume , renferniant les treize premieres classes de Linne , se fait remarquer par la purete des descriptions en latin et I'indication precise des localites. L'auteur, qui avaita opter entre la raelhode naturelle et le systeme sexuel , paratt avoir prefere le dernier, comme plus generalement connu ; et surtout parce que le territoire qu'il a explore possfede assez de planles pour ne laisser au- cune classe vide, et parce qu'il en possede trop peu pour suivre avec la methode de Jussieu la cLaine des families naturelles. Nous invitons M. le docteur Re , afin de se concilier les botanistes , a terminer son ■dernier volume par un tableau oil les plantes qu'il a decrites , soient rangees selon les families naturelles. 3i3. — * Catec/tismo agrario. — Catechisme ngronomique • par P01.LINI. Deuxieme edition. Verone , 182 1 ; i vol. in-8°. Malgre la multiplicite des ecrits publics dans toutes les langues sur ce mein!iire dans les Pays'Bas , qu'il a public conjointement avec M. Van Eijnden de Dordrecht. T. jifi. — * J. F. L. Schroder orafio etc. — Discours sur la connaissance que nous avons de ITtme coniparee avec la connaissance que nous obtenons des choses corporelles, par J. F.L. Schroder. Utrecht i8i5 ; O. J. Van Paddenbnrg. In-8° de 72 pp. L'orateur commence par se plaindre des bornes assignees a nos connaissances, duniepris danslequella philosophic est tombeeaupres de certains esprits sunerficiels , et des usurpations dont cette reine des sciences a ete la victime. « Elle n'a ete , dit-il , ni la mere, ni la fille, ni Tamie, mais IVsclavede la theologie, et si elle n'obeissait point a Rome ; on la faisait admonester par des donneurs d'avis , vulgairement appel^s tnqiiisiteurs , qui possedaient ponr convaincre une merveilleuse puissance, je ne dis pas de parole , mais d'action. » Cette petite mal!ce , en latin academ'que, sera sans doute combattue par plus d'un membrc de I'universite de France , oii M. Schroder n'obtiendrait pas le doctorat. La physique a imite la theologie et a voulu s'elever au-dessus de la philosophic. C'est ici que l'orateur entre dans son sujet qu'il developpe avec sagacit6 : il expose tres bien cette observation fiiite plus d'une fois , que le sentiment fondamenial du rnni nous donne plus de certitude que les phenomenes dus a notre sensibilite externe et que notre entendement soumet a ses lois. De sorle qu'il y a plus de raisons pour croire a I'existence de Time qu'.i celle du corps. M. Schroder merite d'autant plus d'eloges en pro- fessant cette metaphysique cpuree , qu'il est verse dans les sciences mathematiques et naturelles , auxquelles d'autres que lui auraient peul-^tre sacrifie volontiers une science moins populaire et trop ne- gligee. De Reiffekberg. 327. — * Eloge historique du comte d'Egmont , decapile a Brnxelles, le 5 juin i568, suivi du denombrement de I'armee de Philippe et d'autres nieces inedites, extrait des archives de la ville de Dinant; 798 r.IVRES ETRANGERS. par /. /. DE Ci-OF.T. Bruxelles , iSaS. Brochure in-8° , avec uii beau portrait du comte d'Egmont. M. DE Cl-OET , qu'une Geographie historlqiie , pliysiqtie et statistiqiie du rojaitme des Pajs-Bas a deja fait coiinaitre avantageusement , vient d'acqu^rir, par son Elogc du comte d'Egmont , de nouveaux droits a la bienveillaiice du public. Get ouvrage reunit , en general, le triple nierite de la bonne conception du plan , de la sagesse des pensees et de I'elegance du style. Le portrait de son heros , ceux de Guillauine , prince d'Orange , du due d'Albe et de quelques autres personnages de I'epoque , me paraissent d'une touche vigoureuse et vraie; un passage sur Cliarles-Quint et Philippe II nierite d'etre cite : « Charles ^tait affable et de facile acc^s : il se prort t^ui fait inCniment d'honneur au secretaire-geneial , M. Charles de Che- HEDOLLE ; un recit en beaux vers sur la inort de A/'"e Holland , par MM. RoGlER et HBJtliZiiVlii ; I'Elegi* de M. Bigman sur Pompeia; I'eloquente Notice consacr^e par M. Teste A la mcmoire de M. le baron fan Erlborn , les Souvenirs historiques du pays de Liege, qui doi- vent faire esperer dans M. de Gerlache un excellent liistorien. Nous avons aussi remarque des strophes pleines de verve sur les B,tats-un:S < d'Amerique, par M. Alphotise Mahul. Stassaut. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. Sag. — * Anatomie de Vhomme , ou Description et figures lithogra' phiees de toutes les parties du corps humain ; par Jules Cloquet, D. M. ; publiee par C. de Lasteyrie, editeur; vingt-troisieme livraison ; in- folio de I a pages de texfe et C planches. Paris , iSaS ; a I'imprimerie lithographique de R. L. Bregeaut , successeur de M. Lasteyrie; prix : 9 fr. par livraison. ( Voy, Rev. Enc. , t. xxvr, p. 808.) 33o. — * Experiences sur le sjsteme nerveux , par M. Flourehs, D. M. Paris, iSaS ; Crevot. I'vol in-8° de 53 pages; prix : i fr. yS c. La ineilleure mauiere de faire apprecier cet important travail est sans doute de l-eproduire en partie le jugement'qu'en a porte M. G. Cuvier, secretaire perpetuel de I'Academie des sciences, dans son analyse des travaux de cette Academic, partie physique, pendant I'annee i8a3. « Nous avons analyse, I'an dernier (voy. Rev. Enc. , t. xvi, p. 229- a46), les experiences de M. Flourens, qui tendent a prouver que le siege des sensations , des perceptions et des volitions est dans l€s lobes cerebraux, et que la coordination reguliere des niouve- SCIENCES PHYSIQUES. 8oi mens depend dii cervelel , niais que le jeu de I'iris et I'action de ia letine tienneiit aux tubercules appeles dans les mammiferes quadri- jiumeaux , qui n'^tant pas toujours au nombte de quatre, ont recu le nom plus general de tubercules optiques , fonde sur leur liaison avec les nerfs du meme nom , constatee , corame nous I'avons vu dans notre analyse de 1808 , par MM. Gall et Spurzbeim. L'auteur a procure a la partie de ses resultats qui concernc les sensations, un genre de conformation bien remarquable. Une poule, privce de ses bemispberes cerebraux , a vecu dix niois entiers dans la plus parfaite sante. Pendant ce tenis elle se tenait bien sur ses janibes; mais elle n'eutendait, ni ne voyait , ni ne donnait aucun signe de volonte ; des irritations imraediates pouvaient seules inter- rompre momentanement le sommeil oil elle etait plongee. Sans desirs , sans appetit, on ne la nourrissait qu'en lui inseran* journel- lement ses alimens dans le bee. Un long jeiine ne I'excitait point a les cliercher elle-meme; en vain on les mettait aupres d'elle, rien ne I'avertissait de leur presence; elle avalait de petils cailloux, quand on lai en donnait, aussi aisoment que du grain; et cependant, sa plaie s'etait refermee, elle engraissait a vue d'ccil. Neanraoins , il est possible de retrancher une certaine portion des lobes cerebraux sans qu'ils perdeni completement leurs fonctions sensitives : et m^me apr^s une mutilation qui, sans etre totale, a suffi pour les leur faire perdre entierement , il arrive quelquefols qu'ils les recouvrent ; mais s'ils en recouvrenf une , la vue par exemple , ils les recouvrent toutes. II peut arriver aussi qu'une mutilation du cervelet qui a sufG d'abord pour rendre tous les mou- vemens desordonnes, n'empeche pas qu'apres quelque terns ils ne reprennent leur regularite. Ce sont des faits interessans par les pronostics qu'ils peuvent fournir relativement aux blessures des organcs. Depuis long-tems on s'etait apercu que les lesions d'un cote de I'encepbale affectent , dans certains cas, le cote oppose du corps; mais il y avail quelque doute sur la generalite du pbenomene- et mfime , d'a|)r^s quclques experiences, on avail pense que la convul* sion avail lieu du cote de la lesion, et la paralysie du cote oppose. M. Flourens a constate que ce croisement a lieu a i'e£;ard do la sensation pour les bemispberes, a Tegnrd de la convulsion jioiir les tubercules opliques, et relativement aux niouveinens reguliers pour le cervelet : c'est-a-dire , que les effets propres aux lesions de ces orgitues se montrent a I'exterieur dn cotd oppose; mais que, pour T. XXVII. — Septemhe 182^. 5i 8o2 LIVRES FRAiVCAIS. la moelle allongee, pour la nioelle 6pini^re, il n'y a aiicun croi- sement , et que la convulsion et la paralysie se montrent du ini5ine c6te que rinitation s'est faite. Ce sout les rapports divers des lesions de ces differentes parties qui produisent les diverses cornbi- naisons de paralysie et de convulsions que I'on observe dans les malades : et c'est ainsi que M. Flourens explique le fait reconnu dfes le terns d'Hippocrate, que les convulsions ont presque toujours lieu du cote oppose aux paralysies. Cette action croisee du cervelet a aussi cte observee par M. Scrre , dans des cas pathologiques; et il~ a reclame a ce sujct sur M. Flourens une priorite que celui-ci ne lui a point conlestce. II y avail m^me dans des auteurs plus anciens des traces d'observations analogues, mais qui n'offraient ni la pre- cision de celles de M. Serre , ni la distinction etablie par M. Flourens. Les mouvemens continus et necessaires a la vie , tels que ceux de la respiration et de la circulation , n'exigent pas I'lntegrite de rencepliale. L'an'mal les execute, quoi(]u'on Fait prive de cerveau, de cervelet et de tubercules optiques. Une poule , un pigeon , ont survecu deux et Irois jours a ces mutilations. Pour alterer ces fonc- tions , il faut altaquer la moelle allongee; et en I'emportant enti^- rement , on les fait cesser lout d'un coup. La respiration , en par- ticylier, ce.ise par la destruction des parties de la nioelle (^pini^re qui fournissent les nerfs des muscles intercostaux et du di.ipliragme. Dans les reptiles sans cotes compl^les, tels que les grennuilles et les salamandres qui respirent en avalant I'air, on ne Tair^te qu'en detruisant les parties qui donnent les nerfs de la gorge et de la langue. Mais une simple section de la moelle epiniere n'euip^che pas les parties qui recoivent leurs nerfs au-dessous de la section , de reprendre leur action , quand elles cprouvent une irritation exteiieure. La section de la motile allongee ne fait done que de- truire le priiicipe interieur necessaire a I'excitation generate, et a la coordination regulifere des mouvemens qui concourenl a la respiration. Quant a la circulation , M. Flourens assure avoir constate sur plusieurs animaux qu'elle survit a la destruction de tout I'encephale et-de toute la moelle e|)iniere. Lorsque la respiration a cesse par la destruction des troncs nerveux, le sang passe noir : mais la circu- lation u'en est pas arretee pour cela ; el lo-.squ'elle commence a s'eteindre, on pent la faire revivre en insufllant les poumons. Toutefois, a mesare que Ton detruit le systfeme nerveux , la cir- culation s'affaiblit et se concentre ; celle des vsisseaux capillaircs SCIENCES PHYSIQUES. 8o3 de la peau surtout, plus eloignee du centre d'impulsion, s'^teint presque immediatement dans la partie dont les nerfs sont detruits. La piupart des anatomisies considerent les ganglions du nerf grand sympathique comma incapables de produire de sensation , de quelque maniere qu'on les affecte. Les experiences de M. Flourens ont prouve que cette inipassibilite n'est pas generale. En pincant les ganglions semi-lunaires d'un lapin, il lui a toujours fait donner aussit6t des signes d'une douleur violenle ; mais les ganglions cer- vicaux sont beaucoup moias susceptibles d'impression : ce n'est que rarement , et apres beaucoup d'essais infructueux , qu'il est parvenu a faire resseutir a I'auimal les irritations qu'il lui coni- muniquait. A ces experiences fondees sur des lesions mecaniques , M. Flou- rens en a fait succcder d'autres qui reposent sur Taction de cer- taines substances prises a I'inlerieur. Chacun sait que ropium en. dort , que la belladonna aveugle , que les liqueurs spiritueuses enipfichent de se mouvoir reguiiereineut. II etait interessant d'ob- server si ces substances produisent un effet visible sur les parties de I'encephale affectees a ces diverses fonctions. Effectivement , quand un oiseau meurt pour avoir pris de I'opium , on voit une grande tache d'un rouge fonce sur le devant de son crjlne ; si c'est pour avoir pris de la belladonne , les taches se niontrent sur les cotes ; et s'il a peri pour avoir avale de I'alcool , c'est I'occiput qui est teint de rouge. M. Flourens avail pense d'abord que c'etaient des signes d'autant d'inflnmniations locales : les premieres sur le cerveau , les secondes sur les tubercules optiques , les Iroisifemes sur le cervelet; mais les conimissaires de I'Academie , en repetant ses experiences , ont trouve que ces taches rcsultaient d'epancliemens saiiguins qui se font dans I'epaisseur meme du crane, et qui remplis- sent les cellules de son diploe , entre ses deux lames. Le fait de la po.'sition locale et constante de ces epanchemeus n'en est pas moins tres-singulier ; et les rapports de cette position avec celle des organes dont les fonctions sont alterces , ne laissent pas que d'etre encore assez favorables aux conclusions deduites des autres experiences de I'auteur. » Dans un nouveau rapport, fait par M. G. Cuvier a I'Academie des sciences , au nora d'une commission composee de MM. de Humboldt, Portal , Dumeril , Dulong et Ciivier, et chargee d'exami- ner les nouveaux Memoires de M. Flourens, sur le cerveau des poissons, sur la regeneration des parties du crdne et de I'encepliale , 8o/| LIVRES FRANCAIS. et sur les fonctions propres aux diverses parties de I'oreille , on trouve les passages suivans : « Dej.i nous avons analyse, avec I'inleriit qu'elles meritent , les experiences faites par ce jeune physiologiste, pour determiner avec plus de precision les fonctions propres a chacune des parties du cerveau , et nous avons vu qu'il paraissait en resulter . So5 et t. Ill, p. 327), les lettres de Volucy a M. Laujuiuais. Ils appn'cieront I'influence des idees astronomiques venues de I'Orient, siir la mytliologie des Grecs , et its concevront coraiuent ces peuples , detouruant le seus des tradi- tious astrouomlques , substituant les noms de leurs grauds personnages a ceux des fables orieutales , et mclant expres ou saus desselu le vrai historique aveclevrai emblematlque, out coustruit un edifice immcuso , dout il esttres- difCcile maiulcuaiit a I'csprit do systeme dc donucr unc explication toiijours satisfaisante. 8aa LIVRES FRANCOIS. ni^re piquante »; innisaussi iioiisreleverons avec d'aulant plus de se- veiite les defauts que nous avons cru remarquer dans la niaiiii^re de I'auteur, que d'un recueil de pensces , proseute d'abord sans preten- tion , il parait avoir celle de faire un traite conipiet de morale. En effet, son ouvrage , dont la derniere edition ne renfermait encore qu'un voluine de i8o pages, en contient aujourd'liui deux , qui tor- ment ensemhie 38o pages. Auxquatorze chapitres quile coinposaient, I'auteur eu a ajoute quinze autres , et la plupart des premiers ont etc revus, completes, et quelquefois refondus en entier. C'est done bieii reellement une nouvelle edition que nous aunoncoiis ; c'est m^me , en quelque sorte , un ouvrage enti^rement neuf. Cs que I'ou coucoit bien s'exprime claii-cmcut, a dit Boileau. En p:irtant de cet axionie , il nous est I'acile de recoii- uaitre ceux desch;ipitresde son ouvrage ou M.Saint-Prosper a traitedes sujets qui lui etaient famlliers. Presque toujours alors ses definitions sont justes et heureuses. C'est ainsi qu'il qualifie la bonte « une flexi bilite de cocur qui entre dans toutes les peines pour lessoulager, dans toutes les jouissances pour les augmenter" ; les convenances « ledon de sentir toujours juste » ; le ridicule « toute violation maladroite des con- venances » ; Vesp?it de soclete « la faculte d'impriiiier a chaque chose le genre particulier d'agrement qui doit plaire a ceux qui nous entourent », etc. II s'entend aussi parfiUtement a faire le tableau de certaines choses ; voici celui qu'il nous donne de la Bourse ( t. i, p. 85 ) : • Dans un lieu sale, noir, resserre (i) et presque imper- ceptible , eclatent a chaque instant des revolutions completes. La roue , tournant sans cesse , entraine line foule de niiserables cram- ponnes k ses rayons. Ceux qui sont en hauttombent et roulent ecra- ses , tandls que ceux qui etaient en bas sont souleves et tout etourdis. Ces revolutions sont, an reste , sans aucun effet moral ; car la Bourse forme une population a part , pour laquelle il n'y a ni rangs , ni con- ditions, ni foi , ni conscience. C'est le bagne des Jinanccs. » L'auteur, dans une note, previent que cette expression ne s'apjjlique qu'aux coiilissiers , aux agiofeurs , et nullement aux negocians et aux ban- quiers, pour qui elle doit ^Xra un lieu reserve. ■• Pliit a Dieu , dit-il. (i) Ou voit qu'il s'agit ici (le la Bourse actuelle , ft non dc ccUe qui u'est pas eucore ouvcrte et poor r«rer.tion de laquelle ou routiuue .i percevoir un droit sur Ic commerce. SCIENCES MORALES. 8^3 pour le repos des families, qu'eux seuls y Cssent foule ! » Parml les cha- pitresde Touvz-age que nous avoiis remarques, nous louerons surlout celuiqui estcousacre »ux feinmes (t. i"", p. 162 a 194) ; c'estleplus coni- plet, le mieux senti, et peut-dtre aussi le mieux eciit. II est reinpli de reflexions , telles que celles-ci : • Ce que Ton sait le mieux des feiumes , c'est ce qui leur echappe. . il y a dans leur coeur deux priii- cipes sans cesse en opposition , le besoin de s'attacher a un seal et eelui de plaiie a tous... Au milieu d'une assenibiee brillante, la I'emme la plus passionnee n'est jamais aiinable pour celui qu'elle ainie... Les femnies s'entendent a flatter les petites passions et les petits intcr^ts : elles les connaissent bien, parce qu'ellesy sont toujours cantonnees... dans la societe, les femuies s'aimentquelquefois ; mais ce n'est toujours qu'en attendant ies hommes... certaines fenimes n'en louent jamais uue autre que sur ce qu'elle a de moins parfait : c'est ime nsaiiiere adroite d'y appeler les regards des hommes... quiconque souffre preiid aussitot place pour les femines au premier rang... c'est a elles que Ton doit la douceur, la bonte et tout ce qui lie dans la vie... », etc. Quel- ques-uns de ces traits sont deja connus saus doute des lectpurs , qui les auront trouves dans d'autres ouvrages, publics avantrOAici'^'c;//- au XIX' Steele ; mais celui-ci a su les recueillir , les placer convenable- ment et en former une espece de clef du coeur femiiiin, dont nous re- commandons I'usage a ceux qui s'occupent del'etude el de la ])einture des moeurs. Venonsmaintenantaux critiques dont I'ouvragede M.Saint-Prosper me semble susceptible. En general, corame on a pu le remarquer , ses pensees sont justes et exprimees convenablement , lorsqu'il s'agit de decrire une chose qu'il sent bien et qui ne deniande que du goiit ou un certain tact ; mais , comme je I'ai dit , il parait ne pas vouloir se borner a un recueil de pensees , il veut faire uii livre , et souvent il seperd dans des abstractions, en cherchaiit a etendre ses definitions et a pousser I'analyse jusqu'.iux choses qui eu sont le moins suscep- tibles. De la nait I'obscurite, qui prcnd quelquefois chez lui la place de la profoudeur. J'avoue,par exemple, queje necomprends pas jjien ses distinctions entre lagrandeet la petite morale (t. ic, cliap. 11); il pretend que la revolution en France , a detruit la morale (i) ; il fut un terns , avantcette revolution, ou certaines classes privilcgiees, tout auconlraire (i) L'auteur reyicnt ailleurs sur cette idee, en disant (I. ii , p. 23) que la Revolution , gouffre immense, a devore lois , nicEurs , institutions et carac- tercs. Je u'insisteiai pas da?antage sur les reproclies qu'ou peut faire a plu- sieurs de ses opiuious et qu'ou uc lui a pas detjuises daus les articles que la Sa/, LIVRES FRANCAIS. de ce que paraitvouloir dire I'auteur, qualiflaient de/)c^ie//iora/e les yer- tusSl'usa^edupeuple, qu'ellesauraient dedaignerrimiterenrien. Jene comprends pas non plus son chapitre de Vadmiration ; mais sans doute c'est ma faute et j'y perds beaucoup , ])nisque I'auteur dit que , lors- qu'on le voudra, il expliquera le monde entier avcc radmiralion , bien entendu que , pour en reveler tous les secrets , il en aura tous les pro- fits (t. ler. p. ()g). Les trois quarts au moinsde son chapitre sur le sCj'lc (t. II, p. 148) me paraissent aussi inconiprehensibles ; cela n'est pas ^tonnant , car c'est sur cette partie que je serai le nioins d'accord avec M. Saint-Prosper , a qui je reproclierai un style heurte , oil les tran- sitions ne sont pas assez menagees , et ou Ton trouve une foule d'ex- pressions insolites et d'associations demots qui ne sont pas heureuses. C'est le siecle qui est d'une delicatesse extreme a I'endroit des princes et princesses de the4tre(t. 1="", p. 27) ; ce sont les bommes uouveaux qui s^etalent dans le principe et sa consequence ( t. 11, p. i34) ; c'est un parti qui s'epuise avant de serrer\e profit de la victoire qu'il a rem- portee {ibid. p. 142) ; ce sont les journaux qu'on ne peut plus musclcr {ibid. p. 164) , etc. , etc. Mais , dans la crainte qu'on ne m'accuse de choisir a dessein quelques expressions pour les isoler etles rendre ainsi ridicules , je vais citer un passage entier du chapitie que I'auteur a consacre au style , qui donnera en m^me terns une idee plus vraie du sien et de la maniferedont il a traite ce sujet (t. 11, p. i58 ) : « Cepen- dant , pour ne parler que de la France, la timidite reguli^re de sa langue se refuse aux mutations de la politique et aux speculations aventureuses de quelques ecrivains , vautours de cii Constances. Alors , ceux-ci, pour ne rien perdre du lucre qu'ils aspirent, risquent tout daus leur style, tandis que d'autres , desesperes de tant d'audacc, se crani- ponnent immobiles aux vieilles regies qu'ils ne veulent pas etendre aux necessites du terns present. Le public , qai a soi/ d'etre re/niie , applaudit alors les novateurs ; 1' Academic , deson cote , console ceux qui , martyrs du classique , agonisent incognito jjour lui. » Je ne sals dans laquelle de ces deux classes d'ecrivains M. Saint-Prosper Revue \u\ a deja consacrcs. M. Saint-Prosper paralt de bonne I'oi; deja il est reveuu de quelques crreurs qui se rencontraient dans les premieres editions dc son ouvrage; nous Tengageous a revenir encore de celle qui I'a porte a comparer les ma;urs actuelles avec cellcs des deruiers regnes , et siirtout de la Regence, peintcs d'une raanierc si cnergique dans I'uuvragc de M. Du- laure. { His loire civile , physique et morale de Paris. Voy. ci-apres, p. 844.') SCIENCES MORALES. 8-25 clesiie etre place; mais je ue veux pas user des arnies qu'il doiiiK- coiitre lui, eii disant, dans le incmt; cliapitre (p. i56) , que « c'ostpar le style que tout critique de boinie foi dojt cliercher a juger I'auteur lui livrant sa preniit;re oeuvre. » Le jugeant au contraire sur le fond , ]e le proclamerai un des lueilleurs pensuurs et uii des plus aimables moralistes de ce siecle , nialgre quelques boutades contra des choses iiouvelles , dont I'experience lui fera reconnaitre la bonte; mais je I'en- gagerai, s'il veut prendre place parnii nos bons ecrivaius, a soigner davantage les formes de son style , et je finirai , en repetant avec lui (p. iSg) : « La posterite n'accordera son admiration qu'aux oeuvres qui, reproduisant par le style les qualites veritables du si6cle, conti- iiuerout ainsi la gloire du monde. » E. Hekeau. 347- — * Dialogue sur la loterie, conlenant le calcul des diverses chan- ces de cejeii , dapres la theorie du calcul des pjobabililcs , a I'usage de tous ceux qui metient a la loterie et qui connaissent les quatre regies de I'arithmetique; par A. J. H. V. Paris, iSaS; Treuttel et Wiirtz. Brochure in-S" ; prix, i fr. Qui ne croirait , a I'inspectiou du titre de cette brochure que c'est ici uu de ces leurres honteux dont les buralistes de loterie sont tou- jours pourvus pour exciter la cupiditd a leur porter son tribut? C'est, au contraire, un excellent antidote contre ce jeu perfide , et c'etait une finesse permise que de le presenter coninie uu uioyen de decou- vrir de nouvelles chances favorables aux malheureux qui achfevent de se miner pour sortir de la misere; car , enfin , a quelle classede lec- teurs peut-il ^tre plus utile? L'auteur emploie des demonstrations simples , claireset a la portee de toute personne quisnit lire et comp- ter , pour faire senlir , non pas quelles sont les chances de gain, mais quels sont les risques de perte, pour quiconque est assez dupe pour se livrer a ce jeu desavantageux. Les resultats auxquels il arrive sont ceux-ci : la loterie royale devrait donner : Pour un simple extrait 18 fois la raise, elle donna i5 fois. Pour un extrait determine 90 fois 70. Pour un ambe simple 400 fois 270. Pour un ambe determine 8,roo fois 5, too. Pourunterne 11,748 fois 5,5oo. Pour un quaterne 5ii,o38 fois 75,000. C'est par ce moyen qu'on peut cxtorquer au peuple francais la a i5 millions, tous les ans , principalement ,i fa classe qui est duns le 826 LIVRE.S FllAiSCAIS. besoin (i) ; c'est-a-dire, la substance cle inille a douze cents families. Ce qu'il y a deseduisant et de dangereux dans cette execrable inven- tion italicnne, c'est que, pour concevoir ce que son jeu a de dange- reux , il est nccessaire de prendre la plume , et de laire tout au raoius un leger calcul, tandis que Tappet du gain est clairet net. II u'est pas necessaire de poser un cliiffre pour comjirendre qu'on vous of- fre yS mille francs pour vingt sous. En second lieu , le mallieurcux ponte hasarde une aussi petite sonmie qu'il veut ; on se met a la por- tee du pauvre pour le depouiller. Le tirage est pronii)tement opere ; il est simple ; chacun peut facilement connaitre avec certitude, s'ii est gagnant ou perdant ; enfin, les bureaux sont ouverts a tousles coins de rue. Mais, ce qu'. est propre a faire voir que notre siecle a du moms gagne quelque pudeur , ce qui iiidique un peu plus de mo- ralite, c'est que chaque bureau annonce sur sa porte visible , qu'il est une entree secrete par oil Ton peut se livrer a une praticjue hon- leuse , sans ctre expose a la reprobation du public. Cela n'existait pas sous I'ancien regime. — On sait que la revolution avait fait justice de cet impot immoral ; ce fut Bonaparte qui exluima celte ordure an- cieune , de meme qu'il exliuma les nides sous le noni de droits reuitis, conserves sous le nom decontributions indirectes, de meme qu'il re- tablit les octrois , a I'entree des villes , etc. — Esperons qu'une admi- nistration plus eclairee, plus nationale, debarassera enfin la France de ce qui nuit si esseniiellemeiit aux nioeurs et a la prosperiie du pays. Le gouvernement anglais vient de rayer de son budget I'ai tide des loteries , quoique les siennes fnssent beaucoup moins imniorales que celle qu'on n'a pas rougi de nounner royale , et qui u'est propre qu'a avilir la plus baute diguite de I'etat. J- B. S. 348. — Morale en action des Bourbons , par le cbevalier Barnt db Romanet; ornee de gravures. Paris , 1824; Lefuel, rue St-Jarques, n° 54. I vol. in-t2 de 867 pages. Prix: 4 fr. 349. — Louis XVlll ; sa 'vie , ses derniers momens et sa mort; suivis du detail de ses funorailles ; d'un recueil d'anecdotes sur ce prince , redigees d'aprcs desdocumens authentiqueset inedils; d'un choixde seslettres etde quelques-unes de ses poesies; pari?. - .1/. ua St-H. Paris , 1825 ; Peytieux , galerieDelorrae. i vol. in-ia de 214 p. Prix : 3 fr. 5o Le premier de ces deux ouvrages offre un grand nombre de frails (i) Voy. le budj^iU aunucl ainsi que les Rf.clwrchcs statistiqug} de M. Cha- BROt. , jirefet do la Spiop. SCIENCES MORALES. 827 qui font honneur au caract^re des meinl)rt.'S de la faiiiille royale. On regretteseulement que I'auteiirs'anete quelquefois avec trop de com- plaisance sur des details d'uii inter^t pueril ; qu'il n'ait pas su donuer a son style une correction plus soutenue, et que I'emphase remplace trop souvent le ton de simi)licite qui faille charme des narrations de ce genre. — Quant au second, il est mieux ecrit, en general; on y lit avec assez d"interet un recueil de lettres de Louis XVIII , et avec plaisir quelques morceaux de poesie legere, fruit des loisirs de ce prince qui aiina les lettres, meme sur le trone. Plusieurs de ces pieces revelent Jans le poete un gout tres-prononce pour Tepigramme ; nous en citons une seule, intitulee : La Defense des Jocheis. Les critiques, toujours mordans , Des Jockeis coiidamuent I'usage : Que fait-on, disent-ils , d'un eufant de douze ans , Faible , etourdl, petit, comme on est a cet age? Ell ] messieurs les bavards, sur ces jolis enfans Fiuissez des discours que le fiel accoiupagne : Peut-etre les heros , du tems de Charlemagne, A leur service avaicnt-ils des Geaus. Mais tout a bien change depuis deux cent trois lustres! Et j'ose soutenir, centre vos sots caquets , Que nombre d'lieritiers de nos liommes illustres Sent assortis a leurs laquais. B. 35o. — * Histoire de Pierre Giberne , ancien sergeut de grenadiers francais, ou Quinze journees auxinvalides ; publiee pour riiistruction et Tamusement des soldats de I'armee francnise , par L. P. de Jussieu. Paris, iSaS; Colas, i vol. in-ia de a35 yi. Prix : 3 fr. Ce n'est pas ici le premier ouvrage que publie M. de Jussieu pour I'avantage dela classe du peuplei I'instruction de laquelle s'est consa- cree la Societed'education, dout il aete Tun desfondateurs.^«foi/2e et Maurice et Simon de Nanttia ( voy. Rev. Enc, t. x, p. 4^7 ) avaient deja donne d'excellentes lecons , les uns aux prisonniers , I'autre aux citoyens en general ; Pierre Giberne sera le livre des militaires. II est divise en quinze journees qui forment autant de lectures attacliautes et instructives : chacune de ces journees contient la relation d'une partie de la vie de Pierre Giberne. Ce vieux sergent, admis dans riiotel, oil ses longs services lui donnaient le droit d'entrcr, ren- contre un de ses vieux camarades , se lie avec quelques soldats niu- tiles comme lui, et dans les moniens qu'ils eiiiploient ensemble a la 828 LIVRES FRANCAIS. promenade, leurr.iconle ses iuitiquespronesses. — II retrouvebientol un neveu doiit il n'iivait aucunes noiivelles depuis fort long-tenis, ct va laire avec lui etson ami Eustaclieuii dernier voyage dans son pays natal; a})res qiioi, il revient finir ses jours dans la derniere demeure des braves. Le succes qu'ont ohtenu jusqu'ii ce jour les livres de M. de Jussicu , fait assez leur eioge. Dans celui que nous annoncons, les caracteres sent gcneralement bien traces ; I'intrigue simple et facile ne laisse pas d'cxciter un vif interdt ; le style, empreint quelquefois avec exces de la gaile et de I'insouciance militaires , a toujonrs le merite de re- presenter franchement la conversation et les idees des personnages qui sont en scene. Ces qualites et les sentiniens exprimes dans le livrede M.de Jussieu doivent faiiedeslrer qu'ildevienne lesujet ordi- naire des lectures des militaires. B. J. 35 1. — Collection comj'lite (les Ids , dccrefs , ordonnances . n'glemens , et avis du conscil d'Etat, publics sur les editions officielles du Louvre, de I'iniprimerie nationale par Baudouin et du bulletin des lois, de 1788-1824, inclusivement, par ordre crbonologiquepar /. B. Duvf.h- GiEH , avocat a la cour royale de Paris. T. vit et viir. Paris", iSaS ; Guyot et Scribe; libraires editeurs, rue Mignon , n° 2 , et Charles Bechet, libraire. Prix de chaque volume 7 fr. 5o cent. , et 9 fr. par la poste. Nous avons deja eu I'occasion de recommander celte importanle collection a nos lecteurs ( Voy. Rev. Enc. , t. xxiv , p. 4^4 )• I--'^- diteur poursuit avec perseverance la taclie difficile qu'il s'est imposee, et les imprimeurs continuent a meriter nos eloges paries soins qu'ils apportent dans I'execution typographique de cette entreprise. Si nous comparons cette collection de nos lois depuis la revolution , a celles qui sont dans les bibliolbeques des jurisconsulles , nous voyons que cette comparaison est enti^rement a I'avantage de la nouvelle edition Quoique tres-complete , elle sera moins volumineuse que les prece- dentes , et les arrets de la cour de cassation , rapprocbes des textes delois dont ils offrent I'interpretation la plus sure , donnent un bant degre d'interfit au travail deM. Duvergier. Nous ajouterons, que, si Ton reflecbit a la difficult^qui accompagne une semblable publica- tion, on trouvera encore que les volumes paraissent avec une assez grande celerite. Le buitiemes'arr^te au mois de brumaire de I'an iv. A. T. 352. — * Repertoire universel et raisonne de jiiriipnidence , par M. Merlin , ancien procureur general a la cour de cassation. T. xvii. i SCIENCES MORALES. 829 Qiiarriime edition. Psxris, 1823 ;.J. B. Gamely, el Antoiiie Bavoux. 1 vol in-4" , prix , 18 fr. Ce nouveaii volume de supplement au Repertoire, qui est le dix- septieme tie la quatrieme edition , forme le dix-luiitii'me toraede la troisieme edition a laquelle il est adapte par des ncjles , et rend celle- ci aussi complete que la derniere. II conipiend la continuation de la lettre M, jusqu'a la lettre V. Les nouveaux arrets qui ont eterendus el les nouvelles lois el ordonnances qui ont ete emises , depuis la publication du precedent volume, ont rendu nccessaires des addi- tions et des corrections aux matieres deja traitees ; ce qui a force t'auteur arevenir sur ses pas, et a remonter jusqu'a la premiere letlre de I'alphabet. Au moyen de ces additions et de ces corrections , M. Merlin a rempli les lacunes qui eussenl depare son ouvrage. Tons les articles conipris dans ce volume se font remarquer par une profondeur de raisonnemens , une flnesse d'apercus, et une vaste erudition, qui assurent le premier rang a I'auteur parml les plus celebres jurisconsultes de notre tems. Ce volume porte une erapreinte particuliere du pays hospitalier (jii M. Merlin I'a compose. Si I'amour de la Fi'ance , dont les lois font robjet constant de ses meditations , et celui dc la science du droit et de la jurisprudence , I'excilerent egalement a travaiiler sans reliche , malgre son grand Age, au per- fectionnement d'un ouvrage qui a lui seul vaut une bibliotheque tout enti^re, la reconnaissance lui imposait aussi I'obligation de donner a son travail un caractere d'utllite locale , en y rapportant aussi les lois qui regissent le royaume des Pays-Bas , et en y faisant conuaitre la jurisprudence de ses tribunaux. Le lecleur y trouvera souvent I'occasion de faire des rapprocliemens , d'elablir des comparaisons , de remar(juer des differences dans les deux legislations , qui peuvent amener des resuliats avantageux a la science , et faire jaiilir de nou- velles lumieres propres a eclairer bien des dlfflculles et a procurer des ameliorations dans les lois de I'un et de I'autre pays. 353. — * Jurisprudence des Codes criminels ; par M. Bourguigkon , conseiller bonoraire el avocat a la cour royale de Paris. T. II. Paris, 1825 ; Bavoux. i vol. in-8°. Prix , 8 fr. el 10 fr. Nous avons promis de revenir sur eel ouvrage important, dont nous avons deja annonce le premier volume (Voy. Rev. Enc, t. xxvi, p. 833 ). Nous n'avons que de nouveaux eloges a donner au savant et iaborieux jurisconsulte , a qui cetle production assure un litre de plus a Tesiime de tons ccux qui s'occupenl de jurisprudence. 83o LIVRES FRANCA.IS, M. Bourguignon , dims ce second volume, traitedcs questions dn plus hant iiilt'rc't,et les difloreutes classes de lectcnrs y puiseront line instruction solide. Ceux qui , par ^tat, soiit tenus de garder le secret sur les confidences que leur font les accuses , y apprendront a coiuiaitre leurs obligations ; il en determine la juste ete:idue, pour le cas on ils sont ajipeles a porter tcnioignage contre eux ; il expose celte maliere en moraliste , en jurisconsulte et en canoniste. — Tout ce ([iii est relatif a la maniere de poser des questions resullantes de I'acte d'accusation , est examine avec beaucoup de sagacite, et eclaire par des exemples propres a servir de regulateurs aux ma- gislrats et a facilitcr rintelllgence du veritable sens de la loi. — Les difticultes que presente dans la pratique la maxima non bis in idem , y sont offerles au leclenr avec la plupart de leurs circonstances , et acconipagnees de solutions satisfaisantes, puisees dans des especes que la cour regulatrice a eu a juger. — L'auteur indique les a vantages attaches au jugement par jures ; mais il dit aussi combien cette ins- titution , creee parmi nous , en 1791 , d'une maniere si imparfaite , a ete denaturee par le nouveau mode de formation des listes des jures introduits par le code d'instruction criminelle, et combien il est dan- gereux d'en confier le foin aux agens du gouvernement. 11 dit , avec une grande justesse d'expression , que le jury , tel qu'il existe au- jourd'luii , est transform^ en commission : et il emet le voeu que tous les bons esprits forment avec lui , de voir disparaitre de notre legis- lation, une imperfection aussi monstrueuse , dont le moindre incon- venient est de deconsiderer les jiigemens criw.inels. — I^a distinction purement metapliysique entre le point de fait et le point de droit ; et la question de savoir si I'appreciation des faits , et de ce qui tend a en determiner la nature, le caraclere, et la criminalite , est com- prise dans les attributions des jures on dans celle des juges inamo- vibles , lui ont fourni le sujet d'une dissertation propre a jeter un grand jour sur un objet aussi important. II fait sentir le danger qu'il y aurait a ajouter aux fonctions des magistrats, un droit qu'il a ete dans les vues du legislateur de leur refuser. « Ce serait , dit-il , les rendre maitres absolus des causes criminelles; r^unir des attributions que Ton a tant d'interet a diviscr ; faire renaitre les dangers in- h^rcns a la permanence des juges au criminel ; conipromettre le beau privilege d'etre juge par ses pairs... Cette prerogative inappreciable , sans laquelle la liberie civile ne pent subsistcr , ne serait plus qu'une formule derisoire, une vaine cliimcre... .Si les magistrats dtvaient ^tre constitues les app:eciateurs du fait, la declaration re qu'enfin les paroles royales : fakes observer les lois , et n'allez pas au dela , seront entendues ; mais , si I'irresponsabilite des mirfistres se prolonge , ce serait , dit-il , d'aprfes feu M. Aignan , la continuation et la permanence de leur impunite : ilfaut ou que la loi devore I'ar- bitraire , ou quelle soil devorte par lui. P. E. LaNJUIMAIS. 359 — *Sept discoiirs prononces dans le parlement britannique pendant la session de iSaS, traduits de I'anglais. Paris, iSaS; Delaforet. Broc. in-S"; prix : 2 fr. Cette brochure contlent deux discours de M. Cakhing , I'un sur la reconnaissance de Tindependance des colonies espagnoles par I'An- gleterre, I'autre, relatif a I'emancipation des catholiques irlaudais : trois discours de M. Huskisson, sur la reduction des taxes, sur la leforme du regime commercial et politique des colonies , et sur la reduction des droits etablis sur rimportatlon et le commerce exte- rieur. L'un des plus importans est la motion de M. Peel , touchanj la revision et la reforme des lois et des statuts relatifs au jury. Tons ces discours , deja tres-remarquables par le taleut et la position de leurs auteurs, lesont encore plus par la nouvelle direction qu'ils an- noncent de la part du minislere anglais. Ces concessions faites il propos aux besoins du siecle , vont ouvrir a I'Angleterre une nouvelle ■carriere de prosperite, et la placent sans rivalite a la ti-te de la civili- sation euroiieenne. C'est un spectacle curieux et digne d'inlerdt, de SCIENCES MORALES. 837 voir cette politique nouvelle si franchenient annoncee par le« organes du pouvoir : c'est un belexemple donne a ceux qui auroat I'espritde le coniprendre et le courage de Pimiier. A. 36o. — * Note siir la Grece , par M. De CnATEAUBRiAitD , membre de la Societe en faveur des Grecs. Paris , iSaS ; Le Normantpfere. Bro- chure de 3 feuilles ; prix i fr. 5o cent. 36i. — * Appel aux nations chreliennes en faveur des Gre«,r6dige par M. BETfjAMiN Constakt, et adopte par le Comite des Grecs de la Societe de la morale chredenne. Paris, iSaS ; Treuttel et Wiirtz, et a I'agence du Comite, rue Taranne , n° ra. Une feuille d'itnpression ; se vend au proflt des Grecs. Prix : 76 c. Chacune de ces deux brochures est un veritable plaidoyer en fa- veur des Grecs. Deux grands ecrivains ont su joindre , en quelques pages , ce que la logique a de plus fort a ce que I'eloquence a de plus touchant. Le lecteur doit y puiser, avec la conviction du bon droit des Hellenes, le sentiment d'unebienveillante pitie pour leurs infor- tunes, d'une indignation vertueuse contre leurs oppresseurs, etd'une vive irritation contre les potentats del'Europe, unis au nom de J^- sus-Christ, etdont la sacrilege indifference est devenne complice de I'extermination d'un peuple chreticn. M. de Chateaubriand resume en ces ternies les differens points de la question qu'il a traitee avec une justesse de raisonnement peremptoire : « Les Grecs sont-ils des rebelles et des revolutionnaires ? Non. — Forraent-ils un peuple avec lequel on puisse trailer? Oui. — Ont-ils les conditions sociales vou- lues par le droit politique, pour etre reconnus des autres nations ? Oui. — Est-il possible de les delivrer sans troubler lemonde, sans se diviser , sans prendre les armes , sans mettre m^me en danger I'exis- tence de la Turquie? Oui , et cela dans trois mois , par une seule dep^che collective souscrite des grandes puissances de I'Europe, ou par des dep^ches simultanees exprimant le menie voeu. Ce sont la de ces pieces diplomatiques , qu'on aimerait a signer de son sang ! » a En attendant des jours plus prosperes, dit un peu plus loin I'au- leur, au nom du Comite philanthropiqne dont il est membre, nous rc- cevons et nous soUicitons a la fois de la muuihceuce publique, ce qu'elle nous adresse detous cotes, pour nos illustres supplians. Nous remercions cette genereuse et brillante jeunesse qui leve un tiibut sur ses plaisirs, pour secourir le malheur. Nous savons ce qu'elle vaut cette jeunesse francaise ! Que ne pourrait - on point faire avec elle , en lui parlant son langage, en la dirigeant , saus i'arr^ter, stir k 838 LIVRES I'llANCAIS. penchant de sod g^nie; toujours prcle a se sacriCer; toiijours pr^te i faire dire a qiielque nouveau Pericles : Vannee a perdu sou prinlems .' • M. Benjamin Constant, apres avoir demontre avec la m6me vi- gueur combien est legitime et sainte la cause des enfans de la Grece, aprfes avoir trace line peiuture cnergiquc , dechiraiite , de ce qu'ils out souffert et de ce qu'ils soiit condanines a souffrir encore , s'el^ve un monjent ix de hautes cousideiations politiques dans I'interet ge- neral de I'Europe, doiit tous les esprits eclaires apprecieront I'iiu- portance et la verite. II ne craint pas de frapper dune juste rej)ro- bation , de vouer a une honte eternelle la conduite a la fois hypocrite et barbare des ennemis des Grecs, quel que soit le rang que ces en- neniis occupent , et quels que soient les pretextes dont its couvrent leur politique perfide et cruelle. « La cause des Grecs est la notre , dil-il en finissant ; elle n'est pas perdue ; car aucune cause n'est per- due , quand elle a ses racines dans le cceur d'un peuple. Nous pou- vous la secourir puissaninient. L'opinion fortement niauifestee, des publications propres a faire penetrer dans tous les esprits les prin- cipes que nous avons exposes, telle est la mission du Coniite de la Societe de la Morale chrelienne. Dans ces publications , il s'attachera surtout a convaincre les Grecs eux-menies d'une verite qu'ils ne doi- vent jamais oublier. La seule garnnlie de leur independauce, leur unique espoir de salut , c'est I'union inlime de toutes les parties de la Grfece... Les envois d'argent, produits de souscriptions genereuses , dont le nombre compensera la modicite, les envois d'armes , d'ins- trumens , d'hommes intrc[)ides qui voudront s'associer a cette noble cause, sont reserves au grand Couiite ])liilanthropique. Ces moyens serout efficaces pour relever , non pas le courage des Grecs, qui est inebranldble , mais leurs ressources et leurs csperances. C'est dans ce but que la Societe de la Morale chretienne a forme de nouveau son Comitc grec ; c'est dans ce but que ce Comite s'adresse a tous les chietiens , a tous les Europ(?ens , a tous les Francais. » B. 3fi2 — * A la jeiinesse fraiicaise. ■ — SouscRlPTION cii faveur des Grecs; par F.-P. Lubis. Paris , iSaSjimp. deBellemain. In - 8° de i6 pages ;se vend au proGt des Grecs, i fr. Dans ce petit ecrit, M. Lubis appelle rattention de la generation nouvelle sur ce peuple dont a le privilege est d'emouvoir tous les autres en sa faveur , sans en obtenir autre chose qu'une pitie sterile ou de leg^res aumones. » II se plaint de ce que le dcvouement d'un grand nombre de ceux c{ui se disent amis des Grecs n'existe que sur SCIENCES MORALES. SSg le papier. L'auteur s'etonne des conseils que Ton a plus d'uue fois donnes aux Greos , et qui tendraient a ne produire d'autre resultat poureuxqu'un changenient demaitres. Puisqu'apr^s avoir brise ^nr necessitc le joug d'une domination illugitime, injuste et odieuse , iis out su , depuis trois annces, defendreseuls leuriiidependaiice, ilsont acquis le droit de se donner un gouvernement vraiment national et independant. lis ue sont pas assez riches pour payer I'attirail dispen- dieux qu'une monarchic entraineapreselle. La marine et le commerce, qui sont leur destination speciale , ont hesoin , pour prosperer , d'economie et delibertc. Tons les peuples de I'Europe sont interesses ace que la Grece nouvelle adopte une organisation analogue a celle de la confederation helvetique, et les grandes puissances, par un sentiment de justice , devront les proteger. Une politique bien eii- tendue leur fera seutir que cette organisation ne donnera point lieu aux rivalites et aux guenes qui pourraient resulter du choix d'un monarque pris dans une des maisons regnantes de I'Europe. La France surtout peut se menager une influence legitime etsalutaire dans rOrieiit et sur la Mediterranee, si elle contribue, avec I'Angle- terre, a procurer a la Grece renaissante I'existence independante , commerciale et paisibje qui est I'objet de ses voeux et qui doit deve- nir le prix de son sang et de ses hero'iques sacrifices pour couquerir la liberie. L. J. 363. — * Hiscoire romaine , depuis la fondatioii de Rome jusqii'au legiie de ConsCantin; par ^. de Carrion-Nisas , fils. Paris, iSaS ; Raymond, a vol. in-ia , formant les tomes 4a et 4^ de la Bibliotheque iiniverselle, ensemble Sfifi pages ; prix 3 fr. L'histoire d'uu peuple qui a passe par toutes les formes de gouver- nement , dont toutes les revolutions ont eu pour objet son propre avantage , dont la legislation a servi de module , qui a donne nais- sance en perissaiU ;i tous les peuples de I'Europe modenie , presente assez d'attraits a la curiosite , assez de grands exemples a In politique, assez de reflexions u la phiiosophie pour faire I'etude de tous les 3ges et de tous les pays. — M. Carrion-Nisas , en retracant cette histoire, depuis la f'ondation de Rome jusqu'a ravenemeiit deConstantin, vient d'ajouter aux nomhreux abreges que nous avions deja de l'histoire romaine. Sans vouloir etablir aucune coiiparaison entre ce nouvel ouvrage et ceux du meme genre qui I'ont precede , nous devons dire que la clarte , la rapidite , I'^rudifion , sont des qualites qui distin- guent constannncnt M. Carrion-Nisas. On peut neanmoins lui re- procher quelqiiefois des jugemeas qui ne seinblent pas assez fondes ; 84 cr LIVRES FRANCA.IS. lei est celui qu'il porte de Caion I'Ancien ( t. i. p. iSy ) , de Pompee [Ibid ^. 523), etc. On pourrait signaler aussi quelques inexactitudes dans cerlaines citations ; quelques erreurs de noni , telles que Phoca pour Prcca , Lartius pour Largius ( le premier dictateur ) , que nous mettrons sur le compte de rimprimeur , quoique le dernier mot soil repete jusqu'a trois fois. Mais un defaut plus grave, c'est de n'avoir pas, a Tcxemple de Florus, divise son histoire et assigne les princi- pales epoques : cette methode, si favorable a la memoire , aurait ^le de la plus grande utilite dans une histoire aussi pleine de fails et de lecons que celle des Remains. Si, ensuite, M. Carrion-Nisas avait pu transporter dans son ouvrage le style des nombreu,\ uiodeles qu'il avait souslcs yeux , son abrege aurait offert une lecture plus agreable. Quoi qu'il en soit , Ton pent regcirder comme un appendice tres-utile celui qui occupe la seconde partie du second volume , et dans lequel I'auteur a traite avec details de Vesclavage, de Xafjranchiiseinent , de Vingeniiite , du palronat , de la puissance paternelle , des manages , du concubinage et du divorce , des tescamens , de la division des choses, des noms des Romains , des uionnaics romaines , et de \& geographic de I'einpire. — Les notions que I'auteur a rassemblees sur ces divers sujets , sont aussi completes que I'a permis le peu d'espace qu'il pou- valt y consacrer : elles sont d'ailleurs tres-propres a completer In seric des connaissances necessaires a celui qui vent bien posseder I'liistoirc des Romains. B.J. 364- — * Histoire des Croisades ; par M. Michaud , de I'Academii francaise. Quatrieme edition , revue, corrigee et augmentee. T. i et ii. Paris , 1825 ; L. G. Michaud. a vol. in-8° ; j)rix 14 fr. Le succes de cet ouvrage est bien etabli, et, ce qui vaut mienx , ;! est meritc. II s'est fait dans un temps oii Ton croyait encore que la premiere qualite d'un ecrivain etait de savoir <5crire , et qu'il ne suf- fisait point , pour se placer parmi les hisloriens , de rassembler et dc coudre ensemble des larobeaux de chroniqueurs. M. Michaud a fait, ou fait faire , d'immeases recherches , et dans les ecrits de nos vieux annalisies, et dans les autrcs documens qui pouvaient jeter quelques clartes sur son sujet ; mais , apres ce travail preparaloire , il a su for- mer de tons ces materiaux un ensemble qui lui appartient, par la dis- position et par le style. , Lorsque la publication des dernieres parties aura compWt^ cette nou- velle edition, nous offrirons a nos lecteurs une analyse de tout I'ouvrage. Nous nous bornons aujourd'hui a indiquer ce que renferment les lleux volumes qui vieunent d'etre publies. On trouve , dans le pre- i SCIENCES MORALES. 841 mier , le recit des p6leriaages paisibles qui pr^ced^rent dans I'Orient rinvasion de pelerins arm^s , I'expos^ des causes de la premiere croi- sade , et la peiijture de cette grande expedition, ainsi que des mal- heureuses eiitreprises des croises lombards, des comtes de Nevers et de Bourges, et du comte de Poitiers. Cette premiere partie est or- iiee d'uue carte de I'Asie mineure , des plans iT Antioche et de Jerusalem. Le second volume presente d'abord I'histoire du royaunie de Jerusa- lem sous Godefroi , Baudouin I*"', Baudouin II , Foulque , et Bau- douiii III; ensuit«, le recit de la seconde croisade , ou commaii- daieut Louis VII et Conrad , le tableau de la decadence de I'empire fonde en Syrie par les croises , et de sa chule ; enfin , les exploits in- utiles , mais si brillans , de Richard Coeur-de-Lion. Une carte des Ktats Chretiens en Asic , et un plan de Ptolemais servent a I'intelligence des operations militaires. Cliaque volume renferme , en outre , sous le UXre A^eclai'cisscmens , des dissertations de quelque etendue , et se termine par des pieces justificalives. Z. D. 365. — * Resume dc I'histoire de Lorraine (J\leiirthe , Meiise , Moselle et T'osgss ) , par M. Henri Etiehnr. Paris , l8a5 , Lecointe et Du- rey. In-i8 de vm et 354 P^'ges; prix a fr. 5o cent. L'auteur a divise son ouvrage en trois parties. La premifere, com- posee de quelques pages seuleraent , nous presente la Lorraine , fai- sant partie de la Gaule Be'gique du terns des Romains , appartenant a i'Ausfrasie , sous les rois M^rovingiens , devenue le royaume de Lotliaire II, arriere-petit-fils de Charlemagne, puis reduite au litre de duche , et possedee par des dues beneliciaires , apres la niort de Charles-le-Simple. Dans la seconde partie, le duch6 devient hereditaire , et une pe- riode de 645 ans voit se succeder vingt-six dues, jusqu'a Stanislas , dont I'adininistration paternelle commence la troisieme partie. — Cette derniere , quoique fort courte, u'esl pas moias interessanie que la precedente. L'ambilion de Louis XV ne respecte plus aucun des droits de la I,orraine : c'est un beau spectacle que de voir Sta- nislas combattre autant qu'il est en lui la funeste influence de I'admi nistration francaise sur les affaires de la Lorraine : la longue vie de ce bon prince parut encore trop courte a ses sujets : sa mort, vivement pleuree par les Lorrains , fut I'epoque He la reunion defi- nitive de cette province a la monarchie francaise : il ne s'y passa plus rien de frcs-reinarquable jusqu'a I'epoque de la Revolution, oii la Lorraine fut appelee a jouer son role , comme les provinces de I'an- cienne Fiance. I'-lle fit alors entendre des vceux energiques pour 842 LIVRES FRANCAIS. I'adoptlon d'instiUitions et de lois propres k garantir la liberie pii- bliqiieet celle des cltoyens ; plus tard, I'arresfation de Louis XVI k Varennes, la jirise ° Histoire collective des provinces , depuis le milieu dii xvie sieclejusqu'a nos jours. Toutes ces parties sont traitees avec pre- cision et clarte. L'auteur , qui aurait pu terminer la son ouvrage, a juge a propos d'y joindre deux autres morceaux que le lecleur ne parcourra pas sans plaisir. L'un est un Coup d' ceil sur la siatisiique ancienne et moderne de ces provinces ; I'autre renferme des Considera- tions justestet curieuses j((r/« maurs deleurs liabitans.- — • Le Resume de I' histoire d' Alsace offre une composition mieux suivie, ainsi que le comportait le sujet. II se divise en six epoques , dont chacune a ses traits caracteristiqnes : 1° La Domination romaine , depuis I'an de Rome 682 jusqu'a I'an 45 1 de I'ere vulgaire; a" La Domination des Barbares , 496-900; 3° La Feodalitv ,o\x I'asservissement des peu])les, 9l3- 1212 ; l\° Affranchissementdes inlles; regime municipal, I22 5-j5i5; S°l.a Rejbrmaiion, 1517-1648 ; 6° ha Domination /rancnise , 1648- i8i5; Tel est le plan que l'auteur a su reniplir, en Lomme instruit et en ecrivaiu habile ; il a mele au recit des evenemens, des peintures de mceurs, des details sur les coutumes et les superstitions populaires; enfin, des reflexions qui prouvent un esprit judicieux et penetre des ir.eilleurs principes. Son style est simple et ferme , sans manquer d'elegance, comme le prouvera cette courte citation que j'extrais des dernieres pages du volume : « Iluningue restait seule en proie aux horreurs d'un siege sollicite par les BAlois , dont cette forteresse pou- vait incendler les habitations. Depuis six semaines, trente mille hommes, coramandes par i'archiduc Jean, attaquaient vivement la place; elle etait defendue par de bonnes fortifications, et par une garnison peu nonibreuse, mais intrepide. Malgre I'artillerie formi- dable qui ecrasait ses remparts, le general Barbanegre, gouverneur d'Huningue , ne se rendait point encore. II consentit enfin a capitu- ler,quand il n'eut plus que des ruines a defendre. On convint que 844 LITRES FRANCAIS. la gamison sortirait avec les honneurs de la guerre. Cinquante hom- ines ayant a leur t^te le general, uii petit nombre de travailleurs et quelques blesses , port^s par les plus valides de leurs compagnoiis , defil^rent devant les trente niille Autrichiens. L'arcbiduc etonne demauda si la garnison ne les suivait pas... Rien n'etait restedaiis la ville; toute la garnisou d'Hutiingue etait la. » Le Resume de Vhistoire de Giiyenne, a droit aux mdmes eloges que celui de I'histoire d'Alsace, soit pour le choix des materiaux et I'ordre dans lequel ils sont disposes, soit pour le style. Le merite de ce modeste debut prouvequeTauteuru'esi pas iiidignede porter un iiom, tout re- cemment iilustre par le succes d'un ouvi age historique plus impor- tant. Ilest convaincuquerbistoiredoit^trerecole despeuples et des rois. A sa maniere de raconter, et dans lous lesjugemens qu'il porte sur les ^venemens et sur les personnages , on recoiinatt I'intentioii constante de la diriger vers ce but louable, et de la rendre utile ayant tout. C'est ainsi qu'il s'attache a peindre sous les couleurs les plus fortes ces ^ffreuses guerres de religion qui , sous le rfegne des Valois , desolerent surtout le midi de la France. On remarque avec nne indignation profonde, entre autres horreurs de ces tems deplo- rables, lerecit des exploits de Montluc, depuis marechal de France, cr^atule des Guises, soldat feroce et violent , qui, nomme au com- mandement de la Guyenue, parcourait toute I'etendue de son gou- veniement , acconipagne de deux bourreaux qu'il retint eu perma- nence a son service , et qu'il nommait ses laquais. B. 3fig. — * Histoire civile, physique et morale de Paris; par Dulaure. Troisicme edition, revue, corrigee et augmentee parl'auteur, oruee de gravures nouvelles; ii*, i2«, i3«, 14" et i5"^ livraisons, conte- nantles T. VI et VII, et la i" partie du T. VIII. Paris, iSaS; Baudouin freres. Prix de cliaque livraison in-12, 5 fr. {f''oj. ci- dessus , p. 225.) Les livraisons de cet ouvrage se succfedent avec une telle rapidile , que nous en avons toujours plusieurs a annoncer a la fois , ce qui ne nous permet pas de grands developpemens sur cliacune d'elles. L'in- ■ convenient, il est vrai, n'est pas grand pour un ouvrage aussi connu 1 et aussi generalement apprecie , dont nous avons d^ja annonce avec soin les deux premieres Editions. Dans un premier article sur cette troisicme edition ( ray. t. xxv , p. 5oi ) , j'ai indique onze articles de la Revue deja consacres a cet important ouvrage, et j'ai moi-m^me ajoule i ce nombre trois nouveaux articles. Un de nos collabora- teurs, M. Depping, dans une analyse faite avec beaucoup de talent SCIENCES MORALES. 845 ( f'oj. f. xiv, p. 64 ^ 73), s'clait livre h une disciissiou ap])rofondie siir le but, les moyens et I'execution de cet ouviage, il ne nous reste plus chaque fois qu'a en indiquer les principales divisions, et a oiter quelques traits qui puissent conduire a une comparaison entre les tems anciens de notre histoire et celui dans lequel nous vivons. Les cinq livraisons que nous annoncons aujourd'hui contiennent le tableau de Paris depuis Louis XIII jusqu'a Louis XV inclusivement. Les annales de ce dernier regne, surtout celles de la Regence qui le pre- ceda, sont tellement fecondes en traits que I'honneur national •vou- drait effacer de notre histoire, que nous n'en citerons aucun. II faut les voir dans leur ensemble , il faut surtout en etudler les causes pour croire a tant de corruption et de perversite de la part de ceux qui devaient donner au peuple I'exemple des fertus et des bonnes moeurs. L'exein- ple contraire n'a que trop profile ; mais comment s'etonner encore des crimes commis , dans un tems de desordre, par une populace effre- " nee , quand on lit les details de tant de crimes impunis commis par les premiers personnages de I'etat , au milieu d'un ordre stable et legal? L'entreprise de M. Dulaure a excite les clameurs des hypoc»ites et de ceux qui basent leur fortune sur les vices des grands; pour nous, nous dirons avec M. Depping : « Que -ce miroir qu'il nous presente nous inspire une crainte salutaire et une juste horreur du retour de ces tems desastreux , alors il aura bien merite de rhumanit6. » E. H, 370. — Notice sur la vie de Saladin , Sultan d'Egypte et de Syrie, par M. Reijtaud , employe au cabinet des manuscrits orientaux de 'a biblioth^que du Roi , membre du conseil de la Societe asiatique. Paris , i8!?5. Dondey-Dupre. In-8° de 41 P- J prix i fr. aS c. L'auteur preud Salah-eddin a sa naissance , le suit dans I'exil avec son pere et son oucle , le montre faisant inalgre lui ses premieres armes, saisissant neanmoins adroilement les circonstances favorables a son ambition , et s'emparant avec ardeur du souverain pouvoir , aussitot apres la mort de Nour-eddin. La belle cpoque de la vie de Saladin c'est celle des croisades ; il eut alors a hitter contre Phi- lippe - Auguste et Richard Coeur-de-Lion. Nous ne pouvons nous arr^ter, ni sur cette partie de la notice , ni sur ce qui regarde Fad- ministration interieure. Nous avouerons cepeudant que M. Reinaud nous senihle avoir porte un jugement severe sur ce prince, qui fut prodigieusenient supL-rieur a tous les princes coutemporains , si Ton , excepte le grand empereur FrcJeric Barberousse , et qui donna souveut I'exemple d'une tolerance I icn rare a cette epoque. B. J. 846 IJVRES FRATN^CJAIS. 371. — * Meiiioires ct corresporidance de Dnplessis'lHornay , pour scrvir ;i I'liistoire <3e la reformation ct des giierrcs civiles et reli- gieuses en France , sous les regnes tie Charles IX , de Henri III , de Henri IV ct de Louis XIII , depiiis Ian iSyi , jusqu'en ifia i. Edi- tion complete, piibliee sur les manuscrits originaux , et prccodee des niemoircs produire dans notre langue , je doute rju'un censeur nicme ligide put condaniner plus long-lems le genre auquel elles appartiennent. Les ballades purement liistoi iques, que M. Loeve-Weimnrs a tra- dulles , sont assez nonibreuses : il en est peu cependaul qui se rap- portent a des batailles on a des faits d'une baute imjiortance. Ce sont des episodes des guerres civiles de I'Ecosse , ou le rccit de quelques-uns des petits combats que livraient les seigneurs du Nor- thumberland et des provinces euvironnautes a leurs voisins des fronlieres ecossaises : tets que la cliasse de Cheviot ( Chevj-chase) oil perirent les comtes de Percy ct de Douglas , et ou furent tues un grand nombre d'archers anglais et de lanciers ecossais. D'autres re- imntent jiisqu'aux invasions des Saxons et des Danois. Ainsi, dans Hengist et Mey , une jeuue vierge de la cour d'Arthur meurt en ap- prenant que son frere , et son amant, I'un des chefs saxons, sont tombes sous les coups I'un de I'autre ; dans la premiere ballade d'Hardyknute, par lady Wardlaw, on raconte comment ce vaillant chevalier vole au secours de son roi et repousse les Norvegiens qui menacaient TEcosse. Dans la seconde ballade, ou se continue I'his- toire de ce chef, John Piukektok chante la vengeance qu'il exerca contre sir Mordac qui avail profile de son absence pour enlever sa fille. Des enl^vemens et des vengeances du m6me genre, des duels, des querelles entre des seigneurs feodaux , sont les sujets d'un tre?- grand nombre de ces chants. Les premieres stances di yldani Gorpoiv entr'autres donnent une idee des siecles d'anarchie et de desordres qu'on appelle quelquefois le bon vienx terns : «Vers le terns de la saint- Martin , lorsqu'un vent rijoureux soufflait dans la piaine, il arriva qu'Adam de Gordon dit a ses gens : « Allons surprendre une for- teresse. — Et^quelle forteresse surprendrons-nous , mes joyetix gens et moi ? — Nous irons de ce pas au chateau de Towie et nous ver- rons la belle ch.^telaine, etc. ». Robin Hood, ce hardi bracon- nier que Walter Scott fait parailre dans sou roman d'lvanhoe, est un des heros favoris des ballades anglaises ; sa bravoure, son amour pour I'independance ct sa haine de I'oppression durent le rendre ce- lebre , dans un terns oii le peuple , compose de Saxons, detesiait ses maitres , et faisait cause commune, du moins par les senlimens , avec tous ceux qui reslstaient a I'autorite exercee par les Normands. Nous trouv6ns dans ce recueil cinq morceaux , clioisis dans un vo- 86a LIVRES FRANCAIS, volume entier de poesies consacr^'-es a Robin Hood. Sa naissance fait le sujet d'tin sixi^me poeme oii I'ou trouve des descriptions rian- tes et des det.iils doiit la naivete atteste roriglne ancienne. Les bri- gands de la Haufe-Ecosse , dont Tautcur de Rob -Roy a decrit les inoeurs , n'ont pas ete oublles iion plus par les poetes populaires : lis ont celebre Gild- Roy, Donald - Caird et q^'ielques autres. En ajoutant la ballade de Cunnior-Hall , par Micklr , dont le sujet est aussL celui du Chateau de Kcnilworth , et une coniplainte de Marie Stuart, du fameux Pi. Bukns , nous aurons passe en revue a peu pres toutes les pieces comprises par M, Loeve-Weimars dans la classe des ballades historiques et dont nous avons cliercbe a faire connaitre le caractere. Dans son livre , cependant , elles ne forment point une parlie scparee ; car il a cru avec raison devoir adopter une autre division , celle des poemes ecrits en langue anglaise, et de ceux ou Ton emploie le dialecle ecossais. Nous ne pourrons consacrer «n aussi long exanien aux ballades pretendues didactiques. Nous dirons seulement qu'on en trouve de remarquables par le merite poetique , telles que le Depart du Marin, par G\y ; Robin-Cray , de lady Mary Lindsay , qui a ete imite par Florian, dans sa Nouvelle anglaise , et les poesies de II. Burns, parmi lesquelles une des plus cel&bres est le fameux chant de Robert Bruce , qui est pour les Ecossais une csp^ce de Marseillaise. Enfln il y a des niorcenux, tels que /e Chant des Grecs, par Campbeli.; le Chant des Noirs stir Miingo-Parh , par P. M. James, que nous ne nous attendions pas a trouver dans une collection de chants populaires anglais, maisque nous avons lus avec plalslr. Nous termlnerons , en accordant a M. Loeve-Weimars les eloges qu'il rocrite , pour le bon choix des TOorceaux et pour la traduction , quelquefois un peu llbre , mais tou- iours elegante , de ce recueil, qui non-seulement repandra la connais- sance d'une partie interessante de la litterature anglaise , mais pourra fournlr d'heureuses inspirations a nos poetes. Aug. Jullien. 383. — * La France en iSaS, ou mes regrets et mes esperances ; Discoursen vers par iV.-y/. Jullten, de Paiis , membre de plusieurs Academies et Societes savantes et litleraires,francaises et ^irang^res, etc. Deiixiime edition, suivie de quelques autres Poesies delachecs du memeauteur, ( au nombre de 5o.) avec ces deux epigraphes : La raison trioinpliante « D'une ligue eovicuse etouffera les rris. fl Chenier, Ej)itre it Follaire. » ... Cos rliints ('•pars on j'ai laissi^ mnii Amp. LITTERATURE. 863 Paris , 182J ; an Bureau central da l.i Revue Encj-clcpediquc , et clier. A. -A. Renouard , rue de Tournon, n" 6. i vol. in-S" de i5a pages • prix : 3 fr. fio cent. Nous avons deja rendu compte du Discours en vers intitule: La Franceen i8a3 ( Voy. Rev. Eric, t. XXVI, p. 241), et nous avons vu avec plaisir plusieurs journaux applaudir comme nous aux nobles sentimens qui ont inspire cetouvrage et aux vers souvent heureux qui les expriment. Les Poesies detachees que M. JuUien public aujour- d'liui, a la suite de cette seconde edition , composees durant uue pe- riode qui embrasse toute la panic active de sa vie, depuis i7()4ius- qu'a 1825, respirent les niemes sentimens, I'amourdela patrie et de I'humanite, uni aux plus doures affections privees. Ces poesies re- marquables par ie ton de verite qui y r^gne, revelent partout une Ame aimante et philanthropique. On pourrait y dcsirer sans doute plus de verve, plus de colorls poetique , plus de concision et de viva- ciledans la facture du vers. Mais la justesse habituelle de la pensee, la correction et souvent I'elegance du style .'•upplecnt a ce qui pent leur manquer du cotedu metier. Le iecteur ainicra a jugerpar quel- qnes citations de I'exactilude de nos"*" critiques et de nos cloges. Voici une piece intitnlee, De la vie humaine : Un vague souvenir A nos yeux tlu passe fait revivre I'image. La craiute et I'esperance ont stales en jiartage L'Incertaiu AVENia. Le PASsr, 1'avenir sont deux omhres legeres Dorit riiomme en vain poursiiit les formes inensnugeres. Le TRESENT seul existe, lielas! comme uu eclair Qui Ijrille et disparatt dans les plaines del'alr, Aiusi, le souvenir, ]zi craiiite, Vesperancs, Un eclair, 6 mortels, voila notre existence! G^iies par le defaut d'espace, nous nous bornerons a citer encore le fragment suivant d'un liymne n la Providence, compose en iSta, pour les eleves d'une ecole elementaire, dans I'lnstitut dePestalozzI, TJN JETINE ELEVE, au nom de ses camarades : Qn'il est puissant, ce Dion qui gouverue les mondes. Qui regie les saisons, qui regne snr les ondes. Qui tour a tour apaise et souleve les mers. Qui di» au fier lion ; Sois le rol dcs deserts; Qui dit a Taiglc altier aux ailes ttcadues : Sois rival du soleil et plane sur les nues; Qui protege a la fois les pins faibles rnscain , 8S4 LI V RES FRANCAIS. Les iasectes rampnns, les liiimbles arbrisseaux; Qui ne dedaigne pas la moiuJre creature, Et prodigue ses soins a toute la nature. I.K CHOiiUR DF.S JEUNES ELEVES. ElevoDS jusqu'a lui nos cocurs reconualssans. O pere dcs bumains, nous sommes tcs enfans. TJJf JEUNE ENFANT conlinue : Nous vonlons meriter tes bimtes paternelles. Pais briller a nos yeux ces clartes iniinortellcs Qu'adraircut tes elus au ctlestc sejour. Ta loi, Dit'u bieufaisaut, est uue loi d'amour. Fais que tons les mortels s'aimeut comme dcsfreres; Qu'a I'euvi Tun de I'autre , au scin do leurs miseres. Par d'utiles sccours, par dcs soius gcnereux, lis metteut leur boubeur a faire des liciireux. Qii'ils imitent ainsi tcs sublimes exemples; Qu'a toutes les Tortus ils consacrciit dcs temples; Et que , par des bienfalts Iiouor.mt ta bonte, lis offreut des cocurs purs a la divinite. Nous regrettons de ne pouvoirrien detacher d'une piece inlitulee: La promenade soli:aire aitx environs de Grenoble etsiir les bords de I'lsere en i8i4) q'"^" se termine par ce beau versde sentiment : J'ai besoin d'etre beureux du bcnlieur de la France! Cette piec'-', celle qui a pour titre Les Feinmes etles Flenrs ( inseree dans la Revue Encyclopedique , t. X, p. 35), I'elegie inlitulee : Les Jiei'es deina-vie, ou Hies Souvenirs, etquclques autresqii'il seraittrop long d'enumerer, sont rem.nrqual)!es par la grace, par li sensibilite, par une douce melancolie; elles obtiendront le suffrage des lecteurs, sous le double rapport moral et litteraire. Ch**. 384- — * Epitrcs , par M. Alphonse LAMARxiifE ; Paris, iSaS ; Urbain Canel ; broch. in-8°. Prix : 2 fr. Ces nouvelles poesies de M. Lamarline offrent, comme la plupart decelles qu'il a deja publiees , de rares beautes, maisaussi des taches nonibreuses que la critique ne peut attribuer qu'a une negligence presque volontaire. Dans la premiere de ces pieces , adressee ti M. Victor Hugo , sous le titre modeste A^ Epitre fainiliere , I'auteur des Medita- tions semble avoir voulu nous rendre le genre aimable et facile de Gresset. Cet essai ne me parait pas lui avoir rcussi. — Je me hate de parler de la seconde epitre ; le poete s'y releve noblement ; les amis de la vraie poesie admireront de beaux vers , dont les idees sont LITTERATURE. 865 claires et pr(*cises , irs images brillantcs , et I'expression pFesque toujours pure. Ceux-ci, par exemple , obfiendront , je crois , lous les suffrages : Qu'il est beau de vo'.er dans la noble carrlere Siir In trace de nos soldals; De siispendre sa lyre au brouze des combats, Et, dans des tonrbillons de flamme et de poussiere, D'exciter leur vertu guerriere, Ou de clinnter la gloire en face du trepas! La Muse aime a plauer sur les cliamps du carnage, A fouler sMiis ses pleds des lanibeaux d etcudards, Les membres des Iioros sur la poussiirc epars, Et les troncons lirises des g'aives que leur rage Senjble encor defier de ses derniers regards. Quel accnmpagnement sublime Pour les chants inspires du barde andacieux. Que le bruit du canon roulaut de cime en eime, Ou le cri du coursier que la trompctte anime, Ou le fracas du pout qni gronde et qui s'abime Sous la bnmbe toinbant des cieux. Quant a la troisi^nie epitre , qui est celle que I'aiiteur atlrefsa a M. C. Delavigne , apres le beau succes de VEcole des Tjiei/lards , les eloges qu'elle a rccus , des sa premiere apparition , sufflsr.it pour la recommander a I'attention de tons les lecteurs. B. 385. — * Lort oubliez les terapetes, Aux nobles fils des Grecs faites la c/iarite; Donnez-leur uu pen d'or pour acLeter des arn^es, Et secuurez euCu dans leurs longues alarmes Les martyrs de la Croix et de la Liberie! Cette piece de vers est termlnee par un envoi a M. Villemain qui avait prle I'auteur de queler pour les Grecs : Vous le voulez : qui pent resister a sa voix, Lorsquc I'eloquence commaiide? I'our ceux que votre esprit eit charmes autrefois , Pour ces Grecs malheureux voila mon bumble offrande. La fortune en fuyant m'a ravi ses tresors , Et ma ricbesse est dans ma lyre; Je n'ai, pour seconder vos genereux efforts, Que les bienfaits de ceux qui daigueront me lire. 386. — * Haiti, chant lyrique , par M. Chauvet. Paris , septembre i8a5. Id-8^ de i5 pages. Delaforest, iibraire , rue des Filles-Saint- Thomas , n° y. Prix i fr. aS c. « L'emancipution de Saint-Domingue , dit I'auteur dans un avant- propos oil respireut les sentimens d'un philanthrope eclaire et d'un excellent citoyen , est I'un des plus grands ^venemens qui aient eu lieu sur la scene du monde... Get acle , qui honore notre si^cle, est comme le premier lien social eatre deux races d'hommes dont I'une a trop long-tems opprime I'autre. II admet la race noire a prendre place parmi les nations civilisees. ■> II appartenait surtout a M. Chauvet, qui a remporte le prix de poesie decerne en iSaS par TAcadeniie francaise au meilleur poeme sur I'aboUtion de la traite des IVoirs (voy. Hev. Enc. t.xix, p. 496 et 699), a 6tre le premier a celebrer aujourd'hui I'iudependance de la nation ha'itienne , solennelleinent reconnue par le gouveruement fran9ais. Ce jeuue poete lone avec energie , avec franchise, avec dignite, I'auteur de cet acte memorable , « qui prepare Tadoucissement et par suite I'abolition graduelle et paisible de I'esclavage daus les co- lonies ; abolition qui , bien que conlraire a quelques inter^ts (tr^s- LITTERATURE. 867 tnaleutendus), ou plutut aquelques prejugesactuels, ue dolt pas moias iStre I'objet des vocuxde tousles amis deshommes, de tousles veritables Chretiens... Cetactefacllite la civilisation future de I'Afrique (-vo/.ci- dessus p. 574)". qui, pour prendre un essor rapide, n'a besoin que de deuxauxiliaires,la propagation du cliristianisme (dont beaucoup de societesphilanfhropiquesetreligieuses s'occupent avec activite en An- gleterre et dans presque toutes les contrees de I'Europe), et I'lntroduc- tion d'uneecriture applicable aux langues vulgaires du pays, I'arabe etant aujourd'hui en Afriqiie la seule langue ecrite , comme le latia - I'etait en Europe, dans le moyen age. (Telle etait aussi la pensee et tel fut le dernier vceu de I'academicien philosophe Voiney qui a fonde, en niourant , un prix pour encourager des recherches et des travaux diriges vers ce but.) « Eufin , cet acte, premier traite commercial entre la France et i'Amerique meridionale , bite le moment ou I'Europe entiere, en affranchissant cette partie du moude, ouvrira aux peuples des deux contiuens une source iuepuisable de richesses ; oii le syslfeme colo- nial , dernier debris du pretendu droit de conqudte, fera place a un ordre de clioses fonde sur le respect des veritables droits , sur Tin- dustrie, sur I'echange et sur la bienveillance mutuelle des nations. Malheur a ceux qui restent froids , a I'approche de ces jours pai- sibles et prosperes !... M. Chauvet , qui nousrevele ainsi les inspiratio»js genereuses sous I'influence desquelles il ecrit , se montre le digue interprfete de la reconnaissance publique. ... De TAfrique, Haitien , tu recus la naissance; Mais tes lois, nials tes arts, tu les dois a la France. Qui des deux obtiendra ton filial amour? Ah! crois-moi, des mortels instruire I'lgnorance, C'est plus que leur donner le jour. Et plus loin : Les peuples ont cesse de se porter ombrage; Cliacun deux , plus juste et plus sage. Place enCu son bouLieur dans le bouheur de tons. Nous terminerons nos citations , que nous aimerions a prolonger, par ces beaux vers : ... Oui : des fureurs d'au peupie ou stupide, ou pervers, Le despotisme seul doit compte a I'univers; C'est pea que d'opprimer, il corrompt ses victixaes. 86i8 LIVRES FRATNCAIS. Les Climes de I'esclave icliappe dc s^ fcr« Du tyrau sout encor les crimes. J. 387. — Discoiirs en vers , prononce a la distribution des prix de rinstituiion de madame Le DucHoussf.t , le 23 aout iSiS ; par M. Levi , professeur. Paris , iSaS ; J. Tastu. Cette legeie production offre des idees et des images qui ont du plaire a Tauditoire devant lequel I'auteiir I'a recilee. La poesie de M. Levi ne manque ni d'elegance, ni de grAce ; niais peut-etre les quatre vers que je vais oiler , si je ne me trompe pas sur leur v^iilahle sens, n'obtiendiont-iis point le suffrage de tous les lecteurs. A pro pos de la modeslie de ses jeunes eleves, le professeur s'ecrie ; Vous ne la verrez pas, Coriune saus pudeur, Traluer nu Parthenou uu people adulateur, Et du long avenir liataut I'arrct supriinc, De rimmortel laurier se cournnner soi-meme. Voici quelques vers plus heureux : Ici tout est bonheur, car tout est iunoceuce : Voye?. I'oil inquiet de la no'ive eufatire Sur res livres pompenx avidement fixe! Que son uom triompliaut soiidaiu soil prononce; D'uu eclat vif et pur s'auime sa paupiere, Et son premier regard s'est tourue vers sa mere. B. 388. — Les coups de bee et les cnups de patte , liistoire abregee , ra- pide et legere du people oruitliien , traduite d'uu manu.^crit tombe de la lune. Paris , i8a5 ; Bechet aine. 2 vol. in-la , 38o j). ; prix 5 fr. Get ouvrage n'exige guere plus de deux beures de lecture. C'est une allegorie vive et ingenieuse oil, sous uiie gaze transparetitc , on trouvera le tableau de nos revolutions et de nos dissensions politiques, depuis 1789, jusqueset y compris les premiers moisde i8?..5 : Sous les traits aninu's de differens oiscaux, L'auteur nous a depcints avec tous uos dcfauts. Nous eu avons souri. Son docte badinage Deguise finement noms , litres et langage; Et de ralliision le miroir indiseret De uotre liistoire expose un fidele portrait. Cette histoire se compose de quatorze cbapitres, qui sont conime autant de chants d'une piquante epopee. Cliaque chant commence , LlTTtRATURE. 869 de m^ine que ceiix de TArioste, par des reflexions morales et politi- ques fort bien adaptees au sujet. L'auteur a garde ranonyine : quel qu'il soit, il ne manquera point de lecteurs. Lanjuinais. 389. — Jeanne la folle , reine d'Espa^ne , roman historique par M. SiMoNNiN. Paris , iSaS ; Librairie de Guerin , passage du Caire , grande galerie, 11° 66. 3 vol. in-12 ensemble 756 p. L'auteur a fort bien remarque, dans sa preface, que, dans le vasle champ de I'histoire , on ne tro live pas plus de romeins tout fails que de tragedies toutes faites : il aurait dii ajouter que I'histoire fournit un grand noinbre d'actions tragiques , qui , mises en oeuvre par un poiite habile , donneront naissance a d'excellenles tragedies , tandis qu'il est douteux que toutes les histoires reunies puisseiit fournir le sujet d'un seul bon roman. Cetle remarque I'aurait conduit saus doute a ne pas fiiire reposer toute sou intrigue sur un personnageque I'histoire ne lui permet pas de f.tire aglr, comme il le voudrait , et a lui preferer ces elres ubscurs qu'ilfist maitre de conduire oil il veut , sans crnindre un dementi de la severe histoire. — Independamment de ce defaiit , le sujet de Jeanne la folle en avail encore un autre; Quelle liaison petit unir les reves d'un insense .■' Quelle influence peuveiit ils avoir sur ce qui se passe au-dehors ? Ces deux questions ne prouvent -elles pas evidemment que I'histoire de Jeanne doit toujours ^tre decousue , et , d'un autre cote, que cette folic dont on a voulu faire le lien du drauie tout entier, le laissera toujours en dehors et ne s'y rapportera nullement ? F,n effet , m.ilgre les efforts de l'auteur pour ratt.icher a I'egarement de son heroine tous les per- sonnagcs qu'il fait paraitie, il est impossible de reconnaitre dans leurs actions la moindre suite. Ferdinand et Isabelle regnent dabord eu Castille ; puis , Jeanne et I'Archiduc ; puis , Charles-Quint , dont le gouvernement comprend la captivite de Francois I'^''. Eh bien ! dans ce long intervalle , fetond sans doute en grandes actions, et dont I'histoire est si riche et si animee , l'auteur n'a su trouver place que pour la peinture de quelques froidcs extravagances de I'infor- tunee princesse. II faut I'avouer, le malheureux choix du sujet, et les immenses difficultes que presentait son execution , concue comme nous venons de le dire , a empeche l'auteur d'y repandre Tiuter^t qu'on exige dans un roman ; el par suite , le style a manque oil manqnait Taction , et l'auteur s'est mal a propos etendu , pour remplir trois volumes d'un sujet qui ne jjouvait donner naissance qu'a une Nouvelle. B. J. 3go. — * Jonathan le Fisionnaire , contes philosophiques et mo- »70 LIVRES FRANCAIS. ranx, publics par X. - B. SAHfxrwE. Paris, iSaS; Baudouin fr^res. a Tol in-ia , ensemble 674 pages; prix 7 fr. Jonatban est nn personnagc mysterieiix , qui , soit qu'il ait reelle- nient vecu depuls les tems les plus recules JHsqu'.i nos jours, soit qu'apres avoir prodigicusement lu et prorligieuscment appris, il se »oit persuade avoir assiste couime temoinou comme actcur a toutes les actions qu'il serappelle, est dou6 d'une memoire asse/. beureuse pour savoir toutes les langnes et tontes les bistoires , d^une sagesse nssez prevoyanfe pour calculer et annoncer I'avenir, et en meme tems d'un gout assez singulier pour n'estimer, apres avoir approfondi toutes les sciences, que I'astrologie et ralcbimie. Cet liomme qu'un des compagnons de voyage de Tauteur appelle assez plaisamment le frere aini dii jiiif errant , peut an gre du lecteur , offrir un 6tre fictif ou un personnage reel. II dit lui-memc qu'il etait , sous Louis XV, M. de Saint-Germain , surlequelon peut consulter la correspondance de Grimm et parmi des ouvrages plus recens , les Memoires de M"" de Cenlis. — Quel qu'il en soit, M. Saintine gagne Ga confiance , en lui montrant une grande deference , et le visionnaire Jonalban, aujour- d'hui Gernonval ; il y a un si^cle , Saint-Germain ; jadis , I'un des be- ros de la bataille de Marlgnan, et anterieurement encore, le com- pagnon d'armes d'Epaminondas, I'babitant successif de toutes les parties des deux bemisp!ieres,lui laisse enfin nn mannscrit que public M. Saintine, sans garantir toutefois la verit6 des faifs dont Jonatban assure avoir ete le tcmoin tres-souvent actif. Ces contes tendent presque toujours a la demonstration d'une ve- rite morale : dans le Jeune Eoynrd cest la differente vaieur du tems , selon qu'on I'emploie ou qu'on le dissipe; dans la Mesalliance , c'est le ridicule crgueil des bommes fiers de leurs litres ; dans les Bienfai- teiirs , regoi'smede ces gens qui ne fontdu bien que pour enx-m(?mes ; dans le Pechenr d'Ormus , la folie de ceux qui ne sont jamais confens de leur sort ; dansl'ErmiVe dn Lac Majeur, les seductions du pouvoir et des honneurs. Tons ces contes sont surtout remarquables par le style : les uns se distinguent par I'elevation, comme le Poele tie I'liellenie ;\ee de Bradi retrace les horreurs d'une invasion, celles d'un champ de bataille, ou la perversite d'un roi coriompu. Malheureusen'ent, tout cela n'a riea de comniun avec Colo/ma; et voila conime on donne matiere a la critique. Une anecdote tres-origlnale suit I'histoire de Colonna ; elle aurait pu (5tre intitulee: Examen philosophique et satirique d'une lecou dc medeciue. M'ne de Bradi qui assure qu'un auteur bonne per- sontte ii'est point un ciete philanthropique de Paris, pour I'annee 1824. Paris, iSjS; chez M. Baron , tresorier de la Societc , rue des Petits-Augustius , n° 20. i vol. in-S" de viii et 244 pages ; prix i franc 5o cent. Se vend au profit de I'etablis- sement. La Societe rassemble , dans I'ouvrage qu'elle public annueliement sous le litre que nous venous de transcrire , tons les renseignemens possibles s«r ses travaux. Ou trouve d'abord trois listes , savoir : celle des niembres qui coinposent le conseil d'administration , pen- dant I'annee 1825 ; celle des meinbres qui coniposent la commission des dispensaires , et celle des menibres de la commission des Socie- tes de prevoyance. Viennent ensu'te trois rapports : I'un de M. De- i-EDZE , sur les travaux de la Sucicte pendant I'annee 1824; laufre de MM. S.vLVERTE et Bastok , commissaires nommes pour verifier les comptes de M. le tresorier; le troisieme de M. Royer, medecin, sur la pratique medicale et le mouvement des dispensaires. Une notice njjcrologique de M. Everat, sur MM. Boulard et Leroy , et un discours de M. Constant, delegue de la Societe de soulagemeiit reciproqiie , au noni des Societes de prevoyance , terminent la pnrtie des rapports. La partie des comptes n'admettait guere que des tableaux que tons les philanthropes liront avec interet , mais dent nous extraiions seulement les recapitulations suivantes des reccttes et des depenses. T. .wvii. — Septembre xii^. 56 882 LIVRES FRANCAIS. Recettes de I'annce 1824. fr. e 1. Souscriptions et dons ()6,45i 5o 2. Vente de 8, too bons de soupe, de rapports et ^annuaires aAq 5q 3. Vente de 43,223 soupes 2,116 i5 4. Legs et recettes diverses 600 5. Inter^ts des fonds places, et encaissement de recoiiuaissances et de boiis royaux 207,504 Total 277,052 i5 D^pcnses de I'annee 1824. fr. c X. D^penses des etablisseniens de soupes. . . . 7,979 18 2. Achats de denrees 6,433 3. Depenses des six dispensaires 58,oi5 83 /|. Somme payee a une Societe de prevoyance. . i5o 5. Depenses diverses 8,818 80 6. Placemens en bons du tresor roj'al 206,100 Total. . . . 287,496 sT" Bien qu'il y ait ici un excedent de depenses sur les recettes, la solde de I'annee 1823, des reconnaissances de liquidation, et un bon sur le tresor royal portent les ressources actuelles de la Societ6 a la somme de 66,469 fr. 08 c. Sans nous arr^ter plus long - terns sur la Societe philanthropique , dont les travaux et les bienfaits sont deja connus , nous rappellerons seulement que cette Societe a distribue , depuis I'au viii (1800), i6,65o,997 soupes. EUe a , depuis I'an xi (i8o3) , enregistre 37,345 malades , sur lesquels 28,334 ont ^te gueris , 1,271 sont morts , et les 7,840 autres sont sortis par diverses causes. EUe a fait de plus vacciner, dans le meme temps , 2,385 enfans. Ces simples resumes eu chiffres nous paraissent devoir faire mieux connaitre que les plus longs discours I'heureuse influence de la Societe philanthropi- que sur le sort de la classe ouvriore. Les amis de I'humanite verront aussi avec plaisir, a la fin du volume que nous annoncons , la liste des SocieCes de bienfaisa.nce et de secoiirs inuUieh , qui existent a Paris, et dont le nombre ue s'el6ve pas a moins de cent quatre-vingt-trois. lis y trouveront une nouvelle preuve des progres que fait en France I'esprit d'association et de ses heureux resultats. B. J. OUTRAGES PERIODIQUES. 883 Outrages pcriodiqiies. 399. — * Journal dc la Socicte des sciences , ogriciilntre et arts du de- partement dii Das-Rhin , seante a Strasbourg. Strasbourg, iSaS ; im- primerie de Levrault , rue des Juifs , n" 33. — II parait thaque onuee , quatre cahiers de ce journal, chacun de 6 a 8 feuilles. — On s'aboiine a Paris chez Levrault , rue de la Harpe , n» 81. Prix de rabonuemeHt 10 fr. pour I'annee. — M. Fodebij est le Directeur de la redaction du journal. La Societe a arreteque raboiinement tiendrait lieu de la retribution annuelle que paient les inembres residans, et que les correspondans seraient aussi invites a favoriser cetle publi- cation periodique. La societe de Strasbourg, au lieu de faire imprimerdes inemoires annuels , contenant les comptes rendus de ses travaux , a prefere la publication periodique et reguliere d'un Journal , qui exige une plus grande acllvite de la part de ses membres et qui reveille plus souvent I'atiention du public. Elle ne fait pas attendre plus de trois mois la communication de ses reclierches , et de ce qu'elle ajoute aux con- naissances acquises ; jusqu'a ])resent , cbacune de ses publications a fait augurer de mleux en mieux du succes et de la duree de ce recueil. Elle exploite un champ bieii fertile : la litterature alsacienne, I'his- toire , les monumens , la statistique , les arts , I'histoire naturelle de cette partie si interessante de notre belle France. Outre ces proprietes scientifiques auxquelles les savans alsaciens ont des droits incontes- tables , I'immensite des sciences , des arts , de la nature , s'ouvre devant eux, et ils ne mauquent point de guides pour la parcourir en surete et avec fruit : on sait combien de ressources pour Tinstruction sent reunies dans la ville de Strasbourg. Une notice sur la litterature alsacienne des derniers mois de 1824 eC des premiers mois de iSaS , in- seree dans le i''"' numero de cette aunee , contient I'analyse de quatre ouvrages sur I'AIsace : M. Strobel en a public une topographie abregee ; M. Fakges-Mericourt s'est borne a la topographie de Stras- bourg ; M. AuFscHLAGER donnera sucoessivement , en 3 volumes une Description hislorique et topographique des deux departeinens du Rliin, dont le premier volume a deja paru ; I'impatience du public a ete salisl'aile pour quelque tems par les deux premieres livraisons des antiquites de I'AIsace , on chateaux , eglises et atitres monumens des departemens des Hautet Bas-Rhin, par MM. de Goi-BERy et Schweig- HJEUSEK, et cette impalience n'en deviendra que plus vive, jusqu'a ce que I'ouvrage soit complet. M. de Kentzingeh , niaire de Stras- bourg, contribue aussi , par de savanles recherches, a repandre ia lumiire surquclques parties encore obscures de Thistoirede I'AIsace. 384 LIVRES FRANCAIS. Les observations meteorologiques faites a Strasbourg , en 1824, sent le sujet d'uii niemoirc inscredans ce journal. On y trouve aussi uii cas lie incdecine legale qui donnera lieu a de tiistes reflexions. Un mari , accuse d'avoir erapoisonne sa femme , est declare coupable par uue niajorite de 7 contre 5 dans le jury, et de 4 coiitre i dans les juges. De quelque mani^re que Ton combine ccs deux resultats de la deliberation, on n'y trouve point le degre de probabilile qui seul peut, suivant M. Delaplace, autoriser une condamnation capi- tale.Et c'est ainsi que levice des lois criininelles se nianifcste chaque annee , dans tous les tribunaux , sans que I'on puisse entrevoir le tenis oil I'innocence obliendra de plus siues garanties. Nous ne Savons a quelle epoque rapporter le menioire de M. Ordikaire ue LA CoLONGE sur Ics differcns moyens de plantation et de rejiroduc- tion de la pomnie de terre : couime tout ce que Ton y trouve etait connu depuis long-tenis, on peut croire que I'auteur I'avait deja public dans d'autres recueils , ou quele uieme sujet a ete traite par d'autres agronomes queM. de la Colonge n'a pu consulter. On doit au meme auteur un iMcmoire sur Vechenillage , publie vers le commencement du siecle , et qui est reproduit dans ce journal , a cause de I'impor- tance des conseils qu'il donne et de rinstruction que les cultivateurs peuvent y puiser. — Malgre ce qu'on lit ici en faveur des paragre/es , et sans rien prejuger contre cenouveaii preservatif meteorologique , ies pliysiciens ne se presseronl pas d'approuver , ni les cultivateurs d'adop' 'r ; les uns et les autres atlendront de nouvelles epreuves con- Cees a des observateurs habiles et attentifs. Le jnurnal de la Societe de Strasbourg est du nombre de ceux qui rourrironl des materiaux a notre Revue. Nous serons surs d'y trouver des fails varies et iuteressans , des discussions judicieuses , des re- oJierches dont Terudition ne fait pas tout le mcrite , ou , tout en re- cneiUant les pensees d'autrui , Tesprit de I'eci ivaiii ne denieui e pas inactif, et produit aussi ses pensees. La publication des journaux , semblables a cclui-ci , rend notre taclie plus facile et nous permet d'atteindre plus facilement notre but , de ne rien publier qui ne soit digne d'attentioa, de ne rien oaiettre de ce qui merite d'etre connu. F. Livres en langues ctrangeres publics en France. 400. — Daniel oder dcr Strasburger, etc.' — Daniel, ou le Stras- bourgeois , comedie en deux actes , avec chants, 6crite en parlie dans le dialecte alsacien ; par Ernf. Stoebeu. Dcu.rieme edition. Strasbourg , iSaS ; impr. de Scliuler. i vol. in-S". IV. NOUVELLES SCIEN J IFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE. Population des prlncipaiix etats des deux Amcriques si;: tenttionale et meridionale. — Aux renseignemens extrails du savant oiivrage de M. de HuMBOLnx , sur la population du Noiiveau-lMonde , sur les cultes et les langues (voy. Rev. Enc, t. xxvii , p. 5 14) nous croyons devoir .njouter les details suivans , tires en partie du nnjme ouvrage, et sur I'exactitude desquels on pent compter : Pays. Llettes carries. Population. Observations. 1. Etats-Uiiis i74)3oo 10,220,000 2. IMexique 75,S3o 6,800,000 3. Guatimala 1(1,740 i,fioo,ooo 4- Colombie 91,952 2,785,000 5. Perou 4ii42o 1,400,000 6. Chili 14,240 1,100,000 7. Buenos-Aires .... 126,770 2,200,000 8. Le Paraguay .... 3oo,ooo 9. Bresil 256,990 4,000,000 dont 2,000,000 escl. 10. Republique d'Haiti . 5,846 935,335 11. Cuba . 700,000 — 256,000 » 12. Jainaiquii 402,800 — 342,000 >• i3. Porto-Rico 225,000 — 25,000 » 14. Guadeloupe et depciidances 120,000 — 100,000 » i5. Martinique 99)0OO — 78,000 >■ AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Et \TS-Ujris. — New- Jersey. — Economie nirale. — Moiitons du Caraman , dans i'Asie mineiire. — Le capitaine Gerry , arrivant de Sniyrne , il y a quelque tems , a amcne un belier , natif de Casaman, dans I'Asie miueure , et qui avait ete piis a bord d'un vaisseau ttirc, faisant voile pour Constantinople. L'aniiral grec Tonibaro , qui I'of- frit au capitaine Gerry , I'assura que ce belier etait vrainicnt origi- naire du Caraman , et que c'etait une acquisition precieuse pour 886 AMifeRIQUE SEPTENTRIONALE. ameliorer les races aux Etats-Uiiis. La valeur de ces animaux , an marchedeConstantinople, est de 200 a 2S0 dollars, leur laine est par- ticuliferement destince a la manufacture de camelots , et leur chair est estim^e et delicate. Cot animal a la queue large, et la couleur na- turelle de sa laiiie est un brun fonc6 ou couleur de tal)ac. Sa toison pi'se environ aS livres ; elle est extrdmement garnie et touchepresque a terre. Le corps parait tres-robuste ; sa grandeur surpasse celle de toutes les especes qui sont dans notre pays. La tdte est belle , les yeux vifs et penetrans , et les oreilles degarnies de polls; les cornes Lieu placees sont de grandeur moyenne. Ce precieux animal est maintenant a New-Jersey. (^American-Baltimore.) Invention utile. — Un M Harris a invente dernierement une ma- chine pour arracher de la terre les souches des arbres. C'est une mt'Ca- nique tr^s-ingenieuse dont on peut augmenter ou diminuer la force a Tolonte. Elle arrache avec facilite les plus larges souches , et deux boeufs suffisent pour la transporter d'un endroit a une autre. Elle est, au reste , d'une construction fort simple, et ou peut la faire TDOuvoIr ii force de bras , ou par des chevaux. Cette machine coute environ aS dollars ( ii5 francs). NoovelleHarmoniE. — Societe cooperative. — Le journal de Charles- town , du g juin, conticnt unelettre d'un g-ew^/e/naH arrive depuis pcu dans I'etahlissement fonde par M. Owen , sous le nom de New-Har- mony , pres la riviere Wabash. » Je n'essaierai pas de vous donner le tableau de notre situation ; il me suffira de vous dire que tout est pour moi etonnement et merveille. II n'y a pas encore deux mois que les derniers Uarmoniens quittferent ce lieu , et il est deja si peuple que nous ne savons presque plus oij placer ceux qui nous anivent. Cent nouveaux colons sont encore en route , et nous reconstruisons, pour les recevoir, les cabanes que les anciens Harmoniens avaient abandonnees. Les ecoles sont en partie organisees ; des pensions sont etablies ; nous avons des serruriers , des charpentiers , des tour- neurs , etc. ; des ouvriers employes aux constructions ou aux manu- factures , et I'agriculture est dans un etat si avance qu'il semblerait que nous somtnes ici depuis un an. Et tant de choses ont ete ope- rees par unseulhomme, qui, attirant des colons de plusieurs points eloignes, a su les reuuir, malgre leurs differences de caracteres , de moeurs , d'liabitudes , et en a fait un peuple de freres. ■■ D. HAITI. Constif.iticn , g'mveincnient , caracterc nationnl , instruction publiijue , AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 887 c(at moral , social et religietix. — • Pour completer les renseignemens relatifs a la republique d'Haiti , qui sont r^unis dans la Notice pla- cee au commencement de ce cahier {voj. ci-dessus p. 647) , nous ajouterons ici quelques details sur rorganisation politique du pays et sur ie caractere des habitans. « 'L.e president est elu par le senat ; sesfonctions sont a vie; il a un revenu de 40,000 gourdes (200,000 fr.). II a le droit de designer son successeur, dans une lettre close adres- see au senat, qui reste pourtant libre dans son cboix ; il peut mcme mettre le president en accusation. Le president exerce le pouvoir executif ; il est la source des honneurs, et nomme a tous les emplois. — Le pouvoir legislatif est partage entre le senat et la chambre des deputes. Cette chambre se compose d'un depute par chaque commune, et de deux pour les villes capitales : ils doivent etre proprietaires et avoir vingt-trois ans accomplis ; ils sont elus pour cinq ans. Les electeurs qui vendent leur voix, sont exchis de droit de tous les em- plois dtt gouvernement. La chambre des deputes s'assemble le I'l^avrilde chaque annee, au Port-au-Prince; ses seances durent trois mois. Le senat se compose de vingt-quatre membres qui sont elus pour neuf ans par la chambre des deputes, sur une triple Jiste (quine doit contenir le nom d'aucun depute) presentee par le pre- sident. Pour etre senateur , il faut eire ag6 de trente ans , et aucun ne peut^tre reelu qu'apr^s trois ans. Le senat est specialement charge de tout ce qui concerne Tadministratiou ; il est permanent ; chaque senatenr jouit d'une pension de 1,600 gourdes (8,000 fr. ). n Les lois se rapprochent beaucoup de celles de France ; le Code civil francais leur sert de base , ainsi que le Code de procedure, qui est en usage devant les tribunaux. II y a une cour de cassation , une cour d'appel et des tribunaux de premiere instance , ainsi que des juges de paix. « Les classes influentes des habitans du Cap-Haiti et dn Port-au- Prince , qui sont les places les plus considerables de commerce de rile, rivalisent entre elles pour donner une bonne opinion de leur caractere aux etrangers , par leur affabillte, leur franchise et leur politesse. Les etrangers sont recus avec les plus grands egards ; ils sont sous la protection immediate du gouvernement, et les habitans s'empressent d'observer envers eux tous les (devoirs de I'liosijitalite. « Tout contribne a y accelerer les progres des connaissances et de la civilisation : par les efforts louables du gouvernement , I'instruction se repand partotit ; il a forme des ctublisseinens oi'i Ton enseigne les j)remiers cleiueiis des sciences. 11 y a quatie graudes ecolcs nalin- Sm AMERIQUE SEPTENTRIONALE. nales dans chacune des villes du Cap-IIenri , du Port-la -Paix , de Sans-Soiici et des Goiiaives. Le Port-au-Prince poss^de un lycee , et il y a dans chaque paroisse un instituteur entretenu par Ic goiiverne- ment, independamniejit de plusieurs institutions particulii-res. On suit la metliode de Lancaster, ou de renseignement mutuel. On y enseigne goneralcment les langnes francaise et latine , et les niathe- matiques. II y a une universite fondee ])ar le ci-devaut roi Henri , pour I'etude des hautes sciences , et une ecole de cliirnrgie avec des maitres francais. On y a aussi introduit la vaccination. Le nn^me Henw avait fondd une academic de musique et de peinture, et avait fait bitir un theatre ; on el^ve aujourd'hui de tous cotes des edifices qui attestent la prosperite naissante qu3 cette republique doit a la sage administration du gouvernement. recut a Jekhe I'ambassade de lord Macarthney, et qui fut uesigne , en i8i6,pour recevoir lord Amherst. Le general Agouy, petit-fils du ministre, est , apres lui, le jireniier personnage. Main- tenant, il n'y a plus a la cour de personnes aussi puissantes que sous le r^gne de Tsia-Zsing. La langue manjoure est presque tombee en oubli. La discipline milltaire s'affaiblit. » La mission rtisse jouit de la bienveillance du gouvernement chi- nois , et d'une tranquillite parfaite. Elle est composee de huit indi- yidus, y compris rarchimandrite. Lemonastere de TAssomption s'est accru de plusieurs maisons dont la mission a fait I'acquisition ; et rarchimandrite se propose d'y elever encore una chapelle , pour y placer d'anciennes images. II se loue beaucoup du zele dont le com- merce deKiakhta, etparticuli^rement M. le directeur Galiakhousky , ont fait preuve pour I'ornement des saints temples de Pekin. » On se propose d'employer dorenavant la langue chinoise pour la celebration du culte divin ; et I'lileromonaque Daniel s'occupe de tra- duire dans cette langue les principes de la foi chretienne ; les etu- dians de la mission font des progres dans I'etude des langues chinoise et manjoure. Cinquante fables d'Esope -viennent d'etre traduites en chinois. » II ne reste plus a Pekin que trois missionnaires portugais , I'e- veque Pie et les peres Ribeira etHaon. Leur congregation se compose de moines chinois; quoique Ton tol^re la religion calholique en Chine, il n'est cependant pas question d'y recevoir de nouveaux niissionnnaires. » Inde. — • Le Coiirrier de Bombay , du 19 fevrier, annonce que deux Suttees ( ceremonie dans laquelle les veuves se brulent sur le buclier de leurs epoux ) ont eu lieu dans le Decan, et un troisieme dans le Concan. Les buchers avaient ^te construits d'apres les reglemens , ce qui augraente beaucoup les douleurs des victimes ; et il parait que le courage et le devouement des infortunees qui s'y sont sacrifices dans cette circonstance , ont encore ^te augmentes par la perspec- tive des souffrances qu'elles allaient endurer. — Les amis de I'huma- nile ont applaudi a la proposition faite cette annee dans le parleraent d'Augleterre de mettre euCn un terme a cet usage barbare. AFRIQUE. Miiiiii/dciiires.— XJa chale de colon, f;ibrique par des Afiicaiiis, AFRIQUE. 891 avec des produits indigenes, a ele envoye a Baltimore. II est com- pose de cinq pieces cousues ensemble, et ayant chacune neuf pieds de long et six ponces de large. C'est iin essai qui fait naitre quelques esperances pour I'introduction et la culture des arts dans ces contrees barbares. Le coton avec lequel le cbftle a ete fabrique croit dans un pays trcs-penple , situe au 40" degre de latitude , meridien de Green- wich, et au Si"^ de longitude. Sierra-Leone. — Scatistiqite. — Population , rcenu , exportations et importaliffns. — Ecoles primaires . — En 1S17, Xsi population de Sierra- Leone s'elevait a 9,873 araes, dont environ 7,74^ n^gres captures et mis en liberie pai- les croisieres anglaises. En 1822, elle etait de i5,o8i jdont 9,876 negres captures. En 1823, elle s'elevait a 16,671 , dont a peu pres 11,000 negres captures. — Revenii. — Avant 181 1 , la colonic ne donnait aucun revenu. En 181 1, pour les six derniersmois, les revenus s'eleverent a loi i. 5 sli. En 1823 , ils mont^rent a 8,720 1. 8 sh. — £a:/)orrafio/2j. Les exportations, depuis iBi7Jusqu'en 1823, n'ont pas ete evahiees en argent. EUes consisterent en produits africains , tels que cuirs, nattes , peaux de tigre, poudre d'or , oiseaux empail- les , miel , indigo , cafe , riz, et curiosites africaines, dont la grossie- rete denote un etat de colonisation encore peu avance dans les arts et les manufactures. — Importations. En 1817, ^''^* s'eleverent a 72,516 L 7 s. En 1823, a 121, 44^ 18 En 1824, a 80,917 12 — Ecoles. En 1817, le nombre des ^I6ves n'excedait pas 400. En 1828, il s'elevait a 2,460. Les negres captures par les croisieres anglaises sont loges dans des villages , sous la surveillance des missionnaires et des niaitres d'ecole. L'education qui leur est donnee a produit les plus heureux resultats. Ainsi, lorsque la population de Sierra-Leone s'elevait seulement a 4,000, 11 y eut 40 individus mis en jugement; dix ans plus tard , lorsque la population etait quadruplee, il n'y en eut que .six', et pas un seul dans les villages places sous I'intendance des maitres. ( Extraic des papieis impiiines par ordre de la Chambre des com- munes). ' D. 8y^ EUROPE. ILES BRITANINIQUES. Bemede conire la rage. — Le Coiirrier>\e Londres annoiicait deriii^re- mentqii'iinmedecindecettecapitale avail fait rimportanteobservation que quelqiies gouttes d'un acide Jnincral quclconque, versdes dans la plaie faileparia morsured'un animal enrage, previennentefficacement 1 hydrophobic. M. Lefrancois, medecin des hospices civils de Dieppe, declare que cette observation, presentee conime appartenant a un medecin anglais, est consignee depuis long-tenis dans les ouvrages de plusieurs medecins francais; il renvoie le docleur d'Albion au Dicttonnnire des Sciences medicales , a I'article Rage, n° i55. — Quel que soit le medecin auquel est du ce moyen curalif d'un des plus grands fleaux qui puissent affliger I'humanife, profllonsdu remade, et occupons-nous d'en rendre la connaissance et I'applicatiou tellement populaires, qu'il ne soit jamais neglige quand I'occasion de Tern- ployer se presentera. LoNDBES. — Societe de medecine. — Cette savante compagnie, regardee comme I'une des plus celebres del'Europe, vient de nom- mei- M. le chevalier de Kirckhoff, d'A.ivers , ancien medecin en chef des h6pitaux militaires, I'un de ses correspoudans. Machines a -vapeur. — L'une des plus grandes machines a va- peur qui existent est celle que Ton emploie pour I'eNpIoitation des mines de Cornouailles : elle leve un poids de 80,000 livres anglaises par mniufe a 100 pleds de haut, et consomme environ 3o livres de charbon par mirtute. Sa force equivaut a celle de a5o chevaux. Expedition scientipqiie. — Le capitaine Beechey a fait voile der- nierement pour I'Ocean paciCque. Ses instructions sont de visiter Pitcairn , Otahity , Laster , les iles de I'Amit'e , etc., et de conti- nuer sa marche jusqu'au delroit de Bering, 011 Ton espere que ses operations seront liecs avec les expeditions des capitaines Parry et Franklin. Manuscric dc Muiigo-Park. — Le Journal de Dublin annonce que le tnannscric des Fojages de Miingo-Park en Afriqnc a cte achet(5 par un Francais, d'un n^grc du Senegal, moyennant 3o dollars. Un Anglais en a offert 200 dollars , que le Francais a refuses. I/C manus- crit offre , dit-on , des details interessans sur la maladie de I'auteur. Ce journal continue jusqu'a la derniere periode des voyages et de la vie de MungoPark, et resoudra probablenient le grand problenie rela- tif au cours et a la chute du Niger. ILES BRITANNIQUES. 893 Voyage d'une hvre he cotom. — Nous sommes loin du terns oil Ii's homines vivaient et mouraient , conime les plantes , dans I'endroit ou le sort les avail fait nailre. Depuis un demi-siecle surtout , I'es- p6ce humaine a pris le gout des voyages. Un bourgeois de Calcutta, lie sur les bords de la Tamise , tourmente par la llevre des Jungles ou I'ennui des richesses , va luaintenant, chaque annee, changer d'air an Caj) de Bonne-Esperance , sans s'inquiiiier des defenses dn geant Ad>niiastor , ni des tempetes qui firent pAlir Vasco de Gania ; le rui des lies Sandwich vient avec sa femnie au speclacle a Covenl-Gar- deii ; des Russes traversent dianietialenient I'Europe et I'Asie pour aller chasser aux loulres en Amerique ; des bandits echappes a la glebe de Botany-Bay , servent de chamhcllans a la plupart des petits uio- narques de la Polynesie; des Pandours sont en vedette sur les rochers de Caiybde et de Scylla ; des marchands de Londres sont assis sur le trone d'Aurengzeb; et Ton a vu des sauvages de la Haute-Asie nourrii' leurs chevaux avec I'ecorce des arbres des Champs-Elysees. Des fenimes-de-chambie anglaises, en spencer rose et ronibielle a la main , se promenent parnii les ruines de Thebes, et foiilent les debris de la grandeur de Pharaon. Mais, de tons les voyages que font entreprendre la curiosiie, ramour du lucre ou rambitioii, il n'en est point de comparable , ])ar I'importance de leurs succes , par leur etendueet parl'influence qu'ils exercent , au simple transport du produit d'un frele arbrisseau , aux voyages que fait faire uue Industrie presque iiouvelle a cette laine du colonier, dout les metamorphoses sont innombrables conime nos besoins el nos desirs. Si I'oii en ecrivait I'histoire, un volume ealier sufOrait a peine ; essaycns d'eu tiacer, en quelqucs lignes seulement, un bref itineraire; mais, avant de comprimer ainsi notre sujet , indiqiious quelle est son etendue. De niille points di\ ejs des deux hemispheres , il est envoye cliaque annee dans les lies britanniqnes et en France 208 millions de livres pesant de colon en lainc.L'Angleterreena recu,en 1823, ifi7,935,ooo livres , et la France 4'5,755,ooo. C'est une importation dont la valeur s'eleve a 25o millions de francs; elle suppose une foret de rfi64 mil- lions de cotoniers, couvrant uue surface de 4^2 lieues carrees, de 25 au degre. Les 806,000 halies dont elle se forme etant soumises aux plus forts moyens de compression, donnentau minimum i(i 1,000 tonneaux d'encombreinent, dont le transport exige une flotte de 1600 navires, et qui, s'ils etaient ranges sur uiie seule ligne, occu- Sg.'i EUROPE. peraicnt uii espace de 55 lieues. Roduisons nos recherclies a hi 208 iiiillionieme partie de cette masse immense, et suivons-la dans ses voyages ilepuis son origine jusqu'a sa derniire destination. Dans les gS millions de livres de colon en laine que reroivent les magasins de Calcutta, una livre, enire autres de I'espece nommee longue soie, provenait des nouvelles cultures de la province de Delhi. L'ai'brisseau qui I'avait fournie venait de prosperer pour la premiere fois dans un sol frappe depuis un siecle d'un aridite de- sastreuse , niais maintenant devenu fertile par les admirables tra- vaux d'un canal d'irrigation long de plus de fio lieues. Le cullivateur qui I'avait recueillie etait un de ces Bheels celebres, il y a quelques annees, par I'audace de leurs brigandages et la ferocite de leur ca- ractfere, et comptes aujourd'hui parmi les laboureurs indiens les plus intelligens et les plus hospitaliers; double exemple de ce que peut repandre de bieufaits rhomme d'etat qui sait, coranie le mar- quis d'Hastings , projeter de grandes choses , et trouver de grands talens pour les executer ! Descendue du fleuve de la Jumna dans celuL du Gauge pour arri- ver dans la riche metropole de I'liide britannique, notre cargaison pouvait recevoir quatre destinations fort differentes. Portee a la Chine, elle fiit entree dans ces 100 millions de livres de colon que I'Angleterre vend annuellenient dans le marche de Canton, et qui, jointe a ses objels manufactures , lui obtiennent aS millions de livres de the, achetees au prix de 18 sous chaque, et vendues six francs aux consommateurs du Continent. Embarquee sur des navlres ameri- cains, elle aurait fait partie de cctte reexportation de produits elrangers qui donne aux Elats-Uuis un commerce annuel de i5o mil- lions de francs en sus de la vente de leurs produits indigenes. Envoyee en Europe, peut-dtre eut-elle ete changee, dans les fabriques fran- caises, en unTissu digne , par son elegance et sa nouveaute, d'oble- nir les honneurs du Louvre ; mais elle pril le chemin de I'Angle- terre, et fit partie de ces aoo millions de livres de coton qui y sont transportees annuellenient des seuls ports de Calcutta et de Bom- bay, pour t-tre acheminees ensuite vers toutes les conlrees dumonde, tributaires de I'induslrie britannique. La livre unique dont nous nous occupons ayant 6te debarquee a Londres, fut envoyee dans le comte de Lancastre , a Manchester, pour y elre filee par I'une des 3oo machines a feude cette ville riche et populeuse. La perfection des moyens employes pour cette op6ra- ILES BRITANNIQUES. SyS tion est si graiide, qu'on en lira 38o echeveauxde fil, cliacuii de 84o metres ; ce qui donne une longueur de 294,000 metres, ou plus dc 75 lieues de a, 000 toises. Apres cetle metamorphose, elle fut envoyee a Paisley, en Ecosse, dans une fabrique d'oii sortent cbaque se- niaine 880,000 aunes de tissus. L'etoffe qu'on en fit fut transportee dans lecomte d'Ayr, afin d'y subir quelque preparation; elle revint ensuite a Paisley , pour y etre rayee elegainment par des procedes compliques, niais prompts etingenieux. On fut oblige, pour la broder, derecourir aux- ateliers du comte de Dumbarton , dont I'babilele n'a point de rivale dans ce genre de travail. II fallut hii faire faire un autre voyage, pour la blanchir, a Renfrew, d'ou elle partit pour re- tourner a Paislej', afin d'y recevoir un nouvelle facon : toutefois ce fut a Glascow qu'on la termina, et qu'elle futpreparee pour Livente. Expediee de ce port , elle arriva enfin a Londres , et devint I'un des atomes dont est forme le colosse du commerce britannique. II s'etait alors ecoule quatreans, depuls I'instant ou le cultivateur Jndien avalt recueilli sur ses cotoniers, les flocons qui en font la ma- tiere primitive, jusqu'a I'epoque ou, transformee, par le concours de la mecanique , de la cliimie et du dessin , en un tissu de la plus grande beaute , ce produit vegetal put repasser les mers avec une valeur triplement decuple. Sans le secours des arts, il n'aurait servi, sous la forme d'une mtche grossiere , que pour assister quelque savant dans ses veilles infructueuses; mais par une suite d'efforts ingenieux, il pent embellir maintenant I'odalisque du ser;>il, plaire au monarque asiatique, et seduire les republicaiiis de I'Ameriqiie meridionale par tout le charme du luxe de I'Europe. Pour Tacquerir, I'lnde elle- m^me, qui le produisit, donnera mille fois la valeur qu'elle en ob- tint autrefois; la Chine suspendra ses lois prohibitives , jusqu'a pre- sent immuables, comme ses moeurs , et les mines du Mcxique et du Potose ouvriront leurs tresors. Mais ces effets merveilleux, par quel etrange assemblage de circoustances ont-ils ete produits ? il a fallu que le produit d'un arbrisseau traversdt, dans un espace de 3oo lieues, les plaiues de I'lndoustan pour arriver a Calcutta ; qu'il fran- cbit ensuite 4>ooo lieues de mer pour surgir dans les iles britaii- niques ; que la il parcourut, au moyen des canaux, des cherains de fer et des charrois acceleres, une distance de 3io lieues, occupant a son transport et a sa transformation plus de 1 5o personnes , qui lui doivent leur subsistance. II a fallu que I'induslrie, s'appropriant les prodiges de la physique, fit servira ses faesoins la puissance du feu, et rendit docile I'element le plus indomptable et le ))lus destructeur; «96 EUROPE. il a fallu que les progr^s de la navigation rapprocliassent les bord.s du Gange de cenx de la Tamise; que I'empire du Mogol devint The- ritage d'une conipagnie de niarchands , et que ses provinces fussent rendues a la fertilite et ses peoples a la civilisation par des conque- rans qui n'etalent encore que des barbares vingt siecles ajn (^s que les pays de I'Asie qu'iis instruisent raaintear.nt, posseduientdeja les bien- faits des sciences, des arts et de I'industrie. A. MoKEAU UE JOMKES. Societe cooperative. — M. Owen est arrive a Londres le ao aout dernier. Le lendemain, il s'est reuni avec la Societe cooperative de Londres. Lorsqu'il quitta I'Amerique, au mois de juin dernier, I'eta- blissement d'//arwo/;je faisait des progr^s rapides, en agriculture et en Industrie. ( Voy. ci-dessus , a I'article Ameriquk , Etats-Unis , pag. 886. ) Les demandes d'admissiou dans la Societe etaient tr^s- lioinbreuses , etdenouveauxetablissemensallaient ^tre formes. Depuis son arriveeen Angleterre , M Owen a visite New-Lanark et le nouvel eiablissement d'Orbeiston , pres Glasgov?. C'est un bomme Aged'en- viron 45 ans, aimable, tolerant , et , contme tousles fondateurs de syst^me, un peu enlbousiaste. II s'exprime avec facilite, et surtout avec franchise. La Societe de Londres commence a faire des prose- lytes ; elle conipte plusieurs hommes instruits et quelques Francais parnii ses membres. ( T'oy. t.xxvi , p. 274. ) F. D. Compagnie des mines d'Ha'iii. — Les princlpaux commissaires nouimes par les directeurs de cette compagnie ont fait voile dernie- renient pour cette ile , oii ils vont mettre a execution les arrangeniens uecessaircs pour commeucer les travaiix d'exploitation et d'aulres operations projetees par la conipagnie. L'ingenieur , lemiiieralogiste , le maitre essayeuret les mineurs partiront incessamment deFalraoutli pour la meme destination. Deja on est occupe a embarquer les outils et les machines ; et d'apr^s la promptitude avec laquelle cette affaire a eie conduite, et les renseignemens donnes par des personnes qui ont une parfaite connaissance du pays , on espere que cette entre- prise sera courounee d'un plein succes. Necrologie. — Le Rev. Thomas M.vrtyn , membre de !a So- ciete royale de Loudres , ne au commencemeul de I'annee ijSS, est niort le 3 juin dernier , a Paitenhall-Rectory , dans le conite de Bedfordshire. Nomme, en 1761, professeur de botanjque a I'univer- sllc de Cambridge, il a rempli , pendaut soixante-qiiatre ans, ccs honorables foactious. II a ecrit sur cette science plusieurs ouvrages esiioies ; eutre autres , sa Flora rustica , 2 vol. ; uue nouvelle Edition ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 897 du Diccionnaire dii jardinier eC du botaniste de Miller , 4 vol. in-follo • et line traduction des Elemens dc botanique de Rousseau , 2 vol. ; il a encore public des Elemens d'histoire nattirelle , i vol. ; une traduc- tion de I'italien des Antiqukes d' Uerculanuin , i vol. in-4° et des re- marques et dissertations sur I'Eneide , i vol. in-12 , daus lesquelles il defend Virgile du reproche d'anachronisme, relativement a la fon- dntion de Carthage. Quelques annees avant notre revolution ^ M. Martyn visita la France, la Suisse et I'ltalie, et publia , en 1787 et ea 1791 , le recit deses voyages dans chacun de ces pays. Sbu volume sur la France eut neuf editions. M. Martyn est auteurde plusieurs autres ouvrages surla litterature et la morale, dans lesquels on trouve heaucoup de raison etunegrande connaissance du cceurhumain. Cure d'Edgware , village situe a quelques lieues de Londres, il se distingua par sa cha- rite chretienne et par sa tolerance. Professeur a Cambridge , il exerca ses fonctions avec talent et avec zele. Membre de la Societe royale, il fut un savant raodeste et affable. II avail pres de 90 ans , lorsqu'il a termine sa carriere. F. D. RUSSIE. / Agriculture. — Emploi du sel comme engrais tres-actif. — Le celebrc cliimistePARKEsa ecrit , sur I'emploi du sel comniun comuie nioyen de fecoudation , un traite qui a fixe I'attentlon des societes d'agri- culture. — Ses observations peuvent ^tre d'un grand iut^ret , surtout en Russie , vu la grande quantile de sel que ce pays possede , et les j)roprietaires , ainsi que les cultivateurs, devront les nieltre a profit. En voici les resultats : — 1° Le sel commun , employe en quantite couvenable, a la qualite de favoriser la croissance des vegetaux et de leur donner de la force. — 2° II preserve les arbres fruitiers et les plautes grasses de raction des insectes. — 3° II sert efficacement .'i exteruiiner les insectes dans les vergers. Une feuille de Berlin indique la comjjosition suivante ; Faites fondre ensemble une partie de salpetre et deux parties de sel , versez dix pots d'eau sur une livre de ce melange , lorsqu'il sera refroidi , et vous aurez un excellent engrais pour les arbres et les plautes. Petebsbourg. — UAcademie des sciences a nomme membres ho- noraires M. le conseiller Joseph Hammer , celebre orieutaliste de Vienne , et M.le chevalier de Hallekberg , hisloriographe suedois. — Ecole armenienne. — Cette ecole , fondee a Moscou par MM. La- zarelt , a pour objet de perfectionner les jeunes gens, et particul!6- T. xxvii. — Septembre iSaS. 57 89« EUROPE. rement les Ariti^niens dans la connaissance des hautes sciences, el plus specialement des langues orientales. — Depuis Tannt'e 1816, 6a el^ves sont sortis de cette ecole et sont eritres au service ; elle en cotnpte maintenant 73. Get interessant etablissement , regi par des reglemens particiiliers , ne depend point du ministerede I'instruciion publique ; et a compter de I'annee iSaS , il est place sous la direction du general d'artillerie , comte Araktschejeff. Litteraiiire. — Traductions de poetes anciens. — M. Martinoff est le premier auteur qui ait introduit dans la languenisse les beaules classiques des anciens Grecs ; il fait imprimer successivement les chants de I'lliade d'Homfere, avec nne traduction litterale ; les tra- gedies de Sophocle , les hymnes de Callimaque , avec des remarques philosoplilques , et les fables d'Esope. POLOGNE. Popidation. — La population de ce royaume , au commencement de iSaS , s'elfeve, d'apres Ic dernier recensement que Ton en a fait, a 3,702,306 individus , dont 117,284, pour la villa de Var- sovie. SUEDE. Exploitation des mines dc sel. — M. Charles Knab, Saxon, a demande au gouvernement , au nom d'une association forniee a Dresde , I'au- torisation de faire, pourle compte de cette societe,Iesrecherchesei les travaux necessaires pour I'exploitation des mines de sel et des Fontaines saleesqul existent en Suede , moyennant I'assurance d'ohtenir une re- compense proportionnee a I'importancebien constntee de chaque de- couverlequi sera faite en ce genre. La societe reclame, en outre, le privilege de la fabrication du sel , pendant 5oans ; apres ce terme, tous ies etabiissemens jiour cette fabrication seront cedes a la couronnede Sufcde, aux mcmesprixqu'ilsauiontcoiite.LeRoi,quesonardeurn)eme pour faire fleurirTindustrie dans le royaume nesauraitentrainer dans une demarche inconsideree, a seulementaccordela permission de faire les recherches necessaires dans tout le royaum.e , sous condition de s'arrapger prealablernent avec les proprietaires des terrains sur les- quels les recherches auront lieu. II a egalfement permis d'etablir des fabrications de sel, en sc conformant aux lois , reglemens et ord n- nances rendues sur ce sujet. — On pent s'etonner que les capitaux etrangers recherchent d'abord en Su6de les mines de sel , fandis que le pays est si riche en mines de fer , de cuivre , de plomb , qui offri. SUiDE. — DANEMARCK. 899 raient aux speculateurs des chances plus certaincs et iion moins avan- tageoses. G — g. STOCKHOLsr, 9 septembre iSaS.' — Priservatif contre la roiiille. — M. le conseiller d'etat deLoEVENHiELM , ambassadeur suedois en France , avaitrecii, pendant son sejour a Paris , de la maison Mazet et com- pagnie , des propositions tendant a livrer aiix proprietaires de mines de Su^de , niovennaut une somme de 3oo,ooo fr. , un secret dont I'avantage est de preserver de la rouille toutes les marchandises de fer , au moyen d'une composition metallique. Les colleges des mines et du commerce, reunis ;t racademie des sciences et aux dclegues du compfoir de fer charges d'examiner ces propositions , ont cru devoir les adopter. — Indiistiie. — Deux machines a tondre et a affiner les drops, de I'invention de M. Corhelet , viennent d'arrirer a Stockholm avec un Francais que M. Cochelet a envoye pour les placer et pour en en- seigner I'usage. Le premier essai en a ete fait , en presence d'une commission nommee a cet effet . et composee d'un mernbre du col- lege de commerce et des deputes des fabricans en draps, de Stockholm et de Norikoping. G — g. Amelioratian des prisons. — Une commission nommee pour I'ame- lioration des prisons a deja , depuis le peu de terns qu'eile est en ac- tivite , propose et prepare des mesures pour diviser les prisonniers par classes, et pour agrandir la maison de filature etablie dans cette capitale. EUe a soumis a S. M. le projet de mettre promptement a execution la proposition des etats, d'iiistituer en Su^de une grande maison de correction. Stockholm. — On vient de pjublier ici une traduction de I'Histoire de la grande armee en Riissie, par M. Philippe de Seguh , avec des re- marqnes politiques et des refutations au sujet des rapports oii se trouvait alors avec la France , le roi actuel de Suede , en sa quality de Prince royal. Cet ecril , accompagne d'un grand nombre de pieces officielles et juslificatives , ne peut manquer d'exciler le plus grand inleret. DANEMARCK. CopF.NHAGUE , 20 Aout. — La force navalc duDanemarck se com- pose mai n tenant detrois vaisseaux deligne( ensemble de 2 16 canons), 6 fregates ( ^Sa canons ) , 3 corvettes ( 64 canons ) , 4 bricks ( (ia canons ), et une goiilette de 10 canons. II y a, deplus , 80 chaloupes canonnitTes et 4 mortier. Quatre vaisseaux de guerre sont en' cons- truction sur le chantier ( ensemble de rGfi canons). D — f. 90O EUROPE. ALLEMAGNE. Hanovke, — Or artificiel compose an mojen d'lin melange de divers metaux. — M. DrxTiWRK a fait connaitre, dans le Magnsin hanovrien, le melange sulvant dedifferens metaux, qui aete compose par M. le con- seillerprivedocteurHEHMST\DT,etqui pentremplacer Tor, non seu- lement quant a lacouleur, mais encore pour la gravite specifique, la densite et la ductility. "On prend 1 6 loth (moinsde 8 onces de France) de platine ■"ierge , 7 loth de cuivreet un loth de zinc egalementpur J on met les metaux ensemble dans un creuset ; onlescouvre de poudre de charbon , et on les fait fondre entierement pour en former une seule masse ». AuTRiCHE. — VlENNE. — (t septembre. — Pont suspendu en chaines defer. — Pont 'volant. — Le canal du Danube vient d'offrir sur ses rives a I'attention et a la curiosite publiques deux spectacles ega- lement int^ressans. L'uii etait le placement des chaines d'un pout suspendu, que Ton a construit a la place de I'ancien pont de Rasu- mowski. L'autre consistai ten une manoeuvre qu'aexecuteele corps des pionniers, pour poser un pont sur chevalets , d'nne nouvelle espece , qui fait partie de I'armement de ce corps , lorsqu'il est en campagne, mais qui pourrait aussi dtre employe tres-utilement en terns de paix. — Dans I'endroit oii le pont a etc pose , le canal du Danube a igo pleds viennois de large ; sa phis gtande profondeur etait de 10 picas 2 pouces , et la vitesse du courant , de 4 pieds 2 pouces par seconde. Celle-ci avait encore augmente , pendant la manoeuvre, a cause des pluies qui etaient tombees pen auparavant. Malgre ccla , on ne mit que sept quarts d'heure a etablir , sur huit chevalets , un pont solide , sur lequel les troupes passerent, hommes et chevaux , en formant de larges rangs , et ou Ton pouvait aussi faire passer avec surete de I'artillerie et des voitures legeres. Philologie. — D'apres un ouvrage public en AUemagne par le savant philologue Adelung, il existe sur la terre 3o(S4 langues ; 687 en Europe ; 987 en Asie ; %-jfS en Afrique ; 1264 en Amerique. Sans doute , I'auteur y comprend les nombrcux idiomes et patois , en usage dans beaucoup de provinces particulieres d'un nidme etat. Baviere. — Munich, i5 septembre. — Legislation , instruction pii- blique. — Le Roi a promis de prendre en consideration les vocux emis par les etats generaux pour differentes ameliorations , notani- ment ceux qui sont relatifs a un code commercial , a un code forestter et a un inslitue poljtechnique. ALLEMAGNE. — SUISSE. 90 1 — AuGSBOURG. — Loterie de tableaux. — H y a dans notre ville plusieurs tableaux provenantdela galeriede Malmaison : onles evalue a cent niille florins , et les frferes Frommel viennent de les mettre en loterie. On a fait vingt-deux mille billets de 5 florins 3o kreutzes chacun ; il y en aura quarante gagnans , et le tirage , que Ton aura soin d'annoncer d'avance, n'aura lieu que dans une ann^e. Si , dans la quinzaine qui suivra letirage, ceux que la fortune aura favorises ne retirentpas leurs lots, ceslots seront vendus au profit des pauvres Ces tableaux. sont de Van-der-Helit, de Pietro da Corcona , de Penigino de Spagnolecto , de Rubens, d'J/bano , de Rembrant, de Simon da Pe saro , de Lnca Giordano , de Giiercino , de Ghirlandajo , de Cittadini du Tilieii, de Bombi , de Laurent, de Palma , de lUengs , d' Andre del Sarto , de Leon Spada, de Mademoiselle HJeyer, de Tcep/er , de Ma- ratti , de Roc Marcoloneus , de Scliidone , de Nai'olone , de Forbin , de Thienon, de Turpin, de Dolce, de I^uri, de Snyders , de Cazas ;en{in, de Lantara. Les pay sages de Cazas sont a I'aquarelle. Le n" i5 repre- sente une femme allaitant un enfant et donnant des fruits a deux autres; c'est, dit on, le seul morceau a I'huile d'Albani ou les figures soient de grandeur nalurelle. Les deux tableaux du Titien sont : une Magdeleine repentautc et un portrait de la reine Mathilde. Stuttgabt. — Fete en I'honneur de Villustre Schiller. — Cette f^te a ete celebree dans notre capitale , le jour anniversaire de la mort de Scliiller. Une societe nombreuse s'est reunie dans un jardin public , oil etait expose lebustede ce grand maitre, chef-d'ceuvre doDanecker. On a chante quelqueshymnesetdeschceurs. Non-seulement ,beaucoup de peintres , de musiciens et de poiites assistaient a celte fete; mais, ce qui est un veritable homniage rendu au genie, les magistrals de la ville de Marbach (patrie du poete) ont voulu y prendre une part officielle , par leur presence. Une liste de souscription , ayant pour objet I'erection d'un monument, a ete aussitot remplie que presentee. Le Morgenblatt de Stuttgart donne de grands details sur cette ccre- nionie , qui etait d'autant plus touchante qu'il s'y trouvait quelques amis d'enfance de I'auteur a la m6moire duquel on rendait ,hom- mage. Ph. G. SUISSE. CAJfTOK DE Vaud. — Extract d'une lettre de Lausanne. — Musee et cours d'histoire naturelle. — Chiinic. — Decouverte importante dans les sa- lines de Bex. — Instruction publique. — Legislation. — La collection d'objets relatifs a I'bistoire naturelle continue a s'acrroitre ; la partie min^Ta- goa EUIIOPE. logique surtouta lecu des inateriaux precieux. — Le siivant professeur M. Alix.CHAWNjm donne des lecons de Zoologie qui sont tr6s-sui- vies, et le gout de la science se repand. M. iViEHCANTorr , eleve de I'ecole polytechnique de Paris , fait un conrs de chiniie dans un laboratoire vaste et commode ; le jeuneclii- miste Baud , de Vevey , travaiUe souvent avec lui. M. Charpentier prepare sur ies Alpes un travail geologique sem- hlable a celui qu'il a fait sur Ies Pyrenees. II vient de decouvrir, dans Ies salines de Bex , une veine de roche salif^re , dont un pied cube donne 3o livres de sel , et peut fournir au canton tout celui dont il aura besoin, pendant plusieurs siecles. Notre instruction publi({ue manque d'une oiganisation complete et regulifere. Cast un besoin que Ton ne peut ajouiiier long-tems, si Ton veut qu'elle soit en harmouie avec Ies nouvelles institutions. — On construic ua fort beau batiment pour I'ecole cenlrale d'enseignement mutuel. Les lois civlles et de procedure ont ete revisees ; on s'occupe d'un meme travail »ur les lois penales. Les finances sont en boii etat , les dettes sont payees , et les re- venus bien administr^s. Les associations dirigees vers des objets d'utilite publique com- uiencent a se multiplier. HoFWYL, ( Canton de Berne ). — Exfrait (Tune Lf.ttre adressee a M. M. A. JuLLlEK , de Paris , Directeur de la Revue Eiicyclitpediqrie , au siij'et d'nn article insere dans ce recueil ( cahier de seplembre 1824 > t. XXIII, pag. 570. ) oil il est dit , en parlant de I'institut d'Hopwyl que « I'insuccts de M. de Fellenberg a fourni a des hommes pre- venus un argument contre les essais de m^niie genre, etc. (i). » Monsieur, — Comme je m'interesse beaucoup a I'avancement de toutes les sciences qui peuvent ajouter au bonheur del'homme en so- ciete,jelis loujours , avec plaisir et profit , le recueil eminemment utile que I'Europe eclairee doit a vos travaux et a ceux de vos savans coUaborateurs. J ai trouve, dans le caliierdesep'tembre 1824, une ana- lyse du premier volume des Annates de Roville, ct jel'ai lue avecun vif (i) Cette lettre, que nous avons regrette de ne pouvoir iuserer plus ti4 EUROPE. la frequentent. lis sont au nombrc ile aoo. — Parmi eux, il y a des jeunes filles, qui recoiveiit des lecoiis a part. Une dame de Scio,qui habite Argos, se propose d'etablir dans cette vjlle une ecole disiincle pour les jeunes fllles; et le gouvernemcnt doit fournir les fonds ne- cessaires a ce nouvel etablissement. ■ — Le maitre de I'ecole actuellc aetudie la melhode a Bucharest, sous la direction de M. Kleobu- ios, el^ve d'une des ^coles de Paris, et pr^sente dans le tenis par M. JuUien , a M. Roselto Rosnovano, qui voulut emmener avec lui un ieune Grec forme a Paris, pour introduire I'enseignement mutuel dans sa patrie. Get instituteur a di'ja forme cinq eleves capables de bien diriger des ecoles de village. « ATripolitza, j'aiassiste moi-meme, le 7 mai dernier, a I'ouver- ture de I'ecole. EUe est ^tablie dans I'une des belles mosquees tur- ques , echappees aux desastres de la guerre : elle peut contenir 4oo elfeves. A I'entree, se trouve une belle fontaine, aupres de laquelleon a le projet de planter un petitjardin. L'ecole estdirigee parun jeune homine de Cliypre , Ceorge Gostantino, ancien eleve de la grande Ecole de Borough-Road, a Londres. L'existence de cet etablissement a inspire un juste interet a plusieurs primats de Tripolitza, et sur- tout au prince Demetrius Ypsilanti, qui depuis deux ans demeure dans cette ville. « j4chenes possfede une ecole de jeunes garcons, depuis le mois d'octobre de I'annee dernifere. Le nombre des ecoliers s'eleve a 3o5 ; mais un cinquifeme de ce nombre est toujours absent , soil pour cause de maladies, soil pour occupations domestiques. Le maitre est M. Sy- WEsio , pr^tre de Sniyrne, qui s'est forme a renseignement dansl'ile de Gerigo. Ses emolumens sont d' environ 600 fr. — En Janvier iSaS , on a ouvert dans la m^me ville , une ecole pour les jeunes filles. Le local est une mosquee ombragee par de tres-beaux arbres. Elle est sous la direction de M. Neophyte. — Dans la craiute d'une irrup- tion des Turcs qui occupent I'ile de Negrepont, cesdeux Ecoles ont ete transportees provisoirement ( jusqu'a I'hiver prochain )dans I'lle de Salamine, a Bellachi : les enfans , faute de maisons , se reunis- sent sous un berceau de feuiilage. EUes sont , I'une et I'autre , sous la surveillance speciale de la Societe philomuse d'Jlhencs. « A Megare , a Spezzia , a Coloiiri , on batit de nouvelles ecoles. Pen ai vu a Egine une a demi b4tie avec les pierres de I'ancienne ville, qu'on retrouve sans beaucoup de peine , en faisant des fouilles dans la terre. " En general , les ecoles d'enseigiiement rautuel en Grece raanquent GRECE. f)i5 d'ardoises , de crayons et de tableaux de lecture. Les ecoiiers sont obliges quelquefois d'ecrire sur de petites planches de bois ; ce qui f;ate leur ecriture. Tant qu'une vilie du continent, telle qu'Argos ou Tripolitza , ue possedera pas une imprimerie assez fournie de carac- t^res pour imprimer des tableaux de lecture et des livres a I'usagede la jeunesse, la Grfece sera forcee d'avoir recours a la pbilanthropie etraiigtjrc. Les imprinieries etablies a Missolunghi , a Athenes et a Hydra , ne peuvent servir que pour les journaux. Celle qu'on va eta- blir a Napoli de Romanie sera consacree au journal du gouverne- ment. Les materiaux pour I'ecriture sont si rares et si couteux en Gr^ce , en proportion de la pauvrete des habitans , que les enfans des ecoles particulifrres, dans les petits villages, le plus souvent n'ap- prennent qu'a lire. — Ce manque de materiaux est vraiment deplo- rable ; car on neremarque en aucun pays un desir de s'instruire aussi vifque parmi les enfans grecs. Quand ils peuvent attraper un mor- ceau de papier ecrit , Ils I'etudient et le copient, conime on ferait d'un morceau de peinture. Plusieurs fois, en entrant dans un village, j'entendais un bruit confus d'enfans qui lisaient tons en meme tenis a haute voix. On m'a assure que presque tous les Souliotes apprennent a lire et a ecrire de pere en fils. » M. Pecchio joint a ces renseigneraens qui sont le resultat de ce qu'il a pu observer par lui-meme , une lettre que lui a ecrile de Tri- politza , en date du aS avril 1826, M. George Constantas, ephore de I'instruction publique. Cette pi^ce presente un tableau plus com- plet de ce que le gouvernement grec a fait , depuis la revolution, ou se propose de faire en faveur de I'instruction du peuple. n Le gouvernement, reconnaissant qu'une bonne education est la premiere base des vertus politiques et sociales , et le flambeau qui conduit chaque citoyen a la connaissance et a raccomplissement de ses devoirs, a decrete : — 1° Qu'il sera etabli a Argos une e'cole ge- nerate d'enseignemenr inuluel , oh seront envoyes de chaque province trois ou quatre jeunes gens verses dans la connaissance de la langue liellenique, lesquels y apprendront cctte utile melhode, et reviendront ensuite chacun dans leur patrie I'enseigner a leurs concitoyens , afin qu'elle se repande dans tout I'etat grec. — Cette ecole a etc fondee ; elle est en plein exercice. — a" Qu'il sera etabli , en outre , a Argos une Jcademie en rapport avec I'etat actuel de la Grece, oii doivent etreappeles tous les Grecs instruits que les circonstances retiennent dans differentes parties del'Europe, afin que chacun fasse part a la nation des lumieres qu'il a pu ncancrir hors de ?a patrie. On fera \c- 5 1 6 EUROPE; iiiraiissi d'autres savans des nations eclairees de I'Euiopo , jiour que rAcadcniie recoive une organisation aussi parfaite que le pernieltcnt les circonstanccs. Pour rctablissemcnt de cetteecole, iin digne et riche patriots ( Varoachi ) a dejii fourni une premiere raise de I'onds et le gouverneinent se dispose a compltiter la somiue necessaire avec les produitsnatiouaux. Dans. la c.ipitale de chaque province, il sera etabli une ccok ceii- trale d'enseignememmutuel-piimaire , et uiie autre ecole philologiqiie, ou Ton enseiguera : i° La langue grecque ancienne ou litteraire, compa- ree avec la moderne ; a° les elemeus de geographie , d'liistoire , de logique , de metapliysique ,d'arithmetique et de geometrie ; et tout ce qui est necessaire pour que les eleves soient capables d'entrer a I'Academie d'Argos ; 3° une ou deux langucs europeeunes. Dans chaque ville ou village important, ilsera etabli uue ecolepar- ricnliere d'enseigitement mutiiel , et une autre ecole grecque oh Ton en- seiguera les elemens de la langue grecque litteraire , et, s'il est pos- sible, quelque langue europeenne, telle que la francaise ou I'italienne. Voici une liste des ecoles d'enseigneraent nintuel et pLilologiques etablies inaintenant dans les provinces llbres de la Grece. — A Athe- nes, deux ecoles centrales d'enseignement mutuel et deux ecoles pbilologiques , dont I'une a recu le nom de lycce. Dans cette der- nlere on enseigne : i° la langue grecque litteraire , coniparee a la moderne ; 2" la langue italienne ; 3'' les elemens de geographie, d'aritlunetique, de geometrie, de logique et de metapliysique. — La nieme ville possede aussi une pelite imprimerie qu'elle a recue en present du coniite philhellenique d'Auglelerre. L'ile de Tino possede une ecole centrale d'enseignement mutuel, iin lycee, ou Ton enseigne la langue grecque ancienne et les elemens (!c-laphilosophie. — Dans Tile d' Andros , soaX. trois ecoles d'enseig- lu-ment mutuel et deux ecoles philologiques oii renseignement est le meineque dans le lycee de Tyno. Dans Tile de Sjphiios , est une ecole philologique que les habitans veulcnt eriger en lycee. On n'y a pas encore etabli I'enseignement mutuel , faute de maitres; mais on s'occupe d'en trouver. Dans I'rlede Patmos avant la revolution, florissalt une ecole grec- que famcuse, on Ton enseignait avec le plus grand succes la langue grecque ancienne, la philosophic d'Aristote, la theologie, la rheto- rique et la poesie, et d'oii sont soitis des maitres savans qui ontre- pandu la lumifere de I'instruction dans toute la Grfece, et introdult dans renseignement de la langue grecque une marche plus exacte et GRECE. — PAYS-BAS. 917- pliis facile. Celte ccole, quoiqueun f»eu dechue a cause des circons- tances , subsiste encore, et le gouvernement espere lui reiidre sa premiere splendeur. Patmos a ime blbliotheque, riche surtout en manuscrits, et une ecole d'enseignement rnutiiel. Dans les Cyclades et les Sporades, on trouve des ecoles ; ici , une ;" la , deux ; ailleurs , trois , selon Tetendue dt- cbaqiie ile ; dans toutes, on enseigne la langue grecque ancienne et les eleniens de la philoso- phie , et dans quelques-unes , les iangues francaise et italienne. Ce- pendant, vu I'ctat des choses, ces ecoles ne sont pas encore bien organisees. Quelques iles ont aussl renseignement niutuel. A Tripolitza , capitale du Peloponese, il existe une ccole centrale d'enseignement mutuel et une ecole philologique , dont les habitans et le gouvernement se proposent de faire un lycee : Ton y etudiera la philosophic elementaire et les Iangues europeennes. La ville de Saint Jean ( Astros ) possede une ecole d'enseignement mutiiel et une ecole philologique, avec une bonne bibliotheque et des instrumens de physique. On y enseigne, de plus, la langue italienne. A Saint- Pierre, village pres d' Astros, il y a une ecole d'enseignement mutuel, et une 6cole philologique qui n'est pas encore bien organisce. — Dans la province de Karitene sont quatre ecoles philologiques ; une a Vi- tina, une a Dimilzana , une a Stemnitza , et une a Leucadia; mais elies out besoin de nonibreases ameliorations ; on doit etablir sur ces di- vers points des ecoles d'enseignement mutuel , ainsi que dans les autres provinces du Peloponese. lilissolunghi possede une ecole centrale d'enseignement mutuel , et line autre de pbilologie, ou Ton enseigne la langue grecqueancienne, les Iangues francaise et italienne. Les provinces grecques, sous le joug des Musulmans , avaient plusieurs ecoles fameuses, enrichies de bibliotheques et d'inslrumens de physique ; tout est malntenant aneanti. M. Constantas termine cette revue par quelques reflexions sur I'impossihilite oii se trouve le gouvernement grec , de procurer au peuple tons les moyens necessaires d'instruction; il iiivoque dans cette circonstance pcnible et pour une ceuvre si importante, la geu^- rosite des Philliell(>nes. PAYS-BAS. Bruxelles. — Economie rnrale. — Les chevres du Thibet et un belier de Circassie , apportes dans ce pays par ftl. de Lescuse , de Binges , et qui ont cte long- terns a Gand , rhez M. Di-lbecq, son f ;>iH EUROPE. itiaintcnnnt toul-A-lait acclimates. Lc gouvemement vient de les pla- cer rliez M. le liaroii Vivario , an cli;\teau de Rin/.ee, pros Marche. Avec (juelques soins et. la nourriture ordinaire des animaux du pays, (■e."! cli^vres out ete giieries d'une maladie que I'on sup«-'osait < Le prix consistera en une moil.iille d'or , de la valenr de 200 ir. Les concurrens feront parvenir leurs ouvrages, francs de jiorl , an secretaire perpetuel, avant le i''' juin 1826 , terme de rigueur. L'academie croit devoir faire connaitie le sujet a trailer pour le concours de 1827. » Pendant les quaranfe annees qui ont precede I'avenement de S. M. Cbarles X , le mouvement extraordinaire dont les esprits out ete agiles, a dii exercer sur les diveises branchesde la litterature une influence irresistible: « Quels en ont ete les effets aux cpoques oil la forme et I'esprit du gouvernement ont eprouve les variations les plus marquees ? « Quels doivent en etrejes resultals durables ? Chalons. (S/arne). — Socieie d' agriculture, cominerce , sciences et arts. — Prix proposes. — Cette societedeceruera, da nssa seance publiquedu moisd'aout 1826 , une medaille d'orde la valenr de 3oo fr.au ineilieiir memoire sur cette question : Quelle a etc , en France , VinfUience mo- rale des sciences et des arts , dcpuis un demi-siecle P — Elle decernera , dans sa seance publiquede 1827, une medaille de la m^me valenr au meilleur memoire sur ce sujet : Demontrer la superiorile de la morale de I'Evangile sur la morale des philosophes anciens et modernes. — Ecole des arts et metiers. — La distribution anuuelle des prix a ete Aiite solennellemeut , depuis pen , au> eieves de cette ecole. Deux cents eleves environ (mt obtenu des prix ou des accessits. Nous sai- 9'i4 francp:. sirons cette occasion pour falre contiaitre les JIvisioiis dcs eludes ct (les trnvaux clans ce grand ct utile etabllssement. — Insinittion pra- tiijtie. — j4reUers. — Ajustage, charronage, cizelure, (''hc'nisterie (deux divisions), fonderie, forges, liorlogerie, horlogerie degrande dimension, instrumens de inatliematiques , limes, menuiserie, ser- rurerie ( deux divisions ). — Instruction throriqiie. — Mathernatiqiies : Mecanique, geometrie analytique, statique, trigonometric. — Gco- mrtrie : les solides , les plans, les lignes. — Algebie (trols classes). — Elemens de calciil (six classes). — Physique et chimie. — Demonstration de machines. — ,Geomctrie descriptive : Coupe des picires , surface gauche. — Grammaire et licteraCiire /rancaise : ^hetor\c[ue , tropes et mythologie. — Gengraphie. — Grammaire appliquee (six classes); Grammaire elenientuire(six classes). — Dessin lave : a I'effet, d'apr^s les machines , copie. — Dessin an trait et enluminc : Oineniens. — Dessin Jigurc : AcaAemie, t(5te , commencans. — Ecritiire. Lyoif. ( Rhone ). — U Academic de cette ville vient de couronner les Memoires qui lui ont ete adresses sur les differentes questions qu'olle avail mises au concours , et qui sont toutes relatives a des objets de commerce et d'economie politique. M. le docteur Ozamam a remporte le prix relatif a cette question. Troiu'er le mojen de dccreiiser la soie sans I'encrver ct sans employer de substances alcalincs. Deux memoires ont ete couroHnes sur cette question d'economie politique qui a tant exerce les ecoles contraires : Le sjsteme des prohibitions , duns le re- gime des doiianes , est-il plus niiisible qu' utile aux interets respectijs des nations? M. Fortune Malhouche , de Paris , I'un des collaborateurs lie la Revue Eucjclopedique , a remporte le premier prix ; le second a ete decerne a M. deCoiicELLES G!s , de Lyon. L'academie a accorde des medailles d'argent , a litre d'encouragement , a MM. Antoine Faivbe et Antoine Billiet , fils aine , qui avaient traite la mcnie question. PARIS. Institut. — Academic des sciences. — iiJois rf'aout iS^.S. — Seance du ler. — M. SiTRUN rappelle des observations sur la peste, qu'il a in- serees dans ses uouveaux elemens de physiologic pathologique et s'offie pour tenter une secoude epreuve apres MM. Lassis et Costa. — M. Hachette adresse des observations sur les courbes du deuxieme degre. — On annonce la mort dc M. Jf'assali-Eandi , correspondant aTiirin. — M. Arago fait connaitre que la coiuete a coiirleperiodc a PARIS. 9^5 •rcparu et a ete observee par M. Pons , a I'observatoire tie Marlia. Le meme niembie communique de nouvelles observations tbermo- metriques faites a diverses profondeurs pendant les derniferes chaleurs. — MM. de Lajilace, de Prony et de Rossel font un rapport sur le ni^moire de MM. Nicollet et Bkousseaud , intitule : Expose des operations relatives a la mesiire d'un arc de parall^le moyen eiitre le pole et I'equateur. En voici les conclusions. « i° MM. Brousseaud, Nicollet et leurs cooperateurs ont acquis des droits aux eloges de I'academie et a la reconnaissance publique par les travaux auxquels iis se sont livres pendant plusieurs nnnees pour mesurer uu arc de parallele entre I'Ocean et Padoue. 2° I! sera't desirable que S. E. le niinistre de la guerre ordonnat la publication de toutes les pieces propres a donuer une cotinaissaiice detalllee de lenrs operations, en y joignant , s'il etalt possible , celles qui concenient la continuation de ces monies operations jusqu'a Fiume. 3° Le memolre deMM. Ni- collet et Brousseaud sera insere dans le recueil des savans eirangers ave'cla carte etle tableaudes resultats qui y sont joints." (Approuve.) — L'academie vaau scrutin pourl'electiond'uusuccesseurdeM.Burk- bardt. Sur 48 votans,M. Damoiseau oblient 45 suffrages et 31. Nicol- let 3.M.DA.M0isE.vit estdeclareelu. — M. Caucbyfaitun rapport sur le menioire presente sous le nom d'AsiROpniLiKaios , et pense que ce travail ne merite pas I'approbalion de l'academie. (Approuve.) — M. Geoffroi Saini-Hilvire lit un extrait d'un travail sur des monstruosites huniaines caracti'risces par Tabseiice de la moelle ar- brospinale et noniniee anencejjliale. Du 8. — M. Ara&o coiumuiiique a l'academie diverses remarques relatives a la comete qui a ete reeemmeiit apercue par M. Poms. II indique les motifs qui donnent lieu de penser maintenant que cet astre n'est point la coin^te a courie periode dont M. Encke a recon- nu le cours elliptique. — M. de Monpekkakd , professeur au college royal de Versailles , ecrit a l'academie dans le dessein de lui mon- trer que les proprietes des courbes du deuxieme degre, dont M. Ha- clielte a enlretenu racademie dans la dernlt-re seance, etaient dej.-i connues. — M. Dupetit-thouahs lit une notice intitulee : Sur une dilatation qu'eprouveut quelquefois les scions du peupller blanc. — II est donue lecture d'un memoire de MM. Qooy et Gaimakd, in- titule : Observations siir quelques crustaces , consideres sous le rapport de leurs moeurs et de leur distribution gcographique; suivies de la description de plusieurs especes nouvelles , decouvertes pen- dant le voyage autour du monde de M. le capitaine Freyciuet. 9*6 FRANCE. (MM. Latreille ct Dumeril , coniniissaires. ) — M. le docteur Lassis lit une notesur I'epizootie de i8t5 et sur celle de cette aun^e, et hi suite d'uiie autre note sur les causes des ('■pideiniLS. (MM. Magendie et Dumeril, commissaires. ) — Du 1 6. — Le ininistre des affaires ecclcsiastiques communique un memoire sur ladifficulte de placer uu paratoimerre sur le cloclier de la cathedrale de Metz. ( Renvoye a lu section de physique. ) — M. DuPiN lit une notice sur un uouvel eiiseignement de la geometrie et de la mecanique appliquee aux arts. — MM. Vauquelin et The- nard font un rajiport sur les niemoires de MM. Bussvet Lecand , intitules : De Taction de la chaleur sur lescorps gras ; el deM. Dupuy sur la distillation des corps gras. <• Nous ne suivrons pas les auteurs (MM. Bussy et Lecanu) , dit le rapporteur , dans les operations de detail qu'ils font pour reconnaitre les differentes substances qui se fornient et eu eslimer les quautites approximatives. II nous sufiira de dire qu'il est certain que les acides margarique et oleique font partie des produits de la distillation des corps gras , et que cette ob- servation, que les auteurs nous ont mis a meme de constater, en nous preseutant des masses assez consid<''rables d'acide margarique , nous parait importanle. En consequence , nous pensons que le memoire de MM. Bussy et Lecanu est digne d'etre imprime dans le recueil des savans Strangers. » (Approuve.) — « M. Dupuy avait presente a Fun de nous , continue M. Thenard, dans I'annee iSaS , en presence de M. Lecanu qui I'a consigne dans son travail , fait en commun avec M. Bussy , un produit solide provenant de la distillation lente des huiles de lin et de pavot. Mais M. Dupuy n'enconnaissait pas la nature et nous lui conseillames de consulter a ce sujet M. Chevreui. L'auteur a suivi notre avis; de la le memoire qu'il a lu a I'academie. Ce memoire a le meme objet que celui de MM. Bussy et Lecanu , et Ton parvient a ce resultat important : qu'au nombre des produits de la distillation des corps gras se trouvent I'acide oleique et I'acide mar- garique, ou , suivant M. Dupuy , I'acide stearique. II parait cepeii- dant , d'apres l'auteur, qu'independamment de ces acides, il s'e:i formerait un autre qui serait congenere des acides butirique et pho- cenique. Mais MM. Bussy et Lecanu ont fait connaitre les premiers leurs resultats , et les avaient mi^me deposes a I'academie plusieurs mois avant la lecture de leur memoire. Nous pensons neanmoins que le travail de M. Dupuy est digne d'cloge et qu'il est a desirer que l'auteur continue ses recherches. (Approuve. ) . — M. ue L.vcEPr.DE presente le nouveau reglement de I'universite de New- York et des PARIS. 927 observations meteoiologiques faites a Albany dans ledit etat. — M. MoBEix; DE JoNUES lit une notesur les enqu^tes officielles con- cernant la contagion de la fievie jaune ct la peste. — M. M.vkion lit un menioire sur la cauterisation dans la variole et les autres maladies eruptives. (MM. Portal et Boyer , commissaires.) — Du 32. — M. Lavocat, chef de bataillon du genie, enretraite,ecrit de Bar-le-Duc qu'il s'occupede reniplacer par des roues a timpan les maneges qui font mouvoir les filatures etablies dans le departement de la Meuse. II appelle I'atteiition de I'acaderaie sur une question rela- tive a rapplication de ses machines. (MM. Prony et Girard, commis- saires.)— Mi. Bkessy , medecin a Arpajon , transmet a I'acadeniie deux paires de lunettes d'une construction particiilifere, qu'il appelle rostrales (M. Fresnel , commissaire.) — MM. les docteurs Laserre et CosTA ecrivent a I'acadeniie poar coinmuniqucr diverses remarc[ues critiques au sujet d'lln memoire de M. Mokeau de Jonnes, lu dans la derni^re seance, etrelatif aux enqudtes officielles faites sur la conta- gion de la fievre jaune et de la peste. — M. Aeago communique I'ex- trdTt dedeux lettres relatives aux appaiitions recentes dedeuxcometes. Dans la lettre de M. Pons , du 9 aoiit , ce savant fait mention d'une nebuleuse qu'il vient d'apercevoir dans la constellation de la chevre , et a I'egard de la comete qu'il avait vue auparavant, il remarque qu'elle differe beaucoup de la comfete a courte periode de M. Enke. La seconde lettre est de M. Brkjamin Valz, qui ecrit de Nimes en date du lo aoiit. Elle contient des observations detaillees de ces deux astres dont !"un est la comete periodique de M. Enke. — M. Arago fait part de quelques autres observations , et M. de La- place annonce que ces deux niemes com^tes viennent d'etre obser- vees avec beaucoup de soin par MM. South et Nicollet, a I'obser- vatoire de M. South , 6tabli a Passy. — On precede au scrutin a I'eleclion d'un correspondant pour remplir la place de M. Lamou- roux dans la section d'anatomie et de zoologie. Le nombre des votans est de 44- M. Desmarest obtient 27 suffrages , ]\I. Meckel i3 , M. de France 3, M. Marcel de Serres i. M. Desmarest est proclame cor- respondant. — M. Mathieu, au nom d'une commission , lit un rap- port sur un memoire de geometric perspective ou nouvelle descrip- tion des corps , par M. Cousinery , ingenieur des ponts et cliauasees, a Marseille. Les precedes de la geometric descriptive , leis qu'ils ont ete reunis en corps de doctrine par Monge , ont pour base la projec- tion orthogonale des differens points de I'espace sur deux pl.ins rectangulaires qui se reduisent a un seul par le rebattement du plan tjaS FRANCE. vertical sur le plan horizontal. M. Cou.siiu'iy pense que Ton pour- rait avec avantage rapporter Ics points de I'espace a nn plan qu'il appelle tableau , et a un point. Preuons pour example une ligne droite : le |)Ian qui passe par le point choisi , oii nous supposerons que I'oeil est place , et par une ligne donnee , coupe le plan du ta- bleau ; I'intersection est la perspective, non-seulement de cette ligne, mais encore de toutes les lignes situees dans le plan projetant. Cette perspective ne peut done pas determiner la position de la droite. Mais si par I'oeil on mene une droite qui soit parall^le a la droite don- nee , elle percera le tableau en un point uu viennent concourir les perspectives de toutes les lignes paralleles a la ligne proposee. L'au- teur le nommc point limice , parce qu'il termine la perspective de la droite. Si i'on concoit de plus la ligne donnee prolongce , elle ren- contrera le tableau en un [)oint que I'auteur appelle trace. Aumoyen de ces deux points de la [lerspective, la position de la droite se trouve entitrement determinee dans I'espace. En effet , la trace est un point de cette droite et le point liniite fixe sa direction , car elle est paral- lele a la ligne qui joint I'oeil au point limite. L'auteur s'occupe en- suite de la perspective d'un plan et rcsout la plupart des questions que Ton peut se proposer sur la droite et le plan considere dans I'espace. Les constructions sont en general assez faciles a suivre , et les epures , qui sont executees avec soin , ne paraissent pas plus char gees de lignes que celle de la projection orthogonale. La seconde partie du Memoire est consacrce aux surfaces courbes , telles que la sphere, le cylindre, le cone, I'byperboloide a une nappe, etc. Au moyen des extensions que M. Cousinery apporte a la perspective or- dinaire , les problemes de geometric descriptive pure se resolvent par une simple projection qui a en outre I'avantage de presenter une image fiddle des objets. M. Cousinery annonce que cette methode est prccieuse pour la description des machines et des projets d'archi- tecture, pour la cristallographie , et generalement pour tous les arts qui out besoin de decrire par une seule image. Mais l'auteur, n'ayant pas mis dans son Memoire d'applications de sa metliode, nous la con- siderons seulement comme une theorie inathematique , et sous ce rapport , nous proposons a I'academie d'accorder son approbation au travail ingenieux de M. Cousinery. (Adopte.) — M. Lonchamp lit un memoire sur les effets d'une haute temperature appliquee a I'eva- poration des liquides. ( MM. Thenard et Arago , coinmissaires. ) — M. Jui.TA FoNTANELLE lit uii mcmoire sur le soufre natil' hydrate ^ decouvert dans ledepartement de I'Aude. (MM. Vauquelin et d'Arcet, PARIS. 9*9 commissaires.) — M. Arago fait yu nom d'une commissioa un rap- port concernantle voyage dedecouvertes execute danslesannees i8a», 1823, iS24eti825, sous le conimandenient de M, DuPERKEY , lieu- tenant de vaisseau. L'elendue de ce rapport ne nous permet que d'en citer les conclusions. « L' Academic trouvera dans les analyses que la commission vient de lui presenter la preuve que le voyage de la CoqtiiUe merite d'occuper un rang distingue parmi les plus brillantes expeditions sclentifiques execulees , soil par la marine francaise , soil par celle des autres nations. La commission u'a qu'un voeu a emettre, c'est qu'une publication proniple et detaillee mette le monde savant en possession des richesses aussi uombreuses que varices , dont ou est redevable au zele , au talent et a I'infatigable aclivite de M. Du- perrey et de ses coUaborateurs. ■ ( Approuve. Le rapport sera adi'esse au ministre de la marine. ) — Du 29. — M. Ber.ird, juge honoraire de Briancon, adresse un nou^eau memoire sur le theoreme de Fermat. ( MM. Legendre et Cauchy , commissaires. ) — M. le docteur Lassis ecrit sur la con- tagion du Typhus. — M. Magendie presente un memoire sur I'hy- drophobie par le docteur MiRocHETTf. (M. Magendie, pour un rap- port verbal.) — MM. Cuvier et Dumeril font un rapport sur le memoire de M. B\HRY, relatif a Taction de I'atmospbere sur la respiration. Ce memoire presente trois points de recherches principaux: 1° de determiner par des experiences positives quelle est la puissance qui force le sang veineux a se diriger des plus petites ramifications ou il es^ puise jusqu'au ccEur oil il aboutit ; 2° d'apprecier et de comparer la vitesse avec laquelle le sang se meut dans les veines et dans les arteres ; 3° d'etablir que I'abord continuel du sang veineux au coeur ue pent etre assigne uniquementaux causes auxquellesil a ete attribue jusqu'a present. « En lerniinant ce rapportsur le memoire inteiessant de M. Barry , dit M. le rapporteur, dans lequel nous nous lalsons un devoir de declarer que les experiences decrites avec beaucoup de details par I'auteur , ont ete faites et repetees plus de vingt fois sur des cliiens , sur des brebis , sur des chevaux ; qu'elles ont cons- tamment reussi , toutes les fois qu'il a pu execuler , comm« il le de- sirait , les precedes ingenieux qu'il a imagines dans ce but, et que ces recherches ont eu lieu sous nos yeux , a la faculte de medecine , au jardin du Roi , a I'ecole d'Alfort devant M. Gu-ard , et aux abat- toirs de Montfaucon ; vos commissaires jugent ces recherches faites daus un tres-bon esprit , et tres-propres a cclairer I'histoire physiolo- fiique de la circulation veineuse des raammifeies. Sous ce rapport, T. XXVII. — Septembre i8a5. 5() gSo FRANCE. its ont riioniieur de proposer a i'acadc^mie d'inviter I'auteur a pour- suivre ses rccherches siir les causes de I'absorption , qui peuvent offrirun grand inter^t et des applications tr^s-utilcs a I'econoniie ani- male , et de decider que le mcmoire de M. Barry sera inscre parmi cenx des savans etrangers. Cependanl , iis ne doivent pas laisser ignorer que , dans leiir opinion particuliere , I'acte de rinspiration qui petit produire le vide et par suite I'appel du sang veineux dans la cavite du thorax chez les animaux a poumon , tels que les mam- •niifferes' et les oiseaux , ne suffit pas pour expliquer les mouvemens du sang dans les veines, chez quelques reptiles et chez les poissons qui ont un autre mode de respiration ; la meme coiucideQce d'action ne pouvant se trouver entre I'inspiration qui s'opere chez ces animaux par une veritable deglutition et I'abord du sang veineux dans la ca- vite de leur coeur. >■ (Adopte) ^M. Dupin fait un rapport verbal sur le bulletin universel de M. de Fekussac. — M. Civiale lit un memoirc sur la lifhotritieoa nouveau moyen de broyer la pierre dans la vessie. A. MiCHELOT. — V Academie royale des Inscriptions el Belles Letires ayant h nonimer, le 19 aout , a deux places vacantes d'associes etrangers, son choix s'est fixe sur M. le baron Gitillaumc de Humbojlht, ministre d'etat de S. M. le roi de Prusse , et f'rere de I'illustre Voyageur ; et sur M. Creutzer , professeur a Heidelberg , que de vastes travaux out place au premier rang parmi les savans dc I'Allemagne. Sa cele- brity , comme philologue , egale celle de M. Giiillaume de Humboldt, poete distinefue , commentateiir savant d'E?chyle , et auteur d'ou- vrages d'un mcrite eminent sur la langue iberienne , le Sanscrit et la grammaire generale. Socicte philaut'iropiqiie. — La seance publique et annuelle de celte Society a eu lieu, ert juillet iSaS, dans une des salles de I'Hotel- de-Ville de Paris. M. Deleuze , secretaire general, a rappele les nombreux travaux Suxquels la Societe s'est livree pour creer, amc- liorer ou encourager une foule d'instilutions utiles a la classe la plus laborieuse du peuple. A p-jine etablie en 1800, la Societe philauthro- i)ique fu>la premiere a fonder des ecoles de charite , pour enseigner nux erifans les principes de la religion et de la morale. Elle a distri- bue plus dedix-se)>t millions de rations de soupes aux indigens, et elle a fait soigner pri-s de (juarante mille lualades ; elle a , en outre, propag^ , encourage et multiplie les Societes de secours mtitueh , dont le nninbte des menibies s'eleve aujourd'bni h prfcsdequinze mille, presque tons artisans et simples ouvriers (voy. ci-dessus , page 881 ). PARIS. 9? I SocUre pour lamelioration ties prisons. — ■ L' execution philanthro- pique du systeme pour ameliorer le regime des prisons se poursuit avec activite dans le dc^partenient de la Seine, sous I'auguste protec- tion de S. A. B. Mgr le Dauphin, dont I'intervention puissautesemble sVtJir excite partout le zele et les efforts les plus honorables. Un concours avait ete ouvert par I'administration pour une prison-modele, destinee a servir de maison de correction pour quatre cents femmes. Une commission de magistrals choisis dans le conseil special des prisons s'etait occupee a examiner le projet sous le rapport des con- venances administratives. Une autre commission, compos^e d'archi- tectes celebres, membies de I'lnstitut, avait aussi ete appelee a exa- miner les projets sous le rapport de I'art et des donnces du pro- gramme. Le Conseil special des prisons de Paris s'est assemble , le 8 septembre, a I'Hotel-de-Ville, pour le jugement deCnitif des pro- jets, et, apres un mur examen, sur le rapport de ses deux commis- sions , il a decerne le prix a M. Hippoljte Lebas, dont la composition a reuni tous les suffrages. D'apr^s I'avis des gens de I'art, le projet couronne peut etre considere comme le meilleur type de prison qui exisle, mdme en Angleterre et aux Elats-Unis. Du reste, il n'est pas tine seule composition qui n'ait justiGe avec eloge le choix des con- currens, et I'ensemble de ce concours, qui fera epoque, parait ^Ire une nouvelle preuve du nierite eclatant qui distingue notie ecole. Travaitx publics. — Canal maritime de la Seine. — Les travaux pre- paratoires de ce canal ont mainteuant leur plein developpement sur toute la ligne, depuis Paris jusqu'a la mer. Dans le seul niois d'aoiit , les ingenieurs ont nivele 44 raille metres en longueur , et 33 mille metres de ])rotils en travers. En m^me tems, iz mille metres d'em- placement du canal ont ete sondes ; dans cette etendue est comprise une des coupures priucipales. On a trouve la nature du sol beaucoup plus favorableaux excavations quon n'avpit eu lieu dc lesupposer, d'apres quelques assertions peu fondees. Les ingenieurs , les con- ducteurs et les elfeves, cliacun dans la sphere de leurs iravaux, riva- lisent de talent et d'activite : ainsi tout concourt au succts de cette grande et belle entreprise qui promet a laFrance de nouveaux raoyens de prosperite agricole , industrielle et commerciale. Statistiqiie. — Suicides. — D'apres un releve fait par I'autorite, il se trouve que Jji suicides ont eu lieu , pendant I'auuee i8a4 , dans le rcssort de la prefecture de police de Paris; savoir: aly hommei y3u FRANCE. et iSa femmes. C'est 19 de moins que I'annee pr^cedente ; mais , \e nombre de ces tristes ^v6nemens, beaucoup trop considerable en- core, accuse noire civilisation dont nous sommes si flers , et qui conserve tant de traces de barbaric, les maisons de jeu, les lote- ries , les maisons de dcbaucbe , ouverlement autorisees , sont^He veritables pieges perSdement tendus a la cupidite , a ki mis^re , a la faiblesse, a toutes les passions corriiptrices; et ces ecoles d'immo- ralite paient un tribut pour jouir d'uii honteux privilege, et pour obtenir una existence legale au sein d'un ordre social qu'elles desho- iiorent. J. Letcre a M.le Diiecteur dela RevueEncyclopedique au sujetdeT article sur I'Histoire de la Litteraturegrecque, inscre dans le cahier de Jtiillet. (V. ci-dessus, p. 88.) — Monsieur, dans I'analvse que vous avez donnee de VHistoire de la Litteratiire grecqiie par M. Schoell , vous reprochez avec raison al'auteur decet ouvrage de n'avoir point rendu justice a notre estima- ble et savant helleniste, M. Gail; mais je regrette que vous n'ayez T)as indique d'une manitie positive en quoi consiste le deni de justice de I'auteur allemand envers le professeur fraiicais. Comme cette indication est, pour ainsi dire, le complement de I'article que Tous avez iusere , je crois devoir, dans Tinterct des lettres et de la Terit6 , appeler I'attention de vos lecteurs sur les omissions de M. Schoell, omissions dont on a d'autant plus droit de s'etonner, que plusieurs journaux allemands , qui ne peuvent lui etre inconnus, ont consigne avec soin les titres tie M. Gail a la reconnaissance des amis de !a litterature grecque. Permeltez-uioi de reproduire rapide- ment ces litres; en meme terns qu'ils rappellent d'ntiles fravaux, ils prouvent que les lettres grecques sent loin d'etre negligees en France. I. Herodote , 4 volumes, dont a de texte grec , avec beaucoup de variantes inediies et d'explicatioDS neuves; et 2 volumes de In Geo- graphie d' Herodote , publiee pour nos ecoles , et qui sera ulilement consultce par les savans. Cos deux volumes de la Geographic , ou- vrage qui feraepoque, sont annonces avec les ]ilus graiuls eloges par le Monitenr , la Qiiotidietine , et par les Aiivales des voyages. Plu- sieurs savans allemands les citeut souvent, et M. Jules OEhme, de Francfort, et d'autres, en ont traduit des pages entiercs. Comment done M. Schoell, dont le i' vol. a paru en iSaS, n'a-t-il eu au- cune connaissance d'un travail aussi remarquable , public en 1S23 , non plus que de V Atlas (de 107 planches), ouvrage precieux conte- PARIS. »S3 nam la Gcographie d'Herodote , celle de Thucydide et de X^nophon, et des planches expUcatives des batailles des anciens. II. Thiuydide parait, a M. Sclicell, (T. II , pag. 167-1(18 ) prouver dii zt>le. II nous spmble a nous que ce Thucydide qui, depuis H. Estienne, n'avait jamais ete publie eu France , prouve plus que dii xele, et nous y reconnaissons une haute et rare sagacite. Quant a la traduction, dont on annonce qu'une 2' <5dition est sous presse, elle est souvent (dans les discours du moins) un modele de style. Le Thucydide de M. Gail, dit le Monhetir , est une de ces entreprises auxquelles -est interessee la gloire d'une nation. « Dans ses expli- cations, M. Gail, plus habile que ses devanciers, dit le Journal de Halle, est bien plus consciencieux que Ducker. Pulssent nos compa- (^riotes encourager de si nobles travaux! » M. Schcell ne repond a cet appel qu'en accusant Thucydide d'offrir des trivialites. Voila comment M. Schcell traite un savant francais qn'un ecrivain allemnnd appelle Francogallice decus. III. Xenoplton , grec-latin-francais. Au lieu de mentionner seche- ment les xi minces volumes de cette edition , M. Schcell aurait pu se souvenir que les Heyne, les Wvttenbach, les Sainte-Croix, le Journal des Savons , ont doiuie de grands eloges a cet ouvrage, dont il faut lire la preface pour le bien juger ; qu'ils ont loue la traduction, sou- vent elegante, et ses vaiiantes (i vohime tout entier) oil tous les jours MM. Schoeffer, Beck et d'autres trouvent de precieuses lecons. IV. Sophoclc. — Le Philoctete de M. Gail , annonce avec une faveur marquee dans presque tous les journaux francais , n'est pas meme norame par M. Schcell. V. Theocrite. Meme injustice envers le Theocrite deM. Gail. Ce n'est poiut un ouvrage de luxe , comme le pretend M. Schcell, T. iii, pag. 173 : le t. iii, qui manque a present, est enrichi denotes precieuses, et annonce une profonde erudition. YI. Traductions. — M. Schoell ne fait aucune mention des traductions francaises de M. Gail. Cependant , ce savant, si connu par ses tra- ductions de Uion , Moschus , Anacrion , Thucydide , Xenophon , So- phocle , et autres auteurs occupe I'un des jiremiers rangs parmi les traducteurs francais des auteurs giecs, comme M. Gueroult , parmi les traducteurs des auteurs latins. VII Phitologie. — A son article Philologic , M. Schcell uc cite point le Philologue de M. Gail , ouvrage periodique , parvenu a son i6« vo- lrinie(a vol. par an, 18 fr. et ai fr. par la poste). Neanmoins , eu Aileinague , on le cite souvent, et Ton en traduit des pages entieres. 93A FRANCE. Cet oiivrage qui , en France , est unique dans son genre , contient des articles importans en gramma ire, en histoire , en giJographie et en tactique. On pourrait ajouter beaucoup a cet cloge en rappelant ces essais sur les idiolismes grecs, sur les desinences et les prepositions , essais qui contiennent tant d'idees ingenieuses et neuves universeliement adoptees: ce cours grain ic de grec qui durant 21 ans a entretenu le fea sacre : tant de livres grecs qui ont die imprimes dans un fems ou ils etaieut si rares parmi nous ; tant rtuit, dont on jie s'occupe qu'au moment ou il arrive. Le danger de Ju'tinien n in- teresse ])ersonne; et les amours un peu froids de Thelesis et d'Eu- doxe n'offrent aucune situation tragiqne. C'estdonc sur la generosite de Belisaire que le poete a fonde tout le pathetique de sa tragedie; I'admiralion , quel'ona quelquefoisaccnsee d'etre un sentiment froid, •est certainement une source feconde d'cmotions delicieuses et d'im- pressions tragiques; mais il y a , nous le croyons, deux conditions a reniplir pour que ce ressort dramatique produise tout son effet : il faut que la clemence coute quelques efforts au personnage qui par- doune, et que'roa s'iuteresse a celui qui en est Tobjet. La generosit6 semble ^tre si facile a Belisaire , qu'on est moins emu de le voir si ge- nereux. Toulefois , ce sentiment a tant d'empire sur les hommes as- sembles , qu'il a fourui a M. Jouy plusieurs scenes tres-pathetiques et particulierement celle oil le general romain refuse Tappui du roi bulgare, et celle oii il decide les amis qui veuknt le venger des Ro- <)i& FRANCE. mains a mardier contre les barbares; son entievue avcc rcmpereur es? aussi d'uii fort bt-l effet ; et le contraste des emportemenscrAiitonine et de la vertu sto'ique de Belisaire est menage avec assez d'artpoiir dissimuler, jusqii'A un certain point, I'inconvenient d'avoir jjeint le lieros si parfait. Ce caractere remplit toute la piece, et domine tous les autres personnages; dos qu'il a paru, on ne s'occupe phis que delui; et Jui^tinien, Antonine, Tlielesis , se trouvent completement eclipses J mais cette grande figure fait a elle seule un tableau. Nous sjouterons que, dans cette tragedie, comme dans toutes celles dont I'action se fonde sur des niouvemens d'armees et se termin'e parune batoille, le noeud ne saurait dtre bien serre , les p6ripeties ne peu- vent <5ti'e bien vives ni bien dramatiques ; toutes les ressources du poete se bornent au developpement d"nn caractere; M. Jouy a deja prouve que c'est une des parties de I'art ou son talent se deploie avec avantage. Le style de la tragedie de Belisaire a et6 juge avant I'effel thedtral; on n pu y reniarquer quelques longueurs, inais en general on I'a trouve correct , elegant et souvent poetique ; la representation n'a lait que coniirmer ce premier jugemenf. — l"^" representation deSigismmidde ffowr^og-ne, tragedieen cinqactes de M.ViE?fMET(samedi lo septembre). — Sigismond, roi de 13ourgogne , a ete vaineu par son parent Clodomir,'Cls de Clovis,qui regne dans Or- leans. Depouiliede ses etats , il est fiigitif , et tout le monde le croit niorl; Sidonie ,son epouse, et ses enfans sont au pouvoir de Clodomir. A cette c'poque, la captiviie d'un prince , si elle n'etait son ari-^t de mort, le condamnait du nioins a Teternelle obscurite du cloitre. Cette triste deslinee menace les enfans de Sigismond; mais Tamour a dompte le ills du Sicarabre, et Clodomir offre a Sidonie de rendre la couronne a ses enfans si elle veut consentir a lui donner sa main. Sidonie re- pousse des vceux qn'elle deteste; son deuil d'ailieurs trompe tout le monde , exeepte elle ; elle sait qu'elle n'est pas veuve. Cependant un Stranger, qui s'annonce sous le nom de Godefroi, vient donner les details de la mort de Sigismond; cet etranger , c'est Sigismond lui- meme. Pret a tous les sacrifices pour conserver la couronne a ses en- fans, il conseille a Sidonie de ceder aux voeux de Clodomir ; pour lui , il saura bien rompre les nteudsqui I'unissent a une epouse qu'il aime et dont il est aime. Cette situation difficile est presentee avec art ; c'est une des meilleures icenes de la piece. Cependant Sidonie s'esl refugiee, avec ses enfans, dans une eglise dont Clodomir a force le.< portes malgrc les pr^tres et sa mere Clotilde. H ramcne au p.i PARIS. 937 lais Sitlonie et ses enfans ; mais bient6t le secret de Sigismond est decouvert , et Clodomir re lui laisse que le choix de la mort ou du cloitre. Sigismond se tue, et Sidonie , entrainee .iTautelpar ramour qu'cl^e porte a ses enfans, va donner sa main a Clodomir , lorsqu'elle apprend de la bouche m^me de Clotilde que ces princes infortunes ODt etc massacres par le peuple an moment ou la veuve cle Clovis -voulait les derober a la puissance de Clodomir. A cette affreuse nou- velle, Sidonie expire de douleur, et Avitus , saisi d'un transport pro- phetique, devoile a Clodomir la funeste destinee qui doit punir ses crimes. — Cet Avitus, dont nous n'avons pas encore parle, est un venerable prelat qui jouissait d'une grande reputation de saintete; personnage considerable ii la cour de Clodomir, il ose dire la verite a ce prince farouche, et il protege de toute I'autorite de sa vertu !a femme et les enfans de Sigismond. L'auteur fait entendre qu'Avi- tus est pretre ; mais, ni les habits du personnage, ni le dialogue, ne rappellent le caractere sacre dont il est revelu. La censure a sans doute empeche d'imprimer a ce role cette verite si necessaire a la peinture des raoeurs; a I'epoque on se passe Taction, les jjrelres jouaient un trop grand role dans la societe pour qu'on puisse les de- guiser, comme le poete a ete force de deguiser Avitus. D'aiUeurs, le langage plein d'autorite qu'il lui prcte, les propheties qu'il met dans sa bouche, ue deviennent vraiseniblables qu'autant qu'il est bieu reconnu que c'est un ministre du Seigneur qui parle. Sous d'autres rapports, les mccurs du terns nous out semble mieu\ observees. Quant aux faits historiques , le poete les a peu respectes. Le devoue- ment de Sigismond est entierement de son invention , et c'est toute la piece. Sans doute I'obscurite des tems on se passe Taction perniet de meler la fiction a une verite que Ton connait si peu. Mais, a quoi bon emprunter des noms a Thistoire, si on ne lui emprunte gufere que cela ? La difficulte de jeter quelque clarte dans la confusion des ev^nemens qui ouvrent nos annales, de tirer quelque inter^t de cet araas d'horreurs , de trouver parmi toules ces ph ysiononiies , cgalemen t ignobles ou atroces , un personnage qui remplisse les conditions du drame,doit avertir les poetes de choisir avec ])recaution , dans ces tems recules , les sujets qu'ils veulent trailer. Tout ce qu'il y a de touchant dans la piece de M. Viennet lui appartient , et il peut imputer a Thistoire la froideur des troi-s premiers actes, et le peu d'interet qu'inspirent les personnages de Clotilde et de Clodomir , aussi-bien que la catastrophe , dont Tborreur est moins tragique qu'on lie pourrait le croire. Le style nous a semblt' pur et correct; mais 938 FRANCE. il m.inque <|uelquerois eine I'apparence d'uue action ; et laseule situation, celle ou Alain Blanchard et le fils du gouverneur prennent la resolution de s'immoler au falut public, ne produit pas I'effet qu'on aurait pu s'en promeftre , si elle eut etc niieux preparce. Jl y a dans I'ouvrnge du patriotisrae, de nobles -len- timens, et des paroles heroiques; mais tout cela ne suffitpas pour inleresser pendant cinq actes , et Ton sent trop que Tauteur n'est eir- core iniiie ni aux secrets de I'art du theatre, ni m^nie a ceux de I'art d'ecrire en vers. Cette ti agedle n'a point obtenu de succes ; elle avait recu , la veille , un accue.l plus flatteur sur le theatre de Rouen; sans doute lesRouennais ont voulu montrer de I'indulgence a I'auteur, eof faveur du heros de sa piece, qui appartient a leur ville. M. A. Beaux-Arts. — Gravnre. — Le Tnsse lisant ala princesse Uonoreiin episode de sa Jerusalem delivree , oil la princesse, que le poete adore en secret est representee sous les traits de Sophronie. Cette charmante gravnre complete lacoUectiou desquatre jolies esiampes faites d'apri-s 9/|0 FRANCE. les tal)leiiux que M. Duds a composes coinme une suite allegorique de sujets qui personnifient la poesie , la peinture , la sculpture et la miuique. On sait avec quel charme ces sujets se rapprochent , et quel lieu- reux lieu les unit. Nous avons tdche de montrer dans une Notice : les arcs sous t empire de I' Amour ( Voy. Rei>. Eiic. , t. xvi, page ^tio. ) , combien est ingcnieuse I'idee d'aniiner ainsi, par des scenes histo- liques ou anecdotiques coniposees avec goiit et d'une execution pleine de dt'licatesse, les grandes et belles figures que le ciseau des habiles statuaires ou le pinceau des Raphael et des Le Sueur nous avail presentees isolees. La muse de la poesie est aujourd'liui caracterisee dans la gravure nouvelle que nous annoncons. Le tableau qu'elle reproduit a obtenu , comnie les tiois autres qui lui servent de pen- dans, un succes merite au salon. M. Pauquet, I'un de nos meilleurs graveurs, a su nieltre dans son ouvrage tout ce que le burin pent dcrober a la peinture, I'expression des ])bysionomies, I'effet general, le goiit des accessoirefs et la grace des details. On trouve cette estampe cliez M.'Ducis, quai Malaquais, n" i3 ; M. Pauquet, rue Neuve-Saint-Etienne, n° 9; et cbez Potrelle , rue Saint-Honor6, vis-a-vis I'Oratoire. Prix 20 fr. avec la lettre , et 4 en deux parties. La premiere offre une disser- tation sur I'origine de la parole , et une gramraaire hebra'ique fondee sur de nouveaux principes ; la seconde , une traduction de la cosmo- gonie de Moise , ou Ton apercoit une multitude de differences avec les versions generalement adoptees ; differences dont on pourra se former une idee , en se rappelant que les premiers chapitres de la Genese u'avaient pour M. Fabre d'Olivet qu'un sens allegorique , d'apres lequel I'auteur sacre aurait voulu peindre la creation du monde en general , et telle que la concevaient les pr^tres egyptiens , sous des noms que leurs racines veritables faisaient facilement com- prendre de ceux qui etaient inities aux sciences et a la philosophie de I'Egypte. Ainsi , Adam serait non pas un seul homme , mais le genre humain ; Eve n'est plus qu'une faculte;Noe, le repos uni- versel , etc. Sans emeltre ici aucune opinion sur celte nouvelle maniere d'en- tendre le texte hebreu , nous devons dire au moins que ce tour de force presque continuel n'etalt pas au-dessus des talens de I'auteur, qui a ramene toute son explication aux seules racines hebraiques. M. Fabre d'Olivet a public encore un ouvrage profond, ayant pour titre : De I'etat social de I'homme , ou J^ues philosophiques sur I'histoire du geure humain. a vol. in-8° , dans lequel il recherche I'origine et 94a FRANCE— PARIS. les Clemens de la society , des gouvernrmens et des religiung , el leu causes des vicissitudes et des alterations qu'ont subies ces grander institutions. Peu avaut sa mort , il avail public uue traduction des vers dores de Pyikagore ; il en avait public une en vers blancs dn Cain de Lord Byron , et il refutait , d'aprts sa maniere d'enlendre le texte de la Gendse , les opinions du poute anglais qu'il regardait comme inju- rieuses a la divinite. La mort I'a enlcve, dans le courant du mois d'avril dernier, a r&ge de cinqunnte-six ans , au milieu de ses travaux , auxquels il se livrait sans reserve; negligeant tons les moyens de fortune, il vivait dans un etat tres mediocre, et n'avait pour delassement que la so- ciete d'un tres-pelit nombre d'amis , dont il avait merile Testime et rattachement. II laisse plusieurs nianuscrits precieux ; ii professait la religion protestante. — Dei,espine (^Pierre-Juki), architecte, membre de I'lnstitut ( Academic des Beaux-Arts, section d'arcliitecture) , et membre du Conseil general des bdtimens civils, est^mort le i fi sepfembre, a I'dge de fig ans. Ses fun^railles ont eu lieu le 19 se[)lembre. Uue deputation de la classe des beaux-arts, sa famille, beaucoup d'artistes et ses norabreux eleves, formant un cortege de plus de aoo personnes , ont accompagne It-nr collogue, leur parent , leur ami et leurmaltre, au ciuietiere de Montmarire , oii M. Vaudoyer, architecte, membre de TAcademle , a jprononce un discours dans lequel il a retrace rapi- dement les services que M. Delespinc avaitrendusa I'art qu'il pro- fessait et aux ieunes artistes (ju'il avait formes. Issu d'une famille qui, depuisplusieurs generations, cultiva Tarchitecture, M. Ueiespine comptait au nombre de ses ancetres I'architecte Mansard j dont le talent concourut a la gloire de son siecle. M ..f. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE - VINGT-UNIEME CAHIER. SEPTEMBRE 1825. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Reflexions sur quelques institutions et sur quelques nioyens propres a favoriser ies progr^s de I'industrie , et sur la So- ciete commanditaire de I'industrie. De HJontgiry. 626 .2. Etude sur la civilisation d'Ha'iti 647 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Discours et lecons sur I'industrie, par le baron Charles Dupiu Ferry. 683 4. Discours sur I'origine de reconomie politique, par J.-R, Mac-CuUoch, ouvrage traduit de I'auglais par G. Prevost. J.-B.Saj: 694 5. Histoire de la domination des Arabes en Espagiie et en ■Portugal , par Joseph Conde, ouvrage traduit en fiancais par M. de Maries, et en alleuiand par M. Kutschmanu. J.-C.-L. de SisinonJi, 719 fi. La Revue d'Edimbourg JVh. y36 7. Suite d'Etudes calquees et dessinees, d'apr^s cinq tableaux de Raphael P.-A. Conpin. 747 in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncci ANTES ; DICTrt)NNAIRES ; ENSEIGNEMENT mUTi:EL; instruction ruRLiQUE ; jouRNAUx; THEATRES , etc ; mais encore a cbacuu des paj's dont il est fait meutiou dans ce Recueil : de luauiere qu'on puisserap- procber et comparer tour a tour, .soit I'etit dcs sciences et des elemens de In civilisation dans citaque pays , soil les nations clles-niejnes, sous les differens rapports sous lesqucls on a eu occasion de les eousidercr. V.braliam.son ( M. J. ). Piogres de renseignemeiit niutuel en Danemaik, i53. absenteeism , by Lady Morgan, 43o,56S. .•VCADEMIES.^ty.SoClETESSAVANTES. (*) On souserit , pour ce Recceil scie:;tifique ct LixTEr.Air, .•■;, dont il parait un cabier de quatorze feuilles d'iniprcssion , tons les mois, au Bureau CENTRAL d'abonnemuNT , rue d'/'riJ'er-Saini-Mie/iel , n" 18; cbtz Artucs Bertrani), rue Hautefeuil'e, u'' 28, et cbez Renouard, rue dcTouniou, u" 6. Prix de la souscription : r. Paris, 46 fr. pour un :iu; dans les departcinecs , 53 fr. ; Go fr. dans I'ctranger. T. XXVII. 60 C)/,6 TABLE ANALYTIQUF. Adams Geschichte der Ausbrehung der christlichen Religion; mic Anmcrhiiiigem'on Cars ten flJi.te- gas.-j-j. Adehing ( T. ). Pro^peilo nomina- tivo di tiitle le lingiie note , e de' loro dill lent , e:c. 176. ADMIHISrHATIUN , -iSl, 42(1, 5o2, 584- Adonais, an Elegy on the death of John Keatc,by Percy U S/iellj^-j/iiy. ApRiQiiE, 5.58, 4'^^ 1 574. 8yo. Agence griiei-alc des placemeus, etahlie a Paris , 2y3. Aghicultuke, 175, 4*5, 4*'9.482. 585, 5y3 , Oio, 758 , 787, 897. — C L' ) ])ratique et raisoniioe par sir John Sinclair, traduite de I'anglais par C. J. A. Mathieu deDombasle, i85. — ( !■' ) dans le canton de Calais, pocme par J. Burgaud , 538. Alain Blanchard, tragedie , par Dnpias , 9^9. Albacini ( Ph. ), sculpteur de Rome, statue d'Achillc , 274. Algebkf, , 172, 42 7- Alger , 574. Allemagne, 157, 2f57, 445, 585, 774, 9100. — ( L' ) et les AUetnands, par A. Schreiber, 778. Almanach beige, pour I'annec 1825, i83. AjMEItlQUE MEniUTO?5i. — Histoire cri- tique et militaire des guerrcs de la!evolution,par Jomiai(i'ero), DES MATliRE J78. — Memoijes poiir servir a riiistoire de Frnnce sous Napoleon , ecrits a Saiiite-He- l^iie par ses generaux (F.-x. ), 383. — OEuvres <\e Delllle, nouvelle edition (P.-F. Tissoc), 40 1- — Table generale des mo- nogrammes , par F. Brulliot ( H.-P.), 408. — Cinquante chants francais , par Rouyetde Lisle (Zy. JulUen), 4i3. — Dis- cours ct lecoiis sur riudustrie etc., par Charles Diipin (Ferrj), 683. — Suite d'etudes calquees et dessinees d'apres cinq ta- bleaux de Raphael ( P. A. Cou- — d'ouvrages italiens : L'ltalie avant la domination des Ro- mains, par J.Micali (F.S.i(fi), 363. Ajr.vroMiE, 4^y. — de riiomme ou Description et figures lithographiops de toutes les parties du corps humain, par Jules Cloquet, 800. Anderson's Quarterly Journal of the medical sciences , 768. Andrieux ( F. G. J. S. ). roy. Discours en vers. Akgleterre, To^-. Granhe-Bre- TAGNE. Annates Academics Gandavensis , 480. — aca demicE Rheno- Trojectina; ,184 — Islamici sii'3 Tabula; synchronis- tico ckronuloglcce chalifaritm et regiim orientis et occidcnlis; edidit V Janus Lassen Rasmnssen, 444- — du lycee d'histoirenaturelle de New-York, i3-. — de Baltimore, par Thomas Griffith, 128. Aunuaire de Legislation et de Ju- risprudence , 5og. Antiquites, 112, 249, 268, 586, 6r3 , gi3. — et \ues pittoresquus qui em- bellissent le cours de la Mo- i)^.' selle, lithogi-aphiees par Ant. Bamboiix, 268. — des etablisseraens de Tycho- Brahe, Uranienbourg et Stier- Bebourg.dansrilede lloen,i4o. Appel aux nations chrctiennes en faveur des Grecs, par Benja- min Constant, 837. Appert (B. ). Journal des pri- sons, hospices, ecoles primai- res et etablissemens de bien- faisance, 252. Aragon ( Mfie ). ygy^ Histoire d'Angleterre. Archeologie, 112, 2()8, 273, T'oyez aussi Antiquites. Architecture, 781. Archives philologiques. Publica- tion prochaine, par B. de Reiffcnberg , 277. ARiTH.iiETiguE elementaire rai- sonnce ., et appliquee, par J. N. Noel, 181. Art MILITAIKE , i57, 3o5, 35i, 378, 489, 491, 492, 493. i Art ( L' ) du taupier, on methode infaillible pour prendre les taupes, par Drnlet, 809. — de la vitriiicatiou , par F. Bas- tenaire-Daudenart , 810. — de faire les feux d'artifice pour les fetes de famille, par L. E. A. 811. — du menuisier et de I'ebeniste , par F. NMellet, 812. Artand, C.-M. 5. Arts uvdustriels , 494 » ^96, 808, 8ro, 81 r, 812. Voyez aussi Technoeogie. AsiE, 573, 758, 889. Assurances (Coup d'oeil sur les) sur la vie des hommes,etc., par J. B. Juvigny, 211. AsTtioMoaiiE, 2S3. Atlas contenant les cartes rela- tives a la geographie d'Hero- dolp, de Thucydide, de Xeno- phon , etc., dessinc d'ajires les rocherches de J. B. Gail , 190. — geographique, slatistique, his-. 94« toriquc ct chrotiohigitjuc des deux AnitTiqucs , tradait de I'anglais par J. A. Buclion, 8ii\- Auhrv lo Comte. Lithographic de deux compositions de Lethierre, Gao. Augan ( J.-B. ). Cours de Nota- rial , 607. Auteur (L') et I'Avocat, comedle en vers, par Duport, gSB. KbSi-iTix Enistola; Judre commei)- tatio critica, aiict. A. Jessien , 448. Auzoux. f'oj-. Preparations arti- flcielles. Avenel(M. ), C. — N. 934. Aventures ( Lcs ) de Faust el sa descente aux enfers, par de Saur et de Saint Geiiies , 547- B TAIU.K ANALYTIQllF, Bacler d'Albe. Macedoine litho graphique , 3oo. Bains de mer de la Teste ( Gi- ronde ), 594- — du Mont-d'Or, 922. Balguerie-Stuttemberg. f''oy. Ni- CROLOGIE. Ballades , legendes et chants po- pulaires de I'Angleterre et de rEcosse, etc., publics par A. Loi-ve-Weimars , 85g. Baltimore. Ouvrages y relatifs, 128. Banque (/itablissement d'une) a Mittau , 264. Barbier,C.— B. 545, 8J3. — neveu, C. — B. 557. Barbieri ( Gaetano ). Repertorio scelco ad tiso de' teatri ilaliani etc. 178. Barny de Romanet. f'q;-. Morale en action. Baron ( Sir John ). Recherclies , observations et experiences sur le developpenient des maladies tuberculuu.ses, traduit de I'an- glais , par Mme veuve Boiviii , 807. Barron -Field. Mcmoires g^ogra- phiques sur la Nouvelle Galles du snd , 427. Bast ( Martin de ). For. Necro- LOGIR. Baslenaire-Daudenart ( F. ) f^oj: Art de la vitrificatioxi. Batiinent de guerre k vapeur em- ploye par les Anglais contreles Birraans , 573. Beautes de Tacite, avec la tra- duction fraiicaise , par Boinvil- liers , Sja. Beaux- Akts, 179 , 247> 268, 275, 295, 408, 478 , 555 , 570, 591, 6'7. 747. 792-. Belisaire, tragcdle de Jouy, 984. Bell's (John). Observations on Italy, 761. — ( Thomas). Zoological Journal , 768. Belles-Lettres. yoy. Littera- TURE. Bellezze della commedia di Dante Alighieri , etc. 79 1. Beilisomi ( T. ). Grammatica dellc lingiie italiana e latina, 177. Belloc ( M-ne L. Sw. ), C. — B. 436. Bergmann (Benjamin). Voyage chez les Kalmuks , traduit de I'allemand par Moris, igo. — Peter der grosse als Mensch und Regent dargestellt , 779. Berlier (Th.). Voy. Guerre des Gaules. Bessii'res. ^"J. Nomenclature. Bianclii. Notice historique sur M. Ruffiu , 848. BlBLIOGRAPHIE, I28,t47,267, 419 , 753. BiBLiOTHEyuE ( Histoirs et des- cription de la ) royale et pu- blique de Dresde, par F. A. Ebert, t65. — duXIX^si^cle, 186, igfi. Bidone ( G. ). f^oy. Osservazioni. — Voy. Experiences. Biet ( J. E. )■ ^ 7Sf>. — Mexique, 426. — Norvegc, i5i, 772. — Pays-Bas, 180, 475, 793. — Bussie, 147, 44 'j 770 . Sue»!e, i5o. — Suisse, 170, 4fio , 782. — universel des sciences et de I'industrie , etc. 563. Burgaud ( J. ). Foj. Agriculture. Byron (Lord). J^oy. Life. Cabinet d'bistoire naturelle de feu le professeur Lamouroux, a Caen , 277. Caldcleiigh ( Alex. ). Travels in South America , i36. Calonne ( P. F. de ). Foy. Orai- sons funebres. Cnmpan (M""^). L'Academie fran- caise couronne sou cuvrage sur I'education , 608. Campbell ( Tliomas ). Les plai- sirs de I'esperance , poeme tra- duit en vers francais, par A. Montemont, 233. Camper ( A. ). foy. Van Breda. Canal de Baltimore a Coiievvago, 128. — maritime de la Seine , 93i. Canalisation de la Vindau en Courlande , 264. CanoiiiciTaciiini ( M>ne G. ). No- tice biographique dCs femmes italiennes les plus distinguees en littcrature, etc. 473. Carel ( Armand ). Resume de THistoire d'Ecosse , 318. Carpani (Joseph). F. Necrologie. Carrion-Nisas (A. de). /^ty-. His- toire romaiue. Carte bistorique , chronologique et geograpliiquc de la Gri-ce ancienne, ctc.,parJ. N.C., 5i5. y5o Catalogue de livrcs de la loire de Leipzig , 267. Cati'chisnie agronomique, par Pol- liiii, 787. Cauwer, peintre. Ses tableaux d'histoire a I'expositiou de Gand , 276, Cesari (Aiit. ). Beautes de la co- mcdie du Dante, etc. 791. Chaalons d'Argc. Voyage du ca- pitaine Hiram Cox dans rem- piie des Birmans , 817. ChabroL de Volvic ( C. ). Slatis- tique de rancien departement deMontenottc, A. 33 1. Chile de cotoii fabrique par les Africains, 890. Chambers ( Robert ). Voj, lUits- (radons. Champollion le jeune. Lettre a M. Dacier relative a ral])habet des hieroglyphes phouetiques, A. iia. — Precis du systfemehieroglyphi TABLE ANAI.YTlQtJE Chiephala ( Nicolo ). foj. Sen- teuces morales. Chike, 889. ChiKUKGIE. /'ly. SciENCKS ME- nCALES. — <5trangc^re. Foj: Melanges. Choix des anciens poctes anglais, 737. Chompre ( N. M. ). f'oy. Necro- LOGIE. Chossat. L' Academic des sciences de Paris lui decerne le prix de physiologie experimeutale, 282. Christianin. Embellissemens de cette ville , 266. Christianisme ( Le ) et la civili- sation. Fragment, M. 21. Chrojxologie, 45o , 5i5 , 8i3. Cibraiio [L. ). Poesie, 473. Ciceron ( Harangues de ) contra Verres , par Truffer, 528. Ciceronis ( .1/. Ttillii) orationum pro Scariro , pro Tiillio , et in Claii- dlnm , fiagmenta inedila , 453. que des anciens Egyptiens , A.) Cicognam ( L.).Stona della sciiltu 112 „« ^„1 ,.. .' — „;.„ ._ -•_ r._7.- — Ses travaux sur les monumens Egypliens, 273. Chants francais ( Cinquante ) , mis en musique par Roiiget de Lisle, A. 4 1 3. Charles, etc. Roman, 245. Charrue trainee par un seul che- val et tracant a la fois quatre sillons , 585. — a pied et sans avant-traln , ])erfecfionnee par les soins de M. de Val d« Baronville, SgS. Chateau ( Le ) des chevaliers Teutoniques a Marienbourg , 781. Chateaubriand ( De ). Note sur la Grece , 837. Chatillon. Ou:.tre tableaux de Girodet lithographies, 298. Chauvet, C— M. 3i3. — For. Haiti. Chefs-d'oeuvre historiques de sii Walter Scott, etc. 546. ra dal suo risorgimento in Italia , 792- Civiale. Nouveau moyen de de- truire la pierre dans la vessie, sans I'operation dela laille, 292. CiviLJSATiON. V. Christianisme. — d'Haiti. ycy. Etude. Classiques francais , ou Blblio- theque portative de I'amateur 535,853. — italiens , 177. Cloet ( J. J. de ). Voj. itlcge. Cloqiiet (Jules), foy. Anatomic de riiomme. Cocconelli. J^ oy. Descrizione. Code (Nouveau) des Emigres, ou Manuel pour I'execution de la !()i sur I'indemnite, etc., par Naylies , 207. Coligiiy ( M"e de). La socic'te au dix-neuvif'me siecle , 201. Collection complete des lois , de- crets , ordomiances , etc., par J. B. Duvergier, S28. — ( Nouvolle ) d'ouvrages pu- i bli^s par la Spcl^te pour I'en- rouragement des belles-lettres de Copenhagne, 773. College recollections , 763. Collebni ( G. ). Le jour des morts dans I'eglise de St^- Croix a Florence, 47i- Collin de Plancy. Voy. Diction- naire infernal. — T'oy. Mulner. Coi-OMiiiE , 570. Colonisation inilitaire de la Rus- sie , f^oy. Lyall. — T'oy. Ferry. Colonna ou le Beau Seigneur, liistoire corse du lo^ siecle par Mme de Bradi, 55i. Commerce , 2fi4 , 495 , 56g, 683, 759, 834, 893, 920. — de charbon aux Etats - Unis , 267. Compagnie des mines d'Haiti eta- blie a Londres , 8ofi. Compagnies de commerce, etc., formees en Angleterre dans le courant de I'annee i8.!4 > 578. Compte rendu des travaux de la Societe royale d'agricultnre , etc., de Lyon, par L. F. Gro- gnier, 56o. Conde ( J. A. ). Histoire de la do- mination des Arabes et des Maures en Espagne, etc., tra- duite eufrancaispar deMarles, A. 7/9. — meme ouvrage traduit en alle- mand, par Kutscbmann, A. 7'9- _ Considerations snr la civilisation, M. 2 1. — pratiques sar les fi^vres in- termiitentes, par de Rirckhoff, 793. Constant( Benjamin ), /^oj.Apjjel- Constituliou ( De la ) du caulon de Vaud , par Eugene Monod, 463. — Voy. Reflexions. PES MATI^RES. ySl Contes et fabliaux , par Auguste lligaud, 23fi. Correspondance matliematique et pbysiquc, par M. Gamier et A.QuetcIet, 481. Cosmorama de Paris, 297. Coup d" 473, 5ai. — de la litterature grecque pro- fane , etc. , par Schoell , A. 88. — des litteratures anciennes , par A. Loeve Weimars, A. 100. — de la litterature italienne, etc. par G. Maffei, 471. — ( Resume de 1' ) de la littera- ture francaise, 521. jrATURELLE, iSa, 278, 27", 279, 299, 808. Histoire de la sculpture depuis sa renaissance en Italic, etc. par L. Cicognara, 792. Histoire de Pierre Giberne. P'oj-. Jussieu. Histoire d'une vie , :45. Hocit ( G. K.). Greve Jokan Frede- ric Struensee , i54- Hospice thermal nouvellement fonde au Mont-d'Or , 922. Howison (John). Foreign scenes and trai'dlling recreations , yGS. Humboldt. ( Alex, de ) A'ty-. Nou- velle-Espagne. — ( Guillaume de ) f''oj. Nomi- NATIOKS ACADEMIQUES. Hiine {■4.') Geschiclttedes Konigreichs Hannover , 452. Huzard fils. f'ojr. Garantie. Hygiejve, 1 56. I Ideler ft.). Handbuch der mathe- matischen und technischen Chru- nologie , /f^o. luEOLOGiK. yoy. Destutt de Tracv. lliadc d'Honiire, traduite en vers sciolii , par- Michel Leoni, 789^ 9"i8 lUastrations oj the author of Wa- verley , by Robert Chambers, i44- Iinynovisations de M. Pradel , 6ifi. Improvisatrice CThe) , etc., 435. Indes obikntales, 573, 574, 890. Iiidic.ition des principaux Ou- vrages p^riodiques publies en Allemagne, clnquieme article, ifiH. — Sixieme article, 456. iNnusTRtF. , (iaS , 683, f)i8 , yig. lnfanticide(Qiielques fails reraar- quables d') soiimis aux re- flexions du legislateur , etc. , 782. Inqtiirj (An ) into the present state of thecivillaw in England , etc. , bj John Miller, 142. IlfSTITUr ROYAL DE FuANCE. Voy. SoCIETES S.WXNTES. — technologique, nouvelletnent fonde a Moscou, 264, 582. — de Hofwyl , 902. iTistitution fondee a Londres pour I'instruction des artisans , 58o. iNSTRticTioif puBLiQOE ; a Ge- neve , 270; — en Argovie, 270; en Grece, 27', 3r3; — en Russie, a63, 264; — en Baviere, 900. Inventions, 276, 292, 3oi, 585, 886, S99, 912 , 918. — et decouveites en mecanique de Joseph Masera, de Turin, 590. Ihlande, 43o. IXALIE, 175, 273, 467, 590, 759, 761 , 786 , 911. — (L'') avant la domination des Roinains , par Micali, A. 363. Itureens (Reclierclies historiques sur les) , par Frederic Miinter, 1 5 2. J.iquolot (M'»<'). Portiait d'Anne de Roulen , peint sur porce- laine, 296. TABI.K ANM-YTIQUF. Java. yoy. Marchal. Jazet. Le roi a cheval entoure de ses principaux ofGciers. Gravure d'apr^s le tableau de H. Vernet, 618. Jeanne-d'Arc, trag^die, par G. F. Nancy, 543. Jeanne la folic, reine d'Espagne, roman historique par Simon- nin , 869. Jessien (Adam), f'oy. kw^vnix. Jobanneau (Eloi). Joy. Rabelais. Jollois. J^oy. Fouilles. Tomiiii. Foy. Ilistoire critique. Jonathan le Yisionnaire , coutes philosophiques et moraux, pu- blics par X. B. Saintine, 870. Jorritsma. foy. Opbthalmie. Joueur (Le) a Paris , ou les jeux dans leurs consequences sur la nioralite des individus, etc., par A. Vivien , 5o3. Journali ( The J of madame Knight and Rev. Biic/iingham , etc., i3l. JOUHNAUX ET RF.CUEILS PF.RIO- DiQUES , — publics en JUema- gne: indication c!es principaux Ouvrages periodiques , 166, 456. — ]iublios en Angleterre : the new Monthly Magazine , a Londres, 146. — Parthenon, a Londres, 262. — Le Petit Mercnre , a Londres , 44^. — The Edin- burgh Review, 736. — R-evue somniaire des principaux re- cueils periodiques publics a Londres et a Edimbourg, 767. — pnblies en Danemark : Nya Hy- gea, a Copenbagne , i56. — publics aux Etats-Unis : the North amcrican Review , a Bos- ton 1 33. — New England Farm- ni'^r , II Boston, 4*5. — Thi; New - York Review , 755. — Pho'phor, morning star of liberty and equality, ,i New - York , 706. — publics en France : Journal des prisons, hospices, etc., a Pa- r>£S MATliBSIi. 9^.9 lis, a5a. — Bulletin universel des sciences et de I'industrie, a Paris , 563. Journal de la Socieie des sciences, etc., du departement du Bas-Rhin, a Strasbourg , 36-. — Journal de la section de medeciue de la Societe academique du depar- tement de la Loire-Inferieure, a Nantes, 567.- — Journal de la Societe des sciences, etc., du Bas-Rhin, a Strasbouii; , 883. — publics en Italie : L'uiile Passa- tempo, a Naples, 180. — En Rusne : Journal des Mines, a Petersbourg, 582. Jouy. foj. Belisaire. JuiFS. Amelioration de leur sort eu Pologne, 583. Jullicn (M. A. ). Fondateur-Di- recteur de la Revue Encyclopc- dique, C. — Preambule d'une notice sur le resultat moral du dessechement des inarais de la Liuth, en Suisse, 5. — Con- siderations sur la civilisation , et origine de la Revue Ency- clopedique, dont le plan fut propose a Bonaparte en 1801 , 21. Les articles signcs M. A. J. — La France en iSaS, ou mes regrets et mes esperances , discours en vers , deuxifeme edition, 862. — (Auguste), C.-B. 862. — (B.), C.-A. 4i3. JuBISPRUDEJiCE , 202 , 2uy , 273 , 456, 484, 5o5, 507, 509,828, 83i , 832. Voyez aussi Dhoit et LEGISLATIOIf. — des codes criminels , par Bourguignon , 829. Jussieu (L. P. de). Histoire de Pierre Giberne, 827. Juvigny ( J.B. ). Coup d'oeil sur les assurances sur la vie des hommes , etc., 21 1 K Kapnist. Foj. Necroi.ogik. Keaie (John), /'ti/. Adonais. Keratry. Foj Culte. Kircklioff ( De). f'oj. Considera- tions. — Traite sur le service de sante (les armees , "93. — yoj. Nominations ACiOK- MIQUES. — Ophthalmie. Knight ( M'ne ). yojr. Journals. Koppen ( Pierre de ). Feuilles bibliographiques, 147. Kiinisch [F. G.) Uandbiich der deidschen Spraclie iind Literatur , 454. Kutschmann. Foy. Conde. Labarraque, pharmacien. L'A- cademie des sciences de Paris lui decerne un piix pour ses recherches chiniiques , 282. Lactance. Son poeme sur le Phe- uix , revu sur des MSS. non explores, etc., par A Martin, 781. Lafasge (J. Adrien), C.-B. 660. N. 274 , 277 , 592. Lahalle (P.). Essai sur la mu- sique, 558. Lamartine (A.), foj'. Epitres Lami (P.). Resume de riiistoire de Picardie , 5i6. Lamotte-Langon ( B. de). Foy. Province ( la ) a Paris. Lancreuon. Saint-Louis recevant dans les cienx Louis XVI ; li- ihographie d'apres une compo- sition de Girodet , 620. Langues qui existent sur la terre , 900; Lanjuinais , de I'lnstitut, C.-B. 153,175,214, 2 23, 5o I, 869. — (P.E. )fils, C.-C. 195, 836. 9G0 T/ABtF. AWaLYTIQIIK D. M. L'Acad^nwe des — (Extraltd'une) ^crite des fron- Lassis sciences de Paris lui decerne una niedaille d'or , 282. L6ger (Th,). roy. Manuel. Legislation, 142, ao5, 267, 45fi , 509 , 579 , 587 , 592, 782 , 828,889,906. — (De la) et de la jurisprudence, concernant les brevets d'inven- tion , etc. , par Th. Regnault, 206. Legrand (A.). Traite de physique, 186. Leichtlen ( J. ). f^oy. Schwaben. Leigh's New pocket road book of England , Wales and pdrl of Scotland, i35. Le Jeune. Revue de la Flore des environs deSpa, 180. Lelouterel (F. G.) ^oy. Manuel encyclopedique. Le Normand ( L. Seb. ) , C.-B. , 8i3. Leonard (J.), foy. Histoire du Roussillon. Lconi (M.J. Iliade d'Omero, 789. Leriche, (J. ). Notes sur la My- thologie, 820. — f^oy. Vues. Le Sage. Histoire de Gilblas de Santillane, 853. Lesguillon, Les nouveaux Adel- phes, coinedie en vers. 294. Lessings Fabeln , 568. Lettre a M. Dacier, relative a I'alphabet des hieroglyphes phonetiques , etc. par Cham- pollion le jeune, A. i r2. — de M. Avenel adressee au di- recteur de la Revue Encyclo- pedique au sujet de I'histoire de la litterature grecque , par Schoell, 982. ■ — ( Extrait d'une ) adressee au correspondant de la Revue En- cyclopedique a Londres, 570. — ( Extrait d'une) ecrite par un voyageur en Afrique au Di- recteur de la Revue Encyclo- pedique, 574. tidres de la Chine , — (E^xtrait d'une) de Lausanne, 9or. — adressee a M. M. A. JuUien au sujet de I'lnstitut d'Hofwyl , 902. — a M. le redacteur du Journal d'cducation, etc., 5o4. Lettres sur I'Aiigleterre, par A. de Stael-Holstein ,219. Levi. ^oy. Discours en vers. LiBRAiRiE , 267. Licquet (Theod. ). f^oy. Dibdin. Life ( The), writings , opinions and times of lord Hyron , 4^ i . — (The) and surprising Adven- tu) es of Robinson Criisoi; , 254. Liagard. f^oy. Histoire d'Angle- terre. LiTHOGRAPHIE, 268, 298, 299, 3oo , 3oi , 619, 873 , 94o. — Ses progrfes en Danemark , 584. Litterature alleraande , 247. 454, 552, 568, 884. — Ancienne classique, 88, 100, 23i, 528, 789, 852. — Anglaise, i43 , i44 I 145 , 146, 283 , 245 , 254 , 434,435, 437, 438,440,546, 568,58o,736, 768,764, 765, 767, 859. — Arabe, 444 > 719- — Belgique francaise , i83, 797, Biblique. — 448 , 789. — Danoise, 443, 778. — Des Etats- Unis , i3i, 182, i33, 4^3, 755. — Francaise, 235, 286, 287, 289 , 242, 243 , 245 , 294 , 3i3, 401, 521 , 524> 532, 533 , 535, 536, 537,538, 589,543, 545, 546, 55o,55i, 6i3,858, 856, 857,862,864,865,866, 868, 869,871, 984, 986, 988, 989. — Hebraique , 789. — Italienne, 177, 178, 180, 274, 471, 473 , /iyi,ygi. — Persane, 758. — Russe, 147. — Sams- crite, 591. • — romantique. ^oy. Essai. DES MATINEES la jeuiiesse, Livres destines i3a, 438. Loeve - Veimars (A.). Histoire des litteratures auciennes , A. loo. — Voy. Ballades. Loide Tok'>rance religieuse pre- sentee par le gouverncment de Biicuos-A'ires a la Chanibredes representans , 88g. — publiee en Baviere contra le monopole des corporations , 267. l.omeni (Ignazio ). Amministra- zione economica della foglla de' gelsi iiella coltivazioite de' backi dasela , 4^8. Longevite.Exempleremarquable, 5.57. Loterle. Voy. Dialogue. — de tableaux a Angsbourg> goi. Louis XII et Francois 1", ou Memoires pour servir a une nouvelle histoire de leur r6- gne , par P. L. Rcederer , 221. Louis XVIII ; sa vie , ses derniers moniens et sa mort, par E. M. de St. II., 826. — et Napoleon dans les Champs- Elisees , 223. Lubis (F. P.). A la jeunesse francaise. Souscription en fa- veur des Grecs, 838. Lyall (Robert). Essai historique sur le systenie de colonisation ^nilitaire de laRussie, 493. M Mac-Culloch. Diiscours sur I'ori- gine , les progres , les objets particuliers et I'importance de 1 economic politique, traduit de I'anglais, par G. Prevost, A., 694. Machine a vapeur employee a I'exploitation des mines de Cornouailles, 892. — pour arracher de la terra les souche-s des arbres , 886. 961 Machines a tondre et a afiiDer les draps, agg. Maes. Une jeune vendangeuse. Tableau de I'exposition a Gand. 276. Maffei ( Giuseppe ). Storia della lilleralitra italiana, 471. Magasin des Voyageurs, public par R. Nyerup , 445. — (Nouveau) mensuel et jour- nal litteraire , 146. Makeldey (F . ). Foy. Droit ro- main. Manne ( La ) decouverte dans la plante de crleri, 261. Manuel encyclopedique et alpha- betique de I'officier d'infante- rie, parF. G. Lelouterel, 492. — de la chronologic matheraa- tique et technique, par L. Ide- ler , 45o. — de la medecine legale, par Moll, 180. — de la medecine legale, par Felix Pasqualone , 4*59- — du fermier, par Walter Young, 758. — du teinturier , etc. , par Rif- fault , 494- — de mineralogie, etc, parBlon* deau, 4g4' — des marchands da bois et de charbons , par Mari^ de I'lsle, 495. — du naturaliste pri^parateur , ou I'art d'empailler les ani- maux, etc., par Boitard, 808. — topographique et stalistique de I'etat de New-York, 420. — des jeunes meres, par Th. L^- ger, 186. — de la langue et de la littera- tuie allemande , par J. G. Ku- niscli, 454- Manufactures, 890. Manuscrit de Mungo-Park, 891. Marbot ( Marceliu ). Foy. N^ces- I site. Marchal. Description geographi- 62 y' TAIiLK ANALYTlOtlE que, historique et coictnerciale de Java , etc., 796. J\Jaichaugy (De ). La Gaule po^ tique , 545. — P'oy. Tristan levoyageur. Marcus ( F. A. ) l^oj. Therapeu- tique Marie de I'isle. I'oy. Manuel. M.vKiNE , 3o5 , 683 , 899. Maries, yoy. Pierre de Lara. — f'oj: Conde. Marthe , on la Bohemienne , nou- velle traduite de I'anglais, par Mile Claire Desage, 245. Martin ( A. ). T'oy. Lactance. Martinoff. Traduction des poetes anciens en langue russe , 898. Martyn ( Thomas). Voy. Necro- LOGIE. Masera ( Joseph ). f^oj. Inven- tions. Masse, ^oy. Droit public. Masnyer, de Strasbourg. L'Aca- demie des sciences de Paris lui decerne un prix , 282. Mathematiques, 189,475,481, 489. 794- Mavrogenie , ou I'Hero'ine de la Grece. Nouvelle historique , 55o. Mecamique, 282, 467, 590. — pour filer le lin , 918. Meda. Precis historique sur la journee du 9 thermidor, 220. MeDECIHE. Voy. SciEMCES MEDI- CALES. — legales, 180, 4^9- Meiners ( W. ). Histoire de la Reformation , 196. Melanges de chirurgie etrangere, par une societe de chirurgieus de Genjfeve, 170. Mellet ( F. N. ). L'art du menui- sier, Sia. Meniuire presente aux deux rliambres du cougres general de la confederation mexicaine, etc. 4'^^- — sur les revenus des propriet^s rurales , par S. Scuderi , 469. 1 — sur une nouvelle inaniere de considerer les caustiques , etc , par A. Quptelet, 473, 794. — par Alex. Duwiquet, sur les causes de la niendicite dans le departement du Pas-de-Calais, etc., 5o2. Memoires, Notices et Melan- ges ( I ) : Sur le dessechenient des marais de la Linth {Artaud), 5. — Le Christianisme et la Civilisation , fragment ( Felix Bodin ) , 21. — Notice necrolo- gique sur le baron Denon ( P. A. Cottpin), 3o. — Observations relatives aux ecrits de M. Paix- hans sur une nouvelle force maritime et sur une nouvelle artillerie, 3o5. — Observations generales sur le genre appele roniantique, et sur notre sys- teme theAtral ( C^awcef ), 3i3. — Reflexionssur quelques insti- tutions et sur quelques moyens propres a favoriser les progrfes de I'industrie, et sur la Societe commanditaire de I'industrie ( De l\Jonrgery ) , 625. — Etude sur la civilisation d'Ha'iti, 647. — KT Rapports de Societes sa- VANTES et d'utilite publique en France , 2 5 i , 56o, 876. - de la premiere classe de ITns- titut des sciences, lettres et beaux-arts d'Amsterdam , 479. — ( Collection des ) relatifs a la levolution francaise, 220. — pour servir a I'Histoire de France sous Napoleon , par les generaux qui ont partage sa captivite, A. 383. — de Napoleon juges par la Revue d'Edimbourg, 739. — de Jacques , comte de Walde- grave, 846- — et correspondance de Duples- - sis-Mornay, 846. ■ — d'Henriette Wilson , traduifs de I'anglais, 5 18. Memoirs of Moses Mendelsohn , by Samuels, 4->,9. — of Samuel Pepjs, 762. Meudicite. Foy. Obseryatioiis. — f'oj. Memoire par Alex. Uii- wiquet. Meunais(F. dela). f'oy. Religion. Merlin. Voy. Repertoire. Metallurgie , 58i, 585. Metaphysique , 797. — des quantiles positives et ne- gatives, par Emmanuel Deve- iey, 17a. Mexiqde, 421, 426, 570. Meyer, avocat. f^or. Nec«oi,ogie. Micali ( J. ). L'ltalie avant la do- mination des Remains; ouvrage couronne, traduit de I'italien par Raoul-Rochetle, A., 363. Michaud. Voy. Histoire des croi- sades. Michelot (Auguste) ^oj-. Nomen- clature. Michelot , C.-N. , aSS , 604, 93o. Milano ( M. ). Nozioni elemental i di fisica, 787. ^ Miller (J.), yoy. Inquiry. — [Major'). Voy. Darstellung. Miiie d'alun decouveite au pied du Pic-Sancy (Puy-de-D6me). 922. MiNERALOGlE , 494, 582, 900. Mines de sel (Exploitation des) en Su6de, 899. — de Russie, 58 1. Mineurs allemands envoyes en Amerique , 570. Misegas (Carsten). Voy. Adams. Missions en Chine, 890. Moeurs, institutions et ceremo- nies des peuples de I'lnde, par I'abbe Dubois, 211. Moll. Leei boeh der geregtelyhe ge- neeshunde , 180. — Verhandeling over einige zeetag- ten der Nederlauders , 182. Mone (F. J. ). Theorie der Statis- tik , 1 59. Mongalvy. Voy. Recneil general des Lois , etc. DtS MATlilRlS. f)6i Moiiglave ( Mme Octavie de ). Les petits metaphysiciens , ou Grammairegeaer;ile en action, etc., 23o. Monnaies de la ligue acheenne. f'oy. Cousineiy. — d'or et d'argent frappees a Londres dans le courant d'une annee, 58i. Monnard, C.-B. 786. Monod (Eugene), f^oy. Constitu- tion. MoNOGKiMMES (Table gcnerale des ), par F. Brulliot , A., 408. Moutalan ( N. Z. B. ). Vor. France. Montemont ( Albert), yoy. Cani|>- bell. — Vor. Rogers. Moulgery ( De ) , C.-M. , 625. Montolieu ( M^>-' de ). I'oy. Xante. Monument cousacre a la memoiie de Riquet , 596. — de reconnaissance nationale erige a Philadelphie a la me- moire de Wasbington , 570. Monville (B. de ). Peut-^tre, 484. Morale , 201, 5o3 , 821, 827. — en action des Bourbons, pjr Barny de Romanet, 826. — pbilosophique ( Les premiers principes de la ), par N. Tres- chow, 772. Moreau de Jonnes ( A. ) , C. N. , 574 , 5g6 , 896, 922. — L'Academie royale des sciences de Bruxelles couronne son ou- vrage sur I'influence de la des- truction des fordts, SgS. Morel ( H. ). Voy. Temple. Morgan ( Lady ). yoy. Abiei,' teeism. Morgenstern. T'oy. Programnic. Morghen (Raphael), f. Gra- vures. Moris, yor. Bergmaun. Mort ( La ) de Charle* I" , et Hector , tragedies improvisci's par T. Sgricci , 474. Mortalite a Philadelphie, 257. fjf)4 TABLE ANA Motifs du Code civil , etc., par S. Touniier, 2o5. Moutons du Cararaaii , dans I'A- sie niineurc, 885. Moyen pour pri'server les habi- tations de riiuniidite , SOc). Mulner. Le Boiirreau de Uron- tlieim , roman allemand, tra- diiitpar Collin dePlancy, 247. Blunter ( P. ). De rebus Ittireoruin , i5a. Musee britannique, 262. — national de Prague, 586. MusiQUK, 4i3, 558. Mythologie, 820, 848. N Nancy ( P. F. ). fo/. Jeanno- d'Arc. Napoleon, f^oj. Louis XVIII. — ^q/. Memoires. — yojr. Histoire. — et la Grande-Armee, ou Exa- men critique de I'ouvrage de M. le comte Ph. de Segur, par le general Gourgaud.A. 80. Navigatiow , 182. Naylies. fq/. Code. Necessite ( De la ) d'augmenter les forces militaires de la France, par le colonel Marce- lin Marbot , 489. Nechologie du baron Denon , a Paris , 3o. — Du docteur Jhra- ham Rees , savant distingue, a Londres, 263. - — Joseph Carpa- in, litterateur italien, a Vienne, s68. — Vassalli Eandi , savant distingue, a Turin , 274. — ^. M. Chompre , auteur de plu- sieurs ouvragesestimes, a Ivry- sur-Seine, 3o2. — OlahP/ielatr, celebre poete persan, a Ispahan, 574. — L'avocat Meyer , d'Anis- terdam , a Batavia, 574. — Kapnist et Dolgorouki, poiites ^-russes, 583. — Odier, sous-in- tendant inilitaire, a Paris, 620. LYTK^tUF. Gautherot, peintre, a Paris, 6'2 J , Ualguerie - SuiUeinherg , a Bor- deaux , 621. — Le Uev. Tho- mas Martyn , mcrabre de la So- ciety royale de Londres, 8c/6. — Martin de Bast, membre do rinstitnt royal des Pays-13as , gig. — Eineric,\iomme delettres, a Paris, 940. — Fabre d' Olivet , homnie dfe lettres , a Paris , 941. — Delespine, architecte, a Paris, 942. New Harmony. Etablissement fon- de par M. Owen aux Etats- Unis, 886. Nicholson's {P.) Key to Nichohon and Rowbothain's practical sys- tem oj algebra , etc., 427. Noblesse (La) constitutionnelle, ou Essais sur rimportance po- litique des honneurs et des distinctions hereditaires , etc. par P. M. S. Bigot de Moro- gues , 208. Noel ( J. N. ). Foy. Arilhmetique. Nomenclature du De i>iris ilhistri- bus urbis Roma;, mise dans un ordre conforme a. la niethode de M. J. -J. Ordinaire, 53o. -^ des fables de Phedre , par Mi- chelot et Bessieres , 53o. — du Cornelius Nepos , par les monies, 53o. NoMINATIOMS ACADEMIQUES : M. M. de Kirckhoff, d'Anvers, cor- respondant de la Societe de medecine de Londres , 892. — Joseph Hammer , orientaliste de Vienne, et Hallenberg, histo- riographe suedois , membres honoraires de I'Academie des sciences de Petersbourg, 897, — Damoiseaii, niembre de I'Acade- niie des sciences d< Paris, 925, —Desmarcst, correspondant de la nieme Academic, 927, — Guillaume de Humboldt , ministre d'Etat de Prusse et le profes- seur Creutzer de Heidelberg , associ^^s etrangers de TAcjide- mie des Inscriptions et Belles- Lettres de P;ir;s , yBo. Normand , pere et fiis, graveurs f''oj. Souvenirs. NoRVEGE , l5l, 266 , 77'2. Nota( Albert). Comedies, 274. Notarial ( Cours de), par J.-B. Augan , 507. Noter, peintre. Ses paysages de I'exposition a Gaud, 27t). Notes on Mexico , 421. Notice kislorique sur M. Ruflin, par Bianchi , 848. — - necrologique sur le baron Denon , M. 3o. — sur la vie de Saladin, sultan d'Egypte et de Syria , par Rei- naud , 845. Nouveaux ( Les ) Adelphes. Foy. Lesguillon. NouvELLE-EspAGNE ( Essai poli- tique surleroyaume dela),par Alex. Humboldt , 5ia. — ■ Galles du Sud , 427- hollakde, 576. nouvellesscientifiques et ia.t- TEBAIRES (IV ) : Afrique, 258, 574, 890.- — • Allemagne, 267, 585, 900. — Amerique meri- diouale , 570, 889. — Ameri- que septentrionale , 5fi9,885. — Asia, 573 , 889. — Buenos- Aires , 670. — Chine, 889.— Colombie, 570. — Daneniark, 266, 584, 899. — Espaj^ne, 592. — Etats-Unis , aSS, 569, 885. — France , 277, 594 , 920. — Grande-Bretagne, 261, 576. 892. — Grece, 271, 913. — Hsiti , 569 , 886. — Indes Orientales, 573 , 574, 890. — Italic , 273 , Sgo , 911. — Mexique',570. — Norvc^ge, 266. — Oceanic, 576. — Paris, 278, 599, 923. — Pays-Bas , 275, ^a-^j 917- — Perse, 574. — Perou, 572. — Pologne , 583 , 898. — Russic, 2(13,581,897, — Suede, 265, 583, 898.— Suisse, 270, 587, 901. UES MATliuF.S. yG5 Nouvelles, par Mmu la comtessc de Bradi ,871. NuMlSMATIQUE , 874. — ( Truitc elcmentaire de ) an- cienne , grecque et romaine , compose d'aprt'scclui d'Eckhel, par G.-J. K. , 247. Nyernp ( R. ). Voy. Magasin. o Observateur ( 1' ) du xix^ si^cle , etc., par A. J. C.Saint-Prosper, 821. Observations generalas sur le genre appele romantique, etc. M.,3i3. — sur le langage du pays de Vaud, par Emmanuel Develey, — sur ritalie , par feu J6lin Bell, 761. — relatives aux (Merits de M. Paix- hans sur une nou velle force ma- ritime, etc., M., 3o5. — sur les moyens de supprimer la mendicite en France, par L.., 5o2. OcEAKIE, 576. Odier (P. A.). Foy. ConrsdVHudes. T'or. Necrologie. OEuvRES de Rabelais , Edition -variorum , 533. — de Regnard, 535. — de T. Tasso, 177. — de J. Delille. Nouvelle ^ditioi>, A., 401. — clioisie de Henry Zschokke , 783. — comj)letes de La Fontaine , en un seul volume, 536. — dramatiqnes de G. Genoino, 473- Oistaux ( les ) du sacre , pai- M™e Amable Tastu, a37. Oliver's (S). General critical gram- mar, 762. Ophthalmic (sur 1') de Tarmee des Pays-Bas, par Kirckhoff, tra- duit en hollandais par Swaan G6 TABLE 4N el Joiritsma , i8i. Opinioni di parecclii icrittori siigli stiidi elementari, etc., 176. Or artidciel compose au nioyeu d'un inelauge de divers luetaiix, 900. Oiaisons fun^bres de Bossuet , avec des commentaires , par P. F. de Calonne, 532. Ur.ilion delivered t'nthc Capitol in the i'>' of IFashington , by Asbtirj Dic/iins , 755. Ordonnances de la corporation de la ville de Baltimore, etc., par Samuel Young . 1 28. Orti ( (riiolamo): Poesie , 17S. OsservazionisopialemacliiiieiiimotOy etc., per G.Diuo/ie.^6y. Otlo (C. ). LauouvelieHygie, i56. Oudart ( P. ). Cours d'histoire naturelle eu figures lithogra- pliiees, ayg Ouie ( 1' ) et la parole rendues a Honore Trezel , sourd-muet de naissance , par le d"^ Deleau , 806. OUVRAGES PERIODIQUES. Foy. JOURNAUX. Paelinck, peintre. Ses tableaux de I'exposition a Gand , a^fi. Pag^s (M'le Aimee), peintre. Scene grecque lithographiee , 3oi. Pain de boulanger ( inconvenient du ) et qualite nutritive du pain de menage , 261. Paixhans. Fay. Observations. Palmeriui. Fq^. Gravures. Palmyra conquise, poeme epique, par Dorion , SSy. Papier depaillefahrique a Thuir, Pyrences-Orientales , 596. Paragrfeles , 270. Parent du Chatelet. L' Academic des sciences de Paris lui de- cerne iin prix , 282. PaIIIS, 325, 227, 2-8, 520, Sy\), 844, 934. ALYTiyUE Parthenon , iiouveau journal iin- prime a Londres au moyen d'un nouveau precede , 2(12. I'asquaione (Felix). Fay. Manuel. Passe-tems (le) utile. Recueil pe- riodique italien, i8o. Pastorales ( les ) de Longus , ou Daphnis et Chloe, traduction de J. Amyot, 52S. Pawquet. LeTasselisant a la prin- cesse Leonore un episode de sa Jerusalem delivree. Gravure d'aprfes un tableau de Ducis , 939- Pays-Bas, 180, 275 , 475 , 593 , 795, 9'7- Pbinture , 275 , 395,296, 59 1, 617. Pelerinage d'un Childe Harold parisien aux environs de la ca- pitale , etc. , 543. Pepys ( S. ). Foy. Memoirs. Percival's {(ieorge) Historr of Italy, Pekou, 573. Pehse, 574- Perspective ( principes de ) , par A. Teyssedre , 489. Peste ( importation de la ) dans le port de 3Iarseille , 595. Petit (le) Mercure. Revue des spectacles , de la litterature et des modes , 44o. Peut-6tre, par le baron de iWoii- ville,484. Peyron (Amedee). Fragmens ine- dits des discours de M. T. Cice- ron pour Scaurus , etc, , 453. Phela'ir ( Olah ). Foy. Nechoi-o- GIE. Philoi-ogie, 23i, 377, 453, 528, 53o, 774, 781, 900. Philosophie , 198, 434, 484- Phosphore (le). Aurore de la li- berte et de I'egalite , 756. Physiologie, 282, 800. — vegetale ( Elemens de ) et de Botanique , par C. F. Brisseau- Mirbel, A. . 42. Physique; 48r, 787, 788. — (Traitede) parA. Legiand, i86. — • ( Notions eleineHlairesde), par Michel Milann, 787. Pierre -le- Grand considere sous les deux rapports , d'homme et de monarque , par B. Berg- mann , 779. Pierre de Lara, ou I'Espagne au xie siecle , par de Marlt-s, 242. Pierre dans la vessie. Nouveau nioyen de la detruire , 29a. Pillon ( A. ). f^of. Traite des sy- nonymes. Plihon (G. F.). f'o^. Grammaire. Plaisirs ( les ) de I'esperance, poeme de Thomas Campbell , traduit par A.Montemont ; 233. de la memoire , poeme de Samuel Rogers , traduit par le m^me , aSS. Plantes raresdu jardin de Geneve, par A. P. de CandoUe , A., 42. PoEsiE, 233, 236, 237, 23g, 4oi, 4.35,437,471, 538, 539,545, 737, 856, 862, 864, 865, 866, 868. DRAMATIQUE, 178, 274,294, 423, 473, 474, 543, 6i3, 884, 934, 936, 938, 939. Poesies de G. Orti , 178. — de Louis Cibrario, 473. — lyriques et bucoliques, etc. , par Dorion , 537. Politique, 208, /fdi, 521,753, 755.756, 835,836. Pollini. Catecliismn agrario , 787. POLOGME , 583, 898. Pompe'i ( Ruincs de ), 9i3. — yoy. Reclamation. Poncelet, capitaine du genie, L'Academie des sciences de Pa- ris lui decerne le prix de meca- nique, 282. Pont en fer, nouvellenient cqn- struitsurla Havel, pres de Pots- dam , 585. — suspendu, en chaines de fer, sur le canal du Danube, 900. suspendu , en fil de I'er , sur le DES MATIERES. gG-J Rhone, 722. PoNTS ET CHAUSS^ES, 277, 569, 585, 788, 900, 922. Population des principaiix etats des deux Ameriques , 885. — esciaves dans les colonies an- glaises, 573. — de I'Angleterre. Renseignemens y relatifs , 5y6. — du royaume de Pologne , 898. — ( Nouvelles ideessurla), par Alex. Everett , 419. Poruin ( A. F. ). foj. Secrets. Portrait de J. P. Boyer , president de la republique d'Haiti, litho- graph ie , d'apres le dessin de Bernardet , par Marini, 940. PoRTUG Ai, , 719. PosJe ( petite) nouvellenient eta- blie n Stockholm, 584. Pouqueville ( F. C. H. L. ). His- toire de la regeneration de la Grece, A. 61. Pram ( Chretien ). Choix de ses ouvrages poetiques , publie par K L. Rabbek,773. Pratique ( la ) de I'agriculture , ou Recueil d'essais ou d'expe- riences, etc. , par M. Douelte- Richardot , 482. Precis du systeme hieroglyphiquc des anciens F.gyptiens, etc. , par CJiampollion le jeune , A. 112. Preparations artificielles (Notice sur)deM. Auzoux, 487. Prevost ( G. ). f'of. Macculloch. Principes de I'arl du tour, par Paulin Desnrmeaux, 811. — sur la distinction du contrat el du sacrement de niariage, par Tabaraud , 832. Prisons, 291. — (Amelioration des) en Su^de 899, Pnix DECEHNEs: par I'Ac.ideraie royale des sciences de Paris , 281. — Par la Societe d'emula- tion de Cambrai, 597. — Par la Societe academique de Stras- bourg, 599. — Par rAcademi<' ()GS TM-.I.K ANAI.yriOUE francaise, 607. — Par I'Acade- niie de Lyon, 9a4- Prix PRoposiis : par I'Academie royale des sciences de Paris , a83. — Par la Societedes let- tres, sciences et arts de Metz, 598. — Par I'Academie des Ins- criptions et Belles-Lettres, de Paris, 610. — ParlaSociete royale et centrale d'agriculture de Paris, fin. —Par I'Acade- mie des sciences , etc. , de Li- vourne, 912. — Par I'Acade- mie des Sjciences de Besancon, 923. — Par la Societe d'agri- culture de Chalons, 923. Programme des eludes dans I'U- niversitede Dorpat, parC. Mor- gensfern, 44i- Projel d'une nouvelle Universile en Angleterre , 1G2. Prospelto biografico delle donneita- . liaiic , etc. , per Ginevra Cano- nici-Facldni , 473. Province ( la ) a Paris , ou Les caquets d'une grande villa , par Lamotte-Langou, 55 r. Quete (la), par M'le Delphine Gay,8fi5. Quetelet ( A. ). J^oy. Memoire. Voy, Correspondance. C— B.,796. R Rabelais. OEuvres, edition i>ario- r«m,avecuncommentairehist.o- rique par Esmangart et Johaii- iieau, 533. Raffenel ( C. D. ). HIstoire des Grecs modernes, A. 61. Rage. Remede centre ce fleau . 892. — ( Traitement employe avec succes contra la ), 911. Rahbek ( K. L. ). Fry. Pram. Ramboux ( Ant. ). ror. Antiqnl- tes. Ranee ( de ). roj. Trois cousins. liariAe ( Leopold ). Geschichle der rdinischeii tind gennanischen Vol- ker , 45o. Raoul-Rochette. Toy. Micali. Rasmiissen ( /)i' Janus Lessen). An- riahs Islninici, etc., 444- Rats. Nouvelle esp6ce, 273. Raupach ( C. E. ). Neiies Museum der teutschen Provinzen Russ- lands , 770. Raybaud ( Maxime ). Memoires sur la Grece, A. Gi. Re. Floru Turineiisi , 786. Recherches sur les sources de la prosperite publique , par J. G. J. Roentgen, 833. Reci..v,m.vtion au sujet du plan des fouilles d;' Pompeia , 6i3. Recueil general des lois et arrets concernant les emigres depor- tes, etc. par Taillandier at Mongalvy, 207. Rees ( Abraham ). Foj. Necrolo- GIE. Reflexions snr quelques institu- tions et sur quelques nioyens propres a favoriser les progrt-s de I'industrie, etc., M. 625. — sur la brochure de M. Monod sur la constitution du canton de Vaud, 462. Regnault (Th. ). Voj. Legisla- tion. Reichard ( Ch. C. ), ray. Genna- nieri. Reiffenberg ( B. de ). Toy. Ar- chives philologiques. _._C.—B. 478, 782,797. Reinaud. Notice sur la vie de Sa- ladin, etc., 845. Religion, ^oy. Theologik. — ( de la ) consideree dans ses rapports avec I'ordre politique et civil, par F. de la Mehnais, Religions de I'antiquite, conside- UES MATIERES. rees principalement d.ins leurs formes symboliques et mythi)- logiques; ouvrage trarluit de rallemau du D'' Creutzer, par J. D Guigniaiit, iy5. Remar/ts on the intercourse of Bal- timore, with the western Coun- try , 128. Remuzat ( M™i' la comtesse de ). L'Academie francaise accorde une medaille a sou ouvrage sur I'Education des femmes , 608. Renouard(Ch. ), C— B. 532. Repertoire choisi, a I'usage dei theatres d'llalie, par G. Bar- bieri, 178. — universel et raisonne de Juris- prudence, par Meilin, 828. Report of the Maryland commissio- ners on a proposed canal from Baltimore to Conewtigo ,128. Resumes d'histoire. T'oy. Histoire. ReVOLUTIOIT FllANCAISE , 220 , 378. Revue de I'Amei ique du nord , i33. — politique del'Europeen i8i5. Quatrieme edition , Sai. — ( La ) d'Edimbourg, A. ySfi. — de Neve-York, 755. — medico-chirurgicale, 769. — sommaire des principaux re- cueils periodiqiies publics a Loudres et a Edimbourg, 767. Riffault. Manuel du teiuturier , .494. Rigaud ( Auguste ). Fables nou- velles , 236. Contes et Fabliaux , 236. RigoUot fils , C— B. 487, 568, 808. Riquet. I'oy. Monument. Riz ( culture du ). foy. Solution. Robinson Crusoe, 254. Roederer ( P. L. ). Louis xii et Francois 1*^'", 221. Roentgen (J. G. J.). Voy. Recher- ches. Rogers ( Samuel). Les plaisirs de la memoire, po6me traduit en r. xxvii. 9«9 vers francais par A. Moute' mont , 233. Roman ( le ), comedieen vers da M. Delaville, 6i3. RoMASs, i32, 143, i44) 145, aSq, 242, 243, 245, 247, 254, 438, 528, 546, 55o, 55 f, 552, 764, 869,871. Rouget de Lisle. Voy. Chants francais. Roudle ( preservatif contre la ), ,899- Routes en fer de Paris au Hdvre, et entre Lyon et Aries , 277. Roux D. M. L'Academie des scien- ces de Paris lui decerne une medaille d'or , 282. Rude ( M™"^ ) , peintre. Ses com- positions historiques de I'expo- sition a Gand, 276. Ruffin. f'oy. Bianchi. Russel {J. B.). New England Far- mer, 425. RussiE. i47j 263, 44r, 58i, 770, 897- Sacre de Charles X. For. Dar- maing. Saggio di versione dialcuni Salmi, per Spina , 789. Saint-Edme (B. ). ^o^, Diction- naire de la penalite. Saint-Genies (De). Foy. Aventures. Saintine (X.-B.). Foy. Jonathan. Saint-Prosper. Foy. Observateur. Salfi(F.),C.— A., 363. — B., 180, 474,795-— N., 270, 590. Salverte (Eus^be), C— B. , 535. Samuels. Foy. Memoirs. Sanakea. Foy. Sentences morales. Saste publique , 593. Saur (De). Foy. Aventures. Savart. Cours elementaire de for- tification , 49 (• Say (J.-R.) , C— A., 694. Scenes etrangferes et recreations du voyageur, par J. Howisoii , 765. 63 97° TABLE ANaI, VflOUE Schiller (f^te celebree en I'hon- iiciir de) a Stuttgart , 90 1 . Sch/oss (Das) dtr detttschen Ritter in Uln lie iibiin;, ySl. Schaiizlei-(J.-H.),C.-B. , 149, i5U 2fi5. Sriioell. Hlstoiie de lalitterature grecque profane , A. , 88. Scltola: semesties in Ccesarea Uni- versitaCce titteraria quce Dorpati constitiita , etc. ,44'- Schreiber (A.). Voy. Tetitschland. Schroeder{J .F.-L.). Oratio, etc., 797. Schivtibtn itiiler den Ruinern , 'von Julius Leichtlen ,775. Sciences biedicales, 170, 180, 18 t ,282 , 293,486 , 567 , 768, 769, 793,806,807,892,911. — PHYSIQUES ET NATUIIELLES , 42, i85, 331,482, fiSj , 800. RELIGIEUSES , MORALES ET PO- LITIQUES , 61 , 193 , 35l , 50O, G94 , 820. Scott (Sir Walter). Nouvelles des Croisades, i43. yoy. Chefs-d'oeuvre. Scuderi (Salvador). ]\Iemoria stilla rendita riirale, etc., 4^'9- ( Sculpture , 274 , 692 , 792. Secrets (les) de la langiie fraii- caise , on les difficultes reso- lues d'apris I'autorite de I'Aca- demie . })ar A.-F. Pornin , 23o. Sedgwick ( Miss ). P^oj. Travel- lers. Segur (Ph. de ). Histoire de Na- poleon et de la Graude-ainiee, A. 80. in^me ouvrage traduit en suedois, avec r<'futations,899. Set ( Eniploi dii ), comme eu- grriis tr^s-actif , 897. Senovert(geaeralde), C. — B.,5oo. Sentences morales du philosophe indien Sanakea, traduites en itnlien et en grec par P^icolo Cliiephaia , Sgi. Sept (les) niers , on Dictionnaire et Gram ilia i rede la Inngue per- sane , par le roi de Oiidc , 'ySS- Sejdlit: (Gen . i>on). Foy. Tagebitch. Seymour ( Fanny ) , C. — B. , i44- SiERKA-I.EoNE. Sa population . son revenu , ses exportations et importations , 891. Sigismond de Bourgogne , trage- die de \iennet , 936. Sgricci (Tominasso). La Morte di Cailo I , eV Etiote , etc. , /174. Schelly (t^crcy-B.). Voy. Adonais. f oj. Hellas. Silvestre de Sacy, C. — A. ,112. Simonnin. ^o>-. Jeanne la folic. Sinclair (Sir John). Foj. Agricul- ture. Sismondi (J.-C.-L. de), C. — A. , 61 ,719. Smidth (J.-M.). Proverheset die- tons populaires danois, 443. Societe (la) au dix-neuvieme sie- cle, ou Souvenirs epistolaires, par M'le de Coligny , 201. SOCIETES SAViKTES ET d'uTILITK PUBLIQUK : — aux Etnts- Unis : Athenee de New-York, 255. — Societe phi- losophique americaine dePhi- Indelphie , 266. — en .-tngleterre : Societe de m^- decine de Londres , 892. — So- ciete cooperative de Londres , 886, 896. — en Rttssie : Societes des Mines , 582. — en Suede : Societe d'enconrage- ment pour I'enseigncment mu- tuel de Stockholm , 265. — So- ciete pour rexploitation des mi- nes de sol , 584. — en Z)a«om General von Seydlitz, 445. Taillandier (A.) , C— B. , i43 , 2o5 , 462. — Voy. Recueil general des lois , etc. Tales {The) of the Crusades , by sir Walter Scott, i43. Tamascia ( Giovanni ). Giiadro del principal! popoli antichi , 176. Tante (la) et la ni6ce , loman tra- duit de Tallemand , par M™« de Montolieu, SSa. Tasso (T.) OEnvres , 177. Tastu (Mine Amable). Les oiseaux du sacre , 287. Technologie, 2(>4 . 682, 5S3. Voyez aiissi Arts mnusTiuELs. Temple (le) du Romantisme , en prose et en vers, parHyacinlhe Morel , 857. Tenerani , sculpteur italien. Bas- relief representant Eudore et Cymodocce, 692. Testament (le nouveau) , public par Eoissonade , 254- Tentschland iind die Tentschen, von y1. Schteiber, 778. AL\T1QUK Teyssedre (A.). Voy. Perspective. Theatres ; de Paris , 294 , 6i3, 934. Theoi-ogie , j38 , 140 , l52, ififi, 193, 194, 195, 448, 5oo, 832, Theorie de la guerre , par le ge- neral Valentini , 157. — de la Statistique , par F.-J. Mone , 159. Therapeutique (Essai de) specia- le , par F.-A. Marcus , 486. Thermes ( Mcmoires sur les ves- tiges des)de Bayeux , 878. Thierry ( A. ). Voy. Histoire de Guyenne. Thorlncitis. Gennadii Constantino- politani anecdottim opus, i52. Thoughts and Recollections, etc,^3ii. Tissot (P.-F.), C— A. ,401. Titze ( F.-N. ). yteltere Geschichte der Teutsclun , 160. Topographical {A ) and statistical review of the state of New-York , 420. ToPOGRAPHIE , l35 , 420 , 816. Toullier. Corso del dritto civile , 176. Fournier ( S. ) , Motifs du Code civil , 2o5. Toussaint Caion. Un p^re expi- rant dans les bras de sa femme. Tableau lithographic d'apr^s Prudhon , 6i8. Traduction d'Anacr^on en prose, par Mii'« Celeste Vien, a3i. Traductions : — en alleinnnd : de Tespagnol ^ 719. — Du latin , 777. — en n«^/a(i ; de I'espagnol, i38. — Du francais , 759. — en espfigiiol : de I'arabe, 719. — ea/rancais : des langues an- ciennes classiques , 190 , 214, 229 , 23i , 528 ,852. — Del'al- lemand , 190 , 202 , 247 , 4'>o > 552. — De I'anglais , i85, 233, 245,493. 5i2, 518,546,555, 647,694,795, 807,815, 836, 839. — Del'espagnol, 242 , 719. De ritalien, 363. DES MATIERES ■ — en grec : du samscrit, Sgi. — en hollanda is : 1. 36, creatures populaires , lisez: creatures polaires; — p. 526, I. 3, distrac'ions , lisez : distinctions ; — p. 627 , avant-derniere ligne, vaine parure , lisez : vaine patuie ; — p. 558, 1. iG, du secretaire de V Academic dcs sciences, lisez : du secretaire de V Academic francaise ; — • p. fioli , 1. 3i , sur ig concurrens , lisez : sur 29 concurrcns. — Voyez les errata iiidiqucs p. 62a du cahier d'aouf. — p. 737, 1. 5 , et sur quelque point , lisez: et sur quelqiies points ; — p. 73g , 1. afi , // se donnait aussi , lisez : il se donnait ainsi ; — p. 740 ,1. I 2 et l3 , quoiqu'il y en etit dcja huit pii- blies , lisez : quoiqu'il y en cut dija huit de publics ; — p. y43 ,1-2, leur defaveur , lisez : leur desaveu ; — ibid. ,1. 22 , les comediens de ce genre , lisez : les comedies de ce genre ; — p. 758 , \. Z"] , a sa science , lisez : a la science ; — p. 759 ,1. 38 , n" 285 , lisez : 284 ; — p- 761 , 1.3, n" 284 1 lisez : 285 ; — p. 762 ,1. 20 , n° 288 , lisez : 287 ; — p. 763 , 1. 22 , n° 289, lisez : 288 ; ibid. , 1. 32, n" 287 , lisez : 289 ; — p. 778 , 1. 38 , aprfes ces mots '.les besoins du clerge , mettez un point etVirgule, a-ilieu de la virgule ; — p. 779 , 1. 10, Go/berg , lisez : Colbery ; — ibid., 1. 20, ajoutez une virgule apres le mot : Portugal; — p. 787, 1. i3 , supprimez la virgule apres !e mot : decrites ; — p. 7f^9 , 1. 33 , supprimez la virgule apres les mots : il se distingue ; — ibid. , I. 37, sciolto, lisez : sciolti ; — p. 794 , I. 24, ecole, lisez : Ecole; — p. 797, 1- 20, substituez un point et virgule a la virgule apres le mot : theologie ; — ibid. , l.ai , sulistituez une virgule au point et virgule apres le mot : Rome; — ibid., 1. u8 , ajoutez une virgule apres le mot : sujet; — p. 8o5 , 1. 29, ajoutez une virgule apri-s le mot : mamniiftres ; — ■ p. 810, 1. 20, ajoutez une virgule aprfes le nom de Pajot-Descliarmes ; — p. 812 , 1. 33 , son premier, etc., lisez : son grand oiivrage ; — • ibid., 1. 34, dans lequel rien de ce qui est essentiel n'est omis , lisez : rien d'esseniiel n'est amis dans cet extrait ; — ibid. , 1. 36, supprimez la virgule a la fin de la ligne; — p. 816 , 1. 37 et 38 , ou d'uit departement , etc. , lisez : d'un dc->arlemenl ou d'une pro- vince; — p. 824 , 1. 3 et 4 tie la note , nous I'engageons a revenir en- core de celle qui Ca poitc a comparer, etc., lisez : nous Vengageons a revenir encore de celle-ci et a comparer , etc. ; — p. 857 , I. i 5 , N° 38o , lisez, 38i ; — la p. qui doit etre numerotee 910, I'a cte par erreur 810; — sur la couverlure, an has de la premiere page , on a mis 12 85 au lieu de 1825. 2 FEB.95 N° 9. — Septembre 1825/ ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS d'otJVRAGES NOrVEAUX ET DE PUBLICATIONS PROCfUlNES , Pour la France et Ics Pays Etrangers ,• BULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la hevce KNcvti.orKDiQi-E (i) AVIS ESSENTIEL. y4 Messieurs les Autcurs^ Librnires^ el EcUleurs cV outrages ^ a Paris, duns les ddparlerneiis et dans les pays etrangers. La Revve Encyciopedique ayant donne iinc grande exten- sion a ses relations, pendant six annees d'un snrces conliim ot lotijoiirs croissant, se trouve maintcnant en circulation dans loutes les parlies du inonde civilise, oii elle est hie par tons ceux qui veulent se tenir au courant des progres de la littorature et des sciences, et qui cherchent, dans les livres, de rinstruclion et du plaisir. Elle croit servir les in- t6rets des ccrivains et des libraires, en leur oilVant , dans Tin BuLLETra SxippLEJiENTAiRE , joint a chacun de ses cahiers , un mode de publication et de circulation rapide , ^cono- mique ct universe!, pour les Annokces et les Prospectus des ouvrages qu'ils publient. Ccs annonces pourront com- prendre egalenient les publications prochaincs des ourrages sous press e et les ourrages manuscrits ([ue Icurs auteurs, ou ceux qui en sont depositaircs,voudraient I'aire connaitre d'a- vance aux liliraires et an public. L'inscription des Annosces ct des PROSPEcrrs est fixce a 25 c . par ligne; elle est reduite a -20 c. par ligne, pour les libraires qui ont I'ait prendre au moins douzc abonncmens a la Revue Encyciopedique. (1) Ce Bulletin. Supplemenlaiic est compose ri'nnnouccs fournics par MM. Ifts Libraires , Auleurs et Editcurs , el qui no (loivciit pas ^Irc confondues avcc !cs jugemens portes stir les oiivragcs entiprcmcnt piiblies , dans les deux scclions lies Analyses et du Bulletin nU/liOi'.mphique , qui foal pirtie ile chaciiii des c.iliici's de la Itei'uc. MM. les lil)raircs, t-clilonr.s ct iinleiirs, dc Piitis, dcs di';- partcmens ct dcs pays olrangcis, auxquels il coiiviendia do lairc usage du nioycn que nous metlous a Icur disposition pour impriinei- et rcpandre dcs Prospectus ct dcs Aiinoiucs J'ouirages,de\ront les onvoyer, francs do port, au Bureau cen- TllAL DE LA llEVUE EnC YCLOPEDIQUE, lltJE d'eNFER-SAINT-BUCUEL, n" 18, avanl Ic )5 du luois (1). LIVHES ETRAKGERS. 4". LERKVEIL, jounwAi, /ivr/i- rah , folitiquc , {{ttiraire ct catn- meroial, public a JNuw-York, avcc cette epigra|)li(;. . EiMiouccl- a sa liU-rti', .V.l ic- »nniicei-ai«drt)ils du riTuMi.i- J.J.Honssca,,'. Extrait du prospectus. Wous crojoiis salisl'diie a la Ibis les vcc IX It les hcsoins de Tepoque ucluelle , en puhliant dans cc pa3-s un journal liehdomadaire, consacre liailiouiicieincnt a ia littcraturc iianf.iisf. Depuis un dcini-sitcle, la littera- turea pris une direction toate phi- losopliiquc; uouvellc ecote d'ensei- gnonient moral, die doit vivemcnt inttri'sser un peupic nouveau qui inairlie dc p:iir en politique avcc les prcmiires nations de la vieille Kuropc. La litleialurc francaisecm- brasbC loutes les sciences, tous les arts, toutcs les ideos ; ellr; est la premii;re lilturalure de I'fiuronc, c'est-a-di_re, la plus riclie du Moudc. Dans les Etals- Unis conimc cliez les grandcs nations de I'Europc , I'titu- sc pressenlir le succes d'une inaniere incon'es- table. Cctle mcsure est prise autant dans I'interiU dn public que dans celui de I'edilcur. Eoot vBD LOllVET. New-York , aout iSzS. La publieation ellaredaclion du Journal sout enlreprises par le si- gnataire du j>ri>spcctus, auteur de piusieursiiuvrages de litlt'ratuie, dc poiiliquc et de commerce , im pri- mes a Paris, en 1820, iCAIS. ir.onde , depuis la publrcalion dc VHislnire natureilc , par Buffon. Ce volume sera accompagnc d'uu tableau , grave en laille douce , des animaux rarcs ct curieux piis dans tous les pays. Cede ediiion sera publico en tr(Mze livriiisons de deux volume> cbacune. La premiere paraitra le 1 5 seplembre prochain , et ainsi de suite de mois en mois. Prix de la livraison brochee : pour Ics souscripteurs , avec lc> gravures en noir , 11 Ir. ; idem. , soigneusemenl coloriec , avec uuc eouverture elegante, ct carlonno*^ ;'i [a Bradelle , dans le genre du ^e- gur , ;'5 centimes dc ))lus par vo- lume ; en velin, le double. Sous jjrcssc pnur ■/taraitrc iiiccssa mcnt chez To^'HI«*THO^-^lol.lK. 48. ME'viOIHES DU VENI- TIEK JACQUES CASANOVA (I ) HE SElN(lALT,exlrails doses ma- nuscrils originaux , ct IraJuils «i francai- d'apres I'tiditionpublicefn Alleniagnc, par G. dc Schutz. Ccs inenioircsont oblenus en Al- Icinagnc le plus grand succes. On doit I'altribuer a la inanit-rc origi- nate avcc ]a<[uelle sent racontees unc foulc d'avcnlures pcu ordlnai- res , et a la nouvoaute dcs details qui s'y trouvcnt rounls , sur plu- sieurs personnagcs celcres du 18"'' siecie, que I'auteur avait rencontres dans ses voyages en Greco, en Tur- quic , en AUemagne, en France, en Italic, etc. et pcndantson sejovir aux priucipales cours dc I'Europe. Les niemea causes exciteront sans doute cliex nous Ic menie intcrOt et la meme curiositc, Les trois premiers volumt's qui sont deja Iraihiits coutcront 10 I'r. 49. OSSIAN, CHANTS (JALLlQCliS, tr adults en vers franca%s, par E. P. dc S. Feeheoi,, iin vol. in-i8. pap. grand-raisin, saline. ChezCAusnTTK, lil)r'o y.po-jo) , v.pryjrj'.q, pidsatio , et ozi-m, linmor, humeur enflec ovoc, ovoco, a>.jurE I. iSirniMERlE 1>E RIGNOUX, rue lies FranL's-nourgeois-S.-Mitlifi , n^ 8.